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SOCIÉTÉ
DE$
ANCIENS TEXTES FRANÇAIS
DAUREL ET BETON
Le Pny, imprimerie de Marchessou fils, boalevarcl Suint-Laurcnt, 23.
DAUREL
ET BETON
CHANSON DE GESTE PROVENÇALE
PUBLIÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS
d'après le manuscrit unique APPARTENANT A M. A. DIDOT
Paul MEYER
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT ET C-
56, RUE JACOB, 55
M OCCC LXXX
.ijI^M?^
Publication proposée à la Société le 26 novembre 1879»
Approuvée par le Conseil le 24 décembre 1879 sur le rapport d'une
commission composée de MM. A. de Montaiglon, G. Paris et G. Ray-
naud.
Commissaire responsable :
M. G. Pxais.
Tï^
X
«
fc"! V ■ ■
INTRODUCTION
^:^^E troubadour Guiraut de Cabrera, qui vivait
^^^ à la fin du xii° siècle et au cominenceinent
(^J^^ duxiii' ', nous a laissé une pièce qui con-
siste essentiellement en une longue énumération des
romans alors en vogue. Entre ces romans figure celui
de Daurel et de Béton : > Il ne faudrait pas », dit
Guiraut à swi jongleur, « qu'on te demandât l'histoire
1. M. Mila y Fontanals {.Trùvaiores en Espana, p. i65} place
vers ti;o la composition de l'unique pièce qui nous soil parvenue
de G. de Cabrera, quoiqu'il ne me semble pas qu'il y ait dans la
pièce aucun flémenl chronologique permettant une déterminai] on
aussi préuse. Cette première supposition a conduit M. Mila à
identifier le troubadour Guiraut avec le vicomte Pons de Cabrera
dont la vie entière se passa au iii> siècle; tandis qu'il serait plus
naturel, à mon avis, de l'identifier avec le fils de celui-ci, Guiraut
de Cabrera, qui fut en lutte avec Pierre 11 d'Aragon et se fil
■ templier en iîî8 (voy, les Gesta comilum Barcinonensium, dans
Bouquet, XIX, i33. On pourrait même songer à un G, de Cabrfra
plus récent encore qui figure dans des actes de 1141 ; voy. ValssËle,
nouv. éd. VIII, io5S, de Tourtoulon, J.wffte /". II, 5i.
ij INTRODUCTION
a de Mauran, ni celle de Daurel et de Belon »,
Ja de Mauran
Om notdeman, ^
Ni de Daurel ni de Béton '.
L'existence d'un récit ayant pour héros deux per-
sonnages appelés l'un Daurel et l'autre Béton, n'était
connue que par cette simple mention, lorsqu'il y a
quelques années, peu avant sa mort, M. Ambr. Fir-
min Didot eut occasion d'acquérir un manuscrit pro-
vençal où se trouvait, sinon la totalité, du moins un
long fragment du poëme de Daurel et de Béton.
M. Alfred Didot, digne héritier d'un nom depuis long-
temps illustre, a désiré que la Société des anciens
Textes français, à laquelle il appartient comme mem-
bre fondateur et dont il est l'éditeur, eût tout le pro-
fit de la précieuse acquisition dont s'était enrichie la
bibliothèque de son père. Il a bien voulu me confier
le manuscrit pendant tout le temps nécessaire pour en
préparer la publication, et s'est acquis par là un nou-
veau titre à la gratitude de la Société. Le manuscrit
Didot contient une collection variée d'ouvrages ou
d'opuscules, qui tous, à des degrés divers, méri-
tent l'attention de quiconque s'intéresse aux études
provençales. On en trouvera la description détaillée à
l'appendice de cette introduction. Actuellement nous
n'avons à nous occuper que du poëme de Daurel et
Béton, Tobjet principal de la présente publication.
I. Bartsch, Denkmϔer d. prov. Literaiur, p. 91.
I. — ANALYSE DU POÈME UJ
I
ANALYSE DU POÈME
La fin du poëme manque, le ms. Didot ayant
perdu ses derniers feuillets. Ce qui subsiste suffit heu-
reusement pour qu'on puisse apprécier la valeur de
l'ouvrage et son importance dans l'histoire de la litté-
rature narrative du moyen âge.
Le duc Beuve d'Ântone était assis dans son châ-
teau, ayant autour de lui les meilleurs barons de
France. Là se trouvait un certain comte Gui qui n'avait
pour tout bien qu'un seul château appelé Apremont.
Le duc Beuve, mû par un sentiment dont la cause ne
nous est point expliquée, le choisit pour compagnon.
L'effet de cette sorte d'adoption, confirmée par un
serment prêté sur l'évangile en présence de nombreux
témoins, est d'établir entre les deux contractants la
communauté des biens '. Beuve va jusqu'à spécifier
qu'au cas où il viendrait à se marier et mourrait sans
enfant, il laisserait à Gui sa veuve et, par conséquent,
tout son héritage. L'accord dura dix ans sans que
rien vînt le troubler. Au bout de ce temps, Beuve est
mandé à la cour de Charlemagne. Il s'y rend accom-
pagné de son fidèle Gui. L'empereur lui annonce
qu'il a décidé de lui donner en mariage sa sœur
I . Il y a dans Tancienne poésie française beaucoup de traces de
cet usage. La compagnie de Rolantet d'Olivier est célèbre. Garnier de
Nanteuil et Bérengier étaient compagnons (^i><f il W^non.v. 24), etc.
IV INTRODUCTION
Ermenjart, avec la ville de Poitiers comme dot, et, de
plus, il le fait son porte-gonfanon, charge équivalente
à ce que fut plus tard celle de connétable *. Gui fut en-
vieux de la fortune qui venait d*écheoir à son com-
pagnon : « Ma dame est belle et bien faite, » dit-il
à Beuve ; « m'en donneriez-vous part selon votre pro-
« messe? » Beuve prit la chose en plaisanterie :
« Compagnon, » répondit-il, « priez Dieu qu'il me
« fasse; mourir au plus tôt ; alors vous l'aurez à votre
« volonté. » Dès ce moment Gui résolut la mort de
Beuve (VU).
Peu de temps avant de se rendre à Tappel de Char-
lemagne, Beuve avait accueilli à sa cour un jongleur
du nom de Daurel(III). Étant retourné dans sa terre, il
lui donna, à titre héréditaire, un riche château, le châ-
teau de Monclar situé sur la mer. Un jour qu'il était
allé à la chasse. Gui se présenta à Ermenjart et lui
fit les propositions les plus grossières. Refus indigné
de celle-ci ; fureur du traître qui ne dissimule pas son
intention de faire mourir Beuve. Cest en vain que la
dame rapporte à son époux la tentative de séduction
dont elle a été l'objet et l'engage à se défier de Gui :
le duc Beuve se refuse à croire à une telle trahi-
son (VIII.)
I . Cf. dans Aie d'Avignon (p. i et 2) :
Quant vint a ce termine qu'il (Garnier) pot armes baillier,
Li bons rois Tadouba, ne volt plus delaier ;
De sa cort li donna le plus riche mestier ;
11 le fist seneschai et son gonfanonier.
Celui n'oublia mie, ainz prist a chevauchier.
Avec lui maint baron, car il veut sormarchier
Les anemis le roi confondre et abaissier.
T. — ANALYSE DU POEME V
Bientôt Beuve devint père d'un enfant qui fut en-
voyé à Rolant pour être baptisé. Celui-ci donna à
son filleul le nom de Béton et le renvoya à Beuve en
un berceau d'argent et accompagné d'une suite nom-
breuse (IX) '.
Un an après la naissance de Béton, on vint un jour
annoncer à Beuve qu'un sanglier d'une taille extraordi-,
naire exerçait ses ravages dans l'Ardenne. Aussitôt il
mande son compagnon et tous deux se préparent
pour la chasse. Vainement Ermenjart, se défiant à
juste titre de Gui, essaie de retenir son époux.
Ses supplications demeurent vaines et Beuve se met
en voie avec son compagnon. Au moment de partir,
le jongleur Daurel lui présente son fils nouveau-né et
le prie de le baptiser. Beuve y consent et donne à
l'enfant le nom de Daurelet * de Monclar (XII). Puis
il entre en chasse. Les deux compagnons, serrant de
près le sanglier, se trouvent bientôt séparés du reste
des chasseurs. Beuve atteint la bête sauvage et la
transperce de son épieu. C'est à ce moment que Gui se
précipite sur le duc et l'abat, mortellement frappé,
près du sanglier. Le duc essaie de se relever, mais il a
le fer dans le corps, et il ne peut que se tenir à ge-
noux. Il accepte son sort avec la plus touchante rési-
1. D'autres témoignages constatent Tusage d'envoyer les nouveaux-
nés à de grands personnages pour être tenus par eux sur les fonts ;
c'est ainsi que dans Girart de Roussillon (éd. Hofmann, v. ygSi)
le fils de Girart est envoyé à la reine.
2. Sur l'usage de donner au fils prentier né le nom de son père
augmenté du suffixe diminutif, voy. ma traduction du poème de
la croisade albigeoise, p. 206, note 6.
Vj INTRODUCTION
gnation et pousse la générosité jusqu^à suggérer à son
assassin les moyens d'échapper aux soupçons, a Gar-
« dez-vous, » dit-il, « de m'enlever l'épieu du corps
« jusqu'à ce que je vous aie dit ce qu'il vous faut faire.
« Je sais bien que vous serez accusé de ma mort| mais
« je vous dirai, ami, ce que vous avez à faire. Vous
« m'appliquerez au côté les dents du porc, et vous lui
« enfoncerez votre épieu dans le corps. Tous diront
« que c'est le porc qui m'a tué... C'est pour ma
« femme que vous désirez tant que vous m'avez tué ;
« je le sais bien. Si vous m'aviez dit que votre passion
« était si forte, je vous Taurais donnée, avec ses gran-
« des possessions, et je me serais exilé outre mer.
« Je vous en prie, au nom de Dieu, soyez bon pour
« elle. Demandez-la au bon roi Charles : il vous la
« donnera, car vous êtes vaillant et honoré. Pour
« Béton, je vous prie de le faire élever. Faites le ve-
« nir, comte, à votre cour : il est neveu de Charles,
« vous n*y aurez pas déshonneur. Je veux que vous
« ayez la moitié de tout ce qu'il possède ». Gui lui
fait des yeux de lion enchaîné, et Beuve le regardait de
l'air d'un ange ailé : « Vous parlez follement, » dit Gui.
« Parle Dieu crucifié, si je puis le tenir en mes mains^
« il ne vivra pas quinze jours. Il n'y a ville ni cité qui
« puisse le sauver. Je vous ai tué ; il aura son tour ! »
Le franc duc se tourne vers lui et, joignant les mains :
« Comte, » dit-il, « s'il vous plaît, donnez-moi la
« communion avec des feuilles » . — Par Dieu I » dit
I. Les exemples de cette sorte de communion symbolique sont
fréquents dans les poèmes du moyen-âge; voy. Floriant et Flo^
rete, w. 345-7 et les notes de Téditeur, p. xlij.
I, — ANALYSE DU POÈME VI j
Gui, « VOUS parlez follement ! mourez vite, car vous
« tardez trop : de votre cœur je ferai deux moitiés I —
« Compagnon, » reprend Beuve, « c'est vous qui
« parlez follement. Vous allez être bien vengé du mal
« que je vous ai fait ! Prenez mon cœur et mangez-
<' en ! Sire Jésus-Christ, qui fûtes mis en croix et dai-
« gnâtes naître pour effacer nos péchés, et vous, sainte
« Marie, gardez Béton, je vous en prie, de tomber
« entre ses mains, et je vous demande de me par-
« donner mes péchés. » Le traître s'approcha, arra-
cha de la plaie l'épieu,. et le duc mourut. Le duc est
mort : jamais il ne sera remplacé (XIII).
Gui se conforme aux recommandations de sa vic-
time : il enfonce son épieu dans le corps de sanglier,
il perce de coups de couteau le flanc du duc, pour si-
muler une blessure, et y applique les dents de l'ani-
mal; puis il sonne du cor. Les chasseurs accourent et
n'hésitent pas à accuser Gui, qui proteste de son in-
nocence. Le corps est placé sur des perches et em-
porté au château (XIV). La duchesse, en apprenant la
funeste nouvelle, donne les signes de la plus vive
douleur. Elle accuse, hautement Gui, et, si on ne Teût
arrêtée, elle l'eût frappé d'un couteau. Tous les assis-
tants versent des larmes. On veille le corps pendant
trois jours, puis on l'emporte à Saint-Hilaire ' où il est
enseveli près de l'autel (XVI).
Cependant Gui est retourné à Apremont. Il a fait
charger son trésor sur quinze bêtes de somme, et
I. Célèbre abbaye fondée à Poitiers dans les premières années du
vi« siècle.
VU) INTRODUCnON
s'est mis en route pour Paris. Il monte au palais de
Charlemagne. Le roi se lève, vient à lui et lui de-
mande des nouvelles du duc Beuve. « Il est mort, »
répond le traître ; « un sanglier lui a déchiré le ventre
a et les flancs. » Le roi se désole, frappe ses mains
l'une contre l'autre en signe de douleur ; toute la cour
partage son affliction, et Rolant déchire ses vêtements.
