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Full text of "Curiosités géométriques"

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http://www.archive.org/details/curiositesgeometOOfouriala 


CURIOSITES  GEOMETRIQUES 


DU  MfiME  AUTEUR 

Recriationa  Arithmeiiques  (S"  tidilion).  —  Volume  format  22/44"", 
iliublre ^  Ir.  50 


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nombreuses  ;,a'avurC5 ii  Ir.  i>0 


E.   rOVT{7iEy 


CURIOSITES 


GEOMETRIQUES 


La  Geometric  Hugodomoidale 


DEUXl  EME     EDITION 


»  •»"  .7, 


PARIS 
VUIBERT  ET  NONY  EDITEURS 

63,    Boulevard   Saint-Germain,    63 

(Tous  droits  reserves.) 


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AVANT-PROPOS 


L'ouvrage  que  nous  publions  aujourd'luii  est  couqu 

dans  le  meme  esprit  que  nos  Uecreations  arithmetiques 

S?  et  concourt  au  m6me  objet:  Instruire  en  pr^sentant  la 

OT    science  par  ses  cotes  curieux.  Nous  lui  avons  donnd 

une  forme  aussi  elemenlaire  que  possible. 
^       II  nous  a  paru  indispensable  de  d^buter  par  un  re- 
sume de  rilisloire  de  la  Geometrie.  Dans  le  cours  de 
notre  travail,  en    effet,   nous  avons  utilis6  un  assez 
grand  nombre  de  documents  anciens.  Nous  avons  voulu 
•^  que  le  lecteur  put  facilement  associer  ces  documents  a 
w  leur  milieu,  ti  la  periode  qui  les  a  vus  naitre,  et  pour 
^  cela,  qu'il  lui  fut  possible  de  trouver  surcette  periode, 
sur  ce   milieu,  quelques  dclaircissements   dans  notre 
livre   meme.   II  n'existe   d'ailleurs  en   France   aucun 
ouvrage  donnant,  5,  ce  point  de  vue,  les  renseignements 
n^cessaires;  si,  en  effet,  nous  meltons  h  part  les  impor- 
lants  travaux  critiques  de  Paul  Tannery,  nous  en  som- 
mes    encore,    pour   I'histoire    des    Mathemaliques,    i\ 
Montucla  (179*0  et  h.  Ghasles  (1837). 


26S153 


VIII  AVANT-PnOPOS 

Certcs,  les  ccuvres  de  ces  savanls  liistoricns  ont  line 
valciir  considerable,  mais  el  les  ont  vieilli ;  depuis  Icur 
publication,  nombre  de  d^couverlcs  out  modilie,  au 
point  de  la  translormer,  la  physionomie  de  I'Anliquile 
et  du  Moyen  age. 

En  revanche,  les  remarqiiables  Lrgona  siir  I'Histoire 
des  MatJiematiques  de  M.  Cantor  ont  ete  pour  nous  un 
^uide  prdcieux,  au  cours  des  recherches  enlreprises 
pour  la  preparation  de  cct  ouvrag-c. 

E.  F. 


Notre  ami  M.  Bojot  a  bien  voulu  s'imposer  la  lAclie  incrrate 
de  revoJv  noire  inanuscrit ;  uous  iui  adressons  ici  uos  bien 
"vifs  reuiercieuienls. 


.«». 


^■■3 


CURIOSITES   GE03IETRIQUES 

t 

INTRODUCTION 

Esquisse  tie  riiistoire  de  la  geometric  eleiiieiitaire. 


On  concoit  que  du  jour  ou  le  Lesoin  Je  commodile  ou  d'eni- 
bellissement  nous  a  conduits  a  construire  les  edifices,  du  jour  ou 
]e  sentiment  de  la  propriete  a  amene  la  limitation,  la  mesure  et 
la  division  des  champs,  ia  geometrie  pratique  devait  naitre.  Des 
documents  remontant  a  I'antiquite  la  plus  reculee  confirment 
celte  hypothese. 

Mais  il  ne  s'agit  encore  la  que  de  procedes,  sans  lien  entre  eux, 
constituant  un  art  et  non  une  science.  Pour  arriver  a  I'etude  des 
proprietes  des  figures  considerees  en  elles-m6mes,  independam- 
ment  de  toute  relation  avec  le  monde  exterieur,  il  restait  un  pas 
difficile  a  franchir.  Get  immense  progres,  qui  a  cu  d'incalcula- 
Lles  consequences  dans  toutes  les  branches  de  I'activite  humaine, 
n,  ete  realise  par  le  genie  philosophique  des  Grecs;  la  constitu- 
tion de  la  geometrie  theorique  est  un  des  principaux  merites  de 
ce  peuple,  si  remarquable  a  bien  des  points  de  vue. 

11  appartenait  enfin  aux  Modernes  de  realiser  I'union  intime  dc 
la  geometrie  et  du  calcul,  union  qui  devait  conduire  aux  impor- 
tantes  decouvertes  qui  se  sont  succeJe  dopuis  le  4G-  siecle  dans 
le  domaine  mathematique. 

BIBLIOGRAPHIC 

NoNTUCLA.  —    Histoire   des  Mathematiques.  Paris,   2»   ^dit.,    1793-1302 

4  vol,  in-4<>,  ^ 

Chasles.  —  Aperpu  hislorique  sur  I'orlgim  et  le  deoeloppement  des  me- 

thodes  en  geometrie.  Briixelles,  1837 ;  Paris,  187a,  iii-4». 
Hankel.  —  Zur  Geschic'ite  der  Mathematik  in  AHerlhum  und  Miltelalter. 

Leipzig,  1874,  gr.  in-S". 

FouRn::v,  —  Cuiios.  (rdom,  1 


2  INTRODUCTION 

Cantor.  —  Vorlesungen  uber  Gesehichte  der  Matherrmtik.  Leipzig,; 2°  edit.^ 

1894-1901,  3  vol.  gr.  in-8». 
Zeuthen  (Trad,  franeaise  de  J.  Mascart).  —  IHstoire  des  Mathemaliques^ 

dans  I'aniiquitc  et  le  moi/en  age.  Paris,  1902,  in-8". 


§  1.  ^  L'ORIENT  ANTIQUE 
Gcomctrie  pratique. 


ifegyptiens.  —  S'il  fallait  en  croire  les  historiens  grecs,  la  geo- 
metrie  aurait  pris  naissance  en  Egypte.  En  pariiculier,  Herodote 
(5«  3.  av.  J.-C.)  rapporte  (Livre  II,  109)  que  Sesostris  «  fit  le 
partage  des  terres,  assignant  h.  chaque  Egyptien  une  porlion  de 
terre,  et  carree,  qu'on  tirait  au  sort,  a  la  charge  neanmoins  de 
lui  payer  tous  les  ans  une  certaine  redevance  qui  composait 
son  revenu.  Si  le  fleuve  [le  Nil]  enlevait  a  quelqu'un  une  parlie 
de  sa  portion,  il  allait  trouverle  roi  et  lui  exposait  ce'qui  lui  etait 
arrive.  Ge  prince  envoyait  sur  les  lieux  des  arpenteurs  pour  voir 
de  combien  I'heritage  etait  diminue,  afln  de  ne  faire  payer  la 
redevance  qu'a  la  proportion  du  fonds  qui  restait.  Voila,  je  crois, 
I'origine  de  la  geometrie  qui  a  passe  de  ce  pays  en  Grece  ».  La 
version  de  Diodore  de  Sieile  (i"""  s.  av.  J  -G.)  et  de  Proclus  (3«  s.) 
est  un  peu  differente  :  on  aurait  ete  oblige  de  recourir  aux  arpen- 
teurs a  chaque  crue  du  Nil  pour  tracer  a  nouveau  les  limites  dis- 
parues  des  proprietes. 

Si  Ton  entend  le  mot  geometrie  dans  son  sens  etymologique 
arpentage,  il  est  hors  de  doute,  en  effet,  d'apres  'es  documents  qui 
nous  sont  parvenus,  que  les  Egyptiens  ont  6te  relativement  ha- 
biles  dans  cette  voie.  D'autre  part,  leurs  harpedonaptes  (tendeurs 
de  cordeau),  qui  etaient  charges,  d'apres  un  mode  rituel  fixe  a 
I'avance,  de  proceder  a  I'orientation  des  temples  suivant  le  me- 
ridien,  employaient  certains  traces  pratiques  que  nous  ignorons,. 
mais  qui  etaient  sans  doute  analogues  a  ceux  que  nous  ont  trans- 
mis  les  QulvasiUras  hindous(lNTROD.,  §,4).  Gependant,  rien  jusqu'a 
present  ne  permet  de  penser  qu'ils  aient  constilue  une  geometrie 
speculative  ;  on  pent  conjectiirer  tout  au  plus  qu'ils  en  possedaient 
les  premiers  elements  sous  forme  intuitive. 

Parmi  les  documents  certains  permettant  de  se  faire  une  opi- 
nion sur  le  degre  de  culture  mathematique  des  Egyptiens,  on 
peut  citer  au  premier  rang  le  celebre  papyrus  de  Rhind,  qui  fait 


ESQUISSE    DE    L'HISTOIRE   DE   LA   GEO.METfilE  '6 

partie  des  collections  du  British  Museum  a  Londres  et  qui  a  etc 
dechifl're  en  4879  par  regyplologue  allemand  Eisenlohr.  C'est  un 
Manuel  du  Calculateur  a  I'usage  des  marchands  et  des  arpenteurs, 
compose  par  un  scribe  nomme  Ahmes,  environ  4700  a  2000  ans 
avant  notre  ere,  d'apres  des  ecrits  plus  anciens  encore.  La  partie 
geometrique  comprend  la  resolution  generalement  approxima- 
tive de  problemes  pratiques  concernant  le  calcul  de  quelques 
aires  planes  et  de  quelques  volumes  simples ;  on  y  rencontre  ega- 
lement  des  notions  sur  la  similitude  (voir  2«  Partie). 

Le  second  document  que  nous  ayons  a  citer  est  constitue  par 
I'inscription  hieroglyphique  du  temple  de  Ilorus  a  Edlou  (Haute 
Egypte),  qui  a  ete  signalee  en  IbSo  par  I'egyptologue  allemand 
Lepsius.  Gette  inscription,  qui  date  d'environ  400  ans  av.  J.-C, 
enumere  les  mesures  des  diilerentes  terres  qui  formaient  la  pro- 
priele  ionciere  du  temple.  Un  y  trouve  des  regies  approximatives 
pour  le  calcul  du  triangle  et  du  quadriiatere  (2«  Partie,  Chap.  2). 

ISous  signalerons  enlin,  en  dehors  des  ligui'es  geometriques 
qu'on  rencontre  frequemment  sur  ies  monuments,  la  connais- 
sance  que  possedaient  les  Egyptiens  du  procede  dit  des  carres 
pour  agrandir  ou  diminuer  une  ligure  dans  un  rapport  donnti. 

BIBLIOGRAPHIE 

Eisenlohr.  —  Ein  maihematisfhes  Handbuch  der  alten  Aegijpter.  Leipzig, 

1877,  1  vol.  in-i"  et  1  atlas  in-fol. 
Lepsius.  —  Ueber  eine  hieroglyphische  Insrkrift  am  Tempel  von  Edfti. 

Mem.  de  I'Acad.  de  Berlin,  18oo. 

Chald^ens.  —  Pendant  longtemps,  I'Egypte  fut  regardee  comme 
le  seul  berceau  des  sciences;  mais  les  decouvertes  faites  vers  le 
milieu  du  siecle  dernier,  et  qui  se  sont  poursuivies  depuis  d'une 
faQon  ininterrompue,  ont  prouve  que  les  nations  habitant  la  re- 
gion du  Tigre  et  de  I'Euphrate  etaient  parvenues  a  un  degre  de 
culture  au  moins  egal. 

Dien  qu'on  n'ait  rencontre  aucun  ouvrage  systematique  de 
malhematiques  dans  les  etranges  bibliotheques  qu'on  a  retrouvees 
et  ou  les  livres  sont  constitues  par  des  tableltes  et  des  cylindres 
d'argile  reconverts  de  caracteres  cuneiformes,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  les  Chaldeens  furent,  comme  les  Egyptiens,  d'ha- 
biles  architectes  et  arpenteurs;  les  plans  d'edifices  et  de  terrains, 
ainsi  que  les  innombrables  textes  traitant  de  la  vente  des  champs, 
qui  nous  ont  ete  conserves,  ne  laissent  aucun  doute  a  cet  egard. 

Leur  systeme  de  poids  et  mesures  reposait  comme  le  ndtre  sur  • 


4  INTBODUCTION 

des  bases  scientifiques.  Toulefois,  la  verilable  composition  de  ce 
systeine  et  les  valeurs  de  ses  diverses  unites  ne  sent  pas  encore 
completeinent  elucidees  ;  celle  question  a  fait  et  fait  encore  I'ob- 
jet  de  vives  discussions  entre  les  assyriuloyues. 

Nous  Savons  peu  de  chose  sur  les  connaissances  geomelriques 
des  Giialdeens  en  dehors  des  questions  pratiques  de  dessin  et 
d'arpentage;  nous  signalerons  toutelois  qu'ils  avaient  une  cer- 
taine  notion  de  la  similitude  et  que  c'est'  a  eux  qu'il  convient  de 
laire  remonter  la  division  sexagesimale  de  la  circonlerence.  Les 
ligures  geometriques  paraissent  avoir  ete  pour  ce  peuple  des>yni- 
boles  divinatoires. 

BIBLIOGRAPHIE 

Lenormant,   —   Essai  sur  un  document  mathematique  chaldc'cn.  Paris, 

1868. 
J.  Oppert.  —  Travaux  divers,  notamment  dans  les  Comptes   rendus  des 

stiauces  de  I'Academie  des  inscriptions  et  Uelles-Lettres. 
Sayge.  —  Babylonian  augury  by  means  of  geometrical  figures.  — Tiansact. 

of  the  Soc.  oi'  hihlicai  Archaeology,  vol.  IV.  Londres,  1876. 
Heuzey.  —  Uecouvertes  en  Chaldee.  l^aris,  1884,  in-l'ol. 
AuRES,  —  Theone  de  I'arpentage  chez  les  Assyriens.  S.  1.  n.  d.,  in-i". 
AuhES.  —  Determination  des  mesures  agraires  de  longueur  et  de  super ficie 

autrefois  en  usage  chez  les  Assyriens.  iNimes,  1891,  in-8». 

Cliinois.  —  Le  plus  ancien  document  authentique  qui  ne  porte 
pas  trace  de  I'intluence  etrangere  et  qui  nous  soit  parvenu  est 
"  le  livre  sacredu  calcul  »,  dit  Tchcou-pei,  divise  en  deux  parties. 
La  preuiiei'e,  tres  courte  et  qui  doit  avoir  ete  composee  vers  dlOO 
av.  J.-C  ,  contient  a  peu  pres  le  seul  resultat  suivant:  le  triangle 
de  cutes  3,  4,  o  est  rectangle,  et  dans  ce  triangle  on  a 

d''  +  P  =  ^\ 

La  deuxieme  partie,  qui  daterait  au  moins  de  I'an  213  av.  J.-C, 
a  trait  a  i'astronomie.  Ea  somme,  quoi  qu  en  pensent  les  Chinois, 
qui  regardent  cet  ouvrage  comme  la  base  I'ondainentale  des  con- 
naissances  malhematiques  de  tous  les  peuples,  le  Tcheou-pei 
donne  une  pauvre  idee  de  la  science  antique  en  Chine. 

Les  Iraitesplus  recents,  ecrits  a  une  epoque  oul'influence  hin- 
doue  et  arabe  avail  pu  se  faire  sentir,  maisnon  celle  des  mission- 
naires  europeens,  sont  le  Su-schou-kiu-tschang  ou  les Neuf  sections 
de  i'art  numerique  (vers  4240)  et  le  Souan-fa-tong-tsong  ou  Traite 
complet  de  I'art  de  compter  (1593)  ;  ils  ne  contiennent  que  des 
questions  simples  de  geometrie  pratique. 


ESQUISSE    DE    L  HISTOIUE    DE    LA    GEOMETRIE  5 

BIBLIOGKAPIIIE 
En.PioT.  —  Tradiiclinn  el  exavien  du  Tcheou-pei.  J='  Asiat.,  1"  scm.  18il. 
Ei).  I'lOT.  —   Table  f;cnera!e  du  Sciimi-Ja-tomj-tsong.  J''  Asiat.,  1'^^'  scni. 

HiKitNATZKi.   —  Die  ArUlimc.tik  der  Chivcxen.  J''  fiir  d.   loinc    mi  1    i\w^. 
MalliL'iii.  (C.rolie;,  lame  TiS.  lieilin,  ISiiG. 


§  2.  —  LES   GRIiCS 
Geometrie  tlioorique. 


Tout  ce  f[ue  nous  savons  dc  precis  sur  les  origines  de  la  geo- 
nielrie  en  Grece  est  a  pen  prts  exclusivement  eniprunle  a  des 
passages  succincls  d'un  coinmenlaire  de  Proclus  (5*=  s.)  sur  le 
Livre  I  des  Elements  d'Euclidc ;  ces  passages  ont  ete  composes 
d'apres  I'Hisloire  de   la  Geomelrie  d'Eudeme   (4"  s.  av.  ,1.  C). 

Pour  le  surplus,  on  en  est  reduit  a  des  conjectures  basecs  sur 
des  citations  isolees  de  divers  auteurs  grecs  ou  latins. 

BIBLIOGRAnilE 

Bretschneider.  —  Die  Geomelrie  und  die  Geomcler  vor  Euldides.  Leipzig, 

1870,  gr.  in-S". 
Paul  Tannery.  —  La  Geome'trie  grecqne.  Paris,  1887,  p;r.  in-8". 
GiNO  LoRiA,  —  Le  Scienze  esatte  neW  antica  Grecia.  Modene,  i895,  in-fol. 
Zeuthen  (Trad,  frangaise  de  J.  Mascaut).  —  Hisloire  des  Malhemaliques 

dans  I'antiquite  et  le  moyen  age.  Paris,  di;02,  in-8". 

Un  pr^curseur.  —  Le  premier  geometre  et  philosophe  grec 
connu  est  Tiiales  de  Milet  (entre  627  et  547  av.  J.-C  ).  Les  rensei- 
gnements  qu'on  possedesur  sa  vie  sont  vagues  et  contradictoires; 
on  sait  cependant  d'une  faQon  a  peu  pres  certaine  qu'il  voyagea 
en  Egypte. 

D'apres  Proclus,  Thales  aurait  enonce  les  propositions  sui- 
vantes  : 

1°  Si  deux  droites  se  coupent,  les  angles  opposes  par  le  sommet 
sont  egaux ; 

2°  Dans  tout  triangle  isocele,  les  angles  a  la  base  sont 
egaux  ; 

3"  Un  triangle  est  determine  par  un  cote  et  ses  deux  angles 
adiaceiits. 


b  INTBQDUCTION 

Eud^me  fait  reinonler  ce  dernier  theoreme  k  Thales,  car  «  il 
devait  necessaireinent  s'en  servir,  d'apres  la  maniere  dont  on 
rapporte  qu'il  determinait  la  dislance  des  vaisseaux  en  mer  »; 

4°  Le  diametre  d'un  cercle  le  divise  en  deux  parlies. 

11  est  Ires  contestable  que  Thales  ait  demontre  cette  derniere 
.proposition,  comme  I'affirme  Proclus,  car  les  notions  geomelri- 
ques  n'etaient  pas  encore  assez  avancees  a  cetle  epoque  pour  qu'on 
sentitlanecessite  d'une  demonstration.  Euclide  lui-meme  se  con- 
tente  d'enoncer  le  fait  dans  une  definition. 

D'apres  Pamphila,  compilatrice  de  la  lin  du  i""  a.,  Thal^s 
aurait  « inscrit  le  triangle  rectangle  dans  le  demi-cercle».  On 
conclut  frequemment  de  ce  temoignage  que  le  Milesien  de- 
vait connaitre  la  propri6te  pour  les  angles  d'un  triangle  d'avoir 
une  somme  egale  a  deux  droits.  Mais  cette  conclusion  est  peu 
vraisemblable,  car  Proclus  altribue  formellement  ce  theoj'cme 
aux  Pythagoriciens ;  il  est  plus  probable  que  Thales  avait  deduit 
praliquement  la  propriete  rappelee  du  triangle  rectangle  du  fait 
qu'un  rectangle  peut  etre  inscrit  dans  un  cercle. 

Enfin  Plutarque  (I^"'  s.)  nous  rapporte  que  Thales  ravit  le  roi 
d'Egypte  par  la  maniere  dont  il  mesura  la  hauteur  d'une  pyra- 
mide  sans  aucun  instrument ;  il  aurait  efTectue  celle  mesure  par 
la  comparaison  de  I'ombre  de  lapyramide  et  de  celle  d'un  baton 
de  longueur  connue  dresse  verticalement,  au  inoyen  de  deux 
triangles  semblables.  Or,  on  a  tout  lieu  de  croire  que  la  Iheorie 
de  la  similitude  est  posterieure  a  Thales  ;  liieronyme  de  Rhodes 
(4"  s.  av,  J.-C.)  nous  apprend  d'ailleurs  que  I'operation  dont  il 
s'agit  fut  effectuee  au  moment  de  la  journee  <f  ou  I'ombre  nous 
est  egale  »  :  il  n'y  a  plus  la  qu'une  notion  intuitive  de  la  propor- 
tionnalite,  analogue  a  cello  qu'on  rencontre  chez  les  Egyptiens. 

En  resume  —  c'est  I'opinion  de  Paul  Tannery  —  Thales  appa- 
rait  plutot  comme  un  chercheur  de  problemes  pratiques,  qui 
a  pu  posseder  quelques  notions  theoriques,  mais  sans  les  deVe- 
lopper. 

]^cole  pythagoricienne.  —  Apres  Thalfes,  le  premier  nom  re- 
marquableque  nous  ayons  a  signaler  est  celui  de  Pythagore.  Bieri 
que  ce  fameux  philosophe  ait  eu  de  nombreux  biographes,  nouS 
ne  Savons  k  peu  pres  rien  de  precis  sursa  vie,  car  ses  actions  ont 
ete  deformees  par  la  legende.  11  est  ne  a  Samos  vers  580  et  est 
mort  vers  500.  Tous  les  auteurs  s'accordent  a  dire  qu'il  voyagea 
en  Egypte,  Vers  536,  il  aborda  en  Italic,  a  Crotone,  oii  il  fonda  la 
c^lebre  dcole  qui  porte  son  nom.  11  aurait  alors  exerce  une  grande 


ESQUISSE   DE   l'hISTOIRE   DE   LA   CtoM^TRIE  7 

influence  politique  etsociale  dans  la  Grande'-Gr^ce,  maisses  doc- 
trines devaient  en  faire  le  partisan  de  TaTistacratie,  et  ii  dut  fuir 
-devant  Topposition  democratique;  il  se  serait  laiss^  mourir  de 
fajrn  dans  le  temple  des  Muses  a  Metaponte,  Quant  aux  associa- 
tions pythagoriciennes,  elles  furent  dissoutes  et  leurs  membres 
•disperses. 

C'est  incontestablement  a  Pythagore  et  a  son  ecole  que  I'on 
•doit  la  premiere  impulsion  veritable  donnee  a  la  geometric,  ainsi 
•que la  decouverte  des  propositions  fondamentalesde  cetle  science. 
Mais  il  est  difficile  de  discerner  ce  qui  revient  en  propre  au 
maltre  et  a  ses  disciples  immediats,  car  les  Pythagoriciens 
avaient  coutume  de  faire  remonter  leurs  decouvcrtes  a  leur  chef 
d'ecole. 

En  premier  lieu,,  c'est  a  Pythagore  qu'on  devrait  le  fameux 
theoreme  du  carre  de  I'hypotenuse  (1"  Partie,  Chap.  2).  D'apr6s 
Proclus,  il  aurait  demonlre  les  propositions  suivantes  : 

4"  La  somme  des  angles  d'un  triangle  est  egale  a  deux  droits  ; 

2"  [/assemblage  de  6  triangles  equilat^raux,  ou  de  4  carr^s,  ou 
de  3  hexagones,  remplit  exactement  I'espace  autour  d'un  point. 

Ge  dernier  theoreme  implique  chez  Pythagore  la  connaissance 
•de  certaines  proprietes  des  polygenes  r^guliers.  On  sait  d'autre 
part,  d'apres  des  passages  d'un  auteur  grec,  Lucien  (2«  s.),  et  d'un 
scoliaste  d'Aristophane,  que  le  pentagoue  regulier  etoile  servait 
-designe  de  ralliement  aux  Pythagoriciens.  Comme  la  determina- 
tion du  odte  de  ce  polygene  depend  comme  on  sait  de  la  section 
■du  rayon  en  moyenne  et  extreme  raison  —  Ik  section  d'or  ainsi 
qu'on  I'appelait  alors  —  on  en  a  conclu  que  les  Pythagoriciens 
devaient  avoir  resolu  ce  dernier  probleme. 

Dans  le  meme  ordre  d'idees,  Proclus  rapporte  qu'on  doit  k 
Pythagore  la  construction  des  figures  du  cosmos.  On  appelait  ainsi 
les  cinq  polyedres  reguliers  que  les  Pythagoriciens  et  les  ecoles 
■qui  en  .sent  issues  suppo.saient  devoir  etre  en  rapport  necessaire 
avec  le  monde  qui  nous  environne.  Chez  le  Pythagoricien  Timee 
HE  LocBBs  (4<"-  s.  av.  J.-C),  parexemple,  leletraedre  representait  le 
feu;  le  cube,  la  terre;  I'octaedre,  le  vent ;  I'icosaedre,  I'eau ;  et  le 
dodecaedre,  I'enveloppe  du  monde. 

La  theoriede  la  similitude  tut  egalementetudiee  avec  succes  dans 
I'icole  pythagoricien ne,  car  Plutarque  signale  que  Pythagore 
d-onna  la  solution  du  probleme  suivant  :  «  Construire  une  figur© 
■equivalente  a  une  figure  donnee  et  serablable  k  una  seeond«i » 


'  8  .  INTRODUCTIOX 

Nous  Savons  encore  par  Proclus  que  Ion  doit  a  Pylhagore  I'im- 
portante  decouverte  des  irralionnelles  :  il  demonlra  que  le  rap- 
port entre  I'hypotenuse  et  le  cote  d'un  triangle  rectangle  isocele, 
ou,  ce  qui  revient  au  meme,  entre  la  diagonale  et  le  cote  du 
carre,  ne  pouvait  etre  exprime  par  aucun  nonibre  connu  (entier 
ou  fractionnaire ;  on  sait  que  ce  iap|K»rt  est  represenle  avec  nos 
notations  actuelles  par  I'expression  sj"!  ). 

Afm  de  s'afTrancliir  de  la  consideration  des  irralionnelles  dans 
les  raisonnements  mathemaliques,  les  Pythagoriciens,  et  apres 
eux  les  geometres.grecs,  irnaginercnl  de  represenler  les  grandeurs 
par  des  segments  de  droite.  Ces  segments,  dont  la  valeur  nume- 
rique  pouvait  etre  quelconque,  puisqu'elle  dependait  de  Tunite 
de  longueur  choisie,  jouaient  ainsi  le  meme  role  que  les  letlres  en 
algebre  ;  c'est  la  I'origine  de  ce  qu'on  a  appele  I'algebre  geome- 
Irique. 

En  resume,  on  voit  qu'au  moment  de  la  dispersion  des  Pytha- 
goriciens, laplupart  des  theories  qui  font  lobjet  de  la  geometrie 
elementaire  se  trouvaient  ebauchees. 

•  Parmi  les  geometres  independants  qui  ne  se  ratlachent  pas  a 
I'ecole  pythagoricienne,  nous  avons  a  ciler  (JEnopide  de  Cinos 
(3e  s.  av.  J.-C),  HipPOCRATE  DE  Chios  (milieu  du  S«  s.  av.  J.-C.)  et 
Df.mocrite  (460-3o7). 

Selon  Proclus,  CEnopide  aurait  resolu  les  deux  problemes  sui- 
vants  :  4°  Abaisser  d'un  point  donne  une  perpendiculaire  sur  une 
droite  donnee;  2°  Construire  un  angle  egal  a  un  angle  donne,  le 
sommet  et  un  cote  de  Tangle  etant  donnes. 

Aucun  des  ouvrages  du  celebre  philosophe  Democrite  ne  nous 
est  parvenu,  mais  nous  savons  quMl  avait  ecril  un  Traite  de  Geo- 
metrie. Dans  un  passage  qui  nous  a  ete  conserve,  il  se  vante  de 
n'avoir  ele  depasse  par  personne,  meme  par  les  harpedonaples 
egyptiens,  dans  la  demonstration  math^malique. 

Hippocrate  de  Chios  est  un  des  plus  illuslres  geometres  grecs. 
11  commen^a  par  pratiquer  le  commerce  maritime;  mais  ayant 
ete  dupe  par  la  douane  athenienne  u.  Byzance,  il  vint  a  Athenes 
pour  reclamer  justice.  Afin  d'occuper  ses  loisirs,  il  aurait  alors 
suivi  les  lemons  des  philosophes,  puis  fonde  lui-meme  une  ecole. 

Proclus  nous  apprend  qullipjjocrate  lut  le  premier  qui  com- 
posa  des  Elements  (de  mathematiqiics).  Mais  il  s'est  surtout  rendu 


ESQUISSE    DE    L  illSTOir.E    DE    L.V    GEOMETRIE  9 

celebre  parses  etudes  sur  les  lunulcs  qui  portent  son  nom  (3'=  Partie, 
Cliap.  4);  I'analyse  de  son  travail  sur  ce  sujet  par  I'historien 
Euderne  nous  a  ete  conservee  par  un  ecrivain  du  S<=  s.,  Simpli- 
cius.  G  est  vraisemblablement  a  notre  geometre  que  Ton  doit  Je 
theorjme  relatif  a  la  proportionnalile  des  aires  des  cercles  et  dos 
Carres  de  leurs  diametres. 

Trois  problemes  I'ameux,  dont  I'etude  fut  exlremement  feconde 
pour  la  science,  furent  poses  vers  le  lemjts  d'Hippocrate  :  la  qua- 
drature du  cercle,  la  duplication  du  cube  et  la  Irisection  de 
Tangle. 

L'Academie.  —  Nous  arrivons  a  la  periode  la  plus  brillante 
de  la  philosophie  grecque,  dont  I'laton  (427-348  av.  J.-C.)  fut  un 
des  plus  illustres  represenlants.  Apres  un  voyage  en  llalie  et  en 
Sicile  ou  il  recueillit  les  doctrines  pythagoriciennes,  il  fonda  a 
Athenes  la  celebre  Academie,  ecole  qui  devint  bientot  et  qui 
resta.  jusqu'a  la  fin  de  la  vie  de  son  fondateur,  extremement  llo- 
rissante. 

Platon  etaitloin  de  partager  pour  les  mathemaliques  le  dedain 
de  son  maitre  Socrate,  qui  eslimait  suffisant  de  «  savoir  assez  de 
geometrie  pour  mesurer  son  champ  ».  Proclus  nous  rapporte  en 
efTet  que  Platon  «  fit  prendre  aux  mathematiques  en  general,  a  la 
geometrie  en  particulier,  un  essor  immense,  grace  au  zele  qu'il 
deploya  pour  elles  et  dont  temoignent  assez  ses  ecrits  remplis  de 
discours  maliiematiques  el  qui,  a  chaque  instant,  eveilient  I'ar- 
deur  pources  sciences  chezceuxqui  s'adonnent  a  la  philosophie  ». 
La  tradition  recueillie  par  un  auteur  byzantin  du  41°  siecle  de 
notre  ere,  Pseilus,  nous  fait  connaitre  encore  que  Platon  aurait 
ecrit  au  fronton  de  i'Academie  :  «  Que  nul  n'entre  ici  s'il  n'est 
geometre  ». 

Personnellement,  il  ne  s'occupe  pas  de  reclierches  mathema- 
tiques, mais  il  encourage  ses  disciples  dans  cette  voie.  11  se  serait 
surtout  attache  aux  methodes,  si  Ton  en  croit  Ja  tradition;  Proclus 
nous  rapporte  quil  a  invente  lanalyse,  qui  cousiste,  com  me  on 
sait,  a  ramener  par  une  suite  de  propositions  un  theoreme  donne 
a  une  proposition  connue.  Mais  on  est  certain  que  cette  methode 
a  ete  employee  avant  lui,  tout  au  moins  sous  forme  rudimenlaire, 
notamment  par  Hippocrate  de  Chios  ;  peut-6tre  lui  a-t-il  seule- 
ment  donne  une  forme  scienlifique  inaltaquable. 

D'apres  ce  qu'il  est  possible  de  conjecturer,  les  geometres  de 
I'Academie  ont  precise  les  definitions,  reduit  le  nombre  des 
axiomes,  ameliore  les  demonstrations  des  propositions  connues 


iO  INTRODUCTION 

•et  mis  au  jourdenombreux  theoremesnouveaux,  Cerlainsd'entre ' 
eux  composcrenl  des  Elements  qui  ne  devaient  pas  diff^rer  sensi- 
hlement  de  ceuxecrits  poslerieurement  par  Euclide. 

G'est  le  lieu  de  ciler  Aristote  (384-322  av.  J.-C),  le  grand  philo- 
sophe  grec,  disciple  de  Platon  ;  il  avait  compost  un  Traite  de  Ma- 
thematiques  qui  ne  nous  est  point  parvenu.  Ses  eleves  Theophraste 
(374-287)  et  Eudkme  (3S0-290)  ont  ecrit  chacun  une  Histoire  de  la 
Geometric  qui  n'a  pas  ete  conservee. 

En  dehors  des  geometres  de  I'Academie,  nous  avons  k  signaler 
Archytas  de  Tarente  (vers  430-vers  348  av.  J.-C),  philosophe  et 
homme  d'Etat,  ami  de  Platon;  surtout  celebre  pour  diverses  in- 
ventions mecaniques  qu'on  lui  attribue,  il  s'occupa  6galement 
-avec  succes  de  la  geometric. 

EunoxE  DE  CmnE  (407-354  av.  J.-G.),  qui  se  posa  en  rival  de 
Platon,  fut  le  fondateur  de  I'Ecole  de  Cyzique.  11  est  surtout 
connu  comme  astronome,  mais  il  a  egalement  produit  de  remar- 
quables  travaux  geometriques.  On  lui  doit  notamment  une  theo- 
rie  rigoureusedes  proportions  et  noussavons  par  Archimedequ'il 
est  I'auteurde  demonstrations  exactes  de  I'expression  du  volume 
•de  la  pyramide  et  du  c6ne. 

D'apres  Proclus,  Menechmb  (4"  s.  av.  J.-G.),  h.  la  fois  disciple  de 
Platon  et  d'Eudoxe,  passe  pour  avoir  decouvert  les  sections 
coniques  (ellipse,  parabole,  hyperbole). 

L'EcoIe  d'Alexandrie.  —  /"  Periode.  —  Fondee  en  334  par 
le  grand  conquerant  dont  elle  porte  le  nom,  Alexandrie  devint 
rapidement,  sous  la  protection  eclairee  des  Ptolemees,  le  centre 
intellectuel  du  monde  antique.  Les  mathematiques  y  furent  en 
particulier  cultivees  avec  ardeur.  G'est  lage  d'or  de  la  geometrie 
grecque  ;  dans  I'espace  d'un  siecle  environ,  nous  voyons  se  succe- 
der  ses  trois  plus  brillants  representants :  Euclide,  Archimede 
etApoUonius. 

Euclide  enseignait  k  Alexandrie  vers  le  commencetnent  du 
3°  s.  av.  J.-G.,  sousle  regne  de  Ptolemee  l""" ;  il  y  fondala  plus  ce- 
lebre ecole  mathematique  grecque.  11  est  surtout  reste  fameux 
pour  avoir  compose  des  Elements  oh  « il  mit  en  ordre  les  travaux 
•de  ses  devanciers  et  ou  il  donna  des  demonstrations  irrefutable' 


ESQUISSE    DE   l'hISTOIRE   DE   LA   CtoMETRIE  11 

pour  ce  que  ses  predecesseurs n'avaientpas  suffisamment  prouve  » 
(Proclus).  On  ne  sail  rien  de  precis  sur  sa  vie.  Un  geometre  du 
4<'  si^cle  de  noire  ere,  Pappus,  nous  le  peint  comme  etant  d'un 
naturel  doux  et  inodeste.  Proclus  nous  rapporte  d'autre  part  que 
Ptolemee,  demandant  un  jour  a  Euclide  s'il  n'y  avait  pas  en  geo- 
metrie  de  route  plus  courle  que  celle  des  Elements,  s'attira  cetle 
reponse :  «  U  n'y  a  pas  en  geometric  de  chemin  fait  pour  les 
rois. »  (Suivant  une  version  moins  repandue,  cette  reponse  aurait 
€te  faite  par  Menechme  a  Alexandre  le  Grand.) 

Independamment  des  Elements,  Euclide  avait  ecrit  diverses 
<BUA^res  de  geometrie  eldmentaire  et  superieure  qui,  pour  la  plu- 
part,  ne  nous  sont  pas  parvenues.  Parmi  les  ouvrages  qui  nous 
ont  ete  conserves,  nous  citerons  le  livre  des  Donnees,  recueil 
destine  a  faciliter  la  resolution  des  problemes.  Quant  au  livre 
sur  le  Partage  des  figures,  on  en  connait  seulement  un  abrege  pu- 
blic et  traduit  par  Woepcke  en  1851.  Un  ecrit  arabe  de  m6me 
litre,  portant  comme  nom  d'auteur  Mahomet  de  Bagdad,  a  ete  de- 
couvert  en  1563  par  John  Dee  et  considere  par  lui  comme  eucli- 
dien ;  11  en  fit  une  traduction  latine  qui  tut  inseree  dans  I'edilion 
d'Euclide  de  Gregory  en  1703.  Mais  ce  travail  ne  parait  pas  avoir 
6te  directement  compose  sur  le  grec  et  n'est  sans  doute  qu'une 
imitation  de  I'cEuvre  du  geometre  alexandrin, 

Enfin  nous  savons  qu'Euclide  avait  encore  compost  les  Fseu- 
daria;  il  y  avait «  enonce  separement  et  en  ordre  les  divers  gen- 
res de  faux  raisonnements,  exergant  pour  chacun  notre  intelli- 
gence par  des  th^oremes  de  toute  sorte,  ou  il  oppose  le  vrai  au 
faux,  et  0X1  avec  la  preuve  il  fait  concorder  la  refutation  de  I'er- 
reur»  (Proclus), 

£a  raison  de  I'lmportance  historique  des  Elements,  nous  aliens 
examiner  cette  ceuvre  un  peu  en  detail.  Tels  qu'ils  nous  ont  et6 
Iransmis,  les  Elements  comprennent  15  Livres.  Les  treize  premiers 
seulement  sont  d'Euclide  ;  quant  aux  deux  autres,  qui  traitent  des 
polyfedres  reguhers,  leXlVeestd'Hypsiclesquiappartient  au  siecle 
suivant,  et  le  XV^  serait  du,  d'apres  M.  Paul  Tannery,  a  un  geo- 
metre byzantin  du  6«  s. 

Le  Livre  1  traite  des  constructions  elementaires,  des  cas  d'ega- 
lite  et  des  proprietes  des  triangles,  des  paralleles,  de  I'equiva- 
lence  sous  certaines  conditions  des  triangles  et  des  parallelo- 
gvammes,  du  theoreme  du  carre  de  I'hypolenuse. 

Dans  le  Livre  11  sont  exposees  les  demonstrations  geometriques 
de  certaines  relations  algebriques  analogues  h  celle  qui  donne  le 


12  INTnODUCTION 

Carre  de  la  sonime  de  deux  nombres,   ainsi  que  la  resolution  du 
probleaie  de  la  division  d'unedroile  eninoyenneet  extreme  raison. 

Le  Livre  HI  renferme  la  theorie  du  cercle  et  des  diverses  lignes 
qu'on  jicut  y  considerer;  e'est  apeu  pres  I'equivalcnt  du  Livre  11 
de  nos  geometries  actuelles. 

I   .Dans  le  Livre  IV,  on  etudie  les  figures  inscriles  cl  circonscriles 
a  la  circon Terence. 

!    Le  Livre  V  est  entierement  consacro  a  la  tlieorie  des  propor- 
tions. 

La  similitude  est  presentee  dans  le  Livre  VI  a  I'aide  des  theo- 
remes  du  Livre  precedent.  Un  certain  nombro  de  fjueslions  reso- 
lues  aujourd'hui  par  la  consideration  de  triangles  semblables 
sont  traitees  dans  les  quatre  premiers  Livres,  sans  avoir  recoursu 
cette  consideration,  par  le  moyen  d'arlifices  qui  reposent  souvent 
sur  le  theorome  du  carre  de  I'hypotenuse  et  sur  les  propositions 
du  Livre  11. 

Les  Livres  VII,  VIII  et  IX  traitent  de  la  tbeorie  des  nombres  et 
le  Livre  X  des  incommensurables. 

Avec  le  Livre  XI,  nous  revenons  a  la  geometric  ;  on  y  expose 
les  proprietes  des  droites  et  des  plans  dans  I'espace,  des  paralle- 
lepipedes. 

Enfin,  le  Livre  XII  s'occupe  de  la  pyramide,  duc6ne  et  du  cy- 
lindre,  et  le  Livre  Xlll  des  polygenes  et  des  polyedres  reguliers. 

Chacune  des  propositions  geometriques  des  Elements  comprend 
en  general  cinq  parties :  4°  I'enonce  ;  2°  I'expose,  qui  est  une  repe- 
tition de  lenonce  ou  sont  utilisees  les  lettres  de  la  figure  ;  3"  la 
construction  des  lignes  necessaires  a  la  demonstration  ;  4°  la  de- 
monstration; 5°  la  conclusion,  qui  est  encore  une  repetition  de 
Tenoned  (3"  Partie,  Chap.  4).  Dans  le  cours  de  la  demonstra- 
tion, les  idees  s'enchainent  suivant  une  logique  rigoureuse  et  on 
se  rel'ore  toujours  pour  chaque  construction  ou  chaque  chose 
avancee  a  une  definition  ou  a  une  proposition  anterieure. 

Mais  il  resulte  pour  le  lecteur  de  cette  solennelle  taQon  de  pro- 
c«5der  une  fatigue  qui  rend  I'etude  d'Euclide  peu  attrayanle  et 
qui  est  encore  aggravee  par  ce  fait  que  les  Anciens,  comme  nous 
I'avons  vu,  raisonnaient  sur  les  grandeurs  elles-memes  represen- 
tees geomelriquement  et  non  sur  les  nombres  qui  les  mesurent. 
lis  conservaient  ainsi  aux  raisonnements  toute  leur  generalite, 
mais  la  lecture  en  etait  penible  par  suite  de  la  necessite  desuivre 
k  la  fois  le  texte  et  la  figure  ;  ils  se  privaient  en  outre  du  bene- 
fice de  la  concision  que  procure  le  calcul. 

Pour  la  mSme  raison,  on  ne  rencontre  pas  dans  Ilo  Elements, 


ESQUISSE   DE   l'hISTOIRE   DE    LV    GEOMEIUIC  13 

comme  dans  les  ouvrages  acluels  de  geomelrie,  des  propositions 
donnant  dune  manieie  explicitc  I'aire  des  surfaces  ou  le  volume 
des  corps,  comme  par  exemple  cello  ci :  «L'aire  d'un  parallelo- 
gramme  a  pour  mcsure  le  produit  du  nombre  qui  mesure  sa  base 
par  le  nombre  qui  mesure  sa  hauLeur,  lorsqu'on  prend  pour  unite 
d'aire  le  carre  conslruit  sur  I'unile  de  longueur  >>.  On  y  trouve 
seulementcelenonce:  «Deux  parallelogrammes  demcme  hauteur 
sont  entre  eux  comme  leurs  bases  j).  Les  calculs  dr're  et  de  vo- 
lume I'aisaient  partie  chez  les  Grecs  de  la  geomelrie  pralique, 
completement  distincte  de  la  geomelrie  Iheorique. 

Quoi  qu'ilen  soil,  les  Elements  d'Euclide  constilaent  un  mo- 
dele  de  rigueur  scientifique  alteint  par  bien  peu  d'ouvrages  mo- 
dernes.  lis  ont  ete  pendant  vingt  siecies,  dans  tout  le  monde  civi- 
lise, I'ouvrage  classique  par  excellence  pour  I'enseignement  de  la 
geomelrie;  on  constate  d'ailleurs  acluellement  une  tendance 
generale  a  reveniraux  melhodes  d'Euclide. 

Les  Elements  nous  ont  ete  transmis  par  les  Arabes.  Adelard  de 
Bath,  puis  Gerard  de  Cremone  et  enlinGampanus  ont  donne  aux 
12=  et  IS**  siecles  les  premieres  traductions  lalines  d'apres  I'arabe. 
La  version  de  Campanus  —  la  premiere  qui  ait  ete  imprimee  — 
fut  publiee  a  V'enise  en  4182  par  Erhard  lialdolt  et  souvent  reim- 
primee  depuis.  La  premiere  traduction  sur  le  grcc  parut  a  Venise 
en  1503  paries  soins  de  Zamberti.  L'edition  la  plus  recente  est 
celle  d'tleiberg,  parue  a  Leipzig  en  1883-1888.  La  derniere  traduc- 
tion en  frauQais,  avec  texle  grec  et  latin,  est  celle  de  Peyiard : 
elle  dale  de  1814-1818. 

Le  plus  grand  mathematicien  de  I'anliquite,  Arciumede  (vers 
287-212  av.  J.-C),  est  ne  a  Syracuse  ;  il  elait  parent  du  roi  Hieron, 
si  nous  en  croyons  Plutarque.  11  est  probable  qu'il  fit  ses  eludes  a 
Alexandrie. 

Sa  defense  de  Syracuse  conlre  les  Romains  commandes  par 
Marccllus  est  reslee  legendaire.  Polybe,  Tile-Live  et  Plutarque  ne 
tarissent  pas  sur  les  merveilleux  engins  dus  a  son  genie  invenlif 
et  qui  lui  pcrmirent  de  tenir  I'armee  romaine  en  echec  pendant 
trois  annees  conseculives.  Marcellus  reussit  enfm  a  s'emparer  de 
la  ville  par  surprise  et,  pendant  la  prise  de  possession,  Archiml'de 
fut  tue  par  un  soldat.  On  grava  sur  son  tombeau,  comme  11 
I'avait  demande,  un  dessin  rcpresenlant  une  sphere  inscritedans 
un  cylindre,  pour  rappeler  une  de  ses  plus  belles  decouvertes. 
En  73  av.  J.-C.,  CicJron,  alors  questeur  en  Sicile,  retrouva  ce 
tombeau  enfoui  sous  les  ronces  et  les  epines  (Tusculanes,  V), 


14  INTRODUCTION 

Esprit  profondement  original,  Archimede  dedaigne  les  sen- 
tiers  battus  ;  les  sujets  qu'il  traite  n'ont  jamais  ete  eludies  avant 
lui  et  il  emploie  pour  arriver  a  son  but  des  methodes  qui  lui  sont 
propres.  Ses  travaux  sur  la  geometrie  elementaire  qui  nous  sont 
parvenus  sont  les  suivants. 

Dans  le  livre  De  la  mesure  du  cercle,  il  etablit  que  le  rapport  de 

la   circonfci'ence  au  diametre  est  compris  entre   3 —  et   3  — 

71  7 

(2"  Partie,  Chap.  3).  Le  traite  Sur  la  sphere  et  le  cylindrc  comprend. 

deux  livres.  Archimede  y  demontre  en  parliculier:  4°   que  la 

surface  d'une  sphere  est  quadruple  de  celle  d'un  de  ses  grands 

cercles ;  2°  que  les  surfaces  et  les  volumes  de  la  sphere  et  du  cy- 

lindre  circonscrit  sont  entre  eux  comme  2  et  3.  Un  recueil  de 

Lemmes,  dont  nous  possedons  seulement  la  version  arabe,  con- 

tient  plusieurs  propositions  interessantes.  Enfin  le  grand  geome- 

tre  grec  est  encore  I'auteur  d'un  jeu  geometrique  connu  sous  le 

nom  de  loculus  Archimedius  (I'o  Partie,  Chap.  3), 

Avec  Archimede,  la  geometrie  elementaire,  telle  que  nous  la 
concevons  aujourd'hui,  est  deQnitivement  constiluee.  Elle  com- 
prend,  en  efTet,  la  matiere  des  Elements  d'Euclide,  les  mesures 
du  cercle  et  de  la  sphere,  ainsique  lesproprietes  des  figures  sphe- 
riques  qui,  chez  les  Anciens,  etaient  considerees  comme  faisant 
partie  de  I'astronomie  et  etaient  assurement  connues  au  temps 
du  geometre  syracusain. 

Ne  h  Perge,  en  Pamphilie,  Apollomus,  auquel  les  Grecs  ont 
decerne  le  titre  de  «  grand  geometre  »,  vecut  a  Alexandrie  vers 
la  fin  du  3°  et  au  commencement  du  2"  siecle  avant  Jesus-Christ. 
Pappus  nous  depeint  son  caractfere  sous  des  traits  peu  favorables. 

L'ouvrage  capital  d'Apollonius  est  un  grand  traite  des  Coniqucs- 
en  8  livres  dont  7  seulement  nous  ont  ete  conserves.  II  y  rassem- 
ble  les  travaux  de  ses  devancierspour  en  faire  un  touthomogene, 
puisil  expose  ses  propres recherches  avecune  profondeurde  vues 
qui  excita  I'admiration  des  geomfetres  de  la  Renaissance,  epoque 
a  laquelle  on  publia  les  premieres  traductions  de  ses  oeuvres.  In- 
dependamment  des  Coniques,  ApoUonius  avail  compose  sur  la 
geometric  divers  autres  ouvrages  dontlaplupart  ne  nous  sont  pas 
parvenus.  II  avail  notarament  dcrit  deux  livres  perdus  sur  les 
Contacts ;  il  y  exposait  la  serie  des  problemes  ou  ils'agit  de  mener 
des  circonferences  tangentes  a  des  droites  oua  des  circonferences 
donn^es.  Ce  dernier  ouvrage  a  ete  reconstitue  par  Viete  en  IGOO^ 


ESQUISSE   DE   l'hISTOIRE    DE   LA   GEOMETRIE  15- 

Nous  Savons  enfin,  par  divers  passages  de  Proclus  sur  lesquels 
Paul  Tannery  a  appele  raltention,  qu'il  avail  entrepris  une  revi- 
gion  des  Elements  d'Euclide,  notamtnent  en  ce  qui  concjrne  les 
.definitions  et  les  axiomes. 

^«  Piriode.  —  Apres  cette  phase  si  brillante  de  la  geometrie 
grecque,  les  savants  vont  se  tourner  de  preference  vers  les  ma- 
thematiques  appliquees,  vers  I'astronomie  surtout.  Nous  n'aurons- 
plus  a  signaler  que  quelques  noms  remarquables 

Theodose  ('i<""  s.  av.  J.-C.  ?)  et  Menelas  (fin  du  l"""  s.)  ecrivent 
des  ouvrages  intitules  Spheriques  ou  ils  exposent  les  proprietes 
des  figures  tracees  sur  la  sphere,  proprietes  dont  les  plus  el^inen- 
taires  etaient  certainement  connues  avant  eux. 

On  ne  sait  pas  exactement  a  quelle  epoque  a  vecu  Heron 
d'Alexandrie.  Cette  question,  qui  a  donne  lieu  a  de  nombreuses 
discussions,  n'est  pas  encore  elucidee ;  neanmoins,  d' apres  des 
recherches  recentes,  on  est  fonde  a  penser  que  le  savant  alexan- 
drin  est  posterieur  a  noire  ere. 

Heron  a  ecrit  sur  les  Elements  d'Euclide  un  commentaire  dont 
il  ne  nous  reste  que  des  fragments,  mais  il  s'est  surtout  cree  una 
place  a  part  dans  le  domaine  de  la  geomelrie  pratique.  Dans  le 
Traitede  la  Dioptre,  il  decritun instrument  perl'ectionne  analogue 
a  notre  theodolite,  qui  servait  a  la  fois  au  nivellement  et  au  leve 
de  plans  ;il  y  indique  en  outre  la  solution  des  problemes  techni- 
ques qu'on  pent  avoir  aresoudre  sur  le  terrain  (:2«Partie,  Chap.  4). 

On  savail  d' autre  part  par  Eutocius,  mathematicien  du  6"  sie- 
cle,  que  Heron  avail  compose  un  ouvrage  intitule  Metriques  ;  on 
avail  fail  sur  sa  composition  les  hypotheses  les  plus  diverses  que 
la  decouverte  du  manuscrit  a  Constantinople  en  1896  est  venue 
detruire.  Les  Metriques  comprennenl  trois  livres  :  le  premier  est 
consacre  a  la  mesure  des  surfaces  planes  ou  rondes,  le  second  a 
la  mesure  des  volumes  et  le  troisieme  k  des  problemes  de  divi- 
sions de  surfaces  et  de  volumes  ;  les  demonstrations  de  Heron 
sont  bien  conduites,  et  elles  sonl  concises,  contrairement  a  I'ha- 
bitude  des  grands  savants  de  la  premiere  periode. 

On  a  enfin  conserve  sous  la  denomination  de  Collection  hero- 
nienne  divers  recueils  composes  probablement  au  40=  siecle  de 
notre  ere  a  Constantinople,  contenanl  surtout  des  regies  prati- 
ques relatives  a  la  mesure  des  surfaces  et  des  volumes,  el  qui 
ont  ete  publics  par  Hullsch  en  4864.   Jusque  vers  le  milieu  da 


16  INTRODUCTION 

19"  siecle,  ces  ecrits,  ou  les  erreurs  sont  nombreuses,  avaienl 
bien  ete  consideres  comme  byzantins,  mais  a  la  suite  de  la  publi- 
calion,  en  4854,  d'un  remarquable  memoire  de  Th.-H.  Martin, 
dont  les  conclusions  ontete  reprises  et  developpees  par  M.  Cantor 
dans  ses  Legons  sur  I'Histoire  des  Malliemaliques,  on  pensait  qu'il 
ne  fallait  voir  la  que  des  compilations  nialadroites  faitcs  sur  les 
Mt'triques  memes  et  qu'ellcs  constituaient  le  fond  de  ce  dernier 
ouvrage  :  comme  on  y  relrouvait  la  trace  de  I'influence  egyp- 
lienne,  on  admettait  des  lors  que  Heron  n"avait  fait  que  recueillir 
et  ameliorer  les  procedes  pratiques  en  usage  sur  les  bordsdu  Nil. 
La  publication  du  manuscrit  de  Constantinople  a  permis  de 
constater  que  ces  conclusions  etaient  inexactes  :  les  Metriques 
constituent  bien  une  oeuvre  originale  et  de  source  entierement 
grecque. 

Assurement,  les  geodetes  byzantins  ont  utilise  I'ouvrage  de  He- 
ron, mais  il  se  trouve  aussi  dans  la  collection  pseudo-heronienne 
bon  nombre  de  regies  qui  n'ont  pas  ete  indiquees  parte  guomelre 
alexandrin.  On  est  done  amene  a  penser,  contraireinent  a  ce 
que  Ton  croyait,  que  les  Byzantins  ne  se  sont  pas  contentes  de 
copier  servilement  les  oeuvres  des  mathematiciens  de  I'antiquite. 

Un  des  plus  grands  astronomes  grecs,  Ptolemee  (2°  s.},  est  I'au- 
teur  de  la  Composition  mathematique,  plus  connue  sous  le  nom 
d'Almagcste  ;  ce  remarquable  ouvrage,  oil  sont  exposees  methodi- 
quement  toutes  les  connaissances  aslronomiques  de  I'antiquite, 
conlient  quelques  resullats  geometriques  interessants,  et  en  par- 
ticulier  le  theoreme  qui  exprime  la  relation  existant  entre  les  dia- 
gonales  et  les  cotes  du  quadrilatere  inscrit.  Nous  savons  en  outre 
que  Ptolemee  avait  compose  un  livre,  qui  n'a  pas  ete  conserve, 
sur  les  fondements  de  la  geometric. 

II  nous  reste  de  Pappus,  qui  vecut  vraisemblablement  vers  le 
commencement  du  4''  s.,  une  CEuvre  importante,  les  Collections 
matheinatiques  en  8  livres,  dont  le  l"""  et  une  partie  du  2'  sont 
perdus.  Indepeudamment  de  quelques  questions  originates,  il 
expose  certains  Iravaux  des  geometras  qui  I'ont  precede  ;  a  cet 
egard,  les  Collections  de  Pappus  sont  precieuses  pourse  fairo  une 
idee  de  ceux  de  ces  travaux  qui  ne  nous  sont  pas  parvenus. 

Theon  d"Alex.v:(drie  (fin  du4=  siecle),  pere  de  lacelebreHypatia, 
donne  une  edition  d'Euclide  qui  est  la  plus  courante  dans  les  ma- 
nuscrits  ;  ila  egalement  commente  I'Almageste. 


ESfjUISSE    DE    l'hISTOIUE    DE    LA    GEOMETRIE  17 

Le  celehre  philosoplie  neo-plalonicien  Proclus  (442-485)  est  I'au- 
leur  d'unprolixe  commenlaire  sur  les  Elements  d'Euclide  dontil 
ne  nous  resle  guere  cfue  ce  qui  a  trait  au  Livre  1.  Ce  travail  ne 
presente  d'interet  qu'en  ce  qu'il  a  fourni  la  plus  grande  parlie 
des  renseignements  que  nous  possedons  sur  I'histoire  de  lageo- 
nietrie  grecque. 

Enfin  EuToriL'S  (6<=  s.)  a  compose  sur  les  llvres  d'Archimede 
relatifs  a  la  mesure  du  cercle,  a  la  sphere  et  au  cylindre  et  sur 
les  Goniques  d'ApoUonius  des  commentaires  sans  grande  valeur 
propre,  m^is  precieux  au  point  de  vue  historique. 

BIlil.IOr.FSAPIIIE 

F.   Peyrard.  —   Les  CEiivres  d'Euclide  en  grec,  en  latin  et  en  franfais. 

Paris,  1814-1818.  3  vol.  iii-4«. 
l.-L.   Heiberg  et  H.   Menge.  —  Euclidis   opera  omnia.  Tomes  I   a  Vll. 

Leipzig,  1883-96,  in-8». 
F.  Peyrard.  —  (Euvres  d'Archimede  (Iraduites  par).  Paris,  1807,  in-i". 
I.-L,    Heiberg.  —  Archimedis  opera  omnia  cum   commenlariis   Eutocii. 

Leipzig,  1880-81,  3  vol.  in-S'. 
I.-L.  Heibfrg.  —  Apollonii  Pergwi  quce  Grmce  exstant  cum  commentariix 

antiquis.  Leipzig,  1890-93,  2  vol.  in-S". 
A.-J.-ll.  Vincent.  —  Traitd  de  la  Dioptre  par  Heron  d'Alexandrie.  Not.  el 

E.xt.  des  iMss.  d.  I.  BibL  Nat.,  lome  19,  2«  p'%  1858. 
Th.  H.  Warti.n.  —  Recherches  sur  la  vie  et  les  ouvrages  d' Heron  d'Alexan- 
drie. Mem.  d.  I'Ac.  d.  Inscr.  et  Bell.-Lett.,  1™  serie,  tome  IV,  ISfii. 
Paul  Tannery.  —  Etudes  nombreuses  sur  Huron  et  la  Collection    liero- 

nienne  dans  divers  recueils. 
H.  ScHoNE.  —  Herons  von  Alexandria    Vermessungslehre    und   Vioptra. 

Leipzig,  1903,  in-8». 
F.  HuLTscH.  —  Heronis  Alexandrini  geomeiricorum   et   slereomelricor^im 

reliquiw.  Berlin,  18(Ji,  in-8", 
Abb4  Halma.  —  Composilion  malhemalique  de  Claude  Ptolemee.    Paris, 

1813-16,  2  vol.  in-4''. 

F.  HuLTSCH.  —  Pappi  Alexandrini  Colleclionis  quce  supersunt  e  libris  manu 
scriptis...  Berlin,  1873-78,  3  vol.  in-8". 

G.  Friedlein.  —  Prodi  Diadochi  in  primum  Euclidis  elementorum  librum 
commentarii.  Leipzig,  1873,  in-S", 


Fourrey.  —  CAivios.  ge'om. 


18  INTKODUCTION 

§  3.  —  LES  ROMATNS 
Les  Agrimenseurs. 

«  La  geometrie  fut  chez  les  Grecs  dans  le  plus  grand  honneur;" 
aussi  rien  n'elait  plus  brillant  que  leurs  malhemaliques.  Mais  chez 
les  Roinains,  I'importance  de  cet  art  a  ele  limilee  a  rulilil(5  du 
calcul  etdela  mesure.  »(Giceron.  —  Tusculanes,  Liv.  I,  Chap.  II.) 

Chez  ce  peuple  utilitaire,  en  elFet,  la  geomelrie  ne  pouvait  guere 
6tre  cuJtivee  que  pour  les  besoins  de  la  vie  couranle:  Irace  des 
camps  militaires,  delimitation  et  division  des  contrees  conquises, 
mesure  des  champs,  etc. ;  elle  se  reduisait  done  a  I'arpentage. 
Mais  pour  cette  meme  raison,les  arpenleurs  romains,  qu'onappe- 
]a.\lagrimensoresonencoregromatici,ioahreni  un  role  considerable. 
D'abord  arbitres  et  experts  dans  les  contestations  cadastrales,  ils 
constituerent.sousl'empire  un  corps  de  fonctionnaires  nombreux 
et  importants  qui  se  recruterent  dans  des  ecoles  regulieres  ouvertes 
a  cet  effet.  Vers  la  fin  de  I'empire  d'Occident,  leur  savoir  se  res- 
sentit  de  la  decadence  generate;  neanmoins  leurs  pratiques  sur- 
vecurent  et  on  en  retrouve  la  trace  dans  tout  le  moyen  age. 

Avant  les  recentes  recherchessur  I'age  de  Heron  et  la  publica- 
tion de  ses  Metriques,  on  pensaitavec  M.  Cantor  que  les  arpenteurs 
romains  avaient  surtout  puise  leurs  connaissances  dans  les  ou- 
vrages  du  savant  alexandrin.  Actuellement,  on  doit  rejeter  cette 
co\)clusion,  «  non  seulement  parce  que  la  tradition  des  agrimen- 
seurs est  anterieure  a  Heron,  mais  encore  parce  qu'elle  est  net- 
tement  ditl'erente  des  Metriques  »  (P.  Tannery).  Leurs  precedes 
proviendraient  des  lors  d'une  part  de  source  etrusque  et,  d'autre 
part,  des  m^mes  sources  grecques  que  celles  d'ou  a  ete  extraite 
la  collection  pseudo-heronienne. 

Les  principaux  ecrits  des  agrimenseurs  Frontinus,  Nipsus,  Bal- 
BL's,  etc.,  composes  entre  le  l^""  et  le  6«  siecle  de  notre  ere,  furent 
reunis  pour  I'enseignement  dans  les  ecoles  et  se  conserverent  en 
partie  intacts,  mais  en  grande  partie  aussi  alteres.  Le  recueil 
ainsi  forme  a  ete  editeen  dernier  lieu  a  Berlin  en  4848  ;  en  outre, 
on  a  publie  depuis  en  Allemagne  et  en  France  le  Traite  d'arpen-. 
tage  d'EpApHRODiTUS  et  de  Vnauvius  Rufus,  qui  ne  figurait  pas  dansi 
la  precedente  collection. 

Ces  divers  Merits  renferment  surtout  des  regies  se  rapportant  & 
deux  questions  principales  :  calcul  de  I'aire  ou  du  volume  des 
figures  les  plus  simples  et  traces  sur  le  terrain.  Leur  etude  donne 


ESQUISSE    DK   l'hISTOIRE    DE    LA    CtoMETRIE  19 

tine  pieire  idee  de  la  science  de  leurs  auteurs  et  ne  presente  guere 
d'int^rfit  qu'au  point  de  vue  de  I'histoire  de  la  geometric  pratique. 
Cependant,  vers  la  fin  de  I'einpire  remain,  quelques  personna- 
lites  s'adonnerent  aux  mathematiques  th^oriques.  Parmi  elles, 
nous  avons  un  seul  nom  remarquable  a  citer,  celui  de  Boece 
(470-524).  Illuslre  homme  d'Etat,  conseiller  de  Theodoric  qui  le 
laissa  condamner  et  perir  au  milieu  d'horribles  supplices,  il  pos- 
sedait  un  savoir  encyclopedique  et  ses  ecrits  lui  ont  assure  une 
grande  influence  pendant  le  moyen  age.  On  lui  attribue  en  parti- 
■culier  un  Ars  Geometrix  qui  conlient  la  traduction  des  enonces 
des  4  premiers  Livres-  des  Elements  d'Euclide,  ainsi  que  des 
extraits  des  agrimenseurs.  L'authenticite  de  cet  ouvrage,  qui 
■contient  un  celebre  passage  relatif  a  I'origine  de  nos  chiffres,  a 
«le  et  est  encore  vivement  discutee. 

BIBMOGRAPHIE 

F.  B(.UME,  K.  Lachmann  und  A.  Rudorfp.  —  Die  Schriflen  der  liomischen 

Feldmesser...  Berlin,  1848,  inS". 
•Cantor  (I)'  Moritz).  —  Die  riimischen  Agrimensoren...  Leipzig,  187o,  in-8<>. 
Victor  Mortet  et  Paul  Tannery.  —  Un  nouveau  texle  des  trailes  d'arpen- 

lage  el  de  geomelrie  d'Epaphrodilus  et   de    Vilruvius  Rufus...  Not.   et 

Extr.  des  Mss.  de  la  Bibl.  Nat.,  tome  3.5,  2«  p«,  1897. 
•G.  Friedlein.  —  Boetii,  Anicii  Manlii  Torquati  Severini...  Accedil  geo- 

metria  quae  ferlur  Boelii.  Leipzig,  1867,  in-8'. 


1}  4.  _  LES  HINDOUS 
Gcoinctrie  versifiee. 

.lusqu'au  commencement  du  49°  siecle,  la  science  des  Hindous 
■etait  restee  ignoree.  Ce  fut  done  une  veritable  revelation 
lorsqu'a  cette  epoque  plusieurs  orientalistes  anglais  publierent 
la  traduction  de  certains  ouvrages  mathematiques  sanserifs.  On 
reconnut  alors  que  les  Hindous  avaient  ete  vraisemblablement 
nos  maitres  dans  les  theories  numeriques  :  leur  algebre  notam- 
ment  etait  assez  avancee  pour  qu'ils  aient  pu  resoudre  des  ques- 
tions dont  la  solution  ne  lut  relrouvee  par  les  Europeens  que  dix 
siecles  plus  tard. 

Leur  geometric  est  loin  de  presenter  la  nieme  valeur  scienti- 
fiquc  que  leur  algebre ;  elle  porte  en  divers  points  la  trace  evi- 
donle  de  riniluence  grecque.  Les  enonces  sont  rediges  en  vers 
<l'une  fagon  tres  concise,  pour  pouvoir  etre  sans  doute  retenus 


20  INTRODUCTION 

plus  facilemenl  par  les  thieves  dans  les  ecoles;  on  n'y  rencontre 
ni  definitions,  ni  axiomes,  ni  demonstrations  regulieres.  Si  une 
preuveestjugee  indispensable,  I'auleur  trace  les  lignesauxiliaires 
■^necessaires,  dispose  sa  figure  de  telle  sorte  que  la  proposition 
apparaisse  comme  evidente  et  il  se  contente  de  dii'e  :  «  Voyez  !  »  : 
si  certains  problemes  relativenient  compliques  sont  resolus,  c'est 
•en  realite  par  I'emploi  de  I'algebre.  Signalons  cependant  qu'il  est 
parfois  fait  usage  du  principe  de  similitude. 

Les  plus  anciens  ouvrages  traitant  de  la  geometric,  qui  nous 
aient  ete  conserves,  ont  un  caractere  theologique.  Les  autels  hin- 
dous  devaient  avoir  une  orientation,  devaientposseder  une  forme 
prescrites  al'avance.  Les  regies  geomelriques  qui  permettaient  de 
remplir  ces  prescriptions  etaient  contenues  dans  les  Qulvasutras 
(^Regies  du  cordeau) ;  plusieurs  de  ces  recueils  sont  parvenus 
jusqu'a  nous.  L'auleur  de  fun  d'eux,  Baudiiavana,  parait  avoir 
vecu  aux  environs  de  noire  ere  (2"  siede  d'apres  M.  Cantor);  il 
enseigne  d'interessanles  constructions  geometriques  executees 
au  moyen  du  cordeau  (2«  Partie,  Chap.  1). 

La  periode  classique  des  mathematiciens  hindous  commence 
avec  Aryabhatta,  ne  en  476  a  Pataliputra.  Son  oeuvre,  VAryabhdt- 
tjyam,  est  divisee  en  quatre  sections,  dont  la  seconde  est  intilulee 
«  Elements  de  Calcul  »  ;  les  trois  autres  sections  ont  trait  al'astro- 
nomie.  Get  ouvrage  est  redige  d'une  fagon  tres  laconique ;  on  y 
trouve  quelques  regies  de  planimetrie  et  de  stereometrie  dont 
plusieurs  sont  inexactes, 

Braiimegupta,  ne  en  598,  ecrit  vers  628  un  traite  d'aslronomie 
intitule  Brdhma-Sphilta-Siddhdnta  (Systeme  de  Brahma  corrige) 
dont  les  42"-*  et  '13«  chapitres  sont  relatifs  aux  mathematiques 
pures  :  le  l^""  est  consacre  a  farithmetique  (Gdnitdd'hydya)  et  le 
2«  a  I'algebre  (Cuttacad'hyaya).  La  geomeLrie  y  est  consideree 
comme  formant  une  division  de  farithmetique  ;  elle  consiste 
surtout  en  questions  numeriques  concernant  la  mesure  des  sur- 
faces et  des  volumes,  sans  demonstrations.  On  y  trouve  entre 
autres  choses  la  formule   donnant   la   surface   du  quadrilatere 

inscrit  en  fonclion  des  cotes  v/(p— «)(p— ^)  (P—<^)iP — ^0 ;  Braiime- 
gupta n'a  d'ailleurs  envisage  que  le  cas  particulier  ou  les  diago- 
nales  de  ce  quadrilatere  sont  perpendiculaires  entre  elles. 

Nous  n'avons  ensuite  a  citer  aucun  mathematicien  hindou  avant 


ESQUISSE   DE   l'hISTOIRE   DE   LA    GEOMETRIE  21 

BhIskara,  dit  AcARYA  ou  le  Savant,  ne  en  i414 ;  il  est  I'auteur 
du  Siddhdntagiromani  (Couronnement  du  systeme),  grand  traite 
d'astronomie  qui  renferme  deux  sections  portant  com  me  litres 
parliculiers  Lildvati  (la  charmante  —  nom  de  la  fille  de  Bhas- 
kara  a  laquelle  ce  livrc  est  dedie)  et  Vija-ganita  ou  Calcul  des 
racines.  Le  Lllavati  traite  de  I'arithmetique  et  le  Vija-ganita  est 
consacre  plus  particulierement  a  lalgebre.  La  geometrie  est  sur- 
tout  exposee  dans  la  premiere  section,  avec  plus  de  prolixite  que 
chez  Brahmegupta  ;  independamment  des  problemes  sur  la  me- 
sure  des  surfaces  et  des  volumes,  on  y  rencontre  d'assez  nom- 
breuses  questions  sur  les  triangles  rectangles,  avec  quelques  de- 
monstrations. 

Apres  Bhaskara,  on  ne  trouve  plus  que  descommentateurs  qui, 
jusqu'au  17*=  siecle,  annotent  ses  ccuvres  sans  toujours  les  bien 
comprendre  ;  la  science  hindoue  s'eteint  rapidenient. 

BIBLIOGRAPHIE 

TuicAHLT,  —  The  Su'casiUras.  Calcutta,  1875. 
RouET.  —  Lefons  da  ca'.cul  d'Aryab/iata.  J"'  Asiat.,  1"  scm.  1879. 
<^OLEBROOKE.  —  AUjehva  with  Arithmetic  and  Mensuration  from  the  Sans- 
crit oj  Brahmc^aiita  a)iti£/t.r/«cara  (translated  by).  Londies,  1817,  in-i*. 


§  I).  —  LES  ARABES 
Transmission  des  ccuvres  grecques. 


La  civilisation  des  Arabes  fut  plus  brillante  que  profonde;  en 
mathemaliques,  notaininent,  ils  n'ont  ajoute  rien  d'essentiel  aux 
decouvertes  anterieuresetont  puise  leurs  connaissances  aux  sour- 
ces hindoue  et  grecque.  D'ailleurs,  leurs  savants  appartinrent 
pour  la  plupart  aux  races  conquises  (Syriens,  Persans,  etc.)  ou  a 
celles  dites  infideles  (Chretiens  et  Juifs). 

Les  Arabes  ont  cultive  de  preference  la  trigonomelrie  et  I'al- 
gebre,  oii  ils  faisaient  usage  de  considerations  geometriques  ;  ils 
so  sent  a  jjcu  pres  bornes,  en  geometrie  pure,  atraduire  et  acom- 
menterles  oeuvres  grecques.  Ces  traductions  furent  surtout  entre- 
prises  a  Bagdad,  qui  fut  de  beaucoup  le  centre  scientifique  leplus 
important,  sous  la  dynastie  des  Abassides  (?\^\  9"  el  iO"  siecles) ; 
Almamoun  (813  833)  instilua  mfime  k  ccl  ellet  un  college  special 


22  INTRODUCTION 

de  Chretiens.  Au  premier  rang   des  ouvrages  ainsi   transcrits, 
faut  citer  les  Elements  d'Euclide. 

Cette  periode  est  la  plus  remarquabledelaniathematiquearabe. 
Mohammed  ben  Moussa  Al  Khaijzmi  public  vers  I'an  820  le  premier 
ouvrage  connu  sur  I'algebre  et  dont  le  litre,  corrompu,  a  donne 
son  nom  a  cette  science  (Abrege  pourle  calcul  par  djebrei  mokd- 
balah).  Get  ouvrage,  d'une  importance  capitate  au  point  de  vue 
historique,  fut  compose  a  la  demande  d'Almamoun  pour  les  be- 
soins  de  la  vie  courante  ;  il  conlient  un  chapitre  sur  la  geometric- 
de  mesure.  Mohammed  avait  aussi  compose,  vraisemblablement 
avec  ses  deux  freres,  Ahmed  et  Alhasan,  un  ecrit  geomelrique 
qui  nous  est  parvenu  en  latin  sous  le  tilre  Liber  trium  fratncm 
de  geomelria. 

Un  des  plus  celebres  astronomes  arabes,  Aboul  Wafa  (9i0-998), 
est  Tauteur  d'un  excellent  Rccueilde  constructions  geometriqucs,  que 
nous  aurons  a  citer  dans  le  cours  du  present  ouvrage  (1''=  Partie,. 
Chap.  3  et  2"  Partie,  Chap.  4).  Mahomet  de  Bagdad  (10"  siecle)  com- 
pose un  Traite  sur  la  division  des  surfaces,  caique  sur  I'o^uvre 
d'Euclide  traitant  du  m6me  sujet,  et  Hassan  ben  Haithem  ecrit 
(vers  I'an  4009)  un  Traite  des  connues  geometriqucs  analogue  aux 
Donneesdu  geometre  grec.  Enfin  Nassih-ed-Din  (1201-4274)  nous  a. 
laisse  un  interessant  commentaire  des  Elements  d'Euclide. 

A  partir  du  43"  siecle,  les  mathematiques  sont  en  pleine  deca- 
dence en  Orient.  Dans  I'ecole  espagnole,  dont  I'importance  est 
loin  d'atteindre  celle  del'EcoIe  de  Bagdad,  nous  n'avons  a  signa- 
ler aucun  nom  remarquable. 

En  resume,  en  dehors  du  traite  d' Aboul  Wafd,  les  Arabes  n'ont 
pas  produit  de  Iravaux  originaux  en  geometrie. 

ItlBLIOGRAPUIE 

Mohammed  ben  MuijA.  —  Algebra.  Edition  Rosen.  Londres,  183i,  in-S". 

A.  Marre,  —  Le  Messdhat  de  Mohammed  ben  Moussa  Al  Khdrizmi  extraii 
de  son  Algebre  (traduit  et  annote  par).  —  Annali  di  Matematica, 
tome  7.  Rome,  1863. 

M.  CuRTZE.  —  Der  liber  irium  fratrum  de  geomeiria.  Nova  Acta  Acad. 
Gap's.  Leop.-Garol.-Geim.  naturae  Guriosoium,  tome  49.  Halle,  1887. 

F.  WoEPCKE.  —  Analyse  et  exirails  d'un  recucil  de  constructions  geome- 
triqucs d'Aboul  Wafd.  J"'  Asiat.,  1"  sem.  183o. 

David  Gregory.  —  Euclidis  quw  supersunt  omnia.  Oxford,  1703,  in-fol. 
(Gontient  la  traduction  latine  du  Traite  sur  la  dicision  des  surfaces  de- 
Idahomet  de  Bagdad). 


ESQUISSE  DE  l'hISTOIRE  DE  LA  Gl^OM^TRIB  23 


§  G.  —  L'OCCIDENT  LATIN  AU  MOYEN  AGE 

4'e  Periode  (5«-42«  s.). 
Ignorance  scientifique. 

Depuis  la  chute  tie  I'empire  romain  jusqu'au  debut  du  12e  sie- 
cle,  rOccident  latin  est  plonge  dans  une  profonde  ignorance.  Les 
ouvrages  grecs  sont  inconnus,  et  les  ecrits  des  agrimenseurs 
meme  sont  tres  peu  repandus.  La  geometrie  en  particulier  est 
completement  delaissee  ;  classee  dans  le  quadrivium  (*)  avec 
I'arithmelique,  la  musique  et  I'astronomie,  ce  qu'on  en  salt  se 
reduit  a  quelques  definitions  et  enonces  sans  demonstration. 

Les  notions  scientifiques  tout  a  fait  rudimentaires  qu'on  possede 
sont  conservees  dans  les  monasleres.  Les  trois  esprits  les  plus 
remarquables  de  cette  periode  de  tenebres,  les  Anglo-Saxons  Bede 
et  Alcuin,  et  le  Fran^ais  Gerbert,  sont  des  ecclesiastiques. 

Bede  (672-735)  a  compose  un  grand  nombre  d'ecrits,  dent 
quelques-uns  relatifs  a  I'arithmetique,  a  la  geometrie  et  a  I'as- 
tronomie. On  lui  a  atlribue  des  Propositiones  ad  acuendos  juvenes 
(Propositions  pour  aiguiser  la  perspicacite  desjeunes  gens),  recueil 
de  problemes  qui  a  probablement  ete  le  germe  des  ouvrages  pos- 
terieurs  sur  les  recreations  mathemaliques  et  qui  conlient  quel- 
ques questions  de  geometrie  pratique  ;  mais  certains  indices  font 
supposer  que  I'auteur  de  cet  ouvrage  est  plus  vraisemblablement 
Alcuin. 

Le  precepteur  et  I'ami  de  Charlemagne,  Alcuin  (735-804),  qui 
fut  aussi  disciple  de  Bede,  eut  une  influence  considerable  sur  ses 
conlemporains.  11  s'efTorga  de  developper  le  gout  de  I'etude  chez 
les  moines  et  crea  de  nombreuses  ecoles  aupresdes  cloitres  etdes 
calhedrales. 

Mais  celui  qui  pent  veritablement  pretendre  au  titre  de  restau- 
rateur des  sciences  en  Occident  est  Gerbert  (vers  930-1003).  Origi- 
naire  d'Auvergne,  il  enlra  dans  les  ordres,  alia  s'instruire  en  Es- 
pagne,  devinlpar  la  suite  archeveque  de  Reims,  puis  de  Ravenne 
et  enfin  pape  sous  le  nom  de  Sylvestre  11.  Ses  connaissances,  bien 
que  Ires  elementaires,  depassaient  tellement  celles  de  ses  conlem- 
porains que  ceux-ci  laccuserent  de  magie.  11  consacra  a  I'ensei- 
gnement  une  notable  partie  de  son  existence  et  acquit  de  ce  fait 

(')  Par  opposition  au  irivium,  qui  coniprenait  la  grammaire,  la  dia- 
lectique  et  la  rhetorique. 


24  INTRODUCTION 

une  grande  reputation.  On  lui  doit  en  outre  d'avoir  rassemble  les 
ffuelques  documents  legues  paries  Romains  et  que  son  autorite 
lit  repandre. 

Gerbert  composa  divers  ecrits  mathematiques,  notamment  un 
Libellus  Gcomctrix  qui  ne  nous  est  pas  parvenu.  On  possede  sous 
son  noin,  bien  qu'il  ne  paraisse  pas  en  etre  I'auteur,  une  Gcomc- 
tria  qui  comprend  trois  parties  distinctes  dues  vraisemblablemcnt 
a  des  ecrivains  dilTerents.  La  premiere  partie,  la  plus  originale, 
est  un  essai  inacheve  d'une  exposition  melhodique  de  la  geome- 
trie  ;  dans  la  deuxieme  sont  resoliis  divei's  problemes  d'aiithme- 
tique  ;  la  troisieme  enfin  a  pour  objet  lecab'ul  des  longueurs,  des 
surfaces  et  des  volumes.  Le  noyau  decette  derni ere  partie  apeut- 
etre  ete  forme  par  le  Libellus  mentionne  ci-dessus. 

Pendant  le  41'^  siccle,  I'impulsion  imprimee  par  Gerbert  subit 
un  temps  d'arret,  et  il  faut  arriver  au  coirunencemeiit  du  12e 
siecle  pour  voir  un  veritable  courantscientifique  se  dessiner  sous 
I'inlluence  des  Sarrasins  d'Espagne.  Adelard  de  Bath  (vers  11 13) 
et  Gerard  de  Cremone  (1114-1187)  traduisent  les  Elements  d'Eu- 
clide  d'apres  les  versions  arabes. 


Qe  Periode  (Ad^-miUcu  du  15"  s.). 
Inlluence  arabe. 

Vers  le  debut  du  13"  siecle  apparaissent  les  ojuvrcs  du  grand 
matheinaticien  du  moyeri  age,  Leonard  de  Pise  dit  Fibonacci.  Apres 
avoir  vecu  a  Bougie  oii  son  pere  etait  facteur  au  comptoir  pisan, 
il  voyage  en  Oi'ient  et  revient  a  Pise.  11  y  ecrit  en  1202  son  tameux 
Liber  Abaci,  qui  contient  une  exposition  originale  des  connais- 
sances  arabes  en  arithmetique  et  en  algebre,  et  qui  constiluera 
le  fond  des  ecrits  des  mathemaliciens  de  la  Renaissance. 

Independamment  du  Liber  Abaci  et  de  travaux  algebriques  im- 
portants,  Fibonacci  compose  encore  une  Pnictica  Gcometria  publiee 
en  1220.  Get  ouvrage  renferipe  lout  ce  qui  est  contenu  dans  Eu- 
clide  et  Archimede  sur  la  mesure  des  surfaces  et  des  volumes; 
on  y  trouve  en  outre  la  division  des  figures  planes  dans  un  rap- 
port dohne,  divers  precedes  d'arpentage  et  la  partie  elementaire 
de  la  trigonometric.  Les  donnees  des  problemes  sont  numerl- 
ques;  les  demonstrations,  ou  il  est  fait  usage  de  I'algebre,  sont 
rigoureuses  et  presentees  d'une  fa(;on  tres  claire.  En  resume, 
Leonard  de  Pise  est  un  veritaJjle  inathematicien,    superieur  a. 


EsnuissE  DE  l'histoire  de  la  geometrie  25 

lous  ceux  qui  I'ont  precede  et  suivi  dans  le  moyen  age.  Ses  tra- 
vaux  ne  se  propagerent  neanmoins  qu'avec  une  extreme  len- 
teur. 

Apres  lui,  on  constate  une  nouvelle  decadence.  Nous  n'aurons 
plus  a  signaler  que  quelques  esprits  eininents  qui,  dans  un  milieu 
plus  propice,  eussent  assurement  pu  fournir  des  productions: 
presentant  plus  d'interet. 

Un  des  hommes  qui  eurent  le  plus  d'influence  sur  le  develop- 
penient  intellectuel  a  la  fin  du  moyen  age  fut  JoRnANUs  Nemoiu- 
Rius  ou  JoRDANus  HE  Saxe,  qui  fut  clu  eu  4222  general  des  Dorni- 
nicains,  ordre  se  consacrant  a  I'enseignement.  Les  divers  ecrits 
mathematiques,  nonsans  valeur,  qu'il  composase  repandirenl  ra- 
pidement  dans  les  ecoles  et  lurent  longtemps  reedites  et  com- 
mentes  ;  I'autorite  quil  exerga  sur  ses  conteinporains  fut  d'ail- 
leurs  une  des  causes  qui  rendirent  difficile  la  diffusion  des 
ouvrages  de  Fibonacci  dans  les  Universites.  Ondoit  notamment  a 
Jordanus  un  ouvrage  estimable,  De  Triangulis,  divise  en  quatre 
livres.  Dans  les  deux  premiers,  11  traite  des  figures  rectilignes  » 
dans  les  deux  derniers,  du  cercle  et  des  lignes  qui  sont  avec  lui 
en  rapport  etroit;  le  second  livre  est  en  particulier  consacre  a  la 
division  des  figures. 

Pen  apres,  nous  devons  placer  Campanus  de  Novare  (fin  du  i3« 
siecle),  surtout  connu  pour  etre  I'auteur  de  la  premiere  traduc- 
tion latine  des  Elements  d'Euclide  qui  ait  ete  imprimee.  Signalons 
aussi  en  passant  un  Traite  de  Geomefne  anonyme,  compose  sous  le 
regne  de  Philippe  le  Hardi  (1270-4285)  et  qui  a  ete  retrouve  par 
M.  Ch.  Henry.  Le  merite  essentiel  de  cet  opuscule  est  d'etre  le 
premier  travail  de  ce  genre  ecrit  en  frangais ;  on  y  donne  quel- 
ques regies  de  planimetrie  et  de  stereometric.  Citons  enfin  dans 
le  meme  ordre  d'idees  que  ce  dernier  traite,  I'interessante  Prac- 
tica  Gcometria  de  Domimcus  de  Clavasio  (ou  Dominicus  Parisiensis), 
mathematicien  eminent  pour  son  temps,  qui  fut  astrologue  a  la 
cour  de  France  dans  la  seconde  moilie  du  44"  siecle. 

Nous  revenons  mainlenant  au  monde  ecclesiastique.  Bradwar- 
DiN  (4290  4348),  qui  fut  archeveque  de  Canterbury,  a  laisse  une 
Geometria  speculafiva  qui  conlient  d'interessantes  propositions 
sur  les  polygones  etoiles  et  les  figures  isoperimetriques.  Le  plus 
remarquable  des  successeurs  de  Fibonacci,  Nicole  Oresme,  dont 
les  decouvertes  ont  ete  signalees  par  un  erudit  allemand, 
M.  Curlze,  mourut  ev^que  de  Lisieux  en  4382;  il  a  notamment 
expose,  dans  son  Tractatus  de  latiludinibus  format  um,  leprincipe 


26  INTRODUCTION 

du  procede  retrouv^  plus  tard  par  Descartes  pour  reprSsenter  gra- 
phiqueinent  la  relation  existant  entre  deux  quantites  variables 
au  moyen  d'une  ordonnee  (latitudo)  et  d'une  abscisse  (longitudo). 
Enfin,  le  cardinal  Nicolas  de  Cusa  (1401-4464),  qui  encouragea  les 
mathematiques,  est  reste  celebre  pour  ses  nonibreux  essuis  de 
quadrature  du  cercle. 

BIBLIOGRAPHIE 

Bede.  —  De  Arithmelieis  propositionibus.   Patrologie  latine  de  Migne, 

lome  90,  col  66S.  Paris,  18o0, 
Alcuin.  —  Propositiones  Alcuini...  adacuendos  juvenes.  Patrologie  laline 

de  Migne,  tome  101,  col.  1143.  Paris,  1851. 
Gekbekt.  —  Opera  maihemalica.  Edition  Bubnov.  Berlin,  1899,  in-8''. 
B.  BoNcoMPAGNi.  —  Scritti  di  Leonardo  Pisano...  Bome,  18o7-()2. 
JoRUANus  Nemokarius.  —  DeTuanguUs.  Edition  Curlze.  Mitteil.  des  Cop- 

pernicusvereins  fiir  Wissensch.  u.  Kunst.  Thorn,  1887. 
Ch.  Henry.  —  Sur  les  deux  plus  anciens  trailes  franpais  d'alyorisme  cl  de 

geometrie.  Bulletino  di  Bibliografia...  (Boncompagni).  Rome,  1882. 
Bradwardin.  —  Geometria  speculaliva.  Paris,  1495  ou  1305,  in-fol. 
Oresme.  —  De  latitudine  formarum.  fiditioa  Gurtze.  Zeilsch.   fiir  Math. 

u.  Physik.  Leipzig,  1868. 
CusANus.  —  Opera.-  Belle,  1565,  in-fol. 


§  7.  —  LES  MODERNES 

4re  Periode:  La  Renaissance  (milieu  du  i^^-fin  du  16=  siccle). 
Uaion  de  I'algebre  et  de  la  geometrie. 

AprSs  la  stagnation  du  moyen  &ge,  nous  assistons  k  une  reprise 
generale  de  I'activite  intellectuelle.  Les  Byzantins,  chasses  de 
Constantinople  par  les  Turcs,  se  refugient  en  Occident  oii  iis  font 
connaltre  les  travaux  des  geometres  alexandrins  dans  leur  forme 
originale.  En  particulier,  les  ceuvres  d'Archimede(1543)  et  d'Apol- 
lonius  (1537),  traduites  d'apres  le  grec,  paraissent  pour  la  pre- 
miere fois.  Ces  publications  donnent  une  vive  impulsion  aux 
etudes  mathematiques. 

Parmi  les  traducteurs  les  plus  celebres,  nous  citerons  I'astro- 
nome  allemand  Muller  dit  Regiomontanus  (1436-1476),  qui  dirigeait 
lui-meme  a  Nuremberg  I'imprimerie  ou  furent  executees  de  tres 
belles  editions  des  math^maticiens  grecs.  Le  Sicilien  Maurolico 


ESQUISSE    DE   l'hISTOIRE    DE    LA    GEOM^TRIE  27 

(4494-i57S)  a  laisse,  independamment  de  ses  propres  recherches, 
une  traduction  des  Coniq^ues  d'ApolIonius  et  une  interessante 
paraphrase  d'Archimede.  Mais  c'est  surtout  a  I'ltalien  Comman. 
DiNO  (4509-1575)  que  I'Europe  est  redevable  de  precieuses  tra. 
ductions  des  geonietresalexandrins,eclaireespar  de  reniarquables 
commentaires. 

Toutefois,  la  veritable  caracteristiqne  de  cette  periode  reside 
en  ce  fait  que  I'union  entre  la  geometrie  et  I'algebre,  ebauchee 
par  les  iiindous,  les  Arabes  et  les  savants  du  moyen  age,  va 
devenir  de  plus  en  plus  intime  et  aboutir  au  i7«  siecle  a  la  crea- 
tion de  la  geometrie  analytique  et  du  calcul  infinitesimal. 

En  i494,  parait  la  Summa  de  Aritkmetica,  Geometria,  Propor- 
tioni  et  Pioportionalita  du  franciscain  italien  Lua\  Paciuolo, 
connu  encore  sous  le  nom  de  Lucas  de  Burgo  (4445-mort  apres 
i514).  Cet  ouvrage  se  divise  en  deux  sections,  I'une  relative  a 
Tarithmetiqueet  a  I'algebre,  I'autre  a  la  geometrie.  La  derniere 
comprend  huit  parties,  traitant  de  la  mesure  des  surfaces  et  des 
volumes,  de  la  division  des  figures  et  de  diverses  questions  d'ar- 
pentage  ;  les  problemes  geometriques  sont  souvent  resolus  avec 
le  secours  de  I'algebre,  sur  des  donnees  numeriques.  On  con- 
state dans  la  Sunima  de  nombreux  emprunts  aux  ecrits  de  Leo- 
nard de  Pise,  dont  les  travaux  se  trouverent  ainsi  portes  a  la  con- 
naissance  des  geometres ;  mais  la  copie  est  inferieure  au  modele 
tant  par  la  forme  que  par  le  fond.  Tel  quel,  cet  ouvrage  a  nean- 
moins  contribue  puissammenl  au  progres  des  mathematiques  au 
46*^  siecle.  Paciuolo  est  encore  I'auteur  d'un  curieux  ouvrage  in- 
titule De  divina  proportione  (4509),  ou  11.  expose  de  nombreuses 
applications  aux  arts  de  la  division  d'une  droite  en  moyenne  et 
extreme  raison. 

De  meme  que  Paciuolo,  les  mathematiciens  de  la  Renaissance 
font  constamment  usage  de  I'algebre  en  geometrie,  et  inverse- 
ment.  On  le  constate  en  particulier  chez  les  savants  italiens  Car- 
DANo  (4504-1576)  et  Tartaglia  (4505-4557),  auxquels  I'algebre  doiti 
de  notables  progres  el  dont  les  demeles  sont  restes  celebres. 
L'oeuvreprincipalede Tartaglia,  General  TraUatodinumcrietnusure 
(4556-4560),  est  divisee  en  six  parties  dont  les  quatre  dernieres, 
consacrees  a  la  geometrie,  renlerment  d'interessants  problemes; 
on  lui  reproche  toutefois  de  conlenir  beaucoup  d'incorrections. 

Nous  arrivons  ainsi  au  Frangais  Frangois  Viete  (4540-4603), 
qui  cree   I'algebre  litterale   et  va  permettre   ainsi  de  realiser 


28  INTRODUCTION 

I'union  complete  de  la  geometrie  et  de  I'algebre.  Jusque-la,  en 
eflel,  comine  nous  avons  eu  occasion  de  le  signaler,  les  demons- 
Irations  geomelriques  presentees  sous  forme  algebrique  elaient 
basees  sur  les  donnees  numeriques,  et  11  ne  pouvait  en  etre  au- 
Iremenl  puisque  I'algebre  etait  une  science  exclusivement  nu- 
merique.  Le  raisonnement  gagnait  en  commodite  et  en  rapidite, 
niais  il  perdait  en  meme  temps  la  generality  que  nous  avons  ren- 
conlree  chez  les  Grecs.  L'emploi  de  symboles  permetlait  de  con- 
server  a  la  geomelrie  ce  dernier  caract(Me,  tout  en  lui  gardant 
les  avantages  du  calcul. 

Viele  ne  se  contente  pas  de  creer  Talgebre  moderne;  il  Tap- 
plique  a  la  geometrie.  11  entreprendd'une  maniere  systematique, 
notamment  dans  ses  Effcctiones  geometricx  (-1393)  et  dans  son  Sup- 
plementum  Geomctrise  (io9di),  la  resolution  algebrique  des  proble- 
mes  geometriques  en  meme  temps  que  la  construction  geome- 
trique  des  i'ormules  algebriques.  (Jn  doit  encore  a  Viete,  dans  un 
ordre  d'idees  ditlerent,  la  reconstitution  de  louvrage  perdu  d'Apol- 
lonius,  Des  Contacts,  qu'il  publie  en  iOOO  sous  le  pseudonyme 
d'ApoLLO.MUS  Gallus  ;  il  y  resout  le  problcme,  ditiicile  pour  .son 
temps,  de  mener  une  circonlerence  tangente  a  trois  circonleren- 
ces  donnees, 

Signalons  encore  comme  travaux  d'application  de  I'algebre  a  la 
geomelrie  les  remarquables  apergusde  Keplkr  ('lo7'l-i6i}i)sur  les 
polygones  etoiles  dans  son  immortel  ouvrage  Harmonices  Muiidi 
(1619). 

Durant  la  Renaissance,  les  mathematiciens  italiens  se  passion- 
nent  litleralenient  au  sujet  des  constructions  geometriques  exe- 
cutees  avec  une  ouverture  de  compas  conslante. 

On  s'occupe  egalement  des  traces  geometriques  approches. 
Nous  citerons  sur  ce  point:  le  grand  artiste  italien  Lionardo  da 
ViNci  (i43'2-1519),  qui  a  indique  dans  ses  manuscrils  nombre  de 
constructions  approximatives  mais  paraij^sant  avoir  ete  tenues 
par  lui  pour  exactes  ;  un  opuscule  anonyme  de  la  fin  du  lo«  sie- 
cle,  la  Geomctria  dcutsch ;  et  un  inleressant  ouvrage  du  celebre 
peintre  et  graveur  allemand  Alurecut  Dlker  (1471-10*28),  intitule 
Underweysung  der  mcssung  mit  dem  zirlicl  luid  richschcyt  (Instruc- 
tion sur  le  mesurage  avec  le  compas  et  la  regie)  (13'23).  Mais  a  la 
dillerence  de  Vinci,  Durer  sail  que  ses  traces  ne  sont  pas  rigou- 
reux. 

Enfin,  on  publie  a  la  meme  epoque  de  nombreux  ecrils  sur  la 
geomelrie  pratique,  parmi  lesquels  nous  signalerons  lexcellent 


ESQUlSSi:    Dli    l'hISTOIRE    DE    L.\    GKOMhTlUE  29 

ouvrage  du  j^suite  allemand  Clavius  (4S37-1612),  connu  aussi  pour 
une  bonne  edition  des  Elements  d'Euclide,  et  celui  du  Hollandais 
Simon  Stevin  (15'i8-16i20). 

BIBLIOGRAPHIE 

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Prnportinnalita.  Venise,  1494,  in-foU 
LtiCAS  DE  BuRGO.  —  De  divina  prnportione.  Venise,  1509,  in-fol. 
Ch.  Ravaisson-Mollien.   —  Les  Manuscrits  de   Leonard  de  Vinci  (Trad. 

franc,  par).  Paris,  1881-1891,  <5  in-fol. 
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Albrecht  DiJRER.  —  Underweysung  der  messung  mil  dem  zirkel  und  rich- 

scheyt.  Nuremberg,  1525. 
Nrr.oj.0  Tartaglia.  —  General  Traltato  di  numeri  et  misure.  Venise,  l.iliQ- 

1560,  in-fol. 
Francois  Viete.  —  Opera  mathemaliea.  ^fedilion  Schooten.  Leyde,  1646, 

in-fol. 
Clavius.  —  Opera  mathemaliea.  Mayence,  1612,  in-fol. 
Simon  Stevin. —  OEuvrei  mathdmatiques.  Edition  Albert  Girard.   Leyde, 

1634,  in-fol. 
Kepler.  —  Harmoniees  mundi,  libri  V.  Linz,  1619,  in-foL 

2"  Piriode  (du  17«  au  Ifl"  xieclc). 
Cliangement  de  forme  de  la  g6om6trie  grecqne. 

Avec  le  il^  siecle,  commence  une  ere  nouvelle  dans  Thistoire 
des  mathematlques.  Descartes,  par  la  creation  de  la  geometric 
analytique  (i6H7),  Newton  et  Leibniz  par  I'invention  du  calcul 
infmilesimal  (2"  nioitie  du  IT*-'  siecle)  ouvrent  un  vaste  champ  de 
speculations,  fecond  en  importantes  decouvertes. 

Pendant  pres  de  deux  siecles,  la  geometric  pure  est  a  peu  pres 
delaissee.  Toutefois,  quelques  savants  comme  Pascal,  Desargues, 
Huyghens,  La  Hire  en  font  encore  i'objet  de  leurs  travaux  ;  ils 
preparent  I'avenemenl  au  debut  du  lO"  siecle  de  ce  qu'on  a  ap- 
pele  la  geometric  superieure  et  ou  devaient  s'illustrer  entre  au- 
tres  Monge,  Carnot,  Poncelet  et  Chasles. 

En  ce  qui  concerne  plus  particulierement  la  geometrle  ele- 
mentaire,  nous  n'avons  rlen  d'important  a  signaler  jusqu'a  la  fin 
d.u  18"  siecle.  Les  seuls  travaux  originaux  composes  durant  cette 
periode  et  dont  il  merite  d'etre  parle  sont  le  Cours  mathematique 


30  INTRODUCTION 

de  Pierre  Herigone  (l"""  moilie  du  17=  siecle),  publie  en  1644,  et  la 
Charactcristica  Geometria  du  grand  savant  et  philosophe  allemand 
LEiBMz(i646-'17i6),  composee  en  1()79,  niaisnon  publiee  al'epoque. 
Cesdeux  ouvrages,ousont  exposees  des  notations  deslinees  a  sim- 
pliiier  le  langage  et  a  faciliter  le  raisonnernent  en  geoinelrie, 
sent  les  premiers  essais  connus  de  ce  quon  nomnie  aujourd'hui 
la  «  Logique  inathemalique  »  (i""^  Partie,  Chap.  2,  §  5). 

Dans  le  cours  du  19«  siecle,  on  s'est  livre  a  d'interessantes 
recherches,  on  s'est  en  particulier  beaucoup  occupe  des  construc- 
tions geomelriques.  Les  Anciens  s'imposaient  la  condition,  dans 
leurs  operations  graphiques,  de  ne  se  servir  que  de  la  regie  et  du 
compas.  Un  s'est  done  ingenie  a  rechercher  comment  on  devrait 
s'y  prendre  pour  effectuer  ces  operations  avec  la  regie  seule  ou 
avec  le  compas  seul  ou  encore  par  d'autres  procedes,  puis  on  a 
etudie  le  degre  de  simplicite  et  d'exactitude  de  ces  construc- 
tions. 

Dans  le  siecle  qui  vient  de  finir,  les  mathematiciens  ont  egale- 
ment  porte  leurs  elForts  sur  I'examen  des  axiomes  qui  servent 
de  base  a  la  geometric. 

Enfin,  depuis  4873,  la  «  geometric  du  triangle  »  a  ete  Tobjet 
d'importants  travaux  de  la  part  de  nombreux  geometres,  au  premier 
rang  desquels  il  convient  de  citer  :  en  France  MM.  E.  Lemoine  et 
H.  Brocard,  en  Belgique  M.  J.  Neuberg. 

Nous  nous  contenterons,  pour  terminer,  de  dire  quelques  mots 
sur  les  modifications  de  forme  subies  en  France  paries  traites  de 
geometrie  elemenlaire  du  i7«  siecle  a  nos  jours.  ; 

Jusqu'au  milieu  du  il^  siecle,  la  geometrie  theorique  est  ex- 
clusivement  enseignee  au  moyen  des  Elements^d'Euclide  sous 
leur  forme  primitive,  c'est-a-dire  par  I'emploi  de  demonstrations 
exclusivement  geomelriques.  Parallelement  aux  editions  de  I'ceu- 
vre  du  savant  grec,  on  publie  de  nombreux  ouvrages  dits  de 
geometric  pratique,  ou,  a  cote  de  certaines  questions  qui  ne  se 
trouvent  pas  dans  les  Elements,  comme  par  exemple  la  mesure 
du  cercle,  sont  exposes  des  problerhes  numeriques  sur  la  plani- 
metrie  et  la  stereometric. 

Ce  fut  le  celebre  Amoine  Arnauld  (1612-1692),  Tun  des  auteurs 
de  la  Logique  de  Port-Royal,  qui,  en  France,  porta  le  premier 
coup  a  I'autorite  jusque-la  incontestee  d'Euclide,  en  publiant  en 
1667  ses  Nouveaux  Elemens  de  Geometrie.  «  11  n'estoit  pas  fort  diffi- 
cile a  I'Auteur  de  la  nouvelle  Logique  ou  Art  de  penser,  dit  Nicole 


ESQUISSE    DK  LHISTOIRE   DE   LA    G^METRIE  31 

qui  a  ecrit  la  preface  de  I'ouvrage,  de  remarquer...  les  defauts  de 
la  methode  d'Euclide  et  d'avancer  qu'on  pourroit  digerer  la  geo- 
metrie  dans  un  meilleur  ordre.  »  Arnauld  expose  done  les  ma- 
tieres  de  la  geometrie  plane  des  Elements  dans  un  ordre  different 
de  celui  du  geometre  grec,  mais  a  peupres  pareil  a  celui  qui  est 
suivi  de  nos  jours ;  il  faut  bien  dire  qu'il  n'est  pas  toujours  heu- 
reux  en  essayant  de  reformer  Euclide.  Son  ouvrage  est  surlout 
caracterise  par  I'introduction  des  demonstrations  algebriques 
partout  ou  cela  est  possible  ;  en  outre,  on  n'y  trouve  plus  ces 
fatigantes  repetitions  de  I'enonce  que  nous  avons  signalees  chez 
lesAnciens;  il  est  ainsi  beaucoup  plus  facile  a  lire  que  les  Ele- 
ments et  restera  longtemps  le  modele  suivi  par  les  auteurs  pos- 
terieurs. 

En  1685,  le  R.-P.  Bernard  Lamy  (4640-1715),  pretre  de  I'Ora- 
toire,  publie  des  Elemcns  de  Geometrie  congus  d'apres  le  meme 
plan  que  ceux  d'Arnauld  ;  ils  contiennent  en  outre  ce  que  nous 
appelons  aujourd'hui  la  geometrie  de  I'espace,  ainsi  que  la  me- 
sure  du  cercle,  sauf  toutefois  la  determination  de  ::.  Ce  petit  ou- 
vrage, clair  et  concis,  a  ete  tres  estime  en  son  temps. 

Vers  la  fin  du  17<=  siecle,  nous  avons  a  mentionnerla  Geometrie 
elementaire  et  pratique  de  Sauveur  (1633-1716),  reeditee  en  1753 
par  Le  Blond.  La  disposition  est  encore  calquee  sur  celle  d'Ar- 
nauld, mais  nous  voyons  apparailre  pour  la  premiere  fois  des 
enonces  pratiques  pour  la  mesure  des  surfaces  et  des  volumes, 
com  me  celui-ci :  «  L'aire  d'un  cercle  est  egale  a  la  moitie  du  produit 
desa  circonference  par  son  rayon  ».  Toutefois,  les  demonstrations 
qu'il  donne  des  propositions  correspondant  a  ces  enonces,  et  qu'il 
base  sur  la  doctrine  des  indivisibles,  sont  loin  d'etre  rigoureuses. 

Nous  signalerons  en  passant  la  partie  geometrique  des  Elemcns 
de  Mathematiques  de  Varignon  (1634-1722),  publies  en  1731,  qui 
contient  quelques  interessantes  constructions  approchees,  et  les 
Elemens  de  Geometrie  de  Clairaut  (1713-1765),  parus  en  1741,  ou 
I'auteur,  sous  une  forme  excellente,  cherche  a  rendre  I'etude  de 
cette  science  plus  attrayante  en  faisant  decouler  les  verites  geo- 
metriques  des  faits  sensibles. 

Entin,  en  1794,  paraissent  les  remarquables  Eletnents  de  Geomd- 
/rte  de  Legendre  (1752-1833)  qui,  des  leur  apparition,  eurent  un 
succes  considerable  ;  ils  sont  restes  classiques  pendant  plus  d'un 
siecle  et  forment  encore  aujourd'hui  en  France  la  base  des  ouvra- 
ges  de  geometrie  elementaire.  Legendre  y  expose  dans  le  meme 
ordre  qu'aujourd'hui  la  matiere  des  Elements  d'Euclide,  la  plani- 
metrie  et  la  stereometrie  avec  des  enonces  pratiques,  la  mesure 


32  INTRODUCTION 

du  r.ercle  avec  la  determination  de  :: ;  il  y  introduit  enfin  les  pro- 
prieles  des  triangles  spheriques.  Fl  se  montre  beaucoup  plus  rigod- 
reux  que  ses  devanciers,  bien  qu'il  ne  reussisse  pas  toujours  dans 
ses  essais  de  reduction  du  nombre  desprincipes  admis  paries  geo- 
metres  grecs.  On  lui  a  reproche  d'avoir  eu  trop  souvent  recours 
aux  demonstrations  par  I'absurde,  mais  c'etait  une  consequence 
meme  de  la  condition  qu'il  s'etait  imposee  de  ne  pas  employer, 
la  methode  des  limites,  jugee  par  lui  comme  n'etant  pas  assez 
simple  pour  etre  introduite  dans  un  ouvrage  de  cette  nature. 

Avec  Legendre,  la  geometrie  elementaire  est  definitivement 
constituee  sous  sa  forme  actuelle;  ses  successeurs  ne  feront  que 
modifier  certains  points  de  detail.  Nous  devons  cependant  signa- 
ler, en  terminant,  qu'une  tendance  commence  a  se  manifester 
dans  I'enseignement,  en  France  et  en  divers  pays  etrangers,  en 
Italie  surtout :  mener  de  front  I'exposition  de  la  geometrie  plane 
et  celle  de  la  geometrie  de  I'espace  qui  sont  actuellement,  comme 
chez  Euclide,  absolument  distinctes.  Cette  idee,  emise  en  i82(>  par 
Gergone,  a  ete  mise  en  pratique  par  Mauistre  en  48iiet  reprise 
en  1874  par  M.  Ch.  Meray. 

IBLIOCRAPHIE 

Pierre  Herigong.  —  Cours  malhemalique ,  tome  I.  Paris,  1634,  in-8». 
Antoine  Arnauld.  —  Nouveaux  Etemens  de  Geometrie.  Paris,  1667,  in-i». 
R.  P.  Bernard  Lamt.  —  Les  Elemens  de  Geometrie.  Paris,  1683,  in-i2. 
Sauveur,  revu  par  Le  Blond.  —  Geometrie  elementaire  el  pratique.  Paris, 

1733,  in-4». 
Varignon.  —  Elemens  de  mathematique.  Paris,  1731,  in-4». 
Clairaut.  —  Elemens  de  geometrie.  Paris,  1741,  in-S". 
Adrien-Marie  Legendre.  —  Elements  de  Geometrie.  Paris,  1794,  in-S". 
A.  Mahistre.  —  Les  Analogies  de  la  Geometrie  elementaire  ou  la  Geometrie 

dans  I'espace  ramenie  a  la  Geometrie  plane.  2«  edit.,  Paris,  1&44. 
Ch.  Meray.  —  Nouveaux  EUments   de  Geometrie.  Dijon,  1874  et  1903, 

iii-8». 


PREMIERE    PARTIE 

DES  DEFINITIONS  &  DEMONSTRATIONS 
GEOMETRIQUES 


CIIAPITRE  I 

DEFINITIONS  ET  DENOMINATIONS 


§  I.  —  Definitions. 

