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Full text of "Cétacés du sud-ouest de la France"

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CÉTACÉS 
SUD-OUEST DE LA FRANCE 


P. FISCHER, 


Membre honoraire de la Société Linnéenne de Bordeaux. 


(Extrait des Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXXV, 1881.) 





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PARIS 


FF. SANVY, libraire-éditeur 


77, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 77 


1881 





Jinp Durand, rue Vital-Carles, 24, Bordcaux. 











A LA MÉMOIRE 
DE MON AMI 


Alexandre LAFONT'T, 


Né à Bordeaux, le 24 décembre 1830. 
Mort à Arcachon, le 21 mars 1875. 








CÉTACEÉS 


DU 


SUD-OUEST DE LA FRANCE 


Par M. Paul FISCHER. 


AVERTISSEMENT. 


En livrant à l'impression ce travail dont les matériaux sont 
réunis depuis plusieurs années et dont quelques fragments ont 
été publiés dans divers recueils, je ne me dissimule pas les 
difficultés que présente une étude zoologique sur les Cétacés. 

Certaines espèces sont fabuleuses; d’autres sont établies 
d'après des individus d’âges divers. Tantôt on ne décrit que la 
forme extérieure, tantôt on ne parle que du squelette ou même 
d'une seule pièce de la charpente osseuse. Des genres, des 
espèces sont fondés sur une vertèbre! Plusieurs des Cétacés à 
fanons ne sont connus que par les squelettes des jeunes ou des 
nouveau-nés, et leurs caractères sont produits comme absolus 
et définitifs. En un mot, la confusion est grande, et, malæré les 
efforts tentés depuis Cuvier, la cétologie manque de cette préci- 
sion qu'on trouve dans les travaux relatifs aux autres branches 
de la mammalogie. 

Les Cétacés d'Europe sont toutefois les mieux étudiés. Mais 
que de lacunes dans leur histoire ! La rareté des captures des 
Mysticètes, le petit nombre des squelettes conservés dans les 
musées, rendent très restreinte l’idée que nous pouvons nous 
en faire. Les Odontocètes, plus abondants dans nos mers, n'ont 
guère été examinés au point de vue des variétés, des races, et 
l’on n’a pas recherché si les différences extérieures sont corréla- 
tives de l’âge et du sexe. 


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Il me semble qu’il est temps d'aborder ces questions intéres- 
santes. Il est temps aussi, en examinant un grand nombre de 
spécimens, de contrôler les assertions de nos devanciers. Ainsi 
Cuvier, d'ordinaire si précis, n’a pas indiqué, dans ses Recher- 
ches sur les ossements fossiles, une seule formule vertébrale 
exacte des Cétacés les plus communs de nos côtes. 

Les pièces originales dont je me suis servi proviennent de la 
collection d'anatomie comparée du Muséum de Paris, dont la 
série des Cétacés est sans rivale; du Musée d'histoire naturelle 
de Bordeaux, riche en squelettes préparés avec le plus grand soin; 
du Musée d'Arcachon, où se trouve un grand nombre de crànes 
de Cétacés du golfe de Gascogne; du Musée de la Faculté des 
sciences de Bordeaux; des Musées Lafaille et Fleuriau à la Ro- 
chelle, des collections de l’École de Médecine navale à Roche- 
fort, du Musée de Bayonne, etc. 

J'ai à remercier MM. Sauvage, E. Moreau, Geffroy, à Paris; 
Beltrémieux, à la Rochelle; Souverbie, à Bordeaux; de Folin, 
Hiriart, à Bayonne; Œhlert, à Laval; des précieux renseigne- 
ments qu'ils m'ont communiqués. Enfin qu’il me soit permis 
de rappeler ici toute l’aide que je dois à mon ami Alexandre 
Lafont, enlevé prématurément à la science, et qui s'était assi- 
gœné la tâche de faire connaître les Dauphins du bassin d'Arca- 
chon. J’ai pu utiliser plusieurs de ses observations, d’après les 
dessins et les manuscrits qui m'ont été communiqués par sa 
famille. 

Parmi les auteurs que j'ai consultés, les uns m'ont guidé sûre- 
ment. les autres m'ont égaré, et m'auraient même tout à fait dé- 
couragé, si je ne m'étais attaché à mon sujet « con amore. » 

J'inscris en tête de la liste des cétologues le nom de Cuvier. 
Je ne connais rien de plus magistral que la partie du volume V 
de ses Recherches sur les ossements fossiles, consacrée à l’histoire 
naturelle des Cétacés. Une critique lumineuse, une appréciation 
exacte des caracteresmspecifiques.-l'arttde/discernerlenssrins 
l’utile, de les dégager du faux et de l'oiseux, le sentiment des 
lacunes de la science, telles sont les qualités qui éclatent à 
chaque page et qui justifient la réputation de notre grand 
naturaliste. 

Pour apprécier toute la valeur de Cuvier, ii suffit de jeter les 
yeux sur les élucubrations de son contemporain Lacépède; on 





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mesure ainsi la différence qui existe entre le style mâle, précis 
du premier, et la verbosité boursoufflée, prétentieuse du second. 
Je laisse de côté, et pour cause, l’élément scientifique propre- 
ment dit qui ne brille pas dans le livre de Lacépede. Et pourtant, 
s'il avait feuilleté les anciens ouvrages, que de renseignements 
précieux n’aurait-il pas trouvés dans Pierre Bélon, le père de la 
cétologie, dans KFabricius, scrupuleux observateur des Cétacés 
du Groënland, dans Hunter, dans Klein et tant d’autres ! Mais 
Lacépède, préoccupé de l’harmonie de ses phrases, dédaignait 
ces sources savantes; de préférence il empruntait à l'antiquité 
ses récits infidèles, ses fictions poétiques, ses parallèles chers 
aux rhéteurs. La description qu'il nous donne du Narval, celle 
du Dauphin, sont dans le genre faux des modèles heureuse- 
ment inimitables, bien faits pour ravir « des àmes vertueuses et 
» sensibles », mais nécessaires pour inspirer aux vrais natura- 
listes l’horreur du romantisme scientifique. 

Après Cuvier, les travaux de Camper, de Lesson, de Frédéric 
Cuvier, etc., doivent être cités honorablement; mais les recher- 
ches multipliées et approfondies d'Eschricht ont renouvelé la 
cétologie et marqué une période féconde dans l'évolution de 


‘cette science. 


J'arrive enfin à un naturaliste qui a exercé sur ses contempo- 
rains une influence considérable au point de vue des classifica- 
tions. je veux parler de Gray, dont les vues sur les Cétacés sont 
condensées dans le « Catalogue of Seals and Whales of the 
» British Museum. » 

Ce catalogue qui renferme des idées ingénieuses et qui nous 
donne d’une façon assez complète l'inventaire de tous les Cétacés 
actuels, connus et même inconnus, est, malgré ses qualités, un 
livre des plus dangereux pour les natüralistes dont les études 
cétologiques sont peu avancées. 

Ainsi Gray prend les noms génériques les mieux définis et 
les enlève au type pour les attribuer à d’autres Cétacés (1); sa 





(1) Exemples : Ziphius Cuvier, type cavirostris Cuvier, n'est pas Ziphius 
Gray, type Mesodiodon Sowerbyensis ; Physalus Lacépède, type cylindricus 
Lacépède (Cachalot), n'est pas Physalus Gray, type Balænoplera musculus ; 
Plhyseter Linné, type P. macrocephalus Linné, n'est pas Physeter Gray, type 
Orca gladiator; Tursio Wagler, type Delphinus Peroni, n'est pas Tursio Gray, 
type D. Tursio Fabricius, ete, 


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synonymie est établie de telle sorte qu’il omet ou dissimule 
les noms des créateurs de genres, pour laisser supposer que 
ces genres lui appartiennent (1); il place souvent les animaux 
adultes dans des genres différents de ceux qu’il institue pour 
les jeunes (2); enfin, une appréciation critique de ses espèces 
fait découvrir les plus graves erreurs et des inadvertances in- 
croyables. 

Ces réserves sont d'autant plus nécessaires que certains céto- 
logues ne connaissent pour ainsi dire que le livre de Gray, et le 
suivent aveuglément. 

La critique la plus juste qu’on en puisse faire est la repro- 
duction du passage suivant de Cuvier, écrit à l’adresse de 
Lacépède, mais qui présente encore une certaine saveur d’ac- 
tualité : 

« Il nous serait en effet bien facile, en profitant de figures 
» grossières, faites d'imagination ou de souvenir, et de descrip- 
» tions confuses ou tronquées, et en accumulant des synonymes 
» qui ne sont que des copies les uns des autres, de faire paraître 
» de longues listes d'espèces qui n'auraient aucune réalité et que 
» le moindre souffle de la critique renverserait ou mettrait en 
» désordre, mais c’est précisément la conduite contraire qu'il 
» est nécessaire de tenir, si l’on veut tirer l'histoire naturelle du 
» chaos où elle est encore » (3). 

De nos jours, je dois citer comme la source d'informations la 
plus précieuse le bel ouvrage de Van Beneden et Gervais sur 
l’ostéographie des Cétacés, dans lequel les bases définitives de 
la cétologie sont posées. Enfin les intéressants mémoires de 
MM. Reinhardt, Malm, Sars, Lilljeborg, Flower, Burmeister, 
Turner, Cope, Capellini, Gasco, Môübius, Souverbie, Hector, etc., 
ont apporté des documents nouveaux à cette partie de la science 
si longtemps arriérée. 





(1) Ainsi Globicephalus appartient à Lesson, Tursiops à Gervais ; et ces 
genres sont indiqués sous les noms de Globicephalus Gray, et Tursio 
Gray. 

(2) Exemples : Eubalæna et Hunterius, Megaptera et Pæœscopia, Physalus 
et Benedenia, Sibbaldius et Cuvierius, Calodon et Meganeuron, Orca et 
Feresa, Sphærocephalus et Globicephalus, Dolichodon et Mesoplodon, La- 
genocetus et Hyperoodon, ete. 

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EBæñsessa. Linné. 


1. Balæna Biscayensis. Eschricht. 

Nordkaper, Baleine Biscayenne Eschricht, Actes de la Soc. Linn. 
de Bordeaux, t. XXII, 1859, p. 430. 

Balæna Biscayensis Gray, Cat: of Seals and Whales, p. 8; Van 
Beneden et Gervais, Ostéogr., p. 90, pl. vir. 

Eubalvna Biscayensis Flower, Proceed. Zoo. Soc. London, 
1864, p. 391. 

Hunterius Biscayensis Gray, Suppl. to the Cat. of Whales, p. 44. 


À. — FEMELLE, échouée en février 1680, près du phare des Balei- 
nes, au N.-0. de l’île de Ré. L'animal aété examiné avec beaucoup 
de soin par un médecin de la Rochelle, nommé Segnette, qui a 
publié une description (1) d'autant plus précieuse que, depuis 
cette époque, on n’a guère vu que des Baleineaux sur notre lit- 
toral. 

Nous reproduisons littéralement la relation de Segnette, qui 
a été imprimée dans un livre rare et peu connu des naturalis- 
tes (1); elle est écrite en mauvais latin. 


OBSERVATIO JI. 
Dom. Segnette, Medici Rupellensis 
Historia Cete aud Balenæ ad littora Rupellæ propulsæ. 


« Circa mediam februarium præsentis annis, in insulæ Re, 
prope pharum, alias turrim Balænarum conspectus est, ingentis 
magnitudinis piscis, instratus et involutus arena, adeo ut tantum 
emisserent unus oculus, Cauda et portio ventris; remotis 
quantum licuit arenis, dimensiones sequentes observatæ sunt; 
seilicet a summo rostro ad caudæ usque bifurcationem dinume- 
rati sunt quadraginta septem pedes et semis regil : circumfe- 
rentia habuit viginti septem aut octo; a summo rostro ad oculum 
intercessere pedes undecim cum duobus pollicibus; ab oculo ad 
pinnam proxime subjacentem pedes duo: à pinna ad matricem 





(1) Zodiacus medico-gallicus, annus secundus, authore NicoLAo DE BLE- 


GNY ; Gencuæ, 1682, t. I, p. 63-67. 


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viginti pedes; tres pedes ab extremo uno matricis ad aliud; ab 
extremo matricis ad caudæ bifurcationem, quatuordecim pedes 
et quatuor pollices : a furca una caudæ ad alteram interjacebant 
sexdecim pedes; ac tandem ut nihil prætermittam, pinnæ totius 
longitudino fuit trium pedum et aliquot pollicum; latitudo 
autem quatuor pedum, si excipias aliquot pollices. 

Universum corpus grandis illius piscis cui Sufflonis nomen 
inditum, ab aliis Balenæ, amictum erat nigra pelle, lævi et bom- 
bycini instar ad tactum lenis exteriori parte; crassitie circiter 
digiti transversi; interna vero superficie propemodum lanugi- 
nosa, aut potius ad instar interioris partis fungi; nonnullis refe- 
rentibus illico apparuere quædam stellulæ per superficiem 
sparsæ; ac revera à me observatæ, nominatim Circa Caput, 
nonnullæ figuræ quasi exculptæ, Coronam quandam non male 
referentes : proxime autem extremitatem maxillæ inferioris 
repertus à me cumulus concharum quarundam, quas vocant «ils 
ou coutelière, carni at profunde infixarum. 

Porro cum crederem interesse medici ulterius progredi, data 
commoditate examinis accuratioris, et perlustrandi singula, 
ratus mearum esse partium indigasse qua in re conformes essent 
aut dissiderent partes dicti piscis a partibus humani corporis; 
ea propter ab ore initium indagandi feci, ac comperi maxillam 
superiorem obtinere saltem septem octove pedes latitudinis, 
semicircularem illam esse, interius cute candida coopertam, 
rugis pluribus donatam, coronati crassitie ubi digiti longitudine 
circa initium, longioribus tamen ac crassioribus ubi ad guttur 
vergerent; inter quas, circiter ad medium oris, reperiuntur duéæ 
laminæ sibi invicem accumbentes, propemodum corneæ duritiei, 
ad quarum latera pendula erant infinita filamenta longa, et 
setarum porcinarum instar rigida; subtus hanc cutem, circa 
quam paucissimam carnem comperi, conspiciendam se exhibuit 
concameratio ossea, universum palatum oris constituens, parum 
firmæ soliditatis : sed quam compensaverat triplex tabula, una 
quæque coronatum argenteum crassitie æquans, ac foraminibus 
pervia, ligamenta transmittentibus : hoc distabat maxilla a me 
modo memorata ab inferiori, quod posterior hæc multo latior 
esset, duodecim pedum et amplius latitudinis, ex duobus semi- 
circulis constricta, magnam cavitatem depressamque ad exte- 
riora vergentem efformantibus, cum exhuberantia insigni ad 


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intra : cutis interius obtegens non multum absimilis erat priori, 

nigricans enim erat, absque rugis, atque in ambitu coronati 
tantum crassitiem obtinebat : tota pars inferior istius cutis 
carnea erat, præsertim ad medium, ubi conspicua erat massa 
carnea ad guttur usque exporrecta, trium pedum latitudinis, 
crassitudinis sesquipedalis? Cæterum dua ossa, crassitudine 
femoris humani, firmamenti vices et basis obtinebant in hac 
maxilla, cujus pars tertia acetabulum constituebat excipiendæ 
maxillæ superiori. 

Lingua insigniter erat crassa et longa, undique alba cute 
obducta, Iævis, crassiei semicoronati argentei; impulit me 
curiositas investigandi infra hanc cutem contextum, aut conge- 
riem filamentorum nervosum, qui ex sententia quorundam sapo- 
rum discretioni dicati sunt, ac nequaquam obvia illa mihi fuere; 
interim observare licuit ab ejus extremo ad medium usque cons- 
tatam illam esse ex substantia alba, levi, spongiosa, pingui, 
infinitis vesiculis interspersis; adeo ut tamen quo plus ad radicem 
accederes, eo magis musculosa appareret, rubicunda et cruenta 
basin illius sulciebant quatuor aut quinque insignes nervi, me 
judice dicati delationi spirituum ad motum illius necessariorum. 

Quoad gutturis partes, structuram ïillius conspicere non 
licuit, qui enim piscem istum pretio sibi comparaverant, id quod 
in usus proprios redundare poterat præferebant meæ curiositati; 
ideoque inhærendum mihi fuit considerationi duorum hiatuum 
in maxilla superiori conspicuorum, respondentium duabus cavi- 
tatibus, aut foraminibus, quæ vocant fontes, quia piscis iste in 
undis ad insignem altitudinem ejaculatur aquam; situm obti- 
nebant versus capitis medium trium digitorum longitudine a se 
distantia, adeo ut ab eorum superiori parte, ad fundum usque 
maxillæ superioris, quo pertingebant, intercederet fere mensura 
septem pedum regiorum in longitudine ab is fontibus ad 
alterum oculorum septem pedum aderat distantia, adeo ut 
oculi ad invicem dissiderent ad minus quatuordecim pedum 
intervallo : uterque minimus erat comparatione facta ad belluæ 
magnitudinem forma exteriori non multum dissidebant ab 
oculis cæterorum animalium : hoc excepto quod undique 
pilis destituerentur, nec non in palpebrarum extremitatibus : 
ex orbita alterum sed multo labore eduxi, quem eruendo animad- 
vertere mihi licuit a palpebris quam exactissime coërceri, 


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quarum origo erat in interioribus, summa donatarum crassitie : 
globus extractus a figura solita non discrepabat, sed vix pugni 
crassitie: pupilla proculdubio a fluctibus marinis divulsa erat, in 
cujus sede nihil aliud deprehendere licuit quam cavitatem ad 
ovalem accedentem, latitudinis nummi semi coronati, transversi 
pollicis profunditatis, in cujus medio conspicuus erat nervus 
opticus, crassitiei minimi digiti, Candidissimus : globuli pars 
reliqua referebat substantiam j'ropemodum colore et consis- 
tentia taleolarum exsiccatarum radicis bryoniæ. 

Examen oculi excepit uteri consideratio, eo magis mihi con- 
sideratione digni quod exteriori facie non multum abludetet a 
matrice muliebri : nymphæ, clitoris, labia et rima distincte satis 
apparebant : id vero singulare deprehensum est, quod in utroque 
uteri latere, fere ad labiorum marginem, aderant duæ mammæ 
papillis donatæ, quæ etsi ab ag'itatione maris et procellis flaccidæ 
duorum pugnorum magnitudinem simul conjunctorum supera- 
bant : dissecto utero, initio ducto a media rima, illico fandum 
attigi, neque collo neque vagina, sicuti in cæteris animalibus 
obviis : universus ejus ambitus capitis virilis magnitudinem 
non excedebat : in utroque autem latere conspicua erat origo 
Tubarum Fallopianarum tantopere extensarum ut uni homini 
obvolvendo essent satis : partem illarum interiorem constituebat 
membrana alba et lævis, in reduplicationes adducta variis in 
locis, sed omnis humoris expers; quapropter errore liberabuntur 
qui eredunt sperma ceti, cujus usus est in cosmetice et ornando 
vultu, vere seminalem esse substantiam : quoad partem earum 
exteriorem, pinguedine obducta erat, originem præbens liga- 
mentis ipsam partibus vicinis adjungentibus. 

Præter uteri ligamenta, dissecantibus observanda exhibui 
duo ossa, quorum unum transversim ferebatur a fundi illius 
initio, alterum a posteriori parte, utrumque coloris flavescentis, 
trium digitorum crassitudinis, proculdubio vices ossium pubis 
quæ in cæteris animalibus existunt, obtinentia : a parte superiori 
et inferiori uteri, qua mammis respondet, aderat massa Carnea 
caput humanum duplo magnitudine excedens, in glandularum 
congeriem desinens, in cujus medio deprehendi canalem minimi 
digiti magnitudine, verisimiliter devehendo lacti dicatum : ad 
latus uteri incumbebat intestinum femore humano crassius quod 
interna facie tingebat humor flavescens, exteriore obductum 


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erat tunica alba : indicavi canalem esse cujus dûctu vacuabantur 
excrementa per rimas uteri, Cum nulla alia mihi esset conspicua 
per quam efferentur. 

Tandem universum corpus grandis illius piscis, immediate 
sub cute larido coopertum erat, pedalis crassitudinis qua maxime 
spissum erat, ub quo apparebat caro rubicunda, referta venis, 
arteris et nervis: sub sola maxilla inferiore laridum carni 
substratum erat. 

M. Saignette pharmacopoeus Rupellanus, observavit hunc 
piscem caudem alio ritu ac cæteraanimalia gerere; qua de causa, 
animadversione adhibita, revera compertum ipsam originem 
trahere semipedali distantia a medio dorso, eademque a medio 
ventre, Cum in maxima piscium parte immediate initium ducat 
a medio extremitatis dorsi ac ventris qua de causa piscis hic 
caudam depressam habet : nonnulli quoque caudæ nervi a nobis 
dissecti fuere, crassitie brachio æquales : nihil à nobis in illis 
deprehensum præter infinita filamenta, aut fibræ quædam 
nivis instar candicantes aliquatenus diaphanæ, sibi invicem 
connexæ, adeo tamen ut interjacerent plurimæ eæque exiguæ 
lineæ; ut pori sibi invicem continui, in quibus nullam cavitatem 
manifestam nobis animadvertere licuit vehendo succo nerveo 
dicatam, sicuti obtendunt quidam anatomici : id quod tamen 
facilius observare esset in prægraudibus illis animalibus, quibus 
nulla æquiparanda. 

Plura observare concessum non fuit, eo quod a procellis et 
æstu cætera adeo attrita, ut ulterius satisfacere meæ curiositati 
non licuerit : sceleti examini forte operam navaturus sum, quod 
si contigerit, et voto potitus fuerim, stabo promissis, etc. » 


Voici, d’après Segnette, les dimensions de la Baleine de l’île 
de Ré : 


De l'extrémité du rostre à la queue... 1543 47 pieds et demi. 
CINCONIÉTENCENLDLA IC PP ER ET 8 77àa9 27 à 28 pieds. 
Dedextremilé durostrea lie ERP EEE 3 08 11 pieds 2? pouces. 
Del'æil'a la nagenire pectorale.22. 17.01 0 65 2 pieds. 

De la nageoïre à la fente-vulvaire . 2... 6 50 20 pieds. 

Longueur dela fente vulvaire.. 0 97 3 pieds. 

De la fente vulvaire à l'extrémité de la queue ... 4 60 14 pieds 4 pouces. 

D'une pointe de la nagcoire caudale à l’autre ... 5 20 16 pieds. 

Longueur de la nageoire pectorale............. 1 40 3 pieds et quelques pouces. 


Largeur de la nageoire pectorale ........,..... 1 30 4 pieds. 








a en 

Segnette observa des sortes de couronnes creusées dans les 
técuments de la tête, et qui paraissent être des Coronules; il 
sisnala pour la première fois les os du bassin, et fit connaître Ja 
disposition des organes génitaux femelles et des mamelles. 

Il suffit de lire cette relation, pour être convaincu que le 
médecin de la Rochelle a vu une Baleine franche et non un 
Rorqual (ou Balénoptère). 

Et d’abord, remarquons que l’échouement a eu lieu à la Pointe 
des Baleines, par conséquent dans une localité visitée de temps 
immémorial par ces grands Cétacés (1). 

Seænette ne parle ni d’aileron dorsal, ni de plis de la gorge, 
qui distinguent si facilement les Balénoptères des Baleines 
franches. Il attribue à sa Baleine une coloration noire uniforme, 
qui est propre aux deux Baleines australes et à la Baleine des 
côtes Est de l'Amérique du Nord (2), tandis que les Balénoptères 
sont de couleur cendrée ou noire, avec le ventre blanc; que la 
Baleine du Groënland est d’un gris noirâtre avec quelques 
parties blanches, et que la Baleine du Japon porte sur la tête 
des taches blanches constantes. 

La longueur de la tête, comparée à celle du corps, est, chez la 
Baleine de l'ile de Ré, égale à un quart: elle est un peu supérieure 
à ce chiffre chez les Baleines australes et chez la Baleine du 
nord-est de l'Amérique. Chez la Baleine du Groënland, la tête est 
égale à un tiers de la longueur totale. Chez les Balénoptères, la 
tête est inférieure au quart de la longueur du corps. 

L’élargissement des nageoires pectorales, indiqué par .Se- 
oœnette, ne se voit guère que chez les vraies Baleines; les na- 
geoires des Balénoptères sont allongées, étroites, en forme de 
fer de lance. 

Enfin, il n’est pas douteux que la Baleine de l’ile de Ré portait 
sur la tête des Cirrhipèdes que Segnette compare à des couronnes 
et qui devaient appartenir au genre Coronula. Ces Coronules, qui 
manquent toujours sur la Baleine franche (8. mysticetus), se 
montrent constamment au contraire sur les Baleines australes. 





(1) I existe encore, sur la côte de la Charente-Inférieure, une localité nom- 
mée Rade des Basques, en souvenir des anciennes pêcheries de Baleines. 

(2) Les baleiniers donnent à ces trois espèces de Baleines: Balæna austra- 
lis, antipodum et cisarctica, le nom commun de Black Whale, 


hi S 

Il est probable que Rondelet, en décrivant la Baleine des 
Basques, a voulu faire allusion aux Coronules qu’on remarque 
sur leur tête, dans le passage suivant : « Rostro est brevi, fistula 
» caret; corio duo, nigro inteqitur sine plis, cui Lepades et 
» Ostrea hærentia aliquando reperiuntur (D. » 

Les dimensions attribuées par Segnette à sa Baleine (15 mètres 
environ) prouvent que ce Cétacé était jeune. D'après Rondelet 
et À. Paré, la Baleine des Basques mesure jusqu’à 36 coudées de 
longueur et 8 de largeur; la distance d’un œil à l’autre est de 
4 aunes (4 m. 72 cent.); l'ouverture de la gueule est de 18 pieds 
(5 m. & cent.). Or, l'ouverture de la gueule chez les Baleines 
franches égalant presque la distance du rostre à l'œil, et celle-ci 
atteignant, chez la Baleine de l'île de Ré, le quart de la longueur 
totale du corps, il suffit de multiplier 4 m. 15 cent. par 4, pour © 
obtenir approximativement la taille des Baleines vues par Ron- 
delet et A. Paré, soit 23 m. 60 cent., chiffre qui se rapproche 
beaucoup de la longueur (24 m. 37 cent.) de la Baleine australe, 
femelle et adulte, rapportée du cap de Bonne-Espérance, par 
Delalande. 

B. — BALEINEAU, harponné à Saint-Jean-de-Luz, en fé- 
vrier 1764. 

M. de la Courtaudière, écrit de Saint-Jean-de-Luz, à Duha- 
mel (2),que, dans le mois de février 1764, il vint échouer sur cette 
côte, une Baleine avec son petit, qu’elle portait sur son dos. 
On harponna le petit, qui donna huit barriques d'huile et cent 
livres (environ 50 kilogrammes) de fanons; il avait 25 pieds 
(8 mètres environ) de longueur, 17 pieds et demi (6 mètres 
environ) de circonférence dans sa plus grande épaisseur, 15 
pieds (4 m. 86 cent.) du côté de la queue, et 10 pieds 2 pouces 
(SmS0cent) A artère. 

Le poids seul des fanons du Baleineau prouve qu'ils prove- 
naient d’une Baleine franche. 

C. — BaALgiNEAU, harponné à Saint-Sébastien, le 17 jan- 
vier 1854. 

A la fin de décembre 1853, le gardien du phare de Biarritz 





(1) De Piscibus, lib. XVI, p. 476 (Lugduni, 1554). 
(2) Traité général des Pesches, t. TI, p. 25, 


RTS, (EN 
aperçut au large une Baleine : « la partie supérieure de son 
» corps était couverte d’un banc de coquillages qui s'y étaient 
» incrustés (1). » 

En janvier 1854, des marins de Biarritz, en pêche dans une 
chaloupe, près du phare, virent une Baleine accompagnée de son 
Baleineau, se dirigeant vers l’anse de la Chambre d'amour (2). 
Pendant que l’on cherchait des harpons, la Baleine disparut 
dans la direction de la côte d’Espagne, et les marins qui la 
poursuivirent la perdirent de vue à la hauteur du port des Pas- 
sag'es. 

Le 17 février, les Baleines entrèrent dans la baie de Saint- 
Sébastien, où le Baleineau reçut trois harpons. 

« Quand la Baleine mère vit son petit capturé, loin de fuir, 
» elle fit des efforts inouïs pour le délivrer. décrivant un cercle 
autour des chaloupes sans leur faire aucun mal; tantôt elle 
étreionait le Baleineau sous ses terribles nageoires et s’effor- 
» Çait de l’entraîner au loin; tantôt elle plongeait avec lui, 
» disparaissait et se montrait bientôt à quelque distance. Mais 
» l’entreprise n’était pas facile, les lignes étaient solides et les 
» trois harpons bien assurés ». 

Enfin, dans un dernier effort, la Baleine brisa d’un coup de 
queue les lignes de pêche et emporta au loin le Baleineau, qui 
laissait une longue traïnée de sang. Le lendemain le corps du 
Baleineau ayant été rencontré en mer par une barque de 
Guetaria fut remorqué à Saint-Sébastien. 

La Baleine suivit le corps de son petit et entra dans la conche 
de Saint-Sébastien; elle y séjourna six heures, malgré les coups 
de fusil qu'on lui tira et disparut le lendemain (3). 

Le docteur Monedero dessina le Baleineau, dont le squelette 
fut envoyé au Musée de Pampelune, où Eschricht arriva en 
1858. [1 acquit ce spécimen intéressant qui fait aujourd’hui 
partie du Musée de Copenhague. 


Ÿ 


Ÿ 








(1) François Saint-Maur, Quelques mots sur la pêche de la Baleine à 
Biarritz. Pau. (Sans date.) 
(2) Cette Baleine suivait exactement la route indiquée par les anciens 
auteurs. 
* (3) E. Lamaignère, Gazette de Biarritz, août et septembre 1859. 


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| 
L/ 


Le Baleineau de Saint-Sébastien diffère radicalement du Palæna 
mysticetus, mais il se rapproche de la Baleine du Cap par la 
forme de la tête. Le rapport de la longueur de ia tête à la lon- 
œueur totale du corps est de deux sixièmes pour le Balæna mysti- 
cetus, deux septièmes pour le L. australis et deux huitièmes pour 
le B. Biscayensis (1). Le nombre des vertèbres est différent de celui 
de la Baleine du Cap; l'omoplate a une forme spéciale. D’après 
Gray, on compte quinze côtes; la première est bifide à son extré- 





Fig. 4. — Baleineau de Saint-Sébastien. 


mité antérieure (2). 

Mais M. Gasco, après avoir examiné avec le professeur Reinhardt 
le Baleineau de Saint-Sébastien, affirme que le nombre des ver- 
tèbres est de cinquante-six, et qu’il y a treize côtes et non quinze. 

Le dessin que M. Monedero fit exécuter, d’après le Baleineau de 
Saint-Sébastien, est extrèmement précieux, parce qu’il constitue 
la seule représentation soignée et indiscutable de la Baleine des 
Basques(3). 

Le Baleineau est entièrement noir. La tête est très courte; les 
lippes sont larges et relevées; le rostre est assez large. Les 
nageoires pectorales, élargies, sont échancrées vers la partie 
moyenne de leur bord inférieur, caractère qu’on retrouve chez 
les Baleines australes; la nageoire caudale est très large. 





(1) Eschricht, Sur les Baleines franches du golfe de Biscaye (Comptes-rendus 
de l'Académie des Sciences, Paris, 1860.) 

2) Gray, On the geographical distribution of the Balænidæ (Ann. and mag. 
of nat. hist. London, avril 1878). 

(3) Copia al natural del Ballenato muerto en la playa de San Sebastian. 
el 17 de Enero de 1854, hecha por las indicaciones y direccion del D' Mo- 
nedero. — Cette figure est reproduite dans l'Ostéographie des Cétacés (pl. vu, 
fig, 1). La figure donnée par Rondelet est très grossière, 





es fo" 


DIMENSIONS (1): 


Detdpointe durostreandaqueuets:.n heu ci 756 26 pieds 9 pouces. 
CRC TIR TON DES APE A EEE EM QE LU CPR Eu 492 17 — 5 — 
Hauteur 'AUPnIveAU des VENISE ten on. 4 69 6 — 0 —-- 
Largeur de la caudale, d'une pointe à l’autre............ 2 54 9 — 0 — 
DiStancerqurostrenel IEEE TER re À 45 5 — 2? — 
Hauteur de la mâchoire inférieure à sa partie moyenne.... 0 87 3 — À — 
PONSUCURIAESNASCUINESMDECLORAlES RE ee 1 06 3 — 9 — 
BARCeUMOES NAS EOIRÉSNECLONAIES PR MAR TA 0 70 2 — 6 — 
Girconférence de la langues cn: 2 er Ua. PEU EM RER UE ES 


Eschricht devait donner une monographie du squelette du 
Baleineau de Saint-Sébastien, malheureusement la mort l’a 
frappé au moment où il commençait la publication de son /is- 
toire naturelle des Célacés. Gervais à fait représenter quelques 
pièces ostéologiques de ce squelette, notamment le palatin (2) et 
la caisse auditive (3). Le palatin ressemble plus à ceux des 
Baleines australes qu'à celui du Palæna mysticetus. La caisse 
est plus bombée, moins carénée, moins prismatique que celle 
des autres Baleines, mais il ne faut pas oublier qu’elle provient 
d'un animal nouveau-né. 

« L’énorme différence du squelette de Pampelune avec le 
» Mysticetus, écrivait Eschricht à la date du 18 mai(4), dépasse 
» tout ce que j'avais jugé lors de mon séjour à Pampelune. 
» Figurez-vous qu’il n’est pas plus développé que le squelette 
» d’un Mysticetus de à peine un an; l’ossification des vertèbres 
» n'est pas encore avancée jusqu'aux apophyses transverses, et 
» les arcs, qui ne sont pas même unis des deux côtés, sont encore 
» séparés du corps, et cependant la colonne vertébrale a la lar- 
» œeur d'un Mysticetuns de trois ans et demi. » 

Mais le caractère le plus important pour la distinction de la 
Baleine de Biscaye est la brièveté de sa tête. 

«La petite tête de cette espèce lui donne une physionomie 





(1) Les pieds et pouces sont des mesures espagnoles. 

(2) Remarques sur l'anatomie des Cétacés de la division des Balenidés. 
(Nouv. arch. du Muséum d'hist. nat. de Paris, vol. VII), pl. v, fig. 6. 

(3) Journ. de Zool., vol. VI, 1877, pl. xt, fig. 1-3. 

(4) Gray, Catal. of Seals and Wales, p. 89. 


op 


» tellement singulière parmi les Baleines franches, qu'à coup 
» sûr on l'y reconnaîtra au premier coup d'œil, soit au sque- 
» lette, soit à l'extérieur »(1). Nous verrons plus loin que la 
Baleine de Tarente est remarquable par la petite dimension de 
sa tête. 

Le squelette de ce Baleineau a été décrit récemment par 
M. Gasco (2), qui lui trouve tous les caractères de la Baleine de 
Tarente et notamment le même nombre de vertèbres : C. 7. — 
D. 13 — L. 13. — C. 23. 

La mandibule est longue de 1 m. 46 cent. Les côtes du côté 
gauche sont un peu plus longues que celles du côté droit. 
L'omoplate gauche mesure 49 centimètres de largeur et 37 de 
hauteur; la droite 51 centimètres de largeur et 37 de hauteur; 
l’acromion parait bien développé; pas d'apophyse coracoïde. 

D. E. — Je considère comme insuflisants les quelques rensei- 
gnements qui vont suivre et qui sont relatifs à des carcasses de 
Baleines jetées à la côte et privées de la tête, ce qui donne à sup- 
poser que les fanons avaient été enlevés. Or, les pêcheurs n'ayant 
aucun intérêt à prendre les fanons si courts des Balénoptères, il 
est probable que ces Baleines mutilées étaient des Baleines fran- 
ches, capturées en mer. 

En février 1811, la mer rejeta sur la plage de l'Herbaudiere, 
presque en face du corps de garde, une Baleine considérée par 
F. Piet comme Baleine franche. Il lui fut impossible de l’exami- 
ner avec beaucoup d'attention, en raison de sa putréfaction, qui 
en rendait l'approche presque insurmontable. La tête manquait 
entièrement. On fit mesurer la longueur de la colonne verté- 
brale, et, en supposant que la longueur de la tête de la Baleine 
forme le tiers du corps, non compris la nageoïire caudale, Piet en 
conclut que le Cètacé avait de 28 à 30 pieds (10 mètres envi- 
Ton) (3): 

Le 25 février 1852, une Baleine de grande taille, mais décapitée 
et en pleine putréfaction, échoua sur la plage de Soulac. L’odeur 
était tellement infecte, qu'on prit des mesures pour brûler immé- 





(1) Eschricht, Sur Les Baleines franches du golfe de Biscaye (Compies- 
rendus de l'Acad. des Sciences, Paris, 1860). 

(2) Annali del Museo civico di Genova, vol. XIV, p. 573. 1879. 

(3) K. Piet, Recherches sur l'île de Noirmoutiers, 22 édition, 1863, p. 243. 








9) — 


diatement sa carcasse. La longueur de ce Cétacé fut évaluée à 
15 mètres; les nageoires pectorales, de forme ovalaire, mesu- 
raient 1 mètre de longueur; on n’a conservé qu’une épiphyse de 
vertèbre qui démontre que l’animal n’était pas adulte. Eschricht 
a supposé que cette épave avait été une Baleine franche (1), mais 
la faible longueur de la nageoire pectorale ne me permet pas 
d'accepter sans réserve cette attribution, et je suis porté à croire 
que la carcasse de Soulac était une Balénoptere. 

F. — Ossements séparés de Baleines, recueillis à Biarritz dans 
des caves où l’on fondait le lard des Baleines. 

Ces pièces m'ont été communiquées par M. de Folin. La plus 
importante, sans contredit, est un fragment de côte; son épais- 
seur dépasse de beaucoup celle des côtes correspondantes des 
Balæna mysticetus, australis et antipodum dont les squelettes 
d'individus très adultes sont conservés au Muséum d'histoire 
naturelle de Paris. 

Plus grand diamètre de la côte, 110 millimètres. 

Plus petit diamètre de la côte, 85 millimètres. 

La section est régulièrement ovale, sans angle ou crête appré- 
ciable. 

Je retrouve les mêmes caractères sur les côtes d’une Baleine 
du Musée de Lund (//unterius qlacialis) et d'une Baleine fossile 
de Suède (Hunterius Sivedenborgi); 11 en est de même pour 
celles de l’Aunterius Temimincki du Cap, conservé au Musée de 
Leyde et dont la première côte est bifide (2). Il est donc per- 
mis de supposer que ces quatre Baleines appartiennent à un 
même groupe zoologique. D'autre part, je dois faire observer que. 
chez le Cachalot, les côtes, à leur extrémité antérieure, sont très 
épaisses et que leur section est semblable. 


Documents historiques. 


Pline le Naturaliste est parmi les anciens celui qui a rassem- 
blé le plus de détails sur la Baleine. À coup sûr, ces renseigne- 
ments lui ont été transmis par des observateurs qui avaient étu- 





(1) Eschricht, Développement du questionnaire relatif aux Ceélacés. (Actes 
de la Soc. Linneenne de Bordeaux, 1859, t. XXII, p. 428.) 

(2) Schlegel, À bhandl. 1841, p. 37.— Flower, èn Gray, Catal. of Seals and 
Wales, p. 98, 1866, ie 


SNOILE 


dié la Baleine des Basques dans une localité du littoral océanique 
de l'Espagne où elle ne se montre plus aujourd'hui. 

« Les Baleines pénètrent jusque dans nos mers (Méditerranée). 
» On dit qu’on ne les voit pas dans l’océan de Cadix avant le sols- 
» tice d'hiver, et qu’à des époques réglées elles se retirent dans 
» un certain golfe calme et spacieux, où elles se plaisent singu- 
» lièrement à mettre bas; que cela est connu de l'Orque (1), ani- 
» mal qui est leur ennemi et dont on ne saurait donner une meil- 
» leure idée qu’en disant que c’est une masse énorme de chair 
» armée de dents. Les Orques font irruption dans ces lieux reti- 
» rés; elles déchirent par des morsures les petits ou les Baleines 
» qui viennent de mettre bas et même celles qui sont plei- 
> nes » (2). 

Ce passage ne peut évidemment s'appliquer au Rorqual (Buleæ- 
noplera musculus), comme le pensait Cuvier. Il n'existe pas en 
effet une seule baie de l’Europe tempérée où les Rorquals vien- 
nent mettre bas. L'époque assignée par Pline à l'apparition des 
Baleines dans la mer de Cadix (/n Gaditano Oceano non ante bru- 
mam conspici eas tradunt), concorde avec celle du passage de la 
Baleine des Basques dans le golfe de Gascogne. 

L’historien Cerqueyra nous apprend que les Basques, à une 
époque où les Baleines avaient été peu abondantes dans le golfe 
de Gascogne, les poursuivirent au sud du cap Finisterre, sur le 
littoral du Portugal (3). En 999, ils avaient conquis Porto et fondé 
des établissements dans le voisinage. Or, la Baleine des côtes du 
Portugal ne pouvait être que celle de la mer de Cadix citée par 
Pline. Enfin, le naturaliste latin nous parle des ravages causés 
par les Orques de la mer de Cadix, exactement comme Rondelet 
décrit les mœurs de l’Epaulard du golfe de Gascogne. 

Je pense donc que la nouvelle critique du texte de Pline dé- 
montre clairement que la Baleine des Basques s’est avancée jus- 
qu’à Cadix. 

Cuvier ayant vu un crâne de Balénoptère de la Méditerranée a 
cru que les anciens n'avaient pas connu d'autre grand Cétacé à 





(1) I s’agit bien ici d'un vrai Orca. Dans un autre passage, Pline donne le 
nom d'Orque à un Cachalot que l’empereur Claude attaqua dans le port d'Ostie. : 

(2) Pline, Hist. nat., trad. Littré, livre IX, p. 360. 

(3) A. Desmoulins, Dict. class. d'hist. nat., vol. IT, p. 159. 





Sonne 
fanons de la même provenance. L’échouement indiscutable et 
récent d’une vraie Baleine à Tarente infirme les inductions de 
notre grand anatomiste. 

Un autre auteur de l'antiquité romaine, Juvénal, à fait allu- 
sion à la grandeur des Baleines de l’océan Britannique (1). 

Au moyen âge, quelques documents établissent que des 
Baleines existaient en abondance dans les mers d'Europe; ainsi, 
elles étaient pêchées sur les côtes de Flandre, en 875, d’après le 
récit de la translation et des miracles de saint Wast. Au onzième 
siècle, une Vie de saint Arnould parlé de la pêche à la Baleine 
au moyen du harpon (2). 

Albert le Grand(3) et Vincent de Beauvais (4), au treizième 
siècle, nous ont transmis le récit de la pêche aux Baleines par 
les habitants de la Basse-Allemagne; on se servait de harpons 
lancés à la main ou à l'aide de balistes, et les animaux harpou- 
nés étaient achevés à coup de piques et remorqués sur le 
rivage, Plusieurs barques étaient employées à cette pêche; des 
marins faisaient un grand bruit de timbales etautres instruments. 

La Manche était visitée par des troupes de Baleines ; les chro- 
niqueurs rapportent qu'en 1004, plusieurs navires choqués par 
des Baleines périrent dans ces parages (5). 

L'usage des fanons de Baleine comme panaches de guerre, au 
treizième siècle, est attesté par deux passages de Guillaume le 
Breton, le poète de la bataille de Bouvines (6), qui décrit ainsi 
la coiffure du comte de Boulogne : « Sur le haut de su tête, le 
» brillant cimier de son casque agite dans les airs une double 
» aigrette tirée des noires côtes que porte au-dessous de Pantre 
» de sa gueule, la Baleine habitante de la mer de Bretagne (7). » 





(1) « Quanto Delphinis Balæna brilannica major. » (Sat. X, v. 14.) 
(2) Noël de la Morinière, Histoire générale des pêches anciennes et moder- 
nes, 1819. 
(3) De animalibus, G51. 
(4) Speculum univers, 1. (1272). 
(5) Mabillon, Acta sanct. ord. S. Bened. (sect. VI. 40). 
(6) Willelm Brito, Philipp. IX, 519; XI, 321. 
(60) ESS RARE Genuine e sublimi vertice fulgens 
Cornua conus agil, superasque educit in auras 
E costis assunipta nigris quas faucis in antro 
Branchia Balænæ Britici colit incola ponti. 


or 


Ailleurs, le comte de Boulogne, sur le point d'être pris, est 
obligé de jeter son casque qui eût trahi sa fuite, et qu'après le 
combat, Philippe et toute son armée reconnurent sur le champ 
de bataille à ses grands panaches de Baleine (1). 

On pourrait ajouter une foule de documents relatifs à la pêche 
des Cétacés, qualifiés de Baleines sur les côtes de la Manche. 
Mais il semble qu'on ait désigné sous les noms de Cefe, Balæna ou 
Crassus piscis, au moyen âge, aussi bien la Baleine franche, que 
les Souffleurs et surtout le Marsouin. Il est très difficile de 
démêler la vérité, et quelque intérêt que présenterait cette 
étude, elle n'aurait aucun caractère de probabilité. 

Mais c’est surtout dans le golfe de Gascogne que la Baleine 
était abondante. Au moyen âge, les mœurs des Basques se rap- 
prochaient de celles des Normands; ils suivaient le littoral, et 
quand la pêche était improductive, ils pillaient les villages voi- 
sins. Ils attaquaient les Baleines qui s’approchaient des baies 
pour mettre bas, les remorquaient à terre et les dépécaient. On a 
trouvé, sur plusieurs points de la côte, des restes de tours de 
vigies et de fours à fondre le lard. 

Au douzième et au treizième siècle, cette pêche côtière est à 
son apogée, comme l’indiquent nombre de documents. Jusqu’a- 
lors; elle était favorisée par une-entière liberté. D'aprèsMles 
jugements d'Oléron, les pêcheurs de Cap-Breton. du Plech ou 
Vieux-Boucaut, de Biarritz, Guétary, Saint-Jean-de-Luz, du pays 
de Labourd, des côtes de Saintonge et d’Aunis avaient été décla- 
rés exempts de tous droits. Ils donnaient aux églises les langues 
de Baleines et Baleineaux, mais volontairement. Les rois d’An- 
gleterre, en qualité de ducs de Guyenne, exigèrent par usur- 
pation des droits seigneuriaux (2). 

En 1197, Jean sans Terre, roi d'Angleterre, fait don à Vital de 
Biole et à ses héritiers, de cinquante livres ang'evines à prendre 
chaque année sur les deux premières Baleines capturées à 
Biarritz, en échange de la rente que le roi Richard son frère, lui 
avait donnée sur une pêcherie à Guernesey (3). 





(1) A. Desmoulins, Dict. class. d'hist. nat., t. LIL, p. 416. 

(2) Tableau historique de la pêche de la Baleine, par Noël, p. 13, thermi- 
dor an VIII. — Cleirac, Us et coustumes de la mer, p. 140 (1661). 

(3) Archives de la Tour de Londres. — Noël, Histoire générale des pé- 
ches (1815.), 








1 
+ 
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1 
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Ê 


En 19268, cette rente fut rachetée par Thomas d'Yperague. 
sénéchal de Gascogne, moyennant la somime de quinze cents 
sous morlans, payée à Vital de Poïlhon, citoyen de Bayonne, 
ayant droit de Vital de Biole (1). 

La même année (1268), un règlement fixe les droits que les 
pêcheurs de Biarritz devront payer au roi pour chaque Baleine 
prise par eux, à quarante livres de monnaie de Morlaas par 
Baleine, et une livre par Baleineau (2). 

Un acte de l’abbaye de la Honce (village situé à six lieues de 
Bayonne). daté de 1261. énonce qu’il est permis de payer la dîme 
en Baleines. Cette dime était une conversion du don que faisaient 
les pêcheurs des langues de Baleines et Baleineaux (3). 

Quatre ans auparavant(1257), Guillaume Lavielle avait donné à 
l'évêché et au chapitre de Bayonne la dime des Baleines pêchées 
à l’Océan par les gens de Biarritz. En J281, on eut des difficultés 
à recouvrer cette prestation. Le 30 août 1498, convention entre 
les chanoines représentant le chapitre et l'évêque de Bayonne, 
d’une part, et les habitants d'autre part, pour réduire la dime 
au vingtième, en choisissant le meilleur de la langue et du gras, 
sans y comprendre le maigre. En 1566, les habitants refusent la 
redevance, d’où procès devant le sénéchal de Bayonne et appel 
devant le Parlement de Bordeaux. Par une transaction du 
1 septembre 1566, on substitue à la dime un capital de neuf 
cent vingt livres et une rente de quatre-vingt-douze livres bor- 
delaises, jusqu'à parfaite libération. Les habitants n’acceptèrent 
pas cet arrangement. et, dès le 15 novembre 1467, ils revinrent 
à l’ancien mode de payement (4). 

Les échouements de Baleines portant des harpons sont 
constatés par divers actes. En 1298, lorsque le seigneur Have- 
ring était sénéchal de Guyenne, une Baleine morte fut jetée à 





(1) François Saint-Maur, Quelques mots sur la pêche de la Baleine à Biar- 
ritz, Pau (sans date). 

(2) François Saint-Maur, Loc. cit. 

(3) Goyetche, Saint-Jean-de-Luz historique et pittoresque, Bayonne (1856). 
Francisque Michel, Le Pays basque, Paris (1867). 

(4) François Saint-Maur, loc. cit. — U. Darracq, Reponse aux diverses 
questions posées par M.Eschricht de Copenhague, relatives à l'ancienne pêche 
de la Baleine dans le golfe de Gascogne. (Act. soc. Linn. de Bordeaux, t. XXI, 
p. 432, 1859). 


— 26 — 
la côte, portant encore les harpons dont on s'était servi pour la 
percer (1). Les harpons furent suspendus à l’une des poutres de 
la grande salle du château, en signe de la possession où était le 
roi de ces côtes. 

Dans le temps que Raymond du Mirail était gouverneur du 
château de Lège (1290), la mer jeta deux Baleines sur les côtes 
de Lège et de Saint-Vincent-de-Buch (2). 

Ces droits de naufrage étaient assez importants, puisque, en 
1315, Edouard IT, roi d'Angleterre et duc d'Aquitaine, passe un 
acte avec Yolande de Solier, dame de Belin, par lequel il se ré- 
serve le jet et l’échouement des Baleines sur les côtes de Bisca- 
rosse et de Sort, terre des Basques (3). 

Edouard IT, en 1338, voulant dédommager Pierre de Poyanne 
de ses frais pour équiper à Bayonne la flotte dont il était amiral, 
lui délègue îes droits qu’il percevait à Biarritz, savoir : six livres 
sterling sur chaque Baleine prise et amenée au port (4). 

Sur un acte de 1335, le sceau de Fontarabie représente une bar- 
que montée par des pêcheurs qui harponnent une Baleine (5). En 
1870, j'ai constaté que les armes de cette ville, peintes dans l’é- 
glise, représentaient une sorte de poisson que tous les habitants 
appellent « Ballena. » 

La Baleine était encore assez commune du temps de Rondelet 
(1517-1566). puisque ce naturaliste parle de «ceux qui tous les 
» ans en lacoste de Baïone font le guet à ces beste pour les 
» prendre, puis les partissent en pièces » (6). 

A cette époque on vendait la chair et surtout la langue de Ba- 
leine considérée comme un mets délicat dans les marchés de 
Bayonne, Cibourre, Biarritz, etc. (7). 








(1) Quelques années auparavant (1283), une Baleine fut jetée à la côte du 
golfe de Saint-Malo et adjugée aux religieux du Mont-Saint-Michel, par le 
baïlli d’Avranches. (L. Delisle, Mém. de l’Ac. des Inscriptions, t. XXIN, 
2e partie, p. 358.) 

(2) Charte du 4 fevrier 1290, apud Rymer, &. I, pars 3, p. 87. —- Cleirac, 
loc. cit., p. 122 (1661). 

(3) Rymer, 1315, pars 3, p. 514 et 515. 

Rymer, pars 5, p. 46. 
François Saint-Maur, loc. cit. 


7) Noël, Tableau historique de la pêche de la Baleine, thernudor an VITE 





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ne DES 

Le lard de Baleine était salé et vendu dans une partie de l’ouest 
de la France, comme nous l’apprennent deux passages des chro- 
niques du pays de Laval(l). Les mächoires inférieures étaient 
placées à la porte des églises (2). 

Au seizième siècle, André Navajero, ambassadeur vénitien, de 
passage en France et en Espagne, parle de la pêcherie de Bayonne 
et de Saint-Jean-de-Luz. Une Baleine valait alors 200 ducats (3). 

Durant le séjour du roi Charles IX à Bayonne (1564), Ambroise 
Paré (4). envoyé à Biarritz pour traiter le prince de la Roche-sur- 
Yon, eut l’occasion d'assister à la pêche des Baleines; et il nous 
a laissé sur ce sujet une précieuse relation qui confirme pleine- 
ment celle de Rondelet. 

La Baleine «se prend en certain temps d'hyver en plusieurs 
» lieux, mesmement à la coste de Bayonne, près un petit village 
» distant de trois lieues ou environ de ladite ville, nommé Biar- 





(1) An 1530. — Poisson d'eau douce le caresme 
Ne nous fit pas moult grand apresme. 
Ainsi était celuy de mer, 
Batayne, alouse, tout est cher. 
An 1531. — Et pour le caresme chercher 
Poisson ne fut du tout trop cher, 
Mais haren, alouze et lamproye, 
Balayne, marsouins, halfrays 
Coustaient beaucoup en leur vesture. 
(Annalles et chronicques du Pais de Laval et parties circonvoisines, depuis 
l'an de N.S. JT. C. 1480, jusqu'à l'année 1537). — Je dois ces renseignements 
au savant bibliothécaire de Laval, M. D. Œhlert. 
(2) Il y a quelques années encore une mandibule de Baleine se voyait devant 


.la chapelle d'Arcachon. Je n'ai pu obtenir aucun éclaircissement sur son ori- 


gine. À Biarritz les maxillaires inférieurs ont été employés aux usages les plus 
divers. Ils ont servi de poutres, de solives, de ponts pour traverser un petit 
ravin, ete. Une portion de mandibuale appartenant à M. Silhouette, de Biarritz, 
est longue de 1 m.75 cent. ; son plus grand diamètre n’est que de 30 centimètres, 
dimension faible quand on la compare à la largeur des mâchoires de Baleines 
australes. Enfin, dans presque toutes les vieilles maisons de Biarritz, existe une 
pièce où l’on fondait l'huile de Baleine. En démolissant ces maisons, on trouve 
dans le sol des ossements de Cétacés et principalement des vertèbres, qui ser- 
vaient de sièges comme en Islande. 

(3) François Saint-Maur, Loc. cit. 

(4) Vingt-cinquième livre, p. MLxxxI. 


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ris... Contre ledit village, il y a une montaignette (1) sur la- 
quelle dès longtemps a été édifiée une tour, tout exprès pour 
y faire le guet, tant le jour que la nuict, pour y découvrir les 
Balaines qui passent en ce lieu, et les apercoivent venir tant 
pour le grand bruit qu'elles font, que pour l’eau qu’elles jet- 
tent par un conduit qu'elles ont au milieu du front: et l’aper- 
cevant venir sonnent une cloche. au son de laquelle prompte- 
ment, tous ceux du village accourent avec leur équipage, de ce 
qui leur est nécessaire pour l’attraper. Ils ont plusieurs vais- 
seaux et nacelles, dont en d’aucuns il y a des hommes seule- 
ment constitués pour pêcher ceux qui pourraient tomber en la 
mer ; les autres dédiés pour combattre, et en chacun il y a dix 
hommes forts et puissants pour bien ramer, et plusieurs autres 
dedans, avec dards barbelés, qui sont marqués de leur marque 
pour les recounaitre, attachés à des cordes, et de toutes leurs 
forces les jettent sur la Balaine, et lorsqu'ils s'apercoivent 
qu’elle est blessée, qui se connait pour le sang qui en sort, la- 
chent les cordes de leurs dards, et la suivent à fin de la lasser 
et prendre plus facilement; et l'attirant au bord, se réjouissent 
et font godechère, et partissent, chacun ayant sa portion selon 
le devoir qu'il aura fait : qui se connait par la quantité des 
dards qu'ils auront jetés et se seront trouvés, lesquels demeu- 
rent dedans et les reconnaissent à leur marque. Or, les femel- 
les sont plus faciles à prendre que les males, pour ce qu’elles 
sont soiwneuses de sauver leurs petits et s'amusent seulement 
à les cacher, et non à s'échapper. Leur chair n’est rien estimée, 
mais la langue, pour ce qu'elle est molle et délicieuse la salent; 
semblablement le lard, lequel ils distribuent en beaucoup de 
provinces, qu'on mange en carème aux pois; ils gardent la 
graisse pour brûler et frotter leurs bateaux, laquelle étant fon- 
due ne congèle jamais. Des lames qui sortent de la bouche on 
en fait des vertugales, busques pour les femmes, et manches 
de couteaux et plusieurs autres choses; et quant aux os, ceux 
du pays en font des clôtures aux jardins; et des vertèbres des 





(1) C'est sur ce rocher qu'est bâti le phare qui domine la Chambre d'amour. 


La Baleine de Saint-Sébastien a été aperçue de ce point en 1853, comme lés 


Baleines y étaient vues au seizième siècle. 





AN 

» marches et selles à se seoir en leurs maisons (1). J'en fis appor- 
» ter une que je garde en ma maison comme une chose mons- 
» trueuse. » 

Les autres détails fournis par Ambroise Paré n’ajoutent rien 
aux notions qu’on trouve dans Rondelet. Il évalue la longueur 
de la Baleine à 35 coudées, sa largeur à 8 coudées, l’ouverture 
de la bouche à 18 pieds. Les fanons sont noirs et finissent en 
poils semblables à des soies de pourceaux. Les yeux sont distants 
l’un de J’autre de quatre aunes et plus gros que la tête d’un 
homme ; le museau est court; son cuir est noir et dur. Elle n’a 
point d’aile au dos, mais deux grandes ailes aux côtés, avec les- 
quelles elle cache ses petits quand ils ont peur; la queue est 
semblaole à celle du Dauphin. Quand elle crie on peut l'entendre 
d'une lieue. 

Un dessin de l’ouvrage d’Ambroise Paré est intitulé : figure 
d'une Balaine prise et le départ d’icelle. Maïs il ne présente aucun 
caractère de véracité. Le ventre du Cétacé porte une rangée de 
quatre mamelles; le dessinateur a représenté sur le soi les man- 
dibules remarquables par leur épaisseur et leur brièveté rela- 
tive. 

Au dix-septième siècle, cette pèche va en déclinant, néanmoins 
on voit encore des Baleines. La fameuse Julie d'Angennes, du- 
chesse de Montausier, recevant à Angoulême le maréchal de Gra- 
mont (2), celui-ci lui dit plaisamment «venez jusqu’à Bayonne et 
» m’avertissez, afin que je fasse tenir des Baleines toutes prè- 
» tes » (3). Si la Baleine avait été rare à cette époque, le propos 
du maréchal de Gramont n'aurait pas eu de sens. Cleirac (4), en 
1661, décrit le passage des Baleines à Biarritz comme s’effectuant 
régulièrement. 

Au dix-huitième siècle, les Baleines ne visitent guëre plus les 
rivages du golfe de Gascogne. De la Courtaudière signale comme 





(1) Cet usage a persisté dans presque tous les villages du littoral (Thore, 
Promenades sur les côtes du golfe de Gascogne, p. 328, 1810). 

(2) Antoine, due de Gramont, né en 1604, mort à Bayonne, le 12 juillet 1678. 
Il était fils du comte du Gramont, gouverneur du Béarn. 

(3) Historiettes de Tallemant des Réaux, 29 édition (Montmerqué), vol. I, 
p. 252, 1861. 

(4) Us et coustumes de la mer, p. 146. 


— 30 — 


un événement la prise d’un Baleineau à Saint-Jean-de-Luz, et 
Duhamel (1) rapporte que, de son temps, quelques Baleines pa- 
raissent encore sur la côte de Bayonne et jusqu'au cap Finisterre 
où l’on en à harponné. 

Enfin. une seule capture a été enregistrée au dix-neuvième 
siècle. celle du Baleineau de Saint-Sébastien, en 1854. 


Migrations de la Baleine des Basques. 


Les grands Cétacés exécutent des migrations régulières qui 
ont été connues de tout temps des pêcheurs. Dans un parage 
donné, il existe une saison du large, époque où la Baleine se 
tient en pleine mer, à une distance plus ou moins éloignée des 
côtes; et une saison des baies, durant laquelle les femelles fré- 
quentent les golfes, les stations abritées, et où lon peut les 
harponner facilement. En. dehors de la saison, le lieu de pêche 
est dépourvu de Cétacés (2). 

On doit considérer comme probable que tout le golfe de 
Gascogne et le littoral de la Péninsule Ibérique ont été autre- 
fois visités régulièrement par les Baleines des Basques du- 
rant la saison des baies; durant la 5:::9n du large, ces Cétacés 
se portaient vers l’ouest et le nord-ouest de l'Atlantique. 

Cleirac, avocat de Bordeaux et auteur de l'ouvrage intitulé 
« Us et coustumes de la mer », donne l'indication exacte de 
l'arrivée des Buleines dans le golfe de Gascogne. « La saison du 
» passage des Baleines sur les côtes de Guyenne et de Biarris, 
» lesquelles s’attouchent en angle droit ou quart de rond au 
» lieu nommé la Chambre d'amour, proche les masures de l’an- 
» tique château de Ferragus, en la paroisse de l’Anglet, distant 
» d'environ une lieue de Bayonne, commence après l’équinoxe 
>» de printemps et dure presque tout l'hyver » (3). 

D'après Rondelet, la pêche de la Baleine n'avait lieu qu'en 
hiver. 

Les échouements de Baleines franches dans le golfe de Gas- 
cogne sont tous indiqués durant la même saison. 





(1) Traité général des pesches, vol. II (1779). 
(2) Thiercelin, Journal d'un Baleinier, vol:-1; "p.38. 
(3) P. 146 (Bourdeaux, 1661). 





Role 
HerderReriSenetle)e ee PNR El Février 1680. 
Saint-Jean-de-Luz (de la Courtaudière). ..... Février 1764. 
HeRDAUTENRC PI) RER ME RAR eee Février 1814. 
SOA CANESCHNIONU) ERA EEE nes ce dot one 25 Février 1852. 
Saint-Sébastien (Monedero)...°............ 17 Janvier 1854. 


On peut donc considérer comme parfaitement fixée la station 
d'hiver de ce Cétacé (1). 

Mais quelle était sa station d'été? 

La connaissance de cette station a la plus grande importance, 
s'il est démontré, ainsi que le pensaient Eschricht et Reinhardt, 
que les Baleines accomplissent des migrations régulières. 

En admettant, avec les savants cétalooues danois, que la 
Baleine des Basques est identique avec le Nordkaper des 
anciens baleiniers, sa station d’été se trouvait dans les mers qui 
baignent la Norvège et l'Islande. Le nom de Nordkaper (2) indi- 
que qu'elle était abondante dans les parages du cap Nord, où 
elle arrivait au moment où la Baleine des Basques venait de 
quitter sa station d'hiver dans le golfe de Gascogne(3). C’est, 
dit-on, en poursuivant leurs Baleines, que les Basques se 
seraient avancés jusqu à l'Amérique du Nord. 

Le dernier Vordkaper capturé dans sa station d'été fut atteint 
vers 1783. par un baleinier danois, entre Terre-Neuve et l'Is- 
lande. Il nous est connu par les Cirrhipèdes de ses téguments 
figurés par Chemnitz. 

Il à donc suffi d'un demi-siècle pour détruire cette espèce 
dans les mers d'Islande, car Anderson écrivait, vers 1740 : « Une 





(1) La Baleine de Tarente, étudiée par Capellini et Gasco, a échoué aussi en 
février 1877. 

(2) D’après Anderson (Hist. nat.de l'Islande, Groënland, ete., t. IT, p. 91), 
le mot Nordcaper est une allusion au cap Nord (Norvège). Dans le même 
ouvrage, Anderson dit que le Cachalot est aussi nommé Nordcaper. On a en- 
core appelé Nordcaper une variété de la Baleine du Groënland, la Baleine aus- 
trale, même l'Orque et le Globiceps. Pour Thiercelin (Journ. d'un Baleinier, 
t. 1, p.57), le Nordkaper tire son nom du cap Nord (Islande); pour F. Martens 
(Voy. au Spitsberg), il est ainsi désigné parce qu'on le capture entre le Spitz- 
berg et le nord de la Scandinavie. 

(3) Les pêcheurs de Normandie, qui pratiquaient la pêche du Maquereau au 
large des Sorlingues, ont vu des bandes considérables de Baleines dans ces 
parages (Duhamel, Traité des Pesches, 2 partie, section X, p. 39). 