« Sire, » dit Gui, « cessez de vous lamenter. Si les
« lamentations y pouvaient quelque chose, nous en
« avons tant fait, que le duc serait .ressuscité. Met-
« tons-nous à l'écart, et parlons un peu. J'ai entendu
« dire que votre trésor est diminué, tant vous avez
« donné aux soudoyers. Je veux le remplir, s'il vous
« plaît. Voici là dehors quinze sommiers chargés d'or
« et d'argent. Je tiens les terres du défunt ; voulez-
« vous me les octroyer ? Tout cet or, tout cet argent
« est à vous. Donnez-moi la veuve : je serai votre beau-
« frère. Je vous serai dévoué plus qu'homme du
« monde. Je tiendrai la place du duc qui est tré-
« passé. » Le roi répondit : « C'est un beau présent.
« Nous partirons après le dîner. » La douleur était
passée ; il monte à cheval avec cent chevaliers et ne
s'arrête pas jusqu'à Poitiers. On annonce sa venue à
la dame. Celle-ci est transportée de joie : « Dieu ! »
dit-elle, « je sais maintenant que le traître renégat
« va mourir, et que le preux duc sera vengé! » Elle
descend les degrés, embrasse son frère, et, voyant s'ap-
procher Gui, elle s'écrie : « Sire, il faut que vous
« m'aimiez bien peu pour recevoir ainsi en votre cour
« le traître qui a tué le duc ! — Ne l'en croyez pas, a
dit Gui -, « c'est une femme : elle dit ce qui lui plaît.
' ■: • >-'
J. — ANALYSE DU POEME IX
« Si c'était un homme, je serais prêt à me justifier par
« le duel. Le duc était mon compagnon juré : pour
« soixante cités je n'aurais pas voulu le trahir. »
C'est en vain qu'Ermenjart réclame l'épreuve du feu,
se déclarant prête à subir la mort sur le bûcher si un
seul de ses cheveux était atteint par le feu, le roi veut
qu'elle épouse Gui. La malheureuse femme se dé-
sole -, elle supplie son frère de lui donner pour époux
un chevalier, afin que ses enfants n'aient pas un traî-
tre pour père : le roi reste inflexible, et de force la
fiance à Gui. Elle se répand en imprécations et jette
l'anneau des épousailles dans le feu (XVII).
Les noces sont célébrées au milieu du deuil géné-
ral ; puis le roi s'en va et Gui le reconduit. Entre-
temps, Ermenjart, craignant pour la vie de son fils,
le confie à un bourgeois qui se charge de le fair«
élever dans une île de mer par une de ses filles qui
vient de perdre son mari (XX).
Le jeune Béton fut ainsi nourri pendant deux
mois par Aiceline, la fille du bourgeois. Tous les
jours on leur apportait leur nourriture de chez le
bourgeois. Cependant Gui réclame l'enfant, assurant
qu'il veut le faire élever honorablement (XXI). Er-
menjart répond d'abord qu'il est mort, qu'un jour
elle l'a trouvé sans vie à son côté. Gui refuse de croire
ce mensonge, et s'emporte jusqu'à la frapper avec
ses éperons d'or. La dame, furieuse, lui dit que Béton
est vivant et qu'un jour il saura venger son père. Gui
fait aussitôt proclamer à son de trompe que quicon-
que lui apportera Béton recevra une récompense de
mille marcs d'argent. Il arriva vers ce temps qu'un
X INTRODUCTION
I
pêcheur, nommé Ebrart \ aborda dans l'île où le fils
du duc Beuve vivait caché. La nourrice lui fit bon
accueil et s'empressa de lui faire savoir qui était l'en-
fant confié à sa garde, lui recommandant de n'en rien
dire à Gui, qui infailliblement le ferait mettre à
mort. Ebrart promet d'être discret, mais il ajoute,
parlant entre ses dents: « J'ai trouvé aujourd'hui mille
« marcs d'argent dans la mer! » (XXII).
Le pêcheur se hâte d aller communiquer la nouvelle
à Gui, qu'il trouve prêt à se mettre à table. Le jon-
gleur Daurel, qui était présent à la cour, l'apprend ;
il est même désigné par Gui comme garant de la
somme à payer. Désireux de sauver à tout prix son
jeune seigneur, il monte à cheval et se rend au bord
de la mer. Il y trouve le frère d'Aiceline, qui allait
porter des vivres à sa sœur ; il l'informe du danger
qui menace Béton, et tous deux se hâtent de passer
dans rîle et emportent l'enfant, au grand chagrin de
la nourrice qu'ils oublient d'emmener avec eux. Ar-
rivé à terre, Daurel monte à cheval et se rend tout
d'une traite à son château de Monclar, et là il remet
l'enfant aux soins de sa femme. Elle et ses enfants
sont remplis de joie (XXIV).
Cependant le traître Gui, ayant fini de dîner, se met
en route, guidé par le pêcheur Ebrart, pour aller
chercher l'enfant. Arrivés dans Tîle, ils interrogent la
nourrice, qui leur répond que des marins, ayant
abordé, le lui ont enlevé. Gui ne se paie pas de cette
raison et, s'étant fait apporter des épines, il en frappe
I. Ailleurs Abram, voy. la table des noms propres.
J. — ANALYSE DU POEME XJ
la malheureuse par la poitrine de telle sorte que le
sang et le lait coulent à la fois : « Ne me tuez pas, »
crie-t-elle, « c'est Daurel qui l'a emporté ; je ne sais
« rien de plus. — Voilà qui me paraît vraisemblable, »
dit Gui, « car je ne Tai pas vu à table aujourd'hui »
(XXV).
Le lendemain, de bon matin, le traître se met en
route pour Monclar, accompagné de cent chevaliers.
Y étant arrivé, il appelle Daurel, qui se rend auprès
de lui, après avoir fait promettre à ses fils de ne livrer
Penfant à aucun prix, mais de se tenir prêts à s'*en-
fuir par mer avec lui lorsque la nuit sera venue. Gui
somme Daurel de lui livrer Béton, et, sur le refus de
celui-ci, il donne Tordre de mettre le feu au château.
— « Arrêtez ! » s'écrie Daurel, « je vais vous l'appor-
ter. » Il rentre dans le château et, s'asseyant sur un
banc, il se désole. Beatris, sa femme, lui donne alors
le conseil de substituer à Béton son plus jeune fils,
et de le porter au traître : « Mon fils mourra, mon
« seigneur sera sauvé ! » Daurel prend l'enfant et, le
remettant à Gui « : Donnez-moi votre parole » , dit-il,
« que vous ne lui ferez aucun mal. — Sachez en vé-
« rite, » répond le traître, « que je ne lui en ferai point,
« et qu'il sera bien gardé. » Ayant parlé ainsi, il prend
l'enfant et, lui découvrant la face : « Béton, » dit-il,
« vous m'aviez échappé : sous peu vous allez être
ce soigné comme il faut » (XXVI) ; et, le saisissant par
les pieds, il lui brise la tête contre un pilier. Daurel
ramasse son enfant, l'enveloppe en une étoffe de soie,
et, sans arrêter, se rend à Poitiers. Ermenjart venait
d'entendre dire que Gui avait tué Béton, lorsqu'arrive
Xlj INTRODUCTION
Daurel, qui lui conte ce qu'il a fait. « Mon fils est mort
« et Je fais allaiter le vôtre. Veillez sur le château de
« Monclar, car je m'en irai outre-mer avec Béton et
« ne reviendrai que lorsqu'il sera en état de porter ses
« armes ». On enterra le fils du jongleur a^uprès du
duc : il l'avait bien mérité puisqu'il était mort pour
lui. Daurel revient à Monclar, équipe un navire, y
fait entrer une nourice pour l'enfant, y met une
harpe et une vielle pour se recréer, et s'embarque
avec son écuyer, laissant sa femme et ses deux
fils. Celle-ci monte au sommet de la tour, et suit de
J'œil, le plus longtemps qu'elle peut, son époux qui
s'éloigne; puis, désolée, elle se laisse tomber et meurt
(XXVII).
Ermenjart fait venir le sénéchal Azemar, lui donne
de l'argent et le charge de mettre en défense le châ-
teau de Monclar. Celui-ci s'acquitte sans retard de sa
mission ; il approvisionne la place de froment, de foin,
d'avoine, de lard, de vin ; il y met trente archers,
vingt arbalétriers, quarante chevaliers choisis. Il les
pourvoit d'autours, d'éperviers, de chiens de chasse;
on joue dans le château aux tables et aux échecs, et
on y mène joyeuse vie (XXIX).
Gui entre en fureur lorsqu'il apprend que Daurel
s'était enfui avec Béton, et que Monclar était en dé-
fense. Il commence par faire enfermer sa femme, puis,
ayant réuni mille chevaliers, il vient assaillir Monclar,
mais il est obligé de se retirer sans avoir remporté au-
cun avantage (XXX).
Daurel, cependant, arrive en Babylonie. Il se rend
au palais de l'émir, avec Béton que portait son
I. — ANALYSE DU POÈME XUJ
écuyer. Il exécute deux lais sur la harpe; il joue de
la vielle, et charme rémir et la cour par ses jeux et
ses tours d'adresse. Puis, il l'assure qu'on parle hono-
rablement de lui à la cour de Gharlemagne. L'émir,
ravi, veut donner au jongleur une cité. Daurel remer-
cie : il ne demande qu'une chose, c'est que l'émir
veuille bien se charger de faire élever Béton, qu'il pré-
sente comme son fils. L'émir prend l'enfant, qui lève
. les yeux et rit. L'émir, tout joyeux, confie le jeune Bé-
ton à la reine, qui promet d'en avoir soin comme de son
propre fils. Jusqu'à l'âge de trois ans il fut élevé à l'inté-
rieur. Lorsqu'on le fit sortir, tout le monde le regardait
tant il était beau. Le roi ^ dit : « Chevaliers, écoutez :
« il n'est pas possible que cet enfant soit fils de Dau-
« rel : il ne lui ressemble en rien. — Sire roi, » reprit
Daurel, « il faut que vous ne m'aimiez guère, pour
« m'enlever ainsi la paternité de mon enfant. — Ne
« vous fâchcîz pas » , dit le roi, « ce que j'en dis n'est pas
« par mauvaise intention. » Il avait quatre ans lors-
qu'il prit au roi ses gants et alla les porter à la reine :
« Je voudrais », dit le roi, «dût-il m'en coûter une
« douzaine de mes cités, avoir un fils semblable :
« j'en ferais un émir. » A cinq ans, il montait à cheval,
parlait bien et savait jouer aux tables, aux échecs et
aux dés 3, et toute la cour l'aimait (XXXII).
1. Le même personnage est appelé tantôt roi, tantôt émir.
2. Avoir le goût du jeu et particulièrement des jeux ici mention-
nés, est, au moyen-âge, un signe de noblesse. Mes ftex demande
tables et eskiés pour juer, dit, dans Aiql, (édit. de la Société,
V. 7124), une mère qui veut prouver que son fils lient d^elle des
sentiments nobles.
^^i^^Mama
XIV INTRODUCTION
Revenons maintenant à Gui. Un jour qu'il était
allé chasser, accompagné de cent hommes armés, il
fut attaqué par la garnison de Monclar et s'échappa
à grand peine après avoir perdu plusieurs de ses
hommes. Irrité, il réunit une armée et mit le siège de-
vant Monclar, jurant d'y rester jusqu'à ce que la gar-
nison soit en son pouvoir (XXXVI).
A six ans, le jeune Béton avait fait de nouveaux
prc^rès dans Taffection du roi, de la reine et de leur
fille Erimène. Daurel lui fit apprendre à jouer de la
harpe et de la vielle. A l'âge de sept ans, il savait jouer
de ces instruments, dire des chansons et composer de
lui-même. Un jour que Daurel était allé à la pêche
des dauphins, le jeune Béton vit des enfants de haute
naissance qui jouaient entre eux. Il courut s'asseoir
à la table de jeu ; il joua son bliaut ' et eut bientôt
gagné ceux de dix des enfants. Il charge tous leurs
bliauts sur son cou et va par la ville les offrant aux jeu-
nes damoiseaux. Cette conduite étonne l'émir, qui con-
voque sa cour et exprime une fois de plus l'opinion
qu'un enfant doué de sentiments si généreux ne peut
être le fils d'un jongleur. « Nous le saurons bien, »
dit la reine. « Faites-le rentrer et dites-lui d'aller con-
« ter des vers à ma fille. Je lui ferai pour cela offrir
<( cent marcs d'argent : s'il les prend, c'est qu'il est le
« fils du jongleur, sinon, il n'a rien de commun avec
« lui. » L'épreuve est faite : le roi et toute la cour y
assistent cachés autour de la chambre où la scène va
I. Sorte de yêtementde dessus; voy. Quicherat, Histoire du cos-^
iumeen France, p. iSS-g.
« '—-tmÊÊmÊmÊm
I. —, ANALYSE DU POEME XV
avoir lieu. Béton joue et chante; la jeune fille lui
offre les cent marcs, qu'il refuse, la priant de garder
cet argent pour les jongleurs qui pourront venir à la
cour; il se décide toutefois à accepter trois dés d'or
qu'elle avait dans la main. Puis il va conduire à l'a-
breuvoir le cheval du roi. Le roi est de plus en plus
étonné et les assistants disent, tous d'une voix : « C'est
un enfant volé I »» (XXXVIII.)
