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COURS ELEMENTAIRE Library of
HUERT C. SCHENCX
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PALÉONTOLOGIE
ET
DE GEOLOGIE
STRATIGRAPHIQUES
PAS
ALCIDE D'ORBIGNY
Docteor es scifoces,
Chevalier de l'tNre ulioial A* U L^ei d'houetr, de l'erdre de sjinl lUdinirde Rossie. de l'ordre de UCeiroiM
de frr d'iolriche, olcier de la Lfgi«B d'heaneor Miflrnne ; nembrr des SMJêiesphileaatiqie, de g^legie. de
fMfraphie et d'ethMiogie de Paris, neabre henraire de la Seeieié géologi^ie de Uwdree ; nerabre
d«s icadéaies et aeeiétés uvastes de Tirin, de ladrid, de iMcea. de Philadel^ie, de
Ratiibeue, de leateTidee, de Berdeaix. de ReraaDdie, de la Rechrlle,
de Saiotei. de Bleii, de l'Tonae, etc.
Vignettes gravées en relief et sur cuivre
PAR M. E. SALLE
TOMli «CCOHl»*
FASCICULE 11.
VICTOR MASSON,
Place de PiScole-de-MèdeciBe» 19. — Parla.
1852
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»^
661135
CHAPITRE 111.
DEUXIÈME GRANDE ÉPOQUE DU MONDE ANIMÉ.
Première apparition de la classe des Oiseaux, des ordres de Reptiles
chéloniens (Tortues), des Crustacés décapodes, des Mollusques cépha-
lopodes acétabulifères, des genres Ammonites, Trigonia, PlicatulOy
Pentacrinus.
Règne des grands Reptiles sauriens; commencement du règne des
Vlanies dicotylédones gymnospermes ; des genres Ceratites, Myophoria,
£ncrinus.
§ 1792. Synonymie. Terrains triasiques, de M. d'Omalius d'Halloy;
Terrains de trias, de MM. Dufrénoy et Elle de Beaumont; Newred (nou-
veau grès rouge) trias, de M. Murchison ; Formation triasique, partie
de la période salino-magnésienne y de M. Cordier j partie de la mesozoic
série, ou triasic groupe, de M. Morris ; partie du groupe des grès rou-
ges, de M. de la Bêche; Terrain vosgien, de M. Rozet; Terrain keu-
priqiie, de M. Huut ; partie des terrains isémiens ahyssiques, de M. Bron-
gniart ; Terrain de trias, de M. Beudant.
§ 1793. Limites. Le nom de triasique ayant été, depuis longtemps,
appliqué, par M. d'Omalius d'Halloy, ù cette seconde période de Tàge
du monde animé, nous avons cru devoir le conserver, avec d'autant
plus de raison que la circonscription supérieure et inférieure assignée
restait la même. Comme l'ont fait tous les géologues, nous faisons com-
mencer cette période immédiatement au-dessus de l'étage permien, avec
les grès bigarrés, et nous la faisons se terminer aux marnes irisées, ou
aux calcaires de Saint-Cassian , immédiatement au-dessus des grès de
l'étage sinémurien, ou du lias inférieur. Ces limites donnent un ensemble
aussi bien circonscrit comme époque géologique que par sa faune et sa
flore stratigraphiques.
§ 1794. Extension géographique. Ainsi qu'on pourra le voir aux éta-
ges I les parties marquées 6 et 6 dans notre carte, fig. 408), ces ter-
rains se montrent dans les Pyrénées autour du plateau central, dans le
Var. sur les deux versants des Vosges et en Normandie. En Angle-
terre, ils s'étendent du nord au sud, dans toute la longueur de la Grande-
Bretagne, en Ecosse et en Irlande. Ils sont représentés dans toute TAlle-
magne, en Belgique, en Suisse, dans les Klats sardes, en Espagne, en
Pologne, dans IcTyrol, dans la Bohême, dans la Moravie, en Russie.
Ils sont indiqués aux ÉLats-lnis, et nous les avons vu couvrir de vastes
u. .3 2*
384 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
surfaces sur les régions montueuses de la république de Bolivia, dans
TAmérique méridionale. On les a cités encore dans la Colombie, dans
les grandes Antilles et au Mexique (près de la Yera-Cruz et d'Amajaque).
En résumé, les terrains triasiques se montreraient sous la ligne, au sud,
jusqu'au SO» de latitude, et au nord jusqu'au 48»; ainsi ces terrains oc-
cuperaient une vaste surface du monde.
§ 1795. Divisions dei terraim triasiques en étages. Presque tous
les géologues ont divisé les terrains triasiques en trois âges superposés :
le grès bigarré^ le muschélkalk et les marnes irisées. De ces trois sé-
ries de couches, distinguées comme coupes d'égale valeur par les auteurs,
nous n'en conservons que deux , qui concordent en tous points avec
les caractères de superposition et les caractères paléontologiques tirés des
animaux et des plantes. Suivant notre manière d'envisager les étages, ils
n'existent, pour nous, que lorsqu'ils représentent une époque comme la
nôtre, ayant sa faune et sa flore spéciales (§ IGIO). Or ces trois séries de
couches ont-elles, chacune en particulier, ces caractères ? Assurément
non ; et nous ne voyons, dans ces trois séries, que deux époques mar-
quées, ou mieux deux étages. Nous réunissons ensemble les grès bigar-
rés et les muschelkalks, dans Vétage conchylien : !<> Parce que ces deux
séries de couches, formées de grès bigarrés et de muschélkalk sur les
versants des Vosges et en Provence, sont souvent remplacées par des grès
sans muschélkalk, comme dans les Pyrénées, en Angleterre et aux Étals-
Unis, ce qui prouverait que les deux séries de couches ne sont, dans les
Vosges, qu'un accident local, puisqu'elles sont remplacées, sur d'autres
points, par des grès seulement, alors l'équivalent à la fois du grès bigarré
et du muschélkalk des Vosges. 2° Parce que les deux séries de couches,
ou les grès seulement des autres points, reposent, du reste, comme strati-
fication, toujours sur l'étage permien et ont le même caractère géologi-
que. 30 Parce que, prise séparément, chacune des deux séries ne donne-
rait qu'une partie d'une époque : les grès bigarrés, presque sans fossiles
*marins, ne pourraient, tout au plus, représenter qu'un dépôt terrestre et
riverain; le muschélkalk sans fossiles terrestres ne représenterait
qu'un dépôt marin. En les séparant, il manquerait donc quelque chose
à toutes les deux. 4° Enfin, parce que, réunissant ces deux séries de
couches dans une seule époque, on la complète, et l'on en fait, comme
dans tous les autres étages, une période formée d'une faune et d'une flore
terrestres. C'est par la même raison que nous réunissons, sous le nom
ù* étage saliférien^ les marnes irisées dépendantes des parties riveraines et
terrestres de cette époque, aux Keuper, ou aux calcaires de Saint-Cassian
qui en sont les dépôts marins. Celte réunion, en rapport avec la strati-
fication, se trouve pleinement conûrmée, du reste, par les considéra-
tions paléontologiques tirées, à la fois, des plantes et des animaux
GHAP. III. — TERRAINS TRIASIQUES. 386
(§ 1844). En résumé, nous ne trouvons, dans la nature, que deux étages
de terrains triasiques, dans l'ordre suivant : Télage conchylierit et l'étage
saliférien.
§ 1796. Stratification. Ce que nous avons dit à l'étage conchylien
en particulier prouve que ces terrains reposent sur les derniers mem-
bres de la période paléozoique, aux deux vers<ints des Vosges, dans
une partie de l'Allemagne, en Angleterre et en Russie; et que dès lors
ils ont bien succédé régulièrement à ce premier âge du monde animé.
A côté de cette superposition, qui nous donne la succession chronolo-
gique, les discordances que nous avons indiquées (§ 1771) prouvent que
ces terrains sont bien distincts, géotogiquement parlant, des terrains pa-
iéozoiques.
§ 1797. Groupement dei étages. Parla succession régulière des
deux étages, en coucbes souvent concordantes, dans les Vosges, en
Allemagne et en Angleterre, on a la certitude que ces terrains forment
un ensemble régulier (§ 18iC). Voyez les étages 5 et 6, de notre coupe,
fig. 393.
§ 1798. Séparation des étages. D'un autre côté, par la discordance
des deux étages (§ i8l7) en particulier, aussi bien que parla faune et
la flore de chacun d'eux, on voit qu'ils forment bien deux époques dis-
tinctes de même valeur, tracées par la nature.
§ 1799. Composition minéralogique. En jetant les yeux sur les
deux étages de ces terrains, on se convaincra facilement, que les ca-
ractères minéralogiques sont, ici, aussi variables que dans les terrains
précédents; et que vouloir s'en servir exclusivement, c'est prendre le
plus sûr moyen de se tromper, surtout pour l'assimilation de contrées
lointaines.
§ 1800. Puissance. En additionnant la puissance respective que nous
avons trouvée aux étages en particulier, nous aurons pour le premier,
le maximum de 360 mètres , et pour le second, 360 mètres , en tout
720 mètres, pour les points mesurés.
§ 1801. Déductions tirées de la nature des sédiments. Comme on
le verra aux étages, nous ne pouvons que répéter ici ce que nous
avons dit aux terrains paléozoiques (§ 1661); c'est que les mers et les
continents devaient être soumis, pendant la période triasique, à toutes
les lois physiques actuelles, quant au charriage et aux zones d'habita-
tion des êtres terrestres et marins.
§ 1802. Caractères paléontologiques. Pris comme ensemble, les
terrains triasiques se distinguent nettement des terrains paléozoiques
sous-jacents et des terrains jurassiques superposés. Voici, du reste, les
caractères négatifs et positifs généraux qu'on peut tirer des restes orga-
nisés fossiles.
;î80 QUATKIÈME PAKïIK. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Caractères négatifs tirés des gmres. Les terrains triasiques se dis-
tinguent des terrains paléozoïques par l'absence totale des 323 genres
positifs pour ces derniers (§ 1665). et qui sont tous restés, jusqu'à pré-
sent, dans ce premier âge du monde, sans arriver à la période tria-
sique.
§ 1803. Pour distinguer Tépoque triasique de l'époque jurassique,
nous avons tons les genres qui n'existaient pas encore dans la pre-
mière, et qui n'ont commencé à se montrer que durant la période
jurassique. Ces genres sont ainsi répartis dans les séries animales.
Parmi des animaux qui ont été rapportés aux Mammifères (§ 1580),
les 2 genres de notre tableau n" l ; parmi les Reptiles, les i8 genres de
notre tableau n** 3; parmi les Poissons ganoïdes et placoïdes, 48 gen-
res (1). Parmi les Crustacés, 35 genres appartenant principalement aux
Décapodes et aux Isopodes. Parmi les Insectes, quelques genres d'Hy-
ménoptères, d'Hémiptères, de Lépidoptères et de Diptères. Parmi les Mol-
lusques céphalopodes, les 16 genresde nos tableaux n»" 5 et 6; parmi les
Mollusques gastéropodes, les 14 genres de notre tableau n» 7 ; parmi les
Mollusques lamellibranches, les 23 genres de notre tableau n" 8 ; parmi
les Mollusques brachiopodes, les 3 genres de notre tableau n" 9 ; parmi
les Mollusques bryozoaires, les 17 genres de notre tableau n" 10; parmi
les Ëchinodermes, Échinides et Astérides, les 24 genres de notre tableau
n^'U ; parmi les Ëchinodermes crinoïdes, Les 10 genres de notre tableau
n^ 12; parmi les Zoophytes, les 57 genres de notre tableau n» 13; parmi
les Foraminifères, les 10 genres de notre tableau n» 14, et parmi les
Amorphozoaires, les 9 genres de notre tableau n» 15. C'est-à-dire un
total de 292 genres nés postérieurement aux terrains triasiques, et pou-
vant donner des caractères stratigraphiques négatifs relativement aux
terrains jurassiques. Nous pouvons encore signaler les caractères géné-
raux suivants : le manque des classes de Mammifères, d'Insectes my-
riapodes, et des 43 ordres d'animaux vertébrés, annelés, mollusques et
rayonnes de noire tableau n» 16. En résumé, pour distinguer les terrains
triasiques des terrains inférieurs ou supérieurs, nous avons, en énumé-
rant les diverses séries animales, environ 1,423 genres qui peuvent don-
ner des caractèces négatifs, parce qu'ils manquent dans cette seconde
période de l'animation du globe.
§ 1804. Garaotères paléontologiques positifs tiréi des genres.
Pour distinguer les terrains triasiques des terrains paléozoïques, nous
avons les 71 genres donnés à ces terrains, comme caractères négatifs
(§ 1664), qui deviennent, ici, des caractères positifs, attendu qu'ils se
(t; Tous ces genres sunt énumérés aux étages jurassiques.
GHAP. 111 - TEKRAINS TRIASIQUES. 387
montrent dans les terrains Iriagiques.mais sont inconnus, jusqn^à pré-
sent, dans la première période de l'animalisation.
§ 1805. Pour distinguer la période triasique de la période jurassique,
nous avons tous les genres nés ei éteints dans la période triasique, et ceux
qui sont nés antérieurement sans passer aux terrains jurassiques. Ces
genres soni ainsi répartis : parmi les Reptiles, les 14 genres de notre ta-
bleau n» 2 ; parmi les Poissons, 8 genres de Ganoides et de Piacoides;
parmi les CiuMacés, 1 genre; parmi les Mollusques céphalopodes, les
6 genres de nos tableaux n°^ h et 6 ; parmi les Gastéropodes, les 2 gen-
res de notre tableau n» 7; parmi les Mollusques lamellibranches, le
genre Myophoria ; parmi les Mollusques brachiopodes, les quatre genres
de notre tableau n" 9; parmi les Mollusques bryozoaires, le genre
Coscinium ; parmi les Écbinodernies, les 2 genres Aplocoma et Encri-
nus; parmi les Zoophyles les 2 genres de notre tableau n» 13 ; parmi les
Amorphozoaires, le genre Stromatopora de notre tableau n» M>: le tout
forme un total de 42 genres.
§ 180G La combinaison de 616 genres pouvant donner des caractères
négatifs entre la période triasique et les périodes immédiatement supé-
rieures ou inférieures, aux 71 genres positifs qui séparent nettement les
terrains triasiques, des âges qui les précèdent ou qui leur succèdent,
donne, pour chacune de ces périodes en parliculiei , des faunes parfaite-
ment caractéristiques. La faune triasique a pour faciès particulier,
d'être intermédiaire entre les faunes spéciales des terrains paléozoïqucs
et jurassiques. Elle renferme encore quelques genres, tels que : Ortho-
eeratites, Melia, Aganides, Forcellia. Prodvctus, Cyrthia spirifer et
Spin'gera^ qui avaient leur maximum de développement dans les terrains
paléozoïques; et ne sont, dans les terrains triasiques, où elle s'y éteignait
pour toujours, que les derniers reflets des autres formes voisines de 1 é-
poque antérieure. Elle renferme déjà les premières est)èces des genres
plus spéciaux aux terrains jurassiques : les Ammnnit''Sj les Trigonia,
les Gervillia, les Pentacnnus . les Jfont/it?a//fo, les Hiopaliwus, qui
sont les premières traces des nombreux genres voisins particuliers à la
période jurassique, comme si la nature préludait aux créations futures.
C'est, en etTet. dans les terrains triasiques que naissent les premières tra-
ces des Oiseaux, des Tortues, des Crustacés décapodes, et des Céphalo-
podes acétabulifères, qui prennent un si grand développement dans l'é-
poque suivante. Si la zoologie fossile nous donne ces résultats, la bota-
nique fossile, étudiée avec tant de soin par M. Brongniart, amène
précisément aux mêmes conclusions. C'est une nouvelle preuve, nous le
pensons, de l'importance des caractères stratigraphiques tirés des corps
organisés fossiles.
§ 1807. Caractères paie ontologiques tirés des espèces. Si nous*
388 QUATKIËME PAKTIË. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
joignons aux caraclères stratigraphiques énoncés, les résultats donnés
par les espèces, nous arriverons encore au\ mêmes résultats que pour
les autres terrains, c'est à-dlre qu'elles forment autant de zones chrono-
logiques superposées que nous avons d'étiiges. Nous avons indiqué deux
étages dans cette période, nous avons 'donc deux faunes distinctes
superposées. Tune inférieure, l'autre supérieure. Indépendamment
des animaux veitébrés et des animaux annelés qui renferment un bon
nombre d'espèces, en réunissant les faunes d'animaux mollusques et
rayonnes énumérés dans notre Prodrome de Paléontologie stratigra-
phiquct aux flores signalées par M. Brongniart, nous aurons, à chacun
des étfjges, les nombres d'espèces qui suivent :
Étage conchylien 135 espèces.
Étage saliférien "92 espèces.
Total 1)27 espèces.
En résumé, nous avons 027 espèces d'animaux mollusques et rayon -
nés, et de plantes des terrains triasiques, se divisant en deux zones su-
perposées : les étages conchylien et saliférien.
§ ISOS. Chronologie historique. Prise dans son ensemble, la période
triasique avait des continents et des mers. Les mers se montraient sur
une vaste surface de la terre, sur la zone torride et des deux côtés du
monde. Elles nourrissaient sur leurs bords, des plantes marines, un grand
nombre de poissons, quelques Crustacés, des Mollusques nombreux et
beaucoup d'animaux rayonnes. Cet ensemble d'êtres marins n'est plus
identique à la période (laléozoïque : il ne nourrit plus, en effet, aucun
Crustacé trilobite; les Céphalopodes y sont peu nombreux, ainsi que les
Brachiopodes ; les Poissons ganoides et placoides n'y sont plus à leur
maximum de développement. Les Grinoïdes, si développés, ne s'y mon-
trent plus que sous deux formes génériques, enfin 323 genres des terrains
pniéuzoïques sont inconnus dans la période triasique. D'un autre côté,
avec la période triasique, comme compensation, naissent de nouvelles
espèces de plantes marineî^ ; les Crustacés décapodes s'y montrent pour
lu première fois, avec des Céphalopodes acétabulifères, et 71 genres nou-
veaux, parmi lesquels apparaissent des AmmoniteSt des Trigonies, des
PlicatuleSf des PentacrintAs, etc., etc.; tandis que les genres Ceratites,
les Myophoriat les Encrinus y onl, ou leur règne exclusif, ou leur
maximum de développement. Aussi d'un côté, l>eaucoup de formes ani-
males sont restées ensevelies, pour toujours, dans les mers paléozo'i-
ques; et beaucoup de formes animales nouvelles apparaissent avec les
mers triasiques.
' § /S09. Les conlinents nous montrent les mêmes changements. Les
CHAP. III.- TERRAINS TRIASIQUES. 38»
plantes acrogènes, à leur maximum de développement dans les terrains
paléozoïques, y sont ici moins nombreuses, et quelques genres d'ani-
maux terrestres disparaissent entièremenl ; mais ces changements
sont largement compensés par les nouvelles formes qui naissent dans la
période iriasique. Nous voyons, en effet, apparaître sur le littoral des
continents, pour la première fois,desOiseaux, des Tortues ; et les grands
Reptiles sauriens y atteignent le maximum de leur développement géné-
rique, et y prennent les formes les plus étranges, tandis que commence
le règne des plantes dicotylédones gymnospermes.
En résumé, dans cette seconde période de l'animation du globe, au-
cun mode de respiration n'existe de plus (§ 1&7 3). Les mêmes classes, les
mêmes ordres existent, à ces changements près : que les Crustacés
trilobiles y sont en moins; que les Oiseaux les Tortues, les Crustacés
décapodes, les Céphalopodes acétabulifères y sont en plus. Beaucoup de
genres éteints dans les terrains paléozoïques ont été remplacés par
d'autres au moins aussi nombreux. Toutes les espèces y sont totalement
différentes.
§ 1810. Pendant cette période du monde animé, moins longue, sans
doute, que la période paléozoïque, des perturbations générales sont
venues, deux fois, disloquer la croûte terrestre, sur quelques points du
globe, et anéantir les plantes et les animaux. Deux fois aussi, après cet
anéantissement, le repos reparait sur le globe; et une nouvelle création
repeuple la terre de plantes et d'animaux différents des époques précé-
dentes.
§ 1811. lies roche» plutoniquei contemporaine! dei terrains
triasiques, qui sont venues surgir à chacune des dislocations géologi-
ques, par les fentes et par les ouvertures béantes, et former des filons ou
de larges épanchements à la surface de la terre, sont les suivantes :
Le Porphyra argilotde {Porphyre molaire ; partie de VArgilophyre,
de MM. Brongniart et d'Omalius). Celle roche, composée comme le por-
phyre pétrosiliceux, en diffère par la cristallisation imparfaite du feld-
spath qui constitue la pâte, par sa cassure terne et l'aspect argiloïde,
ainsi que par les cellules qu'elle présente souvent. Il forme des épan-
chements.
§ 18iî. Lhersolite [Pyroxène IherzoLite, de M. Brongniart; Py-
roxène en roches; Pyroxënite). Cette roche, presque entièrement com-
posée de pyroxène granulaire, lamellaire ou compacte, ressemble beau-
coup à la concollte ; mais elle en diffère pur ses éléments accessoires et
par son âge. Dans les Pyrénées, au port Llierz (d'où elle tire son nom),
elle parait former des amas transversaux.
§ 1813. Quelques auteurs font encore surgir des basaltes à cette
époque; mais ce n'est pas l'opinion de M. Cordicr. Il en est de mèu\ed«,%
390 QUATKIÈME PABTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
granifô. Nous avons vu, en effet, les roches triasiques en couches hori-
zontales, niveler les inégalités des roches granitiques, dans la vallée
de Miraflor, près de Potosl, en Bolivia. Les roches granitiques n'ont
donc pas surgi au milieu des dislocations des premières; ce qui ferait
supposer que le granit était sur ce point antérieur aux dépôts tria-
siques.
5« Étage : CONGHYLIEII.
Première apparition de la classe des Oiseaux, des ordres de Reptiles
chéloniens (Tortues), de Crustacés décapodes, de Céphalopodes acétabu-
lifères, des genres Ceraiites^ Neritopsis, Perna, Lima, elc.
Règne des grands Reptiles sauriens , des genres Alyophoria, Encri-
nus. Commencement du règne des Plantes dicotylédones, gymnospermes.
Zone du Nautilus arietis, du Ceratites nodosus, du Panopœa ven-
iricosa, du Myophoria Goldfussii, de VAvicula socialis, du Terehra-
tula communiSf et de VEncrinus entrocha.
Dérivé du nom. M. Brongniart ayant désigné un des faciès minéralo-
giques de cet étage sous le nom de Calcaire conchylien , traduction du
mot Muschelkalk employé en Allemagne , nous avons cru devoir le
conserver, parce qu'il était connu partout, et qu'il avait une terminaison
euphonique analogue à la terminologie que nous avons adoptée pour
nos étages.
§ 1814. Synonymie. Calcaire conchylien de M. Brongniart, Grès
bigarré el Muschelkalk, de MM. Dufrénoy et Elle de Beaumont; For-
mation pœcilienne et Formation conchylienne j de M. Huot; Calcaire
à cératite, de M. Curdier ; Newred Sandstone (nouveau grès rouge), de
M. Murchison et des géologues anglais; Bunter Sandstein des Alle-
mands; Muschelkalk de M. de la Bêche.
Type français. A Lunéville (Meurthe), au Cas, près du Beausset
(Var).
§ iSlô. Extension géographique. (Voyez étage 6* de notre carte,
fig. 408.) Comme nous le circonscrivons, l'étage se trouve répandu sur
des points du globe très éloignés les uns des autres. On n'en signale que
des traces incertaines, à l'extrémité ouest de la Manche, sur le grand
massif breton, et il est également douteux au pourtour du plateau cen-
tral. On peut se demander, effectivement, si les lambeaux triasiques qui
y sont placés seulement d'après le caractère minéralogiquc doivent en
faire partie; par exemple, ceux du Tarn-et-Garonne, à Pueclet, à Varin,
à Monteil; de la Corrèze, à Beaulieu , à Meissac , à Larche, à Brives ,
dans la Dordogne, à Haulefort, à ïerrasson ; du Cantai et de l'Avey-
ron, à Espalion, à Villecomtal, à Rignac, à Rodez, et du Tarn à Va-
hres, à I*ont-dc-Camaris. Ces lambeaux reposent, du reste, souvent
CHAP. 111. - CINQUIÈME ÉTAGE : COiNCHYLIEN. 391
sur l'étage carboniférien ou sur des roches azuiqnes, superposition qui
laisserait encore plus de doutes ; et ils pourraient tout aussi bien dépen-
dre du même âge que Lodève , dont ils semblent être la suite, c'est à-
dire être permiens. On doit donc attendre que dos corps organisés fos-
siles viennent résoudre la question. Nous pouvons en dire autant de
tous les lambeaux des Pyrénées rapportes aux grès bigarrés par les sa-
vants auteurs de la carte géologique de France. Us reposent, «oit sur des
terrains paiéozoiques indéUerminés, soil sur des roches azoiques, comme
les lambeaux du plateau central. Nous ne devons donc les indiquer ici
que très-provisoirement , en attendant qu'on pui.«se leur assigner une
place palé(mtoiogique certaine.
Dans le sud de la France, les parties qui ne nous laissent aucun doute
sur leur classement, comme nous avons pu le reconnaître par les fos-
siles, sont celles qui forment, dans le département du Var, un vaste
lambeau dirigé au sud-ouest, en partant d'Antibes. passant par la plaine
au-dessous de Grasse, à Fréjus, à Draguignan, à Lorgues, à Cuers, à
Toulon et jusqu'au Beausset. D'antres lambeaux se voient à Saint-Maxi-
min, près de Brignoles. La plus vaste étendue que nous ayons de cet
étage en France se montre sur les deux versants des Vosges. Il com-
mence, effectivement, sur le versant occidental dans la Haule-Saône, à
Saint-Georges; se continue à Saint-Germain, à Luxeuil, à Saint-Loup,
à Vauvillers ; s'élargit beaucoup ensuite, et se montre alors dans la
Haute-Marne, à Bourbonne-les- Bains , et dans les Vosges, à Lamarche,
à Monthureux,à Buaux, près de Plombières, à Remiremont, à Dompaire,
à Épinal et à Bambervillers. Cette bande se rétrécit et se dirige par le dé-
partement delà Meurthe, à Lunéville, à Blamont, à Phaisbourg; parla
Moselle, à Sarreguemines, à Boulay ; et se continue au nord, d'un côté
dans le grand-duché du Rhin, à Sarrebourg, à Trêves, à Bitbourg, à
Hillesheim; et de l'autre dans la Bavière rhénane, à Deux-Ponts. Une
autre bande étroite se montre sur le versant oriental des Vosges, dans le
Bas-Rhin, depuis Bœrsch, passant par Marmoutier, Saverne, Nieder-
bronn, et se perd à Weissenbourg.
En Angleterre, il forme une bande irrégulière, presque nord et sud,
qui commence à l'est du Devonshire, et dans le Somersetshire; se montre,
ensuite, sur une vaste étendue occupant une partie du Worcester, du
Warwick, du Salopshire, du Staftordshire, du Leicestershire, du Der-
byshire, du Chestershire, du Lancastershire, du Notlingham et du
Yorkshire; il reparaît, de nouveau, dans le Cumbcriand, occupant ainsi
tout le centre de l'Angleterre.
Indépendamment des points allemands déjà cités , une grande bande
souvent interrompue commence dans le grand-duché de Bade, à Lorrach :
s'étend à Waldshut, àBondorf, à Hulingcp, à Niilingeii, ;. Durlach, à Hei-
302 QUATRIKMK PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
delbeig; dans le Wnrlemberg, par Rûtli^eil, Sulz, Horb, Calw, Vaihin-
gen, Heilbronn, Miltenberg; elbien plus au nord, à Marbourg, Wolfsha-
gen, etc., etc. L'étage se montre encore en Pologne, à Porzow, à
Tokarma. En Russie, M. Murchison signale le mont Bogdo; un autre
point dans les steppes d'Astracan, et le nord de la Sibérie. En Italie ,
rélage existe h Recoaro, au val de Prak , dans le Vicentin ; dans le Ty-
rol, à la vaUée de Rosetz; dans la Lombardie. où M. Curioni a recueilli
des fossiles.
Dans rAmérique septentrionale, on rapporte généralement à cet âge
les fameux grès à empreintes de pas d'animaux , qui Torment une bande
S. S 0. dans le Massachusets, le Conecticut, la Pensylvanie, le Nary-
land et la Virginie. Dans l'Amérique méridionale, nous en avons ren-
contré des lambeaux sur le plateau des Andes boliviennes, dans les pro-
vinces de Carangas, de Potosi, et sur les contre-forts orientaux des An-
des, dans les provinces de Mizqué et de Yalle-Grande (Bolivia).
§ 1816. Superposition. L'étage se montre sur l'étage permlen. aux
deux versants des Vosges (l'étage S^ de notre coupe, fig. 393), dans une
partie du grand-duché du Rhin, en Bavière, dans le grand-duché de
Bade, dçns le Wurtemberg, dans presque toute l'Allemagne, et sur pres-
que tous les points de l'Angleterre. Il en est de même au mont Bogdo,
vn Russie. Toutes les grandes surfaces de l'étage conchylien se trouve-
raient donc partout sur i'étage permien, et viendraient prouver que le
premier a bien régulièrement succédé au dernier. Souvent ces étages
paraissent être en couches presque concordantes.
§ 1817. IDisoordanoes. A l'étage précédent, nous avons donné les
limites inférieures (§ 1771) ; nous n'y reviendrons pas. Mais nous al-
lons donner les limites supérieures , c'est-à-dire les limites stratigra-
phiques, entre les étages conchylien et saliférien. Nous citerons.d'abord
l'isolement de l'étage conchylien aux États-Unis, où il s'étend duMaS'
sachusets au Conecticut, à la Pensylvanie, au Maryland et à la Virginie,
sans être recouvert par l'étage saliférien, qui lui a succédé régulière-
ment. Nous regardons comme des discordances bien tranchées le manque
sous l'étage saliférien de l'étage conchylien qui l'a précédé, et qui te
montre partout en dessous, sur les points où un mouvement géologique
ne s'est pas fait sentir entre les deux. On trouve effectivement les lam-
beaux de l'étage saliférien sur les roches azoiques , autour du plateau
central (voyez étage 6*, fig. 408), dans I Indre, dans le Cher, dans l'Al-
lier et dans la Nièvre ; on le voit sur des couches rapportées par les sa-
vants auteurs de la carte géologiq'ie de France à l'étage carboniférien ,
dans l'Allier, à Liernolles ; dans la Nièvre, près de Decize, et dans
Saône-et-Loire, autour du lambeau charbonneux du montCenis. C'est
ainsi que nous retrouvons l'isulcment stratigraphiquc naturel de l'étage
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CHAP. 111. — CINQUIÈME ÉTAGK : CONCHYLIEN. 398
conchylien ; isolement tout à fait en rapport avec les limites des faunes
respectives.
§ 1818. Oompotîtion minéralogique. Dans lu Provence, dans les
Vosges et dans une partie de l'Allemagne, l'étage est formé de deux sé-
ries de couches , d'abord à la partie inférieure des grès higarrén, rouges,
jaunes, tachetés différemment et très-variables en couleur; puis une
autre série de couches, formée de calcaires compactes , gris-brun ou
bleuâtres, qu'on a désignés sous le nom de Muschelkalk ou de Calcaires
conchy liens. A côté de ces deux séries de couches superposées, les unes
formées d'éléments siliceux , sablonneux , les autres d'éléments fins et
calcaires, nous trouvons seulement du muschelkalk à Hangenbietcn et
è Soultz (Bas-Rhin); seulement des grès bigarrés dans toute la cbaine des
Pyrénées; 'seulement des grès rouges dans toute l'Angleterre; seulement
des grès plus ou moins rougeàtres aux Ëtats-Unis. Il ressortirait de cette
composition minéralogique comparée, que, quoique moins variable,
peut-être, sous ce rapport, que les autres étages , celui-ci l'est aussi, et
confirme la variabilité générale de ce caractère, suivant les âges.
§ 1819. PuissADoe oonnue. En Prusse et en Silésie, on donne 350
mètres de puissance aux grès bigarrés, et dans la Hesse-Électorale,
360 mètres. Les calcaires ont, dans la Westphalie, 300 mètres, dans le
Wurtemberg 300 mètres, et dans le grand-duché de Bade jusqu'à 350
mètres d'épaisseur.
§ 1 820. Dédttotîons tirées de le neture de* sédiments et des fos-
siles. Bien que nous n'ayons encore que des renseignements bien peu
nombreux, nous pouvons au moins donner quelques-unes des indica-
tions que peuvent offrir les fossiles.
Partie peut-être terrestre. La présence seule de plantes terrestres
fossiles dans les grès bigarrés des Vosges, et notamment à Sultz-les-
Bains , près de Strasbourg , pourrait , aussi bien que le manque de co-
quilles marines, faire croire que ce point était continental.
§ I8S1. Points littoreuzdes mers. La présence de coquilles marines
et de plantes à Domptail 'et à Aydoiles (Vosges) ; et celle de coquilles
flottantes de Mollusques céphalopodes (Nautilus et Ceratites), pour-
raient faire supposer que les points suivants étaient littoraux et au
niveau supérieur des marées. En France, Rehainviller, près de Luné-
ville Meurthe); le Cas, près du Beausset (Var) En Allemagne, Irschara,
Campilberge et Willengen. En Russie, le mont Bogdo et le nord de la
Sibérie. Il est probable que les couches à empreintes de pas d'oiseaux
des États-Unis étaient également littorales (§ 96), ainsi que les em-
pr«;intes d'ondulations de la mer (§ 33) trouvées dans le Cheshire, en
Angleterre. On rencontre les empreintes physiologiques dans le Con-
necticut, et M. Hitchcock les a étudiées d'une manière très savante. On
394 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
en voit en Angleterre, à Sloreton-Hill et à Shren^sury, où MM. Cu-
ningham et Ward ont pu étudier les nombreuses empreintes physiolo-
giques de pas de chirolhérium, et des empreintes physiques de gouttes
de pluie.
§ 1822. Points sout-marms voisins des cotes. Par les Mollusques
gastéropodes dominants, nous devons supposer, par analogie avec les
causes actuelles, que les points suivants se sont déposés près des côtes ;
mais au-dessous des marées, car ils ne renferment pas de Céphalopodes.
Ce sont, en même temps, les parties où Ton rencontre le plus de Tossiles.
En France, Morlagne, Montanville, Sainte-Anne (Meurthe), fort Mal-
bousquet, fortFéron, près de Toulon (Var). En Allemagne Cissischen ,
Braunschweig, Gœttingen, Brindioch, Salzbad, Ats, Gerend. En Bavière,
Munster. En Wurtemberg, Menegen, Dielers'weiler, près d^Freuden-
stadt; Friedrich-Hall, Boblingen,Rotweil, Horgen, Brandenbourg. Dans
l'Amérique méridionale, nous y joignons la vallée de Santa-Lucia, près
de Potosi, en Bolivia.
§ 1823. Points profonds des nners. La présence des Crinoides, des
Brachiopodes , dominants sur les points suivants , nous font supposer
qu'ils se sont déposés bien au-dessous du balancement des marées. En
France, Magnière (Meurthe), les environs de Draguignan , la montagne
des Oiseaux, près d'Hyères (Var). En Allemagne, Waltershausen,
Schwerfen, Burgtonna, Kerda, près d'Ohrdruf ; Stenbendorf, Erkeroth,
Guessing, Gotha, léna. Dans le duché de Weimar, Tangelstade. En Si-
lésie, Tarnoi^itz. Dans le Vicentin, Reoaro. Dans le Tyrol, Rosetz. En
Pologne, Poszow, Szydlow, Kiela, Tokarma. De ces différentes séries de
faits, on pourrait conclure, qu'il y avait, à l'étage conehy lien, des conti-
nents et des mers soumis aux causes physiques qui agissent aujourd'hui.
La conservation des points littoraux annonce une oscillation du-
rant la période conchylienne, ou correspond à la perturbation finale de
l'étage.
§ 1824. Oaraotères p«léontologi«iues, Le nombre peu considérable
d'espèces de cet étage montre combien il reste encore à découvrir; car
cette pauvreté de la science relativement à cet étage ne tient point
au manque de faits, mais seulement au peu de recherches faites pour
les démontrer. Il reste, néanmoins, assez de matériaux pour prouver
que les animaux et les plantes en sont tout à fait différents de la
faune et de la flore de l'éiage permien. On trouverait donc, pour cet
étage, comme pour le précédent, que la Zoologie et la Botanique fossiles
sont parfaitement d'accord avec la superposition géologique, pour le sé-
parer nettement en époque distincte. Les renseignements paléontolo-
giques donnent pour caractères les indications suivantes.
§ 1825. Caraotères paléontologîques négatifs tirés des genres.
CHAP. III. - CINQUIÈME ET AGK : CONCHYLIEN. 395
L'étage conchylien a pour caractère distinclif d'avec l'étage permien les
18 genres (§ 1784) Dés et anéantis dans ce dernier étage, ou bien
qui, nés antérieurement , s'y éteignent aussi, sans passer, au moins
jusqu'à présent, dans l'étage conchylien, et pouvant servir de caractères
négatifs pour distinguer l'étage conchylien de l'étage permien, Indépen-
damment des caractères donnés par les plantes.
§ 1826. Pour séparer l'étage conchylien de l'étage saliférien, sans par-
ler des plantes si différentes, nous avons les genres suivants, inconnus
à cet étage, et qui naissent seulement avec l'étage saliférien. Parmi les
Reptiles, les 3 genres de notre tableau n" 3. Parmi les Poissons, les genres
Sphœrodus et Picnodus. Parmi les Mollusques céphalopodes, le genre
Ammonites. Parmi les Mollusques gastéropodes, les 4 genres de notre ta-
bleau no 7. Parmi les Mollusques lamellibranches, les 5 genres de notre
tableau n» 8. Parmi les Échinodermes, les deux genres de nos tableaux
no» Il et 12. Parmi les Zoopliytes, les 1 1 genres de notre tableau n" 13.
Parmi les Amorphozoaires , les 7 genres de notre tableau n» 15. En ré-
sumé, nous avons pour distinguer l'étage conchylien de l'étage salifé-
rien, 35 genres, ou caractères négatifs, qui, réunis aux 18 genres précé-
dents, donnent un total de 53 genres pouvant servir de caractères
négatifs.
§ 1827. Caractères paléontologiquet positifs tirés des genres. Les
genres inconnus dans les étages inférieurs, et qui apparaissent pour la
première fois avec l'étage conchylien, s<?Vont autant de caractères positifs
pour le distinguer de l'étage permien. Ces genres, qu'on trouvera dans
nos tableaux et dans notre Prodrome de Paléontologie stratigraphlque ,
sont les suivants : Parmi les Reptiles, les genres ThecodontosauruSf Pa-
lœosaurus, Cladiodorif Labyrinthodon, DracosoMriÀSt ConchyosauruSt
Simosaurus, Pùtosaurus, Maslodosaurus, Tchthyosaurus^ Plesiosau-
rus, TrioniXy Chelonia. Parmi les Poissons, les genres Leicacanthus,
Ceratodm, Hybadus, Colombodus^ Gyrodus, Saurichthys. Parmi les
Crustacés décapodes, le genre Pemphix Parmi les Mollusques cépha-
lopodes, les genres Ceraiites et Conchorrhynchus Parmi les Mollusques
gastéropodes, les genres Chemnitzia et Neritopsis. Parmi les Mollusques
lamellibranches, les genres Myophoria, Cyprina, Lima, Perna et Hin-
nites. Parmi les Mollusques bryozoaires, le genre Aspendesia, Parmi les
Échinodermes, les genres Aplocomay Pleuraster, Acrouraj Aspidura et
Encrinus, Parmi les Zoophyles, le genre Prionastrea, Parmi les Amor-
phozoaires, le genre Amorplwspongia, Le nombre de ces genres s'élève
à 37.
§ 1828. Pour distinguer l'étage conchylien de l'étage saliférien, nous
avons les 15 genres suivants , qui naissent et meurent dans l'étage con-
chylien, sans arriver à Tétage saliférien. Parmi les Reptiles, les genres
;19G QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Thecodontotaurus, Palœosaurus, Cladiodon, Lahyrinthodonj Draco-
saurtis, Conchyosauruif Simosaurus eiPistosaurus; parmi les Poissons,
t€S genres Leiçacanthus^ Colombodus, Gyrodus^ Saurichthys ; parmi les
Crustacés décapodes, le genre Pemphix ; parmi les Ëchinodermes les gen-
res i4p2ocpma, et Aspidura. Joignons encore à ces genres 6 autres genres,
qni, nés nutremenl, se sont encore éteints dans cet étage, sans passer
nu suivant. Parmi les Re|>tiles, les genres Proterotaurus et fihyncho-
A-auru^.. Parmi les Polissons, les genres Cœlocanthus, PalœoniicvSf
A mhlypter us. Parmi \es Mollusques bryozoaires, le genre Coscinium.
Nous avons donc 21 genres pouvant donner des caractères positifs
supérieurs.
§ 1829. G«r«etéres paléontologîques tiré* des espèces. Si les genres
nous donnent des caractères stratigrapbiques pour l'étage conchylien, les
espèces nous en offrent de pi us certains encore; car elles portent avec elles
ta preuve d'une contemporanéité parfaite. Indépendi^mment des nom-
breuses plantes que nous énumérons plus loin, des espèces de ces sin-
guliers Reptiles sauriens et chéloniens, des Poissons et des Crustacés,
nous avons, en animaux mollusques et rayonnes, 107 espèces, comme
on pourra le voir dans notre Prodrome de Paléontologie stratigra-
phique (Tome 1, p. 171), auquel nous renvoyons pour les noms et la
synonymie. Ces espèces, suivant leur zone d'habitation, seront donc,
pour nous, autant d'espèces caractéristiques de cet étage. Parmi les
plus répandues, qu'on trouve sussi bien en France qu'en Aileuiagne.
qu'en Angleterre, qu'en Russie et qu'en Sibérie, nous citerons, plus par-
ticulièrement, les espèces suivantes :
MOLLUSQUES.
Conchorthynchus avirostris 1
Naulilus arietis. 3
Ceratttes nodosus. 5
Natica Gaillardoti. 90
Panopaea ventricosa. 34
— elongatissima. 35
Myopboria Goldfussii. 51
— trigona. 63
— simplex. 56
— curviroslris. 57
Mytilus eduliformis. 67
Répandues sur presque tous les points où nous avons signalé l'étage,
ces espèces nous donnent la certitude que tous ces points étaient con -
temporalns, et qu'ils devaient faire partie des mêmes mers. Vuici quel-
ques exemples delà faune de cette époque (Voy. fig. 394 à 402).
Lima striata. 68
— regularis. 72
Avicula socialls. 75
— Alberti. 77
— Bronnii. 78
Ostrea subspondyloides. 9i
Spirigera trigonella. i)4
Terebratula communis. 95
Plenraster obtusa. 98
ËCHINODERMES.
Encrinus entrocha. lO.'
CHAP. 111. — ONQUIÈmI; étage iCONCHYLlKN. 387
■m uUATRIËUE PAKTIK. - JiUC<:ËSSI<)N CKHOiSOLOGlQUIi:.
CHAP III — CINQDIËHb ETAGE UtNCHYI lt,N .m
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1^- i0(
Y-,-
400 (fUATniËHË PAHTtE. — SUCCESSION CHKO^OLOGlQUIi:.
§l8?9tijî. Obronologie kittaii^ue. Quand des perturbaliD
terme à la durée de l'étage p
mien (g 1191). I
montrent qu'avec les nombreux |
végélaun lie celle époqi
l'té ensevelis, puur loujot.
çenres (§ 1184) et 91 e
Ig ns&) d'animaux mollusques r i. wt. Eimmiu mruciH.
et rajonnés, qui formaient ce
que nous KLinnuiasons de l'anlmsUeullon de e«lte épuque, Ce n'esl proba*
CHAP. 111. - CINQUIÈME ÉTAGE : GONCHYLIEN. 401
blement qu'après un laps de temps considérable, pendant lequel Tagi-
tation desoaui ne permettait pas l'existence, que la terre s'est repeu-
plée de ses p'antes et denses animaux. Alors apparaissent, en mémetempa
que de non[v.breuses p1nnt,e6v 37 genres d'animaux inconnus dans les
étages inférieurs, et lO/ eepèees d'animaux mollusques et taypnnés,
toutes nouvelles pour cet él4ge<Ce sont, au moins, les débris de cette
période que nous pouvons mefi^oniier aujourd'hui ; période qui, néan-
moins, a dû se prolonger, à eiT iu^erpar l'épaisseur des sédiments qui
la composent (§ 1819), et pendant laquelle il existait des mers et des
continents. '-'-'.
§ 1829. Les mers commencent certamenvEiii sur cette bande que nous
avons signalée dans le Var (Étage 5 de fîoirè carie, fig. 408, § l;8i6);
et, à en juger par les fossiles identiques, s'étendait probablement,
sans interruption, jusqu'aux Vosges, dont les deyx ^k^csants étaient bai-
gnés. Cette mer se prolongeait, au nord et au AQrÔ uord-est, dans le
grand-duché du Rhin, dans le grand-duché de Baàé, d^as la Bavière
rhénane, et, sans doute, d'un côté, en Pologne, en Ruésie«.«n Sibérie,
et de l'autre jusque dans le Tyrol. L'Angleterre offraitv,' depuis le
Devonshire jusqu'au Yurkshire et le Cumberland, une lai'ge' ))ande
qui communiquait, d'un côté, avec la mer d'Irlande, entre le pSr>8 de
Galles et le Cumberland, et suivait de chaque côté de l'étage carbonifé-
rien, en se dirigeant presque du nord au sud de la Grande-Bretagne. La
mer s'étendaii probablement très-loin vers l'est et le nord-est, sous les
terrains jurassiques, pour communiquer avec les autres points marins.
§ 1830. Les continents, sans doute les mêmes en France pour le mas-
sif breton (1), et pour le plateau centrai (2), jusqu'à l'Hérault, où nous
ayons signalé des plantes de l'étage permien, se sont peut-être accrus,
alors ou antérieurement, d'un nouveau lambeau continental formé par
la chaîne des Vosges, en prolongeant vers le sud, le continent belge-
vosgien. Sans cela il serait diflicilc d'expliquer la présence, sur les
deux versants, dans les grès bigarrés, de ces nombreuses plantes ter-
restres sans mélange de plantes ni d'animaux marins Les coquilles
flottantes du Beausset (Var) nous porteraient à croire que la partie sud
du Var, où se montraient les terrains paléozoiques et azoiques, était
déjà surélevée et formait en France un quatrième lambeau continental.
(1) Noos détigpnerons dorénavant sous co nom tous les terrains anciens qui s'étendent i l'ouest
d'une ligne qui part de Pnrthenaj (Deux-Sèvres) et s'étend presque nord et sud par Angers, Alen-
çon. Argentan, Falaise et une partie du département de la Manche (Voyez les parties blanches,
ou marquées 1, 2, 3, ^ de notre carte, yï^. 408).
(2) Nous désignerons comme plateau central, le massif ancien, compris entre les départements
de l'Hérault et Avallon (Tonne), et entre le cours du Rhône et le département de la Vienne >
comme nous l'avons déjA cireonserit.
34.
402 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCKSSION CHRONOLOGIQUE.
Nous avons donc, pendant la période conchylienne, quatre parties con-
tinentales en France : le masaif breton^ le plateau central^ le continent
belge-vosgien , et Vilot du Var, En An^hsteri^, IMIe anglaise pré-
existante, qui occupe tout l'ouest , depuTd* je 'Corn'wall , le pays de
Galles, jusqu'au Cumberland, s'est accrdjB. peut-être, au rentre de la
Grande-Bretagne, d'une large surface Vétchdant du Derbyshire jusqu'à
Durham, occupée par la surélévati^ir^e» terrains carbonifères de ces
régions, à moins que l'intervalle ii'irtV.éfé produit par une dénudatioii,
ce qui serait encore très-possible. A ces exceptions près, les continents
paraissent avoir été très-stabiëg depuis la fin de l'étage carboniférien.
On doit croire, puisque Ifètag^ permien n'est pas recouvert par l'étage
concbylien, en Russie, que 4é continent soédo-russe s'est accru, à la fin
de l'étage permien, dè^ toutes les surfaces que nous avons signalées à
cet étage ; ainsi t^'euntifient suédo-russe occupe toute la Russie septen-^
trionale de la nter Baltique jusqu'à l'Oural, et de la mer Glaciale jus-
qu'au Gouveraèméflt de Saratov.
Les meTs.Qonchyliennes, que nous avons vu être, parle cantonne-
ment de? espèces (§ 1820 ù 1822), soumises à toutes les causes actuelles
qui agissent aujourd'hui, otTraient une faune entièrement distincte des
faunes antérieures. On y remarque un développement considérable de
Reptiles sauriens, composés d'animaux très-bizarres, de 1 1 genres dif'-
férents parmi lesquels sont les Labyrinthodon (§ 274). Les Ghéloniens,
ou tortues, paraissent pour la première fois, ainsi que des Poissons
cuirassés de 6 genres différents. Les Crustacés décapodes se mon-
trent aussi pour la première fois, en même temps que des Céphalo-
podes acétabulifères , et quelques genres nouveaux de Mollusques
des autres classes, d'Échinodermes , de Polypiers et d'Amorphozoalres,
parmi lesquels nous pouvons citer les genres Ceratites, Conchorrhyn^
chus, NeritopsiSf Myophoria, Lima y Perna, Àspendesia^ Encri-
nus y etc., etc.
Les continents sont animés, probablement sur les rivages, par ces
singuliers reptiles riverains dont nous venons de parler, et pour la pre-
mière fois par des tortues terrestres, par le Chirotherium (probable-
ment un reptile), et par de nombreux oiseaux (l).
Avec ces animaux terrestres, M. Brongniart place dans cet étage le
commencement du règne des plantes dicotylédones gymnospermes. Le
savant botaniste sépare cette flore des autres, comme nous séparons la
faune, et lui assigne le caractère d'être composée de fougères assez
(1) On ne connaît encore, de ces lierniers, des Tortues et du Chirotherium^ que des empreintes
physiologiques de pas, sur lesquels M. Hitchcock a fait des travaux spéciaux (§ 30). La ronscr-
valion de ces empreintes physiologiques s'explique très facilement, comme nous avons cherché
A le démontrer aux causes actuelles (g 94}
OBAP. 111. - CINQUIEME ËTAGË : rxWCH\LIKN.
nombreuses, de Tonne %i
snt irts-anomale, ronelitunnl êiid*niinfnl
des genres actuellemenl délruUs. tels que
Iw Atiomopièris el \eÈ Crtmalopterit . \.es
liges de; faugèrcs arboreecenlee y sont
fréquenles ; les vrais Equitetum y sont
rares les Calnmites, ou |>Uil6r les Cala-
muàeadron y sont alondonts Les Gjm-
nosiiermes y snnl représenWefparleedeux
genres de ronlférei' YoUiia et Haxiingeria.
dont les espèies sont nombreii'es les
C^cailees y son liés rares, et rncure don-
teuiei.VoIci, du rrsLe.la lisle île la flore des grès bigarrai des Vosges,
telle qae M. Brongnlart l'a énumérée danssej travaux les plu» rereiits
et une figure d'espèce {fig. 403).
CtJfMgmt
.«ogte.
FOIGËRES.
Neuropterls grandlfolla, Schimp.
— Imbrlcala, Scblmp.
— VoliMI.Btong.
— iDlermedia, Schimp.
— elegans, Brong.
Trichomanites myriophyllum
PecopterltSultilana, Brong.
Anomnpterie Hougeotli, Brong
Crematopteris typict, Schimp
Protopterls Hougeolli, Brong.
— Lesangearia, Schimp.
— mlcrupeltla, Schimp ,
- Vollili, Schimp.
Caulopterle? tessellatn, Schltnp.
Equisellles Brongniarlll, Schimp.
Calamités? arenaceus, Jcpg.
— Mougeotli. Brong.
SyaoljIMoH. gynocpcrint.
ASTËROPHILLITËES P
Schizonenra paradoxa. t^chlmp.
£ihophylluni speciosum. Schimp
— Etlpulare, Brong.
404 QUATRIÈME PAKTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Haidingera latifolia, Endl.
— clliplica, Endl.
— Braunii, Endl.
— speciosa. Endl.
CYCADÉE8.
Zamites Vogesiacus, Schimp.
Ctenis Hogardi, Brong. (Nilsonla
HogardI, Schimp.)
Monocotylédones douteuses.
Yucciles Vogesiacus, Schimp.
Palsoxyris regularis. Brong.
Echinoslachus oblonga, Brong.
— cylindrlca, Schimp.
§ 1831. Cette période doit son interruption à une commotion géolo-
gique assez forte pour anéantir la faune et la flore; commotion dont
nous retrouvons encore les traces visibles, par les discordances supé
rieures de stratiAcation (§ I8i l) parfaitement en rapport avecles limites
des faunes.
6« Étage : SAUFÉRIEN, d'Orb.
Première apparition des genres Ammonites, Trigonia^PUeatula,
OpiSt Pentacrinus, HemicidariSt etc.
Règne des genres Ceratites, Uinnites, Slellispongia et Itmnorea.
Zone du Nautilus Sauperi^ du Melia alveolarift de VAganides tpu-
rius, de V Ammonites Gaytani^ du Myophoria decussata, de VAvicula
suhcoslatùf du Spirigera quadricoslata, du Pentacrinus suherenatus.
§ 1832. Dérivé du nom. Nous parlons ici du même principe que
pour les étages carboniférien et faiunien, pour donner à l'ensemble le
nom de Saliférien, Si« en effet, Téiage carboniférien renferme le plus de
charbon, l'étage qui nous occupe est, sans contredit, celui où Ton trouve
le plus de mines de sel, si bien que des contrées ont pris leur nom de ce
caractère : Salins, Lons-le~Saunier^ le Sahbourg, etc., etc.
§ 1833. Synonymie. Marnes irisées ^ de MM. Dufrénoy et Élie de
Beaumont ; Red marie (marnes rouges), et Kevper sandstone (grès du
Keuper), de M. Murchison; Formation keuprique, de M. Haot; Ter^
rain keupérient de MM Thurmann, Gressly, Thirria; Grès rouge, de
M. Rozet; Kevper-Sandstein , Keuper-Gyps , ei Keuper-Mergel, de
M. Leonhardt; Variegated maris , des Anglais; le Keuper ou bunter
Mergel et Liitenkohle de M. Alberti; marnes rouges et marnes iri-
sées, de M. de la Bêche.
Type marin, Saint-Cassian (Tyrol).
§ 1834. Extension géographique. (Voyez les parties marquées 6 dans
notre carte, fig, 408.) Jusqu'à présent , on n'a pas reconnu l'étngc
autour du massif breton, ni autour de l'île du Var; mais il n'en est
pas ainsi autour du plateau central. En effet, d'après la carte géolo-
gique de France, on le voit paraître sous la forme de marnes irisées
dans l'Indre, à Saint-Benoît-dii-Sault, et il forme une bordure étroite à
CHAP. III. — SIXIÈME ÉTAGK: SALIFÉRIEN. 40&
Cha:;, à Chassignole, à Feusines; dans le Cher, à Faverdmes, à Kugy^
8ur-Aubois; puis il s'élargit dans l'Allier, à Saulzet, aux environs
d'Amay, à Bourboh-i'Archambauit, à Iguerande, à Autry et jusque auprès
de Moulins ; un lambeau se montre à Liernolles ; d'autres dans la Nièvre,
n Soisy, près de Decize, à Saint-Sauge. Une assez vaste étendue se
montre dans Saône-et-Loire, depuis Rigny, près de Montcenis, jusqu'à
Couches, et un peu au nord, à Molinot. Sur le versant occidental du Jura,
on en voit poindre un lambeau auprès de Puligny et de Salins. Sur le
versant occidental des Vosges, l'étage commence à se montrer dans le "
Doubs, près de Rougeniont ; puis il forme partout une lisière, sur Télage
conchylien, dans la Haute-Saône, à Froiey, auprès de Lure, de Van-
villiers ; dans la Haute-Marne, à Viilars, à Touest de Bourbonne-les-
Bains; dans les Vosges, à l'ouest de la Marche, à Mirecourt, à Charmes;
il s'élargit beaucoup dans la Meurlhe, à Saint- Nicolas, à Lunéville, à
Richecourt, à Dieuze, à Albestroff; (lans la Moselle, à Gros-Tenquin,
à Sarreguemines, à Faulquemont; il s'étend au nord, à Bouzonville, et
dans le grand-duché du Rhin, à l'est du Luxembourg jusqu'à Docken-
dorf. Quelques lambeaux se voient sur le versant oriental des Vosges,
dans le Bas-Rhin, à Balbronn, auprès de Saverne, et jusqu'à Ing-
viller.
En poursuivant l'étage en Suisse et en Allemagne, nous en voyons un
lambeau dans le canton de Bâie, près de Waldenburg ; dans l'Argovie,
près de Rheinfelden. Il se continue dans le grand-duché de Bade, par
Rosenfeld, jusqu'à Stuttgart, Laufen, et bien plus au nord. L'étage se
trouve, de plus, en Allemagne, à Villengen, à Dovrenberg,à Sulzsur le
Neckar ; dans le Wurtemberg, à Rotweil, à Hellbronn, à Pforzheim; et
dans le Tyrol à Saint-Michel, entre Buchcnstein et Saint-Cassian, à
Steur, à Hallstadt, au mont Walbrunn, dans le Salzbourg (Autriche).
En Angleterre, l'étage commence à l'orient du Dcvonshire, et forme,
à l'est de l'étage conchylien, une bande plus ou moins régulière, qui
passe dans le Somersetshire, le Gloucestershire, le Worcestershire, le
Wurwick, le Leicestershire, le Nottingham, et va s'achever dans le
Yorkshire, à la rivière de Tees. Un lambeau indépendant se voit dans
le Chestershire. 11 est probable que les parties supérieures des terrains
triasiques que nous avons rencontrés dans la république de Bolivia ap-
partiennent encore à cet étage.
§ 1835. Stratification. (Voyez l'étage 6« de notre coupe, fig. 893.)
Sur tous les points où l'on trouve l'étage saliférien très-développé sur
les deux versants des Vosges, il repose en couches souvent concor-
dantes sur rétage conchylien. H en est de même en Allemagne et
sur tous les points de l'Angleterre où nous l'avons indiqué. Cette ré-
gularité de superposition des grandes surfaces de Tétage saliférien
406 QUATRIÈME PAHTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
montre qu'irsuccède rëgulièreinent dans l'ordre chronologique à Tétage
conehylien.
§ 1836. Difoordancei. Après avoir donné à l'élag(f in rérieur (§ 1817;
les limites stratigraphiques qui séparent les étages conehylien et salifé-
rien, il nous reste à faire connaître les limites de ce genre qui distin-
' guent nettement les étages saliférien et sinémurien. Ces limites nous
sont données par un grand nombre de discordances positives et des
discordances dMsolement. Il existe une discordance de stratification sur
beaucoup de points, et notamment sur les deux versants des Vosges où
elle a été reconnue par les savants auteurs de la carte géologique de
France. Nous avons, de plus, de nombreuses discordances d'isolement
déterminées par le manque, sur i* étage saliférien, de l'étage sinémurien,
qui doit le recouvrir, lorsqu'il n'y a pas de lacune. 11 en est ainsi en An-
gleterre, dans le Shropshire, et aux environs de Namp^lch, où les der-
nières couches salifériennes n'ont point été recouvertes par le mou-
veulent géologique qui a surélevé toute la partie des mers triasiques qui
séparaient la principauté de Galles du grand massif compriijt entre le
Derbyshire et le Cumberland. La discordance d isolement est encore
plus marquée par le manque, sous l'étage sinémurien, de l'étage sali-
férien qui devait y exister, si un mouvement géologique considérable
n'avait eu lieu entre les deux. On trouve dans la Nièvre, à Avatlon
(Yonne), à Semur (Côte-d'Or), dans Sa6ne-et-Loire, dans le Rhône,
dans l'Ardèche, dans le Lot, et sur une inflnité d'autres points du pour-
tour du grand plateau central (voyez étage 7 dans notre caile, /ip. 408),
l'étage sinémurien qui repose, directement soit sur les roches grani-
tiques, soit sur les roches azoïques. Auprès d'Arles, à l'ouest du Luxem-
bourg, l'étage sinémurien repose sans intermédiaires sur l'étage conehy-
lien ;. à Mézières, à Sedan (Ardennes) sur les terrains paiéozoïques. Il
eu est de même du lambeau sud du Glamorgan en Angleierre, du lam-
beau sinémurien de Sicile, de celui du Chili. Nous croyons donc quMl
est impossible de douter qu'une grande perturbation géologique ne se
soit manifestée entre la fin de l'étage saliférien et le comnienceuient de
l'étage sinémurien qui les a nettement séparés l'un de l'autre.
§1837. Composition minéralogique. C'est peut-être, de tous les
étages, le plus varié, suivant les couches et les localités. Dans les Vosges,
il se compose de petites couches argileuses ou marneuses, colorées di-
versement en rouge, en jaune, en bleu ou en vert, entre lesquelles sont
des grès quartzeux à grains plus ou moins fins, très argileux. Ces cou-
ches sont souvent remplies de gypse, rarement de houille sèche, mais
très-souvent de sel gemme. Cette dernière substance, dans le Wurtem-
berg comme à Vie, à Dieuze (Meurlhe), est certainement la plus abon-
dante, et devient une branche considérable d'exploitation industrielle.
€HAP. m - SIXIÈME ÉTAGE : SALIFÉRIËN. 4(n
Ces couches salifères, souvent de 7 jusqu'à 10 mètres de puissance,
alternent avec des couches d'argile, et Tensemble de cette alternance
atteint quelquefois une puissance de 150 mètres. Dans le Jura ce sont
seulement des sources salifères qui sortent de cet étage et sont exploi-
tées avec le plus grand succès. Dans le Tyrol, au contraire, ce sont des
calcaires compactes, rouges ou gris, exploitables comme marbre, ou dos
calcaires noirs et gris» marneux ; des marnes grisâtres, jaunes, dolomif
tiques, et des grès rouges. On voit que les caractères minéralogiques lie
sont pas plus réguliers pour cet étage que pour les autres.
§ 1838. PttUsanoe oonnue. Les marnes irisées, ou le Keuper, at-
teignent, aux environs de Salins, 930 mètres, dans le grand-duché de
Bade 260 à 360 mètres de puissance ; ce qui prouve une assez longue
durée de cette période géologique.
§ 1 839. Déductions tirées de le neture des sédiments et des Cm-
siles. Nous avons encore moins de renseignements sur Tétage sa-
liférien que sur l'étage conchylien ; pourtant les indications suivantes
ressortent de l'ensemble des faits relatifs aux corps organisés fossiles.
Parties terrestres, La présence de la houille sur plusieurs points,
et l'ensemble seulement terrestre des plantes qui ont été rencon-
trées à Saint-Léger-sur-d'Heune, en France ; dans le Wurtemberg ; à
Bade, à Wurtzbourg, à Abschi^ind, à WaeshofT, à Bàle, pourraient faire
croire à des dépôts terrestres ou littoraux.
§ 1840. Points littoraux des mers. Par le mélange des plantes ma-
rines et des plantes terrestres, on peut croire que les grès de Stuttgart
se déposaient sur le littoral des mers de cette époque. Le grand nombre
de coquilles flottantes d'Ammonites, de Cératites et de Nautiles qu'on
trouve à Saint-Cassian, à Aussée ; à Hallstatt, à Bleiberg, dans le Tyrol
autrichien, dénotent certainement un point littoral des mers saiifériennes :
car leur abondance est extrême.
§ 1841. Points sous-merint voisins des odtes. Peut-être tlevrait-
on regarder comme tels les points suivants où dominent les Mollusques
lamellibranches : dans le Wurtemberg, Roitiwel, Heilbronn, Pforzheim,
Villengen, Dovrenberge, Hallein, Suitz sur le Neckar, Wirbel. 11 ^t
très-probable qu'à Saint-Cassian il y a de même des couches spéciales,
les unes littorales, les autres plus ou moins sous-marines, mais les
renseignements manquent à cet égard; néanmoins nous en avons assez
pour juger que ces mers étaient soumises aux mêmes causes que les mers
actuelles . La conservation dans les couches terrestres des points litto-
raux, qui ne peut avoir lieu sans un afîalssement, annonce ou un mou-
vement d*oscillation durant l'époque, ou coïncidant avec la flo de la
période salifécienne.
§ 1842. Caractères paléontologiques. Par la présence des genres Or-
408 quatrième: partie. » SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
thoceratUes, Melia,Aganides, Loxonemaj Porcellia, PraductuSy Cyr-
thia, Spirifer, Spirigera, propres seulement aux terrains pa^éozoïques,
et qui sont ici les dernières traces de ces formes animales qui vont dis-
paraître ensuite pourtoujours. cette faune ;se lie encore à la première
grande période de Tanlmalisatlon du globe, et s'en rapproche évidem-
ment. D'un autre c6té« par la présence, dans celte mémefaune.des genres
Ceratites, Ammonites^ Rissoa, Delphinula, Ttigonia^ Germlia^ Plicatu-
la, Fentacrinus, Montlivaliia, Eunomia,HippalimuSy etc., etc., qui ap-
partiennent plus particulièrement à la nouvelle animalisation que nous
allous voir exister dans les terrains jurassiques, il est impossible de ne
•pas voir les rapports intimes qui existent entre les terrains triasiques
et la troisième grande période d'existence propre aux terrains juras-
siques. On voit, par cet ensemble de caractères, que la faune c'e l'étage
saliférien ne peut être placée, d'après les rapports zoologiques, qu'entre
les terrains paléozuïques et les terrains jurassiques. La faune aussi bien
que la flore seraient donc intermédiaires entre les étages conchylien et
sinémurien, position que lui assigne, comme on l'a vu, la superposition
des parties que nous considérons comme des dépendances de l'étage
saliférien. Les trois éléments de vérités concorderaient donc encore
parfaitement. Voici, de plus, les caractères plus spéciaux de la faune.
§ 1843. Caractère» paléontologiques négatifs tirés des genres. Les
caractères distinctifs de l'étage sont, avec l'étage conchylien, formés
par les 21 genres que nous avons vu s'éteindre dans l'étage conchylien
(§ 1828), sans jusqu'à présent se trouver dans celui-ci.
§ i844. Pour distinguer l'étage saliférien de l'étage sinémurien, in-
dépendamment des plantes, nous avons 18 genres inconnus à cet étage,
et qui naissent seulement avec l'étage sinémurien. Les genres sont
ainsi répartis : Parmi les Poissons, le genre Pachycormui et un grand
nombre d'autres; parmi les Mollusques céphalopodes, les genres Turrili-
tes et BelemnUes\ parmi les Mollusques gastéropodes, le genre Nerita;
parmi les Mollusques lamellibranches, les 4 genres de notre tableau
no 8; parmi les Échinodermes, legenre Diadema ; parmi les Zoophyte^,
les 2 genres de notre tableau n» 13. En réunissant ces 18 genres aux 21
qui servent de limites avec l'étage conchylien, nous avons 39 genres
donnant des caractères négatifs pour distinguer l'étage saliférien des
étages immédiatement supérieurs ou inférieurs.
§ 1845. Caractères paléontologiques positifs tirés des genres. Nous
prenons, comme caracières positifs pouvant distinguer cet étage de
l'étage inférieur, tous les genres qui, inconnus dans cet étage inférieur,
apparaissent pour la première fois dans celui-ci. Ces genres, qu'on
trouve dans nos diiïérents tableaux, et avec leurs espèces, dans notre
Prodrome de Paléontologie s ira ti graphique, sont répaitls ainsi qu'il
GHAP. III. - SIXIÈME ÉTAGE: SALIFÉRIEN. 400
suit: Parmi les Reptiles, les genres Phytosaurus, Capitosaurus et
Metopias; parmi les Poissons, les genres Sphœrodus et Picnodus; parmi
les Mollusques céphalopodes, le genre. Ammonites; parmi les Mollus-
ques gastéropodes, les genres Rissoa, Delphinula, Cerithium et Emar-
ginula; parmi les Mollusques lamellibranches, les genres Trigonia^
Plicatula, Opis, Gervilia et Unicardium; parmi les Échinodermes, les
genres ^emtddam; parmi les Zoophytes , les genres Conop/' y /h'a,
Convexastrea^ Centrastrea, Synastrea^ Monilivaltia, Acrosmilia, Las-
mophylUat ThecophylUa, Eunomia^ Calamophyllia ei Oulophyllia;
parmi les Amorphuzoaires,.les genres Hippalimus^ SelUspongia, Cu-
pulospongia, Verrucospongia^ Eudea, Limnorea et Leiofpongia. Ges
genres, indépendamment des plantes, s'élèvent à 34.
§ 1846. Les genres qui, nés avec l'étage saliférien, se sont éteints avec
cette époque, sans passer à l'étage sinéniurien, peuvent donner des ca-
ractères positifs pour distinguer ces deux périodes. Ges genres sont au
nombre de cinq. Parmi les Reptiles, les genres Phytosaurus, Capifo-
saurus et Metopicu; parmi les Zoophytes, les genres Conophyllia et
Convexastrea. Si nous y joignons les 15 genres qui, nés antérieurement,
se sont encore éteints à cette époque : parmi les Reptiles , le genre
Mastodonsaurus ; parmi les Poissons, le genre Gyrolepis; parmi les
Géphalopodes, les genres Melia^ Orthoceratites, Aganid^s et Nautilo-
ceras; parmi les Gastéropodes, les genres Loxonema et Porccllia;
parmi les Lamellibranches, le genre Myophoria ; parmi les Mollusques
brachiopodes. les genres Spirifer, Cyrthia^ Spirigera et Produçtus ;
parmi les Échinodermes, le genre Encrinus; parmi les Amorphozoaires,
le genre Stromatopora, nous aurons 20 genres pouvant donner des ca-
ractères positifs entre les étages saliféricn et sinémurien.
§ 1847. Le nombre plus élevé des genres qui naissent avec cette épo-
que, que celui des genres qui y disparaissent, démontre que l'étagt*
saliférien forme le commencement d'une nouvelle période de for-
mes animales qui se continuent dans les terrains jurassiquf^s. Avec les
Ammonitrs, les Trigonies et beaucoup d'autres genres de Mollusques
plus développés dans la période qui va suivre, apparaissent, en efTet,
un assez grand nombre de genres de Zoophytes astréidées et d'Amor-
phozoaires testacés,qui doivent se développer encore plus dans les ter-
rains jurassiques. Ges caractères généraux sont d'autant plus remar-
quables qu'ils coïncident parfaitement avec ce que M. Rrongniart trouve
pour la flore de cette époque, toute intermédiaire entre l'étage con-
chylien et les premiers étages jurassiques.
§ 1848. Caractères paléontologiquet tirés des espèces. Outre les
caractères paléontologiques tirés des genres que nous avons vu être
nombreux, nous avons, pour distinguer l'étage saliférien, un nombre
n. ^b
iin QUATRIEME PARTIK - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
considérable d'eapècee. IndépeDdammuit d«B 56 Mpèeea de plantes
ënuméréea plus loiD (§ 1B&4), deaeapècea de Replîles, de PoImodr et
de Ci'uelacé», nous aTons discuté dans notre Prodrome de PaUonlo-
logie itratigraphique (Tome I, p. 179 etsuivantea) le nombre de 13T
etpËces d'anlinaiii mollusques et rayonnes, qui forment, pour noua, ao-
tant d'f sp^ces ca raclé risUquea auxquelles noua renvoyons pour pron-
vpr l'ensemble di« faits. Parmi les espèces, bous citerons iii lulvaalea.
plus répandues que les autres :
Hyophorla decusMta. 469
: Avicula gubcoslala. £18
18 — salinaria. 619
Nautllus Sauperi.
Hella alieolarls.
Gnnialiies silurius.
Ammonites Gaytanl.
— cymblforrals.
04
âTO
Dans leur premier mémoire sur les fossiles de Saint-Cai^ao, HH.
Wisseman el Munster ont trouvé que celte faune était un mélange de
plusieurs époques lis y reconnaissaient par e temple avec des coquilles
analogues de (orme 1 espèces identiques avec les espèces du Zechsteln
(étage permien) i avec I étage conchyiten i avec leUge du lias (siné-
murien) et l avec I ooDie Nous avons confroulé ces espèces avec soin,
et Dous avons reconnu qu à 1 eicepllon de 1 Encrxnui ■tntraeha propre
à l'élage eonchyllen et qui a pu être prise dans une couche dépen-
dant de cet étage, toutes les autres sont basées sur de faut rapproctw-
CBAf. III. - Sm£liK ËTAG£ : SALIFÊRIEN
. Nous coDlinuerona donc h les regarder, ane seule i
comme élani caractériBtlqueH de cet étage. Vole) . du reste, quelques
etemplee de celle faune (fig. 104 à 407].
g 1849. Chronologia hiitoriipie. Il est probable qu'une perlurbatlon
géologique (§ IgSS] a terminé la durre de l'époque ronthyllrnne ; car
■TBc celle période animée, nous ïojons disparaître pour loujours, dais
les couches lerreslres, indépendamment de« plantes qui composaient la
Oore de cette époque, 21 genres d'animaui |g 1MB) et I07 espèces
ifanimaui mollusques el raifonnés (§ I8Î9) Après cet Insisnl d'a-
gitation, auquel nous attribuons l'anéantissement de ces élres (g 169
k 171), le calme a dû peu i peu se rétablir ; et seulement alors, de dé-
serte qu'elle était, la nature se repeuple de ses animaux et de ses
plantes. L'étude de ces élres nous montre, en elTel, qu'en même temps
apparaissent 34 genres d'animaui, ià espèces de plantes et i,17 es-
pèces d'animaux mollusques el rayonnes, sans compler les animaux
vertébrés et annelës. Ce sont au iiiuiiis les toriiies nouvelles qui nous
sont connues Jusqu'à préseni de l'ensemble d'êtres qtii peuplaient
cette époque et dont, sans doute. Il n'est arrivé Jusqu'à nous que des
débTls échappés au naufrage général qui l'a inleirooipu. Cette épo-
que avait ses mers et sea continents.
g 1860. Les mer^ (voyez étage 6, |lg. fOS) de la période saliférienne
avalent a peu près la même circonscription que les mers conchyliennes
(§ I82S ter]. Elles baignaient probablement le pouriour nord du plateau
central, et s'étendaient, des deux celés de Vllol voigien, sur une partie
du grand-durhé du Rhin jusqu'à Bâle^ d'un c6té dans leTyrol, de
l'antre Jusqu'i Slut^rd . Elles étaient bornées, i l'ouesl, par le conti-
oent anglais, dont les cMes s'étendaient du Devonshire 6 la rivière de
Tees, tandis qu'elle* devaient prendre une grande extension vers
l'ori«Dt. Ces mers séparaient, par un détroit que nous n
412 QUATRIÈME PARTIE. -^ SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
troit anglais^ l*Angleterre de celte époque en deux îles, formées du
pays de Galles et des régions nord.
§ i85l. Pour les conlinents, ils parai;>sent peu différents, au moins
en France et en Angleterre. En France, le massif de la Grande-Bre-
tagne, le plateau centrai, Tile Tosgienne et l'îlot du Var, étaient émer-
gés, ainsi que le continent belgk. En Angleterre (voyez les parties 1,
2, 3, 4, 5 de notre carte, fig. 408), nous voyons le continent anglais 8*ac-
croître d'une lisière orientale formée par les parties de Tétage con-
chylien nouvellement sorties des eaux, à Test des anciens étages, et sur
les bords du continent anglais. Le continent suédo-russe serait encore
le même Seulement on peut indiquer des points continentaux ou lit-
toraux de plus, qui se montreraient à Stuttgart, dans le grand>duclié de
Bade, dans le Wurtemberg, à Bàle et dans le Tyrol, sur les points que
nous avons cités comme littoraux, et qui se rattacheraient peut-être
à un système de côtes bornant un continent aujourd'hui peu facile à
suivre.
§ 1852. Les mers salifériennes étaient peuplées d'animaux différents
de ceux de Tépoque conchylienne. Avec 3 genres nouveaux de Rep-
tiles sans doute riverains, les mers renfermaient 2 genres de Pois-
sons; les Ammonites s'y montrent pour la première fois avec des Ris-
soGy des Delphinula^ des Trigoniat des Plicatules, des Opis, des
Gervilia, et beaucoup d'autres Mollusques inconnus jusqu'alors. Ces
genres, joints aux nombreux Zoophytes de la série des Astréidés et aux
Amorphozoaires, appartenant aux Spongiaires testacés qui naissent à
la fois, donnent un cachet tout particulier à la nouvelle faune de cette
époque, qui parait se montrer comme une transition entre les der-
nières traces des formes paléozoiques et les premières formes .urassi-
ques, si différentes les unes des autres , lorsqu'elles sont comparées
dans leur ensemble/ Avec ces animaux existaient, sur les côtes, les
plantes marines qui suivent, empruntées à M. Brongniart.
Cryptogames amphîgénei.
ALGUEP.
Confervites arenaceus, Jaeg. Slutt-
gard.
Deiesserites crispatus, Brong
Les continents avec les animaux terrestres, probablement voisins
de ceux de l'étage conchylien, mais dont aucun ne s'est conservé jus-
qu^à nous, sont couverts d'une riche végétation, dont quelques repré-
sentants se sont conservés, et forment la flore de cette époque, pour
laquelle M. Brongniart s'exprime ainsi : « En comparant cette flore avec
« celle des grès bigarrés (étage conchylien) des Vosges, et avec celle
• du lias (nos étages sinémurien, liasieu ettoarcien), on voit qu'elle n'a
GHAP. 111. - SIXIÈME ÉTAGE : SALIFÉRIEN.
4i;i
« de commun avec la première que le Palœoxyrùt qui parait extré-
« mement voisin de celui du grès bigarré; au contraire, elle ressemble
« à la flore du lias ou de Toolile (terrains jurassiques) par les Fou-
« gères, dont plusieurs sont très-voisines, par les Nilsonia et les Pte-
M rop/iy//um, qui sont aussi très-voisins spécifiquement de ceux du lias.»
On voit que ces résultats sont conformes à ce que nous trouvons pour
rensemble de la faune (§ i842). Il serait donc tout aussi bien prouvé
par les plantes que par les animaux, que cette époque est intermédiaire
dans ses caractères comme dans la position stratigraphique qu'elle oc-
cupe. Nous donnons ci-après la liste de la flore terrestre telle que
M. Brongniart l'Indique.
Cryptogames aorogènes.
FOUGÈRES
Odontopteris cycadea , Berg. Co-
burg.
Neuropteris ? distans, Sternb. Golh.
Spbenopteiis? Rsessertiana, Sternb.
Bamberg.
S. pectinata, Sternb. Bamberg.
S. clavata , Sternb. Bamberg.
S. oppositifolia. Sternb. Bamberg.
Goniopteris Schœnleiniana, Brong.
Wurtemb.
Goniopteris Kirchneri, Br. Bamb.
— tricarpa, Brong. Bamb.
Hymenopbyllites macrophyllus.
Brong. Bamb.
Teniopteris marauiacea , Sternb.
Wurtemb.
Teniopteris elongata, Brong. Saint-
Léger-sur-d'Heune.
Pecopteris Stnttgartiensis, Brong.
Stuttg.
Pecopteris Meriani, Brong. Bâle.
— taxiformis, Ster. Bamb.
— macrophylla , Sternb.
Desmophlebis flexuosa , Gœpp.
Bamb.
D. Bœsserti , Sternb. Bamb.
D. imbricata , Sternb. Bamb.
D. concinna, Sternb. Bamb.
D. obtusa, Sternb. Bamb.
Gutbiera anguslifolia , Presl.
Bamb.
Phlebopteris Landriotii, Brongn.
Saint-Léger-sur-d'Heune.
GamptopterIsMunsterlana, Sternb.
Tbaumatopteris?quercifolia,Brong.
Stuttgard (Pecopt. quercifolia,
Sternb.).
Sagenopteris rhoifolia, Ster. Bamb.
— acuminata, Sternb.
Bamb.
S. scmicordata, Sternb. Bade.
Gottaea Dana<£oldes, Gœpp. Stuttg.
ÉQUISÉT ÂGÉES.
Calamités arenaceus, Brong. Stutt.
— Jœgeri, Brong. Stutt.
Equisetites columnaris , Brong.
mutt. Gob.
E. cuspidatus, ^ternb. Stutt. Bade.
E. elongatus, Sternb Stuttg
Ë.ScbŒnleinli,Sternb.Wurtzbourg.
E. conicus, Sternb. Abschwind.
E. sinsheimicus, Sternb. Bade.
Equiseium Meriani, Brong. Bàle.
E. Munster! , Sternb. Bamb.
E. Hœflianus, Sternberg. Waisbof.
E. moniliformis, Sternb.
Bamb.
•JVS.
414 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Dicotylédones gymnospermes*
CYCADÉE8.
Pterophyllum Jaegeri,Brong. Slutt.
Heilb.
P. longifolium, Brong. Bâie. Autr.
P. Meriani, Brong. Bàl. Stult. Gro-
zon(Jura).
Zamites? Munsleri, Sternb. Bamb.
>- acuminatus, Ster. Bamb.
heterophyllus ? Sternb.
Bamb.
CONIFÈRES
Taxodites Munsterlanos^Ster.Bamb
— tenuifolius, Ster. Bamb.
Cunninghamites ? dubiug, Sternb.
Bamb.
Peuce keuperianug. Ung. (Pinites).
Bamb.
Monoootylédones douieiuei
Palœoxyris Munsteri, Stem. Bamb.
Preisleria antiqua, Sternb. Bamb.
§ 1853. C'est à cette époque que M. Élie de Beaumont fait arriver
son système du Thùringerwald, du Bœbmer^ald-Gebirge, du Morvan,
dont la dislocation est dirigée de l'0. 40» N. à l'E. 40» S. Nous rappor-
tons encore à la fin de cette époque la surélévation de toute la partie
orientale des Andes dans l'Amérique méridionale, comprise entre les b^
et 20e degrés de latitude sud, suivant la direction 0. bO" N. à TE. 50oS.
En Joignant à ces grandes lignes de dislocation les nombreuses dis-
cordances que nous avons signalées (§ 1898] entre la fin de cette
époque et le commencement de Tétage sinémurien, on aura d'un côté
les causes puissantes qui ont déterminé le mouvement des eaux, à la
surface du globe, et de l'autre le résultat immédiat visible de ce mou-
vement, dans la séparation nette et tranchée des faunes et des flores
respectives de ces deux âges.
CHAPITRE IV.
TROISIÈME GRANDE ÉPOQUE DU MONDE ANIMÉ.
TERRAIKS JURASSIQUES.
Première apparition des Insectes diptères, hyménoptères, hémiptères:
des Crustacés Isopodes; des Mollusques lectibraiiches et des Brachio*
podes cirridés; des Crinoïdes libres; des Foraminifères stichostègucfs
et monostègues.
Premier règne des Crustacés décapodes, des Échinodermes échi*
nides, des Bryozoaires, des Polypiers et des Amorphozoaires testacéa.
Hègne de l'ordre des Crinoïdes libres.
§ 1854. Synonymie. Terrain jurassique de MM. Dufrénoy et Élie de
Beaumont; croupe oolithique de M. Rozet^de M. Huot, de M. d'Omalius-
GHAP. IV. - TERRAINS JURASSIQUES. 415
d'Halloy, de M. de la Bêche ; partie des terrains secoftdaires, de Werner;
partie de l'ordre supermédial, {supnmoyen), de M. Conibeare; partie
des terrains ammonétns {terrains jurassiques et liasiques)y de M. d'O-
malius d'Haliuy ; partie des terrains y sé^niens abyssiques^ et pélagiques
de M. Brongniart; partie des terrains secondaires (Systems uolitlc
of jurassic), de M. Murchison ; partie de la mesoxoie serie^ de M. Morris ;
Jurakalekùes Allemands; calcaires secondaires, de M. Boue.
Bien que ces terrains soient loin de montrer, dans le Jura, un aussi
beau développement que sur le versant occidental des Vosges et du
plateau central de la France, nous avons cru devoir conserver à l'en-
semble le nom de jurassique^ plus connu et plus généralement adopté.
Nous le conservons encore, parce qu'il ne s'applique pas à des carac-
tères minéralogiques variables, et que, d'ailleurs, cette série de terrains
se montre néanmoins sur une grande surface du Jura français ou
suisse.
§ 18&5. Limites de hauteur. Ainsi que presque tons les géologues,
nous comprenons, sons le nom de terrains jurassiques, tous les étages
depuis et y compris les grès inférieurs du lias, et le lias inférieur (étage
sinémurien) jusque et y compris l'étage porllandien ; mais non le Pur-
bec, le Vcalde Clay des Anglais. Les limites supérieures seraient donc
toutes les dépendances de l'étage néocomien. Comme on le verra plus
loin, cet ensemble forme un grand tout parfaitement distinct piir ses
caractères stratigraphiques et paléontologiques.
Typé complet La série complète de tous les étages se voit du versant
occidental des Alpes, à Vassy (Haute-Marne). Voyez coupe, fig. 39:).
§ 1856. XxteuMon géographique. La France nous donne peut-
être le plus bel ensemble de ces terrains. Comme le démontrent si bien
les beaux travaux de MM. Elle de Beaumont et Dufrénoy, résumés
dans leur magnifique carte géologique de France, on les trouve dans
les bassins parisien, pyrénéen et méditerranéen. Voyez, pour l'exten-
sion de Tensemble, la partie la plus teintée, dans notre carte des mers
pendant la période jurassique, /ip. 408
Les suivons-nous autour du plateau central, nous les voyons, dans
Tarn-et-Garonne, commencer à Brunquil ; former de suite une large
bande, qui se dirige au nord nord-est, à Villefrancbe (Aveyron) jusqu'à
Figeac (Lot), où elle tourne au nord-ouest, passe à Souiilac, à l'est de
Montignac, à Excideuil, à l'ouest de Nontron (Dordogne), jusqu'à la
Rochefoucauld (Charente). Là elle s'élargit pour s'étendre sans inter-
ruption jusqu'au massif de la Bretagne. Pour ne pas abandonner le
plateau central, nous la suivons au nord jusqu'à Givray (Vienne) ; puis
nous tournons avec elle au nord-est, à Montmorillon, à la Trémouille,
à la Châtre (Indre), à Saint-Amand, à Bourges (Cher) , à Nevers, à
416 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Saint-Ange (Nièvre), et jusqu'à Avallon (Yonne). Ici la bande jnnls-
siqué continue de se diriger vers les Vosges, où nous la suivrons plus
tard. Elle contourne les roches granitiques et azoïques, à Test, à Semnr,
et ensuite au sud-est, à Beaune (Cô(e-d'Or). Quelquefois cachée par les
alluvions, elle se montre au sud, d'un côté à Charolles, de l'autre à
Tournus, à Mâcon (Saône-et-Loire), à Villefranche, et près de Lyon
(Rhône). Après avoir été interrompue sur une assez vaste surface, on
la voit reparaître sur la rive droite du Rhône,* près de Saint- Péray, et à
Privas; elle suit la direction du sud-sud-esi dans TArdèche, à Largen-
tière, vers Allais, Anduze, Saint-Hippolyte (Gard) ; tourne à Touest, où
elle vient former, sur les roches azoiques, un vaste golfe qui s'étend
vers le nord jusqu'à Mende (Lozère), et s'élargit considérablement vers
l'ouest jusque auprès de Rodez, et revient ensuite au sud-est, vers
Milhaud, Saint-Affrique, jusque auprès de Lodève (Hérault). On voit, par
les circuits que nous venons de parcourir, qu'à l'exception d'une petite
surface comprise entre Lyon et Valence, où les terrains jurassiques sont
probablement cachés 'sous les alluvions anciennes et modernes, on les
suit tout autour du plateau central, qui, au commencement des mers
jurassiques, paraissait former une vaste ile.
Autour du massif breton, les terrains jurassiques ne sont pas moins
développés. Près de Valognes et de Sainte-Mère-f glise commence une
bande qui, en largeur sur ce point, occupe toute la côte jusqu'à Hon-
fleur, et se montre dans l'intérieur, à Bayeux, à Caen , à Lisieux, à
Falaise (Calvados), en suivant la direction du sud-est jusqu'à peu au
delà de Sées. Là elle tourne au sud-sud-est, passe à l'est d'Alençon
(Orne), à Mamers, à Beaumont, à Brulon, à Avoise (Sarthe). Cachée par
les alluvions et par les étages plus modernes de la Loire, elle reparait,
de l'autre côté du fleuve, à Montreuil (Maine-et-Loire), s'élargit ensuite,
et se dirige au suâ, quelques degrés à l'est, en passant par Thouars
(Deux-Sèvres), jusqu'à Poitiers (Vienne). Elle contourne les roches
azoïques et granitiques, et va vers l'ouest, à Saint-Maixent, à Niort
(Deux-Sèvres), à Fontenay, et jusqu'au sud des sables d'Olonne, d'où
elle occupe en largeur toute la partie comprise entre ce lieu et la pointe
de Rocher (Charente -Inférieure), en passant parla Rochelle.
Un lambeau isolé se trouve dans le Boulonais, à Boulogne et à Mar-
quise (Pas-de-Calais); il appartient à la bande qui entoure les ter-
rains anciens de la Belgique et des Vosges, et qui, à l'ouest de ce der-
nier massif, occupe une plus grande largeur que partout ailleurs. Les
terrains jurassiques reparaissent à Hirson (Aisne), où ils continuent
le lambeau du Boulonais. Ils s'élargissent de suite, s'étendent d'un
côté à l'est, à Mézières, et jusqu'à Luxembourg ; de l'autre, au sud-est,
jusqu'à Varennes (Meuse). En conservant une largeur égale à la dis-
CHAP. iV. — TKRRAINS JURASSIQUKS. 417
tance comprise entre les deux derniers points, la bande qu'ils forment
se dirige au sud-ôuest , jusqu'à rejoindre les terrains jurassiques du
massif central. Ses limites sur le versant occidental des Vosges sont
Tbionvilie, Metz, Nancy, Mirecourt, La marche (Vosges) jusqu'à Cen-
trey (Haute-Marne). Elle contourne, dans la direction de l'est, les cou-
ches de l'extrémité triasique des Vosges, en passant par Pont-sur-Saône,
Villersexel (Haute-Saône), jusqu'à Montbéliard,d'où les terrains s'éten-
dent jusqu'au Jura. Sur le versant oriental des Vosges ils se montrent
moins développés et souvent interrompus, à Belfort, à Thann (Haut-
Rhin), et surtout à Niederbronn (Bas-Rhin).
Quelques lambeaux disséminés existent dans l'Aude, près de Tu-
chan et de Durban; dans l'Hérault, près de Frontignan; dans les Bou-
ches-du-Rhône, aux Opies, près d'Aix, près de Marseille; dans le Var,
près de Rians, de Toulon, de Cuers, de Draguignan , où ils font partie
du bassin méditerranéen. Puis commence, à l'extrémité des Alpes, sur
leur versant occidental, une vaste bande jurassique, qui se montre à Grasse
même, où nous l'avons parfaitement déterminée, et se continue en s'élar-
gissant, à Castellanne, à Digne (Basses-Alpes), à Gap (Hautes- Alpes), et
jusqu'à l'Isère, près de Grenoble. Elle se continue, ensuite, dans la Sa-
voie et les Alpes suisses, par Chambéry, jusqu'à Altorf.
Dans le Jura, on voit, presque sans interruption, les terrains juras^
slques former une large zone nord et sud, un peu inclinée vers l'est, à
son extrémité septentrionale, qui commence dans le département de
l'Ain, à Bellay, et se continue, d'un côté, par le département du Jura,
Jusqu'aux terrains jurassiques des Vosges, et, de l'autre, par le Jura
suisse, à Délemont, Aarau, jusque auprès de SchafThausen .
En Angleterre, les terrains jurassiques ne sont pas moins bien déve-
loppés qu'en France; ils forment, en eifet, une large bande, qui part de
Lyme- Régis (Dorsetsliire) et traverse toute l' Angleterre, au nord -nord-
est, jusqu'au Yorkshire. Nous les verrons aux étages couvrir des points
de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, du Piémont, de la Suisse, de l'Alle-
magne, du Luxembourg, de la Souabe, du Wurtemberg, de la West-
phalie, de la Saxe, de la Bavière, etc. Ils commencent dans l'Asie
Mineure, se montrent dans la Crimée, couvrent le centre de la Russie,
et vont, de là, jusqu'à la mer Glaciale, des deux côtés des monts Ourals.
On les connaît dans l'Amérique du Nord, dans la province d'Indiana;
dans l'Amérique méridionale, à la Cordillère de Coquimbo (Chili).Gràce
aux recherches de l'infortuné Jacquemont et de M. Grant, on les a re-
trouvés dans l'Himalaya et dans la province de Cutsch (Indes orientales).
En résumé, nous connaissons aujourd'hui les terrains jurassiques
sous la zone torride ; au sud, jusqu'au 30« degré, et au nord, du 7« jus-
qu'au 68* degré de latitude. Les points où ils se montrent, répartis comme
4r8 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
des jaltons d'attente à la surface du globe, nous prouvent qu'on les re-
trouvera sur beaucoup d'autres lieux de l'Asie et de TAfrique, où n'ont
pas encore pénétré les investigations géologiques. Quoi qu'il en soit, ces
points isolés, disséminés à des distances considérables les uns des au-
tres, sont, dans Tétat actuel de nos connaissances géologiques, d'un im«
mense intérêt, puisqu'ils établissent que ces terrains, comme nous
Tavons trouvé pour les deux groupes précédents, ne sont pas des dépôts
partiels, mais qu'ils dépondent d'une troisième grande époque géolo-
gique qui s'est manifestée sur toute notre planète à la fois.
§ 1875. DiTmon des ierraint jurassique* en étages. Beaucoup de
divisions ont déjà été proposées pour les terrains jurassiques, les unes
déduites des caractères minéralogiques des couches, les autres basées sur
la présence de tel ou tel fossile dominant, quelques-unes même sur la*
couleur delà roche (le lias, le jura brun et le jura blanc des Allemands),
ou seulement en quatre parties (le lias, l'oolithe inférieur, l'oolithe moyen
et l'oolithe supérieur). Rien de plus commode, quelquefois, que ces
termes vagues, d'inférieur, de q|oyen, et de supérieur ; car ils n'obligent
à aucune limite réelle, et ne compromettent nullement ceux qui s'en
servent; mais, dans l'état actuel deia science, il faut plus de précision.
Nous ne chercherons pas à discuter ici la valeur des coupes établies dans
les méthodes ; toutes, lorsqu'elles sont dues à l'observation immédiate,
ei non aux idées théoriques, offrent des laits partiels ou généraux d'un
grand intérêt ; néanmoins, quand il s'agit de les coordonner, on se trouve
de suite arrêté. Comment grouper des faits basés sur la composition mi -
néralogique seulement, quand on a vu, par l'étude des causes actuelles,
que ces limites sont tout à fait illusoires (§ 78 et suivants) ? D'Un autre
côté, comment oser se fier aux nojnenclatures des fossiles indiqués dans
une série quelconque de couches, quand on voit la détermination de
ces fossiles si légèrement faite par les auteurs, qu'il faut souvent en re-
trancher la moitié? Il devient donc Impossible d'établir actuelle-
ment une concordance parfaite entre les éléments hétérogènes inscrits
dans les annales de la science géologique. Devant ces difficultés insur*
montables, nous n'avons trouvé qu'une solution possible : c'était d'in-
terroger la nature elle-même. Nos premières observations sur le sol de
la France nous ont fait reconnaitre, qu*en remontant ou descendant la
série des couches sur des points éloignés , on trouvait partout la même
succession de corps organisés fossiles , cantonnés dans les mêmes
limites de hauteur géologique, quelle que fût, du reste, la composition
minéralogique des couches qui les renferment. Nous avons suivi partout
les horizons géologiques au pourtour des bassins, afin de séparer les
simples faciès de profondeur, des âges distincts. Après un grand nombre
d'années de recherches, pendant lesquelles nous ne marchiODa que de
CHAR ly. - TERRAINS JURASSIQUES 419
conûrinations en confirmations, sans trouver de faits contradictoires,
nous avons acquis la certitude que les terrains jurassiques s'y divisent,
nettement en dix étages ou zones superposés, aussi bien limités par
les faunes respectives qu'ils renferment, que par les lignes de démar-
cation stratigraphiques relevées sur tous les points. En les suivant
Tun après l'autre au pourtour des bassins, nous avons reconnu
qu'ils ne se confondent sur aucun point, et qu'ils représentent bien
autant d'époques géologiques distinctes, succédant les unes aux au-
très dans un ordre constant et régulier. Nous nous sommes, ensuite, as-
suré que ces déviations étaient les mêmes, sur toutes les parties du
globe étudiées jusqu'à ce jour, el qu'elles étaient, dès lors, l'expression des
grands faits géologiques qui se sont succédé pendant cette longue période.
§ 1858. Ces divisions, en commençant par les plus inférieures, sont
les suivantes : Étages sinémurierij liasien^ toarciPtif bajocien, hatho'
nien, callnvien, oxfordien, corallien^ kimméridgien et portlandien.
On verra par la synonymie de chacun d'eux que plusieurs avaient
été parfaitement sentis, surtout pai les géologues anglais, qui, dans
leurs divisions, ont toujours tenu plus de compte des caractères pa-
léontologiques ; tandis que ces divisions, souvent méconnues ailleurs,
par suite de préoccupations minératogiques et du peu de valeur qu'on
accordait aux fossiles, ont amené beaucoup de rapprochements fautifs
avec ces coupes anglaises. On trouvera peut-être ces divisions trop
nombreuses ; mais, comme nous venons de le dire, elles sont l'expres-
sion des limites tracées par la nature et n'ont rien d'arbitraire. Elles
ont toutes une égale valeur, une égale importance. 11 faut ou les adop-
ter toutes sans exception, ou les supprimer entièrement, pour ne faire,
des diverses époques qui se sont succédé dans les terrains jurassi-
ques, qu'un seul tout qui serait trop monstrueux. II est certain que les
étages, tels que les donnent la superposition rigoureuse et la limite des
faunes qu'ils renferment, sont aussi tranchés dans les terrains jurassi-
ques que le sont, par exemple, les étages silurien, devonien et carbo-
niférien dans les terrains paléozo'iques.
On verra, parla nomenclature adoptée dans la terminologie des noms
d'étage, que nous avons voulu, comme nous l'avons déjà fait depuis long-
temps pour les terrains crétacés, prendre des noms tirés des lieux où l'étage
se trouve le mieux développé, afin de faire cesser cette nomenclature
embrouillée qu'on tire de la composition minéralogique locale si varia-
ble suivant les lieux, et des fossiles dominant sur un point, qui peuvent
manquer totalement ailleurs.
§ t8.S9. StratifioatioB. (Voyez la coupe, fig. 393.) D'après ce que
nous disons aux étages saliférien (§ 1835) et sinémurien (§ 1890),
on voit que les première» couches jurassiques se sont' déposées sur les
4Î0 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHROiNOLOGIQUE.
derniers dépôts des terrains triasiques en stratification plus ou moins
discordante, sur tout le versant occidental des Vosges, depuis Luxem-
bourg jusqu'à Bourbonne, au nord, au sud^ à l'est et à rouestdu grand
plateau central, comme pour témoigner que là les deux séries de ter-
rains sont dans leur ordre naturel de succession autour des bassins déjà
formés, il en est de même sur une partie de l'Allemagne, au revers orien^
lai des montagnes de la forêt Noire, et bien plus au nord-est, ainsi
qu'en Angleterre. CVst donc un fait général qui concorde avec l'âge re-
latif de ces deux époques géologiques superposées, que les terrains juras-
siques ont succédé chronologiquement aux terrains triasiques.
Presque partout il y a discordance sur les points en contact; mais
cette discordance est encore plus marquée par des lacnnes sur d'autres
parties de la France, principalomenl auttiur du massif breton, dans les
Deux-Sèvres, dans la Vendée, et sur quelques points du plateau central,
où les terrains jurassiques reposent soit sur des terrains azoïques, soit
sur des terrains paléozoïques, ce qui annonce un grand mouvement géo-
logique et donne les limites réciproques des terrains jurassiques et tria-
siques (§ 1741).
. § 1860. Groupement des étages. Pour rassembler, sous le seul nom
de terrains jurassiques, \es dix étages que nousy réunissons, nous avons
en France et en Angleterre de nombreux motifs. Le fait le plus remar-
quable, à cet égard, et qui groupe nettement cet ensemble, c*est que les
terrains jurassiques montrent, sur presque tous les points, une succes-
sion complète de tous les étages superposés, dans une relation concor-
dante les uns avec les autres. En elTet, partout où nous les avons
rencontrés sur le versant occidental des Vosges (voyez la coupe,
fig. 393), sur la côte du Calvados, ou au pourtour du plateau cen-
tral (voyez coupe, fig. 428), nous avons vu que les couches sont
légèrement inclinées vers le centre du bassin. Il en est de même dans
le bassin pyrénéen (voyez coupe, fig. 424). Bien que disloquée, tour-
mentée, la succession en est la même dans les Alpes (voyez coupe,
fig. 4iG). Tout démontre donc que ces terrains forment un ensemble ré-
gulier, distinct des terrains triasiques et crétacés.
§ 1861. Séparation des étages. A côté de ce groupement des ter-
rains jurassiques en France et en Angleterre, nous avons, comme on le
verra aux étages, des discordances réelles^ des discordances d'isolement,
et beaucoup d'autres caractères stratigraphiques, qui coïncident avec les
limites des faunes respectives de ces étages, pour prouver qu'ils forment,
chacun en particulier, autant d'époques successives de même valeur,
parfaitement distinctes les unes des autres.
§ 18G2. Composition minéralogique comparée. I^a disparité com-
plète, suivant les lieux, qu'on trouve dans la nature minéraiogique
CHAP. IV. - TERRAINS JURASSlQUIiS.
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422 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
des différents étages des terrains jurassiques en fait le plus mauvais
moyen de parallélisme ; aussi recommanderons-nous, afin d'éviter cet
écueil, de ne jamais se servir des seuls caractères minéraloglques,
qui peuvent, le plus souvent, induire en erreur. Pour prouver ce que
nous avançons, nous avons donné, dans le tableau précédent, la com-
position comparative des étages, en Normandie (Calvados), à Niort
(Deux-Sèvres), sur le versant occidental des Vosges et dans les Alpes.
§ 1863. Il est encore une nature minéralogique qui a souvent trompé,
NOMS
DES ÉTAGES
PORTLANDIEN.
KiMMÉRIDGIEN .
Corallien. . . .
oxfokdiem. . .
Callovien. .
Bathonien.. . .
Bajocien
TOARCIEN . . . .
LlASlEN ....
SiNÉMURlEN.
LIEUX OU SE TROUVENT
LES ZONES FERRUGINEUSES EXPLOITÉES OU EXPLOITABLES
DANS CES ÉTAGES.
»
»
Fer oolithiqœ dans l'argile ferrugineuse de Neuvizy,
du Vieil-Saint-Remy (Ardennes) , qui se continue
dans la Meuse, sous forme de calcaire, entre Saint-
Michel et Creue, à Is-sur-Tiile (Côte-d'Or), à Ëti-
vey (Yonne), etc.
F«r ooh'(/ii9uedans]ecalcaireargileuxdeLiffol(Meuse),
de Marault, de Chàteau-Villain (Haute-Marne), de
Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or\ à Clucy, aux Viou-
ses, près de Salins, dans le Jura, dans TAin, à
Chanaz, à Saint- Ram bert, au mont du <^hat (Sa-
voie). Fer limoneux de la Voulte (Ardèche).
»
Oolithe ferrugineux de Bayeux, de Moutiers (Calva-
dos), de Vandenesse etd'Isenay, près de Moulins-
en Gilbert (Nièvre).
Fer ooli h' que près de Langres (Haute-Marne) , à
Saint-Rambert (Ain), aux environs de Salins (Jura),
près de Lyon (Rhône), au mont Charrey. Fer li-
moneux à la Verpillière, à Saint-Quentin (Isère)
»
Fer oolithiqueet limoneux des mines de Beauregard,
commune de Thoste (Côte-D'or;. Mines de Chalan-
cey, près de Conches (Saône-et-Loire) .
CHAP. IV. — TERRAINS JURASSIQUES. 423
comme âge, el qui néanmoins est d'une grande importance comme opé-
ration industrielle. Nous voulons parler des horizons minéralogiqués
exploités pour l'abondance du fer qu'ils renferment. Nous croyons de-
voir donner, dans le tableau précédent, le véritable niveau géologique de
ces différents horizons, disséminés dans les étages, tels que nous avons
pu les déterminer par la superposilion rigoureuse et les fossiles.
On voit que les horizons ferrugineux dépendants des terrains juras-
siques appartiennent à cinq étages différents, qui par suite de leur na-
ture ferrugineuse ont souvent été rapportés à Toolithe inférieur des An-
glais (étage bajocien). On a pris pour tel les minerais des étages cal-
lovien et toarcien, dont Tun est supérieur et l'autre inférieur.
§ 1864* Puitsanoe des étages. Voici le résumé que nous donnent à
cet égard tous les étages.
Étage Portlandien 60 mètres
— Kimméridgien 160
— Corallien 300
— Oxfordien 160
Callovien 160
— Bathonlen CO
— Bajocien 60
— Toarcien 160
Liasien 150
— Sinémurien 300
Total 1 630 mètres environ.
En indiquant ces chiffres, évidemment approximatifs, nous croyons
être beaucoup au-dessous de la vérité, pour les Alpes, pour le versant
occidental des Vosges, et pour la suite des étages, depuis Avallon jus-
qu'à Tonnerre.
§ 1 865 . DédaoUons tirées de la nature des sédiments et 'des
fossiles. Nous ne pouvons que répéter ici le résumé de ce que nous
trouvons partiellement dans les étages : c'est que tous, successivement,
étaient soumis aux lois physiques qui régissent la nature actuelle. A
chacime de ces époques, il y avait des continents et des mers. Ces mers
avaient, comme aujourd'hui, des parties littorales, des parties sous-ma-
rines voisines des côtes, des parties sous-marines profondes avec des
animaux propres à chacune de ces zones en particulier. Ces mers avaient
des courants sous-marins, des côtes battues de la vague, et des golfes
tranquilles, identiques à ce qui existe actuellement (§ 79 à 136). La
nature des sédiments et des coquilles qu'ils renferment nous donne
encore la certitude que, pendant cette longue période des terrains ju-
424 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
rassiques, il existait de fréquentes oscillations du sol, analogues à ce
qui existe dans le nord de l'Europe § 2546). Cela est surtout prouvé
par la superposition, les uns sur les autres, de dépôts côtiers des étages
toarcien, bajoclen, bathonien, callovien et oxfurdien, à Chaudon (Basses-
Alpes) .
§ 1 866. Garaotères paléomtologiques. Cherchons, d'al>ord, les carac-
tères qui peuvent distinguer ces terrains des grandes périodes précé-
dentes et de celle qui Ta suivie.
Caractères négatifs lires des genres. L'absence totale , dans les ter-
rains jurassiques, des 42 genres qui étaient positifs pour les terrains
triasiques (§ 1805) en fait autant de caractères négatifs qu'on peut in-
voquer pour distinguer celui-ci.
§ 1867. Les terrains jurassiques se distinguent des terrains crétacés
par tous les genres qui, d'après les recherches actuelles, n'existaient
pas encore dans cette période et ne sont nés que postérieurement, avec
la période crétacée. Ces genres ont la répartition suivante dans les>
classes animales: parmi les Oiseaux, les 3 genres de notre tableau
n*' 2 ; parmi les Reptiles, les 9 genres de notre tableau, n° a; parmi les
Poissons, 30 genres; parmi les Crustacés, 5 genres; parmi les Mol-
lusques céphalopodes, les 9 genres de nos tableaux, n»" ô et 6; parmi
les Mollusques gastéropodes, les 26 genres de nos tableaux, n°* 6 et 7 ;
parmi les Mollusques lamellibranches, les 15 genres de nos tableaux»
n°» 6 et 8; parmi les Mollusques brachiopodes, les 19 genres de notre
tableau, no9; parmi les Mollusques bryozoaires, les 21 genres de notre
tableau, n** lO; parmi les Échinodermes, les 35 genres de nos tableaux,
n*' M et 12; parmi les Zoophytes ou Polypiers, les 56 genres de notre
tableau, n» 13; parmi les Foraminifèrcs, les 29 genres de notre tableau,
n" 14; parmi les Amorphozoaires, les 18 genres de notre tableau,
n" 15. Nous avons donc, en résumé, 268 genres parus postérieurement
aux terrains jurassiques et pouvant, dès lors, servir de caractères néga-
tifs» On peut y joindre encore, comme caractères généraux négatifs^ le
manque complet de 32 ordres d'aniiraux indiqués dans notre tableau,
no 16. En résumé, pour distinguer les terrains jurassiques des périodes
supérieures et inférieures, nous avons environ 1077 genres pouvant
donner des caractères négatifs.
§ 1868. Garaotèret paléomtologiques positif» tirés des genres. Pour
distinguer les terrains jurassiques des terrains triasiques, nous avons les
292 genres donnés à ces derniers terrains comme négatifs (§ 1802) et qui
deviennent ici très-positifs, attendu qu'ils commencent seulement avec
les terrains jurassiques et sont encore inconnus à l'époque antérieure,
au moins dans l'état actuel des recherches.
§ 1869. La période jurassique se distingue des terrains crélacés par
CHAl>. IV. — TKRKAINS JURASSIQUES. 425
tous les genres nés et éteints dans cette période, ainsi que par ceux qui,
nés antérieurement, s'y sont également éteints, sans passer aux terrains
crétacés. Ces genres sont ainsi répartis : parmi les Mammifères, les
2 genres de notre tableau, n" l ; parmi les Reptiles, les 18 genres de
notre tableau, n» 3; parmi les Poissons, 40 genres; parmi les Crustacés,
33 genres; parmi les Mollusques céphalopodes, les 4 genres de notre
tableau, n° 6; parmi les Mollusques gastéropodes, les 5 genres de notre
tableau, n» 7 ; parmi les Mollusques lamellibranches, les 8 genres de
notre tableau, n» 8 ; parmi les Mollusques brachiopodes, f genre de
notre tableau n« 9; parmi les Mollusques bryozoaires, les 3 genres de
notre tableau, n» 10; parmi les Ëchinodermes, les 19 genres de nos
tableaux, nos h et 12; parmi les Polypiers ou Zoophytes, les 44 gen-
res de notre tableau, n» 13; parmi les Foraminifères, 2 genres de notre
tableau, n» 14 ; parmi les Amorphozoaires, les ô genres de notre tableau,
no 15. lis forment un total de 184 genres ensevelis pour toujours dans
les terrains jurassiques.
§ 1870. La combinaison des 304 genres pouvant donner des carac-
tères négatifs avec les terrains immédiatement supérieurs et inférieurs,
joints aux 2U2 genres positifs donnant également des caractères distlnc-
tifs avec ces terrains, vient nous donner le faciès d'ensemble zoolo-
gique de chacun en particulier. La faune de la période jurassique a son
cachet tout à fait spécial, consistant en la présence de ce nombre con-
sidérable de formes spéciales de tous les ordres d'animaux. Néanmoins,
malgré les différences qui l'en distinguent, elle forme un ensemble
zoologique intermédiaire entré les terrains triasiques et crétacés, aussi
bien par ses caractères que par sa superposition.
§ 1871. Caraotéret paléontologiquet tirés des espèces. Ajoutons
aux caractères stratigraphiques donnés par les genres, les caractères plus
mallipliés encore que présentent les espèces. Les terrains jurassiques se
distinguent, en effet, des périodes supérieures et inférieures, indépen-
damment de près de 600 espèces d'animaux vertébrés et annelés, par le
nombre énorme de 3717 espèces d'animaux mollusques et rayonnes
inscrits dans notre Prodrome de Paléonto^og'e stratigraphiqueiT ornes t
et S). Ces espèces sont ainsi distribuées dans les étages, en commen-
çant par les plus inférieurs.
36.
426 QUATRIÈME PARTIR. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Espèces rencontrée» iï.-a-». .»Ai.;.io.
Eluge,. dan/deuxoutrcùséU,.. tP^^.^^Î^Ï'^J" ToU«x.
SinémurlcD i na 174
Uasien... i 300 301
Toarclen • 288 ?88
Bajocien 7 696 603
Bathonien 1 1 535 546
Callovien «« 255 281
Oxfordien 37 702 739
Corallien 27 628 «55
Kimméridgien 16 l83 199
Ponlandien 3 67 60
129 3,717 3,846
Nombre réel des espèces com-
munes après la suppression
des chiffres répétés 56
§ 1872. En résumé, comme on peut en juger par le tableau précédent,
et par les détails spéciaux qu*on trouyera aux étages , où nous avons
donné le résultat consciencieux de tous les faits bien constatés, on peut
en déduire :
10 Qu il existe dans les terrains jurassiques plus de 4,000 espèces
d'animaux entièrement différents des animaux des périodes anté-
rieures et postérieures.
20 Que ce nombre se divise en 10 zones superposées formant, dans
l'ensemble des terrains jurassiques, autant de faunes chronologiques, ou
d'époques qui se sont succédé régulièrement les unes aux autres.
30 Que chaque zone a montré encore une faune spéciale distincte de
celle des zones inférieures et supérieures, qui constitue un étage, une
époque bien caractérisée, de la même valeur que Tépoque actuelle.
40 Que les espèces qui se trouvent, par accident ou autrement, dans
deux ou plusieurs de ces étages à la fois, et dont on a exagéré le nom-
bre d'après de fausses données, ne s'élèvent, en réalité, d'après les
recherches actuelles, par rapport aux espèces spéciales, qu'à 1 t/2
pour too; chiffre trop peu important pour changer en rien les résultats
propres aux faunes spéciales successives.
§ 1873. Chronologie historique. La période jurassique , considérée
dans son ensemble, avait, à chaque étage, des continents et des mers.
Voyons d'abord quelle a été, au commencement des terrains jurassiques,
la circonscription des mers, et comment elles ont modifié leurs limites,
durant cette longue période de l'histoire du monde. Avec les premiers
étages, les mers jurassiques formaient en France et en Angleterre trois
CHAP. IV. - TliRRAINS lURASSIQUES. m
428 QUATRIÈMK PAKTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGiQUE.
bassins différents. (Voyt'z leur circonscription dans notre fig* AOS, carte
des continents et des mers à l'époque des terrains jurassiques.)
§ 1874. Le bassin maritime anglo-parisien f qui occupe le nord-ouest
de la France et la partie orientale de l'Angleterre, est borné à l'ouest par
Vile anglaise, et de l'autre côté de la Manche, en France, par le massif
6re(on; au sud, par \eplateau central; à l'est, par le continent belge vos-
gien. Ce bassin, ainsi circonscrit, communique au sud-ouest par le dé-
troit breton, compris entre le massif breton et le plateau centrai, avec le
bassin pyrénéen. Il communique encore à Test, entre le plateau central
et le continent vosgien, par le détroit xosgien, avec le bassin méditer-
ranéen.
§ 1875. Le bassin pyrénéen nous montre pour limites : au nord , le
massif breton, depuis les Sables-d'Olonne jusqu'à Saint-Maixant ; puis,
de l'autre côté du détroit breton, au nord-est, le plateau central, depuis
la Rochefoucauld (Charente) jusqu'à Brunequel ( Tarn-et-Garonne ) .
Telles sont les limites qui nous restent de ce vaste bassin, qui s'éten-
dait, sans doute, au sud à une grande distance, en Espagne, bien au delà
des lieux occupés aujourd'hui par les Pyrénées. Nous devons croire qu'il
communiquait au sud-est avec le bassin méditerranéen,
§ 1876. Ce dernier bassin méditerranéen noua montre ses limites à
l'ouest, à Lodève. Il forme tout le golfe jurassique de l'Aveyron et de la
Lozère, et continue à côtoyer le plateau central jusqu'à Beaune. On le
suit de l'autre côté du détroit vosgien, sur le versant oriental des Vosges.
On doit suivre encore plus loin cette ancienne mer, qui s'étendait, selon
toute probabilité, beaucoup à l'est et au nord-est, sur toute la Proven-
ce, le Dauphiné, sur la place occupée aujourd'hui par la chaîne des
Alpes, qui n'avait pas alors pris son relief, et peut-être, sans interrup-
tion, jusqu'en Italie, en Piémont et en Suisse, sans que nous en puis-
sions donner les limites orientales et méridionales. Seulement nous
croyons que l'îlot du Var devenait une de ses limites méridionales.
§ 1877. Pendant la période jurassique, nous voyons, sur tous les points
du pourtour de ces bassins, mais surtout dans le bassin anglo-parisien et
au nord du bassin pyrénéen, que le littoral des mers s'est éloigné, de plus
en plus, de ses premières limites, à mesure que les étages s'y succédaient,
de telle manière que les nouveaux étages se déposaient toujours en de-
dans des autres. Il en est résulté que le littoral successif de tous ces
étages forme des lignes concentriques parallèles au pourtour des bassins
français et en Angleterre, et que la distance abandonnée par la mer du
premier étage au dernier est d'une largeur moyenne d'un degré, ou
vingt-cinq lieues terrestres, sur le versant occidental des Vosges. C'est un
exemple rare de mers anciennes restées avec les mêmes circonscriptions
durant toute une des grandes périodes de terrains, et dont les limites,
GUAP. IV. — TERRAINS JURASSIQUIiiS. An
parfaitement conservées, nous montrent encore toulcs les lignes litto-
rales successives, malgré le grand nombre de jévolutions géologiques
postérieures qui auraient pu les anéantir.
Nous avons vu, en effet, que, sur ces points, tous les étages y sont en
superpositions concordantes (voyez à l'Atlas lu coupe, fig. 303); que les
couches sont presque horizontales ou plongent seulement vers le centre
des bassins, comme se déposent aujourd'hui les sédiments dans les mers.
Cette concordance, celle succession régulière des étages, ainsi que la di-
rection des couches, portent donc à croire que ces étages se sont déposés
tranquillement, sans avoir souffert, depuis, aucune dislocation ; car, abs-
traction faite de failles plus ou moins nombreuses, on ne voit jamais,
dans le bassin anglo-parisien et au nord du bassin pyrénéen, de cou-
ches redressées annonçant des mouvemenls violents.
§ 1878. Lorsque nous comparons à ces strates légèrement inclinées des
parties restées intactes, où tout annonce le repos, ces couches du ver-
sant occidental des Alpes , disloquées de toutes les manières, et offrant,
aujourd'hui, les inclinaisons les plus diverses, depuis la verticale jusqu'aux
lignes horizontales, on ne peut s'empêcher d'y voir, au contraire, les
effets de dislocations violentes du soi. L'examen de ces couches démon-
tre, par leur division en lits réguliers, qu'elles se sont formées sous les
eaux , dans une position horizontale. 11 a donc fallu une grande révolu-
lion géologique (§ 172) pour les placer où elles sont. Lorsque, d'un
autre côté, sur chacun de ces vastes lambeaux , on reconnaît encore la
même succession régulière d'étages que dans les bassins tranquilles pla-
cés parallèlement et dans un ordre régulier, mais soumis aux mêmes
dislocations générales^ on acquiert encore la certitude que cet ensemble
jurassique formait un tout semblable à celui des bassins tranquilles, qui
n'a été dérangé que postérieurement à son entier dépôt, et lorsque les
couches étaient déjà à l'élat solide. Si, d'un côté, les terrains jurassiques
nous offrent des mers tranquilles et la succession de tous les faits
actuels de dépôts, nous voyons, de l'autre, qu'il a surgi sur quelques
points du fond de ces mers, des collines et des montagnes que la géo-
logie seule peut expliquer. Voilà pour les grands traits de la stratlUca-
tion. Nous allons voir si les détails tirés des sédiments amènent aux
mêmes résultats.
§ 1879. Par la nature des sédiments, et surtout par le grand nombre
des coquilles flottantes renfermées dans les couches , on reconnaît faci-
lement que, sur les points restés intacts au pourtour des bassins, les
dépôts littoraux faits au niveau supérieur des marées (§ 97) dominent
partout à chacun des étages successifs. Ou peut, en effet, pour ainsi dire,
les suivre sur ces parties tranquilles. Le versant occidental des Alpes,
les Opies, et, en Provence, beaucoup d'autres points où les couches ont
430 QUATRlÈMIi: PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
été disloquées, montrent, au conlraire, rarement des dépôts côtiers, et
les dépôts sous-marins y dominent. Ici, comme on le Toit, H y aurait
concordance de faits; car les Alpes, à Texception de quelques points,
devaient faire partie du milieu des mers jurassiques.
§ 1880. Celte retraite continuelle des eaux sur tous les points au pour-
tour des bassins durant les terrains jurassiques a modifié la forme des
mers et des continents de la manière suivante. Au commencement de la
période jurassique, le massif breton, le plateau central, le continent
belge-vosgien et l'îlot du Var, formaient autant de grandes îles, dans les
mers. Les atterrissements considérables qui se sont faits sur tous les points
au pourtour de ces bassins ont fini au milieu de la période jurassique,
durant l'étage bathonien (voyez i i^ étage, fig. 408), par combler le dé-
troit vosgien et le détroit breton , et en ont formé des isthmes auxquels
nous donnerons, à l'avenir, les noms àî* Isthme vosgien et d*Isthme hretqn.
Alors la mer anglo- parisienne ne communique plus avec la mer pyré-
néenne et la mer méditerranéenne, au moins par ces détroits; car, d'un
autre côté, par le grand nombre d'animaux identiques que ces mers re-
celaient à toutes les époques, nous devons croire qu*elles avaient des
communications directes sur d'autres points, aujourd'hui cachés, peut-
être, sous l'océan Atlantique.
§ 1881. Ce retrait des eaux sur tous les points des bassins, en France
durant toute la période jurassique , et en Russie après Tépoque oxfor-
dienne (§ 2O4!0f peut encore avoir une signification très-importante en
géologie. Ne pourrait-on pas lui demander quelques explications sur la
nature des mouvements géologiques qui se sont succédé pendant ce laps
de temps si considérable? Les eaux , disons-nous, ont diminué sur tous
les points des bassins à chacun des dix étages jurassiques. 11 reste à
vider cette grave question : le pourtour des bassins a-t-il chaque fois
subi l'effet d'une force soulevante de l'intérieur à l'extérieur de la terre
qui l'aurait fait surgir au-dessus des eaux, ou le niveau des mers s'est4l
réellement abaissé sur ces points? Nous concevons toutes les difficultés
qui se rattachent à la solution d'un tel problème; néanmoins nous
allons chercher ce que nous donneraient, dans les deux cas, l'expérience
directe et le simple raisonnement.
Voyons d'abord si les allures des lieux sont en faveur d'une force
soulevante exercée de l'intérieur à l'extérieur de l'écorce terrestre.
Nous verrons en Russie, à la fin de l'étage oxfordien , qu'une surface
de 7.3 à 25 degrés, en latitude de diamètre, s'était probablement trouvée
surélevée et émergée par suite d'un mouvement géologique (§ 2049). La
surélévation d'une aussi grande surface peut-elle avoir lieu par une
force soulevante intérieure, sans des dislocations nombreuses, sans
des craquements dans tous les sens, sans des redressements, des
CHAP. iV. - TERRAINS JURASSIQUES. 431
effets de bascule d'inégale valeur? Nous ne le croyons pas; car il fau-
drait que cette force soulevante pût agir également sur tous les poinls à
la fois, ce qui nous parait physiquement impossible , les couches oxfor-
diennes de Russie étant presque horizontales et sans Iraces d'aucun de
ces brisements. On doit renoncer à les expliquer par une force inférieure
soulevante. Dans les bassins anglo-français, parisien, pyrénéen et mé-^
diterranéen, durant la période jurassique» la chose parait encore plus
impossible. Ce n'est pas une seule fois qu'il aurait fallu un soulèvement
sans fracture, sans dislocation, au pourtour de tous les bassins anglo-
français, mais dix fois successivement, et toujours des soulèvements
d'égale valeur, qui n'auraient en rien changé la forme du littoral des
mers, qui n'auraient pas altéré la concordance des couches composantes.
Nous croyons encore le fait impossible; car il est évident qu'un soulè-
vement n'aurait pu avoir lieu dix fols de suite sur une surface immense
de côtes et dans plusieurs bassins à la fois , sans former des inégalités
nombreuses qui eussent partiellement fait empiéter les étages les uns sur
les autres, et eussent modifié la forme du littoral des mers à chacune de
ces dix époques, ce qui n'existe nulle part, toutes les couches annon-
çant, au contraire, le repos sur tous les points pendant et après le dépôt
de ces dix époques, on doit renoncer à rhypothcse des soulèvements de
l'intérieur à l'extérieur de la terre pour expliquer le retrait successif des
mers, durant toute la période jurassique.
On a regardé le niveau des mers comme invariable ; mais c'etft [iro-
bablement à la condition qu'il n'y aura pas de soulèvements ni d'atfais-
sements sous-marins sur quelques points du globe. Faisons ici une com-
paraison très-simple, et que l'expérience peut démontrer. Qu'un vase
rempli d'eau soit percé inférieurement ; qu'arrivera t-il, si l'on introduit
un corps étranger par cette ouverture inférieure? On aura certainement
pour résultat de faire surélever le niveau des eaux, dans le vase, de la
quantité d'eau déplacée par le volume du corps étranger. Un soulèvement
quelconque de la croûte terrestre dans la mer doit donc nécessairement
amener les mêmes résultais, le même changement de niveau; alors les
eaux s'élèveront au pourtour des bassins marins, à proportion de la va-
leur de la masse soulevée au milieu ou sur le bord du liquide. Tout sou-
lèvement de la masse consolidée dans les mers tendra donc à faire mon-
ter les eaux sur le littoral des mers; il déterminera un empiétement et
non un retrait au pourtour des bassins.
Si, au lieu d'introduire par la partie inférieure un corps étranger
dans un vase plein d'eau, on abaissait le bouchon placé à cette
partie percée, le résultat serait de faire baisser le niveau supérieur
des eaux de la quantité déplacée par en bas. On admet que le retrait des
matières, par suite du refroidissement, peut amener des afJTaissements
432 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHROMOLOGIQUE.
pour combler le vide laissé par la différence de volume des matières re-
froidies ''§ 160); que ces mouvements de dislocation sont la cause de
toutes les révolutions du globe; mais, alors, ces affaissements, qui amè-
nent, par l'effet de bascule, des soulèvements partiels, sont le Tait géné-
ral, et les soulèvements sont Texcepiion. Que les couches consolidées du
globe qui supportent les eaux des océans viennent, par exemple, à céder
à la pression énorme qu'elles subissent, et qu'il y ait, sous les eaux, un
affaissement considérable, qu'en résuitera-t-ii? Ici nous aurons le même
effet que pour l'abaissement du bouchon inférieur du vase. 11 nous pa-
rait évident que le résultat sera de faire baisser le niveau des eaux à
la surface, et sur tous les points des côtes maritimes, de la même quan-
tité cube que la partie consolidée affaissée. Nous supposons encore que,
les mers occupant la plus grande surface du globe, et que, la pression
étant plus grande dans les océans par suite de la double épaisseur des
couches consolidées et des masses considérables d'eau qu'elles suppor-
tent, les dislocations ont dû y avoir lieu plus fréquemment que sar les
continents.
En résumé, les allures des couches ne permettant pas de supposer un
soulèvement réel du pourtour des bassins géologiques durant la période
jurassique, d'un autre côté , comme il parait certain que la mer doit se
retirer de son littoral, et les côtes s'exonder, par suite d*un affaissement
sous marin, ces conclusions nous expliqueront, peut-être, la nature
des mouvements géologiques qui se sont manifestés durant la période
jurassique. Ces mouvements de retrait continuel des eaux à chacun
des étages au pourtour des i>ass1ns géologiques encore intacts ne nous
pronveraient-ils pas qu'à chacun de ces étages le retrait a été pro-
duit par des affaissements de la partie consolidée de l'écorce terrestre,
sous les bassins maritimes exirtanis de toute la surface du globe?
Nous nous arrêtons à cette conclusion , qui , comme on le voit, parait
d'accord avec ce qui existe, et nous explique tout ce que la nature nous
a conservé de cette époque reculée de l'histoire du monde.
§ 1882. Les animaux ont encore ici changé de formes. Un grand
nombre de genres des terrains précédents manquent dans les terrains
jurassiques et restent ensevelis pour toujours dans les couches terres-
tres. Beaucoup d'autres, au contraire, viennent les remplacer, te' s que
plusieurs ordres d'Insectes, de Crustacés, de Mollusques, de Crinoïdes
et de Foraminifères. C'est, en effet, le premier règne des Crustacés dé-
capodes, des Échinodermes échinides, des Bryozoaires, des Polypiers et
des Amorphozoaires testacés. EnAn , pendant la période jurassique,
sont nés 292 genres d'animaux inconnus dans les Âges précédents
et environ 4,000 espèces.
§ 1883« 1^ présence, pendant cette période, des mêmes genres et des
GHAP. lY. — SEPTIÈME ËTAGE : SINÉMURIEN 433
mêmes espèces d'animaux, depuis la zone torride jusqu'au cercle po-
laire, prouverait que la température était uniforme sur le globe, par
suite de la chaleur centrale, et qu'aucune ligne isotherme n'exlslait en-
core sur le globe. La composition de ces faunes démontrerait aussi
qu'elle était analogue aux faunes tropicales actuelles.
§ 1884. Les oscillations du sol sont on ne peut plus marquées du-
rant les terrains jurassiques. Leurs traces sont surtout visibles par les
lignes littorales superposées de quelques points (§ 1756).
§ 1885. A dix reprises successives, des perturbations géologiques,
plus énergiques que les oscillations (§ 159 à 171), sont venues inter-
rompre Tanimation de la terre et des mers, et détruire presque tous les
êtres. Après chacune de ces grandes catastrophes de la terre, le calme
est revenu; de nouveau, toute la nature a été repeuplée de ses plantes et
de ses animaux. A chaque fois, si les genres sont en partie restés les
mêmes, les espèces ont entièrement changé, ainsi qu'on peut le voir
par les faunes respectives.
§ 1886. Quelques auteurs font surgir, pendant cette période Jes roches
plutoniennes qui dépendent des baisâtes, des porphyres pyroxéniques,
et même des granits. M. Cordier ne parait pas l'admettre ; et nous
pouvons affirmer que, chaque fuis que nous avons vu les roches jurassi-
ques en contact avec les roches granitiques, comme dans les Deux- Sè-
vres, â Niort, à SaintMaixent; dans l'Yonne, à Avatlon; dans la Côte-
d'Or, à Semur, les terrains jurassiques avaient nivelé les inégalités des
roches granitiques préexistantes, et n'avaient, en aucune manière, été
dérangés par elles.
7« itage : SINÉMURIEN, d'Orb.
Première apparition^ de l'ordre des Insectes diptères, des Poissons
polyptérides, des genres BelemniteSj Turrilites, Unicardum^ Àstarte et
Diadema,
jRé^ne des genres Cardinia^Spiriferina, Octocœnia,
Première période. De la faune spéciale aux terrains jurassiques.
Zone du Belemnites acutuSy des Ammonites hisulcatus et calenatus,
du Cardinia hybrida, de VUnicardium cardiuides^de VOstrea arcuata^
et du Spiriferina Walcoiii.
§ 1887. Dérivé du nom. On voit pnr la synonymie, que tous les noms
donnés à cet étage sont tirés soit de la présence de quelques fossiles lo-
caux, soit des caractères minéralogiques, qui, d'après ce^que nous avons
dit du mode de dépôt des couches sédimentairé^ ( § 78 et suiv. ), ne
peuvent avoir aucune application générale. En elTet, i'Huitre (Gryphée
arquée), bien qu'elle soit on ne peut plus commune dans les couches su-
périeures, en France et en Allemagne, manque sur d'autres points et
11. 37
434 QUATRIEME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
est inconnue dans les couches inférieures. Quant aux noms tirés de la
nature de la roche, nous les croyons encore plus locaux. Si les couches
inférieures sont formées de grès dans le nord-est de la France, ces
mêmes couches, avec les fossiles identiques, sont, ailleurs, argileuses ou
ferrugineuses. C'est pour obvier à ces contradictions entre le nom et le
caractère des couches, que nous avons proposé celui A* et âge sinému-
rierif parce que cette dénomination n'indique aucun caractère paléonto-
logique, ni minéralogique, spécial à des points isolés, mais qu'il vient
du nom de la ville de Semur {Sinemurium), autour de laquelle ces
couches, montrant un beau développement, peuvent offrir le type le plus
complet, et un point réellement étalon pour Tétage.
§ 1888. Synonymie. Suivant la position , c'est le lias inférieur,
d'Orb., 184:?; le lower-lios ihale de M. Phillips; Vinfra-lias de
MM. Morcau, Leyuierie, Cotteau; unterer Lias de M. Rœmer.
Suivant les fossiles, c'est le calcaire à Gryphée arquée de MM. Du-
frénoy et Ëlie de Beaumont, de M. Turmann ; le calcaire à Gryphifes
de M. Charbant; le Gryphiten-Kalck de M. Rœmer; le Turnertfion et
le Sandthon-KaUk, partie du si hwarzer Jura de M. Schmit.
Suivant la composition minéralogique^ c'est le grès infra-liasique
et le calcaire à Gryphée arquée de MM. Dufrénoy et Élie de Beau-
mont ; l'étage liasique et le grès du Luxembourg de M. d'Omalius ;
le grès liasique de M. Terquem ; le Quadersandstein (partie) des Alle-
mands ; le calcaire de Valognes, de M. de Caumont; le Lias-Kalch, le
LiaS'Sandslein, le Quadersandstein de M. Rœmer. C'est une partie de
la formation liasiqve de M. Huot.
Type côtier à Champlong, près de Semur, à Avallon ; Type sous-ma-
rin, les mines de Beauregard (Yonne).
§ 1889. Extension géographique. Voici les principaux points de
notre sol où nous savons qu'il existe bien positivement, soit d'après Ir.
carte géologique de France, soit d'après les géologues résidant sur les
lieux, soit enûn d'après nos propres observations. ( Voyez les parties
marquées 7 dans notre carte, fig, 4U8.)
. Pailons de Semur (Côte-d'Or), où nous trouvons le type le mieux
caractérisé, pour le suivre, d'abord, au pourtour du plateau central de la
France. Si nous tournons à l'ouest ou au sud, nous le foulons sans in-
terruption, soit que nous allions du côté des mines de Beauregard ou
de Maison-Neuve, sur la commune de Thoste, soit que nous tournions
•vers le département de l'Yonne. En effet, il couvre, sur celte route, les
communes de Torcy, d'Êpoisses. de Savigny, de Cussy, jusqu'à Avallon.
auPont-Aubert, à Champien, à Vuilloux. En passant au sud, on le pour-
suit dans les dépaitcuicnts de la Nièvre, <à l'ouest de Château Chinon ;
dans celui du Cher, à Saint-Amand, dans la tranchée du Bois de-Trousse,
CHAP. IV. — SEPTIÈME ÉTAGE : SINÉMURIEN. 43&
h Augy-sur-Aubois, et plus à Touegi sud ouest. Si, au contraire, nous di-
rigeons notre course du côté opposé de Semur. nous suivons encore
cet étage à Thibaud, ou sans interruption jusqu'à Pouilly, et auprès d'Ar-
nay-le-Duc ; puis, on le retrouve dans les départements de Saônc-
et-Loire, à Ghalancey près de Couches, à Villefranche, à Nolay; dans
le Rhône, aux environs de Lyon, à Paillet, près d'Ardilly; à Couzy,
à Yiile-sur-Jarnioux, au Mont-d'Or, à Saint-Fortunat, à Bagnols, à
Baveux ; dans l'Ardèche, à Aubenas, à Privas; dans le Gard, depuis Va-
hres, Saint-Paul, à Cendras, à Saint-Jean, près de Castillon, à Avelas,
et sur d'autres points que nous ne pouvons indiquer avec assez de pré-
cision. .
Quelques lambeaux se trouvent en Provence, dans les Bouches-du-
Bhône, à la colline des Pauvres, à Peychagnard, h Sainte- Victoire,
près d'Aix, et dans la vallée de Vauvenargues ; dans le Var, à Mazangue,
à Belgineur, àCucrs. Indépendamment de ces points isolés, nous avons
voulu le suivre sur le versant occidental des Alpes, et nous l'avon»
retrouvé, en effet, avec tous ses caractères par lambeaux, dans le dé-
partement des Bjisses- Alpes, à la montagne du Signal, à la montée de
Taulane, et à la Baume, prèsde Castellane, à droite du Verdon, près de
Castillon, sous le village même de Gévaudan, et vis-à-vis ; à l'ouest de
Chaudon et d'Ënlrages, près de Couroubines, et de là jusqu*à Digne.
On le voit encore aux environs de Gap (Hautes- Alpes) ; et avec du soin
on le retrouve, comme le fait M. Élie de Beaumont, non interrompu
jusqu'à Mont-de-Lans et à Lamur (Isère), où il contient les mêmes
fossiles que dans le reste des Alpes, et partout ailleurs, comme on
pourra le reconnaître au Prodrome.
On le voit sur le revers occidental du Jura, dans le département de
l'Ain, à Bons, près de B&lley, près de Saint-Rambert et de Nantua ; dans
le Jura, à Painperdu, à Boisset et à Saizenay, près de Salins (M.Marcou);
dans le Doubs, à Maure, près de Besançon : et sur le revers opposé, dans
le canton de Vaud, à Fontemont; dans le canton de Soleure, à Bœrsch-
wyl ; en Argovie, à Staffeleek, à Lauffenburg. On le retrouve sur les deux
versants des Vosges : sur le versant orientai, dans le Bas-Rhin, à Zins-
willer, à Wœrth, à Waldenbruw, près de Niederbronn. Sur le versant
occidental il commence dans la Haute-Saône, à Saint-Julien de Civry,
et se continue dans la Haute-Marne, aux environs de Langres, à Ville-
gusien, Saint Broing-le Bois, Chalendrey, Torcenay, Hortes, Marsllly,
Celles de Provenchères, etc. De ce point, l'étage sinémurien forme une
bande non interrompue, qui va dans la direction de Mirecourt (Vosges);
passe à l'est de Nancy (Meurthe), à Vallière8,près de Metz (Moselle);
se continue jusqu'à Thionville, Luxembourg, et tourne à l'ouest jusqu'à
Sedan et Charleville ( Ardennes ;.
436 QUATRIÈME. PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Nous en avons reconnu quelques lambeaux au pourtour du massif
breton, au-dessous de Télage liasien, dans le département du Calvados,
à Landes, à Évreey, à Vieux-Pont, près de Baycux, à Agy, à Subies et
à Blay ; au sud-est et à l'est de Bayeux, où il a une grande puissance ;
et nous Tavons revu dans la Manche, à Sainte-Mère- Église, à Valognes,
à Fresseville, à Cauquigny et à Beauté, etc.
En Ang:lelerre, ou retrouve la continuation du bassin anglo-parisien ;
on le voit à Test des points où nous avons cité l'étage Saliférien (§ 1834) ;
Il forme une bande non interrompue, dirigée presque au N. N. E., qui
part de Lyme-Regis, dans le Dorseishire ; traverse cette contrée, une
partie du Somersetshire, du Gloucestersbire, du Worce6tershire,duWar-
mck, du Leicestershire, du Nottingham et du Lincolnshire, où cette
bande se dirige au nord, en se rétrécissant, et forme un demi-cercle
dans le Yorkshire, jusqu'à la rivière de Tees, et à Whitby. Cette ligne
de l'Angleterre est évidemment la continuité des lambeaux que nous
avons signalés en Normandie.
Il existe dans le grand-duché du Rhin à Luxembourg, et en Belgique,
d'où il se prolonge au nord-est, bien au delà d'Echternach. 11 se déye-
loppe ensuite sur une grande surface dans le Wurtemberg, à Boll, à
Bahlingen, près de Stuttgart, à Felder; en Prusse, à Halberstadt; dans
la Bavière, à Banlz; dans les collines Subhaercyniennes à Scweckem-
berg, etc.
En dehors de ces grands dépôts européens, nous croyons pouvoir y
rapporter sûrement, d'après les fossiles (l), un lambeau découvert en
Sicile, par M. Paillette, à Contrada Fontanilla, près de Taormina. Nous
y rapportons de plus, avec la plus grande certitude, les couches encore
en litige de Campiglia, de la Spezzia, en Italie (2). Nous croyons encore
que l'étage se rencontre en Espagne, à Crayon, province deSan-Ander,
et à Ijar, province de TerueU Aragon). Dans les antres parties du monde
où la géologie,. à l'exception de T Amérique» est encore si peu connue,
nous retrouvons l'étage sjnémurien seulement dans l'Amérique
méridionale, à l'est de Coquimbo, dans la cordillère de Coplapo, et à
l'Alto de la cordillère de Guasco (Chili ), où MM. Darwin et Domeyko
ont recueilli des fossiles que nous croyons dépendre de cet étagç {S).
(i) M. Paillette nous a communiqué VJmmoniUi Kridion, qu'il y avait trooTé.On voit, ProcTrome
de Paléontologie, 1. 1, p. SIS, n" 9, que celte espèce est partout spéciale i l'étage sinémarieii.
(S) Les fossiles qui nous ont été apportés par MM. Sismoda et Coquapd sont tous certainement
de cet étage. Nous y avons, en effet, reconnu les Ammonites no* 3, 12, U, 17, SI de notre
Prodrome de Paléontologie, toutes spéciales i Tétage sinémuiien des points les pins connns de
France et d'Angleterre, et aucune de l'étage oxfordien, avec lequel on Tondrait les identifier.
(3) La présence parmi ces fossiles, de deux espèces du genre Spiriferina, et d'une huître voi-
sine de VOitrea areuata^ nous font regarder l'ensemble comme contemporain de l'étage siné-
murien.
CHAP. IV. — SEPTIÈME ÉTAGE : SINÉMURIEN. 437
§ 1890. SiratifioAtioB. ( Voyez Tétage 7 de notre coupe, flg. 393.)
D'après la circonscription que nous avons indiquée pour l'étage sali-
férien (§ 1834), on voit que les premières couches de Tétage sinému-
rien reposent immédiatement sur les derniers dépôts de cet étage (voyez
notre carie, /î^. 408 ),\\ en est ainsi aux deux versants des Vosges, au-
tour du plateau central, près d'Arnay-le-Duc, et dans le département du
Cher. On voit la même chose sur le versant occidental du Jura, sur
tous les points de TAngleterre et dans presque toute l'Allemagne. Cette
constance de superposition prouve que l'étage slnémurien a partout
succédé, dans l'ordre chronologique, à l'étage saiiférien.
§ 1891. DUoordanoet. A Tétage saiiférien (§ 1836) nous avons donné
les discordances profondes qui séparent cet étage du précédent. Pour
les limites supérieures, elles nous sont données par d'assez nombreuses
discordances d'isolement. Nous les retrouvons dans le manque sur l'é-
tage sinémurien, de l'étage liasien, qui devrait l'accompagner s'il n'y
avait eu un mouvement géologique entre les deux, comme cela parait
exister dans les lambeaux de la Sicile, du Chili et de Crayon, province
de San*Ander. Les discordances d'isolement sont également marquées
par le manque de l'étage slnémurien sous l'étage liasien, sur d'autres
points. Lorsque les couches liasiennes ne reposent pas sur les derniers
dépôts de l'étage slnémurien, ce qui a lieu principalement dans les dé-
partements du Calvados, de la Sarthe, des Ueux-Sèvres et de la Vendée,
où cet étage manque, on voit qu'elles ont nivelé les inégalités du litto-
ral ancien avec une épaisseur plus ou moins grande, suivant les lieux.
En elTet, à Fontaine-Éloupe-Four, à Maltot (Calvados , et sur beaucoup
d'autres points, les couches de l'étage liasien (8« étage) reposent sur
des grès siluriens ( l^^ étage) fortement disloqués ( /l^. 409). A Chevillé
EUge 1.
ÉUge 1 à. 1
Fig. 409. Coupe prue à Fonlaine-Étonpe-Four (CaiTadot).
(Sarthe), elles ont nivelé quelques dislocations des couches carboniTé-
riennes; à Thouars, elles reposent sur des couches azolques ; à Niort, à
Fontenay, elles reposent sur des roches granitiques dont elles ont ni-
velé les Inégalités. Ce manque de l'étage slnémurien, sous l'étage liasien,
sur tous les points que nous venons d'indiquer, équivaut à une discor-
dance entre les deux, et les sépare nettement. Il est évident que s'il n'y
37.
43ii QLATHIËMK PAHTIK. — SUCCESSION CHROKOLUGIQUE.
iivult pas en nn mouveinenl grotoglqiic entre les deux, on irouverult
parluut l'étage «Inémurien sous l'étage liasien, el qu'un changemem
de niveau dans le mer» a pu «eul i<ioler l'etHge llasien de l'éiage siné-
luuiien. Cette diacordnnce correspond {lorlout avec ti^s llmileB rigou-
reuaes des faunes aur les polDis concordants ou drscorduntsi ainsi,
Ijéuloglquc nient parlant, l'éiage sint'inurien est aussi distinct de l'étage
liasien par sa «uperposltiun que par su Taune.
§ IKS:, Déduotioiu tiréei delà pMJtion dca oimoliei. Partiel peu
dUloquéet. A l'exception de quelques poliits où l'on leuiurque des
railles, ou même des couches un peu dérangées, on peut crolrequ'au-
tnur du plateau central de Franre, et surtout au pied occidental des
VoEgfB, les couuhes slnémurlennes se sont déposées dans un bassin déjà
clrconscrll, et qu'elles sont restées Jusqu'à pTiiBenl sans épruuter de
grands dérangements On peut dire, en elVït, que sur tous ces points
(étage l,lig. 393 ). les couches plongent si-uleinenl un peu vers le fond
du hassln qu'elles Tormenl: celles des environs du Lan^res, à l'ouei^l;
celles du Cherau nord, el celles du Calvados, iiu N. N. E., etc.
§ IB93. J'art<>i irès-ilitltiqvéts . Loisqu'on exnniine les ctnches si-
némurlennrs du versant occidental des Alpes franQalses, un arrive à
d'antres conclusions. Là rien n'est resté en place, tout a été disloqué
de dlvei ses manières par le relèvement des Alpes ; et les couches per-
pendiculaires qu'on voit au-dessous de Gévaudan 'fig. tiOj, et seu-
lement irès-Inclinées à Caatellaune, cl à l'ouest de Chaudon (étage 1,
flg. 416;, annoncent qu'elles ont été violemment dérangées longtemps
après le dépil complet des terr.iins jurassiques et crétacés. Les ondu-
liiliona de quelques autres points (/i^. 4ll)annoncent qu'elles ont été
poussées latéralement (■].
CHAP. IV - SEPTIÈME ÉTAGE : SINÉMUiilEN. r,\9
§ 1894. Composition mînéralogique. Sur le versanl occidental des
Vusges, les couches inrérieures sont généralement composées de grès
quartzeux, provenant, sans doute, des dénudations des terrains trlasiques
à la un de cette période. Aux environs de Valognes, ce sont encore des grès
qui occupent, sur quelques points, les dernières assises de l'étage ; mais
près de Semur, d'Avallon, et dans le Cher, ces premières couches sont
iormées soit d'arkose provenant de la décomposition des roches cristal-
lisées (Semur), soit des calcaires argileux, ou d'argile, les grès n'y étant
plus que des exceptions rares ou rudimentaires. Dans les Alpes fran-
çaises, plus de grès, seulement des calcaires marneux ou argileux noi-
râtres, comme dans les couches supérieures des autres points où les
calcaires argileux ou marneux, bleus ou noirâtres, dominent partout.
Néanmoins, surdes lieux très-voisius les uns des autres, comme auprès
de Thoste (Côte-d'Or), les couches supérieures contenant VOstrea
arcuata, composées généralement de calcaire argileux noirâtre, sont
au contraire formées d'une roche siliceuse jaunâtre ou de silex, ce qui
prouve combien peu la composition mînéralogique est importante.
Pour donner une idée de la variété de composition mînéralogique des
couches sinémuriennes, nous donnons ci-après la succession observée
dans un forage de puits, à Thoste iCôte-d'Or), pour Texploitation des
mines de Beauregard, et dont M Greux nous a donné le détail.
q. Alluvions contenant des Cardinia passées à l'état de fer hydraté
ou de fer oligiste.
p. % mètres de calcaire noirâtre, rempli û'Ostreaarcuata^ et renfer-
mant les Ammonites bi^ulcatuSt Kridion^ Conibeari, liasicus, etc.
0. 1 m. 40 cent, calcaire bleu lumachelle, avec fossiles variés.
n. 9. m. 50 cent. €k)uche formée déminerai de fer hydraté, contenant
les Cardinia, en grand nombre, des Perna, des Lim elVAm.
ior(th>, couche exploitée pour les forges
m. Marne noirâtre feuilletée.
1. Lumachelle verte.
k. Marne jaune.
j. Lumachelle bleuâtre grossière.
t Marne bleue.
h. Lumachelle contenant des Spiriferina
g. Marne bleue.
f. Lumachelle bleuâtre, formée de Cardinia.
sera démontré que les couches consolidées du la surface de la terre ne pourraient tenir dans
Peipace d'un affaissement qu'en se plissant, en chevaurhant les unes sur les autres, de manière à
legagner la différence de longueur donnée par le moindre rayon tant intérieur qu'extérieur. De la
des plissements nombreux, des repluiements de couches indispensables dans les montagnes
comme dans la plaine, toujours par suite de la pression latérale due aux affaissements.
440 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
e. Calcaire bleuâtre, à Chemnitxia et à Spiriferina.
d. Calcaire marneux.
c. Grès quartzeux blanc, avec Lima.
h. Arliose.
a. Terrains azoïques et granitiques.
Lorsqu'on veut comparer le rapport de composition de couches éloi-
gnées, on trouve, par exemple, que les grès des environs de Valognes et
ceux du Luxembourg contiennent les mêmes corps organisés que la
couclie n de minerai de fer de Beauregard, ce qui, avec un grand nombre
d'autres faits que nous pourrions citer, nous amène à réunir dans notre
étage sinémurien toutes les couches jurassiques inférieures à la zone
de VOstrea arcuaia, qui sert toujours et partout de dernière limite su-
périeure à cet étage ; tandis que l^ limites inférieures seront les ar-
koses, des grès à gros grains sans fossiles et formés, sans doute, sous
l'action du mouvement des eaux, de la fin des terrains triasiques si
reconnaiâsables par leurs marnes irisées, comme on peut le voir à
Augy-sur-Aubois (Cher), etc. Les caractères minéralogiques sont donc
ici très-variables et ne peuvent, en aucune manière, servir à distinguer
l'étage, quand on en sépare les éléments paléontologiques. On voit en-
core, et le Prodrome le prouvera par la distribution des espèces, que
les grès inférieurs du lias, du nord de la France, ne forment, en aucune
manière, un étage séparé, comme l'ont pensé quelques géologues ; mais
bien seulement uq faciès minéralogique purement local correspondant
aux parties argileuses des environs de Semur et de Pouilly (Côte-d'Or).
§ 1895. PuMMuce connue. Les grès du Luxembourg ont jusqu'à
300 mètres. Les mêmes grès ont montré, dans le sud-ouest de l'Alle-
magne, 65 mètres de puissance; aux environs d'Avalion, de Semur, de
Lyon, et dans les Alpes, nous avons pu évaluer l'épaisseur des calcaires
h une centaine de mètres; on a trouvé à Thionville 165 mètres d'épais-
seur de lias, et à Lyme-Hegis on l'évalue à 200 mètres.
§ 1896. Déduotiont tirées de la nature des •édimenti et de»
fossiles. La puissance des couches de l'étage sinémurien, l'extrême va-
riété de leur composition minéralogique sur un même point, annon-
cent qu'elles ont dû se déposer dans un laps de temps considérable.
Cherchons à y retrouver les principaux grands traits des circonstances
qui agissaient alors dans les mers.
