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Full text of "Daurel et Beton: chanson de geste provençale"

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SOCIÉTÉ 



DE$ 



ANCIENS TEXTES FRANÇAIS 



DAUREL ET BETON 



Le Pny, imprimerie de Marchessou fils, boalevarcl Suint-Laurcnt, 23. 






DAUREL 

ET BETON 

CHANSON DE GESTE PROVENÇALE 

PUBLIÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS 
d'après le manuscrit unique APPARTENANT A M. A. DIDOT 

Paul MEYER 



PARIS 

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT ET C- 
56, RUE JACOB, 55 

M OCCC LXXX 



.ijI^M?^ 



Publication proposée à la Société le 26 novembre 1879» 

Approuvée par le Conseil le 24 décembre 1879 sur le rapport d'une 

commission composée de MM. A. de Montaiglon, G. Paris et G. Ray- 

naud. 

Commissaire responsable : 

M. G. Pxais. 



Tï^ 






X 



« 



fc"! V ■ ■ 



INTRODUCTION 



^:^^E troubadour Guiraut de Cabrera, qui vivait 
^^^ à la fin du xii° siècle et au cominenceinent 
(^J^^ duxiii' ', nous a laissé une pièce qui con- 
siste essentiellement en une longue énumération des 
romans alors en vogue. Entre ces romans figure celui 
de Daurel et de Béton : > Il ne faudrait pas », dit 
Guiraut à swi jongleur, « qu'on te demandât l'histoire 

1. M. Mila y Fontanals {.Trùvaiores en Espana, p. i65} place 
vers ti;o la composition de l'unique pièce qui nous soil parvenue 
de G. de Cabrera, quoiqu'il ne me semble pas qu'il y ait dans la 
pièce aucun flémenl chronologique permettant une déterminai] on 
aussi préuse. Cette première supposition a conduit M. Mila à 
identifier le troubadour Guiraut avec le vicomte Pons de Cabrera 
dont la vie entière se passa au iii> siècle; tandis qu'il serait plus 
naturel, à mon avis, de l'identifier avec le fils de celui-ci, Guiraut 
de Cabrera, qui fut en lutte avec Pierre 11 d'Aragon et se fil 
■ templier en iîî8 (voy, les Gesta comilum Barcinonensium, dans 
Bouquet, XIX, i33. On pourrait même songer à un G, de Cabrfra 
plus récent encore qui figure dans des actes de 1141 ; voy. ValssËle, 
nouv. éd. VIII, io5S, de Tourtoulon, J.wffte /". II, 5i. 



ij INTRODUCTION 

a de Mauran, ni celle de Daurel et de Belon », 

Ja de Mauran 
Om notdeman, ^ 
Ni de Daurel ni de Béton '. 

L'existence d'un récit ayant pour héros deux per- 
sonnages appelés l'un Daurel et l'autre Béton, n'était 
connue que par cette simple mention, lorsqu'il y a 
quelques années, peu avant sa mort, M. Ambr. Fir- 
min Didot eut occasion d'acquérir un manuscrit pro- 
vençal où se trouvait, sinon la totalité, du moins un 
long fragment du poëme de Daurel et de Béton. 
M. Alfred Didot, digne héritier d'un nom depuis long- 
temps illustre, a désiré que la Société des anciens 
Textes français, à laquelle il appartient comme mem- 
bre fondateur et dont il est l'éditeur, eût tout le pro- 
fit de la précieuse acquisition dont s'était enrichie la 
bibliothèque de son père. Il a bien voulu me confier 
le manuscrit pendant tout le temps nécessaire pour en 
préparer la publication, et s'est acquis par là un nou- 
veau titre à la gratitude de la Société. Le manuscrit 
Didot contient une collection variée d'ouvrages ou 
d'opuscules, qui tous, à des degrés divers, méri- 
tent l'attention de quiconque s'intéresse aux études 
provençales. On en trouvera la description détaillée à 
l'appendice de cette introduction. Actuellement nous 
n'avons à nous occuper que du poëme de Daurel et 
Béton, Tobjet principal de la présente publication. 

I. Bartsch, Denkmϔer d. prov. Literaiur, p. 91. 



I. — ANALYSE DU POÈME UJ 



I 



ANALYSE DU POÈME 

La fin du poëme manque, le ms. Didot ayant 
perdu ses derniers feuillets. Ce qui subsiste suffit heu- 
reusement pour qu'on puisse apprécier la valeur de 
l'ouvrage et son importance dans l'histoire de la litté- 
rature narrative du moyen âge. 

Le duc Beuve d'Ântone était assis dans son châ- 
teau, ayant autour de lui les meilleurs barons de 
France. Là se trouvait un certain comte Gui qui n'avait 
pour tout bien qu'un seul château appelé Apremont. 
Le duc Beuve, mû par un sentiment dont la cause ne 
nous est point expliquée, le choisit pour compagnon. 
L'effet de cette sorte d'adoption, confirmée par un 
serment prêté sur l'évangile en présence de nombreux 
témoins, est d'établir entre les deux contractants la 
communauté des biens '. Beuve va jusqu'à spécifier 
qu'au cas où il viendrait à se marier et mourrait sans 
enfant, il laisserait à Gui sa veuve et, par conséquent, 
tout son héritage. L'accord dura dix ans sans que 
rien vînt le troubler. Au bout de ce temps, Beuve est 
mandé à la cour de Charlemagne. Il s'y rend accom- 
pagné de son fidèle Gui. L'empereur lui annonce 
qu'il a décidé de lui donner en mariage sa sœur 

I . Il y a dans Tancienne poésie française beaucoup de traces de 
cet usage. La compagnie de Rolantet d'Olivier est célèbre. Garnier de 
Nanteuil et Bérengier étaient compagnons (^i><f il W^non.v. 24), etc. 



IV INTRODUCTION 

Ermenjart, avec la ville de Poitiers comme dot, et, de 
plus, il le fait son porte-gonfanon, charge équivalente 
à ce que fut plus tard celle de connétable *. Gui fut en- 
vieux de la fortune qui venait d*écheoir à son com- 
pagnon : « Ma dame est belle et bien faite, » dit-il 
à Beuve ; « m'en donneriez-vous part selon votre pro- 
« messe? » Beuve prit la chose en plaisanterie : 
« Compagnon, » répondit-il, « priez Dieu qu'il me 
« fasse; mourir au plus tôt ; alors vous l'aurez à votre 
« volonté. » Dès ce moment Gui résolut la mort de 
Beuve (VU). 

Peu de temps avant de se rendre à Tappel de Char- 
lemagne, Beuve avait accueilli à sa cour un jongleur 
du nom de Daurel(III). Étant retourné dans sa terre, il 
lui donna, à titre héréditaire, un riche château, le châ- 
teau de Monclar situé sur la mer. Un jour qu'il était 
allé à la chasse. Gui se présenta à Ermenjart et lui 
fit les propositions les plus grossières. Refus indigné 
de celle-ci ; fureur du traître qui ne dissimule pas son 
intention de faire mourir Beuve. Cest en vain que la 
dame rapporte à son époux la tentative de séduction 
dont elle a été l'objet et l'engage à se défier de Gui : 
le duc Beuve se refuse à croire à une telle trahi- 
son (VIII.) 

I . Cf. dans Aie d'Avignon (p. i et 2) : 

Quant vint a ce termine qu'il (Garnier) pot armes baillier, 

Li bons rois Tadouba, ne volt plus delaier ; 

De sa cort li donna le plus riche mestier ; 

11 le fist seneschai et son gonfanonier. 

Celui n'oublia mie, ainz prist a chevauchier. 

Avec lui maint baron, car il veut sormarchier 

Les anemis le roi confondre et abaissier. 



T. — ANALYSE DU POEME V 

Bientôt Beuve devint père d'un enfant qui fut en- 
voyé à Rolant pour être baptisé. Celui-ci donna à 
son filleul le nom de Béton et le renvoya à Beuve en 
un berceau d'argent et accompagné d'une suite nom- 
breuse (IX) '. 

Un an après la naissance de Béton, on vint un jour 
annoncer à Beuve qu'un sanglier d'une taille extraordi-, 
naire exerçait ses ravages dans l'Ardenne. Aussitôt il 
mande son compagnon et tous deux se préparent 
pour la chasse. Vainement Ermenjart, se défiant à 
juste titre de Gui, essaie de retenir son époux. 
Ses supplications demeurent vaines et Beuve se met 
en voie avec son compagnon. Au moment de partir, 
le jongleur Daurel lui présente son fils nouveau-né et 
le prie de le baptiser. Beuve y consent et donne à 
l'enfant le nom de Daurelet * de Monclar (XII). Puis 
il entre en chasse. Les deux compagnons, serrant de 
près le sanglier, se trouvent bientôt séparés du reste 
des chasseurs. Beuve atteint la bête sauvage et la 
transperce de son épieu. C'est à ce moment que Gui se 
précipite sur le duc et l'abat, mortellement frappé, 
près du sanglier. Le duc essaie de se relever, mais il a 
le fer dans le corps, et il ne peut que se tenir à ge- 
noux. Il accepte son sort avec la plus touchante rési- 



1. D'autres témoignages constatent Tusage d'envoyer les nouveaux- 
nés à de grands personnages pour être tenus par eux sur les fonts ; 
c'est ainsi que dans Girart de Roussillon (éd. Hofmann, v. ygSi) 
le fils de Girart est envoyé à la reine. 

2. Sur l'usage de donner au fils prentier né le nom de son père 
augmenté du suffixe diminutif, voy. ma traduction du poème de 
la croisade albigeoise, p. 206, note 6. 



Vj INTRODUCTION 

gnation et pousse la générosité jusqu^à suggérer à son 
assassin les moyens d'échapper aux soupçons, a Gar- 
« dez-vous, » dit-il, « de m'enlever l'épieu du corps 
« jusqu'à ce que je vous aie dit ce qu'il vous faut faire. 
« Je sais bien que vous serez accusé de ma mort| mais 
« je vous dirai, ami, ce que vous avez à faire. Vous 
« m'appliquerez au côté les dents du porc, et vous lui 
« enfoncerez votre épieu dans le corps. Tous diront 
« que c'est le porc qui m'a tué... C'est pour ma 
« femme que vous désirez tant que vous m'avez tué ; 
« je le sais bien. Si vous m'aviez dit que votre passion 
« était si forte, je vous Taurais donnée, avec ses gran- 
« des possessions, et je me serais exilé outre mer. 
« Je vous en prie, au nom de Dieu, soyez bon pour 
« elle. Demandez-la au bon roi Charles : il vous la 
« donnera, car vous êtes vaillant et honoré. Pour 
« Béton, je vous prie de le faire élever. Faites le ve- 
« nir, comte, à votre cour : il est neveu de Charles, 
« vous n*y aurez pas déshonneur. Je veux que vous 
« ayez la moitié de tout ce qu'il possède ». Gui lui 
fait des yeux de lion enchaîné, et Beuve le regardait de 
l'air d'un ange ailé : « Vous parlez follement, » dit Gui. 
« Parle Dieu crucifié, si je puis le tenir en mes mains^ 
« il ne vivra pas quinze jours. Il n'y a ville ni cité qui 
« puisse le sauver. Je vous ai tué ; il aura son tour ! » 
Le franc duc se tourne vers lui et, joignant les mains : 
« Comte, » dit-il, « s'il vous plaît, donnez-moi la 
« communion avec des feuilles » . — Par Dieu I » dit 

I. Les exemples de cette sorte de communion symbolique sont 
fréquents dans les poèmes du moyen-âge; voy. Floriant et Flo^ 
rete, w. 345-7 et les notes de Téditeur, p. xlij. 



I, — ANALYSE DU POÈME VI j 

Gui, « VOUS parlez follement ! mourez vite, car vous 
« tardez trop : de votre cœur je ferai deux moitiés I — 
« Compagnon, » reprend Beuve, « c'est vous qui 
« parlez follement. Vous allez être bien vengé du mal 
« que je vous ai fait ! Prenez mon cœur et mangez- 
<' en ! Sire Jésus-Christ, qui fûtes mis en croix et dai- 
« gnâtes naître pour effacer nos péchés, et vous, sainte 
« Marie, gardez Béton, je vous en prie, de tomber 
« entre ses mains, et je vous demande de me par- 
« donner mes péchés. » Le traître s'approcha, arra- 
cha de la plaie l'épieu,. et le duc mourut. Le duc est 
mort : jamais il ne sera remplacé (XIII). 

Gui se conforme aux recommandations de sa vic- 
time : il enfonce son épieu dans le corps de sanglier, 
il perce de coups de couteau le flanc du duc, pour si- 
muler une blessure, et y applique les dents de l'ani- 
mal; puis il sonne du cor. Les chasseurs accourent et 
n'hésitent pas à accuser Gui, qui proteste de son in- 
nocence. Le corps est placé sur des perches et em- 
porté au château (XIV). La duchesse, en apprenant la 
funeste nouvelle, donne les signes de la plus vive 
douleur. Elle accuse, hautement Gui, et, si on ne Teût 
arrêtée, elle l'eût frappé d'un couteau. Tous les assis- 
tants versent des larmes. On veille le corps pendant 
trois jours, puis on l'emporte à Saint-Hilaire ' où il est 
enseveli près de l'autel (XVI). 

Cependant Gui est retourné à Apremont. Il a fait 
charger son trésor sur quinze bêtes de somme, et 



I. Célèbre abbaye fondée à Poitiers dans les premières années du 
vi« siècle. 



VU) INTRODUCnON 

s'est mis en route pour Paris. Il monte au palais de 
Charlemagne. Le roi se lève, vient à lui et lui de- 
mande des nouvelles du duc Beuve. « Il est mort, » 
répond le traître ; « un sanglier lui a déchiré le ventre 
a et les flancs. » Le roi se désole, frappe ses mains 
l'une contre l'autre en signe de douleur ; toute la cour 
partage son affliction, et Rolant déchire ses vêtements. 
« Sire, » dit Gui, « cessez de vous lamenter. Si les 
« lamentations y pouvaient quelque chose, nous en 
« avons tant fait, que le duc serait .ressuscité. Met- 
« tons-nous à l'écart, et parlons un peu. J'ai entendu 
« dire que votre trésor est diminué, tant vous avez 
« donné aux soudoyers. Je veux le remplir, s'il vous 
« plaît. Voici là dehors quinze sommiers chargés d'or 
« et d'argent. Je tiens les terres du défunt ; voulez- 
« vous me les octroyer ? Tout cet or, tout cet argent 
« est à vous. Donnez-moi la veuve : je serai votre beau- 
« frère. Je vous serai dévoué plus qu'homme du 
« monde. Je tiendrai la place du duc qui est tré- 
« passé. » Le roi répondit : « C'est un beau présent. 
« Nous partirons après le dîner. » La douleur était 
passée ; il monte à cheval avec cent chevaliers et ne 
s'arrête pas jusqu'à Poitiers. On annonce sa venue à 
la dame. Celle-ci est transportée de joie : « Dieu ! » 
dit-elle, « je sais maintenant que le traître renégat 
« va mourir, et que le preux duc sera vengé! » Elle 
descend les degrés, embrasse son frère, et, voyant s'ap- 
procher Gui, elle s'écrie : « Sire, il faut que vous 
« m'aimiez bien peu pour recevoir ainsi en votre cour 
« le traître qui a tué le duc ! — Ne l'en croyez pas, a 
dit Gui -, « c'est une femme : elle dit ce qui lui plaît. 



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J. — ANALYSE DU POEME IX 

« Si c'était un homme, je serais prêt à me justifier par 
« le duel. Le duc était mon compagnon juré : pour 
« soixante cités je n'aurais pas voulu le trahir. » 
C'est en vain qu'Ermenjart réclame l'épreuve du feu, 
se déclarant prête à subir la mort sur le bûcher si un 
seul de ses cheveux était atteint par le feu, le roi veut 
qu'elle épouse Gui. La malheureuse femme se dé- 
sole -, elle supplie son frère de lui donner pour époux 
un chevalier, afin que ses enfants n'aient pas un traî- 
tre pour père : le roi reste inflexible, et de force la 
fiance à Gui. Elle se répand en imprécations et jette 
l'anneau des épousailles dans le feu (XVII). 

Les noces sont célébrées au milieu du deuil géné- 
ral ; puis le roi s'en va et Gui le reconduit. Entre- 
temps, Ermenjart, craignant pour la vie de son fils, 
le confie à un bourgeois qui se charge de le fair« 
élever dans une île de mer par une de ses filles qui 
vient de perdre son mari (XX). 

Le jeune Béton fut ainsi nourri pendant deux 
mois par Aiceline, la fille du bourgeois. Tous les 
jours on leur apportait leur nourriture de chez le 
bourgeois. Cependant Gui réclame l'enfant, assurant 
qu'il veut le faire élever honorablement (XXI). Er- 
menjart répond d'abord qu'il est mort, qu'un jour 
elle l'a trouvé sans vie à son côté. Gui refuse de croire 
ce mensonge, et s'emporte jusqu'à la frapper avec 
ses éperons d'or. La dame, furieuse, lui dit que Béton 
est vivant et qu'un jour il saura venger son père. Gui 
fait aussitôt proclamer à son de trompe que quicon- 
que lui apportera Béton recevra une récompense de 
mille marcs d'argent. Il arriva vers ce temps qu'un 



X INTRODUCTION 

I 

pêcheur, nommé Ebrart \ aborda dans l'île où le fils 
du duc Beuve vivait caché. La nourrice lui fit bon 
accueil et s'empressa de lui faire savoir qui était l'en- 
fant confié à sa garde, lui recommandant de n'en rien 
dire à Gui, qui infailliblement le ferait mettre à 
mort. Ebrart promet d'être discret, mais il ajoute, 
parlant entre ses dents: « J'ai trouvé aujourd'hui mille 
« marcs d'argent dans la mer! » (XXII). 

Le pêcheur se hâte d aller communiquer la nouvelle 
à Gui, qu'il trouve prêt à se mettre à table. Le jon- 
gleur Daurel, qui était présent à la cour, l'apprend ; 
il est même désigné par Gui comme garant de la 
somme à payer. Désireux de sauver à tout prix son 
jeune seigneur, il monte à cheval et se rend au bord 
de la mer. Il y trouve le frère d'Aiceline, qui allait 
porter des vivres à sa sœur ; il l'informe du danger 
qui menace Béton, et tous deux se hâtent de passer 
dans rîle et emportent l'enfant, au grand chagrin de 
la nourrice qu'ils oublient d'emmener avec eux. Ar- 
rivé à terre, Daurel monte à cheval et se rend tout 
d'une traite à son château de Monclar, et là il remet 
l'enfant aux soins de sa femme. Elle et ses enfants 
sont remplis de joie (XXIV). 

Cependant le traître Gui, ayant fini de dîner, se met 
en route, guidé par le pêcheur Ebrart, pour aller 
chercher l'enfant. Arrivés dans Tîle, ils interrogent la 
nourrice, qui leur répond que des marins, ayant 
abordé, le lui ont enlevé. Gui ne se paie pas de cette 
raison et, s'étant fait apporter des épines, il en frappe 

I. Ailleurs Abram, voy. la table des noms propres. 



J. — ANALYSE DU POEME XJ 

la malheureuse par la poitrine de telle sorte que le 
sang et le lait coulent à la fois : « Ne me tuez pas, » 
crie-t-elle, « c'est Daurel qui l'a emporté ; je ne sais 
« rien de plus. — Voilà qui me paraît vraisemblable, » 
dit Gui, « car je ne Tai pas vu à table aujourd'hui » 
(XXV). 

Le lendemain, de bon matin, le traître se met en 
route pour Monclar, accompagné de cent chevaliers. 
Y étant arrivé, il appelle Daurel, qui se rend auprès 
de lui, après avoir fait promettre à ses fils de ne livrer 
Penfant à aucun prix, mais de se tenir prêts à s'*en- 
fuir par mer avec lui lorsque la nuit sera venue. Gui 
somme Daurel de lui livrer Béton, et, sur le refus de 
celui-ci, il donne Tordre de mettre le feu au château. 
— « Arrêtez ! » s'écrie Daurel, « je vais vous l'appor- 
ter. » Il rentre dans le château et, s'asseyant sur un 
banc, il se désole. Beatris, sa femme, lui donne alors 
le conseil de substituer à Béton son plus jeune fils, 
et de le porter au traître : « Mon fils mourra, mon 
« seigneur sera sauvé ! » Daurel prend l'enfant et, le 
remettant à Gui « : Donnez-moi votre parole » , dit-il, 
« que vous ne lui ferez aucun mal. — Sachez en vé- 
« rite, » répond le traître, « que je ne lui en ferai point, 
« et qu'il sera bien gardé. » Ayant parlé ainsi, il prend 
l'enfant et, lui découvrant la face : « Béton, » dit-il, 
« vous m'aviez échappé : sous peu vous allez être 
ce soigné comme il faut » (XXVI) ; et, le saisissant par 
les pieds, il lui brise la tête contre un pilier. Daurel 
ramasse son enfant, l'enveloppe en une étoffe de soie, 
et, sans arrêter, se rend à Poitiers. Ermenjart venait 
d'entendre dire que Gui avait tué Béton, lorsqu'arrive 



Xlj INTRODUCTION 

Daurel, qui lui conte ce qu'il a fait. « Mon fils est mort 
« et Je fais allaiter le vôtre. Veillez sur le château de 
« Monclar, car je m'en irai outre-mer avec Béton et 
« ne reviendrai que lorsqu'il sera en état de porter ses 
« armes ». On enterra le fils du jongleur a^uprès du 
duc : il l'avait bien mérité puisqu'il était mort pour 
lui. Daurel revient à Monclar, équipe un navire, y 
fait entrer une nourice pour l'enfant, y met une 
harpe et une vielle pour se recréer, et s'embarque 
avec son écuyer, laissant sa femme et ses deux 
fils. Celle-ci monte au sommet de la tour, et suit de 
J'œil, le plus longtemps qu'elle peut, son époux qui 
s'éloigne; puis, désolée, elle se laisse tomber et meurt 
(XXVII). 

Ermenjart fait venir le sénéchal Azemar, lui donne 
de l'argent et le charge de mettre en défense le châ- 
teau de Monclar. Celui-ci s'acquitte sans retard de sa 
mission ; il approvisionne la place de froment, de foin, 
d'avoine, de lard, de vin ; il y met trente archers, 
vingt arbalétriers, quarante chevaliers choisis. Il les 
pourvoit d'autours, d'éperviers, de chiens de chasse; 
on joue dans le château aux tables et aux échecs, et 
on y mène joyeuse vie (XXIX). 

Gui entre en fureur lorsqu'il apprend que Daurel 
s'était enfui avec Béton, et que Monclar était en dé- 
fense. Il commence par faire enfermer sa femme, puis, 
ayant réuni mille chevaliers, il vient assaillir Monclar, 
mais il est obligé de se retirer sans avoir remporté au- 
cun avantage (XXX). 

Daurel, cependant, arrive en Babylonie. Il se rend 
au palais de l'émir, avec Béton que portait son 



I. — ANALYSE DU POÈME XUJ 

écuyer. Il exécute deux lais sur la harpe; il joue de 
la vielle, et charme rémir et la cour par ses jeux et 
ses tours d'adresse. Puis, il l'assure qu'on parle hono- 
rablement de lui à la cour de Gharlemagne. L'émir, 
ravi, veut donner au jongleur une cité. Daurel remer- 
cie : il ne demande qu'une chose, c'est que l'émir 
veuille bien se charger de faire élever Béton, qu'il pré- 
sente comme son fils. L'émir prend l'enfant, qui lève 
. les yeux et rit. L'émir, tout joyeux, confie le jeune Bé- 
ton à la reine, qui promet d'en avoir soin comme de son 
propre fils. Jusqu'à l'âge de trois ans il fut élevé à l'inté- 
rieur. Lorsqu'on le fit sortir, tout le monde le regardait 
tant il était beau. Le roi ^ dit : « Chevaliers, écoutez : 
« il n'est pas possible que cet enfant soit fils de Dau- 
« rel : il ne lui ressemble en rien. — Sire roi, » reprit 
Daurel, « il faut que vous ne m'aimiez guère, pour 
« m'enlever ainsi la paternité de mon enfant. — Ne 
« vous fâchcîz pas » , dit le roi, « ce que j'en dis n'est pas 
« par mauvaise intention. » Il avait quatre ans lors- 
qu'il prit au roi ses gants et alla les porter à la reine : 
« Je voudrais », dit le roi, «dût-il m'en coûter une 
« douzaine de mes cités, avoir un fils semblable : 
« j'en ferais un émir. » A cinq ans, il montait à cheval, 
parlait bien et savait jouer aux tables, aux échecs et 
aux dés 3, et toute la cour l'aimait (XXXII). 



1. Le même personnage est appelé tantôt roi, tantôt émir. 

2. Avoir le goût du jeu et particulièrement des jeux ici mention- 
nés, est, au moyen-âge, un signe de noblesse. Mes ftex demande 
tables et eskiés pour juer, dit, dans Aiql, (édit. de la Société, 
V. 7124), une mère qui veut prouver que son fils lient d^elle des 
sentiments nobles. 



^^i^^Mama 



XIV INTRODUCTION 

Revenons maintenant à Gui. Un jour qu'il était 
allé chasser, accompagné de cent hommes armés, il 
fut attaqué par la garnison de Monclar et s'échappa 
à grand peine après avoir perdu plusieurs de ses 
hommes. Irrité, il réunit une armée et mit le siège de- 
vant Monclar, jurant d'y rester jusqu'à ce que la gar- 
nison soit en son pouvoir (XXXVI). 

A six ans, le jeune Béton avait fait de nouveaux 
prc^rès dans Taffection du roi, de la reine et de leur 
fille Erimène. Daurel lui fit apprendre à jouer de la 
harpe et de la vielle. A l'âge de sept ans, il savait jouer 
de ces instruments, dire des chansons et composer de 
lui-même. Un jour que Daurel était allé à la pêche 
des dauphins, le jeune Béton vit des enfants de haute 
naissance qui jouaient entre eux. Il courut s'asseoir 
à la table de jeu ; il joua son bliaut ' et eut bientôt 
gagné ceux de dix des enfants. Il charge tous leurs 
bliauts sur son cou et va par la ville les offrant aux jeu- 
nes damoiseaux. Cette conduite étonne l'émir, qui con- 
voque sa cour et exprime une fois de plus l'opinion 
qu'un enfant doué de sentiments si généreux ne peut 
être le fils d'un jongleur. « Nous le saurons bien, » 
dit la reine. « Faites-le rentrer et dites-lui d'aller con- 
« ter des vers à ma fille. Je lui ferai pour cela offrir 
<( cent marcs d'argent : s'il les prend, c'est qu'il est le 
« fils du jongleur, sinon, il n'a rien de commun avec 
« lui. » L'épreuve est faite : le roi et toute la cour y 
assistent cachés autour de la chambre où la scène va 



I. Sorte de yêtementde dessus; voy. Quicherat, Histoire du cos-^ 
iumeen France, p. iSS-g. 



« '—-tmÊÊmÊmÊm 



I. —, ANALYSE DU POEME XV 

avoir lieu. Béton joue et chante; la jeune fille lui 
offre les cent marcs, qu'il refuse, la priant de garder 
cet argent pour les jongleurs qui pourront venir à la 
cour; il se décide toutefois à accepter trois dés d'or 
qu'elle avait dans la main. Puis il va conduire à l'a- 
breuvoir le cheval du roi. Le roi est de plus en plus 
étonné et les assistants disent, tous d'une voix : « C'est 
un enfant volé I »» (XXXVIII.) 

A neuf ans, il était écuyer du roi, il savait jouer 
aux tables, aux échecs, aux deniers (?), il chassait 
avec chiens, lévriers^ autours, éperviers, tirait les oies 
sauvages, entraînait les chevaux. Il était aimé de 
tous. A table, il servait devant le roi, puis il jouait 
de la vielle ou chantait. Tout cela faisait grand plai- 
sir à Daurel (XXXIX). 

A onze ans, il apprit l'escrime sous la direction d'un 
habile sarrazin. Il avait douze ans lorsque Daurel, 
pour éprouver sa force, jouta contre lui à cheval ; il 
vida les arçons au grand effroi de Béton. Daurel, 
voyant le jeune homme si accompli, pensa que le 
moment était venu de lui révéler le secret de sa nais- 
sance. Béton apprit à quel dévouement il devait la vie, 
et quelle vengeance il avait à tirer de Gui. Il promit à 
Daurel de se laisser conduire par lui (XLII). 

Béton avait treize ans lorsque le roi Gormon vint 
attaquer l'émir de Babylone, à la tête d'une nom- 
breuse armée. Béton vint avertir Témir qu'il venait de 
seller son destrier. « Nous ne sortirons pas, » ré- 
pondit rémir, « car nous ne sommes pas en force. » 
Béton se souvint de sa naissance. Il prit les armes du 
roi et sortit. Deux chevaliers se détachèrent de Tar- 



.XV) 



INTRODUCTiON 



mée erinemie et vinrent au-devânt de lui : il les abattit 
l'un après l'autre ; puis il rentra en ville, ramenant les 
chevaux de ses deux adversaires, qu^il donna aux deux 
premiers damoiseaux qu'il rencontra. Mais Daurel 
accourt, un bâton à la main, et lui crie : « Fils de 
« mauvais jongleur, il vous en cuira d*être sorti sans 
« nda permission! » L'enfant répond sagement : 
« Seigneur père, ne vous fâchez pas. C'est avec 
« joie que je recevrai vos remontrances. » Tous in- 
tercèdent en faveur du jeune homme. Le roi, qui avait 
assisté des fenêtres du palais aux exploits de Béton, 
accourt aussi vite que peut le porter son palefroi : il 
prend Daurel par les cheveux et le menace de la plus 
dure prison, s'il ne lui dit pas de qui Béton est fils, 
« car il ne peut pas être à vous ! » Daurel le prie de 
faire assembler sa c^ur, et là, en présence de tous, 
il raconte l'histoire de Çeton. Le roi, entendant que 
c'est le neveu de Cnarlemagne qu'il a longuement 
nourri, serre Béton dans ses bras; lui et la reine le 
baisent cent fois, et les assistants s'écrient : « Roi, 
. « donne-lui ta fille ! — Béton, » dit le roi en sou- 
riant, « je vous offre ma fille. » Béton, après en avoir 
demandé l'autorisation à son père adoptif, accepte avec 
reconnaissance, à condition qu'elle se fera baptiser. La 
jeune fille y consent. Daurel demande alors au roi de 
lui donner trais mille combattants pour aller à Poitiers 
prendre vengeance du traître Gui. On échange les ser- 
ments. Le roi et Béton jurent sur une épée, et Daurel 
sur une croix d'argent; puis on prépare l'expédition % 

« 

I. On voit qu'il n'est plus question de Gormon ni de son armée. 



f 



I. — ANALYSE DU POÈME XVI j 

et bientôt Béton et Daurel mettent à la voile. Au bout 
de trois mois, ils abordent près de Monclar (XLVI). 

Ils trouvent le château assiégé. Daurel montre son 
écu à la garnison pour se faire reconnaître, puis lui et 
Béton s'arment, revêtent par dessus le haubert une 
chape, et, munis de leurs vielles, à la guise de jon- 
gleurs, ils se rendent à la tente de Gui. Celui-ci allait 
se mettre à table ; il leur fait bon accueil et Daurel 
commence à chanter ainsi : 

Qui veut oïr chanson, je dirai par verte 

D'une grant traïson qui ne fait a celer, 

Du faus traiter Guion cui Dieus puist mal doner ! 

En entendant ce début. Gui saisit un couteau pour 
le lancer à Daurel, mais Béton jette sa vielle à terre 
et d*un coup d'épée coupe le bras au traître*. Puis il 
crie : Antone ! Ses hommes accourent, en même temps 
que la garnison du château fait une sortie. Les assié- 
geants sont bientôt mis en déroute. Béton protège les 
hommes de pied que Gui faisait marcher de force •, 
quant à ses chevaliers, il les laisse tuer. Les enfants 
de Daurel se jettent dans les bras de leur père, qui 
apprend alors la mort de sa femme. Le lendemain 
matin, tous se mettent en marche, traînant à leur suite 
Gui attaché à la queue d'un cheval. Les habitants de 
Poitiers font à Béton un accueil enthousiaste. Le traî- 
tre est livré à Ermenjart, qui veut le faire pendre, 
mais d'abord Daurel exige qu'il confesse son crime. 
Aiceline réclame le pêcheur Ebrart : il est écorché vif. 
Gui, ayant avoué le meurtre de Beuve, est traîné par 

b 



lÉM 



XVUJ INTRODUCTION 

tout Poitiers à la queue d'un cheval, et son corps est 
jeté en un fossé pour être dévoré par les vautours et 
les corbeaux (XLVIII). 

Béton confie le gouvernement de ses terres à Daurel, 
à Azemar il donne Apremont; il fait Bertran che- 
valier et lui donne deux châteaux. Enfin il fait venir 
Erimène et l'épouse à Saint-Hilaire (XLIX). 

Un jour, au mois de mai. Béton dit à sa mère qu'il 
veut tirer vengeance de Charlemagne. Ermenjart 
l'engage à lui demander, au préalable, réparation. 
Béton y consent : il charge de l'ambassade Bertran 
qu'accompagneront deux vaillants chevaliers, Azemar 
et Gausseran : « Allez promptement », leur dit-il, 
(c à l'empereur. Ne le saluez pas ; dites lui que je le 
« défie pour avoir consenti à ce que je fusse dépouillé, 
a et pour avoir vendu ma mère moyennant quinze 
<c sommiers chargés d'or et d'argent. » Les messagers 
se mettent en route : le troisième jour ils arrivent à 
Paris. Ils se présentent à Charlemagne, et Gausse- 
ran prend la parole en ces termes : « Dieu protège 
« Rolant et Olivier ! Je salue tous les douze pairs de 
« la part de Béton, le vaillant comte, mais*je ne salue 
« point celui au vis cler ^, Charlemagne, que Dieu 
<c maudisse ! car il a donné sa sœur pour de l'or et 
« pour de l'argent au traître Gui, qui, croyant tuer 
« Béton, frappa contre un pilier le fils d'un jongleur. 
(( Dieu a sauvé Béton, qui maintenant vient vous 
<( demander raison de ce crime. Il a pris vengeance 



I. Au visage brillant, désignation couramment appliquée à 
Cliarlemagne dans les chansons de geste françaises. 



lî. — CARACTÈRE DU POÈME xix 

« de Gui, mais il ne vous pardonne pas. Il ne vient 
« pas vous promettre ^soudées ni argent, mais, par 
<( le Seigneur tout puissant, avant un mois il vous 
« aura causé du dommage. Tant qu'il pourra porter 
« ses armes, vous ne le verrez pas quatre jours en 
« repos, » L'empereur le regarda : il se prit à rire et 
« à hocher la tête : a Ami, » dit-il, « il faut que 
« tu aies le cœur fier pour m'être ainsi venu mena- 
ce cer... » 



II 



CARACTERE DU POEME} LIEU ET EPOQUE DE LA 
COMPOSITION ; TÉMOIGNAGES. 

Après ces mots, on ne peut plus lire sur la dernière 
page usée et tachée du ms. que quelques fragments 
de vers dont il est impossible de tirer un sens. Nous 
ne pouvons savoir, par conséquent, comment finissait 
le poème. Charlemagne consentait-il à «faire droit », 
comme on disait au moyen âge, c'est-à-dire à offrir 
une réparation pour les torts dont il avait été la cause ? 
ou l'auteur nous le montrait-il refusant toute répara- 
tion et se faisant battre par Béton, fort de son bon droit 
et des troupes sarrazines de son beau-père l'émir de 
Babylone ? Ce sont là des questions auxquelles on ne 
pourrait répondre avec vraisemblance qu'à condition 
de s'identifier plus qu'il n'est désirable avec l'esprit 
de Tauteur. Bornons-nous à étudier la partie conser- 
vée, et recueillons les indices qu'elle peut nous fournir 



-■ .Jirf — Il II ^^fc mm .^fcMM I ^^-,^m^tÊmm.^^>^^^»m^^^ÊmmmmaimÊÊÊm^^.m,^^ai^. tS^^^jamÊ^^^m^^â 



XX INTRODUCTION 

tant sur le caractère du poëme, que sur le temps et le 
lieu où il a été composé. 

Daurel et Béton est, par la forme comme par le 
sujet, une chanson de geste. La forme est la laisse mo- 
norime, le sujet est une histoire de pure invention, 
où les aventures romanesques tiennent, comme on Ta 
vu, une grande place ; mais Charlemagne y figure, 
quoique peu à son avantage. Rolant, Olivier, les 
douze pairs, y sont mentionnés : c'est assez pour ratta- 
cher notre poëme à l'épopée carolingienne. Il appartient 
à la phase où, tout en conservant la forme ancienne et 
quelques-uns des personnages traditionnels de Tépopée, 
on empruntait aux romans d'origine byzantine leurs 
merveilleux récits, dans lesquels les Sarrasins étaient 
représentés non plus comme des mécréants indignes 
de vivre, mais comme les émules, parfois comme les 
auxiliaires des chrétiens. Cette phase, récente par rap- 
port à notre épopée primitive, ne laisse pas de se 
placer à une date relativement ancienne dans la suc- 
cession des époques de notre littérature. Aie d'Avi- 
gnon^ où rinfluence byzantine est manifeste, appar- 
tient encore au xu« siècle ; Daurel et Beton^ cité au 
commencement du siècle suivant par Guiraut de Ca- 
brera, ne peut pas être beaucoup plus récent quM/e. 

Dans quelque catégorie que Ton fasse entrer le 
poëme de Daurel et Béton, on ne lui assignera jamais 
un rang bien élevé parmi les œuvres du moyen âge. 
Nous verrons dans la suite de ces recherches que ce 
poëme soulève des questions très intéressantes, qu'il 
présente des particularités qui en font à certains 
égards un type unique ; mais, tant pour l'art de la 



IT. — CARACTÈRE DU POÈME XXJ 

composition que pour le style, on ne peut lui recon- 
naître une grande valeur. L'auteur inconnu à qui nous 
le devons possédait visiblement une connaissance éten- 
due de la poésie narrative du moyen âge. Il était, 
selon toute apparence, l'un de ces jongleurs qui colpor- 
taient de châteaux en châteaux la littérature du temps. 
Ce qui est certain, c'est que les réminiscences de ses 
lectures ont apporté un secours très réel à son imagi- 
nation. Il y aurait de la "subtilité à rechercher quel 
souvenir a pu lui suggérer chacun des épisodes de son 
poëme, mais on peut du moins indiquer l'ouvrage où 
il en a pris l'idée première. Cet ouvrage, c'est la chan- 
son de Beuve d'Antone,dont nous possédons, en ancien 
français, trois rédactions fort distinctes '. Dans deux 

I. A^ ms. Bibl. nat., 255 16; — 3, mss. divers à Paris^ (Bibl. nat., 
fr. 12548) Rome^ Venise et Vienne; c'est la version qui a été 
mise en prose et qui est passée dans les Reali di Francia, 
livre IV ; — C, ms. de la bibliothèque Didot, auquel se rattache 
le poëme anglais de Sir Bevis qui est analysé dans les Spécimens 
of early engîish metrical romances de G. Ellis. — Crescimbeni, 
Istoria délia volgar poesia, 3* ediz., I, 336, Quadrio, Sioria 
d*ogni poesia, IV, 541, et d'autres, d'après eux, ont cru à l'existence 
d'un Beuve d'Anione en provençal, mais le ms. que Crescimbeni 
et Quadrio indiquent comme provençal existe encore, c'est le 
no i632 du fonds de la reine Christine, au Vatican, qui est en 
français. M. Keller en a donné des extraits dans son Rompart, 
404-11. Crescimbeni affirme que, d'après une note anale, l'ouvrage 
aurait été composé en i38o. Mais cette note, mieux lue par 
M. Keller, porte «mil trois cent et quatre ?>. Elle ne saurait en tout 
cas se rapporter à la composition de l'ouvrage. M. A. Thomas, de 
l'école française de Rome, qui a bien voulu vérifier ce point pour 
moi, m'informe que la note en question a été écrite vers la fin du 
xiV siècle, environ un siècle après Tachèvement du manuscrit. — 
Disons que s'il n'existe pas de rédaction provençale de Beuve d'An" 
ione, nous avons du moins la preuve que ce poëme a été fort ré- 



XXlj INTRODUCTION 

d'entre elles — celles qui sont désignées dans la note 
ci-dessous par ^4 et JS — - le poëme s'ouvre par le 
récit d'un meurtre accompli en trahison. Le comte Gui 
d' Antone est tué à la chasse, dans la forêt d'Ardenne, 
par le traître Doon de Mayence. Par suite, le fils 
de Gui est obligé de s'exiler, et il se rend en Orient où 
il a de nombreuses aventures, dans lesquelles, malgré 
le désir qu'ail a de cacher sa haute naissance, la no- 
blesse de ses manières le trahit plus d'une fois. Réduits 
à .ces termes, les faits présentent une grande analogie 
avec ceux que nous offre Daurel et Béton. Ici de 
même le duc Beuve d'Antone est tué en trahison, 
à la chasse, dans la forêt d' Ardenne, et son fils Béton 
n'échappe à la mort que par l'exil. A la vérité les cir- 
constances sont très différentes. Dans Beuve d'Antone 
le traître agit à l'instigation de la femme de Gui d'An- 
tone, tandis que dans Béton l'épouse de la victime est 
de tout point irréprochable; en outre, la fuite de Béton 
dans notre poëme s'opère tout autrement que la fuite 
de Beuve dans Beuve (TAntone. Enfin, si on peut 
signaler une certaine concordance entre les deux récits, 
il ne faut pas négliger de dire que les faits mêmes qui 
se prêtent au rapprochement ne sont pas appliqués, de 
part et d'autre, aux mêmes personnages. Ainsi, dans 
Beuve d'Antone^ c'est Gui, père de Beuve, qui suc- 



pandu dans le Midi. Le témoignage souvent cité de Peire Cardinal 
Chantarai delsfilhs n'Arsen | E de Bueves d'Aniona (Raynouard, 
Lex, rom, l, 440), montre par la forme Bueves que l'allusion se rap- 
porte à un poème français. Un autre troubadour, Guiraut del Luc, dit 
qu'il fait un sirventes el son Boves d'Antona (Archiv. /. d, Stud. 
d. neueren Sprachcn, XXXIV, 188). 



II. — CARACTÈRE DU POÈME XXIlj 

combe en trahison ; dans Beton^ c'est Beuve lui-même ; 
dans le premier de ces deux poëmes Beuve est contraint 
de fuir en Orient, dans le second l'enfant qui échappe à 
la mort par Texil est Béton, personnage de création 
nouvelle. Aussi n'y a-t-il pas lieu de reconnaître ici 
une imitation voulue de la part de Fauteur de Daurcl 
et Béton: je veux dire seulement que cet auteur avait 
lu ou entendu Beuve d*Antone (soit -4, soit 5), qu'il y 
a pris ridée générale des faits narrés au début de son 
poëme, et le nom même de Beuve d'Antone, ce nom 
étant la preuve la plus décisive de l'emprunt ' . 

Il y a dans Daurel et Béton un autre nom où on 
peut voir encore l'indice de réminiscences épiques; 
celui du païen Gormon qui vient assaillir Babylone. 
L'auteur connaissait, dans quelqu'une de ses formes, 
la tradition de Gormont et d'Isembart. 

Voici enfin une coïncidence qui peut à la vérité être 
fortuite, mais qui peut être aussi le résultat d'une 
imitation lointaine. Un épisode qui serait réelle- 
ment émouvant, s'il avait été traité avec plus de 
puissance, est celui où on voit Béatris, la femme de 
Daurel, conseiller à son mari de livrer au traître leur 
propre fils, au lieu et place du jeune Béton. On voit 
là, portée jusqu'à l'héroïsme, l'idée du dévouement 
au seigneur qui est le premier dogme de la morale 
féodale. Lorsque la veuve du duc Beuve apprend à 

I. En effet, la seule analogie des deux épisodes ne suffirait pas à 
établir Femprunt. Il y a, ailleurs que dans Beuve et dans Beton^ 
des récits du même genre. Ainsi, dans Floriant et Florete^ le roi 
Ëlyadus est tué à la chasse par son sénéchal Maragoz, qui ensuite 
cherche à épouser sa veuve. 



/ 



XXIV INTRODUCTION 

quel prix son fils a été sauvé, elle dit à Daurel : « Vous 
« avez fait ce que jamais homme n*a pu faire : donner 
« son fils pour sauver son seigneur » . L'auteur d'un 
des plus beaux poëmes que nous ait légués le moyen 
âge disait de même, après avoir raconté un acte de 
dévouement tout à fait semblable : 

Furent mais gens en cest siècle vivant 
Qui por autrui livraissent lor anfant 
Com fist Reniers et sa famé ausimant ? 

(Jourdain de Blaye^ w. 709-11.) 

Je ne veux pas faire la comparaison des deux ré- 
cits : le rapprochement serait trop défavorable à no- 
tre poëme, où cependant il faut relever un vers noble 
et bien frappé dans lequel Béatris résume sa pensée : 

Morra mes filh, mosenher er salvatz. 

(V. ICI 3) 

Bien que la preuve de l'emprunt ne puisse pas 
être fournie, il me semble probable qu'ici encore il y 
a eu chez l'auteur de Béton un souvenir plus ou moins 
vague de la belle scène de Jourdain de Blaye ou de 
quelque autre du même genre ; car Tidée du servi- 
teur poussant jusqu'à ses plus extrêmes limites le dé- 
vouement à son seigneur, est un des lieux communs 
de la littérature féodale et se présente sous des formes 
variées ^ Ce qui me porte à douter, en général, de 



I. Telle était peut-être aussi Tidée générale du poème que 
se faisait dire Garnier de Nauteuil : 

D'une chançon fait dire de Robert l'ecoier 



— 



II. — CARACTÈRE DU POÈME XXV 

Toriginalité des conceptions que nous offre Daurel et 
Béton, c*est la maladresse avec laquelle elles sont 
mises en œuvre. Le lecteur aura pu déjà se former 
une opinion sur ce point par l'analyse donnée ci-des- 
sus ; rappelons cependant quelques scènes. 

L'amitié qui unit Beuve à Gui est un sentiment 
parfaitement naturel en soi, mais si Tauteur avait 
pris la peine de nous dire sur quoi il se fondait, nous 
aurions moins de peine à comprendre l'étrange aveu- 
glement de Beuve, que les avertissements répétés de 
sa femme ne réussissent pas à désabuser. La rési- 
gnation, la douceur véritablement angélique (le mot 
est dans le poëme, v. 419), dont il fait preuve lors- 
qu'il se sent frappé, excitent la pitié, mais n'y a-t-il 
pas excès à nous représenter la victime suggérant à 
Tassassin les moyens d'échapper au châtiment, et lui 
destinant sa veuve? Et plus tard, lorsqu'on nous a mon- 
tré le crime évident pour tous, comment nous faire ad- 
mettre la possibilité du mariage de l'infortunée veuve 
avec le meurtrier de son époux ? Certes, nous savons 
qu'au moyep âge la volonté de la femme n'était guère 
consultée, surtout lorsqu'elle était riche. L'héritière 
d'un fief pouvait être contrainte par son suzerain à 
se remarier, bon gré mal gré, et la liste des unions 
imposées par la violence serait longue, depuis Gal- 

Et de la bonne foi Enguelas sa moillier. 
Corn garirent de mal lor seignor Olivier 

{Aye d'Avignon, p. 55.) 

Au lieu de Vecoier ou le coier, il y a dans un autre texte dont 
j'ai eu récemment connaissance^ le voier, ce qui est la bonne 
leçon. 



XXVJ INTRODUCTION 

suinthe jusqu^à Piccarda Donati, mais ici le rôle que 
l'on fait jouer à Charlemagne est par trop grossier, et 
rinvraisemblance de toute la scène est choquante. Les 
personnages sont tout d'une pièce, tout bons ou tout 
mauvais, les scènes mal conduites et mal liées. La 
scène émouvante dans laquelle on voit Daurel sacrifier 
son propre fils pour sauver Béton est très maladroite- 
ment amenée par une imprudence bien invraisembla- 
ble de Daurel. On ne conçoit pas pourquoi le jongleur, 
qui devait bien s'attendre à voir Gui se mettre à sa 
poursuite^ ne s'est pas enfui sans retard, au lieu d'at- 
tendre l'arrivée du traître. Tout, enfin, dans le poëme, 
dénote une pénurie d'idées qu'on s'expliquerait 
difficilement chez un homme capable d'imaginer les 
situations qu'il nous présente. 

Ne nous attardons pas à des considérations esthé- 
tiques que le sujet ne comporte guère, et voyons quels 
indices la teneur du poëme fournit relativement à 
l'auteur, à Tépoqueet au lieu de la composition. Nous 
verrons dans le chapitre suivant que la langue ne 
peut nous donner que bien peu de lumières sur ces 
divers points : tenons-nous en actuellement aux 
données qui ressortent du récit. 

De l'auteur nous ne savons rien et nous ne pou- 
vons rien savoir : s'il s'est nommé, il a probablement 
réservé son nom pour la fin de l'œuvre, et cette fin 
manque. Mais nous pouvons du moins former des 
conjectures vraisemblables sur sa condition sociale, sur 
le temps et le pays où il vivait. Tout porte à croire 
qu'il était jongleur de profession. Tout en répétant de 



ir. — CARACTERE DU POEME XXVlj 

château en château et de place en place le répertoire 
courant de ceux de sa condition, il avait, comme bien 
d'autres de ses confrères, appris à composer par lui- 
même; mais il Composait, comme nous l'avons vu, 
plutôt avec ses souvenirs qu'avec son imagination. Il 
y a cependant quelque chose qui paraît lui appartenir 
en propre dans l'idée dominante de son poëme, et 
c'est par là, ce me semble, qu'il décèle le plus com- 
plètement son état. L'idée dominante de Daurel et 
Beion, c'est le dévouement sans réserve d'un servi- 
teur envers son seigneur. Cette idée, nous l'avons 
vu plus haut, est si loin d'être nouvelle qu'on peut 
même la regarder comme un lieu commun. Mais ce 
qui est particulier à notre auteur, c'est d'avoir substi- 
tué au serviteur ou au vassal traditionnel un jongleur. 
Daurel et Béton est proprement la glorification du 
jongleur. Dès la première fois que Daurel se présente 
à Beuve, il reçoit en don un palefroi, et peu après 
c'est un château situé sur la mer et pourvu d'un port 
qui lui est donné. Mais Beuve sera amplement récom- 
pensé de sa libéralité : s'il est le modèle des seigneurs, 
Daurel se montre le plus accompli des vassaux -, son dé- 
vouement est sans bornes, puisqu'il sacrifie son propre 
fils pour sauver le fils de son maître, et les ressources 
de son esprit sont illimitées. Il se consacre tout entier 
à son jeune seigneur, il dirige son éducation, et lors- 
que le moment est arrivé de tirer vengeance du traître 
ef de lui reprendre l'héritage qu'il a usurpé, c'est en- 
core Daurel qui prépare tout, et qui, par l'habileté de 
ses combinaisons, assure le succès final. Et cependant 
l'auteur n'est pas un novateur, un révolutionnaire. 



XXVIIJ INTRODUCTION 

comme nous dirions maintenant : il ne s'écarte pas 
des idées de son temps; il reste persuadé que la no- 
blesse des sentiments est indissolublement liée à la 
noblesse de la naissance. Certes, il n'a pas contre les 
vilains les préjugés courants : tout son poëme est une 
protestation contre le dicton si répandu : 

Oignez vilain, il vous poindra, 
Poignez vilain, il vous oindra, 

mais il sait maintenir une distance respectueuse en- 
tre le noble et Tannobli. Chacun des actes du jeune 
Béton, quand il est à la cour du roi de Babylone, 
trahit son origine, et, à mainte reprise, l'émir sarrasin 
s'écrie, émerveillé : « Il n'est pas possible que cet en- 
ce fant soit fils d'un jongleur ! » jusqu'au jour où Té- 
vénement vient justifier ses soupçons. C'est ainsi que 
Fauteur a su exalter le personnage du jongleur tout 
en le maintenant dans son rôle. Quel exemple plus 
encourageant pouvait-il proposer à la libéralité des 
seigneurs devant qui il récitait Daiirel et^Beton? 

En ce qui touche l'époque de la composition , la li- 
mite inférieure est déterminée par la mention de 
Daurel et Béton que nous avons, au début de cette 
introduction, transcrite d'après Guîraut de Cabrera. 
Il est fâcheux que la date de ce témoignage flotte 
sur un espace de peut-être un demi-siècle, si on prend 
comme le terme le plus éloigné la date 1 1 70 proposée 
par M. Mila. Toutefois si l'auteur est, selon ma 
supposition, non pas le personnage auquel a pensé 
M. Mila, mais son fils, la date de la pièce se rapproche 
sensiblement, et peut être dès lors placée aux environs 



■— ^.-.f»-.- ^ -- ■ ^ _ ■ ^ 



II. — LIEU ET ÉPOQUE DE LA COMPOSITION Xxix 

de Tannée 1200. Cette hypothèse conviendrait assez 
bien à la date présumable de Béton que je ne voudrais 
pas faire plus ancien que la fin du xii** siècle. On 
pourrait même le faire descendre jusqu'aux premières 
années du xiu^ siècle, sans que rien dans Tœuvre 
même vînt faire obstacle à cette appréciation. Si on 
maintenait pour la pièce provençale la date de 1 170, 
il faudrait admettre qu'il a existé de Daurel et Béton 
deux rédactions successives dont la première aurait 
été seule connue de Guiraut de Cabrera. Mais, je 
n'ai rien remarqué dans le poëme qui offre d'une 
manière décisive le caractère d'un remaniement. 

Le pays d'où le récit est originaire se laisse mieux 
déterminer. Les noms de lieu mentionnés çà et là con- 
duisent à des conclusions assez précises. Ces noms 
sont assez peu nombreux pour que nous puissions, 
sans y employer beaucoup d'espace, les relever tous 
ici. Il n'y a rien à tirer de la mention d'Antone, le 
fief héréditaire de Beuve; Ce château était situé, d'a- 
près une rédaction de la chanson de Beuve (fAntone^ 
dans les Pays-Bas, sur la Meuse ' ; mais l'auteur de £e- 
ton a accepté le nom d'Antone, avec celui de Beuve, 
sans se préoccuper de la situation géographique du lieu. 
L'Ardenne où est tué Beuve est un nom emprunté à la 
même chanson de geste, et n'a pas plus d'importance 
pour notre recherche. Apremont (vv. 10, 3ii, 535, 
etc.), château appartenant au traître Gui, Monclar 



I. Bibl. nat., fr. 225i6,fol. i : 

En Avautere, sour Meuse par de la, 
Ot .j. chastel que li dus i ferma. 



XXX INTRODUCTION 

(vv. 209, 335, etc-), donné à Daurel par Beuve, sont 
des noms trop communs pour que nous ayons à en 
tenir compte. Mais les autres noms de lieu sont plus 
intéressants, en ce qu'ils appartiennent tous ^ à une 
même région, celle qui s'étend d'Agen à Poitiers. 
C'est Poitiers et Bordeaux avec le territoire adjacent 
jusqu'à Agen que Charlemagne donne à Beuve avec 
sa sœur (vv. i35-6, 200-1.) C'est à Saint-Hilaire de 
Poitiers qu'est enterré Beuve (v. 53i) et bientôt après 
le fils de Daurel (v. 749) ; c'est là enfin qu'est ensuite 
célébré le mariage de Béton (v. 2084). Il y a donc, 
dès maintenant, présomption que le poëme a été com- 
posé dans l'ouest de la France, sur les confins des 
pays de langue d'oc et de langue d'oui. 

Les noms de personnes fournissent, dans certains 
cas, des indications précieuses sur la provenance des 
textes où on les rencontre. On sait, en effet, que cer- 
tains noms, fréquents dans telle région, sont inconnus 
dans telle autre. Mais ceux que contient notre 
poëme sont trop peu nombreux pour qu'on en puisse 
tirer aucune conclusion précise, d'autant plus que 
quelques uns d'entre eux, Beuve (Boves, Buvo)^ Er- 
menjart, etc., sont empruntés à la littérature des chan- 
sons de geste et, par conséquent, n'ont rien de spécial 
à Béton. Notons cependant q^i^Aicelina , Bertran, 
Beio^ Gauseran, sont bien rares ailleurs que dans le 
midi de la France ^ ; Daurel est embarrassant. Je n'ai 

1. Je ne parle pas, bien entendu, de Paris ni de Babylone. 

2. Pour Beto, souvent écrit Betto dans les plus anciens docu- 
ments, voir les tables des cartulaires de Saint-Hugues de Grenoble» 
de Saint-Victor de Marseille etc. BelonetuSy dans un acte toulousain 



II. — LIEU ET ÉPOQUE DE LA COMPOSITION XXXJ 

pas réussi à en trouver un second exemple. Bien 
qu'employé seul, et par conséquent comme nom, ce 
peut-être originairement un surnom {(TAurel). Aurel^ 
Aureil est assez fréquent dans la toponymie de nos 
provinces méridionales. On connaît un troubadour 
appelé Bertran d'Aurel (ou Daurel?). 