A neuf ans, il était écuyer du roi, il savait jouer
aux tables, aux échecs, aux deniers (?), il chassait
avec chiens, lévriers^ autours, éperviers, tirait les oies
sauvages, entraînait les chevaux. Il était aimé de
tous. A table, il servait devant le roi, puis il jouait
de la vielle ou chantait. Tout cela faisait grand plai-
sir à Daurel (XXXIX).
A onze ans, il apprit l'escrime sous la direction d'un
habile sarrazin. Il avait douze ans lorsque Daurel,
pour éprouver sa force, jouta contre lui à cheval ; il
vida les arçons au grand effroi de Béton. Daurel,
voyant le jeune homme si accompli, pensa que le
moment était venu de lui révéler le secret de sa nais-
sance. Béton apprit à quel dévouement il devait la vie,
et quelle vengeance il avait à tirer de Gui. Il promit à
Daurel de se laisser conduire par lui (XLII).
Béton avait treize ans lorsque le roi Gormon vint
attaquer l'émir de Babylone, à la tête d'une nom-
breuse armée. Béton vint avertir Témir qu'il venait de
seller son destrier. « Nous ne sortirons pas, » ré-
pondit rémir, « car nous ne sommes pas en force. »
Béton se souvint de sa naissance. Il prit les armes du
roi et sortit. Deux chevaliers se détachèrent de Tar-
.XV)
INTRODUCTiON
mée erinemie et vinrent au-devânt de lui : il les abattit
l'un après l'autre ; puis il rentra en ville, ramenant les
chevaux de ses deux adversaires, qu^il donna aux deux
premiers damoiseaux qu'il rencontra. Mais Daurel
accourt, un bâton à la main, et lui crie : « Fils de
« mauvais jongleur, il vous en cuira d*être sorti sans
« nda permission! » L'enfant répond sagement :
« Seigneur père, ne vous fâchez pas. C'est avec
« joie que je recevrai vos remontrances. » Tous in-
tercèdent en faveur du jeune homme. Le roi, qui avait
assisté des fenêtres du palais aux exploits de Béton,
accourt aussi vite que peut le porter son palefroi : il
prend Daurel par les cheveux et le menace de la plus
dure prison, s'il ne lui dit pas de qui Béton est fils,
« car il ne peut pas être à vous ! » Daurel le prie de
faire assembler sa c^ur, et là, en présence de tous,
il raconte l'histoire de Çeton. Le roi, entendant que
c'est le neveu de Cnarlemagne qu'il a longuement
nourri, serre Béton dans ses bras; lui et la reine le
baisent cent fois, et les assistants s'écrient : « Roi,
. « donne-lui ta fille ! — Béton, » dit le roi en sou-
riant, « je vous offre ma fille. » Béton, après en avoir
demandé l'autorisation à son père adoptif, accepte avec
reconnaissance, à condition qu'elle se fera baptiser. La
jeune fille y consent. Daurel demande alors au roi de
lui donner trais mille combattants pour aller à Poitiers
prendre vengeance du traître Gui. On échange les ser-
ments. Le roi et Béton jurent sur une épée, et Daurel
sur une croix d'argent; puis on prépare l'expédition %
«
I. On voit qu'il n'est plus question de Gormon ni de son armée.
f
I. — ANALYSE DU POÈME XVI j
et bientôt Béton et Daurel mettent à la voile. Au bout
de trois mois, ils abordent près de Monclar (XLVI).
Ils trouvent le château assiégé. Daurel montre son
écu à la garnison pour se faire reconnaître, puis lui et
Béton s'arment, revêtent par dessus le haubert une
chape, et, munis de leurs vielles, à la guise de jon-
gleurs, ils se rendent à la tente de Gui. Celui-ci allait
se mettre à table ; il leur fait bon accueil et Daurel
commence à chanter ainsi :
Qui veut oïr chanson, je dirai par verte
D'une grant traïson qui ne fait a celer,
Du faus traiter Guion cui Dieus puist mal doner !
En entendant ce début. Gui saisit un couteau pour
le lancer à Daurel, mais Béton jette sa vielle à terre
et d*un coup d'épée coupe le bras au traître*. Puis il
crie : Antone ! Ses hommes accourent, en même temps
que la garnison du château fait une sortie. Les assié-
geants sont bientôt mis en déroute. Béton protège les
hommes de pied que Gui faisait marcher de force •,
quant à ses chevaliers, il les laisse tuer. Les enfants
de Daurel se jettent dans les bras de leur père, qui
apprend alors la mort de sa femme. Le lendemain
matin, tous se mettent en marche, traînant à leur suite
Gui attaché à la queue d'un cheval. Les habitants de
Poitiers font à Béton un accueil enthousiaste. Le traî-
tre est livré à Ermenjart, qui veut le faire pendre,
mais d'abord Daurel exige qu'il confesse son crime.
Aiceline réclame le pêcheur Ebrart : il est écorché vif.
Gui, ayant avoué le meurtre de Beuve, est traîné par
b
lÉM
XVUJ INTRODUCTION
tout Poitiers à la queue d'un cheval, et son corps est
jeté en un fossé pour être dévoré par les vautours et
les corbeaux (XLVIII).
Béton confie le gouvernement de ses terres à Daurel,
à Azemar il donne Apremont; il fait Bertran che-
valier et lui donne deux châteaux. Enfin il fait venir
Erimène et l'épouse à Saint-Hilaire (XLIX).
Un jour, au mois de mai. Béton dit à sa mère qu'il
veut tirer vengeance de Charlemagne. Ermenjart
l'engage à lui demander, au préalable, réparation.
Béton y consent : il charge de l'ambassade Bertran
qu'accompagneront deux vaillants chevaliers, Azemar
et Gausseran : « Allez promptement », leur dit-il,
(c à l'empereur. Ne le saluez pas ; dites lui que je le
« défie pour avoir consenti à ce que je fusse dépouillé,
a et pour avoir vendu ma mère moyennant quinze
<c sommiers chargés d'or et d'argent. » Les messagers
se mettent en route : le troisième jour ils arrivent à
Paris. Ils se présentent à Charlemagne, et Gausse-
ran prend la parole en ces termes : « Dieu protège
« Rolant et Olivier ! Je salue tous les douze pairs de
« la part de Béton, le vaillant comte, mais*je ne salue
« point celui au vis cler ^, Charlemagne, que Dieu
<c maudisse ! car il a donné sa sœur pour de l'or et
« pour de l'argent au traître Gui, qui, croyant tuer
« Béton, frappa contre un pilier le fils d'un jongleur.
(( Dieu a sauvé Béton, qui maintenant vient vous
<( demander raison de ce crime. Il a pris vengeance
I. Au visage brillant, désignation couramment appliquée à
Cliarlemagne dans les chansons de geste françaises.
lî. — CARACTÈRE DU POÈME xix
« de Gui, mais il ne vous pardonne pas. Il ne vient
« pas vous promettre ^soudées ni argent, mais, par
<( le Seigneur tout puissant, avant un mois il vous
« aura causé du dommage. Tant qu'il pourra porter
« ses armes, vous ne le verrez pas quatre jours en
« repos, » L'empereur le regarda : il se prit à rire et
« à hocher la tête : a Ami, » dit-il, « il faut que
« tu aies le cœur fier pour m'être ainsi venu mena-
ce cer... »
II
CARACTERE DU POEME} LIEU ET EPOQUE DE LA
COMPOSITION ; TÉMOIGNAGES.
Après ces mots, on ne peut plus lire sur la dernière
page usée et tachée du ms. que quelques fragments
de vers dont il est impossible de tirer un sens. Nous
ne pouvons savoir, par conséquent, comment finissait
le poème. Charlemagne consentait-il à «faire droit »,
comme on disait au moyen âge, c'est-à-dire à offrir
une réparation pour les torts dont il avait été la cause ?
ou l'auteur nous le montrait-il refusant toute répara-
tion et se faisant battre par Béton, fort de son bon droit
et des troupes sarrazines de son beau-père l'émir de
Babylone ? Ce sont là des questions auxquelles on ne
pourrait répondre avec vraisemblance qu'à condition
de s'identifier plus qu'il n'est désirable avec l'esprit
de Tauteur. Bornons-nous à étudier la partie conser-
vée, et recueillons les indices qu'elle peut nous fournir
-■ .Jirf — Il II ^^fc mm .^fcMM I ^^-,^m^tÊmm.^^>^^^»m^^^ÊmmmmaimÊÊÊm^^.m,^^ai^. tS^^^jamÊ^^^m^^â
XX INTRODUCTION
tant sur le caractère du poëme, que sur le temps et le
lieu où il a été composé.
Daurel et Béton est, par la forme comme par le
sujet, une chanson de geste. La forme est la laisse mo-
norime, le sujet est une histoire de pure invention,
où les aventures romanesques tiennent, comme on Ta
vu, une grande place ; mais Charlemagne y figure,
quoique peu à son avantage. Rolant, Olivier, les
douze pairs, y sont mentionnés : c'est assez pour ratta-
cher notre poëme à l'épopée carolingienne. Il appartient
à la phase où, tout en conservant la forme ancienne et
quelques-uns des personnages traditionnels de Tépopée,
on empruntait aux romans d'origine byzantine leurs
merveilleux récits, dans lesquels les Sarrasins étaient
représentés non plus comme des mécréants indignes
de vivre, mais comme les émules, parfois comme les
auxiliaires des chrétiens. Cette phase, récente par rap-
port à notre épopée primitive, ne laisse pas de se
placer à une date relativement ancienne dans la suc-
cession des époques de notre littérature. Aie d'Avi-
gnon^ où rinfluence byzantine est manifeste, appar-
tient encore au xu« siècle ; Daurel et Beton^ cité au
commencement du siècle suivant par Guiraut de Ca-
brera, ne peut pas être beaucoup plus récent quM/e.
Dans quelque catégorie que Ton fasse entrer le
poëme de Daurel et Béton, on ne lui assignera jamais
un rang bien élevé parmi les œuvres du moyen âge.
Nous verrons dans la suite de ces recherches que ce
poëme soulève des questions très intéressantes, qu'il
présente des particularités qui en font à certains
égards un type unique ; mais, tant pour l'art de la
IT. — CARACTÈRE DU POÈME XXJ
composition que pour le style, on ne peut lui recon-
naître une grande valeur. L'auteur inconnu à qui nous
le devons possédait visiblement une connaissance éten-
due de la poésie narrative du moyen âge. Il était,
selon toute apparence, l'un de ces jongleurs qui colpor-
taient de châteaux en châteaux la littérature du temps.
Ce qui est certain, c'est que les réminiscences de ses
lectures ont apporté un secours très réel à son imagi-
nation. Il y aurait de la "subtilité à rechercher quel
souvenir a pu lui suggérer chacun des épisodes de son
poëme, mais on peut du moins indiquer l'ouvrage où
il en a pris l'idée première. Cet ouvrage, c'est la chan-
son de Beuve d'Antone,dont nous possédons, en ancien
français, trois rédactions fort distinctes '. Dans deux
I. A^ ms. Bibl. nat., 255 16; — 3, mss. divers à Paris^ (Bibl. nat.,
fr. 12548) Rome^ Venise et Vienne; c'est la version qui a été
mise en prose et qui est passée dans les Reali di Francia,
livre IV ; — C, ms. de la bibliothèque Didot, auquel se rattache
le poëme anglais de Sir Bevis qui est analysé dans les Spécimens
of early engîish metrical romances de G. Ellis. — Crescimbeni,
Istoria délia volgar poesia, 3* ediz., I, 336, Quadrio, Sioria
d*ogni poesia, IV, 541, et d'autres, d'après eux, ont cru à l'existence
d'un Beuve d'Anione en provençal, mais le ms. que Crescimbeni
et Quadrio indiquent comme provençal existe encore, c'est le
no i632 du fonds de la reine Christine, au Vatican, qui est en
français. M. Keller en a donné des extraits dans son Rompart,
404-11. Crescimbeni affirme que, d'après une note anale, l'ouvrage
aurait été composé en i38o. Mais cette note, mieux lue par
M. Keller, porte «mil trois cent et quatre ?>. Elle ne saurait en tout
cas se rapporter à la composition de l'ouvrage. M. A. Thomas, de
l'école française de Rome, qui a bien voulu vérifier ce point pour
moi, m'informe que la note en question a été écrite vers la fin du
xiV siècle, environ un siècle après Tachèvement du manuscrit. —
Disons que s'il n'existe pas de rédaction provençale de Beuve d'An"
ione, nous avons du moins la preuve que ce poëme a été fort ré-
XXlj INTRODUCTION
d'entre elles — celles qui sont désignées dans la note
ci-dessous par ^4 et JS — - le poëme s'ouvre par le
récit d'un meurtre accompli en trahison. Le comte Gui
d' Antone est tué à la chasse, dans la forêt d'Ardenne,
par le traître Doon de Mayence. Par suite, le fils
de Gui est obligé de s'exiler, et il se rend en Orient où
il a de nombreuses aventures, dans lesquelles, malgré
le désir qu'ail a de cacher sa haute naissance, la no-
blesse de ses manières le trahit plus d'une fois. Réduits
à .ces termes, les faits présentent une grande analogie
avec ceux que nous offre Daurel et Béton. Ici de
même le duc Beuve d'Antone est tué en trahison,
à la chasse, dans la forêt d' Ardenne, et son fils Béton
n'échappe à la mort que par l'exil. A la vérité les cir-
constances sont très différentes. Dans Beuve d'Antone
le traître agit à l'instigation de la femme de Gui d'An-
tone, tandis que dans Béton l'épouse de la victime est
de tout point irréprochable; en outre, la fuite de Béton
dans notre poëme s'opère tout autrement que la fuite
de Beuve dans Beuve (TAntone. Enfin, si on peut
signaler une certaine concordance entre les deux récits,
il ne faut pas négliger de dire que les faits mêmes qui
se prêtent au rapprochement ne sont pas appliqués, de
part et d'autre, aux mêmes personnages. Ainsi, dans
Beuve d'Antone^ c'est Gui, père de Beuve, qui suc-
pandu dans le Midi. Le témoignage souvent cité de Peire Cardinal
Chantarai delsfilhs n'Arsen | E de Bueves d'Aniona (Raynouard,
Lex, rom, l, 440), montre par la forme Bueves que l'allusion se rap-
porte à un poème français. Un autre troubadour, Guiraut del Luc, dit
qu'il fait un sirventes el son Boves d'Antona (Archiv. /. d, Stud.
d. neueren Sprachcn, XXXIV, 188).