§ lh97. Points littoraux des mers. Par la présence, soil des débris
des plantes terrestres, qui ne pouvaient se déposer que sur un littoral,
soit par la présence de squelettes entiers d'animaux vertébrés, ou par
l'abondance des coquilles flottantes d'ammonites, qui n'ont pu égale-
ment se déposer qu'au niveau supérieur des marées de cette époque,
si nous cherchons à retrouver les dépôts littoraux des mers, nous les
GUAP. IV. — SEPTIÈME ÉTAGE : SINÊMURIEN. 441
verrons parfaitement caractérisés sur les points suivants. D'abord, en
France, au pourtour du plateau central ; dans l'Yonne, à Avalion; dans
la Côte-d'Or, à Semur, à Pouilly-en-Auxois, à Grosbois; dans Saône-
et-Loire, à Nolay; dans le Rhône, à Paillet, nu Mont-d'Or, à Saint-
Fortunat, près de Lyon; dans la Loire» à Pouilly-sous-Charlieu; dans
le Cher, à Augy sur-Aubois; sur le versant occidental des Vosges,
dans la Haute-Saône, à Saint-Juiien-de-Givry ; dans la Meurlhe, près de
Nancy, et à Suchant ; dans la Moselle, à Vallièrcs, et dans la couche à
plantes et à lignites des grès d'Hettange (1) ; sur le versant oriental des
Vosges, à Zinswiller, près de Niederbronn; sur le versant du Jura, à
Salins, à Saint-Rambert, à Relley (Ain) ; sur le versant des Alpes, à
Mont-de-Lans (Isère); en Provence, à Maxangue (Var); dans la Manche, à
Valognes. Les particules fines siliceuses ou argileuses qui se déposent,
dans les causes actuelles, seulement dans les golfes tranquilles des mers
(§ 36), peuvent même faire penser que les dépôts côliers de l'Yonne, de
la Côte-d'Or, de Saône-et-Loire, du Rhône, se sont faits, généralement,
soit dans des golfes tranquilles, soit sur des côtes peu exposées à la vague.
Hors de France, nous citerons, en Angleterre, Lyme-Regis, Shorne-
Clif, Charmouth, Waichet ; en Allemagne et dans le Wurtemberg, Hal-
bersladt, Otterdengen, Roll, Bahlingen, près de Stuttgart, Tubingen,
Gœppingen; en Suisse, Fontement (Vaud); en Italie, la Spezzia près
de Coregna : en Sicile, Contrada Fontanilla, près de Taormina.
§ 1898- Points tout-marins voisins des odtes. Le manque presque
complet de coquilles de Céphalopodes, et, au contraire, l'abondance
des coquilles de Gastéropodes et de Lamellibranclies, doit faire croire
que les points suivants se sont déposée non loin des côtes, et peu au-
dessous du balancement des marées : les couches à Gryphées, sans am-
monites, de Villefranche, de Mende,de Pommiers, près de Lyon (Rhône) ;
de Chevigny, de Thibaud, de Reauregard, commune de Thoste, de Mon-
tigny, d'Arcenay (Côte-d'Or); de Pont-Saint-Auber (Yonne); près de
Langres (Haute-Marne); les couches inférieures des grès d'Hettange,
(Moselle) à 30 mètres au-dessous des plantes; de Stenay (Meuse); les
couches de Waldenheim, Bouxi^iller (Bas-Rhin) ; entre Intrla et Crépia
(Ain); Bligny, Boisset, Seizeiiay, Toutrent, Arbois, Lons-le-Saulnier,
(Jura);Castellanne, Gévaudan, Digne, Chaudon (Basses- Alpes); Subies,
Blain (Calvados); Sainte-Mère-Église (Manche) En Angleterre, Robin-
hood'sbay, Scarborough, Barkiey, llmenster, Lnngar, Cheltenliam,
Ravvdsey, Frethern, etc. En Allemagne et dans le Wurtemberg, Bantz,
Altdorf, Berg, Kahlefeld, Markoldendorf, Mœhungen, Herford, Extern,
(1) Cette couche à plante* est eertnineinent un point littoral, puisqu'on y trouve des plantes, des
lignites; et ce qui est surtout significatif, c'est que M. Terquem y a trouvé une huitre fixée sur
du bois.
442 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Borglohe, Benburg, Gnibengen, Stiilfemberg, etc., etc. Nousavons vu,
aux causes actuelles (§ 83), que le gros sable ne se dépose, aujourd'hui,
que là où le niouvemèntdes eaux est considérable, qu'il soit déterminé par
la vague des côtes, ou par les courants sous-marins. Ce fait constant
nous porte à croire que les grès qùartzeux des Vosges, de la Moselle, de
la Haute-Marne, et les arkoses de la Côte-d'Or et de l'Yonne ont été dé-
posés sous un fort mouvement des eaux. Pour nous, les uns, les plus in-
rérieurs, et les arkoses, pour ainsi dire sans fossiles, se sont formés sous
l'influence d'un mouvement général produit peut-être par la fin de la
période triasique, tandis que les autres (ceux du Luxembourg, de la
r.ôte-d'Or) sont évidemment le produit de courants sous-marins ; car
ils contiennent beaucoup de fossiles, mais très- rarement des coquilles
flottantes, telles que les ammonites.
§ 1899. Si, au lieu de prendre en grand les derniers indices qui peu-
vent nous rester des bandes marines anciennes, nous voyons, sur un
point quelconque , ce qui existe dans les couches superposées, nous
nous as.surerons qu'un laps considérable de temps s'est écoulé pendant
que se déposaient les sédiments de cet étage. D'après la coupe que
nous avons donnée deTiioste(§ 1894;, on voit succéder aux arkoses,
dépendant des causes générales, des grès sans doute déposés Sdus
l'influence de rapides courants sous-marins. Pour les autres couches
qui les recouvrent, nous devons croire qu'elles se sont toutes déposées
au-dessous du niveau des marées, puisqu'elles ne contiennent pas de
corps flottants, et que, du reste, les sédiments sont placés suivant l'arran-
gement déterminé parles eaux des courants. De leur nature on peut
encore conclure que les unes, les lumucbclles, formées d'éléments plus
denses, se sont déposées sous l'influence du mouvement (§ 100,107);
tandis que les autres, les marnes bleues, formées seulement de sédiments
fins, sont le résultat de périodes de tranquillité plus ou moins prolon-
gées; mais toutes peuvent s'expliquer par l'étude des causes actuelles.
Ainsi, des alternances de repos et d'agitation se seraient succédé à di-
verses reprises, de manièie à nous donner la preuve que toutes les causes
actuelles sous l'influence desquelles se déposent les sédiments dans nos
mers présidaient, à cette époque, à l'arrangement des sédiments qui
forment aujourd'hui le» couchas stnémuriennes.
La conservaliiin dos points littoraux annonce soit une oscillation
géologique, soit la perturbation finale de l'époque.
§ 1900. Nous citerons de plus, comm« lait remarquable de conserva-
tion, une Lima cdufa^ encore cou\erle de belles bandes rayonnantes des
couleurs qu'elle avait étant fraîche. Nous l'avons recueillie aux environs
de Semur (Côte-d'Or).
§ 1901. CSaraotères paléontologiqaet. Un caractère très-remar-
CHAP. IV. - SEPTIÈME ETAGE : 8JNÉMUKIEN. 44a
quable ressort, au premier aperçu, de l'ensemble des élresde cette faune.
Comme aucun des genres qui existaient avant cette époque ne s'y
éteint, et qu'au contraire il en naît un grand nombre de nouveaux, on
voit que, par ses fossiles et par sa superposition, l'étage sinémurlen est
bien le commencement d'une nouvelle période d'existence. Voici, du
reste, les caractères différentiels spéciaux.
§ 1902. Caractères négatifs tirés des genres. Pour séparer Tétage
sinémurlen de l'étage sallfèrien, nous avons les vingt genres qui naissent
et meurent dans l'élage salifërien, et ceux qui, ayant leur maximum de
développement spécifique dans les terrains paléozoïques, s'éteignent en^-
core dans cet étage, comme les dernières formes animales de cette pre-
mière période d'existence (§ I84(i), sans passer à l'étage sinémurlen.
§ I90H. Pour limites paléontologiques entre l'étage sinémurlen et l'é-
tage liasien, nous avons, de plus, des plantes, 47 genres ainsi répartis
dans les séries animales, qui commencent seulement à paraître dans
l'étage liasien et sont inconnus dans l'étage sinémurien. Parmi les Rep-
tiles, le genre Pierodactylus de notre tableau n» 3. Parmi les Poissons,
?7 genres. Parmi les Crustacés, le genre Coleia. Parmi les Gastéro-
podes, le genre Nerita de notre tableau no 7. Parmi les Lamellibranches,
les 3 genres de notre tableau n" 8. Parmi les Ëchinodermes, les 4 genres
de notre tableau n^ 1 1 . Parmi les Zoophytes, le genre Anahacia de notre
tableau n» i3. Parmi les Foraminifères , les 6 genres de notre tableau
n9 14. Ces 47 genres, réunis aux 20 genres précédents, donnent 67 genres
négatifs pour l'étage sinémurien.
§ 1904. Caraotères paléontologiques positifs tirés des genres. Les
genres suivants, inconnus aux étages inférieurs et apparus pour la pre-
mière fois avec l'étage sinémurien, seront autant de caractères positifs
propres à le distinguer des époques antérieures, et particulièrement du
dernier étage triasique. Ces genres sont répartis comme il suit : parmi
les Poissons, le genre /*ac/)t/cormtt«; parmi les Céphalopodes, les genres
Belemniies et Turrilitrs; parmi les Gastéropodes, le genre Nerita;
parmi les Lamellibranches, les genres Unicardium, Thracia, Mactra et
Asiarte ; parmi les Bracliiopodes, les genres Spiriferina et Tftrebraiella ;
parmi les Ii!chinodermes, le genre Diadema; parmi les Zoophytes, les
genres Steyhanocœnta et Octocœnia, Ces genres sont au nombre de 1 4,
auxquels, sans doute, il faudra joindre quelques-uns des genres de Pois-
sons que le manque d'indications positives nous a fait placer à l'étage
suivant, comme étage moyen des trois âges confondus sous le nom de
Lias.
Les genres spéciaux à l'étage sinémurien qui sont nés et morts dans
cette période ne sont pas nombreux ; nous ne comptons, en eiïet, que
le genre Octocœnia de la série des Zoophytes. Ce peu de genres spéciaux
444 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
anaoncerait, comme nous l'avons dit, que Tétage slnémarien est le com-
mencement d'une nouvelle grande période d'animalisation déjà formée
de quelques genres dans l'étage saliférien.
§ 1905. Caraotèrei paléontologiquet tirés des etpèoe*. Les carac-
tères qui précèdent seraient suffisants pour distinguer Tétage tàliférien ;
mais il nous reste un moyen encore plus spécial, c'est celai que peuvent
nous donner les espèces. Outre des espèces de plantes, outre des espèces
d'animaux vertébrés et annelés, nous avons, comme on pourra le voir
dans notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique , auquel nous
renvoyons pour la liste complète (i ), le nombre de 174 espèces d'animaux
mollusques et rayonnes. Ces espèces, discutées, quant à leurs caractères
et n leur synonymje, forment, pour nous, autant û'espèees caractéris-
tiques, attendu qu'aucune, jusqu'à présent, ne se trouve ni dans l'étage
inférieur, ni dans l'étage supérieur. Parmi ces espèces, nous citerons les
suivantes, qui, répandues sur une plus grande surface, relient entre eux
tousles points d'Europe que nous y avons réunis, Mont-de-Lans (Isère),
par exemple, ainsi que la Sicile, et la Spezzia, en Italie.
MOLLUSQUES.
Hot du Prodrome.
I
3
4
5
8
9
10
IS
14
17
21
26
Belemnites acutus.
• Ammonites bisulcatus (2).
— obtusus.
— stellaris.
• — Conybeari.
— Kridion.
— Scypionianus.
• — raricostatus.
• — Carusensis.
— Boucaultianus.
• — catenalus.
— Phillipsii.
Ko«daPrp4rene<
Chemnitzia semicostata.
Pîeurotomaria Anglica.
Panopœa striatula. .
Cardinia bybrida.
— concinna.
— securiformis.
Unicardium cardioides.
Lima antiquata.
Avicula Sinemuriensis.
Ostrea arcuata.
Rbynchonella variabilis.
SpiriferinaWalcotii.
— octoplicatus.
43
55
63
87
88
99
108
118
129
139
147
149
On voit par les espèces fossiles de la Spezzia, en Italie, et de Mont-de-
Lans, près de Lamur (Isère), que ces deux points dépendent très-cer-
tainement de l'étage sinémurien ; et, à cet égard, nous ne conservons
pas le moindre doute. Si, en effet, des plantes, desquelles on ne connaît
que des parties incomplètes, peuvent laisser de Tincertitude, il ne peut
(1) Voyez aussi, pour les figures des Céphalopodes et des Gastéropodes du France, notre P«-
léontologie friiiiçaise^ terrains jurassiques.
(2) Voyez au Prodrome toutes les localités propres i chacune de ces espèces en parlicnlier.
Les espèces de la Spezzia et de Mont-de-Lans sont, dans cotte liste, marquées d*BB astérisque.
CHAP. IV. - SEPTIÈME ETAGE : SINËHUR1Et4. 446
en Are alosi des coqulllen qui aonl l'enveloppe teslacée complète àei
élTes. Voici quelques eieinpleB de la faune de l'époque sinémurlenne
(%.«îà4H).
g iWfl. ChroDologie hiitoriqiu, La perturbation géologique qnl a
mie Un à l'époque sa llférlenne (§ 1853] a fait dlsparallre, pour tODjoure.
en même temps que iO genres dlfférenls d'antmauj (g 184e), que 131
espèces fg I84B) d'animaux moltuBquea et rayonnes, que !>!> espèces de
planlea (g 1BS1), let derniers genres caractéristiques de la première et
de la seconde période du monde animé. Celle perturballon , dont les
traces se trouvent dans les gréa i gros grains de nivellement inrérleur
de l'étage, ainsi que dans lesnrkoses (g 1808), a àù s'efTacerpeu à peu;
et lorsque le repos entier de In surface a peimis h la puissance créatrice
de l'nnimer, la terre et les mers se sonl de nouveau repeuplées. C'est
alors qu'ont paru, met des plantes nouvelles, 14 genres d'animaux
de toutes les classes, et 174 espèces d'animaux mollusques et rayonnes,
sans compter les espècei des embranch entent s sopérleors. Tels sont
II. 38
446 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
au moins les débris de cette époque arrivés jusqu'à nous et connus
aujourd'hui ; car ces chiffres doivent nécessairement être doublés ou
triplés dans l'avenir.
§ 1907. Les.mers étaient, à cette époque, peu différentes des mers de
l'époque saliférienne, au moins en France et en Angleterre, et elles cou-
vraient les trois bassins angio- parisien, pyrénéen et méditerranéen. Elles
baignaient le pourtour est du grand plateau central, et en faisaient proba-
blement le tour; elles s'étendaient dans le bassin méditerranéen ; de là,
à l'est et au sud-est, jusqu'à l'Ilot du Var, et allaient couvrir l'emplace-
ment des Alpes jusqu'en Italie et en Sicile. Au nord-est, elles couvraient
le Jura, et s'étendaient beaucoup de ce côté. Elles baignaient les deux ver-
sants des Vosges; et du versant occidental, dans le bassin anglo-parisien
{voyez les parties marquées 7 dans noire carte, fig. 408), elles formaient
une vaste étendue dirigée à l'ouest, d'un côté jusqu'au massif breton,
et en Angleterre, où elles couvraient, vers le nord, jusqu'au Yorkshire,
bornée à l'ouest par Tile anglaise, mais ouverte vers l'est, où ses limites
nous sont inconnues. Entre le plateau central et le massif breton était le
détroit breton^ qui communiquait avec la mer pyrénéenne; et, du sud de
la Vendée et du sud-ouest du plateau central , s'étendait largement sur
les régions occupées aujourd'hui par la chaîne des Pyrénées. En résumé,
nous voyons déjà circonscrites trois mers distinctes : la mer anglo-
parisienne (bassin anglo-parisien), bornée à Test par les Vosges, au
nord-est par l'ileanglaise et le massif breton, au sud par le plateau cen-
tral. Cette mer communiquait à l'est par le détroit vosgien, comprisentre
une partie du continent belge-vosgien et le plateau central, avecla mer
méditerranéenne (bassin méditeriunéen), qui longea l'est tout ce même
plateau central, et s'étend à l'est et au sud-est. Un autre détroit (le dé-
troit breton) communique au sud de la mer anglo-parisienne avec la
mer pyrénéenne ( bassin pyrénéen ). dont nous ne connaissons pas les
limites méridionales C'est probablement la mer méditerranéenne qui
s'étendait en Allemagne et dans le Wurtemberg.
§ 1908. Les continents étaient certainement les mêmes, surtout à en
juger par les dépôts côtiers (§ 1897). On voit que le plateau central s'est
seulement accru au nord de quelques lambeaux salifériens émergés (étage
G, 6, flg 408). Le massif breton est resté le même; le continent belge-
vosgien s'est accru à l'ouest d'une grande lisièie de l'étage sallférien
surgi au-dessus des eaux. L'îlot du Var était également émergé, à en
juger par le dépôt côtier de Mazangue. La présence des dépôts côtiers du
versant occidental du Jura (Salins, Saint-Rambert) prouverait qu'un îlot
y était émergé pendant le dépôt sinémurien, et probablement un autre
près de Lamur, à Mont de-Lans (Isère), où les coquilles flottantes lais-
sent peu de doutes à cet égard. En Angleterre, le continent anglais reste
CHAP. IV. — SEPTIÈME ËTAGE : SINEHURIEN. 447
le même; seiilemeni il s'RccroU A l'eBl d'une liElère émergpe et <1e Intii le
délroil angislp, â la Bn de la période «alltérlenne. Le coniinent siiédo-
russe De parait paa avoir changé pendant celle pëi iode. L'Amérlqoe mé-
ridionale, encore accrue du aj'sÉème bolivien, loujoiirsà l'ouesi dea
premiers, Forme la partie de la chai ne de» Aniles, diri^-re sud-esl el nord-
est, longue de lâ degrés, occupant la Bolivie et le Pérou, jusqu'à lacdle
actuelle. Le continent américain est alors dirigé de Test à l'ouest, et
d'une forme bien différente de 1» Torme aciurlle [voyez la Virologie de
l'Amérique méridionale)
Lti mers sinémurlennes nourrissaient des animuiiii dill'érfnis de l'é-
poque antérieure. Nous pouvons surtout cil er tes reptiles IchfhyiisnvrtiM.
dont la taille riralisait avec celle de nos grnndt Cétacés actuels. Des
poissons d'espèces distinctes avec de nombreuses Ammonites, des Bé-
lemnlles et des Tuirililes inconnues jusqu'atori, animaient les rivages
s ir le<(| lels venaient nu s île paraiire pour la première Tois un bon
■nilire de genres t^rml lesquels des Uvicardinni, des ./liiaitr, des
< est on le diiait par les Tonnes nouvelles, le commencement d'une
grande période li en caractérisée par des animaux spéciaux.
448 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
plantes nombreuses, auxquelles M. Brongniart assigne les caractères gé-
néraux suivants (1) : « 1° La grande prédominance des Cycadées, déjà
« bien établie, et la présence de genres nombreux dans cette famille, et
M surtout des Zamites et des Nilsonia; 2" l'existence, parmi les fougères,
M de beaucoup de genres à nervures réticulées, qui se montraient à peine,
« et sous des formes peu variées, dans les étages plus anciens, mais dont
M quelques-unes cependant commençaient déjà à paraître dans Tépoque
« du Keuper (étage saliférlen). Tels sont les Camptopteris elles T/iaii-
matopteris. »
Voici la liste des espèces qui nous paraissent dépendre de Tétage si-
némurien, et la figure d'une des espèces de l'étage (fig, 416).
G. platyphylla, Brong. Haiberst.
Cryptogames aorogènei.
FOUGÈRES.
OdontopterisPcycadea, Berg. Metz,
Hettange.
Pblebopteris polypodioides, Brong.
Heilb., Metz.
Clathropteris meniscioides, Brong.
Hoer, Metz, la Marche (Haute-
Marne), Pouilly-en-Auxois.
CYGADÉKS
Cycadites pectinatus, Berg. Coburg,
Metz.
Otozamites Bucklandii , Brong.
Angl. ; Metz,
toz. Hartigianus, Germ. Haiberst.
Otoz. crassinervis, Germ. Haiberst.
Pteropbyllum Zinckenianum, Ger-
manie, Haiberst.
§ 1910. Aux discordances supérieures (§ I89i), aussi bien qu'aux
limites des faunes, nous voyons les dernières traces de la commotion
géologique à laquelle on doit attribuer la fin de Tétage. La conservation
sur beaucoup de points des parties littorales, que nous avons vu ne pou-
voir être produite que par un affaissement (§ 1899), pourrait aussi coïn-
cider avec la fin de cet étage, et en être un des résultats visibles.
8* Étage: LIASIEN, d'Orb.
Première apparition de l'ordre des foraminifères Stichostègues, des
reptiles Ptérodactyles, des familles de poissons Lepidotydœ, Chimœ-
ridœ, et Acclpenseridse; des genres Inoceramus, Hippopodium, Aste-
ria, etc.
Règne des genres de reptiles Ichthyosaurus , et Plesiosaurus, des
poissons Hybodidœ.
Seconde période croissante de la faune des terrains jurassiques.
Zone des Belemnites niger. Ammonites margaritatus et spinatw^
(1) Comine H. Bron^rniart comprenait dans le lia* nos trois étages sinémurien, liasien et ioar-
cien, il est bien entendu que ces considérations se rattachent aux trois étages i la fois. Néan-
moins nous avons cherché à reconnaître les plantes de chacun en particulier par les localité*.
Celles incertaines sont k l'étage liasien.
CHAP. IV. — HUITIÈME ÉTAGE: LIASIEN. 449
Pleurotomaria expansa, Lima punetata, Pêcien œquivalwSy Ostrea
cymhium, Terebratula numismalis,
§ 1911. Dérivé du nom. Nous avons conservé le nom de liasien,
pour rappeler celui de liât, donné primitivement par les Anglais, et
généralement adopté en Europe pour cet étage, le précédent et celui
qui suit. C'est un dérivé analogue à celui de carboniférien, de falu-
nien, n'impliquant nullement le caractère minéralogique qui lui a donné
naissance.
§ 1912. Synonymie. Suivant la position stratigraphique, c'est le
lias moyen (d'Orb., 184S); le lias supérieur (partie), de M Gressly;
Vupper-lias-shaUt de M. Phillips.
Suitant Us fossiles, c'est le calcaire à Bélemnites, de MM. Simon
et Terquem; le Belemniten-Mergel, de M. Mérian; le Belemniten-
schichte^ de M. Rœmer; les calcaires et marnes à Gryphées gym^
bium , de MM. Moreau et Gotteau ; c'est le Numismalis-Mergel , VA -
malthenfhon, partie du schwarzer Jura (Jura noir), de M. Schmidt.
Suivant la composition minéralogique, ce sont les schistes du lias,
deM. Mandelsloh; VIronstone, leMarlstone, de M. Phillips; les marnes
grisfs micacées, les marnes grasses, les marnes feuilletées, de M. Ter-
quem; le Macigno d'iluban^ye, de MM. Dumont et d'Omalius; partie
des marnes supraliasiques, de MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont.
Type côtier, à Landes, à Vieux-Pont (Calvados), entre Avallon et
Vassy (Yonne), à Nancy (Meurthe). Type sous-marin, à Ghâlon
( Saône- et-Loire); à Fontaine-Étoupe-Four (Calvados;.
§ 1913. Iiimitei itratigraphiquet. II existe en France , presque
partout où se trouve l'étage sinémurien, une série de couches souvent
très-puissante, qui lui est supérieure, ne- contient plus les mêmes fos-
siles, et surtout plus û' Ostrea arcuata^ bien qu'elle repose dessus et
forme la zone géologique et paléontologique la mieux caractérisée, que
nous appelons étage triasien. Cet étage a donc pour limites inférieures
exclusives la couche à Ostrea arcuaia, et pour limites supérieures in-
clusives les dernières couches o\i se trouvent VOstvea cymbium et
VAmmonites margaritatus. Cet étage, suivant sa composition minéra-
logique, a été confondu avec l'étage sinémurien, et même, quelquefois,
avec l'étage bajocien.
§ 1914. Extension géographique. L'étage liasien suit absolument,
en France, la même distribution géographique que l'étage sinémurien,
sur lequel il repose partout; mais, de plus, se montre sur beaucoup
d'autres points où cet étage manque. Nous l'avons, en effet, retrouvé
tout autour du plateau central, sur les deux revers des Vosges, et sur
tout le pourtour nord est et sud du grand massif breton. Pour mieux
faire connaître les grandes lignes qu'il occupe, nous allons citer les
38
450 QUATKIÈME PAKTIIC. -^ SUGCEiSSION CHRONOLOGIQUE.
lieux où nous Tavons positivement reconnu, comme nous l'avons fait
pour rétage précédent {voyex étage 8, dans notre carte, flg, 408).
Suivons d'abord le pourtour du grand plateau central. Là il se voit
partout où nous avons indiqué Tétage sinémurien. Aux environs de
Semur (Cète-d'Or), il forme, au nord, les coteaux voisins, jusqu'à mi-
hauteur, les couches où s'exploite le ciment, à Vcnarey, sur le bord du
canal de Bourgogne. En marchant vers Availon (Yonne), od le rencon-
tre sur tous les points, au nord de Tétagc sinémurien ; et, près de
cette ville, il se montre à Montmartre d'A vallon, au-dessous des couches
exploitées du ciment de Vassy, à la montée de Pont-Saint-Auber et
sur tous les environs. On le suit sans interruption dans la Nièvre, jus-
que dans le Cher, ou dans la vallée de Saint-Pierre, aux Coutards, à la
partie supérieure de la tranchée du bois de Trousse ; il n un très-beau
développement, lise continue, ensuite, au sud-sud-ouest, dans la Creuse.
De l'autre côté de Semur, on le voit sur la partie moyenne des coteaux,
jusqu'à Pouilly, à Mussy, et à Chevigny, et' de là dans le département
de Saône-et-Loire, à Chàlon; dans celui du Rhône, à Villefranche,
Saint-Julien-de-Civry, près de Lyon, etc. Dans le département de l'Ar-
dècho, à Lauzac, non loin de Largentière; dans celui du Gard, à Vais,
à Fressac, près d'Alais ; dans la Lozère, près de Mende ; de l'Aveyron,
à Clapier, et se retrouve dans la Dordogne. à Chavagnac (arrondisse-
ment de Sarlat). Nous avons vu un petit lambeau isolé au château d'A-
guilard, près de Tuchant (Aude), et un autre se montre à Gorges-d'Ossa,
dans la vallée d'Aspre (Pyrénées-Orientales).
Autour de l'îlot du Yar, nous en avons vu un lambeau à la base du
coteau, près de Cuers, sur la route de Brignoles. Sur le versant occi-
dental des Alpes, nous l'avons reconnu dans les Basses-Alpes, à Bar*
Jac, près deCnstellanne, à Chaudon, sur l'étage sinémurien; et àMont^
de-Lnns, près de Lamur Isère) , où il offre beaucoup de fossiles, ainsi
qu'à Lafrey, près de Vizille. (M. Gras.)
Sur le revers occidental du Jura, il forme une bande et se volt près
de Belley, dans la gorge de Saint-Ra*mbert (Ain) ; à Montaigu, à Con-
liége, près de Lons-le-Saulnier, à Pinperdu, à Avesne, près de Besan-
çon (Doubs).
11 n'est pas moins développé des deux côtés des Vosges. En effet, on le
trouve, à l'est, dans le Haut- Rhin, près de Belfort, et à Bàle ; dans le Bafr*
Rhin, près d'Urwciler, de Gundershoffen, de Muhlhausen et de Seltz-
Brunnen. A l'ouest des Vosges, son développement est bien plus grand.
En effet, on le voit dans la Haute-Saône, à Fleury-les-Taverey. Dans la
Haute-Marne, d'après les observations de M. Babeau, il montre une
large bande nord et sud, à partir de Saint -Broing, passant par Longeau,
^'.ulmont, Saint-Maurice, Orbigny, Fécourt, Espinant, Rangecourt,
CHAP. IV. HUITIÈME ÉTAGi!: : IJASIKN. 45i
llaisonc«lle, et olTre surtout à Lassaigne, près de Uingres, ei à Bour-
mont, un grand nombre de fossiles. Cette bande .non interrompue
passe, dans les Vosges, à Mireeourl ; dans la Meurthe, n Lndres, h
Vilie-en -Viennois» à Essy-les-Nancy, près de Nancy i dans la Moselle,
à la côte de Lormerhé, rive gauche de la Seille: à Saint-Julien, près
de Metz, près de Thionviile; dans la Meuse, parBreux, près de Mont-
médy, à Missy ; dans les Ardennes, par Linay. Sachi et Mézières.
Une autre ligne non moins importante borde le grand massif bre-
ton. Si nous la prenons dans la Manche, nous la verrons représentée
par une couche inégale en épaisseur, suivant les lieux, mais partout
très- caractérisée et placée sous Tétage tuarcien, qui passe dans la
Manche, près de Valognes; dans le Calvados, à Blay. Subies, Agy,
Vieux-Pont, Évrecy, Croisille (près de l'Égllsr) ; Fontaine- l^ioupe-
Four, Fontenay, près de Tilly, Missy, Curcy, Evrecy, Villy, Fresnay-
le-Puceux, Atys, Mahol, BettevIUe-sur-l'Aise, «.'te, etc. Interrompue
plusieurs fois, on la voit reparaître en vestige sous l'étage toarcien et
sous la forme de grès, prèsde Chevillé (Sarthe) ; à Niort (Deux-Sèvres) ; à
Lorbrie, près de Fenlenay; à Tile Bernard, près de Talmont, et jusqu'à
peu de distance, au eud est des sal)les d'Olonne (Vendée), elle est par-
faitement caractérisée.
En Angleterre, rétage suit, à Test de l'étage sinémurien, une ligne
non interrompue, qui commence <^ Lyme-Regis, passe par le Dorset-
shire, le Somersetshire, le Gloucestershire, le Worcestershire, le War-
wick^ le Leicestershire, le Nottingham, le Lincolnshire, et le Yorkshire.
On le trouve encore dans l'Irlande, à l'Ile de Barry.
En Belgique, il existe à Aubange. En Allemagne, il se montre sur
une grande surface, ainsi que dans le Wurtemberg, dans la Bavière, et
en Weslphalie, et dans le Hanovre En Suisse, nous l'avons reconnu, par
les fossiles, dans le canton de Vaud; à Cressel, prèsde Bex: à l'Aigle,
près de Fenulet; à Meilleri, à Sieix- Blanc, au-dessus de Coulel; dans
le canton de Berne, à Velerat, près de Délemont ; à Liesberg, à Slaf-
felegg, près d'Aaran.(Kot/f;ï l'étage 8 de nos coupes, fig. 493, 41fi, 424.)
§ 1915. Stratification. Partout où se trouve l'étage sinémurien,
l'étage liasien repose en couches concordantes sur lui, et en suit toutes
les allures, toutes les dislocations. Lorsque les couches plongent vers
le centre des bassins, il plonge parallèlement ; lorsque les couches sont
relevées de diverses manières, comme dans les Alpes, il a subi les mê-
mes relèvements, sans aucune modification. On le trouve en couches
concordantes, tout autour du plateau central de la France, sur les deux
versants des Vosges, dans les Alpes, le Jura, et autour du massif de la
Bretagne. Partout, en Angleterre, la même superposition existe ainsi
qu'en Allemagne et dans le Wurtemberg. Il n'y a aucun doute, dès lort.
452 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
que cet étage n'ait succédé régulièrement, sur tous les points, à l'étage
sinéinurien, et quMl ne Tait suivi dans Tordre chronologique.
§ 1916. Diioordanoe. Nous avons établi à Tétage précédent les li-
mites inférieures (§ 1891). Les limites straligraphiques supérieures,
nous sont données par des discordances partielles dMsoIement, qui
séparent nettement l'étage liasien de Tétagc toarcien. Nous regar-
dons comme telles le manque de l'étage liasien sous l'étage toarcien,
au pourtour du massif ancien de la Bretagne; à Asnière (Sarthe), où il
repose sur les étages devonien et carboniféricn ; à Saint-Maixent (Deux-
Sèvres), où il est en contact avec les roches granitiques dont il a nivelé
les anfractuosités; à Durban, au château d'Aguilard, près de Truchant,
où il repose encore sur l'étage carboniférien. L'isolement de Tétage sur
ces points nous donne des lignes de séparation tranchées avec l'étage
inférieur, ligne parfaitement en rapport, sur ces points discordants, avec
la lin des faunes dans les parties concordantes.
§ 1917. Parties peu disloquées. A l'exception des points cités et de
quelques failles partielles, on peut dire que non-seulement les couches
liasiennessont concordantes avec l'étage sinémurien,mais encore qu'elles
en suivent toutes les allures. Au pourtour du plateau central, du massif
de la Bretagne, du continent belge- vosgien, les couches sont à peine dé-
rangées, inclinées seulement un peu plus, peut-^tre, vers le centre des
bassins respectifs. Ainsi, à Thouars, la pente moyenne est à l'est; à Niort
et dans la Vendée, au sud; à Avallon, à Semur, au nord ; et sur le ver-
sant occidental des Vosges, à l'ouest. Sur ces points les couches sont,
pour ainsi dire, comme elles se sont déposées dans leurs bassins res-
pectifs.
Parties très-dUloquées, En Provence, dans toute la chaîne des Alpes,
et dans les Pyrénées, au contraire, les couches sont fortement dis-
loquées, fracturées, relevées de toutes les manières, comme à Chaudon
Chaudon. Saint-Martin. Saint- Jacques.
Vallée de Barrème.
8 »
10 11 IS IS U 17
Fig. 416. Coupe Est et Ouest, prise i Chaudon (Basses-Alpes).
(étage 8, fig, 416). Tout annonce qu*elles ont été violemment brisées
après leur parfaite consolidation.
§ 1918. Composition minéralogique. Les couches de l'étage liasien,
sous le rapport de leur composition, varient beaucoup, suivant les lieux;
et le caractère qui, sur un point, peut le faire distinguer des dernières
CHAP. IV. — HUITIÈME ÉTAGE : LIASIEN. 468
cuaehes sinémuriennes, est tout à fait l'opposé sur d'autres. Nous allons
en citer quelques exemples. Les dernières couches de Tétage sinému-
rien, remplies d'Ostrea arcuata^ sont formées d'un calcaire compacte
noir, sur tous les environs de Semur, d'A vallon, et même à Lyon, où
la ville en est bâtie. Les premières couches de l'étage liasien sont, au
contraire, formées d'argile noirâtre ou grise, qui repose dessus. Ces ar-
giles, par couches lamelleuses plus ou moins dures, occupent une grande
épaisseur et se terminent, à la partie supérieure, par un calcaire com-
pacte jaunâtre, toujours rempli ô*Ostrea cym&tiim, et ii* Ammonites sjn-
natus et margaritatus. A Niort, à Thouars, l'étage liasien est représenté
par un grès à très-gros grains de quariz ou d'arliose, produit évidem-
ment par le remaniement des détritus anciens. A Fontaine-Étoupe-Four,
c'est un calcaire ferrugineux friable ou compacte pétri de fossiles. A Lan-
des, à Évrecy, il est formé de calcaires jaunes compactes, qui reposent
sur les premières couches de l'étage sinémurien alors formé d*un calcaire
argileux gris décomposé. A Vieux-Pont, près de Bayeux, les mêmes ar-
giles grises de 1 étage sinémurien sont recouvertes par des marnes noi-
râtres remplies de sulfure de fer, qui constituent l'étage liasien. Dans
l'Aude et dans les Alpes, cet étage est composé de calcaires argileux noi-
râtres. Il en est de même dans le Wurtemberg, et à Lynie-Regis ; et il diffère
â peine d'aspect, â moins que ce ne soit par la dureté, de l'étage inférieur
ou supérieur. On voit par ce qui précède que si, sur un espace restreint,
la composition minéralogique peut aider à faire reconnaître les limites
de l'étage, il faut changer ce caractère à mesure qu'on change de lieu.
§ 1919. PuisMUice oonnue. Nous croyons pouvoir évaluer l'épais-
seur des couches de l'étage comprise depuis les couches â Ottrea arcuata
jusqu'à la fin de VOstrea cymbium, sur les coteaux voisins de Semur, â
150 mètres environ.
§ 1920. DéduoUoiM tirée* de la nature det tédimentt et det fof-
tiles. Nous retrouvons dans cet étage , et parfaitement marquées , les
zones indiquées aux étages précédents
Points littoraux des mers. Les couches si remplies de coquilles flot-
tantes d'Ammonites et de Nautiles, ou de Reptiles entiers (1), qu'on
remarque en quelques lieux, en font, pour nous, des points déposés sur
le littoral des mers de l'étage liasien, au niveau des marées; Cela est si
vrai, que ces points, comme on peut le voir par la comparaison, corres-
pondent aux mêmes points côtiers de l'étage précédent, et forment des
côtes parallèles. Voici, du reste, les principaux lieux que nous pouvons
citer. Nous les trouvons d'abord an pourtour du plateau central, à
(1) Ccil à tort qu'on a pu eroire que des animaux eiitiert pouvaient se di'poser au Tond de*
mers. Ils ne peuvent aller qn« sur le lilforal, puisqu'ils flottent (g M).
164 QUATRIÈME PARTIE. ^ SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Avallon, à la montée de Punt>>Hubert (Yonne); à Semur, à Pouiily, à
Ghevigny, à Venarey (Côtes-d'Or); à Lyon (Rhône); aux Coutards» à
Saint-Pierre, près de Saint -Amand (Glier); à Chavagnac (Dordogne);
à Clapier (Aveyron); à Vais (Gard ; dans l'Ardèche; sur les versants des
Vosges; à Langres (Haute-Marne); à Nancy (Meurtlie); à Metz (Moselle),
à Missy, à Breux (Meuse); à Belfort (Haut-Rhin); à Ur^eiler, à Selz-
brunnen, à Muihausen (Bas-Rhin); autour du massif de la Bretagne, à
Curcy, Vieux-Pont, Evrecy, Landes, Fresnay-le-Puceux , Maltot (Cal-
vados); sur le versant du Jura, à Saint-Rambert (Ain); à Pimperdu, à
Salins (Jura), à Avesnes iDoubs)
Hors de France , nous citerons encore , en Angleterre , Lyme-Regis,
Charmouih, l'Ile-de-Mull, baie de Robin -Hood, et Babbla dans les Hé-
brides. En Allemagne, dans le Wurtemberg, et en Wesphalie, Oflterdin-
gen, Hœningen, Boll, Meizingen, Bahlingen, Reutlingen, Ëgern, etc.,etc;
En Suisse, à Cressel, près de Bex (Vaud).
C'est à l'aide de ces points que nous pouvons trouver la circonscrip-
tion des mers anciennes de cetle époque.
§1921. PoinU tout-marins voiiim dei oôtet. Le manque presque
complet de corps organisés flottants, et la présence d'une grande abon>
dance de coquilles de Gastéropodes et d'Acéphales, nous font regarder
comme s*étanl déposés près des côtes, mais uu dessous des marées, les
points suivants. En France, autour du plateau central, une couche rousse,
oulique, de Chàlon (Saône* et- Luire) ; dans les Pyrénées-Orientales,
gorges d'Osse. vallée d'Aspres; dans les Alpes, Barjac, près de Castel-
lanne, Chaudon ; autour du massif de la Bretagne, Lorbrie, près de
Fontenay ; l'Ile de la Jard (Vendée) ; les couches de grès de Niort (Deux-
Sèvres); quelques couclies d'Amayé-sur-Orne , de Croisille, près de
l'Église; Fontaine-Êtoupe-Four (les couches à Gastéropodes) (Calvados).
Nous pouvons croire encore que, dans les localités suivantes, hors de
France, quelques couehes sont dans le même cas. En Angleterre, Cro-
predy, Toddenhani-Fenny, Compton, Brambury-Hill, Suiherland, Eyem,
Middleton, Purior;en Allemagne, dans leWurtembergetdans la Bavière,
Jebenhausen, près de Gœppingcn, Amberg, Wahl, Stuifemberg, Attdorf,
Mislelgau, etc., etc.
Points pro fonda dts mer» liasiennes. Peut-être doit-on regarder
comme s'étant déposéessur des points plus profonds des mers, ces couches
si remplies de Pentacrinus fasdculosus, Schlotheim. entiers et cou-
chés sur le côté, qu'on tronveà Amberg, à Boll, en Wurtemberg, etc., etc.
§ 1922. Nous avons dit que les couches noirâtres de l'étage liasien de
Chaudon appartenaient à un dépôt sous-marin; on pourrait même
croire, par la nature de ces couches peu distinctes et toutes formées de
sédiments fins, comme ceux du fond des nters actuelles, qu'elles se sont.
CHAP. IV. — HUITIÈME ÉTAGE : L1AS1EN. 465
en effet, déposées dans ces condftions, qui, du reste, seraient parfaite-
ment en rapport avec toutes les déductions générales de la géologie, qui
nous portent à croire que les terrains jurassiques des Alpes dépendaient
du milieu des mers de cette époque. Par la grande puissance de couches
observées à Semur, à Avallon, à Saint-Amand, et par leur alternance de
composition, les unes purement composées de calcaires marneux, sans
fossiles, les autres de coquilles et de rostres de Bélemnites déposées par
lits, on doit croire encore qu'il y avait des périodes alternatives de repos
et de mouvement dépendant des causes actuelles; mais la constance avec
laquelle les dernières couches sont composées, presque sur tous les
points, de calcaire dur enfermant en grand nombre des corps organisés
déposés un peu pèle -mêle, annoncent un mouvement des eaux plus
fort que les autres, assez puissant pour tout tasser, et dont les traces sont
partout les dernières limites de Tétageet la fin de lu période liasienne.
§ 1923. Otmllationi du toi, ou PerturlMition finale. La conserva-
tion sur tous les points, des dépôts littoraux, annonce qu'ils ont été pré-
servés de l'action des agents extérieurs par d'autres sédinientF; fait qui
ne peut provenir que d'oscillations locales ou d'un atTaissement général
à la fin deTétage. Cette dernière opinion serait corroborée par quelques
faits très-signiûcatifs. Nous trouvons, en etret, superposées dans la même
carrière, à Vieux-Pont, près de Bayeux, à Landes (Calvados), des cou-
ches évidemment littorales de cet étage, caractérisées par beaucoup
d'ammonites, recouveites par d'autres couches également littorales et
contenant autant de corps flottants, mais dépendant de l'étage toarcien
Ce fait prouve deux choses importantes, d'abord que les mers sont res^
tées dans les mêmes lits aux deux époques géologiques, puis que les ni-
veaux côtiers ont changé. Il est certain que, sans un afTaissement local,
qui a placé à une différence de hauteur de 10 à 15 mètres ces deux côtes
superposées, elles ne pourraient se trouver l'une sur l'autre. Nous devons
donc voir, dans ces deux lignes littorales placées l'une au-dessus de Tau'-
tre, l'effet certain d'un changement de niveau, qui pourrait coïncider avec
la fln de l'étage liasien etlecounnencement des dépôts de l'étage toar-
cien. C'est encore, nous le croyons, pour les points où les couches sont
en stratifications concordantes, un fait déduit de la nature des sédimeiits
et des fossiles, qui a la même valeur qu'une discordance.
§ 1924. Remaniemeiiti. D'après M. Prestwich, on voit à Banff, en
Ecosse, des coquilles fossiles du lias , remaniées dans les couches ac-
tuelles à 19 étages plus tard que leur dépôt. M. le comte de Munster
cite, à Osnabruck et à Cassel (Allemagne), des fossiles du lias remaniés
dans rétage falunien, des terrains tertiaires, c'est-à-dire à 17 étages de
distance.
§ 1925. Caraotèrei paUoutologiquet. Le caractère dominant de cette
466 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
faune, c'est le rapport d'ensemble qui existe entre IVtage précédent et
le suivant, quant aux formes génériques ; car toutes les espèces sont dis-
tinctes. Voici pourtant les caractères généraux que nous donnent toutes
les séries animales comparées.
§ 1926. Garaotèrei négatifs tirés des genres. Pour distinguer l'é-
tage liasien de l'époque antérieure, nous n'avons aucuns genres qui, nés
antérieurement, meurent dans l'étage sinémurien, sans passer à l'étage
liasien ; ce qui prouverait, plus que tout le reste, ceque nous venons d'a-
vancer ; mais nous avons, pour séparer Tétage liasien de l'étage toarcien
qui lui succède, tous les genres qui manquent encore dans le premier,
et paraissent pour la première fois dans le second. Ces genres sont:
parmi les Reptiles, les 8 genres de notre tableau n» 3 ; parmi les Pois-
sons, 9 genres; parmi les Crustacés, le genre Glyphœa; parmi les Cé-
phalopodes, les 3 genres de notre tableau n» 6 ; parmi les Gastéropodes,
les 2 genres de notre tableau u» 7 ; parmi les Lamellibranches, les S genres
de notre tableau m 8 ; parmi les Ëchinodermes, le genre Diadema de
notre tableau n» 1 1; parmi les Zoophytes, les 9 genres du tableau n<> 13;
parmi les Foraminifères, les 2 genres de notre tableau n» M. C'est-à-
dire 18 genres qui seront les caractères négatifs, pour distinguer l'étage de
celui qui lui succède régulièrement.
§ 1927. Caractères positifs tirés des genres. Pour caractères dif-
férentiels de cet étage et de l'étage sinémurien, nous avons tous les
genres suivants qui naissent avec l'étage qui nous occupe et paraissent
être inconnus aux époques antérieures. Parmi les Reptiles, le genre
Pierodactylut; parmi les Poissons (1), les genres Asteracanthus, Uyria-
canihust Squaioraya, Cyclarihrus, Sphenoconrhtis^ ÂrthroptenUt
Ganodw, Chondrosiena^ Saurostomus, Conodus, Rugnathus, Sauropte^
ris, Caturui, Belonostomus, Leptolepis, Nothosanus, Pholidophorut,
Lepidotus, Lemionotus, Amhlyurus, Dapedius, Teiragonolepis ; ptLTml
les Crustacés, le genre Coleia ; parmi les Mollusques gastéropodes, les
genres Pterocera et Ditremana ; parmi les Mollusques lamellibranches,
les genres InoceramuSf Hippopodum et Lxmea ; parmi les Échino-
dermes, les genres Asteria, Ophiura, Crtmasier et Paleoeoma; parmi
les Zoophytes, les genres Anahacia; parmi les Foraminifères, les genres
Cristeltarta, Maiginulina, Rofalia, Nodosaria^ Dentalinaei FrondieU'
laria. Nous avons donc quarante genres pouvant donner des carac-
tères positifs, entre l'étage liasien et sinémurien.
§ 1928. Parmi ces genres, ceux qui naissent et meurent dans l'étage
(1) Noos Teroiis remarquer q'ie ces caractères bien positib pour les animaux mollnsqoea et
rayonnes nous laissent des doutes relativement k quelques-uns des genres de Poissons ayant
placé dans l'étage liasien, tons les genres pour lesquels on n'avait donné d'antres Unités que le
lias, qne nous divisons en trois.
CHAP. IV. - HUITIÈME ÉTAGE : UASIEN. 467
liasien peuvent encore nous donner des caractères positifs différen-
tiels avec rétage toarcien, où ils n'existent plus, au moins d'après nos
connaissances actuelles. Ces genres sont les suivants : Parmi les Pois-
sons, les genres Myriacanthus, Squaloraya, Cyclarthrus, Astropterus^
Chondrostenaf Saurostomus, Conodus,Amh1yurus,Dajiedus; et parmi
les Crustacés, le genre Coleia, En tout 10 genres, plus le genre Cardi-
nta, né antérieurement, qui s'y éteint encore. On voit que, malgré les
rapports d'ensemble qui unissent cet étage aux époques supérieures et
inférieures, il reste encore des caractères spéciaux aux genres.
§ 1929. Garaotère» paléontologiquet tiret des etpècet. Tandis
qu'on voit les caractères minéralogiques des couches liasiennes chan-
ger sur les différents points où elles se trouvent, les caractères paléon-
(ologiques restent invariables, et sont, partout, on ne peut plus positifs.
En effet, quelle que soit, d'ailleurs, la composition minéralogique, la na-
ture a doté cet étage de 301 espèces caractéristiques. Excepté le PJtca-
tula spinosa, qui se trouve quelquefois, mais rarement, dans l'étage
sinémurien,et le Lima Thalia qu\ se trouve dans l'étage supérieur, toutes
les autres espèces sont caractéristiques de cet étage, comme on pourra
en voir la liste discutée, pour la synonymie et les localités, dans notre
Prodrome de Paléontologie strati graphique, auquel nous renvoyons à
cet égard (1). Nous avons donc 299 espèces pour les animaux mollusques
et rayonnes seulement; car nous n'avons pas compris, dans ce nombre,
les 65 espèces de plantes, ni les nombreuses espèces d'animaux ver-
tébrés et annelés que nous y pourrions ajouter. On voit, par ce résumé
de nos recherches, que les caractères tirés des espèces sont on ne peut
plus positifs, puisqu'à deux exceptions près toutes sont spéciales à cet
étage. Parmi ces espèces, il en est néanmoins qui, plus répandues dans
les diverses localités, peuvent montrer, plus que les espèces rares, l'ho-
rizon géolog que qu'elles constituent. Nous citerons celles qui ont des
formes assez tranchées pour ne pas être confondues avec d'autres, et les
plus communes.
No* do Prodrome.
MOLLUSQUES.
Ammonites Grenouillouxl. 3t
No* du Prodrome.
Pieurotomaria undosa. 88
Belemnites niger.
1
— expansa. 92
— umbillcatus.
2
Pholadomya ambigua. 141
Ammonites spinatus.
7
Lima punctata. 198
— margaritatus.
13
Pecten sequivalvis. 209
— planicosta.
11
— disciformis. 210
— Henleyi.
24
Ostrea cymbium. 217
(1) Voyez aassi, ponr les figures de toutes les espèces de Céphalopodes et de Gastéropodes de
France, notre Paléontologie franeaite, terrains jurattiques.
II. 39
4&H QLATKIËHK PAHTIB. -
Rliynclionella rimoM
Spiriferina H an ma uni.
Terebraiula nuniiunBlla.
succii:âslo^ chronologique.
•*■ I toHINODEMIES.
espèces, les Àfiimomlis ipivalus el nargaritalv* Boni
CHAP. IV. - HUITIt'Jlli: ËTAGe i UASIEN. UB
es dans toute la piilBunce de IVlage, depuis lea couches le*
lus inrérieures jusqu'aux supérieures; raaiiVOiirea cymbiumtùrm»
n horizon qui «n octupe plua pirlieulièremeot les couches sâpérieures
460 QUATRIEME MKTIK. -
en coDtact avec les premiera dépAla toarclens c
aer une ligne de démarcation nalurelle pretqne ci
supérieur. Noua donnons Ici quelques eiemplea des élres qui carocté-
- SUCCESSION CHRO^OLOGtQl;E.
i, pour noua don-
rlsent celte époque , remarquable, guHout, par les grands Sauriens qui
y existaient , et pouvaient rivaliser de taille avec les Cétacés d'aujour*
dtiui, les Ichlhyoïaarui el les Pittiotaurvi (/ig. 417 à t!3).
§ 1930. Chronolofw biitoriqne. L'étage précédent a dû Onir,
comme tous les autres, par une grande perturbation géologique dont
nous connaissons les résultais positifs. C'eai, en eUet, à cettnsianiquese
sont éteints, avec les plantes, avec les animaux verlébrre et annelës
173 espècee d'animaux mollusques et rayonnée (§ ISOï). Le^ traces de
ce mouvement sont, du reste, encore visibles par les grès à gros grains
et les arlioses de la base de l'éuge des Deux-Sèvres et de la Sarthe, et
par les discordances indiquées (§ ISIO). Lorsque le repos est venu rem-
placer l'agitation, sont nés 10 genres Inconnus jusqu'alors, avec 30D es-
pèces d'animaux mollusques el rayonnes, qui, avec toutes les espèces
des animaux vertébrés et annelés, et les plantes, sont les restes connus
de la Taune et de la (tore de cette époque.
§ 1931. tSous ne trouvons en Europe rien de changé, É la On de
l'étage sinémurien, dans la circonscription des mers que nous y avons
indiquées |§ 1S07). La mer angto-parisienne (yoyei étage S de notre
carte, fig, 408} est i gaiement bor-nëe; souvent les mêmes cfiles sont
superposées. DU du moins trèa-volslnes et parallèles les une^ aux autres,
surtout les points limitrophes. La mer méditerranéenne n'a pas changé
de lit; la mer pyrénéenne a conservé la même circonscrl pilon. On peut
en dire ajiant des détroits bretons et voagiens; ainsi, nul doute que
successivement les mêmes bassins n'aient reçu les deuk mers.
§ 1932. Lesconlineotsdonnés par les corps notianta ont, par la même
GHAP. IV. - HUITIÈME ÉTAGE : LIASibN. 461
raison, des limites identiques à celles de l'étage précédent (§ 1919).
Nous voyons, en effet, des dépôts littoraux tout autour du plateau
central des massifs breton et anglais, de l'ilot vosgien. Les corps flottants
nous font même reconnaître qu'il y avait, certainement, un ilôt émergé
dans le Jura, près de Sainl-Rambert , et un autre près de Mont-de-
Lans (Isère).
§ 1933. Les mers nourrissaient, plus nombreux que jamais, d'énormes
Reptiles sauriens des genres Ichthyosaurus et Plesiosaurus, si remarqua-
bles parleurtaille et parleurs formes, disposés qu'ils sont à vivre constam-
ment dans les eaux. Les uns avaient l'aspect d'un poisson, les autres
étaient munis d'un long col, et pouvaient, comme les cygnes, tout en
nageant à la surface, saisir au loin leur proie. Avec les Sauriens vi-
vaient les premiers Ptérodactyles , autres Reptiles singuliers, qui, pro-
bablement riverains, puisqu'on les trouve dans les coucbes marines,
avaient la faculté de voler au moyen de longues ailes ressemblant pour
la forme à celles des cbauves-souris. Un grand nombre de Poissons tou-
jours cuirassés, des nouvelles familles Lépidutidécs, Chimœridées, et
Accipenseridées, se disputaient le domaine des mers, avec un grand
nombre de Céphalopodes des genres Ammonites. Nautiles et Bélemnites;
tandis que les côtes, avec tous les genres qui existaient dans les mers
sinémuriennes, nourrissaient, déplus, les genres de coquilles Pterocera^
DitremariOf Inoeeramus, Hiftpopodium; des Astéries, des Ophiures et
autres Échinodermes, et quelques nouveaux genres de Forauiinifères.
Quelques plantes marines vivaient encore à cette époque.
OryptogAmet «mphigénet.
Sargassites septentrionalis. Sternb.
Hœgau.
ALGUES.
Caulerpites ? Nilsonianus, Sternb.
Hoegau.
§ 1934. Les continents, avec des animaux terrestres probablement
détruits, tels que des Insectes, peut-être des oiseaux, étaient couverts de
nombreux végétaux, principalement des Fougères, des Cicadées et des
Conifères, dont l'élégant feuillage devait en animer toutes les parties.
Voici la liste des plantes qui nous paraissent dépendre de cet étage,
prises parmi la flore du lias, donnée par M. Brongniart (1).
LICHENS.
Ramillinites lacerus, Munst. Bayr.
CHAMPIGNONS.
Xylomites zamitœ, Gœpp. Bamb.
Uromycetites? concentricus, F. Br.
Bayr.
Cryptogames aorogénet.
FOUGÈRES.
Cyclopteris Brauniana, Gœpp. Bayr.
(1) Noos plaçons ici lontea les espèces que nous ne pouvons rapporter positivement ni i l'étage
inférieur, ni à l'étage supérieur.
:io.
462 QUATRIÈME PAKTIK. - SL'CCtSSION CHRONOLOGIQUE.
NQuropteris? trapeziphylla, F. Br.
Bayr
N.? allenians, F. Br. Bayr.
N. pachyrachls, Brong. Bamb. (Cy-
clopt. pachyrachis, Gœpp.)
Coniopleris Braunii, Gœpp. Bayr.
G. princeps, Sternb. Bayr.
G. patentissima, Gœpp. Bayr.
Pecopteris Braunii, Munsl. Bayr.
P. Whitbiensis, Brong. Bayr.
DesmophlebisRœsserti, Br. Bayr.
TseniopterisMunslpri,Gœpp. Bayr.
T. viltata«Brong. Hoer. Bayr
T. major, L. et Huit. Bayr.
T. scitaminea, Presl Bavr
T. obovaia, F. Br. Ba\r.
Phyliopteris Nilsoniana, Br. Hoer.
Sagenopteriscl(»ngata,Munst.Bayr.
Andrinna Banithina, F. Br Bayr.
Laccoptt ris Brauuii , Gœpp Bayr.
Lac. gerininans, Gœpp. Bayr.
Thaumalopteris Munsteri , Gœpp.
Bayr.
Camptopteris crenata, PresL Bayr.
Cob.
Ç. Bergcri, Presl. Gob. Bayr.
G. Munsleri, Presl. Bamb. Bayr.
G. Ni! son!, Presl. Hoer. Gob.
Diplodyctium obtusilobum, F- Br.
Bayr.
MAHSILÉACÉE8.
PiluUrites Braunii, Gœpp. Bayr.
Baiera dichotoma, F. Braun. Bayr.
LYGOPODIACÉES.
Psilotites? robustus, Fr. Braun.
Bayr.
ÉQUISÉTAGÉES.
Equiselum Munsteri, Sternb. Bayr.
Dicotylédones gymnospermes.
CTCADÊES
OlozamitesBechii. Brong Angl.
Ot. obtusus, Brong. (L. et H.). Angl.
Ot. oblongifollu«, Kurr. Wurlenib.
01. Mandelslohi, Kurr. Wirtemb.
Ot. acuminatus, Fr. Braim. Bayr.
Ot. brevifolius. Fr. Braun. Bayr.
Ot. Schmiedelii, Fr. Braun. Bayr.
Zamites distans. Sternb. Bamb.
Z lanceolatus, L. et Hutt. Bayr.
Z. helerophyllus, Presl. Bayr.
Z. gracills Kurr. Wurtcmb., et
plusieurs espèces nouvelles, d'a-
près Fr. Braun.
Gtenis Angusta, Fr. Braun. Bayr.
G. abbreviata, Fr. Braun. Bayr.
C. marginata. Fr. Braun. Bayr.
G ? inconstans, Fr. Braun. Bayr.
Pterophylium majus, Brong. Hoer.
Pter. minus, Brong. Hoer.
Pter. lunularifolium, Gœpp Bayr.
Pler. dubium, Brong. Hoer.
Nilsoni conligua,Fr. Braun. Bayr.
Nil.elegantissima, Fr. Braun. Bayr.
Nil. interniedia, Fr. Braun. Bayr.
Nil. speciosa, Fr. Braun. Bayr.
Nil. brevis, Brong. Hoer.
Nil. Slernbergii, Gœpp..'* Hoer.
Nil. elongata, Brong. Hoer.
Nil Bergerl, Gœpp. Cob. Quediinb.
Cycadoidea pygmsea, L. et Hutt.
Lyme Régis.
Cyc. cylindrlca, Ung. LunévMle.
CONIFÈRES.
Brachyphyllum peregrinurh , Br.
Angl. Wurt. (Araucarites pere-
grina(L. et Hutt.).
Brach. mamillare? Brong. Bayr.
Brach. Ilasinum, Br. (Kurr.). Wurt.
Taxodites flabeilatus, Gœpp
Palissya Braunii, Endl Angl.
Pinites ? elongatus, Endl. Angl.
Peuce Brauneana, Ung. Bayr.
Peuce Wurtembergica, Ung. Wur-
temb.
CHAP. IV. — NEUVIÈME ÉTAGE : TOAl^ClEN. 463
MoiuMMitylédoDes doutente».
Poacites aiiindo Fr. Braun B<iyr
P. paspalum, Fr. Braun. Bayr.
P. naj*dus, Fr. Braun. Bayr.
Cyperites scirpoides, Fr. Brauil.
Bayr.
Cyp. caricinus, Fr Braun. Bayr.
Gyp. typhoides, Fi*. Braun. Bayr
§ 1936. Nous ne pouvons expliquer la Un de l'étage liasien que par
une commotion géologique dont les traces seraient encore données,
|o parla discordance de stratiQcation (§ 1916; ; S» par la conservation
des points littoraux, ce qui ne peut exister sans un atlaissement (§ i923) ;
3° par les traces de mouvement des eaux au commencement de Tétage
suivant (§ 19^0) ; et enÛn 4o par les limites des faunes qui coïncident
parraitement avec ces éléments de vérité. Nous ne doutons pas que
ces limites ne soient données, de plus, par une grande perturbation
géologiquequi a eu lieu loin d'Europe, les seuls points sur lesquels nous
counaissions la disposition géologique des étages. Si, en elfet. les dis-
cordances sont les causes de séparation pour tous les étages précédents,
ce que nous croyons avoir prouvé, il ne peut rester de doute pour les
étages dont les discordances ne sont pas encore connues ; car les deux
tiers du monde terrestre le sont peu ou point.
9e Étage : TOARGIEN, d*Orb.
Première apparition des genres TrredOy Pholas^
Règne des genres MistriosauruSt Piycholepis ^ Belemnosepia, Theco^
cyathu^.
Zone des Ammonites 6t/ron5 (Valcotii) ei serpentinus, du Belemnilea
irregularis, du Turbo subplicatus, du Leda rostralis, de VOstrea
Knorrii, du Pentacrinus rulgaris, du Thecocyathus mactra.
§ 193G. Dérivé du nom. Les motifs qui nous ont déterminé, pour
les deux étages précédents, à ne conserver aucun des noms qui avaient
seulement pour base la composition minéralogique, parlent plus haut
encore pour celui-ci. On voit, du reste, par la synonymie, combien ce
caractère trompeur a fait varier l'opinion des géologues à son égard, et
combien il serait difficile de conserver un nom qui eût une application
générale. C'est dans le but de ramener les choses à leur véritable ho-
rizon que nous avons, depuis quelques années, désigné cet étage comme
lias supérieur, et que nous croyons devoir, aujourd'hui, lui substituer le
nom d'étage loarcien, la ville de Thouars, Toarcium (Deux-Sèvres),
nous en ayant oiTert un si bel ei si riche développement dans ses
environs, que ce point peut être regardé, dès lors, comme étalon,
comme point type.
§ 1937. Synonymie. Nous la diviserons suivant ses dérivés.
Suivant la position slraiigraphique, c'est le lias supérieur, d'Orb.,
464 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
(184)); Vupper-lûU'SheUe (partie), de M. Philipps; Vétage supérieur du
lias^ de M. Thirria.
Suivant les fossiles ^ c'est le Posidonien-Schiefer (le schiste à
Posidonie), de Rœmer; partie du Schwarzer-Jura (Jura noir) de
M. Schmidt; les marnes à Posidonies, de M. Mathéron.
Suivant la composition minéralogiquej ce sont : Yoolithe ferrugineux,
de M. Thurmann, mais non des géologues normands ; les marnes supé-
rieures du lias, de MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont; le grès supra-
liasique^ de M. Simon ; le lias E,, et partie du hrauner Jura (Jura
brun), de M. Quenstedt; VOpalinusthon, partie du Jura brun, de
M. Schmidt; les marnes bitumineuses sans bitumes, les schistes bitumi-
neux, de M. Charbant; Valun-shale, ou vnthhy-shale, des Anglais. •
'^yp^ français, à Thouars (Deux -Sèvres) ; à Vassy (Yonne) ; type
anglais, àWithby; type allemand, à Aaien.
§ 1938. Limites ttratigraphiquet. L'étage toarcien, quelquefois
isolé, le plus souvent, en France, sur l'étage iiasien, commence immédia-
tement au-dessus de la zone à Ostrea cymbium, et se continue quelque-
fois, avec une grande puissance, jusqu'aux premières couches de l'étage
bajociep, toujours faciles à distinguer par leurs fossiles. Dans l'est de la
France, à Lyon, à la Verpillière, à Saint-Quentin, dans l'Isère, TAin, le
Jura, sur le Tersant occidental des Vosges, près de Langres, les der-
nières couches de l'étage toarcien sont, partout, composées d'oolithe fer-
rugineux, ou même de fer limoneux ou hydraté, contenant, à la fois, un
nombre considérable d'Ammonites de diverses espèces, et d'autres fos-
siles mélangés succédant à des couches généralement argileuses. Cet
horizon minéraiogique, très-prononcé sur tous ces points, limite les der-
nières couches loarciennes; mais ces limites sont variables sur les au-
tres points.
§ 1939. Extension géographique. (Voyez étage 9« de notre carte,
flg. 408. ) A mesure que nous nous élevons dans les couches jurassiques, les
horizons deviennent plus marqués et prennent une plus grande exten-
sion. Si, en effet, nous avons trouve quelques points du littoral des an-
ciennes mers jurassiques, à l'est du massif Breton, dépourvus des étages
sinémurien et liasien, nous voyons l'étage toarcien combler beaucoup
de ces lacunes et de plus recouvrir, partout où nous les avons signalés,
les deux étages précédents. Les lignes géographiques que nous allons
suivre en France le prouveront surabondamment.
Faisons, d'abord, le tour du plateau central. On trouve l'étage toarcien
dans la Creuse; dans le Cher, sur tous les coteaux plantés de vignes, aux
Grands-Villages, chemin du Belveder, et à Pertusin, près de Sainl-
Amand-Montrond. Il forme, ensuite, une série puissante de couches
qu'on peut suivre presque sans interruption dans l'Yonne, où il compose
CHAP. IV. — NEUVIÈME ÉTAGE : TOARCIEN. 465
les couches ei^ploitées comme ciment à Vassy, et la base de la mon-
tagne de la Mangeoire ; dans la Côted'Or, à Ville notte, à Miissy-la-
Fosse, près de Semur; à Chevigny, sur les hauteurs de Pouilly, à
Gevercy, au sud-ouest de Dijon, etc., où il forme le sommet des
coteaux, sous les premières couches bajociennes. Après l'avoir perdu,
on le retrouve dans le département de Saône-et-Loire, où il a un dé-
veloppement immense; à Saint-Julien-de-Cray près deCharolles si bien
exploré par M. Haquin), à Villefranche ; dans le Rhône, à Moiré, à Saint-
Portunat et au Mont-d'Or, près de Lyon. On le revoit encore par bandes
plus ou moins larges et quelquefois interrompues dans le département
de TArdèche, près de Largentière, au Mont-Charray; dans le Gard, il
suit une ligne N.-N.-E. à Anduze, à Saint- Jean, à Saint-André, h Gezat,
près de Darfort ; il se montre su** plusieurs points de ce golfe si remar-
quable des mers jurassiques, dans le département de la Lozère, à Mende,
à Soussignols, à Vailat-de-Lavaletle, à Marvejols, où sa puissance est
extrême; dans le département de TAveyron, sur les hauteurs de Mil-
hau, en face du château de Cresscl, à Clapier, et de là jusqu'à Saint-
Affrique, et bien plus au sud est; dans l'Hérnult, à Montpellier. 11 sem-
ble ensuite l>order encore le plateau au sud-ouest, près d» Figeac, de
Gramat (Lot); au pont deChantrezac, à l'ouest de Cheroniès (Charente),
en fermant pour ainsi dire le cercle Autour du plateau central.
Nous en avons reconnu des lambeaux dans le département de l'Aude.
Il forme la partie supérieure de la montagne où est bâti le château
d'Aguilard, en fnce de Tuchant, et se continue entre Donneneuve et
Nouvelle, d'un côté, et sur les couches carbonifé rien nés de Durban de
l'autre. Un auljFe existe à Test d'Aix (Bouches-du-Rhône) ; un troisième
à l'ouest de Cuers, sur la route de Brignoles ; ces deux derniers autour
de rilot do Var
Sur le versant occidental des Alpes, il repose partout sur les deux
étages précédents; nous croyons qu'il existe à Grasse (Var) sous les au-
tres étages jurassiques; et nous l'avons reconnu avec ses fossiles, dans
les Basses-Alpes, près de Cliaudon ; et de là, sans interruption, à En-
trage, aux Bourbes, à Lachappe, et presque jusqu'à Digne, à Beaumont.
Il forme une bande très remarquable par sa composition minéralo-
gique, à l'ouest delà chaîne du Jura, à Bourgoin, et surtout à Saint-
Quentin, près de la Verpillière (Isère), où il s'exploite comme minerai
de fer; aux environs de Saint-Rambert; entre Crepia et Inlria (Ain) ; à
Maynal, près de Lons-le-Saulnier, à Briarne, à Arèschts, à Pinperdu,
nu Mont-Servant, près de Salins (Jura) ; à Jean-de-l'Eaii, à Marne, à
Pouilly-les-VIgnes, près de Besançon, et à Peux (Doubs).
On le retrouve encore à l'est et à l'ouest des Vosges, et nous citerons,
à cet égard, les localités suivantes : à l'est, le Bas-Rhin, GundershotTen,
466 QUAïKlEMfc: PAUTIE. — SUCCESSION CHKONOLOGJQUK.
UrwiiLer, Boux^iiler; à Touest des deux étages précédents, il forme,
partout une large bande non interrompue. On la voit dans la Haute-
Saône, à Âiseley; dans lu Haute-Marne, à Baissey, à Haut-Versailles, à
Langres, à Âignay-le-Duc, à Rolampont, près de Chaufour, de Cierf-
monl, elc; dans les Vosges; dans la Meurthe, près de Ludres, d'Es-
say, de Buuxièresaux- Daines, de Villers-les-Nancy, près de Nancy;
dans la Moselle, près de Metz, de Thionville à Arcy; dans la Meuse, à
Montmédy, à Grand-Verneuil; dans les Ardennes, nous l'avons ren-
contré entre Launoy et Mézières, assez près de cette dernière ville.
Le pourtour oriental du massif breton présente cet étage bien plus
complet que les deux précédents. Nous Pavons rencontré partout dans
le Calvados, à Sainte-Honorine, Subies, Agy, Évrecy, Landes, Amayé-
sur-Orne, Curcy, TroisMonts, Croisilles, etc. Dans la Sarthe, au nord*
est de Mamers, de Conlie, à Brullon, Chevillé, Poellé, Parée, Avissé,
Asnière et Avoise. Après avoir été recouvert par les terrains crétacés
de la Loire, on le voit reparaître, avec un grand développement, dans
les Deux-Sèvres, sur les bords du Tbouet, à Misse, à Doret, et suilout h
Verrine, près de Thouars; partout aux environs de Saint-Maixent etde
Niort; dans la Vienne, à Lusignan; dans la Vendée, principalement à
Pissot, près de Fontenay, et bien plus à l'ouest.
En Angleterre, l'étage formeJa continuité des couches de la Normandie.
On le voit partout et régulièrement à l'est de l'étage liaslen, depuis Lime-
Regis^ jdans le Dorset&hlre, en suivant une ligne N.-N.-E., par le So-
mersetshire, le Gloucestershire, le Worcestershire, le War^ick, le
Leiceslershire, le Nottingham, le Lincolnshire jusqu'au Yorkshire, où il
va s'achever à Withby.
En Alleniagiie et dans le Wurtemberg, l'étage est non moins déve-
loppé, à Mistelgau, à Waldenheim, à Bahlingen, à Rotiweil, à Altdorf,
à Bayreuth, à Sch^arzach, à Amberg, à Bimde, à Ohmden, à Holzma-
den, à Boll, à Metzingen, à Aalen, etc., elc. En Suisse, il existe à Bex,
à Cressel, à l'Aigle, près de Fenulet; à Vevay (Vaud), à Walden
bourg, à Ersch^yl (Soleure) ; au Mont-Terrible, près de Porentruy
(Berne), à Laufenbourg. dans l'Argovie. Nous l'avons parfaitement re-
connu par ses nombreux fossiles caractéristiques rapportés par M. de Col-
legno, de la Lombardie, à Erba, à Belladgio, près du lacde Como, où
ils sont composés d'un calcaire rouge.
§ 1940. Stratification. (Voyez l'étage 9 de nos coupes, fig. 893,
409, 416.424). Ce. que nous avons dit à l'étage liaslen i§ 1915',
par rapport à la stratification concordante, s'applique, en tout point,
à létage toarcien. Partout où nous avons signalé, en France, l'é-
tage précédent, celui-ci repose dessus, en strutificalion concordante,
et en suit les pentes ou les dislocations. H conserve la mémo strati*^
CHAP. IV. — NKUVIÉME ÉTAGE : TOARCIEN.
467
flcation, en France, sur les deux Versants
des Vosges, au pourtour du plalcnu cen-
tral, autour du massif de la Bretagne,
dans les Alpes, le Jura, etc. H en est de
même sur tous les points d'Angleterre.
En Allemagne, dans le Wurtemberg, en
Suisse, etc., etc. On a donc la certi-
tude que cet élage a succédé régulièrement
à rétage liasien qu'il recouvre, et que,
dans Tordre chronologique, il est plus mo-
derne.
§ 1941.Ditcordaiioet. Nous avons donné
à l'étage précédent (§ 191G) les limites in-
férieures, qui nous sont fournies par des
discordances d'isolement et de dénudation.
Nous regardons comme des discordances
d'isolement le manque de l'étage bajocien
sur rétage toarcien, au château d'Aguilar,
près de Tuchant et à Durban (Aude) ; car
il est certain que, si ce point ^lait resté sur
le même niveau que les lieux si nombreux
où il y a concordunce do slratiûcation,
rétage bajocien s'y serait déposé. Il y a
donc eu surélévation de ce lambeau toar-
cien de Tuchant, entre la Qn de cet étage
et les premiers dépôts bajociens, ce qui.
pour nous, équivaut à une discordance.
Nous regardons encore comme discordance
les dépôts littoraux des deux étages super-
posés à Sainte- Honorine, à Moutiers. à
Saint-Maixent, etc. § 1950), et les traces
du mouvement des eaux que nous avons
citées dans les Alpes (§ 19ôi)> comme dis-
cordances de dénudation.
§ 1942. Relativement aux pariiex peu
disloquées, nous n'avons qu'à répéter, pour
cet étage, ce que nous avons dit ta l'étage
précédent (§ t9l7). 11 en est de même des
parties très disloquées des Alpes et de la
Provence Ces deux étages suivent, en tout,
les mêmes allures sur les points où ils sont
superposés.
Saint-Savinieii.
Taill.mt.
Bignay.
i
m
Saint-Jeaii-d'Aiigely.
s
c
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Lu Pin.
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Lonlay.
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Niort.
468 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCtSSION CHRONOLOGIQUE.
§ 1943. Gompotition minéralogtque. Si la nature minera logique
des couches a fait commettre quelques erreurs pour l'étage liasien, elle
a bien plus encore fait méconnaître l'horizon géologique toarcien. En
effet, lorsqu'il s'est présenté sous la forme d'argile grise ou noirâtre,
comme au centre et au nord de la France, il a été classé dans le lias;
tandis que sa nature plus ou moins ferrugineuse, comme dans
Test et dans le Jura, l'a souvent fait considérer, à tort, comme de
l'oolithe inférieur. Nous allons, du reste, donner quelques exemples
de cette variation extrême de composition minéralogique des
couches contenant, sur tous les points, une faune identique et la
mieux caractérisée. L'étage toarcien se montre dans les Alpes fran-
çaises, à Entrage,à Tuchaat (Aude),dan8 VAveyron, dans le Lot, dans la
Lozère, l'Ardèche, sous la forme de calcaires argileux ou marneux noi-
râtres, feuilletés ou non, contenant souvent des rognons plus durs, par
couches plus ou moins faciles â s'altérer et â se décomposer à l'air.
Dans les départements de Saône-et-Lohre, de l'Yonne, de la Côte-d'Or,
près de Saint-Mai xent et de Niort (Deux-Sèvres) ; de Chevillé, d'As-
nières (Sarthe), et dans le Calvados, ce sont des calcaires argileux gris
ou jaunâtres se décomposant facilement, et se présentant souvent sous
l'aspect de marne employée comme engrais ; â Thouars , c'est une suc-
cession variable d'argile, de calcaire, et même de grès ferrugineux.
Auprès de Langres, cette succession de couches est également très- va-
riable. Aux environs de Lyon, une des couches est formée d'un calcaire
oolithique ferrugineux compacte ; dans le Jura et dans l'Isère, comme à
Langres, les couches supérieures sont ou composées d'oolithe ferrugi-
neux très-riche en minerai, ou, comme à Saint-Quentin et à la Ver-
piilière, d'un fer limoneux hydraté exploité sans lavage, et formant
un horizon bien marqué, sans doute la continuation des couches ooli-
thiques de Langres, de Lyon, de Salins. Sous cet aspect, il a été fré-
quemment pris pour de l'oolithe ferrugineux. En Allemagne et en
Angleterre, cet étage est, le plus souvent, composé d'argile ou de calcaire
marneux feuilletés et à rognons. A Erba, près de Como (Lombardie),
c'est une succession de calcaire noirâtre, feuilleté, recouvert par des
calcaires rouge.<t, ferrugineux, assez voisins des couches de Saint-Quen-
tin (Isère), pour l'aspect minéralogique. Aux environs de Metz, une par-
tie est formée de grès.
Si l'étage toarcien varie de nature minéralogique suivant les lieux, il
ne varie pas moins dans les couches superposées d*un point déterminé;
et, pour qu'on puisse se faire une Idée de cette variation, nous allons en
citer deux exemples entre tous ceux qui ont été observés.
§ I {) 14 Nous prendrons notre premier exemple près de Thouars, où nous
avons reconnu le plus beau développement de l'étage, principalement à
CHAP. IV. — NEUVIÈME ÉTAGE : TOARClEN.
469
Verrine, où les exploitations journalières montrent de belles coupes na-
turelles. Nous prendrons notre second exemple près de Langres, où
les couches ont été observées par MM. Babeau et Simmonel. Nous allons
mettre ces deux séries de couches en parallèle.
t.
THUUARS (deux-Sèvres).
l. Couche puissante de calcaire
très-blanc, argileux, contenant
du silex, avec Belemnites tri-
partitus,
k. Calcaire et argile ferrugineuse
avec VAm. Jurensis.
;. Bancs aiternaiirs d'argile bleue et
de calcaires passant à la partie
supérieure à Targile ferrugineuse,
avec À, insignis^ B. irregularis.
Argile bleue, avec B. triparlituSf
A, variabUis, radians.
h. Calcaire grenu, gris, avec A,
ThouarsensiSf etc.
g. Calcaire compacte, presque sans
fossiles.
f. Couche mince d'argile ferrugi-
neuse, pétrie à*A serpentintis.
e. Couche puissante de calcaire
grésiforme, exploité pour pierre
de taille.
d. Couche feuilletée saccbaroide,
avec A. hifrons.
c. Couche épaisse de calcaire jaune
avec quelques grains de quartz.
C'est la première assise de l'étage
toarcien.
a, b. Poudingue, brèches, et grès
grossiers à gros grains de quartz.
C'est le seul vestige de l'étage
liasien caractérisé par les fossiles.
LANGRES (haute-marne).
;. Minerai de fer oolithique exploité
avec A. radians^ etc.
t. Argile micacée, B. tripartitus^
A, serpentinus.
h. Argile micacée alternant avec
des plaquettes de grès jaunâtres.
g. Marne calcaire saccbaroide en
plaquettes et polypiers.
f. Argile bitumineuse»
e. Argile avec BJripartiius^ A, bi-
fronSé
d. Calcaire bleu bitumineux en
feuillets,
c. Calcaire lumachelle opaque ,
avec avicules.
h. Calcaire lumachelle cristallin.
a. Calcaires jaunâtres ou noiri^tres.
Étage liasien.
D'après ce qui précède, on peut s'assurer que le caractère minéralo*
gique, pris généralement ou partiellement, ne peut, en aucune ma-
nière, servir à reconnaître et à limiter l'étage qui nous occupe, puisque,
II.
4
470 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
d'un côté, les couches les plus supérieures sont formées de calcaires
blancs comme de la craie, contenant, comme elle, des silex; tandis que,
de l'autre, ce sont des roches oolithiques tellement ferrugineuses, qu'elles
sont exploitées comme minerai de fer.
§ 1945. Puitsanoe connue. Sur quelques points du Cher, de la Côle-
d'Or, de la Lozère et de l'Aveyron , surtout à Marvejols , nous avons
trouvé plus de 150 mètres de puissance à l'étage.
Déductions tirées de la nature des sédiments et des fossiles. Des zo-
nes de profondeur dans les mers nous paraissent parfaitement indi-
quées par les fossiles de cet étage.
§ 194B. Quand on voit à Thouars, à Saint-Maixent, à Niort (Deux-
Sèvres); à Fontenay (Vendée), les premiers dépôts de l'étage toarcien
se composer de matériaux de nivellement, tels que cailloux quartzeux,
ou bien de détritus granitiques qui ont formé les arkoscs, on pourrait
les attribuer à l'effet de la perturbation flnale de l'étage liasien, qui a
commencé par niveler tous les matériaux libres avant de déposer des
restes organisés.
§ 1947. Points littoraux des mers. L'incroyable abondance des co-
quilles flottantes, telles que des Ammonites, des Nautiles, des animaux
entiers et des bois flottants qui n'ont pu se déposer que sur les rivages,
au niveau supérieur du balancement des marées (§ 85), nous font croire
que les points suivants étaient, certainement, des points littoraux de
l'ancienne mer toarcienne. Nous les trouvons, d'abord, au pourtour du
plateau central, aux coteaux du Belvédère, près de Saint-Amand (Cher);
à Yassy (Yonne) ; à Chavigny, à Mussy, à Yillenote, à Dijon (Côte-
d'Or) ; à Sainl-Julien-de-Gray (Saône-et-Loire) ; aux environs de Lyon ;
dans l'Ardèche, à Fressac; à Anduze (Gard); à Mende (Lozère); à Milhau,
à Clapier (Aveyron) ; à Cheronies (Charente). Autour des Yosges, à
Aiselay (Haute-Saône); aux environs de Langres (Haute-Marne); aux
environs de Nancy (Meurthe) ; à Mulhouse (Haut-Rhin) ; à Gundershof-
fen, à Uhrwiller (Bas-Rhin). Sur le versant du Jura, à Saint-Rambert,
entre Crépia et Intha (Ain); à Briarne, à Mont-Servant, près de Sa-
lins; à Lons-le-Saunier (Jura); à Montfaucon, près de Besançon, à la
Chapelle-des-Buis,près de Moore (Doubs). Sur le versant des Alpes fran-
çaises, nous le trouvons à Beaumont, à Enlrages (Basses-Alpes); à
Saint-Quentin, à la Yerpillière (Isère). Le pourtour du massif breton
n'est pas moins bien partagé sous ce rapport. On trouve des dépôts
littoraux, superposés sur les dépôts littoraux de l'étage précédent, à
YicuxPont. à Landes, àCroisilles, à Évrecy (Calvados). Des dépôts lit-
toraux se voient encore à Asnières, à Chevillé (Sarthe); à Thouars, à
Sairit-Malxcnt, h Niort (Deux-Sèvres); à Fontenay (Yendée).
En Angleterre, on peut également suivre les points côtiers depols
CHAP. IV. - NEUYlÈàlË ÉTAGE : TOARCIEN. 471
Lyme-Regis jusqu'à Wilhby. En Allemagne, dans le Wurtemberg, à
Ohmden, à Holzmaden, à Boll, à Metzingen, à Aalen, à Banz, à Stinfen-
berg. En Suisse, dans le canton de Yaud,à Bex,à Cressel età Vevay. Dans
la Lombardle, à Erba, sur les bords du lac deComo. Les argiles noirâtres
des environs deMilhau représenlenl, certainement, un ancien golfe ; car
ce genre de dépôts ne se forme aujourd'hui que dans ces conditions (§ Sfi).
La disposition de ces dépôts côtiers par lits souvent répétés, par feuil-
lets plus ou moins épais, annonce même d'une manière certaine que ces
dépôts étaient, sur beaucoup de points, soumis à toutes les perturba-
tions naturelles (§ 88), telles que les marées d'inégale valeur, de coups
de vent, etc. Sans ces effets que nous connaissons dans nos mers, on
ne pourrait expliquer ces dépôts qu'on trouve en France sur un grand
nombre de points, tels que Saint-Amand (Cher), à Vassy (Yonne), à
Entrages (Basses-Alpes), etc., etc.; età Omliden,en Allemagne.
§ 1948. Points tous-marins voisins des cotes. Par le manque pres-
que complet de corps flottants, par l'abondance des coquilles de Gasté-
ropodes et d'Acéphales, on doit croire que les points suivants se sont
déposés au-dessous du balancement des marées, mais à une mé-
diocre profondeur , au château de Ylalat, ou d' Aguilar, près de Tu-
chant (Aude). Dans les Alpes, aux Dourbes (Basses-Alpes), autour du
massif breton, on trouve ces points souvent peu éloignés des lignes litto-
rales, comme en descendant de Brulon vers Mareuil, non loin de Chevillé
(point littoral) ; au nord-ouest de Mamers (Sarthe) ; les couches situées
au nord de Saint^Maixent (Deux- Sèvres); les couches inférieures de
Pisot, près de Fontenay (Yendée); les environs de Lusignan (Yienne).
Points profonds des mers toarciennes. Par le manque presque com-
plet des fossiles on doit croire que presque tous les points des Alpes
compris entre Grasse (Yar) et Chaudon (Basses- Alpes) se sont déposés
sur des régions profondes des mers. Il en est de même des environs de
Marvejols (Aveyron). Les couches qui renferment, à Boll (Wurtemberg),
de si beaux échantillons de Pentacrinus entiers n'ont pu se former qu'à
de grandes profondeurs marines
§ 1949. L'examen particulier des localités, comme à Thouars (§ 1944)
et à Langres, montre qu'un laps considérable de temps a dû se passer
durant la formation de ces couches. On y voit encore des changements
considérables de nature de dépôts déterminés, probablement par des
périodes plus ou moins prolongées de repos ou d'une plus ou moins
grande agitation des mers, qui déterminent les couches argileuses ou
marneuses, et les couches de calcaire grenu ou grésiforme. On y voit,
de plus, que des perturbations, dépendant sans doute encore des cau-
ses actuelles, y ont amené, par bancs, ces myriades d'Ammonites d'une
seule espèce, qui formait des couches entières sur une immense surface.
472 QUATRIEME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
§ 1950. OtoîUatîons du sol. Nous ne savons si Ton doit atlriboer la
conservation des points côtiers à des oscillations locales du sol (§ 1755) ;
ou si cette conservation tient à la perturbation finale de l'étage
(§ 1923). Des oscillations locales peuvent, en effet, avoir déterminé des
aifaissements partiels; et, par suite, le recouvrement des côtes par des
sédiments, qui les ont empêchées d'être détruites par l'action des agents
atmosphériques extérieurs , comme nous les retrouvons sur tous les
points littoraux de ces anciennes mers ; et de simples oscillations suffl-
raient pour expliquer les faits connus, à Vieuxpont (Calvados).
§ 1951. Perturbalîon finale de l'étage. D'un autre côté, si les sim-
ples oscillations du sol suffisent pour expliquer la conservation de ces
points littoraux, il est des circonstances où nous retrouvons les signes
certains de la perturbation géologique finale de l'étage. Dans cet étage,
comme pour le précédent (§ 1914), à Sainte-Honorine, à Moutiers (Cal-
vados), à Saint-Maixent (Deux -Sèvres) , à PIsot, près de Fontenay
(Vendée), à Chaudon (Hasses-Alpes) , nous voyons, l'un sur l'autre ,
dans la même carrière ou dans le même escarpement, un dépôt littoral
fait au niveau supérieur des marées , et un dépôt identique de l'étago
bajocien, caractérisés par leurs nombreuses coquilles flottantes d'Am-
monites. Ce fait, constaté surplusienrst points, indique, certainement,
qu'à la fin de l'étage toarcien un alTaissement a eu lieu , de manière à
placer à un niveau moins élevé les dépôts côtiers de cette époque, sur
lesquels s'est ensuite déposée la nouvelle ligne des marées de l'étage
suivant. Ce fait serait, pour nous, l'équivalent d'une discordance, puis-
qu'il dépendrait d'un fait identique, c'est-à-dire d'un changement de
niveau sur la côte, déterminé par un affaissement.
Nous avons observé, sur deux points très-éloignés de France, des faits
très-importants qui , tout en limitant les dernières couches de l'étage
toarcien, annoncent qu'elles étaient déjà consolidées lorsque les pre-
mières couches de l'étage bajocien se sont déposées; faits d'autant
plus curieux qu'ils coïncident avec les limites des faunes et avec les
dépôts ferrugineux d'autres points. Au-dessous de Sainte- Honorine, dans
le Calvados, on voit, au bord delà mer, que les dernières couches de
l'étage toarcien composé de calcaires bleus , souvent remplis de silex
noir, ont été usées, corrodées à l'étal solide, lorsque les premières cou-
ches ferrugineuses de l'étal bajocien les ont recouvertes. Près d'Entrages
(Basses -Alpes) (route de Chaudon à Digne), nous avons obtenu un fait
de même nature. Là, les dernières couches, pétries A* Ammonites bifrons,
ont été de même usées et corrodées par les eaux avec les fossiles conso-
lidés qu'elles renferment, avant de recevoir les premiers dépôts de
l'étage bajocien, sur ce point formés d'argile noirâtre. Ces deux faits
annoncent qu'un mouvement violent des eaux s'est manifesté pendant
CIIAP. IV. — NEUVIÈME ÉTAGE : TOARCIEN. 473
un laps de temps assez considérable pour user la roche, entre la fin de
la période toarcienne et la première anlmalisation si différente de l'é-
tage bajocien. Ce serait, dès lors, un résultat visible de la perturbation
fmale qui a interrompu la durée de l'étage toarcien.
En résumé, comme moteurs de la séparation nette de l'étage , nous
avons: l» les discordances réelles; 2° les deux côtes (au niveau desma-
rées) superposées sur le même point et comme résultat de ce double
moteur : d'abord l'usure de la roche de Tépoque toarcienne avant les
premiers dépôts de l'étage suivant, puis l'anéantissement complet de
la faune, comme les faits paléontologiques le démontrent,
§ 1952. Caractères paléontologiques. Nous ferons remarquer que le
caractère dominant de celle faune est un caractère d'ensemble, d'ana-
logie, de formes, de /"ociw générique, avec l'étage précédent, à côté;d'une
disparité complète des espèces. Nous avons cependant encore des genres
pouvant nous donner des limites géologiques.
§ 1953. Caractères négatifs tirés des genres. L'étage toarcien dif-
fère de l'étage liasien par l'absence du genre Cardinia, qui, né dans
les terrains paléozoïques, s'est éteint, pour toujours» dans l'étage liasien,
sans arriver à celui-ci. Nous avons, pour distinguer l'étage toarcien de
l'étage bajocien, les genres qui manquaient encore dans le premier et ne
paraissent qu'avec l'étage bajocien. Ces genres sont ainsi répartis :
parmi les Poissons, 2 genres; parmi les Mollusques gastéropodes,
les 4 genres de notre tableau n° 7 ; parmi les Mollusques lamel-
libranches, les G genres de notre tableau n» 8 ; parmi les Mollusques
brachiopodes , le g« nre Thecidea de notre tableau n» 9 ; parmi les Mol-
lusques bryozoaires, les 8 genres de notre tableau n" 10 ; parmi les
Échinodermes , les lO genres de nos tableaux n" 11 et 19; parmi les
Zoophytes, les 7 genres de notre tableau n" 13; parmi les Foramini-
fères, le genre Conodiciyumf de notre tableau n" 14 ; parmi les Amor-
phozoaires, les 3 genres de notre tableau n" 15. Ainsi, nous aurions
encore, malgré les rapports d'ensemble, 42 genres, pouvant donner
des caractères négatifs entre l'étage toarcien et l'étage bajocien, ou 43
genres donnant des caractères négatifs avec les étages supérieurs et
inférieurs.
§ 1954. Caractères positifs tirés des genres. Pour distinguer l'étage
toarcien de l'étage antérieur , nous avons tous les genres suivants qui ,
nés avec Tétage qui nous occupe, manquent encore dans l'étage pré-
cédent. Us sont ainsi distribués : parmi les Reptiles, les genres Mistrio^
sourus , Macrospondylus et Pelagosaurus ; parmi les Poissons , les
genres Ptycholepis, Aspidorynchus; parmi les Mollusques céphalopodes,
les genres Loligo^Teudopm^ Belemnose-pia , Belottuihi s ;^iivmi les Mol-
lusques lamellibranches, les genres Teredo et Pholas , parmi lesZoo-
40
474 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
phytes, les genres Axosmilia et Thecocyathus ; parmi les Foraminifè-
res, les genres Vaginulina et Wehbina. Ces genres sont au nombre de
15 et sont autant de caractères positifs pour séparer les deuic étages.
§ 1955. Les genres qui naissent et meurent dans l'étage toarcien nous
donnent encore des caractères positifs pour en distinguer l'étage biijocien,
où ces genres ne passent pas, au moins d'après les connaissances actuel-
les. Voici ces genres, au nombre de 9 : parmi les Reptil s, les genres
Uisiriosaurus^ Macrospondylus et Pelagosaurus ; parmi les Poissons,
le genre Ptycholepis ; parmi les Mollusques céphalopodes, les genres
TeudopsiSy Belemnonepia et Beloteuthis ; parmi les Zoophytes, les
genres Axosmilia et Thecocyathus, On peut y joindre les genres Conu-
laria et Spiriferina, qui s'y éteignent également.
§ 1956. Garaotère» paléontologiques tirés det espèces. Rien de plus
certain que les caractères tirés des espèces pour l'étage toarcien. En ef-
fet, comme on pourra le voir dans notre Prodrome de Paléontologie
stratigraphique {\), les 288 espèces que nous y mentionnons, pour les
animaux mollusques et rayonnes seulement, sont toutes (§ 16i3) carac-
téristiques, une seule exceptée, attendu que. jusqu'à présent, elles sont
spéciales à l'étage et ne passent pas dans l'étage suivant. Ce chiffré
est indépendant des plantes, des espèces d'animaux vertébrés et an-
nelés, qui n'abondent pas moins durant cette époque. Il en est pour-
tant, parmi ces espèces, de plus largement répandues, que nous croyons
devoir signaler de préférence; car elles prouveront, par les localités
indiquées dans le Prodrome, pourquoi nous avons réuni à l'étage les
espèces contestées du lac de Como (9), et celles de Bex et de Cressel
(Vaud).
MOLLUSQUES.'
N*» du Prodrome.
No'duPrortî
orne.
• Ammonites heterophyilus. 47
Relemniles
irregularis.
20
* — Mimatensis 48
• __
canaliculatus.
22
* — sternalis. 49
* Ammonites serpentinus.
28
— insignis. 50
•
bifrons.
29
— Calypso. 57
i« ^^
Comensis.
30
Turbo subduplicatus. 78
—
radians.
31
— capitaneus. 77
•
I^vesquei.
32
Cerithum armatum. 126
•
mucronatus.
42
Pholadomya decorata. 160
• ^^
Requinianus.
44
* — subangulata. 153
(t) Voyet,pour les figures de toutes le* espèces de Géph%lopodes et de Gastéropodes de France,
notre Palfoittotogie française^ terrains Jurassiques.
(2) Les espèces que nou; avons positivement reconnues parmi les espèces du lac de Como
sont, dans la liste suivante, marquées d'un astérisque. On voit par leur nombre qu'il ne peut
exister de doutes sur leur âge parraitement toarcien.
CHAP. IV. — NEUVIËHE ËTAGK : TOARCIEN.
' I^a rosiralls.
Astarte eubielragona .
— Voliiii.
Unkardlum uni forme.
Cardium subiruncatum.
Lima gigantea .
PoeidonoDija Bronnli.
Ostrtra Knorrii.
Rhynchonella tetraedra.
Thecocyalhus macira.
La pluparL des espèces sont reriandues dans toutes les couches , de-
puis les plue inférieures Jusqu'aux supérieures; mais YOiIrea Knorrii
se trouve plus parlieiiliârement dans les couthes
beaucoup de cas, peut servir A reconnaître
les dernières limites supérieures de relaxe-
Voici quelques exemples de la faune de
celle époque {fig (!5 S -tî7).
g 19^7. Chropologie faittorique, A la
fin de l'étage précédent, pur suite d'une
pertUTbaLion géologique (§ l&ib), se sont
élelulE avec les G& espèces de pianlei con-
nues i§ 10:J4), avec 1 1 Ig laîs; genres d'à- f« *"■
nlmaux de loules les classes, 300 espèces irimuimt bir;
d'animaux mollusques et rajonnés (g iSïD). Après l'agiiatic
par celle réToluilon terresire, oni paru sur ta lerre, avec
de )a nature, 15 geores d'animaux inconnus Juequ'alors, et en
I)
476 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
mollusques et rayonnes seulement 288 espèces, qui, avec les autres
séries animales et les plantes , ont dû animer cette neuvième période
d'existence.
§ 1958 Les mers de l'époque toarcienne {voyez étage 9 de notre
carte, fig. 40K) n'ont pas changé en Europe; quelques parties exhaus-
sées au pourtour de la mer anglo- parisienne, à la fin de l'étage liasien,
ont bien repoussé In mer un peu vers l'ouest; et le littoral anglais de cette
mer se serait avancé. un peu vers l'est; mais, sauf ces changements
de peu d'importance, nous retrouvons, partout, la même circon-
scription, en France et en Angleterre (§ 1930). Tels sont, au moins,
les résultats auxquels nous conduisent les points littoraux que nous
avons reconnus par les corps flottants , qui dénoteraient que les mers
anglo-parisiennes, méditerranéennes et pyrénéennes sont restées dans
leurs mêmes lits.
§ 1959. Les continents étaient encore les mêmes qu'à l'étage précédent
(§ 1931), à très peu d'exceptions près. Nous ne voyons, en effet, que quel-
ques nouveaux atterrissements à l'est de TAngleterre et tout autour de
la mer parisienne. Seulement aux îlots déjà émergés sur quelques points
des Alpes, vient s'en joindre un autre , qui se trouverait entre Ghaudon
et Entrages (Basses-Alpes), où nous voyons des dépôts côtiers évidents,
marqués par les coquilles flottantes (§ 1947).
§ 1 960 . Les mers nourrissaient, avec beaucoup d'espèces des genres de
Reptiles déjà cités, des llisiriosaurus, des Macrospondylus aux formes
bizarres qui, probablement, habitaient les rivages maritimes. Avec beau-
coup de Poissons vivaient un grand nombre de Mollusques nageurs, tels
que Bélemnites, Ammonites, Nautiles, et beaucoup de coquilles litlora
les, au milieu desquelles nous voyons, pour la première Fois, apparaître
des Pholades et des Tarets, dans les bois jetés sur la côte. I^armi les
Zoophytes et les Foraminifères , plusieurs genres nouveaux viennent
augmenter la faune. Les Ammonites de cette époque sont souvent ca-
ractérisées par une quille au pourtour, cette disposition dominant au
milieu des formes diverses de ces singulières coquilles. 11 existait en-
core quelques plantes marines , que nous empruntons à M. Bront^iarl.
Cryptogame» amphigène».
ALGUES.
Phymatoderma granulalum,Brong.
Boll.
? P. Leymerianum, Brong. Aube.
P. cretaceum, Sternb. (Chondri-
tes}. Boll.
Chondritesgernuinus, Sternb. Boll.
C. Bullensis, Kurr. Boll.
Les continents ne nous ont laissé que peu de traces des animaux et
des plantes qui devaient les habiter. Ces êtres étaient, sans doute, voisins
de ceux des époques antérieures ; mais nous ne connaissons positivement
CHAP. IV. — DIXIÈME ÉTAGE : BAJOCIEN. 477
que les plantes suivantes, données par M. Brongniart à la flore du lias.
CONIFÈRES.
Peuce Lindleyana, With. Whitby.
P. Hulloniana, Witii. Wliitby.
?J*. Eggensis. Witii. Hébrides.
? P. Jurassica,EndI. Pologne.
§ 1961. Pour expliquer la fin de Tépoque toarcienne, indépendamment
des dislocations lointaines du sol , qui correspondent probablement à
cette époque, nous avons des discordances de stratification (§ 1941) ; des
points littoraux au niveau des marées d'alors, recouverts par des points
littoraux de l'époque suivante, ce qui annoncerait un mouvement
d'aifaissëment ; plus, la consolidation et l'usure des couches supérieures,
avant les premiers dépôts de l'étage bajocien (§ 1951); et enfin, l'anéan-
tissement de cette faune: faits qui concourent à prouver qu'il y a eu
certainement un mouvement géologique pour mettre fin à la durée de
l'époque toarcienne.
10e Étage : BAJOCIEN , d Orb.
Première apparition des ordres de Brachiopodes cirrhidés et de
Foraminifères mor.ostègues ; des genres Loligo, Nerinea^ Corhula^ Tel-
lina, Corhis, Echinus, NucleoliteSj etc.
Règne premier des Bryozoaires et des Échinodermes échinides,
Bègne des genres Panopœa, Gertilia, Limœa^ Bolectypus^ Clypeus, etc.
Zones des Belemnites giganteus^ des Ammonites interrvptus (Par-
kinsoni) et polymorphuSy du Turbo gibbosvs ^ de VOpis similis , du
Trigonia siriata, de VOstrea subcrenata^ de VHemithiris spinosa, du
Terebratula spharoidalis.
§ 19C2. Dérivé du nom. Nous avons cru, pour cet horizon géologi-
que , comme pour les précédents, ne pas devoir conserver de nom qui
rappelât la composition minéralogique si variable des couches qui le
composent, ou des noms tirés de la présence de fossiles particuliers, qui
varient suivant les lieux. Nous lui avons donné celui de Bajocien,
Bayeux {Bajoce) étant peut-être la ville autour de laquelle cet étage est
le mieux développé, le mieux caractérisé de toutes les manières, et
pouvant être toujours un point étalon.
§ 1963. Synonymie. Nous divisons cette synonymie suivant ses
dérivés. Suivant les fossiles, c'est le Calcaire à entroques de MM. de
Bonnard, Moreau et Cotteau ; Le Calcaire à polypiers de M. Marcou,
mais non celui des géologues normands.
Suivant la composition minéralogique, ce sont : la partie inférieure
du système oolithique, les marnes de Port-en-Bessin, de MM. Dufrenoy
et Éliede Beaumontj Vinferior oolithe, de M. Sowerby; Voolithe infé-
rieur, d'Orb., 1843; la cave oolithe, le gray limestone de M. Phillips;
478 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Vooliihe ferrugineux des Normands, de M. Thiria, de M. Cotteau , mais
non celle de M. Thurmann; Voolithe de Bayeux, de M. Simon; le
fuller's earth (terre à foulon), de MM. Morris, Thiria; la terre à
foulon, et les marnes à foulon, àes géologues français; les marnes
interoolithiques, Boyé ; le Dogger, Vunterer Oolith^ de M. Rœmer ; le
calcaire lœdonien, le calcaire à polypiers, et les marnes vdsuliennes
de M. Marcou ; partie du brauner Jura (jura brun, moyen) des auteurs
allemands et de M. Quenstedt.
Type français. Baveux, Moutiers (Calvados), Mougon (Deux-Sèvres).
Type anglais, à Dundry. Type allemand, près de Balingèn.
§ 1964. Extension géographique {voyez étage 10 de la carte,
fig. 408). Cet étage jurassique, comme les précédents, parait avoir
recouvert, partout en France, les couches de Tétage toarcien. En effet,
par le nombre assez grand des points où nous l'avons reconnu positi-
vement, nous pouvons croire qu'il e\iste, dans les mers jurassiques, sur
une infinité de lieux où il n'a pas encore été signalé. Voici les locali-
tés connues qui, comme des jalons semés sur toutes les lignes déjà
parcourues pour les étages précédents, témoignent qu'il doit former des
bandes parallèles aussi régulières que l'étage toarcien , autour des
points continentaux.
Autour du plateau central, nous l'avons reconnu dans le Cher, à Saint-
Amand-Montroud môme, au sommet du Belvéder; dans TYonne, au
sommet de tous les coteaux qui sont à Touest et au nord d'Avallon,
depuis Tour-du-Pré, Gervy, Tharot, Avalloux, Vezelay, jusqu*au dépar-
tement de la Côte-d'Or, près de Semur, où il occupe encore le sommet
des coteaux, et plonge au nord-est; à Fontaine-en-Duesnois, près de
Dijon, il est surtout très-dé veloppé. Il se montre encore dans le dépar-
tement de Saône-et-Loire, près de Tournus, et dans le département du
Rhône, à Ceret.au Mont-d'Or, aux environs de Lyon. On le retrouve
dans TArdèche, autour de Naves, au Mont-Charrey ; dans le Gard, sur
une ligne qui passe au nord de Campestre, d'Alzon, d'Arre, près de
Cormes, de Cézas et d'Anduze ; dans l'Hérault, près de Saint-André ;
dans la Dordogne, à Millac, près de Nontron (c'est la couche manga*
nésifère, décrite par M. Delanoue). On voit que l'étage contourne en-
tièrement le plateau central.
11 existe parfaitemenl caractérisé autour de l'ilot du Yar. Nous l'avons,
en efifet, reconnu dans les Bouches-du-Rhône , à Saint-Marc, près de
Vauvenargues et d'Aix ; dans le Yar , près de Cuers , au Peyrard et au
quartier du Maimont , près de Draguignan , étudiés par M. Doublier.
Sur le versant occidental des Alpes , il existe sur toute sa longueur.
Nous l'avons reconnu à Grasse même (étage 10. Coupe, fig. 433). On
le retrouve avec tous ses fossiles, dans les Basses-Alpes, à Cbaudon,
GHAP. ly. - DIXIÈME ÉTAGE : BAJOGIEN. 479
à la Palud, à la Martre, à la Glape, aux Dourbes; dans les Hautes -
Alpes, aux environs de Gap.
Sur le versant occidenial du Jura, on le volt dans l'Ain, àSaint-
Rambert, sous la roche de Brion, près de Nantua; dans le Jura, à
Aresches, à Arbois, près de Salins, au fort Saint-André, à la Roche-
Pourrie, à Poncochery, à Monlaigu, à Gonliége, au Pin, près de Lons-
le-Saulnier, à Poligny, à Domange. près de Dôle. L'étage se continue
sans inleiTuption sur les versants de l'îlot vosgien, dans le Doubs, aux
environs de Besançon, à Maiche ; dans la Haute-Saône, à Saint-George,
à Morey, à Voncourl ; dans la Haute-Marne, à Langres, à Perrogney, à
Dampierre,à Saint-Ciergues, à Bourg ; dans les Vosges, près de Neufchà-
teau ; dans la Meurthe, aux environs de Nancy, à Mortanville, près de
Pont-à Mousson, à Crépey, à Ghavigny, près de Vezelise ; dans la
Moselle, à Longwy, aux Genivaux, à Mogœure, près de Thlon ville ;
dans la Meuse, près de Montmédy ; dans les Ardennes, à Fresnoy ; dans
l'Aisne, à Saint-Michel. Sur le versant opposé l'étage se trouve à
Engwiller, à Mietesheim (Bas-Rhin).
G'est surtout au pourtour occidental du grand massif breton que
nous lui avons trouvé un vaste développement , et que nous avons pu
le suivre, pour ainsi dire sans interruption, depuis la Manche jusquesaux
côtes de la Vendée. Voici, en effet, quelques-uns des principaux points où
nous l'avons observé : dans le déparlement du Galvados, on le voit sur
la côte, depuis Sainte-Honorine jusqu'à Marigny; aux environs de
Bayeux, sont les localités si connues de Vauceiles, de Saint-VIgor. de
Port-en-Bessin ; autour de Gaen nous pouvons encore citer Curcy,
Athis, Éterville, Bretteville, Maltol, Feugrolles , Sully, la fameuse
localité des Moutiers, et les environs non moins riches de Falaise.
L'étage bajocien se continue ensuite dans l'Orne et la Sarthe. Dans ce
dernier département, on le suit depuis à l'ouest de Mamers en passant
par Gonlie, par Ghasslllé, par Guéret, près d'Asnières, jusqu'à Mareil et
Avoise. On le perd ensuite sons les terrains plus modernes de la Loire,
pour le retrouver, de l'autre côté, dans le département de Maine-et-
Loire, à Montreuil-Belley ; dans cekft des Deux-Sèvres, à l'est de
Thouars, et bien pins au sud, aux environs de Saint-Maixent , de
Niort ; dans la Vienne, à Gharou, près de Poitiers, à Lusignan; dans la
Vendée, à Pissotte, près de Fontenay, au nord de Luçon, et de là à
l'ouest jusqu'à la mer.
En Angleterre , on trouve la continuité des mêmes couches qu'en
Normandie. En effet, l'étage commence dans le Dorsetshire, et passe
par l'extrémité est du Somersetshire ; dans le Gloucestershire, à Gots-
wold; dans l'Oxfordshire, à Marsham-Field, près d'Oxford; dans le
Northamptonshire, le Leicestershire, le Rutland, le Lincoinshire et le
480 QUATRIÈME PARTIE. — SUGGESTION GHRONOLOGIQUË.
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9-»
Tracy.
Por(en-Bes«in.
Sainle-Honorine.
«o
Yorkshire, à Clouglon-Wyke, à Withby, à
Brandsby,à Scarborough, àGrambe-Bridge,
près de Cave, elc. Ainsi Tétage formerait
une ligne flexueuse presque continue, qui
traverserait toute l'Angleterre, dans la di-
rection du nord, quelques degrés à l'est.
En Suisse, nous voyons la continuation
des couches bajociennes du Jura, dans le
canton de Vaud, à Lavex, au Douillet ; dans
le canton de Neufchàtel, à la Ghaux-de-
Fonds; dans le canton de Berne, au Mont-
Terrible ; dans le canton de Soleure , à
Goldenthal, à Durenast, à Beinwy, à Frin-
gely, à Obergœschen ; dans le canton de
Bâle, àUlmatt, à Kilchberg; dans TArgo-
vie, à Wallenburg, à Egg, à Burg.
En Allemagne et dans le Wurtemberg,
Tétage est parfaitement représenté. A Arch-
dorf, à Strcitberg, à Randen, à Braune-
berg, près de Wasseralûngen, ii Raben-
stein, à Neuhausen, à Muggendorf , à Aalen ,
à Balingen, à Dettingen, à Gamelshausen,
àStaufenberg; dans la Wcstpbalie, à Porta,
à Menden, à Hamels, etc., etc.
§ 1965. 8trati£oation. (Koyez Tétage 10,
de nos coupes, /igf.393, 409, 416, 424 et 428.)
Nous nous bornerons à dire ici, que, par-
tout où nous avons rencontré l'étage bajo-
cien , que ce soit au pourtour du plateau
central, sur les versants du Jura et des Vos-
ges, sur le littoral du massif de la Bretagne,
ou dans les Alpes, il est, sur tous les points,
en couches concordantes avec les étages
jurassiques précédents, dont il suit toutes
les allures. Partout, en efTet, où ces cou-
ches forment des failles peu importantes,
comme un peu à l'est de Sainle-Honorine,
les étages toarcien, bajocien et ceux qui
les recouvrent, ont souffert les mêmes
dislocations de second ordre Lorsque l'en-
semble a été violemment disloqué, comme
dans les Alpes, l'étage bajocien Ta été en
CHAP. IV. — DIXIÈME ÉTAGE : BAJOCIEN. 481
même temps que les étages inférieurs et supérieurs. On remarque ce
même fait en Angleterre et en Allemagne, ce qui donne la certitude que
rétage bajocien a régulièrement succédé à l'étage toarcien, dans Tordre
chronologique.
§ 1966. Discordances. Les discordances inférieures ayant été indiquées
à rétage toarcien (§ 1941), il ne nous reste plus qu'à parler des limites
supérieures, qui sont assez nombreuses, même en France, où les terrains
jurassiques ont pourtant souffert le moins des periurbations géologiques.
En effet , à côté de cette concordance parfaite de tous les points, nous
avons des discordances d'isolement, qui nous paraissent bien suffisantes
pour séparer les étages. D'abord le manque, sur l'étage bajocien, de l'étage
bathonien, qui lui est partout supérieur, lorsqu'il n'y a pas de lacune, et
même à peu de distance. Nous voyons qu'il manque toujours depuis
Gonlie jusqu'à Guéret (Sarthe), ou sur plus de 3$ kilomètres de longueur,
rétage bathonien sur l'étage bajocien, celui-ci étant recouvert par l'étage
callovien. Ce manque annonce, sur toute cette surface, un mouvement
géologique d'élévation entre l'étage bajocien et l'étage bathonien. Nous
avons encore le manque, sous l'étage bathonien, des dépôts bajociens,
à Marquise (Pas-de-Calais), où nous l'avons vu nivelant les dislocations
de l'étage carboniférien ; ce qui prouve, qu'entre la fin de l'époque ba-
jocienne et le commencement de l'époque bathonienne, il y a eu, sur ce
point, un affaissement des terrains paléozoïques, qui a permis aux mers
jurassiques du bassin anglo-parisien d'envahir une partie devenue
continentale, depuis la surélévation de l'étage carboniférien. Nous re-
gardons encore comme discordance supérieure, les deux dépôts littoraux
superposés de ces deux étages à Saint-Maixent (route de Paris), où nous
voyons, sur un dépôt littoral, fait au niveau des marées de l'étage bajocien,
un dépôt littoral de Tétage bathonien ; ce qui ne pourrait exister sans un
affaissement local, entre les deux dépôts. Ainsi donc, l'étage bajocien,
tout en n'étant pas séparé par des discordances générales, n'en est
pas moins aussi distinct que possible des étages inférieurs et supérieurs.
Comme faits de stratification , nous citerons une série curieuse de
failles qui se voient sur la côte de Normandie, entre Sainte-Honorine et
Port-en-Bessin (Calvados). D'abord, non loin de Sainte- Honorine, cinq
failles successives, qui affectent à la fois les étages toarcien, bajocien
et bathonien, dont une première à l'ouest annonçant un aflaissement
de deux mètres de toute la partie de falaise comprise entre la vallée de
Sainte-Honorine; les autres moins fortes; enfin, une dernière à l'ouest,
près de Port-en-Bessin, qui est de plus de quinze mètres, en met-
tant au même niveau les couches de calcaire grenu d (§ 1968) et les
couches f.
§ 1967. Composition minérale gique. Il est peu d'étages où le
II. 41
482 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
•
synchronisme des couches sur des points divers montre autant de dif-
férence minéralogique que celui-ci; pour en donner quelques exem-
ples , nous allons parcourir rapidement les divers lieux. Aux environs
de Bayeux, deVaucelle, de SainhVigor, et aux Moutiers (Calvados), où
nous plaçons le type français le plus parfait et le plus développé, comme
à Dundry, où se trouve le type anglais de Vinferior oolithet les couches
inférieures, pétries de fossiles, sont formées d'un oolithe ferrugineux, à
grains plus ou moins gros, dans un calcaire jaunâtre A Conlie (Sarthe) ;
à Pissotte, près de Fontenay (Vendée), la même couche est encore com-
posée de grains oolithiques ferrugineux, mais sur des points très-voi-
sins, où, lorsqu'on s'élève dans les couches, la nature minéralogique
change tout à fait ; à Mallot et à Falaise (Calvados) , il n'y a déjà
plus d'oolithe, et les couches sont formées de calcaire argileux, ou de
calcaire jaune grenu. Si nous parcourons la bordure du massif de la
Bretagne seulement, nous voyons la roche varier très-souvent. AChas-
sillé, à Guéret, près d'Asnières et à Avoise (Sarthe), ce sont des cal-
caires jaunâtres grenus; à Thouars, ils montrent peu de différence,
ainsi qu'à Saint-Maixent (Deux-Sèvres); tandis qu'à Niort l'étage, par-
faitement développé, est formé, à Niort même, de grès ferrugineux et de
calcaires blancs, à Mougon de calcaires jaunes. Dans le Cher, ce sont des
grès siliceux; dans l'Yonne et la Côte-d'Or, c'est un calcaire saccha-
roide, connu sous le nom de calcaire à entroque En Provence et dans
les Alpes, Tétage est très-variable. A Draguignan, ce sont des roches
siliceuses jaunâtres; à Grasse, des calcaires argileux jaunâtres; tandis
qu'à Aix, et partout dans les Basses-Alpes (Chaudon), ce sont, au con-
traire, des calcaires argileux noirs, qui ne se distinguent nullement par
leur couleur, ni par leur contexture, des étages jurassiques inférieurs
ou supérieurs. Devant cette extrême variété de composition, on con-
çoit facilement que le caractère minéralogique ne puisse avoir aucune
importance, et que même, chaque fois qu'on lui en donnerait, on serait
certain, en sortant d'un cercle restreint, de commettre des erreurs syn-
chroniques, que la paléontologie seule peut reconnaître ; car, sous ces
diverses formes minéralogiques, l'étage offre partout la même faune
caractéristique.
§ I9f)8. Maintenant, que nous avons parcouru l'ensemble géographi-
que de l'étage en France, si nous voulons voir la composition des
couches qui s'y rapportent sur un seul point, nous arriverons encore
à la même conclusion. Pour le prouver, comparons les dépôts succes-
sifs de l'étage bajocie.i de Sainte-Honorine, près de Port-en-Bessin
(Calvados), à ceux de Niort (Deux-Sèvres) .
CHAP. IV. — DIXIÈME ÉTAGK : BAJOCIEN.
483
SAINTE-HONORINE.
f. 10 mètres environ d'épaisseur
de couches argileuses bleues,
sans ammonites (c'est la terre à
foulon, le fuUer's earlh).
e. 1 mètre de calcaires bleus, com-
pactes, durs, contenant beaucoup
d'ammonites, les mêmes que dans
la couche c, et des arbres entiers.
d. 10 à 12 mètres de puissance, d'un
calcaire blanc, grenu, avec spon-
giaires, oursins, mais sans am-
monites.
c. Ooiithe ferrugineux, le mieux èa-
ractérisé, avec ses nombreuses
ammonites : c'est la couché de
Bayeux (épaisseur maximum, f.
mètres). C'est l'oolithe inférieur
type.
b. Couche mince de fer limoneux
(couche de remaniement à la fin
de l'époque précédente).
NIORT.
. Calcaire blanc comme de la
craie, de contexture Irès-flne,
exploité pour pierre de taille.
Cette couche, épaisse de quelques
mètres, renferme principalement
des spongiaires.
Calcaire jaunâtre, argileux, avec
ancyloceras et ammonites.
b. Grès compacte, très- dur, servant
à paver, et contenant les mêmes
ammonites que les couches c et e
de Sainte- Honorine.
a. Étage toarcien, composé de cal-
caire bleu compacte, avec silex.
a. Étage toarcien formé de calcaires
argileux, jaunâtres.
D'après cet exposé rapide, on voit que les caractères mlnéralogiques
pris géograpAiquement, ou ihéme sur un seul point, ne peuvent, à eux
seuls, donner de limites certaines à l'étage qu'autant que les caractères
paléontologlques viendront aider ie géologue à reconnaître les limites
géographiques ou locales de l'étage, qui n'en est pas moins un des mieux
caractérisés et des plus constants.
§ 1969. Fuufance connae. Dans la Normandie, tout en réunissant,
dans l'étage, la terre à foulon, les calcaires blancs et l'oolithe ferrugi-
neux« nous ne trouvons pas plus de VÔ à 30 mètres de puissance à l'en-
semble. Dans les Basses-Alpes, à Chaudon, nous avons cru pouvoir
évaluer à 60 mètres environ la puissance du dépôt. Aux environs de
Lyon, il acquiert une puissance de 80 mètres environ.
§ 1970. DéduotioDi tiré»» de la nature de» ■édiment» et des fos-
siles. L'étage bajocien est un des plus instructifs sous ce rapport.
4S4 QUATRIEME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
comme on en pourra juger d'après les différentes déductions que nous
allons en tirer.
Points littoraux des mers. Les dépôts littoraux caractérisés par l'a-
bondance des coquilles flottantes et du bois monlrent parfaitement , sur
le sol de la France, que les mers jurassiques, de plus en plus restreintes
dans leurs bassins respectifs, existent pour l'étage bajocien, sur les der-
nières couches toarciennes. Ces bandes littorales se trouvent au pour-
tour du pluteau central, à Givry, à Tharot, à Montmartre, à Vezelay, à
Avallon (Yonne) ; aux environs de Semur, près de Fontaine-en-Dues-
mois (Côte-d'Or) ; aux environs de Lyon (Rhône) ; autour de Tilot du
Var, à Peyrard, près de Draguignan (Var); à Aix, à Vauvenargues (Bou-
ches-du-Rhône) ; sur le versant occidental des Alpes , elles existent à
Chaudon, à la Palud, à la Martre, à la Clape, aux Dourbes. Sur le
versant occidental du Jura, à Saint-Rambert, à Cressia, sous la roche de
Brion, près de Nantua, de Bellay (Ain), à Aresches, près de Salins
(Jura), et en Suisse, à Larex, au Bouillet (Vaud). Les dépôts littoraux de
Tiiot vosgien, se voient dans la Meurlhe, à Martanville, près de Pont- à-
Mousson ; dans la Moselle, à LongiK^y ; dans les Ardennes, à Fresnoy ;
autour du massif breton , dans les couches c et de Sainte-Honorine,
près de Port-en-Bessin (§ 1968) ; à Saint- Vigor, près de.Bayeux, aux Mou-
tiers, à Alhis, à Curcy, à Éterville (Calvados) ; peut-être à Guéret,
près d'Asniëres ,Sarthe); les couches b, c, de Niort; celles de Mougon,
de Saint-Maixent (Deux-Sèvres); de PissoUe, près de Fontenay (Vendée).
Hors de France, nous citerons encore, en Angleterre, Dundry, Brid-
port, etc.; en Allemagne, Archdorf, Randen; en Westphalie, Porta.
Quand on étudie la composition de ces sédiments côtiers, on trouve une
variation aussi grande que dans les mers actuelles. En effet, si sur quel-
ques poir s voisins, comme à Niort, on voit la côte formée de sables
devenus grès, on est très-étonné de ne plus la rencontier à quelques kilo-
mètres de là qu'à l'état de calcaire jaune formé évidemment de sé-
diments fins. 11 existait donc alors, comme à présent, des plages sablon-
neuses lavées par la vague, et des golfes abrités des courants où se dé-
posaient des sédiments côtiers les plus fins.
§ 1971. Une circonstance locale se rattache encore aux corps flottants.
L'étude des limites de l'étage bajocien, depuis Sainte-Honorine jusqu'à
Falaise (Calvados), nous donne, pour la côte de ces mers, une direction
moyenne N.-O. et S. E. Les arbres entiers qu'on trouve à Port-en-Bes-
sin, avec les autres corps marins flottants, ont aussi une direction
moyenne N.-O et S.-E., fait qui coïnciderait avec la direction de la côte,
et concorderait avec la manière dont se déposent actuellement les bois
flottants sur une plage unie, c'est-à-dire toujours transversalement à la
pente, et parallèlement à la côte.
CHAP. IV. — DIXIÈME ÉTAGE : BAJOCIEN. 486
§ 1972. La disposition par bancs horizontaux égaux formés de parties
plus ou moins denses, sur une hauteur considérable, semblables à une
bâtisse, comme on le voit aux environs de Chaudon (Basses- Alpes), ne
peut s'expliquer que par les tempêtes, les coups de vents et autres cau-
ses perturbatrices momentanées et souvent périodiques (§ 88, 93) que
nous retrouvons dans les causer actuelles.
§ 1973. Point» •out-marin» voisin» des cotes. Non loin de ces dé-
pôts littoraux, faits au niveau des marée:*, se formaient, dans les mers
bajociennes, des dépôts sous-marins faciles à reconnaître par leurs faunes
particulières composées principalement de Mollusques gastéropodes
et acéphales, et sans coquilles flottantes. Nous regardons comme tels les
dépôts suivants : à Saint-Amand (Cher) ; près de Tournus (Saône et-
Loire) ; à Millac, près de Nontron (Dordogne) ; entre Cuers et Brignoles,
à Grasse (Var); à la Roche-Pourrie, à Arbois, près de Salins ; à Conilége,
au Pin, près de Lons-le- Saunier; à Romange, près de Dôle(Jura); à
Maiche , près de Besançon (Doubs) ; Crépey (Meurthe) ; Génivaux , Mo-
gœure (Moselle); Saint-Michel (Aisne) ; la couche d, de iSiort (§ I9(!8);
Falaise (Calvados); Conlie, Sillé-le-Guillaume, Avoise (Sarthe) ; l.usi-
gnan (Vienne).
§ 1974. Points profonds des mers bajociennes. Le manque presque
complet de coquilles de Gastéropodes, le petit nombre de Lamellibran-
ches, comparé à la surabondance des Polypiers, des Amoi^phozoaires,
des Échinodermes en position, des Tércbratules et des Crinoides, nous
feraient croire que les points suivants se sont déposés sur des parties
plus profondes des mers decette époque : Saint-Georges, Morey, Von-
court (Haute-Saône); Langrcs, Perrogney, Dampierre, Saint-Ciergues
(Haute Marne); Mamers (Sarthe); la couche d de Sainte-Honorine
(§ 1968).
§ 1975. L*examen des sédiments nous fait encore arriver à quelques
autres conclusions. A Falaise, à Conlie, à Avoise, à Mamers, les dépôts
nous semblent, d'après leur composition grossière, remplie de parti-
cules pesantes, s'être déposés sous Tinfluence de courants sous-marins
plus ou moins foils. Dans les Alpes, la composition générale des sédi-
ments uns annonce, au contraire, des dépôts tranquilles sous-marins,
probablement dans une mer profonde, au milieu de laquelle les fossiles
flottants ne se montrent que sur l'ilot de Chaudon et de la Clape, près
d'Entrages (Basses-Alpes), où nous avons signalé le point littoral de
l'étage toarcien. Ces couches de Chaudon sont, sous un autre point de
vue, très-remarquables, en ce qu'elles forment un ensemble parallèle su-
perposé de couches régulières de même épaisseur, d'un calcaire bleu
compacte, séparées par des intervalles argileux. Lorsqu'on voit la ré-
gularité de ces bancs, tous d'égale épaisseur, on ne peut s'empêcher de
41.
486 QUATRIÈMK PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
chercher, dans les causes actuelles, l'aclion périodique qui a pu prési-
der à leur formation. Peut-être y trouverait-on quelque chose d'ana-
logue aux effets produits par les coups de yents annuels que nous
avons signalés (§U1). Dans tous les cas^ c'est là un phénomène très-
remarquable, dont nous retrouverons des exemples fréquents.
§ 197G. Oscillation» du sol. S'il pouvait y avoir des doutes sur les
oscillations du sol pendant la période toarcienne, il n'en est pas ainsi
pour l'époque bajocienne. A Sainte-Honorine, près de Port-en-Bessin,
les couches c (§ 1968) sont certainement, par l'ensemble des corps
flottants, des dépôts littoraux faits au niveau supérieur du balance-
ment des marées. Au-dessus on voit (couche d), au contraire, iO à !S
mèires de dépôts de calcaires grenus remplis de spongiaires, d^oursins
dans leur position normale d'existence, de zoophytes, de bryozoaires et
de térébratules, tous caractères qui annoncent un dépôt sous-marin,
fait à une assez grande profondeur, sous l'action des courants. Au-des-
sus de ce dépôt sous-marin reparaissent (couche e) des dépôts côtiers
avec leurs bois et leurs coquilles flottantes Enfin, au-dessus (couche/),
une argile bleue sans coquilles flottantes. En résumé, nous avons, à
la base, un dépôt littoral recouvert d'un dépôt sous-marin, et celui-ci
supportant un second dépôt côtier, tout cela durant une période géolo-
gique; succession rigoureuse qu'on ne peut expliquer sans les oscilla-
tions du sol, et même sans une alternance d'affaissement et de relève-
ment analogues à ce que l'époque actuelle nous montre à Pouzzole
(§ 2543). En effet, pour pouvoir être recouvert par un dépôt sous- marin,
le premier point côtier a dû certainement s'affaisser sous les eaux. Pour
être recouvert, à son tour, par des dépôts côllers, ce dépôt sous-marin a
dû subir un mouvement de relèvement; puis, enfin, un second mouve-
ment d'affaissement a dû s'opérer, pour que ce second dépôt littoral fût
recouvert, de nouveau, de dépôts non côtiers. On volt que, sans des
oscillations, 11 serait impossible d'expliquer ces strates superposées. La
même observation s'applique aux couches décrites à Niort; mais, ici, il
n'y aurait eu qu'une seule oscillation ; ce qui prouverait, de plus, que
les oscillations devaient être locales et non générales. Dans tous les cas,
la conservation des points littoraux annonce certainement des mouve-
ments brusques.
il nous reste à dire un dernier mot relativement au changement miné*
ralogique qui existe dans les couches de Sainte-Honorine. On y a vu suc-
céder, à des couches ferrugineuses d'oolithe, des couches blanches de cal-
caire grenu, et ensuite des calcaires et des argiles bleues : la première,
sans doute produite sous l'action du mouvement des eaux sur la côte,
la deuxième sous l'action d'un courant sous-marin; les dernières sous
l'action du repos presque complet des eaux. Pour que ces différences
CHAP. IV. - DIXIÈME ÉTAGE : BAJOCIEN. 48T
existent sur un seul point, il faut que, durant la période bajocienne, In
côte ait éprouvé, dans sa configuration, de grands cliangements, qui ont
influé sur la Torce des courants et sur leur direction. Sans des modifi-
cations locales amenant des sédiments de nature différente, il serait dif-
ficile d'expliquer ces faits.
§ 1977. Caractères paléontologiquet. L'ensemble des caractères
paléontologiques de cet étage offre des résultats généraux différentiels
bien plus tranchés avec l'étage toareien que les trois étages précédents
entre eux. On voit, en effet, apparaître beaucoup de formes génériques
nouvelles ; mais, comme très-peu s'éteignent, on acquiert la certitude
que la multiplicité de ces formes est toujours dans une voie croissante.
Avec ces caractères des genres, disparité presque complète des espèces.
§ 1978. Caractère» négatif» tiré» de» genres. Pour distinguer l'étage
bajocien de l'étage antérieur, nous avons d'abord les 9 genres que nous
avons vu naître et disparaître à l'époque précédente (§ 1965); et, de
plus, les genres ConulaHa et Spùriferina^ qui, de même que les 9 gen-
res, sont éteints dans l'étage toareien, sans arriver jusqu'à Tétage
bajocien.
§ 1979. Pour distinguer l'étage qui nous occupe de l'époque sui-
vante, nous avons tous le« genres qui manquent encore à l'étage bajo-
cien, et ne paraissent que postérieurement avec l'étage bathonien, tels
que : parmi les Mammifères , les deux genres de notre tableau, n» l ;
parmi les Reptiles, les 4 genres de notre tableau, n» 3; parmi lés Pois-
sons, 7 genres; parmi les Mollusques céphalopodes, les 3 genres de
notre tableau, n** 6; parmi les Mollusques gastéropodes, les G genres do
notre tableau, n» 7 ; parmi les Mollusques lamellibranches, les 4 genres
de notre tableau, n» 8 ; parmi les Mollusques bryozoaires, les 9 genres
de notre tableau, n» 10; parmi les Échinodermes, les 6 genres de notre
tableau, n»* Il et 12; parmi les Zoophytes, les 9 genres de notre ta-
bleau, no 13; parmi les Amorphozoaires , le genre Actinospongia de
notre tableau, n° 16. Nous aurions donc 51 genres, pouvant donner des
caractères négatifs avec l'étage bathonien, et 10 genres avec l'étage toar-
eien ; en tout, 61 genres négatifs, pour le distinguer des deux étages
voisins.
§ 1980. Caractères positifs tirés des genres. L'étage bajocien se
dislingue de l'étage toareien par la présence des 42 genres suivants, in-
connus dans l'étage précédent : parmi les Poissons, les genres Gyrodvs^
Âtnblysemius; parmi les Mollusques gastéropodes, les genres Purpu-
rina, Spinigera, Acieon, iVertn^a; parmi les Mollusques lamellibran-
ches, les genres Corhula^ Tellina, Gaslrochœnay LimopsiSt Corbis et
Ceromya; parmi les Mollusques brachiopodes , le genre Thecidea;
parmi les Mollusques bryozoaires, les genres Terebellaria, Intricaria,
488 QUATRIEME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Chrysaora, Diastopora^ Bidiastoporat Entalophora, Âlecto et Idmo-
nea; parmi les Échinodermes , les genres EchinuSj Nucleoliiest Py-
gurus, Pedinùf Holectypus, Dysaster, Clypeus^ Acrosalenia, Hyho-
clypus et Cyclocrinus ; parmi les Zoophytes, les genres Thecosmilia^
Lasmosmilia , Clausastrea, Âplocyathus, Dendrocœniat Stylina et
Agaricia ; parmi les Foraminifères, le genre Conodictyum ; parmi les
Amorphozoaires, les genres Cribrospongia, Forospongia^ Chnemidium.
Les genres suivants, qui naissent et meurent dans Tétage bajocien,
sont encore autant de caractères positifs qu'on peut invoquer pour le
séparer de l'étage bathonien, où ces 3 genres sont inconnus : parmi les
Poissons, Id genre Amblysemius ; parmi les Mollusques bryozoaires, le
genre /nfrtcarta; parmi les Zoophytes, le genre Discocyathus» Ajou-
tons-y les genres suivants, qui, nés antérieurement, se sont encore
éteints dans l'étage bajocien, sans passer à Tétage bathonien. Parmi les
Mollusques gastéropodes, le genre Cirrus; parmi les Mollusques lamel-
libranches, le genre Limea ; parmi les Échinodermes, le genre Cœlaster;
parmi les Amorphozoaires, le genre Leiospongia ; en tout 1 genres.
§ 1981. Garaotèret paléontologîque» tirés des espace». Aux carac-
tères tirés des genres, qui seuls pouvaient servir à distinguer l'étage bajo-
cien , viennent se joindre les caractères positifs tirés des espèces. En
dehors de tous les animaux vertébrés, de tous les animaux annelés, et
des végétaux, nous avons seulement, en animaux mollusques et rayon-
nés, le nombre considérable de 603 espèces, qui, après avoir été sévère-
ment discutées, se trouvent presque toutes caractéristiques des faciès dis-
tincts sous lesquels se présentent les différents lieux et les diverses
zones d'habitation ; car, à l'exception des 7 espèces suivantes, que nous
avons rencontrées, en même temps, dans l'étage suivant (bathonien),
toutes les autres sont spéciales à celui-ci.
Ammonites discus, Sow.
Solarium coronatum, d'Orb.
Mytilus Sowerbyanus, d'Orb.
Lima gibbosa, Sow.
Lima proboscidea, Sow.
Pecten Silenus, d'Orb. '
Rhynchonella quadriplicata, d'Orb.
Le manque de place nous a empêché de donner ici la liste complète ;
mais on la trouvera, avec la synonymie et les localités indiquées, dans
notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique universelle (tome 1,
pag. 260 et suivantes), auquel nous renvoyons (1). En parcourant ce
Prodrome, on s'assurera, par les localités indiquées aux espèces, que
tous les points que nous avons cités à Texlension géographique contien-
(I) Voyez aussi pour les Céphalopodes et Gastéropodes, notre PulécHtofogie franeaiit, terrains
jarauiquei, où toutes les espèces de France sont Dgorées.
CHAP. IV. - DIXIÈME ETAGK : BAJOCIEN. *S9
neot lesmémea espèces, lorsque les mêmes elreoDsiBDces se retrouvent,
poiBt de comparaison qu'il ne faut jamais oublier. Parmi ces espèces.
nous citerons ici les plus répandues.
MOLLUSOUES.
Belemnites glganteus.
— unIcaDallculatua
Nautjlua lineatus.
Ammopiles subradiatui.
— Niortensis.
— polymorphua.
— BiBgdeni .
— BumprieaiaDuB.
Ancyloceras annulatus.
Turbo giLboBUB.
Pleurolomaria granulala.
Ljonsia abducia.
PaDopSB Zietenil.
Nons donoong ci-aprèa quelques types d
Photadomya lldicula
Ceroinya bajocinB
Opis similis
Aetarte delrlta
Cypricardla coidiFoimis
Trigonia costal a
a oblonga
icula digilsta
Pectenarliculatus
Oslrea subcrenala
Hemlili« ns spino^a
Teiebratuta sph^eroidalia
— subveniricosa
g 1982. Chïimolope hiitotiquB. La tlndel't.-a-,
minée par des perturbations géologiques (§ IS61) qui n
a été marquée par ranéanllssemenl de II genres d'an iroaui duers
490 OUATRIÉHK PAlCtll!:. - SUCCËSSIUIN CHUUNOLOGIQUt.
l§ iSàfi), elde 288 espèces d'animaux mollusques et rayonnes i§ I05G).
d'animaux rayonnes, qui se Joignent aux plantas afin d'animer celle
époque.
§ ISB3. Legmersbajocleniiesfvoïei élage lO* de notre tarte, )!g iOt),
CHAP. IV. — ONZIÈME ÉTAGE : BATHONlEN.
491
à Texception de qaelqnes atterrissemenls côtiers, au pourtour de tous
les bassins, paraissent avoir conservé, en tout point, les mêmes limi-
tes que l'étage précédent (§ 1958).
Nous pouvons en dire autant des continents (§ 1959), qui n'ont subi
aucun changement bien notable, autre que des atterrissements riverains
sur presque tous les points, à ia fin de l'étage toarcien (^oyez tous les
étages antérieurs à lO, dans notre carte, fig 408).
§ 1984. Les mers, indépendamment de leurs grands Reptiles riverains,
sont peuplées de genres nouveaux de Poissons, de quelques formes nou-
velles de Mollusques ; mais surtout des genres jusqu'alors inconnus
d'Échinodermes, qui prennent surtout un grand développement à cette
époque, en même temps que les Zoophytes et les Spongiaires testacés.
Les Bélemnites y sont plus grandes qu'aux époques antérieures. Les
Ammonites ont des formes spéciales, parmi lesquelles dominent des es-
pèces ventrues, à dos rond, se rétrécissant beaucoup vers la bouche,
ou des espèces dont les côtes sont interrompues sur le dos.
§ 1985. Nous ne connaissons que très-peu d'êtres delà faune terres-
tre de cette époque ; mais quelques plantes se sont conservées. Voici les
espèces que nous croyons devoir appartenir à cet étage : nous les
avons séparées , d'après les localités, de la flore de l'époque oolithique
de M. Brongniart.
CTCADÉES.
Zamites faciatus, Sternb.Wiihby.
Nilsonia compta, Gœp. Pterophyl-
lum WiUiamsonii, Brongniart.
Prod. près de Withby.
Monoootylédonei douieuiet.
Podocarya, Buckl. -~ Charmouth.
Dorset.
§ 1986. La Qn de la période bajocienue s'explique, en Europe, par les
lignes de discordances (§ 1966), qui sont assez étendues pour suflire à
l'anéaniissement de la faune et de la flore, par suite des affaissements
et des surélévations qu'elles indiquent. Joignons-y la conservation des
points littoraux superposés, qui annoncent encore des affaissements, et
nous aurons des causes locales suffisantes, sans même avoir recours à
de» perturbations lointaines, qui, pourtant, doivent avoir eu lieu, pour
l'anéantissement de la faune qui en est, sur tous les points, le résultat
visible et palpable. Les causes et les effets s'accorderaient encore ici,
à tous égards , pour séparer nettement l'étage bajocien de l'étage ba-
thonien.
11« ÉUge : BATHON lEN , d'Omaliui.
Première aj^parition deê genres Phascolotherium et Thylaeotherium
492 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
(regardés comme des Mammifères), de l'ordre des Mollusques gastéro-
podes tectibranches , des Crinoîdes libres, etc.
Règne. Premier règne des Mollusques bryozoaires, des genres As-
pendesia, Terehellariaf Diastopora^ Bidiastopora; des Acroura, des
Pedtna, des Poïycyphus.
Zone des Ammonites huUalus et discus, du Phileoltis lœviSf du
Pholadomya gibbosa, de VOstrea acuminata, du Rhynchonella déco-
rata, du Terebratula digona, etc.
§ 1987. Dérivé du nom. M. d*Omalius d'Halloy ayant donné à cet
étage le nom de bathonien, en prenant pour type la ville de Bath\ en
Angleterre, nous croyons devoir admettre cette dénomination, qui
nous parait bien préférable à toutes les autres tirées de sa composition
minéralogique si variable suivant les lieux, ou de la présence de quel-
ques fossiles, qui, s'ils abondent sur un point, manquent tout à fait sur
d'autres, suivant les circonstances qui présidaient au dépôt des couches.
§ 1988. Synonymie. Nous la divisons ainsi quMl suit, d'après ses
dérivés. Suivant la superposition , c'est 1 étage bathonien de M. d*0-
malins.
Suivant les fossiles, c'est le Calcaire à polypiers des Normands, mais
non celui de M. Marcou. Ce sont les marnes à Ostrea acuminata de
MM. Thurmann et Thiria; le Calcaire à bucarde de M. Lacordaire; le
Calcaire à pholadomie de M. Lajoie.
Suivant la composition minéralogique , c'est le grand Oolithe des
géologues français; le great Oolithe (grand Oolithe), l'Ooh'fhe de Bath des
Anglais; le ^reat Oolithe, \eForest Marble, le Sonesfield-Slate de M. Mor-
ris (catalogue); le Cornbrash, VUpper-Sandstone de M. Phillips (York-
shire) ; VOolithe de Mamers de M. Desnoyers; le Calcaire ooliihique et le
Calcaire blanc, jaunâtre, marneux, de M. de Bonnard ; le Calcaire de
Caen, VOolithe de Caen, le Calcaire de Kanvilledt% Normands ; XdiDale
nacrée de M. Thurmann; partie du brauner Jura {jura brun) de
M. Quenstedt et des géologues allemands.
Type côtier. En France, à Saint Maixent, à Niort ( Deux-Sèvres); à
Mansigny (Vendée), à Vézelay ^Yonne). Type ious-marin, à Luc, I^n-
grune, Ranville (Calvados); à Marquise (Pas-de-Calais); à Grasse (Var).
Type anglais, à Ancliiï, à Bath, à Stonesfleld.
§ 1989. Extension géographique (voyex étage 11 de notre carte,
fig, 408). L'étage bathonien, comme les étages précédents, couvre en
couches concordantes l'étage bajocien, surtout le pourtour des bassins
jurassiques de France. Pour le prouver, nous allons indiquer quelques-
uns des principaux points où il est le mieux développé. Parcourons d'a-
bord le pourtour du pluteau central. 11 existe, pour ainsi dire, sans
interruption, depuis le département de la Nièvre, près de Nevers ; dans
CHAP. IV. - ONZIÈME ÉTAGE : BATHONIEN. 493
Je Cher, près de Dun-le-Roi; dans l'Yonne, près de Ghâtel-Censoir;
au pied nord-ouest de la côte de Vézelay, à Noyers, à Châtel-Gérard, à
Fulvy, à Lucy-le-Bois; dans la Gôte-d'Or, à Bligny-sur-Qache, auprès
de Chàtillon -sur-Seine; dans la Saône-et-Loire, non loin de Tournus;
dans l'Ardèche, près de la Voulte, près de Naves ; dans le Gard, au nord
de Campestre, d'Aizon, d'Arre, deSemène, près d'Amboix; dans THé-
rault, près de Saint-André.
L'étage bien caractérisé se montre autour de l'ilot du Yar, à Brignoles,
et dans toutes les carrières de Roquevignon , au-dessus de la ville de
Grasse, route de Castellanne,où commence une ligne qui dépend des
Alpes, et que nous avons retrouvée plus loin dans les Basses- Alpes , à
la Clape, à Chaudon. 11 existe aussi sur le versant occidental du Jura ;
dans l'Ain, aux environs de Nantua, de Saint-Rambert, de Culoz, de
Montange, d'Apremont, d'Ouilla« de Brion, de Géoressia, de Yiveras, de
Beauregard, près de Montréal ; de Bussy, de Henry, de la côte du mont
d'Heen.
On le retrouve sur les deux versants des Yosges : sur le versant orien-
tal, dans le Haut-Rhin, à Rœdersdorf ; dans le Bas-Rhin, à Mietesheim,
à Wolxheim ; et sur le versant occidental, dans la Haute-Saône, à Port-
sur-Saône, à Yauchoux, à Navenne; dans la HautC'-Marnr, à Chaumont,
sur la roule de Marault ; dans les Yosges, dans la Meurthe, dans la Mo-
selle, près de Longwy, de Metz ; dans la Meuse , à Montainville , à
Flincy. Il continue ensuite dans les Ardennes, à Launoy, à Chesne, à
Poix, aux environs de Rumigny, à Chayul; dans l'Aisne, à Éparcy, à
la Folie Nol, près d'Aubenton ; à Bucilly, à la Reinette, près d'Hirson ;
aux Yallées, chemin d'Aubenton à la Folie-Not. Dans le Pas-de-Calais,
nous l'avons retrouvé tout autour de Marquise et à l.eulinghem.
A l'est du massif breton, nous trouvons, partout, l'étage bathonien
très-développé. Sur la côte du Calvados, on le suit sans interruption
depuis les couches supérieures de Port-en-Bessin, en passant par Saint-
Aubin, Langrune, Luc, Lion, jusqu'à Sallenelles et Banville, au nord de
Caen, à Aubigny, près de Falaise. Du littoral de la Manche, on le suit
dans l'Orne, dans la Sarthe, à Mamers , à Yilaine. De même on le re-
trouve de l'autre côté de la Loire, à l'est de Thouars, à Saint-Maixent,
sur la route de Poitiers; à Exoudun. près la Mothe-Saint-Héraye, à
Niort; dans la Yienne, près de Poitiers; dans la Yendée, à Mansigny, à
LuQon, et, de ce point, jusqu'à la Jard, au bord de la mer.
L'étage reprend, de l'autre côté de la Manche , la continuation de la
Normandie, sur le sol de l'Angleterre, et se continue, sans interruption,
à travers toute l'Angleterre, du Dorselshire jusqu'au Yorkshire,en pas-
sant dans le Dorsctshire, dans le Somersetshire, à Swamsiwich, à Chat-
Icy-Lodge, à Bath ; dans le Willshire, à Hamton, à Beacon-Hill, à Smal-
II. 42
49i QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Cossal, à Hambhon-Cliff, à Lansdown, près de Bradford, à Nulgrove,
près Norlhleacb , à Chippenham ; dans le Gloupestershire, à Chathey ;
dans rOxfordshire ; dans le Buckinghamshire, à Stratford-Stoncy ; dans
le Bedfordshire, à Felmersham, près de Bedford ; dans le Norlhampton-
shire, à Bulwick ; dans leRuthland, le Lincolnshire; et, dansleYorkshire,
à Gristhorpe, à Scarborough, à Newton-Dale, etc., etc.
En Suisse, on trouve la continuité du Jura dans le canton de Fri-
bourg, à Scbonberg, près de Fribourg; dans le canton de Soleure, à
Soleure, à Bucbsiten , à Gottenthal , à Sangetel , à Durrenast , à Ring,
près de la petite Lucette ; à Horlang, près de Grendel ; dans le canton de
Bàle, à Mnttenz, à Porentruy.
On suit l'étage en Allemagne et dans le Wurtemberg , à Geerzen , à
Alfeld, à Amberg, à Scbweiz, à Nipf, près de Bopflngen ; en Westphalie,
h Osterkappeln.
§ 1990. Siratifioalîon {voyez étage 11 de nos coupes, fig, 393, 416,
Grasse.
JO
11 IS 13 14
Fig. 4S3. Coupe prise entre Grasse et La Malle (Var).
'ith, 4%8 et 433). L'étage bathonien nous a offert, partout où il repose
sur les étages précédents, et c'est presque sur tous les points, une con-
cordance parfaite de stratification. C*esi encore un membre d'un grand
tout, suivant, en France, les lois qui ont régi l'ensemble des terrains
jurassiques. Cettesuperposition se trouve dans les mers anglo-parisiennes,
méditerranéennes et pyrénéennes, aussi bien en Angleterre, en Suisse
qu'en Allemagne. 11 n'est donc pas douteux que l'étage ne soit posté-
rieur à l'étage bajocien, et qu'il ne lui ait succédé régulièrement dans
l'ordre chronologiciue.
§ 1991. Dîtoordanoe. En signalant les limites de l'étage précédent
(§ 1966), nous avons donné les limites inférieures de celui-ci. Néas allons
donner les limites stratigraphiques supérieures. Nous regardons comme
discordances supérieures le manque, sur l'étage qui nous occupe, dans
le département de l'Aisne, si bien étudié par M. d'Arcbiac, d'aucun des
autres membres des terrains jurassiques ; ce qui ne peut être dû qu'à un
exhaussement local. Nous citerons le manque , sous l'étage callovien.
CHAP. IV. — ONZIÈME ÉTAGE : BATHONIEN. 496
de rétage bathonien , sur plus de 32 kilomèlres de longueur dans la
Sarthe, comme on peut le voir à Conlie, à Ghantenay et à Guéret, où
M. de Lorière et nous Tavons parfaitement reconnu. Cette lacune annonce
d'abord un exhaussement de cette pailie à la fin de l'étage bajocien, qui
a empêché l'étage bathonien de s'y déposer, puis un affaissement de
cette même surface entre la fin de l'étage bathonien et le commence*
ment de l'étage callovien. Nous regardons encore comme des discorr
dances, le manque, sous l'étage callovien, de l'étage bathonien sur toute
l'étendue de la Russie, depuis la Crimée jusqu'au 6i« degré de latitude^
sur une surface bien plus grande que la France, où l'étage callovien re-
pose sans intermédiaire sur les diiTérents étages paléozoïques, et notam-
ment sur l'étage carboniférien, dans le gouvernement de Moscou et de
Wladimir, sur l'étage permien, partout ailleurs, c'est-à-dire avec un
manque de 7 ou 8 étages au-dessous. L'étage bathonien manque encore
sous l'étage callovien de la province de Cutch (Indes orientales}, où ce
dernier parait reposer sur des roches carboniférienncs ou azoïques.
Pour que les mers jurassiques de l'époque callovienne puissent envahir
la pallie de la Sarthe décrite, la Russie depuis la Crimée jusqu*à la mer
Glaciale, et la province de Cutch, où elles étaient jusqu'alors inconnues,
il est certain qu'il faut que, sur ces points, des continents exondés se
soient affaissés de manière à donner accès aux mers calloviennes, ce qui
ne pouvait se produire sans une grande perturbation générale ; c'est
le fait d'une discordance. Il en est de même dans l'Inde, où l'étage se
trouve parfaitement isolé, sans les étages inférieurs et supérieurs qu'on
rencontre sur les points concordants. La présence à Saint-Maixent, à
Niort (Deux-Sèvres), à Mancigny (Vendée^, des dépôts côtiers littoraux
superposés sur le même point, des étages bathonien et callovien;
annonce encore un mouvement d*afTaissement sur ces points entre les
deux étages. Telles sont les limites supérieures par rapport à la stratifi-
cation. On voit par les limites géologiques supérieures et inférieures, que
l'étage bathonien se trouve parfaitement séparé des deux époques qui
l'ont précédé ou suivi.
§ 1992. Au milieu de couches presque horizontales, ou seulement peu
inclinées à Test, on voit un grand nombre de failles se succéder dans
l'étage bathonien. Indépendamment des failles complexes de Sainte-
Honorine, qui sont communes aux trois étages toarcien, bajocien et
bathonien (§1966), nous avons remarqué plusieurs autres failles spéciales
à l'étage bathonien, principalement à l'ouest de Saint-Aubin (Calvados),
où deux, surtout, sont très-remarquables. Les intervalles sans fa-
laise à Langrune, à Luc et Lion, sont également dus, souvent, à des^
failles.
§ 1993. GoinpotHion mînéralogique. SI l'on ne suivait que le carac-
496 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
tère minéralogique des couches, il serait impossible de reconnaître Té-
tage qui nous occupe ; car, véritable Prêtée, il se masque sous toutes les
formes et sous toutes les couleurs ; mais, en mettant toujours en rap-
port la stratiQcation des couches avec les corps organisés fossiles
qu'elles renferment, on arrive à le distinguer très -nettement par.
tout. Quelques détails sur la composition des roches qui le constituent
prouveront ce que nous venons d'avancer. Dans le département de
TYonne, à Vézelay, à Chaumont (Haute-Marne), c'est un calcaire ar-
gileux ou compacte, non ooiithique, blanc ou légèrement jaunâtre, formé
de sédiments fins; à Grasse, c'est un calcaire jaune, un peu argileux,
non ooiithique; à Chaudon (Basses-Alpes) et à Nantua (Ain), ce sont, an
contraire, des calcaires marneux^ noirs, presque sans fossiles ; à Mar-
quise, des calcaires jaunes, formés de sédiments fins, mais pétris de
fossiles ou formés d'oolithes. Sur la côte de Normandie, c'est, suivant les
lieuxet les couches, un calcaire saccharoide, formé de débris, de coquilles
entières, ou de bancs argileux , bleus ou jaunes, remplis de fossiles.