G6ometrie.  —  a)  La  geora6trie  est  la  science  des 
proprietes  de  Fetendue  figuree  (d'Alembert,  1739). 

b)  La  j^eometi'ie  est  une  science  qui  a  pour  objet  la 
mesiire  de  I'etendue  (Legendre,  1794). 

c)  La  g^omalrio  a  pour  but  I'elude  de  la  grandeur  et 
de  la  forme  des  objets  materiels,  abstraction  faite  de 
leur  essence  (Paul  Tannery,  1894  et  Faifofer,  1903). 

d)  On  donne  le  nom  de  figure  h.  un  ensemble  quel- 
conque  de  surfaces,  de  lignes  ou  de  points. 

La  geometric  a  pour  but  Tetude  des  proprietes  des 
figures  et,  en  particulier,  comme  son  nom  I'indique,  la 
mesure  de  I'elendue  (Rouciie  et  de  Comberousse,  1891). 

e)  La  geometric  est  la  science  des  corps  materiels  en- 
visages seulement  au  point  de  vue  de  leurs  formes,  de 
leurs  etendiies  et  de  leurs  positions  relatives. 

FouRREY.  —  Curios,  ge'om.  3 


34  DES  DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUES 

Une  figure  est  ce  a  quoi  I'esprit  reduit  un  corps  qaand 
il  en  fait  I'etude  au  point  de  vue  purement  geome- 
trique  (Ch.  Meray,  1903). 

Point.  —  a)  Ce  qui  est  indivisible  en  tons  sens,  mais 
qui  a  une  position  (Aristote,  4*  s.  av.  J.-C). 

U)  Le  point  est  ce  qui  n'a  aucune  partie. 
Les  extremites  d'une  ligne  sont  des  poiiits  (Euclide, 
3*  s.  av.  J.-C). 

c)  he  point  exprime  ce  qui  est  le  plus  limiteen  exten- 
sion, par  suite  la  position  simple. 

Tons  les  points  sont  superposables  (Leibniz,  1679). 

6?)  Les  extremites  d'une  ligne  se  nommeni  poi?ils 
(Legendre,  1794). 

e)  L'exislenced'unatome  suffitpour  r^aliser  un^om^ 
maHiematique  (Calchy,  1832). 

/}  Le  point  mathematique  est  une  forme  sans  gran- 
deur. 

Le  point  est  ce  qui  est  determine  par  soi-m6me 
(Delbceuf,  1860). 

g')  On  donne  le  nom  de  points  aux  limites  ou  extre- 
mites d'une  ligne,  aux  intersections  mutuelles  des  lignes 
(RouciiiS  et  DE  Comberousse,  1866-91). 

h)  Un  point  correspond  a  I'idee  abstraite  que  nous 
nous  faisons  d'un  corps  extremement  petit  dont  nous 
ne  considerons  que  la  position  dans  I'espace,  d'une 
r.';gion  pen  etendue,  mais  nettement  d6limitee  dun 
corps  quelconque  (Ch.  Meray,  1903). 

Ligne,  surface,  volume.  —  a)  Parmi  les  grandeurs 
[j^eometriques],  I'une  n'est  divisible  qu'en  un  sens  uni- 
que, c'est  la  ligne;  I'aulre  en  deux,  c'est  la  surface; 
Tautre  Test  en  trois,  c'est  le  volume.  II  n'y  a  pas  de 


DEFINITIONS    ET    DENOMINATIONS  35 

grandeurs  aulres  que  celles-la,  parce  que  trois  est  tout 
et  que  trois  renferme  toutes  les  dimensions  possibles. 
En  effet,  ainsi  que  le  disent  les  Pylhagoriciens,  I'uni- 
vers  entier  et  toutes  les  choses  dont  ii  est  forme  sont 
d(6termines  par  le  nombre  trois.  A  les  entendre,  la  fin, 
le  milieu  et  le  commencement  forment  Je  nombre  de 
Tunivers  (Aristote,  4"  s.  av.  J.-C). 

6)  Une  ligne  est  une  longueur  sans  largeur. 

line  surface  est  ce  qui  a  longueur  et  largeur  seulc- 
ment. 

Les  exiremites  d'une  surface  sont  des  lignes. 

Un  solide  est  ce  qui  a  longueur,  largeur  et  epaisscur. 

Un  solide  est  termine  par  des  surfaces  (Euclide, 
3"  s.  av.  J.-C). 

c)  Nous  avons  la  notion  de  la  ligne  lorsque  nous  di- 
sons  de  mesurer  seulement  la  longueur  d'une  route  ou 
d'un  mur,  car  alors  nous  ne  pensons  pas  en  plus  a  la 
largeur,  mais  nous  ne  tenons  compte  que  de  la  distance 
dans  un  seul  sens  ;  tandis  que  si  nous  mesurons  une 
aire,  nous  considerons  Id^  surface  ;  si  un  puits,  le  solide. 
Dans  ce  dernier  cas,  nous  reunissons  ensemble  toutes 
les  distances  pour  dire  que  le  puits  est  de  tant,  en  lon- 
gueur, en  largeur  et  en  profondeur.  Les  sens  peuvent 
d'ailleurs  nous  donner  une  perception  de  ligne  lorsque 
nous  regardons  les  separations  des  endroits  eclaires  et 
de  ceux  qui  sont  dans  i'ombre,  soit  sur  la  Lune,  soil  sur 
la  Terre.  Car  il  y  a  la  un  intermediaire  sans  dimension 
suivant  la  largeur,  mais  qui  s'dlend  en  longueur  enlre 
la  lumiere  et  I'ombre  (Apollomus,  3*  s.  av.  J.-C.  ; 
d'api^o  Proclus). 

d)  Le  chemin  suivi  par  un  point  se  deplagant.vers  un 
autre  est  une  ligne.  Ce  chemin  est  continu,  car  cha- 
cune  de  ses  parties  a  des  extremites  qui  sont  com- 
munes avec  une  precedente  et  une  suivante. 


36  DES    DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    CtoMETRIQUES 

Le  deplacementd'une  ligne  dontles  points  ne  se  rem- 
placent  pas  sans  cesse  donne  une  surface. 

Le  d^placcment  d'une  surface  dont  les  points  ne  se 
rcinplacent  pas  sans  cesse  donne  un  corps. 

Mais  le  corps  ne  pent  se  ddplacer  sans  que  tons  ses 
points  ne  se  remplacent  continuellemcnt ;  c'est  pour- 
quoi  ii  ne  produit  pas  de  nouvelle  dimension  (Leibniz, 
1G79). 

e)  L'etendue  a  trols  dimensions:  longueur,  largeur 
et  hauteur. 

La  ligne  est  une  longueur  sans  largeur. 

Surface  est  ce  qui  a  longueur  et  largeur  sans  hauteur 
ou  epaisseur. 

Solide  ou  corps,  ce  qui  reunit  les  trois  dimensions  dc 
l'etendue  (Legendre,  1794). 

/)  La  consideration  des  corps  matdriels  nous  sugg^re 
ridee  d'e'tendueou  de  volume,  he  volume  d'un  corps  est 
essentiellement  limite;  sa  limite,  qui  lesepare  de  Tes- 
pace  environnant,  prendle  nomde.s7<r/«ce.  Les  diverses 
faces  d'un  corps  sont  autant  de  surfaces  dont  les  limites 
ou  les  intersections  s'appellent  lignes  (Rouche  et  de 
COMBEROUSSE,   1866-91). 

g^  L'idee  de  ligne  nous  vient  des  corps  allonges, 
mais  extrfimsment  dclies  autrement, 

Des  corps  extr6mement  reduits  en  epaisseur  nous 
donnent  l'idee  do,  surface  (Gii.  Meray,  1903). 

Ligne  droite.  —  I.  Definitions  reposant  sur  1?  notion  de 
mouvement.  —  «)  La  droite  est  la  ligne  telle  que  si  I'on 
nnmobilise  deux  de  ses  points,  tousles  autres  sont  immo- 
i'ilises  par  cela  sew/ (Leibniz,  1679). 

b)  La  ligne  droite  est  celle  qui  peut  tourner  autourde 
ses  extremites  immobiles  sans  changer  c/ejo/ace  (Pevrard, 
1809). 


UEFIMTIONS    ET    DENOMINATIONS  37 

c)  //  peiit  nrriver  que  le  mouvement  d'ltne  figure  inva- 
riable soil  tcl  que  tons  les  points  d'une  ligne  apparlc- 
nant  a  cette  figure  restent  immobile^  pendant  que  tons 
les  poifils  situes  en  dehors  de  cette  ligne  se  meuvent.  line 
pareille  ligne  s'appellera  ligne  droite  (PotncariS,  18MI). 

Cos  Irois  definitions,  qui  sont  d'ailleurs  au  fond  ideii- 
tiqnes,  impliquentdeux  axiomes:  la  possibilitodumoii- 
vomcntd'une  figure  invariable et  colle  do  I'immobili.sa- 
tiondes  points  d'une  ligno  dans  nn  mouvement  pa  rticii  I  ier 
de  laOgure.  Le  dernier  axiome  est  dnonce  explicilemenl 
dans  la  troisieme  definition. 

d)  Le  chemin  le  plus  simple  d'un  point  se  deplarant 
vers  un  autre  est  une  droite  (LeibiMz,  1679). 

Definition  vague. 

II.  Definitionsreposantsur  la  notion  de  distance.  —  La  no- 
lion  de  distance  de  deux  points  pent  6tre  oonsideroe 
commo  une  notion  premiere  revelee  par  rexperienc(!  : 
CO  sera  par  exemple  un  nombre  mesurant  Fintervalle 
de  cos  deux  points. 

a)  La  ligne  droite  est  le  plus  court  chemin  d'un  point 
a  tm  autre  (Ant.  Arnauld,  1667.  —  Varignon,  1731.  — 
Legrndre,  1794). 

On  a  beaucoup  critique  cette  definition  oii  se  trou- 
venl  confondues  les  notions  de  ligne  et  de  distance, 
essentiellement  distinctes  ;  de  plus,  on  pent  la  consi- 
derer  comme  une  proposition  demontrable,  en  partaiit 
d'une  definition  plus  simple  de  la  ligne  droilo. 

On  dit  souvent,  mais  a  tort,  que  la  definition  ci-dos- 
sus  a  6te  employee  pour  la  premiere  fois  par  Ancm- 
m6de,  Le  savant  grec  s'en  sert  seulement  a  titre  d' axiome 
sous  la  forme  suivanle  :  La  ligne  droite  est  la  plus 
coxirte  des  lignes  qui  ont  memes  extremites. 

b)  La  ligne  droile  est  une  serie  de  points  dont  chacun 


26G152 


38  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GltOMETRIQUES 

est  d  dgale  distance   de  trois  points  donnes   (Fourier, 

1795). 

i     Soient  A,  B,  G  les  trois  points  donnas  qui,  on  le  sait, 

determinent  un  plan,  et  0  le  centre   du  cercle  passant 

par  ces  trois  points.  Le  lieu  des  points   situes  a  egale 

distance  de  A,  B,  C  est  effectivement  la  droite  perpon- 

diculaire  an  plan  ABC  passant  par  0. 

Mais,  ainsi  qucle  faisait  observer  Mongc  dans  la  dis- 
cussion oij  Fourier  caracterisait  ainsi 
la  ligne  droite,  «  les  definitions  doi- 
vent  etre  simples  »  ;  et  il  est  difficile 
de  so  fairc  une  idee  de  la  droite  avec 
la  definition  donnee  ci-dessus. 

Cclle-ci    implique   d'ailleurs    deux 

axiomes,  d'abord  qu'il  exisfe  bien  un 

lieu  geomdtriquc  de  points  satisfaisant  aux  conditions 

enonc^es,  et  ensuite  que  ce  lieu  comprend  seulement 

une  droite. 

c)  La  ligne  droite  AB  est  le  lieu  geometrique  des  points 
M  tcls  qu'il  n'y  a  aucun  autre  point  D  de  I'espace  pour 
lequel  on  ait  en  meme  temps  MA=DA  et  MB  =  DB 
(d'apres  Cauchy,  4832).   • 

Cette  definition  qui,  comme  la  prec^dente,  implique 
deux  axiomes,  est  aisee  a  justifier. 

Gonsiderons,  en  eff"et,  un  point  M'  situd  hors  de  AB. 
II  existe  une  infinite  de  points  D  tels 
JP  qu'on  ait  M'A  =  DA  et  M'B  r=  DB  ; 

^z''     \  il  suffit  pour  les  obtenir  de    faire 

y^  \        mouvoir  M'  autour  de  A  et  B  sup- 

^^^^^       ^     /         poses  immobiles,  les  distances  M'A 
"^v^  /  et    M'B    restant    invariables.    Ges 

jVl'  points  D   n'existent  plus  si  M'  est 

siir  la  droite  en  M,  car  M  est  im- 
mobilise dans  le  mouvement. 

On  voit  que  la  definition  de  Gauchy  est  ^quivalente 


DKFfNiriONS    ET    DI^NOMINATIONS  39 

^  celle  de  Leibniz,  puisqu(3  parlant  de  Tune  on  relombe 
sur  I'aiitre. 

III.  La  droiteindividualisee  par  deux  points. —  a)  La  ligne 
droite  est  celle  qui  est  egalement  placee  entre  ses  points 
{EucLiDE,  3"  s.  av.  J.-C;  d'apres  Peyrard). 

La  ligne  droite  est  celle  qui  repose  egalement  sur  ses 
points  (EucLiDE,  d'apres  Duhamel). 

La  ligne  droite  est  celle  qui  est  ex  sequo  en  tous  ses 
points  (EucLiDE,  d'apres  Paul  Tannery). 

La  definition  d'Euclide  «  p^che  un  pen  par  la  clarte 
at  a  pu  donner  lieu  a  des  interpretations  diverses.  La 
ligne  droite  est,  dit-il,  celle  qui  repose  egalement  sur 
ses  points.  Que  faut-il  entendre  par  la?  Veut-il  dire  que 
si  Ton  considere  deux  quelconques  de  ses  points,  elle 
ne  pourrait  etre  posee  sur  eux  de  plusieurs  manieres 
<lifl'erentes,  de  sorle  que,  par  deux  de  ses  points,  on  ne 
pent  concevoir  une  seconde  ligne  droite?  Supposera- 
t-on,  au  contraire,  que  cette  similitude  entre  ses  points 
se  rapporte  aux  differentes  parties  de  la  ligne  droite  ? 
Gela  n'est  pas  vraisemblable ;  car  cette  identite  de 
forme  dans  toute  I'etendue  d'une  ligne  s'appliquerait 
aussi  bien  au  cercle  eta  I'helice  qu'a  la  ligne  droite... 
Nous  sommes  porte  a  admettre  la  premiere  explication 
€t  nous  croirons  etre  d'accord  avec  Euclide  en  appe- 
lant 

b)  ligne  droite  une  ligne  indefinie  telle  que  par  deux 
points  donnes  on  n' en  pent  fairs  passer  quune  seulen 
(Dlhamel). 

c)  La  plus  simple  de  toutes  leslignes  est  la  ligne  droite, 
dont  la  notion  est  familiere  a  tout  le  monde  et  dont  un 
fil  tendu  off  re  I' image. 

Cette  ligne  est  caracterisee  par  la,propriete  suivante: 


40  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUES 

deux  points  detei-miiient  une  droite  (RouCHfi  et  de  Com- 

BEROUSSE,    1891). 

d)  La  iigne  droite  est  la  ligne  entierement  definie  par 
deux  de  ses  points  A  et  B  (Babijarin,  1902). 

IV.  Definitions  diverses.  —  a)  La  droite  est  la  Iigne  dont 
les  extremites  sont  otnbragees par  les  points  intermediaires 
(Platon,  4*  s.  av.  J.-C). 

Considerons  un  point  lumineux    L  place  sur  une 
droite  enlre  ses  extremites  A  etli.  La  lumiere  (dans  le 
vide)setransmettant  en  iigne  droite,  les  pointscompris 
^  ontre  L  et  A  d'une  part,  entre 

^  T ^     L  et  B  d'aiitre  part,  etant  sup- 

poses opaques,  formeront  une 
ombre  recliligne  passant  respeclivement  par  A  et  BI 

Mais  celte  definition,  lout  exacte  qu'elie  soil,  repose 
sur  des  donnees  entierement  experimenluies. 

b)  La  Iigne  droite  est  une  ligiie  de  direction  con- 
stante.  La  Iigne  courbe  est  une  ligne  dont  la  direction 
change  en  chaqiie  point  (Ueberwkg,  d'aprcs  De]b(X'uf, 
1860). 

Cette  definition  implique  la  notion  de  direclion  dont 
nous  n'avons  qu'une  idee  vague. 

c)  La  ligne  droite  est  celle  qui,  etant  menee  d'un 
point  a  un  autre,  ne  se  detourne  ni  d  droite  ni  d  gauche 
et  qui  est  la  plus  courte  que  L'on  puisse  mencr  entre  ccs 
deux  points  (Simpson,  1766). 

Definition  surabondanle  ;  elle  implique  a  la  fois  la 
notion  de  direction  et  celle  de  distance. 

c?)  La  trace  a'un  point  qui  serait  mu  de  mawerc  a 
tendre  toujours  vers  un  seui  et  menie  poini  est  ce  qu'on 
appelte  une  ligne  droite. 

On  appelle  au  contraire  ligne  courbe  la  trace  d'un 
point  qui,  dans  son  mouvement,  se  detourne  in/iniment 
peu  a  chaque  pas  (BEZouTf  1768). 


DI^FIMTIONS    ET    DENOMINATIONS  41 

Definition  vague  ;  on  ne  voit  pas  avec  precision 
comment  iin  point  tend  vers  un  autre. 

e)  La  ligne  droite  est  la  limite  quisepare  en  deux  parties 
egales  le  plan  infini  et  homoijene  (Bertraind  de  Geneve, 
1812). 

Definition  manquant  de  precision. 

/)  La  droite  est  line  ligne  homogene,  c'est-d-dire  dont 
les  parties,  prises  indifferemment ,  sont  semblables  entre 
elles  et  ne  different  qu'en  longueur  (Delbceuf,  1860). 

Cette  definition  est  insuffisante  pour  caracteriser  la 
ligne  droite,  car  elle  s'appliqiie  egalement  a  la  circon- 
ference  et  a  Fhellce. 

Plan.  —  I.  Definitions  reposant  sur  la  notion  de  distance. 
—  a)  Le  plan  est  le  lieu  des  points  egalement  disposes 
par  rapport  a  deux  points  A  e^  B  (Leibniz,  1679). 

Le  plan  est  une  serie  de  points  dont  chacun  est  a  egale 
distance  de  deux  points  donnes  (Fourieb,  1795). 

On  sait,  en  efl'et,  que  le  lieu  des  points  de  Tespace  h 
^gale  distance  de  deux  points  donnes  A  et  B  est  un 
plan  perpendiculaire  au  milieu  de  la  droite  AB. 

A)  Le  plan  ABC  est  la  surface  lieu  des  points  M  tels 
qu'il  n'y  a  aucun  autre  point  D 
de  I'espace  pour  lequel  on  puisse 
avoir  MA  =  DA,  MB  =  DB  et 
MG  =  DG;  les  points  A,  B,  G 
etant  supposes  non  en  ligne  droite 
(Gauchy,  1832). 

Pour   tout    point   M'  situe  en 
dehors  du  plan  ABG,  il  y  a  en 
efl'et  un  point  D,  sym^trique  de  M' 
par  rapport  a  ABG,  pour  lequel 
on  a  M'A  =  DA,   MB  =  DB   et  M'G  =  DG. 

II.  Le  plan  individualise  par  deux  droites.  —  a)  La  surface 


42  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUES 

plane  est  cells  qui  est  egalement  placee  entre  ses  droites 
(EucLiDE,  3*  s.  av.  J.-C;  d'apr^s  Peyrard). 

Le  plan  est  la  surface  qui  est  ex  sequo  pour  toutes 
les  droites  qui  y  sont  situees  (Euclide,  d'aprcs  Paul 
Tannery). 

«  Si  la  definition  d'Euclide  no  parait  pas  au  premier 
abord  absolument  elaire,  voici  comment  tons  les  geo- 
melres  sont  neanmoins  d'accord  pour  I'entendre: 

b)  Le  plan  est  la  surface  entierement  definie  par  deux 
droites  determinees  et  sicantes  AB  et  AC  quelle  ren- 
ferme  »  (Barbarin,  1902). 

Cette  definition  est  la  generalisation  de  ceJle  de  la 
droite. 

III.  Definitions  diverses,  —  a)  Leplan  est  une  surface  que 
tons  les  points  d'une  ligne  droite  peuvent  toucher  (Vari- 
GNON,  1731). 

Le  plan  est  une  surface  dans  laquelle,  prenant  deux 
points  a  volonte  et  joignant  ces  deux  points  par  une 
droite,  cette  ligne  est  tout  entiere  dans  la  surface  (Le- 
GEXDRE,  1794;  Roughs  et  de  Gomberousse,  1866-91).  ! 
On  a  beaucoup  critique  celte  definition,  qui  parait 
inspiree  de  celle  d'Euclide.  Elle  renferme  plus  de  con- 
ditions qu'il  n'en  faut  pour  determiner  le  plan  :  deux 
droites  suffisent,  et  la  definition 
preeedente  en  admet  un  nombre  in- 
determine. 

On  pent  d'ailleurs  demontrer,  en 
partant  de  la  definition  II,  b,  que 
toute  droite  MN  aijant  deux  points  M 
et  N  dans  un  plan  defmi  par  les 
droites  AB  et  AC  est  contenue  tout 
entiere  dans  le  plan. 

En  efi"ef,  le  plan  (AB,  AC),  etant 
idenlique  aux  plans  (AB,  AiAJ)  et  (AB,  AN),  renferme 


DEFINITIONS    ET    DENOMINATIONS  43 

les  droites  AM  et  AN  ;  mais  le  plan  (AM,  AN),  etant 
enti^rement  cldfini  par  ces  droites,  est  identique  k  la 
fois  aux  plans  (AM,  MN)  et  (AB,  AC);  done  ce  dernier 
renferme  la  droile  MN. 

b)  Le  plan  est  la  limite  qui  scpare  en  deux  parties  igales 
I'espace  infini  et  homogene  (Bertrand  de  Geneve,  1812). 

La  definition  manque  de  precision. 

c)  Le  plan  est  nne  surface  Aomo9'(?/ie(DELBCEUF,  1860). 
Cette  de'finition,  generalisation  de  celle  donnee  pour 

la  droite  par  le  m6me  auteur,  est  insuffisante  pour 
caracteriser  le  plan,  car  elle  s'applique  egalement  k  la 
surface  de  la  sphere. 

(f)  Le  plan  est  le  lieu  des  perpendiculaires  menees  par 
un point  a  une  droite  quelconqtie  de  I'espace  (Duhamel, 
1866). 

Angle.  —  a)  Un  angle  plan  est  i'inclinaisonmutuelle 
de  deux  lignes  qui  se  touchent  dans  iin  plan  et  qui  ne 
sont  point  place es  dans  la  nieme  direction  (Euclide,  3*  s. 
av.  J.-C  ). 

II  resterait  k  definir  leterme  «inclinaison  »,  amoins 
de  I'admettre  comme  notion  premiere. 

11  y  a  lieu  d'observer  que  le  lerme  « lignes  »  est  mis  ici 
pour  «  droites  »  ;  les  mots  «  dans  un  plan  »  sont  super- 
tlus  puisque  les  deux  droites  se  rencontrent. 

U)  L' angle  est  la  contraction  en  unseul  point  d'une 
surface  sous  une  ligne  brisee  (Apollonius,  3*  s.  av.  J.-C. ; 
d'apr^s  Proclus). 

Ainsi  Tangle  rectiligne  plan  serait  formd  par  la  con- 
traction du  plan  entre  deux  droites. 

Cette  definition  est  moins  claire  que  celle  d'Euclide,  et 
on  ne  pent  savoir,  d'apres  les  seules  citationsde Proclus, 
pour  quelles  raisons  elle  a  ete  adoptee  par  Apollonius. 

c)  Lorsque  deux  droites- se  rencontrent,   la  quantity 


44  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUF.S 

plus  ou  mains  grande  dont  elles  sont  ecartees  i'line  de 
I' autre  sappelie  angle  (Legendke,  1794). 

11  y  aurait  ^  definirle  terme  «  ecartement  ■>•>. 

d)  La  considei^ation  de  deux  droites  AB  et  AC  qui  se 
rencontrent  conduit  a  une  idee  nouvelle  qui  est  celle 
d'inclinaison  muiuelle  ou  d' angle  et  qui  ne  saurait  etre 
definie,  c' est-a-dire  ramenee  a  une  idee  plus  simple 
(DuHAMEL,  1866;  Rouch6  et  de   Comberousse,  1866-91). 

e)  On  appelle  angle  la  partie  d'un  plan  limitee  par 
deux  droites  partant  d'un  m^me  point  (Bertrand  de 
Geneve,  1812  ;  Faifofer,  1903). 

Ainsi  Tangle  serait  un  espace  plan,  contrairement 
au  6*  postulat  du  Livre  I  des  Elements  d'EucIide  :  qiiil 
soil  demanae  que  deux  droites  ne  contiennent  pas  d' es- 
pace. La  notion  d'angle  dveille  plut6t  en  noire  esprit 
une  idee  d'inclinaison  inutuelle  qu'une  idee  d'espace. 

Mais  on  a  surtoul  critique  I'emploi  abusif  qui  a  ete 
fait  de  cette  definition  par  Bertrand  de  Geneve. 

/)  On  appelle  angle  la  figure  forniee  par  deux  droites 
qui  se  rencontrent  en  un  point  ou  on  les  suppose  toutes 
deux  limitees  (De  Tilly,  1880). 

Cette  definition  n'eveilie  pas  en  nous  une  idee  precise 
de  Tangle  ;  elle  ne  caracterise  que  sa  forme. 

Carr6  et  rectangle.  —  a)  Panni  les  figures  quadri- 
lateres,  celle  qui  a  ses  cdte's  egaux  el  ses  angles  droits 
se  nomine  carre. 

Celle  qui  a  ses  angles  droits,  mnis  qui  n'a  pas  ses 
cdtes  egaux,  se  nomme  rectangle  (Euclide,  Definitions 
en  t6te  du  Livre  1,  3'^  s.  av.  J.-C). 

Ces  definitions  d'Euclide  onteteconserveesparLegen- 
dre  dans  ses  El(5ments  de  G^om^trie  de  1794  ;  mais  le 
savant  frangais  fait  a  ce  sujet  les  reflexions  suivantes  : 
ft  Dans  la  definition  ordinaire  du  parallelo gramme  rcc- 


DEFINITIONS    ET   DENOMINATIONS  45 

tangle  et  du  quarre  on  dit  que  les  angles  dc  ces  figures 
sont  droits  ;  il  seroit  plus  exact  dedire  que  leurs  angles 
sont  eg-aux.  Car  supposer  que  les  quatre  angles  d'un 
quadrilatere  peuvent  6tre  droits,  et  meme  que  les  angles 
droits  sont  egaux  entre  eux,  c'est  supposer  dcs  propo- 
sitions qui  ontbesoin  d'etre  demontrees.  Oneviteroit  cet 
inconvenient  et  plusieurs  auires  du  meme  genre,  si,  au 
lieu  de  placer  les  definitions,  suivant  I'usage,  a  la  tete  d'un 
livre,  on  les  distribuoit  dans  le  courant  du  livre,  cha- 
cune  a  la  place  oii  ce  qu'elle  suppose  est  deja  demontre  ». 

Nous  ajouterons  qu'Euclide  admet  bien  un  peu  plus 
loin,  comme  axiome,  au  debut  du  Livre  1,  que  les 
angles  droits  sont  egaux  entre  eux,  mais  il  demontre 
en  revanche  (Livre  I,  32)  que  la  somnie  des  angles 
d'un  triangle  est  6gale  a  deux  droits  ;  cette  derniere  pro- 
position sert,  comme  on  salt,  k  prouver  que  la  somme  des 
angles  d'un  quadrilatere  est  egale  h.  4  droits,  et  par  suite 
que  les  4  angles  d'un  quadrilatere  peuvent  etre  droits. 

b)  Parmi  les  quadrilateres  convexes,  on  distingue  : 
...  ierectangle,  qui  a  tons  ses  angles  egaux  entre  eux;... 
lecarre,  qui  a  ses  cotes  egaux  et  ses  angles  egaux;... 
(Roughs  et  de  Gomberousse,  1866-91). 

Ces  definitions  ne  donnent  plus  lieu  a  critique,  si  Ton 
admet  que  les  cotes  et  les  angles  d'un  polygone  peu- 
vent 6tre  tons  egaux. 

Parall^logramme.  —  a)  Parmi  les  figures  quadrila- 
teres,... celle  dont  les  cdtes  et  les  angles  opposes  sont 
egaux,  mais  dont  tous  les  cotes  ne  sont  pas  egaux  et  dont 
les  angles  ne  sont  pas  droits,  se  nomme  rhombolde 
(EucLiDE,  3*  s.  av.  J.-C). 

Robert  Simpson  (18*  s.)  a  fait  observer  que  cette 
definition  renferme  une  condition  superfine,  car  si  les 
c6t6s  opposes  d'un  quadrilatere  sont  egaux,  les  angles 
opposes  sont  n6cessairement  ^gaux. 


46  DES   DEFINITIONS  ET   DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQOES 

b)  Parmi  les  quadrilaleres ,  on  distingue...  le  paral- 
lelogramme,  qui  a  les  cdtes  opposes  paralleles  (Legen- 
DRE,  1794). 


Circonf ^rence  et  cercle.  —  a)  Un  cercle  est  une 
figure  plane  comprise  par  une  settle  ligne  qu'on  appeile 
circonference ,  et  telle  que  toules  les  droites  menees  a  la 
circonference  d'un  des  points  places  dans  cetle  figure 
sent  egales  entre  elles  (Euclide,  3*  s.  av.  J.-C). 

U)  Une  ligne  en  mouvement  etant placee  de  telle  sorte 
que  deux  de  ses  points  A  et  B 
restent  immobiles,  un  autre  point 
quelconque  C  de  cette  ligne  decrit 
une  circonference  (Leibniz,  1679). 

c)  La  circonference  du  cercle  est 
une   ligne    coiirbe    dont   tons  les 
points  sont  egalement  distants  a'un 
point  interieur  qu'on  appeile  cen- 
tre (Legendre,    1794.   —  Rouche    et   de  Comberolsse, 
1866-91). 

d)  La  circonference  est  un  assemblage  de  points  dont 

chacun  est  a  une  distance  donnee  de 

.  deux  points  donnes  (Fourier,  1795). 

{  La   circonference   ainsi   d^finie    est 

I  contenue  dans  le  plan  perpendiculaire 

meii4  par  le  milieu  0  de  la  droite  qui 

joint  les  points  donnes  A  et  B,  et  son 

centre  est  en  0. 

I  e)  Prenons  dans  un  plan  un  segment 

B  OA  et  sur  ce  segment  un  point  M ;  ima- 

ginons  que  le  segment  tournc  autour  du 

point  0,  tout  en  restant  dans  le  plan  et  jusqua  ce  qu'il 

ait  repris  sa  position  primitive.  Par  ce  mouvement,  le 

segment  OM  decrit  une  portion  de  plan  qui  s'appelle- 


DEFINITIONS   ET   DENOMINATIONS  47 

cercle.  Le  point  M,  dans  le  mouvement  consideri,  decrit 
le  contour  du  cercle;  cette  ligne  s'appelle  circonference 
(Faifofer,  1903). 

Figures  6gales.  —  Deux  figures  sont  egales  quand 
on  pent  les  superposer ;  pour  les  superposer,  ilfautdepla- 
cer  I'une  d'elles  jusqu'd  ce  qu'elte  coincide  avec  Cautre; 
mais  comment  faut-illa  diplacer  ?  Si  nous  le  demandions, 
on  nous  repondrait  sans  doute  qu'on  doit  le  faire  sans  la 
deformer  et  d  la  facon  d'un  solide  invariable  ;  le  cercle 
vicieux  serait  alors  evident. 

En  fait,  cette  definition  ne  definit  rien :  elle  n'aurait 
aucunsens pour  un  etre  qui habiterait  un  monde  oil  il  n'y 
aurait  quedes  flutdes.  Si  elle  nous  semble  claire,  c'est 
que  nous  sommes  habitues  aux  proprietes  des  solides 
naturets  qui  ne  different  pas  beaucoup  de  celles  des 
solides  ideaux  dont  toutes  les  dimensions  sont  invariables. 

Cependant,  tout  imparfaite  qu'elle  soit,  cette  defini- 
tion implique  un  axiome,  la  possibilite  du  mouvement 
d'une  figure  invariable  (Poingar^,  1891). 

Polygenes  semblables.  —  a)  Les  figures  rectilignes 
semhlables  sont  cedes  dont  les  angles  sont  egaux  chacun 
d  chacun  et  dont  les  cdtes  places  autour  des  angles  egaux 
sont  proportionnels  (Euclide,  3*  s.  av.  J.-C). 

Cette  definition  a  ete  conservee,  sous  une  forme 
un  peu  ditlereute,  par  les  auteurs  modernes.  Legen- 
dre,  qui  lui-meme  I'a  adoptee  dans  ses  Elements  de 
geometric  (1794),  fait  observer  qu'elle  contient  trois 
conditions  detrop  ;  mais  c'est  precisement  la  ditiiculte 
de  faire  rentrer  le  nombre  strictement  necessaire  de 
conditions  dans  une  definition  simple  qui  a  fait  qu'on 
n'a  [jas  modifie  celle  d'Euclide,  en  France  tout  au 
raoins. 

Dans  d'excellents  Elements  de  G^ome'trie  dont  la  13* 


48  DES    DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    CtoM^TRIQUES 

edition  italienne  a  616  traduite  en  frangais  en  1903, 
M,  Faifofer  suppose  line  corrospondance  etablie  entre 
les  points  de  deux  lij^ures,  d'ou  le  noin  de  sef/mejils  cor- 
respondants  et  d'an^/ics  correspondaiits  ;  il  donne  alors 
la  definition  suivanle  : 

tj)  Si  Con  pent  ctabdr,  cntrc  les  points  de  deux  figu- 
res, line  correspondance  univoque  telle  que  deux  angles 
corresponiants  quelconques  soient  egaux,  on  dit  que  les 
deux  fir/wes  sont  semhlahle^. 

Mais,  avcc  cette  definition,  Fexpositionde  la  Iheorie 
de  la  similitude  se  trouve  compliquee. 


§  2. — Denominations. 

Trianr|le.  —  Dansle  Manuel  egyptiend'Ahm&s  (2000 
av.  J.-C),  la  base  d'un  triangle  isocele  porte  Ic  nom 
de  tcpro  (bouche)  et  le  c6te  celui  de  merit  (le  large). 

Les  Grecs  appellent  le  triangle  trigone  (3  angles)  ou 
triplnire  (3  cot^s) ;  il  est  isocele  (jambes  egales)  si 
deux  de  ses  cotes  sont  egaux,  isopleure  (cotes  egaux) 
si  les  trois  cdtes  sont  ^gaux,  scalene  (inegal)  si  les  trois 
coles  sont  inegaux,  orthogone  si  un  angle  est  droit, 
ambligone  si  un  angle  est  obtus  et  oxigone  si  les  trois 
angles  sont  aigus. 

Les  Romains  emploient  divers  termes  pour  designer 
le  triangle  :  triangu  mn,  trigonum,  triquetrum.  II  est 
orthogone  ou  rectanlge,  isocele,  equilateral  ou  isopleure, 
scalenf,  obtusangle,  acutangle. 

'  Les  qualilicatifs  grecs  isopleure,  orthogone,  ambligone 
Qi  oxigone  se  retrouvent  au  Moyen  age  et  h  la  Renais- 
sance chez  la  plupart  des  auteurs. 

Chez  les  Hindous,  Vavant-char  est  un  triangle  isocele 
dont  la  hauteur  est  egale  a  la  base. 

La  hauteur  d'un  triangle  est  designee  chez  les  Grecs 


DEFINITIONS    ET    DENOMINATIONS  49 

paries  mois /ntpsos  (signifiant  hauteur  dans  le  sens  ge- 
neral) ou  cathete  ;  co  dernier  terme  est  employe  chez 
les  Latins  en  meme  temps  que  altitude.  Les  Arabes  se^ 
servent  du  mot  colonne,  et  dans  un  manuscrit  frangais- 
de  la  fin  du  13"  siecle  on  trouve  le  terme  tioel  ou.  liviax 
(niveau,  verticale). 

Les  agrimenseurs  remains  designent  I'hypotenuso 
d'un  triangle  rectangle  par  le  mot  podismus. 

Chez  les  Hindous,  I'un  des  c6tes  d'un  triangle  etant 
pris  pour  base,  les  deux  aulres  sont  les  jambes  ;  la 
hauteur  relative  a  la  base  est  la  perpendicutaire  ;  les 
deux  portions  de  base  determinees  par  le  pied  dc  la  hau- 
teur sont  les  segments.  Dans  le  triangle  rectangle,  I'un 
des  coles  de  Tangle  droit  est  le  cdte,  I'autre  le  droit. 

Quadrilatere.  —  On  le  dcnomme  tetrapleure  (4  co- 
tes) chez  les  Grecs,  et  en  particulier  trapeze  (4  pieds) 
si  ses  quatre  cotes  sont  inegaux. 

C'est  le  tetragonr  des  llindous  ;  ceux-ci  donnent  au 
plus  grand  cole  le  nom  de  base  ;  le  cote  oppose  a  la 
base  estle  sommet,  etlesdeuxautrescdtessont  \es/la?2cs. 

Les  Latins  lui  donnent  des  noms  divers  :  quadrila- 
tere, quadrangle  chez  Alcuin  (8"  s.),  tetragonc  dans  la 
Geometric  de  Gerbert  (10"-!  1"  s.),  helmuariphe  clie/ 
Campanus  (13"  s.)  et  a  la  Renaissance;  on  reconnait 
I'origine  arabe  de  ce  dernier  mot.  Le  cote  oppose  a  la 
base  est  la  coraaste  dans  la  Geometric  de  Gerbert. 

Dans  un  mannscrit  frangals  de  la  fin  du  13*  si5cle, 
c'est  la  combe  (')  non  equitatere  ;  pour  Errard  de  Bar- 
le-Duc  (16"  s.),  le  quadrilalere  est  un  trapezo'ide, 

Chez  les  Grecs  un  quadrilatere  ayant  un  angle  ren- 
trantestun7<;oy/oyo/7e(de  ko'ilos,  creux,  et  gonia,  angle); 


(')  Combe,  vallce  etroite. 

FouRREV,  —  Curios,  gc'om. 


50  DES    DEFINITIONS    F.T    DEMONSTRATIONS    GEOMI;TIUQUES 

pour  Leonard  de  Pise  (13*  s.),  c'est  Id,  figure  barbue  (ou 

en  forme  de  barbe). 

En  Anglelerre,  on  donne  actiiellemenl  le  nom  do/a'/e 

(ccrf- volant)  a  un  quadri latere  convexe  ayant  deux 
cotes  consecutifs  egaux,  ainsi  que  les 
deux  autres.  C'est  un  spear-head  (fer 
de  lance)  si  ce  quadrilatere  possede 
un  angle  rentrant. 

Carr^.  —  C'est  le  tetragons  cliez  les 

Grecs,    II   est    parfois    appele,    dans 

la  Collection   heronienne,    telragone 

equilateral  rectangle',  cette  derniere 

denomination  est  en  m6me  temps,  comme  on  voit,  une 

definition  precise. 

Pour  les  Romains,  c'est  le  quadratum  dont,  par 
corruption,  on  a  fait  car  re. 

Losange.  —  Les  Grecs  I'appcllent  rliombe  ;  dans  les 
ecrits  lieroniens,  on  le  designe  aussi  sous  la  denomi- 
nalion  de  tilragone  equilateral  non  rectangle. 

Le  nom  de  rhombe  lui  a  ete  conserve  a  peu  pres  ex- 
clusivement  jusqu'^  la  Renaissance.  Toutefois,  Vincent 
deBeauvais  (13*  s.)rappellec/zmmm,  Campanus(13*s.) 
helmuayn,  et  le  manuscrit  frangais  du  13*  siecle  combe 
equilatere . 

Le  terme  losange  hq  seralt  autre  que  I'ancien  mot 
francais  «  losange  »  (louange)  et  proviendrait  de  ce  que 
les  armoiries  destinees  k  rappeler  les  hauls  faits  des 
seigneurs  feodaux,  a  faire  leur  lauange,  etaient  jadis 
cncadrces  dans  un  rhombe. 

Parall^lojiramme.  —  Les  Grecs  Tappellent  rhom- 
hoide,  Vincent  de  Bcauvais  (13*  s.)  simile  climiam  et 
Campanus  (13*  s.)  similis  helmuayn. 


DEFINITIONS    liT    DENOMINATIONS  51 

«  Le  moi  pai^allelogramme,  suivant  son  ^tymologie, 
signifie  lignes  paralleles\  il  ne  convient  pas  plus  a  la 
figure  de  quatre  cotes,  qu'a  celles  de  six,  de  hiiit, 
etc.  dont  les  opposes  seroient  paralleles.  Le  mot 
parallelipipede  signifie  de  meme  plans  paralleles,  il  ne 
designe  pas  plus  le  solide  a  six  faces  que  ceux  qui  en 
auroient  huit,  dix,  etc.  dont  les  opposees  seroient  pa- 
ralleles. II  paroit  done  que  les  denominations  de  paral- 
lelogramme  et  parallelipipede,  qui  d'ailleurs  ont  I'in- 
•convenient  d'etre  fort  tongues,  devroienl  etre  hannies  de 
la  geometric.  On  pourroit  leur  subslituer  celles  de  rhombe 
et  rhombo'ide  qui  sont  beaucoup  plus  commodes  et 
conserver,  si  Ton  vouloit,  le  nom  de  lozange  au  quadri- 
latere  dont  les  cotes  sont  egaux  »  (Legendre,  1794). 

Rectangle.  —  On  le  denomme  heteromeque,  paralle- 
lofframme  orlhogone,  ou  simplement  orthogone chez  les 
Grecs,  rectangle  et  tetragone  plus  long  par  un  autre  cote 
ctiez  les  Latins,  oblong  cliez  les  Hindous,  tetragonelong 
et  barlong  vers  la  fin  du  Moyen  age  et  a  la  Renaissance. 

Trapeze.  —  Dansle  Manuel  dgyptien  d'Ahmes  (2000 
av.  .l.-C.)  on  voit  figure  un  trapeze  isocele  dont  la 
grande  base  porte  le  nom  de  tepro  (bouche),  la  petite 
base  celui  de  troncature  ou  sectionnante ,  les  cotes  celui 
<le  merit  (le  large). 

Le  trapeze  actuel  est  appele  mensa  (table)  ou  mensult 
par  les  Latins.  Cbez  Vilruvius  llufus  (2*  s.)  un  tra- 
peze rectangle  a&i  enoncti  sous  la  meme  denomination 
qu'aujourd'hui  ;  la  petite  base  est  le  sonnnet  et  le  coLr. 
perpendiculaire  aux  deux  bases  est  la  cathete.  Dans  la 
Geometric  de  Gerbert  (iO"-ll''  s.)  figure  de  meme  un 
trapeze  rectangle  denomme  simplement  trapeze  ;  on  y 
distingue  la  base,  la.  corauste  ou  petite  base  et  la  crtMe/e. 

Leonard  de  Pise  (43"  s.)  considere  le  trapeze  commc 


52  DES    DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    G^OMETRIQUES 

line  sorte  de  qnadrllatere  ayant  la  tele  enlevee.  Stevin 
(16*  s.)  I'appelle  hache  parce  que,  dit-il,  il  ressemble 
mieux  a  une  hache  qu'a  una  table. 

C'est  vers  le  milieu  du  18"  siecle  que  le  terme  ti'a- 
j(he  a  ete  applique  en  France  au  quadrilatere  ayant 
■Joux  cotes  paralleles  ;  il  avait  dej&.  eu  celte  signihca- 
lion  particuliere  chez  quelques  auteurs  grecs  de  la  dd- 
cadence,  notamment  ciiez  Pappus  (4*  s.). 

Cercle.  —  Chez  les  Grecs  le  cerclo  est  de'signd  par 
le  mot  kuklos,  dont  nous  avons  fait  cycle,  elchez  les  Re- 
mains parle  mot  circulus  (diminutif  de  circus,  cirque), 
dont  nous  avons  fait  cercle. 

Le  mot  diametre  est  d'origine  grecque  ;  les  Romains 
s"en  servent  egalement,  en  m6me  temps  que  de  la 
denomination  ligne  pour  mesurer. 

Les  Grecs  n'ont  pas  de  terme  special  pour  designer 
le  rayon  ;  ils  I'appellent  ligne  qui  part  du  centre.  Les 
Latins  emploient  les  mois  semi- dia?netre  et  radius,  dont 
nous  avons  fait  rayon.  Les  Ilindous  ddsignent  ce  der- 
nier parle  meme  mot  que  louverture  de  compas,  c'est- 
a-dire  parle  mot  carcata  (litteralement  ecrevisse^.  Chez 
les  Arabes  c'est  le  semi-diametre. 

Les  termes  arc,  fleche  et  corde  on  t  etc  empruntds  a  Tart 
le  la  guerre  ;  le  dernier  seul  est  d'origine  grecque. 

Lc  secteurest  appele  chez  les  Grecs  ^omeM5(coupeur), 
chez  les  Latins  sector,  chez  les  Arabes  echancrure. 

Le  Grec  Proclus    (5"  s.)  appelle  angle  en   forme  de 
cor/ie  Tangle  mixtiligne  que  font  entre  cux 
un  arc  de  cercle  et  la  tangente  a  une  extre- 
mite  de  cet  arc. 
La  partie  AB   de  la  ligne   des   centres 
comprise  dans  la  surface  commune  a  deux  cercles  se- 
cants 0  et  0'  est  la  mofsure  chez  les  Hindous.  Ce  seg- 
ment intervenait  dans  le  calcul  des  eclipses ;  dans  la 


DEFINITIONS    £T   DENOMINATIONS  33 

mylhologie  aryenne,  celles-ci  etaient  causees  par  la 
morsure  d'un  dragon  nomme 
Rahu.  C'est  egalement  la  raison 
pour  laquelle  le  fuseau  AMBN 
commun  aux  deux  spheres  en 
gendrees  par  les  cercles  0  et  0' 
en  pivotant  aulour  de'leurs  cen- 
tres  etait  appele  par  les  astro- 

nomes  hindous  la  bouc.'ie'e  ou  ie  morceau. 


Surfaces  limitees   par  des  arcs  de  cercle.  —   La 

surface  ombree  ci-contre  comprise  en- 
tre  trois  demi-circonft^rences  langentes 
deux  a  deux  est  designee  chez  Archi- 
nifede  (3*  s.  av.  J.-C.)  parte  mot «;'6e/o5 
(tranchet  de  cordonnier). 

La  surface  ombree  de  la  figure  ci-contrecompriseentre 
quatre  demi-circonferences  tangentes 
deux  a  deux  est  appelee  salinon  (figure 
de  la  houle)  par  Archim^de ;  d'apres 
Heiberg,  il  faudraitlire  selinon  (lierre). 

Chez  les  Hindous,  la  surface  formee  par  deux  arcs 
de  cercle  dont  les  convexites  sont  tour- 
nees  du  meme  cote  et  par  la  droite  qui 
les  coupe  est  une  dent  d'elephant ;  la 
surface  formee  par  deux  arcs  de  cercle 
egaux  dont  les  convexites  sont  tour- 
nees  en  sens  contraires  est  un  grain 
d'orge]  celle  constituee  par  un  seg- 
ment de  couronne  circulaire  est  une 
jante  de  roue. 

Chez  les  Arabes,  la  surface  limitee 
par  deux  arcs  de  cercle  dont  les  con- 
vexites sont  tournees  du  meme  cote,  et 
tous  deux  plus  petils   que  la  demi-circonference,   est 


54  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUEs' 

une  lune  (croissant  chez  les  Hindous) ;  si  les  arcs  sont 
plus  grands  qu'une  demi-circonfe- 
rence,  c'est  un/ier  a  chcval.  La  surface 
limit^e  par  deux  arcs  circulaires  dont 
les  convexites  sont  tournc'cs  en  sens' 
contraircsestappelee  myroholan^A  Fun ' 
des  arcs  est  egal  et  I'autre  infericur  a 
une  demi-circonierence  ;  c'est  un  vavet 
si  les  deux  arcs  sont  plus  grands 
qu'une  demi-circonierence. 

Sol  ides.  —  Les  mots  pris7iie,  paral- 
Iclepipede,  tetraedre,  octaedre,  cube, 
cylindre,  cone,  sphere  sont  d'origine 
grecque  ;  en  particulier,  prisme  signifie 
dans  son  sens  general  «  chose  sciee  », 
et  cylindre  d<!rive  d'un  verbe  signifiant  «  faire  rouler  ». 
Le  terme  pyramide,  qu'on  faisait  deriver  aulrefois 
de  mots  grecs,  soit  de  pur  (feu)  parce  que  le  feu  se  ter- 
mine  naturellement  en  pointe,  soit  de pu?'amis  (gateau 
conique  qu'on  oflrait  aux  morts),  se  rattache  sim- 
plement,  d'apr^s  MM.  Revillout,  a  V 6gypiien  pir-em-iis 
qui  designait  la  hauteur  abaissee  du  sommet  de  la 
pyramide  sur  la  base. 

Les  Grecs  appellent  plinthide  (carreau)  un  parallele- 
.pipede  rectangle,  dont  I'une  des  dimensions  est  infe- 
rieure  aux  deux  autres  supposees  egales  ;  c'est  un  do- 
^OA(solive)  si  cette  dimension  est  superieure  aux  deux 
autres  Egales.  Un  bomisque  (autel)  est  le  polj5dre  en 
forme  de  tas  de  sable. 

Chez  les  Hindous,  le  tetraedre  est  un  solide  a  six 
ardies,  la  pyramide  et  le  cone  sont  des  aiguilles  ou  des 
solides  aigus. 

Figures  Egales  et  6quivaleiites.  —  Chez  Euclide,  ce 


DEFINITIONS    ET    DENOMINATIONS 


55 


terme  s'entend  aussi  bien  des  figures  pouvant  coinci- 
der  par  superposition  que  de  celles  ayant  mSme  surface 
ou  meme  volume. 

Logeiidre  (1794)  introduit  le  qualificatif  eqiiivalentes 
pour  designer  les  figures  ayant  des  aires  6gales. 

Dans  certains  pays  etrangers,  en  Allemagne  notam- 
ment,  ces  dernieres  figures  sont  encore  appelees  eott/es  ; 
les  figures  supi'rposables  sont  dites  congruenles  (du  la- 
tin congnio,  ere,  coincider). 


B      F 


0 

/ 

/ 

^^^w 

Divers.  —  Les  Pylhagoriciens  (6®-5*  s.  av.  .T.-C.) 
appellent  gnomon  la  figure 
oblenue  en  retrahchant  d'un 
carre  ABGD  un  carre  EFCG. 
«  Lorsqu'on  place  un  gnomon 
autour  d'un  carre,  la  grandeur 
varie,  mais  la  forme  ne  change 
pas  ))  (Aristote). 

On    trouve    dans    les    Ele- 

.^        menls  d'Euclide  (3*  s.  av.  J.- 

C),    la    notion    du    gnomon 

etendue  a  un  parallelogramme 

quelconque. 

Le  probl^me  du  partage  d'un 
segment  de  droite  en  moyenne 
et  extreme  raison  porte  chez  les  Grecs  la  denomination  de 
segment  d'or;  et  k  la  Renaissance,  de  proportion  divine. 
Les  polyedres  reguliers  sont  les  figures  du  cosmos 
pour  les  Pylhagoriciens.  En  particulier,  ceux-ci  don- 
nent  au  cube,  dont  lestrois  dimensions  sont  egales  entre 
elles,  le  nom  d'/iarmonie. 

Les  polygones  etoiles  sont,  au  Moyen  ^ge,  d(5sign^s 
par  le  qualificatif  A' egredienis  (h.  angles  saillants).  Ka- 
pler (IT"  s.)  parait  leur  avoir  donne  la  denomination 
qu'ils  ont  conservee  depuis  ;   il  appelle   les   polygones 


56  DKS    DEFINITIONS    F.T   DEMONSTRATIONS    GEO.MErniOIJKS 

regiiliers  ordinal  res  figures  regit hcres  primaires  ou  ra- 
dicates. 

Dans  un  manuscrit  frangais  du  13*  siecle,  I'airo  plane 
est  designee  par  le  moi planeces  \  \?i  superficie  de  la 
sphere  est  appelee  orneure  du  cercle  (lerme  qui  corres- 
pond probablement  a  orniere). 

Pour  Albert  Diirer  (16*  s.),  Tellipse  est  la  Ugi^e  de 
I'aeuf,  I'hyperbole  la  ligne  de  la  fourchc,  la  parabole  la 
ligne  du  feu,  et  la  spirale  la  ligne  de  i'cscargot. 


§  3.  —  Curieuses  definitionG. 

La  Geometiie  pratique  composee  par  le  noble  philo- 
sopbe  maistre  Charles  de  Bovelles  (2e  ed.  Paris,  4oG(j). 

Au   LECTEUR. 

Amy  lecteur,  qui  cherches  les  mesuros, 
Et  quanlitez  des  lignes  et  figures, 
Et  de  tous  corps,  par  art  de  Geomelrie 
Et  plusieurs  poincts  et  secrets  d'induslrie 
Qui  en  cest  art  sont  trouvez  plus  notables, 
Et  pour  les  gens  d'esperit  profitables, 
Qui  leur  scavoir  redigent  en  effect  : 
Avoir  te  fault  ce  livre,  qui  fut  faict 
Dedans  Noyon,  par  Ciiarles  de  Bovelles, 
Qui  n'est  jamais  sans  faire  reuvres  nouvelles. 
Entens  le  done,  et  si  n'oublie  pas 
L'esquiere  droict,  la  Reigie  et  le  Compas  : 
Car  de  ces  trois  despend  I'art  et  praclique, 
Et  le  profit  du  scavoir  geometrique. 

Dupoinct.  —  Le  poind  ressemble  h  Tunile  en  A rillime- 
tique  ;  car  comme  unite  n'est  pas  nombre,  mais  est 
le  commencement  et  principe  detous  nombres  :  aussi  le 
poinct  est  commencement  de  toute  longueur,  et  de  toute 
corporelle  dimension,  n'ayant  en  soy  ne  longueur,  ne 
largeur,  ne  profondite. 


DEFINITIONS    ET    DENOMINATIONS 


57 


De  la  ligne.  —  La  ligne  est  semblablo  et  proportion- 
nee  au  nonibre  de  deux.  Car  a  tout 

, ,        le  moins  deux  poinds  sont  neces- 

^  ^        saires  a  pioduiro  el  tirer  une  ligne 

de  I'un  jusques  a  I'autre:  comme  il 
appert  par  la  ligne  AB.  La  ligne  tient  une  seule  di- 
mension, car  elle  est  seulemenl  longue,  sans  largeur 
et  sans  profondile. 

De  la  plaine,  aiUrement  dicle  super ficie.  —  Ressemble 
par  juste  proportion  au  nombre  de 
trois  :  car  pour  le  moins  sont  neces- 
sairos  3  points  pour  clone  et  fermer 
une  plaine.  Au  moindie  cliamp  de 
lerre,  quel  qu'il  soit,  faut  3  lisieres 
pour  le  fermer  :  comme  il  appert  au 
triangle  ABC.  La  plaine  est  longue,  et 
large,  sans  profonditc. 

Du  corps.  —  Le  corps  se  prend  en  Geometrie  non 
par  la  substance  du  corps  humain 
subject  et  servant  a  I'^me,  mais 
pour  toute  mesure  corporelle  ayant 
trois  dimensions,  c'est  5.  sgavoir, 
longueur,  largeur  et  profonditc.  Et 
ressemble  le  corps  au  nombre  de 
qualre.  Car  pour  le  moins  faut  quatre 
poinds  pour  clorre  et  constituer  un 
corps.  Comme  il  appert  au  corps 
triangulaire  ou  pyramidal  ABCD,  ayant  longueur,  lar- 
geur et  haulteur. 

De  I' angle  droict.  —  L'angle  oroict  est  le  plus  noble, 
et  principal  des  angles. 

Du  cercle.  —  Le  cercle  est  la  plus  belle  et  la  plus 
noble  figure  de  toutesles  aulres  superficies.; 


58  DES    DEFINITIONS    lilT*  DEMONSTIIAIIONS    GKOMETUIQIJKS 


Elemens  de  geometrie,  par  Louis  IkKmANu 
(Paris- Geneve,  XWl). 

Du  plan,  de  la  ligne  droite.  —  Jadis,  un  chasseur 
ayarit  tue  dans  la  plaine  un  daim  d'un  coup  de  flcche, 
voulut  savoir  a  quelle  distance  il  avoit  atleint  sa  proie  ; 
et  ji  cet  effet,  posant  successivement  son  arc  sur  cettc 
distance,  il  trouva  dans  le  nombre  de  fois  qu'il  put  I'y 
poser,  la  longueur  qu'il  avoit  intention  de  mesurer. 
Puis  retlechissant  a  cette  circonstance  que  lorsqu'il 
posoit  son  arc  sur  le  terrain,  il  fesoit  une  singuliere 
attention  a  ne  le  poser  que  selon  une  certaine  direction, 
exclusive  de  loute  autre  ;  cette  direction,  dit-il,  qu'on 
nomme  ligne  droite,  et  dont  j'ai  une  idee  si  claire,  si 
Ton  me  demandoit  en  quoi  elle  consiste  et  ce  qui  la 
distingue  de  toute  autre,  comment  repondrois-je  ? 
Dirois-je  que  c'est  la  direction  que  suit  une  fleche  au 
sortir  de  Fare,  ou  celle  que  prend  un  fd  charge  d'un 
plomb  quand  il  est  retenu  par  son  autre  extremite  ; 
ou  mieux  encore  celle  d'un  rayon  de  luuiicre  qui  pene- 
tre  dans  un  lieu  obscur  ?  Mais  aucune  de  ces  images  ne 
mettroit  sous  les  yeux  les  proprietes  par  lesquelles  la 
ligne  droite  se  distingue  de  toute  autre;  ilen  I'audroitune 
qui  les  fit  au  moins  entrevoir  ;  on  tacheroit  ensuite  de 
s'en  faire  des  idees  distinctes.  Or  cette  image  a  desirer, 
ne  seroit-elle  pas  celle  que  presente  une  ligne  Iracee  au 
cordeau  sur  une  plaine?  Abstraction  faite  des  bornes 
de  la  plaine,  cette  ligne  ne  la  partageroit-elle  pas  en 
deux  parties  egales,  sans  se  porter  vers  Tune  plus  que 
vers  I'autre?  Ces  idees  ne  se  rapprocheroient-elles  pas 
encore  plus  des  idees  abstraites  si  Ton  subslituoit  a  la 
plaine  la  surface  d'un  lac  parfaitement  calme,  et  ^  la 
ligne  tiree  au  cordeau  sur  cette  plaine,  le  trait  subtil 
que  I'imagination  trace  de  droit  lil  sur  la  surface  dece 


f  DKFIMTIO.NS    KT    DENOiMFNATlONS  59 

lac?  Par  rapport  ensuile  a  celte surface,  qu'on  qualifie- 
roit  de  plane,  no  diviseroil-elle  pas  I'espace  en  deux  par- 
lies egales  sans  se  porter  vers  Tune  plus  que  vers  I'aulre 
et  ne  seroit-ce  pas  en  cela  que  consisteroit  son  carac- 
t6re  distinctif?... 


Le  dessin  explique par  la  nature,  pavM™e  Marie  Pape- 
Carpe.miek  (i*-'  cd.  I'aris,  1873). 

Point  et  lignes.  —  Le  point  est  a  la  fois  I'^tofle  dont 
se  coinpose  la  ligne  et  le  but  qui  Tattire  sans  relache. 
Chaque  point  exisle  jusqu'au  moment  oii  la  ligne 
I'atteint  et  I'absorbe.  Puis  elle  passe  outre,  et  continue 
sa  marche  vers  des  points  plus  eloignes  qu'elle  atlein- 
dra  et  depassera  successivement. 

Cette  extension  perpetuelle  de  la  ligne  alimentee  par 
les  points  sans  cesse  renaissanls,  c'est  I'extension  per- 
petuelle de  Factivite  humaine,  alimentee  par  les  desirs 
incessants,  marchant  de  celui  qui  est  realise  a  celuiqui 
ne  lest  pas  encore  ;  les  atteignant  Fun  apres  Tautre  ; 
et  les  voyant  se  succeder  jusques  aussi  loin  que  se  pro- 
longent  cette  activite  humaine  et  cette  ligne  geometri- 
que  :  jusque  dans  I'inepuisable  infmi... 

Lecaractere  moral  auquel  se  rapporle  la /^^;^e  coi^^'Zie, 
c'est  la  douceur ;  le  caractere  auquel  correspond  la 
ligne  droile,  cost  la  rigueur. 

L'unc  represenle    le  cours  de  la  vie  pratique,  toute 

de  necessites,  de  rapports 
avec  nos  proches,  nos 
semblables,  vie  pleine  de 
menagements  pour  au- 
trui,  de  concessions  reci- 
proques,  de  condescen- 
dance  mutuelle. 
L'autrc  represenle  la  vie  theorique,  I'id^al,  I'lDEE 


60  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIOIIES 

hardie,  independante,  absojiie!  A  nsi  que  I'idee,  la 
ligne  droite  part,  s'elance  comme  une  fleche  sans  frein 
dans  une  carri^re'sans  terme.  Nulle  clrconstancene 
modifie  son  inflexible  trace,  nulle  complaisance  ne  la 
fait  devier  dans  son  elan  superbe...  ) 

La  ligne  courbe  represente  la  douceur,  labienveil- 
lance,  la  charite.  Appuyee  sur  la  ligne  droite  de  I'axe, 
elle  la  suit  dans  sa  carriere,  mais  en  I'enveloppant  pour 
en  voiler  la  rigueur.  C'estla  cldmatite  etlecbevrefouille 
vetissantrormeau  severe deleursonlacements  parfumes. 

Comme  la  charity,  la  ligne  courbe  se  dcveloppe  con- 
ciliante,  sympatbique.  Elle  condescend  a  loutes  les 
n^cessites  de  noire  vie,  se  prete  a  toules  les  creations 
arlistiques  de  notre  imagination  et  se  diversifie  de 
mille  manieres  pour  la  satisfaction  de  nos  besoins  et 
le  plaisir  de  nos  yeux.  A  la  gr^ce  elle  joint  la  force  et 
lafecondite.  Ses  revolutions  produisent  des  solidesqui 
la  rappellent.  Elle  s'avance  vers  un  but  indique  par  sa 
propre  courbure  et  s'etaye  de  tons  les  rayons  qu'clle 
embrasse.  Elle  est  forte  de  sa  mesure,  de  son  harmonic 
et  de  sa  variete  ;  et  porte  vaillamment  sur  ses  arcsgran- 
dioses  les  tabliers  de  nos  ponts,  les  voutes  de  nos  tun- 
nels, comme  elle  soutient  depuis  des  sifecles  les  aque- 
ducs  des  vieilles  cites  romaines  et  les  contreforls  denos 
antiques  calhedrales. 

Cdne.  —  Dans  Tordre  moral,  le  c6ne  indique  une 
des  meilleurcs  formes  quepuisse  emprunter  leprogres. 
II  ps^netre,  mais  sans  lutte,  sans  dechirement.  Un  seul 
point  de  contact  lui  suliit,  une  idee,  une  verite,  il  ne 
lui  en  faut  pas  davantage.  Le  marteau  ecrase,  la  lorche 
incendie,  la  violence  revolte  et  fait  crier  vengeance 
aux  pierres  m6mes.  Le  c6ne  fait  tranquillementetsure- 
ment  sa  route  a  travers  le  bois  et  le  fer,  comme  le 
progres  fait  la  sienne  k  travers  le  monde. 


DEFINITIONS    ET   DENOMINATIONS  61 

Cylindre.  —  Le  cylindre,  modele  sur  la  base  du  cone, 
vient  apres  lui  comme  pour  soutenir  ce  qui  a  eteetabli 
et  perfectionner  ce  qui  a  besoin  de  I'etre.  Debout,  le 
cylindre  fournit  les  colonnes  aux  edifices,  le  piedestal 
aux  morts,  la  vis  d'Arcliimede  aux  vivanls. 

Couche,  tanlOt  il  lamine  les  metaux,  empierre  les 
routes,  broie  le  cacao,  glace  le  papier,  lustre  lesetoITes; 
tan  tot,  canal  sur  et  economique,  il  se  prolonge  sous  le 
pavedes  rues  pour  distrlbueraux  habitations,  la  lumierc, 
I'eau,  la  chaleur ;  ou  se  dresse  dans  les  airs  pour  con- 
duire  et  porter  loin  de  nous  les  gaz  infects,  la  fumee 
noire. 

Le  cylindre,  c'est  encore  lefifre  aux  notes  agiles,  la 
flute  aux  doux  sons,,  la  flute  de  Pan,  les  cordes  de  la 
harpe,  les  tuyaux  de  I'orgue  majestueux. 

La  geometrie  a  FAcademie  frangaise  (Dictionnaire 

de  TAcademie,  7^  ed.,  1877). 

On  va  voir  que  le  dictionnaire  de  I'Academie  ne  brille,  en  ce  qui 
concerne  les  termes  de  geometrie,  ni  par  la  precision  ni  par  la 
rigueur. 

Ligne.  —  Trait  simple,  consider(5  comme  n'ayant  ni 
largeur  ni  profondeur. 

Trait.  —  Ligne  qu'on  trace  avec  la  plume. 

Surface.  —  Superficie,  I'exterieur,  le  dehors  d'un 
corps. 

Superficie.  —  La  surface  ou  I'etendue  d'un  corps 
solide,  considere  quant  a  sa  longueur  et  a  sa  largeur, 
sans  egard  a  sa  profondeur,  a  son  epaisseur. 

Volume.  —  L'etendue,  la  grosseurd'une  masse,  d'un 
corps,  d'un  paquet. 

Angle.  —  Ouverture  de  deux  lignes  qui  se  rencon- 
trent  en  un  point,  inclinaison  qu'elles  ont  Tune  sur 
I'autre. 


62  DES    DEFINITIONS   ET   DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUES 

Inclinaison.  —  Exprime  en  mathematiques  la  relation 
d'obliquite  (?) 

OhliquiU.  —  Inclinaison  d'une  ligne  ou  d'une  sur- 
face sur  I'aulre. 

Convexe.  —  Se  dit,  par  opposition  a  concave,  d'une 
surface  bombee  sph^riquenient. 

On  ne  voit  pas  pourquoi  la  surface  doit  6tre  spherique. 

Bomber.  —  Rendre  convexe. 

Concave.  —  Se  dit,  par  opposition  a  convexe,  d'une 
surface  creus^e  spheriquement. 

Paratlelogramme.  —  Quadrilatere  dont  les  c6tds 
opposes  sont  egaux  et  paralleles. 

Definition  surabondante  ;  il  sufiit  que  deux  c6tes  opposes  soient 
egaux  et  paralleles. 

La  6«  edition  du  dictionnaire  definissait  ainsi  le  parallelo- 
gramme  :  Figure  plane  dont  les  cotes  opposes  sont  paralleles.  Tous 
les  polygenes  reguliers  d'un  nombre  pair  de  cotes  sont  compris 
■dans  cette  derniere  definition. 

Carre'.  —  Se  dit  d'une  surface  plane  qui  a  quatre 
cotes  et  quatre  angles  droits. 

«  Surface  plane  »  et  «  polygone  »  sont  synonymes  en  langage 
academique.  11  en  resulte  aussi  que  tous  les  rectangles  seraient 
en  meme  temps  des  carres,  car  on  a  omis  de  dire  que  les  quatre 
cotes  doivent  etre  egaux. 

Arc.  —  En  termes  de  geometrie,  signifie  une  portion 
quelconque  du  cercle  lorsqu'elle  est  moindre  que  sa 
moilie. 

On  confond  ici  les  mots  «  cercle  »  et  «  circonference  » ;  la 
restriction  «  lorsqu'elle  est  moindre  que  sa  moitie  »  est  d'ailleurs 
"contraire  a  ce  qui  est  admis  en  geometrie. 

Cylindre.  —  Corps  de  figure  longue  et  ronde  et 
d'egale  grosseur  partout. 

Celte  definition  se  passe  de  commentaiies. 


Geometrie  Nouvelle  humoristico-intuitive, 
par  H.  Baron  (Angers,  1893). 


Figures  4gales.     Figures  semblables.  Figures  ^quivalentes. 


Triangle  Polygenes 

scalane,      convexe.    concave 


CHAPITRE  II 

THEOREME  DE  PYTHAGORE 


Le  carr6  de  I'hvpot^nnse  • 
Est  egal,  si  je  ue  m'abuse 
A  la  somme  des  carr6s 
CoDstruits  sur  les  autres  cbtis- 
Fr.  NoHAiN. 


Celle  fampuse  proposition  a  requ  les  denominations 
les  plus  diverses  :  tMoreme  de  la  maridc  chez  les  Grecs, 
chaise  de  lamariee  chez  les  Hindous,  figure  de  I'epou- 
se'e  chez  les  Persans('),  invention  dignc  d'une  hecatombe 
et  maitre  de  la  mathematique  au  Moyen  age,  pont  aux 
dnes  chez  les  collegiens  d'aujourdliui,  theoreme  ducarre 
de  I'hypotenuse  et  enfin  theoreme  de  Pythagore. 

C'est  aussi  la  proposition  dont  on  a  donn6  le  plus 
de  demonstrations;  ces  dernieres  se  reduisentd'ailleurs 
^  un  nombre  assez  reslreint  de  types  reelleraent  dis- 
tincts,  si  Ton  ne  tient  pas  compte  des  cas  de  figure 
differents,  ce  que  nous  ferons  en  general.  La  solu- 
tion etant  donnee  pour  un  cas  de  figure  determind,. 
on  Tadapteia  sans  dilliculte  aux  autres  cas,  comme 
nous  le  montrerons  pour  la  solution  d'Euclide.  Nous 
rejetterons  d'ailleurs  les  d(§monstrations  detournees 
dont  on  trouve  quelques  exemples  dans  les  auteurs  qui 
se   sont  occup^s  specialement   de  la  question.  Enfin 


(*)  Le  theoreme  reciproque  porte  chez  les  Persans  le  nom  de  «  soeur 
de  r^pousee  ».  . 


TllEOr.liMli    DE    PYTHAGORE 


nous   indiquerons,  pour   cliaque  solution,  Fouvrage  le 
plus  ancien  ou  nous  I'avons  rencontree. 

Notations.  —  Dans  ce  qui  va  suivre  nous  designe- 
rons  par  ABC  le  triangle  considere,  rectangle  en  A. 
Afin  de  simplifier  I'ecriture,  nous  representerons  par 
«^,  b^  etcMes  carres  construitssur  Thypotenuse  aet  sur 
les  c6tes  b  e,i  c  (b  <Cc),  par  lesigne  =  I'egalite  dedeux 
figures  superposables,  c'est-a-dire  non  seulement  egales 
en  aire,  mais  encore  en  elements,  et  enfin  par  le  signe 
:s  I'equivalence  de  deux  figures  ayant  meme  aire. 


§  i.  —  Historique. 

Sur  le  triangle  3,  4,  5.  —  On  sait  que  le  triangle 
dont  les  cotes  sont  egaux  respectivementa  3,  4,  Suniles 
de  longueur  est  rectangle,  car  3^+4^=  5^  Ce  triangle 
a  joue  un  grand  role  dans  I'antiquite,  oii  on  lui  allri- 
buait  un  caractere  en  quel  que  sorte  sacre.  Chez  les 
Grecs,  il  parait  avoir  etc  considere  commele  symbole 
du  mariage  ;  Platon  Ta  fait  entrer  dans  la  composition 
de  son  celebre  nomhre  nuptial. 

Plutarque  (Sur  Isis  et  Osiris,  l'^''  s.)le  denomme  «  le 
plus  beau  des  triangles  »  et  rapporte  que  c'est  &  lui 
que  lesEgyptiensassirnllaicnt  «  la  nature  de  Funivers  '^. 
Parmi  les  proprieles  enuincreos  par  Fecrivain  grec,  il 
nous  su!Iira  de  citer  les  sulvantes  :  «  3  est  le  premier 
nombre  impair  (Funite  n'etait  pas  alors  considerec 
comme  un  nombre),  4  est  le  carre  du  premier  nombro 
pair  2,  et  5  est  la  sommc  de  3  et  de  2  ;  Ic  carre  de  o 
donne  le  nombre  des  lettres  de  I'alphabet  egyptien  et 
cului  des  annees  que  vivait  le  boeuf  Apis.  »  On  pent 
ajouler  que  Fairc  de  ce  triangle  est  6,  nombre  enticr 
qui  suit  5,  et  que  le  cube  do  cette  aire  est  egal  a  la 
somme  des  cubes  des  cote's  :  6^  =  3^-1-  4'M-Sl 

FouRREY.  —  Curios,  ae'om.  o 


66  DBS    DEFINITIONS    ET    DtlMONSTlUTIONS    GEOiMETUlQUES 

Nous avons  vu  (Introd. , §§  1  et 4) que  les  harpedonaptes 
^gypliens  el  les  pr6tres  hindous  se  servaient  du  trian- 
gle 3,  4,  5  pourelever  sur  le  terrain  uneperpendiculaire 
a  une  droile.  Celle  propriety  elait  egaleinent  connue 
des  Chinois,  car  elle  est  signak'e  dans  le  Tclieuu-pei 
(Lmuod.,  ^1). 

L'aulenr  du  theoreiiie  general  est-il  Pythadone?  — 

Maisde  cello  remaique  que  dans  le  triangle  3,  4,  5  la 
somrae  des  canes  des  deux  coUls  eslegale  aucarre  de 
I'hypotenuse,  il  leslait  un  pas  considerable  a  Iranchir 
pour  decouvrir  et  prouver  que  celle  propridle  s'elend 
k  un  triangle  reclangle  quelconque.  11  parait  hers 
de  conteste  que  celle  conception  est  due  a  Pylhagore, 
car  elleconstilue  la  base  de  sesreclierchesgeoiuetriques 
et  arilhnietiques. 

Toulefois,  celle  question  d'attribution  au  c^lebre 
philosophe  grec  a  ele  Tobjet  de  nombreuses  discus- 
sions; sur  la  decouverte  du  thdoreme  iui-menie  est 
venue  en  effet  se  grelTer  une  legende  relative  a  un  sacri- 
fice de  Pylhagore  a  ce  sujet,et  celle  legende  a  ele  fort 
controversee. 

La  premiere  mention  qui  en  ait  ete  faite  se  trouve 
dans  rArchiteclure  de  Vitruve  (1"  s.),  oia  Tauteur  latin, 
apres  avoir  rappelelapiopri6tedu  triangle  3,  4,  5  d'etre 
reclangle,  conclut  ainsi  :  «  Quand  Pylhagore  eut  fait 
cette  decouverte,  ii  ne  doula  pas  qu'elle  ne  lui  eut  ^16 
inspiree  par  les  Muses,  etTondit  qu'en  action  de  graces 
il  leur  fit  un  sacrifice.  » 

PiutarqUe(l"s.)rapporte  les  vers  suivantsd'un  logis- 
licien  du  nom  d'Apollodore,  vers  qui  sont  peul-elre 
Toriginc  de  la  version  de  Yilruve : 

Pylhagore  inventant  la  celebre  figure 

Offrit  une  victime  et  rendit  grdce  aux  dieux. 

Cependant,  on  ne  reconnait  pas  dans  ces  vers,  d'une. 


THEOREME  DE  PYTHAGORE  &7 

fagon  precise,  le  theoreme  qui  nous  occupe.  Diog^ne 
Laerce  (3*  s.)  reproduit  les  vers  d'Apollodore,  en 
mentionnant  non  plus  une  seule  victime,  mais  une 
hecatombe. 

Citons  mainlenant  Proclus  (5*  s.)  :  «  Si  Ton  dcoule 
ceux  qui  veulentraconterrhistoire  des  anciens  lemps,  on 
peut  en  trouver  qui  attribuenlce  theoreme  a  Pythagore 
et  lui  font  sacritier  unba3uf  apres  sa  decouverte.  » 

Mais  d'un  autre  cote,  les  auteurs  antiques  sont  a  pen 
pres  unaniines  a  reconnaitre  que  les  Pjthagoricicns  se 
refusaient  a  repandre  le  sang,  ce  qui  conduit  Ciceron  a 
douter  de  la  veracile  de  la  legende. 

Un  ecrivain  grec  du  3*  s.,  Porphyre,  va  nous  per- 
mettre  de  concilier  ces  temoignages  contradictoires. 
Apres  avoir  rappele  que  Fusage  etait  chez  les  i*ylliago- 
riciens  de  donner  en  offrande  des  pains,  des  gattuuix, 
de  Tencens,  de  la  myrrlie,  mais  jamais  d'aniniaux,  il 
ajoute  :  «  Les  auteurs  les  plus  dignes  de  foi  disent 
qu'il  (Pytliagore)  offril  un  boeuf  de  pate  de  frouw.iU 
apres  avoir  deeouvert  que  le  carre  de  I'hypotenuse  est 
egal  a  ceux  des  deux  aulres  cote's.  » 

En  resume,  comme  Fa  dit  A.  J.  H.  Vincent,  celle 
lauieuse    hecatombe    sur    laquelle   on   a  fait  lant    de 

commenlaires   se    reduirait   a  un    boiuf de    pain 

d'epice 

Quelle  a  et6  la  demonstration  de  Pytliagore?  — 

La  demonstration  la  plus  ancienne  qui  soit  connue  du 
theoreme  du  carre  de  I'hypotenuse,  et  qui  est  encore 
la  plus  repandue,  est  celle  qui  est  contenue  dans  les 
Elements  d'Euclide  ;  mais  suivant  le  rapport  formel  de 
Proclus,  die  est  due  au  geometre  alcxandrin. 

11  est  assez  difficile  de  conjecturer  quelle  a  pu  elre 
la  demonstration  employee  par  Pythagore.  Nwis  don- 
nons  plus  loin  (§  3,  X)  Fessai  de  restitution  qui  en  a. 


68  DES    nf^FINITlONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIOHES 

€le  fait  par  Hretschneider  et  qui  repose  siir  la  reprd- 
scnlalion  geometrique  do  la  formule 

(/)  -h  cf  =  //^  -I-  2/;r  -h  c\ 

Selon  M.  Paul  Tannery,  la  g-eometrie  de  Pythagore 
elait  assez  avancee  pour  qu'il  put  faire  ceile  denions- 
Iration    au  moyen  des   triangles    semhlabies.    D'apres 

M.  Cantor  enfin,  on  de- 
vait,  pour  etablir  la 
proposition,  dislinguer 
un  grand  nombre  de  cas 
particuliers,  comme  on 
le  faisait  a  la  meme 
epoque  pour  d'autres 
theoremes  iraportanls  ; 
on  partait  vraisembla- 
blement  du  triangle  rec- 
tangle isocele.  Dans  ce 
dernier  cas,  la  demons- 
tration est  immediate; 
■on  voit  en  effet,  en  menant  les  diagonales  indiquees 
sur  la  figure  ci-dessus,  que  le  carre  de  I'hypotenuse 
pent  6tre  partage  en  4  triangles  rectangles  egaux  au 
triangle  donne  ABC,  et  les  carres  des  cot^s  chacun  en 
2  de  ces  niemes  triangles. 


BIBLIOGRAPHIE. 

J.  J.  I.  Hoffmann.  —  Der  Pythagordische  Lekrsatz  mil  32  thrils  hcknnnten, 

Ihei's  neuen  Beweisen.  Mayence,  1821. 
A.  J.  H.  Vincent.  —  Lettre  sur  le  theoreme  de  Pylhafjore.   Nouv.   Ann. 

Matliem.,  1832. 
BiiETscHNEiDEn.  —  Die  Geometric  nnd  die  Geometer  vor  Euklides.  Leipzig, 

1870,  gr.  in-8». 
J.  WippER.  —  Sechsundvierzig  Beweisc  des    Pytkagordischen  Lehrsalzet. 

Leipzig,  1880,  brocl).  in-8». 


TIllvOllKMK    DE    inTHACOaE  69 


§  2.  —  Demonstrations  bas6es  sur  I'^quivalence 
des  figures. 

I 

Elements  d'KcnunE.  Livre  I,  47  (3«  s.  av.  .I.-C). 

On  pout  envisager  huit  cas  de  figure,  selon  que  les 
Carres  construils  sur  les  cotes  du  triangle  ABC  recou- 
vrent  on  non  ce  triangle,  ce  que  nous  exprimerons, 
pour  abreger,  en  disant  que  ces  carres  sonl  inl^rieurs 
on  ext«jrieurs  a  ABC  : 

1"  f/\  If  et  c}  extdrieurs; 

2"  a^  et  //  oxterieurs,  c^  interieur; 

3"  "Tz'^et  <?^  exlerieurs,  ^Mnterieur; 

4"  or  extei'ieur,  h^  et  c^  inferieurs  ; 

5"  a'  interieur,  />'  etc-  exterieurs  ; 

6"  d^  et  //  intericurs,  c^  exlerieur ; 

7"  d^  et  c'  intericurs,  h^  ext^rieur  ; 

8"  rt^  b-  el  c^  interieurs. 

1"  Cas  {fi(j.  ci).  —  C'est  le  cas  de  figure  envisage?  par 
Euclidc  ;  nous  ne  ferons  qu'esquisser  la  demonslration 
d'aillcurs  classique. 

Menons  AK  parallele  h  CD,  tracons  AD,  IB.  On  a 
iri.  ACD  =  Iri.  ICB  comme  ayant  CI  =  CA,  CB  =  CD 
ct  lCBrtrA(^L).  On  voit  aiseraent  d'autre  part  que 
tri.  ICB  =  1/2  carre:  b-  et  tri.  CAD  =  1/2  rcct.  Civ; 
done  reel.  Civ  =:  6*.  De  meme  rect.  BIv=:c^,  et  enfin, 
puisijue  reel.  ClvH-rect.  BK  =:  a',  «-  =  />- -f-c^ 

2"  Cas  Qhf.  li).  —  On  a  encore  rect.  CK  =:  b^. 
Pour  monlrer  que  rcct.  BIv=:6%  remarquons  d'a- 
bord  que  OF  passe  par  E,  car  si  Ton  joint  F  k  E, 
tri.  BFE  =  tri.  ABC  comme  ayant  un  angle  egal  (cutes 


70  DES   DEFINITIONS   ET   DEMONSTRATIONS   CtoM^RIQUES 

pcrpendiculaij:es)  conipris  entre  c6tes  egaux;  doncBFE 

G 


est   rectangle   en   F  et    (IFE  est    unc    droite.    On    a 
rect.  BK=:2  Iri.  ABE  =  c\ 


3*  Cas  (Jiq.  c).  —  La  demons! ration  est  tout  a  fait 
analogue  a  la  precedente :  b-  y  remplace  c^,  et  inverse- 
men  t. 


THEOIiEME    DE   PYTHAGORE 


71 


4*  Cas  (/?^.  cl).  —  HI  passe  par  13  et  GF  par  E  (voir 
2"  cas).  Pour  monlrer  que  rect.  CK  :^6^  et  rect.  BK:=:c*, 
on  procedera  comme  on  Ta  fait  pour  la  secoude  deces 
relations  dans  Ic  2''  cas. 


Fi''.  e. 


Fig.  f. 


5"  Cas  (Jig.  e).  —  III  passe  par  D  et  GF  par  E  (voir 
2*  cas).  On  a  rect.  CK=:2  tn.CAD=:6'^;  de  meme, 
rect.  BK  ^2  tri.BAE=:c% 


D        K 


Fig-  ^• 

6*CAs(y?^./).— Onatri.  CAD =tri.  GIB  comme  ayant 
un  angle  (cotes  perpendiculaires)  compris  entre  cot^s 
6gaux;  mais  tri.  CAD  =  1/2  rect.  GK,  tri.  CIB=:l/2^»; 


72  DES    DEFINITIONS    ET    DlllMONSTKATlONS    CEOMI^.THIQUES 

done  rect.  CK:^b^.  La  relation  reel.  BK^ic"  se  piouve 
comme  au  o"  cas. 

7*  Cas  (/((7.  ff).  —  HI  passe  par  D  (voir  4"  cas) ; 
rect.  CK=:2  tri.CAD^/>^  U'uiitre  part,  tri.AEB  = 
tri.FCB  ;  rnais  Iri.  AEB:=  1/2  rect.  BK,  tri.  FCB^  1/26-; 
done  rect.  Blv  =:c^ 

8"  Cas  {/i(j.  A).  —  On  ddmonlre  comme  aux  6*  et 
7*  cas  les  relations  rect.  CK  :^b^     et     rect.  BK:^c^ 

II 

Nassir  El)  Din.  —  Edition  arabe  des  Elements  d'Euclide. 

Rome,  4594,  in  fol. 
Demonstration  souvenl  reproduite,  a  quelques  changements  pres; 

on  la  trouve  nolaminent  dans  la   Qeometrie  d'AMior,   Paris, 

4850,  in  S-'. 

Nassir-ed-Din  considere  huit    cas  de   figure;    nous 

nous  contenlerons  de 
traiter  le  cas  ou  aiicun 
des  Carres  ne  recouvre 
le  triangle. 

Soit  L  le  point  de 
rencontre  de  FG  et 
HI;  |Oignons  A  a  L  et 
abaissons  AK  perpen- 
diciilaire  sur  DE.  On  a 
tri.  LGA  =  tri.  ABC 
comme  ay  ant  les  deux 
cotes  de  Tangle  droit 
egaux ;  done  LA  =  BC, 
CAL=ABC==CAJet 
L.V.I K.  est  une  ligne 
droile. 
Piolongeons  DC  juc- 
qu'a  sa  rencontre  D'  avecIH.  On  a  parall.  ACD'L=:6-, 
comme  ayant  mejne  baseCA  et  meme  hauteur  CI.  On 


TH#.0I5H:MK  de  pytiiagoue 


73 


aaussi     parall.  ACD'L:3:recl.CK     comme  ayant m^me 

baseLA  =  BC  =  CDet 
meme  hauteur  CJ; 
douc  rect.  CK=:l'>^  De 
nicrne,  si  Ton  pro- 
longe  EB  jiisqu'en  E'  h 
sa  renconlre  avec  FG, 
on  aparall.  ABE'L=:a" 
et,  parall.  ABE'L:- 
rect.  BK;  par  suite  rect. 
BKz=a',etc^=:«'^4-^'. 
On  peut  remarquer 
qncCD'r=BE'=CB, 
puisque  Iri.  ID'C  = 
trj.  ABCrrrtri.FBE';  par  suite  le  rectangle  BCD'E'  est 
le  carre  construit  sur  I'hypotenuse,  si  Ton  suppose  que 
a'  recouvre  ABC;  oji  a  done  la  figure  6  un  peu  plus 
simple  que  la  precedente. 

Variante  (J.  .1.  I.  Hoffmann,  1821).  —  Les  lignes  Ira- 
c6es  6tant  les  memes  que  dans  la  demonstration  pre- 
cedente  {/ig.  a  et  h),  on  prolonge  CD  jusqu'a  sa  ren- 
conlre en  M  avec  FG.  On  a  commc  ci-dessus  parall. 
AGD'L  =  fr  et  parall.  ANML:=  parall.  ACD'L  -:  /r; 
d'aulre  part  parall.  ABE'L=:c'.  Ainsi  parall.  BNME' 
:^b^-{-c^,  el  puisque  parall.  BNME'r^a^  comme  ayant 
des  bases  egales  LA  =  BG  =  GD  et  meme  hauteur  BG, 
on  en  deduit     a^  =::  b'^ -\- c\ 

III 

TicMPEMioFF.  —  Anfangsgriinden  der  Geomeirie.  Herlin, 

176!). 
Teuqueim.  —  Nouveau   manuel  de  geometrie  (Collection 

Roret).  Paris,  4838,  in-lS. 


On  construit  sur  DE  un  triangle  rectangle  ZDE  egal 


14 


DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    CtoMETRIQUES 


H.^'- 


ces 
lignes 


k  ABC,  mais    dans  une   position  renversee.   On  mene 

AZ,  HG,  Al  et  AF; 
deux  dernieres 
forment  une 
droite  continue,  car  la 
somme  des  angles  en 
A  silues  d'un  meme 
cAtc  de  lAF  est  egale  a 
2  droits.  D'autre  part, 
le  triangle  AGH  est 
egal  a  ABC. 

Les      hexagones 

CIHGFB  et  CABEZD 

sont     egaiix,    car    ils 

sontconstitues  par  des 

\^  \  /  quadrilalores     egaux, 

"^^'  IHGF  et  ACDZ,  ICBF 

et  ZEBA ;  on  a  en  efFet, 

parexem pie,  quad r.  IHGF=qiiadr.  ACDZ,  car  1H  =  AG, 

HG=:CD,    GF=DZ,    IHG^ACD,    HGF=:CDZ. 

Or  si  de  chacun  des  hexagones  consideres  plus  haul, 
nous  retranchons  deux  fois  la  surface  du  triangle  ABC, 
nous  obtenons  respectivement  A'-f-i"  et  a\  On  a  done 

a-  :h:  0'  -{-  c\ 


^.  , 


IV 


J.J.  I.  Hoffmann.  —  "Der  Pythagoraische  Lebrsatz. 

Mayence,  \SM. 

Menons  les  perpendiculaires  BF  =  AB  a  BA  en  B, 
CI  =  AC  ^CAen  C,  BE  =  BCaBC  en  B  :  lAF  est  une 
•droite.  Les  deux  quadrilatSres  IFBC  et  ABEC  sont  dqui- 


THEOKEME    DF.    PVTHAGORE 


75 


valents ;  en  eflet,  en  decomposant  par  ^ne  diag-orwile 

chacun  en  deux  tri- 
angles, on  a  d'abord 

tri.  CBF  =  tri.  AHE 

com  me  ayant  un  an- 
gle (>gal  en  B  com- 
pris  enlre  c6tes 
Ǥgaux. 

On  pent  ecrire  en- 
suite 

tri.  ICF-rtrl.  ACE, 

car  ces  deux  triangles 
ont  d(  s  bases  dgales 
IC=rCA  ct  des  hauleursegales  BF  +  CA  et  G'F'  +  F'E. 
Par  suite 

quadr.  IFBC-:quadr.  ABEC. 

Si  Ton  retranche  de  chacun  de  ces  deux  quadn'lat^ 
resle  triangle  ABC,  les  restes  obtenus  sent  Equivalents, 
c'est-a-dire  qu'on  a 

i/2a^=1/2A^-|-l/2c«, 

d'ovi  (T  =:  b-  -\-  cK 


Oscar  Werner.  —  Archiv  d.  Math,  und  Pbysik 

(Grunerl),  1855. 

Menons   IZ  parallelc  a   BC  et   les  perpendiculaires 
CX  et  AJ  a  BC.  On  a 


6^'  =  parall.IZBC  =  BCxCX. 


76  DES    DEFIMTIOXS    ET    DEMONSXnATIOXS    GEOMETP.IOUES 

Mais  I'egalite  des  triangles  IGX  et  CJA  donne 

a  CX=CJ; 

done 

On  a  de  meme 

c-i-BCxBJ.  ■ 
Ajoulant  membre  a  raem- 
bre,  il  vient 

h'-hc"-^  BC  (CJ  -!-  BJ)  =  BC  ><  BC  =  a\ 


VI 

P.  Fadre.  —  Journal  de  Math.  elem.  (Viiilcr(),  4888. 

Par  A  menons  AQ  dgale  et  parallele  a  DC.  Dans  le 
parallelogrammc  ABEQ,  la  hau- 
teur BZ  est  egale  a  la  base  QE, 
car  les  deux  triangles  rectangles 
QED  et  ZBE  sont  egaux.  Done 

c--:parall.ABEQ; 
de  m6me 

6-=:parall.  ACDQ; 
d'oii 

<^-  +  c2=:pcntag.CBEQD 

4- In.  ABC 
:=  pen  lag.  CBEQD  -'-  Iri.  QED, 

car  les  triangles  ABC  et  QED  sont  egaux. 
On  a  enlin 


A--+-c--:carreCBED=«-. 


THEOHEME    DE    PYTHAGORE 


77 


VII 

Renan.  —  Revue  scientiflque,  1880. 


Menons  IB  et  CF  ;  abaissons  de  C  et  de  B  sur  IB  et 

CF  des  perpendicu- 
laires ;  elles  se  rencon- 
trent  en  uu  point  de  la 
peipendiculaire  AJ  a 
CB.  En  ellct,  R  etant 
par  t;xen»ple  le  point 
ou  la  perpendiculaire 
en  C  rencontre  AJ,  on 
voit  que  les  triangles 
ICB  et  CAR  sont 
egaux,  comme  etant 
equiangles  et  ayant 
10  =  AC;  par  suite  AR^BC.  De  la  raeme  fagon,  si  R' 
est  le  point  oii  la  perpendiculaire  en  B  rencontre  AJ, 
les  triangles  FBC  et  BAR'  sont  egaux  et  AR'  =  BC. 
Les  deux  points  R  et  R'  se  confondent  done. 

Celapose,  on  a 

Iri.  CAR  =  Iri.  ICB  -  ~  b\     tri.  BAR  =  tri.  FBC  -  ^  c\ 

done  tri.  CAR  -[-  lii.  BAR  ^-{b'-\-  c') . 

D'autre  part, 
tri.  CAR  H- tri.  BAR 

3:'^-(JC-I-JB)  =  ^XBC=^. 


On  a  done 


a--:6--hc2. 


78 


DES   DEFUSITIOMS   ET  DEMONSTRATIONS  GiOMCTRlQUES 


VlII 

Demonstration  inedite  communfquee  par  M.  Piton- 
JBressant,  a  Villeneuve-Saint-Georges. 

Soient  Z,  Y  et  X  les  centres  des  carres  a-,  b-  et  c^ 

*  AX  est   une  ligne    droite,   car 

les  angles  en  A  situds  au-dessous 

de   celte   ligne   ont    une   somme 

egale  a  deux  droits. 

De  plus,  AZ  est  parallele  a 
BX,  car  le  quadrilatere  ABZG  est 
inscriptible,etcomme  BZ  =  CZ, 
AZ  est  bissectrice  de  A  ;  par  suite 
BAZ  r:=  45"  et 

XAZ  =  ldr.  =AXB. 

On  a  maintenant  AZ  =  BX-f-CY.  Abaissons  en  efTet 
les  perpendiculaires  BV  et  CU  sur  AZ  ;  on  obtient  ainsi 
les  carres  AUCY  et  AVBX.  Les  triangles  rectangles 
^gaux  VBZ  et  UZG  donnent  UZ  =  BV  =  BX,  et  comme 
AU  =  CY,      AZ  =  UZ  +  AU==BX  +  CY. 

Enfm,  les  quadrilateres  ABZG  et  YXBG  sont  dquiva-^ 
lents,  car  on  a 

quadr.  ABZG  =  ^  X  (GU  +  BY)  =.  ^  x  YX , 


quadr.  YXBG: 


BX 


±CY^YX.=  ^XYX. 

2  2 

Si  Ton  retranche  de  chacun  de  ces  quadrilateres  leur 
partie  commune  ABG,  les  restes  obtenus  seront  encore 
equivalents,  c'esl-a-dire  qu'on  aura 

tri.  BGZ  -:  tri.  AYG  +  tri.  AXB, 
4  tri.  BGZ  -:  4  tri.  AYG  +  4  tri.  AXB. 


TH^OREME   DE   PYTHAGORE 


79 


Remarque.  —  On  a  done  cette  proprietd  remarquable 
qui,  a  notre  connaissance,  n'a  pas  encore  ete  signaller 
La  droite  joignant  le  sommet  de  I'angle  droit  d'un 
triangle  rectangle  au  centre  du  carre  de  I'hypotenuse 
es'  la  somme  des  droites  qui  joignent  chacun  des  deux 
aulres  sommels  au  centre  du  carve  adjacent. 


IX 

Autre  demonstration 
communiquee  par  M.  Piton-Bressant. 


La  figure  a  la  mSme  disposition  que  dans  la  solu- 
tion piecedente;  on  mene  AJ  perpendiculaire  sur  CB, 
puis  YJ,  YZ.  AZ  est  parallele  a  YC  ;  done 


tri.AYC  =  tri.ZYG. 


(1) 


D'autre  part,  dans  le  quadrilatere  inscriptible  AYCJ, 
on  a  Ji  =  J2  =  45"  puisque  YA  =  YC  ;  par  suile  Jj  rr=  Ci 
et  YJ  est  parallele  a  CZ  ;  done 

tri.ZYC=:tri.  CJZ.        (2) 

Rapprochant  (1)  de  (2),  on  en 
tire 

tri.  AYG=:tri.CJZ. 

On  Irouverait  de  meme  que 

tri.  AXB=:tri.BJZ, 


d'ou 


et  enfin 


tri.  AYC  +  tri.  AXB  -:  Iri.  BCZ 


80 


DES    DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    GEOME'tRIQUES 


^  3.  —  Demonstrations  par  transposition 
d'elements. 


Demonstration  de  Pythagore,  d'apres  Dretsccneider. 

Simpson   (trad,    de  I'anglais).  -  Elements  de  Geometrie. 
Pans,  1766. 

Considerons  le  carr^  construit  sur  5  +  c  :  11  surpasse 
la  somme  d-  et  c-  de  deux  rectangles  ayant  chacun  pour 
aire  be  (fit/,  a). 


\ 

\ 

\ 

\ 

\ 

)!)^ 

c 

\ 

\ 

\ 

\ 

\ 

\ 

A. 

s 

\ 

N.      , 

b^ 

^d^ 

N 

•^ 

S 

X 

V 

li 

c 

Fig.  a. 


0  U 


z 

B 

Y 

be 

2        / 

be 

\       2 

hi 

2 

\/ 

2 

D 

FiK.  6. 


X 


Ces   deux   rectangles,    partages  cliacim  au    moyen 
d'unediagonale,  donnent4  triangles  egaux  d'aire  — ;  ces 

4  triangles, disposes comme  I'indique  la  fig.  />,  ferment 
avec  leurs  cotes  un  carre  de  cole  6  +  c,  et  avoc  leur 
hypotenuse  un  autre  carre  de  cdte  a :  le  premier  sur- 
passe le  second  de  I'aire  des  4  triangles  consideres,  et  il 
en  resulle  qu'on  a  bien 

b--\-e-^a\ 


THliORtME   DE   PYTIIAGORE  81 

Variantes  :    1°   J.  Wipper.  d'apres  lIuBEnx  (1762),    —  Sechs. 
Be^Ar.  d.  JPytb.  Lehrs.  Leipzig,  1880. 

•  En  admettant  coniiue  la  foiTiiiile 

•         (A  +  ,)^_4.|^.6-'+c%  (1) 

on  pent  employer  la  fig.  <6^seulement ;   cette  dernierc 
doune  en  eff'et 

oil,  d'apres (1),  b-~r-c-  =  a-. 

[La  fig,  a  donne  d'ailleurs  uue  demonstration  geo- 
metrique  de  la  formulc  (1).J 

2°  (fig.  c)  H.  BoAD.  —  Geometry.  Lnndres,  1733. 

J.  Delboeuf.  —  JProlegomeiies  philoscpbiques  de  la 

geometrie.  Liege  ct  I*aris,  ISGO,  in-8°. 

Cette  variante  revient  h.  reunir  les  fig.  a  et  6  en  une 
seule ;  la  demonstration  est  la  meme  que  celle  dc 
Bretschneider.  On  pounait  d'ailleurs  considerer  8  cas 
de  figure  commepoiir  la  .solution  d'Euclide. 


3"  (Ji.q.  d).  —  Pbilosophieal  Transactions.  Londres,  1683 

La  demonstration  est  au  fond  la  meme  que  la  prece- 
dente,  mais  la  disposition  de  la  figure  est  un  pen  ditfe- 
renlc. 

L'aire  du  pentagone  CBFLI  surpasse  b^-\-c-  de  3 
triangles  egaux  a.  ABC;  Taire  du  pentagone  DEYAU, 
cgal  au  precedent,  surpasse  or  de  la  meme  quantile. 
Done  /»■  4- c"  :^  «-. 

FouuREY.  —  Curios,  geom.  <> 


82  DES    DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    GEOME'tIUQUES 

On  pourrait  dc  ineme  considerer  7  aiitres  cas.  Celui 


Fig.  c. 


Fig.  d. 


donnantla  figure  la  plus  simple  correspondrait  a  6'  et  c* 
exlerieurs  et  a  a^  inlerieur. 


XI 

Bhassara.  —  Vija  Ganita  (42"  s). 

L'auleur  hindoii  juxtapose  4  triangles  egaux  a  ABC, 
f)  J.       com  me  Tindique  la  figure  a ;  leurs  hy- 

potenuses forment  ainsi  le  carr^  CE  de 
cote  a  et  leurs  longs  c6t6s  donnent  le 
carre  interieur  AY  de  c6te  c  —  b. 
Bhaskara  se  contente  ensuite  de  dire : 
«  Voyez !  » 
11  admet  implicitement  la  formule 

,     (^c-Oy-h^^-^O'-hcK         (1) 


Fi^.  a. 


THEOREME    DE    PYTHAGORE 


83 


A^-^-c >G 


[II  ddmonlre  geometriquemenl,  un  pen  plus  loin,  la 
foi mule  (c  —  by  =  (c-\-  bf  —  46c,  qui  se  ramene  iinin6- 
dialement  a  la  preccdenlc] 

La  figure  a  monlranl  que 

{c-by-^',^^:^a\ 
on  a  bicn  en  efTet        b'^-\-c^:^a^. 

Variantes:  1"  On  pout  se  dispenser  de  I'usage   de   la 

formu]e(l),  en  employant  un  procddd  analogue  l\  celui 

de  Brctsclmeider,  ce  qui  reviendra  en  somme  a  demon- 

Irer  gcomdtriquement  celle  forraule. 

Considerons  le  carre  BZ  construit  sur  c  —  6;  si  nous 

lui    accolons,    ainsi  qu'il  est 

indique  sur  la  lig.  6,  les  car- 

I'es  I A  ou  b-  et  BG  ou  c^  nous 

voyons  qu'on  pent  considdrer 

la  somme  des  carres  b^  et  c^ 

comrne  equivalente  a  celle  du 

carr6   BZ    d'aire   (c  —  by   et 

des  deux  rectangles  IX  et  XF 

ayant  chacun  pour  aire   be, 

c'est  le  resultat  traduit  par  la  formule  (1). 

Ces  deux  rectangles  partages  chacun  par  une  diago- 

be 
nale  donnent  4  Iriangies  rectangles  egaux  d'aire  —  ; 

ceux-ci,  disposes  aulour  du  carre  BZ  ou  (c  —  6)^comme 
le  montre  la  figure  a,  i'ormenl  iin  carre  de  cote  a.  On  a 
done  bien 

6-  +  c-  =:  d\ 

2°  Sauveur,  rcvu  par  Le  Blond.  —  Geometrie  elementaire  et 
pratique.  Paris,  1753,  in- 4". 


b -F 


Fig.  6. 


Cette  demonstration  est  la  memeau  fond  que  la  pre- 


84  DBS    D^FENITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOM^TRIQUES 

cedente,  mais  elle  est  presentee   d'une   maniere  plus 
simple  :  la  fig.  c  est  la  reunion  des  fig.  a  et  h. 

A  I'aide  do  4  triangles  egaux  a  ABC,   construisons 

les  Carres  CE  ou  c^  et  AY 
on  (Ji  —  cy  et  placons  deux 
do  ces  memes  triangles  en 
CUD  et  DSE  ;  supposons  en- 
lin  Ali  prolonge  jusqu'i\  sa 
re  neon  tic  en  T  avec  UD. 
UDS  est  une  ligne  droile, 
IIA  le  carr6  6'  et  TE  le 
carre  c'-. 

On  voit  immediatement 
que  le  carrd  d^  d'une  part,  la 
somme  des  carres  W  et  c-  d'autre  part,  se  composent 
du  carre  AY  et  de  4  triangles  egaux  a  ABC. 


Fie.  e. 


3"  On  pent  encore  proceder  comme  suit:  UV  est  le 
rectangle  construit  sur  c-f-i  et  c — b\  achevons  le  rec- 
tangle UG  de  cotes  c-{-l)  etc. 

Si  Ton  ajoute  au  rectangle  UV  Ics  carres  lA  et  ZG 

d'aire//',  on  obticnt  la  parlie 
ombree  de  la  fig.  d  qui 
est  equivalente  a  b^-{-c-\ 
car  si  Ton  transporte  le  rec- 
tangle UC  en  CX,  on  ob- 
lient  une  ligure  formee  tie  2 
carres  lA  ou  h-  et  BG  ou  c".. 
[C'esl  la  traduction  geo- 
melrique    de     la     ioimule 

Decomposons  maintenant  par  une  diagonale  les  deux 
rectangles  UA  et  YG  de  la  parlie  ombree  el  disposons- 
Ics  autour  du  carre  BZ  comme  dans  la  iig.  a\  on 
obticnt  precisement  a\ 


THEOREME   DE   PYTHAGORE 


85 


AInsi  la  partie  ombree  est  equivalente  d'une  part  ^ 
d^'-\-c\  et  d'aulrc  part  a  a^. 


XH 

A  Marre,  d'apres  I'ouvrago  Sanscrit  «  Youcti  Bacna  ».  — 
Buhetino  di  hihliog.  (Pioncompagni),  lome  XX,  1S87. 

RouciiE  et  HE  CoMBERoussE.  —  Traite  de  Geometrie,  (>«  edit., 
Paris,  1891,  2  vol.  in-8". 

On  construit  les  carres  CE  et  AF  sur  BC  et  AB;  on 
sait  (§  2,  I,  o"  Cas)  que  E  se   Irouve  sur  GF.  Menons 

par  D  les  paralleles  DP  a 
GF  et  DH  a  AG  ;  DH  ren- 
contre le  prolongement  de 
GF  en  H.  La  figure  DHGP 
est  un  carre  de  cote  h,  car 
les  deux  triangles  PCD  et 
II ED,  egaux  a  ABC,  don- 
nentDP=:DH  =  A. 

Deslors,  si  Ton  enleve  les 
deux  triangles  ABC  et  PCD 
qui,  avcc  le  pentagone  om- 
bre APDEB,  consllluent  a^,  pour  les  disposer  en  HED 
et  FBE,  on  forme  avee  ces  deux  triangles  et  le  penta- 
gone un  polygone  Al'DllFB  qui  est  la  somme  des 
carres  6- el  C', 


XIII 

P.  J.  N.  P>Eir.iiENnERr.ER.  —  Philosophia  et  mathesis  uni- 
versa.  Ilatisbonne,  1774. 

Supposons  a'  exterieur,  h-  et  c^    int^rieurs  h  ABC  ; 
prolongeons  les  c6tes  de  c-  et  A*  concourant  en  I  et  F 


86  DES   DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    G^OM^TRIQUES 

jusqu'a  leur  rencontre  avec  le  pourtour  de  a^.  On  sait 
(§2,1,  4*  Gas)  que  HI  passe  par  D 
et  GF  par  E. 

On  a,  en  ayant  egard  aux  nota- 
tions de  la  ligure, 

a-:~iko-\-lp-\-q.  (t) 

Mais      6- +  c- =  2m  4- 2o 

+  2/i  +  2/?  +  |7. 

D'autre  part,  le  triangle  ABC 
forme    de    m-\-n    est    egul     au 
triangle  GBX  forme  de  o  -\-p  ;  on  a  done 

2/72  -\-2n:^2o-\-2p, 

et  b'- -h  c^  ^0 -h  ^p -h  q •  (2) 

Rapprochant  (1)  et  (2),  il  vient        a-:^  b--'r  c^. 


Variante  :  Du  m6me  auteur. 

La  disposition  des  carr^s  est  la  meme  que  ci-dessus  ; 
seules  les  droites  trac6es  diffe- 
rent. On  a 

a^:=:p-\-  3o-\-r-\-s, 

6-  +  c-  =  2w  +  2n  +  2o  +  r . 

Or  les   triangles   ^gaux  ABC, 
FBE  et  QED  donnent 

m  +  n:=  5  =:  jt?  +  0 . 

II  en  r^sulto 

d^  +  C^  =  (.5)  +  0  +  0) 

+  (2o^-r)-:a^ 


THEORfeME  DE  PYTHAGORE 


87 


XIV 


OzANAM  revu  par  M.  de  C.  G.  F.  (Mo.mucla).  —  Recreations  ma- 
thematiques  et  physiques,  tome   I.    Paris,   4778,  in-8°. 

J.  WippER,  d'apres  R.  Wolf  (1869).  —  Secbs.  Bew.  des 
rytb.  Lehrs.  Leipzig,  1880. 

Prolongeons  EB  jusqu'^sa  rencontre  en  E'  avec  GF, 

puis  DC  jusqu'a  son 
point  de  concours  N 
avec  AH  et  menons 
E'O  parall6le  a  BC  : 
on  determine  ainsi 
5  elements  m,  n,  o,  p, 
qj  qui  disposes  d'une 
autre  fagon,  forment  le 
carre  a^ 

A  cet  effet,  prenons 
DX  =  DY=CN;  me- 
nons CX  et  de  Y,  D  et 
B  abaissons  des  per- 
pendiculaires  YR,  DT 
et  BS  sur  CX.  Les 
S  elements  ainsi  constifues  sont  egaux  aux  precedents 
ehacun  a  chacun,  ainsi  qu'il  est  facile  de  le  montrer. 


XV 

Perigvl.  —  Messenger  of  Mathematics,  1873. 

J.  WirpER,  d'apres  Serebrovvsky  (1877).  —  Secbs.  Bew.  des 

JPyth.  Lehrs.  Leipzig,  1880. 

Soit  U  le  centre  du  carre  c^.  Menons  par  U  les  droites 
ZVet  YX,  I'une  parall^le  etl'autreperpendiculaire^CB. 


H 


88  DES    D^FLMTIONS    liT    DhMONSTRATIO.'S    GtOMliTUIQLES 

On  pailage  ainsi  le  carre  c-  en  4  quadrilaleres  egaux 

clont  les    cotes  egaux 
0.  LZ,   UX,    UV  et  UY 

ont  pour  valeur  —  ;  il 

suffit  en  cfTct  cle  re- 
marquer  que  CYXB 
etant  lui  parallelo- 
giamme,  YX  r=  CB  et 
UY^YX^GB, 
2  2 

On  pent  done  dispo- 
ser  ces    quadrilaleres 
dans  le  carre  a^  ou  les 
points  III,  A(,...  sont 
les  milieux  des  cotes. 
Xousn'avons  plus  mainlenant  qu'a  monlrer  que  le 
rcc'angle  rH'A'C'  est  un  carre  ^gal  a  IllAG.  On  a  en 
elTet,  parexeniple, 


U 


\ 

../ 

/ 

A. 

/ 

nJa 

'/ 

Hk 

\a' 

B 

< 

\^ 

/ 

A'l 

ci 


ll'A'  =  ha:  —  A'A;  =  BX  —  AY 


:Y  — AY  =  CA. 