II. — CARACTÈRE DU POÈME XXIlj
combe en trahison ; dans Beton^ c'est Beuve lui-même ;
dans le premier de ces deux poëmes Beuve est contraint
de fuir en Orient, dans le second l'enfant qui échappe à
la mort par Texil est Béton, personnage de création
nouvelle. Aussi n'y a-t-il pas lieu de reconnaître ici
une imitation voulue de la part de Fauteur de Daurcl
et Béton: je veux dire seulement que cet auteur avait
lu ou entendu Beuve d*Antone (soit -4, soit 5), qu'il y
a pris ridée générale des faits narrés au début de son
poëme, et le nom même de Beuve d'Antone, ce nom
étant la preuve la plus décisive de l'emprunt ' .
Il y a dans Daurel et Béton un autre nom où on
peut voir encore l'indice de réminiscences épiques;
celui du païen Gormon qui vient assaillir Babylone.
L'auteur connaissait, dans quelqu'une de ses formes,
la tradition de Gormont et d'Isembart.
Voici enfin une coïncidence qui peut à la vérité être
fortuite, mais qui peut être aussi le résultat d'une
imitation lointaine. Un épisode qui serait réelle-
ment émouvant, s'il avait été traité avec plus de
puissance, est celui où on voit Béatris, la femme de
Daurel, conseiller à son mari de livrer au traître leur
propre fils, au lieu et place du jeune Béton. On voit
là, portée jusqu'à l'héroïsme, l'idée du dévouement
au seigneur qui est le premier dogme de la morale
féodale. Lorsque la veuve du duc Beuve apprend à
I. En effet, la seule analogie des deux épisodes ne suffirait pas à
établir Femprunt. Il y a, ailleurs que dans Beuve et dans Beton^
des récits du même genre. Ainsi, dans Floriant et Florete^ le roi
Ëlyadus est tué à la chasse par son sénéchal Maragoz, qui ensuite
cherche à épouser sa veuve.
/
XXIV INTRODUCTION
quel prix son fils a été sauvé, elle dit à Daurel : « Vous
« avez fait ce que jamais homme n*a pu faire : donner
« son fils pour sauver son seigneur » . L'auteur d'un
des plus beaux poëmes que nous ait légués le moyen
âge disait de même, après avoir raconté un acte de
dévouement tout à fait semblable :
Furent mais gens en cest siècle vivant
Qui por autrui livraissent lor anfant
Com fist Reniers et sa famé ausimant ?
(Jourdain de Blaye^ w. 709-11.)
Je ne veux pas faire la comparaison des deux ré-
cits : le rapprochement serait trop défavorable à no-
tre poëme, où cependant il faut relever un vers noble
et bien frappé dans lequel Béatris résume sa pensée :
Morra mes filh, mosenher er salvatz.
(V. ICI 3)
Bien que la preuve de l'emprunt ne puisse pas
être fournie, il me semble probable qu'ici encore il y
a eu chez l'auteur de Béton un souvenir plus ou moins
vague de la belle scène de Jourdain de Blaye ou de
quelque autre du même genre ; car Tidée du servi-
teur poussant jusqu'à ses plus extrêmes limites le dé-
vouement à son seigneur, est un des lieux communs
de la littérature féodale et se présente sous des formes
variées ^ Ce qui me porte à douter, en général, de
I. Telle était peut-être aussi Tidée générale du poème que
se faisait dire Garnier de Nauteuil :
D'une chançon fait dire de Robert l'ecoier
—
II. — CARACTÈRE DU POÈME XXV
Toriginalité des conceptions que nous offre Daurel et
Béton, c*est la maladresse avec laquelle elles sont
mises en œuvre. Le lecteur aura pu déjà se former
une opinion sur ce point par l'analyse donnée ci-des-
sus ; rappelons cependant quelques scènes.
L'amitié qui unit Beuve à Gui est un sentiment
parfaitement naturel en soi, mais si Tauteur avait
pris la peine de nous dire sur quoi il se fondait, nous
aurions moins de peine à comprendre l'étrange aveu-
glement de Beuve, que les avertissements répétés de
sa femme ne réussissent pas à désabuser. La rési-
gnation, la douceur véritablement angélique (le mot
est dans le poëme, v. 419), dont il fait preuve lors-
qu'il se sent frappé, excitent la pitié, mais n'y a-t-il
pas excès à nous représenter la victime suggérant à
Tassassin les moyens d'échapper au châtiment, et lui
destinant sa veuve? Et plus tard, lorsqu'on nous a mon-
tré le crime évident pour tous, comment nous faire ad-
mettre la possibilité du mariage de l'infortunée veuve
avec le meurtrier de son époux ? Certes, nous savons
qu'au moyep âge la volonté de la femme n'était guère
consultée, surtout lorsqu'elle était riche. L'héritière
d'un fief pouvait être contrainte par son suzerain à
se remarier, bon gré mal gré, et la liste des unions
imposées par la violence serait longue, depuis Gal-
Et de la bonne foi Enguelas sa moillier.
Corn garirent de mal lor seignor Olivier
{Aye d'Avignon, p. 55.)
Au lieu de Vecoier ou le coier, il y a dans un autre texte dont
j'ai eu récemment connaissance^ le voier, ce qui est la bonne
leçon.
XXVJ INTRODUCTION
suinthe jusqu^à Piccarda Donati, mais ici le rôle que
l'on fait jouer à Charlemagne est par trop grossier, et
rinvraisemblance de toute la scène est choquante. Les
personnages sont tout d'une pièce, tout bons ou tout
mauvais, les scènes mal conduites et mal liées. La
scène émouvante dans laquelle on voit Daurel sacrifier
son propre fils pour sauver Béton est très maladroite-
ment amenée par une imprudence bien invraisembla-
ble de Daurel. On ne conçoit pas pourquoi le jongleur,
qui devait bien s'attendre à voir Gui se mettre à sa
poursuite^ ne s'est pas enfui sans retard, au lieu d'at-
tendre l'arrivée du traître. Tout, enfin, dans le poëme,
dénote une pénurie d'idées qu'on s'expliquerait
difficilement chez un homme capable d'imaginer les
situations qu'il nous présente.
Ne nous attardons pas à des considérations esthé-
tiques que le sujet ne comporte guère, et voyons quels
indices la teneur du poëme fournit relativement à
l'auteur, à Tépoqueet au lieu de la composition. Nous
verrons dans le chapitre suivant que la langue ne
peut nous donner que bien peu de lumières sur ces
divers points : tenons-nous en actuellement aux
données qui ressortent du récit.
De l'auteur nous ne savons rien et nous ne pou-
vons rien savoir : s'il s'est nommé, il a probablement
réservé son nom pour la fin de l'œuvre, et cette fin
manque. Mais nous pouvons du moins former des
conjectures vraisemblables sur sa condition sociale, sur
le temps et le pays où il vivait. Tout porte à croire
qu'il était jongleur de profession. Tout en répétant de
ir. — CARACTERE DU POEME XXVlj
château en château et de place en place le répertoire
courant de ceux de sa condition, il avait, comme bien
d'autres de ses confrères, appris à composer par lui-
même; mais il Composait, comme nous l'avons vu,
plutôt avec ses souvenirs qu'avec son imagination. Il
y a cependant quelque chose qui paraît lui appartenir
en propre dans l'idée dominante de son poëme, et
c'est par là, ce me semble, qu'il décèle le plus com-
plètement son état. L'idée dominante de Daurel et
Beion, c'est le dévouement sans réserve d'un servi-
teur envers son seigneur. Cette idée, nous l'avons
vu plus haut, est si loin d'être nouvelle qu'on peut
même la regarder comme un lieu commun. Mais ce
qui est particulier à notre auteur, c'est d'avoir substi-
tué au serviteur ou au vassal traditionnel un jongleur.
Daurel et Béton est proprement la glorification du
jongleur. Dès la première fois que Daurel se présente
à Beuve, il reçoit en don un palefroi, et peu après
c'est un château situé sur la mer et pourvu d'un port
qui lui est donné. Mais Beuve sera amplement récom-
pensé de sa libéralité : s'il est le modèle des seigneurs,
Daurel se montre le plus accompli des vassaux -, son dé-
vouement est sans bornes, puisqu'il sacrifie son propre
fils pour sauver le fils de son maître, et les ressources
de son esprit sont illimitées. Il se consacre tout entier
à son jeune seigneur, il dirige son éducation, et lors-
que le moment est arrivé de tirer vengeance du traître
ef de lui reprendre l'héritage qu'il a usurpé, c'est en-
core Daurel qui prépare tout, et qui, par l'habileté de
ses combinaisons, assure le succès final. Et cependant
l'auteur n'est pas un novateur, un révolutionnaire.
XXVIIJ INTRODUCTION
comme nous dirions maintenant : il ne s'écarte pas
des idées de son temps; il reste persuadé que la no-
blesse des sentiments est indissolublement liée à la
noblesse de la naissance. Certes, il n'a pas contre les
vilains les préjugés courants : tout son poëme est une
protestation contre le dicton si répandu :
Oignez vilain, il vous poindra,
Poignez vilain, il vous oindra,
mais il sait maintenir une distance respectueuse en-
tre le noble et Tannobli. Chacun des actes du jeune
Béton, quand il est à la cour du roi de Babylone,
trahit son origine, et, à mainte reprise, l'émir sarrasin
s'écrie, émerveillé : « Il n'est pas possible que cet en-
ce fant soit fils d'un jongleur ! » jusqu'au jour où Té-
vénement vient justifier ses soupçons. C'est ainsi que
Fauteur a su exalter le personnage du jongleur tout
en le maintenant dans son rôle. Quel exemple plus
encourageant pouvait-il proposer à la libéralité des
seigneurs devant qui il récitait Daiirel et^Beton?
En ce qui touche l'époque de la composition , la li-
mite inférieure est déterminée par la mention de
Daurel et Béton que nous avons, au début de cette
introduction, transcrite d'après Guîraut de Cabrera.
Il est fâcheux que la date de ce témoignage flotte
sur un espace de peut-être un demi-siècle, si on prend
comme le terme le plus éloigné la date 1 1 70 proposée
par M. Mila. Toutefois si l'auteur est, selon ma
supposition, non pas le personnage auquel a pensé
M. Mila, mais son fils, la date de la pièce se rapproche
sensiblement, et peut être dès lors placée aux environs
■— ^.-.f»-.- ^ -- ■ ^ _ ■ ^
II. — LIEU ET ÉPOQUE DE LA COMPOSITION Xxix
de Tannée 1200. Cette hypothèse conviendrait assez
bien à la date présumable de Béton que je ne voudrais
pas faire plus ancien que la fin du xii** siècle. On
pourrait même le faire descendre jusqu'aux premières
années du xiu^ siècle, sans que rien dans Tœuvre
même vînt faire obstacle à cette appréciation. Si on
maintenait pour la pièce provençale la date de 1 170,
il faudrait admettre qu'il a existé de Daurel et Béton
deux rédactions successives dont la première aurait
été seule connue de Guiraut de Cabrera. Mais, je
n'ai rien remarqué dans le poëme qui offre d'une
manière décisive le caractère d'un remaniement.
Le pays d'où le récit est originaire se laisse mieux
déterminer. Les noms de lieu mentionnés çà et là con-
duisent à des conclusions assez précises. Ces noms
sont assez peu nombreux pour que nous puissions,
sans y employer beaucoup d'espace, les relever tous
ici. Il n'y a rien à tirer de la mention d'Antone, le
fief héréditaire de Beuve; Ce château était situé, d'a-
près une rédaction de la chanson de Beuve (fAntone^
dans les Pays-Bas, sur la Meuse ' ; mais l'auteur de £e-
ton a accepté le nom d'Antone, avec celui de Beuve,
sans se préoccuper de la situation géographique du lieu.
L'Ardenne où est tué Beuve est un nom emprunté à la
même chanson de geste, et n'a pas plus d'importance
pour notre recherche. Apremont (vv. 10, 3ii, 535,
etc.), château appartenant au traître Gui, Monclar
I. Bibl. nat., fr. 225i6,fol. i :
En Avautere, sour Meuse par de la,
Ot .j. chastel que li dus i ferma.