EDS 


autre espèce (de Baleine) appelée Vordcaper se trouve au 
contraire en grande abondance presque continuellement 
aux environs de cette ile... Les Islandais tirent de grands 
avantages de cette Baleine qui est en quantité sur leurs côtes, 
ce qui est d'autant plus heureux, que, faute de bateau et d’ins- 
truments convenables, 1i leur serait impossible d'aller prendre 
ce poisson en pleine mer » (1). 

La Baleine, qui, du temps de Pline, visitait régulièrement la 


mer de Cadix, ne descend-elle pas plus bas que la Méditerranée ? 
Un chirurgien, qui à été embarqué plusieurs fois à bord des 
navires baleiniers et qui, par conséquent, connaît pratiquement 
les gros Cétacés, le docteur Thiercelin, rapporte qu’en 1862, 
près des iles du cap Vert, il a vu une Baleine Nordkaper: «Sa tète 


» 


» 


>» 


courte et convexe paraissait n'être que le cinquième de sa 
longueur totale. Eile (la Baleine) était relativement plus 
mince et plus longue qu’une Baleine franche. Derrière sa tête, 
une dépression d’un à deux mètres de largeur semblait indi- 
quer son cou. Et à partir de là, le corps s’effilait en forme de 
fuseau. Eile ne laissait voir ni sa queue, ni ses ailerons. Sa 
peau luisante et lisse avait des reflets bleuâtres et ne nour- 
rissait aucun parasite apparent. Chose remarquable, elle pré- 
sentait en même temps, hors de l’eau, la moitié supérieure de 
tout son corps. Je pus voir par conséquent, et d’un seul coup 
d'œil, la forme générale de la tête, longue de 6 mètres environ ; 
elle était convexe de l'extrémité du nez au sillon du cou. 
Un cône de 30 centimètres de hauteur, sur une base double 
de diamètre, servait d’enveloppe aux évents. Les fanons étaient 
au nombre de plusieurs centaines, mais leur longueur était 
loin d’égaler celle des fanons de la Baleine franche. La lippe, 
quoique relevée, ne couvrait que la moitié à peu près de 
cette paroi cornée. Elle nageait horizontalement, sans 
présenter l'aspect convexe habituel aux Cétacés en mouve- 
ment. J’estimai sa longueur à 30 mètres environ... Evidem- 
ment c'était une Baleine bien différente de la Baleine franche, 
de la Humpback ou de la Finback ». (2) 

La description de ce Cétacé s'applique assez bien au Nordka- 








(1) Hist. nat. de l'Islande, p. 198. 
(2) Journal d'un Baleinier, vol. I, p. 58 (1866). 





PNA RS PORT, ER 


DA RS drain 





San 
per; la convexité de la tête notamment est un caractère qui 
ne permet pas de le confondre avec les Balénoptères dont le 
rostre est plat, et en particulier avec le Sulphur-bottom des 
Baleiniers. Ce Suphur-bottom paraît être, dans l'Atlantique, le 
Balænoptera physalus, Fabricius (BR. Sibbaldi, Gray), et, dans le 
Pacifique, le 2. sulfurea, Cope. 

M. H. Drouët(l), durant un séjour aux Açores, où il s’est 
trouvé en relation avec les baleiniers américains et acoréens 
qui arment pour la pêche du Cachalot, avance que l’on a capturé 
dans cet archipel deux ou trois Baleines franches, mais à de 
rares intervalles. 

Enfin le capitaine Drouaux, du port du Havre, m'affirme qu'il 
a vu pêcher une Baleine franche aux Açores, et qu'un Cétacé 
de même espèce a été observé sur la côte d'Afrique, au nord du 
tropique du Cancer. Ces Baleines n’ont pas de couronne sur la 
tête ; elles sont différentes des Baleines australes, qui ne traver- 
sent pas l'équateur. 

Ces faits isolés, en admettant leur authenticité, prouvent que 
durant l'été, qui est la saison du large, le Nordkaper, éloigné 
des baies où il stationnait jadis durant l'hiver, se porte à l'ouest, 
et que des individus isolés errent ainsi entre l'Amérique et l'Eu- 
rope, dans les eaux réchauffées par le Gulf-Stream et ses 
diverses branches. 


Existe-t-il plusieurs Baleines franches au nord de 
l'Atlantique ? 


Cette question, une des plus intéressantes de la cétologie 
moderne, est très difficile à résoudre. 

Cuvier n’a étudié que deux vraies Baleines, le Balæna mysti 
cetus, dont il avait vu une tête osseuse en Angleterre, et le 
Balæna australis, dont deux squelettes lui furent envoyés du cap 
de Bonne-Espérance, par Delalande. Il reconnut les grandes diffé- 
rences de ces deux espèces, et, guidé uniquement par l’ostéo- 
log'ie, il réforma la cétologie encombrée d'espèces fantastiques 
établies par des compilateurs tels que Klein, Anderson, Brisson, 








(1) Eléments de la Faune açcoréenne, p. 113 (1861). 


PE Use 
Bonnaterre, Lacépède, etc.; mais l’exagération de sa critique le 
conduisit à repousser l'existence d’espèces légitimes, telles que 
la Baleine des Basques(l) et la Baleine du Japon; disons à sa 
décharge qu'il ne possédait aucune partie bien authentique de 
leurs squelettes. 

La révision des Baleines franches du nord de l'Atlantique est 
toute moderne. Elle est due en grande partie aux recherches 
patientes et sagaces de Reinhardt et d’Eschricht (2), qui inaugu- 
rérent un nouveau système d'études de ces animaux, en démon- 
trant, de la manière la plus nette, que leurs migrations sont 
constantes, qu’elles n’ont jamais varié depuis les premiers jours 
où des observations ont été faites. Chaque espèce se meut dans 
un espace limité, qu’elle ne franchit qu'accidentellement; par 
conséquent, une distribution géographique distincte indique 
une espèce distincte. Cette méthode, appliquée maintenant par 
la plupart des cétologues et en particulier par M. Van Bene- 
den (3), permettra d'arriver prochainement à une connaissance 
parfaite des espèces peu nombreuses de Baleines franches qui 
sillonnent les mers du globe. 

Eschricht et son collègue Reinhardt, en établissant, à l’aide de 
matériaux que leur avait fournis le capitaine Holbüll, les migra- 
tions du Balæna mysticetus, remarquèrent que cette espèce ne 
quittait jamais les glaces du Nord; par conséquent elle ne devait 
pas être identique avec la Baleine des Basques, qui passait 
l’hiver dans le golfe de Gascogne et l’été dans les parages de 
l'Islande. D'autre part, les anciens balciniers basques et hollan- 
dais, de même que les islandais, distinguaient les deux espèces. 
On pouvait donc réfuter déjà l'opinion de Cuvier, qui, faute de 
preuves suflisantes, réunissait la Baleine du Groënland à celle 
des Basques, sous un même nom; mais si la première était par- 





(J) Voici l'opinion de Cuvier : « La plus célèbre des Baleines proprement 
» dites, est la grande Baleine des mers du Nord, qui venait autrefois jusque 
» dans le golfe de Gascogne, où les Basques ont appris à la poursuivre et que 
» l’on est obligé aujourd’hui d’aller chercher jusque sur les côtes du Groënland, 
» de l'Islande et du Spitzberg. » (Oss. foss., vol. V, p. 360). 

(2) On the Greentand Right- Whale. 

(5) Les Baleines et leur distribution géographique (Bull. de l'Acad. roy. 
de Belgique, t. XXV, 1868). 








hs rs 26 


9 = 


faitement connue, l’histoire de la deuxième présentait de 
grandes obscurités. 

En outre, les Basques avaient distingué la Baleine du banc de 
Terre-Neuve de celle du golfe de Gascogne. Récemment les 
zoologistes américains ont décrit une Baleine particulière qui 
paraît sur les rivages Est de l'Amérique du Nord. 

Il est donc nécessaire d'établir d’abord les caractères qui 
séparent la Baleine des Basques de la Baleine du Groënland 
(Balæna mysticetus), et de rechercher ensuite si elle peut être 
distinguée spécifiquement de la Baieine du banc de Terre-Neuve 
et de celle de la côte Est de l'Amérique du Nord. Mais avant de 
procéder à cette comparaison, il convient d'éliminer de la liste 
des Baleines franches du nord de l'Atlantique le Balæna gibbosa 
ou Scrag-Whale. 

Dudley, en 1725 (1), a donné ce dernier nom à une Baleine de 
la Nouvelle-Angleterre, qui lui paraissait distincte du Aiqght- 
Whale de la même région (Balæna cisarctica, Cope). Sa descrip- 


_tion est très courte : « The Scrag-Whale is near a kin to the 


» Fin-Back, but instead of a Fin upon his Back, the Ridge of the 
» After-part of his Back is scragged with half a Dozen Knobs or 
» Nuckles; he is nearest the Right-Whalein Figure and for Quan- 
» tity of oil; his Bone is white, but, won’t split. » 

Ce Scrag-Whaie, appelé Balæna macra par Klein, est devenu 
pour les cétoiogues Erxleben, Bonnaterre, Lacépède, Gray, etc., 
le type d’une espèce qu’ils ont appelée falæna gibbosa. Cuvier, 
dans sa critique des espèces de Baleines, trouva la description de 
Dudley tellement imparfaite, qu’il se demanda si le Cétacé qu'il 
avait visé n’était pas un Rorqual mutilé. Gray, au contraire, le 
considéra comme une vraie Baleine. 

En 1866, un individu de cette espèce fut jeté sur le rivage à 
Long-Beach (New-Jersey). Ses débris ont été étudiés par M. E. 
Cope (2); malheureusement plusieurs pièces osseuses très impor- 
tantes font défaut. 

L’omoplate est peu élevée; l’acromion et le coracoïde sont très 
développés comme chez les Palænoptera ; les os du membre anté- 





(1) Philosophical transactions, XXXIII, p. 258. 
2) Proceed. Acad. of nat. sc. Philadelphia. 1868, p. 159 et 221, 


— 36 — 


rieur appartiennent au même type, ainsi que la caisse qui n'en 
diffère que par sa forme plus comprimée. La mandibule est pour- 
vue d’une apophyse coronoïde très développée. Les vertèbres 
lombaires et caudales sont très aïlongées, comme celles du 
Balænoptera rostrata. 

Avec tous ces caractères, qui indiquent incontestablement un 
animal du groupe des Balénoptères, on en trouve d’autres qui 
sont étrangers à ces Cétacés. La gorge n’est pas plissée, et il 
n'existe pas d'aileron dorsal. Les fanons sont courts et blan- 
châtres. 

M. Cope a conclu que le Serag-Whale constituait un type 
spécial de Cétacés à fanons, intermédiaire entre les Baleines 
franches et les Balénoptères, et pour lequel il a proposé le nom 
générique de Agaphelus. 

L'Agaphelus, dans aucun cas, ne saurait être rapproché du 
Balæna cisarctica (1) et du Nordkaper. Le Rhachianectes, du 
Pacifique, en est très voisin et ne diffère gueëre que par la forme 
de l’omoplate. 


Du Nordkaper. 


Tel est le nom qu'Eschricht a adopté pour désigner la Baleine 
des Basques, en considérant comme démontrée lidentité du 
Cétacé que les Basques pêchaient en hiver dans le golfe de 
Gascogne, et de celui que les Hollandais et les Hambourgeois 
harponnaient durant l'été, en Islande, ou sur les côtes de 
Scandinavie. 

Nous savons que de temps immémorial on a pêché sur les côtes 
d'Islande une Baleine différente de la Baleine du Groënland. 
Un manuscrit islandais du treizième siècle, le Miroir royal(2), 
distingue le Nordwal où Baleine du Groënland (£alæna mys- 
ticetus), du Sletbag ou Baleine de l'océan Atlantique (Balæna 
Biscayensis). Les pêcheurs islandais reconnaissaient ces espèces 





(1) Gray (On the geogr. distribution of the Balenidæ, Ann. and mag. of 
nat. hist., avril 1868) paraissait disposé à admettre ce rapprochement. Mais 
récemment il a modifié sa manière de voir. 

(2) Ce manuscrit est désigné sous le nom de Xongs-Skugg-Sio, par Noël de 
la Morinière, et sous celui de Kongespiel, par Eschricht et Reinhardt, 








SOA 
à leur taille tres inégale, et aux Cirrhipèdes qui manquent chez 
la première, et qui sont abondants dans les téguments de la 
seconde (1). 

Le Sletbaqg des Islandais fut appelé Nordkaper par les baleiniers 
hollandais, et c’est ainsi que notre Baleine est désignée dans la 
plupart des voyages et traités zoologiques. Egède, Crantz, An- 
derson (2), etc., lui donnent pour caractères : une tête plus petite, 
un corps plus mince que chez le Mysticetus, une mâchoire plus 
arrondie et des fanons plus courts; les fanons du Nordkaper ne 
mesureraient que 7 pieds de longueur, et auraient par consé- 
quent à peu près les mêmes dimensions que les fanons des 
Baleines australes; tandis que les fanons de la Baleine du 
Groënland sont longs de 3 à 4 mètres. Les nouveau-nés du 
Nordkaper auraient 6 mètres de longueur environ, et ceux du 
Mysticetus, 4 mètres et demi tout au plus. 

Le Nordkaper, d'après F. Martens, ne fournissait guère que 
dix à treize tonneaux d'huile (3). Les Cirrhipèdes trouvés dans ses 
técuments ont été figurés par Chemnitz. D'après Anderson, ce 
Cétacé serait ichthyophage (4), mais Rondelet dit formellement 
que « dans l'estomac on ne trouve que de la bourbe, de l'eau, de 
» l'escume, de l'alqa puante, sans aucun morceau de poisson, dont 
» il parait qu'elle n'est point mange-chair (5). » D'après Dela- 
lande (6), l'estomac de la Baleine australe ne contient jamais de 
poisson. 

Si l’on adopte l'opinion de Rondelet, on peut se demander 
quelle était la nourriture dela Baleine des Basques? Le capitaine 
Jouan, questionné à ce sujet par Eschricht (7), lui écrit «qu’il n'a 
» jamais vu de #n2anger-de-Baleine dans le golfe de Gascogne. » 





(1) Eschricht, Comptes-rendus de l'Académie des Sciences de Paris (1858 
et 1860). — Anderson donne le nom de Sleftbakr à la Baleine du Groënland. 
Nous adoptons la version d'Eschricht. 

(2) Hist. nat. de l'Islande, Groënland, etc., vol. I, p. 199; vol. IT, p.91 
(1750). 

(3) Le baril d'huile de Baleine (fût baleinier) est d'un poids moyen de 7 à 800 
kilogrammes. 

(4) Histoire naturelle de l'Islande, Groënland, etc., t. 1, p. 199 (1750). 

(5) Histoire entière des Poissons, p. 552 (Lyon, 1568). 

(6) Desmoulins, Dictionnaire classique d'histoire naturelle, t, IT, p. 161. 

(7) Lettre adhessee de Cherbourg, le 22 octobre 1858, 


MON 
Les Ptéropodes paraissent assez iares dans ces parages où ils n’ont 
été signalés que récemment (l), ils se rapportent aux genres 
Cleodora, Hyalæa, Limacina, mais il parait peu probable qu'ils 
aient pu alimenter des Baleines. D'autre part, les Basques, d’après 
Cleirac (2), n’ont jamais trouvé de poissons dans l'estomac de leurs 
Baleines, et ils ont donné le nom de Guelde à un insecte marin 
dont elles se nourrissent (3). La détermination de la Guelde est 
un desideratum de la science; il est à croire néanmoins que ce 
mot s'appliquait à des Crustacés Copépodes, peut-être même à des 
Cetochilus, dont les immenses banes alimentent les Baleines 
du Groënland et des mers du Sud. Le mot de Guelde, d'après ce 
que j'ai appris à Bayoune, signifie une sorte de Crevette. 

En conséquence, je pense qu’on devra considérer comme 
erronée l'opinion d’'Anderson (4). Tout ce que nous savons sur 
le régime alimentaire des Baleines franches est opposé à cette 
manière de voir, et il faut accepter comme exacte l’observation 
de Rondelet. Qu'on n'oublie pas d’ailleurs que le fondateur de 
l’ichthyologie française a eu de première main ses renseigne- 
ments sur la Baleine, et, qu'attaché à la personne du cardinal 
François de Tournon, il a séjourné avec lui sur les côtes de 
Saintonge, puis à Bordeaux et enfin à Bayonne, c'est-à-dire 
dans la ville où l'on connaissait le mieux les mœurs de la 
Baleine des Basques. 

L'histoire du Wordkaper a été singulièrement embrouillée; 
il semble que plusieurs auteurs aient rapporté à cette espèce 
une variété du Balæna mysticetus. Lacépède (5) représente le 
Nordkaper d'après un dessin envoyé par Joseph Banks, qui l'avait 
reçu lui-même de Bachstrom. Or, Bachstrom exécuta son dessin 





(1) Les Cleodora pyramidatu et Hyalæa infleæa ont été dragués dans la 
fosse de Cap-Breton, par 40-250 brasses de profondeur; les Limacina heli- 
coides et Hyalæa trispinosa ont été dragués à l'entrée du golfe de Gascogne, 
par 740, 862 et 1095 brasses anglaises de fond. 

(2) Us et coustumes de la mer, Bourdeaux, 1661. 

(3) Les baleiniers français appellent « Boële » le manger de Baleine (Thier- 
celin, Journ. d'un baleinier, p. 38). 

(4) Trompé par les baleiniers qui lui ont fourni les éléments de son ouvrage, 
Anderson aura attribué au Nordkaper le régime alimentaire des Balénoptères 
et des Mégaptères qui sont toutes ichthyophages. 

(5) Hist. nat. des Cétacés, pl. u et ur. 





— 39 — 

en 1779, d'après une Baleine du Groënland. La tête mesure plus du 
tiers de la longueur totale du corps, proportion qui n’existe que 
chez le Mysticetus. « Le dessus de la tête, dit Lacépède, paraît 
» un grand ovale, d’un blanc très éclatant, au centre et à la 
» circonférence duquel on voit des taches grises ou noirâtres, 
» irrégulièr?s, confuses et nuageuses » (1). Cette coloration est 
précisément celle de la Baleine du Groïnland. Il suffit d'ailleurs 
de comparer la figure du Balæna mysticetus de Scoresby (2) avec 
celle du Vordkaper de Lasépède pour reconnaitre leur identité. 
Enfin Scoresby, bon juge assurément en ces matières, déclare 
que les dessins de Bachstrom constituent la représentation la 
plus exacte de la Baleine du Groënland. 

Les baleiniers connaissaient mieux les formes du Nordkaper, 
et l’on assure qu'ils crurent retrouver ce Cétacé, lorsqu'ils 
découvrirent la Baleine australe, en allant aux Indes orientales. 
Le Nordkaper appartient en effet au même groupe zoologique, 
désigné par les Baleiniers sous le nom de lack-Whale. 

D’après Chemnitz, Duhamel, Purchas, etc., le Nordkaper des 
mers du nord de l’Atlantique était remarquable par la vivacité 
de ses mouvements qui rendait sa chasse beaucoup plus difficile 
que celle de la Baleine franche du Groënland. 

Les baleiniers américains, de 1770 à 1789, capturèrent quelques 
Nordkapers dans le Brede-Fiord et à Faxe-Bay, sur la côte Ouest 
de l'Islande (3); les Danois enfin semblent être les derniers qui 
aient chassé ce Cétacé dans les mêmes parages (1783). 

On a considéré comme appartenant au Vordkaper une ré- 
sion cervicale de Baleine franche, draguée à Lyme Recis et 
faisant partie du British Museum. Gray, qui a décrit cette 
pièce (4), l'avait d’abord identifiée avec le Balæna mysticelus ; 
mais, plus tard(5), il à abandonné cette détermination, et a 
créé un nouveau nom spécifique (Balæna Britannica). Enfin 
la lumière s’est fait: dans son esprit, et le fSalæna Britannica 





(1) Lacépède, loc. cit., éd. Desmarest, 1826, p. 152. 

(2) Arctic regions, 1, p. 448, pl. xn, fig. 1. 

(3) Eschricht et Reinhardt, On the Greenland right-whale, p. 45. 
(4) Calal. of Seals and Whales, p. 83, fig. 3 (1806). 

(5) Ann. and mag. of nat. hist., vol. VI, p. 200 (1870). 


— 10 — 


est devenu le type du nouveau «ulibulæna(1). Van Beneden (2?) 
ne voit dans cette pièce qu’un cou de Balæna Biscayensis. 

Je n'aurai garde de discuter ces déterminations. J’estime que 
les caractères des régions cervicales varient considérablement 
suivant les âges, les sexes, les individus, et que, par conséquent. 
il est téméraire de créer des espèces et des genres avec des 
matériaux de cette sorte, d'autant plus que la région cervicale 
du Nordkaper adulte nous est encore inconnue. 


De la Baleine glaciale. (P. qglacialis, Klein.) 


Klein a parlé d’une Baleine glaciale qu'il a subdivisée en 
australis et occidentalis, et à laquelle il réunit le Nordkaper 
sous le nom de borealis. Eschricht et Reinhardt avaient identifié 
le Balæna qlacialis avec leur Nordkaper, mais récemment 
M. Malm (3) a désigné comme distincte, une espèce : ÆHunterius 
glacialis. qui ne lui est connue que par une côte du musée 
de Lund. La longueur de cette côte est de 2 m. 100 mill., et son 
diamètre, vers son extrémité sternale ou inférieure, est de 
114 millimètres. 

C’est d’après l’énorme épaisseur de cette côte que M. Malm 
la rapporte à un unterius. On remarquera que son diamètre est 
presque aussi considérable que celui d'une côte de Baleine que 
j'ai rapportée de Biarritz (119 millimètres). 

Si l’on se tient strictement au texte de Klein, qui s’est inspiré 
des observations de Zorgdrager(4), on remarquera que son Pa- 
læna qlacialis s'applique en réalité à deux espèces : les variétés & 
et à sont probablement des Mysticetus, et la variété « est le Nord- 
kaper proprement dit. Voici du reste la reproduction du passage 
de Klein(») : 

» Balæna qlacialis (Eisfisch). 

» a. australis. Zud-Eisfisch; dorso valde depresso, Zorgdra- 
» g'eri. 





(1) Proceed. of Zool. soc. London, p. 140 (1873). 

(2) Ostéogr. des Cétacés, p. 101. 

(3) Kongl. Svenska vetensk. akad. Handl. 1870, p. 35, pl. 1, fig. 3. — 
M. Malm sépare l'Hunterius glacialis de l'H. Swedenborgi. 

(4) Bloeyende Opkomst der Aloude en Hedendaagsche Groenlandsche 
Visschery. Amsterdam, 1720, p. 80 et suiv. 

(5) Hist. piscium nat., 1740, p. 12. 


| 
ni: 





COR A 

» b. occidentalis. West-Eisfich; dorso minus depresso, ejus- 
» dem. 

» c. borealis. Nordkaper, ejusdem. » 

Cette erreur de Klein n’est pas encore dissipée, puisque 
Brown (1) et Gray (2) appellent Vordkaper une vraie Baleine 
voisine du PB. mysticetus et très différente de la Baleine des 
Basques. 


De la Sarde. 


Les Basques pêchaient leur Baleine avant qu’on fit usage du 
compas de route et de la balestrille. Munis de ces auxiliaires ils 
se mirent à la recherche des Cétacés en pleine mer; ils cinglè- 
rent vers l'ouest et atteisnirent, en 1372, le banc de Terre-Neuve 
où ils aperçurent des Baleines en abondance. Comme l'espèce 
qu'ils y trouvèrent était différente de celle du golfe de Gasco- 
gne, ils la nommèrent Sardaco Baleac, ce qui, en leur langue, 
signifia Falceine de troupe(3). Telle est l’origine du nom de 
Baleine de Sarde où simplement Sarde. Ce Cétacé avait donc 
des mœurs différentes de la Baleine de Biscaye; on le rencon- 
trait par gammes de plusieurs individus, tandis que celle-ci se 
montrait isolée. 

Continuant leurs explorations, les Basques arrivèrent au golfe 
de Saint-Laurent. Là, ils découvrirent une Baleine différente de 
la Sarde et bien meilleure. Ils lui imposèrent le nom de Grand 
Bayaco Baleac où Balèine de la Grande baie(4). Après l’appauvris- 
sement de la baie de Saint-Laurent, les baleiniers poussèrent 
vers la mer Glaciale où ils atteignirent le principal repaire de 
la Baleine du Groënland, qui leur parut être la même que celle 
du Saint-Laurent (5). 





_ 





(1) Proceed. 2001. soc. London, 1868, p. 546. 

(2) Suppl. to the cat. of Seals and Whales, p. 39. 

(3) Mémoire adressé en 1710 à M. de Planthion, syndic général du pays 
de Labourd, par les négociants de Saint-Jean-de-Luz et de Cibourre. (Jour- 
nal La Gironde, 29 avril 1857.) 

(4) Cette Baleine est indiquée par Thomas Edge sous le nom caractéristi- 
que de « the Grand-Bay Whale. » 

(5) Aujourd'hui le Balæna mysticetus ne descend plus en Islande et à la 
baie de Saint-Laurent. On n’en voit plus dans les parages du Spitzhberg où sa 
pêche était très active au dix-septième et au dix-huitième siècle. 


Los 


Ils remarquèrent que la corpulence de la grande Baleine du 
Nord était environ double de celle de la Sade; que les fanons 
étaient plus grands et que l'huile était plus claire, tandis que 
celle des S'ardes est toujours trouble. 

Thomas Edge, chargé de diriger la première expédition an- 
glaise au Spitzhberge, pour la pêche de la Baleine, recut des ins- 
tructions dans lesquelles il était question de deux Baleines; 
l’une qui est incontestablement le Mysticetus, l'autre qui est 
appelée Sarda et dont les fanons n’ont que six pieds de lon- 
gueur(l). Cette Sarda est le Nordkaper des Hollandais, mais est- 
elle la Sade des Basques? 

Malgré les assertions des Basques, qui distinguaient la Baleine 
du golfe de Biscaye, de la Sarde, plusieurs auteurs, et Eschricht 
entre autres, les ont cru identiques. Jusqu'à présent cette identité 
n'a pu être parfaitement établie; mais il me semble que la Sarde 
doit être rapprochée d’une Baleine franche des côtes Est de l’A- 
mérique du nord et dont l’histoire commence à être bien 
connue. 

Au dix-septième siècle, cette Baleine était très abondante à 
l'embouchure de la Delaware. Une lettre de W. Penn, datée de 
1683. dit que onze individus ont été pris cette année près des 
caps; cinq ont été vus dans le fleuve Delaware, depuis cette 
époque; et deux de grande taille ont été capturés sur les côtes 
du Maryland. 

Récemment M. Cope (2) signale trois captures de ce Cétacé, 
nommé #/lack-Whale par les baleiniers américains, et dont la 
coloration, par conséquent, est semblable à celle des Baleines 
australes. Un individu a été pris vis-à-vis de Philadelphie, trois 
ans avant la publication de la note de M. Cope, un autre dans la 
baie de Rehoboth (Delaware), et le dernier dans la baie de 
Mobjack (Virginie). On en voit quelquefois dans les parages de 
New-York. 

Un squelette complet fait partie du musée de l’Académie de 
Philadelphie. Longueur totale : 31 pieds et demi (9 m. 45 cent.); 
mais, en tenant compte de l'épaisseur des cartilages, ce chiffre 





(1) Purchas, His Pilgrims, Part. 3. London, 1625: 
(2) Note on a species of Whale occuring on the coast of the United States 
(Proceed. of the Academy of nat. hist. Philadelphia, p. 168, 1865.) 





pourrait être porté à 37 pieds (11 m. 10 cent.). Toutes les épi- 
physes ne sont pas soudées. La tête, longue de 8 pieds 5 pouces 
(2 m. 56 cent.), est, proportionnellement au corps, aussi longue 
que chez la Baleine australe. On compte cinquante-six vertèbres, 
quatorze paires de côtes. La tête de la première côte est simple, 
non bifide. L'omoplate est très large : 29 pouces de largeur 
(72 centimètres) et 23 de hauteur (57 centimètres). 

Le 30 mai 1374, un jeune individu long de 48 pieds (14 m. 
62 cent.) a été capturé à Raritan-River, près South Amboy (1). 
L'animal était entièrement noir; la ligne dorsale ne présentait 
pas d’irrégularités. Les fanons, au nombre de deux cent qua- 
rante-cinq de chaque côté, avaient une couleur noire; leurs 
crins étaient fins, longs. de teinte brunâtre. La longueur de la 
ligne d'implantation des fanons (gen) a été évaluée à 116 pouces 
(3 m. 4 cent.); la plus grande longueur des fanons est de 
48 pouces (1 m. 21 cent.) en y comprenant les crins. 

Enfin, le 7 janvier 1880, une Baleine de 50 pieds de longueur 
a échoué sur les côtes de Charleston (Caroline du Sud). 

Trois squelettes de cette Baleine sont maintenant conservés 
en Amérique : un à Cambridge (2); un autre à Philadelphie; le 
troisième au Muséum «Central Park » de New-York (3). 

En comparant cette espèce, que M. Cope a décrite sous le 
nom de Salæna cisarclica, au Balæna australis, on verra 
qu'elle en diffère, 1° par le nombre des côtes (14 au lieu de 15); 
2° par le nombre des vertèbres (56 au lieu de 59); 3° par la lar- 
geur proportionnellement plus grande de l’omoplate (57 centi- 
inètres de hauteur et 72 centimètres de largeur, chez le B. ci- 
sarctica; 96 centimètres de hauteur et 10) centimètres de lar- 
geur, chez le Salæna australis). Les pariétaux seraient plus 
aigus. 

Le Balæna antipodum est très éloigné du À. cisarctica par son 
squelette. On n’y trouve, en effet, que cinquante-quatre vertèbres 
dont quinze dorsales et quinze côtes. L’omoplate mesure 1 mètre 
de hauteur et 112 centimètres de largeur. 

La Baleine cisarctique est donc incontestablement distincte 








(1) Proceed. of the Acad. of nat. sc. Philadelphia, 1874, p. 89. 
(2) Ce squelette provient d'un individu capturé à Cap Cod. 
(3) D'après une communication manuscrite de M. Gasco. 


h / 
UE 


des Baleines australes; mais ne serait-elle pas la Baleine de Bis- 
caye ? M. Cope le soupçonne, ainsi que MM. Gasco et Van Bene- 
den (1), et ce dernier serait même disposé à ne voir qu’une seule 
espèce dans toutes les Baleines franches des mers tempérées du 
Nord-Atlantique. Gray(2), au contraire, croit la Baleine de Biscaye 
distincte, parce que le squelette du Baleineau de Saint-Sébastien 
a quinze côtes (3) et que la tête de la première côte est bifide. Je 
ne puis attacher la mème valeur aux caractères que Gray regarde 
comme spécifiques; j'ai vu souvent le nombre des côtes varier 
chez les Dauphins et les Marsouins, ainsi que le nombre des ver- 
tèbres. Quant à la bifidité de la première côte, il m’est impossible 
d’être édifié sur son importance. M. Gray, en ne tenant compte que 
de cette dernière différence, sépare deux espèces de Baleines du 
Cap : la première, Eubalæna australis, s'applique aux squelettes 
du Musée de Paris rapportés par Delalande; la seconde, Æ/unte- 
rèus Temminchki, est représentée par le squelette d’un Baleineau du 
Musée de Leyde (4). dont les vertèbres sont plus nombreuses et 
dont la première côte est bifide. Par conséquent, le Balænu ci- 
sarctica serait pour Gray un Æubalæna, et le Balæna Biscayensis 
un /unterius. 

Mais la différence notable que je trouve entre la Ba’eine cisarc- 
tique et la Baleine de Biscaye est la plus grande longueur 
relative. de la tête de la première. D’après les mesures don- 
nées par M. Cope (5), la longueur de la tête du À. cisarctica est à 
la longueur totale : : 1 : 3,69; chez la Baleine de Segnette on a 
le rapport :: 1: 4; chez le Baleineau de Saint-Sébastien la pro- 
portion est encore plus faible (6), elle se rapproche de :: I :5. 
Nous verrons plus loin que la Baleine échouée à Tarente en 1877, 
a une tête extrèmementpetites:: 1.510). 





(1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 1867 et 1865. 
(2) Ann. and mag. of nat. hist., 1868. 
(3) Cette assertion est positivement erronée, Le Baleineau n’a que treize côtes. 
(4) Schlegel, Abhandl. 1841, 37. — Flower ir Gray, Catal. of Seals and 
Whales in the British Museum, éd. IT, 1866, p. 98. 
(5) Ces rapports sont ceux de la tête osseuse au reste du squelette. 
(6) D'après l'animal en chair. 
(7) D'après l'animal en chair; mais d’après le squelette cette proportion n'est 
plus que : : 1 : 3,98, ou en chiffres ronds : : 1 : 4. 











AISNE 


Chez la Baleine australe adulte et son nouveau-né (1) la lon- 
gueur de la tête est à la longueur totale :: 1 : 4, 


De la Baleine franche de la Méditerranée. 


Jusqu'à ces derniers temps il paraissait acquis que les Baleines 
franches n’avaient jamais pénétré dans la Méditerranée, tandis 
que le Rorqual s’y est montré plusieurs fois. Mais l’échouement 
récent d’une véritable Baleine a modifié cette tradition scientiti- 
que, et l’on peut se demander si l’on n'a pas eu tort de considé- 
rer comme des Balénoptères quelques-uns des grands Cétacés 
signalés par d'anciens auteurs dans la Méditerranée. 

Guillaume Appula, poète italien, a raconté la capture, au on- 
zième siècle, d’une Baleine dans la baie de Tarente, par Robert 
Guiscard (2) et ses compagnons. En voyant dans la Méditer- 
ranée un grand Cétacé qui était inconnu aux Italiens, Robert 
Guiszard reconnut la Baleine qu'on harponnait sur les rivages 
de la Normandie; il indiqua les procédés de pêche en usage dans 
son pays et il eut la satisfaction de les voir couronnés de succès. 

Au dire des cétologues, une vraie Baleine fut jetée sur le litto- 
ral de la Corse, en 1620; c'est celle dont Duhamel, Bonnaterre, 
Lacépède ont fait mention. Sa taille a été évaluée à 100 pieds et 
la fonte du lard a donné 120 milliers d'huile (environ 73 barri- 
ques). D’après les documents les plus autorisés, les Baleines du 
Groënland et du détroit de Behring rendent de cent cinquante à 
deux cents barils d'huile; les Baleines australes de cinquante à 
quatre-vingts ; les Mésaptères, de trente-cinq à quarante; enfin, 
les grandes Balénoptères (Tunnolik et Sulphur-bottom), de 
quatre-vingts à quatre-vingt-dix barils. La taille considérable de 
la Baleine de Corse me porte à croire qu’elle appartenait au genre 
Balénoptère, et qu’on peut la considérer soit comme un Balænop- 
tera musculus, soit comme un À. physalus. 





(1) Le nouveau-né est figuré par A. Desmoulins (Dict. class. d'hist. nat.); 
j'ai reproduit cette figure et j'ai donné celle du fœtus de la même espèce (Act. 
de la Soc. Linn. de Bordeaux, t. XXVII, 1868, pl. r et n). 

(2) Robert Guiscard, gentilhomme normand, l’un des fils de Tancrède de 
Hauteville, devint duc de Pouille et de Calabre. Il mourut en 1085, 


RP Seb 


M. Capellini a proposé le nom de Balæna Van Benedeniana (À), 
Ja même année que Gray établissait son Balæna Mediterranea (2), 
pour une région cervicale de Baleine dont toutes les pièces sont 
soudées ensemble ainsi que la première vertèbre dorsale, et qui 
a été figurée par Lacépède et par Cuvier. Lacépède attribuait 
cette région cervicale au Rorqual de Sainte-Marguerite. Cette 
hypothèse n’est pas admissible, mais est-il certain que ces os ont 
bien été pris sur les bords de la Méditerranée ? 

Un échouement incontestable de Baleine franche dans cette 
mer est celui de la Baleine du golfe de Tarente, au sujet de la- 
quelle MM. Capellini et Gasco ont publié des mémoires très inté- 
ressants, accompagnés de belles figures du Cétacé en chair (3). 

L’individu observé par les naturalistes italiens était une jeune 
femelle, dont voici les dimensions d’après 77 Corriere di Tarento, 
du 18 février 1879 : 


ÉONGUCUT 1OTAL EL RS EE Re dre RS ee Te eee 12m » 
Longueur de laté le Enr le an LAN ER CEE Ce 2 A0 
Poncueur des DECLONAlES SR ER PRET ERP PETER À 85 
Fargeundes DÉCIONAlES RE RE CC em ee eee ln 
Longueur de chaque nageorre caudale depuis la bifurcation .... 2 30 
ArreUNITeS CANTAL S RES AE PL ee LESC 1 12 
Largeur entre les deux pointes delacaudale =." "ne 3 50 
Circontérence dutcorpsatlaipantiemmOyenne rt Re 6 30 
Circonférence dUICORPS AUSTIENSIPOSTÉTIEUT RE PC CRE 3 00 
Fonsueuride lalAnene ee Mere enr ce ere 2) 
LAPCOUrTeNAMTANEUC EEE LEE IMAC DRE ee eo. À 20 
Épaisseurite lampe er Re En ec Me RE 0 85 
Ponsueurmdenloriicerextennetdelaivulve te Ten RER rer 0 65 
LONLUEUR AUNICELONIS RER re MR Ce D CO CCC 0 40 
PoneueutTeSiOnICestAesmMAMelES CPP PE PE RATE RE ETC RT 0 20 


Le corps est entièrement noir, de forme relativement svelte (4); 
la tête est très petite; la lèvre inférieure est fortement tronquée 





(1) Sulla Balena etrusca (Memorie dell Accad. delle Sciense dell” Instituto 
de Bologna, série II, t. 111, 1873, p. 12.) 

(2) Suppl. cat. Seals and Whales, p.88. — Proceed. s0ol. soc. London, 
1873, p. 42. — La pièce originale est figurée par Gervais et Van Beneden (Os- 
téogr. des Cétacés, pl. vi, fig. 1) et Gervais (Journ. de Zoologie, 1877. pl. 1x, 
fig. 3-4). 

(3) G. Capellini, Della Balena di Taranto, Bologna, 1877. — F. Gasco, 
Intorno alla Balena presa in Taranto, Napoli, 1878. 

(4) La fonte du lard a produit 3,521 kilogrammes d'huile, quantité beaucoup 
plus faible que celle du Baleineau de Saint-Jean-de-Luz, de 1764. 





| 








Age ee 


en avant; sur cette lèvre et à l’extrémité du rostre, on aperçoit 
des inégalités des téguments et des différences de coloration qui 
indiquent l'existence de Crustacés parasites. Les nageoires pecto” 
rales ressemblent à celles des Baleines australes; leur bord anté 
rieur est le plus long; la nageoire caudale est large. On compte 
de chaque côté deux cent trente fanons noirätres, dont la lon- 
gueur ne dépasse pas 30 centimetres. 

La tête osseuse est longue (en droite ligne) de 2 m. 27 cent., 
large de 1 m. 64 cent.; la mandibule est longue de 2 m. 20 cent. 

Le nombre total des vertèbres est cinquante-six : C. 7 — D. 14 
— L. C. 35. Les six premières cervicales sont soudées, la septième 
reste libre. Quatorze côtes, la première est simple à son extré- 
mité supérieure. L’omoplate, de forme transverse, mesure 70 cen- 
timètres de largeur, et 55. centimètres de hauteur. Pas de 
coracoïde, mais un acromion bien développé, long de 11-12 cen- 
timètres:; cinq métacarpiens. 

La Baleine de Tarente a toute l'apparence de la Baleine de 
Saint-Sébastien figurée par M. Monedero; la forme spéciale de la 
tête, sa brièveté se retrouvent à un degré saisissant dans les des- 
sins des deux individus. Le nombre des côtes est néanmoins dif- 
férent chez le Baleineau de Saint-Sébastien (13 au lieu de 14), et 
la tête de la première côte est bifide. 

La Baleine cisarctique a le même nombre de vertèbres (56) et 
de côtes (14); la première côte est également simple; les dimen- 
sions relatives de l’omoplate sont semblables, mais la longueur 
de la tête est sensiblement plus grande. 

La Baleine de Tarente a donc les caractères extérieurs de la 
Baleine de Saint-Sébastien et les caractères ostéologiques de la 
Baleine cisarctique. 

Quant à la caisse tympanique qui est très bien figurée par 
M. Capellini (1), elle me semble insuffisante pour la détermina- 
tion des espèces dans le groupe des Nordkapers. Il faudrait en 
posséder plusieurs spécimens, provenant d'individus du même 
âge; tandis que l’on compare, faute de matériaux, la caisse d’un 
jeune animal d’une espèce, à celle d’un adulte d’une autre es- 
pèce. 





(1) Loc. cit. pl. 1. 


EIQ ESS 

Provisoirement nous possédons, outre le dessin de la caisse de 
la Baleine de Tarente, celui de la Baleine cisarctique (1) et du 
Baleineau de Saint-Sébastien (2). Ces trois dessins ne concordent 
pas parfaitement; mais M. Gasco pense que les différences de la 
caisse de Saint-Sébastien et de la caisse de Tarente sont analo- 
ques à celles qu’on trouve entre les caisses de Balæna australis 
jeune et adulte, ou de Balæna mysticelus jeune et adulte. 

M. de Luca (3), en pesant les os de la Baleine de Tarente, a cons- 
taté un fait des plus remarquables. Les os et les fanons du côté 
droit sont, sans exception, beaucoup plus lourds que ceux du 
côté gauche. La longueur des côtes du côté droit est supérieure 
à celle des côtes du côté gauche. 

M. Capellini a ne la Baleine de Tarente d’une Baleine 
de la Nouvelle-Zélande. décrite par Gray sous le nom de Marc- 
deayius Australiensis (4). Ce Macleayius dont la tête osseuse est 
longue de 8 pieds 6 pouces, et dont la colonne vertébrale mesure 
31 pieds 6 pouces anglais (d’après le squelette du British 
Museum), a cinquante-quatre vertèbres; la tête de la première 
côte est simple, et l’omoplate, pourvue d’un acromion aussi 
saillant que chez le Balæna australis. a pour dimensions 25 pou- 
ces (63 centimètres) de hauteur, et 27 pouces (68 centimètres) de 
largeur. 

Un autre squelette de la même espèce fait partie du Muséum 
d'histoire naturelle de Paris, où M. Gasco l’a examiné (5). Le nom- 
bre des vertèbres est de cinquante-quatre, comme pour le squelette 
de Londres, mais il manque des caudales. La tête a la même forme, 
et le rostre est arqué au même degré. La largeur de l’omoplate 
surpasse sa hauteur de 15 centimètres, comme chez la Baleine de 
Tarente et la Baleine cisarctique. Le sujet était jeune, quoique 
la tête soit un peu plus grande que celle du squelette de Lon- 
dres. La caisse auditive (6), figurée par Gervais, se rapproche 

.de celle du Z. cisarctica. 





O)Y lan Beneden et Gervais, Osteogr. des Cétaces, pl. vu, fig. 4-6. 
(2) Gervais, Journ. de Zool., vol. VI, pl. xx, fig. 1-3 (1877). 
(3) Comptes-rendus de l'Académie des Sciences de Paris (5 août, 1878). 
(4) Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 105.— Proceed. Zool. soc. London, 
1873, p. 134. 
(5) Comptes-rendus de l'Acad. des Sciences, Paris, 9 septembre 2878. 


>= 


(6) Journ. de Zool., vol. VI, pl. x, fig. 1, 1877. 








ONE 


Le Macleayius australiensis n'étant connu que d’après des 
individus jeunes et incomplets, il est très difficile de savoir s’il 
diffère radicalement des autres Baleines australes. Quant à ses 
rapports avec la Baleine des Basques, on ne peut dire qu’une 
chose, c’est que celle-ci appartient à un même groupe zoologique, 
celui des Nordkapers. 

Les deux squelettes de Macleayius, de Londres et de Paris, ont 
leur omoplate différente. Sur le premier, elle a la forme et les 
dimensions relatives du Zalæna australis; chez le second, elle 
est plus transverse, à l'instar de la Baleine de Tarente. Si, 
d'autre part, on compare la forme des omoplates chez les Palæna 
australis adulte et jeune, on verra combien sont grandes les 
modifications apportées par l’âge: la direction de lacromion 
n’est pas moins différente. 

Thiercelin (1) dit qu’on trouve à la Nouvelle-Zélande deux 
espèces de Baleines franches. L’une longue de 15 à 20 mètres, 
grise, tachetée de blanc, fournissant de soixante à quatre-vingts 
barils d'huile; l’autre, plus noire, plus vive, plus petite et don- 
uant seulement cinquante barils en moyenne. La Baleine adulte 
d’Akaroa, du Muséum de Paris (4. antipodum), était uniformé- 
ment noire, d’après le modèle colorié exécuté par M. Meryon. 
enseigne de vaisseau. 


De quelques Baleines fossilisées. 


Lamanon (2), Daubenton (3), Cuvier(4), ont figuré des restes 
d'une Baleine déterrée rue Dauphine à Paris, et qu'on suppose 
avoir appartenu à l’espèce du golfe de Biscaye. Le Muséum de 
Paris en possède une vertèbre, une côte et quelques fragments 
osseux; une partie du crâne est conservée au musée Teyler à 
Haarlem. La côte est très épaisse vers son extrémité sternale. 

La Baleine de Paris a reçu le nom de Salæna Lamanoni, Des- 
moulins. Elle a été considérée comme un fossile tertiaire, mais 
cette opinion n’est pas soutenable. 





(1) Journ. d'un baleinier, t. 1, p. 40. 

(2) Journal de Physique, 1721, t. XVII p. 393, pl. 11. 

(3) Mémoires de l'Académie des Sciences, 1782, p. 211. 

(4) Ossements fossiles, t. V, part. 2, p. 393, pl. xxvir, fig. 16. 





— 90 — 

Un autre squelette de Baleine, mieux connu, est celui de 
l’Aunterius Svedenborgi, Lilljeborg (1), provenant de Gothland 
(Suède), et qui est conservé dans le musée de l’Académie des scien- 
ces de Stockholm. L'extrémité inférieure des côtes et leur section 
sont tellement semblables à celles de la Baleine de Biscaye, 
qu'on peut se demander si ce Cétacé ne doit pas être réunisousun 
même nom; mais l’'omoplate est plus élevée. 

M. Van Beneden considère comme provenant de la Baleine de 
Biscaye, deux vertèbres et une côte enfouies dans les dunes 
d’Ostende (2). 


Crustacés parasites du Nordkaper 


Les anciens baleiniers distinguaient le Nordkaper où Sletbag 
de la grande Baleine (Z. mysticetus), par la présence de Cirrhi- 
pèdes parasites, semblables à ceux qu’on trouve sur les Baleines 
australes. Rondelet, Segnette, Pontoppidan, Purchas, font allu- 
sion à l’existence de ces Cirrhipèdes; mais le document le plus 
intéressant sur la question est dû à Chemnitz (3), qui a décrit 
et figuré son Lepas complanata polythalarmnia (Die Laus des 
Nordcaper Wallfisches), d'après des spécimens rapportés par un 
matelot du navire baleinier danois Christianshavn, qui les avait 
pris sur un Vordkaper capturé entre l'Islande et Terre-Neuve, 
verso; 

« Voici, dit Chemnitz, un genre de Glands de mer des plus 
» rares, au sujet desquels j'ai déjà donné quelques renseigne- 
> ments préliminaires dans le vol. V des Mémoires des Amis de 
» l'histoire naturelle de Berlin. On les trouve habituellement sur 
» la Baleine qui porte le nom de Nordeaper et dont la chasse est 
» des plus difficiles, car ce Nordcaper ne reste pas un instant 
» tranquille; il est toujours en mouvement comme s’il avait du 
» vif-argent dans le corps. Il s’en suit qu’il ne se laisse pas aisé- 





(1) On two sub fossil Whales discovered in Sweden (Nova acta reqiæ soc. 
scient. Upsaliensis, 3° série, 1868, t. VI.) 

(2) Notice sur la découverte d'un os de Baleine à Furnes (Bull. de l'A ca- 
déinie royale de Belgique, 2° série, t. XXII, 1867). 

(3) Conchylien Cabinet, vof. VAE p. 329, pl. uxuix, fie. 845-840. 








» ment tromper ni surprendre par les baleiniers, qui sont obligés 
» de le harponner à distance et de le maintenir à l'aide de 
» crochets er de lignes nombreuses. Les Glands de mer sont, 
» dit-on, solidement fixés, comme des sortes d’emplâtres blan- 
» châtres, sur le nez et l’énorme tête du Nordcaper. Le Nord- 
>» caper qui, à une certaine distance, est très semblable à d’autres 
» espèces de Baleines, ne peut en être distingué que par la 
» pétulance de ses mouvements et par ses Glands de mer qui 
» font paraître sa tête comme couverte de verrues blanches. 

» Le marin qui me donna deux exemplaires de ces rares Glands 
» de mer, avait rencontré le Nordcaper entre l'Islande et Terre- 
» Neuve: il l'avait immédiatement poursuivi et capturé. Il ne 
» déclara qu'il lui aurait été très facile de rapporter un sac 
» plein de ces Glands de mer... » 

Gmelin confondit sous le mème nom de Lepus balænuris 
(Syst. nat., p. 3208), le Lepas balænaris de Fabricius, qui est un 


_Diadema,et le Lepas complanata de Chemnitz, qui est un Cor'o- 


nula. Ultérieurement, tous les auteurs ont considéré comme 
Coronula balænaris, les Cirrhipèdes qui vivent sur les Baieines 
australes, et Darwin a figuré sous ce nom une Coronuie des 
mers du Sud (1). 

M. Van Beneden (2), supposant que la Coronule de la Baleine 
des Basques est distincte de celle des Baleines australes, a 
proposé pour la première le nom de Coronula Biscayensis, en 
réservant le nom de Coronula balænaris à celle des mers du Sud; 
mais il a oublié que la Coronule du Nordkaper avait été nommée 
par Chemnitz. 

La comparaison de la figure originale de Chemnitz avec des 
spécimens de Coronules de Baleines australes, ne montre aucune 
différence appréciable. Les exemplaires que j'ai vus ont été pris 
sur des Baleines de la Nouvelle-Zélande (Héron de Villefosse), du 
Chili (A. d'Orbigny) ; Darwin a examiné des Coronules détachées 
des téguments de Baleines du cap de Bonne-fispérance, de la 
Nouvelle-Galles du Sud, et de la côte ouest de l'Amérique du 
Sud. Toutes lui ont paru spécifiquement identiques. Il est donc 








— 


(1) Balanidæ, p. 415, pl. xv, fig. 2, et pl. xvi, fig. 3-5. 
(2) Les Cétacés, leurs commensaux et leurs parasites (Bull. de l'Acad. roy. 
de Belgique, 2 série, t. XKXIX, 1870, p. 349). 





Pc) 


mn 24 — 
fort probable que la même espèce de Coronule vit indistincte- 
ment sur le Nordkaper des mers d'Europe ou de l'Amérique 
septentrionale, et sur les Baleines des mers australes: on pourra, 
par conséquent, établir ainsi sa synonymie : 


CGoronula compianata, Chemnitz. 


a. Lepas complanata  polythalumia, Chemnitz, Conchylien 
C'abin., vol. VIIL p. 325, pl. xo1ix, fig. 845-846. 
Lepas balænaris, Gmelin (pro parte), Syst. nat., ed. XII, 
p. 3208 (non Lepas balænaris, Fabricius). 
Coronula Biscayensis, Van Beneden, Bull. de l'Acad. roy. de 
Belgique, t. XXIX, 1870, p. 349. 
b. Coronula balænaris, Lamarck, Ann. du Muséum, vol. 1, 
p. 468, pl. xxx, fig. 2, 3, 4. — Darwin, Balanidæ, p. A5; 
pl.'xv, fi2.2; pl. xy1, fig. 3-5. 


Habitatin cute : (a) B. Biscayensis; (b) Balænarum australium. 


Le nom de Coronula balænaris devra être abandonné, parce que 
la description du Lepas balnaris de Fabricius (Fauna Groenlan- 
diea, p. 425) s'applique rigoureusement à l'espèce de Diadema 
qui vit sur les téguments du Hegaptera boops. 

Jusqu'à présent, rien ne porte à croire que le Nordkaper ait 
donné asile à des T'ubicinella comme les Baleines du Cap. 

Deux autres Coronules sont décrites par les auteurs : la pre- 
mière, Coronula reginæ, Darwin (1), vit sur des Baleines aus- 
trales non déterminées, et. par son opercule, se rapproche des 
Diadema ; la seconde, Cryptolepas Rachianecti, Dall (2), se trouve 
dans les téguments de la Baleine grise (Rachianectes glaucus, 
Cope). Elle est presque entièrement recouverte par la peau, 
dont les proiongements., fixés entre les lamelles rayonnantes 
des valves, arrivent jusqu’au bord de l'ouverture. Les pièces 
operculaires sont au nombre de quatre; elles affectent la même 
disposition, et présentent les mêmes dimensions respectives 





(1) Darwin, Balanidæ, p. 419, pl. xv, fig. 5, pl. xvi, fig. 4. 


(2) Dali, F'roceed. of tie Californ. Acad. of science, 1872, p. 500, 
? / Î 





— 53 — 

que chez le Coronula complanata. L'agencement des murailles 
à la face inférieure est très différent; les valves sont beaucoup 
plus aplaties. Le Cryptolepas, dont j'ai vu plusieurs exemplai- 
res pris sur une Baleine des îles Sandwich et envoyés au 
Muséum par M. Bailleu, ne constitue, à mon avis, qu'une espèce 
du genre Coronula, mais cette espèce est remarquablement 
distincte et ne peut être confondue, même à première vue, avec 
le Coronula complanata. La communication de M. Bailleu est 
intéressante, d'autre part, parce qu’elle donne à supposer que 
la Baleine des îles Sandwich est peut-être la même que le 
Rhachianectes qlaucus de Californie, dont on ne connaissait 
jusqu'à présent qu’un seul habitat certain : la côte ouest de 
l'Amérique du Nord. Toutefois, le capitaine Scammon nous 
apprend que le Rhachianectes se montre sur le littoral de Ia 
Chine (1). 

Les Crustacés du genre Cyamus vivent spécialement sur la 
peau des Cétacés. Il était donc important de connaître le Cyarrus 
du Nordkaper. 

M. Gasco ayant recueilli quelques-uns de ces parasites sur les 
téguments de la Baleine de Tarente, les a soumis à l’examen de 
M. Ch. Lütken, auteur d’une monographie des Cyamus. L'espèce 
du Nordkaper est le Cyamus ovalis, décrit par Roussel de Vau- 
zème d’après des individus parasites de la Baleine australe. Le 
Cyamus ovalis paraît vivre sur plusieurs espèces de Cétacés. 
M. Lütken le signale aussi sur les Baleines de la Nouvelle- 
Zélande et du Japon (2). 

Un autre prétendu Cyamus, parasite du Baleineau de Saint- 
Sébastien, a été nommé Cyamus Biscayensis par M. Van Bene- 
den (3), d’après une figure de la planche lithographiée, publiée 
par le docteur Monedero; mais M. Lütken ne voit dans ce 
Cyamus qu'un Pycnogonum semblable à ceux qu’on trouve sur 
tout le littoral des mers d'Europe. 





(1) On the Cetacea of the Western Coast of North Ainerica, p. 31 (Pro- 
ceed. of the Acad. nat. sc. Philadelphia, 1869). 

(2) Bidrag til Kundskab om Œrterne af Slægten Cyamus (Dan. selsk,. 
skr., X, p. 231-284; 1873). 

(3) Les Cétacés, leurs commensaux et leurs parasites (Bull, de l'Acad. roy. 
de Felgique, 2 série, t, XXIX, p. 349, 1870). 


Pr Sn 

Il reste donc acquis que le Nordkaper des mers d'Europe et du 
nord de l'Atlantique possède très probablement la même Coro- 
nule et ie même Cyame que la Baleine australe. Par conséquent, 
des parasices spécifiquement identiques peuvent habiter sur des 
Cétacés différents. 

Le Cyame de la Baleine du Groënland (Cyarnus mysticeti) est 
très distinct des Cyaimnus du Nordkaper et des Baleines australes. 
Il en est de même du Cyame du Rhachianectes (Cyamus 
Stimpsont). 


Conclusion. 


Les Baleines du groupe Nordkaper, propres à l'Atlantique du 
Nord, ou récemment fossilistes en Europe, ont reçu les noms 
suivants : 

1° Balæna Biscayensis. 

2° Nordkaper (des baleiniers hollandais). 

3° Sletbag (des Islandais). 

4° Halibalæna Britannica, Gray. 

D Sarde, Sardaco Baleac (des Basques). 

6° Balæna cisarctica, Cope. 

7° Balæna Tarentina, Capellini. 

8° Balæna Van Benedeniana, Capellini. 

9° Balwna Mediterranea, Gray (Macleayius). 

10° Balna Lamanont, Desmoulins. 

11° Æunterius Swedenborgi, Lilieborg. 

12 Æunterius glacialis (Klein), Malm. 

On peut considérer comme très probable que le Nordkaper, le 
Sletbag, les Baliëna Tarentina et Biscayensis, appartiennent à 
une même espèce, ainsi que le Palæna Lamanoni, les Hunterius 
glacialis et Svedenborgi. Ces trois derniers sont établis sur des 
pièces d'animaux adultes, différents par conséquent des jeunes. 

La Sarde, le Balæna cisarctica, sont synonymes, et jusqu'à 
plus ample informé. distincts. au moins comme race, de la 
Baleine des Basques, par leur tête plus longue. Le squelette est 
d’ailleurs semblable. 

Enfin, l’Aalibalæna Britannica, Ve Balæna Van Benedeniana et 
le Balena Mediterranea ne me paraissent pas avoir de caractères 








suffisants pour être classés. IT n’y a pas plus de raisons pour 
les rapprocher des Mysticetus que des Nordkapers. 

La vraie Baleine des Basques se rapproche, par ses caractères 
anatomiques, des jeunes Cétacés des mers australes, appelés 
Hunterius et Macleayius; mais nous ne savons pas sices rapports 
persistent chez les animaux adultes. 

Tous ceux qui se sont occupés de cétologie, ont pu se con- 
vaincre de l’extrème difficulté que présente la distinction des 
espèces; cette difficulté est poussée à ses dernières limites pour 
les Nordkapers, dont chaque individu examiné semble déjouer 
les bases d’une classification systématique (1). On commence 
depuis quelque temps à réagir contre les anciennes tendances 
à trop diviser les espèces de Cétacés. et l’on est porté à accorder 
une limite beaucoup plus étendue à la somme des variations 
individuelles. L'espèce, chez les Cétacés, est peut-être ce que 
nous appelons genre; et dans ce cas, le Vordkaper serait unique, 
avec deux ou trois races, à distribution géographique distincte. 

La solution de ces graves questions sera atteinte le jour où 
nous posséderons un squelette adulte de Baleine des Basques. 
Jusqu'à ce moment, on pourra dire : « //iacos intra muros pec- 
>» catur et extra. » 

Enfin, je dois signaler une lacune très importante dans 
l'histoire naturelle de la Baleine des Basques. Le mâle nous est 
tout à fait inconnu; ik n’en est question ni dans les auteurs 
anciens, ni dans les relations modernes. On doit supposer, ou 
qu'il est plus rare que les femelles, ou qu'il se tient presque tou- 
jours au large. Delalande n'a vu que deux ou trois mâles sur 
cinquante individus de la Baleine australe; au contraire. le 
nombre des mâles dépasse celui des femelles chez la Baleine du 
Groënland, d'après Scoresby. 





(1) Gray, dans son supplément au catalogue des Cétacés, publié en 187], 
dispose les Nordkapers de l'Atlantique N., en quatre genres et six espèces : 
1 1! $ Ë 
Bazzæna:1l0 D: Mediterranezr, 20 B: Nordcaper. — EvBALæna: 30 E. 
1 
Cisarctica. — HuNTERIUS : 40 . Biscayensis, 59 H. Svedenborgi. — Macrxa- 
xius : 60 M. Britannicus. 
Voilà donc six espèces nominales, lorsqu'on n'est même pas certain qu'il en 
Î ) ] 1 
existe réellement deux. Gray a dépassé les exagérations ridicules des Klein et 
des Lacépède ! 


Fa SA di, 0 5 


ÉKegapiera. Gray. 


2. Megaptera Boops, Fabricius. 


Balæna Boops (L.), Fabricius, Fauna Groenlandica, p. 36. 

Kyphobalæna Boops, Eschricht, Die Nord. Wallthiere, 1849. 

Balæna longimana, Rudolphi, Abhandl. d. Berlin. Akad., 1829. 

Megaptera longimana, Gray, Cat. of Seals und Whales, p. 119. 

Megaptera Boops, Van Beneden et Gervais, Ostéogr. des 
Cétacés, p. 120, pl. x et x1, fig. 1-8. 


Individu échoué à la côte de la Barre-de-Monts (Vendée), le 
6 janvier 1877. 

Ce Cétacé était en pleine putréfaction, mais 11 a été examiné 
par M. Dufour, directeur du musée de Nantes, qui a pu le 
déterminer avec précision (1). Les mesures suivantes sont 
approximatives : 


DODAUEUL OAI AN RME RL RCE RE REC EES 122 13%. 

Diametre delarcavité thoracique PEER E CREER TERRE 3 (au moins). 
Distance des deux extrémités de la nageoire caudale...... 5 

Longueur des nageoires peciorales "ne 3 90 (au moins). 
DonsueurduneMAnqMDULEEEPEEEEEEEPPEEE TC ETES EEE. 4 


Peau d’un noir bleu foncé sur le dos, et d’un blanc rosé sous 
la gorge, qui est parfaitement plissée etsillonnée. Aileron dorsal 
non observé, mais son existence est aflirmée par les personnes 
qui ont vu l'épave dans les premiers moments. Fanons blan- 
châtres et très courts. 

M. Dufour a constaté la présence dans les téguments du dos 
de nombreuses Coronules (Diadema). 

L'administration de la marine a vendu ce Cétacé 40 francs; on 
a pu en extraire environ dix barriques d'huile. Les nageoires 
pectorales avaient un poids énorme, et pour les séparer du tronc, 
on à dû y attacher un câble sur lequel tiraient quatre bœufs 
puissants. 

Le squelette n'a malheureusement pas été conservé, mais le 





(1) E. Dufour, Note sur un Cétace échoué à la côte de la Barre-des-Monts 
(Vendée). — Extrait des Annales de la Société académique de Nantes, 1877. 


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peu de renseignements que nous avons sur l’animal, suffit 
pour affirmer avec certitude qu'il appartient au genre Wegap- 
tera, caractérisé par le grand développement des nageoires 
pectorales, dont la longueur est d'environ un tiers de celle 
du corps. 

Fabricius (1) a donné une description de ce Cétacé, qu'il 
appelle Balæna Boops, et que les Groënlandais nommaient 
Keporkak. Les baleiniers le distinguent sous le nom de Æump- 
back. Les meilleures représentations sont celles de Rudolphi (2). 
d'Eschricht (3), de Van Beneden et Gervais (4). 

La formule vertébrale est C. 7 — D. 14 — Let C. 32 — 53 
(squelette du musée de Louvain); C. 7 — D. 14 — Let C. 32 
— 53. (Squelette du musée de Bruxelles); C:7— D:14— L: et 
C. 33 — 54 (Squelette du musée de Berlin). 

L'’omoplate est tout à fait remarquable par l'absence d'acro- 
mion et de coracoïde. Les doigts sont au nombre de quatre: leur 
longueur est très inégale, le troisième est le plus long et forme 
de huit articles. 

Très commune au Groënland, cette espèce s’est montrée acci- 
dentellement dans les mers d'Europe; l'individu mâle, observe 
par Rudolphi, a été capturé à l'embouchure de l’Elbe, en no- 
vembre 1824. 

La taille moyenne de la Mégaptère doit être assez grande. à 
en juger par des pièces séparées du squelette, que nous avons 
vues dans divers musées. L'individu de la Barre-des-Monts etait 
jeune, ses épiphyses étaient peu adhérentes. Celui dont le 
Musée de Bruxelles possède le squelette, mesure 46 pieds de 
long (près de 15 mètres); il est presque adulte. L'individu mâle 
décrit par Rudolphi, était long de 43 pieds; les pectorales 
avaieut 13 pieds de longueur. 

Une jeune femelle de l’estuaire de la Dee, dont le squelette est 
conservé au musée de Liverpool, était longue de 31 pieds. 











(1) Fauna groenlandica, p. 35, 1870. 

(2) Ueber Balæna longimana (Abhandl. d. Berlin. Akad., p. 133-144, 
cinq planches, 1829). 