Daurel et Béton ne semble pas avoir joui d'un 
grand succès, au moyen âge. Mes recherches dans les 
catalogues d'anciennes bibliothèques pour trouver la, 
mention de quelque manuscrit de cet ouvrage ont été 
vaines. La seule allusion certaine que j'aie rencontrée 
est celle de Guiraut de Cabrera qui a été relevée au 
début de ce travail. Une autre, moins assurée, est 
fournie par un traité latin attribué à Alphonse X «, sur 
les choses nécessaires à l'approvisionnement et à la dé- 
fense d'un château en temps de guerre, et dont le ms. 
unique, paraît-il, est conservé à TEscurial. Dans cet 
ouvrage se lit un passage ainsi conçu : « Item, sint ibi 
« romancia et libri gesiorum, videlicet Alexandri, Ka- 
« roli et Rotlandi et Oliverii et Verdinio, et de An- 
« tellmo lo Danter et de Otonell, et de Bethon, et de 
« cornes de Mantull, et libri magnorum et nobiiium 
<i bellorum et preliorum que facta suntin Hispania, et 
« de iis animabuntur et delectabuntur ^. » Le nom de 

de 1249 (Vaissète, nouv. éd., VIII, 1264). Un Béton est nommé dans 
Girart de Roussiîlon, § 109 de ma traduction, v. ii5o de Fédîtion 
Hofoiann ; Valbeton ou Vaubeton est un lieu souvent mentionné 
dans le même poôme. Pour l'origine du nom et sa diffusion dans les 
premiers siècles du moyen âge, voir Pott, Die Personennamen, / 

pp. 14B, 254, et Fœrstemann, Altdeuéhes Nantenbuckf I, sous Bad. f ■ 

1. En réalité il est bien postérieur : voy. À. delos Rios^ Historia 
critica delà literature espanola, III, 563, n. 3. 

2. Ce texte a été cité par M. Fr. Michel dans les notes du po6me 



XXXlj INTRODUCTION 

Bethon ne suffit pas pour qu'on puisse affirmer sans 
réserve qu'il s'agit ici de notre roman ; cependant, si 
on considère que l'objet du passage cité est d'indiquer 
les livres qui peuvent fournir une lecture appropriée 
aux défenseurs d'un château assiégé, que dans Daurel 
et Béton on voit la garnison de Monclar faire honora- 
blement son devoir, on jugera sans doute que l'auteur 
du traité peut fort bien avoir voulu désigner notre 
poëme. 



III 



VERSIFICATION ET LANGUE 

Daurel et Béton est, on l'a dit plus haut, par la 
forme comme par le fonds, une chanson de geste. 
C'est de la forme que nous allons traiter actuellement. 

Versification. — Les 2 1 98 vers qui nous restent 
du poëme sont divisés en cinquante-trois tirades mo- 
norimes dont la plus longue (XLVII) a 122 vers et la 
plus courte (V) n'en a que i3. Les cinq premières 
(i38 vers) sont en alexandrins, le reste est en vers de 
dix syllabes, entre lesquels apparaissent, çà et là, des 
alexandrins ^ qui, ordinairement, se laissent ramener 

de la guerre de Navarre, p. 6o5, puis, indépendamment, par 
M. Mila y Fontanals, dans ses Trovadores en Espana, p. 473, 
note. 

I. Par ex. vv. i55, 487, 675, 742, 766, 968, 1295, i3i8, 1493, 
1543, 1564, 1608, i635, 1655-6, 1687, 1698, 1672-5, 1877. 



m. — ■ VERSIFICATION XXXUJ 

sans peine à la forme décasyllabique. Trois hypothè- 
ses sont possibles : !<» le poëme a été commencé en 
alexandrins et continué en vers décasyllabiques ; 2° le 
poëme a été tout entier écrit en alexandrins; 3° le 
poëme a été tout entier écrit en vers de dix syllabes. 
La première n'a rien d^inadmissible. Il ne manque pas 
d'ouvrages où l'auteur a employé successivement deux 
formes dififérentes de vers. Mais, entre les exemples 
qu*on peut alléguer de cette singularité, je ne vois pas 
qu'on ait jamais cité aucune chanson de geste. En ou- 
tre, dans le cas présent, l'auteur se serait bien vîte 
ravisé. La seconde hypothèse ne figure ici que pour la 
symétrie. Il est tout à fait invraisemblable qu^on ait 
mis en vers de dix syllabes un poëme en alexandrins; 
l'inverse est, au contraire, fréquent. C'est donc à la 
troisième hypothèse que nous nous arrêtons. Nous 
supposons qu'un copiste aura entrepris de mettre le 
poëme en alexandrins, et n'aura pas tardé à se lasser 
de cette besogne. La facilité avec laquelle la plupart 
de ces alexandrins se laissent ramener à la forme dé- 
casyllabique est un argument en faveur de cette ma- 
nière de voir ^ , 

i.On pourrait, pour fournir un commencement de preuve, réta- 
blir ainsi qu'il suit les premiers vers : 

Plat vos auzir huna rica canso ? 
Enteiidet la, escotas la razo 
D'ao riche duc e del comte Guio, 
E de Daurel e de Tenfan Beto 
5 Qui en s'enfansa tray tan gran pasio. 
Boves d'Antona sazia en .). peyro. 
Entorn lu son tuh 11 melhor baro, * 
Aqui fo Gui cui Donedieus mal do ! 
Gel que non ac ne vila ne maiso 
Mas un castel c'um apela Aspremont. 

V. I. C'est la leçon même du ms.; j'ai ajouté dans le texte [Senhor] 

ç 



XXXIV INTRODUCTION 

Les rîmes sont en général fort exactes, résultat qui 
du reste n'est obtenu, comme on le verra dans les 
pages suivantes, qu*au prix de la pureté de la langue. 
Çà et là quelques légères traces d'assonances, ainsi 
els et sers (soir) écrit ^e^dans la laisse XX (vv. 686-7). 
Le premier de ces deux cas me semble assez excep- 
tionnel ; quant au second, il est loin d'être rare : on 
trouve de même avers parmi des rimes en es dans U 
chanson de la Croisade albigeoise, v. 5042. Dans la 
laisse XI nous observons un fait analogue, coredors 
parmi des rimes en os. A proprement parler, il n'y a 
pas là d'assonnance, étant bien établi que dès le 
xiii* siècle au moins, IV tendait à s'effacer lorsqu'il 
était suivi d'^ principalement à la fin des mots. Nous 
reviendrons sur ce point plus tard, en traitant de la 
graphie du copiste. Ce qui est bien réellement une as- 
sonance c'est corrçdor^ v. 346, que nous offre la 
même tirade en os. — Aspremont, v. i o, est aussi 
une assonance, mais nous avons vu que les premiè* 

pour donner au vers ses douze pieds. — 2. Je retranche si vos plas. 

— 3. Je retranche de Fransa comme au v. 7 Franses. Ces deux 
mots sont visiblement interpolés, car ils mettent le début du po6me 
en désaccord avec la partie en vers décasyllabiques. Là, en effet, on 
voit qu*Antone, résidence du duc Beuve, n*était pas situé dans ce 
qu*on appelait alors France : au v. 217, Beuve suppose que sa femme 
regrette la France : donc elle ny est plus; au v. 706, Ermenjart dit 
au traître Guî que le jeune Béton est en nourrice en France, etc. 
-»- 4. Ou, pour conserver jogtar : E del joglar Daurel e de Beio, 

— Çà et là la restitution présente plus de difficultés, mais il ne faut 
pas oublier que ces remaniements ne se font pas par l'allongement 
constant de chaque vers, qu'il se produit nécessairement des inter- 
polations plus ou moins considérables entre lesquelles il est difficile 
de reconnaître ce qui a été conservé de la rédaction primitive. 



III. — LANGUE DE L^AUTEUR XXXV 

rcs tirades ont subi un remaniement, et ce mot peut 
n^avoir pas été à la rime dans la rédaction originale. 
— On verra plus loin que les laisses en ati contien- 
nent quelques mots en at. 

L'élision de la voyelle qui suit la tonique est facul- 
tative. L'auteur ne paraît pas suivre à cet égard d'au- 
tre règle que la commodité du vers. La même remar- 
que peut, du reste, être faite à propos de la plupart des 
poëmes provençaux K Le cas le moins fréquent est, 
comme partout, celui où Télision n'a pas lieu. En 
voici quelques exemples : 

169 E Daurel vieula e mena alegrier. 
289 Lo rie duc Boves sezia ' en .j. banc, 
323 La rîcha dona de la cramba on fo. 
460 Et ac saunenta la cara el costat. 
554 L'escoisendec lo ventre els costatz. 

Il n'y a, en somme, rien de notable dans la versifi- 
cation de Daurel et Béton. La langue, au contraire, 
présente des particularités très dignes d'attention. 
Nous allons les étudier. 

Langue de l'auteur, — Ce qui caractérise la lan- 
gue de l'auteur, c'est l'emploi assez fréquent, princi- 
palement dans les rimes, de formes non méridionales 
dont nous aurons à rendre compte. Nous allons 
passer en revue ces formes, selon Tordre alphabétique 
des rimes. 

1 . Voy. pour le poôme de la croisade albigeoise pp. xcvij et ex 
de mon édition ; pour Flamenca, pp. xxxvj et xxxvij ; le Débat d'I- 
zarn et de Sicart de Figueîras> vv. 27, 83, ii3, 179, 199. etc. 

2. Au contraire, v. 1939, Va final du même mot est élidé : 

£ quan cilh vengro Gais secia al manjar. 



XXXVJ INTRODUCTION 

Rime an, en, — La tirade IX contient 38 vers qui se 
départissent assez exactement entre la finale an et la 
finale en. Dans la tirade LI, ï 2 vers sont en antiib 
en en, du moins selon Tétymologie et sans tenir compte 
de la graphie du copiste \ Il y a, d'autre part, six ti- 
rades en en et en ens où ne paraît aucune rime en an : 
ces six tirades prouvent que l'auteur distinguait dans 
sa prononciation en d'^w, ce qui d'ailleurs n'a pas be- 
soin d'être démontré, si nous admettons qu'il 
était méridional. Comment donc expliquer le mélange, 
qu'offrent les tirades IX et LI ? On gagnerait peu de 
chose, dans le cas actuel, à supposer quQ Daurel et 
Béton a été traduit d'un poëme français qui offrait le 
mélange des deux rimes an et en, car on aurait alors à 
expliquer la présence des tirades en en pur. La diffi- 
culté réside dans l'existence, à divers endroits du 
poëme, de deux faits phonétiques contradictoires : l'as- 
similation d'an et d'en et la distinction de ces deux 
sons. L'explication la plus naturelle et qui, on va le 
voir, s'applique à d'autres cas, est que l'auteur, se 
trouvant un peu à court de rimes en an *, a suivi l'exem- 
ple que lui donnaient de nombreuses chansons de geste 
françaises ^ en puisant librement dans le choix abon- 

1. 11 y a de plus une rime, évidemment fautive, en ar (v. 2122). 

2. Elles sont beaucoup plus rares en provençal qu*en français où 
elles s^augmentent des participes présents de toutes les conjugai- 
sons. Il y a, dans la seconde pahie du poëme de la croisade albi- 
geoise, deux tirades en ans contre huit en ens; dans le poème de la 
Guerre de Navarre, deux tirades en an (8 et 84) et deux en ans 
(63, 79) contre quatre en en (26, 44, 72, 91) et six en ens (33, 55, 
58, 86, 97, 104). 

3. J'en ai donné une liste dans mon mémoire sur an et en toni* 



111. — LA^M5UE DE l'aI'TEUR XXXVÎj 

dant des mots terminés par en. Ce fut, de sa part, une 
licence très forte, mais qui, contenue dans des limites 
restreintes, n'est pas sans exemple. Ainsi on trouve en 
rime palhans, mot purement français, au lieu de pa- 
ïens, dans la chanson de la Croisade, y . 6 1 2 1 , et dans 
la Guerre de Navarre, v. 2785. 

Rime ar, — Il y a onze laisses en ar pur : III ô 
(vv. 78-iii),VIII,XII,XVI,XXIlI,XXV,XXVII, 
XXXIII, XXXVII, XLII, XLVIL Les finales des 
vers qui composent ces laisses ne riment qu'en pro- 
vençal : transposées en français, elles seraient les unes 
en er, les autres en ter, parfois elles demeureraient en 
ar (par exemple, ^ar 1062, liar 1988), partant, plus 
de rime. Dans les premières de ces laisses, on observe 
des finales en ter, ainsi la laisse III ^ est tout entière 
en ter, parce que Je copiste Ta reliée à la laisse précé- 
dente, mais toutes les finales, sans exception, passent 
à ar en provençal \ Dans la laisse VIII, nous trou- 
vons aseiier 22g^ parlier 23o, puis les vers 238-62, 
qui se terminent par fier, desondrier, amier, lievier, 
anuter, etc. Mais on n'a qu'à ramener tous ces infi- 
nitifs à la terminaison ar, pour que les rimes devien- 
nent uniformes d'un bout à l'autre de la tirade. Même 
observation pour les cas semblables qu'offrent les 
laisses XVI et XXIII ; cette dernière laisse n'a déjà 
plus qu'un seul cas, le premier vers de la laisse. Com- 



ques, Mémoires de la Société de linguistique de Paris ^ I (1870), 261. 
I. Je viens d'indiquer le commencement de cette tirade au y. 78 ; 
mais elle commencerait d'une façon plus naturelle au v. 75. La fi- 
nale du vers 76, Aj, melia cavalier, se laisse aisément ramener à 
âj, melia al cavaljar. 



•M^.mJÊ^^^^m^ mes^^—m, ^ Wkt^ÊÊm m^T" ^^ -- -^-^— ^*- 



XXXVUJ INTRODUCTION 

ment le copiste a-t-il pu être conduit à introduire, ^ 
sans aucune nécessité, ces formes en ter? C'est- 
probablement parce qu'il les rencontrait en d'autres 
laisses où la rime oblige de les admettre ; en tout cas, 
il est certain que la rime était originairement en ar. 

Rime ter. — Nous allons rencontrer ici des rimes 
qui, examinées incomplètement, ont donné à croire 
que le poëme était traduit du français '. Nous verrons 
toutefois que ces rimes> étudiées de près, conduisent à 
une toute autre conclusion. Il faut remarquer tout 
d'abord que notre poëme contient une laisse en ter 
parfaitement pur, la XXIX*, dont les finales riment 
également bien en provençal et en français* La 
laisse XXXIX serait dans le même cas, sans chiers > 
1 57 1 , qui doit être en provençal cars. Mais les laisses 
III ^ % VI, XXXV, LII présentent des rimes en ter 
qu'on peut appeler impures, car, à côté de mots qui, 
en français comme en provençal, se terminent en ter, 
on y voit beaucoup de mots, notamment des infinitifs 
de la première conjugaison, dont la terminaison ré- 
gulière est en français er, en provençal ar. Ces rimes, 
toutes égales en apparence, se répartissent donc en 
trois classes : 1° ter prov. et fr. ; cette finale est 

1 . a Le Roman de Beionnet est exactement dans le cas du Fie^ 
a rabras provençal. C*est une œuvre calquée, évidemment calquée 
« sur un roman français. On y trouve des rimes en ier qui sont tout 
a aussi scandaleuses : Voici trenquier, trabuquter, blasmiery donier^ 
« escapiery etc., etc. Voici deroquier quelques vers après deroquar, 
4: etc., etc. Ces rimes en ier sont vraiment terribles : elles sont tou- 
« jours là pour dénoncer ces sortes de fraudes. -» L. Gautier, Les 
Épopées françaises, 2°éd.y I, i33-4. 

2, Vers 55 à 74 ou 77, 



r-'f trr-i ■rim^hi^fliiBaai— B 



III. — LANGUE DE l'AUTEUR XXXix 

fournie principalement par le sufBxe latin - a r i u m ; 
a<> ar prov., er fr., c'est Va tonique latin non précédé 
d'un son mouillé ; 3® ar prov., ier fr., c'est Va toni- 
que latin précédé d'un son mouillé. Je me borne au 
dépouillement des laisses III et VI : 

jo 2® 3^ 

trotter 56, retornîer 55, tarder 57, 

volontier 59, 68, parlier 58, 63, 72, cortegier 78, 

olivier 60, abrasier 70, bay^ier 1 5o, 

lau^engier 6iy i54, alier yS, baier 167, 

messagier 62 i c/i>r 141, i56, preguier i63 

mestier 64, 67, esgardier 143, ^ftt/er 164 

escudier 65, apelier 145, 

destrier 66^ 170, donier 148, i5i, 

plenierGg^ i52, refuser 149, 

compagnierji^ 162 y ajustier i53, 

cavalier y^j portier 1 5 y ^ 

er 74, awiVr 166, 

bavier 139, desamper 172. 

Olivier 140, 

alegrier 142, 169^ 

ros[ier 144, 

Augier 146, 

molheriSjy 168, 173, 

desturbier i55 ; 

entier 161, 

cossilier i65. 

Quiconque sait le vieux français et le provençal re- 
connaît à première vue que tous les mots de la pre- 
mière colonne sont en /er, tant en fr. qu'en prov. " ; 
ceux de la seconde en ar en prov. et en er en fr. ; 



i, Er. (erit) 74, qui du reste est douteux, étant le résultat 
d'une correction, rime en fr. en te, aussi bien qu'en è. 



Xl INTRODUCTION 

ceux de la troisième en ar en prov. et en ier en fr. 
Nous avons, en somme, pour le prov. ar (colonnes II 
et III), et ler (col. I); pour le français er (col. II) et 
ier (col I et III). Comment expliquer ce mélange? 
Faut-il admettre qu'il y a en France un pays où tou- 
tes ces finales se confondaient en un son unique ? Je 
crois, en effet, que ce pays existe réellement, on le 
verra tout à l'heure. Mais je dois, dès maintenant, 
faire remarquer que cette circonstance ne fournit pas 
à elle seule une explication suffisante. Ici, comme 
pour les rimes en an et en examinées précédemment, 
il s'agit d'expliquer la coexistence de deux faits contra- 
dictoires. Notre poëme a des tirades en ar pur et en 
ier pur. Ces tirades ront assez nombreuses et assez 
longues (surtout celles en ar) pour que la réunion des 
.mots qui en forment les rimes ne puisse être le produit 
du hasard. Si donc, dans les tirades III b, VIII, XII, 
etc., il n'y a pas un mot qui puisse en provençal être 
terminé en îVr, si dans la tirade XXIX il n'y a pas un 
mot qui puisse être terminé en ar, c'est que l'auteur 
Ta voulu ainsi. S'il Ta voulu, c'est qu'il était d'un 
pays où, pour ces finales ar ti ier, on suivait l'usage 
général de la langue d'oc. Si, en d'autres cas, il n'a 
pas hésité à mélanger les finales qu'il savait pourtant 
distinguer quand il le voulait, c'est qu'il connaissait 
plus ou moins exactement un usage autre que celui 
de la langue d'oc, et qu'il a jugé à propos de suivre 
cet usage là où il y trouvait une facilité plus grande 
pour faire ses rimes '. En d'autres termes, il s'est 

I . Une autre explication, que je ne propose que pour la rejeter 



m. — LANGUE DE l'aUTEUR xlj 

permis fréquemment une très forte licence. Il n'est 
pas le seul : Raimon Vidal relève chez des trouba- 
dours distingués bien des manquements à la gram- 
maire qui n'ont pas d'autre excuse que la mesure ou 
la rime, notamment l'emploi de mantenir, retenir, 
mots à finales françaises, au lieu de mantener^ rete- 
ner \ Le comte de Poitiers, qui composait aux envi- 
rons de Tan i loo, fait entrer l'infinitif gabier {fr. ga- 
^er, prov. gabar) dans des rimes en ier ^. Dans une 
pièce du troubadour Peirol, qui était d'Auvergne, on 
voit rimer lausengier avec plorer, qui est pour plo- 
rar ^. 

Dans les poëmes de longue haleine, on tolérait 
les licences plus encore que dans la poésie lyrique^ et, 
s'il est un genre où des rimes plutôt françaises que 
provençales soient excusables, c'est le genre épique, 
auquel appartient Béton. Il est de toute évidence que 
Tauteur de notre pocme était nourri de la lecture 
des chansons de geste françaises; il n'est donc pas 
surprenant qu'il leur ait, avec plus ou moins de suc- 
cès, emprunté quelques rimes. D'ailleurs, la licence 
qui consiste à faire rimer des finales qui, en bon pro- 
vençal, seraient les unes en ar, les autres en ier, ne lui 
est pas particulière. Nous la trouvons d'abord, pour 

aussitôt^ consisterait à regarder les laisses à rimes impures comme 
interpolées. Mais ces tirades étant répandues par tout le poème, et 
d'ailleurs étant aussi nécessaires au sens que d'autres, cette expli> 
cation n'est pas admissible. 

1. Edition Stengel, p. 87. 

2. Dans la pièce Ben voit que sapchon H plu^or, 

3. Camjat ai monconsirier, dans Mahn, Werke d. Troubadours, 
II,- 13. 



Xlij INTRODUCTION 

prendre les textes dans un ordre autant que possible 
chronologique, dans le précieux fragment d'Aigar et 
Maurin publié par M. Scheler ', où il y a une laisse en 
er, la vingt-quatrième, dont les rimes se laissent, 
comme celles que nous examinions tout à Theure, ré* 
partir en trois catégories : i*> prov. et fr. ter, 2** prov. 
ar, fr. er; 3° prov. ar, fr. ter. La plus grande partie de 
ces rimes appartient à la première catégorie et il suffira 
d'en citer quelques-unes, graver, mariner, verger, 
Gamer, dreiturer, qui seraient en français comme en 
provençal gravier, vergier, Garnier, dreiturier. Les 
mots de la seconde catégorie sont osteler 897, escolter 
905, gaher 707, Cler 916 {Clar 1 176 *), présenter 
920 ; mér 926, disner 941 , jogler 943, tous français 
sous cette forme, au moins quant à la terminaison, et 
qui deviennent provençaux si on substitue ar à er. La 
troisième catégorie est représentée par manger 925, 
cer 933, qui seraient en proV. manjar et car^ en fr. 
mangier et chi^r. Cela n'empêche pas que le même 
fragment offre quatre laisses tn ar pur (XI,XIII, 
XX, XXXIV), et deux, sinon en er, du moins, ce 
qui revient pour nous au même, en ers pur (XXXII, 
XXSNWY). Aigar et Maurin se permet donc exacte- 
ment la même licence que Béton. 

Je mentionne pour mémoire la première partie du 
poème de la croisade contre les Albigeois. L^auteur 
de ce morceau, Guillem de Tudèle, non seulement 

1. Le Bibliophile belge, 1877, p. Sg-ibi, 

2. Et Claire vv. 1249, i3oo; ces variantes montrent que Tau- 
teur était, en ce qui concerne les rimes, ami d'une certaine li- 
berté. 



III. — LANGUE DE l' AUTEUR xlii} 

mélange dans les rimes en er ou ier les trois types 
que nous étudions^ mais il y joint encore les finales 
où e correspond à un e long du latin (prov. e fermé, 
fr. et ou oi) ; voy . les laisses XIV, XXXIX, LXX, 
GXVII, CXXIII). Je n'insiste pas parce que la lan- 
gue de Guillem de Tudèle, par le grand nombre et 
la gravité de ses irrégularités, offre un caractère tout 
à fait exceptionnel. 

Le poëme de la guçrre de Navarre, composé par 
Guillem Ânelier de Toulouse vers 1280, renferme 
plusieurs rimes en ter (ordinairement écrit er). Dans 
ces tirades, se lisent en rime les infinitifs baisser 
1161, penser 1676, (prov. batssar, pensar, fir. bais^ 
sier, penser), et le subst. bachalers 3653 (prov. ba^ 
calars, fr. bachelers). 

Bien autrement nombreux sont les faits du même 
genre que nous présente le Ferabras provençal. Nous 
les examinons en dernier lieu, parce que le texte où ils 
se rencontrent est dans des conditions particulières. Ce 
n'est pas une composition originale : c'est, comme on 
sait, la traduaion d^un poëme français dont nous pos- 
sédons plusieurs mss. C'est surtout en se fondant sur 
le mélange des rimes en at* et en ier que les éditeurs 
du poëme français " ont cherché à établir que le texte 
provençal n'était qu'une traduction, thèse absolument 



I. Fierabras, chanson de geste, publiée pour la première fois 
d*après les mss. de Paris, de Rome et de Londres, par MM. Krœbcr 
et Servois. Paris, 1860 (Recueil des anciens poètes de la France). 
Je dois dire que toute la discussion sur Toriginalité du po6me fran- 
çais par rapport au texte provençal, est Fœuvre exclusiye de 
M. Guessard, le directeur du recueil. 



XHV INTRODUCTION 

vraie, mais qui cependant ne peut pas s'appuyer ex- 
clusivement sur ce mélange, car, d'une part, nous ve- 
nons de constater le même fait dans des poèmes in- 
contestablement composés dans le Midi, et, d'autre 
part, plusieurs des rimes en ter qu'on rencontre, soit 
dans les poëmes ci-dessus examinés, soit dans le Fe- 
rabras, sont inadmissibles en français et ne peuvent, 
par conséquent, servir à prouver l'origine française du 
texte où on les trouvé ^ Je laisserai de côté les pre- 
mières laisses, sur lesquelles porte principalement la 
discussion des éditeurs, parce que, sauf quelques vers, 
ces laisses ne se trouvent pas dans le français. Pre- 
nons, de préférence, la laisse en ter qui occupe dans 
le texte provençal les vers 1719-37 et dans le texte 
français les vers 1 586-1609. Cette laisse est, en fran- 
çais, entièrement en ter. Elle se compose dUnfinitifs 
de la première conjugaison (laissier, bauiisier, pri^ 
sier, etc.), de substantifs (Olivier ^acier, mes fier, quar- 
tier, mostier); enfin, il s'y trouve deux participes : 
fiancié (v. 1589) ex, plaie (v. i593) ^. Ces participes 
étaient la pierre d'achoppement. Les substantifs en ier 
étaient aussi bien provençaux que français : ils ne 
pouvaient causer aucun embarras; les infinitifs au- 
raient dû', régulièrement, recevoir la finale ar, ce qui 



1. n faut dire qu'en 1860, date de la publication du Fierabras 
français, on ne savait pas encore distinguer les finales françaises 
é et ié. On n'avait pas remarqué qu'elles ne rimaient pas ensem- 
ble, et les cas où i se produit au-devant d'e n'avaient pas été dé- 
terminés comme ils l'ont été depuis. 

2. Il est rare que Fierabras admette ié dans les rimes en ier, ce- 
pendant il y en a quelques exemples outre ces deux-ci. 



HT. — LANGUE DE l'aUTEUR xlv 

eût détruit la rime) mais, comme dans Aigar et Man- 
rin, dans Béton, dans la Guerre de Navarre, on pou- 
vait, à la rigueur, les admettre à la rime sous leur 
forme française, et si cette licence était permise dans 
des compositions originales, à plus forte raison pou- 
vaitHclle être excusée par le désir de s^éioigner le moins 
possible du texte original. Le participe passé masculin 
de la première conjxigaison est toujours en at. Les textes 
du midi qui admettent Tinfinitif en er ou ier n^admettent 
pas le participe en et ou iet ' . Je constate le fait sans 
chercher à Texpliquer *. Par suite, ces deux vers (1589 
et iSgS) : 

Et si m'as tu juré, plevi, etfiancié.,. 
Encore ne te vol je ne navré ne plaie, 

ont été ainsi remaniés dans le texte provençal afin de 
substituer un infinitif au participe (vv. 1722, 1725) : 

E si m'as fayt jurar, plevir efiancier.., 
Encaras ieu not vey ni plagar ni nafrier. 



1 . Je ne tiens pas compte, bien entendu^ de GuîUem de Tudèle, 
qui ofiFre de longues séries de participes en ô/f , aux laisses XLl et 

ex. 

2. En Dauphiné aussi (mais ce n'est, sans doute, qu'une coïnci- 
dence fortuite) les infinitifs de la première conjugaison sont en ier 
lorsque la terminaison est précédée d*un i semi-voyelle ou d'une 
consonne palatale (sinon la terminaison est arj, tandis que le par- 
ticipe passé est toujours aL — On peut dire qu'il n'y avait guère 
d'utilité à changer les terminaisons ai, at^ des participes passés de 
la première conjugaison en et, ei^y ces dernières rimes étant assez 
peu fréquentes. 



Xlvj INTRODUCTION 

Ce dernier mot nafrier (fr. naurer), qu'il eût été si fa- 
cile de remplacer à la rime par plaier, en écrivant 
ne nafrar ne plaier, nous montre que le traducteur 
provençal n'avait aucune idée de la distinction 
qu'on faisait en français des mots en er et de ceux 
en ier. Dans la même tirade, les fins de vers durier 
1728, demorier 1734, qui s'écartent de la leçon fran- 
çaise, conduisent à la même conclusion. L'examen des 
autres laisses en ier ' ne nous apprendrait rien de 
nouveau. Il est suffisamment établi que le traducteur 
provençal de Fierabras, comme les auteurs de Béton, 
d'Aigar et Maurin, et même, dans une moindre me- 
sure, celui de la Guerre de Navarre^ n'hésitaient pas, 
lorsque la rime le demandait, à donner à tous les in- 
finitifs de la première conjugaison la terminaison ier, 
sans tenir aucun compte de la distinction faite en fran- 
çais entre er et ier. 

Il me paraît difficile d'expliquer par un caprice in^^ 
dividuel un fait ainsi constaté dans des textes d'origine 
fort diverse. Il faut, ce me semble, que cette substitu- 
tion à' ier à ar ait son point de départ dans un usage 
local qui se sera étendu hors de ses limites primitives 
par suite des facilités qu'il offrait à la versification. Il 
s'agirait maintenant de déterminer, si faire se peut, la 
contrée d'où cet usage est originaire. Si nous cher- 
chons un pays où les finales ier et er, confondues en 
un même son, aient été employées concurremment 
avec la finale ar, pour l'infinitif de la première conju- 



I. Voy. notamment celle qui occupe les vers 3598-3644 du proven- 
çal, et cf. le texte français, p. 126-8. 



^^m 



III. — LANGUE DE l'aUTEUR xlvij 

gaison, je crois bien que nous chercherons en vain; 
mais il suffit, à mon avis, de trouver un pays où ter et 
er se confondent et qui, en même temps, soit voisin de 
la région où les infinitifs sont en ar. Ce pays, c^est le 
Poitou, l'Angoumois, la Saintonge. Là, il est bien 
connu que la distinction entre ter et er, telle que nous 
la trouvons dans le reste des pays de langue d'oui, n'est 
pas observée. Les infinitifs de la première conjugaison, 
que la terminaison soit ou non précédée d*un $on 
mouillé, les finales correspondant au latin a r i u s , sont, 
dans cette région, uniformes. Cette finale uniforme est 
ordinairement marquée par er, non par ier comme 
dans Béton, mais cela n^a pas d'importance; ce qui 
impone, c'est Tuniformité du son et non la manière 
dont ce son uniforme est noté. D'ailleurs, nous avons 
vu plus haut qu'entre les textes cités, lés uns (Aigar 
et Maurin, Guillem Anelier) adoptent er, tandis 
que les autres préfèrent ier. Une pièce de Richard 
Cœur-de-Lion, qui, vraisemblablement , compos^^ 
dans lie dialecte du Poitou, vient à Fappui du témoi- 
gnage des chartes; c'est la pièce Daljin ieus voill de-^ 
resnier », où on voit demancler et let/er rimer avec 
deresnier, guerrier, aidier, denier, $oudÇi.dier, co^ 
mencier. 

Rimes at, at^. — U y a peu de chose à dire sur cea 
rimes qui sont parfaitement provençales. Quoique at 
et ati soient bien distincts, néanmoins on remarque 
un petit nombre de finales en at égarées parmi celles 
en ati, vv. 690, 608, 8o3, 96 5, 980, 1243 12b i^ 

I. Parnasse oçcitanien, p. x3. 



Xlviij INTRODUCTION 

1263, 1271, i55o. Il est difficile de savoir si dans 
de tels cas Tauteur sacrifiait la rime à la grammaire 
ou la grammaire à la rime ; un fait — s'il n'est pas 
le résultai d'une faute du manuscrit — qui tendrait à 
prouver que l'auteur se souciait médiocrement de la 
correction grammaticale, est l'emploi d'un adjectif 
masculin avec un substantif féminin, brocas.... pau- 
^lat^ijib^ — -Bra^ (brachium) 788, 807, 1016, 
1198, prend régulièrement place dans les rimes en 
âi/iî *. Baiar, v. 638, est trop exceptionnel pour n'être 
pas fautif. 

Rimes en, ens. — Dans l'unique tirade en ens 
figure laîns^ iSgS, 141 3; le même mot paraît égale- 
ment en rime dans une tirade tn en, 1 1 1 2 , ce qui 
constitue une double irrégularité On le trouve aussi 
dans le poëme de la croisade albigeoise, vv. 4928, 
6522, 8670 ^i cf. dedens dans le poëme de la guerre 
de Navarre, v. 2627. Bien que. constatée dans des 
textes variés, l'admission de tns parmi les rimes en 
ens est un fait exceptionnel. Le Trésor de Pierre de 
Corbiac, qui se compose de 840 vers tous en ens, n'en 
offre pas d'exemple. Est-ce une simple licence poéti- 
que ou un fait dialectal qui a pu s'étendre hors de ses 
limites géographiques primitives ? Je pose la question 
sans être en état de la résoudre. A première vue, 
on ne voit pas bien pourquoi Vi d'int us (tns) a été 

1. Voici levers : Ab Aiij, brocas cCaur quel so pau^at^', mais 
\{ y a dans, le tns. fq et non soy et on pourrait, en conservant 
fo, faire accorder pau:[at:( avec aur, 

2. Chanson de la croisade, vv. 5 763, 8194. 

3. Ecrit /atn/f au V. 6522, et laens dans les deux autres cas. 



Ul. — LANGUE DE L AUTEUR xlix 

traité autrement que Vt d'inde (ew). Cette distinc- 
tion n^existe pas en français (en et en$); elle peut nV 
voir pas été générale dans le sud de la France. 

Rime o. — Cette rime admet des mots qui ne se ter« 
minent pas en o pur : Aspremont lo, hom 12, puis 
les futurs plutôt français que provençaux farom 26, 
casarom 3 18, conquero (pour conquerom) 32 1, 
rendre (pour rendrom) 741. Faut-il induire que le 
poëme, ou du moins les parties où se rencontrent 
ces formes, était originairement en français? Je ne le 
crois pas, à cause de l'o des vers 319, 740. J'aime 
mieux croire qu'il y a là une licence expliquée par l'ha- 
bitude que l'auteur avait des chansons de geste 
françaises. 

Dès qu'il est avéré que Tauteur a fait entrer dans 
son œuvre beaucoup de rimes françaises, on ne sera 
point étonné qu^il ait admis accidentellement, ailleurs 
qu^à la rime, des formes de même origine. De ce nom- 
bre sont causea 3 14 (fr. chauciée)^ espeia, espeiga, es- 
pe^as^ 543, i325, iTio^tic.^ daimas 496 (fr. dames) 
maroniers 914, ruas 1995, sire, diversement écrit, 
12, 140, 262, 292, etc. 

Tels sont les faits principaux que révèle l'examen de 
la langue du poëme. Ils se résument en somme dans 
l'emploi mal dirigé de formes françaises. Ces formes 
nous les trouvons principalement à la rime. C'est 
là en effet que l'auteur devait surtout les employer, 
puisque son travail de rimeur était d'autant plus aisé 
qu'il avait un plus grand choix de finales à sa disposi - 
tion. Mais on a vu que parfois aussi il en faisait usage 

d 



u^^^^^a^m^^J^mÊmmÊiamÊÊÊ^^ÊÊm^^^^^^Ê^mim^^^M 



1 INTRODUCTION 

en des endroits où les formes provençales correspon- 
dantes convenaient aussi bien au vers. Je mets toutes 
ces formes au compte de l'auteur : le copiste était du 
Midi, et, bien loin d'introduire des formes étrangères, 
il a dû plutôt en supprimer. Il est très simple en appa- 
rence d^expliquer cette grande proportion de français, 
en supposant que Fauteur du poëme était français et 
que nous avons dans le ms. Didot une sorte de tra- 
duction plus ou moins exacte de Tœuvre originale. 
Mais j^ai fait voir que Temploî des formes françaises 
est ici tel qu'il ne peut émaner d'un auteur français. 
J'aurais pu ajouter, si ce supplément de preuve avait 
été nécessaire, qu'il y a des tirades dont l'origine uni- 
quement et exclusivement provençale est hors de 
doute, par exemple celles en os (XI) et en es (XX, 
XLIV), lesquelles n'ont et ne peuvent pas avoir 
d'analogues dans le Ferabras qui, lui, est bien traduit 
du français. Il résulte donc avec évidence de l'ensem- 
ble des faits constatés que l'auteur de Béton, tout 
en faisant occasionnellement usage de formes que 
l'on considère comme caractéristiques de la langue 
d'oïl, était originaire des pays de langue d'oc. C'était 
un jongleur méridional qui avait lu beaucoup de 
poëmes français, qui vraisemblablement exerçait à 
l'occasion son industrie dans les pays français. De 
quelle partie du Midi était-il originaire ? Je ne saurais 
le dire : le peu de variété des rimes et les libertés 
qu'il se donne sont cause qu'il est impossible de 
démêler dans sa langue des traits ayant un caractère 
local bien marqué. Mais en résumé nous pouvons 
admettre que Daurel et Beion nous est parvenu à 



III. — LANGUE DE l'auTEUR Ij 

I 

peu près tel qu'il a été composé, abstraction faite 
des modifications causées par la mise en alexandrins 
du début, et des passages que Tinattention et Tim- 
péritie des copistes ont défigurés; que, par conséquent, 
c^est une chanson de geste méridionale. 

Ue quelle importance est Daurel et Béton dans la 
question si souvent débattue, et ordinairement si 
mal posée, de l'existence d'une épopée provençale? 
Si je ne me trompe, ce ppëme vient confirmer les 
idées que j'ai plus d'une fois émises sur ce sujet. Ce 
que j*ai toujours soutenu, c'est l'indépendance abso* 
lue de l'épopée française^ dans toutes ses parties, 
à l'égard des compositions épiques du midi. Jusqu'ici 
rien n'est venu infirmer l'opinion très décisive que 
j'exprimais dès 1866 '. Mais en même temps j'ai ad- 
mis qu'il n'y avait aucune raison de nier que le midi 
de la France eût possédé, comme le nord, bien 
qu'en nombre infiniment moindre, des chansons de 
geste ^. De ces chansons, les unes peuvent être fon- 
dées sur des traditions locales, comme Girart de 
Roussillon, comme Aigar et Matirin, qui, à vrai 
dire, ne sont pas proprement méridionales, mais ap- 
partiennent à une zone intermédiaire entre la littéra- 
ture du nord et celle du midi, comme aussi le roman 
de Tersin ou de la prise d'Arles ^; les autres peuvent 
être un simple reflet de l'épopée française, et à cette 
catégorie appartient évidemment Daurel et Béton. 

1. Recherches sur l'épopée française, dans la Bibliothèque de 
VEcole des Chartes, 6« série, III, 46 et suiv, 

2. Ronmnia, I, 67-8; VII, 4b4-5. 

3. Voy. Romania, I, 5i-68 et II, 379-80. 



lij INTRODUCTION 



IV 



LANGUE DU COPISTE 



Je terminerai par un certain nombre d'observa* 
tions sur la langue, plus particulièrement sur lagra- 
phie, du copiste. Je ne noterai que les faits offrant 
quelque singularité ou un caractère local. Entre ces 
faits, il en est sans doute plusieurs qui remontent à 
Fauteur et qui , si on en avait la certitude, devraient 
prendre place au chapitre précédent. L'important est 
quUls soient signalés. Il ne s'agit ici que du copiste de 
Béton ^ le reste du ms. étant, comme on le verra 
dans la notice qui fait suite à cette introduction, de 
mains différentes. La graphie de Béton est loin d'être 
bien réglée. Le copiste a, sans doute, conservé beau- 
coup des formes du ms., d'après lequel il a exécuté 
sa transcription ; il est probable, d'autre part, que, 
pour son compte, il ne se faisait aucunement scrupule 
d'écrire le même mot de plusieurs façons différentes. 
Il est, par suite, fort difficile de déterminer quel était 
son pays. 

Voyelles. — O tonique est diphthongué à peu 
près aussi souvent qu'il peut l'être : loc 617, 772, 
mais luoc 1 836, fuoc 609, 648, 98 1 . Z7o est, en ce cas, 
ordinaire en Provence, où il cède peu à peu la place 
à ue à partir du xiv* siècle. On le trouve aussi dans le 
Bas-Languedoc et dans les Cévennes, tandis que, dans 



IV. — LANGUE DU COPISTE luj 

le centre et l'ouest des pays de langue d'oc, Vo suivi de 
c reste généralement pur. — Suivi de l, o ton. se con- 
serve intact à peu près pendant tout le moyen âge ; 
dol (formé sur doler, fr. deuil) 557, 56o, vol (* volet) 
356 ; — ue apparaît dans uebre (ope rit) 1 722, puesc 
(ind. prés, dcpoder) 23 1 , 2S5 ^puec 1 026, i oi^^puesca 
307, 1649; aussi dans des cas où la diphthongaison 
est causée par la' présence d'une mouillure après la 
tonique : uelh (0 cul um ) , voir le glossaire pour les ren- 
vois, tuelha (*toUat) 659, puelh (*voleo) 262, 35o, 
qui se réduit facilement à j'tt/A 214, 232, fuelha 428, 
pueh (podium) 6Sï^ pueja 877, 1275. Cette modi- 
fication de l'o bref latin est ordinaire en Provence 
et dans le Bas-Languedoc depuis le xiu« siècle. 

E avant la tonique devient a dans sarcar 1294^ — 
ce qui n'empêche pas qu'on a sercas 237, — rastan- 
quier 1378. On sait que ce fait est très ordinaire en 
catalan ' et en ladin. Il ne Test pas moins, actuelle- 
ment, dans la région des Alpes '. Au moyen âge, ce 
phénomène me paraît être resté sporadique, ce qu'il 
était déjà en latin ancien '. Uexemple le plus connu 
est marce (mercedem) dans le poëme de Boëce 76, 
dans la coutume de Chenerailles (Creuse) et dans celle 
de Saint- Vallier (Drôme). Il y a aussi dans le poëme 
de Boëce rascundre 177, qui offre le même cas que 
notre rastanquier. 



I . Mussafia, Sept Sages, préface, § i . 

a . Voir dans Chabrand et Rochas d'Aiglun, Patois du Queyras, 
les mots haretagCy aratori, armito, jarrar, etc. 

3. Voy. Brachety dans les Mémoires delà Soc. de linguistique de 
Paris, I, 41g. 



■JLittàriHtaÉtattiMMii&i 



liv INTRODUCTION 

Ei se substitue à la forme ordinaire et plus proche 
de rétymologie, ai, dans lei (là) 45, 90, 658, dans 
gueiamen 7g; c'est iei dans les futurs première pers. du 
sing.,rfin>/ ioo\ ^ferriei 1620^ issirie/ g6o, sabriei 
1437. J'ai signalé ailleurs ' les mêmes formes dans 
des chartes de {^arrondissement de Gaillac ; je les ai 
retrouvées depuis dans des chartes du Tarn-et-Garonne 
et des environs de Toulouse. 

Voici un fait moins commun que les précédents : 
ai, quelle qu'en soit l'origine, devient facilement au^ 
etei devient eu : habeo devient ai 84, 1 19, et au i65; 
de même alaiia 706, mais alautat^ 1242 ttaUutati 
1017, bau\o (basiant) 28, bau^a 726, bau^an 729, 
cauiieu (captivum ') 990, messautge (missaticum) 
bg^^peureiras (petrarias) ligi^Peutieus i35,585, 
1044, veuret (videre habetis) i33i *, cobeutavati 
406, voluntieuramen 1857. J^ ^^ connais pas ailleurs 
d'exemple du même fait. 

Consonnes. — D entre deux voyelles tombe parfois, 
comme cela a lieu régulièrement dans le nord des pays 
de langue d'oc ; ici cet effacement du d semble avoir 
lieu surtout après :, ainsi : escria \'i(^^fias 3o2, r/ew 
184. Mais ailleurs on observe soit la mutation, gé- 
nérale dans le centre de la langue d'oc, en ^, ri^en 



r. La chanson de la croisade contre les Albigeois, i, cxiij. 

2. S'il n*y avait que cet exemple, il serait légitime de supposer 
le p passant directement à â. 

3. On a messaiges 63, parayge 12. 

4. Mais veires i322. 



IV. — LANGUE DU COPISTE Iv 

176, A^emar 99, i iSy, etc, a\irar 244, 533, ad^aut 
1610, soit la conservation du i> adesmar 368. 

F tombe devant K dans uelhas (*voleas) 57, ulhas 
82. On trouve de même chez des troubadours pro- 
vençaux ostre pour vostre \ Par contre, v vient s'a- 
jouter à u dans vuelh, vuelhs (oculum) 987, 1095, 
1266, ce<]ui a été aussi remarqué en Provence '. V 
initial devient quelquefois b; la distinction entre le v 
et le b n^est pas toujours facile à faire dans l'écriture 
de notre ms* ; mais, dans les cas douteux, j'ai choisi p^ 
de façon à restreindre plutôt qu'à exagérer le nombre 
des cas de b pour v; citons bay et benga 1093, ban 
1608 \ Actuellement b s^est substitué à v par tout un 
vaste territoire limité à Test et au nord par une ligne 
qui partant d'Agde, irait, à travers TAveyron, re- 
joindre la Dordogne dans le Lot et suivrait cette 
rivière jusqu'à son embouchure ; mais, au moyen âge, 
on ne constate guère ce fait qu^en Béarn et en Gasco- 
gne. Les documents anciens de Toulouse, de Carcas* 
sonne, de Narbonne, de Béziers, d'Agde, tous lieux 
où maintenant b prend régulièrement la place du v 
latin soit initial, soit venant à la suite d'une consonne, 
ont V et non b. Mais cela ne veut pas dire qu'on pro- 
nonçât comme on écrivait. Il est probable que le son 
b existait dès lors^ moins distinct peut-être que de nos 
jours, les copistes préférant toutefois s'en tenir à 

X. Voy. mes Derniers Troubadours de la Provence, p. 22. 

2. Ibid., p. 20. 

3. Je n*ose pas citer le pronon neutre ba pour va^ ^4^1 1 parce 
qu'on le trouve même en des lieux où la mutation de y en 6 n'a 
pas lieu ; voy. Chabaneau, Romania^ IV, 340. 



-«—,*««■- — 



Ivj INTRODUCTION 

l^orthographe latine* I^e copiste de notre ms. se sou<- 
ciait assez peu de cette orthographe; sa graphie est 
en somme phonétique, quoique bien irrégulière. L'em- 
ploi accidentel qu'il fait du b au lieu du v^ nous four^ 
nit un indice géographique : il appartenait à la région 
où nous voyons maintenant b se substituer au v. 

S est fréquemment remplacée par c : ce 98, cela 66, 
cerem 579, cieu 706, cira 3o2, ici 1542. L'inverse a 
lieu également : tnerses 7 1 ! , $ieutat\ 424, et les pro^ 
noms sist 207, silh 2 1 2 . Le copiste ne distinguait donc 
pas le son d'^ d'avec celui de c spirant. — S entre deux 
voyelles se renforce en s\ dans desieretamant 2 1 29, 
des\irai 2o3i, meisisses 1482, nos^ vos qui, suivis 
d'un mot commençant par une voyelle, deviennent 
nos\^ vos\, 1098, 1549, ^1^1 1 1 781, cf. îe«5j( (= ieu 
vos) o 1462. — 5 ou ;f, entre deux voyelles, quelle 
qu'en soit l'origine, passe à r dans Aremyer (ailleurs 
A\emar) 98, crevas 328, raroiij^venaro 3i5.0n 
sait que ce phénomène se rencontre sporadiquement 
en Languedoc, en Roussillon, en Limousin, du xiv« 
au xv^ siècle '. — 5, suivie d'une autre consonne, tombe 
dans aqueta 398, set 569, seta 89, depolhar 1431. 
Des exemples du même fait ont été relevés dans 
Flamenca (préface, p. xxxij) et dans Guillaume de la 
Barre (p. 35 de ma notice). 

Nous avons maintenant à étudier le sort du groupe 
latin /^, sujet ici fort compliqué qui ne se peut traiter 
brièvement. 7>, précédé d'une voyelle tonique (partiel- 



X. Voy. Romaniatiyf 184-94, 464-70; V, 488-90; VI, 261-6; 
Giornale di Filologia roman\aj II, 2o5-6. 



IV. — LANGUE DU COPISTE Ivîj 

pes passés en acus, itùs, 2*pers. plur. atis, etis) 
donne régulièrement /^, qui souvent s'affaiblit en s^ 
mais en outre, notre copiste a une tendance marquée 
à réduire ts à t. Pour donner plus de clarté à mon 
exposé, je traiterai de cette finale d'abord dans les 
participes passés, puis dans les deuxièmes personnes 
du pluriel des verbes. 

Participes passés. — Le j{du sujet singulier est sou- 
vent omis, ce qui peut être un fait purement phoné- 
tique, en accord avec la tendance signalée plus haut, 
ce qui peut aussi s^expliquer par la désuétude où étaient 
tombées, à l'époque où notre ms. fut exécuté, les for- 
mes spéciales au cas sujet. 'Mais on constate aussi 
qu^au cas régime du pluriel ce ^ est parfois omis. Cette 
omission, étant contraire à la tendance générale de la 
langue, ne peut s'expliquer que par la tendance parti- 
culière du copiste ou par un singulier manque de soin 
de sa part. Cette seconde hypothèse n'est pas tout à 
fait invraisemblable, étant donné le copiste à qui nous 
avons affaire, et c'est pourquoi j'ai dans tous ces cas réta- 
bli le ;{ entre crochets; toutefois, la première hypothèse 
me semble actuellement plus probable. Voici les cas 
que j'ai notés de la suppression du;; au cas régime du 
pluriel idèt 325, tôt 1278, lygi^fairit 1299, i33i, 
escut i3i7, 1623, 1759, triât 1387, bridant 1441, 
1435, mart 1465, 1609, enfantonet ibS4^ asatiat 
igoi ^forsat Î964. — Si le copiste ne prononçait pas 
le jj final, il faut s'attendre à le voir introduire ce !( hors 
de propos, ce qui arrive en effet dans cor/;; 75, 89, 1 14, 
dati 54, 170, bliaut\ 112, marit^ 1^4^ Esmenjarti 
173, 290, mort^ 187, 3gi^ 4o5^pamt:(ji4^Beionet:[ 



Ivîij INTRODUCTION 

ioio,ftfr/jj io35, «0îri7j{ i522, cw/^ i735, etc. Le 
copiste savait en gros qu'il y avait des cas où ;; devait 
prendre place à la fin des mots, mais ni sa pronon-* 
ciation ni ses connaissances grammaticales ne suffi«- 
saient à le guider. C'est à la même cause qu'il y a 
lieu d^attribuer l'addition intempestive du ^ aux ad-* 
verbes fnot:^^ (mu 1 tu m) 47, 84, /or/;j 236, quanl\ 
1481, iost!;^ i6o3. 

Deuxièmes personnes du pluriel. — Le ms. nous of- 
fre ici trois finales : i<» at^, et\; 2<> as, es; 3° at, ei. La 
seconde forme, simple affaiblissement de la première, 
est constatée dès la première moitié du xui® siècle ^ 
Elle se trouve ici deux fois en rime : fares'j 12^ pei- 
res 1 795, et très fréquemment dans le cours du vers; 
ainsi, dans les 5oo premiers vers : amas 1 64, anas 5o, 
aujas 3o8, colgas 234, creras 328, cumergas 428, 
digas 5i, donas 22, escotas 2^fassas 397, gardas 
95, levas 140, parlas 429, plas 2, puscas 237, ^er- 
cas 237, tengas 164, tragas 396, ttobas 471, veiras 
i53, viras 494, volhas, vuelhas^ 239, 269, vo/i^if 
408; — aures 188, au^e^ 235, aves 54, 64, rfex^e^ 
94, dises 3o5, w 41 3, perdones 489, ^o^e^ I23, 
prendes 147, pre:{es 387, ^^^^^ 1 19, sabres 120, 260, 
fe«e^ loi, toi*nes 121, j'ew^^ 376, w/e^ 258, volres 
25 *. — La troisième forme, <2f et, est dans Béton 
très fréquente : indicatif présent, ce/a/ 1002, desco^ 

1. Voy. Bartsch, Prov, Leseb,^ note sur 100, 11. 

2. Ces formes appartiennent à des modes et à des temps divers, 
mais cela n'importe pas. Notons seulement que s pour i^ se ren- 
contre uniquement dans les verbes, à l'exclusion des substantifs et 
participes. 



IV. — LANGUE DU COPISTE Ux 

nortat 996, desleialat iib'j^donat i225, et (estis) 
12, i3, lonhat 1 182, parlât 969, pasat 848, pré- 
sentât 1 2 3 1 ; — podet 211,1 304. — Impératif, dat 
91 1, digat 1220, escoltat 12 12, 1267, gardât io3o, 
j 194, \4i5^jurat i^j^ laysat 912, menât 1 193, ostat 
828, pregat 186, sarrat 960; — aprendet 1414, €«- 
^e;i(ife/ 2^prendet io5j ^vinet 847, i33o. — Impars- 
fait de rindicatif, era/ 1024, w/m/ 1027. — Futur, 
poiret 848, ^er^/ 16, 44, 398, etc., veuret i33i, 
— Subjonctif présent, fassat 1019, 1227, irascat 
1258, rendat 987, J'e^af g6i ^volhat 941. — Con- 
ditionnel, au^irat 492, rir^/ t3i6. — Par une 
erreur semblable à celle que nous avons constatée 
tout à rheure dans les noms, on voit le i prendre 
place où il n^a rien à faire, à la 3^ personne du sin- 
gulier : présent de Tindicatif, trameti 42, 2080, 
part\ i56o; prétérit, det^ 1430, laissei!{ 1923, 
poiei\ 181 1; présent du subjonctif, garti 21&0. 

Il s^agirait maintenant de délimiter la région où 
s'observe la tendance à laisser perdre le ;{ à la 2® per- 
sonne du pluriel. Mais, avec les éléments dont nous dis- 
posons jusqu'à ce jour, celte recherche ne peut abou- 
tir, parce que les textes datés de lieu, qui seuls peuvent 
nous renseigner, sont, en général, des chartes, des cou- 
tumes, des compoids, qui ne contiennent guère de 
verbes à la 2^ personne du pluriel. Cependant nous 
possédons quelques textes limousins fort anciens où 
figurent ces secondes personnes du pluriel. Le plus 
important de ces textes est le fragment de la traduc* 
tion du quatrième évangile (chap. XIII-XVII) «. Dans 

I. Bartsch, ChresU prov.^ 4* éd., col. 10-18; le chap. xiii, soi- 



Ix INTRODUCTION 

cis fragment, la terminaison qui nous occupe est tantôt 
a:(^, e\y tantôt ai, et^ le second cas étant de beaucoup 
le plus fréquent ^ Dans le patois du Limousin et dans 
celui de la Marche, les secondes personnes du pluriel 
ont perdu non seulement le ^ mais encore le / ^. 

J?. — Tr se réduit souvent à t, destier 346, 477, 
ente 438, nosV 268, w^/e 52, 267, vosies 541. On 
voit que cette réduction ne se produit que dans des 
cas où le groupe tr est précédé d'une consonn. Je 
ne connais pas d'exemple aussi ancien de ce fait. — 
Ers $e réduit à es, dans saumies 568, somies big^ 
volonties 53. Le même fait est très fréquent depuis 
le XIV® siècle dans tout le midi. — R, groupée avec 
une consonne, se déplace facilement pour passer à 
la syllabe précédente; t radier (pour tardier) 106, 
cramba 323, crambas 1246 (pour cambra -as\ pre- 
jurs {pour perjurs) 1398. L s'est déplacée de la même 
fadbn dans flodres 641, pour foldres. — R est rem- 
placée par / dans molra (pour morra) i38 ; Vn subit 
le même changement dans colsel (co n sili u m) 673^ 
675; cf. folrier, golfaynos, dans Ferabras 214, 468. 

L passe à r dans bridant 1426 (bliiaudo 181 5), 



gneusement revu sur le ms., dans mon Recueil d'anciens textes^ 
partie provençale, n* 2. 

1. Voir pour des exemples de ce second cas, XIII, t3, i5, 17, 25, 
33 ; XIV, I, 3, i3, i5, iq, 20,24; XV, 4, 7, 8, 9, 10, 14. 16, 18, 
19; XVI, 4, 12, 16, 17, 19, 20, 22, 23, 

2. Pour le Limousin, voy. les paradigmes donnés par M. Cha> 
baneau dans la Grammaire limousine, et par M. Ruben dans son 
édition des poésies de Foucaud, p. lxxxi et suiv. ; pour le mar- 
chois, voy. A. Thomas, Archives des Missions, 3® scrie . 
V, 440. 