XXX INTRODUCTION
(vv. 209, 335, etc-), donné à Daurel par Beuve, sont
des noms trop communs pour que nous ayons à en
tenir compte. Mais les autres noms de lieu sont plus
intéressants, en ce qu'ils appartiennent tous ^ à une
même région, celle qui s'étend d'Agen à Poitiers.
C'est Poitiers et Bordeaux avec le territoire adjacent
jusqu'à Agen que Charlemagne donne à Beuve avec
sa sœur (vv. i35-6, 200-1.) C'est à Saint-Hilaire de
Poitiers qu'est enterré Beuve (v. 53i) et bientôt après
le fils de Daurel (v. 749) ; c'est là enfin qu'est ensuite
célébré le mariage de Béton (v. 2084). Il y a donc,
dès maintenant, présomption que le poëme a été com-
posé dans l'ouest de la France, sur les confins des
pays de langue d'oc et de langue d'oui.
Les noms de personnes fournissent, dans certains
cas, des indications précieuses sur la provenance des
textes où on les rencontre. On sait, en effet, que cer-
tains noms, fréquents dans telle région, sont inconnus
dans telle autre. Mais ceux que contient notre
poëme sont trop peu nombreux pour qu'on en puisse
tirer aucune conclusion précise, d'autant plus que
quelques uns d'entre eux, Beuve (Boves, Buvo)^ Er-
menjart, etc., sont empruntés à la littérature des chan-
sons de geste et, par conséquent, n'ont rien de spécial
à Béton. Notons cependant q^i^Aicelina , Bertran,
Beio^ Gauseran, sont bien rares ailleurs que dans le
midi de la France ^ ; Daurel est embarrassant. Je n'ai
1. Je ne parle pas, bien entendu, de Paris ni de Babylone.
2. Pour Beto, souvent écrit Betto dans les plus anciens docu-
ments, voir les tables des cartulaires de Saint-Hugues de Grenoble»
de Saint-Victor de Marseille etc. BelonetuSy dans un acte toulousain
II. — LIEU ET ÉPOQUE DE LA COMPOSITION XXXJ
pas réussi à en trouver un second exemple. Bien
qu'employé seul, et par conséquent comme nom, ce
peut-être originairement un surnom {(TAurel). Aurel^
Aureil est assez fréquent dans la toponymie de nos
provinces méridionales. On connaît un troubadour
appelé Bertran d'Aurel (ou Daurel?).
Daurel et Béton ne semble pas avoir joui d'un
grand succès, au moyen âge. Mes recherches dans les
catalogues d'anciennes bibliothèques pour trouver la,
mention de quelque manuscrit de cet ouvrage ont été
vaines. La seule allusion certaine que j'aie rencontrée
est celle de Guiraut de Cabrera qui a été relevée au
début de ce travail. Une autre, moins assurée, est
fournie par un traité latin attribué à Alphonse X «, sur
les choses nécessaires à l'approvisionnement et à la dé-
fense d'un château en temps de guerre, et dont le ms.
unique, paraît-il, est conservé à TEscurial. Dans cet
ouvrage se lit un passage ainsi conçu : « Item, sint ibi
« romancia et libri gesiorum, videlicet Alexandri, Ka-
« roli et Rotlandi et Oliverii et Verdinio, et de An-
« tellmo lo Danter et de Otonell, et de Bethon, et de
« cornes de Mantull, et libri magnorum et nobiiium
<i bellorum et preliorum que facta suntin Hispania, et
« de iis animabuntur et delectabuntur ^. » Le nom de
de 1249 (Vaissète, nouv. éd., VIII, 1264). Un Béton est nommé dans
Girart de Roussiîlon, § 109 de ma traduction, v. ii5o de Fédîtion
Hofoiann ; Valbeton ou Vaubeton est un lieu souvent mentionné
dans le même poôme. Pour l'origine du nom et sa diffusion dans les
premiers siècles du moyen âge, voir Pott, Die Personennamen, /
pp. 14B, 254, et Fœrstemann, Altdeuéhes Nantenbuckf I, sous Bad. f ■
1. En réalité il est bien postérieur : voy. À. delos Rios^ Historia
critica delà literature espanola, III, 563, n. 3.
2. Ce texte a été cité par M. Fr. Michel dans les notes du po6me
XXXlj INTRODUCTION
Bethon ne suffit pas pour qu'on puisse affirmer sans
réserve qu'il s'agit ici de notre roman ; cependant, si
on considère que l'objet du passage cité est d'indiquer
les livres qui peuvent fournir une lecture appropriée
aux défenseurs d'un château assiégé, que dans Daurel
et Béton on voit la garnison de Monclar faire honora-
blement son devoir, on jugera sans doute que l'auteur
du traité peut fort bien avoir voulu désigner notre
poëme.
III
VERSIFICATION ET LANGUE
Daurel et Béton est, on l'a dit plus haut, par la
forme comme par le fonds, une chanson de geste.
C'est de la forme que nous allons traiter actuellement.
Versification. — Les 2 1 98 vers qui nous restent
du poëme sont divisés en cinquante-trois tirades mo-
norimes dont la plus longue (XLVII) a 122 vers et la
plus courte (V) n'en a que i3. Les cinq premières
(i38 vers) sont en alexandrins, le reste est en vers de
dix syllabes, entre lesquels apparaissent, çà et là, des
alexandrins ^ qui, ordinairement, se laissent ramener
de la guerre de Navarre, p. 6o5, puis, indépendamment, par
M. Mila y Fontanals, dans ses Trovadores en Espana, p. 473,
note.
I. Par ex. vv. i55, 487, 675, 742, 766, 968, 1295, i3i8, 1493,
1543, 1564, 1608, i635, 1655-6, 1687, 1698, 1672-5, 1877.
m. — ■ VERSIFICATION XXXUJ
sans peine à la forme décasyllabique. Trois hypothè-
ses sont possibles : !<» le poëme a été commencé en
alexandrins et continué en vers décasyllabiques ; 2° le
poëme a été tout entier écrit en alexandrins; 3° le
poëme a été tout entier écrit en vers de dix syllabes.
La première n'a rien d^inadmissible. Il ne manque pas
d'ouvrages où l'auteur a employé successivement deux
formes dififérentes de vers. Mais, entre les exemples
qu*on peut alléguer de cette singularité, je ne vois pas
qu'on ait jamais cité aucune chanson de geste. En ou-
tre, dans le cas présent, l'auteur se serait bien vîte
ravisé. La seconde hypothèse ne figure ici que pour la
symétrie. Il est tout à fait invraisemblable qu^on ait
mis en vers de dix syllabes un poëme en alexandrins;
l'inverse est, au contraire, fréquent. C'est donc à la
troisième hypothèse que nous nous arrêtons. Nous
supposons qu'un copiste aura entrepris de mettre le
poëme en alexandrins, et n'aura pas tardé à se lasser
de cette besogne. La facilité avec laquelle la plupart
de ces alexandrins se laissent ramener à la forme dé-
casyllabique est un argument en faveur de cette ma-
nière de voir ^ ,
i.On pourrait, pour fournir un commencement de preuve, réta-
blir ainsi qu'il suit les premiers vers :
Plat vos auzir huna rica canso ?
Enteiidet la, escotas la razo
D'ao riche duc e del comte Guio,
E de Daurel e de Tenfan Beto
5 Qui en s'enfansa tray tan gran pasio.
Boves d'Antona sazia en .). peyro.
Entorn lu son tuh 11 melhor baro, *
Aqui fo Gui cui Donedieus mal do !
Gel que non ac ne vila ne maiso
Mas un castel c'um apela Aspremont.
V. I. C'est la leçon même du ms.; j'ai ajouté dans le texte [Senhor]
ç
XXXIV INTRODUCTION
Les rîmes sont en général fort exactes, résultat qui
du reste n'est obtenu, comme on le verra dans les
pages suivantes, qu*au prix de la pureté de la langue.
Çà et là quelques légères traces d'assonances, ainsi
els et sers (soir) écrit ^e^dans la laisse XX (vv. 686-7).
Le premier de ces deux cas me semble assez excep-
tionnel ; quant au second, il est loin d'être rare : on
trouve de même avers parmi des rimes en es dans U
chanson de la Croisade albigeoise, v. 5042. Dans la
laisse XI nous observons un fait analogue, coredors
parmi des rimes en os. A proprement parler, il n'y a
pas là d'assonnance, étant bien établi que dès le
xiii* siècle au moins, IV tendait à s'effacer lorsqu'il
était suivi d'^ principalement à la fin des mots. Nous
reviendrons sur ce point plus tard, en traitant de la
graphie du copiste. Ce qui est bien réellement une as-
sonance c'est corrçdor^ v. 346, que nous offre la
même tirade en os. — Aspremont, v. i o, est aussi
une assonance, mais nous avons vu que les premiè*
pour donner au vers ses douze pieds. — 2. Je retranche si vos plas.
— 3. Je retranche de Fransa comme au v. 7 Franses. Ces deux
mots sont visiblement interpolés, car ils mettent le début du po6me
en désaccord avec la partie en vers décasyllabiques. Là, en effet, on
voit qu*Antone, résidence du duc Beuve, n*était pas situé dans ce
qu*on appelait alors France : au v. 217, Beuve suppose que sa femme
regrette la France : donc elle ny est plus; au v. 706, Ermenjart dit
au traître Guî que le jeune Béton est en nourrice en France, etc.
-»- 4. Ou, pour conserver jogtar : E del joglar Daurel e de Beio,
— Çà et là la restitution présente plus de difficultés, mais il ne faut
pas oublier que ces remaniements ne se font pas par l'allongement
constant de chaque vers, qu'il se produit nécessairement des inter-
polations plus ou moins considérables entre lesquelles il est difficile
de reconnaître ce qui a été conservé de la rédaction primitive.
III. — LANGUE DE L^AUTEUR XXXV
rcs tirades ont subi un remaniement, et ce mot peut
n^avoir pas été à la rime dans la rédaction originale.
— On verra plus loin que les laisses en ati contien-
nent quelques mots en at.
L'élision de la voyelle qui suit la tonique est facul-
tative. L'auteur ne paraît pas suivre à cet égard d'au-
tre règle que la commodité du vers. La même remar-
que peut, du reste, être faite à propos de la plupart des
poëmes provençaux K Le cas le moins fréquent est,
comme partout, celui où Télision n'a pas lieu. En
voici quelques exemples :
169 E Daurel vieula e mena alegrier.
289 Lo rie duc Boves sezia ' en .j. banc,
323 La rîcha dona de la cramba on fo.
460 Et ac saunenta la cara el costat.
554 L'escoisendec lo ventre els costatz.
Il n'y a, en somme, rien de notable dans la versifi-
cation de Daurel et Béton. La langue, au contraire,
présente des particularités très dignes d'attention.
Nous allons les étudier.
Langue de l'auteur, — Ce qui caractérise la lan-
gue de l'auteur, c'est l'emploi assez fréquent, princi-
palement dans les rimes, de formes non méridionales
dont nous aurons à rendre compte. Nous allons
passer en revue ces formes, selon Tordre alphabétique
des rimes.
1 . Voy. pour le poôme de la croisade albigeoise pp. xcvij et ex
de mon édition ; pour Flamenca, pp. xxxvj et xxxvij ; le Débat d'I-
zarn et de Sicart de Figueîras> vv. 27, 83, ii3, 179, 199. etc.
2. Au contraire, v. 1939, Va final du même mot est élidé :
£ quan cilh vengro Gais secia al manjar.
XXXVJ INTRODUCTION
Rime an, en, — La tirade IX contient 38 vers qui se
départissent assez exactement entre la finale an et la
finale en. Dans la tirade LI, ï 2 vers sont en antiib
en en, du moins selon Tétymologie et sans tenir compte
de la graphie du copiste \ Il y a, d'autre part, six ti-
rades en en et en ens où ne paraît aucune rime en an :
ces six tirades prouvent que l'auteur distinguait dans
sa prononciation en d'^w, ce qui d'ailleurs n'a pas be-
soin d'être démontré, si nous admettons qu'il
était méridional. Comment donc expliquer le mélange,
qu'offrent les tirades IX et LI ? On gagnerait peu de
chose, dans le cas actuel, à supposer quQ Daurel et
Béton a été traduit d'un poëme français qui offrait le
mélange des deux rimes an et en, car on aurait alors à
expliquer la présence des tirades en en pur. La diffi-
culté réside dans l'existence, à divers endroits du
poëme, de deux faits phonétiques contradictoires : l'as-
similation d'an et d'en et la distinction de ces deux
sons. L'explication la plus naturelle et qui, on va le
voir, s'applique à d'autres cas, est que l'auteur, se
trouvant un peu à court de rimes en an *, a suivi l'exem-
ple que lui donnaient de nombreuses chansons de geste
françaises ^ en puisant librement dans le choix abon-
1. 11 y a de plus une rime, évidemment fautive, en ar (v. 2122).