(3) K. Danskhe Vid. selshabs. Afh., 1845, XI, p. 239, pl. 1, m1 et 1v. 

(4) Ostéographie des Célacés, pl. x et xi, fig. 1-8, 


_ 


JO 





Migrations de la Mégaptère. 


Les migrations de la Mégaptère ont été signalées depuis 
longtemps par Fabricius qui a eu l’occasion d'en voir de nom- 
breux individus (1). Il écrit qu’en hiver, ce Cétacé se dirige vers 
la haute mer; mais qu’en été, et surtout en automne, il se 
rapproche des plages du Groënland (2). D'après Eschricht, la 
Mégaptère séjourne sur le littoral depuis avril jusqu'en automne ; 
en novembre, elle descend vers l'Atlantique. 

Est-ce la même espèce qu'on voit dans les parages des Ber- 
mudes et dans la mer des Antilles, depuis mars jusqu'à la fin 
de mai? On peut le supposer; Gray a donné néanmoins le nom 
de Megaptera americana au Humpback des Bermudes (3), dont 
la taille est considérable. 

J'ai étudié le Megaptera amnericana. d'après une belle série 
d'ossements séparés, provenant des Antilles, et conservés au 
musée d'histoire naturelle de Bordeaux. Plusieurs de ces pièces 
ayant appartenu à des animaux adultes permettent de rectifier 
quelques points de leur anatomie. La plupart des figures du 
squelette des Megaptera sont dessinées en effet d'après des indi- 
vidus jeunes. 

Ainsi l’axis décrit et figuré par Gray (4), n’a pas ses caractères 
définitifs, tels que le montre un axis du musée de Bordeaux. Sur 
cette pièce, les processus latéraux se rejoignent complètement 
et ferment le canal vertébral, comme chez le Salænoptera 





(1) « Hane stpius contemplandi occasionem habui, etiam unam occiderce 
» adjuvi, ideoque de illa certior sum » (Fabricius, Fauna groenlandica, p. 36). 

(2) « Hieme altum mare petit; æstate autem et imprimis autumno oras 
» agoreditur, sinusque ampliores interdum intrat (/oc. cil., p. 38). 

(3) Catalogue of Seuls and Whales, p. 129. — Ce nouveau nom était bien 
inutile puisque Bonnaterre avait appelé la même espèce Balæna nodosa. 
M. Malm (Kongl. Svenska Vel. Akad. Handl., 1870) a figuré plusieurs 
pièces osseuses de cette Mégaptère, provenant de Saint-Barthélemy (Antilles) 
et conservées au musée de Stockholm. 


(4) Cat. of Seals and Whales, p. 121, fig. 16. 


RTE ee re qi PARA TT RE D OCR ANT PS CEE PORN ER RE TR ER EE qe Ur ns 


59 





musculus (1): mais le bord extérieur des apophyses transverses 
est tronqué chez le Megaptera americana, tandis qu'il est oblique 
chez le Balænoptera musculus. Le diamètre transverse de cet 
axis est de 88 centimètres. Un atlas dont le diamètre transverse 
mesure 68 centimètres, diffère de l’atlas du Megaptera lonqi- 
mana figuré par Gray (1). par son trou vertébral plus large et 
moins long, et par ses apophyses transverses plus aiguës et 
plus saillantes. 

Sur une région cervicale on remarque que les quatre premières 
vertèbres sont soudées; mais le fait est anormal, car les ver- 
tèbres du cou chez d’autres individus sont libres. La Mégaptère 
du Cap décrite par Cuvier, a son axis soudé par le corps à 
la troisième vertèbre cervicale. 

Les arrière-crânes du musée de Bordeaux mesurent 2m. 16 cent. 
de largeur. Deux mandibules sont longues de 3 m. 85 cent.: 
elles sont arquées. Le sternum a une forme particulière : il est 
un peu plus large que long (largeur #4, longueur 40 centimètres), 
et il figure un rhomboïde irrégulier, rappelant un peu un trèfle. 
On y voit quatre lobes : un antérieur, un postérieur et deux laté- 
raux (2). 

L’omoplate très large a 1 m. 30 cent. de largeur, et 95 centi- 
mètres de hauteur. Ces dimensions diffèrent peu de celles de 
deux omoplates du Muséum d'histoire naturelle de Paris, de 
provenance inconnue (largeur, 1 m. 26 cent.; hauteur, 9% centi- 
mètres): mais l’omoplate du musée de Bordeaux porte un rudi- 
ment d’acromion, tout à fait semblable à celui quiexiste sur une 
des omoplates de la Mégaptère du Cap; cette apophyse n’a rien 
de bien fixe, puisqu'elle manque sur l’autre omoplate du même 
individu du Cap. 

Les humérus sont énormes (longueur 65 centimètres), le 
trochiter est bien marqué; les radius de deux individus ont 1 m. 





(1) Loc. cit., fig. 15. — Van Beneden, Mém. sur une Balénoptère capturée 
dans l'Escaut, p. 18 (Mém. de l'Acad. roy. des sciences de Belgique, 1871). 

(2) Ce sternum a la même forme que celui de la Mégaptère du Musée de 
Berlin. Le sternum de la Mégaptère du Cap figuré par Cuvier (Oss. fossiles, 
vol. V, 1re partie, pl. xxvi, fig. 12), est profondément échancré parce qu'il 
appartient à un animal jeune. Une disposition semblable se montre d'ailleurs 
sur un sternum de Mégaptère d'Europe (Van Beneden, Ostéogr. des Cétacés. 
p. 128). | 


— 60 — 
2 cent. et 1 m. 4 cent. de longueur; un cubitus mesure 90 centi- 
mètres de long. 

La Mégaptère des Bermudes à donc beaucoup d’affinité avec le 
Rorqual du Cap de Cuvier, et il m'est impossible de décider si 
elle diffère ou non de la Még'aptère du Groënland, dont l’ostéo- 
logie ne nous est guère connue que d’après des individus 
jeunes. 

Peut-être toutes les Mégaptères appartiennent-elles à une 
même espèce dont la distribution géographique serait univer- 
selle”? 


Du Gibbar et de la Jubarte. 


Qu'est-ce que la vraie Baleine de Rondelet, appelée de son 
temps Gibbar sur les côtes de Saintonge? Rondelet, qui en à 
donné une figure détestable, la montre pourvue de barbillons et 
la différencie de la Baleine des Basques, par son museau pointu. 
Son nom de (ibbar, dit-il, vient de ce qu'elle a le dos voûté et 
bossu. Elle se nourrit d'Aphyes (1). 

Le Gibbar des Saintongeois, nommé aussi Gubarte où Gubbar- 
tas par les Basques (2), et Jubarte par quelques cétolog'ues, était 
certainement un Æumpbhack où Mégaptère. Il a été harponné par 
les pêcheurs basques, ainsi que l’'Epaulard (Orca): de nos jours 
la pêche du Æumpback est pratiquée au harpon par les balei- 
niers américains, qui la trouvent même très fructueuse. Les 
vraies Balénoptères ne peuvent être atteintes de la même façon. 
à cause de la rapidité de leurs allures. 

Anderson appelle Poisson Jupiter la Mégaptère ou Gibbar; 
il remarque que le cou, le dos et même la nageoïire, sont chargés 
d'une quantité prodigieuse de Glands de mer (Balanus) (3): il 
ne l’identifie pas avec le Æumpbhack de Dudley. 

Le Gibbar de Lacépède et de la plupart des cétologues fran- 
çais est une Balénoptère privée des plis longitudinaux de la 
gorge, c'est-à-dire un monstre qui n'existe pas dans la nature, et 
dont la paternité peut être attribuée à Martens. La Jubarte de 
Lacépède est, par sa description, une Mégaptère. 





(1) Histoire entière des Poissons, Lyon, 1568, p. 353. 
(2) Noël de la Morinière, Tableau historique de la pêche de la Baleine, 1794. 
(3) Hist, nat. du Groënland, t. I, p. 98. 





Er 


Crustacés parasites des Mégaptères. 


La Mégaptère porte presque toujours dans ses téguments une 
belle espèce de Cirrhipède, appelée par Fabricius Lepas balæ- 
naris. On la trouve principalement dans les sillons de la gorge. 
sur les nageoires pectorales (1), et même sur d’autres parties 
du corps. Les jeunes Cétacés en sont couverts aussi bien que les 
adultes; les pêcheurs groënlandais, frappés de ce fait. sont 
persuadés qu'ils naissent pourvus de leurs parasites (2). 

La synonymie du Lepas balænaris de Fabricius a été em- 
brouillée par Gmelin, Lamarck, Darwin, etc., qui l'ont rapporte 
à l'espèce de Coronule parasite du Nordkaper et des Baleines 
australes. On devra, ce me semble, rétablir ainsi la dénomina- 
tion de ce Cirrhipède : 


Diadema baiænaris, Fabricius. 


Lepas balænaris, Fabricius, f'auna Groenlandica, p. 425. 

Pediculus balænaris, Chemnitz, Conchyl. Cabin., vol. VIIT. 
p. 319, pl. LxLIx, fig. 843-844. 

Coronula diadema, Lamarck, Anim. sans vert., éd. I. vol. V, 
p. 387. — Darwin, Balanidæ, p. AÏ7, pl. xv, fig. 3, et 
Devon lee 


La figure citée de Chemnitz représente un individu pris sur 
une Mégaptère du Groënland. Darwin ayant étudié comparati- 
vement des exemplaires recueillis sur des Æumpbacks des côtes 
d'Angleterre, de Scandinavie, des États-Unis et des Bermudes, 
n'a pu trouver entre eux des différences spécifiques. 

J'ajouterai que l’étude que j'ai faite des Diadema pris sur les 
Mégaptères du cap de Bonne-Espérance et du Chili, m'a conduit 
au même résultat. et qu'on peut considérer comme probable, 











(1) « Habitat in Balæna boope, etiam in juniore, maxime in sulcis pectoris et 
» pinnis pectoralibus » (Fauna groenlandica, p. 425). 

(2) Van Beneden, Les Cétacés, leurs commensaux et leurs parasites (Bull, 
de l'Acad. roy. de Belgique, 1870, p. 355). 


ue 


que toutes les Mégaptères sont pourvues d'une seule espèce de 
Diattema (1). 

Lister, au dix-septième siècle, a figuré (2) très exactement le 
Cirrhipède parasite des Mégaptères: il le désigne ainsi : « fala- 
» nus Balænæ cuidam oceani septentrionalis adhærens. » 

On trouve presque toujours attaché aux Diadema, un Cnrhi- 
pède pédoneculé, le Conchoderma aur'itum, Linné, classé par 
plusieurs auteurs dans le genre Ofion. Les C'onchoderma parais- 
sent spécifiquement identiques: toutefois M. Daill a décrit sur le 
Megaptera versabilis, Cope. un Ofion Stimpsoni, qu'il considère 
comme distinct du Conchoderma aurilum. 1 pense aussi que le 
Cyamus de la même Mégaptère est particulier, et il le nomme 
Cyamus subfusus. 

Nous n'avons pas examiné les Coronules de la Mégaptère de la 
Barre-des-Monts, signalée par M. Dufour; Piet, dans ses recher- 
ches sur l'ile de Noirmoutiers (3), relate que d’Orbigny père a 
recueilli, dans cette localité, le Coronula diadema, sur un 
Marsouin. Ce passage indique certainement un échouement de 
Mégaptère, au sujet duquel les détails nous manquent: puisque 
les Diadema ne vivent que sur les Megaptera. 


HBaliæsægéera. Lacépède. 


3. Balænoptera Sibbaldi, Gray. 


Balæna physalus, O. Fabricius, Fauna Groënlandica, p.35. 

Physalus Sibbaldii, Gray. Proceed. of Zool. soc., 1847. p. 92. — 
Gray, Cat. of Seals and Whales, 1866, p. 160. 

Cuvierius Sibbaldi, Gray. Suppl. cat. of Seals and Whales, 
p. 94, 1871. ; 





(1) M. Dall exprime un doute au sujet de l'identification du Diadeina qui vit 
sur le Megaptera versabilis, Cope, du N. Pacifique, avec le parasite des 
Mégaptères du Nord de l'Atlantique. 

(2) Hist. conchyl., p. 445, fig. 288 (1685). 

(3) 2° édition, 1863. — Fischer, Crustacés Podophthalinaües et Cirrhi- 


pèdes de la Gironde, p. 32 (1872). 








ROUES 

Balænoptera Sibbaldi, Van Beneden et Gervais, Ostéogr. des 
Cétaceés p209 pl oxiret xx, fe. 1-10, — Van Beneden, 
Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, juin 1875. 

Physalus latirostris, Flower, Proceed. z00!. soc. London, 1864, 
p. 410-414. 

Cuvierius latirostris, Gray. Cat. of Seals and Whales, p. 165 et 
380 EC 

(?) Balænoptera Carolinæ, Malm, Monogr. illustrée du Balénop- 
tère, etc., 1867. 

Tunnolik des Groënlandais. — Séeypireydr des Islandais. 


Le 10 mars 1827, à la suite d'un coup de vent du N. O. qui 
régnait depuis quinze jours environ, une Balénoptère femelle 
fut jetée sur le rivage de l’île d’Oleron. Le D" Souty, chirurgien 
de marine, fut envoyé par le conseil de santé de Rochefort 
pour étudier ce Cétacé; on lui doit une relation très précise qui 
a été publiée par R. P. Lesson. 


DIMENSIONS PRINCIPALES : 


ÉONSUCUTHO Al RER RE RES Ale net 17254 
Hauteur du Corpsaumiveautdles pectorales eee CPC CCE 3 56 
HAUTEUMAUICONPSAUMVEAUTENlAMNITEEERE M ART PEER CREER 2 21 
Larseurdelatéte dunæillaNautre PEER REC 3 24 
De l'extrémité de la mandibule à la commissure labiale ........ 3 59 
ÉGnSUEUeNAIMANTIDUle RER ER E 4 0% 
Largeur de la mâchoire inférieure à sa partie moyenne......... 1 62 
Largeur de lamaächoire a la CoMmMIssUure 1 78 
DURDOUTMLOS TE AUXIÉVENLS PR CT cer 2 69 
Dee lATaTCOMMISSUTE AA ee 0 32 
Dee RAT ANDe CLOTAOR  R  ee cine | 45 
Diameétreithansversallei@ilR EEE RE Re RE 0%32 
DA E LE AVR DC A ARR NE Le ET Re NEA SR 0 24 
Longueur de l'oritice des évents...... PR OS Sr EE 0 37 
Distance des orifices des évents à leur extrémité antérieure..... 0 04 
Distance des orifices des évents à leur extrémité postérieure.... 0 24 
Ponsueundelamageomemnectonale Pre ec rre ee 1 94 
Largeur de la nageoire pectorale à sa partie moyenne.......... 0 53 
Longueur {supposéc) de l'aileron dorsal... ................... 0 97 
Parseuridelanmagenrecaudales re ere CPE RER 3 56 
Longueur de la vulve ........ RARE tTe SH OU DR TEA 0 32 
Distance denamulVe Al ANUS PRE ME PE RER CC ere 0 18 
PoncteunouesonidenlamAamMelle PA AAMEE EMEA EPP ECC CNE 0 10 
Largeur moyenne des plis de l’abdomen...................... 0 06 


Le corps est cylindrique, d'une coloration grise ardoisée 
uniforme: la tête n’est pas séparée du corps par une dépression 


— 64 — 
sensible; elle est terminée en pointe en avant; sa longueur est 
un peu inférieure au quart de la longueur totale du Cétacé. 

La mâchoire supérieure est beaucoup moins large et moins 
longue que la mâchoire inférieure. La mâchoire inférieure se 
relève considérablement, au point d'être du double plus épaisse 
que la mächoire supérieure; elle la dépasse d'environ 48 centi- 
mètres. Les fanons étaient enlevés. La commissure labiale arron- 
die est froncéee pars quelques rides _Ladlangue “estimoile 
spongieuse; l’épiderme de sa partie postérieure est lâche, plissé. 
avec des rides épaisses. 

Œïl très proche de la commissure labiale, entouré de sortes 
de paupières épaisses et fermées: ouverture palpébrale petite: 
cornée à peine visible dans toute son étendue; globe oculaire 
mesurant 270 millimètres de circonférence; diamètre de la 
cornée 27 millimètres; épaisseur de la sclérotique en arrière 
27 millimètres; diamètre du nerf optique 27 millimètres: orifice 
auditif externe à peine perceptible et indiqué seulement par 
une petite membrane tendue au niveau de la peau, à 32 centi- 
mètres environ en arrière de l'œil. 

Aïleron dorsal déchiré, incomplet. placé vis-à-vis de l’anus. 
vers les quatre cinquièmes de la longueur totale. Nageoïires pecto- 
rales minces, étroites, pointues au sommet: leur bord antérieur 
est épais, leur bord postérieur très mince. Nageoire caudale 
échancrée; à lobes presque triangulaires, terminées en pointes 
obtuses et mesurant 1 m. 78 cent. de largeur. Ouverture anale à 
3 m. 88 cent. de la nageoiïire caudale. 

Les sillons de la face inférieure du corps s'étendent jusqu’au 
haut du ventre. Les plis longitudinaux ont 8 centimètres d’épais- 
seur à leur extrémité; ils sont moins larges au centre où ils sont 
séparés par des intervalles peu profonds. 

Ce Cétacé était femelle. De 6 à 8 centimètres en avant de la 
vulve, M. Souty trouva une saillie qu'il considéra comme l’om- 
bilic. Les mamelles étaient terminées par un mamelon gros 
comme une noix, et percé d'un canal dont l’orifice béant pouvait 
recevoir une plume à écrire. 

La couche de graisse, épaisse de 16 à 18 centimètres le long 
du dos et de la nuque, n'avait que 8 centimètres d'épaisseur sur 
le ventre. 

Cœur long de 1 11. 29 cent.:crosse de l'aorte mesurant 27 centi- 








— 65 — 
mètres de diamètre et 10 à 13 centimètres d'épaisseur: diaphragme 
oblique, épais de 13 centimetres. 

L'œsophage aboutissait à une suite de cavités qui parurent 
être au nombre de cinq. Souty compare la deuxième cavité, 
beaucoup plus vaste que les autres et dont les parois étaient 
épaisses et froncées, au troisième estomac des Ruminants. 
Vessie ovalaire, longue de 48 centimètres; matières fécales 
fétides, divisées en boules de couleur rouge brun et de a 
crosseur du poing. 

Crâne long de 4 m. 21 cent. sur 1 m. 62 cent. de large: quinze 
côtes de chaqe côté; sternum petit et plat: soixante-trois verte- 
bres : sept cervicales étroites, libres, séparées par des lames 
détachées; quinze dorsales; quarante-une lombaires et caudales, 
dont dix-sept comprises dans la nageoire caudale; quinze os 
en V. Os des membres antérieurs épiphysés. 

Lesson, ayant comparé un dessin du crâne avec la figure 6 de 
la planche xxvr des Ossements fossiles de Cuvier (Sibbaldius 
laticeps, Gray; Balæna rostrata, Rudolphi: Rorqual du Nord, 
Cuvier), trouva une ressemblance assez grande pour réunir sans 
hésitation son espèce à celle de Cuvier. Mais à cette époque les 
Bilénopteres étaient mal connues. 

Les vrais Sibbaldius n'ayant que cinquante-cinq ou cinquante- 
six vertèbres, le Cétacé observé par Souty ne peut en être 
rapproché. puisque le nombre de ses vertèbres est de soixante- 
trois. On ne doit hésiter qu'entre les Balænoptera musculus, 
L. et Sihbaldi, Gray. 

La coloration générale de la Balénoptère d'Oléron, le grand 
relévement et l'épaisseur de sa lèvre inférieure, la forme au 
rostre, le nombre des vertèbres, sont des caractères identiques 
à ceux que l’on a constatés chez le Balænoptera Sibbaldi (À), 
espèce commune en Islande et sur les côtes de Scandinavie. 
Cette Balénoptère atteint de très grandes dimensions: l'individu 
d'Oléron, quoique long de 54 pieds (18 mètres), n'avait pre- 
bablement pas sa taille définitive; ses os des membres 6t des 
vertèbres étant encore épiphysés. 








(1) Van Beueden, Note sur la grande Balénoptère du Nord (Bull. «de 
l'Acad. roy. de Belgique, 2° série, t. XXXIX, juin 1875, -— Turner, Truks. 
Roy. soc. Edinburgh, t. XNV, IS70). — Sibbald aurait observe cette espèce 
en 1692. 


Han, EG 


Un autre caractère de la Balénoptère d'Oléron, qui est 
particulier au 2. Sibbaldi, est cffert par l'aileron dorsal. Souty 
indique cet aileron à l'union des quatrt-cinquièmes de la longueur 
du corps avec le cinquième postérieur. Le 8. Sibbaldi figuré par 
Van Beneden, d’après le dessin de Otto Finsch (1), présente la 
mème disposition, ainsi que le Sibbaldius sulfureus, Cope. d’après 
le dessin du capitaine Scammon (2). 

Chez le Balænoptera mmusculus, au contraire, l’aileron dorsal est 
placé vers les trois quarts de la longueur du corps. Il est plus 
éleve. 

Je ne connais pas d'autre échouement certain de Balenoptère 
de Sibbald sur nos côtes océaniques de France; néanmoins un 
vélin du Muséum représente une Baleine remorquee au Havre. 
le 11 octobre 1852, longue de 12 mètres environ et remarquable 
par sa coloration ardoisée, uniforme, sauf la gorge jaunâtre; les 
fanons étaient noirs. Je ne sais ce qu'est devenu son squelette. 

La synonymie de cette grande espèce de Balenoptère a été 
extrêmement difficile à établir. 

Elle est signalée pour la première fois, et sous le nom de 
Steipireïdur, dans la liste des Cétacés d'Islande, publiée par 
Baitholin (3), d'après les indications d’un ecclésiastique de cette 
île: le Steipireidur ou Steypireydr a été étudié récemment par 
M. S. Hallas. médecin du navire baleinier « Thomas Roys », qui 
a donné à M. Reinhardt des documents intéressants que celui-ei 
a publiés en 1867(4). La longueur de six individus mesurés 
varie entre 70 et 80 pieds danois; la coloration générale est 
foncée: la tête osseuse, remarquable par la dilatation du rostre 
à sa partie moyenne et par le peu de largeur relative de la 
portion crânienne, est tres distincte de la tête du £alænoptera 
mnusculius. 

Le type Steypireydr étant bien fixé par M. Reinhardt, qui a 
rendu, dans cette circonstance, un service signalé à la cétologie, 
il à été possible de trouver les rapports de quelques Cetacés mal 


s&anus, classes parmi les Balénoptères. 





(1) Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXXIX, juin 18%, fig. |. 

(2) Proceed. of the Acad. of nat. se. Phil., 1869, fig. 2. 

(31 Hast. anat. Cent. IV, p, 283. 

(4) Vidensk. Meddel. fre den naturh. For. à Kjübenhawn, 1867, n° 8-11. 


) 


— Ann. and mag. of nat, hist., p. 323, vol. 11, Fourth series (1865). 








— 67 — 


Ainsi le Balæna physalus de Fabricius, Tunnolik des Groën- 
landais, et qu'Eschricht a appelé Pferobalæna gigas, appartient 
très probablement à la même espèce. 

Le Physalus Sibbaldi de Gray, institué d’après le squelette 
d'un jeune animal de 47 pieds de longueur, conservé au Musée 
de Hull; le Physalus latirostris de Flower, dont le type est un 
squelette de la mer du Nord, conservé dans le musée de Jeude à 
Utrecht, et mesurant 43 à 44 pieds de long: présentent les 
mêmes caractères anatomiques que le Sfeypireydr. Il en est de 
même du Balænoptera Carolinæ, Malm, de la côte occidentale de 
Suède. Quelques auteurs ont encore pensé que la grande Baleine 
d'Ostende, échouée en 1827 et étudiée par Breda et Dubar, 
appartenait à la même espèce; mais son ostéologie est imparfaite- 
ment connue et son iconographie détestable..Dubar trouve 
qu'elle possède cinquante-quatre vertèbres; il ne compte que six 
cervicales etil oublie quatre de ces os restés dans la queue. Il n’est 
pas étonnant que les zoolog'istes aient varié sur le classement de 
ce géant des mers, considéré successivement comme Zalænoptera 
musculus (Van Beneden), 8. Sibbaldi (Van Beneden), 2. borealis 
(Gray), et dont l'identification est encore un problème. Sa taille 
(31 mètres), l’état deses os annonçaient une extrême viellesse. 
Son sternum et sa tête n'ont pas de ressemblance avec les pièces 
correspondantes du Physalus latirostris. 

Quelques autres grandes Balénoptères des côtes de France 
pourraient être également rapprochées du Balænoptera Sibbaldi. 
Je citerai notamment le Cétacé long de 30 mètres et échoué à 
Dunkerque, en avril 1863; mais il ne faut pas oublier que le 
Balænoptera musculus, adulte, atteint presque les mêmes 
dimensions que le 8. Sibbaldi. 

Les caractères extérieurs du Balænoptera Sibbaldi nous ont 
été donnés par M. Van Beneden, d’après les notes et les dessins 
de M. Otto Finsch, qui a séjourné quelque temps dans le 
Varanger Fiord, près de Vadsô (Norvège), où existe un très 
grand établissement pour la pêche régulière de ce Cétacé. La sal- 
son de pêche dure de mai à septembre. C’est en automne que le 
Tunnolik se montre au Groënland. Les individusadultes mesurent 
jusqu'à 80 pieds de long; le fœtus à terme atteint 20 pieds. La 
fonte du lard produirait près de quatre-vingts tonnes d'huile. 

Les particularités les plus notables de cette espèce sont : des 


Re 
fanons de couleur foncée: une coloration générale d’un brun ou 
d'un gris foncé ardoisé; un aileron dorsal très petit, courbé, rap- 
proché de la queue: un rostre dijiaté à sa partie moyenne; des 
lippes très développées comparativement à celles des autres Ba- 
iénoptères. Le nombre de vertèbres est de soixante-quatre, dont 
seize dorsales, pour le squelette du Musée de Hull; de soixante- 
quatre, dont quiuze‘dorsales, pour celui d'Utrecht: de soixante- 
trois, dont quinze dorsales, pour celui d'Oléron. Le sternum, 
d'après l'individu d'Utrecht, qui malheureusement était jeune, 
est aplati. dilaté transversalement. irrégulièrement ovale et de 
très petite taille (1). I est probable que de nouvelles observations 
nous apprendiont si les caractères du sternum ont quelque 
constance, Les maxillaires inférieurs sont plus courbés que 
chez les autres Balénoptères, et, par suite, l'extrémité de la 
wèchoire inférieure est subarrondie. 


1. Balænoptera musculus, Linne. 


©) Balæna musculus, Linné, Syst, nat., X. p. 106. 

Rorquul de la Méditerranée, Cuvier. Oss. fossiles, t. V. Fe partie. 
D'Or 1070 

Ealæna antiquorun, Fischer. Syst. mainm., p. 925. 

kysalus antiquorum, Gray. Cat. of Seals and Whales, p. 144. 

Pterochalæna cormmeunis, Eschricht. 

Lakenoplera inusculus, Van Beneden et Gervais. Ostéoyr. des 
Cétaces;°p.A67pl cr et x 


À. — En 1823. on trouva sur la plage de la commune de Cap- 
Breton, au nord de la barre de Bayonne. un Cétacé long de 
54 pieds (18 m.). portant une légère blessure au flanc. L'’adminis- 
tration de la marine adjug'ea l'épave pour 50 écus à un proprié- 
taire d'Ondres nommé Sescau, qui. après l'avoir dépécée. vendit 
le squelette au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Les pièces 
perdues du squelette ayant été grossièrement restituées en bois, 
il est hnpossible de donner avec certitude la formule vertébrale; 


(1) D'apres les dessins des principaux ossements d'un PBalænoptera 
Sibhbaldi $ de Wadso, et qui m'ont été communiqués par M. F. A. Smitt, le 
sternun est subpentagonal, ronqué à une extrémité, aigu à l'autre, et d'une 
forme qui rappelle celle du sternum de la Balénoptère de Saint-Cyprien étudiée 


pai Companyo (LB. inusculus). 


FER 





néanmoins j'ai tout lieu de supposer que le squelette de Cap- 
Breton devait avoir soixante-deux vertèbres au plus. Dans les 
lecons d'anatomie comparée de Cuvier, on lui attribue soixante- 
Gingvertéebres (25.6d:; p.183). 

La tête osseuse est longue de 3 m. 18 cent. (1); la longueur 
du maxillaire inférieur est de 3 m. 11 cent.; Gervais a représenté 
uue coupe de cette tête (2), ainsi que le sternum (3), le moule de 
la cavité crânienne (4) et la caisse auditive (5). Les processus la- 
téraux inférieurs des apophyses transverses des six premières 
cervicales sont bien développés; la septième cervicale seule en 
est dépourvue; les processus latéraux supérieurs et inférieurs 
de la seconde cervicale ne se touchent pas, mais laissent entre 
eux un faible intervalle. Les trois pièces de l’hyoïde sont com- 
plètement soudées. 

Je crois que les vertèbres dorsales étaient au nombre de quinze. 
Le canal de la base des apophyses transverses de la région cau- 
dale commence à la quarante-deuxième vertèbre: et, comme ce 
canal se montre aussi à la quarante-deuxième vertèbre sur une 
Balénoptère de Saint-Vigor dont la colonne vertébrale très 
complète est composée de soixante-deux vertèbres, on peut en 
conclure que la Balénoptère de Cap-Breton avait la même 
formule. 

B. — En 1855, une Balénoptère jeune, mais de grande taille, 
échoua à la Barre-des-Monts (Vendée). Piet qui relate cet échoue- 
ment ne donne aucun détail (6). 

C. — En 1811, une Balénoptère fut jetée à la côte, à Bayonne, 
d'après Cuvier (7); mais sa détermination spécifique est aussi peu 
certaine que celle de la Balénoptère de Noirmoutiers. 

D. — Une Balénoptère de grande taille fut aperçue morte et 
flottante en pleine mer et à peu de distance du Plateau de Ro- 





(1) Le crane est figuré dans les vélins du Muséum fAnatomie comparée, 
vol. Il, 118-119). 

(2) Nouvelles archives du Muséum d'hast. nat. de Paris, vol. VIT, pl 1, 
fig. 5. 

3) Loc. cit., pl. vis, fig. 5. 

(4) Loc. cit., pl. vu, fig. 1. 

(5) Zool. et Paléont. françaises, pl. xxxvur, fig. 7. 

(6) Recherches sur l'île de Noirmoutiers (2° édition, 1863, p. 244), 

(7) Annales du Muséum, t. NIX, 1812. 


ANT Ne LeS 


chebonne. Elle se rapprocha peu de temps après de la Pointe 
de la Coubre (Charente-Inférieure), et tomba à la côte le 11 juil- 
let 1879, sur la plage de Soulac (Gironde), à 200 mètres environ 
du débareadere. 

Au moment de l’'échouement, la colonne vertébrale fut rompue 
au niveau des premières lombaires: les viscères abdominaux 
furent mis à nu, et le flot poussa le tronçon postérieur du corps 
de telle sorte que la nageoire caudale vint se placer au voisinage 
de la tête. 

La putréfaction était très avancée: une odeur insupportable se 
répandit sur la plage et rendit le séjour de Soulac impossible 
aux baigneurs. 

D’après les renseignements que j'ai pris à Soulac peu de temps 
après l’échouement, la longueur de l'épave était de 27 mètres en- 
viron ; mais M. E. Lataste (1) donne des dimensions encore plus 
fortes (85 à 90 pieds). M. Souverbie (2) lui attribue seulement 
2: mètres. Ces différences d'appréciation proviennent de la diffi- 
culté de restituer exactement la longueur totale d’après celle des 
deux tronçons. 

La coloration était encore très appréciable; la partie supé- 
rieure du corps avait une teinte noirâtre, ardoisée, uniforme, 
ainsi que la face externe des nageoires pectorales. La g'orge et 
le ventre paraissaient blanchâtres. Le sexe n'a pas été cons- 
taté. 

Les nageoires pectorales sont petites, lancéolées, à bords dé- 
chiquetés. Leur longueur a été évaluée à 1 m. 50 cent.; leur lar- 
geur ou hauteur à 1 mètre, et leur épaisseur à 30 centimètres. 
L'aileron dorsal, à peine indiqué, était rapproché de la queue. 

L'état des parties molles de la tête n’a pas permis d'en donner 
une description exacte. La longueur de la tête était de 6 à 
7Timètres. La mandibule droite, découverte presque en totalité, 
mesurait o m.80 cent. en suivant la courbure (3); sa circonférence 





(1) Journal Le Nuturalste, n° du 1ér août 1879. Paris. 

(2) Le savant directeur du Musée de Bordeaux a vu l'épave peu de jours 
après son échouement. 

(3) La mandibule du Rorqual de Sainte-Marguerite figuré par Cuvier 2 
» m. 09 cent. de longueur en suivant la courbure; celle du Rorqual de Saint- 
Cyprien n'a que 4 m. 55 cent. 








A ee 


était de 1 m. 25 cent. à sa partie moyenne, et de 95 centimètres 
à son extrémité antérieure (1). 

La dernière côte droite avait été dépouillée de ses parties 
molles. 

La gorge était profondément plissée; les plis étaient écartés 
de 12 centimètres environ. 

Il est probable que les fanons étaient tombés, car, malgré 
toutes mes recherches, il m'a été impossible d'en retrouver, et 
personne n’a pu me renseigner à ce sujet. 

L'ouverture palpébrale très faible n'avait pas plus de 10 cen- 
timètres. 

La Balénoptère de Soulac a été vendue sur la mise à prix de 
30 francs, et adjugée à la commune de Soulac pour la somme de 
90 francs. Après l’adjudication, toutes les parties molles ont été 
enfouies dans les dunes voisines, ainsi que les os qui ont été dé- 
pouillés avec soin, la municipalité ayant l'intention de conser- 
ver le squelette. 

La Balénoptère de Soulac paraît done être, d’après sa colora- 
tion, un véritable B. musculus adulte. La longueur de sa mandi- 
bule excède, de près d’un quart. celle de la mandibule du Ror- 
qual de Saint-Cyprien, dont le corps mesurait 25 m. 60 cent.; et 
de un sixième environ, celle de la mandibule du Rorqual de 
Sainte-Marguerite, dont la taille était d'au moins 20 mètres. 
Ses nageoires pectorales étaient néanmoins plus courtes que 
celles de ces deux Balénoptères, qui mesurent 2 m. 60 cent. 
(Saint-Cyprien) et 1 m. 78 cent. (Sainte-Marguerite). 


Balænoptera musculus de la Manche et de la Bretagne. 


Sur le littoral de la Manche, les échouements de Balænoptera 
musculus ont été nombreux. On cite les suivants : 
En 16.., à l'embouchure de la Seulle (2); en 1726, au cap de 





(1) La circonférence de la mandibule du Rorqual de Sainte-Marguerite à sa 
partie moyenne n'est que de 87 centimètres, et celle de la mandibule du 
Rorqual du Cap-Breton de 60 centimètres. La mandibule de la Baleine australe 
du Cap mesure 97 centimètres de cireonférence à la même hauteur, 

(2) Dumoulin, Histoire du Duché de Normandie, p. 16. 


More 


Hourdel, dans la baie de Somme (1); en 1806,.à Veulettes (2); 
en 1811, à Montreuil (3); en 1812, à la pointe Saint-Quentin 
(Somme) (4); en 1829, à Cayeux. près Saint-Valéry (5); en 1830, 
à Isigny (6); en 1840, au Tréport (7); en 1842, à Bereq (Pas-de- 
'alais) (8); en 1845, à Saint-Malo (9); en 18#7, à Saint-Vigor (10); 
en 185., sur le littoral des Côtes-du-Nord (11): en 1857, à Boulo- 
g'ne (12); en 1868, au Havre (13); en 1872, à Boulogne (14): en 
1863, à Dunkerque (15); en 1878, à Dunkerque (16). 

Les dates de ces échouements sont très variables et ne peu- 
vent nous fournir aucune induetion sur les migrations proba- 
bles de cette espèce; néanmoins c’est en hiver qu’elle se montre 
ie plus souvent dans nos parages. 

La taille des individus oscille entre 14 et 30 mètres : elle est de 
14 mètres pour les Balénoptères de Saint-Vigor, Cayeux, Bereq: 
de 15 mêtres pour celles des Côtes-du-Nord, de Boulogne (1872); 
ie 18 mètres pour celle de Cap-Breton; de 20 mètres pour celle 
de Boulogne (1857): de 24 mètres pour celles de Soulac et du Cap 
Hourdel; et de 30 metres pour celle de Dunkerque. Ce dernier 
individu atteint presque la taille de la Balénoptère d'Ostende qui 


(1) Duhamel, Traité général des pesches, t. Ii, p. 10 et IE 

(2) Voyage dans lu Seine-[nférieure, mss.… par Leboullanger, IS07. 

(3) Cuvier, Annales du Museum, t. XIK. 1812, R: t5 : 

(4) Ballon, Mémoires de la Socièlé royale d'émulation d'Abbeville, 1833. 

(2) Ravin, Annales des sciences naturelles, 2e série, t V, p. 265 (1836) et 
t KV, p. 337 (1841). — Une partie du squelette au Muséum de Paris. 

(6) Tête osseuse au Musée de Caen. 

(7) Quelques pièces osseuses au Musée de Rouen. 

(S) Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises, p. 158. 

19) Gervais, loc. cit., p. 158. 

(10) Squelette au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 

(11) Van RBeneden, Bull. de l’Acad. roy. de Belgique, 2° série, t. KXVII, 
p. 287, 1869. 

(12) Trouvée morte en mer (10 février 1857) et remorquée. Individu mâle, 
long de 20 mètres (Gros, Ann. d'oculistique, t. XXX, p. 5, 1858). 

(13) Trouvée morte en mer et remorquée. 

(14) Pelit Moniteur, 25 décembre 1872. 

(15) Frédol, Le Monde de la Mer, p. 563. Individu de 30 metres de longueur 
et de 20 mètres de circonférence. 

(16) Van Beneden (Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 2° série, t. XLV, 
n° 3, Mars 1878). — Individu trouvé mort en mer par les pêcheurs d'Ostende et 
de Dunkerque. Le squelette est au Musée de l'Université catholique de Lille. 





oh 4. 


Hérddn Ls: 








Or ED 


mesurait, dit-on, plus de 30 mètres de longueur; et dépasse celle 
de Ja Balénoptère de Siint-Cyprien (Pyrénées-Orientales), longue 
de 26 m. 60 cent., d'apres Companyo, et dont les épiphyses 
n'étaient pas encore soudées (1). 

Les Balénoptères jeunes viennent plus souvent à la côte que les 
adultes. Lorsqu'elles n’ont que de I4 à 18 mètres, leur crâne est 
plus aplati, les mandibules sont moins arquées, et les processus 
des apophyses transverses des vertèbres cervicales ne se réunis- 
sent pas pour fermer le canal de l'artère vertébrale. Dans cet 
état, elles constituent le genre Benedenia de Gray (2), qui re- 
pose, par conséquent, sur une grosse erreur anatomique. 

La coloration des fanons de cette espèce est généralement 
blanchâtre en avant et grisàtre en arrière. Le corps est noiràtre 
sur le dos et les côtés, et d’un blanc pur en dessous. Les nageolï- 
res pectorales sont étroites, aiguës à leur sommet: leur lon- 
gueur est d'environ un neuvième de celle du corps. L'aileron 
dorsal, placé vers les trois quarts de la longueur totale, se 
montre au niveau de la dernière vertèbre lombaire (3). 

Voici les dimensions de la Balénoptère mâle de Cayeux, étu- 
diée par Ravin. 


LONCUELINEOAIE RE PE Re PE Re EPA 13°65 
HAULEURAUNHerSACMAPOIIHINe PES APR EEE EE 2,21 
Detlextréemiténdumrostre Aux events." 107.0 1 68 
Longueurde la mâchoire inférieure... 2 43 
Longueur du bord antérieur des nageoires pectorales .... 1 38 
Distance de l'aileron dorsal à la queue: .-......:....... 3 13 
Longueur du bord supérieur de l'aileron dorsal ......... 0 97 
Hauteur de l’aileron dorsal. ........ RE A M 0 19 
Distance de ANUS A TAAQUENCTER RP RP ER ERP er 3 90 
Largeur de la nageoire caudale, d'une pointe à l'autre... 2 68 
CIRCONIETENCENMOMIÉR EE ER EEE Cr crc eL ct 6 50 


La mâchoire supérieure était plus courte que linférieure de 
15 centimètres environ. Les fanons n'excédaient pas 30 centime- 
tres de longueur. Les plis de la gorge S'étendaient jusqu'au 
nombril; ils étaient écartés de 5 centimètres environ et profonds 





(1) Mémoire descriptif et ostéographie de la Baleine échouée sur les côtes 
de la mer, près Saint-Cyprien, le 27 novembre 1#28. 

(2) Catal. of Seals and Whales, 2° édition, 1866, p. 135. 

(3) Ravin, Notes anatomiques sur divers organes d'une Balenoptère (Ann. 
destscinat., eesérir Et XV, Lee 


de 6 lignes. Pas de cils aux paupières: les globes oculaires me- 
suraient 88 millimètres de diamètre. Pupille très petite, fendue 
étroitement en travers (1). 

Les évents sont situés dans une dépression placée en arrière 
d'une petite bosse dé la mâchoire supérieure; ils décrivent de 
chaque côté une ligne courbe, semilunaire, d’un pied de large. 
Leurs ouvertures sont fermées par des lèvres solides s'appliquant 
fortement l’une contre l’autre. Estomac multiple: intestin grèle 
très long: il s’écoulait de l'anus des matières d’un jaune rou- 
geàtre, safrané. 

Verge longue de plusieurs pieds, logée dans une gaine; gland 
fusiforme, atteignant 33 centimètres environ de longueur, ter- 
miné en pointe tronquée, à l'extrémité de laquelle l’orifice de 
l’urêtre se présentait sous forme d'une petite fente transversale. 

Le Muséum de Paris ne possède qu'un seul squelette complet 
de Balænoptera musculus, e'est celui de Saint-Vigor, qui provient 
d'un jeune individu long de 14 mètres, et dont les os, par conse- 
quent. sont épiphysés. 

La formule vertébrale est : C. 7. — D. 14.—L. et C. 41.—62. La 
deuxième cervicale n'a pas les ares de ses apophyses transverses 
réunis; il en est de même des troisième, quatrième et cinquième 
cervicales. La sixième et la septième ne présentent qu'un pro- 
cessus développé. le supérieur (2). 

Les cs en V commencent à la trente-huitième vertèbre; le ca- 
nal de la base des apophyses transverses est visible à partir de la 
quarante-deuxième (3). Les apophyses transverses disparaissent 
à la cinquante-et-unième, et les apophyses épineuses à la cin- 
quante-troisième. Sur les six premières dorsales, l’apophyse arti- 
culaire recouvre celle de la vertèbre qui suit. 

Les côtes sont au nombre de quatorze: les trois premières ont 
une longue apophyse s'articulant avec le corps de la vertèbre 








(1) M. Gros a trouvé chez la Balénoptère de Boulogne (1857) que les yeux 
avaient presque les dimensions de la tête d'un enfant nouveau-né : diamètre 
vertical, 14 centimètres; diamètre antéro-postérieur, 9 centimètres. La pupille 
était transversalement ovale comme celle des Ruminants. 

(2) La Balénoptère de Cap-Breton et celle de Cayeux ont un processus 
inférieur à la sixième cervicale, 

(3) Même disposition chez la Balénoptère de Cap-Breton el ehez celle de 


Caveux. 





RE Pen re 
REF ro e " ù 





73 


precedente; les huit suivantes ont une tubérosité et une petite 
tête; les trois dernières ont une tête seulement. La dernière côte, 
plus mince vers son extrémité vertébrale, est plus allongée que 
les côtes précédentes. 

Hyoïde composé de trois pièces : une médiane étroite, pour- 
vue d’une entaille ou sinus antérieur, et deux latérales allon- 
g'ees (1). 

Le sternum est cordiforme, échancré en avant, aigu en arrière ; 
celui de la Balénoptère de Cap-Breton a la forme normale et 
porte une saillie antérieure moins développée que la postérieure; 
chez les Balénoptères adultes, le sternum est plus large et l’apo- 
phy se postérieure est encore plus allongée (2). 

Omoplate large (largeur 78 centimètres, hauteur 46 centimé- 
tres); acromion long et large: coracoïde bien marqué (3). 

Humérus court (longueur 36 centimètres); radius et cubitus 
très longs et étroits (longueur 56 centimètres), surtout quand on 
les compare aux os de l’avant-bras des Baleines franches: apo- 
physe coronoïde du cubitus très développée (4). 

Carpe court : trois os à la rangée antibrachiale et deux à la 
brachiale; mais il manque un os à l'antibrachiale. 

Le métacarpe et les phalanges ont une longueur de 48 centi- 
mètres; par conséquent, le rapport de leur longueur à celle de 
l'avant-bras est ::6:7. La première rangée se compose de 
quatre os, la deuxième de cinq (peut-être six), la troisième de 
quatre (peut-être cinq), la quatrième de trois (peut-être quatre), 
la cinquième manque. 

Les fanons sont au nombre de deux cent quatre-vingt-dix, très 








(1) Même structure chez la Balénoptère de Cayeux; celle de Cap-Breton a 
ses trois pièces de l’hyoïde complètement soudées. 

(2) Gray, Cat. of Seals and Whales, loc. cit., p. 110, fig. 12. 

(3) Omoplate large de 87 centimètres et haute de 52 centimètres (Balénoptère 
de Cap-Breton) ; large de 77 centimètres et haute de 50 centimètres (Balénop- 
tère de Cayeux). 

(4) Os de l’avant-bras longs de 62 centimètres (Cap-Breton) et de 50 centi- 
mètres (Cayeux). La Balénoptère échouée au Tréport en 1840 a l'humérus long 
de 60 centimètres et le radius de 85 centimètres. On peut en conclure que la 
longueur totale de ce Cétacé était de plus de 20 mètres, et que celle des nageoi- 


res pectorales dépassait de beaucoup 2 metres. 
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2 nre 


rapprochés, courts. Leur plus grande longueur est de 40 centi- 
mètres, et leur largeur de 8 centimètres (1). 

Le maxillaire inférieur est long de 3 mètres (2): sa hauteur à 
l'apophyse coronoïde est de 36 centimètres (3). 

Sur les côtes occidentales de la Bretagne un échouemenut de 
B'alænoptera musculus a eu lieu le 17 juillet 1879. 

Des pêcheurs trouvèrent au large de l'Ile de Groix une Balé- 
noptère adulte, morte et flottante, qui fut remorquée à terre. 


DIMENSIONS : 


É'ONBUEULAO IAE EEE TE Ole A 20m 8Ûc 
PCONÉLONCÉ Error ee el ee CE 9 80 i 
DistancerdubonttAtnOSMerARIIPERRErREE RE 4 50 
DeMerarltnaseDIRepectonale APE EE EEE RER EE EE COR 2 30 
Derlamase0ire tale ONnNAOS AE RER PE CEE AR CCE Ce 8 20 

De l'aileron dorsal à la naissance de la queue............... à 

De l'extrémité de la mâchoire inférieure aux mamelles....... 15 30 
Distance entre les deux pointes de la queue................ 3 950 
longusurdetanagenire pectorale "re PR 2 
L'ireeurAcdampectorale PARENT ee 0 5$ 


La peau était noire avec des reflets bleu-foncés sur le dos, et 
blanche sur le cou et le ventre. 

Dans le cœcum on trouva quarante concrétions globuleuses. 

L'utérus renfermait un fœtus long de 1 m. 20 cent., dont le 
squelette a été expédié au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 
L'ossification des vertèbres était très peu avancée; ces os étaient 
réduits aux centrums sans aucune apophyse formée. Le maxillaire 
inférieur, long de 63 centimètres, porte une apophyse coronoïde 
bien marquée. L'omoplate, large de 15 centimètres et haute de 
9 centimètres, à la forme caractéristique de l'espèce; son acro- 
mion bien développé atteint 3 centimètres de longueur. 

La caisse est remarquable par sa grande taille, son épaisseur 
relative et son complet développement. 








(0) D'après Knox (in Gray, loc. cit., p. 69), le noinbre des fanons du Balæ- 
noptera musculus est de trois cent quatorze de chaque côté. Chez le B. ros- 
trata on en compte trois cent sept. 

(2) Il mesure 2 m. 75 cent. chez la Balénoptère de Cayeux et 3 m. 1] cent. 
chez celle de Cap-Breton. 

(3) La hauteur du maxillaire au même point est de 5 f centimètres (Cayeux) 
et 37 centimètres {Cap-Breton). 








HE jure 
Elle est longue de 90 millimètres et large de 56 millimètres. 
Le dessin ci-dessous la représente de grandeur naturelle. 
Le squelette de la mère à été préparé à Lorient. 





Fic. ?. — Caisse du fœtus de la Balénoptère de Groix. 


Rorqual de la Méditerranée. 


Quoique les échouements de cette espèce dans la Méditerranée 
aieut été assez nombreux, les relations des naturalistes sont in- 
suffisantes, et je n'en puis guêre citer que trois qui présentent 
quelque intérêt. 

En 1789, une grande Balénoptère du litioral de la Méditerra- 
née à été signalée par Gilibert (1). qui lui attribue une longueur 
d'au moins 60 pieds. La tête mesurait environ 20 pieds de lon- 
sueur et 8 ou 9 pieds de largeur; les fanons étaient d'un jaune 


pâle ; le squelette fut apporte à Lyon. 


(l A brer ê du système de la nature de Lune, ). 456 (1805). 
6 L ; l / 


RU 


a 


Le 20 maïs 1798, une Balénoptère adulte échoua sur l'ile 


Sainte-Marguerite; sa longueur a été évaluée à 20 mètres au 
moins. Une figure de l'animal en chair a été donnée par Lacé- 
pède. Le corps était d’un noir grisâtre à sa partie supérieure et 
blanc à sa partie inférieure. 


DIMENSIONES : 


MONCUCURIEO ATEN RER MES ET Eee ee le Ne ee 20" » 
Diametre AURCONPS nr an RTE LEE EE RE ACT EU 2 76 
De l'extrémité de la mâchoire inférieure à la commissure labiale......... 1 94 
Detextréennterdedamachoireintérmeure aile "Fee Per en 2 43 
De l'extrémité de la mâchoire inférieure à la base de la nageoire pectorale. 4 70 
Ponsuenndelamacennenpectonale etre er re eee re SN le Thes 
Hauleurmdelarlenon dons PAPE RENE RE EE HN RE SES 0 89 


Ces dimensions me paraissent inexactes et j'ai de la peine à 
admettre que la distance de l'extrémité antérieure de la mà- 
choire inférieure à la base de la nageoïire pectorale, soit infé- 
rieure à la longueur de la mandibule. 

Le crâne de cet individu figuré par Cuvier, mesure 4 m. 81 cent. 
de longueur, et 2 m. 06 cent. de largeur. La mâchoire inférieure 
a » m. 09 cent. de longueur en suivant la courbure; elle a près 
de 2 mètres de plus que la mandibule de la Balénoptère de Cap- 
Breton. On peut done admettre que les Balénopteres de Cap-Bre- 
ton, de Cayeux et de Saint-Vigor n'avaient guère atteint que les 
trois-cinquièmes de leur développement complet. 

Les documents les plus importants sur le PB. musculus de la 
Méditerranée sont relatifs à l'individu mâle, échoué à Saint-Cry- 
prien (Pyrénées-Orientales), le 27 novembre 1828, et étudié succes- 
sivement par Farines et Carcassonne (1), qui en firent une espèce 
nouvelle (B. Aragous), et par Companyo (2), dont la relation est 
plus scientifique que celle de ses prédécesseurs. 

Ce Cétacé était d'un gris ardoisé, foncé, excepté sous la gorge 
et les parties latérales des nageoires, où la peau avait une cou- 
leur blanche, éclatante. Les plis de la face inférieure du corps 
ont 6 centimètres de largeur et sont séparés par des sillons de 








(1) Mémoire sur un Cétacé échoué à Saint-Cyprien. Perpignan, 1829. 

(2) Mémoire descriptif et ostéographie de la Baleine échouée sur les cites 
de la mer près Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales). le 27 novembre 1828 
(1830). 








. — 79 — 


4 centimètres de largeur: ils partent du quart antérieur de la 
mâchoire, se bifurquent et se réunissent sous le ventre comme à 
leur point de départ. Les orifices des évents s'ouvrent au sommet 
d'une pyramide charnue, irrégulière. La mâchoire inférieure est 
plus large que la supérieure. qui s’y emboîte ; nageoires en fer 
de lance. 


DIMENSIONS : 
PONSUHEUDOE ER EE ea 25° 60 
Circonférence à la partie moyenne du thorax ..... 11a42 » 
Ponge nn de tete eee. GS ER 
Distance du bout du rostre aux évents.............. 3 90 
Du bout du rostre à la commissure labiale........... 4 10 
Dame dE SE VERS 0 14 
Longueur des nageoires pectorales. ................ 2 60 
Plus grande largeur des pectorales ................. 0 70 


Le squelette n’est pas adulte et les vertèbres sont encore épi- 
physées. 

Le crâne est long de 4 m. 87 cent., large de 1 m. 80 cent. d’un 
maxillaire à l’autre. et de 1 m. 77 cent. à sa base. On peut donc 
constater qu'il est plus étroit que le crâne de la Balénoptère de 
Sainte-Marguerite. 

La longueur de la mandibule est de 4 m. 55 cent. Companyo 
trouve soixante vertèbres : sept cervicales, quatorze dorsales, 
quinze lombaires, vingt-quatre caudales; mais il est probable 
que les dernières caudales ont été perdues durant la dissection. 
L'axis, large de 90 centimètres, a ses ares complétement soudés. 
Le premier os en V s'attache entre la trente-septième et la 
trente-huitième vertèbres, le dernier disparait à la cinquante- 
deuxième. Les six dernières vertèbres sont dépourvues d’apo- 
physes saillantes. 

L’hyoïde, d’une seule pièce, est large de 1 m. 10 cent.; le ster- 
num a une forme très remarquable, subpentagonale par suite 
de la troncature de sa partie antérieure: les apophyses latérales 
sont très développées; près du bord antérieur se montre un trou 
ovalaire: sa longueur est de 48 centimètres et sa largeur de 
79 centimètres. 

Omoplate large de 1 m. 25 cent., haute de 74 centimètres ; 
coracoïde long de 26 centimètres, large de 12 centimètres; dia- 
mètre de la cavité giénoïde : 25 centimètres: os du bassin trian- 
gulaires, longs de 36 centimètres et larges de 15 centimèêtres. 


— 0 — 


Longueur de l’humérus. 48 centimètres: du cubitus. 68 centi- 
mètres. Le carpe est formé de six os: il existe quatre métacar- 
piens et quatre os pour le premier doigt: six pour le deuxième; 
cing pour le troisième et quatre ou cinq pour le quatrième. 

Une discussion assez vive s’est engagée au sujet de ce Cétacé 
entre Farines et Carcassonne d'une part, et Companyo de l’autre : 
les premiers de ces auteurs croyant pouvoir distinguer spécifi- 
quement leur Balénoptère du Rorqual commun, à cause de lé- 
troitesse de sa langue: Companvo n'attribuant pas de valeur à 
ce caractère. 

Farines et Carcassonne avaient été induits en erreur par Lace- 
pède, qui a donné les dimensions de sa Balénoptère Rorqual d'a- 
près le mâle échoué en septembre 1692, à Abeïcorn, où il a éte 
observé par Sibbald. Sur cet individu, long de 78 pieds anglais 
(23 m. 77 cent.), Sibbald nota que la langue était enroulée et 
qu'elle mesurait 15 pieds 7 pouces de longueur (4 m. 74 cent.) et 
15 pieds (4 m.57 cent.) à sa plus grande largeur. Il est évident que 
ce dernier chiffre résulte d’une très grave erreur typographi- 
que: il est impossible qu'un Cétacé à fanons ait un écartement de 
5 mètres entre les deux mandibules pour loger une pareille Tan- 


gue: la moindre réflexion aurait dù mettre Lacepede sur ses gar- 


des. Je pense donc qu'il faut lire dans le texte de Sibbald : 
» pieds de largeur, à la place de 15 pieds. 

Les auteurs ne nous apprennent que peu de chose sur les 
mœurs de cette Balénoptère. Elle paraît vivre solitaire; sa nata- 
tion est très rapide. Les poissons réunis en bancs (Harengs. Sar- 
dines) constituent sa nourriture habituelle, mais non exclusive. 
car M. Murie a trouvé dans l'estomac d'un individu échoué en 
mai 1859 à l'embouchure de la Tamise. des débris de Méduses et 
d'Entomostracés (1). 

Les baleiniers l'appellent Finhack où Finwhale; elle n'est pas 
chassée régulièrement. Elle se montre au printemps dans les 
iers aretiques et descend vers la fin de l'automne dans les mers 
temperces. 

COn en voit assez souvent des individus dans le g'olfe de Gasco- 


one, d'après le capitaine Jouan (2). 


(1; Proceed. Zool soc. London, 1865. 


2) Leitre inédite adressée à Eschricht, le 22 octobre 1858. 


PATES 





5. Balænoptera borealis, Cuvier. 


_Rorgual du Nord, Cuvier, Ossements fossiles, vol. V, p. 564, 
plsvrnet0: 

Balænoptera boreulis, Nan Beneden et Gervais, Ostéogr. des 
CétucestpA98 "pl et xx fe. 11-35. 

Balænoptera  borealis, Lesson, Hist. nat. des marmmiféres 
Cétacés, 1828 (pro parte). 

Balænoptera rostrata, Rudolphi, Perl. Abhandl, 1820 (non 
PB. rostrata, Fabricius). 

Sibbaldius laticeps, Gray, Catal. of Seals and Whales, t4 2. 
p'170; 

Rudolphius laticeps, Gray, Suppl. Cat. of Seals and Whcles, 
p.54. 


Jeune individu mâle, échoué entre Bidart et Biarritz (Basses- 
Pyrénées). le 29 juillet 1874. 





F1G. 3. — Balénoptère de Biarritz, d'après un dessin de M. de Folin. 


DIMENSIONS : 


Longueur totale, du bout du rostre au milieu du Jobe de la queue... 783 
De l'extrémité de la mâchoire inférieure au milieu &u lobe de la queue. 7 91 
DURDOUQUIROS TES ARE MEN TARA RM NE LE Re EE 1 CE 
DuboutidueroS mean eRONITOTS AE EN EE A D 19 
Parce tite AURNINEAUPAESENCUX ER rene cer CU 0 09 
PArCeURdeMARMACNOTEMSUPÉMEUTE SR EME RE 0 7 
Circonferencertotale présdesmagcoires pectorales nn MR DA) 
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PONÉUeUNAESMACECOINESIDE CLONE SRE ASE EE M EN RER 0 65 
HUE Ale PONIAOTS AIRES ERP OS ARS Or ee 0 26 
PAreCUuredeMAQUeUe UN CIPUINLeAMMAUIOS 2 re TN. Dm) 


Fanons noirs, avec une partie blanchâtre; filaments termi- 
naux blanchâtres. 

Ces dimensions m'ont été données par MM. de Folin ct Moreau 
qui les ont prises eux-mêmes sur l'épave. 


} 
D Os 


Le squelette a été conservé pour le musée de Bayonne où je 
l'ai examiné en 1880, et je dois à M. de Folin des renseisnements 
intéressants sur quelques pièces osseuses. 

Le nombre des vertèbres est de cinquante-quatre; leurs 
épiphyses ne sont pas soudées. L'atlas à ses surfaces articulai- 
res réniformes, séparées inférieurement; son apophyse épineuse 
est assez forte; ses apophyses transverses sont larges, subqua- 
drilatères. L'axis a une apophyse épineuse relativement longue, 
tionquée à son extrémité; les ares latéraux des apophyses 
transverses se touchent et ferment le canal de l'artère vertébrale 
à droite, ce qui indique que l'animal est près de l’âge adulte. Le 
diametre bilatéral de l’atlas est de 28 centimètres, et celui de 
l'axis de 32 centimètres. Les extrémités des ares des apophyses 
iransverses des autres vertèbres cervicales sont très écartées. 

Le maxillaire supérieur mesure 1 m. 08 cent., depuis le rostre 
jusqu'à l'apophyse orbitaire. Le maxillaire inférieur, long de 
1 m. 50 cent., est légèrement infléchi de haut en bas, vers son 
extrémité antérieure; (caractère propre à cette espèce); l'apophyse 
coronoïde est triangulaire, médiocrement élevée: la hauteur du 
maxillaire en ce point (et en comprenant cette apophyse) est 
de 22 centimètres. L’omoplate me paraît relativement plus haute 
que celle des autres Balénoptères; la courbure de son bord 
convexe ou spinal est très régulière: l'acromion est long'; 
l'apophyse coracoïde est saillante. 

Il existe quatorze paires de côtes. La première côte, très cour- 
bée à son angie, est dilatée à son extrémité antérieure, fourchue 


ou bifide à son extrémité spinale. 





Pie, 4. — Première côte de fa Balénoptère de Biariitz, d'après un dessin de M. de Folin. 


L'hyoïde est épais. échancré à son bord supérieur, où l’on 
voit deux apcplyses pour l'insertion des stylo-hyoïdes. Son 


ac). (SES 
be > F, 2 


sw 


Sa UTE 
diamètre transverse est de 36 centimètres. Le sternum n'a pu 
être retrouvé. 

La caisse, longue de 102 et large de 74 millimètres, est dis- 
tincte de celle du B. 27usculus, quoique appartenant au même 
type. Elle est identique par sa forme avec la caisse de la Balé- 
noptère de Mondini, figurée récemment par M. Capellini (1), 
et dont les dimensions sont un peu plus faibles (longueur 
83, largeur 64 millimètres). Le bord columellaire de la caisse 
de l'individu de Biarritz est plus fortement plissé; l'extrémité 
antérieure est plus rostrée. Je n'ai vu que la caisse droite. 

Ces caractères ostéologiques sont plus que suffisants pour 
déterminer avec certitude le Cétacé de Biarritz. Il appartient à 
l'espèce appelée par Cuvier : Rorqual du Nord(2), et dont la 
première description a été donnée par Rudolphi (3), d'après le 
squelette, conservé au musée de Berlin, d’une Baleine échouée 
le 21 février 1820 sur les côtes du Holstein. La longueur de ce 
Cétacé était de 31 pieds, 1 pouce rhénans. La mâchoire inférieure 
est infléchie en bas à son extrémité antérieure (4) ; la première côte 
est bifurquée (5); l’omoplate est plus transverse que celle du 
squelette de Biarritz. Depuis cette époque, on a signalé cette 
espèce dans le Zuyder-Zee, au cap Nord, aux îles Loffoden, sur 
les côtes de Norvège et des îles Britanniques. M. Capellini a 
confirmé l’assertion de Cuvier, qui soupçonnait sa présence dans 
l’Adriatique, d'après le dessin d'un crâne du musée de Bologne, 
qui lui avait été envoyé par Ranzani (6). Enfin M. Cope l'indique 
sur les côtes de l'Amérique du Nord (7). 

La taille moyenne de cette espèce est de 30 à 35 pieds; elle 





(1) Sulla Balenotterax di Mondini (Mem. dell Accad. delle sciense di 
Bologna, série 3, t. VII, 1877, pl. ni, fig. 1-5). 

(2) Ossements fossiles, vol. V, p. 564, pl. xxvi, fig. 6. 

(3) Etnige anatomische Bemerkungen über Balæna rostrata (Mém. de 
l'Acad. de Berlin, 1820). 

(4) La même inflexion du maxillaire est notée chez le B. robusta de 
Lilljeborg. 

(5) Ce caractère existe aussi chez le B. Schlegeli de Java (Gray, Cat. of 
Seals and Whales, p. 178, fig. xL) et accidentellement chez le B. musculus 
(Van Beneden, Mém. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XXXVITI, 1871). 

(6) Cuvier, Oss. foss., 4e édit. (1836), t. VIIT, p. 272. — Capellini, loc. ct. 

(1) Proceed. of the Acad. nat. se. Philadelphia, 1866, p. 297. 


Sue 
est donc un peu supérieure à celle du L.rostrata, et de beaucoup 
inférieure à celle des BP. musculus et Sibhaldi. Le nombre des 
vertèbres varie entre 54 et 56. 

Le Rorqual du Nord (Balænoptera borealis, pars) a recu des 
noms très variés. Rudolphi l'avait identifié à tort avec le Balena 
rosbrata de Fabricius et Hunter. Gray la nommé Balænoptera 
laticeps; puis 1 en fait le type d'un genre Sihbaldus, changé en 
Sibbaldius (1), et en fiudolphius (2). Sous le nom de Balænoptera 
horealis, Lesson, tout en prenant pour type le Cétacé figuré par 
Rudolphi et Cuvier, a décrit un Balænoptera Sibhaldi des côtes 
de France. Gray à appliqué la même dénomination à la grande 
Baleine d'Ostende, qui paraît être aussi un B. Sibhaldi (3). Fis- 
cher (4) à réuni sous le nom de #. borealis, le Rorqual du Nord 
de Cuvier et la Baleine d'Ostende. 