XVI 


J.  Wii'PER.  —  Secbs.  Bewr.  des  Pyth.  Lehrs.  Leipzig,  1880. 


Conslniisons  les  deux  triangles  rectangles  LTS  et 
AT'^'.  On  a  LS=  AS'.  En  effet,  menons  LA  et  pro!on- 
gcons  DC  jusqu'a  sa  rencontre  D'  avec  111.  On  sait 
(§  2,  II)  que  ACD'L  est  un  parallelograinme  et  que 
lii.  lD'C  =  lri.  ABC;  par  suite  CD' =  CB  =  CD. 

Les  triangles  egaux  CD'S  et  DCS'  donnent  alors 
D'S  =  CS',  et  comme  D'L  =:  CA,  on  en  deduit  LS  =  AS'. 
Les  triangles  LTS  et  AT'S'  sont  done  egaux.  Or,  si  Ton 


THEOREME    DE    PYTHAGORE  89 

retranche  du  premier  b^  et  c'  et  du  second  a-,  il  reste 
respeclivement 

tri.ICS-'-tri.HLA  +  tn.GLA  +  tri.FBTH-tn.ABC 

et  Iri.  DCS'  +  lri.EBT'-I-lri.  ABC. 


Pour  demonlrer  le'theoreme.  il  nous  suffit  de  mon- 
Irer  qu'on  si 

tri.  ICS  +  tri.  HLA  =  tii.  DCS', 
ct  Iri.  GLA -h  tri.  FBT  =  tri.  EBT'. 

En  CO  qui  concerne  la  premiere  relation,  par  exem- 
plc,  juxtaposons  le  triangle  HLA  au  triangle  ICS  de 
maniere  a  former  le  triangle  CD'S  ;  nous  avons  vu  que 
le  triangle  CD'S  etait  egal  a  DCS', 


XVII 

Demonstration  inedite 
comuiuiiiquee  par  M.  Rojot,  ii  Lille. 

Supposons  a-  exterieur,  6-  et  c-  interieurs   a  ABC. 


90 


DES    DEFINITIONS    ET  D|6mONSTRATIONS    GEOMETRIQL'ES 


On  salt  que  HI  passe  par  D  et  GF  par  E  (§  2,  1,4"  Gas), 
On  a  d'abord 

c'-:rect.  BK. 

En  effet,  c-  se  compose  du  quadn'latere  ombre  JBFM 

€l  des  triangles  AGM  et  AJI3;  en  transportant  AGM  sur 

son  ^gal  liFE,  AJB  sur  son  egal 

MKE  on  forme,  avec  le  quadri- 

latere  JBFM,  le  rectangle  BK. 

On  a  ensuite 

^»^-:rect.CK. 


11  suffit,   pour  le  prouver,  de 

remarquer  que  (j^  est  constitu6 

par  le  triangle   ombre  CJiN,  le 

triangle  AJG  et  le  quadrilatere 

AHIN.  En  portant  AJG  sur  son 

egal  MKD,  AHIN  en   GUN'  et 

enfin    NIM    sur  son    egal    NTD,    on   forme    avec  le 

triangle  GJN  le  rectangle  GK. 

11  eu  resulte 


§  4.  —  Demonstrations  alg6briques. 


XVIU 

BHJtsKARA.  —  Vija  Ganita  (il"  s.). 
Wallis.  —  A  Treatise  of  Algebra.  Oxlord,  4685,  in  fol. 


Abaissons  la  perpendiculaire   AJ   sur   GB.  Les  Irl- 


THEOREME    DE    PYTHAGOliE 


9t 


angles  rectangles  JAC  et  JBA  ainsi  determines,  qui  sont 

semblables  a  ABC,  donnent 
A 

CJ  _AC 
AC~BC 


oil 


AC  r=CJxBC, 


et 


BJ       AB 


ou     AB  =rBJxBC. 


(0 

, (2) 

AB       BC  ^ ' 

Ajoutons  les  relations  (1)  et(2)  membre  a   membre  : 
AC''  -H  AB'  =  (C  J  4-  B  J  )  BC  =  BC'. 

Variante:  R.  P.  Lamy.  —  L,es  Elemens  de  Geometrie. 
Paris,  l(i85,  iri-lri. 

On  a  comme  ci-dessus 

Ar;  =  C.TxBC, 
AB'=:BJxBC. 

G 

H 


Mais 
done 


D  K  E 

GJxBC-rairerect.CK, 
BJxBCi-airerect.  BK- 
AC' +  AB' -:  rect.  CK  4- red.  BK  =  BC' 


92 


DES    DtriMTlONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETUIQUES 


XIX 

A.  Marre,  d'apres  le  malhemalirien  aveugle  Saunderson  (1682- 
47:W).  —  BuUetino  di  Bibliog.  (Boncompagni),  loine  XX, 
1887. 

CvXVo.  demonslratlon  tient  alafois  de  celle  de  Pylha- 
gore  (§  3,  X)  et  de  celle  de  BhAskara  (§  3,  XI).  On 

forme  les  carres  AZYX  on 
(c—b)\  DEBC  ou  fl^  RSTU 
ou    {c-\-by    au    moyen    de 
8  triangles  egaux  a  ABC. 
On  a 

a'-'-rCc  +  ^y—  itri.  ABC, 

«-=(c  — 6)--f-ilri.  ABC, 

d'ou 

2a-:~:{c  +  by+{c  —  by. 

Mais  le  second  membre  est  Equivalent  a  2b--\-2c^\ 
done 

et  a-  b-::^-\-cK 


_Z       Y 

A 

X 


XX 

Bezout.  —  Cours  de  mathematiques,  2*  Partie. 
Paris,  1768,  in-S". 

Abaissons  de  A  la  perpendiculaire   AJ  sur  BC.   Les 
triangles  semblables  JAC,  JBA  et  ABC  donnent 

in.  JAC  _  tTK  JBA  _  tri .  A BG 
AC    ~"     AB'     ""     BC' 


THEOREiME    DE   PYTHAfiORE  93 

Une  propri^t^  connue  des  proportions  permetd'^crire 
tri.  JAi:4-tri.  JRA       tri.  ABC 
A  ACVAIT      ~~      BC' 

/[    \.  et  comme 

^— -I — ^  Iri.  JAC  -h  Iri.  JBA  =  tri.  ABC, 

AC'-|-Alr=:BC'. 

XXI 

J.  J.  [.  Hoffmann.  —  Der  Pythagoraiscbe  Lebrsatz. 
Alayence,  1821. 

Decrlvons  de  C  comme  centre,  avecCA comme  rayon, 
une  demi-circonf^rence  qui  rencontre  CB  en  Y  et  Z. 
Une  propriete  bien  connuc  de  la  tangente  AB  h  la 
demi-circonference  nous  permet  d'ecrire 

•AB'=rrBYxBZ,  ou 
AB'^  (BC  +  AC)  (BC  —  AC) , 
AB'  =  BC'  — AG', 

\       d'oii 

bg'=ab'+ag'. 


•       XXII 

J.  J.  I.  Hoffmann.  —  Der  Pythagoraiscbe  Lebrsatz. 
Mayence,  1821. 

On  porte  sur  AB,  AZ  =  AG  ;  on  dccril  de  G  comme 
centre,  avec  CZ  comme  rayon,  une  demi-circonference 
qui  rencontre  AB  en  Y,  CB  en  X  et  en  U.  La  propriete 


:-^- A 


"94        •     DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTIiATIONS    G^OM^TRIQUES 

connue  d'un  couple  de   s^cantes  a   une  circonference 
donne  ici 

BZxBY  =  BUxBX, 

ou,  en  ayant  (Tgard  aux  notations  dc  la  figure, 

»i(iw  +  2/y)  =r  «(/?. -h  2/?), 

,-^r — -  ^^ 

nr  +  21)711  r=.  n--{-2pn . 

Or,  onadansletriangle 
cla 
u  »  B     (§  0 

2lr=p\ 

Done   b--^m^-+-  2hm  -}-  i^  =  iv -f-  2pn  -f-  p^^ 
■on  b-  H-  (/y  -h  m)-  —  (n  -|-  ;?)-, 

•et  enfin  ^-  -{-  c^  =  a-. 


XXIH 

MSllmann.  —  Aichiv  d.  Math.  u.  PA.  (Cruneil),  1831. 

SoientZle   centre  du    cercle    inscrit  a  ABC  ct    ZX, 
ZY,  ZU  les  perpendicuiaires  aux  coles  abaiissoes   de  Z, 

tautes  egales  au  rayon  r.  La 
figure  AUZX  est  un  ciirre 
de  cote  r\  on  a  d'aulre  part, 
comme  on  sail,  BX  =  BY  et 
CY  =  CU. 

On  Irouve  aisement 

b-^c  —  a  =  2r. 
Par  suite 

(b-{-c  +a)  (b-hc  —  a)  =  (b-hc-i-n)2r 

=  2br  +  2c3'  -h  2ar  =  4  surf.  ABC  =  2<^c. 


THEOREME   DE    PYTHAGORE 

Mais  on  a  aussi 

done  (J) -if- cy  —  (f  =  2bc , 

x'est-a-dire  b'  -}-  c"  =  a-. 


95 


XXIV 

Garfielti  C).  —  Ihe  mathematical  Magazine,  4882. 

Elevons  CD  =r  CB  perpentliculaire  a  CB  et  abaissons 

de  D  la  perpendiculaire  DZ 

sur  le  prolongement  de  AC. 

L'aire  de    chacun    des    tri- 

,B    angles  egaux  ABC   et  ZDC 

be         ,, 
a  pour  expression  —  ,    cello 

du   triangle   BCD,  ^.  Or, 
ces  trois  triangles  forment- 


onadonc 
d'ou 


un  trapeze   d'aire 


{b^cf 


(b-hcy  _a 


2  2  2 


§  5.  —  Vari6tes. 

Ciii'ienses  propriet6s  de  la  figure  da  carr^  de  I'liy- 
pot^nuse.  —  Designons  par  Z,  X  et  Y  les  centres  des 


(')  President  des  Etats-Unis,  assassine  en  1881. 


96  DES    Df,FINITlONS    ET    D^MONSTfJATlONS    GKOMKTr.lOIIKS 

Carres  conslruils  sur  los  coles  du  triangle  rectan- 
gle AliC.  YAX  est 
une  li^Mie  droite 
(§2,VIJl). 

1"  (//V/.  ,/).  _  AZ 
est  la  somm.e  ac  BX  et 
tie  CY.  —  On  en 
trouvera  la  preuve 
§  2,  VIIJ. 

2"  (//«7.  n).  —  Le 
triangic.  JiZS  est 
(ujtiinaient.  d  la  som- 
me  des  triangles  CYR 
et  BXS  (.!="'  de  Vui- 
Fi,,„.  berf,  1891). 

En  efiet,  nous  Sa- 
vons (§  2,  YIII)  qnc  AZ  csl  parallele  a  BX  et  CY.  On  a 
alors       tri.CZY-rlri.CYA     et     tri.  BZX^  Iri.  BXA. 

Mais        tri.CZB-itri.CYA-htri.BXA; 

done  tri.  CZB  ^  Irl.  CZY  +  tri.  BZX. 

Si  Ton  retranche  de  part  et  d'autrc  la  sommo 
tri.  CZR  +  trl.  BZS,  on  obllent  enlin 

tri.RZS-rtri.  CYR  +  lri.  BXS. 

3°  (^fig.  a).  —  Le  triangle  YZX  est  equivalent  a  cha- 
cun  des  quadrilateres  YXBC  et  ABZC.  —  Nous  avons 
vu  en  eflet  (§  2,  VIII)  que  chacun  de  ces  quadrilateres 

a  pour  aire  —  xYX;    c'est    precisement    I'aire     du 

triangle  YZX,  puisque  AZ  est   perpendiculaire  a  YX 
(§  2,  VIII). 

4"  (fig.  a).  —  Le  triangle  YZX  est  equivalent  au  carre 
construit  sur  la  demi-somme  des  cotes  de  C angle  droit. 


THEORKME    DE    PYTHAGORE 

AZ 


97 


Car    Texpresslon  -f^  x  YX  de  I'aire  de   YZX  peut 
s'ecrire  (1") 


BX 


±^xYX=r^=l/2 


it'^Mr) 


50  (^fig,   a).  — 

sont  equivalents. 
On  a  en  ellet 


==l/4(/>+0'- 
Lcs  quadrilateres  ABEC,  ABDC,  IFliC 


quad.  ABEG  trJ. -ABC  +  1/2  ft^-:  quad.  ABDC, 
quad.  IFBC-tri.  ABC  +  l/2/^^-4-l/2c^ 

^"(Jlg.b).^  Les  droit es  AZ,  BY  et  CX  sont   ks  ban- 

teursii  u  trimujleX  Z  X . 
(Archives  dedrunort, 
2"  serie,  XIV) 

On  sail  deja  (§  2, 
Vlll)  que  AZ  est  la 
hauleur  relative  au 
sominet  A. 

D'autre  part,  les 
triangles  rectangles 
AZX  et  XYB  sont 
eganx,  car  AZ  ■=.  XY 
(§  2,  Vlll)  et 
XA  —  XB;  done 
AZX  =:  XYli.  Mais 
AZX  =:  ZXB  com  me 

^Hernes  internes;  par  suite,  XYB  =: ZXB,  et  comme 
YX  est  perpendiculaire  a  XB,  il  en  resulte  que  Y'B  est 
perpendiculaire  sur  XZ. 

On  montrerait  de  meme  que  CX  est  perpendiculaire 
sur  YZ. 

FouRREY.  —  Curios,  gtom.  ,  7 


Fig.  b. 


98 


DES    DKHNITIONS    KT    DKMONSTHATIONS    UEOMEllUgUES 


On  peul  remarquer  que  «Je  I'^galilodes  triangles  AZK 
et  XYH  resulle  IJY  =  ZX  ;  de  meine  CX  =  YZ. 


7"  (^^.  c).  — Le point  dfi  concnws  dca  medianes  est  le 
mcmc  pour  les  triam/tes  AHC  ct  YZX. 

Abaissons  deZ  sur  Cli  une  perpeiidiciilaire  qui  len- 
conlre  Cli  en  R.  Mcnons  les  medianes  AH  du  triangle 

AUGet  ZT  du  triangle 
YZX;  il  sutlit  de 
montrer  que  AR  et 
ZT  sccoupent  respec- 
livement  aux  2/3  de 
leur  longueur,  en  un 
certain  point  U. 

En  ellel,  la  circon- 
ference   decrite    de  R 
comme     centre    avec 
RC=:RZconirne  rayon 
passe   par  A    puisque 
CAR    est    droit ;    elle 
rencontre  YX  en    un 
second  point  S.  Com- 
me ZAS  est  droit  (§  2,. 
VIII),  ZRS  est  un  diametre  de  la  circonlerence  tracee  qui 
est  perpendiculaire  sur  le  diametre  CR  ;  le  quadrilatere 
CSRZ  est  par  suite  un  carre  qui  donne  SG  =:  SR 
Or,  les  deux  triangles  rectangles  SYC  et  SXR  sont 

egaux,  car  SG  =  SR  et  YSC,  XSR  sont  complemen- 
taires  ;  done  CY  =  AY  =  SX  et  T,  milieu  de  YX,  est  aussi 
milieu  de  AS.  Ainsi  AR  et  ZT  sont  deux  medianes  du 
triangle  AZS  qui  se  coupe nt  en  un  point  U  aux  2/3  de 
leur  longueur.' 

Le  triangle  AZS  a  done  aussi   meme  point   de  con- 
cours  des  medianes  que  ARC  et  YZX. 


Vh 


TUEOUtMK    DE    I'VTllAGOliE 


99 


Fig.  d. 


^"{fig.  d).  —Lcsdruitcs  dc  la    figure  d'Euclide  HI, 

CF  et  la  perpendicii- 
laii^e  A.1  concourent  en 
un  im'nie  point  (.)"'  dc- 
Vuibort.  1879-80). 

II  suffit  do  prouver 
que  les  perpendicu- 
lairos  BU  et  CV  a  CF 
et  BI  so  coupent  en 
un  mcme  point  R  de 
A.T,  car  alors  les  droi- 
tes  CU,  BY  et  \U  se- 
ront  les  hauteurs  du 
triangle  RBC.  Or,  nous 
avons  fait  cclle  preuve  anlerieurement  (§2,  YIl). 

9"  (Jig.  e).  —  Les  triangles  AGH,  BEF,  GDI  sont  equi- 
valents enlre  eux  eta  ABG   (F.  J.—  Exercices  de  geo- 

melrie.  Paris,  1891))- 
On  voitaisementque 
tri.  HAG=lTi.ABG 
comme  ayanl  les  co- 
tes de  Tangle  droit 
egaux. 

En     second     lien, 
DU  designant  la  hau- 
teur du  triangle  GDI 
relative    a   D,   on  a 
Iri.    GLD^tri.ABG 
comme  ay  ant  GD  = 
.  GB     et    les     angles 
en    G    egaux ;   mais 
tri..  GUD-rtri.  GDI 
comme  ayant  meme  hauteur  DU  et  des  bases  egales 
GU=GA3=GI.  Done  tri.  GDI- tri.  ABG. 


Fii 


100  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS   GEOMETRIQUES 

On  verrait  de  m6me  que  tri.  BEFznIri.  ABC. 

10"  (Jig.  e).  —  La  somrrip.  des  cartes  construits  sur 
les  cdtes  de  I'hexagone  IHGFEDI  equivaul a 8  fois  le  carri 
de  fhypolenuse. 

Deslgnons  par  e  ^id  les  (;6les  ID  et  FE. 
Le  triangle  rectangle  DUl  donne 

e-  =  W  -+-  c\ 

De  m^me,  d-=ic--{-h^. 

La  somme  don  I  il  s'agit  a  done  pour  expression 

//  +  a'  -\-c'-h  (4c^  H-  b')  4-  «-  -}-  (4A^  -f-  c') 

-:2a^-f-6(6^-f-c^)  8a^\ 

Generalisations.  —  \"  Si  I' on  construit  sur  les  cotes 
d'un  triangle  rectangle  comme  cotes  homologues,  des  po- 
lygones  semhlables,  le  poly  gone  correspondant  a  lliypo- 
lennse  est  la  somme  des  polygones  correspondant  aux 
mitres  cotes  (Euclide.  — Elements,  VI,  31.  3*  s.  av.  J.-C). 

DJsignons  parM,  N,  P  les  aires  des   polygones  sem- 
hlables dont  il    s'agit.  line  pro- 
position bien  connue  donne 
M         N  P  Nh-P 


BC.     AC       AB       AC+AB 

Mais  on  salt,  d'apres  le  th^orS- 
me  de  Pythagore,  que 

BC'-:AGVab'. 
Done      M-:N-f-P. 


2'  Sur  deuxcdies  AB  c^  AC  d'un  triangle  quelconque 
ABC,  on  construit  des  paralielo grammes  quelconques 
ABFG  et  ACIH ;  on  prolonye  les  cdtes  FG  et  IH  jusqu'd 


THtoBEME   DE   PYTHAGORE  101 

leur  rencontre  en  L,  on  mene  la  droite  AL  et  on  la  pro- 
lom/e  au  de'd  de  BC  d'line  longueur  Mi.  =  LA.  Le  pai^al- 
leloqramme  BCDE  ayaw//?o?«'  coth,  en  grandeur  et  en 
direction,  BC  et  JK,  est  equivalent  a  la  somme  des  deux 
precedents  (Pappls.  —  Collections,  IV.  4"  siecle). 

Menons  par  B  et  C  des  paralleles  E'BE  et  D'CD  a  LK. 
On  a 

parall.  ABFG  -:  parall.  ABEL, 
parall.ACIH  -ipaiall.  ACD'L. 


Mais  on  a  aiissi,  puisque  JK  =  AL, 

parall.  ABE'L  =:  parall.  BE KJ, 
parall.  ACD'L  =  parall.  CDKJ. 

Done  parall.  ABFG  +  parall.  ACIIT  =  parall.  BCDE. 

Remarqles.  —  L'enonce  de  Pappus  est  en  realite  un 
pen  moins  simple  que  celni  que  nous  avons  adopte.  Le 
geometre  grec  indique  qu'on  doit  construire  le  paralld- 
logramme  BCDE  sur  les  sefjments  BC  et  CD  faisant  entre 
eux  en  C  Tangle  ABC-I-ALG  ;  ce  qui  revient  d'ailleurs 


102  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUES 

an     m^me     puisque,     d'apr(is     notre     construction, 

Si  I'on  applique  lo  procede  de  ddmonstralion  ci-des- 
sus  au  theor^me  de  Pythagore,  on  retombe  sur  la  solu- 
tion de  Nassir-ed-Din  (§  2,  II). 

3"  Le  carre  de  la  diagonale  d'lin  paralle.lepipe.de  rec- 
tangle est  equivalent  a  la  sotnme  ctes  canoes  des  arUtes. 
(Euc.LiDE.  —  Elements). 

Nous  ne  croyons  pas  utile  de  donner  la  d^-monstra- 
tion  tr^s  simple  de  cette  proposition  bien  connue. 

4"  Dans  tonte  ptjramide  triangulaire  oil  trois  faces  sont 

perpenciiculaires  entre  dies,  le  carre  de  la  quatriemc  face 

est   equivalent   a    la  somme   des 

carres  des  trois  premieres  (D  e  G  u  a  . 

—  Hist.  Ac.  desSc,  1783). 


Solent  S  le  sommet  du  triedre 
trirecf  angle,  ABC  la  base  corres- 
pondanle  de  la  pyramide.  Abais- 
sons  la  perpendiculaire  SU  sur 
AB  et  menons  CD. 

CS  elant  perpendiculaire  au 
plan  ASB,  CD  Test  k  AB  d'apres  letheoreme  des  trois 
perpendiculaires. 

On  a  alors,  en  appliquant  le  theor6me  de  Pythagore 
aux  triangles  rectangles  de  la  ligure, 

Ab'  X  DC'  =  Ab'  X  (SdV  SC') 

=  ab'xSd'+ab'xSg' 

r=  Ab'  X  SD  V  ( SA  +  Sb')  SC'; 

=ab'xsd'+sa'xSg'-hsb'+scI 


On  a  done     ABC  =  ASB  -t-  ASG  +  BSC  . 


THEORf'ME   DE    PYTHAGORE  103 

La  demonstration  d'Euclide  par  Pierre  Herigone. 

—  Nousavons  signale  (Introd.,  §  7,  2*Periode)  la  tenta- 
tive faite  par  Pierre  Herigone  (17*  s.)  pour  simplilier 
le  langage  et  i'aciliter  le  raisonnement  en  geometrie  a 
I'aide  d  un  mode  special  de  notations. 

Les  symboles  qii'il  emploie  a  cet  effet  sont  entre 
aiitres :  est,  snt  (sont),  FT  (a),  Li  (ou),  —  (droite), 
=:  (2  droites  paralleles),  <  (angle  quelconque),  L  (angle 
droit),  □  (carre),  <>  (parall^logramme  quelconque), 
A  (triangle),  2|2  (signe  de  I'egalile),  +  (signe  de  I'addi- 
tion),  commun  add.  (indication  de  I'operation  d'ajouter 
une  meme  quantite  aux  deux  membres  d'une  egalit6). 

Ce  proc(!'de  lui  a  permis  de  reunir  dans  son  Cours  ma- 
thematifjKc  (1644),  sous  un  tr^s  petit  volume,  une  grande 
quantite  de  matiere,  notamment  les  15  Livres  d'Euclide 
en  frangais  et  en  latin. 

A  litre  d'exemple,  nous  extrayonsdu  tome  I  la  demons- 
tration du  theoreme  de  Pythagore  d'apr5s  Euclide. 

La  co.onne  de  gauche  de  la  demonstration  indiqueles 
references  aux  propositions,  postulats  et  axiomes  ant^- 
rieurs. 


Liv.  I,  PftOPOsiT.  XLVII 

Aux  triangles  rectangles,  le  quarre  du  coste  qui  sous- 
tient  Tangle  droict,  est  dgal  aux  quarrez  des  costez  qui 
contiennent  Tangle  droict. 


104  DES    DEFIMTIOKS    ET   D£M0^STRAT10^S    GE'oME'tKIQUES 


Req.  n  demonstr. 
D  />c2;2  D  (7i  -I-  Q  ac 


/■<: 

\ 

'lyp- 

<  hac  est  J, 

V^-^^  \ 

const]'. 

<  hdcf  est  J, 

W^' 

U,     I  CO 

qac  est  — , 

-^^7^ 

y^ 

29d.I(') 
29  (].!(•) 

a6  2|2  ^/; 

If 

/  ^ 

c 

W  212  be. 

/ 

12a.l('') 

<  dhc  212  <  fhrr. 

<  a/>c  commun  add. 

/ 

2a.IC) 

<  a/W  22  <  //>c, 

/ 

4,     !(«) 

A  ahd  2i2  A  //^^,  -^- 

d           me 

41,    ICO 

O  hlmd2  22  A ohd. 

Proepar. 

41,    ICO 

n  af  2\2  2a  fhc, 

46,  I  (') 

he  est  Q  he, 

6a.IC") 

O  himd  2:2  0  a/,  [i 

46,  I  (0 

af  est  U  «^^ 

f].a 

A  oce  2|2  A  "^"Z', 

46,  1  C) 

ai  est  D  ac, 

cl.  p 

O  t/»it'  2; 2  Q  ai, 

31,  I  C) 

am  —  bd  U.  ce, 

concl. 

I,  p.  t  C) 

ad,  ac,  hi,  cfsnt  — 

2a.  I  C) 

Uhc'2\2Ui'f-\-Qac 

(*)  Propos.  46  du  Livre  I.  —  Decrirc  un  carre  snr  une  droite  donnee. 

(2)  —  31  —  I.  —  Par  un  point  donnc,  conduiie  une  droite 
parallele  a  une  droite  donnee. 

(')  Postulat  I  du  Livre  I.  —  On  demande  qu'on  puisse  conduire  une 
droite  d'un  point  quelconque  a  un  point  quclconque. 

(^)  Propos.  14  du  Livre  1.  —  Si  a  un  point  d'une  droite,  deux  droites 
placees  de  cotes  diderents  font  avec  elle  deux  angles  consecutil's  egaux 
k  deux  droits,  ces  deux  droites  n'en  ferment  qu'une  scule. 

(»)  Definition  29  du  Livre  I.  —  Parmi  les  figures  quadrilateres,  celle 
qui  a  ses  cotes  egaux  et  ses  angles  droits  se  nomme  carre. 

(*)  Axiome  12  du  Livre  I.  —  Tous  les  angles  droits  sont  egaux  entre 
eux. 

C)  Axiome  2  du  Livre  I.  —  Si  a  des  grandeurs  egales  on  ajoute  des 
grandeurs  egales,  les  totaux  seront  egaux. 

(8)  Propos.  4  du  Livre  L  —  Deux  triangles  qui  ontun  angle  egal  com- 
pris  entre  deux  cotes  egaux  chacun  a  cliacun  sont  egaux. 

(9)  Propos.  41  du  Livre  L  —  Si  un  parallelogramme  et  un  triangle  ont 
la  meme  base  et  sont  compris  entre  les  memcs  paralleles,  le  parallelo- 
gramme est  double  du  triangle. 

(10)  Axiome  6  du  Livre  1.  —  Les  grandeurs  qui  sont  doubles  d'une 
meme  grandeur,  sont  Egales  entre  elles. 


THEOKKMIi    Dl'    I'VIIIAGORE 


105 


Relations  entre  les  polyqoties  r^guliers.  —  Nous 
supposerons  les  polygenes  reguliers  consideres  inscrils 
dans  un  m6rae  cercle. 

On  forme  un  triangle  rectangle  : 

I.  En  prenant  comnie  cotosde  Tangle  droit  les  demi- 
cole's  du  triangle  e'qnilateral  et  de  I'hexagone  regulier, 
et  cornme  hypotenuse  lecote  de  I'hexagone  (/?y.  a)  ; 

II.  En  prenant  comme  cotes  de  i'angle  droit  le  c6te  de 
i'hexagone  regulier  et  comnie   hypotenuse    le  cote    du 


III.  En  prenant  comme  cotes  de  Tangle  droit  les  cotes 
de  Thexfigone  el  du  decagone  reguliers  et  comme  hypo- 
tenuse le  cote  dupentagone  regulier  (/^(7.  c) ; 

lY.  En  prenant  :  1"  comme  c6tes  de  Tangle  droit  le 
demi-cole  AH  du  triangle  equilateral  et  une  longueur 
AC  i'ormee  du  demi-cole  AD  de  Thexagone  regulier  et 
du  c6te  DC  du  decagone  regulier ;  2" comme  hypotenuse 
le  c6te  du  carre  {fiq.  d). 
Toutes  ces  relations  se  demontreront  aisement,  parTap- 
plication  du  thdor^me  du  carre  de  Thypolenuse,  au 
moyen  des  formules  suivantes  quidonnent  les  cotes  des 
polygenes  reguliers  inscrils  dans  le  cercle  de  rayon  r  : 

t  =  r  y/3 ,         c-=zr  y/2 ,         h  =  /•_, 


/)=:f  \/lO  — 2v/o,  </=rf  (v/5-l). 


CHAPITRE  III 

casse-tEte  geometriques 


On  peut  definir  comme  suit  le  casse-tete  g^om^tri- 
que  dans  son  sens  le  pJus  general :  il  s'agit,  etant  donni 
un  certain  nombre  de  figures  geometriques,  de  les  de- 
couper  de  maniere  a  constituer,  par  I'assemblage  des 
elements  ainsi  obtenus^  des  figures  de  forme  doniiee. 

Comme  on  le  verra,  ce  genre  de  questions  est  tr^s 
ancien,  mais  ce  n'est  qu'au  19*  si^cle  qu'on  en  a  trouv6 
la  solution  generale.  ^ous  suivrons  autant  que  possible 
i'ordre  chronologique  dans  notre  exposition. 


§  1.  —  Loculus  d'Archim^de  (3=  s.  av.  J.-C). 

On  savait,  par  des  passages  de  deux  auteurs  latins, 
Marius  A  ictorinus  (4*  s.)  et  Atilius  Fortunatianus  (6*  s.), 
<ju'Archimede  devait  avoir  compose  un  jeu  gdom6tri- 
que.  lis  rapportent  que  dans  ce  jeu,  d^nomme  par  eux 
Loculus  Arcliimedius,  it  s'agit,  etant  donne  un  carre 
d'lvoire  decoupe  en  \i  morceaux  de  formes  polygonales 
ires  differentes,  de  reproduire  avec  ces  morceaux  non 
seulement  le  carre  primitif^  mais  aussid'autres  figures. 

Ausone  (4*  s.),  dans  une  lettre  h  Paulus,  mentionne 
aussi  ce  jeu,  sans  cependant  I'attribuer  a  Archimede. 


CASSE-TETE    GEOMETRIQUES  107 

On  etait  toutefois  sans  renseignements  precis  a  ce  su- 
jet  lorsqu'en  1899,  M.  Henri  Siiler,  de  Zurich,  retrouva 
une  version  arabe  d'un  livre  d'Archimede  sur  la  ques- 
tion. Dans  ce  livre,  le  grand  geomelre  se  propose  de 
decouper  itn  carre  en  14  elements  qui  soient  dans  iin 
rapport  rationnel  avec  la  figure  enliere,  qu'il  appelle 
«  syntemachion  »  (assemblage  de  rognures).  Le  but 
d'Archimede  est  done  inverse  de  celui  indique  par  les  au- 
teurs  latins  et,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  plus 
scientifique  aussi ;  mais  le  jeu  dont  ils  font  mention 
avait  assurement  ete  inspird  par  le  travail  du  savant 
syracusain. 

11  faut  done  voir  la,  vraisembiablement,  I'origine  des 
casse-tete  geometriques. 

Le  probleme  comporle  une  infinite  de  solutions  ; 
nous  ne  donnerons  que  celle  d'Archimede. 


Construction.  —    Soient   ABGD    le   carre 
E,  N,  Z  les  milieux  des  cote's  GB,  GD  et  DA. 

ZE,   ZB,  ZG  et  AG. 


donne, 

Menons 

AG  est 

coupe  respectivemen*  en  L  et 

F  par  ZB  et  ZE.  Joignons  B 

au   milieu   M    de   AL,    E   au 

milieu  C  de  ZG  et  C  ^  N.  Enfin, 

faisons  passer  par  le  milieu  H 

de  BE  et    par  A   une  droite 

HK  limitee  a  ZB,  par  H  et  par 

le  milieu  T  de  BZ  une  droite 

HT,  par  G  et  B  une  droite  CO 

limitee  a  ZG  et  DG. 

Le  carr^  ABGD  est  ainsi  divise  en  14  elements,  dont 

7pourlerectangleZBet7pourlerectangleZG,satisfaisant 

k  la  coiidition  imposee,  ainsi  que  nous  allons  le  montrer. 

Valeur  des  elements.  —  Ddsignons  par  S  I'aire  du 
carr^  entier. 


108  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQUEj 


l.Rec(ang/eZG.  —  i°T:n.GNC:=\/^i[n.DGZ^\/iQS. 

2°PiiisqueBG  =  4CN,  on  aOCT  =  40N,  NG=30N; 
par  suite,  tri.  CNO  =  1/3  iri.  GNC  =  i/^S  S. 

3"  Quad.  DOCZ=:lri.DGZ~(tri.  GNC  +  lri.  CNO) 

-:1/4S  — (1/16 +  1/48)8=1/6  S. 

4°,  5»,  6°  On  a  tri.  EFQ  =  1/24  S,  tri.  GCQ  =  1/24  S 
et  tri.  EGQ=:  1/12  S.  En  eflet,  les  triangles  semblables 

FCQ  et  GEQ  donnent    ^,  =  i/2  =  ^  =  l^:     done 

tjG  E(J       GQ 

tri.  EFQ  -:  1/2  tri. EGQ  -:  tri.  GCQ,  tri.  EFQ  =  1/3 EFG. 

Mais     tri.    EFG   =:  1/2   tri.   ZEG  =    1/8    S  ;     done 

tri.  EFQ  =  tri.  GCQ  -:  1/24  S  et  tri.  EGQ  =  1/12  S. 

7"Quad.FQCZ  =  tri.ZEC  — tri. EFQih:  1/8 S  — 1/24  S 

=:1/12S. 

II.  Rectangle  ZB.  —  1°  Tri.  FZL  =  iri.  EFQ  =  1/24  S. 
2°  Tri.  KHT-:1/48S.   En   effet,  les  triangles  sem- 
blables KHT   et  KBA    donnenl — =1/2=^ — ;  done 

BA        '        BK' 

tri.  KHT  =  1/2  iri.  BHK=  1/3  iri.  BHT=  1/12  tri.  ZEB 

-:  1/48  S. 

3"  Tri.  BIIK  =:  2  tri.  KHT  =  1/21 S. 

4°  Tri.  ALZ-:1/12  S,  car  les  Iritrngles  ALZ  et  EGQ 
sont  egaux. 

5%  6" Tri.  ABM  =  tri.  LBM=:1/12S;  en  circt,  commc 
BG=:2AZ,   on   a   BL  =  2LZ   et  tri.  LAB  =  2  tri.  ALZ 

=:  1/6  S;   done   tri.   ABM  =  tri.  LBM  :^\J2  tri.  LAB 

=  1/12  8. 

7°    Pentag.     LFEHT  =  trap.     ZEHT  —  iri.     FZL 
=  3/4  BEZ  —  iri.  FZL  =  3/16  S  —  1/24  S  =  7/48  S. 


CASSE-TETE    G:5vJMETmQUt.J  109 

La  figure  ci-dessous  indiqiie,  en  quaranle-huiliemes 
de  I'aire  lotale,  la  valour  des  aires 
partielJes. 

Remahque.  —  La  construction 
et  les  resultats  qui  precedent  sont 
valablesponrunparallelograrame 
quelconque. 

Applications.  —  On  pent   se 

proposer  diverses   questions  sur 

les  elements  de  la  figure  du  «  loculus  ».  En  voici  un 

exemple  a  titre  d'indication :  nous  supposons  les  aires 

^valuees  en  quarante-huitiemes  du  carre  total. 

Grouper  les  elements  de  cette  figure  de  telle  sorte  que 
les  aires  des  nouveaux  fragments  obtenus  soient  repre- 
sentees par  trois  nombres  entiers  igaux  (fig.  a),  ou  par 
trois  nombres  entiers  conscciitifs  (fig.  b),  ou  par  les  huit 
premiers  nombres  entiers  et  le  nombre  12  (fig.  c). 


\ 
\ 

N 

1 

1  / 
1  / 

l/\ 

7 

\    " 
6  \      ^ 

V\\^ 

/^    \^ 

Fig.  a. 


Fi-.  6. 


Fig.  e. 


BIBLIOGRAPIIIE 

H.  SiJTER.  —  Der  Loculus  Archimedius  Oder  das  Syntemachion  des  Archi- 
medes. —  Zeitschr.  fiir  Math.  u.  Phys.  Leipzig,  1899. 


§  2.  —  Composition  d'un  carr6  au  moyen  de  carr6s 
6gaux.  —  Decomposition  d'un  carr6  en  carr6s 
6gaux. 


Gdom6triquemenl,  le  probleme  qui  consists  h  con- 


no  DES    DEFINITIONS    KT    DKMONSTUATIOiNS    GKOMETUIQIJKS 

stniirc  Ic  c6le  d'un  carre  equivalent  h  pluslcurs  caries 
egaux  est  tres  simple:  il  siiflit  d'appliquer  successive- 
ment ,  autant  de  fois  qu'il  est  necessaire,  la  construc- 
tion resultant  du  theoreme  de  Pythagore. 

Mais  la  question  devient  plus  diflicile  si  Ton  clierohe^ 
coniine  nous  allons  le  faire,  a  composer  mate  tie  llement 
un  carre  an  moyen  de  carres  elemenlaires  egaux  (que 
constitueraient,  par  exemple,  des  carreaux  ceramiques), 
ceux-ci   pouvant  d'ailleurs  elre  divises  en  fragments. 

La  decomposition  d'un  carr^  en  plusieurs  carres 
6gaux  appelle  des  observations  analogues. 

I.  Solution  d'Aboul  Wafa  (lO-^  s.).  —  Ce  probleme 
devait  etre  un  de  ceux  qui  se  presentaient  dans  les 
travaux  architecturaux  des  Arab(;s  ;  o'estce  besoin  pra- 
tique qui  a  fourni  a  Auoll  Wafa  I'occasion  de  trailer 
tlieoriquement  la  question  dans  son  liecueil  de  Con- 
siructio7is  yeomeirique.s.  11  est  en  effet  dit  dans  ce  der- 
nier ouvrage  que  le  but  de  I'auteur  est  de  remplacerles 
proc^des  defectueux  des  praliciens  par  une  metbode 
basee  sur  des  principes  scientifiques. 

Aboul  Wafa  ionde  sa  solution  sur  une  propridle  arilb- 
metique  du  nombre  enlier  n  indiquant  combien  on  con- 
sid6re  de  carres  egaux.  II  distingue  deux  cas  principaux 
suivant:  1"  que  n  est  un  carre  ou  une  somme  de  deux 
carres ;  2"  qu'il  n'esl  ni  Tun  ni  I'autre. 

1"  Cas :   Le  nombue  entier    n    est  un 

CAHKfi   d-    ou    UNE    SOiMME    DE    DEUX    CARRES 
d^  ET  />-. 

Composer  un  carre  de  «*  carres.  —  Lc 

cote  AB  du  carre  cher'che  est  egal  a  « ;  la 
Ad 

figure   d   donne    la    construction  pour 

Fig.  d.  ^2^3,^ 

^6composer  un  carri  en  cl-  carres.  —  II  sufTit  de  divi- 


D' 

C 

\ 

\ 

\ 

D' 


CASSE-TtTb   GEOMETIUQL'ES  HI 

ser  deux  c6Ms  consecutifs  AB  et  BCdu  carreen  a  parties 

cg^ales  et  de  mener  des  pa- 
ralleles  a  ces  cotes  par  les 
points  de  division  ;  on 
voit  {/uj.  d)  la  construc- 
tion pour  «'  =  3'. 

Composer  un  carre  de  2a* 
carrcs.  —  Al'aidedu  pro- 
bleme  pre'cedcnl,  on  com- 
pose d'abord   deux     car- 
res  ABCD  et  A'B'C'D' con- 
stitues  chacun  par  «- car- 
res  eiemenlalres  (fig.  e). 
On     partaj^e     en  suite 
chacun  des   deux  carres 
ainsi   formes  au    moyen 
d'une   diagonale,  et  on  assemble  les   cjuatre  triangles 
B  c       B'  c'     rectangles  ainsi  obtenus  de 

telle  sorle  queleurs  sonimets 
d'angle  droit  soient  reunis 
enun  mSme  point  0 :  ils  don- 
nent  alors  un  carre  EFGH. 

Decomposer  un  carre  en 
'^d^  carrcs  cgaux.  — Solution 
inverse  de  la  precedente; 
les  triangles  rectangles  iso- 
c6les  formes  le  long  du  ponr- 
tour  du  carre  EFGH  etant 
assembles  deux  par  deux, 
donneront  des  elements  car- 
res  (ficj,  e). 

Composer    un    carre    dc 
d^-\-b^  carres  egaiix  (a^  b)^ 
—  On  forme  (fig.  /)  deux  rectangles  ABGD  et  A'B'G'D' 


Fig.  A 


112  UES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS   GtoMETRIQUES 

(lont  les  cdtes  sont  egaiix  k  a  et  f)  fois  le  c6t^  du  carr^ 
elemenlaire,  pais  on  divise  chacun  d'eux  par  une 
diagonale  en  deux  triangles  reclang^les  dont  Thypotenuse 
est  le  c6te  du  carrd  cherch^. 

En  disposant  ces  triangles  comme  il  est  indiqu^, 
on  obtient  le  carre  EFGH ;  nous  avons  suppose  sur  la 
figure  a  =  ^,  6  =  3.  Ce  procede  est  base  sur  la  relation 

Le  carre  entier  a^-\-h^  (EFGH)  est  formd  do  4  trian- 
gles d'aire  —  (EE'F,  FF'G,  ...)  etd'un  carre  cenlral  de 

c6l6  a  —  b  (E'F'G'H'). 

Decomposer  iin  carre  en  a^-^b^  carres  ^.qaux  (a'>h). 
—  La  construction  est  inverse  de  la  precedenle  ;  elle 

est  basee  sur  ce  fait  que 
dans  la  figure  /,  les  lignes 
de  division  partagent  les 
cotes  du  carre  en  « =:  5 
parties  egales ;  car  EE',  par 
exemple,  se  trouvant  di- 
vise en  5  parties  egales, 
il  en  est  de  mt^me  de  EF. 
Soil  done  un  carre  IJKL 
(fig.  fj)  ;  on  divise  ses  c6les 
en  a  parties  egales.  Desi- 
gnons  par  L",  F,J",K" 
le  {fi  —  i)'' point  de  division 
de  chacun  des  cotes  a  parlir 
dos  sommets  I,  J,  K,L; 
en  joignant  I  a  F',  J  k 
J",  k  a  K",  L  a  L",  on 
ll'J,   JJ'K,...    et    un    carre 


L". 


■/      >^\    - 


J" 


N 

P 

\ 

\( 

I 

\ 

\ 

V 

\ 

N' 

p 

\ 

V 

V 

\ 

\ 

k 

\ 

M' 


Q' 


obtient  quatre    triangles 

central  FJ'K'L'.  On  dispose  ces  triangles  deux  par  deux 


CASSK-TCTK   CEOMKTtUQllES 


113 


de  faQon  a  former  deux  rectangles  egaux  MNPQ  et 
M'NT'Q';  on  divise  les  cotes  MN  et  M'N',  NP  et  NT' 
de  ces  rectangles  respectivement  en  a  et  A  parties  egales, 
et  des  parallelcs  aux  antres  cotes  menees  par  les  points 
de  division  decornposent  chacun  des  rectangles  en  ab 
Carres.  11  ne  reste  plus  qu'a  partager  le  carre  central 
rj'K'L'en(rt  — 6)-  carres. 


2«  Cas :  Le  nombre  entier  n  n*kst  ni  un  carriS  ni  une 

SOMME  DE  DEUX  CARRES. 

Nous  resoudrons  d'abord  les  deux  questions  suivan- 
tes,  auxquelles  se  ramcne  le  problerne  propose,  ainsi 
que  nous  le  montrerons  plus  loin. 

Composer  un  carre  de  deux  carres  don,t  les  cdles  c  etd 
sont  quelconques  {c'>d).  —  Superposons  lecarr^AEFG 
de  cote  d  au  carre  ABCD  de  c6td  c 
de  soile  que  ces  deux  carres  aient 
un  angle  etun  cote  communs,  et 
prolongeons  EF,  GF  jusqu'a  leur 
rencontre  avec  CD  et  BC  en  I 
el  II. 

Le  carrt^  ABCD  decoup(?  par  GH 
et  FI  donne  :  1"  le  carre  FHCI  de 
cotd  c  —  d\  2"  le  reclangle  ABHG 
d'aire  cd,  qu'on  pent  diviser  en 
deux  triangles  rectangles  egaux 
par  la  diagonale  AH  ;  3"  le  rec- 
tangle GFJD.  Ce  dernier  forme 
avec  le  carre  AEFG  un  rectangle 
AEID  (J'aire  cd,  qu'on  peul  diviser 
par  la  diagonale  AI  en  deux  tri- 
angles rectangles  egaux  entre 
eux  et  a  ceiix  d'hyjotcnuse  AH. 

En  disposant  le  carre  FHCI  en  I'J'K'L'  et  les  qualre 

FouBREY.  —  Curios,  geom.  8 


/ 
/ 
/ 
/ 

F 

/ 
/ 
/        ^-^ 

/   ^^' 

l^-- - 

114  DES    DEFINITIOVS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOM^TRIQUES 

triangles  rectangles  obtenus  sur  son  pourlour  comme 
il  est  indique,  on  obtient  bien  un  carre  JKLM. 

Diviser  tin  carre  en  deux  autres,  le  cote  c  de  Vun  de 
ces  derniers  clant  donne.  —  Sur  les  quatre  cotes  dii 
carre  propose  JKLM  com  mo 
diametre,  on  dccril  des  demi- 
circonferences  sur  lesquelles  on 
porle  a  parlir  des  sonimets  J, 
K,  L,  M  des  cordes  Jl',  KJ', 
LK',  ML'  egales  a  c. 

On  demontre  sans  difficulle 
que  ces  cordes  dessinent  un 
carre  I'J'K'L'  et  quaire  triangles 
rectangles  cgaux  Jl'K,...  au 
moyeu  desquels  on  forme  les 
donx  Carres  dcmandes  en  suivant  en  sens  inverse  la 
construction  du  probleme  precedent. 

Composer  iin  carre  de  n  carres  egdux,  lenombre  en- 
tier  n  etant  quelconque.  —  On  salt,  d'apres  un  c6l6bre 
thcorenie  du  mathdmaticien  fran^ais  Fermat  (1601- 
1665),  que  tout  nombre  entier  est  soit  un  carr6,  soit 
unc  sorame  de  2,  de  3  ou  de  4  carrds  au  plus.  Nous 
laisserons  de  cdt6  les  deux  premieres  hypotheses,  qui 
ont  ete  consider^es  precedemment  (1"  cas). 

Si  n  est  de  la  forme  a^  ■^~  b- -\- c- -\- d^ ^  on  reunira 
c^  -\-  t)^  carrds  elementaires  en  un  seul  carre  k^  (1"  cas), 
puis  c^'-hd^  carres  en  un  autre  carre  P  (1"  cas)  et  en- 
fin  on  assemblera  A'  etP  au  moyen  de  la  premiere  con- 
struction pr^liminaire  (2*  cas). 

Si  n  est  de  la  forme  rt'+^^-f-c*,  P  se  rdduira  a  c* 
carrds  elementaires. 

Diviser  un  carre'  en  n  carres  egaux,  le  nombre  entier 
n  etant  quelconque.  —  Soient  n  =  a^  -\- b'^ -\- c^ -\-  d^  et  e 
le  cote  du  carre  donne :  ce  dernier  doit  6tre  divise  en 


CASSE-TKTE    GEOMETRIQUES  115 

n  Carres  de  cote  —zz .  On  peut  grouper  c^  -\-  6  -  de  ces  carrds 
pour  former  un  carre  A'^  I  A- =  (a^  +  6^)  —  j,etlesc^+c^^ 
carr^srestants  pour  former  uncarrc/^     L^  ^={c^-\-d}')—  1. 

D'autre  part,  la  longueur  A' 5=\  / — — —  c  peut  etre 

y         n 

de'termlnde  par  une  construction  geomctrique  connue. 
Ayant  trouve  k,  on  decomposera  le  carre  propose  e-  en 
deux  autres  /r  et  /-  dont  I'un  k^  est  donne  (2*  prop""  prel™), 
ct  il  nc  restera  plus  qu'a  diviser  A^  et  /-  respectivement 
en  a- -4- 6-  et  c'-^-d^  carres  egaux,  probleme  resolu  an- 
terleurement  (l"  cas). 

Cas  particuliers.  —  La  melhodc  generale  que  nous  ve- 
nous d'exposer  peut  eirc  assez  compliquee  dansl'appli- 
cation,  surtout  lorsque  n  est  quelconque  ;  on  peut  trou- 
ver  dans  certains  cas  particuliers  des  solutions  directes 
plus  rapides. 

Composer  un  carre  de  3  carres  egaux.  —  Com  me 
3:=  l^  +  l^-f-l^,  on  voit  qu'on  aurait  ici  a  utiliser  la 
construction  du  2"  cas  si  Ton  employait  lamethode  ge- 
nirale.  JVIais  on  peut  donner  de  ce  probleme  une  ele- 
gante solution  qui  lut  indiquee  par  Aboul  WafS.  dans 
une  reunion  degeometres  et  depraticiens.  Leprobl6me 
pose  dans  cette  reunion  avait  pour  objet  de  cUcouper 
mate rie 'dement  trois  briques  carrees  de  maniere  d  former 
un  carre  avec  les  fragments  obtenns. 

Soicnt  ABGD,  AiB,CiD,,  AaB^CiDjles  3  carres  e'gaux ; 
divisons  c'lacun  des  deux  derniers  en  deux  parlies 
egales  par  une  diagonale  etdisposons  les  triangles  ob- 
tenus  le  long  du  contour  du  premier  comme  nous 
I'avors  indique  sur  la  fig.  ci-apres  en  AEB',  BFC,  ... 
En  joignant  maintenant  les  points  E,  F,  G,  H,  on  ob- 


116 


DES   DEFINITIONS    ET   DEMONSTKATIONS    GEOMETfilQUES 


tienl  un  quadrilal^re  EFGH  qui,  ainsi  qu'on  le  demon- 
Ire  aisement,  est  un  carr6.  Or  les  triangles  A"A'H  et 
A"AE,  B'B'E  etB'BF, ...  sonl  ogaux  enlie  eux,  desorle 


Lc'  h. £i        h 9t 


A.  D.  A 


qu'en  decoupant  les  triangles  A"A'H,  B"B'E,  ...  et  les 
metlant  a  la  place  de  A"AE,  IV'BF, . . . ,  on  forme  bien  mate- 
riellemcnt  le  carre  El^GH  au  moycn  des  3  caires  donnes. 

Composer  un  carre  de  5  carres  egaiix.  —  La  solution 
que  nous  aliens  donner,  inspirc^e  de  la  pre'cedente,  est 

plus  rapide  que  celle  resultant 
de  la  methode  generale  (l*"" 
cas:  o  =  l'-f-2'). 

Disposons  autour  d'lin  des 
carres,  ABCD,  les  4  aiitres  en 
AEB'B,  BFC'C,  ...  etjoignons 
EaF,  FaG, ...:  EFGH  est  un 


c' 


tJ    B"/ 

B          C 

C' 

llfffffW 

G 

f 

J 

A        D 

F'D-  1 

tt' 

carre.     Commc    les   triangles 


A 


A" AH  et    A"AE,    B'B'E    et 

B'BF, ...  sontegaux  entre  eux, 

on  voit   qu'en    decoupant   les 

triangles  A"A'H,    B"B'E,  ...   et  les   portant  en   A"AE, 

1>  BF,  ...,  on  obticnt  bien  le  carre  EFGH  au  moyen 

des  0  carres  donne's. 


CASSE-TETE   GEOMETRIQUES  117 

II.  —  Solution  (Ic  iMoiitucla  (1778).  —  Composer  tin 
carre  de  n  cari-es  egaux,  c  etant  le  cote  commun  des  n 
Carres  donnes. 

On  peut  loujours  formar  un  rectangle  au  moyen  de 
ces  n  Carres,  par  exemple  on  les  jnxlaposant :  le  rec- 
tangle dont  il  s'agit  aura  aloi's  pour  base  nc  ct  pour 
hauteur  c.  Le  probleme  se  trouve  ainsi  ramene  au 
suivaut : 

Convertir  un  rectangle  en  iin  carre  equivalent  par  une 
transposit to n  d 'elcmen ts. 

Soit  AHGD  le  rectangle  donne,  de  cotes  ABr=:«  et 
BC  =  h  {a<^lj)  ;  du  point  A,  avecune  ouverture  de  com- 
pas  6gale  a  la  moyenne  proportionnelle  cntre  AB  et 
BC,  decrivons  un  arc  de  cercle  qui  coupe  BC  en  un  cer- 
tain point  E.  Elevens  en  E  sur  AE  une  perpendiculaire 
qui  rencontre  AD  en  un  certain  point  I.  On  peut  faire 
les  deux  hypotheses  suivantes  :  l"  I  est  situe  en  dehors 
du  segment  AD  ;  2"  I  est  situe  entre  A  et  D.  Le  caspar- 
ticulier  oii  I  se  con  fond  avec  D  se  deduit  aisement  des 
deux  autres  cas  gen^raux. 

l"  Cas  :  I  en  dehors  de  AD.  —  Cette  hypoth§se  peut  se 
Iraduire  par  I'inegalite  b  <^2a.  On  doit  en  effet    avoir 

AI  >  AD  ou  -  - —         =  >6;  en  simplifiant,  on  trouve 

yad  —  ci^ 
/y<2«. 

Menons  par  D  une  parallele  a  AE  qui  rencontre  BC 
en  H,  ct  les  perpendiculaires  elevees  en  A  et  E  a  AE, 
respectivement  en  G  et  F. 

'  Les  rectangles  ABCD  et  AEFG,  equivalents  separe- 
ment  auparallelogramme  AEIID,  sont  equivalents  entre 
eux.  Or,  aire  ABCD  =  ABx  BC  =  AE  ;  le  rectangle 
AEFG  est  done  un  carre,  puisque  sa  base  etant  AE,  sa 
hauteur  est  aussi  AE. 

Prenons  maintenant  a  parlir  de  A,  sur  AE,  AM  =  DF, 


Its  DES    DEFINITIONS   ET   DEMONSTRATIONS   gEomEtRIQUES 

et  sur  AD,  AL  =  EC ;  6levons  en  M  et  L  des  perpon- 

diculaires  Ji  AE  ot  AD, 
et  designons  pour  sim- 
plifier  par  des  chillres 
les  di  lie  rents  frag- 
ments obtenus,  ainsi 
que  nous  I'avons  indi- 
que  sur  la  ilg.  ci- 
contre. 

Les  triang^Ies  ABE 
et  CDH  6tant  egaux, 
ainsi  que  2  et2',  il  en 
est  de  meme  de  <i  et 
3".  Les  triangles  EFH  et  AGD  etant  egaux,  ainsi  que  4 
et  4',  il  en  est  de  meme  de  3"  et  3'  et  par  suite  de  3  et  3'. 
Les  fragments  1,  2,  3,  4  du  rectangle  donne  ABCD 
donneront  done  par  leurnouvel  arrangement  1,2',  3',  4' 
le  carre  AEFG. 

20  Cas  :  I  entre  A  e/  D.  —  On  a  ici  A>  2«.  Menons 
par  D  une  parallele  ^  AE  qui  rencontre  BC  en  II  et  les 
perpendiculaires  6levees  en  A  et  E  a  AE,  respective- 
menten  G  et  F.  On  d^montrerait  comme  pour  le  1" 
cas  que  AEFG  est  un  carre. 


Porlons  surBC  des  longueurs  EE',  E'E",  F'E'", ...  ega- 
les  entre  elleset  a  AI,  jusqu'a  cequ  on  arrive  h.  depasser 


CASSE-TtTE  GEOMETKIQUES  119 

le  point  C,  et  par  les  points  E',  E",E'",...nienonsdespa- 
rall6les  a  EF ;  puis  prenons  sur  EA,  EK=:UF'"  et  au 
point  K  elevens  une  perpendiculaire  KJ.  Le  rectangle 
AliCDestainsi  partage en  des fragments  1,  2,  3,  4,5,6, ... 
qui  par  un  nouvel  arrangement  1,2,  3',  4',  5',  6',  ... 
I'ormeront  le  carre  AEFG. 

En  elFet,  on  pent  passer  du  rectangle  AHCD  au  paral- 
lelogramme  AEHI)  en  Iransportant  le  triangle  AHE  sur 
son  egal  DCH.  On  p(Mit  ensuite  passer  du  parallelo- 
gramme  AEHI)  au  carre  equivalent  AEFG  de  la  ma- 
niere  suivanle.  Remarquons  d'abord  que,  dans  le  cas 
de  figure  conside're,  YD  =  AD  —  3AI  r=E'"H  ;  les  trian- 
gles rectangles  EVH  et  l"F"D  sont  done  egaux  et  on  a 
E"T'"—  FF";  on  voit  dememequeE'T"  =  I'F',  E'F'  =  IF. 
Nous  pouvonsdonc  faire  glissersuccessivementle  trian- 
gle E'"F'"H  en  1"F"D,  puis  le  trapeze  F"E"E'"F'"  (forme  de 
I"E"E'"F'"  et  de  FF"D)  sur  son  egal  FITF",  puis  le  tra- 
peze F'E'E'T"  (forme  de  I'E'ET  et  de  F'lTT'O  sur  son 
egal  FIFE',  et  enlin  le  trapeze  FEET'  (forme  de  lEE'F 
et  de  FIFF')  sur  son  egal  AIFG. 

On  obtient  de  cette  faQon,  pour  ainsi  dire  m6canique- 
ment,  la  position  que  doivent  occuper  les  fragments 
du  rectangle  donne  pour  constituer  le  carre  AEFG. 

Remarque.  —  La  solution  de  Montucla  que  nous 
avons  d'ailleurs  completee  et  sensiblement  modiliee  en 
ce  qui  concerne  le  2"  cas,  n'est  au  fond  qu'un  cas  parti- 
culier  de  la  methode  generate  de  M.  Guitel  pour  la  de- 
composition des  polygenes  equivalents  en  elements 
superposables,  methode  que  nous  exposerons  dans  le 
paragraphe  suivant. 

Decomposer  un  carre  de  cole  G  en  n   carres  egaux. 

' —  Le  cote  c  d'un  des  n  carres  6lementaires  est  donn^ 

G 
par  I'expression-^.  On    pourra  done  former  un  rec- 

\'n 


420 


UtS    UtFLMIlOiNS    liT    DEMO^S■|•|lAI■|ONS    (iliOiMETlUQUES 


tangle  contenant  n  carres  et  equivalent  au  carrddonne; 
on  se  Irouve  ainsi  raniene  a  la  consliuclion  pr^c^deule. 


llltant  donne,  parexcmple,  lecarre  AEFG  qu'il  s'a^it 
de  decomposer  en  3  carres  dgaux,  on  determine,  soit 
numeriquement,  soit  graphiquement,  la  valeur  de  Tex- 

AF 

pression  — A,  qui  donne  la  hauteur  du  reclan"^le  ABCD 

formd  dc  3  carres  egaux  et  dquivalent  a  AEFG, 

En  procedant  comme  il  a  etc  indique  au  2"  cas,  on 
est  conduit  a  sectionner  le  rectangle  ABCD  suivant  les 
droiles  AE',  E'l  et  JK  :  on  obtient  ainsi  8  ele'ments  qui, 
disposes  autrement,  forment  un  carre  AE'F'G'.  Nous 
avons  reporle  sur  le  carre  AEFG  la  position  de  ces  ele- 
ments qui,  inverscment,  peuvent  reproduire  le  reclan- 
gle  ADCD  formd  de.3  carres. 

III.  Solution  tie  M.  Porlgal  (1875).  —  M.  Perigal 
n'a  en  realite  tiaite  que  la  question  suivanle  :  Convertir 
un  carre  en  un  rectangle  equivalent  donl  un  cote'  est 
donne.  Mais  on  peut  aisement  adapter  sa  tres  simple 
solution  au  probleme  ci-apres  auquel,  nous  venons  de 
le  voir,  on  peut  ramener  la  question  de  composition  et 
de  decomposition  des  carres. ' 


CASSE-TI-TE  GEOMETRIOUES 


121 


Convertir  tin  rectangle  en  iin  carre  iquivdlent  par  une 
transposition  d'e/ements.  —  Soient  ABCD  le  rectangle 
do  cotes  AB  =  ff,  BC=:^  («</>)  et  EAFG  lo  carre 
Equivalent  de  cote  c=:\/ab  que  nous  juxlaposons  a 
ABCD  de  facon  que  le  sommet  A  soitcommun  et  que 
lescoles  AD  et  AF  se  trouvent  surunemfimedroite.  Me- 
nons  DE  ;  nous  dislinguerons  deux  cas,  selon  quelapa- 
rall^le  h  DE  menee  par  C  rencontre  AD  en  un  certain 
point  L  situe  sur  le  segment  AF  ou  sur  le  segment  FD. 

1"^  Cas  :  L  sur  AF,  —  Par  A,  C,  F  faisons  passer  des 
paralleles  AI,  CL  et  FP  a  DE. 
Divisons  maintenant  le  pa- 
rallelogramme  AICL  en  deux 
trapezes  par  une  paraliele  quel- 
coiique  JK  k  AB  ;  prenons 
ensuite  sur  FP,  FN  =  AJ  et 
par  N  menons  NO  parallole 
a  EG.  Le  rectangle  el  le  carre 
considerds  sont  alois  divises 
chacun  en  4  elements  super- 
posables. 

En  effet,  les  triangles  scm- 
blables  EAD  et  PAF  donnent 


—  ■=—',      d  ou 
AP       c  ' 


AP 


=  a  =  AB. 


On  monlrerait  de  la  m6me  faQon  que  MG=«=CD; 
les  triangles  rectangles  1  et  1',  4  et4'  sont  doncegaux. 
On  voit  aisement  que  les  trapezes  2  et  2',  3  et  3'  sont 
respectivemenl  cgaux. 

La  construction  comporte  une  infinite  de  solutions, 
puisque  la  position  de  la  droiteJK  est  arbitraire. 

Le  cas  de  figure  que  nous  venons  de  consirlerer  cor- 
respond a  I'inegalite  b  <  4«.  En  efTet,  L  etant  sur  AF, 


122  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTHATIONS    GEOMETRIC 'J  ES 

on  doit  avoir  AL  <  AF;  il  enresulte  ALH- AF  <  2AFy 
ou,  puisque  AF  =  EG  =  LD,  AD  <  2AF,  c'est-^-dire 
b  <  2\/ab  et  enfin  b  <  4a. 

2eCas:  Ij  siir  FD.  —  On  a  ici  h'>ka.  On  ne  pcut 
plus  alors  menerla  droite  JK  entre  les  deux  paralleles 
AI  el  LC,  et  la  construclion  pyecedente  n'a  plus  lieu. 

M.  I'erigal  n'a  pas  envisage  cette  hypothese,  en  sorte 
que  la  demonstration  est  incomplete,  mais  on  pent  la 
parfairc  comme  suit. 

On  porte  le  c6te  AF  du  carrc  sur  FD  autant  de  fois 
qu'il  est  possible  sans  toutefois  depasser  le  point  L.  Par 
les  points  A,  F,  X...,  L  on  mene  a  DE  des  paralleles 
qu'on  prolonge  de  maniere  h  traverser  le  rectangle 
ABGD  et  le  carreEAFG,  puis  par  F,  X...  des  paralleles 
a  AB. 


0    c 


J'-'D 


Enfin  on  fait  p-sser  paralleloment  a  AB  une  droite 
arbitraire  JK  qui  divise  en  deux  trapezes  le  paralielo- 
gramme  XQGL;  on  p.rend  SN==GK,  et  on  mene  NO 
parallele  a  EG. 

Dans  le  cas  de  figure  repr^sent^,  on  a  ainsi  divis6  le 
rectangle  ABGD  et  le  carre'  EAFG  en  6  triangles  rec- 
tangles %aux  entre  eux  et  en  2  trapezes ;  chacun  des 
triangles  du  rectangle  est  d'ailleurs  ^gal  a  chacun  des 
triangles  du  carrd  co.   -ne  ayant  les  angles  egaux  et  un 


CASSE-TETE  GtOMF.TRIQUES 


123: 


c6te  €ga.\  ABr=IF  =  ...  =  AP  =  PR...  D'autre  part, 
les  trapezes  7  et  7',  par  oxemple,sonl  dgaiix,  car  ils  ont 
les  angles  egaux,  mcme  hauteur  el  une  base  egale. 

REMAfxQUE.  —  La  solution  que  nous  venons  d'expo- 
ser  conduit  a  une  construction  plus  rapide  que  celle  de 
Monlucla.  Elle  est  aussi  plus  simple,  car  ici  la  con- 
struction du  !*"■  cas  est  utilisee  lant  qu'on  a  A  <  4«,  lan- 
dis  qu'avec  la  solution  de  Montucla  on  ne  se  trouve- 
dans  le  1"  cas  que  si  b<,2a. 


Application. 


1 

3/" 

s 

1  ^^ 

^ 

y^l 

'> 

6 

8 

1' 

5' 

r 

^ 

8' 

A 

U-    gr 

Composer  tin  carre  de  3  carrr.s  egaiix, 
' —  Nous  n'avons  qu'a 
appliquer  ici  la  regie 
relative  au  1"  cas.  La 
figureestsutiisammont 
claire  pour  nous  dis- 
penser d'explications. 
Nous  signalerons  tou- 
tefois  que  nous  avons 
iait  passer  la  droitc  de 
division  du  parallelo- 
grammeAlCLparlafin 
d'obtenir  un  plus  petit 
nombre  d'elements. 


IV.  Solution  de  M.  de  Coalpont  (1877).  —  Decompo- 
ser un  carre  de  cote  Q,  en  n  canoes  egaux.  —  Soil 
n  =  3;  sur  le  c6t^  BC  du  carre  donne  ABCD,  portons 
une  longueur  BK  egale  au  cote  c  d'un  des  3  carr^s,  soit 

C       /  C  \ 

€gale  a  --      /  — —  pour  n  carr^s  ). 

\jl      \sfn  j 

D^crivons  une  circonference  ayant  m6mc  centre  que 
le  carr6  ABCD  et  un  diamfetre  egal  a  c  et  menons  les 
tangentes  suivantes  a  cette  circonference :  IP  passant 


124  DtS    DEFINITIONS    KT   DEMONSTRATIONS   GEOMETRIQUES 

par  I  milieu  de  KC,  RS  et  TU  perpendiculaires  a  IP, 

ct  NV   parallele   h  la 

F  memc  droile  JP.  Pic- 

nons  enfin    NR  =  IG 
• 

ct  elevons  les  perpen-' 
diculaires  KL  et  RQ  a 
BG  et  AD  :  le  carre 
propose  se  trouvc  alors 
decompose  en  Irag- 
menls  qui,  assembles 
d'une  autre  maniere, 
donneront  im  rec- 
tangle EFGH  forme  de 
3  Carres  egaux  juxtaposc's,  Ic  carre  RTUS  trace  en  pre- 
mier lieu  elant  le  carre  ceniial. 

On  voit  en  cfTct  aisement  que  les  triangles  4  et  4', 
5  et  5',  les  trapezes  6  et  6',  7  et  7'  sont  respectivement 
egaux ;  les  elements  1,  2,  3  sont  communs  aux  deux 
figures. 

Si  n  etait  superieur  a  3,  on  obtlendrait  de  la  meme 
facon  la  position  du  rectangle  EFGIl  et  on  efTecluerait 
sans  difficulte  la  decomposition  du  carre. 

On  pent  obtenir  une infinite  de  solutions  autres  que 
celle  rfSsultant  de  la  construction  precedente,  en  faisant 
glisser  le  rectangle  EFGH  parallSlement  a  lui-meme 
de  faQon  que  le  sonimet  E  reste  sur  la  droite  BE  ;  les 
triangles  et  trapezes  qui  no  sont  pas  communs  aucarr^ 
et  au  rectangle  restent  egaux  entre  eux. 

Composer  un  carre  de  n  carres  egaux  'de  coti  c.  — 
On  determine  le  cute  G  du  carre  cherche  au  moycn  de 
la  relation  G  =  cy//i,  et  on  opere  comme  au  probleme 
prdcedent. 

BIBUOORAPHIE 

F.  WoEPCKE.  —  Analyse  el  exit  ails  d'uti  reciieil  de  construclions  giomi- 
triques  d'AboCd  Wa[d.  J»'  Asiat.,  "1"  scm.  Iboo. 


CASSE-TETE  GEOMETIUQUES  123 

OzANAM,   revu  par  M.  de  C  G.  F.  (Montucla).  ^- Recvdulions  mathe'ma- 

tiques  et  physiques,  tome  1.  Paris  1778,  in-S». 
Henry  Peuigal.  —  Gcomeirical  dissections  and  transformations.  Messenger 

of  Mutliem.,  187o. 
Paul  Bussciiop.  —  Probleme  de  Geometric.  N'«  Corresp.  Matli.,  1876. 
DE  CoATi'oi-ix.  —  Sar  un  probleme  de  M.  Busschop.  N""  Corresp.  Matli., 

1877. 

§  3.  —  Decomposition  de  polygones  equivalents  en 
Elements  superposables. 

L'objet  de  cette  question  est  le  suivant  :  Etant  don- 
nee  line  figure  polygonale  A,  il  s'agit  de  la  decomposer 
en  elements  qui,  assembles  a'une  autre  facon,  donnent 
une  figure  polygonale'^  de  forme  donnee  et  equivalente 
a  la  premiere. 

La  possibilite  de  cette  operation  parait  avoir  ete  de- 
montree  pour  la  premiere  fois  par  le  savant  hongrois 
BoLYAi  (1832-33);  la  decomposition  effeclive  (pour  les 
polygones  plans  et  spheriques)  a  ete  indiquee  par  un 
officier  allemand,  Gkrwien,  en  1833,  puis  par  divers 
auteurs.  En  nous  limilant  a  ceux  d'entre  ces  derniers 
dont  nous  avons  pu  consulter  les  travaux,  nous  cite- 
rons  MM.  Sevene  (1867),  Guitel,  S.  de  la  Campa,  de 
Ceuta,GERARD(1895),ELLiNGHoLST,deChrisliania(1896). 

Nous  suivrons  a  peu  pres  textuellement,  sauf  avis 
contraire,  la  methode  de  M.  Guitel  qui  nous  parait  elre 
la  plus  pratique  dans  Tapplication, 

I.  Les  figures  A  et  B  sont  des  paralleloyranimes 

ayant  une  base  eoiiiniuiie 
et  nienie  hauteur.  — Soient 
les  parallelogrammes  ABGD 
et  AB'G'D  ;  on  pent  distin- 
guer  deux  cas,  suivant  que 
B'G'  empiete  ou  non  sur  BG. 

l^""  Cas.  —  On  passe  alors  de  la  premiere  figure  a  la  se- 
conde  en  transportant  le  triangle  ABB'  sur  son  egal  DGG'. 


i26 


DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMEmiOUES 


2«  Cas.  —  On  porte  success! vement  sur  le  cole  op- 
pose a  la  base  commune  AD,  et  a  partir  de  B',  des  seg- 
ments egaux  h  B'C  autant  de  fois  qu'il  est  n6cessaire 
pour  que  le  dernier   empicte  sur  le  segment  BG.  Par 


Fi".   a. 


Fig.   h. 


Fix.  c. 


Fill.    d. 


les  points  ainsi  obtenus  E,  F,.,.,  on  mhnc  des  paiallcles 
h.  CD.  Le  parallelogramme  ABCD  est  alors  decompose 
•en  polygones  qui  peuvent  reproduire  AB'C'D. 

Portons  en  effet  I'^lement  1  {/ig.  a)  en  CGE  (/?y.  b)  ; 
puis  le  trapeze  JIFE  (/?<7.  A),  compose  des  elements  1 
et  2,  enOEB'H  (/ig.  c);et  en  fin  le  trapeze  A  JEB'(/?^.  c), 
compose  des  elements  1,  2,  3,  en  DHB'C  (Jig.  cl):  on 
•obtient  ainsi  le  parallelogramme  AB'C'D. 


CASSE-TETE    GEOM^TRIQUES  127 

La  construclion  des  figures  successives,  que  nous 
avons  donnees  simplement  pour  plus  de  clarte,  serait 
bien  enlendu  inutile  dans  la  pratique  ;  la  premiere, 
completee,  suffirait. 

Voici,  pour  Ic  2*  cas,  la  construction  de  M.  Elling 
Hoist.  Soit  E  le  point  de  rencontre  des  c6tes  CD  et  AB'; 
on  porle  DE  sur  AB  et  AE  sur  DC  autant  de  fois  qu'il 
€st  possible.  Paries  points  ainsi  obtenus,  II,  G, ...  sur  AB 
et  II',  F', ...  sur  DC,  on  menedes  parallelesrespective- 
ment  aux  cotes  de  AB'CD  et  aux  cotes  de  ABCD  ;  les 
polygones  ainsi  determines  dans  chaque  parall6lo- 
gramme  sont  egaux  cliacun  achacun. 


Avec  la  premiere  construction,  le  nombre  d'elements 
est  moindre,  mais  11  y  a  lieu  de  remarquer  qu'en  grou- 
panl  convenablement  les  elements  que  nous  obtenons 
ici,  1,  2  et3,  4  et  5,  6,  on  retombe  pr^cisement  sur  les 
fragments  donnes  par  Tautre  solution. 

II.  I.es  figures  A  et  B  sont  des  parall^logram- 
mes  equivalents.  —  Soient  les  parallelogrammes  equi- 
valents ABCD  et  A'B'CD'.  II  est  Evident  que  le  plus 
grand  cote  A'B'  du  second  est  plus  grand  que  la  plus 
petite  hauteur  du  premier  et  pent  etre  inscrit  en  AB' 
cntre  les  deux  bases  AD  et  BC  relatives  k  cette  hauteur. 

Supposons  done  A'B'CD'  placd  en  AB'CD'  et  soient 
C",  D"  les  points  d'intersection  de  CD'  avec  BG  et  AD. 


128  DES    DEFINiTlOiNS    ET    DEMO.WSThATIONS    CEOMETRIOIES 

Le    parallelogramme  AB'C'D",    qui    est  equivalent    h 
A'JJ'C'D',  est  par  consequent  aussi  equivalent  a  AliCD. 


c"     .V B' 


Fr?.  a. 


ABCD  et  AB'C'D"  ayant  memo  haulenr,  ont  aussi  m^me 
base  et  AD"  =  AD  ;  ainsi  WC  passe  par  D. 

Nous  avons  done  pu  inscrire  les  deux  parallelo- 
grammes  donnes  i'un  dans  I'autre  de  sorle  qu'ils  aient 
un  sommet  commun  A  et  que,  pour  cliacun  d'eux,  un 
des  cdtes  passant  par  A  soil  inscrit  entre  deux  cotes 
opposes  de  Taulre  parallelogramrae. 

Cela  etant,  nous  allons  montrer  comment  on  pent 
efTectivement  decomposer  ABCD  de  manicre  a  obtenir 
A'B'G'D'  par  un  nouvel  arrangement  des  elements. 
Pour  simplifier  les  figures,  nous  supposerons  que  nous 
nous  trouvons  dans  les  conditions  du  l*''cas,  I. 

On  passe  d'abord  de  ABCD  a  AB'C'D  en  decou- 
pant  ABB'  et  le  portant  en  DCC"  (/?^.  6).  On  passe  en- 
suite  de  A'B'G'D'  (ou  de  AB'C'D')a  AB'C'D  en  decou- 
pant  ADD'  etle  portant  en  B'C'C  (/tg.  c). 

Superposons  maintenant  ces  deux  compositions  de 
AB'C'D  (/?«y.  d)  el  decoupons  cette  derniere  figure  sui- 
vant  B'C  et  CD  :  on  obtient  ainsi  4  fragments  qui  per- 
meltent  de  passer  directement  de  ABCD  a  A'B'C'D'. 
Les  fig.  e  et/  donnent  la  disposition  presentee  par  ces 


CASSE-TETE   GEOM^TRIQUES 


129 


fragments     pour     former    respectivement    ABCD    et 
A'B'G'D'. 


Fig.  d. 

Rkmabques.  —  1°  Onvoit  siir 
la  iig.  a  que  les  parallelo- 
}-rammes  AB'C'D'  et  AB'C'D" 
ont  line  base  commune  AW  et 
que  les  bases  opposees  CD' 
et  CD"  sont  dirigees  suivant 
une  meme  droite.  Ce  resultat 
subsisle  evidemment  si  A'  se  Irouve  en  un  point  de  AD 

different   de  A  : 
^  ^'  ^  ^'"    Je      parallelo- 

gramme  qui  sert 
de  comparaison 
enlre  ABCD  et 
A'B'G'D'  se  Irou- 
ve alors  reporte 
en     A'B'C'D" 

On     etendrait 


Fi?-  9- 


sans  difficulty  a  ce  cas  de  figure  la  decomposilion  que 

FounaEY.  —  Curios,  reom.  9 


130  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    CtoM^RIQUES 

nous  avons  donnee  sur  les  fig.  b  kf\  nous  en  Irouve- 
rons  (I'ailleurs  une  application  dans  la  suite. 

2"  Ainsi  que  nous  I'avlons  annonce,  on  voit  que  la 
solution  de  Monlucla  (§  2)  pour  convertir  un  rectangle 
en  un  carr^  equivalent  n'est  qu'un  cas  particulier  de 
la  construction  que  nous  venons  d'exposer  pour  trans- 
former un  parallelogramme  en  un  parallelogramme 
Equivalent. 

III.  Les  figures  A  et  B  sent  un  triangle  et  un  paral- 

lelogramme equivalents  ayant 
memebase. — Soient  ABC  et  ADEG 
le  triangle  et  le  parallelogramme 
considerds.  ParB,  menonsBGparal- 
lele  a  AD :  BG  =  AD  =  EG.  Les  tri- 
angles BGF  et  ADF,  BGH  et  CEH 
sont  respectivement  egaux. 

On    passera    done   du    triangle 
ABG   au   parallelogramme  ADEG 
en  porlant  BGF  en  ADF  et  BGH  en  CEH. 

IV.  Les  figures  A  et  Bsontun  polygene  quelcon- 
que  et  un  parallelogramme  Equivalents.    —   Soit  un 

poylgoneABCDE...  X.  Me- 
nons  la  diagonale  AG.  On 
peut   convertir   le   triangle 
ABGen  un  parallelogramme 
equivalent  IHGA  (Hi)  ayant 
un  de  ses  coles  lA  sur  AX, 
puis   ce    dernier  parallelo- 
gramme en  un  triangle  JGA 
ayant  Egalement  un  cote  J  A 
sur  AX ;  pour  cette  derniere 
construction,  si  J  est  tel  que  IJ  =  AI  et  si  K  estle  point 
de  rencontre  de  HI  et  CJ,  il  suffira  de  transporter  le 
triangle  KHG  en  KIJ. 


CASSE-TftTE   GEOMETRIQUES  131 

On  a  done  ainsi  obtenu  par  une  transposition  d'ele- 
ments  ua  polygone  AJCDE...  X  equivalent  au  propose 
et  ayant  un  c6te  de  moins. 

En  operant  de  proche  en  proche  de  la  meme  fagon, 
on  finira  par  obtenir  un  triangle  que  Ton  pourra  de- 
composer en  elements  reproduisant  le  parallelogram  me 
doun6 B. 

V.  Les  figures  A  et  B  sont  des  polygones  equi- 
valents. —  On  de'compose  les  polygones  A  etB  de  maniere 
a  obtenir  des  parallelogram mes  equivalents  C  et  D  ; 
on  decompose  ensuite  C  et  D  de  maniere  a  pouvoir 
passer  de  Tun  h  I'autre  de  ces  parallelogrammes.  Ces 
deux  decompositions,  superposees,  determinent  les  ele- 
ments qui  per.metlent  de  passer  directement  de  A  a  B. 

Applications.  —  En  s'appuyant  sur  les  principes pre- 
cedents, M.  GuiTEL  a  imagine  plusieurs  scries  de  cassc- 
l^te  dont  I'objet  peut  6tre  enonce  ainsi  :  Etant  donnc 
line  figure pohjgonale,  former  ie  carre  cqiiivatent  par  inie 
transposition  a'ilements. 

On  commence  par  convertir  la  figure  donnee  en  un 

paralleiogramme     ABCD, 

puis  celui-ci  en  un  second 

' "      A  B'C'D  dont  un  cote  scrait 

celui  du  carre  equivalent  ; 

on  decompose    ensuite  cc 

carre  AB'C'D'  en  fragments 

qui     puissent    reproduirc 

AB'C'D.    En    superposant 

ces  deux  compositions  du 

paralleiogramme  AB'C'D, 

on  le  divisc  ainsi  en  un  certain  nombre  d'dlemenis  qui 

permettent  do  passer  directement  de  la  figure  donnee 

au  carre  AB'C'D'. 


132  DBS    DEFINITIONS   ET   DEMONSTRATIONS  GtoMETRIQUES 

On  pourra  avoir  avantage,  dans  certains  cas,  k  utili- 
ser  la  remarque  1°  de  II,  pour  diminuer  le  nombre  de 
ces  elements. 

Nous  donnons  ci-apr6s  trois  applications  de  la  r^gle 
prec^denle,  choisies  parmi  celles  qui  nous  ont^t^obli- 
geamment  communiqudes  par  M.  Guitel. 

Sur  nos  figures,  nous  distinguons  les  lignes  du  po- 
lygone  donne  par  des  traits  forts,  celles  du  carre  equi- 
valent par  des  traits  fins,  et  enfin  celles  du  parallelo- 
gramme  de  comparaison  pardes  traits  fins  interrompus. 

Composer  tin  carri  au  mo  gen  de  3  c  arris  donn6s.  — 
Juxtaposons  les  3  carres  donnas  de  maniere  k  former 
un  rectangle  ABCD  (Jig.  a)  ;  inscrivons  ensuite  dans  ce 
rectangle  le  c6t^  A'B'  du  carre  Equivalent  de  telle  sorte 


Fig.   B. 


que  B'  coincide  avec  le  sommet  supdrieur  de  droite  du 
second  carre,  afin  d'avoir  le  nombre  minimum  d'El6- 


CASSE-TETE   GEOMETRIQUES  133 

ments  (Si  A'  se  trouvait  en  A,  la  construction  donne- 
rail  8  elements  au  lieu  de  7.  Voir,  §  2,  solution  de  la 
K€me  question  par  le  proc^d^  de  Montucla). 

On  passe  du  rectangle  ABCD  au  parallelogramme  de 
comparaison  A'B'C'D"  (Jig.  a)  en  transportant  ABB'A' 
en  DGC'D".  On  passe  du  carre  A'B'C'D'  au  parallelo- 
gramme A'B'C'D"  {ficj.  b)  en  portant  (I,  2"  cas)  G"D"  de 
D"  enF',  menaat  la  parallele  F'E'  a  A'D",  transporlant 
le  triangle  D^E'F'  en  G'DD",  puis  le  trapeze  E'A'D"F' 
en  DB'C'D"  ;  D'E'  (ou  DC')  vient  se  placer  en  GH. 


B' 


r\  ^y 

Fig.  e. 

y 

7 

1"    fX 

y^ 

b 

fi 

\ 

y            y 

y^ 

\ 

/           y 

A' 
B 


D" 


\   '*/      \ 

t       IX      \  ' 


Fij.  J. 


En  superposant  les  deux  compositions  ainsi  oMennes 
pour  A'B'C'D"  {fig.  c),  on  oblient  7  ele'mcnts  qui  pcr- 
mettent  de  passer  directement  de  ABCD  h  A'B'G'D'. 

On  yo\t(/ig.  d  et  e)  quelle  disposition  il  convienl  de 
donner  a  ces  elements  pour  former  ABCD  et  A'B'C'D'. 

Convertir  unhexagone  rigulier  en  un  carri.  —  Dlvi- 
sons  riiexagone  donne  ABEFGH  en  deux  trapezes  iso- 
celes  que  nous  juxtaposons  de  maniere  a  former  ua 
parallelogramme  ABGD  (Jig.  a). 


134  DES   DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS   GEOMETRIQUES 

On  opere  ensuite  comme^dans  la  question  pr(5cedente 

BE  G 


/ 


/ 


^ 

A'  A\ 


/    D" 


Fig.  a. 


H         '        G 


H  G 

Fig,  d.  Fig.  e. 

Les  figures  ci-dessus  nous  paraissent  suffisamment  d^- 
taillees  pour  que  des  explications  soient  inutiles. 


CASSE-TETE   GtoM^TRIQUES  435 

Vo?ivertir  en  un  carre  la  figure  form^e  par  deux  car- 

B'  F  C"       ^^^    inegaux    juxta- 

A 1 

S/ 


poses.  —  Soient  les 


A' 


B' 


M              S 

A 

1       / 

deux  Carres  inegaux 
A'MON  et  NBTQ 
juxtapose's  comme 
I'indique  la  fig.  «.  On 
sail,  d'apres  le  iheo- 
reme  de  Pythagore, 
que  A'B'  est  le  c6te 
du  carre  equivalent 
a  la  figure  formee 
par  les  deux  carr^s. 
S  etant  le  point  de 
rencontre  de  MO  et 
de  A'B'  (^fig.  a),  on 
porte  sur  le  prolon- 
gement  de  B'P 
PC"  =  MS,  et  par  C 
on  mene  CD"  paral- 
l6le  a  B' A' ;  on  voit  ai- 


sementque  le  parallclogramme  A'B'C'D"  est  Equivalent 
k  la  figure  formee  par  les  deux  carrds  :  A'B'C'D"  est 


136  DliS    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    GEOMETRIQURS 

(lone  le  parallelogram  me  de  comparaison.  On  achcve 
comme  precedemment. 

Remarque.  —  La  comparaison  des  figures  d  ei  e  con- 
duit &  une  demonstration  du  theoreme  de  Pythagore 
peu  diflerente  de  celle  donnee  sous  le  n°  XII  au  Cha- 
pilre  II  (1"=  Partu:). 

Questions  diverses.  —  On  a  plusieurs  trianglpn  ABC, 

CBD,  DRE,  ... 
B  aijnnt  un  sommet 
commun  et  des 
baies  4gales  AC, 
CD,  DE  en  ligne 
a'roite  ;  si  l^on 
77iene parC,D, ... 
des  parade  esaux 
CO  ^s  passant  par 
le  sommet  com- 
mun, on  decnm- 
jjose  chacun  des 
triangles  en  elements  sitpcrposab.es   (Gekvvien), 

Nous  avons  designe  sur  la  figure  ci-dessus  les  paral- 
lelcs  a  un  cote  et  ce  cole  lui-mcme  par  un  memc  chif- 
fre  romain,  et  les  dlemenls  superposablcs  par  le  m6me 
chiffre  arabe.  Ces  elements  sont  tous  egaux  entre  eux 
comme  ayant  leurs  angles  egaux  et  leurs  c6t6s  6gaux 
(paralleles  comprises  entre  paralleles  equidistantes). 

Deux  triangles  ABC,  ADC  ont  une  base  commune  AC 
et  aes  hauteurs  egales  ;  on  pent  les  decomposer  en  ele- 
ments superposablcs  (Gerwien). 

Cette  proposition  est  la  basedu  procede  Gerwien  pour 
la  decomposition  des  polygenes  equivalents  en  elements 
superposables.  On  distingue  trois  cas,  suivanl  que  BD 


CASSE-TETE   GEOMETRIQUES  137 

coupe  AC  entre  A  et  C,  oii  au  point  C,  ou  extcrleurement 

a  AC.  Nous  ne  trailerons  ici 
que  le  1"  cas,  dont  le  2"  est 
un  cas  limite ;  quant  au  3*, 
nous  le  laisserons  de  cote  en 
raison  de  la  complication  de 
la  figure. 

Soit  E  le  point  de  renconlre 
do  BD  et  de  AC ;  on  m^ne  par 
ce  point  dans  chaque  triangle 
dcs  paralleles  aux  cotes  de 
Taulre  triangle.  Les  triangles 
donrw.'s  se  trouvent  ainsi  de- 
composes en  ('Yemenis  snp(;rposables  chacun  h  chacun. 

BIBLlOr.RAPHIE 

Gkrwikv.  —  Zemchimldunri  jeder  heliehujen  Anzahl  von   gleichen  gerad- 

hnujen  Fiijuren  in  dicselbiiu  Stiicke.  •1=''  liir  d.  reine  n.   an^'.  Mathem. 

(Crclle).  Berlin,  i833. 
11.  S^vJNE.   —  Note  SUV  un    probleme    de  ge'ometrie   elementaire.    Nouv. 

Ann.  Alatli.,  lS(i7. 
E.  GuiTEL.  —,1'i'opriiil.e's  rclal.ivcs  aux'pnli/gones    equivalents.    Assoc,   fr. 

p.  I'av.  (les  Sciences,  189-). 
L.  S.  D3  UA  (>AMrA.   —  Sur  leu  poli/i/oncx  equionlenls.  Revista  cientifico- 

militar.    [iarceionn,  IH'J.'i. 
Elling  Holst.  —  iJc'compo.sition  de  po!,ijgones   equivalents  en  parties  stt- 

Vc-Tpiisablcs.  Inlunued.  des  inatlieinaticiens,  181)0. 


s  I. —  Proolfeme   de  Hart. 


Hart  ;i  pos(;  en  1877  lo  probleme  siiivant,  qu'il  n'a 
rc>olu  que  dans  les  cas  parliculiers  de  polygones  cir- 
conscriplibles  el  inscriptibles  : 

Etant  donni  t^'eiix  po'yrfones  semblablea,  dicomposer 
le  pais  qrana  do.  tcUe  sorte  qiien  disposant  convenable- 
men.    ics  Elements  obtenus,   on    obtiennc    iin  troisieme 


138  DES    DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    GtoM^TRIQOES 

polygone  semblable  aux  deux  autres  et  qui  contienne  le 
plus  petit  dans  son  interieur. 

I.  Polygones  circonscriptibles.  —  Solent  ABCD.. 
{fig.  a)  et  A'B'C'D'...  {fig.  h)  les  deux  polygones  sem-' 
blables,  E,F,0,H,...  etE',F',G',  H',  ...  les  points  de 
contact  des  cercles  inscrits  dans  ces  polygones.  Abais- 
sons  de  0  les  perpendiculaires  OE,  OF,  OG,  OH, ...  sur 
les  c6les  de  ABCD...  et  designons  par  m,  n,  /?,  q, ...  les 
distancesdessommetsA'jB',  C',D',  ...  aux  points  de  con- 
tact E',  F',G',U',... 


Fig.  4. 


Prenonsmaintenant  sur  OEcxtdrieurementJi  ABCD... 
et  sur  OH  interieurcment  au  m6me  polygone  (le  qua- 
drilatere  AEOH  est  Thomologue  de  A'E'O'H'  ou 
A'E'  =A'll'  =  m)  des  longueurs  Ea'  et  H«  ^gales  km. 
Faisons  de  meme  E^  =  Fb'  =  n,  Fc  =  Gc'  =  p, 
Gd=  [Id'  =qi  ...  Les  triangles  rectangles  AH-«  et  AEa', 
BEb  et  BF/>', ...  sont  respect ivement  egaux  ;  il  en  resulte 
que  la  somme  des  aires  des  quadrilatcres  ombres  de  la 
fig.  a  equivaut  a  I'aire  ABCD...  Nous  allons  monlrcr 
que  ces  quadrilaleres  disposes  comme  I'indique  la  fig.  c 
forment  un  polygone  AiBjCiDj...,  semblable  aux  poly- 
gones donnes,  et  laisseat  entre  eux  un  vide  A"B"G"D"... 
^gaU  A'B'C'D'... 


CASSE-TETE  GEOMETRIQUES  139 

En  effet,  en  premier  lieu  AiE,Bi,  BiEi^^n  •••  {fiu-  ^) 
sont  des  lignes  droites,  car  Jes  triangles  AE«'  ct  BEA 
par  excmple  (Jig.  a)  sont  semblables  comme  ayant  un 
angle    ^gal    en    E    compris    entre    c6tes    proportion- 

nels  —  =  —  ;  il  en  resulle  que   les    ang-Jes  A«'0  et 

B60  sont  supplemenlaires,  et  que  AjE,  et  EjBj  {fig.  c) 
formcnt  une  ligne  droile. 

En  second  lieu,  le  polygone  AiB,CiDi...  est  sembla- 

ble  aux  deuxautres,  car  on  ad6jaAi  =  A,  B,  =:B,  ... 
et  on  trouve  aisement  par.  des  considerations  de  simili- 
tude, que 

Xo'^B()_Bh'-\-Cc_  A,B,  _B,C,__ 

AB  BG  "  ■  ^"  AB  ~  BC  ~" 

Enfm  A"B"C"n"...  est  egal  h  A'B'C'D'...,  car  on  a  par 

exeraple  A"  =  A  comme  supplementaires  du  meme  an- 
gle EiA"H,  (fig.  c)  ou  EOII  (fig.  «),  et  on  voit  que  A"B'' 
{fig.  c)  est  egal  (fig.  o)  a  a'b  =  ?n-{-n  =  A'B'  (Jig.  b). 

Le  polygone  AiBjCiDi...  est  aussi  circonscriptible,  et 
les  points  E,,  Fj,  Gj,  Hi,  ...  sont  les  poinis  de  contact 
du  cercle  inscrit. 

La  construction  n'est  possible  que  si  le-plus  grand 
A'E'  ou  A'H'  des  segments  determines  sur  les  c6tes  de 
A'B'G'D'...  paries  points  de  contact  du  cercle  inscrit 
h.  ce  polygone  est  inferieur  au  rayon  du  cercle  inscrit 
au  polygone  ABGD...  . 

'  n.  Polygones  inscriplibles.  —  Soient  ABGD...  et 
A'B'G'D'...  les  deux  polygones  donne's,  E,  F,  G,  H, ...  et 
E',F',G',H',...  les milieuxdes  cotes,  Ole  centre  du  cercle 
circonscrit  a  ABGD...  :  les  droites  OE,  OF,  OG,  OH, ... 
sont,  comme  on  sait,  perpendiculaires  sur  les  c6t^s  de 
ABGi)....  Prenons  sur  ces  perpendiculaires,  de  part  et 


HO  DES    DI^FINITIONS    ET   DEMONSTKATIONS    GJEDMETRIQUliS 

d'aulredeE.F,  ...,des longueurs  Ea'=Ea,  Fb  =  Fd',... 
t'gales  respeclivement  ^  la  moitie  de  A'B',  de  b'C,  ... 


B'  f' 


F:!?.  b. 


Les  triangles  rectangles  AE'?'  et  JiEa,  BF6'  et  GFb, 
...  sont  respectivement  egaux,  et  les  quadrilateres  om- 
bres de  la  lig.  «,  disposescommeilest  indiqud  alalig.  c, 
forment  un  polygene  AiBjCjOi...  semblable  aux  poly- 
gones  donnas,  et  laissent  entre  eux  un  vide  A"B"G"D"... 
egal  au  polygene  A'B'G'D'...Lepolygone  AiBiGiD,...  est 
inscriptible  et  Ej,  Fj,  Gj,  Hj,  ...  sont  les  milieux  de  ses 
cotes.  La  demonstration  est  absolument  analogue  a 
celle  de  la  question  pr^cedente. 

La  construction  n'est  possible  que  si  la  longueur  de 
cliaque  perpendiculaire  abaissee  de  0  sur  les  milieux 
des  c6tes  de  ABGD...  est  supcrieuraa  lamoitie  du  cote 
correspondant  de  A'B'G'D'.., 


BIBLIOCnAPIlIE 

Harry  Hai\t.  — Geoimlrical  dissections  and  Iransposilions.  Messenger   of 
Matlicni.,  1877. 


CHAPITRE  IV 
PARALOGISMES  GEOMETRIQUES 


Nousavonsvu(lNTROD.,  §2)quelegrandgeom&tre  grec 
EucLiDE  (3*  s.  av.  J.-C.)  avail  compose  un  ouvrage  inti- 
tule les  Pseudaria,  ou  11  avail  expose  les  divers  genres 
de  faux  raisonnements  auxquels  pent  6tre  conduit  un 
debutant  en  geometrie.  Get  ouvrage  ne  nous  est  pas 
parvenu. 

Les  questions  qui  suivent,  etqui  sont  vraisemblable- 
ment  de  meme  nature  que  celles  traitees  par  le  savant 
alexandrin,  ont  pour  but  de  montrer  que  celle  oeuvre 
d'Euclide  n'etait  pas  sans  utilite  el  qu'il  estbon  de  met- 
tre  les  commenQants  en  garde  centre  des  constructions 
ou  des  raisonnement  halifs. 


§  1.  — Fautes  de  construction. 

On  a  souvenl  d6fini  la  geomdtrie  d'une  manifere  hu- 
moristique  en  disant  qu'elle  etait  «  I'art  de  raisojiner 
sur  des  figures  inexactes  y).  Les  paralogismes  suivants 
vont  nous  prouver  qu'il  ne  convient  pas  de  prendre 
cette  definition  k  la  leltre  el  qu'une  demonstration  dont 
les  deductions  successives  sont  rigoureuses,  mais  qui 
est  etablie  en  utilisantune  figure  erron^e,  pent  conduire 
a  une  conclusion  absurde. 


142  DES   DEFINITIONS    ET   DEMONSTRATIONS    GI-OMLI  I'.KJUliS 

II  est  done  avantageux,  dans  la  recherche  de  la  solu- 
tion d'une  question,  d'executer  aussi  exactemenl  que 
possible  les  traces  geometriques  ;  cette  fagon  de  proce- 
der  presente  encore  cet  interet  qu'elle  permet  sou  vent 
de  decouvrir  entre  les  lignes  de  la  figure  des  relations 
restees  sans  cela  inapergues. 

1.  Par  nn  point  pris  hoi's  d'une  droite,  on  pent 
mener  deux  perpendiculaires  u  cette  droite.  —  Soient 

en    eflet    deux    circonfe- 

rences    0    et    0'   qui   sc 

coupent  en  B  et  G  et  que 

nous    supposons  tracees 

a  la  main,  de  meme  que 

toutes   les    lignes   de    la 

fig.  ci-conlre.  Tirons  les 

droites  BO  et  BO'  et  pro- 

longeons-les    jusqu'aux 

points  de  rencontre  A  et  A'  avec  les  circonferences. 

Menons  enfin  la  droite  A  A'  qui  rencontre  respectivement 

en  C,  et  C[  les  arcs  BDC  et  BD'C. 

Or  les  angles  BCjA  et  BCIA'  sont  inscrits  chacun 
dans  une  derni-circonference  et  sont  par  consequent 
droits.  Nous  avons  ainsi  men^  par  B  deux  perpendicu- 
laires BCj'  et  BCj  a  la  droite  AA'. 

Refutation.  —  L'erreur  coramise  provient  de  ce  qufr 

la  droite  AA'  passe  en  rea- 
litd  par  le  point  d'inter- 
seclion  G  des  deux  circon- 
ferences, comme  il  estaise 
de  le  constater  en  tracant 
la  figure  avec  la  regie  et 
le  compas.  Nous  allons 
montrer  par  le  raisonne- 
me»/ qu'il  doit  bien  en  6lre  ainsi.  II  en  re'sultera  que  BC. 


PARALOGISMES   G^OM^TRIQUES  143- 

est  I'linique  perpendiculaire  pouvant  etre  abaiss^e  de  B 
sur  A  A'. 

j  Joignons  en  eflet  A  et  A'  ^  C ;  Ics  angles  ACB  et 
A'Cn  sont  droils  comme  inscrits  dans  une  demi-circon- 
ference  et  leur  somme  est  egale  a  deux  droits.  l*ar  suite 
ACA'  est  une  ligne  droite.  Ainsi  la  droite  determinde 
par  les  points  A  et  A',  et  qui  est  unique,  passe  par  C. 

II.    Uii   angle  obtiis   est  egal    a   un   angle  droit 

(JMathesis,  1892,  p.  161.  —  Education  mathematique 
des  l"octobre  1898  etl5juillet 
1906).  —  Considerons  un  qua- 
drilatere  ABCD  dont  un  angle 
C  est  droit,  un  angle  D  obtu& 
et  dont  les  cotes  opposes  BC  et 
ADsontegaux.  Elevons  des  per- 
pendiculaires  sur  les  milieux  E. 
et  F  de  AB  et  CD  ;  ces  perpen- 
diculaires  ne  peuvent  6tre  pa- 
ralleles,  car  si  elles  I'etaient,  AB  et  CD  le  seraient  aussi, 
B  serait  droit  et  AD  =  BC  devrait  se  confondre  avec 
la  perpendiculaire  abaisseo  de  D  sur  AB  :  D  serait  alors 
droit,  contrairement  a  I'hypothese.  Les  perpendiculaires 
en  E  et  F  se  rencontrent  par  suite  en  un  certain  point  I. 
On  ne  peut  faire  que  les  deux  hypotheses  suivantes  : 
I  est  interieur  ou  I  est  exterieur  a  ABCD. 

1°  Supposons  d'abord  I  interieur  a  ABCD  (Jig.  a). 
Joignons  ce  point  aux  qualre  sommets.  Les  triangles 
AID  etBIC  sont  egaux  comme  ayant  les  trois  cotes 
egaux  chacun  a  chacun  ;  done 

ADl  =  BCr. 

Si  h  chacun  de  ces  deux  angles  on  ajoute  un  meme- 
angle  FDI  =  FC1,  on  a 

angle  obtus  D  =  angle  droit  G. 


144  DKS    DEFINITIONS   ET   DI^MONSTRATIONS   CtoW^TRlQUES 

2"    Supposoiis    maiulenant    1    exterieur    h    AliCD 

(Jig.  h).  Joi- 
B  „  gnons      de 

niume  I  aiix 
qualre  som- 
mets.Onvoit 
comme  ci- 
dessus  que 

,,     ^  ADi^BClr 

iMg.   ft. 

Si  de  cha~ 
cun    de    cc.s    angles    on    retranche    un    meine    angle 

FDl  =  FC1,  on  a  encore 

D  =  C. 

Refutation.  —  II  nous  suffit  de  montrer  que  le point 
I,  iJitersection  des perpendiculaires  en  E  et  F,  est  du  c6t6 
de  AD  ou  ne  se  trouve  pas  BG.  Nous  aurons  ainsi 
prouve :  pour  le  cas  1°,  qu'il  est  impossible  que  I  soit 
place  a  I'interieur  de  ABCD  ;  et  pour  le  cas  2",  que  I 
doit  se  trouver  sur  la  perpendiculaire  en  F,  non  pas 
enlre  F  el  le  point  G  oij  AD  rencontre  cette  perpendi- 
culaire comme  le  suppose  implicitement  la  iig.  A,  mais 
au  deltl  de  G.En  ce  qui  concerne  plus  particulierement 
ce  dernier  cas,  le  triangle  AID  se  trouve  alors  retourne 
par  rapport  h  la  droite  AD,  et  lefait  de  retrancher  FDl 
de  ADI,  qui  a  servi  de  base  au  raisonnemenl,  n'a  plus 
aucune  signification. 

Pour  demonlrer  la  proposition  annoncee,  portons 
(Jig.  c).sur  la  perpendiculaire  en  D  a  AD,  du  cote  op- 
pose a  BG,  une  longueur  DG'  =  DG ;  soit  0  le  point  de 
rencontre  des  perpendiculaires  elevees  sur  les  milieux 
F  et  F'  de  DG  et  DG' :  0  est  le  centre  du  cercle  passant 
par  G,  D  et  G'.  Si  Ton  fait  tourner  la  figure  BGD  au- 


PARALOGISMES   GEOM^TRIQUES  145 

lour  de  0  de  fa(;:on  que  C  vienne  en  D,  BCD  viendra 

en  ADC/ (par 
u  Q  hvpoth^sc 

Ab  =  BC).B 
venant  en  A, 
OB=:OA,ct 
la  perpendi- 
culaire  elc- 
vee  sur  le 
milieu  E  de 
p,v  c.  AB  passe  par 

0.  Ainsi  le 
point  0,  intersection  dos  perpendiculaircs  elevees  sur 
les  milieux  de  AB  et  CD,  n'est  autre  que  le  point  I  dcs 
fig.  a  et  0.  Or,  le  point  0  sc  trouvant  sur  la  perpendi- 
culaire  au  milieu  F'  do  DC,  OF'  est  parallele  a  AD  et 
se  trouvc  du  cole  de  AD  ou  n'est  pas  C.  Done  0  ct  C 
sont  de  part  el  d'autre  de  AD. 

Remarque.  — La  conslruction  qui  fait  I'objet  de  la 
question  precedenle  est  parfois 
presentee  comme  suit.  Soil  A'BCD 
un  rectangle  ;  on  mene  par  un 
des  sommets  D  une  droite  ar- 
bilrairc  sur  laquellc  on  porle 
DA  =  DA'.  On  el6ve  ensuile  des 
perpendiculaircs  sur  les  milieux 
EetFde  ABetDC. 

Les   deux  proce'des  sont  done 
au'fond  absolument  identiques, 

mais  i'hypotliLSC  donl  nous  iommes  parlis  est  un  peu 

plus  simple. 


Fijr.  d 


III.    Tous   les    Iriaiujles   sont   isoceles    (^Mathcsis, 
1893),  —  Soil  ABC  un  triangle   quelconque.  Menons 

FouKREY.  —  Curios,  ream,  10 


146  DES    DEFINITIONS    ET    DEMOffSTRATlONS    G^OM^TRIQUES 

la  bisseclpice  Bl  de  Tangle  B  et  elevens  una  perpen- 
diculaire  sur  le  milieu  D  du  c6te  oppose  AG. 

Si  les  deux  droites  ne  se  rencontrent  pas,  elles 
sont  paro,lleles,  la  bissectrice  BI  est 
perpondiculaiie  a  AC  et  le  triangle 
esl  isocele. 

Si  elles  se  rbx~:rontrent  en  nn 
certain  point  1,  on  ne  pent  faire 
que  deux  hypotheses:  I  est  inle- 
rieur  ou  I  est  exterieur  au  triangle 
ABC.  Nous  allons  montrer  que 
dans  ces  deux  cas  le  triangle  est  encore  isocele. 

1"  Supposons  d'abord  I  interieur  h  ABC  ct  abaissons 
de  I  les  perpendiculaires  IE,  IF  k  AB  et  BC  (fig.  ay, 
tirons  lA,  IC.  Les  deux  triangles  rectangles  BIE  et  BIF 
sonl  egaux  comme  ayant  le  cote  BI  commun  et  les 
angles  en  B  egaux ;  done  BE:=:BF.  Los  deux  triangles 
rectangles  AIE,  CIF  sont  aussi  egaux  comme  ayant  les 
hypotenuses  egales  lA  =  IC  et  les  cotes  IE  =rir  egaux ; 
done  AE  =  CF.   Par  suite,  en  ajoutant  aux  longueurs 

egales  BE  et  BF  des  segments 
egaux  AE  etCF,  on  obtient  des 
sommes  egales  BA  etBC.  Le 
triangle  ABC  est  done  iso- 
cele;. 


2"    Supposons  maintenant 

I     exterieur      au      triangle 

(ftg.    /));    abaissons    IE,    IF 

perpendiculaires   sur  AB    et 

Fig.  b.  BG    et   tirons    AI,    IC.    On 

verrait  comme  ci-dessus  que 

les  triangles  BIE  et  BIF,  AIE  et  CIF  sont  respective- 

raent  egaux  ;  d'ou  BE  =  BF  ct  AE  =:CF.  Par  suite,  en 

retranchant  fife  BE  et  de^¥  des  segments  igaiix  AE  et 


PARALOGISMES    GliOMKTRIQUES  147 

CF,  les  restes  obtenus  BA  et  BG  seront  encore  egaux  ; 
ainsi  BA=  BC  et  le  Iriangle  ABC  est.  isocele. 

Refatation.  —  L'erreur  commise  provient:  pour  lecas 
1°,  de  ce  que  le  point  1  ne  pent  etre  situe  a  Finterieur 
de  ABC;  pour  le  cas  2",  de  ce  que,  en  supposant  F 
place  sur  le  prolongement  de  BG  {fig.  d),  E  doit  se  trou- 
ver  entre  A  et  B  et  non  pas  sur  le  prolongement  de 
BA  ;  la  demonstration  precede nte  est  alors  en  defaut. 

1"  Le  point  I  ne  peat  se  Irouver  h  I'interieur  de 
ABG.  Girconscrivons  en  effet 
{fi^.  c)  un  cercle  au  triangle 
ABC  ;  la  bissectrlce  de  B  et  la 
perpendiculaire  elevee  sur  le 
milieu  D  de  AG  se  rencontrent 
au  point  I,  milieu  del'arc  AIG  ; 
ce  point  I  est  done  necessai- 
rement  exterieur  au  triangle. 

Fig-  «•  2"    F    etant     sur    le    pro- 

longement  de  BG,  E  doit  se 
trouver  eMre  A  et  B.  En  effet,  ii-resulte  de  I'hypothese 
faite  que  BCTest  obtus.  Or  BGl  et  BAl  etant  supple'men- 
taires,  BAlest  aigu  ;  des  lors,  le  pied  E  de  la  perpendi- 
culaire abaissee  de  I  sur  AB  doit  tomber  entre  A  et  B. 


§  2.  —  Fautes  de  raisonnement. 

Les  demonstrations  ne  doivent  etre  bashes  que  sur 
des  definitions  precises.  Pascal  nous  enseigne  (Del'Es- 
pritg^oraetrique)  a  «  subslituer  toujours  menlalemenl 
les  definitions  a  la  place  des  defmis,  pour  ne  pas  se 
tromper  par  I'equivoque  des  tcrmes  que  les  definitions 
ont  restreinls  ». 

II  convient  d'autre  part  de  n'executer  sur  les  nom- 


148  DES    UEFJNITIONS    tlT    DliMOiNSTC.ATIOiNS    GEOM^TUIQUES 

bres  que  dcs  op^ralions  pcrmises,  et  k  eel  egard  on  doit 
savoir  relrouver,  sous  les  apparcnces  d'urie  lo'j^ique 
inallaquablc,  le  point  faible  d'un  calcul  qui  a  conduit  a 
un  resultat  absurde. 

Lcs  cxemples  qui  vont  suivre  metlront  en  evidence 
toule  limporlance  de  ccs  rcniarques. 