2. Elles sont beaucoup plus rares en provençal qu*en français où
elles s^augmentent des participes présents de toutes les conjugai-
sons. Il y a, dans la seconde pahie du poëme de la croisade albi-
geoise, deux tirades en ans contre huit en ens; dans le poème de la
Guerre de Navarre, deux tirades en an (8 et 84) et deux en ans
(63, 79) contre quatre en en (26, 44, 72, 91) et six en ens (33, 55,
58, 86, 97, 104).
3. J'en ai donné une liste dans mon mémoire sur an et en toni*
111. — LA^M5UE DE l'aI'TEUR XXXVÎj
dant des mots terminés par en. Ce fut, de sa part, une
licence très forte, mais qui, contenue dans des limites
restreintes, n'est pas sans exemple. Ainsi on trouve en
rime palhans, mot purement français, au lieu de pa-
ïens, dans la chanson de la Croisade, y . 6 1 2 1 , et dans
la Guerre de Navarre, v. 2785.
Rime ar, — Il y a onze laisses en ar pur : III ô
(vv. 78-iii),VIII,XII,XVI,XXIlI,XXV,XXVII,
XXXIII, XXXVII, XLII, XLVIL Les finales des
vers qui composent ces laisses ne riment qu'en pro-
vençal : transposées en français, elles seraient les unes
en er, les autres en ter, parfois elles demeureraient en
ar (par exemple, ^ar 1062, liar 1988), partant, plus
de rime. Dans les premières de ces laisses, on observe
des finales en ter, ainsi la laisse III ^ est tout entière
en ter, parce que Je copiste Ta reliée à la laisse précé-
dente, mais toutes les finales, sans exception, passent
à ar en provençal \ Dans la laisse VIII, nous trou-
vons aseiier 22g^ parlier 23o, puis les vers 238-62,
qui se terminent par fier, desondrier, amier, lievier,
anuter, etc. Mais on n'a qu'à ramener tous ces infi-
nitifs à la terminaison ar, pour que les rimes devien-
nent uniformes d'un bout à l'autre de la tirade. Même
observation pour les cas semblables qu'offrent les
laisses XVI et XXIII ; cette dernière laisse n'a déjà
plus qu'un seul cas, le premier vers de la laisse. Com-
ques, Mémoires de la Société de linguistique de Paris ^ I (1870), 261.
I. Je viens d'indiquer le commencement de cette tirade au y. 78 ;
mais elle commencerait d'une façon plus naturelle au v. 75. La fi-
nale du vers 76, Aj, melia cavalier, se laisse aisément ramener à
âj, melia al cavaljar.
•M^.mJÊ^^^^m^ mes^^—m, ^ Wkt^ÊÊm m^T" ^^ -- -^-^— ^*-
XXXVUJ INTRODUCTION
ment le copiste a-t-il pu être conduit à introduire, ^
sans aucune nécessité, ces formes en ter? C'est-
probablement parce qu'il les rencontrait en d'autres
laisses où la rime oblige de les admettre ; en tout cas,
il est certain que la rime était originairement en ar.
Rime ter. — Nous allons rencontrer ici des rimes
qui, examinées incomplètement, ont donné à croire
que le poëme était traduit du français '. Nous verrons
toutefois que ces rimes> étudiées de près, conduisent à
une toute autre conclusion. Il faut remarquer tout
d'abord que notre poëme contient une laisse en ter
parfaitement pur, la XXIX*, dont les finales riment
également bien en provençal et en français* La
laisse XXXIX serait dans le même cas, sans chiers >
1 57 1 , qui doit être en provençal cars. Mais les laisses
III ^ % VI, XXXV, LII présentent des rimes en ter
qu'on peut appeler impures, car, à côté de mots qui,
en français comme en provençal, se terminent en ter,
on y voit beaucoup de mots, notamment des infinitifs
de la première conjugaison, dont la terminaison ré-
gulière est en français er, en provençal ar. Ces rimes,
toutes égales en apparence, se répartissent donc en
trois classes : 1° ter prov. et fr. ; cette finale est
1 . a Le Roman de Beionnet est exactement dans le cas du Fie^
a rabras provençal. C*est une œuvre calquée, évidemment calquée
« sur un roman français. On y trouve des rimes en ier qui sont tout
a aussi scandaleuses : Voici trenquier, trabuquter, blasmiery donier^
« escapiery etc., etc. Voici deroquier quelques vers après deroquar,
4: etc., etc. Ces rimes en ier sont vraiment terribles : elles sont tou-
« jours là pour dénoncer ces sortes de fraudes. -» L. Gautier, Les
Épopées françaises, 2°éd.y I, i33-4.
2, Vers 55 à 74 ou 77,
r-'f trr-i ■rim^hi^fliiBaai— B
III. — LANGUE DE l'AUTEUR XXXix
fournie principalement par le sufBxe latin - a r i u m ;
a<> ar prov., er fr., c'est Va tonique latin non précédé
d'un son mouillé ; 3® ar prov., ier fr., c'est Va toni-
que latin précédé d'un son mouillé. Je me borne au
dépouillement des laisses III et VI :
jo 2® 3^
trotter 56, retornîer 55, tarder 57,
volontier 59, 68, parlier 58, 63, 72, cortegier 78,
olivier 60, abrasier 70, bay^ier 1 5o,
lau^engier 6iy i54, alier yS, baier 167,
messagier 62 i c/i>r 141, i56, preguier i63
mestier 64, 67, esgardier 143, ^ftt/er 164
escudier 65, apelier 145,
destrier 66^ 170, donier 148, i5i,
plenierGg^ i52, refuser 149,
compagnierji^ 162 y ajustier i53,
cavalier y^j portier 1 5 y ^
er 74, awiVr 166,
bavier 139, desamper 172.
Olivier 140,
alegrier 142, 169^
ros[ier 144,
Augier 146,
molheriSjy 168, 173,
desturbier i55 ;
entier 161,
cossilier i65.
Quiconque sait le vieux français et le provençal re-
connaît à première vue que tous les mots de la pre-
mière colonne sont en /er, tant en fr. qu'en prov. " ;
ceux de la seconde en ar en prov. et en er en fr. ;
i, Er. (erit) 74, qui du reste est douteux, étant le résultat
d'une correction, rime en fr. en te, aussi bien qu'en è.
Xl INTRODUCTION
ceux de la troisième en ar en prov. et en ier en fr.
Nous avons, en somme, pour le prov. ar (colonnes II
et III), et ler (col. I); pour le français er (col. II) et
ier (col I et III). Comment expliquer ce mélange?
Faut-il admettre qu'il y a en France un pays où tou-
tes ces finales se confondaient en un son unique ? Je
crois, en effet, que ce pays existe réellement, on le
verra tout à l'heure. Mais je dois, dès maintenant,
faire remarquer que cette circonstance ne fournit pas
à elle seule une explication suffisante. Ici, comme
pour les rimes en an et en examinées précédemment,
il s'agit d'expliquer la coexistence de deux faits contra-
dictoires. Notre poëme a des tirades en ar pur et en
ier pur. Ces tirades ront assez nombreuses et assez
longues (surtout celles en ar) pour que la réunion des
.mots qui en forment les rimes ne puisse être le produit
du hasard. Si donc, dans les tirades III b, VIII, XII,
etc., il n'y a pas un mot qui puisse en provençal être
terminé en îVr, si dans la tirade XXIX il n'y a pas un
mot qui puisse être terminé en ar, c'est que l'auteur
Ta voulu ainsi. S'il Ta voulu, c'est qu'il était d'un
pays où, pour ces finales ar ti ier, on suivait l'usage
général de la langue d'oc. Si, en d'autres cas, il n'a
pas hésité à mélanger les finales qu'il savait pourtant
distinguer quand il le voulait, c'est qu'il connaissait
plus ou moins exactement un usage autre que celui
de la langue d'oc, et qu'il a jugé à propos de suivre
cet usage là où il y trouvait une facilité plus grande
pour faire ses rimes '. En d'autres termes, il s'est
I . Une autre explication, que je ne propose que pour la rejeter
m. — LANGUE DE l'aUTEUR xlj
permis fréquemment une très forte licence. Il n'est
pas le seul : Raimon Vidal relève chez des trouba-
dours distingués bien des manquements à la gram-
maire qui n'ont pas d'autre excuse que la mesure ou
la rime, notamment l'emploi de mantenir, retenir,
mots à finales françaises, au lieu de mantener^ rete-
ner \ Le comte de Poitiers, qui composait aux envi-
rons de Tan i loo, fait entrer l'infinitif gabier {fr. ga-
^er, prov. gabar) dans des rimes en ier ^. Dans une
pièce du troubadour Peirol, qui était d'Auvergne, on
voit rimer lausengier avec plorer, qui est pour plo-
rar ^.
Dans les poëmes de longue haleine, on tolérait
les licences plus encore que dans la poésie lyrique^ et,
s'il est un genre où des rimes plutôt françaises que
provençales soient excusables, c'est le genre épique,
auquel appartient Béton. Il est de toute évidence que
Tauteur de notre pocme était nourri de la lecture
des chansons de geste françaises; il n'est donc pas
surprenant qu'il leur ait, avec plus ou moins de suc-
cès, emprunté quelques rimes. D'ailleurs, la licence
qui consiste à faire rimer des finales qui, en bon pro-
vençal, seraient les unes en ar, les autres en ier, ne lui
est pas particulière. Nous la trouvons d'abord, pour
aussitôt^ consisterait à regarder les laisses à rimes impures comme
interpolées. Mais ces tirades étant répandues par tout le poème, et
d'ailleurs étant aussi nécessaires au sens que d'autres, cette expli>
cation n'est pas admissible.
1. Edition Stengel, p. 87.
2. Dans la pièce Ben voit que sapchon H plu^or,
3. Camjat ai monconsirier, dans Mahn, Werke d. Troubadours,
II,- 13.
Xlij INTRODUCTION
prendre les textes dans un ordre autant que possible
chronologique, dans le précieux fragment d'Aigar et
Maurin publié par M. Scheler ', où il y a une laisse en
er, la vingt-quatrième, dont les rimes se laissent,
comme celles que nous examinions tout à Theure, ré*
partir en trois catégories : i*> prov. et fr. ter, 2** prov.
ar, fr. er; 3° prov. ar, fr. ter. La plus grande partie de
ces rimes appartient à la première catégorie et il suffira
d'en citer quelques-unes, graver, mariner, verger,
Gamer, dreiturer, qui seraient en français comme en
provençal gravier, vergier, Garnier, dreiturier. Les
mots de la seconde catégorie sont osteler 897, escolter
905, gaher 707, Cler 916 {Clar 1 176 *), présenter
920 ; mér 926, disner 941 , jogler 943, tous français
sous cette forme, au moins quant à la terminaison, et
qui deviennent provençaux si on substitue ar à er. La
troisième catégorie est représentée par manger 925,
cer 933, qui seraient en proV. manjar et car^ en fr.
mangier et chi^r. Cela n'empêche pas que le même
fragment offre quatre laisses tn ar pur (XI,XIII,
XX, XXXIV), et deux, sinon en er, du moins, ce
qui revient pour nous au même, en ers pur (XXXII,
XXSNWY). Aigar et Maurin se permet donc exacte-
ment la même licence que Béton.
Je mentionne pour mémoire la première partie du
poème de la croisade contre les Albigeois. L^auteur
de ce morceau, Guillem de Tudèle, non seulement
1. Le Bibliophile belge, 1877, p. Sg-ibi,
2. Et Claire vv. 1249, i3oo; ces variantes montrent que Tau-
teur était, en ce qui concerne les rimes, ami d'une certaine li-
berté.
III. — LANGUE DE l' AUTEUR xlii}
mélange dans les rimes en er ou ier les trois types
que nous étudions^ mais il y joint encore les finales
où e correspond à un e long du latin (prov. e fermé,
fr. et ou oi) ; voy . les laisses XIV, XXXIX, LXX,
GXVII, CXXIII). Je n'insiste pas parce que la lan-
gue de Guillem de Tudèle, par le grand nombre et
la gravité de ses irrégularités, offre un caractère tout
à fait exceptionnel.
Le poëme de la guçrre de Navarre, composé par
Guillem Ânelier de Toulouse vers 1280, renferme
plusieurs rimes en ter (ordinairement écrit er). Dans
ces tirades, se lisent en rime les infinitifs baisser
1161, penser 1676, (prov. batssar, pensar, fir. bais^
sier, penser), et le subst. bachalers 3653 (prov. ba^
calars, fr. bachelers).
Bien autrement nombreux sont les faits du même
genre que nous présente le Ferabras provençal. Nous
les examinons en dernier lieu, parce que le texte où ils
se rencontrent est dans des conditions particulières. Ce
n'est pas une composition originale : c'est, comme on
sait, la traduaion d^un poëme français dont nous pos-
sédons plusieurs mss. C'est surtout en se fondant sur
le mélange des rimes en at* et en ier que les éditeurs
du poëme français " ont cherché à établir que le texte
provençal n'était qu'une traduction, thèse absolument
I. Fierabras, chanson de geste, publiée pour la première fois
d*après les mss. de Paris, de Rome et de Londres, par MM. Krœbcr
et Servois. Paris, 1860 (Recueil des anciens poètes de la France).