Dans la Sarthe et dans les Deux-Sèvres, ce sont des calcaires blancs,
compactes, durs, formés de sédiments Uns ou sablonneux.
§ 1994. Pris sur un point déterminé où il offre une grande puissance
de dépôts et une grande variété de composition minéralogique, l'étage
mérite d'être décrit avec détails , afin d'amener à quelques applications
curieuses. Nous allons donc décrire tous les changements minéralo-
giques qui se sont opérés dans les couches géologiques qui le compo-
sent sur la côte de Normandie, entre Port-en-Bessin et Banville;
changements qui doivent nous servir à en déduire des conséquences
pour l'application des causes actuelles à l'état ancien des mers. Com-
mençons par les couches les plus inférieures en remontant.
Couches A. Les plus inférieures sont composées, de Sainte-Honorine
jusqu*auprèsd'Arromanches, d'environ une quinzaine de mètres d'épais-
seur de calcaire jaune, argileux, feuilleté, en feuillets horizontaux et sans
fossiles.
Couches B. Composées de calcaire à grains fins, miroitant, rempli
de fragments de Crino'ides, de couleur blanche ; on les voit à Saint-
Aubin et à Langrune, à basse mer; ce sont des couches importantes
comme exploitation à Banville, pour les pierres de taille. Leur épais-
seur est d'environ 8 mètres. Les bancs sont horizontaux.
Couches C. Au-dessus, on voit apparaître, à basse mer, à Saint-Au-
bin, à Langrune, et dans les carrières de la Délivrande, un ensemble
épais d'environ 4 mètres de couches peu divisées, formées d'un calcaire
à gros grains, blancs ou jaunes, contenant principalement des sommets
d'Aprlocrinus, et rarement des Lima. Ses lits sont horizontaux.
Couches D. On voit, encore à basse mer, à Saint-Aubin et h Lan-
CHAK IV. - ONZIÈME ÉTAGK : BATHOiNIEN. 497
grune, sur les couches à Crinoïdes, des bancs épais de 1 mètre, de
calcaire blanc, grenu, rempli de grosses coquilles charriées, telles que
Lima, Hippopodium, Arca, etc., en couches horizontales.
Couches E. Environ 5 mètres d'épaisseur d'âiiernances de cou-
ches formées d'argile bleue ou jaune, plus ou moins consolidée, par
bancs horizontaux, renfermant des Zoophytes, des Bryozoaires, des
Amorphozoaires très-nombreux , des Échinodcrmes, dans leur position
normale, et beaucoup de Térébratules : tous ces fossiles non roulés et
paraissant être déposés sous l'action passive d'un' repos complet. On
trouve ces couches horizontales, à Saint- Aubin, au-dessus des marées,
à Langrune au-dessous, à la Délivrande et dans les carrières de Ban-
ville.
Couches F. C'est une épaisseur d'environ 3 1/2 mètres formée de
dépôts très- uns, qu*on voit à Saint-Aubin, dans la falaise, à Langrune,
à mi-hauteur du balancement des marées, et qui devait avoir plus d'un^
lieue, si, toutefois, ces deux points sont, comme nous le croyons, la conti-
nuation du même banc. Cette surface est entièrement composée de Spon-
giaires fossiles dans leur position normale d'existence, sur lesquelles
reposent souvent des coquilles de Pinnigènes, des Oursins avec leuis
pointes entières, et tout ce qui constitue une faune sous-marine vivant
dans le repos. Les dernières Spongiaires sont recouvertes par des lits
argileux horizontaux.
Couches G. Environ 10 mètres d'épaisseur de couches formées d'un cal-
caire saccharolde blanc, composées entièrement de débris de coquilles, de
Bryozoaires, de Crinoïdes, deZoophytesetdeSpongiaires.formanlde petits
lits inclinés de 26 à 30 degrés au sud-est, séparés par quelques lits presque
horizontaux rares. Ces couches se montrent dan? la falaise de Lan-
grune.
Couche H. Environ 2 mètres d'épaisseur d'une argile bleue ou jau^
nàtre, remplie de Terebratula digona, de Zoophytes, de Bryozoaires»
dans leur position normale d'existence. Celte couche, qui traverse obli-
quement la falaise de Langrune se montre au pied de la falaise, au
corps de sarde entre Luc et Lion , et se perd, ensuite, sous les eaux de
la mer. Cette argile forme des bancs horizontaux.
Couches 1. C'est encore un calcaire identique aux couches G, épai»
de 7 mètres, également formé de lits inclinés de 25 à 30<>, au sud-est,
entre des lits horizontaux. Tous ces lits, sans exception, ont la même
inclinaison, comme nous nous en somme.? assuré pendant quatre mois
de séjour spécial à Luc, et aucun n'a de pente opposée. C'est un fait in-
contestable, reconnu déjà par plusieurs personnes qui nous accompa-
gnaient, et que, d'ailleurs, tout le monde peut vérifier sur les lieux. Ces
couches à lits inclinés se continuent sans interruption depuis Langrune,
>i2.
498 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
passant par Luc, jusqu'à Lion. On les revoit presque jusqu'à Caen, à
Ran ville, et nous les avons retrouvées jusqu'à Trarne.
§ 1995. Puissance connue. Nous évaluons la puissance de l'étage,
sur la côte de Normandie, de ôO à 60 mèires
§ 1096. Déductions tirées de la nature des sédiments et des fos-
siles. Nous croyons que cet étage est un des plus curieux, sons ce rap-
port. Pour le prouver, envisageons-le sous divers points de vue.
Parties de niveUement. Nous considérons comme des matériaux de
nivellement qui ont été déposés entre la fin de l'étage bajocien et le com-
mencement de l'animation de l'étage bathonien, toutes ces couches les
plus inférieures sans fossiles, qui forment les assises puissantes de Port-
en-Bessin et de Sainte-Honorine (Calvados).
§ 1997. Points littoraux des mers. Par les coquilles flottantes
d*Ammonites que renferment les couches, nous regardons comme s'é-
tant déposées au niveau supérieur des marées les points suivants : Au-
tour du plateau central, à Vézelay (Yonne); dans l'ilot du Var, à Bri-
gnoles; autour de Tilot des Alpes, à la Clape, à Chaudon ( Basses- Al pas) ;
autour du Jura, à Saint-Rambert, à Cuioz, à Montanges, à Apremont,
à Ouiila-de-Brion ; à Géovressia, près de Nanlua (Ain) ; autour du mas-
sif de la Bretagne, à Poitiers (Vienne) ; à Saint-Maixent, à Exoudun, à
Niort (Deux-Sèvres) ; à Luçon, à Mansigny, à la Jard (Vendée) ; en Suisse,
à Soleure et à Buchsiten. Stonesûeld, en Angleterre, nous paratt un
dépôt identique, caractérisé par les animaux entiers flottants. On re-
marquera que, comparativement aux autres étages, celui-ci ne montre
que très-peu de dépôts littoraux. On n'en voit point, en effet, autour
de l'iie vosgienne, et ce n'est qu'une exception rare ailleurs. Ce qu'il
y a encore de remarquable, c'est qu'à l'exception de Culoz, où les
sédiments à gros grains oolilhiques annoncent un dépôt formé sur une
côte agitée, la nature iine des sédiments annonce, au contraire, sur
tous les points, des dépôts plus ou moins tranquilles, comme ceux des
golfes actuels ou des grandes baies.
§ 1998. Points sous-marins voisins def côtes. Par le nombre des
coquilles de Gastéropodes et d'Acéphales, et le manque de coquilles
flottantes, nous regardons, comme un dépôt fait à peu de profondeur
au-dessous du balancement des marées, les couches des localités sui-
vantes. Dans le Cher -, dans l'Yonne, aux environs de Chàtel-Censoir; dans
la Côte-d'Or, à Bligny-sur-Ouche; dans le Var, à Roqaevignon, près de
Grasse; dans la Haute-Saône, à Port -sur-Saône, à Vaucheux, à Navenne ;
dans la Meuse, à Montainville; dans les Ardennes, au Chesne, à Poix;
dans TAii^ne, à Éparcy, à la Fulie-Not près d'Aubenton, à Bucilly, à la
Reinette près d'Uirson; dans le Bas-Rbin, à Mietesheim, à Wolxhelm ;
dans le Haut-Rhin, à Rœdersdorf; dans la Moselle, près de^Longwy, de
CHAP. IV. - ONZIÈME ËTAGK : B4TH0MIEN. 4«S
HeU; dtnile Pas-de-Cahia, à Harqulee
D, G el I (I) (g 19V4). En Angleterre, J.
le même cas.
g 1909. PoinU profoadi de* meri bathaninmw. L'abondance de
llolIu<quM brtoioair» el Irafhlopodes, de Crlnolâe«, de Zoophyles et
de Spongiaires noua parle à croire que lea polnli gulvanU se eont
rorméa à d'assez grandes profondeurs dans les mers. La couehe i
PenldcrinM BuHjfnirH des environs de Honiniédy lUeuse); les cou-
chea des environs de Hainers (Sarihe) ; Ire couctiea B, C. K.. F et H, de
la eftte de Normandie (§ 19(i4). Il en est peut-éire de même des eoucbes
sans [ostiJKS A , el de uelles de Cbauinont (Hsule-Harne] ; de Launoj
(Ardennes), ele. Les couches de Bradrord.près de Bath [Wilishire), où
M. Lyell elle res colunies si renia rqitahl es d'Apiitciinus, se trouvent
dans le même cas. Elles paraissent eiolr élé anéanties par des dépôts
TBseux. comme les Spongiaires de l^ngrune.
§ 3000. Puur suivre sur un pcinl ia succession des pli^nomènes qui
se sont passés, eipllquons suus quelle induence ont dû se former tes
couches qu'on voit sur la cAle du Calvados {§ 19941, et à Banville, alln
de comparer les phénamènes actueia aui phénomènes passés qui prési-
daient à ces depuis. Pur le manque de fufslles, on doit croire que les
coucbes A ou se soûl déposées ilana une grande profondeur des mers,
OD ne sont que liesmaiières de niTellenient apportées sur les derniers
dépAts de rétage liajoclen, entre la an de cet étage et le coinmeDce-
ment de ranlmaiination de l'étage suivant.
Les coucbes B.C. U (§1904) sur la cale, et la couche a de la coupe
ci->olnie deRanville (fig. 434),
eomposves de couches liorlion-
laJes, de groa sédiments et de
restes seuls de Crin oidei, se sont
d^poaéesaous l'action lenled'un
dépôt sous-marin, dans des ré-
glons profondes.
Les couches E, F. L'abondance f « *" iJi»pefnMiBiu.iic(Cainioi}
des Elrachiopodes.deaBryozoa Ires,
des Zoophyiea et des Spongiaires qu'elles renferment dans leur )>osltlon
normale d'existence, nù ils ont élé recouverts de sédiments Uns, annon-
cent que ce dépAI s'ett Formé dans le repoa jireEque complet des eaui. ce
qui n'existe aujourd'hui qu'à de grandes profondeurs. 11 en est de même
de la couche h, fig. 43t,
600 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Les couches G, I,(§ 1994) et c, c, c, de la flg. 484, formées de lits in-
clinés au sud-est, se sont certainement déposées sous l'action continue, et
dans la même direction, de courants rapides allant du nord-ouest au
sud-est, comme se forment aujourd'hui les bancs sous-marins et ceux
des rivières soumises à Taction des courants (§ 83) ; mais on voit, par
les petits bancs intermédiaires horizontaux d, d, fig. 434, que le cou-
rant par intervalles a perdu de sa force, et qu'il y a eu nivellement su-
perûciei, comme pourrait le faire un raz de marée. On voit encore, que
ces courants ont même cessé tout à fait, lors du dépôt de la couche H,
pendant lequel le calme complet a permis à des êtres de vivre aussi
tranquillement que ceux des couches E et F. Ces détails spéciaux dé-
montrent que des périodes de repos et d'agitaiion se sont succédé sur
ce point, et que l'application raisonnée et comparative des causes
actuelles peut souvent nous donner quelques détails intéressants sur
l'état passé des anciennes mers géologiques, et sur la force et la direc-
tion des agents charrieurs auxquels elles étaient soumises.
§ 2001- L'un des faits les plus curieux que nous puissions déduire
de la nature des sédiments se trouve encore, dans l'étude de ces dépôts,
sous l'influence des courants. Nous avons vu ces dépôts, larges de
lô kilomètres, couvrir une longueur de ?6 kilomètres environ, depuis
Bernière jusqu'à la Dive, et avoir invariablement leur inclinaison au
sud-est; ce qui prouve qu'ils étaient formés par des courants mar-
chant du nord-ouest au sud-est, pendant une partie de la période ba-
thonienne. Nous avons vu par les corps flottants la ligne côtière de
l'étage bajocien se diriger de Sainte- Honorine, à Moutiers et à Fa-
laise (§ 1970). Reliés ensemble sur la carte, ces points donnent une
ligne droite N.-O et S.-E. : direction que suivent les courants qui dé-
posaient les couches inclinées de l'étage bathonien.il en résulte que,
parallèlement au littoral, dans la direction du nord-ouest au sud-est, il y
avait, à distance de la côte, un courant sous-marin durant les dépôts
de l'étage qui nous occupe.
§ '2002. La côte de Normandie est, sans contredit, la plus instructive
en géologie. Rien n'est plus curieux en effet, à Saint-Aubin, que cet
assemblage de Bryozoaires (couche E, § 1994), dans leur position nor-
male d'existence, ou ces Spongiaires qui olTrent leurs entonnoirs
irréguliers, à Langrune (couche F), et sur lesquelles on peut marcher
l'espace de près d'un kilomètre. 11 semblerait que la mer de l'étage vient
de se retirer et de montrer encore intacte la faune sous-marine de cette
époque telle qu'elle a vécu, comme si un voile se levait sur ces époques
si reculées de làge du monde.
§ 2003. Perturbation finale. Nous avons des traces encore visibles
de la perturbation flnale de l'étage. Comme pour les étages toarcien
CHAP. IV. — ONZIÈME ÉTAGE : BATHONIEN. 501
(§ f951)etbajocien, nous regardons comme telle la présence, à Saint-
Maixent, à Niort (Deux-Sèvres), à Mansigny (Vendée), l'un sur l'autre,
dans la même carrière, de deux dépôts côtiers de l'étage bathonlen et de
l'étage oallovien. Nous regardons encore comme tel le fait que nous avons
observé à Lion, à Herman ville, à Colleville, àla roche de Sallenelles (I)
(Calvados), où les dernières couches 1 (§ 1994) de la falaise de la côte
ont été usées, corrodées, polies par lescaux, avant que les premières cou-
ches argileuses, calloviennes s'y soient déposées. A voir cette surface
polie avant ces prcuiiers dépôts, et comme rongée, on acquiert la cer-
titude «lue cette roche était déjà consolidée avant que les premiers êtres
de répoque suivante s'y fussent déposés, ce qui amène à croire qu'un
laps de temps considérable s'est passé entre la fin de l'un et le com-
mencement de l'autre (§ no), résultat qui coïncide parfaitement avec
les limites des faunes respectives. Peut-être devons-nous regarder
comme moteur de ce mouvement le vaste affaissement du nord de la
Russie, qui a permis, à la fin de cette époque, aux mers jurassiques,
d'envahir des continents depuis longtemps exhaussés.
§ 2004. Caractère! paléontologiques. Avec une disparité presque
complète des espèces , avec un grand nombre de formes nouvelles in-
connues jusqu'alors, la faune de l'étage balhonien offre leaucoup des
caractères généraux de la faune précédente. En voici, cependant, les
caractères distinctifs.
Caractères négatifs tirés des genres. L'étage se distinguo de l'é-
poque bajocienne, par les 7 genres morts dans l'étage bajocien (§ 1980),
sans passer à celui-ci.
§ 2005. L'époque balhonienne se dislingue encore de l'étage suivant,
par 2 genres de Céphalopodes de notre tableau n" 6, qui manquent
encore dans celle-ci et ne paraissent que postérieurement.
§ 2006. Caracières positifs tirés des genres. Pour séparer l'étage
bajocien de l'étage bathonien, nous av4>ns les 44 genres qui, encore in-
connus dans le premier, n'ont paru qu'avec le second; tels sont : parmi
les animaux regardés comme Mammifères, les genres Phascolothf^rium^
Thylacotherium ; parmi les Reptiles, les genres Pœcilopleuron, Toleo-
sauruSy Megalosaurus et Testudoi parmi les Poissons, les genres Pris-
tacanihuSf Psittacodon, Ganodus, CtenoUpis , Ophiopsis; parmi les
Mollusques gastéropodes, les genres BuUa, Rissoina , Pileolus , Sola-
rium et Rimulina; parmi les Mollusques lamellibranches, les genres
Pinnigena, i4nomt/a, Lavignon et Lithodomus; parmi les Mollusques
bryozoaires, les genres Eschara, Terehriporay Defrancia, Actinopora,
(1) M. Oeslonchamps avait reconnu te fail de l'usure, depuis 1S35. C'esl l'un des plus curieux
et des plus instructirs.
bot QUATBiEMK PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Reticuliporaf Crieopora, Spiropora, Àeanthopora et Tilesia; parmi
les Échlnodermes, les genres Acrocidaris, PolycyphuSt Pygaster, Co-
matula^ Àpiocrinus et Millericrinus ; parmi ies Zooptiytes, ies genres
Gonahacia.Dactylocœnia, Microsolena^ Enallhelia, Confusastreat Ocu-
lina, Cryptorœnia et Meandrina ; parmi les Amorphozoaires, le genre
Àctinospongia.
§ 3007. Pour séparer Tétage.de l'époque suivante, nous avons
10 genres qui, nés avec Tétage bathonien, se sont probablement éteints
dans celle période, puisque nous ne les oonniiissons pas dans ies âges
suivants : parmi ies Mammifères» les genres Phascolotherium et T/iy-
lacotherium ; parmi les Reptiles , le genre PœcilopUuron ; parmi les
Poissons , les genres Pristacanihus, Ganodus et Ctenolepù ; parmi les
Mollusques bryozoaires, le genre Tilesia ; parmi les Zoophytes , les
genres Gonahacia et Dactylocœnia ; parmi les Amorphozoaires , le
genre Actinospongia ; et les 4 genres suivants, qui, antérieurement nés,
s'y sont également éteints : parmi ies Poissons « les genres Leptacan-
thus, Cera/oduf ; parmi les Écbinodermes, le genre fyc/ocrtnt«x; parmi
les Bryozoaires, le genre Terebellaria» En tout 14 genres.
§ 9008. Garaotèrei paléontologiquet tiréi dei eipécei. Les carac-
tères posiiifs que donnent les espèces viennent se joindre à ceux donnés
par les genres. Nous connaissons, en effet, en dehors des espèces d'a-
nimaux vertébrés et annelés, en dehors des espèces de végétaux, et seu-
lement en animaux mollusques et rayonnes, le nombre de 646 espèces
dont nous donnons les noms, la synonymie et la localité dans notre
Prodrome de Paléontologie stratigraphiqve (t. I , p. 29d et sui-
vantes) (i).Sur ce nombre, ôtons, d'abord, les 7 espèces citées comme
se trouvant à la fois dans l'étage bajocien (§ 1981], et les 4 espèces
suivantes qui se rencontrent dans l'étage callovien.
Ammonites hecticus, Hartm. i Ammonites Herveyi, Sow.
A. macrocephalus, Schloth. • | Lyonsia peregrina, d*Orb.
II nous restera encore, comme caractéristiques de cet étage, 635 es-
pèces. Sur ce nombre, les plus communes et les plus répandues sont les
suivantes :
MOLLUSQUES.
No* du Prcdrome.
N««
da Prodrome.
Nerinea implicata.
35
Ammonites discus.
3
Natica Actana.
51
— planula.
G
Nerita minuta.
50
— bullatus.
lô
Pileolus lœvis.
59
— subbakeriœ.
21
Panopœa decurtata.
153
(1) Vojes aussi, pour les Céphalopodes et les Gastéropodes, notre Paléontologie françaUe,
terrains jurattiques^ où les espèces de France sont figurées ut décrites.
CHAP. IV. - ONZIÈME ETAGE BMHOMEN
Rhynchonella ile> orala
Teretii alula dlgona
ËCH110DEHMES
Clypeua patella
Holectypus depressus
Aplocnnus Parkinsonl
Nous donnons Ici quelques Agures de la faune de celle c
Pholadomya glbbosa.
— Hurchisoni.
— angiilireia.
Lyonsla peregrlna.
Pecien vagans.
Ostrea ai
Fît' ut- EflUloplum «ll>rioid«>.
§ 3009. daronolope kùtoriqne. A la Dn de l'étage précédent, pat
Mt QUATHIËHË PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLUGIQUE.
suite àes perlurbslJORa géologiques (§ 19SG), se sont éieinis avec Jcb
plBDtes, 7 genres d'unimaax |§ .1980), et tiOG espèce» d'animaux mol-
CHAP. IV. — ONZIEME f:\KGi!. : BATHOMIEN. iob
it rayonnéa (g ISBij, sane compter les espèces des aulrfs
dite s'anime de nouveau. 11 naît
ii genres Jusqu'alors
M2 espèces de moUuequee et i
nlmaux rayonnes, Indépendi
I animaux ei
nombreuses plantes qui
g 3010. Lea mers batbonlennes
(voyez (^ge 1 1 de noira carie, fig. '"' """" ''''°"°'" ""!"''"'■
408) occupent les mêmes bassins, en se rétréciseani, néanmoins, sur loul
leur pourtour, par des atterrlssements sutrcessirs et littoraux. Sur tes
régions du nord de la France, la mer anglo'parlsienne s'est pourtant
accrue d'une surrace assez grande, par suite de l'affaissement, dans le
Boutonnais, d'un lambeau de l'éloge caiboniféiien i c'est un point sur
lequel, Jusqu'à présent, nous n'avioni pas vu de terrains jurasiiques.
506 yUATRlÈME PARTIE. - SUCCKSSIUN CHBONOLOGIQUE.
D'un autre c&lé, les mers le eoiit retirées de l'inlervalle cnoipris entre
Conltc et Avolse (Sarthe).
§3011. Pour la même raison, les polals ronlinentaui, aecrus partout
sur leur pourtour, vesteni, cependunt. peu dilTéieniB de<^e qu'ils éinienl
pendant les élagcsprécédenlBi seulement les coDiinenia ont diminué,
ftti nord de la France, de toute la partie gagnée par la mer dans le
§ ÎDIJ. Avec de grands Reptiles des genres déjà cités vivaient, dans
ces mers ou sur leur littoral, des Ptect/opleuron, des TeUosaurus et des
lUga'.osaurni, autres reptiles non moins curieux. Beaucoupde Poissons,
ilcHorfusqucs et d'animaux ra)onn<^s, jusqu'alors Inconnus, se mê-
laient JL des i;enre9 dëjit existants dans les autres étages, parmi lesquels
iini.o nn.iunn. .>llr,T i1« HmIIs .Idd lll n n Iga n . [jf». |up de BryOIOalreS,
I L I n I r PS /opi i4.Hrtd Spun es l<<itacës. On connaît.
I
I
n plantes mannes, le bpiia^racoccites ramuioBui, a
U>ZIt)IE KTAliE : BAIHOMEN.
608 QUAÏKIÈME PARTIE. - St'CCKSSION CHRONOLOGIQUE.
Phlehopteris polypodioides, Brong.
G.-B.
P. conticua, L. et Hutt. G.-B.
Cryptogames aorogènes.
FOUGÈRES.
Gyclopteris digitata, Brong. Gris-
thorpe-Bay.
Sphenopteris arguta, L. et H. G.-B.
S. crenulata, Brong. G.-B.
S. denticulata, Brong. G.-B.
S. hymenophylloides, Brong. G.-B.
S. Williamsonis, Brong. G.-B.
S. cysteoides, L. et H. Stonesr.
Hymenophyllites macrophyllas ,
Gœpp. Stonesf., Morestel.
Pachypteris ovata, Brong. Saltwick.
P. lanceolata, Brong. S. {fig. 445).
Coniopterisathyrioides, Brong. S.
G. Murrayana, Brong. Gristhorpe-
Bay. (ftg. 446).
Pecopleris Phillipsii. Brong. G.B.
Cayton (Yorkshlre).
P. denticulata, Brong. G.-B.
P. serra ta, L. et H. G.-B.
P. Desnoyersii, Brong. Mamers.
P. Reglei, Brong. Mamers.
Cladophlebis tennis. Brong. Gris-
thorpe-Bay.
G. Whitbiensis, Brong. G.-B.
G. dentata, Brong. G. B.
G. ligata, Brong. G.-B.
G. Williarnsonis, Brong. G.-B
G. recentior, Brong. G.-B.
G. Haiburnensis, Brong. G.-B.
G. lobifolia, Brong. G.-B.
G. undulata, Brong. G.-B
Tëeniopteris vlttata, Brong. G.-B.
T. latifolia, Brong. Stonesf.
Phyllopteris Phillipsii, Brong. Grls-
thorpe-Bay.
Sagenopteris Huttoni, Brong. G.-B.
Polypodites Lindleyi, Gœpp. G.-B.
P. crenirolia, Gœpp. G.-B.
P. undans, Gœpp. G.-B.
Camptopleris Phillipsii, Brong.
G.-B.
Tympanophora simplex, L. et H.
G.-B.
T. racemosa, L. etH G.-B.
MARSILÉACÉES.
Baiera Hulloni, Fr. Braun. G.-B.
B.? furcata, F. Braun. G.-B.
Sphœreda paradoxa, L. et H. G.-B.
LYCOPODI ÂGÉES.
Lycopodites falcalus, L. et Hutt.
Isœtites Murrayana, L. et H. G.-B.
ÉQUISÉTACÉES.
Equisetites lateralis, L. et H. Hai-
burn-Wyke.
Dicotylédones gymnospermes.
CYCADÉES.
Otozamites Bucklandii, F. Braun.
Mamers, Valog.
0. Bechii, Fr. Braun. Mamers.
0. lagotis, Brong. Mamers.
0. hastatus, Brong. Mamers.
0. Youngii, Brong. Gristhorpe-Bay.
0. acuta, Brung G.-B.
0. Goldiœi, Brong. G.-B.
0. elegans, Brong. G.-B.
0. Beanii, L. elH. G.-B.
0. açuminata, L. et H. G.-B.
0. \îË^\%, Brong. G.-B.
Zamites pectinata, Brong. Stonesf.
Saltwick.
Z. distans, Sternb. Stonesf.
Z. undulatus, Sternb? Gristhorpe-
Bay.
Z. longifolius, Brong. G.-B.
Z. lanceolatus, L. et H. Haburn-
Wyke.
CHAP. IV. — DOUZIÈME ETAGE : GALLOYIEN.
609
Z. gigas, L. et H. (Mantelli, Br.)*
près de Scarborough.
Z. patens, Brong. Stonesf.
Z. taxina, L. et H. Slonesf.
Z. pecten, L. et H. G.-B.
PPterophyllum Ucynhausianum ,
Gœpp. Silésie.
?P. Carnall anum, Gœpp. S.
?P. propinquum, Gœpp. S.
P.? tenu Icaule, Morris. G.-B.
P. minug, Brong. G.-B.
P. Nilsoni, L. et H. G.-B.
Gtenis falcnta, L. et H. G.-B.
Gycadoidea squamosa, Brong. Sto-
nesf. ( Bucklandia squamosa ,
Brong. Prod.).
CONIFÈRES.
Thuites divaricatus, Sternb. Sto-
nesûeld.
T.? expansus, Sternb. S.
Brachyphyllum mamillare, Brong.
S. Haiburn-Wyke.
B. acutifolium , Brong. S. Gris-
thorpe-Bay.
Palissya? Williamsonis, Brong.
G.-B. (Lycopodites Williamso-
nis, Brong. G.-B.).
P. ? patens, Brong. Hoer. (Lycopo-
dites patens, Brong. Prod.).
Taxi tes podocarpoides , Brong.
Slonesf.
§ 3013 hfs. Un des moteurs du mouvement géologique qui a terminé
répoque bathohienne se trouve, dans l'affaissement, sur tout le centre et
le nord de la Russie (§ 1991), du continent exhaussé à la fin de l'étage
permien, qui a permis à la mer callovienne de niveler ces régions, en
même temps qu'elle envahissait, dans.TInde, la province de Cutch, et
qu'elle couvrait la Sartbe. Nous avons encore en France, même sur les
points où les couches sont concordantes, des signes certains de ce mou-
vement, donnés par les dépôts littoraux superposés. Les résultats de ce
mouvement ne sont pas moins visibles. Nous avons cité le polissage
des couches supérieures à Lyon f§ 1003), ce qui dénote un long mouve-
ment des eaux; nous avons enfin l'anéantissement complet de la faune
et de la flore. Tout coïnciderait donc : les causes et les effets , pour
prouver que Tétage bathonien a été séparé des autres , par une pertur-
bation géologique d*égale valeur à ce que nous avons vu pour les étages
paléozoïque?, sur lesquels personne aujourd'hui n'ose élever de doutes
(§ 1737, 1767 et 1791).
12« ÈUge: GALLOVIEN, d'Orb.
Première apparition des genres Rhynchoteuthis et Palœoteuthis,
Continuation du règne précédent.
Zone des Ammonites : Lunulà.Aihleta, CoronatuSfJason; de la 7H-
gonia elongata^du Plicatula peregrina^ des OstreadilaiataeiAlim^nat
du Terebratula diphya.
§ 2014. Dérivé du nom. Nous arrivons à l'horizon géologique le mieux
43.
510 QUATKIÈMK PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
circonscrit, le plus répandu en Europe et ailleurs, et pourtant le moins
connu. Confondu avec l'élag^oxfordien, lorsqu'il se montrait sous des
formes argileuses, ou avec l'oolitlie inférieur (étage bajocien) lorsque ses
couches étaient plus ou moins ferrugineuses, à peine le trouvons-
nous séparé des autres étages, sous un seul nom bien spécial.
En elTet, sous la dénomination de Kelloway-Rucky M. Phillips l'a par-
faitement indiqué ; et nous n'avons pas cru devoir mieux faire, il y a
quelques années, que de consacrer l'observation du savant géologue
anglais, en le nommant l'étage callovien (1), laissant ainsi subsister /ife/-
loway pour le type anglais, mais faisant disparaître tous les noms tirés
des fossiles ou de la nature minéralogique, qui, comme on le verra,
n'ont pas d'acception générale.
§ 3015. Synonymie. D'après ses dérivés, la synonymie peut se di-
viser : Suivant la superposition , c'est VOxfordien inférieur ou kellO'
cten, d'Orb. I8i4.
Suivant la composition minéralogique , c'est VOolithe inférieur de
quelques géologues français (mais non VOolithe inférieur des Anglais,
étage lOe) ; le Kelloway-Rock, de M. Phillips ; ce sont les Marnes
moyennes avec minerai de fer oolithique, de M. Thirria ; les Marnes ox-
fordiennes avec oolithe ferrugineux, de M. Thurmann ; V Argile de Dites,
des géologues normands ; le Minerai de fer oxfordien, de M. Boyé;
VOolilhe ferrugineux de C Oxford - Clay^ de M. Gressly ; le Fer oolithique
sovs-oxfordien, de M. Marcou ; le Fer de Voxfordien, de M. Mérian ;
VOolilhe ferrugineux, de M. Mandelsloh, mais non celle des Normands ;
le Walker-Erde et VOxford-Thon, de M. Rœmcr; partie du Brauner
Jura (le Jura brun), des Allemands et de M.Quenstcdt ; VOrnatenthon,
partie du Jura brun de M. Schmidl. Suivant les fossiles^ c'est la Cal-
caria ammonitica (le Calcaire ammonilifère), de MM. Pasini, de
Zigno et de Curioni.
Type français. Dives (Calvados), Pizieux (Sarthe), Pas-de-Jeu ^Deiix-
Sèvres), la Voulte (Ardèche). Type anglais : Kelloiway.
§ 2016. Extension géographique. {Voyez étage 19 de notre carte,
fig. 408.) Les recherches prolongées que nous avons faites sur le sol de
la France nous permettent aujourd'hui de prouver que l'étage callo-
vien forme, sans contredit, l'horizon géologique le plus facile à dis-
tinguer, et surtout celui qui se montre partout de la manière la plus
évidente. Comme les autres, il suit la même répartition géographique
autour des bassins , et n'est qu'un complément régulier de ce grand
système jurassique. Les lignes que nous allons suivre le prouveront.
(I) Sous le nom d'étage kellovieii, que M. Agassiz nous a emprunte, il a confondu deux, des
étages les plus distincts : celui qui nous occupe cl l'élage balhonien (Voyez son Oitalosue dv*
Ecliini(fe.i).
CHAP. IV. — DOUZIÈME ÉÏAGK : CALLOVIEN. 611
Nous ne suivrons, plus maintenant, les étages au pourtour du plateau
central , puisque l'étage précédent semble combler le détroit vosgien
qui le séparait des Vosges, et que la mer anglo-parisienne ne commu-
nique plus, désormais, sur ce point, avec la mer jurassique méditerra-
néenne ; mais nous parcourrons, successivement, le pourtour de la
mer anglo-parisienne, en prenant l'étage à ses dernières limites fran-
çaises, sur les bords de la Manche, dans le département du Pas-de-Calais,
à Vaast, près de Colemberl, à Lottinghen, où il forme un lambeau
isolé avec l'étage bathonien, et les autres étages jurassiques supérieurs.
Il reparaît ensuite dans les Ardennes, où il forme une bande très-pro-
noncée qui passe à Launoy et au-dessous de Neuvizy ; dans la Meuse,
au fond de la vallée de Crue, à Monlsec, à Marville, à Danvillers. Dans
les Vosges , à Lifol, près de Neufchàteau, il commence un horizon
exploité partout comme fer oolithique, et se continue dans la Haute-
Marne, à Montsaon, à Marault, près de Chnumont, h Chàteau-Vjlain ;
dans la Côte-d'Or, à Chàtillon-sur-Seine ; dans l'Yonne, à Cucy et
jusqu'à Flogny. Dans la Nièvre, bien que sous une forme minéralo-
gique tout à fait diflférenie, on le voit à Nevers ; dans le Cher, entre
Meilian et Dun-le-Hoi.
De l'autre côté de la mer anglo-parisienne, autour du massif breton,
nous prenons Tétage callovien sur la côte du Calvados, où il offre une
immense puissance, depuis Lion (sur l'étage bathonien), Oives ,
Beuzeval, Aubervllle, Villers, Benerville jusqu'à Trouville, où il plonge
sous les autres étages (fig. 4*28, étage 12, o, b). Dans l'Orne, il n'est pas
moins développé, à Sainte-Scolasse-sur-Sarthe, ainsi que dans la Sarthe,
où il couvre une très-large surface dans les communes de Pizieux , de
Commerveil, de Gourgains, de Marolles, de Nouan, de Maresché, de
Beaumont, deChautfour, deDomfront, de Saint-Pierre-des-Bois,etc., etc.,
et se cache ensuite sous les terrains crétacés, pour reparaître au sud de
la Loire, dans les Deux-Sèvres, à Pas-de-Jeu,-â Oiron, à Taizé , près
de Thouars, à Poitiers (Vienne). C'est avant cette époque que le détroit
breton a cessé de communiquer avec la mer pyrénéenne.
La mer jurassique anglo-parisienne trouve sa continuation en An-
gleterre, de l'autre côté de la Manche, où l'étage forme une bande à l'est
des étages déjà cités, qui commence dans le Dorsetshirc, et passe dans
le Wiltshire, à Christian-Malford, à Chippenham , à Devise ; dans le
Gloucester8hire,àPelly France; dans l'Oxfordshire, dans le Bedfordshire,
dans le Northamptonshire, à Buiwick, dans le Ruthland , dans le Lin-
colnshire, et enfin dans le Yorkshire, à Hacknesse, à South-Cave, à
Scarborough, à Malton, à Wheatcrofts.
SI nous passons de l'antre côté du détroit breton , dans la mer pyré-
néenne, nous suivons l'étage dans les Deux-Sèvres, à Exoudun, près de
512 Ul^ATRIËME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
la Molhe-Saint-Héraye, à Saint-Maixent, à Niort même ; dans la Vendée,
à Mansigny, sur le bord de la Vendée, à Saint- Michel-en-l'Herm, et jus-
qu'à Lajard.
Dans la mer jurassique méditerranéenne, autour du plateau central,
nous retrouvons Tétage, dans la Haute-Marne, à Vesaigne sous la Fau-
che ; dans Saône-et-Loire, à Tournus ; dans TArdèche, le point où il
est avec ses caractères les plus certains se trouve à la Voulte, à Saint-
Alban, à l'Auréoles ; et dans le Gard, à Chassagnes, jusqu'à Charelle ; et
même dans l'Hérault, jusqu'à Saint-Maurice et Saint-Michel. — Autour
de l'ilot du Var, dans les Bouches-du-Rhône, on le voit au Mont-Olympe,
à Saint-Savournin, près d'Aix. — Sur le versant occidental des Alpes,
dans le Var, on le voit à Rians; nous l'avons reconnu sur la route de
Grasse à la Malle; il existe encore à Saint-Auban; dans le département
de Vaucinse, à Puymeras, à Gigondas, à Lafare, au Grand-Montmirail ;
partout dans les Basses-Alpes, aux Rlaches-la-Jaby, près de Castellanne,
à la Clape, près de Barrénie, à Chaudon, et jusqu'à Digne; dans les
Hautes- Alpes, à Aspres-les-Vignes, à Sainte-Marguerite, à la Justice,
près de Gap ; dans l'Isère, à Noyaret et à la Porte-de-France, près de
Grenoble.
Dans le Jura , l'étage est très-développé ; on l'y voit en couches épaisses :
— dans l'Ain, près de Saint-Rambert, de Bellay, de Nantua, de Chanas
et de Puimeras, d'où il s'étend jusqu'au Mont-du-Chat, en Savoie; dans
le Jura, à Clucy- les-Viouses, à Andelot, près de Salins, au Mont-Orient;
dans le Doubs, à Mémont, à Fontenelay, à Rahon, près de Jeancey, à
Rosureux, etc.
Si nous commençons à chercher hors de France la continuation de la
mer jurassique méditerranéenne durant l'étage callovien, nous le retrou-
vons parfaitement caractérisé : en Savoie, au Mont-du-Chat, près de
Chambéry ; dans le Piémont, à la vallée de Saint-André, près de Nice;
dans le Vicentin, à Voldagna, au val Dei Pace. Nous l'avons parfaite-
ment reconnu par les fossiles qui nous ont été adressés par MM. de
Zigno et de Curioni de la montagne Trevigiano, des environs de Padoue,
du Tyrol. — Il existe, en Suisse, dans le canton de Vaud, à Épausats, à
la Dent-de-Vaulion ; dans le canton de Berne, à Nauffen, à Dettingen, au
Mont-Terrible, à Haffeiegg, près d'Aarau, à Re^inbourg, près de Déle-
mont, dans la vallée de Laufen ; dans le canton de Soleure, à Golden-
thaï, à Horlang, à Ring.
En Espagne, quelques fossiles, rapportés par M. Paillette, nous donnent
la certitude qu'il s'y rencontre dans le royaume de Valence. MM. de
Vemeuil et de Lorière l'ont rencontré dans la province de Teruel, à
Prias, à Calomarde, à Villa r-del-Cabo. Nous savons encore qu'il se
trouve en Bavière, à Ratisbonne ; dans le Wurtemberg, à Gamelshausen,
CHAP. IV. — DOUZIÈME ÉTAGK : CALLOVIEN. 513
h Gœppingcn, à Staurcnhcrg, à Donsdorf, à Geislingen ; h Hohénstein
(Saxe) ; à Eilengen ; en Pologne, à Czarny-Dnnages, près de Chtfchotow.
En Russie, nous l'avons reconnu sur des fossiles rappoMés de Grimée,
par M. Hommaire de Hell, de Kobsel, à l'est de Soudagh. D'après les
recherches de MM. Murchison, de Verncuil et de Keyserling, on voit
rétage reparaître sous Tétage oxfordien, dans le gouvernement de Tam-
bof, à Jelatma sur l'Oka ; dans le gouvernement de Moscou, à Koros-
hovo, près de Moscou ; et dans la Russie septentrionale, sur les rivières
Ischma. Sissola, Wotscha et Visinga, où M. de Keyserling Ta observé.
11 est même probable, par ces traces, qiie l'étage existe partout en
Russie, sous l'étage oxfordien, si bien développé jusqu'au nord de
l'Oural.
D'après IMntéressant mémoire publié par M. Grant, nous avons re-
connu l'élage on ne peut mieux caractérisé par les fossiles figurés qui se
trouvent dans l'Inde, sur toute la province de Cutch, et principalement
près de Charee, à Shahpoor, au nord de Bhooj, à Kunleste, à Mhurr, à
Dookenarra , dans le Runn, k Joorea-hill , à Hublye-hill , à Gharwra-
range; dans te désert au nord-est deCutch, où il forme des bandes
dirigées presque de l'est k Touest. La chaîne de l'Himalaya en montre
à Peckhurt, à 3,000 mètres nu -dessus de la mer, et à Sulgraneer, dans
le Népaul. C'est, au moins, la conclusion que nous tirons des fossiles
communiqués par M. Murchison L'extension géographique que nous
venons de parcourir rapidement preuve combien cet étage est répandu
sur le globe.
§ 3017. fltratîficMition. {Voyex sur nos coupes l'étage 1$«, fig. 393,
416, 424, 488 et 433.) Sur les points de France où l'étage callovien re-
couvre l'étage bathonien, et c'est presque partout, il suit une stratifica-
tion uniforme et concordante avec ce dernier et les étages précédents.
Il parait en être de même en Angleterre, en Allemagne el en Suisse.
Cette concordance parfaite annonce que l'étage callovien a succédé ré-
gulièrement, dans l'ordre chronologique, à l'étage bathonien. Voici
pour l'âge. Voyons maintenant les limites.
§ 2018. Disoordanoet. Les limites inférieures sont très-largement
tracées, comme nous l'avons fait remarquer aux limites supérieures de
rétage baihonien (§ 1991 ), au polissage des couches supérieures (§ 1003),
qui coïncident avec les limites des faunes. Pour limiter supérieures,
nous avons des discordances d'isolement, dans la province de Cutch,
où l'étage callovien se trouve sans l'étage oxfordien qui lui est partout
superposé sur les points où les choses ont suivi leur cours régulier. Ce
manque de l'étage supérieur annonce certainement une différence de
niveau sur ce point, et dès lors un exhaussement des masses qui le sup-
portent, à la fin de l'étage callovien. La superposition, sur le même lieu.
514 QUATRIÈME PARTIE — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
comme à Villers (Calvados) , à Niort (Deux-Sèvres) , d*nn dépôt litto-
ral fait aa niveau des marées, des deux étages caliovien et oxfordien,
annonce encore un mouvement d'affaissement local entre les deux.
§ 2019. Composition minéralogique . Comme nous Tavons déjà
fait entrevoir, la différence complète de composition minéralogique de
cet étage, suivant les lieux, a été cause de beaucoup d'erreurs géolo-
giques; et quoiquMl soit partout dans la même position slratigrapliiquc,
par rapport aux étages inférieurs et supérieurs, il n*en a pas moins sou-
vent été méconnu, par suite de préoccupations minéralogiques Nous
avons déjà donné beaucoup d'explications sur ce sujet ; mais nous espé-
rons que nos considérations sur les causes actuelles du synchronisme
des dépôts de diverse nature (§ 78 et suiv.), joint à la constance de cet
étage, qu'on pourra vériÛer.sur tous les points que nous avons indiqués.
jusliÛeront nos divisions géologiques, basées d'abord sur la stratification
rigoureuse et sur Tidentité de la faune renfermée dans ces couches
d^aspect si différent. Citons d'abord quelques faits extrêmes. Tout le
monde connaît aux Vaches-Noires, communes de Dives et de Villers
(Calvados), ce développement immense découches d'argile noire con-
nue sous le nom d'arpt/e de Dives; c'est un des faciès minéralogiques
de rétage caliovien, qu'on retrouve avec la même couleur, mais plus ou
moins passé à l'état de calcaire, auprès deRians, d'Aix, de Castellanne,
de Digne, de Gap, dans les Alpes; en Russie et en Asie. Un se-
cond faciès minéralogique est l'état de calcaire argileux entièrement
blanc comme de la craie, qui se rencontre entre Meillan et Dun-Ie-Roi
(Cher); à Tournus (Saône-et-Loire) ; à Niort. Le troisième a la forme
de fer limoneux hydraté, comme on le voit à la Voulle ; de fer oolithique,
ou d'oolithe ferrugineux exploité comme minerai de fer dans les dé-
parlements des Vosges, à Lifol ; de la Haute-Marne, à Marault, près de
Chaumont; dans l'Yonne, à Chàtillon-sur-Seine ; au Mont-du-Chat
(Savoie); à Chanas, à Salnt-Rambert, dans l'Ain, et dans le Jura. Entre
ces extrêmes il existe, sur d'autres points, des roches de compositions in-
termédiaires, comme le calcaire argileux oolithique plus ou moins ferru-
gineux de la Sarthe, de Pas-de-Jeu, près de Thouars; les calcaires
jaunâtres ou blanchâtres, grenus ou compactes de Saint-Maixent, de la
Vendée, de Puymeras et de Gigondas ; les argiles grises de Mémont
(Doubs) ; de Vaast (Pas-de-Calais) ; de Launoy (Ardennes). Par ce qui
précède, on juge que toutes les couleurs, toutes les compositions miné-
ralogiques de roches, se trouvent, simultanément, sur des points diffé-
rents de cet étage, toujours placés dans la même position stratigra-
phique, et contenant les mêmes fossiles nombreux et caractéristiques.
On peut, dès lors, apprécier combien ce caractère est illusoire, lorsqu'un
veut l'employer généralement. 11 ne peut, tout au plus, qu'aider â re-
CHAI». IV. - DOl ZIÈME ÉTAGE : CALLOVIEN. hth
connaître, sur chaque point en particulier, par la nature différente des
étages supérieurs et inférieurs, leurs limites respectives sur ce point;
mais il faudra, chaque fois qu'on changera de lieu, prendre de nou-
veaux caractères différentiels. Nous avons vu, par exemple, à Ranville
(Calvados) les dernières couches bathoniennes être jaunâtres et for-
mées de coquilles el de polypiers roulés, tandis que les premières cou-
ches cailoviennes sont formées d'argile grise. Nous voyons les couches
oolithiques ferrugineuses de l'étage callovien deChaumonl (Haute-Marne)
repo.ser sur les couches bathoniennes formées de calcaires blanchâ-
tres compactes sans oolithes, etc., etc.
Pris sur un point particulier, l'étage varie aussi de composition. S'il
est dans toute l'immense puissance de l'étage, à Villers, composé d'ar-
gile bleue ou noiràlresansoolithe, danslaSarthe, ces couches inférieures
sont argileuses, bleuâtres, sans ooltthe; les couches moyennes d'un
calcaire ferrugineux oolilhique, et les couches supérieures d'un calcaire
blanchâtre grenu, sans oolithes.
§ 2020. Puittanoe connue. En réunissant toutes les couches plon-
geant à l'est qui composent l'étage, depuis Lion, Dives jusqu'à Villers,
(Calvados), on peut évaluer à 150 mètres, environ, la puissance de l'étage,
comme maximum connu.
§ 2021. Déductions tirées de la nature des sédiments et des
fossiles. Cherchons dans la nature des dépôts quelques zones de pro-
fondeur.
Points littoraux des mers. Il est peu d'étages qui offrent un plus
grand nombre de points littoraux des anciennes mers jurassiques que
celui qui nous occupe. 11 montre, en effet, presque partout les anciennes
côtes des bassins. L'indication des points où nous les avons reconnus,
parle nombre des coquilles flottantes ou des animaux vertébrés entiers,
en donnera une idée. Parcourons d'abord le pourtour de la mer anglo-
parisienne. Nous les voyons à Vaast, près de Colembert, à Lottinghen
(Pas-de-Calais). A Lifol (Vosges) commence un littoral pour ainsi dire
non interrompu, qui passe à Marault, près de Chaumont, à Château-
Vilain, à Vesaignes sous la Fauge (Haute-Marne); à Chàtillon-sur-Seine
(Côte-d'Or); à Cucy (Yonne); à Nevers (Nièvre) ; près de Dun-teRoi
(Cher), à Oiron , à Pas-de-Jeu (Deux Sèvres); à Chauffour, Beau-
mont, Gourgain, Pizieux (Sarthe); à Sainte-Scolasse-sur-Sarthe (Orne):
à Dives, h Villers (Calvados). Si nous pénétrons dans la mer pyrénéenne
par le détroit breton, nous retrouvons les points littoraux; dans les
Deux-Sèvres, à la Molhc Saint- Héraye, à Niort; dans la Vendée, à Man-
signy, à Lajard. Dans la mer méditerranéenne, nous trouvons encore
des points littoraux dans Saône -et -Loire, près de Tournus; dans
TArdèche, à la Voulte; dans les Buuches-du-Kliône, à Hians; dans le
516 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
départemenl de Vaucl^se, à Montmirail, à Lafare, à Gigondas; dans
les Basses-Alpes, aux Blaches, près de Castellanne; dans les Hautes-
Alpes, à Aspres-les-Vignes, à Sainte-Marguerile, près de Gap ; dans Tlsère,
à Noyaretet à la Porte- de-France, à Grenoble; dans TAin, à Chanay,
à Saint-Rambert, à la I^tte, près de NanUia; dans le Jura, à Clucy;
dans le Doubs, à Mémont, à Rosureux.
Si nous poursuivons les points littoraux hors de France , nous les
trouvons bien caractérisés en Savoie, au Mont-du-Chal; en Piémont, dans
la vallée de Saint-André, près de Nice ; dans le Vicenlin, le Tyrol ; en
Angleterre, à Christian -Malford, où se trouvent ces Ammonites si remar-
quables, recueillies par M. Pearce ; à Cliippenham, à Devise, à Chatley ,
àKelloway; en Russie, à Jetatma sur TOka, dans la Russie septen-
trionale; aux Indes orientales, dans la province de Cutch et au désert
•du nord-est.
§ 2022. Parmi ces points littoraux, la nature plus pesante des sédi-
ments nous porterait à croire que les uns, Lifol, Chaumont, Châtiilon,
la Sarthe, le Jura, la Savoie, et Pas-de-Jeu, auraient été des côtes sou-
mises à l'action de la vague, ou du moins à rinfluénce d'une agitalion
<luelconque;iandis que les points suivants, à en juger par les sédiments
fins qui enveloppent les fossiles flottants , devaient être situés sur des
points al)rité8 des vents et des courants, comme les golfes actuels, Ne-
vers, Dun-le-Roi , Dives, Saint-Maixent, Niort, Mansigny, Tournus, la
Voulte, Puymeras, le Doubs et les Basses-Alpes.
§ 2023. Points sous-iiuiriiM voîtim des oôtat . Le manque de
corps flottants, et Tabondance des coquilles de Gastéropodes et de Bi-
valves, nous indiquent des points voisins des côtes, mais placés au-
dessous du niveau des marées. Nous citerons les lieux suivants comme
étant dans ce cas : dans les Ardennes, Launoy; dans la Meuse, Montsec ;
dans le Calvados, les couches de Lion, quelques-unes des couches de
Villers; dans la Vendée, Saint Mlchel-en-l'Herm.
§ 2024. Points profonds des mers. La composition, presque sans
fossiles, de Tétage au-dessus de Grasse (Var) nous le ferait considérer
comme un dépôt fait dans des zones profondes.
§ Î025. Oscillations du sol. 1 a manière dont sont placées les par-
ties littorales de Dives et de Villers font reconnaître des effets d'oscil-
lations. Nous voyons, en effet, aux parties inférieures de l'ensemble, à
Dives même, et entre Dives et Villers, un dépôt côtier avec ses nom-
breuses coquilles flottantes recouvert de dépôts sous-marins sans co-
quilles flottantes et remplis d'huîtres en place. 11 est évident qu'il a
fallu un affaissement local pour déterminer cette succession. Peut-être
doit-on encore la conservation de quelques-uns des points littoraux,
que nous avons signalés, à des perturbations de ce genre (§ 1755).
CHAP. IV. - DOUZIÈME ËTÂGE : CALLOVIEN. 617
V
§ 3026. PerturlNitîoii finale. Si, sur quelques points, où lés dépôts
côtiere sont eonsenrés seuls, plus ou moins éloignés des dép6f« côtiers
de rétage antérieur, on peut encore croire qu'ils ont pu être conservés
par des oscillations du sol, aussi bien que par une perturbation finale,
il n'en est pas ainsi des points où les deux dépôts côtiers sont super-
posés sur le même lieu. 11 faut qu'il y ait eu certainement, sur ces
derniers, un mouvement d'affaissement entre la fin de Tétage qui nous
occupe et le commencement du suivant, pour que ces deux lignes su-
périeures des marées soient Tune sur l'autre souvent à une dizaine de
mètres de distance en hauteur. Cette perturbation coïncide partout, du
reste, avec la fin de la Taune donnée par ses limites dans les couches.
§ 2027. Garaotères paléontologiques. Nous diviserons ces caractères
comme pour les étages précédents.
Caractères négatifs tirés des genres. Pour distinguer l'étage de l'époque
bathonienne antérieure, nous avons les 14 genres qui, nés dans l'étage
précédent ou avant, n'ont pas survécu (§ 2Q07), et ne sont pas arrivés à
celui-ci.
§ 2028. L'étage callovien se distingue de l'époque oxfordienne, par
96 genres, qui, encore inconnus dans celui-ci, apparaissent avec l'âge
suivant. Ces genres sont ainsi répartis : parmi les Reptiles, les 10 genres
de notre tableau n» 3; parmi les Poissons, 13 genres; parmi les Crusta-
cés, 32 genres; parmi les Mollusques céphalopodes, les 5 genres de notre
tableau no 6; parmi les Mollusques lamellibranches, les 2 genres de
notre tableau n® 8; parmi les Échinodermes, les 7 genres de nos ta-
bleaux no* U et 12; parmi les Zoophytes, les 7 genres de notre tableau
no 13; parmi les Amorphozoaires, les 5 genres de notre tableau n» 15.
En résumé, nous aurions 1 10 genres pouvant donner des caractères né-
gatifs pour l'étage callovien.
§ 2029. Caractèrex positifs tirés des genres. Les seuls genres de
Céphalopodes, Palœoteuthis et RhynchoteuthiSy distinguent Tépoquë
callovienne de l'époque précédente, où ils n'existaient pas encore. Sur
ce nombre le premier genre, étant spécial à cet ét:ige, peut servir à le
distinguer de l'étage suivant, où il manque; de même que les genres
Ichthyosaurus et Pachycosmus, qui s'éteignent dans celui-ci. Ce peu de
caractères positifs montre que l'étage callovien est aussi intermédiaire
par les formes zoologiques de sa faune, que par sa position stratlgra-
phique rigoureuse entre les étages supérieurs et inférieurs.
§ 2030. Garaotères paléontologiques tirés des espèces. En dehors
des Animaux vertébrés et des Animaux annelés qui contiennent beau-
coup d'espèces, nous connaissons en Animaux mollusques et rayonnes
seulement le nombre de 281 espèces, indiquées, avec leur synonymie et
leurs localités géographiques, dans notre Frodrome de Paléontologie
II. 44
518 QUATRIÈMK PAHÏIE. — SUCCKSSION CHRONOLOGIQDii:.
stratigraphique, auquel nous renvoyons pour leurs noms (t. I, p. 3S7
et suiv.) (1). En défalquant de ce nombre les 4 espèces citées à Tétage
bathonien (§ S008), comme se trouvant dans celui-ci, et les 99 espèces
suivantes qui paraissent se trouver en même temps dans Tétage ox-
fordien :
Xapèoes oommunet aux étages Gallovien et Oxfordîen.
Belemnitcs haslatus, Blainv.
Nautilus granulosus, d'Orb.
Ammonites letricus, Pusch.
Phasianella striata, Sow.
Pholadomia trapezlcosta, d'Orb.
P. Duboisii, d'Orb.
Mytilus imbrieatus, d'Orb.
Lima proboscidea, Sow.
Gervllla aviculoides, Sow.
Perna mytiloides, Lam.
Pecten demissus, Beau.
Pecten lens, Sow.
Ostrea dilatata, Desh.
0. gregaria, Sow.
0. Marsbii, Sow.
0. anior, d'Orb.
Rhyncbonella Royeriana, d'Orb.
R. acasta, d'Orb.
Terebratula insignis, Schubler.
T. Royeriana, d'Orb.
Disaster ellipticus, Agass.
Olectypus striatus, d'Orb.
il restera encore 255 espèces caractéristiques de cet étage qu'on peut
invoquer pour le reconnaître
§ 3031. Pour répondre à l'extension géographique que nous avons
donnée à l'étage, on n'aura qu'à jeter les yeux sur les localités indiquées
au Prodrome; et l'on se convaincra que tous les lieux de France que
nous indiquons contiennnet des espèces identiquement semblables. Il en
est de même des espèces qui se trouvent à la Voulte, dans le fer hydraté
limoneux, point contesté; en Russie, dansleTyrol, le Vicentin, et sur-
tout dans la province de Gutch, dans l'Inde. Pour le prouver, nous allons
donner la liste des espèces les plus répandues, et propres, à la fois, à ces
points éloignés du sol de la France (2).
MOLLUSQUES.
'Belemnites hastatus.
b B. latesulcatiis.
*a Nautilus hexagonus.
No» du Prodrome .
1
11
No* du Prodrome.
a Ammonites macrocephalus. 1 5
a A. Herveyi. 16
*A. Backeriie. 17
'a A. lunula. 2î
*aX. athleta. 23
(1) Voyez aassi, pour toultis les Hgiires des espèces de Céphalopodes et de Gastéropodes de
FfAnce^noUe Paléontologie française, tetrniHs jurassiques, où toutes ces espjèces sont représentées
(it décrites.
(î) D.ms cette liste les espèces de la Voulle seront marquées d*un astérisque, celles de la
province de Cutch sont précédées de la lettre n. Par le nombre de ces espèces, communes avec
les autres points de la France, où l'étage est le mieu\ caractérise, on anr.i la certitude que les
dilTerenU points depciulent d'une seule et môme époque.
CHAP. IV. - DOUZIEME ÉIAUK : CALLOVIEN. '
H°-d<i
aA. PotllDgerL
ï*
aPlicaluluperegrina.
in
'A. aocepï.
3&
oOitrea dilaluln.
221
26
ûO. Marsl.ii.
!35
"A. Hommairei.
30
«0. amala.
ÎS7
aA. arlhnliuue.
*0
oO. alimena.
258
•A. Jaïon.
43
a Rhynchonella IrJirn.
!3fi
■A Banksii.
60
Terebralula <lipli\B.
ï*;!
u Pholadomva inornau.
ii:
aT. bicanalltulalii.
m,
Ceromya cnncerlilcii.
l!5
ËCIIINODERME.
aTrigonla eloogala.
ICI
Perna iiiytiloiiles.
211
'DisBslcr elliplicus.
Î51
Les quelques espèces que nous figurons ici dépenOtnl iIp Li [uvnc ilc
l'étHce callovien {fig. 4(1) à 463).
g S03Î. ChioBologie hiitotique.— Pur sullc d'une iierltirbiiliun géo-
logique (glOI3bû), la nn de l'étage balliunL«naprudui1l';inëanlis^emcnl
de I* genre» d'snimau^ (§ îfi07) el de bii espèces (§ îfiOS;
bH> QUATRIEME PARTIiS. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
molliieques et rajonnéE, IndëpeDdammeot de» espèces d'Anlmaui ver-
lébrés el annelrc el des plsnlei. Lors-
que le calme s'est rétabli dans la aa-
lure, sont n^s, avec l'étage suIvhdI,
quelques genres inconnus Jusqu'alors,
extn espèces d'Animaux mollusques
el rayonnes, sans compter les espèces
desauiressériesanlmalesellespianies
qui sont arrivf'esjusqu'ji nous, comme
les vectlges de celle époque passée.
§ 3034. Entre la fln de l'époque
tiHlhonleune et le commencement de
it avoir complètement changé d'as-
I, flg iW). Non-seulement elles se
.1 rélrëcies sur tout leur pourtour, purde nouveaux Btlerrissements.
s les détrolls TO«glen et breton paraissent avoir cessé de communl-
n anglo-parUienne etméd1lerranéenDe,eiraulre
mer pyrénéenne, dorénavant entièrement «épa-
es. La mer méditerranéenne s'étendait dans le
I en Suisse jiisqu'A F;oleure. Peut-être s'é-
llmiles jusqu'en Crimée. La mer an glo -parisienne
s l'est sur toute la longueur de l'Angleterre. 1^ pins
grand ehangemml qui se soit opéré entre les deux étages est un af-
ralssïmenl du grand continent russe . surélevé depuis la fln de l'étage
pcnnien (§ 1830), qui a permis aux mers calloviennes de recouvrir la
Russie du 48° de latitude jusqti'A la mer Glaciale. Nous devons croire
par les coquilles identiques, que la mer eallovienne d'Europe s'éientlalt
saos interruption Jusqu'au 9* de lalilude nord, dans la province de
Cutch (Indes orientales), convranl l'espace compris entre le S* degré
nord et le cercle polaire.
g 3034. Les continents (vnj/ei les terrains paléoralquei, les terrains
Iriaslques el les étages 7, 8,9, 10, 1 1 des terrains Jurassiques de la carte,
flg 408) ont subi les changements correspondants : ils se sont accrus.
tout nulonr des mers déj&cIrconBcrIles, d'asseï larges atterrissements, et
autour de la mer anglo-pari sienne, en France et i l'est de l'Angleterre;
autour des antres mers, où les points eAllers viennent nous donner
leurs limites (§ Î02[). 1^ plateau central s'augmente loujours, et se
trouve uni, d'un cAté, avec le massif breton, par un Isthme que nous
désignerons comme itikme 6retnn, el, de l'autre, i l'ile vosgienne par
l'tilAme roiaien , l'ensemble ne formant plus qu'un seul continent.
L'Ilot du Var reçoit de nouveaux atterrissements; quelques ilols se mar-
quent dans les Alpes, de CutellannetUgfw, aux environs de Grenoble,
l'étage callovien, les mers parais;
pect {voijfi étage 1 1 • de n
entre ta première el la me
rées les unes des autres.
VIcentin, dans !e Tyrol.
(end ait-elle sar
s'est avancée v
€HAP. IV. — TREIZIÈME ÉTAGE : OXFORDIEN. 62»
et Jusqu'à Ghambéry ; l'ilot du Jura reste le même; quelques ilôts p€fut-
être se montraient dans le Tyrol, dans le Vicentin, sur la côte de
Grimée. Des côtes existaient encore sur beaucoup de points de la Russie,
et dans la proYince de Cutch .
Les mers nourrissaient des espèces d'animaux distinctes des faunes
précédentes, mais presque des mêmes genres. II en était de même des
continents (§ ?034). Une faune marine, composée de beaucoup d'espèces
Identiques, se montrait depuis la zone torride. dans l'indr, jusqu'à la
mer Glaciale. Gette répartition, si différente de la répartition actuelle,
montre qu'à cette époque, comme aux premiers âges du monde (§ 1765),
la chaleur centrale propre à la terre neutralisait encore les zones iso-
thermes que nous avons aujourd'hui.
Les oscillations du sol existaient durant cette période, et toutes les
causes physiques qui agissent aujourd'hui avaient, sans aucun doute, la
même influence.
§ 3036. 1^ fin de cette époque a dû avoir lieu, comme celle des autres,
par suite d'un mouvement géologique, dont nous retrouvons des traces
par l'isolement, dans la province de Gutch, de l'étage callovien, sans celui
qui le suit sur les points concordants, par In superposition des deux dépôts
littoraux de cet étage et du suivant (§ 9018). i.e résultat positif est en-
core l'anéantissement de presque toute la faune avant le commence-
ment de l'étage oxfordien (§ 2030).
13« Etage: OXFORDIEN.
Première apparition des ordres d'Insectes hémiptères (punaises),
hyménoptères (abeilles), lépidoptères (papillons), des Crustacés iso-
podes.
Règne àe l'ordre des Grinoides libres; premier règne des Spongiaires
teslacés; des genres Pterodactylus, Pholadomya. Myoconcha, Khyn-
chonella et Eugeniacrinus ; des familles de Poissons pycnodidés,des Lé-
pidoptéridées Second règne des grands Reptiles sauriens, des Crustacés
décapodes.
Maximum de développement de la faune spéciale aux terrains juras-
siques. Zone des Ammonites cordatus, oculaius et canaliculatvs du
Pleurotomaria Bvchiana.de la Trigonia clarellaia^ du Peclen fibro^
sus, du Rhynchonella varians, (\eVKugeniacrinus caryophylldtvs, du
Cribrospongin texata.
§ 2037. Dérivé du nom. La ville d'Oxford, en Angleterre, où se
trouve l'étage, ayant, depuis longtemps, servi de type aux noms géologi-
ques de celte période, comme on le verra à la synonymie, nous l'avons
M.
652 QUATRIÈME PAKTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
consacrée, afin de ne pas créer de nouvelles dénominations sans motifs
réels. Nous avons fait, depuis longtemps, notre étage oxfordien de cette
époque des âges du monde.
§ 2038. Synonymie. Suivant la superposition ^ c'est, depuis 1844, IV-
tage oxfordien, d'Orb.j V oxfordien supérieur, deM. Ttiurmann.
Suivant les fossiles, c'est le Scyphiakakk {Calcaire à scyphia), de
M. Quenstedt.
Suivant la composition miner alogique, c^est le Terrain à Chailles, ce
sont les Marnes oœfordiennes, de MM. Thurmann, Gressly et Tiiirria ;
le Calcaire marneux de Voxfordien, de M. Mérian ; le Calcaire à schis-
tes, de M. Nicolel; le Calcaire gris bleuâtre, de M. Thirria; VÉtage ar-
govien et les Marnes oœfordiennes, ùe M. Marcou; Y Oxford'Clay , le
Calcareous-grit, le Coralline-oolithe, de M. Phillips (Yorkshire) ; le Co-
ral-rag, de M. Sowerby; partie de VOxford'Thon, de M. Mandelsloh,
mais non de M. Rœmer; partie du Weisser Jura (le Jura blanc), de
M. Quenstedt; c'est le ITemer/ura, Vlmpressdkalck, Geschichte-Kalck-
hank, Spongiten et Regelmœssige Kalckbank, de M. Schmidt; le
Corall-rag A. Unterer sandiger Corall^rag B, Wahrer Korallen*
Kack C, et laDolomit des Corall-rags, de M. Rœmer; Groupe oxfordien,
de M. fieudaut.
Type français. Neuvizy (Ardennes), TrouviUe (Calvados), les couches
oolithiques; ile d'Elle (Vendée) ; type anglais, Scarborought, Malton.
§ 2039. Extension géographi^fue. {Voyez étage 13' de notre carte,
fig. 408.) Presque partout où uous avons signalé l'étage cailovien, se
remarque dessus l'étage oxfordien. Nous n'aurons donc, pour faire con-
naître son extension, qu'à parcourir rapidement les mêmes contrées-
Au pourtour de la mer anglo-parisienne, nous l'avons reconnu à
Vaast, à Bazinghen, près de Marquise (Pas-de-Calais); dans les Ar-
dennes, à Wagnon, à Haudainville, à Neuvizy, au Vieil-Saint-Remy, à
Puiseux, où il commence une bande qu'on peut suivre, presque sans in-
terruption, Jusque dans la Meuse, à quelques lieues de Saint-Mlbiel,
chemin de Creué, et à Creué même, à Foix, à Raiilicourt, à Harmon-
ville ; dans la Meurlhe, à Ërouves ; dans les Vosges, à Liffol-le-Petit ; dans
la Haute-Marne, à Vraincourt, à Tuzennecourt, à Viéville, à Maran-
ville; dans l'Yonne, à Étivey, à Gigny, à Jully« à Sligny, à Ravières, à
Chàtel-Censoir, à Ancy-le-Franc, à Drayes, à Courçon; dans la Nièvre,
près de Nevers ; dans le Cher, à Meiliant. Sur la rive opposée, nous le
voyons sur l'étage cailovien, à Villers, à Benerville, à Trouville, à Li-
sieux (Calvados) ; puis, quand il n'est pas caché sous les dépôts crétacés,
nous le voyons reparaître à Écomoy (Sarthe); entre Loudun et Chinon
(Vienne et Indre-et-Loire); dans les Deux-Sèvres, à Pas-de-Jeu, à
Taizé, près de Thouars. En Angleterre, l'étage se continue et forme une
CHAP. IV. — TREIZIÈMK ÉTAGE : OXFORDIKN. ,'.?:J
bande parallèle à l'étage précédent, dans le Wiltshire, à Heddington,
près de Calne, à Weshrook, près de Meiksham; dans le Gloucester-
shire, à K\y ; dans rOxfordshire, à Marshamûeld, près d'Oxford, à
MarstOD; dans le Yoikshire, à Weymouth, à Scarborougli, à Malton,
à Steeplc-Aslhon, à Pickering, à Shotover, à Bromton, à Hacknesse, à
Soulh-Cave, etc.
Autour de la mer pyrénéenne, nous retrouvons Télage à Saint-
Maixent rtiéme,. à Niort, à Beauvoir, à Mallezal (Deux-Sèvres) ; à l'Isle-
d'EUe (Vendée) î à Marans, Villedoux, Charron et Esnandes (Cliarcnte-
Inférieure). En Espagne, il couvre une surface du royaume de Valence,
à la Sierra de Malacara et au col de Pesar (Asturies). MM. de Verneuil
et de Lorière l'ont rencontré dans la province de Teruel, à Frius et à
Villardel-Cabo.
Autour de la mer méditerranéenne, nous le connaissons dans la
Haute-Saône, àChamplitte; dans la Côte d'Or, à Dorois, à Is-sur-Tillc,
à Changey, à Ville-Comte; dans la Haute-Marne, à la Vesaigne, sous la
Fauche, au Moni-Saiigeon ; dans l'Aidècho, à Aurioles, au Hanty, à
Saint-Alban; dans le Gard, à Chassagnes, à Saint-Paul, à Gourry, à
Saint-Jean, Charelle, Saint-Laurent et Muntdardier; dans THérault, à
Saint-Maurice, à Saint-Michel. Il reparait en lambeau et forme dans
les Bouches-du-Khône la montagne des Opies, à Saint-Cyr, à l'Étoile;
se montre dans le souterrain du chemin de fer, près de Marseille, à la
Glaps, commune de Vauvenargues ; il couvre une vaste surface du ver-
sant occidental des Alpes. Nous l'avons reconnu dans le Var, à Uians,
entre Grasse et la Malle, et sur presque tous les points jusqu'à Escra-
gnolles, à Ciplères, à Beauduen, à Caussols, à la vallée de Simiane. aux
Lattes; dans les Basses-Alpes, aux Blaches, au nord-est de. Caslellaimo,
au quartier de Briasque, à Cheiron , à Laudebergue, près de Barrcmc,
à Sisteron. Il s'étend, d'un côté, dans le département de Vaucluse, à
Gigondas, à Souymeras, à Villeneuve-lès-Aumont, au Grand-Montmi-
rall, près de Lafare; dans la Drôme, à Remuzat : de l'autre, dans les
Hautes-Alpes, près de Gap; dans l'Isère, à Biviers, près de Grenoble.
— On le retrouve dans l'Ain, près de Saint- Hambert, et surtout autour de
Nantua, à Apremont , à Chirot, à la Latte, à Montange, à la grange
Lapraille-de-Charrix, à Matafolon, à Scorpial, à Montréal; dans le
Jura, à Clucy, à Dournan, à Chappois, à Cernans, à Lemuy, à la Cha-
pelle, près de Salins, à Saint-Amour, à Lons-le-Saunier, à Poligny, à
Dagnoz, à Poupet, à Grange-du-Chàleau ; dans le Doubs, à Fontenelay,
à Beure, près de Besançon, à Laperouse, au mont Bregille, àRosureux,
à Bonprichard, à Mémont, près de Morteau , à la chapelle du Buis,
près de Moore, à Chaleseuil, à Montbéliard, à Champsol.
Hors de France, nous trouvons l'étage dans la continuation du Jura,
b^h QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
dans les Alpes de Genève à Voiron, où M. Fabre y a découvert des
Ammonites qui nous ont paru raractéristiques (i), à la Gite près de
Sainte-Croix, aux Époisals près de Yaliorbes , dans la vallée de Joux
(Vaud);à Chatelu, à Clusette, à Salnt-Sulpice près de Neufchâtel (Neuf-
châtel); à Liesberg, au Mont-Terrible, à Trimbach. près d'Olten, au
Nuremberg, au val de Laufen, près d'Aarau (Bernée ; à Grûnsberg, à Frio-
geli, près de Baprschawyi. à Saint-Nicolas, à Gorgen (Soleure); à la
Birse, à Porentruy (Bàle); près de SehatTouse, à Beberstein (Argovie).
Kn Piémont, on le trouve dans la vallée de Saint-André, comté de Nice,
l/étageeston ne peut mieux développé dans la Bavière, à Solenhoffen,
à Pappenheim-Eichstadt, àStreitberg; dans le Wurtemberg, à Dellingen,
à Goslar, à Natheim, près de Heidenheim, à Staufenberg, à Wasseral-
flngen, à Grubacli, près et au-dessus d'Amberg, à Giesen, etc ; en
Westphalie, à Lupke, à Lubbeck ; dans le Hanovre ; en Lithuanie, à Po-
piiani ; en Pologne, à Tenzenek, près de Rrzeszowice, à Rogoznik près de
No^ylara, à Paukc.
En Russie (S} il forme un lambeau à l'extrémité sud de la Crimée, à
Kobsel, à l'est de Soudagh. à AUDaniel. D'après les beaux travaux de
MM. Murchison, de Verneuil et de Keyserling. sur la Russie, on le voit
former un vaste lambeau dans la province de Moscou, un autre dans le
gouvernement de Vladimir qui commence au nord de Moscou et se
dirige à l'est sud-est par les gouvernements de Novgorod, de Simbirsk,
dans celui de Sarator, d'Orenbourg, et jusqu'au Rirghis. Un autre vaste
lambeau, dirigé au nord-est, commence dans le gouvernement de
Kostroma et de Yologda. jusqu'au 58" Il en commence, ensuite, un autre
de chaque côté de la chaîne du Timan, dans le pays des Samoyèdes,
jusqu'à la mer Glaciale , et un dernier à Test de l'Oural , jusqu'au
6^« degré, où M. le msgor Strajecki Ta rencontré sur les bords des
rivières Tchol et Tolya. — M. Tchiachef Ta rencontré dans TAsie
Mineure , à 3 lieues au sud-ouest de la ville d'Angora, en Galatie. En
résumé, l'étage se trouve depuis le 40o jusqu'au 68» de latitude nord.
§ 2040. Stratîfioatîon. L'étage dont nous nous occupons suit , par-
tout où nous l'avons signalé en France et en Angleterre, la même
stratification que l'étage callovien, qu'il recouvre sur tous les points en
couches concordantes [voyez étage 13 de nos coupes, fig. 293, 416,
4^4, 433), de même que les étages jurassiques précédents, autour de la
mer anglo- parisienne. Les couches sont presque horizontales ou légère-
ment inclinées vers le centre du bassin. Dans les Alpes , aux Opies et
en Provence, les couches sont plus ou moins redressées, avec les étages
(1) Ammonites tortituleattu^ calear, eanalieultitu$,'et plieatilu.
(S) Les Ammonites de presque tous les points de Husziie ont encore cunMrvé leur nacre avt:(i
tout son brillant; c'est un exemple curieux d« conservation.
GHAP. IV. - TREIZIÈMK ÉTAGC : 0XF0KD1EN. 5t&
précédents. En Grimée, et sur tous les points de I& RiTssie et de l'Aile-
magne, on remarque la même concordance rigoui^use. On doit donc
en conclure que cette époque a régulièrement Succédé dans Tordre
chronologique à la période précédente.
L'étage est souvent rempli de failles, comme les failles compliquées
de Saint-Martin (Var), où Tépoque qui nous occupe a été disloquée avant
et en même temps que les étages crétacés qu'elle supporte {voyez
étage 13,/iflr.478).
§2041. DÎMordances. Nous avons à Tétage précédent, par les dis-
cordances et la superposition des dépôts rôtiers superposés (§ 2018],
donné les limites stratigraphiques inférieures de cet étage. Les lUlnltes
supérieures ressortent également de grandes discordances d'isolement.
D'après les fossiles que nous avons pu observer , et d'aprè^s tous les
travaux des géologues russes et de MM. Murchison, de Verneuil et de
Keyserling, nous n'avons vu, sur toute l'étendue de la Russie, depuis lu
Crimée jusqu'à la mer Glaciale , dans la partie supérieure des terrains
jurassiques de ces contrées, que l'étage oxfordien. Aucun des membres
supérieurs des terrains jurassiques ne viendrait donc en Russie re-
couvrir l'étage oxfordien , comme on le volt en France et en Angle-
terre, où 11 n'y a pas de lacune. Ce manque, en Russie, du 45" jusqu'au
68" de latitude nord, de Tétage corallien, sur l'étage oxfordien, prouve
qu'il a fallu, à la fin de la période oxfordienne, un mouvement géolo-
gique assez fort, pour surélever cette surface de 93 degrés ou de
625 lieues de longueur au-dessus du niveau des mers jurassiques pos-
térieures, ou pour abaisser d'autres parties du globe de manière à ce
que ces mers restassent à sec. Nous avons reconnu le même manque
d'étage qu'en Russie, à hlscragnoltes (Var) [voyez fig. 478}, aux Opies
( Bouches-du -Rhône] (ro2/ej9( étage iS, flg. 454), et dans le département
Opies. Orgoii.
17-1 17 b 24
Fig. 454. Coupe prise entre Orgon elles Opies (Buuchus-dii-Rbôiie)
de Vaucluse, où l'étage oxfordien n'est recouvert par aucun des autres
de la période jurassique; ce qui annonce encore un mouvement partiel
sur ces points.
§ 2042. Composition minéralogique. Ce que nous avons dit à
l^étage callovien. de la variation du caractère minéralogique, est tout A
fait applicable à celui-ci ; car il reproduit, au-dessus du premier, et sur
d'autres points, absolument les mêmes faciès. Nous le voyons, en effet,
sous la forme d'argiles noirâtres ou grisesi ou de calcaires argileux noi-
626 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
râtres non oolithiques, à Écomoy (Sarthe) ; à Taizé, à SaintMaixeni, à
Niort (Denx-Sèvies) ; à l'Isle-d'ElIe (Vendée) ; dans l'Ardèche ; dans
les Bouches-du-Rhône, aux Opies, près de Marseille ; à Gigondas (Yau-
cluse) ; à Rians (Var) ; dans toute la chaîne des Alpes, dans le Jura et
une partie du Doubs. 11 est sous la forme de calcaire blanc, argileux,
entre Loudun et Chinon , à Beauvoir (Deux-Sèvres) ; à Marans « à
Esnandes (Charente-Inférieure); à Creué (Meuse) : tandis qu'il existe
sous la forme d'oolithe ferrugineux, exploité comme minerai de
fer, à Neuvizy , au Vieil-Saint-Remy (Ardennes) ; entre Saint-Mihiel
et Creué (Meuse) ; à Is-sur-Tille (Côte-d'Or) ; à Étivay (Yonne). On
le voit ensuite sous des formes intermédiaires sur d'autres points. 11
est composé d'ooiithe calcaire h Yillers, à Trouviile (Calvados); de
calcaire siliceux à silex, à Chàtel-Censoir (Yonne); à Champliltc
(Haute-Saône) ; et sous la forme de calcaires compactes, noirâtres,
dans les Basses-Alpes et le Yar. On trouve, en résumé, dans le synchro-
nisme des couches qui composent l'étage, toutes les variétés possibles
de formes mlnéralogiques , sans qu*il soit possiblu d'assigner aucun
caractère constant ; en effet, à Trouviile, à Yillers, à Neuvizy, près de
Saint-Mlhiel , c'est le caractère oolilhique , calcaire ou ferrugineux qui
le distingue des couches argileuses noires ou grises non oolithiques de
l'étage callovien ; à Saint-Maixent, à Niort, à TIsle-d'ElIc, c'est, au con-
traire, le caractère argileux noirâtre qui sert à distinguer les couches
oxfordiennes, des couches blanches calcaires de l'étage callovien, etc.
A Yillers et à Trouviile, l'ensemble des couches oxfordiennes est par-
tout formé de bancs alternatifs de calcaires et d'argile oolithique, forte-
ment ferrugineux aux parties inférieures, et passant à l'état tout à fait
calcaire aux parties supérieures. Dans la Vendée, dans la Charente-lnfé*
rieure et dans les Deux-Sèvres, les parties inférieures sont argileuses et
bleuâtres ; les couches supérieures formées de calcaires blancs. Dans
la Meuse, les couches inférieures sont oolithiques et ferrugineuses, les
couches supérieures d'un calcaire argileux très-blanc. En résumé, on
voit que, pris en hauteur comme en extension horizontale, l'étage oxfor-
dien est très-variable de composition minéralogique, ce qui rend ce
caractère tout à fait illusoire, pour être appliqué à l'âge.
§ 2043. Puitsanoe oonnue. Nous croyons que, sur certains points du
sud-ouest de la France, dans le centre et surtout dans les Alpes^ on peut
évaluer de lOO h 150 mètres la puissance de l'ensemble.
§ 2044. Déductions tirées de la nature des sédiments et des fossiles.
Nous retrouvons encore dans cet étage, des zones de profondeur dé-
duites des fossiles et des sédiments.
Points littoraux des mers. Nous croyons pouvoir conclure du grand
nombre d'animaux vertébrés entiers et des coquilles flottantes déposées
CHAP. lY. — TREIZIÈME ÉTAGE : OXFORDIEN. 527
dans les couches, que tous les points suivants ont été des dépôts littoraux,
faits au niveau supérieur des marées. Autour de ia mer anglo-parisienne,
à Neuvizy, au Vieil-Saint-Remy tArdennes) ; entre Creué et Saint-Mi-
hiel, à Creué (Meuse); à Vraincourt, à Tuzennecourt (Haute -Marne);
à Ëtivey, à Gigny (Yonne); à Yillers. à Trouvllle (Calvados) ; à Écoraoy
(Sarthe) ; entre Loudun et Ghinon (Yienne) . — Autour de la nier pyré-
néenne, à Saint-Maixent, à Niort (Deux-Sèvres) ; à l'Isle-d'Elle (Yendée) ;
à Marans, à Charron, à Esnandes (Charente-lnTérieure). — Autour de la
mer méditerranéenne, à Doroy, à Is-sur-Tille, à Cliangey (Côte-d'Or) ;
à Vesaigne-sous-la-Fauche (Haute-Marne) ; à Saint-Alban (Ardèche) ;
à Rians.à Escragnolles, à Cipières, à Caussols, à Beauduen ^Yar) ; à Chau-
tlon, aux Blaches près de Castellanne, à Barréme, à Gigondas, à Souy-
meras, au Grand-Montmirail près de Lafare, à YilIeneuve-lès-Aumont
(Yaucluse); à Biviers, près de Grenoble (Isère); à Sainl-Rambert, à
Apremont, à la Latte, à Monlange, près de Nantua (Ain) ; à Clucy, à
Chappois, à Lcmuy, près de Salins (Jura) ; à Fontenelay , à Beore, à
Kosureux, à Bomprichard, à Méniont près de Morteau (Doubs). — Hors
de France, nous croyons les retrouver en Angleterre; en Bavière, à
Solenhoffen, à Pappenheim, à Eschstadt; en Wurtemberg ; en Cri-
mée, à Kobsel à l'est de Soudagh; en Russie à Kostroraa, à Gorudichthc,
près de Simbirsk, à Kineshma, à Saratof, à Khorochovo, près de Moscou,
à l'est de l'Oural, etc., etc.
§ 2045. Quelques-uns de ces points, par leurs gros sédiments, ont dû
se déposer sur une côte soumise à l'action des courants et de la vague,
comme à Yillers, à Trouville, à Neuvizy. à Is-sur-Tllle, à Yillecomte,
«^ Étivay. Les autres points, par leurs sédiments fins par lits ont dû se
déposer dans le repos des golfes, comme à Yaast, Mancine, entre Louduu
et Chinon, à Saint-Maixent, à Niort, à l'Isle-d'Elle, à Gigondas, près de
Salins, de Besançon, etc. Un bel exemple de dépôts de cette nature se
voit à Creué (Meuse) et surtout dans les calcaires lithographiques de
Solenhoffen , où des couches contenant les corps de céphalopodes
entiers, de reptiles et d'insectes ne pouvaient se conserver jusqu'à
nous que dans des circonstances exceptionnelles, comme celles que nous
avons indiquées aux causes actuelles (§ 9G).
La disposition par lits réguliers superposés et d'inégale épaisseur de
CCS dépôts dans les Alpes, à Yermenton (Yonne) et sur beaucoup d'autres
points, dénote que ces dépôts côtiers étaient, de plus, soumis à toutes
les causes actuelles qui produisent les perturbations naturelles dans nos
mers (§ 88 à 93). On trouve dans des lits de même nature à Creué (Meuse),
des coquilles bivalves dans leur position normale verticale, telles qu'elles
ont vécu.
§ 2046. Points touf-marins voi»ins des cotes. Le manque de co-
m QUATHIÈME PARTIE, -r SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
quilles flottantes et le grand nombre de coquilles de Gastéropodes et
d'Acéphales doivent faire croire que les points suivants étaient voisins des
côtes : Lisieux ; quelques-unes des couches de Trouville, surtout les
couches inférieures; des couches de l'Yonne, de Courçon (Charente-
Inférieure), de Matafolon (Âin), où toutes les coquilles lamellibranches
sont encore dans leur position normale d'existence.
§ 2047. Points profonds des mers. L'abondance des Crinoïdes, des
Oursins, des Térébratules et des Zoophytes dénote des dépôts plus
profonds encore dans les lieux suivants : à Drayes (Yonne) ; l'ile de la
Dive (Vendée); au-dessus de Grasse (Var) ; à Vagnon (Ârdennes) ; le
Mont-Bregilie (Doubs), et toutes les couches à chailles de ces contrées
de Champlitte, de Gy (Haute-Saône). Les dernières localités surtout
sont très-remarquables; les couches n'ont souffert absolument ancnn
mouvement, et montrent les Crinoïdes entiers, les Astéries avec toutes
leurs pièces en rapport, ou les Échinides avec leurs piquants, comme
sMIs eussent été enveloppés de sédiments fins, au milieu du repos le plus
complet dans les eaux qui les environnaient.
§. 2048. Osoîllations du sol. La conservation des points littoraux,
le changement de ces points littoraux, sur des lieux voisins les nns des
autres, dans les diverses couches de cet étage, et même, comme à Trou-
ville, dans les Ardennes, la Meuse, Talternance des dépôts côtiers litto-
raux faits au niveau des marées, avec des dépôts sans corps flottants ,
et faits au-dessous, nous donnent la certitude que les oscillations du sol
ont été très-fréquentes durant l'étage oxfordien.
§ 2019. Perturbation finale. Nous avons vu à la discordance, qu'en
Russie une surface longue de 25, et large de 23 degrés, avait cessé d'être
une mer à la fin de cet étage (§ 2041 ), et était redevenue une partie con-
tinentale. Cette surélévation de couches restées presque horizontales
est-elle la suite d'une force intérieure soulevante, ou est-elle due à un
changement de niveau dans les mers ? Nous avons répondu ailleurs à
cette double question (§ 1881). Nous nous bornerons à dire que nous
croyons que cette surélévation est produite par l'abaissement des eaux,
qui a mis à sec des parties peu profondes des mers. 11 parait, au moins,
en être ainsi pour la Russie : car le manque de Crinoïdes de Bryozoaires
et de Zoophytes ; l'abondance des Céphalopodes , des Gastéropodes
et des Lamellibranches, ne nous donnent, partout, que des points dé-
posés sur une côte ou peu au-dessous des marées, ce qui pourrait expli-
quer le dessèchement de ces parties, sans une différence de niveau de
plus que de quelques mètres. Dans tous les cas, que le mouvement se
soit fait sentir d'une manière ou de l'autre, nous le croyons assez con-
sidérable, dans ce qui nous en est connu, pour que nous puissions lui
attribuer la un delà faune oxferdienne^ dont les limites, sur les couches
GHâP. IV. — TREIZIÈME ETAGE : GXFORDIEN. 6:^9
concordantes des points non disloqués, coïncident si bien avec ces par-
ties isolées de 1-époque.
Le polissage, la corrodation de l'étage oxfordien d'EscragnoIies (VarT,
ayant qu'il ne fût recouvert par d'autres sédiments, est encore une preuve
du mouvement des eaux qui l'a ainsi dénudé et usé.
§ 2050. Caraotèret paléontologiqaet. Les caractères généraux de
cette faune sont très-remarquables. Ce n'est plus, ici, un ensemble
sans couleurs, mais, au contraire, une curieuse époque de recru-
descence de création tiès-tranchée parmi les terrains jurassiques. C'est,
en eCTet, dans la période jurassique, l'étage où il nait le plus de formeis
jusque-là inconnues, et où plus de formes spéciales y naissent et y meu-
rent, comme on le verra dans les caractères stratigraphiques suivants 1
§ 2061 .Caraotèret négatifs tirés des genres. Pour séparer l'étage otl-
fordien de l'étage callovien, de plus du^ genre Palœoteuthis né et mort
dans rélage callovien, nous avons deux autres genres qui, nés anté-
rieurement , s'éteignent aussi dans l'étage callovien , sans passer à
l'étage oxfordien : parmi les Reptiles, le genre Ichthyosaurtu ; parmi
les Poissons, le genre Pachycormus.
§2052. Pour séparer paléontologiquement l'époque qui nous occupe, de
l'étage corallien qui lui succède immédiatement, nous avons, indépendam-
ment des plantes, 36 genres qui commencent seulement à paraître dans
rétage suivant, et manquent encore dans celui-ci. Ils sont ainsi répartis :
parmi les Mollusques gastéropodes, les 2 genres de notre tableau no 7 ;
parmi les Mollusques lamellibranches, les 2 genres de notre tableau n^ 8;
parmi les Échinodermes , les 5 genres de nos tableaux no* 11 et l2 ;
parmi les Zoophytes, les 26 genres de notre tableau no 13; parmi les
Foraminifères, le genre Goniolina de notre tableau no i4.
§ 2053. — Caractères paléontologiques positifs tirés des genres.
Les genres suivants, inconnus aux étages inférieurs, et apparus pour la
première fois dans l'étage oxfordien, seront autant de caractères positifs
pour les distinguer de l'époque antérieure. Ces genres, au nombre de 78,
sont ainsi répartis : parmi les Reptiles, les genres Pliosaurus, Idioche-
lyiy Eurysterium, Àplax, OElodon, Gnathosaurus, Rachœosaurus^ Pleu-
rosauruSf Geosaurus et Spondylosaurus ; parmi les Poissons, les genres
Aster odermus, Eutyarthra, SphenoiuSf jEllops, Mierodon^ Scrohodus,
GyroconchuSt Undina, Thrissops, Macrosemitu, Megalurus, Coccolepis^
Propterus et Notagagus -, parmi les Crustacés, les genres Eryon, Can-
crinos^ Magila, Orphnea, Brisa, Bromes Klytia, Aoh'na, Eryma, Àuraf
Megachirus, Pterochirus^ yEger^ Àntrimpos, Bylgia, Drohna^ Kœlga,
Udora^ Dusa^ Hefriga, Bombur^ Blaculla, Elder.Rauna, Saga^ Alvisi,
Urda, Norna, Sculda, Reckur, Naranda; parmi les Céphalopodes, les
genres Sepia, Enoploteuthis, Ommaitrephes, Leptoteuthis, AcanOu)-
II. 45
5a0 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
leuthis; parmi les Mollusques lumellibranches, les genres Venus et So-
werhya; parmi les Échinodermes, les genres Ophiurella^ Geocoma,
Eugeniacrinus, Tetracrinus^ Pterocoma, Isocrinus, Saccocoma et Co-
matulina; parmi les Zoophyte^^Jes genres Placophyllia, Ovalastrea^
Actinarœa^ Latusaslrea, Tremocœnia ; parmi les Amorphozoaires^ les
genres Porospongia^ Goniospongiat Pevispofigia^ Chenendopora, lerea.
§ 2054. Les genres spéciaux à l'étage oxrordien, qui sont nés et morts
dans cette période, sont autant de caractères positifs pour le distinguer
de rétage corallien, où ces genres ne sont pas connus. Ces genres sont
ainsi répartis : Parmi les Reptiles, les genres Idiochelys, Eurystorium,
Aplax, OElodotif Gnalhosaurus, Rachœosatirus, Pleurosaurfis, Geosau-
rus et Spondylosaurus ; parmi les Poissons, les genres Asierodermus^
Euryarthra, Sphenodus, jEllops^ Scrohodus^ Gyrocotichus, Undina^
Thrissops, JUacrosemius^ Megalurus^ Coccolepis^ Propterus et Notaga-
gus; parmi les Crustacés, les genres Cryon, Cancrinos, Magila,
Orphnea, Brisa, Brome, Klytia, Bolina, Eryma, Aura^ Megachinis,
PterochiruSy Mger, Antrimpos, Bylgia, Drohna, Kalga, UdorOy Dusa,
Hefriga, BombuTy Blaculla, Elder, Bauna, Saga, Alvisif Urda^
Norna, Scuîda, Bechur^ Naranda ; parmi les Mollusques céphalopodes,
les genres Leptoteuthis et Acanthoteuihis ; parmi les Mollusques lamel •
libranches, le genre Sowerbya ; parmi les Échinodermes, les genres
Geocoma^ Eugeniacrinus, Tetracrinus, Pterocomay Isncrinus, Sacco^
coma et Comatulina; parmi les Zoophyles, les genres Placophyllia,
Ooalaslrea, Actinarœa, Latusasirea ; parmi les Amorpliozoaires, les
genres Goniospongia, Perispongia, Ajoutons-y les 9 genres suivants,
qui, nés antérieurement, s'éteignent encore dans cet étage, sans passer
au suivant : Parmi les Poissons, les genres EvgnathuSy Sauropsiv, As^
pidorhynchusy Lepiolepis, Semionotus; parmi les Êcliinodermes , le
genre Pleuraster; parmi les Amorphozoa ires, le genre Ii/mnor^a ;
parmi les Crustacés, le genre Glyphœa ; parmi les Zoophytes, le genre
ThecophyUia, et nous aurons 78 genres ou formes animales spéciales,
ce qui est réellement énorme, relativement aux limites stratigraphiqucs
données par la stratification; car ces différences annonceraient les li-
mites les plus tranchées entre les deux.
§ 205Ô. Garaotèret paléontologîquet tirés des espèoes. Sans comp-
ter les nombreuses espèces d'animaux vertébrés et annelés, et des
plantes qui s'élèvent à quelques centaines, nous avons, en Animaux
mollusques cl rayonnes seulement, le nombre de 739 espèces, dont nous
avons donné, dans notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique
(tome 1, p. 347 et suivantes) (i), les noms, discuté la synonymie et les
(1) Voyei U description et le* figares des espèces de Céphalopodes et de Gastéropodes de
Franre, dans notre Paléontologie française , terrains jurassiques.
CHAP. IV. - TREIZIÈME ÉTAGE : OXFOKDIEN.
531
localités où elles se trouvent. En ôtant de ce nombre les 32 espèces
communes à la fois à l'étage callovien (§ 200vS) et tes 16 suivantes,
communes avec l'étage corallien , il restera encore 702 espèces caracté-
ristiques de cet étage qui pourront servir à le faire reconnaître.
Etpèoet communes aux étages oxfordien et corallien.
Belemnitcs excentraiis, Young.
Nautilus giganteus, d'Orb.
Pleurotomaria Euterpe, d'Orb.
Pterocera aranea, d'Orb.
Purpurina Moreausia, d'Orb.
P. Lapierrea, d'Orb.
Unicardium Aceste, d'Orb.
Arca harpya, d'Orb.
Mytiius subpeclinatus, d'Orb.
Avicula polyodon, Buvignier.
Pecten inœquicostatus, Phillips.
P. lens, Sow.
P. Bromes. d'Orb.
Rhynchonella inconstans, d'Orb.
R. peclunculafa, d'Orb.
R. Royeriana. d'Orb.
Terebratula insignis, Schubler.
T. buccutenta, Sow.
Terebratella pectunculus, d'Orb.
Hemieidaris crenularis, Agassiz.
CidarisBiumenbachii, Munster.
Synastrea cristatn, d'Orb.
Centrastrea microcono8,d'Orb.
Hippalimus eiegans, d'Orb.
Ostrea amor, d'Orb.
0. gregaria, d'Orb.
§ 20Ô6. L'extension géographique que nous avons donnée à l'élage
s'appuie sur la concordance dans l'ensemble des faunes. Pour pouvoir
l'apprécier, il suffira de jeter les yeux sur les localités Indiquées à notre
Prodrome, surtout pour les espèces suivantes, les plus répandues en
France, en Russie, en Angleterre, eu Espagne et en Allemagne, et dès
lors les plus propres à caractériser cet horizon.
MOLLUSQUES.
1
N«»« du Prodrome.
Nos du Prodrome. |
Pholadomya constricta.
190
Belemnites Sauvanausus,
16
P. Duboisii.
197
Ammonites cordatus.
30
Astarte ovata.
242
A. alternans
31
Trigonia clavellata.
292
A. plicatilis.
32
Cardinm concinnum.
325
A. perarmatus.
35
PInna sublanceolata.
363
A. crenalus.
37
Lima duplicata.
393
A. ocuiatus.
45
Pecten subûbrosus.
423
A. canaiiculalus.
86
Ostrea nana.
449
Turbo Meriani.
107
0. duriuscula.
450
Pleurotomaria Buchiana.
129
Rhynchonella varlans.
461
P. Slssolœ.
130
ÉCmNODERNES.
Cerilhium Russiense.
161
Panopœa peregrina.
182
Disaster ovalis.
500
Pholadomya iineata.
193
Pygaster umbrella.
500
98! QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
HonlIiTalUa dlapsr.
&M
CribnupongJa texsla.
C. subtexturals.
PoTospongla marglnati.
CGI!
Lee quelques. eepècea que nous flgurone l'.i-nprès donneronl une le'
gère Idée des principales rormes de cette époque (/I9- *^f> ^ *6!>)-
§ 30S7. Chronologie hirtoriipie. A la Dn de l'étage callovlen, pro-
bablement par luile d'une penurbatinn géologique (§ 1030), ont élé
ancanlles, avec quelques genres, avec des cep^ces d'animaui verlébrée
el annelés, 256 eapèeee d'nnJmaux mollusques et Tayonnéa (§ !030;.
Lorsque le calme s'est rétabli dans la nature, pont née. avec l'élage
oxfordieu, ^t genres d'animaux de toutes les classes, jusqu'alors Incon-
nus, et plus de BOO espèces d'êtres el de plantes, complétant l'animalion
de celle curieuse épuque du monde animé.
§!I0S8. Les mers o(rordiennes(rnïPï étage là" de noire carte, /ij. *08j
onl conservé la même extension qu'à l'époque préuédente (g ï033;: seu-
lement elles se aunt de nouveau Tellréea tout autour des bassins unglo-
parisien et pyrénéen, par fuite d'atterri ase ni enta littoraux. Elles s'éten-
daient sur les mêmes points d'Europp, et probablement sans imeirupllon,
côIp, jutqri'rn Asie Wi-
e.eldel'aulre en Russie;
.yalrop d'espèces com-
conlréed lointaines Jusqu'i la
merrilacialc,pourcrolre qu'il
«laîidesllmlli
foidienne».
«DBH.LrsL-onlInenlB
devnlent être
au»n) les mêmes
W3* ) . BU
Angleler -
cela près, cependant, dans les première:
veaux au pourtour des haseini. Gemme i l'étage précédent, les déirolti
CHAI>. IV. - TREIZIEME ËTAGE : OXFORDIEN- 633
brelon et vosgien forment un IsUioie; l'ilot du Jura Ml le même, ainsi
que lea autreu poinii continentaux.
53i QUATRIËHH: PARTIE. —SUCCESSION CHRONOLOCrQUE.
Crustacés décapodes, [es premiers Crustacés isopodee, le premier rèf
det AmorpbOMMires teitaeéi ; et, dioe loutM lei autres cIisBei, aolt le
CHAP. IV. ^ TRKIZIËUE ttXGE : OXFORDIE». £36
maximum de développement de quelques familles, comme celles des
PyenodidéeE, des Lépldoplérldéee parmi les Pateson$, un grand nombre
de genres nouveaux de toutes les classes, parmi lesquels nous distin-
guons des Céphalopodee remarquables, comme la Sècft». les LeptoleuihU
cl les Aeanthattulh't, des Fmimj , beaucoup de genre» de Crustacés,
53ft QUATRItïlE PAKTIK.
d'Ëchlnodernies, de Polypiers
■SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
; Spongiaires. Les nombre u«m fomies
nou Telles Jolnles au maximum dedéTeloppemenldeBeepËcesdes genres
Pholadomya, Kyoconeka, Rhyneho»eUa et Eugtniaerinui donnent i
t élage une richesse animale liien supérieure A celle dea époques
antérlenres. Voici quelques plantes
Brongniart ;
OrTptogunei amphigiDU.
Codites dlITorrols, Broog. — So-
lenholTen [Carditti (crpan/inut
et eratiijin, SLernh.).
C. P lortuosus, Brong., Soient.
{Cavierfitn (oriuofui, Slernh.)
Chondriteslnxiis, SIemb., Solenh.
C. lumbricarios, SIernb., Solenb.
is emprunlées i H. Adolphe
Sphferococclles cactirormis.Slerub.
Solenh.
S. Tarlus, Sternb., Solenb.
S. subarliculalus, Siernb., Solenh.
S. secundua ?, Siernb.. Solenb.
S. Chnlliltinii. Siernb., Solenb.
S. cernuus, Siernb , Solenb.
S. SloiAil, Brong., Solenli.
S. eoncatenatus, Slernl., Solunb.
CBAP. IV. - QUATORZIÈME ÉTAGE : CORALLIEN. 5â7
S. ciliatuSy Sternb., Solenh.
Munsteria claYata, Sternb., Solenb.
M. Terniicularis, Sternb., Solenb
M. ? Iacuno8a, Sternb , Soletih.
§ 2061. Les continents n'étaient pas moins bien partagés ; eUr nous y
voyons apparaître, pour la première fois, des représentants nombreux
des ordres des Insectes bémiptères, hyménoptères et lépidoptères. Nous
voyons encore ie second règne des grands Reptiles riverains composé de
quelques genres déjà cités, et de 10 genres nouveaux, parmi lesquels les
Gnathosaurus, les RachœosauruSf \e& Pleurosaurus, leiGeosaurus, les
SpondylosauriiSy et surtout ces singuliers Reptiles volants nommas
Pterodactylus. Avec ces animaux, les continents nourrissent des plantes
dont la liste suivante, extraite de la flore oolitbiqtie de M. Brongniart,
signalera les débris arrivés jusqu'à nous :
MonoGotylédonei douteuttei.
Carpolytbes conica, L. et H., Mal-
ton.
Carpolythes Bucklandii^ L. et H.,
Malton.
§ 9062. L'identité de la faune marine oxfordienne depuis le 40» de
latitude jusqu'à la mer Glaciale nous ferait croire qu'à cette époque les
zones isothermes n'existaient pas encore, neutralisées qu^elles étaient
par la chaleur centrale de la terre.
Nous avons vu que les oscillations locales du sol étaient fréquentes
et marquées (§2048).
§ 9063. Par ce que nous avons déjà dit des discordances (§ 204t), et
delà perturbation finale (§2049), on voit qu'elle a probablement dé
terminé la fin de la période oxfordienne, et que cette perturbation coïn-
cide avec les limites des faunes dans les couches terrestres.
14e Étage : CORALLIEN, d'Orb
Première apparition des genres Scalaria, HeliocidariSy Parastrea.
Premier règne des Zoophytes; règne des genres Pileolus, Nerinea,
Purpurina^ Diceras Hemicidaiis, AcrocidariSf Millericrinus et Apio-
crinus, etc.
Zone des Ammonites Altenensis et Rupellensis, du Nerinea Man-
dehlohiy du Pholadomya canaUculatOtôu Trigonia Bronntt, du Diceras
arietina, du Glypticus hieroglyphicus,
§ 2064. Dérivé. Nous avons conservé le nom de corallien déjà em-
ployé par plusieurs auteurs, parce qu'il est appliqué depuis bien long-
temps en France, où il s'est vulgarisé pour les types les plus caractérisés,
par les polypiers. Voici du reste la synonymie suivant les divers dérivés.
§ 2065. Synonymie luivantlei fofiilet. C'est le Calcaire à Nérinées,
le Calcaire à Astarte, de MM. Thurmann et Thirria ; VOolithe coral-
538 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
lien, \e Calcaire corallien, ùe M, Thiirroann; \eCoral-rag, des Fran-
çais; le Groupe corallien, de MM Beudanl et Favre ; VOherer Corall-
rag, Rœmer.
Suivant la composition minéralogique, c'est VOoUthe corallien, le
Calcaire corallien, de M. Thurmann ; VOolilhe de la montagne de Li-
sieux, de M. Desnoyers ; le Groupe séquanien, de M. Marcou ; le Calcaire
Portlandien, Fades de charriage, de M. Gressly ; le Pisolithe , de
M. Smith ; partie du Weisser Jura {Jura blanc), de MM. Qiienstedt
et Schmidt.
Type français, Saint-Mihiel (Meuse) ; Saintpults, Tonnerre (Yonne) ;
Oyonnax (Ain) ; Angoulin (Charente-Inférieure).
§ 20G6. Exteniion géographique. [Voyez étage 14 de notre carte,
fiy. 408.) L'étage corallien est absolument distribué comme les deux
étages précédents, qu'il recouvre partout où il se trouve en France.
Seulement le cercle qu'il forme va toujours en se rétrécissant, autour
du bassin anglo-parisien, que nous allons d'abord parcourir. On le voit
dans le Pas-de-Calais, à Bazinghen; dans les Ardennes, avec une lar-
geur moyenne de quatre à six kilomètres, de Saulce-aux-Bois jusqu'à
Neuvizy, il forme une bande qui va au sud-est, depuis bien au nord de
Wagnon, passe à Novion, à Puisieux, à Vignicourt ; se dirige vers le
département de la Meuse; passe à Verdun, à Saint-Mihiel, à Sampigny,
à Dauvillers, près de Commercy ; dans la Haute-Marne, à Roocourt-la-
Gôte, à Tuzennecourt, à Maranville ; dans l'Aube, à Clervaux, à Ricey,
ù Chàlillon-sur-Aube, à Loches; dans l'Yonne, à un kilomètre de
Tonnerre, carrière de Vauligny, près de Châtel-Censoir, à Coulonges-
sur-Yonne, à Méry, à Mailly-le-Chàteau, à Gravant, à Saintpuits,à Vin-
celles, à Val-de-Merci, à Charencenay, à Molesme, à Courçon, à Thury,
à Étais ; dans la Nièvre, à Pongny^ à Siez, à Entrains, aux roches de
Bonne ville , près de Clamecy; et dans le Cher, jusqu'auprès de
Sancerre. Sur le versant opposé du bassin, nous trouvons l'étage
corallien dans le Calvados, au-dessus de Villers, à Bénerville, à Trou-
ville et à Hainqueville, où, sur le bord de la mer, commence une bande
souvent recouverte par les étages crétacés, mais qu'on découvre sur
quelques points de la ligne jusqu'aux côtes de l'Océan. On le trouve
effectivement dans le Calvados, à Pont-Lévéque , à Lisieux; dans la
Sarthe, à Ruez, à Saint-Côme, à la Ferté-Bernard , à Chemé et à
Écomoy.
En Angleterre il parait suivre une ligne parallèle aux autres étages.
Néanmoins, il est moins bien caractérisé qu'en France.
Dans la mer pyrénéenne, les étages jurassiques continuent à se dé-
poser régulièrement sur les autres ; et, de tous, l'étage corallien est, sans
contredit, le plus développé. H compose tout le sol de l'ile de Ré, de la
CHAP. IV. - QUATORZIÈME ÉTAGK : CORALLIEN. 539
côte de TOcéan, depuis Marsilly, Nieuil , l'Houmeau , la Rochelle, la
pointe des Minimes et la pointe du Ché, jusqu'à Angoulins ; il y forme
une bande d'une largeur moyenne de quinze kilomètres, qui se dirige
de la Rochelle à l'est, quelques degrés au sud, passe à Dompierre, à
Surgères, dans les Deux-Sèvres, depuis Beauvoir jusqu'à Villeneuve-la-
Comtesse, et se continue dans la Charente, jusqu'au sud de RufTec.
Dans la mer méditerranéenne, on ne rencontre pas partout l'étage
corallien. 11 se rencontre dans la Haute-Saône, à Rapt, près de Champ-
telle, à Trécourt; dans la Côte-d'Or, à Vitteaux, près de Dijon; dans
l'Hérault, à la montagne de la Seranne, au nord-est de Cornies. Nous
l'avons reconnu entre Cuers et Brignoles ; sur le versant des Alpes, dans
le Var, sur le chemin de Grasse à la Malle, et à la Malle même ; nous
croyons Ta voir reconnu dans les dernières couches jurassiques de
Chaudon , de Sisteron (Basses-Alpes) ; de Chàieau-Neuf , de Chabre
(Hautes-Alpes). 11 est parfaitement caractérisé dans l'Isère à lÉchaillon,
près de Grenoble. — Sur le versant du Jura, on le connaît à Oyonnax,
à Landeiron, à la Voulte, à Plagne, près de Nantun, à Poisat (Ain) , à la
Pérouse et à la Chapelle, près de Salins (Jura) ; à Vorsel, à Beaume, à
Grand-Combes des-Bois, près de Morteau; dans le Haul-Hhin, à Rœ-
dendorf.
. Hors de France, en Savoie, on le rencontre au Mont Salève ; en Suisse,
il parait exister à la Chaux de Fond (Ncufchàtel) ; au Raimaux, près de
Délemont, au val de Laufen (Berne) ; à Porontruy, à Muttens (Bâle).
En Bavière, il parait se trouver à Essingcn, à Regensburg; dans le Wur-
temberg, à Natthelm, à Muggendorf, près d'Heidenheim. àGrusbengen,
ainsi que sur beaucoup d'autres points de l'Allemagne, tels que Amberg,
Streitberg,Neiimark, Cioslar, Hanovre, Heersum, etc. — L'étage se ren-
contre encore en Morée.
§ ÎOCT. BtTAliûoaAion. {Voyez dans nos coupes l'étage lA*, fig, 393,
416, 424, 428, 433 et 4G7). L'étage corallien dépend encore des grands
systèmes jurassiques, et suit la stratiQcation et les allures des couches
dxfordiennes, sur lesquelles il repose partout où nous l'avons observé, soit
en strates régulières plongeant vers le centre des bassins, comme à l'est
et à l'ouest du bassin anglo-parisien, au nord du bassin pyrénéen, soit en
couches fortement relevées sur le versant occidental des Alpes. Lorsque
nous disons que les couches coralliennes sont en strates régulières au
pourtour des bassins, nous parlons en général. Si l'on veut, en effet, étu-
dier minutieusement le parallélisme de ces couches, sur les points en
apparence les moins tourmentés, on s\3perçoit, de suite, qu'un nombre
considérable de petites failles se manifestent presque partout. La tran-
chée du canal de Niort, à Dompierre et à la Belle-Croix, près de la
Rochelle, nous en a montré un curieux exemple (/t^. 406), ainsi que les
540 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE,
falaises de la côte d'Angoulins, au sud de la même ville, où ces failles
Fig. 466. Failles simples de la tranchée de la Belie-Croix, prés de la Rochelle.
sont répétées à chaque pas {fig. 468). La concordance de tous les points
où se trouve Tétage corallien en France, sur l'étage oxfordien, nous
donne la preuve qu*il a succédé régulièrement dans Tordre chronolo-
gique à ce dernier.
§ 2068. Dîscwrdanoet. Nous avons des discordances d'isolement à invo-
quer en France et en Russie, pour séparer inférieurement l'étage corallien
de l'étage oxfordien (^§ 2041); discordances d'une très-grande valeur qui
nous donnent les limites d'indépendance des deux, tout en nous ofitrant
la preuve qu'un mouvement géologique considérable en a été le moteur
certain. Pour les limites supérieures, nous n'avons pas d'autres dis-
cordances que des discordances d'isolement. Il est un fait trop gé-
néral pour dépendre d'une simple dénudation, qui laisse toujours des
lambeaux sur quelques points : c'est le manque, sur l'étage corallien, de
l'étage kimméridgien, sur tout le versant occidental des Alpes françaises
et dans le Yorkshire en Angleterre. En effet, depuis Grasse jusque dans
les Hautes-Alpes {^g. 416, 433 et 467), et dans tout le Yorkshire, en
u
Fig Wl. Coupe prise entre le Cheiron et Caslillon (Basses-Alpes).
Angleterre, les couches coralliennes paraissent être les derniers repré-
sentants des terrains jurassiques, au moins n'avons-nous rien trouvé
qui indiquât les deux derniers étages kimméridgien et portlandien.
Nous avons, au contraire, sur tous les points que nous avons visités,
trouvé les étages crétacés en contact avec les couches oxfordiennes ou
coralliennes, comme à la Malle, à Escragnolles (ravin de Saint-Martin)
(voyejsOg. 416. 433, 454, 467 et 478), à Cheiron, à Barrême, près de
CHAP. IV. - QUATORZIÈME ÉTAGK : CORALLIEN. 54 1
Ghaudon, à Sisteion, à Châteauneuf de Ghâbre, etc., etc. Il s'est donc
passé sur ces points, à la fin de l'étage corallien, un mouvement géolo-
gique qui a empêché de se déposer les étages jurassiques suivants, concor-
dant partout ailleurs dans les bassins anglo-parisien et pyrénéen. Nous
pourrions d'autant plus le croire que, partout où c'est l'étage néocomien
qui repose sur les terrains jurassiques, les couches sont en stratifica-
tions concordantes, comme sur tous les points cités (la Malle exceptée).
Gette concordance excluant tout grand mouvement dans les Alpes, du-
rant la période jurassique, on doit, peut-être, Tattribuer à une simple
surélévation de cette pariie, entre la fin de l'étage corallien et les pre-
miers dépôts néocomiens.
§ âOG9. GompotitioD minéralogîque. Les formes sous lesquelles se
montrent les couches coralliennes sont au nombre de trois principales .
La plus répandue est un calcaire marneux blanc, jaunâtre ou gris, en
couches formées de petits bancs, comme dans l'Yonne, à Tonnerre; dans
!a Charente-Inférieure, près de la Rochelle; à Beauvoir (Deux-Sèvres).
Cne autre forme, non moins commune, est celle qui lui a valu le nom
de corallien, de Coral-Rag, lorsqu'elle est composée de nombreux débris
de polypiers entiers ou roulés, ou même de masses énormes de polypiers
en place, soit dans un calcaire blanc, soit dans un calcaire gris, comme à
Pulsieux, à Saulce-nux- Bois (Aidennes), n Saint-Mihiel (Meuse); à Ton-
nerre, àChàtel-Censoir, à Sainlpuits (Yonne) ; à Clamecy (Nièvre) ; à Trou-
?ille,à Benneville (Calvados); à la Ferté Bernard, à Ëcommoy (Sarlhe);
àLoix, (ilede Ré); à la pointe du Ché,à Angoulin, près de la Rochelle;
dans la dolomie, au-dessus de Grasse (Var), à Oyonnax (Ain\ etc. La
troisième forme minéralogîque est toute ooiithique, calcaire et blanche,
comme à Saulce-aux-Bois, à Novion (Ardennes), dans certaines couches
inférieures à Tonnerre (Yonne), à Saint- Côme(Sarthe). Une quatrième,
plus rare, c'est la forme de grès quartzeux, qu'on reconnaît à Henquc-
ville, à Lisieux (Calvados), où ces grès servent à paver. Sur quelques
points du versant occidental des Alpes, comme au-dessus de Grasse et
ailleurs, les couches coralliennes sont plus ou moins dolomitisées. Les
calcaires compactes, où l'on distingue bien les polypiers, passent h des
marbres veinés de blanc et de rouge, qui, quelquefois, ont été ex-
ploités.
Les couches coralliennes, si variables sur des points éloignés, ne sont
pas moins diiférentes sur des lieux très-rapprochés. A Trouville même,
au-dessus du Bourg, les dernières couches oolithiques de l'étage oxfordien
d'un calcaire oolilhique bleu, sont recouvertes par un calcaire argileux
jaune, non ooiithique, pétri de polypiers, qui, sans changer de niveau»
passe , en marchant à l'est , à l'étal de grès siliceux avec ou sans
polypiers, au-dessous de Henqueville et jusqu'aux dernières limites de
11. 4
542 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
rétage près de Villerville. Dans le bassin pyrénéen, à Marsilly, à Beau-
voir, ce sont des couches de calcaires argileux blancs, qui recouvrent les
argiles grises ou noirâtres de l'étage oxfordien, et qui, après avoir montré
une immense puissance de bancs alternatifs, avec ou sans fossiles, plus
argiicux ou plus durs, sont recouverts, aux parties supérieures, sur
quelques points seulement, par les bancs de polypiers d'Angoulin. 11 en
est de même dans l'Yonne. Ainsi les bancs de polypiers ne seraient, dans
ces lieux et dans beaucoup d'autres, que des dépôts purement locaux,
que nous chercherons h expliquer aux déductions ; mais, en attendant,
nous ne croyons pas que les seuls caractères minéralogiques et strati-
graphiques des couches puissent, sans le secours des restes organisés
qu'elles renferment, donner aucun résultat général pour les limites su-
périeures ou Inférieures de l'étage corallien, et même pour les caractères
distinctifs des autres étages, tandis qu'avec les caractères paléontolo-
giques de Tétage, la stratification offre partout une concordance par-
faite.
§ 2070. PttÎManoe connue. En mesurant toutes les couches qui
plongent légèrement au sud-ouest, dans la Charente-Inférieure, deMar-
silly jusqu'à Angoulin, on arrive à croire que l'ensemble n'a pas moins
de 200 à 300 mètres de puissance.
§ 207. Déduotioni tirées de la nature des •édîmenti et des
foMÎlei. Considérées sous le point de vue de leur application, les causes
actuelles nous font retrouver, dans les couches locales de l'étage coral-
lien, les côtes tranquilles, les côtes battues de la vague, des mers alter-
nativement calmes et agitées, traversées par des courants sous-marins,
ou recelant des récifs de coraux, comme les mers d'aujourd'hui. Par-
courons un instant, pour le démontrer, les anciennes mers jurassiques
de cette époque.
§ 2072. Point» littoraux des mers. Peut-être les anciennes côtes
ont-elles été enlevées par des dénudations postérieures ; toujours est-il
que les coquilles flottantes de Céphalopodes sont très-rares dans cet
étage, et nous donnent peu de dépôts riverains faits au niveau supé-
rieur des marées. Sous ce rapport, nous ne pouvons citer que Dompierre,
la Belle-Croix, Marsilly, près de la Rochelle (Charente-Inférieure), et
Beauvoir (Deux-Sèvres). Les points littoraux donnés par les bois fossiles
et les plantes se voient à Verdun (Meuse). Les points littoraux donnés
par les coquilles rouléess, existent près de Saint-Mihiel (Meuse) ; près de
Châtel-Censoir, dans quelques-unes des couches de Saintpuits, dans les
couches supérieures de Tonnerre (Yonne), de Sàint-Côme (Sarthe) , de la
Roche-de-Bonneville, près de Clamecy (Nièvre), etc. Un des plus beaux
types des côtes tranquilles se voit à Beauvoir, à Dompierre ; là, de grosses
Ammonites ont été jetées par intervalles sur les sédiments les plus
CHAP. IV. — QUATORZIÈME ÉTAGE : CORALLIEN. 543
tins, sans aYoir soufTert aucune altération. Les bivalves entières, le
plus souvent mortes, et les valves ouvertes, sont couchées sur le côté,
près de coquilles si fragiles, que le moindre choc aurait dû les briser.
D'autres couches, sur les mêmes points, montrent beaucoup de coquilles
lamellibranches verticales, ou dans leur position normnle d'existence; ce
qui porterait à croire que ces côtes étaient sous rinfluenee des marées,
et dans la zone de balancement des eaux. Tout annonce que ces dépôts
se formaient dans des parages tranquilles des mers, où à peine le tas-
sement des coquilles, pur bancs réguliers, annonce quelque faible agi-
tation. Si nous laissons ces régions calmes de l'ancien littoral coral-
lien, pour y chercher des côtes battues de la vague, nous les trouverons
très-prononcées, dans les fossés d*un bois distant d'une couple de kilo-
mètres de Saint-Mihiel (Meuse) j au-dessus des carrières de Vauligny,
près de Tonnerre (Yonne), et dans les autres lieux cité?. Ici rien n'est en-
tier ; toutes les coquilles et les coraux y sont roulés, uses et amoncelés
sans ordre, les uns sur les autres, mélangés à de nombreux débris cal-
caires de toute grosseur. On y reconnaît facilement que toutes les
matières composant ces dépôts ont été longtemps remuées etballottées par
les eaux les unes contre les autres, comme nous les voyons aujourd'hui
sur les côtes les plus exposées aux vents.
§ 2073. Points •out-marint voisin» des oôtet. Aux coquilles non
roulées, au manque complet de coquilles flottantes, et à l'abondance
des coquilles de Gastéropodes et d'Acéphales, nous voyons que beau-
coup de couches se sont formées sous les eaux. Nous renvoyons pour
les localités à l'extension géographique; car, à l'exception des points
côtiers déjà cités , et des points plus profonds que nous énumérons
plus loin, tous les lieux connus sont sous-marins, et formés près
descôles. Nous trouvons dans le ravin de laTournclle, près de Saulce-
aux-Bois (Ardennes), dans les dépôts, la composition que nous dé-
taillons dans le tableau ci-contre pour en tirer quelques applica-
tions.
En résumé, nous trouvons six couches a, c, e, g^ i, &, formées de
sédiments uns sans fos&iles, alternant avec cinq couches 6, d, f, h et j,
pétries de coquilles de Cardium , de Diceras , de Corhis , avec leurs
deux valves, mais couchées sur le côté, ce qui prouve qu'elles ont
été remuées par les eaux , mélangées avec des Nerinea, des Natica ,
des Plcrocerat empiitées dans le calcaire , mais allongées dans le sens
horizontal des couches. Ici nous voyons, indispensablement, des inter-^
valles de repos, pendant lesquels se sont déposés les calcaires Uns, sans
fossiles; et des périodes d'agitation des eaux , pendant lesquelles tous
les corps les plus denses , tels que les coquilles, se sont tassés et sont
restés sous les sédiments fins, comme nous l'avons expliqué aux pcr-*
544 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
a
c
d
Un mètre d'épaisseur de calcaire blanc, composé de sédiments Uns
et sans fossiles.
Banc d'un demi-mètre de calcaire blanc, composé de sédiments ilns«
rempli de coquilles d'Acéphales et de Gastéropodes, placées dans
la position la plus favorable à leur équilibre, suivant leurs for-
mes.
Couche en tout semblable à la couche a.
Banc en tout semblable au banc b.
Couche en tout semblable à la couche a.
9
Banc en tout semblable au banc 6.
Couche en tout semblable à la couche a.
Banc en tout semblable au banc b.
Couche en tout semblable à la couche a.
Banc en tout semblable au banc b.
Couche en tout semblable à la couche a.
turbations naturelles des causes actuelles (§91, lOO;. Le même fait
existe sur tous les points de Tétage coralHen des environs de la Ro-
chelle ; mais on y retrouve, de plus, beaucoup de coquilles dans leur
position normale d'existence,
§ 2074. Dans les carrières de Vauligny, près de Tonnerre, on remar-
que, à environ 16 mètres au-dessus de la couche inférieure exploitée ,
une couche très-connue des carriers , toute formée, entre les bancs, de
traces d'ondulations laissées sous l'action dos eaux, que nous avons
signalées aux empreintes physiques (§33) Nous avons vu dans cette
carrière des blocs magniflques qui feraient l'ornement de nos Mu-
sées, et représenteraient parfaitement ces ondulations, que nous voyons
aujourd'hui, à basse mer, sur les côtes.
§ ?075. Nous avons observé dans les carrières de Saintpuits (Yonne) ,
au-dessous de couches horizontales, une série de couches horizontales
aussi , mais formées de gros sédiments, et montrant des lits parallèles,
CHAP. IV. - QUATORZIÈME ÉTAGE : CORALLIEN. &45
incliDés de 20 à 30° au N.*E. Nous voyons encore ici un fait analogue
à celui que nous avons signalé à l'étage batbonien (§2001). Ce sont
évidemment des lits formés sous l'influence de courants sous marins
(§ 83) qui marctiaient du S.-O. au N.-E., dans une direction parallèle à
l'ancienne côte de cette époque , comme on pourra le reconnaître dans
notre carte des mers jurassiques, fig. 408.
§ 2072. PoinU profonds des mers. D'autres fois ces mers, plus pro-
fondes, et dès lors plus tranquilles, sont constamment restées dans le
repos, comme à Puisieux (Ardennes)« au-dessus de Grasse (Var), où les
polypiers et les autres fossiles sont, pour ainsi dire , où ils ont vécu.
Nous avons parlé des récifs de coraux de l'étage corallien, peut-être
l'un des faits les plus curieux qu'on puisse constater en paléontolo-
gie ; car non- seulement on y trouve des êtres, mîiis encore souvent des
colonnes entières d'animaux perdus restés sur le point où ils vivaient
et dans leur position respective d'existence. On voit ces anciens récifs
de coraux à Saint-Mihiel (Meuse) , près de la ville . où se montrent de
grandes masses de polypiers encore en place dans une tranchée de
route; nous en avons rencontré quelques-uns au-dessus de Grasse,
cliemin de la Malle (Var), mais ils sont particulièrement remarquables à
Trouville, au-dessus du bourg, et à Benerville (Calvados), où ils forment
tous ces rochers isolés qui, moins attaquables que le reste de la roche,
sont restés ou amoncelés sur la côte , ou isolés sur le sol. Ces deux
points du Calvados et du Var sont d'autant plus curieux, que les cou-
ches voisines ne renferment pas de polypiers et que ceux-ci ne for-
maient que des récifs isolés. Les lieux les plus instructifs à visiter sous
ce rapport sont surtout les côtes de la pointe du Ché et d'Angoulin,
près de la Rochelle (voyez flg, 468). Là, des blocs énormes de polypiers.
Fig, 468. Cuupe de l'clage coraUien, prise à la poinle du Ché, pràt de la Rochelle.
b. h, b, sont debout, isolés sur la côte; ou en place, au milieu de sédi-
ments plus ou moins fins. On les voit encore entourés solide sédiments
fins couche a, soit de toute la faune locale de cette époque (couche c,
d, e) ; ici ce sont des oursins (Cidaris) avec leurs piquants placés dans
les anfractuosités des masses madréporiques où ils vivaient , à côté des
Comatules avec leurs bras, dans leur position normale; plus loin des
Crinoides encore debout , ou dont les calices sont seulement couchés à
côté de leur tige et de leur racine; partout des groupes d'Huilres, de
Serpules, etc., etc. A côté de ces blocs de rochers sont souvent des cou-
4fi.
546 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ches de sédiments fins (couche a), remplis de coquilles bivalves, dans leur
position normale d'existence. Sur certains points on se croirait réelle-
ment transporté au fond d'une mer récemment abandonnée qui, long-
temps cachée par des sédiments fins, vient enfin de lever le voile qui la
couvre, sous l'influence des eaux actuelles de TOcéan. Par la manière
dont toute cette faune a été enveloppée successivement, soit de sédiments
fins, soit de débris organiques plus denses , disposés par bancs hori-
zontaux, on peut facilement juger que des intervalles de repos et d'agi-
tation produits par les causes actuelles, se sont succédé jusqu'à l'instant
où le récif s'est trouvé entièrement couvert de sédiments, circonstance
qui a détruit entièrement les Polypiers et les Crinoïdes.
§ 2077. OsoillatioDi du sol. La présence, à Dompierre, près de
la Rochelle, de couches remplies de coquilles flottantes, au-dessous de
couches évid>'mment sous-marines , ne permet pas de douter que des
oscillations du sol n'aient eu lieu durant la période corallienne.
§ 2078. Garaotèrei paléontologiques. Sans être aussi tranchée
que la faune de l'étage oxfordien, nous voyons néanmoins, dans celle-
ci, une époque non moins curieuse, et surtout presque aussi riche
en caractères. On reconnaît pourtant, malgré ses différences, qu'elle
tient par son ensemble au même faciès géologique que l'étage précé-
dent.
§ 2079. Garaotèret négatifs tirés des genres. L'étage corallien se
distingue de l'étage oxfordien, outre les G9 genres que nous avons vus
naitre et disparaître dans le dernier , sans se montrer dans le premier,
par 11 genres qui, nés dans les étages antérieurs, se sont également
éteints avant le commencement de l'étage corallien (§ 2054), ou, en tout,
78 genres pouvant donner des caractères négatifs pour l'étage. Ce résul-
tat montre déjà qu'à cette époque, malgré la richesse de l'étage coral-
lien, les terrains jurassiques entrent dans cette période de décadence
que nous verrons se prononcer davantage pour les deux étages sui-
vants.
§ 2080. Les limites paléontologiqoes avec l'étage kimméridgien ne
sont pas aussi tranchées sous le rapport des caractères négatifs, et cela
nous paraît être une conséquence de ce que nous venons de dire. Nous
n'avons, en effet, que les 4 genres de Reptiles de notre tableau n" 3 qui,
nés avec l'étage kimméridgien , manquent encore à l'époque coral-
lienne.
§ 208 1 . Caractères paléontologiques positifs % tirés des genres .
Comme application aux limites des étages oxfordien et corallien, nous
avons les :)6 genres suivants qui, inconnus dans l'époque oxfordienne, ne
commencent à se montrer, nu moins dans la limite de nos connaissances
actuelles, qu'avec la période qui nous occupe. Parmi les Mollusques gas-
CHAP. IV. — QUATORZIÈME ÉTAGE : CORALLIEN. bM
téropodes, les genres Helicocryptus, Scalaria ; parmi les Lamellibranches,
les genres Diceras el Pulvinites ; parmi les Échlnodermes, les genres
Glypticus , Heliocidaris t Eucosmus , Acropeltis et Guettardicrinus ;
parmi les ZoopliNtes , les genres Aplophyllia^ Adelocœnia^ Slylosmilia,
Parastreay Conocœniay Enallocœnia, Dactylastrea, Tkamnastrea ,
Dendrarœay Dactylarœay Polyphyllastrea, Axophyllia, AplosmUiay
Stylogyra, Pachygyra, Meandrophyllia, Decacœnia ^ Comophylliat
Lobocœnia^ Phijtogyra^ Cyathophora^ Latomeandra^ Comoseris, Mi-
crophyllia, Myriophylha, Pseudocœnia; parmi les Foraminifères, le
genre Goniolina,
§ 2082. Dans les genres apparus pour la première fois dans Tétage
corallien, tous ceux qui ne survivent pas à cet étage, qui y naissent et
y meurent sans passer à la période kimméridgienne , seront autant de
caractères positifs pour le distinguer de cette période. Ces genres, au
nombre de 25, sont ainsi répartis : parmi les Mollusques lamellibran-
ches, le genre Diceras; parmi les Échlnodermes, les genres Eucosmus,
Acropeltis ei Guettardicrinus; parmi les Zoophytes , les genres Aplo-
phyllia, Adelocœnia, Conocœnia^ Dactylastrea, Thamnastrea^ Den-
drarœa, Dactylarœa^ Axophyllia, Aplosmilia, Siylogyra ^ Pachygyra,
Meandrophyllia , Decacœnia^ Comophyllia^ Lobocœnia ^ Phytogyra^
Cyathophora^ Comoseris^ Myriophyllia, Pseudocœnia; parmi les Fo-
raminifères, le genre Goniulina. Joignons à ces genres les 15 suivants
qui, nés antérieurement, se sont également éteints dans cet étage sang
passer au suivant : Parmi les Mollusques gastéropodes , les genres
Ditremaria, Purpurina; parmi les Mollusques lamellibranches, le
genre //tppopodtum ; parmi les Échinodermcs, les genres -4 crosa/enia,
Hyboclypus^ Acrocidaris , Ophiurella , Apiocrinus et Millericrinus ;
parmi les Zoophytes, les genres Eunomya, Dendrocœnia, Stylina^ Vt-
crosolena^ Confusastrea et Tremocœnia : et nous aurons 40 genres pou-
vant séparer les deux étages. On voit que le nombre des genres dislinciifs
est très-grand, surtout par rapport aux discordances communes en
France. On remarquera encore, que ces genres dépendent presque
exclusivement des Échlnodermes et des Zoophytes, et, dès lors seule-
ment, des animaux qui constituent aujourd'hui les récifs de coraux de
nos mers, comme pour prouver l'identité de rapport des récifs anciens
avec les récifs actuels (§ 119).
§ 2083. Caractères palèontologiquet tirés des espèces. Sans par-
ler des animaux vertébrés, des animaux annelés et des plantes, qui
offrent un grand nombre d'espèces caractéristiques de cet étage, les
animaux mollusques et rayonnes seuls nous ont donné, après discussion
très-sévère, le nombre de 656 espèces, dont nous offrons la liste syno-
nymique et géographique dans notre Prodrome de paléontologie straii-
5i8 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSlOiN CHRONOLOGIQUE.
graphique {iome 2, p. 1 et suiv.) (1), si nous séparons de ce chiffre les
là espèces communes aTeci'étage oxfordien (§ 2055) et les 13 suivantes
que nous rencontrons dans l'étage kimméridgien :
E»pèoei communes aux étages corallien et kimméridgien.
Nautilus giganteus, d'Orb.
Natica hemisphderica, d'Orb.
Ammonites Cyniodoce, d'Orb.
Panopaea sinuosa, d'Orb.
Ceromya excentrica, d'Orb.
Thracia suprajurensis, Desh.
Mytilu» Lysippus, d'Orb.
Avicuia subplana, d'Orb.
Pinnigena Sausurei, d'Orb.
Hinnites inœquisiriatus, d'Orb.
Ostrea solitaria, Sow.
Rhynchonella inconstans, d'Orb.
Terebratula subsella, Leymerie.
Gidaris Orbignyana, Agass.
mais seulement dans les couches presque en contact des deux étages, ce
qui ne prouve pas qu'elles aient vécu dans les deux, nous aurons encore
630 espèces caractéristiques de cet étage. Ces espèces suffiront, nous
le pensons, d*un côté pour prouver l'indépendance de l'étage, de l'autre
pour servir à le distinguer des âges antérieurs et postérieurs.
§ 9084 A l'extension géographique , nous avons donné la liste de
beaucoup de points où nous avons certainement reconnu l'étage qui
nous occupe ; pour s'en convaincre , on n'aura qu'à consulter notre
Prodrome de Paléontologie, où toutes les localités sont indiquées On y
verra que partout, lorsque le même faciès de dépôt se rencontre, on a
les mêmes espèces, qu'on prenne les localités dans les Alpes ou en Nor-
mandie, près de la Rochelle ou dans les Ardennes. Ce sont des hori-
zons si constants, qu'il faudrait se refuser à Tévidence pour no pas les
admettre. Parmi les espèces, il en est de plus communes sur tous les
points et qu'il est facile de ne pas confondre, leurs formes étant plus
tranchées. Nous en citerons ici quelques unes, qui nous paraissent les
plus caractéristiques sous ces doubles rapports de la forme et de l'ex-
tension géographique.
MOLUISpCES.
Nos du Prodrome.
Ammonites Altenensis. 6
— Rupellensis. 7
Nerinea Mandelslohi . 24
No* du Prodrome.
Nerineafasciata.
25
— Visurgis.
26
— Defrancli.
53
— Desvoidyi.
55
— umbilicata.
56
(1) Voyez, pour les descriptions et les figures des espèces de Céphalopodes et de Gastéropodes
de France, notre Paléontologie française, terrain* jurassiques, et notre Monographie des Cri-
noides, où nous avons figuré les magnifiques espèces de France, qu'on trouve dans cet étage.
CHAP. IV. - QUATORZIÈMK ETAGE : CORALLIEN.
Natica grandis.
Nerila pu lia.
Turbo prinrepg.
Plioladomja canalicu
Opis cardissoides.
Trigonia Bronni).
- Meriani.
Cardium torallinuD.
Uyoroncha com pressa
Pinnigena Saussure!.
lOO Diceraa arietlna.
m 09lr«a spiralis.
!H Terebrntula Kepelinlann.
nh Pjgnster paleiurormis.
9fiO I Glypticus hieroglyphicus.
36! Diadema pseudodiadema.
Ï84 Cidaris Blumeubachil. -
3f!0 Apiocrinus Roiesjanus.
1148 I Cryptocœnia subrcgularie.
â!9
ti de eelte TauDC (fig. 469
Nous n^tirons ici quelques-unvs
i *73).
§ Î0H6. CbroaolOBie hntoTique. La pertui'bnllan géologique |§ Î063]
qui a mis un terme h la durée de la période oxFordienne ■ anéanti
7S genr«9 d'animaux de louira les séries, qui vivaient à celle époque.
Indépendammenldee espèces de plantes, des espèces d'anlmaui verté-
brés elannelés, celle catastrophe Dnale a également anéanti 724 espèces
d'animaux mollusques et rayonnr'a énuoiéiés dans noire Prodrome.
Le calme revenu dana ta nature, elle s'est repeuplée de nouveau. C'est
alora que sont npparuï, avec l'étage corallira, 36 genres inconnus aui
SU) QUATKIEHl:; PARTIE. - SUCCESSION CHBONOLOGIQUK.
CHAP. IV, - QUATORZIÈME ETAGE : CORALLIEN. bhl
époqaes anl^rieure», en même lempa que 641 espèces nouvelles poiir
ranimalUalInn.
§ !086. i.es mers coralliennes
(ïoyei étage iV de la flg. 408) con-
SPTvent, en France et en Anglelerre,
lamémecirconscrlpllonqu'àrélsge
précédent ; seulement elles s'éloi-
gnent de tous les points de la câte,
en y laissant de larges attetrisse-
menls. En Allemagne,
liennes paraît
mes conditions
qu'en France ;
pas ainsi enRus-
qui s'étendaient Jusqu'à la mer Glaciali . _ , , .iToir
donné accès. La Russie, de mer qu'elle était serait devenue continent
à la lin de l'époque oxfordlenne, et. dès lors, durant ta période coral-
g 20NT. Les continents, tout en restant les mêmes en France, se sont
considérablement accrus sur leurs bords, à la un de l'étage oxfurdien.
Il en serait do même en Angleterre el en Allemagne; mais, d'âpre le
ipanque complet de cet étage en Russie, nous pourrions croire que toute
la région occupée par les mers oxfordiennes, depuis Moscou jusqu'à la
mer Glaciale, serait, après cette période, redevenue continent, mmme
nous l'avions vu depuis l'étage permien (§ IB30) Jusqu'à l'étage callo-
vien (Ï0Î3].
§2UB8. Indépendamment de quelques-uns des mêmes genresquenous
avons vu couvrir les mers oifordiennes [§ 3081), Il en naît un grand
nombre de nouveaux dans les mers coralliennes. Parmi ceux-ci noue
remarquons, avec quelques Mollusques, un très-grand nombre d'Ëchi -
nodermes et de Zoophyles, qui constituaient des récifs ou une faune
analogue à la Faune actuelle des récifs de coraux de nos mers, et
vivaient dans des conditions spéciales. C'est même cette disposition
particulière des réclFsqui nous donne, â cette époque, un premier règne
si remarquable de Znophyle«, d'Ecliinides et de Ciinoïdes, indépendam-
ment des Diceros et des Heriara , qui y vivaient presque spécialement,
comme les Chama et les Ttyebra de nos mers, avec lesquels Ils ont des
552 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
analogies de forme. C'est, en effet, à cette époque que les genres Diceras\
Nerineà, Purpurina, Hemicidaris, Acrocidaris, Millericrinus et Apio-
crinus ont eu leur maximum de développement spécifique. En résumé,
la faune marine , tout en étant voisine de la faune oxfordienne, a son
cachet particulier, donné par Tabondance des genres propres aux ré-
cifs ou aux rochers sous-marins.
§2089. La faune terrestre de celte époque devait être voisine de la
faune terrestre de l'étage oxfordien. Néanmoins nous sommes obligés
d'en rester^sous ce rapport, presque aux hypothèses, car nous n'avons que
très-peu d'animaux terrestres connus. En séparant de la flore des ter-
rains oolithiques de M. Brongniart les espèces qui nous paraissent dé-
pendre de cet étage, nous aurons pour vestige de la flore perdue les
quelques espèces qui suivent :
Dicotylédones gymnospermes.
CYGADÉES.
Zamites Moreani, Brongn. Verdun.
CONIFÈRES.
Brachyphyllum Moreauanum, Br.
Verdun.
B. majus, Brongn. Verdun.
Cryptogames aorogènes.
FOUGÈRES
Pachypteris microphyllia, Brongn.
Verdun.
§ 2090. Les oscillations du sol devaient exister durant la période co-
rallienne, à en juger par les faits que nous avons cités (§ 2077).
§ 2091 . La perturbation finale de cet étage s'est sans doute manifestée
au loin ; néanmoins, le manque des étages supérieurs dans les Alpes,
depuis Grasse jusqu'à Gap (§ 2068), pourrait faire croire qu'il y a eu un
mouvement sur ce point , à la un de cette période ; mouvement qui
coïncide, du reste, parfaitement, avec les limites des faunes , dans les
strates consolidées de l'écorce terrestre.
15e Étage : KIMUIÉRIDGIEN, d'Orb.
Première apparition des genres Emys et Platemys.
Règne des genres Teleosaurus, Pliosaurus, Ceromya.
Première période de dégradation de la faune jurassique.
Zone des Ammonites Lallierianus et decipienSf du Pterocera Ponti j
de la Pholadomya aculicosta , du Ceromya excentrica , du Lavignon
rvgosay de VOstrea deltoidea.
§2091 his. Dérivé du nom. Nous avons fait dériver le nom delà
ville de Kimmeridge, où, en Angleterre, a été décrit le premier type de
cette période géologique.
§2092. Synonymie. Suivant la position géologique, c'est notre étnge
GHAP. IV. - QUINZIÈME ÉTAGE : RIMMÉRIDGIEN. hàZ
fctmm^rtd^ten depuis 1843, partie de Vétage supérieur du système ooli'
Ihique, de MM. Dufrenoy et Elle de Beauinont.
Suivant les fossiles , c'est le calcaire à Gryphées virgules, de M.
Thirria; ie calcaire et les marnes à Ptérocères^ de M. Boyé.
Suivant la composition miner alogique, c'est l'argile d'Honfleur, de
MM. Dufrenoy et Êlie de Beaumont ; ce sont les marnes kimméridgien-'
nés, ou les marnes et le calcaire de Banné , de M. Thurmann ; le Kim-
meridge-clay (les argiles de Kipimeridge), et le Weymouth-Beds , de
M. Fitton ; le terrain portlandien, de M. Gressly; le Portlandkalck, de
M. Rœmer, mais non le Portland-stone des géologues anglais.
Type français , à Tonnerre (Yonne), à Mauvage (Meuse), au Havre,
à Honfleur: au Rocher et à Ghâtelaillon (Gharente-Inférieure).
§2093. Extension géographique, i Voyez étage 15 de notre carte,
fig. 408.) Le grand nombre de points où I étage qui nous occupe a été
rencontré dans les bassins anglo -parisien et pyrénéen doit nous faire
croire quMI s'est déposé partout avec régularité sur l'étage corallien , et
que, s'il ne se voit pas sur tous les points, c'est par suite de changements
de niveau postérieurs qu'il a été recouvert par des étages crétacés et
tertiaires, ou qu'il a subi des dénudations partielles. Autour du bassin
anglo-parisien, il se montre avec un grand développement de couches:
à Boulogne (Pas-de-Galais), sur la côte même; à Audinghen. à Loquin-
ghen et à Bazinghen; puis commence dans la Meuse, à Mauvage, à
Demange-aux-li^aux, à Montfaucon, une large bande kimméridgienne ,
qui se dirige au sud, passe dans la Haute-Marne, à Blaize et à Bouian-
court, près de Girey-le-Ghâteau ; dans l'Aube, près de Barsur-Selne,
à Gyé-sur-Seine, aux Riceys, à Fontaine, à Balnot-sur-Lalgne, i\ Merrey,
à Viliemorin et à Bar-sur- Aube; dans l'Yonne, à Tonnerre, à Ghablis,
h Lucy-Ie-Bois, près d'Auxerre, àValian, Escamps, Avigneau, Coulan-
geron, Ouaine, Ghatenay, Taingy, Lain, Sainte-Golomi)e-en-Pui?aye,
Perreuse etTreignv; dans la Nièvre, à Dampierre, h Saint-Vrain. h AII-
gny et à Gosne ; dans le Gher , près de Sancerre. Recouvert sur tous
les autres points du bassin par les terrains crétacés, il reparait sous
ceux-ci, seulement sur la côte de Normandie, où il commence au-dessns
deTrouville, à Henqueville, à Griquebœuf, et se continue jusqu'à Hon-
fleur (Galvados). où il disparait sous les eaux de la mer On le retrouve
ensuite de l'autre côté de la Seine . au-dessous du Havre et du cap de
la Hève. Il vient encore surgir dans l'Oise et dans la Seine-Inférieure, sur
une ligne qui passe par les communes de Bazancourt , de Senoncourt,
de Montperthui, d Hécourt, de Bois-Haubert, de Senantes, de Lanlu ,
de Viile-en Bray . deBothois, d'Hodène-en-Bray , de Gourcelle-sousi-
Bois, etc., si bien étudiées par M. Graves.
En Angleterre, où nous trouvons la continuité du bassin anglo-pari-
II. 47
664 QUATRIEME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
sien, rétage forme, sur les autres terrains jurassiques, une bande qui
traverse encore, du sud au nord, une grande partie de l'Angleterre; cette
bande passe dans lesuddu Dorsetshire, près de Portland; àWilchurcb,
à Hardwick, près de Weymouth; dans le Wiltshire, dans le Berkshire,
dans rOxfordsbire, à Heddington, près d'Oxford ; à Chiksgrovc, à Tbam,
dans Touest du Buckinghamshire, dans le Bedfordshire, dans le Hun-
tingdonshire, dans le Cambridgeshire , à Skotower. Après avoir été
interrompue, elle reprend dans le Lincoinshire, pour y cesser tout à fait.
Dans le bassin pyrénéen, Tétage kimméiidgien forme une bande pa-
rallèle presque aussi large que l'étage corallien sur lequel il repose. II
compose toutes les falaises de Châtelaillon et du Rocher, entre la Ro-
chelle et Rochefort ; toute la côte orientale de l'île d'Oléron, depuis la
tour deChassironà Saint- Denis, au port du Douhet, à Saint-Pierre, jus-
que sous Oléron même. En s'éloignant de la côte, il s'étend à Test, par
Saint-Jean d'Angeiy, le Pin, jusque dans la Charente, àRouilIac, à
Ruelle, près de ta source de la Touvre et à la Fonderie.
Dans le bassin méditerranéen , nous avons cru le reconnaître par la
présence de VOstrea virgula, entre Cuers et Brignoles (Var). M. Gra^
nous a montré des fossiles qui l'indiqueraient positivement à Morestel,
près de Grenoble. — Dans le Jura, l'étage existe bien caractérisé; dans
l'Ain, à Alex, à AI>ergemont, près deNantua et à Oyonnax; dans le
Jura, à Aiglepierre, près de Salins ; dansleDoubs, à Audicourt, à
Mone, près de Besançon ; dans la Haute-Saône, à Chargey-lès-Gray.
Si nous le poursuivons dans te Jura suisse , nous le retrouverons
dans le canton de Yaud, à Sainte-Croix ; dans le canton de Neufchâtel,
à la Chaux-de-Fonds ; dans le canton de Berne , au Banné, à Haute-
Coure, à Alll, près de Porentruy, au Raimeux, près de Délemont, à
Gresfel; dans le canton de Soleure, à Laufen, à Obergosgen, à Born,
àTrimbach; dans la vallée de la Birse , à Ollen et aux environs de
SchafTouse.
L'étage existe certainement dans l'île de Sardaigne; nous l'avons re-
connu sur des fossiles rapportés par M. de la Mormora; il parait aussi
exister dansleTyrol. On le connaît de plus dans le Wurtemberg, à
Heidenheim ; et en Allemagne, à Langeberge, près de Goslar, à Wat-
terberg, près d'Ëschershausen , à Deutschlund, et sur beaucoup d'au-
tres points qu'on trouvera indiqués aux espèces dans le Prodrome
de Paléontologie. — Il paraît encore exister dans le Portugal, à Torre-
Vedras.
§ 2094. Stratification. {Voyez l'étage 15 de nos coupes, fig. 393, 424,
4;'8.) Nous dirons que 1 étage kimméridgien conserve une concordance
parfaite avec l'étage corallien, qu'il recouvre partout au pourtour des
bassins anglo parisien et pyrénéen. Seulement, à mesure que nous
CHAP. IV. — QUINZIÈME ÉTAGE : KIMMÉRIDGIEN. 555
remontons dans les étages supérieurs, le pourtour des mers jurassiques
étant beaucoup moins profond , les couches occupent une plus grande
surface et approchent davantage de l'horizontalité , tout en plongeant
un peu vers le fond des bassins. Gomme les couches coralliennes, celles-
ci offrent, sur presque tous les points, malgré leur parallélisme apparent,
un grand nombre de failles, comme nous Tavons reconnu dans les
falaises du Rocher, commune d'ives, entre la Rochelle et Rochefort ,
et près de Saint-Denis, ile d'Oléron. La concordance de stratiflcation
entre l'étage kimméridgien et Tétage corallien , qu'il recouvre partout
dans les bassins anglo-parisien et pyrénéen , prouve que l'époque qui
nous occupe a bien succédé régulièrement, dans l'ordre chronologique,
à l'étage corallien.
§ 2095. Discordances. Pour limiter inférieurement l'étage , nous
avons les discordances d'isolement que donne, dans les Alpes fran-
çaises et dans le Yorkshire en Angleterre, le manque de l'étage kimmé-
ridgien sur l'étage corallien (§ ^068) , ce qui annonce certainement, sur
ces points, un mouvement géologique entre les deux. Pour les limites
supérieures, les discordances réelles nous manquent avec le portlandien,
qui pourrait tout aussi bien être considéré comme une partie supérieure
de l'étage kimméridgien que comme une époque particulière peu impor-
tante. Nous renvoyons donc, pour les discordances , à l'étage suivant
(§2117 à 2120).
§ 2096. Composition minéralogique. Nous trouvons dans cet étage
plusieurs formes minéralogiques différentes, soit superposées, soit sur
des points éloignés. A Ghàtelaillon, près de la Rochelle, voici la suc-
cession dans l'ordre des couches composantes :
d
b
a
Série de couches de calcaire argileux jaunâtre avec fossiles. Partie
supérieure.
Gouches oolithiques, jaunes, sans fossiles
Galcaire jaune dur, pétri de débris de coquilles triturées.
Gouches argileuses jaunes, plus ou moins compactes, contenant
VÂmmonixez Cymodoce, et d'autres fossiles.
16 à 18 mètres d'argile bleue, non feuilletée, presque sans fossiles.
4^6 mètres d'épaisseur de bancs de calcaire argileux, bleu, com-
pacte, alternant avec de petites couches argileuses, remplies de
fossiles dans leur position normale.
Au Rocher, à une lieue plus au sud, toutes les couches sont argi-
556 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
leuses, bleues, plus ou moins compactes, séparées par bancs réguliers»
entre quelques-uns desquels sont des couches formées à'Ostrea vtr-
gula. A riie d'Oléron, c'est une succession de couches argileuses on
calcaires, par bancs réguliers, souvent ondulés. Entre Niort et St-Jean-
d'Angeiy, les couches kimméridgiennes commencent au sud de Ville-
ne uvc-la Comtesse, par des grès jaunâtres, recouverts ensuite par des
couches de calcaire argileux, blanc comme de la craie; à Ruelle, près
d'Angouléme, et dans TYonne , ce sont des calcaires argileux gris ou
jaunâtres ; dans le Boulonals, ce sont des couches de calcaires noirâ-
tres, pétris de coquilles et de débris ; à Villerville et au Havre, c'est une
alternance de calcaires argileux et d'argile bleue et jaune. On voit par
ce qui précède que dans l'étage kimméridgien on retrouve des grès, de
Toolithe, des argiles ou des calcaires blancs, jaunes, gris ou bleus, suivant
les localités, ou sur le même point. Il est donc impossible d'avoir
un caractère minéralogique à indiquer comme ligne de démarcation
générale entre l'étage kimméridgien et f étage corallien Si à Villerville
(Calvados) ce sont des argiles kimméridgiennes qui reposent sur les grès
coralliens, auprès de Villeneuve-la-Comtesse ce sont, au contraire, des
grès kimméridgiens qui recouvrent les calcaires argileux coralliens, con<
tenant les uns et les autres les mêmes faunes fossiles.