I.    Dans  un   triangle   quelconque,   I'un  des   c6los 
est  ei|ul  a  la   sonime  <Ies  deux 
B  aiilres.  —  Soient  AUG  le  triangle 

considere  et  D,  E,  F  les  nnilieux 
D.^         \e         desescotcs.  TironslesdroitesDF. 


FE.  On  sait  que  DF  = -^  =r=  BK, 


FEr=^i*=rDB.    Ainsi    la    lon- 
2 

gueur  de  la  ligne  brisee   ABC  est  la  meme   que  celle 

de  la  ligne  brisee  ADFEC. 

Si  Ton  prend  maintenanl  les  milieux  G,  II,  I  et  J,  K,  I> 

des  cotes  des  deux  triangles  ADF  et  FEG,  on  moutie  de 

la  meme  fugon  que 

lig.  bris.  AGlIIFJKLGrrrlig.  br.  ADFEG=  lig.  br.  ABC. 

En  continuant  ainsi  indefiniment,  on  voit  que  les 
lignes  biisees  successivoment  forniees  out  toules  pour 
l()ngu(!ur  AB-f-BC.  Or  la  longueur  des  segments  con- 
sliluant  les  lignes  va  conslamment  en  dimiriuant,  leurs 
somniets  se  rapprocbent  de  plus  en  plus  de  AC  et  a 
1(1.  limite,  Ic  pdrimetrc  des  lijjncs  hrisi'cs  flnil  par  sc  con- 
/on(<re  avcc  AC.  Done  ABh-HC  --^  AC. 

Refutation. — La  conclusion  precedentc  est  bas6e  sur 
une  fausse  interpretation  dy  lerme  «  limite  »,  dont  la 
delinilion  precise  est  la  suivanle:  Line  giandeur  variable 
L  a  pour  limite  une  grandeur  lixe  A  lorsque  la  difte- 
rence  enlre  L  et  A  peut  devenir  et  rester  moindre  que 


PARALOGISMES    GliOMETRIQUES  149 

loiite  quantity  donnee  h  Tavance,  aussi  petite  qu'elle 
solt. 

Les  grandeurs  L  ct  A  sont  ici  respecllvement  le  pe- 
ilinrilre  dcs  lii^nes  brisees  et  la  .longueur  du  cote  AC. 
^lais  L  est  constant  et  iion  variable,  et  la  difl'erenci; 
cntre  L  et  A  est  egalemciil  coiislante.  On  ne  se  Irouve 
done  plus  du  lout  dans  les  condilions  de  la  definition 
prdcedente,  ct  il  n'cst  alors  pas  surprenanl  que  nous 
soyons  arrivc'S  a  un  resullal  absurde. 

Ixkuarquf:.  —  On  peul  elre  lenle  de  voir  quelqueana- 
logi(i  enlre  le  paralogisinc  precedent  et  la  definition  de 
la  longueur  d'un  arc  de  cercle.  «  La  longueur  d'un  arc 
de  cercle  est  la  limite  vers  laquelle  tend  le  perim^tre 
d'une  ligne  brisee  inscrite  dans  cet  arc  lorsqu#les  c6- 
tes  de  cette  ligne  tendent  vers  zero»,  ce  qu'on  ex- 
prime  encore  en  disant  d'une  facon  abregee  «  qu'a  la 
liniile,  la  ligne  brisee  et  Tare  se  confondent». 

Mais  dans  ce  dernier  cas,  le  peri  metre  de  la  ligne  bri- 
s(^.e  est  une  quantite  variable  lelle  que  sa  dill'erence 
avec  la  longueur  de  Tare  devient  aussi  petite  qu'on 
veut;  on  se  trouve  done  dans  les  condilions  requises 
par  la  definition  de  la  limite. 


II.  La  circonference  d'un  cercle  est  6gale  h   son 

diametre.  —  Soil  un  cercle 
de  centre  0  et  de  diametre 
AB  =  D.  Decrivons  sur  OA 
et  OB  comme  diametres 
deux  circonferences  de  cen- 
tres C  et  D ;  la  somme  des 
longueurs  des  circonferences 

sera  - — \-  '■^^—  =  "D ,  c'est-a- 
2         2 

dire  egale  a  la  longueur  de  la  circonference  primllive. 


15G  DES    DEFINITIONS    ET    DEMONSTIJATIONS    GEOMETIilQUES 

Decrivons  de  meme  sur  AG,  GO,  DO  et  DB,  qualre 

circonferences  dont  le  diametresera  —  etdontlasomme 

4 

des  longueurs  sera  4x^ — c'est-^-dire  encore  zD. 

Si  Ton  continue  ainsi  indefiniment,  les  longueurs  des 
circonferences  de  chaque  groupe  ont  loujours  pour 
somme  la  longueur  de  la  circonference  0  ;  mais  leur 
diaraetre  diminuant  constamment,  ces  circonferences 
se  confondront  a  la  limite  avec  AB  et  on  aura 

circonf.  0=diam.  AB. 

Refutation.  —  On  prouverala  fausscle  dece  raisonne- 
ment  comme  dans  la  question  precedenle. 

III.  —  Une  portion  de  segment  rectiligneest^gale 

au  segment  entier,  ou  en- 
core :  Ij3l  partie  estegale  au 
y^^^^  tout  (G'  Goccoz.  Illustration 

/  |\  ^\^  du  12  Janvier  1895).  —  Soit 

/      i\          ^\  ABC  un  triangle quelconque 

/:! lj _::^      ou    B   cst  suppose    §tre   le 

\  F    D  C 

,plus  grand   angle.    Menons 

la  droile  BD  de  telle  sorte 

que   CBD  =  A   et  abaissons   sur  AC    la    perpendicu- 

laire  BE.  Les  deux  triangles  cquiangles  ABC  et  BDG 

donncnt 

abc^xb' 

BDG      BD^ 

En  outre,  les  deux  triangles,  ayantm^mc  hauteur  BE, 
sont  entre  eux  comme  leurs  bases  AG  et  DG ;  on  a 
done 

ABG^AG 

BDG      DG* 


PARALOGISMES    GEOMETRIQUES  15t 

On  (leduit  dcs  deux  relations  precedenles 

ab'     bd'  ,,. 

AC=DC*  (*> 

D'autre  part,  iin  th^oremeconnu  nous  permet  d'ecrire 

Ali'  =  AC'  +  BC'  — 2ACxEC,        (tri.  ABC) 
bI)'  =  DC' -}-  BC'  —  2DC  X  EC.        (tri.  BDC) 
Portant  ces  valeurs  dans  (1),  il  vient 

AC'+BC'  — 2ACxEC  ^  Dc'  +  BC'  — 2DCxEC 
AC  DC 

En  simplifiant,  on  trouve  successivement 
et  en  fin 

(bc'— acxdc)dc=(bc'— xVCxDC)aC.    (2) 

En  divisant  lea  deux  membres  par  BC  —  AC  X  DC^ 
il  vient  DC  =  AC,  c'est-a-dire  que  la  portion  DC  du 
segment  AC  est  egale  au  segment  entier. 

Refutation.  —  11  suffil  d'observer  que  dans  la  rela- 
tion (2),  la  quantite  BG  — ACx  DC  est  nuUe,  puisque 
les  triangles  semblables  consideres  precedemment  don- 

L^f  BC      AC 

nent  —  =       . 

,  DC      BC 

Or,  on  sait  qu'on  peut  diviser  les  deux  membres 
d'une  egalite  par  une  meme  quantite,  mais  sous  la  con- 
dition  expresse  que  celte   derniere  soit  differente  de 


1")2  DF.S    DEFINITIONS    ET    DEMONSTRATIONS    CKOMKTr.lOUES 

zero.  L'ubsurJite  a  laquelle  nous  sommes  arrives  pro- 
vient  done  de  ce  fait  que  nous  avons  diviseJcs  deux 
mcmbres  de  (2)  par  une  quanlilo  nulle.  ' 

On  pent  encore  ramarquer  que (2)  peul  sc  mellrc  sous 
la  forme 

(mf'  —  AC  ><  r>  c)  (A  c  —  D  c)  r^  o . 

Qnnls qun soienl  Kil  et  DC,  la  rolalion  (2)  esl  loiijours 
salisfailc  puisque  le  premier  facleur  esl.  (;onslamm(nit 
egal  a  zero.  II  ne  suil  done  nullement  de  eelle  relation 
qu'on  dolve  avoir  AG  —  DC  =  0    ou    AC  =:  DC. 


DKUXJliiVlE   PARTIE 
LA  GKOMKTRIE  DE  MESUUE 


en  API!  RE  I 


LES  ANCllFRKS  DI-]  ^()S  lASTHIJMENTS  DE  DESSIN 
ET   DE   TOPOGKAPillE 


§  1.  —  Dessin. 

I.:i  I'ojie.  —  L'eiriploi  de  la  regie  dans  les  traces 
loaiontL!  a  un  temps  immemorial.  Les  dessins  qui 
ligiiient  ail  Manuel  egyplien  d'AHMES  (Introd.,  §  1) 
sont  traces  a  la  r^gle  par  une  main,  il  est  vrai,  inhabilc. 

Au  temps  de  Vitruve  (1"  s.),  les  charpentiers  em- 
ployaient  d^ja  un  cordeau  enduit  de  rouge,  de  blanc 
ou  de  noir  pour  le  trace  des  lignes  droites. 

« 

Le  conipas.  —  Dans  les  productions  de  Tart  primi- 
tif  qui  nous  sont  parvenues,  les  cercles  sont  toujours 
traces  a  la  main  ;  le  Manuel  egyptien  d'AHMES  nous 
niontre  un  cercle  inscrit  dans  un  carre  ;  mais  la  figure 
est  grossi^rement  faite  et  on  reconnaitrait  plut6t  un 
henlagone  qu'un  cercle  sans  le  texte  qui  accompagne 
ie  dessin. 

Cependant,  la  division  de  la  cir conference  en  4,  6, 


454 


LA   GEOMtTUIE    DE    MESURE 


8  ou  12  parties  egales,  qu'on  rencontre  assez  frequem- 
ment  clans  rornementation  chez  les  Egyptiens;  la  divi- 
sion sexagesimale  de  la  circonfeience,  vraisemblable- 
ment  imaginee  par  les  Chaldeens,  laissent  siipposer 
que  ces  anciens  peuples  ont  connu  unc  sortc  de  compas. 
D 'autre  part,  si  nous  en  croyons  divers  auteurs  de 
I'anliquite,  Tinvention  du  compas  seraitdue  a  un  neveu 
de  D^dale,  Perdix.  «  Le  premier,  il  unit  Tune  al'autre 
par  un  lien  commun  deux  branches  d'acier,  de  sorte 
que,  loujours  separees  par  la  mcme  distance,  I'une 
resle  immobile  et  I'autre  decrit  un  cercle  »  (Ov'.de, 
Metamorphoses).  Jaloux  de  son  neveu,  Dedale  lepreci- 
pite  du  haut  de  la  citadelle  consacree  a  Minerve,  mais 
la  deesse  change  I'enfanten  perdrix.  line  autre  version 
attribue  Finvention  a  Dedale  lui-meme, 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Grecs  et  les  Romains  sc   sont 

certainementservisdeno- 
^re  compas,  qu"on  Irouve 
represents  sur  les  tom- 
beaux  et  dont  certains 
echantillons  sont  parve- 
nus jusqu'a  nous.  Les 
fig.  a  et  6  en  donnent  des 
exemples.  Le  premier 
type  est  identique  a  notre  compas  actuel  de  charpen- 
tier;  le  second,  qui  ne  pouvait  servir  que  pour  prendre 
une  mesure  souvent  repelce,  est 
forme  de  deux  branches  montees 
sur  un  axe  et  dont  les  tfites  se  su- 
perposent;  les  deux  branches  etant 
plac6es  dans  la  position  corrcspon- 
dant  h  la  mesure  prise,  on  venait 
les  y  fixer  par  la  pression  d'une 
clieville  de  bronze  engagee  dans 
une  ouverture  de  Taxe. 


Fig.  a. 


Fig.  6. 


Compas. 


Fig.  e. 
Compas  de  calibre. 


ANCfiTRES    DES    INSTRUMENTS    DE    DESSIN    ET    l)E    TOl'OGHAl'lUE       155 

La  figure  c  monlre  descompas  de  calibre  :  ie  premier^ 
represente  sur  un  monument  funeraire,  servait 
plus  particulierement  h.  la  mesure  des 
distances  sur  les  surfaces  courbes  ;  le  se- 
cond, 5.  extremites  courbees  de  maniere  a 
pouvoir  penetrer  dans  les  creux,  a  ete  re- 
trouve   dans  une  maison  de  Pompei    que 

Fig.  i.         I'on  suppose  avoir  ete  celle  d'un  sculpteur. 

Compas       Dans  cette  dernierc   maison,  on  a  egale- 

de  reduction.  .     .  '     i'-      <  i.  j      i       • 

ment  trouve  1  mslrument  reproduit  ci- 
contre  {fig.  rf)  etqui  n'est  autre  chose  que  notre  cpmpas 
acluel  de  reduction. 

L'equerre.  —  S'il  faut  en  croire  Pline  rAncien(Livre 
YIl,  Chap.  LYl),  l'equerre  aurait  ete  inventee  par  Theo- 
dore DE  Samos,  architecte  du  temple  d'Ephese.  II  est  plus 
vraisemblable  d'admettre  que  son  emploi  remonte  2l 
ranliquile  la  [)lus  reculde. 

Ghez  les  Egyptiens,  l'equerre  se  designait  par  le  terme 

kxipt,  qui  est  le  sens  primitif  du  syllabique  ou  hap 

ayant  la  forme  de  l'equerre.  Aussi  leurs  documents 
la  nomment-ils  assez  souvent  et  on  y  voit  les  rois  eux- 
memes  tenirrequerre  en  main.  On  a  conserve  un  tableau 
mural  representantun  atelier  de  menuisier  oil  l'equerre 
figure  sous  forme  de  deux  branches  a  angle  droit. 

Les  Grecs  et  les  Remains  ont  d'autre  part  connu 
l'equerre  sous  la  forme  triangulaire  employee  aujour- 
d'hui  pour  le  dossin. 

Le  rapporteur.  —  Get  instrument  ne  parait  pas 
avoir  6te  connu  dans  I'Anliquite  et  au  Moyen  age,  ctce 
fait  n'a  rien  qui  doive  surprendre.  Jusqu'a  la  Renais- 
sance, en  effet,  les  arpenteurs  ne  semblent  pas  s'etre 
servis  des  angles  d'une  fa^on  reguliere  dans  Lars  rele- 


mo 


LA   GEOiMETUli;    UK    MHSUIU' 


vessurlc  lerrain;  le  besoindu  rapporleur,  qui  pormct 
prccisJinent  le  report  des  angles  sur  papier,  no  se  faisait 
done  pas  senlir. 

On  Irouve  le  nom  et  Tappareil  inenlionries  d'une| 
fagon  explicilo,  pour  la  premiere  fois  sans  doule,  dans, 
un  ouvrage  de  Philute  Da.nfrie  (1507)  oii  I'auleur 
docrit  un  inslrurnont  dont  il  est  rinvcalcur.  C'esl  le 
(jraphornelrc ,  auriuel  (,'st  adjoint  un  rapporleur  pour  le 
report  des  angles;  ce  rapporteur,  en  forme  de  dcimi- 
couronneoirculaire,est  muni d'une regie giaduec  mobile 
autour  du  centre. 

f-,'ecliolle  de  rt^diiclion  des  Clialdt^eiis^.  —  L'emploi 
des  dclielles  de  reJuclion  elait  familier  aiix  Clialdeens. 


A. 

^ 

B 

\ 

1 

"T     "" 

/ 

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"■       \ 

E    F 


Regie  de  GouJca.  —  Reslilulion  (tiers  de  la  grandeur). 


Les  fouilles  que  M.  de  Sarzec  a  execulces  a  Telle 
(Mesopolamie),  de  1881  a  1888,  ont  mis  a  jour  deux 
statues  de  diorite  poli  du  palest  Goi  dea,  un  des  chefs 
de  la  classe  sacerdolale  de  laChaldee  auxqucis  on  doit 
la  construction  d'admirabics  monumcnls.  Ces  slalues, 
qui  sont  au  museedu Louvre,  remonteraient  ^  3  000 ans 
avant  noire  hvc.  Sur  Tunc  d'elles,  connue  sous  le  nom 
d'archileclc  an  plan,  Goudea  tient  sur  sfs  genoux  une 
tablette  oii  liguie  le  plan  d'une  forlilication  accompagnd 
d'une  regie  divisee  en  parlie  detruite.  Sur  I'autre, 
qu'on  designc  sous  le  nom  d'architecle  a  Id  regie,  le 
chefchaldeen  tient  une  iablelle  ou  se  trouvcnt  repr(§- 
senlds  un  styl6  a  dessiner  ou  a  ccrire  et  une  regie  divi- 
see  a   pcu    prcs    complete  ;    celle-ci    a    une    seclion 


ANCLTIIKS    l)i:S    INSTRUMENTS    DE    DESSIN    ET  DE   TOPOGKAI'IIIE       157 

transversale  triangiilaire  et  sa  forme  rcippellc  cello  do 
nos  doubles  decimelres. 

Sa  longueur,  do  265  millimetres  pour  la  parlie  gra- 
diiee,  correspond  h  la  demi-coude'e  assyrienno  ;  cello 
longueur  est  divisee  en  16  parlies  egales.  Sur  I'lin  dcs 
bords,  AB,  c'nq  des  divisions  primitives  prises  do  deux 
en  deux,  sans  doule  pour  eviter  la  confusion,  sont  par- 
tagees  successivement  en  6,  5,  4,  3  et  2  parties  egalos  ; 
sur  I'aulre  bord,  DC,  les  tiers  de  division  sont  subdi- 
vises  en  3  parties  (E)  et  en  4  (F). 

On  pouvait  ainsi  obtenir  les  fractions  suivanles  de  la 
demi-coudee  : 

_1^__  1      __1 _J_     i_  _  1_ 1_    _J^ 

r6x2~32'    16x3~48'   16x4~G4'    16x5~'8l)' 

i       _±       1 _j         1 1 

IGxO       96'     16x3x3~"l44'      16x  3  X  4~  192* 

II  etait  done  possible  d'eirectuer  des  mosures  de  lon- 
gueurs reelles  au  moyen  do  cette  regie,  comnie  nous 
le  faisons  aujourd'liui  avcc  le  double  decimetre.  Mais  il 
estegalemontlres  probable  que,  do  mfimequece  dernier, 
elle  elait  surtout  employee  comme  echelle  de  reduction. 
Son  voisinagc  sur  la  slatue  de  Goudea  avec  le  plan  a 
petite  ecbelle  d'un  edifice  ne  pout  elre  en  cffet  fortuit 
et  il  doit  exister  una  relation  entie  la  graduation  et  le 
rapport  des  dimensions  reelles  aux  dimensions  figurees 
de  Tedilice.  M.  Dieulafoy  a  etabli  que  le  coefficient  de 
reduction  de  cette  regie  est  1/2304  et  que  ses  divisions 
et  subdivisions  sont  proporlionnelles  5.  des  multiples 
du  pied  et  de  la  coudee,  mesures  lindaircs  employees 
par  les  Chaldeens. 

Le  conipas  de  proporlion.  —  Get  instrument  ce- 
lebre,  quit  ne  faut  pas  confondre  avec  notre  compas 
actuel  de  reduction,  parait  avoir  ete  imagine  vers  la  fin 


158 


LA   GEOM^TRIE  DE  MESURE 


du  1 6*  si^cle  par  Guidalbo  del  Monte,  qui  en  fit  construire 
un  exemplaire  Sl  Urbain. 

II  fut  ensuite  perfectionne  par  Galilee,  qui  publia  en 

1606  un  opuscule 
sp^cialen  italien  sur 
ce  sujet :  Le  Opera- 
zioni  del  Compasso 
geometrico  e  mili- 
tare.  Un  ennemi  du 
grand  savant,  qui 
se  caehait  sous  le 
pseudony  me  de  Bal- 
thasarCapra,  faisait 
parailre  un  an  plus 
tard,  en  latin,  un 
ouvrage  sur  le  com- 
pas  de  proportion 
qui  n'otait  qu'une 
mauvaise  copie  de 
Toeuvre  de  Galilee; 
celui-ci,  dans  une 
replique  reslee  fa- 
meuse,  n'eut  pas  de 
peine  a  confondre 
son  ig-iMNrani  ad  ver- 
sa! re. 

Quoiqu'ilensoit, 
Tinstrument  acquit 
en  peu  de  temps 
une  tresgrande  vo- 
gue;  les  nombreuses  traductions  ou  imitations  de  I'ou- 
vrage  de  Galilee  parues  dans  le  cours  du  17*  si^cle  ne 
laissent  aucun  doute  sur  ce  point.  Des  methodes  de 
calcul  plus  rapides  ou  plus  precises  en  firent  ensuite 
<iesser  I'emploi,  et  le  compas  de  proportion  est  tombe 


Gompas  de  proportion. 


ANCETRES    DES    INSTRUMENTS    DE   DESSIN   ET   DE   TOl>OGR\PHIE       159 

de  nos  jours  dans  un  oubli  complet :  h  notre  avis,  on 
pourrait  cependant  s'en  servir  encore  avec  avantage 
pour  le  dessin. 

Le  com  pas  de  proportion  se  compose  essentiellement 
•de  deux  branches  aplalies  en  cuivre  sur  les  faces  des- 
quelles  sont  traces  divers  rayons  egaux  ou  lignes  divi- 
sees  OA  et  OA',  OBet  OB',  OC  et  OC',...  qui  sontiden- 
tiques  deux  a  deux.  Dans  unedescombinaisons  les  plus 
adoptees,  on  faisait  figurer  la  hgue  des  parties  egales 
{OA  et  OA'),  la  ligne  des  plans  (OB  et  OB'),  la  ligne  des 
solides  (OC  et  OC)  sur  une  face  du  compas  (celle 
representee  ci-contre),  ^m^Xdi ligjie des cordes(OYS  etOD') 
«l  la  hgne  des  pohjgones  (OE  et  OE')  surFautre  face  ('). 

Le  compas  de  Guidalbo  del  Monte  ne  devait  com- 
prendre  que  les  lignes  des  parties  egales  et  des  poly- 
genes. 

Le  compas  de  Galilee  com  portait,  en  plus  des  S  lignes 
mentionnees  ci-dessus,  la  ligne  des  metaux  qui  per- 
mettait  de  re'soudre  divers  problemes  relatifs  aladensite 
des  metaux,  et  une  ligne  particuliere  pour  determiner 
le  c6te  d'un  carre  egal  a  un  segment  de  cercle.  11 
pouvait  elre  aussi  employe  a  la  resolution  des  problemes 
d'arpentage  ;  a  cet  effet,  Galilee  avait  adjoint  a  Tins- 
trument  des  pinnules,  un  quadrant  divisd  et  ua  fil  a 
plomb  afin  de  pouvoir  op^rer  comme  avec  le  quadrant 
georaetrique(Yoir§  5).  Mais  cette  extension  des  usages 
du  compas  de  proportion  ne  s'est  pas  generalisee, 

Signalons  cnfin  que  le  savant  italien  appelait  respec- 
tivement  lignes  arithmetiqiie,  geometrique  et  stereome- 
■trique  les  lignes  des  parties  egales,  des  plans  et  des,  so- 
lides. 


(')  II  nous  a  paru  inutile  de  representer  I'autre  face  du  compas  avec 
les  deux  lignes  des  cordes  et  des  polygones.  Enfin,  pour  plus  de  clart^, 
nous  avons,  sur  la  figure  ci-contre,  supprime  les  subdivisions  des 
iignes. 


IGO 


LA    GEOMETniE    DE    MESHRE 


Nous  allons  maintcnant  indiquer  le  mode  de  division 
des  cinq  lignes  enum(5reGS  precedemmenl  et  I'emploi 
qu'on  peut  en  faire  dans  la  consliuction  des  problenies 
de  georaetrie. 


Ligne  des  parties  egales  (OA,  OA').  —  Les  rajons  OA 
et  OA'  sont  divises  en  un  meme  nombre  de  parlies 
egales,  200  par  exemple  ;  pour  plus  de  commodite,  la 
longueur  OA  est  prise  egale  a  une  mesure  lineaire  (siir 
la  figure  10  cenlimetres). 

S'il  s'agit  de  diviser  line  droile  MM'  en  lui  certain 
nombre  de  itarties  egales,  5  par  exem- 
ple, on  prend  la  distance  MM'  a  I'aide 
du  compas  a  poinles  seches,  on  place 
Tune  des  pointes  du  compas  sur  la 
tranche  OA  en  une  division  qui  soit 
un  mulliple  de  5,  par  exemple  200,  et 
on  rapproche  la  branche  OA'  jusqu'a 
ce  que  Faulre  pointe  du  compas  tombe 
sur  la  m(!ime  division  200  de  OA'.  II 
ne    reste    plus  qu'a    mesurer   I'inler- 

valle  NN'  existant  enlre  los  divisions =  40  de  OA 

5 

et  OA'  pour  avoir  la  5*  partie  de  MM'. 

Supposons  maintenant  qu'on  ait  a  diviser  une  droile 

}iiW en  segments  proportionneis  a  deux  nomhres  donnes,. 

5  cf  9  par  exemple.  On  ouvre  le  compas  de  proportion 

de  sorte  que  la  distance  entre  les  points  50-f-90  =  HO 

de  OA  et  OA'   soit  egale  a  MM' ;  la  distance  NN'  des 

points  50  de  OA  et  OA'  est  un  des  segments  clierches, 

MM'^OM_U0 
~"0N~ 


car  on  a 


d'oii 


NN' 

MM'  — NN'. 
NN' 


liO 


50 
-50 


50 


ANCfiTRES   DES   INSTRUMENTS    DE   DESSIN   ET   DE   TOPOGRAPHIE      161 

Si  Ton  avail  k  diviscr  la  droite  en  segments  propor- 
tionnels  a  dcs  droiles  p  et  q,  on  por- 
terait  /)  de  0  en  N  et  N',  puis  y  de  N 
en  M  et  de  N'  en  M' ;  on  ouviirait  le 
compas  jusqu'^  ce  que  la  distance 
entre  M  et  M'  fut  egale  a  la  droite 
donnee  et  ou  acheverait  comme  ci- 
dessus. 

Ligne  des  plans  (OB,  OB').  —  Sup- 
posons  qu'un  nombre  enlier,  de  pre- 
ference  Carre  parfait,    64  =  8^   par 

exemple,  soitinscrit  en  B.  Posons  d=  — ,  et  ecrivons 

8 

les  nombres  S,  10,  20,  30,  . . . ,  60  a  des  distance-s  de  0 
'^gales  ^  flfV^,  d\/ib,  d\/20,  d\/Jd,...,  d\/6{}- 
les  subdivisions  soat  faciles  a  determiner,  puisque  le 
nombre  n  correspond  a  la  distance  d\/n, 

•    Soil  a  trouver  un  triangle  semhiable  a  iin  triangle 
donne  et  dont  t'aire  en  soil  ies  3/o. 

On  ouvre  le  compas  de  proportion 
de  sorte  que  la  distance  entre  les 
points  50  de  OB  et  OB'  soit  egale  a 
un  cote  MM'  du  triangle  donne;  le 
c6te  homologue  NN'  du  triangle 
cherche  est  egal  a  la  distance  des 
points  30  de  OB  et  OB'.  Le  rapport 
des  aires  des  di 
bien  en  effet  de 


des  aires  des  deux  triangles   serait 


NiN''_ON     ^^X30_3 
MM''      (ySi'~~  d^xo^~"^* 

Soil  malntenant  a  trouver  la  moyenne  proportionnelle 
entre  deux  segments  donnes  p  et   q. 

FouRRET.  —  Curios,  gdom.  4£ 


162 


LA    GEOMETRIE    DE   MESURE 


On  porle /?  et  q  sur  Ja  ligne  des  parties  ^gales  et  on 
trouve  par  exemple  que  ces  deux  seg- 
ments correspondent  respectivement 
a   34   et   45    divisions  ;    on    a   done 
£^__34 
q       45' 
On   ouvre   mainlenant  le  compas 
de  proportion  de  sorte  que  la  distance 
MM'  entre  les  points  45  des   lignes 
des  plans  OB  et  OB'  soil  ej^ale  a  q\ 
la  moyenne  proporlionnclie  cherchde 
est  alors  la  distance  NN'  existant  entre  les  points  34  des 
mern(;s  lignes.  On  a  on  eflet  successivement 


]NN'^ON_^V/34. 
MM'"~OM~^^^' 

Mais  MM' =  9,    -^i=-^; 
45        q 


d'ou  NN''  =  MM''x  — . 
45 

done  NN'  =zq'-xl^=pq. 
9 


Ligne  des  solides  (OC,  OC).  —  Supposons  qu'un 
nombre  enlier,  de  prdference  cube  parfait,  64  =  4*  par 

exemple,  soit  inscrit  en  C.  Posons  c?==:-— et  dcrivons 

lesnombres5, 10,  20, . . .,  60  ^  des  distances  de  0  dgales 
a</v/^,      d\/i^,     «?\/20,       ...,       d\/m.     ■ 

On  se  servira  de  cette  ligne  comme  de  celle  des  plans ; 
ainsi,  on  Irouverasansdifficulte  un  telraedre  semblable 

h.  un  telraedre  donne  et  dont  le  volume  en  soit  les  —  • 

n 

Ligne  des  cordes  (OD,  OD').  —  Les  divisions  decette 
ligne  OD  donnent  les  longueurs  des  cordes  degre  par 
degre  du  demi-cercle  qui  a  pour  diamMre  OD, 

Soil  par  exemple  h.  dciertmner  la  corde  d'un  arc  de 
n"  dont  le  rayon  r  est  ao?ind. 


ANCfiTRES   DES   INSfRUMENTS   DE  DESSIN   ET  DE  TOPOGRAPHIE      163 

On  ouvre  le  compas  de  proportion  de  sorle  que  la  dis- 
tance MM'  existant  entre  les  divi- 
sions 60  de  OD  et  OD'  soit  egale  au 
rayon  donne  ;  le  point  M  correspon- 
dant  a  la  division  60  est  le  milieu 
de  OD  et  OM  est  le  rayon  du  demi- 
cercle  de  la  graduation.  La  distance 
NN'  exislant  entre  les  divisions  n 
de  OD  et  OD'  est  la  corde  cherchee, 

car  le  rapport  M  des  rayons   est 
i  ^       MM'  ^ 

0^ 

^eal  a  celui  —^—,  des  cordes  de  n°  correspondantes. 

&  INN'  ^ 

Pour  resoudre  le  probl6me  inverse,  c'est-^-dire  pour 
trouverlenombre  de  degres  d'lmarc  dont  la  corde  c  et  le 
rayon  r  sont  donnes,  on  dispose  le  compas  de  sorte  que  ia 
distance  MM'  entre  les  divisions  60  de  OD  et  OD'  soit 
^gale  a  r  ;  puis,  ayant  pris  la  corde  c  h.  I'aidedu  compas 
h.  pointes  s^ches,  on  pose  les  deux  pointes  de  telle  sorte 
qu'elles  se  trouvent  cliacune  sur  une  ligne  des  cordes 
et  au  meme  point  de  division  ;  la  lecture  de  la  division 
donne  le  nombre  de  degres  de  Tare. 

Ligne  des  polygenes  (OE,  OE').  —  Les  divisions  de 
cette  ligne  OE  donnent  les  longueurs 
des  cotes  d'un  certain  nombre  de  po- 
lygones  reguliers  dans  un  cercle  dont 

le  rayon  est 


V3 


Le  cote  du  triangle 


Equilateral  inscrit  dans  ce  cercle  est 
done  ^gal  a  OE. 

Soit  a  inscrire  un  pentagone  dans  im 
cercle  de  rayon  r. 
On  ouvre  le  compas  de  proportion  de  sorte  que  la 
distance  MM'  existant  entre  les  divisions  6  de  OE  et  OE^ 


i64  LA   GEOMETRIE    Dt   MESLRE 

«oitdgale^r:  MM'  estle  cdt^  de  I'hexagone  inscrit  dans 
lecercle  de  rayon  r  ;  la  distance  NN'entreles  divisions  5 
•deOE  en  OE'  est  alorslec6t6dupontagone  inscrit  dans 

OM 

le  meme  cercle,  car  le  rapport  -  ~  est  egal  des  rayons 

.  ON 

a  celui  — ~  des  c6tes  des  pentagones  correspondants. 

Si  Ton  a  maintenant  a  decrire  un  pentagone  regidier 
sur  un  segment  donne  c  comme  cdte,  on  ouvre  le  com- 
pas  de  fagon  que  la  distance  NN'  existant  entre  les  di- 
visions 5  de  OE  et  OE'  soit  egale  k  c.  Le  rayon  du 
cercle  circonscrit  au  pentagone  est  alors  6gal  a  la  dis- 
tance MM'  entre  les  divisions  6  de  OE  et  OE',  et  le  pro- 
blcme  s'acheve  aisement. 

BIBLIOGRAPUIE 

Dareuderg  cl  Saglio.  —  Diclionnaire  des  anliquite's  grecques  et  romainetf 

Lome  11.  Paris,  1887,  10-4°. 
Piiiupi'K  Dankuie.  —  Declaration    de  I'usage   du  grapkometre...    Paris, 

1597. 
Leon  Helzey.  —  Decouverles  en  Chaldee,  Paris,  1884,  in-fol. 
Marcel  Dieulafoy.  —  L'Acropole  de  Susc.  Paris,  1890-92,  in-/ol. 
Galileo  Galilei.  —  Le  Operazioni  del  Compasso  geomelrico  e  militare, 

PaJoue,  liJOC,  in-fol. 


§  2.  —  Traces  sur  le  terrain, 

Le  cordeau  chez  les  figyptiens.  —  Les  harpedo' 
naptes  ou  teiideurs  de  cordeau  egyptiens  (Lntrod.,  §  1)  de- 
vaient  connaitre  certains  procedes  geom^triques  pour 
la  construction  de  Tangle  droit;  les  temples  et  les  py- 
ramides  d'Egypte  sont  en  effet  exactement  orientes  aux 
qualre  points  cardinaux.  Leur  nom  grec,  que  I'oncroit 
etre  la  traduction  d'un  terme  ^gyptien,  fait  supposer 
d'autre  part  qu'ils  se  servaient  d'un  cordeau  dans  leurs 
constructions  geom^triques.  On  sail  enfin,  grace  aux 


ANCfiTRI-S    DES   INSTRUMENTS    DE  DESSIN   ET  DE  TOPOGRAPHIE      165- 

inscriptions  relevees  sur  les  temples  qui  ont  etd  con- 
serves, que  dans  la  cdremonie  riluelle  d'implantalion^ 
de  la  piorre  de  base  des  edifices,  on  employait  un  cor- 
deau  et  des  piquets  de  Lois;  cette  pratique  remonterail 
au  moins  a  Ian  2300  av.  J.-C.  Mais  les  rlocuments 
dgyptiens  sonl  muets  sur  la  description  des  procedes 
des  harpedonaples  et  il  est  facile  d'en  com  prendre  la 
raison  ;  ceux-ci  lenaient,  en  effet,  h  ne  pas  initicr  le 
Yulgaire  a  leurs  mystcrieux  traces. 
II  nous  parait  neanmoins  vraisemblable  d'admettre, 
avec  M.  Cantor,  que  les  Egyptiens 
connaissaient  la  propridte  du  triangle 
de  cotds  3,  4,  5  d'etre  rectangle.  Des 
lors,  ayant  deux  piquets  A  et  K  pla- 
ces dans  la  direction  du  meridien  et 
distants  de  4  unites  de  longueur, 
avec  un  cordeau  de  longueur  12  por- 
tant  des  noeuds  a  des  distances  3  et 
o  de  ses  extremiles,  il  sutiisait  de 
faire  coincider  ces  noeuds  avec  A  et  B ; 
tendant  alors  les  deux  brins  libres  jusqu'a  se  toucher, 
on  obleiiaiten  G  un  point  de  la  perpendiculaire  elcv^e 
en  A  sur  AB.  Ge  procede  s'est  conserve  dans  la  pra- 
tique jusqu'a  nos  jours. 

Peul-elre  aussi  les  Egyptiens  employaient-ils  la  m6- 
thode  que  nous  allons  rencontrer  chez  les  Hindous. 

\  Le  cordeau  chez  les  Grecs.  —  On  retrouve  chez 
Heron  (Trmte  de  la  Dioptre,  XXV,  1"  s.  ?)  une  trace  de 
cet  empioi  du  cordeau,  probablement  inspire  de  la  tra- 
dition egyptienne. 

Dans  le  probleme  traite  par  le  savant  alexandrin,  il 
s'agit  de  reconstituer  les  limites  d'une  propriete  de 
forme  polygonale  oii  les  bornes  placdes  aux  sommets 
ont  disparu,  a  i'exception  de  deux ;  la  position  de  toules 


166 


LA    GEOM^TRIE   DE   MESURE 


les  bornes  est  reperee  au  moyen  d'un  plan  par  rapport 
h  deux  directions  principales  normales  entre  elles.  II 

suffit   de   relrouver  sur   le 

terrain  ces  deux  directions, 

5.   I'aide    des    deux    bornes 

existantes,    et  le   problome 

s'achfivera  ensuite  sans  dif- 

licult^. 

F  Soient  A   et  B  ces  deux 

,  bornes.  Le  plan  de  la  pro- 

^  D         E  priete    indique   la   distance 

BC  de  B  a  une  cerlaine 
droite  AF,  el  en  meme  temps  la  distance  AC;  il  s'agit 
de  tracer  sur  le  terrain  les  droiles  AF  et  BC  qui  sont 
les  directions  cherchees. 

On  marque  un  point  E  quelconque  sur  AB,  on  mesure 
AE  et  AB.  Si  Ton  suppose  abaissee  une  perpendiculaire 
ED  sur  AF,  les  triangles  semblables  AED,  ABC  donnent 

AD  =  AC.— ^     et     ED=rBC.'^.      On  porte  les  lon- 
AB  AB 

gueurs  AD'  et  ED,  calculees  a  i'aide  de  ces  relations,  a 

la  suite  I'une  de  I'autre  sur  un  cordeau,  respeclivement 

en  A'D'  et  D'E',  on  fixe  A'  en  A,  E'  en  E  et  on  tend 

les  deux  brins  A'D'  et  E'D'  du  cordeau.  La  position  de 

D'  determine    alors   celle    de  D :    AD    est  Tune    dcs 

directions  cherchees. 

Le  cordeau  chez  les  Hlntlous.  —  Nous  avons  vu 
(Introd.,  §  4)  que  la  description  des  precedes  geome- 
triques  employes  par  les  Ilindous  pour  la  construction 
des  autels  etaitcontenue  dans  les  QulvasiUras  oU  Regies 
du  cordeau;  nous  allons  indiquer  quelques-unes  de  ces 
regies  d'apr^s  Baudhayana  (2*  s.?). 

Les  autels  pouvaient  affecter  les  formes  les  plus  di- 
verses  et  les  plus  bizarres:  ils  dtaient  carres,  reclan- 


ANCETRES    DES   INSTUUMENTS    DE   DESSIN    ET    DE   TOPOGMPHIE      167 

gulaires,  circulaires,  en  forme  de  tortue,  de  faucon,  de 
roue  de  voilure,  etc.  L'axe  de  la  figure  etait  toujours  - 
orients  suivant  la  direction  Est-Ouest  et  on  I'appelait 
«  la  ligne'du  dos  »  ;  la  t6te  de  I'animal  represenle  etait 
placde  au  levant  et  sa  queue  au  couchant;  les  c6t^s 
parallclesaraxe  etaient  les  «  flancs  »  ou  les  «  handles  », 
€t  leur  distance  h  cet  axe  «  I'epaule  ». 

Yoyons  d'abord  comment  Baudhayana  opSre   pour 

tracer  une  perpendiculaire  a 
l'axe  EO,  celui-ci  etant  sup- 
pose prealablement  orients 
et  des  piquets  etant  places 
en  E  et  0.  II  prend  un  cor- 
deau  0"E'  ayant  une  bou- 
clette  k  chaque  extr^mit^ 
0"  N'   0'  E'      et  de  longueur  double  de 

OE;  soit  0'  son  milieu;  il 
prend  ensuite  le  quart  O'N'  de  O'O"  en  repliant  la  lon- 
gueur O'O"  deux  fois  sur  elle-mdme  :  on  a  0"N'  =  3/4 
€t  J\'E'=:5/4,  si  OE  est  prise  comme  unite  de  lon- 
gueur. En  passant  les  boucleltes  dans  les  piquets  0 
et  E  et  on  tendant  le  cordeau  vers  le  point  marque  N', 
on  obtient  la  pnrpendiculairc  ON  a  OE.  L'auteur  hin- 
dou  indique  un  precede  analogue  en  se  basant  sur  la 
propriete  du  triangle  5,  12  et  13  d'etre  rectangle.* 

Voici  maintenant  la  solution  de  Baudhayana  pour 
tracer  un  carre  de  cote  donne  a.  On  prend  un  cordeau 
de  longueur  a  ayant  une  bouclette  a  chacune  de  ses 
extremites  et  une  marque  en  son  milieu.  En  un  point  X 
de  la  ligne  d'orientation  OE  on  plante  un  piquet  dans 
lequel  on  engage  les  deux  bouclettes,  et  avec  la  marque 

on  decrit  une  circonference  (  de  rayon  — );  a  chacune 

des  extremites  0  et  .E  du  diametre  intercepte   sur  la 
ligne  d'orientation,  on  plante  un  piquet.  Passant  une 


168;  LA   GEOMETRIE   DE   MESURE 

des  bouclelles  au  piquet  0,  on  trace  une  circonference 
avec  I'autre  boiiclette  (rayon  a)  et  on  fait  de  m^me  au 
piquet  E.   Ccs  deux  circonferences  se  rencontrent  en 

des  points  F  et  G  qu'on  joint 
par  une  droite ;  celle-ci,  per- 
pendiculaire  k  OE,  coupe  la 
circonference  de  centre  X 
aux  points  N  et  S  oii  Ton 
plante  a  nouveau  des  pi- 
quets. On  place  les  deux 
Louclettes  en  0  et  on  decrit 
une  circonference  avec  la 
marque ;  on  fait  de  mcme 
enN,E,S.  Les  points  d'in- 
tersection  de  ces  quatre  circonferences  sont  les  sommets 
du  carre  cherche,  ainsi  qu'on  le  prouverait  aisement. 

Puis  Baudhayana  enseigne  le  moyen  de  transformer 
une  figure  d'autel  en  une  autre  semblable   et  qui  soit 
dans  un  rapport  donne  avec  la  premiere.  Par  exemple, 
pour  obienir  un  carre  B  d'aire  double  d'lin  carre  donne  A^ 
11  indique  que  le  c6te  de  B  est  represente  par  la  lon- 
gueur du  cordeau  tendu  suivant  la  diagonale  de  A. 
Enfin,  I'auleur  liindou  se  propose  encore  de  transfor- 
mer une  figure  d'autel  en  une 
autre  en  lui  conservant  une  aire 
constante.  II  donne  a  ce  sujet 
diverses  regies  parmi  lesquelies 
nous  ne  retiendrons   que    celle 
relative  h  la  question  suivanle: 
Transformer  un    carre    en    un 
triangle  isocele  de  meme  aire  et 
dans  lequel  la  hauteur  soit  erjale 
d  la  base  (avant-char). 
Soient  ABGD  le  carrd  donne,  OE  Taxe  de  I'autel  paral- 
I61e  k  BG  et  passant  par  le  milieu  E  de  GD.  On  deter- 


B'    ' 

f 

0 

B 

^^\ 

^^ 

\ 

a: 


D' 


ANCLTRES    DES   INSTRUMEMS    DE   DESSIN    ET    DE   TOPOGRAPHIE      169 

mine  d'abord,  commc  nous  venons  de  le  dire,  un  carr^ 
A'Ji'C'D'  double  du  propose  et  ayant  m6me  axe,  puis  on 
place  un  piquet  en  E.  On  dispose  les  bouclettes  de 
deux  cordeaux  en  E,  et  ces  cordeaux  tendus  suivant 
EAA',  EBB'  donnerjt  le  triangle  AEB,  qui  est  le  triangle 
isocele  demande ;  son  aire  est  en  effet  egalealamoitie 
de  celle  de  A'B'G'D'  ou  a  celle  de  ABCD. 


Le  cordeau  au  Moyen  Age  et  it  la  Renaissance.  — 

Le  procede  suivant  est  indique  par 
Li^ONABD  DE  Pise  dans  sa  Geometric 
ioratigiie  ^1220j  \)Our  abaisser  par  un 
point  P  donne  sur  le  terrain  une 
perpenfticnlaire  siir  une  droitc  tracee 
L.  On  iixe  en  P  une  exiremile  d'un 
cordeau  et  on  tend  celui-ci  de  ma- 
nlere  que  I'aulre  extremite  Q  passe 
au  delu  de  L;  on  marque  le  point 
de  renconire  A  du  cordeau  et  de  L, 
puis  on  determine  sur  L  avec  PA  un  point  A'  tei  que 
PA'  =  PA.  II  sutfit  alors  de  prendre  avec  le  cordeau  la 

distance  AA'  et  par  pliage  on 
obtient  le  milieu  B  de  AA' ; 
les  poinis  P  et  B  determi- 
nen  t  la  perpend  iculaire  cher- 
chee. 

Yoici  maintenant  un  pro- 
bleme  tire  de  la  S*"  ed""  de 
la  Geometric  d'EuRARD  de 
Bar-le-Duc  (1619).  11  s'agit 
de  determiner  la  distance  AB  de  deiix  points  dont  t'un 
A  est  inaccessible.  On  prend  un  cordeau  qu'on  divise 
par  un  pliage  en  deux  parties  egales.  Getant  pris  sur 
AB  ou  sur  son  prolongenient,  on  place  les  extremites 
du  cordeau  respectivement  en  B  et  C  et  on  tend  ses 


i70  LA    GtoM^TRIE   DE   MESllRE 

•deux  moilies  de  fagon  a  obtenir  le  triangle  isoc^le  BDC. 
On  porte  au  moyen  du  cordeau  deux  longueurs  ^gales 
DE  et  DF  suivant  les  coles  DB  et  DC  du  triangle  BDC 
et  on  determine  I'intersection  G  des  deux  alignements 
AD  et  EF,  a  I'aide  de  jalons.  Si  DE  a  6i6  pris  le  tiers 
-de  DB,  par  exemple  (ou  EF  le  tiers  de  BC),  GE  qu'on 
mesure  direclement  est  le  tiers  de  AB. 

En  resume,  le  cordeau,  dans  ce  dernier  probleme,  a 
servi  k  mener  une  parall^le  EF  h  une  droite  BG. 

La  groma  des  Remains.  —  L'instrumont  qui  rem- 
plissait  dansl'antiquitele  mfime  oilice  que  noire  ^querre 
d'arpenteur  portait  dilT6renls  noms  :  e'tot/e  ou  astc- 
risque  chez  les  Grecs,  ferramentum  ou  groma  chez  les 
Remains,  d'oii  le  noni  de  gromatici  souvent  donne  aux 
arpenteurs  latins. 

Son  emploi  parait  remonter  a  une  epoque  tres  rccu- 
l^e.  Les  Etrusques  nolammont  sc  servaienl  d'un  pareil 
instrument  :  enElrurie  commc  en  Egypte,  les  temples 
etaient  orientes  aux  quatre  points  cardinaux. 

La  groma  futk  peu  pr6s  exclusivement  employee  chez 
les  agrimenseurs  remains.  Ceux-ci,  lors  de  la  fondation 
d'une  colonie,  par  exemple,  commengaient  par  tracer 
«ur  le  terrain  concede  par  I'Etat  deux  axes  rectangu- 
laires :  I'un,  le  «  cardo  maximus  » ,  allant  du  sud  au  nord  ; 
I'aulre,  le  «  decumanus  maximus  »,  allant  de  Testa  I'ouesl; 
les  parts  des  colons  elaient  detcrminees  au  moyen  de 
parallMes^  ces  deux  directions  principales.  On  voit  que 
pour  toutes  ces  operations  tr6s  simples,  a  peu  pr^s  les 
seules  connues  des  agrimenseurs,  il  sullisait  d'avoir  i:n 
instrument  permettant  d'obtenir  deux  visees  reclan- 
^ulaires  :  c'est  1^  I'objet  principal  de  la  groma. 

On  a  ete  longtemps  sans  connaitre  quelle  avait  <St^ 
la  forme  exactedecette  derniere  ;  on  avait  fait  les  hypo- 
Ih^ses  les  plus  diverses  a  cesujct,  jusqu*aujour  (1852) 


^        ANCLTRES    DES    INSTRUMENTS    DE   DESSIN   ET   DE   TOPOGRAPHIE      171 

ou  un  arch^ologue  ilalien,  Gazzera,  en  retrouva  le  des- 
sin  a  Ivrde  sur  le  tombeau  d'an  arpenteur  romain.  La 
groma  sc  composait  d'une  lige  portant  h  son  extremite  ^ 
infdrieure  une  douille;  dans  celle-ci  pouvait  s'engagert 
iin  pied  ferre  appel^  ferram.en-\ 
tum^  d'ou  le  nom  souvent  donn^ 
a  rinstrument  toutentier.  Deux 
regies  se  croisant  a  angle  droit 
etaient  fixees  h.  la  tige  dans  un 
plan  perpendiculaire  a  celle-ci. 
Un  lil  a  plomb  etait  suspendu 
^  I'une  des  extr^mites  de  cha- 
cune  des  reglettes ;  I'autre  extre- 
mite porlait  un  trait  de  repere 
ou  une  cheville  proeminente 
{corniciduni)  od  I'arpenteur  fai- 
sait  passer  un  fil  a  plomb  mobile 
qu'il  tenait  a  la  main  et  dont 
les  degauchissements  successifs 
avec  les  deux  fils  fixes  donnaienl  deux  plans  de  vis^e 
perpendiculaires  I'un  sur  I'autre.  Les  visees  e'taient 
facilitees  par  la  presence  d'une  ouverture  (Jumen)  me- 
nagee  au  point  de  rencontre  de  la  tige  et  des  deux  regies, 
et  qui  est  indiquee  sur  la  figure  ci-dessus.  Sur  certains 
instruments,  les  reglettes  portaient  chacune  deux  che- 
villes  a  leurs  extrcmit6s,  avec  un  fil  a  plomb  fixe  h 
chaque  cheville. 

Pourobtenirdes  resultats  exacts  avec  la  groma,  ilfal- 
laitque  leplan  des  deux  regies  tutbien  horizontal,  ainsi 
que  Heron  en  fait  la  remarque;  comme  la  tige  devait 
etre  perpendiculaire  k  ce  plan  par  construction,  il  suf- 
fisait  done  a  cet  effet  de  la  disposer  verticalement  dans 
deux  directions  au  moyen  du  fil  a  plomb. 

Afin  de  donner  un  exemple  de  I'emploi  de  la  groma, 
nous  aliens  r^sumerun  passage  de  I'agrimenseurNiPsus. 


La  groma  des  Remains 

(d'apres  I'inscription  decou- 

verte  par  Gazzera). 


172 


LA   G^OMETRIE   DE    MESURE 


II  s'agit  de  determiner  la  largeur  iVB  d'une  riviere,  Tex- 
tremite  A  (5lant  inaccessible.  On  eleve  en  B  sur  AB,  au 
moyen  de  lagroma,  une  perpen- 
diciilaire  sur  laquelle  on  prend 
deux  longueurs  egales  quelcon- 
ques  BG=:GB';  en  B'  on  elcve 
une  nouvelle  perpendiculaire 
sur  BB',  On  place  I'instrument 
en  G  et  on  le  dispose  de  sorte 
que  le  plan  de  visde  d'une  des 
deux  regies  passe  par  A  ;  puis 
on  se  retourne  et  on  fait  mar- 
quer  par  un  jalon  le  point  A'  oii 
cette  direclion  rencontre  la  per- 
pendiculaire B'A' ;  le  segment 
B'A'  est  egal  a  la  largeur  clierc!:ee  de  la  riviere,  car  les 
deux  triangles  ABC  et  A'B'G'  sont  egaux. 


L'^querre  d'Elie  Vinet  (1383).  —  Elle  se  com- 
pose d'un  plateau  de  bois  de  forme 
carree  ou  circulaire  d'un  demi- 
pied  de  cole  ou  de  diametre  et  de 
3  doigts  d'epaisseur,  sur  lequel 
sont  tracees  deux  rainures  rectan- 
gulaires.  Sur  sa  face  inferieure  est 
menagee  une  ouverture  qui  per- 
met  de  faire  reposerle  plateau  sur 
un  pied. 


Lacroix  arpentique  de  Simon  Steviii(fin  du  16®s.). 
—  Elle  comporte  un  plateau  de  cuivre  avec  deux  traits 
rectangulaires,  reposant  sur  un  pied  ferre  divis6  en 
pieds  et  pouces  afin  de  pouvoir  s'en  servir  le  cas  echeant 
pour  mesurer.  Aux  extrdmites  dcs  trails  graves  sur 
le  plateau  sont  disposdes  des  pinnules,  soil  pleines,  soil 


ANCETRES   DES   INSTRUMENTS    DE   DfiSSIN    ET   DE  TOPOGRAPHIE      173 

munies   d'ouvertures,    qui    permetlent    de    faire    les 
vJsees. 

On  voit  qu'apres  Simon  Stevin,  il 
reste  peu  de  chose  a  faire  pour  arriver 
h  notre  equerre  acluelle. 


La  dioptre  de  Heron.  —  Les  Grecs 
ont  employe  dans  leurs  operations  geo- 
desiquesun  instrument  appele  dioptre,  du  nom  de  I'or- 

gane  servant  ^  viser, 
organe  que  Ton  a  de- 
nomme  plus  tard  chez 
les  Latins  mediclinium 
et  chez  les  Arabes  al- 
hidhdt,  dont  les  Fran- 
Qais  ont  fait  alidade. 

On  sait  d'apr^s  un 
passage  de  Theon  de 
Srayrne  qu'un  disci- 
ple d'Aristote,  Dicear- 

QUE  DE  MeSSINE,  SB  SCF- 

vaitd'une  dioptre  pour 
mesurerla  hauteurdes 
montagnes;  Ptolemde 
nous  apprend  ^gale- 
ment  queHippARQUE(2* 
s.  av.  J.-C.)employait 
un  instrument  de  ce 
nom  dans  ses  obser- 
vations astronomiques 
(Voir  §  4,  Baton  de 
Jacob).  Mais  la  dioptre 
restee  celebre  est  celle 
d^crite  par  H^ron  d'Alexandrie  (1"  s.  ?)  dans  le  traits 
qu'illuiaconsacr(^,  et  qui^taitsurloutdestinee  aux  ope- 


Dioptre  de  Heron. 

Restitution  de  M.  Hermann  SchSne 

(1903). 


174  LA   GtoM^TRIE  DE  MESURE 

rations  sur  le  terrain ;  on  pent  la  considerer  comme 
le  germe  de  notre  theodolite  actuel. 

Autant  qu'on  pent  en  juger  par  la  description  in- 
complete qui  nous  en  est  parvenue,  la  dioptre  de  Heron 
se  composait  essentiellement  d'une  alidade  mobile  sur 
un  plateau  circulaire;  ce  dernier  ^tait  fixd  a  un  arc 
dente  qui  permettait  de  lul  donner  une  inclinaison 
quelconque  au  moyen  d'une  vis  sans  fin.  Le  plateau 
€\a\t  d'autre  part  mobile  autour  d'uh  axe  vertical, 
grace  h  une  roue  dentee  FA  ^galement  mue  par  une 
vis  sans  fin  EZ. 

On  pouvait  resoudre  avec  cette  dioptre  lous  les  pro- 
blemes  usuels  d'arpentage  et  de  lever  de  plans,  sans 
jamais  mesurei'  d'angles,  car  elle  permettait  d'oblenir 
des  lignes  de  visde  dans  tous  les  sens  et  d'elever  des 
perpendiculaires.  Pour  ce  dernier  probleme,  on  devait 
se  servir  de  deux  diam^tres  rectangulaires  traces  sur  le 
plateau  circulaire. 

La  dioptre  pouvait  encore  6tre  utilisee  dans  le 
nivellement,  comme  nous  le  verrons  plus  loin  (§  7) ; 
enfin  lorsqu'on  s'en  servait  dans  les  observations  as- 
Ironomiques,  on  tragait  sur  le  plateau  une  circon- 
ference  divisee  en  360°. 

Yoici  deuxexemples  de  I'emploi  de  cet  instrument, 
ex  traits  du  Traite  de  la  Dioptre. 

Elant  donne  deux  points  A  e^  B  tels  que  de  I'un  on  ne 
puisse  apercevoir  I'autre,  les  joindre  j)ar  une  ligne  droite, 
quelle  que  soit  la  distance  qui  les  separe. 

On  fait  en  A  un  alignement  quelconque  AG  ;  puis  au 
moyen  de  la  dioptre  on  eleve  a  AG,  en  un  certain 
point  G,  une  perpendiculaire  GD  de  longueur  arbitraire, 
puis  en  D  une  nouvelle  perpendiculaire  a  GD,  et  ainsi 
de  suite  jusqu'a  ce  qu'on  apergoive  B  dun  point  L. 


ANCfeTRES   DES   INSTRUMENTS    DE   DESSIN    ET   DE  TOPOGRAPHIE      175- 

En  mesurant  les  diverses  longueurs,  on  a  Irouv^ 

AG=      20coudees  GD=:22 

DE=      16  EZ=30 

—  ZH==  — 14  flC=rl2 
CKz=      60  KL=^ 

—  LB==— ^0  72 

32 

En  faisant  l.i  somme  des  longueurs  do  direction  AG 

A       20         G 


N: 


9i\ 

.'8i    \ 

•    L    AQ 

F   8      \ 

\ 

\ 

\ 


X' 


22 
D     16 


30 


\ 


..V. 


60 


M 


Sft        B    P 


et  relranchant  celles  de  direction  opposee,  on  trouve  que 

la  valeur  de  MB  est  de  32  coudees  ;  faisant  de  meme  la 

somme  des  longueurs  de  direction  GTJ,  on  trouve  que 

AM  Yaut72  coudees.  Le  point  M  se  determine  ais^ment 

sur  le  terrain. 

On  prend  alors  sur  AM  une  longueur  arbitraire  AT, 

de  9  coudees  par  exemple  ;  si  Ton  mene  par  T  la  pe.r- 

pendiculaire   TV  St    AT,   le    point  V    6tant  suppose 

sur  la  droite  AB,  la  longueur  TV  sera  donn^e  par  la 

TV      MB 
proportion  ——==——-.  En  continuant  ainsi,  on  obtien- 
*^  AT      AM 


176 


LA    GEOMETRIE   DE   MESURE 


dra  aiitant  de  points  que  Ton  voiidra  de  Talignement 
AB. 

Mesiirer  im  champ  [poli/gonal]  ou  Von  ne  pent  peni' 
trer,  soil  a  cause  d'lme  plantation  epaisse,  soit  a  cause 
d'embarras  provenant  de  constructions,  soit  enfin  parce 
qn'il  n' est  pas  permis  d'y  entrer. 

Soit  ABG  . . .  C  le  champ  polygonal  consldere  qu'on 

divise  en  trian- 
gles par  des  dta 
gonales  partant 
du  sommetC.  Au 
moyen  deladiop- 
g  tre,  prolongeons 
CH  et  ZH  hors 
du  champ,  de 
quantites  IlL  et 
HK  qui  soient 
une  meme  irac- 

tion  — ou  un  m^mo  multiple  de  CH  et  ZH.  Le  tiiano;le 
n  ° 

LHK  est  semhlable  au  triangle  GHZ  et  on  a 
aire  GHZ  =  n^  x  aire  LHK. 

On  procede  de  memo  pour  le  triangle  GAB. 

On  determine  I'aire  des  triangles  restants   comme 

I  nous  allons   le    monlrer  pour  CZE.   On  prolonge  HZ 

!  d'une  quantite  ZM^rHK;  puis  au  moyen  d'un  cordeau 

'  sur  lequel  on  porle  succcssivement  les  longueurs  HL, 

LK,  on  determine  a  partir  de  Mies  segments  MN  et  NZ 

tels  que    MN  =  HL  et  NZ  =  LK.  Les  deux  triangles 

ZMN  et  KHL  sont  egaux  et  on  a  iNZM=LKH  =  HZG  ; 
ainsi  ZN  est  dans  le  prolongement  de  ZG. 

On  prolonge  ensuite  EZ  d'une  longueur  XZ  =  —  EZ 


ANCETRES    DES    INSTRUMENTS    DE    DESSIN   ET   DE   TOPOGRAPHIE      177 

et  sur  ZN  on  prend  ZO  =  —  •  LK  =  —  •  wLK  =  — ZC. 

m  m  m 

Les  triangles  ZCK  et  ZOX  sont  semblables  et  on  a 
aire  ZCE=m«xaire  ZOX. 


BIBLIOr.RAPIIlE 

J.  B.  Venturi.  —  Commenlari  sopra  la  sloria  e  le  leorie  dell'  olica.   Bo- 

logne,  1814,  in-i". 
A.  J.  H.  Vincent.  —  Exlrails  des  manuscriis  relatifs  a  la  geometrie  pra- 
tique des  Grecs.  Not.  et  Extr.   des  .Mss.    d.   1.   Bibl.  Nat.,   tome    19, 

2«  partie,  I808. 
Hermann    Schone.    —    Herons    von    Alexandria    Vermessungslehre    und 

Diaplra.  Leipzig,  IWA,  in-8°. 
F.  Blume,  K.  Lachmann  und  A.  Rudorff.  —  Die  Schriften  der  Romischen 

Feldmesser...  Berlin,  1848-o2. 
Gazzera.  —  Del  ponderario   e   delle  antiche  lapidi  eporediesi.    Mem.  de 

I'Ac.  des  Sc.  de  Turin,  18o4. 
Elie  Vinet.  —  L'Arpanlerie.  2«  ed™,  Bordeaux,  1383. 
Stevin.  —  Les  (JEuvres  malkemaliques  de  Simon  Stevin  de  Bruges.  Edition 

Albert  Girard.  Leyde,  1634,  in-fol. 
Thibault,  —  The  Sulvasiilras.  Calcutta,  187o. 


§  3.  —  Mesure  directe  des  distances. 

La  chaine  d'arpenteur  dans  I'Antiquite.    — -  Chez 

les  Egyptiens,  la  mesure  directe  des  distances  s'effec- 
tuait  en  particulier  au  pas  par  des  operateurs  speciaux 
nommes  bimatistes. 

Les  Grecs  employaient  un  roseau  (kalamos)  ou  une 
corde  de  jonc  tresse  {scho'inion).  «  Pour  meltre  la  corde 
hors  d'etat  de  s'allonger  et  de  se  raccoureir,  dit  Heron, 
on  la  tend  fortement  entre  deux  pieux  et  apr^s  I'avoir 
ainsi  tendue  pendant  quelque  temps,  on  la  tire  de  nou- 
veau ;  apr^s  avoir  repete  plusieurs  fols  la  m^me  ma- 
noeuvre, on  frotte  la  corde  avec  un  melange  de  cire  et 
de  r^sine.  II  vaudra  mieux  encore  la  tendre  verticale- 

FocRREY.  —  Curios,  qiom.  i2 


178  LA    GEOM^TRIE  DE    MESURE 

ment  ety  laisser  pendant  assez  longtemps  un  poids  sus- 
pendu. » 

Les  arpenteiirs  remains  se  servaient  d'une  perche 
longue  de  dix  pieds  ou  decempeda,  d'ou  le  nom  de  de- 
cempedatores  qu'on  leur  donnait  parfois. 

On  Irouve  menlionn^e  pour  la  premiere  fois  notre 
chaine  d'arpenleur  actuelle  dans  un  ouvrage  de  Stevin 
paru  en  1605. 

L'odometre  de  H6ron  (ler  s.  ?.)  —  Get  instrument 
avail  pour  but  la  mesure  directe  des  distances  en  em- 
ployant  une  voiture.  Une  tige  fix^e  sur  le  moyeu  d'une 
des  roues  mettait  en  mouvement  une  roue  k  palettes, 
et  celle-ci,  par  un  systeme  d'engrenages&  roues  dent^es 
et  vis  sans  fin,  faisait  mouvoirun  index  sur  une  circon- 
fdrencegraduee.  Le  chemin  parcouru  se  lisait  directe- 
ment  sur  la  circonference. 

ViTRUVE  (1"  sO,  dans  son  Architecture  (livre  X),  dd- 
crit  un  instrument  analogue. 

§  4.  —  Mesure  indirecte  des  distances. 

L'ombre.  —  Nous  avons  vii  (Introd.,  §  2)  queTuALi^s 

(6*  s.  av.  J.-G.)  s'etait  servi 

de  l'ombre  pour  mesurer  la 

hauteur    d'une    pyramide. 

Gomme  iloperaita  I'instant 

de  la  journ^e  «  ou  l'ombre 

nous  est  ^gale  »,  il  lui  suffi- 

sait  de  mesurer  la  longueur 

de  l'ombre  de  la  pyramide. 

II  est  probable  qu'il  employait  un  proc6de  analogue  pour 

d(5terminer  la  distance  des  vaisseaux  en  mer. 

Edclide(3'  s.  av.  J.-C.)  dans  son  Optique  d6crit,  pour 


ANCfiTRES    DES    INSTRUMENTS    DE   DESSIN    ET   DE   TOPOGRAPHIE       179 

la  mesure  d'une  hauteur  par  I'ombre,  un  precede  qui. 
utilise  les  propriet6s  des  triangles  semblables. 

Soient  ABla  hauteur  amesurer,  AE  son  ombre  surle 
sol  suppose  horizontal,  CD  une  autre  hauteur  [un  bd- 
lon  par  exemple]  dont  Textremite  superieure  affleure  la 
droite  BE.  On  a 

AB  =  AE.^. 
CE 

Le  procede  indique  par  Euclide  a  ^le  reproduit  fre- 
quemment  apres  lui,  notamment  dans  les  Geometries 
pratiques  du  Moyen  age  et  de  la  Renaissance. 

Voici  comment  le  grand  peintre  Leonard  de  Vinci 

(15-16*  s.)  resout 
le  meme  proble- 
me  :  «  Si  tu  voux 
mesurer  une 
hauteur  [d'une 
tour]  avec  I'om- 
bre dusoleil,prendsunbMon  qui  soit  d'une  brasse,  fixe- 
le  et  attends  que  le  soleil  lui  fasse  faire  deux  brasses 
d'ombre  ;  et  aussitdt  mesure  I'ombre  de  la  tour,  et  si 
elle  est  de  100  brasses,  la  [hauteur  de  la]  lour  sera  de 
oO  ;  c'est  une  bonne  regie.  »  On  voit  que  le  procede 
de  I'artiste  italien  a  une  grande  analogic  avec  celui  de 
Thal^s.  II  ajoute  d'ailleurs  :  «  Autant  be  entre  en  ac, 
autant  la  hauteur  de  la  tour  entre  en  an  »  ;  on  retombe 
ici  sur  la  solution  d'Euclide. 

Le  b4ton.  —  Nous  venons  de  renconlrer  I'emploi 
accessoire  du  baton  dans  la  mesure  par  I'ombre.  Nous 
allons  maintenant  donner  des  exeraples  de  son  usage 
direct,  d'apres  divers  auteurs  du  Moyen  age  et  de  la 
-Renaissance. 

Mesurer  la  largeur  AB  d'line  riviere,  ou  plus  genera- 


180 


LA   CtoM^TRIE   DE  MESURE 


lement,  mesiirer  une  distance  horizontale  AB  dont  une 
extremile  B  est  inaccessible. 

1"  Solution  {Geometric  de  Gerbert,  10*-11's  .).  — On 
plaute  k  rextrdinite  accessible  A  {fig.  a)  un  baton  AG 
un  pen  plus  court  que  la  hauteur  de  Top^rateur.  Celui-ci 
se  recule  en  arri6rc  jusqu'a  ce  qu'il  apergoive  les  points 
C  et  B  en  coincidence  appurcnte  :  soil  a  ce  moment 
DE  sa  position. 

On  a  alors 


DB      AB         ,,  ,     DB 

zzz ,         U  OU      

DE      AC  DIv 


AB 
AC 


AB 
AC' 


et 


AB  =  AC. 


AU 


DE  — AC 


Lcs  longueurs  AC,  AD,  DE  (hauteur  de  I'aiil  de 
rop6rateur  au-dessus  du  sol)  peuvenl  etre  iacilenien'^ 
deterniinees. 

On  pourrait  aussi  employer  deux  batons  AC  et  DE, 
ce  (fui  dispenserait  de  faire  enlrer  dans  le  calcul  la 
hauleui'de  ropcrateur. 


Fig.  a.  Fig.  b. 

2'  Solution  {Geomctrie  de  Gerbert).  On  plante  verti- 
palement  en  A  {fig.  b)  un  ba,ton  AC  de  hauteur  un  pen 
moindre  que  celle  de  I'opt^rateur  ;  sur  ce  baton  s'en 
Irouve  fixe  un  second  EG  perpendiculairement  au  pre- 
mier. On  note  le  point  F  oii  le  rayon  visuel  CB  ren- 
contre EG.  On  a 

GA 


AB  =  EFx 


CE 


ANCETRliS    DES   INSTRUMENTS    DE   DESSIN    ET   DE   TOPOGRAPHIE       18! 

[II  serait  plus  commode  de  se  reculeren  arriere  de  A 
jusqu'en  un  certain  point  A'  tel  que  le  rayon  visuel 
C'B  passe  par  Textremite  G  du  baton  horizontal ;  il  suf- 
lirait  alors  de  retrancher  A'A  de  la  distance  A'B  cal- 
culee  comme  ci-dessus,  pour  obtenir  AB.] 

3*  Solution  (Leonard  de  Vinci,  IS^-lB^s.).  — L'opera- 
teur  emploie  un  biton  liche  en  lerre  en  AC  (//'y.  c)  el  dont 
la  hauteur  est  egale  a  la  distance  de  roeil  au  sol.  Ou  vise 
le  point  B  apres  s'etre  recule  au  dela  de  A  et  on  mar- 
que le  point  E  ou  le  rayon  visuel  rencontre  le  bflton 
AC.  Pour  mesurer  la  longueur  DC  avec  precision,  on 
pent  se  servir  dun  lil  ou  d'une  baguette  dont  une  ex- 
tremite  est  en  C  et  dont  I'autre  est  ^Foiil.  On  a 


AB  =  CDx 


AE 
EC 


Fig.  c.  Fig.  d. 

4*  Solution  (fieometrie  d'ERRARo,  3*ed.,  1619).  —  On 
place  verticalement  un  baton  AC  en  A,  puis  on  en  fixe 
un  second  CD  en  un  point  du  premier,  de  sorte  que  sa 
direction  passe  par  B.  Un  tail  pivoler  le  syst^me  de  180" 
aulour  de  AC ;  la  direction  CD'  du  baton  auxiliaire 
venant  rencontrer  en  B'  le  sol  suppose  horizontal,  la 
distance  AB'  est  egale  a  la  longueur  cherchee  et  il  ne 
resle  plus  qu'a  la  mesurer  directement. 

Si  I'operateur  est  muni  d'un  chapeau  k  larges  bords, 
il  peut  se  dispenser  de  I'emploi  dii  baton  CD.  Ap- 
puyant  le  menton  sur  le  baton  AC,  il  dispose  son  cha- 
peau de  telle  sorte  que  le  rayon  visuel  allleurant  le 


i82 


LA   GEOMETRIE   DE   MESURE 


bord  passe  par  B  ;  se  relournant  et  repetant  la  m^me 
operation,  il  determine  le  point  B'. 

Mesurer  une  hauteur  AB  dont  le  pied  A  est  accessible, 
le  sol  dans  un  certain  rayon  etanl  suppose  horizontal. 

l""'  Solution  (Geometrie  de  Gerbert,  10*-H*  s.).  —  On 
cmploic  un  instrument  (Jig.  a)  compose  de  deux  batons 

CD 

CD  et  EF  =  -— ,  le  second,  de  longueur  a  pen  pr^s  ^gale 

{i  la  hauteur  de  I'operateur,  etant  dispose  perpendiculai- 
rement  et  au  milieu  du  premier;  ces  bS,tons  «  sont  des 
objets  que  jamais  le  geomMre  ne  doit  oublier  de  pren- 
dre avec  lui  ». 

L'opcrateur  cherche  dans  la  plaine  une  position  EG 
telle  que  le  b^lon  CD  etant  place  verticalement  au 
moyen  du  111  a  plomb,  le  rayon  visuel  ED  passe  par  B. 
On  aalors,  si  11  est  le  point  de  AB  oii  la  direction  EF 
coupe  cctle  droite,  BII  =  HE,  et  il  suffit  pour  obtenir 
AB  d'ajouter  la  longueur  CF  a  la  longueur  HE  =  AG, 
qu'on  pent  mesurer  directement. 


2*  Solution  (Souan-fa-tong-tsong,  traits  malliem. 
chinois,  1593).  —  On  plante  en  CD  (fig.  b)  un  baton  plus 
haut  que  I'operateur ;  celui  se  recule  en  une  position  EF 
telle  que  son  rayon  visuel  FD  passe  par  B.  Si  G  et  H 


ANCETRES   DES    INSTRUMENTS    DE    DESSIN    ET   DE   TOPOGRAPHIE      183 

sont  les  points  oil  les  horizontales  en  D  et  F  coupent 
respcctivement  AB  et  CD,  on  a 

HD 


GB  =  GD- 


HF 


II  n'y  a  plus  qu'^  ajouter  CD  =  AG  k  celte  valeur 
dc  GB. 

3«  Solution  (Gcometrie  cI'Errard,  S"  M.,  1619).  — 
Un  premier  b^ton  etant  place 
verticalement  en  CD,  on  en 
dispose  un  second  plus  court 
EP  dc  telle  sorte  qu(;  le  rayon 
vi.suel  FD  passe  par  B;  puis 
on  determine  le  point  I  oil  la 
di reaction  I)F  rencontre  le  sol 
liorizonlul.  On  a  alors 


ABrrrAl. 


CD 
CI 


Mesw^er  unc  hauleur  AB  dont  le  pied  A  est  inacces- 
sible. 

1'*  Solution  (Souan-fa-tong-tsonfj,  1S93).  —  On  op^re 
g  comme   au    probleme 

precedent  (2"  Sol.), 
mais  en  faisant  deux 
stations  enEF,  E'F'  et 
en  employant  le  meme 
baton  dans  les  deux 
operations.  On  a  alors 
successivement : 


a                  \s,^ 

N^"""^" 

H 

II             1 

II           1 
II            1 

E     C 


GB 
Dli 
GB 
DH 


GD 
HF 


GB  ^  GD^ 
DH'      HF' 


ou,    comme  D'H' =  DH, 
GD'  — GD  DD' 


GD       GD'    ,,  ,  GB 

—  = ;  d  ou = 

HF      HF"         DH      HF'— -HF 


H'F'  —  HF 


184 
et 


GB  =  DH 


LA   GEOM^TRIE    DE    MESURE 

DD' 


DII. 


cr/ 


Il'F— IIF  C'E' 

On  ajoulera  CD  a  GB  pour  obtenir  AB. 


CE 


2'  Solution  {Geometric  , 
d'ERRARD,3''cd.,1619).— 
On  opero  com  me  an  pro- 
bleme  piec(5dent(3''Sol,), 
on  faisant  deux  stations 
ct  en  se  servants  cliaque 
fois  des  m6mcs  batons. 
On  a  alors 


AB 
CD 


AI 
CI 


d'ou 


Al' 
C? 

AB=rCD- 


Al'  — AT 

Cl 


II' 


cr 


Cl  —  CI 


II' 


cr— CI 


Le  miroir.  —  L'cmploi  —  au  moins  Iheori'que  —  du 
miroir  pour  la  mcsure  indirecle 
des  distances  parait  remonter 
h  une  Ires  haute  anliquild. 

EucLiDii  (3"  s.  av.  J.-C),  dans 
son  Oplique,  indlquc  le  moyen 
de  meuirer  unc  Jiauteiir  AB  par 
ce  procede.  Lc  miroir  elanl  dis- 
pose sur  lo  sol  horizontal  en  C, 
I'observateur  se  ddplace  jusqu'a 
ce  qu'il  aperQoivo  I'image  du  point  B  dans  lo  miroir. 
Lcs  angles  d'incidence  et  de  reflexion  etant  c'^vaux,  dc 
meme  que  les  angles  BGA  et  ECD  qui  sont  complc- 
mentaires  des  premiers,  les  triangles  BAG  et  EDG  sont 
semblables  et  on  a 

An         AT    ^R 

AB  =  AC.--^. 


ANCETRES    DES    INSTIUIMENTS    DE    DESSIN    ET    DE   TOPOGRAPHIE       185 

DE  est  la  hautour  de  Void  do  I'observateur  au-dessus 
du  sol,  AC  ol  DCsont  mcsures  directement. 
Voici  maintcnaiit  le  procede  donnc  dans  la  Geome- 

^r/e  deGERBERT(10''- 
H"  s.)  pour  mes7(rfir 
une  hauteur  hJS  dont 
le  pied  est  inacces- 
sible. Dans  une  pre- 
miere   position   du 
mlroir,  roperaleur 
place  en  DE  aper- 
Qoiten  C  Timagc  de 
B ;  et  dans  une  se- 
conde    position    du   miroir,    I'opdrateur  D'E'    apergoit 
I'image  do  B  en  C'.  La  similitude  des  triangles  BAG  et 
EDO,  BAG'  ct  E'D'C'  donwe 


[AB 
DE 


CD 


et  en  fin 


G'A  AB 

Ciy'    °"   DE 


AB  =  DE 


C/A  — CA 
CD— CD 

CG' 


CG' 


G'D'  — CD 


CD'— CD 


La  niesure  de  la  profondeiir  d'un  puits  par  Eiiclide 

•i^  {Optique,  3"  s.  av.  J.-C).  —  L'ob- 
sorvaleur  so  deplace  jusqu'a  ce  que 
Ic  rayon  visiiel,  rasant  le  bord  D  du 
puils,  passe  par  le  point  B  de  I'ar^te 
rentrante  du  fond  qui  est  diamd- 
Iralcment  opposd  h  D.  Les  deux 
triangles  semblables  BCD  et  DEF 
donnent  alors 

DCrrBC.^^AD.^. 
DE  DE 


La  lyclinia  des  Ancieiis.  —    On    s'est  servi,   dans 


486 


LA   GEOMETfilE  DE   MESURB 


I'Antiquite,   d'un  instrument  qui  se  composait  d'une 
r^gle  formant  alidade  mobile  en  son  milieu  au  sommet 
d'un    baton  vertical  ;  I'ensemble   portait    le  nom  de 
lychnia     (chandelier).    On    I'employait    a  la  mesure 
des  hauteurs,  dans  les  Iravaux  militaires  surtout. 
Yoici  le  precede  indique  par  Jules  l'Africain  (2'  s.) 
dans  ses  Cestes  pour  evaliier  la 
hauteur  AB  d'une   muraille  a 
I'aide  de  cet   instrument.  On 
place  le  pied  de  la  lychnia  ver- 
ticalement  en  CD,  puis  on  dis- 
pose   I'alidade   de    maniere  h 
apercevoir   le    sommet  A   du 
mur;  on  passe  de  I'autre  cote 
de  rinstrument  et  on   deter- 
mine par  une  visee  le  point  E  ou  la  direction  de  I'alidade 
vient  rencontrerle  sol  suppose  horizontal.  On  a  alors 

BE 


AB  3=  CD. 


CE 


Les  Heches  de  Gerbert  (10"-!  1*  s.).  —  «  Si  tu  veux 
trouver  la  hauteur  d'un  ob- 
jet,  lu  pourras  le  faire  par 
le  procede  mililaire  que 
voici.  Prends  un  arc  avec 
une  fleche  et  du  fil ;  un 
bout  de  fil  etant  fixe  a  I'ex- 
Iremite  de  la  fleche,  I'autre 
reslant  dans  la  main,  fais 
que  la  fleche  lanc^e  par  Tare  frappe  le  sommet  de  la 
hauteur  a  mesurer.  Ensuitc,  I'extremit^  d'un  autre 
fil  est  attachee  de  la  m6me  faQon  a  une  autre  fleche 
ou  a  quelque  trait,  et  que  I'un  de  ces  projectiles 
frappe  le  pied  de  la  hauteur,  commc  precedemment 
le  sommet.  Gela  fait,  tu    rameneras  les  deux   fits  et 


ANCfcTRES    DES    INSTRUMENTS    DE   DESSIN    ET   DE   TOPOGRAPHIE      18T 

regarderas  combien  I'un  et  I'autre,    mesurds  rapide- 

ment,  contiennent  de  coudces  »  {Geometric  de  Gerhert). 

Si  AB  est  la  hauteur  a  mesurer  el  si  I'observaleur  est 


en  C,  on  a  AB  =  \/ac'  —  BC' . 


Le  fil  a  plomb  (Leonard  de  Vinci,  ir)"-1()''  s.).  —  «  II 
y  a  un  baton  qui  est  appuye  conlre 
un  mur  qui  est  haul  do  fi  brasses, 
ct  le  baloii  est  de  meme  haut(.'ur; 
je  Teloigne  jjur  le  pied  et  je  ne 
sais  pas  de  combien;  il  descend 
aussi  par  la  tele  et  je  ne  sais  pas 
de  combien  ;  je  deinande  le  nioyen 
de  le  mesurer.  » 

Par  un  point  quelconque  a  du  ba- 
ton be,  on  fait  passer  le  fil  k  plomb  ac\  la  distance  bd 
dont  on  a  dearie  du  mur  le  pied  du  baton  est  donu^e  par 
I'expression 

bd=:  be.  — . 
ha 

La  hauteur  dont  est  descendue  la  t6lc  s'obliendra  ei* 
retrancliant  de  6  brasses  la  longueur 

bd 
be' 

La  dioptre.  —  Deux  points  etant  donnes  dont  I'un  A 
£      pres  de  nous  et  lautre  B    au 
loin,  mesurer  leur  distance  rc- 
duile  a  I'horizon,  sans  s'appro- 
cher  de  cehiiqiii  est  eloigne(llt- 
RON,  Traite  de  la  Dioptre,  l*'s.  ?). 
Avec   la   dioptre,    on    pio- 
Jonge  I'alignement  BA   cl  on 
prend  un  point  G  sur  ce  prolongement.  On  61cve  en  A 


de  =  ac 


188  LA    GtoM^TRIE    DE    MESURE 

et  G  des  perpendiculaires  AD  et  GE  et  on  prend  un 
point  quelconqueE  sur  cette  derniSre  pcrpondiculaire-j 
on  cherche  entin  I'intersection  D  de  EB  et  de  la  per;! 
pendiculaire  en  A.  On  a  alors 

GH^GE 
Ali      ad' 
GB  — AH      GE  — AD 


d'ou 
et  enfin 


AB 
AB  =  AD. 


AD 

A(i 

GE  — AD 


b^iu 


Etant  donn6  deux  points  A  ef  B  vns  de  loin[ou  inac- 
cessibles\^  trouver  la  longueur  de  la  droile  qui  les  separe 
reduite  a  I'horizon,  ainsi  que  la  [direction  de  la\  droite 
qui  les  joint  (H6ron,  Traite  de  la  Diuptre). 

Au  moyen  de  la  dioptre,  en  un   point  G  d'ou  Ton 

voit  le  point  A,  on  dleve  la 
perpendiculaire  GD  a  AG, 
puis  la  perpendiculaire  BE 
a  la  meme  droite.  On  de- 
termine les  longueurs  GA 
ct  EB  comme  il  est  dit  au 
probleme  precedent,  Soit 
EB  >  GA  ;  on  porte  sur  EB 
a  partirde  E  une  longueur 
EZ  =  EB  —  GA.  La  droite  GZ  est  egale  et  parallele  a  AB : 
elle  donne  done  la  longueur  et  la  direction  de  AB. 

L'6querre.  —  Mesurer  la  largeur  AB  d'une  riviere. 

1"  Solution  (^Agrinienseurs  romains).  —  Nous  avons 
indique  antdrieurement  cette  solution,  supposant  I'em- 
ploi  de  la  groma  qui  n'est  au  fond  qu'une  dquerre. 

2*  Solution  (Cestes  de  Jules  TAfricain,  2'  s.). —  L'au- 
teur  latin  se  sert  d'une  equerre  ordinaire  a  deux  bran- 


ANCETRES   DES    INSTRUMENTS    DE   DESSIN    ET    DE   TOPOGRAPHIE      189 

ches  disposde  sur  un  pied  dans  un  plan  horizontal  et 
munie  d'une  alidade.  On  prend  sur  le  piolongement  de 
AB  un  point  D  tel  que  la  distance  BD 
soit  superieure  a  AB,  ce  qu'il  est 
facile  d'obtenir  par  des  tatonnements 
s'il  est  necessaire,  et  on  m6ne  par  ce 
point  une  perpendiculaire  k  AD  sur 
laquelle  on  porte  deux  longueurs 
egales  DE  ot  EF.  On  eleve  en  E  sur  DF 
une  perpendiculaire  dont  on  cherclie 
I'interseclion  G  avec  raligneinent  FA 
et  on  mene  eniin  par  G  la  perpendi- 
culaire GO  ^  AD.  II  resulte  decette  construction  que  G 
est  le  milieu  de  AD  ;  par  suite  AG  =  GD,  et  on  obtien- 
dra  AB  en  relranchant  BC  de  GD. 

3*  Solution  (fieometrie  d'ERRARD,  3*  (5d.,  1019).  —  Sur 

le  soinmet  G  d'un  bS^ton 
plac6  verticalementen  A,  on 
dispose  une  equerre  de  telle 
sorte  que  la  direction  de 
Tune  des  branches  passe 
par  B.  Soit  D  le  point  oii  la 
direction  de  I'aulre  branche 
rencontre  le  sol  horizontal. 
Le  triangle  rectangle  DGB  donne 


AB  = 


AG 

ad' 


Mesurer  une  hauteur  AB  dont  le  pied  A  est  accessible. 

l"  Solution  (fieometrie  de  Gerbert^  10*-11*s.).  —  On 
se  sert  d'une  equerre  a  branches  egales  DE--=EF. 
L'observateur  se  place  dans  une  position  GD  telle  que 
la  branche  £F  e'tant  verlicale,  le  rayon  visuel  DF  passe 


190 


LA   G^OM^TRIE  DE  MESURE 


par  B.  On  a  dors  BG==GD  =  AG,  G  ^tant  le  point  oii' 
la  direction  DE  coupe  AB  ;  on  mesure  AC,  et  eny  ajou- 
tant  DG  =  AG,  on  obtient  la  iiauteur  clierch^e. 


2*  SonjTioiN  (Geomclrie  de  Gerrert).  —  On  opere 
comme  dans  la  solution  prec(§dente  avec  une  equorre 
•en  forme  de  triang^lc  rectangle  de  coles  3,  4,  3.  EFelant 
les  3/4  de  ED,  BG  sera  les  3/4  de  GD  ou  AC. 

3*  Solution (GcWz<?7n<?d'ERRyVRi),  3*  ed.,  1619).  — Sur 

le  somrnet  D  d'un  btHlon  CD 
pose  verticalemenl  en  un 
point  quelconque,  on  dis- 
pose une  equerre  de  telle 
sorte  que  la  direction  d'une 
deses  branches  passe  parB; 
soit  E  le  point  oii  la  direc- 
tion de  raulrebranche  ren- 
contre le  sol. 

Si  Ton  m5ne  DF  parall^le  a  CA,  les  triangles  BFD 
et  DCE  sonl  semblables  comme  ayant  les  c6tes  perpen- 

FD 

diculaires  et  Ton  a  BFir^EC-— •  II  suffit  d'aiouter  a 

CD  •' 

BF  la  hauteur  du  baton  CD. 

L'astrolabe.  —  Get  instrument  parait  avoir  dte  in- 
vents par  les  Arabes;  ceux-ci  en  ont,  en  tout  cas,  faitun 
usage  conlinu  dans  leurs  observations  aslronomiques. 


ANCferilES    DES    INSTFUJMr.NTS    DE    DESSIN    ET   DE   TOPOGRAPHIE      191 

/astrolabe  comportait  une  face  et  un  dos  qui  seul 

fut  utilise  en  topographic 
au  Moyen  age,  dii  12"  au 
to*  siecle.  Le  dos  formait 
iin  cercle  plein  dont  la  cir- 
confcronce  (Halt  divis('e  en 
3(10  degres  (et  fractions  de 
d(!gre),  et  an  centre  duquel 
lournaitune  alidade  KL  mu- 
ni(^  de  deux  pinnules.  Un 
anneau  correspondant  a  I'un 
des  diametres  90"  — 90"ou 
0 — 0  permeltait  de  le  sus- 
pendre. 

Un  carre  EFGII  inscrit  dans  lacirconf^rence  et  por- 
tant  le  nom  de  carte  des  ombres  avail  ses  cotes  paral- 
l^lcs  a  ces  deux  diametres  ;  chacun  de  ses  denii-cot^s 
etait  partag6  en  12  parties  egales  ou  points.  Les  lon- 
gueurs determinces  par  I'alidade  suivant  les  cotes  hori- 
zontaux  etaient  designees  sous  le  nom  d! ombres  droites, 
et  suivant  les  coles  verticaux  sous  le  nom  A'ombres 
verses  ('). 


Dos  (I'un  astrolabe. 


\ 


(')  Soient  S  le  centre  dn  Soleil,  01'  et  01  deux  styles  de  longueur 
egale  a  I'unite,  I'un  horizontal,  I'autre  vertical,  et 
situes  a  la  surface  de  la  terre  dans  un  meme  plan 
vertical  P  passant  par  S.  P  coupe  I'horizon  suivant 
une  droite  dont  la  longueur  IJ  comprise  entre  le 
style  vertical  et  le  rayou  lumineux  SO  est  I'ombre 
de  01  sur  I'horizon  ;  de  meme,  I'ombre  de  01'  sur 
la  verticale  menee  par  1'  est  le  segment  I'J'  com- 
pris  sur  cette  verticale  entre  le  style  01'  et  le  rayon 
solaire  SO. 

Les  Arabes  ont  appele  les  longueurs  IJ  et  I'J' 
ombre  droile  et  ombre  verse  de  Tangle  lOJ  =  I'J'O 
qui   mesure  Tangle   de  la  verticale  et  du  rayon 

solaire  SO.  C'est  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui  la  tangente  et  la  cd- 

iangente  du  meme  angle. 


192  LA   GtoMETRlE    DE    MESIJRE 

Yoici  comment  on  se  servait  de  cet  instrument,  no- 
tamment  d'apr^s  la  Geometric  de 
Gerbert  (10-11*  s.),  pour  la  mesure 

P  des  distances  terrestres. 

Evaliier  une  hauteur  MP.  —  Te- 
nant I'instruQient  suspendu  par  une 
main,  I'opdrateur  place  en  N  sur  le 
sol  horizontal  dirige  Talidade  de 
sorte  que  celle-ci  passe  par  le  som- 
metPde  la  hauteur  a  mesurer.  Sup- 
posons  que  la  ligne  de  visee  coupe 
la  ligne  d'ombre  droite  en  J  et  que 
I'horizontale  passant  par  Tceil  L  de 
I'observateur  rencontre  MP  en  Q. 
Les  deux  triangles  semblahles  PQL  et  OIJ  donnent 


alors    QP  =  QL.Vr   ou  QP  =  MN 


IJ  etant  dans 


ff  ou  QP  =  MN.1|, 

cette  derni^re  relation  lvalue  en  points.  II  suffit  done 
de  mesurer  MN  et  on  obtient  QP  par  un  calcul  tres  sim- 
ple ;  en  ajoutant  a  QP  la  hauteur  LN  de  I'observateur 
au-dessus  du  sol,  on  a  la  hauteur  cherchee. 

Si  Ton  se  place  avec  I'instrument  de  fagon  que  I'ali- 

dade  passe  par  un  des  sommets  du  carre  des  ombres,  la 

hauteur  MP  s'obtient  sans  calcul, 

car  elle  est  alors  juste  ^gale  a  la 

distance  MN. 

Dans  le  cas  on  I'alidade  coupe 
la  ligne  d'ombre  verse,  en  J'  par 
exemple,  il  est  facile  de  transfor- 
mer les  points  d'ombre  verse  lus 
sur  Tastrolabe   en  points  d'ombre   droite.   Les    deux 
triangles   semblables   OIJ  et  OI'J'   donnent    en  effet 

U  =  Y7T,  »  ajant  lu  I'J',  cetle  relation  donnera  la  valour 


ANCftTRES  DBS   INSTRUMENTS   DE   DESSIN   ET   DE  TOPOGRAPRIE      193 

correspondante  de  IJ  (en  points  d'ombre  droite),  ce  qui 
pcrrnettra  d'cmployer  la  m^me 
formule  que  precede  mment 
pour  calculer  QP. 

St  le  pied  M  de.  la  hauteur  est 
inacceasiblfi,  on  fait  deux  stations 
N  et  N,.  On  a  alors 

QP_MN^MN,_   JJJN^ 
12        I J         ij,       IJ.  — IJ' 


d'oCi     QI»  =  NN, 


12 


U.  —  IJ 


Mesurer  une  longueur  harizontnle  NM.  —  L'optfra- 
teur,  so  plagant  au-dessus  d'une  des 
exlreniiles  N  do  la  longueur  ^  mosu- 
rer,  dirige  I'alidado  do  inani^rea  viser 
I'autre  extrdmite  M.  On  a  alors 


7-     ou 


NM  =  ON 
NM  =  ON 


IJ 

01 

IJ 

12' 


IJ  otant  6valu^  en  poinls. 
On  a  done  ici  i\  m-'surer  la  distance  ON  du  centre  de 
I'astrolabe  au-cicssus  du  sol. 


Le  quarrel  gdomf^lrlque.  —  Pendant  tout  Ic  Moyon 
ago  et  la  llenaissance,  cot  instrument  a  eu  beaucoup 
de  vogue  pour  la  mesure  dos  distances.  On  le  voit  appa- 
raitre  pour  la  premitire  fois  dans  la  Geometrie  de  Gi:r- 
BERT  (lO'-ll's.),  puischez  DoMiNicus  deClovasio(14's.). 

Mais  c'est  surtout  a  Tastronome  Peurbach  (lo"  s.) 
que  le  quarre  geometrique  doit  sa  renommee  ;  ce  der- 
nier I'a  employd  dans  ses  observations  aslronomiqncs, 

FocRRET.  —  Curiot.  giom.  Vi 


194 


LA    GEOMETRIE   DE   MESURE 


Get  instruiiiervt   so 


apres  lui  avoir  donne  tous  les  perfectionnements  dont 
il  6tait  swsceplible. 

Composait  ossenliellement  d'un 
carre  ABGD,  soit  massif,  soit 
constitue  par  quatre  regies 
de  bois  ou  de  metal  (on  en 
trouve  parfois  une  ciriqui6me 
dirigee  suivant  une  diagonale 
et  destinee  h  consolider  le 
cadre).  Deux  colds  adjacents 
BG  et  GD  etaient  divisi'js  en 
parties  egales;  le  nombre  des 
divisions  pour  chaque  cote  etait  Ires  variable  :  il  attei-- 
gnait  1  200  cliez  Peurbach.  En  Fun  des  sommets,  A,  ^lait 
lixee  une  alidade  munie  de  deux  pinnules.  Gertains 
quarres  comporlaient  sur  Fun  des  cotes  pris  comme 
base  deux  autres  pinnules  qui  facilitaient  la  mise  en 
station  horizon  tale  de  cette  base  ;  enfm  beaucoup  etaient 
munis  d'un  quart  de  cercle  allant  de  B  en  D,  divise  en 
degres  et  fractions  de  degres,  et  qui  permettait  la  lec- 
ture directe  des  angles. 

Peurbacli  determinait  les    angles   EAD    au    moyen 

DE 
d'une  table   contenant,   en   regard  des  rapports (') 


DE 


AE 

la  valeur  des  angles  correspondants. 

N/XD'-f-DE' 
Enfm  Fastronome  allemand  obtenait  la  mise  en  station: 
du  quarrd  au  moyen  d'un  fil  a  plomb  suspendu  a  la 
rfegle  superieure  et  venant  battre  un  repere  trace  sur.  la 
regie  inferieurc :  celle-ci  se  trouvait  ainsi:  parfaitement 
horizontale. 

Passons  maintenant  au  mode  d'emploi  du  quarrd. 
Soit  kmesurer  une  distance  horizontale  GH.  L'oporateur 


(0  Sinui  de  I'angle  EAD. 


ANCiintES    DES   INSTRUMENTS    DE    DESSIN    ET    DE   TOPOGIUPHIK       195 


se  place  (ie  telle  sorle  que  rarticulation  A  de  Talidade 

se    Irouve  au-dessus  d'uiie  des 

D      A.      extreinites  G  de  la  distance   a 

mesurer ;  il  vise  le  point  11  avec 

B     Talidade,    et    note  le    point    E 

ou    celle-ci   rencontre  DC.   Les 

deux  triangles  semblables  AGil 

et  KDA  dojiuent  alors 


GH  =  AG. 


DC 


DC 


On  mesure  )a  longneur  AG;   le  rapport  — 4  ^^'  '^' 

quotient  des  nonibres  de  divisions  cont«!nues  dans  DC 
et  DE.  En  posant  UC  sur  le  sol,  on  evite  la  mesure  de 
AG.  Pour  oblenir  des  resultats  d'une  exactitude  sufti- 
sante,  il  J'allait  evidemment  (jue  le  ccMe  AD  cut  de 
grandes  dimensions  :  il  avait  souvent  deux  pieds. 
Pour  eoaluer  une  hauteur  FII,on  commence  par  me- 
surer la  distance  GU,  G  etant  le  point 
oil  la  direction  horizontale  AB  coupe 
FH,  absolument  comme  on  vient  de  le 
faire  pour  une  distance  horizontale,  II 
sullit  ensuite  d'ajoutera  Gil  la  longueur 
AI  =  GF  mesurec  directement.  En  po- 
sant le  cote  BC  le  long  de  FH,  on  evite 
la  mesure  de  AG  et  de  AI. 

L'usage  du  quarre  geometrique  est 
done  analogue  a  celui  du  carre  des  om- 
bres de  Tastrolabe.  Nous  devons  signaler  toutefois 
qu'on  nc  rencontre  pas  avant  Peurbach  les  designa- 
tions umbra  recta  et  umbra  versa  sur  les  cotes  du 
quarre,  designations- qui,  nous  le  savons,  existent  sur 
I'astrolabe. 

On  est  done  conduit  a  pcaser  que  le  quarre  n'est  pas 


.19()  LA   GEOMETIilE    DE    MESORE 

derivd  de  I'astrolabe  et  constitue  une  invention  ind6- 
pendante. 

Le  quadrant  geometrique.  — Get  instrument,  d'ori- 
ginc  vruisemblablemcnt  arabe,  est  deja  decrit  dans  la 
-Geufnelrie pratique  de  Leonard  de  Pise  (1220)  ;  un  cer- 
tain Robert  Angles,  de  JMontpel- 
lier,  a  compose  a  son  sujet  dans 
le  cours  du  13*  siecle  un  traile 
special,  qui  a  joui  d'une  giande 
vogue. 

Le  quadrant  geometrique  se 
composait  d'un  quart  de  cercle 
BOA  dont  le  limbe  elait  divis6 
en  90  degres  ;  sur  le  rayon 
joignant  le  centre  0  a  la  divi- 
sion 90  etaient  disposees  deux 
pinnules  suivant  lesquelles  on  pouvait  diriger  une 
ligne  de  visee  ;  un  fil  k  plomb  ^tait  fixe  en  0.  Un 
carre  EOGD,  dont  deux  cotes  OC  et  OE  se  confon- 
daient  avec  les  rayons  extremes  et  dont  les  deux  aulres 
•cdtes  etaient  divis^s  en  un  meme  nombre  de  parties 
egales,  etait  trace  sur  le  quadrant.  Le  limbe  n'etait 
pas  utilise  dans  I'arpentage  :  on  aurait 
done  pu  le  supprimer  ot  le  reduire  au 
carre  des  ombres.  Un  quadrant  de  cette 
derniere  forme  a  ete  decrit  dans  un  Traiid 
de  gkomelrie  'pratique  redige  en  anglais 
au  13*  siecle. 

Nous  nous  contenterons  d'indiquer  le 

procedd  employe  pour  evaluer  une  hau- 

teurM^  au  uioyon  du  quadrant  ordinaire. 

Le  rayon  superieur  OG  de  Tinstrument 

(laiit  (lirige  vers  lesommet  P,  on  lit  sur  GD  la  distance 

GF,  F  etant  la  division  de  GD  battue  par  le  fil  a  plomb, 


A.NCKTRES    DKS    INSTRUMENTS    DE   DESSIN    ET    DE   TOPOGIiAIMIIE       197" 

el  0:1  ?nrsiir(!Mi\.  Lasimililude  dcsdcux  Iriangles  PMN 
et  OCF  donne  idors 


MP 


CD 
CF 


Lc  quLulrant  repose  sur  un  principe  differe-nt  do  cehii 
de  raslmlabc,  nmis  on  voit  que  I'usage  des  deux  inslru- 


menls  est  absolumcnl  analogue. 


Fig.  n.  —  «  Sccrotorum  rcvcl.itor  «  de  Levi  ben 
Gerson  (14'  siecle).  (D'apres  M.  Gurtze), 


Le  baton  de  Jacob.  —  Get  instrument  a  Tcqu  Ics 
nomsles  plus  divers:  baton  de  Jacob,  batongeomelriqiie, 

crosse  de  Saint- 
E  Jacques,  batis- 
te, rayon  asLro- 
nomiqiie,  puis 
arbalele  ou  or- 
bnlestrille  .WixiX. 
surement  con- 
nu  des  Arabes ; 
mais  la  pre- 
miere descrip- 
tion qu'on  on  Irouve  est  donnee  par  un  certain  Levi  ben 
Gerson,  denalionalitejuive,  morl^  Avignon  en  1344,  qui 
le  dcsigne  sous  le  nom  de  secretorwn  revelator.  Ghez  cet 
auleur,  ilse  compose  n'une  regledivisee  sur laquelle pent 
se  mouvoir  une  labletleA  (Jig.  d)\  a  Tunc  desextremites 
dc  ccUc  regie  est  fixee  une  seconde  tablette  D  {tabula 
cornutd)  disposee  de  maniere  ^pouvoir  s'adnpler  a  Tceil 
et  munic  vers  son  centre  d'oiivorturcs  permetlant  les 
visees.  0  est  le  centre  optiquc  du  crislallin  de  Foeil  de 
Tobservatcur  (centrum  visus)  ;  les  divisions  marquees 
sur  la  regie  out  lour  point  de  depart  en  0. 

Vers  le  lo^sicclc,  Tinstrumentest  unpeu  simplilie  ;la 
tablette  D  est  remplacoe  par  des  regies  transversales  AC, 
A'G',...  (Jig.b'),  appelees  curseurs  ou  marteaiix,  glissant 


198  LA    GEOMETRIE    DE   MESURE 

surlatige  ou  myow  a  section  carree.  Cettelige  portesur 

ses  faces  des divisions  differentes  correspondant  respecti- 

vementachacundescurseurs.  Sous  cettederniere  forme 

€t  sous  le  nom  d'arbalestrille,  le  baton  de  Jacob  a  et6 

longtemps  employe  par  les  marins. 

.Le  principe  dc  rinstrnment  se  trouve  d'ailleurs  deja 

dans  la  dioptre    que  Ptolemee 

attribue    au    grand    astronome 

grec  UipPABQUE  (2*  s.  av.  J.-C), 

et   qui  est  constituee  par  une 

n>gle   graduee  niunie  de    deux 

pinnules.  L'une  de  celles-ci  est 

iixe  et  correspond  a  la   tablette 

D  ;    I'autre  est   mobile  et  tient 

Fig.  b.  —  Arbalestrille.        lieu  de  la  tablette  A  ;  enfin  les 

fentes  des  pinnules  se  trouvent 

a  ditferentes  hauteurs  pour  faciliter  les  visees. 

Le  baton  de  Jacob  elait  surtout  employe  en  astrono- 
mic a  la  mesuredes  distances  angulaires  dedeux  astres  ; 
mais  il  fut  vraisemblablement  aussi  utilise  en  topogra- 
phic a  la  mesure  des  longueurs  et  peut-etre  a  celle  des 
angles. 

Ayant  par  exemple  a  mesurer  la  hauteur FE(/?^.  a), 
I'operateur  se  place  defaQon  a  6tre  a  peupres  a  mi-hau- 
teur de  EF  [Si  cette  derniere  condition  ne  peut  6tre 
remplie,  il  suflit  a  I'operateur  de  se  reculer  suffisam- 
ment  au  loin  pour  que  I'erreur  commise  devienne  ne- 
gligoable].  Puis  il  adapte  la  tablette  D  a  son  ceil  et  fait 
mouvoir  la  tablette  A  jusqu'^  ce  que  les  rayons  visuels 
OA  et  OC  passent  par  E  et  F.  Soit  G  le  point  oii  la  di- 
rection de  la  r^gle  supposee  sensiblement  horizonlale 
rencontre  EF  ;  on  a 


EF  =  AC— . 
OB 


ANCfiTRES    DES    INSTIiDMENTS    DE   DESSIN    ET   DE  TOPOGRAPHIE      199 

On  a  mesur6  AC  une  fois  pour  toutes,  on  lit  la  lon- 
gueur OB  sur  la  regie  et  on  mesure  en  fin  la  distance 
horizontale  OG. 

Les  operations  avec  le  baton  de  Jacob  etaient  rela^ 
tivement  rapides,  car  on  voit  que  cet  instrument  per- 
meltait  de  viser  a  la  fois  dans  deux  directions  ditf^- 
rentes. 

Les  t^lemetres  a  <a  Renaissance.  —  On  voit  appa- 

railre  ala  Renaissance, 
dans  les  geometries 
pratiques,  des  instru- 
ments portatifs  servant 
a  evaluer  direclement 
les  distances,  sans  cal- 
cul.  Nous  decrirons  ce- 
lui  d'ERBARD  de  Bar- 
LE-Duc  (r^ed.,  1594), 
dont  on  trou  ve  le  germe 
dans  la  Geometrie  de 
Gerbekt(10''-11''s.). 

Deux  regies  de  lai- 
ton  AB,  AC  sont  arli- 
•culees  en  A  ;  une  troisleme  regie  EF  glissant  le  long  de 
AB  est  munie  dune  vis  D  permettant  de  la  iixer.  Cha- 
cune  d'eilescst  divisee  en  un  meme  nombre  de  parties 
egales.  Enfin,  un  pied  pent  etre  adapte  h  I'instrument 
au  moyen  d'une  articulation  analogue  au  genou  h  co- 
quilles  de  nos  graphometres  actuels. 

Soit  h  6 valuer  la  largeur  d'une  riviere  ou  plus  ge- 
neralement  la  distance  d'un  point  accessible  M  a  un 
point  inaccessible  N.  On  dispose  la  r^gle  AB  verti- 
calement,  puis  la  regie  EFde  telle  sorte  que  la  distance 
AEcomporteautantdedivisionsqu'il  Y  ade  piedsdeAen 
M.  Onlaitensuite  mouvoirla  regie  AG  jusqu'a  ce  que  le 


Telemetre  d'Errard  de  Bar-lc-Duc 
(1594) 


200 


L\   GEOMETIUE    DE   MESURE 


rayon  visucl  AG  longeant  cette  rhgle  passe  par  le  point 
N.  La  distance  MN  a  mesurer  contient  autantde  pieds 
que  la  distance  EG  contient  de  divisions. 


Mesure  de  la  largenr  d'une  riviere 
(D'apres  Errard  de  Bar-le-Duc). 


On  pent  par  un  procede  analogue  evaluerles  hauteurs 
et  les  profondeurs. 


BIBLIOGRAPIIIE 


I,  L.  Heiberg.  —  Euclidis  opera  omnia,  tome  VII  (Optica).  Leipzig,  189S, 
in-8». 

A.  J.  H.  Vincent.  —  Exiraits  des  manuscrits  relalifs  &  la  Geometric  pra- 
tique des  Grecs.  Not.  et  Extr,  des  Mss.  de  la  Bibl.  Nut.,  tome  19,  2-=  p'«, 
18o8. 

Gerbert.  —  Opera  mathematica.  Edition  Bnbnow.  Berlin,  1899,  in-8». 

Ch.  Ravaisson-Mollien.  —  Les  manuscrits  de  Leonard  de  Vinci  (Traduc- 
tion franc,  par).  Paris,  1881-1891,  6  vol.  in-fol. 

Ed.  Biot.  —  Table  gdnirale  du Souan-fa-tong-tsong.  J"' Asiat.,l«""sem.l839. 

Erraru  de  Bar-le-Doc,  —  La  Geometrie  et  practique  generalle  d'icelle. 
l"  ed.,  Paris,  1594.  3«  ed.  revue  par  Ilanrion,  Paris,  1619. 

M.  Cdrtze.  —  Uber  die  im  Mittclaller  zur  Feldmessung  benutzten  Inslru- 
mente.  Bibliotheca  mathematica,  1896. 


Ar.'CETKES    DES   INSTIUIMENTS    lit    DESSIN    ET    DE    TOPOGUAPHIE       201 

Pau..  Tannery.  —  Le  traile  du  quadrant  dc  Mnilre  Robert  Angles.  Not.  et 

Exlr.  dcs  Mss.  de  la  Bibl.  Nat.,  lonie  .'15,  S"  p'«. 
G.  Peurbach.  —  Libellus  M.  Gvorijii  I'urbuchii   de   quadralo  geometrico . 

Nuremberg,  l.'>44,  in-i"  , 
S.  GiJNTHER.  • —  Die  ersle  Anwendung  des  Jakobsslabes  zur  geographischen 

Orlsbestimmung.  IJibliolIieca  matliematica,  1890. 
M.  CuRTZE.  —  Uie  Abhandtung  dcs  Levi  ban  Gerson  uber  Trigonomelrie 

und  den  Jacob  slab.  BiblioLbeca  malljematica,  1898. 


§  5.  —  Mesure  des  angles. 

Les  instruments  precedents,  astrolabe,  quarr^,  qua- 
drant, baton  de  Jacob,  n'ont  pas  dt^  utilises  en  topo- 
graphic, au  moins  d'une  maniere  suivie,  pour  la  mesure 
des  angles.  It  faut  arrlver  a  la  Renaissance  pour  con- 
slater  I'usag^e  efl'eclif  d'un  instrument  permettant  cette 
operation.  Get  instrument  est  le  graphomeitre. 

Le  graphometre.  —  Philippe  Danfrie  en  a  public  la 
description  en  1097.  Le  nom  de  cet  instrument  indique 
qu'il  devait  servir  a  la  fois  au  dessin  et  au  mesurage  ; 
nous  avons  vu  precedemment(§  1)  qu'il  comportait  un 
rapporteur  comme  appareil  accessoire  pour  le  report  des 
angles.  II  a  conserve  le  nom  de  grapbometre,  bien  qu'il 
ne  soil  plus  employe  aujourd'hui  qu'a  la  mesure  exclu- 
sive des  angles. 