••^ ^""^t-^m riHll T --- |-^ 



IV. — LANGUE DU COPISTE Ixj 

forme qui se rencontre dans Guillaume de la Barre, 
et dans artre (alterum) 1754, forme qui existe en- 
core dans la haute Auvergne. — L appuyée sur un 1 
tonique long amène le développement en te ou en ta 
de cet I ; ainsi gentiels, gentiel, 258, 357, viala 196. 
Ce fait, déjà signalé par Diez dans la troisième édition 
de la Grammaire des langues romanes % se manifeste 
par tout le Languedoc, le Rouergue, l'Auvergne, le 
Quercy. La mutation en ie est surtout habituelle dans 
le bas Languedoc ^ ; ia domine dans les parties plus 
au nord ^. 

Notons le passage d'« en i semi-voyelle dans goi- 
fano 221, pour gonfano, et dans meih 1896, pour 
mens. 

Uh est placé au commencement de certains mots 
sans raison apparente : ha (habet) 67, hil (illî) i3oo, 
ho (hoc) 83, 120, hun 10, huna 1. Le même usage 
s'observe, plus fréquemment encore, dans Guillaume 
de la Barre, voy. ma notice de ce poëme, p. 35. 

Avant de terminer ces observations sur la phonéti- 
que du ms. de Béton, je dois signaler encore l'emploi 
véritablement abusif que le scribe fait du g. Ce signe 
peut exprimer trois prononciations entre lesquelles il est 
souvent malaisé de distinguer celle que le copiste a 



1. 1, 389, note; trad., I, 362. 

2. Par ex. à Béziers; voy. la chronique de Mascaro et le ms. Bibl. 
nat. fr. 2541 5, décrit dans le Bulletin de la Société des anciens textes, 
1875. 

3. Voy. mon introduction à la chanson de la Croisade albigeoise, 
p. cxj. Pour le même fait existant actuellement dans le patois de 
la Marche, voy. A. Thomas^ Arch. des Missions, 3* série^ V, 446. 



Ixij INTRODUCTION 

voulu noter. Il représente, en effet : i° le son guttural, 
ce qui est son emploi habituel et nV, par conséquent, 
pas besoin de preuve; 2° le son du français j, par ex. 
dansvegaî:{, ^€g-a/(videatis) 961, 1727, 1787, dans 
augat^ (audiatis) 1927, dans rog-ar (radiare)922, 
r^at\ 989, dans segorna 161, l'i (c'est-à-dire// étant 
employé à la même fin, dans veia 610, veiati 1039, 
soiomat:^ 946. Cet emploi abusif du g, qui n'est pas 
propre au ms. de Béton \est noté et blâmé par \tsLeys 
d'amors, I, 32 ; 3° le son du français y dans espeiga 
(épée) 17 10, ailleurs esy^m i325, 1886, ig20^speia 
i356, 1950, où il est impossible qu*on ait prononcé 
espeja. Le scribe connaît ly, mais n'en fait usage qu'à 
la fin des mots, ay 92, 1 19, guidaray, metray 24, 
amdoy 29, rey 42, 60, ou avant une consonne : 
may:{0 16, laysier 92, poyra 1 02. Les faits étant tels, 
je n'oserais décider entre le son./ et le son g dans man- 
gat[ 446, mangar 664, 900, 1940, cf. manjar 1939, 
dans vengar 1937, etc., non plus qu'entre le son / et 
le son ; dans aia 673, aiam 338, 339, ^i^t^ 628, 975, 
et aga 881, agati6i2^ 762, dans baiar (basiare) 
638, baia 326, baiati 594 et baga 1 191 '. 

Je ne retiendrai qu'un petit nombre des faits relatifs 
à la flexion. Je ne saurais dire s'ils doivent être attri- 

1. J*ai signalé dans les Derniers troubadours de la Provence 
(p. 2 1) envega pour enveja; voy. dans le même ouvrage, p. 6a, v. 36, 
ga pour Ja, 

2. Le son J se présente dans ce mot dans les Hautes-Âlpes et géné- 
ralement en Oauphiné, mais je doute qu'il ait été répandu (si toute- 
fois il existait) au moyen âge; voy. sur gleja ou gleia qui présente 
le même cas, Diez, Gram. des langues romanes, trad., I, 222, note. 






- - -^-.■■«^■^^J.^ ■ ^. 't.fc- -rr^ 



IV. — LANGUE DU COPISTE IxHj 

bués plutôt au copi&te qu^à Tauteur^ De ces faits, le 
pf emi»r est Teoiploi des prétérits en ec qui dans Béton 
sont usités concurremment avec la forme en et, et 
même un peu plus souvent : apelec 2149, atendec 
1967, comensec 384, dec 2098, demandée i833, donec 
275, i652^ entendec i2^^escoisendec 554, estec 1246, 
saludec 40 % trobec 61. A l'origine, et à s'en tenir 
strictement à Tétymologie, la forme en ec est limitée à 
un très petit nombre de verbes où le latin offre une 
terminaison en e vi qui devient e vui en latin vulgaire : 
c revit ==^ crée; mais cette forme ne tarda pas à se 
substituer à et en divers pays. Déterminer, pour le 
moyen âge seul, sans descendre jusqu'aux patois, 
Tusage de Tune et de l'autre forme selon les temps et 
les lieux, exigerait toute une dissertation. Je me bor- 
nerai à dire d'une façon générale que la forme en ec 
ne paraît avoir été usuelle au xui® et au xiv* siècle 
que dans T Albigeois, le Toulousain, le pays de Foix. 
Je citerai, entre autres textes, des actes passés à 
Montauban en 1208^, à Albien 1220^, YElucidari 
composé pour Gaston II de Foix ^, le Nouveau Testa- 
ment de Lyon, où ec est constant ; Guillaume de 
la Barre, les Leys d'amors «^, le récit de la prise de 



1 . J^ai imprimé par erreur saludet, 

2. D. Vaissète, nouv. éd., VIII, n» 143, aporteg, deissendec, 
paujçec, etc. 

3. Musée des arch, dép,, n9 64, p. 112, mandée, 

4. Voy. Bartsch, Denkmœlery p. 57 et suiv., portée, engloiçec^ 
semblée, etc. 

3. Voy. II, 296, 298» 3 80, comandec, mandée, parlée, manjec, en-* 
durée, enganec, comprec, dec. 



Ixiv INTRODUCTION 

Datniette, où les prétérits en ec et ceux en et sont 
entremêlés *. 

Signalons encore les premières personnes du pluriel 
du futur en am : pagaram j'jb^ trobaram 1295. 

Les troisièmes personnes du pluriel offrent, en cer- 
tains textes, des formes assez caractéristiques pour 
servir à déterminer le pays d'origine de ces textes *. 
Tel n'est pas le cas pour Béton. Ces formes sont en 
ou on, la finale étymologique an n'étant que rare- 
ment conservée, ainsi bau\an 729, au:{an iSSg. Ce 
qui est à noter, c'est Tabsence de ces finales en en qui 
appartiennent à Pouest et au sud des pays de langue 
d'oc (Pyrénées, Béarn, Gascogne, Périgord, Li- 
mousin). 

Si maintenant, entre tous les faits ci-dessus relevés, 
nous reprenons ceux qu'il est possible de rattacher à 
une région déterminée, nous obtiendrons les résultats 
suivants ; 

1° L'emploi de b pour v indique la partie occiden- 
tale de la langue d'oc, selon les limites sommairement 
indiquées p. Iv. Je tiens que cette notation, si inu- 

1. Je cite par lignes, d'après Fédition que j'ai publiée en 1877 dans 
la Bibliothèque de V Ecole des Chartes : acordec 326, apropihec 556, 
comandec bS^, contée i83, gitec 160, 168, portée 232, respondec^^ 
tornec t3i, venguec 58 ; •— ajornet 592, anet 9, cudet 264, donet 276, 
duret 327, encontret 263, 557, escapet 262, enviet 56i, 590, forsenet 
602, laysset 14,54, 602, levet 274, ponhet 182; rendet 65 5, trobet 
633. Il est curieux qu'aucun verbe ne figure sur les deux listes. 

2. Voyez nion mémoire sur les troisièmes personnes du pluriel en 
provençal, Romania, IX, 192-2 1 5. 






IV. — LANC^UE DU COPISTE IXV 

sitée au moyen âge en dehors de la Gascogne, du 
Béarn, de la Bigorre, appartient au copiste de notre 
ms. et non à un copiste antérieur. Peu de copistes, 
en dehors de ces pays, ont été assez peu soucieux des 
traditions orthograjdiiques pour s'être permis rem- 
ploi purement phonétique du b. 
. %"* L'absence de troisièmes personnes du pluriel en 
en (p. Ixiv), l'absence encore de bien d'autres faits de 
<livers genres, exclut la possibilité de rattacher notre 
copiste à la région pyrénéenne, à la Gascogne, àu 
Périgord, au Limousin. A la vérité, la chute fré- 
quente du i dans le groupe ti est un fait constaté en 
Limousin (p. lix), mais cela ne veut pas dire qui! ne 
puisse pas être rencontré ailleurs ^ 

La région indiquée dans la première de ces deux 
observations se trouve extrêmement réduite par la 
seconde observation : elle se limite à peu près aux 
départements du Lot, de Tarn-«t-Garonne, de la 
Haute- Garonne (partie septentrionale), de TAude, du 
Tarn, de l'Hérault (partie occidentale). Si maihte- 
aant nous considérons comme appartenant à notre 
copiste tes prétérits en ec (p. Ixiij) et la modification 
de ai en ei ou ici (p. liv), la région que nous cher- 
chons à délimiter se réduira à peu près au nord de la 
Haute^Garonne et au Tarn. C^est à ce point qu'il est 
prudent de s'arrêter. 

I. Voir ci-après, p. ixxvii) 



IXVJ JNTROPUCTION 



CONCLUSION» 

On a vu par ce qui précède qu'il est souvent diffi- 
' cile, parfois impossible, de distinguer, dans la langue 
irrégulière et inconstante du nis., ce qui appartient à 
Tauteur et ce qui est propre au copiste. Dans ces 
conditions, j'ai cru prudent de m^abstenir de toute 
correaion portant sur la forme des mots : les seules 
que j^aie, soit introduites dans le texte, soit proposées 
en note, selon leur degré de probabilité, sont celles 
qu^exigeaient le sens ou la mesure. Elles ne laissent 
pas d^être nombreuses, tant est grande la négligence 
avec laquelle a été exécutée notre unique coçÀt de 
Béton. En quelques cas seulement, je me suis per- 
mis de modifier légèrement la graphie du ms. Ainsi, 
dans certaines tirades, j'ai indiqué, par des ( ) la 
suppression, par des [ ] l'addition du ;{, que le co- 
piste emploie, on Ta vu plus haut, d'une façon fort 
arbitraire. Ces corrections n^ont pas d^autre but que 
de faire mieux ressortir la régularité originelle des 
rimes. Du reste, dans tous les cas où la leçon du ms, 
n'est pas conservée dans le texte, elle est exactement 
indiquée dans une note. 

J^ai dû aussi songer à rendre cette édition utile à 
ceux même qui n'ont du provençal qu'une connais- 
sance superficielle et à qui manquent les livres né- 
cessaires à rinteliigence de cette langue. A défaut 



V. — CONCLUSION Ixvij 

d^une traduction, qui aurait occupé trop de place, 
l'ai donné du poème une analyse très développée. 
Le glossaire est assez complet pour dispenser le lec- 
teur de recourir au Lexique roman de Raynouard. 
Pour faciliter les recherches, les diverses formes des 
mots ont été enregistrées à leur ordre alphabétique 
arec renvoi àt'anicle principal. Le relevé des fonnes 
de la conjugaison a été fait avec un soin particulier; 
Rien n'a été négligé pour que le présent ouvrage, la 
première publication provençale de la Société des an- 
ciens textes, donnât satisfaction à ceux qui savent et 
à mux qui apprennent. 



V 






i^a iif I 




APPENDICE 



DESCRIPTION DU MS. DIDOT 



Le manuscrit d'après lequel est publié Béton est un li- 
vre en papier in-4®, dont les feuillets ont .2o5 millimètres 
de hauteur sur 140 de largeur ; les feuillets 14 à 17 (Ixxxx 
à Ixxxxiij de Tancienne pagination) sont seuls en parche- 
min. Dans son état actuel, il se compose de 1 12 feuillets, 
mais il est mutilé au commencement et à la fin, et a 
quelques lacunes à Pintérieur. On a vu dans les pages 
précédentes que Béton, le dernier des ouvrages contenus 
dans le ms., était incomplet, et qu'il n'était guère possible 
d'évaluer l'étendue de ce qui manque de ce côté. Mais, 
pour le commencement, nous savons, par une ancienne 
pagination à l'encre rouge, que le livre a perdu ses 
soixante-douze premiers feuillets. Cette pagination, qui 
paraît contemporaine du ms., ou de bien peu postérieure, 
commence, en effet, au fol. Ixxiij et se poursuit jusqu'au 
fol. cliiij. Manquent en outre les S. Ixxxiiij à Ixxxvij, xcviij, 
xcix, cxij étcxiij. La pagination a sauté un feuillet, entre 
les ff. Ixxxxiij et Ixxxxiiij. Le dernier feuillet numéroté 
est Pavant-dernier de la Passion. Celle-ci finit au recto 
du fol. 76 du ms., tel qu^il se présente actuellement, et 



hx 0BSCRIPTJQN DU 4AS. OlOOT 

âû verso cQcnm^n^ B^tm. Im <âhters sont M eettipdsl* , 
tion très variée. Il y en a qui se composent d^un seul 
feuillet double, d'autres de deux, de quatre, de six, et les 
deux derniers en ont huit; le cahier par lequel le ms. se 
termine dans son état actuel a perdu son dernier feuillet 
simple. 

Le ms. est de mains diverses qui toutes paraissent ap- 
partenir au milieu idu xiv* siècle. Am bas du feuillet 5 de 
la pagination actuelle (ancien Ixxvij) se lit la date i345. 
Comme un nouveau cahier commence au fol. Ixxix, il est 
assuré que lorsque cette date a été mise, le ms. se compo- 
sait, à tout le moins, de soixante-dix-huit feuillets. Il 
n'est pas facile de distinguer les mains qui ont concouru 
à l'exécution du livre, car parfois l'écriture change, de- 
vient plus grosse, plus négligée, sans qu'on puisse assurer 
que la main ait changé en même temps. Voici, désignées 
par des lettres grecques, les mains que je crois pouvoir 
distinguer. 

(X. Les articles I et II, fî. Ixxiij à Ixxvitj, moins les der- 
nières lignes de Part. II. Les deux pièces que je range 
sous le n*' II, écrites dans le sens opposé au reste, c'est-à- 
dire le ms. étant placé sens dessus dessous, ont dû être 
ajoutées après coup sur deux pages laissées blanches, et, 
par suite, on pourrait supposer qu'une nouvelle main est 
intervenue ; cependant il me semble bien que récriture 
est la même que celle du n^ I, à part toutefois les derniè- 
res lignes, comme on va le voir. 

p. La fin de l'article II, y compris la note où se nomme 
le possesseur du livre : « Iste liber est Arnadi (sic) Glibi 
(Guilaberti ?) de Togete et de las Portas et de Anxe (voir 
plus loin, p. xc). » La même main a écrit les articles III 
et V jusqu'au fol. ,Ixxxiij inclusivement et très probable- 
ment l'article IV, malgré une petite différence dans l'as- 
pect qui, sans doute, doit être attribuée à ce que récriture 
de^et article est plus serrée. 



DttSGftiPTJON DU MS. MDOT Ixxj 

Y. Le rêcm du fol. Ixtxvii} (art. VI) aTMt lequel il 
manque quatre feuillets . 

i, La fin de la pièce VI (verso du fol. Ixxxviîj et fol. 
îxxiîx). 

e. La partie de la pièce VII, qui est écrite sur parchemin. 

(. La fin delà pièce VII (recto du fol. non compris dans 
Tancienne pagination, actuellement i8). 

1). Le n? VIII (le mystère) jusqu'au fol. cxx inclusive- 
ment, et du fol. cxxvij jusqu'au bas du fol. cxxxiij recto. 
L'écriture ressemble à celle désignée ci-dessus par i; 
c'est peut-être la même. 

0. Le recto du fol. cxxi; les ff. cxlv verso et suivants 
jusqu'à la fin du mystère semble identique à ^. 

t. Les fif. cxxi, depuis les deux derniers vers du recto 
de ce feuillet, jusqu'à cxxvj. Très vraisemblablement la 
même main que (. 

X. Du fol. cxxxiij verso au milieu du fol. cxxxvj recto, 
moins le haut du fol. cxxxiiij verso; le bas du fol.cxxxvi) 
recto et le verso. 

X. Les cinq premiers vers du fol. cxxxiiij verso, le bas 
du fol. cxxxvj recto, le verso de ce même feuillet et le 
recto presque entier du suivant, les ff. cxxxvîij à cxlv 
recto, 6* vers. Le j? et le c sont, dans cette écriture, très 
caractéristiques. 

(A. Daurel etBeton^ qui est tout d'une main, sauf les 
vers 314-29 qui commencent un cahier. 

En somme, le ms. serait de douze mains différentes 
(sans compter celle qui a écrit les vers 314 à 329 de Be* 
tonj^ ou de 10 seulement, en admettant l'identification 
proposée de i et d'v} et celle de C et de 0. Il est, à prenrière 
vue, assez peu vraisemblable que tant de personnes aient 
collaboré à ce ms., et je ne serais pas surpris si telle et 
telle écriture, qui m'ont paru différentes^ de^vaieçt. en 



\x\i\ DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

réalité, être attribuées à une seule main. Ce qui pourtant 
diminue Tinvraisemblance de la supposition, c^est que 
plusieurs de ces mains sont trop inhabiles pour être celles 
d'écrivains de profession. Le ms. semble être Tœuvre de 
copistes amateurs. 

' En supposant le ms. formé par des accroissements suc- 
cessifs, ce qui parait très probable, aucune de ses parties 
ne peut être de beaucoup postérieure à la date de 1845 
signalée plus haut. Nous avons vu que cette date y a été 
inscrite par un certain Arnaut Guilabert (le surnom est 
douteux) J^ Togete, qui en a lui-même écrit plusieurs 
pages; il s'agit probablement de Touget, dans l'arrondis- 
sement de Lombez, et les formes de la langue s^accordent 
bien avec cette provenance. Mais le livre ne doit pas être 
resté longtemps dans le pays oti il avait été exécuté. Au 
haut du fol. cxxiiij, on lit une note ainsi conçue : L'an 
miel cater cccc (sic) e caranta e dos, lopermier gont ^ 
d*abriel, queforo Pascas, cumengeron .xxvj. preconas 
a S. Peire d'Aryfat, Arifat est une commune du Tarn, 
arrondissement de Castres, canton de Montredon. Je con- 
jecture que notre ms. a dû y être porté peu d^années après 
1 345 , époque oti Arnaut de Touget en possédait au 
moins les soixante-dix-huit premiers feuillets. Je suis porté 
à croire qu^à ce moment le ms. s'arrêtait au mystère de 
la Passion, que c'est à Arifat ou dans la région environ- 
nante qu'on y aura ajouté Béton, Ce poème, en effet, 
n'offre pas du tout les caractères du gascon qui sont si 
sensibles dans le reste du ms. Me fondant uniquement sur 
la graphie du copiste de jB^^on, j'ai tenté d^établir, ci-des- 
sus p. Ixv, que ce copiste devait être de la région qui cor- 
respond à peu près au nord de la Haute-Garonne et au 
Tarn. La présence constatée de notre ms. à Arifat, en 
1443, vient à l'appui de mon opinion. 

Le ms. fut porté à Paris, il y a quelques années, par 

I . La lecture n'est pas très sûre^ mais pour le sens c'est Jorn. 



} DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX IxxU) 

M. Tabbé Rouquette, prêtre du diocèse de Rodez. Il fut 
montré à M. L. Gautier, qui décida M. Ambroise-Firmin 
Didot a en faire l'acquisition '. Il eût été intéressant de 
savoir oii et comment M. l'abbé Rouquette en était de- 
venu possesseur. Gnisulté à ce sujets cet ecclésiastique 
s'est refusé à fournir aucun éclaircissement. 



I 



DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX 



Ce débat est incomplet du commencement ; il est tou- 
tefois aisé, par ce qui reste, de s'en former une idée suffi- 
sante. La Vierge reproche à la croix sa cruauté envers le 
Sauveur. Celle-ci se défend et fait valoir d'ingénieux ar- 
guments. Elle a agi comme doit faire un loyal serviteur 
à regard de son seigneur. Jésus voulait mourir pour ra- 
cheter le genre humain : elle s*est conformée à sa volonté; 
elle a servi d'instrument à la rédemption ; elle n*avait ni 
le droit ni le pouvoir de résister à la volonté divine. En- 
fin, elle explique allégoriquement les souffrances de Jé- 
sus, cherchant à montrer que chacune d'elles était néces- 
saire, et de la sorte le débat devient un petit traité 
théologique de la passion. 

L'auteur se désigne au v. 217 comme étant « un pauvre 
fils de saint François. » Il adresse son débat, sa tenso, à sa 
sœur. Diaprés le v. 214 il s*agit d'une sœur selon la chair, 
non d'une sœur en religion. Dès lors il semble, de prime 
abord, assez naturel d'identifier ce franciscain avec Matfre 
Ermengaut de Béziers qui, lui aussi, était frère mineur 



I . M. L. Gantier a signaléy pour la première ibis, le ms., insittaiit principa- 
lement sur le myatère de la Passion, dans le Monde du 14 avril 1876. 



11 



Ixxiv DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

et qui, par une coïncidence notable, a adressé une de ses 
pièces c à sa chère sœur ' ». Mais je ne reconnais dans 
notre débat ni le style ni la versification du poète biter* 
rois. Ainsif dans le débat, la finale en ta ou te des 
imparfaits et des conditionnels ne fait qu'une syllabe ', 
ce qui est tout à fait contraire à Tusage de Matfre. JV 
joute que Matfre a eu l'occasion de traiter de la significa- 
tion allégorique des souffrances de la passion, et qu'il l'a 
fait en adoptant des explications très différentes de celles 
que nous trouvons dans notre débat '. 

Un autre franciscain nous a laissé une litanie proven- 
çale disposée en strophes ^ : il ne peut, pas plus que 
Matfre, être identifié avec l'auteur du débat. 

Il n'y a guère à douter que le débat de Marie et de la 
croix ait été un sujet plus d'une fois traité au moyen âge, 
soit en latin, soit en langue vulgaire. Il est mémepossible 
que notre poésie soit l'imitation de quelque pièce latine. 
Quoiqu'il en soit, j'avoue qile mes recherches à l'effet de 
trouver des compositions analogues à celle dont le texte 
suit ont été peu fructueuses. Les regrets de la Vierge au 
pied de la croix abondent, mais l'idée d'un dialogue dans 
lequel la croix se défend des accusations portées cont;|e 
elle est certainement beaucoup plus rare. J'ai toutefois 
trouvé dans le ms. latin 673, de la Bibliothèque natio- 
nale, au verso du dernier feuillet, une pièce rhythmique 
qui n'est pas sans analogie pour le fonds avec notre dé- 
bat. L'écriture lui assigne une date qui ne peut être plus 
récente que le commencement du xm« siècle, et c'est 
aussi l'époque oti elle a dû être composée. Elle est ano- 
nyme dans le ms. qui nous Ta conservée, mais un témoi- 
gnage du chroniqueur SalimbeAe, que j^ai cité autre- 



I. Bartsch, Denktnasler der propen^aliscken Uteratur, p. Si.-* 9. Vert a, 

4,21, 28, 37,49, 7^» ^<^* ^'» ^2» 83, etc. Le vers 7, peut-âtre corrompu, 

fournit an exemple contraire.— 3. Voy. Breviari d'amor, vv. 23739-23984. — 

. 4» PuMiét dans la Rtyue de èi^r^eUie tt de ■ Pr»»«aee, en iS74« par M. Lieu» 

taud : voy. Rtmatùa, IV, 5iO. 



I. — DÉPAT Oe UL VIERGE ET 0» LA eXOlX IXXV 

fois I, nous apprend qu'elle eftt au chancelier de l'^life 
de Paris, Philippe de Grève, mort en 1236. L'intérêt que 
cette poésie tire du nom de son auteur, et le rapport 
qu'elle offre avec le sujet de notre débat, m'engagent à la 
publier : 

Lamentatio béate Marie ad crucem *. 

Crux, de te volo conqueri : 
Quid est quod in te reperi 
, Fructum non tlbi debitum ? 
Fructus quem virgo peperi 
Non débet Ade veteri ' 
Fructum gustanti vetitum; 
Intact! fructus uteri 
Tuus non débet fieri, 
9 Culpe non habens meritum. 

Cur pendet qui non meruit ? 
Quid quod te non abhorruit 
Cum sis reis patibulum ? 
Cur soivit que^ non rapuitf 
Cur ei qui non nocuit 
Es pénale piaculum ^ 
Ei qui vitam tribuit, 
Mortique nichil debuit 
i8 Mortis propinas poculum? 

Te reorum flagitiis. 
Te culparum suppliciis 
Ordinavit justicia : 
Cur ergo justum impiis. 
Cur virtutem cum viciis 
Sociavit nequicia t 
Redditur pena premiis, 
Offensa beneficHs, 
«7 Honori contumelia. * 

I. Archives des Missions, s* série, III, 256, (tiré à part de mes Rapports 
an ministre, p. lo): Romania, 1 196. Salimbene cite le premier vers de cha- 
cane des deux parties de la pièce : Crux de îe vola conqueri et Virgo tibi 
respondeo. «^ 2. Je coupe en trois vers ce qui, dans le ms., ne lorme qu'une 
• ligné. ^ 3. Ce vers ne paraît pas donner un sens clair; peut-€trc faat*il eorri* 
ger fioxen m'/? — 4. Corr. fiii? 



IXXVJ DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

Reis in te pendentibus, 
Homicidis, latronibus, 
Inflicta est maledictio ; 
justo pleno virtutibus, 
Ornato carismatibus, 
Debetur benedictio ; 
Ergo quid ad te pertinet^ 
Cur vita mortem sustinetif 
36 Habitua fit privatio. 



Responsio Crucis ad beatam Virginem. 

Virgo, tibi respondeo, 
Tibi cui totum debeo 
Meonim decus palxnitum: 
De tuo flore fulgeo. 
De tuo fructu gaudeo, 
Redditura depositum. 
Dulce pondus sustineo, 
Dulcem fructum possideo 
43 Mundo, non tibi^ genitum. 

Christus mortem non meruit; 
Quid, si mori disposuit 
Ut morte mortem tolleret? 
Ligno lignum opposuit 
Et sol vit quod non rapuit 
Ut debitores liberet. 
In Adam vita corruit 
Quam secundus restituit, 
34 Ut vita mortem superet. 

Ulmus 1 uvam non pe périt : 
Quid tamen viti dépérit 
Quod ulmus uvam sustinet? 
Fructum tuum non genui, 
Sed oblatum non respui 
Ut culpam pena terminet. 
 te mortalem habui, 
Inmortalem restitui 
63 Ut mors in vitam germinet. 



I. Ea marge eit écrit cotHpétratio. 



I. — DÉBAT DB LA VIEROE ET DE LA CROIX Ixrvij 

Tu WtU, UTtfilius; 

Quid uve competentius 
Quam torcular quo premitur? 
Cur pressura fit purius 
Nisi quia jocundius 
Vinum sincerum bibitur? 
* Quid uva passa (/. pressa) dulciut? 
Quid Christo passo gratius 
72 In cujus morte vivitur ? 

Multi se justes simulant : 
Filium a te postulant 
Et ad me non respiciunt ; 
Sed postquam michi creditus 
Et apud me depositus, 
Extra me non inveniunt : 
Querant in meo stipite, 
Sug(g)ant de meo palmite 
81 Fructum tuum quem siciunt. 

Respondeas ypocritis : 
Filium meum queritis 
Quem cruci dudum credidi : 
Jam non pendet ad ubera; 
Pendet in cruce, vuinera 
Corporis monstrat lividi. 
Eum in cruce querite, 
Guttas cruentas bibite, 
98 Emulatores perfidi I 



L'auteur de notre tenso paraît avoir observé assez bien 
les règles de la déclinaison. La rime exige, conformément 
à ces règles, aiat\^ostati 25 -6^ paciosescusatios 59-60, 
lat^'na/rat:{ iSy-S^ mort\'tort![ 143-4, eu^Ju^^eu 145-6. 
Par contre, le cas régime seyor est employé en rime au 
lieu du cas sujet, au v. 43, et la grammaire exigerait, à 
rencontre de la rime, coronati(;pau$at aux vers 159-60, 
le ms. portant, conformément à Pusage vulgaire, coronat 
(singulier) et pausat\ (pluriel). — Les finales es et es sont 
correctement distinguées : voy. pour es 11 3-4, pour es 
19-20, 61-2, 69-70, 175-6, 179-80, 211-2,. 2i3-4. Il est 



IXXVij OBSCltlPTlON DU MS. DIDOT 

difficile d^expliquer la rime moêtresaS'agoses 93*4, c^est- 
à-dire, le second mot étaht dépouillé de sa forme béar- 
naise, mostrèssaS' aguéssas ^ 

Dans la graphie du copiste on peut noter les faits sui- 
vants qui, pour la plupart, peuvent être constatés dans 
les textes du Sud-Ouest : 

a posttonique, non-seulement précédé d*f mais en tout 
cas, s^affaiblit en e : ère 12, hore vencude 36, enquàre 5 r, 
semble 61, descauside 66, etc. ; volie 2, deurie 4, fiîhe 
12, plagie 14, etc. Cf. Romania, V, 368. 

e antétonique devient a dans aligir 53, tastimoni 187; 
cf. ci-dessus p. liij. 

u formant diphthongue avec e ou t est remplacé par^ 
dans liejrrar 39, bieys (lat. v i v u s) 143, viy ( v i v u m) 
45, peys 52 {poMT peus onper los). Il pourrait y avoir 
là un fait de prononciation et non pas seulement de' 
graphie, car ailleurs y est employé avec sa valeur or- 
dinaire. Nous avons vu l'inverse, c^ est-à-dire u pour/, 
après un a voyelle, dans Béton, ci-dessus p. liv. Cepen- 
dant ausi est probablement pour aysi au v. 39. 

g est employé pour ; dans gors 48 ; simple fait de 
graphie; cf. ci-dessus p. Ixij. Il est employé pour^ dans 
segor 92, 184. 

Le j|[ du groupe t^ tombe fréquemment, comme dans 
Béton: aiat 25^ve:{€t 33, etc. Aussi, ai-je pu avancer 
ci-desçus, p. lix, que cet accident se produisait ailleurs 
encore qu^en Limousin. 

]Jn mouillée se réduit à la mouillure dans seyor 5, 
19, etc. complayet 204. Cette réduction est habituelle 
dans les textes de la région Pyrénéenne. On Fa attri- 
buée à la négligence des copistes qui auraient oublié 
d'écrire au-dessus de Vy un signe abréviatif *. J'aime 
mieux croire que si Vn a été omise si souvent en ce cas. 



I . P.-6. faut il admettre mostrcssés^aguessés^ et ramener ensuite par de 
légères corrections les vers à leur mesure. — 3. Romania, II f, 419». 

iv, 497. 



I.— DÉBAT ÙM un VIERGE ET DE LA CROIX ItXtX 

c^est qu^on ne la prononçait pas. «<-• Ui mmiké se réduit 
aussi à f dans meys j. 

Afo^re est réduit à mqy i a ; cf. Romania^ III, 437^ n^ 14* 

Il y a quelques exemples d^^ Çnal non étymologique : 
bent 69, unt 118. sort (soror)2i5^0na déjà recueilli 
en des textes d'origine très diverse, bien des cas du même 
genre * Seut^ 174, pour 5£i^^ montre \tt s ajoutant 2^ une 
voyelle qui existe déjà en latin, ce qui est exceptionnel. 
Il serait difficile d^admettre Tintermédiaire $eu\ d'oti 
seut\. En ce cat, comme au v. 64, sayt pour say, il n'y 
a peut-être qu'une simple erreur du copiste. 

Les erreurs foisonnaient sous la plume du copiste de 
notre tenso. Les corrections que j'ai proposées en note, 
bien que nombreuses, ne suffisent pas à porter remède à 
tous les passages corrompus. 

Voici maintenant le texte : 

E alem tôt enviro (?) /. l:çxiij ( i ) 

S'a mi (?) gran rey volie venir 

A son sirvent per morir, 

Semlant que gardar deurie fort 
5 Que so seyor no y presses mort, 

No pas en aysi laysar pendre; 

Al meys t*en dévias fugir 
8 Ans quel layses(es) en te ausir. 

Si can del cel donat mi fo 

Mi coceutz em sap trop bo, 

E (nés) no fos trop gran merevelha; 
12 E ieu que ère may e ôlhe 

Volgui esser d'el que es payre. 

Pus quel plazie, filha et mayre, 

De pat put yeu le resebu gent, 
16 Etu, [l'as?] mort vilanement, 

Per que for deryt que any vengues 

I. Cf. bent, segont, etc., dans la pièce de Fabredtlzès^ copiée par la m£iiie 
mai% ci-après p. Ixxxvijj vy. is, 14, 16. — 2. Voy. Rowumia VII, 1071:8; 
VIII, 110-4. 

I En JunaUm ? — 3 A [an] s. ? — 4 Corr, semlain. — 5 Manque un vers. 
— 16 Corr. lea coceubi ? — i3 Cela n'a aufun uns, corr. E pois ieu le re» 
ceabi? •» 17-8 any ou aur ? Corr. Per que fo dreyt qu'a my ▼• U Et a te. 



IXXX DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

E de te, «et folha, non ge«. 
Can me dizes que seyor es 
20 E Creator de tôt cant es, 

Per 80 dévies gardar plus fort 
Que sobre ti no presses mort . 

Respon la crotiç a Marie : 

Dona, salvant la vostre honor, 
24 Nous deu pas creyse la dolor. v* 

Non dit jes que fayt aiat 

Per que de vos si sie ostat, 

Ans dit que vol de vos partir 
28 Per aquo que volie complir, 

E si layset sobre me pend(e]re 

Pels pecatz de las gens re(c)embre; 

£1 fo sobre mi fayt salvayre 
32 E am vos estet cum am sa mayre ; 

Donc, si vos vezet tort a mi, 

leu non o fi jes atressi. 

Un temps li plat estar am vos, 
66 Tro que la hore vencude fos 

E[n] que dévie torment sofrir 

Pel poble de pecat'garir. 

Puys c*ausi[s] voli lieyrar a mor[t], 
40 Si am mi s'en vent nob fe pas tort. 

Dizetz que de mort lo sirvent 

Deu gardar son seyor legalment : 

Die ieu que si volt lo seyor 
44 Pels sers sufrir mort e dolor, 

Si puys lo podem viy trobar 

Asatz o podem- su fertar. 

Donc, dona, puys que sîert era 
48 Que après .iij. gors resucitere. 

Ieu contraster non (o) dévie jes 

A tan gran be que vol fezes. 

Ans enquare plus fort bos die : /. Ixxiiij (2) 

19-30 La répétition (Tes à la rime se retrouve encore aux vers 311-3 — 
fii. Il y a Novs, jp.-^. Nobs; ç^. y. 40. ^ 35 Il/audraU die, ici et v. 27, 
mais il y a plutôt t que c. — 39 e/ 32 p,-e, laysec, estec. — 3i-8 Interver^ 
tir ces deux vers en supprimant E au y. 33 et en corrigeant El en E au 
y. 3 1 ? — 35 plat, pour plac. — 3; Cest dévie quHl faut, mais on lirait plutôt 
deme. — 39, 43, 53, etc., il y a sûrement volt, comme au v. 40 vent. — 40 
nob, sie, pour noua, ^est gascon. — 5o uol dant le ms., corr, nol. 



I — DÉBAT DE LA VIERGB ET DE LA CROIX IXXX) 

52 Per nos cum peyt autres moric; 

Si vos Tol aligir per mayre 

En me volt eser èàjt salvayre ; 

Vos no fezetz pont de tort a mi. 
56 Ne gen nouo fi ges atressi. 

Amdoas fezem (so) que deviam far, 

Per que noihs cal plus contrastar. 



Respont Maria a la crot^ : 

Crotz, can mi sove las pacios 
60 Deu meu iilh car, escusat ies 

No mi semble que valha res, 

Ans meus amie que frevols es. 

Ben t*en cres en que per garir 
64 La gent volt say(t) del cel venir; 

Mas per que près el aytal mort, 

Tan descauside ni tant fort, 

Ni per que volt estar tôt nut, 
68 Aysi nafiirat ni ofFendut^ 

Ben(t) pogore aver autre (mort) prese 

Plus sacrete e plus cortese ; 

Dont sembla que, segon dreyture, 
72 Non(t) dent esser sa mort tan dure. 

Jes tan pel sieu resucitar 

lyayso not podes [ejscusar. 

Gant en te ben podie morir 
76 Ses tan de pêne sostenir. 

Regara, sinn'as ben gran tort p* 

Car puys quels Juzeus Tagon mort 

Li leyset lo costat traucar, 
80 E si non o podies vedar 

Al mens dévias mostrar savais 

Que dolh n'avies can pendre malhs. 

Si no dévies la redempsio 
84 Vedar, al miens la pacio, 

53 DOS, corr, vos. — 55 fezetz, corr. fetz. — 56 gen ou gen, corr. Ne ieu 
nous? <— 58 nolhs, corr, nons. — 60 Sic, corr. escusatios. — 62 Corr. m'es 
avis? — 63 cres en pour cresem, ou crei eu ? — 72 dent, corr. deu ; mieux 
vaudrait devi', mais le vers aurait une syllabe de trop, — j3 tan, corr. 
tu. — 77 Corr. Rcgara[t]? — 79 II faut entendre leysest. — 82 Corr, pendet 
tnal? mais la rime avec savais sera imparfaite \ p.-ê, prendet pour près. 
•^ 84 miens, corr. meins. 



DESCRIPTION DU MS. DIDOT 



E de la mort de ton seyor 
Degras aver calque dolor. 
La lune vent en escurtat, 

88 El solhel layset «a dartat, 
Lo velh del temple si feadet> 
A redon(t) 1^ terra tremolec; 
Tropas causas fero dolor 

92 Can veront morir lo Segor : 

An[c] ieu no vi que tu mostresas 
Que de la mort dolor agoses ; 
Dont te pust encare reptar 

96 Car no ôst so que dévies far. 



Respont la crot\ a Marie : 

Done, per so que vos dizet 

Vey la dolor qu'el cor avet; 

Respondray vos, si m'escotat, 
zoo Ayso que are mi demandatz. 

Aysi dure mort volt el pendre 

Per so que done[s] a entendre /. Ixxv (3) 

Que sobregran amor abie 
104 Aycels que am son saac rezemie, 

E mostret que qui mays farie 

Per luy major merit n'aurie. 

Am gran umilitat crubet 
108 Hom(e) que per orgulh si perdet. 

Per so volt [el] tan paubrement 

Tôt nut estar sus el turment 

Per demostrar que gran joy n*a • 

112 Can hom per luy paubres si fa. 

(E) el si layset la(y)s mas els pes 

Nafrar per so que demostres 

En las mas obre de perfecion, 
1 16 Els pes santé affection. 

Los pes volt aver ajustatz, 
(E) am un(t) davel amdos trencatz, 
Per mostrar que sol un camis 
'120 Es per que hom va a paradis, 
Car lie fes ère la vie 

90 Corr. tremblée? — gS Ms. mostres as. — 94 la, corr, sa? — $5 pait, 
corr^ pusc. — 100 Corr, A so, comme p, 104 A cels. — ti5 En las^ corr. 
Els. — 121 ère en interligne : je ne vois pas la restitution. 



^%^ 



i 



T.— DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX ixXXUi 

Per quel mon salvar ti dévie, 

E per dar a (tôt) hom occaMîo 
124 Q.ueeol en luy mete sa afeccio. 

Be sabetz que p&c abrasar 

Soi hom fort s*amor(t) demostrar : 

Dont per l'entendement delà bras 
128 Es entendude caritat, s^ 

Car el tôt lo mon abrasava, 

Per gran caritat qu'el moatrava. 

Contrai cor si lejraet nafirtf 
i32 Per sabe et gran amor mostrar. 

Car pel cor enten hom amor 

Quel foc sofrir tan gran dolor. 

E sil cor es en la fenestre 
1 36 Sa vertut par mays en la teste : 

Per ayso volt el destre latz 

Especialment eser nafirat, 

So fon can als layros trenqueron 
140 Lay cuyses e [can] luy nafi&eron. 

Car doptava Juzeus malvat. 

Si ère de quest secgle passât, 

E en ayci e bieys e mortz 
144 Volt sostenir autans et cortz : 

Reptade non dey esser (coronat 

Lay on son tutz li sanctz pausatz 

E fust volt que fos reubut 

Hom que eu) 

Mays li desconoysent Juzeu. 

Lo cap, can sa morit, bayset, 
148 £ per so dit eu quens mostret 

Cum si volhc esser umilment 

Entro la fin obedient ; f, îxxvj (4} 

Mas vas nos, done, Tenclinet 
1 52 Per que antendre nos det 

Car pressa can de nos aviait 
Que en can hom eret morie. 



124 Corr. Qu'en luy sol. — 127 Ce vers qui termine le r», est répété au 
y».— 132 Corr. Per sobregran — i34 foc corr. fes? —142 Corr. Si fo?— 144 
Corr. afans e tortz ? — 146 tns. lis anctz. — 147 8a pour se. — 145-8 Le 
copiste a introduit ici, après esser, trois vers qui se retrouvent plus loin, 
à leur vraie place^ vv. 159-62. // s'en est aperçu et n'a pas achevé le dernier 
des vers interpolés. De plus ces vers sont marqués en marge d'une croix. 
Le p, 145 se terminait vraisemblablement par en^ rimant avec Juzeu. -^ 
i52 Corr, a entendre. — i53 Corr. pessa tan de n. avie. 



IXXXiv DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

El frent espinet durement 
i56 Coronat, do d*aur ni d'argen, 

Per mostrar que diverses malt 

Cove soatenir e trebalhs, 

Qui Yol(t) SU9 esser coronat 
i6o Lay on so tutz li sancz pausatz. 

E [1] fu8t volt que fos reubut» 

Hom que en fust ère pendut 

Sa mort deu(e) esaer manifeste » 
164 Car sobregran ère la feste 

En que tôt lo mon fo salvat 

E del pyeger infern gitat. 

Tôt cant era a si tiret 
168 Can aut de terra si levet; 

No gardet adont [a] drçyture, 

Mas a misericordie pura. 

Los sen glorios resucitar 
172 Eligit per nos cosolar, 

Hon mays volt sufrir de dolor 

Mays mostret a sos seuU d'amor. 

Si leyses cazer a tenbres, 
176 Adont semblere que volges 1^ 

Contrastar a sa voluntat. 

Car aysi o avie ordenat 

De mi era qulfe] costenges 
180 Tro que de tôt complit âges 

Lo sacrifici a Dieu le payre 

[E] el fo[s] fayt nostre salvayre. 

Mantes res monstreron dolor 
184 Car viron morir lor segor, 

Mostrerun que el ère lor Dieus 

Que adonc moria, e sim û heu, 

Li portée tastimoni d'ayso 
188 Car sus mi venques lo demoni. 

La mort adz hom moren tstec, 

Resucitan vida donec. 

D*autres rasos i a molhtas, 
192 Mas no las poyria diyre totas 

Per que volt en aysi morir 

Vostre filhs ni tant mal sofrir. 

Be sabet cal fo la razos 

i55 Corr. El fo [d'], — ï 60 Ms. Us ancz. — i6i reubut, eorr. estendnt ? — 
171 Lo seu— 174. Corr. los seus?— 175 Corr. leyset. — 178 Corr, Qu'iysi? 
— 1 87 Corr. porte! ou portan ? Corr. d'ayso tastimoni. 



1. — DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX IXXXV 

196 Per que près mort e pacios. 

leu 80 per tôt lo mon nomnade, 

Per amor de me vos ondrade ; 

Amdoes em per luy aforades, 
aoo Tener nos devem per pagades, 

Mas can, done, vos mays valet, 

Juste luy coronade etz ; /. Ixxvij (5) 

Per gran dolor qu^el cor avîetz 
204 De mi fort(i)ment vos complayet, 

Mas quan vos sove la dolor 

De vostre filh, gardatz la honor 

Que per luy [alvetz recebude 
208 El cel que près de Ihui etz asegude. 

Dont no vulh eu plus contrastar 

Am vos, done, ne a deu far. 

Car sabetz que ver[ijtat es 
212 So que per mi dat vos es. 

Un paubre filh de sans Franses, 

Que vostre frayre carnal es, 

Sor(t), vos trames (aqu)e8te tenso 
216 Per tal que vos dones ocassio 

Que en voste coracge tengat 

Cum volt portar nostres pecatz 

Lo filh de Dieu sobre la cr[o]tz 
220 Hon ab sa carn nos cro[m]pet tos. 

Per que vos pregi, sors e frays, 

Que ayso portetz el tal bays. 

Qui aquest romans ligira, 
224 Sil platz, Jhesu Christ pregara 

Que aquest que fe este tehso 

Meta lasus on li sans so. Àmen. 

Finito libro ait laus et [gloria] Christo AmenU 
Ânno Domini mcccxlv. Ardas. 



198 II faut souS'ûntendre etz, oup.'e, substituer ce mot à vos. — 2o3 
Corr. Pel... acsetz. — 208 Ms. de Ihivetz; il faudrait supprimer que et 
etz. — 210 a deu far, corr. atensar? — 213 dat, corr. donat. — 214 Je lis 
comme s'il y avait nostre, mais le ms. porte bien plutôt nostre. '—216 que 
voftjNMir queus. — 221*2 ci>rr. fràyre-calvayre? 



IXXXVJ DESCRIPTION DU MS. DIDOT 



II 



DEUX CHANSONS DE FABRE D^UZÈS 
ET DE FOLQUET DE ROMANS 



Viennent ensuite deux pièces de troubadours qui ont 
été écrites le ms. étant tourné à Penvers. I^a première 
occupe le recto presque entier du fol. Ixxviij, la seconde 
occupe le bas de ce même recto et s'achève au verso du 
fol. Ixxvij. 

La première de ces deux pièces est précédée de ces 
mots : « Lo faure d*Uzeste. » Elle a en ^et pour auteur 
Pons Fabre d'Uzès, troubadour de la première moitié 
du XIII* siècle, de qui on possède en tout deux pièces. 
Celle que nous avons ici se rencontre dans un grand 
nombre de mss., à savoir : 

Paris, Bibl. nat. fr, 856, f. 38 1 

— — 13472, f. 7 

— — 12474, f. Î6 

— - l52II, f. 80 

— — 22543, pièce 439 
Modène, Bibl. d'Esté, pièce 297 
Florence, Laurent* XLI-42, f. 38 

— - XLI-43, f. i35 
Rome, Bibl. Chigi L, iv, 106, pièce i32 

Elle a été publiée d'après le ms. Laur. XLI-43 dans 
ÏArchivfUr dos Studium der neueren Sprachen XXXV, 
457 et d'après le ms. Chigi par M. Stengel dans l'édition 
qu'il a faite de ce chansonnier '. En outre, elle est publiée 

I. Die provenialische Blumcttlese der Chigiana, Marburg, 1877,10-4. 



U. — DEUX CHANSONS IxXXVlj 

d'après les mss. 22543^ 12474, ^^^ ^^ i52i i par Roche- 
gude, Parnasse occitanieriy p. 366, et des fragments en 
ont été cités par Raynouard, Choix, IV, 472 ; V, 359. 

La leçon de notre ms. se distingue de celles quW- 
frent les autres mss. (ceux du moins que je connais) 
par quelques particularités : voir la note du v. 35. Elle 
est toutefois si corrompue qu'elle ne peut guère servir à 
la constitution du texte. Je la transcris littéralement, 
sauf que je m'attache au sens plus qu^à la graphie pour 
la distinction des u et des n; ainsi, vers 2, où j^écris no, il 
y a en réalité uo, et au vers 3 en, alors que je lis eu selon 
le sens. Les corrections proposées soit en note, soit dans 
le texte avec des [ ] pour marquer les additions et des ( ) 
pour marquer les suppressions n'ont pas d'autre but que 
d'indiquer à peu près la leçon que le copiste a dû avoir 
sous les yeux. 

Lo faure d'U^este 

Lox es que hom se deu alegrar, 

[E] sitôt DO suy amayre 

Si bulh eu eser chantaire 
4 E a lox mos saber mostrar. 

Que ey say que gran ni pauc aver 

No val saver qui savie, 

Pero aprende pot tôt die 
8 E creyser al plus savis lo poder. 

Casqus devem entendere en plazer 

Si gardam de vilania 

£ que fasam cascut die 
12 De ben(t) segon(t) [qu*es] son poder. 

Car sll vol desmesurar 

Son(t) pretz ne pot durar gayre, 

C2ar mesura ensenhe a fayre 
16 So per que bon(t) [pretz] pot durar. 

5 cy pour eu; cf, ci-dessusp. Ixxviij. — 6 Corr, qui Vint. •— 7-8 Corr. 
d'à. cascun die il Creys.. voler. — 9 devem, cerr. dèa. — 10 C<nr» gardan. 
— II Corr. fassa cascun. — 12 son, d^abord souent, dont les trois demies 
res lettres sont rayées, — i3 Corr. C. pos ques v. 



IxXXVii} DESCRIPTION DU MS. DIDOt 

Qui gran cor a de largey8[r] 

Saber deu dont ho pot trayre; 

No die que hom se deyha estrayre 
20 De ben, ny no tan a far. 

Car gran efors es lo conquerer, 

Maslo gardar es maestrie, 

E qui pert pert (sic) per sa folie 
24 No sab quey ant mal trayt es [querer] . 

Qjaer ses mezure, sen ni saber 
' No bal. nr gran maestria, 

Per ho lox es que farie 
28 Dant trop gardar e retinir, 

Lox que hom deu hotra pasar, 

Lox de parlar 

.3 2 Lox de sey, lox de folie. 

Qui son bon prctz bol tenijr [car], 

Guardes no sia f[o]ls ni guabayre, 

Ni bulha dir ni retrayre 
36 Tôt cant sab ni fay a selar, 

Car fols es qui qui ditz tôt son ber, 

E fols qui en fols se fiza, 

(E) fols qui es fols e nos castia^ 
40 (Quan) e fols qui sec tôt 6on(t) boler. 

De mezure nays fin prêt e boler e cortezia, ho qui ab 
mezura lauza Dieu e fay son plazer. 

La seconde pièce se trouve, sous le nom de Foiquet 
de Romans, dans les mss. : 

Paris, Bibl. nat. 856, f. 229 
— — 1749» P* ï3o 

21 Suppr. Car ; pour efors, corr. afans.— 22 Suppr, lo ou corr. la garda. — 
24 Quey ant, corr. quejm ou quai. — 25 Quer est une corruption de querer 
qui doit finir le vers précédent. — 28 Corr. sarie. — 3o Le copiste a omis lox 
de taire | Lox de donar (ou de servir). — 32 Corr. L. de sen 1. de foiejar. — 
34. Supp. Guardes. — 35 Cette leçon semble particulière à notre ms. Il y a 
dans les textes que je puis consulter ("mss. de Paris, Laur. XLI'4^ et 
ChigiJ : Quar fols es qui vols retraire. — 39 Corr. qui falh. — 41 // semble 
que dans cette ligne de prose il y ait le reste d'une tornada dont les rimes 
auraient été volera cortezia, plazer. Les autres manuscrits n*ont pas de tor- 
nada. 



II. — DEUX CHANSONS Ixxxix 

Paris, Bibl. nat. 12472, f. 5 

— — 22543, pièce 435 

Florence, Laurent. XLI-42, f. 28 

— — XC inf. 26, f. 14 

— Bibl. naz. 776, pièce 18 

Milan, Ambres. R. 71 sup., f. 116 
Oxford, Bodleienne, Douce 269, pièce 164 
Copenhague, Bibl. roy. XLVIII, fol. 107 

De plus le premier couplet s'en trouve (sans nom d'au- 
teur) sur l'un des feuillets de garde du ms. fr. 795 de la 
Bibliothèque nationale. Elle a été publiée d'après le ms. 
22543 dans les Gedichte der Troubadours de Mahn, 
09 1073, d'après celui de Milan dans ïArchiv de Herrig, 
XXXV, 104, d'après celui de Copenhague par M. Sten- 
gel, dans la Zeitschrift fur romanische Philologie, I, 
394. Antérieurement elle avait paru dans le 1. 1 du Lexi- 
que roman, p. 488. La pièce en son entier a six couplets 
et un envoi ; ici trois seulement, qui sont le premier, le 
troisième et le quatrième. 

Quant ben me suy apesat, 

Totz Taus es nient mas Dieus, 

Com lajrse teres e fieus 
4 E las autres eritatz. 

Ricor de! segle malvat 

Non es mas trespacament, 

Per que hom deu eser * temen */. IxxviJ 1^ 

E leyal ses tôt enguan, 
9 Car cascus em biandans. 

E tu, caytieu, que faras, 

Que (no) conoyses mais e bes, 

Si don(t)cas no ti sobes 
i3 Dont es bengut ni bon bas, 

Ni en ta bite ben no hst 

Tu mitis t'es escarnit 

Car, si s*en part Tesperit 

Carguat de pecat mortale, 
18 Ta mort es perpétuais. 

3 Pour l'ai». — 9 cm, corr. e&. — i5 mitis ou ^iois, corr. meteis. 



XC DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

(A)doat guarde corn hobraras 

Mentre bite te soste. 

Qu'en breu d'ore s'endebe 
22 [Que om mor] en un trespas; 

Per que non deu hom eser las 

De ben fiir, car ades es auzit, 

Qu'em breu d*ora es fenit 

Lo yoy de quet segle fais, 
27 A tos es mort cuminals. 

Je ne sais à qui appartient le couplet fort incorrec- 
tement copié à la suite de la pièce précédente. Il exprime 
une idée que Folquet de Romans a rendue en d^autres 
termes dans sa pièce Quant cug cantary couplet iv (Parn. 
Occit.f p. 122). 

Rayson fore, si fos costume. 
Que al malvat ûlh hom la tere tolges, 
Et al valent qui n'a valor conquece 
4 Que hom la(c) dones, baque a ren no tanges; 

E greu per dret juraria 

Que hom dones aquelqui vâldrie 
Alquel rie loc lauses hom decaser. 

Iste liber est Arnadi Glibi ^ de Togete ^ et de las Portas 

et de Anxe '. 



m 



LES SEPT JOIES DE NOTRE-DAME 

Les cinq joies, les sept joies, les quinze joies de la 
Vierge ont été au moyen âge le sujet d'un nombre incal- 

23 Corr. Perqu'om non dea e. — 24 Coîrr. caa n'es aizit. 

2 La fiiit depuis tolges, et y compris la souscription Iste liber... est d'une 
écriture autre que ce qui précède.-^ 4. Corr. a cui ren?— 5-7 Corr. jut jaria | 
Qui dones a cui vcldria | Qu'aqufel ? lauses ou lanses pour laises; cf., pour le 
passage d*9i à au, ci-dessus, p. liv. 

I Glibi avec 1 barrée ; l'écrivain a-t'il voulu mettre Guilaberti?— 2. Proba^ 
blement Touget^ Gers, arr. Lambei, cant, Cologne. — 3. 0» Anye, ou Auxe. 



«-•«^^MMMM 



m. — LES SEPT JOIES DE NOTRE-DAME 



xq 



culable de poésies >. En provençal on connaît déjà trois 
compositions sur les sept joies : i® les vers de Gui Fol- 
coi, celui qui fut pape sous le nom de Clément IV (i265- 
8), dont on possède deux copies (Bibl. nat. fr. 22543 et 
1 745) ; 2® un petit poëme également conservé dans deux 
mss. (Bibl. nat. fr. 1745 et 25415), 3* une pièce en cou- 
plets, citée par les Leys d'AtnorSy I, 264. Le préambule des 
deux premières de ces poésies a déjà été publié 2, mais le 
reste est inédit. Je vais transcrire ici d*après ces deux 
textes la partie concernant la première joie, que Ton 
pourra comparer avec l'endroit correspondant de la ré- 
daction contenue dans le ms. Didot. 



2254S /;>i, czvri col. i c 

IValso messatje fo fizels 

A te l'archangei Gabriels» 

Can venc a te en Nazareth 

E dossament te saludet« 4 

E dis que filh de Dieu séria 

Cel que de ton cors naisseria. 

E tu, non per tal que doptesses. 

Ni del fag te desesperesses, 8 

Mas sol per saber la maneira . 

E si sérias verges entiaira 

Demandiest cos poiria far, 

E volguist nos endoctrinar^ ^ 12 

Ço es neteza, cara res, 

Pus a te, dona, cor non près. 

De recebre tan gran prezentz 

Trot dis l'angel deslieuramen 1 6 

Que filli aurias ses peccat 

E ses perdre vergenetat 

Per obra de Sant Esperît. 