§ 2097. Pttbsanoe oonnue. En additionnant les couches qui compo-
sent l'étage, soit depuis Chàteiaillon jusqu'à la fin du Rocher, route de
Rochefort, soit depuis Villeneuve-ia Comtesse jusqu'au delà de Saint-
Jean-d'Angely (Ciiarente-lnférieure), on arrive à trouver pour puissance
environ 80 mètres. A Tonnerre, ou à Sainte-Colombe- en-Puisaye (Yonne),
nous l'avons évaluée à 70 mètres En Angleterre , on lui a reconnu
jusqu'à 150 mètres
§ 2098. Déductions tirées de la nature des sédiments et des
fossiles. Nous avons reconnu dans cet étage, comme dans les autres,
des dépôts littoraux et sous-marins de diverses natures.
Points littoraux des mers. Parles coquilles flottantes, très -nombreu-
ses dans les couches, nous regardons comme partie littorale les points
suivants: quelques couches des environs de Boulogne (Pas-de-Calais);
de Mauvage (Meuse) ; de Cirey-Ie- Château, de Biaise (Haute-Marne);
de Tonnerre, d'Auxerre eideLucy-le-Bois, prèsd'Auxerre; d'Honfleur,
à basse mer (Calvados) ; de l'Oise, surtout à Montperthuis , Hécourt ,
Bois-Haubert; à Chàteiaillon la couche c, une couche inférieure au Ro-
cher, à Saint-Jean-d'Angely (Charente-Inférieure) ; à Ruelle (Charente).
De tous ces points, les environs de Boulogne nous ont offert seuls des
côtes agitées, ce que prouve la grosseur des sédiments ; tandis que partout
ailleurs ce sont des dépôts tranquilles, comme ceux qui se forment au-
jourd'hui dans les golfes.
CHAP. IV. — QUINZIÈME ÉTAGE : KIMMÉKIDGIEN. 657
§ S099. Points sous-marins voisins des côtes. L'abondance des
coquilles de Gastéropodes et de Lamellibranches, et le manque presque
complet de coquilles de Céphalopodes, nous font regarder, comme s'étant
déposées près des côtes , au niveau inférieur des marées , ou peu au-
dessous, quelques-unes des couches des points suivants : de Boulogne
et ses environs, de Démange- aux-Eaux (Meuse), des Riceys, de Merrey
(Aube), de Tonnerre, des environs d'Auxerre, de Sainte-Colombe- en-
Puisaye , et sur presque tous les points du canton de Saint-Sauveur
(Yonne) ; de Trouville, de Vilierville (Calvados) ; du Havre (Seine-Infé-
rieure); de Bazancourt . de Torcy , de Villeneuve-en-Bray (Oise) ; de
Chàtelaillon. du Rocher, de l'ile d'Oléron, de Saint-Jean-d'Angely (Cha-
rente-Inférieure); de la source de la Touvre, près de Ruelle (Charente) ;
d'Audicourt (Doubs); de Chargey-lès-Gray (Haute-Saône); d'Aiglepierre,
près de Sahns (Jura) ; d'Alex, d'Abergemont, près de Nantua (Ain).
§ iiOO. Nous voyons au Havre des dépôts sous-marins formés sous
l'influence d'une période d'agitation déterminée par des courants , et
d'autres déposés pendant le repos prolongé : les premiers, marqués par
l'assemblage des couches remplies de coquilles placées mortes où elles
sont ; les autres, par des argiles où l'on retrouve beaucoup de coquilles
bivalves en place, dans leur position normale d'existence A l'île d'Olé-
ron, ce sont, au contraire, des dépôts sous-marins , formés seulement
dans une période de repos. La localité la plus remarquable par les
faits de ce genre qu'elle présente est, sans contredit, la pointe de Chàte-
laillon. Nous avons dit qu'elle se compose de couches variables, épais-
ses, plongeant légèrement au sud. Voici ce que nous pourrions voir
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Fig. 474. Coupe de Pelage kimméridgien, prise à la pointe de Chaleiaillon (Charenle-lufcrieure).
dans la composition des unes et des autres (§ 2096, flg, MK). Les cou-
ches a , formées de bancs de calcaires marneux et d'argile, qui s'éten-
dent à marée basse dans la mer actuelle, sont, pour nous, le type d'un
dépôt sous-marin voisin, ou même au niveau inférieur des marées delà
côte, et sous Tinfluence de larges perturbations naturelles momenta-
nées, démontrées par la séparation des bancs ; en effet , elles offrent
partout une in^^royable quantité de coquilles lamellibranches, de PAo2a-
47.
&58 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
domya, de Mactra, de Ceromya, d^Anatinay de Thracia, de Pinna, etc.»
daos leur position normale d'existence , les unes en famille, les autres
isolées. On y voit encore, par places, des centaines de MyUlus, autour du
point où elles adhéraient par leur byssus, et des groupes de Pinna dans
la position verticale. Rien n'est remarquable comme ces bancs : on
y voit les êtres marins tels qu'ils vivaient, et Ton prend, pour ainsi dire,
la nature passée sur le fait de son existence, comme pour animer encore
rhlstoire ancienne de notre planète ; on dirait même que les dernières
couches ont été recouvertes subitement par une affluence plus qu'or-
dinaire de sédiments qui a tout étouffé au-dessous, et a formé les cou-
ches b, encore sous-marines. En effet , le manque de stratification et
même de fossiles de celles-ci , leur puissance homogène , annoncent
qu'elles ont été déposées soit dans un parfait repos , soit par des sédi-
ments apportés presque instantanément. Pour les couches c, elles nous
paraissent côtières , ou du moins s'être déposées déjà sur des parties
assez exhaussées pour atteindre les parties supérieures du balancement
des marées. Nous pourrions croire également que les couches d , e ,
formées de coquilles brisées et d'Oolilhes,sont encore des dépôts côtiers
formés sous l'influence de l'agitation. En résumé, nous verrions à Chà-
telaiilon des dépôts littoraux succéder à des dépôts côtiers sous-marins
qui indiqueraient un relèvement lent de ces côtes, déterminé par l'accu-
mulation des dépôts, comme nous en avons signalé dans les causes
actuelles. Ce fait ne serait pas même exceptionnel ; si nous avions de
l'espace pour les décrire, les couches kimméridgiennes du Calvados
et de Suint-Jean-d'Angely nous montreraient un phénomène absolu -
ment semblable,
§ 2101. Oscillations du sol. Nous avons reconnu au Rocher, route
de la Rochelle à Rochefort, au Pin, près de Saint-Jean-4'Angely, que
des couches littorales renfermant beaucoup d'Ammonites, et dès lors
annonçant un dépôt fait au niveau supérieur des marées , sont recou-
vertes par une grande puissance de couches sous-marines parfaitement
caractérisées. Pour qu'il en soit ainsi, il faut que des affaissements aient
eu lieu durant la période kimméridgienne; affaissements que nous avons
attribués aux oscillations du sol (§ 1755).
§2102. Caractères paléontologiques. La faune de l'étage kimmé-
ridgien offre encore, à côté d'une disparité presque complète des espèces,
des formes génériques, voisines de la faune précédente. On reconnaît
qu'elle fait partie de ce grand tout des terrains jurassiques.
§ 2103. Caractères négatifs tirés des genres. Pour distinguer Tétage
kiuiméridgien de l'époque antérieure, nous avons aujourd'hui les
40 genres qui existaient dans celle-ci (§ 2082), sans arriver jusqu'à cet
étage. Ce résultat montre encore, comme nous l'avons dit (§ 2079), que
CHAP. IV. — QUINZIÈME ÉTAGE : KIMMÉRIDGIEN. 559
les terrains jurassi((ues continuent leur période de décadence ; cette
décadence ressort surtout de la valeur des caractères négatifs inférieurs,
très-nombreux, comparés aux caractères négatifs supérieurs, presque
nuls, et du peu de caractères positifs tirés des genres, que nous avons
à signaler.
§2104. Pour limite supérieure , qous n'avons, en effet, parmi les
Reptiles, que le genre Cetiosaurus, de notre tableau no 3, qui, inconnu
à l'étage kimméridgien, se rencontrerait dans Tétage portlandien.
§ '2105. Caractères positifs tirés des genres. Pour limitesavec Tétage
inférieur, nous avons les 4 genres suivants, qui manquent encore à
cette époque et ne paraissent qu'avec l'étage kimméridgien, parmi les
Reptiles : les genres StenosauruSy Slreptospondylus, Emys et Platemys.
§ 2106. Avec le genre Stenosaurus ^ mentionné seulement dans l'é-
tage kimméridgien, et qui peut être invoqué comme limite positive avec
l'étage portlandien , nous avons encore les 10 genres suivants, qui
s'éteignent dans l'étage kimméridgien sans passer au portlandien: parmi
les Reptiles, les genres Plesiosaurus , Teleosaurvs, Pliosaurus ; parmi
les Poissons, les genres Aster acanthus, Strophodus, Thtissops: parmi
les Mollusques lamellibranches, les genres Posidonomyat Ceromya et
Pinnigena ; parmi lesÉchinodermes, le genre Clypeus.
§2f07. Caractères positifs tirés des espèces. Indépendamment des
espèces d'animaux vertébrés et annelés, et des plantes , nous avons
seulement, en animaux mollusques et rayonnes, le nombre de 199 espè-
ces, qui résultent d'un travail critique que nous avons exécuté. On
trouvera les noms , la synonymie et l'extension géographique de ces
espèces dans notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique (t. 2,
p. 43etsuiv.), auquel nous renvoyons (I). En séparant de ce nombre
les 13 espèces que nous avons vu se trouver en môme temps dans l'étage
corallien (§ 2083), et les 2 espèces suivantes: Pterocera Oceaniy Dela-
bèche et Fecten lamellosus, Sow , qui se rencontrent dans l'étage port-
landien , il restera encore 184 espèces spéciales et caractéristiques de
l'étage kimméridgien. Parmi ces espèces, les plus répandues et les plus
caractérisées qui viendront répondre à l'extension géographique que
nous avons donnée à l'étage, nous citerons les suivantes, dont on verra
les localités dans notre Prodrome :
MOLLUSQUES.
N*>« du Prodrome.
Ammonites Lallierianus. 5
— decipiens. 8
'I) Voyez anssi. pour les espèces de Céphalopodes et de Gastéropodes de France, uotrc Pa-
tèoHtQlogie française, terraiiu jurasùquei, où toates ces espèces sont décrites et figurées.
No< du Prodrome.
Ammonites mutabilis.
12
Nerinea Gosœ.
2)
Pleurotomaria Hesione.
37
Natica hemispherica.
96
560 QUATKIEHK PAKTIIC. - SUCCESSION CHBONOUHilQUIi:.
Pleracera Ponli.
— etromblforinU.
Panoptea Aldauini.
Pholadoniya aciilicosla.
— Prolei
Ceromya excenlrlca.
— cbovala.
Nous rcpréBenlons Ici quelques eepèt
comm* eiemplc! {fig. tli i n;].
§ 3108. Cbroucilogie biitoriqne. Avec
If a ilernièrea couches de t'élage cotatllen.
rtBlenl ensevelis, pour toujours. 40 genrra
d'animaux qui exlslnient dans cette pé-
riode, en même temps que 630 espècei
d'animaui tnollusques et rayonnes qui,
avec les nuiree séries animale:', rorinaienl
la faune de celte époque. Après
vemeni géologique, lorsque le calme a
reparu eirr In lerre, sont nés dans l'él^ige
Thraela depieaw.
»h
Uaclra ovala.
9*
Luviijnan rugosa.
100
TiiÉtonla «luricala.
■ 10
- pnpillau.
'*'
m
Osirea delloldea.
lU
pècea de la faune kl
kimmeridglen, avec quelques genres
mollusques el rayonné».
§ ilOV. I.psmers ((w^«i étage 15 de
, 186 espèces d'an tm aux
« cane. fig. 408). à l'excep'
CHAP. iV. - SEIZIÈME El AGE : PORTLANDIEN. 501
tion de nombreux atterrissements qu^eiles forment sur leurs bords, sont
restées comme à Tétage corallien (§ 2086). H en est de même des con-
tinents, seulement accrus partout, sur leurs bords, de ce que les mers
ont perdu en extension.
§2110. Les mers, avec moins d'abondance, possédaient à peu près les
mêmes genres, seulement les espèces étaient diffërenles de celles de l'étage
corallien. Les Céphalopodes y sont peu nombreux ; et les genres domi-
nants, comme les Ceromya et autres, dépendent principalement des La-
mellibranches et des Gastéropodes, qui vivaient près des côtes, le plus gé-
néralement sur des sédiments fins. Ici Ton ne voit plus de récifs, et à
peine quelques Zoophytes viennent-ils témoigner de Inexistence de cette
série animale.
§2111. Les continents , indépendamment des genres d'animaux déjà
cités dans les étages précédents, nourrissaient, sur leurs bords maritimes,
quelques genres nouveaux de Reptiles, tels que les Sauriens : SUno-
sauruSf StrcptosponOylus, et des Tortues, des genres Emy5 et Plate-
mys. C'est, du reste, tout ce qui nous est resté de la faune terrestre de
cette période, où pas une plante n'est encore connue.
§ 21 12. Les oscillations du sol ont existé sur beaucoup de points (§2101 ;
mais nous n'avons d'autres traces de la perturbation finale que la sépa-
ration de la fraction de faune dont on a formé l'époque portlandienne :
aussi ne regardons-nous pas l'étage kimméridgien comme étant très-
distinct de rétageportiandien, auquel nous renvoyons pour la pertur-
bation finale.
16* Étage : PORTLANDIEN.
Première apparition des genres Cetiosaurus , Meristodon , Cyelas,
Règne du genre Cetiosaurus.
Dernière période de dégradation de la faune jurassique.
Zone des Ammonites gigant eus et Irius, du Natica elegans , du
Mactra rostralis, du Trigonia gibbosa, de VOslrea Bruntrutana,
§ 3113. Dérivé. Nous faisons dériver ce nom de la presqu'île de
Portiand , en Angleterre (Dorseishire) , où le premier type a été décrit.
Nous n'avons Tait, du reste, que conserver une dénomination déjà con-
sacrée partout.
Synonymie. Suivant la position géologique y c'est notre étage port'
landien.
Suivant les fossiles y c'est le Calcaire à tortue de Soleure, de M.
Gressly.
Suivant la composition minéralogique, c'est le Calcaire portlandteny
d'Einsengen, de M. Mandelsloh; ce sont les dernières assises de Vêlage
supérieur y de M. Thirria; le Calcaire compacte supérieur y de M.Royer;
5C2 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
VOolithe vasculairef le Calcaire verddtre inférieur , le Calcaire tacheté
deM.Cornuel ; le Portland-stone, le Portland^sand (les grès du Portland),
de M. Fitton; le Groupe port landierif de M. Beudant.
Type français près de Boulogne (Pas-de-Calais), à Cirey-le-Chàleau
(Haute-Marne), sous Auxerre (Yonne) ; type anglais, à Portland.
§ 21 14. Extension verticale. On aurait pu, au besoin, considérer le
groupe portlandien comme une série supérieure de couches particu-
lières dépendant de l'étage liimméridgien ; mais cette division existant
depuis longtemps, nous avons cru devoir la conserver. Elle est , du
reste, assez distincte par sa faune pour motiver sa séparation de i'étage
kimméridgien ; seulement la pauvreté de cette faune fait regretter sa sé-
paration.
§ 2115. Extension géog^raphique. {Voyez étage i6* de notre carte,
fig. 408.) Nous arrivons enfln au dernier membre des terrains jurassi-
ques, au dernier étage de cette grande période si régulièrement formée
sur le sol de la France. Celui-ci , partout où il se montre, s'est en-
core déposé sur l'étage kimméridgien ; et nous croyons que, s'il n'a pas
été retrouvé partout, c'est qu'il est recouvert ou qu'il a subi des dénu-
dations partielles, avant que les premiers dépôts crétacés ne se forment. .
Quoiqu'il en soit, il existe au pourtour intérieur des deux bassins anglo-
parisien et pyrénéen. Dans le premier, on le voit dans le Pas-de-Calais,
aux carrières de grès de Hauvringhen, près deWimiile; à la Crèche et
à la Tour-de-Croix, près de Boulogne; aux caps Aiprech elGriz-Nez.
Sur la côle orientale du bassin, il se montre en une bande assez large,
qui commence dans la Meuse, à Montbiainvillç; se continue dans la
Haute-Marne, à Vassy, à Cirey-le-Chàteau, à Vaux-sur-Blaise, à Che-
villon ; dans l'Aube, à Polisot, à Vandœuvre, à Marelles; dans l'Yonne,
à Chenay, à Tronchois, à Chablis, à Auxerre, à Chevonnes, à Escamps,
à Leugny, à Lalande, à Levis, à Fonlenoy-en-Puisaye, aux Saints-en-
Puisaye, à Saint- Sauveur et à Trêigny ; dans la Nièvre , entre Dam-
pierre et Saint-Amand, à Arquian, à Noury-sur-Loire ; dans l'Oise, au-
tour de i'élage kimméridgien , il se montre à Recourt, à Montperthuis,
à Bazancourt, à Bois-Aubeit, à Bouricourt, à Senantes, où M. Grave
l'a rencontré.
En Angleterre, d'après les beaux travaux de M. Fitton, on le trouve
sur la même ligne, à l'est et sur l'étage kimméridgien, depuis la pres-
qu'île de Portland, dans le Dorselshire, le Willshire, le Berkshire, l'Ox-
fordshire, le Buckinghamshire et le Bedfordshire. Les principales loca-
lités sont Porlland, Chilmark, près de Tisbury ; Fonthell, Wardour,
Schotover, près d'Oxford, et Whitchnrch.
: Dans le bassin pyrénéen, bien qu'il manque sur la côte de l'Océan,
nous l'avons retrouvé dan8> la Charente-Inférieure, à Bignay, entre
CHAP. IV. - SEIZIÈME ÉTAGE : POHTLANDIEN. 663
Saint- Jean>d'Angeiy et Saint-Savinien, à peu de distance de la rive droite
de la Charente, et à Tile d'Oléron; dans la Charente, non loin d'Angou-
léme. Dans le bassin méditerranéen, il a été rencontré par M. Mar-
cou dans le Jura, à Aiglepierre, à Suziau, à la Tette, près de Sa-
lins; dans TAin, MM. Cabannet et Bernard l'ont observé à Alex,
près de Nantua, à Lons, à Jargiat, à Plagne; on le voit encore dans la
Haute-Saône, à Batlerans, à Bouhans, près de Gray, à Vy-le-Ferroux ;
dans ie Doubs, à la Chaux de Charquemont. L'étage parait exister à
Laufen (Soleure) ; et en Allemagne , à Riedlingen , à Kehiheim, à
Donau, à Wendhausen, à Goslar et à Lubke.
§2116. Stratification. { Voyex élage IB» de nos coupes, /î^. .393 et
424.) Partout cet étage repose en couches concordantes avec les autres
étages jurassiques, et surtout avec les couches kimméridgiennes, qu'il
recouvre sur tous les points où nous le connaissons; ainsi, sans aucun
doute , il a succédé régulièrement , dans l'ordre chronologique , à
rétage kimméridgien.
§2117. Discordances. Pour limiter l'étage portiandien à sa partie
inférieure, nous n^avons aucune autre ligne tranchée que les limites des
faunes, ainsi que nous l'avons dit à l'étage précédent (§ 2095). Quant aux
limites supérieures, au contraire, rien ne nous manque pour la sépa-
ration nette et précise qui existe avec l'étage néocomien , le premier
membre des terrains crétacés. Cette séparation , en effet , se montre
sous toutes les formes , par des discordances réelles de stratification ,
par des discordances d'isolement, et par des discordances de dénudations
et d'érosions.
Des discordances réelles de stratification existent, d'après M. Marcou,
dans le Jura, entre les dernières couches portlnndiennes et les premiè-
res couches néocomlennes. Nous regardons encore comme une discor-
dance, bien que les couches soient parallèles, la faille A {flg. 478), du
ravin de Saint-Martin, qui a disloqué les terrains jurassiques avant les
premiers dépôts néocomiens ; car il fallait que cette faille préexistât
avant le dépôt de l'étage néocomien.
§ 2118. Les discordances d'isolement sont marquées par le manque,
sur l'étage portiandien, de l'étage néocomien, ce qui annonce, certai-
nement, un mouvement géologique de surélévation postérieur au dépôt
portiandien , et antérieur au dépôt néocomien. Nous trouvons cette
superposition partout dans le bassin pyrénéen , dans la Charente-Infé-
rieure et la Charente, à l'Ile d'Oléron, au Rocher , entre Saint -Jean-
d'Angely et Saint-Savinien (voyez /îgf. 424), et sur toute la ligne, jus-
qu'à Angouléme, où l'étage cénomanien 20 repose directement sur l'étage
portiandien 16, avec une lacune des trois étages néocomien , aptien et
albien. La même chose existe régulièrement sur toute la ligne du
set- QUATRIËME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
massiF breton, depuis le Havre et Honfleur , rn Normandie, iusqn'i
Thouars(Deiiii-Sèires). en pasMiil parrOrne, la Sarlhe et Halne-et-
Lolre. Le fait auttserve encore depuis les Ardennes, le Nord, jusqu'au
Pas -de-CalaJB , où partout le néocamien manque sur l'étage porUan-
§ lit9. Les discordances d'Itoltmnil. lenanl, au contraire, au man-
que de l'élage portlandlen eout l'élage néoconiien, peufrnt provenir de
deux causes : d'un tnoiivement considérable de dénudalion qui a fait
d la paru Itre l'étage porllandien atant ledép6inéocomieii, ou d'un atTals-
sement de parties eurélevéea antérieurement i l'étage portlandien ,
entre la fin de l'étage porllandien et le commencement de la période
oéocomlenne. Cette discordance existe dans toute la chaîne des Alpes
françaises, dans l'Isère, dans les Hautes-Alpes , dans les Basses-Alpea
(vojafig. 416, 4&4,4e7 et Ufi], auxOpie», dansleVaret dans louie la
Provence; & Marseille (Iloui'.hes-du-Rhdne], dan.'i les départements de
Vaucluse, de la Drûme, de l'Aude, de l'H<^rault. d.i Gard, de l'Ardèche;
hors de Fiance, dansie VIceulln, dims leT>Tol, en Crimée, dans la
Képublique de la Nouvelle-Ci'enade, près de Santa-Pé de Bogota, et dans
la République du Chid . i la Cordillère de Coquimbo et de Mendoza.
On voit par la grande extension de ces discordances d'isolement , quelle
est leur Importance comme limite entre les étages porllandien et néo-
comfen.
CHAP. lY. - SKIZIÈMK ÉTAGK : POKTLANDIKN. 5G5
§ 2130. Les discordances de corrodât ion et d'érosion sont tout aussi
marquées et annoncent un mouvemeni géologique entre la un de l'étage
porllandien et les premiers dépôts néocomiens qui sont venus les nive-
ler. Dans le ravin de Saint-Martin, près d*Escragnolles(Var) {fig. 478) ,
et autour de Casielianne, les terrains jurassiques déjà consolidés ont été
corrodés, usés par les eaux, avant les dépôts néocomiens. Dans le dé'
parlement de l'Aube , à Vandœuvre ; dans la Haute-Marne , dans la
vallée de la Biaise, à Baudrecourt et à Cirey-le-Château ; dans l'Yonne,
à Chenay , et sur beaucoup de points à l'ouest du département, no-
tamment à Leugny. dans les communes des Saints-en-Puisaye, et de
Saint- Sauveur, on voit, au contact des deux étages, que les dernières
couches portiandiennes déjà consolidées ont été sur quelques points
creusées, sillonnées, usées, ou sont devenues caverneuses, par Tetfet
des eaux, avant que l'étage néocomien ne soit venu niveler le tout
et remplir toutes les inégalités. En résumé, il est facile de reconnaître
que l'étage portlandien est nettement séparé de l'étage néocomien, par
tous les caractères stratigraphiques possibles; ainsi, les limites entre les
derniers membres des terrains jurassiques et le premier des terrains
crétacés sont plus profondément tracées qu'aucune des limites existant
entre les diiïérents étages jurassiques.
§ 2121. Composition minéralogique. L*étage portlandien se montre
en France sous trois faciès différents : sous la forme minéralogique de
grès quartzeux, il constitue les couches supérieures des environs de
Boulogne-sur-iner , à la Tour-de-Croix et aux environs de Vassy
(Haute-Marne); sous celle de calcaires noirâtres remplis de débris de
coquilles, il apparaît sous les grès du Boulonais; maïs à l'exception de
ce point, nous le trouvons, au contraire, sous la forme de calcaire blanc
compacte, souvent caverneux, dans tous les autres lieux où nous l'avons
cité, dans les bassins anglu-parisien, pyrénéen et méditerranéen. Ainsi,
cet étage, pas plus que les autres, n'olTrirait un caractère minéralogique
uniforme, et applicable à toutes les. localités. Sur tous les points des
départements de TYonne et de l'Aube, on voit les limites de composition
être, pour le portlandien. de calcaire blanc compacte , pour l'étage néo-
comien, de calcaire ferrugineux grossier, pétri de fossiles et de leurs
débris; dans la Haute-Marne et dans l'Aube, sur des calcaires portlan-
diens identiques, les premiers dépôts néocomiens sont formés de marnes
bleuâtres ou de sable. Les limites changeant encore suivant les lieux,
il n'y a que les fossiles qui soient partout les mêmes.
§!2122. Puissance connue. Entre Bignay et Saint-Savlnien (Charente-
Inférieure) , ainsi qu'aux environs de Boulogne , on peut évaluer de
60 à GO mètres la puissance totale des couches portiandiennes.
§ "2123. Séductions tirées de la nature des sédinaents et des fos-
566 QUATRIÈME PARTIE. —SUCCESSION ÇHRONOLOGIQUK.
tilea. Bten que nous n'ayons que peu de Taits, puisque Triage «st Irè»-
Téduit, nouB avons néanmolne quelques déducllong à en llrer.
Points liltoranx dtt merii. Le nombre assez grand des coquilles llot-
tanles dans certaines coucbes de l'éia^e nous les fail regarder comme
s'élanl déposées au niveau supérieur des marées. Ces couches eilstent
dans les grès, sut environs de Boulogne ; dans la Meuse, i Montblain'
ville ; dans la Haule-Harne, àBaudrecourt età Ciiey-le-ChAleau; dans
l'Aube, à Polisol ; dans l'Yonne, aux couches inférieures, A Auierre et
àCliablis; dans laCharenle-InFéTieure, àBignay: dans l'Oise, à Hé-
courl, à Montperthuis, i Baiancourt, A Etois-Aubeit ; dans le Douba, A
la Chaui-de-Charquemont-, dans le Jura, i Suziau. Les couches du
Boulonais indiquent un littoral agité, tandis que les députe formés de
calcaires compactes des autres points dénotent des dépôts tranquilles.
Mous avons observé sur la cAte au delà de Boulogne, vers le nord , que
les couches de grès montrent souvent ces ondulations remarquables, que
laisse ordinairement la mer, en se retirant sur une cAte sablonneuse.
Ce sont des empreintes physiques très -remarquables (g 33), dont nous
donnons la forme <fig. 479).
§ 3124. Poinlf (oiu-manni dïi mert. Le manque de corps flottants
et l'abondance de coquilles de Gastéropodes et d'Acéphales dénotent
des dépAts formés au-dessous ou dans la zone inférieure du balance-
ment des marées. Quelques couches du Boulonais sont dans ce cas ,
ainsi que des couches ou la totalité des dépâts sur les points suivants :
A Vaflsjr (Haute-Marne) ; à Vandoeuvre , A Maroiles (Aube) ; â Charrey,
âAuierre, etsur toute la ligne jusqu'à Saint-Sauveur (Yonne); i Bi-
gnay, h Saint-Denis. île d'Olémn (Charente -Inférieure) ; près d'Angou-
léme(Cbareate);à Alex, âlaPlagne(Ain); à Aigleplerre (Jura); A Bou-
hana, près de Gray; à Vy-le- Fer roux (Haute-Saône). Parmi ces dépôts,
les uns se sont formés sous l'action du mouvement, comme dans le Bou-
lonais, les autres dans des mers très-tranquilles. ABignay, les cou-
ches inférieures renferment des coquilles lamellibranches dans leur
jmaition rerlicale.
CHAP. IV. - SEIZIÈME ÉTAGE : POKTLANDIEN. 5C7
§ 2 125. Oscillations du sol. La présence, dans les couches infé-
rieures d'Auxerre. de dépôts faits au niveau supérieur des marées , au-
dessous de dépôts sous-marins, fait qui se renouvelle dans la Hauie-
Marne et la Charente-Inférieure, donne la certitude que les o:>cillations
du sol étaient très-marquées durant la période portiandienne.
§ 2i2G. Caractères paléontologiques. Nous aurons à répéter ici ce
que nous avons dit à Tétage kimméridgien, c'est que le peu de restes or-
ganisés de cet éta^e en fait la dernière (§ 2 102) période de décadence
de l'époque jurassique.
§ 2127. Caractères négatifs tirés des genres. Indépendamment du
genre Sienosaurus, que nous avons vu naître et disparaître dans l'étage
kimméridgien, sans arriver à l'étage portiandien, nous avons encore 10
genres qui finissent leur période d'existence avec l'étage kimméridgien
(§ 210G) sans arriver à celui-ci, et peuvent, dès lors, offrir des caractères
négatifs. Ces genres, que nous voyons s'éteindre dans l'étage kimmérid-
gien, nous donnent, de plus, des caractères négatifs de la dernière période
de décadence de la faune des terrains jurassiques; car le nombre de ces
genres est bien supérieur à ceux qui y naissent.
§ 2128. Les limites supérieures données par les caractères négatifs sont
d'autant plus nombreuses, qu'elles sont, en même temps, les caractères
distinctifs des derniers dépôts jurassiques et des premiers dépôts créta-
cés } aussi voyons vous 74 genres qui, encore inconnus à l'étage portian-
dien, ne paraissent qu'avec l'étage néocomien , et peuvent servir de
caractères négatifs pour celui qui nous occupe. Ces genres sont ainsi
répartis dans les classes : parmi les Oiseaux, les 2 genres de notre tableau
no 2 ; parmi les Reptiles , les 5 genres de notre tableau n» 3 ; parmi les
Poissons, I genre ; parmi les Céphalopodes, les 7 genres de notre tableau
u^ 5 ; parmi les Gastéropodes, les 8 genres de notre tableau n" 7 ; parmi
les Mollusques lamellibranches , les 8 genres de notre tableau n» 8 ;
parmi les Brachiopodes, les 5 genres de notre tableau n» 9; parmi les
Mollusques bryozoaires, les 3 genres de notre tableau n*^ 10; parmi les
Échinodermes, les 10 genres de nos tableaux n^s il et 12; parmi les
Zoophytes, les il genres de notre tableau n» 13 ; parmi les Foramini«
fères, les 4 genres de notre tableau n» 14 ; parmi les Amorphozoaires,
les 3 genres de notre tableau n** 15.
§2129. Caractères positifs tirés des genres. Les limites inférieures
données par les genres se réduisent jusqu'ici à trois formes animales
qui, inconnues dans Tétage précédent, naissent avec l'étage portiandien.
Ces 3 genres sont : parmi les Reptiles, le genre Ceiiosaurvs ; parmi
les Poissons, le genre Meristodon ; parmi les Mollusques lamellibran-
ches, le genre Cyclas.
Les seuls genres Meristodon et Acteonina qui, parmi les Poissons et
âeig QUATRIEME PAHTIii:. — SUCCESSION CHHOISULOGIQUIC.
les HolluMiuM , meareni dHns l'étage portlaodicD , peuvent servir de
caractères positifs entre cet étage et l'époque suivante.
§ !l30. CaiacUra* p«ûtif> tiréi dei eipèce*. Comme on pourra le
voir à notre Pro<Jrom« de Faléontologie ilraligraphiqae (tome ï . p. B7
et auiv.) (I). après diacusaion critique, il nous reste, parmi les animau^i
mollusqueBet rajonnéH seulement, 63 espèces dont on trouvera la syno-
njiinie et l'entension géographique, et cela en dehors des animaux ver-
tébrés et anneléa. li^n étant de ce nombre (i!l les 3 espèces que nous
avons vu se rencontrer également dans l'élage kimméridgien. Il noua en
restera 60 comme caractéristiques de l'éltige portlandlen ; car aucune ne
passe dans l'étage néoRomien qui le recouvre sur tous les points où II
n'y a pas de lacunes. Parmi ces espèces, les [~
caractéristiques sont les suivantes :
I Pauopiea quadrala.
om-:. Hactra rostralls.
Ammonites giganleus. -< Trigonia gibbosa.
— Irius. i Luclna Porilandica.
Nerinea subpyramidiilis 14 Cardiuro dissimile.
Nitica elegana. !3 I OsLrea Brunirutana.
MOLLUSQUES.
CHAI». IV. - SEIZIÈME KTAGK: PORTLANDIKN. 5G9
Nous donnons ici quelques-unes des espèces comme exemple {fig. 480
et 481).
§ 2131. Chronologie historique. A la (in de l'étage kimméridgien ont
éléanéanlifs avec tl genres propres à cette période, indépendamment
des espèces d'animaux vertébrés et anneiés , 183 espèces d'animaux
mollusques et rayonnes. Sont né- avec l'étage porllandien , 3 genres
inconnus jusqu'alors et GO espèces d'animaux mollusques et rayonnes
composant les débris qui nous sont connus de celte dernière période des
terrains jurassiques
§ 2132. Les mers, avec quelques alterrissemenls sur leurs bords, pa-
raissent être restées les mêmes; néanmoins, nous ne savons pas si
au sud du bassin méditerranéen elles s'étendaient comme les autres
étages, celui-ci y manquant totalement. Les continents, i\ ces chan-
gements près, restent encore les mêmes sur les autres points.
§2133. Les mers, avec beaucoup de genres d'animaux de moins
que dans les étages précédents, n'otfrent, de plus, que le Meristodon
parmi les Poissons , et le genre Cijclas parmi les Mollusques (espèce
positivement marine) , qui différassent des genres préexistant depuis
plus ou moins longtemps : ainsi, la faune marine devait peu différer.
§ 2134. Les continents ne nourrissaient plus, sur leurs bords, de ces
singuliers Sauriens, tels que les Pksiusaunts , les Teleosaurus , les
PLiosaurus ; et un seul genre les remplaçait, le Cetiosaurus^ forme nou-
velle de celte époque.
Les oscillations du sol existaient durant celte courte période, comme
dans les autres (§2125).
§ 2135. La fin de celte époque est largement tracée sur notre sol et
sur des points éloignés; elle aurait pour moteur un mouvement cer-
tain du sol qui a déterminé les discordances réelles, les nombreuses
discordances d'isolement que nous avons citées (§ 2ti7), dénotant des
affaissements et des relèvements sur beaucoup de points, et en étant
les signes certains. Les résultats visibles de ce mouvement sont : les
dénudations, la corrudation et l'usure des couches portlandlennes supé-
rieures (§2120) , ce qui indique un mouvement des eaux très-prolongé
entre la fin de celte époque et la suivante, ainsi que les dépôts ferrugi-
neux de la base de l'étage néocomlen à Betlancourt-la-Ferrée (Haute-
Marne) (§2177). Nous avons enfin l'anéantissement complet de la
faune. Tout coïnciderait donc encore, les causes et les effets, pour prou-
ver que l'étage portiandien ou les deux derniers étages ont été séparés
de l'époque néocomienne par une perturbation géologique d'une grande
valeur, d'une grande extension et d'une longue durée. M. Éliede Beau-
mont regarde son Système du mont PUa, de la Côte- d' Or ^ ti^e.VEr%ge'
birge, dont la dislocation suit la direction de l'O. 4Qo ^.^Vï., «^<ik^^.^
570 QUATRIÈME PAKTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ou N.-E. et S.-O., comme séparant la Un des terrains jurassiques des
terrains crétacés. Ce serait, comme on le voit, une discordance de plus
à. invoquer pour les limites stratigraphiques.
CHAPITRE V.
QUATRIÈME GRANDE ÉPOQUE DU MONDE ANIMÉ.
Première apparition des ordres de Poissons cycloïdes et cténoïdcst
des Oiseaux paimipèdes, des Foraminifères énallostègues, cyclostègues,
agalhistègues et entomoslègues.
Règne des ordres des Bracliiopodes cirridés, des Mollusques bryo-
zoaires, des Foraminifères cyclostègues et des Amorphozoaires testacés,
de la famille des Céphalopodes ammonidés.
§ 2136. Synonymie. Ttrrain crétacé de MM. Élie de Beaumont et
Dufrenoyj Terrains crétacés, de MM. d'Omalius d'Halioy et Huot; Ter-
rains erayeuXf de M. Rozet; Cretaceous group, de M. de la Bêche, et en
partie de M. Lyeli ; partie de la Mesozoic série, de M. Morris ; partie du
Terrain ysémien pélagique, de M. Brongniart ; Période crétacée, de
M. Graves.
§ 2137 . Le nom de Terrains crétacés ayant le plus souvent été em-
ployé pour désigner la série d'étages qui nous occupe, nous avons cru
devoir Tadopter depuis plus de dix ans et le conserver encore aujour-
d'hui ; non parce que la craie se trouve la composition minéralogique
dominante de Tensemble, mais parce que ce nom est consacré depuis
long-temps.
Limites de hauteur. Nous appelons Terrains crétacés la succession
d'étages qui occupe l'intervalle compris entre les cQuches portlandiennes,
derniers dépôts jurassiques, et i'élage nummulitique, ou suessonien,
premier membre des terrains tertiaires. Nous y réunissons, dès lors,
tous les étages, depuis et y compris l'étage néocomien, jusqu'aux couches
de Laversine, qui constituent l'étage danien. Cet ensemble, parfaitement
circonscrit, se distingue nettement des terrains inférieurs et supérieurs
par Tensembie de toutes les considérations paléontologiques et strati-
graphiques, dont les résultats oll'rent l'accord le plus parfait.
Type complet. On trouve la série complète des étages sans lacunes,
en marchant de Vassy (Haute-Marne) à Vertus (Marne). (Vvy. les étages
17, 18, 19, 20, 21, 22 et 23 de notre coupe, fig. 393.)
;HAI'. V. - TERRAINS CRËTAGËS.
672 QUATKIÈME PARTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
§ 2198. Extension géographique . Ainsi que le démontre la carte
géologique de France de MM. Élie de Beaumontet Dufrenoy, et comme
nous les avons observés, les terrains crétacés occupeni une vaste surface
de notre sol {voyez notre carte, fig. 482) Us forment, en effet, un grand
cercle dans le bassin anglo-parisien, autour de Paris. On les voit dans le
fond de presque toutes les vallées et sur la côte de la Manche, depuis la
Seine jusqu'au cap Blanc-Nez, dans le Boulonais. Us se continuent, en-
suite, en une ceinture passant à Cambrai, à Vervins, à Réthel, à Reims,
à Vitry, à Saint-Dizier, à Troyes, à Joigny, à Saint-Fargeau, à Montri-
chard, à Loches, à Tours, à Châtellerault. à Tourlenay, à Saumur, au
Mans, à Guilbault, à Lisieux et à Honfleur. On en voit, en dehors de ce
grand cercle, un lambeau dans le département de la Manche, à Sainte-
Colombe.
Le complément du bassin anglo-parisien se trouve en Angleterre, où il
forme une large bande qui s'étend depuis la Manche jusqu'au York'shire,
en traversant du S. S. 0. ou N. N. E. les provinces du Dorsetshire, du
Sussex, du Wiltshire, du Surrey, du Kent, du Berkshire, deTOxfordshire,
du Buckinghamshire, du Herefordshire, du Cambridgesliire, du Norfolk,
du SufTolk et du Yurkshire.
Si nous les cherchons dans le bassin pyrénéen, nous les verrons, in-
dépendamment des lambeaux de la Vendée, former une large bande di-
rigée au sud-est, qui, en largeur, s'étend de Tembouchurede la Charente
jusqu'à l'embouchure de la Gironde , et passe par Saintes, Cognac,
Angouléme. Ribérac, Périgueux, jusqu'à Gourdon (Lot). Une autre bande
interrompue se voit sur le versant septentrional des Pyrénées, à Bidart,
et dans le Gers, et se montre en Espagne dans les provinces de la Biscaye
et de San-Ander. ainsi qu'en Portugal, près de Lisbonne.
Dans le bassin méditerranéen il existe de vastes lambeaux de terrains
crétacés. On les trouve dans les Corbières, aux , bains de Rennes, etc.
Ils se montrent autour de Nimes, près d'Alais, et au nord-est de l'Ar-
dècbe. De l'autre côté du Rhône, ils constituent une partie des monta-
gnes du Ventoux ; aux environs d'Orange et d'Avignon, la chaîne des Al-
pines du Lubron, les collines des environs de Martigues. Puis commence,
au sud de Marseille, une bande qui s'étend d'un côté, par la Ciotat, la
Barrelière, prèsde la bergerie de Turben, au nord du Beausset, jusqu'au-
près de Toulon; et de l'autre, vers le nord-est. par Trigance, et, souvent
interrompue, s'étend jusque dans te comté de Nice, en passant par Cus-
tellanne et Escragnolles. Un autre lambeau commence à Sisteron; s'étend
d'un côté, sur les rives du Buech, vers Châteauneuf-de-Chabre; de l'au-
tre, au sud-sud-ouest. Ces terrains se montrent, de nouveau, au nord de
Saint-Dier, et se continuent alors par Grenoble, Chambéry, jusque très-
loin dans les Alpes suisses, et dans toute la chaîne des Alpes etdes Car -
CHAP. V. — TKKKAINS CRÉTACÉS. 573
pathes, comme l'ont prouvé les beaux travaux de M. Murchison. D'autres
Jambeaux s'aperçoivent encore dans la chaîne du Jura, à la perte du
Rhône, à Pontarlier, à Morteau, et se prolongent jusque auprès de Neuf-
chàlel (Suisse).
On voit dès lors en France les terrains crétacés former un vaste cercle
régulier autour du bassin anglo-parisien, en dedans des terrains ju-
rassiques; suivre, dans le bassin pyrénéen, la ligne au sud des terrains
jurassiques ; montrer des lambeaux sur le versant septentrional des
l*yrénées même, et, dans le bassin méditerranéen, de vastes surraces,qui
se continuent vers le Jura, les Alpes suisses, l'Italie, le Tyrol, et, en
Afrique, dans l'Algérie.
Comme on le verra aux étages en particulier, on trouve ces terrains
en Belgique, en Hollande, en Prusse, en Weslpbalie, en Hanovre, en
Saxe, en Bohême, en Pologne, en Suède; dans la Mingrélie, la Circas-
sie, la Géorgie, le Caucase, la Bulgarie, la Servie, la Valachie, la Tran-
sylvanie, la Gallicie, la Volhynie, la Podolie. De vastes surfaces s'éten-
dent sur la Russie, de la Pologne jusqu'à l'Oural. Dans l'Amérique
septentrionale, ils couvrent les parties orientales du New-Jersey au
Texas, sur 35o de longueur en latitude. Ils se voient dans l'Amérique
méridionale, dans la Nouvelle-Grenade, au Pérou, au Chili, et au détroit
de Magellan. En Asie, ils existent à I^ondicbéry et à Java.
§ 2139. En résumé, nous connaissons aujourd'hui des terrains créta-
cés les mieux caractérisés sous la zone torride, dans l'hémisphère sud
jusqu'au 63« degré, au détroit de Magellan, et dans l'hémisphère nord
jusqu'au 66* degré de latitude. La répartition des terrains crétacés sur
les parties du globe étudiées sous le rapport géologique nous donne
la preuve qu'ils doivent se retrouver encore sur beaucoup de points in-
connus à la science. Cette répartition nous permet, de plus, de dire avec
certitude qu'ils ne forment pas des dépôts partiels, mais qu'ils consti-
tuent bien une quatrième grande époque géologique dont nous voyons
partout les traces à la surface de la terre.
§ 2140. Division des terrain» orétaoét en étages. Nous ne répéte-
rons pas ici les considérations générales et spéciales relatives à la divi-
sion des étages que nous avons déjà invoquées aux terrains jurassiques
(§ 1857); il nous sufTira de dire que, pour les terrains crétacés, nous
avons éprouvé le même embarras relativement aux divisions établies,
à Timpossibilité de les coordonner sûrement entre elles, et à la nécessité
absolue dans laquelle nous nous sommes trouvé de recourir à la nature
elle-même pour débrouiller l'ensemble. Nous avons suivi la même
marche d'observation que pour les terrains jurassiques, et procédé de
la même manière, quant aux résultats. Nous avons d'abord reconnu
que la comimsition minéralogique était la plus mauvaise base à suivre.
574 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
et qu'elle n'était nullement en rapport avec les horizons stratigraphlques
et paléontologlques qui marchent toujours de pair n^mq ^yopif gn^yj p,p3
horizons sans avo ir égard à la composition minéralogioue. et nous avops
^Tgï>ie£JiLdifll(^ésLjUg^
Tïohs stratigraphiques des étages tracés par la su perposi^on et les limite s
"îes faunes gufV sont renTer mées . Nous avons trouvé successivement les
mêmes divisions sur tous les points des bassins anglo-parisien, pyrénéen
et méditerranéen ; et, après beaucoup d'années de recherches minu-
tieuses dans un grand nombre de voyages, nous avons acquis la certitude
que les terrains crétacés de France étaient naturellement divisés en sept
étages aussi bien circonscrits par leur position relative, les uns super-
posés aux autres , que par les faunes fossiles respectives qu'ils ren-
ferment.
Bien que la France fût assez vaste pour offrir des résultats généraux
importants, il nous restait un moyen de reconnaître si ces étages étaient
des divisions locales ou la conséquence d'une série de faits qui se se-
raient manifestés sur toute la terre, comme nous l'avions reconnu pour
l'ensemble du terrain. Rassemblant les travaux des hommes de science
de tous les pays, et comparant tour à tour les fossiles que nous devions
à leur obligeance, nous nous sommes bientôt convaincu que les divi-
sions, si marquées en France, ne l'étaient pas moins sur les autres par-
ties de notre vieille Europe. Étciidant ensuite nos recherches au delà des
mers, nous avons également reconnu que les couches crétacées qui exis-
tent au nouveau monde, qu'elles proviennent du détroit de Magellan ,
des côtes chiliennes du grand Océan, des Cordillères des Andes, de la
Nouvelle-Grenade, du Mexique, de la Caroline, d'Alabama ou du New-
Jersey, rentrent toutes, par leurs caractères paléontologlques dans les
étages de notre France. 11 en est de même des terrains crétacés de Java,
de Pondichéry dans l'Inde, et de ceux qui nous sont connus en Syrie
et en Egypte. Devant ces confirmations lointaines de nos étages de
France, il ne pouvait plus nous rester de doutes sur leur valeur réelle,
et nous les avons adoptés sans restriction , persuadé que tous les faits
bien observés viendraient les confirmer davantage; car nous avions ac-
quis la certitude, par l'ensemble des observations, qu'ils sont encore
l'expression des divisions que la nature a si largement tracées sur notre
planète. Nous dirons plus : il faut les admettre tous ou n'en adopter au-
cun, puisqu'ils sont tous de même valeur et équivalent, en tout, aux di-
visions admises dans les terrains paléozoiques.
En commençant par les plus inférieures, ces divisions sont les sui-
vantes : Étages néocomien^ aptien, alhien, cénomanienf turonien, se-
nonien et danien. La synonymie de chacun en particulier montrera
quel esi Je rapport de ces divisions avec les coupes admises jusqu'à
CHAP. V. — TERRAINS CRÉTACÉS. 675
présent par la science. La terminologie adoptée pour ces étages est
basée sur des noms de lieux qui sont des points étalons où Ton pourra
toujours retrouver le type de l'étage.
§ 2141. Stratification. D'après ce que nous avons dit à l'étage juras-
sique portiandien (§ 21 IG) et à l'étage crétacé néocomien (§ 2171), on
verra quels sont les rapports de stratiûcation , les limites des terrains
jurassiques «^l crétacés. Pris dans leur ensemble, ces terrains reposent
tout autour du bassin an glo- parisien en France et en Angleterre, sur les
couches jurassiques ; il en est de même de ceux du bassin pyrénéen des
départements de la Charente-Inférieure, de la Charente, de la Dordogne
et du Lot; dans le bassin méditerranéen de presque tous les lambeaux
de la Provence, des deux versants des Alpes, du Jura, de TAIlemagne,
de )a Russie, etc. H n'est, dès lors, douteux pour personne que les ter-
rains crétacés, comme ensemble, n'aient régulièrement succédé dans
l'ordre chronologique aux terrains jurassiques.
§ 2142. Pris en détail, ils nous montrent encore, sur quelques points
une succession régulière, comme à l'est du bassin anglo-parisien ; mais,
sur d'autres, on remarque les discordances les plus évidentes. Nons
avons dit que les terrains crétacés formaient, sur les terrains jurassiques,
un cercle complet autour du bassin anglo-parisien ; ce qui est très-vrai
lorsqu'on parle de l'ensemble, mais ne l'est plus lorsqu'on entre dans les
détails d'étages. Nous voyons, en effet, l'étage portiandien, le dernier
des terrains jurassiques, recouvert, eu couches presque concor-
dantes, inclinées vers le centre du bassin, sur une longueur de plus de
180 kilomètres, comprise entre Saint-Dizier (Haute-Marne) et Saint-Sau-
veur (Yonne), et en Angleterre, par l'étage néocomien, le premier des
terrains crétacés, comme pour témoigner que les deux séries d'étages se
sont bien succédé régulièrement dans leur ordre naturel à ces parties
du bassin anglo-parisien, et que les couches n'ont souffert aucun
dérangement postérieur à leur dépôt.
Surtout le reste du bassin anglo-parisien, et dans les bassins pyrénéen
et méditerranéen, nous voyons, au contraire, des différences énormes de
stratification dues soit au manque des derniers étages jurassiques, soit
au manque des premiers étages crétacés, ou à l'un et à l'autre à la fois.
Nous trouvons que les derniers étages jurassiques manquent sur quelques
points, et l'étage néocomien, le premier des terrains crétacés, repose
alors sur l'étage oxfordien, aux Opics(/i.9.454), à Escragnollcs ifig 478),
sur l'étage corallien, près de Barréme Kfig, 416),deCastellanne(/l^. 467),
et, en général, sur tout le versant occidental des Alpes. Sur d'autres vastes
surfaces, ce sont les trois premiers étages crétacés (néocomien, aptien et
albien) qui manquent; tandis que le dernier étage jurassique est dans sa
position normale, comme nous le voyons, sur une ligne longue de 240
V
670 QUATRIÈME PAKTIK. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
kilomèlres, comprise entre reinbouchure de la Charente et Gourdon (Lot)
ifig, 494). D'autres fois, il manque à la fois les derniers étages jurassi-
ques et les premiers étages crétacés, comme dans les Ardenneset sur tout
le pourtour occidental du bassin anglo-parisien, depuis les côtes du Calva-
dos {fig. 428), en passant par le Mans, jusqu'à la Vienne. La même chose
se voit à la Malle {figA'4Z). Alors Tétagecénomanien, le quatrième dester-
rains crétacés, repose successivénient sur Tétage kimméridgien,à Hon-
fleur, au Havre; sur l'étage oxfordien, à Villcrs, près de Chinon ; sur l'é-
tage callovlen, dans la Sarthe et la Vienne ; sur l'étage bathonien, près de
Thouars, dans les Deux-Sèvres et près de Montreuil, pour démontrer la
discordance complète qui existe entre les deux terrains. Ainsi, d'un côté
la concordance et le rapport des dernières couches jurassiques et des
\ ' premières couches crétacées nous montrent, en France, une régularité
parfaite, qui nous en donne Page relatif; tandis que les discordances si
marquées des autres points prouvent la séparation nette et tranchée
des terrains jurassiques et crétacés.
§ 2143. Groupement des étages. Les motifs qui ont amené le grou-
pement des sept étages dans les terrains crétacés sont, d'un côté, la suc-
cession non interrompue que nous trouvons de ces étages, dans leur
ordre de superposition, aux régions orientales et septentrionales du bas-
sin anglo-parisien, en France, en Angleterre {flg. 393), et ailleurs ; de
Tantre, les profondes discordances de stratitlcation produites par les per-
turbations géologiques supérieures et inférieures qui séparent l'ensem-
ble de ces étages, des terrains jurassiques inférieurs, et des terrains ter-
tiaires supérieurs !§ 2117).
§ 2144. Séparation des étages. Si, sur quelques points, comme nous
, venons de le dire, les étages crétacés sont groupés sans lacunes, chacun
des étages en particulier , comme on le verra aux spécialités, est
séparé, boit par des discordances réelles, soit par des discordances d'iso-
lement, soit encore par dès discordances de dénudation qui coïncident
avec les limites respectives des faunes, Chacun, en etfet, représente une
époque comme la nôtre, parfaitement caractérisée par ses limites strati-
graphiques.
§ 2145. Composition minéralogique comparée. Pour démontrer
combien il est difficile de se fier aux caractères minéralogiques pour re-
connaître les élages,nous allons donner comparativement, dans le tableau
ci- contre, la succession des étages et leur composition minéralogique com-
parée, prise sur des points éloignés des différents bassins de France.
On voit que deux horizons géologiques ont seuls donné des minerais
de fer exploitables en France: l'un, à la base de l'étage néocomien; l'au-
tre, à la base de l'étage aptien.
J? 2140. PuisMinoe des étages. En réunissant ici la plus grande puis-'
CHAP. V. — TERRAINS CRÉTACÉS.
677
ETAGES.
Danibn. ...
Sbnonibn.
TURONIBN..
CilfOMANIBN
Albibn.
Aptibit. ..i
Nbocomibn^
A. h OUBST
du batain
anglo-parisirn ,
dans laSarlbe
et en Touraine.
(Manque.)
Craie tiifau, jaune
ou blanche ; craie
blanche.
Craie tufau blanche
> ou blcu&lre.
Craie chloritée,cal-
■ Caire blanc, grëj
ronges ou veils,
argile bleue ou
jaune.
(Sîanque.)
(Manque.)
(Manque.)
DARS LA
Charente-Inférieure.
BaMÏn pyrëDéco.
(Manqua.)
Craie turau blanche
ou grise , com-
pacte ou mar -
neuse.
Craie compacte on
friable, blanche
ou jaune.
Calcaire compacte
blanc,calcairear-
gileux bleu, gréa
rouges ou verts,
argiles noires bi-
tumineuses.
(Manque.)
(Manque.)
(Manque.)
A L BST
du bauin
anglo-parisien.
sua LB TER SAUT
occidental
des Alpes.
Baasin médilcrranéea
Calcaire blanc po-
reux.
Craie blanche avec
ou sans silex.
Craie blanche ou
craie argilease
bleue ; calcaires
compactes avec
ou sans silex.
Craie blanche argi-
leuse , ou craie
bleuâtre ; grés
ferrugineux.
Argiles bleuâtres et
grès rouges ou
verts.
Argiles grises ou
ferrugineuses; /«r
oolitkique exploite
à Vaasy.
Calcaire jaune ou
bleu, grès blancf,
fer hydraté ex-'
ploité près de St.-
Disier.
(Manque.)
Craie marneuse gri-
se (calcaires noirs
dans les Pyré -
nées).
Craie marneuse ou
calcaire , grès
ferrugineux.
Calcaires biens ou
ou blancs.
Craie chloritëe.
Argiles noires, cal-
caires bleus.
Calcaire chlori-
leux; cale, blancs
ou bleus, argi*
leux. avec ou sans
chlorite.
Bance Indiquée à chaque étage en particulier, Yoici ce que nous troa-
vons :
Étage danien l& mètres
— sénonien. . • 300
— turonien 200
— cénomanien 500
— alblen 46
— aptlen 200
— néocomien 2,600
Total.
3,761 mètres.
Bien que ces chiffres ne soient qu'approximatifs, et qu'on ne puisse
réunir tous les points les plus épais pour en déduire l'épaisseur totale,
nous levons voulu, néanmoinsi les grouper pour montrer la valear
II. \^
578 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
comparative de durée des étages crétacés. A en juger par la puissance,
Télage néocomien est le plus important ; après viennent Tétage céno-
manien, l'étage sénouien et Télage aptien.
§ 2 147. Déductions tirées de la nature des sédiments et des fos-
siles. Par ce que nous disons aux étages, on verra que, pendant la pé-
riode crétacée, il existait des continents et des mers, comme dans la na-
ture actuelle, et ceux-ci soumis à toutes les lois physiques qui agissent
aujourd'hui à la surface de la terre (§ 78 à 129).
§ 2148. Caractères paléontologiques. Voyons par les caractères po-
sitifs et négatifs de la faune crétacée à déûnir les changements de forme
des animaux qui amènent ce faciès si diiférent qui existe entre les ter-
rains crétacés, jurassiques et tertiaires.
Caractères négatifs tirés des genres. Les 181 genres éteints dans les
terrains jurassiques, sans passer aux terrains crétacés que nous avons
Cités aux terrains précédents (§ 1869), seront autant de caractères né-
gatifs que nous pouvons invoquer pour distinguer les terrains crétacés
des terrains jurassiques.
§ 2149. Les caractères négatifs propres à faire distinguer les ter-
rains crétacés des terrains tertiaires se composent de tous les genres
qui, encore inconnus aux terrains crétacés, ne se montrent qu'avec les
terrains tertiaires. Ces genres appartiennent aux classes suivantes : parmi
les Mammifères, les 1 13 genres de notre P^ tableau ; parmi les Oiseaux,
les 41 genres de notre 2« tableau; parmi les Reptiles, les 16 genres de
notre 3e tableau; parmi les Poissons, 119 genres; parmi les Crustacés,
23 genres ; parmi les Mollusques céphalopodes, 3 genres de nos'tableaux
5 et 6; parmi les Gastéiopodes, les 62 genres de nos 6« et 7« tableaux;
parmi les Lamellibranches, les 21 genres de nos 6« et 8« tableaux;
parmi les Brachiopodes, 1 genre de notre 9^ tableau ; parmi les Bryo-
zoaires, les 7 genres de notre \0^ tableau ; parmi les Échinodermes, les
24 genres de nos 11« et 12<» tableaux; parmi les Zoophytes, les 50 genres
de notre 13« tableau; parmi les Foraminifères, les 34 genres de notre
14e tableau. Nous aurions donc, pour séparer zoologiquement les terrains
crétacés des terrains tertiaires, 514 genres Inconnus aux premiers, et
pouvant donner des caractères négatifs. Nous pouvons y joindre les ca-
ractères plus généraux de manquer des 24 ordres d'animaux indiqués
dans notre 1C<' tableau. En résumé, comme on pourra le voir plus haut
( § 1599), nous aurions, pour distinguer les terrains crétacés des époques
antérieures et postérieures, environ 1,0 18 genres, pouvant donner des
caractères négatifs.
§ 2150. Caractères paléontologiques positifs tirés des genres.
Les terrains crétacés se distinguent des terrains jurassiques par les 268
genres qui servent ùe caractères négatifs aux terrains jurassiques § 1867),
CHAP. V. — TERRAINS CRÉTACÉS. • 579
puisquMls sont inconnus à cette époque et ne paraissent qu'avec les ter-
rains crétacés.
§ 2151. Les terrains crétacés se distinguent encore des terrains ter-
tiaires par tous les genres qui s'éteignent dans les premiers sans passer
aux seconds, qui deviennent dès lors autant de caractères positifs pous
les terrains crétacés. (Tes genres sont ainsi répartis dans les séries ani-
males : parmi les Oiseaux, les 2 genres de notre 2^ tableau; parmi les
Reptiles, les 12 genres de notre S« tableau; parmi les Poissons, 29 gen-
res; parmi les Crustacés, 1 genre; parmi les Mollusques céphalopodes,
les 17 genres de nos 5« et 6« tableaux; parmi les Gastéropodes, les il
genres de notre 7» tableau ; parmi les Lamellibranches, les 7 genres de
notre 8® tableau ; parmi les Brachiopodes, les 12 genres de notre 0« ta-
bleau ; parmi les Bryozoaires, les 12 genres de notre 10® tableau; parmi
les Échinodermes, les 34 genres de nos ll^et 12» tableaux; parmi les
Zoophytes, les 53 genres de notre 13« tableau ; parmi les Fora minif ères,
les 9 genres de notre H» tableau; parmi les Amorphozoaire^, les 29
genres de notre 15® tableau. Ces genres, qui cessent d'exister avec les
terrains crétacés, sont au nombre de 228.
§ 2152. Nous pouvons maintenant dire que le faciès si distinct de la
faune des terrains crétacés, que tout paléontologiste érudit doit appré-
cier, provient, comme on le voit, de la combinaison des caractères
négatifs au nombre de 536 genres, et des caractères positifs au nom-
bre de 698, qui, tout en donnant des caractères spéciaux différentiels
avec les grandes époques immédiatement antérieures ou postérieures,
viennent former ce faciès d'ensemble qui la caractérise. Au milieu des
dissemblances nombreuses, on reconnaît, pourtant, que les terrains
crétacés, par leur faune, sont aussi bien intermédiaires aux terrains
Jurassiques et tertiaires, qu'ils le sont par leur position stratigraphique
rigoureuse.
§ 2153. Caractère^ paléontologiques tiré* des espèces. Les carac-
tères stratigraphiques que nous donnent les espèces sont bien plus
multipliés encore que ceux fournis par les genres. Outre les espèces
d'animaux vertébrés et annelés, s'élevant environ à 700, nous avons en-
core, pour distinguer plus particulièrement les terrains crétacés des
périodes antérieures et postérieures, le chiffre de 4,291 espèces d'ani-
maux mollusques et rayonnes, inscrites avec leur synonymie dans notre
Prodrome de Paléontologie stratigraphique (tom. 2«). Ces espèces sont
aussi distribuées dans les étages, en commençant par les plus inférieurs:
•
bSO QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Espèces rencontrées Espèces spéciales
ÉTAGES. dansdeux on trois étages i totaux.
à la fois. un seul étage.
Néocomien 7 844 85i
Aplien 8 148 166
. Albien 8 ^ 402 410
Cénomanien 8 * 841 849
Turonien 3 377 380
Sénonien 5 1574 ' 1579
Danien 3 63 66
Totaux 42 4249 4291
Nombre réel des espèces com-
munes après suppression des
chiffres répétés 21
Par les détails spéciaux qu'on trouvera aux étages , dont le tableau
précédent n'est que le résumé, tous les faits bien constatés, analysés aux
étages, amènent aux conclusions suivantes :
§ 2154. 10 11 existe dans les terrains crétacés plus de 5,000 espèces
d'animaux entièrement différents des animaux des périodes antérieures
et postérieures,' et caractéristiques de ces terrains.
2" Ce nombre se divise en sept zones superposées formant, dans l'en*
semble des terrains crétacés, autant de faunes chronologiques ou d'é-
poques qui se sont succédé régulièrement les unes aux autres.
8" Chaque zone a montré encore une faune spéciale, distincte des
zones inférieures et supérieures, qui constitue un étage, une époque bien
caractérisée, de la même valeur que l'époque actuelle.
40 Le nombre des espèces qui se trouvent par accident ou autrement
dans deux de ces étages à la fois, dont le nombre avait été exagéré par
suite de fausses déterminations, est dans les rapports de 21 à 4,291, et
ne s'élève, dès lors, en réalité qu'à un demi pour cent. Ce nombre insi-
gniQanl ne peut donc en aucune manière modifier les résultats propres
aux faunes spéciales successives.
§ 2155. Chronologie hifttorique. Les terrains crétacés, considérés dans
leur ensemble, ont toujours eu des continents et des mers. Tâchons de
définir à grands traits quelle était la circonscription primitive des mers
et quelles modifications ces mers ont pu subir dans leurs formes,
durant cette longue période.
§ 2156. Au commencement de la période crétacée, trois bassins dis-
tincts sont bien circonscrits en France et en Angleterre. Comme on peut
/e voir par notre carte spéciale des mers à Tëpoqtie âes terrains eréta-
CHAP. V. — TERRAINS CRÉTACÉS. 581
ces (fig. 482], ces mers occupaient un vaste espace en dedans des mers
jurassiques ,
Le bassin anglo-piirisien couvre un vasle rayon autour de Paris,
ayant pour limites ù l'est, sur les terrains jurassiques, Brillon (Meuse),
Vassy (Haute-Marne), Vendeuvre (Aube), Auxerre (Yonne), Arquiaii
(Nièvre). Les plus anciennes limites occidentales des terrains crétacés,
également sur les terrains jurassiques, sont cachées en France, mais re-
paraissent en Angleterre, où on les voit suivre une ligne N.^N.-E et
S.-S.-0.,du Dorselshire jusqu'au Yorkshire.
Le bassin pyrénéen qui existait aux terrains jurassiques ne parait pas
avoir participé aux premiers dépôts crétacés , au moins n'avons-nous
retrouvé aucune trace des trois premiers étages.
Pour le bassin méditerranéen, ses limites occidentales paraissent être
les mêmes qu'aux derniers âges jurassiques. Seulement, les terrains cré-
tacés ont recouvert des parties jurassiques de Tilot du Var, et montrent
encore un continent oriental sur la ligne des Alpes françaises, surtout
depuis Digne jusqu'aux sources du Rhin.
§ 2157. Dans le bassin anglo-parisien sur tous les points compris
entre Brillon (Meuse) et Saint-Sauveur (Yonne), nous avons vu les der-
nières couches jurassiques en contact avec les premières couches créta-
cées, et une succession complète de toute la série des étages crétacés,
dans une relation concordante les uns avec les autres. En effet, sur
toute cette bande, les étages réunis sont légèrement inclinés vers le
centre du bassin; et cette succession régulière, ainsi que la concordance,
nous porterait à croire, comme le prouveront les descriptions partielles,
que les étages s'y sont déposés dans un bassin préexistant, sans avoir
souffert de grandes dislocations postérieures. Ainsi, cette partie, que
nous avons vue recouverte, en partant des Vosges, par la succession non
interrompue de tous les étages triasiques (§ 1794) et jurassiques (§ 1877),
nous montrerait, de plus, tous les étages crétacés en position {voyez
notre coupe générale, fig. 393). Ce seraient encore des zones qui se
seraient succédé régulièrement, et se seraient éloignées de plus en
plus des Vosges, à l'ouest des autres, en traçant à grands traits des li-
gnes concentriques presque parallèles, dont l'ensemble occupe un demi-
degré de largeur, comme on le voit dans notre carte [fig. 482).
§ 2158. A côté de cette concordance si remarquable, nous avons dit
au contraire, qu'indépendamment des dénudations qu'ont pu souffrir les
terrains jurassiques avant d'être recouverts par les terrains crétacés,
tout l'ouest du bassin anglo-parisien, depuis le Havre et Ronfleur, jus-
qu*à Châtellerault {fig, 428), manquait des trois étages néocomien, ap-
tien et albien, puisque, partout, l'étage crétacé inférieur est l'étage céno-
maoien (20«), comme tout le monde peut le vérifier. Quand nous voyons
582 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ces trois étages, qui manquent à Touest, se montrer dans la dislocation
du pays de Bray, au centre du bassin, à l'île de Wight et sur d'autres
points de l'Angleterre, que nous regardons comme le pourtour du même
bassin crétacé, nous acquérons la certitude que ces trois éiages ont dû
s*y déposer régulièrement. D'un autre côté, en examinant la manière
dont les terrains crétacés recouTrent, à l'ouest du bassin, les terrains
jurassiques, on reconnaît que les premières couches crétacées, au lieu
d'être déposées, comme à l'est, sur les dernières couches jurassiques,
empiètent beaucoup sur celles-ci, de manière à recouvrir jusqu'à l'étage
bathonien, tandis que les étages jurassiques supérieurs plongent dessous
les terrains crétacés à Ronfleur et au Havre. On pourrait conclure de
ces faits, que le bassin anglo-parisien a reçu régulièrement partout les
dépôts crétacés, jusqu'à la fin de l'étage albien, ou un aflfaissement
considérable se serait manifesté à l'ouest de la France et aurait changé
les niveaux. Le massif de la Bretagne, par suite de cette perturbation
géologique, se serait trouvé au-dessous du niveau qu'il occupait jus-
qu'alors, de manière à permettre à la mer crétacée cénomanienne
d'envahir des parties émergées et de recouvrir de sédiments, à l'ouest
de ses côtes antérieures, les couches jurassiques placées au-dessous
de son nouvel horizon. Cette explication nous semble d'autant plus
admissible, qu'elle coordonnerait plusieurs faits qui, sans cela, s*expli-
queraient difficilement : le manque des trois étages, sur cette partie
occidentale, du bassin parisien ; l'empiétement postérieur à l'étage al-
bien des couches crétacées sur les étages jurassiques (§ 2229), et les re-
maniements si singuliers qu'on remarque sur tous les points dans les
fossiles de cet étage albien (§ 2237). Nous aurions donc, à la fois, par
la superposition et par Pétudc de la composition des couches, la preuve
qu'il se serait opéré, dans les mers crétacés, un changement de niveau
dont un affaissement serait la cause, et dont l'empiétement occidental
et les remaniements seraient les résultats visibles.
§ 2159. L'étude du bassin pyrénéen nous montre encore [un fait de
même nature. On voit que les trois étages en question manquent aussi
sur 940 kilomètres d'extension, depuis l'embouchure de la Charente jus^-
qu'à Gourdon, ou, pour mieux dire, dans tout le bassin pyrénéen, sans
que les derniers étages jurassiques sur lesquels reposent les couches cé-
nomanienncs aient souffert plus de dislocations qu'à la partie occiden-
tale du bassin parisien. Comme, par la superposition et les faunes, cette
partie du bassin pyrénéen se trouve dans les mêmes conditions que les
régions occidentales du bassin anglo-parisien, que toutes deux manquent
des mêmes étages crétacés et reçoivent, en même temps, les dépôts
de l'étage cénomanien, on pourrait croire que ces deux vastes régions
ont subi ViDÙaence de la même perturbation géologique, qui a permis
CHAP. V. — TERRAINS CRÉTACÉS. 588
au bassin pyrénéen de redevenir un bassin maritime à ce commence-
ment de l'étage cénomanien.
§ 2160. Dans le bassin méditerranéen, les terrains crétacés n'offrent
plus« que comme de rares exceptions, des couches peu disloquées. On y
voit clairement les traces de nombreuses perturbations géologiques qui
ont placé des couches primitivement formées sur une ligneyhorizontale,
dans un bassin régulier, inclinées de diverses manières, et morcelées par
lambeaux plus ou moins grands, contenant, quelquefois, la succession
régulière d'un nombre plus ou moins grand d'étages, comme au Reaus-
set, àMarligues, àEscragnolies, ou seulement des lambeaux isolés d'un
seul, comme à la Malle, à Saint-André de Méouilles, etc. Si, dans la
succession des étages, nous avons vu, dans les bassins anglo-parisien ci
méditerranéen, les dépôts crétacés presque sur leur niveau primitif,
nous trouvons partout, ici, le chaos le plus épouvantable et tous les si-
gnes de commotions géologiques violentes, postérieures aux dépôts cré-
tacés; non-seulement dans les Alpes tout est dérangé, mais encore dans
la Provence, aux Alpines, au Venteux, au Lubron, aux Martigues, à
Cassis, etc., etc. L'étude des terrains crétacés de la Provence prouve
qu'ils se sont primitivement déposés par couches horizontales dans un
bassin régulier dont le massif central de la France serait un des bords;
qu'ils constituaient une mer uniforme, très-étendue vers le N.-N.-
E., dont, par suite des dislocations géologiques, postérieures à la consoli-
dation des couches qu'elle avait formées, des lambeaux plus ou moins
vastes surgissent aujourd'hui sur le continent, et nous montrent soit des
dépôts formés évidemment sous les eaux, dans le fond d'une mer, comme
aux Alpines, au Lubron, aux Martigues, etc., ou bien des lambeaux litto-
raux restreints.
§ 2161. En résumé, les bassins maritimes anglo-parisien et médi-
terranéen existaient seuls sans le bassin pyrénéen, avec le premier étage
crétacé, néocomien. Pendant les étages néocomien, aptien et albien,
les mers ont eu les mêmes circonscriptions; seulement, à chaque étage,
les limites des terrains crétacés s'éloignent, de plus en plus, des terrains
jurassiques, en formant des lignes parallèles d'alterrissement surtoutc la
région orientale du bassin anglo-parisien de France et d'Angleterre
{voyez carie, fig. 482). A la fin du troisième étage albien, tandis que les
mêmes atterrissemenls continuent à se faire à la partie orientale du
bassin anglo-parisien, un affaissement considérable abaisse, à la fois,
toutes les régions occidentales de ce bassin en France, de l'embou-
chure de la Seine jusqu'à la Touraine et le bassin pyrénéen. Toutes
ces parties rc(:oivent alors à la fois la mer cénomanlenne. qui envahit,
à l'ouest du bassin anglo-parisien, des parties de terrains jurassiques
surélevés depuis longtemps, en même temps que tout le bassin pyrénécu
684 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
delà Charente aux Pyrénées, exondé depuis la fin des terrains jurassiques.
Ensuite, il se fait, sur les difîérents points des trois bassins, et à chaque
étage, des atterrissements successifs sur tout le pourtour des parties déjà
surélevées, toujours en dedans les uns des autres, et formant des lignes
concentriques régulières (1). Néanmoins nous voyons, à la fin de l'étage
turonien, ou, pour mieux dire, au commencement de l'étage sénonien,
la mer bornée à la France envahir à la fois toute la Belgique jusqu'à
Maestricht, et une partie du Cotentin, sur des points exhaussés depuis les
terrains paléozoïques {voyez étage 22 de notre carte fig, 489). — Tandis
qu'en France et en Angleterre, à l'exception du changement cité, les
choses se passent ainsi, jusqu'à la fin de la période crétacée, par un re-
trait continuel des eaux dans tous les bassins, on voit à la fin de l'étage
turonien,encore par sui te d'afTaissements immenses des parties surélevées
depuis l'étage oxfordien (§ 2041), la mer sénonienne envahir la Russie,
de la Suède jusqu'à rOurai, en s'avançant jusqu'au 56« degré de latitude.
En même temps la mer sénonienne s'avance vers l'ouest sur l'Amé-
rique septentrionale, du New -Jersey au Mexique, ou sur 35** de latitude,
et apparaît au Chili et à Pondichéry, dans l'Inde.
Les continents de la période crétacée ont subi des changements cor-
respondants, et se sont augmentés ou rétrécis, en raison des retraits ou
de l'empiétement des mers.
§ 2162. Les animaux, comme on le verra aux étages, se sont souvent
renouvelés durant cette longue période. Aux animaux terrestres préexis-
tants, tels que les Oiseaux, les Reptiles sauriens et chéloniens, les Insec-
tes ; aux nombreux animaux marins, tels que Poissons, Mollusques,
Échlnodermes, Zoophyte3,Foraminifères et Amorphozoaires, viennent
s'y joindre les Poissons cycloïdes et cténoïdes, des Foraminifères énal-
lostègues, cyclostègues et agathistègues jusqu'alors inconnus. C'est aussi
l'instant où régnent, dans leur plus grand développement générique, les
Mollusques brachiopodes cirridét, les Bryozoaires , les Foraminifères
cyclostègues et les Amorphozoaires ou Spongiaires testacés. A cette
époque également, les Céphalopodes amnionitidés aux coquilles élé-
gantes et variées prennent leur plus beau développement, avant de dis-
paraître pour toujours de la surface du globe Pendant la période crétacée,
sont nés environ 268 genres d'animaux jusqu'alors inconnus, et nous y
connaissons déjà 5,000 espèces d'êtres spéciaux.
§ 2163. La présence, durant toute la période crétacée, des mêmes
genres et des mêmes espèces d'animaux depuis la zone torrlde jusqu'au
56 ** de latitude des deux côtés du monde, annonce, sur ces différents
{fj f^oyez, aax iemiua jurassiques, ruiplicalion que nous aTons donnée à ce retrait sucreâsif
dei mers (§ 1877 i i88î).
CHAP. Y. — DIX-SËPTlÈME ÉTAGE : NÉOGOMIEN. 685
points, aujourd'hui si disparates, une température uniforme tenant évi-
demment à la chaleur centrale de la terre qui neutralisait encore les
lignes isothermes actuelles.
§ 2l64rLe8 oscillations du sol existaient aussi durant cette période, et
nous en avons retrouvé beaucoup de traces (§ 17 5ô).
§ 2165. A sept reprises, des perturbations géologiques plus fortes que
les oscillations (§ 163) ont encore interrompu (^animation des continents
et des mers ; mais, après clîacune de ces grandes catastrophes de la na-
ture, le calme est revenu ; et, de nouveau, la puissance créatrice a re-
peuplé la terre de ses animaux et de sa flore, composés d'espèces distinctes
des espèces de l'époque antérieure.
§2166. Les roches plutoniennes qui apparaissent lors des dislocations
de la période crétacée sont encore, pour quelques auteurs, les Basaltes
et les Porphyres pyroxénlqiies ; M. Cordier, qui n'admet ces roches que ^
dans la période tertiaire , regarde comme contemporaine des terrains
crétacés :
§ 2167. La Mimosite (partie de la Dolérite et du Trapp de M. d*0-
malius d'Hall(%, partie de la Dolérite de M. Brongniart). Cette roebe
noirâtre, grenue, à grains très-fins, est composée de pyroxène (Vs^ Vio
de la masse), de fer titane ( i à Vioo) ^^ ^^ feldspath vitreux, teint en noi-
râtre par ce pyroxène. Elle passe au Basanite, quand ses parties sont
plus minimes. Son âge appartient aux périodes crétacées et tertiaires.
17e Étage : NÉOGOMlEIf .
Première apparition de Tordre des Oiseaux palmipèdes et des Fora-
minifères enalloslègues, des Hudistes, des genres Scaphitts, Baculites,
Turrilellat Rostellaria^ Crasialella^ Cardita, Janira, Hadiolites, Zo-
nopora, Saleniat Uolasier, Texiularia et Verticellites,
Règne des genres Ilyleosaurus ^ Iguanodon, Ammonites, Toxoceras,
Àncyloceras, Jlamulina, Plychoceras, Crioceras, Belemnites, Itoarea,
Nucleolites, Toxaster, Phyllocrinus, Slytosmilia, Dimorphastrea, etc.
Zone (partie inférieure, ou néocomien) des Ammonites radiaius,
Leopoldmus, Belemnites latus, du Crioceras Duvalii, du Pleurotoma
neocomiensis, du Pholadomya elongata, Trigonia l(fnga, du Janira
atava, de VOstrea Couloni, de ÏHolaster Lhardyi, etc.
Zone (partie supérieure, ou urgonien), des Ammonites Dumasianus^
ligatus, de V Ancyloceras Emerici, du Nerinea Coquandiana, des Ca-
protina ammonia et Lonsdalii^ du Radioliies neocomiensis, etc.
§ 2168. Dérivé da nom. M. Thurmann ayant appliqué à l'étage le
nom de Néocomien, en le faisant dériver du Neocomum, dénomination
latine de la ville de Neufchâtel, en Suisse, nous avons cru devoir l'adop-
586 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ter, parce qu'il ne se rattache à aucun faciès local de composition miné-
ralogique, pas plus qu'à tel on tel fossile dominant sur un point qui peut
manquer sur un autre. Les environs de Neufcbâtel le montrant parfai-
tement développé, nous l'admettons encore, parce qu'on y pourra re-
trouver l'un des types bien marqués. Nous espérons qu'on finira* par
substituer partout ce nom à celui de grèt vert inférieur^ primitivement
adopté en Angleterre, mais trop souvent mal compris ailleurs, quant à
ses rapports stratigraphiques.
§ 2169. Synonymie suivant la «uperposition. C'est le Lower-green-
sand (grès vert inférieur), partie, de MM. So^erby et Fitton; Yétage
néocomien de MM. Thurmann et d'Orbigny; le terrain jurassique su-
périeur de M. Mathéron; couches adossées au Jura de M. de Buch ;
formation waldienne einéocomienne de MM. Dufrenoy et Élie de Beau-
mont.
Suivant les fossiles. C'est le Calcaire à spatangues, V Argile os-
tréenne de M. Cornuel; le Calcaire à dicérates de M. Élie de Beau-
mont; le Calcaire à chama ammonia de quelques auteurs.
Suivant la composition. C'est le Lower-green-sand, îe Weald-clay,
le HaslingS'Sandf le Purheck, de MM. de la Bêche et Fitton ; le Hils-
conglomérat^ le llUsthon^ de M. Hcenier; le Fer géodique, le Sable et
Grès ferrugineux, le Sable blanc, la Marne calcaire bleue, le Calcaire
à spatangues, la Marne argileuse jaune et V Argile ostréenne , de
M. Cornuel; le Calcaire roux de M. Favre; la Marne d'Hauterive ei
le Calcaire à grains verts, de M. Marcou (non aptien, d'Orb.) ; le Çal^
caire miroitant de M. Hier; le Terrain jura-crétacé de M. Thirria;
Terrain crétacé du Jura de M. Montmollin ; Formation niocomienne
de M. Sciplon Gras ; Terrain sidirolitique, Marne bleue. Calcaire fer-
rugineux, de M. Marcou. C'est le Biancone de M. de Zigno; le Shan-
klin-sand {Lower-green-sand), le Weald-cloy, le Tilgate-Beds, YAsh-
burnham'Ueds, de M. Mantell (Sussex) ; le Terrain jurassique supérieur
kimméridgien et portlandien (à Orgon) ; le Terrain néocomien (partie)
de M. Mathéron ; les Dépôts néocomiens de M. Beudant $ Groupe toeai-
dien de M. Lyell ; la partie de V Étage des sables ferrugineux de M. Cor-
dier.
Type français. Vendeuvrc (Aube), Saint-Sauveur, Fontenoy (Yonne),
CJiu\lennneuf-de-Chabre (Hautes-Alpes).
§ 2170. Extension géographique. L'étage néocomien couvre, en
France, une immense surface dans les bassins anglo-parisien et médi-
terranéen. Pour le démontrer, nous allons suivre les zones qu'il pré-
sente, comme nous l'avons fait pour chaque étage jurassique en parti-
culier. [Voy. étage 17 de notre carte, fig. 482 )
Dans lebaasin anglo-parisien, \l (orme une bande non interrompue
CHAP. V. - DIX-SEPTIÈME ÉTAGE : NÉOCOMIEN. 587
qui s'étend de la Meuse jusqu'au Cher ; elle commence dans la Meuse, à
Brillon, près de Bar-le-Duc; occupe les communes de Bujard, d'Ancer^
ville, de Comble; se dirige au sud*ouest par la Haute-Marne, où elle se
montre, à Bettancourt-Ia-Ferrée, à Saint-Dizier, à Vassy, à TemlUy, à
Attancourt, à Brousseval,à Valierest, à Ville-en-Blaisois, à Baudrecourt,
à Yaux-sur-Blaise, à Bousseval, à Narcy, à Ancerville. à Marancourt, à
Sommevoire. On la suit dans le département de l'Aube, où elle passe à^
Soulaines, à Ville-sur-Terre, près de Yendeuvre, à Thieirrain,à Chaource,
à Gissangy, à Lignières et à Marolles. Elle continue dans le département
de l'Yonne, à la Chapelle-de-Flogny, à Chenay, près de Trouchois; près
de Seignelay, à Égrlselle, à Chablis, à Auxerre, à Chavannes, à Mallgny,
à Escamps, à Lalande, à Leugny, à Levis, à Dampierre, à Fontenoy, aux
Saints-en-Puisaye, à Saint-Sauveur, à Sainte-Colombe, àTregny ; dans
le département de la Nièvre, à Ribry, entre Dampierre et Saint-Amand,
à Arquien, à Neuvy-sur-Loire; dans le Cher, à Sancerre. Indépendam-
ment de cette large bande, nous voyons apparaître l'étage néocomien au
centre du bassin parisien, dans le pays de Bray, sous la forme d'un lam-
beau dirigé presque nord-ouest et sud-est , visible dans les communes
de Saint-Sanson, de Savignies, de la Chapelle-au\-Pots, etc.
En Angleterre, il suit parallèlement à l'est de l'étage portiandien, et
se montre sur des parties séparées. On le connaît d'après les beaux tra-
vaux de M. Fitton et la carte de M. Murchison. Il commence dans le Dor-
setshire ; forme une bande étroite qui suit dans le Wiltshirc, le Berkshire,
rOxfordshire, le Buckinghamshire, le Bedfordsbire, le Cambridgeshire,
et jusqu'à l'extrémité nord du Norfolkshire ; il se continue ensuite dans
le Yorkshire. On en voit des lambeaux à Saint-Albans, à l'ile de Wigbt;
puis, il forme dans le Sussex, le Surrey et le Kent, une vaste surface
dirigée de l'est à l'ouest Les localités du Sussex sont Pulborough,
Parham.
Autour de la mer Méditerranée, nous le connaissons formant une large
bande au pourtour du plateau central, qui commence dans TArdèche, à
Berrias, au Theil, à Saint-André, à Beautleu, à Grospicrre, à Yallon, à
Rosière, près de Largentière ; se continue dans le Gard, à Saint-Jusl,au
Bouquet, à Méjannes, à Saint-Ambroise, à Rousson, à Saint-Martin,
près d'Alais, à Domessargues, à Ledignan, à Cardet, à Sauve, à Nimea,
à Saint-Nazaire, à Corconnc , à Pompignan, à Granges et à Agonès ;
dans l'Hérault, on le voit de Carnas jusqu'à Notre- Dame-de- Londres.
Un lambeau parait dans l'Aude, à Génégal, à la Cluze. D'autres très-
grands se remarquent dans la Provence et sur le versant occidental des
Alpes, dans la Drôme; dans la vallée de Charse, près la Motte-Chalançon,
à Chàtillon, au col de Perty, près d'Orpierre, à Dieuleflt, à Remusat, à
Sahune. Dans le département de Yaucluse, il forme toute la chaîne du
588 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Ventoux,du Lubron, les environs de Carpentras, de la Fontaine de Vau-
ciuse, etc.; dans les Bouches-du-Rhône, toute la chaîne des Alpines, de-
puis Orgon jusqu'à la Péagère-du-Rocher, k Lançon, à la Fare et aux
Opies; tout le massif compris entre Marseille, Cassis et Clujes, les envi-
rons d'Aubagne, d'Allauch ; toute la partie élevée à TestdoMartigues, etc.
Dans le Yar, il se montre aux Lattes, près de Saint-Auban, à Gréollères,
^à Peyroulles, à Séranon, à Andon, à la Source-au-Loup, à Comps , à Trl-
gance, à Sassenage, à Escragnolles, au ravin de Saint-Martin, à la Doire,
à la Martre, à Laferrière, etc. Dans les Basses-Alpes, on le suit presque
sans interruption, depuis Chamateuil, Cheiron, Robion, la Lagne, près
de Casteilanne, Saint-Julien, Vergons, Saint-André-de-Meouilles, Angles,
Hiéges, Moustier, Barréme, Cbardavon, jusqu'à Bezon, près de Sisteron.
Dans les Hautes-Alpes, il offre de vastes lambeaux, à Châteauneuf*de«
Chabre, au Mont-Clus, à Saint-Julicn«Beauchéne, à la montagne deCha-
dres, au sud de Serre. Le même étage se continue dans Tlsère, à Touest
de Grenoble, à Sassenage, à Fontanil, à la montagne de Nérou, à la mon-
tagne de la Grande-Chartreuse, à Yoreppe, à Sapey, etc. Nous le voyons
de ce point suivre au N.-N.-E., par Chambéry et le mont Salève, jusque
très -loin eu Suisse.
Sur le versant du Jura, l'étage néocomien montre des lambeaux plus
restreints, allongés dans le sens de la chaîne. 11 se voit dans FAin, à
Géovreissiat, au Martinet-de-Charix, à la Clappe-Narbonne, à Maillât,
près de Nantua, à la perte du Rhône, près de Belley, à Saint-Germain-les-
Paroisses ; dans le Jura, à Miéges, à Censeau, à Billecul ; dans le Doubs,
à Boucherans, près de Nozeroy ; au Pissoux, aux Jannerots, communedes
Écorces, à Renaud-du-Mont, à Noêl-Cerneux, près de Morteau, près de
Russey, de Pontarlier, et de là en Suisse, dans le canton de Yaud, à
Sainte-Croix, à Mormont, à Bauvomar, à Lasaraz; dans le canton de
Neurchàtel, à Cressier, à Troucé, à Hauterive et à Écluse ; dans le can-
ton de Berne, à Donaune ; dans les cantons de Schaffhouse, d'Argovie,
de Bàle et de Soleure.
Par des fossiles reçus par M. Paillette, nous avons la certitude que l'é-
tage se trouve en Espagne.
Dans le Hanovre et en Bavière, il offre une grande surface, à Elliger-
Brinke, à Bredenback, à Helgoland, à Hilsen, àOsterwald, à Delligsen, à
Wahlberg, à Berklingen, à Schandelahe. D'un autre côié, on le voit sur
une infinité de points de la Sardaigne, à Simbola, près de Nice, à Casti-
glione ; dans le Yicentin, au col de Yignole; dans les Alpes vénitiennes,
à Montfenera, à Hallein. D'après les recherches de M. Dubois, de Mont-
pereux, nous ne devons pas douter que l'étage existe en Crimée, à Sa-
bli, à Baghtsche-Serari, àSimferopol; dans laColchide, à Koutaîs, à
Krejti, surh versant méridional du Caucase.
GHAP. V. - DIX-SËPTlÈME ÉTAGE : NÉOGOMIEN. 5M
D'après les fossiles rapportés de la république de la Nouvelle-Gre-
nade (Amérique méridionale) par M. Boussingauit et M. le colonel don
Joaquin Acosla, nous l'avons parfaitement reconnu et nous pouvons
assurer quMI existe on ne peut plus développé à Anaiayma, près de San-
ta-Fé-de-Bogota, entre Tena et Tocaïme, à la Mesa, à Anapaime; entre
Talto de l-balogne et de la Cruz, à Caquesa ; à Catoca de Malanza, pro-
vince de Tunja ; à Petaquero, canton de Viletta; dans la vallée de San-
Juan « près d'ibagué; au Rio Vêlez, au Rio-de-CoelIo, près d'ibagué;
à las Palmas, h San-Gil« à Suata, province de Socorro, etc. etc. L'étage
parait se rencontrer encore dans la Cordillère du Pérou, près de Pasco ;
dans la Cordillère centrale du Chili, près de Coquimbo, de Copiapo, de
Santiago. C'est, au moins, la conclusion qu'on peut tirer des fossiles re-
cueillis sur ces points par MM. Darwin et Domeiko.
En résumé, l'étage néocomien, encore en litige il y a quelques années,
se trouverait en même temps en Europe, en Amérique , et s'étendrait
de la zone torride, au sud jusqu'au 34« degré, et au nord jusqu'au 55"
de latitude.
§ 9171. Stratification. Dans l'ordre de superposition connu, l'étage
néocomien, le premier des terrains crétacés, repose directement sur
l'étage portlandien , le dernier des terrains jurassiques {voy, l'étage
i7«denos coupes, fig. 393, 499). Ainsi, partout où nous trouvons ces
deux étages en contact, nous sommes d'autant plus autorisé à les regar-
der comme étant dans leur position respective naturelle, que nulle part,
jusqu'à présent, on n'a signalé d'âge intermédiaire, et que tout porte à
croire qu'il n'en existe pas; car, avec M. Elle de Beaumont, nous y réu-
nissons le Weald'Clay des géologues anglais. Ce fait nous serait encore
plus démontré par ce que nous trouvons à l'est du bassin parisien, dans
le pays de Bray et en Angleterre. En effet, sur toute la ligne que nous
avons indiquée, depuis Brillon (Meuse) jusque dans le Cher, ou sur une
extension de deux cent quarante kilomètres environ, l'étage néocomien
parait reposer partout en couches presque concordantes sur l'étage port-
landien. Dans le pays de Bray, on trouve la même concordance, et il en
est de même en Angleterre sur les lignes signalées. Il n'y a donc aucun
doute que l'étage néocomien n'ait succédé régulièrement, dans l'ordre
de superposition, à l'étage portlandien.
§^2172. DiteordanoM ttratigraphiqjuet. Pour limites de l'étage néo-
comien, nous avons, à la partie inférieure, toutes les lignes de démar-
cation que nous avons indiquées à l'étage portlandien; ainsi, nous
avons, à la fois, des discordances positives, des discordances d'isolement,
des discordances de corrodation etd*érosion (§ 21 17 à 2120). Nous ne re-
viendrons sur ce point que pour rappeler leur importance, qui distin-
gue, aussi nettement que possible, les deux étages.
&90 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
§ 9173. Les limites supérieures de l*étage néocomien sont aussi par-
faitement tranchées par des discordances réelles, des discordances
d'isolement et des discordances d'érosion. M. Leymerie signale une dis-
cordance dans le département de l'Aube. Les discordances d'isolement
existent sur beaucoup de points. Nous les trouvons dans le manque,
sur l'étage' néocomien, de l'étage aptlen, au ravin de Saint-Martin, près
d'Escragnolles (Yar) [fg. 478)« aux Alpines {fig, 454), àMartigues (Bou-
ches-duRbône), à Génégal (Aude), peut-être dans l'Isère, dans le Jura,
depuis TAin, le Jura et le Doubs ; le canton de Vaud, à Sainte-Croix ; le
canton deNeufchàtel, à Hauterive, etc.; en Hanovre, en Piémont, en
Italie, dans les Alpes de Venise ; en Crimée, en Colchide; dans la Nouvelle-
Grenade et au Chili, en Amérique, où, jusqu'à présent, aucune trace de
l'étage aptien ne s'est montrée sur ces points, ce qui annonce qu'un
mouvement géologique s'est fait sentir entre les deux, immédiatement
après le dépôt néocomien, mouvement qui a empêché, sur ces points,
l'étage aptien qui lui succède de se déposer, comme il l'a fait ailleurs.
Les discordances de corrodation se volent parfaitement sur quelques
points, principalement au ravin de Saint-Martin près d'ËscragnoUes,
où les dernières couches néocomiennes sont comme polies et couvertes
d'incrustations ferrugineuses à leur contact avec l'étage albien qui leur
est directement superposé. Cette usure de la dernière couche montre les
dernières limites supérieures de l'étage néocomien, et annonce un mou-
vement prolongé des eaux avant les premiers dépôts supérieurs. On volt
donc que l'étage néocomien est aussi bien séparé de l'étage aptien par
des caractères slratigraphiques que par la composition des faunes.
§ 9174. l>éduotiont tiréet delà position des ooaohet. Par sa po-
sition concordante (étage 17, fig. 394) avec l'étage portlandien, par le
peu d'inclinaison des couches vers le centre du bassin, on doit croire
que la partie orientale du bassin anglo-parisien comprise entre Brillon
(Meuse) et le département du Cher, longue de 240 kilomètres, montre
un lambeau encore intact du littoral des premières mers crétacées, dé-
posé sur les dernières côtes jurassiques, et dans une portion de bassin
nullement modifié depuis dans ses limites. C'est, avec les autres faits
semblables déjà signalés une circonstance curieuse à constater. Le lam-
beau du pays de Bray, comme l'a reconnu M. Élie de Beaumont, parait,
au contraire, avoir subi un effet de dislocation postérieur à son dépôt,
en même temps que les terrains jurassiques inférieurs.
Dans le bassin méditerranéen, à l'exception de quelques parties pla-
cées auprès du massif central, dans les déparlements de l'Ardèche et du
Gard, où les couches peuvent encore, quoique disloquées, se trouver sur
l'ancien rivage des mers crétacées, tous les autres points paraissent
avoir 8uh\ des dislocations bien plus nombreuses, presque toujours en
CHAP. V. — DIX-SEPTIÈME ÉTAGE : NÉOGOMIEN. 591
même temps que les terrains jurassiques sous-jacents. C'est, en effet, ce
que nous montrent la super-
position des couches inclinées
de la chaîne des Alpines et des
Opies (voyez fig, 464), et sur-
tout les environs de Chaudon
et de Barréme (Basses-Alpes)
{yoyezfig. 416). Sur quelques
points, comme des deux côtés
du pont d'Hléges , route de
Fig. 483. Couches néocoiniennes et aptiennet
replojées, au ponl d'Hiéges (Basses-Alpes).
Saint-André de Meouilles à Barréme, les couches dans les dislo-
cations des Alpes ont été reployées d'un manière très-remarquable
{fig, 483).
§ 2175. Gompotîtion minéralogique. Nous trouvons encore, suivant
les lieux, dans cet étage, la composition minéralogique la plus variée.
En effet, à l'île de Wight, en Angleterre, il se montre, aux couches in-
férieures, sous la forme de grès d'un vert foncé, qui lui a valu le nom
de Grèis vert inférieur. Dans l'Aube, l'Yonne, près de Morteau, en
France, dans le Hanovre, ce sont des calcaires argileux bleus et jaunes,
remplis de fossiles; à Noseroy(Doub8),descalcairesoolithiques exploités
pour le minerai de fer; à Brillon, des calcaires saccharoides jaunes. A
Orgon et à Nartigues, on l'exploite aux parties supérieures comme craie
chimique, tant la roche est blanche et crayeuse. Dans les Alpes, ce
sont ou des calcaires marneux noirâtres, ou des calcaires chloriteux plus
compactes. A la Nouvelle-Grenade, ce sont des calcaires noirs, argileux
ou compactes. En résumé, suivant les lieux, la nature de la roche est
diverse j et, à moins de rester dans des limites très-restreintes, le carac-
tère minéralogique ne peut qu'induire en erreur. Si nous comparons la
composition minéralogique des couches de quelques points en particu-
lier, nous en aurons encore une preuve plus évidente.
Dans la Haute-Marne, comme l'a observé M. Cornuel aax environs
de Yassy etcomme nous l'avons également constaté, on voit sesuccéder,
des couches inférieures aux supérieures, une marne argileuse noirâtre,
du fer géodique, des sables et des grès ferrugineux, du sable blanc, des
calcaires marneux noirs, des calcaires marneux jaunes, qui constituent
les couches inférieures. Yient ensuite la série supérieure, formée de
marnes argileuses jaunes, de couches minces d'argile bleue ; enfin, de
l'argile grise ostréenne, avec ses alternats.
Dans la chainedes Alpines, près d'Orgon, où l'étage néocomien, ainsi
qu'aux Martigues, montre son plus grand développement, on voit, aux
parties inférieures, des calcaires bleuâtres, argileux, qui passent au mi-
lieu au calcaire saccharoïde jaunâtre, et aux parties supérieures à un
592 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ealcaire blanc, crayeux, rempli de caprotina, exploité comme craie
chimique.
A Ëscragnolles (Var), les couches inférieures sont formées de calcaires
argileux noirâtres qui passent au gris, et sont terminées aux parties
supérieures par un calcaire chloriteux analogue d'aspect à ta glauconie
crayeuse du Havre. On voit, par ces termes de comparaison, que les grès
verts de l'Angleterre correspondent aux sables, aux couches ferrugi-
neuses, argileuses bleues ou jaunes de la Haute-Marne, et aux calcaires
argileux bleus des Alpines et d'ËscragnolIes ; tandis qu'aux parties su-
périeures, les sables gris de l'Angleterre sont au même l\prizon géolo-
gique que les calcaires chloriteux d'ËscragnolIes, les calcaires blancs
crayeux d'Orgon et de Martigues, représentés par des silex, à Gigondas.
Ces quelques comparaisons suffiront, sans doute, pour prouver qu'il n'y
a presque jamais, sur des points éloignés, un faciès minéralogique
identique sur lequel on puisse s'appuyer pour la distinction de l'étage.
Nous pouvons même dire plus : si, au nord-est de la France, les der-
nières couches jurassiques formées d'un calcaire blanc argileux se dis-
tinguent nettement des dernières couches néocomiennes, il n'en est pas
ainsi en Provence, dans le Var, dans les Rasses et dans les Hautes-Alpes,
où un degré de plus de dureté et les fossiles sont Les seuls signes diffé-
rentiels.
En Angleterre, on trouve, immédiatement sur les calcaires marins de
L'étage portlandien, des couches néocomiennes terrestres, dites de boue,
avec des arbres dans leur position normale, avec leurs racines dans la
terre ancienne de cette époque, recouvertes de couches d'eau douce avec
restes de coquilles fluviatiles, le tout recouvert par des dépôts marins
renfermant des coquilles marines.
§ 2176. Puiwanoe connue. Les points où nous avons rencontré plus
de puissance à l'étage sont dans la chaîne des Alpines, du Yentoux,
entre Mari^eille et Cassis, et entre Clujes et le Reausset, où des couches
inclinées k 23'* à l'horizon, sur une longueur de près de 8 kilomètres,
nous donnent 2500 mètres d'épaisseur à l'ensemble néocomien. On ne
peut douter dès lors de la durée et de la valeur de l'étage.
§ 2177. Oéductiont tirées de la nature des tédimenii et des fos-
siles. Avant tout, une première déduction pourrait être tirée des cou-
ches ferrugineuses, exploitées toujours sans fossiles, qu'on remarque au-
dessous de l'étage néocomien à Beltancourt -la- Ferrée (Haute-Marne).
Nous pourrions les regarder comme le résultat du lavage terrestre qui a
dû avoir lieu entre la fin de l'étage portlandien et le commencement de
l'étage néocomien.
§ 2178. Points terrestres. Les belles recherches de MM. Fitton,
Mantell, de la Rêche, Ruckland et Lyell ne laissent aucun doute sar l'o-
CHAP. V - DIX-SEPÏIÈME ÉTAGE : NÉOCOMIEN. 603
rigine terrestre du dépôt du Weald, dans la partie sud est de l'Angleterre,
dans rile de Wlght, dans Tile de Portland, le Surrey, le Kent et ie
Sussex, surtout pour les couches terrestres si remarquables qui reposent
immédiatement en couches concordantes sur les dépôts marins de l'é-
tage portlandien, et qui contiennent des troncs d'arbres, et des Zamia
dans la position où ils ont vécu. Des dépôts terrestres existent encore
dans le département de l'Oise, où ils ont été étudiés par M. Graves, et
d'autres semblent encore se montrer dans le département de l'Ain ;
mais ces derniers points de France, ainsi que les couches supérieures du
Weald-Clay, d'Angleterre, paraissent avoir constitué des dépôts d'eau
douce. C'est au moins ce qu'on peut déduire de la présence de coquilles
fluviatiles. 11 en est de même des dépôts analogues de l'Allemagne.
§2179. Les trois zones de profondeur dans les mers, que nous avons re-
trouvées pour tous les étages précédents, sont encore ici très-marquées
dans les dépôts marins de l'étage néocomien.
Points littoraux des mers. Nous croyons pouvoir conclure du grand
nombre de coquilles flottantes de Céphalopodes déposées dans les
couches, que tous les points suivants ont fait partie de côtes placées au
niveau supérieur des marées. — Autour du bassin parisien nous les re-
trouvons dans la Meuse, à Bhlion; dans la Haute-Marne, à Vassy ; dans
l'Aube^ à Vendeuvre, à Soulaines ; dans l'Yonne, à Auxerre, occupant
ainsi quelques couches de toute la ligne orientale du bassin. En Angle-
terre, on les trouve à Hythe, à Atherûeld, à Nutûeld, à Maidstone, etc.
Dans la uier méditerranéenne, on les voit dans ie Gard, aux environs
de Nimes ; dans la Drôme, à la Charse ; dans le département de Vau-
cluse, à Gigondas (quartier de la Feuille), à Redennes; dans le Var, aux
Lattes, à Escragnoiles, au ravin de Saint-Martin, à Andon, à Caussols, k
la Doire, à Gréolières; dans les Basses-Alpes, à Cheiron, à la Lagne, à
Barréme, à Angles, à Bobion, à Andon, à Aiglun, à Chamateuil, à Sis-
teron, à Chardavon ; dans les Hautes-Alpes, à Chàteauneufde-Chabre,
à Saint-Julien Beauchône; dans l'Ain, à Géovreissiat près de Nantua;
dans le Jura, à Nozeroy, à Censeau. à Boucherans; dans le Doubs, à
Morteau, à Russey, aux Jeannerots, près des Écorces. Hors de France,
on les trouve à Hauterive (Neufchâlel), à Sainte-Croix (Yaud); dans le
Biancone du col Vi.nole (Viccntin), à Simbola, près de Nice; dans le
Hanovre, à Bredenbeck, à Helgoland ; en Crimée, à Sabli ; en Colchide,
à Courtais; dans la Colombie (Nouvelle-Grenade;, sur presque tous les
points indiqués à l'extension géographique, puisque la roche est pétrie
de corps flottants.
§ 2180. Le grand nombre de Céphalopodes qu'on trouve entre Escra-
gnoiles et les Hautes-Alpes annonce certainement un dépôt littoral ;
jnaîB cette conséquence, déduite rigoureusement des faits, est ici plus eu-
50.
504 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
rieuse qu'ailleurs : car elle ferait supposer que cette partie du yersant
occidental des Alpes avait déjà surgi au-dessus des mers, à l'époque
des dépôts néocomiens.
On pourrait dire plus encore de la nature de ces dépôts côtiers. Escra-
gnolles, à ses parties supérieures, montre, par Tamoncellement des co-
quilles flottantes, des coquilles non flottantes, et même des coquilles
assez pesantes, un dépôt fait sous Tact ion d'un mouvement assez pro-
noncé des eaux ; tandis que les Céphalopodes les plus fragiles, déposés
entiers dans des couches formées de sédiments Ans, à Cheiron, à Bar-
réme, à Angles, etc , si bien étudiés par M. Astier, annoncent, au con-
traire, des dépôts tranquilles semblables à ceux des golfes : mais ici la
disposition par lits bien distincts et souvent répétés de toutes les couches
annonce que ces dépôts se formaient sous l'action des perturbations na-
turelles qui existent dans nos mers (§ 88).
§ 2181. Points tout-marint voitint det oôtet. Le manque de co-
quilles flottantes et le grand nombre de coquilles de Lamellibranches
et de Gastéropodes feraient croire que les points suivants étaient sous-
marins, mais très-voisins des côtes, quand les sédiments qui forment
ces couches s'y sont déposés. — Dans le bassin parisien, à Bujard
(Meuse) ; à Bettancouit-la-Ferrée, à Saint -Dizier, à Ville en-BIaisois, à
Baudrecourt, à Attancourt, à Vaux sur-Biaise, à Bousseval, etc. (Haute-
Marne); à Ville-surTerre, à Bernon, à Chaource, à Rumilly (Aube); à
Chenay, à la Chapelle-de-Flogny, à Lagny, et sur toute la ligne jusqu'au
delà de Saint-Sauveur (Yonne) ; à Neuvy-sur-Loire (Nièvre). — Dans le
bassin méditerranéen, à Berrias, au Theil (Ardèche) ; à Génégal (Aude) ;
à Allauch,à la Péagère-du-Kocher (Boucbes-dn -Rhône); à Fontanil, àla
montagne de Nérou (Isère); à la perte du Rhône, au Martinet de Charlx
près de Nantua , à la Clape, à Mouillât (Ain); à Renaud -du-Mont
(Doubs) .
§ 2183. Points profonds des mers néooomîennes. Dans la chaîne
des Alpines, du Lubron, du Ventoux, à l'est de Martigues, à la Fontaine
de Vaucluse, dans les départements de Vauclnse, des Boucbes-duRhône
et du Var, la puissance immense des couches néocomiennes a tous les
caractères d'un dépôt sous-marin, formé au loin des côtes et par une
grande profondeur. On n'y voit, en efîei, aucune coquille flottante, et
même on peut dire qu'à l'exception des couches les plus inférieures et les
plus supérieures les fossiles y sont rares et dépendent, presque tous, des
Brachiopodes et desÉchinodermes, Ëchinides et Crinoides, qu'on sait être
péiagiens. Nous croyons donc pouvoir citer les couches comprises entre
Orgon et Péagèrc comme le plus beau type d'un dépôt sous-marin fait
au loin des côtes. Les couches supérieures d'Orgon qui renferment une
si grande quanliié de Requienia Lonsdalii et Àmmoma^ de Nérinées, ainsi
CHAP. V. - DIX-SEPTIÈME ÉTAGE : NÉOCOMIEN. 595
que les m^mes couches, à Martigues, à Cassis, à la Fontaine de Vao-
cluse, de Gbambéry, représentent, pour nous, une bande spéciale, un ho-
rizon géologique le mieux caractérisé, mais seulement local, que nous
pourrions comparer auii récifs anciens de l'étage corallien (§ ^76). Celte
zone, que nous avons, ailleurs, désignée comme notre première xone de
Rudistes, montre un récif sous-marin semblable à ceux d'aujourd'hui.
Toutes les coquilles y sont en place telles qu^elies ont vécu.
§ 2183. Osoillationt du toi. Nous regardons comme les signes cer-
tains d'oscillations du sol (§ 1755), durant la période néocomienne, d'abord
la conservation de tous les points littoraux que nous avons signalés, et
surtout le recouvrement, par des couches marines, des couches terrestres
ou littorales connues en Angleterre sous le nom de Weald-clay, et qu'on
a signalées dans l'Ile de Portland, dans la vallée de Wardour, en Alle-
magne et même dans le Jura, etc., etc. En Angleterre, nous expliquons
ainsi la succession si remarquable du Weald-clay. Il a d'at>ord fallu, à
la tin de la période portlandienne, que les calcaires marins fussent sur-
élevés pour devenir points continentaux de marins qu'ils étaient. Ce
continent parait avoir duré très longtemps. Pendant la première période»
des forêts, dont on reconnaît encore les troncs des arbres avec leurs ra-
cines, couvraient cette région. Puis ces forêts ont été remplacées par des
marais où vivaient des coquilles d'eau douce; mais quelques points de
ces marais devaient être peu éloignés du littoral maritime t car on y
trouve des huîtres, qui ne pourraient être là que par suite d'apport de la
mer. Après une très-longue durée de ces dépôts terrestreset fluviatiles,
un affaissement non graduel, car ce dernier aurait laissé la trace des
dépôts littoraux successifs et des perturbations que la vague produit
toujours sur les côtes, mais bien un affaissement brusque s'est mani-
festé et a placé, de suite, ces dépôts terrestres sous les eaux de la mer,
qui les ont, de suite, recouverts de sédiments marins, sans qu'Usaient pu
être préalablement dérangés. Nous regardons encore comme un effet des
oscillations la superposition immédiate, sur presque tous les points du Var
et des Basses-Alpes, comme au ravin de Saint-Martin, à Barréme, etc.,
de dépôts côtiers remplis de corps flottants, appartenant les uns aux
couches inférieures néocomlennes, et les autres aux couches supérieu-
res ou urgoniennes, contenant, comme nous le verrons plus tard, cha-
cune sa faune spéciale bien distincte ; car un affaissement de la pre-
mière côte nu niveau supérieur des marées est nécessaire pour que la
seconde puisse s'y déposer immédiatement dessus.
§ 2184. Perturbation finale. Les discordances indiquées § 1173
annoncent qu'il a certainement existé des causes géologiques assez puis-
santes pour interrompre Tépoque néocomienne, et la séparer entière-
ment, par sa faune, de l'étage qui Ta suivie. Nous pouvons, jusqu'à cer-
596 QUATRtEMË PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
tain point, reconnaître encore les traces du mouvement des eaux qui a
dû alors avoir lieu. Nous avons dit ailleurs (§ 162) qu'à la fin de chaque
période les eaux ont dû envahir les continents, et entraîner avec elles
des particules terrestres et des restes d'animaux. Nous pourrions regarder
comme un produit de lavage de celte nature, les couches ferrugineuses
qu'on trouve à la Grange-au-Ru, près de Yassy, entre les dernières
couches néocomi^nnes et les premiers dépôts de l'étage aptien. Un fait
viendrait encore plus nous le faire croire : c'est que ces dépôts ferrugi-
neux renferment des fossiles marins contenus dans des rognons routés
de l'étage néocomien, et qu'on y rencontre des coquilles d'Unio, qui pro-
viennent évidemment des eaux douces du continent voisin;
Un exemple curieux ile conservation, est le Pecten Alpinus de Bar-
réme, que nous y avons rencontré avec toutes ses couleurs.
§ 2185. Caractères paléontologiquet. Un des caractères généraux
de cette faune, qui ressort de l'examen de l'ensemhle, c'est qu'un très-
grand nombre de genres naît à celte époque, tandis qu'un très-petit
nombre s'y éteint. Ce résultat prouverait, comme on devait s'y attendre^
que rétage néocomien est, par les détails de sa faune, le commence-
ment d'une nouvelle période d'existence, d'une nouvelle grande époque
géologique, et dépend bien, dès lors, des terrains crétacés,tandis qu'aucun
lien ne la rattache directement aux terrains jurassiques. Nous avons
vu, en effet, dans les étages corallien et kimméridgien, s'éteindre succes-
sivement un très-grand nombre de formes animales, spéciales aux ter-
rains jurassiques, tandis qu'il n'en naissait presque aucune dans les
derniers étages de ces terrains , résultat tout opposé de ce que nous
remarquons dans l'étage néocomien, que nous regardons, avec presque
tous les géologues, comme le commencement de la grande période cré-
tacée. Nous allons, maintenant, donner les caractères différentiels spé-
ciaux de cet étage.
§ 2186. Caractères négatifs tirés des genres. Pour séparer l'étage
porliandien de l'étage néocomien , outre le genre Meristodon, né et
mort dans l'étage portlandien, nous avons le genre Àeteonina, qui»
né antérieurement, s'éteint aussi dans l'étage portlandien, sans passer
à l'étage qui nous occupe. On voit, dès lors, que les caractères négatifa
sont ici réduits à peu de chose.
§2187. Pour limiter paléontologiquement l'époque néocomienne dô
l'étage aptien qui lui succède.lmmédiatement,nous avons quatre genre»»
qui commencent seulement à paraître à l'étage suivant, et manquent en*-
core dans celui-ci. Parmi les Poissons, un genre; parmi les Céphalo-
podes, le genre Conoteuihis ; parmi les Gastéropodes, le genre Vermetus ,-
parmi les Échinodermes, le genre Decameros ; parmi les ZoopLytes, le
genre Tetracœnia.
CHAP. V. — DIX-SEPTIÈME ÉTAGE : NÉOCOMIEN. 597
§ 2188. Oaraotèret potitift tirés des genres. Les genres qui suivent,
inconnus, jusqu'à présent, dans les étages inrérieurs, et parus, pour la
première fois, avec l'étage néocomien, seront autant de caractères posi-
tifs pour le distinguer de l'époque antérieure. Ces genres, au nombre
de 74, soniainsi répartis : Parmi les Oiseaux, les genres PalœorniseiCi-
moliornis ; parmi les Reptiles, les genres Tretostemon, Succhosaurus,
Goniopholis, Hyleosaurus el Iguanodon; parmi les Poissons, le genre
Odontaspis ; parmi les Crustacés, le genre Archœoniscus ; parmi les Cé-
phalopodes, les genres Hamulinay Hamites, Heteroceras, Ptychoceras,
Baculites, Scaphites, Crioceras et Baculina ; parmi les Gastéropodes,
les genres Pa/udtna, Turritella, Strombus^ Rostellaria, Chenopus^ Py-
ruloj Varigera, Avellana et ColombelUna ; parmi les Lamellibranches,
les genres Unio, Crassatella, SolecurtuSy Donacilla, Arcopagia, Car-
dita, PectunculuSy Janira et Spondylus; parmi les Mollusques brachio-
podes. les genres Terehratulinat Radiolites^ Caprotina, Requienia,
Terehrixostra et Caprinella .parmi les Bryozoaires, les genres Bornera,
Tuhulipora et Zonopora ; parmi les Échinodermes, les genres Toxaster,
Peltastes, Holaster.Pygaulus, GoniopyguSy Salenia^ Pyrina^ Arbaciay
HemicritfH^ ei Phyllocrinus ; parmi les Zoophytes, les genres Aplosas-
trea, Dim'^haslrea, Amhlocyathus, Acanthocœnia^ Brachyeyathus^
Ellipsocœniaj Funginella, Pentacœnia, Polyphyllia, Thalamocœnia,
Phyllocœniay et Barysmilia ; parmi les Foraminifères, les genres Oper-
culina, Textularia, Litunla et Placopsilina; parmi les Amorphozoaires,
les genres VerticilliteSf Hemispongia et Tkalamospongia.
§ 2189. Les genres spéciaux à l'étage néocomien, qui sont nés et morts
dans cette période, sont autant de caractères positifs pour le distinguer
de l'étage aptien, où ces genres ne paraissent pas avoir vécu. Ces genres
sont ainsi répartis dans les séries : Parmi les Oiseaux, les genres Pa-
lœornis et Cimoliornis ; parmi les Kepliles , les genres Tretosternon^
SuechosauruSf GoniopholiSy Hylensaurus et Iguanodon ; parmi les
Crustacés, le genre Archœoniscus ; parmi les Céphalopodes, le genre Ba-
culina ; parmi les Échinodermes, les genres f/emicrtriMset Phyllocrinus;
parmi les Zoophytes, les genres Aplosastrea^ DimorphastreOf Acantho-
cœnia, BrachycyathuSf Ellipsocœnia^ Pentacœnia ei Thalamocœnia ;
parmi les Amorphozoaires, les genres Hemispongia et Thalamospongia.
Si nous ajoutons les 14 genres suivants également ctelnis dans l'étage
néocomien sans passer à l'étage aptien : parmi les Kepliles, les genres
Plerodactylus, Megalosaurus^ Streptospondylus ei Cetiosaurus ; parmi
les Poissons, les genres Ophiopsis, Pholidophorus, Tetragonolepis et
Microdon; parmi les Bryozoaires, le genre Aipendesia; parmi les Échi-
nodermes, le genre Disaster ; parmi les Zoophytes, les genres Stylos-
milia; parmi les Amorphozoaires, les genres Cnbrospongia et Para-
698 QUATUIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
spongia, nous aurons 34 genres pour caractères positifs entre les étages
néocomien etaptien.
§ 2190. Caractères paléontologîques tîrét des etpéoet. Sans
compter les nombreuses espèces de Plantes, d'Animaux vertébrés et an-
neiés, nous avons, en Animaux mollusques et rayonnes, seulement, le
nombre de 86 1 espèces, dont nous avons donné, dans notre Prodrome de
Paléontologie stratigraphique (tome 2, p. 62 et suivantes), les noms
discutés, la synonymie et les principales localités où elles se trouvent (i).
En ôtant de ce nombre les sept espèces suivantes, communes entre les
coucbes les plus supérieures de l'étage néocomien et de l'étage aptien :
Belemnites Grasianus, Duval.
Natica laevigala, d'Orb.
Pholadomya Cornueiiana. d'Orb.
Mytilus subiineatus, d'Orb.
Ostrea macroptera, Sow.
Terebratula Moutoniana, d'Orb.
— sella, Sow.
il restera encore 844 espèces caractéristiques de oet étage, qui pour-
ront servir h le faire reconnaître sous toutes les formes minéralo-
giques.
§ 2191 . Pour appuyer l'extension géographique que nous avons donnée
à rétage, on n'aura qu'à jeter les yeux sur les localités indiquées au Pro-
drome. On pourra se convaincre, alors, que tous les lieux de France men-
tionnés contiennent des espèces identiquement les mêmes, chaque fois
que le faciès de dépôt dépend de circonstances identiques. Il en est
ainsi des espèces d'Angleterre, d'Allemagne, d'Italie, et surtout, ce qui
est plus remarquable, des espèces recueillies dans la Nouvelle Grenade
(Colombie) par MM. BoussingauU et Acosta (2). Pour le prouver, nous
allons donner une liste des espèces les plus répandues et les plus ca-
ractérisées, propres à la fois au sol de la France et aux contrées les plus
éloignées :
MOLLUSQUES.
Ko* du Prodrome.
Belemnites latus. 2
— subquadratus. 6
Ammonites radiatus. 18
N<M du Prodrome.
'Ammonites Tethys (3). 30
* — Dumasianus. 580
— Didayanus. 586
— Castellannensis. 587
(1) Foyez encore, dins notre Paléontologie française, terrains crétacés^ les descriptions et I«s
Bgures de toutes les espèces de Céphalopodes, de Gastéropodes, de Lamellibranches, de Bracbio-
podes et de Bryozoaires de France.
(2; f'oyei notre travail spécial sur ces fossiles.
(3) Dans celte liste, les espèces de la Nouvelle-Grenade (Amérique), identiques A celles de France,
sont marquées d'un astérisque. On peut, par celte nomenclature, s'assurer que ces espèces, au
nombre de 13, ne sont pas une exception, mais un fait général d'une grande importance, an-
nonçant la communication directe des mers, et la conteroporanéité parfaite des deui dépôts.
CHAP. V. - DIX-SEPTIËHE ÊÏKQt. -. MËOCOMIEN.
' A m moni les ga I eal u s
— BogulensiB.
— Vandectli.
Crioceraa Duvalii.
Ancyloceras Duvalianus.
' Toxocerae noilosus.
Nerinea Coquandiana.
' Nalica Bogollnn.
Pic uro tu m aria neocomiensia.
PLerocera pelagl.
■Roslellaria Ameiieann.
Panopœa neacomlensiB.
PholBdnmya elongalu .
' l.eda Ecapha.
'Trlgonia loDga.
— caudala-
Corbia corrugata.
' Arca Gabiiell».
Lima Cai'leronlana.
Gervillla anccpe.
' Ustrea BouMlngaaltii.
— matroplera.
— Couloni,
Rliynubonella depTessa.
TerebfStula tamarin Jus,
— di pli yo ides.
— Lonsdalii.
ËCHINODEHHEd.
Holaster l'Hardy i.
Toxaster cumplanatua.
Nucleolltes Olfersii.
Diadeina Bourgueli.
Cidaris punclala.
Voici, CHRimc exemple, les Qgure» de quelques-n
raclé rUtiques de cet étage (^0. tSi à 497).
a des esp^es ca-
I QCATKIKHk PAKTIE - SUXtSSlON CHWISOUMilQLE.
. ii',n. Chnooloci* lûrtanq«e. l'DC p«nnrt>ati'>a fëoIoElqne ■
l'crtnineincnt amené la fin de l'jtage porlUndien (§ !13M- C'(^^ n'ors
CHAP. V. - DIX'SEPTIËHE ËlÂbE NËOCOHIbN GOI
qii'oni clé anéanties, avec les deux genres éteints dansceite période les 63
espèces d'Animaux mollasques et tayoanés que nous y a-
601 QUATRIÈME PAKTiK. — S^JCCESSIO^ CHHONOLOGIQUE.
(g liaO]. Lorsque nprès celle periurhniionlecalme est revenu sut la terre.
Il est né, <lang l'élage nêucomien, H genres inconnus dans les étages
inrérieurs: et, indépendamment des animaux vertébrés et annelés,
a5i espèces d'Aniniam mollusques et rayonnes, acluclleioent connus,
CHAP. V. - DIX-SEPTIÈME ÉTAGE : NÉOCOMIEN. 603*
viennent nous donner une idée de la composition de la nouvelle faune
des terrains crétacés, si différente des faunes propres aux derniers étages
jurassiques.
§ 2193. Les mers {voyez étage 17 dans notre carte, fi g. 48Î) conser-
vent, sur quelques points d'Europe, la même circonscription, tandis que
sur d'autres elles ont changé de limites. Nous voyons en effet, dans le
bassin anglo-parisien, les mers néocomiennes suivre la même circonscrip-
tion, tout en laissant des atterrissements, sur le littoral oriental, depuis la
Meuse jusqu'au Cher. Nous les voyons faire de même en Angleterre, depuis
la Manche jusqu'au Yorkshire, à Test des étages jurassiques. Dans la mer
méditerranéenne, nous voyons que, partout, cette mer occupe les lieux
voisins des dernières limites jurassiques déjà tracées, soit sur le bord du
plateau central, soit sur les côtes de l'île du Yar, soit sur le versant oc-
cidental des Alpes, dans le Jura. Il parait en être de même dans le
Hanovre.
Les points où nous voyons les mers changer de circonscription se trou-
vent au pourtour occidental du bassin anglo -parisien en France,où, depuis
la Touraine jusqu'aux côtes du Calvados, nous ne connaissons pas encore
de dépôts néocomiens, sur les dernières couches jurassiques. Nous avons
observé une lacune identique dans le bassin pyrénéen tout entier, où nous
n'avons rencontré, jusqu'à présent, aucune trace de l'étage néocomien ,
depuis la Vendée jusqu'au plateau central et dans la chaine des Pyré-
nées. Il faudrait croire, pour ce dernier bassin, que la mer néocomiennc
n'y pénétrait pas, au moins sur les points qui nous sont connus Le
grand nombre de coquilles ideniiques entre la Provence et la Nouvelle-
Grenade en Amérique, nous porte à penser que la mer existait sans
interruption, depuis l'Europe jusqu'au nouveau monde. Les dépôts cô-
tiers des deux points nous font même reconnaître quelques lambeaux
du littoral de ces mers qui s'étendaient de la zone torride jusque dans
nos régions tempérées.
§2194. Les continents ont subi des changements correspondants. Ils
sont restés les mêmes, à l'est du bassin anglo-parisien en France
et en Angleterre , tandis qu'ils se sont plus augmentés du côté
du massif breton, puisque nous n'y trouvons aucun dépôt néocomien.
Quant au bassin méditerranéen, il se trouverait borné à l'est par un
continent alpin, qui s'étend depuis Castellanne, en passant à Touest de
Gap, à l'est de Grenoble, et se dirigeant vers la Suisse {voyex notre carte
fig. A82). On pourrait croire encore, par le manque complet de l'étage
néocomien, que, pendant la durée de cet étage, toutes les parties des
mers que nous avons désignées jusqu'à présent sous le nom de bassin
pyrénéen sont restées hors des eaux et pouvaient être continentales.
§ 2 195. Les mers s'enrichissent d'un grand nombre d'animaux nou-
eot QVItTtUtMK PARTIE. - StCCESSIOK CHROKOLOGIQUE.
«Mui. HoDS j TDvona en elTel ■ppanllre, poor li ptemitre Tais, foTdre
de* FonmlniUrei énallMiégue», et miIodI une faune Irti-TemarqnaU»
par le grand Dombre d'espèces el la mullipllrilé de fonnet eénëriquet
qu'aCTec lent le* Nolluiqueg réphalopodei, qui } offrent des Ammonites
gigantesques et det capècea remarquablea par lears sillons transieraes
GKpicéa, des Aneylocerttt de deui mètres de développemenl.et cei genres
*i singuliers des Seophila, des roaioeerai, des Piychoeerar, des Heie-
rocerat, des Heticocrrai. des Crioctrot, etc., etc Des Reptiles remarqca-
blea, tel> que les £yl(0f<iuru( et les Iguanodon, peuplent les riTages.près
detquels pullulent de nomlireui Poissons; des Mollusques (usqu'alors
Inconnue, tels que des Turrilelles. des Varigrra, des Crassatelles, etc.;
beaucoup d'Ëcbinodermes nouveeui. de Zooplijtes et d'Amorplioioalres.
Les nombreuses forineB nouTelles, jointes au mati'mum de développe-
ment des esptces d'Ammonites, d'Ancylocéru. de Crioc^ras, de Bélem-
niiee, de N'uclèoliies, etc., donnent, à cet éiage une richesse aolmale
bien supérieure bui deux étages précédents, et surtout un Tacies d'en-
semMe très tranché. Les riragee éiaienl encore peuplés de plantes ma-
rines, d'Algues, dépendantes des Cryptogames amphigènee. H. Dunker
ymenllonne, eneHet, en Allemagne, le Cou ferui let /U«m,
§ SIOO, Les conlinenla n'élalenl pas moins bien partagés; car nous y
voyons apparaître deux genres d'Oiseaux riverains, des Tortues, les
derniers repréeentunie dee Ptérodactyles, ces Reptiles volants si singuliers,
et enfln des Reptiles de il
genres différents. Aveccee
animaux , les continents
nourrissent un grand nom-
bre de plantes [foyet fig.
498), dont la liste suivante
est eximite du catalogue
publié pur M. Brongnisrt.
Le savant bolanisle tait re-
marquer que lea (ormes gé-
nériques sont presque tou-
tes les mêmes que durant
les terains Jurassiques.
r,ependnnl, dit-il. les Cycadées parailrsienl déjà moins nomlireusea, rela-
tivement aux Fougeres-C'esi, pour lui, la fin du règne des Gymnospermes,
re résultat, relatif aui plantes, n'est pas marqué pour les animaux. SI,
en (.ffet. pour ces derniers, beaucoup degenresdes terrains jurassiques se
rpntlnuent dans ce premier étage crétacé, le nombre des formes nou-
vallea el spécialea aux terrains crélacés est encore plus prononcé, et
marque, certainement, le commencement d'une nouvelle période.
» mt5S[.l.i11ii.
CHAP. V. - DIX-SEPTIÈME ÉTAGE : NKOCOMIEN. 605
Cryptogames aorogènea.
FOUGÈRES.
Pachypleris gracilis, Brong. Angl.;
Beauvais. (Sphcnopt. gracilis,
Filt.)
Sphenopteris? Mantelli , Brong.
Angl.; Ail.
Sphenopteris Sillimani , Mant.
Angl.
S. Rœmeri, Dunk. Allcm.
S. tenera, Dunk. id.
S. Philllpsii, Mant. Angl.
S. fiœppcrii, Dunk. Ail.
S. Harliebeni, Dunk. id.
S. longifolia, Dunk. id.
Adiantlles Mantelli, Brong. Allem.
(Cyclopleris Mantelli, Dunk.)
\,? Klipsleinli , Brong. Allem.
(Cyclopleris Klipgleinii, Dunk.)
Cladophlebis Albertsii, Brong. Al-
lem. ( Nevropteris Albertsii,
Dunk.)
Pecopteris Hultoni, Brong. Allcm.
(Nevropteris Hultoni, Dunk.)
Pecopteris Geinitzii, Dunk. Allem.
P. Murchisoni, Dunk. Id.
P. Conybeari, Dunk. id.
P. elegans, Brong. Ail. (Alethopi.
elegans, Dunk.)
P. polydaclyla, Dunk. Allem.
P. Ungeri, Dunk. id.
P. gracilis, Dunk id.
P. Cordai, Dunk. id.
P. Althausii, Dunk. id.
P. Browniana , Dunk. id.
P.? linearis, Slcrnb. Ail. (Non
P. Reichiana, Br.)
Lonchopleris Mantelli, Brong. Angl.;
Beauvais.
L.? Hultoni, Presl. Angl.
Hausmannia dichotoma , Dunk. '
Allem.
ProlopterisP erosa, Ung. Angl.
(Eudogeniles erosa, Mant.)
HAHSILÉACÉKS.
Baiera Hultoni, Brong. Allem. (Cy-
clopt. digitala , L. et H. , non
Brong.)
B. Brauniana, Dunk. Allem.
B. nervosa, Dunk. id.
ÉQUISÉTACÉES.
Equiselum Lyelli, Mant. Angl.
E. Philli|8ii, Dunk. Allem.
E Burchardi, Dunk. id.
JDîootylédonea gymnospermea.
CYCADÉKS. .
Cycadiles Brongniarti, Rœm. Al-
lem.
C. Morrisianus, Dunk. id.
Zamites œqualis, Gœpp. id.
I Z. abielinus (Ptcroph., Dunk.) id.
Z. Dunkerianus (Pteioph., Dunk.).
Allem.
Z. Lyellianus (Pteroph., Dunk.). A.
Z. Gœpperlianus (Pteroph., Dunk.).
Allem.
Z. Humboldlianu6( Pteroph Dunk.),
Allem.
Z. Fillonianus (Pteroph. , Dunk.). A.
Z. Brongniarti (Cycad. , Mant. ).
Angl.; Beauvais.
Plerophyllum Schaumburgense ,
Dunk. Allcm.
Zamio8trobu.s ? crassus , Gœpp.
Angl., Wight.
Cycadoidea megalophylla , Buck.
Portiand.
C. microphylla , Buckl. Portiand.
Clathraria Lyellii, Mant. Sussex.
CONIFÈRES.
Brachyphyllum Germari , Brong.
Allem. (Thuites Germari, Dunk.)
4m (fiAntÊat txmwL -- flrccE»in9 cnwmuooQCE.
%, ? Knrrianmii , tr^ni^ Mem^ ^ JUîelîti» liakîî
innip#trtteii 5«(«niiMrzîafiu», Rroof. C eordstns, Danfc. id.
All^m. 'Mttêdieê Scembf rgianas, ' C. ^nmzmagti, Daak. id.
f>«ink, [C fenom, Daak. M.
g ?fdC, L'identité de la fauine manne néoeomieniie 4ep«s la
itffrlAe iiwin'en Proreoee ooos ferait cnyire qa'alon les zones iso-
therme fi'n i«tatest pas encore.
I>;t ofteillatioof du toi étaient fréquentes dorant cette époque (§9183)
§ ?f9^. 5«>fjft aTons encore to par les discordances ( § }17}) que la
perturtiation finale qui a dà délerminer la fin de l'époque néoco-
mienne ett parfatlemeot indiquée § 2i8l], et qu'elle coïncide avec les
»igne» de tafatçe k la surface de la terre et aTec les limites des faunes,
dan« len eoucbe» terrestres. C'est peut-être à la fin de cet étage que se
«ont Diirélet ées les montagnes de la Nouvelle-Grenade dirigées N. ZZ*
K. au S Zo** 0. qui constituent notre tytième colombien.
l>tvtf ton de rétoge ttéoeoœten en deux séries de couches,
^ 9f 9f). Deuil divisions parfaitement tranchées et toujours superposées
existant dans l'étage néocomien , aussi bien dans le bassin méditer-
raii^wn que dans le bassin parisien, l'une inférieure et l'autre supé-
rieurs;, ayant chacune sa faune particulière presque spéciale, comme
on le vf'rrn dans notre Prodrome de Paléontologie stratigrapkique,
La H^rie inférieure, à laquelle nous conservons plus particulièrement
le nom de Néocomien, parce qu'elle se trouve seule à Neufchâtel, premier
type de l'étage, se compose d'une faune côlière et d'une faune marine
bien circonscrite dnns des couches spéciales toujours inférieures dans
le hiiKsIn parisien : ce sont les couches connues sous le nom de calcaire
A spntnnt^nns. Dnn» le bassin méditerranéen, c'est encore la même cou-
c1h% ou l)i(;ii ('(îft pnrtirs inférieures, diversement colorées, sont carac-
térisées pnr VOstrea Coulonif les Ammonites radiatuSy Leopoldinus^
AsIit'rianuH, le Crioceras Duvaliiy etc., etc. Nous y reconnaissons 570
espcVns propres.
8 2200. Lu série supérieure, à laquelle on pourrait donner le nom
iVUrgonien, Orgon (Houches-dn-Rhône) en oflfranl le plus beau type,
ei«t repréHciitée dans le bnssin parisien par ïargile oslréenne de
M. Oorniicl, h VaxHy (Haute-Marne), dans l'Aube et l'Yonne. Elle
CHAP. V. - DIX-HUITIÈME ÉTAGE : APTIEN. 607
a des caractères bien plus marqués dans le bassin méditerranéen.
Au faciès sous'marin de cette série de couclies correspond, dans ce
bassin, l'horizon si remarquable des Requienia ammonia et Lonsdalii
et des RadioliteSf qui forme notre première zone de Hudistes. Cette
série de couches, qui, à Orgon, montre près de 1,000 mètres de puis-
sance, se présente encore dans la chaîne du Lubron et du Ventoux,
entre Salon et Martigues, entre Martigues et Marseille, entre Marseille
et Cassis (Bouches-du-Rhône) ; à la Fontaine de Yaucluse (Yaucluse),
entre Clujes et le Beausset (Var) (vot/. étage 17, fig. 499); à la côte
de Châtillon, à Maillât, à Cessiat. à Joux, à Bellegarde, près de Nantua ,
à la perte du Rhône (Ain) ; près d'Annecy, aux environs de Cliam-
béry, au mont du Chat (Savoie) ; dans le Jura, à Plénisette et à Belle-
Cul ; dans les Alpes, entre les lacs de Lucerne et de Thun, à Sentis,
dans le canton d'Uri, etc. Au faciès côtier rempli de corps flottants,
appartiennent ces couches chloritées supérieures, si remplies de Cépha-
lopodes, qu'on rencontre au ravin de Saint-Martin, près d'Escragnol les,
à Gréolières (Var) ; les calcaires argileux de Blieux, de Blaron, de Ver-
gons, de Barréme, de Chardavon, d'Angles, de Robion, de Chamateuil,
d'Audon, d'Aiglun (Basses- Alpes), etc., toujours caractérisés par un
grand nombre d'espèces de Céphalopodes spéciaux, tels que les Belem-
nites Minaret. Grasianus; les Ammonites ligatus, recticostatus^ Hono-
ratianus, CassideuSj Dumasianus^ lepidus , Heliacus, galeatus; le
Scaphites Tvani, VAncyloceras Emerici et Puzosianus, etc. {Voyez la
liste complète dans le Prodrome de Paléontologie stratigraphique.)
Nous connaissons maintenant 330 espèces spéciales à cette partie supé-
rieure.
18e Étage : APTIEBT, d'Orb.
Première apparition des genres Vermetus et Decameros.
Règne des genres Conoieuthis, Theiis et Tetracœnia.
Zone du Nautilus plicatus, de V Ammonites (issicostatus^ des i4ncy-
loceras Matheronianus et simplex, de la Lucina sculptât du Plicatula
placunea, et deVOstrea aquila.
§ 2201 . Dérivé du nom. Distingué, pour la première fois, sous le nom
de speeton-clay, par M. Phillips ; confondu ensuite sous le nom de grès
vert inférieur par les géologues anglais, cet étage a été nettement dis-
tingué par M. Cornuel, sous le nom d*argiîes à plicatules. En le géné-
ralisant, et réunissant dans le même horizon les argiles noires des envi-
rons d'Apt, et du département des Basses-Alpes, nous l'avons d'abord
considéré, d'après sa position stratigraphique, comme l'étage néocomieh
supérieur ; mais, plus tard, en le trouvant partout distinct des couches
néocomiennes proprement dites, nous avons proposé le nom ù*étag9
V
608 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
^yiSif^iwx que nous lui conservons aujourd'hui, les environs d'Apt {A'pia
Julià), dans le dépariemént de Yaucluse, montrant, en effet, le plus
grand et le plus beau type de Tétage.
§ 9202. Synonymie d'après aea dérivés. Suivant la superposition,
c'est d'abord, en 18*1, notre néocomien supérieur y et, en 1843, notre
étage aptien.
Suivant les fossiles^ c'est Vargile à plicatules de M. Cornuel.
Suivant la composition mine'ralogique , c'est le speeton-clay de
M. Phillips (Yorkshire) ; partie des argiles tégulines de M. Leymerie ;
le lower-green-sand (partie supérieure seulement) de M. Fitton; le
terrain néocomien (partie à Cassis) de M. Malhéron ; les grès et sables
piquetés^ les argiles roses et marbrées, le fer oolithique et les argiles à
plicatules^ de M. Cornuel.
Type français, à Gargas, près d'Apt (Vaucluse) ; à la Grange- au-Ru,
près de Vassy (Haute-Marne) ; à Gurgy (Yonne) ; à Hiéges, à Saint-
André-de-Méouille (Basses-Alpes)/Type anglais à Speelon (Yorkshire),
ile de Wight (couches supérieures).
§ 2202 bis. Extension géographique (voyez étage 18 de notre carte,
flg. 482). L'étage aptien est presque aussi développé que l'étage néoco-
mien, puisqu'on le trouve sur une partie de l'Europe, et sur le conti-
nent américain. Nous allons, du reste, pour le prouver, citer les prin-
cipaux points où il est le mieux caractérisé.
Parcourons d'abord, en France, le pourtour du bassin anglo-parisien.
Là il fonne partout, sur l'étage néocomien, une bande non interrom-
pue, depuis le département de la Meuse jusqu'au département de
l'Yonne. On le voit dans la Haute-Marne, à Combles, à Narcy, près de
Satnt-Dizier , près d'Halichamp, de Louremont, de Loppremont, de
Buisson, à la Grange-au-Ru, près du Pont-Varin, commune de Vassy,
à Bailly-aux-Forges ; dans l'Aube, aux tuileries de Saint-Biaise, de
Villeneuve, de la Chapelle-Mérigny, près de Vendeuvre, entre Chessy
et Maizières, aux Croûtes. Dans l'Yonne, on le trouve sur beaucoup
de points, mais principalement à Gurgy, où il a été si bien étudié
par M. Ricordeau , et près d'Auxerre, à Villeneuve, à Saint-Salve, à
Héry, à Penigny, à Ëscamps. Dans le pays de Bray, l'étage aptien se
montre, presque partout, sur l'étage néocomien dans les communes
d« Sanson, de Couvalle, de Saviguies, et de la Chapelle-aux-Pols, de
Saint-Paul.
En Angleterre, l'étage aptien n'est pas moins marqué. A l'île de Wight,
ilformetoutes les couchesde grès Un argileux que M. Fitton a placées sous
le nom de lower-green-sand avec les couches inférieures verdàtres qui,
pour nous, sont néocomiennes. Nous devons encore, d'après les fossiles,
y réunifie speeton-clay du Yorkshire, de M. Phillips, et les couches de
CHAP. V. — DlX-HUiTlÈMË ÉTAGE : APTIEN. C09
Perthouse, de Sandgate, de Lympne, où se trouvent nos espèces aptien-
nes de France. Ainsi Tétage se montrerait parallèlement et sur Tétage
néocomien, sur presque toute l'étendue de l'Angleterre, sur une ligne
N. N. E. et S. S. 0.,de la Manche jusqu'au Yorkshire.
Le bassin méditerranéen le montre sur de vastes surfaces. On le voit
dans l'Ardèche, au Bourg-Saint-Andéol ; dans le Gard, à Jnrgues, près
de Sommières, à Montaren, à Montalaverne-sur Sussan, près d'Uïès,
dans le département de Yaucluse, à Gigondas, à Vaison, à Gargas et au
Chêne, près d'Apt; dans les Bouches-du-Rhône, depuis Cassis jusqu'à
la Bedouie, et probablement jusque près de Ciujes. Sur le versant occi-
dental des Alpes, l'étage, qui manque entièrement à Escragnolles, prend
un vaste développement dans les Basses-Alpes, où Ton peut le suivre
sans interruption, sur de vastes étendues, à Blieux.à Senez, à Barréme,
à Gévaudan, à Mouriés, à Hiéges, à Saint-André-de-Méouille, à Ver-
gons, près d'Anot, à la Chapelle-Saint-Pont, etc., etc., jusque dans
les Hautes-Alpes, à Rozan, au sud>ouest de Gap, et mémeà Claix, près
de Grenoble (Isère). On en reconnaît encore des traces dans l'Ain, à la
perle du Rhône.
D'après des fossiles identiques à ceux de Provence, rapportés du Port-
Famine , dans le détroit de Magellan ( Amérique méridionale ) par
MM. le Guilloux et Uombron, nous y avons reconnu un lambeau
bien caractérisé de notre étage aptien.
§ 2203. StratificAtion (voyejr étage 18 de nos coupes, fig. 393, 416
et 499). Presque partout où nous avons signalé, en France et en Angle-
Gi^es. SIe.-Anne-da-Cutelet. Le BeauMeU
17 18 1» iO
Fig. (99. Coupe prise entre Cliijcs et le Reausset (Var).
terre, l'étage aptien, il repose en couches concordantes sur l'étage néo-
comien. C'est ainsi que nous le trouvons autour du bassin parisien*
dans les départements de la Haute-Marne, de l'Aube, de l'Yonne, dans
le pays de Bray, et en Angleterre. Dans le bassin méditerranéen, il en
est de même dans les départements de Yaucluse , des Bouches-du-
Rhône, et des Hautes et Basses-Alpes. 11 ne peut donc y avoir aucun
doute pour personne qu'il ne succède régulièrement dans l'ordre chro-
nologique à l'étage néocomien, qu'il recouvre partout, sans intermé-
diaire, et dont il suit souvent les allures.
§ 2304. Difcordanoet. Pour limites stratigraphiques inférieures. Té-
tage aptien se distingue de l'étage néocomien par toutes les limites
indiquées à l'étage précédent (§2172). Les limites stratigraphiques supé-
010 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
vieures,avec Tétage albien, sont marquées par des discordances d'isole-
ment. Nous regardons comme telles, le manque, sur Tétage aptien, de
rétage albien qui le recouvre partout où la série est complète dans
Tensemble; ou le manque de Télage aptien sous l'étage albien:
deux circonstances qui ne peuvent avoir lieu sans qu'un mouvement
géologique se soit elTectué entre les deux, comme nous l'avons déjà
fait ressortir plusieurs fois. Nous avons reconnu l'étage qui nous oc-^
cupe, sans l'étage albien , sur des surraces considérables : au bassin
méditerranéen : dans i'Ardèche» dans le Gard; dans le département de
Vaucluse, à Gargas, près d'Apt; dans les Bouches-du-Rhône, à Casslsi à
la Bedoule ; dans les Basses-Alpes, à Blieux, à Saint-André-de-MéouiIle=,
à Vergons, à Barréme (fig, 416), àGévaudan, à Hiéges; et dans les
Hautes>Alpes, à Rozan. Ainsi depuis Castellanne jusqu'à Gap, on ne
trouve nulle part l'étage albien sur l'étage aptien, qui y serait isolé sur
toute cette ligne, comme sur les antres points cités. 11 paraît en être de
même au Port-Famine, dans le détroit de Magellan.
D'un autre côté, les points où l'on rencontre l'étage albien sans ré*-
tage aptien ne sont pas moins nombreux. Nous avons reconnu ce fail
dans le bassin parisien, dans tout le Boulonais, à Wissant, à Saint-
Pot (Pas-de-Calais); dans l'Aisne, à Aubenton; dans les Ardennes,
à Novion, à Macheroménil , à Saulce-aux-Bois; dans la Meuse, à
Varennes , à Fléviile, à Montbiainville, à Marcq, où l'étage albien
repose directement sur les terrains jurassiques. La même discor-
dance d'isolement se montre dans le bassin méditerranéen , dans les
Pyrénées-Orientales, à Saint-Paui-de-Fenouillet,et surtout dansle Var,
à Caussols, à Saint-Pont, à Collette-de-Clar , près d'Escragnolles
{fig, 478), où l'on voit, aussi clairement que possible, les dernières cou-
ches albiennes reposer Immédiatement sur les dernières couches polies,
ferrugineuses, de l'étage néocomien. 11 y aurait donc eu certainement,
sur ces points, des changements de niveau opérés entre les étages
aptien et albien, ou, tout au moins, dévastes dénudations qui auraient
enlevé l'étage aptien avant les premiers dépôts albiens: mouvements qui
correspondent à une discordance ; car ils résultent d'une dislocation
géologique, et du mouvement des eaux. A nos yeux ces discordances,
en rapport avec les limites des faunes, sufllsent pour séparer nettement
l'un de l'autre les deux étages.
§ 2205. Déductions tirées de la position des couches. La position
concordante de l'étage à Test du bassin anglo-parisien en France et en
Angleterre porterait h croire, comme nous l'avons dit pour l'étage néo-
comien (§ 2114), que, depuis la Haute-Marne jusqu'à l'Yonne, l'étage
aptien forme un lambeau encore intact de l'ancien littoral des mers
de cette époque, plongeant légèrement vers le centre du bassin. Le lam-
CHAP. V. — DlX-HUlTlÈME ÉTAGE : APTIEN. Cil
beau da pays de Bray a été disloqué» en même temps que les étages
sous-jacents. Tous les points du bassin méditerranéen où les couches
ont été disloquées, Tont encore été avec l'étage néocomien ou les ter-
rains jurassiques {fig. 416, 499).
§ 2206. Gompofition minéralogique. L'étage aptien, sur les diffé-
rents points où il se montre, présente souvent les mêmes formes mi*
néralogiques. Par exemple, à l'est du bassin parisien, dans les départe-
ments de la Haute-Marne, de l'Aube et de l'Yonne, ou le voit, sous la
forme d'argiles grises exploitées pour la fabrication des tuiles, ou bien,
comme aux Croules et aux environs d'Auxerre, passer à des calcaires
marneux gris ou jaunâtres, pétris de fossiles. A la Bedoule, près de
Cassis, ce sont des calcaires argileux, bleuAtres, feuilletés, qui se déli-
tent à l'air. A Gargas et dans les Basses et Hautes- Alpes, ce sont des
argiles feuilletées, noires ou noirâtres. A côté de ces ressemblances pu-
rement dues au hasard, nous voyons, au contraire, le même étage, sous
la forme de grès fins, gris, un peu argileux, à Atherûeld(iiedeWJght), et
sous la forme de grès ferrugineux, rougeàtres, dans certaines parties du
pays de Bray. Au Port-Famine, dans ledétroit de Magellan, c'est un grès
noir, compacte, absolument semblable à la grauwaque des terrains pa-
léozoïques. Ainsi, l'étage aptien, pas plus que les autres, n'offrirait de
caractère minéralogique constant et applicable à des points éloignés les
uns des autres.
§ 2207. PuÎMance connue. D*après nos propres observations, nous
croyons pouvoir évaluer Tépaisseur des couches aptiennes dans les
Basses-Alpes, et surtout à la Bedoule, à près de 200 mètres.
§ 2208. Déductions tirées de la nature des sédiments et des fos«
sîles. Dans cet étage comme dans tous les autres, nous trouvons des
dépôts Taits en diverses circonstances.
Points littoraux des mers. Le grand nombre d'Ammonites et d'au-
tres coquilles flottantes qu'on y rencontre nous porte à croire que les
points suivants ont été déposés sur le littoral au niveau supérieur des
marées : dans le bassin parisien, à Loppremont , à Bailly-aux-Forges,
(Haute-Marne^, à Villeneuve (Aube), à Gurgy (Yonne); dans le bassin
méditerranéen, à Gargas (Vauciuse), à Cassis, à la Bedoule (Boucbes-
du-Rhône), à Blieux, à Saint-André-de-Méouille, à Vergons,à Barrême,
à Gévaudan, à Hiéges (Basses- Alpes), à Rozan (Ha ut es- Alpes), etc.; en
Angleterre, quelques couches de l'ile de Wight ; dans le Yorkshire, à
Knapton, à Speeton. Sur la plupart de ces points, la nature argileuse
des sédiments annonce qu'ils se sont faits pendant une période de repos.
§ 2209. Points sous-marins voisins des côtes. Le manque de corps
flottants, et, au contraire, la présence de nombreux Gastéropodes ou
Lamellibranches, nous feraient supposer que les couches des points soi-
612 QUATRIÈME PARTIE. —SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
vaDts ont été déposées au niveau inférieur de la zone des marées, ou
peu au-dessous : les argiles à huîtres de la Grange-au-Ru, de Combles
(Haute-Marne), des Croûtes (Aube), de Saint-Paul (Oise), et quelques
couches de Tiie de Wight.
§ 2210. Otcillationf du sol. Le fait seul de la conservation des points
littoraux déposés au niveau supérieur des marées pourrait nous faire
supposer qu'il existait des oscillations du sol durant la formation de l'é-
tage aptien.
§ 2211. Perturbation finale. D'abord nous pourrions voir, dans les
couches les plus inférieures de l'étage albien, telles que les grès des
côtes noires de Wissant, d'Ervy et des autres points de l'Aube, qui ne
contiennent pas de fossiles, des couches de nivellement déposées entre
la fin de la période aptienne et le commencement de l'animalisation de
l'étage albien, pendant celte période de mouvement que nous supposons
avoir existé entre chaque étage et dont nous trouvons des traces si fré-
quentes.
§ 2212. Garaotèref paléontologique*. Dans son ensemble, la faune
de l'étage aptien présente tous les caractères généraux de la faune de
l'étage néocomien ; on voit que c'est la continuation des mêmes genres,
à côté d'une disparité presque complète des espèces. Voici ses caractères
dilTérentiels.
§ 2213. Garaotèref négatifs tirés des genres. Outre les 20 genres
que nous voyons naître et s'éteindre dans l'étage néocomien, sans passer
à l'étage aptien, nous avons encore 14 genres qiii s'éteignent dans Tétage
néocomien et peuvent, dès lors, donner des caractères négatifs pour l'é-
tage aptien ; en tout : 34 genres (§ 2189).