On doit, ce me semble, appliquer uniquement le nom de borealis, 
Cuvier, à l'espèce figurée par Rudolphi sous le nom de Batna 


r'ostrAl«. 


Balénoptère boréale de la Méditerranée. 


6e crâne de l'Adriatique étudié par Mondini, Ranzani. Cuvier, 
Alessandrini et Capellini, appartenait à un individu très jeune. 
Voici ses principales dimensions : 


Longueur totale en ligne droite... ..:........" 095 
SALE CUP RE ER TER MR 0 53 
L'ONU AU OST. ÉCRIN RE 0 55 
PAPeURAUIMOStEeRAlAIDASeE EEE ERP EEE 0 36 
Lengueur de la mandibule en suivant la courbe ... 0 94 


Cet individu n'avait donc que la moitié de la taille de ceux des 
Musees de Leyde, Bruxelles et Berlin. dont les crânes mesurent 
respectivement 2 mètres, 2 m. 03 cent... et 1 m. 98 cent. de lon- 
gueur, sur bl, 48 et 46 centimètres de largeur. Le crâne de 
Biarritz est plus petit que ceux-ci et sa longueur totale peut 


être évaluée à 1 m. 60 cent. 


Wales, :p. 169. 
(2) Suppl. to the Catal. of Seals and Wales, p. 54 (1871). 
(3) Gray, en IS7I, classe ce Cétacé dans son genre Sibbaldius, et il fait du 


Bulnoptera Sibbaldi un Cuvierius. 


(4) Syn. Mainmm., bp: 924" 


ES ue 


6. Balænoptera rostrata, Müller. 


Balæna rostrata, O.F. Müller, Zool. Dan. Prodr., p. 48. — Fabri- 
cius, Fauna Groent., p. 40. 

Balænoptera rostrata, Gray, Catal. of Seals and Whales, D. T8. 
— Van Beneden et Gervais, Ostéogr. des Cétacés, p. 146. pl. x 
et xu11, fig. 1-10. 

Balænoptera acuto-rostrata, Lacépède, ist. nat. des Ceélaces, 
p. 154, pl. 8, fig. 1-3. 

Rorgualus minor, Knox, Jardin. nat., Libr. Y42, t. 7. 

Pterobalæna minor, Eschricht, Nord Wallthiere, p. 59, 1849. 


A. — Individu mâle, échoué dans la Charente, le 26 août 1835. 

Lesson nous a conservé les dimensions de cette Balénoptere et 
en à donné une très bonne représentation (1). 

Salongueurétait de 7 m.48 cent. Mächoire supérieure formant 
uu angle aigu, et débordée par ia mâchoire inférieure. Tête non 
bombée. Nageoires pectorales longues de 70 centimètres; aileron 
dorsal de 32 centimètres de hauteur. Dos caréné. Nageoïire caudale 
échancrée au milieu. Fanons mesurant 162 millimètres de hau- 
teur. Œil très petit. Gorge portant des plis réguliers qui arrivent 
jusqu'au ventre. Évent ouvert sur la nuque par deux fentes obli- 
ques. en forme d’accent circonflexe. 

La coloration générale du corps était d’un noir luisant sur le 
dos et sur les côtés, d'un blanc satiné à la partie inférieure et 
à la gorge. Fanons d’un blond-blanchâtre. 

Ce Cétacé était mâle. Verge longue de 405 millimètres. Une 
large poche dilatable communique avec l’æsophage et occupe 
toute la région plissée de la face inférieure de l'abdomen: elle se 
termine en un sac sans ouverture dans le tissu cellulaire de la 
queue (Lesson). 

J'ai retrouvé au musée de l'École de médecine navale de Roche- 
fort. le squelette de la Balénoptère de Lesson, et j'ai pu prendre 
en note ses principaux caractères ostéologiques. 





(1) Cataloque d'une Faune du departement de la Charente-LDiferieure 
(Actes de la Sotièlé Linnéenne de Bordeaux, t. XI, 1841, pl. u, fie. 2-4). 


— 86 — 

Les os ont encore leurs épiphyses; par conséquent, l'individu 
n'était pas complètement adulte. 

Les vertèbres sont au nombre de quarante-sept, savoir : sept 
cervicales, onze dorsales, treize lombaires sans os en V, seize 
caudales avec os en V. 

Sur les onze côtes, les cinq premières s’articulent avec le corps 
de la vertèbre précédente et l’apophyse transverse de la vertèbre 
correspondante. 

Le canal de la base des apophyses transverses commence à la 
trente-cinquième vertèbre: les apophyses transverses s’effacent 
à la trente-huitième, et les apophyses épineuses à la quarante-et- 
unième. 

La forme de la tête et le nombre de vertèbres concordent 
avec les caractères des mêmes parties chez le Balænontera ros- 
trata adulte de Bergen, du Muséum d'histoire naturelle de 
Paris. 

B. — Individu échoué à l'Ile d'Oléron, en 1836. 

Je ne connais de cette Balénoptère, de très petite taille, qu'une 
peau conservée au musée Fleuriau à la Rochelle (1) et quelques 
os faisant partie du musée Lafaille à la Rochelle. Je n'ai pas 
pris les dimensions. Les caisses auditives me paraissent confor- 
mes aux figures de celles du Balænoptera rostrata (2), et aux 
pièces originales des Balénoptères de Bretagne et de Boulogne 
que j'ai vues aux musées de Paris et de Bordeaux. 

C. — Arrière-crâne jeté sur la côte de la Gironde à une épo- 
que indéterminée (3). 

D. — Individu échoué en 185.. sur les côtes de la Gironde, au 
Truc-du-Lion. Longueur 9 mètres environ. M. Laporte (4) qui a 
signalé cet échouement nous apprend, d’après les notes des 
douaniers, que ce Cétacé avait les mâchoires pointues; celle d'en 
haut plus courte et plus étroite que l’inférieure; le dessus du 
corps était noir et le dessous du ventre blanc avec des plis; les 
fanons étaient courts. Le squelette n’a pas été conservé. 





(1) Beltrémieux, Faune de la Charente-Inférieure, p. 11. 

(2) Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 191, fig. 52. 

(3) Ce crâne fait partie du Musée d'histoire naturelle de Bordeaux. 

(4) Actes de la Sociète Linnéenne de Bordeaux, t. XIX, 1853, p. 216. 





IQ 
E. — Individu échoué à Saint-Jean-de-Luz (1), le 27 septem- 
bre 1863. 
Au moment de l’échouement, cette Balénoptère poussa des 
cris stridents qui attirèrent la foule, et furent entendus de tout 
le voisinage. 


IRON EE (RENE OS RES ROC re 660 
CITCONENENCE ARTE TE RC RER ne, 2 00 
Largeur de la nageoire caudale, d’une pointe à l'autre. .... 1 68 
Fanetespro (onde) Re PEER EN ET ee 1 20 


Fanons d’un blanc jaunâtre; corps noir en dessus, blanc en 
dessous. Aileron dorsal petit, aigu; nageoires pectorales blan- 
châtres à leur base; rostre très aigu. 





F3@. 5. — Balénoptère de Saint-Jean-de-Luz, d'après unie photegraphie de (iuynemer. 


J'ai vu la peau grossièrement empaillée de ce Cétacé, ainsi que 
quelques-unes de ses vertèbres; celles-ci avaient la forme allongée, 
caractéristique de l'espèce. 

Cette espèce a donc été signalée cinq fois sur le littoral du 
sud-ouest de la France. Sur les autres parties de nos côtes océa- 
niques, elle a été observée six fois : vers le commencement du 
dix-neuvièine siècle, à Brest, par Rochon (2); en avril 1791, à 
Cherbourg, par Geoffroy (3); en juin 1850, sur les côtes du Mor- 
bihan (4); en février 1861, sur les côtes de Bretagne (5); en 184... 





(1) Journal Le Monde illustré, numéro du 17 octobre 1863, avec un dessin 
d'après une photographie de Guynemer. 

(2) Lacépède, Hist. nat. des Célacés, éd. Desmarets. 

(3) Lacépède, loc. cit., p. 183. — Longueur, 15 pieds. 

(4) Van Beneden, Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 2° série, t. X VIII, 
p- 286. — Je ne sais pas où M. Van Beneden a pris cette indication que je 
crois inexacte. 

(5) Gratiolet, Comptes-rendus de l'Acad. des Sciences de Paris, t. LH, 
p. 622, 1861. — Le dessin de cette jeune Balénoptère femelle, de 3 mètres de 
longueur, a été donné par Gervais (Nouvelles archives du Muséum, t. VIE, 
pl. ut), d’après un beau vélin de Bocourt, 


J 


ET 


à Montreuil-sur-Mer (1): en décembre 1872, à Boulogne (2); 
en 1878, à Concarneau (3). 

il est très probable que cette Balénoptère fréquente régulière- 
ment le golfe de Gascogne. 

Le 21 juillet 1880, étant à bord du Zravailleur, au large de 
Santander, nous vimes à onze heures du soir deux grands 
Cétacés qui passèrent à 50 mêtres du navire: ils se montrèrent 
de nouveau le 22 juillet. Leur longueur a été évaluée à 8 mètres; 
la tête était aplatie, le ventre blanc, le dos noir et peu convexe, 
l’aileron dorsai petit et recourbé en arrière. Toutes les quatre ou 
cinq minutes ces Cétacés venaient souffler à la surface de l’eau ; 
leur souffle s'élevait verticalement, formant une colonne très 
droite et qui s'apercevait de fort loin. Deux coups de fusil furent 
tirés à environ 100 mètres mais sans résultat, et les Balénop- 
tères, après avoir continué pendant plus d'une demi-heure leurs 
évolutions, disparurent à l'horizon. Elles se trouvaient dans les 
parages où l’on pêche le Germon (Orcynus ala-lonya), appelé 
Thon sur le littoral. 

Les pêcheurs de Santander nous ont dit que l’on voyait très 
souvent des Baleines dans le golfe. 

Cette espèce paraît commune au nord de l’Atlantique; d'autre 
part, en février 1878, un individu long de 3 mètres environ a été 
pris à Villefranche, près de Nice (4); sa présence dans la Méditer- 
ranée n’est done pas douteuse, et je pense qu'on devra considérer 
comme 8. rostrata quelques Cétacés à fanons, de petite taille et 
identifiés avec le 8. musculus, à une époque où l’on n'admettait 
dans la Méditerranée qu'une seule espèce de Balénoptère. 

Le Balænoptera rostrata est le plus petit Mysticète de nos 
mers. Sa taille normale est de 7 à 8 métres. Les fanons sont 
blancs; le rostre est très aigu. On compte quarante-huit vertè- 
bres (7 ©. — 11 D. — 12 L. — 18 C.) sur l'individu adulte de Ber- 
wen, du Muséum de Paris. Les vertèbres lombaires sont très 
allongées et offrent quelque ressemblance, à ce point de vue, 








(1) Squelette long de 8 mètres, conservé au musée de Lille. Cuvier a indiqué 
un échouement de Baleine en 1811 à Montreuil. 

(2) Squelette au musée de Bordeaux. 

(3) Jeune individu. Squelette au Muséum de Paris. 


» D 
ne) 


(4) Van Beneden, Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, mars 1878. 








Loue 
avec celles des Hyperoodons: elles ont jusqu à 17 centimètres de 
diamètre antéro-postérieur. 

À la trente-troisième vertèbre, commence le canal de la base 
des apophyses transverses; ces apophyses disparaissent à la 
trente-septième. À la quarantième, cessent les apophyses épineu- 
ses. Les huit dernières vertèbres sont subquadrangulaires et apla- 
ties en dessus. 

Les huit premières côtes semblent avoir une double articulation 
avec l’apophyse transverse et le corps, mais je ne suis certain de 
ce fait que pour les cinq premières. Les apophyses transverses 
sont si longues que je doute que la tête de la côte arrive au 
corps vertébral. 

Le sternum est en croix, avec une pointe antérieure très lon- 
œue. L'hyoïde est d'une seule pièce. Cinq os au carpe. Premier 
doigt formé de quatre articles: deuxième de six; troisième de 
cinq; quatrième de trois; cinquième de un, mais cet article 
pourrait appartenir au carpe. 

Longueur de la tête osseuse : 1 m. 60 cent.; largeur aux 
orbites. 78 centimètres; largeur aux mastoïdes, 65 centimètres. 
La longueur totale du squelette est de 7 m. 20 cent. 

Le jeune individu femelle des côtes de Bretagne (février 1861). 
long de 3 mètres, était noir en dessus, d'un blanc rosé en des 
sous. Les nageoires pectorales aiguës, étroites, portaient à leur 
partie moyenne une Zone blanche. L’aileron dorsal était placé 
vers le tiers postérieur de la longueur; en dessous, les plis de la 
orge se prolongeaient jusqu'à la moitié du ventre. 


Pihyseter (Rondelet), Linne. 


7. Physeter macrocephalus, Linné. 


Physeter macrocephalus, Linné, Syst. nat., T, 107. — Fabricius, 
Fauna Groent., p. 41. — Van Beneden et Gervais, Ostéogr., 
pl. xvun, fig. 5-9, pl. xIx, fig. 9. 

Catodon macrocephalus, Lacépède, AHist. nat. des Cétacés, 
pl. x-x1r. — Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 202. 


A. Individu mâle, tué près de Bayonne, le If avril 1741. 
Ce Cétacé est décrit et figuré dans plusieurs relations. Duha- 


2 (of) mur 


mel (1) l'a représenté d'après un dessin qui lui avait été adressé 
par La Courtaudière : Despelette (2), chirurg'ien-major de l'hôpi- 
tal militaire de Bayonne, en a envoyé à La Peyronie une des- 
cription et un dessin; le conseil de la ville de Bayonne à inséré 
dans le registre de ses délibérations le récit de la capture de ce 
Cétacé et en à fait exécuter une très bonne figure par Chave- 
neau (3); j'ai vu à Bayonne, entre les mains de M. de Folin, un 
dessin colorié par Salleneuve, accompagné de la table des di: 
mensions et d'une légende en vers (4): enfin le Muséum d'his- 
toire naturelle de Paris possède dans ses vélins un dessin colo- 
rié du même Cétacé (5). 

Ces diverses représentations ne sont pas également bonnes. 
Celle de La Courtaudiere montre le Cachalot ayant la gueule ou- 
verte, et portant sous le ventre et en arrière de l’anus une sorte 
de nageoire; sur celle de Salleneuve, la nageoire ventrale est 
placée en avant de la verge, et la même disposition est indiquée 
sur le vélin du Muséum: sur celle de Chaveneau. on voit une lé- 
gère saillie en arrière de la verge. C’est, en somme, le dessin du 
registre de la ville de Bayonne qui présente le plus de garan- 
ties d’exactitude. 

Ce Cétacé, entré en rivière vers deux heures de l'après-midi, 
fut harponné sur la tête, au-dessus de l'œil et achevé à neuf heu- 
res du soir. 


DIMENSIONS : 
IONGUEURTIOtAIE EEE RE ER RE een 15"91 49 pieds. 
HAUTEUT ETS AE, MECS MARRANT E PE CAR RES & 04 A2 — 1/2. 
Circonférence maximum (vers l'œil}................. 8 16 27 — 
CAIN CONTÉTENCeTUMOSNC EEE EPS EEE 7178 % — 
Circonference à la racine de la nageoire caudale . .. 1 94 6 — 
Diamètre de la nageoire caudale.................... k 31 13 — 4 pouces. 
Longueur de la nageoire pectorale............. Am13 à 1 29 3 — 1/2 à 4 pieds. 
Largeur de la nageoïire pectorale.................... 0 74 2 — 4 pouces. 





(1) Traité général des Pesches, partie Il, section 10, pl. xv. 

(2) Histoire de l'Académie royale des sciences pour 1741, p. 26 (1744). 

(3) Relation au sujet de la prise d'un Cachalot dans la rivière de l'Adour, 
à trois quarts de lieue du pont Saint-Esprit de Bayonne, le 197 avril 1741. 
Registre BB, 53. \ 

(4) Dessin inédit. 

(5) Ce dessin a été reproduit par Frédéric Cuvier (Hist. nat. des Cétaces, 
pDi'extx, fig. D) 








AOL 


Distance de l'extrémité du rostre à l'orifice des évents. 064 2 pieds. 


DAME ITÉIUESTÉ VENLS AE mire ete ee mere 032 1 — 

Distance de l'œil à la nageoire pectorale ... ......... 3 24 A0 — 

Distance de l'œil à la com'nissure labiale ............ 4113 3 — 6 pouces. 
Distance de l'œil à l’orifice du conduit auditif externe. 0 32 1 — 

Longueur de la mâchoire inférieure.:.............. 2 94 9 — 1 pouce. 
Pius grand diamètre de l'ouverture palpébrale .. 0"21à 0 24 0 — 8 à 9 pouces. 
Plus petit diamètre de l'ouverture palpébrale......... 0 10 O0 — 4 pouces. 
ÉONTUCUNT PLANS ER RER AT re (SRE LEE 
Diametreitrans verse delRanus re eee 0 13 O0 — 5 pouces. 
Distance de l’anus à la nageoire caudale ............. 453 14 — 
Distncede ann al erges AE REPARER 1 45 4 — 6 pouces. 
PoOneueLde laveneer PRE ele der SRE ALL OR ES EE 
Girconférence de lasvergela la DAS ne 107 3 — 4 — 


Le corps était cylindrique, la tête avait la même largeur que 
le corps: elle se terminait en avant par un plan vertical. Au fond 
de la gueule-on pouvait apercevoir la langue repliée sur elle- 
même. L'ouverture palpébrale était allongée : le globe oculaire 
saillant; une fente de 10 pouces (27 centimètres) de longueur, 
située à un pied (32 centimètres) en arrière de l'œil, à été consi- 
dérée comme l’orifice du conduit auditif externe. 

Les dents de la mâchoire inférieure étaient au nombre de dix- 
huit à vingt de chaque côté; elles rentraient dans des cavités de 
la mâchoire supérieure. On trouva sur la mâchoire supérieure 
trois dents crochues, situées au milieu du palais (1)? 

L’aileron dorsal, désigné sous le nom de {aquet par Despelette, 
est placé vers les deux tiers de la longueur totale. Sa hauteur 
et sa longueur étaient d'environ 1 pied (32 centimètres). La 
nageoire caudale était dentelée irrégulièrement à son pourtour. 

Lorsque ce Cachalot fut capturé, la verge était renfermée dans 
son fourreau, elle fit saillie le lendemain; l'extrémité du gland 
était pointue et de consistance analogue à celle des fanons de 
Baleines (2). 

Le Cétacé fut vendu 760 livres; les mâchoires étaient réservées 
à l'Hôtel-de-Ville de Bayonne; elles ont été envoyées au jardin 
du Roi en 1755, mais il n'existe actuellement, au Muséum d'His- 
toire naturelle de Paris, aucune pièce de Cachalot qui ait cette 
provenance. 





(1) Cette particularité étrange n'est indiquée que dans la relation du registre 
de la ville de Bayonne. 
(2) Despelette, loc. cit. 


PROD 


L'animal dépécé produisit douze barriques et demie d'huile, 
trois de gros lard, quatorze de sperma-céti. Dans son tube diges- 
tif, on trouva une boule d’un rouge-clair, pesant 6 livres 1/2, et 
considérée comme de l’ambre gris. Elle fut achetée 650 livres par 
un marchand. 

B. — Individu échoué près du bassin d'Arcachon en 17... Cet 
échouement n'est connu que d’après le ‘passage suivant de 
Duhamel (Traité général des pesches, vol. 3, 1777, p. 34-35) : 
» M. de Borda dit qu'on lui avait apporté une dent de la mi- 
» choire d’un poisson énorme qui avait échoué près la Teste de 
» Buch. Cette dent avait6 à 7 pouces de circonférence au sortir 
» de la gencive; et la dent d'un autre Cachalot pris à Bayonne (1) 
» n'avait à cet endroit que » pouces de circonférence. » 

C.— Individu mâle, échoué dans l’anse du cap Saint-Martin. au 
pied du phare, entre Biarritz et l'embouchure de l'Adour, en 
novembre 1872. 

L'animal était putréfié: son corps était engagé dans la conca- 
vite des rochers, de telle sorte qu'on ne pouvait en apercevoir 
qu'une partie. Ses dimensions ont été évaluées à 12 mètres 
environ. 

MM. de Folin et Souverbie ont examiné. le 20 novembre, cette 
épave, que la mer entraîna au large sans qu'on ait pu en tirer 
parti. 

La couleur était noire sur le dos et blanche sur le ventre, La 
nageoire caudale mesurait 3 m.60 cent. de largeur, d’une pointe 
à l’autre; l’aileron dorsal, très bas, avait environ 60 centimètres 
de longueur à sa base, et 25 centimètres de hauteur. Les dents, à 
la partie postérieure de la mandibule (la partie antérieure ayant 
été coupée à coups de hache), étaient de la grosseur du pouce, 
et dépassaient la gencive de 4 à 5 centimètres (Souverbie). 

D. — En 1875, deux Cachalots. un mâle et une femelle, furent 
vus dans les parages de Guéthary. Le mâle seul fut harponné: sa 
taille était de 11 m. 70 cent.; le pénis mesurait 1 m. 50 cent. 
Le squelette a été préparé pour le musée de Bayonne. 

Grâce à la complaisance de M. Hiriart, j'ai pu examiner ce 
squelette au Lazaret de Bayonne où il était déposé en 1880. 


(HCelur deze 


À 


Si 


— 93 — 

Les vertèbres et les os des membres sont épiphysés. La for- 
mule vertébrale est : C. 7. — D. 10. — L. C. 30 — 47. L'atlas est 
libre; les six autres cervicales sont soudées. Il existe dix paires 
de côtes. 

La longueur de la mâchoire inférieure est de 2 m. 26 cent.; on 
compte vingt-deux dents de chaque côté; leur pointe est à 
peine usée. 

E. — M. Laporte (1) à cité le Cachalot dans le golfe de Gas- 
cogne en ces termes : « Je ne mentionne ici ce Cachalot que 
» sous toutes réserves et d'après le rapport qui m'en a été pré- 
» senté, fait en 1847, par le capitaine Péchard, commandant le 
» lougre La Persévérance, qui me dit avoir aperçu à environ 
» 40 kilomètres au large, et par le travers du cap Ferret, une 
» énorme Baleine. je me sers de ses expressions, pouvant avoir 
» de 15 à 16 mètres de long. dont la queue était très étroite, et 
» le corps d’un bleu ardoisé, tatheté de blanc; d’après cette 
» description, je n'ai trouvé que le Catodon macrocephalus qui y 
» ressemblât, et, ce qui me prouve assez la véracité de cette 
» version, c'est que ce Cachalot à déjà été signalé dans nos mers.» 

La coloration de ce Cétacé me semble étre plutôt celle d’une 
Balénoptère. M. Laporte à judicieusement agi, en faisant ses 
réserves au sujet de l'identification qu'il a proposée avec un 
Cachalot. 

Quelques autres échouements, sur le littoral océanique de la 
France, ont été notés, mais seulement au siècle dernier. 

Le 5 mars 1761. un mâle fut jeté à la côte, à quatre lieues de 
Boulogne. Le dessin de ce Cétacé. exécuté par Valentin Cary, est 
conservé à la bibliothèque de Boulogne-sur-Mer, et j'en dois une 
copie à mon ami M. E. Sauvage (2). Il est à remarquer que ce 
Cachalot avait les mêmes dimensions que celui de Bayonne, 
comme on peut s'en assurer par le tableau suivant: 


P'ONSUCULALO DU CRE RSC ANR DR Une 1591 49 pieds. 


Cireonférente prise au milieu du corps........... 9 41 29 — 


Diimetretiolamaecorecandilen Re een 3 NS 12 — 





(1) Actes de la Societé Linnéenne de Bordeaux, vol. XIXK, p. 216. 
(2) Monstre marin échoué le 5 mars 1761, à quatre lienes de Boulogne-sur- 
Mer. — Appendice au n° 6,377 du Catalogue de la Bibliothèque, 1°T supplé- 


ment, n° 3.310. 


94e 

Longueur et largeur des nageoires pectorales. .... 097 3 pieds. 

Diamètre de l'ouverture palpébrale.............. 0 A 0 — 8 pouces. 
LONSUEUNTOMAVOLSC PR ER EE TER TE 1 94 6 — 

Diametretde ave e dis DAS ER ECC 0 29 0 — 411 pouces. 


Le corps est cylindrique; la tête largement obtuse en avant; 
à une distance d'environ 3 ou 4 pieds de la face anterieure du 
rostre, on trouve sur la tête une cavité de 3 pieds (97 centimètres) 
de longueur, qui paraît être l’orifice des évents; à la face anté- 
rieure du rostre, le dessinateur à représenté une cavité intitulée 
naseaux sur la légende de la planche, et que je ne puis déter- 
ininer anatomiquement. L'aileron dorsal forme une bosse placée 
aux deux tiers de la longueur totale; l'ouverture palpébrale 
est représentée comme ronde, tandis qu'elle était manifeste- 
ment transverse chez le Cachalot de Bayonne. La gueule était 
entr'ouverte:; dans le fond on apercevait la langue « semblable 
» à un gros sac rempli d'un liquide ». La mâchoire inférieure 
portait de chaque côté vingt-quatre dents qui entraient dans des 
dépressions de la mâchoire supérieure. Vers la moitié de la 
longueur de la face ventrale du corps, existe une éminence 
saillant de 9 pouces (24 centimètres), et considérée comme un 
nombril, Les lobes de la nageoire caudale sont obtus et leur 
bord postérieur ondulé. Les nageoires pectorales paraissent 
endommagées. 

Le squelette fut envoyé à Paris où Adanson (1) l’a vu. [I y à 
compté trente-sept vertèbres, dont seize avaient des os en V, et 
neuf côtes de chaque côté. Le crâne, qui était placé vers 1772 dans 
l'orangerie du Jardin-des-Plantes, ressemblait « à un canot de 
» 15 pieds de longueur, qui n'aurait point de bord en avant, 
» mais dont l'arrière a1irait 6 à 7 pieds de haut, à peu près 
» comme on représente le char de Neptune. Cet os seul pesait 
» environ 3 milliers. Les plus grandes vertèbres n'avaient que 
» 1 pied au plus de diamètre. » 

Le 19 janvier 1769. un Cachalot appelé Physeter trummpo par 
Baillon (2). échoua dans la baie de Somme. près de Saint-Valéry. 
Pas d'autres détails. 





A) Cours d'histoire naturelle fait en 1772 par Michel Adanson, publié par 
Payer, 1845, t. I, p. 145. 
(4) Mémoires de La Sociele royale d'émulation d'A bbeville, 1853, p- Do. 


le Tv. 





— 95 — 


De nom de Trumpo est celui sous lequel on désigne le Cachalot 
aux Bermudes, d’après Purchas (1). Bonnaterre et Lacépède ont 
créé une espèce sous le nom de Catodon trumpo, pour les 
Cachalots dont la tête dépasse en longueur le reste du Corps, et 
dont l’aileron dorsal est placé près de l'origine de la queue. Le 
Cachalot de Bayonne estun 7>wmpo pour Bonnaterre et Lacépède. 

Le 14 mars 1784, trente-deux Cachalots échouërent à Audierne 
(Finistère). La relation de cet événement est bien connue (2). Rap- 
pelons seulement que dans cette bande se trouvaient des individus 
longs de 50 pieds (16 mètres), et des femelles qui out accouché sur 


la côte de petits longs de 12 pieds (3 m. 88 cent.). Bonnaterre (3) 


a figuré un mâle, et a donné les dimensions suivantes d’un 
individu femelle : 


PONOUBUNITOAlERE ER AE NM ne 1444 44 pieds 6 pouces. 


DAÉNIUSE AURAI RS NT 2 59 8 — 

De l'œil à la nageoire pectorale .............. 0297 3 -— 

De la pectorale à l'organe génital. ............ 6 36 49 -— 7 pouces. 
De la naissance de la queue au bout du museau. 12 49 37 — 7 — 
ÉONAUEUNITENNQUEU CR EEE EEE 2 18 GTA 
Circonférence maximum du corps ............ (NME EE 
Longueur de la mâchoire supérieure... ....... | 62 D — 
Longueur de la mâchoire inférieure .......... | 45 4 — 6 — 
Ouverture delaloueule cn PR ENS 12% 3 MAO 
Larseur du museau en travers. .............. 1. 62 D 


Cet individu est plus ventru que les Cachalots de Bayonne et 
de Boulogne. L'évent, sur le dessin de Bonnaterre. est placé vers 
l'extrémité du rostre. 

Queïques parties du squelette d'un des Cachalots d'Audierne 
ont été représentées par Camper(4) et par Cuvier (5). Cuvier a 
donné les dimensions du crâne conservé au Muséum de Paris : 
longueur 4 m. 70 cent.; largeur 2 m. 06 cent.: longueur de la 
mandibule, 4 m. 09 cent.; de la symphyse. 2 m. 39 cent. 

Un autre crâne provenant d'Audierne est conservé au musée 
Lafaille, à la Rochelle, où je l'ai vu. 





(1) Gray, Catalogue of Seals and Whales, 2 édition. De 0e: 

(2) Lettre sur les Cachalots échouës en 1784, par l'abbé Lecoz (Mercure de 
France, 1784 ou 1785). 

(3) Cétologie (Encyclopédie méthodique). 

(4) Observations anatomiques sur la structure interne de divers 
pl. xvin, xix et xxvir (1820). 

(2) Osserents fossiles, pl. xxiv et xxv. 


C'étaces, 


O6 


« M. Donnéadieu. nég'ociant en cette ville. a fait venir ici le 
» crâne d'un de ces poissons, dont il a fait présent à l'Académie 
» de La Rochelle, qui l’a fait mettre dans l'antichambre de son 
cabinet d'histoire naturelle; mais il a fallu le laisser pendant 
» près de deux ans au grand air, pour lui faire perdre son 
» odeur de graisse, de manière que, par l’action du soleil, de la 
» pluie et de la gelée, tous les cartilages et beaucoup de petits 
» os se sont détachés de la masse (1). » 

On ne saurait trop regretter la coupable indifférence des natu- 
ralistes de cette époque, qui avaient, par cet échouement. des 
individus de tout âge et de sexes differents, à leur disposition. 
L'incurie de l’amirauté ne fut pas moindre, puisqu'elle adjugea 
toutes les épaves pour la misérable somme de 650 livres. « Dans 
» un pays où la valeur aurait été mieux connue, on en aurait 
» tiré 20 ou 25,000 livres (2). » 

Le Cachalot est très mal connu des naturalistes. On ignore 
si sous le même nom ne sont pas comprises plusieurs espèces, et 
si le Cachalot du nord de l'Atlantique n'est pas différent de celui 
des mers australes. La taille paraît varier considérablement: les 
femelles, à l'inverse des Baleines, sont beaucoup plus petites que 
les mâles: le nombre des dents varie entre vingt et vingt-sept 
de chaque côté. Les vieux mâles sont isolés: les femelles et 


2 


Ÿ 


les petits voyagent en troupes, escortés d'un où deux males 
adultes. Les échouements de Bayonne et de Boulogne sont ceux 
de solitaires: celui d'Audierne est le naufrage d'une gammir (3) 
de ces Cétacés. 

La nourriture des Cachalots consiste en Céphalopodes dont on 
a trouvé des mandibules dans les boules d'ambre gris. L'ambre 
a été, d'après Donadéi (4), assez abondant autrefois sur les côtes 
du golfe de Gascogne: mais que penser de l'histoire de l'ambre 





(1) Lambertz, Notes météorologiques (D'après une communication de M. E. 
Beltrémieux). 

(2) Lambertz, doc. cit. 

(3) Les Baleiniers américains emploient le not « school » dans la même 
acception (Scammon). 

(4) Journal de Physique, mars 1790, p. 282. — Donadéi a recueilli un morceau 
d'ambre gris du poids de trois onces. Dix ans auparavant on avait trouvé une 


boule pesant SO livres et qui fut vendue à Bordeaux. 
l 








ARTS 
avalé par des renards des Landes, rejeté ensuite, et devant à 
cette particularité, le nom d'ambre renardé? 

Rondelet (1) n’a pas vu le Cachalot; mais ce qu'il dit de son 
Mular où Sénedette s'applique évidemment à ce grand Cétacé. 
Il en donne une représentation des plus fautives et lui attribue 
des dents à la mâchoire supérieure; mais il remarque que la 
Sénedette à une taille merveilleuse, plus grande que celle de 
l'Épaultard (Orca), et qu’elle fournit force graisse comme la 
Baleine. 

Ce nom de Sénedette, alors donné par les Saintongeois, est 
oublié sur les côtes de la Charente-Inférieure; celui de Wular 
(Peis Mular) paraît languedocien ou provençal: enfin Ca- 
chalot, d'après Anderson(2), est d’origine basque et provien- 
drait de Cachau, qui signifie dent. Roulin croit que Cachalot 
provient du catalan Quichal, ou de l'espagnol Quiral. 

Nous ne possédons pas au Muséum de Paris un seul squelette 
complet de Cachalot, car on ne peut pas donner ce nom à celui 
que Cuvier avait acheté à Londres et qui était composé de pièces 
appartenant à plusieurs individus. La description anatomique 
du Cachalot. dans l’ostéographie de Gervais et Van Beneden (3), 
est faite en partie d’après le Cachalot austral et empruntée 
à Flower(4). Beale(5) nous a donné quelques détails sur 
l'ostéologie d'un Cachalot jeté sur la côte du Yorkshire en 
1825. La colonne vertébrale était ainsi composée : vertèbres 
cervicales sept, formant deux masses : l'atlas libre et les six 
autres soudées; dorsales dix; lombaires et caudales trente- 
deux ; sternum composé de trois pièces; côtes à section presque 
circulaire. 

La formule vertébrale du Cachalot austral est identique. 

Ces Cétacés sont sujets à plusieurs maladies : la plus com- 
mune, d'après Beale, est la cécité; l’ostéite de la mâchoire 
inférieure est presque aussi fréquente; elle produit les défor- 





(1) De Piscibus, p. 485. 

(2) Hist. nat. de l'Islande et du Groënland, t. I, p. 116 (1750). 
(3) PL. xvin et xx. 

(4) Trans. of the Zool. soc. London, vol. VI, pl. Lv à Lxt (1868). 
(5) Cité par Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 204. 


1 


rt te Mae na CS AA dé à ne 
. st" 3 Mel 


— 98 — 
mations les plus extraordinaires (1); mais, malgré ces déforma- 
tions, les animaux trouvent le moyen de s'alimenter. 

La disposition exacte de l’orifice des évents du Cachalot (2) 
n'est pas bien élucidée : la plupart des auteurs et des baleiniers 
admettent un orifice unique, placé à l'extrémité antérieure de la 
tace superieure du rostre. 

Mais Gray (3), d'apres Beale et Jackson, considère les narines 
comme séparées et ayant chacune la forme de la lettre itali- 
que s. En outre elles seraient rejetées un peu vers le côté 
droit. | 

Fabricius (4 en donne une description probablement très 
exacte, d'après ses propres observations : « Frons capitis abruptà 
» seu perpendiculariter descendens, in cujus summitate (quæ ab 
» auctoribus minus recte cervix dicitur) lateribus angulata, est 
» eminentia notabhilis antice sima magna (quæ fistula per quam 
s anhelat) intus ad angulos frontis progrediens, ubi utrinque 
» rima lunaris, sie fistula extus quidem solitaria intus duplicata». 
Pour lui, par conséquent, l'orifice est unique. 

Le souffle des Cachalots se dirige obliquement en haut et 
en avant, en déviant toujours un peu de côté. Le souffle du 
Globiceps pourrait être confondu avec celui-ci, mais il est 
trop petit. Le jet de vapeur du Cachalot est moins élevé que 
celui des Baleines; il peut être comparé aux nuages grisâtres 
qui s'échappent d'une machine à vapeur par bouffées inter- 


mittentes (9). 





(1) Fischer, Note sur une deformation pathologique de la mâchoire 
uijérieure du Cachalot (Journal de l'anatomie, de Ch. Robin, 1567, p. 382, 
blu 

(2) « The spont-h 
» surfaces of its head, a few inches on the left side ». (Scammon, On the 
Cetacea of the Western Coast of N. Amer., 1869, p. OÙ). — « À l'extrémité de 
« la face supérieure, on remarqne l'évent, orifice unique des fosses nasales ». 


ole is situated at a point formed by the superior and anterior 


(lhiercelin, Journ. dun Baleinier, vol. 1, p. 71, 1866). 
(}) C'ai. of Seuls and Whaies, hp. 205. 
4) Fruma Greenlandica, pP. 42. 

l — D'après Melville, le Cachalot en souffant rappelle 


(5) Thercelin, loc. cit. 
un boureeois hollandais qui fume sa pipe aù soleil (Frédol, Le Monde de la 


inner, Ve D42). 





0e 


Migrations des Cachalots. 


Les migrations des Cachalots ne sont pas établies d'une 
manière satisfaisante. On remarquera toutefois que leurs échoue- 
ments sur les côtes de France ont été notés exclusivement 
en hiver et au commencement du printemps (janvier. mars, 
avril). 

Aux Açores, les Caichalots ne se montrent qu'en été: se diri- 
gent-ils en hiver vers le nord de l'Europe? Nous ne saurions le 
dire. La station des Açores est assez importante pour que l’on y 
capture tous les ans environ cent cinquante de ces Cétacés (1). 

Les échouements multipliés de Cachalots dans le golfe de 
Gascogne, les témoignages des auteurs qui nous apprennent 
que les Basques les harponnaient de même que leur Baleine, 
l'origine même du nom vulgaire qui leur a été donné. les nom- 
breuses trouvailles d'ambre gris sur la côte, enfin cette circons- 
tance, qu'au siècle dernier, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz étaient 
des centres industriels pour la préparation du sperma-ceti, 
constituent un ensemble de présomptions suffisantes pour 
admettre que le golfe de Gascogne a été jadis un parage fré- 
quenté régulièrement par ces animaux. D'après les observations 
de Humboldt, les Cachalots se plaisent dans les eaux très pro- 
fondes; or, le golfe de Gascogne présente justement ces condi- 
tions de profondeur, surtout au voisinage de la côte d'Espagne. 
Nous ne savons pas siles Cachalots venaient s'accoupleï dans 
nos parages. On suppose que la reproduction de ces animaux 
a lieu en toute saison, tandis que les Baleines s'accouplent et 
mettent bas à des époques déterminées, dont la connaissance à 
rendu leur capture beaucoup plus facile. 


Du Cachalot de la Méditerranée. 


Le Cachalot pénètre souvent dans la Méditerranée où il a reçu 


les noms de Capidoglio, et de Peis mular. Il est certain que les 





(1) H. Drouët, Éléments de la Faune Açoréenne, p. 112 (1861). 


— 100 — 


anciens l’ont connu. et que la description qu'ils ont donnée de 
l’'Orca d'Ostie s'applique à ce Cétacé. L'empereur Claude fit atta- 
quer un de ces animaux échoué dans le port d'Ostie. Le dos de ce 
monstre marin s'élevait au-dessus des flots comme la carène 
d'un vaisseau renversé. Blessé de coups de piques, il suc- 
comba après avoir submergé une barque montée par les as- 
saillants(1). 

Paul Jove, Nieremberg, Bayer et d’autres auteurs ont laissé 
quelques renseignements sur des échouements de Cachalots 
dans la Méditerranée. Plus récemment, un individu a été pris 
en 1856, par des pêcheurs de Saint-Nazaire (Var). Le 15 août 
1853, six individus furent capturés dans l'Adriatique, entre Pola 
et Trieste(2). 


Eyperoeden, Lacépède. 
8. Hyperoodon rostratus, Chemnitz. 


Balæna rostrata, Chemnitz, Berlin. Beschr. 1778, IV, 183. (ncn 
Balæna rostrata, Fabricius). 

Hyperoodon rostratum, Van Beneden et Gervais, Ostéogr. des 
Cétacés) p.363 pl vur pr 

Delphinus Butzkopf, Bonnaterre, Céf., p. 319. 

Hyperoodon Butzkopf, Lacépède, Hist. nat. des Cétacés, p. 319. 
— Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 330. 

Delphinus diodon, Lacépède, Cétacés, p. 309. 

Delphinus quadridens, Burguet, Actes de la Soc. Linn. de Bor- 
deuux, vol: XIII, 1843, p. 304. 


Un individu de ce grand Cétacé fut aperçu le 12 octobre 1810 
dans le bassin d'Arcachon: il paraissait malade, et on put le 





(Pme eris rat tel 0: 
(2) Van Beneden, Les squelettes de Cétacès et les Musées qui les renfer- 


ment, p. 28. 








= AIO 
remorquer sans peine à la Teste, où il fut examiné, le 13, par 
Catros (1). 

Le squelette ne fut pas conservé, la mâchoire inférieure seule 
fit partie pendant quelque temps du Muséum Rodrigues, de Bor- 
deaux:; mais, lors de la dispersion des collections Rodrigues, elle 
disparut. 

Les seuls renseignements que nous possédions sont les quel- 
ques lignes suivantes. 

La longueur de l'animal était de 7 mètres environ (22 pieds 
8 pouces), et sa circonférence était de 3 m. 1/3, au niveau des 
yeux; un peu plus en arrière, elle était de plus de 5 mètres; 
vis-à-vis l'anus, elle atteignait 4 mètres environ. Le diamètre 
de la nageoire caudale était de 2 m. 1/3, d’une pointe à l'autre. 

La graisse qui entourait le corps avait 12 centimètres d'épais- 
seur sur les flanes. et 24 centimètres sur la tête, après le museau; 
la tête s'élevait brusquement en formant une bosse charnue. 

La mâchoire inférieure fut étudiée par Rodrigues, qui re-: 
marqua à son extrémité quatre dents pointues. Les deux dents 
postérieures étaient plus petites des deux tiers que les dents an- 
térieures. Comparant les caractères de ce Cétacé à ceux du Dau- 
phin à deux dents de Lacèpède et de Hunter, il les trouva iden- 
tiques. Cette assimilation a d'ailleurs été confirmée par Frédéric 
Cuvier, et elle ne me semble pas douteuse. 

Un seul point pouvait faire naître quelque incertitude, c'est la 
présence de quatre dents au maxillaire inférieur du Cétacé d'Ar- 
cachon. Plusieurs observateurs : Chemnitz, Hunter, Baussard, 
Jacob, et tous les cétologues ne parlent que de deux dents au 
maxillaire inférieur; mais Deslongehamps en à vu quatre sur 
l'individu mâle de Langrunes. Les dents antérieures mesuraient 
48 millimètres de longueur, et les postérieures, beaucoup plus 
courtes, 14 millimètres. Le rapport de la longueur de ces dents 
est done presque le même que chez l'Hyperoodon d'Arcachon. 

L'Hyperoodon est bien connu en France, par les relations de 
plusieurs naturalistes qui l'ont étudié sur les côtes de la Manche. 





(1) Voir pour ce Cétacé : Bulletin polymathique du Muséum d'instruction 
publique de Bordeaux, p. 404, décembre 1810. — Frédéric Cuvier, Hist. nat. 
des Cétacés, p. 247. — H. Burguet, Actes de la Société Lianeenne de Bor- 
deaux, t. XIII, p. 300, 1843. 


PUY TELE MERE 


0 


Eu 1752. un individu de 25 pieds de longe a été dessiné à 
D.eppe. Ce dessin, très mauvais d’ailleurs, fait partie de la col- 
lection des vélins du Muséum. En 1765. Dicquemare, d’après 
Biussard, aurait vu un Hyperoodon de 21 pieds de longueur, 
échoué au Havre. En septembre 1788, une femelle, longue de 
23 pieds 6 pouces, et son petit, long de 12 pieds 6 pouces. furent 
jetés sur la côte à Honfleur; ils ont été décrits par Baussard (1); 
en 1804 ou 1805, un Cétacé femelle de ce genre fut capturé à Ber- 
uières-sur-Mer (2); le 13 novembre 1840, un mäle, long de 7 m. 
»9 cent., fut disséque à Langrunes par E. Deslongchamps père (3); 
en novembre ou décembre 1842, Sénéchal prépara pour le Mu- 
séum de Paris un Hyperoodon de 7 mètres de long, jeté à la 
«côte entre Sallenelles et Cabourg (4); un autre individu aurait 
été capturé en 1852 à Isigny (5). L'Hyperoodon mâle, dont le sque- 
lette est monté au Musée de Lille, a été pris mourant en mer, à 
30 lieues nord-ouest de Dunkerque, en 1833. Sa longueur était 
de 9 mètres (6). 

En somme, on aurait constaté huit fois des échouements d'Hy- 
peroodons sur les côtes océiniques de France. 

On à cru pendant longtemps que ce Cétacé ne pénétrait pas 
dans la Méditerranée, mais, vers la fin de l’année 1880, une 
femelle, accompagnée d'un jeune, a été capturée à Aigues-Mortes. 
Une partie du squelette et le crane du jeune ont été acquis par 
le Muséum d'histoire naturelle de Paris. 

Les caractères anatomiques de ces animaux sont maintenant 
suffisamment établis par les auteurs. Il reste à élucider quelques 
points de détails sur les changements qu'éprouve leur crâne, chez 
les vieux individus pour lesquels Gray a créé le genre Lagenocetus. 

Voici les dimensions comparées de trois Hyÿperoodons de la 





(1) Journal de Physique, t. XXXIV, p. 201. — Un des cränes d'Honfleur 
fait partie du Musée de la Faculté des sciences de Caen. 

(2) Deslongchamps, Rech. 3001. et anat. sur l'Hyperoodon (Mém. de la 
Soc. Linn. de Normandie, t. VIT). — Le crâne est au Musée de Caen. 

(3) Deslongchamps, loc. cit. — Squelette conservé dans le Musée de Caen. 

(4) Squelette complet au Muséum d'histoire naturelle de Paris. 

(5) Cité par Gervais et Van Beneden, Ostéog. des Cétacés, p. 359. 

5) Renseignements a par le conservateur du Musée de Lille! — 

D aprés Gervais (Ostéogr. des Cétaces, p. 360), cet Hyperoodon aurait été 


pris à Flessingue. 


— 103 — 
Manche : le mâle de Langrunes, la femelle adulte d'Honfleur et 
son petit. 














œ | O'aduite jeune 
LANGRUNES | HONFLEUR | HONFLEUR 
RER RS 
| 

Ponpreurotle re 750 GATE" 04 
DURS Te AM ANDECLOnAle Er CCR EC e 1 95 »  » » + 
Eoncueuride la pectorales 2..." 0 9 0 64 0 32 
Du rostre à l’aileron dorsal................... » D) 4 37 2 48 
Longueur de l’aileron dorsal à sa base......... NOI62 0 64 032 
Hauteur delltailerontdorSale eee cer 0 5ù 0 40 0 18 
D'ORROStTe IRéNeNte Eee nee crie 4 56 4 50 0 61 
Diamètre transverse de l'évent................ 0 33 DO ES 
Distance d'une pointe de la caudale à l'autre ..…. 2 35 2214 ON AN LE 
Du rostre à la commissure labiale............. | 0 5 at a EN HE 
Longueur de la fente vulvaire .......,........ » » 0 42 0 32 








L'intestin du mâle de Langrunes mesurait 26 mètres de lon- 
gueur; l'estomac ne contenait que des becs de Céphalopodes 
(Loligo). Dans l'estomac de la femelle adulte de Honfleur, Baus- 
sard trouva deux poignées de becs d'Encornets où Calmars; et 
dans celui de Sallenelles, Sénéchal recueillit environ dix litres 
de becs de Céphalopodes. 

La formule vertébrale de l'individu de Sallenelles est : C. 7. — 
D. 9. — L. 9. — C. 20. — 45. Une femelle des côtes de Hollande 
examinée par Wesmaël a pour formule vertébrale : C. 7. — 
D 91. 1 "70119: —16:/Le squelette de l'individu desla 
Tamise décrit par Hunter a pour formule vertébrale : C. 7. — 
D. 9. — L. 12. — C. 17. — 45. Les cervicales sont soudées en une 
seule pièce. 

La longueur des nageoires pectorales est de un septième de 
celle du corps, chez le mâle; et de un douzième, chez la femelle 
adulte et son petit. 


Ziphius. Cuvier. 


9. Ziphius cavirostris, Cuvier. 


Ziphius cavirostris, G. Cuvier, Oss. foss., t. V, première partie, 
p. 350, pl. xxvix, fig. 3 (1825). — Gervais et Van Beneden, 


— 104 — 


Ostéogr. des Cétacés, pl. xx1. — Fischer. Nouv. arch. du 
Muséum, Vol. IIT, p. 41 (1867). 

Baleine macrocéphale, À. Desmoulins, Det. class. d'hist. nat., 
t- Ip: 16510822); 

Hyperoodon de Corse, Doumet, fîev. zool., p. 207, pl. L fig. 2 
(1842). j 
Epiodon Desmaresti, Hyperoodon Desmaresti, Aliarma Desmaresti, 
Hyperoodon Doumeti, Petrorrhynchus Mediterraneus, etc. 

(Gray). 


Un crâne de Ziphius cavirostris a été trouvé en 1864 à Lanton, 
sur les bords du bassin d'Arcachon. Envoyé à M. Fillioux, con- 
servateur du musée de la Société scientifique d'Arcachon, il fait 
aujourd'hui partie de cet établissement. 

Ce crâne est en bon état de conservation, quoique un peu usé 
par le flot, de chaque côté des orbites et à la face postérieure, 
entre la fosse temporale droite et le trou occipital. La cavité crà- 
nienne est ouverte en ce point, néanmoins la mort ne remonte 
pas à une époque très éloignée, car le crâne contient encore des 
matières grasses. Le maxillaire inférieur manque. La longueur 
totale du crâne (du trou occipital à la pointe du rostre) est de 
89 centimètres; la largeur (d’une apophyse zygomatique du tem- 
poral à celle du côté opposé) est de 48 centimètres; la hauteur 
(de l’orifice inférieur des fosses nasales au bord supérieur des 
os propres du nez) est de 41 centimètres. Ces dimensions donnent 
à penser que l'animal! entier devait avoir une assez grande taille, 
au moins 5 mètres(1). Le crâne a appartenu à un individu adulte, 
comme l’indiquent la soudure de la plupart des os de la tête et 
l'épaisseur de quelques-uns des os de la face, ainsi que l’ossifi- 
cation très prononcée du cartilage vomérien (tubérosité ante- 
rieure du vomer). 

Nous reproduisons ici la description de ce crâne que nous 
avons donnée en 1867 (2). 





(1) Le Ziphius de Corse était long de5 m. 8 cent., son crâne atteignait 
87 centimètres de longueur; le crâne de Fos décrit par Cuvier n’a que 85 cen- 
timètres de longueur. 

(2) Mémoire sur les Cétacés du genre Ziphius (Nouv. archives du Museum 
d'hust. nat. de Paris, t. HI, p. 41). 





— 105 — 

La tête du Ziphius du bassin d'Arcachon est cunéiforme, allon- 
gée, à rostre très aigu en avant; elle porte en dessus de vastes 
cavités remplies de graisse du vivant de l'animal: cette parti- 
cularité rapproche tout d’abord les Ziphius des Hyperoodons 
et des Cachalots; les Dauphins, au contraire, sont dépourvus de 
crêtes ou de murailles osseuses bien caractérisées. | 

Pour la facilité de la description, nous étudierons successive- 
ment : une face supérieure. deux faces latérales, une postérieure, 
une inférieure; nous examinerons enfin la cavité crâänienne et 
les trous. 

4. FACE SUPÉRIEURE. — Elle est remarquable par le développe- 
ment des os maxillaires et intermaxillaires, qui la composent 
presque uniquement. 

Les intermaxillaires, accolés l’un à l’autre sur la ligne médiane, 
constituent la pointe du rostre; de là, ils se portent en arrière 
vers les fosses nasales, mais ils trouvent sur leur trajet la tube- 
rosité antérieure du vomer, qu'ils bordent de chaque côté dans 
toute sa longueur; arrivés à la base du rostre, ils présentent des 
modifications importantes. 

L'asymétrie des intermaxillaires se prononce; l’intermaxillaire 
droit devient plus large que le gauche (12 ou 13 centimètres, 
pour 10 centimètres); en même temps il est moins relevé et se 
rapproche davantage du plan horizontal. Son bord interne est 
placé sur l’axe central du rostre ; par conséquent les narines sont 
déjetées vers la gauche, comme chez la plupart des Cétacés. 

Les intermaxillaires s'évasent largement autour de l’orifice 
supérieur des fosses nasales, et, en arrière de celles-ci, remontent 
pour se souder aux os du nez. Ils comprennent, dans leur trajet 
d'avant en arrière, et circonscrivent entre eux : le vomer, une 
fosse particulière et l’orifice supérieur des narines. 

Le vomer des Ziphius est très singulier et présente une struc- 
ture qui ne se montre peut-être que dans ce seul genre. Com- 
primé latéralement à l'extrémité du rostre, il se renfle vers sa 
base et forme une masse ou tubérosité éburnée, large, pesante, 
subtronquée en arrière, que nous appellerons {ubérosité anteé- 
rieure du vomer; le tissu compacte de cette tubérosité contraste 
avec la texture spongieuse des autres os de la face et du crâne. 

La détermination anatomique de cette tubérosité n’est pas 
sans difficulté. Cuvier l'a considérée comme partie du vomer; 


— 106 — 


Owen (1) et Flower comme un processus antérieur de l'ethmoïde; 
Turner comme un os spécial qu'il nomme 7x#6s0o-rostral. Il est 
admis généralement qu'elle représente la portion ossifiée du 
long cartilage qui, chez les Cétacés, se prolonge jusqu'à l’extré- 
mité du rostre. 

En arrière de la tubérosité du vomer, entre celle-ci et les 
intermaxillaires, existe une vaste dépression qu'on pourrait 
appeler fosse prénasale, et que nous considérons comme très 
importante dans l'étude des Cétacés de ce groupe. Elle a valu au 
Ziphius déerit par Cuvier, son nom spécifique : cavrrostris. En 
arrière, elle se confond avec l'orifice supérieur des fosses 
nasales. 

Comme nous l'avons déjà vu, la cloison n'est pas placée sur la 
ligne médiane, mais portée vers le côté gauche. Les orifices 
qu'elle sépare sont à peu près égaux; chacun d'eux est ovoïde, 
arrondi en arrière, atténué en avant. Le diamètre antéro- 
postérieur de ces orifices est de 7 centimètres, le diamètre 
transverse de 9 centimètres. 

Les os propres du nez, soudés latéralement avec les maxillaires 
et postérieurement avec le frontal, surplombent l'orifice des 
fosses nasales. Ils sont saillants, recourbés en avant, asymétri- 
ques, réunis l’un à l’autre sur la ligne médiane. Leur ensemble 
figure un trèfle profondément découpé. Le lobe moyen du trèfle 
est spatuliforme; il porte la suture médiane des os du nez; il est 
refoulé vers le côté gauche, ainsi que la cloison des fosses 
nasales qui détermine sa direction. Le lobe gauche est plus étroit 
que le lobe droit. 

Telle est la composition de la dépression moyenne qu'on 
remarque à la face supérieure du crâne de Ziphius: mais cette 
dépression est comprise elle-même entre deux fosses latérales. 
Si l’on appelle la première, fosse intermaxillarre où fosse con- 
choide (2), les deux autres pourront se nommer fosses susmaxil- 
laires. 








(1) « The upper mid-tract of the rostrum (vomer of Cuvier) is formed by a 
» production of the Zlamaina perpendicularis æthmoïidei, answering to my 
» prefrontal of singular thickness. The lower mid-tract of the rostrum is, in 
» part, formed by the veritable vomer » (Owen, Monograph of the British 
fossil Cetacea of the red Crag, p. 4, 1870). 

(2) Ce terme a été employé par Duvernoy et Gervais. 


— 107 — 


Les maxillaires supérieurs se montrent à l'extrémité du 
rostre, de chaque côté et en dehors des intermaxillaires; ils 
forment ainsi les bords du rostre, et s’écartent à mesure qu'ils 
se rapprochent de la base du rostre. En ce point, ils fournissent 


-de chaque côté une saillie bien prononcée, et qui, chez Îles 


Hyperoodons, se change en une véritable muraille; cette saillie 
semble déterminée par la présence du frontal que le maxillaire 
commence à recouvrir. 

Les maxillaires s'évasent ensuite, et, après avoir décrit une 
courbe à concavité externe, vont s'unir aux os du nez, en 
comprenant, dans leur concavité, les intermaxillaires et l'orifice 
supérieur des fosses nasales. Les bords latéraux de la tête sont 
donc formés par les maxillaires. Entre les maxillaires et les inter- 
maxillaires, il existe, par conséquent, de chaque côté, une vaste 
fosse prolongée jusqu'au rostre ; son fond est légèrement concave, 
on y remarque, à sa partie moyenne et au-dessus de l'orbite, un 
canal dans lequel passe un rameau du nerf trijumeau. Ce canal 
communique avec un vaste orifice creusé également dans le 
maxillaire supérieur et placé à la base du rostre. Nous exami- 
nerons plus loin la signification de ces trous; remarquons 
seulement que, chez les Ziphius, comme chez la plupart des 
Cétacés, le maxillaire supérieur, au lieu de participer à la forma- 
tion du plancher de l'orbite, passe au-dessus du frontal, qui 
constituera la voûte orbitaire. Dans ce déplacement, le trou sous- 
orbitaire n’abandonne pas le maxillaire, malgré les modifications 
apportées dans la structure de l'orbite, et les rameaux du nerf 
sous-orbitaire demeurent préorbitaires et susorbitaires. Quant au 
nerf susorbitaire proprement dit, il ne laisse pas de trace de 
son passage sur le crâne du Ziphius, et n'a pas de conduit 
OSSeUX. 

b. FACES LATÉRALES. — Les faces latérales sont peu étendues, 
triangulaires, composées d'avant en arrière par le maxillaire, 
le frontal. le pariétal, le temporal et l'occipital. 

Le frontal est remarquablement étroit, comme chez les 
Baleines. 11 semble réduit, sur les côtés, à une lame étroite, com- 
prise entre la portion des maxillaires et l’occipital supérieur. 
Mais, si on enlevait le maxillaire, on verrait qu'en réalité le 
frontal est très large, puisqu'il complète en avant toute la 
cavité crânienne. 


— 108 — 


Une coupe du crâne permettrait de saisir toute son étendue, 
dissimulée par les intermaxillaires et les maxillaires qui le dou- 
blent en quelque sorte. 

En bas, le frontal se dilate pour fournir la voûte orbitaire, qui 
est légèrement arquée. Cette portion orbitaire du frontal se ter- 
mine, en avant, par un lobe encastré dans le maxillaire, et, en 
arrière, par une apophyse post-orbitaire, en rapport avec l’apo- 
physe zygomatique du temporal. 

Le prolongement antérieur de la voûte orbitaire du frontal se 
soude avec le jugal réduit, sur le crâne provenant d'Arcachon, 
à une tubérosité restreinte et manquant au côté gauche; le jugal 
est donc compris, en avant, entre le maxillaire et le frontal. 

La tige grêle, qui se porte du jugal à l’apophyse zygomatique 
du temporal, manque également; elle a été conservée dans le 
crâne du Ziphius Indicus décrit par M. Van Beneden, et ne 
diffère pas sensiblement de celle des Cétacés hétérodontes, dont 
elle limite l'orbite en bas. Quant à l'os lacrymal mentionné par 
M. Van Beneden, je ne trouve rien qui puisse s'y rapporter sur 
le crâne découvert à Arcachon. 

Au-dessus de la rainure qui sépare l’apophyse post-orbitaire du 
frontal de l’apophyse zygomatique du temporal, apparaît la 
fosse temporale, profonde mais peu large, ainsi que chez les 
Baleines, les Hyperoodons, ete. Les faibles dimensions de la fosse 
temporale font supposer un muscle crotaphyte peu développé, 
en rapport du reste avec les habitudes alimentaires de ces ani- 
maux, qui ne broient pas leur proie et dont les mâchoires s'écar- 
tent très peu. Les Cétacés hétérodontes se nourrissent de Cépha- 
lopodes dont on retrouve les débris dans leur estomac. 

Les fosses temporales, limitées par une crête, sont formées 
par le frontal en avant, le pariétal en haut, la portion écailleuse 
du temporal ou squamosal en arrière. 

Il est difficile de bien suivre les contours des pariétaux; ces os 
sont presque rudimentaires, subquadrangulaires, très écartés 
l’un de l’autre. L'union directe du suroccipital avec le frontal, 
à la face postérieure du crâne, a pour effet de rejeter les parié- 
taux dans les fosses temporales. D'ailleurs les pariétaux sont 
très petits chez les Cétacés. 

Nous ne trouvons pas de vestige d'interpariétal. 

La portion écailleuse du temporal (squamosal) recouvre en 





— 109 — 


grande partie l'aile du sphénoïde (alisphénoïde); elle parait peu 
étendue et n'entre pas dans la composition de la boîte crânienne. 
On sait que chez les Cétacés la composition du crâne se réduit à 
sa plus simple expression: les os qui en sont éliminés semblent 
poussés au dehors et réduits à doubler les pièces indispensables. 

A la partie postéricure de la face latérale du crâne, se voit 
l'union du temporal avec l’occipital latéral (exoccipital). 

C. FACE POSTÉRIEURE. — Elle est triangulaire, à sommet corres- 
pondant aux os du nez; l’occipital entre presque seul dans sa 
composition. Au sommet du triangle, on reconnaît le frontal un 
peu dilaté et recevant, dans une excavation irrégulière, les os 
propres du nez. 

La crête occipitale, les bosses occipitales sont rudimentaires; 
le suroccipital est légèrement convexe; le trou occipital est situé 
au tiers inférieur de la hauteur totale de la face postérieure du 
crâne. Ce trou est un peu plus haut que large (hauteur 7, 
largeur 6 centimètres). 

La surface articulaire de chaque condyle représente un 
croissant. Les deux condyles se touchent presque, en dessous du 
trou occipital; en dessus, ils sont distants de 6 centimètres 
environ. 

Les bords inférieurs de l'occipital sont épais et divisés chacun, 
par une profonde rainure, en deux tubérosités : une interne, 
épaisse, spongieuse, représentant l’exoccipital, c'est l'apophyse 
para-occipitale; une externe, apophyse paramastoïdienne, qui 
touche le rocher, et qui ne serait autre chose que l'os mas- 
toïdien, libre chez les Ziphius, d'après M. Van Beneden. Nous 
n'avons pas pu contrôler suffisamment ce détail anatomique; 
nous nous bornons à constater que la base de la face postérieure 
du crâne est absolument semblable à celle des Cachalots, et que 
les parties similaires y doivent recevoir les mêmes noms. 

d. FACE INFÉRIEURE. — La face inférieure, triangulaire, 
aiguë, comme la face supérieure, en diffère par sa convexite très 
accusée. 

L'extrémité du rostre est formée par les intermaxillaires, se 
touchant sur la ligne médiane, mais qui s'écartent, à une petite 
distance de la pointe du rostre, pour recevoir entre eux une lame 
très mince, presque linéaire : c’est le bord inférieur du vomer. 
Une semblable disposition existe chez le Cachalot. 


— 110 — 


Les intermaxillaires sont emboîtés en dehors dans les maxil- 
laires, qui s’écartent, vers la base du rostre, pour circonscrire les 
os palatins. Ceux-ci décrivent, de chaque côté, une courbe à 
convexité antérieure, et embrassent, dans leur concavité, les 
ptérygoïdiens; néanmoins leurs bords internes se touchent en 
partie sur la ligne médiane. 

Les ptérygoïdiens très développés, larges, élevés sur la ligne 
médiane où ils se touchent et constituent une arête, limitent 
la paroi antérieure de l'orifice inférieur des fosses nasales. En 
arrière, ils vont s’articuler avec les temporaux. 

Sur les côtés de la face inférieure du crâne, on aperçoit : le 
rebord orbitaire du frontal et l’apophyse zygomatique du tem- 
poral formant la voûte orbitaire; plus en arrière. la fossette 
destinée à recevoir l'extrémité postérieure du jugal: et la cavité 
œlénoïde du temporal, peu profonde et n'admettant qu'un petit 
condyle. 

Le crâne de notre Ziphius d'Arcachon est dépourvu de rocher 
et de caisse; néanmoins l'absence de ces os n’entraine pas une 
vaste lacune dans la boîte crânienne, comme chez les Dauphins; 
ils sont repoussés en dehors. Le rocher du Ziphius Indicus porte 
en arrière un talon qui s'articule, par suture écailleuse, avec le 
mastoïdien; la caisse est fort large, ses parois sont minces et 
délicates. 