Variantes du ms. yV. 1745, Jbl. 
cxxv é c. — I fo m. f.*- 3 a te venc. — 
7 per 80 que non. — 10 E est omis 
dans J74S» " 14 Mas. 



1745 fol, cxxvy a, 

Lo premier gaugz H venc del cel 

Per la boca san Gabriel 

Que portet lo san mandamen 

De Dieu lo payre omnipoten : 4 

c Cell que defen los cieus de pena 

c Sia ab tu, de gracia plena* 

« Messatge soy de Dieu lo payre 

« Que vol que tu sias sa mayre, 8 

k E per aysso tramet say me. 

c Sant Espéritz venra en te ; 

« Tu cocebras, verges Maria, 

« Ses tota camal companhia; is 

« Efan auras de Dieu lo payre, 

« E ceras dicha filha e mayre. » 

So lin respon sancta Maria : 

« Segon la tua paraula sia. ■ 16 



I Variantes du ms, fr, 35415 
fol, 33. — I H manque. — 2 De. — 
5 Aqnel.... losieu. ^ 6 ab nos. — 
8 E V. que vos siatz. >- 9 Electa 
sobre totas res. — 1 1 E c— 13 Efan- 
taras Dieus tom payre. 



I . Notons qu'en Catalogne le mot goig, qui désignait d'abord une poésie 
en l'honneur des joies de la Vierge^ a fini par s'appliquer à toute espèce de 
poésie religieuse. Des spécimens de ces goigs ont été publiés dans la Revue 
des langues romanes, VII, 229-35/ 

3. Pour la première par M. Bartsch. Chrestomathie provençale, 4* ^it. 
coh 391 ; pour la seconde dans le Bulletin de la Société, 1875, p. 70. 



XClj DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

E cant aco a^st aiuit, 20 Per agaest gang de la ptosela 

Acordicst te al cossentir, Nos gar Dieu» de mal quens capdeUa I 

Per que Dieus i denhet venir 

E feu de to ventre maizo, 

E dis vers Dieus e vers homs fo, 24 

En loc estreg se vole pauzar, 

Cel que clau cel e terr' e mar. 

Âiso fo, donal gaug premier 

Quet d[on]et tos filhs drecburier. 28 

Le texte qui suit est de beaucoup le plus altéré entre 
tous ceux, généralement si incorrects, que contient notre 
ms. Il est douteux que le copiste ait su qu^il copiait des 
vers, tant sont nombreuses les interpolations qui faussent 
la mesure. Mais, d'autre part, on ne peut guère le rendre 
seul responsable de Pétat du texte, si on considère que 
la même main a écrit une partie de la pièce V et proba- 
blement la pièce IV, où du moins les interpolations qui 
défigurent le texte des sept joies ne se rencontrent pas. 
Peut-être cette dernière pièce a-t-elle été recueillie 
diaprés une tradition orale fort altérée. Les caractères du 
gascon sont ici très marqués. Citons ago (habuit) 2, 
agos (habuistis) 6, 11, etc., agos (habuisset) 
19, aurient 25, le pronom ac 20, 44, 45, etc. 

In principio erat Verbum et Verbum, /. Ixxviij V 

I Voleds audir los .vij. gays principaus 
Que n'ago el filh de Diu la mayre sperital ? 
Non es home tant pecador mortal 

Que sels pot dir cascun jorn per son las 
5 Que a la fin ben poyra estre saub. 

II Lo prumier gay, donc, que vos agos, 

So fo de Tangel que (que) Jhesus vos trameto. 
Ben vos ac dis e ben vos ac promes 

2oc.aysso.— 2(delc.— 24Cardi8.— 17 aquei g. verges— 18 Vos nos 

26 cel terra e m. — 27 Aquest doua gardatz de mal ens c. 
fol g. — 28 Corrigé d'après 1745. 

4Pèr son las, corr, per jornai. — 6-8 Corr.les rimes en agoist, traraist, 
promis. 



ni. — LSS SEPT JOIES DE NOTRE-DAME XCUJ 

Qu'en vos vindra lo ber Dius Jhetu Crist» 
10 Lo pay el filh e l[ol Sant [Ë]8perit. 

III Lo segunt gaug (done que vos agos so) fo (de) la nativitat» 
Can consebos iDius) am gran virginitat. 

Virgina fos can de lui vos cargat, 

Virgina fos can nou mes Tagos portât, 
ib Virgina fos can Jhesu Crist fo nad, 

(Car aysi fo nad) que hanc non pengos vostre virginitad, 

Ans ne fos salve e digne (done) sens pecat; 

Que hanc de nulha done no pot estre pensât 

Que de son par (agos) enfant sen[c]s pecat 
20 Agos, ac vos, Dius ne sia laudat! 

Ja ieson los angels dels sels, dun Dius da gran clartat, 

E dizon quascuns. de cada part : a Es nat 

« Lo rey on tôt lo mon sera saub[at]. » 

IV Lo. iij. gay (done que vos agos so) fo de la stelle luzent/. Ixxviij 
25 Qui guida los très reys qui anaven en Aurient. (7) 

Cascuns dels reys ofri[ro]n tais presens : 
Aur [e] ensens e mira e sèment; 
Jhesus los prin per tal (re)conexement 
Car el es lo beray Dius omnipotent. 

V Lo .iiij. gaug es de la resurecxio, 

3i Qua[r] Jhesu Crist s'estave al peyro ; 

Aqui s'estave ab tôt sos compahos. 

Ben sabem los angels els apostos cans son : 

Carante jorns los mes de lor mecion, 
35 Car Jhesu Crist los forini lor mecion. 

VI Lo .V. gay ben lo sabem comdar : 
La sus ensen lo birem puyar; 

Tu[t] rador[er]en de grat e d*amor [car], 
(Car Jhesu Crist au cru bat per senhor 
40 Tut Tadoren d'amor e de grat) 

Car Jhesu Crist an per senho[r] cnibat. 

9 Ms. qen en nos. — 12 Dius, ou dins, les u sont faits comme des n. — 
14 nou, ms. nan. — 16 Corr. Que anc non près, ou non perdetz. ^21 R est 
possible qu'ici deux vers aient été fondus en un; itson paraît être pour eison ; 
gran, ms. gron. — 22 E dizon corr. Dizen? ms. nat es. — 23 tôt, ms. ton. -^ 
25 Corr, Q. gnidals r. ? ^ 28 prin, corr. près ou prist. ~ 32 s'estave^ ms. so 
stave. — 33 Corr. Ih'angel. — 35 Corr. formi? La fin de ce vers est évi- 
demmeut fautive. -^ 38 Je néglige un signe d'abréviation sur grat. — 39-40 
Les deux lignes que f enferme entre [ ) sont une répétition inintelligente 



XCIV X>ESCRIPTION OU MS. DIOOT 

VII Lo .vj. gay es gra[ii] e no petiti 

C2aii a regina bfen]ts en paradis, 

Anmes e cos tôt ac prenet en grat, 
45 Tôt ac metet eus gays de paradis. 

VIIILo. vi). gay es de gran dolsor. 

Car bos, ma done (salve e digne done), plene de doso[r] 
47 Sober totas (donas) devet aver balor. 

A! vergine S. Mari^ pel[s] .vij. gays que vos agos pregat al Pay 
e al Fiih e al sanct Ësperit quens ame (aj tot[z] e (a) totes au gay de 
paradis. Amen. 



IV 



DÉBUT d'une nouvelle INCONNUE 



Cette nouvelle, qui devait avoir un caractère très pro- 
fane, prend assez singulièrement place entre les poésies 
pieuses que nous avons déjà examinées, et celles qu'il nous 
reste à faire connaître. Il est vrai que le début seul en a 
été copié : la continuité de la pagination exclut Thypo* 
thèse d'une lacune^ et d'ailleurs l'écriture tout à fait né* 
gligée des derniers vers de ce morceau semble indiquer 
que le scribe n'avait pas l'intention de pousser bien loin 
sa copie. Ce qui subsiste pourrait être rendu ainsi. 

Je vais vous dire une aventure nouvelle que j*ai oui conter il 
y a peu. Tout le changement que j*y fend est que je vous la dirai en 
vers. En un château ^ situé non loin de nous vivait un chevalier riche 
et preux, homme considéré et de grand lignage, jeune et de bonne 
mine. U avait une femme à son goût, courtoise dame et agréable. 



du copiste. Il n*est même pas sur que le v, 41^ qui rime mal, ne soit pas 
de trop aussi. —44 Corr, en g. prenis. 

I. Château, au sens où ou employait ce mot dans le Midi, celai de ville 
entourée de miirs. 



IV. •— DÉBUT d'une nouvelle INCONNUE XCV 

bonne, belle, considérée, si bien qu'elle était contente de lui et lui 
content d'elle. Du temps qu'elle était damoiselle, il y avait en ce 
château un écuyer gai et vif qui l'avait longtemps aimée.... t com- 
ment il la pourrait avoir. Quand il vit que la dame «'était mariée, 
vous pouvez croire qu'il en fut affligé. Toutefois, il pensa qu'il 
ferait tant qu'il aurait, si faire se pouvait, un entretien secret avec 
la dame et lui découvrirait son coeur. Un jour, il advint que le che- 
valier qui avait cette dame pour épouse s'absenta du château pour 
alSaires, ce qui fit grand plaisir à Técuyer. Celui-ei î se rendit au 
plus vite auprès de la dame, et lorsqu'il fut en sa présence, il lui 
parla ainsi : « Dame sage, loyale, véridique, francbei bonne et bien 
a née, si je ne sais m'exprimer avec autant de propriété et d'à- 
a dresse qu'il le faudrait, ne me repoussez pas cependant : c'est le 
« grand amour que je vous porte qui me dicte mes paroles. Dame, 
« il y a longtemps que je vous aime dans le secret de mon cœur, 
«sans oser vous dévoiler mon amour, de crainte d'être repoussé... 9 



On devine où tend ce discours. Nous devons supposer 
charitablement que la dame répondit de manière à mon- 
trer qu'en faisant l'éloge de sa sagesse et de sa loyauté, 
l'amoureux écuyer ne lui avait pas adressé un vain com- 
pliment. Soyons prudents, toutefois, et interdisons-nous 
toute conjecture sur la suite du récit. Quoiqu'il en soit, 
il est certain que nous avons là le seul fragment subsistant 
d^une nouvelle qui viendra maintenant prendre place 
dans la littérature provençale à côté des trop rares spéci- 
mens du même genre que nous ont laissés Raimon Vidal, 
Arnaut de Carcassonne et l'auteur inconnu de Flamenca*. 

Citons, comme un caractère du gascon, le redouble- 
ment de Vo d3ins proos 6. 

 vos que et aysi dirai 
Unas paucas novas que ay 
Auzidas dire, non a gayre ; 
' 4 Mas riman lo vos vulh retraire. 
En .j. castel c'a près de nos 
Hac .j. cavalier rie e proos, 
Ondrat hom e de gran linatge 

I . Lacune dans le ms. ~ a. Voy. la préface de Flamenca^ p. xvii^ix. 



XCVJ DBSCRrPTION DU M8. DIDOT 

8 E joves e de bel estatge; 

Ez ac molher a son talent, 

Corteza dona et avinent, 

Bona e bêla e ondrada, 
12 E tais que si tenc per pagada 

De son marit, e el ben d'ela. 

Aven qu*el temps qu'(U) era donzela 

Avia en aquel castel 
i6 .1. escudier gay et isnel 

Que la avia lonc temps amada 



Cossi el aver la pogues; 
2o E can vie que en aysi Tes près 

Que la dona si maridec, 

Saber podetz quel n'enugec ; 

Pero pensée se que faria 
24 Tan c'ab la dona, si podia, 

Parlaria privadament, 

£1 mostraria son talent. i 

.1. jorn avencquel cavalier | 

28 C'avia la dona per molher 

Fo anatz foras del castel 

En SOS |a]fars, de que fo bel 

ATescuder... 

32 

aitant tost can poc, 

E cant 11 fo denant, le moc 

Sa rayso en [ay]tal maneira : 
36 « Pros domna, leials, vertadeira, 

a Franca, fina e de bon aire, 

« SMeu no vos say mos ditz retraire, 
40 tt Tant be ni tant adrechament 

a ... 

a [Corn] say que tanheria a dir, 

« No vulhatz que puscha falhir, 

a Quefl] sobre gran amor que ay 
44 « Mi fara dir so que diray. 

« Dona, lonc temps vos ay amada 



T4 Aven, ms. Aren.— 18 // manque ici au moins un vers."^ 28 Per, corr, a. 
•— 3i Dans le ms. a. l'escuder aitant tost can pot est écrit sur une ligne comme 
ne formant qu'un vers, mais il est évident qu'il y a là deux fragments entre 
lesquels on peut supposer une lacune. —34. A partir de la seconde syllabe du 
mo^ denant récriture devient très négligée. 



V. — LES QUmZB SWNÉS DE LA FfN DU MONDE XCVlj 

« Ins en mon cor if amor celada, 
tt Que may non auzi descubrir 
48 « Mon cor per paor de falhir. 
tt Can mi pensava la beutat 



LES QUINZE SIGNES DE LA FIN DU MONDE 



Cette pièce est fort incomplète. Les deux tiers environ 
du feuillet Izxx, qui en contenait la plus grande partie, 
ont été arrachés. Perte assez peu regrettable, du reste; car 
s'il est vrai qu'il n'existe pas, à ma connaissance du moins, 
d'autre copie de ce texte, il faut s'empresser d'ajouter qu'on 
en possède beaucoup de fort analogues. La description des 
signes précurseurs de la an du monde est un sujet qui a 
été bien souvent traité au moyen âge, et qui, en français 
notamment, a donné naissance à toute une série de com- 
positions. Sans entrer dans un exposé qui ici ne serait 
qu'un hors d'œuvre, je renvoie, pour l'étude du sujet pris 
dans son ensemble, aux dissertations de M}^^ C. Michae- 
lis ' e de M. G. NôUe '. Je me borne à rappeler qu'entre 
ces compositions, plusieurs se rattachent à la prédiction 
de la Sibylle, petit poème d'origine grecque, dont saint 
Augustin nous a transmis une traduction en hexamètres 
acrostiches qui a été, pendant tout le moyen âge, très ré- 
pandue ^ Les vers de saint Augustin sont l'original du 



I. Ârchivfûr dos Studium der neueren Sprachen hgg. von Herrig, XLVI, 
35-60. — 2. Beitrage ^ur Geschichte der Deutschen Sprache Ugg. von Paul 
nnd Braune, VI, 443-76. La dissertation de M. NoUe est un premier essai, 
encore bien incomplet, à l'effet de classer les divers textes en langue vulgaire 
par rapport à leurs sources respectives. — 3. Voir, sur ces vers, le Bulletin de 
la Société, 1879, p. 74. 

S 



ICTU) DBSOtlPTlON W US. OKIOT 

petit poème français en strophes que j'ai pablié, d*après 
un ms. de Florence, dans le Bulletin de la Société, année 
1879, pp. 79-83, et du poème catalan, paiement en stro- 
phes, dont M. Mila y Fontanals a fait connaître plusieurs 
versions, sous le titre : El canto de laSibila^ ;dan9la/{o* 
mania f IX, 3 5 3 et suiv • La rédaction que nous offire le ms. 
Didot a sans doute eu pour base les hexamètres de saint 
Augustin : le premier même de ces vers est inscrit en tête 
de la pièce, et la Sibylle [una punsela) est mentionnée, 
mais l'imitation est assez lointaine : le$ signes de la fin du 
monde sont numérotés, et la scène du jugement est es- 
quissée; ces deux traits manquent dans le latin; le second 
toutefois se rencontre dans presque toutes les versions. 

Le texte du ms. Didot, fort corrompu comme les autres 
pièces que renferme le même ms., n'a pas été composé 
originairement en pur provençal : les rimes soner-quer 
(xxu), pietet'gred (xxni), gred-aparelled (xxiv), indi- 
quent plutôt des pays de langue française. Sans doute 
on pourrait corriger pietat, grat, aparellat, et obtenir 
ainsi d'excellentes rimes provençales, mais si ces rimes 
s'étaient trouvées dans i'original, il est fort à croire que 
le copiste, assurément méridional, les aurait conservées. 
D'autre part il reste la rime soner-quer qui serait en 
provençal sonar^quer^ en français soner-quier, et, par 
conséquent, ne convient à aucune des deux langues. 
C'est précisément le cas qui a été étudié ci-dessus, 
pp. xxxviij à xlvij, à propos des rimes en ter de Béton, 
et la solution doit être la même. Ici encore se rencontrent 
plusieurs exemples du redoublement gascon de Vo : boos 
xxî, xxiii, moot xxnr, tenebroos xxv, et de Ye, mercee xxii. 

Judici{i] signum tellus sudore made[s]cet. fol. Ixxx (8) 

i Senhors, humilmens m*entendets 
D*una punsela cum parlet 
Del segond veniment de Crist, 
En la fin can vindra, e dis ; 



tfM^B»..^^»^MteMMiMM.«M«MHÉMItaaiitf««ii*i«^«tfHMi 



V. — LES QDI«E SiOMBI De LA FIN D6 MONDE XCtX 

II Abans del jor deL.|ttgitflieiit 

Can Jhe9U8 vindra Terament 

Si signes grants, 

Mot fers e mo 

III Le pnimer signe qciiè. ... < 

sus se leyara en 

sob knt mes jm 

can deisend • 

nuls 

Verso du même feuillet : 

... s gran forse del fertr. 

X ' Al .viij. [iorn] generalment 

Para tal terra mauement * 
Que tôt lo segle tremira 
De la ferece que veira. 

IX Et al .ix. seran eagals 

Las montât! hes els puis plus aats; 
Tote la terre engalmens 
S'aplanira ses fa)imen. 

XII Et al .X. esiran de 

^ s homes qui seran rescos de las 

, isiran cuma fols e no parla 

c isiran desus los os dens 

ssint (?) cascus sobre 

en vera 

XX La sancta regina del cel /. Ixxxi (g) 

Vindra ensems ab sein Mîquel ^. 
Los apostos, los martres (?), 
Totz las virgines els confesos. 



I. Ici je reproduis ligne pour ligne, sans m'occuper de la distinction des 
vers, ce qui reste des couplets III et IV au fol. Ixxx r'.— a. Le premier mot 
du vers était au bas du r* et manque par conséquent, — 3. C'est par pure 
conjecture que je donne le no X à ce couplet. — 4. Corr. movcment.— 5. A 
partir d'ici le texte est reproduit ligne pour ligne. ^ 6. Exactement semim- 
quel. 



DESCRJPTIC»! OU MS. DIDOT 

XXI Lay ea la bal da Jotaphat t 
Sera lo jugiament re 

Se retraira als boos et ais mais, 
Âls princips et al [s] criminaU. 

XXII Ja rey en » comte aut m gran, 
Dus ni princip ni amiran 
Non er ardit d'un mot soner, 

Mos cant : a Jhesus, mercee vos quer. » 

XXIII Una parola bos die < fort 

AU mais (per) plene de gieconort ^» . 
Als boos [sera] de gran pietet, 
Car moot los er semlant de gred. 

XXIV Aïs bos dira : « En paradys 

tt Anads, per tal car my servis; 
« Arceb[e]ts lo règne de gred 
« Qui bos esta apareilet. » 

XXV Als mais dira un mot felo : 
« Anads en l'enfern tenebroos, 
a En dolor, ea(t) ira e turmens, 
tt E grans penas aiads tos temps. » 

Amen. 



VI 



LE TRAITÉ DES NOMS DE LA MÈRE DE DIEU 



Les poésies religieuses que le moyen âge nous a lais- 
sées ne se recommandent pas, en général, par la valeur de 
la pensée. Elles ne sont ordinairement que la mise en 
oeuvre d'idées anciennes, conservées par la tradition ec- 



I. M^. msaphat. ^ 2. Corr. ni. — 3. Les deux dernières lettres sont in" 
distinctes. — 4. Corr. de dcsconort ? 



Vr. — TRAITÉ DES NOMS DE LA MÈRE DE DIEU CJ 

clésiastique, et rédigées en nouvelle forme par des gens 
qiie leur éducation avait reûdus incapables de toute con** 
ception originale. La pauvreté des idées est surtout hoïa<« 
ble dans les prières, soit en vers soit en prose, dont nous 
possédons, un très grand nombre. Uûn des procédés de 
développement qui ont été le plus employés a consisté à 
grouper tous les noms, toutes les qualifications, toutes les 
épitbètesy qui pouvaient avoir été appliqués à Dieu ou à 
la Vierge dans les livres sacrés ou chez les pères ^. Ainsi 
a été composée la prière des soixante-douze noms de 
Dieu « comme on les dit en hébreu et en latin )», à la* 
quelle il est fait allusion dans le roman de Flamenca, 
et dont le texte provençal nous a été conservé dans un 
m^. du comte d'Ashburnham, tandis que le texte fran* 
çais s'en trouve jusque dans un des petits livres de la bi« 
bliothèque du colportage *. De ce nombre encore est le 
poème (car c'est bien un poème, et ne comptant pas 
moins de 3ooo vers) des cent noms de Dieu, composé en 
1285 par Raimon LuU, avec l'intention de démontrer 
aux Sarrazins la supériorité du christianisme sur le ma« 
hométisme; car, dit-il dans la petite préface qui précède 
son œuvre, (c selon les Sarrazins il y a quatre-vingt-dix* 
« neuf noms de Dieu dans le Coran, et qui saurait le 
« centième saurait toutes choses. C'est pourquoi je fais ce 
• livre des cent nomsde Dieu, sans pourtant qu'il s^en suive 
« que je sache tout, ce qui prouve l'erreur des Sarra* 
€ zins 3. » Il y a sur le même sujet un poème latiii en 
vers rhythmiques, plus court, et beaucoup plus ancien, 
qu*a publié D. Pitra, Spicilegiùm Solesmense, III, 
449. Le même recueil contient (III, 451) une autre pièce 
rhythmique,. de nominibus beatœ Mariœ virginis, qui 
paraît être du XII<i siècle. Elle est sans rapport avec notre 
pièce provençale. 

I. On trouvera une liste à peu près complète de ces qualifications et de ces 
épithètes dans l'un des index de la Patrologîe latine de Migne, t. CCXIX, col. 
502-22. — 2. Voyez Flamenca, p. 316-7. — 3. Obras rimadas de Ramon 
Lull, pubïicadas par GerommoKosQWOf'Pà.lmai, iS5g\ p 201. 



ci] 0CteRfPri0N DU MS. DIDOT 

A part la pièce dont le teite suit, je ne connais pas de 
poésie française ou provençale ayant |>our objet de câé- 
brer les nombreuses qualifications qui ont été appliquées 
i la Vierge ; mais il ne manque pas de prières en r»% oh 
ces qualifications^ ingénieusement commentées, tiennent 
une place plus ou moins grande. De ce nombre est la 
« prière Théophilus *, ou, selon un autre ms./ « fniere 
Nostre Dame », que M. Scheter a publiée récemment «, et 
et oii on voit la Viei^ comparée successivement au soleil 
(couplet 8), i une tour fcoupl. 17), à la pleine lune 
(coupL 29), à un éléphant (coupl. 32), à une montagne 
(coupl. 33), etc. 

Le « traité des noms de la mère de Dieu m appartient 
donc à un genre connu, mais c'est une e^ce nouvelle 
qui n'est pas indigne d'être recueillie, d'autant que, en- 
visagée comme œuvre littéraire, cette pièce n'est pas dé» 
pourvue d^un certain mérite de style. Elle est en qi»-» 
trains monorimes, les vers ayant souvent une rime à 
rhémistiche 3. Il nous en reste 22 quatrains et une partie 
d'un 23^, la suite ayant disparu avec les feuillets Ixxxiiif 
à Ixxxvij du ms. Ce fragment est de deux mains, l'une et 
Tautre singulièrement inhabiles. Le premier copiste sur- 
tout (ff. Ixxxj v<^ à Ixxxij) était inexpérimenté au point de 
ne savoir pas couper les mots correctement ; ainsi il 
écrit toi au!for pour ta lausfpry v. 56, et no sent pour nos 
eniy V. 58. On remarquera, entre autres particularités 
phoniques propres à ce copiste, le passage d^$ \iLr dans 
arorar 4, rer[é\tn€t 17 (pour re^etnet), tneravilhora, 
amorora, poderora 34-6 (pour meravilho\a^ etc.). Si ces 
formes ne viennent pas d^une copie antérieure, elles con^ 
stituent là exemplâs les plus occidentaux qu^on ai du 
fait en question. 

Il y a clairement regardet au v. 20 ; de même au cûsxh 



I. ZeUtekiytf, romanùche Philologie, l, 347-57. 
a. Notons qu'en général U rime finale d'an conplet fournit la rime intérieura 
dttftaiTant; Toy.xW'-xX' Il y a interropttoo, p.*^ lacune, enân»svu4txriu. 



vu — TRàlTi DBS NOMS M LA MtaB DE DIEU Ciij 

plet VII nasfU0t^ttQ.i mut formée 2, 14 et x6. L^écrivain 
aurait pu s'autoriser des Leys d'amors qui admettent 
Tune et Tautre forme (1, 42). 

Lo tractai deïs noms de [la] mayre de Dieu, 

Âysso es lo tractât dels noms de la mayre de Dieu. 

I Âquel Senher que fetz cel e terra [e] mar 
£ formée tôt quaat es e fsy lo mon durar, 
E fo en la crotx mes per totz nos a salvar, 

4 Devem ab ferma f« creyre et arorar; 

II Quar el es ses dubtar un Dieu esperital, 
Uo saber, un poder, un seohor eterual. 

Que ab causas contrarias ha fag lo mon engal, 
H Contra lutz feu tenebras e be contra lo mal. 

III Dieus fetz gaug contra dol e sen contra folor, 
E fet dreg centra tort e fireg contra calor, 
E &eTol contra fort e gran contra menor, 

12 £ contra vida mort e blanc contra negror. 

IV Oieus fetz per engaltat redon lo fermamen, 
E quant formée Adam el lo fetz de nien. 

Et après, d'un[a] costa que H trayik en durmen, 
16 Fovmac Ëva sa femna, so trobon en ligen. 

V E pueyih per lo serpen foro amduy temptat, /. Ixxxij (10) 
Qiiar manjeron del frug que Dieus lor hac vedat; 

Per so foron a mort etemal condampnat, 
10 Mais Dieus i regardet merce e pietat. 

VI ' Quar en ayssi cum el hac fag mot purament 

Femna del cors de Thome, ses cutr* ajustameiit. 
En ayssi fets Dieus home nayssher verayamen 
24 Del cors de femna verges senes corrompement. 

VII So fo lo filhs de Dieu que verays hom nasquet 
' De !à verges Maria, que lo mon restaurét : 

Quar hom fetz lo peccat et hom lo rer[e]met 
18 En Talbre de la crotz on son sanc escampet«. 

O H$* iQOfsital.-*' 16 Hiemi imudraU trobam ou tn^'om. — 17 P«r««tf» pea 



CIV DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

VIII D'aqueU saacta verges de cuy em; tug MlfRt, 
E del poder d*ififerii partit e deliurat, 
Mayre del flih de Dieu, vos diray un tractât 

32 Deis sieus bénignes noms que de lieys ay trbbat. 

IX Dona mayre de Dieu sancta e gloriosa, 

Hom t*apela divina quar hyest meravilhora 

Totz bes vas tu s*aclina tu, verges amorora ; 

36 D'ornes hyest médecins e d*angels poderora. 

X Donzela gracioza, plena de gran bontat, v 
Humils e piatoza, defen nos de peçat, 

E val nos, glorioza, quar as la posestat : 
40 Fay tant que n'an joyoza, Tarma el tieu régnât. 

* 

XI Verges, tu hiest ctutat e forsa e castel. 

En la crestiandat Dieu sent mot fort e bel; 
L'ennemi nos combat e nos tray manh cayrel, 
44 Mas tu, verges, nos salvas cobrens ab to mantel. 

XII Ty hiest aret mot bel en la ley crestiana, 
Dieus escrius en ta pel e vole vestir ta lana; 
Sathan e Lucifer ferit son de ta bana, 

48 Quar tu portiest Tanhel quels peccatz del mon sana. 

XIII Mayre de Dieu sertana, ^orioza e pia, 
Siatz de mi propdana quar renem[i]c m'espia 

•vij. jorns de la sepmana, no s*en part nueg ni dia, 
52 E trop soven m*engana, tant sap de maîstria ! 

XIV Dona sancta Maria, vuihatz mi perdonar, 
Quar ayssi cum deuria non te puesc pro lauzar, 

E si tostemps vivie trol mons degues ânar /. Ixxxuj 
56 Lo mile non poyria de ta lauzor contar. 

XV Ve nos illumienar* quar tu hiest ciar* estela, 
Quar nos em en la mar quar lo rçm e la tek, 

3o partit, il ne reste plus que les trois premières lettres de ce mot, — 
36 medecina, leçon douteuse. Ce mot termine une ligne et il n'en reste plus 
que les quatre premières lettres. ^ Sj A partir de ce verso et dans tout le 
feuillet suivant les premiers mots de chaque couplet sont en rouge.^ 42 Dieu 
est en interligne; corr. loc?— 46 vestir^ ms. vest rerstir. — 58 nos em 
ms, no sem. — 58-9 Les seamds hémistiches de ces deux vers se répètent. La 
faute est sans doute au v. 58, où on pourrait proposer Q«an..... lo goyerns e 
la vêla. 



*« * k» «■ 



VI. — TRAtrt Des HOMS DE LA MÈRE DE DIEU CV 

E no Tezem anar^ qu« lo' rem ela teik 
60 Vol Tenemic trencar e tudar la candela. 

XVI Tu hiest aquel'etcala don monton Ihi fizel 
Laissus n'aut en la sala, de paradis le cel^ 
Mais nulhe cauze mala no y monte ni cruzel, 

64 Car tu los trencas i'ala, mayre de Manuel. 

■ s 

XVII Tu hiest porta de cel, porta de salvamen, 
Uberte al fizel, dauza al mescrezent; 
Profete Yeehiel o ditz tôt clarament, 

68 Tu hiest virginal porta clauza eternalment. 

XVIII Fontayna de dosor inizericordioza, 
Mayre del n^eu senhor e filha [e] espoza, 
Amorta tu s'ardor qui aytant engoysoza, 

72 Ab aygua de freior lum baya e m'aroza. 

XIX Tu hiest nivol pluyoza e f. engent, 

La calor engoysoza que Tenemic hufent; 

Tu, verges amoroza, hist nostre salvamen t, 1^ 

76 Ab aygua abondoza tum baya don soven. 

XX Tu hist comensamen de la nostra salut, 
E hist deliurament de la gran sitvitut ; 
Tu, alba resplandent, as lo mon espandut 

80 De nostre salvament, que tut eram perdut. 

XXI Un autre nom te say de gran humilitat, 
Per tu mesisa Tas car tu Tas enpauzat, 
Quan Dieus te trames Tangel ac te anunciat, 

84 Apele te sirvente (de Dieu) plena de gran bontat. 

XXII Tu hist be[r]gua Yese^ fozen fruc ses semen, 
De la qual(s)son batut demonis malame[n]t; 
Tu t'enclinas bassetz que preguan 

88 Ab horasio de boca, tan est hobedient ! 



39 Corr. Enonauzem? -« 63 nulhe, ms. nilhe. — 71 qai n'est pas d'une, 
lecture assurée ; corr. qu'es ? — 73 Je crois lire au second hénUêtiche « Irey... 
^«ng«ot.— 74JLe dernier mot est dauteux.-^jg Corr. lo nom ? — 87 Le mot 
remplacé par des points est écrit dregclament; les lettres cl sont barrées et 
remplacées en interligne par mt. Ni la leçon originale ni la iej^ corrigée 
n'ojrent un sens; p.'é.faut il supprimer le qae et lire pregaan degadament. 



CV} DBSCaiPTfOII Ml US. DIDOT 

XXIII Tu hieti pleiia de fÊtz [^ «n cel [^ en ten, 
Âjuda mi ttt plat, quar la quai ••.- gocfi^ 
E Famor(t} mi combat 

Manquent quatre feuUUU qui devaient contenir «ne quarantaine de qua- 
trains. AufoL IxxxviiJ r* le poème se continue. Mais les vers écrits sur cette 
page sont écrits de nouveau au y du m£me feuillet, par une autre main qui 
a écrit aussi ce qui se lit au/ol, Ixxxix. Les vers qu'on lit d^une part au r; 
diantre part au v dujbl. Ixxxviij, sont identiquement les mêmes; toute la 
différence consiste en ce que la leçon du r* est remplie des fautes les plus 
grossières. Ainsi on y lit, y. 353, amptra au lieu de compan, v. s54 dedecnt 
au lieu de dedlnt, y. 355 bol guy ...ntlha, au lieu de volgneit ..«mdha, et le 
dernier mot du couplet est omis. C'est parce qu'on tétait aperçu de ces in^ 
corrections qu'on a fait recommencer la page par un autre copiste* 

LXIV Verges, hom tî compara, mantas gens, a melgrana/. Ixxxviij 
Car dedins es bona e sana; i^ (ta) 

Tu non volguest amar nulha cauza mondana, 

256 Â tu fo tôt amar Dieus hon tôt ben guana. 

LXV Tu hiest femna humana de [la] nostra natura, 
Puncela he certana, verges neta he pura, 
A Dieu sa sus triat^ si com dit la scrittura, 
Puys (ya) que Dieu ac format Hadan ni sa figtira» 

261 No fo en veritat tant humil creatunu 

LXVI Tu hiest tera sertana hon Dieus venc semeaar, 

Presioza he plana que hom pot laborar. 

En tal terra plana deu hom son blat gitar 
a63 Que ret vianda sana que (hom) pot Tarma salvar. 

LXVII Dieus fec miracles graos quant ce bol encarnar 
El tieu sanch tabernacle per lo mon restaarar, 
Que per trauc ni per ancle non podiam escapar, 

269 Car el foc perdurable nos comben (se) a tombar. 

90 Le mot remplacé par des points se compose de sept jambages et d^un 
a <nûmat?) avec une barre sur les jambages du milieu. *- s54 Ms. de dines 
ea amar, ce dernier mot est rayé; faut-il corriger car [defors es axnara], 
dedins bona e sana? — 356 Corr. fmasj Diea.... grana? — 358 Le premier 
ha pourrait être avantageusement corrigé m be. -» 2bg Le premier hémisti^ 
cke ne se construit pas bien. La leçon est la miême au r*, sa^f que A. Dieu 
manque. R est clair que le copiste a réuni ici deux couplets en un, faisant 
un bourdon causé par la similitude des rimes finales de deux couplets éis^ 
tiuets. On voit que les rimes intérieures ne Raccordent pas, et que le couplet 
auMvers de trop* «-- tl>3 ptana, au r* plena. -^ 164. plana au r*, Id pla : il 
fnt. tnois eyttmàesj daiMMiia ? -- 166 Corr., pour ta rimede rhémèitteke, «a 
graa Biiracla? 



VI. — TRAITÉ DES NOMS Dft LA. llfcW DE DIEU CVif 

LXVill V«rgi$^ heu no Mf digne de toa filh iJ0ftr, 
Car l'eftperit maligne me fay soven pecar, 
Don ay pahor ses digne contra [lo] ton filh car, 

273 Sil tieu cors sant benicne no m[i] bol ajudar. 

LXIX Vulhat lo donc preguar, glorihoza, per me 

Quem vulha perdona[r] he que m*aya merce ; 
Nom layssas enfermar car nulha res mas te 

»77 No m[i] pot desviar quant ay fayt lo perque, /. Ixxxix (1 3) 

LXX Tu hiest lanterna, bêla, dara he pura, 

Hon [en] .j. loc s'es mes lo lum de gran dreytura 
Quen[8] bol enluminar ede nos aver cura, 

281 £ns vol gitar d'ifern la ténèbre escura. 

LXXI Tu hiest via segura, plana he dreytureyra 

Per hon pot hom anar ses falhir de careyre 
En la ciutat de Dieu, car hetz yoyoza enteyre. 

285 ' Mas copias son fenidas, esta es la dareyra. 

LXXII En tal maniefa ay mon tractât fenit 

Dels noms de ta mayre de Dieu ; a Dieu saran grazitz 
Al payre e al filh e al sant Esperit 

289 Quem tengua en sa guarda e quen don guaut complit. 

AMBN. 

Tôt hom que aquet dictai legira sia tengut de dire la horasion del 
Pater Noster Mj, vetaho[no]r de la sancta Trinitat. Item Mj, vet 
VAye Maria a konor ddi mj, guaut que la Ver gis Maria hoc del 
sieucarfllh, 

> A. 

Le verso du feuillet Ixxxix est occupé par une liste des 
noms ou qualifications de la Vierge. L'énumération n^est 
pas complète et n'est pas non plus en rapport avec le pe- 
tit poème qui précède. On n'y voit pas, par exemple, la 
Vierge comparée à un bélier et à une lanterne, comme 
dans le poème, vv. 45 et 278. Néanmoins, en transcri- 
vant cette liste, j'ai noté entre parenthèses quelque» i::ap** 
prochements avec le poème. Si ce dernier nous était par- 

27a P^. t'esdignç? on a atdrah « dédai» » {Lau rom. UI, 4$-) -^ ayS 
Manque une épÂtkète pç/ur compléter le nvra., — «79 Corr.. Lotoeoiqae 
•'t« q9«fr? -^ «83 &UMri m. £ilten ta. — 987 Il/amtp*^, reporter cMs aoms 
an vers précédent, soit en tête du vers, soit après tractât. 



CVllJ 



DE$CRiPT(ON DU MS. DIDOT 



venu dans sa totalité, les rapprochements seraietit plus 
nombreux. 



Hec sunt nomina glorios^a virginis Marie. 



iK> 



Div[in]a (34). 

Virgo. 

Flos. 

Nubes(73). 
5 Regina. 

Tehocon. 

Teotheca. 

Inperatrix. 

Paciûca (Sq^. 
10 Domina 

Ancilla (84). 

Theonia. 

Ortus. 

Fons(69). 
1 5 Putheus. 

Via (282). 

Seminata (79). 

Aurora. 

Lima. • 
20 Singularis. 

Asies. 

Portha (65). 

Tellus (262). 

Domus. 
25 Templum. 

Beata. 

Gloriosa. 

Aula. 

Rubus. 
3o Scola. 

Scala(6i). 

Stella (57) 

Mala granata (253). 



Uva. 
35 Vinea(85). 

Turris. 

Navis 

Redemptrix. 

Libéra trix. 
40 Archa. 

Thalamus. 

Cinamommum. 

Balsa(mp)mum. 

Generasio. 
45 Homo. 

Femina (257). 

Arnica. 

VaUis. 

Turtur. 
5o Colomba. 

Nuba. 

Bibet. 

Pulcra. 

P[h]arétra. . 
55 Spesiosa. 

Mater. 

Aima. 

Formosa. 

Benedicta. 
60 Filium. 

Mulier (257). 

J^nua (65). 

Civita(ta)8 (41). 

Tabernaculum (267). 

65 Manna. 
Maria. . 



b ôêOTÔxos. Je ne vois pas de d\g'ér£nce entre ce nom et le suivant. — 19 
sic, corr, luna? — 5i Corr. tuba? — 52 sic. — 60 Corr. Lilium. . 



VII. — LES iHEtIRES DB ttL CROIX aX 



VII 



LES HEURES DE LA CROIX 



Ce petit poème est d'une autre écriture que ceux qui 
précèdent; il est aussi notablement moins incorrect. L'é- 
crivain était, comme ses devanciers, du Sud-Ouest : le 
redoublement de T^dans bées 3i, le passage d7/ latin à r 
dans aperara (=: apelara] i33, aperi i36 ', le fréquent 
emploi de b pour v ne laissent aucun doute à cet égard. 
Je n'ai pas Tintention de faire une étude sur la graphie 
de ce copiste : je noterai toutefois une singularité, l'addi- 
tion d'un g dans mong (mon) 8i, tong (ton), io5, 
n2an^(main) 1 17, sobirang (souverain) u8, song (je suis) 
i5 1, meng* (mien)8o, 119. Notons encore la forme béar- 
naise fo (ego 146, 1 35, etc. 

La langue du poème offre aussi quelques particularités 
dignes d'attention. Les rimes diu-humiu (Deum-humi- 
lem) 30-40, constatent dans le second mot la vocalisation 
de r,/, ce qui est un des traits de la languedu Sud-Ouest ^ 
Certains verbes ont, à la seconde personne du prétérit 
singulier, une forme bien exceptionnelle : volgust (ordi- 
nairement vo/^MWif) 4, en rime avec/u^f; de même pro- 
metust et dissulslf i3i-2, et, dans le corps du vers, tra^ 
gust 212. Les rimes manifestent une complète ignorance 
de la déclinaison, argument d^ plus en faveur de l'attri- 
bution du poème au sud-ouest de la France. 

Les heures de la croix ont formé un office qui actuelle- 



1. Voy., sur ce phénomène linguistique, Romania, III, 436.— 2. On a me 
en béarnais, pour le possessif absolu masculin ; voy. à ce mot le glossaire des 
Réàts d'Histoire sainte en béarnais, p. p. MM« Lespy et Raymond.— 3. Cf. 
Leys d'amors. II, 208. 



iteiA 



ÇX DBSGfttPnON DU US. IMDOT 

ment se retrouve dans an assez grand nombre de manus- 
crits liturgiques. Bien que ceux de ces manuscrits qui me 
sont passés sous les yeux ne soient pas plus anciens que 
le XY* siècle, il n'est guère douteux que cet office remonte 
au xni* siècle. Les vers rhythmiques qui en forment la 
partie essentielle semblent de cette époque ^ Voici, d*a* 
près le ms. latin io535 (xv« siècle), les strophes de prime 
et de tierce :. 

4 

Hora prima ductus est Jésus ad Pilatum ; 
Faisîs testimonîis multum accusatum 
In coUo percutiunt, manibus ligatum, 
Vultum Dei conspuunt, lumen celi gratum. 

a Crucifige » clamitant hora terciarum; 
niusus induitur veste purpurarum, 
Caput e)us pungitur corona spinarum, 
Cnicem portât humeris ad iocum penarum. 

Cet office a été mis en vers français. J'en ai rencontré 
deux traductions en vers, l'une et l'autre du xv* siècle. 
L'une, contenue dans le ms. fr. 1869 de la Bibliothèque 
nationale, est accompagnée du texte latin. En voici la pre- 
mière strophe : 

A prime Jheaus a Pylate 

Mené fuist et moult accusé 

De faulz tesmoings qui a grant haste 

Ont contre ycelluy déposé; 

I. II y est fiiit allasion dans le Breviari d'amor qui est de la fin du xiu* siè* 
cle : 

Car santa Gtiei)a per recort 
De Jesu Crist e de m mort 
Fa la comemoracio 
De la 8oa gran passio 
Entre la nuetz el jorn .vij. vetz ; 
Car en .yij. oraa trobaretz 
Que fo Jesaa, ai ben cercatz, 
Entre nneh e jorn trebalhaz 
Del trabalh que avetz «usit, 
(vv. 34001-9). 



VII . «-^ LES flfiWES BB tX OtOIX CX) 

N'ont permis qttHl «yt lefHMé» 

Sur le col Tont bien rudement 
Batu, decraché, illusé. 
Pense, peuple, a ce forment. 

Voici le début de l'autre» qui est tirée du ms. fr. 566i, 
exécuté pour Charles VIII. 

Ci commence les heures de la croix en français, 

Jhesus qui es la sapience 
De Dieu le père glorieux, 
Vérité en divine essence. 
Dieu puissant, homme gracieux 

A prime. 

À prime fut droit a Pylate 
Jhesus mené et (bien) guerroyé, 
Mais il n'y a qui son plait debcte. 
Par faulx tesmoings fut accusé 

Je trouve dans les Lateinische Hymnen des Mittelal* 
ters de Mone des heures de la Passion (I, n®' 87, 94, 
95-100), qui, pour le sujet sont comparables aux heures 
latines de la croix dont on vient de lire deux strophes, 
mais d'une rédaction totalement différente. En provençal, 
je ne connais pas d'autres heures de la croix que celles de 
notre manuscrit : 

Lo romans de las hores de la çrot. f, Ixxxx (14 

Ad maiutinas. 

Jhesu Crist veray senhor. 

Que per mi paubre pecador 

A las ma3rti[n]es llurat fust» 
4 Près e liât, quar te volgust, 

Âb las paumes forment ferit^ 

Massât, (e) escarnit, escopit, 

Prec te, senher, per piatat, 
i Quem vulhas donar fcrmetat 

En mos trebalhs e paciense, 

E als meus torts bona suffiraasa ; 

E mas turbacios sobrar 



CXlj DESCRIPTION DU JUS. DIDOT 

12 Me fey, senher, q tu la^ttar, 

£ de la tue pacion 

Remembrar ab debocion 

Tôt jorn continuadement, 
i6 Cum pusca venir dignament 

A la tua cara pagade 

O9 aura vita fort oadrade. 

Ad primant. 

Jhesu Crist de gran senhoria 
20 Qui a la ora prima del dia 

Volgust que foses présentât 

Denant Pilât judge malvad. 

Tu que es veray judgador 
24 De totz les judges e senhor, 

Preguit, supplican humilment, 

Que no gardes mos falhiment, v^ 

Ans me vulhas aysi judar 
28 Que a la un nom vulhas da[m]pnar. 

Menem en loc celestiau, 

Gardem de turmen enfemau. 

On a compliment de totz bées 
'32 E negun no sab mal que es ; 

Aqui, preg, me fay alogar 

E ab tos los sans heritar. Amen. 

Ad terciam diras : 

Jhesu qui fust per mos pecats 
36 A la ora de (la) tercia menât 

A las penas e als turmentz 

De la crotz descausidamentz, 

Tu qui es veray hom e Diu. 
40 Preguit^ senher, ab cor humiu, 

Que, per la tua caritat 

£ per la gran humilitat 

Per que a ta[n] aunida mort 
44 Te livrest per mi se[ne]s tort, 

E per la crotz on fust pend ut 

Per que io fosse redemut, 

Quem denhes, senher, perdonar 

18 aura vita e$t douteux^ -^ .2^io M faudrait intervertir ces deux vers 
dont le premier se rattache au v. Si. — Rubrique'. H y a plutôt ditas. 



r 



VII. — LES HEURES DE lA CROIX CXUJ 

48 M08 pecatz e gracie donar 

Cum bienca ses tôt falhiment 
. A la tua gloria. Amen, 

A à medietas (sic) dierum . 

Jhesu (Crist), vita, vertat e via, /. Ixxxxj ( 1 5) 

52 Qui a la ora del meydia 

Per mi pecâdor fust pujat 

Sus en la crotz e clauficat^ 

Ë fust abeurat ab dolor 
56 De vinagre plen d*amaror 

Ab fel trop dolorozamant (52c), 

Pendut tôt nut denant las gent2, 

A tu, senher, prec quem dos [sic) gracie 
60 Cum puscha far so que a tu placie, 

Ëm fassas mos pecatz layssar 

Ë mi methas far mensprezar, 

Car ay faytz mil trespassament[z] 
64 Contra los tos comandamens. 

Senher, fay me perdon trobar 

Ë a ta gloria arribar. Amen. • 

Ad ora novena, 

Jhesus qui en la ora novena 
68 Sufifrit per mi [tan] cruzeu pena, 

Sus la crotz, las mas estendudas, 

Las craus (?) plagadas e batudas, 

Ë lo cap baysat, ab gran crit, 
7a Livrest al Payre l'esperit, 

Ploran lacrimas trop amaras 

De gran reverencia e caras, 

Per quens fos uberta la porta 
79 De Paradis e la mort morta, 

A tu prec, senhe, que membrar y» 

Me faces^ planher e plorar| 

La tua pacion soven 
80' Ab que fist lo meng salvament, 

Ë met en mong cor ta laudor, 

Quem fassa membrar que es amor. 



5i // faut retrancher Crist ou e. — 62 Corr. E mi meteis (ou métis, cf. 
JK 1 15) fai? — 70 Corr. L. cams? — 80 meng ms. meg avec un signe d'abré- 
viation sur Te. De même v. 119. 

h 



« 



CXIV DBSCltlPTION OU MS. DIDOT 



Ad vesperas. 

Jhesus senher, rey poderos, 
84 Per mi feyt paubre nesseros^ 

Que fu8t d'espinas coronat, 

De lance ferit pel costat, 

E de la crotz on fust pujat 
88 A las vespras fust debalat. 

Et en las mas de la vergina 

Ta mayre, de gran dolor plena^ 

Fust recebut et alogat, 
92 Et en SOS sans brases (a)pauzat, 

Senher, pre[c] te per cortozie {sic) 

La tua mort a mong pro sia, 

E la tua aillicion 
96 Me gasanhe plener perdon^ 

Em fassa far ta volontat 

Cum ab tu sia. Amen, 

Ad hora completori, 

Jhesu Crist qui fiist mejancer, 
100 De Dieu et d'om[e] paz[i]er. /. Ixxxxij (16) 

Que a Deu nostre deute paguest 

E dels enferns nos delivrest 

Ab lo ton sant sanc precios 
104 Que sus la crotz besset per nos 

On lo tong cors fu turmentat^ 

Apres el sépulcre pauzat, 

(E) a la ora de la compléta ; 
108 E la vergis pura e neta, 

Plena d'enguysa e maridu 

Era de dol e defalhida» 

Ab las sanctas molhers ploran, 
112 Planhen e greumens tormentan, 

Per aquestes dolor[s] (te) prec, se[n]her9 

La mia arma vulhas prener 



84 mi est douteux; les deux derniers jambages semblent rayés, Nesseros 
est un adjectif formé sur neciera (Haynouard, Lez. rom. IV, 3o8), nécessité, 
pauvreté — 89 Corr. vergeaa. — 94 moag, le signe d'abréviation est après 
le g, néanmoins ce ne peut être que moog. — ^% La fin du vert manque. — * 
100 Les feuillets xdj et xdij sont à deux colonnes par page, — 104 bet- 
Ht pour versctt. 



létmm,^^^ ..»<=^ > , > 



vu: — LES HEORES 0E LA GROIX CXV 

Cant sere mort ab tu metU, 
1 16 Que est gloria de paradis. Amen. 

Senher Dieus, en la tua mang 

Or es lo poder sobirang 

Coman [io] lo meng [e]sperit 
120 Que sia placent et grasit; 

Tu, senher, m'as feyt e créât » ^ 

Et en la tua mayson pausat, 

Tôt so quet vos potz de mi far, 
124 Per quet prec nom vulhas dampnar, 

Sitôt m*ay gran re de pecatz 

Parlât e fejrt e cossiratz. 

Tu qui m'as [tôt] renovelat 
128 Per lo batisme que m'as dat, 

Ets payre de misericordia, ' 

Nom laysses mûrir en discordia, 

Donem so [que] tum prometust 
1 32 Per lo profeyta cui dissu[s]t 

Que qui [ton] nom aperara 

Certanament salvat sera (s). 

lo, senher, mesquin pecador, 
i36 Âperi tu cum bon senhor 

Quem deliures de mos pecatz, 

Ma vita cumendan en patz ; 

Puis que lo die m'as gardât, 
140 Gardam la neyt per ta bontat. 

La tua graciam fay trobar, 

Benadizer e tu lauzar. c 

Fay cum te serve dignament 
144 Ara e tos temps ses falhiment, 

Perque el teu règne entrar 

Pusque tostemps mays [e] estar 

Ab la companh[i]a eleyta 
148 Que as triât a la part dreyte. 

[Tu] senher, bénigne e bon, 
De mos pecatz m[i] da perdon, 
Quar io, senher, song ton sirvent 
162 Per far e complir ton talent. 

Dius d'Iza[a]c, Dius d'Abra[a]m, 

1 18 Or pour On, voy. le glossaire du poème de la croisade albigeoise. —• 
1 19 Ms. Comam. — 139 que, ms. qui. 



CXVJ DESCRIPTION DU MS» DIDOT 

Diu9 de Jacob, per merce clam 

Âquest me sian pregadors 
i56 Enta tu e procuradors, 

Cum pusque viver en aquest mon, 

E puys anar on aquetz son. 

Los sans angels pregut de Diu 
i6o Els archangels ab cor buman, d 

Que en lo nom del Salvador 

Me garde[n] de tota eror, 

E totz aquels quem sont amix* 
164 Gardem dinsdels enemiz. 

A tu, diable enfernal, 

Conjur per lo pay eternal, 
• Per Filb e pel sant Esperit, 
168 Per que io sia benazit, 

E per santa Maria mayre 

De Jhesu Cristz nostre salvayre, 

Per los quatre euvangelistas 
172 Qui las obras de Diu an vistas, 

E per las .ix. opdes reyals 
' On los angels son ordenatz, 

E per los apostos glorios 
176 Qui son .xij. e puis mays ..ij., 

Per los quatre profetas majors 

E per los autz .xij. menors, /. Ixxxxiij (17) 

Peus .cxliiij. milia 
180 Ignoscens que canten tôt dia 

' Un novel cant(z) de gran dossor, ■ 

Dizen santus a ta lauzor, 

Per los martes, per los doctors, 
184 Per las vergis, pels confessor{s] 

Qui Dieu an servit dignament, 

Gardan lo son çomandamént, 

Que no age(n)s en mi poder; 
1 88 Ne m[i]. torbes de mon saber 

Nem fesses degun [e]spàvent. 

Car son de Dieu humii sirvent. 

Vet la crotz de nostre Senhor, 
192 Fug, diable decebedor, 

Del trip de Juda lo leon 

C'a vencut per sa passion. 

® santa, benezita sias 

1 60 Corr. homiu; cf. w, 39-40. — 164 dins, corr. dira. — 175 et 177 Per 
los, corr. pels. ou peus — 186 Ms. Gardam. ->- 194 C'a, corr. T'a. 



VII. — LES HEURES DE LA CROIX CXVlj 

» 

xg6 Car en tu fo pujatz Messias, 

Per cui nos em deredemutz > 

E lo diable confondutz. 

Senher Dius, piatado(r)8 payre, 
200 E de tôt cant es emperayre. 

Nom laysses far neguna forsa 

Que a la fin fossa fetrayt 

De vezer [ta] cara pagada 
204 . Que es de totz bes abondada ; 

Aquim mie per ta bontat(z), 

Tu, senher, que tant m'as crompat^ 

Senher Dieus trastot poderos 
208 E de bontat fort abondos. 

Que na Susanna deliurest 

E del(8/ fais encart la gardest, 

E del ventre del peys(on) on ère 
2 1 2 Jonas 4ragust a ferme tere, 

E Daniel, savi baron, 

Gardest del poder del leon, 

E de gran foc on eran mes 
216 Deliurest los enfans totz .iij , c 

£ se e can eu jet negàr 

Can so lo pregon en la gran mar. 

Tu, senher, me vulhas gardar 
220 De totz perilhs e deliurstr 

De fais crime, de fais encart, 

De totz tribalhs de mala part, 

Car no say enta cui me don, 
224 Saub enta tu qui es senher bon. 

Ni alhor non ay on anar 

On mi poguessa enparar. 

Era sias (?) Dieu ajudador, 
228 Em fassas tenir en sa amor, 

Per que de tôt abondament 

M*arma aia assaziament, 

Qui en perfecta trinitat 
2^2 Es un Diu veray adorât. - 

30 1 Les rimes montrent qu'il manque ici au moins deux vers, à moins que 
ces finales soient corrompues; à la rigueur on pourrait, au v. 201, proposer 
faire negun fait.— 3ô5 mi6 de miar, forme béarnaise de menar.— 217 Corr. 
£. S. Paul c. ? — 218 Corr. G. fo et suppr. lo. — 221 fais est devenu 
presque illisible par Cusure du parchemin. — 326 Les deux premiers 
mots sont très douteux pour la même raison. 



CXVllj DBSCRIPTION DU MS. DIDOT 

Senher Dius, la neyt pesaray 

De tu can me reysidaray 

Car es estât mon gardador 
a 36 E mon leyal defendedor. d 

Senher qui a domensament 

D'aquest jorn bon aveniment 

Me fe per ta bontat venir, 
240 Gardam huey, senher, de falhir, 

Donam gracie per pietat 

Si quem garde de tQt(z) pecat(z) ; 

Ma consensa me fe segura 
244 De malvestat neta e pura, 

E fay me dreyture gardar 

En cossiran et en pariar 

Et en obrar dreyturerament 
248 Si que a tu siau piacentz, 

E que ma obra aia acaptat 

Per que venga a salvetat. 

Yhesu Crist es resusitat 
252 Del sépulcre on fo pauzat, 

Qui fo sus en la crost pendutz 

Fer que io fossa redemutz ; 

Senher Dius, qui lo ton filh car 
256 Tu fust per nos crucificar, /. îxxoçxiij bis (18J 

Per quel diable fos sobrat 

£ nos del son poder gardatz, 

Donam gracie en queste vide 
260 Cum pusque aver gloria complida, 

Senher Dius veray gardador, 

Deus, esperans en ta dossor; 

Senes tu no a fermetat 
264 Neguna res ni sanitat. 