§ 2214. Les limites négatives que nous donnent les genres entre l'é-
tage aptien et l'étage albien, qui se suivent dans l'ordre chronologique,
sont composées de 16 genres qui manquent encore dan? cet étage et ne
paraissent que dans le suivant. Ils sont ainsi répartis dans les classes:
parmi les Gastéropodes, les 2 genres de notre tableau n» 7 ; parmi les
Lamellibranches, les 2 genres de notre tableau d» 8; parmi les Bryo-
zoaires, les 3 genres de notre tableau n» 10; parmi les Échinodermes, les
6 genres de notre tableau n** 1 1 ; parmi les Foraminifères, les 2 genres de
notre 14* tableau ; parmi les Amorphozoaires, 1 genre de notre 15« ta-
bleau. Nous aurions donc, dans Télat actuel de la science, 60 genres
pouvant donner des caractères négatifs pour l'élage aptien.
§ 2215. Garaotères positifs tirés des genres. Pour distinguer l'étage
aptien de l'étage néocomien, nous n'avons que les 5 genres suivants
qui, inconnus à l'étage néocomien, paraissent, au moins aujourd'hui, être
nés à l'étage aptien seulement. Parmi les Poissons, le genre Macropoma;
parmi ies Céphalopodes, le genre Conoteuthis ; parmi les Gastéropodes,
CHAP. V. - DIX-HUIÏIÈME ÉTAGE : APTIEN. 6i3
le genre VermetfAS; parmi les Échinodermes, le genre Decameros ; parmi
les Zoophyles, le genre Tetracœnia
§ 2216. Deux genres, nés et morts dans l'étage aptien, peuvent nous
donner des caractères positifs, pour le distinguer de Tétagealliien, où ils
ne paraissent pas exister : parmi les Céphalopodes, le genre Conoieuthis;
parmi les Zoophytes, le genre Tetracœnia. Ajoutons-y les genres Toxo-
ceras et Orbiculoidea, qui disparaissent encore pour toujours dans cet
étage, sans passer au suivant. I.e mauvais état de conservation de
beaucoup des corps organisés de cette époque est, sans doute, cause, au-
tant que le manque de recherches spéciales, du petit nombre de genres
caractéristiques; car la faune spéciûque est parfaitement distincte.
§ 221 7. Caractères paléontologiques tirés des etpèoea. Les Ani-
maux mollusques et rayonnes nous olTrent seuls, sans les Animaux
vertébrés, le nombre de 156 espèces, dont nous donnons dans notre Pro-
drome de Paléontologie stratigraphique (t. 2, p. 112 et suivantes) les
noms discutés, la synonymie et la localité (1). Sur ce nombre, si nous
ôtons les 7 espèces mentionnées à Tétage néocomien, comme se trou-
vant aussi dans Tétage aptien (§ 2190), et le Plicatula radiola, que
nous avons rencontré encore dans l'étage albien, nous aurons 148 es-
pèces caractéristiques de cet étage, qui, sur tous les points connus, se
retrouvent, chaque fois qu'on remarque le même faciès de dépôt.
§ 2218. L'extension géographique que nous avons donnée à l'étage
s'appuie sur les considérations stratigraphiques et ridentité, partout, de
la même faune spéciale, comme on pourra s'en assurer en comparant les
localités indiquées dans notre Prodrome aux espèces suivantes corn-
muneâ entre la France et l'Angleterre, entre les bassins parisien et mé-
diterranéen, et entre l'étage aptien d'Europe et celui de TAmérique
méridionale. Ce sont, en même temps, les mieux caractérisées et les plus
communes.
N-* lin Prodrome.
MOLLUSQUES
Ammonites Martinii. 12
Mo* du Prodrome.
— Stobieckii. 15
Conoteuthis Dupinianus. 1
— Cornuelianus. 18
Rhynchoteuthis Asticrianus. 4
— Royerianus. 19
Naulilus plicatus. b
— fissicostatus. 24
— Lallierianus. 6
— Matheroni. 25
Ammonites nisus. 10
*AncylocerasMatheronianus(2\ 41
(1) f'oyei aussi les figures el les descriptions de toutes les eA<pèces de Cépbalopodo!>, de Gaslr-
ropodes, de hainullibrauchcs, de Brachiopodes et du Bryozoaires de France, dans notre Palêou"
lologie fniHçtii.fe, lerniitis créUtcrs.
(i) Les espèces marquées d'un astérisque se trouvent en Francf et au Port-Famine, dans le
détroit de Magellan.
II. Wl
ei4 QUATHIËHE PARTIE. — SCGCESSIOK CHRONOLOGIQUE.
Ancyloceras glgas.
Ceritliium AplienBC.
— GargBBenee.
Dentallum cylindricum.
PUoladumya Cornuellana.
Leda llnguata.
Venus Hi>issyi.
4! Curbula striatula.
43 — eleganluta.
75 Lucina suulpla.
T7 Arca AuBteai.
04 Avtcula eubdepresBa.
90 Gervillia linguloldes-
9S Plicalula placuni^a.
W Ojtreaaquila.
1U3 iTerebralella
Ttietls Istvigata.
Voie) quelques exemples de la Faune nplienne (fig. SOOâ iOff).
§ SÎI9. Cbraoologie hùtorique. Nous altribuons à une perlurbalion
giologiijue (§ 2198) la llo de l'élage néucomleD, marquée par ranéaatig-
seineni de 34 genres (§ SiSfl) etde Mi eipieee d'Animaux inollusquea et
rayonnes de celte époque (§2190). Cen'esl.prfibablement, que longtemps
après que sont nés, avec l'animai Isa t Ion de celte nouvelle époque, les 6
genres que nous voyons, pour la première foi», dans l'étage apllen, en
même tempe que tes 14ft espèces qui y sont caractéristiques.
CHAI>. V. - DIX-HLITIËHE KTAUE: : APTIEN. Uiï
§î3t0 Us mcre («"(f'i '^'■'H^ ■'*dB notre cnric, /i^. 18î)onl ta loui
Jes circonscriptiims iilerlliiuesà l'époque néoco mienne (g ÎI1J3). dans
1 et inédilenanéen ; de même, la partie ocel-
iriïlen, coiiipri«e entre tes cdtcs Ju C^lvadoi M -
GI6 QUATKIËHK PARTIK. - SUCŒSSION CHRONOLOGIQUE.
U l^ire, n'ont pas reçu les mers apllennes, pas plus que le bagain p;-
' rénési. Le lambeau d'ëlage rencontré dans le détroit de Magellan an-
nonce, par dee foseitee Idenllque?, une mer cummuniquanl direclemeni
Hieclea mers apllennes d'Europe.
g 3?îl. Par la mémo raison les conlinenla élalenl les m^mea qu'à l'é-
poque, néoco mienne. Le baaaln rnëdilerranêen montre encore, par le
grand nombre de corps Hottnnla, que tes Alpes formaient une île depuis
- Castellanne Jusqu'aux tIaules-Alpes {vnyei notre carie fig. 1B2): qua les
autres limites restaient dans des conditions identiques. Le basfln
anglo-piirUlen olfre encore des limites anniogues; il s'est accru de quel-
ques altorrlsscmenlssur son littoral ori«ntnl, en France et en Angleterre.
Le manque complet de cet élage dans le biissin pyrénéen pourrait faire
croire quil élalt encore hors des eaux peniliinl l'époque aptienne
Les mer^, & l'exception de qiielquea ^'enres de Poissons, de Mollusques
et d'Animaiu rayonnes, inconnus A l'étage néocomien. parais.ienl aïoir
eu leur faune, peu dilTérenle pour su composition, également peuplée de
nombreui et singuliers Céphalopodes, parmi lesquels nous signaierons le
Cnnoieulhù, animal lniefméd\a\te enVïe la Bélemniteel lesOmmastrè-
CHAP. V. ~ DIX-NEUVIÈME ÉTAGE . ALBIËN. 617
phes et spécial à cet étage. Noos y voyons naître encore les Gomatoles
du genre Decamerw et les VermetuK.
§ 2222. Quant aux continents, les nombreux débris de bois qu'on
rencontre dans les couches nous donnent la certitude qu'ils étaient
peuplés de végétaux. 11 y avait aussi des Plantes conifères; car nous
avons communiqué à M. Brongniart un véritable Pinus très-remar-
quable par son cône long de 25 centimètres et large de 4, que M. Tom-
beck a rencontré dans le lit de la Marne, près de Saint-Dizier (Haute-
Marne). Nous le nommons Pinus elongatus.
§ 2223. Les espèces identiques que nous voyons exister dans rhéml-
sphère sud, au détr(»it de Magellan et en France doivent faire croire
qu'elles vivaient sur toute la surface comprise entre ces deux points.
Dès lors, on doit supposer qu'elles habitaient la zone torride et les deux
hémisphères jusqu'aux régions tempérées, ce qui annonce que les lignes
isothermes actuelles n'existaient pas.
§ 2224. C'est peut-être à cette époque que la partie sud de la Cor-
dillère des Andes, dirigée du N. 30° 0. au S. 30" E., et continuant
notre Système fuégien, aura pris son relief ; au moins croyons-nous
que les dernières couches disloquées dépendent de l'étage aptien. Dès
lors, avec les discordances (§ 2204) indiquées, nous aurions le moteur
de la perturbation géologique qui a déterminé le mouvement dans les
eaux, dont nous avons pour preuves les grès supérieurs (§ 2211) sans
fossiles, l'anéantissement et les limites de la faune aptienne.
19* Étage : ALBIEN , d'Orb.
Première apparition des ordres des Foraminifères cyclostègues et
agathistègues ; des genres Buccinum, Escharina, Hemiaster^ Micraster^
GaleriteSf Quinqueloculina, Orbitolinay Coscinopora, etc.
Règne des genres Turrilites, HelieoceraSt Avellana^ Echinopora,
Discoidea, Hemidiadema.
Zone des Ammonites Delucii, mamillatus ; du Solarium dentatum,
du Pleurotomaria GibbsH, du Cardita tenuicosta^ du Trigonia aliformis,
du Nucula pectinata, de Vlnoceramus sulcaïus
§ 2225 Dérivé du nom. Cet étage a reçu bien des noms différents,
suivant sa composition minéralogique, comme on peut s'en assurer en
Jetant les yeux sur sa synonymie. On conçoit que ces dénominations
purement locales et contradictoires, suivant les lieux, ne pouvaient
qu*entruver la science et empêcher de reconnaître les véritables horizons
géologiques dans l'ensemble des couches. C'est pour obvier à ces incon-
vénients que nous avons, en 1842, proposé pour Tétage, le nom d'Albien,
l'Aube (Alba) le traversant à Dienviile, et le département de l'Aube en
oiTrant d'ailleurs le plus lioau développement.
VI.
G18 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
§ 22*20. Synonymie. Suivant la composition mincralogique, c'est le
Gault de MM. de la Bêche, Soweiby»Fitton ; le Upper-green-sand (partie)
des Anglais ; le Grès vert supérieur de quelques géologues français; la
Glauconie sableuse et la Glauconie crayeuse de quelques points ; le Sable
jaune, le Sable vert et le Gault, de M. Cornuel. C'est pour la partie de
TAisne seulement le Système aaihémen de M. Damont (mais non les
.couches inférieures des environs d'Aix-la-Chapeile, qui nous paraissent
sénoniennes, comme tout le reste des dépôts crétacés de cette contrée);
c'est le Galt-or, le Folkstone-Marl, de M. Mantell (Susscx); partie du
Gault (clair) de M. Mathéron; Grès vert de M. Beudant ; Argiles tégu-
Unes (partie) de M. Leymerie.
Type français, à Wissant (Pas-de-Calais), à Novion (Ardennes), à
Varennes (Meuse); à Géraudot, h Dienvillc (Aube); à Saint-Florentin
(Yonne), à EscragnoUes (Var), à la perte du Rhône (Ain). Type anglais,
à Folkstone.
§ 2227. Eztenftion géographique. {Voyez éiage 19 de notre carte,
flg. 482.) Cet étage, comme le précédent, se trouve très-développé dans
les bassins anglo-parisien et méditerranéen de notre France, en Angle-
terre et en Piémont. Dans le bassin anglo-parisien, il montre plus d'ex-
tension que les deux étages que nous venons de décrire, et s'avance
beaucoup plus au nord. En elTet, nous en voyons un assez vaste lambeau
à Wissant, à Saint-Pot (Pas-de-Calais); puis, après une assez grande
interruption , on le retrouve au pourtour nord du bassin parisien, où il
forme une ligne très-marquée, hes marnières de Cendrieux, de Beaumé,
de Folie-Not, près d'Aubenton (Aisne), en dépendent, ainsi que la Usine
non interrompue qui, dans les Ardennes, passe dans la direction de No-
vion, deMacheroménil, de Saulce-aux-Bois, de Fléville, de Grand-Pré;
dans la Meuse, à Montfaucon, à Varennes, à Abaucourt, à Marcq à Mont-
blainville, à Cheppy, à Vauquois; dans la Marne, à Sainle-Ménéhould, à
la Vignette. On voit, ensuite, dans la Haute-Marne, la simple ligne
se changer en une large bande qui suit N -N.-E. et S.-S -E., passe à
Perthes, à Valcourt, à Moèlain, aux Côtes-Noires, à Droyes, à Mou-
tiers-cn-Der, à Cesson; se dirige dans l'Aube, à Épothemont, à DienvUle,
à Brevonne, à Maurepère, commune de Piney, à Géraudot, à Larrivour,
près de Lusigny, àCourcelles, à Belle-Épine, à Ervy, à Racine, à Cour-
taoull ; dans l'Yonne, aux Buissons, à Beugnon, à Soumaintrain, à Saint-
Florentin, à Crécy, à Seignelay, à Gurgy, à Beaumont, àHéry et Jusque
sous les grès de Saint-Sauveur (1). L'étage forme donc une ceinture peu
interrompue depuis l'Yonne jusqu'au déparlement du Pas-de-Calais.
Comme les autres étages crétacés, il se montre au pays de Bray. dans
(i) Molli avons rcconiiu dans les argiles séries les Ammonites mamillatus el Dtlucii.
CHAP. V. — DIX-NELVIÈME ÉTAGK : ALBIEN. 0»9
les départements de TOise et de la Seine- Inférieure, princi paiement i'
Berneuil, à Sénéfonlaine, à Frocourt, à Saint-Martin-du-N(Bud, à Gru-
mesnil.
Ce qui précède montre que TéUge albien manque encore au pour-
tour occidental du bassin et dans le bassin pyrénéen. Néanmoins, bien -
qu'il n'existe pas en couches au Havre (Seine-Inférieure) et à Tuurnay
(Belgique) , on trouve quelques restes organisés de cet étage, remaniés à
l'état fossile dans les couches iiift^rleuresde l'étage cénomanlen.
Il n'est pas moins bien développé en Angleterre qu'en France. D'a-
près les belles recherches de MM Phillips et Fitlon, on le voit partout à
l'estdes autres Hages crétacés, d'abord, sur une bande qui se contimiédu^
Dorsetshire, par le Wiltshire, le Biickinghamshire, le Bedrordshirc, le
Camljridgeshire, le Norfolk jusqu'au Yorkshire. Un lambeau se voit à l'île
de Wight. Une autre bande est parallèle à l'étage aplicn qui fait un cercle
dans le Sussex, le Surrey et le Kent. Les plus belles localités sontFolk-
stone, Hingmer, VVarmInster, Dinlon, Gatton, Merslham, Copt-point,
Easlware-Bay, près d'Hythe. Parkham, Norlington.
Dans le bassin méditerranéen, cet étage n'est pas moins répandu,
mais bien plus morcelé MM. Dufrenoy et Paillette en ont découvert un
lambeau dans les Pyrénéess orientales entre Opoul et Rivesaltes et à Saint-
PauI-ile-Fenouillet. On le rencontre encore dans la Drôme, à Clansayes,
à Venlerol; dans les Bouches-du-Rhône, à la Gueule- d'Enfer, près de
Martigues, dans le souterrain du chemin de fer, près de Marseille. Sur
ie versant occidental des Alpes, on en voit des lambeaux assez considé-
rables dans le Var, à ColIcLtu de Clar, près d'EscragnoUes, à Caussols,
à laDoire, à Andon, à Aiglun, à Saint Pons: dans l'Isère, aux Ravix et à
la Fauge, près de Villard-de-Lans. le Jura français en olTre aussi plu-
sieurs. Le plus remarquable et le plus connu est à la perte du Rhône et '
à Vaudrey (Ain), et d'autres dans le Jura, à Charbonny, près de Nozeroy;
dans le Doubs sur le Four, aux environs de Morteau, sur le Fond et à
Bussey-lès-Gy.
En dehors des limites de la France, nous voyons l'étage albien s'éten-
dre d'un côté, dans le comté de Nice, à Monte-Calvo, à Simbola, où il
est assez développé, et de l'autre, dans la Savoie, à la montagne des
Fis, à Faucigny, au Reposoir, au Saxonet, à Cluse, aux escaliers de
Somnier, à Tanneverges, à Chàtilion-de-Michaille,près de Bellegarde, au
Pian-de-l'Échaud, près le Brison, etc , et en Suisse au lac du Bour-
net, à Sainte-Croix (canton de Vaud), où MM. Mauduy, Campicheet
Kœchlin ont recueilli des fossiles que nous avons reconnu y appartenir,
à Saint-Gall (Appenzell), à Almann. Il existe peut-être en Saxe à Ko-
schitz. En résumé, l'étage albien formerait un horizon aussi étendu et
aussi distinct que les étages inférieurs.
020 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
§ 2328. Stratifioation. [Voyez Tétage 19 de nos coupes, flg. 393,
478, 499.) Autour du bassin anglo-parisien l'étage repose en couches
concordantes iminédiatcmcnl sur Tétage aptien, dans la partie orientale,
sur tous les points indiqués, depuis le département de la Haute-Marne,
de l'Aube, jusque dans l'Yonne, dans une extension de 140 kilomètres
environ. Une concordance identique existe dans le pays de Bra\, et
il parait en être de même sur presque tous les points où se développe
Tétage albien en Angleterre, comme à l'ile de Wiglit, etc. Ces faits sont
suffisants, nous le pensons, pour prouver que 1 étage albien a suc-
cédé régulièrement, dans Tordre chronologique, à Tétage aptien.
§ 2229. Disoordanoes. Les limites stratigraphiques inférieures de
l'étage albien ont été définies à l'étage aptien (§ 2'20i), et nous y ren-
voyons. Nous allons maintenant nous occuper des limites supérieures.
Les caractères stratigraphiques qui distinguent l'étage albien de
l'étage cénomanien sont très-tranchés ; ils dépendent de nombreuses
discordances d'isolement , et de discordances d'érosion ou de dénuda-
tion. — Les discordances d'isolement sont marquées par le man-
que, sous l*étage cénomanien, de l'étage albien qu'il devrait partout
recouvrir, s'il n'y avait pas eu, entre les deux, une perturbation géologi-
que, puisqu'ils se suivent régulièrement sur tous les points où les étages
sont dans leur succession normale. Nous trouvons que l'étage albien
manque sous l'étage cénomanien, dans le bassin parisien, d'abord sur
toute la région occidentale comprise entre le Havre. Honfleur (voyez
Jig. 428), sur la côtede Normandie, en passant par l'Orne, la Sarthe, la
Loire-Inférieure, le Maine-et-Loire, les Deux-Sèvres, l'Indre-et-Loire
et la Vienne, où l'étage cénomanien repose partout directement sur
les terrains jurassiques, comme nous avons pu nous en assurer sur des
centaines de points différents, et sur une extension qui a plus de 40
myriamètres. Nous trouvons également l'étage cénomanien superposé
aux terrains jurassiques sur tous les points de la région nord du bassin
pyrénéen, dans les déparlements de la Loire-Inférieure, de la Vendée, de
la Charente-Inférieure {^g. 42i), de la Charente, delà Dordogne et du
Lot,ousur unesiirface'immensequi parait s'étendre de l'autre côté, dans
fa chainé piéme des Pyrénées et en Espagne, comme nous l'ont démontré
les importantes recherclies de notre savantami M de Verneuil. Nous le
retrouvons à la MaHe (Var), dans le bassin méditerranéen [fig. 433). Nous
devons naturellement conclure que les deux étages sont distincts, puis-
qu'ils n'ont pas subi les mêmes perturbations géologiques ; du reste, ils
cojitiennent, chacun en particulier, une faune spéciale. Ainsi l'étude stra-
tigraphique et paléontologique sont ici, comme partout ailleurs, dans un
rapport parfait de résultats généraux.
jÇ 2230 Sous trouvons des discordances de dénudations très-marquées
CHAP. V. — DIX-NEUVIÈME ÉTAGE : ALBIEN. 021
dans cet étage. Nous pouvons même dire qu'à l'exception du pays de
Bray et de la partie orientale du bassin parisien , comprise entre la
Haute-Marne et l'Yonne , où les couches sont intactes, toutes les couches
de l'étage albien ont subi un effet de remaniement, à Tétat fossile, à la
fm de cette période, et avant les premiers dépôts cénomaniens. Nous
trouvons, en effet, des traces de remaniement dans le bassin parisien, à
Wissant (Pas-de Calais), dans l'Aisne, les Ardennes, la Meuse, la Marne,
autour du bassin méditerranéen, dans la Drôme, le Yar, TAin, le Jura
et le Doubs. A ces signes certains d'un grand mouvement des eaux,
dont nous reparlerons plus loin, on doit voir des limites bien tranchées
entre ces deux étages, car elles ne peuvent venir que d'une perturbation
géologique générale entre les deux.
§ 2*231. Déduotiont tirées de la position des oouohei. Nous avons
dit que depuis le département de la Haute-Marne (étage 19, fig. 393)
jusqu'à l'Yonne, sur i40 kilomètres d'extension, on trouvait l'étage albien
formé de couches régulières légèrement inclinées vers le centre du
bassin ; c'est là que nous trouvons un lambeau encore intact de l'an-
cien littoral de la mer albienne, tel qu'il s'est formé pendant toute cette
période géologique. En effet, les couches sont prononcées, les unes plus
dures que les autres, renfermantégalement, par lits, des fossiles de tous
genres, et surtout des coquilles flottantes en assez grand nombre pour
faire croire à une ligne littorale tranquille, au niveau des marées, où les
différents corps étaient jetés, suivant les vents, comme ils le sont au-
jourd'hui dans les golfes tranquilles. 11 est curieux de voir, sur celte
même partie du bassin parisien, encore intacte, se succéder, en dedans
les unes des autres, les côtes de tous les étages jurassiques et crétacés,
sans qu'ils aient été anéantis par les révolutions géologiques postérieures.
— Le lambeau du pays de Bray, tout en montrant des couches légère-
ment disloquées en même temps que les étages Inférieurs, n'a souffert
aucun remaniement. Sur tous les points du bassin méditerranéen, l'é-
tage a subi les mêmes dislocations que les étages aptien et néocomien sur
lesquels il repose.
§ 2232. Composition minéralogique. L'étage se montre sous plu-
sieurs formes minéralogiques distinctes, parmi lesquelles deux domi-
nent : les grès verdàtres, et les argiles noirâtres ou grises. Les grès à
grains quartzeux se trouvent aux parties inférieures à ^Vissant (Pas-
de-Calais), aux Côtes-Noires (Haute-Marne) et dans l'Aube, ou bien
alternent, sur quelques points, dans le dernier département. Des grès
seulement ou des argiles remplis de gros fragments de roches pétris de
fossiles remaniés par lits (§ 179) se voient dans les Ardennes et la
Meuse ; des grès mélangés de calcaire et remplis de grains chloriteux
se montrent à la perte du Rhône. Dans la Savoie ce sont des grès noi-
fi22 QUATRlÈMh; PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ràlres; à Clansayes (Drôme), à Mont-de-Lans (Isère), des grès ver-
dâtres, jaunes ou même rougenlres. La forme argileuse, qui a valu à
l'étage le nom de Gault, n'est pas moins commune : à Wissant, elle
est noirâtre, pétrie de fossiles remaniés vn rognons, et recouvre les
grès. Aux Côtes-Noires, dans la Haute-Marne, et dans l'Aube, elle est
aussi supérieure aux grès ou alterne avec eux sur d'autres points.
A la Gueule d'Enfer, près de Martigues et à Marseille, elle compose
encore, en entier, l'étage albien, ainsi qu'à FolkstMie, en Angleterre, et
à Sainte-Croix, canton de Yaud (Suisse). Indépendamment de ces deux
formes minéralogiques dominantes, on en voit encore d*autres A Escra-
gnolles (Var) et dans l'Oise, ce sont des craies chloritées très-pronon-
cées, tandis qu'à Montblainville et sur d'autres points de la Meuse c'est
une véritable craie tufau, qui contient, mélangés, des fossiles de l'étage
albien et quelques autres de l'étage supérieur. En résumé, comme tous
les autres, l'étage albien se montrerait sous toutes les formes miné-
ralogiques distinctes, sans qu'on puisse en adopter une exclusive. Si, en
effet, les grès se trouvent inférieurs sur quelques points, s'ils alternent,
sur d'autres, avec les argiles, ils sont seuls ailleurs, ainsi que les argi-
les; tandis que ces deux formes principales disparaissent entièrement
sur quelques points, où elles sont remplacées par des roches de toute
autre nature.
§ 2233. Puissanoe connue. Dans les parties où l'étage est en place,
soit dans la Haute- Marne, soit dans l'Aube, soit enûn à Saint-Florentin
(Yonne), nous trouvons une épaisseur variable de 25 à 40 mètres, tant
en grès qu'en argile. En Angleterre, on lui reconnaît jusqu'à 46 mètres
de puissance.
§ 2234. Déduotioni tirée* de la nature des sédiments et des fos-
siles. Cet étage nous ofTre des résultats très-curieux pour l'étude des
sédiments qui le composent sur tous les points.
Points lùtoraux des mers. Si nous cherchons les anciens rivages de
la mer albienne, les parties déposées au niveau supérieur des marées,
nous les trouvons tout autour du bassin parisien et méditerranéen,
marqués par le grand nombre de coquilles flottantes. Nautiles et Ammoni-
tes, etc., et les bois fossiles qu'elles renferment. Nous trouvons ces dépôts
dans le bassin parisien, à Wissant, à Sainl-Pot (Pas-de-Calais); à Au-
benton (Aisne); à Novion, à Macheroménil, à Saulce-aux-Bois (Ardennes);
à Varennes (Meuse); à Valcourt, à Droyes, à Moëiain (Haute- Marne); à
Géraudot, à Belle-Épine, à Dienville, à Racine, à Épothemont (Aube); aux
Buissons, près de Saint-Florentin, à Seignelay (\onne); à Berneuil (Oise);
en Angleterre, à Folkstone, à Warminster, etc., etc Dans le bassin mé-
diterranéen, à Clansayes (Drôme); à Sainl-Paul-de-Fenouiilel (Pyrénées-
Orientales); à Marseille, à Escragnolles, à Caussols, à Saint- Pons, à
CHAI». V. — DIX-NKUVIÈMK F'TAGE : ALBIEN. 023
Andon, A Aigliin (Vur) : ii Villard-de-Lnns (Isère) ; à la perte du Rhône
(Ain); à Charbonny, près de Nozeroy (Jura); près de Morleau (Doubs);
sur une infinité de points de la Savoie , à Cluse, au Heposoir, à Fauci-
gny, à Chntillon-de-Mictiailie, près de Bellegarde; dans le canton de
Vaud, h Sainte-Croix.
§ 223.'). Points •out-marins . Nous ne pouvons citer sous ce rap->
port que Grand-Pié et Saint-I.oup (Ardennes), où le grand nombre de
Bryozoaires et de Bracliiopodes joint au manque de coquilles flottantes
devraient faire supposer des dépôts sous-marins peut-être assez pro-
fonds. A Lavignette et à Sainte Ménéliould (Marne), où M. Dutemple a
rencontré seulement des Lamellibranches et des Gastéropodes, on pour-
rait y voir un dépôt fait plus près du littoral
§ 223G. Oscillations du sol. Nous n'en trouvons de traces que par la
conservation, sur tous les points, des dépôts littoraux faits au niveau
supérieur des marées, évidemment recouverts ou alternant avec des
couches sans fossiles flottants, sans doute déposés un peu en dessous
du balancement des marées.
§ 2237. Perturbation finale. Nous croyons trouver dans le grand
nombre de points où les fossiles de l'étage albien ont été remaniés à
l'état fossile, les dernières traces du mouvement des eaux (§579) qui
s'est fait sentir entre la fin de l'étage albien et le commencement de
l'étage cénomanien. Entrons dans quelques détails à cet égard. Nous
avons déjà dit que les étages néocomien, aptien et albien n'ont pas
de représentants dans tout le bassin pyrénéen et sur tous les points du
massif breton, depuis la Loire jusqu'aux côtes du Calvados. Les mers
crétacées ont donc dû, sur ces vastes points, être bornées par la surélé-
vation des terrains jurassiques ; mais comme on trouve, sur tous ces
points, au contraire, des dépôts de l'étage cénomanien, on doit natu-
rellement en conclure que l'étage albien a été interrompu par un afTals-
sement considérable de tout le massif breton et du bassin pyrénéen
tout entier, qui a permis aux mers cénomaniennes de les envahir ; dis-
location à laquelle nous attribuons le morcellement et le remaniement
presque général des couches de l'étage albien sur presque tous les
points où nous les connaissons.
Citons d'abord les points où l'on trouve ces parties remaniées. Dans
les Ardennes et la Meuse ces remaniements se voient partout : à Machc-
roménil, on trouve à la partie inférieure une couche épaisse de calcaire
corallien exploitée, dont la partie supérieure est corrodée et percée
d'anciens trous de Pholades. On reitiarque au-dessus l'étage albien,
composé de grès quartzeux verdàtres, et des argiles remplies par lits
horizontaux de fragments noirâtres durs, souvent réduits à un simple
moule noir de co<iuille remanié dans des couches vertes. La même
624 QUATRIÈME PARTIli;. — SLXCiiSSiON CURONOLOGIQUK.
chose se remarque à Saulce-aoï-Bois j), où les fossiles reiùaniésof-
freot une disparité complète de oature avec la roche eoTeloppanle Les
couches albieones de toute la Savoie sont dans le même cas, ainsi
qoe Wissant (Pas-de-Calais), que la perte du Rhône (Ain), que Clan-
sayes (Drôme;, que Ciar, près d'Eâcragnolles ^Var), que la Vignette
(Marne), etc., etc. Sur tous ces points, les fossiles remaniés sont com-
posés de morceaux anguleux, de roches fossilifères et de fossiles dé-
tachés formés de matière différente de la masse, soit chloritée, soit
grésiforme , qui les renferme. On doit croire, dès lors, qu'ils te sont
trouvés sur tous les points dans les mêmes circonstances géologiques ;
qu'i Pexception du lambeau cité (§ 2231) Tétage a partout souffert
de nombreux morcellements. Les coquilles ^o'il renferme sont, le plus
souvent, remaniées, et paraissent dépendre de couches détruites, dont
les restes plus durs ont étécharriés ou déposés sur les lieux par lits dans
les couches formées des matériaux divers qu'a mis en mouvemeot une
perturbation géologique. Nous avons dit que le pourtour do massif
breton et le babsiii pyrénéen n'ont, en rien, participé aux dépôts de Tétage'
albien, ei qu'ils ont nécessairement dû s'affaisser, par suite d'une dislo-
cation géologique à la un de l'étage albien, pour que les premiers dépôts
de l'étage cénouianien s'y soient déposés partout sur ces vastes surfaces.
Nous aurions donc d'un côté, par l'élude des faunes stratigraphiqoes,
par la discordance des étages et par les déductions qu'on peut tirer de
la nature des sédiments et des fossiles, la triple preuve qu'une grande
dislocation d'affaissement s'est prononcée dans tout le bassin pyrénéen
de l'Espagne aux côtes de la Ciiarente-lnfcrieure et sur tout le massif
breton : dislocation considérable, dont les effets ont été marqués par les
nombreuses dénudalions et le remaniement des fossiles dans le bassin
parisien et méditerranéen, jus^iu'à plus de 200 lieues de distance. Ici se
corroboreraient deux grands faits : la dislocation, et l'effet de cette dis-
location qui a déterminé la fin de l'étage albien.
§2:238. Nous croyons que le mélange. de quelques espèces de cet
étage aux espèces de l'étage suivant, au Havre, à Cassis, au-dessous du
Château (Bouches du-Rhône) , n'est que le produit du mélange par
suite de remaniements à l'état fossile des débris de celte faune avec
celle de l'étage ccnunianien, comme on peut s*en assurer par la forme
des fragments anguleux. Le mélangea laFauge, près de Villard-de I^ns,
et à Monlblainville, parait s'être opéré les coquilles n'étant pas encore
fossiles (l(i07).
§ 2*239. .Caractères paléontologique». La faune de l'étage albien
commence à changer d'aspect ; elle se rapproche bien encore do la
(1) l'oyez noire mt'inoirc spécial, BuNetin de la Soc. Grol., 184S, p. S37.
CHAI». V. — DIX-NEUVIÈMK ÉTAGIi : ALBIEN. GV6
faune de l'étage néocomien, mais déjà un grand nombre de genres y
manquent ; d'autres ne montrent plus que quelques espèces isolées, et
un assez grand nombre de formes nouvelles viennent la compliquer.
Les Ammonites, qui dominent, ont la partie externe en quille tran-
chante, ou les côtes interrompues sur le milieu du dos. Les carac-
tères ditTérenticls de la faune sont les suivants.
§ 2*240. Caractère» négatif» tirés des genre». Pour distinguer l'étage
albien de Tétage aptien, outre les *2 genres nés et morts dans ce der-
nier /§ 2218), nous avons encore les 2 genres suivants, qui s'étei-
gnent encore dans l'étage aptien , sans passer à celui-ci. Parmi les
(Céphalopodes, le genre Toxoceras ; parmi les Brachiopodes, le genre
Orbiculoidea.
§ 2241. Les limites négatives supérieures que nous avons entre l'étage
albien et l'étage cénomanien sont marquées par S6 genres qui, encore
inconnus dans la période albienne« commencent à se montrer dans la
période cénomanienne seulement. Ces genres sont ainsi répailis, dans
les séries animales : parmi les Reptiles, 1 genre de notre 3« tableau ;
parmi les Poissons, 9 genres ; parmi les Céphalopodes, 1 genre de notre
tablt>au n» 6 ; parmi les Gastéropodes, les 5 genres de notre 7« tableau ;
parmi les Lamellibranches, les 4 genres de notre 8® tableau ; parmi les
Brachiopodes, 1 genre de notre tableau n» 9 ; parmi les Bryozoaires,
les 9 genres de notre 10« tableau ; parmi les Échinodermes, les 5 genres
de nos tableaux 1 1« et 12« ; parmi les Zoophytes, les 15 genres de notre
13' tableau ; parmi les Foraminifères, les 7 genres de notre I4« tableau ;
parmi les Amorphozoiiires, les 5 genres de notre tableau n^ 15. Nous
aurions, dès lors, 60 genres pouvant donner des limites 8tratij,;raphiques
négatives.
§ 22^2. Garaotère» positifs tirés de» genres. Les genres qui, incon-
nus aux étages inférieurs, naissent avec l'étage albien pourront donner
des caractères positifs, pour le distinguer des époques antérieures. Ces
genres, au nombre de 17, sont ainsi distribués : parmi les Poissons, le
genre Oxyrhina ; parmi les Crustacés, les genres Arcania et Coristes ;
parmi les Gastéropodes, les genres Buccinum et Bellernphina ; parmi
les Lamellibranches, les genres Soien et Saxieava ; parmi les Bryo-
zoaires, le genre Echinopora; parmi les Itlchinodermes , les genres
Hemiaster, Micraster, Catopygus, Galerites, Discoidea et Hemidiade-
ma ; parmi les Foraminifères , les genres Quinqueloculina et Orhita-
lina ; parmi les Amorphozoaires, le genre Coscinopora.
§ 22 i 3. De ces. genres, ceux qui naissent et meurent dans l'étage qui
nous occupe peuvent donner des caractères positifs pour le distini^uer
de l'époque cénomanienne, où ils ne remontent pas. Ces genres sont
au nombre de 3 : parmi les Gastéropodes , le genre Bellcrophinn ;
626 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
parmi les Bryozoaires, le genre Echinopora; parmi les Ëchinodermes,
le genre Hemidiadema. Nous y joindrons les genres CrioeercLs, Toxas^
ter, Amhlocyathus, également éteints dans cet étage.
§ 2244. Caractère! palèontologiqnei tirés des espèoes. Sans comp-
ter les Animaux vertébrés et articulés, nous connaissons , eu Animaux
mollusques et rayonnes, seulement 410 espèces, qu'on trouvera dans
notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique (tome 2, p. 122 et
suivantes) avecleurs noms discutés, leur synonymie et leurs localités (1).
Sur ce nombre, i s'e.<t rencontrée dans Tétage aptien (§ 2217) et
7 ont été recueillies dans l'étage cénomanien, où elles ont été certai-
nement transportées î^ l'état frais (§ 1607) ou à l'état fossile (§ 2238).
Ammonites Mayorianus , d'Orbi-
gny.
A. inflatus, Sow.
A. auritus, Som'.
A. latidorsatus, Michelin.
Turrilites Bergeri, Brong.
Arca carinata, Sow
Ostrea canal iculata, d'Orb.
Il reste 402 espèces comme caractéristiques de la faune de l'étage
albien, pouvant en faire reconnaître les différents faciès sous toutes
ses formes minéralogiques actuelles.
§ 2246 Pour appuyer l'eitension géographique, en rapport avec la
stratification que nous avons indiquée, il nous suffit de donner ici la
liste des espèces les plus communes et les mieux caractérisées qu'on
rencontre sur tous les points, aussi bien en Provence que dans le Imssin
parisien et en Angleterre. En recourant au ProdromBy on s'assurera
que ces points offrent, en effet, partout, une faune identique bien dis-
tincle des faunes des étages supérieurs et inférieurs.
MOLLUSQUES.
N»* du Prodrome.
N«« da Prodrome.
Hamites attenuatus.
72
Nautilus
Clementinus.
3
Turrilites catenatus.
88
Ammonites Delucii
10
Scalarla Ciementina.
112
—
splendens (2).
11
Avellana inflata.
123
—
régula ris
20
Natica gaultina.
131
—
mammillatus.
23
Trochus conoideus.
137
—
Lyelli.
24
Solarium dcntatum.
141
—
Milletianus.
27
Pleurotomaria Gibsii,
161
—
Beudanti.
33
l{ostellaria carinata.
169
—
varicosus.
41
— costata.
173
(1) foyez pour les espèces de Céphalopodes, de G-tsléropodes, de Lamellibranches, de Bra-
chiopodes cl de Bryozoaires, noire Paléontologie française, terrains crétacés, où toules les es-
pèces de France sonl décrites el figurées.
(2) A Wissanl el dans les Ardennc;>, on trouve loulos les espèces A' Ammonites arec leur nacre
brillanle.
CHAP. V. - IHX-NElSVIÈMli; ÉTAGE : ALBIEN
Denlallum dcuussaluin. :
Leda ELibrecurva. '
Theiis mlnor. :
Cardila lenuicostn. '
Trigunia tilltormia. '■
Nucula prctinuta. :
Arca flbrosa. :
Inoceramus «utcalus. '
Nous JonDODB Ici le« n^uirs
ristiqueB de cel étage (/ig. 5DT n
I Oslrea Ai'diienm'nsit.
l Terebratiila Dulfiiiplcann.
i ÉCHINODERHGS.
> Holaster liEvia,
I Disi'Aidea roliila.
> D)adcnia Itrongnlanii.
) COLYPlEHa.
t Aplocyalliug eonulus.
c quelqiirs-iinra des rspècci
Il Itnale de l'élaïc
ijons cCEaer d'eïis-
ec celle époque, cil même temps que les 1^6 espèces d'Ani-
mollusquRE el riiyonnéi de cet élnue igïin). Lorsque le repos a
(ils QUATHIËHK fAKTlIC. - SUCOliISSlUN CUKONULUtilQUK.
CHAP. V. - DIX-NEUVIËHH lirrAGK : ALBIEN. «2»
mplacé l'agllallon, sont nés. avec l'élage alblen, 1T genres de lonies
espèces seulement parmi les Animaui molluiqueg et
le« classes ei
rayonnes.
§ 3147. Les mers alblennes {voyet él^e 19 de noire carte, Hg tSÎ)
ont tes mêmes circonacriplians génémlee qn'aui deui élagen précé-
dents (§ 2220]. à ces seules exceptions |irès. que l'intervalle du bassin
anglo- parisien compris entre la Haule-Harne et le département du
Pas-de-Calais, Juqu'ulors étranger aux députa crétacés, nous mon-
tre l'étage albïen ; ce qui prouverait que la mer, crétacée par sulU
d'un affalasemenl, se serait avancé*^ vers le nord pendant cette période.
La mer alliienneee Irouve encore dans les Pyrénées- U ri enl aléa, i Sainl-
Paul-de-Kenoulllet, el dans le Var. 1 Ëacragnolles. où nous n'avions pas
signalé l'étage aplirn D'un autre câté. on pourrait croire que la mer
s'est retirée sur quelques points où la rr
dans le bassin méditerranéen,
Vauclusc el dans toute la ligne a
Grenoble (Isère), où elle reparaît.
§ 2248. Lee continenls (voyet la carte, fig. 4B1) ont subi lr.s consé-
quences de ces petits changements. Ils ont diminua, au nord du bassin
aoglo-parislen, de la partie envahie par la mer, et des quelques pointa
ïitésdans le bassin médllerraDéeiii landlsqn'IIsonl, au contraire, gagné
aptienne étiolait, comme
. dans le département de
'Escragnolies (Var) jusqu'i
ntiO QUATRir.ME PARTIK. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
une portion dans les Alpes françaises comprises entre le Var et l'Isère.
An continent de rAmériquc méridionale, s'est encore joint, à Textré-
mité sud la surélévation du système fuégien, occupant la Terre de feu.
§ 2'M!). Les mers, près des rivages, nous montrent des Poissons de
genres différents, des Crustacés des genres Jrcanta et Corûfe»; beaucoup
de Mollusques inconnus jusqu'alors, parmi lesquels se remarquent les
Buccinumf lesSolen^les Echinopora; de nombreux Êcbinodermes de
genres inconnus jusqu'alors, tels que les Hetniasfer, les Mierasier, les
Galeriies, etc. Nous y voyons encore les premiers représentants des
ordres de Foraminifères cyciosiègues et agalhistègues. On y connaît les
Plantes suivantes : Chondriles Targionii, Brongniartde Be^iuvats.
§ 2250. Nous ne connaissons encore aucun des Animaux terrestres qui
devaient exister à cette époque. Nous n'avons d'autres traces des Vé-
gétaux que les nombreux débris de bols fossiles qu'on rencontre sur tous
les points des dépôts littoraux de cette époque, et les Plantes terrestres
suivantes : Fougères: Proiopîeris Buvignieh, Br., de Grandprc; Co^
ni [ères : ÀbieliUs ohlongut, Lindl., Limc-Regis, Grandpré.
l^s oscillations ne sont marquées que par la conservation des points
côtiers.
§ 235 1. Quant à la perturbation finale qui a mis fin à cet étage,
nous l'avons vue marquée par des discordances d'isolement et de
dénudation (§ 2229, 2230), déterminées par un affaissement consi-
dérable au sud-ouesl de la France , qui a permis renvahissement, par
la mer crétacée, d'une partie du massif breton, et de tout le bassin
pyrénéen, mouvemrnt qui a déterminé le remaniement des fossiles
(§ 2237] et les dépôts de sables supérieurs (§ 22G2) : ainsi rien ne man*
que è cet étage, les causes et les effets, pour expliquer les limites de la
faune.
aOe ÉUge : GÈNOMANIEN , d'Orb.
Première apparition des genres Raphiosaurus, Otodus^ Voluta^ Ift*
tra, Pyramidella, Clavagella, Chama^ Vinculariay Crisisina, CyphO'^
sorna, Alveolina^ Biloculina, Siphonia.
Hègnet\e l'ordre des Foraminifères cyclostègues, des genres Varigera^
Janira, Caprinat Codiopsis Cyclocœnia, Lituolat Cyclolina, Verti*
cilliles.
Zone dos Nautilus trianguîaris y des Ammonites Bhotomagensis^^
MantelU, varions; du Turrilites costatuSy du Slrombus inornatuSf du
Lyonsia carinifera^ du Trigonia sulcatoria^ du Cardium Hillanum, de
Vlnoeeramus striatus, du Pecten asper^ du Janina phaseolina et quin-
quecostafa, des Ostrea columha et carinaia, du Spherulitei agarici-
formis. Deuxième zone de Rudisles.
CHAP. V. - VINGTlÈMIi) ÉTAGE: CÉNOMANIEN. 031
§ 2252. Dérivé du nom. Cest encore ici la nature minéralogique
qui a servi de base aux différents noms donnés à cet étage, et qui a em-
pêché de le distinguer nettement comme horizon géologique. On Ta
nommé Craie chlorUëey Glauconie crayeuse, lorsqu'il renferme dea
grains verts, comme au Havre, à Honfleur ; mais celte dénomination ne
peut être généralisée, puisque, d'un côté, l'étage albien de la perte du
Rhône et d'Escragnolies sont de même composition minéralogique,
tandis que les couches de ce même niveau géologique sont ailleurs
bleuâtres, marneuses, ou représentées par de la craie blanche et par des
grès quartzcux, rouges, verts ou blancs, comme on le verra plus loin.
Le nom de Craie lufau, donné à quelques parties du bassin de la Loire,
est encore moins applicable comme dénomination générale. 11 en est
ainsi du nom de Grès vert (Green-sand), qu'on ne peut conserver à de
la Craie blanche ou jaune ou à des Grès rouges. D'ailleurs, ainsi que
nous le prouvons par les faits, les Grès minéralogiques appartiennent,
par leur position stratigraphique et par leurs caractères paléontologiques,
à tous les étages crétacé, néocomlen, aptien. albien, cénomanien et tu.
ronien. Il résulte de ce que nous venons de dire que les noms indiqués
ci-dessus ne peuvent être généralisés sans ameneç une extrême confu-
sion, et sans induire en erreur le géologue qui ne pourra embrasser
toute l'étendue de la France. C'est pour obvier à ces inconvénients
qu'en 1813 nous avons proposé de l'appeler turonien. Mais, allant re-
connu depuis, que deux horizons géologiques superposés distincts
étaient encore renfermés dans notre étage turonien tel que nous l'envi-
sagions à celte époque, nous avons, aujourd'hui, réservé plus spéciale-
ment ce nom aux couches supérieures; tandis que nous donnons aux
couches inférieures le nom d'étage cénomanien, la ville du Mans (C^-
nomanum) étant fondée immédiatement sur le typélë mieux caractérisé 5« ^
et le plus complet de l'étage qui nous occupe, sans qu'on puisse le con- L^n^^
fondre avec les autres. ^^ ,
§ 2253. Synonymie suivant «ei dérivés. D'après le caractère miné- *" *
ralogique, c'est la Glauconie crayeuse (partie) de M Brongniait; une
partie de la Craie chloritéey du Grès vert supérieur, de la Craie glauco-
nieuse, de quelques géologues français ; une partie de VUpper-Green-
sand, le Gjeen-sand de Hlackdowne,de. M. Fitlon. C'est, pour M. Rœ-
mer, le Grundsand, le Quadersandstein ; c'est pour M. d'Archlac, d'après
ses coupes, les trois étages^ le Grès vert (de Fouras), la Craie à Os-
tracés, les Grès et Sables ferrugineux, la Craie marneuse micacée et le
Calcaire blanc à Ichthynsarcolites ; c'est le Tourtia deTournay des mi-
neurs beiges; c'est V Obérer Karpaihensandftein de M. Zeuschner; le
Système hervien (Tourtia de Montignies-sur-Roc), Système nerrien
(Tourtia de Mons, de Valcnciennes), de M. Dumonl; le Chalk-marl et
632 QUATRIÈME PAKTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Fireslon of Uftper-Green-sand deM. Mantell(Su88ex); les Poudtn^es
de Mons de M. Léveillé; partie du Gault (Cassis) de M. Mathéron; U
Craie verte de M. Beudant, le Grès vert de M. Gras. D'après les fos-
siles, c'est la Craie à Ostracés de M. d'Archiac. Dans ses coupes du
sud de la France, c'est son 4^ étage, une partie du 3« (zone de VOstrea
columha) (le port des Barques, et ailleurs)
Type français. Le Mans, Saint-Calais (Sarihe) ; cap la Hève (Seine-
Inférieure); risle-d'Aix,Fouras (Charente-Inférieure); Seignelay (Yonne);
la Malle (Var). Type anglais, à Blackdowne. Type espagnol, à Llama
Oscura, près d'Oviedo. Type portugais, bords du ïage, près de Lis-
bonne, etc.
§ 2254. Extension géographique. {Voyea étage 20, fig. 482.) ^0^8
arrivons à Tun des étages les plus répandus et les plus marqués parmi les
terrains crétacés. En effet, nous le voyons au pourtour des bassins anglo-
parisien, pyrénéen et méditerranéen, en France, en Anglelerre, en Alle-
magne, en Espagne, en Portugal, en Syrie, etc., etc. C'est, en effet, celui
qui nous montre encore les bassins les mieux circonscrits et les zones les
moins interrompues. Pour le prou ver, nous allons décrire son extension
géographique. Nous commençons à le trouver en France, vers le nord,
à l'extrémité du bassin anglo-parisien ; là, au cap Blanc-Nez, près de
Wissant (Pas-de-Calais), il forme toutes les couches inférieures. Dans le
département de TAisne, près d'Aubenton, il est bien caractérisé. De ce
point, il forme une ligne souvent cachée par lesaliuvions et les éboule-
ments, qui passe dans les Ardennes à Rosoy, à Chaumont, à Réthel,
près de Youviers, de Grand-Pré : dans la Meuse, à Maufaucon, à Mont-
blainville; dans la Marne, près de Sainte Ménéhould, à l'est de Vitry-le-
Français; dansTAube, près de Piney, à Laubressel, à Rouilly-lès-Sacy,
près de Géraudot, aux carrières de Saint-Panes, près de Troyes, près
d'Auxon ; dans l'Yonne, à Saint-Florentin, à Seignelay, au Mont-Saint-
Sulpice, à Chichy, à Ormoy, à Cheny, au nord de Saint Georges, à Yille-
fargeau, à Pourrain, à Desges, à Moulin, à Toucy, à Fontaine, à Saint-
Sauveur, à Moutiers, à Trégny. Souvent caché sous les couches tertiaires,
rélage se montre au fond des vallées dans la Nièvre, près de Cosne, à
Saint-Amand; dans le Cher, à Sancerre, à Vierzon, et près de Méhun;
dans la Yienne, entre Châtellerault et Dessays, àMirebeau; dans l'Indre-
et-Loire, entre Loudun et Thouars. à l'est de la Dive, à Chinon, aux
couches inférieures de la route de Tours à Poitiers; dans les Deux-Sèvres,
au milieu de la plaine, au-dessous de Tourlenay, et à l'ouest d'Oiron (i),
près de Thouars; dans le Maine-et-Loire, aux parties inférieures, à Sau-
(I) D'aprèâ les fo^sileâ recueillis par H Bravais, dans les grès tlu mamelon sitnc à Totiest de
Oinm, iioiij y .-ivons recomiii l'étage cénomanieii le mieux caraclérisé {Osirea columba, Terebra-
fr/l/i Meimrili, «île, «'lo. .
CUAP. V. — VINGTIÈME ÉTAGE : CÉNOMANIEN. 633
mur même, à Ambillon, près d'Angers. Dans la Sarihe, W prend un grand
développement, et couvre, alors, de vastes surfaces sur les autres étages
crétacés ; on le volt à la Flèche, à la base du coteau de Saint-Germain,
àCérans-Foulletourle, à Écommoy, au Grand- Lucée, à Coudrecieux, à
Saint-Calais, à Vlbraye, à Lamnay, à la Ferté- Bernard, au Mans, tout
autour de la ville, â Sainte-Croix, à Yvregne, à Ballon, près de Saint-
Côme; dans l'Orne, à Guibault, à Gacé, aux environs de Coulanges, h
Romalard, à Mâle. Dans le Calvados, il compose les couoties crétacées
inférieures depuis la Dive, Vil lers, Trou ville, jusqu'à Honfleur; dans la
Seine-Inférieure, au cap la Hève, près du Havre, les couches inférieures
de la vallée de Fécamp et de Rouen. Nous avons ainsi, en suivant Té-
tage, décrit un vaste cercle, ouvert seulement par la partie du iiltoral de
la Manclie comprise entre Fécamp et le cap Blanc-Nez. Ce sont tes li-
mites de la mer cénomanienne, plus étendue que tes mers crétacées *
précédentes. L'étage n'est pas moins bien prononcé sur le lambeau du
pays de Bray ; on le trouve, d'après les recherches de M. Graves, à Saint-
Marlin-du-Noeud, à Breteuil, à Ëpambourg, à Berneuil, à Sénéfontaine,
à Saint-Germain, à Grumesnil, etc., etc. ~* Les couches de Tourtia en
Tournay, d'Obourg, près de Mons, de Montignies sur-Roc, de Gussi-
gnies, de Tirlemont (Belgique) dépendent encore de cet étage.
Si nous recherchons la suite du même bassin en Angleterre, nous y
retrouverons l'étage cénomanien non moins bien développé, li se voit
à l'est des autres étages sur une ligne qui commence dans le Dorsetshire ;
passe par le Wiltshire, le Berkshire, l'Oxfordshire, le Buckinghamshire,
le Bedfordshire, le Cambridgesbire, le Norfolk et le Yorkshire. Un lam-
beau se voit à l'ile de Wiglit; puis une ligne commence autour deSussex
dans le Sussex, depuis Beachy-head, suivant à l'ouest au couchant de
Petersfleld ; de là revient dans le Surrey, à Farnham , dans le Kent, jus-
qu'à Douvres. Nous retrouvons en Angleterre, d'un côté, la continuité des
dépôts normands; de l'autre, de ceux du cap Blanc-Nez Les localités
de Middteham, de Hamsey, de Bignor, de Southbourn, dans le Sussex,
sont surtout très-riches en fossiles.
Le bassin pyrénéen, qui, comme les parties occidentales du bassin an-
glo-parisien en France, manquait des étages crétacés inférieurs, montre
partout rétage cénomanien très-bien développé. On en voit un lambeau
parfaitement caractérisé dans la forêt de Touvois (Loire-Inférieure); un
autre plus étendu dans la Vendée, qui commence à Commequiers. passe
à Chalans, et se continue jusqu'à Beauvoir. Il reparaît dans la Charente-
Inférieure à l'embouchure de la Charente, et se continue sans interrup-
tion, en passant à l'Isle-d'Aix, à Tlsie-Madame, à la pointe de Fouras, à
la pointe du Chapus, au port des Barques, à Saint-Agnan. à Charras, à
la partie inférieure du Martrou, près de Rochefort, aux environs de Ma-
m\ QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
rennes jusqu^à Nancras l/ensemble forme une ligne qui passe au nord
de la Charente, à Samt-Savinien dans le fond de la vallée de Pons; dans
la Charente, à Saint-Trojan, au nurd de Cognac, au nord d'Angouiéme ;
dans la Dordogne, à Chàleau-Neuf, à Montignac, auprès de Nontron, à
Millac, à Reignac; dans le Lot, à Sarlat, près de Gonrdon, et au delà, où
il est caché par les alluvions. Les recherches de notre savant ami
M. de Verneuil nous font retrouver l'étage de l'autre côté des Pyrénées,
en Espagne, dans la province de Saint-Ander, à Cumillas, à Barca de
la Rabia, à Carmana, et dans la Biscaye, aux environs de Bilbao. Le
même géologue et M. de Lorière l'ont encore trouvé en Catalogne, dans
les montagnes de Morella, près deCueva de Vidria, à Fredas, à Bail,
à Villabona, à Morella, à Villafranca del Cid. M. Paillette nous a com-
muniqué des fossiles de Llama-Oscura, près d'Oviedo, qui dépendent
de cet étage, qu'on retrouve encore en Portugal, sur les rives du Tage,
près de Lisbonne.
Le bassin méditerranéen montre l'étage bien plus morcelé; néan-
moins, il existe dans l'Ardèche, depuis Vagnas jusque auprès de S&iayai»;
dans le Gard, au Pont-Saint-Esprit, non loin d'Uzès. Dans l'Aude, nous
l'avons reconnu à la source salée, près des bains de Rennes; dans la
Drôme, à Saint-Paul-Trois Châteaux; dans le département de Vau-
cluse, à Orange et à Bédouin, au sud du Venloux, quelques couches
inférieures de Bollène; dans les Mouches du Rhône, à la Gueule-d^Enfer,
près de Martigues, à Cassis, sous te château, à Liscle; dans le Var, sous
les calcaires à Hippuritcs, entre .Sainte- A nne-de-Castelet et le Beausset.
Sur le versant occidental des Alpes, il forme seulement des lambeaux
plus ou moins étendus. L'un d'eux, si bien étudié par M. Astier, repose
sur les terrains jurassiques à la ' Malle, à dix kilomètres au nord de
Grasse, et s'étend jusqu'à Cnussols; un autre se voilà Escragnolles, et se
continue à la Martre et à Bargème, au Pin. Dans les Basses-Alpes, àTau-
lanne, à Peyrouics, à Soleilhas, au Touillet, au Mont-Blanc ; puis de
Peyruis jusqu'à Sainte-Croix d'un côté, et jusque auprès de Sisteron de
l'autre. Un lambeau se voit encore dans l'Isère, à la Combe-de-la-
Fauge, au sud-est et près de Yillard-de-Lans. Hors de France, il se
rencontre à Souaillon, dans le canton de Neufchâtel (Suisse); et on le voit
encore aux environs de Nice.
Un grand développement de l'élage parait exister en Allemagne ,
près de Dresde; dans la Silésie , à Kiessiingswalde , à Frledland , à
Krcsii ; dans la Saxe, à Sclianduu, à Pirna, à Coschutz, à Dippoldio-
walda, à Tharand; dans la Westphalie, à Essen-sur-Ia-Ruhr, à Lem-
ford; dans la Bohême, à Tyssa, à Posielberg. à I aun, à Malnitz, à
Czeneziz, à Hollubitz, à Meronitz, à Piesen, à Banne^itz, etc ; dans le
llarz, à Quediinburg, d'après M. Zeuschner; dans les Carpatbes, à Odo-
CHAP. V. - VINGTIÈME ÉTAGIi: : GÉNOMAISIKN. 63&
ryn, près d'Iglo. D'après les fossiles qui nous ont été communiqués par
M. Keadle, nous savons qu'il en existe un grand lambeau en Syrie, au
mont Liban. Gomme on le voit, l'étage couvre une immense surface
de l'Europe.
§ 2355. Stratification {Voyez étage 20 de nos coupes, fig, 303, 47R
et 499.) L'étage cônomanien repose en couches concordantes sur l'étage
albien, aux parties septentrionales et orientales du bassin anglo-parisien,
et ne s'en distingue que par des dilTérences de composition minéralogiqnc
diverses, suivant les lieux, et par la faune qu'il renferme Nous Pavons
reconnu ainsi déposé à Wissant (Pas-de-Calais), et dans les déparlementa
de TAisne, des Ardenncs, de la Meuse, de la Haute-Marne, de la Marne
(fig. 393), de l'Aube < t de l'Yonne, ou sur une extension de près de
50 myriamètres. La même superposition existe dans le pays de Bray
et sur une grande partie de l'Angleterre Dans le bassin méditerra-
néen, on le voit encore en couches concordantes à la Gneuled'Enfer,
près de Martigues, à Sainte-Anne-du-Gastelet, près du BeauFset (/ig.Mi9).
Celte concordance est surtout très-visible à Escragnolios (Var) {fig, 478).
Par la stratification concoglante des couches cénomaniennes sur l'étage
aibien, au pourtour du bnssin anglo-parisien et partout où nous venons
de le citer, on voit qu'il a succédé r^ulièrement dans l'ordre chronolo-
gique à l'étage aibien qu'il recouvre. Voilà pour la succession ; voyons
maintenant les lignes de discordance.
§ 2C50 Limites «tratigraphiques inférieures. Aux étages précé-
dents (§§ 2118, 2142), nous avons vu que les étages néocomien, aptien
et aibien n'ont été rencontrés sur aucun point du côté occidental du
bassin anglo-parisien en France, ni sur aucune partie du bassin py-
rénéen. Il est donc curieux de voir, au contraire, l'étage cénomanien
combler toutes ces lacunes; compléter ains , sur tous les points, la
circonscription régulière de ces bassins, et montrer des discordances
d'i:iolement, partout, avec Tétage aibien, qui manque. En elTet, l'étage cé-
nomanien repose, à Touvois (Loire-Inférieure), et dans la Vendée, sur
les roches azoîques; à Tournay (Belgique), sur l'étage carboniférien. A
Tourlenay (Deux-Sèvres), entre Tourtenay etThouars. et près d'OI-
ron, il repose sur l'étage jurassique bathonien. A Ballon, entre Beau-
mont et le Mans, et près de GtiaufTour (Sarthe), à Pns-de-Jeu J)eux-
Sèvres), il repose sur l'étage cailovien ; à Divcs, h Viliers (Calvados)
(fig, 428), entre Ghinon et Loudun (Indre-et-Loire), sur l'étage oxfor-
dten. A Ëcommoy (Sarthe).àla Malle (Var), près de Grasse (^9. 433), il
recouvre l'étage corallien. Au cap la Hève (Seine-luférieure), à Trou-
ville, à Honfleur (Calvados) {fig. 428), on le voit sur l'étage kimmé-
ridgicn ; et entre Saint-Jean-d'Angély et Saint-Savinien (Charente-
Inférieure), à l'ouest de Cognac et d'Angouléme (Charente), il recouvre
to^ r^^.«KM»4;A MiU Mf l«i r«di«« aofrîfM», Mît sir les diléfciitB
^«^^ imtw^x^n^^. Cnk «it »ii» p#MiT ^«Mf «r. 4'iia cécé, qae les autres
Hst'j^ rjhMr>% tfatttirt0^ Mftf e«i f &rt^ iuif»te», et «fo'ime dîsconiaBee
pf<A4m4é! fi0'yntt auMi M4to i étac« etéontiiuDû» de féiaçe albico, 4pie
Um% le» e«r^M44Te» |(a»é^«t/fl«|M|oe». Si, d'ua celé, la MipcrpocitioD nous
AnM$t la *ii#r4Mîofk régalîere d«s deii\ «Étages, les duconlances d*i«ole-
menf tUmntni Vimiitt U^ deut ases ; car, «ur des eentaiocs de kilo-
niHft» 4'e«tefukm« Poo ne Uhu^t que fuD ou l'autre isolé, OHilcnaiii des
huntê é'titîtnrU» : ce qui dén(4e deux époque» a>ant leurs allures spé-
r,ÏM\t!êf lépêrfjin par un moufeoient géologique considérable qui ne peut
laister aucun douli; sur *on importance et sur ses résultats si Yisibles
encore mu tous le» points.
(^ 77h1. \jt% limite» siratigraplmpws — pciie» rc», quoique moins
bien marquées, se retrouvent, cependant, par des discordances d'isole-
ment et de remaniement. Nous conéidérons comme discordance le man-
que« %\if YéUkVfi cénomanien, de l'étage turoqien, qui lui est superposé
partout 011 il n'y a pas de lacunes. On voit, en effet, Tétage cénomanien
s«ul« <laus la l><iire'lnrérleure, à Touvois; dans la Vendée, à Comme-
quU;rii« à Chalanê et à Beauvoir ; dans le Var, à la Malle {voyex étage 20,
coupe, fig 433), h la Martre, à Kàcragnolles, et sur les autres points des
llamieMAlpeê ; a lu Fauge, près de Viliard-de-Lans (Isère); à Souail-
lon (SiiiMc). l*eut-(Urc le mont Liban, en Syrie, serait-il dans le même
ca». Il parait qu'au mont Sinaï, exploré par M. Lefèvre, et surtout à Go-
Xiiu, dans lo Salzbourg, dans l'Autriche, la Styrie, l'Italie, la Turquie
d'Kurop», la Murée, et sur tant d'autres points de l'Orient, où l'on n'a
iiionllonm^ quu l'étage supérieur, l'étage turunien se trouve sans Tétage
«éiioinanleii ; c» qui serait encore, sous une autre forme, une discor-
diincu d'Isolement, en rapport avec les limites respectives des faunes con-
tiuiiioH dans les élages, et qui sont si tranchées.
^ 3258. Nous regardons comme un fait de discordance le remanie-
UKiil à l'êtut fosMilo des restes organisés de l'étage cénomanien sur
place, h Cassis vHouches-du-UUône), dans i'ctage supérieur, à Sainte-
tîathorlne, i>r^s de Houen, et à Fécanip (Seine- Inférieure) (§ 2567).
Pour que ces fossiles se trouvassent remaniés dans l'étage turo-
nlen , il fnllnil que l'étage cénomanien fût déjA consolidé , et que les
tliMirls des roohos qu'il fonuait eussent été charriés par les courants à
la lin de l'étage et à l'époque postérieure. De tous ces faits de diseor-
dnneo qui oonooidenl avec les limites des faunes, nous concluons à la
«é|Mirntion nette et précise des deux éuiges.
î^ 'i'ihÙ* DédttOlioiM tiféet do la position des eonclies. Ainsi que
CHAP. V. - VINGTIÈMK ÉTAGK : CÉNOMANIKN. 637
pour les étages précédents (§*i?31, nous considérons comme un lam-
beau encore intact du grand bassin parisien les 50 myriamètres d'ex- .
tension où nous avons yu en superposition concordante plongeant
légèrement vers le centre du bassin, les couches cénomaniennes et les
couches inférieures {voyez coupe, fig» 3i)3). Nous pourrions croire qu'il
en est de même, dans le bassin pyrénéen, pour toutes les parties citées
depuis la Charente-Inférieure jusqu'au Lot : ce serait partout un ancien
rivage conservé presque dans son intégrité. Pour les autres points,
comme le lambeau du pays de Bray, comme à la Gueule-d'Enfer (Bon-
ches-du Rhône), comme au Beausset {fig. 499), à la Malle (flg, 433), et
dans toutes les Alpes, les couches cénomaniennes ont subi divers effets
de dislocation, avec ou après les étages crétacés et jurassiques sous-
jacents.
§ 2260. Composition minéralogique. Il n'est pas d'étage plus va-
riable que celui-ci sous ce rapport, qu'on en prenne l'ensemble sur un
point déterminé, ou suivant ses distances horizontales. Sur des points
déterminés nous voyons se succéder, en effet, toutes les formes ml-
néralogiques différentes. A la pointe du Chapus et à la pointe de
Fouras (Charente Inférieure), on voit des parties inférieures aux
supérieures, des sables quartzeux blancs, des couches feuilletées d'ar-
gile sulfureuse noire feuilletée avec bois, des couches de grès jaune,
grossier, siliceux ou demi-calcaire à OrbitoUtes et Ostrea columba, et
enfin des calcaires crayeux, jaunes ou blancs» remplis de Radiolites aga-
riciformis et de Caprinella. A Tlsle-d'AlK, aux parties inférieures, sont
des grès à gros grains, des argiles noires remplies de détritus de végé-
taux et d'arbres entiers, de dimensions gigantesques, recouvertes de grès
rouges à Radiolites et à Caprina; puis des calcaires blancs, encore
avec Radiolites et Caprina. A i'Isle-Madame, embouchure de la Cha-
rente, ce sont : d'abord, un calcaire compacte blanc, sans fossiles ; des
couches puissantes de calcaires argileux bleus, presque ooiithiques, à
Radiolites agariciformis ei Caprinella ; un calcaire jaune avec les
mêmes fossiles; un calcaire siliceux, ferrugineux ; puis un grès quart-
zeux jaune, pétri 6'Ostrea columba et biauriculata ; etc. Viennent en-
suite, au port des Barques, des calcaires jaunes crayeux, et de la craie
blanchâtre remplie d'Ostrea columba eicarinata. Au Havre, ce sont des
grès à gros grains, recouverts par de la craie chloritée. Ces exemples
sulliront pour prouver que les différents états minéralc^giques se succè-
dent dans l'étage sur un même point. Voyons, maintenant, la distribu-
tion géographique des diverses formes minéralogiques. Sous la forme de
grès quartzeux jaunes, blancs, verdàtres ou rouges, nous le trouvons au
Havre, au Mans, à Saint-Calais, «^ Vibraye, à Charras, près de Rochefort,
à l'Isie-d'Aix, à Fouras, à l'Isle-Madame, à la pointe du Chapus, à Saint-
638 QUÂTKIÈMK PAKTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Florentin, à Saint-Sauveur, à Vierzon, à Saumur, au Beausset; à Black-
(iowne. Sous la forme de craie chloritée, au Havre, à Honfleur, à Villers,
à Écommoy, dans le pays de Bray. Sous la forme de craie blanche mar-
neuse ou compacte, à Laubressel, àRouilly-lès-Sacy, à Auxon (Aube),
à Seignelay, à Saint-Florentin, à Saint-Sauveur (Yonne), au port des
Barques, à Marennes, à Tourlenay, à Guilbaut (Orne; Sous la forme
(le craie marneuse ou compacte bleuâtre, à Saint-Parres, à Taulanne,
à la Malle, à Escragnolles, au cap Blanc-Nez, à Saumur, à la Flèehe.
Sous la forme d'argile noire bitumineuse, à Fouras, à la pointe duGha-
pus, sous risle-d'Aix, à l'Isle-d'Énet, etc Par ces différences énormes,
suivant les couches ou suivant les lieux, d'un même horizon géologique,
il est facile de concevoir où Ton pouvait arriver, lorsqu'on employait le
caractère minéruiogique pour distinguer les étages crétacés; et les dissi-
dences d'opinion et de classification n'ont plus lieu d'étonner; mais
qu'on abandonne ce caractère trompeur, et qu'on y substitue, comme
nous l'avons fait, les caractères paléontologiques, tout se simpliAera ;
les horizons se dessineront nettement, et alors on verra que la strati-
graphie rigoureuse concorde, en tout point, avec les résultats paléonto -
logiques.
§ 2?Gi. Puûtftnee oonniie. En réunissant les diverses couches qui
dépendent de l'étage, nous trouvons, d'après les évaluations données par
M. de Verneuii, que l'ftage offre, en Espagne, dans les province9 de
Saint -Ander et de Biscaye, l'épaisseur énorme de plus de 500 mètres.
C'est la puissance la plus grande; car partout ailleurs, bien que consi-
dérable, comme à l'embouchure de la Charente, l'ensemble n'atteint
pa^ la moitié de cette épaisseur.
§ 2262. Déduotiont tirées de la nature des sédiinents et des fos*
•îles. Nous signalerons un premier fait qui nous parait marquer, sur
des surfaces immenses du pourtour du bassin parisien et pyrénéen, le
commencement des premiers dépôts cénomaniens, antérieurs à la faune
de cette époque. Nous voulons parler des grès à gros grains, que nous
voyons à la base de l'étage, à Saumur, au Havre, au Mans, à Saint-Ca-
lais, à Saint-Florentin, à Saint- Sauveur (bassin anglo-parisien), à la
pointe du Chapus, à Fouras (bassin pyrénéen) et ailleurs, toujours dé-
nués de fossiles à leurs parties inférieures, en contact avec les étages
intérieurs, ils nous paraissent représenter l'instant d'agitation qui 8*est
écoulé entre la un de cet étage inférieur et le commencement des dépôts
tranquilles, alors animés, de l'étage cénomunien.
§ 2203. Mélange des produits terrestres et marins. Un point très-
curieux, décrit depuis longtemps, sous le titre de Forêt sous marine, par
un savant consciencieux, M. Fleuriau de Bellevue, nous parait mériter
particulièrement notre attention. Nous voulons parler de cet amas de
CHAP. V. - VINGTIÈME ÉTAGE : CÉNOMANIEN. (J:J9
lignites qu'on irouveau-dessousderisIed'AiXjde rislc-d'Ënet, àTembou-
cliure de la Charente, et qui s'étend h Fouras, et même jusque auprès
deMarennes, à la poinledu Cliapus. On trouve dans cette couche remar-
quable, avec des arbres énormes, pourvus de leurs branches, mais cou-
chés horizontalement, beaucoup de matières végétales, et de rognons
de Buccin, ou de résine fossile. Avec ces produits évidemment terres-
tres, parmi lesquels M. Brongniart reconnaît des feuilles de Conifères,
le savant botaniste retrouve encore des Algues marines. D'un autre côté,
tous les arbre? sont percés de nombreux Tarets et de Pliolades, et Ms se
trouvent dans les mêmes couches que diverses Huîtres évidemment ma-
rines et de l'époque cénomanienne. On doit donc croire que les arbres
ont été flottés longtemps dans les eaux, et qu'ils se sont déposés e.isuite
avec d'autres débris terrestres, simultanément avec des débris marins
côtiers, au niveau supérieur des marées, sur une côte maritime.
§ 22G4. Points littoraux des mers. Indépendamment de ce lieu,
nous regardons encore, par l'abondance des coquilles flottantes, comme
s'étant déposées sur le littoral, au niveau supérieur des marées, les strqjies
des points suivants. Dans le bassin anglo-parisien : les couches inférieures
du cap Blanc-Nez (Pas-de-Calais), à Montbiainville (Meuse), à Laubrcs-
sel, à Auxon (Aube); à Saint-Florentin, à Seignelay. au nord d'Auxeire,
à Saint-Sauveur (Yonne); à Merzon ((^herj, à Tours, route de Poitiers,
partie inférieure. Dans la plaine, à Tonrtenay (Deux-Sèvres), les coa-
ches inférieures crayeuses de Saumur (Maine-et-Loire^; les couches de
grès, à Saint-Calais, au Mans ; la cniie, à Lamnny (Sarthc), à Coulanges,
à Mâle, à Guibault (Orne). Dans le bassin pyrénéen : à Touvois (i oire-
Inférleure). la couche à Nautiles de l'Isle-Madaine, de Fouras (Cha-
rente-Inférieure). Dans le bassin méditerranéen : à Bollène, h Bédouin,
au sud du Ventoux (Vaucluse) ; i\ la Martre (Var) ; au Pin, à Vergons, à
Taulanne. à Thorame, à Angles (Basses-Alpes); à la Fauge (Isère). Nous
trouvons, par exemple, des côtes tranquilles où se déposaient d(S sédi-
ments tins, dans l'Aube et l'Yonne, à Laubressel, à Saint-Parres. à Au-
xon. à Saint-Sauveur, etc. ; des côtes agitées sur le littoral occidental,
où les grès à gros grains dominent dans certaines couches, comme à
Saint-Calais, au Mans (Sarthe\ et des points entre ces deux extrêmes,
h Lamnay, à Coulonges, etc. D'après ces caractères, les limites actuelles
de l'étage cénomanien du bassin |>arisien seraient bien ces anciennes
côtes à peine altérées par dos dénudations postérieures. Certaines cou-
ches du Mans (les couches à Synasfrea) montrent des coquilles et
des polypiers roulés sur un littoral agité.
§ 22(»5. Points sous-marins voisins des odtes. Le manque de
corps flottants, et l'abondance des coquilles de Gastéropodes et d'A-
céph«iles, surtout des bancs d'Huîtres, doivent faire croire que les points
640 QUATKIÈMK PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
suivants se sont déposés non loin des côtes, mais au-dessous des marées.:
Dans le bassin anglo -parisien : Aubenton (Aisne), Yitry (Marne);
Chinou , Pas-de-Jeu, de l'autre côté du canal (Indre-et-Loire); Vi-
braye, Écominoy ; quelques couches du Mans, de Saint-Germain, près
de la Flèche (Sarthe) ; d'Honfleur, de Trouville, de Dives (Calvados) ; de
Fécauip (Seine-Inférieure). Dans le bassin pyrénéen : à Charras, à Ro-
chefort, au Mortrou, au port des Barques (Charente-Inférieure) ; à Co-
gnac (Cliarenle). Dans le bassin méditerranéen : la source Salée (Aude);
la Gueule-d'Enfer, près de Martigues (Buuches-du-Rhône) ; la Malle,
Turben, près du Beaussel (Var).
§ 2260. Points profonds des mers oénonuuiiennes. Nousjtrou-
vons , par le manque de Céphalopodes , par Tabondance soit des
Brachiopodes, soit des Bryozoaires, que les points suivants ont dû se
déposer dans la mer à d'assez grandes profondeurs au-dessous du balan-
cement desniarées. Dans le bassin anglo parisien, nous citerons, au Mans,
la couche à Caprotina, et d'autres couches entièrement formées do Bryo-
zoaires. Dans le bassin pyrénéen : les couches inférieures de lisle-Ma-
dame ; les couches supérieures de l'Isle-d'Aix, de Nancras, du fond de la
vallée de Pons (Charente-Inférieure), des environs de Saint-Trojan près
de Cognac, du sommet de la côte en face d'Angouléme (.Charente), de
Montignac, de Nontron, de Millac (Charente), composées entièrement,
sur quelques points, de Radiolites agariciformis, triangularis^polyco-
nililes; de Caprina bipartila, de Caprolina quadripartita, de Capri^
nellOf qui forment d'immenses bancs sous-marins, dont tous les êtres
sont en place, dans leur position normale, tels qu'ils ont vécu. C'est cet
ensemble, avec beaucoup d'autres restes organisés, qui forme notre se-
conde zone de Rudisles analogue à celle de l'étage néocomien (§ 2182),
mais si différente par les espèces qui la composent.
§ 2267. Fossiles remaniés. Par la nature des fragments, par les fos-
siles remplis de matières différentes des sédiments qui les renferment,
nous trouvons que des parties de l'étage cénomanien ont été remaniées
à l'état fossile, dans des couches plus récentes (§ i79) Nous en connais-
sons deux exemples très-rurieux en France. Le premier se voit à la mon-
tagne Sainte-Ca.herine, à lU>uen. Tout le monde a recueilli des fossiles
dans cette localité; mais personne n'a remarqué que la couche de moins
de 1 mètre qui les rcarernie est une anomalie, au niveau où elle se
trouve ; car, tout en appartenant, par ses fossiles, à l'étage cénomanien,
elle se trouve, au-dessous et au-dessus, entourée de fossiles (Vlnocera-^
mus problemaiicuSf V Ammonites Lewesiensis) qui ne se trouvent jamais
associés avec l'étal normal de l'étage. Frappé de ce fait, nous en cher-
chions naturellement la cause, lorsque, mettant dans l'eau les fossiles
delà couche en question, nous l'avons facilement reconnue. Ces fossiles.
CHAK Y. — VINGTIÈME ÉTAGE : CÉNOMANIEN. 641
qui, secs, sont blancs comme la roche environnante, deviennent Jaunes
lorsqu'ils sont mouillés et montrent alors, parleurs fragments anguleux,
par des valves isolées de coquilles toujours d'une nature minéralogique
distincte de la craie blanche qui les entoure, qu'ils ont été remaniés à
rétat fossile, et transportés au milieu de l'étage qui lui est supérieur.
C'est, en eifet, un lambeau de l'étage cénomanien, remanié à l'état fos-
sile au milieu du dépôt de Pétage turonien. Le deuxième exemple, nous
l'avons reconnu entre Fécamp et l'Échelle de Senneville (voyez fig.blb).
fi SI n
Fig. 515. Coupe prise à Fécaoïp (Seine-Inférieiirc).
En étudiant avec soin ces couches, en apparence toutes formées de la
même craie blanche, mais dans lesquelles nous avons retrouvé, par les
fossiles, deux étages distincts (a. étage turonien, 21, et b, c, d, e, étage
sénonien, 22), nous avons reconnu, au milieu de l'étage .sénonien, une
couche mince formée de rognons et de coquilles fossiles appartenant k
rétage cénomanien. En voyant les Ammonites variant et Rhotoma^
gensis, etc., placés bien au-dessus de la zone à Inoceramus probUma'
tictu, et en contact avec YAnanchytes ovata, si loin de leur zone habi-
tuelle, nous aurions dû en être fortement surpris, si la nature chlorHée
de la roche qui forme ces rognons et ces fossiles, entourés de craie
absolument blanche, n'était venue nous donner la preuve qu'ils avaietit
été remaniés à l'état fossile par suite de dislocations postérieures. Nous
avons voulu citer ces exemples,dont tout le monde pourra vérifier l'exac-
titude, d'abord pour indiquer le fait très-curieux en lui-même, mais en-
suite pour prémunir contre les idées de mélange des diverses faunes à
l'état de vie, quand elles ne sont souvent, comme à Rouen et à Fé-
camp, que des effets de remani ment à l'état fossile et postérieurs à la
consolidation des couches primitivement déposées dans leur ordre na-
turel de succession straligraphique. On trouve encore à Doué et aux en-
virons d'Angers (Maine-et-Loire), VOstrea columba, remaniée dans
l'étage falunien, c'est-à-dire avec les coquilles fossiles de six étages
plus Jeunes dans les âges du monde.
§ 2268 . OsoilUtiont du toL Dans cet étage si fécond en enseigne-
ments, nous retrouvons peut-être les faits les plus frappants pour
prouver l'existence des oscillutiuns du sol durant l'étage cénomanien.
642 QUATRIÈME PARTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Citons-en surtout deux exemples. Nous prendrons Tun dans le bassin
angio-pariéien, et l'autre dans le bassin pyrénéen. Au Mans, on voit:
10 aux parties inférieures des carrières de Sainte Croix, d'abord des
grès sans Tussiles, puis des grès quartzeux, renfermant de très-grosses
Ammonilcs, caractérisant un dépôt côtier fait au niveau supérieur des
marées ; 2^ après plusieurs alternats, un banc spécialement formé de
Bryozoaires et de Brachiopodes : dépôt sous-marin fait à d'assez grandes
profondeurs dans les eaux ; 3« un banc de coquilles de Polypiers roulés,
avec quelques Nautilus triangulariSt encore point côtier déposé sur le
littoral dans les limites du balancement des marées. Pour qu'au
même endroit on trouve un dépôt sous-marin, entre deux dépôts côtiers,
il a fallu que la première côte s'affaissftt pour en former un point sous-
marin, et qu'elle s'élevât ensuite pour en reformer une côte: fait actuel
des oscillations. Le second exemple existe à IMsle-Madame (Charente-
Inférieure). On y trouve: faux parties inférieures, des couches sous-ma-
rines, déposées à de grandes profondeurs dans la mer, à en juger par les
Brachiopodes, les Rudistes en bancs et les nombreux Foraminifères ;
2° un banc rempli de Gastéropodes et de Nautilus triangularii, évi-
demment côtier, déposé au niveau supérieur des marées ; 3» des grès jau-
nes avec bancs d'Huîtres ou Caprotines en place, sans aucun doute sous-
marins, déposés au-dessous du balancement des marées. Pour que les pre-
mières couches sous- marines soient devenues côtières et au niveau des
marées, il a fallu une surélévation ; pour que cette partie côtière soH
recouverte de dépôts sous-marins, il a fallu un afînissement. Nous ne
pouvons, d'après ces résultats que tout le monde peut vérifier, expliquer
autrement que pur des oscillations du sol ces changements successifs
qui se sont opérés sur le même point, et qui, dans les deux t>as6in8,
montrent des mouvements en sens inverse; c*et»t-à-dire que. lorsqu'une
partie s'exhaussait dans un des bassins, elle s'affaissait dans l'autre.
§ 2269. Perturbation finale. Nous croyons pouvoir expliquer, par la
perturbation finale de l'étage, le fait de remaniement si remarquable qui
se voit au-dessous du château de Cassis (Bouches-du-Rhône) , où, i la
partie supérieure de l'étage cénomanien, se remarquent des fossiles et des
rognons de grès rouges ferrugineux, remaniés par bancs dans une roche
jaunâtre de nature toute dilTérente D'après leur position aux dernières li-
mites supérieures de l'étage cénomanien, nous voyons que les couches déjà
consolidées ont été brisées; des fragments ont été charriés et entraînés
où nous les voyons aujourd'hui.
§ 22'0 Caractère» paléontologiquet. La faune de l'étage cénoma-
nien s'élo'gne encore davantage de l'aspect générai de la première faune
crétacée, non qu'il soit disparu beaucoup de formes animales préexls-
tanleSf wn'is seulement parce qu'il naît un très-grand nombre de genres
CHAP. V. — VINGTIÈME ÉTAGE : CÉNOMANIEN. 643
nouveaux: quelques-uns parmi les Mollusques gastéropodes et lamel-
libranches ; beaucoup parmi les Bryozoaires, les Échinodermes et sur-
tout les Zoophytes; les Ammonites, qui dominent, ont des tubercules par
lignes transverses. Le petit nombre des genres qui s'éteignent, comparés
à ceux qui naissent, donnent la certitude que les terrains crétacés sont
dans une belle période de développement.
§2271. Garaotèret négatifs tirés des genres. I/étage cénomanien
se distingue de l'étage albien, indépendamment des 8 genres que nous
avons vus naître et s'éteindre dans Tétage albien (§ 2243], par les 3
genres suivants qui se sont également éteints dans l'étage albien sans
passer à celui qui nous occupe : parmi les Céphalopodes, le gnnre Crio^
ceras; parmi les Échinodermes, le genre Toxaster; parmi les Polypiers,
le genre Amblocyaihus.
§ 2272 Pour limites négatives supérieures entre l'étage cénomanien
et l'étage turonien, nous avons 33 genres qui, encore inconnus à Tétage
cénomanien, ne naissent que dans l'étage turonien. Ces genres sont ainsi
distribués : parmi les Gastéropodes, les 3 genres du 7« tableau ; parmi
les Brachiopodes, les 3 genres de notre 9' tableau; parmi les Échino-
dermes, 1 genre de notre tableau n» Il ; parmi les Polypiers, les 22
genres de notre tableau n** 13; parmi les ForaminiTères, les 3 genres de
notre 14« tableau; parmi les Amorphozoaires, 1 genre de notre \S^ ta-
Ideau.
§ 2273. Caractères positifs tirés des genres. Tous les genres que
nous n'avons pas encore vus dans les étages antérieurs qui naissent avec
celui-ci seront autant de caractères distinctiTs positifs qu'on pourra
invoquer pour le reconnaître de ces étages antérieurs. Ces genres, au
nombre de 53, sont répartis de la manière suivante dans les classes:
parmi les Beptiles, le genre Raphiosaurus ; parmi les Poissons, le genre
Olodus ; parmi les Céphalopodes, le genre Belemnitella ; parmi les Gas-
téropodes, les genres Globiconcha^ Plerodonta, Narica, Voluta et
Mitra ; parmi les Lamellibranches, les genres Claragella, Legumi-
naria^ Capsa et Chama ; parmi les Brachiopodes, le genre Caprina;
parmi les Bryozoaires, les genres Pyripora, Osculipora, Vincvla-
ria, Membranipora. Crisisina et FaKÎculipora ; parmi les Échino-
dermes, les genres Codiopsis, Goniophorus^ Archiacia^ Caratomus
et Leiocrinus ; parmi les Zoophytes, les genres Daciylosmilia^ Sa-
thycyathus t Actinosmilia , Actinoseris , Micrubacia , StylocyathtUf
Cœlosmilia, Cyclocœnia, Placocyathus, Trochoeyaihus, Polytremacix,
Stelloria, Discopsammiaj Pleurocora et Dactylo cis ; parmi les Fora-
minifères, les genres Flabellina^ Chrysalidina^ Cuneolina, AlvKolina,
Itulimina et Polymorphina ; parmi les Amorphozoaires, les genres
Ocellaria^ Siphonia, JUarginospongia, Plocoscyph a et Tremosponaia .
044 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
§ '2274. Parmi ces genres positifs, ceux qui s'éteignent dans l'étage ce-
nomanien, sans passer aux étages supérieurs, seront autant de caractères
positifs propres à les faire distinguer. Ces genres sont au nombre de 1 1 :
parmi les Reptiles, le genre Raphiosaurus ; parmi les Ëchinodermes, les
genres Codiopsis Goniophorus et Leiocrinus ; parmi les Zoophytes, les
genres Daciylosmiliay Actinosmiiiay Microhacia et Stylocyalhui ; parmi
les Foraniinifères, les genres Chrysalidina eiCuneolina; parmi les Amer-
phozoaires, le genre Tremospongia. Si nous ajoutons à ces genres les
13 qui, nés antérieurement, se sont également éteinis dans cet étage
sans passer au suivant: parmi les Céphalopodes, le genre Belemnites;
parmi les Gastéropodes, les genres Straparolhu et Helicocryptus ;
parmi les Lamellibranches, les genres Theiis et Unicardium; parmi les
Bryozoaires, les genres ^ptropora et Acanlhopora; parmi les Échine-
dermes, les genres Pygaslerei Peltastes; parmi les Zoophytes, les genres
Montlivaltia tiPolyphyllia; parmi les Amorphozoaires, le genre Eu-
dea,nous aurons donc 24 genres pouvant donner des caractères positifs
supérieurs.
§ 2276. Caractères paléontologSques tirés des espèoet. Abstrac-
tion faite des nombreuses espèces d'Animaux vertébrés et annelés, nous
avons pu comparer entre elles 849 espèces d'Animaux mollusques et
rayonnes, inscrites dans notre Prodrome de Paléontologie stratigra-
phique (t. 2, p. 145 etsuiv.), avec leurs noms discutés, leur synonymie,
et les principales localités où elles ont été positivement observées (1).
Si nous retranchons de ce nombre les 7 espèces mentionnées comme
s'étanl trouvées dans l'étage précédent (§ 2244), et ÏOstrea diluviana,
qu'on trouve dans l'étage turonien, il nous restera encore 841 espèces
caractéristiques de cet étage ; nombre assez considérable pour donner à
tous les faciès de dépôts, et à tous les lieux, un grand nombre d'espèces
propres à les faire reconnaître, qu'ils soient à l'état de grès rouges ou
verts, de craie blanche, ou sous toute autre forme minéralogique.
§ 2276. La réunion, dans l'étage, tel que nous le concevons, de tous
les points indiqués à l'extension géographique est basée sur les considé-
rations straligraphiques de superposition, et sur l'ensemble des carac-
tères paléontologiques de tous ces points. Pour prouver que cette réu-
nion n'a rien d'arbitraire, mais qu'elle est bien le résultat de l'identité
d'espèces contemporaines, nous allons donner ici les noms des espèces
les plus communes, les plus caractérisées, qui se trouvent partout,
aussi bien au pourtour du bassin anglo-parisien , dans le bassin
pyrénéen, que dans le bassin méditerranéen, au Mans, à Saint-Sauveur,
(1) Les descriptions et les figures de toutes les espèces de Céphalopodes, de Gastéropodes, de
Lamellibranclies, de Brachiopodes et de Bryozoaires de France, se trouvent dans notre Paléou-
toiofie fraMçaise^ terrains crétacés.
CHAP. V. - VINGTIÈME ÉTAGE : CÉNOMANIEN.
64&
à Sainl-Fiorentin , à TIsle-d'Âix , à Orange, qu'à la Malle; aussi
bien en Angleterre, à Blarkdoi^ne, à Devizes, qu'en Espagne, à Llama-
Oscura, qu'aux environs de Tournay (Belgique), qu'à Ëssen, en West-
phalie, qu'en Bohême, qu'à Souaillon, en Suisse, ou même qu'au
mont Liban, en Syrie, comme on pourra le juger en recourant au Fro-
drome.
MOLLUSQUES.
1
H*» du Prodrome.
N«>* du Prodrome
* Cyprina rostrata.
816
Belemnitella vera.
1
Trigonla sulcatoria.
325
Nautilus trianguiaris.
3
Gorbis rotundata.
336
Ammonites varians.
16
* Cardium Cenomanense.
330
— falcatus.
20
— Guerangeri.
340
— Rhotomagcnsis.
20
— HlUanum
341
~ Mantellii.
21
Isoarca obesa.
359
Scaphites aequalis.
35
PectunculuB sublœvis.
367
Baculiles baculoides.
40
Arca Passyana.
387
Turi ilites costatus.
47
Mytilus Galliennei.
405
Nerinea monilifera.
72
Ayicula anomala.
45K
Plerodonta inflata.
86
Inoceramus striai us.
471
* Natica vuluaris (1).
88
Peclen asper.
475
Hclicocryptus radiatus.
121
— elongatus.
480
Turbo Geslini.
130
Janira pbaseola.
500
Pleurotomarla Mailleana.
156
— œquicostata.
501
Strombus inornatus.
174
Spondylus striatus.
510
Rostellaria calcarata.
187
Ostrea carinata.
517
Fusus quadratus.
196
• — flabella.
518
Panopœa substriata.
230
— columba.
520
— ovalls.
237
Rhynchonella Lamarckiana.
527
Pholadomya subdinnensis.
242
Terebratula biplicata.
536
Lyonsia carinifera.
247
Radiolites agariciformis.
565
Venus plana.
272
— subrotunda.
273
ÉCHINOUERMES.
— immersa.
278
Catopygus carinatus.
644
Cyprina oblonga.
310
Discoidea cyllndrica.
653
— cuneata.
314
Codiopsis Doma.
657
Voici quelques types de la faune cénomanienne (Jig. 516 à 528).
§ 2271. Chronologie historique. Avec la perturbation finale de l'é-
(1) Les cspèctiâ marqui'fs d'un astérisque se trouTeiit en môme temps au mont Liban et en
Kurop». Nous \ci avons rtM-oiinnuH sur un (rM-pelit nunibre d'espèces communiquées par M. Sili>
man, ol recueillies piir M. Readlu; un ensemble plus considérable de celle faune donnerait sans
doute beaucoup d'aulres identiques.
Ue OtATKIÈME PARTIE. - SllCCESSItl^ tHROKOLOGiQUE.
CHAP. V. - VINGTIÈME Ël'AGK : CENOJIANIKN. Ml
^^^
€1
f-l. m. PtI««" l.uM.lo.. fi». "*■ CoBii^ipu fin,.
I3ge alblen l§ !3&l), ont élé Bnéanlls G genre» prëciietanls |§ !!43}, i
048 QUATRIÈMK PAHTIK. — SUCOKSSiON CHRONOLOGIQUE.
403 espèces d'Animaux moliufques et rayonnes de cet étage § 2244).
f «>. S25. Salenia personata.
Fif. 5*6. Qimeorna pavonia.
Fin 527. Chrysalidina gradala.
Fif. 518. Sipbenia pyriforaiifl.
Aussitôt que le calme s'est rétabli dans les mers cénomanlennes, sont
nés 53 genres, jusqu'alors Inconnus, et 842 espèces d'Animaux mollus-
ques et rayonnes, qui, avec les autres séries animales et les végétaux,
sont venus animer les mers et les continents.
§ 2278. Les mers cénomaniennes {voy, étage 20 de notre carte,
fig. 482) changent encore de circonscription. SI, à quelques atterrisse-
ments près, elles restent les mêmes sur toutes les régions orientales
du bassin anglo-parisien, en France, el sur les régions occidentales, en
Angleterre i si elles montrent des limites presque semblables sur
CHAP. V. - VINGTIÈME ÉTAGE : CÉNOMANIEN.
6i0
quelques points du bassin méditerranéen, il n'en est pas ainsi sur les
autres parties des bassins. Nous voyons, probablement par suite d'un
affaissement, les mers s'avancer un peu vers la Belgique, jusqu'à Tour-
nay. Elles couvrent toute la vaste surface comprise entre Fccamp et
Tours, entre Tours et Bourges, où elles n'avaient pas encore paru depuis
la fin des terrains jurassiques. Elles couvrent en entier tout le bassin
pyrénéen, de la Loire-Inférieure jusqu'au Lot, et de là à l'Espagne et au
Portugal, où les terrains crétacés étaient encore inconnus. Dans le bassin
méditerranéen, elles apparaissent sur quelques points seulement. Il est
encore probable, d'après les espèces identiques, que la mer cénoma-
nienne s'étendait, sans interruption, d'un cAté jusqu'en Syrie, au mont
Liban, et, de l'autre, dans TAllemagne, la Westphalie, la Saxe, la Silésie
et la Bohême.
§ 2279. Les continents ont gagné quelques alterrlssements au pour-
tour des bassins, surtout à Test du bassin anglo-parisien, en France, et
à l'ouest de TAngleterre ; mais ils ont perdu en Belgique ; ils ont
été diminués d'une large bande à l'ouest de la France, de la Loire
au Havre; et tout le bassin pyrénéen, exhaussé depuis les premiers
étages crétacés, cesse d'être au-dessus des eaux et devient le domaine
des mers.
§ 2280. Les mers montrent une grande animation sur tous les points;
la faune, très-nombreuse, se compose de Poissons; de beaucoup de
Mollusques nouveaux, parmi les Gastéropodes et les Lamellibranches,
tels que des Globiconcha, des Plerodonta, des Voluta^ des Mitra, des
Chama^ et d'autres genres jusqu'alors inconnus ; d'une très-grande
quantité de Brachiopodes, formant des bancs sous-marins très-dé-
veloppés, de notre deuxième zone de Rudistes, avec d'innombrables
Bryozoaires , des Échinides , et surtout un grand nombre de Zoo-
phytes. G^est de toutes les époques crétacées la plus peuplée, la plus
animée. Avec les Animaux, vivent, sur les rivages, des Algues marines,
dont nous empruntons la liste à M. Brongnlart.
Cryptogame* amphigènes.
ALGUES.
? Cystoseirites Partschii, Stemb.
Transylv.
? G. fiiiformis, Sternb. Trans.
Laminarites? tuberculatus, Sternb.
Isle-d'Aix.
Rhodomelites strictus , Sternb.
Isle-d'Aix.
Confervites fasciculata, Br. Born
hohn, Angl.
G. segragropiloides, Br.
Sargassites Lyngbianus, Br. Born-
holm.
Halyserites Retchii, Sternb. Nie-
derschaena.
Ghondrites Mantelli, Rœm. Saxe.
G. cylindricus, Stemb. Tesclion.
Bohême.
//
^.^\>
(JàO QUATHIËMH: PARTIK. — succession CHRONOLOGIQUIC.
NAÏADÉES.
Postérités Orbignyana, Brong. Isle-
d'Aix.
Z. Bellovisiana, Brung. Id.
Z. elongata, Brong. Id.
Z. lineata, Brong. Id.
§ *2280 bis. Les continents, près des rivages des mers, étaient animés
par le genre Raphiosaurus et par d'autres Reptiles. Sur les points pure-
ment terrestres, ils nourrissaient les plantes suivantes, qui ne sont que
de faibles débris de la flore de cette époque [fig. 529). Nous les Indi-
quons, d'après M. Brongniart, non sans quelques doutes pour leur âge
géologique (I).
Fig, 5i9. Brachyphyllum Orbignyaiium.
Cryptogames aorogène*.
FOUGÈRES.
Protopteris Singer! , Prest. Si-
lésie.
Pecopteris Reichiana, Br. Nieder-
chœna.
P. striata, Sternb. Sahia.
P. Bohemica, Corda. Bohême.
P. Zippei, Corda. Bohême.
P. I obi fol ia, Corda. Bohême.
Et 2 espèces nouvelles de Nie-
derschœna.
Monoootylédone* .
PALMIERS.
Flabellaria chamœropifolia, Gœpp.
Silésie.
(1) Nous croyons que plusieurs des plantes appartiennent aux deux étages supérieurs ; mais
dans l'impossibilité on nous «ommos do les distinguer certainement, nous plaçons ici lonleii
/«;.« espèce f.
CHAI». V. — VINGTIÈME
PalQiacites varians, Corda, Bo-
hême.
Dîootylédonef gymnospermet.
CYCADÉES.
Cycadites Nilssonianus, Br.Scanie.
Zamitescretacea, Br. Niederschœna
(Pteroph. cretaceum, Besoin.)*
Microzaniia gibba, Corda. Bohême.
Zamio8trobu8 ovatus, Gœpp. Fe-
versham.
Z. Sussexiensis, Gœpp., Sclmeston
(Sussex).
Z. macrocephalus, Eud.;prè8Deal.
Z. familiaris (Amemum masc).
Bohême.
(Zamites ramiliaris, Corda.)
Z. Guerangeri (Am. masc). LeMani>.
CONIFÈRES.
Brachyphyllum Orbignyanum, Br.
Iles-d'Aix.
B. Brardianum, Br. Piaipinson.
Widdringtonites fastigiatus, Eudl.
Bohême.
Cryptomeria primaeva, Corda. Boh.
Abietites Benstedi, Gœpp.
A. exogyrus, Corda. Bohême.
Pinites Beussii, Corda. Bohême.
Cunninghamites oxycedrus,Sternb.
Niederschœna.
G. elegans, Corda. Bohême.
G. planifolius, Corda. B.
Dammnrites albens, Gœpp. B.
ÉTAGE : CÉNOMANIEN. 661
D. crassipes, Gœpp. Silésie.
^ Araucarites acutirolius, Corda. B.
A. crassifolius, Corda. Bohême.
Eleoxyion creiaceum, Br. Bohème.
(Pinus cretacea, Corda).
MYRICÉES.
ComplonitesPantiquuSyNilss.Scan.
BÉTULACÉES.
Alnites? Friesii, Nilss. Scanie.
GAPULIFÈRES.
Carpinitesarenaceus, Gœpp. Silésie.
SALICIKÉES.
Salicites? Wahlbergii. Nilss. Scan.
S. Petzeldianus, Gœpp. Silésie.
S. fragiliformis, Zenk. Blankenb.
ACÉRINÉES.
Acerites ? cretaceus, Nilss. Scanie.
JUGLANDÉES.
Juglandites elegans, Gœpp. Silésie.
Dicotylédones de femille
Inoertaine.
Credneriaintegerrinia,Zenk.Blank.
C. denticùlata.Zenk. Bl.
C. biloba, Zent. Bl.
C. subtriloba, Zenk. Bl.
C. Sternbergii, Brong. Teschen,
Bohême.
C. cuneifolia, Br. Niederschœna.
C. ex pansa, Brong. N.
C. tremulaefolia, Brong. N.
Les oscillations du sol sont très -prononcées pendant celte période,
comme on a pu en juger (§ 2368), et la perturbation finale n'a pas
moins laissé de traces profondes que l'extinction de toute celte ani-
mation que nous y connaissons.
§ 2281. C'est à la fin de cette époque que correspondrait, peut-être,
le sys'ème du mont Viso de M. Éiie de Beaumont, dont les dislocations
sont dans la direction du N. N. 0. au S. S. E., qui, joint aux discor-
dances (§ 2257% aux remaniements des fossiles (§ 2267), serait aussi
652 QUATRlÈMfc: PAKTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
bien le signe de la perturbation géologique qui a terminé cet étage,
que les limites respectives de la faune qui en seraient la conséquence
visible et irrécusable.
2 le Étage : TURONIEN, d'Orb.
Première apparition des genres Pyramidella, Ovula , Acteonella, Ca^
prinula, IHppurites, Biradiolites, Cyphosoma^ Cycloimilia hiloeulina,
Meandrospongia, etc.
Règne de l'urdrc des Brachiopodes cirridés, des genres Radiolitet,
Caprina^ Synastrea^ Funginella, Phyllocœnia, etc.
Zone de» Ammonites Lewesiensis, perampLus^ Woolgari; Nerinea Rb-
quieniana, Acteonella lavis et crassa, Pleurotomaria Gallinnn, ,Tri'
gonia scahra , Tnoceramus problematicut , Rhynchonella deformis,
Hippuritts organisons, Biradiolites comu-pastoriSy CyeloUtes undu^
lata, etc., etc.
Troisième zone de Rudist^s.
§ 2282. Dérivé du nom. Comme nous l'avons dit à Tétage précédent,
nous l'avions d'abord réuni à celui ci, sous le nom d'étage turonien;
mais, ayant reconnu, pius tard, que les parties inférieures contenaient
toujours une faune difl'érente des parties supérieures, que notre
deuxième zone de Rudistes caractérisait la première, tandis que notre
troisième zone de Rudistes formait l'horizon le plus parfait dans la der-
nière, nous avons cru devoir suivre, diins nos groupes, ces divisions
naturelles, indiquées par les caractères stratigraphiques. Nous avons
alors donné le nom d'étage cénomanien à i'étage inférieur, et nous avons
réservé le nom de turonien à celui-ci, la Touraine [Turonia) en mon-
j^^ t ran« i^ pj^ ns beau tvoe depuis Saumur jusqu^à Montrictiard. Pour lea
mêmes motifs énoncés plusieurs fois , nous oe pouvions conserver les
dénominations purement minéralogiques et toujours locales que nous
avons citées à la synonymie, car elles n'auraient fait que perpétuer des
erreurs.
§ 2283. Synonymie. C'est, suivant la composition minéralogique, la
Craie, le Grès vert, la Craie tufau des géologues français; le Chalk^
Marie de Hamsey (Moris), ou le Lower-Chalk. Pour M. d'Archiac, c'est,
suivant les lieux, dans le Périgord, la partie supérieure du 3^ étage des
Calcaires blancs à Rudistes; àSaint-Calais, la Craie à silex; partie in-
férieure du Chalk formation de M. Gideon-Mantell (Sussex); le Grès
vert inférieur, de M. Michelin, iconographie zoopbytologique (mais non
des Anglais) ; la Craie chloritée, ou Grès vert supérieur, de M. Matbé-
ron (Uchaux).
Type français. Uchaux (Vaucluse); Montrichard (Loir-et-Cher);
GHAP. V. — VINGT ET UNIÈME ÉTAGE : TURONIEN. 653
Saumur (partie moyenne); Tours, route de Poitiers (partit) moyenne);
montagne des Cornes (Aude); les Mailigues (Bouches-du-Rhône); le
Beausset (Van Couches à Hippurites).
§ 228 f. Extension géographique. {Voyez VéiAge 21 de notre carte,
fig. 482.) Aussi nettement tracé que Tétage précédent, celui-ci nous
offre rhorizon le plus marqué et le mieux caractérisé par la zone
de Rudistes, identiquement la même en Saintonge, en Provence, en
Espagne, en Italie, en Autriche et en Egypte. Si, pour le prouver, nous
parcourons d'abord, en France, le pourtour du bassin anglo-parisien,
nous le voyons au cap Blanc-Nez, près de Wissant (Pas-de-Calais) , et
nous croyons qu'il existe, sans interruption, tout autour du bassin de
Paris ; c'est, au moins, ce que nous porterait à croire le grand nombre de
points isolés qui, comme deç jalons, témoignent de son existence, au-
dessous de la craie blanche, sur beaucoup de lieux où sa nature miné-
ralogique ne le sépare pas d'une manière aussi tranchée qu'ailleurs.
Voici, du reste, la série de ces points que nous avons pu vérifier. Nous
le connaissons près de Cambrai (Nord) ; près de Vervins (Aisne) ; au
nord deRéthel (Ardennes) prèsde Sainte-Ménéhould, à Valmy, à Dam-
martin, à Douchy, à Vitry-le-Français, à Gezancoux, à la Planchette
(Marne); à Troyes, à l'ouest d'Auxon (Aube); à l'ouest de Saint-Florentin,
à Neuvy-Saulour, près de Flogny (Yonne); àSancerre (Cher). 11 forme
ensuite de puissantes couches exploitées comme craie tufau, soit à
la surface, soit visibles seulement, au fond des vallées, à Montri-
cbard, aux Essarts, à Bourré, à Selles, près de Saint-Martin (Loir-et-
Cher), près de Loches, de Châtillon (Indre); à la montée de Tours, route
de Poitiers; à Sainte-Maure, près des Ormes ; à Saint-Georges, à Roche-
corbon, àChinon, à Loudun (Indre-et-Loire); à Châtellerault, à la Tri-
cherie (Vienne); à la butte de Tourtenay (Deux-Sèvres). 11 constitue la
sommité des hauts coteaux de Saumur, de Doué (Maine-et-Loire); les
couches exploitées à Poncé, à' la Martre, à Château -du- Loir, à Grand-
Lucé, à Gourdemanche; et les couches crayeuses inférieures de la Cha-
pelle-aux-Bois, de Sainte-Cérotte, de Saint-Germain, près de la Flèche
(Sarthe), de Gacé (Orne). Les couches supérieures d'Honfleur (Calvados),
du Havre; les couches inférieures de Rouen, de la côte du Phare, au
nord de Fécamp (Seine-Inférieure), lui appartiennent encore. En faisant
ainsi le tour du bassin parisien, on remarque que les couches, d'abord
minces ei peu distinctes de Tétage turonien, au nord et au nord-est,
prennent une grande puissance dans toutes les régions sud-ouest du
bassin, où elles constituent, à elles seules, les cinq sixièmes des terrains
crétacés de ces contrées. On en voit encore un lambeau au pourtour du
pays de Bray, non loin de Beauvais. — Nous ne mettons pas en doute
qu'en Angleterre l'étage ne suive régulièrement, comme en France, In
G54 QUATRIÈME PARTIE - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
même extension géographique que Tétage précédent r§ 2254). U se voit
certainemenl à Lcwes, à Cart-Bourne, à Folkslone et à Norton.
Le bassin pyrénéen en oflVe une bande non interrompue, depuis les
couches supérieures du Martrou. près de Rochefort, jusqu'à Gour-
don, ou sur plus de 240 kilomètres d'extension géographique, où les
couches sont souvent Cinchées par l'étage sénonien. Nous l'avons re-
connu, dans la Charente Inférieure, au Martrou, près de la Glisse,
entre Nancras et Saintes, route de Marennes, au milieu du coteau, à
Puns. à Taiilebourg, à Saintes, àThaims; dans la Charente, aux cou-
ches inférieures de Cognac, à la partie élevée sur laquelle Angoulcme
est bàiie, et autour, à Pest et au sud, à tous les coteaux des environs ;
dans la Dordogne, aux Pilles, près de Périgueux; à Font-Barrade, près
de Bergerac; à Grenouillers, à Mareuil, à Riberac, étudiées par M. Ma-
rauld; à la Roche-Beaucourt; dans le Lot, à Gourdon. De l'autre côté du
bassin, nous l'avons reconnu dans l'ensemble des fossiles recueillis par
MM. de Verneuil et Paillette, en Espagne, à Burgos, près de Saint-Ander;
à Santa-Clara.vilie d*Oviedo, où il a une grande puissance, et renferme
les mêmes espèces qu'en France. Il existe, en Portugal, près de Lis-
bonne, où il a parfaitement été étudié par M. Daniel Sharpe; à Alcan-
tara et à Sabero (royaume de Léon).
Dans le bassin méditerranéen, à l'aide des grands lambeaux dissé-
minés, on retrouve encore la forme du bassin. U est on ne peut mieux
caractérisé dans les Corbières, où, dans le département de l'Aude, il
forme toutes les couches à Hippurites des environs de Souladge, de
Sougraigne, de l'abbaye de Fontfroide, de Fourtou, le sommet de la
montagne des Cornes, près des bains de Rennes, si célèbre par les
écrits de Picot de Lapeyrouse. Le Gard en oifre un lambeau au Sau-
tadet. et entre Aigaliers et Gâligues, arrondissement d'Uzès; un autre
dans l'Ardècbe, de Vagnas jusque auprès de Salavas. L'un des plus
connus par ses beaux fossiles est celui du département de Vaucluse,
qui couvre les collines de Mondragon, de Bollène, de Sommelongue,
du château de Mussignan, près d'Uchaux, et qui parait se contiiiuer
jusqu'à Piolenc. 11 existe encore dans la Drôme, à Dieu-le-Fit. Dans les
Bouches- du-Rhône, un lambeau apparaît sons les terrains tertiaires
près de la Fare; un second, plus remarquable, sur le bord méridional de
l'étang de Bère, et aux environs de Martigues; un autre près de Mar-
seille, h FiguièreSfà Candelon, à Brignoles, à Bagnols, à AUauch.
Dans le Var, un vaste lambeau, très-curieux à étudier, s'étend de la
Ladière au Beausset ; un autre existe à Trigance, près de Draguignan.
On poursuit ses traces en Espagne, en Catalogne, près des frontières
de France ; en Algérie, à Bibkara. à Alcanta, province de Constantine.
Kn Itulie, on en trouve dans la Brianza , d'après MM. Villa, plu-
CHAP. V. - VINGT ET UNIÈME ÉTAGE : Tl IIONIEN. 655
sieurs lambeaux, notamment à Molteno, à Massana, à Tegnone«
à Nava, à Cagliano, à Sirone, près d'Oggiono, province de Milan,
à Bocco du Piiombio ; dans le Véronais et le Vicentin, à Bomagnano, à
Fidis San-Orso, au mont Pigné, près de Santa- Croce; dans le Beilunois.
au mont Alpago. En Sicile, M. de la Marmora Ta reconnu dans la
partie septentrionale de l'île. 11 existe près de Trieste. M. Boblaye Ta
rencontré en Morëe; M. Virley, dans les tles du nord de la mer Egée,
sur les côtes de la Thrace, en Troade. En Autriche, il offre, dans les
Alpes, au Salzbourg, un lambeau très- connu sur lequel MM. Mur-
chison, Sedgwick et Boue ont écrit d'importants mémoires. Nous re-
connaissons cet étage d'après les fossiles, et la superposition indiquée
par ces géologues à Gosau, à Bussbach, à Behnabelge, sur le pied sep-
tentrional du mont Untersberg, entre Beicbenhall et Salzbourg; aux
environs de Kieslau, sur les frontières de l'Autriche et de la Slyrie supé-
rieure; aux environs de Wand (Basse-Autriche): dans les environs
d'Alt-Aussée; dans la Slyrie, h Windisch-Gersten. — L'étage parait
exister en Silésie, à Kieslings^alde ; dans le Hanovre, à Peine, à Iseburg;
dans la Bohême, à Kutschlin, à Korièzan. — M. Viquesnel l'a retrouvé
sur une grande surface de la Turquie d'Europe, notamment à Gouzinié,
au nord et à l'ouest des montagnes de la Servie, et de la Mésie supé-
rieure ; à Mikinie, en Bosnie. Nous l'avons parfaitement reconnu dans les
fossiles rapportés du mont Sinal par M. I.efèvre. — En résumé, on voit
que l'étage se trouve sur une grande surface, en Europe et en Afrique.
§ 2285. Strmttûemtion, {Voyez l'étage 21 de nos coupes, fig. 393, 428,
■
Nancras. La Clissii. Sainlcj.
i
i
lï 1»
Fig. 530. Coupe géologique de Saintes à Nancras (Charente-Inférieure}.
499 et 530.) Partout où nous avons signalé à la fois, sur le même point,
les étages cénomanien et turonien, ce dernier repose en couches con-
cordantes sur l'autre, et suit, en tout, les mêmes allures, au pourtour
des bassins anglo-parisien, pyrénéen et méditerranéen. 11 ne peut donc
rester aucun doute sur la succession régulière dans Tordre chronolo-
gique de cet étage, après l'étage cénomanien qu'il recouvre sur tous les
points où il n'y a pas de lacune.
§ 228G. Difoordancet. Nous avons, à l'étage précédent, indiqué les
limites inférieures de la période turonienne marquées par des discor-
dances d'isolement et de remaniement (§ 9257). 11 ne nous reste donc
plus qu'à tracer les limites supérieures. Pour séparer l'étage turonien
056 QUÂTHIÊME PAKTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
de rétage sénonien qui lui a succédé régulièrement, nous avoDS encore
de très-vastes surfaces de discordauces d'isolement, déterminées sor-
tout par le manque, sous l'étage sénonien, de l'étage turonien, qui aurait
dû nécessairement s'y déposer, s'il n'y avait eu une perturbation géo-
logique générale et des changements de niveau des mers entre les deux;
ce qui a déterminé ces isolements si considérables. Nous remarquons
d'abord l'isolement, sur les étages carboniférien et devonien de la Bel-
gique et de la Prusse, près d'Aix-la-Chapelle, d*une vaste surface ; un
petit lambeau de l'étage sénonien seul, sur les terrains jurassiques
aux environs d'Orglandes (Manche) ; un autre près de Saint-André-de-
Méouille, dans les Basses-Alpes. Nous signalerons l'isolement de ces
vastes lambeaux de craie sénonienne, sans l'étage turonien, qui s'éten-
dent de la Gallicie jusqu'à l'Oural, ou sur une étendue de près de
àO degrés en longitude ; lambeaux qu'on voit dans la Gallicie, la Volhy-
nie ; et, en Russie, dans les gouvernements de Tchernigof, d'Orel, de
Kursk, de Kharkof de Voroneje, des Cossacks, de Saratof, de Symbirk,
d'Orembourg et de Kirghis. Le même isolement a lieu peut-être dans
la Suède, à Kossengemalla, à ignaberga, à l'ile d'ifo, etc.— On retrouve
le même fait sur tous les points de l'Amérique septentrionale où l'on
a signalé des terrains crétacés, ou sur près de 30 degrés de longueur;
par exemple, dans le New-Jersey, dans la Virginie, les Garolines, la
Géorgie, rAlabama,le Mississipi, le Tennessee, l'Arkansas, le Texas, et
jusqu'aux montagnes rocheuses, et une partie du Mexique. On trouve
encore l'étage sénonien sans l'étage turonien, à Concepcion du Chili,
dans l'Amérique méridionale, et à* Pondichéry, à Verdachellum et à
Trinchinopolis , dans les Indes orientales. C'en est assez , nous le
croyons, pour prouver jusqu'à l'évidence les profondes discordances
qui séparent l'étage turonien de l'étage sénonien.
§ 2287. Déductions tirées de le position des oouohee. Les cou-
ches superposées régulièrement et presque dans leur état normal d'in-
clinaison, plongeant légèrement vers le centre des bassins, nous font
regarder comme des parties encore intactes des anciens rivages tuio-
niens les dépôts qu'on voit au pourtour du bassin angio- parisien, à l'est,
à l'ouest et au nord ; car les failles plus ou moins prononcées qu'on
remarque sur quelques points, comme à Féoemp {fig. 515), et sur
d'autres lieux, ne changent rien à l'ensemble. La même chose existe
sur la partie nord du bassin pyrénéen, depuis la Charente- Inférieure
jusqu'au Lot. Au pays de Bray, dans les Pyrénées espagnoles, et dans
le bassin méditerranéen . que les couches soient fortement disloquées,
comme à Martignes, au Benusset, ou qu'elles présentent des pentes
douces, elles n'en ont pas moins subi les mêmes perturbations géolo-
ii'iqueii (juc les étages sous-jacents, et, partout, elles ont été disloquées.
CHAP. V. — VINGT ET UNIEME ÉTAGE : TUHONIEN. 667
§ 2288. Composition mînéralogîqve. La variabilité des caractères
minéralogiques des couclies, que nous avons signalée à l'étage céno-
manien, n'est pas moindre dans celui-ci. — A la partie septentrionale et
orientale du bassin anglo-parisien, ce sont des craies marneuses, grises,
à conlexlure très-fine, au cap Blanc-Nez, à Vitry-le-Français ; ou de la
craie entièrement blanche, à grains très>flns, mais un peu argileuse,
dans TAube, TYonne et la Seine-Inférieure, où elles contiennent peu de
fossiles. Dans toute la Touraine et une partie de la Sartbe, ce sont des
craies tufau, grenues, blanches ou jaunâtres, remplies de paillettes de
mica, et renfermant des Ammonites. A la partie septentrionale du bassin
pyrénéen, ce sont, sur quelques points, comme à Martrou, des couches
de craie tufau; ou, à la Clisse, à Pons, à Angouléme, aux Pilles, de la
craie blanche grenue, plus ou moins compacte, remplie de Radiolites
et autres Rudistes Dans le bassin méditerranéen, on trouve plus de va-
riations. Dans les Corbières, à la montagne des Cornes, ce sont des cal-
caires assez compactes ou argileux, blancs ou gris, formés d'un amas
de Radiolites et d'Hippurites. A Piolenc, à la Fare, à Martigues, près
l'étang de Berre, et au Beausset, ce sont des calcaires à gros grains,
plus ou moins argileux, blancs, gris, jaunes ou bleuâtres, renfermant
partout des Radiolites et des Hippurites. Aux environs d'Uchaux, deux
séries de couches se succèdent : l'une, inférieure, composée de craie argi-
leuse blanchâtre ; l'autre, supérieure, formée de grès quartzeux rouges.
Les mêmes grès se rencontrent encore à Trigance. Quand on voit les
grès d'Uchaux, les calcaires à Hippurites des Corbières et de la Provence,
la craie tufau des bords de la Loire, et la craie blanche des autres
points, occuper la même position relative au-dessus de l'étage c-éoo*
manien, et contenir partout des fossiles spéciaux et identiques, il est
impossible, à moins d'annuler, à la fois, la stratification et la valeur des
faunes fossiles, de ne pas y voir l'étage le mieux caractérisé et sur-
tout le plus facile à distinguer par ses fossiles. On y voit encore combien
le caractère minéralogique est illusoire.
§ 2289. PuissAnce connue. L'étage acquiert une assez grande épais-
seur dans la Touraine, la Charente, la Charente-Inférieure et dans la
Provence ; mais sur aucun point 11 n'a cette puissance de près de
200 mètres que M. de Yerneuil lui a reconnue près de Saint- Ander et
d'Oviedo en Espagne.
§ 2290. Déductions tirées de la nature des sédiments et des fossiles.
Nous retrouvons ici beaucoup de faits très-curieux à constater.
Points littoraux des mers. L'abondance des corps flottants nous
fait considérer comme sV'tant déposées au niveau supérieur des marées
les couches des points suivants, si remplies d'Ammonites et de Nautiles.
Dans le bassin anglo-parisien : la montagne SainteCalherlpe h Rouen, oCl
«58 QUATKIEMK PAKÏIK. — SUCCESSION CHBONOLOGIQUK.
l'on trouve V Ammonites LetoesiensiSt de près de 1 mètre de diamètre,
tout l'est et le sud-ouest du bassin ; dans le département de Loir-et-
Cher, à Montrichard ; dans Indre-et-Loire, à Tours, à Maury, à Chinon ;
dans les Deux-Sèvres, les carrières de Tourtenay ; dans le Maloe-et-
Loire, les carrières de Saumur; dans la Sarthe, à Poncé, à la Chartre et
il Grand- Lucé. — En Angleterre, à Le^es et à Cast-Bourne.— Dans le
bassin pyrénéen, nous citerons les couches moyennes de Martrou, près
de Rochefort -, dans le Lot, Gourdon. — Dans le bassin méditerranéen,
les couches de Sommelongue, près d'Uchaux (Vaucluse) ; Dieu-le-Fit
(Drôme). Si, d'un côté, les sédiments tins et les fossiles très-intacts an-
noncent des dépôts faits tranquillement sur des côtes peu agitées,
à Ucliaux nous avons le contraire. Les corps flottants mélangés,
péie-méie, avec des fossiles de Gastéropodes, de Ijimelli branches, et
même de Rudistes roulés, dépendants de diverses zones de profondeur,
y font reconnaître tous les caractères d'un rivage agité.
§ 3990 bis. Points littoraux ▼oisins des oôtes. L'abondance de La-
mellibranches et de Gastéropodes, jointe au manque de coquilles flottan-
tes, nous font regarder comme s'étanl déposées non loin des côtes quel-
ques couches de la Touraine, de la Sarthe, du Loir-et-Gher, de l'Indre-et-
Loire et de Vaucluse.
§ 2291. Points tous-marins plus profonds. La finesse des élé-
ments sédimentaires, la présence seule de quelques fossiles non flot-
tants dans toute la région septentrionale et orientale du bassin parisien,
depuis lo département des Ardennes jusqu'à l'Youne, ne dénotent
que des dépôts sous-marins, formés soit au-dessous des courants, soit
dans des parties très-abritées. Comme ces parties bordent géographique-
ment le bassin parisien . il faudrait croire que les véritables parties
littorales auraient été enlevées par des dénudations postérieures à leur
dépôt sur toute cette ligne.
§ 2292. Récifs de la mer turonienne. Par les bancs de Rudistes
du bassin pyrénéen, de Pons, de Jonzac (Charente - Inférieure),
d'Angouléme (Charente), des Pilles (Dordogne); du bassin médi-
terranéen aux bains de Rennes (Aude). d'Alais (Gard), de Piolenc
(Vaucluse), du Reausset, de la Cadière (Var), de Martigues, deFiguières,
de la Fare (Rouches-du-Rhône); de Gozau, et tant d'autres points de
l'Italie, de l'Autriche, de la Turquie d'Europe, de l'Afrique, du mont
Sinaï, etc., où nous avons signalé notre 3« zone de Rudistes, nous
reconnaissons les plus beaux types de récifs encore en place, tels
qu'ils se sont formés sous l'influence des courants sous-marins. Rien
de plus curieux que cet assemblage d'Hippurites encore perpendicu-
laires, isolées ou en groupes, qu'on voit au sommet de la montagne
des Cornes, dans les Corbières, sur les bords de l'étang de Bère, en
OHAP. V. - VINGT ET UNIÈME ÉTAGE : TURONIEiS. 659
• •
dehors de Martigues, à la Gadière, à Figuières et surtout au-dessus du
Beausset, près de Toulon. 11 semblerait que la mer ^ient de se retirer,
et de montrer encore intacte la faune sous-marine de cette époque, telle
qu'elle a vécu. En effet, ce sont des groupes énormes d'Hippurites en
place, entourés des Polypiers, des Écliinodermes , des Mollusques qui
vivaient réunis dans ces colonies animales, analogues à celles qui
vivent sur les récifs de coraux des Antilles et de l'Océanie. Pour que cet
ensemble nous ait été conservé, il faut quMi ait été, d'abord, recouvert
subitement de sédiments qui, en se détruisant, aujourd'hui, par suite des
agents atmosphériques, nous découvrent cette nature des temps passés,
dans ses plus secrets détails.
§ 2293. La contemporanéité des dépôts du bassin anglo-parisien, où
ces bancs sous-marins manquent, est marquée par la présence, sur
quelques points, de Radiolites isolées, des mêmes espèces que dans ces
zones; comme M. Michelin Va constaté à Rouen, M. Leymerie dans
TAube, M. Gallienne h la Flèche, à Sainte-Cérotte , c'est-à-dire sur
des points très-éloignés les uns des autres, dans le bassin anglo-pari-
sien. Ges faits, joints à l'ensemble des résultats stratigraphiques et à la
circonscription des faunes, prouvent la contemporanéité de dépôts de
ces différents bassins.
§ 2294. Fosfiles remaniés. Nous avons dit (§ 9967) qu'au milieu de
l'étage turonien, à la montagne Sainte-Gatherine, près de Rouen , et
au-dessus, à Fécamp, on trouvait des fossiles de l'étage cénomanien
remaniés dans l'étage turonien.
§ 2295. OMiUations du sol. La conservation des points littoraux, et
ralternance de dépôts côtiers littoraux faits au niveau des marées
avec les dépôts sans corps flottants et faits au-dessous, qu'on remarque
sur plusieurs points de la Touraine, donnent la certitude que des
oscillations du sol ont été fréquentes durant l'étage turonien.
§ 9296. Caraotères paléoiitologi<iues. L'ensemble de la faune tu-
ronienne représente , à côté d'une disparité presque complète des
espèces, une grande analogie générique avec la faune de l'étage céno-
manien. Néanmoins on y voyait, pour la première fois, un assez
grand nombre de genres (33), parmi lesquels déjà quelques formes que
nous voyons prendre leur maximum dans les terrains tertiaires, commr
les genres Pyramidellay Ovulai à côté de formes encore spéciales aux
terrains crétacés, comme lea-ÀcteoneUa^ les Caprinula^ les Uippu-
rites, etc. G'esi le règne des Brachiopodes cirridés, pendant lequel se
développent un grand nombre de genres qui constituent notre 3* zone
de Rudistes. Par un nombre plus grand (24) de genres existant depuis
plus ou moins longtemps qui s'éteignent au commencement de cet
étage, on voit qu'il y a déjà une légère tendance à un changement dans
(>60 QUATRIÈME PARTI K. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUK.
•
les formes génériques propres aux terrains crétacés. Voici, du reste, les
caractères plus spéciaux de Tétage.
§ 2297. Garaotèret négatifs tirés des genres. Pour dislingoer l'étage
turonien de l'étage précédent, nous avons 36 genres qui, nés avec oa
antérieurement, ont également cessé d'exister à la fin de ce même
étage sans se continuer à Tétage turonien (§ 3274).
§ 2298. Pour limites entre l'étage turonien et l'étage sénonlen, qui lai
est supérieur , nous avons, comme caractères négatifs, 83 genres qui
manquent encore dans l'étage turonien et n'apparaissent que dans le
suivant. Ces genres sont distribués ainsi qu'il suit dans les classes:
Parmi les Oiseaux , un genre de notre ?« tableau ; parmi les Reptile»,
les 3 genres de notre 3« tableau ; parmi les Poissons, 36 genres; parmi
les Crustacés, 2 genres ; parmi les Gastéropodes, les 5 genres de notre
7« tableau ; parmi les Brachiopodes, les 3 genres de notre 9« tableau ;
parmi les Bryozoaires, les 6 genres de notre 10« tableau ; parmi les
Échinodermes, les 11 genres de nos tableaux n»* il et 12; parmi les
Zoophytes, les 7 genres de notre 13« tableau; parmi les Foraminifères,
les 12 genres de notre 14« tableau ; parmi les Amorphozoaires, les
7 genres de notre 15« tableau. En résumé, nous aurions 109 genres ou
formes animales pouvant donner des caractères négatifs pour l'étage
turonien.
§ 2299. Caraotéres positifs tirés des genres. Les genres qui, en-
core inconnus à la période cénomanienne, naissent dans la période tu-
ronienne seront autant de caractères positifs pour la distinguer des
étages inférieurs. Ces genres, au nombre de 33, sont ainsi distribués
dans les séries animales : Parmi les Gastéropodes, les genres Pyramt-
della^ Ovula^ Àcteonella; parmi les Brachiopodes, les genres Ca"
prtnu/a, Hippurites, Biradiolites ; parmi les Échinodermes, le genre
Echinolampas ; parmi les Zoophytes, les genres Rhipidogyra, Pleiiro-
cœnia^ Lasmogyra, Nulliporat Diplorea, Meandrastrea, Beterophyllia,
Àctinacis, Crinopora, Cyclolites, Perismilia, Cladocora, Columellat'
treOf Goniastrea^ Morphastrea, Heterocœnia, Actinocœnia, Trochos"
milia, Uydnophorat Placosmiliat Stylocœnia et Diploctenium; parmi
les Foraminifères, les genres BUocultnay Triloculina et Conulina ;
parmi les Amorphozoaires, le genre Heandrospongia.
§ 2300. De ces genres, ceux qui naissent et meurent dans l'étage tu-
ronien sont, au moins dans l'état actuel de nos connaissances, autant
de caractères positifs qui peuvent servir à le distinguer de l'étage sé-
nonien,où ils sont encore inconnus. Ces genres, au nombre de 11, sont
les suivants : Parmi les Brachiopodes, le genre Caprinula ; parmi les
Zoophytes, les genres P/eurofœnùi, Lasmogyra, Meandrastrea , Hete-
rophyllia, ActinaeiSf Crinoporay Columellaslrea, Heterocœnia et Tro-
CHAP. V. - VINGT ET UNIÈME ÉTAGE : TURONIEN. C6l
ehosmilia; parmi les Amorphozoaires, le genre M eandrospongia. En y
ajoutant les 16 genres qui, nés antérieurement, se sont encore éteints
dans cet étage, sans passera Tétage sénonien : Parmi les Céphalopodes,
le genre Ceratites; parmi les Échinodermes, les genres HemicidaHs, Pe-
dîna, Holeclypus et Archiacia ; parmi les Zoophytes, les genres Acros-
miliay Thecnsmilia, Lasmosmih'a, Enallocœnia, Polyphyllastrea^ Pa-
chygyra, Microphyllin, Actinoseris, Barysmilia, Cydocœniay Pleuro-
cora et Dactylacis, nous aurons ^7 genres pouvant donner des carac-
tères positifs différents.
§ 9301 . Garaotèref paléontologiquei tirés de« etpèoet . Indépendam-
ment des espèces d'Animaux vertébrés etannelés, nous avons, seulement
en Animaux mollusques et rayonnes, 380 espèces dont nous avons pu
constater l'horizon stratigraphique, et dont, après discussion critique,
nous donnons, dans notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique
(t. 2, p. 189 et suivantes), les noms discutés, la synonymie, et les prin-
cipales localités où elles ont été recueillies (1). Sur ce nombre, 1 es-
pèce s'élant rencontrée dans Tétage turonien, et 2 espèces, le Capsa
discrepans et le Cyclolites elliplica, s'étant rencontrées dans les étages
turonien et sénonien, il nous reste encore 377 espèces caractéristiques
propres à tous les faciès de dépôts, et se rencontrant dans toutes les
formes minéralogiques des couches.
§ 2302. Parmi ces espèces, les plus caractérisées, les plus communes,
et, par conséquent, les plus propres à faire reconnaître l'étage, nous
serviront encore à prouver, par leurs localités inscrites dans le Pro-
drome, que tous les points que nous avons donnés à l'extension géo-
graphique sont bien des dépendances de la même faune. Ces espèces,
communes aux divers bassins, à l'Autriche, à l'Angleterre aussi bien
qu'à la France, démontrant la conlemporanéité d'âge de tous les points,
sont les suivantes :
■OLLUSIQUES.
du Prodrome
Rof du Prodrome.
Acteonella Isvis. 44
Nautilus sublaevigatus.
2
— crassa. 45
Ammonites Wuolgaril.
4
Natica lyrata. 49
~ peramplus.
7
— subbuibiformis. 51
— Leweslensis .
9
Pleurotomaria Gailiennei. 6 S
— papalis.
12
Voiuta elongata. 70
rusticus.
14
Cerithium peregrinum. 84
Turritella Uchauxiana.
23
Gastrochœna Marticensis. 102
Nerinea Requienlana.
35
Arcopagia semiradiata. 104
(1) f^oyei aussi, pour les descriptions et les figures do toutes les espèces de Céphalopodes, do
Gjistéropodes, de Lamellibranches, de Brarhiopodes et de Bryoïoaires de France, notre Paléon-
tologie française, terrtiint crétacé.*.
II. \%Ks
6A2 QUATKIÈHK PARTIE. - SUCCRSSIOK CHHOKOLOGIQUK.
Venu» Renamiana.
Cyprin a iiitermedia.
— Nouellana.
Trigonia Kcabia.
Cardium llenauxlanur
— guUlFerunt.
Arca Nouellana.
Pinno quadrangularls.
Inoceramus probletnalicna.
Peclen Piizosianus.
Spond^lus Hippurilarum.
RhynEhonclla deformls.
— Cuïleri.
Terfltraiula obeaa.
Caprina Aguillon).
Radioliles Punsiana
— radiosa.
adiolilea cornu-paelori*.
ËCHIIODEHHU.
Tiiaster Fourneli.
Cyclolitcs undulalH.
Funginella hemisphierica.
Thecosniilia rudis.
Enallocœnia ramosa.
Synaslrea connposila.
s ici quelques exemples de celte faune de l'éiage turo-
CHAP. V. - VINGT KT UMKMK ÉTAGE : lUKOMEN. fifiS
S64 QUATRIÊHK PARTIE. - SUCCESSION CHRONULOCIQUE.
Fi,. M.Ciflglrloellipbc.. f , -lu ■ ini r>i Pi.rwr.
; 7303, Chnmçlogie hbtoriqne. La On de l'élage cpnomanlei
CHAP. V. - VINGT ET UNIÈME ÉTAGE : TUKONIEN. 665
terminée par une perturbation géologique (§ 2281), a été marquée par
Tanéantissementde 26 genres (§ 2274) et de 84 1 espèces (§ 2276) d'Animaux
mollusques et rayonnes, composant la partie qui nous est connue de
la faune de cet étage. Après un laps de temps plus ou moins considé-
rable, sont nés, avec Tëtage turonien, 33 genn>s (§ 2209) inconnus aux
époques antérieures, et 379 espèces d'Animaux mollusques et rayonnes
(§ 2301 ), indépendamment des Animaux vertébrés et annelés, et des
plantes qui animaient les mers et les continents.
§ 2304. Les mers (roy. étage 21 de notre carte, {fig. 482) sont, à
peu de chose près, restées les mêmes qu'à l'étage cénomanien (§ 2278);
néanmoins, les eaux paraissent s'être retirées de plusieurs points, no-
tamment dans le bassin pyrénéen, de la Loire- Inférieure à la Vendée;
dans le bassin méditerranéen, sur tous les points connus de la chaîne
des Alpes, de la Malle (Var) {fig, 433) jusqu'en Suisse. D'un autre côté,
les mers auraient gagné sur des points éloignés de nos bassins fran-
<^ais.
§ 2305. Les continents ont subi des changements correspondants, au
moins pour les parties qui nous sont connues ; changements qui rem-
placent, par des points exondés, les lieux où la mer cénomanienne
faisait des dépôts marins dans la Vendée et dans les Alpes, et tout au-
tour du bassin anglo-parisien.
§ 2306. Les mers sont très-animées ; on voit, près des rivages, un
grand nombre de Mollusques, d^Ëchinodermes; mais cette mer est aussi
remarquable par les nombreux récifs sous-marins qu'elle montre sur de
vastes surfaces: récifs anciens, qui constituent notre 3*zone de Rudistes,
remarquable par l'assemblage des nombreux Brachiopodes cirridés,
tels que les Hippurites, les Radiolites, les Caprines, et cette immense
quantité de coraux variés qui les accompagnent paitout. Les Polypiers
y sont, en effet, à l'un de leurs règnes de développement de formes.
§ 2307. Les continents, à en juger par les bois fossiles qu'on y ren-
contre souvent, devaient avoir une brillante végétation ; mais ces
plantes, comme les animaux terrestres, ne sont pas arrivées jusqu'à
nous, et ont été détruites dans les perturbations géologiques. Les oscil-
lations du sol parai!>sent avoir existé.
§ 2308. Nousavonsvu, à la discordance, qu'indépendamment de quel-
ques points isolés en France et en Prusse nousavions, en Russie, une sur-
face longue de 40 degrés en longitude (§ 2286) ; une autre de 30 degrés
d'extension dans l'Amérique septentrionale , d'autres encore dans PAmé-
rique méridionale et dans l'Inde, qui, parce qu'elles n'ont pas participé
aux dépôts turoniens, devaient alors être surélevées. Comme elles ont été
envahies par la mer de l'étage sénonlen, il est impossible que cet enva-
hissement ait eu lieu sans qu'il se soit fait, sur toutes ces surfaces, un
66G QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
affaissement considérable, à la fin de i'étage turonien et avant les pre-
miers dé{)ôt8 sénoniens. Ces atTaissements s'étendent de la zone torride
dans riiémisphère sud jusqu'au 34° ; dans l'hémisphère nord jusqu'au
56*, ou sur l'immense étendue de 90 degrés en latitude, quart de la cir-
conférence du globe terrestre. En longitude, ils font pour ainsi dire le
tour du monde, puisque nous les voyons sur tous les grands continents.
Nous pensons donc qu'un changement aussi considérable, exercé sur
tous les points de la terre à la fois, a suffi et au delà pour amener la
fin de l'étage turonien dans le monde entier, et pour déterminer les
limites des faunes sur les parties des mers restées intactes, comme en
France, en Angleterre, en Espagne, durant cette grande perturbation
générale.
22« Étage : SÉNONIEN , d'Orb.
Première apparition des ordres de Poissons cycloldes et cténoïdes,
des Foraminifères entomostègues ; des genres ConuSj Phorus, Murex,
Megathiris, Lunulites, Glohigerina. Rosalina, etc.
Règne des classes des Mollusques bryozoaires et des Amorphozoaires;
des genres Baculites^ Scaphites, Belemnitella ^ Rostellariat Lima, Tri-
goniaf InoceramiUt Crania, Thecidea^ Entalophora^ Eschara, Vincu-
laria, Uolaster^ Micraster, (kfdosmilia, Frondicularia^ Flahellina,
Coscinopora, etc.
Fin du règne des Céphalopodes tentaculifères, des Brachiopodes cir-
rhidés, des Amorphozoaires testacés, des Ammonites.
Zone du Belemnitella mueronata, de V Ammonites Pailletteanus, du
Seaphites compressus^ du Nerinea hisulcata, du Pholadomya œqui-
valvis, du Trigonia limbata, du Gervilia solenoides, de Vlnoceramus
regularis, du Pecten Dujardini, du Janira quadrieostata, des Ostrea
larva et vesicularis, du Rhynchonella vespertilio, du Thecidea papil-
lata^ ùeVAnanchytes ovaia^ du Micraster cor-anguinum, du Bourgue-
ticrintis ellipticus.
Quatrième zone de Rudistes.
§ 2309. Dérivé du nom. On a donné le nom de Craie blanche à cette
immense surface de craie supérieure, essentiellement blanche, du bassin
parisien. Cette dénomination lui est, en effet, très-applicable, à Meudon
et dans la Champagne ; mais elle peut, ailleurs, devenir la source de plus
d'une erreur. Certaines parties des étages cénomanien et turonien, à
Saint-Sauveur, à Saint-Florentin, sont, comme on Ta vu, très-blan-
ches, et ne diffèient pas, minéralogiquement, de la véritable craie
blanche, tandis qu'au contraire, dans les Pyrénées, l'étage qui nous
occupe est bleuâtre, qu'à Tours il est jaune, qu'à Saintes et à Co-
gnac, jJ ressemble à ce qu'on a nommé Craie tufau. Il en résulte
«
V
CHAP. V. - VINGT-DEUXIEME ÉTAGE^^ SÉNOMEN. G6T
que, d'un côlé, l'on peut appeler, minéralogiquement, Craie blanche, des
étages bien différents par leur slratiflcalion et leurs faunes fossiles ; tan-
dis qu*en d'autres lieux, ce même horizon ne saurait plus être appelé
Craie blanche, attendu qu'il est de toute autre couleur, ou mémo à l'état
de grès. C'est pour obvier à ces inconvénients que nous lui avons
donné, en 1843, le nom d'étage sénonien, la ville de Sens, rantique
Senones, élaqt située précisément au milieu de la partie de Tétage la
mieux caractérisée.
§ *2310. Synonymie. Suivant les fossiles, c'est la Craie à Baculiies^
la Craie à Thëcidées, de M. Desnoyers
Suivant la superposilionj c'est le Terrain crétacé supérieur, la
Craie blanche, de MM. Elle de Bcaumont et Duftcnoy; c'est l'étage
sénonien^ d'Orbigny (1843).
Suivant la composition minéralogiqve^ c'est la Craie blanche de
Paris des géologues français, le Chalk de MM. de la Bêche et Phillips ,
VUpper-Chalk de M. Morris, la Kreide des Allemands, le Terrain
isémien pélagien de M. Brongniart, le Terrain super crétacé (partie
de Maestricht) de M. Huul, la Scaglia des italiens; les Sables d'Aix-
la- Chapelle t la Smectique de Verviers^ VArtiHe de Sirmich, le Tufau
de Maestricht, de M. d'Omalius d'Halloy ; V Obère KreidCfV Obérer Krei-
demergelyVUntere Kreide, et la Planer Kreide, de M. Rœmer; le Cal-
caire jaune et une partie de la Craie tufau de la Touraine ; le 1'^ Étage
calcaire jaune supérieur de la Dordogne, et le 2« Etage craie tufau
(Cognac, Saintes, Périgueux); la Craie grise , la Craie tufau d'Aix,
de M. d'Archiac. C'est la partie supérieure du Chalk- formation, de
M. Mantell (Sussex); le Bed of sand, with mariy iniermixture, et
VArgilaceous-Limestone de M. Haie (province d'Alabama), la Craie
chloritée, supérieure (partie) de M. Matliéron, l'Etage crayeux (partie)
de M. Cordier; \es systèmes Aachénien {regùràé comme de la formation
"waeldienne), Bervien, Sénonien et Maeslrichtien, àe M. Dumont, pour
les couches des environs d'Aix-la-Chapelle et de Maesiricht, où. malgré
la diversité de composition minéralogique, nous ne voyons, par les fos-
siles, qu'une seule et même époque.
Type français sous-marin : Epernay , Meudon , Sens , Vendôme,
Tours (tranchée de la roule de Paris), Royan(l), Cognac, Saintes;
Maestricht, Cypli.
§ 2311 . Extension géographique. (Voyez étage 2!2« de notre caite,
fig. 4b2.) Nous arrivons à l'horizon crétacé le plus vulgaire, sur certains
points, par sa nature minéralogique. En effet, il n'est pas un géologue
qui ne connaisse, en Fraiice, cette vaste extension de craie blanche qui
(l) Nou« l'avons aiii:ii classe «lès 18^:), PaUoutolone fraïuuise, t. Il, |i. 4lo.
668 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
couvre le nord et le nord-est du bassin anglo-parisien, et dont les limites
sont si bien représentées dans la belle carte géologique de MM. Dufrenoy
et Ëliede Beaumont. Nous allons, du reste» indiquer les limites géogra-
phiques de ces régions si connues, et ajouter beaucoup d'autres points
répartis sur les diverses parties du monde où nous avons reconnu
rétage sénonien, d'après Tétude stratigraphique et la faune qui le
caractérise. La mer de cet étage couvrait, en France, tout le centre da
bassin anglo-parisien, depuis Vitry-le-Français jusqu'aux côtes de la
Manche, et en Angleterre; de Tours jusqu'au cap Blanc- Nez (Pas-de-Ca-
lais). Bien qu'il soit recouvert au centre par les terrains tertiaires, il
n'en montre pas moins, çà et là, dans le fond des vallées, quelques par-
ties qui dénotent partout son existence. Sur le littoral de la mer, sauf
quelques légères interruptions, on le voit former la plus grande partie
des falaises de craie, depuis le Havre jusqu'à Étaples. Sa puissance est
immense à Étretat, à Criqueport, à Fécamp, à Dieppe, à Saint- Valery-
en-Cau\, à Montreuil et à Étaples; puis, après une interruption formée
par les terrains jurassiques du Boulonnais, on le voit reparaître au
cap Blanc-Nez. Indépendamment du littoral, il se montre dans la vallée
de la Seine, au-dessus de Rouen, aux Andelys, à Louviers, à Évreux,
à Mantes, à Meudon et à Marly, près de Paris; dans la vallée de Dieppe,
tout autour du lambeau plus ancien du pays de Braye, près de
Beauvais, de Chaumont, de Méru, etc.; dans les vallées de l'Arque, de
la Yères, de la Bresle, de Tréport, de la Somme, de l'Autle et de la
Canche. Maintenant, si nous continuons autour du bassin anglo-pari-
sien, nous le verrons former une large surface dirigée au sud-est. Dans
le Pas-de-Calais, elle passe par Béthune ; dans le Nord, à Douai, à
Cambrai : dans la Somme, à Péronne ; dans l'Aisne, à Saint-Quentin, à
Ribemont, à Vervins; dans les Ardennes , à Réthel, à Neufchâtel;.
dans la Marne, à Reims, à Chavot, à Ablois, près d'Épernay, à ChA-
lons-sur-Marne, à Vitry, à Sézanne ; dans l'Aube, à Arcis, au-dessus de
Troyes, à Nogent ; dans l'Yonne, à Sens, à Joigny. à l'ouest de Saint-^
Fargeau. Plus au sud, partout recouvert par les terrains tertiaires,,
l'étage sénonien se voit, néanmoins, dans le Loiret, au nord de Montargis,
à Châtillon. Bien qu'une légère différence de composition mlnéralogique^^
ait empêché de le reconnaître ailleurs, nous Pavons retrouvé, avec tou&
ses caractères, dans le département de Loir-et-Cher, à Saint-GerVais, prèft
de Blois, à Couture, à Montoire, à Vendôme, aux Roches, au Songé, etc.;^
dans l'Indre-et-Loire, à Tours, à la tranchée delà grande route de Paris,,
et sur une grande surface du cours de la Loire, en remontant ou des-^
cendant. La vallée de Saint-Christophe le montre aussi; et nous l'avons
encore revu au-dessus de Chinon ; dans la Sarthe, aux couches supé-
>eiires i\e Poncé, de Saintc-Cérottc, à Saint-Frimbault, à Saint-Ger-
CHAP. V. — VINGT-DEUXIÈME ÉTAGE : SÉNONIEN. 669
main, près de la Flèche ; dans TOrnc, dans le Calvados, à Honfleur.
Un petit lambeau se voit dans la Manche, à Sainte-Colombe, à Orglandes,
à GoUeville et à Frévilie, à la fosse de la Bonneville. Par les lignes que
nous avons suivies, on voit que l'étage sénonien forme un vaste cercle,
pour ainsi dire non interrompu, autour du bassin anglo-parisien , en
France, et que la répartition géographique en est la même que celle de
l'étage précédent ; seulement il se trouve toujours en dedans et plus au
centre du bassin.
La continuation du même bassin se trouve en Angleterre, où nous
voyons l'étage couvrir une vaste surface à Test, depuis la Manche jus-
qu'au Yorkshire. Ses hmites occidentales sont : le Dorseishire, le Wilt-
shire, le Berkshire, i'Oxfordshire, lé Buckinghamshire, le Bedfordshire,
le Cambridgeshire, le Norfolk et le Yorkshire. A Test, Tétage se cache
sous la mer, dans le Yorkshire, et sous les terrains tertiaires, dans le
Norfolk, le Suffolk, l'Essex; mais fait le tour des étages crétacés, plus
anciens, du Kent, du Surrey ei du Sussex, où se trouve la continuation
du Boulonnais et de la Belgique. En effet, par les fossiles, nous ne trou-
vons dans le vaste lambeau de la Belgique et de Maestricht que
rétage sénonien. Il s'étend sur la rive gauche de la Meuse, depuis
l'ouest, de Visé, par Halebaye, Nivelle, Lanage, le château de Castor,
jusqu'à Saint-Pierre de Maestricht, et de l'autre côté, à Aix-la-Chapelle,
et de là à Hervé. Ici, tous les terrains crétacés dépendent de cet étage,
quelle qu'en soit la composition niinéralogique; un petit lambeau se voit
encore à Cypli, près de Mons.
Dans le bassin pyrénéen, l'étage n'est pas moins bien tracé que dans
le bassin anglo-parisien, et avec les mêmes fossiles, comme nous l'avons
fait ressortir, il y a déjà plusieurs années, dans notre Paléontologie
française (1843), quoique jusqu'alors il n'ait été indiqué par aucun
géologue. Nous en avons d'abord reconnu un lambeau au Cob, île de
Noirmoutiers (Vendée). 11 forme ensuite une très -large bande, qui com-
mence dans la Charente-Inférieure, sur les coteaux maritimes compris
depuis la côte Nègre, à l'ouest de Royan, jusqu'aux falaises de Méehers
et de Talmont. Cette bande passe ensuite sur toutes les parties supé-
rieures de Pons, de Pérignac, de Saintes, de Cozes, de Mirambeau ; sur
tous les coteaux de la rive gauche de la Charente jusqu'à Cognac j
passe par Birac, par Barbezieux (Charente), et se continue dans la Dor-»
dogne, à Mamès, entre Périgueuxet Bergerac, à Riberac, à Beaumont,.
et sur beaucoup de points intermédiaires, tels que Sourzac, Montignac,
Saint-Crépin-de-Richemont, la Velssière, la vallée de la Couze, à La-
linde; tous les silex des environs de Lanquaisen dépendent (1). Pour
(1) C est le résultat du IraTail que nous avons pu faire sur les fossiles des sile^ recueillis far
670 QUATRIKMK PAKTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQIK.
témoigner que l'étage existe dnns le bassin, sous les terrains tertiaires,
nous en vovons sursir un lamlieau sous forme de craie marneuse, mais
avec les Ananchyles ovata ii), si connus à Paris, à Viilagrains, à trois
kilomètres sud de Bordeaux, dans les Landes, peu loin de Dax, à Ter-
cis, à Rivières et à Lesperon. Nous retrouvons encore Tétage sur le
versant septentrional des Pyrénées, dans les couches inférieures de Bi-
dart (Basses-Pyrénées). Sur le versant espagnol, nous l'avons parfaite-
ment reconnu dans les couches à Inoceramus, que M. de Verneuil a
trouvées suV l'étage turonien, au phare de Saint-Ander. Il existe encore
dans le Portugal, près de Figueiras, à Sabero, dans le royaume de Léon,
également sur Tétage turonien. Des lambeaux isolés, reconnus, l'un
dans Je Gers, près d'Aueli, sur des fossiles recueillis par M Dupuy. et
un autre dans la Haute-Garonne, à Gensac, prouvent que l'étage cou-
vrait l'emplacement actuel des Pyrénées.
Dans le bassin méditerranéen, nous en avons reconnu beaucoup de
lambeaux isolés qui témoignent de son existence sur l'étage turonien.