L'orifice inférieur des fosses nasales est situé sur la ligne 
médiane; les deux fosses sont parfaitement symétriques; 
l'asymétrie du crâne du Ziphius n'est donc prononcée qu'à la 
face supérieure. 

Le vomer, qui compose la cloison, est épais sur la ligne mé- 
diane; il s'appuie en arrière, par une large surface, sur Île 
sphénoïde postérieur, court et étroit. 

Le basilaire, soudé au sphénoïde postérieur, ne présente rien 
de particulier, si ce n'est deux crêtes concentriques aux €con- 
dyles. 

6. CAVITÉ CRANIENNE. — Elle est assez ample (diamètre 
transverse, 28 centimètres; hauteur, 15 centimètres); la forme 
du cerveau devait être analogue à celle de l’encéphale des Dau- 
phins; ses principaux caractères sont : hauteur des lobes céré- 
braux, aplatissement d'avant en arrière, élargissement. 

La fosse cérébrale antérieure est à peine séparée de la fosse 


* 


dr 





— Al 


cérébrale moyenne par les ailerons rudimentaires du sphénoïde 
antérieur. Le corps du sphénoïde est très court; la selle turcique, 
la fosse pituitaire n'existent pas: la gouttière basilaire est très 
étroite. 

Nous ne pouvons rien trouver qui ressemble à une apophyse 
crista-gallè &t à la lame criblée; il n’y a qu'un petit trou olfactif 
de chaque côté, séparé du trou opposé par une distance de un 
centimètre à peine. 

Les fosses cérébelleuses sont nettement limitées par de larges 
tentes osseuses. | 

La faux du cerveau est évalement ossifiée; chez les Dauphins, 
elle renferme un sinus veineux constant; nous ne savons si les 
Ziphius offrent une particularité semblable. 

f. DES TRous. — 1° Canal sus-mazxillaire. — A la base du 
rostre et à sa face supérieure, on voit, de chaque côté, un énorme 
trou placé entre les os maxillaire et intermaxillaire; c'est l'ori- 
fice supérieur du canal dit sus-marillo-dentaire (1), qui en réalité 
correspond exactement au trou sous-orbitaire de l’homme; 
mais ce trou, sur les crâänes humains, a une position exception- 
nelle, à cause du développement du sinus maxillaire, qui porte 
le canal sous-orbitaire en haut, contre le plancher de l'orbite. 

A en juger par les dimensions du canal qui le contient, le 
rameau maxillaire supérieur du trijumeau doit être considérable 
chez les Ziphius, ainsi que chez les Dauphins, les Hyperoo- 
dons, etc. 

Ce canal se porte ensuite en arrière, et nous allons retrouver 
des trous qui communiquent avec lui, dans son trajet. 

Au-dessus de la voûte orbitaire, et dans l'épaisseur même du 
maxillaire qui forme le plancher des fosses sus-maxillaires, 
existe un Canal dirigé de dedans en dehors et de bas en haut; 
ce serait, d’après sa position, le canal sus-orbitaire. Un stylet, 
conduit dans ce canal par son orifice supérieur, aboutit dans 
le grand canal sus mazxillo-dentaire. Xl est donc probable que 
le canal sus-orbitaire est destiné au passage d’un rameau impor- 
tant du nerf maxillaire supérieur; chez l’homme, au contraire, 





(1) Nous adoptons cette dénomination, à l'exemple de M. Chauveau (Traité 
d'anatomie comparée des animaux domestiques, p. 466, 1857). 


— 112 — 
le canal sus-orbitaire contient un rameau de la branche ophthal- 
mique du trijumeau. 

Enfin le grand canal sus-marillo-dentaire communique avec 
un conduit qui débouche dans la paroi externe des fosses 
nasales; il renfermerait le rameau nasal du nerf maxillaire 
supérieur. Remarquons encore que, chez l’homme, le nasal 
interne émane de la branche ophthalmique de Willis. 

L'orifice du canal sus-martillaire, à la face inférieure du crâne, 
est situé en avant du trou optique, entre l'extrémité postérieure 
de l'os palatin et le maxillaire. 

2° Canal palatin antérieur. — Son orifice antérieur, extrème- 
ment petit. se voit juste à la pointe du rostre, et aboutit à la face 
supérieure de celui-ci, entre l'intermaxillaire et la tubérosité 
supérieure du vomer. 

3° Canal pulatin postérieur. — À Ja face inférieure du crâne, 
en avant des os palatins, et entre eux et les maxillaires, on 
découvre deux fentes allongées : ce sont les orifices inférieurs 
du canal palatin postérieur. Les orifices supérieurs débouchent à 
la face supérieure du crâne, au niveau du bord inférieur des 
intermaxillaires, sur les côtés de l’excavation prénasale du ros- 
tre. Ce canal loge le grand nerf palatin. 

4° Trous olfactifs. — Nous avons déjà dit que les trous olfactifs 
étaient au nombre de deux seulement; un de chaque côté, dans 
la cavité crânienne; mais, dans les fosses nasales, ils présentent 
quelques différences. Sur le crâne trouvé à Arcachon, on distin- 
gue, dans chaque fosse, deux trous séparés par un pont osseux; 
sur le crâne provenant de Fos-les-Martigues, il existe plusieurs 
petits trous à côté d'un trou principal. Mais le fait important à 
constater est celui-ci : que le nerf optique est unique, à son pas- 
sage dans la boîte crânienne. 

»° Trous optiques. — Ils débouchent par un canal évasé, au- 
dessous de la voûte orbitaire du frontal. L'orifice externe du 
canal optique est large de 3 centimètres. Dans la cavité crà- 
nienne, les orifices internes des canaux optiques sont écartés 
de 10 centimètres (crâne de Fos-les-Martigues), et même de 16 cen- 
timètres (crâne d'Arcachon). 

6° Hiatus orbitaire. — À 1 centimètre environ de l'orifice 
interne du canal optique, on trouve un trou arrondi, débouchant 
au dehors dans le fond de l'orbite; nous appellerons ce canal 





— 113 — 
hiatus orbitaire; il correspond à la fente sphénoïdale de homme 
et contient les nerfs moteurs de l'œil. 

7° Trous condyliens. — Ces trous ne paraissent pas à l’exte- 
rieur; à l'intérieur du crâne, ils se montrent au dehors de la 
gouttière basilaire. 

8° Les autres trous ne nous ont pas offert d'intérêt, sur le 
crâne que nous avons étudié, à cause de l'absence du rocher: 
mais il est à souhaiter que l’on soit fixé sur la disposition exacte 
du trou déchiré postérieur. 

Nous ajouterons enfin qu'à la face inférieure du rostre, exis- 
tent de nombreux trous pratiqués dans le maxillaire et l’inter- 
maxillaire, trous innommés pour la plupart, et destinés à ren- 
fermer des rameaux du nerf prédominant chez les Cétacés : le 
nerf maxillaire supérieur. 


Des divers Ziphius décrits par les auteurs. 


La pièce originale pour laquelle Cuvier a établi son Ziphins 
cavirostris à été mentionnée pour la première fois par A. Des- 
moulins. Cet auteur, dans un article, d’ailleurs très intéres- 
sant. sur les Baleines, publié en 1822 (1), s'exprime ainsi : 

« Il existe au Muséum deux têtes de Baleines fossiles; l’une, 
» que nous désignerons sous le nom de #4acrocéphale, jusqu'à ce 
» que Cuvier ait déterminé sa place zoologique et son nom, 
» diffère des Baleines connues par la courbure de son bec dont la 
» convexité est inférieure; l’évent y est presque vertical. Comme 
» dans les Cachalots, les maxillaires, fort élargis à leur base, 
» après avoir doublé le frontal, se repliaient en voûte en avant 
et en dedans. — Trouvée sur la plage de Fos. département des 
Bouches-du-Rhône. » 

En 1823, A. Desmoulins (2), peu satisfait du classement du 
Cétacé de Fos, dans le genre Ralæna, proposa de le rapprocher 


Ÿ 


Ÿ 


des Hyperoodons.Ilnous apprend que Camper, après avoir étudie 
ce crâne, le rapportait à un genre différent de l'#/yperoodon. 








ge 
[Re 
(AS 


(1) Dict. class. d'hist. nat., t. I, p. 165 (1 
(2)Laccit.;at Mr -pe £r7 (1823). 





— 114 — 
Ces détails oubliés aujourd'hui montrent de quelles difficultés 
a été entourée la détermination de ce Cétacé. On peut ajouter que 
les obscurités sur son histoire ne sont pas dissipées, puisqu'on 
ne sait s’il existe une ou deux espèces de Ziphius en Europe. 
Deux ans après (1825). Cuvier, se rangeant à l'avis de Camper, 
décrivit avec soin la pièce vue par Desmoulins et qui avait été 
trouvée en 1804. entre le village de Fos et l'embouchure du 
Galégeon (Bouches-du-Rhône), près du canal qui réunit l'étang 
de l'Estomac à la mer. Il n'eut pas de peine à la distinguer des 
Baleines et il créa pour elle et deux autres Cétacés fossiles le 
nouveau genre Z/phius. Il supposait que le crâne de Fos était 
pétrifié (et cette erreur a été partagée par Duvernoy, Lesson, 
A. D'Orbigny, ete.) mais Gervais a établi qu'il provenait d'un 
animal actuel. ce que démontre Fexamen le plus superficiel. 
D'ailleurs Raymond Gorsse, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, 
en envoyant ce crâne, avait fait remarquer que le paysan qui 
l'apporta à Fos, l'avait découvert l’année précédente sur le bord 
de la plage. 
Depuis l'époque où Cuviera caractérisé son Ziphèus cavirostris, 
les auteurs ont décrit, sous des noms très différents. le même 
Cétacé dont la distribution géographique paraît presque aussi 
étendue que celle du Cachalot, Voici la liste des Zäphius cave 
rostris actuellement connus : 
1° Ziphius cavirostris, Cuvier (1). Crâne de Fos-les-Martigues 
(Bouches-du-Rhône). 

2% Hyperoodon de Corse, Doumet (2). Hyperoodon Doumeti, Grar. 
Squelette complet d'un individu des côtes de Corse. 

3 Ziphius Indicus, Van Beneden (3). Crâne de l'océan Indien. 

4 Petrorrhynchus Capensis, Gray (4). Cràäne du cap de Bonne- 
Espérance. 

5 Ziphius cavirostris, Turner (5). Crâne des îles Shetland. 


6° Ziphius cavirostris, Fischer, Crâne d'Arcachon. 


— 





(1) Ossements fossiles, 4 édition, Pl cexx vus fe 122% 

(2) Revue zoo. p. 207, pl. 1, fig. 2 (1842). — Van Beneden et Gervais, 
Oxtecqr.. DIN fiu, 8-). 

(3) Mém. cour. de l'Acad. roy. de Belgique, t. XVE, p. 23, pl. 1 (1863). 

(4) Catal. of Seals and Whales, Brit. Mus., p.59 {16 (1866). 

(5) Trans. of the roy. SOC. Edinbur:sh, VO ENINENAL? pP. 559; pl. NONTIROMEIR DOUX 


(1872). 


+ 


— 115 — 


Tous ces Ziphius, qui pour nous sont identiques, ont pour 
caractère commun un rostre pourvu supérieurement d’une tubé- 
rosité vomérienne très prononcée. Mais il existe une série de 
Ziphius très voisins des précédents et qui en différent par 
leur rostre simplement canaliculé, par l'absence de la fosse pré- 
nasale recouverte par les intermaxillaires, et par l'étroitesse de 
l'excavation des narines ou du vestibule des fosses nasales 
(ercavalion conchoïde de Duvernoy). 

Ces caractères sont-ils spécifiques? Nous le croyons, contra:- 
rement à l'avis de MM. Gervais, Turner et Flower, qui tendent à 
réunir tous les Ziphius actuels sous le même nom. Quoiqu'il en 
soit, voici la liste des Ziphius sans tubérosité vomérienne, aux- 
quels on devra donner le nom Zphius Gervais : 


L° Hyperoodon  Gervaisi, Duvernoy. Crâne des Aresquiers 
(Hérault), décrit par Gervais (1), comme Ziphius cavirostris. 

2 Ziphiorrhynchus cryptodon, Burmeister (2). Squelette complet 
de Buenos-Avyres. 

3° Epiodon Chathamiensis, Hector (3). Crâne des îles Chatham. 


Enfin les auteurs indiquent soit des Cétacés en chair, soit des 
squelettes qu'on à rapportés au genre Ziphius, mais dont ln 
distinction spécifique est encore incertaine: en effet, ils peuvent 
appartenir au type de Cuvier ou au Ziphius Gervaisi, Tels sont : 
1° Delphinus Philippii, Cocco (4). Femelle en chair, du détroit de 

Messine. 

2 Ziphius cavirostris, Cuvier. Squelette complet d'un vieil 
individu capturé à Villefranche (Alpes-Maritimes), et 
conservé au musée d'Iéna (5): 

3° Ziphius cavirostris, Cuvier. Squelette de femelle adulte, prove- 
nant de la côte de Suède, et cité par Malm (6). Musée de 
Gôüteborg. 





(1) Zoo!. et Paléont. fr., pl. xxxvur, fig. l, et pl. xxxix, fig. 2-7. 

(2) Ann. and mag. of nat. history, London, p. 94, pl. mt, et p. 203, 
pl. vi (1866). 

(5) Trans. Nerw Zeal. Inst. p. lOA pl. iv et v, vol. V (1872-1873). 

(4) Archives d'Erichson, Ie 204, pl. vi, fig. 6 (1846). 

(5) D'après Flower, Trans. z0ool. soc. London, vol. VIII, 3e partie, p. 207 
(1871). 

(6) Kongl. Seenska Vetenskaps Akad, Handlingar, Band 2, n° 2 (1870). 


— 116 — 


40 Ziphius cavirostris, Cuvier. Squelette du musée de Pise (1), 
décrit et figuré par Richiardi (2). sous le nom de Ziphius 
Savi. 

5 Un autre Ziphius a été pêché à Villefranche (Alpes-Maritimes), 
en septembre 1878. Sa longueur était de 5 m. 60 cent. Le 
squelette à été acquis par le musée d'histoire naturelle 
de Florence. 

6’ En août 1879, un Ziphius long de 7 mètres s’est échoué dans le 
œolfe de Marseille. Le squelette fait partie du musée de 
Marseille, 

Gray avait rapproché des Ziphius deux Cétacés de la Médit, r- 
ranée : l'Epiodon urganantus de Rafinesque (3), et le Delphinus 
Desmaresti de Risso (4): mais les descriptions de ces animaux sont 
“lement insuffisantes qu'il est impossible d'en tenir compte. 

La seule relation complète et indiscutable, sur l'animal du 
Ziphius cavirostris, est celle de Doumet (5). 

La longueur de ce Cétacé était de 5 m.8 cent.; sa circonférence, 
prise au-dessous des nageoires pectorales, de 3 m. 25 cent. 
Poids, environ 1200 kilogrammes. * 

La mâchoire inférieure dépassait un peu la supérieure: elle 
était armée, à son extrémité, de deux dents aiguës, un peu 
arquées en dedans, sillonnées longitudinalement: on n'en 
voyait que la base, parce qu’elles avaient été brisées. Le reste 
des mâchoires était dépourvu de dents, mais semblait pavé de 
petites granulations osseuses et aiguës. 

Les veux placés vers le milieu de la tête étaient proportion- 
nellement petits. et n'avaient que 3 centimètres de diametre. 

Les nageoires pectorales étaient longues de 48 centimètres, ct 
larges de 17 centimètres: la nageoire dorsale, située à 1 m. 
2 cent.-del'extrémité de la queue: était recourbée en-arrièere.et 
ne mesurait que 10 centimètres de hauteur. Queue terminée par 


(1) D'après Turner, Trans. roy. soc. Edinb., vol. XX VI, p. 760. 

(2) Arch. per la 3001. 2° série, t. TT, pl. vu et vur (1873), cité par Gervais, 
Ostéogr. des Célacés, p. 377. — Je n'ai pas vu la publication de Richiardi. 

(3) Précis des découvertes et travaux soniologiques, P. 15 (1814). 

(A) Hist. nat. del’Europe merde t AE p-24#plrr, go 

(3) Sur un Hyperoodon obs2rvé sur les côtes de la Corse. (Rev. 2001. soc. 
Cuviz:., 1842, p. 207-208). 





— 117 — 
une large naweoire horizontale, de plus d'un metre de largeur et 
à lobes évaux. 

La figure du Ziphius de Corse rappelle, à s'y méprendre, celle 
de l'Hyperoodon Butzkopf. 

Quant au squelette, il est conservé au musée Doumet de Cette, 
où M. L. Vaillant a pu en prendre la description suivante qu'il 
nous à adressée : 

La tête (1), en très bon état, a 87 centimètres de longueur (du 
trou occipital à l'extrémité du rostre), et 48 centimetres de 
largeur (d'une apophyse zygomatique du temporal à celle du 
côté opposé). 

L'intermaxillaire droit est beaucoup plus large que le gauche; 
les os du nez forment une voûte au-dessus des fosses nasales. Le 
vomer remplit l'espace laissé entre les maxillaires, comme s'il 
avait été coulé en plâtre dans leur intervalle. Sa saillie (à la 
face supérieure) dépasse le niveau des intermaxillaires. La 
tubérosité vomérienne disparaît à 33 centimètres de la pointe du 
rostre. Il existe une caisse auditive en mauvais état. 

La mâchoire inférieure porte deux alvéoles terminaux, mais on 
n'a conservé qu'une dent. Le bord supérieur de la mâchoire est 
occupé par une gouttière qui s'étend sur une longueur de 
39 centimètres à partir du rostre. La longueur totale de la 
mâchoire inférieure (du condyle à la symphyse) est de 80 centi- 
mètres; l’écartement des condyles est de 43 centiméètres. En 
plaçant la mâchoire inférieure en rapport avec le crâne, on voit 
que sa pointe dépasse en avant l'extrémité du rostre. 

La colonne vertébrale comprend quarante-cinq vertèbres (2), 
mais les dernières caudales manquent. La longueur de la colonne 
est de 3 m. 76 cent. Les six premières cervicales sont soudées 
entre elles; la septième est libre. Les dix vertèbres dorsales ont 
toutes des facettes articulaires sur les apophyses transverses, 
sept seulement portent des facettes articulaires sur le corps (3). 





(1) Elle est figurée dans Van Beneden et Gervais, Ostéogr. des Cétacés, 
pl. xxi, fig. 8-9. 

(2) L'Hyperoodon n'a que quarante-cinq vertèbres en tout; le Ziphius de 
Suède observé par Malm en à quarante-six, et le Ziphius cryptodon quarante- 
neuf, 

(3) Chez l'Hyperoodon, les six premieres dorsales ont seules des facettes 
articulaires sur leur corps. 


— ]18 — 
Les douze lombaires n'offrent rien de remarquable; les seize 
caudales sont creusées d’une gouttière en dessous; les sept posté- 
rieures de ces seize sont dépourvues d'apophyses épineuses (1), 
ct les dernières sont soudées entre elles, 

L'omoplate est large et triangulaire; la longueur de son bord 
spinal est de 34 centimètres; sa hauteur (de la cavité glénoïde à 
la moitié du bord spinal) est de 24 centimetres. L'’acromion et 
l’apophyse coracoïde sont bien développés: le premier mesure 
6 centimétres de longueur et 5 "centimètres de larseur: la 
seconde à 10 centimètres de longueur et 2 de largeur. Le cora- 
coïde est done singulièrement allongé et étroit (2). 

Le sternum se compose de quatre séries de pièces. La premiére 
série est formée par deux os élargis en haut, échancrés en bas 
et en dedans. Les trois autres séries de pièces sternales sont 
soudées sur la ligne médiane; la deuxième présente, sur la ligne 
médiane et en avant, une échanerure, qui devait correspondre à 
celle des pièces de la première paire (3): la troisième et la qua- 
ième diminuent de largeur. 

L'hyoïde est conservé : il est constitué par trois pièces dis- 
tinctes : une médiane quadrangulaire et deux cornes latérales ou 
vrandes cornes (4). 

Quant aux côtes. elles sont en partie brisécs: en cherchant à 
les rassembler par paires. on en trouve onze (5): sur plusieurs 
«de celles du côté droit, existent des traces de fractures. et trois 
ou quatre présentent des nodosités analogues à des cals. 

On peut comparer les principaux caractères de ce squelette 
à ceux du Ziphius femelle du musée de Güteborg décrit briève- 
ment par Malm (6). La longueur totale de l'animal en chair 





(1) Les dix dernières vertèbres de FJyperoodon manquent d'apophyses. 

(2) Le coracoïde de l'Hyperoodon est plus court que l'acromion. 

(3) Les deux premières séries de pièces sternales du Ziphius correspondent à 
la première pièce sternale des Dauphins, qui est percée d'un trou central. IL est 
probable que, chez Les vieux individus de Ziphius, les deux premières paires de 
pièces se soudent en une seule, grande, allongée, trouée au centre. Cependant 
le grand trou sternal, chez l'Hyperoodon, est placé entre la premiere et la 
deuxième pièces, non soudées l’une à l’autre. 

(4) Même disposition chez l'Hyperoodon. 

(5) H serait important que ce chiffre fût vérifié. Existe-t-il onze côtes, ou dix 
côtes et deux os stylohyoidiens? Les vrais Ziphius ont tous dix côtes. 

(6) Loc. cit., p. 95. 





— 119 — 
était de 22 pieds 2 pouces suédois (environ 6 m. HUNcent-)-1Les 
os indiquent un animal adulte, les épiphyses sont soudées. La 
Formule vertébrale este C7. D) 10 110. C; 19416. 
Les quatre premières cervicales étaient ankylosées. Sternuim di- 
visé en cinq pièces, dont les deux postérieures étaient complete- 
ment soudées. On comptait neuf os en V. Le carpe à été figuré 
par Malm (pl. v, fig. 91). 
Les dimensions de la tête osseuse sont : 


Longueur totale ..... SRE En DE 1,045 milli etres 
Longueur de la mandibule ............ 887 —- 
Longueur de la symphyse............. 205 — 
Plus grande largeur du crâne.......... 570 — 


Le crâne du Ziphius de Suède est, par conséquent, le plus 
œrand individu que nous connaissions ; mais la synostose des 
vertèbres cervicales y est moins avancée que chez le Ziphius de 
Corse. 

La tête osseuse du Ziphius des Shetland décrit par Turner 


mesure : 


Congueumtotnler MARRANT AE PRTELREEE 8% millimètres. 
Longueur de la mandibule... ......... 829 — 
Longueur de la symphyse.....:........ 177 — 
Plus grande largeur du crâne. .......... 016 — 


Stemv. Gray. 


10. Steno(?) Santonicus, Lesson. 


Delphinus Santonicus, Lesson, Actes de la Soc. Linnéenne de 
Bordeaux, t. XIX, p. 15, pl. 11, fig. 1, 1841. — Lesson, Compl. 
a-Buffon;, 1.1, p. 632. 


Cette espèce a été établie par Lesson, pour un Cétacé pris en 
rade de l’île d'Aix, à l'embouchure de la Charente. 

Sa longueur totale est de 1 m. 84 cent. Corps fusiforme ; 
aileron dorsal recourbé, placé un peu au delà du milieu du 
corps: œil touchant presque la commissure labiale;  rostre 


COUR 
mince, arrondi, séparé du front qui s'éiève en bosse pour se 
continuer avec Ja ligne du corps sans saccade. 
Toutes les parties supérieures du corps étaient d’un noir in- 
tense; les inférieures d’un blane satiné. 





++ . 33 — 33 
Formule dentaire : ee 
00 — Ji 


Le Dauphin observé et figuré par Lesson n’a pas été retrouvé 
ultérieurement. Nous le rapportons au genre S{eno (1), à cause 
de l’élongation de son rostre, qui paraît latéralement comprimé. 

Deux espèces de Steno sont signalées dans les mers d'Europe : 
le $. rostraitus, Cuvier, capturé sur les côtes de la Hollande et à 


21 — 21 


Brest, qui à pour formule dentaire : as €t le S. plumbeus, 
Cuvier, pris sur les côtes d'Algérie, d’après Loche, et dont la 
formule dentaire serait : Le 

Il est regrettable que le type de Lesson n'ait pas été conservé. 
La figure qu'il en donne ressemble beaucoup à celle du Sfeno 
plumbeus, Cuvier (Geoffroy et F. Cuvier, Mamm. Dauphins, n° Let 
19%): 





Ce Cétacé, commun dans la mer des Indes, a une longueur 
de 8 pieds, d'après Dussumier, Celui qui a été vu par Loche 
atteignait la taille énorme de 3 m. 50 cent. Son aileron dorsal 
est plus bas que celui du Steno Santonicus, son rostre est 
ioins aigu, ses nageoires pectorales sont plus antérieures. 
La forme de la tête est analogue et l'on n'y trouve pas le sillon 
ou bride qui limite le rostre des vrais Del/phinus. 

Le Steno frontatus, représenté par F. Cuvier, d’après le dessin 
d'un individu capturé à Brest, n'a aucun rapport avec le 
SN. Santonicus. Le dessus du corps est d'un noir de suie, le 
dessous dun blanc rosé: la tête est courte, le rostre semble peu 
compriné latéralement: pas de dépression sensible entre le 
rostre et la tête. 

C'est cependant dans le voisinage du D. frontatus que Lesson 
place Son Delphinus Santonicus, mais il cite uniquement l'ou- 
vrage de G. Cuvier sur les ossements fossiles, ce qui donne à 





(1) Ce genre à pour synonymes: Delphinorhynchus (pro parte), Lesson, 
Gervais, etc.; et Glyphidelphis, Gervais (Paleont. française, 28 édition, 
p. 501, 1859). 





— 121 — 


supposer que le rapprochement est établi entre ces deux espèces 
d'après la forme de leurs crânes. Par conséquent, le Delphinus 
Santonicus est bien un Steno. 

Tout porte à croire que le S. Santonicus est une espèce pro- 
bablement distincte du S. plumbeus, Cuvier. 


Belphämus, Linné. 


11. Delphinus delphis, Linné. 


Delphinus delphis, Linné, Syst. nat., 1, p. 108. — Cuvier, Ossem. 
foss., vol. V, [re partie, pl. xx vi, fig. 9-10. — Gray, Cat. of 
Seals and Whales, p. 242. 


Le Delphinus delphis a été bien caractérisé par Cuvier, qui a 
montré combien sa distinction était facile, quand on examinait 
la structure anatomique de son palais canaliculé latéralement (1). 
Malheureusement, le squelette d’après lequel Cuvier à donné 
sa description anatomique, était incomplet; et sa formule verté- 
brale est inexacte (2). 

L'abondance de ce Dauphin à Arcachon avait déterminé mon ami 
Lafont à former une collection de squelettes et de crânes, pour 
savoir s'il n'existait peut-être pas plusieurs espèces confondues 
sous le même nom. Il a constaté ainsi des différences dans la 
coloration des animaux, et quelques variations dans certains 
caractères anatomiques auxquels il attribuait une valeur 
spécifique. 





(1) Les sillons du palais logent un sinus vasculaire. 

(2) Soixante-sept vertèbres au heu de soixante-quatorze environ. — Dans 
ses Leçons d'anatomie comparée (2° 6d., 1836, t. [, p. 183), Cuvier donne pour 
formule vertébrale : C. 7. — D. 14. — L. et S. 19. — C. 55. = 73. 


Je ne puis partager cette opinion, et je pense que le Dauphin 
vulgaire, qui semble habiter presque toutes les mers du globe, 
présente d'innombrables races ou variétés. Chaque bande de ces 
Cétacés constitue en quelque sorte une famille, et les indivi- 
dus ayant une même provenance ont des caractères communs 
qui se perpétuent par la voie d’'hérédité. Les caractères distinetifs 
de ces bandes ou familles sont fournis par la coloration du 
corps, beaucoup plus variable chez les Dauphins qu'on ne l’ad- 
met généralement, par le plus ou moins de largeur du rostre, 
et par le nombre des dents. 

Mais, en examinant un grand nombre d'individus, on arrive à 
quelques résultats très intéressants et qui n'ont pas été mis en 
lumière. 

La taille moyenne du Dauphin vulgaire est d’un peu plus de 
2 mètres (1). Nos individus adultes, d'Arcachon. mesurent de 
2 in. 100 millim. à 2 m. 150 millim. 

Les mâles et les femelles adultes arrivent aux mêmes dimen- 
sions: mais les femelles peuvent être fécondées lorsque leur taille 
est inférieure; ainsi les ovaires d'une femelle de 1 m. 71 cent. 
portaient des cicatrices évidentes, et une femelle de 1 m. 70 cent. 
était nourrice. D'autre part, une femelle de 2 mètres avait ses 
os épiphysés. 

Sur quinze crânes provenant d'individus pêchés à Arcachon et 
dont le sexe est établi, trois appartenaient à des mâles et douze 
à des femelles. Cette proportion indique déjà que les mâles sont 
plus rares que les femelles dans les bandes de Dauphins. La 
longueur des têtes osseuses est respectivement de : 485, 479 et 
450 millimètres pour les mâles; 460, 460, 450, 445, 440, 435, 420, 
420, 415, 380, 365 et 350 millimètres pour les femelles. 

Ce sont deux têtes de mâles qui atteignent les plus grandes 
dimensions. 

En comparant une tête osseuse de mâle adulte à celle d’une 
femelle dans les mêmes conditions (2), on remarque que le mâle 
a un rostre plus allongé, plus régulièrement atténué en avant, 





(1) M. Van Beneden m'écrit qu'il a vu un Dauphin mâle de la côte de Breta- 
gne mesurant 8 pieds (2 m. 350 millim.). k 

(2) Ces différences sont établies d'après lexiunen comparatif de deux Del- 
plhinus delphis (var. fusus) & et © 


— 123 — 
moins dilaté à sa partie moyenne. Les bords externes des intcr- 
maxillaires sont subparallèles aux bords correspondants des 
maxillaires. Les crêtes des os du crâne sont plus élevées ; la fosse 
temporale est plus ovoïde. 

Chez les femelles, le rostre a une forme plus triangulaire; le 
triangle des intermaxillaires, à sa base, est plus dilaté; la pointe 
du rostre est moins effilée ; la fosse temporale est large etarrondie. 

Le crâne est un peu plus haut chez le mâle. 

Le nombre des dents varie à chaque mâchoire et à chaque côté 
de la même machoire. Tantôt on compte plus de dents en haut 
qu'en bas et réciproquement. Voici les formules dentaires de dix 

À ; 49 — 42 39 — 39 53 — 53 51 — 48 47 — 44 48 — 48 
têtes d'ATCAChON : LE us si 4148 4880 48—48 
AN — 48 A7 — 48 43 — 49 49 — 48 





TEEN ENT ETATS 

En moyenne, on compte de quarante à cinquante dents de cha- 
que côté d’un maxillaire. 

Le nombre des vertèbres est de soixante-treize à soixante- 
quinze. Sur sept squelettes d'Arcachon, on trouve : 


(C. 7 — D. 14 — LC. 53) — 74 


(CID LC 505 
ODA AC 52) UE 
(C. 7 — D. 16 — L C. 51) — 54 
CSD ETC 50) 
(C. 7 — D. 15 — L C. 52) — 74 
(C. 7 — D. 14 — LC. 54) = 7% 


et sur deux squelettes de la Manche : 


(C. 7 — D. 15 — L C. 52) — 74 
(C. 7 — D. 14 — LC. 52) = 73 
Les deux premières cervicales se soudent: les cinq autres res- 
tnt libres(1). 
Les côtes varient de quatorze à seize; mais, ce qui est plus 
étonnant, leur nombre n’est pas toujours semblable à droite et 
à gauche chez le même individu. 





(1) Sur une femelle de 1 m. 560 millim., les deux premières cervicales n'adhè- 
rent que par les apophyses épineuses; sur une femelle de 2 m. 150 muillim., 


les corps sont soudés ainsi que les épines. 


Sur neuf squelettes, je trouve les chiffres suivants : 14-14, 
14-14, 14-14, 14-15, 15-14, 15-15, 15-15, 15-15, 16-16. 

Par conséquent, l'asymétrie s'est montrée deux fois; la formule 
16-16 n’a été vue qu'une seule fois. 

Sur un squelette de Tursiops, j'ai constaté une fois la présence 
d'une côte supplémentaire à gauche. 

Je n'ai pu prendre que quatre fois la longueur des os du bassin 
sur des squelettes de femelles. Elle est respectivement de : 


40 millimètres chez une femelle de 1"560 de longueur. 


75 _— — de? » — 
75 _ == de 2 420 — 
95 _ — de 2 100 — 


Ces os se développent donc rapidement lorsque l'animal est sur 
le point d'atteindre sa taille définitive. Chez la jeune femelle 
de 1m. 560 millim., les os du bassin n’atteignent pas la moitié de 
la longueur de ceux d’une femelle adulte de 2 m. 100 millim., et 
dont la taille n'est pourtant supérieure que d’un quart. 

Je n'ai pas vu les os du bassin des mâles, et je ne sais s'ils 
sont plus développés que chez les femelles. Il sera facile de 
combler cette lacune. 

Le nombre des articles (métacarpiens, phalanges, phalangines 
et phalangettes) qui composent les doigts est un peu variable; 
il faut tenir compte, en lisant le tableau suivant, de la difficulté 
qu'on à souvent à obtenir, après macération, tous les os des ex- 
trémités. 


1 














DELPHINUS DELPHIS | Aer poicr | 2e poicr | 3° poicr | 4e poicr | 5e poicr 
Squelette q..... APN AU 3 8 5 3 (l 
— DOTE RES SES 2 8 6 2 | 
— CET TN Re v 9 7 4 7 
—- ARNO ELCTE 3 8 6 3 il 
Re #0 ire 3 8 6 2 [ 
— EN re oc Ce | 3 9 7 3 1 
































En somme, le pouce se compose de deux ou trois articles; le 
deuxième doigt de huit ou neuf: le troisième de cinq à sept: le 
quatrième de deux à quatre; et le cinquième de un ou deux. 


— 125 — 
Chez d'autres Dauphins et Marsouins, j'ai trouvé les éléments 
du tableau ci-dessous : 














: = a — 
| 4er porc | 2° porçr | & poicT | 4° Doit | 5° porqr 

















| Clymere margina'a.......... | DE 9 7 | 
PTLISIONS UNS ID RER RUE 2 Bee) GE 

Phocæna communis ...........| 3 (DM 1e] 
| RAT RS CO RO AGE 7 LA 
 Grampus griseus............. | 2 8 ie à) 
| Globicephalus melas.......... | ê) 











_ 
| _— 
_— 





Le Delphinus delphis, ainsique les Clymene marginata, Tursiops 
tursio, Grampus griseus, ont donc pour caractères : un deuxième 
doigt plus long que les autres et comptant deux articles de plus 
que le troisième : celui-ci a de deux à quatre articles de plus que 
le quatrième; le quatrième en a autant que le premier ou un de 
plus: le cinquième enfin n'en possède que un ou deux. 

Le Phocæna commaunis diffère des autres Cétacés par l'égalité 
du nombre des os qui composent les deuxième et troisième doigts. 
Le quatrième compte trois os de moins que les deuxième et 
troisième, et un ou deux os de plus que le premier qui en à deux 
comme le cinquième. 

Le Globicephalus melas est remarquable par le nombre des 
articles des doigts. Le deuxième en à onze ou douze, par consé- 
quent deux ou trois de plus que le troisième; celui-ci en a trois 
fois plus que le quatrième et deux fois plus que le premier: 
le pouce possède cinq articles, particularité exceptionnelle chez 
les Cétodontes; le cinquième doigt n’en à que deux. 

La longueur de la nageoire pectorale, comparée à la longueur 
totale du corps, est de un septième chez les Delphinus delphis, 
Clymene marginata, Orca Duhameli, Tursiops tursio; de un 
huitième chez le Phocæn«a communis; de un dixième chez les 
Ziphius cavirostris: 4e un septième à un douzième chez l’'Hype- 
roodon rostratus ; de un douzième à un seizième chez le Physeter 
macrocephalus. Ce rapport est au contraire plus élevé chez le 
Grampus qgriseus (entre un cinquième et un sixième pour l’indi- 
vidu d'Arcachon, et entre un tiers et un quart pour un individu 
de l’Aiguillon); et surtout chez le Globicephalus melas, où il est 
intermédiaire entre un tiers et un quart. 


106 


La largeur de la nagcoire caudale (d’une pointe à l’antre) est 
d'environ un cinquième de la longueur du corps, chez le Det- 
phinus delphis; d'un peu plus d’un cinquième, chez les Clymene 
marginata, Tursiops tursio, Grampus griseus; de un quart. chez 
les Phocæna commaunis, Physeter macrocephalus, Hyperoodon 
rostratus, Ziphius cavirostris et Globicephalus melas. 

Les dimensions relatives de la queue sont beaucoup moins 
variables que celles des nageoires pectorales. Le rôle de celles-ci 
est d'ailleurs peu important dans la natation, puisqu'elles 
se réduisent à une taille infime chez le Cachalot et les 
Ziphioïdes. 

Chez le fœtus, les proportions des nageoires pectorales et ean- 
dale sont modifiées: les pectorales semblent plus développées à 
cause de la brièveté de la partie postérieure du éorps: ainsi, sur 
un fœtus de Delphinus delphis, la longueur des pectorales est 
d'environ un cinquième (un septième chez l'adulte), et Ia largeur 
de la caudale de un sixième (un cinquième chez Fadulte); sur un 
très jeune Z'ursiops tursio, le rapport de la pectorale à la longueur 
du corps est presque un sixième (un septième chez l'adulte), et 
celui de la caudale aussi d'environ un sixième (un cinquième 
chez l'adulte). 

Le bord antérieur de l’aileron dorsal est placé un peu en avant 
de la moitié de la longueur du corps chez les Delphinus, Clymene, 
Tursiops, Phocæna, Grampus: sur quelques individus de Del- 
phinus delphis, on le trouve même juste à la moitié du corps. 
L'aileron dorsal se voit beaucoup plus en avant, chez les 
Globicephalus et Orca; et beaucoup plus en arrière, chez les 
Ziphioïdes. 

La longueur de l'intestin comparée à celle du corps est :: 10 :1 
chez le Delphinus delphis: : 2 11 : 1 chez le Phocæna connu 
nis; :: 9: 1 chez le Globicephalus melas; : : 1 : 1 chez le Gram- 
pus qgriseus. 

L'époque où l'on prend le Dauphin, sur notre littoral, est 
l'hiver; en relevant les dates de dix-sept captures à Arcachon, 
on en trouve deux en janvier, sept en février, six en mars, 
une en avril, une en décembre. Un individu a été pris dans 
la Manche en novembre, un autre à Concarneau à la fin de 
septembre. 

Une femelle prise le 21 mars 1873 était pleine, et la parturi- 


tion paraissait très proche, à en juger par la taille du fœtus (1). 

La nourriture habituelle de ce Cétacé consiste en petits pois- 
sons (Sardines ou Carangues). 

Les races ou variétés les plus notables du Delpliinus delphis de 
nos parages sont au nombre de cinq. 

Var. 1. — (Delphinus fusus, Lafont). Une large tache jaunâtre 
sur les côtés du corps, s'étendant depuis l'œil jusqu'au niveau de 
l’aileron dorsal; une tache grisätre lui faisant suite sur les côtés 
de la queue; une bande jaunâtre allant de la pectorale à la lèvre 
inféricure. 

Var. 2. — (Delphinus Sourerbianus, Lafont). Diffère de la pré- 
cédente par sa tache jaunâtre plus étroite, par la coloration 
noire de la bande qui se porte de la pectorale à la lèvre infé- 
rieure, et par la teinte noire du rostre en dessus et en dessous. 

Var. 3. — (Delphinus varieqatus, Lafont). Coloration générale 
analogue à celle de la variété 1: mais se distingue par la pré- 
sence d'une bande noire oblique, située sur les côtés de la partie 
postérieure et inférieure du corps, et se dirigeant depuis Île 
niveau de la dorsale jusqu'à la racine de la queue; une deuxième 
bande noire, plus étroite, se dirige d'avant en arrière, jusqu'au 
voisinage de l’anus. 

Var. 4. — (Delphinus balleatus, Lafont). Diffère de la variété 
précédente, par l'absence de la petite bande préanale. La bande 
noire, oblique, des côtés de la partie postérieure du corps, est 
moins marquée et interrompue à sa partie moyenne. 

Var. 5. — (Delphinus moschatus, Lafont). Une large tache grise 
sur les côtés du corps. 

Ces variétés pourraient être réduites à deux :le Dauphin à flancs 
jaunes, et le Dauphin à flancs gris. Les variétés 3 et 4 différent 
à peine entre elles; les variétés 1 et 2 ne se distinguent égale- 
ment que par de faibles caractères; et, quand on compare Îles 
n° 1 et 2 avec 3 et 4, on ne trouve d'autre différence que la pré- 
sence d'une ou deux bandes supplémentaires. On ne saurait 
établir des espèces d’après des caractères aussi instables. 
D'ailleurs, nous ne sommes qu'au début de l'étude des variations 
chez les Dauphins, et il se peut très bien que, plus tard, on 





(1) Une autre femelle nourrice a été prise le 2 mars IS68. 


— 128 — 
découvre une infinité de mutations dans leurs caractères 
extérieurs. 

Quant aux caractères ostéologiques, ils ne m'ont pas paru 
meilleurs pour arriver à des coupes spécifiques chez nos Delphis. 
L'instabilité du nombre des vertèbres et des dents, chez des 
individus de la même race, ne permet pas de tirer parti de ces 
caractères. 

Les distinctions n'auraient de valeur que si l’on comparait des 
individus de même âge et de même sexe. Tel n’est pas le cas des 
espèces admises par A. Lafont. La variété 3 (D. variegatus) est 
établie pour des individus femelles et non adultes: même obser- 
vation pour la variété 4 (D. balteatus). Le sexe de la variété 2 
(D. Souverbianus) nous est inconnu. Nous ne pouvons done com- 
parer efficacement que les deux crânes de femelles adultes des 
rariétés moschatus et fusus. Leurs dimensions sont presque 
identiques, sauf un peu plus de dilatation à la base du rostre et 
des évents du premier crâne. 


VARIÉTÉ 1. (Delphinus fusus, Lafont). 


À. B. Mâle et femelle adultes, capturés le 21 mars 1868, en 
dehors des passes du bassin d'Arcachon (1). 

Corps fusiforme, élancé: rostre allongé: nageoires pectorales 
très arquées; aileron dorsal relativement peu élevé, échancré en 
arrière: nageoire caudale très comprimée, peu fourchue. 

Partie supérieure de la queue et dos noirs; une tache jau- 
nâtre s'étendant latéralement de l’œil au niveau de la dorsale: 
une autre tache gris de fer, sur les côtés de la queue, part au 
niveau de la dorsale pour aller se perdre vers l'extrémité de la 
queue, en formant avec la précédente une espèce de 8. Une bande 
blanche passe au-dessous de ces deux taches, et règne depuis 
l'œil jusqu'à la queue. Sous cette bande blanche, une autre 
bande d’un gris jaunâtre part en avant de la pectorale et 
s’'allonge jusqu'au milieu de la queue. Enfin, sous la bande 
grisâtre et un peu en avant de l’aplomb de la dorsale, on voit 
une raie jaunâtre, étroite et peu étendue. 








(1) La description de ces deux individus en chair est faite d'après les notes 
«d'A. Lafont. J'ai pris les dimensions des têtes ossenses sur les types du musée 


d'Arcachon, Le fœtus est décrit d'après mes observations. 


PAIE "A 





PU Re CURE DT Ne A D ET AT À APR ae it 
1 4 4 4 A 


— 129 — 

Ventre, poitrine et gorge blancs; évent gris de fer: pectorale 
de même couleur; une bande jaunâtre part de la base des 
pectorales et se porte en avant, le long de la mâchoire infé- 
rieure. Œil entouré d’une zône noire fournissant un proloneg'e- 
ment qui arrive à la base du rostre. Iris d’un brun foncé. 


BONE UBUNTU EU RU ER ES A 2 A 24140 
DUO AUTOS Te A EVENE Re EEE Le 0 320 
DHbE GERS RE AA EE Se er NT ET AR à 0 320 
Du bout du rostre à la bride frontale. .................. UNE 
Du bout du rostre à la commissure labiale ................ 0029500 
Du bout du rostre au bord antérieur de l’aileron dorsal. ...... 0 950 
Du bout du rostre à la nageoire pectorale. .................. 0 460 
Longueur de la nageoire pectorale. ......................... 0 300 
Haut dealer onto Sale RME PE RS 0 180 
Largeur de la caudale entre ses deux pointes. ............... 0 450 
GICONÉÉTENCEUINAIe EEE Re NR M t meles. ... 4 450 
Gircontérencededatfemelles. 2 0 MM RSA PU 1 100 
Squelette. — Crâne arrondi, bombé en arrière, presque globu- 


leux; frontal renflé en avant; rostre assez large, portant à sa 
face inférieure une double cannelure peu ouverte; maxillaires 
assez étroits à leur partie antérieure: partie postérieure des 
intermaxillaires très peu déprimée au devant des évents ; inter- 
maxillaires arrondis en avant des orifices externes des canaux 
sous-orbitaires, formant à la face supérieure du rostre une saillie 
bien arrondie, et très rapprochés vers l'extrémité du rostre: crête 
occipitale très prononcée, régulièrement arrondie et cachant 
presque complètement le frontal; os du nez de grandeur médio- 
cre, peu épais; palatins et ailes ptérygoïdiennes internes ren- 
fiés; intermaxillaires formant en dessous une côte saillante. 
étroite chez le mâle, assez large chez la femelle; rostre un peu 
plus court et un peu plus large chez la femelle que chez le 
mâle: fosse temporale allongée chez le mâle, large et arrondie 
chez la femelle. 





(1) Le mâle et la femelle avaient exactement la même longueur et les 
mesures de l'un s'appliquaient très sensiblement à l'autre, à un demi-centimètre 
près, d'après À. Lafont. — On remarquera, toutefois, que le mâle était un peu 
plus gros que la femelle, et que sa tête osseuse était plus longue de 25 milli- 
mèires. 


9 


— 130 — 











, ton AKGAIARRE 
DIMENSIONS DES TÈTES OSSEUSES (1) : 
L'ONSUEUT OLA ESSENCE 0485 | 0460 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales .............. 0 355 0 330 
Dupoutdunostretauxentallles MAaxIlAIr es EME EPP PEER PES 0 3050 290 
Largeur du crâne entre les apophyses post-orbitaires du frontal.......... 0 21010 200 
ÉATCeUnAUrOSITE ANS DAS CREER EP PR 0 095,0 085 
Lärseurdurostre asa partie Moyenne"... DTA EE LV SENS 0 0500 050 
PoneueundendasmandiDule ERP PAR EE Cr 0 405,0 390 
PoneteurndésSonbondalTénINiTeMEEEr EEE EE ER EEE CT 0 24510 240 
MONSUCUTIUE NAS NMPANSE REP APE PP CE EC CCE LE 10 0580 060 
Hiuteur'duicranes Bite ne een ES CRE CESAM 0 14600 450 
50 — 48 


£ À 53 — 53 ; 
Formule dentaire du mâle : TES D de la femelle : TEEN 


La colonne vertébrale se compose de soixante-quatorze verte- 
bres : C. 7 — D. 15 — L. C. 52. Ees apophyses épineuses cessent 
à la soixante-cinquième vertèbre et les apophyses transverses 
à la cinquante-huitième: les os en V se montrent à la quarante- 
quatrième. 

Le mâle avait quatorze côtes à droite et quinze à gauche; la 
quinzième côte, rudimentaire, était suspendue à l’apophyse trans- 
verse correspondante par un ligament long de 130 millimètres. La 
femelle avait quatorze côtes de chaque côté; ses dernières côtes 
flottantes étaient reliées aux apophyses transverses par un liga- 
ment de 60 millimètres de long. 

Longueur de l’humérus, 70 millimètres; du eubitus, 110 milli- 
mètres; du radius, 90 millimètres ; le carpe était composé de six 
os: les articles du membre antérieur étaient ainsi disposés : 


Premier doigt : 1 métacarpien, 1 phalangette. 





Deuxième 1 — 7 phalang'es. 
Hroisièmes ] — 5 — 
Quatrième — l — 1 us 
Cinquième — l —- 0 — 


Les os du bassin, chez le mâle, étaient placés au niveau du 
premier os en V. 

Cœur asymétrique; son côté droit est plus gros que le côté gau- 
che, Le lobe droit du foie est également beaucoup plus développé. 





(1) Ces tètes soni conservées an musée d'Arcachon. 








— 131 — 


La femelle était pleine; la matrice, bicorne, log'eait un fœtus 
long de 62 centimètres. Il n'existait qu'un seul ovaire sur lequel 
on voyait deux cicatrices. 


DIMENSIONS DU FŒTUS : 


ON SUEUR TO AE PEAR EC ere en eate re 620 millimètres. 
MON TEUMAENARDECIOnAle rer ere er ee re #10 — 
Poneneunmdeladorsale RSA base ee ARR CU TD — 
Haute UMTS N EE Ar cree 47 = 
PAMSEUMUCNARCAUTAIC EEE EME CP . 400 — 
DT ALE RU CHRÉ VEN ELA 0e rares came ee etes SOU 45 — 
Distance entre le bout du rostre et l’évent................ 416 — 
Distance entre le bout du rostre et lœæil.......... DCR dre 410 — 
Distance entre le bout du rostre et la pectorale ........... 345 — 
Distance entre le bout du rostre et la commissure labiale .. 95 = 
Distance entre Je bout du rostre et le cordon ombilical..... 280 — 
ÉONALEURAUNCORTOMOMDIICNE Re ER Cr eee 330 — 
Distance du cordon ombilical à la verge.................. 50  — 


La coloration du fœtus est analogue à celle des parents. Dos 
noir; œil entouré de noir; dessus du rostre noir; dorsale, cau- 
dale, pectorale grises; dessous de la mâchoire inférieure blane, 
excepté vers l’extrémité; abdomen et parties génitales blanchà- 
tres; une bande allongée, blanchâtre, est intercalée dans le fond 
noirâtre de la base de la queue. Celle-ci est très carénée en 
dessus et en dessous: la carène inférieure est blanche. Rostre un 
peu obtus en avant. Une petite bande claire se dirige de la base 
de la queue vers la commissure labiale. 

Le fœtus était mâle, et la verge dépassait son fourreau de 
15 millimètres. L'anus était placé à 50 millimètres en arrière de 
la verge. Méconium jaune-verdâtre. 

Le tissu adipeux est très développé; l: 
au niveau des évents et de la bosse nasale. Les gencives forment 
un rebord saïllant, à chaque mâchoire; les germes dentaires 
sont saillants. : 

Les poils des moustaches, au nombre de cinq à droite et de 
sept à gauche, sont longs de 5 à 10 millimètres, épais, durs, 
implantés sur deux lignes longitudinales, correspondant aux 
lignes de suture des intermaxillaires et des maxillaires, de 
chaque côté du renfiement graisseux prénasal. 

J'ai vu-un autre fœtus de Dauphin, de 560 millimètres. La 
fente vulvaire était large de 15 millimètres, et l'anus était placé 


a tête est très convexe. 





— 132 — 


à » ou 6 millimètres en arrière. Les orifices des mamelles se pre- 
sentaient sous la forme de deux petites fentes, situées à une 
distance de 5 millimètres de la vulve et au même niveau. En 
tâtant le bord des gencives, on ne sentait pas les bulbes dentai- 
res. On voyait, de chaque côté du rostre, cinq petits trous pour 
les poils des moustaches. Le rostre avait sa forme normale, et 
les extrémités des deux mâchoires se terminaient dans un 
même plan. J'ai fait représenter la tête de ce fœtus (1). 





Fi. 6. — Tête de fœtus du Delphinus delphis. 


CG. — Jeune femelle prise avec les précédents, le 21 mars 1868. 
Le squelette est conservé au musée de Bordeaux. 


DIMENSIONS : 


Poneueurtotaletdedanimale ere EEE RC Ne 10560 
BoneueuriledlANpCCLOLAlE ERA 02220 
Hauteur e ll OrSAe RM PE RE EE RE PURE 0 135 
PPreUOeNACAUTAIeRE SERRE NE PR Re TD ON 0 285 
Distance duboutdurostre Alone REP 0 720 
Distance du bout du rostre à l'œil. ........... Be ne Cr A 0 265 
Distance dut bDoutdMOSITe AUTONET 0 100 
Distance du bout durostre a la pectorale. 7" 0 0 400 
Distance du bout du rostre à ia cornmissure Jabiale. .......... 6 220 
CITCONECLENC EC NT A RE DER RTE EP ENS Re Et 0 789 


DIMENSIONS DE LA TÊTE OSSEUSE : 


l'ongueuritotale ramener Rain 365 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales.. 245 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires. .............. 915 — 


Largeur dela tête entrelesapophyses post-orbitaires du frontal 450 — 





(1) Actes de La Soc. Linneéenne de Bordeaux. t. XXNII, pl. It fig”. 2 (1868). 





— 133 — 


Largeur du nostre aa base"... en ere 75 millimètres. 
Largeur du rostre à sa partie moyenne................... 45 — 
Poneteur del AMANnTDUleRRRPE ERP EEE NET EEE 305 — 
Longueur du bord alvéalaire. ............... ARS CHE RD 185 — 
Loneneuride la fs YRphySe LE Re MEET 30 — 
Hauteur du crane... RTE EN Rae ete ne nee OÙ —_ 


Maxillaire inférieur dépassant le supérieur de 1 centimetre. 
Intermaxillaires bombés. Rostre assez large vers le milieu: aré- 
tes du crâne peu développées: palais canaliculé dans presque 
toute sa longueur; maxillaire inférieur étroit. Formule dentaire : 
LEE mais 2 centimètres 1/2 de gencive, en avant, sont dépour- 
vus de dents. 

Les vertèbres sont au nombre de soixante-quatorze; sept cer- 
vicales ; seize dorsales; dix-neuf lombaires sans os en V; vingt- 
quatre caudales avec os en V; huit sans os en V. 

Peut-être la dernière caudale manque-t-elle? 

Les deux premières cervicales sont soudées par leurs apophy- 
ses épineuses, mais non par le corps. Les cinq autres restent li- 
bres. 

Les apophyses articulaires des cinq premières dorsales recou- 
vrent celles qui suivent. 

Les apophyses transverses s’'effacent à la cinquante-huitième 
vertèbre; les apophyses épineuses, à la soixante-cinquième. 

Les os en V apparaissent vers la quarante-troisième vertèbre, à 
la face inférieure et au bord postérieur de son corps. Le premier 
os en V, à peine saillant, forme une petite anse; le plus long os 
en V est celui de la quarante-neuviéme vertèbre; puis ils dimi- 
nuent jusqu'à la soixante-sixième vertèbre, où ils ne consistent 
plus qu'en deux petits os lenticulaires, appliqués de chaque côté 
sur le corps vertébral. Les lames des trois derniers os en V ne 
sont pas soudées sur la ligne médiane. 

A la cinquante-deuxième vertèbre commencent les canaux de 
la base des apophyses transverses. 

Les huit dernières vertèbres sont aplaties de haut en bas, pa- 
rallélipipèdes, allongées transversalement ; les canaux des apo- 
physes transverses sont supérieurs et inférieurs. 

Seize côtes. Les cinq premières ont une tête et un tubercule; 
elles s’articulent avec l’apophyse transverse correspondante et 
le corps de la vertèbre antérieure. Les trois dernières sont 





— 134 — 


écartées de l’apophyse transverse par un espace qui va en aug- 
mentant et qui fait qu’elles flottent doublement. La dernière est 
plus courte de moitié que l’avant-dernière. 

Les six premières s’articulent avec ie sternum par l’intermé- 
diaire d'os sternc-costaux : les quatre premières, avec les trois 
premières pièces du sternum; les deux suivantes, avec le carti- 
lag'e xyphoïde. Les septième, huitième, neuvième s’articulent au 
moyen de sterno-costaux minces, étroits, en forme de stylets, 
couchés les uns sur les autres; les sept dernières seraient libres. 

L'os hyoïde se compose de trois pièces: une médiane, pentago- 
nale, de 30 centimètres de largeur; deux latérales, ou grandes 
cornes, de 35 centimètres de longueur: les stylo-hyoïdiens sont 
longs de 51 miilimétres ct unis au corps de l’hyoïde par des 
cartilages sans trace d’ossification. 

Le sternum est formé de trois pièces et d’un cartilage xy- 
phoïde. La première, trouée au centre, porte une rainure qui va 
de cetrou au milieu du bord antérieur; la deuxième et la troi- 
s'ème sont étroites. 

L'acromion est beaucoup plus large et plus long que le cora- 
coïde. 

SIX 0$ au carpe : trois à la rangée antibrachiale, trois à la ran- 
gée métacarpienne (ou quatre, en comptant comme os du carpe 
le cinquième métacarpien). 

Os des doigts: premier doigt, un métacarpien, une phalan- 
gette; deuxième, un métacarpien, huit phalanges; troisième, un 
métacarpien, six phalanges; quatrième, un métacarpien, trois 
phalang'es; cinquième, un métacarpien, une phalange. 

La matrice était légèrement étranglée vers sa partié supé- 
rieure ; les trompes, accolées sur une longueur de 80 millimètres, 
s'écartent brusquement et se dirigent à angle droit pour 
atteindre les ovaires. Ceux-ci présentent, sur leur face externe, 
un sillon qui parcourt toute leur longueur; pas de cicatrices. 
Longueur de l'ovaire : 23 millimètres; largeur : 4 millimètres; 
épaisseur :3 millimètres. Vessie étroite, mesurant 110 millimètres 
de longueur. 

Les os du bassin étaient longs de 40 millimètres seulement. 

D. — Màle capturé dans les passes du bassin d'Arcachon, le 
25 février 1870. 


Couleurs et forme identiques à celles des individus pris en 1868, 





— 135 — 


DIMENSIONS : 


MONSUEURIOLAlE RE AT EE EC echec 2020 
Poncucurderlarpectorale ere em Eee 0 300 
Distance AUTOSÉTE AUMLONL. ee 0 130 
Distancetduerostire AE ERP PARENT 0 285 
Distance durosirela laspectorale 0 460 
Distance du rostre à l’ai'cron dorsal. ..... 0 899 
Parseundeltarcaudale "ur", "0 Haras 0 420 


ONU EL 10 LACS RARE RER ARR NE SEP SAT 450 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... 320 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires. ........ RTS 275 — 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 495 — 
LAS CUUUEROS MO AESAMDASE PRE EE EE PR 95 _ 
J'argeur du rostre à sa partié moyenne....................... 0 -- 
FONDU AMANTDUIC RER ERP ER 570 — 
BOnEUCUMAeSONMDONAMCODIAITE PR LR ee on 225 — 
MONO UMOOTAISYN DNS RL ER PRET ER LES D) — 
HAUTEULEQUIC AN CRE PR En ne ect 150 — 
à 45 45 
Formule dentaire : —— 
44 — 45 


E. — Femelle prise à Arcachon, le 24 avril 1872. 
Le squelette est conservé au musée de Bordeaux, n° 132 P. 
. L'animal en chair était long de 1 m. 830 milhum. 


DIMENSIONS DE LA TÊTE OSSEUSE : 


OUEN le ee Re AIR er En er nr K15 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... 300 —- 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires. .................. 255 — 
Largeur de la tète entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 4175 — 
BARS CUTIAUTOS IMEMAISANDASC ET A Ce mme 90 — 
ASC HNAUMROS (TE AIS AUDATIEMNOVENNE RE Eee ce DD — 
LOTS EAN SSSR ME EE ES EE RE TE ORe 399 — 
ÉonsueunderSonEbDORRAIVeOCITC PRES ER PR ET 210 — 
L'ONTENR COTES TUNNEL RERO RETRO ET ATOME 40 — 
HAUT TAN ER nee ee sorte e à 100) — 


— 41 


Rormulendentaire =" 
50 — 49 


— Quinze côtes. 
F. — Femelle capturée à Arcachon, le 12 mars 1870. 


Squelette au musée de Bordeaux, n° 132 Q. 


— 136 — 


DIMENSIONS : 


FONnSUEUMTOtAlC A EPP PE EPP ER ERP PERRET ECS CLCE 2m 12) 
De l'extrémité du rostre à la commissure labiale. ............ 0 265 
De l'extrémité de la mâchoire inférieure à la commissure labiale, 0 270 
DelacomNsSUNEMADIAle ANIME PE EME PPT CNT EEE 0 050 
De l'extrémité du rostre au bord antérieur de la pectorale. .... 0 465 
De l'extrémité du rostre au bord antérieur de l’aileren dorsal. . 0 910 
PonsueundelAiler on dUnsAl REC RPEREEEP ERP ENTER EE 0 290 
HauteuudellenOnITOnSAlER MERE EEE RTE EE PEN EEE CEE 0 230 
Ponsueurnde aNmASenirepeCtOrAlE EP PEER EEE TE 0 260 
Largeur delamageoite DECLONAIGE PRE PP ET RCE CCC 0 100 
Largeur de la caudale entre les deux pointes. ............... 0 450 
Circonférence du corps en avant de l’aileron dorsal. ......... 1 140 


Poids : 88 kilogrammes. 

Squelette. — Le nombre des vertèbres est de soixante-quinze : 
CFD. I£—=L.C.#54 Elles sont encore épiphysées.-Leésrdeux 
premières cervicales sont complètement soudées. Il existe vingt- 
cinq os en V (hémapophyses): les deux premiers sont formés 
chacun de deux lames non soudées. 

Quatorze côtes de chaque côté; la quatorzième flotte à 3 cen- 
timètres de l’apophyse transverse. 

Les trois premières pièces du sternum sont soudées: un petit 
trou se montre au centre de la première pièce, qui est large et 
pourvue d’apophyses récurrentes très développées. 

Les os du bassin sont légèrement arqués, un peu élargis en 
avant, atténués, tronqués en arrière, convexes en dessus, longs 
de 75 millimètres. Leur extrémité postérieure est placée vis-à-vis 
de l'anus et au niveau du sixième os en V articulé avec la 
quarante-septième vertèbre. 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 


LONQUBUT OA TE RE E  E EE- LR EE EC PETER CCE 435 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... 319 — 
Du bout du rostre aux entaillesmaxillaires. .. ...4........... 267 — 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 185 — 
Larseurmdumostren sADASE MERE PCR CRT ST TES ULE 100 — 
L'Arseundurostre ArSaDantie MOYENNE. Eee Terre 60 — 
PoneucumdelarnmAntUDOIe PEER ETREEE ERP EE TEE PTE ELEC CE 379 — 
Honsgueur de son bondalvénlAine "ere EEE PERRET EE TERE 225 — 
Longueur de la symphyse.... 0." ae en ol OR rte 10 — 
HaAUteUDAURCTANERE EE ECC ETC EE RES RES EU 155 -— 


. A8 — 47 
Formule dentaire : Fer 








— 137 — 


Varréré 2. — (Delphinus Souverbianus, Lafont.) 


Ce Dauphin à été pris dans le bassin d'Arcachon, le 10 fe- 
vrier 1866. La peau et le squelette sont conservés au musée de 


Bordeaux. 
DIMENSIONS : 
ÉHNSUBUBENlE LE ec. eee nee ce die does 20150 
De l'extrémité de la mâchoire inféricure à la commissure des lèvres. @ 270 
De l'extrémité de la mâchoire inférieure à l'œil. .................. 0 340 


De l'extrémité de la mâchoire inférieure à la naissance de la pectorale. 0 460 
De l'extrémité de ia mâchoire inférieure à la naissance de la caudale. 0 9390 


Longueur de la pectorale. .............:..... ...............: 0 270 
Latgeur delapectorale. "fc..." "peter: 0 100 
Longueur dé la dorsale. "4"... "arrete"... 0 220 
Hauteumidelandorsaléener ee Ceres 0 150 
Largeur de la caudale. ...................................:te. 0 380 


La mâchoire inférieure dépasse la supérieure de 10 millimètres: 
l'œil et l'orifice des évents sont sur la même ligne verticale. 

Coloration. — Le dos, le dessus de la tête jusqu’à l'extrémité 
de la mâchoire supérieure, les nageoires pectorales, caudale et 
dorsale. sont d’un noir plombé, ainsi qu'une partie du dessous 
de la queue. De la base de chaque nageoire peetorale part une 
tache noire, allongée, triangulaire, se dirigeant en pointe vers 
la mâchoire inférieure. Celle-ci a une couleur plombée-grisätre 
se dégradant en arrière. 

L'abdomen est blane, interrompu par les taches noires ci-des- 
sus signalées, qui se portent de la pectorale à la mâchoire infé- 
rieure, et par deux taches noirâtres, étroites, provenant d'une 
bifurcation de la teinte noire du dessous de la queue. 