Le  grapbometre  de  Danfrie  est  h  peu  pres  identique 
a  I'instrument  actuel ;  il  est  constitue  par  un  demi- 
cercle  divise,  unc  alidade  fixe  et  une  alidade  mobile, 
un  pied  a  trois  brancbes  et  un  genou  arlicule. 

Le  germe  du  grapbometre  se  retrouve  dans  Vliolo- 
metre,  instrument  assez  complique  decrit  par  Abel 
FcLLONE  en  1364. 

BIBLIOGRAPIHE 

Abel  Fullone.  —  Descritliom  c.l  uso  dcW  Holomelro...  Venise,  1564,  in-^'. 
Philippe  Danfrie.  —  Declaration  de  I'usage  du  graphometre. ..Pixris,  1597. 


202 


LA   GEOM^FRIB   DE   MESURB 


Giaphomt'lrc  de  Pljilippe  Uanfrie  (loi»7). 

§  6.  —  Mesure  des  petits  segments  lin6aires 
et  circulaires. 


Lcs  instruments  destines  a  la  mesure  des  angles  n'ont 
donne  de  veritable  precision  que  du  jour  oii  Ton  est 
•arrive  a  evaluer  les  petits  arcs avec  suffisamment  d'exac- 


ANC£TRES    DES    instruments    DE   DESSIN    F.T    DE   TOPOGRAPHIE      203 

litude.  L'invcntion  du  vernier  a   donnd  la  solution  de 
la  question  ;  mais,  ainsi   qu'on  va  Je  voii-,  les  lalonne-*' 
ments  ont  etd  nombreux  avant  d'arrivcr  a  cette  inge- 
nieuse  conception. 

JJEchellede  transversalesde  Levi  ben  Gerson  (ll^s.). 
—  Laregledusecre^orwmreye/flfordecritanterieuremont  • 
(§  4)  est  divisee  en  4  parties  egales  dont  les  extr(!;mites 
sont  marquees  I,  II,  III  et  IV  sur  la  ligurc  correspon- 
dante  ;  toutefois,  la  premiere  est  de  1/20  phis  coiirte 
que  les  aulres  pour  tenir  cornpte  de  ce  que  le  centrum 
visits  est  distinct  de  I'extremite  de  la  regie.  Les  deux 
dernieres  sont  divisees  chacune  en  18  [)arties  egales 
nomuiees  degres  ;  chaque  degre  est  a  son  tour  divise 
en  HO  minutes  dela  maniere  suivante: 

Soil  ABCD  la  purlie  de  la  lace  superieure  de  la  r^gle 
correspondanl  a  un  degre  ;  la 
face  laterale  projetee  en  AB 
est  divisee  en  6  parties  egales, 
et  celle  projetee  en  DC  en 
12  parlies;  des  Iransversales 
i23*s67|89|mn2  ^_^^  |_^^  l_3^  3.2^...  joigncnt 

f    H  les   points  de  division  comme 

il  est  indique  sur  la  figure. 
EnRn,  la  r^g^e  est  encore  partagee  en  5  parties 
egales  dans  le  sens  de  sa  largeur  au  moyen  de  paral- 
leles  dquidistantes.  La  longueur  de  regie  interceptee 
par  une  transversaie,  1-1  par  exemple,  equivalant  h. 
1/12  de  degre,  la  longueur  interceptee  sur  une  trans- 
versaie par  deux  paralleles  consdcutives  correspondra 

1  1 

Ji  — - —  =  —  de  degre  ou  a  une  minute. 

42x5      60  ^ 

De  sorte  que  si  la  tabletle  mobile  se  trouve  enEF  par 
exemple,  on  lira,  de  A  en  E,  3  x  10  -|-  5  +  2  =  37' 
ou,  de  D  en  F,  7  X  5  4-  2  =  37'.  Si  la  tablette  lorabe 


204 


LA    GEOMETUIE    DE    MESURE 


comme  en  GH,  eutre  deux  intersections  de  transver- 
sales  et  de  parall^les,  on  eslime  la  fraction  complemen- 
taire  :  dans  le  cas  de  la  figure,  on  a,  de  A  en  G, 
4  X  10  +  D  4-  3  -h  1/2  ==  48M/2. 

L'echelle    <lo    transversales   de   Homniel   (16e    s.). 
' —  Le  ceiehre  astronome  Tycho-I3hah6,   qui    a    exp^ri- 
mente   les   divers    systemes    en   usage    de   son   temps 
pour  la  mesure  des  petits  arcs,  s'est  servi    en   parlicu- 
lier  de  Xe.chelle  de  transversales,  dont  I'emploi  lui  avait 
^te  enseigne  a  Leipzig  par  un   professcur  du  nom  de 
HoMMEL  (1318-1562)  ;    celui-ci   n'en    est  pas  toutefois 
I'invonteur,  car  elle  parait  avoir  ele  connue  avant  lui. 
Soit  BC  la  longueur  dont  il  s'agit  d'evaluer  les  frac- 
tions ;    on   conslruit  sur 
BC  un  carre  ABCD  dont 
on  divise  chacun  des  cdtes 
en  un  certain  nombre  de 
pai'ties    ^gales,    10    par 
exemple.    On    joint    les 
points  de  division  de  AB 
et  DC  par  des  droiles  pa- 
ralleles,  etceux  de  BG  et 
AD  par  des  transversales 
B-10,     10-20,    20-30,..., 
90-D  ;  cliaque  portion  de 
transversale  comprise  entre  deux  parallcles  consecutives 
intercepte   ainsi,    parallMement  a  BG,  une   longueur 
^gale  h  1/10  de  chacune  des  divisions  de  BC,  c'est-^- 
dire  h  1/100  de  BG. 

On  IranspOfle  la  petite  longueur  BE  h  mesurer,  h.  I'aide 
du  compas  h  pointes  seches,  de  telle  sorle  que  I'une  des 
pointes  du  compas  glissant  sur  AB,  Taulre  decrive  une 
parallele  k  la  m^me  droile  ;  le  moiivement  sc  continue 
jusqu'a  ce  que  la  secondc  pointe  du  compos  rencontre 


10   20  30  40  50  60   70  80  SO   D 


ANCfeTRES   DES    INSTRUMENTS   DE    DKSSIN    ET    DE   TOPOGKAIMIIE      205 

une  transversale.  Si  cettc  icnconlre  a  lieu  a  rintcrseclion 
d'une  transversale  et  d'une  parallele  a  BC,  la  lecture  est 
immediale ;  c'est  le  cas  de  la  figure,  oii  la  longueur  h. 

mesurer  BE  a  pour  valeur  7-F 


100      100      100 


40  « 


BC.  Dans  le  cas  contraire,  on  estime  Ics  milliemes  de 
la  fraction  decimale  complementaire. 

On  salt  que  cette  echelle  est  encore  employee  dans 
le  dessin.  Elle  repose  d'ailleurs  absolumentsurlemfime 
principe  que  celle  de  Levi  ben  Gerson. 

L'^chelle  de  transvers.ales  dans  le  cercle  (16*'  s.).  — 
Christoph  PiJHLER,  daus  sa  Geometrie 
(1563),  indique  le  moyen  d'etendre 
I'emploi  des  Iransversales  a  la  mesure 
directe  des  arcs ;  mais  on  a  du  utiliser 
ce  procede  avant  lui. 

Soient  7'  quadrants  concentriques 
6quidistants  et  numerot^s  de  1  ^  7 
(sur  la  fig.  ci-contre,  nous  ne  don- 
nons  que  la  partie  de  ces  quadrants 
comprise  entre  40  et  50")  ;  les  qua- 
drants n"'  1  et  7  sont  divises  chacun 
en  90  parties  egales  et  on  joint  chaque 
point  de  division  du  quadrant  n°  1, 
non  pas  au  point  correspondant  du 
quadrant  n°  7,  mais  au  point  suivant. 
Considerons  par  exemple  le  rayon  joignant  le  centre 
commun  G  a  la  division  40°  du  quadrant  exterieur  et  la 
transversale  suivante  mn]  les  arcs  interceptds  par  ces 
deux  droites  sur  les  quadrants  successifs  ont  tres  sen- 
siblement  pour  valeurs  respectives  0,10',  20',  30',  40', 
50',  1",  en  procedant  de  I'interieur  vers  Fexterieur.  De 
sorte  que  si  Ton  suppose  qu'une  alidade  est  fixce  en 
G  et  est  mobile  autour  de  ce  point,  la  ligne  de  visee  de 


206 


LA    GEOMETKIE   DE   MESUHE 


cette  alidade  passant  par  A,  on  lira  un  arc  de  40*'40'; 
si  ello  passe  par  B,  on  aura  un  arc  de  46"  40' ;  si  elle 
passe  entre  deux  intersections  de  quadrants  et  de  trans-^ 
versales,  on  estimera  les  minutes. 


Le  nonius (t6e  s.).  —  Un  savant  portugais,  Pedro 
NoiSEZ,  ea  latin  iNoNius  (1492-1577),  a   public   en  1542 

dans  son  De  crepiis- 
culis  la  descriplion 
d'un  procedd  per- 
mcttantde  mesurer 
les  petits  ar(;s  avec 
une  approximation 
sutfisante.  Ce  pro- 
cede  consiste  dans 
le  trace,  surle  quart 
de  cercle  hubituel- 
lement  employ^  k. 
cette  epoque  dans 
les  observations  as- 
tronomiques,  de  45  quadrants  concenlriques. 

Le  plus  grand,  place  a  I'exlerieur,  est  divis6  en  90 
parties  6gales,  le  suivant  en  89,  puis  les  autres  succes- 
sivement  en  88,  87,  . .  .,  47,  4t>  parties  egales.  Chacune 

des  divisions  equivaut  pour  le  premier  quadrant  a  - — 

90"               1" 
=  1",  pour  le  second  a  —  =:1"H =  1°40",  pour  le 

^  89  89  ^ 

.  .  90°  2° 

troisieme  a  —  =  1" -H  — =  l"r22",  pour  le  qualrieme 
88  88 

QAo  Oo 

ii    —  =  l»-f-_=:l»2'4" 
87  ^87  '••• 

On  cherche,  pour  une  position  d^terminee  de  Tall- 
dade  mobile,  avec  laquelle  de  toutes  les  divisions  mar- 
quees sur  les  quadrants  coincide  exactement  la  ligne 


ANCfiTRES   DES   INSTRUMENTS    DE    DESSIN    ET   DE  TOPOGRAPHIE      20T 

de  visee.  Supposons  que  cette  coincidence  ait  lieu  k  la 
10*  division  du  4*  quadrant,  Tare  niosure  aura  pour  va- 
leur  1»  2'4"X  10  =  10"20'40".  line  t^ble  dressee a cet effet 
evite  d'ailleurs  d'ettectuer  les  calculs. 

On  a  donne  a  cette  ing^nieuse  disposition  le  nom  de 
nonius,  rappelant  celui  de  son  inventeur.  Son  emploi 
ne  s'est  pas  propage,  par  suite  de  la  dilficulte  de  pou- 
voir  determiner  exactenient  la  division  correspondant  a 
la  ligne  de  visee. 

En  outre,  la  division  d'un  arc  en  un  nombre  pre- 
mier de  parties  egales,  comme  89,  83  etait  pour-Tepo- 

que  difficile  a  r^aliser 
d'une  mani^re  pre- 
cise. Clavius,  dans  sa 
Geometria  practica 
(1604),  nous  rapportfr 
que  Jacob  Curtius 
trouva  le  moyen  de 
remedier  a  cet  incon- 
venient par  le  pro- 
c^d6  suivant.  On  pro- 
longe  le  2"  quadrant 
de  1"  (arc  de  91°),  le 
3*  de  2"  (arc  de  92°), 
le  4*de  3"  (arc  de  93°),  etc.,  et  chacun  des  arcs  ainsi 
obtenus  est  divise  en  90  parties  Egales;  il  est  d'ailleurs 
aussi  facile  que  precedemment  de  trouver  la  valeur 
d'une  de  ces  parties. 

Clavius  fait  reraarquer  k  ce  sujet  que  la  division  de 
chacun  des  arcs  de  91°,  92°,  93°,...  serait  encore  plus 
facile  a  realiser  si  Ton  adoptait  le  diviseur  128  =  2'  au 
lieu  de  90,  car  on  n'aurait  alors  qu'^  effectuer  des  par- 
tages  successifs  d'arcs  en  deux  parties  Egales. 


Le  vernier  (17^  s.)  —  L'Allemand  Clavius  en  a  ea 


208 


L\   GtoMETRIE    DE    MESURB 


la  premiere  idde  (1604  et  1612),  mais  c'est  le  Frangais 
Pierre  Vernier  qui  lui  a  donn6  (1631)  la  forme  ing6- 
nieuse  et  pratique  que  nous  lui  connaissons.  Le  vernier 
porteen  France  le  noin  de  son  inventeur;  dans  cer- 
tains pays,  en  Allemagne  notamment,  on  le  ddsigne, 
improprement  a  notre  avis,  sous  le  nom  de  nonius. 
Voici  d'abord  la  disposition  imagin^e  par  Clavlus 
pour  la  mesure  de  petites  longueurs 
rectilignes.  Une  premiere  ^chelle  AB, 
de  longueur  6gale  a  I'unitd,  ^lant  divi- 
see  en  100  parties  egales  entre  elles  et 
k  I,  il  s'agit  d'evaluer  les  dixiemes  de 
chacune  de  ces  parties,  soit  les  mil- 
li^mes  de  AB.  A  cet  effet,  Clavius  {GeO' 
metria  practicd)  preconise  remploi 
d'une  echelle  auxiliaire  fixe  CD  de 
longueur  egale  a  11  parties  de  AB  ou 
a  11/  et  divise'e  en  10;  chacune  des 
parlies   de   CD   a    done   pour    valeur 

10    /  7       1  1        7        J 

•— -  /  ou  encore  surpasse  /do  —  /,  de 
11  ^10 


5- 


lOj 


Y 


1-30 

E: 
G- 

L40 


1.5[ 


L 


sorte  que  6  parties  de  CD,  par  exem- 
ple,  surpassent  6  /  de  — -  /. 

Soit  done  h.  determiner  la  longueur  ayant  pour  va- 
leur 34,6/  (tel  est  le  genre  de  question  envisage  par 
Clavius)  ;  la  division  34  est  donnee  immedialement  en 
E.  Pour  trouver  la  fraction  compldmentairo  0,6  /,  on 
prend  h.  I'aidedu  compasa  pointess^ches  6  divisions  de 
CD  et  on  pose  une  des  pointes  h  la  division  34  —  6  =  28, 
en  F  ;  I'autre  pdinte  donne  I'extremit^  cherchde  G  de 
la  longueur  a  determiner,  qui  est  alors  AG  :  FG,  qui 
estdgal  k  6  parties  de  CD,  surpasse  en effetla longueur 
FE  ou  6/de0,6/. 

Au  lieu  de  considerer  I'f^chelle  auxiliaire  comme  fixe. 


a 


1_30 


G    E: 


I_50 


a 


ANCETRRS    DBS    INSTHUMENTS    DE    DESSIN    ET    DE    TOPOGRAPHIE      209 

Pierre  Vernier  la  suppose  mobile  et  la  fait  g-lisser  le 
long  de  I'echelh!  piineipale.  Cherchons,  par  exemple, 
combien  d'unifes  /  sont  conlenues  dans  nne  longueur 
donnde,  I'une  des  extremiles  do  celle  der- 
niure  6tant  k  zero,  en  A,  I'autre  cxtremite 
lombant  par  exemple  en  G  entre  les  divi- 
sions 34  et  35  ;  on  amene  le  zero  de  I'echelle 
mobile  CD  en  coincidence  avec  G  et  Ton 
constate  que  les  divisions  39  de  AB  et  4  de 
CD  se  correspondent  exaclement.  La  divi- 
sion 38  de  AB  est  en  avance  de  1/10/  sur 
la  division  3  de  CD  ,37  de  AB  est  en  avance 
de  2/10/  sur  2  de  CD,  36  de  AB  est  en 
avance  de  3/10/ sur  1  de  CD  et  35  de  AB 
est  en  avance  de  4/10/  sur  0  de  CD  ;  ainsi 
la  distance  comprise  entre  G  et  la  division 
35  de  AB  est  egale  a  4/10/,  et  la  longueur 
mesuree  est  ^gale  k  (35  —  0,4)  /r=34,6/. 

Dans  la  disposition  adoptee  aujourd'hui,  I'echelle 
auxiliaire  a  pour  longueur  9/  et  est  encore  divisee  en 
10  parties  egales,  mais  elle  permet  la  lecture  directe, 
sans  avoir  besoin  d'ellectuer  une  soustraction  comme 
nous  venons  de  le  faire. 

Clavius,  dans  son  Astrolabium  (1612),  ^tend  sa  con- 
ception a  la  mesure  des  pelits  arcs  sur  un  quadrant  di- 
vise  en  degrds.  II  se  sert  a  cet  elTet  d'un  arc  auxi- 
liaire fixe  de  61"  divise  en  60  parties  Egales;  chacune 
de  ces  parties  conticnt  done  1"  et  1/60  de  degre,  soit 
1"  1',  2  parties  contiennent  2"  2'  etc.,  ce  qui  permet 
d'obtenir  un  arc  avec  une  approximation  d'une  minute. 

Pierre  Vernier  suppose  le  quadrant  divise  en  demi- 
degres  et  il  emploie,  pour  ^valuer  les  arcs  a  une  mi- 
nute pres,  un  secteur  auxiliaire  mobile  dont  Tare  est 
de  31  demi-degrds  et  est  divise  en  30  parties  egales  ;  cha- 

FouRUEY.  —  Curios,  geom.  14 


210  LA   G^OM^TRIE   DE   MESITRE 

cune   de  ces   parties  a   pour  valeur  ~1',  deux  par- 

ties  Equivalent  a  1"  2',  etc.  Le  secteur  auxiliaire  est  fixe 
^  I'alidade  mobile  de  sorte  quo  le  /dro  du  premier  cor- 
responde  a  la  ligne  de  visee  de  la  scconde  ;  la  lecture 
d'un  arc  se  fait  directement  commc  nous  I'avons  indi- 
que  pour  la  mesure  des  segments  lindaires,  en  cher- 
chant  quelles  sont  les  divisions  du  quadrant  et  du  secteur 
qui  sont  en  coincidence. 

A  vrai  dire,  Pierre  Vernier  n'avait  appliqud  son  in- 
vention qu'5.  la  mesure  des  arcs,  mats  son  extension  a 
la  mesure  des  segments  de  droile  en  decoule  natu- 
rellement. 


BIBlIOORArmE 

M.  CuRTZE.  —  Die  Abhandlung  des  Levi  ben    Gerson  iiber    Trigonomelrie 

und  den  Jacobslab.  Bibliollieca  malliemalica,  1898 
Nonius.  —  De  crepusculis.  Lisbonne,  io42,  in-i". 
Clavius.  —  Opera  mathemalica,  tomes  II  el  III.  Mayence,  1612,  in-fol. 
PiEHRE  Vernier.  —  La  consiruclion,  I'usaje  el  les  propriiles  du  quadrant 

nouveau  de  mallie'maliques.  Bnixelles,  1031,  in-8". 
Breusino.  —  Nonius  uder  Vernier  ?  Aslronomisclie  Nacliriclilen,  1880. 
Wolf.  —  Handbucfi  der  Aslronomie.  Zurich,  1891-93,  2  vol.  in-S", 


§  7.  —  Nivellement. 

1°  Niveaux  a  perpendicide. 

I^e  niveau  de  maQon.  —  Si  nous  en  croyons  Pline 
rAncien(Liv.  VII,  Chap.  LVI),  le  niveau  de  magon  aurait 
4t6  invente  par  Theodore  deSamos,  architecte  du  temple 
d'Eph^se.  L'emploi  de  cet  instrument  remonte  assure- 
ment  a  une  tr^s  haute  antiquity.  On  le  trouve  figurd  en 
particulier  sur  une  pierre  tomb/ile  du  cimetiere  remain 
des  Aliscamps  (pr5s  d'Arles). 


ANCETRES   DES    INSTRUMENTS    DE    DESSIN    ET    DE   TOPOGRAPHIE       211 

Sa  forme  afTectait  generalement,  dans  I'Antiquit^^  et 
le  Moyen  ago,  celle  d'un  trian- 
gle equilateral  ;  c'est  ainsi 
qu'on  le  trou  ve  represents  dans 
un  traite  arabo  du  13*  siecle 
relatif  aux  instruments  astro- 
nomiques  et  rddigd  par  Aboul 
.Hhassan.  On  sait  qu'aujour- 
d'hui  le  niveau  de  magon  a  la 


.    Plan  horizontal 
Niveau  de  maron. 


forme  d'un  triangle  rectangle  isocele. 


La  dioptre  de  Vitruve  (l^ps.).  —  D'apres  M.  Cantor, 
celte  dioptre  serait  la  meme  que  celle  de  Hdron  ;  mais 
un  passage  de  Tauteur  allcniand    Dubravius   (ir)45), 

signale  recemincnt  j)ar  M.  Ku- 
charzewski,  laissesup[)Oserque 
cet  instrument  est  constitu6 
com  me  suit. 

Uno  plaque   rnetallique  AA 

est  recourbee  a  scs  extrdmiles ; 

les   relours  H   sont  munis   de 

pinnules  dans  la  direction    de 

laJignede  foi  r/tn  tracee  sur  A. 

Un  support  C  muni  d'une  poi- 

gnee  D   permet  de  tenir  I'ins- 

trument  suspendu.   Enfin,  un 

lil  a  plomb  E  a  son  point  d'at- 

tache  un  peu  au-dessous  de  la 

poignee  et  vient  battre  le  re- 

pere/>  sur  mn  quand  celte  der- 

niere  droite  est  horizontale  ;  un  second  repere  est  gravS 

en  q  sur  le  support  C  pour  permettre  la  verification  de 

I'atlache  du  fii  a  plomb. 

L'instrument  est  portatif,  la  plaque  A  n'ayant  que  7 
ou  8  doigts  de  longueur  (O^.IS  a  0'",20). 


Dioptre  de  Dubravius 

(et  de  Vitruve?) 


21 2 


LA    GEOMETRIE    DE    MESL'RE 


Niveau  a  Lalancier  d'Aboul-Hliassan. 


L«  niveau  k  balancier  d'Aboul-Hhassan  (13e  s.)  — 

Cc   niveau,  decrit  par  Tauteur   arabe  Aboul  Huassan 
dans  uii  traite  relatif  aux  instruments  astronomiques, 

sert  a  verifier,  com- 
me  le  niveau  de  nia- 
Qon  (ou  de  poseur), 
riiorizontalite  d'un 
plan. 

II  est  conslituft 
par  une  regie  de  cui- 
vre  ou  de  bois  dur 
AB,  fixe'eausommet 
de  deux  pieds  pyra- 
midaux  idenliques, 
et  faisantdes  angles 
dgaux  avec  les  aretes  correspondanlesdeces  deux  pieds. 
Une  languelte  COQ,  en  forme  de  triangle  isoccle,  est 
fixee  a  la  parlle  inferieure  de  la  regie  AB  de  telle  sorle 
que  son  sommet  C  se  trouve  sur  la  perpendiculaire  elc- 
vee  au  centre  S  de  la  face  superieure  de  AB. 

On  place  en  cc  point  S  la  pointe  Z  du  perpendicule 
ou  balancier  represente  a  droite  de  la  figure  et  dont  un 
plomb  Y  assure  la  stability.  Les  deux  branches  du 
perpendicule   se    trouvent  ainsi   disposees  de  part  et 

d'autre  de  la  regie  AB  ;  si  Ic 
plan  sur  lequcl  on  fail  re- 
poser  le  niveau  est  horizon- 
tal, le  plan  vertical  forme 
par  ces  deux  branches  passe 
par  le  sommet  C  de  la  lan- 
guette. 

La    Synwaya    de    Stru- 

Synwaya  de  Strumienskl.  mienski    (16«    S.)    —   L'au- 

-cur   polonais   Strumienski  indique  (1573)  un  procede 


ANCETRES    DES    INSTRUMENTS    DE    DESSIN    ET    DE   TOPOORAPIIIE      213 

rudinientaire  de  nivellement  qu'on  retrouve  encore  un 
siccle  plus  tard. 

Deux  jalons  J  et  J'  dtant  places  aux  points  A  et  B 
dent  il  s'agit  d'obtenir  la  diffe'rence  de  niveau,  deux 
aides  viennent  tenir  contre  les  jalons  des  couleaux  C  et 
C  ;  on  dispose  par  dessusune  long-ue  regie  de  bois  DE 
(synwaya)  sur  laquelle  est  fixe  un  niveau  de  poseur.  On 
deplace  Fun  des  couteaux  jusqu'a  cc  que  le  fil  a  plomb 
batte  son  rep(!jre  :  la  regie  DE  est  alors  horizontale.  On 
mesure  les  longueurs  AD  et  DE  dont  la  soustraction 
donne  la  difference  de  niveau  cherchee. 


I.e  terazi(')  ou  niveau  a  cordeau  de  Beha-Eddin 
(1G«  s.)-  —  Dans  son  Essence  de  calcnl,  I'auleur  syrien 
Beha-Eddin  (1547-1622)   decrit   un   niveau  a   cordeau 

ou  t^razi,  qui  6tait 
egalement  connu  du 
polonais  Strlmienski 
(1573);  cet  instrument 
etait  encore  le  niveau 
prefe'r^  des  fontainiers 
de  Constantinople  au 
commencement  du  19* 
siecle. 

Soient  deux  points  A 
et  B  dont  il  s'agit  d'cvaluer  la  difference  de  niveau.  On 
plante  en  A  et  B  deux  jalons  AI  et  BJ  de  longueur  (5gale 
etdont  on  verifie  la  verticalile  au  moyen  du  fil  h  plomb. 
Entre  I  et  J  on  tend  un  cordeau  au  milieu  duquel  on 
suspend  par  deux  crocbels  G  et  H  un  triangle  isoccle 
CDE  en  mdtal  ajoure;  au  milieu  F  de  la  base  de  ce 
triangle  est  fixe  un  fil  a  plomb  FL. 

Si  le  fil  passe  par  le  sommet  E  de  CDE,  le  cordeau 


Le  terazi. 


(*)  Terazi,  mot  persan  et  tuic  qui  signifie  balance,  equilibre. 


214  LA    GEOMETRIE   UE    MESURE 

IJ  est  horizontal  et  les  points  A  et  B  sont  au  meme  ni- 
veau ;  s'il  coupe  au  contraire  Tun  des  c6tes,  CE  par 
exemple,  on  baisse  rextremite  J  du  cordeau  jusqu'en 
un  point  J'  pour  lequel  FL  passe  par  E:  on  n'a  plus 
qu'aniesurer  JJ',  qui  represente  la  difference  de  niveau 
cherchee. 

Quand  il  s'agit  du  nivellcment  compost,  c'est-^-dire 
d'une  operation  ayanl  pour  hut  de  trouverla  difference 
d'allilude  de  deux  points  eloignes  en  procedant  de  pro- 
chc  en  proche  a  I'aide  de  nivelleraents  intermediaires 
simples,  lesfontainiersde  Constantinople  operentcomme 
suit.  Au  lieu  d'ecrire  les  differences  successives  ohte- 
nues,  ils  «  les  portent  sur  une  petile  ficelle  qulls  rou- 
lent  aulour  des  quatre  derniers  doigts  de  la  main  gau- 
che, serrant  forlement  entrele  pouce  etl'index  I'endroit 
de  celte  ficelle  qui  marque  la  derniere  difference  de 
niveau ;  on  developpe  ensuite  la  licelle,  on  mesure  et 
on  a  la  difference  de  niveau  totale  »  (iVndre'ossy). 


2"  Niveaux  a  eau. 

La  dioptre  de  Heron  (le*-  s.)-  —  Pour  ctre  em- 
ployee dans  le  nivellement,  la  dioptre  (§  2)  etait  dis- 
posee  de  mani^re  a  recevoir  un  niveau  d'eau,  mobile 
autour  de  J  axe  de  I'inslrument  dans  un  plan  horizon- 
tal. M.  U.  Schone  pense  (1903),  contrairement  k  I'avis 
de  Venturi  (1814)  et  de  Vincent  (1858),  que  pour  cet 
objet  on  substituait  a  Falidade  une  r^gle  speciale  donl 
il  a  donne  une  restitution. 

H^RON,  dans  son  Traite  de  la  Dioptre,  enseigne  la 
construction  d'une  mire  analogue  a  notre  mire  a  voyant 
et  deslince  a  etre  employee  avec  la  dioptre.  EUe  est 
constituee  par  une  piece  de  bois  equarri  le  long  de  la- 


ANCETRES    DES    INSTRUMENTS    DE   DESSIN    ET   DE   TOPOGRAPHIE      2i5 

quelle  peut  se  mouvoir  un  disque  D  partage  par  un 
diamelre  horizontal  LL'  en  deux  demi-cercles,  I'un  blanc 
et  I'autre  noir;  ce  disque  porte  un  te- 
non qui  peut  glisser  dans  une  rainure 
en  queue  d'aronde  pratiquee  au  milieu 
d'une  des  grandes  faces  de  la  pi^ce  de 
bois.  Le  disque  est  nianumvre  au  moyen 
dune  corde  passant  sur  une  poulie  P 
fixee  a  la  partie  superieure  de  la  mire. 
Celle-ci  peut  6tre  rendue  verticale  au 
moyen  d'un  fil  a  plomb  F  place  le  long 
de  I'une  des  faces  laterales.  Enfm,  la 
face  laterale  opposee  a  cette  derniere, 
celle  de  droile  sur  la  figure,  porte  une 
echolle  divisee  sur  laquelle  se  meut  un 
index  fixe  a  la  face  posterieure  du 
disque. 

Heron  decrit  tres  clairement,  avec 
figure  a  I'appui,  le  precede  de  nivelle- 
mcnt,  que  nous  appelons  aujourd'hui  compose,  pour  de- 
terminer la  dilferencede  niveau  de  deux  points  donnes. 


Mire  dc  Heron 
(Restitution). 


Le  chorobate    et   la   balance    a  eau    de   Vitruve 

(!"»•  s.).  —  Dans  son  Architecture  (Livre  VIII),  YrrRUVE 
indiquc  que  pour  prendre  le  niveau  de  I'eau  «  on  se  sert 
des  dioptres,  des  balances  a  eau  ou  du  chorobate.  Le 
chorobate  est  le  plus  exact,  les  autres  peuvent  induire 
en  erreur.  » 

Seule,  la  description  du  c//o/o/-a/e  nous  est.parvenue, 
sans  ligure  louleiois.  Nousavons  donne  precedemment 
la  constitution  probable  de  [^dioptre  ;  quant  a  la  6a/a/ice 
a  eau,  il  s'agissait  peut-elre  du  niveau  d'eau. 

D'apres  la  restitution  qu'en  a  donnee  I'architecte  an- 
glais Newton  et  qui  nous  parait  la  plus  vraisemblable, 
le  choioLate  se  compose  d'une  regie  aa  longue  de  20 


2i6  LA    GEOMETRIE   DE    MESURE 

pieds,  supporlee  a  ses  extremitt^s  par  les  pieds  e,  e ;  la. 
liaison  de  ceux-ci  avec  la  regie  est  assuree  au  moyen 
de  traverses  «,  «.  Des  fils  a  plomb  r,  r  viennent  battie 
(les  reperes  places  sur  //,  u  lorsque  aa  est  horizon- 
talc. 


(jlioroliMte  de  Vilrnve 
(Kestiluliou  de  iScvvlon,  1771). 


Enfin,  pour  le  cas  ou  le  ventempfu;lierait  de  seservir 
des  fils  a  plomb  /•,  /•,  un  canal  nn  long  de  5  pieds,  large 
d'un  doigt  et  profond  d'un  doigt  el  demi  est  creuse  sur 
la  face  superieure  de  la  regie ;  on  y  verse  de  I'eau  pour 
verifier  si  cetle  face  est  bien  horizontale. 


Un  nivellement  chez  les  Hindous.  — Uncommen- 
tateur  d'Aryabhatta,  PARAMAoigvARA,  indiquele  procede 
suivant  pour  reconnaitre  si  un  sol  est  horizontal:  «  Ayant 
fait  a  Toeil  le  sol  d'egal  niveau,  on  y  dessinc  un  cercle, 
puis  en  dehors  un  espace  annulaire  large  de  2  ou  3 
doigts  et  Ton  creuse  I'intervalle  enlre  les  deux  circon- 
ferences  pour  se  procurer  une  rigole.  Si  tout  aulour 
I'eau  est  k  fleur  de  terre,  le  sol  est  de  niveau;  1^  oii 
Ton  voit  un  abaissement  de  I'eau,  il  y  a  surelevation 
du  sol ;  la  ou  il  y  a  surele'vation  de  I'eau,  il  y  a  depres- 
sion du  sol.  Voil^.  » 

Les  Hindous  ont  d'ailleurs  connu  le  niveau  d'eau. 

Le  niveau  a  auget  de  Struniienski  (16"  s.).  —  II  se 
compose  d'une  auge  en  fer  AA  remplie  d'eau,  ayant  ses 


ANCKTIiKS    Di;S    INSTIIUMEM'S    DE    DESSIN    ET    DE   TOPOGRAPHIE       217 

bonis  roloves  iiux  nxtremites  E,  et  supporteo  par  un 
pied  li  vi'uisemblablement  parrintermediaire  d'une  ar- 
ticulation en  C;  des 
ouvertures  P  for- 
mant  pinnules  sont 
inenagees  dans  les 
plaques  E  des  extre- 
mites.  Enfin  des  vis 
V  traversant  una 
plaque  D  disposee 
perpendiculaiie. 
ment  au  pied,  pcr- 
meltent  de  regler  la  position  de  Fauge.  Si  les  bords 
supericurs  de  celle-ci  et  la  surface  de  Teau  sonl  parai- 
leles,  la  ligne  de  visce  des  pinnules  est  horizonlale. 

Le  procede  adople  par  Strumienski  pour  regler  la  po- 
sition de  lauget  se  retrouve  dans  certains  de  nos  ni- 
veaux  acluels. 


V  B  V 

Niveau  a  -.ui'^vl  dc  Slrumicnski 
(Kcbliliilioii). 


Le  niveau  u  bulle  d'air  (17*  s.).  —  Libri  avance, 
dans  son  Ilistoire  des  Mathematiques,  d'apres  un  recueil 
anglais  (/Vsiatic  Researches,  tomes  V,  p.  87,  et  IX,  p. 
326-328),  que  les  Ilindous  connaissaient  le  niveau  k 
bulle  d'air  ;  nous  croyons  a  un  lapsus  de  cet  historien, 
car  nous  voyons  seulenient  mentionne  le  niveau  d'eau 
dans  le  deuxi^nie  passage  signale.  II  n'est  d'autre  part 
guere  admissible  que  I'emploi  de  cet  instrument  si  pra- 
tique ne  se  soil  pas  propage  d'abord  chez  les  Arabes  et 
de  Ici  chez  les  Europeans. 

Nous  considererons  done,  jusqu'a  preuve  du  contraire, 
le  niveau  a  bulle  d'air  comme  una  invention  moderne  ; 
elle  est  duo  a  un  savant  franQais,  Th^venot,  qui  la  de- 
crivit  dans  un  ecrit  anonyme  paru  en  1666.  Restee  ina- 
perQue  en  France,  cette  invention  eut  plus  de  succes 
en  Angleterre  et  en  Italie,  d'od  elle  regagna  son  pays 


218  LA   GEOMETRIE    Db   MESURE 

d'origine  ;  en  1681,  Thdvenot  la  decrivait  a  nouveau  et 
en  reclamait  la  paternite  dans  son  Recueil  de  voyages. 
«  On  choisit  unluyaude  quelque  matiere  transparanle, 
un  canon  de  verre  par  exeinple,  dont  les  costez  boicnt 


Niveau  a  biille  d'air 
de  Tlievenot. 

paralleles  ;  d'un  diametlro  qui  puisse  recevoir  le  petit 
doigt,  et  qui  soit  environ  sept  ou  huit  fois  plus  long  que 
large.  On  le  ferme  par  un  bout,  et  on  y  met  quelque 
liqueur.  L'esprit  de  vin  y  est  I'ort  propre,  parce  qu'il 
ne  fait  point  de  sediment  et  qu'il  ne  gele  jamais.  On 
laissedu  tuyau  environ  un  peu  nioinsde  vuide  qu'il  n'a 
de  diametre ;  on  le  bonclicapros,  ou  on  le  scelle  par 
le  leu. 

«  Lors  qu'on  son  serl  et  qu'on  I'applique  sur  le  plan 
que  Ton  veut  examiner,  I'air  qui  y  est  enlerm^  monte 
aussi-lost  vers  la  parlie  du  plan  la  plus  elevee,  et  de- 
meure  sans  mouvement  lorsque  le  plan  est  horizontal, 
et  cela  toujours  avec  la  mesme  juslesse,  quelque  temps 
qu'il  iasse.  » 

L'ingenieur  frauQais  Chezy  enseignait  un  si^cle  plus 
tard  le  moyen  de  rendre  reguliere  la  surface  interieure 
du  tube  en  larodant  au  moyen  dun  mandrin  recouvert 
d'emeri. 

L'emploi  de  cet  instrument  si  simple  qu'est  le  niveau 
h  bulle  d'air  a  produit  une  veritable  revolution  dans 
I'art  du  nivellemenU 

BIBLIOGRAPniE 

EucHARZEwsKi.  —  Suv  Quclques  niveaux  du  XV b  siccle.  Bibliotheca  matlie- 
matica,  1900. 


ANCETRES   DES   INSTRUMENTS   DE   DESSIN    ET   DE  TOPOGRAPHIE      21^ 

DuBRAVius.  —  De  ptscinis.  Breslau,  154S. 

Strumienski.    —    Sur  I'art  d'etablir,    de  mesurer   et  d'empoissonner  les 

Hangs  (en  polonais).  Cracovie,  l.'STS. 
J.  J.  Sedillot.  —  Trails  des  instruments  astronomiques  des  Arabes.  Paris, 

1834-33,  2  vol.  in-4». 
Beha-Eddin.   —  Khelasat  al  liissab  (Essence  de  calcul).  Trad.  A.  Marre. 
Rome,  1864. 
-  Andreossy.  —  Constanlinop'e  et  le  Bosphore  de  Thrace.  Paris,  1828,  1  vol. 
i     iu-8°,  1  atlas  in-fol. 

sHeujiann    Schone.   —   Herons    von    Alexandria    Vermessungslehre    und 
}     Dioplra.  Leipzig,  1903,  in-S", 
ViTRuvE.  —  Architecture.  Traduction  Perrault,  Paris,  1684,   in-fol.  Tra- 
duction Maulras,  Paris,  1847,  2  vol.  in-S". 
Anonyme  (Thevenot).  —  Machine  noucel'.e pour  conduire  les  eaux...  Paris^ 

1666. 
Thevenot.  —  Recueil  de  voyages  (de  M.).  Paris,  1681,  in-S". 
Chezy.  —  Memoire   sur  quelques  instruments  propres  a  niveler,  nomniis 
niveaux.  Memoires  de  I'Acadcuiie  des  Sciences,  tome  V,  Paris,  1708 


CHAPITRE  II 

MESURE  DES  POLIGONES 


§  1.  —  Triangles. 

Triangle  isocele.  —  Manuel  egyptien  d'Ahmes  (2  000  ans ' 
av.  J.-C).  —  «  S'il  t'est  donne  un  triangle  [isocele]  de 
10  perches  k  son  c6te,  4  perches  a  sa  base,  quelle ^ 
est  sa  superficie?  » 

Lauteur   multiplie  la   demi-hase  par  le  cote,   ce  qui 

donne  20  perches  carrees. 
La  superficie  exacte  se- 
rait  l^jfi,  soit  une  difie- 
rcnce  de  2  "/o  environ. 
D'une    maniere    gene- 

Fac-simile  du  Manuel  egyptien         ^ale,  si  b  esl  la  base  et  c 
Q  Alimes.  ' 

le   c6te,    ce   precede  re- 
vlent  h.  remplacer  la  formule  exacte 


lv/^'-!=^v/^-aJ 

par  la  formule  approximative 


d'autant  plus  pr^s  de  la  verite  que  h  est  plus  petit  par 
rapport  h.  c 


MESUnE    DES    I'Or.VGONES  221 

La  seconde  formule  nVxige  pas,  comme  la  premiere, 
une  extraction  de  racine  carrco,  operation  que  le  cal- 
ciilateur  egyptien  ne  savait  probablement  pas  effectuer. 

Ahm^s  g^n^ralise  cette  regie  dans  la  recherche  de 
I'aire  du  trapeze  isoceic  (§  2). 

Inscription  hieroglyphique  du  temple  d'Edfou  (100  av.  J.-C). 
—  Cette  inscription  donne  une  enumeration,  avec  plan 
a  I'appui,  des  differents  terrains  formant  la  propriete 
fonciere  du  temple. 

Nous  verrons  plus  loin  (§  2)  quo  sur  cette  m6me  ins- 
cription,  I'aire  du  trapeze  isocele  est  obtenue  en  fai- 
sant  le  produit  des  demi-sommes  des  cotes  opposes; 
Taire  du  triangle  isocele  se  deduit  de  cette  formule  en 
supposant  la  petite  base  nulle.  Ainsi  les  cotes  du  tri- 
angle isocMe  de  base  2  el  de  cole  3  sont  ainsi  denom- 
mes 

«  0  sur  2,         3  sur  3  » 

et  I'aire  est  ainsi  calculee 

0  +  2       ''-^•'^-3 
2     ^      2     -'^- 

Le  resultat  exact  serait  2,83. 

D'une  maniere  generate,  I'aire  d'un  triangle  isocele 
de  base  b  et  de  cot^  c  serait 

O^f,      c-hc_  h 
2     ^~2"-2^'* 

Cette  regie  est  done  au  fond  la  meme  que  celle  d'Ahmes, 
mais  la  marche  suivie  pour  y  arriver  est  essentielle- 
ment  differente. 

Metriques  de  Heron  (l'^-'  s.  ?).  —  «  Soit  ABG  un  triangle 
isocele  dans  lequel  AB  =  AG  =  10,  BG=i2.  Trou- 
ver  son  aire.  » 


222  I.A    GEOMKTRIE    DE     MESURE 

HfiRON  calciilo  la  hauUnir 


AD=^\/An—  \n)  -  \/\ 00  —  ;if)  =  8 

ol  ilonionlre  que  I'aire  du  triangle 
ABG  est  la  mollis  de  celle  du  rec- 
tangle BEZG,  c'est-a-dire  qu'elle  est 

,     ,     ,    12x8       ,Q 
osralc  a  — — —  =  48. 


ficrits  heroniens.  Geometria  (10«  s.?).  — 
L'aire  du  triangle  isocele  se  calcule  conime  dans  les 
Metriques  ;  mais  alors  que  Heron  n'emploie  que  des 
nombres  abslraits,  on  opere  dans  la  Geometria  sur  des 
quantites  concrMes,  mesures  effectives  de  longueur  et 
de  superficie. 

Commc  unite  de  longueur  on  voit  figurer  en  parlicu- 
lier  le  scho'inion,  valant  environ  20  metres.  Parmi  Ics 
unites  de  superficie  se  trouvent  le  scho'inion  car  re  et  le 
/«o^//h.s,  valant  2  schoinions ;  ce  dernier  repr^sente  la 
surface  de  terrain  sur  laquelle  on  employait  comme 
quantite  de  semence  une  mesure  de  capacite  appelee 
pr^cisement  modius. 

Ayant  done  a  calculer  un  triangle  isocMe  dont  la 
base  a  6  schoinions  et  le  cote  5,  le  redacteur  de  la  Geo- 
metria evalue  la  hauteur  relative  a  la  base.  Cette  hau- 
teur ^tant  de  4  schoinions,  la  superficie  du  triangle  est 

de  — - —  =  12  schoinions  carres;  il  fallait  done  6  mo- 
dius  de  grain  pour  ensemencer  le  terrain  correspondant. 

Traite  d'arpentage  d'Epaphroditus  et  de  Vitruvius  Rufus 
(l«'--2«  s.  ?).  — Dans  la  premiere  partie  de  ce  recueil  ro. 
main,  due  vraisemblablement  a  Epaphroditus  qui  serait 
un  arpen(eur,  on  calcule  l'aire  du  triangle  isocMe  a  la 
maniere  egyptienne. 


MESURE    DES    POLYGONES 


223 


Dans  la  seconde  partie,  dont  I'auteur  serait  I'architecte 
ViTRUvius  RuFus,  le  calcul  est  dirigd  comme  dans 
Texcmple  ci-dessus  cite  des  ecrits  h^roniens. 

Arithmetique  de  Brahmegupta  (628).  —  «  Quelle  est  I'aire 
d'lin  trianofle  isoc^lc  de  base  10  et  de  cotes  13? 

O 

Les  moilies  do  la  somme  des  c6tes  opposes  sont  5 
et  13;  leur  produit  6o  est  Tairo  grossicre.  » 

II  est  remarquable  que  celte  regie  soit  la  ra6me  que 
€elle  de  Tinscription  egyptienne  d'Edfou,  mais  IJrah- 
megupta  ne  la  considero  que  comnie  approximative; 
il  donne  en  outre  une  regie  exacle  reposant  sur  le  cal- 
■cul  de  la  hauteur. 

Propositions  d'Alcuin  (S"  s.).  —  «  Probl6me  du  champ 
triangulaire.  —  Un  champ  triangulaire  a  30  perches 
d'un  cote,  30  perches  do  I'autre  et  18  de  base.  Dire, 
<jui  le  pent,  combien  il  doit  contenir  d'arpents?  » 

La  regie  pour  calculer  I'aire  en  perches  carrees  est  la 

30 


.  „  J..,     .        18     30  4- 

meme  qu  a  hdtou         —  . ~ 

^  2  2 


2701"=:       I'auteur 


transforme  ensuite  ce  resultat  en  arpenls. 


Triangle  Equilateral.  —  Metriquesde  Heron  (l«''s.?). — 
«  Soit  un  triangle  Equilateral  dont 
chaque  cote  est  egal  a  10.  Trouver 
son  aire.  » 

L'auteur  precede  ainsi.  AD  etant 
la  hauteur  relative  au  cote  BC  et 
T  I'aire  du  triangle,  on  a  successi- 
vement 


BC  =4BD: 


AD  =AB'  — BD=3BD, 


224  '       LA    GEOMlilTRIE    DE    MliSURE 

BC       4 

ad' 


•d'ofi 


■r.r2  3 


ou  encore 
On  cii  lire 


BC' BC'       _  4  _  16 

ad'     bc'xad'     ^     ^^ 

(2T)^      12" 


p  —  l-BC=  —  x  10000  =  1873. 
16  16 

T  pst  alors  donnc  par  la  racine  carr^e  dc  1875,  qui 
est  approximalivement  43  1/3. 

Remarque.  —  On  a  ignore  pendant  longtcmps  com- 
ment les  anciens  Grecs  extrayaieni  les  racines  carrees. 
Paul  Tanne.ry  a  mis  au  jour  en  1894  un  passage  inedit 
indiquant  le  procede  suivi  par  Heron  et  qui  fut  vrai- 
semblablement  le  seul  classique  chez  les  Grecs.  La  d^- 
couverle  du  manuscrit  des  Metriques  est  venue  confirmer 
le  fait. 

Appliquons  ce  procede  h.  I'exemple  ci-dessus.  Le  carre 
le  plus  voisin  de  1875  etant  1849,  dont  la  racine  est  43^ 

on  divise  1875  par  43  ;  le  quotient  est  43  H ,  soit  en- 

43 
2  •  .      .  2 

viron  43  -.  On  y  ajoute  43,  il  vient  86  -;  on  en  prcnd 

o  o 

la  moitie,cequi  donne43  1/3  :  c''est  la  racine  approchee. 
Si  Ton  voulait  obtenir  une  plus  grande  approximation, 
on  op^rerait  sur  43  1/3  commo  on  I'a  fait  sur  43. 

A  vec  les  notations  actuclles,  si  A  est  un  nombre  non 
carrd  parfait,  a  une  valeur  approcbee  de  saj^acinc,  la 
methode  de  Heron  revient  a  prendre  pour  \J A.  la  nou- 
velle  valeur  approcbee 


MESURE    HES    POLYGENES  225 


puis  ^2~2( ^^"' 


£crits  heroniens.  Geometria  (10^  s.?)  —  On  calcule  Falre. 
du  Irianglo  equilalcnil  on  faisant  le  produil  du  carre  d« 

'  11  111'^ 

c6le  a  par    la    somme  — I *    Comme —  -}-—-  =  ■—» 

'  3       10  3       10      30 

cela  revicnt  a  employer  la  formule  «-X  -'-  ou  a  prendre 

30 

V  3  = -— ==  1,733...  (On  arriverait    5  celle  expression 
In 

dc  y/3  aumoyende  lamelhoded'approximaliondeUeron 

5 
en  ado  plant —com  me  premiere  valeur  approchee). 

o 

Cettememe  rej^le  so  retrouve  chez  qiielques  aiileurs 
latins,  nolammenl  chez  Collumelle  et  J.  S.  Frontimus 
(1"  s.),  dans  la  Gcometrie  do  Gerbebt  (lO^-ll*  s.) 
et  dans  diverses  Geometries  pratiques  de  la  Renais- 
sance. 

Traite  d'?irpentage  d'Epaphroditus   et   de   Vitruvius   Rufus 
(2'-  s.  ? ).  —  «  On  a  un   triangle   iso- 
celc  tel  que  chacun   des  deux  cotes 
a/      Va  soit  egal  k  la  base  qui  a  28  pieds. 

S/^  \%        Jecherche  combien  de  pieds  [carresl 

'  SuperBcie    \  ■  \  c 

ccccwipieds  \       contient  la  surface. 

Je    mulliplie    un    cote    par    lui- 

m6me    28  X  28  =  784,     puis    j'a- 

joute  la  valeur   d'un  cote  784  +  28=^:812,   je   divise 

81 2 
par  2,  =  406.  Telle  est  la  surface  du  triangle.  » 

Autrement  dit,  si  a  est  le  c6te  du  triangle  evalud  en 
unites  de  longueur,  le   proc6d6  de  I'auteur  revient  a 


n^^i-a  _  a  (ci-\-{) 
2       "~  2 

FouRREY.    I    Curios,  reom,  IS 


employer  la  formule  -' — '— -  = — ^ ^,  c'est-^-dirc 

^    ^  2  2 


22  Q  LA    GEOMETRIE    DB    MESURB 

que  I'aire  numerique  du  triangle  equilateral  de  cote  a 
et  le  nombre  triangutaire  (')  de  meme  cote  sont  conside- 
res  coriime  equivalents.  Cette  erreur  bizarre  se  repro- 
duit  plus  loin  pour  les  autres  polygenes  reguliers  dont 
I'aire  numerique  est  consideree  comme  equivalenle  au 
nombre  polygonal  (*)  correspondant;  on  la  retrouve 
chez  d'aulres  agrimenseurs  et  compilateurs  latins, 
notamment  chez  Boece  (6*  s.). 

Kn  ce  qui  concerne  le  triangle  equilateral,  la  diffe- 
rence enlre  la  lormule  fausse  et  la  forniule  exacte  serait, 
dans  Texomple  numerique  considere  ci-dessus,  de 66,53 
pour  une  aire  exacte  de  339,47,  soit  d'environ  20  "j„. 

La  solution  de  I'auleur  romain  est  suivie  d'une  pre- 
tendue  demonstration  qui  n'est  qu'une  petition  de  prin- 
cipe.  Etant  donn6  I'aire  406  d'un  triangle  equilateral, 
il  s'agitde  determiner  le  cote  de  ce  triangle.  Vitruvius 

Rufus  se  sert  a  c(!l  effel  de  laformule  a  =  ^- — ^^-~ , 

ou  S  designe  I'aire  du  triangle,  pour  calculer  le  cole; 
il  relombe  ainsi  sur  la  valeur  28  donnee  ci-dessus,  ce 
qui  prouverait  I'exactitude  du  calcul  de  I'aire.  II  est 
aise  de  trouver  le  defaut  de  ce  raisonnement ;  la  formule 

V/SS-f-l  — 1       ,  rt- X  r  •        c       «^  +  « 

a=*^ est  en  etiet  1  expression  »  =  — ^ — 

^crite  sous  une  autre  forme,  ainsi  qu'il  est  facile  de  le 
veriiier;  partant  de  Tune,  on  doit  d^s  lors  necessaire- 
ment  retomber  sur  I'autre,  et  si  I'une  est  fausse,  I'autre 
Test  egalement. 

Lettre  de  Gerbert  a  Adelbold  (vers  997).  —  Dans  une 
lettre  k   son  ami    Adelbold  d'Utrecht,  Gerbert  montre 

clairement  I'inexaclitude  de  la  formule  S  =  ^^   ~T  ^ 

(')  Voir  pour  les  Nomhres  polygonaux  le  Gbap.  lY  (i"  Partie)  de  no& 
Bicriatiom  arilhvidliqucs. 


MESUBE    DES    POLYGONES  227 

donnee  par  les  agrimenseurs  romains  pour  le  ealcul  de 

I'airc  du   triangle  equilateral   de  c6t^  a,  formule  qu'il 

appelle  arithmetique,  par  opposition  a  la  formule  exacle 

qu'il  qualifie  de  geotnetrique, 

II  donne  d'abord  la  regie  suivante  pour  le  ealcul  de 

4 
la  hauteur  dans  le  triangle  equilateral:  «  rctrancher  — 

du  c6te  et  accorder  les   -  restantsa  la  hauteur  »,  ce  qui 

7  ^ 

,-      \2 
revient  a  faire  \/\\z=z-—=:  1 ,714  .  . . 

II  considere  ensuile  un  triangle  Equilateral  ayant  7 
pieds  de  cote;  sa  Jiaiitcuir  aura  6  pieds,  d'apres  ce  qui 
a  Ete  admis  ci-dessus.  La  r6gle  arilhrndtique  donne  pour 

I'aire  du  triangle    ^    7~      ^=^  ^^ '    ^^    ^'^  regie  geome- 
trique  ^  =  2\.  Gerbert  explique  les  causes  decette 

difference.  Soient  disposc'jes  :  sur  la  base,  une  bande  de  7 
pieds  Carres ;  etau-dessus,  des  bandes 
contenant  successivoinent  6,  5,  4,  3, 
2,  1  pieds  carres.  Le  nombre  de  ces 
Carres  est  le  nombre  triangulaire  de 

cote   7,   soit  ^±i^  =r  28  ;   et  leur 
2 

aire  totale,  28  pieds  carres,  est  celle 
donnee  par  la  Ibrmule  arithmetique. 
Or,  celle-ci  comple  comme  incorporecs  au  triangle  de 
base  7  et  de  hauteur  6  les  porL^ons  ombrees  des 
carres  lateraux  qui  se  trouvent  pr^cisdmenl  en  dehors 
de  ce  triangle;  I'aire  resultant  de  la  formule  arithme- 
tique est  done  trop  forte. 

Dans  un  autre  passage  de  la  m6me  lettre,  Gerbert 
indique  qu'on  pent  aussi  prendre  comme  hauteur  du 

13 
triangle  equilateral  les  —  du  cote,  ce  qui  revient  a. 


228  LA    GEOMETRIE    DE    MESURB 

adopter  pour  y3  la  valeur  7^=  1,733 .  . . ,  plus  appro- 

12 
ch^e  de  la  valeur  exacts  que  — • 

Triangle  rectangle.  —  H^ron,  dans  ses  Metriques, 
considere  I'aire  du  triangle  rectangle  comme  equivalente 
a  la  moitie  de  celle  d'un  rectangle  de  m^me  base  et  de 
meme  hauteur. 

Les  agrimenseurs  remains  et  les  auleurs  hindous 
eniploient  la  regie  actuelle. 

Triangle  scalene.  —  Metriques  de  Heron  (l^r  s.)  — 
Heron  suppose    les  trois  cotes  connus ;  ii  calcule  une 

hauteur,  puis  Taire  par  la 
regie  ordinaire.  II  distingue 
a  cet  effet  deux  cas,  celui  oil 
les  angles  B  et  C  a  la  base 
sont  aigus  et  celui  oii  Tun 
C  des  angles  est  oblus  ;  on 
^      ^  ^        BCD      pgy(.   reconnaitre  immedia- 

tement  a  quel  cas  correspond 
un  triangle  donn^,  car  on  a  dans  la  premiere  hypolhese 

AB  <B(f-hAG%t  Ac'<AJj'H-BC',etdanslaseconde 

AB   >  BC  -+-AC  .  Le  procede  de  determination  de  la 
hauteur  est  un  peu  diflerent  dans  les  deux  cas. 

Nous  nous  contenterons  d'indiquer  succinctcment  le 
calcul  de  Heron  pour  un  triangle  acutangle  de  coles 

AB  =  13,       BC=14,       AC==15.      (T3'<  U-hlS'' 

15   <  13  -f-14).  AD  ^tant  la  hauteur,  on  a,  d'apres 
un  theor^me  des  Elements  d'Euclide,  r 

AC'  =  AB'  -f-  BC^  —  2BC  X  BD. 

Remplagant  les  c6t6s  AC,  AB  et  BC  par  leurs  valeurs 


MESURE    DES    POLYGONES  22^ 


num6riqucs,on  frouveBD==:5,  d'ou  AD  =  y  AB^  —  BD^ 

=  12;otralre  est  ^^  ^  ^^  rri84. 
2 

On  rctrouve  la  m6me  rfegle  dans  les  ecrits  heron  ions, 

dans  le  Trait6  d'arpentage  d'EpAPHRODiTus  et  de  Vitru- 

viijs  RiiFUs,  chez  les  Hindous  et  dans   les  Geometries 

pratiques  du  Moyen  age  et  de  la  Renaissance. 

Arithmetique  de  Brahmegupta  (628).  —  L'aul(Mir  hindou 
donne,  sans  demonstration,  la  r6gle  suivante  pour  le 
calcul  de  la  hauteur;  elle  est  reproduite  dans  le  Lild- 
vati  de  Bhaskara  (12*  s.).  «  La  difference  des  carr^s  des 
cotes  6tant  divisee  par  la  base,  le  quotient  est  ajoute  a 
la  base,  puis  soustrait  d'elle  :  la  somme  et  la  difldrence 
divisees  par  2  sont  les  segments  (determines  par  la 
hauteur  sur  la  base).  La  racine  carree  de  la  difl"eronce 
des  carres  du  cole  et  du  segment  de  la  base  qui  lui 
correspond  est  la  hauteur.  » 

Soient,  en  eff'et,  a,  b,  c  les  coles,  s 
Vv  et  /•  les  segments,  h  la  hauteur. 

/i\  ^n  a 

/ L \  r^-=b^  —  h\  (2) 


B  s 


d'ou  r-  —  s"^  =  b-  —  C-, 

(3) 


c'esl-a-dire 

(r  +  .s)(> 

s)=b^- 

—  C-. 

Mais 

r 

+ 

s  =  a; 

on  deduit 

done  de(3) 

r 

_  —^'' 

a 

Posons 

// 

— 

r- 

il 

vicnt 

a 

—  —  Q  \ 

r 

-f- 

s=za, 

r 

— 

s  =  q. 

■230  LA    GEOMKTRIE    DE    MESURB 

On  en  lire  en  fin 


=  -'  +  '? 
2 


a —  q 
s  =  -       '  • 
2 


- 

/ 

\  '^ 

E 

H/ 

/ 
G 

V   F 

1 

1 

\  1 

Ces  valeurs  des  sogmcuits  sunt  bion  la  Iraductlon 
algebrique  de  la  r^-gle  donnee  ci-dessus. 

On  determine  ensuite  la  hauteur  commea  I'ordinaire, 
au  moyen  de  Tune  dos  formulcs  (1)  et  (2). 

Commentaires  de  Bhaskara  par  Ganesa  (16«  s.).  —  Ganesa 
mono  par  le  milieu  G  de  la  hauteur  AD 
une  parallelo  HI  h  la  base  HC,  qui 
determine  deux  triangles  rectangles 
AGH  et  AGI.  Ces  deux  triangles,  placds 
respectivementen  BKHetGFI,donncnt 
un    rectangle    BKFG   de   base  HC,   de 

hauteur et  dont  I'aire  est  la  mome 

2 

que  celle  du  triangle  propose.  —  «  Voyez  »,  ajoute  I'au- 

teur  hindou,  et  il  en  deduit  la  regie  actuelle  donnant 

I'aire  d'un  triangle. 

Algebre  d'Al  Kharizmi  (820). —  Dansla  partiegeometrique 
de  son  Algebre,  I'aulcur  arabe  enseigne 
le  calcul  algebrique  d'une  hauteur 
d'un  triangle  dont  on  connait  les  trois 
cotes  13,  14,  15. 

En  designant  par  x  le  plus  petit  seg- 
ment determine  par  la  hauteur  AD  sur 
la  base  BC,  on  a  dans  les  triangles 
rectangles  ADD  et  ADC 

AB' —  BD' z:=  ad' =  AC' —  Cd', 


ou 


13'-~(14~ar)'rr=13^  — ^^ 


Mi;suaE  Di:.s  polvgones 

En  effectuant  et  sitri|>li(iant,  il  vient 
28  a;  =140, 


On  en  (U'dult  la  hauteur  v/l3-  —  x- rrr  12  et  la  surface 

14 
du  triangle  12  x  —  =  8/ 

Aire  du  trian(jle  en  fonetlon  des  trois  coles.  —  La 

premiere  mention  de  la  regie  donnant  Tairedu  triangle 
€n  fonction  des  trois  coles  se  trouve  dans  H^ron 
d'Alexandrie(1"''  s.?).  Toutel'ois,  cetle  regie  parait  antd- 
rieure  an  savant  grec,  qui  en  donne  la  demonstration 
dans  deux  dc  ses  ouvrages  :  les  Metriques  et  le  Traite  de 
la  Dioptre. 

Dans  le  Lwre  des  trois  freres  arabes,  Mouammed, 
Ahmed  et  Aluasan  (9*  s.),  on  rencontn;  une  nouvelle 
d(5raonstration,  la  premiere  que  nous  ayons  connueen 
Europe;  elle  est  reproduite  par  Leonard  de  1*ise  dans 
sa  Geometrie  pratique  (1220),  puis  par  Jorda.nus  Nemo- 
RARuis  (13*  s.)  etpar  la  plupart  des  g^ometres  dc  la  Re- 
naissance. 

II  est  remarquablc  que  chez  Heron,  chez  les  Hindous, 
conime  chez  tous  les  auteurs  que  nous  venons  de  citer, 
on  fait  application  de  la  regie  au  triangle  de  c6tes 
13, 14  et  15  dont  I'aire  est  84.  On  est  done  conduit  a  se 
demander  si  ces  trois  nombres  n'ont  pas  une  origine 
commune ;  mais  ainsi  que  Chasles  I'a  fait  observer,  les 
Grecs,  les  Hindous  et  les  Arabes  ont  ires  bien  pu  par- 
venir  s^parement  a  reconnaitre  que  13,  14  etl5  sont 
les  moindres  nombres  qui  donnent  une  aire  rationnelle  { 
pour  les  triangles  acutangles. 

On  trouve  encore  posterieurement  d'autres  demons-  i 
trations  nouvelles  par  Newton  dans  son  Arithmetique 
unipersellc  (^nOl),  Hauler  dans  les  Nouveaux  Commen- 


232 


LA    GEUMbtKIE    DE    MRSURE 


taires  de  Petershourg  (tome  I,  1747-48),  Boscovich  dans 
le  tome  V  de  ses  CEuvres,  conccrnant  I'oplique  et  Tas- 
tronomie  (1785);  cette  dernii^re  demonslralion  est  ob- 
lenue  par  des  considerations  trigonometriqiies. 

Dans  ce  qui  suit,  nous  reprosenterons  pour  simpli- 
fier  par  a,  b,  c  les  cotes  du  triangU;  AHG  respective- 
ment  opposes  aux  angles  A,  H,  C,  par  p  le  demi-peri- 
metre,  par  r  le  rayon  du  cerde  inscrit,  par  D,  E,  F  les 
points  de  contact  de  ce  dernier  avec  les  cotes  r,  a,  h 
et  par  S  Taire  du  triangle. 

Demonotration  de  Heron  (1"  s.).  —  On  prolonge  AC  d'une 

longueur   CJ  =  BE  ;    il    en 
resulte    que   A.l=/^    et   que 

AJxOF=/^r3r:S. 

EI(;vons  maintcmant  detix 
perpendiculaires,  I'une  en  O 
sur  AO,  I'autre  en  C  sur  AC  : 
elles  se  rencontrent  en  L. 
AOL  et  A(X  6tant  droits, 
les  quatrc  points  A,  0,  (>,  L 
sont  sur  une  mome  circon- 
ference  et  Ton  a  A0(^-|- ALC 
=r:2  dr.  Mais  OA,  OB,  OC  etant  bisscclrices  des  angl(;s 
DOF,  DOE,  EOF  dont  la  sommeest  4  dr.,  AOC-f-BOE 
=^2  dr.  et  on  a  ALC  =  BOE.  Les  deux  triangles  rec- 
tangles ACL  et  BEG  sont  semblables  et  donnent 

AC  ^  BE  ^  C J 
CL""OE      OF' 

AC^CL^CK 
CJ       OF      KF' 


d'oii 

On  en  deduit 

ACj+CJ_ 
CJ 


CK4-KF 
KF 


ou 


A.T 
CJ 


CF 
KF 


MESURE    DES    I'OLVGONES 

Par  suite,  lo  triangle  AOK  etant  rectangle, 
AJ'  AFxCF       AFxGF 


23a 


AJ  X  CJ 

11  vient  alors 


AF  X  KF 


OF 


AJ  xOF  =rAJxAFxCJxCF; 

mais      'kfxOF^=S\        A.]  =p,        AF=p  —  a, 

a=JiE=:p  —  b,      CF=p  —  c, 
On  a  done 


S  =  \/p  (p  —  a){p  —  b){p  —  c). 

Demonstration  des  trois  freres  arabes  (9«  s.)  —  Prolongeons 
BA  (Ic  AG  —  CF,  IJC  d(;  CI  =  AF  ;  on  a  BG  =  BI  =  ;?. 
Menons  en  G  une  perpondiculairc  jusqu'^  sa  rencontre 

en  0'  avec  la  bissectrice  BO  de  AlK^.  O'l  est  perpendi- 
culaire  sur  BC  et  egal  k  O'G,  car  les  deux  triangles 
BGO'et  BlO'sont  egaux.  Prenonssur  AC,       AH  =  AG 

et  tirons  O'A,     O'H,      O'C.  Ona      (yc''  =  Ol'  +  IC', 

(ta'^cvg'h-ag',  d'ou  cFc' —  (Fa' =  ic' —  ag'. 

Cornme  AH  =  AG  =  /j  — c,   CHrrr  5  — AH  =  6  —  AG 

z=.p  —  a  =  IC,  on  en  deduit 

O'C — cva'  =  cti' — ahI 

Or  dans  un  triangle  AO'C 
cette  derniere  relation  n'a 
lieu  que  si  H  est  le  pied  de 
la  perpend  iculaire  abaiss^e 
de  0'  sur  AC  0)  ;  done  les 
angles  en  H  sont  droits  et  il 
en  resulte  que  O'A  est  bissec- 
trice de  Gtm. 


(')  Voir  plus  haul  le  calcui  de  la  hauteur  dans  uu  triangle  scalene 
(Regie  de  lirulinic^mpla). 


234  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 

D'autre  part,   an  a  dans  le  quadrilat^re  birectangle 

GAHO',  GAH  +  (iO'H=:2  dr.  ;  comme  GAH-{-lSB 

=:2dr.,  on  en  deduit  GO'It  =  HAU  et,  en  prenant  les 

moities,  (jO'A=:DAO,  Les  deux  triangles  rectangles 
AGO'  et  ADO  sont  alors  semblables  ol  donnent 

^^-  =  ^,      d'ou      ODxO'G=:Al)xAG. 
AG      O  G 

Mais 

OD  off  OD' 


O'G      01)  X  O'G      AD  X  AG 

D'ailleurs,  a  cause  des  parallolos  OD  et  O'G,  on  a 

OD  ^  m 

0'G~liG' 

J,  ,  ob'  MD 

■a  ou  :::=■; — . 

ADxAG      UG 

On  en  deduit  off  X  BG  =  AD  x  HD  x  AG 

-t  OD'  X  Og'  =  IJG  X  AD  X  13D  x  AG. 

OnaODxBG  =  S,        \U\=p,        AD=p  —  a, 
BD  =  ;> — /),         AVf^p  —  c, 

•et  enfin         S^=\/p(p  —  a){p  —  l>){p  —  c). 

Demonstration  classique.  —  Le  fond  de  celte  demonstra-- 
tion  parait  emprunle  a  la  precedente,  mais  I'exposilion 
«n  est  beaucoup  plus  simple  et  repose  sur  la  conside- 
ration d'un  des  cercles  exinscrits  au  triangle.  Nous 
n'avons  pu  retrouver  k  quel  auleur  est  due  cette  sim- 
plification. 

Solent  done  0'  le  centre  du  ccrcic  exinscrit,  de  rayon 


MESURE    DES    POLYGONES 


235 


r',  corresponclant  k  Tangle  B  ;  G,     H  et  I  les  points  de 
contact  dece  cercle  avec  les  coles  du  triangle. 

On  a  d'abord  S  =p)\  (1) 

puis  S  =  O'AB  -h  O'CB  —  O'AC  =  (c-]-a  —  h)  ~ 

=  {p-hy.     (2) 

Multiplions    (i)    et   (2) 
membre  a  merabre : 

S'=p{p  —  b)rr'.    (3) 

Nous  allons,  commedans 
la  demonstration  arabe, 
transformer  le  produit  rr' 
ou  OD  X  O'G  par  la  consi- 
d(?ration  des  triangles  AGO' 
et  ADO,  qui  sont  sembla- 
es  cotes  perpendiculaires. 


bles  comma  ayant 
On  a 


ODxO'G     ou     r/ =  AD  X  AG  =(;?—«)(/'— 0- 

En  portant  cette  valeur  de  rr'  dans  (3),  on  obtient 

S'=pip-aXp^dXp-c). 

Demonstration  de  Newton  (1707). —  Soit  Pie  milieu  de  AC. 

PcrtonssurAC,de 
g  chaque  c6te  de  A, 

AJ=:AK=c,puis 
de  chaque  c6te  de 
C,  CL=CM  =  a, 
^  etmenonsBJ,  BK 
puis  BN  perpen- 
diculaire  sur  AG. 


On  a 


AB  — CB  =AN  —  CN'  =  (AN  +  CN)(AN  — CN) 

=  AGx2PN, 


236  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 


d'oii  PN  = 


2AC  26 


De  PK  =zc  —  —  retranclions  PN,  il  resle 


JNK: 


2bc  —  h^-  —  e  -ha^_a^  —  (b  —  cf 


__(a-\-b  —  c){a—h-\-c)__^{p  —  c){p  —  h) 
26  b  ' 

Retranchons  ensuile  NK  de  JK  =  2c,  il  vient 

jTVT^2c       2bc  —  b''-  —  e--^a^^{b-\-cf  —  a^ 
tb  2b 

~  '     26  ~         b        ' 

Or,  puisque  AB  =  AJ  =  AK,  le  triangle  JBC  est 
inscriplible  dans  une  demi-circonference ;  il  est  par 
consequent  rectangle  en  B.  On  a  done 


et         ^^^-><^=.sjp^p-a){p-b){p-^c). 

Remarque.  —  On  a  JM  =  2/),  JL  =  c-}-6  —  «, 

¥M  =  a-\-b  —  c,  KL  =  c  —  b  +  a, 

d'ou  JN^JMXJL  ^^^^KMxKL 

26  26 


fiXT  ^  y/JM  X  JL  X  KL  X  KM 

26 

et        S  =  y  y/JM  X  JL X  KL  x  KiVI. 

On  a  ainsi  une  expression  de  I'aire  eri  fonction  des 
segments  de  la  figure  ;  c'est  d'ailleurs  la  forme  a  laquelle 
arrive  New  Ion. 


II  0. 


237 


,    MESUIIE    DES    POLYGONES 

Demonstration  d'Euler  (1747-48).  —  Abaissonsde  AsurCO 
une  perpendiculaire  AJ  qui  rencontre  FO  en  K.  On  a 


AOJ 


Ibac 

2 


1 


BCA  =  DOB.  Les  triangles  rec- 
tangles AJO  et  BDO  sont  done' 
semblables  et  on  en  tire 


AJ 
JO 


BD 

r 


(0 


De  raeme,  CJA,  KFA,  OJK  sont 
semblables  el  donnent 


AJ 

JO 


AC 

ok' 


Rapprochani  (1)  de  (2),  il  vient  -  -  =  — ^ , 

d'ou  BD  X  OK  =  AC  X  r. 

Mais  OK  =  FK  —  r ;  la  relation  (3)  de  vient  alors 
BDxFK=:BDx^'-f-ACxr  =  (BD+AC>, 
a'ou  BDxFK=;?r. 


(2) 


(3) 


(4) 


D'autre  part,  les  triangles  semblables  CFO  et  KAF 

donnent 

FK^CF 

AF        r 


d'ou    FK.r  =  AF.CF 


€l  BD.FK.r=:AF.BD.CF. 

Rapprochant  (4)  de  (5),  il  vient 
jor«  =  AF.BD.CF  =  (/)  —  «)(;?  — 6)(/)  —  c); 
par  suite    joV-  ou  S^  =  p(yO  —  a){p  —  6)(/>  —  c). 


(5) 


BIBLIOGRAPHIB 


Voir  &  la  fin  da  chapitre. 


238  LA    GEOMEXaiE    DE   UESURE 


§  2.  —  Quadrangles. 

Reclangle.  —  Les  arpenleurs  ont  connu  cl6s  la  plus 
haute  antiquity  le  procedd  exact  pour  calculer  I'aire  du 
reclangle.  On  poss^de  des  documents  chald^ens  re- 
montant a  3  000  ans  avant  noire  ere,  qui  ne  laissent 
pas  de  doute  a  ce  sujet. 

Metn(][aes  de  Heron  (l^-^s.?).  —  On  y  voit  figurer,  proba- 

blenient  pour  la  premiere  fois,  la  demonstration  ele- 

mentaire  de  la  regie  donnant  la  superlicie  du  rectangle. 

Le  rectangle  ABCD  ayant  pour  colds  AH  el  AD  dont 

les  mesures  sonl  respectivemenl  5  el  3 

unites  de  longueur,  Heron  parlage  AH 

et  CD  en  5  el  3  parties  dgales  el  mene 

des  paralleles  par  les  points  de  division  ; 

il  obtient  ainsi  5x3  =  lo  carres    con- 

struits  sur  I'unile  de  longueur  et  repre- 

scntant  chacun  Tunite  de  superlicie, 

Carr6.  -^  De  memo  que  pour  le  rectangle,  on  a  su 
calculer  I'aire  du  carre  a  une  dpoque  Ires  reculee. 

Dans  le  Manuel  egyptien  d'AHM^s  (2000  av.  J.-C),  un 
carrd  de  9  perches  de  c6td  a  pour  aire  9  x  9  =  81  per- 
ches carries. 

L'auteur  hindou  Aryabhatta,  dans  ses  Lecons  de  Cal- 
cul  (6*  s.),  donne  la  r6gle  sous  la  forme  laconique  que 
voici :  «  Un  carrd  est  un  equi-quadrilalere  ;  sa  surface 
est  le  produit  de  deux  nombres  egaux  ». 

Parall^logramme  et  losange.  —  Ces  deux  figures 
ne  sont  pas  mentionnees  dans  les  lextes  antiques  anld- 
rieurs  aux  Grecs. 

Chez  Hi^BON  et  les  agrimenseurs  romains,  on  suppose^ 


A 

B 

MESURE    DES   POLYGONES  23^ 

connus  les  cotes  et  une  diagonale.  On  peutalors  diviser 
la  iigure  en  deux  triangles  dont  on  connait  les  trois 
cotes.  Pour  le  losange,  Vitruvius  Rufus  (2*  s.  ?)  calcuifr 
la  moitid  de  la  seconde  diagonale  dont  le  produit  avec 
la  diagonale  donnee  determine  la  surface. 

L'hindou  Bhaskara  (12*  s.)  enonce  la  regie  suivante 
pour  le  losange  :  «  Le  produit  des  diagonales,  etant 
divise  par  deux,  est  I'aire  du  telragone  eq^uilateral  »;. 
c'est  la  regit!  actuelle. 

Trapeze.  —  On  a  toulcs  raisons  de  supposer  que  les 
Chaldeens,  tres  habiles  en  arpentage,  savaient  calculer 
I'aire  d'un  trapeze,  bien  que  les  documents  qu'on  pos- 
sede  actuellement  ne  permettent  pas  de  se  faire  une 
certitude  a  cet  egard. 

Manuel  egyptien  d'Ahmes  (2000  av.  J.-C).  —  «  S'il  t'est 
donne  une  section  de  champ  (trapeze  isocMe)  de  20 
perches  en  sa  rive  (cote),  dfr 
6  perches  en  sa  bouche  (grande 
base),  de  4  perches  en  sa  tron- 
cature  (petite  base),  quelle  est  sa 
superficie?  » 

Ahmes  fait  le  produit  de  la  demi-somme  des  bases 
par  le  cdte  ;  ii  trouve  ainsi  100  perches  carrees  au  lieu 
de  99p%87o  que  donnerait  la  regie  exacte,soit  une  erreur 
d'un  peu  plus  de  1/1000. 

Si  Ton  designe  les  bases  par  B  et  b  at  le  cote  par  c,. 
la  regie  d'Ahmes  revient  h.  remplacer  la  formule  exacte- 


B±b 
'   2 


par  la  formule  approximative 
B  +  6 


2        '' 


240 


LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 


C'est  done  la  generalisation  de  la  formule  donnde 
pour  le  triangle  isocfele  (§  1). 

Inscription  hieroglyphique  du  temple  d'Edfou  (100  av.  J.-C). 
—  On  y  trouve  de  nombreux  exemples  de  calciils  d'aires 
de  trapezes  isoceles  :  celles-ci  sont  oblenues  en  I'aisant 
le  produit  des  domi-sommes  des  c6t6s  opposes,  Ainsi  le 
trapeze  «  22  sur  21,  4  sur  4  »  a  pour  aire 

2_2  +  21       4H-i^g 
2  2 

Le  resultat  exact  serait  85,33. 

La  rhgle  employee  revient  d'ailleurs  a  celle  d'AhmSs. 

On  a  en  effet      — ^  ><  — —  =  — ' c. 

dt  ^  ^ 

Metriques  de  Heron  (1"  s.?).  —  IIehon  distingue  le  tra- 
peze rectangle,  le  trapeze  isocele  et  le  trapeze  quelcon- 
que  ;  il  suppose  connus  Ics  c6t6s,  il  determine  la  hau- 
teur et  obtient  I'aire  par  la  memo  regie  que  celle 
employee  aujourd'hui,  c'est-a-dire  en  faisant  le  prodnit 
de  la  demi-sorame  des  bases  par  la  hauteur.  Nous  nous 
contenterons  d'indiquer  son  proccde  pour  le  trapeze 
quelconque  ABCD  ou  AB  =  13,  CD  =20,  AD  =:  6, 
BC  =  27. 

On  mene  par  les  milieux  H  el  0  des  coles  AB  et  DC  des 
perpendiculaires  aux  bases  :  on  forme  ainsi  un  rectangle 
KLNM  equivalent  au  trapeze  propose  et  dont  la  base 

LN=:^-i^    (car    AD-f-BC 
2  ^ 

=  AD4-KA4-LN4-DMr=:2LN), 

et  dont  la  hauteur  est  la  men.e 
que  celle  du    Inipeze    donne.   Si 
B  L  z  jTe      c      mainlenant  on  mene  AE  parallele 

^  DC,  on  forme  un  triangle  ABE 
dont  on  connatt  les  trois  cdles  AB  =  13,  BE  =  27  —  6 


KA       D          W 

1/ 

h/ 

/i 
/ 1 

MESURE    DCS    POLYGONES  241 

=  21    ct    AE  =  CD  =  20  ;  *  on   peut   ainsi  calculer   la 
haiileur  AZ=r:  12. 

L'airo  c  lion;  I  ice  est  alors  (^gale  a 

LNxAZ=:--^Xl2  =  198. 

Legons  de  calcul  d'Aryabhatta  (6<'  s.).  —  Voici  la  traduc- 
tion de  la  strophe  dans  laquelle  I'auteur  liindou  donne 
la  regie  pour  trouver  I'aire  du  trapeze  quelconque  :  «  En 
mnllipliant  par  la  denii-soninie  des  bases  leur  distance, 
on  a  Taire  de  la  iigure.  » 

Auteurs  divers.  —  Ch(!Z  les  agrimenseurs  remains, 
ctiez  Gerbert,  dans  les  g^omelries  pratiques  du  Moyen 
age  et  memo  de  la  Renaissance,  on  ne  donne  que  I'aire 
des  trapezes  rectangle  et  isocole,  par  la  regie  generate 
employee  aujourd'iiui  :  la  hauteur  est  supposee  connue. 
Nous  signalerons  toulefois  une  varianle  originate  in- 
diquee  par  Errard  de  15ar-le-Duc  dans  sa  Geometrie 
pratique  (1"^*=  6dit.,  1594)  pour  le  tra- 

D    Y         p6ze    isocele    ABCD.    Si    de    A    on 

\  ;         abaisse  la  perpendiculaire  AZ  sur  BC, 

\i         I'aire  du  trap6ze  est  egale  au  produit 

^        AZxZG  :  car  si  CY  est  la  perpendi- 
culaire abaissee  de  C  sur  AD,  le  rec- 
tangle AZCY  est  equivalent  au  trapeze  propose. 

Quadrilat^re.  —  Dans  TAntiquitc,  on  calculait  en 
general  I'aire  du  quadri latere  en  faisant  le  produit  des 
demi-sommes  des  cotes  opposds.  Ce  procede  de  la 
moyenne  a  ete  aussi  applique,  commc  nous  Tavons  vu, 
an  triangle  et  au  trapeze  ;  il  s'est  conserve  dans  la  pra- 
tique de  I'arpentage  chez  les  Grecs,  les  Romains,  les 
Hindous  et  au  Moyen  age.  Mais  il  est  a  remarquer  que 
seuls  lesEgyptiens  paraissent  avoir appli<jue  cette  r^gle 

FouRREY.  —  Curios,  fjdom.  16 


242  LA    GKOMKTRIE    DE    MUSURE 

avec  discernement ;  ils  nc  s'cnservent  en  cfFol  que  pour 
des  figures  ou  son  emploi  conduit  a  une  erreur  negli- 
gcable. 

Chaldeens.  —  II  est  impossible  de  se  fairc  une  idee 
precise  des  procedes  employ<!S  par  les  Chalddens  pour 
evaluer  les  aires,  au  milieu  des  renseignements  con- 
tradictoires  donnes  par  les  assyriologuos.  Ceux-ci,  inal- 
gre  les  nombreux  documents  rctrouves,  n'ont  encore 
pu  se  mettre  d'accord  sur  ce  sujet,  le  syst5niedes  poids 
et  mesures  des  r4haldeens  n'etant  pas  acluellement  re- 
constitue  d'une  maniere  complete  et  irrefutable.  Toute- 
fois  il  est  probableque  les  Chaldeens  employaient  la  regie 
dc  la  moyenne  pour  calculer  I'aire  du  (juadrilatere. 

A  litre  d'indicalion,  nous  citerons  un  procede  signale 
(Comptes  reridusde  I'Ac.  des  Insc.  et  lie!.  Let.,  1899) 
par  Tassyriologue  Jules  Oppert,  d'apres  des  textes  du 
Musde    britannique  remontant  a  5  000  ans  av.  J.-C: 

«  Dans  tous  les  ages,  on  mesurait  les  teri-es  par  des 
quadrilateres  separe's  en  lots  ;  dans  les  temps  les  plus 
rapproch^s  de  nous,  on  lesdeterrainait  en  divisant  les 
tetragones  en  deux  triangles,  dont  on  determinait  les 
diagonales  comnmnes  etles  bauteurs  diflerentes  quand 
les  cdtes  etaient  inegaux.  Dans  la  haute  Antiquite,  le 
mode  etait  plus  complique  ;  quelque  peu  croyable  que 
puisse  paraitre  de  prime  abord  la  disposition  suivie, 
elle  se  trouve  confirmee  par  des  centaines  d'exemples. 

On  etablissait  une  base,  toujours  en  longueur,  qu'on 
appelail  sud,  terme  auquel  on  joignait  lemot  hi,  «beau- 
coup,  plein  »  ;  ce  qui  voulait  dire  qu'on  le  comptail 
pour  les  deux  cotds.  On  formaitavec  ia  hauteur  que  Ton 
nommait  est  un  rectangle  ;  ce  qui  etait  en  dehors  et  en 
plus,  s'appelait  au-dessus  ;  ce  qui  en  manquait  se  nom- 
mait «  en  dessous  »,  en  moins.  La  difference  de  ces  va- 
lours, soit  positives,  soil  negatives,  ^tait  ajout^e  au 


MESURE    DES    POLYGONES 


243 


produit  des  doAix  niesures  de  longueur,  a  ce  rectangle 
iictif,  et  donnait  le  resultat  de  la  surface...   » 

Voici,  a  litre  d'exemple,  un  extrait  d'un  texte  Inice 
sur  un  plat  rond  :  c'est  le  document  cadastral  d'un  bien 
fondsimproductifdiviseen  11  \o\%  ,iiidds  sans  plan  annexe: 

«  II.  8f)0  loises  en  long  des  deux  cotes,  14  toiscs  5  ' 
empans  en  large  des  deux  cotes,  1/2  arpent  en  plus,  7  ' 
en  moins,  champ  de  117  1/2  arpents  improductifs. 

Ble  :  neant.  Urbabi,  possesseur.  » 

La  toise  valant  12  empans  et  I'arpent  100  toises  car- 
rces,  le  calcul  se  presentaiten  effet  comme  suit 

,t5. 


860' X  14' 
1 


12 


12398  1/3"^  =  124' 


+t-^ 


_  — ()  1/2 
~  1171/2' 


Ainsi,  d'apres  Jules  Oppert,  pour  eWaluer  I'aire  d'un 
•quadrilatere  AIJCD  (Jig.  a),  on  I'auralt  transform^  en  un 
rectangle  EFGII  ;  cela  semble  bien  invraisemblable.  II 
nous  parait  plus  simple  et  plus  conforme  aux  trad i'. ions 
•de  I'arpentage  d'admettre  que  le  texte  cite  se  rapporlc  a 
un  champ  limits  par  une  lignc  iire- 
guliere.  On  le  divise  alors  (//y.  />), 
suivant  deux  directions  nornialcs 
sans  doute  orienteesau  sud  eta  Test, 
en  lots  analogues  k  GEFBCD  ayant 
trois  de  leurs  cotes  BC,  CD  et  DC  rcc- 
tilignes  et  perpendiculaires  Fun  sar 
Tautre ;  on  remplace  la  limite  curviligne  GEFB  par 
une  perpendiculaire  AB  k  GD  et  BC, 
et  I'aire  propos^e  est  alors  egulc  a 
celle  du  rectangle  ABCD  augmcntee 
des  surfaces  saillantes  comme  en  E 
ct  diminuee  des  surfaces  rcntrantcs 
Fig.  6.  comme  en  F. 


AE 


H  D 


Fig.  a. 


A  G 


244  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 

Inscription  egyptienne  d'Edfou  (100  av.  J.-C).  —  Celte  in- 
scription contient  plusieurs  exemples  de  calcul  de  I'aire 
d'un  quadrilatere  par  le  precede  des  moycnnes. 

Ainsi  le  quadrilalere  «  16  sur  15  et  4  sur  31/2  »  a 

pour  aire  ilili' xi±iL^2  =  38  1/8. 

Metriques  de  Heron  (1"  s.?).  — L'autcur  grcc  donne  seu_ 
lemcnt  un  exemple  de  calcul  dc  I'aire  d'un  quadrilatere 
dont  un  des  angles  est  droit;  \\  est  probable  que  pour 
un  quadrilatere  absolument  quelconque,  il  le  divisait 
en  deux  triangles  dont  il  evaluait  separemont  I'aire. 

Soit  un  quadrilatere  AIJCD,  dont 
Tangle  C  est  droit,  mais  ou  aucun 
C(Me  n'est  parallelo  a  un  autre  ;  on 
connait  les  longueurs  des  cotes 
indiquees  sur  la  figure  ci-contre. 
Heron  divise  le  quadrilatere  en  deux 
triangles  par  une  diagonale  BD. 

L'aire  de  BCD  est  egale  ^ — ^-  =  100.  On  a  en- 

suite  BD'  =  BG  +  CD'  =  oOO ;  on  connait  done  les  trols 
coles  du  triangle  ABD  et  on  pent  en  determiner  la 
hauteur  AE  comme  nous  I'avons  indique  ant6rieure- 
ment;  le  carre  de  cette  hauteur  est  96  1/2  l/o  1/10  et 

r  •       111     vnn    v/'^X-"'  1/^~V->  Vl'^       \kck 
1  aire  du  tiianc;le  ABD    ^ ^ ' —  =  110. 

^  2 

L'aire  du  quadiilal^re  est  par  suite  100-1-110  =  210. 

Signalons  ici  qu'en  Grecc  —  comme  en  Egypte  d'ail- 
leurs  —  on  n'employait  que  des  fractions  ayant  pour 
numcrateurl'unite :  la  fraction 2/3  seule  faisait exception. 
Cette  tradition  s'est  perpeluee  chez  les  Byzantins  jus- 
qu'au  14*  si^cle. 

Auteurs  latins.  —  Dansle  Traile  d'arpentage  (^'l^fAVVi^O' 


MESURIJ     I)i:S    POLVGONES  245 

DiTus  (1™  Pai'tie,  1"  s.  ?),  I'aire  dii  quadrilatcre  de  c6t^s 

40,  30,  20  el  Gcstobtonue  par  Ic  proced6  de  la  moyenne: 

40-h30       20-f-6_ 
"~2        X— ^-_4oo. 

,  Chez  les  agrimenseurs  remains,  ce  procedd  parait 
avoir  ele  applique  sans  discernernent,  a  des  quadrila- 
leres  absolumenl  qnelconques,  contrairement  h  ce  qui 
se  faisait  en  Egypte,  ainsi  que  nous  Tavons  vu  ci- 
dessus. 

La  meme  regie  se  rencontre  dans  la  Geometrie  de 
BoRCE  (f)"  s.),  dans  les  Proposiiions  d'ALCuiN  (8"  s.) 
pour  un  quadrilalere  de  coles  30  et  32,  34  et  32  ; 
Tapplicalion  au  meme  quadrilatcre  se  retrouve  dans  la 
Geometric  de  Geiujert  (lO'-ll"  s.). 

Arithmetique  de  Brahmegupta  (628).  —  L'auteur  hin- 
dou  donne  la  regie  de  la  moyenne  pour  le  quadri- 
lalere, en  ajoutant  qu'on  oblient  ainsi  Vaire  grossiere. 

Son  commenlaleur  Ciiatuuveda  en  fait  I'application 
au  quadrilalere  de  coles  00  et  2o,  52  et 39 ettrou vapour 
I'aire  1933  3/4. 

BnAHMEGijPTA  douuc  cnsuitc  la  regie  suivante  :  «  La 
demi-somme  des  cotes  est  ecrite  qualre  fois  ;  on 
en  relranche  successivement  les  cotes  ;  on  fait  le  pro- 
duil  des  restes  :  la  racine  carree  de  ce  produit  est  I'aire 
exacte  [du  quadrilalere].  » 

On  sail  que  cette  regie,  generalisation  de  celle  rela- 
tive au  triangle  et  qui  se  traduit  par  la  formule 
\/(/; — a)(/; — /^)(/; — r)(/>i — (f)  ou  /;  deslgne  le  demi-peri- 
m^treet  (7,/>>,f',/'/ les  c6tes,  n'est  applicablequ'au quadri- 
lalere inscriptible.  OrRrahmegupta  neparattavoirconsi- 
dere  que  cinq  classes  de  quadrilatcres  :  carrd,  rectangle, 
trapeze  isocfele,  trapeze  a  trois  cdtds  dgaux,  quadrila- 
lere Sidiagonales  perpendiculaires  remplissant  certaines 
conditions.    Tous  ces   polygones  sont  inscriptibles  (ce. 


24G 


LA    GEOMETRIE    DE    MESUKE 


quo  savait  le  mathemalicien  hindou)  et  on  peul  leur 
appJiquer  la  r5glc  precedente  :  il  est  done  probable  que 
c'est  a  Bralimegupla  qu'oii  doit  cetle  regie. 

Son  coiiimcntateur  Chalurveda  en  fait  Tapplication 
au  quadrilatore  dejk  considere  dont 
Ics  coles  sont  60  et  25,  52  et  39,  dont 
les  diagonales  sont  perpendiculaires 
et  qui  satisfait  aux  conditions  voulues 
pour  etrc  inscriptible  (diam^tre  du 
cercle  65);  il  trouve  1764  pour  I'aire 
exacte.  La  regie  approximative  avait 
donne  1  933  3/4  ;  on  voit  que  les  resultats  different 
nolablcment. 


Variet^s.  —  Brahmegupta  dans  la  Section  IV  de  son 
Arithmetique,  et  Bhaskara  dans  le  Chapitre  IX  de  sa 
Lilavati,  indiquent  le  calcul  de  la  surface  lavee  par 
jla  scie  dans  une  piSce  de  bois  qui  doit  etre  debitee  en 
pieces  plus  minces.  II  est  probable  quece  calcul  repon- 
dait  k  un  besoin  pratique  :  les  scieurs  de  long  6taient 
peut-6tre  payes  proporlionnellement  a  la  surface  sciee. 
Nous  suivrons  ici  Bhaskara. 

Par  exemple,    une   piece  de  bois   a  la  forme  d'un 
prisme  dont  la  base  est  un  trapeze  isocMe ;  les  cotes  paral- 
lels de  celui-ci  ont  16  et 
20  doigts,  et  sa  hauteur 
est  de  100  dgigts.  La  pi^ce 
doit  etre  debitee  h.  la  scie 
en  5  morceaux  dans  le 
sens  de  sa  longueur;  quelle  sera  la  surface  lavee  par 
la  scie  en  coud^es  carrees  (la  coudee  vaut  24  doigls)  ? 
On  doit  faire  4  sections  pour  obtenir  5  morceaux. 
«  La  demi-somme  de  F^paisseur  aux  extremites,  qui  est 
20-hl6  =  18,  mullipliee  par  la  longueur,  donne  1  800^ 


MESURE    DES    POLYGONES  247 

et  par  le  nombre  de  sections,  7  200;  le  r^sultat  divis6 
par    24' =  576   donne    le    quotient  en    coudees  car- 

rees 


25 
2 


BIBLIOGRAPHIE 


Voir  a  la  fin  clu  clianitre. 


§  3.  —  Surfaces  planes  quelconques. 

tgyptiens.  —  Pour  evaluer  la  surface  des  terrains 
formant  la  propriete  fonciere  du  temple  d'Edfou,  on 
les  avail  divises  en  triangles,  trapezes  etquadrilateres  ; 
nous  avons  vu  comment  on  avait  cuicule  I'aire  de  ces 
polygenes. 

Chaldeens.  —  Suivant  unc  tradition  qui  parait  avoir 
6te  universelle  dans  I'Antiquite,  les  Chaldeens  eva- 
luaient  les  aires  de  deux  mani6res  :  au  moyen  de  mesures 
agraires,  ou  au  moyen  d'une  mesure  de  capacite,  appel^e 
cor  d'ensemencement,  representant  le  volume  de  grain 
necessaire  pour  ensemencer  un  terrain  d'une  ^tendue 
determin^e  ;  d'apres  Jules  Oppert.  le  cor  equivaudrait 
h  O^^^^S  1)225. 

En  ce  qui  concerne  revaluation  par  les  mesures 
agraires,  les  Chaldeens  ont  ele  veritablement  originaux 
et  leurs  precedes  ne  paraissent  pas  avoir  ele  employes 
apres  eux.  D'apres  Aures,  les  trois  plus  petites  unites 
agraires  dont  ils  se  servaient  etaient  les  suivantes  : 


Uban.     .    .    . 

Ij 

Canne  superfi 
cielle. .    .     . 

LONGUEUR 

LARGEUR 

VALEUR 
ea 

METRES    CARHES 

Valeur 

de  la 

coudee : 

0"s54. 

15  coudees 
45      — 

45      — 

4/42  coudee 
2  coudees 

45       — 

0,3645 
8,748 

65,64 

248.  LA    GEOMETaiE    DE    MESURE 

Ainsi  les  arpenteurs  chaldeens  avaient  donn^  la 
forme  rectangulaire  aiix  deux  premieres  mesures, 
Tuban  et  FU  (lunite  agraire*  desig^nee  par  U  est  repre- 
sentee par  cette  leltre  sur  lous  les  texles  assyriens). 
Dans  les  textes  cuneiformes  traitant  d'arpentage,  on 
enonce  I'aire  par  la  base  seule  ;  on  sous-entend  une 
hauteur  constante,  qui  est  celle  d' une  canne  lineaire  ou 
15  coudees  (S^jlO). 

Voici  d6s  lors,  d'aprfes  Aures,  le  precede  pratique  que 
devaient  employer  les  arpenteurs  pour  evuluer  I'aire 
d'un  terrain  quelconque.  lis  parliigeaient  ce  terrain 
en  zones  trapezoidales  analogues  a  CAA'C,  ECC'E',,  de 

15  coudees  de  hauteur, 

_.,,-— V  et  11  leur  suifisait  pour 

^-"""^  \  determiner  la  superlicie 

^(_^ /      de  ces  zones  en  cannes, 

L. ^V -/i'        \j  et  ubans,  de  mesurcr 

15c  '^l y^  les  longueurs  des  bases 

^""z  ^  moyennes  BB'  et  DD'  : 

chaque  longueur  de  13 
coude'es  correspondait  a  une  canne  superlicielle  ;  le 
reste  des  distances  CC  et  DD'  conlenait  autant  d'U  que 
de  doubles  coudees  (au  maximum  7)  ;  le  dernier  reste 
contenait  enfin  autant  d'ubans  que  de  douziemes  de 
coudees  (au  maximum  23  1/2.) 

II  est  meme  probable  que  les  Chalde'ens  operaient 
d'une  manifere  encore  plus  simple.  Lorsqu'ils  avaient 
divisd  la  surface  a  arpenter  en  zones  de  15  coudees  de 
large,  il  leur  sutiisait  pour  avoir  I'aire  de  I'ensemble 
EAA'E'  forme  par  deux  zones  conligues,  au  lieud'eva- 
luer  BB'  et  DD',  de  mesurer  la  base  moyonne  CC  et 
d'en  prendre  le  double. 

Traite  de  la  Dioptre  de  Heron  (1"  s.  ?).  —  HenoN  indique 
deux  precedes.  Dans  le  premier  (surface  a  cbnlour  cur- 


MESURE  DES    POLYGONES 


249 


viligne),  il  inscrit  un  rectangle  GBE"F'  dans  la  figure 
a  mesurer,  puis  il  parlage  la  surface  reslant  le  long 


H'      r'     t^      A 


T'     B' 


du  contour  en  trapezes  et  en  triangles  rectangles. 
Dans   le   second    (surlacc  a  contour  polygonal),    il 

choisit  une  base  d'ope- 
M    \  g  y  ration  AB  sur  laquelle 

K/  1  A  il  abaisse  des   perpen- 

diciilaires  a  parlir  des 
sommets  du  polygone 
dont  il  s'agit  d'evaluer 
Faire.  Celui-ci  se  trouve 
ainsi  partagd  en  trian- 
gles et  trapezes  dont  les 
hauteurs  sc  mesurent  tres  simplement  sur  la  base 
d'operation. 


niBl.lOGRAPIIIE 

EiNSENLOHR.  —  Eiti  mcilliemalisches  Handbuch  der  alien  Aegypler.\^e\^z\g^ 

1877,  1  vol.  ia-i"  ct  1  atlas  in-fol. 
Lepsius.  —  Ueber  cine    hierogbjplUsche  Inschtifl  am  Tempel  von  Edfu, 

Alum,  de  I'Acad.  de  Berlin,  1836. 
AunES.  —  Theorie  de  I'arpenlage  chez  les  Assyriens.  S.  1.  n.  d.,  in-4\ 
H.  ScHiiiNE,  —  Herons    von  Alexandria   Yerniessungslehre   und   Dioptra. 

Leipzig,  1903,  in-8». 


250  LA    GEOMETRIE    DB    MESURB 

F.  HuLT.sca.  —  Heroiiis  Alexandrini  geometricorum  el  slereometriconun  r»- 
liquia,  Berlin,  i864,  in-8». 

V.  MoRTET  et  P.  Tanneky.  —  Un  uouvcau  texle  des  Iraites  d'arpentage  et 
dc  yeoinelric  d'EpaphrodUus  et  de  Vilruvius  Rufus.  Not.  et  Extr.  des 
Mss.  de  la  Bibl.  iNat.,  lome  35,  2«  p*",  1897. 

L.  lUiiiET.  —  Lefons  de  culcul  d'Aryabhata.  J*'  Asiat.,  1"  sem.  1879. 

CoLEuiiooKE.  —  Algebra  willi  AriUmielic  and  Mensuralion  from  the  Sans- 
crit of  Brahmeguplu  and  Hhuscnru  (translated  Ly).  Londres,  1817,  in-i"». 

MoHAAiMEii  UEN  MusA.  —  Algebra.  Edition  Rosen.  Londres,  1831,  in-S", 

JI.  (>iJUTZE.  —  l)er  liber  Irium  fratrum  de  yeumelria.  Nova  Acta  Acad. 
(ja;.s.  Lcop.-Carol.-(jorm.  naturae  Guriosoruui,  tome  49.  Halle,  1887. 

Alcuin.  —  Proposiliones  Alcuini...  ad  acuendos  juvenes.  Patrologie  latine 
dc  Mii^ne,  tome  101,  col.  1143,  Paris,  1831. 

GEULiiUT.  —  Opera  malttemalica.  Edition  iJubnov.  Berlin,  1899,  in-8». 


CHAPITRE  III 
MESURE  Dl]  CERCLEC) 


§  1.  —  P6riode  ant6rieure  a  Archim^de. 

,  figyptiens.  —  Manuel  d'Ahmes  (2000  av.  J. -C).  —  «  Re- 
gie pour  calculer  un  champ  rond  do  9  perches.  Quelle 
est  sa  contenance  ? 

Prends  le  1/9,  c'ost  1.  [Retranche  de  9],  reste  8. 
JMultiplie  Ic  nombre  8  liuit  "ois,  ccla  donne  64.  Sa  con- 
tenance est  04  [perches  carrees].  » 

Ce    proccde    revient    a    prendre/—^)     ou    ('—^] 

(^f,\2  .        \  ^^  .  \  •     / 

—  J  r^  pour  aire  d'uri   cercle  de  diamelre  d  ou  de 

rayon  r.  Les  Egypliens  avaienl  done  adopte  pour  ■::  la 

valeur/— j  r=—=  3,1605;  elle  est  comme  on  voit 

trcs  approchee  de  la  valeur  reelle, 

(*)  A'ous  nous  contenterons  dans  co  Chapitre  de  montrer  comment  ou  a 
effcctivcment  calcule  la  longueur  de  la  circonference  et  I'aire  du  cercle 
aux  dlverses  epoqucs,  de  I'Antiquite  au  Moyen  age,  et  comment  Arclii- 
mede  a  determine  le  rapport  constant  de  la  circonference  au  diamitre, 
rapport  qui,  on  le  sait,  est  represente  universellement  au  moyen  de  la 
lettre  grecque  tt. 

Nous  laisscrous  de  cote  les  recljcrc'ies  modernes  sur  la  determination 
de  TT  et  tout  cc  qui  a  trait  a  la  qu.idrature  du  cercle.  Ge  dernier  pro- 
Llcme,  impossible  ii  resoudre  tcl  qu'il  etait  pose,  consistait  ii  trouver,. 
nar  Tcraploi  exclusif  de  la  regie  ct  du  compas,  le  cote  d'un  carre  d'air& 
egale  a  celle  d'un  cercle  donne. 


252  LA    GEOMETRIE   DE    MESURE 

La  grande  pyramide.  — Un  auteur  anglais,   John  Tay- 
lor, aemis,  vers  1860,  I'opinion  originale  que  la  plus 
grande  des  pyramides  deGizeh  (Gli(5o[)s,  12"  s.  av.  J.-G.) 
avail,  eteelevee  pour  transmcttre  h  la  poslerite  le  rap-! 
port  de  la  circonference  au  rayon.  i 

Cette  pyramide  est  reguliere,  h  base  carree,  et  on 
sait  par  Herodote  que  I'aire  de  chaque  face  laterale  est 
egale  au  carre  de  la  hauteur.  A  I'aide  de  ces  donndes, 
il  est  facile  de  determiner  le  rapport  du  perimc^lre  de  la 
base  a  la  hauteur :  c'est  un  tres  simple  problome  gdo- 
m^trique  que  nous  laissons  le  soin  de  resoudre  a  nos 
lecteurs.  On  trouve  6,290  pour  resultat ;  cclui-ci  didere 
pen  du  veritable  rapport  de  la  circonference  au  rayon 
(6,283).  Mais  cela  sufTit-il  pour  admeltre  la  veracity 
de  I'opinion  de  John  Taylor  ?  Nous  ne  le  croyons  pas; 
nous  avons  fait  cette  citation  h  titre  seulement  de  curio- 
sit6  :  il  y  a  la  un(!  simple  coincidence. 

Dans  les  dimensions  de  la  grande  pyramide,  on  peut 
d'ailleurs  ddcouvrir  beaucoup  de  chosos  auxquelles  ses 
constructeurs  n'ontassurement  jamais  songe.  Ainsi  un 
astronome  ecossais,  Piazzi  Smyth,  avait  trouve  qu'elle 
renfermait  tout  un  systcme  de  mssurcs  de  longueurs  et 
de  poids  fonde  sur  les  dimensions  du  globe  terres Ire  et 
sur  des  observations  astronomiques  ;  dans  les  dimen- 
sions relatives  des  differentes  parlies  de  Tedifice,  il 
rencontrait  la  longueur  de  I'axe  de  la  terre,  la  distance 
de  la  terre  au  soleil,  la  duree  de  I'annee,  etc.  L'exa- 
men  particulier  des  dimensions  de  la  chambre  int6- 
rieure  lui  fournissait  des  donnees  chronologiques  sur 
les  principaux  fails  de  Tbistoire  de  Thumanite  et  il  en 
deduisait  des  predictions  qui,  est-il  besoin  de  le  dire, 
ne  se  sont  jamais  realisees. 

Ghald^ens  et  H6breux.  —  Les   Chaldeens  devaient 


MESURE  DU  CERCLE  2^)'.^ 

connaitre  la  proprlete  du  rayon  de  pouvoir  6tre  porte 
6  fois  exactement  sur  la  circonferonce.  lis  avaient  en 
effet  partage  i'annee  en  360  jours  et,  comme  conse- 
quence, le  cerdc  suppose  comme  oif)ile  apparenle  du 
soleil  en  360  parlies  egales ;  d'auire  part,  dans  la 
haute  Antiquite,  on  ne  trouve  figuree  la  division  de  la 
circonference  en  6  parties  egales  que  dans  les  produc- 
tions de  I'art  chaldecn. 

Comme  consequences  de  la  propriele  du  rayon  rap- 
pelee  ci-dessus,  les  peuples  de  la  region  du  Tigreet  de 
I'Euphrate  admettaient  probablement  que  I'hexagone 
regulier  se  confond  sensiblement  avec  la  circonference 
et  devaieni  se  servir  par  suite  de  la  valeur  7:  =  3.  On 
trouve  une  confirmation  de  ce  fait  dans  les  livres  sa- 
cres  des  Hebreux,  dont  on  connait  les  relations  avec  les 
Assyriens  et  les  Babyloniens. 

La  Bible.  —  On  y  trouve  deux  passages  relatifs  aux 
dimensions  d'un  grand  bassin  d'airainqui  ornaitle  tem- 
ple construit  a  Jerusalem  par  Salomon  de  1014  k  1007 
av.  J.-G.  «  Ensuite  le  roi  fit  la  mer  d'airain  de  10  cou- 
dees  d'un  bord  h  I'autre  bord.  Elle  etait  ronde,  mesu- 
rait  5  coudees  de  haut.  Une  corde  de  30  coudees  en 
faisait  le  tour.  »  (Les  Rois,Viv.  I,  chap.  Wll  ou  les  Chro- 

30 
niques,  liv.  I,  chap.  IV).  On  a  done  ici-^^  —  =  3. 

Dans  le  Talmud,  recueil  de  traditions  rabbiniques 
posterieur  k  la  Bible,  on  rencontre  cette  proposition  : 
«  Ce  qui  a  trois  palmes  de  tour  est  large  d'un  palme  »; 
on  est  encore  conduit  a  la  meme  valeur  de  r. 


BIBLIOGRAPHIE 


Voir  a  la  fin  du  cliapitre. 


254  LA    Ul'.O.MUTRIE    DE    MESURB 


§  2.  —  Les  travaux  d'Archimfede. 

Nous  ignorons  quel  elait  le  precede  employe  dans  la 
pratique  par  les  anciens  grecs,  anterieurement  k  Archi- 
MEDE,  pour  calculer  la  circonference  oul'aire  du  cercle. 

C'est  au  grand  savant  syracusain  qu'il  appartenait  de 
determiner,  d'apr^sdes  bases  scienliliques,  les  premieres 
approximations  de  la  valeur  du  rapport  de  la  circonfd- 
rence  au  diamctre.  Nous  nous  proposonsde  resumerici 
ses  remarquables  travaux  sur  ce  sujct,  contenus  dans  un 
livre  De  la  mesure  du  Cercle,  (\\\\  n'est  pr^ablement 
qu'un  exlrait  d'un  ouvrage  plus  etendusur  les  proprie- 
tds  du  cercle.  Nous  emploierons  les  notations  modernes 
et  designerons  par  /•  le  rayon,  d  le  diamelrc,  c  la  cir- 
conference, C  I'aire  du  cercle,  /;„  le  perimetre  du  poly- 
gone  regulier  circonscrit  de  n  cOtes,y;'.  le  perimetre  du 
polygone  regulier  inscril  du  meme  nombre  de  cotes. 

Proposilion  I.  —  Un  cercle  quelconnue  est  equivalent 
a  un  triangle  rectangle  dont  un  des  cotes  de  I'angle  droit 
est  egal  au  rayon  du  cercle  et  dont  I' autre  cote  de  I'angle 
droit  est  egal  a  la  circonference  du  mcine  cercle. 