11 forme les dernières couches crétacées, dans l'Aude, entre les bains de
Rennes et la source salée, près de Sougraigne, entre Bugarach e(
Souhidge. Dans le département de Yaucluse, les couches à iignites de
Pioienc, de Mondragon, en dépendent, ainsi que les couches supérieures
à Osirea Maiheroniana de la Fare, du gros et du petit Piroou, près
de Martigues, et de l'autre côté, sur l'étang de Bère, de Fondouille, près
de Gignac, de Mazargues, les couches supérieures de Figuières (Bou-
ches-du-Rhône). Les couches supérieures de la Cadière, du Plan-
d'Aups, de la Sainte Bea urne, du Mas, des Ferres, et surtout le quartier
du Cas, près du Beausset (Var). Nous avons encore reconnu un lambeau
au nord-est de Saint-André-de-Méouilles, au sommet de la montagne,
sur la rive gauche du Verdon (2) M. Murchison l'a reconnu sous l'étage
nummulitique, à Thones (Savoie); à Battenberg, sur les bords du lac de
Lucerne, près d'Appenzell, à Weissbad. dans les Alpes méridionales et le
Vicentin, à Ronca, au mont Bolca, au val d'Urgana, au nord de Saint-
Orso; dans les Carpathes.
Par cet exposé rapide de l'étage sénonien en France, on peut juger
qu'il ne s'est pas déposé seulement aux régions septentrionales du bassin
anglo-parisien , mais aussi dans les bassins pyrénéen et méditerra-
néen.
M. Des Moulins. C'osI, en tout, l'étage de Royan et de Maestncht, et nnlleinenl l'étage danien, roinin«;
MM. Desor et Deit Moulins l'ont pense.
(1) Nous devons à MM. de Cullignu et Delbos les Tos^iles qui nous ont amené à cette conclu-
sion.
{*) On trouve sur ce iiuinl V Àimnchytes onilus, le Mtcraster cur-an^uiiiuiii, el plusicur* autres
fosgilei caractcniliqum.
CHAP. V. — VINGT-DEUXIÈME ÉTAGE : SÊNONIEN. 671
Il n'y a pas de doute que le bassin méditerranéen ne se continue en
Italie. Nous connaissons, en effet, l'étage à Monte dl Magre, dans le Vi-
centin, aux environs de Padoue, dans les monts Euganéens.
Un lambeau, dirigé E. et 0,, commence, dans la Westphalie, au nord
d'Essen, passe au nord de Bockun, Dortmund, à Unna, à Soest, et jus-
qu'au Hanovre, à Peine. L'étage est très -développé en Saxe, à Schan-
dau, et surtout dans la Bohême, où il couvre d'immenses sur.'nces,
principalement à Postelberg, à Preisen, à Worisbohla, à Kystra, à WoU
lemtz, à Luschùtz, à Meronilz, à Trziblitz, à Kulschlen, à Bilin, etc.
De vastes lambeaux couvrent le Palatinat, de Lublin à Léopold; la Po-
logne, à Krakau, à Sandomir, à Lubin, à Letiham, à Krzeminice. En
Autriche, nous avons la certitude que l'étage existe dans le Tyrol, à
Gozau, si bien étudié par MM. Sedgwich et Murchison, àSonnenwend-
Joche, à Neustadt, à Abtenau. On le trouve dans In Mingrélie, à Saie-
sini ; sur une partie de la Circassie et du Caucase, dans la Géorgie ; sur
toute la partie méridionale de la mer Noire ; dans la Bulgarie, la Ser-
vie, la Valachie, la Transylvanie, la Voihynie, la Gallicic, à Lemberg
(M. de Haucr), et la Podolie, à Makow, à Zloczow, d'Olesko à Podhorec.
Un lambeau existe en Crimée, à Bagtchéserai, d'où M. Hommaire de
Hell nous a rapporté des fossiles, et à Sévaslopol. D'autres vastes lam-
beaux couvrent, en Russie, une partie des gouvernements de Tcher-
nigof, d'Orel, de Kursk, de Kharkof, de Woroneje; du pays des Cosa-
ques, de Saratof, de Simbirsk ; une autre bande, dirigée est et ouest,
s'étend dans le gouvernement d'Orembourg, jusqu'à l'extrémité sud de
rOurai. En Suède, il en existe des lambeaux à l'extrémité sud, princi-
palement à Baisberg, à Oldcmbourg, à l'ile Difo, à Kopengemolla, à
Ignaberga, à Stad, àJutland, à Kœpenge; dans le Danemark, à Sterens-
klint, et à l'île de Moen.
Nous avons reconnu, par les fossiles identiques et l'ensemble de la
faune, que tous les terrains crétacés de l'Amérique septentrionale, dont
M. Morton a si bien décrit la faune, et dont nous avons pu, grâce aux
communications de MM. Haie et Siliman, comparer beaucoup de types,
dépendent de l'étage sénonien, et non des grès verts, auxquels on les
avait rapportés, par suite de fausses identifications. Un lambeau N. E.
et S. 0. se voit dans le New-Jersey, à Gloucester-County, à Montmouth,
^ Barlington, à Bordentown, etc., etc.; dans le Delaware, au canal de
Chesapeake, et à Saint-Georges; dans le Marylnnd. à Annapoles, au
fort Washington. Un autre lambeau, dirigé N. et S., se voit dans la Vir-
ginie, à James-River; un lambeau très-petit dans la Carolinedu Nord, près
(le Wilmington, au cap Fear -River, au cap Hatteras, à Ashwood. Deux
petits lambeaux existent dans la Caroline du sud, à Charlestown, à Eu-
tnw-Springs, sur la Pédée, h Nelson's, sur la Santie, sur le Lynch's-
672 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Creek ; deux autres dans la Géorgie, à Édesto, près de la rivière Sa-
yannali, à Sonder ville. Après ces restes d'un grand tout, les terrains
crétacés commencent une vaste surface, qui s'étend de la Géorgie jus-
qu'au Texas, et de JaclLson au Tennessee. Dans TAlabama, notamment à
Prairie-Bluff, à Green-Couniy, entre Portland, Caha^ba et Montgo-
mery ; dans le Mississipi, depuis Jackson, en suivant le cours du Missis-
sipi jusqu'au Tennessee, à Chickasawfleld, etc., etc 11 continue de Tautre
côté du Mississipi, dans la Louisiane; on le volt principalement entre
Alexandrie el Nachiloches, à Wachita ; dans l'Arkansas, sur le plateau
calcaire à Red-River, près de sa jonction avec le Kiameska, au fort
Gibson. Un autre lambeau se trouve sur le Missouri, au 43<> 40' de lat.
Des fossiles rapportés du Texas, de Friedrichsburg et de New-Braunfels,
par M. Rœmer, nous ont paru dépendre de l'étage. Nous l'avons en-
core reconnu sur des fossiles des montagnes rocheuses, commoni-
qués par M. Silliman. Par les fossiles recueillis dans la Cordillère
d'Anahuac, à 12 lieues 0. N. 0. de Tehuacan, département de Puebla,
au Mexique, par M.Galeotti, et rapportés, à tort, aux terrains jarassl-
ques, nous avons la certitude que l'étage s'y continue sans Interraption.
En reliant tous ces lambeaux, on aurait l'ancien littoral de la mer aé-
nonlenne, dans l'Amérique septentrionale, sur une étendue de 35* en
latitude.
D'après des fossiles nombreux, dépendant certainement de la fanne
sénonienne, dont quelques-uns identiques aux espèces de France, qui
nous ont été donnés par M. l'amiral Cécile, et par ceux qu'ont recueillis
MM. Hombron et Leguilloux, nous avons positivement reconnu qu'un
lambeau assez considérable de J'étage sénonien existe à l'ile de Kiri-
quina, près de Concepcion, sur la côte méridionale du Chili.
M. Fontanier ayant depuis longtemps déposé au Muséum une belle
collection des fossiles de Pondichéry,de Verdachellum et de Trinchinopo-
lis (Indes orientales), nous avons pu nous livrer à un travail d'ensemble
qui nous a fait reconnaître, indépendamment de caractères nombreux
d'analogie, un bon nombre d'espèces identiques avec la faune séno-
nienne de France, comme on le verra plus loin. M. Forbes, s'occupant
en même temps d'un travail sur les fossiles recueillis dans les mêmes
lieux par MM. Kaye et Ciinliffe, et d'après des identifications que nous
avons reconnues inexactes, rapportait l'ensemble à l'étage néocomien,
avec lequel la faune n'a que des rapports éloignés. On pourrait penser
qu*un autre lambeau se trouve à l'ile de Java ; au moins des fossiles
recueillis par M. Hier nous feraient arriver à cette conclusion. Ils sont
identiques à ceux de Pondichéry.
En résumé, l'étage sénonien s'étendrait de la zone torride au36« degré
de latitude méridionale et au 56^ de latitude boréale, en faisant, en
CHAP. V. - VINGT-DEUXIÈME ÉTAGE : SÉNONIEN. 673
longitude, presque le tour du monde. On peut, dès lors, en apprécier
toute ri mpor tance.
§ ^312. StratîEoation. [Voyez Véiage 29 de nos coupes fig, 393, 428,
499, 615, 530, 564 et 595.) Sur tous les points du bassin anglo-parisien,
où nous avons pu voir les couches inférieures, l'étage sénonien repose
directement, en stratification concordante, sur Tétnge turonien. Ce fait,
constaté au nord et à Test du bassin, nous Tavons encore reconnu dans
le sud-ouest et l'ouest, dans tous les départements de la Touraine, de
la Sarthe, de l'Orne et du Calvados. Les parties sud-ouost du bassin py-
rénéen, de la Charente à la Dordognc, sont dans le même cas, ainsi que
l'autre côté espagnol dans les provinces de Saint- Ander et de Biscaye II
en est de même, dans le bassin méditerranéen, des couches des Corbières,
du Gros et du Petit Piroou, près de Martigues, du Cas au Beausset. En
Angleterre et en Allemagne, la même concordance existe, et cette cir-
constance donne la preuve que Tétage sénonien a bien succédé réguliè-
rement, dans l'ordre chronologique, à l'étage turonien qu il recouvre sur
tous les points où il n'y a pas de lacunes.
§ 2313. Tels sont les résultats auxquels nous sommes arrivé par la
stratification, et l'étude des faunes; mais, si la superposition immédiate
des deux étages peut également faire arriver à cette conclusion, sur le
sol de la France, il n'en est pas ainsi des autres points. Cette stratification
reste entièrement muette, et même peut induire en erreur, lorsqu'il
manque un si grand nombre d'étages intermédiaires, comme au nord et
au sud de la Russie, au Chili, dans l'Amérique septentrionale, dans
l'Inde, où l'étage repose sur l'étage devonien, sur l'étage oxfordien, ou
même sur les roches azoiques, et alors la paléontologie seule peut arriver
aies classer dans leur véritable horizon géologique. Cela est si vrai, que
les terrains crétacés de la Russie n'ont été placés dans la craie blanche
que par l'élude des fossiles, et par la nature de craie blanche que le ha-
sard conservait à ce lambeau ; mais lorsque, par exemple, les couches
crétacées ont montré des caractères minéralogiques différents, comme
dans l'Amérique septentrionale, dans l'Inde, et nous dirons même dans
l'ouest de la France, dans les Pyrénées, et en Allemagne, leur horizon
na pas été défini d'une manière satisfaisante, et reste, jusqu'à ce jour,
presque dans le vague, au milieu des terrains crétacés de notre Europe.
§ 2314. JNsoordanoes. Les considérations dans lesquelles nous
sommes entré à la discordance de l'étage précédent (§ 2286) nous dis-
pensent d'insister davantage sur les limites stratigraphiques qui sépa-
rent l'étage turonien de celui-ci. Si, en effet, l'étage sénonien n'était pas
tout à fait distinct de l'étage turonien, les deux se trouveraient partout
dans les mêmes conditions géologiques, et l'étage sénonien ne montre-
rait pas de dépôts considérables tout à fait indépendants. Nous croyons
II. ^i'V
074 QUATRIKMK PARTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUK.
donc que la stratiflcalion aussi bien qae les caractères paléontologiques
séparent nettement ces deux étages, quoiqu'ils soient en relation concor-
dante en France.
§ 2315. Les limites stratigraphiques supérieures qui séparent l'étage
sénonien de l'étage danien ne sont que trop nombreuses, puisqu'à l'ex-
ception du centre et des régions orientales du bassin anglo-parisien où
l'on trouve l'étage danien. et du lambeau de la Suède, il manque sur
tous les autres points indiqués à l'extension géographique de l'étage sé>
nonien. La discordance d'isolement, qui a fuit manquer l'étage dànlen
sur l'étage sénonien, existerait donc, pour tout le reste du monde ; et
nous n'avons pas besoin, dès lors, d'insister davantage pour démontrer
la valeur des limites stratigraphiques supérieures de cet étage, trop pro-
noncées pour que beaucoup d'explications soient nécessaires.
La tin de l'étage sénonien est encore marquée par de profondes dis-
cordances de dénudations, qu'on retrouve sur beaucoup de points du
bassin nnglo-parisien, et surtout par le morcellement de Tétage dans
le bassin méditerranéen et aux l*)tals-Unis.
§ 231^. Déductions tirées de la position des couches. L'étage
sénonien se trouve tout autour du bassin anglo-parisien, où générale-
ment les couches plongent légèrement vers le centre du bassin, au
nord, à l'est, au sud- ouest et à l'ouest ; tandis qu'au centre elles sont,
pour ainsi dire, horizontales, quand elles n'ont pas subi de légères dis-
locations. On peut donc croire qu'elles sont encore, à peu d'exceptions
près, telles qu'elles se sont déposées dans un bassin encore intact , et,
pour ainsi dire, tel qu'il était. Les parties nord du bassin pyrénéen, de
l'embouchure de la Charente jusqu'à la Dordogne, sont aussi à peu près
dans l'état où elles se sont déposées et sans beaucoup de dérangement
postérieur. H n'en est pas ainsi des couches sénoniennes des basses
Pyrénées delà province de Saint-Ander, de l'Aude, et de tout le poortoar
du bassin méditerranéen. Là les couches ont été plus ou moins dislo-
quées avec les étages crétacés sous-jacents , dont elles suivent les
allures.
§ 2317. Composition minéralogique. Nous trouvons, pour cet étage,
que si une grande uniformité de composition minéralogique a, sur
quelques points, facilité la reconnaissance parfaite des couches séno-
niennes, cette même composition minéralogique a empêché, au contraire,
(le la reconnaître sur beaucoup d'autres. Nous en citerons quelques
exemples : Sous la forme de craie blanche fine, marneuse ou non, sou-
vent remplie, par bancs, de rognons de silex. Pelage est parfaitement ca-
ractérisé, dans tout le nord et l'est du bassin anglo-parisien en France et
en Angleterre. Ce même caractère minéralogique existe encore au sud de
la Hussie, et Unn le monde a reconnu son identité. Mais comme l'étage,
CHAP. V. - VINGT-DKUXIÈME ÉTAGK : SÉNOMKN. 675
à la partie occidentale du bassin anglo-parisien, élait, au contraire,
formé à Tours, à Saint-Christophe, dans le Loir-et-Cher, de craie jaune
ou chloritéc remplie de polypiers, de débris de coquilles; dans la Sarthe,
de craie marneuse blanche; dans la Charonte-lnférieure, la Charente et
la Dordogne, de craie blanche ou jaune, soit marneuse, soit compacte,
remplie de Rudiolites; à Tcrcis, dans les Basses -Pyrénées, et dans les
Basses-Alpes, d'une craie marneuse grise; dans les Corbières, soit
d'argile noirâtre, soit de grès ferrugineux ; dans les Bouches-du-Rhône,
d'une couche marneuse, ou de lignites : bien qu'elle occupât, sur tous ces
points, la même position géologique, elle a été presque toujours mécon-
nue. Partout ces lieux, que leur stratigraphie place sur le même niveau
que la craie blanche de Paris, contiennent, de plus, les mêmes restes
organisés, suivant le niveau qu'ils occupaient dans les anciennes mers
sénoniennes ; et rien, à l'exception du caractère minéralogique, ne peut
les distinguer des autres. Dans l'Amérique septentrionale, ce sont des
grès ou des calcaires superposés ; au Chili, des grès noirâtres quartzeux ;
dans rindc, des grès rougeâtres. C'en est assez, peut-être, pour prouver
que l'étage sénonien se montre sous plusieurs formes minéralogiqueset
pourtant contemporaines.
§ 3318. 11 nous reste à dire un mot des bancs de silex si répandus
dans le bassin parisien. Dans la craie, sMls conservent, sur quelques
points, leur même niveau géologique aux parties supérieures de l'étage,
ils sont, au contraire, répartis au Havre, par exemple, jusqu'à l'étage
cénomanien. C'est donc encore un très-mauvais horizon géologique,
d'autant plus que les silex manquent sur une inQnité d'autres points où
l^étage est, néanmoins, très-bien caractérisé, et qu'ils se rencontrent
même dans Içs terrains jurassiques.
§ 23l9. Puissance connue. L*étage paraît atteindre près de lOO mètres
de puissance à Saini-Ander, et une puissance encore plus grande existe
au milieu du bassin anglo-parisien, par exemple dans les falaises de la
côte maritime de la Seine- Inférieure, près de Fécamp, et même à Paris,
où le puits artésien pourrait faire croire à au moins 300 mètres d'épais-
seur.
§ 2320. Déductions tirée* de 1* nature des sédiments et des
fossiles. La composition des sédiments nous fait arriver, pour l'étage
sénonien, aux mêmes conclusions que pour l'étage turonien.
Points sous -marins profonds des mers sénoniennes. Dans le bassin
anglo-parisien, nous voyons la craie blanche du nord et de l'est, do-
pais le Pas-de-Calais ; le Nord, à Cambrai ; l'Aisne ; la Marne, à Reims,
à Épernay et ses environs, comme à Ablois, à Chavot, à Chàlons, à
Sézanne; dans l'Aube; dans l'Yonne, à Sens, ù Joigny, composée
84'ulement d'un faciès sous-marin déposé bien au-dessous du balance-
676 QUATRIEME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ment des marées, avec sa faune de rigueur, formée de Bryozoaires,
de Bracbiopodes , de Foraminifères , d'Écbinodermes échinidea et
crinoïdes. presque exclusivement. Le milieu du bas«in, dans la Seine-
et-Oise, à Meudon ; dans l'Oise ; dans la Seine-Inférieure, depuis le
Havre, Fécamp, Dieppe, jusqu'à Abbevilie, offre encore, et l'on devait
s'y attendre, des dépôts absolument analogues. Nous aurions donc
de Paris à Douai, ou de Fécamp à Yitry-le-Français, partout des dépôts
sous-marins déposés au fond d'une mer tranquille, et ne contenant
aucune coquille flottante. On peut, alors, se demander si cette mer avait
ou non des coquilles flottantes et où étaient ses côtes ? La rencontre
faite par M. Dutemple, aui environs d'I^pernay, d'un bec de Nautile
nous donnait la certitude que la mer sénonienne avait des coquilles
flottantes, bien qu'aucune n'existât de ce côté du bassin. 11 fallait un com-
plément à ces mers sans côtes ; et nous l'avons rencontré, comme on le
verra, au sud-ouest du bassin, où des dépôts côliers renferment ces
coquilles flottantes dont le bec seul se trouve dans les dépôts sons-
marins. Les dépôts d'Angleterre semblent être comme ceux que nous
venons de décrire, ainsi que quelques couches du sud-ouest du même
bassin, comme à Vendôme, à Montoire, à Saint-Gervais-de-Blois (Loir*
et-Cher), quelques couches de Tours, de Saint-Cliristophe (Indre-et-
Loire). Dans le bassin pyrénéen, nous trouvons des dépôts du même
niveau, dans la Charente-Inférieure, à Royan, à Méchers, à Talmont,
à Cozes, à Mirambeau, à Pérignac, à Saintes, etc. ; dans la Charente, à
Cognac; dans la Dordogne, àMontignac, à Lalindo, dans la vallée de
la Couze ; dans la Vendée, au Cob, île de Noirmoutiers : dans le bassin
méditerranéen, à Saint-André-de-Méouille (Basses-Alpes) ; dans le Var,
au Cas, près du Beausset ; dans les Bouches-du-Rbône, à Masargues, à
Fignières, au Gros el au Petit-Piroou, près de Martigiies.
Parmi ces points, on remarque suilout, par l'assemblage des Radio-
lites en place, telles qu'elles ont vécu, et formant presque un récifsous-
marin (§ 2292), les localités suivantes : dans le bassin pyrénéen, Royan,
Méchers, Talmont, la vallée de la Couze, la Vache-Perdue; dans le
bassin méditerranéen, le Gros et le Petit-Piroou, près de Martigues,
le Cas, près du Beausset, etc.
§ 2321 . Point* Httoraux des mers sénoniennes. Le mélange de nom-
breux débris de végétaux joints à beaucoup de coquilles évidemment ma-
rines, telles que des GerviUoy des Turritella, etc., nous fait regarderies
dépôts à lignites de Mondragon (Vaucluse) et de Martigues comme de
véritables dépôts côtiers, faits au niveau supérieur des marées. La pré-
sence de coquilles flottantes nous ferait encore regarder comme dépôts
de même nature ceux, dans le bassin méditerranéen, de Sougraigne,
de Souiadge {Auàé) . La rencontre de coquilles flottantes (ilmmont'fer,
CHAI>. Y. — VINGT-DEUXIEME ÉTAGE : SÉNONIEN. G77
NautHus et Baculites), réunieB, dansdes sédiments grossiers, aux autres
fossiles de la craie blanche du nord de la France, dans quelques couches
spéciales, h Viliedieu (Loir-et-Cher), à Tours, à Saint-Paterne, à Saint-
Christophe (Indre-et-Loire), à Saiiit-Frimbaull (Sarthe), àGoUeville, à
Fréville, à Couture, à Sante-Colombe (Manche), nous a démontré que
ces couches du bassin anglo-parisien étaient réellement côtières. Nous
avons donc réuni les anciennes mers sénoniennes du nord à leurs côtes
occidentales, et, dès lors, ces vastes dépôts sous-marins ont des limites.
Néanmoins, les côtes septentrionales et orientales manquent toujours ;
et ont, sans doute, été enlevées par des dénudations postérieures, lors
des perturbations géologiques.
§ 2323. Tout le monde a remarqué les bancs de silex qui occupent les
parties supérieures de l'étage sénonien ; mais ces silex, loin d'être spé-
ciaux à la craie blanche, se trouvent à beaucoup d'étages géologiques
différents. Nous les avons cités dans l'étage carboniférien, et nous les
avons rencontrés, successivement, dans les étages toarcien de Sainte-
Honorine, de Thouars; bajocien de Poitiers; cailovien de Grasse;
oxfordien de Châtel-Censoir ; corallien de Trouville ; dans les terrains
jurassiques ; dans presque tous les étages crétacés ; et partout nous
avons reconnu un seul et même fait dans leur mode de formation.
Les silex ne sont point des cailloux roulés, placés dans les couches
par les eaux ; ils nous paraissent être le résultat d'une infiltration
de silice dans les couches, bien postérieurement à leur dépôt. Voici,
du reste, sur quoi nous fondons celte opinion. Étudiés avec soin, les
silex offrent, dans leur contexture siliceuse, absolument les mêmes
espèces de fossiles, ni plus ni moins nombreuses que dans la craie envi-
ronnante. Les gros oursins, les bivalves saillent souvent en dehors; les
Foraminifères et les Bryozoaires de la craie se montrent partout dans
leur pâte, sans qu'évidemment formées par l'action des eaux, comme
les sédiments sous-marins actuels, les couches qui les renferment soient
en rien dérangées par leur présence, pour ainsi dire répartie au hasard.
Les silex ne paraissent, dès lors, que des parties de la masse crayeuse,
transformées sur place en silice, comme nous le voyons pour certaines
coquilles des mêmes couches. Les causes de transformation qui expli-
quent le changement des coquilles calcaires en silice pourront, nous le
pensons, expliquer aussi la formation des silex de toutes les couches
géologiques.
§ 2323. Otoillationfl du toi. Si la conservation des points littoraux
à l'ouest et au sud- ouest de la France est pour nous un signe certain
d'oscillations, nous en aurons encore une preuve par ces bancs remplis
de coquilles flottantes, et évidemment déposés au niveau supérieur des
marées, que recouvrent des bancs sous-marins caractérisés par leurs
678 QUATRIfiJUl!; PARTII;:. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
nombreux Bryozoaires, comme nous Tavons reconnu à Tours (à là
tranchée de Paris), à Sainl-Paterne et à Saint-Christophe (Indre-et-
Loire).
§ 2324. PerturlMitioii finale. Le morcellement de l'élage sur la côte
orientale de l'Amérique septentrionale, le manque de côtes aux régions
nord et est du bassin parisien, annoncent un grand mouvement des eaux
après la fin du dépôt sénonien, qui, peut-être, coincide avec la perturba-
tion finale. Un autre fait annonce un changement de niveau entre la fin
de rétage sénonien et l'étage danien. Nous avons dit qu'à Meudon, dans
l'Oise et dans la Marne, tous les derniers dépôts sénoniens sont sous-
marins et des mers profondes. Les dépôts daniens qui les recourrent
sont, au contraire, faits sur la côte ou près de la côte ; car ils contien-
nent un grand nombre de Gastéropodes, de Lamellibranches et même
des coquilles flottantes. On voit qu'une surélévation, qui a déterminé un
mouvement dans le niveau des eaux, a évidemment eu lieu sur ces
points entre la fin de l'étase sénonien et le commencement de l'étage
suivant, qui peut encore coïncider avec la perturbation finale.
§ 2325. Caractères paléontologiques. Les caractères de la faune
sont encore, quoique sur une plus vaste échelle, peu différents de ceux
de l'étage turonien (§ 2296.) Peu d'espèces se continuent de l'époque
précédente à celle-ci ; il en résulte qu'à côlé d'une disparité presque
complète des espèces les genres ont encore de l'analogie. Nous y voyons
naître, cependant, 8i genres inconnus aux étages inférieurs; et, parmi
ceux-ci, les premiers Poissons cycloldes et cténoïdes. Sur ces 81 genres,
42 s'éteignent dans l'étage. 11 n'y a donc que 39 des nouveUes
formes animales de cette période qui persistent. Sur ce nombre, nous
y voyons naître quelques genres plus spéciaux aux terrains tertiai-
res qui commencent à paraître; mais ce nombre est loin d'être compa-
rable au nombre des genres qui disparaissent à la fin de cette période;
car, avec les 42 genres déjà cités, nous trouvons, comme s'éteignant
encore, 80 des genres préexistants, si caractéristiques des terrains cré-
tacés, ce qui élève à 122 le nombre des genres qui finissent leur exis-
tence avec l'étage sénonien. Ce caractère prouve, plus que tout le reste,
qu'à la fin de cet étage les terrains crétacés entrent dans une grande
période de dégénérescence de formes zoologiques, annonçant la fin de
cette grande époque de l'animalisation du globe.
§ 232G. Caractères négatifs tirés des genres. L'étage sénonien a
pour caractères négatifs, avec l'étage précédent, les 97 genres (§ 2300)
que nous avons vus naître el périr dans l'étage turonien, sans passer à
celui-ci, ou qui, nés dans les àgespassés, s'éteignent encore dans l'étage
turonien.
§ 2321, Les limites négatives entre l'étage sénonien et l'étage danien
GHAP. V. - YINGT-DbUXlÈMK ÉTAGfc: : SÉNONIEN. 679
ne consistent qu'en 2 genres, Tun de Gastéropodes, ie genre Fascio-
laria. et l'autre d'Échinodernics, Echinolampas, qui, encore inconnus
à la période dont nous nous occupons, ne paraissent qu'à l'époque
suivante.
§ 2328. Caractères positifs tirés des genres. Ges caractères r.oiis
sont donnés par les genres qui, encore inconnus aux étages inférieurs,
naissent, pour ia première fois, avec l'étage 6énonien,etdès lors peuvent
le distinguer nettement de ces étages inférieurs. Ges genres, au nombre
de 8i, sont ainsi répartis dans les classes : parmi les Oiseaux, le genre
Scolopax; parmi les Reptiles, les genres Leiodorif Mesasaurus et Cro-
codilus; parmi les Poissons, les genres T/iye^hna, ScylliSdus, Lamma,
Galeocerdo, Corax, Zygœna, Carcharias, Dercetis^ Acrotemnus^ Acro'
gasterf SphenocephaluSy Optopteryx^ HaleCj Aul Aepis, Acrognathus,
Osmeroides, Osmerus, Isticus, Cladocyclus^ Saurodon, Saurocephalus,
Hypsodon, Tetrapterus et Enchodes ; parmi '/s Grustacrs, les genres
Scyllarus et Callianassa ; parmi les Gastéropodes, les genres rhorus,
Conus, Pleurotoma, Murex et InfundibtUum ; parmi les Bracliiopodes,
les genres Magas, Fissurirostra et Megathiris; parmi les Bryozoaires, les
genres Replocelleporaria, Lunulites^ Cupularia^ Pyripora^ Reteporidea
et Hireiepora; parmi les Échiriodermes, les genres tiemipneustes^ Anan-
chytes, Sucleopygvs, Ophicomat Conoclypus^ CassiduluSj Fibulariat
EchinocyamuSj Comptowat Marsupites et Bourgueticrinus ; parmi les
Zoophyles, les genres Cyathina^ Cyclosmilia, Synhelia, Actincbstrea,
Placocœnia, A strea et Actinhelia; parmi les Foraminifères, les genres
Siderolina, Verneuilina , Gaudryna , Faujasina^ Globigerinay Trun-
calulina, Rosalina^ Valvulina^ Uvigerina, Pyrulina^ Sagrina et Am~
phistegiria ; parmi les Amorphozoaircs, les genres liett^pon^i'a, CcbIo^-
ptychium^ Camerospongiay Rhysospongia^ Pleurostomay Turonia et
Guettardia, Get ensemble considérable de formés animales, qui naît dans
l'étage sénonien fait apprécier l'Importance des caractères paléontolo-
giques qu'on peut invoquer pour le distinguer, et la source de ce faciès
spécial que prennent les faunes, par suite de changements aussi consi-
dérables.
§ 2329. Sur ce nombre, 42 genres, cessant d'exister dans l'étage sé-
nonien, formeront autant de caractères positifs pour le distinguer des
étages supérieurs où ils manquent. Ges genres sont ainsi répartis dans
les diverses séries animales : Parmi les Reptiles, le genre Leiodon;
parmi les Poissons, Thyellinat Scylliodus, Dercetis, Acrotemnus,
Acrogaster, Sphenocephatus, Halec, Aulolepis, Aerognathus, Osme'
roidesy Isticus, Cladocyclus, Saurodoriy Saurocephalus et Enchodes;
parmi les Brachiopodes, les genres Magas et Fissurirostra ; parmi les
Bryozoaires, (es genres Reteporidea et Biretepora ; parmi les Échino-
680 QUÂTRlÈMIi: PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
dermes, les genres Hemipneustes, AnanchyUSf Nueleopygus, Ophicoma,
Marsupites et Bourguetierinus ; parmi les Zoophytes, les genres Cy-
elosmilia f Synhelia, Aclinasirea ^ Placoeœnia et Aetinhelia ; parmi
les Foraminifères , les genres Siderolina, Verneuilina, Gaudryna et
Favjasina ; parmi les Amovphozoaires, les genres Retispongia, Cœlo-
ptychium, Camerospongia, Rhysospongiay Pleurostoma et Turonia,
Si l'on ajoute à ces 42 genres les 80 genres suivants» qui, nés antérieu*
rement , se sont également éteints dans l'étage sénonien , sans passer
à l'étage danien : parmi les Poissons, les genres Acrodus, Onchm,
HyhoduSy Pgitiacodon, Macropofna, Cuturus, Belonostomus ; parmi les
Céphalopodes* les genres Ammonites, Turrilites, Helicoeeras, Uamites,
Heterocerat, Plychoceras, Baculitesy Scaphites et Rhynchoteuthis ;
parmi les Gastéropodes, les genres Spinigera, Nerinea, Varigera, A-
vellana, Colombellina, Globieonckay Pterodonta et Acteonella ; parmi
les I^amellibranches^ les genres Opis, GerviUa , Isoarca, Inoeeramui
et Pulvinites; parmi les Brachiopodes, les genres RadiolUes, Caprotina,
Hippuritês et Biradiolites; parmi les Bryozoaires, les genres Chry-
saora, Diastopora^ Bidiastopora, Reticulipora, Criœpora, Peripora
et Osculipora, etc ; parmi les Échinodermes, les genres Acroura, Pa-
ÎCBOcoma, Polycyphus, Glypticus, Holaster, Pygaulus, Goniopygus,
Salenia, Catopygus, Galerites^ Discoidea, Caratomus et Cyphosoma ;
parmi les Zoophytes, l'es genres Centrastrea, Cryptacœnia, CœlosmiUa,
Ditcopsammia, CycloliteSf Placosmilia et Diploclenium ; parmi les
Foraminifères, les genres Lituola et Flaheliina; parmi les Amor-
phozoaires, les genres Sparsispongia, Amorphospongia^ Stellispongia^
Cupulnspongia, Verrucospongia, Forospongia, Cnemidium, Chenen-
dopora, Jerea, VerticiUites y Coscinopora, Oeellaria, Siphonia^ Mar-
ginospongia et Plocoscyphia, nous aurions i22 genres pouvant donner
des caractères positifs, entre les étages sénonien et danien ou les ter-
rains tertiaires.
§ 2330. Caractères paléontologiquec tirés des etpèoes. Sans,
compter quelques centaines d'espèces d'Animaux vertébrés et annelés,
dont nous ne produisons pas le chiffre exact, nous connaissons, en Ani-
maux mollusques et rayonnes de cet étage, le nombre énorme de
1579 espèces, dont nous donnons, dans notre Prodrome de Paléanto^
logie stratigraphiqtAe (tome 2, p. 300 et suivants), les noms discatés,
la synonymie et presque toutes les localités où chacune d'elles a été
recueillie (1). Si, sur ce nombre, nous ôtons les 2 espèces communes
avec l'étage turonien (§ 9301), et les 3 espèces indiquées, à tort ou à
(!) l'oyez^ ponr les espèces de France, noire PnlèQutologie française, terrains crétacés, où SMil
figurées et décrites les espèces de Céphalopodes» de Gastéropodes, de LAinellibrBDCh«», de Bra-
chiopodes et de Bryoïoaircs.
CHAP. V. - VINGT-DEUXIÈME ÉTAGE : SÉNONIEN. 681
raison, comme communes avecyétage danien, le Belemnitella mucro-
nata, le Baculites Faujasii et le Fusus Neptuni^ il nous restera encore
1674 espèces caractéristiques, propres à faire reconnaître partout l'étage
qui nous occupe, quelle qu'en soit la nature minéralogique.
§ 2331. En parcourant notre Prodrome de Paléontologie stratigra-
phique, on pourra s'assurer, par les localités qui sont indiquées aux
espèces, que tous les points que nous citons à l'extension géographique
de rétage contiennent beaucoup des mêmes espèces, chaque fois que
les mêmes circonstances de dépôt se présentent. On verra que toutes les
localités de France que nous indiquons, aussi bien dans le bassin
anglo-parisien que dans les deux autres, comme des dépendances de
l'étage sénonien, contiennent des espèces qui se retrouvent soit en An-
gleterre, soit à Maestricbt, soit à Aix-la-Chapelle, soit enfin en Alle-
magne et en Russie; dans l'Amérique septentrionale, au Chili ou dans
rinde. Qu'on prenne l'étage en France, en Russie, en Espagne, aux
États-Unis, dans l'Amérique méridionale ou à Pondichéry, on trouvera
partout, avec un ensemble analogue bien caractérisé, un plus ou moins
grand nombre d'espèces identiques communes, qui témoignent de leur
parfaite contemporanéité d'époque. 11 est telles de ces espèces qui se
trouvent à la fois près de la zone torride et des deux côtés du monde,
jusqu'aux régions froides. Ces larges limites d'extension des espèces
prouvent non-seulement leur contemporanéité sur tous les points, mais
encore l'unité de milieux d'existence qui ne pouvait exister sans l'unité
de température. Nous donnons ici la liste de ces espèces les plus répan-
dues et les plus caractéristiques.
MOLLUSQUES.
Ifo* du Prodrome.
* Belemnitella mucronata (1).
*' Nautilus Dekayi .
— Indlcus.
Ammonites Pailletteanus.
Scaphites compressus.
— constrictus.
Baculites incurvatus.
•* — anceps.
Hamites cylindraceus.
* — Indicus.
Turritella Coquandiana.
* Nerinea bisiilcata.
NO* du Prodrome.
ome.
Acteon subsulcatus.
166
I
Acteonella gigantea.
17S
6
— voluta.
182
7
Varigera Toucasiana.
193
12
Natica Royana.
195
52
Phasianella supracretacea.
267
53
Pleurotomaria turbinoides.
274
66
Voluta Lahayesi.
301
67
Fusus Fleuriausus.
350
82
' Helcion Reussii.
440
83
Pholadomya Esmarkii.
468
112
— elliptica.
469
150
•• — sequivalvis.
472
(1) Les espèces marquées d'un asUrisque se Irouvcnl à la fois en Enropf, en Araériijiio ou
dans riiide, à Pondiohorj. Le? espèces marquées de deux aslcrisqiie» se fronvenl simnllancmenl
on Europe, en Amérique cl dan-» l'Inde.
QUATKIËHl!: PARTIE. -SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
VenuBBubplana.
SÎS
Oàlrea Turonenali. 9!
Opii Truelli.
bba
• — lescicularlg. Oî
Crnssulflla Marruliana.
ha
— acutirustrla. M
typrOa orbiculariB
58!
■' - aublaflala. 9M
■■ Trigonia Imbila.
S9!
llbjncborella veaperlilio. 94
60S
Cardlom radlalum.
631
iMKardIa Pyrenalca.
■ 043
Hagaa pumllua. ub
— longlTOBirls.
64 '•
TerebraiuliDi echtnuiaU. 9&
Peclnnculus HarrolliDui.
659
- alriala. 96
Akh Oiblgnyana.
117 ï
Terebralula Earoea. Oit
7IK
Lima tecta.
7M
- aemitulcala.
761
— aoiiqua. 87
■ ATlcalalalipes.
797
— cosiaiB. 97
— cWrulcBceos.
SOI
Thatidea papiltatiu 9B
— pectinlFarmia.
803
— racuTTiroBtra. Its«
811
]lejiilirani|)Dra coDcalenata. 1014
Inoeeramui regularis.
8H
- ïlmplei. m
- GoldruEBianiis.
SIS
MarsioarlB ParlBlensIa 104
- Lamarckll.
SIC
tiBchara diclioloma. lOM
- planui.
820
— Llger)en«U. I07
E>eclen Royanus.
S3I
Rellcullpora LIgeriensla. 109
- Espaillacl-
S33
Alecto rainaa. i09
— Uujardlnl.
831
Jantra qaadrieoalaïa.
B79
CrUUina gradaïa. ill
880
i)ifl3lopora Ucfanicfl. m
884
Enlalophora pusIuloMi. Itl
— Morloni.
S88
Ccriopura crjplopora. 13*1
8S6
— Bplnoïus.
807
- flmbrialus.
900
£€K1V0DEBI1ES.
' PUcalula aspera.
SOT
- nodi>»a.
908
Oalrea curviroalria.
»H
— fibba. lit
- frons.
- Btriau. 1149
- laciniuia.
nis
— B«mlglobuB. II&
■■— larva.
910
— sulcala. 1 1&
' — Haitieroiiiana.
9!0
Holaster truncatua. IIC
■ — Sanloncnais.
9tt
• - «.mlplana.
DIS
HemlaBier pruudla. |17
CHAP. V. - VINGT-DEUXIÈME ËIAGE : SËNOMEN. 6S3
Hemiaslei' bufsrdlum.
ConoclypusLeskel-
CatopyguB pyrlformia.
GasKidulus laplï canrri.
— Marinini.
'Nucleolllea c
cifer.
Galerites alboyalerus.
Cypliosoma rugosum.
DlademaKIeinli.
Salenia heliopora.
Harsuplles ornaliia.
Rourguellcriniis ellipticu
lîG'J
Cyalhina cylindracea.
Cycl alites vancellaïa.
Cyclosmllla ueniralls.
Aploeagtrea geminata.
Orbiloldcs medta.
Coscinopoia Keauinonlll.
— quadrsngularla.
Verllcllliies Goldrussll.
Siphon in lycopcrililes.
- KoDigil.
HC1
En résumé, sur le peu d'espècps que i
conltÉeg éloignées, 22 se Irouveni, A la fois, dana aoUe Europe; el, siir
ce nombre, 6 ae rencontrent giniullnnéniciit en Europe , en Amérique
et dans l'Inde, c'est ï-dire, aimulianéi lient sur luua les polnia les plus
éloignés les uns des autres, et lea plus dliparates, aujourd'hui, pour leurs
faunes et pour leur lempérature : ce qui prouve que lea lignes isothermes
actuelles n'exisiaienl pas alors, Noun donnons Ici quelquee-uns dea
types d'animaux de celle époque Ifig. 610 A â(il).
§ 1332. ChroDologie hùtariqae. A l'instanl où l'élnge luronlen a
fini, par «ulic d'une perturbation géologique con ni déraille (§ !30R).
6S4 QUATKlEHif PABTIK. — SUCCESSION CHRUKUUNHQUE.
toute la tiuae a élé anéantie. Koug Tovong, eo cITet, d'apréa nos eon-
t aeluellet, s'élcindre à la [ois IQ genres (g 1300) d'Animanx,
I, leulemenl en Animaux mollu«ques et nvonnée,37g espèce*.
qui composaient la faune marine §9301). Uirgque le calme e«t levenu
dam le* roerg et aur le« rontlnenls, avec la période sénonlenne, «ont
né« Si genres Juaqu'alnr» InconnuB (g 3398), et, IndépeDdamment d
Plantes et dei Animaux verUbré* et annelét, ta77 espèce* d'étrea noi
r,HAP. V. — Vl»(Gr-l>KUXlKMK RTAUE 1 SENOMKN. (iRi
«M QVXTtUiM PARTIK- - SUCCKSSHHi CflROKOLOGIQUE.
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CHAP. V. - VINGT -UEIJXIÉME ÊTACK ■. SÉRONIEN. CSl
<Mg QUATHItHi: PARTlfe:. — SCCCESSIUN OHKUKOUWIQllË.
venu^ pour le nioniJe anime (^ Î310) qiil viennent peupler les conti-
nents et lei mcr« génoniennes
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La jiuia&ance des coucher ei le çraad nombre d'espèces nous funi
CHAI'. V, - VINGT-DELXLtMt ETAGE : SÉNOMKh. 6811
690 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
penser que la période sénonienne est l'une des plus prolongées, surtout
Fig. 561. Camerospongia rangifomiis.
durant les terrains crétacés. Il existait, durant cette époque, des conti-
nents et des mers.
§ 2338. Les mers (voyez étage 22 de notre carte, fig. 482) ne sont pas
restées les mêmes, en France et en Angleterre, qu*à l'époque précé-
dente (§ 2304). Non -seulement elles se sont rétrécies à leur pourtour,
par de nouveaux atterrissements, mais encore elles ont couvert, dans la
Manche, des parties étrangères jusqu'alors aux terrains crétacés. De
très-grands changements se sont encore opérés sur d'autres points. C'est
au commencement de celte époque que, par suite d'affaissements con-
sidérables, la mer sénonienne a pu envahir toute la Belgique, jusqu'à
Maestricht, en couvrant des continents surélevés depuis la fin des ter-
rains paléozoïques. C'est encore à cette époque que la mer sénonienne
a pu s'étendre depuis la Suède jusqu'à l'Oural, ou sur plus de 40o en
longitude; recouvrir une surface de 30 degrés de longueur, sur toute
la côte orientale de l'Amérique septentrionale; se montrer an Chili et
aux environs de Pondlchéry. Nous devons même croire, par les coquil-
les identiques, que la mer sénonienne se continuait sans interruption,
de la France, vers tous ces points éloignés, ou des réglons chaudes
aux 560 de latitude nord et au 34** de latitude sud.
§ 2334. Les continents ont subi des changements opposés, puisqu'ils
se sont diminués de tous les points recouverts par les eaux. En effet,
s'ils se sont augmentés de quelques atterrissements au pourtour du bas-
sin anglo-parisien, en France et en Angleterre, ils perdent de vastes
surfaces dans le Cotentin, en Belgique, en Russie, et dans l'Amérique
septentrionale, où, depuis le New -Jersey jusqu'au Texas, on trouve
l'ancien litloral des mers sénoniennes servant de nouvelles limites à
ces continents surélevés depuis la période triasique.
§ 2335. Les mers nourrissent, avec les premiers représentants des
Poissons cycloîdes et ganoides, qui ont leur maximum de développement
dans les mers actuelles, un très-grand nombre de genres de Poissons;
quelques Mollusques gastéropodes, tels que les Conus^ leslf«r«a?; quel-
ques Brachiopodes, de très-nombreux Bryozoaires, des Échinodermes
multipliés, ainsi que des Amorphozoaires. C'est, en effet, le règne des
CHAP. V.- VINGT-TROISIÈME KTAGE : DANIEN. 601
Bryozoaires et des Amorphozoaires, qui y prennent le maximum de leur
développement générique; mais aussi, c'est la fin du règne des Cépha-
lopodes; car avec cette époque disparaissent pour toujours tous ces
genres variés, voisins des Ammonites, que nous voyons, depuis les ter-
rains triaslques, jurassiques ou crétacés, animer les mers de tous les
étages. C'est aussi la fin du règne des Rudistes, plus spéciaux aux ter-
rains crétacés.
On connaît les plantes marines suivantes :
ALGUES.
Confervites Woodwardii , Mant.
Angl.,Lewes.
Chondritesfurcillatus, Rœm. Saxe.
ALGUES DOUTEUSES.
FucoidesBrongniartii,Mant. Angl.,
Lewes.
§ 2336. Les continents nous montrent des Oiseaux du genre Seolo^
pax; quelques Reptiles, des genres Leiodon et Mesasaurut ; et proba-
blement beaucoup de Plantes confondues, jusqu'à présent, avec celles des
autres étages, citées à l'étage cénomanien.
Nous devons croire, par la répartition des mêmes espèces sous la
zone torride et des deux côtés du monde jusqu'aux régions tempérées,
que les lignes isothermes actuelles étaient encore neutralisées par la
chaleur centrale de la terre. Les oscillations du sol nous paraissent
avoir existé.
§ 2337. Nous regardons comme contemporaine de la fin des terrains
crétacés la première surélévation des Cordillères du Chili, dirigée du
N. ôo Ë., au S 50 0., occupant 50o de longueur ; car les couches, dislo-
quées lors de la sortie des roches porphyritiques, paraissent dépendre
de l'étage sénonien; au moins en avons-nous la certitude pour les dépôts
de l'ile de Quiriquina. Nous avons de plus, pour moteur, toutes les
discordances indiquées (§ 2315). Les autres caractères des couches
(§ 2324) coïncident avec les limites des faunes qui en ont été les effets
immédiats.
23e Étage : DANIElf , Desor.
Première apparition des genres Fasoiolaria ei Echinolampcu,
Zone du Nautilus Danicus.
§ 2338. Dérivé du nom. Classé, depuis longtemps, dans les dernières
couches crétacées par MM. Elle de Beaumont, Lyell, et par les savants
du Nord, l'étage qui nous occupe, désigné par M. Charles d'Orbigny sous
le nom de Calcaire pisolithiquet a, au contraire, été placé, par lui et
par M. d'Archiac, dans les terrains tertiaires. Il est bon de donner ici
quelques détails sur les raisons qui ont motivé celte différence d'opi-
nion. La position slratigraphlque, comme on peut le voir plus loin,
C92 QUATHIÈME PÂHTlb:. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
montre que ces couches reposent immédiatement sur les derniers dépôts
de l'étage sénonien, et qu'elles sont recouvertes par les argiles plasti-
ques. Elles ont donc, dans le bassin parisien, succédé à l'élage sénomeo
et précédé les premières conciles des terrains lerliaires. Cette position
intermédiaire, également reconnue par MM. Ëlie de Beaumontet Char-
les d'Orbigny, devait être décisive pour les deux, comme elle l'était pour
le premier; mais M. Charles d'Orbigny ayant soumis les fossiles re-
cueillis dans son calcaire pisolilhique à l'examen de M. Deshayes, celui-ci
crut y reconnaître seulement des coquilles tertiaires du calcaire grossier
du bassin parisien; et celle détermination, portant sur un assez grand
nombre d'espèces pour acquérir de la valeur, détermina M. Charles
d'Orbigny à considérer l'ensemble comme tertiaire. Depuis, nous avons
vu les fossiles recueillis dans cet étage par M. Graves, et nous n'y avons
reconnu aucune coquille tertiaire. Les importantes recherches de M. Hé-
bert amenèrent le même résultat; et M. Desor, y rencontrant des
Échinides semblables à ceux de Faxoê, ne balança pas à les réunir, dans
le même horizon géologique, sous le nom 6*étage danien. Ces résultats,
contraires aux résultats paléontologiques énoncés par M. Charles d'Or-
bigny, le portèrent à nous communiquer les mêmes fossiles qui avaient
motivé son ciiissement, après avoir modelé toutes les empreintes et les
avoir pour ainsi dire restaurées; et, après un examen scrupuleux, nous
n'y avons reconnu aucune des coquilles tertiaires qui lui avaient été
indiquées, mais bien une faune spéciale, distincte, à la fois, de la faune
sénoniennc et de la faune tertiaire inférieure.
§ 2339. Quant au classement de l'étage dans les terrains crétacés ou
tertiaires, nous croyons qu'il ne peut y avoir de doutes à cet égard. La
stratification conduit à le classer parmi les terrains crétacés. La présence
des genres Helemnitella, Rhynehonella, BaculiteSy Pyrina et Hippali-
mus, spéciaux aux terrains crétacés, et inconnus dans les terrains ter-
tiaires, amènerait encore à celle conclusion ; tandis que rien ne pour-
rait, eu paléontologie, motiver le classement de l'ensemble dans les
terrains tertiaires. Nous croyons donc que cet étage doit encore faire
parlie des terrains crétacés; et même nous l'aurions considéré comme
une simple division supérieure de l'étage sénonien, si elle n'en avait pas
été séparée par M. Desor. Il est certain qu'on n'a donné de la valeur à
l'ensemble que parce qu'il se trouve près de Paris. Cette époque n'a
pas, pour nous, la même valeur que nous donnons à la fraction supé-
rieure de l'étage néocom en, que nousavons désignée comme Urgonienne;
à ta partie inférieure de l'étage falunien, que nous avons désigné sous
le nom de Tongrien^ qui sont, par leur extension et l'importance de leurs
faunes, infiniment plus tranchés, straligraphiquement parlant, que
Yèlnge danien. Nous sommes d'autant plus porté à prendre cette opi-
CHAP. V. - YINGT-TKOISIÈME ÉTAGE : DANIEN. 693
nioD, que nous nv, voyons aucun motif plausible d'y réunir, comme
l'avait pensé M. Desor, la craie de Maestricht, et les silex des environs
de Lanquais (Dordogne), qui sont, sans aucun doule, des dépendances
posilives de i'éiage séiiunien, ainsi que la craie de Valognes.
§ 2340. Synonymie. C'est le Calcaire pisulithique de M. Charles d'Or-
bigny, mais non le Pisolithe de M. Smitli ; VÉtage danien de M. Desor,
ic Calcaire de Laversmes de M. Graves.
Type français îi Laversines (Oise), à Meudon (Seine- et-Oisc).
§ 2341. Extension géographique. {Voyez l'étage 23 de notre carte,
p,g. 482.) Comme on pouvait, à priori^ le supposer, et comme nous l'a-
vons déjà trouvé à la fin des terrains jurassiques (§ 2116), les derniers
dépôts de cet étage, n'ayant pas encore acquis, lors de la période de
mouvement déterminé par la ftn de cette grande époque géologique
des terrains crétacés, une consolidation parraite, ont dû soutfrir beau-
coup de dénudalions partielles; et nous croyons devoir attribuer à cette
cause les petits lambeaux de l'étage danien, disséminés au pourtour
du bassin anglu-parisien, en Fiance seulement. Néanmoins, ces lam-
beaux suni:fcnl pour démontrer qu'il en couvrait la plus grande surface,
et surtout le centre, compris entre Vertus et Laversines, Meudon et
Monlereau. Voici, du reste, les points où l'étage a été bien démontré par
les recherches de MM. Elle de Beaumont, Graves, Hébert et Charles
d'Orbigny. Dans la Marne, il existe au mont Aimé, à Vertus; dans Seine-
et-Marne, à Montereau; dans Seine-et-Oise, à Meudon, près de Paris.
On l'a reconnu en creusant un puits à Auteuil. Il existe au Port-Marly,
près de Saint-Germain; à Bougival, près de Pontoise; à Falaise, près
de Beyncs; à Montainvillo, à Vigny ; dans TOise, à Laversinet», près de
Beauvats. Ona pensé qu'il existe à Orglandes, près de Valognes (Manche);
mais nous avons beaucoup de doutes à cet égard, n'ayant reconnu, par-
tout^ dans les dernières couches crétacées, que l'étage sénonien. Quant
aux silex de Lanquais, que M. Desor y rapporte, nous n*y voyons qae
la continuation des couches de Royau, et nullement cet étage. Hors du
bassin parisien, on n'a encore cité l'étage qu'à Faxoë, en Suède, où
néanmoins, d'après les espèces citées par M. Lyell, nous ne voyons qae
l'éUige sénonien, ce qui porterait encore à y réunir l'étage danien.
§ 9342. Stratification. {Voyez l'étage 23» de notre coupe, fig. 393.)
Tout le monde est d'accord sur la position géologique en couches con-
cordantes de l'étage danien sur l'étage sénonien ; on voit cette concor-
dance à Meudon, à Vigny, au mont Aimé, etc. Ainsi, sans aucun doule»
l'étage danien a bien succédé régulièrement, dans l'ordre chronolo-
gique, à l'étage sénonien
§ 2343. Discordance. Les limites stratigraphtques inférieures ont été
décrites à l'étage sénonien (§ ?315); elles sont marquées par d'immen-
694 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLCKilQUË.
ses surfaces de discordances d'isolement. Pour les limites stratigra-
phiques supérieures, elles sonlmarquéespar des discordances de dénu-
dation et d'isolement les plus prononcées. Nous regardons comme
des discordances de dénudation la surface supérieure de Tétage cor-
rodée, sillonnée par les eaux, avant les dépôts suessoniens, ce qui
prouverait qu'un mouvement violent des eaux s'est manifesté entre
les deux époques; fait que nous attribuons aux perturbations géologi-
ques.
Les discordances d'isolement résultent de tous les points où Ton a
signalé l'étage suessonien, où manque, dessous, i'étage danien ; car il
a fallu évidenmient un mouvement géologique, un changement de ni-
veau entre les deux, pour que l'un se trouve sans l'autre. Nous citerons,
à cet égard, même dans le bassin parisien, excepté Laversines, tous les
points des départements de l'Oise, de l'Aisne, de la Seine- Inférieure,
et même, dans la Marne, les environs de Reims, où les dernières cou-
ches de l'étage suessonien reposent directement sur l'étage sénonien.
11 en est de même en Angleterre. Nous citerons encore tous les points
des bassins pyrénéen, méditerranen et des autres pays du monde,
que nous avons indiqués à Textension géographique de cet étage, où se
trouve i'étage suessonien, sans l'étage danien au-dessous ; ainsi la dis-
cordance supérieure ne peut pas être plus marquée.
Déductions tirées de la position des couches. La superposition régu-
lière , presque horizontale et concordante, des couches de l'étage au
mont Aimé, à Meudon et sur les autres points du bassin parisien,
nous fait penser qu'elles sont là presque comme elles se sont déposées
dans le bassin crétacé préexistant.
§ 2344. Composition minéralogique. A Meudon, l'étage est formé
par un calcaire grossier blanc ou jaune, séparé par une couche mince
de marne ; au Port-Marly, par un calcaire semblable, mais blanc, les
deux remplis de coquilles à l'état d'empreinte et de moule ; au mont
Aimé, avec plus de dureté, sa composition minéralogique est la même;
à Vigny et à Laversines, ce sont des coquilles, des polypiers avec leurs
débris agglutinés par un enduit calcaire qui n'a pas moins laissé l'en-
semble poreux et comme carié aux couches supérieures, tandis que les
couches inférieures sont plus compactes.
§ 2345. Puissance connue. M. Graves évalue de 10 à 12 mètres
l'épaisseur des dépôts de Laversines. M. Huot indique 15 à 20 mètres
dans la Marne.
§ 2346. l>éduotions tirées de la nature des sédiments et des
fossiles. Tout ce que nous pouvons dire du peu de points connus, c'est
qu'à Vigny, à Laversines, à Falaise près de Beynes, à Montereau, la
présence d'assez nombreuses coquilles flottantes de Nautiles dénote-
CHAP. V. ~ VINGT-TROISIÈME ÉTAGE : DANIEN. 696
rait un dépôt littoral formé au niveau supérieur des marées. L'amon-
cellement à Vigny et à Laversines d'un nombre considérable de co-
quilles et de polypiers roulés ou en fragments, dont Tintervalle n'a pas
même été rempli par des sédiments, en est une conQrmation, et
annonce des côtes agitées par la mer. Les calcaires du Port-Marly et
de Meudon annoncent, par la position des fossiles, un dépôt sous-marin
fait peu au-dessous du balancement des marées, sous l'influence des
courants.
§ 2347. CaraotÂret paléontologiques. La faune de cette époque 86
distingue des précédentes par le manque d'Ammonites. Du reste, nous
n'y Toyons, par les genres, que la continuité du faciès crétacé de Tétage
précédent, mais avec un bien moins grand nombre de formes ; ce qui
tient peut-être à la difficulté de déterminer les fossiles. Quoi qu'il en
soit, dans l'état actuel de nos connaissances, comme nous ne trou-
vons, dans cet étage, que 2 genres de plus à opposer à 122 genres
qui s'éteignent dans l'étage sénonien, sans passer à celui«ci (§ 2329),
nous aurons la preuve évidente, par la paléontologie et par la stratifi-
cation, que l'étage danien est la dernière période de dégénérescence des
terrains crétacés. Dans l'étage suivant, commencement des terrains
tertiaires, c'est, au contraire, le nombre des genres nouveaux qui do-
mine d'une manière remarquable ; car nous en citons 157 d'inconnus
aux terrains crétacés. Nous aurions donc ici, comme partout ailleurs,
une confirmation des rapports constants qui existent entre la strati-
graphie positive et les limites paléontologiques.
§ 2348. Caraotéres négatifs tirés des genres. Pour séparer l'étage
de la période sënonienne, nous avons, pour caractères négatifs, indé-
pendamment des 42 genres qui naissent et s'éteignent dans l'étage
sénonien sans passer à celui-ci, 80 genres qui, nés dans les étafçes
antérieurs, s'éteignent encore dans l'étage sénonien (§ 2329), c'est-à-dire
1 22 genres. Nous ne doutons néanmoins pas que quelques-uns de ces
genres ne se retrouvent dans l'étage danien, mais nous avons la cer-
titude que le plus grand nombre n'y existe réellement point.
§ 2349. Les limites négatives que ia jMdéontologie nous donne avec
l'étage suessonien , le premier des terrains tertiaires, sont des plus
marquées, puisqu'elles sont données par 166 genres encore inconnus à
l'étage danien, qui naissent avec la période suivante. Ces genres sont
ainsi distribués dans les séries animales : parmi les Mammifères, les
6 genres de notre l*!* tableau ; parmi les Oiseaux, les 2 genres de notre
2* tableau ; parmi les Poissons, 84 genres ; parmi les Crustacés, le genre
Squille ; parmi les Géplialopodes, les S genres de nos 6* et 6« tableaux ;
parmi les Gastéropodes, les 34 genres de nos 6« et 7<> tableaux ; parmi
las iJimeilibranches, les 5 genres de nos tableaux 6 et 8 ; parmi les
«06 QUATRIÈME PARTI K. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
llkîhinoâermeR, les 13 genres de nos 1 1^ et 12^ tableaux ; parmi les Zoo-
phytes, les 7 genres de notre 13« tableau ; parmi les Foraminifères, les
3 genres de notre 14« tableau.
§ 23.SO. CSaraotèrei potîtîfs iiréfl dei genres. Gomme caractères posi-
tifs, pour distinguer Tétage du précédent, nous n'avons que 2 genres :
parmi les Mollusques, les Fasciolaria ; et parmi les Ëciiinodenrnes, les
Echxnolampas^ qui, inconnus à l'étage antérieur, se montrent, pour la
première fois, dans celui-ci ; ce sont, en même temps, deux formes plus
particulièrement tertiaires qui lient cette faune aux suiTautes.
§2351. Pour distinguer l'étage danlen de Pétage suessonlen, nous
avons les 9 genres suivants qui s'éteignent dans le premier, sans passer
au second : parmi les Céphalopodes, le genre Bel^mnittUa ; parmi les
Brachiopodes, le genre Rhynchon$Ua; parmi les Échlnodermes, le genre
Pymia; parmi les Zoophytes, les genres Calamophyllia, Enallhelia,
Ellipsosmitia, Pohjtremacis et Morphastrea; parmi les Amorphozoaireit,
le genre Hippalimus.
§ 2352. Garaotèret paléontologiquet tjc^çs des espèoes. Indépen-
damment de quelques Sauriens, de quelques Poissons et de quelques
Crustacés et Annélides, après avoir restauré, par le modelage, les espèces
de cette période, et compulsé les travaux zoologiques, nous sommes
arrivé à trouver G6 espèces, dont on verra les noms, les caractères
et la synonymie dans notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique
(tome 2, p. 290 et suivantes). Si de ce nombre nous retranchons les
Belemnitella mucronatay et le Baculites Faujasiiy indiqués par M. Lyell,
et le Fuxus Neptuni, i\\ie nous avons reconnu se trouver simulta-
nément dans l'étage sénonien, il nous restera encore 63 espèces qui,
dans réiat actuel de nos connaissances, seront encore caractéristiques.
Sur ce nombre, nous citerons plus particulièrement, comme ponvant
relier, entre eux les dlfTércnls points que nous avons cités à l'extension
géographique, les quelques espèces suivantes dont on verra ta localité
dans le Prodrome.
MOLLOSQUKS.
N"»»!!
Prodrome.
* Nautilus Danicus.
2
Natica supracretacea.
6
Ovula cretacea.
12
Cerithium carolintim.
18
— uniplicatum.
2f
(!ardita Hébert iana.
32
Lucina supracretacea.
33
NMdii
Prodrome.
Corbis muUiiamellosa.
34
Arca Gravesii.
40
Lima Carolina.
22
ÉCHINODERMES.
" Cidaris Forchhammeri.
52
ZOOPHYTES.
Ellipsosmilia supracretaces
1. 53
De ces espèces, les 2 marquées d'un astérisque sont les seules
OHAP. VI. - TERRAI^S TERTIAIRES. (s»',
(lui «e irouvent Bimultanëment en Suède et en France, et sur leaquellCB
on a baié ridrailié d'époque. Nous figurons Ici l'une d'elles t/tg. 56!).
§ 2353- R e lai ivciv l'ut i )» chronologie hislorique de cel étage, noua
le regardons comme le dernier eomplémenl de la période de décadenee
des lerrains crétacés, plus spécialement marquée à l'élage sénonien. Son
peu d'importance, qoaot aui Taita généraux qu'il peut donoci, ne noua
permet même deleconaldérerquecommeune dépendance de la péfiode
sénoRlenne. On voit par son interruption , indépendamment de ce
que nous avons dit à l'élage sénonien (g Î331), les discordances supé-
rieures Indiquées (§ 2343) plus haut, qui loutes ont amené ou aoDt le ré-
sultat d'un mouvement considérable dans les eaux, auquel nous pou-
Tona attribuer, à la rolt, lu séparaiion de l'étage et l'anéantlsseinrDl
de la faune.
CEiAPiTRE vr.
CINQUTÊMI^ r-HANBE i^PUQIJE BV HO^DË ANIME.
TEMARW TeaVIAIHEII.
PTeinièrt apparition de la dusse des Insectes myriapodes; des or-
dres de Mammifères rongeurs, pachvdermes, carnassiers, quadrumanes,
chéiroptères, cétacés, amphibies, inseclivores édentés et ramlnaots ; dfe
la plupart des ordres d'Oiseaux ; des Reptiles ophidiens (serpents) et
batraciens (grenouilles); de« Poissons pleuronecloJdes; des Cruslacés
slomapodeset amphipodes.
II. . ^v*
«9« QUATRIÊMe PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE
Bêgne des ordres de Mammifères pachydermes et édentés. diee genres
Anaplotherium, Dinotherium^ Toxodon^ Mastodon^ Bkinoceras^ Tapi-
rus, Elephas, Hippopotamus, etc., etc.
§ 2354. Sftumjnûm. Les Àlluvions, le Dilurium et ItsÂncienneM al-
luviont, le Terrain tertiaire^ de Wemer. Les Terrains tertiaires de MM.
Dufrenoy et Ëlie de Beaumont. Les Terrains de la période paléothé-
tienne ou Terrain paléoihérien et Terrains d^alluvion de U. Cordier.
Le Superior order de M. Conybeare. Le i *'^ Groupe moderne, le 3« Groupe
des bloes erratiques , et le Z^ Groupe supercrétaeé, de M. de la Bêche.
Les Terrains modernes et les terrains tertiaires de M. d'Omalius d'Haï-
loy. Les Terrains aUuviens^ lysiens, clysmiens et izémiens Ihalassiques
de M. Brongniart. Les Terrains modernes^ clysmiens, ei partie des Ter-
rains super eritacés^ de M. Huot Formation tertiaire de M. Bueklaod.
Période tertiaire de M. Graves. Les Cainozoie séries de M Morris.
§ 3355. Wemer ayant, depuis longtemps, donné aux parties marines
de cette époque le nom de Terrains tertiaires, un grand nombre d'au*
teurs l'ayant, depuis, adopté, et ce nom s'étant vulgarisé dans la science,
nous n'avons pas voulu le changer, quoiqu'il soit en opposition directe
avec les époques qu'il représente. Lorsque Wemer «"dans sa méthode,
avait des terrains primitifs , des terraint de transition (pour les terrains
paléozoïques) et des terrains secondaires (pour nos terrains Jurassiques
et crétacés), on conçoit, en effet, que le nom de terrains tertiaires ait pu
venir ensuite. Aujourd'hui , cette grande division des âges do monde
n*e8t plus la troisième époque, mais bien la cinquième et dernière de
ranimalisalion, avant l'arrivée de l'homme sur la terre.
§ 2356. Lîmitei de haoteor. Considérant les phénomènes terrestres
des alluvions et des dépôts d'eau douce comme étant nécessairement
contemporains des phénomènes marins, nous ne pouvons, en aucune
manière, sous le rapport stratigraphique rigoureux, les séparer les uns
des autres, el former des époques distinctes de ces différents modes de
dépôts qui se faisaient simultanément sur divers points du globe : voilà
quant au mode de formation des couches sédimentaires. U nous reste à
donner les limites en hauteur de l'ensemble , que nous considérons
comme appartenant à la cinquième grande période du monde animé.
Nous appelons Terrains /«rhairM la succession d'étages comprise entre
l'étage danien, dernier représentanldes terrains crétacés, et Tépoque ac-
tuelle. Nous y groupons, dès lors, toutes les couches depuis et y com-
pris rétage suessonien ou numnuilitiqne, jusqu'aux dépôts subapennins,
qui ont précédé Tépoque contemporaine. Les grands traits des caractères
paléonlologlques et stratigraphiques offrent l'accord le plus parfait dans
la séparation nette et précise de cet ensemble des époques inférieures et
de la faune actuelle.
CHAP. VI. - TERRAINS TERTIAIRES. 699
Type. Nous ne connaissons nulle part l'ensemble superposé complet ;
mais la plus grande partie se montre dans le bassin anglo-parisien , soit
en marchant de Vertus (Marne) jusqu'à Paris {voyez les étages 34, 25
et iS a de notre coupe, fig. 393) » soit en allant de l'Aisne (France) en
Belgique jusqu'à Tongres, ou dans le bassin pyrénéen, de Saint-Palais,
près de Royan. à Tembouchure de la Gironde, jusqu'à Touest de Bor-
deaux.
§ 2357 . Extension géographique. Gomme le démontre notre carte
spéciale des mers tertiaires (fIg. 563), les dépôts marins de cette époque,
pris en générai, sans avoir égard aux étages, forment en France et en
Angleterre quatre bassins maritimes bien circonscrits :
Le bassin anglo-parisien, qui s'étend, en Belgique, jusqu'à Maestricht,
et dont les limites orientales , autour de Paris, sont : Vervins, L^on ,
Reims, Épernay, Montereau ; puis , en tournant au sud et à l'ouest,
Provins, Fontainebleau, Ëtampes, un peu au sud du cours de la Seine,
et une partie du Gotentin. Le complément septentrional se trouve en
Angleterre, dans le Dorsetshire ; puis, en suivant une ligne nord-est
et sud-ouest, en passant par Salisbury, Ne'wbury, Reading, Hertford,
Morwicb, et à l'est de Wells.
Le bassin pyrénéen commence à l'embouchure de la Gironde ; ses
limites orientales forment un demi-cercle irrégulier jusqu'aux Pyré-
nées, en passant par Blaye, Liboume, Marmande, Mérac, Condom, Aire,
jusqu'à Pau ; là, il s'élargit, parait occuper presque toutes les Pyrénées,
et communiquer avec le bassin méditerranéen.
Le bassin méditerranéen occupait une partie de la Haute-Garonne,
de TAriége, de l'Aude, des Pyrénées-Orientales, de l'Hérault, d'où il
couvre une partie de la Provence et s'étend au N.-N.-E, parGarpentras,
Montélimart, Voiron, la Tour-du-Pin, le Fort-de-l'Écluse, et continue par
la Suisse, jusqu'au Danube.
On voit que ces trois premiers bassins, que nous avons vus occupés
successivement par les mers jurassiques et crétacées (§ 2138), l'ont en-
core été par les mers tertiaires ; mais à ceux-ci vient se joindre un qua-
trième bassin, inconnu jusqu'alors : c'est le bassin ligérien. En réunis-
sant entre eux les lambeaux tertiaires marins disséminés sur une partie
de la Touraine et de la Bretagne, on voit qu'il existait une mer, allongée
du N.-N.-O. au S.-S.-Ë., qui commence à Pontlevoy (Loir-et-Gber), passe
au N. de Tours, de Ghàteau-Gontier, au N.-Ë. de Rennes, et va rejoindre
la Manche, d'où elle s'étendait à l'embouchure de la Loire, dans une
partie de la Vendée et des Deux-Sèvres.
Pris en générai, les terrains tertiaires se trouvent sur une infinité de
points du monde géologique connu, comme on pourra s'en assurer aux
étages Nous ne chercherons donc pas à les mentionner ici , et nous
Mv .(HTiii - >rta;E.s.siii>(aiiio!«ouir,ionL
CHAP. VI. - TEKKAINS TiiiRTl AIRES. 701
nous contenterons de dire que les terrains qui nous occupent se trou-
vent sur beaucoup de lieux sous la zonetorride, et de chaque côté du
monde, jusqu'aux régions des continents voisines des pôles.
§ 2368. Division des terrain* tertiaires en étages. Beaucoup plus
connus que les terrains jurassiques et crétacés, les terrains lerliaires
nous ont pourtant demandé beaucoup de recherches. En procédant à
leur égard comme pour les terrains précédents (§ 1867, 2140), nous
nous sommes bientôt aperçu que, malgré les nombreux et importants
travaux des géologues, les terrains tertiaires, dans leurs divisions, de-
mandaient encore quelques modiQcations importantes, déterminées par
les faunes fossiles D'un côté, en effet, l'étage inférieur de ces terrains,
les couches nummulitiques du midi de la France et de l'Europe, étaient
considérés comme dépendant des terrains crétacés ; tandis que les repré-
sentants du même horizon, dans le bassin de Paris, avaient été confondus
sous un même nom avec 1 étage parisien. Dans le même bassin on avait
aussi, souvent, réuni à l'étage parisien une série remarquable de couches
qu'on retrouve également en Belgique et dans le bassin pyrénéen, et
auxquelles nou.s conservons le nom de Tongrien,
Un savant géologue anglais, dont les importants travaux ont puis-
samment contribué à éclairer la science, a divisé tous les terrains ter-
tiaires en trois âges, correspondant aux couches inférieures, moyennes
et supérieures de quelques auteurs. 11 les a désignés comme Éocènet,
Miocènes et Pliocènes, en partant du principe que ces étages contien-
nent des proportions diverses d'espèces Identiques avec les espèces
vivantes actuelles. Son Éocène, la partie Inférieure, est regardé comme
renfermant les plus anciennes des espèces récentes; son Miocène^
comme contenant moins d'espèces récentes; et enfin son Pliocène,
comme renfermant beaucoup d'espèces récentes. Nous avons étudié ce
principe de l'identité avec une scrupuleuse attention, en vérifiant les
espèces identiques indiquées dans les deux sections inférieures ; et il
nous a été Impossible de constater une seule des identités signalées.
Ne trouvant dans VÉocène et dans le Miocène aucune identité, nous
ne pouvions conserver cette dénomination, qui est en opposition di-
recte avec la réalité des faits. D'autres motifs, non moins graves, nous
ont empêché de conserver, malgré leur popularité , les divisions et
les trois dénominations employées par M. Lyell. En plaçant, comme
nous l'avons fait, les couches nununulitlques du monde entier aux ter-
rains tertiaires, et séparant de l'étage parisien et des faluns l'étage
tongrien si bien tranché partout, l'ensemble des terrains tertiaires ne se
divise plus en trois âges superposés, mais en cinq étages des mieux
caractérisés,
i^ 2359. Ces étages, discutés aux spécialités, sont, en commençant par
702 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
les plus inférieurs , les étages iuessonien ou nummuUtiquê , partiim,
tongrien , fàlunien et suhapennin. On pourra , par la synonymie de
chacun en particulier, juger des rapports de ces diyisions avec les
coupes admises jusqu'à présent. Quant à la terminologie adoptée, elle
est toujours basée sur les noms des lieux où ces étages sont le mieux
caractérisés, et qui pourront, en toutes circonstances, senrlr de points
types, ou de points étalons pour les faire reconnaître.
§ 2360. Stratification. Les caractères stratigraphiques qoe nous
avons invoqués pour séparer les derniers étages crétacés, sénonien et
danien, du premier étage tertiaire suessonien (§ 2396) sont, en même
temps, les limites qui séparent nettement les terrains crétacés des ter-
rains tertiaires. Considérés comme ensemble, les terrains tertiaires, dans
les bassins anglo-parisien, pyrénéen et méditerranéen, ainsi que sor
tous les points du monde où il n'y a pas de lacune , reposent directe-
ment sur les derniers étages crétacés, et aucun doute ne peut être éleré
sur leur succession régulière, après les terrains crétacés , dans l'ordre
chronologique.
§ 2361. Autour du bassin anglo-parisien, où nous ayons vu se suc-
céder régulièrement un si grand nombre d'étages (§ 2995), nous trou-
vons encore, sur les dernières couches daniennes (voyez fig. 393) de
Vertus et de Paris, les premiers dépôts tertiaires de l'étage suessonien, et
deux autres étages superposés, comme pour témoigner ^ue ces parties
de bassin ont reçu successivement, dans la mémo circeDScription, une
série des étages tertiaires. La Belgique et le bassin. pyrénéen nous
montrent aussi la même succession régulière. Il réaaHe de ces faits
que, pris en détail, les terrains tertiaires montrent égalanent, sur quel-
ques points, une succession dans f ordre chronologiqua^És quelques-uns
des âges.
§2362. Sur beaucoup d'autres grandes surfaces, onvoft,'au contraire,
des différences énormes de stratification dues soit au manque des der-
niers étages crétacés, soit au manque des premiers étages tertiaires, soit
enfin au manque des uns et des autres à la fois. Les derniers étages
crétacés manquent ; et le premier étage tertiaire, 24e, repose sur l'étage
néocomien, 17 «, avec une lacune de six étages crétacés à Orgon {fig, 454).
Ce premier étage teriiaire repose sur les âges paléozoïques dans l'Aude,
sur les terrains jurassiques dans le Var, les Basses-Alpes, etc., etc. ; sur
d'autres points , c'est un ou plusieurs étages tertiaires qui manquent,
comme dans toute la Touraine, en Bretagne, dans le bassin ligérien, où
le 26« étage repose successivement sur les âges azoïques, paléozoïques,
jurassiques ou crétacés {fig, 563 et 595); il en est de même dans l'Hé-
rault, la Drôme et beaucoup d'autres lieux du bassin méditerranéen. On
voit par ces deux séries de faVU (\ue^si^ d'un côté, la succession régulière
CHAP. VI. — TERRAINS TERTIAIRES. 703
nous donne Tftge relatif des terrains tertiaires, les discordances de stra-
tification des autres points séparent nettement les terrains tertiaires des
terrains crétacés.
§ 2363. Groupement des étagei. Plusieurs motifs ont déterminé le
groupement des étages tertiaires en un seul ensemble: d'abord, la
succession de presque tous les étages superposés que nous remarquons
dans les régions orientales et septentrionale^s du bassin anglo-parisien,
et sur les régions septentrionales du bassin pyrénéen (§ 2355); ensuite
les profondes discordances qui séparent cet ensemble, des terrains cré-
tacés inférieurs et des dépôts de Tépoque actuelle ; enfin le faciès^ l'en-
semble des caractères paléontologiques des terrains tertiaires, si diffé-
rents de la faune des terrains crétacés.
§ 2364. Séparation de* étages. Indépendamment des faunes qui nous
donnent les limites de chacun des étages sur les points où ceux-ci sont
groupés dans leur ordre chronologique de succession, nous avons, comme
on le verra à chacun des étages en particulier, des caractères de discor-
dances stratigraphiques qui, par l'isolement des étages^ coïncident par-
faitement, sur ces points isolés, avec les limites des faunes sur les
points en relations concordantes. Nous trouvons donc, comme pour les
autres terrains, que chaque étage représente une époque comme la
nôtre, des mieux caractérisées.
§ 2365. Composition minéralogique comparée. Ainsi que le démon-
treront les comparaisons spéciales à la composition minéralogique des
étages, il n'y a pas, pour chacun de ces étages en particulier, de carac-
tères minéralogiques propres qu'on puisse invoquer, chacun montrant
successivement, sur des lieux différents, les roches les plus disparates,
quoique étant contemporaines. Si, en effet, les caractères minéralogiques
des dépôts peuvent aider, quelquefois, à faire reconnaître les étages sur
des points rapprochés d'un même bassin maritime, ils ne sont absolu-
ment d'aucun secours, et même peuvent tromper Tobservateur, lorsqu'il
s'agit d'identifier deux points éloignés, dépendants de bassins maritimes
différents.
§ 2366. PniManoe des terrains tertiaires. Nous allons réunir Ici la
plus grande puissance indiquée à chaque étage, afin d'avoir une idée
approximative de leur durée comparative. Nous les placerons dans leur
ordre de superposition naturelle, les plus anciens étant les plus bas.
704 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
27e étage : subapennin 600 mètres.
,. . I SUD. ou falunien 300
26e étage : falun.en | j^^ ^^ ^^^g^j^,, ^^0
25e étage : parisien 1,000
24e étage : suessonien ou nummulitique. . . 1,000
Total 3,000 mètres.
Tout en étant essentiellement approximatifs, et ne pouvant être grou-
pés ainsi pour donner un total, les chiffres que nous indiquons ont, néan-
moins, une valeur pour faire apprécier la durée comparative des époques
dans la grande période tertiaire. On reconnaît, par la puissance des dé-
pôts, que les étages les plus considérables sont les deux inférieurs,
suessonien et parisien; puis vient le dernier, subapennin, tandis que les
deux autres n'alteignent pas la moitié des premiers, surtout.
Les déductions générales qu'on peut tirer dans ces étages de la na-
ture des sédiments et des fossiles, c'est que toutes ces époques successi-
ves des terrains tertiaires montraient, comme la nature actuelle, des
continents et des mers, soumis à toutes les lois physiques et naturelles
qui agissent, aujourd'hui, sur notre globe (§ 78 à 129). '
§ 2367. Caractères paléontologiques. Le faciès si différent qui fait
distinguer, au premier aperçu, la faune des terrains tertiaires de la
faune des terrains plus inférieurs, crétacés et jurassiques, dépend des
caractères positifs et négatifs de la faune tertiaire.
Caractères négatifs tirés des genres. Les 228 genres éteints pendant
la période crétacée § 2151), sans passer aux terrains tertiaires, devien-
nent ici autant de caractères négatifs qu'on peut consulter pour distin-
guer les terrains tertiaires des terrains crétacés.
§ 2368. Les caractères négatifs qui disiinguent la faune tertiaire de la
faune actuellement vivante sont tellement nombreux, qu'il faudrait un
volume pour les énuniérer. Nous avons dit ailleurs (§ 1594) que ces
genres inconnus dans les couches fossilifères tertiaires, et propres seu-
lement à la faune actuelle, s'élèvent à 1324 environ. Ce nombre de
genres, répartis dans toutes les classes et dans les ordres d'êtres, cl
contemporains de l'homme, aussi inconnus dans les terrains tertiaires»
suffira, nous le pensons, pour donner une idée des différences zoolo^
giques qui existent entre les deux.
§ 23G9. Caractères positifs tirés des genres. Pour distinguer les
terrains tertiaires des terrains crétacés, nous avons les 514 genres In-
connus aux terrains crétacés, et leur servant de caractères négatifs
(§ 3149), qui naissent avec les terrains tertiaires, et sont, pour cette pé-
riode, autant de caractères positifs.
CHAI>. VI. - TERRAINS TERTIAIRES. 705
§ 2370. Les terrains tertiaires se distinguent de l'époque actuelle par
221 genres^ qui s'éteignent dans ces terrains, sans arriver jusqu'à la
faune contemporaine de Thonime, et offrent autant de caractères positifs
diiïérents. Ces genres, qu'on pourra trouver dans nos tableaux, sont
ainsi répartis dans les séries animales : parmi le» Mammifères, les 6G
genres de notre tableau n» 1 ; parmi les Oiseaux, les 4 genres de notre
tableau n» 2 ; parmi les Reptiles, les 8 genres de notre 3« tableau ; parmi
les P.iissons, 49 genres; parmi les Crustacés, le genre Palœonùcus;
parmi les Céphalopodes, 3 genres de nos &« et C« tableaux ; parmi les
Gastéropodes, 8 genres de nos 6<^ et 7« tableaux ; parmi les Lameliibran-
che:i, 5 genres de notre 8« tableau ; parmi les Bryozoaires, G genres de
notre 10« tableau; parmi les Échinodermes, les IG genres de nos 11" et
f2« tableaux ; parmi les Zoophytes, les 45 genres de notre t3« tableau ;
parmi les Foraminifères, les 9 genres de notre 14« tableau; parmi les
Amorphozoaires, le genre Gutliardiaj de notre I5<> tableau.
§ 237 1. En résumé, les caractères différentiels de faciès entre la faune
tertiaire et la faune crétacée sont déterminés par 218 genres négatifs et
5l4 genres positifs ou 742 formes animales, qui n'existent que dans l'un
des deux. Les caractères différentiels entre la faune tertiaire et la faune
actuelle sont donnés par 221 genres inconnus dans notre faune, ense-
velis dans les couches tertiaires, et par 1324 genres, non encore existants
dans la faune tertiaire, nés seulement avec l'homme dans la faune con-
temporaine. Prise en général, on peut dire encore, que la faune tertiaire
se rapproche, par tous ses caractères, beaucoup plus des êtres vivant
actuellement que de la faune des terrains crétacés. C'est, en effet, une
génération dont les formes sont analogues, sans être identiques, à ce
que nous voyons dans nos mers et sur nos continents. Un autre fait
ressort également : c'est que l'ensemble de la faune est aussi bien in-
termédiaire aux terrains crétacés et à la faune actuelle par ses carac-
tères zoologiques que par sa position straligraphique.
§ 2372. Caractères paléontologîques ttréi dei eipèces. Les carac*
tères stratigraphiques que donnent les espèces sont très-nombreux. In-
dépendamment des Plantes, s'élevantà plus de COQ, et des Animaux
vertébrés et annelés, dont les espèces fossiles atteignent le chiffre de
près de 1500, nous avons, seulement dans les Animaux mollusquca et
rayonnes inscrits dans notre Prodrome de Paléontologie straligraphi-
que (tomes 2 et 3) le nombre de 6042 espèces discutées , quant à leur
synonymie. Ces espèces sont distribuées de la manière suivante dans
les étages :
706 QUATRIÈME PAKTIE. - SUCCIiSSION CHRONOLOGIQUE.
Bip«ee«reae«Blrées KsptaM ipëriilei
ÉTAGES. dan* deui ou trois éUces k TOTAUX.
à U fois. i
27« étage sabapennin 83 (23 606
( falunien ... 28 2726 2754
26- étage falunien | ^^^^^^^ . „g „g
2&« étage parisien 8 tS68 1576
24« étage suessonien 8 670 678
Totaux 127 56t5 6042
Nombre réel des espèces com-
munes après suppression des
chiffres répétés 91
D'après les chiffres qui précèdent, les faits relatifs aax espèces, dont
on trouvera les détails aux étages, nous permettent 4e donner, oomme
aux terrains précédents, les conclusions suivantes :
§ 2373. f o li existe, dans les terrains tertiaires, ptan de 8000 espèeea
d'Animaux entièrement différents des Animaux des périodes aniérienrea
et de l'époque aclueile, et pouvant caractériser ces terrains.
2» Ce nombre se divise en cinq zones superposées, formant, dans
l'ensemble des terrains tertiaires, autant de faunes chronologiques on
d'époques qui se sont succédé régulièrement les unes aux autres.
30 Chaque zone a montré encore une faune spéciale, distincte des zo-
nes inférieures et supérieures, qui constitue un étage, une époque bieki
caractérisée, de la même valeur que l'époque actuelle.
4« Le nombre des espèces qui se trouvent, par accident on aatrement,
dans deux de ces étages à la fois, dont le nombre avait été considérable-
ment exagéré, par suite de fausses déterminations, est dans les rapports
de 91 à 6042, et ne s'élève, dès lors, en réalité, qu'à im et demi pour cent.
Ce nombre, si peu élevé, ne peut donc, en aucune manière, infirmer
les résultats propres aux faunes spéciales successives.
§ 2374. Chronologie hutorique. La grande période des terrains
tertiaires a montré, à toutes les époques, des continents et des mers;
mais ces continents et ces mers, au moins en Europe, se sont modifiés
successivement à chaque étage. Voici, comme on en verra les détails aux
étages, les grands traits de ces modifications.
]r« Circonscription des mers tertiaires. Au commencement de la
grande période tertiaire, pendant la durée de l'étage suessonien ou
nummulitique, les mers et les continents différaient peu de leurs der-
nières circonscriptions pendant la période crétacée. {Voyex étage 24* de
notre cartet /ig» 663.) Le bassin anglo-parisien, très-restrehit au sad,
GMAP. VI. - TERRAINS TERTIAIRES. 707
avait abandonné la Touraine, et ne s'étendait plus que du cours
de la Seine jusqu'à Bruxelles en Belgique, et depuis Reims et Mon-
tereau en France jusqu'à Salisbury et à Hertford en Angleterre. Cette
mer s'était donc diminuée au sud, et très-éiargie au N.-E. Elle était
bornée au N.-O. par le continent anglais, et au sud par le massif bre-
ton, réuni au plateau central et aux Vosges de la France, qui s'étend au
N.-E. jusqu'en Belgique et au grand-duché du Bas-Rhin, etc.
Le bassin pyrénéen parait aussi peu différer de la circonscription pen-
dant la dernière période crétacée ; la mer seulement, très-restreinte au
N. et au N.-E., s'étend de l'embouchure de Ip Gironde aux parties au-
jourd'hui occupées par les Pyrénées, qu'elle recouvre partout, en France
et en Espagne. Elle communiquait, par le S.-E., avec le bassin médi-
terranéen^ Cette mer est bornée au N. et au N.-E. par le massif breton
et le plateau central réunis.
La mer méditerranéenne commence dans la Haute-Garonne, l'Ariége
et l'Aude; elle parait, ensuite, avoir couvert, sur l'emplacement des
Alpes, une partie du Var, des Basses-Alpes, et s'être prolongée beau-
coup au N.-N.-E., dans les Alpes, les Carpathes, l'Italie, la Dalma-
tle, etc
2« CircoMcripîiffn des mers tertiaires. Lee Pyrénées ayant surgi au-
dessus des mers, en même temps que le pays de Bray et une partie du
Surrey, en Angleterre, se sont surélevés à la fin de la période suesso-
nienne, les mers ont totalement changé de circonscription, comme on
le verra sur notre earte (fig. 56d, au 20» étage). Dans le bassin anglo-
parisien, la surélévation du pays de Bray, du Pas-de-Calais en France,
du Surrey et du Sussex en Angleterre, parait avoir refoulé les mers vers
le S.-O. et le N.-E., en France et en Angleterre. Sur le continent actuel,
la mer parisienne B*étend du Colentin à la Seine et jusqu'à Épernay ;
mais, très-restreinte au N.-E., elle ne parait pas s'étendre au delà de
Laon. Interrompue dans une partie de la Somme, du Pas-de-Calais et
de la Belgique, eMe reparait sur une ligne est et ouest, parallèle à
Bruxelles, et se trouve alors séparée en deux parties. La même chose se
voit en AngleteflPe, oè les mers parisiennes se montrent seulement au
nord et au sud du Sussex et du Surrey.
Le bassin pyrénéen parait avoir subi 1e plus grands changements. La
chaîne des Pyrénées ayant remplacé les mers sucssoniennes, la mer pa-
risienne a été considérablement réduite. On n'en trouve des traces qu'à
Biaye, à l'embouchure de la Gironde et dans la Vendée, où elle parait
s'étendre pour la première fois.
Dans le bassin méditerranéen, la mer parisienne ne montre plus que
des lambeaux dans les Alpes françaises et la Savoie.
3^ Circonscription des mers tertiaires, à l'époque des dépôts ton-
708 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
griens. Plus séparées que jamais en deux parties, les mers du bassin
anglo-parisien s'éloignent, de plus en plus, en France vers leN.-O., dont
elles n'occupent plus qu'une partie, autour de remplacement actuel de
Paris (étage 26 a de notre fig. 563). En Belgique, elles s'éloignent aussi
beaucoup vers le N.-E. de Tongres, à Maestriclit. Dans le bassin py-
rénéen, la mer occupe une surface E. et 0., comprise entre Nérae,
Bergerac et i'Océan, et du N. au S. depuis Lesparre jusqu'à Dax.
4« Circonscription des mers tertiaires. Des changements de niveau,
sans doute déterminés par des perturbations géologiques, viennent chan-
ger encore la forme des mers faluniennes. A cette époque, la mer se
retire entièrement du bassin parisien, où nous avons vu se soccéder
les mers de vingt-deux époques, des terrains triasiques à l'étage ton-
grien. Toujours en s'avançant vers le N.-E., la mer, dans l'ancien bassin
anglo-parisien, ne se voit plus qu'au N.-E. de la Belgique, et au N.-E.
de l'Angleterre, dans le SulTolk et le Norfolk. Comme pour compenser
ce manque de mers autour de Paris, il se forme une nouvelle mer, que
nous désignerons comme bassin ligérien^ qui s'étend de Pontlevoy
jusqu'à la Manche [voyez étage 36 6 de notre carte, fig. 563), en cou-
vrant une partie des départements de Loir-et-Cher, d'Indre-et-LoIre,
des Deux Sèvres, de Maine-et-Loire, de la Mayenne, de la Loire-Infé-
rieure, d'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord. Dans le bassin pyrénéen,
la mer falunienne se rétrécit seulement tout autour, et n'occupe plus
que le dedans des parties occupées par la mer tongrienne. Le bassin
méditerranéen, au contraire, commence dans l'Hérault, occupe les
Bouehes-du-Uhône, et s'étend au N.-N.-Ë., par Valence, la Tour-du-Pin,
le fort de l'Écluse, en Savoie et en Suisse, jusqu'au Danube, dans quel-
ques parties du Var et dans les États sardes.
5« Circonsct-iption des mers tertiaires, A l'époque de l'étage subapen-
nin, les mers ont encore changé de formes. La surélévation des Alpes
ayant changé les niveaux et amené de grandes perturbations, elles n'oc-
cupent plus le bassin ligérien ni le bassin pyrénéen ; et, de toutes les
mers tertiaires de France, nous ne voyons plus, sur les continents ac-
tuels, que deux points maritimes, les environs de Perpignan et de Mont-
pellier; mais en Italie, au contraire, tout TAstesan et une grande sur-
face de la péninsule étaient sous les eaux. On s'aperçoit, néanmoins, que
les mers tertiaires se sont rapprochées de leur forme actuelle durant
la période subapennine, et qu'il reste peu de changements pour leur
donner la forme qu'elles ont aujourd'hui.
§ 2375. Durant la période tertiaire, les Animaux se sont bien souvent
renouvelés ; mais le caractère le plus tranché de cette époque est, sans
contredit, !' apparition et le développement extraordinaire qui a eu lieu
parmi les Animaux vertébrés. C'est, en effet, alors, que les continents se
CHAP. VI. - TKRRAINS TERTIAIRES.
709
sont peuplés, pour la première fois, de ces Mammifères si remarquables
par leurs proportions ou leurs caractères, tels que \esi Antacotherium,
les Lophiodon, les Palœotherium, les Anoplotherium, les Dinotherium,
les Toxodon, les Mastodon, les Smilodon, les Glyptodon, les Megathe-
rium, les Megaionix, et tant d'autres que nous nous dispensons de citer.
C'est encore alors, que les continents étaient peuplés de ces Oiseaux réel-
lement géants, même à côté de notre autruche ; de ces Salamandres
(Andrias) aussi grandes que les crocodiles actuels. Il est à remarquer
que tous ces grands Animaux devaient être entourés d'une végétation
proportionnée. Les mers étaient également peuplées d'un nombre consi-
dérable d'êtres de toutes les classes, presque aussi variés que de nos
Jours.
§ 2376. Pour les Végétaux, toIcI ce que M. Rrongniart en dit, après
avoir donné le tableau suivant du nombre des espèces :
Cryptogames
Amphigènes
Acrogènes
Phanérogames monocotylédones. . .
Dicotylédones
Gymnospermes
Angiospermes
TOTADX
EPOQUE
éocène.
33
»
»
33
143
u
n
16
17
33
»
40
» 103
209
ÉPOQUE
mi ocèue
10 •
» 6
o 4
26 26 1
07 »
o 19
M 78
133
ÉPOQUE
pliocène.
13
i>
n
4
195
»
»
6
7
4
»
31
164
212
u Quant aux caractères tirés des formes végétales pendant ces trois
époques, les plus remarquables me paraissent :
«< 10 Pour l'époque éocène {\) {nos étages suessonien et parisien), la
présence, mais la rareté, des palmiers, bornés à un petit nombre d'es-
pèces. La prédominance des algues et des monocotylédones marines
qu'on doit attribuer à la grande étendue des terrains marins péhdant
cette époque. L'existence d'un grand nombre de formes extra-euro-
péennes, résultant surtout, du reste, de la présence de fruits fossiles
de Sheppey ;
«< 20 Pour l'époque miocène (nos étages tongrien et falunien), l'abon-
(1) Nous avons voulu reproduire textuellenent le texte de M. Biongrniart, tout en n'adoptant
pas les dénominations à^éoctite, de mioéène et de plioeeme (fi tSSS).
710 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
« dance des palmiers dans la plupart des localités appartenant sans
« contestation à cette époque ; Teiistence d'un assez grand nombre de
« formes non européennes, et particulièrement du genre Stetnhauera,
« qui me parait une rubiacée voisine des Nauelea, trouvée dans plu-
« sieurs localités de ces terrains ;
« 30 Pour l'époque pliocène, la grande prédominance et la variété
« des Dicotylédones, la rareté des Monocotylédones et Tabsenee surtout
« des palmiers ; enûn, l'analogie générale des .formes de ces plantes
« avec celles des régions tempérées de l'Europe, de l'Amérique septen-
« trionale et du Japon.
« Un caractère remarquable des flores de ces trois époques, mais qui
« devient plus frappant encore pour cette dernière, dans laquelle les
•* plantes dicotylédones sont plus nombreuses, c'est l'absence des fa-
« milles les plus nombreuses et les plus caractéristiques de la division
« des Gamopétales. Ainsi, au milieu des empreintes si nombreuses de
« Partschlug, d'OEningen, de Hœrring, de Radohoj, etc., rien n'annonce
m l'existence des Composées, des Campanulacées, des Personnées, des
• Labiées, des Solanées, des Borraginées, etc. Les seules Monopétales,
« citées en grand nombre, sont des Éricacées, de Nicinées, quelques
« Sapotées et Styracées, familles qui tienoenl presque autant des Dia-
« lypétales que des Gamopétales. Dans la flore miocène seulement, on
« indique plusieurs Apocynées et le genre Rubiacées. »
§ 2377. En voyant à toutes les époques tertiaires, les genres d'Ani-
maux des régions cbaudes actuelles se trouver également dans les ré-
glons tempérées et froides, nous devons croire, comme nous généralise-
rons cette observation plus tard, qu'une température uniforme, produite
par la chaleur centrale de la terre, neutralisait les lignes isothermes jus-
qu'à l'époque qui nous a précédés sur la terre.
Nous avons aussi, pendant toute cette longue période, des preuves sans
nombre que les oscillations du sol étaient très-fréquentes, et qu'elles ont
amené de nombreuses perturbations durant les différentes époques.
§ 2378. La circonscription stratigraphique des étages, les limites des
faunes et les changements survenus dans la circonscription des mers
nous donnent la certitude que, à cinq reprises successives, des pertur-
bations géologiques plus fortes que les oscillations (§ 163) ont inter-
rompu l'animation sur les continents et les mers. Après chacune de ces
catastrophes, le calme est revenu sur la terre, et une création nouvelle,
composée d'espèces distinctes des espèces de l'époque antérieure, est
venue repeupler la nature entière.
§ 2379. Les roches plutoniennes qui apparaissent, lors des disloca-
tions de la période tertiaire, non citées dans les terrains plus anciens,
sont les suivantes, d'après M. GoTd\et.
CHAP. VI. -^ TERRAINS TERTIAIRES. 711
niimotite (partie de la DolériU et du Trapp de M. d'Omalius d'flal-
loy, partie de la Dolérite de M. Brongniart), roche de couleur noirâtre,
grenue, à grains très-fins, composée de pyroxène ( 1/5 à Vio ^^ 1*
niasse), de fer titane (1 à Vioo^^l» Pour le reste, de feldspath vitreux
teint en vert noirâtre par le pyroxène. Cette roche passe* au Basanlte.
§ 2380. Pbonolithe. {Pétrosilex fissile et partie des L^ucostinêi de
M. Brongniart, Klingstein des Allemands.) Cette roche ne diffère des
traehytes que par le volume des parties constituantes. Pâte analogue,
compacte, ayant un fil très-prononcé suivant le plan du courant, et for-
mant souvent des plaques tubulaires résonnantes. Elle forme des amas
horizontaux, des dykes et des filons.
§ 2381. Leuoottine. {Porphyre leueostinique ; Porphyre trachytique,
partie du Phonolithe de M. d'Omalius et des Leucostines de M. Bron-
gniart.) Intermédiaire entre les traehytes et les phonolithes,et de même
composition, quoique de contexture plus serrée que la première, et moins
que la seconde, cette roche diffère, de plus, du pbonolithe en ce
qu'elle n'est ni fissile, ni sonore. Le mica, le fer titane et l'amphibole y
sont plus abondants. Son aspect est porphyrique, par la présence de
cristaux visibles de feldspath, de mica et d'amphibole. Elle se trouve
comme les phonoiithes.
§ 3382. Traohyte. (Comprenant la Domite de quelques géologues ;
Masegna néeroliihe.) Pâte poreuse, âpre au toucher, composée entière-
ment de grains microscopiques de feldspath enchevêtrés et laissant des
vides entre eux, plus quelques centièmes de mica, d'amphibole et de
fer titane. Des cristaux de ces éléments rendent le trachyte porphy-
roïde. 11 formey comme les roches précédentes, des amas, des filons
et des dykes.
§ 2383. Fritte leuoottinique (ou Fritte trachy tique) , Avec la même
composition que les traehytes, cette roche en diffère par sa couleur
rougeàtre, sa texture plus lâche, son aspect scoriacé et ses boursou-
flures. Elle n'est point vitreuse, et sa pâte est souvent lithoîde. Elle
forme des surfaces à la partie inférieure des courants trachytiques, pho-
nolithiques et leucostiniques.
§ 2384. Dolérite. Celte roche grenue est formée des mêmes élé-
ments que la mimosite, mais avec plus de pyroxène (V4 ou Vs ^^ 1&
masse), de fer titane (jusqu'à ''^/loo)» et contenant le feldspath de cou-
leur blanchâtre, au lieu d'être vert ou noirâtre. Elle est souvent po-
reuse et cellulaire, quelquefois amygdalaire ; sur certains points, ses
éléments diminuent de volume ; la roche passe à l'état compacte, et de
là aux basaltes.
§ 2385. Batanîte. (Partie de la Téphrine de M. Brongniart, partie
de la Téphrine et du Basalte de M. d'Omalius d'Halloy ; Lave té^hri-
712 QUATKIÈME PARTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
niqtte.) Avec la même composition que les mimosites, cette rocbe con-
tient des éléments microscopiques. Elle est souvent cellulaire, de cou-
leur grisâtre ou brunâtre, se vitrifiant au chalumeau en verre blanc
grisâtre parsemé de points plus foncés.
§ 3386. Basalte. (Le Basalte^ et partie du Basanite de M. Brongniart,
partie du Basanite de M. d'Omalius.) Avec des éléments microscopiques
analogues à ceux des basanites, cette roche s'en distingue par sa cou-
leur noirâtre. Elle est souvent porphyroîde, cellulaire et prismatique,
et contient du péridot, soit en cristaux disséminés, soit en rognons.
§ 2387. Péridolithe. (Partie du Basalte de M. d'Omalius, et du Ba-
sanite de M. Brongniart.) Basaltique ou basanitique, ordinairement
grisâtre ; dans cette roche une grande partie du pyroxèneest remplacée
par du péridot, qui y forme quelquefois près de la moitié de la maaae.
En décomposition, cette roche devient rougeàtre.
§ 2388. Amphigénite. (Leucitophyre de M. d'Omalius. Lave am-'
phigénitique.) Roche basaltique grisâtre, dans laquelle la plus grande
partie du feldspath est remplacée par des cristaux d'amphigène, souvent
visibles à l'œil nu. Elle fait partie des déjections de quelques volcans
éteints et du Vésuve.
§ 2389. Gendres basaltiques (ou Cinérite). M Gordier a reconnu
que cette cendre est composée des mêmes éléments minéralogiqoes que
les laves basaltiques. Ce sont des cristaux microscopiques de pyroxène,
feldspath, fer titane, amphigène, péridot, etc , en couches ou en amas.
§ 2390. Pumite lapillaire. (Partie de la Ponce de M. d'Omalius.)
Cette roche ne dilTère des pumites stratiformes qu'en ce qu'elle résulte
du refroidissement dans l'air et de la consolidation, panpetits fragments,
de matières incandescentes projetées par les volcans, et qui forment, sur
le sol, des couches incohérentes.
24« Étage i SUE9SONIEN, d*Orb.
Première apparition certaine de la classe des Mammifères; des ordres
des Oiseaux passereaux, des Poissons pleurunectoïdes, des Gastéropodes
pulmoués, des (^.rustacés stomapodes; des genres Sigaretus, Oliva^
Triton, Terebra, Cassis, Uelix, Bulimus, CydostomOt Melanopsis,
Anodonta, Schizaster^ Flahellum, Sphenotrochus, CeratotroehuSf etc.
Règne des genres Protornis, Terehellum^ Buceinanops, Terecitna,
Pygurus, Uemiaster^ Conoclypus, Eupatagus, Gualtieria, Conocrinvs,
Enallastrea, Assilina, NummuliteSy etc., etc.
Zone du Physa gigantea, du Turritelta carinifera, du Nerita Sche-
mideltiana {Conoidea, Lam.), du Voluta ambigua, du Cerithium vul-
canutn, du CrassateUa rliotnbotdea^ du Svon<ii//tt< bifrons, de VOsirea
CHAP. VI. - VINGT-QUATKIÈME lîTAGE : SUESSONIEN. 713
evrrsa^ des Nummulites nummularia et plantUata, de VÀssilina de-
pressât «les Àlveolina ovoidea et oblonga»
§ 2391. Gjnfondu, sous le nié ne nom é'Éocène, avec l'étage pari-
sien, d'autres fois entièrement séparé, tour à tour considéré comme
crétacé, comme tertiaire, ou intermédiaire aux deui terrains, suivant
les lieux ou sa composition minéralogique, l'étage qui nous occupe a
reçu beaucoup de noms dilTérents, et a motivé les observations les plus
contradictoires. En l'abordant, nous ne nous dissimulons pas les difficul-
tés que nous avons à vaincre pour résoudre quelques-unes des questions
qui s'y rattachent et pour répondre, dans un cadre aussi restreint que le
nôtre, aux idées émises à son égard. Dégagé de toute opinion préconçue
et de toute influence, nous allons entrer franchement dans la lice. Nous
accumulerons les faits, nous les discuterons, comme nous Pavons fait
jusqu'ici, afin d'arriver, par leur ensemble, à une solution logique. Si
nous ne réussissons pas à jeter quelque lumière sur un des points
les plus controversés de la science, nous aurons au moins apporté notre
tribut de recherches, et nous aurons tenté l'une des tâches les plus dif-
ficiles de la géologie actuelle (i).
§ 2392. Dérivé du nom. Ne pouvant, en aucune manière, conserver
à l'étage soit un nom basé sur un caractère minéralogique , toujours
local, ou sur un caractère de fossiles qui peut manquer et n'être pins
vrai, nous avons donné à l'ensemble le nom d'éiage suessonierif la ville
de Soissons {Àugusia Suesêonum, ou Suessones) en montrant, aux
couches inférieures de sa vallée, l'un des types français. Nous réunis-
sons sous ce nom l'argile plastique, les lignites et les sables inférieurs
glauconieux du bassin parisien, placés au-dessous de la zone à Nummu-
lites lœvigata du bassin de Paris; le calcaire à nummulites de Royan,
des bords de TAdour, de la chaîne des Pyrénées et de Biaritz, dans le
bassin pyrénéen ; les calcaires nummuiitiques de Cu»za, du mont Ala-
ric ; les calcaires d'eau douce des montagnes Noires, d'Orgon, de Yi-
trolles ; les terrains nummuiitiques du Vit, près de Castellanne, de la
fontaine du Jarrier, près de Nue, et presque tous les terrains nummu-
iitiques du monde. Voici, du reste, la synonymie des parties que nous
y réunissons stratigraphiquement.
§ 2393. Synonymie. Suivant les fossiles, c'est le Calcaire nummuH-
lique des auteurs, la Formation nummuUtique de M. Gras, une partie
des Terrains éoeènes de M. LyeU. Suivant la position, c'est une par-
tie {argiles plastiques) des terrains tertiaires inférieurs de MM. Du*
frenoy et Élie de Beaumont.
Suivant la composition minéralogique. ce sont les Sables inférieurs
(1) Cet ouvrage ayant été écrit en 184T, nous n'aTuns fait, à l'ctage siies«onien, qu'ajouter )e«
observations de M. Marchison, qui confirment en tout point les nôtres.
714 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
de M. Melleville; la Glauconie inférieure , le CcUcaire lacustre infé-
rieur, les Argiles, les Lignites, les Sables et les Grès glaucanieux de
M. d'Archlac; V Argile plastique des auteurs ; le Plastic clay de M. Man-
tell et des géologues anglais; le Sand de Woolwieh de M. Morris;
les Terrains alarieiens et numm^liiiques de M. Tala vignes; le Terrain
épicrétacéde M. Ley merle; la Formation crétacée supérieure de M. de
Collegno (Turin, 1837; V Étage glauconieux ou les Sables glaueo-
nieux inférieurs [Sables ^ Grès et Poudingues glauconieux, les Lt-
gnites et la Glaucome moyenne) de M. Graves; les Terrains mamo-
charbonneux, argilo-sableux élastiques de M. Brongniart; le r^rrotii
tritonien inférieur de M. d'Omalius d'Halloy ; V Argile plastique et les
Sables quartx^ux glauconifères de M. Charles d'Orbigny (tableau). C'est
le Terrain à lignites de M. Mathéron ; les Argiles d'Hautrage, les Grès
de Grandglise de M. d'Omalius.
Types français. Les sables de Bracheux (Oise) ; les couches inférieures
au fittmmtt<t(es lavigata de Soissons, de Laon (Aisne), de Guise-la-
Motte ; le mont Alaric, Couiza (Aude) ; les bords de TAdour, Biarits
(Landes et Basses-Pyrénées) ; le Vit, près de Castellanne (Basses-Alpes);
Saini-Vallier (Var).
§ 2394. Extension géographique. {Voyex étage 24«, fig. 563.)
Commençons par le bassin anglo-parisien. Des lambeaux se remar-
quent en France au nord-ouest des grandes surfaces, comme ceux du
phare d'AIlly. de Varengeville, près de Dieppe, les buttes de Combles»
au sud-e^t d'Eu, la colline sur Authie (Seine- Inférieure), à Saint- Valéry*
sur-Somme (Somme), à Cassel (Nord), à Sauros, à Saint-Aubin, à
Saint- Josse, à Touest de Montreuil -sur-Mer (Pas-de-Calais). Une cein-
ture se voit au nord et à Test du bassin, indépendamment de vastes
lambeaux au centre. Le département de TOise, si bien étudié par
M. Graves, en offre de vastes surfaces , à Bonneull , à Gallet , à G^e-
teuil, à Crèvecœur, à Beauvais, à Bracheux, à Abbecourt, à Noaillea, à
Gulscard, à Noyon, àSolente, à Culse-la-Motte, à Gilocourt, à Pierre-
fonds, etc., etc. On le voit, dans la Somme, à Roye, à Nesle; dans
l'Aisne, à Soissons (couches inférieures), à Cormicy, à Villers le-Fran-
cœur, à Saint-Quentin, à la Fère, à Laon, et sur beaucoup d'autres points
cités par MM. d'Archiac et Malieville. Il forme, dans ce département,
une bande non interrompoe, qu'on voit sur la craie et au-dessous des
calcaires grossiers, et qui se continue dans la Marne, à Châlons-sur-
Vesle, à Fleury-la-Rivière, à Ciry-Salsogne , à Dizy-les-Roslères, à Lisy,
aux Voisinons, à Mailly, à Rilly-la-Montagne, tout autour d'Épernay, à
Mutigny, à Champillon, à Quatre-OEufs, près d'Ay, au mont Bernon,
près d'Épernay, à Cuis et à Chavot; auprès de Vertus, de Sézanne, de
Villenoxe; dans Seine-el-Man\e , à Provins^ à Montereau, à Melun.
CHAP. VI - VINGT-QUATRIÈME ÉTAGE : SUESSONIEN. 715
Autour de Paris, on le trouve sous Tétage parisien, à Meudon, à Vaugi-
rard, et à Gentiily. Nui doute que ia mer suessonienne du même bas-
sin ne s'étendit, sans interruption, en Angieterre, sur l'étage séno-
nien, dans le Dorsetshire, le Willshlre ; dans le Kent, à Upnor ; dans le
Sussex, à Neiwhaven, à Gastie-Hlli, à Aiumbay, dans l'Ile de Wight; dans
le Surrey , à Headeiey , à Bromley; autour de Londres, à Charlton, à
Loampit-Hill, à Groydon, à Wolwich, à Deepford, à Lewesham, à Sun-
dridge-Park; dans le Berkshire, à Gatsgrove, près de Reading; dans
rUerefordshire, à Northaw, à Stubbington. Nous ne doutons pas, non
plus, d'après les recherches de M. d'Archiac, que l'étage ne se continue
en Belgique, où il a été reconnu à Sainte-Trinité, près de Tournay,
entre Giliy et Charieroy, à Espenon, de Nivelle à Saint-Tron, près de Jo-
doigne, à Mons, à Ciply, jusqu'à Folx-les Caves et Orp-le-Grand, à Hau-
trage, à Peruwels, à Grandglise et à Saint-Gilles, près de Bruxelles.
Dans le bassin pyrénéen, cet étage parait encore occuper une plus
vaste superficie. Nous en avons découvert, en 1844 (1), à Saint-Palais,
près de Royan, à l'embouchure de la Gironde (Charente-Inrérleure), un
lambeau bien caractérisé, que M. Raulin a reconnu s*étendre sous la
tour de Cordouan, à la pointe du Médoc, aux rochers de Saint-Nicolas
et d'Osseau. Il parait, en effet, occuper, sous les étages parisien et falu-
nien, tout le bassin de la Gironde et de TAdour. On le voit poindre dans
le département des Landes, à Baskeras, à Tuc-du-Saumon, près de
Gasoen, au nord de Montfort, à Brassempouy, près de Hageiman, à
Gibret, à Laplane, à Bastennes, à Gamarde, à Mouguerre, à Donzacq,
au Petit-Sarrail, et sur une partie du cours de l'Adour ; dans les Basses-
Pyrénées, au port des Basques, à Bidart, à Saint-Pierre, à Peyrorade et au
phare de Biarltz. M. de Verneuil l'a reconnu sur le versant espagnol des
Pyrénées, à Columbres, sur la limite des provinces des Asturies et de Saint-
Ander, ainsi qu'à San-Vicente de la Barquera. L'étage parait former
une vaste bande sur tout le versant méridional des Pyrénées en Espa-
gne, en partant de Vittoria, et passant par Pampelune, Sanguesa, Jaca,
Ainsa, Pobia, Berga, Ripoll, Castel-Follit et Figulères. Dans les Pyrénées
françaises, le versant septentrional en offre de bien caractérisé, aux en-
virons de Pau.
Le bassin méditerranéen nous montre de très-vastes surfaces de
l'étage suessonien. Si nous continuons le versant septentrional des Py-
rénées, nous l'avons parfaitement reconnu dans la Haute-Garonne, à
Saint-Martory même, à Boulogne, à Salnt-Gaudens. Il existe encore dans
les Hautes-Pyrénées, à Ma uléon, canton de Castelnau-Magnoac, au mont
Gaillard , à Montbrun ; dans l'Ariége, au Mas, à la Roque ; dans l'Aude,
(1) Bulletin de la Soeiélé géol. de France^ t. XIV, p. 487.
716 QUATRIÈME PARTIE. - SUGCESSION CHRONOLOGIQUE.
il forme un vaste lambeau d'un côté sur le versant des montagnes
Noires, de l'autre à Couiza, près d'AUet, à Montolteux, à Roubia, au
mont Alaric, à Lagrasse, à Conques, à Bize, à AUias, à Fonjoncouse, à
Fontcouverle, A Villeneuve-les Cliaudens, à Villegailhenc, an nord de
Garcassonne, à Yéraza, à Constouge, à Ësperaza, aux bords du Rable,
entre Saint-Laurent et Coustouge. Nous considérons comme un dépAt
terrestre de cette époque tout le calcaire d'eau douce inférieur qui ne
montre d'abord à Orgon ; puis, interrompu par la dislocation des Alpines
et des Opies , il reparait à la Fare, à la Téte-Noire, à la rivière de Larc;
forme toutes fes hautes collines de Vitrolles, et se continue à Gar-
danne, à Fuveau, à Trets, à Auriol, à Pichinier, à Peynier, à Simiane,
à Rognac, aux Baui, à MimeL à Mons à Canet, près de Mereuii,
à Saint- Victoret, à i^ngresse et au quartier du Montaignet, près d'Aii,
à Martigues (Bouches-du-Rhône), dont les fossiles ont été décrits par
M. Mathéron. Dans le Var, un lambeau existe près du Beaussei, à Aups
et à la Cadière. Avec M. Astier, qui a rendu de si grands services à la
géologie des Alpes, nous avons reconnu un petit lambeau au Pilon-de-
Saint- Vallier, route de Grasse à Castellanne ; nous en avons vu un se-
cond au Vil et à la montée de Taulanne , près de Castellanne. D'autres
ont été reconnus par M. Scipion Gras, à six kilomètres au nord-ouest
de Saint-André-de-Méoullles, sur la rive droite du Verdon ; à Saint-Be-
noit, près d'Annot, à L^usanier, à Bauvesert (Basses- Alpes). On le re-
trouve autour de Barceionnelte, de Colmars; M. Astier l'a rencontré à
Saint-Sever, àSaint-Paul-du-Yar, et il se continue, danslecomtédeNice,
à la Fontaine du Jarrier, à la montagne de la Palarea, et, suivant M. de
Coliegno, au roc de Cai^sino et à la Trinlta de Cassino, près de Turin
L'étage couvre, en lambeaux, une partie de la Suisse, de la Savoie,
de l'Italie, de la chaîne des Alpes et des Carpathes, si bien étudiés par
M. Murchison. On le voit à Tbones (Savoie) ; à Beatenberg, sur les
bords du lac de Lucerne, aux environs d'Einsiedeln, à Claris, dans les
Grisons, près d'Appenzell, près de Weissbad, au Vorariberg, au nord de
Schwarzenberg ; dans les Alpes méridionales et dans le Vicentin, à
Ronca, au Monl-Bulca, près de Bassano , au val d'Urgana, au val
d'Agno, à Castel-Gomberto, à Vérone; dans le Tyrol autrichien, à
Untersberg, à Karsl; au nord de Venise, à Bellune, au nord de Trieste.
près de Trente, près de Vienne; en Bavière, au Kressemberg; dans la
Transylvanie, à Klausenburg; dans la Hongrie, à Wollersdorf; dans
ristrie, la Dalmatie, en Carniole ; en Pologne, au pied du Tatra, à Zo-
koparre; dans la Carinthie, à Guthareng, etc.
On en retrouve encore de vastes lambeaux en Crimée, à Salghir,,i
Sevastopol; dans le Caucase, en Perse, en Syrie, dans îe Taurus; en
Egypte, où les grandes pyramides en sont bîities ; en Assyrie, à Ma*din
CHAP. VI. - VINGT-QUATRIÈME ÉTAGE : SUESSONIEN. 717
en Grèce, en Morée. Un lambeau terrestre existe dans l'Inde, à Mon-
noor, à Ghioknée, à SicheUHills -, et il parait qae tout le versant méri-
dional de l'Himalaya en montre un vaste développement, comme nous
avons pu en juger par les fossiles qui nous ont été communiqués par
M. Murchison, et provenant des recherches des géologues anglais.
M. MacCieland l'a rencontré, en partant de Gatcutta, dans TAham supé-
rieur, au delà du Delta, du Bramaputra. M. Barnes a rencontré Tétage
formant une crête sur la rive droite de F Indus; il forme encore la
sommité des monts Hala , court du sud au nord , depuis la côte de
l'ouest, et se termine au nord-ouest de Caboul, dans le Caucase hindou.
11 existe à l'extrémité ouest de la province de Gutch, du côté du Sinde,
où M. Grant a observé qu'il repose sur les terrains jurassiques.
En résumé, l'étage, comme nous le considérons, se trouverait en
France, dans les bassins anglo-parisien, pyrénéen et méditerranéen; et
s'étendrait, en Europe, de l'Angleterre et de TEspagne jusqu'en Grimée
et au Gaucase, et de là, en Asie, jusqu'à Calcutta, sur le revers méri-
dional de l'Uymalaya, et en Afrique. On juge, dès lors, quelle peut être
son importance géologique.
§ 2395. Stratification. (Voyex l'étage 24 de notre coupe, fig. 393.)
Prenons, de tous les pays, la partie peut-éire la moins tourmentée poar
point de départ et pour base de nos comparaisons. Voyons, par exemple,
dans le bassin anglo -parisien, où nous avons déjà vu se succéder régu-
lièrement, sans lacunes, les étages triasiques (§ 2792), tous les étages
jurassiques (§ 2877), et tous les étages crétacés (§ 2157), ou dix-neuf
étages sur vingt-sept, comment se comporte ce premier membre des
terrains tertiaires. Lorsque la série crétacée est complète et terminée su-
périeurement par l'étage danien, au mont Aimé, à Vertus, à Montereau,
à Meudon, au Port-Marly, par exemple, les dernières couches de l'étage
suessonien, à l'état de sable, de lignites ou d'argiles , reposent im-
médiatement dessus, en couches presque concordantes. Sur les points
où l'étage danien manque, comme dans tout le dépailem* nt de TOise
(Laversines excepté), dans la Seine-Inférieure, la Somme, l'Aisne, la
partie occidentale de la Marne, et en Angleterre, l'étage suessonien re-
pose partout sur l'étage sénonien. Tous les géologues sont donc main-
tenant d'accord pour croire que les premières couches tertiaires du
bassin anglo-parisien, représentées par les sables glauconieux, par les
argiles ou les lignites, ont bien succédé régulièrement, dans le bassin
anglo -parisien, à l'étage danien, lorsqu'il existe, ou aux couches séno-
niennes, lorsque ce dernier a été dénudé. Il ne peut, dès lors, rester au-
cun doute sur celte succession chronologique régulière. Ce fait adml^,
qui flxe bien la position relative de l'étage suessonien, il s'agit de savoir
si cet élage, le premier du bassin anglo-parisien, n'oiïre pas, ailleurs, un
Vs vH %tKU:Mi: rAHTIK. — SIUXKSSION CHRONOLOGIQUE.
c%4<^: :»K«nmsiai?r à i'rtaçe âanien, oo ri la série M troDTe partoot
l^s> (- Nassr r^^niMn. nous avons td le lambeau nammulitique de
>«'£'. l'S^a»^ rx^r» ai Ri^xait <p âM\ reposer iamiédlateaient sur l'é-
Siint Miu.
-^viu». pn» * a«TUi iCàMitaét-bdénamn)'
5v.~ ^■«•,»*- :'
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:>•« extfif a Biartti, i Bidart, à Peyro-
. Mnt «n être ainsi en Espagne. Le
MiperpoaiiKin dans TAnde, daai
tf Var. au Beansafi, au plan
s^'.itz^in Mtmiitaiièr dans beanconpde
T 't:&:r : ^ nmmaes par M. Mar-
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CHAP. VI.— VINGT-QUATRIÈMK ÉTAGE: SUËSSONIËN. 7 19
suessonien ne doit sa conservation, sur ce point, qu'à un affaissement
de i'étage sénonien antérieur aux dépôts tertiaires. Il en est de même
au Pilon de Saint. Vallier (Yar).
§ 2397. Il existe, dans le bassin parisien , des discordances de dé-
nudation marquées par l'altération supérieure de Tétage danicn si
visible à Vigny, où les couches ont été corrodées, ravinées, avant
d'être recouvertes par les premiers dépôts tertiaires. Ces discordances
sont surtout nombreuses tout autour du bassin parisien. C'est, en
eiTet, à des dénudations profondes qui ont suivi les derniers dépôts
crétacés, et ont précédé les premiers dépôts tertiaires, que nous at-
tribuons, dans les départements de l'Oise, de la Seine-Inférieure, de
la Somme, de la Marne, de Seine-et-Marne, comme on peut le voir
autour de Reims, d'Épernay, etc., d'abord le manque de l'étage da»
nien, et ces couches de silex roulés, brisés, provenant de l'usure de la
craie , accompagnés d'argiles ou de limons rougeâtres, qu'on trouve
entre l'étage sénonien ou craie blanche, et l'étage suessonien, représenté
par ses poudingues, ses grès glauconieux ou ses lignites.
§ 2397 bis. Pour les discordances d'isolement , elles sont aussi très-
nombreuses. Elles sont marquées, d'abord, par le manque, sur le dernier
étage crétacé sénonien, de l'étage suessonien, ce qui indique un mou-
vement géologique entre les deux, comme on le voit, même dans une
grande partie du nord-est et à l'ouest du bassin anglo-parisien. La même
chose existe à Maestricht et en Bohême; sur «30 degrés de largeur, en Rus-
sie; sur une aussi grande surface de l'Amérique septentrionale. (§ 2311),
et au Chili. Les discordances d'isolement sont encore marquées, par le
manque sous l'étage suessonien des derniers membres, des terrains
crétacés ; ce qui annonce bien positivement qu'un changement de niveau
géologique a eu lieu, par suite d'une perturbation, entre la fln des ter-
rains crétacés et le premier étage tertiaire; car, sans cela, ces étages se-
raient régulièrement superposés, comme nous les voyons sur les points
où la série s'est déposée sans interruption. Les points où nous avons
constaté ces discordances d'isolement sont surtout les suivants : A Or-
gon, où l'étage suessonien (faciès terrestre analogue à :celui de.Rilly-
la-Montagne) repose directement sur l'étage crétacé néèpomien (étage .24,
fig. 454), avec une lacune de six étages; au pilon dei.SaintrVi^ilier,
près de Grasse, où il repose sur l'étage jurassique oxfordien, avec une
lacune de dix étages au-dessous ; au Vit, près de CastèllaDne; où il re-
pose sur l'étage jurassique sinémurien, avec une lacune de. seixe étages;
dans les montagnes Noires (Aude), où il repose sur les terrains paléozoï-
ques, avec une lacune de vingt étages. Pour ces dernières discordances,
elles sont si considérables, que la stratification ne pourrait donner l'âge
de ces lambeaux, et qu'alors la paléontologie seule peut amener à en dé-
720 QUATRIÈME PARTiE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
terminer Tëpoque d'une manière précise. On voit, par ce qui précède,
que les limites inférieures sont largement tracées.
§ 2398. Les limites stratigraphiques supérieures sont encore plus
marquées; et bien qu'on ait toujours réuni l'étage parisien à l'étage
suessonien, en faisant un tout sous le nom d'Éocène, nous espérons
prouver que les deux époques sont aussi distinctes Tune de Pautre par
la stratification que par leurs faunes respectives. D'abord, si ces deui
étages dépendaient d'une seule et même époque, on devrait les trouver
partout superposés, comme ils le sont dans le bassin parisien» où il
n'y a pas de lacunes ; on ne devrait jamais les rencontrer isolés l'un
de l'autre, et ils devraient avoir, en tout, les mêmes allures et les mêmes
faunes. Ce sont là, au moins, les conditions indispensables de tons les
étages. Si, au contraire, ce sont deux époques distinctes, Il doit s'être
manifesté, entre les deux, un mouvement géologique qui les a souvent
isolées l'une de l'autre, qui a changé leurs allures respectives, et a séparé
nettement leurs deux faunes. Cette distinction ainsi posée, Toyons les
limites stratigraphiques d'isolement que nous avons constatées.
§ 2399. Nous avons reconnu Tétage parisien isolé sans l'étage sues-
sonlen, sur tout le lambeau tertiaire du département de la Manche, à Or-
glandes, à Hauteville, et à Sainte-Colombe, ce qui montre que même dans
le bassin anglo-parisien il y a des discordances d'isolement. Nous avons
reconnu le même isolement pour le lambeau de Fandon, d'Ancelle et
de Saint-Bonnet, dans les Hautes-Alpes. Les fossiles le prouveraient
encore pour le lambeau des Diablerets, près de Bex. De tous les fossiles
cités comme éocènes dans les États-Unis, nous n'avons encore vu que
l'étage parisien, et aucune forme de Tétage suessonien. On trouverait
donc, sur tous ces points, l'étage parisien entièrement isolé et séparé
de l'étage suessonien par une discordance d'isolement, tout à fait en
rapport avec les limites respectives des faunes.
§ 240(). D'un autre côté, nous trouvons l'étage suessonien sans l'étage
parisien à Saint-Palais, près de Royan {fig. 564) ; il en est de même en
Espagne, à Coiumbres, à San Vicente de la Barquera ; à Blaritz, à Peyro-
rade, à Saint-Martory, à Couiza, à Montolieux, au mont Alaric. Le même
isolement existe, dès lors, sur toute la longueur de la chaîne des Pyré-
nées, où les dernières couches disloquées dépendent de l'étage suesso-
nien, entièrement isolé de l'étage parisien, qui le recouvre ordinaire-
ment sur tous les points sans lacunes, où la superposition normale
existe. Les vastes surfaces de cet étage dans les Bouches-du-Rhône et le
Var sont encore isolées, comme à Orgon, à Yitrolies, à Martigues, au
Beausset, à la Cadière. Il en est ainsi du lambeau du pilon de Salnt-
Vallier, route de Grasse à Castellanne; du lambeau du Vit, près de Cas-
teUanne f et d'autres disséminés dans les Basses-Alpes. Un isolement
CHAP. VI. — VINGT-QUATRIÈME ÉTAGE : SUESSONIEN. 721
semblable existe fréquemment dans le Vicenlin et le Tyrol ; il se voit
encore en Crimée, en Egypte, et même sur tout le versant méridional
de l'Himalaya, et dans la province de Cntch (Indes orientales).
Ces faits d'isolement si nombreux des étages suessonlen et parisien ne
permettent pas de douter qu'il ne se soit manifesté, entre les deux, une
perturbation géologique qui, en changeant la circonscription des mers et
les niveaux aqueux de ces époques, lésa isolés Tun de l'antre, et a laissé
à chacun en particulier des allures aussi distinctes que leurs faunes res-
pectives. On voit donc que l'étage suessonien est aussi nettement séparé
de l'étage parisien que le sont toutes les époques les plus tranchées des
périodes que nous avons successivement étudiées jusqu'ici, et sur les-
quelles presque tous les géologues sont d'accord.
§ 2401. Déduotîont tirées de la position des oonohet. Les couches
presque horizontales, ou légèrement inclinées vers le centre, qu'on ob-
serve tout autour du bassin maritime anglo-parisien nous porteraient à
croire que les parties visibles sont restées intactes, pour ainsi dire, comme
elles se sont déposées durant l'époque suessonienne. Les dépôts de
Saint-Palais, près de Hoyan, dans le bassin pyrénéen, en couches pres-
que horizontales , paraissent aussi former ime partie intacte du bord
septentrional de l'ancienne mer, telle qu'elle s'est déposée. A côté
de ces parties respectées par les révolutions géologiques , que trou-
vons-nous dans les Basses-Pyrénées , en Espagne, et, en général, sur
les deux versants de la chaîne des Pyrénées ? Tous les travaux des
géologues et nos observations personnelles nous prouvent que, depuis
Biaritz jusqu'à la Méditerranée, les couches suessoniennes on nummnli-
tiqnes ont subi partout l'elTel d'une forte dislocation, qui a plus ou moins-
incliné les couches après leur dépôt. Comme sur toute la chaîne, les
dernières couches disloquées sont, en même temps, ces couches niim-
mulitiques, ainsi que Tout reconnu les savants auteurs de la carte géolo-
gique de France, nous devons croire que la perturbation qui a déterminé
la séparation de l'étage suessonien de l'étage parisien est ce même
mouvement géologique de dislocation auquel on peut attribuer, avec cer-
titude, la surélévation de la chaîne des Pyrénées. Non-seulement nous
avons, comme on le voit, des discordances marquées entre les étages
suessonien et parisien , mais encore nous aurions entre les deux ,
comme moteur de ces discordances, la saillie si remarquable du Système
des Pyrénées de M. Élie de Beaumont.
§ 2402. En réunissant, comme le font beaucoup de géologues, sous
le nom d*Eocène les étages suessonien et parisien dans la même époque,
par ce seul motif qu'il y a concordance de stratification dans le basgin
anglo-parisien, et qu'il y a mélange accidentel d'un bon nombre d'es-
pèces des deux faunes à la partie supérieure de l'étage à Cuise-la«Motte
722 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
seulement, on ne pourrait expliquer logiquement aucun des faits de
discordances d'isolement que nous avons signalés » pas plus que tes
allures distinctes de ces deux étages, qne la séparation positive des
deux faunes respectives; et, pour nous servir des paroles d'un savant
si justement illustre, que nous aimons à citer, on mettrait ainsi littéra»
lement Vëtage éocène à cheval sur la chaîne des Pyrénées, ce qui, géolo-
giquement parlant, nous parait impossible
En séparant, au contraire, l'étage suessonien de Tétage parisien, eornooe
nous l'avons fait depuis plusieurs années (1843), on a l'explication
du mouvement géologique qui a Isolé les deux étages, en donnant à cha-
cun, en particulier, des allures spéciales et des faunes distinctes. Les
étages ne seront plus à cheval sur les Pyrénées, et, au contraire, les
limites stratigrapliiques entre les deux seront marquées par la suréléYa-
tion de la chaîne des Pyrénées.
§ 2403. Gompoiitioii miaéralogique. A mesure qu'en remontant
dans les âges géologiques nous nous rapprochons de l'époque actuelle,
nous voyons la composition minéralogique des couches varier de plus
en plus, et ressembler davantage à ce que nous trouvons sur les côtes de
nos mers. SI, en etTet, les sédiments des couches qui ont subi de fortes
dislocations sont profondément modifiés et ont tout à fait changé leur
nature primitive, on retrouve, au contraire, dans le bassin anglo-i)ari8ien,
le moins tourmenté, des salilcs encore pulvérulents, des argiles non
consolidées, et tous les éléments sédtmentalres d'une mer récenmient
abandonnée par les eaux.
Parcourons rapidement quelques points des bassins, pour prouver ce
.que nous venons d'avancer. Dans le bassin anglo-parisien nous urou*
vons, par exemple, dans un cercle très-restreint, à Cuis , sur l'étage
sénonien, des argiles plastiques minces, des alternances de marne grise
et noire avec Ceriihium, Melanopsis et Cyelas , puis des sables gros-
siers avec Unio et Teredina, recouverts d'une épaisse couche d'argile
k^ans fossiles ; à Chumpillon, à Mutigoy, à QuatreOËufs, près d'Ay. des
couches alternes d'argile plastique et de lignites, recouvertes par des
couches minces de sable, d'argile marneuse, et, enfln, par des marnes
sableuses ; au mont Bernon, des argiles , puis un calcaire d'eau douce
marneux jaune avec Physa, Planorbis , graines de Chara, recouvert
de marne bleue, sans coquilles, de lignites avec Cm/Zitum et J^er<7a,
de sable blanc, de sable jaune ûo, de gros sable à Unio, et de sable
jaune. Aux environs de Reims, nous trouvons à Mailly, à Cran-de-
Ludes, sur la craie, un limon rouge, avec silex concassés, des argiles
sulfurées avec gypse, du sable blanc et des marnes argileuses, le tout sans
fossiles. Autour deRilly-la-Montagne, nous avons reconnu^ à Voisillon,
des d/ternanccs de saWe^û'avftUecl de Ugnitcs avec de nombreux fossiles
CHAP. VI. *. VINGT-QUATRIÈME ÉTAGE : SUESSONIEN. 723
{MelanopsiSf Nerita corbulay Turritella, etc.). A la carrière de Rilly
même, ce sont des sables blancs, . au-dessus desquels se trouve le calcaire
si remarquable de Rilly, rempli de Physa^ d^Helix^ de Pupa^ etc.
A Vaugirard, sous l'étage parisien, on trouve deux bancs d'argile plas-
tique, séparés jmr un banc de sable fin. M Charles dH)rbigny a reconnu,
à Meudon, les couches inférieures, composées d'un conglomérat avec
débris de Mammifères, de Reptiles et de coquilles marines, celles-ci re*
couvertes par de l'argile feuilletée, par des lignites avec grandes paludincs
et anodontes, ensuite par des marnes blanches, et enfin par l'argile plas-
tique exploitée. D'après M. Graves, on trouvée Bracheux, d'abord, de
la craie blanche avec un lit superficiel de silex brisé, du sable gris avec
de nombreux galets de toute dimension, deux lits de sable gris chlorité
avec coquilles marines; du sable argllo-quarlzeux jaune roux, contenant
des coquilles entières de Cardiia et d'iirca, souvent dans leur position
normale d'existence; des lits de coquilles écrasées ou de calcaire blanc
friable ; trois bancs horizontaux à'Ostrea Bellovacina posés à plat, ei
enfin, des sables argileux remaniés. Ces couches sont Inférieures aux
sables glauconieux de Cuise- la-Motte, où l'on trouve le Nerita Schemi'
delliana {conoidea), avec des Nummulites nombreuses, comme dans le
fond de la vallée du Suessonais. En résumé, on volt qu'aucun carac-
tère minéralogique constant ne peut être pris exclusivement aux autres
dans le bassin anglo-parisien ; on peut dire seulement que les argiles
plastiques dominent au sud , les lignites et les marner à l'est , et les sta-
bles dans le Soissonnais et au nord.
§ 2404. Dans le bassin pyrénéen, nous voyons à Royan, aux couches
inférieures, un calcaire blanc rempli de Foraminifères et d'Êchinides ;
une série de couches calcaires, renfermant des ossements de tortues et de
petites nummulites ; puis un grès quartzeux compacte, et enfin du sable
pulvérulent, avec des huîtres. Dans les Basses Pyrénées, ce sont des
calcaires gris sableux, avec Nummulites; sur le versant méridional
des Pyrénées, comme dans le bassin de l'Adour, ce sont des calcaires en-
tièrement pétris de Nummulites ou des argiles nummulitiques ; à Saint-
Martory, des calcaires blancs, remplis de Crustacés ; à Couiza et à Mon-
tolieux,une argile bleue remplie de petites Nummulites, à'Alveolina et de
nombreux Fossiles, parmi lesquels \e Nerita Schemidelliana {conoidea),
alternant avec des grès ; sur le versant des montagnes Noires, des cal-
caires noirs avec la Phyta de Rilly.
Dans le t>assin méditerranéen, nous voyons d'un côté, à Oi^n, à VI-
trolles, un calcaire d'eau douce blanc compacte , contenant quelques-
unes des espèces terrestres de Rilly ; à Saint- Vallier, un calcaire Jaune
ou compacte, entièrement formé de petites et de grandes Nummulites et
d'Êchinides. Au Vit, près de Casiellanne, ce sont des gypses diversement
724 QUATRIÈME PAKTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
colorés, recouverts de grès et d'argiles noirâtres alternant avec des grès
et contenant des Cérithes, des Dentales, etc. A Ronca, en Italie, c'est un
calcaire noir pélri de coquilles. Sur le revers méridional de THimalaya,
ce sont des couches solides, mais renfermant les mêmes Nummulites
et Alvéolines qu'àMonlolieux. Ce qui précède démontre qu'on ne peut
pas plus assigner de caractères minéralogiques constants à cet étage
qu'aux autres, et qu'il présente, au contraire, suivant les lieux et les
couches, toutes les alternances et les différentes compositions locales
qui se forment sur les côtes actuelles.
§ 2405. Puissance oonnue. M. Graves indique seulement, pour les
lignites, la puissance de 112 mètres à Bettembos, de 101 mètres à So-
lente. A Columbres, sur le versant méridional des Pyrénées, M. de Ver-
neuil évalue l'épaisseur de l'étage à 100 mètres environ. En Angleterre,
M. d'Archiac évalue à 345 mètres la puissance à Alumbey. M. Gras
évalue à 1,000 mètres l'épaisseur des couches marines qui avoisinent
Colmars (Basses- Alpes); et M. Eugène Raspail donne aux couches d'eau
douce 412 mètres de puissance dans le ravin de Souiras, près de Gi-
gondas (Vaucluse).
§ 2406. Déduction» tirées de la nature des sédiments et des fos-
siles. Nous connaissons, dans l'étage suessonien, des dépôts purement
terrestres, des dépôts littoraux mélangés de produits terrestres et ma-
rins, des dépôts sous-marins faits à peu de profondeur, et des dépôts
pélagiens probablement déposés à de plus grandes profondeurs dans les
mers.
Points terrestres. La présence seule de coquilles terrestres ou fluvia-
tiles, telles que les genres Hélix, Pupa, Cyclostoma, Lymnea et Physa^
qu'on trouve à Rilly-la-Montagne (zone du Physa gigantêa) , au mont
Bernon, nous prouvent que ces dépôts se sont faits dans de petits lacs
d'eau douce ; peut-être doit-on regarder comme analogue la couche à
Paludina et à Anodonta, reconnue à Meudon par M. Charles d'Orbigny,
et les couches de Mareuii-Lamotte et de Mirecourt, contenant des co-
quilles fluviatiles seulement. La même chose existe, mais sur une plus
vaste échelle , dans le département de Vaucluse, près de GIgondas, et
dans les Bouches-du-Rhône à Orgon, à VitroUes, aux Beaux, aux Monts,
à Peynler , à Canet, près de Mareuil, à Simiane, près de Gardanne, à
Mimet, à Saint- Victorat, aux bords de TArc, àRognac, à Fuveau, à Duc
près de Velaux, à Auriul, à Martigues, à Langresse et au quartier du
Montaignet, près d'Aix ; dans le Yar , à Aups. Nous regardons encore
comme dépôt du même âge terrestre les couches à Physa gigantêa des
montagnes Noires , les couches à Physa gigantêa de Munnoor , de
Chioknée et de Sechel-Hilis, dans l'Inde, où l'on ne rencontre que des
coquilles terrestres ou fluviatiles.
GHAP. VI. - VINGT-QUATRIÈME ÉTAGE : SUESSONIEN. 726
§2407. Points liltorauz. Les lignites de Voisillon, près deRilLy, de
Quatre-C^uTs, près d'Ay , des parties supérieures du mont Bernon, de
Ciry-Salsogne, de Dizy-ia-Rosière (Marne) j d'Antlieuil , de Gilocouri,
de Boulincourt, de Saint-Sauveur, de Salency (Oise), et de beaucoup d'au-
tres points du bassin, qui renferment à la fois des coquilles marines lit-
torales telles que des VenvSj des Corhula, des Oslrea et des coquilles
que par analogie nous savons être fluviatiles, comme des Melanopsis,
ôesMelania, etc.; les alternances et même le mélangedes fossiles marins
de Teredina avec les Unio très-fluviatiies de Guis, de Gbavot (Marne),
sont pour nous des points littoraux où de petites rivières ou ruisseaux
venaient du continent voisin verser leurs eaux et mélanger leurs pro-
ductions fluviatiles aux productions marines de la côte suessonienne.
Ge sont des lambeaux de l'ancien littoral formés, sans doute, dans des
golfes ou dans le fond de criques, où l'alternance des couches de sable et
d'argile annonce pourtant toute l'influence des perturbations naturelles
de nos côtes actuelles (§83). Il nous est d'autant plus facile d^expli-
quer la formation de ces couches, que les lignites renferment encore
beaucoup de débris végétaux qui ne peuvent se déposer que sur le lit-
toral. Un autre fait très -remarquable, c'est que ces couches se trouvent
principalement réparties au pourtour du bassin, tandis qu'elles man-
quent tout à fait ou sont rares au centre, circonstance en rapport avec
leur composition. Le dépôt à poissons du Monte-Bolca et celui de
Glaris nous paraissent être littoraux, dans des golfes tranquilles,
comme la mer actuelle nous en fournit des exemples (§ 96).
§ 2408. Points •oùi-marint voitint des côtes ou peu profondi. Le
grand nombre de coquilles de Gastéropodes et de Lamellibranches nous
porte à croire que les couches de Bracheux, de Noailles, d'Abbecourt, de
Relheuil, du Grand-Frenay; les couches inférieures de Guise-la-Motte
(Oise) , de Soissons , de Laon , de Gormicy , de Villers-Franquenx
(Aisne); celles de Roubia, de Gouiza, du mont Alaric (Aude), de Biaritz
(Basses-Pyrénées), de Royan (Gharente-Inférieure) , du Vit, près de
Gastellanne (Basses- Alpes), se sont déposées non loin des côtes, ou au
moins sur des points peu profonds , au-dessous du balancement des
marées. Dans tous ces lieux, l'abondance des Nummulites mélangées aux
autres fossiles des couches à Nerita Schemidelliana {eonoidea) de Guise-
la-Motle (si bien explorées par MM. Graves et Levesque).de Soissons et
de Gouiza, nous porteraient à croire qu'ils étaient plus profonds que les
autres. Les couches à Ostrea et à Cardita de Bracheux et de Laon
renferment les coquilles dans leur position normale d'existence.
§ 2409. Régions pélagiennet. Les régions profondes sont bien ca-
ractérisées. Nous avons dit ailleurs qu'à 160 mètres de profondeur dans
la mer actuelle, sur un point où des courants se font sentir, les sédi-
726 QUATRIEME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ments étaient entièrement formés de Foraminifères. Si, par analogie,
nous cherctions dans quelles conditions devaient se former ces couches
entièrement remplies de NummuUtes, d^ÀssUinay d'il<t>«o/Jna et d'autres
Foraminifères, que nous voyons notamment aux parties inférieures de
Saint- Palais, à Barkeras el sur l>eaucoup d'autres points du Ut de FAdour,
dans les Landes, à Columbres, à San Vicente de la Barquera et surtout
le versant méridional des Pyrénées espagnoles ; à Monlolieui (Aude) ,
au pilon de Saint-Yallier (Yar), à Bellune, au nord de Venise, au nord
de Trieste, à Karslj à Sardana, près de Trente; au Monte-Berlchl, près
de Yicence ; dans le Cressemberg; en Grimée; en Egypte, et sur toat le
versant méridional de l'Himalaya, nous pourrions croire qu'elles se sont
déposées sur des points très-profonds des mers, agités néanmoins par
des courants. L'étude de nos océans viendrait donc nous doimer
l'explication des différentes compositions minéralogiques et loologl*
ques des couches de cet étage et effacer toute apparence d'anomalie.
H est même curieux de voir qu'ici ces recherches sont encore en rapport
avec les résultats géologiques ; car les couches nummulitiques des Pyré-
nées étaient au centre du bassin avant que cette chaîne eût pris son relief
actuel.
§ 2410. OtoillatioDt du sol. Nous croyons pouvoir regarder comme
un signe certain que les oscillations du sol ont existé durant la période
suessonienne, le recouvrement, par des couches marines, des couches
purement terrestres qu'on observe au mont Bernon , près d'Épernay.
11 est certain que, pour que des couches terrestres puissent se conserver
et se recouvrir de sédiments marins, il fallait, d'abord, un affaissement
local du sol terrestre, qui a permis à la mer de le recouvrir de sédimeuts
marins, effet connu des oscillations. Nous avons donc ici un affaisse*
ment. La composition des couches de Meudon (§ 2403), où l'on voit uo
conglomérat avec galets, renfermant des coquilles marines et des osae*
ments, nous donne un dépôt côtier marin. Comme ces couches soot
recouvertes par des lignites purement fluviatiles, il a fallu une oscillation
en sens inverse, c'est-à-dire par relèvement, pour que des coquilles d'ean
douce pussent vivre sur le même point où s'élendaieni les eaux de la
mer.
§ 24 H. Perturbation finale. Quant aux argiles rougeàtres mélangées
on non de silex que nous voyons, autour de Reims et sur une infinité de
points du bassin anglo-parisien, occuper, entre les dernières couches
suessoniennes et les terrains crétacés, une position irrégulière de stra-
tification, elles seraient le résultat du mouvement des eaux qui s'est
manifesté à la surface des continents, entre la fin de la période crétacée
et le commencement des dépôts teiliaires; mouvement qui aurait raviné,
creusé f corrodé les couches ftu^^neuves de l'étage sénonlen , dénudé e(
CHAP. VI. — VINGT-QUATRIÈME ETAGE : SUESSONiKN. 727
enlevé Télage danien, que nous voyons manquer dans beaucoup de lieux.
La grande quantité de' galets qu'on trouve k la partie inférieure de l'étage
suessonien à Meudon, dans presque tout le département de l^Oise, si
bien étudié par M. Graves, nous parait encore le produit du mouvement
des eaux déterminé par la perturbation géologique finale quiH séparé
les dernières couches crétacées des premières couches tertiaires ; ce qui
est si probable, que ces galets, ces poudingues, sont souvent formés de
silex, et d'autres matériaux provenant, évidemment, de la dénudation
des étages sénonien et danlen.
§ 2412. Mélange tupérieur. Nous devons répondre ici à un fait qui,
tout local et tout exceptionnel qu'il est, a néanmoins souvent été invo-
qué pour réunir les étages suessonien et parisien dans une seule époque
{Éocène) : nous voulons parler du mélange des espèces suessonlennei et
parisiennes qu'on trouve aux parties supérieures de l'étage supérieur à
Guise-la-Motte. Quand on voit, même dans le bassin parisien, les couches
de Bracheux, de Châlons-sur-Vesle, de Noailles, d'Abbecourt, de Re-
theuil, de tous les environs de Reims, d'Épernay, et même de tout le
reste du bassin anglo-parisien, renfermer toujours, sans aucun mélange,
des coquilles spéciales à l'étage suessonien , on aurait dû considérer
Guise-la-Motte comme une simple anomalie ; mais comme on a préféré
une opinion contraire , nous devons dire un mot de cette question. En
parlant des mélanges (§ 1608), nous avons dit, relativement aux corps
non flottants, que, lorsque deux étages se sont succédé dans un bassin
marin, sans discordances et sans dépôts intermédiaires , on concevra
que des dépouilles mortes de coquilles d'un étage antérieur pourront se
trouver dans les sédiments, sur des points où vivent ensuite les espèces
de l'étage suivant, et qu'il y aura sur ces points mélange des deux
faunes successives , sans que ces espèces aient vécu en môme temps.
G'est ici le fait de Guise-la-Motte. Nous avons dit encore que, pour
avoir la preuve de ces mélanges, on devait recourir aux lieux où ces
mélanges n'existent pas. Quand on voit, même dans tout le reste du bas-
sin parisien , d'un côté, les couches suessoniennes toujours avec leurs
espèces propres, et partout ailleurs la faune de l'étage parisien parfaite*
ment séparée et superposée; quand on voit encore l'étage suessonien
sans mélange dans les bassins pyrénéen et méditerranéen, conune à
Biaritz, à Couiza, en Espagne, à Saint -Vallier, au Vit et sur les autres
lieux du monde; quand on voit, déplus, l'étage parisien sans mélangea
Blaye, à Faudon, en Belgique et aux États-Unis, on reconnaît que ces
deux étages sont bien distincts, et qu'il faut prendre pour limites les
points où les éUges sont isolés, afin d'expliquer les mélanges, au lieu de
généraliser une exception toute locale.
§ 2413. Caraotère* paléooiologique». Le caractère général le plus
728 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
saillant de la faune de l'étage suessonien qui ressort de l'étude de l'en-
semble , c'est que , comparativement aux 156 genres que nous voyons
naître à cette époque , nous ne trouvons que 4 genres antériearement
nés qui s'y éteignent. Ces résultats, parfaitement en rapport avec les di-
visions générales adoptées pour les terrains, prouveraient que l'étage
suessonien est bien le commencement d'une nouvelle grande période, et
dépend, dès lors, des terrains tertiaires. Ce que nous avons dit aui étages
sénonien et danien, les derniers des terrains crétacés, où, au contraire,
le nombre des genres qui s'éteignent est supérieur à celui des genres
qui apparaissent , viendrait encore corroborer ce résultat. Nous allons
maintenant déûnir les caractères différentiels de cet étage.
§ 2414. Caractères négatifs tiré» des genres. Pour séparer l'étage
suessonien de l'étage danien, nous avons 9 genres qui, nés antérieure-
ment, se sont éteints dans l'étage danien sans passera celui-ci (§2851).
§ 2415. Comme caractères négatifs différentiels des étages suessonien
et parisien, nous avons 120 genres qui, encore inconnus au premier, ne
paraissent que dans le dernier. Ces genres sont ainsi répartis dans les
classes : parmi les Mammifères, les 17 genres de notre premier tableau ;
parmi les Oiseaux» les 10 genres de notre 2* tableau; parmi les Reptiles,
les 2 genres de notre 3e tableau; parmi les Poissons, 21 genres; parmi
les Crustacés, 6 genres ; parmi les Mollusques gastéropodes, les 7 genres
de notre 7e tableau ; parmi les Mollusques lamellibranches, les 9 genres
de notre 8» tableau ; parmi les Mollusques bryozoaires , les 3 genres de
notre lO^ tableau ; parmi les Échinodermes. les 5 genres de notre 1 1« ta-
bleau; parmi les Zoopbytes, les 27 genres de notre ic« tableau; parmi
les Foraminifères, les 13 genres de notre 14* tableau. (Voyez-en la liste à
l'étage suivant, § 2448.)
§ 24 16. Caractères positifs tirés des genres. Les genres suivants, au
nombre de 156, tous inconnus jusqu'à présent dans les terrains crétacés,
seront autant de caractères positifs pour distinguer l'étage suessonien,
où ils paraissent pour la première fois, de tous les étages inférieurs.