La région latérale et moyenne du corps (entre l’évent et la 
crête postérieure de la dorsale) est occupée par une large tache 
ovale-allongée, bien limitée, de couleur jaunâtre, bordée en des- 
sous d’une bande de couleur blanc d'argent, de 3 centimètres de 
largeur, diminuant de largeur et se terminant en pointe sous la 
commissure labiale. 

Entre cette bande étroite et la bande noire des pectorales, la 
coloration blanche de l'abdomen passe au jaune clair et arrive 
jusqu’à la base de la mâchoire inférieure. ITen est de même vers 


— 138 — 


la queue. Enfin, on trouve sur les flancs, en arrière de la grande 
tache jaunâtre, une autre petite tache triangulaire. 

Caractères ostéologiques. — Les dents sont coniques, très poin- 
tues, un peu courbées en dedans. 

. 42 — 42 
La formule dentaire est =——. 
46 — 45 

La voûte palatine offre, de chaque côté, une rainure profonde, 
régnant dans toute sa longueur. Les ptérygoïdiens sont dilatés 
et relevés en avant de l’orifice postérieur des fosses nasales. 

Les vertèbres sont au nombre de soixante-quatorze : sept cer- 
vicales; quatorze dorsales; vingt-deux lombaires sans os en V; 
vingt-quatre caudales avec os en V; sept sans os en V. 

Les deux premières cervicales sont soudées; les autres restent 
libres. 

Les sept premières dorsales ont leurs apophyses articulaires 
unies l’une à l’autre par des facettes horizontales, dont l'anté- 
rieure est placée en dessus. 

Les apophyses transverses s’effacent à la cinquante-neuvième 
vertebre. Les os en V commencent à paraître à la quarante-troi- 
sième ou quarante-quatrième. 

Les côtes sont au nombre de quatorze. Les cinq premières ont 
une tête et un tubereule:; elles s’articulent., par conséquent, avec 
les apophyses transverses d’une part, et, d'autre part, avec le 
corps de la vertèbre précédente. Les neuf suivantes ne s’articu- 
lent plus qu'avec les apophyses transverses. 

Le sternum est imperforé. 

L'omoplate est triangulaire, obtuse en avant. L'acromion est 
triangulaire, dilaté à son extrémité. 

Je trouve cinq os au carpe, disposés sur deux rangs. La pre- 
mière rangée des phalanges (pouce) comprend un métacarpien 
et deux phalanges; la deuxième, un métacarpien et sept pha- 
lang'es; la troisième, un métacarpien et quatre phalanges; la 
quatrième, un métacarpien et deux phalanges; la cinquième, 
un métacarpien de forme transversale et ressemblant à un os 
du carpe. 

L'hyoïde est d'une seule pièce; son diamètre transverse est de 
112 millimètres. Longueur des os styliens, 75 millimètres; ceux- 
ci sont reliés à l’hyoïde par des cartilages dépourvus de noyau 
osseux intermédiaire. 








ide 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 


LONCUEUTIOIAIE MERE ecrans moreree: chrome 415 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... 315 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires...........4....... 219 — 
Largeur du crâne entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 185 Eu 
Pare AUTOS tTe ISA DAS me EEE REP E COR E ENT ERP CEE 100 — 
Largeur du rostre à sa partie moyenne. ..................... C0 — 
Éoneteurndelamandibule PRET PEER CE ECC EE ee 375 — 
Longueur de son bord alvéolaire. .....:..................... 225 _ 
PONSUCUMUAElAISYMPNNSC EEE EEE CEE et A Nr 45 — 
HAUT URENIC LAN PE Re ne CR re Re Ce 160 — 


Le rostre est relativement larg'e. 


VarITE 3. — (Delphinus varieqatus, Lafont.) 


A.B. — Femelles capturées, le 2 mars 1868 et le 22 janvier 1869, 
en dehors des passes du bassin d'Arcachon (1). 

Corps cylindrique en avant, comprimé latéralement en APTIGRCE 
queue très comprimée; nageoire pectorale peu arquée ; nageoire 
dorsale assez élevée; nageoire caudale assez grande, large à sa 
base, arquée à ses extrémités. 

Coloration. — Dos et queue noirs, à reflets bleus; une tache 
orise, légèrement jaunâtre, allant de l'œil jusqu'au milieu du 
flanc etau niveau de la dorsale; au-dessous, une bande d'un 
blanc pur, allant de la commissure des lèvres à plus de la moitié 
de la queue: cette bande est traversée obliquement, et un peu 
en arrière de la dorsale, par une bande noire, étroite, qui COM- 
mence dans la tache jaunâtre supérieure en haut, et se continue 
en bas dans la partie blanche de la queue, où elle se recourbe 
en arrière: au-dessus de la bande blanche, une seconde bande 
oœris-jaunâtre, plus foncée que la tache jaune ci-dessus; partie 
inférieure blanchâtre. avec une raie noire, très-étroite, allant de 





(1) La description de cette variété est faite en partie d’après les notes 
manuscrites d'A. Lafont. 


— 140 — 


l'aplomb de la dorsale jusqu'en arrière de l'anus; pectorale 
noir-bleuàtre se continuant en une bande jaunâtre allant se per- 
dre dans la couleur grisàtre de la mâchoire inférieure: bord des 
lèvres gris-jaune, entouré d’une tache grise, assez foncée, se con- 
tinuant jusqu'au rostre. ( 


DIMENSIONS D'UNE DES FEMELLES (B) : 


ÉONSUE LEO ATEN ee sn 1700 
DUAbDOUT AUTOS RMI IIS RE EE RE CPE RE 0 310 
DUDOUAUMOSILE AURONT ERP ERP 0 120 
Du bout durostre a la nageoire pec{orale. Ne 0 410 
Duboutrduarostre NleroNntTOTSA IEP 0 790 
loneueundelaMABeCINeDOCLONAIe RME PP EE 0 250 
HauteundellalerOntTOTSAI ER ERP ER Re 0 170 
Pare leMAMASCDITECAUTAIE APR PRRRE NT RRNeE 0 360 


Plus grande circonférenee du corps en avant de la dorsale. ... 0 980 


Squelette. — Crâne régulièrement arrondi; frontal renflé en 
avant, disposition qui « pour conséquence d'éloigner sensiblement 
les os du nez de la crête occipitale (1). Maxillaires assez étroits à 
leur partie antérieure, à bords tombants, à partie supérieure 
externe, non parallèle au bord supérieur externe des intermaxil- 
laires; partie supérieure des intermaxillaires très-déprimée, #4 
formant, en avant des évents, un triangle très concave ; intermaxil- 
laires légèrement aplatis en avant des orifices externes du canal 
sous-orbitaire, formant au-dessus du rostre une côte saililante, 
aplatie; s’écartant vers le bout du rostre, de façon à laisser 
entre eux un espace vide, assez large (7 à 8 millimètres), occupé 
par la partie cartilagineuse du vomer; os du nez plus épais que 
dans les deux variétés précédentes; crête occipitale peu saillante, 
régulièrement arrondie, laissant voir le frontal sur une étendue 
assez considérable: palatins et ailes ptérygoïdiennes internes 
ailongés, étranglés à leur base: intermaxillaires formant, en 
dessous, une côte saillante, bordée de chaque côté par une dou- 
ble cannelure assez ouverte; fosse temporale arrondie. 


A AVE TAR AS 46 — 41 
Formules dentaires: et ——. 








(1) Ce caractère indique, pour moi, que l'animal est jeune, 














— JAI — 
DIMENSIONS DES TÈTES OSSEUSES (1) : À | B 
Eongueur totale ere" DE ALP COL AE te SN ARE DANCE EE ECS 0"410 0420 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales . ........ ....|0 34010 295 
Duboutrdurostre aux entalleSimaAxlAIRes er PEER EE Te 0 27510 250 
Largeur de la tète entre les apophyses post-orbitaires du frontal. ....... 0 190 0 180 
Jeu AUTOS (Te NSAIDAS ee MER et D ec CCR tre 10 085,0 980 
largeur du rostre à sa partie moyenne. ......!1...............:4..40. 10 050/0 050 
PFongueurtedaamantDule RAR EEE eee EMI .-.|0 36010 345 
PoncueurrdeSonbondalé laine rer cree 0 220,10 210 
LOTIR SIMS Lee TR EE ES ee D ae ne Er à 0 050,0 045 
HAUTE UE AR GTA SR RE NU en on Ge gene ete a ee 0 150 0 150 





VARIÉTÉ 4. — (Delphinus balteatus, Lafont) 


À. B. C. — Trois femelles prises en dehors des passes du bassin 
d'Arcachon, les 25 et 28 février 1869 et le 28 mars 1872. 

La forme et la coloration sonttrès voisines de celles du Delphinus 
variegatus, mais la bande oblique, noirâtre, étroite, qu'on remar- 
que sur les flancs de ces Dauphins, est moins accusée et inter- 
rompue, à sa partie moyenne, par une bande grisàtre qui aboutit. 
en avant, à la commissure labiale. La petite bande noirâtre, qui 
se rend vers le voisinage de l’anus, chez le De/phinus varieqatus, 
n'existe pas. 

Le dos est d’un noir bleuâtre, ainsi que la queue et les pectora- 
les. La grande tache ovalaire, allongée, placée latéralement entre 
l'œil et le niveau de la dorsale, est d’un gris pâle, un peu jaunâtre. 








DIMENSIONS : À | B 
ODCUEUTALO LA CR SR ne tre deep ne 1e Y 1"710 4530 
DiSanCe TURDOU AUTOS MERE RER EE ER EC ete 10 320,0 260 
Distance duboutAMOS Le MARIAIPECLOTAI RER RER Re 0 420,0 370 
Distance boutdumoSre talons PT TE Lee 10 790,0 640 
PONS eNANPeC LORIE Eee Ce eee ee ceci 10 250,0 230 
HAUTEUR de AIO SAT ARRET ET CARRE EE IR CE er ee et 0 160,0 13 
PanseuRAelarCaudale Per Se te Mar dns nt ce 0 35010 300 
Plus grande circonférence en avant de la dorsale. -..-:................ 0 96010 830 





La femelle G mesurait 1 m. 530 millim. comme la femelle B. 





(1) Ces crânes font partie du musée d'Arcachon où je les ai mesurés en 1879, 


— 142 — 


Les ovaires de la plus grande femelle portaient chacun une 
cicatrice ancienne. Pas de cicatrices sur ceux de la petite femelle. 

Le premier estomac de la grande femelle renfermait une 
quantité de Caranx trachurus de petite dimension; dans les 
autres dilatations de l'estomac, on ne trouvait qu'un liquide 
grisâätre et quelques cristallins de poissons. 




















DIMENSIONS DES TÊTES OSSEUSES (1) : A Bi yG 
PONSUCUTOTAlO EEE re Rene CTP) CORRE 04200350 |0m380 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales......... 0 30010 23510 255 
Du bout durostre aux entaillesimaxillaires.. 4... 0 25510 20010 215 
Largeur du crane entre les apophyses post-orbitaires du frontal. ...[0 417010 16010 4170 
L'ATSeURAUMMOSTeANSADASCE RES PAPER EE PR ET CCE re 0 085,0 070,0 080 
aTSeUnAUEMOS (Te HESADANIeMONENNE ee re re rer 0 05510 040,0 040 
ÉONATEUTATEMAMANTIDUIE RE PRE RE 0 35010 285,0 305 
ÉOnSTeUMUAeSONNDORMAIMÉOIAITE EEE PRERT EP re Lee 0 21010 165,0 180 
BONSUCURT MAS YMPANS EE TE D EC 0 03510 035,0 035 
HAUTEUR AULCTANCN SES RTE ER Re lee ete 0 15510 130,0 140 

e _ TT Cm) ABUS A5 44 
Formules dentaires : A. TS Best Créer de 


Le squelette de la femelle À comprend soixante-quatorze ver- 
tèbres, dont quinze dorsales, et quinze côtes de chaque côté. 


VARIÉTÉ 9. — (Delphinus moschatus, Lafont). 


Delphinus marginatus, Lafont, Actes de la Société Linnéenne de 
Bordeaux, troisième série, t. VI, p. 518 (non Delphinus margi- 
natus, Duvernoy). 


À. — Femelle adulte, capturée le 26 décembre 1867 (2). Corps 
cylindrique, trapu; queue peu comprimée: rostre allongé; na- 
geoire pectorale noire, peu arquée; nageoire dorsale élevée, 
pointue, fortement arquée en arrière; nageoire caudale grande, 
assez étroite, profondément fourchue. 

Couleurs. — Dos et queue d’un noir intense; une large tache 





(1) Ces trois crânes font partie du musée d'Arcachon où je les ai mesurés 
en 1879, 


(2) La description anatomique de ce Cétacé est faite d'après les notes 
d'A. Lafont. 





A D ES D PES 


— 143 — 


gris foncé, occupant la partie médiane et latérale du corps, et 
s'étendant depuis la base du rostre jusqu’au niveau de la dorsale: 
au-dessous de cette tache existe une bande gris-clair, de éinq à 
six centimètres de large, commençant à la partie supérieure de 
la mâchoire inférieure et s'étendant jusqu’au milieu des côtés de 
la queue. Ventre blanc; une bande noire, de deux centimètres 
de large, part de la naissance du rostre et entoure l'œil. Lèvre 
supérieure bordée d'une ligne presque blanche: pectorales gris- 
noir, se continuant en une bande de même couleur, qui se perd 
dans la mâchoire inférieure. 


DIMENSIONS : 
HONCUEULELOLALE PE MENT ES en er RC UT 2100 
BONSUEURAENANNE CLONAlE PE M Eee 0 300 
HAUTEUR eTANAONS Ale PRE ER ER Re ee 0 260 
Largeur de la caudale entre ses extrémités... ............... 0 395 
DUMDOUOMNOS TE AANEVENT ARE NE A 0 550 
DUB DU AIUENO STE LAN ER PEAR EE CRE RS 0 330 
Du bout du rostre à la commissure labiale................... 0 390 
Du bout du rostre au bord antérieur de l’aileron dorsal. ... 0 980 
Dedioritceanalimeboutdelacandale ren 0 550 
DeHOHACeADAlAUREMAMELES PRE 0 045 
DROIT ACEr ANAL ANMUINE RENE RP RE ARE 0 C48 
DiStanCeren tree SMTAMEIlES PERS AA TR 0 038 
Longueur du pli dans lequel s'ouvrent les mamelles. ......... 0 019 
Squelette. — Cràène assez large, peu bombé en arrière, non 


gœlobuleux, à frontal peu proéminent en avant; rostre assez 
large, portant en-dessous une large cannelure très-ouverte : 
maxillaires relativement étroits en avant, à bords externes pos- 
térieurs à peu près parallèles aux bords externes correspondants 
des intermaxillaires; partie postérieure des intermaxillaires 
assez déprimée et formant, en avant des évents, un triangle légè- 
rement concave, n'arrivant pas jusqu'au niveau de la ligne den- 
taire; intermaxillaires aplatis en avant des orifices externes des 
canaux sous-orbitaires, formant, au-dessus du rostre, une large 
saillie et s’écartant, en avant, de facon à laisser entre eux un 
large espace vide (un centimètre), occupé par la portion cartila- 
gineuse du vomer; os du nez de dimensions ordinaires, peu 
épais; crête occipitale très prononcée, régulièrement arrondie et 
recouvrant presque entièrement le frontal, dont on ne voit 
qu'une très-petite portion de chaque côté des os du nez. Pala- 
tins et ailes ptérygoïdiennes internes allongés et peu renfiés, 


— 144 — 


Intermaxillaires formant, en-dessous, entre les deux cannelures 
latérales, une crête saillante, large. Fosse temporale allongée. 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 


LONÉUCUPAOINES ARE AE Ne EE marie 460 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales...... 330 -- 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires . ...... Fete ese < 290 — 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du opat 200 = 
LC'ARSCURAUMMTOSITE ES ADAS CR REP PE PE CT 95 — 
Larseurndurrostre sa partie Moyenne rer ee 50 — 
PonaueurderlAeMANnTIDUIENERERRRRERE RENE PCR CE. ap) — 
Longueur de sa ligne dentaire. .......... A AL EE 230 — 
PonsueurdetlassYMDANSC REP EEE PET CCE CCE 40 — 
HAUTEURAUTCrANE NC PERT EP PRRSI R TE D 150 — 
Formule dentaire : © 

18 — 48 
La colonne vertébrale a pour formule : C. F==DI4 "5% 


53 — 74. Les apophyses épineuses cessent à la soixante- ie 
vertèbre; les apophyses transverses à la cinquante-sixième:; les 
os en V commencent à la quarante-deuxième. 

Quatorze côtes à gauche et quinze à droite, dont six s’articu- 
lent avec le sternum. Celui-ci est allongé, percé d’un trou extrè- 
mement petit. La quatorzième côte est flottante et suspendue à 
l'apophyse transverse correspondante par un ligament de dix- 
huit millimètres de longueur. La quinzième côte droite est rudi- 
mentaire, très-courte. 

Omoplate en éventail, très élargie, arrondie en arrière, tron- 
quée en avant; apophyse coracoïde spatulée, assez longue; 
acromion élargi en avant. 

Humérus court (60 millimètres), cubitus (82 millimètres) et 
radius (64 millimètres) courts. Premier doigt rudimentaire et 
formé de trois os; deuxième, de huit; troisième, de six; qua- 
trième, de deux; cinquième, de un seulement. 

Os du bassin longs de quatre-vingt-douze millimètres, cylin- 
driques et rectilignes dans leur moitié antérieure; minces et 
aplatis dans leur moitié postérieure qui se recourbe en demi S. 

L'animal répandait une forte odeur musquée: le lard, très 
épais, était rempli de Cysticerques (1). 





(1) M. E. van Beneden a trouvé, dans le lard des flancs et de la queue d'un 
Dauphin mâle, capturé à Concarneau, une quantité de scolex d'un Cestoïde 
(Plhyllobothrium), qui vit dans les Squatines et les grands Squales (Comptes- 
rendus de l'Institut, p. 1051, 23 novembre 1868). 








DANCE D NN a AG EN 


— 145 — 

L'æsophage débouchait dans une vaste panse cordiforme. par- 
courue par de nombreux vaisseaux tellement gonflés de sang que 
l'organe semblait enveloppé d’un réseau de cordelettes. Cette 
première poche contenait environ de huit à dix kilogrammes de 
Sardines; celles du fond étaient presque réduites en bouillie: 
tandis que celles du sommet, presque intactes, n'avaient subi 
qu'un commencement de digestion. Les autres renflements de 
l'estomac étaient vides, et leurs vaisseaux sanguins n'étaient 
pas turgescents. La deuxième poche bursiforme, que Fon trouve 
à la partie supérieure et latérale de Ia panse, était tapissée d’une 
muqueuse épaisse, formant une multitude de replis d'un aspect 
olanduleux; elle était suivie de quatre autres renflements, sépa- 
rés par des cloisons imparfaites. 

Le canal cholédoque débouchait dans la troisième cavité, 
dans le point le plus rapproché de la deuxième: le canal pan- 
créatique paraissait un peu plus bas. L'épaisseur de toute cette 
partie du tube digestif était de 10 millimètres environ. Le 
diamètre de l'intestin, assez uniforme, variait entre 25 et 30 mil- 
limètres. 

Le poumon droit présentait à son sommet une caverne à bords 
anfractueux, longue de 40 millimètres, sur 30 millimètres de lar- 
seur. Cœur très asymétrique. 

Un des ovaires, complètement atrophié, n'était pas plus gros 
qu'un pois; l’autre portait trois cicatrices très récentes et une 
quantité d’autres anciennes. Les parois des vésicules, sur ces 
trois points, étaient encore parfaitement distinctes des tissus 
voisins; les cicatrices anciennes, au contraire, n'étaient indi- 
quées que par une simple ligne. 

L'anus et la vulve étaient placés au fond d’une cavité très 
étroite, longue de 160 millimètres et fermée par les deux grandes 
lèvres très rapprochées l’une de l’autre. 

De chaque côté de la vulve, à 140 millimètres des grandes 
lèvres, entre deux replis de la peau, serrés l’un contre l’autre. 
se trouvaient les orifices des mamelles. Le mamelon est aplati. 
long de 12 millimètres, large de 8 millimètres et percé latérale- 
ment d'une seule ouverture de 2 millimètres de largeur. 

Glandes mammaires aplaties, allongées et remontant de chaque 
côté de la vulve. Elles mesuraient 310 millimètres de longueur, 
85 millimètres de largeur et 37 milliniètres d'épaisseur. Entou- 

10 


— 146 — 
rées d’une aponévrose très résistante, elles plongeaient dans les 
muscles de l'abdomen. 

B. — Jeune mâle, pris dans les filets des pêcheurs, le 17 
mars 1868. 

On peut le rapporter à la même variété, bien que la disposition 
des bandes de l'abdomen ne soit pas identique à celle des cou- 
leurs de la femelle décrite ci-dessus. Les formes extérieures 
étaient semblables. Même nombre des vertèbres et des dents. 
La dorsale était beaucoup moins élevée, la caudale moins 
large et le rostre plus court. 

Est-ce une différence d'âge et de sexe? On peut le supposer. 


DIMENSIONS : 
ONPUBURECEAIE EPP EME NE EE EEE RCCEE 1700 
Longueur dela nageoïire pectorale . ............:... 0 230 
HauteutdelanlenontinnSalRRer EEE ECC EE 0 120 
Largeur de la caudale prise entre ses deux pointes... 0 330 
Duboutidusrostre Al IRAN ANNEE ER ANT 0 330 
Duboutdurrostre alaileron dorsal en cree en 0 740 
Ponguenmadelintes tin ete ere ere ee 17 700 


\ »+ . i 
Rapport de la longueur du corps à celle de l'intestin 5. 


Quinze côtes de chaque côte. 

C. D. Deux individus. — Ces Cétacés, examinés par Lafont. 
étaient un peu différents dans leur coloration. 

Le premier était remarquable par la petitesse de sa caudale 
et par la présence d'une large bande grise, unique, séparant en 
deux la partie inférieure et médiane du corps qui est d'un beau 
blanc. 

Le second n'est pas décrit dans les notes de Lafont. Le rostre 
et une partie du erâne sont conservés au musée d'Arcachon. Les 
dents sont relativement fortes et très usées. 


Comparaison des Dauphins du sud-ouest de la France, 
avec ceux de la Manche et de la Méditerranée. 


Voici les caractères ostéologiques d'un Dauphin femelle, long 
de 2 mètres, capturé dans là Manche et amené en chair à Paris, 
le 1° novembre 1867. 








— 147 — 


Dessus du corps noir, ainsi que le museau et les nageoires; 
coloration d'un rose ardoisé sur Îles flancs; ventre blanc; extré- 
mité de la mâchoire noirâtre. 

Squelette long de 1 m. 81 cent. Sept cervicales; quinze dor- 
sales: vingt-une lombaires; trente-une caudales : total : soixante- 
quatorze vertèbres. 

Les vertèbres sont encore épiphysées. 

Les apophyses articulaires des sept premières vertèbres 
dorsales recouvrent celles des vertèbres qui suivent. 

Les apophyses épineuses de la plupart des dorsales et des 
neuf premières lombaires fournissent, à leur partie antérieure, 
au niveau de la jonction des lames du canal vertébral, une 
double apophyse embrassant le bord postérieur de l'apophyse 
épineuse qui est en avant. 

A partir de la vingt-unième lombaire, ces apophyses repa- 
raissent au bord antérieur de l’apophyse épineuse. 

Les apophyses transverses cessent à la cinquante-septième 
vertèbre, les apophyses épineuses à la soixante-troisième. 

Le canal de la base des apophyses transverses commence à 
la cinquante-troisième. 

Les dix dernières vertèbres sont en forme de parallélipipèdes. 
avec trous en dessus et en dessous. 

Os du bassin placés au niveau de la trente-huitième à la qua- 
rante-deuxième vertèbres; longs de 75 millimètres, légèrement 
fusiformes et un peu sinueux. 

Le plus long os en V est le sixième, puis ils diminuent et 
deviennent plus larges. Je n’en trouve pas aux dix dernières 
vertèbres. ; 

Quinze côtes : cinq articulées avec le corps de la vertebre 
précédente et l’apophyse transverse correspondante. Les deux 
dernières sont flottantes, suspendues par un cartilage. La der- 
nière est très étroite vers son extrémité supérieure; elle n’égale 
que les trois quarts environ de la longueur de la quatorzième 
côte. 

Cinq côtes sont articulaires par des cartilages costaux dis- 
tincts et insérés directement sur le sternum. Les trois suivantes 
ont des sterno-costaux articulés les uns sur les autres vers 
Jeur tiers antérieur, et se reliant au cinquième sterno-costal qui 
s'attache au sternum par un cartilage. 


PSN EO NES TE 


— 148 — 
Sternum composé de trois pièces : la première trouée au milieu, 
avec une fissure qui va du trou au bord antérieur. 
Acromion large, dépassant le coracoïde en avant. 
Carpe composé de cinq os: trois à la rangée antibrachiale: 
deux à la rangée métacarpienne. Le pisiforme manque. 


Premier doigt : 1 métacarpien, 2 phalanges. 


Déucème 1 _ H se 
Troisième — 1 et = . 
Quatrième — 2 = D dE 
Cinquième — Il = 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 


Pecrâne de ce squelette porte le n°l/"dansecentableans 
les n° 2 et 3 se rapportent à des crânes pris à Boulogne-sur-Mer 
et dont les mensurations m'ont été communiquées par M. E. 


Sauvag'e. 








[nalnwelnszs 


0440 0460 0380 








HoncUeUR totale RARE ARRETE PR TERRE Re CRT 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ........0 310,0 330,0 250 
Du bout du rostre aux'entaillesmaxillaires. 2 | 0 290 0 200 


Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal... 0 185,0 200,0 170 











0 

0 

0 
LALSEUTAUMOSITERAESAIDASE ERP MR EE rec rene .10 090,0 095,0 090 
PAS AUTOS Me NSAIDANIeMOVNENNE APE E PERCÉE PRE ECE 10 060,0 050,0 050 
PoneueurdelaMacNOrennierTIeNlNe ES ER NE ME er. | 10 380,0 300 
Loneueunde Sonbondialvéolatte Me Ce PR PART te | 10 24010 480 
PONSUEUTAENAISYMDNYSERC REP RT EEE PETER EC CEE CCE 0 050,0 030 
Hanteur du CrANE 2 AR SU RUE PR EN DEEE | 10 4500 150 


S à = 42 — 41 
La formule dentaire du crâne n° 1 est celle des deux 


erânes de Boulogne n’est pas complète. 


Je n'ai pas eu à ma disposition le squelette complet du #e/- 
phinus delphis de la Méditerranée. Mais voici les dimensions de 
la tête osseuse d’un individu de cette provenance, de la collec- 
tion du Muséum, et, comme terme de comparaison, celles d’un 
Dauphin pris sur le littoral océanique de la France, à la Rochelle. 


(Muséum : envoyé par d'Orbigny). 


— 149 — 














Méditerranée |La Rochelle 
Ponsueuritotale de Atéle AE EE CERN ee AN nee 0450 | 0445 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales........... 0 320 | 0 340 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires........................ 0 280 | O0 290 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. ....! 0 200 | Q 190 
Largeur du rostre à sa base. ............................... 101005002096 
Largeur du rostre à sa partie Moyenne. .......................... 0 059 | 0 052 
Longueur de la mâchoire inférieure. ............................. 0 385 | 0 37% 
Longueur du bord alvéolaire de la mandibule. .......... LORS AUIE 0 235 | 0 222 
Longueur de la symphyse....................................... 0 047 | 0 039 
HAULEUR OUICLANER ER Re CC ei 0 160 | 
; 42 — 42 pe À AS "47 
Formule dentaire : =— (Méditerranée); &—; (a Rochelle). 


Il résulte de ce tableau, comparé à ceux que j'ai donnés 
ci-dessus pour les têtes osseuses de Dauphins d'Arcachon, que le 
Dauphin de la Méditerranée diffère par son crâne plus élargi et 
son rostre plus dilaté, surtout à sa partie moyenne. La rainure 
du palais est plus profonde. 

On ne peut douter de l'existence de plusieurs races de Delphs 
dans la Méditerranée. Je pense que le Delphinus Mediterraneus, 
Loche. est une de ces races. Cette espèce est établie d’après 
une femelle longue de 1 m.54 cent., capturée à Alger, en mai 
1860. Dos noir; ventre blanc: une petite ligne noire part de 
l'angle inférieur du cercle noir qui entoure l'œil et se dirige 
vers la commissure buccale; une autre ligne noire se porte vers 
la pectorale. Une longue bande noire parcourt le côté du corps, 
depuis l'œil jusqu'à la racine de la queue. Ce système de colora- 
tion rappelle celui du Clyrene marginata. 


Formule dentaire : — Le palais est canaliculé comme chez 
le Delphinus delphis. 

Malm rapporte au Delphinus major, de Gray, un Dauphin à 
palais canaliculé, provenant du cap Finistère. (Kongl. Svenska 
Vetensk. Akad. Handlingar. B4. 2, n° 2, 1870, p. 56). 

Le type de Gray (Cat. of Seuls and Whales, p. 396) est de pro- 
venance inconnue. Il a été établi pour un crâne dont les dimen- 
sions sont de beaucoup supérieures à celles des Delphinus de 


notre littoral : 


Ponsueunitotale rer .. 543 millimètres. 
DOnSUEUNAUMOSME Re Tec eercee 317 -- 
Largeur du rostre aux entailles..... 107 — 


Longueur de la mandibule..... eau —— 


— 150 — 


. 46 : 0 
La formule dentaire est —=; on compte environ cinq dents 
par pouce de longueur du bord alvéolaire (25 millimètres); les 
sillons du palais sont très larges. Je n'ai jamais vu sur nos côtes 


de crâne qu'on puisse rapporter à cette espèce. 


C'ivimene, Gray. 


42. Clymene marginata, Duvernoy. 


Delphinus marçginatus, Duvernoy, in Pucheran, Revue et Mag. 
de zool., 1854, p. 547. — Gray. Cat. of Seals and Whales, 
p. 245. 


Cette espèce a été décrite d'après deux individus échoués à 
Dieppe en 1854. Depuis cette époque, M. Beltrémieux considère 
comme tel un Dauphin dont la tête osseuse est conservée au 
musée de la Rochelle et qui provient des parages de la Charente- 
Inférieure. Le palais est aplati, sans cannelures longitudi- 
nales; la formule dentaire est a: mais quelques dents man- 
quent. 

Voici les caractères du Delphinus marginatus pris sur le type 
de Duvernoy et Pucheran. 

Deux individus envoyés, en 1854, par le D' Guiton, échoués à 
Dieppe. 

« Ce Cétacé est noir sur les parties supérieures; cette teinte est 
» assez foncée sur les côtés de la tête et les flancs jusqu'au niveau 
» de la région génitale. La couleur blanche règne en dessous de 
la gorge, le thorax et l'abdomen. Le pourtour de la mâchoire 
est noirâtre, mais son extrémité est franchement noire. Le 
blanc occupe, au contraire, un espace fort restreint de la région 
génitale à la queue ». 


ETAT OR 


Le pourtour de l'œil est noir; de son angle postérieur, part une 
bande noire, bordée supérieurement d'une bande blanche. La 
première s'étend jusqu’à la région pénienne qu’elle dépasse un 
peu en arrière; la deuxième est amincie à ses deux extrémités. 

Une deuxième bande noire est étendue obliquement de l'œil 
à la nageoire pectorale. 


7 PUist TUE LE PPS te 
1 


Mile 
De la bande noire longitudinale des flancs. part une petite 


bande noire, oblique. 
Nageoires noires, bordées en avant de blanc. 


DIMENSIONS : 
MONCUEURER EE eee Cr ec core 27000 
DistancedunOs tre Ne Vente EE PCR ee EL 1050 
DIStANCe TUMTOS IT ANR ee rc ee 0 340 
Distance du rostre à l'émergence de la pectorale. ...... 0 520 
Distance duerOSITeAlAUOrSale EE Cr EEE Creer 0 935 
POnaUenNAelACAUTAIe PP ENEREEER EE CEE CCC CLE 0 420 
Longueur du bord extérieur de la pectorale............ 0 305 


Le squelette est celui d’un mâle. 


Caractères ostéologiques.—Cràne plus allongé, intermaxillaires 
plus aplatis-que chez le Delphis. Région palatine dépourvue des 
sillons latéraux du Dauphin ordinaire. 


+ . RL 47 — 47 

4 » 2) £ ‘0 rer — Bt 

Formule dentaire rectifiée : 

Les vertèbres sont au nombre de : sept cervicales, quinze dor- 


sales, vingt-deux lombaires sans os en V, trente-deux caudales: 








total : soixante-seize. 

Les deux premières cervicales sont soudées par le corps. et les 
trois premières par les apophyses transverses. 

Les os en V commencent à la quarante-cinquième vertebre. 

Les apophyses transverses cessent à la soixante-troisième ver- 
tébre. 

Les apophysesépineuses cessent à lasoixante-huitième vertèbre. 

Les canaux de la base des apophyses transverses commencent 
sur les cinquante-neuvième et soixantième vertèbres. 

A partir de la soixante-huitième vertèbre, les corps sont aplatis, 
parallélipipèdes, transverses. 

A la quarante-quatrième vertèbre, l'apophyse épineuse fournit. 
à la moitié de son bord antérieur, une double apophyse embras- 
sant le bord postérieur de l’apophyse épineuse placée en avant. 

Les premiers os en V sont en forme de croissant; leur bord 
inférieur fournit une pointe recourbée d’arrière en avant; les 
moyens sont longs; les postérieurs courts et arrondis. 

Quinze côtes. Les cinq premières ont une tête et un tubercule; 
elles s’articulent avec l'apophyse transverse correspondante et le 
corps de la vertèbre antérieure. 


Por be F + Vo Ar Le NT AR DT NT “2 Vrai NY A4 
: , Le 


—_oè— 


Les neuf premières sont pourvues d'os sterno-costaux dis- 
tincis. Les cinq premiers sterno-costaux s’articulent directement 
avec le sternum; les quatre derniers sont reliés entre eux par 
un cartilage. 

Le sternum se compose de quatre pièces; entre l'articulation 
des premier et deuxième sterno-costaux, il existe une longue 
apophyse. 

Acromion très large. 

Carpe composé de six os : quatre à la première rangée et deux 
à la deuxième. 

Les métacarpiens et phalanges sont au nombre de : 


Premier doigt : 1 métacarpien, 1 phalange. 


Deuxième — 1 — te — ou plus? 
Troisième — 1! —— 6 — 
Quatrième — 1 —- 2 — 

Cinquième — 1 == 


À la vingt-huitième vertèbre, cessent les apophyses de la lame 
de l'apophyse épineuse qui embrassent le bord postérieur de 
l’'apophyse épineuse située en avant. 

Ces apophyses doubles du bord antérieur de l’'apophyse épineuse 
reparaissent ensuite à la quarante-quatrième vertèbre. 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 


L'ONQUEULALOLAlES ARE PTS RE CIE PE bn RER see 460 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... res 323 — 
Duboutdiirostreauxentailles mMAaxIIAIreEs PAP EC ERP EE Te 280 — 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal... ... 230 — 
RATCeUTAUTOS MEANS ALDAS CERN PARENTS 115 — 
DIrSCUAUIMOSEME AS ADANNICIMOMENNORE CP EEE CNE CLR 68 — 
Longueur du bord alvéolaire du maxillaire inférieur................. 236 = 
PoncneurndelamacnoILEMMeRIEURe RER CPR CRE CE 410 — 
ON SUGUAAE LMASYODONS CEA EE CR TE Eee 34 — 
HA URIACT AN EST Re A UE ET TE 175 —- 


Le vomer est visible au milieu de la face palatine du rostre, 
sous forme de plaque étroite, lancéolee. 

Le Delphinus Euphrosyne, Gray (1), de la mer du Nord, est 
peut-être identique avec le ©. marginata. 





(1) Catal. of Seals and Whales, p. 251. 


— 193 — 

Une autre espèce de Clymene cst signalée dans la Méditerra- 
née : le C. Tethyos, Gervais (1), connu seulement par un crâne 
dont la formule dentaire est = La longueur totale de ce 
crâne est de 43 centimètres; longueur du rostre à s1 base, 
10 centimètres: largeur du crâne aux apophyses zygomatiques, 
21 centimètres; ses dents sont un peu plus fortes que celles du 
Delphinus delphis. 

Le Delphinus Algeriensis, de Loche (Rev.et mag. de zool., 1860), 
paraît voisin du C. Zethyos. C’est un grand Dauphin (longueur 
2 m. 47 cent.), de coloration particulière, mais dont le crâne n’est 
malheureusement pas décrit. Il a été pris sur les côtes d'Algérie. 
# L'individu figuré est femelle. 





à. : 4 
Formule dentaire : =— 


E‘aarsiops. Gervais. 
13. Tursiops tursio, Fabricius. 


Delphinus Nesarnack, Lacépède; Hist. nat. des C'étaces, éd. Des- 
marets, p. 366. 

Delphinus tursio, O. Fabricius, Fauna Groenl., p. 49. — Cuvier, 
Rech. sur les Oss.-foss., pl. 222, fig. 3-4. 

Delphinus truncatus, Montagu, Wern. trans. IE, pl. v. fig. 3. 

Tursio truncatus, Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 258, et 
suppl., p. 74. 

Tursiops twrsio, Vau Beneden et Gervais, Ostéogr. des Célacés, 
pl. xxxIv, fig. 3-9. 


Habite toutes les côtes du Sud-Ouest. — Trois individus pris, 
le 6 juin 1866, à Audenge (bassin d'Arcachon) : mâle adulte, 
femeile adulte et femelle jeune. — Deux individus capturés, le 
10 juin 1868, à la Pointe-de-Courbey (bassin d'Arcachon) : un 
mâle et une femelle adultes, mais encore épiphysés; la femelle 
avait mis bas. — Mâle non adulte pris à Arcachon, en mars 1871. 





(1) Bull. de la Soc. d'agriculture de l'Hérault, p. 140, pl. 1, fig. 1-4 (crâne), 
et Ann. des sc. nat., t. XX, 1853. 


one 


— Femelle adulte pêchée à Bordeaux (Bacalan), le 23 avril 1878. 
_— Femelle en gestation, prise à Bordeaux. le 2 avril 1880, ete. 

Ce Cétacé, appelé grand Dauphin ou Souffleur, est commun sur 
les côtes de France. Belon en a donné une description anato- 
mique très remarquable et une bonne représentation; il l'appelle 
Oudre. 

L'individu qu'il a examiné était une femelle pleine, prise au 
Tréport, en mai 1551, et apportée par charroi à Paris. Elle fut 
envoyée à l'hôtel de Nevers. Sa longueur était de 9 pieds et 
demi; son poids dépassait 800 livres. Le squelette de la tête fut 
donné au garde des sceaux Bertrandi. Le fœtus avait 2 coudées 
de lon); 

Le Souffleur est capturé presque tous les ans dans le bassin 
d'Arcachon (2), et même dans la Gironde. Plusieurs squelettes 
et des crâänes nombreux sont conservés aux musées de Bordeaux 
et d'Arcaction. 

Le corps est cylindrique, relativement assez court et trapu: 
queue peu comprimée ; nageoires pectorales arquées; aileron dor- 
sal grand, arqué en arrière; nageoire caudale large, assez étroite. 

Tout le corps est d’un noir intense, à l'exception d’une bande 
ventrale étroite, d’un gris clair chez le mâle, d'un blanc pur 
chez la femelle. Au-dessus de l'œil, il existait une tache grisâtre, 
arrondie, sur les deux individus mâle et femelle capturés, Île 
10 juin 1868, dans le bassin d'Arcachon, à la Pointe-du-Courbey. 


DIMENSIONS D'UN MALE (de la Pointe-du-Courbey) : 


L'ONSUCUTITO(AlE RER PARA EME NECEMER RE TERRE 2280 
ONSUENPIAULOSITE PMR RAIN ERE PAPER 0 11 
Distance du bout du rostre à l'œil. .............. 0 39 
Distance du bout du rostre à ia pectorale......... 0 60 
Distance du bout du rostre à la dorsale. ......... 1 25 
Distance du bout du rostre à l'évent. ............ 0 38 
Longueur dela nageoire pectorale.. 0 40 
Haute ATOnSA le EEE EPP CET REP P EEE 0 21 
Parreurnidelalcaudale eee ee 0 60 





(1) Pierre Belon. L'Histoire naturelle des estranges poissons marins (1551). 
—— La nature et diversité des poissons (1555). 

(2) Un Dauphin de cette espèce, long de 8 pieds, fut présenté, le 18 septem- 
bre 1578, à la reine Catherine de Médicis, lors de son entrée solennelle à 


Bordeaux (O'Reiïlly, Hist. Bord., II, p. 305). 


sir io date TER 


— 155 — 


DIMENSIONS D'UNE FEMELLE (de même provenance) : 


PONSUEUTITOAIC ER ET EM eco rererecn MA ee tee nte . 2030 


DIMENSIONS D'UNE FEMELLE (de Bordeaux) : 


ONTUCUTETOAIe nr eee cerecetmehesedepesere 2"94 


DIMENSIONS D'UNE FEMELLE (de Bacalan) : 


ÉONSUCURIOAlE PP Ce Cercle EC 3410 


DIMENSIONS D'UN MALE JEUNE (d'Arcachon) : 


Longueurtotales.". A RER RE TEE ... Qmi6 


Caractères ostéologiques. — La colonne vertébrale se compose 
de sept vertèbres cervicales, treize ou quatorze dorsales, qua- 
torze lombaires, vingt caudales avec des os en V, dix ou onze 
caudales sans os en V. Total : soixante-quatre ou soixante-cinq 
vertébres (l): 

Les deux premières cervicales sont soudées complètement, sur 
tous les squelettes que j'ai vus; les autres cervicales restent 
libres. Les six premières dorsales ont leurs apophyses articulai- 
res horizontales, l’antérieure recouvrant la postérieure. A partir 
de la huitième dorsale, l’apophyse de la vertèbre postérieure 
embrasse celle de la vertèbre antérieure. 

Les apophyses épineuses disparaissent vers la cinquante- 
troisième ou la cinquante-quatrième vertèbre: les apophyses 
transverses s’effacent vers la quarante-neuvième ou la cinquan- 
tième. 

A partir de la quarante-quatrième ou de la quarante-cinquième 
vertèbre, la base de chaque apophyse transverse est percée d’un 
canal qui est permanent sur les vertèbres suivantes, jusqu'à 
l’'avant-dernière. 





(1) Cuvier.(Ossements fossiles, vol. -V, 1" partie, p. 305) donne pour le 
Tursio une formule vertébrale incomplète : C. 7. — D. 13. — L. C. 38. = 58. 
— L'erreur est corrigée dans les leçons d'anatomie comparée (t. I, p. 183, 
1836), où. l'on trouve la formule suivante: C, 7. — D. 13, — L, I4. — 
CHERE 


— 156 — 

Les côtes sont au nombre de treize ou quatorze: les cinq pre- 
mières s'articulent avec les apophyses transverses et les corps des 
vertèbres antérieures. Les quatre premières s’articulent directe- 
ment avec le sternum: les trois suivantes s'unissent par l'inter- 
médiaire d'un cartilage commun. La dernière côte a sa tête 
articulaire terminée en pointe; elle est séparée de l’apophyse 
transverse de la vertèbre correspondante par un ligament assez 
long (85 millimètres de distance chez le mâle, et 55 millimètres 
chez la femelle). 

Le sternum paraît imperforé: cependant on peut, sur le ster- 
num du mâle, reconnaitre un petit trou central. 

La face externe de l'omoplate présente quelques crêtes rayon- 
nantes; l’acromion est très large; le coracoïde étroit et aplati. 

Radius élargi; cinq os au carpe, disposés sur deux rangs. Le 
premier doigt comprend deux os (un métacarpien., une phalan- 
œette); le deuxième, huit (un métacarpien, sept phalanges); le 
troisième, six (un métacarpien, cinq phalanges); le quatrième, 
trois (un métacarpien. deux phalanges); le cinquième, un seul 
os, ressemblant à un métacarpien. 

L'hyoïde, chez les adultes. est constitué par une seule pièce 
en forme de croissant: chez le jeune, on distingue un corps 
hexagonal, deux petites cornes peu saillantes à leur union avec 
le cartilage stylo-hyoïdien, et deux grandes cornes allongees. 

Ces caractères ostéologiques sont donnés d’après les deux 
squelettes 4 et ® du musée de Bordeaux qui paraissent très 
complets. Un squelette d'Arcachon 4 a pour formule vertébrale : 
C. 7. — D. 13. — L. C. 42. — 62; par conséquent, on y compte 
deux ou trois vertèbres de moins (1). Les os en V disparaissent à 
la cinquante-troisième vertèbre, comme sur les squelettes de 
Bordeaux; mais les apophyses transverses s’effacent à la cin- 
quante-septième vertèbre. Sternum perforé. Côtes ayant le même 
mode d’articulation avec le sternum et la colonne vertébrale que 
chez les squelettes du musée de Bordeaux. 

Le squelette de la femelle jeune d’Audenge, appartenant au 
musée de la Faculté des sciences de Bordeaux, a pour formule 
vertébrale : C. 7. — D. 13. — L. 17. — C. 27 (dont dix-sept avec 








(1) Je pense que les vertèbres de l'extrémité de la queue ont été perdues. 


| — 157 — 
os en V,et dix sans os en V) — 64. Les autres détails du sque- 
lette sont conformes à ceux que nous avons donnés pour le mâle 
et la femelle adultes de même provenance et conservés au musée 
de Bordeaux. 

Le squelette de la femelle adulte de Bacalan (musée de Bor- 
deaux), présente une anomalie assez fréquente chez les Cétacés. 
Il existe treize côtes à droite et quatorze à gauche. La quator- 
zième côte est flottante et très petite. Les grandes apophyses 
latérales récurrentes de la première pièce du sternum sont très 
peu développées. Toutes les pièces sternales sont soudées. 

Le squelette de la femelle en gestation, capturée à Bordeaux 
(Musée de Bordeaux), a pour formule vertébrale : C. 7. — 
D. 14. — L. 12. — C. 31. — 64. La quatorzième côte est flottante, 
suspendue par un ligament de 15 centimètres de longueur. 


Bassin. — Les os du bassin ont été conservés sur trois indi- 
vidus seulement, deux femelles et un mâle. 

Chez la femelle adulte de Bacalan (longueur du corps, 3 m. 
10 cent.), ces os sont un peu arqués, convexes et arrondis à leur 
face supérieure, comprimés latéralement, atténués en arrière. 
légèrement dilatés et un peu rugueux en avant. Leur longueur 
est de 122 millimètres. 

Chez la femelle adulte de Bordeaux (longueur du corps, 
2 m. 94 cent.), ils mesurent 100 millimètres. 

La jeune femelle d’Audenge, dont le squelette est conservé à 
la Faculté des sciences de Bordeaux, a les os du bassin grèles et 
longs de 45 miilimètres seulement. Ils sont très peu arqués. 

Chez le mâle encore épiphysé de la Pointe-du-Courbey, et faisant 
partie du musée d'Arcachon (longueur du corps, 2 m. 80 cent.). 
les os du bassin sont très arqués et longs de 80 millimètres. 

Je n'ai malheureusement pas vu ces pièces osseuses prove- 
nant d’un mâle adulte, et je ne puis dire si elles sont plus 
dévelcppées chez le mâle que chez la femelle. 


Tête osseuse. — Voici la formule dentaire de onze crânes de 
Tursiops pris sur le littoral du département de la Gironde : 











È 22 — 23 < 3 ; , 2 ë e 
N° l:-——,. Mâle très adulte, d'Audenge. Musée de Bordeaux. 
: RS 
N°2: =. Femelle, d'Audenge. Musée de Bordeaux. 

RÉ ONE ON ETS le Fes Re | a 
N° 3:-— Mâle épiphysé. du Courbey. Musée d'Arcachon. 








LA FA EST UNE" 


— 158 — 

_. 23 — 23 ESC G , 

N° 4:—— Femelle épiphysée, du Courbey. Musée d’Arca- 
chon. 

NE 24 — 94 : : : ù : | ; 

N° 5:—. Femelle jeune, d'Audenge. Faculté des sciences 
de Bordeaux. 

+ 23 — 21 ! 

N° 6:5—.. Femelle adulte, de Bacalan. Musée de Bordeaux. 

. 22 — 23 n ; 1 

N° 7: Jeune mâle, d'Arcachon. Musée de Bordeaux. 

=: 21 — 21 . ’ ; 

N°8: Sexe INCOnnu. Musée d'Arcachon. 

: 2A0—2A4U 7 5 ; ; 

N° 9:-——. Sexe inconnu. Musée d'Arcachon. 

: HET , 

N°10:,, —- Sexe inconnu. Musée de Bordeaux. 

DD slare n ; 

N°11::—. Femelle épiphysée de Bordeaux. Musée de Bor- 


deaux. 


Chez cette jeune femelle, la plupart des dents étaient extré- 
mement usées et annonçaient ainsi un sujet très adulte. 


DIMENSIONS DES TÈÊTES OSSEUSES DES MALES : 


Poneteunitota le ER CC re LC 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales...... 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires................... 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 
PArCeURIAUNOSIMERANSNIDASES PEEE PRE ER ER EEE EEE RER ECRE 
Largeur du rostre à sa partie MOYENNE... 0". 
LPonsueur de lamandibule eee CPE EEE Rte E 
Poneueurae Son DondAIVÉDIAire EPPRER PER EEE EEE REC CE 
LOnBUenTAeNAISYMPANSE Re Rec ereCee  erPrccu -R 
HAUteUAUICRANE NE een ele Ce lemece 





N° # 





0550 
0 360 
0 320 
0 290 
0 140 
0 095 
0 470 
0 260 
0 070 





0 230 


R° 3 





0505 
0 330 
0 290 


| 0 130 
0 080 
0 440 
0 240 
0 060 
0 216 





DIMENSIONS DES TÈTES OSSEUSES DES FEMELLES : 





























| nee | x 4 

DongUelritotales PR NS RNA Rene 0m520 | 0m460 | 0400 | 0M540 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales| 0 330 | 0 290 | 0 240 0 340 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires............ 0 290 | 0 260 | 0 210 | O0 300 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires 

JU ÉTONntAl Rens MU EN Rene re eee er 0 280 | 0 260 | 0 220 | O 280 
fargeurdu rostréaisanDase nc RE eee: 0 0 150 | 0 435 | 0 095 | O 150 
Largeur du rostre à sa partie moyenne............... 0 090 0 075 | O 070 | 0 100 
longucutdelatmandipules "PARA EE rer eee 0 450 | 0 390 | 0 340 | 0 460 
Longueur de son bord alvéolaire..................... | 0 240 | 0 245 | 0 180 | 0 250 
Pongueur délais YMpAySe Re RCe nc 0 070,0 05 |Q 040 | 9 090 
HauteuL AU CrANen meer er Er CT Cr | 0 220 | 0 200 | 0 180 | O 220 


rs de 
$ 


NN, À 
ES 


DIMENSIONS D'UNE TÈTE OSSEUSE DE FEMELLE EN GESTATION : 











N°1 
PORÉUEUR DAT RE ER RRARRe  e a ceee cmmeesrmsseseessaace | 0540 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales................,.... 0 355 
Duboutiduwrostreanxtentailles MaxNIlATeS ERP R TER ET Een ENNA EE e- ER 0 300 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal................ 0 285 
ATP CUT AUINOSIMEMANSANDASC RER ne ee ct Moeaneiee ee er eco 0 140 
Paco eUMAUNOS DRE AIS ANDATTIC MIO NENNE mme een r me es nec ice 0 110 
BonCHeuTIAelAMMANTIDUlE. RE een ete ere cire en Te UE de 6 460 
on eueUuTAd es ON Por INÉDIT er ce me 0 250 
ON ÉTeURITON AIS VNPOS SR RE cure eu te ct nie 070 
HALL CRAN CEE RE ee ne ne sn tre eee CL | 0 223 


DIMENSIONS DES TÊTES OSSEUSES D'INDIVIDUS DE SEXE INCONNU !: 











Is |ns 
PONCUPUDATOLAIE Eee er ere = nn G re I eee nn CU ere 0m520 | 0m505 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales............ 0 335 | 0 325 
Duboutidurostemauxentailles maxilIAInES ER ECC RES PER 0 295 | O0 290 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. ..... | 0 300 | 0 270 
PATCUMIONETOSMEMAESANDA SC NE RE RE dm ee | 0 450 | 0 140 
PArRreUNAUMOStMeISANPANTIENMOVENNE Re er CNT 0 100 | 0 090 
Pononeurdedaemanqhbulen eee CREER EE CR RE EE Re T 0 460 | 0 433 
ÉONSUeUMITerSONbORAIMEOLTITE ER PE RE TEE 0 250 | O0 230 
Poneteunde las MD NS NE Rene ee remercie 0 080 | 0 050 
ARE LRU UC TAN A Re Len nine eine Le eee ee ee 0 220 | 0 216 








On peut conclure de la comparaison de ces tableaux, que Île 
crâne des mâles est plus grand que celui des femelles, dans une 
même bande. Ainsi, les mâles des troupes capturées à Audenge et 
au Courbey ont des dimensions supérieures à celles des femelles 
qui les accompagnaient. 

En examinant simultanément les têtes des mâles et des femel- 
les, on reconnaît qu'elles présentent des différences caractéristi- 
ques. Le rostre est plus long, et relativement plus étroit, chez les 
mâles; les intermaxillaires sont plus bombés, surtout à leur moi- 
tié postérieure: dans cette région, la partie postérieure des 
maxillaires est presque parallèle au bord externe de la portion 
correspondante des intermaxillaires; les crêtes de la boîte crà- 
nienne sont plus relevées et moins déclives latéralement. 

Les têtes des femelles sont remarquables par la largeur du 
rostre, à sa base et à sa partie moyenne: le rostre, par consé- 


— 160 — 
quent, a une forme plus trigone; les intermaxillaires sont plus 
aplatis; le bord externe de la partie postérieure des maxillai- 
res n’est pas parallèle au bord externe des intermaxillaires, mais 
il se projette en dehors en s’arrondissant. 

Le crâne des femelles est relativement un peu plus large que 
celui des mâles; la hauteur du crâne est sensiblement la même 
dans les deux sexes; la mandibule est un peu plus allongée chez 
les mâles. 

D'après ces caractères, je suis porté à considérer le crâne n° 8 
(musée d'Arcachon) comme provenant d'une femelle adulte. Je 
pense également que le crâne n° 9 à appartenu à un individu du 
même sexe. 

L'état d'usure des dents n'indique même pas que l'animal est 
adulte, puisque les maxillaires d'individus encore épiphysés 
portent parfois des dents presque complètement usées. 

Un individu très jeune a été pris dans le bassin d'Arcachon, il 
y à plusieurs années. Les dents n'avaient pas encore percé les 
gencives. 


DIMENSIONS : 
Longueur totale Reese annee rer ee 1m220 
Du bout du rostre à la bride du rostre. ............. 0 055 
Du bout du rostre à la naissance de la dorsale. ...... 0 560 
DuPboutidu TOSERONANI EVENT ee PE 0 200 
D'UMbOUtAUNTOS TERRAIN EE PR EEE - 0 210 
Du bout du rostre à la commissure labiale. :......... 0 217 
Du bout du rostre à la naissance des pectorales. ..... 0 340 
LoneueunAelaneciDnale PER PEER EE CEE PRE CE 0 210 
ParreundelarCaUudale PRE MERE RE EE TETE 0 210 
PONT EN UNIES 5004600%08 0600000 00000t 0 180 
Hauteuridedartorsale Re ER ce 0 110 


La mâchoire inférieure dépassait un peu la supérieure; la 
queue était très carénée; on voyait, sur les côtés du rostre, des 
indices de moustaches. Il est à remarquer que c'est justement 
sur un fœtus de cette espèce, long de 3 pieds, que Belon (1) a si- 
gnalé, pour la première fois, l'existence de moustaches chez les 
Cétacés : «le petit, dit-il, avait comme des barbes en la lèvre d'en 
» haut; quatre de chaque costé, qui se perdent et consomment 
» ainsi qu'il devient grand. » 





ere 


(1) La nature et diversité des Poissons, livre I, p. 13 (1555). 





eee 


La femelle capturée dans le port de Bordeaux, le 2 avril 1880, 
portait un fœtus femelle, mesurant 80 centimètres de longueur 
et 43 centimètres de cireonférence. M. Souverbie, qui l’a examiné 
avec soin, et qui a fait dessiner la tête, a trouvé, de chaque côté 
de la face supérieure du rostre, une rangée de poils ou mous- 
taches. La rangée du côté droit commençait un peu en avant du 
renflement graisseux du museau; celle de gauche, un peu en 
arrière. Les poils, équidistants, étaient au nombre de cinq à 
droite, et de sept à gauche; leur longueur atteignait de 6 
à 8 millimètres; ils étaient de couleur blonde, se recourbaient 
un peu en arrière, et de dehors et en dedans; ils émergeaient 
du fond de petites cryptes à ouverture plus large que ie diamètre 
des poils. 





Fi. 7. — Tête d'un fœtus de Tursiops. 


Malgré la grande taille de ce fœtus, il ne paraissait pas à 
terme, parce que les mamelles de la mère ne contenaient pas de 
lait. Il est vrai que cette femelle avait dû souffrir de la faim, 
depuis son entrée dans la Gironde; son estomac était complète- 
ment vide. 

L’estomace d’un mâle adulte ne contenait que des arêtes de 
poissons; celui d’une femelle renfermait des débris de poissons, 
un Congre entier de la grosseur du bras, beaucoup d'Anguilles, 
et un os de Seiche. 

J'ai pu comparer, avec nos Zursiops d'Arcachon, le erâne d’un 
individu pris sur le littoral de la Manche et envoyé au muséum 
d'histoire naturelle, par Baïllon. 

x 


Voici les dimensions de cette tête osseuse : 


MONSUEUMTOLAIE PEER LR Aer mc ec cures 570 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... 370 — 
Du bout du restre aux entailles maxillaires................... 320 -- 


noie 

Largeur de la tête entre les apophyses post-orhitaires du frontal. 305 millimètres. 

L'ATSeUMAUMOSTREMAISANDASC SEE PRE PER CE 155  — 

L'areeurduerostre AS aMpantieMMOYENNe AREA EPERE CrE Cr 102 — 
Formule dentaire : 24 — 24. 


Ce crâne a des dimensions supérieures à celles du vieux mâle 
d'Arcachon. 


Du Tursiops de ia Méditerranée. 


Le Zursiops de la Méditerranée m'est connu : 1° par la tête 
osseuse d'un jeune dont les intermaxillaires sont très aplatis; 


29 


formule dentaire : ==; 2 par un rostre; 3° et 4° par des crânes du 
littoral de l'Hérault. et dont voici les dimensions : 









39 na 
| 
POnUÉUT OAI RER ER Er croche 0"480 05520 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales........ 0 310 0 340 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires ................... 0 270 0 290 
Largeur de la tète entre les apophyses post-orbitaires du frontal. . | 0 250 0 260 
DAFÉEETOS IC AST DAS Se RER PP EECE Ne 0 125 0 142 
Largeur du rostre à sa partie moyenne........................ 0 077 | 0 094 
Foneueurdedaimandibules 2e 0 Peer PRr ee" re | 0 AO 0 435 
lonsueurde aligné dentaire. 22. Nr eue 1102222 0 250 
ÉONÉTeURUElMOYMPYSeS AR CERN R -R er An | 0 050 0 055 














N £ 93 — 93 x À DHEA 
La formule dentaire est ;,——> pour le crâne n° D Et Tes SE 


pour le crâne n° 4. On voit très nettement, sur ces deux crânes, 
une petite dent implantée de chaque côté sur l'intermaxillaire ; 
la première dent maxillaire est également très petite; la deuxième 
est très forte. 

Le crâne du mâle a ses dents très usées. 

Je ne trouve pas de caractères qui permettent de distinguer, 
comme race, le Zursiops de la Méditerranée de celui de l'Océan. 
J'ai vu. au musée de Bordeaux, un cräne de 7wysiops provenant 
de la côte occidentale d'Afrique, et qui ne présente aucune diffé- 
rence appréciable avec les têtes osseuses du golfe de Gascogne. 


Se 





CARLA 


— 163 — 


BPhoeæma. Cuvier 


44. Phocæna communis, Lesson. 


Delphinus phocæna, Linné, Syst. nat., I, p. 108. — Cuvier, Os. 
ossi tHe ie 

Marsouin commun, Lesson, ist. nat. des Cétacés, p. 251, 1828. 

Phocæna communis, F. Cuvier, Cétacés, p. 172. — Gray, Cat. of 
Seals and Whales, p. 302 — Van Beneden et Gervais, 
Ostéogr. des Cétaces, pl. Lv. 

Phocæna tuberculifera, Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 304. 


A. — Individu mâle. capturé dans le bassin d'Arcachon, le 
4 avril 1868. 

Coloration. — Dos noir; flancs et abdomen d’un gris de fer; 
pectorale noire, avec une ligne étroite, noire, qui, de l’attache 
de la nageoire, se dirige vers la commissure labiale; rostre noir 
en dessus, gris de fer en dessous (Lafont). 


DIMENSIONS : 
DONGUEUÉOIAIC. 2-5. Dee cree ice 1°640 
Distance de l'extrémité du rostre à la commissure labiale...... 0 130 
Distance de l'extrémité du rostre AIRE 0 170 
Distance de l'extrémité du rostre à l’évent. .................. 0 170 
Distance de l'extrémité du rostre à la pectorale. ............. 0 300 
Distance de l'extrémité du rostre au bord antérieur de la dorsale. 0 720 
auteumdenlandonsale rer PR ne een ere ee 0 130 
Bongueurdelapectorale "#"""""rR ""RrR rt." "2e Mate arte nn our 0 190 
Largeur de la caudale, d’une pointe à l'autre................ 0 420 


Le deuxième estomac est plus allongé que chez les Dauphins. 
Dans le premier estomac, nous avons trouvé quelques arêtes et 
vertèbres de poissons de petite taille, ainsi que plusieurs centai- 
nes de cristallins de poissons. L'intestin estlong de 18 m. 20 cent. 

La verge est perforée a son extrémité. Testicules ovoïdes, très 
œonfliés, de couleur rose. 


— 164 — 


DIMENSIONS DE LA TÊTE OSSEUSE : 





Longueuritotale nsc ANR PE Lecce more 289 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales...... 155 — 

Du bout du rostre aux entailles maxillaires................... 130 — 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 4160 — 
aAteeUrIAUANO SRE RAMNSANDAS CEE EEE CC ne 80 = 
DarseunduMostreNSapantiemMOVenne eee ce Le 70 — 
Honsueunide TaMANndiDUICE RER SEE CRC OCT CRE 220 — 
Longueur de son bord alvéolaire..........,..... ne enii7 re 0) — 
Pongueurdela syMmphyse. ce... "72 sic Eee de PORC 25 — 
HAUTeUMAUICRANE EEE ee eee serre te diet See ele a sleee MleD — 

: È : AM EE 
La formule dentaire est >, -- Les six dernières dents 


des deux mâchoires sont usées en dehors et en arrière. 


B. — Individu mile, pris dans le bassin d'Arcachon, le 16 mars 
1872. 

Coloration. — Dos noir, passant au gris sur les flancs et les 
parties latérales de la queue; les flancs sont gris de fer; le 
dessous de la queue, le pourtour de l’anus et de la verge sont 
blancs. Dessous du cou grisätre; gorge gris de fer, ainsi que le 
rostre: bord des lèvres noir; pectorale noire; une ligne noire, 
très étroite, se dirige de la base de la pectorale au bord inférieur 
de la mandibule. Dorsale munie à son bord de vingt-quatre 
tubercules : douze simples. douze g'éminés (Lafont). 