Ddsignons  par  T  I'aire  du  triangle  rectangle  et  suppo- 
sons  qu'on  puisse  avoir  C>T;  soit  C  —  T  =  A.  In- 
scrivons  dans  le  cerce  un  polygone  regulier  d'apo- 
theme  in\  de  perimetre  p'  et  d'aire  P'  tel  que  Ton  ait 
C  —  P'  <  A,  ce  qui  est  toujours  possible  (Elements  d'Eu- 

clide,  prop.  2,  liv.  12).  On  a  alors  P'  >  T  ou  ^^  >  — , 

ce  qui  est  absurde,  puisqu'on  a  p'  <^c  [principe  admis 
par  Archimede]  et  m'  <  r. 

Supposons  maintenant  G<Tet  T  —  C  =  A.  Circon- 
scrivons  au  cercle  un  polygone  regulier  d'apoth^me  r. 


MESUnC    DU    CERCLE 


255 


■de  p^rimetre  ;;  et  d'aire  P  tel  que  P  —  C  <  A.  On  a  alors 
P  <  T  011^-  <  — ,  ce  qui  est  impossible  puisque  p  >  c. 
On  en  deduit  necessairement  C  =  T. 

Proposition  IT.  — •  Un  cercleest  an  carre  construit  siir 
le  diametre  a  tres  pen  de  chose  pres  comme  11  est  a  14. 

G'est  une  consequence  de  la  proposition  prec6dente 
€t  de  la  suivante ;  il  semble  done  que  la  presente  pro- 
position devrait  Ctre  plac6e  plus  loin. 

(i) 


cr 


On  a,  d'apres  (I),      C  =  — 


22 


D'apres  (HI),  on  a  approximativenient  c  =  — d, 

1 1 

Rempla^ant  clans  (1),  ilvient  C=:f/-X — • 

14 

Proposition  III.  —  La  civ  conference  d'lin  cercJe  est 

■egale  au  triple  du   diametre  reuni  a  une  certaine  portion 

du  diametre  qui  est  plus  petite  que  le  ijl  de  ce  diametre 

10 
^t  plus  "rande  que  les  —  de  ce  meine  diametre. 

^        "  ^  71 

10  1 

Autrement  dit,  on  doit  avoir  3  -^/<  f  <  3  —  </. 

71  7 

I'-o  Partie :  c  <  3  —  of.  —  Soient  un  cerclc  de  centre  E  et 

7 

de  rayon  CE,  et  le  triangle  ECB  rectangle  en  C  ou  CEB 

=  30°.    On    mene    succes- 
sivement     les    bisscctrices 

ED   de  CEb,   EH  de  CED, 

EK   de  CEH,  EL  de  CEK. 

En  designant  par  «„  le  de- 

\fni-c6te  du  polygone  regu- 

lier   circonscrit  de  n   cotes, 

on    a    CB  =  a^^    CD  =  a^^j 

CL  ==:  fiTgg. 


€H=^,,.    CK=^. 


'24> 


256  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 

Archim^de  donne,  sans  la  justifier,  I'indgalite 

CE.    265  L^^  m 

[Le  triangle  rectangle  ECB  ou  BE  =  2CB  permet  en 

«.,,,,    .     Cir      B>f  -  CB^  _  ^  .  ^,.  /  205  y-  _  70225 
effet  d  ecrire = :^ —  -^  >  oi    — —  I  — ^ 

CB'       •     CB'  ^^^^^         153 

o         2  1'^   -.^^V  /265V    I-  •♦     1 

=  3 : — ;  on  en  deduil.  ■ — -  >  /  -—  )    et  par  suite  la 

I'SS'  CB"      \^^^/ 

relation  (1).  ] 

La  bissectrice  ED  de  CEB  donne  ensuile 

BE^CE  BE  +  CE  ^  BE  ,  CE^CE. 

BD      CD     ^      BD  +  CD        CB      CB      CD' 

tenant  compte  de  la  relation  (1)  et  de  BE  =  2CB,  on  a 

CE^  571  r  ^  571  ,^. 

CD>T^3  ^"  ;;;;>i53-  ^'> 

En  considerant  le  triangle  rectangle  CED  et  en  utili- 
sant  I'in^alite  (2),  on  pent  ecrire 

DE'^CE'      ^       340  450^ 

cd'    cd'  153' 

d'ou,  en  prenant  la  racine  carree  par  d^faut  de  349  450 
(au  moyen  de  la  mdthode  indiquee  par  Heron,  Chap.  2, 

§i), 

DE^  5911/8 

^CD^     153 

Les  propri^tds  de  la  bissectrice  EH  de  CED  nous  per- 

mettent  alors  d'ecrire 

DE_CE       .     DE  +  CE  DE      CE^CE 

DH      CH  DH-f-CH     ^"      CD"'~CD      CH* 

DE         CE 

Rempla^ant  j—  et  — -  par  leurs  valeurs  par  d^'faut 

trouvdes  prdcedemment,  il  vient 


MESUUF    I>LI    CKIiCLK 


2r)7 


CE^  1  162  1/8  r  .     1  1B21/8  .on 

CH^       153  a.,,  153  ^  ^ 

On  passo  succcssivcmonl   dc  ——    a    --—    et    a    — — 

CI  I         CK  CL 

commc  nous  avons  pa«sc  de  -— -   a    --.-•  Un  oblient  amsi 
^  CD       Cll 


CE^  233i1/i  r  .    2  3341/4 

\      _ L_  oil        —  ^— — 

CK-^      153  r^,  153 

CE^  4  0731/2 
CL  li)3 


_/;_  ^  4fi731/2 
«.6^       153 
On  deduit  do  colic  dcrnlcrc  inc'riilile 


r  .         4  1)73  1  /2  _    et  /^96  < /•  ^^  ^''^^ 


;)ge^l53xC.i(>x2)   ^'    (/  ^4  073  1// 
i4  fortiori, 


1 

"2 
1335 


4<3i. 


10 


111  •  •       • 

2«  Partie:  6'>3  —  d.  —  Soicnl  imc  domi  circonfcrence 
71 

de  dianielrc  AC,  Ic  Lrlangle  inscrit  CHA  leclanglc  en  B 

ct  ou  CAB  =  30^  On 
menc  succcssivenient 
Ics  ])isscclrices  AD  de 

CAB,  AH  de  CAD,  AK 

de  CAUetALdcCAK. 
En  dcsignant  par  a],  le 
cole  du  poly  gone  rc- 

gnlicr  inscrit   de  n  culcs,  on    a  CB  =  «'6,    CD  =  «'i:, 

Cll  =  a\^ ,    CK  --=  a\s ,    CL  =--  ft'so. 
Arcliimede  pose  rincgalile 

AB     \m 

CB  ^  '780  * 
[Lc  Iriangle  reclangle   CBA  pcrract  en  ciTcl  d'ccrlrc 

FoLui'.iiY.  —  Curios,  ficom.  17 


258 


LA    GEOMETRIE    DB    MESUBB 


ab'    ca'— cb' 


cir 

cb' 

.0 , 

V78() 

ddduit 

AB 
CB^ 

<( 

,780 

)■•■ 

par  suit 

On  J 

a  d'aillcurs 

CA 

CB 

1  SfiO 

780 

ou 

^  =  2. 

V  780  )  ^^^ 

par  suite  la  relation  ci-dessus.] 


on  en 

780  ■ 


(0 

"  6 

D'autre  part,  si  Ton  designe  par  F  le  point  de  ren- 
contre de  AD  et  de  CB,  Ics  triangles  rectangles  CD  A  et 

FDC  sonl  semblables,  car  BAD  =  DCB  =  JJAC  ; 

'^"'^  DC~FD~CF' 

Ml    k-      \  •      KVA  ^^      AB      C\-{-AB 

Mais  la  bisscctrice  At  donne  -—  =  — —  =  ^.^  = 

CF      BF  CF  +  BF 

CA  +  AB.     ,         AD__CA-f-AB__CA  AB      2911 

CB       '      ^"^  CD~"       CB       ""CB  CB^  780  ^ 

II  en  resulle 

AD.'      8473921         AD ' -f- CD '  _  oT      9082321^ 

CD'         78o'     '  CD'  Cd'         78o' 

et 

CA/3013I  d     .3013!  ^o\ 

CD  /80  « 12         ^80 


On  trouverali  de  mSme 


d     .  1838ti  /o\ 

A<2om.      (s) 

a'„  ^66  ^  ' 


MESURE    DU    CERCLE  259 

On  d^duit  de  cette  derniere  inegalite 

d_         20174 

p\^^  m X % 

a  ^  80U9  7i__il_        '^^ 

1137 

Remarque.  —  On  a  beaiicoup  discule  sur  le  procdde 
employ6    par   Akchimede   pour    la   determination   des 

2(jf)       1351  — 

approximations  — ^  et  dey/3.  Nous  nous  conten- 

terons  de  faire  observer  ici  qu'en  prenant  — -  comme 

o 

premiere  approximation  de  cette  expression  et,  en  sui- 

vant  la  m^thode  employee  par  Heron  pour  i'extraclion 

1 351 
des  racines,  on  arrive  precisement  a  — —  . 

^  780 

Les  extractions  de  racine  qu'on  rencontre  dans  la 
demonstration  precedente  paraissent  d'ailleurs  avoir 
dt^  effectuees  par  cclte  methode. 

Autres  approximations  d'Archimede.  —  Heron,  dans  scs 

Metriques  rapporle  qu'ARCHiMEDE  a  indique  des  limitcs 

plus  etroites  pour  Ic  nombre  r^.  «  Le  meme  Archimede 

montre  dans  son  ecrit  Sur  la  Plinthide  et  le  Cylindrc  que 

le  rapport  de  la  circonference  de  chaque  cercle  au  dia- 

211  S7^) 
metre    est  plus  grand   que  — et   plus   petit  que 

7.r."TT7rr  .»  Ces  nombres  sont  manifestemenl  corrompus ; 
G2o51  ^. 

Paul  Tannery  propose  de  lire 

195882      _      211872 
62351  ^'^  67441' 

ou  3,141606  >  -  >  3,1415904. 

Ainsi   la  valeur  ■:::=  3,1416   employee   aujourd'hui. 


260  LA    GEOMHTftlE    DE    MESURE 

(rune  fagon  a,  peu  pres  exclusive  clans  la  pratique  est 
elle-meme  clue  a  Aichiinede. 


BIBLtOGRAPHIE 
Voir  a  la  fin  du  chapitre. 

§  3.  —  P6riode  post6rieure  a  Archimede. 

Grecs.  —  D'apres  Eutocius,  Apollonu]s(2*  s.  av.  .T.-C.) 
^urait  pousse  encore  plus  loin  qu'Archimedc  I'approxi- 
malion  de  la  valeur  de  x,  mais  nous  ne  savons  ricn  de 
precis  h  cet  egard. 

Le  grand  astronome  Ptol^m^e  (2*  s.)  a  dte  ^galement 

■conduit,   en  construisant  une  table  de  longueurs   de 

cordes,  a  calculer  une  expression  de  tc.  II  divise  la  cir- 

conference  en  360  degres,  chaque  degre en  60  minutes, ... 

II  divise  de  m6me  le  rayon  suppose  ^gal  h  I'unitd  de 

longueur  en  60  parties  egales  aussi  appelees  degres ; 

chacune  de  ces  parties  est  partagde  k  son  tour  en  60 

parties  dgales  aussi  nommees  minutes, ...  II  trouve  que 

4         2 
la  corde  de  Tare  d'un  degre  a  pour  longueur— --|-—- 

60      60 

-~\-- — ou,  avec  la  notation  de  Plolemee,  1°2'50".  Si  Ton 
60=* 

admet  que  cet  arc  ne  dilTcre  pas  sensibleracnt  de  sa 

2        TjO 
•corde,   Tare  de  60"  a  pour  longueur  1  +"^  +  ^  on 

l,2''o0'.    La    demi-circonference  a   done    pour    va- 
leur   3~\ h^  ou  3,8"  30',    c'est-a-dire    qu'on    a 

60      60' 

IIebon,  dans  ses  Metriqnes  (I"  s.  ?),  tout  en  citant, 
•comme  nous  I'avons  dit  ci-dessus  (§  1),  les  valeurs 
plus  resserrees  obtenues  par  le  geomMre  de  Syracuse, 


MESURE    DU    CERCLE  26 f 

92 

sesert  dc  -  =  -"^(=3, 142...) dans  ses  calculs  pratiques: 

K  Archimede  a  montre  que  W  fois  le  carr^  du  diamelre 
etait  equivalent  a  14  fois  le  cercle.  Si  le  diametre  du 
cercle  est  egal  a  10 

100x11=1100, 
1100 


14 


78  1/2  1/14,  c'est  I'aire  de  cercle.  » 


Dans  les  ecrils  lidroniens  (10®  siecle?),  on  se  sert  de 
la  limite  superieure  d'Archinfiede,  soit  sous   la  forme 

t:  =  — ,  soit  sous  celle-ci7:  =  4(1 V  (^elle 

7  \         7       2x7/ 

derniere  valeur  est  assez  commode  pour  le  calcul:  pour 

trouver  par  exemple  I'aire  d'un  cercle  dont  le  diametre 

est  connu,  il  sutfit  de  retrancher  du  carre  du  diamelre 

le  septieme  de  ce  carre,  puis  la  moitie  du  sepliemc. 

Cliiuois.  —  Dans  la  deuxieme  partie  du   Tcheou-pei 

ou  ft  Livre  sacre  du  calcul  »,  qui  remonte  a  la  fin   du 

3*  siecle  avant  notre  ere  et  qui  Iraite  de  I'astronoraie, 

on  fait  usctge  de  la  valeur  z  =  3.  Le  cercle  et  le  nombr3 

3  symbolisent  le  ciel,  le  carre  et  le  nombre  4  symboli- 

sentla  lerre.  Yoici  un  extrait  de  ce  recueil:  «  Prends 

75 
un  diametre  de  121  — ^  pieds,  mulliplie-le  par  3,  tu 
100  ^  i  F         ' 

obliens  36o  1/4  pieds.  »   La  circonference  est  divlsee 

non  plus  en  300  parlies  egales  com  me  cbezlcsChaldeens, 

mais  en  363  1/4,  de  meme  que  Fannee  solaire  est  par- 

lagee  en  363  1/4  jours. 

A  une   epoque  posterleure,   Tecrlvain   Tsu    xsciUNrT 

TSCHE,  qui  vivait  au  6®  siecle  de  noire  ere,  mcntionne 

22 
le  rapport  arcliimedien  — ,  dont  la  connaissancesemble 

indiquer  qu'a  un  moment  donn6  les  decouvertes  mathe- 


262  LA    GEOMETBIE    OE    MESURE 

matiques  des  Grecs  ont  p6netr6  jusqu'en  Chine.  A  peu 
pr6s  vers  la  mSme  epoque,  Liu  hwuy  «e  servail  du  rap-' 

port  singulier  --, —  =  3,14. 

Remains.  —  En  general,  les  agrimenseurs  emploient 

22 
la  valeur  archimedienne  -=  — •  Yoici  un  exemple  lir6 

7 

du  Traite  d'avpenla'^e  Je  YriRUVius  Rlfus  (2"  s.  ?)  >«  Soil 
un  cercle  de  14  pieds  de  diametre,  je  cherche  son  aire 
comme  suit:  je  raultiplie  le  diametre  par  lui-nieme, 
ce  qui  donne  196,  puis  par  11,  il  vient  2156;  divisant 
par  14  j'aurai  154.  Aulant  de  pieds  (carr^s)  contient 
I'aire  du  cercle.  » 
Toutefois  Tarchitecte  Vitruve  (1"  siecle)  utilise  la 

relation  r.=.Z  — ,  moins  exacte  que  la  precedente  (  ^  -r- )» 

mais  se  pretant  mieux  au  calcul  par  fractions  duod^ci- 

males  dont  se  servaient  les  Remains. 

Signalons  encore  qu'on  rencontre  dans  Epaphroditus 

.    ■    .  22 

(l*""  s.  ?),  ^  c6td  de  Tapproximalion  7:  =  -;^,  la  valeur 

erron^e  z  =  4  qui  se  retrouve  dans  les  Propositions 
d'ALcuiN  (7'  s.),  e^  qui  est  employee  a  determiner  la 
surface  d'un  cercle  dont  on  connait  la  circonfdrence. 
Celle-ci  etant  c,  on  en  prend  le  quart  et  on  dleve  au 


carre  — :  c'est  I'aire  cherchee.  L'aire  exacte  serait,  ainsi 

,   ^'  .    .     '    e 

qu'on  peut  le  voir  aisement  — ;  la  formule  pr^c6dente 
suppose  done  t:  =  4. 

Hindous.  —  Culvasutras  (Regies  du  cordeau).  —  Les 
auteurs  de  ces  anciens  recueils  de  theologie  gdomdtrique 
indiquent  le  proced6  suivant  pour  trouver  le  c6te  du 
carre  de  mcme  aire  qu'un  cercle  donne:  «  Partage  le 


AtESUBE    DU    CERCLE  263 

diametre  en  15  parties  et  ote  2,  le  reste  est  h  peu  pr^s 
le  cote  du  carre.  »  On  en  deduit  que  la  valeur  corres- 

i  9A- 

pondanle  de  z  est  — ,  c'est-a-dire  sensiblement  3 ;  nous 
,  15^ 

pouvons  observer  a  ce   sujet  que   la  valeur  approxi- 
mative —  de  \/3  a  deia  ete  rencontree  dans  les  Merits 
15       ^  ^ 

heroniens  et  chez  les  agrirncnseursa  propos  del'airedu 
triangle  equilateral  (Chap.  2,  §  1). 

L'auteur  de  I'un  des  recueils,  Baudhayana (2"  s.),  donne 
en  outre  la  regie  ci  aprcs.  «  Pour  faire  d'un  cercle  un 
carre,  on  fait  8  parts  du  diametre  ;  une  de  ces  parts 
dout  il  restera  7  intactes  sera  divis6e  en  29  parties  dont 

on  retirera  28  /  et  il  restera  —  • — j  ainsi  que  1/6  d'une 
\  29    8/  H        / 

portion  diminue  de  son  propre  huitifeme.  »  Le  c6le  du 
carr^  a  ainsi  pour  expression,  d  designant  le  diametre, 

^n  .  J /j_  L__i i_\i 

L  8       8.29       \29.8     6        8     29. 8. 6/ J 

\8       8.29      8.29.6      8.29.6.8/ 

=  r/x  0,87868. 

On  en  dddult  la  valeur  correspondante  de  %t 
4  X  (0,87868)- =  3,0883. 

Aryabhatta  (1"  s.).  —  La  r^gle  ci-apr6s  est  extraite  de 
ses  Lecons  de  calcul.  «  Ajoutez  4  k  100,  multipliez 
par  8,  ajoutez  encore  62  000,  voilSi  pour  un  diametre  de 
deux  myriades  la  valeur  approximative  de  la  circonfe- 
rence  du  cercle.  » 

On  a  ici  r.  =  ^^  =  ^Mi&, 

20  000 

Un  commenlateur  de  Bhdskara,  Ganesa(16'  s.)  nous 
apprend  comment  celte  derni5re  valeur  de  z  a  6te  cal« 


264  LA    GEOMETRIE    DE    MESIJRE 

cul^e :  c'est.  au  moyen  de  la  methode  dite  des  perimetres, 
imag-in^e  par  Arohimede,  mais  oxactcment  developp^e 
dans  la  forme  que  nous  lui  donnons  aujourd'hui  et  qui 
est  difl"('rente  de  celle  employee  par  le  g^om^tre  grec. 

Le  diametre  d  (^.tant  suppose  egal  a  100,  on  part  de 
I'hexagone  regulier  inscrit  dont  le  Q,6i€  c  est  egal  h  50  ; 
on  calcule  le  cote  c'  du  dodecagone  au  moyen  d'une 
regie  qui  s'exprime  par  la  formule  connue 


^|(rf-\/,/'-c') 


On  passe  ensuite  successivement,  al'aide  delameme 
regie,  aux  polygones  reguliers  inscrits  de  24,  48,  ... 
c6les.  On  trouve  ainsi  que  les  perimetres  des  polygones 
reguliers  de  0,  12,  24,  48,  96,  192,  384  c6tes  peuvent 
6tre  representds  par  la  suite 

V/9F6b0,      v/96  461,      \/98133,      v^^^^^ 
V/9866T,      v/98687,      \/98"6y4. 
Les  Hindous  prennent  le  perimetre   du  polygene  de 
384  c6tes  comme  longueur  approchee  de  la  circonference 

et  obtiennenl  ainsi       

.^VM69_4^       ^^6_ 
100  ' 

Brahmegupta  (7<^  s.).  —  D'apres  lui,  «  le  diametre  et  le 
carre  du  rayon  etant  separemcnt  multiplies  par  3  sont 
la  circonference  et  I'aire  pratiques  ;  les  racines  carrees 
de  10  fois  les  carres  des  memes  quantites  sont  les  va- 
leurs  exactes.  » 

Suivant  cette  derniere  r^gle,  la  circonference  et  I'aire 
du  cercle  ont  respectivement  pour  expression  v/lO^ 
=  G?\/lO  et  y/lOr*  =  r*y/lO.  Ainsi  Brahmegupta  consi- 
d6rey/l0  =3,162  comme  la  valeur  exacte  de  tc.  L'his- 
torien  allemand.  Hankel  donne  au  sujet  de  Fadopiion  de 
cette  valeur  par  les  Hindous  I'explication  suivaule. 


MESURE    DU    CERCLE  265 

A  une  dpoque  reculee  ou  les  calculs  numeriques  et 
en  particiilier  les  extractions  de  racine  elaient  difficiles 
et  surtout  incommodes,  on  obscrva  que  les  perimetres 
des  polygenes  reguliers  de  6,  12,  24,  48,  96,...  c6t^s, 
inscrils  dans  un  cercle  de  diametre  lOj  6lalent  repre- 
senles  par  la  suite 

v/900,     x/'im,    \/m,     \/^,    \/m,... 

Les  termes  de  celle  siiile  paraissaient  lendre  vers  le 
nomhre  \/l  000  qui  avait  alors  ele  considere  comme 
egal  a  la  longueur  de  lacirconft5rence  ;  lavaleur  corres- 

pondante  de  zest      ^ =z\/\{S. 

Bhaskara  (12'^  s.).  —  Voici  un  extrait  du  Lildvati :  «  Si 

le  diametre  d'un  cercle  est   multiplie  par  3  927  et  di- 

vise  par  1250,  le  quotient  est  a  peu  pres  la  circonfe- 

rence  ;  ou  multiplie  par  22  et  divise  par. 7,  celaestla 

circonferencc  grossiere  adoptee  dans  la  pratique,  » 

3  927       3  927  x  16 
La  premiere   regie   donne    -=~  =  ;  230x16 

62  832 

= :  c'est  la  valeur  deia  indiquee  par  Aryabhatta. 

20  000  J  1        1 

Quant  a  la  seconde,  ou  se  trouve  employee  Fapproxi- 
malion  d'Archimcde,  elle  monlre  que  les  travaux  des 
Grecs  elaient  connus  des  ilindous  5,  cette  epoque. 

Bhaskara  emploie  encore  1  expression  t::^^—— ,    qui 

^4u 

377              1 7 
est  egale  a  ^- — ,  ou  3 :  c'est  la  valeur  trouvee  par 

^  120  120'  ' 

PtoliSm^r,  ce  qui  vient  encore  k  I'appui  de  ce  que  nous 
signalions  plus  haut  au  sujet  des  relations  de  la  Grece 
et  de  rinde. 

Arabes.  —  On  rctrouve  ici  une  trace  indcniable  de 
riiitluence  hindoue  sur  les  oeuvres  mathematiques  des 


266  LA    GEOMETRIE    DE    MESDRR   ., 

Arabes.  MoHAMAfEo  ben  Modssa,  dans  la  partie  g^orae-' 
trique  deson  Algehre  (820),  donne  los  regies  suivantes : 
«  Dans  un  cercle,   le  produil  do  sou  diainelre  par  3 

^t  —  sera  ^gal  a  la  circonference.  C'est  la  rtgle  g^nera- 

lement  suivie  dans  la  vie  pratique,  quoiqu'elle  ne  soit 
pas  lout  h.  fait  exacte. 

Les  g^ometres  ont  deux  antres  methodes.  L'une 
■d'elles  consiste  en  ceci,  que  vous  multipliez  le  diaraetre 
par  lui-meme,  puis  par  40  et  qu'enfin  vous  prenez  la 
racine  du  produit ;  la  racine  sera  la  peripheric.  Les 
astronomes,  parmi  les  geomStres,  se  servent  de  I'autre 
methode ;  la  voici  :  vous  multipliez  le  diametre  par 
62  832  et  divisez  le  produit  par  20  000,  le  quotient  est 
la  circonference.  » 

Nous  reconnaissons  id  unc  des  limites  (  — )   indl- 

qu^cs  par  Archiniede,  la  valeur  y/lO  regardce  comme 
exacte  par   Brahniegupta  et  I'appioximation   d'Arya- 

bhatca  (II^IV 

•     \20  000/ 

Mohammed  se  sert  encore  de  la  formule  heronienne 

i:=  4  I  1 )•     Unauteur  svrinn,  Beha-Eddin 

V         7.     2x7/  ^ 

(16'  s.),  emploie  dans  son  Essence  de  calciil  la   valeur 
equi valente  ::=:4M  —  —J. 

Citons  enfin  une  methode  scienlifiquc  de  determina- 
tion de  x  dite  des  «  astronomes  arabes  »,  signalee  en 
1860  par  Woepcke  et  qui  remonte  au  moins  au  13* 
siecle.  En  supposant  le  rayon  egal  a  I'unite  de  longueur 
et  divis^  en  60  parties  egales,  AboOl  WafA  (10"  s.) 
avaittrouve,  parun  calcul  fonde  surdes  principes  dilTc- 
rents  de  celui  de  Ploldmde  que  la  corde  de  Tare  d'un 
demi-degre  avait  pour  valeur 


MRSURE    DU    CERCLB  267 

( )  du  rayon. 

V60^      6(F      60*      60^      60V 

A  Taide  de  co  resultal,  les  continuateurs  d'AbouI 
Waf^  calculerent,  sans  ditliculte  autre  que  Ja  longueur 
des  calculs  numeriques,  d'abord  le  perim^tre  du  poly- 
gone  regulier  inscrit  de  720  coles,  puis  celui  du  poly- 
gone  regulier  circonscrit  d'un  m6me  nombre  de  c6tes. 
lis  trouv^rent  ainsi  que  la  circonf^rence  depasse  le 
triple  du  diam^re  d'une  quantity  approximativement 
egale  a 


10 


70  +  3?  +  ii  +  ^ 
60^60^^60^ 


=  0,141568, 


ce  qui  donne   3,141568    pour   valeur   correspondante 
de  z. 

Si  Ton  prend  comme  longueur  de  Tare  d'un  dcmi- 
degre  celle  de  la  corde  du  meme  arc  calculee  par  About 
Wafdy  on  trouve  aisement  que  la  longueur  de  Tare  de 
180"  est  egale  a  3,14155  ;  le  nombre  ainsi  obtenu  est  la 
valeur  correspondante  de  ::,  piiisque  nous  avons  sup- 
pose le  rayon  egal  a  I'unile. 


rrBHor.nAPiiiE 


Voir  a  la  fin  dn  chapitre  precedent.  .  -- 

F.  Kddio.  —   Geschichte   des  Problems  von  der   Quadralur  des  ZiilceU^ 

Leipzig,  1892,  gr.  in-8». 
F.  Petrard.  —  QEuvres  d' Archimide  (traduites  par).  Paris,  1807,  in-4». 
Abbe  Halma.  —  Composition  mal/iematique  de  Claude  Plolemee  (tradnite 

par),  Paris,  1813-1816.  2  vol.  in-4». 
Ed.  BiOT.  —  Traduction  et  examen  du  Tcheou-pei.  J»'  Asiat.,  1"  sem.  1841. 
ViTRUVE.  —  Architecture.  Traduction  Maufras.  Paris,  1847,  2  vol.  in-8".     , 
Thibault.  —  The  Sulvasiitras.  Calcutta,  1873. 
WoEPCKE.  —  Sur  une  mesure  de  la  circonference  du  cercle  due  aux  astro- 

nomet  arabes.  J»'  Asiat.,  I"  sem.  1860. 


CHAPITRE   IV 

DIVISION  Dt:S  FIGURES  PLANES 

EN    PARTIES    PROPOUTIONNELLES    A     DES     GRANDEURS    DONN£eS 


La  question  dc  la  division  des  figures  en  parties  pro- 
portionnelles  a  du  se  poser  lors  des  premieres  operations 
d'arpentage  que  I'liomme  ait  eu  h  efTectuer ;  les  docu- 
ments chaideens  que  nous  posseilons  ne  nous  laissent 
gu6re  de  doule  sur  ce  point.  Mais  il  ne  s'agit  encore  la 
que  de  precedes  pratiques. 

Le  probleme  a  6ie  traite  geome'lriquement  par  les 
Grecs.  Nous  savons  (Lntrod.,  §  2)  qu'EucuDE  (3*  s.  a  v. 
J.-G.)  avail  ecrit  sur  ce  sujet  un  ouviage  special  dont 
il  ne  nous  est  parvenu  qu'un  abrege  et  une  imitation. 
HiiuOiN  d'Alexandrie  (1'"'s.  ?),  dans  son  Traite  de  /a Dioptre 
et  surtout  dans  ses  Meiriques,  s'est  egalement  occupe 
de  la  question,  mais  il  suppose  le  plus  souvent  que  les 
surfaces  sontevaluees  numeriqucment. 

L'esprit  utilitaire  des  Arabes  les  conduisit  h.  dcrire 
sur  la  division  des  figures  pkisieurs  ouvrages,  mani- 
festement  inspires  du  travail  d'Euclide,  parmi  lesquels 
le  traite  special  de  Mahomet  de  Bagdad  (10®  s.)  et  une 
partie  du  Liicaeii  de  Constructions  ^eomelriqnes  d'Aso^L 
Wafa  (10"  s.). 

Le  sujet  est  reprispar  Icsmathematiciensdu  Moycn 
&ge :  Leonard  DE  Pise  dans  sa  Practica  Geometria  (1220) 
et  JoRDAM's  INemorarius  dans  son  Dc  Trian^ulis  (13*  s  .^ 


DIVISION    DES    FIGURES    PLANES  269 

Mais  il  fnt  surlout  en  honneur pendant  la  Renaissance, 
et  on  le  tiouve  Iraite  dans  la  pluparl  des  nonibieuses 
geometries  pratiques  de  celte  epoque. 

Aujourd'hui,  on  rencontre  a  peine  dans  les  recueils 
do  problemes,  siir  la  division  des  ligures,  la  resolution 
de  quelques  cas  simples.  11  ne  nous  parait  done  pas 
inutile  d'exposcr  dans  ses  grandes  lignes  cette  interes- 
sanle question.  Nousy  trouverons  I'occasion  de  renieltre 
au  jour  quelques  curieuses  solutions  remontant  a  I'An- 
liquite  ou  au  Moycn  uge. 


§  1.  —  Problemes  pr61iminaires. 

I.  Transformer  un  triangle  donne  ABC  en  iin  autre 
equivalent  el  de  hauteur  donnee  li, 

Soit  DE  la  parallele  a  AC  monce  a  la  distance  A,  D 
etant  le  point  ou  cette  pa- 
rallele rencontre  liC.  Menons 
ensuilc  par  IJ  a  DA  une  pa- 
rallele qui  rencontre  AC  en 
A'.  Les  triangles  AliD  et 
A'DA  sont  equivalents;  il  en 
est  done  de  meme  des  tri- 
angles AJiC  et  A'DC. 

Tout  triangle  dontla  base  est  A'C  et  dont  le  sommet 
est  sur  DE  repond  a  la  question. 

II.  Transformer  un  polygone  en  un  triangle  equivnJent. 

Nous  emploierons  I'elegant  precede  du  a  Euzet  (1 854) 
etque  M.  d'Ocagne  a  retrouve  en  1878. 

Soit  A1A2A3A4A5  le  polygone  qu'il  s'agit  de  trans- 
former en  un  triangle  dont  le  sommet  devra  etre  un 
point  Ositue  dansrinlerieurdu  polygone  el  dontlabase, 


270  <A    GEOMBTRIB    VE   MESL'RE 

plac^e  sur  le  cdt^  A, A,  aura  une  extr^mit^  en  un  point 
donne  P;  en  sorte  que  OP  sera  un  descdt^s  du  triangle 
cherch^. 

Joignons  le  point  0  aux  dififerents  sommets  du  poly- 
gone,  puis  menons  par  P  une  parall^le  a  OA,,  quiren^ 
contre  en  B,  le  prolongement  de  AjAj,  par  B,  une  paral- 
IMea  OAj  qui  rencontre  enBj  le  prolongement  de  AgAj... 


et  enfin  par  B^  une  parallele  a  OA-  qui  rencontre  en  Bj 
le  prolongement  de  AjA^.  Le  triangle  OPBg  est  equiva- 
lent au  polygene  propose. 

En  effet,  on  a  successivement,  par  la  consideration 
de  triangles  d'aire  egale  comme  ayant  une  base  com- 
mune et  meme  hauteur, 

tri.OB.A,=tri.OPA,, 
tri.0B2A2=:tri.0BiA2=tri.0B,A,4-tri.0A,A, 

=  tri.0PA,  +  lri.0A,A2, 
tri.  OBaAj^tri.  OBoA3=tri.  OBoA^-f-tri.  OAoA, 

•  ^tri.OPAi  +  tri.OAiAo-j-tri.OAjAg, 


tri.OBsAs^tri.OB^As 

=  tri.OB4A4-+-tri.OA;A,  =  tri.OPA,-f-tri.OA,Aa, 
H-lri.  OAaAj+tri.  OAaA^+tri.  OAA, 


DIVISION    DES    FIGURES    PLANES 


271 


Iri.  OPBsrr:  tri.  OA5B5-I-  tri.  0A5P  =  Iri.  OPAj 

H-lri.  OAiA,+ H-  Iri.  0  A  A  H- tri .  0  A5P . 

La  construction  subsiste,  mais  se  trouve  simplifies 
dans  le  cas  oil  le  point  0  est  donne  sur  un  c6te  ou  en 
un  sommet  du  polygene. 

III.  Par  un  point  0  du  plan,  mener  une  droits  EF  qui 
determine  sur  les  cotes  d'un  angle  XAY  un  triangle  AEF 
equivalent  a  un  triangle  donneT, 

1"  Cas  :  le  point  0  est  situe  a  I'interieur  de  Tangle. 

Construisons  le  paral- 
lelogrammc  ABCD,. equi- 
valent a  T,  dont  deux 
coles  adjacents  sont  for- 
mes par  les  coles  de  Tan- 
gle, Tun  des  deuxautres 
coles  passant  par  0. 

On  ppurra,  a  cet  effet, 
chei  cher  d'abord  (Prob .  I) 
un  triangle  T'  e'quivalent 
a  T  et  dont  la  hauteur  h  sera  la  distance  de  0  a  AB  ;  si 

b  est  la  base  de  T',  on  a  AB  =  — . 

2 

Le  parallelogramme  ABCD  devant  6tre  equivalent  au 

triangle  cherche  AEF,  on  a 


d'oii 


tri .  CGO  =  tri.  EBG  -{-  tri.  ODF , 


tri.  EBG  =  tri.  CGO  —  tri.  ODF. 


(0 

Lestrois  triangles  EBG,  CGO  etODFctanlsemblables, 
sont  proportion nels  aux  carres  de  leurs  coles  homologues 
et  la  relation  (l)permet  d'ecrire 


BE  =  GO  —DO". 


(2) 


272  LA    GEOMliTRIE    DE    MESURE 

Ainsi  BE  est  le  cote  d'un  triangle  rectangle  dont  CO 
estl'hypotenuseetDO  I'uutrecole.  Betantdonneen  posi- 
tion, on  peut  determiner  E,  et  joignaut  E  a  0  on  a  la 
droite  cherchee. 

Pour  que  le  probleme  soit  possible,  il  est  necessaire 
d'apres  (2)  qu'on  ait  C0>  DO. 

Un  second  point  E'  repond  egalement  h  la  question. 

Remarque.  —  L'aircdu  parallelogramme  ABGD  dimi- 
nue  en  meme  temps  que  OG  ou,  d'apres  (2),  en  meme 
temps  que  BE.  Le  minimum  de  ABGD  et  par  suite  du 
triangle  AEF,  correspond  au  cas  ou  BE  est  nul,  c'est- 
a-dire  au  cas  ou  CO  =  DO  ;  le  segment  EF  est  alors 
divis6  en  deux  parties  egales  par  le  point  0. 

2*  Cas  :  Le  point  0  est  situe  ^  I'exti^rleur  de  Tangle. 

La  solution  est  analo- 
gue. On  construit  le  pa- 
rallelogramme ABGD 
equivalent  k  T  et  dont 
uu  des  coles  passe  par  0. 

On  a 

tri.  EBG=r:quaar.GFDG, 

ou 

t.i.  EBG^lri.GOC 

—  hi.FOD. 

On  en  dcduit 

Be'  =  GC^  — DO^ 

Le  point  E  el  la  Jrolle  EF  so  h'ouvent  ainsi  deter- 
mines. 


IV.  Mener,  paralieleinenl  a  n.'i3  :lirec:ion  donnce,  nne 


DIVISION    DES    FIGURES    PLANES 


273 


droite  EF  qui  determine  sur  les  cotes  d'un  angle  -XAY  un 
triangle  AEF  equivalent  a  un  triangle  donne  T. 

Menons  une  droite  quelconque  BG  parallele  a  la  direc- 
tion donnee.  Soit  ATiD  un  triangle  de  mume  aire  queT 


Fifr.  a. 


I'^ij.  h. 


oUyantsonsommeten  A  etsabascBD  surBC  (Prob.I)  : 
D  pent  etre  entre  B  et  G  (Jig.  a)  ou  en  deliors  de  BG 
(Jig.  b). 


On  a 

tri.  AEF 
tri.  ABC 

tri.  ABD 
tri.  ABG 

On  en  ddduit 
d'oij 


ou 


ou 


AF 


iri.  T 


AF 


tri.  ABG 
tri.T 


AG 
BD 


AG 


tri.  ABG      BG 

_BD. 
-BG' 


af'-^(|^xac)ag. 

Si  Ton  pose  AG  =  ^^xAG,  le  point  G  est  deter- 
mine'sur  AY  par  une  paralleled  AX  menee  par  D.  AF, 
moyenne  proportionnelle  entre  AG  et  AG,  s'obtient  au 
moyen  de  la  construction  indiqu^e  sur  les  figures  ci- 
dessus.  • 

FouRREY.  —  Curios,  reoni.  18 


274 


LA    GEOMETRIE    DE    MESURB 


§  2.  —  Les  droites  de  division  passent  par  un 
point  donn6. 

I.  Le  point  DONNE  0  EST  A  l'iNT^RIEUR  DU  POLYGONE 
CONSIDERE. 

l""^  Solution  (Euzet,  1854).  —  Nousadmeltrons  qii'une 
ligne  de  division  OP  est  donnee.  Soil  A1A2...A5  le 
polygone  qu'il  s'agit  de  diviser  en  parties  proportion- 


Btjk 


V-::^ 


nelles  a  w,  n,  p,  q.  On  determine  d'abord,  comme 
nous  I'avons  indique  (§  1,1.1),  la  base  PBg  du  triangle 
equivalent  au  polygone  donne,  puis  on  partage  cette 
base  en  parties  proportionnelles  a  m,  n,  p,  q. 

Un  des  points  do  division,  E3,  se  trouve  ici  entre  P 
ci  A3;  il  sut'fit  de  le  joindre  h  0  pour  obtenir  le  triangle 

partie 


OPE5  qui  est  Equivalent  a  laZ- 


du  polygone,  puisque  les  triangles  OPE^  et  OPBg  sont 
entre  eux  comme  leurs  bases. 


DIVISION    DES    FIGURES    PLANES  275 

Par  les  autres  points  de  division,  on  mene  des  pa- 
ralMes  a  B5B4  limitees  a  A5A4  ou  a  son  prolongement, 
c'est-^-dire  aiix  points  C4,  D4.  Par  ces  derniers  points, 
on  m^ne  des  paralleles  h  B4B3  limitees  a  A4A3  ou  a  son 
prolongement.  et  on  continue  ainsi  jusqu'a  ce  que  les 
paralleles  successives  rencontrentles  cot^s  du  polygone 
€n  des  points  D3  et  Gi-  En  joignant  0  a  D3  et  Ci,  on 
oblient  les  autres  droites  de  division. 

II  sufEt,  pour  le  prouver,  de  montrer  qu'une  portion 
OE3A5A4D3  du  polygone  equivaut  a  la  portion  corres- 
pondante  OEjOs  du  triangle  OPB3.  En  effet,  en  ayant 
egard  aux  equivalences  des  triangles  de  bases  et  de 
hauteurs  dgales, 

tri.  OEgDg  =  tri.  OE5  A5 + tri.  OAJ)^ 
=  tri.  OEsAs+tri.  0A5D4=  quad.  0EsAsA4-f  tri.  OA4D, 
=  quad.  OESA5A4+  tri.  OA4D3  =  pent.  OE3A5A4D3. 

La  construction  subsiste  dans  le  cas  oii  le  point  0  se 
trouve  sur  un  cote  ou  en  un  sommet  du  polygone. 

2"  Solution,  —  Les  donn^es  sont  les  memes.  Joi- 
gnons  0  aux  sommels  du  polygone ;  nous  obtenons 
ainsi  des  triangles  OPAj,  OA1A2,  ...  qu'on  pent  transfor- 
mer (§  1 ,  I)  en  triangles  ayant  une  hauteur  commune 
Ji,  celle  par  exemple  du  triangle  OPAj.  Portons  sur 
u:ie  droite  indefmie  des  segments  P'A,',  A'Ai,  ...,  A^P" 
representant  les  bases  des  triangles  ainsi  transformes  ; 
€n  a  par  exemple  aire  OAjAg  =  AIA2  X  /'.  Le  triangle 
de  base  P'P"  et  de  hauteur  h  est  equivalent  au  polygone 
donne. 

Partageons  maintenant  le  segment  P'P'^  en  parties 
proportionnelles  a  m,  n,  p,  q  :  les  points  de  division 
sont  C,  D',E'.  Les  aires  partielles  cherchees  sont  res- 
pectivement  representees  par 

P'C'xh,         C'D'xh,        D'E'xh       et       ET"x//. 


276  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 

Or,  considdrous  par  exemple  la  premiere 
.    P'C  xhz=z  (P'A{  +  A{C')  h  =  P'A;  X  a  +  AIC  x  A 
=  aireOPAi  +  A;G'xA. 
Nous  devons  ainsi  detacher  du  triangle  OAjA,  d'aire 
Aj'A^xA  un  triangle  OAjC  d'aire  A{C'xA.  On  a 
tri.OA.C^A{C\     ^^^^^     tri.  OA,C  ^  A.C  ^ 
tri.OAiAa      A[A'/  tri.  OA^A,      A^A^ 

a:c'  _  A.C 


on  en  deduit 


AIA;      AiA, 


E P' 


On  obtlendra  done  la  position  du  point  C  sur  AiAj  en 
partageant  ce  dernier  segment  proportionnellement  h 
\[C'  et  h.  C'Ai.  On  dcterminera  D  et  E  d'une  maniere 
analogue. 

La  construction  d'Euzet  (l'*   Solution)  est  plus  ^16- 

\  gante  et  plus  rapide  que  cclle  que  nous  venons  d'expo- 

ser,  mais  elleest  aussi  moinsexacte,  car  avec la  premiere 

les  erreurs  commises  dans  le  trace  des  parall^Ies  vont 

en  s'accumulant. 

Le  principe  du  procMe  de  division  des  surfaces  poly- 
gonales  au  moyen  de  segments  de  droite  repr^sentatiis 
sc  rencontre  ddj^  chez  les  Grecs. 


DIVISION    DES    FIGURES    PLANES  277 

3c  Solution.  —  Nous  nous  contenterons  d'exposer 
cette  solution  dans  le  cas  de  la  division  d'un  polygone 
en  deux  parlies  proportionnelles  a  /«  eta  ti\  elledevient 
assez  compliqu^e  dans  Fapplication  pour  un  plus  grand 
nombre  de  parties.  Cette  solution  est  interessante  en 
ce  sens  qu'elle  pent  s'etendre  au  cas  ou  le  point  donne 
0  est  a  I'cxlerieur  du  polygone. 

La  division  cherchee  s'elleetue  ici  au  moyen  d'une 
seiile  droite,  alors  que  remploi  des  solutions  prece- 
denles  conduit  en  general  a  une  ligne  brisee  forniee  de 
deux  droiles  concouranten  0. 


Triangle.  —  Soil  le  triangle  ABC  d'airc  S  ;  en  gene- 
ral, une  droite  passant  par 
0  le  partageraen  un  triangle 
eL  un  quadrilalere  que  nous 
ferons  correspondrc  res- 
pcctivement  a  m  ct  n.  Di- 
visons  Tun  des  cotes,  BC  par 
cxemple,  parle  point  F,  pro- 
portionnellement  a  m  et  n  ; 
le  triangle  A.BF  a  pour  aire  celle  du  triangle  cherche, 

soit  Sx . 

ni-\-n 

Le  probleme  revient  done  a  mener  par  0  dans 
Tangle  ABC  une  droite  DE  qui  determine  un  triangle 
DBE  equivalent  k  ABF  (§  1,  III,  1"  Cas).  II  y  a  deux 
solutions,  comme  nous  I'avons  vu. 

Si  Fun  des  points  D  et  E  iombe  sur  les  prolonge- 
ments  des  cotes  ABetBC,  la  construction  est  impossible 
avec  Tangle  ABC.  On  Tessaie  alors  avec  Tun  des  deux 
autres  angles  du  triangle  ABC. 

Voici  pour  le  meme  probleme  la  solution  d'Euclide: 


278 


LA    GBOMETRIE    DE    HESURB 


Menons  OF  parall^lo  k  BC  et  ddterminons  sur  AB  le 
point  G  tel  que 

BG^yt.M:-??,     (1) 
FO  ^'' 


en  posant 


m 


m-{-n 


Dcterminons  dc  me  me 
le  point  D,  et  par  suite  la 
droite  DOE,  au  moycn  de 
la  relation 

BDxDG  =  BGxBF.  (2> 

DOE  est  bicn  la  droite  chcrchee. 
En  effet,  on  tire  de  (2) 

BG      BD  BG  BD 

DG      BF 


ou 


BG  — DG      BD  — BF 


ou  encore 


BG_BD 
BD      DF 


(3) 


Mais  les  triangles  semblables  DBE  et  DFO  donnenl 


BD_BE 
DF      FO' 

Rapprocliant  (3)  et  (4),  il  vient 

BG_BE. 
BD""FO' 

d'ou  BGxFO  =  BDxBE. 


(4) 


(5) 


On  peut  done  ecrire,  en  ayant  egard  a  (1), 

BDxBE^, 
ABxBG 

Mais  les  aires  des  triangles  DBE  et  ABC  qui  out  un 


DIVISION    DES    FIGURES    PLANES 


279 


ang-le  commiin   sont  entre  elles  comme  les  produits 
BD  X  BE  ct  AB  X  BC.  On  a  done 


tri.  DBE 


k 


tri.  ABC 
et  le  triangle  DBE  repond  bien  k  la  question. 

Remarques.  —  1"  On  pent  determiner  le  point  D 
[relation  (2)]  en  observant  que  BD  et  DG  sont  les  seg- 
ments determines  sur  Thypotenuse  BG  d'un  triangle 
rectangle  dont  H  =  v/BGxBFest  la  hauteur  relative 
h.  Tangle  droit. 

La  construction  indiquee  n'est  done  possible  que  si 

H<I|^,     ouBGxBF</?|^ 

2"  Le  point  G  ne  pent  se  trouver  entre  B  et  D,  car 
d'apres    (3),  puisque  BD  >  DF,  on  a  aussi  BG  >  BD. 


ou  encore  BG  >  4BF. 


Quadrilatere.    —    Prolongeons   deux   c6tds  opposes 
AD,  BG  du  quadrilatere  jusqu'^  leur  rencontre  en  G 

et  portons  sur  une  droite 
indefinie  des  longueurs 
HJ,  IJ  proporlionnelles 
aux  aires  des  triangles 
ABG  et  DGG :  par  exem- 
ple,  on  prendra  pour  re- 
presenter  I'aire  de  ABG 
sa  base  AG  et  pour  re- 
presenter  I'aire  de  DGG 
la  base  d'un  triangle  equi- 
valent a  DGG  et  ayant 
meme  hauteur  que  ABG. 
HI  represente  ainsi  I'aire  du  quadrilatere  donne. 

Parlageons  mainlcnant  le   segment  HI   au  point  K 
proportionnellement  h.  in  et   a  n,  Le  probl^me   sera 


#. 


LA    GEOMliTRIE    DE    MESURE 


280 

rarnen^  h  diviser  le  triangle,  ABTr  en  parlies  proportion- 
nelles  a  UK  et  KJ  (prohl.  precedent).  La  construction 
comporle,  cornme  nous  Tavons  vu,  plusieurs  solutions. 
On  Irouverait  une  autre  s6rie  de  solutions  en  prolon- 
geant  les  deux  autres  coles  opposes  AB  et  DC  du  qua- 
drilalere  propose. 

Polygone  (juelconque.    —    Decomposons  le  polygone 
donne   ABCDEFG    en    triangles    et    quadrilaleres    au 
moyen  de  diagonales  ;   portons  en  HI,  IJ,  JK,  sur  une 
droite   indefmie,  des  segments  proportionnels  aux  ai- 
res des  surfaces  par- 
tielles    ainsi  obtenues 
et     divisons     HK     au 
point  L  dans  le  rapport 

— -.  Le  point  L  loni- 
n 

bant  entre  I  ot  J,  le 
problem e  est  ramene  a 
diviser  le  quadrilatere 
SL  GBCF  en  deux  parties 
proporlionnelles  a  IL 
et  LJ. 

Pour  que  le  proble- 
me  soil  possible  avec  la  decomposition  adoptee,  il  est 
necessaire  que  la  droite  de  division  MN  rencontre  les 
cotes  exterieurs  BC,  GF  du  quadrilatere  GBCF  ;  s'il 
n'en  etait  pas  ainsi,  on  essaierait  d'autres  decomposi- 
tions du  polygone. 

11  y  a  d'ailleurs  en  general  plusieurs  solutions  qu'on 
obliendra  en  consid6rant  toutes  les  decornposiiions 
possibles  du  polygone  donne. 

Cas  particuliers.  —  Par  un  point  0  du  cote  AC  d'un 
triani^le  ABC,  mener  des  droites  qui  divisent  I'aire  de  ce 
triangle  en  parties  proporlionnelles  a  in,  n,  p,  ... 


n,^--' 


jn  ^-- 


DIVISION    JDES    FIGURES    PLANES  281 

Divisons  Iccdte  AG  proporlionnellement  a  /w,  n,^, ..., 
et  par  les  points  dc  division  F,  G, ...,  menons  des  paral- 
leles  a  BO  qui  renconlrent  les  deux    autres   c6tes    en 

D,  E, ...  En  joignant  ces  der- 
niers  points  a  0,  on  a  les 
droites  de  division  cher- 
chces. 

II  suffit  de  montrer  que 
le  triangle  ADO,  par  exeni- 
ple,  est  equivalent  au  tri- 
angle ABF.  Or  ADF  est  com- 
mnn  a  ces  deux  triangles  et 
FDrJetFDOsonteqiiivalcnfscommeayantmemebaseFD 
et  des  hauteurs  egales. 

Dwiser  nn  triangle  ABC  en  trois  parties  proportionnelles 
a  m,  n,  p,  par  des  droites  concourantes  passant  chacune 
par  un  sominet  (^fig.  a). 

Divisons  un  des  coles  AC  en  parties  proportionnelles 
a  m,  n,  p.   Par  les  points  de  division  D,  E,  menons  k 

AB  et  BG  des  paralleles  qui 
se  rencontrent  en  0.  En  joi- 
gnant  0  a  A,  B,  G,  on  a  les 
droites  de  division  cherch^es. 
On  voit,  en  effet,  par  exem- 
ple,  que  les  triangles  AOB  et 
ABD  sont  equivalents  comme 
ayant  meme  base  AB  et  des 
'*'»•  "•  hauteurs  egales. 

.  Gelte  construction  est  donneedans  leZ)e  Trianguiis  de 
JoRDANUs  Nemorarius  (13*  s.).  Voici  la  simplification  in- 
diquee  par  le  meme  auteur  pour  le  cas  ou  il  s'agit  de 
diviserle  triangle  en  trois  parties  equivalentes(^^.  b).On 
prcnd  le  tiers  EG  de  AG ;  par  E  on  mene  h  GB  une  pa- 
rallele  qui  coupe  AB  en  F.  Le  milieu  0  de  EF  est  le 


282 


LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 


'point  de  rencontre  des  trois   droites  cherchees   qui^ 
comme  on  salt,  sont  les  trois  medianes  du  triangle.       , 


Diviser  un  triangle  en  un  noinhre  quelconque  de  par- 
ties equivalentes,  ^  par  exeniple,  par  des  droites  concourant 
en  un  point  inlerieur  0  non  donne  (fg.  c). 

Divisons  d6ja  ie  triangle  ABC  en  trois  parlies  6qui- 
valenles,  suivant  le  procede  indiqueau  probleme  prece- 
dent, par  les  medianes  qui  concourent  en  0 ;  puis  parta- 
goons  cliacun  descot^s  du  triangle  en  5  parties  egales. 
Si  Ton  joint  les  points  de  division  au  point  0,  les  3x5 
triangles  obtenus  sont  Equivalents,  puisque  les  triangles 
c  [uivalents  AOH,  BOG  el  AOC  sont  eux -menies  divisEs 
chacun  en  5  triangles  d'aire  egale. 

II  suffira  done  de  grouper  les  3  ><  ^i  triangles  3  par  3 
d'une  maniere  quelconque  pour  resoudre  le  probleme. 

Par  un  point  0  interieur  (ou  extcrieur)  a  un  trapeze 
ABCD,    mener  une  droile  qui  divise  ce  trapeze  en  deux 

parties  proportionnelles   it 
^.-■^^  m  et  n. 

Yoici  la  solution 
d'Euclide  restitute  par 
Woepcke. 

Divisons    AD     et    BG 
aux  points  G  et  H  en  par- 
ties   proportionnelles    a 
/w  et  ^  n.  Soil  I  le  mi- 
lieu  de  la  droite  GH  ;  en  joignant  I  a  0,  on  obtient 


^Sl^'—r'  " 


m 


DIVISION    DES    FIGURliS    PLANES  28.*^ 

la  droite  cherchee  EF.  En  eflet,  le  trapeze  ABHG  est 
evidemment  la  (  — '- —  )   partie  du  trapeze  total ;  or,  les 

triangles  EIG  et  IHF  etant  egaux,  les  trapezes  ABHG 
et  AHFE  sont  equivalents. 

On  obtlent  une  seconde  solution  en  intervertissant 
les  longueurs  m  et  n. 

La  construction  precedente  n'est  possible  que  si  la 
transversale  rencontre  les  deux  cotes  paralleles. 

Par  un  point  0  da  cole  BC  d'un  qiiadrilatere  ABCD, 

mener  une  droite  quidivise  ce  qiiadrilatere  en  deux  parties 

vroportionnelles  a  in  et  n. 

Construisons  le  triangle  FOG  Equivalent  au  quadrl- 

latere  propose,  ayant  son  somniet  en  0  et  sa  base  FG 

sur  le  cdteop- 

B         Q  poseAD.  Puis 

^y     3^^^"*^^^^ ^  divisons     FG 

y"  J^^^yi        ^N^^A\  proportion- 

y'l^^  / X      /  ^v-'ctn         nellementawz 

p^~ ^ Jr ^i^--^p     et  n  au  point 

\    J  _-V- n  E  :  OE  est  la 

\     - — — 

'  ^  droite     cher- 

chee, car  ell& 
divise  h  la  fols  le  triangle  FOG  et  le  quadrilatere  qui 
lui  est  equivalent  en  parties  proportionnelles. 

Sile  point  E  tombait  en  dehors  de  AD,  la  conclusion 
precedente  serait  en  defaut ;  on  construirait  alors  le 
triangle  F"OG  sur  AB  ou  CD. 

Par  un  point  0  du  cote  BG  d'un  quadrilatere  ABCD, 
mener  une  droite  qui  divise  ce  quadrilatere  en  parties  pro- 
portionnelles a  BO  et  OC. 

Voici  la  solution  donnee  par  H^ron  dans  ses  Meiri-- 
ques  (1"  s.  ?). 


284 


LA     GliOMETUlE    DK    MISUHE 


On  mene  AG  et  OD,  puis  par  A  uno  parallolo  k  BG 
qui  rencontre  CD  en  E,  et  par  E  une  paralhMe  a  OD  qui 

rencontre  AD  en  F.  Soit 
G  le  point  qui  determine 
surAFdes  sog^ments  pro- 
portionnels  k  IK)  et  OC  : 
OG  estla  droite  cherchi^e. 
En  effet,  les  triangles 
FOD  et  EOD  sont  equi- 
valents    comrne     ayant 
m^me  base  OD  et  des  hauteurs  egales ;  il  en  est  done 
de  meme  du  quadrilatere  FOCD  et  du  triangle  EOC. 
On  a  d'ailleurs 


-~-^~:i 


et 


tri.  ABO  in.  ABO 

tri.  EOC        °^        quad.  FOCD 

tri.  AOG^BO 
tri.  GOF~OC* 


BO 
OC* 


Done 


quad.  ABOG 
quad.  GOCD 


BO 
OC 


B      m 


Heron  utilise  cette  conslruclion    dans  le  cas  oil  il 
s'agit  de  diviser  le  quadrilalere  en   un  rapport   donne 

-     ,    0  etant   quelconque 
n 

sur  BG. 

On  divise  BG  en  0'  dans 

le  rapport  —  ;  on  construit 

la  droite  O'G'  qui  divise  le 

BO'        m  ,       r^n/ 

—--  ou  — ;  on  mene  OG 
0  C        n 


A  G'G  0 

quadrilatere  dans  le  rapport 


puis  O'G  parallele  a  OG':  OG  est  la  droite  cherch^e, 
car  on  a  ainsi  remplac6  le  triangle  GOO'  par  son  equi- 
valent G'OG, 


DIVJSION    DES    FIGURES    PLANES 


285 


Partager  iin  quadrilatere  AB(]D  en  deux  parties  equi- 
valentes  par  nne  droite  partant 
d'un  sommet  B. 

Yoici  la  solution  indiquee  par 
JoRDANLs  Nemorarius  dans  son  De 
Triangniis  (13*  S.). 

On  m6ne  les  diagonales  AC 
ct  BD  qui  se  coupent  en  G;  en 
supposant  GC  >  GA  ,  on  pent 
prendre  CE  =  GA  et  mener  EL 
parallele  a  BD.  La  droite  qui 
joint  D  au  milieu  T  de  BL  est  la  droite  cherchee. 
En  ellet,  on  a 


Or 


Done 


tri. 

BDC 

BC_ 
LC 

_GC 
EC 

.  GC 

tri. 

LDC 

GA 

trr 

tri, 

BDC 
BDA 

GC 
GA 

tri.  BDC 

tri.  BDC 

tri.  LDC      tri.  BDA 


II  resulte  de  cette  derniere  relation  que  les  triangles 
BDA  et  LDC  sont  equivalents ;  en  ajoulant  a  BDA  et 
LDC  respectivement  les  triangles  de  meme  aire  BDT 
ct  LDT,  on  obtient  le  quadrilatere  ABTD  et  le  triangle 
TDC  qui  sont  par  suite  equivalents. 


IL  Le  point  donn^  0  est  a  l'exti5rieur  du  polygone 

CONSIDERE. 


On  suivra  la  meme  marche  que  dans  la  3*  Solution 
du  cas  oil  le  point  0  est  situe  a  I'interieur  du  polygone. 

La  construction  relative  au  triangle  se  ram^nera  de 
m6me  h  un  probleme  dejil  Iraite  (§  1,  III,  1"  Cas). 


286 


LA    GEOMETRIE    DE    MESURB 


§  3.  —  Les  droites  de  division  sont  paralleles 
a  une  direction  donnee. 


I.  Triniifjlc.  —  Diviser  un  triangle  WiCen  deux  parties 
jjropuriionne/les  a  m  et  n  par  une  paraLlele  EF  a  I'un  des 

cotes  AG. 


.F' 


On  a 

tri.  BEF 
tri.  BAG 


m. 


w 


II  en  r(?siilte 
BF^='     m 


m 


-.bc\bc. 

n        J 


BF  est  done  une  moyenne 


proporlionncUe  cnlre  BG 


ni 


BC    et  BC.  On  en 


m-\-n 
deduit  la  conslriiclion  indiquee  ci-contre. 

On  etcnd  sans  difficult^  cette  conslruction  au  cas  de 
la  division  d'un  triangle  en  un  nombre  quelconque  de 
parlies  proportionnelles  a/w,  w,  /?, ... 

Dwiser  un  triangle  KBC  en  deux  parties  proportionnelles 
a,  m  et  a  n  par  une  droite  EF  parallele  a  une  direction 

donnee  MN 
^  Soit  AD  une  droi- 

te menee  par  A  pa- 
ralielement  a  MN. 
Si  G  est  le  point 
qui  divise  GB  en 
parties  proportion- 
nelles k  m  eX  d.  n, 
il  suffit,  en  ulilisant  un  probl^me  resolu  ant^rieurement 
(§1,  IV),  de  determiner  dans  Tangle  G  un  triangle  EFG 


DIVISION    DES    figure's    PLANES  287 

^qiiivalentgi  AGG  etdontla  base  EFsoit  paralleled  AD. 
Mais  onpeut  donner  une  solution  directe  plus  rapide. 

^  tri.  EFG  m  .      tri.  ABG      BG 

Una     = —     ct     =: — . 

tri.  ABG      rn^7i  tri.  AUG      DG 

Mulliplions  ces  deux  relations  membrc  a  membre,  il 
vient 

tri.  EFG  m       BC 


tri.ADG      m-hn   DG 
On  a  d'autre  part 

tjl-  EFG  _  Gf" 
tri  ADG  —  —2* 

Rapprochant  (1)  et  (2),  on  en  deduit 

CF  =/—-—. BG\xGD. 


(0 
(2) 


^m  -\-  n 
Ainsi    GF   est  une   moyenne   proportlonnelle  enlre 

00=    ^^-.BG     etGD. 
m  -\-n 

•>.  Gomme  la  question  precedente,  dont  elle  est  d*ail- 
leurs  une  generalisation,  la  question  que  nous  venons 
de  trailer  peut  6tre  etendue  ^  la  division  du  triangle 
en  un  nombre  quelconque  de  parties  proporlionnelles. 

II.  Trapfeze.  —  Dwiser  un  trapeze  ABGD  en  deux  par^ 

ties  proporlionnelles  a  m  et  n 
^^ — ;^~---  pcir  une  parallele  aux  bases. 

'/     /     I        \  Soient  I  le  point  de  ren- 

\^    /  ^1^       centre  des  cotes  non  paral- 


b/ ^^.-n         /\ 


.g//  /' 


~^7        70 


-'I        leles  AB,    GD   et   IG'F'D  la 

/         demi-circonference      ddcrite 

sur    ID     comme     diametre. 


^\  /  De  I  comme  centre,  avec  le 

rayon  IG,  rabatlons  G  en  G' 
€t  projelons  G'  en  II.  Diyisons  HD  en  parties  propor- 


288  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 

tionnelles  a  m  et  n  au  point  G.  Projetons  G  en  F'  et 
rabattons  F'  en  F  avec  le  rayon  IF' :  la  parallele  EF  a 
AD  menee  par  F  est  la  droite  cherchee. 

En  eflet,  on  a  par  des  considerations  de  similitude 

trap.  AEFD  tri.  IAD  —  tri.  lEF  _  ID '  —  !f'    .^. 

trap.ABCD       "     tri.  IAD —tri.  IBC      ID'— IC' 

ou  encore,    puisque   par  construction  IF  =IGxID, 

CI^^IHxID, 

trap.  AEFD  ^  ID  —  IG  ^  GD  ^     m 
trap.ABCD      ID  — IH      HD      m-i-?i' 

III.  Quadrilatere.  —   Diviser  nn  qiiadrilatere  ABCD 

en  deux  parties  profjortionnelles  a 

J  m  et  n  par  line  droite  EF  parallele 

/  \  a  line  direction  donnee  MN. 

_  /      \  En  se  referant  au  cas  du   tri- 

a         angle    (I),    on    pourrait    suivre 
absolument    la    mSme    marche 
qu'au  §  2  (3"  Solution), 
jj  On    peut    aussi  employer    un 

^        procede    imite    de    celui   qui    a 
servi    k  la    resolution    du    pro- 
bleme  precedent,  boit  J  le  point 
de  rencontre  des  cotes  AB  et  DC.  On  a 

quad.  AEFD         tri.  JAD  — tri.  JEF 
quad.  ABCD  ^"  tri.  JAD  — tri.  JBC 


JAxJD  — JExJF  ^^^  P  — X^ 


(2) 


JAxJD  — JBxJC         P^  — Q 
en  posant 

JAxJD  =  P,     JBxJCrr:Q"-     et     JExJF=X^     (3) 

On  peut  remarquer  que  I'expression  (2)  a  la  ml^me 
forme  que  I'expression  (1)  du  probleme  precedent  ou 


DIVISION    DES    FIGURES    PLANES  289 

Ton   ferait  ID  =  P,  IC  =  Q    et  IFr=X;  X  peut  done 
^tre  construit  comme  il  a  ete  indiqu^  pour  IF. 
Menons  maintenant  AK  parallele  h  Mi\ ;  on  a 

JE^JA 
JF      JK' 
ou 

TA 

(4) 


,E  =  JF.f| 


Multiplions  (3)  et  (4)  membre  a  membre, 

X  a  ete  determine  prec^demment,  on  connait  J  A  ot  JK. 
On  peut  done  conslruire  JE,  ce  qui  donne  le  point  E, 
et  il  ne  reste  plus  qu'^  mener  par  E  la  droite  EF  pa- 
rallele a  MN. 

IV.  Polygone  quelconque.  —  Dwiser  un  poJygone 
ABCDEFG  en  deux  parties proportionnelles  a  in  el  n  par 
une  droite  parallele  a  une  direction  donnee  MN. 

En  se  basant  sur  les  rdsultats  trouves  pour  Ic  tri- 
angle et  le  quadrilatere, 
on  pourrait  suivre  abso- 
lument  la  mome  marche 
qu'au  §  2  (3*  Solution). 
Mais  il  nous  parait 
plus  simple  d'employer 
leprocede  suivant,  quia 
Tavantage  de  s'appliquer 
lies  facilement  a  la  divi- 

,     ,  ,     s'on  en  unnombre  quel- 
F    E  E  .       ^ 

conque  de    parlies    pro- 
portionnelles. 

Par  chacun  des  sora- 
mets  du  polygone,   on  mene    des   paralleies  BH,   GI, 

FouRREY.  —  Curios,  ge'om.  i9 


a'  h'        g'  l'        Q' 


.--''» 


290  LA    GEOMETRIE    DE   MESURE 

CL,  ...  k  MN;  on  ddcompose  ainsi  ce  polygene  en  ui> 
certain  nombre  de  triangles  et  de  trapezes.  On  porte 
surune  droite  indefinie  en  A'H',  H'G', ...,  K'E',  des  seg- 
ments representatifs  des  aires  de  ces  dernieres  figures, 
et  on  divise  A'E'  proporlionnellement  k  m  et  n.  Le 
point  de  division  Q'  tombant  sur  le  segment  L'F'  repre- 
sentant  I'aire  du  trapeze  LCJF,  la  question  revient  k 
diviser  le  trapeze,  par  une  parallele  PQ  a  la  base,  en 
deux  parties  proportionnelles  a  L'Q'  et  Q'F'  (II). 


§4.  —  Questions  diverses. 


Dwiser  le  carre  ABCD  de  cote  a  en  deux  parties  cqiii- 
valentes,  de  sorte  quilyait  encore  iin  chemin  d'une  lar- 
geur   donnee    c    conduisant   aux    deux  parties   (JRecueil 

d'AoB&L-WAFA,  10*  S.). 

Sur  CD  prcnons  GHr=c,  prolongeons  DA  de  la 
quantite  AM^DH  =  rt  —  r,  et 
prolongeons  de  meme  BA  jus- 
qu'a  sa  rencontre  en  L  avec  Tare 
ddcrit  de  D  com  me  centre  et 
ayantDM  comme  rayon.  Prcnons 
sur  LD,  LKr^DH,  et  par  K 
menons  KZ  parallSle  a  LB  ;  une 
parallele  a  BC  menee  par  II  com- 
plete le  trac6. 

Nous   allons  montrer  que  les 
deux  rectangles  xVBZl'^  et  ETHD 

sont  (Equivalents.  En   elfet,   les   paralleles  ^VL  et  EK 

donnent 

LK  X  AD {a  —  c)a 


M^_«-£i 


AE 


On  en  d^duit 


LD 
aire  ABZE 


2a 


la  —  c 


DIVISION    DES   FIGURES    PLANES 

On  a  d'autre  part 


2at 


aireETHD=DHxDE  =  (a  — c)(«— AE)  =  ^^^^^:i^. 

Dii>iser  le  carre  ABCD  de  cote  a  en  trois  parties  equi- 

valentes,    de    sorte  qu'il  y  ait    encore    un  chemin    d'line 

largeur     donnee    c     conduisant    aux 

trois  parties  ( Recueil  (I'Aboul  Wafa, 

10"  s.). 

La  construction  est  indiqu^e  sur 
la  figure  ci-contre.  On  enprouverait 
I'exactitude  comme  pour  le  pro- 
bleme  precedent. 

Dans  un  carre  ABCD,  on  Joint  le 
milieu  dechaque  cote  aux  extremites  du 
c6te  oppose;  Voctogone  inlerieur  convexeainsi  forme  a  pour 
aire  le  sixieme  de  celle  du  carre  (/"'    de   Vuibert  1891). 

Pour  prouver  que  les  aires  de  I'octogone  A'E'...  H'  et 

du  carre  ABCD  sont  dans  le  rapport  de  1  a  6,  il  sufEt 

de  montrer  qu'il  en  est  de  memo 

B  p  c       des  aires  des  triangles  A'OH'  et 

AOH,  0  designant  le  centre  du 

carre. 

Or  puisque  OH'  =  H'H,  on  a 
aussi 

tri.  A'OH' =  1/2  tri.  A'OH. 

D'autre  part,  dans   le  triangle 
AEG,  les  medianes  AO  et  EU' 

se  coupent  au  tiers  de  leur  longueur  a  partir  de  la  base ; 

on  a  done  0A'  =  1/3  0A. 

ct  tri.  A'OH  =:  1/3  tri.  AOH. 


\^ 

^ 

^ 

\ 

^ 

.-^v 

<^/ 

<^ 

\/e'_ 

0 

7T- 

_gV^ 

/ 

\\  / 

Ih' 

Z-^ 

/ 

/'y^\ 

^^ 

/d'  \ 

/   / 

:  1  1 

v.^^^^                \ 

/  /  ^ 

V 

^\\ 

Par  suite 


tri.A*0H'  =  l/6tri.  AOH. 


:292  LA    OEOMETRIE    OE    MESURB 

En  projetant  la  figure  ci-dessus  sur  un  plan  quelcon- 
que,  on  verrait  que  cette  proposilion  s'elend  au  cas 
d'un  parallelogramme. 

Si  dans  un  quadrilatere  ABCD,  on  mene  par  les  mi- 
lieux I  et  K  de  chacune  des  diagonales  une  parallele  a 
X autre  el  qu'on  joigne  le  point  de  concours  0  aux  milieux 
E,  F,  G,  H  des  cotes  du  quadrilatere,  ce  dernier  sera 
partage  en  quatre  quadrilaleres  equivalents  (Bhlne,  /"' 
.de  Crelle,  1841). 

En  effet,  menons  la  droite  FG  qui,  commc  on  le  sait, 
■  est  parallMe  h.  BD  et,  par  suite,  h  10.  Le  quadrilatere 

IFCG  est  le  quart  du 
quadrilatere  total,  car  il 
est  la  moilie  du  quadri- 
latere rentrant  IBCD,qui 
estlui-m^me  la  moiti^  de 
ABCD. 

Mais  les  quadrilat^res 
OFCG     et     IFCG     sonl 
'Equivalents,  car  ils  out  une  partie  commune   FCG  et 
les  triangles  OFG,  IFG  sont  equivalents ;  done 

quad.  OFCG  =  1/4  quad.  ABCD. 

La  demonstration  serait  analogue  pour  chacune  des 
•  aulres  parties. 

Partager  un  cercle  donne  en  un  nombre  quelconque  de 
parties  equii>alentes  entre  elles  tant  en  aire  quen  contour 
(LiiLiLLiER,  Ann.  de  Gergonne,  tome  I,  1810). 

Soit  AA/  le  diam^tre  du  cercle  a  diviser  en  un  cer- 
tain nombre  de  parlies  6quivalentes,  S  par  exemple. 
PorlageonsAA' en  5x2  =  10  parties  egales  entre  elles, 
aux  points  C,  D, ...,  D',C';  soit /-I'unedeces parties.  Des 
points  C,  D,  E,  F,  avec  les  rayons  respectifs  /•,  2r,  3r, 


DIVISION    DES   FIGURES   PLANES  29^ 

4/-,   ddcrivons   dcs  demi-circonferences    au-dessus   de 

AA' ;  decrivons  ensuite  avec   les  memes  rayons,  des 

points  C,  D',  E',  F',  des 
demi  -  circonf^rences  au- 
dessous  de  AA'.  Nous  ob- 
tenons  ainsi  5  surfaces  fi 
contour  rectiligne  qui  re- 
pondent  a  la  question. 

En  efTet,  les  long^ueurs  des 
demi-circonferences  supe- 
rieures  (y  compris  celle  de 
centre  A  ayant  un  layon  nul 

et  celle  de  centre   0  ayant  pour  rayon  5r)  forment  la 

progression  arilhmetique 

0,  Trr,         2xr,  dzr,         4'::r,          ^r.r; 

la  somme  de  deux  demi-circonferences  k  (?galc  disl.mcc 
des  extrfimcs,  comme  G  et  J  —  ou  ce  qui  revient  au 
mfime,  comme  G  et  J'  ou  J  et  G' —  est  dgale  a  la  somme 
des  extremes,  soit  h  S^r.  Ainsi,  chacune  des  lignes 
courbes  analogues  a  AGJ'A'  a  pour  longueur  la  demi- 
circonference  du  cercle  donne  ;  de  sorte  que  le  perimetre 
d'une  des  surfaces  divisionnaires  est  precisement  egal  a 
la  circonference  enliSre  et  est,  par  suite,  constant. 

D'autre  part,  les  valeurs  des  aires  des  surfaces  situeos 
au-dessus  de  AA'  forment  la  progression  arithmetique 


T.r 


Sr.r' 


Ox/" 
2 


2 


2  ' 


la  somme  des  aires  St  egaledisfnnce  des  extremes  comme 
G.H  et  I.J  (ou,  ce  qui  revient  au  meme,  comme 
G.H  et  r.J'  ou  I.J  et  li'.G')  est  dgale  a  lasomme 
des  extremes,  soit  a  Sx/-^.  On  en  d^duit  que  I'aire 
des  surfaces  divisionnaires  est  conslanleet  egale  au  1/5 
de  ceHe  du  cercle  donnd. 


294  LA    GEOMETRIE    DE    MESURB 

Dii>iser  en  cletix  parties  equwalentes  au  moyen  d'une  droite 
la  figure  ACZB  limitee  par  an  arc  de  cercle  CZB  et  par 
deux  droites  AG  et  AB  {Traite  d'EucLiDK,  3"  s.  av.  J.-C). 
Menons  BG  et  par  son  milieu  E  6ievons  une  perpen- 
diculaire  qui  rencontre  Tare  de  cercle  en  Z.  On  a 
surf.  GEZ==  surf.  BEZettri.AGE  = 
tri.  ABE;  done  surf.  AGZE  = 
surf.  ABZE.  Par  suite,  si  AEZ  est' 
une  droite,  et  alors  le  triangle  AGB 
estisocele,  leprobleme  est  r^solu. 
Dans  le  cas  oii  AEZ  est  une 
ligno  brisee,  menons  par  E  une 
parallelea  AZqui  rencontre  AC  en 
T:  TZ  est  la  droite  cherchee.  On  a  en  effet  tri.  TZA  = 
tri.EZA;  si  Ton  ajoute  a  chacun  de  ccs  triangles  la  sur- 
face ABZ,  on  aura  surf.  ABZT  =  surf.  ABZE.  Or, 
cotte  derni^re  surface  a  pour  aire  la  moitid  de  celle  de  la 
figure  donnee,  qui  est  par  suite  divisee  en  deux  parties 
equivalentes  par  la  droite  TZ. 


Mener  dans  un  cercle  donne  deux  parnUelcs  qui  coupent 
une  partie  determinee  d'lin  cercle 
D,   le   tiers  par  exemple   {Traite 

d'EuCLlDK). 

Soit  AG  le  c6t(5  du    triangle 

equilateral  inscrit  dans  le  cercle 

D.  Menons  AD  et  DG,  puis  DB 

parallele  h  AG.  Joignons  G  a  B 

et  par  le  milieu  E  de  Tare  AG 

menons  la  parallele  EZ  a  GB  : 

EGBZ  est  la  surface  cherchee. 

En  effet,  on  a   tri.  AGD=:tri.    AGB:  si  Ton  ajoute 

h.   chacun  de    ces  triangles   le   segment   AEG,    on  a 

surf.  AEGD  =  surf.  AEGB.  Mais  surf.  AEGD  =  1/3  cercle ; 

done  surf.  AEGB  =  1/3  cercle. 


DIVISION    DKS    FIGURES    PLANES 


295 


D'autre  part,  EZ  etant  parallele  k  CB,  E^==B2, 
•et  comme  Etl  =  EA,  EA  =  BZ;  si  Ton  ajoute  EB  a 
chacun  de  ces  derniers  arcs,  on  a  AB  =  E^.  Done 
corde  AB  =  corde  EZ  et  segm.  AECFB  ==  segm.  ECFBZ ; 
si  Ton  retranche  de  part  et  d'autre  le  segment  conimun 
BFG,  on  a 

surf.  AECB  =  surf.  ECBZ=  1/3  cercle. 

S'il  s'agissait  de  couper  le  quart,  le  cinquieme,  le 
sixieme,  ...  du  ccrclc,  la  solution  serait  analogue  eh 
p Tenant  pour  AG  le  cote  du  carre,  du  pentagone  rdgu- 
lier,  de  I'hexagone  regulier, ... 


Decomposer  un  cercle  donne  A  en  trois  parties  equwa- 
■lenles  par  trois  droites  (^Metriques  de  H^RON,  l*""  S.?). 
Ge  probleme  est  impossible  a  resoudre  exactement 
au  moyen  de  la  regie  et  du 
compas;  mais  Heron  en  a 
donne  une  solution  approxi- 
mative (a  1/90  pr6s  environ) 
que  nous  allons  exposer. 

Soit  GB  le  cote  du  triangle 
equilateral  inscrit  dans  le 
cercle  A;  on  menc  le  diamMre 
ED  parallele  k  GB.  La  droite 
GD  determine  un  segment 
•circulaire  GZBXD  dont  I'aire  est  sensiblement  egale  au 
tiers  de  celle  du  cercle. 

En  effet,  I'aire  du  secteur  AGZB  est  exactement  egale 
a  ce  tiers.  Si  nous  remplagons  le  triangle  GAB  par  son 
equivalent  GBD,  nousobliendrons  la  surface  mixtiligne 
GZBD  equivalente  au  secteur;  en  ajoutant  a  cette  sur- 
face le  petit  segment  BXD  dont  I'aire  est  environ  1/90 
de  celle  du  secteur  AGZB,  nous  obtenons  le  segment 
CZBXD. 


296  LA    GEOMETRIE    DE   HESURE 

La  seconde  droile  cheichuc  CD'  est  symetrique  de 
CD  pur  rapport  a  CA. 


BIBLIOGRAPIIIE 

F.  WoEPCKE.  —  Notice  sur  des  traductions  arabes  de  deux  ouvrages  perdus 

d'Euclide.  J>"  Asiat.,  2«  sem.   18S1. 
H.  ScHiiNE.  —  Herons  von  Alexandria    Vermessungslehre  und  Dioptra. 

Leipzig,  1903,  in-8". 
Gregoky.  —  Euclidis  qua-  supersunt  omnia.  Oxford,  1703,  in-fol. 
F.  WoEPCKE.  —  Analyse  et  exlraits  d'un  reciicil  de  conslructiuns  geome- 

triques  d'AboAl  Wafd.  h^  Asiat.,  1"  sem.  ISjS. 
B.  BoNcoMPAGNi.  —  Scritli  di  Leonardo  Pisano...  Rome,  18.')7-62. 
JoRDANUs  Nemorarius.  —  Le  Triangulis.  Edition  Curtze,  Tlioin,  1887. 
Ldcas  de  Burgo.  —   Summa  de   Arilhmclica,    Gcumetria,    Proporlioni  et 

Proporlionalita.  Venise,  1494,  in-fol. 
NicoLO  Tartaglia.  —  General  Irallalo  di  numcri  et  misure.  Venise,  1556- 

1560,  in-fol. 
Clavius.  —  Opera  matkematica.  Mayencc,  1612,  in-fol. 
Errard  de  Bar-le-Duc,  revu  par  Hanrion.  —  La  Geometric  et  practique 

generalle  d'icelle,  3«  ed.  Paris,  1619,  in-8». 
Simon  Stevin.  —  OEuvres  mathimatiques.  Edition  Albert Girard.  Leyde, 

1634,  in-fol. 
Abb6  Deidier.  —  La  Science  des  gdometres.  Paris,  1739,  in-4». 
EuzET.  —  Nouvelle  methode  pour  divisor  un  pobjgone  en  parlies  propor- 

Uonnelks.  Nouv.  Ann.  de  Math.,  1854. 


CHAPITRE  V 

STEKCOMETRIE 


§  1.  —  Corps  polyedraux. 

Prisnie.  —  On  a  cerlainement  su  determiner  le  vo- 
lume duparallelepipede  droit  etvraisemblablementcelu 
du  prisme  droit  des  la  plus  haute  Antiquite.  La  con- 
naissance  de  la  mesure  du  prisme  oblique  est  sans  doute 
plus  recente.  Euclide(3''  s.  av.  J.-C),  dans  ses  Elements, 
ne  traite  que  Ic  cas  particulier  du  parall^lepip^de  obli- 
que ;  on  ne  trouve  I'etude  du  cas  general  que  dans  les 
Metriques  de  Eeron  (1"  s.  ?). 

Pyramide.  —  figyptiens.  —  Les  Egyptiens  connais- 
saioiit  probublenient  la  mosure  exacte  de  la  pyramide, 
cai'  <;tant  donne  le  j^rand  nombre  de  monuments  de 
celle  forme  edifies  par  eux,  ces  grands  constructeurs 
out  du  noccssairemcnt  se  rendre  compte  des  volumes 
de  matdriaux  ([u'ils  employaient. 

Un  second  argument  vient  a  I'appui  de  ce  que  nous 
venons  de  dire.  Nous  Irouvons  dans  le  Manuel  ^' \.\mts 
(2  000  av.  J.-C.)  diverses  questions  relatives  au  calcul 
de  i'un  des  trois  elements  suivanls  d'une  pyramide  r^- 
gulierc  a  base  carrce  SARCD  lorsqu'on  connait  les 
deux  aulres  :  lu  dcmi-diagonale  AO  de  la  base,  I'arfite 


-298 

SA  et  Ic  rapport 


LA     GliOMlJTIUE    OR    MISL'ltK 

SA 


ou  sef/i(')  (io  I.i  (iomi-diagonale  k 


I'arfiU;.  Voici  par  cxomple  la  pre- 
iTiicre  tie  ces  questions. 

«  R5gle  pour  calculer  une  pyra- 
jnide  de  360  coudees  h  la  diagonale 
(1(5  la  base,  250  coudees  a  rarele. 
Donne-raoi  son  rap})ort. 

Fais  la  moitio  de  300,  ce  qui 
<lonne  180  [AO] ;  divise  180  par  2o0 

ISA],  cela  faitii— .» 
'-      -"  2  5  50 

Lc  rapport  cherche  est  done  —  —  — :  il  est  donne,  con- 

formement  k  I'lisage  dgyptien  et  grec,  sous  forme  de 
fractions  ayantl'unite  pournumerateur;  on  ad'ailleurs 

1^      !_      _1__36_180 

2  5  50  ~"  50  250'* 
Les  probl^mes  dont  nous  venons  dc  donner  un  sp(5- 
cimen  se  posaient  lors  de  la  construcLion  des  tombeaux  ; 
leur  connaissance  est  surprenante  pour  I'epoque  et 
montre  bien  que  les  Egyptiens  avaient  pousse  assez  loin 
I'etude  des  proprietes  de  la  pyramide. 

Grecs.  —  Nous  savons  par  un  passage  d'ArcbimSde 
que  EuDOXE  (4*  s.  av.  J.-C. )  est  le  premier  qui  ait  demon- 
tre  la  proposition  suivante:  «  Une  pyramide  est  le  tiers 
d'un  prisme  qui  a  la  meme  base  et  la  m6me  hauteur.  » 
On  reirouve  cctte  proposition  dans  les  Elements  d'Eu- 
CLiDE  (3*  s.  av.  J.-C). 

H^RON,  dans  ses  Metriques  (1"  s.  ?)_,  donne  comme 
exemple  lc  calcul  d'une  pyramide  oblique  dont  la  base 
est  un  pentagone  regulier. 


(*)  Ce  que  noas  appclons  uujourd'liui  lc  sinus  de  Tangle  ASO. 


STtREOMETRIE  29{) 

N  Dans  la  Collection  heronienne, -on  trouvc  plusieurs 
probl6mes  ou  il  s'agit  de  determiner  le  volume  d'une 
pyramide  isocele  a  base  carree  ou  triangulaire  connais- 
sant  I'arete  et  les  cotes  de  la  base. 

Hindous.  —  Aryabhatta  (6*  s.)  donne  une  rhgle 
inexacte  :  «Le  demi-produit  de  la  base  par  la  bauteur 
est  le  solide  a  six  aretes.  » 

En  revanche,  Brahmegupta  (7"  s.)  et  Bhaskara  (12* s.) 
savent  calculer  exaclement  le  volume  de  la  pyramide. 
Voici  par  exemple  le  precepte  du  premier  relatif  k  cette 
question  :  «  L'aire  de  la  figure  plane  mullipliee  par  la 
profondeur  donne  le  contenu  de  I'excavation  (')  regu- 
liere  [prismej ;  et  celui-ci,  divise  par  3,  est  le  contenu 
de  I'aiguille  [pyramide].  » 

Arabes.  —  Mohammed  ben  Moussa,  dans  la  partie  geo- 
metrique  de  son  Algehre  (vers  820),  donne  la  regie  sui- 
vante :  «  Pour  la  pyramide,  qu'elle  soit  triangulaire, 
quadrangulaire,  circulaire,  tu  multiplies  un  tiers  de  la 
superficie  de  sa  base  par  sa  colonne  (hauteur),  c'est  \k 
sa  mesure.  » 

A  noter  que  Mohammeh,  comme  d'aillenrs  les  Hin- 
dous, ne  fait  pas  de  distinction  entre  la  pyramide  et  le 
c6ne. 

Tronc  de  pyramide.  —  figyptiens.  —  Le  Manuel 
d'AHMEs  (2  000  av.  J.-C.)  contient  la  question  ci-apr^s: 
«  R6gle  pour  calculer  un  grenier  quadrangulaire  de 
10  coud^es  de  longueur,  10  de  largeur  et  10  de  hauteur. 
Combien  contient-il  de  ble?  » 

L'auteur,  apres  avoir  fait  le  produit  de  la  base  par  la 
bauteur,  ajoute  a  ce   produit  sa  moilie,  ce  qui  donne 


(1)  Dans  la  section  des  ouvrages  hindous  qui  traite  de  la  determina- 
tion des  volumes,  il  est  toajours  question  de  trouver  le  contenu  d'une 
excavation.  Gctte  section  portc  d'ailleurs  le  titre  :  «  Excavations  ». 


300  LA    GKOMKTRIE    I)E    MESl'RE 

1500:  c'est  ce  qu'il  considere  comme  le  volume;  puis 
il  prend  1/20  de  1500,  afin  d'obtenir  le  resullat  en 
mesures  de  capacite  pour  les  grains. 

Eisenlohr,  le  Iraducteur  du  celebrc  papyrus  Rhindqui 
renferme  le  Manuel^  pense  qu'il  s'agit  d'un  volume  py- 
ramidal tronqu^  a  bases  carrees,  et  que  la  longueur  et 
la  largeurdonneesse  rapporlent  a  la  petite  base  ;  le  rap- 
port entre  les  cotes  des  deux  bases  etait  sans  doute  tou- 
jours  le  meme  dans  les  greniers  t'gypliens,  ce  qui 
expliquerait  I'absence  d'indicalions  du  papyrus  sur  les 
dimensions  de  la  grande  base. 

Voici  comment  on  pent  determiner  ce  rapport  enlrc 

les  c6tds  a  et  a'  des  grande  et  petite  bases.  La  hauteur 

etant  designee  par  h,  le  volume  calcule  par  la  regie  ci. 

3 
dessusest  —a'^h.  Or,  la  Colleclion  lieroniennecontient 
2 

pour  la  determination  du  volume  du  Ironc  de  pyramide 
la  formule  approchee  h  |  — ^--  |  ,  qui  pent  tres  bien^tre 

d'origine  egyptienne  ;  on  peut  done  ecrire,  en  consi- 
derant  cetle  derniere  liypothese  comme  fondee, 


d'oii 


et 


h'"'- 

-f-t 

{a+aj: 

=  Q>a'\ 

a-^a': 

=  2,45«' 

a 
a' 

=  1,43. 

-'^y 


En  admetlant  m6me  que  les  Egypliens  aient  connu 
la  r^gle  exacte,  qui  so  traduit  comme  on  sail  par  la  ioT- 

mule  -(fZ-j-a'^-l-aa'),  on  arriverait  en  procddant 
comme  ci-dessus  ^la  valeur-- =:  l,44,quicoiLncidcsen- 
siblemcnt  avec  la  precedente. 


STEREOMETRIE 


301 


Eisenlohr  a  d'ailleurs  releve  sur  un  document  %yp- 
tien  I'image  d'un  reservoir  a  bid  dont  les  dimensions 
s'accordenl  avec  le  r^sultat  que  nous  venons  d'obtenir. 

Grecs.  —  Euclide  ne  traite  pas,  dans  ses  Elements 
(3*  s.  av.  J.-C),  de  la  mesure  du  tronc  de  pyramide. 
H6R0N,  dans  ses  Metrifjues  {{"  s.T),  donne  une  regie  ele- 
gante et  curieuse  qui  peut  se  traduire  ainsi :  Le  volume 
du  tronc  de  pyramide  triangulaire  a  bases  paralleles  est 
equivalent  a  deux  prismes  ayant  pour  hauteur  cells  du 
tronc  et  pour  bases,  le  premier  un  triangle  dont  les  cotes 
sont  les  demi-sommes  des  cotes  homologues  des  bases  du 
tronc,  et  le  second  le  tiers  d^un  triangle  dont  les  cotes  sont 
les  demi-differences  des  mimes  cotes  homologues. 

En  effet,  soit  letroncdepyramideABCDEZde  hauteur 
h  ;  menons  par  Eun  plan  parallele  a  DACZ  qui  coupe 
ABC  suivant  HT  ;  on  a  AH=  DE,  CT  =  ZE.  Soit  N  le 

milieu  de  HT ;  les  plans 
DEN,ZENcoupentABC 
suivant  les  droites  XNL 
et  MNK.  XN  est  egale  et 
parallele  a  DE  et  AH  ; 
MN  est  egale  et  paral- 
lele a  CT  et  ZE  ;  par 
suite,  N  dtant  le  milieu 
de  HT,  K  et  L  sont  res- 
peclivement  les  milieux 
de  BH  et  BT.  De  plus,  AXNH  et  MCTN  sont  des  paral- 
lelogrammes  equivalents,  car  ils  ont  meme  hauteur  et 
■des  bases  dgales  HN  et  NT. 

On  peut  alors  decomposer  le  tronc  de  pyramide  don- 
ii6  comme  suit: 

Vol.  pr.  XMNEDZ  3=  tri.  XMN  X  A, 

Vol.  pr.  AXNHED  =  1/2  parall.  AXNH  x  h 

=  l/2parall.MGTNxA, 


302  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 

Vol.  pr.  MCTNEZ  =  1/2  parall.  MCTN  x  h. 
Vol.  pyr.      EHTB  =  1/3  tri.  HTB  x  h 

=  (tri.NTL-f-l/3tri.NTL)x^. 

On  en  ddduit,  en  faisant  la  somme  de  ces  relations-- 
membra  a  membre, 

Vol.  tr.  depyr.  =/i(tri.  XMN-f- parall.  MCTN+tri.  NTL 
+ 1/3  Iri.  JNTL)  =  A  (tri.  XGL-h  1/3  tri.  JNTL). 

Or,  si  Ton  d^signe  par  a,  6,  c  les  c6l6s  de  la  grande 

base,  par  a' ,  b',  c',  les  cotes  homologues  de  la  petite  base, 

les  c6t6s  du  triangle  NTL  ont  respectivement  pour 

1  r  rr      a  —  a'         ^,„,      b  —  b'  tat      c — c' 

valeur  LT=— ^,       ^i^  —  —^,       LN  =  — ^; 

ceux  du  triangle  XCL  ont  pour  valeur        CL  =  CT+LT 
=  a'  -h  ^^~  =  ^±^ ,  XC  =  XM  +  MG 

=  XM  +  NT=^4^,        LX=3AK=^^t£'. 
2  2 

On  a  done  bien  la  proposition  annoncee. 

Dans  une  autre  question,  H6ron  dtend  son  proc^dd 
kla  recherche  du  volume  d'untronc  de  pyramide  a  bases 
carr(?es.  Si  Ton  designe  par  a  et  a'  les  cotes  des  bases, 
la  regie  de  Heron  revient  a  appliquer  la  formule 

Ilsuffit,  eneffet,  de  diviser  le  tronc  de  pyramide  en 
deux  parties  egales  par  un  plan  diagonal  et  d'appliquer 
la  r^gle  donnee  ci-dessus  a  chacun  des  troncs  de  pyra- 
mide triangulaires  ainsi  obtenus.  On  determine  de  cotle 
faQon  sur  la  grande  base  du  solide  considere  deux 
groupes  de  deux  triangles  rectangles  isocelesdgaux,  I'un, 


STEREOMETRIE  305- 

de  ces  triangles  de  c6te  ^—~-  correspondant  a  XCL, 

I'autre  de  cole  -^ — ,  correspondant  a  NTL;le  premier 

groupe  forme  un  carre  d'aire  riztif  \    et  I'autre  un 

,        .     fa—a'Y  \     2     y 

carre  d  aire  (  |  . 

Cette  regie  seretrouve  dans  la  Collection  heronienne. 

Hindous.  —  Brahmegupta  (7*  s.)  donni;  les  trois  regies 
suivantcs,  dans  son  Arithm&lique,  pour  le  calcul  d'une 
excavation  en  forme  de  tronc  de  pyramide  a  bases  car- 
rees. 

«  L'aire,  deduite  des  moities  des  sommes  des  c6tes 
au  sommet  et  au  fond,  etant  mullipliee  par  la  profon- 
deur,  est  la  mesure  pratique  du  contenu. 

La  moitie  de  la  somme  des  aires  au  sommet  et  au 
fond,  multipiice  par  la  profondeur,  donne  le  contenu 
grossier. 

Soustrayant  le  contenu  pratique  de  I'autre,  divisant 
la  difference  par  3  et  ajoutant  le  quotient  au  contenu 
pratique,  la  somme  est  le  contenu  exact.  » 

Si  Ton  represente  par  a  et  a'  les  cotes  des  bases  su- 
p^rieure  et  inferieure,  par  h  la  hauteur,  les  formules 
traduisant  les  regies  ci-dessus  sont  les  suivantes  : 

h  ( -~ —  J  (formule  pratique),         (4) 

/i  — IT —         (formule  grossiere),         (2)^ 


2 


(formule  exacte).         (3) 

On  constate,  en  elTet,  que  cette  derniere  formule, 

simplifiee,  se  rdduit  a  —  (a^  -f-  a'^  -j-  aa'),  expression  qui 
o 


304 


LA    GEOMETRIE    DE    MESL'RB 


represente  bien  le  volume  du  Ironc  de  pyramide  a  bases 
carries. 

Un  commentatenr  de  Brahmej^upta  applique  ces  re- 
gies au  cas  ou  a  =  10,  a' =  6,  h  r=  30  et  Irouve : 
avec  (1),  1920  ;  avec  (2),  2040;  et  avoc  (3),  1960. 

Dans  I'article  suivant,  quia  pour  objet  la  determina- 
tion du  volume  d'un  solide  h  bases  paralleles,  nous  in- 
diquerons  le  precede  remarquable  employ^  par  Bhas- 
KARA  pour  le  calcul  du  contenu  d'une  excavation  en 
forme  de  ironc  de  pyramide. 

Arabes.  —  Dans  la  partie  geometrique  de  son  Alge- 
hre,  Mohammed  ben  Moussa  (9*  s.)  calcule  commc  suitle 
volume  d'un  pilier  en  forme  de  pyramide  tronquee 
dont  les  bases  carrees  ont  respectiveraent 
2  et  4  de  cdte  et  dont  la  hauteur  est  10. 

On  peut  considerer  ce  volume  comme 
la  difference  de  deux  pyramides  ayant 
respectivement  pour  bases  les  grande  ct 
petite  bases  du  ironc.  Le  c6te  de  la  grande 
base  etant  le  double  de  celui  de  la  petite, 
la  hauteur  H  de  la  pyramide  eniidre  est 
le  double  de  cellc  de  la  pyramide  a  retran- 
chcr  et  par  suite  de  celle  du  ironc  :  on  a 
done  Hrz=10x2  =  20.  Le  volume  du  tronc  de  pyra- 
mide est  en  consequence  egal  a 

4^X20       2^x10 


3 


93  1/3. 


Solide  t\  bases  paralleles.  — On  salt  que  le  volume  V 
d'un  solide  compris  cntre  deux  plans  paralleles  et  une 
surface  engendr^e  par  une  droitc  est  donnee  par  la  re- 
lation suivante,  qu'on  appelle  sou  vent  formule  des  Irois 
j  niveaux ;  , 

Y  =  v(B4-B'-4-4B"),  (1) 


STEKliUMliTKIE 


305 


oil  h,  B,  B'  el  B"  representent  respeclivement  la  dis- 
tance des  deux  bases,  la  base  inferieure,  la  base  supe- 
rieure  et  la  section  faile  a  ^gale  distance  des  bases. 

Cetle  fornnule  s'ef.end  an  cas  ou  la  surface  laterale  est 
une  surface  courbe  remplissant  certaines  conditions. 
Elle  s'applique  h.  un  grand  nombre  de  volumes  usuels, 
a  telle  enseigne  que  M.  Casimir  Rey,  qui  en  a  fait 
I'etude  en  1886,  I'a  denommee  «  Omniformule  de  cu- 
balure  ».  M.  Baillarge,  de  Quebec,  sous  le  titre  :  «  Le 
Slereomctricon  —  Nouveau  systeme  de  toiser  tous  les 
corps  par  une  seule  et  meme  regie  »,  a  public  en  1884 
une  brochure  oii  setrouvent  reunis  deux  cents  des  so- 
liiies  dent  la  formulc  (1)  permet  de  determiner  le  vo- 
lume. 


Grecs.  —  HiSrox,  dans  ses  Metriques  (1"  s.  ?),  traite  le 
cas  particulier  oii  le  solide  ABCDGKZII  a  pour  bases- 
extremes  des  rectangles  semblables  ou  non  entre  eux  ; 
le  solide  correspondant  etait  appele  «  bomisque  » 
(autel)  chez  les  Grecs  :  c'est,  comme  on  le  sait,  la  forme 
du  tas  de  sable,  dans  le  cas  oh  les  centres  des  deux  rec- 
tangles se  trouvent  sur  une  memo  perpendiculaire  aux 
bases. 

Voici  le  proccde  employe  par  le  savant  Alexandrin 

pour  determiner  le  vo- 
lume d'un  pareil  solide, 
procede  qui  le  conduit  h 
une  regie  differcntc  de 
cello  resultant  de  la  for- 
mulc (1). 

Menons  les  plans  KZHU 
el  LIIGN  respeclivement 
paranoics    a    AEGD    et 
BZEA;ilscoupentABCD 
suivant  les  droites  KU  el  LN  et  sc  coupent  enlre  eux 

FouuREY.  —  Curios,  geom.  20 


306  LA     GKOMJiTRIE    DE    MESURE 

suivant  RH.  Tirons  enfin  par  les  milieux  F  de  KB  et 

Y  de  LG  des  paralleles  FM  et  YT  k  AD  et  A  I?. 

On  peut  alors  de'composer  comme  suit  le  solide  con- 
sidere,  de  hauteur  /i. 

Vol.  paralleldp.  All  =  reel.  KANR  x  h, 
Vol.  pr.  KH  =  1/2  r(M:t.  BKRL  x  h 

=  roct.FKRPx-'i, 
Vol.pr.  DH  =  1/2rect.  RNDUx/^ 

=  Roct.  RNTOx/', 
Vol.  pyr.  HLRUG     =  1/3  rect.  LRUC  x  h 

=  4/3roct.  PROXx>^. 

On  en  d^duit,  en  faisantlasomme  membre  a  inerabre, 

V  =  A  (reel.  FATX  -|-  1/3  rect.  PROX). 

Or,  si  Ton  designe  par  a  et  A,  a'  et  0'  les  cotes  des 
deux  bases,  cette  relation  devient 

Y  ^  ;,  /«  +  «; .  t±K  ^i/3  ^—£L  .  L-I'X        (2) 

V  2  2  '         2  2     /         ^  ^ 

Cette  formnle,  traduction  de  la  r^gle  de  Heron  et  qui 
est  d'ailleurs  equivalente  a  la  formule  (1),  est,  comme 
on  le  voit,  donnee  sous  une  autre  forme  que  la  suivante : 

V  =  I  [/>(2a  -}-  a')  +  h'  (2a'  -f-  «)], 

0 

habitucUement  indiqude   dans  nos  traites  actuels  de 
geomelrie  pour  le  volume  du  tas  de  sable. 

Heron  en  fait  I'application  ci-apres:  a  =  20,  «'=  16, 
/.'  =  i2,    6' =  3,    /i=:10;    il   donne   le    r^sultat  exact 

V  =  1380. 

On  retrouve  celte  regie  dans  la  Collection  hdronienne. 

Remarquons  enfin  que  si  les  rectangles  de  base  de- 
viennent  des  carrds,  autrement  dit  si  «  =  i,  «'  =  b\  le 
solide  consid^re  devient  un  tronc  de  pyramide ;  la  for- 


STEREOMETRIE      -  307 

Tiiulc  (2)  se  transforme  en  une  relation  d^j^  donn^e  k 
I'urticle  precedent,  et  egalement  indiqu(5e  par  Heron, 
pour  le  calcul  du  volume  du  tronc  de  pyrainide  a  bases 
-carr(Ses. 

Hindous,  —  Nous  avons  ete  veritablement  surpris  — 
car  nous  ne  croyons  pas  que  le  fait  ait  ete  signale  — 
de  trouver  dans  la  LUd^>ati  de  Bhaskara  (12'  s.)  une 
application  incontestable  de  la  formule  des  trois  niveaux. 
L'auteur  hindou  indique  pour  le  calcul  du  contenu 
d'une  excavation  en  forme  de  tronc  de  pyramide  k  bases 
paralleles  rectangulaires  la  regie  ci-apres  : 

c<  La  somme  des  aires  au  sommet  et  au  fond  et  de  Taire 
resultant  de  la  somme  [des  cotes  au  sommet  et  au  fond], 
etant  divisee  par  6,  le  quotient  est  Taire  moyenne  : 
celle-ci,  multipliee  par  la  profondeur,  est  le  volume 
moyen.  » 

II  utilise  ensuite  cette  regie  pour  c^alculer  le  contenu 
d'une  excavation  dont  la  bautcur  est  de  7  coudees,  dont 
le  rectangle  du  sommet  a  pour  dimensions  12  et  10 
coudees  et  le  rectangle  du  fond,  6  et  S.  L'aire  du  pre- 
mier est  12x10  =  120,  celle  du  second  6x3  =  30; 
Taire  du  rectangle  ayant  pour  cotes  la  somme  des  cotes 
correspondants  des  deux  bases  est 
(1 2  4-  6)  (1 0  -H  3)  =  270  :  cette  aire 
est  precisement  quadruple  de  la 
section  equidistante  des  bases, 
comme  le  fait  remarquer  Ganesa, 
un  commentateur  de  Bha,skara.  Le 
sixiemedela  somme  1204-30-|-270 
=  420,  soil  70,  est  l'aire  moyenne; 
le  produit  par  7  donne  pour  volume  490.  G'est  bien 
exactement  le  calcul  auquel  on  aurait  ^te  conduit  en 
■appliquant  la  formule  (1). 

£poque  moderne.  —  Nous  ne  nous  arreterons  pas  k  d(5- 


308  LA    GliOMliTRIE    DE    MESUBE 

montrer  I'exactilude  do  la  formule  des  trois  niveaux 
dans  le  cas  simple  oil  ies  faces  laterales  sont  des  trian- 
gles ou  des  trapezes  :  on  tiouvera  cette  demonstration 
dans  la  plupart  des  traites  de  gdometrie.  Nous  nous 
contenterons  d'on  donner  un  rapida  historique. 

C'est  au  savant  italicnToRRicKLLi  (1644)qu'on  doit  Ies 
premieres  applications  de  cette  formule.  Newton  au 
17*  siecle,  MACLAURiN.et  Sbipson  au  18'',  Sieiner  au  19* 
en  ont  generalise  Temploi. 

EUe  a  et«^  retrouvec  par  le  professeur  fran^ais  Sarrus, 
vers  le  milieu  du  19*  siecle,  dans  Ies  circonstances  sui- 
vantes(Tli.  Sclineidcr,  Pe/?/r^^^2^.sdul5novembrcl895): 
«  Le  savant  Sarrus  qui  enseignait,  il  y  a  qnarante  ans, 
le  calcul  dilTerentiel  et  int^-gral  a  la  Faculte  des  Sciences 
de  Strasbourg,  se  trouvait  un  jour  dans  une  brasserie 
oil  il  allait  parfois  se  desalterer.  La,  il  fut  sollicite  par 
un  tonnelier  de  vouloir  bien'lui  indiquer  une  formule 
de  jaugeage  des  tonneaux  5.  la  fois  sijnple  et  exacte. 
Sarrus  y  consentit  avec  sa  bienveillancc  accouluraee  ; 
mais  craignant  peut-filre  que  le  procede  qu'il  indiquait 
a  son  inlerlocuteur  ne  parut  a  celui-ci  un  pen  trop 
complique,  il  promit  pour  le  Icndcmain  la  formule  la 
plus  simple  qu'il  fut  possible  d'etablir.  II  tint  parole, 
en  effet,  et  apres  avoir  decouvert  le  tlicorcme  general 
[exprime  par  la  formule  (1)],  il  s'emprcssa  de  le  traduire 
au  tonnelier  par  la  regie  suivante  :  «  Elevez  Ies  deux 
diametres  au  carrd  ;  ajoutez  au  carre  du  grand  la  moi- 
lie  du  carre  du  petit ;  mullipliez  la  somme  oblenuc  par 
la  longueur  du  tonneau  et  enfin  le  nouveau  produil  par 
0,5236.  »  II  est  facile  de  verifier  que  si  dans  la  formule 

'(l)onfaitB:=B'  =  — ,    B"  =  ^\f/et  D  ddsignant 

4  4 

Ies  diamMres  du  fond  et  de  la  section  mediane,  on  a 
cffeclivcraent  V  =  (^D^  +  ^^A  x  | ,      ou  ^  =  0,5236. 


STEREOMliTRlE  309 

Enfin,  M.  Nievvknglowski  a  determine  en  189i  a 
qiielles  conditions  doit  satisfaire  un  solide  pour  que  la 
formule  des  trois  niveaux  lui  soil  applicable. 


Mur.  — •  Dans  la  3^  partie  (1560)  de  son  Tmite  gene- 
ral des  Nombres  et  des  Mesures,  Je  mathematicien 
italien  Tartaglia  donne  une  regie  simple  pour  le 
calcul  du  volume  d'un  mur  limitant  un  espace  rec- 
tangulaire.  Si  Ton  designe  par  A  la  hauleur  du  mur, 
par  e  son  epaisseur  constante,  par  /-^  et  /;,•  les  peri- 
metres  exterieur  et  inlerieur,  cette  regie  se  traduit 
par  la  formule 


y  =  h.eP^±^.  (1) 

2  ^  ^ 


I- 


En  represenlant  par  a'  et  //  Jes 

'%/A^m^yyym/7w/mmM       cotcs   du    rectangle    intericur,    la 


surface    du    mur    en    plan    a    en 
effet  pour  expression 

e(2«'H-26'-H40  =  e[(</'H-2e-h^/-f-2e)  +  («'  +  <J')] 

\2       2 

On  en  ddduit  immedialemenl  la  formule  (1). 

On  pent  etendre  cette  formule  au  cas  d'un  mur  limi- 
tant >une  surface  polygonale  quel- 
conque.  Si  nous  prolongeons  les 
coles  intcrieurs,  commc  I'indique 
la  figure  ci-contre,  nous  obtenons 
deslosanges  aux  sommets,  puisque 
les  c6t^s  intcrieurs  et  exterieurs 
sont  des  parallelcs  equidistantes  ; 
en  ayant  egard  aux  notations  de  la 
figure,  on  a  pour  la  surface  du  mur  en  plan 


310  LA    UEOMl^TItlH    OE    MKSURE 

'a-\-a'  _^h  -\-h'      c-\-c!      d-\-  d' 

1 .        [ _ — 

2  2  2  2 


_^  /p-i-d^i/\   ^    /q-t-f-{-r\  _|_  /„'+/,'  +  ,  -hd'+fyt 

Tartaglia  clcnd  sa  r&gle  au  cas  d'un  mur  de  tour 
ronde.  En  designant  par  /  ot /'  les  rayons. exleiicur  et 
inlericur,  on  a  en  eflet  comine  surface  en  plan 

BIBLIUCRAPUIE 
Voir  a  la  fin  du  cliapitre. 

§  2.   —  Corps  ronds. 