Ces genres sont ainsi répartis dans les classes : parmi les Mammifères ,
les genres Ànthracotherium, Lophiodon, Lutra, Canis, Viverra et
Sciurtu; parmi les Oiseaux, le genre Protornis; parmi les Poissons, les
genres Trigon, Torpédo, Narcopterus, Carcharodus, Syngnaihws, Ca-
lamostoma, Ostraciori, RhinelluSf Blochius^ Acanthopleurus^ Acan-
ihodermOf Leptocephalus , Sphagehranchus, Ophisurus, Enchelyoptu,
AnguiUa, Platinx, Engraulis, Clupea, Holosteus^ Atherina, Labrw,
Lophius, SpinacanthuSy Mesogaster, RamphognathuSj Phyrœna, Pa^
leorhynchum, Acanthonemus, Isurus, Pleionemus, Amphistritis, GatU-
ronemus , Vomery Archœus, Palinphyes, Caratigopsis, Trachinotus,
lichia, NemopteryXt Anencheium^ Cybmm^ Ocynut^ Thynnus, Mvgih
CHAP. VI. >- VlNGT-QUATRIÊMl!: ÉTAGE : SUËSSONIEN. 729
liamphosus, Amphisile, Urosphen, Aulostoma, Fibularia, Toxotes,
PomacanthuSy Pygœus, Sennophorus^ Platax, Zandus, Scatophagus,
EphippuSt Naseus, Acanlhurus, Gobus, CallipieryXf Pterigocephalus,
Odontus, Prestipoma, Sparnodus, Pagellus, Dentex, Pristiyenys ^
Podocys^ Acanus, Myripriitis^ Uolocentrunif Dules, Pelâtes SerrantiSt
SmerdiSf EnoplosuSy Cyclopomaf Laies, Apogon et Labrax; parmi les
Crustacés, le genre SquHla; parmi les Mollusques céphalopodes, les
genres Megasiphonia et Beloptera ; parmi les Mollusques gastéropodes,
les genres Turbonilla, Pedipes, Sigaretus, Siliquaria, Cyprœa, Mar^
ginella^ AnciUaria^ Oliva, Terebellum, Cancellaria, Triton, Buccina-
nops, Sulcobucdnum , Ncusa, Terebra, CasUs, Morio , Scaphander,
Umbrella, Lobaria, Bifrontia, Hélix, Tomogerus, Bulimits, Pupa,
Auricula, Physa, Lymnea, Planorbis, Cyclostoma, Paludesîrina, Me»
lania, Melanopsis et Ancylus ; parmi les Mollusques lamellibranches,
les genres Donax, Sphœnia, Teredina, Anodonta et Dreissena ; parmi
les Échinodermes, les genres Schixaster, Brisopsis, Brissus. Amphide-
tus, Eupatagus, Spatangus , Salmacis, Macropneustes, Amblipygus,
Pygorhynihus, Cœlopleurtu, Gualtieria et Conocriniu ; parmi les ZoO"
phy tes, les genres Flabellum, Sphenotrochus, Ceratotrochus, Balano-
phyllia^ EnaUastrea, Goniarœa eiVirgularia ; parmi les Foraminifères,
les genres Orbitolites, Assilina et Nummulites,
§ 2417. Les genres spéciaux à l'étage suessonien qui naissent et meu>
rent dans cette période sans passer à l'étage parisien sont autant de ca-
ractères positifs qu'on peut invoquer pour les distinguer zoologiquement.
Ces genres, au nombre de 40, sont les suivants : parmi les Oiseaux , le
genre Protomis ; parmi les Poissons, les genres Narcopterus, Calamo-
stoma, Bhineltus, Blochius, Acanthopleurus, Acanthoderma, Anchelyo-
pus, Platinx , Uolosteus, Spinacanthus, Mesogaster, Bamphognathus,
Paleorhynchum, Isurus, Pleionemus, Amphistrius^ Gasteronemus, Ar-
chœus, Patinphyes , Carangopsis, Nemopteryx, Anenchelum, BampKo-
sus, Urosphen, Pygœus, Sennophorus, Callipteryx, Plerigocephaltu,
Odonteus, Sparnodus, Pristigenys, Podocys, Acanus ei Cyclopoma :
parmi les Mollusques lamellibranches , le genre Teredina ; parmi les
Échinodermes, les genres Amblypygus, Gualtieria et Conocrinus ;
parmi les Zouphytes, le genre Enallaittea, Si nous joignons à ces 40
genres les 4 genres suivants, qui, nés dans les étages antérieurs, s'étei-
gnent encore dans l'étage suessonien, sans passer à l'étage parisien ;
parmi les Échinodermes, le genre Micraster; parmi les Zoophytes, les
genres LumophyUia et Perismilia; parmi les Amorphozoaires, le
genre Guettardia, nous aurons en tout 44 genres pouvant, aujourd'hui,
donner des caractères positifs pour distinguer l'étage suessonien de l'é-
tage parisien.
730 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
En résumé, pour séparer l'étage suessonien des terrains crétacés ,
nous avons d'un côté, en caractères positifs, 156 genres, et en carac-
tères négatifs, avec les deux derniers étages crétacés, 12} genres, ou, en
tout, 278 genres susceptibles de fournir des caractères distinctifs.
§ 2418. On a vu, aux considérations stratigraphiqnes (§2395), que la
superposition concordait avec le classement des couclies nummulitiqnes
de tous les pays dans les terrains tertiaires ; nous allons, néanmoins,
déduire ici quelques-uns des motifs pi us spéciaux qui nous ont amené à
ces conclusions. Nous avons fait remarquer, depuis longtemps, dans nos
travaux sur les Foraminifères, que les dernières couches des terrains
crétacés ne contiennent, nulle part, de Nummuliles ni d'AssHina, Tout le
monde peut vérifier ce fait dans le bassin anglo-parisien ; et lorsqu'on y
compare les autres pays, on arriva au même résultat. Toutes nos recher-
ches sur les lieux, ainsi que toutesles collections que nous avons pu con-
sulter, le prouventde la manière la plus certaine. On a,il est vrai, indiqué
des Nuromulites à Royan, d'autres associées aux Uippurites ou RadioHtM
des terrains crétacés des Martigues. Nous nous sommes assuré que ces
soi-disant Nummulites étaient des Orhitoides des mieux caractérisés,
ou des Alveolina. H suffit de comparer leur structure respective pour
reconnaître la différence (voyez VOrbitoideSy fig, 557, et la îiMmfnuliU»t
fig. bl\ et 575). Voici pour les terrains crétacés le fait négatif.
Où se trouvent \e& Nummulites dans le bassin anglo-parisien? Tous
les géologues savent combien elles abondent dans le Suessonais, aux
environs de Compiègne, de Cuiae-la-Motte, de Laon; et, assurément, au-
cun ne doute, en voyant ces Nummulites du bassin anglo-parisien,
qu'elles n'appartiennent aux terrains tertiaires. Voilà pour lês terrains
tertiaires le fait positif.
Maintenant , nous demandons où l'on devra classer les couches à
Nummulites des autres points du globe que nous avons vus être, par
leur position stratigraphique, sur le même niveau géologique que les
couches à Nummulites du bassin parisien. Serait-il logique de les placer
dans les terrains crétacés, qu'on sait ne contenir aucune Nummulite?
ou devra-t-on, adoptant les résultats conformes de la straiiflcalion etde
la paléontologie, les placer dans les terrains tertiaires? Il nous semble
que la question ainsi posée sera facile à résoudre; et nous ne balançons
pas à réunir dans les terrains tertiaires les couches remplies de Num-
mulites de Sainl-Vallier, de Couiza, de Biaritz, de Saint-Palais; les
couches à Nummulites des bords de l'Adour, des deux versants des Py-
rénées, de l'Himalaya, d'Egypte, d'Italie, etc.; eu un mot, toutes les
couches nummulitiques connues.
Nous avons, pour séparer les étages suessonien et parisien, d'un côté,
en caractères positifs, 44 genres ; d'un autre côté, en caractères négatifs.
CHAP. VI. - VINGT-QUATRIÈME ÉTAGE : SUESSONIEN. 731
120 genres, ou en tout 164 genres pouvant donner des caractères dis-
tinctifs. Nous espérons que ces caractères tirés des genres, les caractères
stratigraphiques déjà indiqués à la stratiQcation, réunis aux caractères
tirés des espèces, ne laisseront plus de doutes sur ia distinction de ces
deux étages.
§ 2U9. Caraotèret paléontologique» tirés dei espèces. Sans comp-
ter les nombreuses espèces d'Animaux vertébrés, d'Animaux annelés et
de Plantes s'élevant à quelques centaines, nous avons, en Animaux
mollusques et rayonnes seulement, le nombre de G78 espèces, dont nous
avons donné, dans notre Prodrome de Paléontologie stratigraphique
(tome 2, p. 397 et suiv.). les noms discutés, la synonymie et les princi-
pales localités où elles se trouvent. En retranchant de ce nombre les
8 espèces suivantes communes entre les couches supérieures de Tétage
suessonien et l'étage parisien :
Heloplera belemnitoidea,
Ghemnitzia lactea,
Ancillaria canalifera,
Fusus longœvui»,
Crassatella scutellaria,
— ponderosa,
Gardila planicosta,
Venus oblonga,
il restera encore 670 espèces caractéristiques de cet étage qui pourront
servir à le Taire reconnaître sous toutes ses formes minéralogiques et
dans tous ses divers faciès.
§ 2420. Pour corroborer ce que nous avons dit aux genres de l'assi-
milation des couches nummulitiques des autres points du monde avec
les couches nummuliiiques du bassin anglo parisien (§2418), nous avons,
outre ces caractères généraux, des espèces identiques qui viennent nous
prouver leur parfaite contemporanéité. Pour le démontrer, nous donnons
la liste suivante des espèces les plus caractéristiques, et surtout des es-
pèces qui, comme on pourra le voir au Prodrome, se trouvent sur plu-
sieurs points à la fois et les relient ensemble :
MOLLUSQUES. N" du Prodrome.
N*>* du Prodrome.
c Nautilus Roilandi.
a Physa columnaris.
• — gigantea.
abc Turrilella carinifera.
a ~ édita,
r — Ataciana.
a Ghemnitzia lactea.
a - costeliata.
a Natica perusta.
a — Suessoniensis.
ome.
c Natica acutella.
259
215
Nerilaglobulus.
84
26
a 6 * — Schemideiliana (co-
32
noidea^ Lam)
270
226
b — lonaria.
271
227
a Gypraea Levesquei.
296
232
a b Voluta ambigua.
313
241
a Rostellaria fissureila.
323
242
a Pleurotoma Lajonkairci.
330
262
b Fusus iongaevus.
348
266
a Gerithium combustum.
396
732 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
c Cerithium baccatum.
ab — vulcanicum.
c Dentalium Castellanennse.
h Teredo Tournali.
Panopsa intennedia.
c Venus Yerneuilii.
c ~ subtransversa.
a Cyclas Gardannensis.
a — Mathcroni.
c Crassatella rhomboidea.
c Pecten Thorenti.
e Spondylus bifrons.
c Chama Ataxensis.
a Ostrea eversa.
— Bellovacina.
h — muUicostata.
c — Pyrenaica.
' — Sowerbvana.
c Terebratula Montolearensis
ÉCHINODBRMBS.
Conoclypus subcylindricus.
(i Schizasler vlcinalis
No* dn Prodrome.
406
409
433
441
123
461
463
139
140
476
531
536
543
193
195
546
548
551
554
N<M dn Prodrome.
578
581
58S
590
G07
610
204
577
c Schizasler subincurvatiis.
c Hemiaster obesus.
d — verticalis.
d Brisopsis elegnns
c Pygiirus politus.
d — subsimilis.
ZUOPHTTES.
e Flabellum Dufrenoyi. 643
e Trochocyalhus sinaosus. 649
* Aplocyalhus cyclolitoides. 654'
FORAMINIFÈRES.
C Orbitoides papyracea. 673
b * Numinulites scabra. 675
ab* — nummularia. 676
c * — spissa. 680
ab — planubita. 677
* — rotuta. 681
' Assilina depressa. 6.S3
c Operculina ammonea. 687
* Aiveolina inelo. C89
a ' — ovoidea 690
a' — obionRa. 691
— obionga.
D'après ce qui précède, on voit que les dépôts suessonlens terrestres
du bassin parisien, ceux de la Provence, des montagnes Noires, non-seu-
lement ont une composition générique semblable , mais encore des
espèces répandues sur tous les points. Le Physa columnaris d*Ëpernay
se rencontre en Provence. Le Physa gigantea de Rilly-la'-Moatagne
se trouve dans les montagnes Noires et dans l'Inde, ce qui prouve
leur parfaite contemporanéité. Indépendamment du Nerita SrhtmiiM'
liaria (conoidea) si caractéristique, que nous voyons è la fols, près de
Soissons. de Cuise-la-Molte. h Croutoy, à Houdainville, à VilieneaTe-
les-Chaudins (Aude); dans le Vicentiii, à Konca ; dans le Tyrol , à
Trente; surtout dans l'Inde, à Vagé-ké-Pudda, province de Gutch; et qui
forme Thorizon géologique marin le plus marqué , nous avons encore,
pour identifler l'âge contemporain de Tétage nummulitlque des bassins
anglo-parisien, pyrénéen et méditerranéen, un grand nombre d'autres
espèces identiques: ainsi l'on voit, dans la liste précédente, les 12 espèces
précédées d'un astérisque (*) se rencontrer, en même temps, en Europe
et dans l'Inde. Les espèces précédées d'un a, au nombre de 20, se trou-
vent, à la fois, dans les bassins anglo-parisien et méditerranéen. Les
// espèces précédées d'un b se rencontrent dnns les bassins anglo- parisien
CHAP. VI. - VINGT-gUATRIÈME ÉTAGE : SUESSONlhN. 733
et pyrénéen. Les !5 espèces marquées d'an c se trouvenl dans lea Pyré-
nées et en Provence ; et enltn, lej 4 espèces marquées d'un d se trou-
vent à Saint-Palais el A Biariti. Ces quelques explications sufTlronl pour
prouver qu'avec la superposition Identique, qu'avec un ensemble defaune
semblable, la cnntempoTan^.lté des dlfTérenle points Indiqués à l'exten-
sion géographique ne peut plus laisser de iloulee Voici quelques exem-
ples de celte aune [fig 6bS à 5 5
734 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOCIOUE.
CHAP. VI, - VISUT-QUATRIÊME ETAGE : SUESSONIEH. 785
736 QUATRIÈHIi PARTIE. - SUCCKSSION CHRONOLOGIQUE.
Noui avoiu, diDi iM listead'wpèceBdeDotre ProAromtdt Paléonlo-
logie, aépiré la fauDe en iorêrieure et supérieurej mais nous n'attacboni
pas une grande Importance à celte dlvUion , qui , dans l'ëlage , ne nous
parait pas être awez distincte pour qu'on en lire des conaéqiiencea
générales.
§ 34ÏI. Chronologie hiitoriqu. Une perturbation géologique dont
nous avons les traces {§ 21*3, 3337 , !3â3) a certainement amené la Do
ds la péL'Iode crétacée. C'est alors qu'ont été anéantis un grand nombre
de genres et toutes les espèces de l'éiage danlen. Lorsque l'agitation a
cessé, et que le calme s'est rétabli à la surface du globe, sont nés, dans
l'étage suessoDlen, 1&6 genres Inconnus aux étages Inférieurs; et, ou-
tre un très-grand nomltre d'espèces d'Animaux vertébrés et anneléa ,
678 espèces d'Animaux mollusques et rayonnes, connues aujourd'hui,
nous donncDt une idée de la composltloo très-curlense de celte nouveUe
faune des terrains tertiaires, si différente des Faunes des derniers étages
crétacés
§ 3433. Nous voyons encore sur quelques points les mers (étage St* de
notre carte. %.âe3)cj}nserver,à peuprès, la même circonscription, tan-
dis que, sur d'autres, ces mers changent complètement de forme. Les
mers suessoniennes, tout en laissant de larges atterrissements, conser-
vent, en effet, les mêmes limites sur toot le nord et l'est du bassin anglo-
parisien, où, bien en dedans des terrains crétacés, le cercle se restreint
toujours Au sud. la clrconscTiption se restreint encore plus ; car on ne
parait pas retrouver de traces de l'étage beaucoup au deit d'une ligne
qui partirait de Uontereau, Uelun, l'aris, Haudan el Louvlars. Cette mer
s'étendait en Angleterre sur uue ligne irrégulière, N.-Ë. et S.-O-, depuis
Dorchesterjusqu'au nord de la Tamise, dans le Uorsetshire, le Wiltshlre,
le Suney, le Bergsbire et le Bertordshire, sur une ligne parallèle qui
s'étendait probablement bien plus au nord. Dans le bassin pyrénéen, la
mer parait avoir eu, au nord, les mêmes limiles que les terrains crétacés,
ti l'on en juge par le lambeau de Roysn ; el tout pourrait faire croire
CKAP. VI. - VINGT-QUATRIËHE ËTAGK : SUESSONIEN. 117
qu'fïlle s'éteodalt de l'océan Atlantique actuel juaqo'i la Méditerranée,
t, aujourd'hui, la chaine des Pyré-
et occupai! toute la place i
nées el une partie de l'Fspagne
Dans lu bassin méditerranéen la
mer change tout à Fait de place
Elle n'occupe plus la Provence
recouTerle de lacs d'eau douée
nuls elle se montre au-dessas de
Grasse (Var]i son littoral occlden
tal s'étend, eusujle, à ro. N-0 à
Castellanne, et parait suivre â peu
près la ligne occupée, aujourd liui
par la chaine des Alpes, i Annecï
el de fijuequ'A Glarls. De ces II
mites occidentales, la mer cou
vralt, à l'est, sans doute loule la
Sardaigoe, l'Ilalle, le Vlcentln et
le Tyrol, une partie de la Suisse
el communiquait peut-élre a ec
l'Ëgjpte, la Crimée, le Caucase et
le vereant de In chaîne de 1 Oural
jusque dans l'Inde.
§9423. Lee continents (royei
toutes les parties anlérie
de noire carte 583; ont é
changé de forme; lis s'i
aenlloiit autour du bassin
d'une vaste surface. Un !
douce existe â RHIj-la-K
Au nord du bassin pyr
continent, non Interromp
tinue de l'Océan A la HédI
Un grand lac d'eau douu
une partie de la ProTei
prise entre Orgon, Hai
Alx. Le conlinenl s'étec
qu'à Grasse, prËs de Casii
l'ouesl d'Annecy, prés (.
el bien plusauN.-E. k pb ihiiihciUi guoi<i>ui
• hles d'un grand nombre d'Animaux Inconnus Jusqu'alors. Les ri-
vages élaienl animés par une iiuaniilé innonibralite de Poissons,
738 QUATRIÈME PARTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
parmi lesquels les Poissons pleuronectoïde^, ou Poissons plats, se
montrent, pour la première fois, en même temps que les Crusta-
cés stomapodes et qu'une multitude de Mollusques nouveaux, tels quedea
Belopteray des Oliva, des Triton, des Cassis, des Terebra, des Donax,
des Teredina, etc., etc. Les Ëchinodermes ne sont pas moins multipliés }
et avec des formes nouvelles, comme les Schi»ast$r. Il en est de même
des Zoophytes, et surtout des Foraminifères , qui semblent compen-
ser par leur nombre rinfériorité de leurs dimensions. C'est alors qae
vivaient loin des côtes, ces Nummulites, qui forment des montagnes
entières dans la chaîne des Pyrénées, et qui ont servi à élever les ancien-
nes pyramides des Égyptiens. On peut, en eiîet, juger du temps qu'il a
fallu pour que des couches de centaines de mètres de puissance pussent
se former, presque exclusivement, pour ainsi dire, des dépouilles de quel-
ques petites espèces de coquilles. On voyait, avec tous ces Animaux, les
Plantes marines suivantes, empruntées à M. Brongniart :
Nous en donnons une espèce {fig, 576).
Cryptogames amphigènes.
ALGUES.
Confervites thoreaeformis , Brong.
Bolca.
Caulerpites Agardhiana, Br. B.
C. pinnatifida, Br. B.
Zona rites flabeilaris, Sternb. B.
Z. miliifidus, Siernb. Salcedo, Vie.
Gigartinites obtusus, Brong. Bolca.
Delesserites Lamourouxii, Siemb.
Bolca.
D. spathulatus, Sternb. Bolca.
D. Bertrandi^ Sternb. Bolca.
D. Gazolanus, Sternb. Bolca .
Monocsotylédones (Naïades).
Zosterites tsnisformis, Brong. VI-
centin.
Halochloris cymadocseoldes , Ung.
Bolca.
Potamogeton Tritonis, Ung. Bolca.
P. Naiadum, Ung. Bolca.
§ 2425. Les continents n'étaient pas moins bien partagés ; car ils
montrent, pour la première fois, de nombreux Animaux manmiifères et
des Coquilles terrestres. C'est alors, en effet, que se montrent les genres
perdus, Anihracotherium, Lophiodon En même temps que les genres
Chiens (Canû), Loutres (lu(ra) , Martres ;Ftt?erra) et Écureuils (Sctu-
rus), que nous connaissons dans la nature actuelle, naissent aussi beau-
coup d'Oiseaux nouveaux, et toutes les Coquilles terrestres et fluviatlles
{Hélix, Pupa, Bulimus, Cyclostoma, Physa, P/onor/)w,etc.). Avectou?
ces Animaux, la végétation devait être très- variée ; aussi M Brongniart
indique-t-il la flore suivante :
Cryptogames aorogènet.
HÉPATIQUES.
Marchantites Sezannensis, Brong.
Sézanne.
FOUGÈRES.
Pecopteris Pomelii, Br. Sézanne.
Tœniopteris Bertrandi. Br. Vicent.
Asplenium Wegmanni, Brong. Se-
CHAP. VI. - VINGT-CINQUIÈME ÉTAGE : PARISIEN. 789
CONIFÈBES.
Pinitcs macrolepis, Brong. Paris.
TAXINÉES.
Taxites acicularis» Brong. Lign.
Cassel.
T. divers! fol i us, Br. Lign. Cassel.
DicotylédoiuM angiospermes.
Betulinum Parisiense, Ung. Paris.
LÉGUMINEUSES.
QEnolhérées.
Trapa Arethuss. Ung. Bolca.
zanne.
Polypodiies ihelypteroides, Brong.
Sézanne.
ÉQUISÉTACÉES.
Equisetum slellare, Pomel. Oise.
CHARAGÉES.
Chara helicleres, Brong. Paris.
PALMIERS.
Flabellaria rhapifoiia , Sternb. Vi-
gnacourt, Somme.
F. maxima, Ung. Oise, Grisolles.
Palœacites echinatus, Brong. Sois-
sons.
§2426. La présence sous la zonetorride, dans l'Inde, des mêmes
espèces de Coquilles terrestres et marines que nous trouvons en. France,
jusqu'au 50« de latitude, prouve qu'il y avait, sur ces points, si disparates
aujourd'hui pour leurs faunes, identité de température terrestre et ma-
rine ; et que les lignes isothermes actuelles n'existaient pas encore.
Les oscillations du sol étaient fréquentes , à en juger par les faits
que nous avons exposés (§ 2410).
§ 2427. La puitjsance des dépôts indique que la. période suessonlenne
adû avoir une longue durée; mais, comme toutes les autres, la vie, Tanima-
tion y auraient tout à coup été interrompues par la dislocation de la
chaîne des Pyrénées (§ 2401), qui se serait élevée, à la fin de cette époque
géologique, et aurait causé une perturbation générale à la surface da
globe. C'est, en effet, à la Qn de cet étage qu'on doit certainement rappor-
ter la dislocation de l'O.lS» N. à TE. , 18" S., qui forme tout le Système des
Pyrénées de M. Élie de Beaumont, puisque les couches nummulitiques
sont elles-mêmes disloquées sur toute la longueur de la chaîne. 1^ dis-
location du pays de Bray, celle du Boulonnais en France, du Surrey, du
Sussex en Angleterre, paraissent encore s'être effectuées à la même épo-
que , ainsi que tous les changements donnés par les discordances
(§2398, 2400). Les dénudaiions en seraient le résultat immédiat et
visible (§2411), ainsi que la séparation des faunes.
2ft« Étage : PARISIEN.
Première apparition des ordres de Mammifères marsupiaux, Quadru-
manes, Chéiroptères (Chauves-souris), Cétacés; des Oiseaux de proie.
Grimpeurs et Gallinacés; des Beptiles ophidiens (Serpents), des genres
Vespertilio, Delphinus^ Ualiœtus, PerdiXy Crotalus, Megalops^ Cancer ,
740 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Tiphis, Amphidesma, Petricola, Clypeina, Rchinoraehniiu, Porocya-
thus, Nonionina, Glohulinat etc., etc.
Règne des genres Palœotherium, Ànoplotherium, Taxotherium, Li-
thornis, Paleophis , Macrostoma , Palœoniscus^ Ancillaria, Bifrontia^
Volvaria, CorbiSf Crassatella, Arcopagia, Lenitaj Scutellina^ Turin-
nolia, Eupsammia^ Orbitoides, Valvulina^ etc., etc.
Zone des Lymnea longiscatay Trochui mom7t/er, Chefnnitzia costel-
lata, Pleurotoma dentatat Infundibulum trochiforme, Cardita plani-
Costa, Corbis lamellosa^ Orbitoliles complanata.
§ 2428. Dérivé du nom. On a réuni dans un seul ensemble tous les
terrains tertiaires des sables moyens aux plus inférieurs, aux environs
de Paris ; et cette réunion a, sans doute, beaucoup contribué à faire mé-
connaître, comme le représentant des couches nummulitiques des Pyré-
nées, par exemple, les couches suessoniennes que nous en séparons
comme étage, par suite de considérations stratigraphiques et paléonto-
logiquesi Si, en effet, on confond ces deux étages, beaucoup de faits
restent inexplicables , tandis qu'en les séparant tout parait en harmo-
nie, comme nous avons cherché à le démontrer. Pour nous, l'étage
suessonien, dans le bassin parisien, finit avec la zone du NentaSchemi-
delliana {conoidea)y du Nummulites planulata; et Tétage parisien com-
mence avec la zone du Nummulites lœvigata^ dans les glauconies gros-
sières; il comprend les calcaires grossiers, les sables moyens, les
calcaires lacustres, et jusque et y compris les gypses de Montmartre.
Circonscrit de cette manière, l'étage, suivant sa composition minéralo-
gique, a été appelé Glaucome grossière. Calcaire grossier et Sables
moyens ; mais ces noms, peut-être applicables dans le bassin anglo-pa-
risien, à quelques points, ne peuvent l*étre ailleurs. Sous le nom û Bo-
eèney M.Lyell a réuni les deux étages suessonien et parisien. Sous ce rap-
port, nous n'aurions pu le conserver, si d'autres motifs, énoncés ailleurs
(§ 2358), ne nous empêchaient de l'admettre. Nous lui avons appliqué
le nom de Parisien^ employé déjà depuis longtemps, par la double rai-
son que les environs de Paris montrent la plus vaste extension et l'en-
semble le plus complet de Tétage, et que cette dénomination, devenue
vulgaire, ne comporte aucune composition minéralogique ni paléonto-
logique.
§ 2429. Synonymie. Suivant la composition minéralogique, c'est, dans
le bassin anglo-parisien, l&Glauconie grossière^le Calcaire grossier, ies
Sables et les Grès moyens ou Sables et Grès de Beauchampy le Calcaire
lacustre moyen ou Calcaire siliceux de Saint-Ouen , le Calcaire
moyen, le Gypse de Montmartre avec ses argiles, des géologues français.
Le London-clay (les argiles de Londres) des Anglais ; le Fresh mater
et la Marine formation de M. Morris; une partie de V Étage ëocène de
CHAP VI. - VINGT-CINQUIÈME ÉTAGK : PARISIEN. 741
M. Lyell. Les Terrains Izémiens Épilimnitiquef Protéique Paléothé-
rien, Trilonien et Clastique, de M. Brongniail; les Systèmes Landënien,
Ypresien et Bruxellien, de M. Dumont; partie des Terrains supercré-
tacés inférieurs, de M. Huot; )a Glauconie supérieure, VÉtage calcaire,
le Calcaire grossier, les Marnes, VÉtage des Sables et Grès moyens,
VÉtage du Calcaire lacustre moyen, et VÉtage des Gypses, de M. Graves.
Suivant la superposition, c'est une partie (le Calcaire grossier et le
Gypse) des Terrains tertiaires inférieurs, de MM. Dufrénoy et Élie de
Beaumont; le Blue^Clay ofBracklesham, arenaceous Limestone or sand-
stone of Bognor sand on Emsworth common, de M. Manlell (Sussex) ; Iç
Calcaire grossier, les Calcaires fragiles (caillasses), les Sables et les
Grès dits de Beauchamp, le Travertin inférieur , le Gypse, iSiG M. Charles
d'Orbigny (tableau); le Système calcareo -sableux^ de M. Galeotti; le
Calcaire à Orbitolites, la. Molasse éocène ou du Fronsadais, le Calcaire
d'eau douce et meulières, de M. Delbos (bassin de la Gironde).
Type français, Grignon, Parnes, Damery, Courtagnon, Anvers, Blaye,
Ermenonville, Fandon. Type anglais, tes argiles de Londres.
§ 2430. Extension géographique. {Voyez étage 25 de notre carte,
fig. 5G3.) Le bassin anglo-parisien offre de vastes surfaces de cet étage
remarquable. On le voit, en effet, sur les dernières couches de Tétage
suessonien, couvrir tout Tintervalle compris entre Ëpernayet Pacy (Eure)
et entre la Fère et Montereau. Nous citerons, pour le démontrer, quel-
ques-unes des localités les plus connues par leurs fossiles, dans chaque
département. On le trouve tout autour de Paris, à Gentilly, à Ivry, à
Montrouge, à Vaugirard, à Chailiot, à Saint-Ouen, à Belleviile, à Pantin,
à Nanteuil; dans le département de Seine-et-Oise, à Grignon, à Auvers,
à Pontoise , à Magny, à; Saint-Germain, à Pâmes (ferme des Bovesj, à
Valmondois, à Beauchamp, à Sèvres, à Saint-Nom, à Chérence, à Sail-
lancourt; dans TOise, à Chaumont, au Vivray, à Ponchon, à Mortefon-
taine, à Ermenonville, à Ver, à Hénonville, à Monneville, à la Chapelle,
près de Sentis, à Tancrou, à Villemétrie, à Acy, à Betz, à Mouy, àMou-
chy-le-Châtel, à Liancourt, à Saint-Félix, à Ully, à Hermès, à Marque-
mont; dans TAisne, à Laon, à Soissons (couches supérieures), à Château-
Thierry, à Douchy-le-Château, à Villers-Cotterets, à Saint-Gobain, à
CoUigis, à Sainte-Croix, à Pavant, à Recourt, etc.; dans la Marne, à
Courtagnon, à Damery, à Montmirail, à Nanteuil, à Fleury, à Emonville;
dans l'Eure, à Venable, à Test de Louviers. On en trouve un lambeau
isolé dans le département de la Manche; nous l'avons vu surtout à Gour-
besvilles,à Orglanâe8,à Parfouru. commune de Hauteville, à Sainte-Co-
lombe, à Regneville et à Cauquigny.
Le complément des mers anglo-parisiennes se trouve en Angleterre,
où l'étage commence à se montrer sur la cAte du Dorsetsbire, d'où il se
742 QUATRIÈME PAKTlii:. — SUCCESSION CHHONOLOGIQUE.
dirige à Test, par le Hantghireet leSussex. 11 reprend dans le Kent; le
dirige àTouestdans ieSurrey, le Berkshire, le Hampfibire; puis tourne
au nord-est, par le Middlesex, l'Essex et le Suffolk. Les principales lo-
calités sont Londres, Barton, Hants, Highgate, Lyndharst, Subbington,
Hordwell, pour les couches marines, et Reak, près de Benson, Halcomb,
et Newport, dans Tile de Wight, l'ile de Sheppey, Bognor, Brackleshan»
(Sussex).
Un second complément des dernières mers, qui se continuait, sans
doute, sans interruption, avec TAngleterre, se retrouve d*abord à Cassel
(Nord), d'après M. Élie de Beaumont, puis en Belgique. Il forme une
vaste bande est-sud-est qui s'étend de Bruges, en passant par Gand,
Bruxelles et Louvain, jusqu'à Landen. Les principales localités où Ton
trouve des fossiles nombreux, décrits par M. Nyst, sont les suivants:
Aellre, Gand, Rouge-Cloître, Sainl-Josse-ien Noode, Grenendael, les
en virons de Bruxelles, Saint Jilles-en-Forest, Aillighem, Biersel, Everlé,
près de Louvain, Assche, Uccle, Jette, Lacken, etc , etc. Peut-être
qu'Egeln, près de Magdebourg et Bunde, ainsi qu*Astrupp, près d Osnsr
bruck, en Westphalie, dépendent du même âge; mais nous n'en avons
pas rentière certitude.
Dans le bassin pyrénéen, nous en voyons paraître un lambeau dans
la Vendée, à la partie extérieure de l'île de Noirmoutiers, principale-
ment à la Pointe-du-Devin; et, suivant M. Rivière, il se continue à U
presqu'île de Bouin, à Sallertaine, à Machecoul et à l'est de Beauvoir;
puis une vaste surface formée de calcaires à orbitolites entoure Blaye,
Pauliac et Lesparre ; les molasses éocènes des calcaires d'eau douce de
Plossac en dépendent.
Dans le bassin méditerranéen, nous avons reconnu, par la faune* que
tous ces terrains nummulitiques qui existent au sonunet des montagnes i
Faudon, à Ancelle, près de Gap et près de Saint- Bonnet (Hautes-Alpes)
en dépendent certainement, ainsi qu'un lambeau voisin de Saint-André-
de-Méouille (Basses-Alpes). Peut-être existe-t-ii encore dans le comté
de Nice, à la Fontaine du Jarrier, sur les couches suessoniennes. Nom
avons au moins la certitude, par les fossiles découverts par M. Hugard
dans les montagnes du Haut-Faucigny, au nord de la chaîne des Fis,
qu'un lambeau y existe. M. l'abbé Chamousset, en voyant nos fossiles
de Faudon, a cru y reconnaître l'étage de Thones, près d'Annecy. Alon
les grès à Fucoides ou le Fiysch seraient parisiens. Le lambeau de ter-
rain tertiaire des Dialilerets, près de Bex, qui a été le sujet de plus d'une
discussion, est absolument du même âge que Faudon, et que celui du
Haut-Faucigny. il dépend donc, bien certainement, de l'étage parisien,
comme nous le prouverons aux considérations paléontologiques. La
même époque parait exister entre Barréme et Saint-Jacques (Baases-AIpes).
CHAP. VI. - VINGT-CINQUIÈME ÉTAGE : PARISIEN. 743
D'après Tensemble des faunes, nous ayons aussi reconnu quMl existe
sur une vaste partie de TAmérique septentrionale, depuis le 3l« degré
de latitude jusqu'au 39«. On le trouve surtout dans l'État d'Alabama, à
Claiborne, à Ballast-Point, à Tampa-bay, à Welmington, sur lesquels
M. G. H. Haie a fait un beau travail de recherches; dans la Floride, dans
la Géorgie, sur les rives des rivières de Savannah et de Ogeechée,àBlu£r,
à Mill-Haren; dans la Caroline du Sud. à Orangeburg, à Wantood; dans la
Caroline du Nord, à Great Dismal Swamp; dans la Virginie , à Peters-
burg, près de Fredericksburg.
En résumé, l'étage, tel que nous le circonscrivons, en le séparant de
l'étage suessonien, n'est pas borné seulement au bassin anglo-parisien,
ainsi qu'on l'a cru pendant longtemps ; mais il occupe encore, en France,
les bassins pyrénéen et méditerranéen, la Belgique et une grande surface
de l'Amérique septentrionale.
§ 2431. Stratification. (Voyez é\a%e 25 de nos coupes, fig. 393.) Dans
tout le bassin a nglo -parisien, l'étage qui nous occupe repose en couches
concordantes sur l'étage suessonien, et tous les géologues sont mainte-
nant d'accord sur ce point. Les puits creusés à Gentilly, à Vaugirard,
pour l'extraction des argiles, ont montré les calcaires grossiers sur les
lignites, les argiles plastiques ou leurs sables. On peut le voir à Chau-
mont(Oise), à Laon, à Soissons (Aisne), à Meudon, près de Paris, à Da-
mery, à Émonviile (Marne), au Mont-Ganelon, près de Compiègne, à
Cuise-Ia-Motte et sur une infinité de points que nous croyons inutile de
citer, car c'est un fait général. Tout prouverait donc que, dans le bassin
anglo-parisien, l'étage parisien a succédé régulièrement à l'étage sues-
sonien. En Angleterre, la même superposition existe. Dans le bassin
pyrénéen, le lambeau de Blaye parait être dans la même position relative,
par rapport aux couches suessoniennes de Royan, que le creusement de
puits a fait retrouver, ainsi que les couches parisiennes de Blaye, jus*
qu'au-dessous de Bordeaux; ce qui place ces étages absolument dans les
mêmes relations que dans le bassin anglo-parisien. Il ne resterait done
aucun doute sur la succession régulière, dans l'ordre chronologique, de
l'étage parisien après l'étage suessonien.
§2432. Ditoordanoet. Maintenant les motifs stratigraphiques qui
nous ont fait séparer l'étage suessonien de celui-ci, indépendamment des
diiïérences paléontologiques, ont été décrits à l'étage précédent (§2396,
2401). Nous ne reviendrons donc pas sur les limites inférieures de l'é-
tage parisien, qui prouvent que ces deux étages superposés ont suivi,
chacun en particulier, des allures distinctes, et ont subi les conséquences
de perturbations géologiques spéciales. Si la superposition, dans le bas-
sin anglo-parisien, prouve, en effet, que les'deux étages se sont succédé
régulièrement, l'isolement des deux prouve leur indépendance
744 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCfôSION CHRONOLOGIQUE.
§ 2433. Pour les limites slratigraphiques supérieures de Tétage pari-
sien, elles sont aussi tranchées que possible, par des discordances d'iso-
lement : le manque, sur Tétage parisien, du sous-étage toDgrien, on
le manque, sous Tétage tongrien, de l'étage parisien; ce qui annonce en-
core leur complète indépendance. On trouve l'étage parisien isolé sans l'é-
tage tongrien dans te département de la Manche, à Hauteville, et sur tous les
points de ce lambeau, dans le bassin anglo-parisien, ainsi qu'en Angle-
terre, où, jusqu'à présent, l'étage tongrien manque. Le même isolement
se remarque à Noirmoutiers (Vendée), à Machecoul (Loire -Inférieure),
dans le bassin pyrénéen ; à Faudon. à Ancelle, à Saint-Bonnet (Hautes-
Alpes), dans le bassin méditerranéen. L'étage tongrien parait aussi
manquer aux Ëtats-Unis, sur cette vaste surface de l'étage parisien. Si
nous cherchons, au contraire, les points où se trouve l'étage tongrien sous
l'élage parisien, qui lui est partout inférieur sur les points où il n'y a
pas de lacunes, nous les trouverons encore dans le bassin pyrénéen, à
Lesperon (Landes), où cet étage repose sur l'étage sénonien, et surtout
dans tout le bassin de la Loire, où les touches terrestres tongriennes re-
posent sur les terrains crétacés aux environs de Tours [fig 595).
§ 2433 his. Déductiont tirées de la position des Govohe». En YOyant,
sur tous les points du bassin anglo-parisien, le^ couches parisiennes re-
poser en couches presque concordantes, pour ain&i dire horizontales ou
légèrement inclinées vers le centre du bassin, on acquiert la certitude
que cet étage, comme les vingt étages qui précèdent, a conservé, dans
le bassin anglo-parisien, une position presque identique à celle qu'il
occupait dans les mers parisiennes. Les couches de Belgique, dans la
continuation du bassin anglo-parisien , s'y présentent aussi telles
qu'elles ont été déposées dans les mers de cette période. En étudiant,
dans le bassin pyrénéen, les couches de Blaye et des autres points
de la Gironde, on arrive aux niéuies conclusions. Ce sont des parties
encore intactes des mers parisiennes. A côté de ces parties intactes,
nous voyons, au contraire, toutes les couches de Faudon, d' Ancelle
et de Saint-Bonnet, disloquées de toutes les manières. Plus de portions
horizontales sur ces lieux, mais bien des couches fortement Inclinées
qui, depuis leur dépôt tranquille, ont subi la dislocation des Alpes,
longtemps après leur dépôt primitif horizontal.
§ 2434. Dans le bassin anglo-parisien, sur les points où les couches
montrent qu'elles se sont succédé tranquillement des inférieures aux su-
périeures, on a reconnu, en France, trois divisions naturelles superpo-
sées, souvent caractérisées par une composition minéralogique distincte,
et toujours par un assez grand nombre d'espèces de rA)quilie8 fossiles spé-
ciales. Ces trois divisions, remarquées par beaucoup de géologues, ont
reçu, lorsque la nalire des sédiments se trouvait d'accord avec elles.
CHAP. VI. — VINGT-CINQUIÈME ÉTAGE : PARISIEN. 74Ô
les noms de Glauconiê grossière, de Calcaire grossier et de Sables
moyens. Comme nous avons cru reconnaître que ces divisions, purement
basées sur la nature minéralogique des couches , n'étaient pas toujours
d'accord avec le niveau géologique et les faunes, nous en admettrons
seulement deux dans le bassin anglo-parisien de France ; mais, alors,
nous les désignerons, dans Tétage, comme zone inférieure (comprenant
la glauconiê grossière et le calcaire grossier), et zone supérieure
(pour les sables moyens). Néanmoins, comme nous croyons que ces
différences de composition de faune des parties supérieures dépen-
dent, surtout, d'une zone de moindre profondeur d'habitation dans
les mers, nous ne la distinguons que pour suivre les divisions devenues
vulgaires dans le classement des dépôts sédimentaires des environs de
Paris.
§ 2435. Gompotition minéralogique. Après tous les beaux travaux
de MM. Brongniart, Élie de Beaumont, Constant-Prévost, Graves, et de
tant d'autres géologues recommandabies, il reste peu de chose à dire sur
la nature minéralogique des couches du bassin anglo-parisien; néan-
moins, nous croyons devoir y ajouter quelques mots sur Tapplication,
trop générale, peut-être, qu'on a faite de ces caractères aux trois divi-
sions de couches superposées qu'on avait admises. On a cru que la zone
inférieure était toujours formée de Glauconiê grossière, les couches
moyennes de Calcaire grossier, la zone supérieure des Sables moyens,
le tout recouvert parles calcaires d'eau douce, les meulières et les gypses.
Il en est. en effet, ainsi sur beaucoup de points. A Chaumont, par exem-
ple, au Vivray, à Saint-Germain, les couches de la zone inférieure sont
formées quelquefois de galets, de nombreux débris de coquilles, de poly-
piers, de coquilles entières, constituant, avec du gros sable et des points
chlorités, une roche non agrégée, qui devient calcaire grossier sur
d'autres lieux. A Damery, à Chaumont, à Parues, à Grignon, à Mont-
mirail, à Courtagnon, etc., la zone moyenne est composée dedêltris de
coquilles, de coquilles entières enveloppées de sédiments blancs ou jau-
nâtres non agrégés; tandis qu'à Sèvres, à Gentllly, à Montrouge, A Vau-
girard, l'ensemble consolidé en calcaires grossiers a été employé à bâtir
la capitale. A Mortefontaine, à Ermenonville, à Ver (Oise) ; à Damery, à
Nanteuil, à Émonville (Marne) ; à Au vers, à Valmondois, à Beauchamps
(Seine-et-Oise),lazone supérieure marine est, il est vrai, composée de
sable, renfermant un grand nombre de fossiles, et jusque là les trois di-
visions minéralogiques sont exactes et d'accord avec les divisions éta-
blies par les faunes; mais si l'on s'éloigne un peu, et si même on prend
les horizons paléontologiques, plutôt que la nature minéralogique, pour
base des divisions, on voit, par exemple, que les parties inférieures
sont en Belgique, à Aeitre, représentées par du sable ; que la Cardita
II. Ga
746 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
planicosta se trouve aussi à l'est de Ver, dans le sable ; que beaucoup
de points de la partie moyenne étaient également formés de sable.
Ainsi, lorsqu'on a dit que les coquilles du calcaire grossier se trouYaient
souvent à la partie inférieure des sables, ces sables, qui contiennent les
coquilles du calcaire grossier des autres lieux, ne sont plus, alors, pour
nous, la zone supérieure, mais bien la zone moyenne, en synchronisme
avec les calcaires grossiers de Paris ; car nous attachons plus de valear
aux horizons zoologiques, toujours sur le même niveau géologique, qu'à
la nature minéralogique, qu'on sait être partout si variable. La zone su-
périeure est également très-différente, suivant les lieux; il suffit, pour
s'en assurer, de parcourir les alentours de Paris. On verra, par exemple»
que les espèces de coquilles qui à Mortefontaine sont dans le sable se
trouvent au-dessus de Grignon, à Vaugirard, à Gentilly, etc., soit dans
des sables argileux, soit dans des argiles, soit, enfin, dans des calcaires
grossiers, des caillasses agrégés ou friables, formés de milioies ou de
foraminifères agathistègues. Lorsqu'on y reconnaît ces fossiles dans la
môme zone de hauteurgéoiogiqiie qu'ils occupent ailleurs, dans les sables,
il est impossible de ne pas les prendre pour des couches syncbroniques,
seulement d'une nature minéralogique différente, déterminée par des
circonstances locales. En résumé, nous voyons en général , aux en-
virons de Paris, deux zones assez distinctes par la paléontologie, sou-
mises à des variations minéralogiques identiques aux autres mers géo-
logiques, et nullement représentées par des compositions minéralogiques
distinctes, comme quelques auteurs l'ont pensé.
§ 243(). Dans ce bassin, les couches supérieures sont formées à Mont-
martre, à Montmagny, à Groslay, à Montmorency, à Pierrefltte, etc., de
couches puissantes de gypses et d'argiles ; sur d*autres points ou au-
dessous, on remarque des calcaires d'eau douce ou des meulières. Dans
lès autres bassins, à Blaye, ce sont de véritables calcaires grossiers et
des calcaires d'eau douce; à Faudon, à Ancelle, à Saint-Bonnet, dans
les Hautes-Alpes, ainsi qu'aux Diablerets, ce sont des calcaires noirs
argileux et des grès quartzeux appelés Flysch, supérieurs aux nummn-
lites à Thones. En Amérique, dans la province d'Alabama, ce sont des
sables ou des calcaires. Ainsi, la nature minéralogique de l'étage serait
aussi diversifiée que les autres.
§ 2437. Puisianoe connue. Dans le bassin anglo-parisien, la puis-
sance de l'étage est très-variable suivant les lieux ; mais, sur les points
les plus épais, l'ensemble peut atteindre près de 100 mètres d'épaisseur.
M. Chamousset Tévalue, à Thones. à 475 mètres; M. Scipion Gras
trouve, à Faudon, 1,000 mètres environ de puissance.
§ 2438. Déductions tirées de la nature den sédiments. Au milieu
de tant de déductions, \o\iVes ^U\s xuléressanles les unes que les autres,
CHAP. VI. - VINGT-CIISQUIÈME ÉTAGE : PARISIEN. 74Î
qu'on pourrait tirer de la nature des sédiments de Tétage parisien» bor-
nons-nous à quelques exemples.
§ 2439. Points terrestres. La présence de coquilles terrestres seules,
telles que Lymnea, Physa^ Planorhis, souvent mélangées à des co-
quilles terrestres du genre Hélix, mais sans mélange de coquilles ma-
rines, annonce des dépôts purement terrestres ou lacustres, formés
pendant la période parisienne. Ces dépôts existent sur presque tout le
bassin parisien, soit sous la forme de calcaires siliceux ou de meulières,
soit sous la forme de véritables calcaires ou de travertins pétris des
genres cités. Ces dépôts, toujours supérieurs aux calcaires grossiers el
aux sables moyens, se voient surtout autour de Paris; dans l'Oise, près
de Mortefontaine, à Apreraont, à Ermenonville ; dans Seine-et-Oise, à
Beauchamps, à Saint-Ouen, à Belleville , à Pantin ; dans la Marne, à
Nanteuil, à Cran>de-Ludes, à Damery, etc., etc. Le même horizon se
continue en Angleterre et se voit dans Tile de Wight. Nous considérons
encore comme un dépôt lacustre fait sous l'action des eaux, les gypses
de Montmartre et autres. La stratification bien distincte, la position ho-
rizontale des corps organisés qu'on y rencontre dans les différents lits
horizontaux, amènent au moins à cette conclusion. La transformation de
ces couches sédimentaires en sulfate de chaux serait postérieure à
leur dépôt.
§ 2440. Nous ne connaissons pas de points littoraux de cet étage bien
marqués en France. A en juger par le grand nombre de poissons et de
coquilles flottantes de Céphalopodes, de graines, de plantes, ils paraissent
exister en Angleterre sur plusieurs points de l'argile de Londres, notam-
ment à l'île de Sheppey , illustrée par les savantes recherches de
M. Bo^erbank sur les graines fossiles.
§ 2441. Points sous-marint voisins des ootes ou peu profonds.
Le grand nombre de Gastéropodes et d'Acéphales peut faire croire que
les points suivants se sont déposés au-dessous du balancement des Ega-
rées, mais en des lieux peu profonds. Dans les couches inférieures, on
les trouve autour de Paris, à Vaugirard, à Gentilly, à Chaillot, à Grignon,
à Parnes, à Mouy, à Mouchy-le-Chàtel, àGypseuil, à Liancourt, à Chau-
mont, au Vivray, à Ully, à Marquemont, à Villers-Gotterets, à Courtagnon,
à Damery, à Montmirail, etc., et dans la Manche. Dans les couches
supérieures (sables moyens), on les trouve à Vaugirard, à Valmondois,
à Auvers, à Beauchamps, à la Chapelle, près de Sentis, à Tancrou, à
Monneville, à Viilemétrie, à Acy, à Ver, à Mortefontaine, à Ermenon-
ville, à Damery, à Nanieuil, à Courtagnon. Nous pourrons encore consi-
dérer comme tels, dans le bassin pyrénéen, les dépôts de l'île de Noir-
moutiers et ceux de Pauliac, dans la Gironde ; il en est de même de
l'ensemble des dépôts de Faudon, d'Ancelle et de Saint-Bonnet, dans le
748 ftUATKIÈME PAHTIE. - SUCCKSSION CHRONOLOGIQUE.
biRsIn nëdlterranéeD. et de presque loutes Jee cnuchea de Belgique.
Les mélanges de coquilles marines et lerreetree de ces couche», Indi-
qiiég par quelques auleura, ticunenl Bouvenl eux connalesances peu
eiactes qu'on availdcs habitudes de quelques genres, età de fausses dé-
terminations de quelques autres. On preniiU, par exemple, des Ckrmni-
tiia iDarines pour des Melania, des Natiea pour des AmpuHaria, et l'on
croyait à tort loules les Néritinee fluilatiles; de là des coquilles lluvla-
tiles, quand il n'en eiislall réellement aucunes dans leK dfpâts tnarins.
g 2441. Les dépAls Eous-marlni du bassin an glo- pari sien, partie fran-
çaise, nous paraissent, de plus, avoir été formés sous l'influence de
couranis plus ou moins forts. Le grand nombre de coquillea qu'ils ren-
ferment, souvent brisée», entières et presque jamais dans leur position
nnrmale d'existence, aussi bien que la mulllpllcitë des Foraminirères, et
le manque d'éiémenls vaseux, annoncent, en effet, des bancs évidem-
ment formés suiis l'innuence des courants d'un charriage Incessant.
Nous pouvons encore aller plus loin par rapport aui courants, et re-
trouver quelle «n était la direction successive. Voyons^n un exemple
dans les coucbes de sable d'Auvera (Seltie-et-Oise). Pour arriver k le»
compr^idre, suivons, dans la flgure &T7, la succession des coucbes. La
couche a, composée de sable pulvérulent; la couche b, épaissededeux
mètres, formée de grès dur & pavés, sans coquilles ; la couche e, de sable
flnavecquelqueecoqullles,etlacoucbedde grès Un sans coquilles se sont
évidemment formées pendant une époque de repos -, elles sont toutes
borjzontales et i peine distinctes entre elles. A cet inelant de tranquil-
lllé a succédé une époque d'a%\V&V\D(\ 4«, la mer, pendant laquelle des
CHAP. VI. — VINGT-CINQUIÈMK ÉTAGK : PARISIEN 749
courants assez violents, venant de Test, ont apporté tumultueusement
des coquilles roulées et des fragments de calcaire grossier, enlevés aux
couches déjà consolidées de la zone inférieure et moyenne du même
étage, mélangés avec du gros sable et des fragments de coquilles, et en
ont formé les bancs e, composés délits inclinés à l'ouest (§ 83). La jurande
agitation a cessé ; et des courants dans la même direction, pendant un
demi-repos, ont encore formé les lits inclinés composés de sables plus
fins qu'on voit dans la couche f. Une seconde perturbation naturelle
(§ 89) est survenue. Les courants ont charrié de nouveaux matériaux
pesants (couche 9), semblables à x;eux de la couche e; mais, alors» les cou-
rants venant de l*ouest ont formé des lits inclinés à Test, tout à fait
opposés aux premiers. On ^oil, sans doute encore, à une seconde époque
de repos, les sables fins horizontaux qui forment la couche h, et à une
nouvelle époque de mouvement semblable à la première, la formation de
la couche t, composée de lits de coquilles roulés, inclinés à Touest. H y
aurait eu, sur ce point, trois époques alternatives de repos, pendant les-
quelles se sont déposées les couches a, b, c, d, fel ft, et trois époques de
perturbations. Pendant la première et la dernière (couche e), les courants
auraient marché de Test à l'ouest ; tandis que dans la seconde (couche g),
intermédiaire aux deux autres, des courants contraires violents se
seraient fait sentir de l'ouest à Test On voit qu'en procédant du connu à
l'inconnu, et appliquant la connaissance des faits actuels aux faits passés,
on peut facilement les expliquer sane recourir à des causes extraordi-
naires. Quelques personnes ont pu penser que ce dépôt était côtier; mais
la divergence de direction et d'inclinaison des lits exclut tout à fait cette
hypothèse, car une côte en retraite* est toujours formée de dépôts sans
lits marqués Les dépôts argileux de l'argile de'Londres annoncent, au
contraire, des mers tranquilles et sans courants.
§ 2443. Remanîemenu. D'autres conséquences peuvent encore être
déduites de l'examen des couches d*Auvers. Nous avons dit que, d'après
la position stratigraphique d' Anvers, la composition de sa faune dépend
de la zone supérieure de l'étage parisien. Nous avons dit encore, que
les couches de sable quartzeux, formées sous l'influence des courants,
renferment un grand nombre de coquilles des zones inférieures du même
étage, évidemment roulées à Tétat fossile, avec des fragments de calcaire
grossier encore pétris de leurs fossiles, qui ne peuvent provenir que des
dénudatlons des icouches inférieures d'autres points et de leur remanie-
ment par les courants dans les sables d' Anvers. Ce fait, reconnu depuis
longtemps à Valmondols pap M. Ck)n8taut-Prévost, à' Tancrou, à Assis
par M. Graves, que tout le monde peut vérifier à Anvers, annonce que
les zones inférieure^ avaient déjà eu le temps de se consolider avant
d'être dénudées et charriées aitisi dans la zoife supérieure, et que dès
750 QUATRIÈMK PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
lors un temps considérable a dû s* écouler entre Tune et Tautre époque,
qui aujourd'hui se confondent, pour ainsi dire.
Le remaniement évident des fossiles des diverses zones parisiennes
dans les couches d'Auvers, qui parait se reproduire également à Valmon-
dois, à Tancrou, à Assis, à Bouconvillers (Oise), à peu près dans les
mêmes circonstances, est la meilleure preuve que nous puissions don-
ner de Tattention toute particulière qu'on doit apporter à Texamen mi-
nutieux d'une couche avant de la rapporter à une époque quelconque.
Par sa position géologique, par ses sables quartzeux, les couches d'An-
vers ont été placées avec raison dans la zone supérieure de l'étage
parisien (sables moyens) ; et parce qu'elles contiennent des coquilles de
la zone inférieure (glauconie grossière et calcaire grossier) , on a cité ce
point comme exemple de mélange, sans expliquer si ce mélange avait
eu lieu du vivant des coquilles ou après. Pour nous, les couches d' An-
vers, de Valmondois et de Tancrou ne doivent être citées qu'avec la
plus grande réserve comme horizon. On doit y prendre, pour les restituer
à leurs véritables zones, les fossiles qui s'y trouvent remaniées ; et danh
aucun cas on ne pourra les mentionner comme exemple de mélange à
l'état de vie des fossiles qu'elles renferment, puisque ces mélanges se
sont faits évidemment à l'état fossile.
§ 2444. Osoillationi du sol. L'étage parisien est caractérisé par des
oscillations du sol qu'on ne peut s'empêcher de reconnaître dans la su-
perposition de dépôts de provenances si différentes. 11 serait, en effet,
difficile d'expliquer, sans ces causes puissantes, la succession, dans le bas-
sin, de couches fluviales, évidemment terrestres, aux couches marines
qui marquent toutes les parties inférieures de l'étage. Pour que des êtres
fluviatiles aient vécu sur des points antérieurement marins, il a fallo
soit un affaissement sous-marin d'une autre vaste partie des mers pari-
siennes (§ 1754), soit la surélévation des points où les dépôts terrestres
existent ; action que nous voyons encore avoir lieu sous l'influence des
oscillations. 11 a fallu ensuite qu'un laps de temps considérable s'écoulât
entre la surélévation des points sous-marins et l'arrivée des coquilles
fluviatiles; car nous savons, par expérience (§ 142), que la moindre salure
des eaux ne permet pas aux Lymnées d'exister.
§ 2445. Caractères paléontologiques. Les genres qui naissent (au
nombre de 120), comparés aux genres antérieurement existants qui s'y
éteignent (au nombre de 20), montrent que la faune de l'étage parisien
continue la période croissante de développement des genres propre aux
terrains tertiaires. Les deux séries animales qui donnent plus de formes
nouvelles dans cet étage sont les Zoophy tes, qui en offrent 27 , et les
Poissons, qui en montrent 21. Voici, du reste, le^ caractères différen-
tiels plus spéciaux qui dépendent des formes génériques.
CHAP. VI. - VINGT-CINQUIÈME ÉTAGK : PARISIEN. 761
§ 2446. Caractères négatifs tirés des genres. Les genres qui s'é-
teignent dans l'étage suessonien, sans passer à Télage parisien, seraient
autant de caractères négatifs qu'on peut invoquer pour séparer ces deux
étages. Ces genres, comme on peut le voir à l'étage précédent (§ 2417),
sont au nombre de 44.
§ 2447. Les genres qui, encore inconnus dans cet étage, ne 8ej;nontrent,
pour la première fois, qu'avec l'étage falunien, forment des caractères
négatifs propres à distinguer ces deux étages; ainsi donc, 148 genres
donnent des caractères négatifs entre les étages parisien et falunien. Ces
genres sont ainsi répartis dan^ les séries animales : Parmi les Mammi*
fères, les 47 genres de notre l«r tableau ; parmi les Oiseaux, les 4 genres
de notre 2« tableau ; parmi les Reptiles, lès 7 genres de notre 3« tableau ;
parmi les Poissons, 7 genres; parmi les Crustacés, 14 genres; parmi
les Céphalopodes, le genre Spirulirostra ; parmi les Gastéropodes, les
20 genres de nos 6<> et 7<> tableaux ; parmi les Mollusques lamellibran-
ches, les 6 genres de notre S^ tableap ; parmi les Brachiopodes, le genre
Orbicula ; parmi les Bryozoaires, les 5 genres de .notre 10* tableau ;
parmi les Échinodermes, les 6 genres de notre W^ tableau; parmi les
Zoophytes, les 15 genres de notre 13" tableau ; parmi les Foraminifères,
les 15 genres de notre 14' tableau. En résumé, 190 genres peuvent don-
ner des caractères négatifs pour distinguer l'étage parisien des étages
qui le précèdent ou le suivent immédiatement.
§ 2448. Caractères positifs tirés des genres. Les caractères dis-
tinctifs positifs, que nous pouvons invoquer pour distinguer l'étage
suessonien de l'étage parisien, nous sont donnés par tous les genres qui,
inconnus dans le premier, naissent seulement dans le second. Ces
genres, au nombre de 120, sont ainsi répartis dans les séries animales :
Parmi les Mammifères, les genres Macacus^ Vespertilio, Myoxus^ Del-
phinus, Didelphis, Chœropotamus, Hyotherium^ Paîœotherium^ Ano^
plotherium, Ziphius, Taxotheriumt Trogontherium^ Hyracotherium^
Xiphodon, Àdapis, Zeuglodon et Balœnodon; parmi les Oiseaux, les
genres Haliœiui, Buteo, Strix^ Perdix, Tantalus , Numeniu9, Fulicaf
CarbOy LUhornis eiAlcyornis; parmi les Reptiles, les genres Crota-
lus et Palœophis; parmi les Poissons, les genr^is Myliohaies, jEtobates,
Pristis , Glyphis, Passalodon , Edaphodon , Psalodius , ElasmoduSf
Glyptocephalus, Phyllodvs, Periodus, Notœus, Megalops, Sphenolepis,
SphyrœnoduSt Cœlorhynchus^ Goniognathus, Macrostoma^ Holaeanthtis
et Sargus; parmi les Crustacés, les genres Cancer, Leucosia, Dro-
mia , Tipliis et Palœoniscut ; parmi les Mollusques gastéropodes ,
les genres Volvaria^ Niso, Ringiculat Tiphis^ Monoceras^ Harpa et
Crepidula ; parmi les Mollusques lamellibranches, les genres Gratelou'
pia, î^ucuUna^ Nucunella et Stalagmium ; parmi les Bryozoaires, le
752 QUATRIÈME PARTIE - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
genre Clypeina ; parmi les Échinodermes , les genres Lenita, Scutelii-
na, Echinopsiif Echinorachniui et Laganum ; parmi les Zoophytes, les
genres Turbinolia^ Platyirnchus, Endopachys^ Paracyathus, Dasmia ,
Eupsammia, Stephanophylliat Circophylliaf DrendrophylUa, Discotro-
chus, Rhyzangia, Cylicosmiliat Lobopsammia, Diplhêliaj Areacis, Go-
niocœnia^Triphyllocœniat Madrepora^ Litharœaj Distichopora^ Uola-
rœa, Trochoserxs^ Dendrosmilia^ Astreopora^ Cyathoseris^ Dendracù et
Millepora ; parmi les Forarainlfères, les genres Ovulitesy Dactylopora^
Fabularia, Orthocerina, Nonionina, Peneroplis, Spirolina^ Clavulina,
Asterigertnaf GuUuUnay Globulina, Spiroloculina et Articulina,
§ 2449. Les genres qui naissent et meurent dans Tétage parisien sont
autant de caractères positifs qu'on peut invoquer pour le distinguer de
l'étage falunien , où ces genres sont jusqu'à présent inconnus. Ces
genres, au nombre de 49, sont les suivants : Parmi les Mammifères, les
genres Taxoiherium, Trogonthêriunif Hyracotherium, liphodon, Ada^
pis, Zeuglodon et Balœnodon; parmi les Oiseaux, les genres Lithomis
et Alcyornis ; parmi les Poissons, les genres Passalodon, Elcumodus,
Glyptocephaliu, Phyllodus, Periodus, Notasus, Sphyrœnodus, Cœlo^
rhynchus, Goniognathus et Màcrostoma ; parmi les Crustacés, le genre
Palœoniscus ; parmi les Mollusques gastéropodes, le genre Volvaria ;
parmi les Mollusques lamellibranches, les genres Nuculina, Nucunella
et Stalagmium ; parmi les Bryozoaires, le genre Clypeina ; parmi les
Échinodermes, les genres Lfinita, Scutellina et Echinopsis; parmi les
Zoophytes, les genres Turbinolia, Platytrochus, Dasmia, Circophyma,
Discotrochus, Rhyzangia, Cylicosmilia, Lobopsammia, Diplhelia, Area-
cis, Goniocœnia, Triphyllocœnia, Holarœa, Trochoseris^ Dendrosmiliaf
Cyathoseris et Dendracis; parmi les Foraminifères, les genres Ovuli-
tes, Dactylopora et Fabu farta. Enjoignant à ces genres ceux, au nombre
de 20, qui, nés antérieurement, s'éteignent encore dans l'étage parisien,
sans passer à l'étage suivant : parmi les Mammifères, le genre Ziphius;
parmi les Poissons, les genres Ptychacanthus , Gyrodus, Pycnodus et
Hypsodon; parmi les Mollusques gastéropodes, les genres P^rotomarta,
Serpularia. Pileolus elSulcobuccinum; parmi les Céphalopodes, le genre
Beloptera ; parmi les Bryozoaires, le genre Zonopora ; parmi les Échi-
nodermes, les genres Uacropneustes et Pygorhynchus ; parmi les Zoo-
phytes, les genres 5ynas/rea , Latomeandra, Aplosastrea et Dactylads;
parmi les Foraminifères, les genres Orbitoides et Nummulites, nous
aurions donc aujourd'hui, comme pouvant donner des caractères posi-
tifs entre les étages parisien et falunien, le nombre de 69 genres.
§2450. Caractères paléontologîques tîréi des espèces. En dehors
de quelques centaines d'espèces d'Animaux vertébrés et annelés et de
Plantes que nous n'énumétvms v^% vd, nous avons, en espèces d'Ani-
CHAP. VI. - VINGT-CINQUIÈME ÉTAGE : PARISIEN. 753
maux mollusques et rayonnes st^ulement, le nombre de 1576 espèces,
dont nous donnons, dans notre Prodrome de Paléontologie stratigra-
phique (t. 2, p. 338 et suiv.). tous les noms discutés avec soin, la syno-
nymie et les principales localités où elles se trouvent. Si nous ôlons de
ce nombre les 8 espèces indiquées à Tétage précédent (§ 2419) comme
s'y trouvant également, il restera encore 1568 espèces caractéristiques de
cet étage sur les différents points où il se montre, et sous ses divers
aspects minéralogiques.
§ 2451. Il nous reste maintenant à dire un mot des caractères paléon-
tologiques plus spéciaux qui nous ont amené à réunir sous un même
horizon des points très-éloignés les uns des autres. Aux considérations
stratigraphiques, nous avons vu qu'aucun motif valable ne pouvait em-
pêcher de réunir tous les lieux cités à l'extension géographique de
l'étage. L'ensemble de la faune de tous ces points, étant dans les rapports
les plus parfaits, suffirait seul pour décider la question, et prouver leur
parallélisme; mais, indépendamment des caractères palcoDtologiques
généraux donnés par le faciès des genres, nous avons encore des carac-
tères plus puissants à déduire de la distribution des espèces.
L'identité de l'argile de Londres et de notre étage parisien est main-
tenant trop connue, trop palpable aux yeux de tous ceux qui veulent
jeter un regard sur les faunes respectives, pour que nous ayons besoin
de le prouver. On le jugera, du reste, par le nombre considérable d'es-
pèces qui se trouvent sur les deux points à la fois, et que nous avons
indiquées dans notre Prodrome stratigraphique. •
§ 2^452. En séparant les fossiles du Limbourg. qu'ainsi que M. Hébert
nous avons reconnu appartenir à l'étage tongrien ou falunien Inférieur,
nous trouvons, dans les terrains tertiaires de Belgique, qui forment les
systèmes landenien, ypresien et bruxellien de M Dumont , dont les
fossiles ont été décrits et tigurés par M. Nyst, tout à fait la même faune
que dans l'étage parisien de France et d'Angleterre. L'ensemble est iden-
tique ; et pour le prouver, dans la liste des espèces les plus caractéris-
tiques, que nous donnons plus loin, les espèces communes à la Belgique
et à Paris sont précédées d'un a. Ces espèces sont bien plus nom-
breuses que celles que nous citons, et la contemporanéité d'époque ne
peut être contestée.
Indépendamment de l'identité de stratiûcation, nous avons, pour réu-
nir les couches de Blaye (Gironde) à l'étage parisien, l'ensemble de la
faune et, de plus, l'identité d'un grand nombre d'espèces, dont quelques-
unes sont indiquées dans la liste et sont précédées d'un c. Cette contem-
poranéité est reconnue depuit longtemps par les géologues.
§ 2453. Il n'en est pas ainsi des couches de Faudon, de Saiht-Bonnet,
d'Ancelle (Hautes-Alpes) et du Diableret, que nous y réunissons ; elles
754 QUATKlËME PARTlIi:. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ont motivé beaucoup d'opinions «lifTérentes et contradictoires. Nous les
avons visitées, et, grâce à l'obiigeance de M. Rouy, nous avons pu ras-
sembler un grand nombre d'espèces fossiles. Avec ces moyens de véri-
fication, nous avons, d'abord, reconnu qu'il n'y existait aucune espèce
crétacée, pas plus que des espèces tertiaires de notre étage suessonjen.
Avec un ensemble de faunes en tout identique à celui de Tétage parisien,
nous avons encore reconnu que les 29 espèces précédées d'un astéris-
que (*) dans la liste qui suit, se trouvent simultanément dans le bassin
anglo- parisien et dans les Alpes. 11 ne pourrait, dès lors, nous rester
aucun doute sur leur classement dans l'étage parisien, et sur leur parfaite
contemporanéité d'existence.
§ 2454. M. Lyell avait, dans ses savantes recherches, classé parmi son
étage éocène le« terrains tertiaires inférieurs de l'Amérique septentrio-
nale. Comme l'étage éocène de M. Lyell comprend nos étages suessooien
et parisien, il restait à savoir si les deux exisiaient aux États-Unis ou s'il
ne s'y en trouvait qu'un seul. Une belle collection de fossiles, envoyée par
M. Haie, nous a donné les moyens de résoudre la question. Nous n'y avons
reconnu aucun genre spécial à l'étage suessonien ; tandis qu'au contraire
le faciès de ces fossiles est si semblable à celui de notre étage parisien,
qu'il est impossible de ne pas le reconnaître à la première vue. Nous
n'aurions eu que ces rapports généraux, que nous n'aurions pas balancé
à réunir l'ensemble à l'étage parisien ; mais nous y avons reconnu, de
plus, avec le Cardita planicosta, les cinq autres espèces marquées de
deux astérisflues dans la liste, qui se trouvent simultanément aux envi-
rons de Paris et dans la province d'Alabama, aux États-Unis ; oe qui
indique une cohtemporanéité complète, et même des communications
directes entre ces deux points des mers parisiennes. Voici, avec les signes
indiqués ci-dessus, la liste des espèces que nons regardons comme les
plus caractéristiques et les plus répandues dans l'étage parisien :
MOLLUSQUES.
Sepia sepioidea. i
Nanti lus regalis. 3
a Rissoa turricula. 30
o Scalaria crispa. 50
a Turritella terebellata 56
a — imbricataria. 59
* — carinifera. 60
* Chemnitzia costellata. 81
a Volvaria bulloides 109
* Natlca Parisiensis. 1 16
* — labellata. i2l
' Cyprsa elegans. 330
a Ancillaria buccinoides. 350
a c Terebellum sopitum. 263
aVoluta harpula. 264
Mitra cytharella. - 292
* — crebricosta. 305
— plicatella. 306
* — cancellina. 310
* Conus lineatus. 334
a — deperditus. 336
— colombarla. 343
— flssurella. 344
CHAP. VI. - VINGT-CINQUIÈHK ÉTAtiK : PARISIEN
7S5
' Plenroloma fliou.
37 S
« Cardiia Imbricata.
910
— denlala.
3BI
aLucInamutabiliB.
94 fi
— lablaïa.
300
o — concenirloa.
060
— Ilaeolala.
394
"Corbis amelloBa.
97 G
' Fusui rugoiui.
44&
aCariiLumporulosiini.
08i
a — lODgEETUB.
118
aPetluiicubspulïlnatua.
lOib
a - Noe.
4BI
a Arcacucullnris.
1040
a — bulbuB.
in
nAïlculatrigona.
1090
431
a Peclen plebeius.
1100
u — eirang.
■tSÎ
c ~ subscabrIuBculue.
nos
u - turgldu».
m
a SpoDdïlus radala.
1115
a Ccrllhlom giganleuni.
'M
"Oslreaflabetlol*.
iiîe
■ - Bonein.
m
a — cariiua.
IISO
586
a — cymbula.
I1Î6
— gemlgraoulosum
Sïl
o AnoidjnlcnFitsliiaLn,
M4g
■ - Diaboll.
6Î1
o Vlncularln fragil*.
ir56
— Cordieri.
l,WO
I!l0
1 Morio Dodou.
iibi
' ■■ MaU.
'■ InfundJlulumtrochlfnrme
870
i!l»
* UenlalUimsubftliiaium.
703
l!I&
710
-TurblnoIlBBuli'alii.
i!40
- Bruguierl.
7lt
1246
I&6S
•Balanopliylfialenuslnala
lîflO"
Oanirocluena eloagaïa.
738
* AreBclsïpbreroldale.
[!74'
a Arcopagla ainuala.
7&4
* f rlonaslrea Amcl ana.
1177
Telllna acalarioldes.
768
■ Ho 1 arasa Par] si en si».
I3)t7
a Leda Èlrlala
SOI
■ — mkropora.
1Î88
o Venus nliidula.
314
■Kerliagranuloss. r
1,1440
• - lurRÙlula.
SlU
• Trochug monillfer.
— semlsiilcata.
S2Î
u Solarium Irocl il forme.
1448
a — suberycinoidcs.
8Î4
■ ~ ^lobulasa.
830
aCorbuIastriala.
8<J6
l!UO
a Pandovn Defrsncli.
RHâ
a OrbîL^lili'stompbnala.
lîOS
u Crassàtella pomlerusa
xsi
Summuliteslaîïigarn.
1302
•■Cardilaplanicosla,
013
cRolaliu Duri'itsnli.
I3!t
a — decusaaia.
n!7
c BilDculIna ringens.
IÏ48
ecles
Eft-o-
drome. an pourra se cnnvain
reque
nos limilee des étages sont
basées
sur lu slraliOcalion, nur le faciès d
sfaiincB etaur latonlempo
anëilë
il'un nombre plus o» moins ernrd d
espèces communes. Voici qnclmies
ii«i;mpl<'sdpcctre faune {fig.
578 il
84).
7&K QUATRIËHE PARTIE. - SUCCIiSSION CHRONOLOGIQUE.
CHAH. VI - VINGT-CI NQUIËHt: ETAUli: : PAHISIEN. 1&T
J^
,5, Qll»TRlf.«K. PW"-
- BUœtSSW CBROBOVXWIQUE-
m
Vf
Vi
CHA1>. VI. - VINGT-CIMQUlEMK ETAGE ; PARISIEN. IW
160 QUATRIÈME l'AKÏIE. — SUCCESSION CHROKOLOGlftUK.
*mwfwm.
FY,. lU. E»tmn
Tout ea séparant dans nnlre Prodrome stTaligraphiqvK les espèce*
rossllee de l'ëla^e parisien en deux Bérles, Tune Inférieure, l'autre
Bupérieure, nous sommes loin de loiiloir donner une valeur générale i
ces divisions. Comme nous l'avons dé|â dit (g H3i), nous ne les con-
sidérons pas comme bien tranchées ; et nous croyons que les dllTérences
qu'on remarque dans les deut faunes tiennent principalemeat au niveau
différent d'habitation des espèces au sein des mers parisiennes, et aux
Influences déterminées par \a nature sablonneuse ou calcaire des sédl-
§ 24&5. GhroDologie hiitorique. La dislocation de la chaîne des
l'ïrénées a détermine une puissante perturbation qui a Interrompu 1»
durée de l'éiage suessonien et a détruit A la fols it genres epëclaui à
cette époque, en même temps que les 670 espèces que nous avons signa-
lées dans celle période d'eilstence. Lorsque le calme est venu remplacer
l'agilalion pri)dulle par cette révolution géologique, ont paru sur la
lerreel dans lesniers 130 genres d'Animau\ Jusqu'alors inconnus (§2148),
renferniant plus de 1700 espèces. C'est au moins ce qui a été d^ril Jus-
qu'à présent.
g 34&0- Les continents ei les mers subissent plusieurs cbangemenis
de forme. La mer du bassin anglo-parisien [voyei étage 3& de notre
cane, /Ig. b6Z) se modlQe moins dans sa pariie ouesi en Angleierre,
et dans la partie sud-ouest de la France, où elle ne Fait que laisser quel'
quesaticrrissements littoraux à son pourtour, tuuten conservanl la forme
qu'elle avati à l'élage précédent. Par suite de la surélévation simultanée
dans une direclion est quelques degrés au sud, e1 oucKt quelqoes degrés
nord, du Surrey et du Susses en Angleterre , du pays de Hray. des dé-
parlements du Nord el du Pas-de-Calais en France, ou par suite de
l'alTaissement des parties situées au nord et au sud de ces points, et
d'une partie de la Hanche, la mer parisienne parait avoir abandonné ces
parties surélevées, et avoir formé deux golfes dlsllncis, l'un au nord,
occupant, en Angleterre, tous les versants de la Tamise, autour de Lon-
dres, elee continuant en BelsUluc car Itruges, Bruxelles, jusque prés de
CHAK VI. - VINGT-CINQUIÈME ÉTAGE : PARISIEN. 761
I ongres ; l'autre au sud, qui commence en Angleterre aux régions voi-
sines de l'île de Wight, qui couvrait une partie du Cotentin (Manche),
et de là jusqu'à Daniery, près d'Épernay, mais ne passait pas au nord
de Laon. On voit que si ces mers se sont retirées du centre du bassin
anglo-parisien, elles ont envahi le Cotentin et une partie de la Belgique.
Des changements encore plus considérables se sont opérés dans le
bassin pyrénéen. La cliaine des Pyrénées, en surgissant au-dessus des
eaux, est venue changer la forme des mers. SI les limites septentrio-
nales sont restées presque les mêmes avec des atterrissements litto-
raux, les limites méridionales sont différentes. La mer, qui s'étendait
ù rétage suessonien jusqu'en Espagne, et couvrait tous les points occu-
pés aujourd'hui par la chaîne des Pyrénées, s'est considérablement
retirée vers le nord, et occupe une petite partie de ce bassin. On n'en voit
effectivement les traces qu'entre Bordeaux et l'Océan.
Le bassin maritime méditerranéen, par la même raison , change
aussi de forme ; il ne communique plus avec le bassin pyrénéen, et ses
limites occidentales s'avancent encore vers l'est. Nous croyons, par les
lambeaux connus , que la mer parisienne commençait près de Nice,
passait par Faudon, par Saint-Bonnet, aujourd'hui aux parties élevées des
Hautes-Alpes (cette chaîne n'existant pas encore), et s'étendait jus-
qu'aux Diablerets, près de Bex ; là nous perdons ses limites. C'est encore
durant l'étage parisien que des parties considérables des États-Unis,
du 31 au 390 de latitude, surélevées depuis la 6n des terrains crétacés,
donnent accès, par suite d'un affaissement, aux mers parisiennes, qui,
par la contemporanéilé des mêmes espèces, s'étendaient probablement
sans interruption depuis Paris jusqu'à la province d'Alabama, dans
l'Amérique septentrionale.
§ 2467. Les continents s'agrandissent autour des bassins maritimes
préexistants, des parties surélevées dans le Sussex, dans le pays de Bray et
dans le Pas-de-Calais, en France et en Angleterre. Us augmentent bien
plus encore dans le bassin pyrénéen, où, désormais, la chaîne des Pyrénées,
surélevée à la fin de la période suessonienne, offre une puissante bar-
rière aux océans, qui se retirent au nord, et laissent non-seulement la
chaîne des Pyrénées tout entière hors des eaux, mais encore l'intervalle
compris entre cette chaîne et le massif central, ne formant qu'un seul
et même continent qui couvre, de plus,tout le Languedoc et la Provence,
et se continue vers le nord-est, à une grande dislance. A côté de ces
parties continentales gagnées sur les mers, nous voyons, au contraire,
le continent de l'époque suessonienne perdre la partie envahie par la
mer dans le Cotentin, près de Valognes, et surtout une vaste partie delà
Belgique, surélevée depuis l'étage carboniféricn, et entièrement étrangère
au premier âge des terrains tertiaires. Les continents se sont encore
l QCATBIME PABTie. — St'CCBSSIOlf CHROXOUIGIQUK.
nîmésde toute la partie eoTahie par la mer aox Élata-UDia, sor huit
jgfét em latMode de longueur.
§ 24ât. Les mers noarrisseot od grand nombre d'Anlmaox nooreaux,
«rmi leaqneU on remarque que les MoUoaqoes ne donnent pins qœ
(Ofiqfi genres, ainsi que les Animaor annelés, tandis que les classes
qui offrem le plus grand nombre de genres noureaux sont les Poissons
et les Zoofbytes. On roit, en effet, sur les 92 genres nouveaux irWant
dans les mers, que 30 dépendent des Poissons et 27 des Zoophytes, tan-
dis que les ih genres qui restent dépendent de S classes distinctes.
C'est la première fois que les mers sont peuplées de Cétacés ou Mammi-
fères marins , qui montrent alors les genres Dauphin {Delpkimms) et
Baimmoda» Les Crustacés offrent les premiers Crabes {Camcer) ; les Mol-
losqnes, les genres Tiphis, Harpa, Crepidula : de nombreux Zoophytes
et des Foraminifères, surtout des Milioles ou Agatkisiègues, dont les es-
pèces dans la mer étaient si nombreuses, qu'on doit souTcnt à leur
agglomération les calcaires dont Paris est Inti, et qui forment des cou-
ches entières à Gentilly. à Vaugirard, à L^isarches et ailleurs. Si nous
arons reconnu que 27 millimètres cubes de ces calcaires conlienneni
jusqu'à &8,000 de ces coquilles, on pourra, par là, calculer le nombre
dindif Mus et le temps qu'il a fallu pour en former des couches de plu-
sieurs mètres de puissance, et s'étendant de Gentilly à Luxarches. Avec
ces Animaux, on connaît encore dans la mer parisienne les espèces de
Plantes marines qui suiTent :
Corallinites Pomelii, Brongniart.
Paris.
Monooolflédones.
NAÏADES.
Caulinites Parisiensis, Brong. Paris.
C. grandis, Pomel. Paris.
C. Brongniartii, Pomel. Paris.
G. nodosus. Ung. Paris.
C. ambiguus, Ung. Pari».
C. cymodoceites, Pomel. Paiisi.
C. herbaceus. Pomel. Paris.
C. zosteroides, Pomel. Paris.
Zosterites enervis, Brong. Paris.
Potamogeton multinervis , Broug.
Paris.
Carpolithes Websteri Brongniart.
Wii^ht. (Carp. thalictroides, Var.
^hsrococcites Beaumontianus ,
Br. Paris. (Fucoides Beaumon-
tianus, Pomel.)
Chondrites Dufresnovi, Pomel. Pa-
ris.
G. intricatos, Brong.
C. asqualis, Brong.
C. diflTormis, Brong.
C. Targionii, Brong.
C. furcatus, Brong.
G. recurvus, Brong.
G. Huotii, Brong.
G. afTinis.Sternb. (Sphœrococcites).
G. inclinatus, Sternb. (Sphaerococ-
cites) .
Munsteria Haessii. Sternb.
M. flagellaris, Sternb.
M. genjculata, Sternb
CHAP. VI. — VlNGT-ClMQUlÈMfc: ÉTAGE : PARISIEN. 763
§ 2459. Si nous avons vu les mers s'enrichir d'un grand nombre
d'êtres nouveaux, les continents n'en offrent pas moins. C'esl à cette
époque que paraissent pour la première fois, parmi Jes Mammifères, les
ordres de Quadrumanes ou Singes, et les Chéiroptères ou Chauves-souris.
Les Oiseaux présentent encore des Oiseaux de proie, des Grimpeurs et
des Gallinacés Jusqu'alors inconnus, en même temps que les premiers
représentants des Reptiles ophidiens ou Serpents. Les bois étaient donc
peuplés en France et en Angleterre, de Macaques, de Crotales, de Didel-
phes, deTaxotherium, etc., etc., tandis que les plaines nourrissaient des
Palaeotherlum, des Anoplotherium, etc., tous genres inconnus aujour-
d'hui, qui animaient cette époque. Les Plantes qu'on trouve avec ces Ani-
maux sont également des régions chaudes. En voici la liste, d'après tes
recherches de MM. Brongniart (1) et Bo^erbank :
Cryptogames aorogènes.
CHARACÉES.
Cbara tuberculosa, Lyell. Wighi.
C Lemani, Brong. Paris.
Monocoty lédonet .
MPACEES.
Ripadite^ Bowerb. 13 espèces de
l'ile de Sheppey , dont 2 aussi
dans le terrain tertiaire de Brux.
PALMIERS.
Flabellaria Parisiensis, Br. Paris.
Palmacites annulatus, Br. Paris.
Hicotylédonet gymnospermes .
CONIFÈRES CUPRESSINÉES.
Callirites Brongniartii, Endl. Paris.
C. curtus, Endl. Sheppey.
C. Comptoni, Endl. Sheppey.
C. ihuioides, Endl. Sheppey.
C. crassua, Brong. Sheppey.
Frenelites recurvatus, Endl. Sliep-
pey.
F. subfusiformis, Endl. Sheppey.
F. globosus, Brong. Sheppey.
F. elongatus, Brong. Sheppey.
Solenostrobus subangulatus, Endl.
Sheppey.
S. corrugatus, Endl. Sheppey.
S. sulcatus. Endl. Sheppey.
S. semiplotus, Endl. Sheppey.
S. tessellatus, Brong. Sheppey.
ABIÉTINÉES.
Pinites Defrancii, Brong. Paris.
ULMACÉES.
Ulmus Brongniartii, Pomel. Paris.
PROTÉACÉES.
Petrophyiloides , Bowerb. 7 es-
pèces de l'ile de Sheppey.
LÉGUMINEUSES.
Leguminosites. 18 j Espèces de
Xylinoprionites. 2 ( fruits de l'ile
Faboidea. 25 1 de Sheppey.
GUCURBITACÉES.
Cucumites variabilis, Bovs. Shep-
pey.
(I) Nous ne mêlions pas iri la Flore du succin, des li$;niles de Silesic et de Saxr, «pie M. Brun
:;niarl y pince, n'ayaul pas la certitude qu'elle soit bien dam cet ô\»n'. k son v«rildbl(> niveau
:$(raligraphique.
7G4 QUATRIEME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
SAPINDACÉES.
Cupanioides, Bowerb. 8 espèces de
Sheppey.
■ALTACÉE8.
Hightpa , Bowerb. 10 espèces de
Sheppey.
§ 2460. La présence dans la province d'Alabama, aoi États-Unis, des
mêmes espèces marines qu*aui environs de Paris et en Angleterre ; la
découverte des Singes, des Crotales et de tant de genres propres aux
régions chaudes, qui vivaient en France et en Angleterre, en même temps
qu'un grand nombre de Poissons et de Plantes des pays chauds, recon-
nus à rile de Sheppey, en Angleterre, prouvent qu'il y avait, sur tontes
ces régions, aujourd'hui si distinctes, une température terrestre et ma-
rine spéciale aux régions équatoriales, et que les zones isothermes
n'existaient pas encore sur la terre.
§ 2461. Les oscillations du sol étaient fréquentes (§ 24i4) pendant
celle période, qui a dû être de longue durée, à en juger par la puissance
des couches et surtout par le nombre des élres fossiles qu'elles renfer-
ment dans le bassin anglo-parisien.
§ 2462. Une perturbation géologique aurait encore interrompu cette
période d'existence, causée soit par des dislocations lointaines ou sous-
marines, dont les discordances supérieures nous donnent la preuve
(§ 2432), soit par la dislocation du Système de la Corse et de la Sardai-
gne, dont la direction est du sud au nord, et que M. Élie de Béaumont
place à la fin de celte époque.
26« Étage : FALUmEN, d'Orb.
Pmbmibk sous-bt&ob : i5Fbkibcb ou :
§ 2463. Dérivé du nom. En admettant celte division inférieure des
premiers dépôts qu'on regardait comme miocènes, nous avions pensé
à le nommer étage stampien , les environs d*Étampes (Stamps) en
montrant le plus beau type français; mais les recherches de M. Hét>ert,
pleinement confirmées par les nôtres, nous ayantfaii reconnaître le même
âge géologique en Belgique et dans le Limbourg, où il correspond aux
trois systèmes tongrien^ rupélien et boldérien de M. Oumont, nous
avons préféré conserver l'un de ces trois noms comme ayant la priorité,
et nous proposons de donner à l'ensemble de l'étage le nom de tongrieti.
De cette manière, la ville de Tongres, en Belgique, sera notre point étalon
pour la Belgique, de même que les environs d'Étampes le seront pour
la France.
§246i. Dans le principe, nous n'avions pas T intention de séparer
nettement cette partie inférieure de l'élage falunien ; mais, comme
elle se retrouve , avec la même position stratigra[|thique, dans les
CHAI». VI. - VINGT-SIXIÈME ÉTAGK : FALUNIEN. 766
bassiD8 anglo-pari8ien, pyrénéen et méditerranéen, en Belgique et
même en Allemagne, toujours avec sa Faune spéciale, déjà considérable,
puisque nous y comptons 428 espèces fossiles, nous y attachons une
grande importance ; et nous la considérons comme plus distincte des
faluns proprement dits, que ne Test, par exemple, Tétage danien de
l'étage sénonien. Nous ne doutons même pas que, lorsque les recherches
stratigraphiques seront plus avancées, l'on ne la considère comme un
étage parfaitement distinct, et de la même valeur que les autres En
attendant, nous allons donner quelques-uns des renseignements spé-
ciaux que nous avons pu réunir sur cette période géologique, qui devra
former une cinquième époque tertiaire, è joindre aux quatre que nous
avons admises.
§ 24 es Synonymie de l'étage tongrien. Partie des Terrains tertiai •
res moyens (miocènes). Grès de Fontainebleau de MM. Dufrenoy et
Élie de Beaumont; Kiage dtf s Sables et Grès supérieurs de M. Graves;
Systèmes tongrien, rupélieii et holdérien de M. Dumont (que M. d'Archiac
regardait, d'abord, comme correspondant à VArgile de Londres ou aux
Sables moyens de Paris) ; Mollasses (Sables et Grès swpéiievrs de Fon-
tainebleau). Travertin supérieur et Meulières de M. Charles d'Orbi-
gny (tableau) ; Dépôt deVOstrea longirostris, et Calcaires à Astéries de
M. Delbos (bassin de la Gironde); Marnes gypseuses marines de M. Bnm-
gniart; Couches à Ostrea cyathula de M. Hébert; Falunf bleus de
M. Grateloup; cinquième Groupe de M. d'Archiac.
§ 2406. Nous considérons comme des dépendances de cet étage, dans
le bassin anglo-parisien, toutes les couches séparées depuis longtemps
par MM. Dufrenoy et Élie de Beaumont, sous le nom de grès et sables
supérieurs de Fontainebleau ; les sables et les grès supérieurs de M Gra-
ves c'est-à-dire depuis les marnes marines vertes contenant les Ostrea
cyathula f longirostris, etc., jusques et y compris les calcaires lacustres
supérieurs d'Ëtampes. Dans le bassin pyrénéen, les dépôts de VOstrea
longirostris, du Calcaire à Astéries de M. Delbos, ainsi que les faluns
bleus inférieurs de Gaas et de Lesperon , de M. Grateloup. Dans le
bassin méditerranéen, les calcaires lacustres des environs d'Aix. En
Belgique, les marnes argileuses de Boom, les argiles sableuses de Ton-
gres et de Kleyn-Spauwen, dans le Limbourg, ou les étages tongrien,
rupélien et boldérien de M. Dumont; les sables coquilliers d'AIzey, en
Wesphalie, et peut-être quelques autres points que nous citons à l'exten-
sion géographique Ce n'est point, comme on l'a cru, l'équivalent des
argiles de Londres, mais bien un étage supérieur à cette époque.
§ 2467. Extension géographique {voyez étage 26 a de notre carte,
flg, 363). Commençons par en chercher les limites dans le bassin anglo-
parisien. Dans la partie française, on remarque d'abord un falt:c*e8t
766 QUATRIÈME PAKTIE.— SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
qu'au nord de la Seine on ne retrouve plus que des lambeaux disséminés
sur rétage parisien, et témoignant seuls qu'un grand tout homogène,
dont il ne reste que des jalons isolés, s'étendait, néanmoins, à une
grande dislance au nord, comme la circonscription l'indiquera. C*est
seulement au sud du cours de la Seine que l'étage , alors en parties
continues, recouvre partout l'étage parisien, comme à Viroflay, à Sèvres.
Nous voyons les couches marines, les argiles à huîtres et les sables
marins supérieurs se montrer en lambeaux, d'après M. Graves, dans
l'Oise, au mont Pagnotte, à Saint-Christophe -en-Halatte, à Montméllant,
à Neuville-Bosc, à Montjavoult ; on les voit dans le département de
Seine-el-Oise, à Ëcouen, à Montmorency, à Argenteuil, au mont Yalérien,
à Viroflay, à Roquecourt, dans le parc de Versailles, à Sceaux, à Long-
jumeau, à Jeurre, à Estrechy, à Morigny, à Abbeville; autour de Paris,
à Montmartre, à Pantin, à Romainville, à Pierreûtte; dans la Marne, entre
Condéet Orbais ; dans Seine-et-Marne, à Ormesson.à une demi-lieae au
sud-ouest de Nemours, autour de Provins, de Château- Landon, à Dam-
marlin, entre la Ferté- sous-Jouarre et Viels-Maison8,près deMeaux, etc.
Les couches lacustres qui les recouvrent se montrent à Montméliant,
à Montjavoult, à Saint-Christophe-en-Halatle , à Serans, an Mont-
Pagnotte (Oise) ; autour de Paris, à Montmorency, à Palaiseau, à Milon,
à Saint-Prii, à Jouy, à Sannois, à Vincennes, à Pontchartrain, à Triel,
dans la forêt de Fontainebleau, à Meudon,à Sèvres, à Orsay, à Trappes,
à Saint- Arnoult, et surtout au sud d'Étampes, et ensuite dans le Loiret,
jusqu'à Damerie-Fay, près d'Orléans, une partie de lH)rléanaift et de la
Touraine; peut-être existe-t-el le encore en Auvergne. Jusqu'à présent
cette époque n'a pas été reconnue en Angleterre ; et c'est, avec l'étage
danien, la seule lacune qui existe des âges géologiques les plus anciens
jusqu'à l'époque actuelle.
Il résulterait de cette circonscription que les parties centrales et sud-
ouest du bassin anglo-parisien auraient seules participé aux dépôts
marins, qui se seraient étendus de Montjavoult et de Montméliant,
jusque auprès d'Étampes seulement. Les sables sans fossiles ont eu une
plus grande extension, et les dépôts lacustres qui les recouvrent s'éten-
dent bien plus à l'ouest ei au sud.
Le bassin pyrénéen en oiïre encore une plus vaste extension. Sous
forme de couches à Ostrea longirostris, il se montre, suivant M.Delbos,
aux environs de Blaye, autour de Saint-Aubin, de la Gaspardi (Tourteran)
et de Sainte-Foy-la -Grande (Gironde) ; sous la forme de calcaire à
Astéries, qui les recouvre ou alterne aux environs de Blaye, la Ro*
que, Bordeaux, Saint-Aubin, Tourteran, Pressac,Castillon, Sainte-Luce,
Cubzac, Fronsac,Montalon,Villefranche, Fleix et Sainte-Foy-la-Grande,
c'est-à-djre jusqu'au Lot et-Garonne, aux environs de Marmande, pro-
CHAP. VI. - VINGT -SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN.
bablement à Gondrin et à Gondom, dans le Gers. Nous ^ £
croyons encore» d'après l'analogie des Faunes, qu'on doit |
y réunir les faluns bleus Inrérieurs de M. Grateloup, étu- |
dlés par ce savant à Dax, à Gaas, à Tartas, à Saubrigues, "
à Saint-Paul, à Cazorditte, à Larra, à Lespian, à Les-
peron, à Saint-AvU, près de Mont-de-Marsan, à Abesse,
à Garrev, à Orthez, à la Cabane (Landes) ; ainsi que le
calcaire d'eau douce, qui parait recouvrir ces faluns,
comme dans le bassin anglo-parisien.
Dans le bassin méditerranéen, nous ne connaissons pas
encore de dépôt marin de cette époque'; mais les dépôts
lacustres suivants, bien distincts des dépôts lacustres infé-
rieurs (§ 2394), paraissent, d'après leurs fossiles, faire
partie de cette époque, sur tons les points suivants,
étudiés par M. Mathéron : dans les Boucbes-du -Rhône, à
l'Équiles, à Beaulieu, près d'Aix, à Marseille, à Peyrolles.
à Ventiles, etc. ; dans le département de Vaucluse, à Gar-
gas: peut-être toutes les mollasses d'eau douce Inférieu-
res aux mollasses marines des Alpes en dépendent-elles
encore.
En Belgique, et dans le IJmbourg, on trouve cet éiage
avec tous ses caractères de dépôts marins, à Boom, à Kleyn- f
Spau^en, à I^oos, au Vieux-Jonc, à Hoesselt, à Lethen, à ê
Heerderen, à Neerepen, à Vliermael, à Tongres, à Heenis, a
à Bolderberg, à Rupelmonde, à Pietrebais, à Grimme-
tengin, à Ryckhoven, dont les fossiles ont été décrits et
ûgurés par M. Nyst, et ont été reconnus par nous identi-
ques à ceux du bassin parisien, sur les échantillons qui
nous ont été communiqués par M. Bosquet. Nous avons
encore constaté cette identité avec des fossiles qui nous
ont été envoyés d'Alzey, de Kreuznach, près de Mayence,
par M. Braun D'après des Identifications faites par
M. Nyst, cet étage se trouverait peut-être encore en West-
phalie, à Bunde-, en Prusse, à Egeln, près de Magde-
bourg, et aux environs de Santen. 11 aurait, comme on
voit, une extension géographique aussi étendue que beau-
coup d'autres ; ce qui prouverait son importance réelle
comme époque straligraphique distincte.
§ 2468. Stratifioation [voyez étage 1 a de nos coupes,
fig. 393 et 596). Tous les géologues sont d'accord sur la |
position de cet étage dans le bassin anglo-parisien tes h
premières couches à huîtres reposent en couches concor-
dantes sur les derniers dépôts gypseux de l'étage çari-
sien , comme on peut le voir à MonVmaTXTe,kV\w\eXv\Vç^
/i Montmorency, h Écouen, etc., elloul axAowi ^e Vw\%.
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768 QUATRIÈME PARTIE — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Dans le bassin pyrénéen, et principalement autour de Blaye (Gironde),
ainsi que Tont observé MM. Delbos et Raulin, les premières couches de
cet étage, conlenant des huîtres, reposent sur les calcaires à Orbitolites
et les couches lacustres analogues aux couches terrestres de Tétage pari-
sien des environs de Paris. La même superposition existe en Belgique,
d'après tous les beaux travaux de MM. d'Omaiius d'Halloy et DumonI;
aussi nul doute que cet élagp tongrien, tel que nous le considérons,
n'ait succédé régulièrement, dans Tordre chronologique, à l'étage pari-
sien, qu'il recouvre sur tous les points.
§ 2469. Ducordanoes. Quant aux caractères stratigraphiques distinc-
lifs de cet étage, ils sont aussi nombreux. En partant des limites supé-
rieures de l'étage parisien, nous avons donné les limites inférieures de
celui-ci (§ 2433). Ces limites étant, du reste, admises par presque, tous
les géologues français, nous croyons ne pas devoir insister davantage.
Pour les lim tes supérieures, elles sont données par des discordances
réelles et par de nombreuses discordances d'isolement. Pour discordan-
ces réelles, nous citerons le relief du Système de Vile de Wight, du Tatra^
du Rilo-dagh et de VHœmut, de M. Êlie de Beaumont, qui parait sé-
parer l'étage des faluns proprement dits. Pour discordance réelle d^iso-
lement, nous avons le manque de l'étage tongrien sous l'étage falunlen
d'une infinité de points du globe, dans le bassin anglo-parisien, dans la
Manche, où l'étage falimien repose sur les terrains triasiques, avec une
lacune de 19 étages. Dans le bassin ligérien, on voit les lambeaux faln-
niens reposer directement sur les terrains plutoniques ou azoïques,
avec 26 étages de lacunes, comme dans les départements de la Loire-
Inférieure, de la Vendée et d'Ille-et-Vilaine ; sur les terrains paléo-
loîques, à Gahard, avec 22 étages de lacunes ; sur l'étage turonien des
terrains crétacés, à Tourtenay , autour de Doué, avec une lacune de
4 étages; sur l'étage sénonien, à Sablançay, à Manthelan, et sur beau-
coup d'autres points du département d'Indre-et-Loire, avec une lacune
de 3 étages. Dans le bassin pyrénéen, nous avons reconnu l'étage falu-
nien sur Tétage kimméridgien à l'ile d'Oléron , avec une lacune de
10 étages. A Carry (Boucbes-du-Rhône), le dépôt falunlen repose, en
discordance complète, sur l'ëtage néocomien, avec 8 étages de lacunes;
sur les terrains crétacés, à Sourribes (Baisses-Alpes), et sur les terrains
jurassiques, à Chàleauredon Nous pourrions encore multiplier à l'Infini
les lieux où l'isolement de l'étage falunien, sans l'étage tongrien, qui
devrait être partout inférieur, s'il avait dépendu de la même époque, se
trouve le mieux constaté. Nous dirons seulement que nous regardons
encore, comme fait de discordance, la présence des parties d'eau douce
corrodées et perforées par les pholades de l'étage falunien, comme
MM, de Vibraye et C^oquand l'ont constaté, d'un côté, dans le bassin
GHAP. VI. — VlNGT-SlXlÉME ÉTAGE : FALUNIEN. 769
ligérien, à Pontlevoy, et de Tautre dans le bassin méditerranéen, autour
d'Aix. Pour nous, c'est la preuve que les dépôts d'eau douce étaient déjà
consolidés et à Télatde roches, lorsque les mers ont recouvert ces dépôts
terrestres, et lorsque les pholades les ont perforés, ce qui suppose un
laps de temps considérable entre les deux et une véritable discordance
d'érosion.
On ne peut donc pas, après des faits si nombreux, se dispenser de recon-
naître l'entière indépendance stratigraphique de cet étage, qui, comme
pour toutes les époques précédentes, se trouve parfaitement coïncider
avec les limites paiéontologiques, comme on le verra plus loin.
§ 2470. Déductions tirées de la position des oouohet. Nous ne pour-
rons ici que répéter ce que nous avons dit à l'étage précédent (§ 2433).
II en est, en effet, de l'étage tongrien comme de l'étage parisien : il s'est de
même déposé dans les bassins anglo-parisien, pyrénéen, et en Belgique,
dans des mers préexistantes; seulement, dans le bassin anglo-parlsieo,
il s'est étendu bien plus au sud-ouest; dans le bassin pyrénéen, il a
considérablement gagné au sud, tandis qu'en Belgique il s'est, au con-
traire, avancé vers le nord. Nous reconnaissons, dans tousces bassins, des
parties presque intactes des dépôts faitsau sein des mers tongriennes; mais,
comme on le voit, avec une extension bien diCTérente de l'étage parisien.
§ 2471. GompositioD minérelogique comparée. Dans le bassin an-
glo-parisien, l'étage est formé généralement, dans ses parties inférieures,
de marnes argileuses ou gypseuses, vertes ou jaunes, renfermant de
nombreuses huîtres, recouvertes de sables, jaunes ou blancs, contenant,
sur beaucoup de points, de nombreux fossiles, les uns transportés, les
autres en position, coiiime à Jeurre, ou constituant ces masses de sables
et de grès exploités comme pavés à Fontainebleau et aux environs
d'Étainpes Dans ce dernier lieu, à la côte de Saint- Martin, des couches
horizontales concordantes de sable blanc, dans lesquelles, aux parties
inférieures, se trouve un lit de cailloux de silex roulés, se terminent, en
dessus, par une légère couche toujours horizontale, formée de lignites,
recouverte de calcaires siliceux ou argileux, avec ou sans silex, conte-
nant des Cyelottoma elegans aniiquorunif des graines de Chara et de
nombreuses Gérltes. Les couches, en remontant, deviennent de plus en
pius calcaires, les Gérites ne s'y trouvent plus, et les couches supérieures
ne renferment que des coquilles d'eau douce iPlanorbis et Lymma), qui
s'étendent ensuite jusqu'à Orléans et dans la Touraine. Dans le bassin de
la Gironde, l'étage se compose de sable marneux un nu agglutiné par un
ciment calcaire, contenant beaucoup d'huîtres, et quelquefois des osse-
lets d'Astéries, recouverts d'un calci»ire variable en dureté, contenant
ou non des cailloux siliceux roulés, de petites huîtres, ou un grand
nombre d'osselets d'Astéries, et de Polypiers. A Gaas, ce sont des faluns
II. ^^
710 QUATRIÊMK PARTIE. — SUCCESSIOM CHRONOLOGIQUE.
Mens, avec beaucoup de coquilles; eo Relgiqoe, à Roooi, ce sont des
maracs argileuses, grisâtres ou noiràlres ; à Tongres, des ailles sal^lea-
ses, bigarrées de jaunâtre ou de gris, passant en dessous aux sables
▼erdàtres, et en dessus au jaune, et contenant beaucoup de coquilles
marines. La nature minéralogique serait ici aussi ' ariable que poar les
âges précédents.
§ 2472. FvÎMaifeoe ooanue. La plus grande épaisseur connue se re-
marque auprès de Bordeaux, où M. Delbos TéTalue à lf)0 mètres.
§ 2473. DédafltMMM tirées de la natvre des sédiiiienU et des fos-
siles. Nous trouTons,dans cette époque, divers genres de dépdts qui noos
font reconnaître des parties marines el des parties terrestres.
§ 2474. Poiats soos-marins voisias des eôtet oa pesi profonds.
Lorsque nous voyons la composition de toutes les couches marines du
bassin anglo-parisien, où se remarquent de nombreuses buttres oa des
coquilles de Bivalves et de Gastéropodes dans des lits borixontaax de
sable, on ne peut s'empêcher d'y retrouver un dépôt fait à peu de pro-
fondeur dans la mer, mais certainement au-dessous du balancement des
marées. Les lils horizontaux des fossiles, et surtout les coquilles lamelli-
branches, encore dans leur position normale d'existence (§ 100), comme
nous les avons rencontrés à Jeurre, nous donnent la certitude qu'aucun
mouvement des eaux, semblable à celui que produisent les marées, n'est
venu déranger ce dépôt, depuis qu'existaient les coquilles encore en
place. Les dépôts à huîtres des environs de Blaye, les faluns bleus des
environs de Dax. ainsi que tous les dépôts marins de la Belgique, sem-
blent être dans le même cas.
§ 2475. Points plus profonds des mers. L'abondance des parties
d'Astéries et le peu de Lamellibranches et de Gastéropodes que ren-
ferment les calcaires à Astéries du bassin pyrénéen nous font croire
qu'ils ont dû se former dans des réglons bien plus profondes des mers
de cette époque.
§ 2476. Porties terrestres. La composition zoologique des conches
terrestres qui recouvrent les couches marines dans les bassins anglo-
parisien et pyrénéen, ainsi que les dépôts analogues du bassin méditer-
ranéen, donnent la certitude que, dans ces trois bassins, il a existé des
parties continentales. Ces dépôts lacustres ont remplacé et reconverties
dépôts marins, sur tous les points, dans le bassin anglo-parisien, sur les
régions sud du bassin pyrénéen. A Gaas, à Lesbarritz, à Dax, à Saint-Jean-
de-Marsac, à Gours. à Abesse, à Guillac (Landes), ils se trouvent isolés
et seuls dans le bassin méditerranéen, et paraissent manquer tout à fait
en Belgique.
Dunes, Ne pourrait-on pas croire que ces amas de sable non stratifié,
d'une égale grosseur, et sans corps organisés, qui, par exemple, for-
GHAP. VI. - VINGT-SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN. 771
ment les grès de Fontainebleau et ceui des environs d'Étampes, ont
été d'anciennes dunes de la mer tongrienne ?
§ 2477. Otoillationt du toi. La succession régulière que nous voyons
exister sur un même point, dans les bassins anglo-parisien et pyrénéen,
de dépôts purement marins et de dépôts purement terrestres, nous
donne la preuve que des oscillations du sol se faisaient sentir durant
cette période géologique. La succession des dépôts terrestres à des dé-
pôts marins exige d'abord, pour que des coquilles terrestres et Au-
viatiles y aient vécu, que la mer se retire des points qu'elle occu-
pait, et qu'après un laps de temps considérable la salure des eaux ait
entièrement disparu de ces lieux. Il a donc fallu un changement de
niveau sur ces points, ce qui est le fait des oscillations du sol. Les en-
virons d'Étam{)es sont instructifs sous ce rapport. On y voit, au-dessus
des dernières couches marines de Jeurre et d'Ëstrcchy, une masse con-
sidérable de sables sans coquilles marines ni coquilles terrestres. Ces
sables, analogues à tous ceux de Fontainebleau, qui, peut-être, for-
maient ou des dunes de sable, ou, au moins, des déserts autour des
dépôts marins, paraissent avoir tout nivelé, à la fin de l'époque marine;
car on les voit sur tous les points recouvrir ces dépôts. La manière
dont les dépôts lacustres commencent à la côte de Saint-Martin, près
d'Ëtampes, nous montre, aux premières couches, des lignites, puis des
dépôts siliceux, contenant des Gérites, des Cyclostomes et des graines
de Ghara; puis, après plusieurs alternances, des couches contenant seu-
lement des Lymnées et des Planorbes, et plus de Gérites. Ponr nous,
la présence des Gérites annonce encore un peu de salure dans les eaux
qui les nourrissaient, en même temps que des Ghara ou des Gyclostomes
terrestres étaient amenés par les pluies. Ge n'est qu'après que les eaux ont
été entièrement douces que les Lymnées et les Planorbes y ont pu vivre.
§ 2478. Perturbation finale {voy, partie 26& de notre coupe, fig. 595).
Nous pourrions voir, dans les dépôts de galets inférieurs aux dépôts
faluniens marins deGarry (Bouches-du-Rhône), les traces certaines du
mouvement des eaux à la surface de la terre, à la fin de l'étage ton-
grien et avant les dépôts renfermant des corps organisés de l'étage falu-
nien. Pour nous ces galets, dont nous parlons plus longuement ailleurs
(§ 2496), ne sont que les premiers nivellements, dus à la violence des
eaux, lors de la perturbation finale de l'époque tongrienne.
D'après la grande surface de galets, d'argiles et de poudingues, qu'on
voit entre les dépôts lacustres tongriens du département d'Indre-et-Loire
et les dernières couches crétacées, on a également la certitude qu'un
mouvement violent de lavage superficiel par les eaux avait précédé les
premiers dépôts lacustres de l'étage tongrien.
§ 2479. Caractère* paléontologique*. Nous ne parlerons ici que des
773 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
caractères propres aux espèces. En laissant de côté tous les Animaux
vertébrés et annelés de cette époque, encore peu faciles à séparer de
ceux de Tétage falunien, avec lequel ils ont été confondus, nous ne nous
baserons que sur les restes d'Animaux mollusques et rayonnes que nous
avons pu comparer. Nous connaissons, dans cet étage, 428 espèces, dont
nous donnons, dans notre Prodrome de Paléontologie strati graphique
(tome 3, p. I et sulv.), les noms discutés, la synonymie, et les principales
localités où elles se trouvent. On verra, par exemple, que letrès-graod
nombre de ces espèces, identifiées à tort, en Belgique et à Dax, avec les
argiles de Londres et avec le calcaire grossier de Paris, étaient toutes
basées sur de fausses déterminations qui étaient venues, pour ainsi dire,
anéantir les données stratigrapbiques et embrouiller considérablement
la question géologique. Après avoir vu un grand nombre de ces espèces
identifiées, nous pouvons afiirmer que toutes sont distinctes, et pour
nous la Faune de l'étage tongrien de France et de Belgique ne ren>
ferme que des espèces spéciales et tout à fait caractéristiques de cet
étage.
§ 2480. Aux considérations stratigrapbiques, on a vu que tous les
points que nous rapportons à l'étage sont dans une position relative
semblable, quant à leurs rapports avec les étages inférieur et supérieur.
11 nous reste à parler des caractères paléontologiques qui viennent les
corroborer. Donnons d'abord In liste des espèces les plus répandues, et
les plus propres à identifier les différents bassins, et dont on pourra trou-
ver la répartition dans le Prodrome de Paléontologie stratigraphique.
MOLLUSQUES.
Kot da Pr
ea Cyclostoma elegans anti-
quorum.
«cRissoa plicata.
bcde Natica crassatina.
c e Voluta suturalis.
ce — Raihieri.
c e Chenopus crassus.
c e Pleurotoma Belgica.
— custellaria.
c e Fusus subelongatus.
ce — cuniculosus.
bcde Cerithium plicatum.
cde — dentatum.
ce — elegans
ce — sublime.
celDtuDd\bu\um striatellum. 246'
MOLLUSQUES.
drome.
No« du Prodrome.
ctfDentalium Nystii.
277
31
ce Venus incrassatoides.
278
46"
ceQrenB semlstriata.
284'
77
ceCorbula Henckellusiana.
284 a
153'
ceLucinastriatula.
286*
163 a
cdePectunculus subterebra-
180'
tularis.
289
196
de — angusticos-
195 c
tatus.
288
204'
ceCardium subtenuisulca -
204 d
tum
287"
229
ce — Raulini.
287 a
233
cdeOstrea callifera.
291
236
be — longirostris.
293
232
ÉCHI?fODERHES.
246'
6eScutella8triatula.
298
CHAP. VI. - VINGT-SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN. -73
Pour identifier l*époque des dépôts marins de Tétage tongrien de Bel-
gique et des environs de Paris (les espèces précédées d'un e), nous avons
un grand nonribre d'espèces reconnues d'abord par M. Hébert, et dont nous
avons pu vérifier l'exactitude. Parmi ces espèces, nous avons cité, dans
la liste qui précède, les 22 espèces précédées d'un c. Ce nombre pris dans
l'ensemble est pi us que suffisant, nousie croyons, pour prouver la parfaite
conte mporanéité, et, nous dirons plus, la communication matérielle qui
devait exister sur quelques points aujourd'hui inconnus des mers tongrien -
nés de la Belgique et de Paris. Pour identifier le lambeau d'AIzey, nous
avons, sur un très-petit nombre d'espèces comparées, au moins le tiers
se trouvant simultanément dans le bassin parisien ; ce sont les 6 espèces
précédées d'un d dans la liste précédente. Ces espèces nous font arriver
à la même conclusion que pour la Belgique. La présence dans les dépôts
du bassin pyrénéen du Natica crassatina^ du Cêrithium plicatum^ du
Scutella striatula et de VOnrea longirost^s, communs aux environs de
Paris, sont les espèces identiques qu'un premier aperçu nous a fait
reconnaître positivement , et qui coïncident avec la stratification ; ces
espèces sont précédées d'un h dans la liste précédente. Pour réunir les
calcaires d'eau douce des environs d'Aix et de l'Auvergne avec les cou-
ches lacustres d'Étampes, outre les identifications d'espèces de Plantes
et de Mammifères dues aux recherches de M. Pumel, nous avons encore
la présence du Cyclostoma elegans antiquorum ^ qu'on retrouve en Pro-
vence et à Étampes. On voit donc que les caractères paléontolo-
giques viennent ici corroborer les limites stratigraphiques de l'étage
tongrien, et prouver son indépendance chronologique dans les différents
bassins maritimes de cette époque.
§ 2481. Chronologie historique. M. Élie de Beaumont place la dis-
location de son Système de la Corse et de la Sardaigne à la fin de la
période géologique parisienne. C'est alors que se sont anéantis, par les
perturbations qu'elle a occasionnées à la surface de la terre, les 69 gen-
res spéciaux à cette époque, et les 1678 espèces déjà décrites dans cette
période. Lorsque le calme est revenu sur la terre, lorsque les mers sont
rentrées dans leurs lits, sont nées, indépendamment des Animaux verté-
|)rés et annelés, les 428 espèces d'Animaux mollusques et rayonnes que
nous connaissons dans cet étage.
§2482. Les continents et les mers ont alors subi plusieurs change-
ments. La mer (voyez étage 26 a de notre carte, fig, &63), dans le
bassin parisien, laisse de larges atlerrissements vers le nord, et ses
limites septentrionales connues s'éloignent beaucoup vers le sud, tan-
dis que la mer s'avance, de ce côté, jusqu'à Étampes, en formant un
cercle autour de Paris. Dans le bassin pyrénéen, la mer recouvre pres-
que les mêmes limites septentrionales, en laissant un étroit atterrisse-
774 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ment au nord-ouest de Blaye ; mais, de même que dans le bassin anglo-
parisien, elle s'étend considérablement vers Test et le sud, d'un côté
jusqu'à Libourne, de l'autre jusqu'à Dax. En Belgique, l'atterrissement
parait avoir eu lieu dans les mers vers le sud, tandis que les mers ton-
griennes se sont avancées vers le nord-est jusqu'au Limbourg et aux
environs de Maestricht.
§ 2483. Les continents s'accroissent donc au nord et au sud du con-
tinent belge, d'un côté en Belgique, de l'autre dans le bassin anglo-
parisien, d'abord de l'atterrissement de la région nord des environs de
Paris, et peut-être de toutes les mers tertiaires antérieures de l'Angle-
terre, puisque les mers tongriennes y sont inconnues. 11 en serait de
même du bassin méditerranéen, où nous ne connaissons pas encore la
Faune marine de cette époque. Dans le bassin pyrénéen» les continents
auraient perdu une assez vaste surface orientale et méridionale des
parties surélevées pendant les dépôts parisiens.
Les Animaux marins de cette époque, quoique très -voisins, générique^
ment parlant, de ceux de la Faune falunienne, s'en distinguent tous spé-
cifiquement. En séparant de la Flore miocène de M. Broogniart les Plantes
fossiles des meulières et des grès supérieurs des environs ée Paris, et les
Plantes des environs d'Aix, on aura la liste suivante» à laquelle, peut-
être, il faudra joindre les Plantes fossiles d'Armissan, près de Nar-
bonne :
Cryptogame* aorogèoe*.
Cbara medicagula, Brong. Paris.
Monocotylédones .
Carpolitbes tballctroides , Brong.
Paris.
GRAMINÉES.
Culmites anomalus, Brong. Paris.
PALMIERS.
FlabellariaLamanonis, Brong. Aix.
Endogenites didymosolen, Spreng.
Paris.
DtootylédonM fjimospeniie*.
Glyptostrobites Parisieasis, Brong.
Paris (Muscitessquamatus, Brong.
Prod.'.
Podocarpus macrophylla , Lindl.
Aix-
Dicotylédones «ngiospenneft*
LAURINÉES.
Laurusdulcis? Lindl. Aix.
NYMPHÉACÉES.
Nyniphaea Aretbusae, Brong. Paris.
Nous figurons ici une espèce de cette Flore (fig, 696).
Les oscillations du sol ont existé pendant cette époque (§ 2477), qui
parait, d'après la puissance des couches, avoir eu une très-longue durée.
La dislocation du Système de Vile de Wigtit, du Taira, du Rilo-dagh
et de l'Haemus, que M. Élie de Beaumont fait arriver à la un de cette
époque, aurait, par la perturbation qu'elle a causée à la surface de la
CUAP. VI.- VINGT.«tXIËHE ETAGE : KALUNIKN. 116
terre, occasionné le mcavemeat des eaux, dont nous avons de» Iroees
(§!t7S),quUarait terminé celte période, en inélnliBeant les 4î8e«pËcei
es. Noun aurions donc
ballon géologiqae comme moteur, les traces da
qu'elle aurait amené; et, pour résultais visibles de
l'anësntlisemenl de la Faune.
Prrmière appariiion des ordres de Mammirères amphlblei. Insecti-
vores, édeniés et ruminants ; des Reptiles batraciens (Grenouilles! ; des
Crustacés amphipodes; des Mollusques nucléobranches; des genres JfM-
lodon. Urtut, Bhinocerot, Tapinu. Coinber, Rana, RaneUa, Dolium,
Tridactta, Troehopora, Coraliium. Polyitomella.
Iligntàet genres Pierodon. Hyemodon, Atpidoiulet, Alota, Porlumu,
Aitacui, Riiioina, Chenopui, Cuputaria, Aiirangia, Uatttrina, Di~
morphina.
Zone des Megaiipkonia Aluri, Hingieufa bueeinea, Cypraa eoccinel-
loidu, Oliva Dufretni, Àaeitlaria glandifonnit , Tolvia Lamberti,
Murei (vblninculHi, Ttrtbra jttrtiua, Caaû Rondtleti, Cardita Joua-
ntli, Arca lubdifum'i, Terebratula perforant, Ctypeaittr altui, Aitrta
aerojmra. etc., etr.
§ ifSt. Viwiwé dn Bom. Au milieu de cette multiludc de dénomina-
776 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Uons diverses sous lesquelles l'étage a été désigné, suivant sa composi-
tion minéralogique ou suivant les lieux, nous avons cru devoir adopter
le nom de Falunien, qui, pris d'une dénomination vulgaire de l'étage,
ne fait qu'en renfermer une des formes les plus communes et les
plus utiles; seulement nous lui avons donné une terminaison eupho-
nique analogue à celle de Carhoniférien, etc., etc.
§ 2485. Synonymie. C'est une partie des Terrains tertiaires moyens
{miocènes), f aluns, meulières^ de MM. Dufrenoy et ÉUe de Beaumont ;
V Étage des mollasses, V Étage des f aluns et VÉlagedu cra(jr,deM.Cordier;
V Étage moyen des terrains sufier crétacés de M. Huot; partie des terrains
clysmiens détritiques, et les terrains izémiens thalassiques de M. Bron-
gniart; le Superior order de M. Conybeare; le Terrain nymphéen moyen
et le Terrain tritonien de M. d'Omalius d*Halloy; paille de la Période
miocène de M. l.yeil ; les Faluns de la Touraine ; les Faluns et la Mollasss
des auteurs ; le Calcaire moellon de M. Marcel de Serres; le Grès co-
quillier et le Nagelflue de M. Studer ; les Tertiaires guaranien et pata-
(jronten d'Orbigny (Amérique méridionale) ; \eB Systèmes diestien^campi-
nien et scaldisien de M. Du mont ; les terrains tertiaires marins infé-
rieur et supérieur de M. Eugène Raspail ; les Mollasses et le Terrain
tertiaire supérieur de M. Mathéron ; les Mollasses marines de M. Gras;
les Faluns jaunes de Bordeaux et de Dax, de M. Grateloup ; le Crag à
polypiers, le Crag rouge de Suffolk, et V ancien Crag de Norwich, de
M. Lyell ; les Terrains quaternaires de M. Desnoyers ; le Calcaire gros-
sier, VOolitheei \e Calcaire à Cérites, de M. Dubois de Montperreux
(Podolie).
Type français, à Manthelan, à Pontlevoy, à Doué, à Léognan, à Sau-
çais, à Salles, à Mérignac,à MontpeHier,à Salons, à Carry; type anglais,
le crag du S}iÏÏo\k ; type belge, le crag d'Anvers; type piémontais , \a
colline de Turin ; type autrichien, les environs de Vienne ; type améri-
cain, les environs d'Easton (Maryland) (États-Unis), etc.
§ 2486. Extension géographique [voyez étage 26 h de DOS cartes,
fig. 563). Nous ne placerons pas ici toutes les couches alluviales et su-
perticielles du sol, dont l'âge est |.lus ou moins contestable, mais seu-
lement les grands dépôts géologiques marins ou d'eau douce, dont la
position stratigraphique, ainsi que les fossiles qu'ils renferment, ne peu-
vent laisser de doute sur leur âge chronologique.
§ 2487. Nous ne pouvons plus, pour cet étago, nous servir des mêmes
circonscriptions géographiques , car les parties françaises du bassin
marin anglo-parisien se sont entièrement comblées, à l'époque précé-
dente ; et quant à la France, il est plus logique de nous servir, pour la
partie marine encore existante, du nom de bassin ligérien; car les dé-
pôts marios se concentrent, pour ainsi dire, dans la grande dépression
CHAP. VI. - VINGT-SIXIÈMK ÉTAGE : FALUNIEN. 7:7
que forme aujourd'hui le bassin de la Loire. Nous allons dortc nous
occuper, d'abord, du bassin ligérien, où les parties marines, débris des
mers de cette époque, échappés aux révolutions géologiques, ne forment
plus que des lambeaux disséminés çà et ià sur une extension géogra-
phique comprise de l'est à l'ouest, entre Loing (Loir-et-Cher] et les en-
virons de Dinan (Côtes-du-Nord), d'un côté, et de l'autre, du nord au sud
de Dinan, jusqu'à la Vendée. Voici, du reste, la liste de ces lambeaux,
d'après les travaux de MH. Uesnoyers, Dujardin, Toulmouche, Rivière.
Punceau, etc., et d'après nos recherches personnelles : dans le dépar-
tement de Loir-et-Cher, on en voit d'aliord un assez vaste lambeau,
qui s'étend de t'est à l'ouest à Loing, à Fresnes, à Contres, à Saint-Aubin,
et deux autres petits à l'ouest, l'un près de Pontlevoy, et l'autre à
Thenay; dans Indre-et-Loire, d'abord an sud de Tours, entre l'Indre et
la Vienne, où l'on voit plusieurs lambeaux, à Perrière Larçon et à Cus-
say : d'autres assez près, à l'est de Sainte-Maure, sur les communes de
Bossée, de Manthelan, du Louroux, de Louans, et de Sainte- Catherine-
de-Fierbois. Un petit lambeau existe au nord de Tours, à l'ouest de
Sablançay, et bien plus à l'ouest s'en retrouvent encore d'autres, au-
tour de Savigné, de Courcelles, de Channay, de Saint- Laurent, de Meigné-
le-Vicomte, et des Cléons; dans les Deux-Sèvres, M. de Vieibanc en a
reconnu un petit lambeau au sommet du mamelon crétacé de Tourte-
nay. Dans Maine et-Loire, on en voit encore des lambeaux, auprès de
Saumur, au Coudray, à Antoigné, aux environs de Doué, à Saint-Clé-
ment de-la-Place, à Thorigné, à Saint- Georges, à Brigné, à Grezillé, à
Notre-Dame-de-Louresse, à Ambition, à Chavaignes, à Tigné,à Aubigné,
autour de Gonnord, de Joué, au Champ, et près des Alleuds; au nord
d'Angers, un lambeau se montrée Sceaux ; dans la Vendée, Il en existe
à la Grande-Chevrière et à la Gariopière. On en connaît encore dans la
Loire-inférieure, aux enviions de Nantes, aux Cléons. à Snint-Coiombin,
près de Châteaubriant, à Arton ; aux environs de Norl, à Saffré, à Cam-
bon, près de Savenay; près de la Roche- Bernard, à Sainte-Reine, à
Saint-Liphard. Dans la Mayenne, il eli existe à Saint-l^aurent-des-Mor-
tiers; dans i'Ille-et-Vilaine, auprès d'Argentré, dans la fofét Duperie,
à Saint-Jacques, et à Saint-Grégoire, près de Rennes, à l'est de Gahard,
à l'ouest de Fens, à Irémeheuc, à Chaussèyre; dans les Côtes-du-Notd,
entre Dinan et Bécherel, et à Saint-Juvat, près de Dinan.
Le second bassin maritime français de cette époque est le bassin pyré-
néen, encore resté à peu près dans les mêmes parages. C'est peut-être le
plus connu par le nombre considérable d'espèces de coquilles qu*il ren-
ferme, étudiées, tour à tour, par MM. Jouannet, Bastérot, Grateioup et
des Moulins. Les points où les dépôts marins sont le mieux caractérisés
se trouvent d'abord en lambeaux à Tile d'Oléron, auprès du phare de
778 QUATRlÈMIi; PARTlt:. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Saint-Pierre, où M. d'Orbigny père les a découverts. Ils reprennent en-
suite dans la Gironde, au sud de Bordeaux, où les localités célèbres de
Labrède, de Léognan, de Saucats , de Saint-Médard, de Salles, de Mé-
rignac, de Gradignan, de Martillac, se montrent, pour témoigner de la
grande extension de ces dépôts, qui reparaissent aux environs de Dax,
où ils ont été si bien étudiés par M. le docteur Grateloup; on les recon-
naît, en effet, au moulin de Cabanlère, à Dax, à Saint-Paul, aux Caban-
nés, à Mainot, à Saubrigues, à Saint-Jean -de-Marsac, à Cazorditte, à
Castelcrabe et à Mugron, etc., etc.
Le bassin méditerranéen est également bien circonscrit à cette épo-
que On en connaît des dépôts marins dans THérault, aux environs de
Montpellier, où ils ont été étudiés par M. Marcel de Serres. Les plus
belles localités sont à Boutonnet, près de Montpellier, dans la vallée du
Château-d'Eau, aux buttes de Marennes, au nord de Pézénas, et à Mous-
son. On retrouve l'étage dans le Gard, à Sommières, à Villeneuve-lez-
Avignon, au Pont -Saint-Esprit; dans les Bouches-du-Rhône, sur la côte,
en dehors de Martigues, à la Couronne, à Carry, où M. Honoré-Martin
a recueilli tant d'espèces ; au plan d'Aren, à Rognes, à Lambesc,
à Salon, à Lançon, à Aix, à Saint -Cannât, au bord de l'étang de Valduc,
à Barbentanne, à Foz ; dans le département de Vaucluse, à Vedènes,
aux Angles, près d'Avignon, à Bollène; aux environs de Gigondas, au
plateau de Saint-Amand, au village de Maseou, à Vasquiéras, à Beau-
mes, à Caromb ; dans la Drôme, à Saint-Paul-Troift-Chàteaux, à Suze,
à Montségur, à Saint-Jeande-Royan, à Saint-Just, à Test de Saint-Res-
titut, à Clansayes. La continuation des mêmes dépôts, suivant les re-
cherches de M. Scipion Gras, se voit dans les Bassea-Alpes, à Cereste,
au mont Justin, à Reillanne , et se continue au nord-est, en (jassant
par Lincel, Saint-Michel, jusque bien au delà de Forcalqnler. Un autre
lambeau se voit au sud-est, à Sainte-Tulle, en passant par Manosque,
jusqu'à Volve. D'autres suivent la direction du nord-nord-est, et se
remarquent à Ganagobie, à Peyruis; et une bande commence à Volonne,
Sourribes, Bauduihent, Abron, Melan et Saint- Lambert. Deux autres
petits lambeaux se voient au sud-ouest de Digne, à Gaubert et auprès
de Mezel, à Chàteauredon, à Tanaron. On voit Tétage dans l'Isère, à
Voreppe, à Voiron, à Proveysieux, d'après M. Gras ; ùans l'Ain, à Boui^,
à Romaigneu, à Sainl-Marlin de-Bavel, à Seyssel, à Chanay ; dans la
Savoie, aux bords nord-ouest du lac du Bourget; en Suisse, au can-
ton de Fribourg, au mont Molière, à Vavey, près du lac de Neufchâtel;
au canton de Neufchâtel, à la Chaux-de Fonds, à SaintGall; dans le
canton de Vaud, à Sainte-Croix ; dans le canton de Berne, à Utzigen,
sur les pentes du Buchelberg, vers Messen. En Argovie, M. Sluder l'a
rencontré à Brittnau. près de Zoûngen.
CHAP. VI. — VlNGT-SlXlÊME ÉTAGE : FALUNIEN. 779
La continuation des lambeaux de la Provence se voit encore, d'un
côté, dans le Var, à Jeannet, h 28 kilomètres au nord-est de Grasse,
àTourrettes-lez-Vence, à Vence et à Pegomas, à Biot, près d'Antibes,
à Fréjus, entre Fréjus et Saint-Raphaël, où nous l'avons reconnu
sur des fossiles envoyés par MM. Astier et Mouton; dans le comté de
Nice et en Piémont, aux collines de Turin, à Dertona, au Castel-Nuovo,
à Rivalba, à Sainte-Agathe, près de Tortona, si habilement étudiés par
MM. Sismonda, Gastaldi, Michelotti et Bellardi ; dans Tile de Corse, à
Bonifacio, à Balestro, à Santa-Mouza, à Ajaccio, à Fontana -Canna, à
Tumazza; à Gftita-Yecchia ; de Tautre, en Catalogne et dans le royaume
de Grenade, en Espagne ; en Portugal, dans les environs de Lisbonne,
sur le Tage.
La continuation de ce même bassin méditerranéen se retrouve en
Algérie, près d'Alger, d'Oran, au désert de Sahara; dans Tiie de Sar-
daigne, dans Tile de Malte: sur quelques points de l'Italie, à Schio,
à Polsagno (Vicentin) ; sur une infinité de points de la Grèce, surtout
dans la plaine d'Argos; dans les tles deSpezzia, de Crète et de Caprée.
EnMorée, dans la Turquie d'Europe, M. Viquesnel Ta rencontré dans
les vallées des principaux affluents du Danube, où cet étage forme des
terrasses qui accompagnent le cours de la Save, du Koloubara et du
Danube. Le Taurus en montre entre Bostaneson et Selefke, où M. de
TchihatchelT l'a trouvé. En Autriche, dans le bassin de Vienne, si bien
exploré par MM. de Hauer et Partch, à Steinabrunn, à Gaimfarem,
à Nussdorf, à Anzerfeld, à Baden, à Neustadt, à Saraxadat, à Piesting,
k Brunn, à Ebersdorf, à Enzersdorf, à Aralsee,etc. ; dans la plus grande
partie de la Styrie, d'après M. Boue, d'où il se prolongerait dans les plai-
nes de la Hongrie, dans le centre de la Carinthie, et dans la Croatie ;
dans la Galiicie, à Lemberg ; dans la Pologne, à Zuckouce, à Warowe. à
Poczacow ; dans la Grimée ; dans la Bessarabie, à Kichinev, à Doutchina,
sur le Dniester, à Neukoustantinow, à Tessow, à Gregoriopol ; dans
la Podolie, à Krzemiemia, à Kamionka, à Tarnaruda ; danslaVolhy-
nie, à Szuskowce, près de Biaiozurka, à Jukowce, à Bilca, à Salisze.
Un bassin spécial,^ui paraît avoir sa continuation en Belgique, com-
mence en Angleterre, où il couvre une partie du Suffoik et du Norfolk,
et est connu sous le nom de Crag, M. Lyeli, qui l'a parfaitement étudié,
le divise en quatre parties successives, en commençant par les couches
inférieures de cet quatre divisions. Nous croyons que les trois inférieures,
le crag à polyf^s, le crag rouge de Suffoik, et Vancien crag de Nor^
wich, dépendent'de cet étage, comme nous l'avons indiqué dans la syno-
nymie. Les principales localités sontPortwick,Thorpe, Vaiton, Holywell,
Bramerton, près de Norwich, Malden, Ramshoit, Alorough, Barodsoy.
La continuation de ce bassin marin se retrouve, avec le même fades, en
780 QUATRIÈMK PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Belgique, principalement aux environs d'Anvera, auGalloo, à Stayrem-
berg, à Herenthals.
Voici encore des parties où cet étage paraît exister : dans la Hesse, à
Cassel, étudiées par M. Philippi ; peut-être doit-on y réunir encore le
bassin de Mayence, si toutefois il ne dépend pas de l'étage tongrien.
D'après M. Murchison, il existe encore, en grandes surfaces, dans la
Transylvanie , tout autour de la mer Noire, dans la Valachie, la Mol-
davie, la Bessarabie et la Tauride. Une autre vaste étendue existerait à
l'est de la mer Caspienne, etc.
D'après les savantes recherches de MM. Conrad, Morton, Leaet Lyell,
une grande surface, dans les États-Unis d'Amérique, borderait Tocéan
Atlantique, principalement dans le New-Jersey, à Comberland-County ;
dansleDelaware, dans leMaryland,Saint-Marys-River. Paiuxent-River,
Colvert-Clitf, à Easton, Charlotte- Hall, à Choptank, Wye-Mills, Madbo-
rough, etc.; dans la Virginie, à l'Ile de Wight , à Petersburg, Queen,
Suiïolk, Nausemond County, Yorktown, Smithfield, Cyts-Poini, WiU
lianisburg, Poncunkey-River , James-Hiver , à Yorktown, Smithtield,
Urbanna, Gloucester: dans leLancaster et dans le Nord-Carolina, à Wil-
mington,Neuse-River, Newbern .Washington, Beaufort-County, Dublin;
dans leCraven, dans leCumberland, à Stow-Creek.
Diaprés nos recherches particulières, nous voyons cet étage, dans
l'Amérique méridionale, occuper une vaste surface à l'ouest des Andes,
depuis la côte de Feliciano, province d'Entre-Rios, jusqu'à l'extrémité de
laPatagonie; il est surtout visible dans la république Argentine, à Feli-
ciano, à Punta-Gorda et à la Bajada deSantn-Fé ( province d'Entre-Rios);
il reparait en Patagonie, près de la Bahia de San-Blas, occupe les falaises
du nord et du sud du RioNegro, et ensuite toute la côte, à TEnsenada
de Ros, la péninsule et la baie de Saii-José. et d'après M. Darwin, le
port Saint-Julian, le port Désiré, et les bords de la rivière de Santa-
Cruz. Au versant opposé, M. Darwin Ta observé sur la côte du Chili,
h Navidad, dans l'ile de Hiiafo de la Mocha, d'Ypun, dans Tarehipel
de Chonos, à l'est de Chiloé, à Coquimbo (Chili), à Payla (Pérou), dans
les iles Galapagos D'après les savantes recherches du capitaine Grant,
l'étage, parfaitement caractérisé, formerait une lisière méridionale près
de la côte de toute la province deCuteh.dans les Indes orientales; les
plus riches localités en fossiles sont Soomrow, Cheeosir, Joonagrea et
Kotra. M. Walter Mantell l'a découvert à Middie-lsland (Nouvelle-Zé-
lande).
Maintenant que nous avons donné l'extension des couches marines,
nous allons citer rapidement quelques points où se trouvent les dépôts
lacustres qui paraissent dépendre de cette même époque : les environs
(l'Agen (Lot-et Garonne), Monpazier et Beaumont (Dordogne); les en-
GHAP. VI. — VINGT-SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN. 781
virons d'Auch, et principalement le célèbre dépôt de Sansan, exploré par
M. Lartet; Mandillot, Saint-Paul. Mainot (Landes), la Caunette, Salnt-
Chinian (Hérault), Cucurron (Vaucluse), etc. , etc. ; dans Tlndoustan,
le sud des monts Himalaya, entre le cours du rapide Setledge et du Brah-
mapoutre; en Birmanie, le bassin de Tlraouaddy, dont M. Cautley a
décrit l'admirable Faune terrestre.
§ 2488. Stratification (voy. étage 26 6 et 26 c de notre coupe, fig. ô9ô).
Après tout ce qui a été dit sur l'âge relatif de Tétage falunien, nous
n'aurons pas beaucoup à insister pour prouver qu'il est postérieur à
l'étage tongrien. Lorsque, dans le bassin parisien, on poursuit au dehors
la formation d'eau douce que nous avons vue, à Ëtampes, recouvrir la
formation marine (§2471). on voit, sur quelques-uns des points où nous
avons signalé cet étage, dans les départements de Loir-et-Cher et
d'Indre-et-Loire, notamment à Pontlevoy, à Savigné et à Louans, les
premiers dépôts de faluns reposer immédiatement dessus. On reconnaît
même que ces dépôts lacustres, certainement consolidés, ont élé sou-
vent percés par les Pholades et autres coquilles perforantes de l'étage
falunien, comme à Pontlevoy ; ainsi, de ce côté, les faluns ont évidemment
succédé à l'étage tongrien. Dans le bassin pyrénéen on voit, de même,
les faluns jaunes succéder régulièrement, autour de Bordeaux, comme
à Dax, et surtout à Saint-Justin, aux dernières couches de calcaires à
Astéries ou de faluns bleus. La même superposition existe en Belgique ;
aussi ne rcste-t-il aucun doute sur la succession régulière et chronolo-
gique de l'étage falunien sur l'étage tongrien.
§ 2489. Les caractères stratigraphiques dififérentiels qui distinguent
l*étage falunien de l'étage tongrien ont été énumérés à l'étage précédent
(§ 2469). Nous n'avons donc plus qu'à rechercher les limites stratigra-
phiques supérieures de l'étage. Ces limites sont marquées par des dis-
cordances de toutes sortes. D'abord M . Élie de Beaumont place, entre
cet étage et l'étage subapennin, son système des Alpes occidentales, dont
la dislocation est dirigée du S. 26» 0. au N. 26» E., et qui a Isolé les cou-
ches faluniennes sur toutes ces parties du bassin méditerranéen. Voici,
du reste, encore, les nombreuses discordances d'isolement qui existent
en France, et prouvent des allures distinctes entre les étages falunien et
subapennin. On trouve l'étage falunien isolé sans l'étage subapennin,
d'abord sur tous les nombreux points du bassin ligérien (§9487), où,
sans exception, les dernières couches faluniennes ne sont recouvertes par
aucun dépôt subapennin marin. Il parait en être de même dans tout le
bassin pyrénéen, où, jusqu'à présent, les dépôts faluniens de Bordeaux
et des Landes sont encore les derniers dépôts marins. On peut dire la
même chose des dépôts marins des départements du Gard, de Yaucluse,
de la Drôme, des Basses-Alpes, de l'Ain, de tous les points de la Savoie
II. <î»^
782 QUATRlÈMi:: PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
et de la Suisse, et du bassin méditerranéen. Le même fait existe en
Corse, et sur une infinité de localités qu'il est inutile de mentionner ici.
ce que nous venons de dire'étant suffisant pour prouver qu'il y a eu entre
l'étage falunien et l'étage 8ubapennin,dans la circonscription des mers,
un grand cliangement qui correspond à la discordance la plus complète
et la plus tranchée, discordance parfaitement en rapport avec les limi*
tes des Faunes respectives que ces deux étages renferment sur les points
isolés. On trouve, de plus, l'étage subapennin isolé, sans l'étage falunien,
dans les Pyrénées-Orientales, ce qui prouve encore, dans les deux étages,
la complète indépendance d'allures qui les distingue parfaitement.
§ 2490. Déductions tirées de la position des oouohes. En étudiant
les petits lambeaux de cet étage disséminés sur tout le grand bassin de
la Loire et sur une partie de la Bretagne, depuis le département de
Loir-et-Cher jusqu'aux Côtes-du-Nord, la presque horizontalité des cou-
ches et l'analogie complète des Faunes qu'elles renferment démon-
trent bientôt que ces lambeaux sont les restes d'un seul et même tout,
qui devait constituer une mer, dont les gigantesques dénudations pos-
térieures, produites par les eaux, n'ont plus laissé que quelques parcel-
les. Les parties existantes de ce bassin marin, comparées, en elTet, aux
parties dénudées qui les séparent, ne sont plus, en surface, que dans le
rapport d'un à cent. 11 a donc fallu que ces dépôts , d'abord répandus
sur toute la surface renfermée par ces lambeaux, aient été ensuite en-
levés sur les quatre-vingt-dix-neuf centièmes de leur surface première.
C'est peut-être l'un des faits les plus curieux et les plus concluants pour
prouver qu'avec une impétuosité inconnue dans les causes physiques
ordinaires les eaux ont balayé la surface de ces contrées pendant assez
longtemps, pour qu'en deux époques géologiques seulement elles
aient pu enlever une surface aussi considérable; car il ne faut pas
oublier qu'il n'y a eu, depuis que ces mers existaient, jusqu'à nous, que
la perturbation finale de cette même époque, et la perturbation finale
de l'étage subapennin, qui a précédé notre arrivée sur la terre. Nous
ne saurions donc trop insister sur ce morcellement très-important,^
la preuve la plus évidente que nous puissions donner du mouvement
des eaux qui, d'après tous les faits existants, parait avoir marqué la fin
de chaque grande époque géologique, plutôt que des changements de
température ou de milieux d'existence (§ 160 à 171), que les recherches
géologiques nous dénotent n'avoir pas existé.
Dans le bassin pyrénéen, la disposition des couches prouve qu'elles
ne sont pas dans une nouvelle mer spéciale à cette époque, comme
il arrive pour le bassin ligérien ; mais que, comme pour les époques
précédentes, elles se sont déposées dans un bassin préexistant, qui
s'étendait de Léognan (Gironde) jusqu'au sud de Dax (Landes), el
CHAP. VI. — VINGT-SIXIÈMK ÉTAGE : FALUNIEN. 783
remplissait tout l'intervalle. Les parties des faluns qu'on retrouve sur
beaucoup de points sont encore dans la position qu'elles occupaient lors
de leur dépôt, n'ayant nullement été dérangées depuis, si ce n'est qu'elles
ont également subi l'effet de nombreuses dénudations
§ 2491. A côté de ces bassins morcelés, ou, pour ainsi dire, intacts,
existant dans l'ouest de la France, où les dislocations du sol sont
bien plus anciennes, que trouvons-nous en Provence, dans le grand
bassin méditerranéen ? Ici aucune couche n'est intacte ; toutes ont
plus ou moins subi l'influence de dislocations postérieures du sol, qui,
d'horizontales qu'elles étaient, les a placées sous toutes les inclinai-
sons, depuis la ligne presque horizontale jusqu'à la verticale. C'est ainsi
que nous les avons observées à Carry, et sur une infinité de points des
Alpes ou de la Provence. On voit donc, en résumé, dans les bassins
ligérien et pyrénéen, des couches qui ont à peine subi quelque déran-
gement depuis leur dépôt, tandis qu'en Provence et dans les Alpes
elles ont certainement subi l'effet immédiat de dislocations postérieures.
Soit par les dénudations, soit par le manque de parallélisme, on y
retrouve les traces certaines d'une révolution géologique. La discor-
dance complète des couches de cet étage avec les couches crétacées qui
les supportent annonce que les terrains crétacés avaient antérieure-
ment éprouvé en Provence les effets d'une dislocation considérable.
§ 2492. Composition minéralogique. Nous citerons comparativement
quelques points pour arriver à des conclusions ultérieures. Voyons
d'abord le bassin ligérien. Aux Cléons, près de Nantes, on trouve, aux
parties inférieures, un calcaire friable, composé particulièrement de
nombreux Bryozoaires brisés, en couches horizontales; au-dessus des
petits cailloux, des couches calcaires à Bryozoaires, des huîtres mêlées de
cailloux roulés, des calcaires à Bryozoaires et à Térébratules ; le tout re-
couvert de cailloux roulés et d'huîtres. A Lepmes (Indre-et-Loire) , les
couches de faluns composées de coquilles, les unes intactes, les autres
roulées, mélangées de sable, de petits cailloux, le tout friable. Ici ces
faluns forment, entre des lits horizontaux, de petits lits inclinés en sens
inverse, et superposés les uns aux autres, comme ceux que nous avons
décrits à Anvers (§ 2442) Sous les faluns de la Touraine, quand on
arrive aux couches inférieures, on trouve, sur beaucoup de points, des
ca'caires jaunes entièrement composés de Bryozoaires, comme ceux des
Cléons. Celte couche à Bryozoaires est surtout commune dans le dé-
partement de Maine-et-Loire, à Louvisse, à Chavaignes, où les cou-
ches sont souvent formées de lits inclinés en sens divers, alternant
avec des lits horizontaux, produits par les courants, comme ceux des
faluns. Les couches inférieures ont généralement des cailloux et des fos-
siles crétacés remaniés. Dans le bassin pyrénéen, on trouve à Saucats,
784 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
d'après M. Dufrénoy, d'abord une mollasse composée d'un calcaire à
ciment cristallin, empâté d'une grande quantité de débris marins ; puis
des marnes coquillières friables, qui passent vers les parties supérieures à
des fa! uns composés de sable jaune, renfermant beaucoup de coquilles in-
tactes non roulées, et souvent avec les deux valves. On voit, d'après
M. Delbos, entre les faluns jaunes de Sauccits et ceux deMérignac, qu'il
s'est déposé une couche lacustre, visible à Saucats, à Labrède, à Méri-
gnac. Dans le bassin méditerranéen, aux environsde Montpellier, diaprés
M. Marcel de Serres, on trouve, aux parties inférieures, des marnes
sablonneuses à coquilles marines, des marnes brunes, des marnes bleues
à coquilles marines et fluviatiles ; au-dessus sont des roches calcaires
de sable et de marne, que M . Marcel de Serres appelle Calcaire-moelion.
Les couches les plus supérieures sont formées de sable. A Carry (Bou-
ches-du-Hhône), où l'on peut, dans des coupes naturelles, au bord de la
mer, suivre toute la formation, depuis les couches les plus inférieures,
voici ce que nous avons trouvé: d'abord, au Rouet -de-Car ry, des cou-
ches de poudingues fortement inclinées, formées de galets enlevés aux
couches néocomiennes sur lesquelles elles reposent en couches discor-
dantes, mélangés à ces cailloux noirâtres dits cailloux de la Durance ou
de la Crau ; sur ces poudingues, une série d'alternance de couches de
mollasse calcaire et d'argiles rouges, de sables purs, de sables argileux
durcis et d'une roche composée de cailloux avec coquilles. Les coquilles
de toutes ces couches n'y sont pas roulées, mais, au contraire, souvent
entières ou même dans leur position normale d'existence. A Vence, près
de Grasse, comme en Corse, ce sont des calcaires entièrement formés
de débris marins et contenant un grand nombre d'Échinides, surtout des
Clypeaster. La grande variété décomposition minéralogique de cet étage
prouve que, comme les mers actuelles,, il était soumis à toutes les in-
fluences diverses des causes actuelles (§ 78 à 108).
§ 2493. Puistanoe connue. L'épaisseur de l'étage est très-variable
suivant les lieux. On trouve les dépôts les plus épais dans le bassin mé-
diterranéen. Dans le département de Vaucluse, M. Eugène Raspaii lui a
reconnu jusqu*à 200 mètres. Sur quelques points des Basses-Alpes, M.
Scipion Gras y a trouvé jusqu'à 300 mètres de puissance; ce qui , avec
le nombre considérable de débris d'animaux marins des autres bassins,
annonce une longue durée de cette époque remarquable, la plus riche
de toutes, jusqu'à présent, en corps organisés fossiles.
§ 2494. Béduotiont tirées de la nature des •édîments et des fos-
siles. Sur ce sujet, non-seulement chaque bassin, mais aussi chaque
localité pourrait nous donner des déductions curieuses, pour prouver que
tous les faits actuels enisVaxewV d«L\\% les éçoc^ues passées, où les mers et
CHAP. VI. - VINGT-SIXIÈME ÉTAGK : FALUNIEN. 786
les continents étaient soumis à toutes les causes physiques d'aujourd'hui.
Nous en citerons seulement quelques exemples pris entre mille.
§ 2495. Mouvement violent des eaux au oommenoement de répo-
que falunienoe. Suivant le résultat des faits, nous avons dit que chaque
époque a dû commencer par des dépôts formé.«, même pendant Tasitation
des eaux, des parties les plus pesantes des matériaux sédimentaires qui
existaient dans les bassins nouvellement formés. Les bassins méditer-
ranéen et ligérien nous en donnent la preuve. Quand on considère, par
exemple, la composition des premières couches du Rouet-de-Carry (Bou-
ches-du-Rhône), il est impossible d'en douter un Instant. Les énormes
cailloux de calcaire néocomien, évidemment enlevés sur le même point
à cet étage, sur lequel il repose, ainsi que les nombreux galets de la
Durance, semblables à ceux de la Grau, qui les accompagnent, prouvent
non-seulement que le mouvement des eaux a déposé les débris voisins
pris aux roches sous-jacentes, mais encore qu'il en a apporté de loin pen-
dant ce mouvement général. Le même fait parait exister sur beaucoup de
points de la Provence. On voit clairement que ces premiers dépôts ont
même précédé ranimalisation de répoque, puisqu'ils ne sont mélangés
à aucun corps organisé Les corps organisés remaniés à l'état fossile,
qu'on trouve ailleurs, nous donnent encore la preuve de ce mouve-
ment; on en voit surtout un exemple remarquable près de Glansayes
^Drôme), où l'on trouve des Ammonites et beaucoup d'autres co-
quilles de rétage crétacé albien remaniées dans les sables jaunes de
l'étage fal uni en. Dans la Touraine et dans le Maine, nous avons remar-
qué des faits analogues. Souvent les couches inférieures renferment un
plus grand nombre de galets que le reste, et l'on y remarque, comme
aux environs de Doué, ainsi que l'a observé M. Ponceau, que ces pre-
mières couches déposées renferment des Ostrea columha de l'étage céno-
manien, remaniées à l'état fossile dans l'étage falunien.