Senher, vulhes multip[l]icar 

Misericordi' e compassar, 

Si que per los bens temporaus 
268 Io no pergue los eternaus; 

Los tos comandamens m*ensenhe 



349 Le dernier mot, très usé, est douteux. •— 267 Tu fust, cprr. Tu fi»t 
ou Fezist? A partir d'ici l'écriture change; cf, ci-dessus, p. Ixxj. — 
263 Ce vers, ajouté en interligne d'une autre main, ne donne pas un bon 
sens^corr» Nos espcram ? 



b 



Vlll. -^ MYSTÈRC DB LA PASSION CXU 

E per los tos senders me mené, 
Et endreseU mes (sic) anamens 
272 Segont los tos comandamens, 
Per que neguna malvestatz 
En mi no prenga potestat. 

Amen. Amen. 



Au v» du feuillet. Ixxxxiij. bis (18) on lit cette courte et 
inintelligible formule de conjuration : 

® Sanctus Demetrus ^ 
® Catoto doate utîcia ^ 
$ Recaficai .... 1 canculbii ® 

Hoc sanctum verbum destruit omne venenum. Omnia venena 

sunt capta azanan (?) juzata. 



VIII 



MYSTÈRE DE LA PASSION 



Copié pour la Société des anciens textes. 

(FoL Ixxxxiiij) Aysi comesa la pasio de Jhesu Crisi a sant Pey 

e a sant Johann e disheron a Jhesu : 

Maestre, sius platz aturar, 
Sos * autres te bolem demandar 
Per so, seyher, car tu sabs ben 
De tôt lo mon com va ni ven, 
Don tut fort nos merevilham ; 
Del sec, seyher, te demandam 
Per que ni quais es la rayzon 
Que nasques sec en aquet mon... 

I. Quatre jambages surmontés d'un trait horizontal. — 2, Corr. Ses 



CXX DESCRIPTION DU MS. DIDOT 

Fin, fol. clv C76) : 

Disheron ios lot aposlos a Jhesu CrUi : 

Scnher Dieu, vos siat lauut 
Que SDSiD annetz tôt alegrat; 
Tut crezem be pw vertai 
Que Dieu* ea verament reiUBcitat. 

Caufo/eait, canteron Ios apostat : 

Te Deum laudamus. 
Te Domioum confilemur, 
Te eternum palrem 
Omnis terra veneratur. 
Finita pauionem Deus det vobis suam 



Suit immédiatement Daurel et Béton. 



So es h romans de Daurel e de Beto f" 76 v". 



i. ^^^^^'"^O'']) pl^tz vos auzir huna rîca canso? 
^^C^ Entendet la, si vos plas, escotas la razo, 
^^^1$ D'un rich[e] duc de Fransa e del comte Guio, 
De [DJaurel lo joglar e de Tenfan Beto 

5 Que en sa junbentut tray t(r)an gran pasïo. 
Lo duc Bobis d^Antona (se) sazîa en .]. peyro, 
(El) entorn lu son Franses, tuh li melhor baro, 
Aqui fo lo coms Gui cui done Dieu mal do ! 
Cel que non na vila ne valor 

10 Mas [que] sol hun ca[ste]l c'um apela Aspremont. 
Lo duc près lo pel ponh e mes lo en razo : 
« Sira [coms] d'aut parayge, vos et mon paube hom, 
« Be sai que et mos Chom] ses tota mentizo. 
— Se[n]her, s dit G., i vers es, ses contradicsio. 

i5 — Lo men alue vos soivi, e aujo [lolh] baro, 
« E serei [vos] en gaun segtn]er de ma mayzo. 

RUHsiqu*. Une première rubrique, qui a été barrée, était ainsi 
conçue : Soeslo romans de Belo e de Dsurel. — 2 la, ms. le; si vos 
doit être prononcé «lus. — 9 Corr. non ac ne vila ne honor ne 
inaizo? — 10 ïol est en interligne.— ib Lacune avant ce vers f 
3ts. Lo menague vos sol ni e. — ib en gaun corr. enqir i 



2 ROMANE DE DAURfiL E DE BETO 

« Jurât mi companhia a totz jorns que vivo ab nos. 
c Mas s*ieu prengui molher e nom venh enfanto, 
« S'ieu mori denan vos, companh, ieu la vos do, 

20 « Mos castels e mas vilas, ma tera e maio 

« Vos solvi, bels companh, eus meti a bando. 

— Senher, » dis lo coms Gui, « vos mi donas gran do,/** tj 

« Et ieu pren lo, si vos plas, ab [ai]tal gaserdo 

« Guidaray vostras ostz e[m] metray a bando 

25 « Pertot on vos volres e lai on vos er bo. » 

So respont lo duc Boves : « Lo sagrament farom » 
Fai aportar .j. libre on Ihi evangeli son, 
Juran si companhia, Ihi bauzo sus el mento 
Can si foron juratz (juratz) amdoy li compa[n]ho, 

3o . E Pus ama per fe, (e) Paute per trasiho. 

II 

Lo duc Boves d^Antona a fah lo sagramen 

Ad Antona el palais si c'o viro .v.c-, 

L^us es fizels amicx e Taudre mescrezens. 

.X. ans complitz estero en bon acordamen 
.35 E mesclero lor tems e lor ost assimen 

Tro (que) Dieu trames a Boves .j. gran isassamen, 

Que esta va el palaes ab lo mels de sa gen, 

E jutgava .j. plah ; e veus vengutz corre[n]<(z) 

Le messagie de K., dissen el païmen 
40 E pueissas venc avan e saludet lo gen 

Etz al près per la ma e trais Ta parlamen : 

« A vos mi trametz K., lo rey cui Fransa apen, 

« Que vos ânes a lui e vostre bevolen, 



17 Corr, que vivrom? cf, farom, v. 26.— 18 Ms, si eu. — 18 nom 
est en interligne; la lecture de ce mot, qui est presque effacé par 
l'usure^ est douteuse, — 24 His, Gardaray. — 25 on, ms hom. — 
28 Corr, si baizon el. — 36 Corr, t. Bovo. ^ 41 Ms, Etz après 
àvecsï en ïntertigne entre ces deux mots^^i Ta, ms, 10.^42 cui 
ms, a qui. 



i 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO '6 

« Car tal plah vos vol far don tuh sèret manenb. » 
So(l) respon lo duc Boves : « Irai lei veramen 
a E menaray Guiho mon compa[n]ho valen. » 
Mots $*i fiza lo duc ; peuis Ihin près malamen. 
« A vos, » fay c'el, (dona) < amix, donaray .j. prezen, v® 
<c Mon ric[he] pala[fjreu e mon destrier corren, 
5o « Et anas vonh al rey cui gar Dieu de turmen 
« Digas Ihi quUeu verray abans del mes pasen. 

— Senher, » dis lo mesag(i)e(r), « voste comandamen 
« Faray mol volonties et gran grat vos en ren 

« Del do que m^aves datz e de Parculimen. » 

III 

55 Lo mesage de K. se près a retornier; 
Lo duc Boves d^Ântona apela .j. trotier : 
« Vay me ad Aspremon, no m'o uelhas tarzier, 
« A mon companh G. c^a me venga par lier. 

— Senher,» dis lo messauge, « so faray volontier.» 
60 E vinc ad Aspremon dejos .j. olivier; 

Aqui trobec G. lo trager lauzengier 

Que jogava a taulas, e vi lo messagien 

« Senher, 1» dis lo messaige(u]s, <f ab vos vol[rai] parlier. 

a Say me evia. lo duc, que li aves mestier. » 
65 Lo coms G. apela Bertran, son escudier : 

« Vay me mètre la cela a mon [corren] destrier, 

« Anem saber del duc que vol ni ha mestier. » 

E [ajdobero se cadalis vol[on]tiers, 

E vengro ad Antona, sus el palais plenier. 
70 E Bobes quan [lo] vi si lo vay abrasier : 

« Dieu vos sal, amicx [Gui], e mon bon compag[n]ier ! 

« K. mannes mi manda qu^eu an ab lui parlier; 

« Menaray vos, companh, a Paris cortegier. 

44 seret, la leçon du ms. est obscure; il semble qu'il y ait sere e. 
— 52 Corr, message. - 53 grat, ms. grau. — 58 Ms. cam tne. — 
69 sus, ms, so. — 73 Après vos le ms, porte les lettres ayco qui 
n'offrent aucun sens. 



4 ROMANS DE DÀUREL E DE BETO 

— Senher, » [so] dis lo coms, « com vosplarasi er. » 
75 Lo duc Boves fo près de la cortz ad aller 

E fon ea sa compa[n]hia .ij. melia cavalier, f*^78 
Lo ric[lie] duc ac grah car va al rey parlier. 
Abtan vec vos vengut denant [lui] .j. joglier, 
E viueulet agradable e gueiamen (?) e clier, 

80 E fo paubres d^aver, ma beis sa[u]p deportier. 
Lo ric[he] duc d^Antona li près a deniandier : 
« Cum as tu nom, amix? (garda) no m^o ulhas celier. » 
[E] Daurelli respon (lirespon), que ho sap motz gensier : 
« Senher, Daurel ay nom, e say motz gen arpier, 

85 « E tocar vihola e ricamen trobier 

« E son, senher, vostre om, d'un (rie) riche castelier 
^ Que hpm apela Monclier. 

— Amie, » so ditzlo duc, « per so t'en deh (may) amier; 
« En seta cortz ab meus volray mener. 

90 — Senher, » [so] ditz Daurel, « ges no lei puesc alicr, 
« Caplsî ay ma molher e .ij. fils a cabdelier ; 
« Non ay aur ni argen que lor pusca laysier. » 
Lo duc Boves apela son vayley Aremyer : » 

« Amie, » so ditz lo duc, « fe quem deves portier, 

95 « Gardas li sa molher, vestes l|i de bertz clier, 
« E d'aquest .ij. enfans vos prec del norriger ; 
« Tôt aquo lor (me) donatz que sabran demandier, 
« Ce el mon, per nulh aver, tu o pots trobier. 

— Senher, » ditz n'Azemars, « Dieus vos lais retornier ! 
100 « Ja non auran frachura de re que puscam fier. 

— Dauriel, » so dis lo duc, • tenes per cavalgier 
« Aquest palafre blanc que beus poyra portier. ■ 
Tal joia n'ae Daurel que motz non pot(z) sonier ; 
Baysa s' al sabato, eujal lo pe bayzier. 

I o5 Lo ricQie] duc Pen leva, bel fay a(pe)paregier . 

* Senher, • so dis Guiho, « trop nos podem tradîer ; 



74 si er» ms. fier.— 85 Corr, [Cantar]e? — 89 Corr, abme y[o]s 
[en] V.? — 91 Ou Ca[rj si ? Le visrs est trop long; suppr. c ? — 
98 Corr, vos o podetz t. if — 100 que, ms, qui. 



ROMANS DE OAUREL E DE BETO 5 

c Belsamixduccompanh;pensenid(el).esperonier. » 
Dresadasan las rennas t prendrois az anier, /^ 7S v^ 
E vengro a Paris lo sapte a i^avesprier. 
1 10 Lo dimenge mati can près (can près) a Tesclarier, 
^o duc Boves e G. se prendo a juster. 

IV 

Cad^ûn vest bliautz d'un bon pâli de Tir ; 
Lo duc Bobes d'Antona si fes Dauriel venir, 
Vai ab el a la cortz e violar e bordir. 

1 1 5 L'emperaire de Fransa, can vi lo duc venir, 
Levai» de la cadieura e va lo.arculhir 
E près lo pre la ma, josta se l(o) fai sezir, 
Mes li lo bras (sus) el col, e pueis [li] près a dir : 
« Coms, jes vos no sabes per que ieus ay fah venir, 

1 20 « Mas sabres ho en breu ans qu'eu(s) vos lays(e) partir ; 
t Ans que vos en tornes vos volray requérir. 
— Sira, » lo dis lo duc, « so vos dei mol grazir, 
« Bem podes enrequir mas vos ve per plazir. • 
E Guis entendéc o ; dis c'om nol pot auzir : 

125 « Companh, per sela dona voscovenra mûrir, i 



Grans fo la cortz en Fransa sus el palais ausor 
Del [duc] Boves d^Antona e de Pempeyrador, 
Tan duc, tan comte i ac, tan home de valor, 
Avesque(s) e arsebes[que], de cavaliers la flor. 
1 3o Lo duc Roulan i fo que es de gran valor, 
Elh dotze par i foro que so dé gran vigor. 
Adonx dis K.magnes : « Escoltas mi, Fenhor; 
« Aminas mi seror genta : donar Pay per amor 

107 Ms, cophan. — ' m juster, ms. uister. -«119 Ms, ieu say. 
— 120 Ou a. queus (vos) layse p. — 120 partir, ms, tomier. — 
121 Lacune après ce vers? cf, v. i25. — i23 Ms, plazer. *- 
i33 mi, coït, ma, et suppr, genta? cf. v, 141. 



6 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

c Maritz lo rie duc Boves se [de] vos n'ay lauzor, 
f 35 « E donar Tay Peutieus, lo solier e la tor ; 
« De Bordels atresi lo vulh faire senhor. » 
E G. a dib tôt suau cûm fels e traïdor : 
« Per aqueta molher molra el a dolor. » 

VI 

Pueisas escria K. magnes lo.bavier; f* 79 

140 « Levas en pes, sira coms Olivier, 

« Amena mi ma seror ab lo vi[s] clier. » 
El la Ih^amena ab(o) molt gran alegrier : 
Ela fo fresca, fes la bel esgardier, 
Sa color fresca com roza de rozier. 

145 Lo rey si leva, vay Bobes apelier : 

c Duc de. bon aire, filh del Augier, 

« Levas en pes e prendes [a] molher 
f Ma seror genta que (e)ieu vous vuelh donier. » 
S[o] dis lo coms : « So fay mal réfugier. » 

j 5o Pren la lo rey; .iij. ves lalh fay bayzier, 
A rarcivesque(s) (quej K. lalh fay donier; 
Las nosas fan sus el palais plenier ; 
Ab mot gran joy los veiras ajustier. 
So dis don G. lo tracher lauzengier : 

1 3 5 « (Compans) per cesta dona vos vendra destu[r]bier ! 
— Ai ! sire duc, » dis K. ol vis clier, 
i Mon gonfaino vous autrei per portier, 
« E mas grans ost menar e c^pdelier. » 
Lo riche duc li vay la ma baier 

160 £ pren lo gan de sa senha portier» 

Lo duc sogorna .j. mes [tresjtot entier, 
Pueis vay a K. ab son compag[n]ier : 

iSg bâuUr ou banîer, corr, lo ber ou io fier V — 141 ab lo, corr. 
«1.-^143 fresca, i»uiMvai>e leçon introduite ici par anticipation, cf, le 
p, imivant, — 146 Après del il y ^ ^^ >>u>< dont je ne puis lire U 
première lettre, qui est effacée; le reste forme anne; faut^il cor- 
riger danes? — iby autrei, ms. autrie. — 162 Corr. ab lo teu c. 



ROMANS DE DAVREL E DE BETO 7 

• Reys, cmp^rayrc, de G. vos vulfa/preguicr, 
« Se mi amas, que Ihui tengas en quier.» 

1 65 So dis lo rey : t Far n^au mon cossilier, 
c Per vostr'amor lo voldray fort amier. » 
Lo riche duc tantost lo vay baier, 
E pren cumjliat, (e) vay s'en ab sa molher ; 
E Daurel vieula e mena alegrier 

j 70 Quel rey de Fransa li a datz . j. destrier. 

Ar (?) s'en vai Bobes ab mot grant alegrier, v^ 
Lo tracher G., cui Jhesu desamper! 
A encobida na Esmenjartz sa molher. 



VII 



Lo rie duc Boves ab gran aiegramen 

J75 Vay a Peytiey ab gran joi issamen, 

E n* Esmenjartz ab la cara rizen. i 

Ela cavalga .j. palafre corren : 
Cela ac d'ebori, lo pretral fo d'argen, 
E so .ij. M. [tuh] cavaliers valen ; 

180 El tracher G. dis al duc belamçn : 

« Companfa, » fay s'el, « diray V03 mon talea-i: 
« Bêla es ma dona ab lo cors covinen, 
« Daries m'en part si cu[m] m'aves covcn ? » 
Lo pros duc (Boves] li respon i&p,rie;;çi, 

1 85 Que nos cujava que i Àgues tra'inten, ; 

« Companh, pregat lo payre omnipoten 
« Quem do la mortz to$t et viassamieA; 
« Pueis l'auces vosy pus vos ve a talen. » 
Lo trager G. respon entre 3as dens : 

1 90 « leu v'auairat iab.mon espi^yt lo^en. » 
Tan cavalguero tro yiro a prezen 
Las autas tors de la çieut^t valen ; 
E Ihi .bqrzes $0 a l'aculbimen> 
E so .V. meliav cadalis vostitz gen. 

195 A molt gran joia intro al païmen, 

Redon laviala e l'ausor mandamen. 



8 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

E lo franc duc totas la forsas pren, 
Las rendas dona al trachor mescrezen, 
Tota la tera que viro a prezen, 
200 Trastot Bordels a[b] rapenenemen, f^ Ho 

Tro en Agen, a son comandamen. 

VIII 

Lo ric[be] duc fay la cort ajustar. 

Âbtant vec vos la mulher del joglar, 

E Daurel vieula : ela près a tombar, 
2o5 Denan la dona gen si van deportar. 

Bem plai al duc car los ve alegrar ; 

Dis a la dona : « Mol t fan sist a prezar. 

« Daurel, > dis el, « a vos voirai donar 

« .1. rie castel c^om apela Monclar, 
2IO « Prop es d'aisi : [tôt] en riba de mar 

« Que [sol] del port podet ondrat estar; 

« Tuh silh qu^en so sio a to mandar. 

« Âb ta molher tu f en vai lai estar, 

« Tan can vieurat lo te vulh autrear, 
2 1 5 (( Apres ta mort a cui te vols donar. » 

E[l] li a fah lo castel autregar, 

A lolh Ihieurat : veus pagat lo joglar. 

E lo coms G., cui ja Dieus non ampar! 

Pessa de Paur e (de) Pargen amassar. 
220 EU» duc Boves non o pot plus durar 
§5^ Def geifano (de) Pempeyraire portar : 

^ • Can lo rey vol en [nul] loc cavalgar 

Tramet per lui, é vai li ajudar. 

.1. jorn lo duc fo [a]nat ribàrar 
225 E lo dbms G. volia ab lui parlar ; 

No ri trobet, e si près a passar 

Don' Esmengars, gen lo vai covidar, v< 

Sap quel duc Tama e vol lo fort onrar ; 

Pren la pel ponh, van s'en asetier, 
23o En .j. escaun s*en anero parlier ; 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 9 

4 Dona, > dis el i nous o puesc pluscelar : 
€ Amadaus ay, vulh vos merce clamar, 
< Qu'ieu sia voste e quem vulhas amar. 
« Colgas m*an vos -, no m'o volbas tardar. 

235 — Glot, 1 dis la doua, o cum o auses pessar ? 
« Lo duc vos ama e vos te fortz en car, * 
« E vos sercas col puscas galiar ! 
« Nuls bom de[l] mon en vos noi pot fier, 
« Que lo duc Boves vo vulhas desond[r]ier ! 

240 — Dona, > di$ G., « trop lo podes amier. 
« Per cel senhor que(u)s fes en cros lievier, 
« An[s] de .ij. mes vos faray anuier, 
« Que ieu Tausiray, (e) jes nom pot escap(ap)ier 
— Glot, 1 dis la dona,« Dieus te puesca azirier ! 

245 « Per sol lo dih te farai anta fier. » 

Or s'en vai G. que nois vol plus tardier ; 
E lo franx duc si ve de deportier, 
Vai lo falco e la perga gitier ; 
E cant el venc fo aparegat de mangier, 

25o Lava sas mas,' vai se asetier. 

La franca dona si près fort a plorier, 

Vi o lo duc e laisas del mangier, 

Et ac tal ira que cujet enrabier. 

« Dona, » disel, « cous vei desconortier? 

255 € Qui vos a fah ira ni desturbier ? 

« Fais o per so car vos cove laisier /• 8i 

« Voste païs, Fransa descumpaner ? 

c< Dona gentiels, voles lai retornier ? • 

So dis la dona : « Ane nom venc a penser, 

260 « Mas sabres o a la taula levier. » 
Cant ac manjat elal(o) va abracier : 
c Ay I sire dus, aiso vos vuelh mostrer 
« Que lo fel G. , cui Jbesus desampar I 



235 et 244 Glot, ms. G. lot.— 2373/5.sertas.— 242 Ms, amuier. 
— 24g Corr. fo orà de m.? — 256 Fais o, ms. Fai so.— 262 mos- 
trer, ms» mosstier. 



1 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

c Venc Don a gaire, no saup aires trobar, 
265 € Mes m^a razo, quem cujet anta far; 

a Mal li respozi, près mi a menassar 

c C'ausira vos, nolh podes escapar, 

€ La nost amor el fara desebrar. 

«» Dona, » disel, « nous volbas corossar : 
270 <c Ane non o dis mas per vos asagar 

€ Se ja nuk boms vos poiria enganar. 

« Nuls homs non es qu'ku pusca tant amar. » 

Dieus ! del franc duc cum s'i pot tant fisar ! 

Que jo neis Tausis can fo ab lui cassar. 

IX 

275 Al rie duc Boves donec Dieus .j. efan, 

Gran joia n'an li peti e li gran ; 

El Ten evia al palazi Roulan 

Que l'en bateie ab gran alegramen. 

Gen Ten bâtie car el es sos parens ; 
280 Bel nom li mes segon son essien : 

Beto ac nom, que pueis [ac] gran afan. 

Tramet Tal duc en .j. bresol d argen 

Et ab lui vengro .m. cavaliers valhen, 

Fon recob(a)ratz ab gran alegramen. v* 

285 Gran guab n'ai duc, a Dieu grant grat ne ren ; 

Be fo noiritz tan solamen .j. an ; 

Pueissas li venc .j. [tais] desturbamen 

C'anec cassar en Ardena la gran. 

Lo rie due Boves sezia en .j. banc, 
290 Ab n'Esmenjartz la pros e la valhan ; 

Abtan vec vos .j\ messagiecorran. 

« Cira, > fai s*el, c escoltas mo semblan : 

a Ins en Ardena a .}. singlar tan gran 

c Pertot los cas e dabant tôt la glan, 

aô8 Ms, la votta mor. — 272 Ms. qui eu. — 274 Corr. Que 
Gui 8? — »93-4 Lacune entre ces deux vers?^ 294 tôt, corr. toi r 



ROMANS DE DAUREL B DE BETO J t 

295 « Ane nulba bestia no vi deso semblan, » 

So dis lo dux : « Irai la veramen, 

c Sera cassât e farem ne prezen 

« Aisi a la dona et a Beto l'efan. 

« Yeu arai G. mon compa[n]ho valen. » 
.3oo Can Tau la dona, si n'a mon maltalen 

C'ab ambas mas en a romput son gan : 

« Ai ! sire dux, per queus i fias tan ! 

« Ane nous amet ni (ja) nous ama nian. 

« Ausira vos,)a non aures guiren. 
3o5 — Dona, > dis el, a dises voste talan. 

« Non aur[a]i mal ni nulh desturbamen 

« Tan cnm el puesca, a tôt lo mieu viven. 

— Dieus 1 » dis la dona, « aujas fulia gran! 

« Mon essien n'aurai (ai) là cor dolan. • 
3 10 Lo riches dux apelA . j. corran : 

< Vai me per G. al castel d'Aspremon. 1 

E vai tantost e mol joliamen. 



Lo tracher Gui es vengut de rando 
Per la causea, pesan la tracio, ^ 82 

3 1 3 Causiral duc can sera e venaro. 

Ab tant intret el de Beto, 

Bo[v]es lo vi e al mes a raro : 

< Bel companh senher, . j . singlar casarom 

« Qu'e[s] grans e fort, e nos conquerem io. » 



3i I Lâi rime de ce vers ou celle des vers 3io et 3 12, est cor^ 
rompue. Dans le second cas on rattacherait les vers 3 10-2 à la 
tirade suivante. ^ di^ Les vers 3 14 à 32g sont d'une écriture 
particulière qui ne réparent en aucun autre endroit du ms, — 3i5 
ftçra, corr, er. — 3 16 Après el, un mot comme blaleofi ou blaleus. 
— 317 raro, ou p.'^. razo» /'r ressemble à uni dans tracio (v. 3 14), 
intret ^. 3t6)t conquero (v. 3 2 x),cnmb9. (v, 323J, crcnMfv, 328J^ 
vottre (v, 32g}; pour venaro (v. 3i5) Vt n'est pas douteuse. — 
S 18 Ms, casarem, cf. £arom, v. 26. — 319 Corr. lo conquerrom^ 



12 ROMANS DE DAI3RBL E DE BETO 

320 Solh respons G. : c Senher, mot mi sat bo : 
« Non es tan fort que be nol conquero. 
« Aporta(ta)r Tem e dar l'em e Beto. » 
La richa dona de la cramba on fo 
A'entenduda de celui la raro; 

325 Estrens sos det[z] e rom son peliso, 
Apelal duc e baia Tel mento : 
« Bel dos amix, que Jhesu be vos do ! 
« Non creras mia aquel trachor G. ; 
« Mal aia l'ora que vostre companh fo ! 

33o « Mala creires sel mescrezen felo. 
« Ausira vos, non aures gerizo. 

— Dona, i dis el, c ben tenes fol sermo ; 
« Mesclar nos n'em ieu e vos de tenso. 

— Senber, » dis ela, c mas a vos [so] sap bo, 
335 , « Anatz ab lui a Dieu benedisio I » 



XI 



Guis li a dih : c Sira dux, anem nos : 
« Fais encoblar los veltres els bracos, 
« E non aiam gaires de compa[n]hos, 
« Mas sol aiam .iiij. venadors bos; 

340 « E nos serem els destri[e]s coredors, 
« Ferrem lo porc, senher, et ieu e vos, 
« El tombara, non er tan vigoros. > 
Enten la dona que mala es la razos, 
Vai a la cambra, geta por sos botos, 

345 Plora dels uelhs e rom sos pelissos ; 

Al duc amen(er]o son destier corredor. 



XII 



E can lo duc vole el destrier montar, v 

Vec vos vengut Daurel, lo bon joglar : 

3îi es, corr, er, cf. v. 342,— Z^b Ms, Ploro; 



ROMANS DE DAURBL E DE BETO l3 

e Bel sira dux, be mi dei alegrar : 

35o « .1. pauc filh ai, vuelb vos merceclamar, 

« Queus plass(i)a, senbe, lo m'anes bategar. i 
So dis lo dux : « Anas lo m'aportar. » 
Val lai Daurel, que o vole enansar, 
A PaportaCt] e vai loi h presentar, 

355 E mes li nom Daureletde Monclar ; 
Pueis es montât e vol anar càssar. 
La gentiel dona si vai [lo] duc baisar : 
So fol darier que anc li poc donar : 
« Senher, » dis ela, a Dieus vos lais retornar ! » 

36o Lo pros dux [Boves] vai los cas apelar, 
En Brunas Vais trobero lo singlar 
Et anc pels [cas] no si denget levar. 
Lq pros dux [Boves] fai los cas al8[r]gar, 
Als venador[s] si fai los corns cornar, 

365 El port si leva e fais esparpalbar, 

.in. cans a mors abladen maiselar 
Et ieis del bosc ; en altre vai intrar^ 
So es Ardena c'om non pot adesmar ; 
Los venadors lor covenc a laisar, 

370 E dis a Guis : < Anem los encaussar. 

— Senhe, jf dis el, « bel podem trabuca^r. » 
Lo pros duc [vai] aitan cum pot brocar, 
Ab son espieut li vai tal cop donar 
Per las esquinas quel fer ne fai passar, 

375 Que los budels ne fai forras anar. 

« Companh, » ditz el, « venes mi ajudar^ 
<i Que aquest porc nois porra mai levar. » 
G. venc tan tost cum pot esperonar^ 
E fer lo duc dejos per Tespaular, 

3 80 Que son espieut lie fai d'oltra passar : 
Apres lo porc fai lo duc eversar. 
Lo duc s*esforsa, e cugas sus levar : /"* i{3 

El cors al fer, non pot en pes estar ; 

366 cans, ms, sans. — 368 Ms, adesniar. 






14 ROMANS DE DAUREL E DE BBTO 

De ginolhos comensec a paiiar : 

385 « Doua Esmenjartz, ges nous en puesc blasmar ; 
c Se vos créées ges no i pogra pecar. 
« Tan gen, ma dona, m(i) prezes a castigar 
tt Qu'ieu mi laisses d'a[que]st Guiho aoiart 
« Ay ! cara dona, ben o vei averrar ! 

390 « Ay ! fais companhs, be saps lausar : 
« Me as tu mortz e non pas lo senglar. 
« Ay! fais companhs, cum te ppgis pessar 
«c Tal tr[a]siho ni cum la pogis far I » 

XIII 

El franc duc [Boves] que era fort nafrat[2] 

395 Dis al fais G. : a .1. petit m*escoltatz; 
« Gardas Pespieut del cor no mi tragas 
« Tro qu'ieu vos diga, compays, cum(m)o fassas : 
c D*aqueta mort sai que seret reptatz, 
a Mas dirai vos, amix, cum o fFasSatz : 

400 « Las dens del porc mi mètres el[s] costatz, 
« E vost' espieut e vos el porc ficatz : 
« Trastos diron pelporc soi afolat[z], 
« Vos non seres dementitz ni tornat[z]. 
« Mos companhs eras e plevis e juratz ; 

405 « Mortz m'as, companh, qu[e] ieu o sai asatz, 
« Per ma molher que tan cobeutavatz. 
« Si m^ajut Dieus nim perdo mos pecatz, 
<c Se m*acces dih que tan la volias 
« Dada laus agra ab sas grans eretat[z] ; 

410 ft Oltra la mar ieu m'en forapassatz. 

« Per Dieu vos prec que mal no Ihi volhat[z], v* 
« Al bon rey K. e vos la demandat[z] ; 
« Dar la vos a, car es pros ni orratz. 
a De Betonet vos prec quel nosricatz; 

415 a E vostra cort, coms, sens platz, l'amenatz : 

390 Vers trop court, be saps [tu] lausleng]ar?^40t vostespieut. 



j 



ROMANS BE DAUREL E DE BETO I b 

« Neps es de Caries, no i seres dissonratz. 

« De tôt cant a la meitat valh aintz. » 

G. lo regarda com leos cadenatz 

E l[o] duc lui cum aagiis enpenatz ; 
420 Dis lo fais G. : « De folia parlatz : 

«c Per sel senhor que fo en cros leVatz, 

« Ja no vieura .xv. jorns acabatz. 

€ Se en mas mas el pot esser baîlatz, 

« Nol pot gerir ni vila ni sieutatz. 
423 « leu ai vos mort(z) ; el non es acabatz. » 

E lo franx dux s'es vas lui regardatz, 

E junh las mas : <c Companh, si a vos platz, 

« Ab de la fuelha e vos me cumei^s. 

— Per Dieu ! » dit Guis, « de folia parias ! 
430 « More vos tost, per o trop o tarzas : 

€ Del cor del ventre vos ferai .ij. meitatz. 

— Companh, » fei el, a de folia parlatz, 
c Del mal queus fi vos seret be vengatz : 
c Prendes del cor, senhe, ni ne manjatz. 

435 « Jhesu Crist senhe que en cros fos levatz, 
« E denhes naiser per los nostes pecatz, 
« Santa Maria (dona), ieu vos prec, si a vos platz, 
c Mo filh Beto d'ente sas mas gardatz, 
a E quer(e) vos quem perdones mos peccatz ! » 

440 E l[o] fais Guis s'es de lui aprosmatz. 

Trais ne Tespieut, el duc es traspasatz. /« 84 
Mor[tz] es lo duc, mai non er recobrat[z] ! 

XIV 

El tra[c]her (G.) al porc Tespieut afigat, 
Las dens del porc mes al duc el costat, 
445 Pren lo costel. Ta menut pertuzat(z) 

Coma cel porc Tages [très] tôt mangat(z). 



423 Ms, Se el en m. m. p. — 430 Ms. per .0.— 44.? er, ms, es . 
— 445m5. percuzatz. 



MM 



l6 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

E lo fais G. a pueis lo [co]rn cornât, 
Elb casador so vengut esclasat 
E viro[l] dux mortz et aglaziat(z) 
45o Et ac saunenta la cara el costat(z); 
Nom meravilh se foro {6r[t] irat. 
Lo trachor an tantost arasonat(z] : 
« Digas,. comsG., qui al duc afolat ? 

— Senhors, » dis el, « pauc i ai guazanhat, 
455 « Que perdut ai, segon lo mieu pessat(z], 

a Mon bo seohor e moncompanh jurat(z). 
tt Gant ieu vengui lo porc Tac darocat, 
« Escoisendut et aisi afolat. 
« Ieu cant o vi ag[u]i lo cor irat : 
460 « Feri lo porc et ai Taisi plagat 

« Que mon espieu li ai pel cors passat(z). 
« Ai mortz lo porc el bon duc ai vengat. 

— Fels, » so dis Pus, « be mal as espleitat, 
« Quil duc as mort [trop] as fah gran pecat, 

465 « Que tuh nosaltre ne serem [nos] reptat. 
«c Ane no fes porc la plaga del costat, 
«c Car be vezem que .j. palm a de lat. 

— Amix, » dis el, « dizes ta volontat ; 

« Non o pèsera per cant Dieus a mandat : 
470 « Vec del senhal quel porc i a laissât, 
« E las .ij. dens li trobas el costat. » 
Elh venador no i an plus demorat : v** 

En .iiij. pergas an lor senhor pauzat, 
E lo coms G., lo tracher renegatz, 
47^5 Ri ne el cor, mas de gauh a plorat(z). 



448 Elh, ms. E hi. Ms» esclasan.— 451 mervavilh, la fin du mot 
est surchargée ; il semble qu'il y ait mercaduis ou mercadais? — 
Fôro, ms. fero. — 462 Fels, ms. sels. — 463 Ms, espeiatatz. — 
464 Ms, Quel d. al m. — 475 de gauh, le second mot est sur^ 
chargé; corr, de fors"'' 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO I7 



XV 

Lo trager G. trastoz premiers s^en cor, 

E venc premiers el destier salhidor. 

La franca dona fo el palais ausor 

Que a ausida lai fora la rimor, 
480 E cor lai foras et ac tantost pahor : 

Troba G., garda lo perferor : 

«c Digas, coms G., cum es démon senhor? 

— Dona, » dis G., « mort es el bosc major; 

« Mortz Pal sanglar, al cor n^ai gran dolor. 
485 — Mentit n'aves, en (ar) glot lausengador ! 

c( Cum as tu mort to natural senhor ! 

d Lassa, caitiva^ d*un renégat trachor 

Que mi a tolta trastota m[i^] amor ! t> 

Sospira fort e mena gran dolor, 
490 Ca enblesmada de dol, (e) d^ira e de plor. 

XVI 

« 

Lo cors duc Boves van tantost aportar, 

Trastuh lei coro, et auzirat cridar 

E caras rompre, e cabelh destirier. 

Tan cavalier lei viras enblesmier, 
495 [E] tan borzes lor vestirs esquicier, 

Tantas pros daimas lor caras sanglentier : 

Ane mai nuls hom no vi tal dol menier. 

Done Eimenjartz revenc de Tengoisier, 

E vi Guio decosta ce estier : 
3 00 Garda vas lu, (tant) e près a sosspirier; 

La franca dona non o pot plus durièr : /• S5 

Ad .j. borges vai son coltel ostier, 

48G Cum, la dernière lettre est indistincte et semble être un d. 
-- 491 Lo cors, ms, Lorc. 



»*^*^ . 



l8 ROMANS OE DAUREL E DE BETO 

Cujal ferir, mas non o poc anc fier, 
Que tengo la, no la volo laisier. 

5o5 « Senhor s, >» ditz ela, « volhas mi escotier. 
X L*autrier mi venc, près mi a menassier 
<( Qu^el me tolria mon senhor .e mon pier : 
« Aral vei mort, mos cors mi vol crebîer. 
a Vieus es Betos quel sabra be vengier ! » 

5 10 Cor vas lo duc, vai lo pali levier : 

« Senhors, it dis ela, « gardas que vos en par : 
<L Aquesta plaga no fo anc de singlar , 
« Ans fo d'espieut, pel Senhor que fài parlar.» 
Gant o ac dih, elais vai engoisar ; 

5 1 5 De las carn^ primas fai las pessas levar ; 
Tuh la regardo e prendois a plorar. 
Mai.de .x. m. lau auzirat cridar : 
« Ai ! senhe dux, anc no volgis menar 
« Vostra mainada queus saubro ben gardar ! » 

520 Abtan vec vos Daurel lo bon joglar , 
Laissas cazer del bon destrier liar, 
Getaîs s'a tera, que'anc nois pot levar, 
E cant revenc, e cl près a parlar , 
Nostre Senher ne près fort a reptar : 

52 5 « Ai ! senher Dieus , aiso cum pogis far 
«c Aital franc dux d'aquest segle gitar ! 
« Qu*el mi donet lo castel de Monclar : 
« leu n'era paubes, el mi fes rie tornar.» 
Tan gran dol fai no vos ô sai comtar. 

33o Très jorns lo tengo, pueis lo van sost[e]rar v» 
A Sant Alari , jostal corn de l'autar. 
Dieus pens de l'arma ! or lo lar^ssem estar , 
Parlem de Guis cui Dieus puesca azirar ! 



5 10 vas, ms, vos. — 5ii Le ms, indique à tort, par une ca-^ 
pilale, une nouvelle tirade, — 5i3 Corr, per cel que? — 5i5 levar, 
corr. lavar? — 523 Ms, E tant reuenet. — 532 pens, ms. près. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO I9 



XVII 

{E) iran vî £el6 G. quel duc es sost(r)eratz , 
335 Ad Aspremont s'ea es tanipst anatz : 

Sos melhors homes a tantost apelàt[z}; 

4 Senhors », ditz el, <( mou tesaur m'aportatz. » 

Il Ihi respondo : « Senher, cum a vos platz. » 

Aporlat n^an .xv. somies cargat[z]. 
640 € Baro, » fai el, « ades tôt lom trossatz , 

a De bonas armas vostes cors adobatz. » 

.III.G. n'i ac fort ben encavalgat[z], 

Ab las espezas , ab los ausberx safratz ; 

G. los capdela, lo tracher renegat[z] , 
543 Tro a Paris el no s^es restancat[z] ; 

Sus el palais a(b) K. es montat[z] ; 

Lo rey lo vi et es ea pes levatz , 

Pueis 11 demanda eo sai es aribatz : 

« Corn estai dux, lo*mieuscompanhp[r]ivat[z]?» 
35o G. li respon, lo tracher^ rejiegat[z] : 

c Senher, » dis el , « malvazamen assatz : 

« Mort es lo dus /le mieus companh jurât [z] ; 

« Us fers singlars, que mala fos el nat[z] ! 

d Uescoiseadec lo ventre els costatz. » 
335 Au o lo rey , tôt n'es enrabiat[z] , 

Bat ne las mas, apelais mal £Eidat[z] , 

Per miék la cort s^en es gran dol levatz , 

El dux Rolan s^en es tôt esquiâtatz. 

G. dis al rey : « Senher, set dol laissatz. /. S6 
36o « Se per dol fos , per ver o sapiat[z] , 

« Tan n^avem fah que fora recobratz. 

« Trazes vos sai, .j. pauc am mi parlât [z]. > 

En .j. escaun se son asetiatz. 

337 Ms. Snehors. — SBg n'an^ ms* non ou uon. — 3C2 Ms, 
parlatz. 



20 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

« Rey emperaire, .j. pauc me e$coltat[zJ . 

565 t Vostre tezaur auh dire que es mermatz, 
« Que aves lo als logadiers donat[z] : 
a leu los vulh creisser, senher, se a vos platz; 
« Veus vonh lai foras .xv. saumies cargat[z] 
< D'aur e d^argen qu^es fis [e] esmeratz. » 

570 So dis lo tracher : « leu tenh las eretatz 

« Qu^ero del duc que del segle es anat[z] : 
<c Reis, se vos plas, a mi las autreas, 
« L^aur e Targen vos er tôt aportat[z]. 
« Das mi la dona /serai vostre conhat[z]; 

575 « Amar vos ai mai c^om de maire natz. 
a leu so rix hom , be i seres onratz ; 
« Serai el loc del duc qu^es traspasatz. » 
, So dis le rey : c Bel prezen m^aportatz ; 
« Ades irem can nos cerem dinat[z]. d 

5 80 Cant au l'a ver que es tan desmesuratz , 
Lo dol del dux es trastot oblidat[z] ; 
Uaur e Targent es trastot estugatz. 
E lo rey crida : « Cavaliers, esselatz. » 
Sol .c. n'i ac qu^so ab lui anatz, 

585 Tro a Peutieus no si so restancat[z]. 
.1. cavalier es el palais intratz : 
« Dona, > dis el, « e vos cossi estat[z]? 
« Veus vostre frayre, encontra lui anatz. » 
Cant (ela) o ausi sos cors n^es alegratz : 

590 c Dieus ! > di tz la dona, « aras sai per ver(i}tat v* 
« C^aras mor[r]a lo tracher renegatz, 
« E lo prbs dux cre que sera vengat[z]. » 
Don^ Esmenjart dissen per los .x. gras, 
Venc al rey K., los uelhs li a baiatz ; 

595 El tracher G. es [en] après montat[z], 
Vi lo la dona, .iiij. motz a cridat[z] : 
« Senher, » ditz ela, « bem petit mi amatz, 



567 los, pour lo vos. — 577 qu'es, ms, quel. — 679 dinat, an- 
dessus de Vn il y a t\, -- 393 .x. gras, corr. degras. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 21 

« C^aquel trachor e vostra cort menatz 
c Caucis lo duc can fo ab lui cassar, 
600 « Que son espieut li fiquet pels costat[z]. 

— Senber, » dis G., < [vos] mai no tan crezatz : 
« Ela es dona e ditz sas voiontatz ; 

« S^om m*o dises , bem fora adobatz 
« De i'escondieire cant mi fora armat[z]. 
60 5 < Mos companbs era e pie vit e juratz, 
« No m^o pessera per .ix. citatz. 

— Reis eroperaire, so que eieu die es vertatz, 
f< Que el Pa mort, et er be esproat : 

« La fors el pla sial fuoc adobatz , 

610 ft leu passar n^ai, veja o tosbariiatz; 
a Se ja .j. pels es sobre mi crematz, 
« Qu^eu sia asa, ja merce no m^agatz! 
« Sem salve Dieus ni la mia verdat, 
« Aquel tracer sia (a) totz rossegatz ! » 

61 5 So ditz lo rey : c Cest contendre laissas: 
a Per tôt aiso non er lo duc cobrat[z] ; 
« El loc del duc Guis vos sia donat[z]. • 
Au lo la dona, .iiij. motz a cridatz : 
<( Ai ! senher reis, leu vos (es) acosselhatz^ /* 87 

620 « Que pel rie duc .j. trachor mi donatz ! 

« Ben grans aver cre (que) vonb sia donatz. 
« Aital rie rey si fo en bon ponh natz 
« Que per aver de sa sor fai mercatz ! 
a Si Beto vieu, que es petitz assatz, 

625 « Aqtiest mieu plah sera mol car compratz. 
« Mortz es son paire e vos puois mî forsatz, 
<x Per drecha forsa a marit(z) lom donatz, 
< Mas ja de Dieu gracias non aiatz ! 
c Fraire, » ditz ela, « cavalier mi donatz 



606 citatz» le mot est en partie surchargé : il parcât y a»ùir cie 
etatz. ^ 607 En interligne dis la dona, après emperaire.'<*- 6i3 
Terdat ou berdat^ 614 totz, corr, tost? — 626^7 Lacune entre 
ces deux vers? 



22 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

63o c( Que mieu efanh trachor do sia apdatz, 

« E mes oonitjts ttnrais mielbs per pagatz. » 

So ditz lo rey : c De folia parlatz ; 

« Mai val [us] cotns que no fa pD[e]scatz ; 

« leu vos do G., pregui [vos] quel predgas. » 
635 Pueis U a dih : « Coms, dese Tespozatz. 

— Seoher, » ditz G.^ « volontiers, si a vos platz.» 

Le rey meteis es sus en pcs levatz, 

Pren la pel ponb, .ii). vea lalh fai baiar. 

« Fraire, » dis ela, « per forsa lom donatz. 
640 « Dieus voscofonda que en cros fo levatz ! 

•t Flodrcs vos parga ans que sias tornatz ! > 

E pren Panel ab que Ta espozatz, 

E lor vezen el fuoc r[en] a getatz. 

XVIII 

Tuh la regardo li gran e ii menor, 

645 Non i a .j. nois plorede dolor. 

Car a tos peza fors [de] Temperador ; 
No Tauzo dir, car de luy an pahor. 
G* pren la dona a joi et a baudor 
Et ela lui ab ira et ab plor. 

63o Las noBsas fan sus el palais àusor. 

Vec vos vengutz Daurel lo joglar bo : i;*» 

« Dona, 1 ditz el, « donas mi mon senhor, 
« L'enfan Beto ; (que) paor ai del tracbor 
« Que Tausiza cum fes lo mieu senbor. 

635 « leu ai Monclar, métrai lo en la tor, 
« Noirirai lo ab joi et a[b] baudor : 
<« Entro que sia de mot granda vigor. 
« Can lei sera ja non aura paor 
^ Que jal mi tuelha coms ni emperador. » 

65o Corr, Tracher no sût mos enfans a. ? — 63 1 tennis paraît 
être indiqué par le sens, mais il y a plutôt temais ou temars. — 

646 tors, mi. fort. — 65 1 Ms» Dauretz. On obtiendrait une rime 
plus exacte en corrigeant lo joglador. 



ROMANS DE DÀUREL E DE BETO 23 

660 La franca dona ac de l'enfan pahor, 
Dis a Daurel/ suayet« ab tecoor : 
« Enviât Tai ad huna ma seror 
tf Quel me noirira tro sia de valor. » 

« ■ 

XIX 

La franca dona es delmangar levada^ 

665 Ab très comdessa&en sa cambra es intrada. 
Tant a batuda sa cara e gautejada, 
Estors sos detz, e apelas mal fadada, 
Que per la boca ieis la sanc macada : 
« Lassa caitiva ! en ta mal ponh fui nada ! 

670 « Marit avia de que era pagada : 

« Cel lo(m) m*ausis a cui ara son dada! 
<t Santa Maria, regina coronada, 
« Das mi colssel, que non aia durada! » 
E respon li .j. dona privada : 

673 d leu vos darai colsel se be soi escoltada : 
«c Vostre pauc filh fais noirir a selada, 
« Corn non o sabra en aquesta encondrada. 
« Can sera grans, venra ab ca[va]lgada, 
tt En pauca d^ora aura tera cobrada; 

680 <' Vengar vos a^d'aisel queus a forsàda, 

« P(r)endral trachor enpueh o en estrada. »/^ 88 
Ditz n'Esmengartz : « Be m'aves (a)coselhada ; 
« D*aquest cosse[l]h mi tenh (fort) ben per pagada. » 
Ieis de la cambra dolenta e irada, 

685 Lo rey Tabrasa e puis Ta comiada. 

XX 

Lo rey s en vai el tracher G. ab els, 

663 Corr, noirisca, ou noiriga. — 667 Intervertir ce vers et le 
suivant? — 668 macada, corr, a rajada? — 675 Vers trop lonf^, 
corr, leus [lo] d., e» supprimant colsel ? — 677 Corr, Com n*o s. 
ou nol sabja? 



.\^ 



24 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

Qu*el le ssolassa tro es vengutz lo ses. 

La franca dona trames per .j. borgues 

Que amix era del ric[he] dux marques, 
6go ^ Et elvenc tost, que anc (pon) falha no i fes. 

« Senher, » ditz ela, « cauzimen e merses. 

« Socores mi, que gratis mestiers mi es. 

tf Fort vos amava lo pros duc que mort es ; 

« De son pauc filh cauzimen vos prenges : 
695 « Vel vos aisi en .j. pâli gre[ze]s, 

« Ben o sabes que voste senhor es ; 

« Socores li e non triges ges. 

« Se sa Tatroba lo tracher, mal l'a près : 

« Ausira lo, non escapara ges. » 
700 El li respon : « Dona, si vos voles, 

o Noyri farai ins e mar el gras ; 

« Non intrara tempesta ni fret ges, 

a Vens ni gelada ni nulha mala res ; 

« Dar Tarn noirisa tal que bona res es, 
705 ^ Un% ma iiiha que sos maritz mort es, 

« E lo cieu efas, que no l^ilaita ges, 

« Celai tenra, que d*efan non a ges. 

« Mos magers filh que es pros e cortes 

<' Lor portara lor ops e lor coures, v* 

710 » Nolb faillira neguna mala res. • 

La franca dona lin ret grandas merses : 

< Prendes lo donc e gardas qu* en fares. • 

E si lo pren aquel ric[he] borges, 

Dedins la cambra cum se panatz Tages ; 
7 1 5 Ben tost l'enporta en [y] irla demanes ; 

N'Aisilineta que mol jauzenta n*es 

Noiri Tenfan tan solamen .ij. mes. 



700 voles 011 boles. — 701 Ce vers commence par un mot effacé 
ei récrit d'une manière trop confuse pour pouvoir être lu ; corr, 
N^rirai lo ins e[l] m. que grans es. — 704 corr, Dar l'aï. — 710 
mala, corr, bona, ou No i intrara au lieu de Nolh falhira ? 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 25 



XXI 



Al filh del doc an fâcha tal maio 

Dedins non a (ni) lata ni cabiro^ 
720 Ans es en mar on las grans ondas son, 

En .j. roca on sol estar lo Ico, 

Am bel mur fah de porta de viro ; 

No i intra aiga ni tempestacio. 

N' Aîsilineta , cui Jhcsu Crist bcn do ! 
725 Molt gen lo bauza cant es ben de sazo , 

Pueis lo evolopa en .j. bel cisclato , 

Pueisas li yet [un] ermi pelisso, 

Et en aprot elalh ditz .j. bel so, 

Bauzan los uelhs e tota la faiso , 
73o Et prega Dieu que longa vidai do. 

Aisel enfan noiri hom a lairo , 

Mas lo borges e cel de sa maio 

Pro lei aporta vi e pa a bando , 

E draps de Fransa [on] colque Tenfanto. 
735 Laizem l'estar a Dieu benedisio, 

Parlem del trage de Guio, 

« Dona Esmenjartz, ben aves lo cor felo, 

« Car vos per mi m'aves fugit Beto ; 

tt Tan lam cum vos, se Jhesu Crist bem do. f^8g 
740 « Fais le aportar c gen noirirem lo , 

« Tota sa tera pueissas [nos] li rendro. 

« Gran be mi fes lo duc, rendrai lin guazardo. » 

Estai la dona que no i dis oc ni no, 

El cor sab be c'aisi a trasio. 

72 1 lo leo ou lolco ? — 7*2 corr, de torn e de viro? — 73 1 Corr. 
Aisi r? — 736 Ligne ajoutée en interligne, d'une écriture contem- 
porainej peut-être par le copiste, pour remplir tant bien que mal 
une lacune que le sens indique ici, — 741 Ou li rendr[a] o[in] ? — 
742 Corr. Bem f.? 



^^n^"<^BHBH^BDBEX9li^ "'' 



26 ROMANS DE DAUREL E DE BE10 



XXII 

744 Pueis li respon : « Mas tan lom demandat[z], 

fl Ben es raizos que vos o sapiatz : 

« Non a encaras «vij. dias acabatz 

« Qu[e] ieu Beto me trobe mort dejatz; 

« A Sen Alari es l'enfan scsteratz , 
750 « E cel voles (vos) laïns lo demandatz. 

— Dona, < disel, 9 largamen traspasatz, 
« Que de mentir vergo[n]ha non agatz. 

— Fels coms,» ditz ela, < per que [mi] contrastatz? 
« Major mensoDga vos a mi finavatz, 

733 « Qu'ieu sai lo be e que(s) ne vorriatz , 

« Que aucizes lo duc que dezias c' amat[z]. 
« Ja non aures (de mi), so vulh que sapi[a]tz, 
M Bona molher aitan can jaus vivas, 
« Car ja tracher non deu eser amatz. » 

760 Iratz fo G. et es en pes levatz, 

J. espero[s] de fin or ten caussatz 

Pren la pels cavelhs , tan colps li a donatz 

Quel vermelh sanc ishi [Ven] pels costatz. 

c Fels , » dis la dona , « prec vos mon ausigatz. 

763 <c Vieus es Beto, per ver o sapiatz, 

a Laîns en Fransa es l'enfan noirigatz; 1^ 

« Cant el venra voste jorn er propchatz , 
«( Fessa e pessa ne seret desmenbratz.i» 
leis de la cambra lo tracher renegatz , 

770 Sos cornadors n*a a se apelatz : 

« (Vai) baro, » ditz el, « per la tera cornatz 
« Que si Betos es en loc atrobatz 
c Que a mi sia [tot| ades aportatz ; 

756 lo duc, corr. cel ? — 762 Corr, la pels en Tais, cf. Lex. 
rom. 11, 6 a.— 764 mon, corr. no m', ou peut-être vo» in* t 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 27 

< Qui quel m'aporte no s*6S pas dtstrigatz : 
775 a .M. martz d'argen lin pi^aram e patz. » 

Et elh o cornon per bore e per cieutatz, 

Cum si Bcio fot .j. laires proatz. 

So fo .|. jorn qu'endevenc per pecatz 

Que .j. pescaire fo ins en mar intrat[z], 
780 Ebratz ac nom lo tracber renegatz, 

E venc tôt dret on Betos es entrat[z] ; 

Fer a la porta et es intrat viat[z]. 

E n'Aissilina ténia l'efant el bras ; 

L'efan risia, qu*era gen alegrat[z] : 
783 « Dieus vos salv, dona, que vos tan gent obratz 

a E [corn] molher ai tan gen noirigat[z]. » 

Elal saluda et alh los uelh baisatz : 

c Senher amix, vas Dieu vos regarat[z] ; 

f Cest pauc efan per amor Dieu selatz, 
790 (c De lui vos praiga merse e piatatz, 

« Qu'e[s] vostre senher, valba li fizaltatz, 

« Car orphes es es piatatz asatz ; 

« Agardes lo cossi es faisonatz î 

« Grans pecatz er si el. es afolatz ; p go 

795 « Cum'[el] a fresca la boca e la fatz ! 

c Filh foc del duc^ so sabem qu*es vertatz ; 

a Si al trachor, senher, renseg[n]avatz, 

« El raucir[i]a, car vas lui es iratz. 

« C'el vieu a longas vos teres rie asatz, 
800 a Qu'ieu li diray cum fo per vos trobatz. 

« Per vos es mortz o per vos aribatz. 

— Dona, » ditzel, «defolia parlatz : 

« Mosenher es, noil faria falcetat ; 

« Estais ben, domna, gentamen lo gardatz, 
8o5 « Pro beves, domna, e be vos alegratz, 

n Qu^ieus portaray tôt so que vos vulhatz. » 

E n*Ayselin(et)a porta Tefan el bras : 

783 el, ms, le. — 791 senher, m$. senhor. — 797 Si al, ms, 
Ay. 



yUftA 



28 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

« Ebram, » ditz ela, » aquest efan tocatz : 
« May ne valres aytant can [vos] vivatz. » 

8 1 o E levai pâli, l'efas ris li assatz ; 

E dis la dona : c Ebram, ar esgardas : 
c Ane may nous vi, tan gen s'es «legratz ! > 
Respon lo tracher : « Per mi er molt amatz. > 
Entre sas dens dis lo vilas malvatz ; 

8i 5 ^ .M. martz d'a[r]gen ay uei en mar trobatz. » 
D'az els se part(z), e[s] s'en corren anatz. 

XXIII 

Lo fels pescayre, cui Jhesus desanpier ! 
Entro a Guio no se vols estancar, 
E cant el venc Guis volia manjar, 

820 Garda ayan e vi Ebrart intrar : 

« Senher, » ditz Ebrartz, « ab vos volria parlar *, 
« D aquest Beto cant me voiras donar ? t v^ 

Guis ac tal gauh c'a penas pot parlar : 
« .M. martz d'argen, tan cum ay fah cridar. ^n 

825 — Senher, » dis el, « fais los me afizar. 

— Amix, » dis el, « so m'es fort boa a far. 

— Daurel, » ditz Gui, « puec me en vos fizar ? 

— Ostat ! bo senher, cum o pogues pessar ? 

« Non a home el mon qu'ieu tan puesca amar. 