Cylindrc.  —  On  peut  faire  ici  les  memes  rcmarques 
qu'a  projios  du  prisme.  Euclide  ne  traile  que  le  cas  du 
cylindrc  droit ;  ild;KON,  dans  ses  Metriques,  etudie  lecas 
general  d'un  cylindrc  oblique*  abase  quelconque. 

Cone.  —  Grecs,  —  Une  citation  d'Archim^de  nous 
montre  que  c'est  h.  Eldoxe  (4*  s.  av.  J.-C.)  qu'on  est 
dgalement  redevable  de  la  proposition  suivante  qu'on 
retrouve  dans  les  Elements  d'EucLiDE :  «  Un  cone  est  le 
tiers  d'un  cylindre  qui  a  la  meme  base  et  la  meme 
hauteur  ».  Mais  il  ne  s'agit  ici  que  du  c6ne  circulaire 
droit. 


STEBEOUETRIE 


311 


H6R0N,  dans  ses  Meiriques^i"  s.  ?)  calculo  le  volume 
d'un  cone  oblique  dont  la  base 
est  un  cercle  de  diametre  10  et 
dont  la  hauteur  est  8.  11  trouve 
H 


21' 


en  pre- 


comme  resultat  209 

nant  tc=--.    Sa  regie,  qui  re- 

vient    a    appliquer    la    formule 


Fig.  extraite  Acs  Melriques 

dans  la  Collection  heron ienne  sous  la  forme 


V  =  —  X  —  X  -  »  est  reproduiLe 

4        7        3  ^ 


Hinrloiis  et  Arabes.  —  Les  regies  donn^es  pour  la  pyra- 
mi(l(>  s  up[)li(|uent  egalement  au  cone,  les  llindous  et 
les  Arabes  ne  iaisant  pas  de  distinction  enlre  les  deux 
solides. 


Tas  de  rjrains.  — Les  ouvrages  math^maliques  hin- 
dous  renferment  des  regies  pratiques  pour  determiner 
la  contenance  des  tas  de  grains.  Nous  suivrons  lei  la 
Lilai>ati6ii  Bhaskara  (12"  s.). 

Lorsque  sur  une  aire  plane,  on  verse  en  tas  des  grains 
de  ble,  ceux-ci  se  disposent  en  forme  de  cone  circu- 
laire  droit ;  suivant  I'espece  du  grain,  la  hauteur  de  ce 
cone  est  plus  ou  moins  grande.  Bha,skara  admet  que 
cette  hauteur  est  le  1/10  de  la  circonference  de  base 
pour  le  «  grain  grossier  »,  le  1/11  pour  le  «  grain  fin  » 
et  le  1/9  pour  le  «  ble  barbu  ». 

Ayant  alors  ^  calculer  la  contenance  d'un  tas  de  ble 
grossier  dont  la  circonference  c  est  donnee  en  coud6es, 

I'auteur  hindou  prend  le  1/6  de  la  circonference  ( -^ 


312  LA    UEOM^TUIE    DE    MESUHB 

qu'il  el5ve  au  curre  ( -7^  ),  ol  il  mulllplie  le  r^sultal  par 

la  hauteur/— I,  cenuidonne  uueconlenance  de 

\10/         ^  0^X10 


coud^es  cubiques  ou  mieux  de-— —-c/iaris.  le  c'liari 

^  36x10  - 

elant  la  mesure  de  capacile  de  la  coiitenaiice  d'une 

coudce  cubiquc. 

Le  rayon   de  base  etant  —    et  la  liauleur  -— -  ,  la 

2-  10 

contenance    exacle    du    las   serait   de    —(7—)    X  - - 

6  \2tJ  10 

= .  Le  rapport  de  la  contenance  indinuce  [;ar 

12zXlO  *^       •  *        ^ 

BhtisUara  et  de  la  contenance   exacle  seiait  done  egal  h. 

—  ou  h  1,0472;  la  premiere,  qui  est  un  peu  su|;crieure 
o 

h  la  seconde,  revient  ci  prendre  'r:  =  '3. 

Appliquant  cette  regie  h  c=GO,  le  matliematicion 
hindou  trouve  comme  resullat  GOO  c'haris;  la  conte- 
nance exacle  serait  1572, D58. 

'  Bhaskara    fait    en    outre 

ol)Scrver  que  si  le  las  est 
applique  soil  le  long  dun 
mur,  soil  h  Tangle  intericur 
de  deux  murs  a  angle  droit, 
soit  a  Tangle  exterieur  de 
ces  deux  murs,  la  circonfe- 
renca  entiere  doitelre  mullipliee  par  1/2,  1/4  ou  3/4. 

Tronc  dc  cone.  —  figyptiens,  —  Le  Marine!  d'AiiMfis 
(2  000av.  J.-C.)donne  un  precede  pour  calculer  la  con- 
Icnance  d'un  grenier  rond  de  9  coudecs  de  dianietrc  et 
de  10  coudees  de  hauteur. 

L'auleur  procedc  comme  pour  le  cas  du  grenier  qua- 

dran^ruluire :  en  uliiisant  /— ')   comme  valeur  de  z,  il 


STERUOMKTRIE 


313 


calculo  la  base,  puis  il  la  multiplie  par  3/2  pour  oblenir 
le  volume. 

On  peut  d'ailleurs  Id  faire  les  m^mes  remarques 
qu'au  §  1.  Le  grenier  dont  il  s'agit  est  vraisemblable- 
mcnt,  en  forme  de  ironc  de  cone "  le  diamotre  donne  est 
celui  do  la  petite  base  et  le  rapport  des  diametres  des 
deux  bases  est  d'environ  1,45. 

Grecs.  —  Euclide  (3*  s.  av.  J.-C.)  ne  traite  pas  de  la 
mesure  du  tronc  de  cone.  H^ron,  dans  ses  Metrirjues 
(1"  s.  ?),  donne  une  regie  qui  revient  a  appliquer  la  for- 
mule 


Y  =  T 


4 


+  1/3 


-)1 


0) 


ou  h,  r  etr' representent  respectivementla  hauteur  du 
tronc,  les  rayons  des  grande  et  petite  bases. 

Cette  formule,  qui  est  I'analogue  de  celle  ddja  ren- 
contrt^e  (§  1)  pour  le  tronc  de  pyramideabases  carrees, 
est  preferable  ci  la  formule  equivalente 


V  =  ::~(r^-|-r'--hrr') 

employee  de  nos  jours,  car  elle 
exige  une  multiplication  de 
mo  ins. 

Voici,  en  substance,  le  procM^ 
de  Heron  pour  demontrer  I'exac- 
titude  de  cette  regie.  Soit  le  tronc 
de  c6ne  circulaire  droit  EZ  de 
volume  C,  diff(5rence  des  c6nes 
de  hauteurs  HZ  et  HE  et  de  vo- 
lumes V  et  v.  On  lui  circonscrit 
nn  Irene  de  pyramide  SK  h  bases 
carrees,  de  volume  P,  difference  des  pyramides  d'ardtes 


314  LA    GEOMliTRIE    1)E    MESUHE 

HK  et  HS  el  de  volumes  V,  et  V{.  On  a 

X— M'-Xi        d'  '         \ _\' ^y—y    c 


Mais 


C__  V_1/3Kr\HZ_x 
P  "~  V,  ~  ip  4r^ .  HZ  ~  4 


Onendeduit  C  =  P.^.  (2) 

4 

En  appli quant  la  r^gle  Ironvt'c  (§  1)  pour  le  tronc  de 
pyramidea  bases  cairees,  on  peut  eciire 

P  =  h  [(r  +  rj  -h  i  /3  (r  —  rj]. 

Remplagant  dans  (2),  on  en  deduit  ais6ment  la  for- 
mule  (1). 

Cette  formule  (1)  est  egalement  appliquee  dans  la 
Collection  heroniemie,  en  meme  temps  que  la  formule 
acluelle. 

Sphere.  —  Archinede,  —  Chez  aucun  peuple, 
anterieuiement  a  Archimede  (3^  s.  av.  J.-C),  on  ne 
trouve  de  document  ou  la  mesure  de  la  sphere  soil 
traitee,  meme  simplemenl  au  point  de  vue  pratique. 
L'illustre  geometresyracusain  a  montre  une  fois  de  plus 
I'originalile  de  son  genie  en  dtablissant  dans  son  ou- 
vrage  Sur  la  sphere  et  le  cylindre  les  propositions  sui- 
vanles  : 

«  La  surface  d'nne  sphere  quelconque  est  quadruple 
d'un  de  ses  grands  cercles. 

Une  sphere  quelconque  est  quadruple  d'un  cone  qui 
a  une  base  ^gale  a  un  grand  cercle  de  cette  sphere  et 
une  hauteur  dgale  au  rayon  de  cette  m6me  sphere. 

Le  cylindre  qui  a  une  base  egale  5,  un  grand  cercle 
d'une  sphere  et  une  hauteur  egale  au  diametre  de  celte 
sphere  est  egal  a  trois  fois  la  moilie  de  cette  sphere, 


STEREOMETRIE  315- 

et  la  surface  du  cylindre,  les  bases  etant  comprises,  est 
aussi  c^ale  a  trois  fois  la  moitie  de  la  surface  de  cetle 
monic  sphere.  » 

Ccst  de  cette  derniere  decouverte  qu'Archimede  parait 
avoir  elele  plus  fier.  IMutarque  (l*""  s.)  (Vie  des  hommei 
illustres)  nous  apprend  en  etfet  que  le  savant  grec  avail 
prie  «  ses  amis  et  ses  parents  de  placer  sur  son  tombeau, 
apres  sa  mort,  un  cylindre  renfermant  une  sphere  et, 
pour  suscription,  le  rapport  du  solide  contenant  au 
soJide  contenu  ». 

Ciceron  (l*""  s.  av.  J.-C.)  mcntionnc  egalemcnt  le  fail, 
dans  un  passage  des  Tnsculanes  reste  celebre.  «  Pen- 
dant que  j'clais  questeur  en  Sicile,  dit-il,  je  fus  curieux 
de  m'informer  du  tombeau  d'Archimedea  Syracuse  ou 
je  trouvai  qu'on  le  connaissail  si  peu,  ([u'on  disait  qu'il 
n'en  reslait  aucun  vestige  ;  maisje  cherchai  avec  tant 
de  soin  que  je  le  delerrai  eniin  sous  des  ronces  et  des 
epincs.  Je  lis  cotle  decouverte  a  la  faveur  de  quelques^ 
vers  que  je  savais  avoir  ete  graves  sur  son  monument 
et  qui  portaient  qu'on  avait  place  au-dessus  une  sphere 
et  un  cylindre.  M'etant  done  transports  hors  de  Tune 
des  portes  de  Syracuse,  dans  une  campagne  couverle 
d'un  grand  nombre  de  tombeaux,  et  regardant  de  toutcs 
parts  avec  attention,  je  decouvris  sur  une  petite  colonne 
qui  s'elevait  par-dcssus  les  buissons  le  cylindre  et  la 
sphere  que  je  cherchais.  Je  dis  aussitot  aux  Syracusains 
qui  m'accompagnaient  que  c'etait  sans  doute  le  monu- 
ment d'Archimcde.  En  etfet,  sitot  qu'on  eut  fait  venir 
des  gens  pour  couper  les  buissons  et  nous  faire  un 
passage,  nous  nous  approchames  de  la  colonne  etliimes 
sur  la  base  Tinscription  dont  les  vers  etaient  encore  h 
demi-lisibles,  le  reste  ayant  et(5  efface  par  le  temps.  » 

Au  sujet  de  cette  decouverte  d'Archimede,  nous  cite- 
rons  une  inscription  grecque,  trouvee  dans  les  ruines 
de  Pergame,  qui  donne  les  nombres  42,  33  et  22  comme 


316  LA     GliOMETRTE    DE    MESURR 

represenlant  les  volumes  relalifs  et  les  surfaces  tolales 

relatives  du  cube,  du  cylindre  et  de  la  sphere  inscrits 

dans  le  cube.  Si  Ton  suppose  en  efTet  le  cole  du  cube 

22 
egal  h  2  el  z  =  ^  ,  les  volumes  de  ces  Irois  corps  sont 

respeclivomentrenrescnles  par  8=-— ,  zz^=l2A    ^^ 
^  *  ^  '2i      1       21     ai'i 

ou  encore  sont  proportionnels  a  i2,  33  et  22.  Dans  !a 

m6me  hypothese,  les  surfaces  scront  representees  res- 

168     1.S2     SS 
pectivement  par  24  =  — —  ,  -^  ,  ^  ,  ouseionlpropor- 

lionnelles  a  42,  33  et  22. 

Enfin,  a  propos  de  la  propriete  du  cylindre  circonscrit 
a  la  sphere,  Montucla  sig-nale  que  le  probleme  suivant 
fut  pose  en  1773  dans  un  num^ro  du  Mercure  de 
France  : 

Reponds-moi,  d'Alembcrt,  qui  decouvre  les  traces 

Des  plus  sublimes  veriles, 

Quels  sont  les  corps  dont  les  surfaces 
Sont  en  mfime  rapport  que  leurs  solidiles? 

Comma  bien  on  pense,  d'Alembert  ne  se  b^ta  pas 
de  repondre ;  le  numero  suivant  du  Mercure  conlcnait 
une  des  solutions  du  probleme,  celle  correspondant  a 
la  sphere  et  au  cylindre  circonscrit. 

La  question  comporte  en  effet  une  infinite  de  solu- 
tions;  en  particulier,  tous  les  corps  r^guliers  ou  non 
circonscrits  k  la  sphere  repondent  a  la  question.  Soient 
par  exemple  deux  polyedres  regulicrs  circonscrits  a  la 
sphere.  Chacun  d'eux  pent  ^tre  decompose  en  py- 
ramides  ayant  pour  bases  les  faces  du  polyedre  con- 
sid6re  et  pour  sommet  le  centre  de  la  sphere  :  Ic 
volume  de  chacun  des  polyedres  sera  done  le  produit 
de  sa  surface  par  le  tiers  du  rayon.  Par  suite,  en  dcsi- 
gnant  par  Y  et  V,  S  et  S'  les  volumes  ct  les  surfaces 


STl';i!l':OMliTKIE  317 

dcs  polyedres,  par  r  le  rayon  de  la  sphere,  on  a  bien 

V       1/3  SV      S'* 

£poque  posterieure  a  Archimede.  —  Heron,  dans  ses 
Meiriques  (l*""  s.),  doniic  pour  le  calcul  du  volume  de  la 
s;)here  deux  regies  qui  so  Iraduisent  par  la  formule 
suivante,  ou  d  rcpresenle  le  dianitilre  : 

22 
Cette    formule,    qui    suppose   z  = -;:r  ,  se  rencontre 

(^galcment  dans  les  ecrils  des  agrimenseurs  romains  et 
dans  la  Collection  herpnienne. 

Les  Hindous  —  Bhaskara  lout  au  molns  —  savent 
que  I'aire  de  la  sphere  est  egale  a  celle  de  quatre 
grands  cercles  et  que  son  volume  est  le  produit  de 
cette  aire  par  le  sixieme  du  diametre. 

Voici  comment  GA^ESA  (1 6^  s.)  demontre  cette  dernif^re 
proposition.  La  surface  dela  sphere  etant  supposcedivi- 
see  en  autant  d'elcments  e'gaux  qu'il  y  a  d'unites  dans 
I'expression  numcrique  A  de  I'aire  (le  nombre  A  etant 
suppose  entier),  chacun  de  ces  elements  est  pris  (ap- 
proximati vemenl) comme  base  d'une  pyramide  ayant  son 
sommet  au  centre  de  la  sphere.  (r/repr(5sentant  le  diame- 
tre, le  volume  d'une  de  ces  pyramides  a  pour  expression 

numdrique  1/3x1  X-  =  -;  le  volume  de  la  sphere 
est  par  suite  -^  •  II  est  probable  que  ce  mode  de  demons- 
tration, parfois  employe  encore  aujourd'hui,  est  bien 
dorigine  hindoue. 

BiiASKARA  donne  enfin,  dans  sa  Lil(h>a(i(\2''  s.),  celtc 

22 
rSgle  simple  qui  suppose  z  =  —  •  «  La  moitie  du  cube 


318  LA    GEOMETRIE    DE    MESURE 

du  diamelrc  ajoul^c  a  la  21"  parlie  de  celte  mditie  est 
le  volume  conlenu  dans  la  spli5re.  »  Ge  volume  a  en 
effet  pour  cKprossion 

2       2i\-2j       \   ^2ij2       7   6 

Voici  en  fin,  a  litre  de  curiositc,  comment  Edouard 
Lagout,  dans  ses  legons  de  « tachymetrie »  (1876) 
arrive  5  determiner  Ic  volume  de  la  sphere  :  son  prece- 
de est  inspire  do  celui  de  Bhaskara.  «  Une  graine  de 
platane  est  formde  d'une  grande  quantite  de  pyramides 
heriss6es  autour  du  noyau  central.  De  la  realite  a  la 
science  on  doit  supposer  ce  noyau  tr5s  petit,  se  redui- 
sant  k  un  point  invisible  dans  lequel  se  joindraient  tons 
les  sommels  dcs  pyramides. 

L'enveloppc  de  la  sphere,  dtant  cgale  A  4  cercles 
fails  sur  le  rayon,  sera  uniformisee  par  un  plateau  for- 
me de  4  planches  jointives  egales  chacune  k  I'aire 
d'un  cercle.  II  ne  restcra  plus  qu'a  uniformiser  toutes 
les  pyramides  en  herisson,  et  pour  cela  je  les  implante 
sur  le  plateau.  Elles  scront  jointes  par  les  bases  et  ne 
laisseront  aucun  vide. 

Ainsi  implantces,  elles  presentent  I'aspect  d'une 
machoire  do  crocodile  sur  laquelle  il  faul  hardiment 
mettre  la  main  (de  I'esprit)  pour  les  aplatir  uniforme- 
ment  au  tiers  de  la  hauteur.  Alors  la  machoire,  c'est-a- 
dire  la  sphere,  est  chang^e  en  un  plateau,  etce  plateau 
a  pour  hauteur  le  tiers  du  rayon.  On  aura  done  par  les 
operations  de  V Algebra  tachymetrique  : 

(  =r  plateau  X 1/3  du  rayon 
Sphere,  volume  ]  =  4  aires  de  cercle  x  1/^  rayon 

{  =  1/3  X  (4  aires  de  cercle  x  rayon). 

N*oubliez  pas  les  4  planches  faisant  chacune  I'aire  du 


STEREOMKTRIE 


319 


cercle  ;  la  machoire  do  crocodile  vous  fera  souvenir  des 
pointes  que  Ton  uniformise  en  les  aplatissanl  au  tiers.  » 


BIBLIOGRAPfllE 

Voir  a  la  fin  du  cliapitre. 


§  3.  —  G6om6trie  Hugodomoi'dale. 

B  LVquidomolde,  dompteur  de  spheres.  » 

«  L'6quidomoide,  est  comme  le  soleil :  aveuglo 
qui  ne  le  voit  pasl  » 

«  L'licole  hugodomoldale  est  vraiment  I'Ecola 
roniiintiqiie  de  la  G6om6trie.  » 

«  L;i  s}3here  n'a  plus  qu'a  se  dfgonfler...  on  i 
se  rosiL'iicr  au  r61e  d'Equidomoide  limito.  » 

«  Arialysle  !  rends  hommage  a  la  V^rit6,  sinon 
I'Equidomoide  vengeur  viendra  poser,  la  nuit, 
sur  la  poitrine  anxieuse.  » 

Projel  d'afjlche  : 

«  Jeunes  6l6ves! 
N'Acoutez  pas  ce  farceur  d'EquidomoIde 
Lequel   pretend  d6molir  notro  sphere   ot    veut 
[dc^gommer  Arcliimedel 
Sanscraindre  sesonglets.couronssusS  I'Equido... 
[g6om6trique. 
Tombons  tous  snr  i'excentrique 
A  coups  de  trique! 
Muera!  » 

G"  LSopold  Hugo. 

Le  comte  Leopold  Huoo,  ncvou  denotre  grand  poete 
a,  public  dans  plusieurs  brochures,  de  1867  a  1875, 
diverses  recherchcs  sur  une  categoric  de  solides  qu'il 
avail  ele  amene  a  etudicr  par  des  considerations  de  min§- 
ralogic  et  qu'il  a  en  consequence  dfSnommes  «  cristal- 
loides  ».  Bien  que  ces  recherches  presentent  uncertain 
iiiteret  th6orique  et  pratique,  elles  n'ont  ete  signalees 
dans  aucun  ouvragede  geometric, du  moins  anolrecon- 
naissance.  II  convient  de  dire  d'ailleurs  que  I'originalitc 
—  pour  ne  pas  dire  pis  —  du  style  de  I'auleur,  dont 
nous  avons  donne  en  epigraphe  quelques  echantillons, 
•at  qui  dans  son  esprit  devait  attirer  Tattention  sur  ses 
etudes,  a  plut6t  nui  h  leur  diffusion. 

Contrairement  a  ce  qu'il  pensait,  Leopold  Hugo  n'est 


320 


LA    r.i:n.vn:TriiK   de   mesure 


pas  le  premier  qui  se  soit  occupy  de  cettc  nature  de 
solides  ;  hii,  qui,  en  apparence  lout  au  moins,  avail 
declare  la  guerre  a  la  geoniotrie  dile  «  arcliimedienne  », 
eut  sansdoute  (^le  fort  marri  d'apprcndre  qu'un  malhe- 
maticien  —  non  des  moindres  —  s'en  elait  dej^occupc 
avant  lui,  et  que  ee  mathematicien elait  preciscmcnt... 
Archim]3;de.  La  publication  recenle  des  Metriques  de 
Heron  d'Alexandrie  a  en  effet  permis  de  constater  que 
le  gdometre  syracusain  s'etait  occupe  au  moins  d'un 
cas  particulior  de  la  question  dans  scs  Eijliodiques. 


6quidomoides.  —  Considerons  un  cube  GHIJ...; 
soit  APB  une  demi-circonference  dont  le  diametre  est 
la  droite  AB  joignant  ios  centres  des  deux  bases  ducubc 
et  dontlc  plan  estperpendiculairc  a  raretcKL.  Ad  mel- 
tons maintenant  qu'unc 
droite  CP  so  deplacc  pa- 
rallelcment  a  KL  do  lelle 
sorle  que  son  extrcniile  P 
reslc  sur  la  demi-circon- 
ference APB.  Dans  son 
mouvcraent,  cette  droite 
engendre  une  surface  cy- 
- — Jm  lindriquequi,  limitceaux 
plans  APB  et  ACB,  est  un 
onglet.  Si  Ton  reunit  8 
onglels  identiques,  on 
forme  le  solide  de  la  figure, 
qui  est  un  equidomoidc  a  base  carree  CDEF  ;  ce  solide 
coupe  par  le  plan  CDEF  donne  le  contenu  d'une.voCite 
dite  en  «  arc  de  cloitre  ». 

On  pent  obtenir  d'une  maniere  analogue  un  equido-, 
moiide  ayant  pour  base  un  polygone  regulierquelconquc. 
Nous  donnons  ci-apres  la  seric  des  equidomoides  ayant 
pour  base  un  triang'e  Equilateral,  un  carre,  un  penla- 


STEREOMETRIE  321 

gone,  ...,  et  iin  cercle  ayant  meme  rayon  que  la  demi- 
circonf^rencc  directrice ;  dans  ce  dernier  cas,  le  solide 
engendre  devicnt  une  sphere.  On  peut  done  considerer 
la  sphere  commc  un  equidomoide  limite. 


Lusc  trianiriilasrc. 


Dasc  carree. 


BHse  pentagonale.  Base  circulairc  (sphere). 

Equidomoides  reguliers. 


]6qiiitr^moTdes.  — On  peut  imaginer  une  autre  espSce 
de  solides  engendres  comme  les  equidomoides  par  une 
droite  se  d^plagant  parall^lement  a  elle-meme  en  sui- 

FouRREY.  —  Curios,  gc'om.  Si 


322  LA    GEOHETRIE    DG    MESURE 

vant  line  demi-circonference,  mais  celle-ci  4tant  tan- 
gente  en  0  a  I'axe  AB  :  ce  sont  les  equitremoides. 


R  I. 

Base  carrde.  Base  circulaire. 

Equitremoides  reguliers. 

L'equIlr(5moiide  limite,  a  base  circulaire,  correspon- 
dant  a  la  sphere  des  equidomoides,  a,  conime  on  le 
voit,  la  forme  d'un  sablier. 

Des  crista lloides  en  g^n^ral.  —  Si  la  directrice  est 
une  courbe  quelconque  au  lieu  d'etre une  demi-circonfe- 
rence, le  solide  form6  par  la  reunion  des  onglets  ainsi 
engendrds  porte  dans  ce  cas  g^n^ral  le  nom  de  cristal- 
lolde. 

En  particulier,  si  la  directrice  est  une  demi-ellipse, 
on  aura  un  ellidmoide  ou  un  ellilremo'ide  suivant  que 
cette  demi-ellipse  aura  ou  non  sa  concavite  tourn^e  vers 
I'axe. 

Onaura,  au  contraire,  %o'\i\xnhyperdomoideo\i\iQ.hyper- 
tremolde,  soil  un  paradomo'ide  ou  un  paratremo'ide  selon 
que  cette  directrice  sera  une  branche  d' hyperbole  ou 
una  parabole. 

Tous  ces  solides  sont  caract^ris^s  par  la  simplicite 


STEREOMETRIE  325 

des  expressions  de  leur  surface etde  leur  volume  lorsque 
leur  base  B  et  leur  hauteur  H  sont  connues ;  ces  expres- 
sions sont  en  effet  une  fraction  numerique  du  produit 
BH.  Nous  nous  contenterons  dele  montrcr  pour  le  cas- 
de  I'equidonioide. 

Volume  de  Tequidomoide.  —  L'equidomoide  etant  form^ 
par  I'assemblage  d'onglets  cylindriques  ^gaux,  nous 
allons  d'abord  chercher  le  volume  d'un  de  ces  onglets. 

I. — Soil  d'abord  un  onglet  ABGD  dont  la  base  est  un 
demi-cercle  de  rayon  r  et  de  centre  0,  et  dont  la  hauteur 
CD  est  egale  a  la  circonference  du  cercle  de  meme 
rayon,  soit  a  2-r. 

Menons  un  plan  qiiclconque  EFG  perpendiculaire  ^ 
AB;  il  coupe  I'onglet  suivantun  triangle  rectangle  EFG 
semblable  a  OCD  puisque  les  angles  en  E  et  en  0  sont 
egaux.  On  a 

GF^DC 
EF      UG 


d'ou 


GF  =  27:EF. 


II  en  resulte  que  la  surface  du  triangle  EFG  est  equl- 
valente  a  celle  du  cercle  de  rayon  EF. 

Supposonsmaintenant  qu'on  divise  AB 
en  un  certain  nombre  de  parties  egales^ 
et  qu'on  mene  par  les  points  de  division 
des  plans  perpendiculaires  a  AB.  Nous 
parlageons  ainsi  I'onglet  en  volumes  ele- 
mentaires  que  nous  pourrons  assimiler  a 
des  prismes  si  nous  faisons  croitre  inde- 
liniment  le  nombre  des  divisions  de  AB, 
et  dont  les  bases  seront  des  triangles  ana- 
logues a  EFG.  Ces  prismes,  d'apr^s  la 
remarque  faite  ci-dessus,  seront  equiva- 
lents a  des  cylindres  de  m6me  hauteur  et 
dont  les  rayons  de  base  seront  les  segments  EF.  La. 


324  LA    GEOHETRIE    DE    MESURE 

somme  de  ces  cylindres  donnant  une  sphere  de  rayon  r, 

le  volume  de  Tonglet  sera  equivalent  a  celui  de  cette 

•      4     1 
sphere,  soit  i- w  . 
o 

II.  —  Soit  a  present  un  onglet  de  volume  y,  dont  le 
rayon  de  base  est/-  et  doiit  la  hauteur  h  est quclconque. 
Nous  allons  le  comparer  a  I'onglet  de  memo  base,  de 
hauteur  2rj'  et  de  volume  V.  Les  triangles  de  section 
ayant  m§me  base,  sont  entre  euxcomme  leurs  hauteurs, 

c'est-a-dire  dans  le  rapport  — —  •  il  en  est  de  mume  des 

cylindres  elementaires   et  par   suite  des  volumes  des 
onglets.  On  a  done 

^=A_,      d'ou       ?;  =  V  — =  4/3-r'X— =2/3r5A. 

Ainsi  le  volume  de  I'onglet  cylindrique  a  pour  expres- 
sion 2/3r-h. 

HI.  —  Soit  enfin  un  equidomoide  regulier  dont  la 
base  a  n  c6tes  de  longueur  2h  ;  designons  par  r  le 
rayon  du  cercle  inscrit  ci  cette  base.  L'cquidomoide  se 
compose  alors  de  2n  onglets  ayant  /•  pour  rayon  de  base 
et  h  pour  hauteur,  et  dont  le  volume  est,  d'apres  ce 
qu'on  vient  de  voir, 

2n  X  2/3  r'-h  =  2/3  Xnhrx  2r. 

Mais  nhr  represente  la  surface  B  de  la   base  et  2r  la 
hauteur  H  de  I'dquidomoide  ;  le  volume  de  ce  dernier 
est  par  suite  exprim^  par  la  formule  tr^s  simple 

2/3  BH. 

Ce  volume  est  done,  comme  pour  la  sphere,  les  2/3 
de  celui  du  cylindre  circonscrit. 

Surface  de  I'equidomoide.  —  Cherchohs  d'abord  a  ddtcr- 


STEREOMETRIB  325 

miner  Texpression  de  la  surface  lat^rale  d'un  onglet, 
dans  les  memes  cas  qu'au  n"  precedent. 

I.  —  La  surface  laterale  de  I'onglet  (fig.  de  la  p.  323) 
pent  6tre  consideree  comme  formee  d'une  infinite  de 
rectangles  ayant  pour  bases  les  droitcs  GF^StcEF; 
chacun  de  ces  rectangles  est  equivalent  a  la  surface  late- 
rale d'un  cylindre  circulaire  de  meme  hauteur  et  dont 
le  rayon  de  base  est  une  longueur  EF.  La  somme  des 
surfaces  de  ces  cylindres  dtant  6quivalente  a  ceile 
d'une  sphere  de  rayon  OG  ou  /•,  soit  5.  i-^r^,  la  surface 
cherchee  a  la  m6me  valeur. 

IL  —  On  a,  comme  dans  le  cas  du  volume,  s  etSd^si- 
gnant  respectivement  les  surfaces  laterales  d'un  onglet 
quelconque  et  d'un  onglet  de  hauteur  2zr, 

-  =  -— ,         dou        5  =  -— =  2M. 
S       2r.r  2TCr 

in.  —  La  surface  de  I'^quidomoide  r^gulier  compost 
de  2n   onglets  a  done  pour  expression 

2/1 X  2M  =  2nh  X  2r  =  PH , 

si  Ton  d^signe  par  P  le  perimetre  de  la  base  et  par  H 
la  hauteur  du  solide. 

Cette  surface  est  done,  comme  pour  la  sphere,  dqui- 
valente  a  la  surface  laterale  ou  aux  2/3  dc  la  surface 
totale  du  cylindre  circonscrit. 

L'equidomoide  chez  Archimede.  —  Dans  ses  Ephodiquesj 
Arghimede  a  determine,  assurement  pour  la  premiere 
fois,  le  volume  del'onglct  cylindrique,  mais  on  ne  sait 
quel  procede  il  a  employe.  Comme  application,  il  a 
montr6  dans  le  m6me  ouvrage  que  le  solide  commun  h. 
deux  cylindres  circulaires  penetrant  Fun  dans  I'autre  et 
dont  les  bases  sont  inscrites  dans  deux  faces  opposees 


326  LA    GEOMETRIE   DE   MESURE 

■d'un  cube  a  pour  valeur  les  2/3  du  volume  du  cube.  Ce 
solide  commun  est  ce  que  nous  avons  appeld  I'equido- 
moide  a  base  carrde  et  la  valeur  trouvee  par  Archim^de 
est  bien  cclle  qui  resulte  de  rapplication  de  laformule 
2/3  BH  donnee  plus  haut. 


BIBLIOGRAPHIE 

Voir  a  la  fin  dn  cliapitre  ii  (2«  Parlie). 

Baillargk.  —  Le  Stereometricon.  QueLec,  1884,  in-4*. 

CiAsiMiii  Key.  —  Otrmilormute  de  cubature.  J»' de  Longcliamps,  1886. 

Goulard.  —  Sur  la  formule  des  trois  niveaux.  Matbesis,  1897. 

JsicoLO  Taktaolia.  —  General  irallato  di  numeri  et  misure.  Venise,  1S56- 

1560,  in-fol. 
F.  Peybard.  —  (Euvres  d'Archimede  (traduites  par),  Paris,  1807,  in-4'. 
Edouahu  Lacout.  —  Cahier  d'un  soldat  du  genie.  Paris,  1876,  in-8''. 
€«•  L^oi'OLD  Hugo.  —  Tlieorie  des  Crislalloides  elementaires.  Paris,  1867, 
gr.  in-S". 

—  Les  Cristalloides  a  directrice  circulaire.  Paris,  1867, 

gr.  in-S". 

—  Les  Cristalloides  complexes  a  sommet  etoile.  Paris, 

1873,  gr.  in-S". 

—  Essai  sur  la  Geometric  des  Cristalloides.  Paris,  1873, 

gr,  in-S". 

—  La  question  de  rEquidomoTde  et  des  Cristalloides 

—  geometriques.  Paris,  1873,  gr.  in-8».  ' 

F.  1.  G.  —  Appcndice  aux  Exercices  de  Geometrie.  Tours,  1877,  in-I2. 


TROISIEME  PARTIE 
APPLICATIONS  DIVERSES 


CHAPITRE  I 

APPLICATIONS  DE  LA  GEOMETRIE  AU  CALCUL 


Nous  avons  eii  occasion  de  signaler  dans  I'lntroduc- 
lion  le  parti  qu'avaient  tire  les  Grecs,  puis  Ics  Arahes 
ctles  savants  de  la  Renaissance,  de  I'application  de  la 
Geometrie  au  Calcul. 

Le  19*  siecle  a  vu  se  constituerle  Calcul  graphique, 
qui  permet  d'arriver  rapidement  h.  des  resultats  ditficiles 
a  obtenir  par  toute  autre  voie. 

Nous  nous  contenterons  de  trailer  ici  certaines  ques- 
tions dont  la  resolution  pr^sente  quelque  inter6t  de 
curiosity.  On  en  trouvera  d'autres  exemples  dans  nos 
Recreations  arithmeti^ues. 


§  1.  —  Execution  des  operations  arithmetiques. 

Nous  ne  ferons  que  menlionner  I'addition  et  la  sous- 
traction  grophiqucs,  en  raison  de  leur  simplicity. 


328 


APPLICATIONS    DIVERSES 


Multiplication.  — Soit  h  trouver  leproduit  des  seg- 
ments /j,  4,  4, ...  representant  a  une  cerlaine  dchellc 
des  nombres  donnes.  On  portc  sur  une  droite  OX  un 

segment  01  ^gal  a  i'unite 
de  longueur,  on  6leve  en  1 
une   perpendiculaire  a  OX 
sur  laquelle  on  porle  des  seg- 
ments 1/j ,  1/2 ,  1/3, ...  egaux 
aux  segments  donnes  et  on 
mene  O/j,   04,   04,...  On 
porte  14  en  02  et  on  el6ve  en 
2  une  perpendiculaire   qui 
rencontre  O4  en  2' ;  on  porle 
22'  de  0  en  3  sur  OX  et  on  eleve  en  3  uue  perpendicu- 
laire qui  rencontre  04  on  3'»  etc.    Les  segments  22',. 
33', ...  representent  respectivement  les  produiis  4><  4> 


]n  effct,  on  a 

22'      02 

14     01 

d'ou 


22'  =  4x4. 


On  a,  d'une  facon  analogue, 


d'ou 


33;^  03 
1/3      01' 


33'  =  22'x4  =  4x4x4^ 

Division.  —  Soit  a  trou- 
ver le  quotient  des  segments 
a  et  b.   On   porte  sur  une 
droite  OX,  a  parlir  de  0,  I'unite  de  longueur  en  01  et 
le  segments  en  Ob;  en  b,  on  elfeve  une  perpendiculaire 
ba  ^gale  a  a.  On  tire  Oa,  et  la  longueur  1<7  de  la  perpen- 


APPLICATIONS    DE   LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL  329 

diculaire  en  1  a  OX,  comprise  entre  OX  et  Oa,  est  le 
quotient  cherch^.  On  a  en  efifet 

\q ha 

01 ~~  Ob  ' 


d'ou 


.  ha        a 


Remarque.  —  Une  fraction  —  pouvant  Mre,  d'apr^s 

ce  que  nous  venons  de  voir,  reprdsentee  par  un  seg- 
ment 1<7,  les  operations  sur  les  fractions  peuvent  6tre 
ramene'es  aux  operations  sur  les  nombres  entiers. 

Elevatiou  aux  puissances.  —  Soient  /  le  segment 


y 

k 

y 

X 

i\ 

\ 

t- 

/ 

\ 

X 

\ 

\ 

Y' 

0 

K 

h 

/^Z, 

representant  le  nombre  donne  qu'Il  s'agit  d'elever  \  ime 
certainc  puissance,  X'X  et  Y'Y  deux  droites  perpendi- 
culaires  se  coupant  en  0.  On  porte  I'unite  de  longueur 
sur  OX  en  O/q,  et  le  segment  /  sur  OY  en  O/j ;  on  joint 
/fl/j  et  on  6l6ve  sur  cette  droite  en  Z^  une  perpendicu- 
laire  qui  rencontre  OX'  en  Zj?  puis  surcelle-ci  en  4  une 
nouvelle  perpendiculaire  qui  coupe  OY'  en  ^3,...  O/j, 


330  APPLICATIONS    DIVERSES 

04,    0/3,...    representent    respeclivcment  les   1",  2', 
3",  ...  puissances  du  nombrc  donne. 

En  effet,  iino  propriete  bien  conniie  du  triangle  rec- 
tang-le  pcrmct.  d'ecrire 

0/0X04=  O/I    ou    04  =  /^. 

04x04=04   ou    /x 04=/*  ou  encore    04=^',... 

On  pourrait  aussi  pour  ce  probleme,  soit  appiiquer  la 
r^gle  de  la  multiplication  5.  ce  cas  particulier,  soit  uti- 
liser  les  precedes  que  nous  indiquerons  au  §  3  pour 
determiner  les  termes  d'une  progression  g^ometrique 
dont  on  connait  les  deux  premiers  (ici  1  et  /). 

Extraction  de  la  racine  carree.  — On  pent  indiquer 
plusieurs  procedes  pour  cette  operation  (ia  recherche 
graphique  des  racines  d'un  degre  superieur  au  second 
n'est  pas  possible,  si  Ton  n'emploie  que  la  regie  et  le 
compas). 

1°  Construction  d'une  moyenne  proportionnelle.  —II  suffit 
de  construire  uue  moyenne  pro- 
portionnelle !/•  entre  le  segment 
unit6  01  et  le  segment  1/  repr^- 
sentant  le  nombre  donn^  N  dont 
11  s'agit  de  determiner  la  racine 
carree. 
Lorsque  N  est  un  pen  61ev^,  ceproc^de  n'est  pas  su- 
sceptible d'une  grande  exactitude.  Toutefois,  si  N  est 
decomposable  en  deux  facteurs  a  et  b  dont  le  rapport 
soit  dans  des  limites  acceptables,  \/N  s'obtient  encore 
avec  assez  de  precision  par  la  construction  d'une  moyenne 
proportionnelle  entre  a  et  b. 

2°  Emploi  du  theoreme  de  Pythagore.  —  Nous  avons  d^ja 
rappeld  (!'*  Partib,  Chap.  3,  §  2)  le  theoreme  suivant 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL 


331 


de  Fermat  :  Tout  nombre  entier  est  soit  carre,  soil  com- 
pose de  2,  3  ou  4  carres  au  plus. 

Etant  donne  un  nombre  entier  quelconque,  il  est  done 
toujours  possible  de  le  decomposer  en  carres  ;  il  en  r6- 
sulte  qu'on  pourra  determiner  sa  racine  par  Tapplica- 
tion  successive  du  thdoreme  de  Pythagore.  On  a,  par 
exemple,  33  =  1-  -f-  3-  -|-  o- ;  on  en  deduit  la  construction 

ci-dessous  (JUj.  a)  qui  donne  grapliiquenient  y/33. 


o    1    '«• 


0      1 


Fie 


Fis.  b. 


II  pent  etre,  dans  certains  cas,  plus  pratique  de  con- 
siderer  le  nombre  comme  une  difl'drence  ou  une  somme 
algebrique  de  carres.  Ainsi,  on  a 


28  =  12-h3'--f-3^-f-3^ 


2^  +  2^-f-2^  +  4* 

=  l^-l-r-4-l*-|-5« 


et  aussi  28  =  8-—  6- ;  il  est  pre'f^rable  ici  d'employer  la 
derni^re  decomposition:  v/28  est  ainsi  le  c6t6  d'un 
triangle  rectangle  dont  8  est  I'hypotenuse  et  6  I'autre 
c6td.  On  pent  mftme  donner,  pour  un  nombre  impair 
quelconque  2rt+l,  une  solution  generale :  on  a  en 
effet,  dans  ce  cas,  2a+l  =  («+l)^  —  a^. 

Enfin,  I'emploi  du  theor^me  de  Pythagore  permet  de 
dresser  une  sorte  de  table  graphique  des  racines  carries 
de  la  suite  naturelle  des  nombres  ;  les  racines  des  nom- 
bres  4,  9,  16,...  fournissent  une  verification  facile.  La 


332 


APPLICATIONS    DIVERSES 


figure  b  donne  les  premiers  (Elements  d'une  pareille 
table. 


BIBLIOGRAPHIE 


Descartes.  —  Giomitrie.  Ed.  franc.  Paris,  1726,  in-12, 

Maurice  Levt.  —  La  Siaiique  grap/iique.  Paris,  1874,  2  vol.  in-8». 


§  2.  —  Resolution  des  problemes  num^riques. 

Proc6d6s  arabes.  —  Nous  aliens  donner  quelques 
exemples,  d'apres  Mohammed  ben  Moussa  Al  KhArizmi, 
de  I'application  de  la  Geometric  au  Calcul  algebrique 
chez  les  Arabes  (*).  Lesproced6s  de  I'auteur  musulman 
ddcoulent  en  partio  des  solutions  g(^nerales  donn^es 
par  Euclide  en  raisonnant  non  pas  sur  des  nombres, 
mais  sur  des  grandeurs  geom(5triqucs. 

I.  Trouver  iin  noinhre  dont  le  carre,  plus  le  decuple, 
fasse  39.  —  Al  Kharizmi  d^signe 
par  radix  on  res  le  nombre  in- 
connu,  par  census  son  carr^. 
Nous  simplifierons  cette  termi- 
nologie  en  represenlant,  confor- 
mement  k  I'usage  actuel,  le 
nombre  par  j:,  de  sorte  que  nous 
au  rons  a'  -f- 1 0.r  =  39. 


K 


"A 


— %- 


M*"    ~    N 


J 


L 


Fig,  a.  1"    PR0cfiD6    (Al    KhArizmi). 

—  Supposons  x"-  represents  par 

le  carre  ABGD;   prenons  sur    les    prolongements   de 

ses  c6tes  les  segments  BJ,  CO,  ...  egaux  entre  eux  et  a 


(')  II  s'agit  en  somme  de  determiner  gcomctriquement  les  solutions 
positives  de  requation  du  second  degrc  dans  les  trois  sciils  cas  possibles 
x^  +  px  =  q,  x^  ■+  q  =  px,  x^  =  p»  -}-  g,  p  et  g  etant  des  nombres  posi- 


tifs. 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL 


333 


10 

-7-' puis  construisons  les  rectangles  BJLC,  GOND,.... 

La  figure  entiere  represenlera  x'-hiOx  d.ont  la  valeur 
est  39;  si  Ton  y  ajoutc  les  4  pelits  carres  en  pointille 

valant  ensemble  4  x(  — )  =25,  on  obticnt  le  grand 

€arr6  EHPM  dont  la  valeur  est  39  +  25  =  64,  et  dont 
le  cote  est  par  consequent  8.  AinsI  AB  ou  a:  =  1.1  —  2BJ 

;r=8 2x  —  =  3.  Le  nornbre  cberche  est  done  3. 

2"  PROCiiDi!;  (Al  Khauizmi.  —  Caique  sur  Euclidk.  Elc- 

niojiis.  Li V res  II,  G  ct 
*  '^      B...X....D 


FiK.  6. 


YI,  29).  —  Soiont 
ABHK  un  rectangle  de 
cotes  10et./etBDMH 
un  carre  de  C(jte  ,r  : 
le  rectangle  ADMK  a 
ainsi  pour  valenr 

^--f-lO^ou  39. 

G  6tant  le  milieu  de 
10 


AB,  nous  construisons  le  carre  GDFE  sur  GD  =  j;-}- 
Ona 


2 


carre  GF  =  carr6  LG  -f-  rect.  HF  -\-  reel.  GM 

:=:  carre  LG  -f-  rect.  AM, 

car  les  deux  rectangles  AL  et  HFsont  equivalents.  Par 
suite, 


carre  GF  :=  (^'  +  39  =  64. 


10 


BD  oua;  =  8  — —  =  3. 
2 


Done     GD  =  8      et 

En  rdsum^,  on  voitque  les  deux  procedes  ci  dessus 


334  APPLICATIONS    DIVERSES 

reviennent,  pour  le  cas  general  ou  Vonsix^-i-px^=q, 
kconstruire  un  carre  EHPM  (fig.  a)  ou  GDFE  (fig.  b) 

d'aire  (x-h^\  =s--f-5';  on  n'a  plus  ensuite  pour 


Ki)=' 


trouver  x  q\ik  retrancher  —  du  c6te  du  carr^  ainsi 
conslruit. 


II.  Trouver  un  nomhre  dont  le  carre  au^nente  de  1\ 
soil  egal  a  10  fois  ce  nonibre.  —  Nous  nous  contenterons 
d'indiquer  le  precede  qui  resultcrait  de  I'application  a 
ce  cas  parliculier  de  la  solution  generale  donn^e  par 

EucLiDE  {Elements^  Livrcs- 
II,  5  et  VI,  28) ;  la  construc- 
tion d'AL  Kharizmi,  bien 
qu'un  peu  plus  compliquec,. 
est  au  fond  la  m6me. 

On  a  ici  .r'-l-21  =10r. 
Soit    ABHK    un    rectangle 
de  coles  10  et  x  et  BDMll 
un  carre  de  c6t^  x :  le  rec- 
tangle ADMK  a  ainsi  pour  valeur  21.  C  6tant  le  milieu 
de  AB,  nous  construisons  le  carre  CBGE  sur  GB ;  on 

10 
forme  ainsi  le  caiT<5  LMFE,  de  cdte  LM  =  — x.  On  a 

carre  LF  =:  carr^  GG  —  rect.  GM  —  rect.  DG 

s:  carre  GG  —  rect.  AM,. 

carles  deux  rectangles  AL  et  DG  sont  equivalents.  Par 
suite, 

carrdLF-l^yV  — 21=4. 
Done       LM  =  2    et    BD  ou  a:  =  ^  — 2  =  3. 


Nous  avons  implicitementadmis  dans  la  construction 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL 


33^ 


iO 

pr6c^denle  a;< — ;  en  faisant  I'hypoth^se  contraire, 

a:> — ,  qui  n'a  pas  ele  consideree  par  Al  Khflrizmi, 

nous  allons  montrer  quo 
le  probleme  admet  une  se- 
conde  solution.  La  con- 
slriiclion  est  analogue  u 
la  precedenle  :  on  obtient 
le     carre'    FELM   de  c6t6 

mL  =  x  —  —.  On  a 


carr^  FL  -:  reef .  GL  —  rect.  GM  -:  reel.  DE  —  rect.  GM 

=:  carre  AE  —  rect.  AM. 
II  en  r^sulte 


carre  I L  =  (  — 
2 


Done     ML  =  2       et       BD   ou  x 


21=4. 
10 


2 


+  2  =  7. 


Le  procede  indiqud  revient  done,  dans  le  cas  general 
x--{-q=px,  a  former  un  carre  LMFE  dont  I'alre  ait 

pour  expression  dans  la  premiere  hypotii(^se  | -^  — x 


=  ^ fj,  et  dans  la  seconde  (x  —  ^ 


^— ^.  On 
4 


volt  aisement  que  pour  que  la  construction  soit  possible  il 

faut  qu'on  ait  ^-  ^Q- 

4 


in.  Troiive/'  tm  notnbre  dont  le  carri  soit  igal  au 
triple  de  ce  nomhre  plus  4.  —  On  a  ici  a:'  =  3x-}-4  et 
necessairement  a;>3.  La  construction  est  toujours  la 
m^me ;  elle  est  encore  cette  fois  un  peu  plus  simple  que 


336  APPLICATIONS    DIVERSES 

3elle  d'AL  Kharizmi.  On  obtientle  carre  FELM  de  cole 
ML  =  2:  — 3/2.  On  a 

carre  FL :-:  reel.  FK  +  red.  GL  =  reel.  FK  +  rect.  DE 

:=: caire  AE 4- rect.  AM, 


B       d'ou 


carreFL==f|y-f-4  =  ^ 


Done 


ML=r:i 


^      ct        BD  oil  x  =  — \- 


Dans  ]e  cas  general  x"- =  px -\- (j ,  le  precede  revient 


a  former  un  carre  FELM  d'aire  Ix —  ^-\  =:J^-~\-q 

V         2/        4        ^ 


Precedes  japonais.  —  Les  Japonais,  avanl  I'mlro- 
duction  dans  leur  pays  de  la  science  europeenne,  se 
servaient  frequemment  de  figures  g'eometriques  pour 
resoudre  les  problenies  numeriques.  Ces  derniers  6taient 
partages  en  trois  types :  problemes  correspondant  a 
notre  regie  de  trois,  partages,  problemes  des  cxces  ct 
des  d^fauls.  Nous  allons  donner  un  exemple  dechacun 
<le  ces  types. 

L  3  personnes  T'ecoivent  ensemble  36  hous  d'argent^ 
coinhien  de  bous  recei>ront\^  personnes  ? 

Admeltons  que  les  36  bous  des  3  personnes  soient 
rcprescntes  par  le  rectangle  ABGD(/?^.  a).  Si  Ton  prend 

AH  :=——,  le  rectangle  ABGH  sera  la  part  d'une  per- 

sonne.  De  m6me  si  Ton  prend  AE=:  lOAB,  le  rectangle 
AEFII  rcprcsentera  la  part  de  10  personnes.  Or  AEFH 


APPLICATIONS    DE    LA    GKOMETRIE    AU   CALCUL 


337 


est  le  tiers  de  AEID  qui  est  equivalent  a  10  ABGD, 
c'est-a-dire  a  10  x  36  bous.  Le  nombre  cherche  est  done 
le  1/3  de  10x30  :  c'est  120. 


D   c 


A    B 


Nombre 
de  coqs 


Fig.  0.  Fig.  h. 

II.  On  a  un  certain  nomhre  de  lief  res  et  de  coqs;  le 
nombre  de  lews  teles  est  egal  a  100  et  le  nombre  de  leiirs 
pieds  a  284.  On  demande  le  nombre  des  liwres  et  le 
nombre  des  coqs. 

Le  nombre  total  de  pieds,  284,est]asomme  des  pro- 

duits  du   nombre  de  li^vres  par  4  (rectangle  ABGD) 

(fig.  b)  et  du  nombre  do  coqs  par  2  (rectangle  BEFG) : 

284  peut  done  etre  represente  par  la  figure  form ee  des 

rectangles  ABGD  et  BEFG.  Si  nous  retranchons  de  cette 

figure  le  rectangle  haclmre  AEFH  representant  le  pro- 

duit  du  nombre  total  de  tStes  par  le  nombre  des  pieds 

d'un   coq  (100x2  =  200),  le  rectangle  non    hachure 

HGGD  (284  —  200  =  84)  designera  le  produit  du  nombre 

de  lievres  par  la  difference  2  entre  les  nombres  des  pieds 

d'un  li^vre  et  d'un  coq.  On  aura  done  le  nombre  de 

S4 
lievres  en  divisant  84  par  2:  il  y  a  par  suite  ^  =  42 

lievres  et  1 00  —  42  =  S8  coqs. 

III.  Un  ojicier  de  police  passant  sur  un  pont  entend 
line  bande  de  voleurs  quij  sous  lepont,  prochde  an  partage 
de  quelques  pieces  de  soie  voices^  «  Si  nous  donnons  a 
chacun  1  pieces,  il  en  restera  6,  et  si  nous  voulions  en 

FouRRET.  —  Curioi.  g^om,  22 


338 


APPLICATIONS    DIVER  SES 


rectangle  A'H'G'D'  tel  que  A'D' 


prendre  chacun  8,  Hen  manquerait  9.  »  Uofficier  peui-il 
deviner  le  nom  bre  des  voleurs  et  le  nomhre  des  pieces  volees  P 

Soit  ABGD  un  rectangle  dont  le  c6td  AD  reprdsente 

le  nombre  inconnu  des 
voleurs  et  dont  le  c6t6 
AU  est  egal  a  7 ;  ac- 
colons-lui  le  rectangle 
IJIIEF  de  coles  BH  =  1 
et  HE  =  6.  La  figure 
AHEFCD  represente 
alors  le  nomhre  total 
de  pieces  de  sole  dans 
la  premiere  hypothese. 
Soit  main  tenant  le 
=:AD,  Air  =  AH  =±8; 
si  nous  en  retranchons  le  rectangle  F'E'G'C  de  c6t6s 
F'E'  =  1  et  E'G'  =  9,  le  polygone  A'H'E'F'G'D'  figure 
encore  le  nombre  total  de  pieces  de  sole,  dans  la  se- 
conde  hypothese. 

Les  figures  AHEFCD  et  A'H'E'F'G'D',  qui  representent 
le  meme  nombre  et  dans  lesquelles  on  a  AHr=A'H', 
FE  =  F'E'.  GD  =  C'D'  et  AD=:A'D',  sont  necessaire- 
ment  dgales  ;  par  suite 

FC  =  F'C'  =  9   et   AD  =  HE-}-FC  =  6+9=15. 

Ainsi  le  nombre  des  voleurs  est  15  et  le  nombre  de 
pieces  voices  15x74-6=111. 

Proc6des  divers.  —  I.  Extraire  la  racine  carree  de 
4500  (Th^on,  Commentaire  sur  VAlmageste  de  Plolemee, 
4*8.).  —  Nous  supposerons  comme  Thdon  que  les  unites 
de4500appartiennent  ausyst^me sexagesimal.  Chacune 
de  ces  unites  ou  degres  ^tant  divis^e  en  60  unites  se- 
condaires  ou  minutes,  chacune  de  celles-ci  sera  h.  son 
tour  divis^e  en  60  secondes,  etc. 


APPMCATIONS    DE    LA    GKOMETRIE    AU    CALCUL 


339 


€7' 


^0 
I 


G    I.QI) 


Le  carre  entier  le  plus  rapproche  par  dt^faut  de  4500 
est  4489,  doiit  la  lacine  est  67.  Soient  ABGD  et  AEFG 
deux  carr^s  reprdsentaiit  respectiveracnt  4500  et  4489. 
Si  Ton  retranchele  second  du  premier,  la  figure  restante 
a  pour  valeur  11  unites  ou  660';  celte  figure,  appelee 
par  les  Grecs  gnomon,  se  compose  de  deux  rectangles 
egauxESelGK  etd'un  carre FC.  La  hauteur  communede 

ces  rectangles  (qui  estaussi 
g  s        r         celle  du  gnomon  et  le  c6t6 

du  carre)  s'obtiendra  ap- 
proximalivement  en  divi- 
sant660'parle  double  de  la 
baseAEou  67»x 2  =  134": 
on  obtient  ainsi  4'  pour 
quotient.  Les  deux  rectan- 
gles correspondant  a  cette 
valeur  approchee  de  la 
hauteur  du  gnomon  sont 
EI,  GK ;  I'aire  de  chacun 
d'eux  est  67"  x  4' =  268',  soil  ensemble  536',  etle  carre 
comple'mentaire  FJ  a  pour  valeur  4'x4'  =  16".  Done 
si  Ton  adoptait  pour  valeur  approchee  de  la  racine  cher- 
ch^e  le  cote  AH  du  grand  carr^  AJ,  le  reste  serai t 
660'  —  536'  —  1 6"  =  7424'. 

Si  Ton  admet  a  nouveau  que  7424'  represente  un 
gnomon,  on  obtiendra  approximativement  sa  hauteur 
en  divisant  7424'  par  le  double  de  AH  ou  par  2  x  67°  4' 
=  134°  8':  le  quotient  est  55".  L'aire  de  chacun  des 
deux  rectangles  correspondants  HN  et  LP  est  67"  4' 
X  55"  =  3688"  40"',  soit  ensemble  7377"  20'";  celle  du  carre 
compl^mentaire  JO  est  55"x55"  =  302o'\  Si  I'on  adop- 
tait pour  valeur  approchee  de  la  racine  le  c6t^  AM  du 
grand  carre'  AO,  le  reste  serait  7424"  — 7377"  20" 
—  3025'^  =  45"49"'35'\ 
On  pourrait  raisonner  sur  ce  dernier  reste  comme 


340 


APPMCATIONS     DIVRRSES 


sur  les  pr^c^dents  et  obtenir  unt;  plus  grande  approxi- 
mation. Si  I'on  s'en  tient  au  rosuJLal  acLucl,  la  racine 

4^       55 

60      6(f' 


est   67»4'55"  =  67 


19 

11.  Les  —  d'un  nombre  sont  eqaux  a  sa  racine  carrde  : 

quel  est  ce  nombre?  (Leonard  de  Pise,   Libo^  Abaci, 
1202). 

Soienl  ab  le  nombre  donne,  at  I'unite  de  longueur; 
construisons  le  rectangle  abdt  sur 
ab    et  at,  et  le    carr^   aekz  sur 

ae  =  —  ab  com  me  cote.  On  doit 
20  _ 

avoir  d'apr6s  I'enonce  ae  =  \/ab 

2 

ou  ae  =  ab ;  on  en  deduit 
carr^  aekz  :=:  rect.  abdt^  ou  en 
retranchant  de  part  et  d'au- 
tre  le  rectangle  commun  aeit, 
rect.  tikz  =:  rect.  ebdi\  cette  dcr- 

niere   relation  donne  ti  x  ki  =  ei  x  di    ou  — .  =  f-    On 

di      ki 

ddduit  de  cette  proportion-; -=z >  c'est  Si-diie 

ti  -h  di      ei  H-  ki 

ti       ei  ae       1  . 

-^  =  —    ou  encore    — -  =  — • ; 
td      ek  ab      ek 

Ci^  =  -—  et  I'aire  du  carre  aekz  qui  represente  le  nom- 
19 


t  X 


.      ae      19       J 

mais    — -r=-— ,     done 

ab      20 


bre  cherche  est 


20 


400 


^19/        361 

Comme  le  remarque  Leonard  de  Pise,  puisque  ah  >  ae^ 
on  doit  avoir  ae>l  ou  az"^  at  et  par  consequent  / 
se  trouve  entre  a  et  z, 

III.  Trouver  trois  nomhres  tels  que  la  somme  des  deux 
premiers  soil  SO,  celle  des  deux  derniers  70,  celle  du  der- 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AV    CALCUL 


:ui 


B  ^ 


nier  et  dn  premier  60  (D'apres  BeiNedetti,   Speculationes 

diversx,  1585). 

Soil  ABC  le  triangle  do 
coles  50,  70  et  00;  si  nous 
Iraqons  le  cercle  0  inscrit 
a  ABC,  les  distances  des 
sommets  du  triangle  aux 
points  de  contact  represen- 
teront  les  nombres  cher- 
clies  X,  J,  z. 

On  voit  immediatement 
sur  la  figure  ci-contre  que 


2x 


d'ou 


x  = 


AB 

50^ 


AC  — BC, 


^0  —  70  ^5Q 
2 


De  meme 


rjO  -f-  70  —  fiO 


Z  r= 


60 


2 
70 


=  30, 


i^  =  40. 


Les  problfemes  que  nous  allons  maintenant  presenter 
ont  ete  resolus  algebriqucment  par  leurs  auteurs.  Nous 
allons  exposer  une  solution  geometrique  du  premier ; 
quant  aux  autres,  nous  nous  contenterons  d'en  donner 
r^nonc^,  laissant  h  nos  lecteurs  le  soin  d'en  trouver  la 
solution,  tout  a  fait  analogue  a  celle  qui  suitQ. 

I.  Un  bambou  mesurant  32  coudees  et  s'elevant  sur  un 
terrain  plat  est  brise  en  un  point  par  la  force  du  vent ;  son 


(')  La  simplicile  de  la  resolution  geometrique  de  ces  problemes 
s'explique  par  ce  fait  que  I'equation  du  second  degre  i  laquelle  on  est 
conduit  se  reduit  a  une  equation  du  premier  degre* 


342  APPLICATIONS    DIVERSES 

extremite  vient  rencontrer  la  terre  a  16  condees  [de  son 
pied]  ;  dis^  mathematicien,  a  conihien  de  coudees  du  pied 
il  a  ete  brise  ?  (Bhaskara,  Lilduati  et  Vija  Ganita,  12*  S.). 
Soient  AR  la  hauteur  du  bambou,  C  le  pointou  il  aete 
brise.  Afin  de  simplifier  le  langage,  nous  designerons 
par  X  la  distance  cherchee  AC.  Le  triangle  rectangle 
ACB'  donne  (/?^'.  a) 


ou 


CH— AC  -f-AIV 

(32  — :t)-  =  ^--f-lfi'. 


(0 


Conslruisons  mainleiiant  (Jig.  b)  un  carre  MNOP  de 


32 


32- X 


'^<'. 


.:f 


'^/}wwwfffr^fm^{(^/       M     ■   S,......r  ...,*?'     x, i 32  . 

Fig.  a.  Fi','.  h.  V\z.  e. 


c6t^  32  —  X,  dans  lequel  nous  inscrivonsle  carrdSNQR 
de  c6te  x.  D'apres  la  relation  (1),  lapartie  non  ombr^e 
du  carre  MNOP  repr^sente  16';  or  celte  surface  se 
compose  des  rectangles  MSRT  et  TQOP  de  m6me  base 
MS  =  QO  =  32  —  2x  et  dont  les  hauteurs  sont  x  et 
32  —  X.  Ces  deux  rectangles  places  bout  h  bout  ont  done 
pour  base  32  —  2x  et  pour  hauteur  32.  Ainsi  le  rectan- 
gle (32  —  2^)x32  a.  m6me  aire  que  le  carr6  16xl& 
ou  que  le  rectangle  8  X  32  ;  les  bases  32  —  2x  et  8  sont 
done  n^cessairement  dgales  et  on  voit  imm^diatement 
sur  la  fig.  c  que  la  longueur  2x  est  egale  a  32  —  8  =  24^ 
c'est-a-dire  qu'on  a  ^  =  12. 


APPLICATIONS   DE   LA    GEOMETRIE    AU   CALCUL 


343 


II.  A  la  surface  d'un  lac  oh  des  flamants  et  des  grues  se 
montrent  en  grand  nombre,  emerge 
Vextremite  d'une  tige  de  lotus  qu'on 
■xpercoit  a  une  main  au-dessus  de 
I'eau,  Sous  V action  du  venty  la  tige 
se  penche  graduellement  et  est  sub- 
mergee  a  la  distance  de  2  coudees. 
Calcule  vivement,  mathematicieHf  la 
profondeur  de  I'eau  [une  main  equi— 
vaut  a  une  demi-coudee]  (Bhas- 
KARA,  Ltldvati  et  Vija   Ganita^. 

13 

R^ponse:—* 

III.  D'un  arhre  haut  de  100  coudees  un  sin^e  est  des- 
cendu  et  se  rend  a  un  elang  distant  de  200  coudees,  pen- 
dant quun  autre  singe,  sautant  d'une  certaine  hauteur  au- 
dessus  de  Varbre,  se  rend  rapidement  au  meme  point  par 
la  diagonale.  Si  Vespace  parcouru  par  les  deux  singes 
est  le  meme,  dis-moi  (>ii>ement,  homme  savant,  la  hauteur 
du  saut,  si  tu  as  appris  a  calculer  rapidement  (Bhaskara^ 
Lildvati  et  Vija  GanitcL)  {fig.  e) 

Reponse:SO.     [a;  =  150.] 


Fij'.  e. 


Fig.  t- 


IV.  Deux  tours  elecees  I'uhe  de  30  pas,  V autre  de  40, 
sont  distantes  de  50  pas  ;  entre  les  deux  se  troupe  une  fon- 
taine  vers  le  centre  de  taquelle  deux  oiseaux  descendant 


344  APPu85jIONS    DIVERSES 

des  sommels  des  deux  tours  se  dirisent  du  mime  vol  et 
parviennent  dansle  meme  lemps  ;  quellessont  les  distances 
horizontales  du  centre  de  la  fontaine  aux  deux  tours? 
(L:fiONAiU)  DE  Pise,  Liher  Abaci,  1202)  (Jig.  /). 

R^ponse:32etl8. 


BIBLIOGRAPIIIE 


Mohammed  ben  Musa.  —  Algebra.  Edition  Rosen.  Londrcs,  !831,  in-8*. 
Berson.  —  Sur  I'emploi  des  figures  geomelriqxies  par  les  Japonais  pour  la 

resolution  des  problemes  d'ariihmelique.  Mt'ni.  de  I'Ac.  des  Inscr.  et 

Bel.  Let.  de  Toulouse,  1891. 


§  3.  —  Sommation  des  progressions  g^om^triques. 

Cas  general.  —  Problenie.  —  Les  deux  premiers  ter- 
mes  d'une  progression  geometrique  quelconque  etant  don- 
nes,  determiner  les  ternies  suivants  : 

l''^Solution(ToRiucELLT,  ^««r//Y7////vT^fl'/-^Z>oAT?.  Florence, 


1644). 


Inscrivons    le    premier 


Fig.  a. 

On  a  en  effet,  par  exemple, 


terms  AB'  entre  les  cotes  d'un  angle 
quelconque  ZOY  ;  puis  sur  B'A  por- 
tons  une  longueur  B'l  egale  au  se- 
cond terms  et  menons  par  I  une 
paraliele  a  OY  qui  rencontre  OZ  en 
B.  Menons  enfin  successivement  les 
paralleles  BC  a  AB',  CG'a  BB',  CD' 
a  BC  et  ainsi  ds  suits.  BC  r=  IB' 
reprdsente  Is  second  terms,  et  CD', 
DE',  ...  les  termes  suivants  de  la 
progression. 


BC 

OB 

OC 

OC      CD' 

Ali 

t.A 

yju 

OiJ      JiC 

APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL 


345 


Alnsi 


AB'      BC* 


Autrement  dit,  le  rapport  de  deux  segments  paral- 
leles  consecutifs  est  constant :   ces  segments  foi  ment 

done  une  progression  georaetrlque  de  raison  —— -. 

2«  Solution  (D'apres  G.  Darzens,  /*''  de  Longchamps, 
1893).  —  Portons  sur  une  droite  AR {fig^h)  un  segment 
AB'  representant  le  premier  terme,  puis  dans  une  direc- 
tion quelconque  tragons  un  segment  B'B  egal  au  second 
terme  ;  par  B  menons  BC  parallele  ci  AB'  et  egal  a 
B'B.  Menons  enfin  les  droites  AB  et  B'C  et  inscrivons 
entre  elles  des  segments  C'C,  CD',  D'D,...  successive- 
ment  parallelesa  B'B  etBC:  les  longueurs  CD':=CG', 
DE'  =  DD',...  representent  les  termes  suivants  de  la 
progression.  On  a  en  effet,  par  exemple, 

BB'^CC; 
AB'      BC' 


ou 


BC;  ^  CD' 
AB'^BC' 


S.     T/ 


B'         R 


Fig.  e. 


3«  Solution.  —  Portons  sur  une  droite  AR  (fig,  c)  ua 
segment  AB' representant  le  premier  lerme;  en  B' ele- 


346  APPLICATIONS    DIVERSES 

vons  sur  AR  une  perpendiculaire  B'T  et  du  mt^me  point 
comme  centre,  avecun  rayon  B'B  egal  au  second  terme, 
ddcrivons  un  arc  de  cercle  auquel  nous  menons  par  A  la 
tangente  AS.  Par  le  point  de  tangence  B  abaissons  BC 
perpendiculaire  sur  B'T,  puis  C'G  perpendiculaire  sur 
AS,  CD'  perpendiculaire  sur  B'T,  et  ainsi  de  suite.  Les 
segments  consdcutifs  AB',  B'B,  BC,  G'C,  CD',...  forment 
une  progression  g^ometrique. 

Les  triangles   rectangles    semblables   ABB',  B'C'B, 
BCC,  C'D'C,...  donnent  en  effet 

BB'      BC      CC      CD' 


AB'      BB'      BC      CC 


Sommalion.  —  La  resolution  du  probI§me  prece- 
dent va  nous  permeltre  de  determiner  immediatement 
la  somme  d'un  nombre  quelconque  de  termes  d'une 
progression  geometrique  quelconque. 

l«e  et  2«  Solutions  (Torricelli  et  G.  Darzens).  —  Les 


termes  de  la  progression  geometrique  etanl  representes 
par  les  segments  parall^les  AB',  BC,  CD',...  inscrits 
entreles  c6tes  d'un  certain  angle  YOZ,  si  nous  prolon- 
geons  les  droites  CC,  DD',  EE',  ...  jusqu'^  leur  ren- 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL 


347 


contre  avecAB'en  C^  D",  E",  ...,  il  est  evident  que  AC", 
AD  ,  AE", ...  donnent  lasomme  des2,  3,  4, ...  premiers 
termes  de  la  progression. 

Si  Ton  suppose  maintenant  la  progression  decrois- 
sante  et  illimitee,  les  points  B,  C,  D,  E,  ...  et  B',  C, 
D',  E',  ...  tendent  vers  le  sommet  0  et  la  sonime  des 
termes  a  pour  limite  le  segment  AO"  determine  par  la 
parallele  00"  h.  BB'  menee  par  0.  On  peut  d^duire  fa- 
cilement  de  ce  trace  I'expression  numerique  de  la 
somme  cherchee  S  dans  le  cas  consid^re,  connaissant 
le  premier  terme  a  et  la  raison  q  de  la  progression: 


d'ou 


BC 
AB' 

_0B_ 
OA 

S  — - 

O'B' 
0"A 

a 

_S 

—  a 

S 

i-q 


S"-  Solution.  —  D'apr^s  le  trace  indique  au  probl^me 
precedent,  AB'  etant  le  premier  terme  de  la  progression, 
AB'O  dtant  droit  et  AO  mene  de  telle  sorle  que  la  per- 

pendiculaire  B'B  abais- 
see  de  B'  sur  cette  droite 
soit  ^gale  au  2*  terme, 
les  segments  BC,  G'C, 
CD',  D'D,  DE',  E'E,  ... 
perpendiculaires  suc- 
cessivement  a  B'O  et  AO 
sont  les  termes  suivants 
de  la  progression.  Soit 
maintenant  0"  le  point  de  rencontre  de  AB'  et  de  la 
perpendiculaire  en  0  ^  AO. 

Les  sommes  successives  des  termes  repr^sent^s  par 
les  segments  paralleles  a  AO"  sonl  donn^es  sur  AO"  en 
AB',  AG",  AD",  AE",  ...  ;  celles  des  termes  reprdsent^s 


D"  E"    0" 


348 


Al'PLICATIONS    DIVERSES 


D, 


par  les  segments  parallelcs  a  OO'sontdonn^es  siir  00' 
en  0"G",  0"D",  0"E", ... 

Si  la  progression  est  decroissante  et  illimit^e,  la 
somme  de  tous  los  termes  est  ainsi  representee  par 
celle  de  riiypoteniise  AO"  et  du  c6t6  00"  du  triangle 
rectangle  AOO". 

Cas  parliciiliers.  —  Sommatlon  de  la  progression 

111 

indefinie  —  •  —  . —  Nous  nous  contenterons  d'in- 

2      4      8 

diquer  des  solutions  differentos  de  cclles  qui  resulte- 

raient  de  I'application  des  proctsdes  donnt's  ci-dessus 

pour  une  progression  geometrique  quelconque. 

Ire  Solution   (EucLiDE,    3"    s.    av.  J.-C).  —  Le  geo- 

nielrc  grec  a  resolu  cclte  question 

dans  ses  Elements  (1,  liv.  X)  sous  la 

forme  suivante  :   Si  d'une  i^randeur 

donnee  AB  on   retranche  tine  partic 

HB  e^ale  a  la  moilie  de  AB,  si  du 

reste  AH  on  retranche  une  partie  KH 

egale  a  la  moitie  de  AH,  et  ainsi  de 

suite,  on  finira  par  trouver  un  reste 

qui  sera    inferieur   a   une  grandeur 

donnee  C, 

ci       Ei  EnefTet,  en  portant  sur  une  droite 

indefinie  la  grandeur  G  un  nombrc 

suffisant  de  fois  en  DF,  FG,  GE,  on  finit  par  obtenir 

une  grandeur   DE  >•  AB  ;    supposons  maintenant  AB 

divise  conformement  h.  I'enonee.  On  a 

AH  =  ^^j^<^<DG. 

AH      DG^C. 

2  2 


A, 


K. 


H.. 


Bi 


G- 


Ainsi 


AK  <  G. 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL 


349 


Cette  proposition   pcut  encore  s'enoncer  ainsi:  La 

AB      AB 

difference  entre  la  grandeur  AB  et  la  somme  ~^  +  -t~ 

\B 

-^- f--  •  •  est  infcrieure  a  toute  qitantite'  donnee  C. 

8 
EUe  s'exprimerait  aiijourd'hui  dc  la  maniere  suivante: 

•  est  AB. 


r      r     :      J    J  AB    ,    AB 

La  limite  de  la  somme  -  -  +  — — 
2         4 


8 


Si  nous  supposons  AB  egale  k  I'unite  de  longueur^ 
on  voit  que  la  somme  des  termes  de  la  progression 

—  .  —  .  —  est  1. 

2       4       8 


2e  Solution.  —  Soit  ABCD  un  carrerepresenfantrunit6 
de  surface.  Construisons  le 
carre  A'B'C'D'  d  aire  1/2  dont 
les  sommets  sont  les  milieux 
des  cotes  de  ABCD;  puis  de 
la  merae  maniere,  le  carre 
A"B  C"D",  dont  Faire  est  la 
moifie  de  celle  de  A'B'C'D'  ou 
1/4  ;  puis  le  carre  A'"B'"G'"D"' 
d'aire  1/8,  ... 

Le  premier  terme  1/2  de  la 
progression  consid6ree  peut 
6tre  reprosento  par  les  4  triangles  hachures  du  pour- 
tour  de  ABCD,  le  second  terme  1/4  par  les  4  trian- 
gles pointilles  du  pourtour  de  A'B'C'D',  le  troisi^me 
terme  1/8  par  les  4  triangles  a  hachures  croisees  du 
pourtour  de  A"B"C"D"...  En  continuant  cette  construc- 
tion, on  voit  que  la  partie  ombree  aboutit  au  point  0, 
centre  de  ABCD,  c'est-a-dire  qu'elle  a  pour  limite  I'aire 
de  ABCD  ou  1.  On  a  done  bien 


1  +  1/24-1/4+1/8  +  ...  =  !. 


350  APPLICATIONS    DIVERSES 

3«  Solution.  —  Soit  ABC  un  triangle  rectangle  isocele 
dont  nous  prendrons  I'aire  pour  unite.   Abaissons  du 

sommet  A  de  Tangle  droit 
une  perpendiculaire  AD 
surl'hypot^nusc  BG,  puis 
de  D  une  perpendiculaire 
sur  AFi,  et  ainsi  de  suite. 
Le.s  triangles  DAG,  EAD, 
FED,  ...  successivement 
obtenus  represententres- 
pectivement  i/2,  1/4, 
i/8,  ... ;  la  somme  des  aires  de  tous  ccs  triangles  a  evi- 
demment  pour  limite  I'aire  de  ABC,  c'est-Si-dire  1. 


Sommation  de  la  progression  indefiiiie  1  •  -r  *  it: 


16 


l""*  Solution.  —  ARCUiAiftDE  (^Quadrature  de  laparabole, 
prop.  23,  3*s.  av.  J.-G.)ra pre- 
sentee sous  la  forme  ci-apres  : 
Etant  donne  un  nombre  quel- 
conque  de  grandeurs  A,  B,  C, 
D,  E  telles  que  chacune  d'elles 
contient  4  fois  celle  qui  la  suit 
immediatement ^  la  somme  de  ces 
grandeurs  augmentee  du  1/3  de 
la  plus  petite  E  est  egale  aux  i/3 
de  la  plus  grande  A. 
Soient  U,  X,  Y,  Z  d'autres  grandeurs  qui  soient  res- 
pectivement  le  1/3  de  B,  C,  D,  E. 

On  a      B-f-U  =  |A  +  lAx-  =  l/3A; 

4  4  3 

de  meme  G-f-X  =  l/3B, 
Dh-Y=1/3C, 
E-|-Z=1/3D. 


A 

B 

C    |d[E 

APPLICATIONS    DE    LA    GEOMliTRIE    AU    CALCUL 


35  i 


Par  suite 

(B-+-C-hD-4-E)H-(U-t-X-f-Y-hZ) 

=  i/3(A-f-B-f-C  +  D). 

Mais  U-l-X-hY==l/3(B  +  C  +  D); 

done  B-|-C-hD4-E  +  Z  =  l/3A. 

F 

Ajoulant  A  de  part  ct  d'aulro  «'l  romplagant  Z  par-^, 

o 

A  +  B-i-C  +  D-{-E  +  l^  =  4/3  A.  C.q.f.d. 

o 

Aujoiird'hui,  on  conclurait  de  cc  qui  precede  que  si 
le  noinbre  des  grandeurs donnees  A,  B,  C,  ...  augmente  in' 
defininient,  la  derniere  et  son  tiers  tendent  vers  zero  et  la 
somme  de  ces  grandeurs  tend  vers  4/3  A.  Si  I'on  prend 
A  pour  unit^,  on  a  done 


1+1-+4+ 


=  V3. 


II  serait  d'ailleurs  facile  de  generalisercclte  demons- 
tration et  de  I'appliquer  h.  une  progression  decroissante 
quelconque. 

2*  Solution.  —  Solent  ABC  un  triangle  d'aire  ^gale  a 

Tunite,  D  et  E  les  milieux 
de  ACetAB,  etBD  lam6- 
diane  relative  au  sommet 
B.  Joignons  D  et  E,  me- 
nons  EF  parallMe  h.  AC 
jusqu'a  sa  rencontre  en 
F  avec  BD,  puis  GF  pa- 
rallele  a  BC  jusqu'^  sa  ren- 
contre en  G  avec  AB,  et 
ainsi  de  suite. 

On  voit  immddiatement  que  les  aires  des  triangles 
ombres  ADE,  EFG,  GHI  ont  respectivenient  pour  valeur 


352  APPLICATIONS    DIVERSKS 

111 

T '  7;r '  TTT » •  •  • ;  leur  somme  est  c'^ale  a  1/3,  car  ADE 
4     16     64 

est  le  1/3  du  trap&ze  AEKC,  EFG  est  le  1/3  du  trapeze 

EKLG  . . .  et  par  suite  ADE  -h  EFG  H est  le  1/3  de 

ABC,  c'est-a-dire  de  1. 


On  a  done     t  +  IT  +  ft 
4       1()      64 


et 


1 


16      64 


=  1/3 

=  4/3. 


Probleme.  —  Une  cir conference  est  difise'e  en  un  cer- 
tain nombre  de  parties  egales.  Par  les  points  de  division 
A,  M,  N,  P,  Q,  ...  on  mens  des  rayons  et  par  I'un  de  ces 
points,  A  par  exeniple,  on  abaisse  une  perpendiculaire  AB' 

sur  le  rayon  OM  le 
plus  proche,  puis  t/eB' 
on  abaisse  une  nou- 
velle  perpendiculaire 
B'Z*  sur  le  rayon  sui- 
vant,  et  ainsi  de  suite 
in defin im ent.  On  de- 
ma  nde  quelle  est  la 
somme  de  toutes  ces 
per pendicul aires  (D'a- 
pres  le  7°'  de  Vuibert, 
1878-79). 

Abaissons  B'B  per- 
pendiculaire sur  AO^ 
puis  BC  perpendiculaire  sur  OM,  et  ainsi  de  suite  ;  on  voit 
immediatement  que  B'B^rB'Z*,  BG'  =  ^c',  G'G=c'r,... 
Ainsi  le  probl^me  revient  a  trouver  la  somme  des  per- 
pendiculaires  AB',  B'B,  BC',  C'C, ...  aux  cdtes  d'un  angle 
connu  AOB'.  Nous  allons  voir  quel  resultat  on  obtient 
dans  les  cas  les  plus  simples  en  appliquant  U  3*  Solution 


Fij 


AI'l'LICATlONS    J)E    LA    GKOMKTKIE    AU    CALCUL  353 

donnce  pour  la  sommation  d'une  progression  geom6- 
Irique  quclconque  et  en  supposaril  qu(;  le  rayon  AG  soit 
pris  pour  unite  de  longueur. 

AOB' =  60"  (Hcxaf/ortc,  fiq.  b.)   —  Dans  le  triangle 
AGO"  on  a  AG  =  1  et  comme    (?— .  GO",     A  =  30"  et 

AG"  =  2G0".  GnendeduitAO"  =  ^et  00"  =  ^. 

3  3 

La  somme  clierche'e  a  ainsi  pour  expression  OG"  -|-  AG" 

=  V3:  elle  est  done  egale  au  cole  du  triangle  equila- 
te'ral  inscrit. 

De  plus,  comme  AB'  =  ^-,   BB'  =  ^,   BC'=:^..., 

2  4  8       ' 


B'        0" 


Fi«.  b. 


cette  construction  fournll  un  procdde  geometrique  pour 
sommer  la  progression  indclinimenl  decroissante 

s/l  v5  Vl 

2    •    4    *    8   ••• 

de  raison  t/2  on,  ce  qui  rcvienl  au  meme,  pour  sommer 
la  progression 

i      i       ^ 

2    *   4   '   8  '  * ' 

AGB'  =  45'>  {Octogone,  fig.  c).  —  Gn  a  AG  =  GG' 
=  \ ,  AG"  =  v/2  .  La  somme  cherchde  GG"  +  AG" 
=  1  +\/2  est  done  ^gale  au  rayon  augmente  du  cote 
du  carre  inscrit. 

FocuiiEY,  —  Curios,  geom.  23 


354 


APPLICATIONS    DIVERSES 


'  =  ^,  BB'  =  i,  BC'  =  V^..., 


Comme  AB  =  ^ ,  aii'  =  — ,  aw  =  ^ —  ■  . ,  ce  pro- 

^  ^  4- 

cdde  revient  a  la  sommation  geometrique  de  la  progres- 
sion 


^  i  v/1 

2    *  2  '    4  • 


de  raison  ^ — . 
2 


AOB'  =  30"  (Dodecagnne,  fig.  oT).  —  On  a  AO  ==  1   et 
commeA  =  60%  AO"  =  2AO  =  2;  d'ou  00"  =  \/'6.  La 

sommc  cherch6e  AO"  +  00"  =  2  H-  y/S  est  done  egale  au 

diametre  augmenle 
dii  cold  dii  triangle 
equiiatdral  inscrit. 
On  somme  ainsi 
geometriquementla 
progression 


Fig.  d. 


4 


de  raison 


2 


§4. 


Sommation  de  series. 


I.  Sonime  des  n  premiers  nonibres.  —  Considd- 
rons  la  figure  AEFD  (^/ig.  a)  formee  par  Fadjonclion  de 
rectangles  composes  eux-memes  de  1  ou  2  ou  3...  ou  n 
carrds  egaux,  chacun  de  ces  carres  representant  une 
unitd.  Cette  figure  AEFD  repr^sentera  alors  la  somme 
cherchde  S  ;  si  nous  lui  accolons  la  figure  dgalc  EBCF, 
nous  obtiendrons  le   rectangle  ABCD    qui  conliendra 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AV    CALCUL  355 

/?(//-hl)   canes   et   qui  aura  pour  valeur  2S.    On  en 
ddduit 

2        ' 


■*■ 

J 
•4- 

■2 

1 

■n- 

•n- 

"3 

•2- 

1 

"Pi 

7i\ 


Fi"   a. 


AGIO'       A     G    C  G"  D 

Fk'.  6.  Fi-    c. 


II.  Somnie  ties  n  premiers  nombres  impairs.    — 

Considerons  les  carres  AEFG  et  AE'F'G'  dont  les  cdt^s 
representent  respectivement  AetA:-f-l  unites  (fig.  /»). 
La  diffdrence  entre  ces  deux  carres  est  donnee  par  la 
figure  ombr^e  EE'F'G'GF  qui,  nous  le  savons  (§  2), 
(§tait  appelee  gnomon  chez  les  Grecs  ;  cette  figure  est 
formee  de  deux  rectangles  d'aire  2A-  et  d'un  carrd  d'aire 
1.  Onpassera  done  du  carr6  k^  au  carre  suivant  {k-\-\y 
en  ajoulant  au  premier  un  gnomon  repr^senlant  le 
nombre  impair  2/t-|-l. 

On  en  deduit  qu'en  ajoutant  au  carre  AEFG  de  va- 
leur 1  (Jig.  c)  [gnomon  se  reduisant  a  un  carr6]  un  gno- 
mon de  valeur  2-f-l  ou  3,  on  obtient  le  carre  AE'F'G' 
de  valeur  (l-f-l)-  ou  2^;  en  ajoutant  a  AE'F'G'  un  gno- 
mon de  valeur  2x2  +  1  ou  5,  on  obtient  le  carre 
AE"F"G"  de  valeur  (2  +  1)' ou  3^..  La  somme  des  « 
premiers  gnomons  ainsi  accoles  ou,  ce  qui  revient  au 
meme,  la  somme  des  n  premiers  nombres  impairs  est 
done  representee  par  un  carre  de  c6t^  n  dont  la  va- 
leur est,  par  suite,  «*.  Ainsi  la  somme  des  n  premiers 
nombres  impairs  est   egale  au  carre  de  leur  nombre.. 


356 


APPLICATIONS    DIVERSES 


Ce  procedc  g(5ometrique  pour  determiner  la  somme 
des  n  premiers  nombres  impairs  est  dti  aux  Pytiiago- 
riciens  (Aristote,  Physi<jue). 

III.  Soninie  des  n  premiers  produits  des  nombres 
pris  deux  a  deux  dans  leur  ordre  naturel  (A.  Rigour). 
On  a  ici,  S  designant  la  somme  cherchee, 

S  =  1.2  +  2. 34-3. 4  H [-<n-hl), 

<l'oij 


S_1.2       2.3      3.  A 

2~"    2  2  2 


n{n-\-\) 
2 


Coltc  dcrniere  relation  pent  s'ecrirc,  d'apres  I, 


-^=l-f-(l+2)  +  (l+2-f-3)-f- 
+  (l-H2H-.3- 


71). 


(1) 


Considcions    lo     rectangle    ABCD    dont  les     cotes 


B 

C 

2    ;       3      i                   1           n 

F 

2    13! 

nin-^\j 

2    :       3 

2 

E 

1.2 

2.3 

3.4 

A 

\ 

2 

3 

It 

D 

AH    ct   AD     representcnt    respccHvement     ?2-f-2     et 
1  4-  2  -(-  o  4-  •  •  •  4-  ;i  =    ^      — ^  unite; 

<langle  a  pour  valeur  K' '  +  0 (^  ±2) . 


1  4-2  4-3  4- •••  4- ;i=:-^^-lt-J  unites;   I'aire  du  rec- 


Laligne  brisee  EF  parlage  ABCD  en  deux  series  de 
rectangles  :  Tune  (AEFD  divise  en  bandes  verticales) 
-a  pour  expression  1.2  4- 2. 3  4- 3  .44-...  4-«(/i4-l)=:S 


APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL  35T 

et  I'aulre     (KUCF    divlse    en    banJes  horizon lales)^ 

H-(H-2)-h('l-f-2-h3)  +  ... 


H-(1+2H H/?)  =  |    d'apres   (1). 


On   a  done 


d'ou 


S-f-^        ou        3S^r<n-HL(rM-2) 
2  2  2  ' 


IV.  Somnie   des  carres  des  n  premiers  noiiibres. 

—  Soitle  rectangle  ABCU  dont 
les  coles  AB  et  AD  represen- 
tent  respecHvement  A- et /:-f- I 
unites  :  on  pent  le  considerer 
commc  forme  du  carre  ABEF 
d'airc  /r  et  du  rectangle  FEGD 
d'aire  k.  On  a  done 

k^  =  k{k-]-\)  —  L 

Si  dans  celte  relation  on 
remplace  succcssivement  k  par  1,  2,  3,...  «,  ct  qu'on 
ajoule  les  resultats  obtenus,  on  a,  en  d^signant  par  S  la 
somme  chcrchee  et  enayant  dgard  aux  resultats  I  et  III 


.3 


ou  encore 


g_n(n4-l)(2y?4-l) 
~~  6 

V.  Soinnic  des  cubes  des  n  premiers  nomhres.  — 

Soil  un  carre  ABCD  de  cote  1  -l-2-{-3 -|-- H-/t  dans  le- 
qucl  on  conslruit  d'autrescarrds  ayant  unsomraet  A  et 


358  APPLICATIONS    DIVERSES 

deux  c6tes  AB  et  AD  communs  et  dont  les  c6tes  res- 
pectifs  sont  1,  1  +  2,  1  +  2+3.,.,  Un  gnomon  quel- 
conque  B'BGDD'C  ainsi  determine,  de  largeur  A-,  a 
pour  aire 

2  reel.  B'BCF  —  carre'  C'ECF  =  2k  x  AD  —  k\ 

^(A-  +  l). 


Mais   AD  =  1+2 +  3 H \-k  = 


2 


B' 


I'aire  dont  il  s'agit  a  done  encore  pour  expression 
kXk-{-i)  —  k^  =  k\ 

Ainsi  le  gnomon  consider^,    de    largeur   k,  a  pour 

valeur  k^. 

On  en  ddduit  que  les  gnomons  de  la  figure  ci-contre 

ont,  successivemeiit,  pour 
valenr  1^  2^  3^..  n^  et  que 
leur  somme  est  represen- 
tee par  un  carre  de  cote 
1  +  2+  3  +  ...  +/Z.  On 
a  done  cetle  proposition  re- 
marquable  :  La  somme  des 
cubes  des  n  premiers  nom- 
bres  est  egale  an  carre  de  la 
somme  de  ces  nombres. 
A  D        I^  La   demonstration    que 

nous  venons  de  donner  est 

due    h.   un   algebriste    arabe  du     commencement     du 

11*  siede,    AlkharkhI   (Woepgke,   Extraits  du  Fakhri^ 

Paris,  1853). 

Ill 
VI.  Sommation  de  la  s6rie  - — -A 1 f-  — 

1.2      2.3       3.4 

!■•«  Solution  (BAEHR,^S50C./r«nc.j9./'au«/2c.  des  sciences, 
1877). — ConsideronsunparalieiogrammeABGD  dontles 
diagonales  se  coupent  en  E.  Menons  par  E  une  paral- 
l6le  a  AB  qui  coupe  BG  en  E' ;  la  droite  E'D  rencontre 


B 

I 

\          C 

* 
1 

c 

...Ar...., 

3 

3 

2 

Tl2 

APPLICATIONS    DE    LA    GEOMETRIE    AU    CALCUL  359 

AG  en  F ;  menons  FF'  parall^le  k  AB,  joignons  F'  et 

D,etainsidesuite.On 

.  ^  d'abord  ^  =  1/2. 

GB 
Les  triangles  sem- 
blables  E'FG  et  DFA 
donnent  ensuite 

GF^GE'^,w2 
Af       AU        ' 


Par  suite, 


CF'      CF      ,,„ 
GB  =  AG  =  ^/^- 


CC  TFT' 

On  a  de   meme --— =;  1/4,     — — =rl/o,    etc.    Ainsi 
GB        '  '     GB        ^ 

..    CE'     CF'     CG'     GH'  , 

es  rapports  successifs  —,   _,   — ,   .^_...repr^- 

sentent  les  inverses  de  la  suite  naturelle  des  nombres. 
On  a  aussi 


ET' 
GB 


CE'  — CF' 
GB 


FG'      CF'  — CG' 


GB 


GB 


1 
2.3* 

J 

s'.l' 


CP     F'F'     F'P' 
La  sommeS  des  rapports --^,  -— -,   77^,    ...repr^- 

CB       LiB        Lr> 

sente  done  celle  des  termes  do  la  serie  consideree.  On  a 

e— BE'-f-E'F'  +  F'G'H _, 

^  -  GB  -^' 

Ainsi  la  somme  cherchee  est  I'unild. 

2e  Solution  (SuNDARA    Row,   Geometrical    exercises    in 


360  APPLICATIONS    DIVEHSES 

paper  folding .  Madras,  1898).  — Soitune  droite  AB  aux 

extremities  de  laquelle 
nous  elevens  deux  per- 
pendiculaires  AC  et  BX 
en  sens  conlraires,  la 
premiere  dtant  limitee 
en  un  point  quelconque 

C.  Portons  sur  BX,  en 
BD,BE,BF,...1,2,3,... 
longueurs  egales  a  AC; 
les  droiles  joignant  C  a 

D,  E,  F,...  rencontrent 
ABen  D',  E',  F',...  Ona 


AD'      ,,.        AE'      ,,, 


AF 
AB 


1/4,... 


On  achevera  comme  a  la  precedente  solution. 


BIBLIOGRAPHIE 


A.  RicouR.  —  Application  de  la  geomdlrie  e'lcmentairc  a  I'arithme'iique. 
Mem.  d.  1.  Soc.  d'Agric  ,  Sc.  et  Arts  du  Nord.  Douai,  1870-72. 


§  5.  —  Application  au  calcul  des  probabilit^s. 

Rappelons  la  definition  de  la  probability  d'un  evene- 
ment. 

Si  Ton  considers  une  urne  contenant  S  boules  dont 
2  blanches  et  3  noires  et  si  Ton  exlrait  une  boule  au 
hasard,  personnen'h^sitera  ^direquil  ya2chancessurS 
pour  que  la  boule  soit  blanche,  cost  a-dire  que  sur  5  cas 
qui  peuvent  se  presenter  et  qui  sont  ei^a/e/nent  possibles, 
ily  en  a2  favorables  a  lasortied'une  boule  blanche.  La 


APPLICATIONS    DE    LA    GKOMETRIE    AU    CALCUL 


361 


prohabilite  &Q  cet  evenementpourradoiic  elre  representee 

2 
par-. 

D'une  faQOn  g^nerale,  la  probabilite  d'un  evenement 
est  le  rapport  du  nombre  des  cas  favorables  k  I'arrivee 
de  cet  ev^nemei)t  an  nombre  tolal  des  cas  qui  peuvent 
se  realiser,  tous  ies  cas  etant  supposes  dgalemenl  pos- 
sibles. 


Problenie  I.  —  On  prend  an  hasard  un  point  M   dans 
I'interieur  d'un   triangle  et^ni' a teral  ABC;    quelle  est   la 

pi obabiUle  pour  que,  si  de 
ce  point  on  abaisse  des  per- 
pendiculaires  MAj ,  MBj , 
MCj  sur  Ies  trois  cotes,  on 
puisse  former  un  triangle 
a^ec  MAi,  MB,,  MC,  (E.  Le- 
moine). 

Soient  A'B'C  le  triangle 
forme  enjoignantlesmilieux 
des  cote's  et  DE  une  paral- 
lele  a  AC  passant  par  M,  ce 
dernier  point  etant  suppose  a  Finterieur  de  A'B'C. 
D'apres  une  propriete  connue,  la  somme  MAj  +  MC, 
est  egale  h  une  hauteur  du  triangle  equilateral  BDE, 
hauteur  qui  est  necessairement  superieure  a  MBj.  On  a 
done 

MB,  <MAi  +  MCi; 

de  mSme,  MA,  <  MB,  +  Md, 

MC,  <MAi-f-MB,. 

On  remarquera  d'ailleurs  que  si  M  est  situe  hors   de 
A'B'C,  par  exemple  dans  BCA', 

MB,>MAi-|-MCi. 


362  APPLICATIONS    DIVERSES 

Ainsi  la  condition  necessaire  et  suflisante  pour  que 
MAi,  MBj  et  MCi  puissent  former  iin  triangle  est  que  M 
soil  situ6  a  I'interieur  de  A'B'C 

L'ensemble  des  cas  favorables  pent  done  Hve  repr^- 

senle  par  I'aire  du  triangle  A'B'C;  Tensenible  des    cas 

possibles,  par  I'aire  du  triangle  ABC;  et  la  probability 

,       ,  ,  1  ,   aire  A'B'C       .  ,, 

<;herchee,  par  le  rapport  — -. — -—-—  =  1/4. 

aire  ABt< 

On  peut  etendre  cette   solution  a  un  triangle  quel- 

<;onque ;  c'est  d'ailleurs  sous  cette  derniere  forme  que 

M.  E.  Lemoine  a  prdsente  la  question. 

Probl^me  II.  —  On  donne  une  barre  que  l'o?i  casse  en 
5  fragments.  ProhahUite  j,onr  que  Con  puisse  former  un 
triangle  avec  ces  3  fragments  (E.  Lemoine). 

Les  3  fragments  peuvent  6tre  representes  par  les  3 
perpendiculaires  abaissees  d'un  point  M  situe  a  I'intd- 
rieurd'un  triangle  equilateralsur  les  cotes  de  ce  triangle; 
on  sait  en  effet  que  la  somme  de  ces  3  perpendiculaires 
est  constante  et  6gale  a  la  hauteur  du  triangle. 

On  est  ainsi  ramen^  auprobleme  precedent  etla  pro- 

babilite  cberchee  est  1/4. 
I 

DiBuor.n\piiiE 

E.  Lemoine.  —  Bullet,  de  la  Soc,  mathem.  de  France,  1872-73  et  1883. 

L.  Lalannk.  —  Assoc,  fiane.  p.  I'avanc.  des  sciences,  1878. 

Rev.  T.  C.  Simmons  M.  A  —  Assoc,  frang.  p.  Tavanc.  des  sciences,  1894. 


CHAPITRE  II 

LE  JEU  DE  CARRELAGE 


§  I.  —  Pr61iminaires. 

Le  probl&me  consiste  h  recouvrir  un  plan  au  jnoyen  de 
pofygones  reguliers  convexes,  sans  ^ides^  duplicatures  ou 
einpietements. 

On  peut  envisager  deux  cas  correspondant  respective- 
ment  :  1°  h  des  assemblages  de  polygenes  reguliers  de 
menae  type;  2°  a  des  assemblages depolygones  reguliers 
de  types  diflfd rents. 

La  solution  du  premier  cas  a  die  donnee  paries  Pytha- 
goriciens  (Introd.,  §  2),  L'dtude  du  second  cas  a  dt6 
ebauch^e  dans  I'immortel  ouvrage  de  Kepler,  VHar- 
monique  du  Monde  (1619),  oil  Ton  rencontre  la  plupart 
des  figures  du  present  chapitre.  La  solution  de  ce  der- 
nier cas  a  et6  indiqu^e  par  M.  Badoureau  (1881)  dans 
Fhypothese  oil  les  assemblages  sont  isoceles;  ce  sent 
ceux  dont  tous  les  sommets  sont  le  point  de  concours 
des  memes  angles  et  dont  on  peut  obtenir  la  superposi- 
tion par  retournement  en  appliquant  dans  une  certaine 
position  un  polygone  sur  un  polygone  egal  quelconque. 

L'etude  des  assemblages  non  isoceles  n'a  pas  encore 
etd  entreprise,  a  notre  connaissance,  d'une  mani^re 
melhodiquc. 


364  APPLICATIONS    DIVERSES 

Nonibre  de  polygenes  reguliers  autour  d'un  point, 

—  On  ne  peut  avoir  autoiir  d'un  point  plus  de  6  poly- 
gones  reguliers  convexes,  car  le  plus  petit  angle  qui 
puisse  6trechoisi  pourformerun  assemblage  est  celui  de 
60°=  1/3  dr.,  correspondant  au  triangle  equilaleral ;  or 
la  somme  des  angles  autour  d'un  point  etant  de  4  droits, 
on  voit  qu'on  ne  peut  placer  au  plus  que  6  de  ces 
triangles  equilateraux. 

On  ne  peut  evidemment  placer  mains  de  3  polygones 
reguliers. 

Nous  aurons  done  au  plus  des  assemblages  ternaires, 
quaternaires,  quinaires  et  senaircs. 

Somme  des  angles  au  centre.  —  Soicnt  Oj,  Og,  O3,... 

les  centres  des  polygones  reguliers  assembles  autour 
d'un  point M  (/^^^  a)\  les  cotes  MA, 
I         c        MB,  MC...  etant  communs  chacun  a 
~\-^l/^  deux  polygones  adjacents  sont  n<5ces- 

1/  ^\  sairement  eg-aux. 

V  Jl,n  joignant  consecutivement  les 

,'-''     ^p         points  Oj,   O2,   O3,...  entre  eux,  on 
obtient  un  polygene  O1O2O3...  dont 
*  les  angles  au  sommet  sont  precisd- 

pj„  ^  ment  les  angles  au  centre  des  poly- 

gones reguliers  considcres 
Suivant  qu'il  s'agira  d'un  assemblage  ternaire,  qua- 
ternaire,  quinaire  ou  senaire,  le  polygene  O1O2O3...  sera 
un  triangle,  un  quadrilatcrc,  un  pentagone  ouun  liexa- 
gone,  et  la  somme  des  angles  au  centre  0^,  O2,  O3,... 
sera  suivant  le  cas  de  2  dr.,  4  dr.,  G  dr.  ou  8  dr. 


§  2.  —  Assemblage  de  polygones  de  meme  type. 
Si  Ton  designe  par  n  le  nombre  dc  cotes  de  ces  1  oly- 


LE    JEU    DE    CARRELAGE 


gones,  Tangle  au  centre  a  pour  valeur ~ 

done,  d'apres  ce  qui  precede  (§1):  '* 

pour  I'assemblage  ternaire, 


365 

On  aura 


n 


2,       d'ou       n  =  6; 


pour  I'assemblage  quaternaire, 


4  X  —  =  4 ,       d'ou       n  =  4 ; 


pour  Tassemblage  senaire, 

6x-  =  8,       d'ou 
n 


n  =  6. 


La  meme  relation  appliquec  a  I'assemblage  quinaire 
conduit  pour  n  a  une  valeur  fraclionnaire  ;  ce  cas  ne 
fournit  done  pas  de  solution. 

En  resume,  les  seuls  carrelages  possibles  de  poly- 
genes reguliers  de  m6me  type  sont  formes  par  3  hexa- 
gones  {fig.  ^),  4  carres  (fig.  c),  ou  6  triangles  equilat^- 
raux  (Jig.  d'). 


Fig.  b.  —  6,  6,  6.  Fig.  c.  -  4,  4,  4,  4.    Fig.  d.  —  3,  3,  3,  3,  3,  3. 


§  3.  —  Assemblages  de  polygones  de  types  diff6rents. 

Soient  n,,?72,/?3,  ...,  (n^^n.^n^  .  .  .  )  les  nom- 
i)res  de  cotes  des  polygones  assembles. 


3G6  APPLICATIONS    DIVEKSliS 

Assemblages  ternaires.  —  Les  angles  en  0, ,  O2,  0, 

{Jig.  a)  correspondunL  a  chacun  des  poly^ajiies  ont  vi\s- 

,        i     i     i 
pcctivement  pour  vaJeur  —  ,  — '  —  ct  on  doit  avoir  (§1) 

Wj    ^2   n-i 

4        4        4 

-H h    -  =  2, 

w,       Wj      n., 

1111 

?ll         W2         71.^         2  ^    '^ 

En  observant  que  3^7i, ^6  (§  1)  «;(  f.iisnnt  succes- 
sivemont  n,  =  3,  w,  =  4,  n^  =  ^o  et  w,  =  G ,  on  Irouvc 
les  solutions  ci-apres: 

1.  3,    7,42  fi.  4,5,20 

2.  3,    8,24  7.  4,0,12 

3.  3,    9,18  8.  4,8,    8 

4.  3,10,15  9.  5,5,10 

5.  3,12,12  10.  6,6,    6. 

Assemblages  qualernaires.  —  On  a  ici  (§1) 

4444 

_  _l 1 h  -  -  4  , 

??,        7*2       n:i       n^ 

ou  1 1 1--  =  1.  (2) 

Wj         712        fh        ^U 

On  ne  pcut  avoir  que  les  solutions  suivantes : 

11.  3,3,4,12  13.     3,4,4,6 

12.  3,3,6,    6  14.     4,4,4,4. 

Assemblages  quiuaires.  —  On  doit  avoir  (§  1) 

Til         Wj         ris         7i^         71z 

1        1        1        1        1        3 
ou  l  +  A+W     =|-.  (3)^ 

n*      Wo      n,      Hu      n.       2 


LB   JEU    DE    CARRELAGB  36T 

Celle  relation  n'est  satisfaitc  que  pour  les  valeurs  ci- 
apres  : 

15.     3,3,3,3,6  16.     3,3,3,4,4. 

Asseinl)Iages  senaires.  — '■  On  a  (§  1) 


on 


4 

1111 

-H 1 h- 

Ui      rii      ^3       n^ 

On  a  ici  la  seule  solution 


-  H h     -f-     +  -  =r  8 , 

»,         Ui         V.  7U         /ta 


(4) 


Solutions  satisfaisant  au  probleme.  —  Les  solu- 
tions n°'  10,  14  et  17  trouv^es  ci-dessus  correspondent 
k  des  assemblag-cs  de  polygones  de  m6me  type  (§  2)  ct 
sont  par  conse'quent  a  rejeter.  II  en  est  de  mftme  des 
solutions  n°'  1,  2,  3,  4,  6,  9,  qui  ne  salisfont  pas  au  pro- 
bleme posd. 

En  etfet,  consid^rons  par  exemple  la  solution  n"  9 
5,  5,  10. 

On  pout  bien  assembler  autour  d'un  point  N  un  deca- 
gone  r6gulicr  A  ct  deux  penlagones 
reguliers  C  et  D  (Jif/.  e),  mais  cotte 
disposition  ne  pent  etre  reproduile 
indefiniment  de  facon  k  constituer 
un  carrelage.  Car  Tangle  RST  ayant 
pour  valeur  360"  — 2  x  108"  =  144% 
le  seul  polygone  regulicr  qu'on  puisse 
placer  en  S  est  un  decagone  B ;  des 
lors,  puisque  UTX  =  108",  on  ne  pent 
disposer  en  T  qu'un  pentagone  E.  II 
est  impossible  de  pousser  plus  loin 
I'assemblage,  car  Tangle  VXP  6tant 

de   144",  si  Ton  place  un   decagone  en   X,    il   recou- 


Fig.  e. 


3G8  APPLICATIONS    DIVERSES 

vrira  en  partie  le  decagone  A,  puisque  XFQ  est  de  108* 
seulement. 

On  raontrerait  d'une  mani^re  analogue  que  les  solu- 
tions enurnerees  ci-dcssus  nc  sont  pas  acceptables. 

En  resume,  les  seules  solutions  k  reteuir  sont  Ics 
suivantes: 

I.  3,12,12(^7./).  V.  3,  4,  4,  6  (A'?.  7"). 

II.  4,    6,  12  (firj.  g).  VI.  3,  3,  3,  4,  4  (/?</.  /.). 

III.  4,    8,    8(/?^./^).  VII.  3,3,  4,12  (/^•^.0. 

IV.  3,    3,    6,  G(/?^.  ^•).  VIII.  3,  3,  3,  3,  G(/?y.m). 

Assemblages  isoccles.  —  Parmi  ces  huit  assem- 
blages, les  six  pi-euiieis  seulement  sont  isoceles.  Pour 
verifier  la  condition  de  superposition  parretournement, 
on  pourra  se  servir  d'un  transparent  sur  lequel  on  de- 
calquera  chacun  de  ces  carrelages.  On  fera  coincider 
apr^s  retournement  un  polygene  du  dessin  initial  avcc 
un  polygone  egal  quelconque  du  transparent ;  on  verra, 
en  faisant  pivoter  ce  dernier,  si  dans  toutes  les  coinci- 
dences possibles  des  deux  polygenes  il  s'en  trouvc  uu 
moins  une  qui  donne  une  supr^rposition  parfaite  pour 
tout  I'assemblage  suppose  indefini. 

Assemblages  non  isoceles.  —  Les  solutions  VII  el 
VIII  donnees  par  Tanalyse  precodento  ne  sonl  pas  iso- 
celes. On  le  reconnaitra  pour  I'assemblage  VIII  (/fV^.  ///) 
au  moyen  du  procede  du  transparent  indique  prece- 
derament,  et  pour  Tassemblago  n"  VII  (Jig.  /)  par  une 
simple  inspection  de  la  figure  ;  on  voit  en  eflet,  pour  ce 
dernier,  que  les  angles  concourant  aux  sommets  A  et 
B  ne  sont  pas  les  memes,  puisque  autour  de  A  sont 
groupes  deux  triangles  e'quilatcraux,  un  carre  et  un 
dod6cagone,  et  autour  de  B  six  triangles  equilat(5raux. 


LE    JEU    DE    CARRELAGE 


369 


Fig.  f.  —  I.  3,  12,  12. 


Fig.  g.  —  II.  4,  6,  12. 


Fig.  h.  —  III.  4,  8,  8. 


Fig.  i.  —  IV.  3,  3,  6,  6. 


Fig.  j.  -  V.  3,  4,  4,  6. 


Fig.  k.  —  VI.  3,  3,  3,  4,  4. 


Carrelages  isoceles. 
FouRREY.  —  Curios,  giom. 


24 


370  APPLICATIONS    DIVERSES 

L'asscmblagc  n"  VII  revient  d'ailleurs,  au  fond,  au 
Mais  on  pent  obtenir  une  infinltd  d'assemblages  non 


Fig.  I.  —  VII.  3,  3,  4,  12. 


Fig.  m.  —  VIII.  3,  3,  3,  3,  6. 


isoceles:  a)  soil  par  une  autre  disposition  des  elements 
de  certains  assemblages  isoceles;  U)  soil  par  des  com- 
binaisons  d'assemblages  de  types  differents. 

a)  Les  fig.  n  et  odonnent,  h.  titre  d'exemple,  deux  des 
carrelages  non  isoceles  qu'on  peut  obtenir  en  plaQant 
autrementFassemblage  n^V:  chaque  sommet  comporte 
bien  un  triangle  equilateral,  deux  carres  et  un  hexa- 
gone,  mais  I'ordre  dans  lequel  se  succ^dent  ces  poly- 
gones  n'est  pas  le  m6me  pour  tous  les  sommets  et  la 
superposition  de  Tasscmblagc  h  lui-meme,  telle  qu'elle 
a  6te  definie  anterieurement,  est  impossible. 