§ 2496. Points terrestres. Les parties terrestres, soit isolées, soit su-
perposées ou même intercalées entre des couches marines, se remarquent
sur beaucoup de points différents de la France, et nous en citerons seu-
lement quelques-unes. Peut-être doit-on rapporter à cette époque cette
vaste surface comprise entre AIbi et Castres; mais pour les localités
de Mandiliot, de Saint-Paul, de Mainot (Landes), et surtout celles de
Saucats, de Labrède et de Mérignac, il ne peut exister de doutes, pas
plus que pour les calcaires lacustres contenant des Lymnées et des Pla-
norbes aux environs de Montpellier. On trouve des coquilles terrestres
(Hélices) et des ossements de Mammifères, avec les coquilles marines des
faluns de la Touraine; ce qui annonce que des aflluenls terrestres y
venaient verser leurs eaux et appoilaient ces restes d'animaux terrestres.
Nous avons remarqué sur les bords du RIo-Ncgro, en Palagonie, entre
78G QUATRIÈMl!: PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
les bancs que forinenl les grès ces empreintes physiques des ondulations
laissées par la mer lorsqu'elle se retire; elles sont, là, des plus com-
munes et des mieux marquées.
§ 3497. Points tout-marinfl voisins des côtes ou peu profonds. La
grande abondance de coquilles de Gastéropodes et d'Acéphales , qu'on
rencontre réunies dans toutes les falunières de la Touraine, dans le
bassin ligérien, aux environs de Bordeaux, de Dax, dans le bassin pyré-
néen et dans 1rs calcaires ou les sables de Carry (Bouches-du-Rbône), et
dans le bassin méditerranéen, annonce, non des dépôts côtiers faits
sur le littoral, comme quelques auteurs l'ont pensé, mais bien des dépôts
formés dans une mer peu profonde au-dessous du balancement des
marées. Les couches horizontales des faluns, ou même les petits lits
inclinés qui les séparent, dénotent des dépôts non formés sous Tln-
fluencc de la vague, dont l'ctfel est de tout mélanger sans laisser de
couches ni de lits proprement dits. Pour nous, en jugeant par com-
paraison, les dépôts de Léognan, de Saucats, se sont formés dans
une mer tranquille, au-dessous des marées, tandis que les dépôts de
faluns de la Touraine ont été charriés par de violents courants, qui ont
même plusieurs fois changé de direction, ce qu'annonce l'inclinaison
en sens inverse des petits lits de dépôts de sable falunien. Le même fait
exista dans le SufTolk, en Angleterre. «
Points profonds des mers faluniennes. Nous avons vu, dans les
causes actuelles, que les Mollusques bryozoaires, les Brachiopodes, et
quelques Échinodermes vivaient toujours dans des zones spéciales pro-
fondes, et en même temps soumises à des courants. Ces résultats, appli-
qués aux causes passées, nous prouvent que ces nombreuses couches de
calcaire, composées presque entièrement de Bryozoaires, qu'on trouve
auxcléons, àchavaignes, aux environs de Doué, au-dessous des faluns,
à Manlhelan, et sur une infinité de points du bassin Ugérien, ont dû être
déposées dans des parties profondes des mers, soumises néanmoins à
l'action des courants; car les débris forment encore des lits inclinés,
comme ceux que nous avons décrits dans les étages baihonien (§ 3000),
corallien (§207à) et parisien §2442). Les couches à Échinides de Vence,
de l'île de Corse et de la Sardaigne sont encore des dépôts profonds
sous-marins d'une autre nature.
§ 2498. Oscillations du sol. Deux circonstances de dépôt nous dé-
montrent que les oscillations du sol existaient durant l'époque falu-
nienne : d'abord, le changement brusque de nature de dépôt que nous
avons signalé sur quelques points du bassin ligérien. Lorsque nous voyons,
par exemple, à Manthelan, des couches de calcaire, où l'on ne trouveque
des Bryozoaires, presque sans mélange, et dénotant une mer profonde, être
/rnmcd latement recouverVes ^'ax des faluns, au contraire avec très-peu de
CHAP. VI. ~ VINGÏ-SIXIÈMK ÉTAGE : FALUNIEM. 787
Bryozoaires, et contenaDt principalement des Gastéropodes et des Lamel-
libranches, que Ton sait n'exister en grand nombre que peu au-dessous
du balancement des marées , des oscillations du sol peuvent seules
nous expliquer ces changements subits. La superposition, comme
à Saucats, à Labrède, à Mériguac (Gironde) , d'abord d'un dépôt marin,
puis d'un dépôt lacustre, encore recouvert d'un second dépôt marin,
le tout durant une seule période géologique, ne saurait aussi s'expliquer
que par l'effet des oscillations. Pour que cette succession existe, il a
fallu, d'abord, une surélévation des parties sous-marines de Saucats ,
au-dessus des eaux de la mer, ensuite un laps de temps considérable
pour que ce point se couvre d'animaux lacustres fluviatil es; puis, en-
fin, pour que des dépôts marins viennent, de nouveau, recouvrir ces
dépôts terrestres, il a fallu certainement un affaissement local considé-
rable. Ces exhaussements et ces affaissements sont, comme nous l'avons
dit, le fait des oscillations du sol.
§ 2499. Mélange lupériettr. On a beaucoup parlé du mélange qui
existe, aux parties supérieures de l^étage falunien dans le Piémont, des
espèces de coquilles faluniennes avec lesespècesde l'Astezan, qui carac-
térisent rétage subapennin. Nous avons déjà cherché la cause de ces
mélanges, d'abord aux caractères zoologiques généraux (§ 1606, 1610)«
puis, en particulier, à l'étage suessonien (§ 2412). Nous ne pouvons ici
que répéter les mêmes motifs, relativement à l'étage falunien. Quand,
en effet, on trouve l'étage falunien sans aucun mélange dans tout le bas-
sin ligérien, dans tout le bassin pyrénéen et même sur presque tous les
points du bassin méditerranéen , on aurait dû prendre le mélange de
l'Astezan comme une simple anomalie locale, et cela avec d'autant plus
de raison que l'étage subapennin se trouve aussi parfaitement Isolé à
Perpignan, que l'étage falunien l'est partout ailleurs. Pour nous, ce
mélange s'est formé par le seul fait de la superposition immédiate, sans
couches intermédiaires, de l'étage subapennin sur l'étage falunien, ce
qui a mélangé les restes organisés fossiles de l'étage inférieur avec les
restes organisés de la Faune de l'étage subapennin, sans laisser de limites
bien tranchées entre les deux. Il paraîtrait, d'après les Faunes indiquées,
que ce même mélange supérieur aurait lieu à Cassel et aux environs de
Vienne; car, dans ce dernier lieu, si les coquilles dénotent des parties de
l'étage falunien, les Foraniinifères offrent trop d'analogie avec les espèces
de l'étage subapennin pour qu'il soit permis de douter que cet étage
n'existe aux environs de Vienne. Il est probable que ces deux étages y
sont superposés, comme en Piémont.
§ 2bO0. Perturbation finale. Nous avons attribué à la perturbation
finale de l'étage (§ 249.S) ce morcellement remarquable de toutes les
parties éparses de cet étage sur le bassin ligérien, par suite de dénuda-
788 QUATRIÈME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
lions considérables. Les cailloux et les grosses huîtres roulées, qui forment
généralement les dernières couches des différents lambeaux, amène-
raient encore à ces conclusions; car elles sont le produit évident d'un
grand mouvement dans les eaux. La position du lambeau de Doué, placé
dans une dépression du sol, viendrait corroborer cette opinion. II n'a
évidemment été conservé que par suite de sa position abritée, don-
nant moins de prise à l'effet des eaux.
§ 2501. Peut-être pourrait-on rapporter à ce mouvement final des eaux
les dépôts d'Animaux mammifères flottants, comme ceux deSansan, dans
le Gers, autour d'Auch. et de quelques points de l'Auvergne, étadiés par
MM. Croiset, Delesert et Bravard. 1^ réunion extraordinaire des osse-
ments d'Animaux vertébrés qu'a rencontrée M. Lartet dans la première de
ces localités nous parait appartenir aux mêmes causes qui ont amoncelé
les débris de Mammifères dans les Pampas, comme nous le dirons à l'é>
tage suivant (§ 2521).
§ 2502. Caractères paléontologSques . Un premier caractère qui do-
mine tons les autres, dans cet étage, c'est que les genres qui y sont
apparus, au nombre de 148, comparés à ceux qui, antérieurement nés,
viennent s'y éteindre, au nombre seulement de29, prouvent, plus que tous
les autres faits, que l'étage falunien est en pleine voie croissante de déve-
loppement de la période tertiaire. Les séries animales montrant le plus
de formes nouvelles pendant cette période sont les Mammifères, qui en
donnent 47 ; puis les Mollusques gastéropodes, qui en offrent 30; les
Foraminifères et les Crustacés, dont les premiers ont iSformes nouvelles,
et les derniers I4. On voit, dès lors, que ces séries animales remplacent,
par leur développement, durant la période falunienne, les Zoophytes et
les Poissons, qui forment le maximum de développement de la période
parisienne. Les formes génériques nous donnent les caractères strati-
graphiques suivants.
§ 2503. Caractères négatifs tirés des genres (1). Tous les genres qui
s'éteignent dans l'étage parisien sans arriver à celui-ci, comme les
69 genres cités à l'étage précédent (§ 2449), seront autant de caractères
négatifs propres à distinguer ces deux étages. Les genres inconnus à
l'étage falunien, et qui apparaissent seulement dans l'étage snbapennin,
pourront aussi servir de caractères distinctifs entre les deux. Ces genres,
au nombre de 93, sont ainsi distribués : parmi les Mammifères, les
42 genres de noire ]«>' tableau; parmi les Oiseaux, les 26 genres de notre
2« tableau; parmi les Reptiles, les 7 genres de notre 3« tableau ; parmi
les Poissons, 8 genres ; parmi les Crustacés, 3 genres; parmi les Cépha-
lopodes, I genre de notre 6<^ tableau ; parmi les Gastéropodes, 1 genre de
{\) Nous coiiipureioii», dans ces caraclcies. les deux sous élages : Tongiien el Falun'en.
GHAP. Vl. - VINGT-SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN. 789
notre 7« tableau; parmi les Lamellibranches, 2 genres de nos 6« et
8« tableaux; parmi les Foraminifères, les 3 genres de notre 14« tableau.
Nous aurions donc, en caractères négatifs, pour distinguer l'étage falu<-
nien des deux étages immédiatement supérieurs ou inférieurs, le nombre
de 163 genres.
§ 2504. Garaotéres positif* tirés des genres. Les caractères positifs
pour distinguer Téiage parisien de celui-ci nous sont donnés par les
148 genres suivants, qui, inconnus dans l'époque antérieure, se mon-
trent, pour la première fois, avec Télage falunien. Ces genres sont ainsi
répartis dans les séries animales : parmi les Manmiifères, les genres
Pithecus, Agnotherium, Amphicyon^AmphiarctoSt Pterodon, Machaero-
diLS, Amyxodon, hyœnodon, Oxygomphius, Dimylus, Megamys^ Àr-
ehœomySf Steneo/iber, Palœomys, Chalicomys, Chelodus^ Macrothê-
rium, Dinoiherium^ Chœroi heriuw , Uacrauchenia, Chalicotherium,
Hippotherium , Civatherium , Toxodon , Metaxiihtrium, Mastodon,
Oplotheriurrit Themnopiihecus , Ursus, Felis , Mustela^ Triehechut,
Phoca, Erinaceus, ArctomySf Mus^ Balœnaf Castor, Su«, Rhinocéros,
Tapirus, Stermophylus, Certus, Antilope, Halicore, Manatus et Phy^
seter ; parmi les Oiseaux, les genres Turduf, Frtti^t^io , Corm et Cicu^
nia; parmi les Reptiles, les genres Uegalocheiius, Aspidoneies, Clem-
mys, Coluber, Rana, Salamandra ei Triton; parmi les Poissons, les
genres Zigobates, Hemipristis, Cotius» Perça, Alosa, Lebias,Leucisevs ;
parmi les Crustacés , les genres Carpilius, Platycarcinus, Portunus
Gelasimes, Macrophthalmus, Grapsus, Pxeudograpsus, Leucusia, Eu*
balia, Phylira, Atelecyclus, Uela, Pagurus ei Astacus; parmi les Cé-
phalopodes, le genre 5pïruitroj(ra ; parmi les Mollusques gastéropodes,
les genres Deshayesia (tongrien), Haliolis, Erato, Siruthiolaria, Tri-
chotropis, Turbinella, Ranella, Purpura, Sistrum. Columbella, Do-
lium, Oniscia, Calypeupxis, Calyptrœa, Patella, Siphonaria, Carina^
ria, Hyalea, Chilina et Ferusstna ; parmi les Lamellibranches,* les
genres Aspergillum, Glycimerig, Lutranoy Mya^ Synodesma et Tri»
dacna; parmi les Brachiopodes, le genre Orbieula; parmi les Bryozoai-
res, les genres Uniretepora, JUeandropora Trochopora, Myriozoum et
Cellepora; parmi les Ëchinodermes, les genres Lobophora, Clypeasier,
Temnopleurus, Tripneustes, Runa, Scutella; parmi les Polypiers, les
genres Acanthocyathus, Astrangia, Solenastrea, Curyophyllia, Myce--
topkytlia, Explanaria, Phyllangia, Pocillopora, Corallium, Delto*
cyathtu, Conoeyathus, A»trhelia, GyrophyUia, Cryptangiaei Jsisina;
parmi les Foraminifères, les genres Glandulina, Lingulina, Robulina,
Uauerina, Polystomella, Dêndritina,Orbiculina, Anomalina, Htle^
rostègina, Dimorphina, Bigetterina, BoUvina, Spharoidina et Adelo-
sina.
790 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
§ '2505. Parmi ces genres, ceux qui meurent dans ce même étage,
sans passer à l'étage suivant, seront encore autant de caractères posi-
tifs qu'on pourra invoquer pour ie distinguer de l'étage subapennin, où.
jusqu'à présent, ils n'ont pas encore été signalés. Ces genres sont ainsi
distribués dans les diverses classes d'Animaux : parmi les Mammifères,
les genres Pithecus^ Agnotherium , Amphicyon, Amphiarctos, Pterodon,
Machœrodus f Amyxodon^ Hycenodon^ Oxygomphius^ DirnyluSf Mega-
mySf Archœomys, Steneofiber^ Palœomys^ Chalicomys, Chelodus^ Ma-
crotherium, Dinotheriunif Chœrotherium^ Macraucheniat Chalicothe-
rttim, Uippotherium et Civatherium ; parmi les Reptiles, les genres
Megalochdlus eiAspidonetes; parmi les Poiesons, le genre Hemipristis ;
parmi les Céphalopodes, le genre Spirulirostra ; parmi les Gastéropodes,
les genres Deshayesia et Ferussina ; parmi les Mollusques bryozoaires,
les genres Meandropora et Unirelepora ; parmi les Ëchinodermes, le
genre 5cure/<a; parmi les Polypiers, les genres Deltocyaihus, Conocya-
thuSfAstrhelia, Gyrophylliat Cryptangia et Uisina; parmi les Forami-
nifères, les genres Hauerina et Dimorphina, Si nous joignons à ceux-ci
tous les genres d'Animaux existant depuis plus ou moins longtemps, et
qui se sont encore, éteints dans cet étage, sans passer au suivant, comme
les 29 genres ci-après dénommés : parmi les Mammifères, les genres
Anthracotherium, Lnphiodon ei Ziphius ; parmi les Reptiles, le genre
Palœophis; parmi les Poissons, les genres Otodus Corax, Edaphodon,
hchyodon^ Sphœrodvs, Smerdis; parmi les Céphalopodes, le genre
Megasiphonia ; parmi les Lamellibranches, les genres Biyoconcha et
Grateloupia ; parmi les Bryozoaires, les genres Radiopora^ Capularia
et Pyrlpora; parmi les Échinodermes, le genre Conocly^s ; parmi les
Polypiers , les genres Aplocyathux^ Astrocœnia, Funginella, Phyllo-
cœniaj Trochocyaihus, Actinocœnia^ Stylocœnia, G*miarœa, Hhizangia,
Septastrea et Eupsammia; parmi les Fora mi nifères, le genre Opereu-
lina, nous aurons 69 genres pouvant servir à distinguer l'étage falunien
de l'étage subapennin.
§ 2506. Caractères paléontologîques tirés des espèces. Sans compter
plusieurs centaines d'espèces d'Animaux vertébrés et annelés et de
Plantes que nous n'énumérons pas ici, nous avons, en Animaux mollus-
ques et rayonnes seulement, le nombre de 2754 espèces, dont nous don-
nons, dans le Prodrome de Paléontologie stratigraphiqtie (t. 3, p. 25
et suiv.), les noms discutés avec soin, la synonymie et l'indication des
principales localités où elles se trouvent. Bien entendu que nous en
avons d'abord entièrement séparé les espèces tongriennes mentionnées
au sous-étage précédent (% 2*80). Si l'on devait prendre pour définitives
les nombreuses espèces signalées par quelques auteurs comme se trou-
vant à la fois dans l'étage parisien et dans l'étage falunien des environs
CHAP. VI. — VINGT-SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN.
i91
de Bordeaux, de Dax, de Kleyn-Spauwen, en Belgique, ou de Cassel,
dans la Hesse, il y aurait un grand nombre d'espèces se trouvant dans
les deux à la fois; mais, ayant discuté une à une toutes les espèces indi-
quées comme se trouvant à la fois dans les deux étages, nous avons
reconnu qu'elles étaient toutes basées sur de fausses déterminations.
Nous n'avons donc, jusqu'à présent, aucune espèce qui passe réellement
de l'étage parisien à l'étage falunien. Sans discuter à fond la valeur des
mélanges nombreux admis par les auteurs piémontais et allemands entre
l'étage falunien et Tétage subapennin , et surtout sans attacher une
grande importance à ce mélange, qui, sans doute, a eu lieu, les coquil-
les étant mortes, sur les points où existe le contact immédiat des deux
étages (§ 2499), nous trouvons néanmoins qu'il en existe, et nous cite-
rons surtout les espèces suivantes :
MOLLUSQUES.
rïo'du
Rissoina pusilia.
Cypraea elongata.
Siliquaria subanguina.
Gancellaria subcancellata.
— umbilicaris.
— ampuUacea.
— uniangulata.
— varicosa.
Triton doliare.
— heptagonum.
— Intermedium.
— tortuosum.
Nassa serrât a.
— prismatica.
§ 2507. En résumé, si des 2754 espèces citées dans notre Prodrome
comme faluniennes nous séparons provisoirement les 38 espèces pré-
cédentes, qui, par une cause quelconque, se trouvent dans l'étage su-
bapennin, il nous resterait encore 2726 espèces caractéristiques de
cet étage; et cependant, nous avons la certitude que nous ne connais-
sons pas peut-être la moitié de la Faune si considérable de cette époque.
Nous citerons ci- après les espèces les plus caractéristiques, et surtout
les plus répandues sur les différents points de TEurope:
MOLLUSQUES.
Prodrome.
ffoB du Prodrome.
44
Cassis texta.
1673
822
Morlo fasciatus.
U:84
782
Petricola rupestris-
1945
929
Mitra striât ula.
920
933
Conus ponderosus.
994
93G
Murex polymorphus.
1377
949
Purpura striolata.
14A0
953
Buccinum polygonum.
1602
1422
Dentaiium elephantinum
1761
1429
Venus subcincta.
1971
1430
— siibplicata.
1987
1434
Cardita intermedia.
2111
1576
— elongata .
2125
1547
Cbama gryphina.
2402
MOLLUSQUES.
N"s du Prodrome
abcMegasiphonia Aturi. 304
a&«MelanopsisDurourii. 355
MOLLUSQUES.
N«>« du Prodrome.
ace Kissoina subcocblea-
relia. 388
792 QUATRIÈME PARTIE.
ad Scalaria subscalaris.
a h «Turritella quadripUcata.
a/'Eulima subula.
ach Py ramidella Grateloupi.
abActeon semistriatus.
abci RîDgicula buccinea.
c/^tNaticâ hemiclausa.
abj Nerita subpicta.
abc — Plutoni8.
a /iTrochus patuiiis.
a« — subturgidulus.
a b Pitonellus Defrancii.
abe Solarium caracailatuin.
acPhasiane.lia Alberti.
c/itCvprœa avellana.
abcehi — coccinelloide?.
abehOïiwsi Dufresni.
abef Anciilarla glandifor-
mis.
abeVoluta rarispina.
achi — Lamiterti
a 6 Mitra fusiformis.
ae Cancellaria Geslini.
abe — acutangula.
a b eConus pelagicus.
acej — aciitangulus.
a&eStrombus Bonelli.
abe Pieu rotomacataphracta.
abe — monilis.
abe — dimidiala.
ae — Borsoni.
ac — Milletii.
a c Fusus buccinoides
abc — cornutus.
abePyrula condita.
a b« Murex subtrunculus.
abe — ruslicula.
ac — angulatus.
aejCerithium picium.
abeNassa asperula.
abe — semistriata.
ade^iTerebra pertusa.
— SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
394
43?
478
489
62V
642
673
698
012
636
«43
703
709
749
8I.S
81(i
868
876
881
8*^2
912
924
93 i
973
1003
1013
1034
1040
1042
1047
1065
1193
1279
1326
1333
1337
1640
l/)48
1633
a b Oniscia cythara. 1663
a bf Casais Rondeleti. 1668
abcCapulussulcatus. 1696
aeh Bulla acuminata. 1776
afh — subutriculus. i782
a b Vaginella depressa. 1802
acSolecurtus affinis. 1863
a6/»TeiliDa muricata. i896
bfhiDomx striatella. 1925
a e Venus islandicoides. 1 963
abe — eryeinoides. 1964
ace — casinoides. 1966
abee — vêtu la. 1967
a&Corbula Deshayesi. 2041
a&Cardita pinnula. 2il6
abe — Jouaneli. 2127
abeLuciiia columbella. 2162
abc Cardiuui discrep&ns. 2201
a b efh Arca subdiluvii. 2321
ach — biangulina.
a b Chama gryphina.
c/»tPecten subslriatus.
ce Janira solarium.
c/iiTerebratuIa perforans.
a c Trochopora conica.
ÉCHINOUERMES.
a/'dHemiastcr acuminatus.
abSpalangus Desmnrestii.
ad Pygurus hemisphaericus.
d c Lobophora perspicillata ■
cd Scutelia truncata.
ad — Paulensls.
bmd Ciypeasler altus.
bmd — Bcutellatus. 2661
a cm — marginatus 2667
ZOOPHYTES.
ac Dendiopbyilia irregula-
ris.
abc Aslrea acropora.
ab — GuitUrdl.
a&cMadrepora iavandu-
lina. 2776
2402
2409
2488
2634
2682
2611
2627
2637
2646
2649
2651
2669
273.1
2747
2747'"
CHAP. VI. — VINGT-SIXIÈMK ÉTAGE : FALUNIEN. 793
En prenant pour types de l'étage falunienles dépôts de faluns de Dor-
deanx et de Dax, delà Touraine et du Piémont, sur lesquels tous les
géologues sont d'accord, nous avons voulu prouver, par la liste pré-
cédente, que beaucoup des espèces de ces localités types se retrouvent,
en même temps sur tous les autres points cités à l'extension géographi-
que, que nous y avons réunis d'après les données stratigraphiques. Nous
donnerons ici quelques détails à cet égard. Pour prouver la contempo-
ranéilé des ditîérents bassins, nous avons, dans la liste, marqué de la
lettre a toutes les espèces propres au bassin pyrénéen (environs de Bor-
deaux et de Dax), d'un h les espèces de la colline de Turin, c les espèces
des faluns de la Touraine et de l'Anjou (bassin méditerranéen et bassin
ligérien). On verra au premier abord, par la réunion de ces lettres, que
les mêmes espèces se trouvent simultanément dans ces trois types pro-
pres aux bassins ligérien, pyrénéen et méditerranéen, qui, évidemment,
étaient contemporains et devaient communiquer entre eux. Maintenant,
établissons encore la contemporanéité de quelques autres lieux. Nous
avons marqué de la lettre d le peu d'espèces citées à Carry (Bouches-du-
Rhône), et dans les autres parties de la Provence. La lettre e indique
les espèces des environs de Vienne, qui, comme l'a reconnu M. Bronn,
dépendent certainement de l'étage falunien, ainsi qu'on en pourra juger
par les identiques. La lettre f indique les espèces de Gassel, qui, bien
certainement, sont spéciales à l'étage falunien. Pour prouver l'identité
des espèces de la Touraine, du crag d'Angleterre et de Belgique, nous
avons marqué d'un i les premières, et d'un h les secondes. On pourra
s'assurer que le grand nombre d'identiques ne pourrait exister, s'il n'y
avait outre la contemporanéité d'époque certaine une communica-
tion directe entre ces différents points. Les quelques espèces de Podolie
marquées d'un j, et les espèces de Gorse marquées d'un m, prouveront
encore Tidentité de ces différents dépôts avec les dépôts les plus connus
de France et de Piémont. Voici quelques exemples de cette Faune {fig. 697
à 611).
ft
Fig. 605.
F/>. 610. Texlularia Mcyeriana. Hydlapa Orhignyana, Ran-:.
Il (r<
yUATRIKMK PAHTIK. - SUCCESSIOK CHB UNO LOGIQUE.
Fit. Ml. L«Um Ceflulola.
:HAI>. VI. - ViNUT-SIXlEMK K'IAtiE : KALUNIEN. left
106 QUATKlEME PARTIE. - SUCCESSION CHRONOLOCIQUK.
H. Conrad b signalé, «nmine idenliqufis entre les fossika des GlMr-
Unis et les Talung de la France, les eipècea auiTsntet : Tenu* tridae-
noidcs , Isncardia rutiica, Picluncviui variabilit, Valuta Ljmbtrtiii
Fnsciutaria mulabilù, donl noue Inl laissons U reapansabilllê; crpen-
<lanl nous en iTons eupprimé quelques-unes qui n'élilent pas réelles.
KouB pouvons, du reste, assurer, par le fades de l'ensemble, que lu
points de l'Amérique septentrion aie et méridlDnalei uieotlonDés à rexten-
Klon géographique, dépendent bien rerlainement du même ègf,
§ 2^8. fAiioDologic biatoriquc. A la fin de la période parisienne,
pnr Bulle d'une perlurbalion géologique, ee sont éleJnta 69 genres d'Ani-
mant, sans compler les Plantes. A la Un de la période longrienne, se
sont également éleinles 4!» eepèces propres i retle période ; e1 lorsque
le calme a reparu dans les mera, sont nés, en Animaux divers, MS gen-
res (I) JDConnas à l'époque parisleone, ainsi que lIBt espèces également
CHAP. VI. - VINGT-SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN. 797
inconnues dans les époques antérieures, et qui ne sont qu'une faible
portion de ce qui existe dans la nature.
§ 2609. A la fin de la période tongrienne, les continents et les mers
subissent des changements considérables {voyez la carte, fig. 563). C'est,
en effet, alors, que la mer se retire tout à Tait de la partie française do
bassin anglo-parisien, et vient former un bassin spécial, qui occupe la
grande dépression de la Loire et une partie de la Bretagne, comprise
entre Pontlevoy et Dinan d'un côté, et Dinan et Tourtenay de l'autre,
nouveau bassin jusqu'alors étranger aux dépôts marins tertiaires, que
nous appellerons maintenant bassin ligérien, À en juger par les lam-
beaux, ce bassin devait s'étendre, d'un côté, jusqu'à la Manche, et, de
l'autre, jusqu'aux côtes du Morbihan et de la Vendée, en représentant
un golfe très-profond. — Le second bassin maritime de cette époque est
encore le bassin pyrénéen, qui reste à peu près dans la même circonscrip-
tion, mais en s'avançant encore vers l'ouest et laissant des atterrisse-
mentstout autour à l'est. — Le troisième bassin français, le bassin
maritime méditerranéen, a complètement changé de forme. Pendant la
période falunicnne. il parait avoir envahi une vaste surface antérieure-
ment continentale, comprise entre les environs de Montpellier et rouest
de Marseille, et s'étendant, au nord, jusqu'aux départements du Gard et
de la Drôme. Néanmoins, un golfe s'étendait au nord-est jusqu'aux
Basses-Alpés; et un autre, se dirigeant au nord jusqu'au département de
la Drôme, tournait au nord-nord-est par l'Ain , et de là couvrait une
partie de la Savoie, de la Suisse, et s'étendait probablement jusqu'à
Vienne, en Autriche, et sans doute beaucoup plus à l'est. En résumé,
nous avons encore en France trois mers, le bassin ligérien, le bassin
pyrénéen et le bassin méditerranéen.
En Angleterre, la mer falunienne envahit le Suffollt et le Norfolk, dont
elle couvre toute la côte; et c'est probablement de ce point que s'é-
tendait la mer, jusqu'aux environs d'Anvers, en Belgique, qui, par
ses fossiles, dépend du même bassin, que nous appellerons anglo-
belge.
§2510. Les continents se sont également modifiés. Pour la première
fois, depuis les terrains triasiques, nous voyons, en effet, le bassin an-
glo-parisien devenir partie continentale. Une surélévation de toutes ses
parties s'étend au sud, jusqu'à Blois, et sur une ligne qui, de ce point,
passe par Laval ; mais les continents antérieurs perdent tout le bassin
ligérien, antérieurement exhaussé. Dans le bassin pyrénéen, un grand
alterrissementse fait à l'est, sur les parties déjà exondées. En Provence,
nous voyons le continent perdre toute la partie que' nous trouvons occu-
pée par la mer, entre Montpellier et Marseille. En résumé, entre les
deux époques, les continents ont perdu tout le bassin ligérien, la partie
67.
7M QUATBIKMK PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
foë do ba»in médHaraiiéen, el la France approche déjà de la forme
coDtioeDtale qoe noos lui coDoaîssons aojoardlioi.
§3511. Les mers étaient, dorant cette période, peopiées d'un grand
nombre d'Anioiaox inconnus dans les époqoes antérieores. Les Crus-
tacés amphipodes offrent leors premiers genres, ainsi que les Nol-
losqqes nocléobranches. En résomé , 89 genres marins apparaissent
poor la première fois, parmi lesqoels dominent les Mollosqoes gastéro-
podes sortout, ao nombre de 30, parmi lesquels des Haliotis, des Tur^
bmella, des Ranella et des DoUum; puis les Foraminifères, qoi mon-
trent 15 genres nooTeaoïL , ao nombre desquels sont les Polystomellat
les Dendritina et les BoUvina; enfin les Cmstacés, qui renferment les
genres Pagurus,Àttacus (Homard), Poriumus, Grapsus,eic.
§ 2512. Ce sont surtout les continents qui nous offrent des Animaux
terrestres nombreux et remarquables par leur taille ou leurs formes.
C'est, en effet, alors, qu'avec tant de Manmiifères aujourd'hui tout à fait
perdus, comme les Palsomys, les Macrotberium, les Dinotberium, aux
défenses gigantesques ; les Toxodon, les Mastodon, aux formes massi-
Tes, ainsi que beaucoup d'autres, apparaissaient déjà les premiers re-
présentants des genres Ours {Urtus), Pelis, Mustela, Phoea, Mus, Cas-
tor, Rhinocéros, Tapirus, Cervtu, etc., qui peuplent, aujourd'hui, la sur-
face de la terre. C'est encore pendant cette période que se montrent, chez
les Reptiles, les premiers représentants des Couleuvres {Coluber)^ des
Grenouilles (Aana), des Salamandres, et chez les Poissons, les premiè-
res Perches (PtfTca), Alosa, Lebias, etc , etc., qui peuplaient les eaux
douces. Avec ces Animaux, M. Brongniart cite la Flore suivante, comme
ayant vécu durant cette période.
FLORE DE L' El AGE FALUNIBN.
Cryptogame» «mphigène».
Nombi
Caulinites.
re des Espèces.
2
ALGDES.
Nombre dea Espèces.
Cystoseirites. 3
Ruppia .
GRAMINÉES.
Culmites.
1
I
Pbsrococ cites.
1
Bambusium.
1
CHAMPIGNONS.
Hysterites.
1
LlLl ÂGÉES.
Smilacites.
2
Xylomites.
1
PALMIESS.
Cryptogames acrogènet.
Flabellaria.
9
HOUSSES.
Phœnicites.
4
Muscites.
1
FOUGÈRES.
Endogenites.
1
Filicites.
1
Dyootylédonet gymnospermes.
Monoootylédones .
CONIFÈRES.
NAÏADÉES .
Callitrites.
2
Zosleritcs.
1
Sequoites.
1
CHAP. VI. - VINGT-SIXIÈME ÉTAGE : FALUNIEN. 799
Nombre des espèces.
GOHBRÉTAGÉES.
Glyptoslrobites.
1
Nombre des
espèces.
Abieselites.
4
Getonia.
I
Piniles.
4
Terminalia.
2
Araucariles?
1
CALYGANTHÉES.
Eleoxylon.
2
Calycanthus.
1
Taxites.
»)
^
LÉGUMINEUSES.
Dicotylédones angiospermes
Phaseolites.
I
MYRICÉES.
Desmodophyllum.
2
Gomptonia
•
3
Dolichites .
2
Myrica.
G
Erylhrina.
1
BÉTULINÉES.
Adelocercis.
1
Betula.
2
Bauhinia.
1
Betulinium
•
1
Mimosites.
1
Alnus.
CUPULIFÈRES.
1
Acacia.
ANAGARDIÉES.
1
Quercus.
"
3
Khus.
â
Fagus.
1
XANTHOXYLÉES.
Garpinus.
ULMAGÉES.
3
XanthoxyloD.
JUGLAMDÉEb.
1
Ulinus.
MURÉES .
3
Juglans.
RHAMNÉES.
6
Ficus.
1
Rhainnus.
\
PLATANÉES.
Gcanolhns.
I
Platanus ?
4
AGÉRINÉES.
SALICINÉES.
Acer.
h
Populus.
2
APOGYNÉES.
LAURINÉES.
Ëchiioniuni.
2
Daphnogene.
3
Neriliniunj.
2
Laurus.
1
Plumeria.
1
OMBELLIFÉRÉES.
Apocynopliyllum.
2
Pimpinellites.
I
RUBIACKES.
HALORAGËES.
Steinhauera.
2
Myriophyllites.
1
Le savant professeur s'exprime ainsi à l'égard de celte Flore :
<« Les caractères les plus frappants de cette époque consistent dans le
mélange de formes exotiques propres actuellement à des régions plus
chaudes que l'Europe, avec des végétaux croissant généralement dans
les contrées tempérées, tels que les Palmiers, une espèce de Bambou,
des Laurinées, des Gombrétacées, des Légumineuses des pays chauds,
(les Apocynées analogues , d'après M. Unger, aux genres des régions
p(|naloilales, une Riibiacéo tout à fait tropicale, uni.s fi «les Klrables, des
800 QUATRIÈME PâRTIIî:. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
Noyers, des Bouleaux, des Ormes, des Chênes, des Charmes, etc., gen-
res propres aux régions tempérées ou froides. La présence de formes
équatoriales, et surtout des Palmiers, me paraît essentiellemeot distinguer
cette époque de la suivante. Enfin, on rem«nrquera aussi le très-petit
nombre de végétaux à corolle monopétale, bornés aux espèces rapportées
à la famille des Apocynées par M.Unger, et au genre S teinhauer a, îonàé
sur un fruit qui a beaucoup de rapport avec celui des Nauclea, parmi
les Rubiacées. »
§ 2513. La présence dans les mers des bassins ligérien, pyrénéen et
méditerranéen, d'un nombre considérable d'Animaux aujourd'hui spé-
ciaux seulement aux régions chaudes de la zone torride, tels, par exem-
ple, que les genres Delphinula^ Pteroceras. Solarium, Fusus^ Strombus,
Rostellaria, Pyrula, Mitra, Phorus^ Conus, Fasciolaria, Sigaretus,
Cyprœa, Marginella ^ Aneillaria , Oliva, Terehellum, Terebra, Tiphis,
Turbinella, Swirum, Oniscia, Perna^ Plicatula, Corbis, etc., etc., joints
aux Animaux terrestres, tels que les Rhinocéros^ les Tapirus,ies Mana-
fu5, et tous les genres éteints si voisins de ceux-ci, démontre, de la ma-
nière la pluspéremptoire, que les mers et les continents, en France, ea
Angleterre et en Allemagne, étaient sous une température uniforme,
semblable à la température de la zone équatoriale. La chaleur centrale
de la terre neutralisait donc encore reiïet des zones isothermes.
§ 2514. La puissance des couches, et surtout le nombre coosidé-
rable de Coquilles qu'elles renferment, nous donnent la certitude que
cette période a élé, peut-être, l'une des plus prolongées; elle était, de
même que les autres, soumise à l'action des oscillations du sol (§ 2498).
La fin de cette période est marquée par l'élévation, au-dessus des eaux,
de tous les bassins ligérien, pyrénéen et méditerranéen, que nous avons
décrits. Les effets en ont été de dénuder d'une manière si remarqua-
ble et de morceler les dépôts du bassin ligérien (§ 2495, 2500), en anéan-
tissant tous les Animaux terrestres et marins de cette époque. C'est peut-
être aussi alors qu'en Europe s'est effectuée la dislocation du S. 2G* 0.
au N. 20" E., qui a surélevé le Système des Alpes occidentales de M. Êlie
de Beaumont. Nous aurions donc encore, pour la fin de cette époque, la
dislocation qui a déterminé la perturbation géologique, les traces certai-
nes du mouvement des eaux que cette perturbation a produit, et pour
résultat, l'anéantissement de la Faune de cette époque.
27e Étage : SUBAPENNIN, d'Orb.
Première apparition des ordres des Oiseaux coureurs et des Insectes
myriapodes; des genres Callithrix , Dasypus, Equus, Bos, VuHw^
Aquila, Picus, Gallus, Ophis^ Esox, Gobius, Rjnina, Argnnauta, Clau-
silia^ Oolina^ etc., etc.
CHAP. VI. — VINGT-SEPTIÈME ÉTAGE : SUBAPENNIN. 801
Règne des Mammifères pachydermes et édentés; des genres Toxodon;
Mastodon, Sus, Bhinoceros, Tapiras. Smilodon, Glyptodon, Megalonys,
Mylodon, Elephas, Hippnpotamus, Andrias, Pyrulina, etc., etc.
Zone des espèces suivantes : Scalaria elathra, Turritella quadriea^
rinata, Phorus crisfms, Schizaster Scillœ, etc., etc.
Nous avons conservé à cet étage le nom de êuhapennin , consa^^
cré depuis longtemps dans la science, et dont le dérivé, des collines
subapennines, aussi bien que sa forme euphonique, se trouvent par«
faitement en rapport avec la nomenclature adoptée pour les autres
étages.
§ 2514 his. Synonymie. Ce sont Xt^Tertains teriiaireê supérieurs i}Q%
Sables marins supérieurs de Montpellier, les Àlluvions anciennes de la
Bresse, le Sable des Landes) de MM. Dufrenoy et Elle de Beaumont ;
le Dépôt tritonien clysmien de M. Huot; le Limon antidéluvien de
M. Marcel de Serres; le Dépôt subapennin de M. Huot {supercrétacé
supérieur); le Terrain calcario-psammitique de M. Risso; le Terrain
pampéen d'Orbigny (Voyage dans l'Amérique méridionale); VOlder plio^
cène (ancien pliocène) de M. Lyell.
Type marin français, à Miilas, à Thuir, aux environs de Perpignan ;
type piémontais, aux environs d'Asti ; type terrestre, presque toutes les
cavernes et les dépôts superficiels.
§ 2514 («r. Extension géographique. A côté de cette immense exten-
sion que nous avons citée, en France, à chaque étage, nous ne trouvons
plus, pour celui-ci, en dépôts marins, qu'un seul lambeau dans la Man-
che, où MM Hébert et Deslongchamps l*ont signalé, au Bosc-d'Aabigny ,
entre Saint- Lô et le Perrier; et un second dans les Pyrénées-Orien-
tales, où, lorsque des coupes naturelles produites par les cours d'eau
permettent d'apercevoir l'étage sous les àlluvions, on le voit dans la
vallée du Tech, au Bouton, à Trouillas, «^ Banyuls-dels-Aspres; dans
la vallée du Tet, à Nefllach, à Millas, à Thuir ; dans la vallée de TAgly,
à Estagel ; et, peut-être, sur quelques autres points situés plus au nord,
mais sur lesquels nous n'avons pas de certitude comme dépôts marins.
M. Marcel de Serres a trouvé les mêmes dépôts aux environs de Mont-,
pellier (Hérault). La continuité du même bassin marin se voit en Espa-
gne, à Fi(;uières, et sur une grande surface de la côte, au sud, àBaseara
et jusqu'à Barcelone; peut-être l'étage existe-t-il à Séville, à Alabama
et à Baza, dans le rovaume de Grenade.
Les plus vastes dépôts marins connus de cette époque commencent
en Piémont, près de Coni et de Mondovi, et couvrent toute la pro-
vince d'Asti; de là ils s'étendent jusqu'à TAdriatique et le Monte-
Leone, en Calabre, ou sur plus de 225 lieues de longueur, des deux côtés
de la chaîne des Apennins. Les principales localités sont, en Pié-
802 QUATKIÈME PAKTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
mont, TAstezan, CasUglione; en Toscane, Torrila, entre Florence et
Poggibonsi» Savignone, Sienne, Monte-Pelegrino, Volterre; dans lé
duché de Parme, Plaisance, Castel-Arcuato, Medsano.Vigolano, Borgone;
dans le royaume de Naples, les environs d'Otrante, de Reggio, leMonte-
Leone, en Calabre; en Sicile, Syracuse, Trapani , les environs de
Palerme et le cap Safran, près de Messine; dans les £tat8 de TÉgllse,
Monte-Mario , près de Rome, Sinigaglia. C'est surtout en Morée que
MM. Boblaye et Virlet en ont reconnu d immenses surfaces: il forme,
en elTet, une ceinture autour de ce pays, indépendamment de nombreux
lambeaux. Il constitue les isthmes de Corinthe et de Mégare, le golfe
de l'Attique, la presqu'île de Methana; dans le Pirée,en Messénie, Modon.
Navarin, Sparte ; dans la basse Messine, l'Élide et TArgolide, etc. Ce
même âge parait aussi exister en Algérie.
D'après le nombre considérable d'espèces de Foraminifères que nous
avons reconnu exister aux environs de Vienne, en Autriche, et princi-
palement à Korod, à Nussdorf et à Baden, et être tout à fait identiques
à celles de Sienne, nous ne devons pas douter que, sur l'étage falunicn.
il ne se trouve des dépôts marins subapennins. 11 est probable qu'il en
est de même à Cassel (Hesse). Nous pouvons encore croire que le même
fait existe pour la partie supérieure du crag du SulTolk, que M. l.yell
désigne comme lits â Mammifères, Cette époque est aussi très-développée
en Gallicie. On la retrouve en Crimée, sur les bords de la mer Noire,
sur les bords occidentaux de la mer Rouge, entre Suez et Kosseir.
Dans l'Amérique septentrionale, une lisière parallèle à TOcéan parait
exister dans les Florides, l'Alabama et la Louisiane. On en voit, aussi,
suivant M. Hardie, dans l'Ile de Java.
Si, en France, les dépôts marins des mers subapennines sont rares, il
n'en est pas ainsi des dépôts terrestres ou des alluvions, qu'on peut
rapporter à cette même époque. La superposition, autant que les Mam-
mifères que ces dépôts renferment, ne laissent pas de doutes à cet égard.
Avec les savants auteurs de la carte géologique de France, nous y rap-
portons, en effet, les sables supérieurs, quelquefois avec des dents de
Mastodontes, qui couvrent tous les dépôts faluniens du grand bassin pyré-
néen, depuis Bordeaux jusqu'à Dax, les dépôts de la Bresse, le rem-
plissage des grottes et des cavernes par les limons rouges à osse-
ments, et notamment les cavernes d'Arcy (Yonne), où M. de Bonnard
a découvert des restes d'hippopotames; les cavernes d'Échenoz, de
Vanon, près de Vesoul (Haute-Saône), avec éléphants; les cavernes de
l'Homraaise (Vienne), étudiées par M. Mauduyt; la caverne dite Grotte
d'Osselle, à une lieue de Quingey (Doubs), où M. Gevril a recueilli une
si grande quantité d'ossements d'ours; les fameuses cavernes de Lunel-
Viel, près de Montpellier (Hérault) ; celles de l'Isère, de l'Ardèche, et une
CHAP. VI. - VINGT-SEPTIÈME ÉTAGE : SUBAPENNiN. 803
infinité d'autres qu'il serait trop long d'énumérer Ici. Nous regardons
encore comme de la même époque les brèches à ossements des environs
de Pons (Charente-Inférieure); les dépôts si remarquables de l'Auver-
gne, aux environs d'Issoire, de Cussac et de Polignac (Haute-Loire), étu-
diés par MM. Croizet, Deleyser et Bravard.
Hors de France, les dépôts terrestres de cette époque sont très-nom-
breux, et nous en citerons quelques-uns: en Angleterre, la caverne de
Kirkdalc, où M. Bukland a recueilli beaucoup de restes de grands Pa-
chydermes ; les cavernes de Chockier, en Belgique, de Gailenreuth, en
Bavière; peut-être les brèches osseuses de Sicile, à San-Ciro, les brè-
ches terrestres de Cagliari, en Sardaigne ; les dépôts d'eau douce de
Steinheim, d'Ulm, de Berg, près de Stuttgart; les curieux dépôts la»
custres de Stein, à une lieue d'OEningen (Suisse), où a été recueillie
cette fameuse salamandre, citée pendant longtemps comme un squelette
humain; ceux de Saint-Gall, près d'Uznach, de Delemont. Des dépôts
d'alluvions limoneux contenant surtout un grand nombre de restes de
VElephas primigenius, se trouvent à Vorobieflf, près de Moscou , sur
toutes les rivières de ces contrées, et sur une grande partie de la Russie ;
sur les bords du lac Pereslavl, sur TOca, l'istre, le Volga, la Moscova j
principalement en Sibérie, jusqu'aux bords de la mer Glaciale, où a été
trouvé le fameux mammouth gelé avec ses chairs et sa peau; les îles,
près des bouches de la Lena et de Lindighirka. M. Viquenel les a ren-
contrés dans la Turquie d'Europe, principalement dans la plaine de
Preslina , en Mésie, et dans celle de Vardar, en Macédoine. Dans
l'Inde, on les cite sur la rive gauche de l'Iraouaddi, au 20« degré.
En Amérique, ces dépôts terrestres sont également très-développés ;
on les a vus aux États-Unis, à Poplar (New-Jersey), dans TÉlat de New-
York, dans le Kentucky, sur les bords du Mississipi. Nous avons pu
étudier, dans l'Amérique méridionale, des dépôts limoneux gigan-
tesques, contenant seulement des Mammifères fossiles; dépôts que nous
avons désignés comme argile pampéenne. Us couvrent depuis la Bajada,
province d'Entre-Hios, république Argentine, jusqu'à la Bahia-Blanca,
frontière de Patagonie, et depuis les environs de Maldonado et de Mon-
tevideo, dans la république de l'Uruguay, jusqu'au Rio-Quinto, c'est-à-
dire sur une surface arrondie vers le sud , qui a 38 degrés carrés de
superficie, ou plus de 23,000 lieues carrées d'étendue. Dans la province
de Chiquitos (Bolivia), ces mêmes dépôts offrent de grandes surfaces, à
l'est surtout, et entre Santa-Cruzde la Sierra et Moxos; on les voit sur
une vaste étendue de la province de Moxos, dans les plaines centrales
du continent américain, où ils couvrent une superficie presque aussi
grande que dans les Pampas. Ce dépôt remplit encore la vallée de Tarija,
les immenses plateaux de Cochabamba, et surtout le grand plateau
804 QUATRIÈME PAKTIE. — StCCESSION CHRONOLOGIQUE.
twIiTien, long de qoelques degrés et éleTé de 4,000 mètres aa-dessus des
océans.
§ 3515. Stratifieatîon. Tous les géologues sont d'accord sur la posi-
tion stratigraphiqoe de Tétage sutapennin ; en effet, on trouve les dé-
pôts marins, immédiatement superposés à Tétage falunlen , dans une
partie du Piémont. Il en t^i de même aux environs de Montpellier, à
Vienne, en Autriche, et peut-être à Cassel. D'un autre côté, les sables
d'atluvions anciennes des Landes, qui ne contiennent que des débris
terrestres, reposent également sur les couches marines de la période
falunienne. Noos avons trouvé la même superposition aux surfaces
immenses du limon terrestie des Pampas, de Buenos- Ayres. Nous
croyons donc qull ne peut exister de doutes pour personne sur la suc-
cession régulière et chronologique de Tétage subapennin après l'étage
falunien.
§2516. DûoordaaoM. Voyons maintenant les caractères stratigra-
phiques différentiels de cet étage avec les époques antérieures et posté-
rieures. A l'étage précédent (§7489), nous avons donné les limites
stratigraphiques qui existent entre l'étage falunien et celai-ci, limites
d'une grande valeur. Pour les limites supérieures de l'élage subapen-
nin, elles sont reconnues par tous les géologues : d'abord, M. Èlie de
Beaumont place, entre cette époque et l'époque actuelle, la disloca-
tion des Alpes, qu'il désigne comme son Système de la ehaine prin-
cipale des Alpes, dont la direction est de l'O. 16» S. à TE. I6<> N.
Nous regardons encore comme s'étant opérée à cette époque, la
dernière surélévation de la Cordillère des Andes , de 50 degrés ou
1250 lieues de longueur dans la direction N. 5<> E. au S. 5o O. Indé-
pendamment de ces grandes dislocations du globe, nous avons, pour
distinguer l'étage subapennin de l'époque actuelle, des discordances
disolement très-marquées, surtout dans les Pyrénées-Orientales, autoor
de Perpignan, et celui du Bosc, dans la Manche, où l'on voit les dépôts
subapennins marins isolés au-dessus et loin du littoral actuel de la
mer. Il en est de même des vastes surfaces de dépôts subapennins ma-
rins de l'Astezan, du duché de Parme et de l'Autriche, aujourd'hui placés
sur des points continentaux, formant dans leur ensemble une ligne de
discordance visible pour tout le monde, avec la circonscription des
mers actuelles.
§ 351 f . Composition minéralogique. Les dépôts marins des envi-
rons de Perpignan se composent d'alternances de bancs plus ou moins
puissants, de sables marins jaunâtres, silicéo-calcairrs et micacés, avec
des grès et des marnes ordinairement minces, le tout rempli de coquilles
marines. Dans l'Astezan, c'est à peu près la même composition, les
sables étant encore sans cohésion, comme les sables des mers actuelles,
CHAP. VI. - VINGT-SEPTIÈME ÉTAGE : SUBAPENNIN. 866
et renfermant uo nombre considérable de coquilles marines intactes et
souvent dans leur position normale d'existence. Pour les dépôts terres-
tres ils ont une autre apparence, mais néanmoins ils monrrent souvent
de Tanalogie entre eux. En effet, qu'ils se soient faits dans les fentes
préexistantes de rochers, sous forme de brèches osseuses, comme près
de Nancy (Meurthe) , près de Pons (Charente-Inférieure), et partout
ailleurs; qu'ils aient rempli, plus ou moins, ces autres cavités, égale-
ment produites par des dislocations du sol et les eaux, qu'on nomme
des cavernes à ossements^ comme on en trouve sur tous les points da
globe, aussi bien en France, en Angleterre, en Italie, qu'au Brésil, en
Amérique, ces dépôts sont presque toujours identiques. Ce sont des
argiles limoneuses, ou même des limons jaunâtres ou rouges, mélangés
de cailloux et d'ossements de Mammifères en plus ou moins grand nom-
bre. Les dépôts des Pampas de Buenos-Ayres, qui n'ont pas moins de
93,000 lieues de superficie, sont de même composés de limon ou d'argile
limoneuse également rougeâtre et ne contenant que des ossements de
Mammifères. Ceux des plateaux des Andes, et des plaines du centre
de i*Amérique méridionale, sont encore composés d'argile jaune ou rou-
geâtre, contenant des ossements de Mammifères.
§ 2518. Puitsanoe oonnue. M. i^yell évalue la plus grande épaisseur,
en Italie, à environ 600 mètres.
§ '2519. DéduoUoiM tirées de la nature des sédiments et des fos-
siles. Nous regardons comme des dépôts marins faits non loin des
côtes, mais au-dessous du balancement des marées, tous les gisements
des Pyrénées-Orientales. Les environs de Montpellier, ainsi que l'Aste-
zan et les autres localités italiennes indiquées, se trouvent dans le
même cas.
§ 2&20. Les dépôts terrestres superficiels , ou d'alluvion, sont très-
répandus, comme on l'a vu â i*exten&ion géographique, et couvrent
surtout le bassin pyrénéen, en France, et une surface immense en Russie
et dans l'Amérique septentrionale.
§ 2621. Perturkation finale. Nous avons dit ailleurs que nous
croyons pouvoir attribuer seulement aux perturbations géologiques
(§§ i63à 16G) ranéantissement complet des races d'Animaux terres-
tres couvrant les continents à la dernière époque qui nous a précé-
dés sur le globe, et leur dépôt sinuiltané dans les grandes dépressions
terrestres, à toutes les hauteurs, dans les fissures du sol et dans les ca-
vernes. L'étude des dépôts terrestres de l'étage subapennin a surtout
déterminé cette opinion. Jetons un coup d'œil d'ensemble sur les dépôts
à ossements de cette époque, en commençant par l'Amérique méridio-
nale, où nous avons observé que tous les faits sont plus largement
tracés.
II. (xR
806 QUATRIÈME PARTIK. — SUGClilSSION CHRONOLOGIQUE.
Le dépôt des Pampa» de Baenos-Ayres, dont la surface égale les
trois cinquièmes de la superficie de la Frauce, oa 95,000 kilomètres
carrés, se compose partout de limoo rongeitre fortement salé, pres-
que sans stratification, d'une uniformité remarquable, enreloppant
généralement des squelettes entiers, au pourtour ; des os séparés par-
tout. Les proportions gigantesques de ce dépôt, comparables seulement
aux majestueuses chaînes de montagnes qui s'élèTentsur le même con-
tinent, peuTent-elles, comme plusieurs géologues Tont pensé, s'ex-
pliquer par les causes actuelles ? Nous ne le croyons nullement. Noos
STons TU, aux causes actuelles, combien les Mammifères doivent être
rarement transportés par les fleuTes dans les régions Yierges (§ 137),
puidque nous n'en avons jamais rencontré un seul sur les affluents de
TAmazone et de la Plata. D'ailleurs, des dépôts à ossemenu, formés
d'un limon rougeâtre identique à celui des Pampas, se retrouvent dans
les provinces de Chiquitos et de Moxos, dans toutes les dépressions des
plaines ; nous les avons retrouvés encore sur les vastes dépressions des
montagnes de Cochabamba, à la hauteur de 3,&75 mètres, et sur les
plateaux également circonscrits du sommet des Andes, à la hauteur
absolue de 4,000 mètres. Quelle qu'en soit rélévation au-dessus du ni-
veau de la mer. dans les plaines comme sur les montagnes, ces dépôts
à ossements sont donc toujours composés de limons rougeâtres. Noos
croyons, dès lors, que la même cause les a produits partout, et quils
ne sont que le résultat d*un lavage superficiel du continent par les eaux
mises en mouvement par la perturbation finale de Tétage subapennin.
Voyons, du reste, ce qui s'est passé dans les cavernes M. Lund a
découvert, dans la province de Minas-Geraes, au Brésil, dans les fentes
des rochers et dans les cavernes, des Mammifères nombreux enveloppés
du même limon rougeâtre que celui des Pampas, par couches horlxon-
tales que les eaux ont déposées. D'après ces données, tirées seulement de
l'analogie des limons rougeâtres, on pourrait croire que tous ces dépôts
sont de même époque, produits par la même cause, et transportés à la
fois. 11 nous reste encore un moyen plus puissant pour prouver cette
identité, celte contemporanéité : la comparaison des Mammifères eux-
mêmes; car on rencontre dans les cavernes du Brésil, dans les Pam-
pas et sur les plateaux des Andes, absolument les mêmes formes de
Mammifères, composés de genres perdus pour le continent américain,
tels que Megalonyx^ Megatherium, Meutodon, Bolophorus, Euryo-
don, etc., etc. Ce qui prouve plus que tout le reste l'identité de forma-
tion, c'est surtout la présence des mêmes espèces dans les cavernes et
dans les Pampas, telles que les Megalonyx Maquiniensis, Megatherium
Cuvieri, Equus neogœas, etc., etc. On doit donc croire que tous ces Ani-
maux de mêmes genres, de mêmes espèces, qui ont dû vivre en même
CHAP. VI. — VINGT-SEPTIÈME ÉTAGE: SUBAPENNIN. 807
temps, qui sont enveloppés de limons identiques de nature et de cou-
leur, ont été anéantis par les eaux à l'instant de la perturbation géolo-
gique finale de cette époque.
Quelques géologues'croient, au contraire, reconnaître dans les Pampas
un dépôt dû aux eaux d'un fleuve dans un estuaire. Voyons d'abord si
le fait est possible. Le dépôt à ossements des Pampas présente, avons-
nous dit, une surface longue de 13,000 et large de 900 kilomètres. Un
fleuve capable de former un estuaire de cette largeur aurait au moins
huit fois la largeur actuelle (30 lieues ) dé l'embouchure de la Plala, ce
qui supposerait une longueur proportionnée. La Plata actuelle parcourt
environ 23» de longueur; en multipliant par 8, on aurait, pour la lon-
gueur, 184", ou plus de la moitié de la circonférence du globe terrestre ;
et ce fleuve, commençàt-il au pôle nord, pour arriver à ce dépôt à osse-
ments, ne serait pas encore assez considérable pour former un es-
tuaire de 900 kilomètres de largeur. D'ailleurs, quelle est la nature des
dépôts ordinaires des estuaires? Ce sont des alluvions fluviales très-va-
riées, composées de toute espèce de sédiment, de cailloux, de sable, de
vase surtout, mais jamais de limons homogènes de couleur et de com-
position, analogues »ux limons rougeàtres des cavernes. On voit qu'abs-
traction faite de la largeur du dépôt à ossements des Pampas , qui exclut
l'idée d'un estuaire, toutes les autres considérations géologiques vien-
nent exclure également cette opinion. En résumé, nous voyons, d^ns
ces dépôts limoneux rougeàtres à ossements de l'Amérique, un fait gé-
néral, et non un dépôt partiel. Pour nous, c'est le résultat d'une pertur-
bation géologique que nous croyons devoir attribuer au dernier relief des
Cordillères, à la fin de l'étage subapennin. Alors on doit au lavage des eaux
de la mer sur les continents les limons rougeàtres, laissés avec les Ani-
maux terrestres, dans toutes les dépressions du sol, depuis les vallées
près de la mer, jusqu'à 4,000 mètres au-dessus des océans. Le fait parait
d'autant plus probable que tous ces dépôts, quelle que soit leur éléva-
tion, sont fortement saturés de sel marin, ce qui corroborerait encore
nos conclusions.
Voyons maintenant les circonstances où se trouvent dans l'ancien
monde les ossements fossiles de l'époque qui nous a précédés sur la
terre, ou mieux l'horizon géologique des Mastodontes, des Éléphants, etc.
Ces Animaux, comme nous l'avons dit, se sont déposés avec les allu-
vions terrestres, ou dans les cavernes. Les alluvions superficielles sont
très- variables de composition, suivant les lieux ; mais les dépôts des ca-
vernes, en Europe, en Afrique, comme en Amérique, sont évidemment
formés par les eaux {voy. fig. 6i2), et se composent également de
limons rougeàtres. Sous le rapport de leur provenance, ils paraissent
donc être identiques : ils renferment non-seulement les mêmes limons
¥M) (Il %ThlLML PtbTIK. - sllXE!ÂIO?i ÇBWWOLOGIQUB.
GHAP. VI. — VINGT-SEPTIÈME ÉTAGE : 8UBAPENNIN. 809
roageâtres, les mêmes genres perdus, tels que les Mastodontes, ou encore
représentés, les Éléphants, mais encore des espèces identiques. On trouve,
en effet, le Mastodon ptpanletim dans les denx Amériques, en Europe, en
Asie et dans l'Australie ; le Mastodon angustideng en Europe, en Asie et
en Amérique; le Mastodon tapiroides en France et en Amérique ; VEle-^
phas primigenius en Europe, en Amérique, en Asie, et jusque dans les
glaces de la Sibérie. Nous croyons donc pouvoir conclure de Tidentité
des dépôU limoneux, de Tidentité de la Faune perdue, et de Tidentité des
espèces, en Amérique, en Europe, en Afrique, en Asie etdansTAustra-
lie, que le même mouvement des eaux a dû anéantir les grands Animaux
terrestres sur tous les points du globe à la fois, aussi certainement qu'il
a transporté partout des sédiments identiques. Ce mouvement des eaux
serait dû à la dernière surélévation des Andes, lors delà sortie des ro-
ches trachitiques. Ce serait aussi à cet instant que les masses si consi-
dérables d'alluvions terrestres, contenant des ossements de Mastodontes,
d'Éléphants et d'autres grands Animaux d'espèces éteintes, auraient été
charriées à la surface des continents, en France , en Italie, dans les
deux Amériques et sur les autres parties du monde, jusqu'au pôle nord.
§ 2522. Caractères paléoniologiquet. D'après nos connaissances
actuelles, 93 genres inconnus jusqu'alors apparaissent, pour la pre-
mière fois, dans cet étage, tandis que des genres antérieurement existants,
21 seulement s'y éteignent. On doit donc croire, comme pour l'étage
précédent ( § 25U2 ), que la période croissante de développement des ter-
rains tertiaires se continue au delà de Tétage subapennin jusque dans
notre époque. Parmi ces 93 genres, 42, ou près de la moitié, dépendent
des Mammifères ; 26 des Oiseaux, 7 des Reptiles et 8 des Poissons. C'est-
à-dire que 8i genres dépendent des Animaux vertébrés ; tandis qu'il ne
reste plus, pour représenter les trois autres embranchements, que 3 gen-
res pour les Animaux annelés, 4 genres pour les Animaux mollusques,
el 3 genres pour les Animaux rayounés.Voici les caractères stratigraphi-
ques des genres.
§ 2623. Garaotèret négatifs tiret des genres. Les genres, au nom-
bre de 69, que nous avons cités comme s'éteignant dans l'étage Calu-
nien ( § 2505). sont autant de caractères négatifs que nous pouvons citer
pour l'étage subapennin, où ils ne sont pas arrivés jusqu'à présent.
§ 2524. Pour distinguer l'étage subapennin de l'époque actuelle, nous
avons celte multitude de genres, encore inconnus dans le premier, qui
forment la Faune actuelle. Il serait trop long de citer ici tous ces genres,
qui s'élèvent à plus de 1,300 (§ 1698), et parmi lesquels nous nomme-
rons le genre HOMME {Homo)^ paru avec cette dernière Faune, et la do-
minant de toute la perfection de ses organes, comme le souverain dé
toute la nature actuelle.
810 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION GBRONOLOGIQUE.
§ 252^. GwMtéres positifs des gencs. L'étage sabapenoln, dans
rétat actael de nos connaissances, se distingue de l'étage falnnlen anté-
rieur, par les 93 genres saiTants, qui, inconnus dans le précédent
étage, paraissent se montrer pour la première fois à l'époque sobapen-
nlne. Ces genres sont ainsi répartis dans les étages : Parmi les Mam-
mifères, les genres Protopithecus.Speothos, Similodon, Icticyon^Pa-
laeospalax , Spalaeodon, Lonchophonts^ Theridomys, Glossotherium^
Glyptodon, Chlamydotherium, Hoplophonu, Paehytherium, Euryo-
don, Xenurus, Megatherium, Megalonyx, Mylodon, Sœlidotherium,
Platywtyx, Cœlodon, Potamohippus, EUumoiherium^ Merieotherium,
ùremotherium ^ Elepkas, Hippopotamus, Camelus, Catnelopardalit,
Ctbus, Callithrix, Jarhus, Cenienes, Dasyproeta, Eehimys, Oryctero-
pus^ Myrmecophaga, Dasypns^ Equus, Aueheniaj Bas et BaliEiUfptera;
parmi les Oiseaux, les genres Dinomis, Catarlhet^ Vultwr, Aquila,
Motaeilla, Ànabates, Alauda, Hirundo, Caprimulgus^ Coecizus, Pieus,
Psitiaeus, Phatianut, Gallus, Numida, Cryptunu, Bhea, PhcBmeopU-
nts, Otus, Rallus, Crex, Anser, Mergus, Anas, Larus et Colymhus;
parmi les Reptiles, les genres Testudiniles, Palœohatrachus, Pdlao-
phrynos, Palaophilus, Andrias^ Chelydra, et Opkis; parmi les Pois-
sons, les genres Esox, Aeanthopsis, Cobites, Bhodeus, Asphu^ Gohhu,
Cyelurus et Tinea; parmi les Crustacés, les genres Banina^ Oniscus
et Porcellio; parmi les Mollusques gastéropodes, les genres ClaMMtlia et
Cuvieria ; parmi les Lamellibranches, les genres Gnathodon et Polia;
parmi les Foraminifèresjes genres Orbiilina, Oolina et Planorbulina,
§ 2526. De ces genres, ceux qui naissent et meurent dans Tétage
sans passer à Tépoque actuelle, seront autant de caractères positifs
qu'on pourra invoquer pour la distinguer. Ces genres, au nombre de 31,
sont les suivants : Parmi les Mammifères , les genres Protopiihecus,
Speothos, Similodon, letieyon, Palœcospalax , Spalaeodon, LeucKo-
phoruty Theridomys, Glossotherium, Glyptodon, Chlamydotherium,
Lonehophorus, Pachytherium, Euryodon, lenurus, Megatherium, Me-
galonyx, MylodoHy Sœlidotherium, Plat y onyx, Cœlodon, Potamohip'
piii, Elasmotherium et Merieotherium; parmi les Oiseaux, le genre
Dinornis; parmi les Reptiles, les genres Testudinites, Palœobatrachus,
Palœophrynos, PaJœophilus et Andrias; parmi les Poissons, le genre
Cyelurus, Nous avons encore, comme caractères distinctifs, les genres,
au nombre de 21, qui, nés antérieurement, après avoir vécu plus ou
moins longtemps, s'éteignent encore dans l'étage subapennin sans ar-
river à l'époque actuelle. Ce sont, parmi les Mammifères, les genres
Chœropotamus, Hyotherium, Palœotherium , Anoplotherium , Toxo^
don, Metaxytherium, Mastodon, Hoplofherium ; parmi les Poissons, les
genres Oxyrhina et ^can^/)0MPmu5; parmi les Rryozoaires, le genr
CHAP. VI. — VINGT-SEPTIÈME ÉTAGE : SUBAPENNIN. 811
Ceriopora; parmi les Échinodermes, les genres Pygurus, Ârbacia,
Hemiaster et Runa; parmi les Zoophyles, les genres Clausastrea, Ce"
ratotrochus et Stephanophyllia ; parmi les Foraminifères , le genre
Pyrulina, Nous aurions dès lors 52 genres pouvant donner des ca-
ractères positifs difréredliels entre Tétage subapennin et l'époque ac-
tuelle.
§ 2527. Caraotèref paléoniologiquet tiret def Mpéoes. Indépen-
damment d'un très-grand nombre d'espèces d'Animaux vertébrés et an-
nelés; indépendamment des Plantes non moins nombreuses, noos
avons, seulement en Animaux mollusques et rayonnes , le nombre de
606 espèces, dont nous donnons, dans notre Prodrome de Paléontologie
ttratigraphique universelle^ t. 3, p. 164 et suivantes, les noms discutés,
la synonymie et l'indication des principales localités où elles se trou-
▼ent. Un nombre considérable d'espèces ont été indiquées dans cet
étage, comme étant des analogues d'espèces actuellement vivantes. —
Nous avons reconnu qu'une grande partie de ces analogues étaient
basés sur de fausses déterminations. Néanmoins, sans vouloir répondre
que quelques espèces ne se sépareront pas encore des espèces vivantes
dont on les a rapprochées, voici les plus certaines :
MOLLUSQUES.
No* du Prodrone.
Argonauta hians. t
Acteon tornatiiis. 69
Trochus magus. 87
— conulus. 95
Turbo rugosus. iOO
Haliotistuberculata. 104
Ovula spelta. 114
Marginella clandestina. 115
— miliacea. 116
Eratolsvls. 117
Mitra ebenus. 118
Cbenopus pes-pelicani. 143
Pleurotoma reticuiata. 158
Murex brandaris. 187
Ranella reticularis. 195
ïriton nodiferum. 303
— scrobiculator. 204
Nassa Neritea. 226
Buccinum maculosum. 231
Crepidula convexa. 248
— glauca. 248"
MOLLUSQUES.
NiM du Prodrone.
Crepidula plana. 248'"
Fissurella graBca. 249
Emarginula fissura. 250
Umbreila mediterranea. 267
Lutraria elliplica. 275'
Gastrochaena dubia. 279
Saxicava arctica. 280
Solecurtus strigilatus. 283
Polia legumen. 284
Mactra Lisor. 286
Mactra rugosa. 288'
Corbula glbba. 336
Cardium aculealum. 349
— echinatum. 351
Isocardia cor. 360
Nucula margaritacea. 364
Pectunculus glyclmeris. 368
— pilosus. 372
Lithodomus iithophagus. 391
Janira Jacobœa. 413
— maxima. 4i4
812 QUATRIÈME PARTIK. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
No* du Prodrome
Ostrea cochlear.
424
— navicularis.
430
Eschara fuliacea.
438
Defrancia mediterranea.
442
Myriozoum truncata.
443
ZOOPHYTES.
Cyathina pseudoturbinolia. 470
FORAMINIFÈRES.
NO* du Prodrome.
497
â07
510
525
535
540
567
Nodosaria floscula.
Marginulina hirsuta.
Crislellaria cassis.
Robulina Ariminensis.
RolaliaSoldanii.
Globigerina bulloides.
Textularia lœvigata.
Si nous ôtons des 606 espèces mentionnées dans notre Prodrome,
d'abord les 28 espèces, indiquées à tort ou à raison, comme passant
de l'étage falunien à l'étage subapennin (§ 2506) et les 55 espèces de
l'étage subapennin signalées comme analogues des espèces actuelle-
ment vivantes, en France (i), en tout 83, il ne restera plus que 523 es-
pèces caractéristiques ; nombre assez considérable, surtout quand il se
joint à une grande quantité d'espèces d'Animaux vertébrés et annelés,
et à 212 espèces de Planles, pour prouver la valeur de cette dernière
époque, qui nous a précédés sur le globe.
§ 2528. Pour prouver l'identité d'âge des dépôts de TAstezas et des
autres parties de ritalie avec les dépôts des environs de Perpignan,
nous citerons les espèces suivantes, qui se trouvent simultanément sar
les deux points, et sont les plus caractéristiques.
MOLXUSQUES.
MOLLUSQUES
No» du Prodrome.
N»»' da Prodrome.
Scalaria clathra.
47
Conus Brocchii.
131
— muricata.
49
Conus striatulup.
139
Turritella quadricarinata.
57
Strombus Mercali.
142
— varicosa.
58
Murex turritus.
186
— vermicularis.
59
Ranella submarginata.
193
Eulima polila.
65
Nassa con global a.
221
Rlngicula marginata.
72
— variabilis.
230
Natica millepunctata.
74
Terebra Astezana.
233
Slgaretus subhaliotideus.
8(»
Teliina nitida.
293
Phorus crispus.
81
— compressa.
298
— infundibulum.
S3
Arcopagia gigantea.
303
Trochus sublimbalus.
92
Leda subroslrata.
309'
Solarium simplex.
97
Venus la?vis.
315
Cancellaria varicosa.
123
— Auassizii.
318
(1) Nous ne pouvons rien dire du nombre d'esporos TossiVs des Éluts-Unis. citées par M. Con-
rad coiniiie identiques aux espèces acluellemunl viviinles, n'ay;uil pu en vérifier Pidenlilé.
C»AP. VI. - VI^GT-SEPTtËlHK ElAGIi: ; SUBAPEHNIA. BU
Venus Genel.
Cai'dlta peclinata.
Pectunculus Ineubrlcus.
Arca subanlIquBla.
Pinna teiragonB.
Peclen duliuâ.
Terebraiula bipanila.
ËCHIHOUeaMES.
Schiiaster acil1«e.
Spaiangug Sicului.
Flabellum Micbeliol.
Balanophyllla IUlica.
NouB donnon» Ici quelques exemples de la Faune de l'époque
peniiLne(/ij|. GI3 à fiî6)
814 QUATRrËIIK l>ARTIl!:. - SUG0ES»10N CHHOKOLOGIQtlIi.
CHAP. VI. - VLNGT-SEPTlEME ÉTAGE: SUBAPENNIN. 8I£
g ?à!fi. Ohradologie bûtori^e. La perturbalion géiilo;lqiie qui a
i» Un i l'étage falunien (§ !&I0! a également éteint 00 genres d'ai
BIS QUATKIËHK PAHTIK. - SUCCESSION GHR0^OLOGIQUË.
(§ !S0&), le nombre connu de 3133 eapèces d'Animaux molluaques el
rayonnes (g I&OT) et :09 etpècw de Plantes qui, irec In eipècea mul-
tfpliéei d'Animaux miébttt eianMl«i,compoulent la Pannn et la Flore
r.HAP. VI. - VINGT SLPTII-Mb ETA).E SUBAPINNIN 81T
SIS QUATKIËHK PAKT1K. — SUC<:i':S5l<IN CHHONULUtilQUK.
de cette époque. Après celle commolinn générale i la surface tie
■erre, oui apparu avec la période suliapennine, pour repeupler
terre, 93 genres 4'hn\iw.\i VnumnuB aox étaget anlérieuri (g I&I
CHAP. VI. - VINGTSEPTIÈMK ÉTAGE : SUBAPENNIN. 8l9
composés d'un grand nombre d'espèces d'Animaux vertébrés, d'Animaux
annelés, de 578 espèces d'Animaux mollusques et rayonnes, et d'envi-
ron 212 espèces de Plantes toutes nouvelles.
A la un de l'étage falunien {voyez étage 27 de notre carte, fig. 568),
les mers ont eqcore complètement changé de lits en Europe et prin-
cipalement en France. Les trois mers qui couvraient les bassins lige-
rien, pyrénéen et méditerranéen se sont complètement desséchées.
De toutes ces mers, nous ne trouvons plus en France, sur les continents
de l'époque actuelle, qu'une petite portion occupant le bord de la Mé-
diterranée, dans les Pyrénées-Orientales et dans PHérault, près de Mont-
pellier. On voit, dès lors, qu'en France la forme des mers, à celte
époque, différait, seulement sur ces deux points, de la circonscription
des mers actuelles ; mais elles couvraient l'Astezan, en Piémont, une
partie de l'Italie, les environs de Vienne (Autriche) et une grande par-
tie de l'Europe orientale.
§ 2531. Les continents sont, par la même raison, complètement dif-
férents de ce qu'ils étaient pendant l'époque falunienne. Lors de la
surélévation de la chaîne des Alpes, les parties de la Suisse, de la Sa-
voie, du Jura, de l'Ain, de l'Isère, des Hautes et Basses-Alpes, de la
Drôme, deVaucluse et des Bouches-da-Khône , restées le domaine
des mers, pendant toutes les grandes périodes jurassiques, crétacées
et tertiaires, surgissaient en un hors des eaux et faisaient partie des
continents. Les mers se sont, en même temps, retirées du bassin
pyrénéen, depuis longtemps aussi recouvert par les eaux, et du bassin
ligérien, qui, éphémère comme l'étage qui l'avait produit, ne dore que
pendant l'étage falunien, pour être remplacé de nouveau par une por-
tion continentale. En résumé , les continents , comme les mers, à
l'époque subapennine, différaient à peine en France, pour leur circon-
scription, de la nature actuelle.
§ 2532. Les mers étaient alors peuplées des mêmes genres d'Animaux
qu'à l'époque précédente (§ 2511). A peine nous montrent-elles, avec
quelques genres nouveaux de Poissons, tels que Gobitu, Cyclurus, etc.,
trois formes nouvelles de Crustacés, parmi lesquelles les OnisetUt les
Porcellîo ; quelques genres de Mollusques [Cuvieriay Pôlia)^ de Fo-
raminifères [Orhulinaf Oolina ei Pianorbulina), La Faune marine est,
pour ainsi dire, sans couleur tranchée.
§ 2533. Les continents, au contraire, étaient animés d'une Faune
composée d'un grand nombre d'êtres aussi remarquables par leurs pro-
portions que par leurs caractères. Les Mammifères dominaient sartout.
C'est alors qu'avec beaucoup de genres différents (§ 2525) des époques
antérieures et différents de la Faune actuelle, parmi lesquels se remar-
quaient les Glyptodony les Megatherium^ les Megalonyx, les Jfy/odQti,
820 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
les Mastodon, aux formes massives, venaient déjà se mêler 4e8 genres qui
ont survécu jusqu'à nous, tels que les Éléphants {Elephas)^ les Hippopota-
mes , les Chameaux, les Girafes, les Chevaux, les Tatous, etc., etc. Beau-
coup d'Oiseaux animaient la campagne ; en même temps que des Reptiles
multipliés,' au nombre desquels, comme pour rivaliser avec ces gigan-
tesques Mammifères que nous avons cités, se trouvait la fameuse Sala-
mandre d'OËningen (^ndrtax), encore plus extraordinaire pour sa taille,
comparée à ce que nous connaissons aujourd'hui. Pour nourrir ces
énormes Animaux herbivores, qui couvraient notre sol, de Tltalie jus-
qu'à la mer Glaciale, Animaux qui ne se trouvent plus maintenant que
dans les régions tropicales les plus favorisées sous le rapport de la vé-
gétation, la nature devait offrir la Flore la plus variée et la plus luxueuse.
Voici, du reste, ce que nous connaissons aujourd'hui de cette Flore de
rétage subapennin, d'après les savantes recherches de M. Brongniart.
Nous indiquons ici, faute de place, le nombre des espèces de chaque
genre par famille.
Cryptogames ampbigènes.
ALGUES.
Confervites.
1
Sphserococcites.
1
CHAMPIGNONS.
2
2
Ayiomiies.
Sphsrites.
Cryptogames aorogènes.
Muselles.
1
FOUGÈRES.
Adianluni.
1
Pleris.
1
Goniopleriles .
1
TaBniopteris.
1
LYCOPODIACÉES.
Isoetites.
1
EQUISÉTACÉES.
Fx|uiselum.
1
nionoootylédones .
NAÏADES.
Polamogeiton.
1
GRAMINÉES.
Culmites.
I
CYPÉRACÉES.
Cyperites.
1
LILIACEES.
Smilacites.
1
Dicotylédones gymnospermes.
CONIFÈRES CUPRE8SINÉES.
Callitrites.
•2
Widdringtonites.
1
Taxodites.
3
Thuioxylum.
3
CONIFÈRES ABIÉTINÉRS.
Abielites.
3
Pinites.
9
Peuce.
1
Eleoxylon.
4
CONIFÈRES TAXINÉES.
Taxiles.
3
Taxoxylum.
2
Salisburia.
1
Dicotylédones angiospermes
•
MYKICÉES.
Comptonia.
4
Myrica.
1
BÉTULACÉES .
Belula.
2
Alnus.
4
CHAP. VI. — VINGT-
-SEPTIÈME ETAGE : SUBAPENMN.
821
CUPULIFÈRES.
Phaseolites
4
Quercus.
13
Gledilschia.
1
Quercinium.
3
Bauhinia.
1
Fagus.
3
Cassia.
4
Fegonium.
1
Acacia .
1
Carpinus.
2
Mimosites.
1
ULMACKES.
ANACARDIÉES.
Ulmus.
7
Rhus.
8
Ulminium.
1
JUGLANDÉE8.
Cellis
1
Juglans.
7
BAL8AMIFLUE8.
RHAMKÉES.
Liquidambar.
3
Karwinskia.
1
SAL1GI^ÉES.
Khamnus.
b
Populus.
5
Ziziphus.
2
Salix.
5
Paliurus.
1
LAURINÉES.
Ceanothus.
5
Daphnogene.
CÉLASTR1NÉE8.
THYMÉLÉES.
Celastrus.
3
Uauera.
ËYonymus.
1
SANTALACÉES.
SAPINDAGÉES.
Nyssa.
Sapindas.
3
CORNÉES.
ACÉBINÉES.
Cornus.
Acer.
14
MYRTACÉE8.
Acerinium.
i
Myrtus.
TILI ÂGÉES.
CALYCANTHÉES.
Tilia.
1
Calycanthus.
MAGNOLIAGEES.
POMACÉKS.
Pyrus.
3
Lirlodendron.
1
Gratsgus.
GAPPARIDÉES.
Goloneaster.
Gapparis.
1
KOSACtES.
SA POTÉES.
Kosa.
Symplocos.
1
Spiraea.
Styrax.
1
AMYGDALÉES.
0LÉACÉE8.
Prunus.
Fraxinus.
1
Amygdalus.
EBÉNAGÉES
LÉGUMINEUSES.
Diospyros.
1
Kobinia.
1
ILICINÉES.
Cytisus?
2
llex.
6
Amorplia.
1
Prinos.
1
Glvcvrrhiza.
1
Nemopanthes.
1
822 QUATRIÈME PAHTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
ERICACÉE8.
ithododendron. l
Aznlea. i
Andromeda. I
Vaccin ium. 3
Ledum. I
§ 2534. Zones isothermes. En arrivant à l'époque qui nous a pré-
cédés sur la terre, nous croyons devoir conclure relativement aux lignes
isothermes des âges géologiques. Nous avons vu aux terrains paléo-
zoiques (§ iGG8),que les mêmes Animaux, les mêmes Plantes, avec le
caractère d'une Faune et d'une Flore tropicales, s'étendaient, pendant
cette période, de la zone torride actuelle jusqu'aux régions polaires.
Nous reconnaissons la même distribution, lors des grandes périodes des
terrains jurassiques (§ 1883) et des terrains crétacés (§ 2163). Avons-
nous trouvé des changements pendant les étages tertiaires? Ce que
nous avons dit aux étages suessonien (§ 2436), parisien (§ 2460), et sur-
tout à l'étage falunien (§ 2513), prouve déjà que, durant toutes les
époques antérieures à l'étage subapennin, les lignes isothermes actuelles
n'existaient pas, étant neutralisées par la chaleur propre à la terre.
Voyons maintenant ce que nous donne l'étage subapennin. Commençons
par la Faune marine.
La Faune marine de l'étage subapennin renferme, dans l'Astezan et
à Perpignan, un grand nombre d'espèces des genres Phorus, Solarium^
Cyprœa, Mitra, Cancellaric, Conus, Strombus, Fusils, PyrtUa, Fas^
eiolaria , Terehra, Perna , Chama , Plicatula , Brissus , Flabel-
Ium, etc., etc., composant une Faune qui ne se rencontre plus aujour-
d'hui que sous la zone torride et dans les régions les plus chaudes des
mers actuelles Nous aurions donc encore, pour l'étage subapennin,
des faits analogues à ceux qu'on observe à toutes les époques, depuis le
commencement du monde animé.
Lorsque nous voyons tous ces genres, propres seulement aux régions
chaudes, se rencontrer aujourd'hui dans l'étage parisien à Paris, à
Londres, en Belgique jusqu'au 52° de latitude; dnns l'étage falunien de
la Touraine, de Cassel, de Vienne; dans l'étage subapennin de Perpi-
gnan, del'Astezan, avec tous les autres êtres qui caractérisent les Faunes
tropicales, et qu'on ne trouve plus que là, aujourd'hui, nous sommes
forcé de conclure que, tandis que ces Faunes existaient à Paris, à Lon-
dres, en Belgique, en Italie et en Autriche, ces différents points jouis-
saient d'une température égale à la température actuelle de la zone
tropicale. Ces faits, reconnus jusque dans l'étage subapennin qui nous
a précédés sur la terre, prouvent, on doit le croire, que la chaleur propre
à la terre s'est maintenue dans les mers d'Europe, jusqu'à la dernière
période géologique, et a neutralisé, jusqu'à celte époque, l'influence
de la température que les lignes isothermes actuelles donnent à la
Franco, à TAngleierre ViVkV\\«\\%.
CHAP. VI. - VINGT-SEPTIÈME ÉTAGE : SUBAPENNIN. 823
Peut-on expliquer ce fait par l'influence des courants d'eau chaude,
qui aurait échauffé ces diverses parties des mers européennes? Nous
ne le pensons pas : d'abord, parce que les courants, comme nous
rayons dit (§ 113), n'ont qu'une action partielle, très-limitée, tou-
jours exceptionnelle, jamais générale ; ensuite, parce que, malgré les
changements considérables de forme qui ont eu lieu dans les mers
des diverses époques tertiaires, changements modifiant constamment
les courants, on voit toujours se succéder, sur les mêmes régions,
pendant les étages suessonien, parisien, falunien et subapennin,
les mêmes Faunes tropicales, ce qui prouve une action continue et non
une action exceptionnelle. Une preuve sans réplique nous reste encore.
Les courants d'eau chaude ou froide peuvent modifier la Faune ma-
rine côtière ; mais ces courants n'ont qu'une influence très-faible sur
la Faune terrestre contemporaine, le soleil exerçant partout son action,
comme nous avons pu le reconnaître en Amérique- Quelle était la faune
terrestre contemporaine des étages parisien (1), falunien et subapennin
en France, en Angleterre et dans le reste de l'Europe? Elle offrait, en
même temps que ces genres marins des régions chaudes, sur les con-
tinents de ces époques, des Singes, des Rhinocéros , des Tapirs, des
Éléphants, des Hippopotames, des Girafes, propres, aujourd'hui, seule-
ment aux régions tropicales, avec beaucoup d'êtres perdus, que leurs
caractères zoologiques placent à côté de ceux-ci, également dans des
régions chaudes, comme les Palseotherium, les Anoplotherium,les Mas-
todqn, etc., etc. On doit donc croire que cette température tropicale
existant en France et dans le reste de l'Europe, jusqu'à l'époque qui
nous a précédés sur la terre, dans les mers et sur les continents, était
la température de ces régions et non le résultat de l'influence des cou-
rants.
En résumé, il paraîtrait prouvé que, jusqu'à cette époque antérieure
à notre création , la chaleur centrale avait assez d'action pour neu-
traliser l'effet de la latitude ; aussi le cantonnement isotherme des Fau-
nes paratt-il appartenir exclusivement à notre époque. Il en est de
même du morcellement actuel des Faunes côtières de toutes les par-
ties du monde.
§ *2535. L'étage subapennin, si nous en jugeons par le nombre
des dépouilles de grands Mammifères qu'il renferme, surtout en
Russie, parait avoir été remarquable sous ce rapport; mais, la nature
ne devant pas toujours se maintenir en repos, il s'opère un dernier
mouvement qui, bien plus considérable que les autres, donne à la
(1) La Flore terreslre éliidiée par M. Bowerbank, dans r«>lage parisien de Kilo de Sheppeyi esl
Iniiic des ré<rions tropicales.
S24 Qt'ATRIÊll£ PAKTIE. — SUCCESSION CURONOLOGIQUK.
Cordillère des Aodes 80d grand relief d'aojoordliai. D'immenses affais-
sements ayant eu lîeo an ««'in du grand Océan, la Cordillère, par suite
d'un mouTement de bascule, se disloque sur àO d^rés de longueur
dans la direction du N. 5" E. au S. o* 0.; et prend TéléTation actuelle
que nous appelons SysUwu chilien. C'est alors que son axe, béant sur
quelques points, par suite d'une forte pression latérale, donne issue aux
matières trachytiqoes incandescentes qui débordent et envahissent plu-
sieurs points de la crête de cette Taste chaîne. Une dislocation de bù** ou
de 1 250 lieues de longueur , qui a produit une des plus hautes chaînes
du monde, n'a pu avoir lieu sans déplacer proportionnellement les eaux
marines. Balancées alors avec force, celles-ci ont envahi les continents,
anéanti et entraîné les grands Animaux terrestres de la Faune suba-
pennine, en les déposant avec les particules terrestres, à toutes les hau-
teurs dans les bassins terrestres, dans les cavernes et dans toutes les
cavités où les eaux pouvaient pénétrer (§ 3521). M. Élie de Beaumoni
regarde comme correspondant à la fin de Tétage subapennin, la dislo-
cation qu'il désigne comme son Système de la chaine principale des
Alpes, dont la direction est de TO. 16** S. à TE. 16** N. et qui a donné
aux Alpes la forme que nous leur connaissons. On voit que les chan-
gements qui se sont opérés à la surface du globe sont bien suflOsants
pour expliquer Tanéantissemeot des grands Animaux terrestres qui nous
ont précédés sur la terre, et la fin de l'époque qui nous occupe.
SEPTIEME CHAPITRE.
SIXIÈME ÉPOQUE DU MOKDE ANIMÉ.
TemlBfl «•■S«Hip«ratea mm de l'ép»%«e aetaelle*
Apparition de la Faune et de la Flore marines et terrestres, contem-
poraines de l'HOMME, et existant maintenant sur le globe terrestre.
§ 2536. Nous réunissons sous le nom d'étage contemporain tons les
faits géologiques qui, accomplis dans la mer ou sur les continents, ont eu
lieu depuis rapparition de la Faune actuelle et de l'homme sur la terre.
§ 2537. Synonymie. Partie des Terrains quaternaires de M. Des-
noyers; Terrains quaternaires de M. Marcel de Serres, de M. Reboul;
le nouveau Pliocène, la Période récente, de M. Lyell; le Groupe mo'
deme de M. de la Bêche; le Terrain moderne de M. d'Omalius; la
Période jouienne et partie des AUuvions de M. Brongnlart; la Partie
supérieure des Terrains clysmiens et des Terrains modernes de M. Huot;
les Terrains diluviens terrestres et marins de M. d'Orbigny (Amérique
méridionale) ; TAllurial depos\t\ de M. Gidéon Mantel ; le Postdilurium
CHAP. Vil. — TERRAINS CONTEMPORAINS. 82i>
de plusieurs auteurs ; le Loess et le Lehm des bords du Rhin de MM . Brown i
et Lyell ; le Pleistocene marine et le Pleistocene Freshwater de M. Morris
(Catalogne) ; le Drift des géologues américains.
Type, les buttes de Saint-Michel-en-l'Herm (Vendée); Nice; Sicile;,
Monaco.
§ 2538. Extension géographique. Les faits géologiques de l'époque
actuelle se divisent, suivant leur nature, en dépôts marins et dépôts ter«-
restres. Commençons par les premiers. On trouve des dépôts marins
contenant des Coquilles marines identiques aux espèces vivantes, mais
au-dessus du niveau actuel des mers, sur une infinité de points du globe^
ou, pour ainsi dire, sur toutes les côtes du monde. Nous allons, pour le
prouver, en citer quelques exemples. On trouve en France, dans le golfe
de Luçon (Vendée et Charente-Inférieure), d'abord les fameux bancs
d'builres de Saint-Michel-en-rHerm, élevés de 10 à 1& mètres au-dessus
du niveau de la mer, et à 6 kilomètres dans la terre;. puis des Coquilles
marines se remarquent à 8 et 10 lieues de l'Océan, à 1 Isle-d*Elle, .
au-dessus de Marans, et dans le canal de la Banche. M. Jardine a
trouvé, à Figgate-Whlns (Écosse),.des Huîtres à quelques pieds au-dessus
du niveau actuel de la mer. En Angleterre, on en cite dans le Cornwall »•
le Devonshire, etc.
Les bords de la Méditerranée en montrent sur une infinité de points.
A Monaco, un grand nombre de Coquilles de la Méditerranée se trouvent
bien au-dessus du niveau de la mer, dans une roche souvent assex com-
pacte. On en voit près de Nice , à la presqu'île de Saint-Hospice^ à
18 mètres au-dessus de la mer. M. de la Marmora en a rencontré en
Sardaigne, près de Cagliari, avec de la poterie grossière , à 50 mètres
au-dessus de la mer, et à l lieue de distance; les Huîtres (Ostrea
edulis) étaient encore fixées aux rochers. On les voit en Sicile, à Pa-
terme, à 7 mètres; aux environs de Pouzzoles, près de Naples. avec des
poteries et des sculptures. M. Beudant dit même qu'on reconnaît des
Coquilles identiques aux Coquilles marines actuelles, jusqu'à la hauteur
de 700 mètres au-dessus de l'Océan. Nous pourrions citer un grand nom-
bre de localités de l'État romain, de l'Algérie, des bords de l'Adriatique;
mais nous nous contenterons d'indiquer quelques points de la Grèce,
étudiés par MM. Boblaye et Virlet : le fort Nauplie, où des lignes de
perforations de Lithodomes (§ 791} se trouvent à 5 mètres au-dessus cTes
eaux ; la presqu'île de Malée, les plaines au-dessous de Tirynthe, etc.
Les bords des mers du Nord ont offert des gisements très -remarqua-
bles. On se souvient que M. Kellhau, dans ses importants travaux, a
cité depuis longtemps, auxenvirons de Christiania (Norvège), la curieuse
colline de Saint-Hans Hoien, visitée plus tard par MM. Scheever, Bœck ,
de Buch, Murchison, Forchhammer, Durocher, Desor, Frapolli, où, à la
826 QUATRIÈME PARTIE. — SUCGiCSSlON CHRONOLOGIQUE.
hauteur de 56 mètres au-dessus de la mer, se Toient des Serpules atta-
chées à la roche. M. Robert a découvert à 3 et 4 lieues de Christiania,
sur la route de Dranimen, près du hameau de Gyssestad, des Coquilles
perforantes qui forment une bande à 50 mètres au-dessus des océans.
M. Scheeier en a également reconnu, à la même hauteur, près de Bre-
wig, dans la Norwége méridionale. M. Brongniart, depuis longtemps,
avait observé à 70 mètres au-dessus de la mer, à Uddewalla, en Suède,
des bancs de Coquilles Identiques aux Coquilles marines de la Baltique.
MM Murchison, de Verneuil et de Reyserling ont rencontré sur les
bords de la Dvina et de la Vaga, en Russie, à 100 lieues de la mer
Blanche, des couches marines contenant les mêmes Coquilles marines
qu'à Uddcwalla. On cite encore des points où les Coquilles mari-
nes s'élèvent jusqu'à 140 mètres au-dessus des eaux actuelles. Ces faits,
joints aux beaux travaux de MM. Keilhau et Bravais sur les anciens
niveaux dans la mer du Finmarck, en Norwége; en Suède, entre Alten
et Stockholm; au Spitzberg, etc., démontrent le changement de niveau
des dépôts marins.
Les rivages occidentaux et même quelques points assez éloignés des
côtes de Tocéan Atlantique, montrent encore des dépôts marins de notre
époque. Les travaux du capitaine Bayfield, illustrés par M. Lyell, prou-
vent qu'il en existe au Canada, dans le golfe de Saint- Laurent, de 10 à
100 mètres au-dessus de la mer. Le Drift de Montréal, avec Mya trun-
eata, le prouve encore, ainsi que le Drift des environs de Ne^-York, qui,
au milieu de terrains considérables de transports superficiels, contien-
nent souvent le Venus mercenan'a des mers voisines. On connaît des
dépôts marins sur presque toute la côte des États-Unis, à l'île Anastase
(Floride), à l'embouchure du Potomac. ainsi qu'aux environs de Char-
lestown, par exemple. Les Antilles, surtout, offrent sur une inflnité de
points, des dépôts de Polypiers et de Coquilles identiques à ceux des
mers actuelles. M. delà Sagra nous a communiqué une belle collection
des environs de Cuba ; M. Holessier nous a également donné un grand
nombre d'espèces de fossiles identiques du Vieux-Fort, à la Guadeloupe,
et de Marie-Galante : il en existe encore à Saint-Domingue (au cap Haïtien),
à Saint-Christophe, où M. Maclure les trouva jusqu'à la hauteur de
500 mètres au-dessus de la mer. M. Martins les a reconnus à Bahia, sur
les côtes du Brésil. Les recherches de M. Darwin et les nôtres les ont
démontrés dans l'Amérique méridionale, sur les côtes des deux Océans.
Elles existent à Buenos-Ayres, à Maldonado, à Montevideo (république
de l'Uruguay), à la Bahia-Blanca, à la Bahia de San-Blas (Patagonie).
Sur le versant opposé, des dépôts de cette nature existent à Talcahuano,
à Coquimbo (Chili), à Cobija (à 10 mètres) (Bolivia), à Lima, à Arica
(Pérou), où nous avoix&Uouvédes zones salées jusqu'à 300 mètres au
CHAP. Vil. - TERRAINS CONTEMPORAINS. 827
dessus de la mer actuelle. M. Jack a encore cité des dépôts de celte épo-
que dans la Malaisie, aux lies de la Sonde, principalement à Tile Poulo-
Mas, près de Sumatra; on y voit des Tridacnes avec des Madrépores.
Onlen voit encore à Timor, à 300 mètres d'élévation ; à la Nouvelle-
Hollande, à la terre de Diemen, aux îles Mariannes, aux îles Sandwich, à
l'ile de France, etc^.etc.
§ 2àd9. Les dépôts terrestres de notre époque sont des plus variés ;
et comme ils rentrent dans les causes actuelles, que nous ftvons traitées
aux éléments stratigraphiques (§ 130 à 136), nous nous contenteront
d'indiquer les principaux qui ne sont plus dans leur position normale,
ou ceux qui forment de vastes étendues. Les Tourbes, évidemment
formées dans ies marais terrestres et qui se trouvent actuellement sons
les eaux de la mer, sont très-répandues. Nous en avons vu deux
exemples sur la côte de Normandie : Tun entre Villers et Bénerville, où
la tourbe apparaît seulement lors de la basse mer; l'autre auprès de
Criquebeuf (Calvados). Il en existe près de Morlaix (Finistère). On en
voit encore en Angleterre dans le Cornwall, près de Pensance ; dans le
Lincolnshire, près de Sutton ; aux environs de Peebles et de Friih-'of-
Bay (Ecosse], et en Islande.
§ 2540. Parmi les dépôts terrestres, se placent ces alluvions ré-
centes qui couvrent les dépressions du sol de tous les pays. Elles
sont surtout considérables dans les vallées de certaines rivières, dont le
cours se ralentit momentanément, comme dans la Saône, entre Châlon
et Trévoux, et déposent ces sédiments fluviatiles appelés lehm, qui se
retrouvent encore dans la vallée du Rhin, à Hagenbienten, près de
Strasbourg, et du Rhône. D'autres fois, ces dépôts, produits des lavages
du sol, ont pénétré dans les cavernes et les autres anfractuosités ter*
restres et ont formé soit des brèches osseuses , comme aux environs
de Bastia (Corse) , dans le Card, près de Pondre, ou se sont mélangés avec
des sédiments marins, comme à la base du château de Nice. C'est, ainsi
que nous l'avons dit ailleurs (§ 197), avec ces dépôts terrestres, et
même dans les dépôts marins de cette époque qu'ont été recueillis les
ossements humains, ou les produits de Tindustrie, trouvés à l'état fos-
sile.
§ ?54L StratifioatioB. Nous citerons ici un fait d'une très-haute
importance, qni ressort évidemment du gisement des couches con-
temporaines marines, par rapport au niveau des mers. On admet géné-
ralement que le niveau des mers est invariable (à la condition, toute-
fois,qu'iln'y aura pas d'affaissements sous-marins considérables, § 1881),
et de ce niveau constant des eaux on a conclu, avec raison, que les
côtes se sont exhaussées inégalement sur différents points du globe.
D'un autre côté, on admet encore que la discordance de stratiûcatlon
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■»in'.'.n."if«.--n VAnM^a- . ('•t|)pn^-A|l<| «ff^p , .>f|._ QTRIItrPli f'ii*. "es
•rfV ■rt'»''na -.-nt.kri^nt .»« -!pr;nnîilP!K(1P!K «"••«Tlliiln rTHIfllWS a¥«»€ leurï
V,. «n.«-: .ff\9 .?srii]t'n»s -*r*p p >99fcl^ "nr m 'imiMil l'airaire. i{ai '^n
r^rt^t* jnp -r.^hp T'or* • ."•»f»î»'. fin«t Tu*««n > r«it i Lvnn, «or les
'f.*f* !•■ •:!.■•■ ii#<. • .qr ',iiidi#»nra ;viint4 i#!t .'koft'Hi •)« :• .^féditeminee.
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-K-ï/ir.;» %*'•:« ,.-'.nj ^•n^nntri» ,i»^ (T*^i]i)i«^ •'ntii^rcfnent •léenlorws pt
r* , •,:♦ t^.-. rr.r^ ^it,-, .^triiir»p-s iP TtiJaiit ip .-iiiifatp ie 'haoT.
h«« #»» ■f.no'r.t'^ f^i^pinpa t^ ;i D9»h>a 1«* '^an-W»*. ««n Païasonie. Le?
f<«y,». '-/,'.**»«.v "■*"»« <*a pin* «■**^*Tai!*bi«î«. viM le rapport itn chan-
y^ffff* 'Tir''- if» j'i»»' .'.nt .^piiT i^fl <*nvlronji 4<î la ville ))e < Jiha. •*!
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pt '»**« nriMil'»'», '^'imm" on '<*« voit «i»M Ions iea âiwfl géoiosiqiies, jiw-
q»',iiir filtra :in^î*»n« r<»a ^alrairoa, qui re«fiembleiit a THace enrnllien
IMiinte de Frafioe, «ont la preuve aaiu réplique que le àes^
■lÈt irnivté fit de tranuforiuatiou éee <l€ipOl« eédimeDUiree n'est niili«-
«D ngiportarec leur «Bciennelé relative; fart qui âéDMsftre wme
àe plus le peu de viileur qu*ot) duit accorder aox caractères misera-
des eoudotes applkfuéii à l'âi^
f :?»i2. Bbi «■aflMMM J« mL Ob a défit^ de œtte mabière k»
iianiiiiiiiiiiili et kfi eUiatiaieœeots parlielfi^ d'inégale valeur, de qaelqaes
rptniÊt iilionun ou Doiili]ieDlaax« qui se acml manifeslés depuis Tépo-
■H: attuelie et qui «st pr<Mluit les dilTéreDces de niveao des dépôts
■■lin nijuiili'ii à r^es-ieimUm géographique (§:fStS). Koos allons nons
jactnperigiBoialeBHBt de ce genre de phénomèDei , de ses causes et
mtm^iSkiië ri).
■^«HAaanMHMoto J« mL On les a d'abord cHés sur les bords de U
aiÉlUQiih. à la péointule Scandinave, et dans le golfe de Rothnie. M. de
Eteit.'OBis ■■ voyage qu'il fit en Suède, en 1S09, a observé les coquil-
lèB'pli trâiVBt encore aujourd'hui sur la cdie, jusqu'à la hauteur de
an» ^jiïi^ cl il a acquis la certitude que les côtes de la Finlande éprou-
WÊtti 'lits exhaussements lents. M. Lyell, qui, en I8S4, visita le golfe
«lie BtitftBêe, se basant également sur les coquilles marines placées bien
de leur niveau actuel d'habitation, pensa que la péninsule
re éprouve des mouvements d'élévation graduelle. Ces faits, et
de surélévation que nous avons mentionnés aux couches
§ tS38), ne laissent aucun doute qu'il ne se soit manifeslé,
taiic les poinls du globe, des surélévations d'inégale valeur, dont
connues s'élèvent jusqu'à 700 mètres au-dessus de la
maintenant à constater, par des recherches spéciales, de
manière se sont opérés ces changements de niveau ; s'ils sont le
de mouvements lents ou de mouvements brusques.
§ 2SI4. Des mouvements lents. Les traces de mouvements lents
ils, de surélévations d'une côte, sont faciles à distinguer des mou-
brusques. Les mouvements successifs et continuels de surélé-
[d'une côte se distinguent, en effet, par une continuité de phéno-
identiques; ils forment ce qu'on appelle une côte en retraite, sur
laquelle on suit toujours et sans interruption^ de la pnitie la plus
âevée et la plus éloignée de la mer jusqu'à la côte actuelle, les dépôts
caractéristiques du niveau des hautes mers, reconnaissables au mélange
de toutes choses qu'ils offrent (§ 107), et le désordre de tous les maté-
riaux. Des côtes en retraite de diverse nature se voient sur quelques
il) Le 16 mai 1849, nous avons traité la quesl.on dtu oscilUliun< inoticrnoii cl aiicit>nnes, dans
nue lefon spéciale faite k la FacuUc des sciences de Haris.
II. 7
828 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
entre deux sériés de couches dénote des âges géologiques complète-
ment différents. Ne peut-on pas se demander si cette différence d'élé-
vation des dépôts marins de l'étage contemporain, par rapport au
niveau actuel des mers, ne constitue pas une véritable discordance?
11 est certain que, par les dépôts de tourbe terrestre actuellement
sous les eaux de la mer, on constate un affaissement réel de 5 à 10
mètres au-dessous du niveau actuel des marées; que de radtre, on
voit les dépôts marins s'élever du niveau supérieur de ces marées jus-
qu'à la hauteur absolue de 700 mètres au-dessus. Les points surélevés
par rapport à la ligne que forme le niveau actuel des mers représentent
donc une véritable discordance de stratification qui, bien qu'elle soit
peu de chose par rapport à l'ensemble, n'en existe pas moins réelle-
ment. Nous avons voulu faire ressortir ce fait important, afin de prouver
qu'ime légère discordance de strdtiflcation entre deux séries de cou-
ches, lorsqu'elle n'est pas en rapport avec les limites des Faunes que
renferment respectivement ces deux séries, ne peut pas toujours
dénoter une ditférence d'époques. Il faut donc que cette discordance
coïncide avec les limites des Faunes, pour qu'elle indique une différence
d'époques.
§ 2542. Composition minéralog^îque. On a vu aux éléments stratigra-
phiques(§ 78 à87)qu'il existe, dans les mers actuelles, des sédiments de
toute nature. No as ne reviendrons pas sur ce sujet, mais nous constate-
rons les changements que ces sédiments ont pu subir depuis le commen-
cement de l'époque actuelle. Des couches à l'état sédimentaire se trouvent
encore dans les dépôts marins des différents pays, comme à Saint-Mi-
chel-en-i'Herm (Vendée), à Udderwalla (Suède), etc. D*autres fois, ces
dépôts marins, contenant les dépouilles des Coquilles marines avec leurs
couleurs, sont agglutinés avec le sable par un ciment calcaire, qui en
forme une roche propre à bâtir, ainsi qu'on le volt à Lyon, sur les
côtes du Calvados, sur plusieurs points des bords de la Méditerranée,
en Sicile, et surtout aux Antilles, où ce genre de roche se forme, pour
ainsi dire, sous nos yeux, comme à la Guadeloupe, où M. Deville l'a
observé. Nous avons rencontré les Coquilles entièrement décolorées et
tout à fait décomposées, entourées de cristaux de sulfate de chaux,
dans les couches marines de la Bahia de San-Blas, en Patagonie. Les
dépôts contemporains les plus remarquables, sous le rapport du chan-
gement qu'ils ont subi, sont ceux des environs de la ville de Cuba, et
de la Guadeloupe, aux Antilles. Non-seulement les Coquilles sont dé-
composées, mais encore elles ont souvent disparu et laissent seulement,
au milieu d'un calcaire blanc, souvent très-compacte, des empreintes
et des moules, comme on les voit dans tous les âges géologiques, jus-
qu'aux plus anciens. Ces calcaires, qui ressemblent à l'étage corallien
CHAP. Vil. — TERRAINS CONTEMPORAINS. 829
de divers points de France, sont la preuve sans réplique que le degré
de dureté et de transformation des dépôts sédimentaires n'est nulle-
ment en rapport avec leur ancienneté relative ; fait qui démontre une
fois de plus le peu de valeur qu^on doit accorder aux caractères minera-
logiques des couches appliqués à l'âge.
§ 3543. Des otoîllations du toi. On a désigné de cette manière les
affaissements et les exhaussements partiels, d'inégale valeur, de quelques
points littoraux ou continentaux, qui se sont manifestés depuis l'épo-
que actuelle et qui ont produit les différences de niveau des dépôts
marins signalés à l'extension géograpliique (§3538). Nous allons nous
occuper spécialement de ce genre de phénomènes , de ses causes et
de ses effets (l).
Det ezhauttementt du sol. On les a d'abord cités sur les bords de la
Baltique, à la péninsule Scandinave, et dans le golfe de Bothnie. M. de
Buch, dans un voyage qu'il fit en Suède, en 1809, a observé les coquil-
les qui vivent encore aujourd'hui sur la côte, jusqu'à la hauteur de
200 pieds, et il a acquis la certitude que les côtes de la Finlande éprou-
vent des exhaussements lents. M. Lyell, qui, en 1834, visita le golfe
de Bothnie, se basant également sur les coquilles marines placées bien
au-dessus de leur niveau actuel d'habitation, pensa que la péninsule
Scandinave éprouve des mouvements d'élévation graduelle. Ces faits, et
tous ceux de surélévation que nous avons mentionnés aux couches
marines (§ 2538), ne laissent aucun doute qu'il ne se soit manifesté,
sur tous les points du globe, des surélévations d'inégale valeur, dont
les limites connues s'élèvent jusqu'à 700 mètres au-dessus de la
mer.
11 reste maintenant à constater, par des recherches spéciales, de
quelle manière se sont opérés ces changements de niveau; s'ils sont le
résultat de mouvements lents ou de mouvements brusques.
§ 2544. Des moa^emeiits lents. Les trares de mouvements lents
successifs, de surélévations d'une côte, sont faciles à distinguer des mou-
vements brusques. Les mouvements successifs et continuels de surélé'
vation d'une côte se distinguent, en effet, par une continuité de phéno-
mènes identiques; ils forment ce qu'on appelle une côte en retraite, sur
laquelle on suit toujours et sans interruption^ de la partie la plus
élevée et la plus éloignée de la mer jusqu'à la côte actuelle, les dépôts
caractéristiques du niveau des hautes mers, reconnaissables au mélange
de toutes choses qu'ils offrent (§ 107), et le désordre de tous les maté-
riaux. Des côtes en retraite de diverse nature se voient sur quelques
*
(1) Le 16 mai 1849, nous avons traité la quesl.on dc:i oscillaliun^ inudcrnes cl anciennes, dans
une leçon spéciale faite à la Faculté des sciences de Haris.
il. 70
830 QUATRIÈMK PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
points delà France. Nous citerons, comme exemple, les anses comprises
entre la pointe des Minimes et Angoulin; entre Angoulin et la pointe de
Chàteiaillon; entre celle-ci et la pointe du Rocher, et entre la pointe du
Rocher et de Fouras , sur la côte de la Charente-Inférieure , où l'on
suit soit les cordons littoraux successifs composés de galets, soit des
dépôts de gros sable et de coquilles brisées, sans interruption, du rivage
actuel de la mé^r jusqu'à une plus ou moins grande distance dans les terres,
sur des points aujourd'hui couverts de culture ou de prairies. Les côtes
qui ont éprouvé une surélévation lente successive sont donc faciles à
reconnaître par leur uniformité de dépôts, se reproduisant sans inter-
ruption en dedans des côtes actuelles.
§ 3545. Des mou^emenit brusques. La plus grande partie des points
surélevés de l'époque ectuelle dépendent, au contraire, de causes for-
tuites, et sont, sans aucun doute, le résultat de mouvements brusques par
rapport au niveau des mers actuelles. Il suffît, en effet, de jeter les yeux
sur les figures données par M. Darwin des anciennes côtes qu'il a si
bien observées dans l'Amérique méridionale, pour s'assurer qu'elles sont
le résultat de mouvements brusques successifs d'inégale valeur, qui ont
laissé sur le sol comme des gradins à chacun de ces mouvements (l).
Pour le prouver, prenons, sur le même continent, un point que nous
avons soigneusement observé dans ses plus petits détails. Nous avons
vu en Patagonie, dans le fond de la B.-ihia de San-Blas, au lieu dit
Riacho'del- [ngleSy ù 10 mètres au-dessus du lieu où elles vivent main-
tenant, et à 4 kilomètres de la mer, une quinzaine d'espèces de coquilles,
dans un sable vaseux, où elles ont toutes leur position normale d'exis-
tence. Toutes les Bivalves y sont entières et telles qu'elles ont vécu ;
les Solen, les Leda, les Venus et autres sont placés verticalement ; et
depuis qu'elles ont cessé de vivre sur ce point, elles n'ont assurément
souffert aucun dérangement. Le sol a donc, par suite d'un mouvement
brusque, été placé tout d'un coup à 10 mètres au-dessus du niveau que
ces coquilles habitent maintenant, sans avoir subi, en aucune manière,
Teffel de la vague sur une côte en retraite (§ 2544). Pour corroborer ce
fait, on voit, à 7 mètres environ, au-dessus de ces bancs sous-marins,
régner l'ancien lilloral, avec tous les désordres qu'offre toujours le
niveau des marées. Nous avons donc à la fois les bancs sous-marins et
les côtes de cette époque, placés à 10 mètres au-dessus de la côte
actuelle et sans intermédiaires. Si ces bancs et cette ancienne côte
avaient été surélevés par suite d'un mouvement lent et continuel, il y
aurait, du point supérieur des anciennes maréesjusqu'aux côtes actuel-
les, des ^ôtes en retraite non interrompues, et d'aucune manière des
(i) (itofogicfil ob.n-rr(itious on Sonlh y1iueiii(i,\i. 6, 7, S.
CHAP. VII. - TERKAINS CONTEMPORAINS. 831
coquilles encore dans leur position verticale; car le moindre mouve-
ment des eaux les aurait couchées sur le côté.
Nous citerons encore un point plus rapproché de nous, et qui est jus-
tement célèbre. Nous voulons parler des fameuses buttes d'huîtres dé
Saint-Michel-en-rHerm (Vendée), que M. Fleuriau deBellevue a si soi-
gneusement décrites en 1814. Nous y voyons le fait d'une brusque sur-
élévation de répoque actuelle.Voici sur qiiels faits nous nous appuyons :
les buttes de Saint-MIchèl-en-l'Herm ont environ 15 mètres de hauteur
(les plus hautes) au-dessus des marées actuelles, et l'on y remarque
] 1 à 12 mètres d'épaisseur d^huitres, en y comprenant les parties cachées
sous le sol actuel; elles couvrent environ un kilomètre de surface, en
trois buttes irrégulières. Ces amas sont formés d'huîlres, toutes avec
lewrs deux valves, dans toutes les positions, souvent retournées, amon-
celées avec les autres coquilles el les Crustacés qui vivent actuellement,
sur les bancs sous-marins; le tout parfaitement frais, sans aucun sédi-
ment intermédiaire, on le croirait amoncelé de la veille : car on trouve
souvent entre les huîtres des Crustacés entiers, qui s'étaient réfugies
dans les interstices qu'elles laissaient.
Lorsqu'on y compare les bancs d'huîtres actuels, on voit, de suite, que
les buttes de Saint-Michel ne sont pas dans une position normale d'exis-
tence. Les bancs actuels montrent toujours une couche mince, rare-
ment d'un centimètre, d'huîtres vivantes, ou, le plus sou vent, des huîtres
isolées sur les sédiments, mais jamais une grande puissance de ces
coquilles vivantes, les supérieures et les sédiments qui les entourent
devant nécessairement étoufiferles autres. Or les buttes de Saint Michel
montrent 11 à 12 mètres d'huîtres toutes vivantes à la fois, et sans sédi-
ments ; elles n'ont donc pas pu vivre ainsi, comme on l'a cru généra-
lement. La position des huîtres et l'inspection des lieux nous portent à
croire qu'elles ont àù être charriées par un courant résultant d'une
oscillation fortuite du sol. Voici nos preuves : en parcourant les envi-
rons, on voit, à une grande distance vers Luçon, des Iiuitres dans tous
les creusements de fossés, correspondant au niveau inférieur des buttes»
mais seulement sur une petite épaisseur comme sur les bancs actuels :
ce sont les bancs de cette époque. Les buttes sont placées en dehors, et
vis-à-vis du débouché que forme un détroit qui passe entre deux ancien-
nes îles. Vile de Saint-Michel-en-VHerm, et Vile de la Dune, Ne pour-
rait-on pas supposer que, durant une oscillation du sot, les huîtres ont
été charriées par des courants, d'autant plus rapides qu'ils se trouvaient
resserrés entre ces deux îles, et déposées en dehors, où ces courants,
n'étant plus resserrés, devaient cesser entièrement? La forme des buttes
viendrait confirmer cette hypothèse : elles forment, en effet, une pente
douce du côté damont ou du détroit, et une pente abrupte du côté op-
832 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
posé, en aval, comme se déposent tous ]es matériaux transportés par
des courants (§ 83}.
En résumé, les exhaussements lents forment des côtes en retraite; les
exhaussements brusques forment des gradins successifs.
§ 2546. Det affaistemeiiU. Si les points exhaussés sont toujours en
vue, il n'en est pas de même des affaissements côtiers, car ils sont
invariablement sous les eaux. Us pourront donc, dans l'époque actuelle,
le plus souvent être soupçonnés plutôt que prouvés. Nous croyons^
cependant, qu'ils doivent être bien plus nombreux que les exhausse-
ments, par suite de la force centripète et du tassement partiel que doit
opérer le retrait des matières qui résulte du refroidissement (§ 160 et
161).
M. de Beaumont croit devoir conclure de beaucoup de faits savam-
ment présentés, que les Pays-Bas ont dû s'affaisser graduellement. Des
affaissements considérables ont eu lieu en 1819 dans l'Inde, à l'embou-
chure de l'indus. Des affaissements lents ont lieu encore, de nos jours,
dans la Scanie, au Groenland, etc. Les tourbières de l'époque actuelle,
aujourd'hui sous les eaux de la mer (§2539), annoncent certainement un
affaissement local. Si, du reste, il pouvait y avoir quelques doutes à cet
égard, les monuments de quelques points nous en donneraient la preuve
évidente. On cite, entre autres, dans l'Ile de Caprée, le palais de Tibère,
qui est couvert par les eaux de la mer et s'est certainement affaissé ;
il en est de même de la voie antique de Baja, et des édifices élevés par
Agrippa. A Pouzzoles, les colonnes d'un monument regardé successive-
ment comme un temple de Jupiter, comme un temple de Sérapis, et
qu'on croit n'être qu'un établissement thermal, nous donnent à la fois un
alfaissement et un soulèvement. 11 a, sans aucun doute, été bâti sur un
point hors de l'ai teinte des eaux, et ne pouvait pas être à moins de
quelques mèires au-dessus du niveau de la mer. Son pavé se trouve
aujourd'hui au-dessous des eaux; mais trois colonnes en marbre
cipolin , encore debout , sont , à 3 mètres au-dessus du pavé , et
sur près de 2 mètres de longueur, perforées par des coquilles 11-
thophages, sur un point qui est aujourd'hui à 3 mètres au-dessus
de la mer. 11 fallait donc que, lorsque ces colonnes ont été ainsi per-
forées, elles fussent enfoncées sous la mer jusqu'à la ligne qui re-
présente le niveau des eaux de cette époque. En résumé, ces colonnes
ont d'abord été construites au-dessus de la mer; elles ont ensuite été
enfoncées d'environ 10 mètres et se sont trouvées sous les eaux : c'est
lilors qu'elles ont été perforées par les coquilles lilhophages. Elles ont
enfin été surélevées d'environ 6 mètres, jusqu'au niveau qu'elles occu-
pent maintenant, mais encore à quelques mètres au-dessous du niveau
où elles avalent évé pTvmUWement placées. Elles donnent donc la
CHAP. Vil. - TERRAINS CONTEMPORAINS. 833
preuve ]a plus complète que des oscillations du sol se sont manifes-
tées sur ce point ; et Ton en doit conclure que, depuis notre époque,
il y a eu, sur les côles, des exhaussements et des affaissements lents
et brusques, comme nous en avons constaté pour tous les âges anté-
rieurs, depuis les plus anciens (§ 1755). C'est une continuité non in-
terrompue des mêmes phénomènes.
Ces mouvements oscillatoires du sol, que le niveau des mers nous
permet de reconnaître sur beaucoup de points du littoral, doivent né-
cessairement exister sur les continents; seulement, les termes de com-
paraison manquant, le plus souvent, puisque les observations baro-
métriques sur les hauteurs des montagnes sont relativement toutes
récentes, il est difficile d'en donner les preuves mathématiques. Ne pour-
rait-on pas, néanmoins, regarder comme des signes d'affaissements la
différence de hauteur trouvée par M. Boussingault sur les montagnes
de la Colombie, entre les observations faites par M. de Humboldt et les
siennes, après 30 années d'intervalle ? Nous le croyons, d'autant plus
que ces différences en moins coïncident parfaitement avec l'élévation
apparente de la limite inférieure des neiges perpétuelles des montagnes
du nouveau monde.
§ 2547. JLes treiiibl«nieiiU de terre oonsîdérét eomme let oeuses
des osoîllations du sol. Une oscillation brusque du sol est pour nous,
sur une petite échelle, et avec des effets bien moins marqués, le même
phénomène qu'une de ces grandes perturbations générales auxquelles
nous attribuons la fin de chaque époque géologique (§ 160 à 171). La
cause des oscillations du sol nous parait dépendre des tremblements de
terre. M. Boussingault a judicieusement pensé que ces derniers étaient
produits par un tassement ou un éboulement intérieur du globe, qui
ébranle la surface de la croûte terrestre. C'est aussi notre conviction;
car les tremblements de terre, indépendamment des tassements intérieurs
qui les déterminent, amènent, presque toujours, des déplacements à la
surface du sol, comme on l'a constaté sur tous les points du globe, au
Chili, aussi bien que dans l'archipel grec, dans l'Inde, aux îles du Ja-
pon, en Calabre, en Portugal, etc. Citons quelques exemples des effets
des tremblements de terre. Dans celui de la Calabre, en février 1783,
le sol s'entr'ouvrit de toutes parts; des étendues considérables de ter-
rains t* enfoncèrent tout à coup, en laissant un lac à la place ou un
gouffre k parois verticales, souvent de 1 00 mètres de profondeur; quel-
ques maisons furent surélevées , beaucoup d'autres s* enfoncèrent. A
Messine, le rivage fut déchiré ; le sol du port iaffaista^ ainsi que le
fond de la mer; le quai descendit de quelques centimètres. Pendant ces
mouvements terrestres, les eaux s'élevèrent à diverses reprises, s'avan-
cèrent dans les terres, en détruisant la moitié de la ville de Messine,
834 QUATRIÈME PARTIE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
29 bourgs de la côte, et enlevant les hommes et les animaux. 11 y eut
plus de 40«(K)0 victimes parmi les habitants.
Dans le tremblement déterre de Lisbonne, en 1755, on observa les
faits suivants : au moment du tremblement de terre, qui remua tout le
pays, qui ébranla toute la ville et la campagne voisine, les montagnes
se fendirent, des abaissements considérables eurent lieu, sans doute,
dans la mer; car unquai^ nouvellement bâti en marbre, s'engloutit, ainsi
que les barques qui y étaient attachées, dans un gouffre qui se forma et
parut avoir plus de 200 mètres de profondeur. La mer se retira, d'abord ;
revint, plus haute de 17 mètres que d'ordinaire, et forma des lames
de projection qui envahirent plusieurs fois la côte. La secousse se fit
sentir en Espagne, en France et dans toute TEurope; mais les effets des
eaux s'étendirent bien plus loin. A Cadix, une grande lame de 30 mètres
de hauteur balaya la côte d'Espagne à diverses reprises, et ravagea toute
la côte; à Kinsale, en Irlande, la mer enleva des navires du port et
les porta jusque sur la place du marché; à Alger, à Fez, 10,000 personnes
périrent, et tout le bétail fut englouti ; à Tanger (Afrique), la mer fran-
chit ses limites dix fois de suite et inonda le pays ; à Funchal, dans l'Ile
de Madère (Canaries), les lames s'élevèrent à près de 17 mètres et cou-
vrirent la côte à diverses reprises. Des lames de projection se firent enfin
sentir, lors de ce tremblement de terre, de la Martinique (Antilles) jus-
qu'en Laponie, et des côtes d'Afrique jusqu'au Groenland, c'est-à-dire
Bor presque tous les points de Tocéan Atlantique.
En résumé, on voit, par les faits connus, que les tremblements de
terre sont la cause certaine des oscillations du sol, qu'ils ont produit ces
nombreux exhaussements et affaissements que nous avons signalés à la
surface du sol actuel. On voit encore, qu'ils ont eu pour effet de mettre
les eaux en mouvement sur de vastes surfaces, en donnant la mesure
comparative, par les petites parties déplacées, de ce qu'ont pu produire,
â la surface du globe, la surélévation des chaînes des Pyrénées, des
Alpes, des Andes et de l'Himalaya (§ 2535). Peut-être aura-t-on, alors,
la certitude que le mouvement des eaux a fait, un grand nombre de fois,
le tour du monde avant de s'arrêter, et qu'il a pu détruire simultané-
ment tous les êtres à la fois (§ 171).
§ 2548. Du déluge) attribué aux o«cillatîoiM du toL Si nous cher-
chons dans les traditions de tous les peuples, nous aurons la preuve de
nombreuses catastrophes semblables à celles que nous venons d'indiquer;
et, sans doute, bien plus considérables que le tremblement de terre de
LislK>nne. L'histoire de toutes les régions du globe est remplie de faits
identiques, souvent intimement liés à l'origine de ces peuples, et à leurs
croyances religieuses. C'est indubitablement la transmission d'événements
de cette nature, conservés dans le souvenir d'un déluge chez les Incas et
GUAP. Yll. - ÏERHAINS COMËMPÛRAINS. 835
les autres Dations du nouveau inonde, qu'on trouve du Pérou au Mexi-
que. Nous ne doutons nullement encore, que le déluge de la Genèse ne
soit le résultat d'osciilalions considérables du sol, opérées depuis la
création de Thonime, qui ont mis les eaux en mouvement sur une vaste
échelle.
§ 2549. Det dénudations profondet produites à la surface de la
terre par le mouvement des eaux. Nous venons de parler de TefTet des
eaux, dans une oscillation du soi, où à peine quelques points des côtes
ont été modifiés. Voyons maintenant à la surface de notre sol quelles
sont les traces récentes que nous \ remarquons, et qui nous donnent
la valeur de ces mouvements aqueux. 11 est impossible de parcourir un
point quelconque de ia France sans apercevoir des traces évidentes de
ces mouvementssuperûciels des eaux, qui ne peuvent, en aucune manière,
s'expliquer par les causes actuelles. Parcourons-nous les plaines de
Ghartres, de iaGhampagne, et même du Poitou, nous y voyons, à la
surface du sol, des silex enlevés à la craie, provenant de dénudations
profondes. Les environs de Paris, au bois de Boulogne, au Point-du-Jour,
à Neuilly, montrent des alluvions anciennes proportionnées aux dénu-
dntions opérées sur ce point, sans doute par plusieurs perturbations
géologiques successives, d'une grande puissance; car on y trouve réunis
des débris de roches plutoniques , telles que des roches granitiques
et porphyritiques , apportées des Vosges ou du plateau central de la
France, mélangés à des restes de roches stratifiées, dépendantes de
l'étage crétacé sénonien, et de tous les étages tertiaires du même bassin.
M n'est donc pas douteux que le mouvement des eaux qui a produit ces
alluvions considérables ne s'étendit des Vosges ou du plateau central de la
France jusqu'à Paris, et qu'il n'eût assez de force pour transporter, de
distances aussi considérables, des fragments de roches assez pesants.
Voulons-nous avoir une idée du transport qui s'est opéré durant les
dernières commotions géologiques, et de la force avec laquelle les eaux
agissaient sur les roches consolidées? nous en anrons une preuve sans
nous éloigner de Paris. Que sont devenues, en effet, ces couches qui
unissaient entre eux, autour de Paris, le mont Javoult, le mont Meillan,
Montmorency, Montmartre, le mont.Valérien, et qui devaient former un
grand tout avec Clamart et Sèvres ? Ici les eaux ont enlevé la plus grande
surface des couches, etont formé, des lambeaux restants, de véritables
montagnes de dënudalion. 11 n'y a eu cependant que trois commotions
géologiques postérieures à l'étage tongrien, qui couronne ces sommités.
Nous avons fait remarquer qu'en Touraine (§ 2495) il restait à peine un
centième de la surface des dépôts marins de l'époque falunienne, les autres
parties ayant été enlevées seulement par deux perturbations géologiques.
On doit donc voir, dans ces vastes dénudations de couches, des moyens
836 quatrième: partie. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
de transport d'une force extraordinaire, bien au-dessus de tout ce que
peut donner la nature actuelle, et qui résultent évidemment des pertur-
bations géologiques, comme nous les admettons (§ 163 à 171).
Cette force extraordinaire de dénudation, comparable seulement aux
grands faits qui ont produit le relief des montagnes, nous étonne d'au-
tant plus que nous voulons, trop souvent, comparer les effets de la
nature à ce que nous pouvons produire, sans trop nous rendre compte
de notre faiblesse. La force aqueuse qui a pu enlever ces masses consi-
dérables de sédiments, dans les commotions géologiques, n'est effecti-
vement explicable que par des dislocations qui embrassent une grande
partie de la circonférence du globe, comme celle des Andes, c'est-à-dire
à un de ces mouvements qui doivent effrayer notre esprit, mais n'en sont
pas moins réels.
Les dénudations que nous signalons, et qui sont pour ainsi dire sous
nos yeux, existent partout dans la nature. On les trouve tout autour du
bassin anglo -parisien, dans l'élargissement de toutes les vallées, dans
le morcellement en lambeaux des dépôts marins tertiaires qui dépen-
daient d'une mer unique, et devaient couvrir de vastes surfaces. On
en reconnaît les effets dans le drift qui couvre le sol américain, et dans
tous les matériaux sédimentaires meubles charriés partout à la surface
du globe. En un mot, les dénudations, les transports de sédiments super-
ficiels, sont généraux sur la terre, et aussi certains que les mouvements
des eaux qui ont pu les produire, que les dislocations du sol qui ont pu
donner l'impulsion et mouvoir les masses aqueuses ; ainsi, tous cesgrands
faits viendraient encore se corroborer les uns les autres, et ne pour-
raient s'expliquer sans une corrélation des plus positives.
§ 2560. Du rapport des otoillatioiM du sol avee l'extension des
glaciers. Après tout ce qui a été écrit sur les glaciers, par des hommes
les plus compétents, nous n'en parlerions pas ici, si nous ne voyions
quelques conséquences stratigraphiques à en déduire, si nous ne trou-
vions des rapports évidents entre l'extension des glaciers et les oscilla-
tions du soi. Nous en dirons donc quelques mots, sous ce dernier point
de vue seulement.
De l'âge des glaciers dans les Alpes et dans les Vosges. On a pensé,
dans ces derniers temps, que les glaciers avaient pu exister depuis les
premiers terrains tertiaires. Nous croyons, au contraire , qu'ils sont
spéciaux à notre époque, et qu'ils rentrent dans les phénomènes physi-
ques actuels. Aux considérations sur les lignes isothermes de l'étage
subapcnnin (§ 2534), nous avons cherché à démontrer que, tandis que,
dans le bassin méditerranéen, vivait une Faune marine purement tropi-
cale, l'Italie, la France et toute l'Europe nourrissaient des Singes, des
£jépbants, des Rliinocéros, des Tapirs, des Hippopotames et des Girafes,
CBAP. VII. — TERRAINS COiNTEMPORAlNS. 837 .
également propres à la zone torride. Cette Faune terrestre et marine
excluait tout à fait, à Tépoque subapennine, la présence des glaciers sur
remplacement des Alpes, et cela d'autant plus certainement, que des
ossements d'Éléphants {Elephas primigenius)^ de Rhinocéros {R. ticho-
rinus) ont été rencontrés aux environs de Bàle, entre Bàle et Strasbourg,
par M. Merian ; dans le canton de Saint-Gall, près de Rapperschweil ,
par M. Escher-de-la-Linth ; dans les cantons de Zurich, de Fribourg
et de Genève (1), sur les versants qui dépendent des Alpes. Il ne peut
donc exister de doutes à cet égard ; et les glaciers ne seraient dès lors
apparus qu'après le dernier relief des Alpes, et seulement au commen-
cement de répoque actuelle. Nous croyons que tous les travaux des
observateurs consciencieux amènent à cette dernière conclusion, en rap-
port avec tous les faits.
§ 2551. Les savantes recherches de MM. Agassiz, Desor, Martins, Char-
pentier, Coulon, etc., les conduisent à retrouver, dans les Alpes, d'an-
ciennes moraines qui donnent aux glaciers une extension bien plus con-
sidérable que de nos jours, et indiquent qu'à une époque donnée ils
existaient même dans les Vosges, où ils manquent complètement au-
jourd'hui. Ces faits, qu'il est diflllcile de révoquer en doute, ont été in-
terprétés de différentes manières. Notre cadre, trop restreint, ne nous
permettant pas de discuter ici les diverses opinions émises à cet égard,
nous nous contenterons d'indiquer la corrélation que nous croyons re-
connaître entre cette plus grande extension des glaciers et les oscilla-
tions du sol. Les glaciers, disons-nous, paraissent avoir eu une bien
plus grande extension dans les Alpes, et avoir couvert les Vosges, où ils
n'existent plus de nos jours. Les causes qui font avancer ou reculer les
glaciers peuvent se rattacher à quelques circonstances physiques de
l'atmosphère, mais elles sont subordonnées surtout à la plus ou moins
grande intensité du froid. Les lignes isothermes sur les continents, abstrac-
tion faite des counints et des autres cas exceptionnels, dépendent donc
de deux causes : des lignes de latitude, plus ou moins rapprochées du
pôle, ou du degré d'élévation des lieux au-dessus du niveau de la mer.
Dans les Alpes, le degré de latitude est, depuis notre époque, sans doute
resté identique, comme sur le reste du monde. En est il de même pour
l'élévation ? On sait que le niveau des neiges perpétuelles, et des glaciers,
varie en élévation sur les montagnes, en raison de la température du
lieu, déterminée par Téloignement des pôles. Si, par exemple, le niveau
des neiges perpétuelles s'étend presque jusqu'au niveau de la mer, au
Spilzberg, au cap Horn, il s'élève au-dessus de 5,000 mètres sous la zone
(I) Voyez l'imporlanl mémoire de HM. Martins et Gislaldi , Bull, de la Suc. Géol., tome VU,
p. 601.
. 838 QUATRIÈMK PAKÏiE. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
torride. 11 en résulte que, sous la même latitude, une dlTérencede hau-
teur au-dessus de la mer se traduit toujours, sur les montagnes, par la
même différence dans le niveau des neiges et des glaciers.
Nous avons vu que les observations géologiques d'un grand nombre
d'observateurs signalent les glaciers descendant beaucoup plus bas sur
les versants des Alpes qu'ils ne descendent aujourd'hui, et qu'ils cou-
vraient en même temps les Vosges, où ils n'existent plus de nos jours.
11 fallait donc, pour que les glaciers existassent sur ces points, que la
température fût plus froide, ou que les Alpes et les Vosges fussent plus
élevées qu'elles ne le sont. 11 paraît difficile d'admettre la première sup-
position, tandis que la seconde nous parait donner la solution du fait.
Les oscillations du sol, avons-nous dit (§ 2538), dénotent, sur le littoral
des mers, des différences de niveau de 7U0 mètres avec le niveau actuel.
Oes différences sont appréciables par les corps organisés marins qu'on
trouve placés, aujourd'hui, bien au-dessus du niveau des océans, où ils
ont vécu. Les mêmes oscillations ont dû se marquer sur les continents,
et surtout dans les montagnes; seulement on ne les a pas constatées dans
les plus anciens temps, parce que les moyens de les reconnaître existent
pour ainsi dire d'hier, et manquaient totalement dans les siècles passés.
Qui empêche donc de supposer que, lors de la fin de la période suba-
pennine, le relief de la dislocation des Alpes s'est élevé à un millier de
mètres plus haut qu'il ne l'est aujourd'hui, en exhaussant encore, par
suite de la même dislocation, la plus grande partie de la chaîne des
Vosges? car il est remarquable que là les terrains jurassiques sont bien
plus élevés qu'ailleurs. L'ensemble des Alpes, par suite d'une élévation
de 1000 mètres de plus au-dessus des océans, aurait nécessairement eu
des glaciers plus vastes, bien plus étendus ; les vallées des Vosges de-
vaient aussi en être couvertes alors. Il ne faut pas oublier que cette
plus grande élévation devait exister au commencement de notre époque,
tandis que les Alpes étaient encore toutes nouvelles. Cette surélévation
de 1000 mètres a pu se maintenir un grand nombre de siècles, et laisser
agir, sur une vaste échelle, tous les phénomènes des glaciers : transpori
des blocs erratiques, formation de moraines latérales et terminales, etc.
Une faut pas oublier encore, que, depuis l'époque actuelle, de nombreu-
ses oscillations du sol se sont certainement fait sentir, et que parmi
celles-ci se trouve l'oscillation qui a donné lieu, chez tous les peuples,
au souvenir d'un déluge. Rien alors d'étonnant que les Alpes et les
Vosges, après avoir été plus élevées qu'aujourd'hui, lors des oscillations
du sol, ne se soient successivement affaissées, en même temps qu'une
portion plus ou moins grande des contrées environnantes. Cet affaisse-
ment graduel serait tout à fait en rapport, dans les Alpes et les Vosges,
avec le reirait également ^vadvi^l des glaciers, retrouvé par les ancien-
CHAP. VII. — TERRAINS CONTEMPORAINS. gjf)
nés moraineB observées entre leg limites anviennes les plus éloigBées
et les limilM DCluelles de l'acllan àet ^(laciers.
Kn résumé, lerelraildrsglaciers, par l'action d'affaissements succes-
sifs dus aux osetllations du sol, dont nous pouvons aujuiiid'hui appré-
cier la vuleur, dous paraît donner nalurellemcnt l'eipltcalion de tous
les phénomènes qui se rallaclieiit i l'ancienne extension des glaciers
dans les Alpes, et è leur disparition dans les Vosges. A celte conclusion
purement lucule, nous somtnes loin d'assimiler tous les faits itu'on rat-
lache généralement i la période glacière sur les autres points du globe.
Nous ci^ïona, au contraire, qu'il faudra tes isoler, pour en obtenir la
soluUon satisfaisante, comoie on a déjà cherché à le faire dans beaucoup
de travaux importants.
§ !5&1. Cataotitw paléontologiqua. Les grands traits de dissem-
blance qui existent entre la Faune subapcnnine et la Faune actuelle sont
qu'avec la dernière époque géoli^ique qui nous a précédés sur la terre
a disparu toute l'unlloimité dittribuiive des êtres qui plaçait, aussi bien
dans les régions chaudes que dans les régions froides, loujoun des
Faunes spéciales aux lones tropicales. Loin de suivre celle malche, les
êtres fossiles de l'étage contemporain sont absolument distribués comme
la Faune actuelle, c'esl-â-dire qu'ils suivent toutes les lignes isothermes
lerrealres et marines qui existent de nos jours sur les continents et dans
les mers [§ 109 à 1 16). On reconnaît donc les fossiles de l'époque con-
temporaine à leur idtnlilë la plut poiilive arec la Faune locale ta plus
voisine, comme nous allons en citer des exemples, pris dans les diverses
régions. Voici deux exemples de cette Faune [fig. 617, 628).
§ 2b&Z. Sovi la zone lorride, on rencontre aux environs de la Havane,
i Cuba, i la Guadeloupe et sur beeucnup d'antres Iles des Antilles,
une série nombreuse de fossiles, Eonvenlenlléreinent dénaturés et k l'état
de moule, composés des mêmes espèces qui vivent aujourd'hui dans les
mers voisines. Nous citerons les espaces «iiiïnnles, dnnt nous avons
840 quatrième: partie. - SUCCESSION CHRONOLOGIQUE.
vériûé la détermination : Natica canrenaf mamillaris; Trochus pica ;
Turbo longispina, cœlatus; Cyprœa exanthema. Mus, Spurca pediculus;
Oliva conoidalis; Conus Daucus, nehulosus; Strombus giga^, accipi-
trinus et Gallus ; Purpura patula, Cerithium litieratum. Murex asper-
rimiu, Fusus morio, Fasciolaria tulipa ; Cassis flammea, testiculus;
Dolium perdix , Calyptrœa equestris^ Venus maculata, Lueina Jamai-
censis; Cardium muricatum^ bullatum; Arca Americanaf Lithodomus
nigtr, Pecten gibbus; Spondylusfolia, brassicœ, etc., etc.
Aux environs d'Arica et de Cobija, sur les côtes du Grand Océan, nous
avons recueilli à l'état fossile les espèces qui suivent, vivantes sur la
même côte : Trochus luctuosus, d*Orh.; Fissurella crassa^ Lamarck;
Chiton tuberculatus, Sowerby ; Purpura chocolata, Duclos; Purpura
concholepas, ù'Orh,; Triton scaber , Broderip.; Infundibulum trochi-
forme, Venus Dombeyi, Lam. ; Venus opaca, Lam.
DansVhémisphèrenordjOn rencontre fossiles à Udewalla, et sur beau-
coup d'autres pointsde la Suède, de la Norwége.et même jusqu'au Canada,
les espèces marines suivantes, qui vivent dans toutes les mers du nord :
Littorina littorea, Rostellaria occidentalis. Purpura lapillus, Hucci-
num undalum; Mya truncata, arenaria; Mactra gigantea, Mytilus
eduliSf etc., etc.
Les buttes de Saint-Michel-en-l'Herm (Vendée) offrent toute la Faune
des bancs d'huîtres sous-marins de la baie de Bourgneuf, et de toutes les
côtes, telles que Buccinum undalum. Murex erinaceus, Nassa reticulata,
Cyprœa coccinella, Cerithium tuberculare, Scalaria communis, Chiton
albus, Mytilus barbatus, Pecten opercularis, Anomia ephippium, et
Ostrea edulis.
Les points surélevés de l'ile de Sicile et de Monaco montrent, sans
aucune différence, toute la Faune marine qui habite sur les côtes de la
Méditerranée, dont il serait trop long de faire ici i'énumération.
Dans l'hémisphère sud, nous avons recueilli, à laBahia-de-San-Blas
(Patagonie), à 10 mètres au-dessus de leur niveau actuel d'habitation,
les Scalaria elegans, Natica limbata; Olivancillaria Brasiliensis,
auricularia; Volutella angulata, Voluta Brasiliana, Buccinanops
eochlidium, Venus Patagonica, Lueina Patagonica, Lavignon plica-
tella, etc., etc.
A Montevideo, dans la ville même, et au Cerro, de l'autre côté de la
baie, on reconnaît des espèces identiques aux espèces de la côte ma-
rine de l'embouchure de la Plata : Trochus Palagonicus, Buccinanops
globulosum, Siphonaria Lessonii, Helcion subrugosus, Ostrea Puel-
chana.
Ces exemples, pris sur différents points du globe, prouveront, comme
nous l'avons dit, que toujours la Faune fossile surélevée ressemble en
GHAP. VU. - TERRAINS CONTEMPORAINS. 841
«
tout àlaFaane qai habite la côle la plus voisine. C'est, enfin, à Tépoque
contemporaine qu'appartiennent tous ces restes humains rencontrés soit
dans les cavernes, soit dans les alluvions superficielles du sol , soit
enfin aux couches marines consolidées des Antilles. 11 en esl de même
des Mammifères fossiles de la Faune actuelle qui se rencontrent dans les
tourbières, et dans toutes les autres circonstances.
FIN DU DEUXIÈME VOLUME.
II. 71
\/\/\/\/v\/\/N- \/\/\/\/\. \/\/\/\/\/^ \. v/vvv/ v\/\/\/'\/\/v\/'N./\/VN>'v/\/vr\/vr>. v\/
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME.
Puges.
Chapitre VIII.— (Suite.) Animaux mollusques i
Classe des MoUusqties gastéropodes . 1
Puimobranches 8
Pectinibranchofl lO
Scutibranches «^^
Tectibranches 3.'»
Nucléobranches 3(»
Résumé géologique sur les Gastéropodes 38
Classe des Molliuques lamellibranches ou acéphale» 41
Résumé géologique sur les Lamellibranches 76
Classe des Mollusques brachiopodes 79
Résumé géologique 94
Classe des Mollusque» bryozoaires 97
Résumé géologique 110
Quatrième embranchement. — Animaux rayonnes ou Zoophytes. 113
Échinodermes échinides . 113
Résumé géologique sur les Échinodermes échinides ... 127
Ëchinodermes astéroïdes I3i
Échinodermes ophiuroides 1 32
Échinodermes crinoides 1 34
Résumé paléontologique 149
Polypiers ou Zoophytes 151
Résumé paléontologique 1 86
Fùraminifères 189
Résumé géologique 20)
844 TABLE DES MATIÈRES.
Amorphoxoaires 207
Résumé géologique 215
Chapitre IX. — Résultats généraux sur les éléments zoologiques. 217
t Déductions de zoologie et de physiologie générale comparées. 217
A. Instant d'apparition des ordres d'animaux comparés à
leur nombre respectif dans les âges du monde 219
B. Périodes croissantes et décroissantes, dans les ftges du
monde, des ordres d'animaux comparés à la perfection
de l'ensemltle de leurs organes. . . 220
C. Instant d'apparition, dans les âges du monde, des ordres
d'animaux comparés au degré de perfection de l'ensemble
de leurs organes 225
D. Recherches physiologiques sur les milieux d'existence
des animaux dans les âges du monde 232
E. Déductions climatologiques et géographiques comparées. 239
tt Déductions géologiques générales d'application 243
A. Déductions géologiques tirées des genres fossiles 243
B. Déductions géologiques générales tirées des espèces fos-
siles 249
QtJATRlËIIE PARTIE. — Saccession ebroi&oloir<4Be
des àgeu du monde.
Chapitre \«', —Consolidation de la croûte terrestre avant l'ani-
malisation 264
Roches stratifiées azoïques. 266
Roches plutoniques, granitiques non stratifiées 271
Chapitre H. — Première grande époque du monde animé. —
Terrains paléozoïqoes ; 276
Roches plutoniennes contemporaines des terrains paléo-
zoïques 285
l'^r Étage : Silurien 287
A. Silurien inférieur 288
B. Silurien supérieur 303
2« Étage : Devonien 317
3« Étage : Carboniférien 336
Synonymie 336
Extension géographique . 336
Superposition . . 839
. Discordance 340
Composition minéralogique 340
Puissance connue . 841
Composition des couches ^r rapport à la houille 342
TABLE DES MATIÈRES. 845
Dépôts purement terrestres 342
Dépôts terrestres et marins superposés 343
Dépôts marins seulement 344
Déductions tirées de la nature des sédiments et des fossiles . 344
Points littoraux des mers 346
Points sous-marins voisins des côtes 347
Points profonds des mers 347
Oscillations du sol 348
Caractères paléontologiques 351
Tirés des (lenres 852
Tirés des espèces 354
Chronologie historique 360
Flore de la période carboniférienne 366
4« Étage : Permien 370
Chapitre III. — Deuxième grande époque du monde animé. —
Terrains triasiques 383
5« Étage : Cùnehylien 390
6« Étage : Saliférien 404
Chapitre IV. — Troisième grande époque du monde animé. —
Terrains jurassiques 414
DlYision des terrains jurassiques en étages 418
Composition minéralogique comparée 420
Chronologie historique 427
'e Étage : Sinimurien 433
8« Étage : Liatien 448
9« Étage : Toareien 468
10« Étage : Bajoeien 477
1 le Étage : Bathonien 491
12« Étage : Calkwien 609
t8« Étage : Oxfordien 621
14« Étage : Corallien 637
15« Étage : Kimméridgien 562
16e Étage : Portlandien 561
Chapitre Y. — Quatrième grande époque dn monde animé. —
Terrains crétacés 670
Division des terrains crétacés en étages 673
Composition minéralogique comparée , 676
Chronologie historique 680
17e Étage : Néoeomten 585
Division de Tétage néocomien en deux séries de couches. . . 606
18« Étage : Aptien 607
19» Étage : Albien 617
846 TABLE DES MATIÈHES.
30« Étage : Cénomanien 630
21* Étage : Turonien 652
21* Étage : Sénonien 666
Extension géographique 667
Déductions tirées de la nature des sédiments 675
23» Étage : Danien 691
Chapitre VI. — Cinquième grande époque du monde animé. —
Terrains tertiaires 697
Extension géographique 699
Division des terrains tertiaires en étages 701
Caractères paléontologiques 704
Chronologie historique. — Circonscription des mers 706
24« Étage : Stieêêonien ou Nummulitique 712
Synonymie 713
Extension géographique 714
Stratification 717
Déductions tirées de la position des couches 721
Composition minéralogique 722
Déductions tirées de la nature des sédiments et des fossiles. 724
Oscillations du sol 726
Mélange supérieur 727
Caractères paléontologiques 727
Chronologie historique 736
26« Étage : Pariiien 738
Synonymie 740
Extension géographique 741
StraUflcation 743
Déductions tirées de la position des couches 744
Déductions tirées de la nature des sédiments 746
Oscillations du sol 760
Caractères paléontologiques 760
Chronologie historique 760
26* Étage : Falunien 764
lef Sout^étage : Tongrien 764
2* Soui-étage : Falunien 776
Extension géographique 776
Stratification 781
Déductions tirées de la position des couches 782
Déductions tirées de la nature des sédiments et des fossiles. 784
Mouvement violent des eaux au eommencement de Tépoque
falunienne 785
Perturbation finale 787
TABLE DES MATIÈRES. 847
Caractères paléontologiques 788
Chronologie historique 796
27« Étage : Subapennin 800
Extension géographique 801
Perturbation ûnale 806
Caractères paléontologiques 809
Chronologie historique 815
Zones isothermes 822
Chapitre Vil. — Sixième époque du monde animé. — Terrains
CONTEMPORAINS OU DE L'ÉPOQUE ACTUELLE 824
Synonymie 824
Extension géographique 826
Stratification 827
Composition minéralogiqne 828
Des oscillations du sol 829
Des exhaussements du gol . 829
Des mouvements ients 829
Des mouvements brusques 830
Des affaissements 832
Des tremblements de terre considérés comme les causes des
oscillations du sol 833
Du déluge, attribué aux oscillations du sol 834
Des dénudations profondes produites à la surface de la terre
par le mouvement des eaux 835
Du rapport des oscillations du sol avec Tcxtension des gla-
ciers 836
De rage des glaciers dans les Alpes et dans les Vosges 836
Caractères paléontologiques 839
FIN DE LA TABLE.
ERRATA.
Tome I. Page 126, ligne 13, au Heu de centrifuge, Usez centripète.
-- Page 213, au titre de la figure, au lieo de Palœopae Tolihipicut,
lisez Palaophiê Toliapicus.
— Page 224, à la lettre de la figure 1 1 S, au lieu de IcthyodoruUte$,
lisez Ichthyodorulitei,
Tome 11. Page 263, au lieu ù'Àrmophantite, lisez Harmoptianite,
*- id. au lieu de Péridolite, lisez Péridotite.
— Page 27 2, au lieu d'Àrmophantite, lisez Harmophanite.
^ Page 286, § 1669, au lieu de Porphyre protogénique^ lisez Por-
phyre protoginique.
Corbeil, (yp. et stéréot. de CRETE
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ERRATA.
Tome I. Page 126, ligne 13, au lieu de centrifuge, lisez centripète,
— Page 213, au titre de la figure, au lieu de PalœopM ToUhipieui,
lisez Palœophii Toliapicus.
-- Page 224, à la lettre de la figure 1 15, au lieu de lethyodorulitei,
lisez Ichthyodorulitei,
Tome II. Page 363, au lieu ù*Àrmophantite, lisez Harmoptianite.
*- id. au lieu de Péridolite, lisez Tériiotite.
— Page 27 2, au lieu à^Ârmophantiu, lisez Harmophanite.
— Page 986, § 1669, au lieu de Porphyre proUfginique, lisez Por-
phyre protoginique.
Corbeil, lyp. et stéiéot. de CRÉTK
ERRATA.
Tome I. Page 126, ligne 13, au lieu de centrifuge, Usez centripète.
— Page 213, au titre de la figure, au lien de Palœopas Tolihipicut,
lisez Palœophiê Toliapicus.
— Page 224, à la lettre de la figure 1 15, au lieu de Icthyodorulitee,
lisez Ichthyodorulitet,
Tome II. Page 263, au lieu à'Armùphantite, lisez Bofrmùphanite.
*- id. au lieu de PéridoUte, lisez PéridotiU.
— Page 27 2, au lieu à'Àrmophantite, lisez Harmophanite,
— Page 286, § 1669, au lieu de Porphyre protoginiquCy lisez Por-
phyre protoginique.
Corbeil, (yp. et stéréot. de CRI^TÉ
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