83o — Ad aquest home me volhatz afizar 

« .M. martz d'argen abans de Pavesprar, 
« Si el me pot Betonet ensse[n]har. t 
So dis Daurel : « leu li faray pagar. r 
Ebrart li ditz : « De faren re magar : 

835 « Vos me siatz a la riba de mar, 

817 fels, ms, fers. — 821 Substituer el à Ebrartz et voirai à vol- 
ria ? De parlar, il ne reste que le p, le reste a été rogné,^ 829 Non 
a, corr. N'a. — 884 Corrompu? — 835 siatz, il y avait cTabord 
seres, qui a été raturé; l'impér, i^'esser ne se pourrait admettre 
qu'en corrigeant le vers (par ex» ab au lieu de vos/. Cest pro^ 
bablement le subj. de segre. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 29 

« Quleu Pi trobe cant anava pescar, 

« Qu*(el) es rescondutz, bel sabray ense[n]har. » 

El pros Daurel vay son caval selar ; 

Tro a la mar no si vole restancar, 

840 Venc a la riba, non pot d'oltra passar : 

i< Jhesu Crlst senher, tu quim volguist crear, 
a Das mi coselh cumlay puesca intrar, 
« E mo senhor puesca de mort gârar. » 
Lo joves hom que lor porta a mangar 

845 Ven s'ab sa nau e près a aribar ; 
Daurels lo vi e[l] près a [a]pelar : 
« Amix, 9 ditz el, f vinet am mi parlar, 
« Sem pasat d'oltra ben poiret cavalgar, 
« Que ieu[s] donaria aquest caval liar, 

85o « Quel filh del duc vol ducs Guis afolar. » 

Lo joves hom si près fort a plorar : f* 9^ 

ff, Senher, » dit el, « pessem de Tespleitar. » 
Abtan Daurel ven s*a la nau intrar . 

XXIV 

Ab mol gran cocha s'en so d'oltra passât, 
835 E n'Aicelina Daurel n'a rayzonat : 

t Senher, » ditz ela, < cum vos vei esclesa t ! 

« Frayre amix, que Tavetz amenât ? » 

— Bêla sor dona^ ades vos er comtat. » 

So ditz Daurel :' « leu ne diray vertat ; 
860 a Lo fil del duc say a G. espiat : 

« Vendut loilh a lo [fais] pescaire Ebrar ; 

« .M. martz d*argen Ih'en ai ieu afizat 

« Tôt per Guio, a la sua volontat. 

€ D'aqui enant ay tan Dieu réclamât 



849 donaria, corr. donarai, comme au v, 821, ~ Sb^Lesfln^Ues 
des versSb^-b, 857-60. 861, 865-6, 868-9, 872-7, 883-4, 886-8, 
890-6, sont terminées par un z ou par unr trait abréviatif joint à 
la barre du t. 



3o ROMANS DE DAUREL E DE DETO 

865 « Quel xni mostres per la Mnta bontat, 

» Gran gauh ai, dona, quar faici] l'ay trobat. 
« Bailatz lo mi que trop sai [ai] estât. 
— Senher, » dit ela, < e fol m'avet fwrlat, 
« Ab lui mor[r]ai, c'aissi m'es destinât. » 

870 Tuh trei si prendo quant an Tefan gardât, 
E ye[n]c enanc Daurel [e] al rapat, 
Fuh s*ea ab el cum se Tagues panât, 
Mol corren d'ôltra son ambidoi passât ; 
Remas la dona, que i fero gran pecat. 

875 £la fo lassa : quant ac .j. brieu plorat, 
Adurmis se, que la nueh ac vilhat. 
E Daurel pueja ; tant a esperonat 
Qu'a son caval ne sancno Ihi costat. 
E Tefas plora (ce) et el Ta acabat : 

880 « Ay ! mon pau senher, ta lueinh vos ay cercat I v«> 
« Dieus cre queus aga a bon port aribat, t 
Tro a Moaclar non a rogna tirât. 
Sa molher genta si li a demandât : 
a Ay ! Daurel senher, cum vos vei ta lassât! 

885 — Dona, » ditz el, « que bona fui a[n]c nat, 
« Lo fil del duc vos ay ieu aportat , 
« Qu'en una riba Tay, ins e mar, trobat ; 
« Vel vos ayssi ; » els bras loilh a pauzat. 
Quant elal ten(e)c a .j. sospir getat : 

890 Garda vas cel, an mol fort Dieu lauzat. 
So ditz la dona : < Ben es endestinat : 
tt Mortz es mosenher, aquest avem cobrat, 
a Cest er noirit^ a foraa o a grat. » 
Met Te la cambra et a lo asadat. 

895 Lih fil Daurel s^eo son tant akgrat 

May que s^aguesso tôt Taur del mon trobat 
Tuh n^an gran gauh e tenos per pagat. 



87a Cf. V, ^14 —877 tant a, m$, a tont. -r- 878. Qu'a, m*. £ua. 
•— 879 acajbat^ cùrr, apelat. — 882 tirât, ms, triac. — 887 Mt.Ç^ 
nuna. — 887 riba, corr, irla? — 889 elal, ms, ella. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 3l 

De la noirissa foro mal oblidat, 
Qu^en fon destreta a tort e a pecat. 

XXV 

900 Lo tracher Gui leva tost del mangar : 
Ebrart, » ditz Gui , « er es ora d^anar. 

— Senfaer , » dis el , « no i a re que tarzar. » 
A celas crido , (et) e van si adobar , 

.Ill.c. nM ac pel filh del duc cassar , * 
905 Pro n'i ac d'els que y fa forsa anar. 

Tro a la mar no [se] van detnorar, /* 92 

Trovo la nau e van d'oltra passar. 

Vengro dreh lay on l'efas sol estar, 

El tracher Gui va la dona abrasar : 
910 i Amiga dona, que vos a fayta plorar? 

« Dat me Beto , no lom volhatz selar. 

— Senher, » ditz ela, « laysat me rayzonar. 
« Per [Deu] del cel nol vos puec ges baylar , 
a Que maroniers say vengro aribar , 

915 < Et an lom toit, (e) van s*en ab el per mar , 
< Per som vezet aissi desconortar. » 
So ditz lo fels : « D^alreus er a parlar I » 
De grans espinas si fay pro aportar , 
A eis Ebrart , las fay fort aguzar , 

720 Per las tetinas l'en comensa a iicar 
Que x. aûdas Ih^en fes laïns intrar , 
Que sanc e lah mesclar ragar. 
La franca res comenset a crîdar : 
a Ay ! senher Gui , nom volhatz afolar ! 

92S < DaUrel Tenporta , nous say plus esenhar. » 
So dis lo tracher : « Aisso vertat mi par , 



901 er, ms, et. — 907 Trovo la nau, ms, Tremolauan. -- 910 
que VO8, ixroMoncéf queus. — 918 Ms. Per cel del de ou d'e nol. 
— 914 maroniers, ms. mardriers. — 922 corr. E s. e 1. mesdada- 
men? 



32 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

« Qu^encuei nol vi a la taula manjar. 
* Baro, • dit [el], « anem nos albergar; 
< Vespres [es] bas, non avem que mangar; 

9^0 f Al bo mat[i] nos nMrem a Monclar. 
« Mas si a Fefas, on lo poirai trobar, 
« Nuls hom del mon no lom [pot] escapar. 
c Ad Aspremon estarem al colgar. » 
E n^Aicelina, cui Jhesu [Crist] ampar! v*^ 

935 Tant fo batuda queil n^ac obs a portar. 
Sos frayre venc prop del vespres sonar 
Aporta lan , que tant la pot amar ; 
E lo borgues vi sa filha entrar 
Ta mal menada que s'en pr^s a plorar : 

940 « Jhesu Crist senher , de Betos vu(i)eil pregar , 
a Que vos , senher , lo volhat de mort garar ! » 

XXVI 

Lo trach^r Guis s^es be matis levatz, 
.C. cavaliers (Guis) dels meliorsa triat[z]. 
« Baro, » dys el, « ades vos adobat[z]. » 

945 Elh Ihi respondon : « Senher, cum a vos platz. » 
El pla amen(er)o los destiers sojornatz , 
Et cilh i monto per les estrieups dauratz. 
El prumier cap foc Guis lo renegatz, 
A Monclar vengo quant meydia fo pasatz, 

950 Als pes del mur de Daurel aribatz, 
El veltitz e de voltas talhatz, 
A y .iij. tors ab [los] denteilhs cayrat[z] , 
Ja per nulh home non er près ni forsat[z]. 
La porta es clauza , Guis lo[s] a apelat[z], 

955 Et eilh Tentendo e foro esariat. 

Dizo siei filh : « Payre, vas lui anat[z], 

940 Betos j^our Betos, Beto vos. — 941 Corr, Que lo volhat se- 
nher? — 944 dys el, ms, ây cel. ^961 Corr, £1 [es] voltîtz? Le^ 
deux hémistiches se répètent, — 9^5 esariat, corr, esmaiat? — 

'966 siei, ms. sielh. 



ROMANS DE DAUREL E DE BBTO 



33 



« Per nulh home aquest enfaû noilh rendat[z] ; 
a Aur e argea avem oos pro assat[z]. 

— Ay ! mieu bo filb, tan geotainen parlat[z] ! 
960 « leu issiriey ; vos Us portas sarrat[z] : 

« Per Qulh destret que vos far mi vegat[z] 
« Mon car senbor vos no li prometat[z]. 
iK [EJ sVl m^auci , diray vos que fassat[z} ' 
« Tenetz vos be trol jorn sia passatz : f^93 

965 « Quant sera nueh de làs cordas aiatz, 

« Per mieh la rpca ins e mar vos n'intratz, 
« Ab la naveta mosenhor ne portatz, 
a E lai(s) on Dieus voira (bels fils) vos aribatz.' » 
Daurel ieis forras, el Ih'an Fus estanquat(z). 

970 E Guis li ditz : < Mos amix vuelh siatz; 
« Dat mi Beto qu'e(u)s laïns albergatz , 
« E dar vos ay .j. de mas sieutatz. 
« Far Tay noyrir : per mi er mot amatz. 

— Se[nhe]r, « ditz el , » per ver o sapiatz; 
975 « Nol vos rendray per aver que aiatz, 

« Se pessa e pessa [tras]tot mi pessejatz. 
« Mosenher es^ e noirir l'ai em patz. » 
E lo fels Gui âiij. motz a cridatz : 
« Miei cavalier , lo castel m*abrazatz. » 

980 Li cav[a]lier volo far so mandat , 

Prendon del f uoc , mas Daurel ditz : « Estatz, 
< Intraray lai, aportar Tay viatz. » 
E Guis respon : < Beus es acoselhatz, » 
Lo pros Daurel es el palais intratz , 

9^5 E lo fels Gui remas forras irat[z]. 
Daurel si es el banc asetiatz, 
Plora del vuelh, a sos cabelh tirat[z], 
Tant sa batut lo pieh e lo[5] costat[z] 
Que per la boca Ih^en es lo sanc ragatz. 

990 Aiso ditz el : « Cautieu, malayratz, 

f Ta mala fuei en cest loc aribatz ! v^ 

937 Corr, P. home nulh est. 



• iiiii 



MBte^MlAihyba 



94 lOMANS DB OAORfiL E DE BËTO 

-* Selh do renfiin tott 8era(y) pessegatz , 

€ E s*ifiul retenh , el er sains crematz. • 

PJoro li filh e cason esblasœatz ; 
995 La molber plora, vengudii lb*es de latz : 

» Amix, » dit ela, c fort vos desconortat[z]. 

— Oi eu , ma dona, que mala fui aac natz ; 

c Ben conoc aras que soy descoselbatz. 

« Amtga bana , quinh cosseih mi donatz? s 
1 000 Ditz Biatris : < Filb e vos autres 

i So qu^ieus dinei e vos altres fasatz. » 

Tuh li respondo : « Doua, quens so celat[z] ? 

« Que anc digas veus nos aparelhatz , 

« Nos o farem si cum vos comandatz. 
100 5 — Vec vos aissi aquest efan que jatz : 

« Vostre frayre [es] e mos filh propiatz , 

« En una nueh ambidoi foro natz, 

« Batejet lo lo duc qu'es traspasatz ; 

< En aicel pâli e vos Tevolopatz , 
10 10 « E Betone(z el bresolet colgatz, 

« E nostre filh al traïdor portatCz], 

< E de luy fasa totas sas volontatz : 

« Morra mos filh , mosenher er salvatz! » 
Tuh très respondo : < Dieus ne sia lauzatz i 

1 o 1 5 « D^aquest coseilh bens tenem per pagatz. » 
Daurel ieis foras , so filh porta el bras; 
L^efas fom bels^ car fon be aleutat[z]. 
Daurel dit a Guis : c L^efan m'aseguratz, 
« Que negun mal vos noqualhui fassat[z].»/*'" 5^4: 

1020 So ditz lo ttacher : « Ben per ver sapiatz 
a Noilh farai mal, ans sera be gardatz. » 
Daurel loilh baila et el lo pren viatz , 
Descubri li la cara e la fatz : 

\ 

1000 Le vers doit se terminer vraisemblablement par au jatz, 
mais vos autres doit s'être introduit ici par anticipation de la le- 
çon du vers suivant,-^ X002 quens ou queus; so, corr. o? — 10 11 
Ms. Ennostre;|7.-^. Est n.? — 1018 Corr. « Guis, » dis Daurel. 
— 1019 Ihui, ms, Ihiu. 



ROMANS DE DAURBL E DE BETO 3 b 

« ^B«to , » dltz Gtii , « bem m^erat esca|)at[z], 
1025 < Em breu de tenipâ seres be noirigàtz. 

xxvrr 

♦ • » 1 ■ • 

« Daurel, » ditô Gui, < ja mai nous paec amar; 

4r Mon enemlc me voliat celar. 

— Senher >, dis el, « dretura m'o fes far, 

« Que so senhor deu hom tostemps aniar. » 
io3o So dit lo tracher : < ôardat qu'en voirai far. » 

Pren lo pels pes, dona ne a .j. pilar, 

Amdos los ueilh ii fes del cap volar , 

E las servelas trastotas escampar. 

« Beto, » dit Gui, « ben puec [aras] estar, 
io35 tt De vosta partz nom cal ja mai gardar. » 

Tuh cil que i sso non o podo durar , 

Quobro lur caras e p[r]endois a plorar, 

E Guis s^en vai , es partitz de Monclar. 

Dis lus a Taitre : « Vejatz que vos en(e) par! 
1040 < Jhesu Crist senher, cum o podes durar? » 

E Daurel vai son efan ajustar , 

En .j. bel pâli Ta fait evolopar; 

Se fo iratz no vos o sai comtar. 

Tro a Peutieus no si vol estancar. 
1045 Don^ Esmengart au de son filh parlar, 

Que Guis Ta mor[t], e pren gran dol a far : 

Vec vos Daurel que venc al comensar, ^ 

Porta Pefan e va Pal pla pauzar, 
\ Tuh lo regardo e prendois a plorar ; 
io5o Doiîa Emcngart volîa cnblamar, v* 

Lo pros Daurel si la fai confortar. 

Trais la vas part, (e) près li merce clamar : 
« Domna, » dis el, t nous cal desconortar, 

« Qu'ieu Pengeriei, perlos ueilh que vos gan, 
io55 « Que mos filh cra : ieu Pai fah cambiar. 

« Mort es lo mieus, (e) fias (e) lo vostre alachar; 

io56 Lt premier c est ajouté en interligne. 






36* ROMANS DE DATJREL E DE BETO 

< Prendet vos garda del castel de Moaolar, 
« Cap Yostre fil m^eo irai oltra (la) mar; 
« Mon essien nom veires retornar 

io6d « Tro qu[e] el pusca sos garnîmcns portar. * 
La franca dona lo vai .iij. ves baizar: 
c G)mpaire senher, Dieus vos capdel eus gar ! 
c So a ves fait que a[n]c hom mai non poc far, 
« C'om des so fiih per so senbor salvar. » 

io65 La dona vai so filoilh esgardar, 
Conoc lo be, fai lo dol espasar, 
Non vi tant gran dol per .j. filh de joglar. 
Apres lo duc va Tefan sosterrar : 
Per luy es mort, ben deu ondrat estar« 

1 070 El pros Daurel torna s'en a Monclar, 
Tost e vias vai las naus adobar ; 
Pro i a mes a beure et [a] mangar, 
Met i sas armas per covinen estar, 
Arpa e vihola i met per deportar, 

1075 .L noirisa per Pefan noirigar, 
Son palafre e son caval liar, 
Son escudier no i vol ges oblidar, > 

Sleu dos filhs se prendo a plorar. 
D[r]esso lur vêlas e prendois ad annar. 

1080 ' E sa molher vai e la tor montar, /• ^5 

Aitant Tesgarda cum lo pot esgardar, 
Pueisas si près molt fort ad esmagar : 

< Lassa ! caitiva, que poirai aras far! 

« Mort es mos filh, nol veirai recobrar; 
108 5 « Mon pauc senhor aras ne vei anar, 
« E mo marit quem degra çapdelar ! • 
Laissais cazer, que anc non poc levar, 
Tro que siei filhs la vero ajudar, 
E mori se, que Domidieus [P] ampar ! 



1067 Corr. tant gran en tal? — 1067 de joglar^ ms. degolar. — 
1068 sosterrar, ms, sostrerar. — 1074 Afs. A. i met et v. — 
1078 Corr, Andoi soi filh? — 1079 ad annar, tnf.an adnar. 



ROMANS DE DAUREL E DE BBTO Sj 

1 090 Laisem Daurel e Betonet estar, 

E si parkm del seïiescalc n^Azemar. 

XXVIII 

r 

Dona Esmengart apela so sirven : 

« Bai tne à n^Azetnar, que a mi benga parlier, 

N'Azemar es que es vengut corrcn, 

1095 E venc ploran, sos uelh muelha sôen : 

€ Domna, » ditz el, « molt ai mon cor dolen 
f De Betonet que es mortz veramen : 
« Mortlo vosz a lo trachèr mescre^en. 
— Amix, » dit ela, « non aias espaven, 

1 100 « Qu'ans es be viens, se Dieu(s) plas, veramen : 
« Daurel Tenporta per mar alegramen ; 
c De son pauc fil n^a fah cambiamen. 
« M onclar vos mete e vostre cauziàien, 
« Lai so li filh que estan maridamen ; 

I io5 « Vec vos aisi pro aur e pro argen, 
« Et estables la tor el mandamen ; 
c Pro lai metet sivada (seguel) e formen, v* 

a E carns e vis e neulas e pimen ; 
c Troa .XV. ans lai metes fornimen, 

] 1 10 tt Quar ans de .xij. ans lai seres mai de cen ; 



1091, 1093 Azemar, prononc, Aimar. — 1092 Esmengart. ms» 
Emesgart, Le sens général et la rime indiquent qu'une nou" 
velle tirade commence à ce vers^ bien qu'il n'y ait ici dans le 
ms,^ non plus qu^en maint autre endroit^ aucune^marque qui in- 
dique une coupure. Toutefois, Je ne vois pas le moyen de ra^ 
mener le v. jog3 à la rime en en. On pourrait plus aisément 
rattacher les vers iog2'et iog3 à la tirade précédente, en cor-^ 
rigeant ainsi le v, xoga : Esmengart vai son sirven apelar— 1094 
es a été ajouté en interligne, U serait mieux placé au corn-- 
mencement du vers et aurait alors le sens <fecce. Au lieu de 
vengut corren, le copiste avait d* abord écrit pros e leugier, ce 
qui est la fin duv. X126, -^ 11 07 CotT. [fen] sivada e f.? cf, v, 
112g. — iiio Les premiers mots, pris duv, xii5 ont été écrits 
ici par erreur, Corr, De bos sirvens ? 



38 ROMANS UE BAUREL £ D6 BETO 

« Pro aias armas et aitres garcrimenSf - 

« Dia e nueh, amiX) ^tai$. lains^ - 

i E quieus combat tomatz vos belamen ; 

« No seres [près] pcr nulh home vi[v]en. 
1 1 1 5 c( Ans de xij. ans, per lo mieu esien, 

c Vendra Bç$P^ e Baurçl issuoien ' 

« Ab cavalgada^-et ab combatemen, 

a Et ausira lo tracber mescrezeo^ 

« E vos fara rie hom[e] e majoen. 
1 1 20 — Domna,. » ditz el, « yostre comandamen 

« Farai. tostemps senes tôt falbimen» 

c De vos servir ai be cor e talen« 

« Aicel castel capte[n]rai ben e gen. 

« Mot ai mon cor alegre et jauzen 
1 125 « De Betonet, car ieu Ip sai viven. » 

XXIX 

E n^Azemar, qu[e] es pros e leogîer(s) 
De clar formen empli tos los graniers, 
E met nU pro a mub [e} a sestiers 
Fen e civada als coredos destriers^ 

1 1 3o De bos bacos lai mes .iiij. meiiers, 

Pro 4e bo vi tant cant lur n^a mestiers; 
.XXX. arquiers (lai) mes e .xx. arbalestiers 
E de triat[z] .xl. cavaliers, 
Gen tent los homes e totas lurs molhers. 

1 1 35 Ldins noirirp austors e [es]parbiers 

E cas de cassa e corredors destriers; f^ 9^ 

Jogon as taulas^ ad escax, a diniers, 
Dins lo caste! meno grans alegriers : 
Ueimai a guerralotracher lauzengiers. 

XXX 

1 140 Quant lo fel Gui enten[det] la razo 
Quel pros Daurel s*en anava ab Beto, 



ROMANS DE DAURBL B DE BBTO ^Q 

Vie de Monclar c'assi estàblit fo, 

Tira sa barba e rom som pelisso ; 

Donc sab el be qu'mctt'tas) n'aura tenso. 
1145 Vai a la dona e met la a razo, 

En .)* tor el Ta mes en preio, 

.1. an la tenc, c'anc res no Ihi tenc pro ; 

Mandée sa gen : bc .m. cavaliers so, 

Tro a Monctar non près arestazo ; 
1 1 5o Gardée las tors e va lor dVnviro, 

Eilh de la vila nol prezo .). boto. 

Lhi filb Daurel so molt cortes e pro, 

Defendo se a gutza de baro, 

Ttth esems erido e fan(t) en aut .j. so : 
1 1 5 3 <( 'Mot presam pauc lo fel tracher Ouio 

< Caucis loduc ecajet far Beto. » 
E n'Azemars comensec sa tmzo : 

<c Fel tracher Gui, ja non aora^perdo : 

« Quar no t'en fuges en altra regio ? 
1 160 « Viens es mosenher", non auras garizo^ 

€ Quar tu «s mor[t} to senhor a lairo. 

-^ Per Dieu t » ditz Gui, c mal m*en gabas, gloto. 

« Per cel senhor que fes lo cel el tro, 

« Totz vos p(r)endrat sus en .j. cabiro. » v* 

1 165 Respon Bertraos que filh de Daurel fo: 

a Mentit n'aves en aquesta sazo, 

< Bens galrdarem de vostra trasio. » 
Antona ! erido per gran alegrazo. 

E eant ve Guis res no l(i) pot tener pro, 
1 1 70 Es s'en tornat ab eorage felo. 

Laissem Monclar el traldor Guio, 
Parlem de Daurel e de Tenfan Beto. 



1 142 Vie est douteux : il y a dans le ms. une tache entre le v et 
/( c. — 1 145 y a-/-i7 une lacune après le vers ? On s'attendrait à 
un discours deGuu— io52 Ms. m. e pro e cortes. — 1172 Vers 
trop long» Ici comme ailleurs {vv. 1 090-1, 1279-80, i4o5} les vers 
de transition peuvent bien avoir été ajoutés par un copiste» 



40 KOMANS DE DAVRBL E DE EETO 



XXXI 

Vai s^en Daurel ab joi etab [bau]dor, 

Per alta mar, per forsa e per vigor, 
1 1 75 Mas ges no sap de sa gentil oissor 

Ques laiset caszer de sus de r[à]ata tor, 

Si que mon sus el palais auzor ; 

Cant o sabra mot n'aura gran dolor. 

Cant Tefas plora a lui non a sabor, 
1 180 E pren sa viola e fai .j. lais d^amor : 

< Ai ! » so ditz el, c mon pauc gentil senhor, 

« Cum vos lonhat de vosta gran honor ! 

« Fugem nos en ab mot gran dessonor. 

« Per vos ai dat lo mieu filhet menor, 
1 1 85 « leu vos ai trah de mas de trafijdor ; 

« Filh es de duc e neps d^emperador, 

c E fugem nos co siam raubador ! 

« Vos no aves ni fraire-ni sefor 

t Que ja vos venge d^aquesta dissonor. » 
1 1 90 Cant hac dit no pot estar no plor, 

Baga Tefant per gauc e per ainor. 

o Jhesu Crist senher, per la vostra dolsor, 

€ Vos nos menât a bon port Salvador 

« E gardât nos de mal e [de] dolor ! » 

, XXXII 

1 195 En Babilonia es Daurel aribat[z] /<> gj 

Ad .j. rie port, Dieus ne sia lauzat[z]l 
Venc el palais on era râmirat[z], 



U75 oissor, ms. molher. — 1176 Ques, ms. Qcn. — 1179 Ms. 
non sap bor.— ii83 Fugem, ms. Fugen. -^ 1184 mieu, ms, mttu 
— ii85 ai,m^. e. — 1187 nos, ms, nolh.'— 1189 d*aquesta, ms. 
dequesta. 



/-' 



ROMikNS DE DAUREL B DE MTTO 4I 

E Pescudier porta Tefan elbras. 
E TamirtC es de mangar levatz, 

1 200 E so .D. de cavaUeis ppezatfz] ; 

E Daurel yenc, (è) a los gen saludats : 
€ Dieutf sal lo rey qu'es doc et amiratz, 
€ E la regina els(i) cavaliers delatz ! > 
Eilh li respo(n]do : « Joglar, enan anatz; 

1 2o5 c Bona sia Pora que sains es iiitrat[z]1 » 
El va enant, a lor dels jocz mostratz, 
Dek us e dels altres, qo^el ne sap pro asatz. 
Pueis presl[a] arpa, a .ij. laisses notatz, 
. Et ab la viola a los gen deportat[z], 

1 2 1 Sauta e tomba ; tuh s'en son alegratz, 
El rei mezis s*en tenc fort per pagatz. 
So dis Daurel : c Senher, or m^escoltat[z] : 

< De lai de França sai soi a vos passatz, 
« Qu^e la cort K. es pels baros lauzat[z]. 

1 2 1 5 < Tu iest lo melher (rey) que anc fos atrobatz ; 
« E reis e comtes, tos los n*ai oblidatz : 
« Per VQStr'amor ieu sai so aribat[z], 
c Ab vos serai aitan can ja vivatz. » 
Lo rey sezia, el es em pes levatz : 

1 220 c Amicz, 1* dit el, « vostre nom me digat[z] . 

— Daurel ai nom, senher, se a vos platz. 

— Daurel, » dit el, » ab me vueilh remangatz, 

< E dar vos ai una de mas cieatat[z], 
« Aur et argent aures vos pro assat[z]. 

122b — Senher, » dit el, « gran aver mi donat[z] ; 

« Ieu no vuelh tan, e teih m*en per pagat[z] t^ 
t Ab cest efan que noirir me fasat[z]: 
« El es mos filh, per mi er trop amat[z]. 
« Morta es ma [mo]lher e so ne fort iratz. » 

i23o Mentir si cuja, mas lo es veritat[z]. 

So ditz lo rei : < A mi lo prezentat[z]. » 



1206 enant, ms, ennat.— > 1207 Corr. Ë d*us e d*attres? -- 1219 
el, mS, te. 



■ -*- t -_« 



42 ROMANS DE DAUREL C DE BETO 

Daurel loi baila et d lo prcn viatz; 
Ausalh lo pâli, Tefas als silhs levatz, 
Jeta .j. ris, el rei es ne pagstE : 

1 235 c Ehsj x*dita el, « ben iest bofiafârat[4 ; 
« Ane mai nom vis, cum si t^es aldgratz t 
€ Â gran bohor vueUi q\ie sias gardatz. 
« Domna regina, [vos] en giurda Tagate, 
€ Fais lo notrif per Tamor quem pf»rtat[z], 

1240 — Senher, > dit ela, « ema brassai pauzat[z] ; 
c Per cel Senhor qne totz nos a formatz 
« Tarn be sera noirit et alautat[2} 
« Cum s'ieo Tagues e mon veiitre portât. » 
Pren lo la dona e rescon lo 'magat. 

1 245 Tan fo noirit tro ac Jij. ans passat[z], 
Estec en crambas e si fo ben gardat[z], 
Pudr ieh déferas e fo be remirat[z}, 
Tuh lo regardo, car grans fo sa beutat[z] : 
Los pels ac bions e gent [fo] faisonat[z], 

i25o E los ueilh vers coma falcos mudatz, 
La gola fresca cum roza en estât, 
Blanc coma neus, et ac genta la fat[z]. 
So dit lo rei : • CaTaliers, escoitatz : 
« Ane aquest efas non fo de Daurel nat[z], 

1255 « Ges nol ressembla.» Daard s'es d>l propiatfz]:/»^ j^ 
« Senher bos rei, pauc cre que mi amat[z], 
<* Quar mon efan aisim desleialat[z]. > 
So dis lo rei : « Daurel, nous irascat[z], 
« Non die per mal, se m'ajut caritat[z]. t 

1 260 Quant ac .iiij. ans Beto fo fort prezatz, 
Vai s^en al rei et eseties delacz 
E pren sos gans et a los 11 rapatz : 

1236 ms. euro se alegratz; cf. v. 812 -» 1241 tots aoi a, ms. 
tost uaza. — 1243 s'ieu Tagues» ms» siel laguet. — i25o coma, ms. 
cûa. — 1255 Corr. propchAtz, ou suppr, d*éi. Toutefois ie dis- 
cours du roi semble incomplet; il y a f.-e. une lacune entre les 
deux hémistiches de ce vers. — 1261 eietieB, corr, et se traîti ou 
8*as8etet? Le ms, marque ici et au v, i2y3 un alinéa. 



dtOMAiœ DE D^UDRBt E DE HE^Ù ^H 

Foron rdc drap entom ab aur listitit, ■•- 
Toi loeal roi « îe» no a^ca trigat(ziv 

1265 Â la regiiiia ai W a prezentatz ^ 

Ela lo$ praoi^ alli los vuelh(e)i J^aizatz* 
L(0 rei s* en ri e dit: < Sai m^cscollat^] : 
« Yolgiram costcs .xiij. denuurcieutatz 
« Qu?eU c^gucâ fil que fos de mo^her oat[z] 

1 270 a Caquen semblés^ qu^ei fora atmiatM'. 
c Mi^ \i coveogra qm fos âl d'amirat . • 
« Que [de] joglar de ^paucas eretat(z}. » • 
Quaiu ae Beto be>v« ana acabaiz^ 
, Foa b^ï cf egitt e pros et essenfao]^] 

1 275 Pueja(s) cayiUls et a io$ abrivatz, 

Fon b.eji$, partieif^. egen entazonatz, 
Joga a tauias, âd eëcax et a dat[z] 
Et en la cort Ib l(rjort per tot[z] amatz. 
Laisse^! Daurel e Betonet em patz 

1280 E tornem sai a cels qu^avem laissatz. 

* 

XXXIII 

• 

Lo tracher Guis es anat ribairar, 

E son be .c. per lo comce garar. 

Porto lur armas» no las volon laissar, v^ 

E .X. falcos per las gruas cassar. 
128a Una espia n^es venguda a Mondar 

Que lor [o] comta, ^ eilb van se adobar : 

Vesto aulbercz e que[x] son elme clar, 

Guio bos brans per los grans colps donar, 

El prumier cap los guiza n^Azemar, 
1 290 [El] e Bertran que fo fil del foglar. 

Isson déferas rengat per batalbar ; 

•X. ne remano pel lo castel garar. 

Ditz n'Azemars : < Senhor, vueilh vos pregar, 



1277 Ms, escaxc. — 1288 Guio bos, corr, Gcaho lot? — 129a 

Ms, remado. 



44 ROMANS DE DACtEL E DB BETO 

« En Brunas vais lai los anem sarcar, 

1 295 « Aqui los trobanuDd per los falcos gitar. » 
Guis garda avant e vi los cavalgafi 
Laissais. £alcos e cor si tost armar, 
Crida als sieus : « Baro, al remenbrar, 
« Queus vos lai los fairlt[z] de Monclar. » 

1 3 00 Ab las par[a]ulas hil se van adobar, 
Vecirôs Bertran en .)• caval li(r)ar, 
E venc tantost cum pot esperonar ; 
En auta vos comenset a cridar : 
c Fais tracher Gui, nom podet escapar, 

1 3o5 c La mort (de) mo fraire araus vuelh demandar^ 
« De Pefantet que feris al pilar. » 
Au lo coms : sul caval va pujar, 
E venc vas lui lai on lo vie estar, 
Grans cops si fero pels escutz pessejar. 

1 3 1 G Bertran Tenpeih quel cujet degolar, 
El coms Guis lui que Ta fah darocar : 
€ Esta, » fai cel, « malvas filh de joglar; 
■ Ja mai ab com[te] not vuelhas engagar. » 
Sieu compa[n]ho li coron ajudar, f^ gg 

1 3 1 5 Grans critz g(u]itero a las lansas bàisar, 
Aqui virât .j. gran tornei mesclar, 
Franger las astas e los escut[z] brizar, 
E las perpongas romper els auberctz desmalhar. 
Vec vos vengut lo cortes n'Azemar, 

1 320 Baiset sa senha, laissai caval anar, 
E'fer Guio, mas nol pot daroquar. 

< Antona \ » crida, « tôt veires revelar 

< L^efant Beto que cujes mort laysar ! » 
Au o lo coms : cujec enrabiar, 

i325 E trais s^espeia, laissai caval anar, 

1294 Ui est douteux^ étant très effacé. -^ 1295 Aqui, los, corr, 
SiU? — I2q7 Laissais, ms» laissalc. — 1298 al remenbrar, d'abord 
al cavalgar^ qui est rayé,^ 1299 Corr. Que eu vei ? — i3i8 E las 
perpongas, corr. Els perpongx. — i3i4 Au o, ms. Ano— enrabiar, 
la leçon est peu nette, p.-é. enrabieiar ? 



ROMANS DE DAUltEL E DE BETO ^5 

Fer j. donzel desus son elme clar, 
Entro las dens ne fes lo bran passar, 
Mort l'en trebuca, que anc non poc levar, 
Fer demestz els, £es los esparpalhar. 
i33o € Aspramonl » crida, c vinet mi ajudar; 
< D'aîcels faîrit[z] non veuret .j. tornar. » 

XXXIV 

Au o Bertrans, es s'en [fort] irascutfz], 

Ponh lo destrier que va los sautz menutz ; 

E n'Azemar tenc se per cofondutz ; 
i335 Contra Gui corro e son .xv. ab escutz, 

Baisso lur astas els [es]pleutz esmolutz. 

Li très le fero el ausberc qu'es menutz, 

De tos los autres lo gandi son escutz . 

Trastut lo fero, mas el s'es ben tengutz, 
1 340 Per els non a minja d'estrieup perdutz ; 

El feri .j. que fo acosseugutz, 

Demest los altres [aicil] es mort cazut[z] ; 

Vi o Bertrans, e[s] se'fort irascut[z], 

Brocal destrier e trais lo bran que lutz, 
1 345 Fer lo per re[l]me qu'es luzens et agutz v^ 

Que los dos caires el n'a jos abatutz, 

De cada part fo lo chaple tengutz . 

XXXV 

Veuc vos vcngut n'Azema[r] lo leugier, 
Apres de lui son .iiij. cavalier ; 
1 35o Li .iij. lo fero el escut de cartier, 

Quel gomfano li fan el cors mulhier, 

E n'Azemar feri Ihi son destier, 

Lo d(i)estrier ca ; lo coms près a tumbier, 



1337 Ms, autbers. — 1347 chaple, ms» capeh; Va est douteux, 
p.-é, chapeh? — i35i fan, mi. fai. — i353 comt, ms, eu. 



46 ROMANS DE DAUREL B DE BBTO 

A tera cazet, non fa per a blasmier, 
1 35 5 De ca[da] part li van grant cops dernier. 
El $t dftfen ab sa speia d'asifer^ 
Qui [el] encausa be lo fa trastumbier. 
For lo respondo per ios grans cops que fier : 
Reigardo sas, mas no Tauzàn toquier, 

1 36o Tro Bertrandet comenset a cridier : 
i Eia ! baro, del tracher lauzengier, 
f Cum es aiso nol porrem daroquier ! • 
Van lo ferircadaûns yol[un]tiers, 
Que son escut li fan tantost £Eilhier. 

i365 Ab las palauras vec vos .[. cavalier, 
Jaufre ac nom e vai ferir Requier, 
Tant Pasta dura lo vai jos daroquier, 
Per mieih las rennas va prenre lo destrier, 
Fer per la prieissa, comenset a cridier : 

1370 c Montatz, coms Gui^ que be vos fa mestier ! • 
El salhi sus, pessa de Pespleider ; 
Cel de Guio non podo plus durier, 
Fugen s'en torno dreit .|. cami plenier. 
11 Ios encauso per las testas trenquier, 

1375 Soen Ios fero e Ios fan trabuquier, 

.Vij. n^an ausitz e .zx. ne fan. menier. 

E lo fel Gui, cant ne pot escapier, /^ 100 

Tro Aspramon nois vol pas rastanquier. 

Eih de Monclar s^en volo retornier 

1 38o Ab lor encals que an fah de prumier. 
Aysels que an près fan sobre S. jurer 
Que de la guera lor vuelho ajudiep, 
E que no sian ni fais ni lauzengier; 



i354 cazet... per, corr* caL,. pts?— i357 Qui pour cuî. — 1358 
Corr, for[t] lo redoptan? » i3bg Les deux premières lettres de 
Regardo sont à peine lisibles ; sas, qui n'a aucun sens ià, est cer^ 
tain; corr, se î — i363 ferir, ms. fcrit. — i368 Va, ms, au A, Ta 
est douteux, — 1371 Ms. del deaplehier. -^ 1374 11« ms, lifa. 



ROMANS DE DAUREL E DE BCTO 47 



XXXVÏ 

Lo tracher Gui foc irat e dolens^ 

1 383 Manda sas terat et aîu[8]ta sas geas. 
De cavaliers i ac .m. e .ccc. 
E de triat[z] i ac be .il cirvens. 
Tro a Monclar non près arestamens, 
Asetjet los senes tôt cauzimens, 

1 390 Tendo lur traps enriviroBamens, 

Bastiso peureiraS) trabiiquetz issamens ; 
Mas res que los fasso no lu^ te dampnamens. 
Pdeis sobre S. a[n] fah los sagramens, 
No s^en partran per aulh homes viveiis 

1 395 Tro que p[r]endaa aquelhs que so laîns. 
De laïns crîdo e dizon autamens : 
tt  I tracher Gui» malvas e mescrezens^ 
a Tostz i seret prejucs de tos fais sagramens.» 
Dedins s*alegro e fan esbaudimeos 

1 400 E nueh e dia estan aiegramens ; 

An que mangar a .xij. [ans] per seguens, 
Laïns en aigua molis e for eis e coreas. 
.XII. ans estero enclaus tuh de laîns, 
Tro que Beto ac près sos garnimens. 

1405 Laissem Monclar els asetiamens. 

Qua[nt] ac Beto .vj. ans, foc bds e gens, 
La color ferca, los uelh belh e rizens, 
Amal lo rei e te lo caramens, 
Ë la regina e sa filha issamens. 

1410 Fo la donzela de bels aculimens, 

Ac nom Erimena e fo ben avi(e)nens« 
Lo pros Daurel fo aras ben jauzens, 



iSgi Vers trop long; corr, E fan pJ — iSga que los, corr, 
qu'ilh? fuao, m#*fo8to. — iSgS i leret, corr. en. — 1401 Corr» e 
forns cozens? — 1407 ferca, pour freaca. — 141 1 Vers trop long. 



4B , ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

L^efant apela e ditz li belamens : 
« Bel filhs Beto, ap[r]endet d esturmens, 
141 5 c D^arpa e de viola, seres ne plus jauzens. » 
L^efas respon mot ensei[n]adamens : 
« Bel senher paire, vostre cbmandaniens, 
« Veus me aissi per far vostre talens. » 

XXXVII 

Qua[n]t ac .vij. ans Beto sap gen violar, 
1420 (E) tocar citola e ricamen arpar, 

E cansos dire, de se mezis trobar. 

.1. jorn aven que Daurel fo en mar 

En .j. nau per los dalfis pescar, 

E Betonet vi los enfans jogar, 
1425 Fllh de baros qu-ero de rie afar : 

El cor tantost son brizaut empenhar. 

Cor al taulier e va s'i asetjar. 

Cilh de la cort o van al rei comtar, 

Vi o lo rei e pren lo a gardar ; 
1430 Ans qu^en levés li detz Dieus (a) gazanhar. 

Que .x« enfans lai a fahs depolhàr 

De lor brizautz, que no lor vol laiasar ; 

Al col los leva e pren »^en ad anar. 

E lo reis vai .j. donzel apelar : 
1435 « Amix, » ditz el, « gardât qu^en voira far 

« D^aicels brizautz qu^en vei al col portar. 

— Senher, » ditz el, a ben ba sabriei contar. » 

Beto ieis forras, comêncet a cridar 

Permiei la vila et s^en près ad anar : 
1440 « Qui vol brizaut a me benga parlar !» f'* loi 

A l[o]s donzels vai los brizaut [z] donar; 

El palais torna, comencet a gabar : 

« Tozet, » dit el, « sabres ben tremolar, 



1436 qu'en, eorr, qu*eul ? '- 1438^ Le sens serait mêilkur si 
on intervertissait les seconds hémistiches. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 49 

a Si mi crezes(et) altres nMres talhar. d 
1445 E lo donzel o va al rei comtar, 

Si cum a vist, que no Ih^o vol celar. 

E Pamiratz fai sa cort ajustar, 

Qu^ades venga qui lui voira amar. 

Mai de .c. m. lai n^a fah ajustar, 
1450 E la regina que motz fai a prezar. 

So ditz lo rei : « Baro, que vos en par 

(t D^aisel efan que vezet lai estar, 

« De Betonet que ieu puec tant amar? 

a Tantas proesas ieu li vei comensar, 
1455 a E .X. brizaut[zj gazanhet al jogar, 

a E cant los ac, dese los anet dar. 

tt Per cel senhor que tos nos fa parlar, 

« Ieu non creirai sia filh de joglar, 

« Que los cavals li vei fort abribar 
1460 « E los ausbers vestir e despulhar 

(t E los escutz tener et abrasar. » 

Ditz la regina : « leusz o farai proar. 

oc Ins en las crambas vos Pen mandat intrar, 

« Que a ma filha an dels verses comtar; 
1465 « C. mart[z] d^argen lh[i] farai prezentar : 

«c Si pren Paver donc (er) es filh de joglar, 

tt [E] si nol pren anc re no Ih^ac a far. » 

A cel cossel si van tuh ajustar ; 

E lo rei fa per Pefan enviar, 
1470 Et el venc tost, pren se a ginoulhar : v" 

« Beto, » dit el, « araus vueih fort pregar 

« Que ab ma filha vos ânes deportar, 

a De vostres laices vos li ânes viholar ; 

« Irada es^ anas la m^ apagar. 
1475 — Senher, » ditz el, « aisso m^es bon a far. » 

Val s^en corren, pren sa vieula trempar. 



1449 lai, ms. lan. — 1455 E, corr. E[r]? -^ 1460 ausbers, ms, 
uarbers, p.-é» manque-t^il une lettre ou deux au commencement de 
mot, car il y a à cet endroit un trou dans le ms.— 1468 A cel, ms, Aicel. 

4 



5û KOMA.NS DE DAUREL E DE BETO 

E la regina vai sa filha ensenhar : 

a Filha, » dit ela, « ab vos voirai parlar : 

« .C. martz d'argen aissi vos vueilh laissar, 

1480 « Que Betonetz vos venra deportar ; 

« Vos los li datz quantz s^en voira anar. » 
Lo rei meszisses comensa a parlar : 
<£ Baro, » ditz el, « anem los escoltar 
« En cal manieira si voira capdelar. » 

1485 Entorn la cambra si van tuh amagar, 
a Que auzifam tôt so que volran far. > 

XXXVIII 

Sus a las cambras s'en es Bcto intrat[2] 
En .j. brizaut qtie fo gentil cordatz; 
E la donzela es levada vîat[z] : 

1490 « Bom sap, amix, quar ses saïns intrat[z]. » 
Ela es joves et es grans sa beutat[2], 
Non a .X. ans enquara acabat[z], 
Ela fo agradabla, en sa ma te .iij. datz 
Qû'ero d'aur fi et dcdins tragitatz : 

1495 « Dona, » ditz el, « sai vos a evîat[z] 

« Queus mi tramet(z) mossenher Tamiratz, 
« Et îeu mezis teînh m'en fort per pagat. 
<r De bels vers(es) sai, dona, vueilh quen'aujatz. » 
E dit sos verses e fon ben escoltatz ; 

i5oo Lo rei l'auzi que s'era amagatz 

Entom la cambra eil reïna delatz, f^ 102 

Et ab lor so .c. cavaliers prezatz, 
Que tuh escolto cossi s'es deportatz. 
Una gran pessa s'es lains deportatz, 

1 5o5 Ganta e vihola, es se fort alegratz, 

« Dona, » dit el, « iriei m'en si a vos plat[z], 

'i486 Ce vers paraît devoir prendre place aprps le v» 1483. — 
1495 vos a, corr. vos soi ? — i5o2 prezatz, ms. pregratz. — i5o3-4 
deportatz occupe la place d'un autre participe en l'un ou en Vautre 
de ces deux vers. 



ROMANS DE DAURfiL E DE BCTO 5f 

« Tôt jorn, madona, quem volretzmi mandatz. 

— Beto, » dit «la, « .j. petit m'escoitat[z] ». 
.C. maFtfr] d'argen li a denan pauzatz. 

1 5 1 o Amix, » ditz ela, c cest aver vueilh prengat[z], 
« Que cpmp[r]ar n'et p(l)alafres sojornat[z]. 
« Mon prumier do en refut non agatz. 
"• Dona, » dit e[l] « ,m. merces e .c. grat[z], 
« Que teu ai, dona, aur et argen asat[z], 

T 5 1 5 « Ab soiamen que vos be mi volhatz. 

« Joglar venran, d'estrains e de privatz, 
« Ad els, ma dona, aquest aver donatz, 
« Lauzar vos an per estranhes regnatz 
« £ vostre prêt seran plus issausatz 

i520 «De vos, ma dona, me téin for per pagatz, 
« Que tôt jour vos a mi pro donatz, 
c Que noiritz m'a mosenher Tamiratz. 
-^ Beto, » ditz ela, c per la fe quem portatz 
« No vos n^anes que del miei non aiatz. 

iSiS -^ Dona, » dit el, « per que m^ensermonatz? 
« Quant ieu Tauria séria ne enbargatz ; 
(C Mas soiamen, car conosc que a vos platz, 
« De vostra ma prendrai [ieu] aquels datz. 

— Amix, » ditz ela, < ben pauc mi demandatz. 
1 53o « Tenet lôs doncz, per amor los portatz. » 

Et el los pren, ela los li a donatz. 

« Dona, » ditz el, « donatz mi comiatz. 

— Beto, » dis ela, t en bon astre anatz; 

« Que Dieus don(e) so que vos mai deziratz. v" 
i535 — Dona, » ditz el, « vos ab Dieus remanatz. » 
Uefas ieis forras, als donzels atrobatz, 
Van abergar los destriers sojornatz ; 
Quant el los vi no s'es pas atrigat[z] : 
Dreih a Testablc, tantost s^en es anatz, 
1 540 Pren lo caval del rei, es sus montatz, 



lâai tôt )our, ccrr. tota dia? — 1534. Corr, Q. D« [vos] d.so q. 
m. — 1537 abergar, corr. abeurar, cf. v. i54]« 



52 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

Et ab los altres abeurar es anatz. 
Lo rei ici de lai ond era intratz, 
Et ac auzit Beto cosi fon deportatz, 
Pueissas lo vi qu^es el caval montatz : 

1 543 « Baro, » ditz el, < e sai vos regardatz : 

« No m^es vejaire, segon los mieus pesatz, 
« Que aquest efas anc fos de Daurel natz.» 
Tuh li respondo : c De nien en parlatz; 
<L Per cel senhor que totz nosz a formatz, 

i55o « Fils es de duc, de rei o d^amiratz. 

— BarO;» dit el, € car no lo m'apelatz?» 
Cilh lonlh apelo et el venc mot viatz. 
So ditz lo rei : « Beto, cum fos auzatz, 

« Que mos destriers fos anc per vos tocatz ? 
1 555 — Senher, » dis el, « uci no fo abeuratz ; 
9 Vostres escudiers es be malaûratz ; 
9 Ieu[i] menarai a Taiga, si a vos platz. 

— Beto, » ditz el, « ea garda lo agatz. 

— Senher, » dis el, «per mi er ben garatz.» 
1 56o Partz se d^aqui, tuh dizo ad .j. clatz : 

«t Aicel efas pessam que fos panatz.» 
En aquel dia fo Beto esproatz ; 
D^aqui enan fo mil tans mai amatz. 

XXXIX 

Qua[n]tac (Beto) .ix. ans foc del rei escudiers, 

1 565 Foc bels e gens e covinen parliers, 

Joga a taulas, (et) ad escax, a diniers, 

E va cassar ab cas et ab lebriers, /^ io3 

Âb los austors et ab los esparviers ; 

Baissa las astas, abriva[n) los destriers. 

1570 Amal lo rei, la regina a sobriers, 

154a Ms, on dera — 1343 Supp, Et ac et corr. Auzic? — 1649 
totz, ms, tostz. — i55o rei, ms* rie. — i55i car «n interligne. 
— i552 lonlh ou loulh/ corr. r«n? — 1558 Ms, lagat la ag«t2. — 
1569 Corr, Bersa lu gantas ? 



i575 



ROMANS DE DAUKEL E DE BETO 

Sa genta filha que lo te motz en chiers; 
Ama[n] lo domnas, donzels et cavalrers. 
Et a las taulas servia als mangiers : 
' Denan lo rei estava prezentiers, 
Servi li fort de so quel fa mestiers, 
Puessas los viola e canta volontiers. 
Vi o Daurel : ac ne grans alegriers. 



53 



XL 



Quant ac .xj. ans el se sap (gent) escrimir, 
Als cavaliers privadamen servir. 

1 5 80 El pros Daurel de lui ac grant servir : 
Comprailh caval et armas per garnir. 
Bêlas e paucas, que las puesca sufrir ; 
Pueissas el fes .j. Sarazi venir 
Que fo molt dels efantohet[zJ noirir. 

i585 « AmiX) » dis el, « aujatz que ieus vuelh dir.» 
E Betonet fes denan si venir. 
Daurel comensa al Sarazi a dir : 
« Aquest miei filh m^essenhat d^escrimir. 
« Ben conosc aras quel voles enriquir. » 

1 590 Vefan ne mena, esenhal d^escrimir, 
E so destrier de la tera salhir, 
Ab son escut escelier e gandir, 
Et en Pautruei de grans colbes ferrir, 
Lasdretas astas mamenar e brandir, 

1 595 E los distrierfs] adresar e venir, 

Grans cops donar e dels altres gandir, 
Et en tornei cum si deu mantenir. 



1571 genta, ms. senta. — 1576 los, corr, lor— 1578 Corr, gent 
se sap e.? — i58o servir, corr. plazir? — 1584 Corr, Q. fo m. 
[duchs] d'e., ou d. efantos. — i385 Ce vers serait mieux placé 
après le v. 1587.-1589 Ce vers semble être la fin d'une ré- 
ponse du sarrasin, de laquelle le commencenfîent aurait été omis par 
le copiste, ~* t5c)2 escelier, corr, esquivar? — 1594 mamenar, 
cerr, mttnejar? — 1595 venir, corr. tenir ^ 



54 ROMANS DE DA0REL E DB BBTO 

.1. an lo tenc que re no ac que dhr^ 

E sap d^escrima^ de gamimens tenir. v*^ 

XLI 

1600 Quant ac .xij. ans^ sap pfo d^esernîmenfs] ; 
Vi o Daurel, ac ne son cor }auzen(s) 
Daurel Papela, el venc yiassamen(s) : 
« Bels filh,» dit el, «prentostz to(s)garninien(s), 
« Las bonas armas e lo(s) distrier(s) corren(s) ; 

i6o5 « Irem lai forras ieu e vos solamen(s). 

— Ai ! senlier paire, vostre(s) cômandamens, 
a Si cum volretz tôt al(s) vostre(s) talen(s). » 
Entr^ ambidos ban (s'en) en . j. (bel) prat verden(s) : 
oc Bels filhs, » dit el, c armatz vos belamen. » 

1610 Et el s'adoba adzaut et covinen. 

Qua[n]t fo armatz, el li dit en rien : 
« Ai I senher paire, que vos ve a talcn ? 

— Bels filhs, » dit el, « veirai vostr' ardimen : 
a Jondret ab mi, se Dieu plat, veramen. 

Î6f 5 — Bels senher paire, ben parlât de nien, 
Qu'ieu comtra vos dresses mon fer luzen, 
« Nonofariaper .c. m. març[z] d'argen. 

— A far vos er, per Dieu omnipoten 1 
« De mi ferir non aiat cauzimen , 

1620 « O^^icu nos ferriei a mon esforssamea. i> 
Cascus selonja .], mezurat arpen^ 
Baisso las astas e ferqis duramen 
Per los escut[z] quel fer(e)s intra dedins 
Entrols aulbertz que de mort los defen. 

1625 Daurel Pespenh molt vertudozamen , 
E Pefan lui qu'a terra l'en dissen, 
E passa d'oltra e fetz son torn mol gen, 
Daurel s'en ri jos son elme luzen. 



iSgg garniméns, ms, gamines. — 1600 Corr. escrimltneH^ 
1620 nos;70«rno vos. — 1621 Plutôt s'e[5]Ianja. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 53 

c Beto, » dit el^ « ben aia aital joven^ /"" 104 

i63o « Bem par aras per mieu essien. 

« Ailsenher Dieus [molt] gran(s)gratvos en ren.n 
L^efas dit c^en plora mol greumen, 
Venc a Daurel e per sa ma lo pren : 
« Ai i senher paire, mol fezes folamen, 

i635 « Quar anc vas mi fezes essa[ja]men: 

« S^ieus agues mort, ieu m^ausira issamen. 

— Bels filhs, » dis el, « aras sai veramen 
ff Que seret pros se vivet longamen. » 
Las armas pauzo amdoi cominalmen, 

1 640 Van se cezQ sus en Perba yerden. 

XLII 

€ Amix Beto, » dit Daurel io joglar, 

« Cui es vos filh? sabetz m^o vos nomnar? 

— Senher, ieu vostre, e vulh p ben estar. 

— Non es, amix, per Dieu quem fa parlar, 
1645 < Ans es mosenher, e devet o selar. 

c Grans etz e bels, neh [per] armas portar ; 
« Duc et e coms, e vuelh vos o mostrar : 

< Neps es de K. que mol fai a prezar, 

c Del melhor rei que hom puesca trobar, 
i65o < Fils (es de) sa seror; ja nol devet amar, 
« Quar en aisi vos fai faiditz anar. 
« Lo duc tos paire el mi donec Monclar, 

< .1. rie castel que esia sobre mar. 

« Us tracher coms queis fa Gui apelar 
i655 « Ausis vostre car paire quan fo ab lui cassar, 

< Pueis compret vostre maire ab pro argen et dar. 
€ Vos noiria hom ins en irla de mar, 



i63o // est aisé de corriger Aras b. p. p. [lo] m., mais la phrase 
reste incomplète, — i632 Corr, L'e. dissen, qu'en ? ^ 1642 Cui. 
ms. Qui. — i655 Corr, A.to p. (c/. v. i652), ou A. vo p.? — i656 
Corr, P. V. m. c. ab pro donar ? 



36 SOHANS DE DAUREL E DE BBTO 

« Cel tracher Guis vos i fes espîar, 

* Vole vos aucire, mas ieus aniei panar ; 
[660 ' E nulha guia noh pogui escaper, 

« Tro moQ pauc filh per vos aniei donar ; 
« Mos uelh vezens feri ne a .j. pilar, v 

1 Si que los uelh li fe del cap volar; 
« Quant Tac délit cujet bos mort laissar 

[665 1 leu, cant o vi, no pogui plus durar : 

s Fugi m^en sai, que bos volgui salvar. ■ 
L'efas Beto se comensa a plorar : 
« Senher, • dit el, « aisso cum poguet far t 
« Cum vos poirai cestz fah gazardoaar? 1 

1670 — Mon car senher, ieusz o sabrai coœtar : 
a Em breu de temps nos ne volrera tornar, 
u Ausirem Gui que no[n]s pot escapar, 
it T[r]astot Peitieus er'al vostre mandar, 
« Bordels, Aatona, tro al castel de Moadar. 

1675 « leu ai .ij. âlhs quem fezetz vos laissar 

• E ma molher el castel de Monclar. 

■ Per vostre sen nous volhatz capdelar, 

e Mas per lo mieu, e no 1 poiretz pecar. 

« Celatz vos fortz trous ne volhat anar. 
1680 — Bels senher paire, tôt al vostre mandar, ■ 

Prendo lur armas e prendo s'[a] anar, 

Sus el palais se préndon a violar, 

Denan lo rei se van fort alegrar, 

L'efas Beto si près a ginolbar, 
i6S5 Denan lo rei [vai) son esturmen pauzar. 