Fi-.  n.  Fig.  «• 

3,  4,  4,  6.  —  Carrelages  non  isoceles. 


LE    JEU    DE    CARRELAGE 


371 


^)  Les  fig.  /;  et  q  donnent  comme  exemple  deux  com- 
binaisons  obteniics  en  reunissant  les  assemblages  V 
(3,  4,  4,  6)  et  VI  (3,  3,  3,  4,  4) :  les  sommets  A  realisent 
le  premier,  et  les  sommels  B  le  second. 


Fig.  p. 


Ff?.  q. 


Gombinaison  ties  assemblages  3,  4,  4,  6  et  3,  3,  3,  4,  4. 
Garrelai'es  non  isocelcs. 


BIBLIOGRAPHIE 


Kepler.  —  Harmonices  mundl,  libri  V.  Linz,  1619,  in-fol. 

Badoureau.  —  Mc'moire  sur  les  figures  isosceles.  —  J"'  do  I'Ecole  poly- 
technique,  1881. 

LuciEN  Levy,  -t-  Sur  les  pnvages  a  I'aide  de  poli/gones  rigulicrs.  Bullet,  de 
la  Soc.  philom.  de  Paris,  1890-91. 

Paul  Robin.  —  Carrelagcs  illimile's  en  pohjgones  rdguUers.  La  Nature, 
2«  sem.,  1887. 

D'  W.  AiiriENs.  —  Malhor.alisclie  Unlerhallungen  und  Spiele.  Leipzig, 
1901,  gr.  ia-8» 


CHAPITRE  III 
ALVEOLES  DES  ABEILLES 


%  \.  —  Forme  et  disposition. 

Description.  —  Lorsqu'on.  examine  un  g&teaii  de 
cire  construit  par  les  abeilles  pour  yd^poser  leur  miel, 
on  constate  qu'il  est  constiluepar  des  alveoles  juxtapo- 
ses dont  I'axe  est  horizontal  el  dont  I'ouverture  a  la 
forme  d'un  hexagone  regulier  (/?^.  a).  II  existe  deux 
series  de  ces  cellules  qui  se  rejoignent  par  leurs  fonds 
au  milieu  dn  gateau  et  dont  les  ouvertures  se  trouvenL 
sur  les  faces  opposees  de  ce  dernier. 


Fig.  a.  —  Dis;)osition  des  ouvertures.     Fig.  b.  —  .Disposition  des  fonds 


Le  corps  de  I'alvdole  se  compose  d'un  prisme  hexa- 
gonal droit.  Le  fond  n'est  pas  un  plan,  mais  une  sur- 
face concave  form^e  par  3  losanges  egaux  SABC,  SCDE 
et   SEFA   ayant  un  sommet  commun  S  (Jiff,   c);    a 


ALVl'iOLES    DES    ABEILLES  373 

chaqiie  cellule  peuvent  ainsi  etre  adossees  Irois  cellules 
de  la  serie  opposee  ayant  chacune  avcc  la  premiere  un 
losange  commun  (fig.  b  et  c/).  Los  angles  ABC  et  SCB 
deslosanges  ont  rcspccLivcment  pour  valeur  109"  28'  et 


rijr.  c.  —  Alveole  isole. 


1"  d.  —  Adossemcnt  dcs  fonds. 


70"  32';  le  cole   de  rhoxagone  mesurant  en  moyenne 

1   ligne    1/5   (2""", 71)    et   la   profondeur    de    I'alveole 

23 
5  lignes   (11""", 3),  le  rapport  — —  est  de  — -.  Quant  a 

j  I'epaisseur  des  parois  et  du  fond,  elle  est  a  peine  le 
tiers  de  celle  d'une  feuille  de  papier  ordinaire ;  I'ou- 
vcrture  de  la  cellule  est  d'ailleurs  renforcee  par  un  re- 
bord  dc  cire.  Cclto  ouverture  est  enlin  fermee  au  moyen 
d'une  plaque  hexagonale  de  meme  nature  pour  empe- 
chcr  le  miel  de  couler. 


Avantage  de  ces  dispositions.  —  Nous  savons  (3*  Par 
Tu:,  Chap.  2,  §  2)  que  le  triangle  equilateral,  le  carre 
et  L'hexagone  sont  les  seuls  polygones  rcguliers  qui  puis- 
sent  se  juxtaposer  sans  vides.  Les  deux  premiers  pre- 
senteraient  trop  d'espaces  angulaires  non  utilises  pour 
les  larves ;  l'hexagone,  au  conlraire,  se  rapproche  da- 
vantage  du  cercle  et  olTre  a  cet  egard  plus  de  commo- 
dity. 

Mais  le  but  de  Fabcillo  parait  etre  surtout  de  cher- 
cher  a  epaigner  la  cire,  qui  est  un  produit  perdu  pour 
I'insecte.  L'adossement  des  cellules  permet  d^ja  de 
supprimcr  un  lond:  d2  plus  l'hexagone,  comme  nous 


374  .PPLICATIONS    OIVERSES 

Ic  demontrerons  bientdt,  est,  des  Irois  polygenes  r^gu- 
liers  qui  peuvent  sc  jiixtaposer  sans  laisser  de  vides, 
celui  qui  pour  une  surface  donnee  a  le  plus  petit  peri- 
metre  et  qui  par  consequent  exige  le  moins  de  cire 
pour  les  parois.  Enfin,  la  section  liexagonalo  etant  ad- 
mise  pour  les  raisons  qui  precedent,  les  dimensions 
adoptees  par  les  abeilles  pour  le  fond  rhomboidal  cor- 
respondent a  la  plus  petite  surface  totale  pour  I'alveole 
et  par  suite  a  la  plus  petite  quantite  de  cire,  ainsi  que 
nous  le  montrerons  dans  le  prochain  paragraphe.L'ins- 
tinct  des  abeilles  les  conduit  done  h.  resoudre  deux  in- 
tcressants  problemes  de  minimum, 

Historique.  —  On  avait  remarqud  dans  TAntiquilela 
forme  liexagonale  des  alveoles  des  abeilles.  Aristote 
(4''s.  av.  J.-C.)  dans  son  Histoire  desAnimaux(ljiv.  IX, 
Chap.  XXVll)etPLiNE  l'Ancien  (l"  s.)  dans  son  Histoire 
Naturelle  (Liv.  XI,  Chap.  XII)  en  font  mention. 

Pappus  (4*  s.)  parait  avoir  ete  le  premier  a  trailer 
geometriquement  la  question.  Au  debut  du  livre  V  de 
ses  Collections,  11  considere  cette  forme  de  la  section  des 
alveoles  comme  etant  motivee  par  la  double  condition 
de  recouvrir  le  plan  et  de  correspondre  au  pdrimetre 
minimum  pour  une  surface  donnee. 

Mais  il  ne  semble  pas  qu'on  ait  remarqu^  la  forme 
rhomboidale  du  fond  avant  le  18*  si^cle.  Un  neveu  de 
Cassini,  Maraldi,  astronome  k  I'Observaloire  de  Paris, 
determinaexperimentalement  avec  precision  les  angles 
des  losanges ;  il  trou  va  1 09"  28'  et  70°  32'  pour  les  valeurs 
de  ces  angles  (1712).  Reaumur,  soupgonnant  que  les 
abeilles  devaient  etre  guid^es  dans  la  construction  du 
fond  par  la  raison  d'economie,  proposa  au  geometre- 
allemand  Kcenig,  sans  lui  faire  connaitre  au  pr^alable  ' 
les  r^sultats  de  Maraldi,  la  resolution  du  probl^me 
suivant :  a  Entre  toutes  les  cellules  hexagonales  ^  fond 


ALVEOLES    DES    ABEILLES  375 

compose  dc  trois  rhombes  egaux,  determiner  celle  qui 
peut  etre  construite  avec  le  moins  de  mali^re.  »  Koenig 
traita  la  question  par  le  calcul  differentiel  et  trouvaque 
les  angles  des  losanges  dc  la  cellule  minimum  devaient 
etre  409''26'et  70"34'(1739). 

La  concordance  avec  les  mesurcs  de  Maraldi  6tait 
dcja  surprenante ;  mais  il  y  a .  mieux.  Mac  Laurin 
prouva  en  1743  que  Koenig  avail  commis  une  erreur 
dans  scs  calculs  et  que  les  veritables  valeurs  des  angles 
auxquelles  on  etait  conduit  en  resohant  ce probleme  etaient 
precise nient  celles  indiquees  par  Maraldi,  soit  109°  28'  et 
70'' 32'.        ^ 

La  question  a  et^  reprise  depuis  au  point  de  vuf 
geometrique  par  divers  maliienialicicns,  parmi  lesquels 
LuuiLLiER  (1781),  Lalanne  (1840),  Brougham  (1858), 
Hennessy  (1885-86)  qui  ont  conlirme  ou  complete  les 
resultats  anterieurs. 


§  2.  —  Propri6t6s  g6om6triques. 

Seclion.droite  de  I'alv^ole.  — I.  L'hexagone  regulier 
peut  recouvrir  le  plan  indefiniment  par  juxtaposition.  —  Nous 
avons  vu  en  ellct  que  l'hexagone  regulier  jouit  de  cette 
propriele  en  meme  temps  quo  le  triangle  Equilateral  et 
le  carre. 

II.  L'hexagone  regulier  est,  de  tous  les  polygones  qui  peuvent 
recouvrir  le  plan  par  juxtaposition,  celui  qui  presente  le  peri- 
metre  minimum  pour  une  surface  donnee  (Pappus,  4®  s.). 

Lemjie  (restitue  par  Cojjmandin,  16"  s.).  —  Soient  OG 
et  AG  deux  droites  perpendiculaires,  OH  et  OA  deux 

,;.  AG^AOG. 

ookques  ;  on  a  7—7  >  ■— ^:— 

AA^    HOG 

En  elTet,   decrivons   dc  0    comme  centre  avec  OH 


376 


Al'l'LICATlONS    DIVERSES 


comme  rayon  un  arc  de  cercle  KHJ.   On  a   6viJem- 
ment 


tri.  OAH  >  sect.  OKH, 
tri.  OHG  <  sect.  OHJ, 


d'ou 


tri.  OAH      sect.  OKII 
Iri.  OHG      sect.    OHJ  " 

En  remplagant  les  rapports  de 
chacun  des  membres  de  cetle  inc- 
galitd  par  des  rapporls  (^gaux,  on  a 


on  en  deduit 

AH-f-HG 
HG 


> 


AH      A  OH 
Al^      HOG 


AOH  +  HOG 


,      ou 


HOG 


AG      AOG 
il^      HOG 


Arrivons  malntenant  h  la  proposition  que  nous  avons 
en  vue;  nous  suivrons  de  pres  la  demonstration  de 
Pappus.  Nous  allons  d'abord  prouver  que  de  deux  poly- 
fjones  reguliers  0  et  0'  dont  le  perinietre  p  est  le  meme 
ct  dont  les  nombres  de  cotes  sont  difjerents,  le  poly  gone  0' 
dont  le  nombre  de  cotes  est  le  plus  grand  a  la  plus  grande 
aire. 

En  effet,  G  et  G'  etant  les  milieux  des  cote's  AF  et 
AT'  des  polygenes  0  et  0'  et  puisque  AF  >  A'F'  bu 
AG  >  A'G',  nous  pouvons  prendre  sur  AG,  GH=A'G' 
jl  joindre  H  a  0.  On  a 

AF  ^  A05 ,         A'F'  ^  AW' 
4dr.  ' 


P 


i'ou 


AF 

A'F' 


p  4  dr. 

Km 

AW'  * 


ALViiOLiJS  ur;s  abeilles 
on  en  deduit 

Mais  d'aprcs  le  icmriie  precedent, 


done 


AG       /UHt 

1*^     mn} 


AOG_      AOG 

axTg'     hog 


Par  suite,  A'O'G'  <  HOG 

et  G'A'O'  >  GHO. 

Si  Ton  fait  mainlcnant  GlTl  =  G'A'O',  I  se  trouve 
sur  OGau  dela  dc  0;  done  IG>  OG,  ou  0'G'>  OG. 

D'aiitre  part,  aire  0  =  ^-^-^,  aire  0'=^-^^-—; 
done  aire  0'  >  aire  0. 

Inverscment,  si  les  aires  de  0  et  de  0'  sont  les 
niomes,  le  pcrimetre  de  0'  sera  infcricur  a  celui  de  0. 

Pour  une  surface  donnce,  le  pdrim^tre  de  I'hexagone 
reg-ulier  est  done  plus  pclit  que  celui  du  carr6  et  du 
triangle  equilateral. 


378 


APPLICATIONS    DIVERSES 


Fond  de  Talveole,  —  III.  Les  losanges  du  fond  rhom- 
boidal  correspondent  a  la  plus  petite  surface  totale  pour  une 
cellule  de  section  et  de  hauteur  donnees. 

Nous  emploierons  ici  la  methode  de  MacLaurin,  qui 
a  traite  la  question  par  la  geometrie  ancieniie,  comme 
exemple  des  ressources  qu'elie  peut  offrii'. 

Soit  un  alveole  dent  le  fond  est  forme  des  losanges 
6gaux  SABC,  SCDE,  ...,  de  cote  c.  Menons  la  section 
droilo    passant     pur   le   sommet    A;     nous    obtenons 

ainsi  I'hexagone  r6- 
gulier  AKCL...  de 
cOLe  a  et  dont  le  cen- 
Iro  0  est  la  projection 
du  sommet  S. 

Joignons  K  a  0,  A 
a  G  et  menons  par 
AG  un  plan  quel- 
conquequi  determine 
par  son  intersection 
avecles  plans  TABU, 
IJBGV,  CSO  et  ASO, 
un  losange  AG'GG ; 
designons  enlin  par  I 
I'arete  AT,  par  d  la 
demi-diagonale  AP. 
En  cons  iderant  seu- 
lement  un  tiers  de 
ralveole,nousdevons  cherchera  quelle  position  du  plan 
AG'GG  correspond  le  minimum  de  la  surface  formee  par 
les  trapezes  TAG  U,  UGGV  et  parle  losange  AG'GG,  soit  do 

(/-f-GL>  +  2^xGP  =  (;4-/— GK>-|-2rfxGP 
=  2/«  —  a  X  GK H-  2^ X  GP. 

Le  produit  IJa  dtant  constant,  la  question  revient  a  dd- 
terminer  le  minimum  de  I'expression 


Fig.  A. 


ALVEOLES    DES    A13EILLES  379 

2dxGP  —  axGli.  (4) 

Siipposons  que  B  ait  ete  pris  sur  KU  de  telle  sorle 
que 

Bp-25"  ^^> 

jDc  P  comrne  centre,  avec  le  rayon  PG,  decrlvons  dans 
le  plan  BKP  un  arc  de  cercle  qui  rencontre  PB,  pro- 
longe  s'il  est  necessaire,  en  J  ;  menons  KH  et  GI  per- 
pendiculaires  a  PB.  La  similitude  des  triangles  rectan- 
gles GIB,  KUB  et  BKP,  ainsi  que  la  relation  (2),  nous 
permeltent  d'ecrire 

BI_BH^BK^^ 
BG      BK      BP      2d' 

Cette  suite  de  rapports  nons  donne 

Bil  — BI  IH_A 

BK  — BG'  "^^         GK~2d* 

d'ou  I'on  de'duit    axGK  =  2dx  Hi. 

L'expression  (1)  devient  alors  successivement,  en 
remplacant  a  X  GK  par  la  valeur  que  nous  venous  de 
trouver, 

2/xGP  — 2f/xIH  =  2^(GP  — IH)  =  2rf(JH-HP). 

Mais  d  et  HP  etant  constants,  la  question  revient  a 
chercher  quel  est  le  minimum  de  JI.  Ce  minimum  a 
lieu  pour  JI  =  0,  c'est-^-dire  quand  les  points  J  et  I  se 
confondent,  ou  quand  G  se  trouve  en  B. 

Ainsi  le  minimum  cherc/ie  correspond  a  I'hypothese  ait 
le  plan  secant  passe  par  le  point  B  determind  au  moycn  de 
la  relation  (2). 

Cette  position  du  plan  secant  est  pr^cisement  celle 
qui  existe  dans  les  alveoles. 

Remarql'es.  —  1°  Dans  ce  qui  prec&de,  nous  n'avons 
pas  lenu  compte  dc  la  plaque  hexagonale  qui  Louche 


380  APPLICATIONS    DIVERSES 

le  tuyau ;  mais  la  surface  de  cello  plaque  dtant  con- 
stante,  les  resultats  que  nous  venous  d'obtenir  sub- 
sistent. 

2''Le  prisme  droit  qui  a  pour  base  I'hexagone  AKCL...  i 
et  Talveole  lui-meme  onl  un  egal  contenu,  car  en  con- 
siderant  seulement  le  tiers  de  leurs  volumes,  on  voit 
que  les  pyramides  B.VKG  et  S.VOG  sont  egales.  Nous 
venons  de  montrer  qu'ii  n'en  est  pas  de'memepour  les 
surfaces. 

IV.  Les  angles  d'un  losange   sont   respectivement  egaux  a 
109°28'16'et  10"3i'U'.  —  Le  triangle  rectangle  BKP  doiine 

S  2  ■ 2 

BP  =BK  4-KP. 

RemplaQanl  BK  par   sa  valeur   BP  --  tiree  de  (2), 
KP  par—  ,  et  simplifiant,  on  Irouve 


Comme  kV  =.d,  on  en  dcdnit 


k\^  _\lkd- 


BP  a 

Mais  d  est  la  moitie'  du  c6t6  AC  du  triangle  Equila- 
teral inscrit  dans  le  cercle  de  rayon  a  :  sa  valeur  est 

ainsi-^.Le  rapport  precedent  devient  done,  apres 

reductions, 

^-v/2 

Bp-r* 

Ainsi,  la  grande  diagonale  d'un  lomnge  dit  fond  est  la 
diagonale  du  carre  conslruil  siir  la  petite ;   ccllc-ei  a 

d'ailleurs  pour  expression  -^— • 


ALVEOLES    DES    ABEILLES  381 

AP 

D'autre  part,  le  rapport  — -  est  ce  qu'on  appelle  la 

tangente  trigonometrique  de  Tangle  ABP.  Au  moyen  de 
tables  donnant  la  valeur  de  la  tangente  correspondant 
^  chaque  angle  et  inversement,  on  trouve  que  v/2  corres- 
pond a  nn  angle  de  54"  44'  8" ;  d'ou  ABC  =  109°  28'  16'' 

et  Tangle  BCS,  supplementairc  du  premier,  est  ^gal  a 
70°  31' 44". 

V.  Le  cote  d'un  losange  est  egal  au  triple  de  la  distance  BK 
ouSO.  —  Les  triangles  rcckiDgles  BPC  et  BKP  donnent 

2 2  2  fH  0/72 

BC  =BP  -i-PC  =f-hr/^=:^^-, 
2  8 

d'ou  BC=:— ^; 

4 

bk'=bp'—kp'= -—-  =  -, 

2        4        8 

d'ou      •  BK-'^Y-- 

4 

Ainsi  on  a  bien  BC  =  3BK  ;  on  voit  de  plus  que  la 
distance  BK  est  le  quart  du  cote  du  carre  inscril  dans 
le  cercle  de  rayon  a. 

Remarque.  —  Les  carres  des  segments  rectilignes 
ci-apres  de  la  figure  h 

BK        KP        BP        AP        AK        AB 

ont  pour  valeurs  respcctives 

^  o}_  3«-         3a^  ^2  %^- 

8  4  8~  4  "  "S  ' 

ou  encore,  si  Ton  prend  BK    pour  unite, 

1  2  3  6  8  9 


382 


APJM.ICATIONS    niVERSKS 


VI.  Les  faces  de  chacun  des  angles  polyedres  A,  R,  C,  D,  ..., 
sont  egales.  —  En  ellel,  prenons  sur  BU,  BIN  =  B(]  et 
abaissons  BM  perpemJiculaire  sur  la  droito  GN.  Le 
triangle  loclangle  INKG  donne,  en  observant  que 
JNK  =  4BK  =  aV'2, 

CN '  =  NK '  +  KC'  =  3a' ;     d'ou     CN=za\/3  =  AC. 

Les  deux  triangles  NBC  et  ABC  sont  done  egaux 

comme  ayant  les  trois  cotes  6gaux;  par  suite  NBC  =  ABC ; 

de  meme  NJiA  =  ABC. 

Les  faces  de  Tangle  polyedre  C  sont  aussi  Egales, 
comme  elant  les  supplements  des  faces  du  triedre  B. 


VII.  La  pyramide  triangulaire  SAGE  qui  termine  I'alveole 
«st  inscriptible  dans  une  sphere  dont  le  diametre  est  le  triple  du 
cote  d'un  losange.  —  La  base  de  cette 
pyramide  est  (Jig.  h^  un  triangle 
Equilateral  ACE  inscriptible  dans 
le  cercle  de  centre  0,  de  rayon 
OA  =  a,  et  qui  pent  6tre  consider^ 
comme  un  petit  cercle  de  p6le  S 
appartenant  a  la  sphere  dont  le 
centre  est  sur  SO  (fig.  i)  en  un 
certain  point  Q. 
Le  triangle  rectangle  ASS'  donne 

,,_AS' 


AS  =SS'xSO, 

AS 


etcomme     S0  =  ' 


3 


d'ou        SS' 


SS'  =  3AS. 


SO 


Comparaison  avec  une  cellule  a  iond  plat.  —  Nous 
avons  vu  (III,  Remarque  2")  qu'un  alveole  et  une 
cellule  a  fond  plat  ayant  mSme  cote  de  section  et  m6me 
arete  avaient  des  volumes  equivalents,  mais  que  la  sur- 


ALVEOLES    DES    ABEILLES  383 

face  de  I'alvcolc  etait  im  minimum.  Cherchons  a  eva- 
luer  I'dconomie  de  surface  realisee  par  I'abeille. 

En  designant  par  a  le  cote  de  la  section  droite  com- 
mune aux  deux  sortes  de  cellules,  la  longueur  de  Farete 

25 
«st,  comme  nous  savons,  — a.  Par  un  calcul  facile  et 

6 

presentant  peu  d'inter6t,  on  trouve  que  les  surfaces  lo- 

tales  de  I'alvdolc  et  de  la  cellule  a  fond  plat  sont  expri  mees 

respectivement  par  ^(50  +  3\/2)  et  ^- (50  +  3  v/3). 

€n  faisant  toujours  abstraction  de  la  plaque  de  fer- 
meture;  la  premiere  surface  est  done  ^  la  seconde 
comme  50  -f-  3y/2  est  a  50  -f-  3v/3 ,  soit  a  peu  pres  comme 
54  est  k  55.  Ainsi,  en  faisant  usage  du  fond  rhomboidal, 
les  abeilles  economisentla  maliere  d'une  cellule  sur  55. 


§  3.  —  Construction  d'un  alv6ole. 

Trapfezes  du  pourlour.  —  Soit  TU  le  c6t^  de  Thexa- 

gone  de  section  droite ;  le  long  c6te  AT  du  trapeze  est, 

25 
nous  le   savons    (§  1),  mesure  par  "t  TU. 

c      La  difference  AR  =  BK  des  deux  bases  du 
trapeze  ABUT  est,  nous  I'avons  vu,  egale  h. 


K 


\/2 

^^—.  TU ;  on  I'obtiendra  done  ais^ment,  soit 
4 

numeriquemcnt,  soit  graphiquement,  et  on 

deduira  Ja  position  du  point  B. 

Si  Ton  connaissait  le  c6t6  AB  d'un  des 

losanges  dufond,  determine  comme  nous  le 

verrons  ci-apres,  il  ne  serait  pas  necessaire  de  chercher 

la  valeur  de  AR;  il  suffirait,  de  A  comme  centre,  de 

decrire  un  arc  de  rayon  AB  qui  couperait  UK  en  B. 


384 


APPLICATIONS     UIVERSES 


Losanges  dii  fond.  —  Si  Ton  a  construit  prealable- 
ment  un  trapeze  du  pourtour,  la  longueur  AB  est  Ic 
cote  d'un  des  losanges  que  le  rapporteur  permet  de 
tracer  compl^tement  puisque  I'un  des  angles  a  pour  va- 
leurl09''28'. 

Supposons  maintenant  qu'on  veuille  construire  un 
des  losanges,  SABC  par  exemple,  independamment  du 
trace  prealable  d'un  des  trapezes  du  pour- 
tour,  en  connaissant  seulement  le  cote  a 
de  I'hexagone  de  section  droite.  La  dis- 
tance BW  (lu  sommet  B  a  AS  est  egale  a 
AK  ou  a.  Car  si  nous  menons  BR  paral- 
lele  h.  AK,  les  deux  triangles  rectangles 
AWB  et  ARB  sont  egaux  comme  ayant 
I'hypotenuse  commune  et  les  angles  en 
A  6gaux  (§2,  VII).  Rappelons  enfin   que    AW  =  AR 

=:BK  =  ^^(§2,  V). 

Cela  etant,  voici  comment  on  pent  construire  le  lo- 
sange.  Soient  deux  droites  rectan- 
gulaires  WX  et  WY  ;  on  portc  sur 
la  premiere  une  longueur  quel- 
conque  WA',  puis,  de  A'  comme 
centre  avec  une  cuverture  de 
compas  egale  a  3WA',  on  decrit 
un  arc  de  cercle  qui  coupe  WY  en 
B'.  On  porte  ensuite  sur  WB'  une 
longueur  WB  e'gale  au  c6te  AK  . 
ou  a  de  I'hexagone;  la  parallfele; 
BA  a  B'A'  menee  par  B  est  le  cote 


A'      AW  S 


r\, 


et  Tangle  BAW  est  un  des  angles  du  losange  cherchd 
dont  on  acheve  ais^ment  la  construction. 


V 


D6veloppement  d'un  alveole.  —  Les  deux  construc- 
tions elementaires  qui  precedent  permettcnt  d'obtenir 


ALVICOLES    DES    ABEILLKS  385 

2e  developpemcnt    d'nii   alveole.   La  ligure   ci-contre 

donnecedeveloppementa 

r^chellede-;  ellepermet- 

Ira  de  construire  une  cel- 
lule en  papier  ou  en  car- 
ton, etnos  lecleurs  pour- 
ront  ainsi  se  representer 
sa  lorme  plus  aisement. 


D^veloppement  d'lm  alveole.  Constructions  par  les 

(2  fois  1/2   la  veritable   grandeur),       abeilles.  —  BuFFON  {DiS' 

cours  sur  la  Nature  des 
Aniniaux)^  comparant  les  abeilles  k  des  automates 
depourvus  de  toute  connaissance  et  de  tout  raisonne- 
ment,  avait  emis  I'opinion  que  la  forme  hexagonale 
des  alveoles  6tait  due  a  une  cause  simplement  mt^ca- 
nique:  elle  devait  etre  obtenue  par  la  compression 
muluelle  des  corps  des  abeilles  creusant  en  groupe 
des  cavites  dans  un  massif  de  cire :  «  Qu'on  remplisse, 
dit-il,  un  vaisseau  do  pois  ou  phitot  de  quelque  autre 
graine  cylindrique,  et  qu'on  le  ferme  exactement  apres  y 
avoir  vers6  aulant  d'eau  que  les  intervalles  qui  rerstent 
•entre  ces  graincs  peuventen  recevoir ;  qu'on  fasse  bouillir 
cette  eau,  tous  ces  cylindrcs  deviendront  des  colonnes 
k  6  pans.  On  en  voit  clairement  la  raison,  qui  est  pure- 
ment  mecanique ;  chaquc  graine,  dont  la  figure  est  cylin- 
drique, tend  par  son  rentlement  a  occuperle  plus  d'es- 
pace  possible  dans  un  espacc  donn^,  elles  deviennent 
done  toutes  necessairement  hexagonales  par  la  com- 
pression r^ciproque.  Chaque  abeille  cherclie  a  occuper de 
memo  le  plus  d'espace  possible  dans  un  espace  donne ; 
il  est  done  n^cessaire  aussi,  puisque  le  corps  des  abeilles 
est  cylindrique,  que  leurs  cellules  soient  hexagones, 
par  la  m^me  raison  des  obstacles  reciproques.  » 

FounuEY.  —  Curios,  ge'om.  23 


386  APPLICATIONS    DIVERSES 

Mais  cette  assertion  a  6i€  depuis  reconnue  faussc,  no- 
tammentpar  Huber  de  Geneve,  qui,  malgre  sa  excite,  a 
fait  d'interessanles  observations  sur  les  abeilles  paries 
yeux  de  son  lidele  domestique  Burnens.  Le  mode  de 
construction  des  cellules  est  en  realite  tout  autre  que 
celui  imagine  par  liullon.  Huber  a  observe  que  les  in- 
sectes  commencent  a  former  une  trbs  miiice  cloison 
dans  laquelle  ils  sculptentles  fondsrhomboidaux;  c'est 
sur  les  bords  do  cesfonds  qu'ilsviennentensuiteetablir 
les  parois  de  cire  formant  le  pourtour  de  I'alveole.  Cette 
premiere  cloison,  d'abord  de  tres  petite  etendue,  est 
ensuite  agrandie  au  fur  et  a  mesure  que  I'avancement 
du  travail  Texige  ;  les  cellules  s'executent  une  a  une  ei 
non  toutes  ensemble  comme  I'avait  pense  Buffon. 

Par  quels  moyens  I'abeille  arrive-t-elle  a  executer, 
avec  la  precision  que  nous  avons  signalee,  les  construc- 
tions geoiiietriques  necessaires  il  I'etablissement  de 
Talveole  ?  Nous  n'avons  pas  connaissance  que  cette  ob- 
servation ait  etc  faite.  Toutefois,  Lalanne  a  fait  remar- 
quer  que  I'insecte  possede  en  lui  tons  les  instruments 
necessaires.  En  vertu  de  la  symetrie  de  son  corps  par 
rapport  a  son  axe  longitudinal,  les  exlremit^s  des  an- 
tennes  et  des  pattes  d'une  meme  pairesont  en  ellet  sur 
une  perpendiculaire  k  cet  axe  ;  d'oii  possibilite  pour 
elle  d'elever  unenormale  a  une  droite,  comme  on  pour- 
rait  le  faire  au  moyen  du  T  des  dessinateurs.  De  plus, 
les  antennes  peuvent  servir  de  compas  ;  et  le  corps 
entier,  en  prenant  un  mouvement  de  rotation  autour 
d'un  point  auquel  se  fixeraient  les  deux  pattes  dune 
meme  paire  d^crirait  un  arc  de  eercle  en  chacun  de 
ses  points.  Le  trace  de  la  ligne  droite  est  aussi  une  con- 
sequence immediate  de  la  possibilite  de  tracer  une  per- 
pendiculaire ;  et  quant  au  plan  il  pent  se  rdgler  sur  deux 
droites  qui  se  coupent,  par  un  precede  analogue  a  celui 
suivi  dans  la  taille  des  pierrcs. 


ALVEOLES    DBS    ABEILLES  387 

L'abeille  domestique  n'est  d'ailleurs  pas  la  seule  qui 
execute  de  pareilles  constructions  g^ometriques.  RifiAU- 
MUR  a  signals,  dans  le  tome  VI  de  son  Histoire  des  In- 
sectesy  une  autre  espece,  l'abeille  empileuse,  dont  les 
cellules  creusees  dans  la  terre  sont  tapissees  et  obturees 
par  des  fragments  en  forme  de  cercle  parfait  ou  de  por- 
tion d'ellipse  qu'elle  decowpedans  desfeuilles  de  rosier. 

L'alv^ole  base  d'un  systeme  de  mesures  fixes.  — 

Reaumur  a  propose  de  prendre  I'alveole  comme  base  d'un 
systeme  de  mesures  invariables.  «  La  longueur  du  pen- 
dule  determinee  dansun  pays  dont  la  latitude  est  bien 
connue  donne  une  mesure  fixe  qui  a  ete  long-temps  de- 
siree  des  Scavants,  une  mesure  a  laquelle  toutes  celles 
dont  on  veut  avoir  une  connoissance  precise  et  sure  doi- 
vent  etre  rapportees.  Nous  ne  serious  pas  aussi  embar- 
rasses que  nous  le  sommes  souvent  surles  mesures  des 
Anciens  s'ils  eussent  connu  cette  mesure  fixe.  Nous  en 
aurions  une  autre,  qui,  quoique  moins  exacte,  suffiroit 
pour  bien  des  cas,  s'ils  nous  eussent  donnd  les  mesures 
des  cellules  des  abeilles  ;  car  il  est  plus  que  probable 
que  les  abeilles  d'aujourd'hui  des  environs  d'Athenes 
et  de  Rome  sont  de  la  m6me  espece  que  celles  qui  y 
etoient  autrefois  ;  que  celles  d'aujourd'hui  ne  font  pas 
des  alveoles  plus  grands  ou  plus  petils  que  ceux  que 
faisoient  les  abeilles  qui  travailloient  dans  les  temps 
ou  les  Grecs  el  les  Romains  ont  ete  le  plus  ceiebres. 
M.  Thevenot  avoit  pens6  aussi,  comme  nous  le  rap- 
porte  Swammerdam,  a  prendre  une  mesure  fixe  d'apr^s 
les  cellules  des  abeilles  »  (^Histoire  des  Insectes,  tome  Y). 


BIBMOCRAPHIG 

F.  HuLTSCH.  —  Pappi  Alexandrini  CoUedionis  quw  supersunl  e  librismanu 
tcriptis.  Berlin,  1875-78.  3  vol.  in-8»  (Livre  V). 


388  APPLICATIONS    DIVERSES 

Maraldi.  —    Observations  sur  let  abeilles.  Mem.  de  I'Ac.  d.  Sc.    (Paris), 

ann^e  1742. 
Anonyme.  —  Hisloire  de  I'Academie  des  Sciences  (Paris),  annee  1739. 
ReAUHDR.  —  Memoircs  pour  servir  a  I'hisloire  des  insectes.  Tomes  V  (1740) 

et  VI  (1742).  Paris,  2  vol.  in-4». 
Mac  Laubin.  —  Of  the  Bases  of  the  Cells  wherein  the  Bees  deposite  their 

Honey.  Philosophical  Transactions  (Londres),  annee  1743. 
BuFFON.  —  (Euvres    completes.  Edition  J.-L.  de  Lanessan,  Paris,  1884, 

in-8».  (Tome  IV). 
Lhuiluer.  —  Mdmoire  sur  le  minimum  de  cire  des  alveoles  des  abeilles. 

Nouv.  mem.  de  I'Ac.  des  Sc.  et  BcIIes-Lctlres  (Berlin),  annee  1781. 
Hdber.  —  Nouvctles  observations  sur  les  abeilles.  2"=  edit.,  Paris,  1814,  in-8„ 

avec  atlas. 
Leon  Lalanne,  —  Note  sur  I'architecture  des  abeilles.  Ann.  des  Sc.  Natur., 

1840. 
Lord  Brougham.  — Becherches  minhjliques  el  experimcnlales  svr  les  alveoles 

des    abeilles.   Comples  Rend,   de  I'Ac.   des  Sc,  (Paris),  annue   1838, 

1"  sem. 
H.  Hennessy.  —  On  the  Geometrical  Construction  of  the  Cell  of  the  Honey 

Bee.  Proceedings  of  the  Royal  Society  of  London.  Annecs  188S  ct  1886. 


CUAPITRE  IV 
VARIETES 


§  1.  —  Melanges  historiques. 
A.  -  DEMONSTRATIONS 

SOMME  DES  ANGLES  D'UN  TRIANGI.E 

La  sommc  des  angles  d'ltn  triangle  est  egale  a  deux 
droits.  —  I.  On  sait,  d'aprSs  un  auteur  grec  du 
1"  s.  av.  J.-C,  Geminus,  que  la  premiere  demonstra- 
tion qui  ait  ete  donnee  de  ce  Iheoreme  chez  les  Grecs 

comprenait  trois  cas,  s'ap- 
pliquant  d'abord  au  triangle 
Equilateral,  puis  au  triangle 
isocele  et  enlin  au  triangle 
scalene. 

Voici,  d'apr^s  Hankel ,  com- 
ment devait  etre  congue  cette 
demonstration. 

Fig.  a. 

Triangle  equilateral(/?^.«) 

—  Les  anciens  Grecs  connaissaient  assuremcnt  lespro- 

prietes  les  plus  simples  de  Thexagone  regulier  inscrit 

ct  celle  du  cercle  d'etre  divise  en  deux  parties  egales 

par  un  diam^tre.  Or  la  surface  d'un  hexagone  pent  6tre 

d^composde  en   6   triangles  Equilateraux  Egaux ;   les 

trois  angles  d'un  de  ces  triangles  ABO  etant  tous  egaux 


R^ 

,^- 

-^r 

AA 

W 

F^ 

■^ — 

-^  t 

390 


APPLICATIONS    DIVERSES 


«ntre  eux,  on  pent  done  les  supposer  places  successivc- 
ment  en  AOB,  HOC  ct  COD;  comme  ADD  est  une 
droite,  la  somnie  de  ces  Irois  angles  est  ainsi  egale  a  la 
moitie   des  quatrc  angles  droits   qu'on    pent  disposer 

autour  de  0,  soil  a  deux   angles 

droits. 

Triangle  isocELE  (/?^.  ^).  —  On  a 
du  reconnaitre  intuitivement  que 
le  triangle  isocele  ABC  pouvait 
se  partager  en  deux  triangles  rec- 
tangles egaux  ABD  et  DBG  qui, 
disposes  autrement,  formaient  le 
rectangle  DBEC.  La  somme  des 
deux  angles  droits  DBE  et  DCE  donnait   precisement 

celle  des  angles  du  trian- 
gle ABC. 

•Triangle  scalIine  {fig.  c). 
—  On  devait  parlager  le 
triangle  ABC  au  rnoyen 
de  la  perpendiculairc  BD 
en  deux  triangles  rectan- 
gles ABD  et  DBG  qui 
^talent  les  moities  des  rectangles  AEBD  et  DBFG.  La 
somme  des  angles  en  B,  egale  a  2  dr.,  etait  aussi  celle 
des  angles  de  ABC. 

IL  II  semble  resulter  d'un  passage  de  la  Collection 
heronienne  {Geometria,  10*  s.),  que  les  Grecs  ont  connu 
une  autre  de'monslration,  de  nature  intuitive  comme 
la  pr^cedentc. 

Rectangle.  —  La  somme  des  angles  interieurs 
d'un  rectangle  est  6gale  h.  4  dr. 

Paball6logramme  (Jig.  cT).  —  Cette  somme  est  encore 


Fig.  e. 


VABIETES  391 

egale  ici  a  4  dr.  Car  si  des  sommets  A  ct  D  du  parallelo- 
g       g  FT      gramme  ABCD  on  abaisse 

des    perpcndiculaires   AE 

et  DF  sur  BC,  on  forme 

deux     triangles     dvidem- 

ment  egaux  AEB  ct  DFC; 

par  suite  B3  =  C  et  si  Ton 

porte  C    en    Jl, ,    comme 

iMg.  d.  Tf  -f-  bT  =  2  dr. ,  il  en  rd- 

sullc  C-f-Br  =  2dr.    De 

meme,  Aj  =  1),,  et  si  Ton  porle  Dj  en  Aj  on  forme 

deux  angles  droits  A,  et  1>2 ;  les  angles  A  et  B  du  pa- 

jj     rallelogramme  out  bien 
pour  somme  2  dr. 

Triangle  (fig.  e).  — 
Etant  donn^  le  triangle 
ABC,  si  on  lui  accole  le 
triangle  egal  DCB,  on 
forme  un  parallelo- 
gramme  oii  la  somme  des 
angles  int^rieurs  est,  d'apr^sce  que  nous  venons  devoir, 
egale  k  4  dr.  Cette  somme  est  done  2  dr.  pour  chacun 

des  triangles  dgaux  ABC 
et  DCB. 

III.  Voici  mainlenant, 
d'apres  Proclus  (5*  s.), 
la  demonstration  gene- 
rale  du  theoreme  qui  se- 
rait  due  aux  Pythagori- 
ciens. 

Soit  ABC  {fig.  /  )  un  tri- 
angle quelconque.  Onmene  parC  uneparalleleDEa  AB. 
Les  angles  BAC  et  ACD,  ABC  et  BCE  sont  respective- 


Fijr.  e. 


Fig.  f. 


392  APPLICATIONS    DIVERSES 

ment  ^gaux  comme  alternes-internes.  La  somme  des 
trois  angles  ayant  leur  sommet  en  C,  et  qui  est  egale  k 
2  dr.,  est  aussi  celle  des  angles  dii  triangle  donne. 

La  demonstration  actuelle,  qui  nous  a  ete  laiss(5e  par 
Euclide,  difFere  pen  de  celle  des  Pytliiigoriciens ;  la  pa- 
rallMe  k  Ali  ne  traverse  pas  AG  et  on  prolonge  ce  der- 
nier c6t6. 

IV.  Nous  terminerons  par  I'expose  d'nne  preuve,  en 

quelque  sorte  ma- 
nuelle,  du  meme 
tlieoreme. 

Soicnt     ABC 
(A.;^  A')  nn  triangle 
suppose     docoupe 
dans    du    papier, 
D  et  E  les  milieux 
des  cotes  ABetBC. 
riions    le    papier 
suivant  la    paral- 
lele  DE  a  AG  de  man i ere  a  amener  le  sommet  B  en  B' 
sur  AG.  Si  Ton failmaintonant  coin- 
cider  AD  avec  son  egal  B'D  (ligne 
de  pliagc:  FD  perpend iciilairc  sur 
AG)    et    GE  avec    son    (^gal    B'E 
(ligne  de  pliagc:  GE  perpondicu- 
laire  sur  AG),  les  points   A  et  C 
vicnnent  en  B'  (^/ir/.  /<), 

Les  trois  angles  du  triangle  se 
trouvent  reiinis  en  B'  d'un  meme  cole  de  la  droile  FG 
et  leur  somme  est  bien  egale  a  2  dr. 


Fig.  g. 


LES  TROIS  HAUTEURS  D'UN  TRIANGLE 


Les  trois  hauteurs  d'un  triangle  concourcnt  au  mSme 
point.  —  Gc  theoreme  bien  connu  parait  avoir  etd  con- 


VARIETlis  39.^ 

sid^M  et  demontr^  pour  la  premiere  fois  par  Archuiede 
(3*  s.  av.  J.-C).  II  en  fait  usage  dans  la  proposition  V 

de  ses  Lemmes.  Nous  ne  con- 
naissons  pas  la  demonstration 
dugrand  mathematician  grec; 
en  voici  une  restitution  par 
Peyrard. 

Soit  ABD  un  triangle  ayant 
un  angle  aigu  en  D.  Menons 
AI,  BF  perpendiculaires  sur 
BD  et  AD  ;  elles  se  coupent 
en  E  ;  puis  par  D,  E  condui- 
sons  ladroIteDG  :  la  hauteur 
relative  au  sommet  D  etant  unique,  il  suffit  de  montrer 
que  DC  est  perpendiculaire  sur  AB. 

En  effet,  les  angles  droits  AFB  et  AIB  sont  inscrlp- 
tibles  dans  une  meme  demi-circonference  de  diam^tre 
AB;  pareillement,  les  4  points  F,D,I,  E  sont  sur  une 
meme  circonference  de  diam^tre  DE.  Les  angles  EFI 
et  EDI  ou  CDB  sont  egaux  comme  ayant  meme  mesure ; 
de  meme  EFI  =  BAT.  Par  suite,  CDB  =:  BAI ;  les  trian- 
gles CDB  et  BAI  ayant  en  outre  un  angle  commun  en 
B  sont  semblables,  et  BCD  =  BIA  =  1  dr. 


DEUX  DtMONSTRATIONS  DE  LEONARD  DE  VmCI 

I.  «  Le  cercle  s  entre  9  fois 
dans  le  cercle  f;  la  preuve  en  est 
que  le  carre  mn  entre  9  fois  dans 
le  carre  ar  »  (Leonard  de  Vinci^ 
15M6*  s.,  Maniiscrit  k). 

Si  Ton  deslgne  par  d  et  d'  les 

diametres  des  cercles  s  et  /,  dla- 

mMres  qui  sent  aussi  les  cote's  des  carres  mn  et  ar, 

les   aires    des   deux    cercles   sont   en    effet    dans    le 


"\ 

1        n 

•f 

m 

'5 

y 

394 


APPLICATIONS    DIVERSES 


> 

V 

-— ^ 

X 

/ 

r 

\./ 

•u 

u 

S^ 

Fig.  a. 


rapport  — ,  c'est-a- dire  dans  le  meme  rapport  que  les 
aires  des  deux  carres. 

II.  «  Si  til  tires  la   liqne     ah    (fig.   «)  aitx  points 
d' intersection  du  grand  cercle 
par  les  diagonales  du  carre  {cir^ 
conscrit^  et  que  Id  oil  cette  ligne 
/»[    T-n      \s/        \m  1       ah  est  coupee  "par  le  diametre  ef, 

au  point  n,  tu  commences  et  tu 
finisses  un  cercle,  celui-ci  con- 
tiendra  autant  d'etendue  que 
celle  qui  s'enferme  entre  I'un  et 
I'autre  cercle  et  sera  une  fois 

pluspetit  que  le  grand  »  (Leonard  de  Vinci,  Manuscrit  A). 
Voici  a  quelques  details  pres,  la  demonstralioii  de 

I'artisle  italien. 

La  dcmi-diagonale  sa  du  carre  circonscrit  au  cercle 
mn  (fig.  «)  est  egale  a  sf, 
demi-cote  du  carre  circonscrit 
au  cercle  ef.  Or  {fig.  h)  le 
carre  /ce/ qui  joint  les  milieux 
des  cotes  du  carre  hgij  a  pr6- 
cisement  pour  demi-diagonale 
sf:  feel  est  done  le  carre  cir- 
conscrit au  cercle  mn.  Mais  le 
carre /ce/ est  la  moitie  du  carre 
hgij,  puisque  le  premier  con- 
tient  4  triangles  egaux  hfgc  et 

que  le  second  en  contientS;  done  le  cercle  mn  est  la 

moitid  du  cercle  ef. 

B.  -  CONSTRUCTIONS 

lA  PREMIERE  PROPOSITION  DES  Elements  D'EDCLIDE   (3*  S.  AV.  J.-C), 

Afin  de  permettre  de  se  faire  une  idee  de  la  mani^re 


<r               c               < 

^ 

y      7n\\ 

%- 

^k 

J 


Fig.  h. 


VARIETES  393 

d'EucLiDE,  nous  donnons  ci-apr^s  textuellement  la  pre- 
miere proposition  des  Elements.  Avant  cette  proposi- 
tion sont  enumeres  les  definitions,  demandes  et  axiomes 
necessaires  a  I'exposition  du  Livre  I. 

Problerae.  —  Stir  une  droite  donnie  et  finie,  construire 
un  triangle  equilateral  (1 ,  Liv.  I). 

Soit  AB  une  droite  donnee  et  finie  :  il  faut  construire 
sur  la  droite  AB  un  triangle  Equilateral. 

Du  centre  A  et  avec  un  intervalle  AB,  decrivez  la 
circonference  BCD  [dcmande  3(')] ;  ensuite  du  centre  B 

et  avec  I'intervalle  BA  decri- 
vez la  circonference  ACE ;  et 
du  point  C,  oil  les  circonfe- 
rences  se  coupent  mutuelle- 
ment,  condiiisez  aux  points 
A,  B,  les  droiles  CA,  CB  [de- 
mande  1  Q]. 

Car  puisque  le  point  A  est 
le  centre  du  cercle  CDB,  la  droite  AG  sera  egale  a  la 
droite  AB  [definition  15  QJ ;  de  plus,  puisque  le  point  B 
est  le  centre  du  cercle  CAE,  la  droite  BC  sera  egale  a 
la  droite  BA ;  mais  on  a  demontre  que  la  droite  CA  etait 
egale  h  la  droite  AB :  done  chacune  des  droites  CA,  CB 
est  egale  ^  la  droite  AB  ;  or  les  quantites,  qui  sont  6gales 
a  une  meme  quantite,  sont  egales  entre  elles ;  done  la 
droite  CA  est  egale  a  la  droite  CB:  done  les  trois  droites 
CA,  ABjBC  sont  egales  entre  elles. 


(•)0n  dcmande  :...  3°  Que  d'un  point  quelconque,  et  avec  un  inter- 
valle quelconque,  on  puisse  decrire  une  circonference  de  cercle. 

(2)  On  demande  :  1"  Qu'on  puisse  conduire  une  droite  d'un  point 
quelconque  ii  un  point  quelconque. 

(3)  Un  cercle  est  une  figure  plane  comprise  par  une  seule  ligne  qu'on 
appelle  circonference,  et  qui  est  telle  que  toutcs  les  droites  menees  ii 
la  circonference  d'un  des  points  places  dans  cette  figure,  sont  egales 
entre  elles. 


396 


APPLICATIONS    DIVERSES 


Done  le  triangle  ABC  [d6L  24  Q]  est  equilateral,  et 
de  plus  il  est  construit  sur  la  ligne  donnee  et  linie  AB; 
ce  qu'il  fallait  faire. 

Reconnattre  si  un  angle  A  d'lin  triangle  ABC  est  droit, 
obtus  ou  aigu. 

I.  Procede  de  Gerbert  (10*  s.).  —  Soit  D  le  milieu 

A 


de  BC.  Si  D  est  a  egale  distance  de  A,  B  et  G  (autre- 
ment  dit,  si  AD  =  — ),  Tangle  A  est  droit  ;  si  D  est 
plus  pr^s  de  A  que  de  B  et  C  /  ou  si  AD  <  -^ ),  Tangle 
A  est  obtus ;  enfin  si  D  est  plus  eloigne  de  A  que  de  B 
et  G  I  ou  si  AD  >  —  ),  Tangle  A  est  aigu. 

n.  Paoc^DiS  d' Abdul  Huassan   (13®  s.).    —   Sur  BG 

A 


B  D  CB  D  CB  D 

comme  diametre,   on  decrit  unc  dcmi-circonferencc ;. 


(*)  Parmi  les  figures  trilateres,  celle  qui  est  terminee  par  trois  cotes 
^gauz  se  nomme  triangle  equilateral. 


VARIETES  397 

suivant  que  le  sommet  A  se  trouve  sur  cette  derni^re, 
ou  a  son  interieur  ou  h  son  exterieur,  Tangle  A  est 
droit,  obtus  ou  aigu. 

C'est  en  somme  le  procede  de  Gerbert  prdsente  sous 
une  autre  forme. 


CONSTRUCTIONS  ARABES 


Trouver  le  centre  d'un  cercle  fl'onwe  (Abofl  TTirAssAN, 
13"  s.).  —  De  deux  points  quolconques  A  et  B  pris  sur 

la  circonference,  on  decrit 
deux  couples  d'arcs  de  meme 
rayon  qui  se  coupent  respec- 
tivement  en  G  ct  D.  La  droite 
CD  rencontrant  la  circonfe- 
rence en  E  et  F,  le  milieu  0 
de  EF  est  le  centre  cherche. 

Trouver  un  angle  qui  soit 
la  2",  la  4%  la  8"  partie  d'un 
a^iy/e  «fonwe(ABODL-IInASSAN). 
Soit  BAG  Tangle  donne ;  on 
porte  a  partir  de  A  sur  AB  et  sur  le  prolongement  de  AG 

des  longueurs  ^gales  AD  et  AE  ,  on  a  DEA  =  1/2  BAG. 
Puis,  toujours  avec  la  meme  ouverlure  de  conipas, 


on  porte  sur  ED  et  sur  Ic  prolongement  de  AE,  ED' 
=  EE' ;  on  a  lTe'E  =  1/2  DE7v  =  1/4  BAG,  etc. 


398 


APPLICATIONS  DIVERSES 


-C 


—ID 


•  PODR  REDDIRE  UN  OUADRANGLE  OU  RECTANGLE  LONGDET  A  SON  VRAY  ODARRE  » 

«  Les  Aiemans  ont  acconstume  de  boire  et  manger  sur 
tables  quarrees,  et  les  Frangois  sur  tables  plus  longues 
d'un  coste  que  d' autre.  11  est  doncqucs  propos  de  reduirc 
la  table  Francoise  a  la  table  d' Alemaigne  et  reduire  tout 
quadrangle  et  rectangle  longuet  a  son  way  quarre  » 
(Ch.  de  Bovelles,  1566). 

Soit,  par  cxemple,  a  transformer  en  carr6  le  rectangle 

ABCD  dont  les  cdtes  AD  el 
AB  ont  respectivement  pour 
valour  9  et  4.  La  question 
est,  on  le  salt,  tres  simple: 
elle  revient  a  chercher  la 
moyenne  geometrique  AG 
de  "aD  et  AB  =  AE. 

La  ligure  ci-conlre,  don- 
nee    par   I'autcur  du  pro- 
bl^me     est      suflisamment 
explicite  ;    on     peut    ainsi 
tracer  le  carre  JHID  equivalent  au  rectangle  ABCD. 

ONE  CONSTRUCTION  DE  LEONARD  DE  VINCI 

«  J'ai  un  triangle  abc  avec  un  angle  tres 
aigu  et  je  veiix  en  enlever  vers  la  pointe 
line  partie  equivalente  a  un  triangle  donne 
omp  avec  un  angle  obtus  »  (Leonard  de 
Vinci,  15"  s.  Manuscrit  K). 

II  suffit  de  placer  omp  en  fga,  a  6tant 
Tangle  aigu  du  tri- 
angle abc,  et  de  me- 
ner  par  /  une  pa- 
rallMe  ed  h.  ac  qui 
coupe  ab  en  n.  Si 
I'on  joint  les  poinis  g  ct  n,  la  parlie  enlev6e  est  repre- 


B 

- 

E         A 

J 

r 

L 

F 

^ 

/ 

/ 

) 

VARIETES  399 

sentee  par  le  triangle  agn^  ce  triangle  est,  en  effet, 
Equivalent  a  agf  comme  ayant  meme  base  ag  et  des 
hauteurs  egales. 


C.  —  QUESTIONS  DIVERSES 

lES  TRIANGLES  RECTANGLES  ELflMENTAIRES  DE  PLATON 

Nous  avons  signale  clans  I'lntroduction  que  les  Pythr- 
goriciens  supposaient  que  les  5  poly^dres  reguliers 
devaient  etre  en  rapport  necessaire  avec  le  monde  qui 
nous  environne.  Platon  (4*  s.  av.  J.-C),  dans  son 
Timee^  considere  I'enveloppe  (la  surface  exterieure) 
de  ces  polyedres  reguliers  et  recherche  de  qaelles  sur- 
faces elementaires  elle  est  form^e.  Ces  elements  sont 
le  triangle  rectangle  isocele  (ou  de  1'*  espece)  et  le  tri- 
angle rectangle  scalene  dans  lequel  le  carre  du  grand 
c6t6  est  le  triple  du  carre  du  petit  (ou  de  2*  espece).  11 
est  facile  devoir  que  dans  ce  dernier^  regarde  par  Platon 
comme  le  plus  beau  des  triangles  rectangles  scalenes, 
I'hypotenuse  est  le  double  du  petit  cote  ou  encore 
I'un  des  angles  aigus  est  Egal  h.  30". 

Cela  etant,  on  pent  decomposer  le  triangle  equilate- 
ral soit  en  2  {fig.  a), 
soit  en  6  elements 
(fig.  b)  de  secondc 
espece,  et  le  carre  soit 
en  2  (fig.  c)  soit  en  4 
Elements  (fig.  d)  de 
premiere  espece.  Le 
pentagone  est  le  pre- 
mier des  polygones  re- 
guliers qui  ne  puissc 
6tre  d6composd  en  de 
pareils  triangles,  et  il 
est  probable  que  le  choix  du  pentagone  regulier  comme 


Fig.  e. 


Fig.  d. 


400  APPLICATIONS    DIVERSES 

signe  de  reconnaissance  par  les  Pythagoriciens  a  du 
^Ire  amene  par  les  essais  infruclucux  de  cette  decora- 
position.  L'hexagone  regiilier,  forme  de  G  triangles 
^qailateraux,  pent  au  contraire  etre  considere  comme 
form^soit  de  12,  soit  de  36  elements  de  seconde  espece. 
Les  surfaces  des  polyedres  reguliers  se  formaient 
alors  de  la  faQon  suivante : 

Tetraedre    :   4  triangles  cquilaleraux  ou  24  elements 

de  seconde  espece. 
Cube  :  4   carres    ou   16  elements  de  premiere 

espece. 
Octa^dre     :  8  triangles  equilaterauxou  48  6l6ments 

de  seconde  espece. 
Icosaedre    :   20 triangles dquilaleiauxou  120 elements 

de  seconde  espece. 

Qnanl  k  la  surface  du  dodeca5dre,  formee  comme  on 
sait  de  12  penlagones  reguliers  et  qui  ne  pent  par  suite 
<itre  decomposee  en  elements  de  premiere oude  seconde 
espece,  Plalon  dit  k  son  sujet :  «  Comme  il  restait  une 
cinquieme  combinaison,  Dieu  s'en  servit  pour  tracer  le 
plan  de  I'univers.  » 

Les  Pythagoriciens  connaissaient  la propridte  duplan 
de  pouvoir  etre  reconvert  par  des  assemblages  ou  de 
triangles  equilat^raux,  ou  de  carres,  ou  d'hexugones 
reguliers;  il  est  done  probable  qu'ils  avaient  observe 
que  le  plan  est  decomposable  en  elements,  soit  de  pre- 
miere, soit  de  seconde  espece. 

LES  LnNULES  D'HIPPOCRATE 

Voici  le  cas  le  plus  simple  envisage  par  Hippocratede 
Chios (o*  s.  av.  J.-C),  un  des  plus  grands  goometresgrecs, 
dans  ses  etudes  sur  les  lunules  qui  portent  son  nom  Q. 

(>)  La  couslruclion  donnce  dans   les   ouvragcs  dc  gi-omutrie  actucis 


VARIETES  401 

Soit  un  demi-cercle  de  centre  0  dans  lequel  est  inscrit 

nn  triangle  rectangle  iso- 
ci'.le  AIJC.  On  elcve  en  A 
et  C,  a  AB  et  BG,  deux 
perpcndiculaires  qui  se 
coupent  en  P  et  on  decrit 
de  P  comme  centre,  avec 
AP  comme  rayon,  I'arc 
AQC.  L'aire  de  la  surface 
curviligne  ombree  ABCQ 
{lunule^  est  equivalente  a, 
celle  du  triangle  ABC. 
On  a 
aire  liinule  =r  aire  triangle  APC4-airel/2  cercle  ABC 

—  aire  1/4  cercle  PAQC. 
Mais  1/2  cercle  ABC  et  1/4  cercle  PAQC  ont   memo 

aire,  puisque  A0'  =  l/2    AP  ;    d'autre   part, 
triangle  ABC  =  triangle  APC. 


Par  suite,       aire  lunule 


aire  triangle  ABC. 


L'ARBELON  ET  LE  SALINON  (')  D'ARCHIMEDE 

Soit  un  demi-cercle  ABC.  Sur  son  diametre  AC  con- 

struisons  deux  demi-cer- 
cles  dont  I'lin  soit  AD  et 
I'autre  DC.  Que  DB  soit 
perpendicidaire  sur  AC. 
La  figure  resultant  de 
cette  construction  et  qui 
est  comprise  entre  fare 
du  demi-grand  cercle  et 
entre  les  arcs  des  plus 
petits   demi-eercles  se  nomme  arbelon  [partie  ombree 

sous  le  nom  de  lunules  d'Hippocrate   et  relative  a   un  triangle  rec- 
tangle quelconque,  n'a  pas  et6  etudi(5e  explicitement  par  ce  geometre. 
(1)  Voir  i"  Partie,  Chap,  i,  §  2,  la  signification  de  ces  termes. 

FoORREY.  —  Curios.  g4om.  26 


402  APPLICATIONS    DIVERSES 

(le  la  fig.].  Je  dis  que  I'arbelon  est  egal  mi  cercle  qui  a 
pour  diametre  la perpendiculaire  DB  (Akchdiede,  3"  s.  av. 
J.-C,  Lemmes). 

On  a 

AC'  =  (AD -l-DCy  =  AdV  l3C'-h2AD  X  DC. 
Mais  01;'  =  AD  X  DC.  Par  suite, 


AC"=:AD  -f-DC"-j-2DB  . 


On  en  lire 
AC' 


AD'       Dr/\    _  Dir 

8         V    8  8   /      '■.  4 

Colte  relation,  on  le  premier  mombre  repr^sentc 
I'airc  <le  rarhelon,  et  le  stu'-orul  celU;  du  cercle  de  dia- 
metre HM^  prouve  I'exaclitude  de  la  proposition. 

Soil  un  demi-cercte  AB.  De  son  diametre  AB  retran- 
chons  les  parties  egales  AC,  BD.  Sur  les  droites  AC,  CD, 

BD  decrivons  des 
clem  i-c  irco  nfi- 
rences;  que  E  soit 
le  centre  des  dem  i- 
circonferences 
AB,  CD.  Que  EF 
soit  perpcndicu' 
laire  sur  AB  et 
prolongeons  EF 
vers  G.  Je  dis  que 
le  cercle  qui  a  FG 
jDOur  diametre  est 
igal  a  la  surface  comprise  par  la  demi-circonference  du 
grand  demi-cercle,  par  la  demi-cir conference  des  deux 
demi-cercles  qui  sent  places  dans  le  grand  demi-cercle  et 


VARIETES  403 

enfin  par  la  demi-circonference  du  demi-cercle  qui  est 
hors  du  grand  demi-cercle  [partie  ombree  de  la  fig.].  La 
figure  comprise  entre  les  quatre  demi-circonferences  des 
quatre  demi-cercles  AB,  CD,  DB,  AG  s'appelle  salinon 
(Archimede,  Lemmes). 

On  a  successivement,  en  observant  que  AC  =  BD, 
AD=:FG  =  BC: 

AD'  =  (AB  — AC)^  =  AB'  +  AC'"  — 2ABxAC,  (1) 
AD"  =  (AC-4-CDy'  =  AGVcDV2ACxCD.  (2) 

Ajoutant  (1)  et(2)  membre  a  membre,  il  vient 
2  AD '  =  AB' +  Cd'' -f- 2  AC' —  2  AG  (AB  —  CD), 
2  AB  %=  Ab' +  CD '  —  2  AC  \ 

On  en  deduit 

FG"      ab\    cn'    /  Ac'      bd' 

ce  qui  demdntre  Texactilude  de  la  proposition. 

LES  ABBRES  ET  LES  BREBIS  (PROBLEMES  LATINS) 

Quel  est  le  nomhre  des  arbres  contenus  dans  un  champ 

[rectangiilaire^  de  120 
pieds  de  long  et  70  pieds 
de  large,  ces  arbres  etant 
disposes  \suivant  deux 
series  de  files  perpendi- 
cuiaires']  rfe  5  en  5  pieds? 
(Traite  a'arpentage  d'E- 

I'APIIRODITUS,  1*""  S.). 

L'auteur  suppose  que 
des  arbres  sont  plantes  le  long  des  limites  du  champ. 
«  Tu  prends  le  l/o  de  la  longueur,  ce  qui  donne  24; 


cxx 


Arbres  GCCLXXV 


It 


404  APPLICATIONS    DIVERSES 

de  m6me  pour  la  largeur,  ce  qui  donne  14.  Tu  ajoutes 
1,  ce  qui  fait  25  et  15.  Puis,  lu  multiplies  25  par  15, 
le  produit  est  375.  C'est  le  nombre  d'arbres  conlonus 
dans  le  champ.  » 

Un  champ  \rectangidaire\  a  200  pieds  de  long  et  100 
de  large.  Je  veiix  y  placer  des  brebis,  de  telle  sorte  que 
chacune  d'elles  ait  im  espace  de  5  pieds  de  long  et  4  de 
large.'Qu'il  disc,  je  le  demande,  celiii  qui  lepourra,  com- 
bien  on  pent  y  mettre  de  brebis?  (^Propositions  p)our 
aiguiser  la  perspicacite  des  jeunes  gens  d'ALcuiN,  8"  s.). 
II  suffit  de  decomposer  le  champ  en  elements  rcctan- 

gulaires   obtenus, 

5   5 .  d'une     part    au 

moycn  de  paral- 
leles  menees  de  5 
en  5  pieds  dans 
le  sens  de  la  lon- 
gueur et  d'autre 
part  au  moyen  de 
paralleles  menees 
de  4  en  4  pieds  dans  le  sens  de  la  largeur.  Le  grand 

cdt^  du  rectangle    est    ainsi    divise   en -^  =  40,    le 

petit  c6te  en =  25  parties  egales.  Le  champ  est  par 

4 

consequent  partag^  en  40  x  25  =  1 000  t^ldments  rec- 
tangulaires  dans  chacun  desquels  on  peut  placer  une 
brebis. 

LE  CHAT  £T  LE  RAT  (PBOBLtME  HINDOIT) 

Un  chat  grimpe  sur  un  mur  haul  de  4  coudees  vit  un 
rat  rddant  a  8  coudees  du  pied  du  mur.  Le  rat  apergut 
aussi  le  chat  et  se  precipita  vers  sa  demeure,  au  pied  du 
mur\  mais  il  fut  atlrape  par  le  chat  qui  avait  parcouru 
diagonalement  une  egale  distance.  En  quel  point  des  8 


VARIETES  405 

coudees  le  rat  a-t-il  ete  attrape  el  quelle  distance  ont-ils 
parcourue? 

Dis-moi,  si  le  calcul  des  cercles  t'est  familier? 

(Chatlrveda,  posterieur  au  6*  s.) 
Soicnt  A  ct  G  les  positions  primitives  du  chat  et  du  rat, 

AB  le  miir  vertical,  BG  le 
'"'      ""^•v  sol  horizontal,  0  le  point  de 

•-^  \  la  capture  tel  que  AO  =  OG. 

\     ^"^N.^  \  Le  point  0  dont  il  s'agit 

\  Q        ^--^     i       de    determiner   la  position 
Q  '  Q      est  le  centre  d'uncercle  pas- 

sant par  A  et  G;  soit  D  le 
point  oil  BC  coupe  la  circonference  de  ce  cercle.  Le  trian- 
gle rectangle  DAG  donne 

AB'=:BDxBG, 

On  en  deduit 

DG  =  2H-8=:10,         0G  =  5         et        0B  =  3. 

Le  chat  ct  le  rat  ont  done  parcouru  chacun  5  coudees 
avant  leur  rencontre. 

PROPRIETE   MYSTICO-GEOMETRIQUE    DO    CERCLE 

Geltc  propridte  est  indiquec  d'une  maniere  tr^s  obs- 
cure dans  le  Traite  hebreu  d'arithmetique  du  rabbin 
Ibn-Esra,  qui  vivait  au  12*  si6cle ;  Tenigme  a  6te  devi- 
nee  en  1839  par  M.  Eichenbaum  d'Odessa. 

Soient  un  cercle  0  et  BE  un  de  ses  diamMres.  Inscri- 
vonsdans  le  cercle  le^  triangle  isocele  ABG  dont  la  base 
AG,  perpondiculaire  au  diametre  BE,  coupe  ce  dernier 
en  D,  au  tiers  du  rayon  a  parlir  do  0. 


406 


APPLICATIONS    DIVERSES 


Le  triangle  rectangle  EAB  donne 


AD  —  y/liO  X  DE  =  sjij^r  x  2/3r  =  -  r  \/2  . 


Par  suite, 


8./:^ 


aire  ARC  =r  AD  x  T5D  =  ~  \/2  r\ 


Le  rapport  de  cette  aire  au  perimetrc  2r.r  de  la  circon- 

lerence  est 

A  est  tres  sensiblement  egal 
a  4/5r.  En  sorte  que  si  le 
diametre  du  cercle  a  pour 
valeurl0(r  =  5),  onaA=:l 
et  I'aire  du  triangle  inscrit 
ABC  est  exprimee  par  le 
meme  nombre  que  le  p^ri- 
metre  de  la  circonference ; 
cette  propriety  n'a  lieu  que  pour  le  diametre  10.  Or  10 
est  la  valeur  numerale  de  la  lettre  initiale  du  mot  Jeho- 
vah (');  il  existe  done  une  relation  mystique  cntro  ce 
motet  les  propriet^s  du  cercle. 


SDR  LES  AIRES  DES   POLTGONES  RtGULIERS 

,  Du  Fat  {Hist,  de  I' Ac.  des  Sc.  de  Paris,  1727)  a  ^tabli 
entre  les  aires  des  polygones  reguliers  inscrit  et  cir- 
conscrit  a  unmSme  cercle,  ou  entre  les  aires  des  cercles 
inscrit  et  circonscrit  a  un  mcmc  polygene,  de  curieuses 
relations  qui  nous  paraissent  etre  restees  completement 
dans  I'oubli. 


(1)  LesH^breux  avaient  empiunte  leurs  chiflfres  a  I'alphabet  litterairc. 


VARIETES  407 

I.  La  difference  entre  les  aires  de  deux  polygones^ 
reguliers  de  n  cdtes,  L'un  P  circonscrit,  I' autre  P'  in- 
scrit  a  un  meme  cei^cle,  est  egale  a  I'aire  d'un  polygone 
regulier  de  n  cotes  P"  inscrit  dans  un  cercle  dont  le  dia- 
metre  est  le  cote  du  polygone  P  {pu  circonscrit  a  un 
cercle  dont  le  diametre  est  le  c6t6  du  polygone  P'). 

Soient,  pour  fixer  les 
idees,  deux  pentagones 
reguliers  ABODE  et 
A'B'G'D'E',  Fun  circon- 
scrit, I'autre  inscrit  h  un 
cercle  de  centre  0.  L'un 
des  triangles  formant  la 
difference  entre  les  aires 
des  deux  polygenes  regu- 
liers, C'CD'  parexemple, 
peut  etre  partag^  en  deux  triangles  rectangles  egaux 
CNC  et  GND' ;  ceux-ci,  accoles  dans  un  autre  sens,  peu- 
vent  former  un  triangle  isocele  PD'G  dont  Tangle  au 
somniet  PD'G  est  Tangle  au  centre  d'un  pentagone 
regulier  inscrit  dans  un  cercle  de  rayon  GD'  ou  de  dia- 
metre  GD  (ou  bien  circonscrit  k  un  cercle  de  rayon  D'N 

ou  de  diametre  C'D'). 

II.  Si  Ton  elevepar  chaque 
sommet  du  polygone  inscrit 
P'  une  perpendiculaire  au 
cote,  on  forme  au  centime  wi 
polygone  regulier  egal  a  P. 
Le  polygone  obtesu 
GHIJ...  est  regulier;  il  a 
le  meme  nombre  de  cotes 
que  P  et  P',  et  son  centre  0  est  le  meme  que  celui  de  ces 
deux  polygenes. 

Si  Ton  abaisse  des  perpendiculaires  OS  et  ON  sur  GH 


408 


APPLICATIONS    DIVERSES 


et    C'D',    on    a    OS  =  C'N  = 


CD' 


Ainsi  le  rayon  du 

cercle  inscrit  a  GHIJ...  est  egal  au  rayon  du  cercle  in- 
scrit  h  P"  (I);  il  en  resulte  que  GHIJ...  est  dgal  5,  P". 
Lorsque  le  nombre  des  cotes  de  P'  est  pair,  il  suffit  pour 
obtenir  les  perpendiculaires  aux  c6tes  donnant  GHIJ... 
de  joindre  les  extremites  des  c6t(5s  paralleles  de  P'. 

III.  Si  deux  cercles  sont  I'lm  inscrit^  I'aulre  circonscrit 
a  un  polygone  regiilier,  I' aire  de  la  couronne  qii'ils  com- 
prennent  est  6gale  a  I'aire  dii  cercle  dont  le  diametre  est 
le  cdt6  du  polygone  regulier. 

En  efTct,  soient  ABODE  le  poly- 
gone donne  de  centre  0,  OA  le 
rayon  du  cercle  circonscrit,  OF  le 
rayon  du  cercle  inscrit.  Le  triangle 
vectangle  OFA  donne 


OA'  — OF=AF 

On  en  deduit 


ou 


ab; 

4 


z(OA'  — 0F")  =  - 
ce  qui  d^montre  la  proposition. 


AB'- 


POLYGONE    SPIRAt 

Solt  ABC  ...  un  polygone  re- 
gulier inscrit  dans  un  cercle 
de  centre  0.  Par  le  point  0, 
menons  les  rayons  relatifs  aux 
sommels  et  abaissons  des  per- 
pendiculaires sur  les  milieux 
E,F,  G,...  des  cote's.  Du  milieu 
F  de  AB,  abaissons  ensuite  une 
pcrpendiculaire  FI  sur  BO,  puis  de  I  une  pcrpendicu- 


VARIETES  409 

Laire  IJ  sur  GO  et  ainsi  de  suite  jusqu'a  ce  qu'on  ren- 
contre AO.  Le  polygone  AFI...  P  ainsi  obtenu  a  et6 
denomme  par  Du  Fay  {Hist,  de  I' Ac.  des  Sc.  de  Paris, 
1727)  polygone  spiral. 

Aire  du  polygone  spiral.  — Designonspar  a,  d\  «",  «'",  ... 
Jes  longueurs  OA,  OF,  01,  OJ,  . . .  Les  triangles  AFO, 
FIO,  IJO,  ...  sont  semblabies  et  donnent 

_« a^__d'- , 

~a:~'d'~'d"  ' 

k  d^signant  une  constante. 


Mais  on  a  aussi 

aire  AFO 
aire  FIO 


a} ,2 


aire  FIO d^ ,2 

aire  IJO      d'- 


Ainsi  les  aires  des  triangles  AFO,  FIO,  IJO,  ... 
forment     une     progression     geometrique     de    raison 

a"" 
II  est  des  lors  facile  de  determiner  I'aire  d'un  poly- 
gone spiral  quelconque  (3*  Partie,  Chap.  1,  §  3)  lors- 
qu'on  a  evaluele  rapport  constant  k  et  I'aire  du  premier 
triangle. 

Crochet.  —  ABC...  ou  P  estle polygone  regulier  cir- 
conscrit  au  cercle  de  rayon  OF,  et  EFG...  ou  P'  estle 
polygone  regulier  inscrit  au  m^rae  cercle.  Prenons  sur 
OA,  0A'=  OF,  puis  menons  par  A'  h.  AF  une  parallelc 
qui  coupe  OF  en  F',  puis  par  F'  une  parall^le  FT  k  FI 
et  ainsi  de  suite  jusqu'a  ce  qu'on  rencontre  OA.  On 
obtient  ainsi  un  polygone  spiral  interieur  A'FT...  ou 
S'  qui  correspond  au  polygone  P'  (rayon  du  cercle  cir- 


410 


APPLICATIONS    DIVERSES 


conscrit  OF  =  OA')  corame  le  polygene  spiral  exterieur 

AFI...  ou  S  correspond  au 
polygone  P  (rayon  du  cercle 
circonscrit  OA), 

La  surface  ombree  comprise 
enlre  les  contours  de  S  ct  de 
S'  a  dte  appelee  par  Du  Fay 
un  crochet;  et  ce  crochet  G 
joue  dans  les  polygones  spi- 
raux  le  meme  role  que  le 
polygone   P"   de  la  question 

prec^dente  dans  les  polygones  reguliers. 
On  a 


aire  S  _  aire  AFO  _  aire  AFO  _  aire  P 
aire  S'  ~  aire  A/Fl)  ~"  IdleTlO  ~  aire  P' 


(1) 


Ainsi  le  rapport  des  polygones  spiraux  S  et  S'  est 
egal  au  rapport  des  aires  des  polygones  reguliers  cor- 
respondants  P  et  P'. 

D'autre  part,  on  deduit  de  la  relation  (1) 

aire  S  —  aire  S' 


aire  S' 


ou 


aire  G       aire  P  —  aire  P' 


aire  S' 


aire  P' 


Au  moyen  de  cctlc  derniere   relation,  on  trouvera 

par    exemple    que    dans    le    triangle     Equilateral    oii 

aire  P — aireP'       or-       j  ut      ii^-ij 

: — -r- =  3,  1  aire  du  crochet  est  le  triple  de 

aire  P 

celle  du  polygone   spiral  int^rleur;  dans  le  carrd,  oii 

.     ^, =  1,  I'aire  du  crochet  est  egale  h.  celle 

aireP 

du  polygone  spiral  int^rieur. 


MESURE  D'UN   ANGLE  SANS  RAPPORTEU 

Mesurer  unangle^kQAsansraiyi)orlciir  QilQ^TX.QX.k^ill'S), 


VARIIiTES  411 

Du  soramct  A  dc  cet  angle  comme  centre,  avec  le  plus 

grand  rayon  possible,  on  d6- 
crit  une  circonference  qui  cou- 
pe les  c6t6s  AB  et  AG  en  D  et 
E.  On  divise  ensuite  la  circon- 
ference en  2,  3,  4,  5,  6,  8,  12, 
13  parties  egales  en  prenant 
comme  origine  le  point  D ; 
puis  on  porte  Tare  DE  sur  la 
circonference  autant  do  fois 
qu'il  est  neccssairc  pour  lomber  sur  I'un  des  points  do 
division. 

Supposons  par  excmple  qu'apres  avoir  porte  DE 
43  fois  de  suite,  on  ait  lait  un  peu  plus  de  3  revolu- 
tions completes  et  qu'on  iombe  sur  la  2"  division  F 
de  la  circonference  partagee  en  5 ;  le  cinquieme  de 
la  circonference  6tant  de  72",  Tare  total  parcouru  a 
pour  valeur    3  x  360  +  2  x  72  =:  1224",  et  Tare  DF, 

i2M"  =  94»A-. 
13  13 

iGkint   OU    SYMETRIE? 


Tout  le  monde  sait  que  nos  pieds  sont  egaux  pai' 
symetrie  et  non  egaux  par  superposition.  Gependant,  on 
a  longtemps  fait  les  deux  souliers,  de  droite  et  de  gau- 
che, sur  une  meme  forme;  autrement  dit,  on  les  fai- 
sait  (5gaux  par  superposition. 

L'anatomiste  .hollandais  Pierre  Gamper  (1722-1789) 
parait  etre  le  premier  qui  ait  signale  I'inconvenient  de 
cette  fagon  de  proc^der,  dans  une  curieuse  Dissertation 
sur  la  meilleure forme  des  souliers  (Xl^i).  Voici  le  debuL 
de  son  Avanl-propos  :  «  Une  plaisanteric  a  donne  lieu 
a  ce  petit  Trailc  sur  la  meilleure  forme  des  souliers : 
j'ai  voulu  prouvcr  a  mes  anciens  elcves,  qui  me  soutc- 


-412  APPLICATIONS    DIVERSES 

noient  que  les  mati^res  a  dissertation  ^toient  ^puisees, 
■que  le  sujet  le  moins  important,  fiit-ce  un  Soulier,  un 
Sabot,  etc.  pouvoit  devenir  interessant  entre  les  mains 
de  quelqu'un  qui  le  possederoit  a  fond  et  qui  parleroit 
4ivec  connaissance  de  cause.  On  me  fit  un  defi :  on  crut 
du  moins  que  je  n'oserois  jamais  le  publier  sous  mon 
nom.  Je  me  pretai  a  la  plaisanterie,  et  j'ecrivis...  » 


UN   COLIMAQON   GEOMETRIQOE 


Voici  une  curieuse  construction  indiqu^e  dans  le 
Dictionnaire  de  Mathematiques  de  Klugel  (tome  VI, 
Leipzig,  1833). 

Solent  un  triangle  ABC,  D  le  milieu  de  AC,  D'  le  point 
de  BG  silue  au  quart  de  ce  cote  h.  parlir  de  G.  On  joint 


les  points  D  et  D'  et  on  prolongc  DD'-d'unc  longueur 
D'C'=:DD'.  On  prend  D"  au  quart  de  BG'  a  partir  de 
C',  on  joint  D'  et  D'  et  on  prolonge  D'D'  de  D"G"  =  D'D'. 
En  continuant  ainsi,  on  arrive  a  construire  les  12  tri- 
angles ombres  de  la  figure  ci  dessus  dont  il  s'agit  d'eva- 
luer  I'airo  totale. 


VARIETES  i\^ 

Remarquons  d'abord  que  si  E  et  F  sont  les  milieux 
de  AB  et  GB,  on  demontre  sans  difficulle  que  les  angles 
marques  1,  2,  3,  4,  5,  6  dans  le  triangle  ABC  se  retrou- 
vent  deux  fois  successives  dans  cet  ordre  autour  du 
point  B;  de  sorte  que  BC^  est  dans  le  prolongementde- 
BD,  que  C^  tombe  sur  AB  et  C'''  sur  BD. 

D'autre  part,  I'aire  de  BD'C  est  les  3/4  de  I'aire  S'  de 
BDG,  I'aire  de  BD"C"  est  les  3/4  de  celle  de  BD'C.  et 
ainsi  de  suite.  Les  aires  des  triangles  ombrds  ferment 
done  une  progression  geometrique  dont  le  premier 
terme  est  S  et  dont  la  raison  est  q  =  3/4.  Si  nous  suppo- 
sons  que  la  conslruction  indiquee  est  poursuivie  indc- 
finiment,  la  somme  des  aires deces  triangles  est  (3*  Par- 
tie,  Chap.  1,  §  3) 

■      S  S 


y-9   i_i 

4 


=  4S. 


Elle  est  done  egalc  au  double  de  I'aire  de  ABC. 

La  somme  des  aires  de   ces  triangles,   a  parlir  du 

312 

5* 


treizieme,  dont  I'aire  est  Sx— r  ,  est  de  meme 

I  Mia  ' 


Q12 

4»- 

=  4sYi 

1—^ 

\4 

4 

La  somme  des  aires  des  12  premiers  triangles,  c*esU 
a-dire  I'aire  de  la  partic  ombree,  est  done  egale  a 

4S-4s(|)"  =  4S[l-(|y]. 

AIRE  D'UN  TRIANGLE  A  SOMMET  INACCESSIBLE 

Precede  pour  evaluer  I'aire  d'un  triangle  ABC  dont 


414  APPLICATIONS    DI VERSES 

iin  sommet  B  est  inaccessible  (Bailly,  Comptes  Rend,  de 
I'Ac.  desSc,  4855). 

Au  moyen  d'une  equerre  d'arpenteur  donnant  Tangle 

de  60",  Iragons  deux  obliques  pas- 

,B  sant  par  B  et  inclinees  de  60°  sur 

vV^  AC:    le    triangle  DBE  est  equi- 

/      \\        lateral. 

/  \ 

-^j.  Les  deux  triangles  ABC  et  DBE, 

qui  ont  menie  hauteur,  sont  entre 
cux  com  me  lours  bases.  On  a  done 

aire  ABC  =  aire  DBE.  -?. 
DE 

INIais  aire  DBE  z=De'^; 

4  ' 

ddi  aire  ABC  =:^.  AC.  DE. 

4 

II  suffit  done  de  mesurer  AC  et  DE  pour   obtenir 
Taire  de  ABC  par  une  simple  rnulliplicalion. 


§  2.  —  Simples  problemes. 


Au  f/rand  soleil  jc  viens  de  mellre 

La  lance  de  mon  clendard. 

ISa  longueur  vaul  irois  fois  le  nietrCf 

i>on  ombre  a  cinq  metres  un  quart, 

* 
n(    * 

Eh  bien  !  la  tour  de  cette  er/lise 

Far  son  ombre  nous  marque  cent. 

Dis-nous  la  hauteur  precise 

De  ce  docher  retentissant. 

(ViTRET,  Contes  et  Comptes,  I860.) 


VARIETES  415 

On  trouve  sans  dlfficulte  la  solution  de  ce  probl^me: 
Si™,  143. 

LE  BASSm  FLE0BI 

7*00^  aulour  d'un  rond-point  je  plante  nne  hordare 
De  buis  el  de  gazon,  de  fleurs  et  de  verdure 
Ainsi  que  de  fraisierSj  d'arhusles  differenls. 
Ce  travail,  iermine  par  le  jardinier  Blaise, 
Pour  an  metre  de  long  me  coute  6  francs  16 
Etje  dois  pour  le  tout  soixante-douze  francs. 

Combien  le  diametre 
De  mon  bassin  fleuri  que  j'aime  tant  a  voir, 
Et  qu'en  ete  j'ai  soin  d'arroser  vers  le  soir, 
Doit,  selon  Melius  Q)  porter  de  fois  le  metre? 

(ViTREY,  Conies  et  Comples,  1860.) 

Le   p^rlmetre    est    csral   a   — =^  et   le   diam^lre  h 
'^       =3,72. 


LIS  DEUX  FORTERESSES 

Legendre  avec  Blanchel prouvent  qu*nne  surface 
Observe  en  grandissanl  le  rapport  des  carres 
Que  donnent  les  contours  ensemble  compares. 
Pour  nier  ce  principe  il  faadrail  de  I'audace, 
Paisque  fai  pour  garanls  deux  auteurs  reveres 
Qu'on  n'accusa  jamais  d'erreur  ou  de  systeme 
Et  dont  le  monde  instruit  admet  les  theoremes. 

En  deux  heures  fai  fait  le  tour  de  Besangon 
A  pied  d'abord,  ensuite  en  montant  une  barque 
Oil  je  me  prelassais  comme  un  petit  monarque, 

(»)  Adriacn  Anthonisz  (15^7-1607) surnomnie  Melius (originaire de  Metz), 

355 
culebre  pour  sa  decouverte  de  la  valeur  approchee  -rrz  du  rapport  de  la 

circonference  au  diametre. 


416  APPLICATIONS    DIVEBSES 

Trois  quarts  me  suffiraient  aufour  de  BriauQon 

Qui  des  Alpes  aa  loin  domine  les  monlagnes 

El  du  vert  Dauphine  protege  les  campagnes, 

Au  pays  du  calcul,  savant  exploratevr, 

Comparez  avec  soin  ces  villes  en  grandeur 

Et  puis  determinez  que  de  fois  la  premiere 

Pourrait  en  itendue  egaler  la  derniere. 

Dans  ce  but  supposons  que  les  remparts,  les  tours 

Qui  ceignent  de  leurs  contours 

Le  rocher  cisalpin,  vrai  nid  inexpugnable 

Par  des  brouillards  epais  conslamment  visile. 

Pendent  son  polygone  en  tons  les  points  semblahle 

A  I'antique  rempart  de  la  Franche-Comte. 

(ViTREY,  Conies  et  Comptes,  1860.) 


Le  rapport  des  perimetres  est  ogal  a  2:  3/4,  celiii  de 

1  ,    ,  ,     9         ,  64      -  1  J       .  , 

leurs  Carres  a  4  :  —  ou  a  —  =7  — ;  ce  dernier  nombre 
16  9  9 

est  le  rapport  des  elendues  des  deux  villes. 


L'AIRE  ET  LE  CONTOUR 


Pierre  a  un  champ  de  500  7netres  de  con  lour  qui  est 
carre ;  Jean  en  a  un  rcctangidaire  de  nihne  contour  et 
propose  a  Pierre  d'echanger  les  deux  champs.  Pierre  doit"- 
il  accepter  ? 

Non,  car  de  tous  les  rectangles  dent  le  pcrlmotrc  est 
le  m6me,  le  carre  est  celui  dont  I'aire  est  maximum. 

Un  gourmet  paie  un  franc  une  botle  d'asperges  entourr'" 
d'une  ficelle  ;  le  lendemain,  il  demande  pour  deux  francs 
une  botte  des  mhnes  asperges  qui  soil  entouree  dune 
ficelle  de  longueur  double.  Est-ce  equitable? 

Non,  car  un  cercle  ayant  un  contour  double  d'un 
autre  a  une  aire  quadruple ;  la  seconde  botte  contien- 
drait  done  4  fols  plus  d'asperges  que  la  premiere. 


VARUiTliS  417 

Un  jardinier  a  droit  a  I'e.au  que  hiiapporte  im  conduit ' 
circulaire.  II pay e  pour  avoir  le  double  d'eau  et  il  double 
a  cet  cffet  le  diametre  du  conduit.  On  lui  fait  un  jjro- 
ces. 

Observation  analogue  a  celle  du  problcrrie  precedent. 

Un  particulier  a  emprunte  un  sac  de  grain  de  4  pieds 
de  haul  et  de  6  pieds  de  tour  et  il  rend,  pour  se  liherer, 
deux  sacs  de  4  pieds  de  haul  et  de  3  pieds  de  contour 
chacun.  On  demande  s'il  a  rendu  la  quant ite  de  grain 
emprunte'. 

II  n'en  rend  que  la  moitie.  Car  deux  cylindres  de 
meme  hauteur  sont  entre  cux  comme  leurs  bases ;  or 
la  base  du  gros  cylindre  ayant  un  contour  double  de 
cliacune  des  bases  des  petits  cylindres,  a  aussi  un  dia- 
metre double  et  par  suite  une  aire  quadruple. 

AO  SPECTACLE 

Tracer  Fenceinte  d'une  salle  de  spectacle  de  maniere 
que  tes  spectaleurs  places  dans  le  pourtour  voient  tous  la 
scene  sous  le  meme  angle  (Mau]5chal-Duplessis,  1829). 

Soient  ABlc  devantde  la  scene,  53°  la  valeurde  Tangle 
que  nous  supposons  le  plus  convenable 
C .  ^  la  vue  et  sous  lequel  on  veut  que  la 

scene  soit  apergue.  On  fait  avec  AB  en 
A  un  angle  BAG  egal  a  53°;  le  point 
d'interscction  0  des   perpendiculaires 
elevecs  a  AC  en  A  et  ^  AB  en  son  mi- 
lieu K  est  le  centre  d'un  cercle  passant 
par  A  et  B  et  tangent  en  A  a  AC, 
L'arc  ADB  repond  a  la  question,  car  tous  les  angles 
ayant  leur  sommet  sur  cet  arc  et  dont  les  cotes  passcnt 
par  A   et  B  sont  egaux   a  BAG  comme  ayant  meme 
mcsLire. 

FounuEY.  —  Curios,  gcom.  27 


4-18  APPLICATIONS    DIVEaSES 

aUESTIONS  D'ARPENTAGE 

Un  rhamp  rectangulaire  a  ete  inesure  avec  tin  deca- 
metre trop  long  de  0'°,02.  On  a  trouvc  22"%  1^  pour 
sa  surface  ;  on  demande  sa  surface  reelle. 

Ainsi  a  chaqiie  mesure  effectu^e  de  10  metres  corres- 
pond une  mesure  reelle  de  10™, 02  ;  les  longueurs  mesu- 
rees  sont  done  aux  longueurs  reelles  dans  le  rapport 
de  1  000  a  1  002.  Les  surfaces  semblables  etant  entre 
elles  comme  les  carres  des  c6tes  homologues,  la  surface 
calcuMe  sera  a  la  surface  reelle  dans  le  rapport  do 
1  000"  a  1  002^,  c'est-a-dire  que  cette  derniere  aura  pour 
valeur 

22,75  X  ^-^,  =  22  "",  841 . 

1  ooa" 

Vourquoi  en  arpentage  7nesure-t-on  horizon'alement 
les  longueurs? 

Les  plantes  poussent  verticalement,  de  sorte  qu'un 
terrain  inclind  ne  produit  pas  davantage  qu'un  terrain 
d'aire  egale  a  la  projection  du  premier  surun  plan  hori- 
zontal. 

11  en  est  de  meme  si  Ton  veut  (^difier  une  construc- 
tion :  le  premier  terrain  ne  donne 
pas  plus  d'emplacement  que  le 
second. 

Deux  villages  k.  et  ^  occupent 
des  positions  connues  des  deux 
cotes  d'une  riviere.  Etablir  un 
pont  equidistant  de  chacun  d'e-ux. 

II   suffit  d'elever  une  perpen- 
diculaire   DE    sur  le    milieu   (ie 
a  droite  AB  qui  joint  les  deux  villages ;  I'intersection  G 


VARIETES  419 

dc  DE  ct  de  I'axe  du  cours  d'eau  determine  I'emplace- 
mcnt  du  pont. 

Tracer  une  route  equidistante  dc  qiiatre  points. 

Soit  0  le  centre  de  la 

.9- ,.p  circonference  passant  par 

trois  des  points  B,  C,  D 
par  exemple.  Joignons  OB, 
OA,  et  soit  E  le  point  de 
rencontre  de  OA  et  de  la 
circonference  BCD.  Si  F 
est  le  milieu  de  AE,  0  est 
le  centre  et  OF  le  rayon 
d'une  circonference  equi- 
distante de  A,  B,  C,  D. 
1,1  y  a  plusieurs   solutions. 


LA  PIE  INGENIEUSE 

Un.  jnur  d'ete,  une  pie  apergoit  de  I'eau  dans  un  trou 
tronconiquc  de  Spouces  de  diametre  aufond.  EUe  accourt 
&t  constate  que  I'eau  a  une  surface  de  6  ponces  de  din- 
metre  ets'elev.e 
^  ^  ^  ^  a  une  hauteur 

de  2  pouces. 
Lapietiepour- 
rait  atteindre 
i'eau  que  si  sa 
surface  avait 
C  fouces  et  1  iigne  de  diametre.  EUe  vole  vers  un  tresor 
qu'elle  a  accouvert.  •  conibien  faudra-t-il  quelle  y  prenne 
de  pieces  de  monnaie  d'une  ligne  d'epaisseur  et  de  iQ  liqnes 
de  diametre.,  pour  qu'en  les  portant  dans  I'eau  eile  puisse 
boire  a  son  aise  (D'apres  Rebikre,  Mathematiques  et 
Mathemaltciens^. 


420 


AFI'LICATIONS    DIVERSES 


Solent  BG  le  niveau  de  I'eau  au  debut,  DF  cc  niveau 
lorsquc  lo  diamfetre  atteint  6  pouces  1  ligne  et  AIJ  la 
perpendiculaire  abaissee  de  A  sur  BG  et  DF.  Menons 
ACE  parallele  ^  HGF. 

Sachant  qu'un  pouce  dquivaut  a  12  lignes,  on  a  suc- 
cessivement  AH  ==36',  BG  =  72',  DF  =  73',  AI  =  24', 
BG  =  BG  — AH  =  36',  DE  =  DF  — AH  =  37'.  On  pent 
ccrire 

M^I^E;      d"ou     AJ  =  —     et      IJ  =  AJ  — AIrr.2/3'. 

AI      BG'  a  ' 

Pour  resoudre  le  probleme,  il  nous  suffit  maintcnant 
d'cxprimer  que  le  volume  den  pieces  de  monnaie  cylin- 
driques  equivaut  au  volume  du  tronc  de  cone  BDFG, 
cc  qui  donne 

„><,  .  8-^  |-T-2+75+72><13j_ 

(I'oii  w  =  13,7. 

II  faudra  done  14  pieces  dc  monnaie. 

§  3.  —  Casse-t6te  divers. 


I.   Un  pere  laisse  a  sa  morl  un  champ  carri  dont  on 
V,  c 


V 

I 

I 


doitdonner  le  quart  aux  pauires  et  dont  le  reste  doit  Sire 


VARIETES  421 

divise  pour  les  quatre  enfants  en  par  ties  de  meme  surface 
et  de  meme  forme. 

La  2°  %.  ci-dessus  donne  la  solution. 

II.  Etant  donne  la  figure  BGDEFG  (I,  page  420)  la 
decomposer  en  elements  qui,  assem- 
bles, forment  un  carre. 

En  operant  la  meme  de'eompo- 
silion  qu'au  probleme  precedent 
et  assemblant  les  quatre  dlements 
obtenus  comnie  il  est  indique  ci- 
contre,  on  obtient  un  carre  6gal 
a  ABCD  ct  dont  la  partie  ccntrale, 
qui  est  vide,  est  (?gale  au  carre  AGFE. 

III.  Un  proprietaire  possede  une  maison  disposce, 
comme  le  montre  la  figure,  dans  un  jardin  de  forme  carree 
contenant   45   arbres  plantes  reguiierement.    Comment 


' 

m 

.. 

o 
o 
o 
o 

o 
o 

o 

o        o        o        o 
O         O         o         o 

o 

o 

o 

o 

o 

° 

o 

o 
o 

o 

M 

o 

o 

o 

o 

o 

devra-t-il  diviser  le  jardin  pour  que  les  cinq  locataires 
de  la  maison  aient  chacun  des portions  egales  avec  le  meme 
nombre  d' arbres? 

La  seconde  figure  ci-dessus  donne  la  solution, 

IV.  Un  pere  en  mourant  laisse  a  ses  quatre  enfants 
un  champ  carre  contenant  12  arbres  disposes  comme 
il  est  indique  ci-apres  et  une  fontaine  en  son  centre. 
Comment  doit  s'effectuer  le  partage  pour  que  chacun 
des   enfants   ait  une  parcelle  d'aire   egale,    de   meme 


422  APPLICATIONS    DIVERSES 

forme,  aboutissant  a  la  fontaine  et  rcnfcrmant  le  mhne 


iiomhre  d'arbres?  (Solution:  2"  lig.  ci-dcssus). 

V.  Decomposer  un  carre  AB CD envingt  triangles  erjaux . 

La  fiorure    ci- 
/     ^^^  centre  est  sufii- 

samment  expli- 
cite;  nous  nous 
coatenterons  do 
faire  reraarquer 
que  E,  F,  G,  II 
sont  Ics  milieux 
des  cotes  dii 
carre. 

Onpeulformer 
une  croix  de  Ge- 
neve   avec     ces 
vingt  triang-les  ; 
il  siiffit  de  porter  le  triangle  AIE  en  BJE,  et  de  menie 
pour  les  trois  Iriangles  disposes  comine  AIE. 

YI.  Assembler  qiiatre  de  cha- 
cun  des  j)oiygones  A,  B,  G,  de 


mower e  a  constHuer  un  octonnnc 
r^'Qtiltcr.  (Solution  ci-conlre). 


VAKIliTliS 


423 


VII.  Avec  quatre  figures 
iden.iques  a  celle  represeii' 


tie  ci-contre,  former  iin  car^ 
re.  (Solution  ci-contrc). 


■ 

m 

^ 

1 

B 

1 

__ 

1 

VIII.  A  ssemhler  douze 
figures  identiqites  a  cellc 
representee  ci- 
contre  dc  ma~ 
niere  a  former 
deux     croix 
concentriqiccs.  (Solution 
ci-contie). 


IX.  Un  charpcntier  posffede  tine  planchc  dc  O^jSO  dc 
longueur  et  de  0™,30  de  largeur.  Suwant  quelle  Itgne 
doit-il  la  scier  pour  constiluer  avec  Ics  rnorceaux  obtenus 
une  planche  de  I'", 20  de  longueur  sur  0"',20  de  largeur? 

B 0,80  c  Le  charpcntier 

aura  la  solution 
H  en  faisant  passer 
la  scic  suivant 
la  ligne  briseo 
EFGH  (/i,g.  a)  ou 
J..  E  et  11  sont  res- 

Ing.  a. 

pcctivcment    au 

tiVrs  de  AB  ct  CD  a  partir  de  A  el  C,  la  droilc  GF  so 

trouvanl  au  milieu  de  la  lonsrucur. 


424 


APrLICATIONS    DI  VERSES 


B' 

1,20               C' 

H' 

C' 

11' 

T/ 


■F'A" 


Fiir.  b. 


II  poiirra  ensiilte  disposer  les  deux  morceaux  comme 
I'indique  la  figure  d. 


§  4.  —  Subtilit6s. 

I.  Etant  donne  line  feuillc  de  jmpicrrectangtilaire,  qtie 
faiil-il  faire  pour  passer  a  i?  avers  en  la  laissant  d'une 
teule  piece  ? 

II  suflit  de  decouper  cette  fcnillc  comrac  il  est  indique 

sur  la  figure  ci-conlre  de 
maniere  aformerunelaniere 
ininterrompue. 

On  pourrait  qualifier  ce 
problemc  de  «  problem e  de 
Didon  » ,  car  la  legende  nous 
apprcnd  que  c'est  Temploi 
d'un   avlifice   analogue   qui 

permit  a  la  fondalrice  de  Carthago  de  s'etablir  sur  la 

c6te  d'Afrique. 

II.  Etant  donn^  un  triangle  forme  avec  trnis  allvmettcs, 

construire,  avec  trois  h-itresatlum ci- 
tes, trois  triangles  egaux  ait  premier. 

II  suffit  de  terminer  la  construction 
du  tetra^dre  r^gulier  dont  le  trian- 
gle donnc  est  la  base.  Pour  lairc 
tenir  le  systcme  en  place,  on  n'aura 
qu'a  entlammer  le  phosphore  des 
allumettes  et  a  Teleindrc  aussitot. 


VAKIKTKS 


42  r» 


III.  Diviser  tin  triangle  equilateral  en  9  parties  egalea 
par  iin  trait  continu  sajis  repasxer 
sur  line  ligne  deja,  tracee  et  sani 
traverser  une  telle  ligne. 

La  solution  est  indiqu^e  sur  la 
figure  ci-contre  ou  les  chifTres  indi- 
qucnl  I'ordre    des    points    succes- 
sivcmcnt  renconLres  dans  le  trace  du  Irait. 


IV.  Tracer  un  rectangle  et  ses  diagonales  sans  passer 
par  line  ligne  dejd  tracee. 

Co  probleme  est  impossible  a  resoudre  sans  employer 
un  artifice. 

Soil  ABGD  (Jig.  a)  la  feuille  de  papier  oil  Ton  doit  effec- 


4 

1 

1 

3 
C 

1 

3 

A  V 

Fig.  b. 


B                  C 

7 

A  D 

Fig.  e. 


tuer  lo  trace.  On  rabat  la  partie  sup^rieure  BC  de  cette 
feuille  en  GH  (pli  suivantEF). 

On  trace  alors  (fig.  b)  le  c6t^  1  du  rectangle  sur  le 
recto  et  on  prolonge  ce  cote  sur  le  verso ;  puis  on  trace 
2,  3  sur  le  verso  et  on  prolonge  3  sur  le  recto. 

Rabattant  alors  la  partie  sup^rieure  de  la  feuille 
(Jig.  c),  on  trace  successivement  sur  le  recto  4,  5,  6,  7. 
On  obtient  ainsi  par  un  trait  continu  un  rectangle  et 
ses  diagonales. 


426 


APPI.JCATFONS    DIVERSES 


V.  Construire  un  dodecagone  equilateral  et  rectangle. 
Cost  le  dodecagone  represents  par  la 
croix  do  Geneve. 


VI.  Un  elang  a  la  forme  d'un  carrc; 
a  chacim  des  sommets  et  exterieurement 
est  plante  un  arbre.  Donner  a  I'etanq 
line  surface  double  sans  changer  sa 
forme  et  sans  deplacer  les  arbres  qui 
dowent  toufours  rester  en.  dehors  de  I'etanq. 

11  suflit  de  tracer  un  second  carre  EFGH  dont  les 
c6tes  passent  par  les  sommols 
du    premier    ABCD    et   soient 
puralleles    aux    diagonales    de 
^.C  celui-ci. 


F 


VII.   Un  carton  est  perce  de 

trois  ouveriures  A,  B,  C  ayant 

respectivement    la   forme   d'un 

*^^  triangle  equilateral,  d'un  carre 

et  d  'un  cercle,  les  cotes  des  deux 

premiers  et  le  diametre  du  troi- 

sieme  etant  egaux.  Trouver  la  forme  d'une  cheville  qui 

puisse  passer  par   les   trois   ouveriures. 

C  est  le  cercle 
inscrit  dans  le  carre 
B.  II  suffit  detainer 
un  cylindre  —  un 
Louchon,  par 
exemple  —  ayant  G 
pour  section  droitcj 
de  telle  sorte  que  sa 
hauteur  soit  6gale  h  celle  de  A,  puis  on  coupe  lat^ra- 
lement  ce  cylindre  par  deux  plans  inclines  symelriques 
se  rejoignant  suivant  un  diametre  MN  de  la  base 
infdrieurc. 


A 

B 

0 

VAIUETES 


427 


On  pourra  alors  fairo  passer  cetic  cheville  dans  les 
ouverlures  B  et  C  en  placant  les  genera- 
trices PM  normalcjneiit  au  carton.  Pour 
I'introduire  dans  I'ouverlure  A,  on  fait 
glisser  la  droile  MN  en  un  sommet  du  tri- 
angle et  la  surface  du  cercle  le  long  du  cote 
oppose. 

VIII.  Avec  line  mSme  oimerture  de  compas,  d^crire  des 
cercies  de  rayons  differents. 

Mg.  a.  —  On  d^crit  un  cercle  sur  un  plan. 
Fig.  b.  —  L'une  des  pointes  du  compas  repose  sur  une 
cale  dont  on  peut  faire  varier  I'epaisseur,  ce  qui  fait 
varier  en  meme  temps  la  grandeur  du  cercle. 

Fig.  c.  — L'une  des  pointes  du  compas  reposant  sur  le 
sommet  d'un  cone  circulaire  droit,  I'autre  pointe  decrit 


Fig,  a. 


Fig.  &. 


Fig.  e. 


Fisr.  d. 


line  circonference  sur  la  surface  de  ce  cone.  L'ouverture 
du  c6ne  variant,  il  en  sera  de  meme  du  rayon  de  la  cir- 
conference. 

Fig.  d.  — On  trace  un  cercle  a  la  surface  d'une  sphere; 
en  modifiant  le  rayon  de  la  sphere,  on  modifie  aussi  le 
rayon  du  cercle. 

On  peut  done  obtenir  une  infinite  de  cercies  avec 
une  m6me  ouverturc  de  compas ;  celui  correspondant 
au  cas  ou  les  deux  pointes  du  compas  sont  dans  le  plan 
du  cercle  decrit  est  de  grandeur  maximum. 


TABLE  DES  MATJERES 


P»ges. 

Introduction.  —  Esqnisse  de  I'Histoire  dc  la  g^om6trie  ^l^men- 

taire 1 

§  1.  —  L'Orient  antique :  G^ometrie  pratique 2 

§  2.  —  Les  Grecs  :  Gdometrie  theorique 5 

§  3.  —  Les  Remains :  Les  Agrimenseurs 18 

§  4.  —  Les  Hindous  :  G^ometrie  versifi^e 19 

§  5.  —  Les  Arabes  :  Transmission  des  oeuvres  grecques. .  21 

§  6.  —  L'Occident  latin  au  Moyen  age 23 

§  7.  —  Les  Modernes 26 


PREMIERE   PARTIE 

DES  DEFINITIONS  ET  DEMONSTRATIONS  GlilOMfeTRIQUES 

Chapitre  premier.  —  Definitions  et  denominations 33 

§  1.  —  Definitions. .     . 33 

§  2.  —  Denominations 48 

§  3.  —  Gurieuses  definitions S6 


^' 


,€hamtre  II,  —  Theoreme  de  Pythagore 64 


§  1.  —  Historique 6o 

«     I  §  2.  —  Demonslrationsbaseessurl'dquivalencedesfigures.  C9 

.^    i.  §  3.  —  Demonstrations  par  transposition  d'elements.  .    .  80 

.  §  4.  —  Demonstrations  algebriqucs 90 

§  5.  —  Varidtes 93 


Chapitre  III.  —  Casse-tete  geometriques 106 

§  1.  —  Loculus  d'Archimede 106 

§  2.  —  Composition  d'un  carrd  au  moyen  de  carres  egaux. 

Decomposition  d'un  carre  en  carres  egaux.  ,    .  109 


430 


TABLE    DES    MATIIiRES 


§  3.  —  Decomposition  de  polygones  equivalents  en  ele- 
ments siiperposubles 125 

§  4.  —  Probleme  de  Hart 137 

Chapitre  IV. — Paralogismes  geometriques 141 

§  1.  —  Fautes  de  construction 141 

§  2.  —  Fautes  de  raisonnement 147 


DEHXIEME    PARTIB 

LA  GEOMETRIE  DE  MESURE 

Chapitre  premier.  —  Les  ancetres  de  nos  instruments  de  dessin 

et  de  topographie lo3 

§  1.  —  Dessin ^ 133 

§  2.  —  Traces  sur  le  terrain IM 

§  3.  —  Mesure  directe  des  distances 177 

§  4.  —  Mesure  indirecte  des  distances 178 

§  5.  —  Mesure  des  angles 201 

§  6.  —  Mesure  des  petits  segments  linuaires  et  circulaires.  202 

§  7.  —  Nivellement 210 

Chapitre  II.  —  Mesure  des  polygones 220 

§  i.  —  Triangles 220 

§  2,  —  Quadrangles 2:i8 

§  3.  —  Surfaces  planes  quclcontiucs 247 

Chapitre  III.  —  Mesure  dix  cercle 2ol 

§  1.  —  Periode  anterieure  a*  Arcliimcde 231 

§  2.  —  Les  travaux  d'Arcliimcde 234 

^           §  3,  —  Periode  posterieure  a  Archimude 2G0 

Chapitre  IV.  —  Division  des  figures  planes 208 

§  1.  —  Problemes  preliminaires 2G9 

§  2.  —  Les  droitesde  division  passent  par  un  point  donn^.  274 
§  3.  —  Les  droites  de  division  sont  paralleles  a  une  di- 
rection donnee 280 

§  4.  —  Questions  diverses 290 

Chapftre  Y.  —  St6r6ometrie 297 

§  1.  —  Corps  polyedraux 297 

§  2.  —  Corps  ronds 310 

§  3.  —  Geometric  hugodomoidalc 319 


TABLE    DES    MATIEKE3  431 
TBOTSlflME   TAnTIE 

APPLICATIONS  DIVERSES 

CHAPiTnE  rnEHTER.  —  Applications  de  la  g^ometrie  an  calcnl.    .  327 

§  1.  —  Execution  des  operations  arithmetiques  ....  327 

§  2.  —  Resolution  des  problemes  numeriques 332 

■§'3." — Sommation  des  progressions  geometriques. .    .    .  344 

"^4.  —  Sommations  de  series 354 

§  5.  —  Application  au  calcul  des  probabilites 360 

Chapitre  II.  —  Le  jeu  de  carrelage 3G3 

§  1.  —  Preliminaires 363 

§  2.  —  Assemblages  dc  polygones  de  meme  type.  .     .     .  364 

§  3.  —  Assemblages  de  polygones  de  types  differents..     .  363 

Chapitre  111.  —  Alveoles  des  abeilles 372 

§  1.  —  Forme  et  disposition 372 

§  2.  —  Proprietes  geometriques 373 

§  3.  —  Construction  d'un  alveole 383 

Chapitre  IV.  —  Varietcs 389 

§  1.  —  Melanges  historiqnes 389. 

§  2.  —  Simples  problomes 414 

§  3.  —  Gassc-tcte  divers 420 

§  4,  —  Subtilites 424 


CHARTRES.    —   IMPRIMERIE   DURAND,    RUE   FULBERT. 


IVERSITY  OF  CALIFORNIA  AT  LOS  ANGELES 

THE  UNIVERSITY  LIBf^PV