Je dois dire que toute la discussion sur Toriginalité du po6me fran-
çais par rapport au texte provençal, est Fœuvre exclusiye de
M. Guessard, le directeur du recueil.
XHV INTRODUCTION
vraie, mais qui cependant ne peut pas s'appuyer ex-
clusivement sur ce mélange, car, d'une part, nous ve-
nons de constater le même fait dans des poèmes in-
contestablement composés dans le Midi, et, d'autre
part, plusieurs des rimes en ter qu'on rencontre, soit
dans les poëmes ci-dessus examinés, soit dans le Fe-
rabras, sont inadmissibles en français et ne peuvent,
par conséquent, servir à prouver l'origine française du
texte où on les trouvé ^ Je laisserai de côté les pre-
mières laisses, sur lesquelles porte principalement la
discussion des éditeurs, parce que, sauf quelques vers,
ces laisses ne se trouvent pas dans le français. Pre-
nons, de préférence, la laisse en ter qui occupe dans
le texte provençal les vers 1719-37 et dans le texte
français les vers 1 586-1609. Cette laisse est, en fran-
çais, entièrement en ter. Elle se compose dUnfinitifs
de la première conjugaison (laissier, bauiisier, pri^
sier, etc.), de substantifs (Olivier ^acier, mes fier, quar-
tier, mostier); enfin, il s'y trouve deux participes :
fiancié (v. 1589) ex, plaie (v. i593) ^. Ces participes
étaient la pierre d'achoppement. Les substantifs en ier
étaient aussi bien provençaux que français : ils ne
pouvaient causer aucun embarras; les infinitifs au-
raient dû', régulièrement, recevoir la finale ar, ce qui
1. n faut dire qu'en 1860, date de la publication du Fierabras
français, on ne savait pas encore distinguer les finales françaises
é et ié. On n'avait pas remarqué qu'elles ne rimaient pas ensem-
ble, et les cas où i se produit au-devant d'e n'avaient pas été dé-
terminés comme ils l'ont été depuis.
2. Il est rare que Fierabras admette ié dans les rimes en ier, ce-
pendant il y en a quelques exemples outre ces deux-ci.
HT. — LANGUE DE l'aUTEUR xlv
eût détruit la rime) mais, comme dans Aigar et Man-
rin, dans Béton, dans la Guerre de Navarre, on pou-
vait, à la rigueur, les admettre à la rime sous leur
forme française, et si cette licence était permise dans
des compositions originales, à plus forte raison pou-
vaitHclle être excusée par le désir de s^éioigner le moins
possible du texte original. Le participe passé masculin
de la première conjxigaison est toujours en at. Les textes
du midi qui admettent Tinfinitif en er ou ier n^admettent
pas le participe en et ou iet ' . Je constate le fait sans
chercher à Texpliquer *. Par suite, ces deux vers (1589
et iSgS) :
Et si m'as tu juré, plevi, etfiancié.,.
Encore ne te vol je ne navré ne plaie,
ont été ainsi remaniés dans le texte provençal afin de
substituer un infinitif au participe (vv. 1722, 1725) :
E si m'as fayt jurar, plevir efiancier..,
Encaras ieu not vey ni plagar ni nafrier.
1 . Je ne tiens pas compte, bien entendu^ de GuîUem de Tudèle,
qui ofiFre de longues séries de participes en ô/f , aux laisses XLl et
ex.
2. En Dauphiné aussi (mais ce n'est, sans doute, qu'une coïnci-
dence fortuite) les infinitifs de la première conjugaison sont en ier
lorsque la terminaison est précédée d*un i semi-voyelle ou d'une
consonne palatale (sinon la terminaison est arj, tandis que le par-
ticipe passé est toujours aL — On peut dire qu'il n'y avait guère
d'utilité à changer les terminaisons ai, at^ des participes passés de
la première conjugaison en et, ei^y ces dernières rimes étant assez
peu fréquentes.
Xlvj INTRODUCTION
Ce dernier mot nafrier (fr. naurer), qu'il eût été si fa-
cile de remplacer à la rime par plaier, en écrivant
ne nafrar ne plaier, nous montre que le traducteur
provençal n'avait aucune idée de la distinction
qu'on faisait en français des mots en er et de ceux
en ier. Dans la même tirade, les fins de vers durier
1728, demorier 1734, qui s'écartent de la leçon fran-
çaise, conduisent à la même conclusion. L'examen des
autres laisses en ier ' ne nous apprendrait rien de
nouveau. Il est suffisamment établi que le traducteur
provençal de Fierabras, comme les auteurs de Béton,
d'Aigar et Maurin, et même, dans une moindre me-
sure, celui de la Guerre de Navarre^ n'hésitaient pas,
lorsque la rime le demandait, à donner à tous les in-
finitifs de la première conjugaison la terminaison ier,
sans tenir aucun compte de la distinction faite en fran-
çais entre er et ier.
Il me paraît difficile d'expliquer par un caprice in^^
dividuel un fait ainsi constaté dans des textes d'origine
fort diverse. Il faut, ce me semble, que cette substitu-
tion à' ier à ar ait son point de départ dans un usage
local qui se sera étendu hors de ses limites primitives
par suite des facilités qu'il offrait à la versification. Il
s'agirait maintenant de déterminer, si faire se peut, la
contrée d'où cet usage est originaire. Si nous cher-
chons un pays où les finales ier et er, confondues en
un même son, aient été employées concurremment
avec la finale ar, pour l'infinitif de la première conju-
I. Voy. notamment celle qui occupe les vers 3598-3644 du proven-
çal, et cf. le texte français, p. 126-8.
^^m
III. — LANGUE DE l'aUTEUR xlvij
gaison, je crois bien que nous chercherons en vain;
mais il suffit, à mon avis, de trouver un pays où ter et
er se confondent et qui, en même temps, soit voisin de
la région où les infinitifs sont en ar. Ce pays, c^est le
Poitou, l'Angoumois, la Saintonge. Là, il est bien
connu que la distinction entre ter et er, telle que nous
la trouvons dans le reste des pays de langue d'oui, n'est
pas observée. Les infinitifs de la première conjugaison,
que la terminaison soit ou non précédée d*un $on
mouillé, les finales correspondant au latin a r i u s , sont,
dans cette région, uniformes. Cette finale uniforme est
ordinairement marquée par er, non par ier comme
dans Béton, mais cela n^a pas d'importance; ce qui
impone, c'est Tuniformité du son et non la manière
dont ce son uniforme est noté. D'ailleurs, nous avons
vu plus haut qu'entre les textes cités, lés uns (Aigar
et Maurin, Guillem Anelier) adoptent er, tandis
que les autres préfèrent ier. Une pièce de Richard
Cœur-de-Lion, qui, vraisemblablement , compos^^
dans lie dialecte du Poitou, vient à Fappui du témoi-
gnage des chartes; c'est la pièce Daljin ieus voill de-^
resnier », où on voit demancler et let/er rimer avec
deresnier, guerrier, aidier, denier, $oudÇi.dier, co^
mencier.
Rimes at, at^. — U y a peu de chose à dire sur cea
rimes qui sont parfaitement provençales. Quoique at
et ati soient bien distincts, néanmoins on remarque
un petit nombre de finales en at égarées parmi celles
en ati, vv. 690, 608, 8o3, 96 5, 980, 1243 12b i^
I. Parnasse oçcitanien, p. x3.
Xlviij INTRODUCTION
1263, 1271, i55o. Il est difficile de savoir si dans
de tels cas Tauteur sacrifiait la rime à la grammaire
ou la grammaire à la rime ; un fait — s'il n'est pas
le résultai d'une faute du manuscrit — qui tendrait à
prouver que l'auteur se souciait médiocrement de la
correction grammaticale, est l'emploi d'un adjectif
masculin avec un substantif féminin, brocas.... pau-
^lat^ijib^ — -Bra^ (brachium) 788, 807, 1016,
1198, prend régulièrement place dans les rimes en
âi/iî *. Baiar, v. 638, est trop exceptionnel pour n'être
pas fautif.
Rimes en, ens. — Dans l'unique tirade en ens
figure laîns^ iSgS, 141 3; le même mot paraît égale-
ment en rime dans une tirade tn en, 1 1 1 2 , ce qui
constitue une double irrégularité On le trouve aussi
dans le poëme de la croisade albigeoise, vv. 4928,
6522, 8670 ^i cf. dedens dans le poëme de la guerre
de Navarre, v. 2627. Bien que. constatée dans des
textes variés, l'admission de tns parmi les rimes en
ens est un fait exceptionnel. Le Trésor de Pierre de
Corbiac, qui se compose de 840 vers tous en ens, n'en
offre pas d'exemple. Est-ce une simple licence poéti-
que ou un fait dialectal qui a pu s'étendre hors de ses
limites géographiques primitives ? Je pose la question
sans être en état de la résoudre. A première vue,
on ne voit pas bien pourquoi Vi d'int us (tns) a été
1. Voici levers : Ab Aiij, brocas cCaur quel so pau^at^', mais
\{ y a dans, le tns. fq et non soy et on pourrait, en conservant
fo, faire accorder pau:[at:( avec aur,
2. Chanson de la croisade, vv. 5 763, 8194.
3. Ecrit /atn/f au V. 6522, et laens dans les deux autres cas.
Ul. — LANGUE DE L AUTEUR xlix
traité autrement que Vt d'inde (ew). Cette distinc-
tion n^existe pas en français (en et en$); elle peut nV
voir pas été générale dans le sud de la France.
Rime o. — Cette rime admet des mots qui ne se ter«
minent pas en o pur : Aspremont lo, hom 12, puis
les futurs plutôt français que provençaux farom 26,
casarom 3 18, conquero (pour conquerom) 32 1,
rendre (pour rendrom) 741. Faut-il induire que le
poëme, ou du moins les parties où se rencontrent
ces formes, était originairement en français? Je ne le
crois pas, à cause de l'o des vers 319, 740. J'aime
mieux croire qu'il y a là une licence expliquée par l'ha-
bitude que l'auteur avait des chansons de geste
françaises.
Dès qu'il est avéré que Tauteur a fait entrer dans
son œuvre beaucoup de rimes françaises, on ne sera
point étonné qu^il ait admis accidentellement, ailleurs
qu^à la rime, des formes de même origine. De ce nom-
bre sont causea 3 14 (fr. chauciée)^ espeia, espeiga, es-
pe^as^ 543, i325, iTio^tic.^ daimas 496 (fr. dames)
maroniers 914, ruas 1995, sire, diversement écrit,
12, 140, 262, 292, etc.
Tels sont les faits principaux que révèle l'examen de
la langue du poëme. Ils se résument en somme dans
l'emploi mal dirigé de formes françaises. Ces formes
nous les trouvons principalement à la rime. C'est
là en effet que l'auteur devait surtout les employer,
puisque son travail de rimeur était d'autant plus aisé
qu'il avait un plus grand choix de finales à sa disposi -
tion. Mais on a vu que parfois aussi il en faisait usage
d
u^^^^^a^m^^J^mÊmmÊiamÊÊÊ^^ÊÊm^^^^^^Ê^mim^^^M
1 INTRODUCTION
en des endroits où les formes provençales correspon-
dantes convenaient aussi bien au vers. Je mets toutes
ces formes au compte de l'auteur : le copiste était du
Midi, et, bien loin d'introduire des formes étrangères,
il a dû plutôt en supprimer. Il est très simple en appa-
rence d^expliquer cette grande proportion de français,
en supposant que Fauteur du poëme était français et
que nous avons dans le ms. Didot une sorte de tra-
duction plus ou moins exacte de Tœuvre originale.
Mais j^ai fait voir que Temploî des formes françaises
est ici tel qu'il ne peut émaner d'un auteur français.
J'aurais pu ajouter, si ce supplément de preuve avait
été nécessaire, qu'il y a des tirades dont l'origine uni-
quement et exclusivement provençale est hors de
doute, par exemple celles en os (XI) et en es (XX,
XLIV), lesquelles n'ont et ne peuvent pas avoir
d'analogues dans le Ferabras qui, lui, est bien traduit
du français. Il résulte donc avec évidence de l'ensem-
ble des faits constatés que l'auteur de Béton, tout
en faisant occasionnellement usage de formes que
l'on considère comme caractéristiques de la langue
d'oïl, était originaire des pays de langue d'oc. C'était
un jongleur méridional qui avait lu beaucoup de
poëmes français, qui vraisemblablement exerçait à
l'occasion son industrie dans les pays français. De
quelle partie du Midi était-il originaire ? Je ne saurais
le dire : le peu de variété des rimes et les libertés
qu'il se donne sont cause qu'il est impossible de
démêler dans sa langue des traits ayant un caractère
local bien marqué. Mais en résumé nous pouvons
admettre que Daurel et Beion nous est parvenu à
III. — LANGUE DE l'auTEUR Ij
I
peu près tel qu'il a été composé, abstraction faite
des modifications causées par la mise en alexandrins
du début, et des passages que Tinattention et Tim-
péritie des copistes ont défigurés; que, par conséquent,
c^est une chanson de geste méridionale.
Ue quelle importance est Daurel et Béton dans la
question si souvent débattue, et ordinairement si
mal posée, de l'existence d'une épopée provençale?