XLIll 

Quant ac Beto .xiîj. ans, fo fort (e) prezatz, 
Et en la cort volgut e pels melhors onratz. 
El rei Gormon ajuster sos barnatz, 

168S «oncorr. r? — 1687 Corr. ben volgut et onratz î ou per 1m 
m.o., «n omettant volgau — t6&H sos, ms. son. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

Volois gran mal entre el e Pamiratz, 
1690 Guerra an atida bon a .xx. ans passatz; 
Ab gran poder es sobre lui anatz, 
Ab be .xij. h. de cavaliers prezatz f^ loS 

Ab .c. H. homes, que us non es restat[z]. 
En Babilonia es Gormons aribatz, 
1695 Per mieh la vila s^en es grans crit levatz. / 
E Betonet no s^es pas oblidatz : 
Dreh al drestier del rei s^en es anatz, 
Met Ihi l[o] fre (e la boca) e la cela el[s] costat[z], 
E venc al rei ; es denan lui anatz : 
1700 c Senher, » ditz el, ce e vos car no montatz? 
(T Vostre caval es mol be esselat[z]. 

— Beto, » dit el, « areires lom tornatz, 
« No i issirem, que no n^em adobatz : 
« Nos em petitz et ilh son trop assatz ; 

170S » Se i issiam séria grans foldatz. 

— Senher, » dit el, « aisi cum a vos platz. • 
E torna areires et es se cossira(ra)tz, 

E membra li del linatge qu^es natz : 
Uaubert del rei se gita als costatz, 

1710 Sint'a Pespeiga, e[s] se .iij. vetz senhatz, 
E lassa Pelme qu[e] es ab aur listratz, 
De plana terra es sul caval montatz, 
Dels adops del rei s^es ben aparelhatz, 
E pren Pescut que es estreh belcatz 

171 5 Ab .iiij. brocas d^[a]ur que i so pauzatz, 
E brandis Pasta, el fers fo nielatz; 
Dels garnimens del rei s^es adobatz. 
Brocal destrier dels esperos daurat[z], 
Tro al portai no s'es pas atrigat[z]. 

1720 Ditz al portier: « Las portas alargatz, 

« Que lo rei ve [e] trastot sos barnat[z]« » 



i6go Af;f. Querra ann aûda. — 1710 Sint'a mt, E sinta — 171 3 
Corr, D'adops, ou Dels rei adops. — 1715 so, ms, fo. — 1716 nie- 
latz, »w. liielcatz, c/. v. 1757. 



38 ROMANS DE DAUKBL B DB BETO 

El las li nebre ; el «Utz : c A Dieu siat{i) ! » 

E lo rei es ak fenest[r]a[l]s montat[a], y* 

E vi Beto qoe fo molt abrivatz, 

1 725 Conoc lo foe, e(s] s^en meravilhatz : 
< Digas, regina, e foras esgaratz : 
« Vegat Beto cum s^ea aparelhatz. 
t De mos adops be vei que s^es armatz, 
« Lo mieus destriers euh que c^era cambiat. 

ijBo — Senher, j^ ditz ela, « no sera se Dieu platz; 
€ Fe quem deves, a Dieus lo comandatz. 
« Be vos puesc dire que se el vieu asat(^], 
« De nos acore er ben aparelhatz. 
<r S^el [i] es près, be^serafi) malevatz. » 

1735 De la gran oati^ nos ne ve .ij. triatz 
Que so vengut entro prop dels valatz. 
Beto los vi et es se d^els propchat[z] ; 
Tuh lo esgardo dels murs e dels valatz. 
En aut lur crida : « Baro, nous ne fugatz, 

1 740 « Vus de vos dos ad huna part estatz, 

« Ab lui jondrai, ab quai que vos volhatz. 
€ Perdet destrier o aquest gazag[n]atz. » 
So li ditz Pus : « Companh, ab roi justatz. » 
Cadaûs broca ab los espiest baissatz, 

1745 Grans cops si fero els bos escutz listrat;. 
Be lo feri aicel desbatigat[z] 
Que entro Tauberc s^en es lo fer passatz ; 
Beto fer lui coma vasal proatz, 
L^escut li trauca, e l^auberc Ta falssat, 

1 750 Vezen de totz es lo paias tumbatz, 

So dit Beto : « Bon sap car et tumbat[z}, 

« Que ab joglar vos estes encontratz. » 

Vi ol compainh, fon dolens et iratz, 

Etac gran anta quarPartre fon tumbatz :/© io6 

1729 cambial, corr. camjat. — 1782 se, ms. es. -— lyS^Ms, ma- 
levetz. — 1735 Q08 ne Te, corr. ne vcno ou vec vos ne? — 1736 
çntro^ ?7t5,' entra, — 1749 e, ms. a. — 1750 totz, ms, toss. 



ItOMANS DE DAORBL B DE BETO à^ 

1755 BroCal caval, venc vas lui abrivatz, 
E Betonet no s^es pas oblidatz, 
E brandis Tasta, el fers fo nielatz, 
Gran cops si fero ses totas pietatz, 
Que lor escut[z] i an trastotz briatz. 

1760 Be lo feri aicel desbatejatz, 

E Tefas lui, que los arsos dauratz 

En fa volier e trabuca Tels prat[z]. 

ce Amix, » dis el, « an Gormon, me digatz 

« (Que) fil de glojar vos a amdos tumbatz. » 

1765 Lo reis o vi e tôt Paître barnatz, 

Ab vos escria : « Cavaliers, escoltatz ! 
« Per cel senhor que totz nosz a formatz, 
« Se vieu .j. an el sera amiratz. » 
De Tost o vîro si que s*en so triat[z] 

1770 Mai de .iij. m., mas nols a espera[z], 

Abans s'en iritra com(a) savis e menbrat[z], 
Ab .ij. destrîes qu'en mena esselat[z], 
Per mieh la vila s'en es gran brut levatz, 
Coro en cambras : el s'es gen capdelat[z], 

1775 A .ij. donzels a los destrier[s] donat[z]. 
E mieh la plassa s'es Pefas desarmatz, 
Tuh lo rimiro quar grans fo sa beutat[z], 
Vec vos Daurel qu[e] es vengu viatz, 
^Que) tenc .j. basto que fon gros e cairat[2] : 

r 780 « Ai ! » so dis el, « filh de joglar malvatz, 
% Per cel senhor que totz nosz a formatz, 
« Mala icis senes los mieus mandatz ! » 
L'efas respon coma hom essenhatz : 
€ Ai ! senher paire, per que vos corossatz ? 

1785 « Molt n'ai gran gauh quar vos m'en castiatz. » v^ 
Tuh li escrido : « Daurel, nous irascatz, 
« Vegat l'efan cossi c'es razonatz. » 
En pauca d'ora n'i ac mois ajustatz. 
E lo reis venc e trastot sos barnat[z] 

1759 an, m's, ai. — 1764 glojar ;?ottr joglar» 



6o KOMANS DE DAUREL E DE BETO 



XLIV 

1790 Lo reis i venc corren ad esdemes, 
Aitan col poc portar sos palafres, 
Venc a Daurel e près lo pel cabes : 
« Per cel senhor que tot[z] nosaltres (es, 
c Ins e ma carcer estares .xij. ans près, 

1 795 « Que es escura, que re no laî veîres; 
4 No manjaretz lunha re de dos mes, 
« Ni pa ni vi ni lunh altres coures 
€ Se nom dizes aquest efan cui es, 
« Qu'el non es vostres, se m'ajut Dieus ni fes.» 

1 800 Respon Daurel que es pros e cortes : 

« Ai f senher rei, per Dieus, valham merces l 
tf Fais ajustar vostra cort demanes, 
'< Els chivalier[s] e los melors borzes, 
i Pueisas dirai de Pefan de cui es : 

i8o5 i( Non es mos fils, so sapjat que vers es, 
a Non a el mon duc ni comte ni reis 
« Que sia plus haut quel sieu parentat es. » 
E Pamiratz fa cornar .j. pages 
Que tost s^ajusto el palais majoriss. 

XLV 

18 10 A la cort veno tuh li mal e li bo, 
El pros Daurel poietz sus .j. peiro, 
En auta votz comenset so sermo : 
a Ai ! senhe reis e tuh vostre baro, 
« Entendet me, que nuh hom mot no i so : 

181 5 a Vezes Pefan ab lo var blizaudo : 
« Coms es e dux ses tota mentizo, 
« Filhs fon del duc qu'apelava hom Buvo^J^ 107 
« De cel d^Anton[a], cui Jhesu Crist perdo I 

1798 cui, ms, qui. 



i 



ROMANS DE DAUREL E D^ BETO 6i 

€ Pus el [es] ne[p]s l'emperador Karlo, 

1820 o Del melhor rei que sia ni anc fo, 
« K. lo rei det sa sor a Buvo^ 
« E lo duc Boves ac ne Tefan Beto ; 
« El duc SOS paire si près a compa[n]ho 
0: J. comte sieu que [a]pela hom Guio ; 

1825 . « Aquel Pausis ab mol gran trasio ; 

a Pueis près sa maire per forsa, noil saup bo, 
(( Don^ Amenjart ab la gentil faisso, 
« Ins en irlanda de mar noiri Tom a lairo ; 
« Vole lo auscire Guis ab lo cor felo, 

i83o a Tant lai estet tro qu^espiatz i fo, 

« leu lo paniei; portiei Pen a maio; 
« Seguet mel tracher per granda trasiho, 
« Demandée lom : ieu dissi Pen de no ; 
« Volia m^ardre (e) mi e Pefan Beto. 

i835 c E ieu, can vi non auria guerizo, 

tt E luoc de lui diei li .|. mieu filho : 
« Vezen de totz lo près per lo talo, 
« Feri n'ai mur et eservelet lo ; 
4 Ieu soi SOS hom, fih Pen cest gazardo* 

1 840 vT Fugi m^en sai e vostra regio ; 

« Noirit Paves e deu vos saber bo, 
a Tornar nos n'em, que ben es de sazo, 
u E vengar s^a del fel trachor Guio. 
V £ E quilh fes m^l ja non aura perdo, 

1845 « Que de proesa a ben comensazo. » 

XLVI 

[E] qua[n]t lo rei la paraula enten 
Quel neps de K. a noirit longamen, 
Ven a Beto, entre sos bras lo pren 
.C. ves lo baia, (e) la regina icimen ; 

1820 melhor, ms. molhor. «— 1827 faisso, ms. fiiissa. •- 1828 
Corr. Ins en un' irla noiri ? 



62 ROMANS DE DAUREL £ DB EETO 

i85o Tuh li baro li crido autamen : 

« Rei, daih ta filha, que ben es d*aTi[n]en. » y^ 
Lo rei ac gauh e dis li en rien : 
« Beto, 1» fai cel, « ma filha vos prezen. » 
Uefas respon ab gran e&senhamen : 

i855 a Senher, » dit el, « no la refutnien ; 

« Si o vol mos paire que m'a dat gamimen^ 
« leu la prendrai mol voluntieuramen. » 
Daurel escria moLvertudozamen : 
« Prendet la, senher, que ben es covinen, 

1860 « Ab solamen queusfassa .j. covinen : 
« Per vostr' amor prendra batiamen ; 
« Menar Pavetz a Peitieus veramen. » 
E la reïna n*est întrada corren 
Ins e las cambras, sa bêla filha pren, 

1 865 Vezen de totz la tra a parlamen, 
Pueis li demanda, si c^o viro .d. : 
« Domna Erimena, voletz batiamen ? 
« Beto o vol que a molher vos pren. » 
Domna Eripena li respon gentamen : 

1870 « O ieu, ma domna, a tôt lo sieu talen. » 
So dis Daurel : « Rei, da Ihi de ta gen, 
« Mai de tria mîlia (homes) que sian combaten, 
« E cadatls que aia (tôt son) bon garnimen, 
« Que d'uei en .xv. jorns nos n'irem veramen 

1875 V Entrogas'a Peitieus, que no i a tarzamen, 
« Dels enemix en penra vengamen, 
« Pueissas penra la domna (so sapias) veramen; 
tt Vos daret lalh ab gran esbaudimen. 
Tuh li escrido que ben es avinen, 

I880 E pueissa crido trastuh comunalmen : 
<t Rei s, jure la dese nostre vezen. » 
So dit lo rei : « Beto, fais sagramen. 
— Senher, » dis el, « rc no vos i conten ; 



t85i gauh, ms. guah. — iHSg Ms, ben nés. — 1862 Ou M. Ta- 
netz? ~ 1874 Corr» Dinz .xv. jorn»? — 1875 -Corr, Trosc* a P. ' 



ROMAMS De OAUREL E DE BfiTO 63 

« Daurel mos paire jure premierameû. » 
i885 Lo rei mezis las bonas fes en pren : 

Sobre .j. espeia aokioî fan sagrameo, 

E Daurel e[i]s a .j. cros d'argen. 

Aqui mezis, que no i fan tarzamen, /<> io8 

Meto las naus e Taparelbamen, 
1890 E laïns meto de trop bel(s) garnimen, 

De tôt aquo que a nau si coven ; 

E son de .x. m. e desobre .ccc. 

E Tefas pren ac[u]miadamen, 

E met s^e mar Beto ab granda gen. 
1895 Dresso lor vêlas e det lur Dieus bo ven, 

Très mes complitz, meih de tempestamen, 

S^en van per mar, pueis fan aribamen 

Près de Monclar alegre e jauzen. 

XLVII 



T 



E Daurel garda e si a vist Monclar, 
1900 Aqui aribo, cuja laïns intrar; 

Entom los viro assatiat[z] estar, 

Los trap[s] tendutz, las cozinas fumar, 

Vi o Daurel e pren To a mostrar : / ^ 

a Senher, » dis el, « Dieus nos vol fort onrar ; 
1905 « Vejaire m'es nons quai fort afanar, 

« Dels enemix aisins podem vengar. 

a Vec vos lai Gui que nons pot escapar, 

a Se pel mieu sen vos voletz capdelar. 

4 Fais vostres homes garnir et adobar. 
1 9 ï o — Senher, » ditz el, t (a) tot(z) al vostre mandar . » 

Tuh se garnisso, cMs no s'en fai pregar, 

E comensero del castel a gardar, 

E[l] pros Daurel vai lor Pescut mostrar : 

Conogrol be, viras los alegrar, 
1915 E Tus a l'autre comenset a parlar : 

1892 Corr, £ son dins. ic. c desobre. -^ 191 1 faî, ms. fan. 



64 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

« So es mossenher que ve d^oltra la mar! » 
Dedins s^adobo per los fors assautar. 
« Estam menbrat çant auzirat cridar. » 
E Beto s'arma, viest .j. bon aubère clar, 

1920 E la espeia jes no la vol laissar, 

E Daurel altre, ges non o vol tarzar; v® 

Gran ac la barba, qu'om nol poc albifar : 
Ben a vij. ans no lais laissetz ostar. 
El pros Daurel los va tost ajustar, 

1925 E pueis tan gent si los vai castiar : 
« Negus de vos no i an esperonar 
« Tro que nosaltres vos lai augatz cridar, 
« Pueissas vinetz, que degus no esper som par ! • 
Una gran capa va Daurel afublar 

1930 E Betonet ne fai altra portar, 

Prendo lor vieulas a guiza de joglar, 
E[l] pros Daurel vai Beto essenar : 
a Senher, » dit el, ce cous sabret capdelar : 
« leu cantarai, vos devet escoltar. 

1 935 « Dirai tal re queilh poira enojar, 
« Mon essien el me voira tocar. » 
So dit Beton(et) : « Et ieu tost al vengar I » 
Entro al trap non volo restancar. 
E quant cilh vengro, Guis secia al manjar; 

1940 Guis lo escria : « Joglar, vinetz mangar. » 
So ditz Daurel : « Volem vos deportar. » 
E Betonet pren .j. (bel) lais a notar, 
El pros Daurel comenset a cantar : 
o Qui vol auzir canso, ieu Ih'en dirai, som par, 

1945 € De tracio que no fai a celar 

« Del fel trachor Guio cui Jhesus desampar 1 1» 
E Guis tenc .j. coltel, vol a Daurel lansar, 
El pros Beto vai sa vieula gitar, 

191 7 Dedins, ms. De dieus. — 191 7 Ms, p. las forsas sautar. // 
doit manquer quelque chose entre ce vers et le suivant, ~ 1928 
Corr, qu'us? ^ 1932 vai, ms. via. — 1933 Lacune entre les deux 
hémistiches? •— 1942 Ms, Botonet. — 1945 Corr, D*una gran t ? 



ROMANS DE DÀUREL E DE BETO 65 

E près sa capa molt tost a despolhar, 

tgSo E trais la speia, va Ihi .j. cop donar, 
E lo bras destre fai a tera volar. 
« Antona ! » crida, molt altamen e(l) clar : 
« Tuh es mîei home, c'us nois n'auzan tornar. » 
Cil del castel quant auziro cridar, 

1955 Obron las portas, van si amb els mesclar. f^iog 
Vec vos pongen [ajquels d'oltra la mar, 
Que re no i ac mas del desbaratar. 
Aqui viratz tanta testa trencar, 
E tant baro caser (et) e t[r]abucar, 

i960 Tan chivalier morir et derocar, 

Tant pe, tan poinh per mieh lo camp volar ! 
E Daurel vai los baros a[m]parar, 
Acels a pe, qu'om nols auza tocar, 
Quel tracher Guis i fai(s) forsat[zj estar, 

1965 Sos chivaliers laisa totz afolar, 

Grans gaus n'an cilh qu'en podo escapar, 
Que anc negus no i atendec som par. 
L'efan Beto vai Gui fort escapar, 
Per mieh la gola[lh] fai .j\ liam gitar, 

î 9 70 Elh(i) fil (de) Daurel van lur (senhor) pair€ baiar, 
E pueissas van lur senhor abrassar, 
Aqui virât tan gran gauh demenar 1 
Lo pros Daurel comensa demandar : 
« On es ma molher que ieu puec tant amar ? » 

1975 Ilh li respondo : t No la podetz mostrar, 
« Tant tost mori quan vos en vi anar. > 
Daurel o au, non pot em pes estar : 
Enblesmat ca, e van lo cofortar ; 
E Betonet vi Daurel engoissar, 

1980 Ac ne tal dol comenset a plorar. 

Trastut [li altre] van Daurel cofortar, 



igSi volar, ms, volhar. — 1955 van, ms. vai. — i960 Ms» ci*» 
hualier. -^ 1968 escapar, corr. estacar? — 1972 gauh ou guah; le 
ms. est taché à cet endroit,^' 1970 podetz, corr. podem. 

5 






66 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

Del dol que fa lo prendo a blasmar : 

« Ab vostres fils vos deves alegrar. » 

Cominalmen s'en pe:[ ar 

1985 Tro al mati quels près ad ar, 

Tuh vas Peîtieus eli ad anar; 

E[l] pros Daurel a fak Guio cobrar, 

Dret a la coa del bon caval liar ; 1^ 

Entro (a) Peitieus lo fan tras si cornar. 
1990 Cilh de la vila si fan los senhs sonar, 

Tuh rev[e]stit van Beto amparar ; 

E li borzes prendois Dieus a lauzar 

Quar lor a dat lor senhor a cobrar; 

Aqui virât tan gran gauh demenar, 
1995 Tant bon tapit per las ruas gîtar ! 

Daus totas partfz] los virât alegrar. 

« Ai ! senher Dieus, mol vos devem lauzar, 

• Quens aves fah nostre senhor cobrar! d 

Don' Emengart au la bruda levar, 
2000 De Faut palais comenset a garar 

E vi Guio tôt sanglcn rosegar, 

E cor encontra per novas demandar; 

.1. donzel troba que be la[s] saup comtar : 

< Domna, » dit el, « beus er ad alegrar ; 
20o5 « Veus vostre filh qu'es vengut d'oltramar. 

ff El tracher Guis ac fah tras si menar. • 

Au o la dona, no si vol estancar : 

So filh encontra, si lo vai tost baigar, 

El pros Daurel si loilh vai pre(n)zentar, 
20 1 o E[l] fel Guio Ihi van desse lieurar, 

Dis o Daurel (Ihi domna) : « Fais cest tracher gardar. * 

So dit la dona : « Fais lo al vent levar. » 

Daurel respon : « Farai lo cofesar 

1 984-7 Le bas du feuillet est taché. Les mots soulignés sont dou- 
teux. Au V. 1985 il serait aisé de restituer ajornar, n\ais ce qu'on 
distingue des lettres presque évanouies ne s*y prête pas* — 1999 
la bruda, ms, lo brut da. -— 2002 per, ms, pre. — 2012 vent, ms* 
venc. 



ROMANS DE DAUREL E DE BBTO 67 

« Qu[e] el ausis lo bon duc al vengar. » 

201 5 E Betonet fa sa ost albergar; 

Ab molt gran gauh van el palais montar, 
La nueh sojorna tro venc al dia clar. 
E[l] pros Beto fa sa cort ajustar, 
El fel pescaire fa 

2020 So es Abram quel 

XLVIII 

Cilh de Peîtieus an lor senhor cobrat, /• / lO 

Trastut essemp en an gran gauh menât; 

Al bo mati son denan lui anat, 

Tant bel prezen li an [ilh] apôrtat : ^ 
2025 Qui palafre, qui caval sojornat, 

Qui copas d'aur, qui rie pali(tz) rodât. 

Aqui s^ajusto ab gran alegretat, 

Rendoilh las forsas de trastot 16 régnât, 

Totas las vilas que ero del dugat : 
2o3o Coms es e dux e an Ih^o autregat. 

Veus lo borzes que tan Ta deszirat, 

Quel dux son paire Pavia tostemps onrat 

E n'Aicelina e sos frairel menbrat. 

E n^Aicelina n^a Béton rasonat : 
2o35 c Bels âls, » dis ela, « mol vos ai désirât, 

« Be sapiatz .c. vetz vos ai baizat, 

« Drestan fui a tor[t] et a pecat, 

« Mal m'en batet cel traje renégat 

« Que ieu vey lay estar encadenat. 
2040 « De tal perilh ieu vos vey escapat, 

« Lo mal quem fero non ay pas oblidat : 

« Dat mi Abram que vos a espiat. 

— Dofaina, » dis el, « be vos er autregat. • 

2014 II y A selon toute apparence, une lacune entre duc et al 
vengar. — 202 1 et suiv. Presque toutes les finales de cette tirade 
sont terminées par un z ou par un signe équivalent, — 2037 Dres^ 
tan, corr, Destrecha n' i 



■^•'- 



68 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

Puiessas la pren e baia l'a privât, 

2045 Be sap com es, Daurel To a comtat ; 

Enans qu^en parca él Ihi a mot donat : 
.1. rie castel ben bo et afozat(?] 
El fel pescaire aqui[?) es vieu(e)s escorgat. 
De totas partz si foro ajustât, 

2o5o E Betonet si a Gui apelat : 

« Digas, fels coms, aujam la veritat, v** 

c Cum fo del duc que aves afolat ? 

— Senher, • ditz el, « ja no vos er selat : 

c Be lo ai mort per [ma] granda foldat. » 

2o55 El pros Daurel a Beto apregat : 

€ Coms debonaire, non aias pi[at]at, 

t A mi[l] donat : mo filh verrai vengat 

* Qu[e] el m^ausis, ieu rendrai Ih'en son grat. » 

Respon Betos (Betos) : « A vostra volontat. » 

2060 Vezen de totz el a Gui estacat 

Plan a la coa d^un destrier sojomat, 
Per mieh Peitieus l'a pertot rosegat, 
E pueis lo fa gitar en .j. valat. 
A icest traire i a pauc guazanhat, 

206 5 Que li voltor e li corp l'an mangat. 

XLIX 

Tuh li baro son en gran alegrier, 
Car an trobatz lur senhor dreturier. 
L'efas Betos près Daurel apelier : 
A Ai ! senher paire, tant(?) . . . gran plenier, 
2070 « Totas mas terras vos autrei per mandier. 
« Qui vos non amara ieu nol voirai amier, 



2o58 rendrai, ms. rendran. — 2060 tozt, ms, tost. — 2064 Ms. 
guazasniatz. — 2069 gran, qui est parfaitement lisible, ne donne 
pas un sens admissible. Corr. gauh ? On pourrait restituer tant 
avem gauh p. — 2071 Si telle est réellement la leçon (le ms, est for- 
tement taché à cet endroit) ^ il faudrait connger amara en ama. 



-!Lfl^liMMMitfHi 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 69 

« E qui VOS ama ieu lo voirai amier. 3> 
E n'Azemar que Ih'ajudec (molt) volontier 
Da l'Aspremon que mot fai a prezier, 

2075 E [de] Bertran el a fah chivalier, 

Dalh .ij. castels a trastot son mandier, 
Del menor fraire el a fah escudier; 

Quant sera tais /ara lo 

Aisi son an 

2080 Pueissas trametz per sa gentil molher, f*^ i ii 
Ab ela vengro mai de .m. cavaliers, 
So nom li laissa, que (no) nolh vol cambier : 
Domna Erimena si fai ben apelier. 
Lo coms la près a Sant Alari el mostier ; 

2085 Tostemp estero ab mot gran alegrier. 



So es en mai quan li ram per la flor 
E li boisso recobro lorodor; 
Lo coms Beto fo de granda valhor, 
Venc a sa maire, baia la per amor : 

2090 « Domna, » dis el, « mot soi en gran tristor 
« Se ieu nom vengue del fel emperador 
« Que cosenti a (don) Gui lo traïdor, 
« Qu'aucis mon paire a dol et a tristor, 
« E vos vendet a granda dissonor 

2095 « C[e]l felo traire que vos ac ad oissor, 
(( Que a Daurel ausis so filh menor. 
« Se nom fugis al rei amparador 
« Quem dec sa filha a la fresca color, 
« El m'agra mor[t], non agr'amparador. 

2 1 00 « De Gui so venges, merce del Criator : 

îoyS ajudec, corr, aidée? — 2084 Lo coma près Ta ? — 2086 5*i7 
ne manque pas un vers après celui-ci, on pourrait corriger q.el ram 
par? — 2094 Le bas du feuillet est à partir d'ici taché d'humidité 
en diagonale, la fin des vers ne se lit qu'avec peine, les mots 
soulignés sont rétablis par conjecture, — 2097 nom, ms, mon. 



m C. 



70 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

« Ane no fui filhs de Bovol ponhador(?) 

« S^ieu ans dM mes nolh gasti sa honor; 

« Et es mos oncles, Dieus Ten don dissonor! 

— Fils, » dis la dona, « Dieus ti crega valorf?) ! 
2io3 tt Car l'emperaire es de tan gran ricor(?), 

« Vostre parent so sieus homes melhor; 

a Entre vos dos non sia mala rancor ! 

« .J. mesage prendetz ab destrier corredor, 

t Trametes lo K. Pemperador 
2 ( lo « Queus fasa dreit de la gran dissonor, 

« Car el lieuret a Guio sa seror; 

1 Ce no fa non vol ador 

c Ans de .x. ans dresse son auriflor. v^ 

« Vos aves dret et iretz sobre lor, 
21 j 5 € Ab vos iran .c. melia cavalgador, 

« De ramira[t] vos venra gran socor. » 

So dit lo coms : <r Dieus [vos] fassa honor, 

« -Que anc nulh hom non ac maire melhor; 

a leu vol vengar lo rie due so senhor. 
2120 « Aisi o farai (dona}, que no i aura tras[t]or. » 



LI 



Lo coms Beto si apela Bertran : 
a Am[i]x, » dis el, « aliet vos adobar, 
« Et ab vos 5ian .ij, cavaliers valhan, 
« L'.us n'Azemart e Pautre Gauseran, 

2125 « A l'emperaire vos n'anatz mot(z) corran, 
« Nol saludetz nil fassatz bel semblan, 
< E digas lui que ieu lou vau desfizan, 
« Ne patz ni treva no Ihi vau demandan, 
« Car cosentie mon deszeretamant, 

2 1 3o « .XV. saumiers eargatz d^aur e d^argan 



aio8 Corr, Prendetz mesage? — 2ii3 ans, corr, jorns? —-2114 
iretz, ms, rei. — 2122 Corr. adobanr— 2127 lui. ms. iiu ou 
lin. 



^ 



-. I ■■—É—a^ , — ^"- ■ — ^ -- ■'- — 



ROMANS DE DÂUREL E DE BETO 7I 

« Ac per ma maire, vendec la ab aitan. 

« leu son .... er, merce Dieu veramen, 

« Ges no l[o] tenc per senhor ni per paran ; 

a Tant cant ieu puesca portar mon garniman 
2x35 « Non aura patz a totz lo mieu vivan. 

« Saludas mi lo palazi Roulan, 

5K Per amistat liei portât .j. mieu gan; 

€ Mos parens es, nom deu noser nian, 

« K. a guiran 

2140 « Adan. » 

Ditz n'Azemars : « A vo(stre) comandaman, f^ 112 

« Jal vostre dret non irem [nos] laissan. » 

Los bos destriers an celât ab aitan, 

E H baro s^en van ardidaman, 
2145 Cadaûs a son riche garniman, 

Albercz e lan[c]es et espegas trencans; 

En .iij. jo[r]nieigas, ses totz reteneman, 

«Son a Paris e Tausor mandaman. 

LU 

En Azemar apelec lo portier : 
21 5o € Amix, » dit el, « laïns volem intrier, 

€ Davas Peitieus em nos .iii. messagier. i» 

E cilh respondo : t Per Dieu, motz volontier, 

« Mas de lai foras remanran li distrier. » 

£ ilh montero sus el palais plenier; 
21 55 Denant lo rei s^en van tuh ajustier, 

E Gauserans a parlât tôt prumier. 

Car el es vielhs e volo la (?) 

E fon be savis per la razo contier, 

Bos cavaliers per las armas portier. 
2160 « Dieus sal et gartz Roulan et Olivier, 

« E si saludi trastot los .xij. pier 

21 32 Après son il y a un trou causé par une mangeure de vers. 
A partir de ce vers, le bas de la page est fortement endom^ 
mage par une tache d'humidité.'^ 2i33 lo, mj. nol. 



\im > 



ROMANS DE DAUBEL E DE BETO 

t De part (de mi) Beio, lo bon comte guerier. 

« No salut mia cel que a lo vis clier, 

I' Aiso es K. cui Dieus don desturbîer, 

« Car det sa sor per argen et (per) aur clier. 

u En est palais vengro .xv. saumier(s), 

n Al trachor Gui la donet per molher 

€ Que Betonet cujet a mort lieurier; 

< En loc de lui feri ad .j. pelier 

« Ab .]'. efan qu'era filh de joglier; 

« Pueîs Dieu del cel cil n'a falic [es]capier, v" 

« La sua mort el vos vol demandier : 

B De Guis es vengues, vos no vol perdonîer. 

« Ges nous promet sodadas ni deniers, 

1 Mas, pel Senher que tot|zl nos fa parlier, 

1 Ja no vieuret .j. mes trastot plenier 

« Qu'el vos fara ira(t) e desturbîer; 

" Tant coni el puesca sos garnimens portier 

1 Non lo(?) viret (?) .iîij. jorns repairier, > 

E l'emperaire pren Ten a regardier 

Pren s'en a rire e son cap a erolier : 

1 Amix, B dis el, « mot as corage fier, 
u Car tu aisi m'est vengutz menasier 

« Ane mai non 

« Mas mon car amier 

donier 

lo dret{?) sabra jutgier 

, or chivalîer 

reprocîer(?) 

redre 

l'en apelier 

companhier 

.* portier 



. dier 



î 1 8 1 i7 temble qu'à la place des points le n 
pren, qui nalureltement est à supprimer. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

LUI 

t'ampar 

ar 



73 




jjBHMC£-a^^ 




b 



tÊ^ 



WÊH 



VOCABULAIRE 



A 195, ab 114, i53, am847, 
amb 1955, ayeci ab...que, 
à condition que, moyen- 
nant que. 



abergar iSSj, pour abeurar. 

abracier, vojr. abrasar 

abrasar 1461, abracier 261, 
abrasier 70 : embrasser 
[quelqu'un]; imettre l'icu] 
au bras, 146t. 

abrasier, voy. abrasar. 

abrazar 979, embraser. 

abribar, voy. abrivar. 

abrivar, abribar 1459, abri- 
vatz 1275 ; abriva 1569- 
entraîner un cheval, le ren- 
dre propre à la course; 
abrivau 1714, 1755, qui 
est lancé au galop. 



acabar , acabatz 422 , 746, 
1 273, achever. 

accès, voy. aver. 

acels, voy. aicel. 

acore 1733, secourir. 

acosselhar, part, acoselhatz 
983; ind.pr.pl. a* p. acos- 
selhatz 619 ; réft., prendre 
conseil; acoselhatz Ipart.) 
983, qui a pris conseil. 



: accueille bien, 

1 abord agréa-* 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



76 

aculhir, arculhir 1 16, accueil-- 
lir, recevoir [qqun], 

acumiadamen 1493, congé. 

ad suivi d'un mot commençant 
par une voyelle, 32, 69, yS, 
az 108, 816, à. 

adesmar 368, estimer^ éva^ 
luer, 

ades 579, 773, aussitôt. 

adobar 1071. 1286, s'adoba 
16 10, adobatz 6o3, 609, 
préparer j mettre en état, 

adops 1713, 1725, vêtement 
militaire y armes défensi" 
ves, anc. fr. adous. 

adresar iSgS, diriger, 

adzaut 1610, adj. pris adver^ 
bialement^ bien, comme il 
faut, 

afar 1425, de rie afar. de 
même en anc, fr, de naut 
afaire, de grande situation. 

afîzar 825, part, afizat 862, 
assurer, garantir [par en» 
gagement], 

afolar 85o, 924. 1965, afolat 
402, 453, 458, 794, tuer, 
massacrer. 

afublar 1929, revêtir, 

agardar, impér, agardcs 793, 
regarder, 

agatz, ages,[vo>^. aver. 

aglaziar, aglaziat 449 , tuer 
par le glaive, 

agues, voy, aver. 



ai 3 18, 525, 1780, 1784, ay 
390, particule exclamative^ 
ah! 

aiam, aiatz, voy. aver. 

aicel, pronom démonstr,, cas 
rég, 1009, ^^y acels 1963, 
ceux, 

aissi [pour aici) 1479, aisi 

210, 1906, ICI. 

aitan 12 18, autant; ab aitan 
2i3i, alors^ là dessus; 
aytant cant 809, tant que, 

ajudar 223, 376, iZi^^suhj, 
pr, sing. 3^ p, ajut 407, 
1259, aider, 

ajustar 202, 1041, 1924, ajus- 
tier r53, 21 55, assembler, 

al, voy, aires. 

alachar 1056, part, alautatz 
1 242 , aleutatz i o 1 7 , ind, pr. 
sg, i^p, alaita7o6, alaiter, 

alargar 363, impér. alar^atz 
1720, lâcher (des chiens) 
363 ; ouvrir largement (une 
porte) 1720. 

alautatz, voy, alachar. 

albirar 1922, penser, imagi" 
ner, se figurer, 

alegramen 174, joie, allé" 
gresse, 

alegrar 206, 349, i6S3^ part. 
alegratz 589, 784, 812; 
impér. aleçratz 8o5 ; 5^ ré- 
jouir, être joyeux, 

alegre 1 124, allègre, joyeux, 

alegrier 169, 1577, allégresse. 



1 



VOCABULAIRE 

aleutatz, vqy. alachar. 

alh, pour a li, 787. 

alier (en rime) 75, go^impér. 
aliet 2122 ; aller. 

aires 264, autre chose, 

alreus 917, pour aire vos. 

als 1 536, four a (ha b et) los. 

alue (ms. ague) i5, aleu, 

am, amb, voy. ab. 



amagar 1485 , part, passé 
amagatz i5oo, magat 1244, 
cacher. 

ambas 3oi, toutes deux. 

ambidoi 873, ioo7, ambidos 
1608, amdoi i886, amdoy 
29, amdos io32, 1 764, tous 
deux. 

amdoi, amdos, voy. le précé- 
dent. 

amiratz 1270, 1271, etc. émir. 

amparador 2097 {corr. empe- 
rador?), 2099, protecteur. 



amparar 1962 , 1991, subj. 
pr. sing. 3^ p. ampar 218, 
protéger ; recevoir, accueil' 
fir, 1991. 



n 



anar 356, annar 1079, anier 
(en rime) io8, part, anatz 
535 ; ind. pr. sing. i^ p. 
vau 2i27,s5«/7. vain4, 353, 
vay, 70, va 77, 1 16, pi. 3^ 
p: van 49 1 ; prêt. sing. 3^ 
p. anec 288; fut. sing. i« 
p. irai 45, iriei 1 5o6 , 
pi. i^p. irem 930; impér. 
sing, 2« p. Vay 66, vai 2 j 3, 



77 

pi. j« p. anem 67, 2* p. 
anatz 335, anas 5o ; suaj, 
pr. sing. i^p. an 72, 3^ v, 
an 1926,/?/. 2«/7. ânes 4§; 
aller; employé comme au* 
xil. avec un inf. 70, 35 1. 
Voy. alier. 

anc 466, anc mai 497, onques 
jamais. 

angils 419, ange. 

ans 120, 121, 242, avant. 



anta 245, 265., honte, déshon- 
neur. 

anuier, voy. enojar. 

aparegier, voy. aparelhar. 

aparelhamen 1889, appareil- 
lage, préparatifs de départ, 
en parlant d'un navire. 

aparelhar, aparegier (en rime) 
io5^ part, aparelhatz ioo3, 
1727, aparegat 2 ^.g^ prépa- 
rer. 

apertenemen 2oo^dépendance. 

après 38 1, 1068, auprès. 

aprosmatz 440, approché. 

aqui 864 ici , aqui mezis 
i888, ICI m4me. 

araus 1 3o5, pour ara vos. 

arculimen, arculhir, voy. acu- 
Ihimen, aculhir. 

■ 

ardre i834; part. fém. asa 
612 ; brûler. 

arestamens i388, arrêt. 

arestazo 1 149, arrêt. 



■V*J 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



78 

aribar9i4, aribatz 801, 991, 
1694, aborder, arriver; au 
fig, 801, sauvé. 

arpa 1074, harpe. 

arpier 84, jouer de la harpe. 

arsos 1761, arçons. 

artre {pour altrc) 1754, au- 
tre, 

asa, voy. ardre. 

asadar, asadat 894, rassa^- 
sier. 

asagar 270, essayer, éprou- 
ver. 

asegurar, asegurat^ 1018, J5- 
surer^ garantir. 

asetiamen 1405, siège. 

asetier (en rime) 229, 25o^ase- 
tiatz 986, réfl.j s asseoir. 

assimen 35, aussi, de même. 

asta i594, 1716, 1757, lance. 

astre, bon — i533, bonne 
chance. 

atresi 1 36, aussi, également. 

atrigar, part, atrigatz i538, 
1719, réfl., tarder. 

atrobar, atrobatz, 1 2 1 5 , 1 2 36, 
trouver. 

au, aUda, voy. aver. 

aucire 1659, ^uscire 1819, 
prêt. sing. 3^ p. aucis 599, 
II 56, ausis ^'j^'^fut. sing. 
i^p. ausirai 190, V^ p. au- 
sira 304; subj. pr. sing. 3^ 



p. ausiza 654^ pi. 2" p. au9- 
sigatz 764, occire,tuer. 

aUdas 92 1 , épines, piquants 

audre 33, autre. 

auh, aujo, voy. auzir. 

auriflor 2 1 1 3, oriflamme, ban' 
nière. 

ausar, ind. pr. pi. a* p. auses 
235, oser. 

auscire, voy. aucire. 

ausor, voy. auzor. 

austors n35, i568, autour, 
oiseau de chasse. 

autamen i85o, à haute voix. 

autar 53 1^ autel. 

autregar 216, autrear 214, 
part. autregat2043; ind. pr. 
sing. r« p. autrei 157; im- 
pér. autreas 5^2 ; octroyer. 

autruei 1 593, autrui, 

auzir i, ind. pr. sing. /• ». 
auh 565, 3^ p. au 3oo, 553, 
58o, auh 565 ; impér. pi. 2^ 
p. aujas 3o8 \ subj.pres.pl. 
2^ p. augatzi927,»3*/7. aujo 
1 5 ; cond. imp. pL 2* p. 
auzirat 517; entendre. 

auzor 1177, ausor 126, Jo6, 
478, 65o, 2148, élevé, épi- 
tnète ordinaire de palais. 

aver, part, passé fém. aUdas 
1690; ina. pr. sing. !• p. 
ay 84, 1 1 Q, au i65, 2® p. 
as 4o5, 3^ p. ha (ij^pret. 
sing. i^. ag[uli459, 3^ p. 
ac 77; impér.pl. i^p. aiam 



VOCABULAIRE 



338, 2^ p. aiatz 628, a^tz 
612, 752 ; subi, imp, sing. 
3* p, agues ]fi5, âges 446, 
fl. 2^ p, accès 408. 3^ p, 
a^esso 896 ; cona. imp. 
sing, I* p, agra 409; avoir, 

avcr 08, 580,623, i5i7, avoir 
(subst,) biens meubles en gé' 
néral, en particulier Var^ 
gent. 

averrar 389, se vérifier, 

avesprier 109, inf, pris subS" 
tantivement, soir. 

avinen, d' — i85i, convena- 
ble, à propos. 

azirar 533. azirier 244, pren- 
dre en naine. 



Ba 1437, cela. 

baiar, baiatz, baier^ baigar, 
voy. baisar, 

bailar, bailatz ^23, baila 
1022, bailler j livrer 6 

baisar 357, baiar 638, 1970, 
baier 159, baigar 2008, 
bayzier 104; part, baiatz 
594 ; ind. sing. 3* v. baia 
320, 2044, bauza72$, baga 
1191, pi. 3^* p. bauzo 28, 
bauzan 728, baiser. 

baisar, prêt, baiset 1 32o, bais- 
ser. 

bando, a — 21, 733, pleine-- 
ment, sans restriction. 

barnatz6io, 1688, ij6S^ l'en- 
semble des barons. 

bategar 35i^ind.pr. sing. 3* 



79 

p. bâtie 279; subi, pr, sing. 
3^ p. bateie 278, baptiser, 

batiamen 1861, 1867, bap- 
tême. 

bâtie, voy. bategar. 

batre, bat 556, battre [les 
mains, en signe de doU' 
leur] ; prêt, batet 2o38. 

baudor 648, 656^ joie, contenu- 
tement. 

beis pour ben se 80. 



17 14, désigne une 
de garniture de Vécu, 



belcatz 
sorte de garnitw 
p.-ê. la housse qu'on met- 
tait parfois sur Vécu pour 
en protéger les peintures, 
VOY. VilTehardoum, éd. de 
Wailly, § i32. Ou belcatz 
est-il corrompu? on pour- 
rait proposer bendatz. 

benga, voy. venir. 

bertz gb^ veut-être le même 
que le français vair, sorte 
de fourrure. 

beure 1072, boire. 

beus, pour be.vos, 102. 

bevolen 43, amis, partisans, 

bliautz ri2, brizautz 1246, 
1432-6, 1440, bliaut, sorte 
de vêtement de dessus. 

blizaudo 181 5, diminutif de 
blizaut. 

boisso 2087, buissons, petits 
bois. 

bona 885, heureusement, sous 
une heureuse étoile. 



8o 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



bordir 114^ jouer, 

borgues 688,938,borges 713, 
7?2, bourgeois, 

bosc 367, 483, bois. 

botos 344 boutons, boto pris 
au V, 1 1 5 1 comme terme 
de comparaison, 

bracos 337, chiens braquse, 

brandir 1594, ind, pr. 3^ p. 
brandis 171 6, 1757, bran» 

mm ' w m m i 

dtr, 

brassa 1240, brasse, ce que 
peuvent contenir les bras, 

bresol 282, berceau. 

bresolet loio, diminutif de 
bresol. 

breu, en — de temps 102 5, 
en peu de temps. 

briar, briatz 1759, briser. 

brizautz voy, bliautz. 



brocar 372, broca 1718, 1755, 
piquer [ae l'éperon un che- 
val], 

bruda 1999, bruit, rumeur. 

brut 1773, même sens que 
bruda. 

budels 375, bojraux. 



Cabdelier, voy- capdelar. 

cabes 1792» tête; ne se trouve 
dans Kaynouard, II, 3 19, 
qu'au sens de « chevet » ; 



tel est aussi le sens prin- 

cipal de ce mot dans les 

patois, voy. le Dict, de 
Mistral. 

cabiro 719, 1 164, chevron. 

cada 1 347, chaque, 

cadaUs68, 194, cadaUns i363, 
cadaUn 112, chacun, 

cadenatz 418, enchaîné. 

cadieura 116, chaise, 

cairatz 1779, carré. 

caires 1346, côtés, 

cal, V. impers., io53, il faut, 

canso I , chanson de geste. 

cap 1289, tête [d'une troupe], 
le premier rang. 

capa 1929, 1949, cape. 

capdelar 1086, 1677, 1Q08, 
1933, capdelier i5o, caSde- 
lier 91, part, capdelatz 
J774; ind. pr. sing. i^ p. 
capdela 544 ; subj, pr, sing, 
3^ p. capdel 1062 ; suider, 
conduire [une armée] i58, 
544 : gouverner, maintenir 
[sa famille] 91, 1086 ; réfl., 
se conduire, agir, 1677, 
1774, 1908, 1933. 

captener, captenrai 11 23, 
gouverner, défendre, 

car 792, que, de ce que, 

car, tenir en car 236, en quier 
164, 1023, io37, en chiers 
1571, tenir cher y cf. Fera- 
bras V. 107 que lavia en 
chier. 



VOCABULAIRE 



8l 



cara 176, 45o, 498, 496, vi- 
sage, 

Cartier, escut de — i35o, très 
probablement Vécu divisé en 
auatre quartiers par deux 
oandes de fer se croisant à 
angles droits. Une explica^- 
tion différente^ mais fort 
douteuse, a été donnée par 
Cachet, au mot quartier. 

casador 448, chasseurs, sy^ 
non. de venador. 

castelier 86, château. Le nom 
de lieu Châtelier, Châteliier 
est particulièrement fré- 
quent dans l'Ouest. 

castigar 387, castiar 1925, 
castiatz 1785, exhorter. 

caszer, voy. cazer. 

causea 3 1 4, chaussée. 

cautîeu, (cap ti vu s) 990, in- 
fortune. 

cauzimen 691, (joint à mer- 
ces, cf. le gloss. de la Chan- 
son de la croisade), 694, 
iio3, 1389, 16 19, considé- 
ration juste et équitable, 
par suite, discrétion, i io3 ; 
scrupule, 161 9. 

cavalgadas 1117} chevauchées, 
incursions faites à la tête 
d'une troupe de cavalerie. 

cavalgador 2 1 1 5 , chevau- 
cheurs, cavaliers. 

cavalgar, cavalgier 10 1, ca- 
valga 177, chevaucher. 

cazer (oxyton) 52 1, 1087, 
caser 1958, caszer (paro^ 
xyton) 1176, part, cazutz 



1342; ind. jpr. sing. 3* p. 
ca 490, i353, p/r 3^ p. 
cason 994, cheotr. 

ce, pour se, 499, 501. 

cela 178, celas 9o3, selle [d'i- 
voire]. 

celar. celât, /70wr selat, 2143, 
seller. 

cerem^ voy. esser. 

ceze voy. sezer. 

chaple i347, action de frap- 
per^ combat. 

chiers, voy. car. 

cira, voy. sire. 

cisclato 726, étoffe de soie^ 
voy. le gloss. ae la Chan^ 
son de la crois, alb. 

citola 1420 [p. 'ê proparoxy- 
ton, auquel cas il faudrait 
supprimer la correction 
proposée) , cithare ; voy. 
Littré. 

civada 1129, sivada 1107, 
avoine. 

clar i336, 1^19, clier95,i4i, 
21 63, épith. de vis 141, 
i56, 21 63, clair. 

clar 1752, clier 79, aiv., à 
voix claire. 

clatz^ a un — iS^o^ d'un seul 
cri, d'une voix unanime; 
cf. le gloss. de la Chanson 
de la croisade. 

clier, voy. clar. 

I co, voy. com. 

6 



Tî à" M^^fc 



KOMANS DE DAUREL E DE BETO 



cobrar, pari, cobratz 616, 
cobrada 679 , recouvrer. 



cobrir, quobro loS?, 

cocha S54, hAte. 

colbes iSgS, coups. 

colcar, subi. pr. sing. 3* p. 
colque ji^jCoucker. 



coin 549, co 548, cum 4S6, 



comdessas 665, comtesses. 

comiar, comiada 685, con~ 
- gédier. 

conâtitz (3 syll.) i53a, cum- 
jhat tèS,congé. 

compag[nlîer 71, 162, com- 
pagnon. 

companh 11, 73, fi5, 4^6, 
compainh 1753, suj. et 
rég. compagnon. 

companhia 16, 28, associa- 
tion amicale existant entre 
deux personnes. 

coahatz 574, beau-frère- 

conquerre, conquerem 3tg, 
conquero (fut. ou subj. 
prés.?) "iii, conquérir, ré- 
duire complètement en son 
pouvoir. 

coures 709, 1797, vivres. 

contendre 6tS, tnd. pr. sing. 



coratjes 63 1, cœur. 
cor, aver — , 1122, i 



coredos voy. corredors. 



comadors 770, corneurs. 

comar 180S, 198g, impér. 
cornatz77!, corner, pro- 
clamer à son de cor. 

corossar 269, corossatz 1784, 
réfl. se courroucer. 

corp 206 5, corbeaux. 

corraa 3 10, courrier. 

corredor 3+6, 2108, corre^ 
dors II 36, coredors 340, 
coredos mg, coureur^ 
ipith. de destrier. 

cortegier 73, visiter la cour^ 

certes i3i9, courtois. 

cossi 587, 793, 1787^ com- 
ment, de quelle manière. 



cous 254, 1933, pour com 



COvenir, ind. pr. sing. 3' p 
coven i%^i;prét. sing. 3 



VOCABULAIRE 



83 



p, covenc 369 ; fut, sîng. 
3* p, covenra i25 ; cond, 
imp. sing. ^® P, covengra 
1271: réfl. 1091; impers. 
125, àôQ, 1271, être néces- 
saire, falloir^ être appro- ' 
prié à. 

covidar 227, convier, ou plu" 
tôt faire accueil, 

covinen 182, r565, part, 
prés, de covenir, bienfait, 
Don; pris adverbialement 
1610. 

cramba 323, crambas 1246, 
1463, pour cambra, cam- 
bras, chambre. 

crebier 5o8, crever. 

creire, ind, pr. sing, 1^ p. 
cre Sg^ifui. creires 33o; 
subj, pi, 2^ p. crezatz 
601, creras (pour crezas) 
328, croire, 

creisser 56^, part, cregut 
1274 ; subj, pr, sing, ^« p, 
crega 2i04\croître (activ,). 

cremar, crematz 993, brû' 
1er. 

creras, crezatz, voy* creire. 

crolier 2 1 8 1 , crouler, remuer. 

cros 1887, croix, 

cui 1642, 1798, 1804, de qui, 
à qui, 

cujar, euh 1729, cuja 104, 
cuga 38i, cujava M^ pen- 
ser, imaginer. 

cum, voy. com. 

cumergar, imp. pi. 2* p, cu- 



mer^as 428, donner la 
communion. 

cumjhat, voj^. comiatz. 



Daih i85i, dalh 2176, pour 
da li. 

daimas 496, dames, 

dalfis 1423, dauphins. 

dar 322j part, datz 170; ind, 
pr. stng, 3^ p, da 2074^ 
20iÇ>\prét, sing. i^ p, aiei 
i836, 3^ p, det 2i65, dec 
2098: fut, périphrastique 
dar rem 322. dar la vos 
a 41 3; imper, sing, da 
i85i, 1871, pi. das 574, 
8^2, dat 971; subj. imp. 
sing, 3^ p. de& 1064; 
cond. prés, pi. 2^ p, da- 
ries i83, donner, 

darier 358, dernier, 

darocar 1 3 1 1 , daroquier 
1367, darocat 457, ren^ 
verser, 

datz 1277, 1528, dés à jouer. 

dauratz, 1718, 1761, do* 
rés. 

daus 1996, devers. 

de exclamatif, comme en 
prov.mod,^ 273, 487 ; par- 
titif iSgo ; au sujet de 060, 
II25; cf. avinen. 

decosta 499, auprès, 
degolar i3io, renverser. 
deh, vox* dever. 



d&k 



84 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

dejos 379, au dessous. 



delatz 748, i2o3, 1261, au- 
près. 

delir, délit 1664, détruire, 
mettre à mort. 

demandar 1 3o5 , demandier 
2172, demander compte [de 
la mort de qqun]. 

demanes 715, 1802, sur^le^ 
champ, aussitôt. 

demenar gauh 1972, se r/- 
jouir; anc. fr, « mener 
joie. » 

démentir, dementitz 4o3, dé" 
menti, accusé de men^ 
songe. 

demestz 1329, demest 1342, 
parmi. 

denhar, prêt, denget 362, 
réfl. daigner. 

denteilhs 952, créneaux. 

deportar 2o5, 1941, deportîer 
80, 247, deportatz 1 5o3-4, 
1209, act. 1209, 194I) 
amuser ; réj!., se déporter, 
s'amuser. 

derocar ig6o^ abattre {cf. da- 
rocar), p.-ê. tomber ^ car un 
verbe neutre conviendrait 
mieux à la phrase. 

desamparar, subj. pr. sing. 
3^ p. desampar 263, 1946, 
desamper 172 , abandon^ 
ner. 

desbaratar 1957, mettre en 
déroute. 

desbatigatz 1746, desbatejatz 



1760, qui n'est pas baptisé, 
païen. 

desconortar 916, 10 53, des* 
conortier 254, se désoler. 

descubrir, prêt. sing. S'' p. 
descubri 102 3, découvrir. 

descumpaner 257, fausser 
compagnie, abandonner ; 
manque à Raynouard. 

dese 635, desse 2010^ aussi' 
tôt, sur le champ. 

desebrar 268, séparer, dépar^ 
tir. 

desfizar, eérond. desfizan 
2127, d^er. 

desleialar, desleialatz i25;r, 
diffamer , réputer illégi^ 
time. 

desmalhar i3i8, rompre les 
mailles [d'un haubert], 

despolhar 1949, dépouiller, 
retirer [un vêtement]. 

desse, voy. dese. 

destret 96 1 , tourment, torture. 

destrigar, destrigatz 774, réfl. , 
se retarder, par extension, 
perdre son temps, se faire 
tort. 

desturbamen 287, 3o6, mal, 
dommage. 

desturbier i55, 255, même 
sens que le précédent. 

deszeretamant 21 19, exhé» 
rédation, spoliation. 

det, voy. dar. 



VOCABULAIRE 



85 



dever, prés, sing. i^ p. deh 
88, dei 349, J^p. deu ibgj, 
devoir, 

dia 1 1 12, dias 746, jour, 

diei, vo^. dar. 

dîr 1 1 8, dire 142 1 , part, passé 
dih i37 ; ind, pr, sing, i« 
p, die 007, 2® p, dizes 468; 
;?r^if. ^î/fg". I® /?. dissi 
i833, ^® p, dis 22, 52, ditz 

p. diray i8i,dinei looi •?• 
f7. diron 402 ; subj, pr, sing, 
i^ p, diga 397 ; 2^ p, dijgas 
5i : imp, sing, 3^ p, dises 
6o3; dire; re non ac que 
dir I 5q8, il n*y eut rien à 
dire, il ne manqua rien, 

dissonratz4i6, déshonoré, 

dol 557, 56o, douleur, 

donar 208 ; ind, pr, sing, 
i^ p, do 19; subj, pr, sing, 
3^ p, do 8 (voir pour ce vers 
les add, et corr,), 327 ; 
donner; io3i, sans rég,, 
donner un coup, 

donzel i326, 1434, 1445, 
jeune homme, damoiseau, 

dreih i539, droit, adv, 

durar 220, 1040, io65, durier 
Soi, endurer. 



Ebori 178, ivoîVe. 

efas 1416, i536, 1547, 2068, 
efan 1452, 1409, enfant, 

eil I Soi, pour e li, et la, 

eilh II Si, elh 448, 472, 



1 379, pour e li, et eux, et 
ceux, 

eis 919, même (ipse). 

el, pour en lo, 126. 

el, sing, cas suj, i38. il; cas 
rég, 114; els, plur, cas 
reg, 680, i5i7; el art, 
masc, sing, (?) 394, 
443. 

elh, voy, eilh. 

elme i326, heaume, 

em voy, esser. 

em particule tirée de avem 
et servant à former le futur 
322, 333. 

emb -, emp -, voy, enb -, 
enp -. 

empenhar 1426, mettre en 

emplir, prêt, sing. 3* p, em- 
pli 1127, empUr, 

en, voy, car. 

enansar 353, faire avancer, 
pousser [une entreprise], 

enant, d'aqui — 864, doréna-- 
vant, 

enbargar, enbargatz 1 526, 
embarrasser, 

enblamar, loSo. enblesmier 
494, par^. enblesmat 1978, 
emblesmada49o,5'^anoi/ir 

encals i38o^ ordinairement 
poursuite, ici, plutôt le ré^ 
sultat de la poursuite; les 
prisonniers. 