DIMENSIONS : 


HONSUEUTIOLAIE AE EP EEE EEE OREE CET CCE PET nn Em LE 4m330 
Distance de l'extrémité da ee AACOMIMISSULE RE AA ER REC EET 0 110 
Distance dellextremiteduos Tele EE RE RE ER CPE Cr 0 160 
Distance de l'extrémité du rostre à la pectorale....:.::.:..."" 0 260 
Distance de l'extrémité du rostre au bord antérieur de la dorsale. ........ 0 570 
Hauteur dela dorsale Re A M ER OR D ARE o 100 
oncucurideldpectatale CAC RCE CR Re US Cr eEEREREER 0 190 
Largeur de larcaudale d'unepointe a l'autre... 40 met RE à 0 340 


DIMENSIONS DE LA TÊTE OSSEUSE 


L'oneueuritotale retient EE Tone Pa CECILE 260 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales.. . 140 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires. ................. 410 —_— 


Largeur de la tète entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 150 — 








— ]69 — 


Largeur du rostre à sa base. ............................... 70 millimètres. 
Largeur du rostre à sa partie MOYENNE. ...................... 9) — 
Longueur de la mandibule. ................................ 195 — 
Longueur de son bord alvéolaire............................. 105 _— 
Longueur de la symphyse. ............... ER RUSSE RING 25 -- 
Hauteur du crâne. ....... D AS Lbete eco SRE de UE PA — 


Formule dentaire : ——— 


C. — Individu femelle, pris à Arcachon, le 12 avril 1870. 

Coloration. — Dos noir; flanes d’un gris de fer jaspé de blanc; 
abdomen d’un blanc un peu grisâtre; pectorales noires; une 
ligne noire, très étroite, part de leur attache et se dirige vers la 
commissure labiale: rostre noir; dorsale portant à son bord 
antérieur neuf tubercules plats, de la largeur d’une lentille 


(Lafont). 
DIMENSIONS 
Fongueur totale... :,............ me ee: ir duemach .. 1630 
Distance de l'extrémité du rostre à la commissure. ..... RE IDE DES 0 120 
Distance de l'extrémité du rostre à la pectorale. ....... er no. (Doll 
Distance de l'extrémité du rostre au bord antérieur de la dorsale......... 0 720 
Longueur de la pectorale. ..................... ED eo EL 0 230 
Largeur de la caudale d'une pointe à l'autre.................. de deReiae 0 350 
DIMENSIONS DE LA TÊTE OSSEUSE : 

PONSUEUDIOIAIGR eu eee eee ecideicetes 270 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. .... . 150 — 

Du bout du rostre aux entailles maxillaires. ............... ; 120 — 
Largeur de la tête entre les apephyses post- -orbitaires du Font 160 _ 
Largeur du rostre à sa hase. ............................... 80 — 
Largeur du rostre à sa partie MOYENNE. .............+-........ D) — 
Longueur de la mandibule........................ soude Sous A — 
Longueur de son bord alvéoluire. ................ et ta 105 — 
Longueur de la symphyse.................................. 25 - 
HAUTEUR AUICrANE AE Rec TU Ne eee SPL 130 — 

A 26 — 1 — 1 — 25 

Formule dentaire : ET ONE 


D. — Femelle, très adulte, nourrice, prise au Bec-d'Ambès, le 
18 août 1868 (musée de Bordeaux). 


DIMENSIONS : 


Longueur totale. ............................ 1m$60 
Du rostre à la commissure labiale.............. 0 130 


DUPLOS (Te EL RIRE ER E CERN C EE CITE 0 185 


NC 

DuirOS (Te AN ÉVENtT ee Om185 
Du rostre à la naissance de la pectorale......... .0 365 
Du rostre au bord antérieur de la dorsale... ..... 0 730 
Du rostre au bord postérieur de la dorsale. ...... 1 850 
Jarceurdeladornsaleatla base. "#07 0 320 
FAUTCUMTCTATOLS EPP RE 0 170 
HONGHEURelAIDECIONAIG EE ER ERE ER ER RERS 0 230 
CERN ENNNEMOANESS 0 88066 e 06 0 soo00 00 0 090 
Largeur de la caudale, d'une pointe à l'autre..... 0 490 
GIRCONIENENCEMOIAI EE RE PTE PP TERRE CEE 1 400 


Mèchoire inférieure dépassant la supérieure de 3 à 4 millimè- 
tres au plus; évent à concavité en avant, large de 45 millimètres. 

Bord supérieur de la dorsale pourvu de vingt-trois petits tuber- 
cules granuleux. À 7 centimètres en arrière de la dorsale, se 
montre une petite élévation; et, à 13 centimètres en arrière.de 
cette élévation, il y en a une seconde, de même grandeur. 

Animal noir en dessus du rostre, ainsi que sur le dos, la dor- 
sale et la caudale: noir gris de plomb sur les flancs; blanc sous le 
ventre et la mâchoire inférieure, excepté au bord de la mâchoire 
inférieure qui est grisâtre. 

Le bord spinal de l’omoplate est paralièle à la quatrième côte. 

Le mäxillaire inférieur dépasse le supérieur de 5 millimètres. 

Vertèdbres : C. 7. — D. 13. — L. 16. — C. 26. — 62; peut-être 
manque-t-il deux vertèbres caudales. Sur les vingt-six caudales, 
seize ont des os en V. 

Les six premières cervicales sont soudées par le corps; les 
trois premières par les apophyses épineuses, ainsi que les trois 
suivantes; les six premières par les apophyses articulaires. 

Les apophyses articulaires des huit premières dorsales recou- 
vrent celles qui suivent. A partir de la huitième dorsale, les arti- 
culaires recouvrent celles des vertèbres placées en avant. 

Les apophyses transverses cessent à la quarante-sixième ver- 
tèbre, les épineuses à la cinquante-deuxième; à la quarantième, 
commencent les canaux de la base des apophyses transverses: 
vers la vingt-septième ou la vingt-huitième vertèbre, les lames 
des apophyses épineuses cessent de recouvrir ou d’embrasser 
le bord des apophyses épineuses suivantes. A partir de la cin- 
quante-quatrième, les vertèbres ont une forme de parallélipipèdes 
transverses. 

Treize côtes : quatre articulées directement avec le sternum 
par des sterno-costaux; les deux suivantes s’articulent avec les 


ee 


cartilages du xyphoïde; la septième s'articule avec le sterno- 


‘costal de la sixième, au milieu de sa longueur. Le premiersterno- 


costal est étroit. 

Les sept premières côtes ont une tête articulée avec le corps 
de la vertèbre antérieure. La treizième côte est suspendue à six 
centimètres de l’apophyse transverse. 

Les trois pièces du sternum sont soudées; pas de trou à la pre- 
mière pièce, mais un petit trou central à la troisième pièce. Les 
apophyses latérales de la première pièce sont obtuses, arrondies. 

Os hyoïde d’une seule pièce; cérato-hyoïdien très développé 
(3 centimètres 1/2 de longueur); os stylo-hyoïdien très arqué 
et très long. Hyoïde comparativement plus long que chez les 
Dauphins. 

Os du bassin longs de 12 1/2 centimètres. 

Cinq os au carpe : trois en avant, deux en arrière, plus un 
pisiforme très petit. 


Premier doigt formé de 3 articles. 


Deuxième —  — 6 — 
Troisième —  — T7 — 
Quatrième — — 4  — 
Cinquième — — 20 — 


En avant de l’orifice antérieur des fosses nasales, existe un 
tubercule limité en dehors par une forte gouttière correspon- 
dant à la suture des os maxillaire et intermaxillaire. 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 


ten MEN ME ocre noc trocdeeroicedbocoot 310 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... 180 _ 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires. .................. 145 — 
Largeur de la tête entre Les apophyses post-orbitaires du frontal. 180 — 
PAT eNRIUEROS ITeANSANDAS CARRE EE PC er ete 88 — 
Porceundurostresaparnie MOYENNE ARE EC ee re 79 = 
FONSUEUAAeMAMMANAIDUIC ERP EP EEE ce 240 — 
Foncier delSOnDord AINéDIARe EEE RE Creer 115 — 
Longueur dela symphyse mandibulaire..... "2... 25 — 
HUTSU AU ANE PER EE Re eee 140 -— 
28 — 28 
Formule dentaire : 5 —;. 


A la partie moyenne de la voûte palatine. parait le vomer, sous 
forme de losange étroit et mesurant 60 miliimètres de longueur. 


— 168 — 


Marsouins de la Manche et de la Bretagne. 


Comme terme de comparaison, j'ai examiné deux squelettes 
en tres bon état du Marsouin de la Manche. Ils provenaient d'un 
mäle adulte et d'une femelle portant un fœtus presque à terme; 
ces Cétacés ont été pêchés au Tréport, le 31 décembre 1866. 


DIMENSIONS : 
Boncueurdusquelette dumale "#7" 1600 
Longueur du squelette de la femelle. ......... 1 430 
Ponsuéumdetantete dumale "Free 0 320 
Longueurndelartétendela femelle "re 0 260 


La mächoire inférieure dépasse la supérieure de 1 centimètre 
chez le mâle. 


\ 7 + Ê 24 — 1 — 1 — 24 
Caractères ostéologiques. — La formule dentaire est — 

« 24— 1 — 1 

pour le mâle, et ——— 


24 —19 





23 — 23 








— 24 a 
—— pour la femelle. 


Le crâne est plus symétrique que chez la plupart des Cétacés ; 
la voûte palatine est plane; le vomer y apparait dans sa partie 
moyenne, en arrière des intermaxillaires. et y dessine un losange 
très allongé. 

On compte sept vertèbres cervicales, quatorze dorsales, quinze 
lombaires et trente caudales, dont vingt-une avecos en V; total : 
soixante-six, pour le Marsouin mâle. Sept cervicales, treize dor- 
sales, seize lombaires, vingt-neuf caudales, dont dix-sept avec 
os en V; total : soixante-cinq, pour la femelle. 

Il se pourrait que la dernière côte n'ait pas été conservée sur 
le squelette de la femelle. 

Les cinq premières cervicales sont soudées par le corps, et les 
quatre premières par les apophyses épineuses (mâle); les sept 
cervicales sont réunies par le corps et les quatre premières par 
les apophyses épineuses (femelle); en réalité, les cervicales ten- 
dent à s'unir en une seule pièce. | 

Les sept ou huit premières dorsales ont leurs apophyses arti- 
culaires horizontales; l’antérieure recouvre la postérieure ; à par- 
tir de la neuvième ou dixième dorsale, les apophyses articulaires 
postérieures recouvrent celles de la vertèbre placée en avant. 








— 169 — 


Les apophyses transverses disparaissent à la quarante-huitième 
ou quarante-neuvième vertèbre; les apophyses épineuses, vers 
la cinquante-troisième ou cinquante-quatrième; la base des apo- 
physes transverses montre un canal longitudinat, à partir de la 
quarante-deuxième vertèbre. 

À partir de la vingt-septième vertèbre, les lames de l’apophyse 
épineuse cessent de couvrir le bord postérieur de l’apophyse 
épineuse qui suit. 

Les dernières vertèbres, à partir de la cinquante-cinquième, 
sont transverses, en forme de parallélipipèdes rectangles. 

Chez le mâle, on trouve quatorze côtes, dont cinq articulées 
directement avec le sternum, par l'intermédiaire du cartilage 
costal ossifié; la sixième et la septième se soudent au cartilage 
costal de la cinquième. 

Chez la femelle, les côtes sont au nombre de treize, dont quatre 
articulées directement avec le sternum; la cinquième s’unit à la 
pointe cartilagineuse du sternum, ainsi que la sixième; la sep- 
tième est unie au cartilage costal de la sixième. 

Les huit premières côtes s’articulent par leur tête avec le corps 
de la vertèbre qui est placée en avant. 

Le sternum a ses trois pièces soudées, la première est percée 
d’un trou; chez le mâle, une fissure se porte du trou au bord 
antérieur de la première pièce; et l’on voit aussi un trou au 
milieu de la deuxième. 

L'hyoïde n’est composé que d’un seul os, en forme de croissant; 
entre les os styliens et ses petites cornes existe un noyau osseux, 
où os sésamoïde, constant. 

Les os du bassin sont très développés chez le mâle, où ils 
atteignent 140 millimètres de long. Les corps caverneux sont 
loneæs de 550 millimètres, dimensions énormes relativement à la 
longueur totale du Cétacé, et qui donnent la proportion sui- 
ANCIENNE RS 

Chez la femelle, les os du bassin ne mesurent que 85 millime- 
tres; ils sont étroits, lécèrement arqués. 

L’acromion est large, subpentagonal; le coracoïde étroit et 
assez long. 

Le carpe est formé de trois os larges et irréguliers, pour sa pre- 
mière rangée; et de deux os, pour la seconde; un os extrêmement 
petit est placé entre l'extrémité inférieure du cubitus et l’os le 


PM Tee, VER EP OT CE 


— 170 — 
plus interne de la première rangée du carpe; c'est le pisiforme, 
qui est presque toujours détaché et perdu dans la macération. 

Les articles du premier doigt où pouce sont au nombre de 
deux; il y en a six ou sept au deuxième doigt, sept au troisième, 
quatre au quatrième, un ou deux au cinquième. Les premières 
phalanges du premier et du cinquième doigt ont une forme 
ambiguë, qui pourrait les faire considérer comme des os du 
carpe, aussi bien que comme des phalanges. 

Le squelette du fœtus à terme a soixante-neuf vertèbres : sept 
cervicales, dont les deux premières sont déjà soudées, quatorze 
dorsales, quarante-huit lombaires et caudales, dont vingt-neuf 
sans os en V, et dix-neuf avec des os en V. Les apophyses trans- 
verses cessent à la soixante-troisième vertèbre; les cinq premié- 
res dorsales ont leurs apophyses transverses recouvertes par 
ceiles de la vertèbre précédente. Les six premières côtes s’'articu- 
lent avec le sternum, par l'intermédiaire d’un cartilage costal; 
les sixième, septième, huitième et neuvième se rendent à un 
cartilage commun; sternum imperforé et composé de quatre piè- 
ces; acromion et coracoïde larges, dilatés à leurs extrémités. 

Le nombre des vertèbres lombaires et caudales diffère beau- 
coup de celui des adultes; mais on peut très bien admettre que 
les premiers os en V aient été perdus dans la préparation du 
squelette, ce qui augmente fictivement le nombre des lombaires. 

Une tête osseuse de Marsouin, provenant de Boulogne-sur- 
Mer (1), a les dimensions suivantes : 


ÉONSUC AIO LA CESR RP . 270 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ..... 150 — 
Du bout durrostre aux entailles maxillaires.. "un 120 — 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 460 — 
Largeur durostre à/sa base (aux entailles)... 70 — 
Largeur du rostre à sa partie moyenne... ........:"......., 60 — 
Ponsueuñndelamachorenniéneure er 205 — 
PONMEUrAeISONONdAIVÉOIAINE Er 105 — 
POnSUBURTENlASMMNDINSE PARA CR 25 — 
HAULEURTUICRANC OR ROMA ER RE EE An 120 — 


Enfin, un jeune Marsouin mâle, pris à Concarneau (Finistère), 
en avril 1880, a été envoyé au Muséum de Paris, où j'ai pu 





(1) Ces dimensions ont été prises par le D' Sauvage. 





— 171 — 


rendre ses dimensions, grâce à la complaisance de M. H. Ger- 
Cr =) Ë 
vais. 


DIMENSIONS : 


D'ONQUEURIOLAIE RE RR TR EP R R mectee 10450 
DUDOUAUMTOSTERANEIIEE SAR SRE Eee 0 160 
DUADOUR AUANOSITEAMANONVENTÉ ES NE PNR NE EE 0 165 
Du bout du rostre à la commissure labiale........... 0 115 
Du bout du rostre à la naissance de la pectorale...... 0 300 
Du bout du rostre au bord antérieur de l'aileron dorsal. 0 640 
Longueur de l'aileron dorsal à sa base. ............. 0 210 
Haut eUleNEAleTONIAOTSA ARR PERRET AREA O0 110 
Consueurdelanaseuire pectorale Re 0 170 
Largeur de la caudale d'une pointe à l’autre. ...... 02300 


Distance de l'anus à l'orifice du fourreau de la verge.. 0 260 


Le corps était noir en dessus, d’un gris-pâle en dessous. L’ai- 
leron dorsal ne portait que deux tubereules à son bord antérieur. 
La longueur de la verge, depuis l'extrémité du gland jusqu'à la 
base du bulbe, était de 420 millimètres. Les os pubiens, de forme 
arquée, mesuraient 90 millimètres seulement, mais l'individu 
était jeune par conséquent. Les organes génitaux et les pubis 


n'avaient atteint qu'un faible développement. 
— 1 — 26 


4 
25 — 25 





à 26 
La formule dentaire est 


Le Marsouin est très commun dans le solfe de Gascogne, où 
il se nourrit de petits poissons. D’après Lesson, il poursuivrait 
les Seiches, qui font, en avril, mai et juin, sa principale nourri- 
ture (1). Dans l'hiver, il remonte la Charente par troupes jusqu’à 
Saint-Savinien, à quarante kilomètres de l'embouchure du fleuve. 
On le voit souvent dans la Garonne, jusqu’à Bordeaux. En 1844, 





(1) « Étant, en 1813, sur le vaisseau le Régulus, dans le pertuis de Maumus- 
» son, entre l'ile d'Oléron et la Tremblade, un courant de la haute mer nous 
» apportait chaque jour, dans les mois d’avril et de mai, des milliers de Sèches 
» récemment privées de la tête et des tentacules. Des pêcheurs nous assurè- 
» rent que les Marsouins occasionnaient ce dégât, et qu'ils rejetaient le corps 
» à cause de l’axe calcaire qu'il contient. » (Lesson, Aist. nat. des Célaces, 
p. 185). —- Je crois que ces Céphalopodes sont détruits par les Grampus, qui 
paraissent S'en nourrir exclusivement, ainsi que les Globicephalus, les Ziphius 
et les Hyperoodons. L'estomac des vrais Marsouins ne contient que des débris 
de poissons. 


— 172 — 
un individu fut pris sur un bane de sable, dans la Dordogne, 
pres de Libourne (1). Les pêcheurs d'Arcachon donnent le nom 
de Marsouins aux Dauphins; ils appellent Powrquet (petit 
cochon) le véritable Marsouin; ils disent que ces Cétacés arri- 
vent par bandes, vers les mois d'avril et de mai; mais que leurs 
migrations ne sont pas absolument constantes. 

Une femelle de la Manche, que nous avons étudiée, a été prise 
pleine à la fin de décembre; une femelle capturée au Bec-d’Am- 
bès, en août, était nourrice; une autre femelle, pêchée à Concar- 
neau, à la fin de septembre 1869, portait un fœtus presque à 
terme (2). 

L'époque des captures de neuf individus des côtes océaniques 
de France est la suivante : 


10 16 mars 1872 (Arcachon). 6” {8 août 1868 (Bec-d'Ambès). 

20 4 avril 4868 — To Fin septembre 1869 (Concarneau). 
30 4avrit 1868 — £o 31 décembre 1866 (Tréport). 

49 avril 1880 (Concarneau). 9’ 31 décembre 1866 — 


50 12 avril 1870 (Arcachon) 


D'après Eschricht, le Marsouin entre au printemps dans la 
Baltique et en sort en hiver (3). 

Le peu de notions anatomiques que nous avons sur le 
Marsouin nous montre de grandes différences dans la formule 
vertébrale : 


CLR DA NL 16. 1000267762 (Bec dAmpbes) ee 
C7 — D. 13: — L. 16. — C. 29. — 65 (Tréport) 91 

C. 7. — D. 14. — L. 15. — C. 30. — 66 (Tréport) &. 

C: 7, — D. 14. — JL. C. 48. — (Tréport) fœtus. 


Au contraire, les squelettes de Marsouins de la Suède ont offert 


Mt rte lt Luxe 


à Malm (4) une remarquable uniformité dans le nombre de leurs 


vertèbres : 





(1) D’après Desmarets, on a pris des Marsouins, dans la Seine, à Paris: et 
dans la Loire, à Nantes. 

(2) Lettre de M. Van Beneden, du 22 novembre 1869. 

(3) Développement du questionnaire relatif aux Cétacés (Actes de la Soc. 
Linn. de Bordeaux, t. XXIL, 1859, p. 431). 

(4) Kongl. svenska Velensk. Akad, Handlingur, Band II, n° 2 (1870). 





— 173 — 


DDASS = C1 66 (Boluslan) 

.7. — D. 14. — L. 14. — C. 31. = 66 (Oresund) ?. 

TS D) AS PA CS C0 (Gotepore)Mer 

TR DES C2 66 (Gotebors) res ienne 
DA EE C2 66 (Gorebone)?e 


C 
C 
C 
C 
C 


Le squelette de Marsouin, d’après lequel Cuvier a donné la 
formule vertébrale, dans ses leçons d'anatomie comparée(l), à le 
même nombre de pièces osseuses : C. 7.—D.13.—L. C. 46. —66. 

Les cervicales se soudent diversement : 

Fœtus à terme : deux premières réunies. 

Mâle adulte : cinq premières soudées par le corps, et quatre 
premières par les épines. 

Femelle très adulte : six premières par le corps, et trois premie- 
res par les épines. 

Femelle adulte : sept par le corps, et quatre premières par les 
épines. 

La longueur du crâne de onze individus est de : 


320 millimètres (Tréport) 4. 260 millimètres (Arcachon) #. 

310 — (Bec-d'Ambès) ©. 260 — (Tréport) ©. 

295 — (Güteborg) 9. 256 _ (Bohuslan) 9. 

285 — (Arcachon) . 165 —— (Güteborg) Q jeune. 
270 — (Arcachon) ©. 92 — (Güteborg) très jeune. 
270 — (Boulogne). 


C’est donc un mâle dont le crâne atteint la plus grande 
longueur. De même que chez es Delphinus, les mâles sont plus 
rares que les femelles. 

La formule dentaire de huit individus des côtes de France est : 
DR 2809 7 08 07 — 27 97— 27.127126 25 —,25 "25 — 29 25 — 25 
21 — 24 23 — 923 96 26 925 — 25 24 — 24" 24 — 24 24 — 91 23 — 23 

Dans le chiffre des dents de la mâchoire supérieure, est 
comprise l’incisive, dont on ne peut pas mettre l'existence en 
doute. Elle est petite, étroite, dirigée en avant, presque hori- 
zontale, implantée sur l’intermaxillaire et séparée de la plus 
proche dent maxillaire par un espace notable (2). 














(1) 2e édition, vol. [, p. 1835, — Dans son ouvrage sur les Ossements 
fossiles, Cuvier donne une formule incomplète : C. 7. — D. 13, = CA 


60 (vol. V, p. 306). 
(2) Fischer, Sur la dentition du Marsouin (Bull. de la Soc Philom. de 
Paris, 1867, p.237): 


— 174 — 

La forme des dents du Marsouin est spéciale; la couronne est 
aplatie, élargie, spatulée. Le mode d'implantation n’est pas 
moins particulier, les faces de la couronne étant placées dans 
un plan oblique par rapport à celui des maxillaires. 

Le nombre des doigts est le suivant : 














SUÈDE ® 


_D'AMRÈ TRÉPORT € ) 
BEC-D'AuBÈS © |TRÉPORT G'|ITRÉPORT ? (8 individus) 















Premier doigt ....... 3 2 D 3 
Deuxième doigt...... 6 7 6 8 
Troisième doigt...... 7 6 7 8 
Quatrième doigt. .... | k 3 4 4 
| Cinquième doigt..... 2 1 2 3 




















ets =. = re Al rs LE. 








Je ne suis pas fixé sur la valeur des différences de colora- 
tion. La tête est plus ou moins noire, le ventre plus ou moins 
blanc, les flancs plus ou moins gris. 

Le bord antérieur de l’aileron dorsal est finement tubercu- 
leux, et c’est d’après ce caractère que Gray (1) à distingué deux 
espèces de Marsouins des mers d'Europe : la première Phocæna 
communis, dépourvue de ces tubereules, qui se montrent chez 
la deuxième : Phocæna tuberculifera. Mais, lorsque le cétologue 
anglais a voulu voir un Phocæna communis sans tubercules, il 
n'a pu en trouver(2). Camper a, le premier, attiré l'attention des 
naturalistes sur cette disposition de l’aileron dorsal (3). 

Le nombre des tubercules de la dorsale est variable; nous ne 
le connaissons que sur quatre individus, où l’on en compte vingt- 
quatre, vingt-trois, neuf et deux. Une femelle très adulte, outre 
l’aileron dorsal, portait sur le dos deux petites élévations en 
arrière. 

La pêche régulière du Marsouin ne paraît pas avoir été faite 
sur notre littoral ouest de la France; dans la Manche, au con- 





(1) Proceed. of 2001. soc. London, 1865, p. 320. — Catal. of Seals and 
Whales, 25 éd., p. 304. 

(2) Cat. of Seals and Whales, p. 402 : « Several Porpoises caught on the 
» Coast of England have been lately examined, and they all have spines or 
» tubereles on the upper edge of the dorsal fin. The specimens without these 
» spines are desiderata. » 

(3) Hist. nat. des Célacés, p. 142. 


eV FAT TR 


— 1795 — 
traire, l'abondance de ces Cétacés la rendait très productive. Les 
pêcheurs s'étaient réunis en société (societates wwalmannorum), et 
des madragues à Marsouins appelées «vasces » (vasceæ) étaient 
établies sur toute la côte de Normandie, depuis la Brele, dont 
l'embouchure est au Tréport, jusqu’à l'embouchure du Coues- 
non (1). 

Une foule de titres, du dixième au quatorzième siècles, sont 
relatifs aux droits de pêche du Marsouin(2). Les pêcheurs de la 
Seine apportaient ces Cétacés jusqu'à Londres (3). Le commerce 
de la chair et du lard était considérable; la chair fraîche se ven- 
dait sur tous les marchés(4); salée ou séchée, elle était exportée. 
L'huile servait à l'entretien des lampes des églises (5). 

Le mot Marsouin [maris sus) paraît très ancien; Rondelet 
donne aussi à ce Cétacé le nom de uwrsio(6), et Duhamel celui 
d'Ouette (7). 

Belon a eu l’occasion de voir un grand nombre de fœtus de 
Marsouins; au seizième siècle, on expédiait à Paris des quantités 
de ces animaux, et lorsque les femelles étaient pleines, on jetait 
leurs petits dans la rivière. Belon nous apprend «qu'il a toujours 





(1j Noël, Hist. générale E Pêches, 1815. 

(2) Noël, loc. cit., p. 236, 237, 249. — Convention passée en l'an 1098 ow 
environ, entre l'abbé de ue Fronn de Caen, et celui de la Sainte-Trinité 
de Fécamp, qui règle la manière dont leurs vaisseaux respectifs feront à 
Dive la pêche de l'Esturgecn et du Marsouin (Ex Cartulario Abbatiæ Sancti 
Stephani de Cadomo, fol. 54). Extrait de l'état des droits des barons 
normands dressé sous Henri En roi d'Angleterre et duc de Normandie, en 
1155 où environ, par forme d'enquête relative à la pêche du Marsouin (Bi- 
bliothèque de Paris, Mss. de Notre-Dame, E. 8). 

(3) Disposition des lois d'Ethelred IT, roi des Anglo-Saxons, en 979, d’ aprè 
laquelle les bâtiments de la ville de Rouen, qui portent du Marsouin à To 
dres, sont exempts du droit de tonlieu (Historiæ Anglicanæ scriptores decem, 
I, Brompton chron. 197). 

(4) Règlement pour le marché de Rouen, en 1363. 

(5) Chronique de l'abbaye de Jumièges, où l'auteur fait remarquer qu'on 
pèche dans la Seine des poissons de 5 pieds de long, dont l'huile sert à 
l'entretien des lampes de l'autel (Mabillon, ann. Benedict. 1, 432). — Un 
ütre du douzièm2 siècle confirme aux moines de Jumièges le privilège de cette 
pèche (Dugdale, Monast. anglic., II, 977). 

(6) De Piscibus, p. 474 (1554). 

(7) Traité des Pesches, 2° partie, p. 42, pl. x, fig. 7-8. 


— 176 — 
» eu soin de recouvrer les petits qu'on apportait aux halles... Un 
» vendredi du mois de mai, il en a vu jusqu'à quatre» (1). 

C’est en examinant ces fœtus, qu'il a découvert leurs mousta- 
ches; mais il a émis à ce sujet une appréciation erronée : 

« Les petits ont une marque mémorable qui est un enseigne- 
» ment de leur sens d'odorer; c'est que, aux deux côtés de la 
» lèvre d’en haut, assez près de l'extrémité du bec, ils ont des 
» poils de barbe qui sortent hors la peau assez longuettes et 
» durs comme soie de cheval; lesquels poils ne sont pas en l’un 
» comme en l’autre, car l’'Oudre en a quatre de chaque côté et le 
» Marsouin n’en a que deux » (2). 

L'opinion de Belon a été partagée par Klein (3), qui a donné une 
bonne figure d'un fœtus de Marsouin, long de 20 pouces 1/2. De 
chaque côté de la mâchoire, existaient deux cryptes pileuses qu'il 
désigne sous le nom de zares ! 

Camper(4) et plusieurs autres anatomistes n’ont vu que deux 
poils à la moustache du Marsouin. Sur un fœtus de Cétacé, long 
de 20 centimètres, conservé au musée de Rochefort et étiqueté 
Phocæna commaunis, j'en ai compté six; mais la détermination de 
l'espèce est probablement inexacte. 


@Bsea. Rondelet. 
15. Orca Duhameli, Lacépede. 


Cachalot d'Anderson, Duhamel, Traité général des Pesches, t. IV, 
2epartie, sect. 10, p.39, plax te. T(l7 707), 

Delphinus Duhameli, Lacépède, Hist. nat. des Cétacés, p. 314 
(an XII). 

Orca Schlegeli, Lilljeborge, On the scandin. Cetacea (Rec. mem. on 


the Cetacea, Ray Society, p. 235, 1866). 





(1) L'Histoire naturelle des estranges poissons marins, livre Il, p. 43 
(1551). 

(2) Loc. cit., p. 40. 

( 


\ 
4 


4) Obs. anat. sur la structure des Cétacés, pl. XLv, Lt et Li (1820). 


— 177 — 

? Orca latirostris, Gray, Proceed. zoo. soc. London, 1870, p. 76. — 
Gray, Suppl. to Catal. of Seals and Whales, p. 91 (1871). 
Orca minor, Malm, KXongl. Svenska Vetensk. Akad. handl., 

1870WD-281 
Orca Duhameli, Fischer, Journ. de zool. de Gervais, t. V, p. 148 
.€t 150 (1876). — Souverbie, Actes de la Soc. Linnéenne de 
Bordeaux, t. XXXI, p. 61, pl. 1 (1876). 
Orcu gladiator, Van Beneden et Gervais, Ostéogr. des Cétacés, 
p- 538, pl. XLvVuUI ef LXVIX (pars). 


L'individu étudié récemment et avec beaucoup de soin par 
mon ami Souverbie, était un jeune mâle, capturé dans la 
Garonne, à Lormont. vis-à-vis la rade de Bordeaux. le 
11 juin 1876. 

Voici ses dimensions : 


PONSUCURALOIAIC ARE AE er Caen Un ie ous 3250 
CIRCONTÉTEN COMENT ee nn nd ne ete te Ne te AP en 2 150 
De l'extrémité du rostre à la commissure labiale............... 0 380 
DeltexinéniteuenOSILe AMEN REP PER Re nel 0 410 
De ReXOneMILe AIT OSITER A NÉ VEN TE ET A CR 0 470 
De l'extrémité du rostre au bord antérieur de l’aileron dorsal... 1 480 
De l'extrémité du rostre à la base de la nageoire pectorale..... 0 800 
Largeur de la nageoire caudale d’une pointe à l’autre. ......... 0 800 
Poneueurdedaleron dorsalaisa base PE Reco 0 100 
HATLEUMAeAAIL EL ONE TONSAE RE ER ne 0 370 


Corps d'un noir luisant en dessus ; gorge, abdomen et mâchoire 
inférieure de couleur blanche, ainsi qu'une tache transverse, 
post-orbitaire, triangulaire, mesurant 33 centimètres dans son 
plus grand diamètre. 

Tête obtuse en avant; nageoire pectorale dilatée vers son 
extrémité, courte ; aileron dorsal situé vers la moitié de la lon- 
gueur du corps, falciforme et peu élevé. 

Le crâne a tous les caractères du jeune âge. Les dents sont 
creuses. 


DIMENSIONS DE LA TÊTE OSSEUSE : 


ÉDNGUEURLOLALE RSR NT PMR Cane drame ne eee meta ne lee ee 730 millimètres. 
Largeur entre les apophyses zygomatiques des temporaux........... 445 — 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales........... 450 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires........................ 308 — 
DANCE UMAURLOSIONAESANDASE Eee ne eee eee ue . 200 — 
LATSeURIAUTOSITeE ISA DARTIEEMOYENNC 2... rss 195 — 


Doncueur de la mAChOIMENNIÉTICURC. 2 ee Cie 510 millimètres. 
oneueur deson /DOrd'alMÉOlRITO PRET EE RER EE ET er 255 — 
FongueuridenlAfSYMNDAYSE ER RE EPA EEE RE CR RNCS e eee er 140 — 
Largeur des intermaxillaires au niveau des entailles................ 108 — 
Largeur des intermaxillaires à la partie moyenne du rostre......... 72 — 
Largeur des intermaxillaires en avant, au niveau de la quatrième dent. 90 — 

44 — A 


Formule dentaire : =——=. 


Cinquante-une vertèbres : sept cervicales, dont les deux pre- 
mières complètement soudées, et la troisième partiellement aux 
précédentes, onze dorsales, dix lombaires, vingt-trois caudales (1). 

Onze côtes : la onzième flottante; les cinq premières ayant une 
tête et un tubercule: sternum composé de six os disposés en 
trois séries de deux. 

Les os du carpe et des phalanges sont presque cartilagineux 
et il est impossible de donner leur formule. D'après Lilljeborg. 
le nombre des phalanges de l’'Orca Schlegeli est de : 


Premier doigt 1 


Deuxième — D 
Troisième — 2) 
Quatrième — à 
Cinquième— 1 


et celui de l’Orca gladiator est de : 
Premier doigt 1 


Deuxième — 6 ou 7 
Troisième — 4 
Quatrième — 3 
Cinquième— 1 


Les os du bassin du squelette de Bordeaux ne sont pas conser- 
vés: Eschricht les a figurés d’après les individus mâles et 
femelles (2). Chez les mâles ils sont beaucoup plus développés. 








(1) La formule vertébrale du squelette d’un Orca mâle, échoué à Ostende, 


est: C. 7. — D. 11. — L.9.— C. 23; celle d'une femelle de même prove- 
nance est : ©. 7. — D. 11. — L. C. 33 ; enfin celle d’un jeune mäle d'Ostende 
est : ©. 7. — D. 11. — L. C. 33. — Les trois ou quatre premières cervicales 


sont soudées complètement ou partiellement, d'après Van Beneden. 

(2) Leur longueur, chez un mâle de 6 m. 54 cent., est de 11 pouces 1/2; et, 
chez un mâle de 7 m. 12 cent., de 10 pouces 1/2. — Chez la femelle d'Ostende, 
de 5 mètres environ, conservée au musée de Gand, les os du bassin n’ont que 
12 centimètres de longueur (Van Beneden). 





— 179 — 
fait que nous avons constaté en examinant ceux du Marsouin, et 
qui est d’ailleurs en rapport avec la taille énorme des corps 
Caverneux. 

Duhamel, au siècle dernier, a décrit et figuré cette espèce 
d'après les documents qui lui ont été envoyés par Desforg'es- 
Maillard. Cet observateur a étudié un jeune individu mâle, qui 
se montra de mai à juillet dans le canal qui conduit au port de 
Vannes (Morbihan). Quoique atteint de plusieurs coups de feu, 
ce Cétacé survécut longtemps à ses blessures. 


DIMENSIONS : 


ONÉUEUTATO Al RER ee Re ee ann de Nr 616 
ET ISS RER RP Re PS PE tee AR ne See NU ou CPE Ne de anse 0 74 
ÉOT PP R S E  E 4 02 
DiAMene MANS VENSEITeMAICAUTALE PEER ER 1 34 
Moneueur de dlANCautale sem REC UD ADS DEEE 0 48 
Distance du bord postérieur de l’aileron dorsal à la racine de la caudale. 2 27 
Dianretteldelanle an AONSALANSAIDASE PRE Er 0 74 
Longueur du bord antérieur de l’aileron dorsal. ....................... 0 91 
DiSTANCE QUO ITOMANEIIERE ER Te Tr eee NN CC À 43 
DST OS PRENOM O MEN PE RE PER TR Ne RE Ne ane 0 32 
De l'évent au bord antérieur de l’aileron dorsal. :..................... 2 
Diane re de VeNTREee - en R e ne AL R ON LP nine Aie etais 0 09 
DHBroS Me MI ACOMMISSULEMADIAlE EE EE Eee ee Creer 0 59 
Éoneneurideslaipectoralo Res emore ententes nine ects SRE ES 0 97 
Pareeundenappectorale ee ere nor moines nec ete 0 48 

9 49 

Formule dentaire : =. 


Les dents avaient 5 centimètres de longueur. 

La partie supérieure de la tête, le dos, l’aileron dorsal, les pec- 
torales étaient de couleur noire; la mâchoire inférieure, la gorge 
et le ventre blanes. La caudale était blanchâtre. Une large 
tache blanche, allongée, se montrait en arrière de l'œil. 

Le musée de Boulogne-sur-Mer possède une tête osseuse 
d'Orque, prise sur le littoral de la Manche, et dont voici les 
dimensions (1) comparées à celles du crâne décrit par Cuvier, 
et dont la provenance n’est pas indiquée (2) : 





(1) Elles m'ont été communiquées par mon collègue le D' KE. Sauvage. — 
Ce crâne est figuré dans l'Ostéographie des Cétacés, pl. x1ix, fig. 1. 
. (2) Oss. foss., vol. V, p. 297, pl. xxir, fig. 3-4. — Ce crâne est aussi 
représenté par Lacépède, pl: xvr. 


— 180 — 


BOULOGNE | CUVIER 














Longueur totale 2e nce comme ee cel cel ete oi ee Om820 | 0880 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales........... 0 560 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires ....................... 0 450 | 0 450 
Largeur de la tète entre les apophyses post-orbitaires du frontal. ....| 0 550 | 0 570 
M'ANSEUTEAUENOSENE AS AND ASC RP ERP EEE TR RER 0 270 | 0 270 
Margeuridurrostre as4 PanteMOYENNe. ee 0 250 | 0 250 
MONTE elAEMACHOMENNIETIEUTE ee 0 710 | 0 710 
MOneUeurdeSOnDorAMAIVeLlAITe RE PRE RL 0 350 | 0 360 
MONnSUEUTACNAISYMDNYSE EEE en ren Fate Nr e 0 460 | O0 450 
HAUTEUR AU CTAN CE Se eee ce eee le RD TR ct OI Te 0 400 
; 11 — 41 
Formule dentaire : Heure 


Un autre crâne d'Orque capturée sur les côtes de la Manche. 
au siècle dernier, est représenté dans le Portefeuille de Dicque- 
mare (1). Les intermaxillaires sont très dilatés en avant et le 
rostre est court. 

Enfin on doit considérer comme un Orca, le Cétacé échoué à 
Plélan, sur les côtes de Bretagne, le 19 juillet 1864, et dont la 
taille a été évaluée à 7 mètres. Il avait le ventre blane, le dos 
noir et deux taches blanches sur le cou. Ses dents étaient très 
usées (2). 

L'Orque paraît avoir été connue des anciens. C’est l’Aries mari- 
nus de Pline (3) qui vivait sur le littoral des Santones (Sainton- 
seois), dans le golfe de Biscaye. On l’appelait Bélier de mer, à 
cause de la forme de sa tête et de la présence d’une tache blan- 
che, située en arrière de l'œil. 

Rondelet l'a nommée Orca où Espaulard. Le nom d’Épaulard (4) 








{1) Ce crâne paraît provenir d'un individu adulte. Les intermaxillaires sont 
tres étroits à leur partie moyenne; mais le rostre est, dans son ensemble, assez 
court. Outre le crâne, Dicquemare a représenté la région cervicale, l'omoplate, 
une côte, le sternum et l'hyoïde Ces deux dernières pièces paraissent synos- 
tosées,. 

(2) Van Beneden, Ménotre sur les Orques observés dans les mers d'Europe, 
p. 24, 1879. 

(3) «In Santonum littore arietes candore tantum cornibus assimilatis », 
Pline, livre IX, ch. v. — Voir Cuvier, Oss. foss., vol. V, p. 282. 

(4) Cuvier pense qu'Épaulurd est une altération de peis au lard. (piscis ad 
lardu). 


— 181 — 


serait saintongeois. Les mœurs de ce Cétacé étaient connues au 
seizième siècle; Rondelet dit qu'il mord les Baleines, et que les 
pêcheurs se gardent de le harponner, parce qu'ils ont remarqué 
qu'il poursuit les Baleines et en facilite la capture. 

La destruction de la Baleine des Basques a éloigné l’'Épaulard 
du golfe de Gascogne où il n'apparaît que très rarement. Il est 
plus commun dans la mer du Nord. 

Le nom de Killer, donné à l’Orque par les pêcheurs anglais, 
indique suffisamment le régime alimentaire de ce Cétacé, que les 
anciens naturalistes ont qualifié de « Balænarum Phocarumque 
» tyrannus ». Dans l'estomac d'un Orca du Cattégat, Eschricht 
trouva treize Phoques et treize Marsouins plus ou moins di- 
gérées (|) 

Duhamel nous apprend que l’'Orque de Vannes poursuivait les 
Marsouins. Sur les côtes de l'Écosse, le Ailler dévore, en juillet 
et août, des quantités de Saumons. 

Nous avons quelques données sur la taille des Orques de nos 
. mers à l’âge adulte. En 1793, un individu, long de 31 pieds an- 
glais (9 m. 42 cent.), fut pris dans la Tamise, à Greenwich. Les 
dimensions de son crâne sont : 


PonsneurtolaleRRREr rene etre 1000 
Longueur du rustre........ AOC 0 569 
Longueur de la ligne dentaire..... 0 507 
Longueur de la mandibule........ 0 885 


L'Orque male de Scandinavie étudiée par Nilsson mesurait 
7 m. 125 millim.; son crâne atteint 1 m. 04 cent. de longueur. Le 
Cétacé du même sexe, provenant du Cattégat et examiné par Es- 
chricht, avait une taille de 6 m. 54 cent.; son crâne est long de 
98 centimètres. La femelle figurée par Schlegel n'avait que 5 m. 
10 cent. ; et celle qui a été capturée dans le golfe de Bohuslan, et 
représentée par Friesen, avait 3 m. 52 cent. de longueur totale ; 





(1) « The result was, that in the stomach were found, in a more or less 
» digested state, thirteen common Porpoises and thirteen Seals, to which, 
» however, a fourteenth, a very small one, must be added, which in its entire 
» state, though much decomposed by digestion, had slipped into the second . 
» stomach, perhaps not till after death » (Northen species of Orca, p. 159, 
Ray Society, 1866). 


— 182 
son crâne a 75 centimètres de longueur. Par conséquent, ce Cé- 
tacé était à peu près du même âge que celui de Bordeaux. 
Il est permis de supposer que l'Orque du nord de l'Atlantique 
peut atteindre 10 mètres de longueur. Cette taille est certaine- 
ment dépassée par les Orques des mers du Sud. 


Des diverses espèces d'Orca des mers d'Europe. 


La détermination des espèces européennes parait très difficile. 
D'après les formes extérieures on a décrit : 

1° Orca gladiator, Lacépède. — Aïleron dorsal très élevé, rap- 
proché de la tête. D’après Lilljeborg (1), sa formule dentaire est 


us et sa formule vertébrale : C. 7. — D.12. — L. 11. — 
C. 24 — 54. 

2° Orca Schlegeli, Liljeborg. —— Aileron dorsal moins élevé, 
aussi haut que long à sa base. 

Formule dentaire : . — a 

Formule vertébrale : C. 7. — D. 11. — L. 9. — C. 25. — 52. 

3° Orca Eschrichti, Steenstrup. —- Aïleron dorsal très élevé, 


ensiforme (2). 

D'après les crânes, Gray (3) distingue : 

1° Orca stenorhyncha, à rostre très long, à intermaxillaires 
étroits au milieu. 

2° Orca latirostris, à rostre plus court, à intermaxillaires un peu 
plus larges (4). 

L'Orca Eschrichti se rapproche, par la longueur de son rostre, 
de l’'Orca stenorhyncha, de Gray; mais ses intermaxillaires sont 
un peu plus dilatés en avant et plus rétrécis à leur partie 
moyenne (5). , 

Formule dentaire : 22 





42 — A1) 





(1) Scañdinavian Cetacea (Ray Sociely, 1866, e 232). 

(2) Northen species of Orca (Ray Society, 1866, p. 159). 

(3) Proceed. zool. soc. London, p. 71, fig. 1 et 2 (1870). Individu de 
Weymouth. 

(4) Le crâne figuré par Cuvier (Oss. foss., pl. xx, fig. 3-4) est le type de 
cette espèce. 


(©) Gervais, Ostéogr. des Cétaces, pl. XLvVIL, fig. 5. 


: 


T, 


— 183 — 


L'Orque de Bordeaux appartient à la forme nommée ©. Sczle- 
geli par son aileron dorsal peu élevé et par sa formule vertébrale. 
Son rostre est relativement aussi court et aussi large que chez 
l'Orca latirostris, Gray. Ses intermaxillaires, dilatés à leur partie 
antérieure, la différencient néanmoins du type de l'O. latirostris 
(D. orca, de Cuvier, Oss. foss., pl. xxn, fig. 3-4), représenté sur 
nos côtes par le crâne de Boulogne-sur-Mer. Les crânes d'Orques 
des côtes de Belgique (Van Bénéden et (rervais, Ostéogr., pl. xLIx, 
fig. 3) et de la Méditerranée (Ostéogr., pl. XLvHn, fig. 5) sont sem- 
blables à celui de Bordeaux (1). 

On arrive ainsi à distinguer, d'après le crâne, trois formes : 
1° Orca Eschrichti et stenorhyncha (rostre long, maxillaires 
étroits, intermaxillaires légèrement dilatés en avant, très rétré- 
cis à leur partie moyenne) ; 2 Orca latirostris (rostre court, maxil- 
laires larges, intermaxillaires à peine dilatés en avant); 3° Orca 
Duhameli (rostre court, intermaxillaires dilatés en avant). 

L'Orca Eschrichti (stenorhyncha, Gray) appartient aux mers du 
Nord: les ©. latirostris et Duhameli à Europe méridionale. 

Mais il ne faut pas oublier que les Orques d’Ostende, de Bor- 
deaux et de la Méditerranée, qui présentent les mêmes caracte- 
res sont jeunes; rien ne prouve qu'ils ne se transformeraient pas 
en ©. latirostris, en arrivant à la taille adulte. 

La coloration de l'Orque de Bordeaux est semblable à celle du 
Cétacé décrit par Duhamel; et sa formule dentaire est identique 
à celle du squelette d'Ostende, conservé au Musée de Louvain 
(C7: = Dell —L:10.—C.22 où 23 — 51 où 52): 

Les squelettes des Orques des musées d'Angleterre et de Bel- 
gique ont tous onze dorsales. 

Une jeune femelle de Bohuslan, capturée en décembre 1871 et 
décrite par O. Friesen(?), est identique par ses caractères exté- 
rieurs à l’'Orque mâle de Bordeaux. La tête osseuse (3) a un ros- 
tre très allongé, remarquable par l’étroitesse des intermaxillai- 
res dans toute leur longueur; son aileron dorsal, long de 325 mil- 





(1) Il en est de même pour le crâne d'Orque de la Manche, figuré par 
Dicquemare. 

(2) Ofv. af Kongl. Vetensk, Akad. Forh., 1872, n° 10, p. 3, pl. xu. 

(3) Ostéographie des Cétacés, pl. xuix, fig. 2 (d’après Friesen). 


— ISf — 


limêtres et haut de 295 millimètres, la range toutefois dans le 


groupe des Orques à dorsale moins haute que longue (1). 
13 


42 © 


# 


Formule dentaire : 





Le jeune individu d'Orque, présumée mâle et figurée par Van 
Beneden, d’après un dessin colorié de Van Cuyck, a la même 
forme des taches que celui de Bordeaux, mais le blanc est par- 
tout remplacé par du jaune (2). 

La comparaison des Orques de Bordeaux et de Bohuslan est 
très intéressante, parce que ces animaux avaient à peu près la 
même taille (3 m. 25 cent. et 3 m. 52 cent.); exactement la même 
apparence extérieure: presque les mêmes dimensions relatives 
de l’aileron dorsal (longueur 40 centimètres, hauteur 37, pour 
celui de Bordeaux; longueur 32, hauteur 29, pour celui de Bo- 
huslan), tout en différant de sexe. La tête osseuse du mâle de 
Bordeaux se rapporte à l'O. Schlegeli; et celle de la femelle 
de Bohuslan est plutôt voisine de celle des O. Eschrichti et 
stenorhyncha (3). | 

J'avoue que les résultats de cette comparaison nous laissent 
encore des doutes relativement à la légitimité des distinctions 
spécifiques proposées par Gray: nous n'avons pas encore assez de 
documents pour résoudre ces questions si ardues. 


Orca de la Méditerranée. 


L'Orque de la Méditerranée nous est connue par un crâne du 
Musée de Paris, figuré par Gervais (4) et provenant de Cette. Les 
intermaxillaires sont dilatés en avant comme chez les Orques de 
Belgique et de Bordeaux. 


à 5 1 
La formule dentaire est 


i 
12 * 








(1) L'Orque mâle de Cattégat, longue de 6 m. 540 millim., décrite par 
Eschricht, avait un aileron dorsal long de 885 millimètres et haut de 1 m. 
2959 nullim. Ce serait donc un véritable O, gladiator. 

(2) Loc..cit., pl. r. 

(3) Chez les Dauphins (Tursiops, Delphinus), le rostre du mâle est plus étroit 
et plus long que celui des femelles, Il semblerait que l'inverse existe chez les 
Orques, d'après l'examen des cränes de Bordeaux et de Bohuslan. 

(4) Zool. et paléont. françaises, p. 299, pl. xxxvnr, fig. 3-4, — Ostéogr. des 
Cétacés, pl. xzLvui, fig. 5. 


— 185 — 
Les dimensions de ce crâne, inférieures à celles du crâne de 
Bordeaux, prouvent qu'il appartenait à un très jeune Cétacé, dont 
la taille atteignait à peine 3 mètres. Les dents sont creuses et 


très minces. 


PONSUHEUNAOMAILÉLEMOSSEUSE EEE re de cr core 610 millimetres. 


Largeur entre les apophyses post-orbitaires du frontal... .... 3170 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires............... 300 -- 
AT UIAUIEOS LE ANS AN DAS PR ME A D re nec 160 — 
Largeur du‘rostre-a sa partie moyenne..:................ 160 — 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasiles... 350 — 
Poneueurdelamacnoire INTÉRIEUR EEE 02e 480 — 
POnBUEUNAeRAESNIDDINSCR EE RE Re CE ee ARE 145 — 


Gilohieerinalus. Lesson (emend). 


16. Globicephalus melas. Traill. 


Delphinus melas, Traill, Nichols. journ., vol. XXII, p. 81 (1809). 

Delphinus globiceps, Cuvier, Ann. du Muséum, vol. XIX, pL. 1. 
fig. 2 (1812). -- Cuvier, Oss. foss., t. V, l'° partie, p. 302. 
PÉSXL ip MS13;: 

Delphinus deductor, Scoresby. Arct. regions, T, p. 496, pl. x. 
fig. 1 (1820). 

Grlobicéphale conducteur, Lesson. Hist. nat. des Cétacés, p. 278 
(1828). 

(rlobiocephalus melas, Van Beneden et Gervais, Ostéogr., p. 558. 
DÉSERT 

Catodon Svincval, Lacépède, Cét., p. 216. 

Globiocephalus Svineval, Gray, Cat. of Seals and Whales, 
p. 314. 


Un seul individu a été indiqué sur nos côtes, par M. E. La- 
porte (1). Il fut capturé en 1846, par l'équipage de la tillole Pe- 
tite-Louisa, patron Dauris. En levant les filets de péougue, on y 





(1) Actes de la Soc. Linnéenne de Bordeaux, vol. XIX, p. 216 (1853). 


te 


trouva le Cétacé qui s’y était embarrassé. Sa longueur était de 
6 m. 55 cent.; le dos était gris noir et la tête formait une sorte 
de bourrelet. 

Le Globiceps, qui vit en grandes troupes. a échoué souvent 
dans la Manche et sur les côtes de Bretagne. Il est remarquable 
par sa tête très renflée, en forme de casque antique, sa colora- 
tion noire uniforme, la longueur de ses pectorales, ete. Son crâne 
est caractérisé par la largeur et l’aplatissement des intermaxil- 
laires. 

Sur un des individus capturés au Havre en 1856, et dont le 
squelette est conservé à Paris, on compte cinquante-sept vertè- 
bres : sept cervicales, dont les cinq premières sont soudées par 
les apophyses épineuses et les corps, et les deux autres ont leurs 
corps libres; dix dorsales; quatorze lombaires sans os en V: 
vingt-six caudales. 

A la trente-neuvième vertèbre, commence le canal des apophy- 
ses transverses; ces apophyses transverses s’effacent à la qua- 
rante-cinquième : à la quarante-huitième, plus d'apophyses épi- 
neuses, Les six premières côtes sont pourvues d'une apophyse 
saillante qui s'articule avec le corps de la vertèbre précédente ; 
les sept premières côtes s'articulent directement avec le ster- 
num. Celui-ci est composé de cinq pièces, dont l’antérieure est 
percée d'un trou arrondi. 

Humérus court; radius très large à son extrémité carpienne ; 
cubitus pourvu d’une apophyse coronoïde obtuse, large, bien 
développée. 





RSS 7 
Squelette Squelettes 
DU DE 


D'PS & € 0 SV 
Les phalanges sont au nombre de : HAVE AIR TNS 








BremendosEipouce) ere ere core rt HA en 5 4 4 
Deuxiemetoiet-escece-crmemecee ADO oran Re DE 11 19 | 42 
Troisième doigt.......... AUS Go Ben n PSOU ET ne 9 9 9 
Quatrième doigt........ DEA AUDE at Rs tie ee en 3 2 4 
CINAUIÈMEUDIE RER Re CC Rod nne 2 { 1 








L'animal était un mâle non adulte; les vertèbres n’ont pas 


leurs apophyses soudées. 


s 40, -— 10 
Sa formule dentaire est TT 


MON PUBURITOLALES PR le ere del RG Eee 670 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales...., 480 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires.................. 390 — 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 510 — 
L'ARSCURAQUATOSINE ARS ADAS CAN ER ME RER ES el ce 280 — 
Larseur dutrostre a "sa partie MOYENNE... 0... 1e: 220 — 
Largeur de la mâchoire inférieure........... UD OS EE 560 — 
Longueur du bord alvéolaire de la mandibule................ 155 — 
POnCUEUT AENASNMDNSEE ER RE ET 70 — 
Hauteur de la mandibule à l'apophyse coronoïde...,......... 170 — 


Les chairs étaient remplies de Cysticerques. Dans l'estomac on 
trouva une grande quantité de becs de Céphalopodes (Sénéchal). 

Duhamel (7raité général des Pesches, partie IT, sect. x, pl. 1x, 
fig. ») et G. Cuvier (Ann. du Muséum, t. XIX) ont figuré le Glo- 
biceps, d’après des individus capturés sur les côtes de France. Le 
plus connu de ces échouements est celui de Paimpol (Côtes-du- 
Nord), où, le 7 janvier 1812, soixante-dix individus furent jetés à 
la côte encore vivants. Sur ce nombre on comptait seulement 
sept mâles; douze petits étaient encore allaïtés. Le plus grand 
Cétacé de Paimpol était une femelle, dont voici les dimensions 
d'après Le Maout (1) : 


MONDUE MEDIA TOR nee SR ee idee ie see ie ee eu 6m170 
Circonférence du corps à la naissance de l’aileron dorsal.......... 3 248 
CiInCONTÉTENCEUe TAN EE RER EE Re nn A eee de nie cale 2 030 
De l'extrémité de la mâchoire inférieure à la commissure labiale... 0 538 
De l'extrémité du rostre à la naissance de la pectorale............ 1 1436 
Diamétre transverse deméventer. #2... RS ner ne 0 081 
BonseurtesMmASeoiTeSMECLOTAlES EE AR Re ce 1 678 
BonsuenmdendailerontdonsalasS An DaSe een 0 974 


Diamètre de la caudale, d’une pointe à l’autre 


Le mâle le plus grand ne mesurait que 6 mètres. 

La coloration était d’un noir uniforme, avec une tache blan- 
che sous la gorge, d'où partait une bande étroite, blanche, se 
dirigeant vers l’anus. 





(1) Rapport de Le Maout sur l'échouement de Paimpol, 1812. — Cuvier, 
Ann. du Muséum, vol, XIX, 1812, 


— 188 — 


Le nombre des dents variait de 9-9 à 13-13 à chaque mâchoire. 
Plusieurs des jeunes individus étaient dépourvus de dents, d’au- 
tres en montraient dix à chaque mâchoire. L'estomac des adul- 
tes contenait des débris de Sepra et de Gadus ; le canal intestinal 
était long de 40 mètres; il dépassait par conséquent six fois la 
longueur du corps. 

Les caractères ostéologiques donnés par Cuvier sont établis 
d'après un squelette de Paimpol, dont la formule vertébrale était 
C. 7. — D. 11. — L.C. 37. — 55, et qui comptait, par conséquent, 
deux vertèbres de moins que le squelette du Hàvre. 

Voici les dimensions de la tête osseuse de l'un des individus 
de Paimpol, envoyé par Le Maout, et celles d'un crâne paraissant 
très adulte et provenant de l'Islande (Muséum d'histoire natu- 
relle). 











EEE EME EME, 

PAIMPOL | ISLANDE 
ONCOULIOLTI EE NE ec nee eco moee tee ie 0m610 | Om710 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales ........... 0 410 | 0 520 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires®. 4... 0 320 | O 410 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal..... 0 430 | O0 530 
Pare eURidHITOS Re ISAIDASC ERP RTE CCC CE CEE 0 240 | O 280 
ParseundurostreAMSApartIEMMOYENNe. ee Ce ee 0 190 | O0 250 
PongueurdelamAChOMeNnIenEUTE ARE Eee eee Ce 0 490 
Longueur du bord alvéolaire de la mandibule...................... 0 160 
Éoneueurade lis YMDNYS EE ERRRE PRE ec Ee r Rte C CUT NOR 0 50 





La formule dentaire est 10 — 10, pour le premier; et 11 — 11, 
pour le second. 

Les dents sont caduques : leur nombre varie de dix à douze. 

La taille de ce Cétacé est de 6 à 7 mètres; une femelle de 
20 pieds de long, prise sur la côte de Belgique, portait un fœæ- 
tus de I'm. 70 cent. (1). Les jeunes individus de Paimpol, échoues 
avec leurs mères qui les allaitaient, mesuraient de six à sept 
pieds de longueur (2); et Watson (3) a vu des nourrices, en décem- 
bre,avec leurs petits longs de quatre pieds et demi (1 m. 36 cent.). 

Ce Cétacé est commun au nord de l'Europe et notamment aux 
iles Féroë où il est pêché régulièrement. 





(1) Van Beneden, Nouv. mem. de l'Acad. de Bruxelles, t. XXXII, p. 5. 
(2) La longueur des jeunes est fixée par Le Maout à 2 m, 436 millim. 
(3) Cité par Gray, Cat. of Seals and Whales, p. 315, 


— 189 — 


Du Chauderon. 


Pierre Belon (1) paraît avoir connu ce Cétacé, qu'il appelle le 
Chauderon, d'après la forme si caractéristique de sa tête : «Il a 
» dit-il, le dessus de la tête rond comme un chauderon renversé... 
» Du règne de François de Valois, en furent apportés deux à Pa- 
ris, dont l’un lui fut présenté à Saint-Germain-en-Laye, qu'il fit 
départir à ses Suisses ; l’autre qui était le plus gros fut distri- 
» bué au peuple, il fut trouvé peser neuf cents livres. Au demeu- 
» rant, quant au cuir, os et parties intérieures, ce poisson est du 
» tout semblable à la Baleine, reste qu'il n'a aucunes préten- 
» tures. » (2). 

Cette prétendue ressemblance avec la Baleine s'explique très 
bien quand on regarde la figure que Belon donne de la Baleine, 
figure toute de fantaisie et qui a plus de rapports avec celle d'un 
Dauphin qu'avec celle de tout autre Cétacé. 

Le Chauderon ne peut pas être un Twrsiops, espèce parfaite- 
ment décrite par Belon sous le nom d'Oudre. Il n’est pas davan- 
tage un Marsouin ou un Dauphin, animaux que Belon n'a pas 
moins bien connus. On pourrait penser à un Zyphioïde ({/ype- 
roodon, Ziphius, Mesodiodon où Mesoplodon), mais Belon n’eût 
pas manqué de parler du bec aigu si caractéristique de ces Ceéta- 
cés D'ailleurs, les échouements fréquents du Globiceps sur la 
Manche rendent très plausible l'interprétation que je donne du 
Chauderon (3). 

Au dix-septième siec.e, plusieurs Cétacés qualifiés de Chau- 
drons où Chaudons ont été jetés sur les côtes de la Manche. La 
publication récente du Manuscrit des curieuses recherches du 


Ÿ 


ÿ 





(1) La nature et diversité des poissons, p. 6, 1555. 

(2) Prétentures est ici synonyme de fanons. « Et ce qu'on appelle la côte de 
» la balène et dont les dames font aujourd'hui leurs bustes (buses)... c'est ce 
» que les latins appellent prétentures et qu'ils disent leur servir de mire et de 
» conduite dans l’eau. » (Belon, Loc. cit., p. 4). 

(3) M. Laisné (Journal l'Avranchin, n° 22, 2 juin 1867) fait dériver Chau- 
don de Catodon, et suppose que le Cétacé ainsi nommé était un Cachalot, 
mais cette opinion n'est passoutenable. 


— 190 — 


Mont-Saint-Michel fournit à ce sujet les relations les plus 
précises (1). 

Ainsi, le 7 août 1636, est indiquée la prise d’un gros poisson 
nommé Chaudon où Petite Baleine, échoué sur la grève entre le 
Mont-Saint-Michel et le rocher de Tombelaine. Les moines en 
retirèrent six charretées de lard et de viande, et ils donnèrent 
le reste aux habitants de la ville et des villages voisins. 

Le 24 juin 1646, fut pris, dans la rivière du Couesnon, un 
poisson long de 10 ou 11 pieds appelé Chaudron : « c'est une 
» espèce de Marsouin. Il diffère en ce que le Marsouin a le bec 
>» où museau pointu (2), et le Chaudron l’a rond et est tout noir, 
» et le Marsouin est d’une couleur ardoisine. Les moines du 
» Mont-Saint-Michel en firent saler beaucoup, et à présent il y en 
» a encore de salé en Ardevon. Les valets desdits moines en 
» étaient nourris les jours maigres. » 

La description sommaire de Chaudron « tout noir» et à 
museau rond, sa taille de 10 à 11 pieds (3 m. 50 cent.), permet- 
tent d'affirmer qu'il appartenait au genre (Globicephalus. 


Du Globiceps de la Méditerranée. 


Risso (3) a donné une figure du Globiceps de la Méditerranée. 
Il lui attribue des caractères qui indiquent une race ou une va- 
riété. La longueur est de 4 mètres; la coloration d’un noir bril- 
lant, avec une bande d’un gris sale s'étendant de chaque côté, de 
la gorge à l'anus. 


s SOA 40 — 100 
Formule, dentaire: == (pour 7). 








(1) Thomas de Roy et le Manuscrit des curieuses recherches du Mont- 
Saint-Michel, publié par E. de Robillard de Beaurepaire (Méin. de la Soc. des 
Antiquaires de Normandie, p. 662, (1876-77). 

(2) On remarquera, d’après ce passage, que, dès le dix-septième siècle, le 
nom de Marsouin était appliqué aux Dauphins (Tursiops et Delphinus). Les 
pêcheurs, sur une partie de notre littoral, ont conservé les mêmes traditions; 
pour eux, nos Delphinus sont des Marsouins. Le vrai Marsouin reçoit des 
noms variables suivant les localités. 

(3) Hist. nat. de l'Europe meérid.. t. WU, p. 23, pl. 1, fig. I. 





— 191 — 


En février 1864, une bande de ces animaux à paru, d'après 
Gervais, sur le littoral des Pyrénées-Orientales tb'wPEeur lon: 
œueur était de 14 à 17 pieds (4 m. 53 cent. à 5 m. 50 cent.). 

En 1869, une autre bande a été observée dans les mêmes pa- 
rag'es. 

Voici les dimensions de la tête osseuse d’un individu jeune de 
cette provenance : 


Longueur de la tête osseuse............................. 530 millimètres. 
Largeur entre les apophyses post-orbitaires du frontal "0e 340 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires.................. 270 - 
Largeur du rostre à sa base............................... 180 — 
Largeur du rostre à sa partie MOYENNE..............+...... 155 — 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales. ne (000 — 


La mâchoire inférieure manque; les dents sont tombées, et il 
est impossible d'établir la formule dentaire avec précision, à 
cause de l’état des alvéoles. 

Le 10 octobre 1867, on a capturé, sur la côte d'Italie, une fe- 
melle longue de 4 m. 25 cent. et qui venait de mettre bas (2). 
Enfin, M. Tramond m'a fait savoir qu'il possédait le squelette 
d’un Globiceps d'Italie qui a été recueilli par Panceri. 


Du Delphinus îeres. 


Je considère comme probable l'identification du Globicephalus 
melas avec le Delphinus feres, de Bonnaterre (3) et Lacépède (4). 