86 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



encaussar 370, ind, pr. pi, 3* 
p. encauso 1374, poursuù 
vre. 

encavalgar, encavalgatz 542, 
pourvoir d'un cheval, 

encobir, encobida 173, coH'^ 
voiter, 

encoblar 337, accoupler, au 
tacher ensemble [deschiens]. 

encueî 927, aujourd'hui. 

engagar i3i3, réfl.^ s'enga^ 
ger, lutter [avec qqun], 
proprement y donner le gage 
de oataille. 

enganar 271. séduire. 

engenrarj prêt. sing. i^ p. 
engennei io54, engen" 
drer. 

engoisar 5 14 {réfl.)^ 19799 en- 
golssar 137Q, engoisier498, 
être saisi d'angoisse; au v. 
498 rinf. engoissier pris 
subst. a le sens d'évanouis- 
sement^ cf. V. 4g 0. 

enojar 1935, anuier (en rime) 
242, causer de V ennui, de 
la peine. 

enpenatz 419, [anse] em- 
penné, pourvu d'ailes. 

enpenher, jpr^/. enpeih i3io, 
pousser, heurter. Cf. es- 
penher. 

enquara 1492, encore. 

enrabiar 1324, enrabier 253, 
enrabiatz 555, enrager. 

enrazonatz, cen ~ 1276, qui 
sait bien $ exprimer. 



enrivironamens 1 3oo, à Ven* 
tour; il y a dans Rajr^ 
nouard^ v, 5 5 1 -2 , revironar 
et revironda. 

era, eras, voy. esser. 

eretatz 409, 570, 1272, biens 
fonds. 

ermi 727, d'hermine. 

es, voy. esser. 

esbaudimens 1399, 1878, a/- 
légresse. 

escampar io33, répandre au 
dehors. 

escaun 23o, 563, banc. 

escax 1137, ï*77i i566, y«< 
d'échecs. 

esclasat 448, esclesat 856, 
pressé, jwi se hâte (comme 
celui qui est appelé par le 
tocsin). Manque à Ray- 
nouard. 

escoisendre, part, escoisen- 
dut 458, jprét. sing. 3* p. 
escoisendec 554, déchirer, 
ouvrir [le corps\. 

escondieire 604, se défendre, 
se justifier d'une accusation 
par la preuve légale. 

escrima 1 599, escrime. 

esdemes, ad — 1790, à la 
hâte ; esdemes, part, passé 
i'esdemetre signifie certain 
nement « qui se précipite, 
qui se hâte », voy. le gloss. 
de la Chanson ae la croi^. 
albig., endemes, mais la 
locution ad esdemes ne pa* 



raft pas se rencontrer ail' 
leurs qu'ici ; corr, ed esde- 
mes? 



esernimens 1600, sagesse, 
jugement* 



VOCABULAIRE 87 

esperonar 1926, éperonner^ 

espia 1285, espion. 

espiar i658, part, espiats 
i83o, 2042, épier. 



eservelar, prêt. sing. 3^ p. 
eservelet 1 8 38, faire jaillir 
la cervelle. 



esforsar 382, réfl., faire ef* 
fort. 

esgarar, tmp^/ esgaratz 1726, 
regarder. 

esmagar, réfl. ioS2, se décou- 
rager. 

» 

esmeratz 569^ épuré. 

esmolutz i336, émoulu. 

esparpalhar 365, i329, ^a'^- 
pilter. 

esparviers x 568 , esparbiers 
n35, éperviers. 

espasar 1066, faire passer, 
dissiper [la douleur]. 

esi>aular Sjg^j>araU être un 
infinitif pris suhstantive^ 
ment et ayant ici le même 
sens ^tt'espaula, épaule. 

espaven 1099, épouvante. 

espeia i325, 1886, 1920,6$- 

feiga 1710, 2146, espezas 
4^ speia, après un mot 
terminé par une voyelle, 
i356, 1950. 

espenher iÇizS^ pousser, heur» 
ter, comme enpenher. 

esperar, esperatz lyyo^subj. 
prés, esper 1928, attendre. 



espieutz SyS, 396, 441, 5i3, 
i336, espieyt 190, espieu 
461, épieu. 

espleitar 852^ espleitier 1371, 
part, espleitat 463, agir. 

esproar, esproatz 1 562, éprou" 
ver. 

t^Q\xïcxeT/^^5 ^déchirer ;Rayn. , 
ni, 191, esquissar. 

esquinas 374, plur. au sens 
au sing., échtne. . 

esquintar, esquintatz 558, 
esquinter, d&hirer [les vê^ 
tements] ; esquinter .bien que 
très employé en français, 
manque dans Littré. Il est 
enregistré dans Larchey, 
Dict. de l'argot parisien, 
dans Chambure, Gloss. du 
Morvan, etc. 

esselar. part, esselatz x??^, 
imper, esselatz 583, setter. 

essemp 2022, ensemble. 

essenar {pour essenhar), 1932, 
enseigner, instruire] es* 
senhatz 1783, bien élevé. 

essenhamen iS54^ Renseigne- 
ment acquis, honne 飻ca^ 
tion. 

esser, ind. pr. sing. i* p. soi 
402, so 576, son 86, ^" p. 
es 14, pi. /• V. em 1704? 
2* p. estes 1752, es 413. et 
12-3, ^«j^. son 27, 80 tii; 



88 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



imp. sing, i^p, era, 394, s* 
p, eras 404, pt. 3^ p. ero 5? i ; 
prêt, sing, j^ p. fui 8o5, 
îuei 991 j^ 3^ p. fo, 8, i3o, 
fon 77, toc 796, 948, pi. 3^ 
p, foro l'io \jut,sing,i^ p. 
serai 574, 3"^ p, er 25, 74, 
573, 993, sera z^-j^plur, j® 
/?. serem 465, cerem 579, 2" 
p, seres4o3,seret 398 ;5u^y. 
pr, pi, i^p. siam 1 187, 3^ p. 
sio 212; imp. sing, 3* p, 
fos 56o; condit, imp. i* p, 
fora 4J0, 3^ p. fora 56 1: 
être. Le prêt, suivi d'un inf, 
employé, comme en fr,y au 
sens a « allcTy se trouver » : 
can fo ab lui cassar 274, 
599, i655, « quand il fut 
à la chasse avec lui »; 
même emploi dresser (au 
présent) dans la Chanson 
de la Crois, alb. 2153-4. 

astable i539, étable, écurie, 

establir, part, establit 11^, 
impér, pi, 2® p. estables 
no6^ fortifier, 

estacar, var^ estacat 2060, 
attache, 

estai, voy, estar. 

estancar SiS^part. estanquat 
969; actif 969, arrêtery 
fermer [une porte]; réfl. 
^i^^s'arrêter. 

estar 211, estier 499; ind, 
prés, sing, 3^ p, esta 549, 
i653,; imp, sing, 3^ p, 
estava ^jiprét. sing, 3^ p, 
estec ï 246, pi. 3^ p, estero 
34 ; impér, sing, esta i3i2, 
pi, estatz 981, estais 1 1 12 ; 
exister, être situé ^ résider; 
réfl, estai (pour esta se) 
743 ; auv, 211 estas est à 
peu près l'équivalent dres- 



ser; à V impér. arrêtej[! 
attende^! no pot estar no 
plor 1190, il ne peut s'em^ 
pêcher de pleurer. 

estrada 681, grande route. 

estrains, pm substantivement^ 
i5i6, étranger, opposé à 
privatz ; employé comme 
épithète, au plur, estranhes 
i5i8. 

estrenher, prés. sing. 3^ p. 
estrens {pour estrenh) 323, 
étreindre, serrer, 

estrieups 947, étriers. 

estugar, part, estugatz 582, 
mettre dans un étui, 

esturmen 1414, i685, instru" 
ment [de musique], 

et, particule tirée de avet, 
et servant à former le 
futur, 1 5 1 1 . 

eus 2iy pour e vos. 

eversar 38 1, renverser. 

eviar, evia 277, envoyer, 

evolopar, impér, evolopatz 
1009, envelopper. 



Fadatz, mal — 556, 667, mal 
doué, maudit à l'heure de 
sa naissance, malheureux. 

fah 1669, faity action, 

faire, voy, far. 

fairitz (pour frairitz) 1299, 
1 33 1 , originairement pau^ 
vre,faibley ici vaurien, scé^ 



lérat; voy. Cachet sous ^o» 
vres gens. 

faiso 729, forme corporellcy 
mais plus particulièrement 
ia figure, la face, cf. 
fatz. 

faisonatz 793, 1249, formé, 
en parlant du visage. 

falcos i25o, i2S5^ faucon. 

falha 6gOj faute, manque^ 

fais 395, 420^ faux, traître. 

fais, pour fa los, 365. 

[faissar] , falssat 1 7 1 Qy fausser, 
trouer [le kaubert\. 

far ^,1 65, fier 100, 5o3, faire 
iio\part. fah 3i, fahc 2171, 
fait 1042 ; ind. pr. sing. 2^ 
p. fais 256, 3^ p. fay io5, 
149, fai 27, 36^, fa i357, 
i575,^/.J«/?. fan 152,207; 
prêt. sing. i« p. fih iSâo, 5« 
p. fes II 3, pi. 2« p. fezes 
1634, 3* p. fero 2041 ; 
fut. sing. /• p. faray 
59, plur. jo p. farom 
^e« rtmej 26, farem 297, 
2^ p. fares 712 ; impér.pl. 
2'' p. fais 337; subj.pr. pi. 
2^ p. fassatz 59^, fassas 3^7 ; 
faire; construit avec un mf. 
242, 2^5, 374, 38o, io55, 
donne de l'intensité à Vac-- 
tion marauée par le verbe 
(comme l anglais do); suivi 
d'un: inf 207, être digne de; 
impers. 143, 140 ; rempla- 
çant un verbe précédemment 
exprimé ^^4, 11 56. 

fatz 795, 1023, 1252, /ace. 

fels i37,463,feloii70,/iAoff, 
traître. 



VOCABULAIRE 

fen429,/of?t. 



89 



ferca, pour fresca, 1 407, fraî" 
che. 

ferir i6ij, ferrir i5q3, ind. 
prés. sing. 3^p. fer Î79, 782 , 
pi. 3* p. fero 1759: prêt, 
sing. 3* p. feri 1740 ; fut. 
sing. i^p. fcirriei 1020, plur. 
i^ p. ferrem 341 ] frapper. 

ferois, pour fero si, 1622. 

feror 481, subst. abstrait, dé- 
rivé du mot suivant. 

fers 553, sauvage, féroce. 

ficar, gzo, part. figat443,/?r^jt. 
sing. 3^ p. fiquet 000 ; im- 
per, ûcaxz 401 ^ficher, en- 
foncer. 

fier, voy. far. 

filhet II 84, dimin. de fîlh, 
jeune fils. 

filho i836, même sens que le 
précédent 

filoilh io65, filleul. 

finar^ ind. imp. finavatz 754, 
feindre? prov. mod. fegnar, 
en ce sens. 

fiquet. voy. ficar. 

fis 569, [or] fin, 

fizaltatz 791 , féauté. 

fizar 827, fiza 47, réfl., se 
fier. 

flodres {pour foMres) 641 ^ fou- 
dre. 

fo, foc, voy. esser. 



90 ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

foldatz 1705,/0/îe. 

folia, de — parlats 420, 429, 
^32, 632, vous varle\ foU 
lement; nilia 3oo. 

fon, fora, vojr, esser. 



fora 479, foras 480, 1016, 
forras âyS, 969, 985, i536, 
dehors. 

fornimen 1 109, provisions. 

foro> vqy. esser. 

forras, vojr, fora. 

fors 609, dehors ;\os — 19 17, 
ceux au dehors; fors de.... 
646, en dehors de, excepté, 

forsa, per — e par vigor 1 1 74, 
vigoureusement, 

forsas 197, 2028, fortifica-' 
fions, f 

fos. voy, esser. 

frachura 1 00 ^manque, disettey 
anc, fr. souffraite. 

franger i3i7, rompre, actif 
ou neutre, 

fuei, voy, esser. 

fugir, ind, prés, sing, 2® p. 
luges II 59; prêt, sing, i® 
p, fugi 1840; subj, imp, /« 
p, fugis2097,/i/ir. 

ftilia, voy. folia. 



Gabar, gabas 11 62, railler^ 
anc, fr, gaber. 

galiar 237, tromper. 



gan 160, gant, signe d'inves- 
titure, 

« 

gandir 1 592, 1 5^6 xprét. sing,. 
3^ pers, gandi 1 338 ; neutre 
1 592, I 5q6, se détourner ; 
1/ 1338, garantir. 



acti 



garar 843, 941, 1282, 2000, 
part, garatzi 5 59; r^arJer 
2000; protéger 84?, 941, 
1282, 1559. 

gardar, part, gardatz 1237; 
subj, pr, sing, 3^ p, gar 
3o, 1062, garder, 

garizo 1 1 60 , gerizo 3 3 1 , gue- 
rizo i83i, protection, dé-- 
fense, 

garnimen, sing, i856, gar- 
niman (en rime) 204 ; 
pi, garnîmens 1000, mi, 
141 4, i599, armes aéfensi^ 
ves, 

garnir, j^arnisso, réfi, 191 1 , 5e 
revêtir d'armes défensives, 

gaserdo 23, guerdon, récom^ 
pense, 

gauh »785, gauc 1191, guah, 
285, joie, 

gautejar, rarf . fém. gaute- 
jada 660, souffleter, 

gazardona;* 1669, récompen^ 
ser, 

gensier 83, orner, présenter 
sous un aspect favorable. 

gentiel, pour gentil, 357, gen^ 
til, noble^ comme Vit, gen- 
tile. 

gentil, aiv. 14^ y gracieuse^ 
ment, élégamment. 



VOCABULAIRE 



9ï 



gerlr 424^ protéger, défendre. 

gerizo, vqy. garizo. 

gesgo, 385, 386, 1175,2174, 
jes 119, 243, 1920, rien, 
particule servant à renfor- 
cer la négation, 

ginolhar 1684, s'agenouiller, 

ginolhos, de - 384, à genoux, 

gitar 1295, gitier 24S ; prêt, 
plur, 3^ »., gitero i3i5, 
jeter; — los îfalcos 1295, 
lancer les faucons, 

glan (p,-ê. Paglan, cf. Cornu, 
Romania, VH, 106; Vays- 
sier, Dict. du patois de r A- 
veyron, sous oglan), 294, 
gland. 

glot 235,244,485, a,fr. glout, 
gloutz, terme injurieux, 

goifano, voy. gonfano. 

gola 125 1, 1969, gorge, 

gonfaino i57,goinfano i35i, 

foifano 221 , gonfanon, 
annière. 

grah {pour grat) 77, gré, 

gran,/4^.grandai894, 2088, 
grand. 

grazir 122, remercier, savoir 
gré, 

grezes 695, grec. 

gruas 1284, grues, 

guah, voX' gauc. 

guazanhar, guazanhat 454, 
gagner. 



gueîamen 79, gaiement, 
guerizo, vqy. garizo. 



guiza, a — ii53, â la guise, 
à la manière. 



Hil (pour il) i3oo, ils. 

ho ipour o) 83, 120^ cela. 

honor 1182, bénéfice; 2102^ 
désignation appliquée im^ 
proprement aux terres de 
Charlemagne. . 

hun 10; huna i {pour un, -a). 



Icimen, voy. issamen. 

ieis, voy. issir. 

ins e (intus in) 966, 1794, 
dans, 

intrar, construit avec laprép. 
a, 195, entrer dans, 

irascer, réfl,, subi, pr. pi. 2« 
p. irascatzi258, 1786, s'ir» 
riter, 

irla 715 1657, île, 

isassamen (on peut lire à la 
rigueur, isalsameiK ce qui 
vaudrait mieux) 36, élé^a^ 
tion, promotion. 

issamen 175, 1126, issamens 
1391, icimen 1849, égale^ 
ment. 



issir, ind, pr. sing, 3^ p. ieis 
367,668,969,1016,1247,^17/. 
3^p, isson i2Qi; im». pi, j« 
p. issiam 1 70$ ; prêt, sing. 



e 



92 



ROMANS DE DAURBL E DE BETO 



2^ p, icis 1782, 3^ p, ici 1 1208, laices 1473, /ai, 5or/e 
ib^2\fut, sing. i«/7. issi- j de poésie chantée, d'origine 
riey 960 ; sortir, bretonne. 



Jaus pour ja vos, 758. 

jauzens, jauzenta 716, jo- 
yeux, 

)SLZtT^prés. jatz ioo5, gésir^ 
être couche. 

jes, voX' ges. 

joglar4, 2o3, 520, 1^3 1, jo- 
Çlier 78, 2 1 70, glojar 1 764, 
jongleur, 

joi 656, joy i53, joia io3, 
195, 270, joie. 

joliamen 3 12, gaiement, 

jonher, fut. sing, i^ p. jon- 
drai 1 741, pi. 2^p, jondret 
16 14, s'aborder, se mesurer. 

jornieigas, pron, jomieias , 
pour jornadas, 2 147, your- 
nées. 

josta 117, auprès, 

junbentut 5 Jeunesse. 

juster, réfl. iii^ se réunir. 



Lah 922, lait, 

lai 21 3, lei 45, 90, 492, 404, 
la {proclitique) 609, lau 517, 
là, 

lairo, a -- 731, 1161. 1828, 
en secret, anc. fr, a larron. 

lais II 80, 1942, ^/ur. laisses 



lansar 1947, lancer \un cou" 
teau, une arme de trait\ , em- 
ployé sans régime, comme 
en fr, tirer. 



at 417, largeur. 

ata, 719, latte. 

au voy. lai. 

aus, pour la vos, 409. 

ausengador 485, trompeur. 

ausengar 390 notCy trom^ 
per. 

auzengier 61, trompeur. 

auzor i34, approbation. 

ei, voX' lai« 

evais, pour leva si, 116. 

hieurar, lieurier 2168, part. 
Ihieurat 217, livrer. 

iam 1969, lien. 

iar 521. 849, 1076, i3oi, 
\chevat\ de poil mêlé, voy, 
Bœhmer, Roman. Studien, 
I, 265. 

le 38o, liei 2137, rég, indir. 
d'un verbe, lut. 

ieurier, voy. Ihieurar. 

inage ijoS^ lignage, famille. 

istratz 1263, 171 1, i745, 
bordé. 

o employé comme pronom^ 



VOCABULAIRE 



neutre sujet i23o^ cela^ rég. 

122. 

logadiers 566, soudoyers, 

loilh 288, lolh 2îy^pour lo li. 

longas, a — 799, longuement, 

lonhar, neutre; ind. prés, 
pi, 2« p, lonhat 1182, 
s'éloigner, 

lonjar, réfl, , lonja 1 62 1 , s'éloù 
gner, prendre de l'espace. 

lor 643, 21 14, eux. 

los, pour lo vos, 567. 

lozen, voy, luzen. 

lui 43, 222, 335, 649, lu 7, 
5 00, rég, d'une prép. ou 
d'un verbe^ lui. 

lunh, lunha 1796, aucun. 

luzen 16 16, lozen 190, lui" 
sant, en parlant de l'acier. 



Macada 668 , ce mot qui 
fausse le vers^ (voy, la cor^ 
rection proposée en note) y 
est le part, fém. de macar 
(jRorw., IV, m) meurtrir y 
cf. le dict, languedocien de 
fabbé de Sauvages, sous 
maca, celui de l'abbé VayS" 
sier sous moqua. 

magat, vojr. amagar. 

mai 442, 601, plus, Jamais 
plus, voy. anc: mai... que 
633, plus que. ' 

mainada 5 ig^ troupe propre 
à un seigneur, voy. legloss. 



93 

du poème de la croisade al" 
bigeoise. 

maiselar,den — 366^ dent mo' 
laire, comme en ttal. mas- 
cellare. 

majores 1809, dérivé de ma- 
jor, en vue de la rime. 

mal, adv. 266, mal, désa^ 
gréablement, 

mal, mala 33o, 997, ta mala 
991, malheureusement, sous 
une mauvaise étoile. 

malauratz i556, malayratz 
990, infortuné, malavisé. 

malevar, malevatz 1734, cau' 
tionner, donner une caution 
pour qqun. 

malmenar, mamenada 939, 
maltraiter. 

mandamen 196, 1106, man- 
daman 2148^ gouverne-^ 
ment, juridiction. 

mandar 212, mandier 2070, 
pris substantivement, com^ 
mandement, gouvernement, 

manejar 1594 note, manier. 

manen 1 1 19, manenh 44, ri- 
che. 

mangiers i573, repas, 

maroniers 914, marins, forme 
plutôt française que pro- 
vençale, 

mas 123, 334, puisque; igSj, 
excepté, sinon. 

meih {pour mens) de 1896, 
sans. 



94 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



mènar, menier 497; part, 
menada 939^ — dol ^97, 
donner des signes de aou^ 
leur y se désoler; mal — 
939, maltraiter. 



menbratz 1771, terme vague, 
comme Vanc. fr, membres, 
lui signifie à peu près 
homme] sage, prudent, qui 
\ait ce qu'ildoît faire. 



i 



sait 

mentizo 1 3, mensonge. 

mercatz 623, marché. 

merce de 2100, grâce 

à... 

mermar^ part, mermatz 565, 
diminuer. 

mesclar igSS^prét. pi. 3^ p. 
mesclero 3F: mêler 35 ; 
réfl. 333, 1955, se querel- 
ler, se battre. 

mescrezen 1 98, 3 3o, mécréant, 
épithète injurieuse jointe à 
felo ou à trachor ; cf. rene- 
gatz. 

mestîers, fa — i575, est be^ 
soin. 

meus, pour me vos, 89. 

mezis sing. suj. id85, meszis- 
ses 1482 ; stng. rég. mezis 
1421, même; de se mezis 
1421 , par soi-même, cf. 
Alberic de Besançon, v. io3, 
per se medips; adv. 1888. 

ïniei^ pi. suj. i588, mes; sing. 
réj. {pour mieu) i524j 
mien. 

minja i 340, mie, rien. 

mol, vojr. molt. 



molher 1229 (la leçon n'est 
pas très sûre; il faut sup^ 
poser le mot accentué sur 
la première syllabe), mu- 
Iher, 2o3, épouse. 

molt 195, 207, mol 53, 12 1, 

625, 1857, ^^^ '2> ^^^ 
mot 320, motz 47, moult^ 
beaucoup. 

mon, voy. mol. 

morir, mûrir i25, ind. pr. 
sing. 3^ p. mori lo; fut. 
sing. 3^ p. molra 1 38. 

motz, voy. mol. 

mudatz i25o, [faucon] mué. 

muh[s], a — 1128, à muids, en 
quantité. 

mulher, voy. molher. 

mulhier i35i^ mouiller. 

Nafrar, nafratz 394, blesser. 

naveta 967, barque. 

neh 1 646, même. 

neps 416, 1186, 1819, ;ie* 
veu. 

neulas 1108, sorte de gau^ 
fres, ordinairement accom- 
pagné de pimen, comme ici, 
cf. flamenca 942, etRayn.^ 
fV, 314. 

nielatz 1716, 1757, niellé., en 
parlant d'une lame d'acier* 

nien i855, nian (en rime) 
21 38» servant à compléter 
la négation^ nullement. 



VOCABULAIRE 



95 



no, dir de — i833, refuser, 

noi, Tpour no se, 238. 

noil, four no li, 8o3. 

noirigar 1075, norriger 96 ; 
T^art. noirigatz 760, 102 5; 
\nà, prés. pY. 2» P. noirigatz 
786; nourrir, allaiter, 

noirir 1584, subj, prés, pL 
2«j?. nosricatz (j70ttr noins- 
catz) 414, élever, instruire, 

noirisa 1075, nourrice, 

norriger, voy, noirigar. 

nosaltre 465, 1793, nous; cf, 
Leys d'amors, II, 2 14, « nos 
o nos autri, vos o vos au- 
tri » y et le gloss, du po'éme 
de la croisade albigeoise, 
sous autre. 

noser 21 38, nuire. 

nosricatz, voy, noirir< 

notar, 1942, accompagner un 
chant avec un instrument. 
Flamenca, v. 598 : L'us diz 
los motz e l'autrels nota. 

nous, /?ot/r no vos, 385. 

nueh 876, 965, 1 1 1 2, nuit. 



Oblîdar, no s'es pas oblidatz 
1696, 1^56, il ne s'est pas 
oublié, il n^a pas perdu la 
tète, 

obrir, ind, prés, sing, 3^ p, 
uebre 1^22^ pi, 3^ p, obron 
1955, ouvrir. 



oissor II 75, 2095, épouse, 

ond 1542, on 25, 931, oit, 

ondrat 211, orratz4i3. hono" 
ré, qui est dans une situa^ 
tion considérable, 

orphes 792, orphelin. 

orratz, voy, onratz. 

ostar, ostîer 5o2; Vimpér, 
ostat, 828, est une sorte 
d'exclamation qui signifie 
à peu près : ne parte:[ 
pas ainsi. 



Pagar, part, pagatz 63 1, pa- 
gat 21'] \ fut, pi. i^ p. pa* 
garam 775; payer, contenu 
ter. 

pages 1^0% ,^ paysan, 

palais 32, 128, palaes 37, pa* 
lais, 

pâli 112, 5 10, 1042^ sorte 
d'étoffe de soie. 

palm 467, palme, largeur dé 
la main. 

panar, part, çanatz 714, 872; 
prêt, pamei i8âi, vô- 
ler, 

parayge 12, par âge* 

parer, ind. pr. sing. 3^ p, 
par io39, sembler. 

passar 840 part, passât 461, 
ind. pr. sing, 2® p, pasat 
848, act,y passer, faire pas- 
ser. 



obs 935, besoin, nécessité. I pauc 35o, pau 880, petit. 



96 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 

pimen i io8, boisson épîcée. 



peiro 1811, peyro 6, banc de 
pierre. 

per, suivi d'un inf. neutre^ 
pèr plazir 1 23. à plaisir; 
suivi d'un inf, transitif 
marquant Voccupation, per 
los falcos gitar 1295, en 
train de lancer les fau" 
cons. 

pergas 473. perches; perga 
248, perche ou bâton où ^e 
posait Vépervier, 

perpongas [forme douteuse, 
vojr. la note), i3i%, pour- 
points, 

pertusan, pertusat445, percer. 

pesar, voy. pessar. 

pessas 5 1 5 , pièces, pessa e 
pessa 768, 976, morceau 
par morceau. 

pessar 235 ; part, pr, pesan 
3 14, penser. 

pessat 455, plur. pesatz 1546, 
pensée, 

pessejar 1 3o9, part, pessegatz 
992, mettre en pièces. 

petit 597, veu; petitz 1704, 
peu nombreux. 

peuis, voy. pueis. 

peureiras i3qi , pierrières, 
machines de siège, 

pîatatz 790, 792, pitié. 

pieh 988, poitrine, 

pier {pour par) 507, pair. 

piUr io3i, 1662^ pilier. 



pla 609, 046, 1048, terrain 
uni, esplanade, 

pla, adi,, de plana terra 171 2, 
aepïainpied, 

plaga 466, plaie. 

plagar, plagat 466, faire une 
plaie, blesser, 

plah 38, 44, Ç>2S\ procès 38, 
arrangement qui termine 
un procès ou un débat 625 ; 
arrangement, convention, 
en général 44. 

plazer, ind. pr, sine, 3^ p, 
platz I, pfas 2, plat 16 14, 
plai 206; fut, sing, 3^ p, 
plara 74 ; plaire. 

plazir (en rime) i23, infjpris 
substantivement, plaisir. 

plevir, part, plevis 404, ple- 
vit 60 5, s'engager envers 
quelqu'un^ garantir, 

poder, ind, pr. sing, i^ p, 
puesc 90, puec 82^, 2^p, 
pots 98, ^o /?. pot 2^8, 368, 
pi. i^ p. podem 106, 371, 
2^ p. podes 240 \prét. sing, 
1^ p. pogui 1660,2®/?. po- 
gis 392-3, 525^3^ p. pot ro3, 
273, poc358, ioo3j pi, 2^ p. 
poguet 1668 \ fut, sing. 3^v. 
poyra 102, porra 377; subj, 
pr. sing. i^ p. pusca 92, 
3^ p. puesca 244. pi. i^ p, 
puscam 100; cond.pr. sing. 
3^ p. poiria 271 ; cond. imp. 
sing, i^ p. pogra 386, /mou- 
voir; souvent joint à un 
inf comme une sorte d'auxi' 
liaire g3y\ pouvoir. 

I ponh 1 1 , 229, 638, poing. 



/ 



VOCABULAIRE 



97 



ponh 622, 669 i point, mo- 
ment, 

ponhador 2101, combattant, 

ponher, part. prés, pongen 
iq56 ; tnd. pr, 3^ p. ponh 
iS33; piquer [de V épe- 
ron], 

por, getar — 344^ jeter loin 
de soi. Voy. i)ief, Wœrt. 
II c por. 

porra, voy. poder. 

port pour porc, 365, 401, 
sanglier. 

pot, voy, poder. 

pregar 940, preguier 1635 
ind. pr, sing. 1^ p. pregui 
634, prier. 

preio 1346, /?rwo«. 

prejurs (pour perjurs) 1398, 
parjure. 

prendoîs 108, lo'h'j .^ pour 
prendo si ; voy. le suivant. 

prendre, ind. prés. sing. i^p. 
prengui 18, jp/. 3^ p. prendo 
Il I ; prêt, sing. *5® p. près 
47, 55, i353, pi. 2« p. 
prezes 387; imp. pi, pren- 
des 434 j construit avec 
a et un tnf. se prendre à 
[faire une chose], 

presen, a — 191, 199, présen- 
tement, sous les yeux, 

pretral (pour peitral) 178, 
pièce a armure qui se pla- 
çait sur le poitrail des che^ 
vaux; voy. ma traduction 
du poème de la Croisade 
albigeoise, p. 212 note 5, 



324 note 3 et les add. et 
corr., p, 526-7. 

prezar 207, part, prezatz 
1200, 1 692, f mer, estimer. 

prezentiers 1574, dispos at* 
tentif, 

prieissa 1369, presse, foule, 

prim, primas 5i5, délicat, 
tendre. 

pro 733, 8ô5, pro asatz 1207, 
en abondance. 

proar 1462, proatz 1748, 
éprouver. 

proesas 1454, prouesses, 

prometre, subj. pr. pi, 2® p, 
prometatz 962, livrer. 

prop 210, auprès. 

propriar , propchar , part, 
passé propriatz 1 000 , 1 2 5 5 , 
propchatz îy3yy approcher 

pros 184, 1800, 290, 693, 
preux, vaillant. 

pueh 681, pûy, montagne. 

pueis 188, 635, 726, puis 
685^ peuis 47, puois 026, 
pueissas 4ck pueisas 139, 
puessas 1 570, pueissa 1 880; 
puis, ensuite. 

puesca, voy. poder 

pujar 1 307, ind, pr, sing. 3® 
p. pueja 877, monter [à 
cheval] . 

puois, voy. pueis. 

pus 1 88, puisque. 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



98 

Quar II 59, pourquoif inter' 
rog,; 1161 car. 

» 

quier, voy. car. 
quînh 999, quel. 
quobro, vqy. cobrar. 



Ragar 922 ^part. vassé ragatz, 
989, coûter àjtots, 

rajada, a — 668 note^ a flots. 

ram 2086, rameaux. 

rando, de — 3 1 3, en hâte; voy, 
DiefjWœrt. I,randa. 

TSipaLTy part. rapat87i, rapatz 
1262, enlever^ Kajrn,^ V, 
42, n'a que des ex. du 
XIV® siècle. 



rastanquier , voy, 
car. 



restan- 



raubador 1 187, voleurs. 

razonar, rayzonar 912, part. 
razonatz 1 787 , razonat 
2o34, rayzonat 855,aire5- 
ser la parole 2034; réfl., 
s'expliquer, se déjfenarey 
1787. 

razos 343, razo 2, 11, etc., 
raro 317, discours, exposé, 
mettre a — 317, mètre en 
— Il, interpeller, adresser 
la parole. 

re, vojr. res. 

recobrar, recobratz442, 56 1, 
recouvrer. 

redre 2190, ind. pr. pi. 3* p. 
redon 196, rendre. 



refudar, ind. pr. sing. i^ p. 

refut i855, refuser. 

réfugier {pour refusar) 149, 
refuser. 

refut 1^12, refus. 

regarar, r^., tmj?^. regaratz 
788, se tourner verSjConsidé- 
rer. Manque à Raynouard. 

regio ifrois syll.) 1 1 69, 1 840, 
région. 

regnatz i5i8, royaumes. 

remaner, ind. pr. pi. 3^ p. 
remano(m^. remado) 1202, 
prêt. sing. 3* p. remas 985, 
rester. 

remirar, ;?(ïr/. remiratz 1247, 
ind. prés, rimiro 1777, 
examiner, p. '^. admirer. 

rendas 198, rentes. 

renegatz474, 501,780, a«c./V. 
renoié, épithète injurieuse 
jointe à tracher; cf. mes- 
crezen. 

rennas 108, rênes. 

reptar 524^ part. reptatz398, 
reptat 465; accuser. 

res, re no i ac mas 1957, il 
ne s'agit de rien sinon... 

restancar 839, 1938, rastan- 
quier 1378, restancatz 585, 
s* arrêter. 

revelar i322j se .soulever, se 
révolter. 

ribairar 1281, rîbarar 224 
chasser en rivière. 



VOCABULAIRE 



d9 



rie 174, 275, 6u^, 6»>, n- I 
ches 3io,riche3, iSg, 6&q, 
7i3,2i45,rica i, ricna323, 
considérable, remarquable. 

rîcor 2io5, puissance, 

rien (|^pifr rûen) 184, i852, 
viarit, ' . 

rimiro, ifoy. remirar. 

rimor 479, rumeur, bruit. 

rodât 2026; épithète, ordi- 
nairement appliquée, soit à 
pâli (comme ici), ou à qq, 
autre étoffe, soit à escut ou 
à targa ; désigne ou la bor- 
dure circulaire d'une étoffe 
ou d'un bouclier, voir le 
gloss, de Flamenca au mot 
rodatz, ou, plus probable- 
ment un ornement consis- 
tant en roues ou cercles 
brodés dans Vétoffe ou ap- 
pliqués sur Vécu; yoy. Du 
Cange, circumrotatus. On 
possède encore de ces étoj'- 
fes qualifiées de circumro- 
tatae; voy, par ex. Revue 
des sociétés savantes, 4* sé- 
rie^ III, 177. 

romper i3i8, rompre 493; 
ind. pr. sing. 3^ p. rom 
325, 345, 1 143, rompre. 

rosegar 2001, rosegat 2062, 
« trahere cum equis », Do- 
natz proensals, éd. Stengel 
p. 33 b; voy. sous rossegar 
le glossaire de ma notice 
sur Guillaume de la Barre 
et celui du roman catalan 
des Sept Sages p. p. M. 
Mussajîa. Sur ce genre de 
supplice, voy. Du Cange, 
eçjuitractio et trahere 6. 

ruas 1995, rues. 



Sabato vç^^ ^ulie^. 

saber 1841, ind. prés. ^ng. 
!• p. sai 529, 3® p. saps 
390, 3^ p, sap 3^4, sat 
320,p/i/r. I* p. sabem 796, 
2® p. sajbes 119; prêt. sing. 
3^ p. saup 264, 1820, 
2oo3 ; fut. sing. i« p. sa- 
brieii437, 3^ p. sabra 1 178, 
plur. 2« V. sabres 120; 
subi. pr. vï. 2^ p. sapiatz 
74?; conait. imp. plur. ^« 
. saubro 519, savoir; — 
o 321, 334, 1751, 1826, 
sembler bon. 



i 



sabor 1179, saveur^ bon goût 
(aufig.). 

sabra, sabres, voy. saber. 

saïns 993, ici dedans. 

salhidor 477, [dextrier] qui 
saute. 

salhir 1591, sauter. 

sancnar, ind, pr. sing. 3^ p. 
sancno 878, saigner. 

sanglantier 496, ensanglan^ 
ter. 

sanglar, voy. senglar. 

sapte 109, samedi. 

sarcar, voy. sercar. 

sarrar, impér. sarratz 960, 
fermer. 

sat, saubro, voy. saher. 

saumiers 2166, saumies 568, 
somies 53gy sommiers, bê-- 
tes de somme. 

saup, voy. saber. 



lOO 



ROMANS DE DAUREL E DE BETO 



saunenta 45o, sanglante. 

saxia, secia, voy, sezer. 

segner, voy. senher. 

seguel iioy y seigle, 

seguir, part, prés, seguens 
1401 ; prêt, sing, 3* p. se- 
guet i832; per seguens 
1401, consécutifs. 

selada , a — 676 , en ca- 
chette. 

semblan, bel — 2126, bonne 
mine, 

sen 1908, avis, jugement. 

senes 421, ses i3^ sans; or- 
dinairement suivi de tôt, 
tota, qui ne sert qu'à ren- 
forcer Vidée. 

senclar 391 , sanglar 484, sin- 
giar 293, 3 10, 36 1, 5o2, 
sanglier. 

senha 160, i320, enseigne, 
lance pourvue d'un pe- 
non. 

senhal 470, signe^^ marque. 

senher 86, segner 16, senhe 
35 1, 371, 4?4, 435, sire. 

senhs 1990, cloches. 

sercar, sarcar 1294, ind. pr. 
pi. 2« p. sercas 237, c^er- 
cher. 

serem, voy. esser. 

sermonar, ind. pr. sermonatz 
i525, sermonner. 

seror, voy. sor. 



ses 687, soir. 

ses, voy. senes. 

set 559 seta 89, (pour cest-a), 
ce, cette. 

sezir 117, ceze 1640; ind. 
imvarf. sezia 289, secia 
19*3, sazia 6 ; réfl. 6 ; s'as^ 
seoir, être assis. 

siam, voy. esser. 

sieutatz (pour cieutatz) 424, 
cité. 

silh {pour ciih) 212, ceux. 

silhs (pot/r cîlhs) i233, cils. 

singlar, voy. senglar. 

sire 262, 3o2, sira 12, 140, 
336, 349, cira 292, sire. 

sist (pour cist) 207, ceux* 
ci. 

sivada, voy. civada. 

so II 54, son; 728, chanson. 

so 26, 45, 88, cela. 

so, son, voy. esser. 

sobre 1691, \marcher\ sur, 
contre [qqun\. 

sobriers, a — 1 570. excessi-» 
vement^ démesurément. 

sodadas 2174, anc. fr. sou- 
dées, prestation en ar^ 
gent. 

so)OTnsir^part. passéso]oTnatz 
946, 2025, ind.pr. sogoma 
10 1 ; séjourner ; faire re^ 
poser \un cheval]. 



VOCABULAIRE 



lOC 



solier i35^ proprement étage 
d'une maison : Aiol, 7060, 
Hunbaus avoit maison molt 
boine a ..iij. soliers; cf, le 
gloss. de la chanson de la 
croisade albigeoise. Ici ce 
mot est employé sans pré" 
cision» 

somier, vojr, saùmier. 

sonier io3, prononcer, faire 
entendre, 

sor, employé comme rég, 
623, 1021, 2i65;seror iJ3, 
141, 148, 662, 1188 {aux 
vers i33 et 141. on pour" 

. rait corriger sor), sœur. 

speia, voy. espeia. 
suau 137, doucement. 
suavet 661, doucement. 



Ta, suivi d*un adj. 939, 991, 
tellement. 

talen, désir , aver — 1122, 
venir a — 1188. 

tans, mil — i563, mille fois 
autant. 

tardar 234, tarzar 902, tar- 
dier 246, tradier io6, tar- 
zier 57, ind. prés. pi. 2« 
p. tarzas 43 o, retarder, 
différer. 

tarzamen 1875 , 1888 , re- 
tard. 

tarzar, tarzier, voy. tardar. 

taulas62, 11 37, 1277, i566, 
jeu de tables, sorte de tric- 
trac. 



taulier 1427, tablier de 
jeu. 

tempestamen 1896, tempête. 

tetinas 920, seins. 

tocar vihola 85, jo\ier de la 
vielle. 

tolre, part, passé fém. tolta 
488 : subj. prés. sing. 3^ p. 
tuelna 659 ; cona. prés, 
sing. 3^ p. tolria 5o7; en- 
lever. 

tombar 204, tumbier i 358, 

part, tumoatz 1764; ind. 

prés, tomba 1 2 1 o ; tomber, 

faire des cabrioles; act. 

I ^64^ faire tomber, abattre. 

torn, faire son — 1627,/ajre 
demi tour. 

tornar, esser tornatz 4o3, est 
une expression elliptique 
qui signifie probablement 
perdre sa cause; cf Gir. 
de Rouss. éd. Hofmann, 
V. 4291 : Ni anc de jutga- 
men no fo tornatz. 

tozets 1443, enfants. 

trabucar 371 , trabumiier 
i'h'jb\ind. pr. sing. 3^ p. 
trabuca 1 762 , . trebuca 
i325; abattre, renverser. 

trabuquetz 1391, trébuchets, 
machines de jet. 

tracher, cas suj. i54, 172, 
180, 3i3, 474, tracer 614, 
trager 61, 189, 476, traie 
2o38 ; cas rég. trachor 328, 
452, tracher 1118, 11 55, 
traire 2095. Cf. trahidor. 

tracio 314, trahison. 



102 ROMANS DE DAVREL E DE BETO 

tradier, voy. tardar. 
trager, vqy, tracher. 



traïdor, cas suj. iSj, casrég, 
1171, 2092, traître. 

traïmen i85, trahison, 

traire, 2064, prêt, sing, 3* 
p, tray 5, trais 41, 441, 
i325, imjpér, pi, trazes 
562 ; suhj, pi, 2« p, tragas 
Bpd ; tirer 396, 441, 1 325 ; 
tirer à part 41 ; supporter 
5; réfl, 562. 

traire, traje, vqy. tracher. 

tras 1989, derrière, 

trasioiiôy, 1825, trasiho 3o, 
i832, trahisorij voy. tracio. 

traspasar, part, traspasatz 
441, ina. pr. traspasatz 75 1 ; 
mourir 441, transgresser^ 
mal agir 75 r. 

trastumbier 1 357, tomber, 

traucar, tranca 1749, trotter, 

trazes, voy. traire. 

trebuca, voy, trabucar. 

tremolar 1443, trembler [de 
froid], 

trempar (pour temprar), ac- 
corder [an instrument], 

triar ^part. passé triatz 11 33, 
i387, 1735, l'^Sgiréfl.^ se 
séparer, partir de 1735, 
1 765 ; part, passé pris ad" 
jectivement 1 1 3 3 , 1 387, 
choisis, d'élite. 

trigar , part, passé trigatz 



1274; subj.pl. 2^ p. triées 
697, réfl. 1264, se retarder; 
697? différer. 

tro 202, juscfu^à; 191, "663, 
964, jusqu'à tant que. 

trobier 85, trouver, composer 
des poésies. 

trol 964, pour tro lo. 

trossar, impér, trossatz 540, 
trousser, charger. 

trotier 56 1, anc. fr. trotier, 
coureur, homme de basse 
condition, qui faisait l'ôf" 
fice de garçon d'écurie ; 
voy. Crois, albig. 5966, 
Guerre de Navarre 47^20, 
4843, Du Cange^ trotarîus. 

tumbatz, voy. tombar. 

tuelha, voy. toire. 



Uebre, voy. obrir. 

uei 81 5, aujourd'hui. 

uelh. »/. cas rég. uelhs 3^5, 
uelh 787, 14.07, ueilh rô32, 
i25o, vuelh 987, 1^66, 
yeux. 

ulhas, voy. voler. 



V, pour vos, 190. 

va, vai, voy. anar. 

valatz, sing. rég. 2o63,^/. 
rég. valatz 1736, i738 , 
fossé. 

van, voy. anar. 



^^tn-^^^^m 



»<«i 



■»^* — -»^ 



VOCABULAIRE 



io3 



var i8i5, vair. 

vas 798, vers. 

vasal 1748, guerrier, sens de 
Vanc, fr, vassal. 

vayley gS, valet. 

ve, voy. venir et vezer. 

vec 470, vec vos 2o3, 848, 
lOOD, 1907, veuc vos 1348, 
voici. 

veiraS) veja, voy. vezer. 

vejaire, m'es — 1546, igoS, 
il me semble. 

vcltres 337, lévrier, anc.fr. 
veautre. 

vcnador, pi. ^suj. 472, rég. 
venadors 33g, 364, venewr^, 
sens de service employés à 
la chasse. 

venaro, pour venazo, 3i5, 
chasse. 

venges 2100, vengues 2173, 
adj. formé sur vengar, ven- 
ge, voy. sur ce genre de 
formation Romania , VIII, 
448. 

venir 1 1 3, part, vengut 3 1 3 ; 
ind. pr. sing. S^p.ve 12 3, 
188; rr^/. stng. l'^p. ven- 
gui 4.57, 3^ V. vinc 00, venc 
40, 2D4, pi. 3^ p. vengro 
09, vero 1088; fut. sing. 
i^ p. verray 5i ; tmpér.pl. 
venes 376; tmp. pi. 2" p. vi- 
net 847 ; subj. pr. sing. ^» 
p. venn* 1 8, venga 58 ben- 
ga 1093, venir. 

verden 1608, verdoyant. 



vero, verray, voy* venir. 

verses, p/t/r., 1464, 1498, vers, 
pièces de vers. 

vertudozamen 1625, i858, 
puissamment , énergique^ 
ment. 

veuc, voy. vec. 

vcus, pour ve vos, 38, 217, 

VOICI. 

vezer, part. pr. vezcn 6^3 ; 
ind. pr. sing. jc j?. vei 254, 
3^ p. ve 206, pi. i^ p. ve- 
zem 467 ; prêt. sing. i^p. 
vi 295, 3^ p. vi 62, iiSypl. 
3^ p. viro ^2 ; futur pi. 2* 
I?. veires i322,veuret i33i; 
subj. prés. sing. 3^ p. veja 
610; cond.pl. 2^ p. veiras 
i53, viras 494. 19 14, voir. 

viala 196, ville. 

viassamen 187, 1602, en hâte. 

viatz 782, 982, 1022, vias 
1Q71, en Kate. 

vieula, vieulas, vihola, voy. 
viola, violar. 

viens 1160, vivant. 

vinc. voy. venir. 

viras, vo;^. vezer. 

violai 180, 1209, 141 5, vi- 
hola85, vieula 1470, 1948, 
vieulas i93i, vielle. 

violar 114. 1419, 1682, viho- 
lar 147^ , ind. pr. sing. 
3^ p. viola 1570, vihola 
i5o5, vieula 165, 204^ prêt, 
sing. 3^ p. viueulet 79, 
jouer de la vielle. 



ROMANS DE DAUXEL B DE BETO 



voler, iitd. pr. sing. i' p. 
vulh i36, 214, vuelh 148, 
3* p. vols 2t5, 3' p. vol 
îSe,/»/. V0I0504; imp. sing. 
S' p. volia 819 ; prA. sing. 
Je p. vole 353, vols 818; 
fut. sing. jt p. volray 80, 
208, voldray 106, 2' p. vol- 
ras Saa, plur. i' p. volrem 
i6-pi.3' p.volres'i5\iinpér. 
etSUBj. sing. 2* p. vuelhos 
i3i3, uelhas 37, ulhas 82, 

Î(. 3« p. voIhatK 4ri, vol- 
as 233, 234, i3q; cond. 
pr. sing. i' p. volria 3ai, 

SI. 2' p. vorriati 755; vou- 
»r; se joint à des inf. 
comme une sorte d'auxi- 
liaire, pour signifier le fu- 
tur 89, 121, 166, 208; no 
TolhaS) suivi d'untnf. comme 
en latin nolite, 2B4, 269 ; 



voler ht iSiS, vouloir 
du bien à qgun, l'aimer. 

voiler (dans le corps du vers) 
1761, voler. 

volray, volria, vols, voy. 
voler. 

voltor 2o65, vautours. 

vonh, pour vos ce 5o, 568. 

vorriate, voy- voler. 



vuelh, vulh, yoy. voler. 



TABLE DES NOMS PROPRES 



vv/x^V^i/x/V^^ v*v^i^^^ 



Abram, voy. Ebratz. 

Agen 201. 

AiCELiNA 855, 934, 2033, 
2o34, AissiLiNA 783, Ayse- 
LiNA (ms. Ayselineta) 

807, AlSILINETA 716, 724, 

nourrice de Béton. 

Amen j ART, voy. Esmenjartz. 

Antona 32, 69, 1674, fief hé- 
réditaire de Beuve (Boves); 
cri, i32a, 1952. 

Ardena 293, 368, forêt, 

Aremybr, voy. Azemar. 

Aspremont 10, 535, AsprC' 
mon 60, 3 1 1 , 933, 2074, As' 
pramon i33o, château apn 
partenant au comte Gui, 
donné finalement à Azemar. 

Augier 146, Ogîer le Danois, 
père du duc Beuve. 

Azemars 99, II 57, I2Q3, 
2 141, Azemar ioqi, io9>4, 
II 26, 1289, i3ri9, 134e, 

l352, AZBMART 2124, ArE- 

MYSR 93, sénéchal de Beuve. 



Babilonia 1195, 1604, Baby- 
lone d'Egypte, ïe Vieux- 
Caire. 

Bertran 65 , écuyer de 
Gui. 

Bertrans ii65, i332, i343, 
Bertran i 290, 1 3o i , 1 3 1 o, 
2075, 2 1 2 1 , Bertrandet 
1 3 60, fils de Daurel. 

Betos 5o9, 772, etc., Beto 
298, 3i6, J22, etc., Beto- 
netz ioii, 1480, Betonet 
414, 1090, 1453,1586, 1942, 
1979, 2o5o, 2168. 

BiATRis 1000, femme de Dau- 
rel. 

Bordels i36, 200, 1674, Bor- 
deaux. 

Boves 26, 3i, 36 (rég.), 45, 
^52-7^93, m, i27(r'ég.), 
i36 (réç.), 174, etc., Bobes 
70, II 3, 14.5 (rég.), 171, 
Bobis 6, Buvo (en rime) 
181 7, duc d' Antona, tué 
en trahison par Gui. 

Brunas vais 36 1, 1294, lieu, 
dans TArdenne. 



io6 



ROMA«S K.PACK^ E DE MTO 



Buvo, wy. B^yw- 



Carles, vqy, K. 

Daurel 4, 83, 90, io5, 169, 
348, 353, etc., Dauriel 
101, II 3, j<mgleur protégé 
par Beuve, et grâce au cjé- 
vouement de qui Béton ren- 
tre en possession de Thé- 
ritage paternel. 

Daurelet 355, fils de Dau- 
rel. 



"EBRART2 821, EbRATZ 780, 

Ebrart 820, 834, 919, 
Ebrar 86 1 (la rime deman" 
de Ebrat) Ebram 8ii, 
Abram 2020, 2042, pêcheur 
qui dénonce à Gui la re- 
traité de Betou. 

Eimenjartz, voy. Esmen- 

JARTZ. 

Erimena 141 1, 186^, 1860, 
2 08 3, fille de Témir de 
Babylone. 

Esmenjartz 173, 176, 290, 
385, Esmenjart 595, És- 
mengahs 227, esmengart 
1092 , Eimenjartz 498 , 
Amenjart 1827, épouse de 
Beuve. 



Fransa 3, 42, ii5, 126, 257, 
.766, etc., France. 

Frances 7, français. 



Gauserans 21 56, Gauseran 
2124, Tun des chevaliers 
de Béton. 



iGoRMO^s i(^^ Gormqn i6$8, 
1763, roi sarrazin. 

Guis, suj. 124, 429, 440, 
rég. 370, 533, Gui 8, 22, 
3i3; Guio 3, 8, 14, etc.; 
GuiHo 46, 106, 388; ordi- 
nairement en abrégé, G. 
14, 58, 61, 65, etc., le 
meurtrier de Beuve. 



Jaufre i366^ l'un des cheva- 
liers de Gui. 

K. 39, 42, etc., Carles (rég.) 
416, k. magnes i32, i3û, 
K. mannes 72, qualifié de 
« lo bavier » 1 3>9, l'empe- 
reur Charlemagne. 



Monclar 209, 355, 527, 882, 
oSo, 949, etc. , Monclier 
06, château situé sur la mer 
et donné à Daurel par Beuve 



Olivier*i4o, 2160, le compa- 
gnon de Rolant. 



Paris 73, 109, 2148, Parts, 
résidence de Charlemagne. 

Peitieus 1673, 1862, 1875, 
1986, iQo9y 2021, 2062, 
21 5i, Peutieus i35, 585, 
i044,Pe^/ïe^i75, Poitiers. 



Requier 1 366, Tun des hom- 
mes de Daurel. 

RoLAN 558, RouLAN i3o, 277, 
21 36, 2100, qualifié de duc 
ou de palatin {palafi). 



VOCABULAIRE 

Sant Alari 53 1, 2084, Sen j J'iViii, Tyr. 
Alari 749, Saint-Hilaîre de 
Poitiers. 



Î07 



TABLE DES RIMES 



«/\A/« ^ A ^ A^ M^ 



Rimes masculines : 



an, en, 9, 5i. 



ar, 8, 12, 16, 23, 25, 27, 33, 
37, 42, 47, 53 '. 

at, 14, 24, 48. 

atz, i3, 17, 22, 26, 32% 38, 
43. 

en, 2, 7, 28,41,46. 

ens, 36. 

es {fermé), 20, 44. 



ier, 3,6, 35,49, 52 '. 

iers, 29, 39 *. 

ir, 4, 40. 

o, I % 10,21,30,45. 

or (fermé)^ 5, i5, 18, 3i, 5o 



os, II. 



utz, 34. 



Rime féminine : 
ada, 19. 



1. Les laisses 8 et 16 contiennent un assez grand nombre de finales en ier ; 
la laisse 33 en contient une (t. 817). En par provençal, toutes ces finales se- 
raient en ar, 

2. Quelques rimes en at. 

3. Ces laisses contiennent beaucoup de finales qui, en provençal, sont en ar. 
La laisse 3 était originairement en ar depuis le v. 78. 

4. La laisse 39 contient deux mots [chiers, v. 1 571, et peut-être maugiers 
1573), qui, en prov., seraient en ars. 

3. Quelques finales en om, on. 



ERRATA 



V. I, piàte, lis. plat. — 2, suppr, la virgulefinale. — 8, done 
Dieu, lis, Donedieu. — 18, venh, /i5. venh*. — Les vers 18 
et ig seraient mieux à leur place après lev.21, — 40, saludet, 
lis, saludec. — 5 1 , mettre un point et virgule à la fin du vers, — 
58, c'a, lis. c'am. — 187, et, lis. e. — 214, vieurat, sic, corr. 
vieuras; il faut la 2^ pers. du sing. — 299, Yeu arai, lis, Me- 
narai. — 322, e Beto, lis. a Beto. — 5o5, Senhor s, lis, Sen- 
hors. — 61 3, verdat. Us. verdat[z]. — 731, Et, /15. E. — 761, 
Or, lis, aur. — 853, ven s', ms. vens, qu'il faut probablement 
corriger venc. — 867, mettre une virgule après mi. — 919, 
suppr. la virgule après Ebrart. — 1126, leugier(s), lis. leu- 
gier[s]. — 1497, P^gû^» ^'^' pagat[z]. — x6o6,comandamen, lis, 
comandamen(s). — 171 5, voy,p. xlviij\ note i. — 1729, cam- 
biat, /i5. cambîat[z]. — 175 3, mettre le guillemet final après 
home. 

Vocabulaire. — auzir, suppr. auh, marqué à tort comme 
3^ pers. — bliautz... 1246, lis. 1426. — esser, le dernier chif- 
fre de V article doit être corrigé 61 53-4, — molher, encore au 
V. 1974 ce mot est paroxyton. — Ostar, ajoute^ cf. Breviari 
d'amorv. 23492. — Pertusan, lis. pertusar. 



Le Puy.— Imprimerie de Marcmbssou fils, boulevard Saint-Laurent, 2 3. 



Publications de la Société des anciens textes français. 
(En vente à la librairie Firmin Didot et C**, 56, me 
Jacob, à Paris.) 



Bulletin de la Société des anciens textes J^ançais (années 187 5, 1876, 
1877, 1878,1879, 1880} (Ne se rend pas). 

Chansons françaises du xv siècle, publiées d'après le manuscrit de la Biblio- 
thèque nationale de Paris, par Gaston Paris, et accompagnées de la musi- 
que transcrite en notation moderne par Auguste Gbvaert (1875). 18 fr. 7 5 

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blies par Gaston Paris. Album de neuf planches exécutées par la photo-gra- 
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le manuscrit unique de Paris, par Paul Mbyer (1875} 3 fr. 

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la Bibliothèque nationale de Paris, par Gaston Pabis et Ulysse Robert. 
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Bonnardot et Auguste Longnon (1878) 10 fr. 

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index, par Gaston Raynaud. accompagnée de la rédaction norvégienne tra- 
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d'après le manuscrit unique appartenant à M. A. Didot, par Paul Meyer 
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par le baron James de Rothschild, t. I et II (1878, 1879), le vol.. 10 fr, 

COuvrage imprimé aux frais du baron James de Rothschild et offert 
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Tous ces ouvrages sont in -80. excepté Les pins anciens Monuments de la 
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exemplaires sur ce papier est double de celui des exemplaires en papier ordi- 
naire. 

Les membres de la Société ont droit à une remise de 25 p. 100 sur tous les 
prix ci-dessus. 






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