D'après la relation envoyée par un habitant de Saint-Tropez 
(Var), le 22 juin 1787, un navire venant de Malte fut entouré par 
ces Delphinus feres, qui se dirigèrent ensuite vers Île œolfe de 
Grumeau où l’on en tua une centaine. 

Le dessus de leur tête est convexe, très renflé au sommet; le 
museau arrondi et très court; une mâchoire n'avance pas plus 
10 — 40 


que l’autre. On compte à chaque mâchoire vingt dents CE 





(1) Comptes-rendus de l'Acad. des Sciences, 28 novembre 1864. 
(2) Journal La Science pour lous, 14 novembre 1867. 
(3) Cétologie, p. 27. 

(4) Cétacés, p. 312. — Frédérie Cuvier, Cétacés, p. 219. 


199 


arrondies à leur extrémité et dont la couronne porte un sillon 
longitudinal; la coloration est noirâtre; enfin la taille moyenne 
est de 5 mètres. Tous les détails conviennent au G. melas, ainsi 
que la réunion des individus en grande troupe. 

Les Orca et les Pseudorca, qui ont la même formule dentaire, 
ne voyagent pas en troupe, et d'ailleurs leur taille est plus 
élevée. 

Le seul caractère embarrassant est le sillon longitudinal des 
dents qui est exceptionnel chez les Globiceps, quoique je l’aie vu 
sur quelques dents d’un crâne des Féroë. 

En comparant la taille moyenne des Ÿ. feres (5 mètres) avec 
celle des Globicéphales de la Méditerranée (4 m. 50 cent. à 5 m. 
50 cent.), on constate que la race méditerranéenne a une taille 
inférieure à celle des mers du nord de l’Europe. 

Le squelette d’un D. feres a été conservé à Fréjus; d’après 
Bonnaterre, sa longueur est évaluée à 14 pieds (4m. 53 cent). La 
tête osseuse est longue de 60 centimètres et large de 46 centimè- 
tres, dimensions presque identiques à celles d’un Globiceps de 
Paimpol (longueur du crâne, 61 centimètres; largeur, 43 centi- 
mètres), et qui confirment l'interprétation que je propose pour 
leeres. 

Les plus grandes dents du feres mesuraient un pouce et quel- 
ques lignes de longueur, sur un demi-pouce de largeur (13 mil- 
limètres); or, ces faibles dimensions ne peuvent convenir à l'Or- 
que, puisque les dents d’un jeune individu d'Orca Duhiamelr, long 
seulement de3m.25 cent., ont environ 20 millimètres de diame- 
tre au collet et plus de 60 millimètres de longueur. Chez une Or- 
que de 5 mètres (taille du /eres), ces chiffres seraient bien aug- 
mentés. 

M. Van Beneden (1) identifie toutefois le feres avec l’Orque, 
en s'appuyant sur le caractère de la rainure des dents; mais 
cette rainure n'existe chez les Orques que sur la racine, tandis 
que chez le feres elle se montrait sur la couronne. 

Si le feres appartenait au genre Orca, on n’eût pas négligé de 
parler de la tache blanche si remarquable, placée en arrière de 
l'œil, et de la coloration blanche de l'abdomen, de la gorge et de 


(1) Mémoire sur les Orques observés dans les mers d'Europe, p. 7 (Mém. 
de l'Acad. roy. de Belgique, 1879). 








— 193 — 
la mâchoire inférieure. Dans la relation conservée par Bonna- 


terre il est dit expressément : « Zout le corps est recouvert d'une 
» peau fine et noïrätre.» 


Du Globicephalus Edwardsi. 


J'ai tout lieu de supposer que le Globicephalus melas se ve- 
trouve au cap de Bonne-Espérance. Un squelette du G/obicepha- 
lus Edoardsi, Gray. de cette provenance. et appartenant au Mu- 
sée de Bordeaux qui l’a acquis de Jules Verreaux, ne m'a pas 
présenté de différences appréciables avec le type européen (1). 
Ce Cétacé en chair. capturé en août 1831, était long de 3 m. 
50 cent. environ. 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 





Ponant totale RE EE EE ee Cet ee ocre 585 millimètres. 
Largeur entre les apophyses post-orbitaires du frontal. ...... 400 — 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales..... 410 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires.. ........:....... 310 — 
Largeur du rostre à sa base, d'une entaille à l'autre.......... 210 — 
Parce duos ire ANS DANICMONENTE eee 170 — 
Ponsuenmdenamandipule PPS NES 460 _ 
Dongueurndesonbordialvévlaire "ere. 150 _ 
PORUEMNTONASYMPNYSE ER EE EEE EE Re CCC 58 —— 
Hauteur dela-mandibule/Cn arrière..." 135 — 
Hauteur delaimandibule en Avant. NP 30 — 
HAU LE LEA CLAD EEE SN en die meta C 300 — 
La formule dentaire est : — = _ & 


Les intermaxillaires sont larges de 152 millimètres. au niveau 
de la paroi antérieure des fosses nasales: de 152 millimètres. au 
niveau des entailles maxillaires; et de 135 millimètres, à leur 
partie moyenne. Le palais est convexe et montre une petite por- 
tion des intermaxillaires, en avant seulement. 

La formule vertébrale est : C. 7 — D. 11 — L. 14 — C. 26 — 58. 
Les quatre premières cervicales sont soudées par les apophyses 
épineuses, ainsi que par les corps vertébraux, et par les apo- 





(1) Fischer, Note sur deux espèces de (rlobicéphales (Journ. de :00l., de 
Gervais, 1872, t. I, p. 273). 


— 194 — 


physes transverses: les suivantes sont libres: les lames de 
l’apophyse épineuse de la septième ne se touchent pas à leur 
extrémité. Le canal des apophyses transverses commence à la 
trente-huitième vertèbre; ces apophyses sont effacées à la 
quarante-quatrième ; les apophyses épineuses disparaissent à la 
quarante-huitième. Les os en V commencent à la trente-troisième. 

Le sternum est composé de trois pièces : l’'antérieure, percée 
d'un trou médian, est échancrée en avant et sur les côtés: 
la moyenne est très allongée, à bords échancrés; la postérieure. 
moins longue que la médiane, est percée au centre. Il y a 
cinq os sterno-costaux : les quatre premiers s’insérant directe- 
ment sur le sternum;: le cinquième sur un cartilage xyphoïde. 

Onze côtes : les six premières ont une double articulation 
comme chez le Globiceps du Havre. La dernière est plus courte 
que les autres. Stylo-hyoïdiens très épais. longs de 16 centimè- 
tres. : 

Le dessin de l'animal, qui m'a été donné par J. Verreaux. est 
semblable à celui des Globiceps de nos mers d'Europe. 

Il est donc probable que le G. melas se montre sur toute la 
côte ouest d'Afrique, jusqu'au Cap, et que le nom de G. Ediwardsi 
doit passer en synonymie. 

Le Globicéphale de la Nouvelle-Zélande (G. macrorhynchus. 
Gray) est distinct par la forme de sa tête. sa dentition (2) et 
surtout sa physionomie (1). Les angles des lèvres sont relevés en 
haut et ont une expression souriante, signalée par Bennett et que 
l’on retrouve parfaitement sur un beau vélin du Muséum, exécuté 
d'après un fœtus. 

Les Globicéphales de la côte Atlantique de l'Amérique du 
Nord me sont mal connus. Il me semble qu'on trouve sur le litto- 
ral deux formes : l’une probablement identique à notre G. melas ; 
l'autre, plus méridionale, semblable à l'espèce des Antilles (G. 
Guadeloupensis, Gray; G. intermedius, Gervais). 

En résumé, il existe au moins trois espèces de Globicephalus, 
dont deux dans l'Atlantique. 








(1) Gervais, dans l'Ostéographie des Cétacés, rapporte le Globicephalus 
Edioardsi, du musée de Bordeaux, au G. macrorhynchus; maïs je ne puis 
accepter cette identification que rien ne justifie, si ce n'est l'habitat dans les 
mers de l'hémisphère austral. 








— 195 — 


Cirrhipèdes parasites des Globicephaius. 


Steenstrup a découvert sur les Globicephalus un singulier 
Cirrhipède parasite qu'il a nommé Xenobalanus Globicipitis (1) et 
qui se rapproche des Tubicinella et des Coronula, tout en mon- 
trant une ressemblance extérieure fort remarquable avec des 
Cirrhipèdes pédonculés (Conchoderma). Lowe avait, de son côte, 
trouvé le même parasite, sur un Cétacé capturé durant la traver- 
sée de Madère aux côtes d'Angleterre, et qui avait été décrit par 
Darwin sous le nom de Siphonicella. 

Jusqu'à présent aucun observateur n'a signalé le Xerobalanus 
sur des Globicéphales des côtes de France. 


Grauagus. Gray. 


47. Grampus griseus, Cuvier. 


Delphinus griseus, Cuvier, Ann. du Mus., t. XIX, pl. 1, fig. 1. — 
Cuvier, Oss. foss., vol. V, 1" partie, pl. xx, fig. 1-2. 

Grampus griseus, Van Beneden et Gervais, Osféogr. des Cétacés. 
pe 902, nl ExIv: 

Grampus Cuvieri, Gray. Cat. of Seals and Whales, p. 295. 


À. — Vers le milieu du mois de juin 1822, quatre individus 
échouèrent à l’Aiguillon (Vendée), où ils furent étudiés par d'Or- 
bigny père et fils (2) : trois étaient adultes et mesuraient 10 pieds 
de longueur (3 m. 250 millim.); le quatrième n’atteignait que 
7 pieds et quelques pouces (2 m. 350 millim. environ). Leur colo- 
ration était d’un noir bleuâtre en dessus, et d’un blanc sale 
se fondant.sur les côtés avec le noir, en dessous. 





(1) Steenstrup, Vidensk. Meddel. Copenhaque, 1851. — Darwin, Bala- 
nidæ, p. 438, pl. xvni, fig. 4 (1854). 
(2) F. Cuvier, Hist. nat. des Cétaces, p. 184. 


| : | ne " : : Cd . Je 
e + 5 44 — 196 — L : 


| L ET 


DIMENSIONS D'UN INDIVIDU ADULTE : 





Hauteur de l’aileron dorsal (perpendiculaire à sa base)...................... 
Longueur du bord antérieur de l'aileron dorsal.................... Re 
Darseurdelamnageninedeaudale. te Tree en e reneecre Eten 5 
Longueur desimageviresipectorales (M) RER EE Re Rec ee ce 
Distance de l'extrémité de la mâchoire inférieure à ia naissance de la pectorale. . 
Distance de l'extrémité de la mächoire supérieure à l'évent.................... 
DianmétremelŒlsérsetrervereer-nencee Caen eee Nr ER EC CLS 5e 


Les crânes de trois de ces individus sont conservés dans les 
musées de Paris et de la Rochelle. = 


DIMENSIONS DES TÊTES OSSEUSES : 














Paris Paris 
PONCUEUTILO IAE RE RE Rene cr ER CET EC 0485 | Om474 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales....| 0 302 | 0 290 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires................ 0 240 | O0 230 
Largeur de la tête entre les apophyses post-orbitaires du frontal! 0 320 | 0 300 
TACBeUTAAUIMOSITE A ISA NDASE LS Se eee rue -cceece cc 0 185 | 0 180 
Larseur-durostre à sa partie MOYENNE... 0 430 | 0 124 
Longueur du bord alvéolaire de la mandibule ............... 0 054 


TI DL D D RE 
et ; ledernier 








Le nombre des dents est de —,:—; et, 


chiffre est celui du jeune individu, long de 7 pieds environ. 7 5 
EU | e 
B. — Individu adulte échoué sur les côtes de la Gironde, à = 
Cazeaux, le 12 avril 1844. Longueur : 10 pieds environ (3 m. & 

330 millim.). Le squelette n’a pas été conservé. M. Laporte, quia Te 
mentionné le fait, ne donne pas d’autres renseignements (2). 


€. — Individu jeté sur la côte, en dehors du bassin d’Arca- 
chon., entre le Ferret et le poste de douanes de la Garonne, le 
22 juillet 1867. Le squelette est au musée d'Arcachon (3). 








(1) Cette dimension est énorme. Est-elle bien exacte ? 
(2) Actes de la Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1853, t. XIX, p. 215. 
(3) Fischer, Ann. des sc. nat., 1868. 


NT Te 








— 197 — 

L'animal était un jeune. mâle; les vertèbres sont encore épi- 
physées. Le corps est de couleur noire sur le dos et sur les 
flancs, blanche en dessous autour des parties génitales et de 
l'anus, d’un blanc teinté de gris de fer en avant de la verge, 
blanche enfin au niveau et en avant de la base des nageoires 
pectorales. Le dessous de la tête et du cou est d’un gris-noirâtre, 
marbré de taches blanchâtres, terminé en pointe noire, dirigée 
vers le thorax; le dessus de la tête, le bord des lèvres sont ég'a- 
lement marbrés de blane sale. Les nageoires pectorales, caudale, 
et l’aileron dorsal ont une coloration noire, uniforme. 

La tête est arrondie, plus globuleuse que celle du Marsouin. 
moins élevée que celle du Globiceps; la bosse céphalique est 
constituée par un lard très dense, ferme, mais moins blanc que 
celui des nageoires et de l’aileron dorsal; l'épaisseur de la cou- 
che de lard de la tête est de 15 centimètres. L’aileron dorsal ne 
contient qu'une lame de lard. L'animal était relativement maï- 
gre, ce qui s'explique par son état de maladie. 

La queue est forte, munie d'une carène médiane en dessus et 
en dessous. 


DIMENSIONS : 
OU AL OIAIE Us Len CD opel Ve nue 2800 
De l'extrémité de la mâchoire supérieure à la naissance de l’aileron dorsal... ... 1 230 
Hauteur de l'aileron dorsal..........................................e.se. 0 280 
Largeur de l'aileron dorsal à sa base.....................................:. 0 380 
Largeur de la nageoire caudale..........................4................ 0 600 
Longueur des nageoires pectorales......................................... 0 490 
Distance de l'extrémité antérieure de la mâchoire supérieure àlévent.......... 0 470 
De l'extrémité de la mâchoire supérieure à la commissure labiale. ............. 0 280 
Della commissurelibiale à Mi 227.222. er eee eee 2 0N080 
DEAAVErS ee AMDANUS.. 2-05... eemerersresssec-ccs-rercs-mesec ces 0 250 
Diamètre transversal de l'évent...:......-...... eee cest eeespec ess 0 050 
De l'extrémité antérieure de la mâchoire inférieure à la naissance de la pectorale. 0 490 
Circonférence du corps, prise à 10 centim. en arrière des nageoires pectorales... 1 400 


L'œil est très aplati d'avant en arrière : diamètre bilatéral du 
globe oculaire, 50 millim.; hauteur, 45 millim.; diamètre an- 
téro-postérieur, 30 millim. L'ouverture palpébrale est horizon- 
tale; la pupille ovale, légèrement transverse. 

La verge a des dimensions peu considérables: elle est couchée 
dans un sillon du tégument abdominal; son extrémité parait très 
aiguë. 


— 198 — 


L'animal exhalait une odeur forte et désagréable, différente 
néanmoins de celle de la putréfaction. 

L'abdomen contenait un liquide trouble, jaunâtre, purulent, et 
des fausses membranes répandues dans toute la cavité périto- 
néale; les ganglions mésentériques étaient gros et tuméfiés. Ces 
signes cadavériques sont suffisants pour affirmer que le Cétacé a 
succombé à une péritonite aiguë. et qu'il a dû être rejeté sans 
vie sur la plage. 

L'æsophage débouche dans le premier estomac, qu'on ne peut 
mieux comparer qu'à un énorme gésier, en forme de poche rou- 
geûtre, allongée, arrondie à son extrémité libre au fond. Le car- 
dia mesure 50 millimètres de diamètre. 

La longueur du premier estomac est de 340 millimètres; l’é- 
paisseur des parois est de 20 millimètres ; la tunique musculaire 
est done extrêmement développée. La muqueuse épaisse, blan- 
che, mamelonnée, porte des saillies et des côtes irrégulières se 
dirigeant vers le fond de l'organe, où la couche musculaire at- 
teint son maximum d'épaisseur. Dans les plis de la muqueuse 
du fond du gésier, sont retenus et même incrustés les résidus du 
repas de l'animal: nous y avons recueilli quatre-vingt-neuf man- 
dibules de Céphalopodes (Seiches et Calmars), et sept ou huit 
cristallins des mêmes Mollusques. L'épaisseur des parois du pre- 
nier estomac est telle qu'il conserve sa forme cylindrique, sans 
s'affaisser. 

Il débouche par une très large ouverture dans le deuxième 
estomac, et sa muqueuse blanche et mamelonnée se termine 
brusquement par une ligne festonnée. La muqueuse du deuxième 
estomac est mince, d’une coloration ardoisée ; les plis sont Tâches 
et larges ; la texture générale est flasque; le volume beaucoup 
moindre que celui du premier estomac. L'ouverture de commu- 
nication du deuxième estomac avec le premier est placée vis-à- 
vis du cardia; par conséquent, l’'œsophage conduit directement 
aux deux premiers estomacs. L'ouverture de communication du 
deuxième avec le troisième estomac est constituée par un puis- 
sant sphincter mesurant tout au plus 20 millimètres de diamè- 
tre. Un stylet introduit dans le sphincter aboutit à un conduit 
étroit, allonge, très compliqué, à muqueuse éminemment glan- 
duleuse, à coloration interne jaune. Dans ce conduit ou vesti- 
bule, débouche une petite dilatation ou poche distincte, suivie 





— 199 — 


elle-même d'un autre renflement., peu développé, qui lui donne 
l'apparence d’un bissac. Ces deux petites poches accessoires 
correspondent au troisième estomac du Marsouin (Hunter), au 
troisième et au quatrième estomacs du Globiceps (Turner); puis 
le vestibule se renfie, devient subcylindrique, pour former le 
cinquième estomac, à parois glandulaires, constituant l'organe 
digestif par excellence. Le cinquième estomac du Grampus 

représente donc le quatrième estomac du Phocæna (Hunter) 
_et le cinquième du Globiceps; son extrémité droite se termine 
à l’intérieur par un septum de la muqueuse comparé au pylore. 
A la suite de cet étranglement, on voit une nouvelle poche, 
plus large que la précédente, suivie par l'intestin grêle. Les 
anatomistes différent d'opinion au sujet de son identification : 
John Hunter l’a décrite chez le Marsouin comme un cinquième 
estomac, mais la plupart des auteurs récents la considèrent 
comme une dilatation particulière de la première portion du 
duodénum. , 

En résumé, quels que soient les noms donnés à ces diverses 
parties du tube digestif, il existe, chez le Grampus griseus, 
entre l’æsophage et le commencement de l'intestin grêle, six po- 
ches distinctes : 1° gésier ou premier estomac ; 2° deuxième esto- 
mac; 3 et 4° petites dilatations ouvertes dans la poche digestive: 
»° poche digestive proprement dite; 6° dilatation duodénale. 

Cette disposition générale est semblable à celle qu'on observe 
chez le Globiceps, du moins si l’on se rapporte au travail con- 
sciencieux de Turner (1); les différences existant entre l'estomac 
du Globiceps et celui du Grampus ne portent que sur les dimen- 
sions relatives des diverses dilatations. La deuxième poche est 
plus ample chez le Globiceps, ainsi que la troisième, la qua- 
trième et la cinquième; la sixième, au contraire, et la premiere 
sont plus petites que chez le Grampus griseus. 

Turner n’a eu à sa disposition qu'un jeune Globiceps; sur 
un individu plus âgé et presque adulte de la même espèce, la 
première poche ou gésier a 400 millimètres de longueur et 135 
de circonférence. Le premier estomac est relativement beaucoup 
plus gros: le second moins ample; le troisième, le quatrième et 





(1) À contribution to the anatomy of the Pilot Whale (Journ. of anatomy 
and physiology, novembre 1867, p. 66). 


— 209 — 


le cinquième sont plus petits que sur le jeune individu décrit par 
l’auteur anglais; le cinquième a la forme d'un boyau très allongé ; 
par contre, le sixième, ou dilatation duodénale, est assez grand: 
Un moulage très bien fait de cet estomac est conservé au Mu- 
séum d'histoire naturelle de Paris. Il se rapporte à un (G/obiceps 
pris au Havre en 1856. 

On trouvera d'autres renseignements intéressants sur l’anato- 
mie du Grampus griseus, dans un travail de J. Murie (1), publié 
en 1871. L'individu examiné était femelle. 


Caractères ostéologiques. 


Crâne triangulaire, déclive depuis l’orifice superieur des fosses 

nasales jusqu'au bout du rostre, légèrement bombé en avant de 
cet orifice. Intermaxillaire droit un peu plus large que le gauche. 
La ligne de séparation du maxillaire et de l’intermaxillaire en 
dehors est rectiligne, depuis la hauteur des os du nez jusqu'au 
rostre. Trou occipital rond, aussi haut que large. 
La formule dentaire est a En avant des intermaxillaires, 
on voit deux petits trous où devaient être enchâssées les inci- 
sives rudimentaires; le bord alvéolaire du maxillaire supérieur 
présente une rainure et une série de petits trous occupant son 
tiers antérieur. 

Les dents du maxillaire inférieur sont fortes, usées à la pointe. 
Symphyse de la mandibule courte. 


DIMENSIONS DE LA TÈTE OSSEUSE : 


ÉONEeURMOLIlES ser nr une ee one LM ET 490 millimètres. 
Da bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales..... 320 — 
Du bout duvrostreauxtentailles MAxIIlAITes... 260 _ 
Largeur de la tète entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 310 — 
PATSeUTIAUROSITE ANS AID IS EEE TE Ce LP CIEL 200 — 
PAreeUMAUMTOSITNERAISAMNANICEMOYENNE eee 130 -— 
Longueur du bord alvéolaire de la mandibule................ 072 —— 
Lengueur de la mâchoire inférieure . ................ see 390 — 
Longueur de la symphyse mandibulaire.................... 045 — 





(1j On Risso's Grampus, G. Rissoanus, Desm. (Journ. of anat. and 
physiol. de Humpluy et Turner, vol. V, 1871, p. 118). 








— 201 — 

On compte soixante-huit vertebres : sept cervicales, douze dor- 
sales, quarante-neuf lombaires et caudales. 

Les os en V (hémapophyses) commencent à la quarante-troi- 
sième vertèbre et disparaissent à la cinquante-huitième. ; 

Les apophyses épineuses cessent à la soixantième; les apophy- 
ses transverses à la cinquante-quatrième; à la quarante-septième, 
se montrent les canaux longitudinaux de la base de l’apopayse 
transverse. 

De la cinquante-cinquième à la cinquante-neuvième, les corps 
vertébraux sont comprimés latéralement et très grands; de la 
soixantième à la soixante-huitième, ils deviennent transverses, 
aplatis de haut en bas, en forme de parallélipipèdes rectangles, 
et sont creusés en dessus par une rigole bilatérale, unissant les 
canaux qui les traversent de haut en bas et qui font suite aux 
canaux de la base des apophyses transverses. 

Toutes les vertèbres cervicales sont soudées complètement par 
les apophyses épineuses, et incomplètement par les corps verté- 
braux et les apophyses articulaires. Les autres vertèbres sont 
épiphysées. 

Les apophyses articulaires des sept premières dorsales sont 
horizontales et recouvrent celles des vertèbres qui suivent. 

Sur les douze côtes, les sept premières s’articulent avec l’apo- 
physe transverse correspondante, d’une part, et le corps de la 
vertèbre précédente, d'autre part, au moyen d'une tête assez 
longue. 

Les sept premières côtes s’articulent avec le sternum par l'in. 
termédiaire d'os sterno-costaux très développés. Le premier 
sterno-costal s'articule avec la première pièce du sternum:; le 
deuxième avec la première et la deuxième pièces sternales ; le 
troisième avec l'extrémité postérieure de la deuxième pièce ster- 
nale ; les quatrième, cinquième, sixième et septième sont longs. 
minces, en forme de bâtonnets et sont réunis par un cartilage. 
Les cinq dernières côtes sont libres à leur extrémité antérieure. 

L'os sterno-costal de la première côte a l'apparence d’une cla- 
vicule; il est légèrement contourné, élargi à son extrémité anté- 
rieure. 

Le sternum se compose de deux pièces : la première, large, 
échancrée, est perforée par un petit trou admettant à peine un 
stylet; la deuxième est longue et étroite, 


— 202 — 

Le corps de l'os hyoïde (os basihyoïdien) est large, irrégulièe- 
rement hexagonal, rattaché au crâne par l'intermédiaire de deux 
grands os cérato-hyoïdiens, longs de 8 centimètres et unis par 
un cartilage aux os stylo-hyoïdiens très forts et longs de 10 cen- 
timètres. Chez le Marsouin, les cérato-hyoïdiens sont presque ru- 
dimentaires et ressemblent à des os sésamoïdes. 

Omoplate large: acromion dilaté à son extrémité; apophyse 
coracoïde plus étroite que l’acromion, mais atteignant à peu près 
la même longueur. Humérus très court. On compte six os au 
carpe, trois à la rangée antibrachiale, trois à la rangée métacar- 
pienne. 

Le premier doigt se compose d’un métacarpien et d’une pha- 
lange ; le deuxième, d'un métacarpien et de sept phalanges: le 
troisième, d'un métacarpien et de cinq phalanges:; le quatrième, 
d'un métacarpien et d'une phalange: le cinquième, d’un seul os 
de forme irrégulière. Peut-être a-t-on perdu dans la macération 
la phalangette des deuxième et troisième doigts, mais je n’ose- 
rais l’affirmer. D'après le nombre ct la forme des pièces osseuses 
de la main, notre Dauphin ressemble beaucoup au 7wrsiops. 


Divers échouements du Grampus. 


Le Grampus griseus a été décrit, pour la première fois, par 
G. Cuvier, d'après un individu échoué à Brest (1) et long de 
11 pieds (3 m. 570 millim.). Le dessin de ce Cétacé est fautif. Le 
squelette est en mauvais état. La mâchoire inférieure :a pour 
formule apparente 2 — 2; mais il existe en réalité trois alvéoles 
d'un côté et quatre de l’autre; deux dents de chaque côte sont 
conservées. 

Les sept vertèbres cervicales sont soudées par leurs apophy- 
ses, mais non complètement par leurs corps. On compte douze 
vertèbres dorsales et douze côtes dont les six premières sont ar- 
ticulées avec les apophyses transverses de la vertèbre correspon- 
dante et les corps de la vertèbre précédente. La septième s’arti- 





(1) Rapport fait à la classe des sciences mathematiques et physiques, sur 
divers Cétacés pris sur les côtes de France (Ann. du Muséum, t. XIX, 1812). 


— 203 — 


cule avec l’apophyse transverse, mais le corps de la vertébre 
précédente est uni à une apophyse oblique qui représente la tête 
de la côte séparée de celle-ci. 

Le premier doigt a un métacarpien et une phalange; le 
deuxième, un métacarpien et sept phalanges; le troisième, un 
métacarpien et six phalanges: le quatrième, un métacarpien et 
une phalange ; le cinquième, un seul os. 

Depuis cette époque, et sans compter les échouements de l’Aï- 
gœuillon et des côtes de la Gironde, le Grampus a été indiqué sur 
les côtes du département de la Somme, par Baiïllon (1); à l’île de 
Wight, par Bury (2); dans les parages du phare d’Eddystone 
et à Billingsgate, par Flower et Murie (3); à l'embouchure 
de l’Elbe, par Môbius (4). Un crâne provenant des côtes de 
Bretagne (1870) est conservé au Muséum d'histoire naturelle de 
Paris, ainsi que le squelette d'un jeune individu, pris à Concar- 
neau le 1° septembre 1877 (Gervais). Un individu, faisant partie 
d'une bande, a été jeté sur le littoral des Côtes-du-Nord, près 
de Saint-Brieuc, en juillet 1877 (Sirodot). Enfin, en septembre 
1879, on à capturé un autre Cétacé de la même espèce, à Pléneuf, 
Côtes-du-Nord (Haubin). 

Nous avons supposé que le Delphinus aries, de Risso (D. Ris- 
soanus, F. Cuvier) était la forme méditerranéenne du Grampus 
griseus ; ce Cétacé ne différant que par la présence d’une ou deux 
paires de dents supplémentaires. La variété Aissoanus a été si- 
gnalée à Nice, par Risso (5) et Laurillard (6); à Carry (Bouches-du- 
Rhône), par Gervais (7); à Alger et sur les côtes de Dalmatie, 
par Van Beneden (8). 





(1) Mémoires de la Société royale d'émulation d'Abbeville, 1833, p. 55. 

(2) Gray, Catalogue of Seals and Whales of Brit. Wus., 1866, p. 296. 

(3) On Risso’s Dolphin, Grampus griseus (Cuv.); Trans. of the z0ol. soc., 
1871, vol. VIIL. — Murie, Journ. of anat. and phys., vol. V, 1871, p. IIS. 

(4) Ueber zwei gestreifte Delphine (Grampus griseus) aus den Nordsee, etc. 
(Schr. des Naturw. Vereins für Schleswig-Holstein, 1873). 

(5) Ann. du Muséum, t. XIX, pl. xt (1812). 

(6) F. Cuvier, Hist. nat. des Cétacés, p. 197, pl. xnr, fig. 1 (1836). 

(7) Cétacès des côtes françaises de la Méditerranée (Comptes-rendus de 
l'Acad. des Sciences, 28 novembre 1864). 

(3) Note sur le Grampus griseus (Bull. de l'Acad. roy. de Belgique, 
2° série, t. XLI, n° 4, avril 1876). 


— 204 — 

Les individus de la Méditerranée sont d'une teinte plus claire 
que ceux de l'Océan. 

L'époque de la capture des différents Grampus signalés par les 
auteurs est : 

Janvier (Alger). 

Février (Eddystone, Holstein). 

Mars (Billingsgate). 

Avril (Cazeaux). 

Juin (Nice, Aiguillon). 

Juillet (Arcachon, Saint-Brieuc). 

Septembre (Concarneau, Pléneuf). 

Nous avons conclu de ce tableau que le Grampus avait proba- 
blement des migrations régulières et que sa station d'hiver, en- 
core inconnue, existait peut-être au sud de l'Europe, vers les cô- 
tes d'Afrique. On a décrit, en effet, un Grampus Richardsoni qui 
fréquente les parages du cap de Bonne-Espérance. Cette hypo- 
thèse a été acceptée par Flower et Van Beneden, mais elle mérite 
confirmation. 

Il ne faut pas oublier, d'autre part, que le Grampus griseus 
habite tout le nord'de l'Atlantique et qu'il paraît assez commun 
sur le littoral américain, où M. Cope l’a signalé récemment. En- 
fin, on trouve au Japon un autre Grampus(G. Sakamata, Gray) : 
mais (rervais le considère comme distinct, quoique voisin du G. 
qriseus. 

On n'a pas de documents sur l'époque de la parturition du 
Grampus; d'après Flower, une femelle adulte, capturée en fé- 
vrier 1870, venait de mettre bas. 

Gray (1) a placé, quoique avec doute, dans la synonymie de 
son Grampus Cuvieri (Delphinus griseus, Cuvier), le Delphinus 
ventricosus, de Lacépède, institué par cet auteur pour un Cétacé 
long de 18 pieds, pris mort dans la Tamise en 1772 et figuré par 
Hunter en 1787 (2). La taille seule du Grampus d'Hunter suffit 
pour prouver qu'il n'appartient pas au genre Grampus, tel qu'on 
le définit aujourd'hui. En effet, les plus grands individus de 
CG. griseus ne dépassent pas 3 m. 70 cent.; il y a loin de ce chif- 





(1) Cat. of Seals and Whales, p. 296. 
(2) Philos. hrans., 1787, pl. xvur, 





— 205 — 
fre à celui de 5 m. 47 cent., qui est celui du Grampus d'Hunter. 
Cuvier paraît avoir apprécié avec justesse les affinités de ce Cé- 
tacé en le considérant comme un rca. 

Différences suivant les âges. — Flower à pu étudier une 
jeune femelle, longue de 1 m. 850 millim. et provenant de Bil- 
lingsgate. On voyait, à la partie supérieure du museau, et de cha- 
que côté, huit poils de moustaches, disposés sur deux lignes, 
deux sur la ligne supérieure et six sur l'inférieure. Les dents 
n'avaient pas percé les gencives : pas de traces de germes den- 
taires à la mâchoire supérieure, et sept germes à la mâchoire 
inférieure : quatre à droite et trois à gauche. 

Les vertèbres cervicales sont soudées par les apophyses épi- 
neuses et articulaires, ainsi que par les corps, chez les Grampus 
adultes. Cependant, chez la femelle adulte d'Eddystone, le corps 
de la septième est distinct. Chez la jeune femelle de Billingsgate 
les corps des deux premières cervicales seulement sont soudés, 
et les épines se réunissent en formant deux groupes séparés, l’un 
qui comprend les trois premières et l’autre les quatre dernières. 

Le sternum des adultes forme un seul os: celui du jeune mâle 
d'Arcachon est divisé en deux pièces; celui de la jeune femelle 
de Billingsgate est séparé en deux segments, dont le premier est 
composé de deux pièces latérales. 

Les dents semblent être caduques. Le vieux mâle du Holstein 
n’a plus de dents, quoique l’on trouve trois alvéoles à gauche et 
deux à droite; le mâle de Brest en porte deux de chaque côté. 
mais la mandibule montre quatre alvéoles à gauche et trois à 
droite. 

Des différences sexuelles. — Laurillard avait remarqué que. 
parmi les Grampus capturés à Nice en 1829, les femelles étaient 
d’un brun uniforme et les mâles d’un blane-bleuâtre. Dans les 
deux sexes on voyait des lignes semées sur les parties supérieu- 
res du corps et ressemblant à des égratignures produites par des 
épines. Enfin, les mâles portaient des taches irrégulières d'un 
brun-foncé sous la moitié postérieure du corps. 

La taille des mâles est supérieure à celle des femelles. Les plus 
grands individus connus, Sont les mâles de Brest (long de 3 m. 
570 millim.) et du Holstein (long de 3 m. 700 millim.). 

Mais les différences sont-elles traduites par des modifications 
dans le squelette? Le nombre des vertèbres. chez le jeune mâle 


— 206 — 


d'Arcachon, est semblable à celui des mêmes pièces osseuses 
d’une femelle adulte d'Eddystone étudiée par Flower. 

Les dimensions de la tête osseuse, dans les deux sexes, chez des 
individus adultes, paraissent presque identiques, comme on en 
jug'era par les tableaux suivants : 


























BREST ENDYSTONT 
WARELEAU N°41 

(oui) S'|(FLOWER) Ÿ 

3 —— 
PoneueurAeNlAntételUSSCUSERC RER ET PE ET 0"507 0481 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires................... 0 255 0 235 
Diamètre transverse entre les apophyses post-orbitaires du frontall 0 350 0 348 
LATSEUT AUTOSTOANSANDASE PARTNER NE 0 194 0 194 
Larseurnidu rostre Sa pantieMmOVéenne NE 0 122 0 411 
Diameétreitransyersetdes té vents er ER RER ne 0 70 0 70 
HonsueuridelJaMandiDUlE RARE NN ERP RER 0 400 0 390 
Longueur del SvMpySe. 2e Re RUE TE EAN ARE 0 60 0 48 

LONGUEUR TOTALE DU CORPS. ........... 3m570 3m200 | 














PE EL 
ED IE RE PEER NC PA 























ss | HOLSTEIN | HOLSTEIN 
T'ABLEAU n°2? . 

(wosius) ‘| (Mons) P 

A = 
MONUMENT LENOSSEUSE RARE EEE ET EE NE CEE 0Om505 0m593 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires.....: ............ 00 0 242 
Diamètre transverse entre les apophyses post-cibituires du frontal! 0 360 0 360 
DATCCURAUSMOSITE ANS AN DAS PPT EE ee 0 197 0 193 
POneUEUTAETAMANTIDULE EEE RE EN EC ER EE | 0 400 0 400 
Honoueuride TASYMPIYSe ER RR  E RP  e 1065 0 60 
LONGUEUR TOTALE DU CORPS............ | 3m7C0 30420 

Î 








LE I EE 











Les os du bassin, chez la femelle adulte d'Eddystone, sont grêles 
et longs de 106 millimètres: chez un mâle de la race méditerra- 
néenne., ils mesurent 125 millimètres et ils sont renflés à leur 
partie moyenne. Ces pièces osseuses sont done plus développées 
chez le mâle que chez la femelle, ainsi qu'on le voit d’ailleurs 
chez les Phocæna et les Orca. 


Du Grampus de la Méditerranée. 


La race méditerranéenne diffère de la race océanique par la 
présence de une ou deux dents de plus à la mâchoire inférieure 
(5 — 4; 5 —5; 6 — 6): 


— 207 — 


Les crânes de Nice, que j'ai vus au Muséum, ont les dimensions 
suivantes : 





x°1 g/x°2 9 











ÉONBUEUTIA CA IAE LElOSS CUS CREER M ie sie ee eue semence 0515 | 0m480 
Dubout du rostre aux entaillcs maxillaires.......:......: 40... 0 270 | 0 260 
Diamètre transverse entre les apophyses post-orbitaires du frontal....| 0 345 | 0 310 
MANTeUIAUENOSILE AIS AEDASC ER M cer e Re 0 200 | 0 165 
Largeur du rostre à sa partie moyenne............. ROBES CET 0 460 | O 410 
DAME rANSYIERSC TES EVENS em eee Lecce 0: 65 | 0' 65 
POneneundelAeMmantDUIe EEE EEE EEE eee eee ceee 0 425 | 0 390 
PONCUEUTATERIAMSYMPNISC EE ere Lee Un -Lo rene 0500 





Le mâle a cinq dents, et la femelle six de chaque côté. 

La tête de la femelle (1) est remarquable par l’étroitesse relative 
du rostre et la faiblesse du diamètre transverse, pris entre les apo- 
physes post-orbitaires du frontal. La tête du mâle est plus longue 
que toutes celles des individus capturés dans l'Océan ; son rostre 
est aussi plus large à la base (200 millimètres). Par ce dernier 
caractère, ce crâne ne se rapproche que d’une tête de l'Océan, re- 
marquable par la brièveté et l'élargissement du rostre, et qui a 
été prise sur les côtes de Bretagne (Muséum d'histoire naturelle). 

Voici les dimensions de cette tête osseuse de Bretagne, à carac- 
tères aberrants, et qui paraît, par sa densité, provenir d'un ani- 
mal presque adulte. La mandibule manque. 


PONBUEUEAENANTÉLE OSSEUSE ere ee reed 465 millimètres. 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires. . .................. 245 —— 
Diamètre transverse entre les apophyses post-orbitaires du frontal. 325 — 
Mars AUTOS ÉTERAMSANNASE Re EN ER een 200 — 
arseur durostre SA pATIIE MOYENNE LR eee 120 -- 
DIAMÉETÉTANS VESTES IÉ VEN TS Am Eee er meer Ce 70 —- 


La colonne vertébrale du Grampus de Nice compte soixante- 
huit vertèbres : sept cervicales, douze dorsales, quarante-neuf 
lombaires et caudales. Les os en V commencent à la quarante- 
troisième vertèbre; les apophyses transverses cessent à la cin- 
quante-troisième; à la quarante-septième, apparaissent les canaux 
de la base des apophyses transverses. De la soixante-unième à la 
soixante-huitième, les vertèbres caudales sont transverses, apla- 
ties de haut en bas, subquadrangulaires. 

Les vertèbres cervicales sont soudées; douze côtes, dont les six 





(1) Cette tête est figurée par Gervais, Paléont. française, pl. XxxvIL, fig. 1-2 


— 208 — 


premières s'articulent avec l'apophyse transverse correspondante 
et le corps de la vertèbre précédente: la septième côte s'articule 
seulement avec l’apophyse transverse, mais le corps de la vertè- 
bre précédente est soudé à une apophyse oblique qui représente 
la tête séparée de la côte (1). 

Les membres sont en mauvais état; le deuxième doigt porte 
un métacarpien et sept phalanges. Les os du bassin, bien déve- 
loppés et assez gros, mesurent 125 millimètres de longueur. 

Le Grampus de Nice, d’après le dessin de Laurillard, serait un 
peu plus allongé que les individus de l'Océan: les pectorales 
semblent plus antérieures. Il paraït vivre en troupe, car on prit 
onze individus dans une madrague. Longueur : 3 mètres. 


Du Grampus de la côte E. de l'Amérique du Nord. 


Cope (2) à figuré le Grampus Griseus, d'après des individ 1s 
capturés sur les côtes du Massachusetts. Ils ne paraissent diffé- 
rer nullement de ceux des mers d'Europe: leur coloration est 
tout aussi variable, mais on remarque, autour de l'œil. un cercle 
noirâtre qui n'a pas été encore noté chez ces derniers. 


Résumé. 


La dentition des Grampus de l'Océan et de la Méditerranée 
présente les modifications suivantes sur dix-sept têtes dont l'ori- 
œine est établie : 


D) — 0 (3) Holstein (Mübius) . 4 — } Aiguillon (d'Orbigny). 

2 — 9 (4) Brest (Cuvier) G'. 4 — 4 Arcachon (Fischer) 4. 
3— 3 Saint-Brieuc (Sirodot). & — 4  Eddystone (Flower) ®. 

3 — 3 Aiguilion (d'Orbigny\. k — } Holstein (Môbius) ? . 
3— 3  Aiguillon (d'Orbigny). 5 — 4. Alger (Van Beneden) ®. 
3 — 4 (5) Billingsgate (Flower) 9. 5 — 4 Nice (Risso). 

k — 3 Aiguillon (d'Orbigny). D — D Nice (Laurillard) - 
3— 4 ‘Concarneau (Gervais). GG Nice (Laurillard) . 


4 — 4 Pléneuf (Haubin). 





(1) Mème disposition sur le Grampus de Brest. 

(2) Proc. of the Academy of natural sciences of Philadelphia, 1876, pl. 1 
(3) La vraie formule est 3 — 2, d'après les alvéoles. 

(4) Vraie formule : 4 — 3. 


(5) Les dents ne sont pas sorties, mais les alvéoles donnent la formule 3 — 4. 





— 209 — 

En présence de ces faits, il est difficile de ne pas admettre 
une seule espèce, dont la dentition varie entre 3 — 3 et 6 — 6. 
Mais on remarquera que le nombre des dents est constamment 
plus élevé dans la race méditerranéenne. 


Les leng'ueurs respectives des têtes osseuses sont de : 


515 millimètres Nice (Laurillard) 4. — Longueur de l'animal. . .... 3m000 
507 ee Nice (Cuvier) Z. = ee le NA ie 3 570 
. d07 — Holstein (Môbius) #. = Te de AN 3 700 
503 — Holstein(Môbius) ©. SOS D PR OR ET Se 3 420 
500 — Aiguillon (d'Orbigny). CE ES M Er, TE 3 260 
490 — Arcachon (Fischer) 4. AA Ale ie ts 2 800 
485 — Aiguillon (d'Orbigny). RE TN ne 3 250 
A8 — Eddystone (Flower) ® . D ET APTE 3 200 
480 — Nice (Laurillard) ©. TE RME LE ONE er rte 3 000 
47/4 — Aiguillon (d’Orbigny). — Lo vote 2 350 


La longueur de la tête osseuse varie donc très peu,-puisqu’elle 
ne dépasse pas 515 millimètres d’une part, et qu’elle n’est pas 
inférieure à 474 millimètres d'autre part. Les individus mâles ont 
en général une tête plus longue que celle des femelles. 

On remarquera que les crânes de quatre individus mesu- 
rant, en chair, 3 m. 700 millim., 3 m. 570 millim., 3 m. 420 mil- 
lim. et 3 m. 200 millim., ont sensiblement la même dimension : 
environ 500 millim. Un jeune mâle, long de 2 m. 800 millim., a 
une tête osseuse un peu plus longue (490 millimètres) que 
celle d’une femelle adulte (480 millimètres) qui mesure 3 m. 
200 millim. 


Chez une très jeune femelle de Billingsg'ate (1 m. 800 millim.), 
la tête osseuse est longue de 345 millimètres. La tête d’un indi- 
vidu jeune, de Bretagne, mesure 465 millimètres. 


La colonne vertébrale a pour formule : 


C. 7. — D. 12. — L. C. 49. — 68. — Arcachon (Fischer) x. 

C. 7. — D. 12. — L. C. 49. — 68. — Eddystone (Flower) ®?. 
C. 7. — D. 12. — L. C. 50. — 69. — Billingsgate (Flower) 9. 
C. 7. — D. 12. — L. C. ?. ?. — Brest (Cuvier) d. 

. 7. — D. 12. — L. C. 49. . — Nice (Laurillard) &. 


a 
Î 

[er] 
O0 


14 


— 210 — 


Le nombre des vertèbres et celui des côtes est donc remarqua- 
blement fixe. 

On peut conclure, ce me semble, à l'identité spécifique des 
formes de l'Atlantique et de la Méditerranée. 


Remarque sur le genre Grampus. 


Le genre Grampus est caractérisé par l'absence de dents à la 
mâchoire supérieure. Sur un crâne, appartenant certainement à 
ce genre, conservé au Musée de Bordeaux, et- dont la provenance 
est inconnue, on voit des alvéoles au maxillaire supérieur, mais 
leur fond est en partie comblé. Il semble que les dents aient été 
caduques. Chez les Globicephalus et les Beluga, les dents ne per- 
sistent pas.toujours. 


Voici les dimensions de ce crâne : 


Honeueurtotule tent ete TR OA EE 930 millimètres. 
Du bout du rostre à la paroi antérieure des fosses nasales....... 370 — 
Du bout du rostre aux entailles maxillaires. ................... 295 —- 
Largeur de la tète entre les apopbyses post-orbitaires du frontal.. 375 — 
LATECUNAUETOSTRE MSA NDASC ER ARR PT Er 235 — 
FarreunduTostre rs pArtIe MOYENNE Re rer 150 — 
Haute IAUICTANE Re NEC RARE AR NES RE NC 239 — 


Formule dentaire de la mâchoire supérieure : 3 — 2. 

Toutes ces dimensions sont supérieures à celles des crànes de 
Brest, de l’Aiguillon et d'Arcachon, ainsi qu'à celles des crânes 
de provenance méditerranéenne. 

Est-ce une espèce distincte? Je n'ose l'affirmer, mais provisoi- 
rement je l’'appellerai Grampus Souverbianus, en lui donnant le 
nom de mon vieil ami Souverbie. 





— 211 — 


OBSERVATIONS RELATIVES A L'ASYMÉTRIE DU CRANE 


DES ODONTOCÈTES. 


Les Odontocètes présentent à un degré plus ou moins marqué 
une déformation de la tête osseuse consistant en une asymétrie 
de sa face supérieure. 

Cette asymétrie constante est caractérisée par l'élargissement 
de l’intermaxillaire droit à sa partie postérieure; par la direction 
oblique de la cloison de l’orifice supérieur des fosses nasales, 
qui, implantée à gauche de l’axe antéro-postérieur de la tête, se 
dirige ensuite de gauche à droite et d’arrière en avant, pour 
gagner la ligne médiane; par la différence de forme des orifices 
supérieurs des fosses nasales, le gauche étant plus arrondi, et 
le droit plus transverse; par la petitesse de l’os nasal gauche: 
enfin par la plus grande élongation de l’intermaxiliaire droit, 
en arrière. 

Vue par sa face inférieure, la tête osseuse est symétrique. 
même chez les Cétodontes les plus déformés (par exemple, chez 
les Physeter et les Kogia, qui appartiennent au groupe des Hété- 
rodontes). L’'asymétrie se réduit donc essentiellement à une iné- 
galité des fosses nasales à leur orifice supérieur. Au contraire, 
chez les Mysticètes, la symétrie est évidente. 

Tous les Cétodontes sont asymétriques à des degrés différents. 
Les Phocæna paraissent les moins déformés. Chez les fœtus, 
l’asymétrie est peu développée, mais elle s’accentue avec l’âge, 
et elle atteint son maximum sur les crânes des vieux individus. 
J'ai trouvé toujours les mêmes caractères à cette déformation, et 
jamais je ne l'ai vue intervertie, de telle sorte que la cloison 
soit déviée de droite à gauche, au lieu de l’être de gauche à 
droite. 


Les Cétodontes hétérodontes sont les animaux dont le crâne 
est le plus modifié par l’asymétrie; ainsi, la fosse nasale droite 
du Cachalot est presque atrophiée. 


oise 


DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES CÉTACÉS DES COTES 


OCÉANIQUES DE LA FRANCE. 


En ajoutant aux dix-sept espèces ci-dessus indiquées sur le 
littoral du sud-ouest de la France. quatre autres Cétacés signalés 
dans la Manche et sur les côtes de Bretagne, on arrive à un 
total de vingt et une espèces ainsi distribuées : 





LITTORAL 


MERS DU NORD, 














| océanique SCANDINAVIE, | MÉDITERRANÉE | 
| {de la France | GRANDE-BRETAGNE 

PT AT NT | 

1ENBAlæna BISCAYENSIS. 7. | # + # 
ROME SAPIER A DOUDS ee PRES | + # 
3. Balænoptera rostrata........... # | Ÿ + 
4. Balænoptera borealis ........... | # | La + 
5. Balænoptera musculus. ........ | # + # 
6 Balænoptera Sibbaldi........... # N'a 
7. Physeter maecrocephalus. ....... # Ÿ + 
8. Hyperoodon rostratus. ......... # + + 
Var. (Lagenocetus latifrons)... # | de 
DSZIDDIUSICAMITOS INIST + de + 
10. Mesoploñon Sowerbyensis....... Ÿ | Ÿ 
11. Dioplodon Europæus. ..... Ho US + | 
122 S{EN0ISANTONICUSE eee | # 
IS ASTENOMOSITAILS AE RE ER EREEE N'a # 
\4Delphinus délphis. #25: 00e # + + 
Var USUS re cr eee # 
AS OUMCNDIANUS PEEe rec + 
NV ATIC D AUS EPP E EC ETES # 
= IDAlTEATUS ARC ETC EEE # | 
= INOSChATUS 2. 0- # 
M5. Clymene marginata.. # 
10 ACMMENEUDIA EEE EEE # 

IMPNTUTSIOpSLUTS0 Mer PERLE # # + 
418. Phocæna COMMUNIS. | # * 
AOMONCADUNAMELI EEE EEE | + # + 
20. Globicephalus melas. .......... | + NS # 
DIMGTAMPUS ÉTISEUS- ere + + + 


























— 213 — 

Sur ces vingt et une espèces, douze sont communes à la mer 
du Nord et à la Méditerranée : 

Balæna Biseayensis, Balænoptera rostrata, B. borealis, B. mus- 
culus, Physeter macrocephalus, Hyperoodon rostratus, Ziphius 
cavirostris, Delphinus delphis, Tursiops tursio, Orca Duhamel, 
Globicephalus melas, Grampus griseus. 


Cinq espèces signalées sur le littoral de France, d'Angleterre, 
des Pays-Bas et de la Scandinavie, ne paraissent pas avoir péné- 
tré dans la Méditerranée : 


Megaptera boops, Balxnoptera Sibbaldi, Mesoplodon Sotrver- 
byensis, Steno rostratus, Phocæna communis. 


Enfin quatre espèces n'ont été encore vues, ni sur le littoral 
du nord de l’Europe, ni dans la Méditerranée : 


Dioplodon Europæus, Steno Santonicus, Clymene marginata, 
C. dubia. 


Relativement à ces formes, on remarquera que le Sfeno Santo- 
nicus est insuffisamment connu; que le C/ymene marginata a 
des rapports avec les crânes des €. Euphrosine, Gray, d'Angle- 
terre, et Zethyos, Gervais, de la Méditerranée; enfin que le 
Clymene dubia est très abondant dans l'Atlantique, au voisinage 
du tropique. 

Les espèces des mers du Nord de l'Europe, qui manquent sur 
le littoral océanique de la France, sont au nombre de dix : 

Eschrichtius robustus, Lilljeborg: Clymene Euphrosine, Gray : 
Lagenorynchus acutus, Gray: L. leucopleurus, Rasch:; L. albiros- 
très, Gray ; Pseudorca crassidens, Gray ; Orca Eschrichti, Steens- 
trup: ©. gladiator, Lacépède (stenorhyncha, Gray); Monodon 
monoceros, Linné; Beluga leucas, Pallas. 


Celles de la Méditerranée et des côtes d'Espagne, qu'on n’a pas 
encore observées sur nos côtes océaniques de France, sont au 
nombre de six : 


Steno plumbeus, Cuvier; Clymene Tethyos, Gervais; C. Alge- 
riensis, Loche: Delphinus Mediterraneus, Loche: D. major, Gray: 
Ziphius Gervaisi, Duvernoy. 


Il résulte de ces comparaisons, que la faune des Cétacés du 


— 214 — 


nord de l'Atlantique est plus riche que celle des rivages de l'Eu- 
rope méridionale, et que la Méditerranée n’a pas, pour ainsi dire, 
d'espèces qui lui soient propres. À partle Dauphin, le Grampus 
et le Ziphius, qu'on y prend assez régulièrement, les autres 
Cétaces, et spécialement les Mysticètes, ne s’y rencontrent que 
très accidentellement. 

Au contraire, le golfe de Gascogne, après avoir été autrefois 
une station importante pour les Balæna, Physeter, est encore 
sillonné par des troupes de Delphinus, Tursiops, Phocæna, 
Grampus. 


ADDENDA. 


J'ai vu au musée de Marseille le squelette du Ziphius capturé 
en 1879 et monté sous la direction de mon ami M. Marion. Le 
rostre est canaliculé à sa face supérieure et dans toute sa lon- 
sueur; par conséquent ce spécimen présente les caractères du 
Ziphius Gervaisi. 

Le Grampus griseus vit en bandes très nombreuses dans la 


Méditerranée. Le 27 juillet 1881, me trouvant sur les côtes du: 


Rif (Maroc) et à peu de distance du pénitencier espagnol de 
Penon de Velez, j'ai observé une bande de Grampus composée 
d'une centaine d'individus présentant les colorations les plus 
variées. Le corps était tantôt noir en dessus et blanc en dessous, 
tantôt d'un gris blanchâtre pâle avec des lignes obscures et 
irrégulières; l’aileron dorsal assez élevé était noir ou grisâtre. 
Plusieurs petits nageaient à côté de leurs mères. Cette espèce 
reste plus longtemps à la surface de l’eau que le Dauphin 
ordinaire; la pointe de son aileron se dresse sur les flots et 
décèle sa présence. 





Fig. 


1 


EXPLICATION DES PLANCHES. 


Planche Ii. 


. — Caisse tympanique de Balæna Biscayensis, jeune, de 


Saint-Sébastien (Musée de Copenhague). 

Caisse de Zalæna rostrata, de Boulogne-sur-Mer (Musée 
de Bordeaux). 

Caisse de Balenoptera musculus, de Cayeux (Musée de 
Paris). 

Caisse de Balænoptera borealis, de Bidart (Musée de 
Bayonne). 


Planche II. 


Omoplate de Balæna Biscayensis, jeune femelle de Tarente 
(Musée de Naples). — D’après Gasco. 

Omoplate de Æunterius S'sedenborgi, fossile, de Gothland 
(Musée d'Upsal).— D'après Lilljeborg. 

Omoplate de Balenoptera S'ibbaldi (Musée de Güteborg).— 
D'après Malm. 

Omoplate de Balænoptera musculus, de Saint-Vigor (Musée 
de Paris). 

Omoplate de Balænoplera rostrata (Musée de Louvain).— 
D’après Van Beneden. 

Omoplate de Balænoptera borealis, de Bidart (Musée de 

Bayonne). — D'après un dessin de M. de Folin. 

Omoplate d'Eschrichtius robustus, fossile, de Suède (Musée 
d'Upsal). — D'après Lilljeborg. 

Omoplate de Megaptlera boops (Musée de Bruxelles). — 
D’après Van Beneden. 

Omoplate de PAyseter macrocephalus, d'Audierne (Musée 
de Paris). 


Planche Ill. 


Sternum de Balenoplera rostrala, individu très jeune, des 
côtes de Bretagne. -- D’après Gratiolet, 


Fig. 


Qt 


— 


— 2160 — 


Sternum de Zalænoptera rostrala, articulé avec les pre- 
mières côtes. 

Sternum de Balæenoptera rostrata, de Boulogne (Musée de 
Bordeaux). 

Sternum de Hegaptera Delalandei, jeune, du Cap (Musée 
de Paris). 

Sternum de Megaptera boops, avec une perforation cen- 
trale. — D'après Van Beneden. | 

Sternum de Hegaptera nodosa, adulte, des Antilles. (Musée 
de Bordeaux). 

Sternum de Balænoptera borealis (Musée de Leyde). — 
D'après Van Beneden. 

Sternum de PBalæna Biscayensis, de Tarente (Musée de 
Naples). — D'après Gasco. 

Sternum de Æunterius Sivedenborgi, fossile, de Gothland.— 
D'après Lilljeborg. 

Sternum de Balænoptera Sibbaldi, jeune (Musée de Gôüte- 
borg). — D'après Malm. 

Sternum de Balænoptera S'ibbaldi, adulte, de Vadsôü, Fin- 
mark. — D'après une photographie communiquée par 
M. F. Smitt. 

Sternum de Palænoplera musculus, jeune, de Saint-Vigor 
(Musée de Paris). 

Sternum de Balænoplera musculus, femelle, adulte de l’île 
de Groix. 

Sternum de PBalænoplera musculus, jeune, de Cayeux 
(Musée de Paris). 

Sternum de Balænoplera musculus, màle adulte, de Saint- 
Cyprien (Pyrénées-Orientales). — D'après Companyo. 
Sternum de Balæenoptera musculus, de Cap-Breton (Landes) ! 

(Musée de Paris). 

Sternum de Balænoptera, femelle très adulte, échouée à 
Ostende, en 1827, et longue de 31 mètres. — D'après 
Dubar. 


Planche IV. 


Delphinus delphis, var. fusus. Femelle, capturée en dehors 
d'Arcachon, le 21 mars 1868. — D'après un dessin de 
Lafont. 

Delphinus delphis, var. S'ouverbianus. Pris à Arcachon, le 
10 février 1866. — D'après un dessin de Lafont. 


Planche V. 
Delphinus delphis, var. moschatus. Femelle adulte, prise à 
Arcachon, le 26 décembre 1867. — D'après un dessin de 


Lafont, 








Fig. 


Fig. 





D — 





M L . 


— 217 — 


Delphinus delphis, var. moschatus. Jeune mâle, capturé à 
Arcachon, le 17 mars 1868.— D'après un dessin de Lafont. 


Planche VI. 


Delphinus delphis, var. variegatus. Femelle, prise à Arca- 
chon, le 22 janvier 1869. — D'après un dessin de Lafont. 

Phocæna communis, màle, pris à Arcachon, le 16 mars 1872. 
— D'après un dessin de Lafont. 


Planche VII. 


Phocæna communis. Femelle, très adulte, capturée au Bec- 
d’Ambès, le 18 août 1869.— D'après un dessin de Lafont. 

Phocæna communis. Femelle prise à Arcachon, le 12 avril 
1870. — D’après un dessin de Lafont. 


Planche VIII. 


Tursiops lursio. Màle, pris à Audenge, le 6 juin 1866. — 
D'après un dessin de Lafont. 

Grampus griseus. Jeune màle, pris en dehors d'Arcachon, 
le 22 juillet 1867. — D'après un dessin de Lafont. 








— 219 — 


TABLE DES MATIÈRES 


Pages. 

AVOPHISSEMONTS ee eleio,e 810 0e en Mes does aise D 
Tableau synoptique des genres de Cétacés du sud-ouest de la France... 9 
1. Balæna Biscayensis.. Je A A PE AIO D DEEE 10 

Documents aie sur la Baleine des Basques. ............. 21 
Migrations de la Baleine des Basques. ........:.,.,............ 30 
Existe-t-il plusieurs Baleines franches au nord de l'Atlantique ?... 33 

DIN OR REA PÉTER tien delete ee Dev ene arte 36 

DEP alemetnlaciales Rens eicie tee sie sin sialies sect 40 

DÉMASS ARE ER series esieemieinier stets o alu/ean ele alciaeieusie epiehne 41 

De la Baleine franche de la Méditerranée. ......,.............. 45 
Dequelques/Baleines fossilisées. Ne Re NL. 49 
Crustacés parasites'du Nordkaper. ... 2 mt inner 90 

COR CIO RL TR Rd enrre ve te ol lan n en to als Bla ele lore te 04 
ÉRTEOC RON DODDS STE ei de A Re ei stenie rene nec AIO DEEE 96 
Misrahonsidenda Mésaptère me ee cette tire er D8 
DiiGibbametde la dubartes Re ER ee nee ietrn EU) 

Crustacés parasites des Mégaptères.........,..,..,.......:0.. 6I 

D ODAlænopleraNStbbaldr. Ne EC RE TT CSD Lo 62 
PDU ENODICRO MUSCULUS Re 2e males ee pie ee cite se emdriote epiree se ciel 68 
Balænoptera museulus de la Manche et de la Bretagne......,... 71 

Du Rorqual de la Méditerranée.....,......................... rl 
BOT ÆNODLERONOONEMUIS EE ee ee des ellelsies sorcier esvelepre ce 81 
” Balénoptère boréale de la Méditerranée... .,.......... ae done 84 
DROIT ODICRAITUSM A ses eo à emiele eltiolcte eo soheraletaeleis oise ES EH a 80 
TP YSeLCAMACNOCCPIEIUSN IT M RER sde eeasbleres res -meeres ele 39 
Mierations des Cachalots 7m. 00e Nr ne EN cite 99 
DuCachalotide la- Méditerranée..." ....%....n..-u.te.. he 99 

DU NENOO ON POSTMAEUS «er sc umerer dec ec emeotlas ET Le + LU0 
DEAD LUSICO DIN OS NES ee res à donnee nee AR AR Un CE RO DO 103 
Des divers Ziphius décrits par les auteurs. ....,........,...... 113% 

OS PDO MLOR ICS an ehene ect le eislaieteietene ee eiele le sie sie eine een eee : 119 
DE PDA A SOINS Eee noie sosie solos eee ee eine eine set 121 
Mantes li(D-fusus). 000 Re Un ele ie Mate able nies 128 
Variété "(D SOuverDiAmUus). ee En she npanreers de 137 
Variété SD -varLem AUS) eme etes see senegie sie 139 
Variété 4(D-Hbalteatus\ MAL Ne ones ele er ep 141 
Variété 5 (D° moschatus).:2...:4,:..2...40.- reset MIE - 142 


Comparaison des Dauphins du sud-ouest de la France avec ceux 
de la Manche et de la Méditerranée. ..... ARE re Le 0) 


Pages. 

is man ue se CO ele masse le 0 
OUT SO DS AUS TO ve alofete dateee ce ele ee ele ee SR RTE AE DDASS cr LOIS) 
Du Tursiops de la Méditerranée. ......... 

14. Phocæna communs. ..... 


Clymene margemata.......…. 


I En Dem LI ON, 


Marsouins de la Manche et de la Bretagne... 168 
1H IOnC0 DANONE. ER CSA RP UE cn | D 00 
Des diverses espèces d'Orca des mers d'Europe. ........ 182 
Orcarde la Méditenranse MR EN A eue te EEE 
SCT CCR NS MNElAS EEE ER RE AURA ee le ES" JE 
Du-Chauderont, Me Re het en empioetse à D CRIS 
Du, Globiceps dela Méditerranées....1....0ctee 0 RRQ 
Du Dolphinus fers seems MELLE SCENE SERIE 
Du Globicephalus Edwardsi ........... Honor ses PRE 
Cirrhipèdes parasites des Globicephalus, . . :............00.. 2199 
RÉROROOUSIONESCUS NE Re an nn sonate Dee le Ne en PR SE, 


l 


— 


CATACIÉrES OSTÉOlOPIQUES Arc ne de cr eee ce ss 0 Ut 


Divers échouements dulGrampus-.26..6-4...1e..er ere. 52808 
Différencestsuvanties ane NP EEE UP REED ce :.. 12009 
Diférences sexuelles. ie TPE Am beener ce ed PCI EC LE 


Du Grampus de la Méditerranée... te ce RD 
Du Grampus de la côte Est de l ee AU NOR ETC TEEE 208 
RÉSUMÉ. 2e 0 asile metre nues road een D I NE 
nn ce) 
Observations relatives à l’asymétrie du crâne des Odontocètes......,... 211 
Distribution géographique des Cétacés des côtes océaniques de la France. 212 
AO PASSAIT ONE 


Remarques eur le /renre Grampus ee -eedrene-eec-cce 


2 


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ÉTACES 


DU 


SUD-OUEST DE LA FRANCE 


PAR 


P. FISCHER, 


Membre honoraire de la Soci:t3 Linnéenne de Bordeaux. 


(EKtrait des Actes de la Socièie Linnéenne de Bordeaux, t. NXXV, ISSL.) 





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PARIS 
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BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 77 


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