Si je ne me trompe, ce ppëme vient confirmer les
idées que j'ai plus d'une fois émises sur ce sujet. Ce
que j*ai toujours soutenu, c'est l'indépendance abso*
lue de l'épopée française^ dans toutes ses parties,
à l'égard des compositions épiques du midi. Jusqu'ici
rien n'est venu infirmer l'opinion très décisive que
j'exprimais dès 1866 '. Mais en même temps j'ai ad-
mis qu'il n'y avait aucune raison de nier que le midi
de la France eût possédé, comme le nord, bien
qu'en nombre infiniment moindre, des chansons de
geste ^. De ces chansons, les unes peuvent être fon-
dées sur des traditions locales, comme Girart de
Roussillon, comme Aigar et Matirin, qui, à vrai
dire, ne sont pas proprement méridionales, mais ap-
partiennent à une zone intermédiaire entre la littéra-
ture du nord et celle du midi, comme aussi le roman
de Tersin ou de la prise d'Arles ^; les autres peuvent
être un simple reflet de l'épopée française, et à cette
catégorie appartient évidemment Daurel et Béton.
1. Recherches sur l'épopée française, dans la Bibliothèque de
VEcole des Chartes, 6« série, III, 46 et suiv,
2. Ronmnia, I, 67-8; VII, 4b4-5.
3. Voy. Romania, I, 5i-68 et II, 379-80.
lij INTRODUCTION
IV
LANGUE DU COPISTE
Je terminerai par un certain nombre d'observa*
tions sur la langue, plus particulièrement sur lagra-
phie, du copiste. Je ne noterai que les faits offrant
quelque singularité ou un caractère local. Entre ces
faits, il en est sans doute plusieurs qui remontent à
Fauteur et qui , si on en avait la certitude, devraient
prendre place au chapitre précédent. L'important est
quUls soient signalés. Il ne s'agit ici que du copiste de
Béton ^ le reste du ms. étant, comme on le verra
dans la notice qui fait suite à cette introduction, de
mains différentes. La graphie de Béton est loin d'être
bien réglée. Le copiste a, sans doute, conservé beau-
coup des formes du ms., d'après lequel il a exécuté
sa transcription ; il est probable, d'autre part, que,
pour son compte, il ne se faisait aucunement scrupule
d'écrire le même mot de plusieurs façons différentes.
Il est, par suite, fort difficile de déterminer quel était
son pays.
Voyelles. — O tonique est diphthongué à peu
près aussi souvent qu'il peut l'être : loc 617, 772,
mais luoc 1 836, fuoc 609, 648, 98 1 . Z7o est, en ce cas,
ordinaire en Provence, où il cède peu à peu la place
à ue à partir du xiv* siècle. On le trouve aussi dans le
Bas-Languedoc et dans les Cévennes, tandis que, dans
IV. — LANGUE DU COPISTE luj
le centre et l'ouest des pays de langue d'oc, Vo suivi de
c reste généralement pur. — Suivi de l, o ton. se con-
serve intact à peu près pendant tout le moyen âge ;
dol (formé sur doler, fr. deuil) 557, 56o, vol (* volet)
356 ; — ue apparaît dans uebre (ope rit) 1 722, puesc
(ind. prés, dcpoder) 23 1 , 2S5 ^puec 1 026, i oi^^puesca
307, 1649; aussi dans des cas où la diphthongaison
est causée par la' présence d'une mouillure après la
tonique : uelh (0 cul um ) , voir le glossaire pour les ren-
vois, tuelha (*toUat) 659, puelh (*voleo) 262, 35o,
qui se réduit facilement à j'tt/A 214, 232, fuelha 428,
pueh (podium) 6Sï^ pueja 877, 1275. Cette modi-
fication de l'o bref latin est ordinaire en Provence
et dans le Bas-Languedoc depuis le xiu« siècle.
E avant la tonique devient a dans sarcar 1294^ —
ce qui n'empêche pas qu'on a sercas 237, — rastan-
quier 1378. On sait que ce fait est très ordinaire en
catalan ' et en ladin. Il ne Test pas moins, actuelle-
ment, dans la région des Alpes '. Au moyen âge, ce
phénomène me paraît être resté sporadique, ce qu'il
était déjà en latin ancien '. Uexemple le plus connu
est marce (mercedem) dans le poëme de Boëce 76,
dans la coutume de Chenerailles (Creuse) et dans celle
de Saint- Vallier (Drôme). Il y a aussi dans le poëme
de Boëce rascundre 177, qui offre le même cas que
notre rastanquier.
I . Mussafia, Sept Sages, préface, § i .
a . Voir dans Chabrand et Rochas d'Aiglun, Patois du Queyras,
les mots haretagCy aratori, armito, jarrar, etc.
3. Voy. Brachety dans les Mémoires delà Soc. de linguistique de
Paris, I, 41g.
■JLittàriHtaÉtattiMMii&i
liv INTRODUCTION
Ei se substitue à la forme ordinaire et plus proche
de rétymologie, ai, dans lei (là) 45, 90, 658, dans
gueiamen 7g; c'est iei dans les futurs première pers. du
sing.,rfin>/ ioo\ ^ferriei 1620^ issirie/ g6o, sabriei
1437. J'ai signalé ailleurs ' les mêmes formes dans
des chartes de {^arrondissement de Gaillac ; je les ai
retrouvées depuis dans des chartes du Tarn-et-Garonne
et des environs de Toulouse.
Voici un fait moins commun que les précédents :
ai, quelle qu'en soit l'origine, devient facilement au^
etei devient eu : habeo devient ai 84, 1 19, et au i65;
de même alaiia 706, mais alautat^ 1242 ttaUutati
1017, bau\o (basiant) 28, bau^a 726, bau^an 729,
cauiieu (captivum ') 990, messautge (missaticum)
bg^^peureiras (petrarias) ligi^Peutieus i35,585,
1044, veuret (videre habetis) i33i *, cobeutavati
406, voluntieuramen 1857. J^ ^^ connais pas ailleurs
d'exemple du même fait.
Consonnes. — D entre deux voyelles tombe parfois,
comme cela a lieu régulièrement dans le nord des pays
de langue d'oc ; ici cet effacement du d semble avoir
lieu surtout après :, ainsi : escria \'i(^^fias 3o2, r/ew
184. Mais ailleurs on observe soit la mutation, gé-
nérale dans le centre de la langue d'oc, en ^, ri^en
r. La chanson de la croisade contre les Albigeois, i, cxiij.
2. S'il n*y avait que cet exemple, il serait légitime de supposer
le p passant directement à â.
3. On a messaiges 63, parayge 12.
4. Mais veires i322.
IV. — LANGUE DU COPISTE Iv
176, A^emar 99, i iSy, etc, a\irar 244, 533, ad^aut
1610, soit la conservation du i> adesmar 368.
F tombe devant K dans uelhas (*voleas) 57, ulhas
82. On trouve de même chez des troubadours pro-
vençaux ostre pour vostre \ Par contre, v vient s'a-
jouter à u dans vuelh, vuelhs (oculum) 987, 1095,
1266, ce<]ui a été aussi remarqué en Provence '. V
initial devient quelquefois b; la distinction entre le v
et le b n^est pas toujours facile à faire dans l'écriture
de notre ms* ; mais, dans les cas douteux, j'ai choisi p^
de façon à restreindre plutôt qu'à exagérer le nombre
des cas de b pour v; citons bay et benga 1093, ban
1608 \ Actuellement b s^est substitué à v par tout un
vaste territoire limité à Test et au nord par une ligne
qui partant d'Agde, irait, à travers TAveyron, re-
joindre la Dordogne dans le Lot et suivrait cette
rivière jusqu'à son embouchure ; mais, au moyen âge,
on ne constate guère ce fait qu^en Béarn et en Gasco-
gne. Les documents anciens de Toulouse, de Carcas*
sonne, de Narbonne, de Béziers, d'Agde, tous lieux
où maintenant b prend régulièrement la place du v
latin soit initial, soit venant à la suite d'une consonne,
ont V et non b. Mais cela ne veut pas dire qu'on pro-
nonçât comme on écrivait. Il est probable que le son
b existait dès lors^ moins distinct peut-être que de nos
jours, les copistes préférant toutefois s'en tenir à
X. Voy. mes Derniers Troubadours de la Provence, p. 22.
2. Ibid., p. 20.
3. Je n*ose pas citer le pronon neutre ba pour va^ ^4^1 1 parce
qu'on le trouve même en des lieux où la mutation de y en 6 n'a
pas lieu ; voy. Chabaneau, Romania^ IV, 340.
-«—,*««■- —
Ivj INTRODUCTION
l^orthographe latine* I^e copiste de notre ms. se sou<-
ciait assez peu de cette orthographe; sa graphie est
en somme phonétique, quoique bien irrégulière. L'em-
ploi accidentel qu'il fait du b au lieu du v^ nous four^
nit un indice géographique : il appartenait à la région
où nous voyons maintenant b se substituer au v.
S est fréquemment remplacée par c : ce 98, cela 66,
cerem 579, cieu 706, cira 3o2, ici 1542. L'inverse a
lieu également : tnerses 7 1 ! , $ieutat\ 424, et les pro^
noms sist 207, silh 2 1 2 . Le copiste ne distinguait donc
pas le son d'^ d'avec celui de c spirant. — S entre deux
voyelles se renforce en s\ dans desieretamant 2 1 29,
des\irai 2o3i, meisisses 1482, nos^ vos qui, suivis
d'un mot commençant par une voyelle, deviennent
nos\^ vos\, 1098, 1549, ^1^1 1 1 781, cf. îe«5j( (= ieu
vos) o 1462. — 5 ou ;f, entre deux voyelles, quelle
qu'en soit l'origine, passe à r dans Aremyer (ailleurs
A\emar) 98, crevas 328, raroiij^venaro 3i5.0n
sait que ce phénomène se rencontre sporadiquement
en Languedoc, en Roussillon, en Limousin, du xiv«
au xv^ siècle '. — 5, suivie d'une autre consonne, tombe
dans aqueta 398, set 569, seta 89, depolhar 1431.
Des exemples du même fait ont été relevés dans
Flamenca (préface, p. xxxij) et dans Guillaume de la
Barre (p. 35 de ma notice).
Nous avons maintenant à étudier le sort du groupe
latin /^, sujet ici fort compliqué qui ne se peut traiter
brièvement. 7>, précédé d'une voyelle tonique (partiel-
X. Voy. Romaniatiyf 184-94, 464-70; V, 488-90; VI, 261-6;
Giornale di Filologia roman\aj II, 2o5-6.
IV. — LANGUE DU COPISTE Ivîj
pes passés en acus, itùs, 2*pers. plur. atis, etis)
donne régulièrement /^, qui souvent s'affaiblit en s^
mais en outre, notre copiste a une tendance marquée
à réduire ts à t. Pour donner plus de clarté à mon
exposé, je traiterai de cette finale d'abord dans les
participes passés, puis dans les deuxièmes personnes
du pluriel des verbes.
Participes passés. — Le j{du sujet singulier est sou-
vent omis, ce qui peut être un fait purement phoné-
tique, en accord avec la tendance signalée plus haut,
ce qui peut aussi s^expliquer par la désuétude où étaient
tombées, à l'époque où notre ms. fut exécuté, les for-
mes spéciales au cas sujet. 'Mais on constate aussi
qu^au cas régime du pluriel ce ^ est parfois omis. Cette
omission, étant contraire à la tendance générale de la
langue, ne peut s'expliquer que par la tendance parti-
culière du copiste ou par un singulier manque de soin
de sa part. Cette seconde hypothèse n'est pas tout à
fait invraisemblable, étant donné le copiste à qui nous
avons affaire, et c'est pourquoi j'ai dans tous ces cas réta-
bli le ;{ entre crochets; toutefois, la première hypothèse
me semble actuellement plus probable. Voici les cas
que j'ai notés de la suppression du;; au cas régime du
pluriel idèt 325, tôt 1278, lygi^fairit 1299, i33i,
escut i3i7, 1623, 1759, triât 1387, bridant 1441,
1435, mart 1465, 1609, enfantonet ibS4^ asatiat
igoi ^forsat Î964. — Si le copiste ne prononçait pas
le jj final, il faut s'attendre à le voir introduire ce !( hors
de propos, ce qui arrive en effet dans cor/;; 75, 89, 1 14,
dati 54, 170, bliaut\ 112, marit^ 1^4^ Esmenjarti
173, 290, mort^ 187, 3gi^ 4o5^pamt:(ji4^Beionet:[
Ivîij INTRODUCTION
ioio,ftfr/jj io35, «0îri7j{ i522, cw/^ i735, etc. Le
copiste savait en gros qu'il y avait des cas où ;; devait
prendre place à la fin des mots, mais ni sa pronon-*
ciation ni ses connaissances grammaticales ne suffi«-
saient à le guider. C'est à la même cause qu'il y a
lieu d^attribuer l'addition intempestive du ^ aux ad-*
verbes fnot:^^ (mu 1 tu m) 47, 84, /or/;j 236, quanl\
1481, iost!;^ i6o3.
Deuxièmes personnes du pluriel. — Le ms. nous of-
fre ici trois finales : i<» at^, et\; 2<> as, es; 3° at, ei. La
seconde forme, simple affaiblissement de la première,
est constatée dès la première moitié du xui® siècle ^
Elle se trouve ici deux fois en rime : fares'j 12^ pei-
res 1 795, et très fréquemment dans le cours du vers;
ainsi, dans les 5oo premiers vers : amas 1 64, anas 5o,
aujas 3o8, colgas 234, creras 328, cumergas 428,
digas 5i, donas 22, escotas 2^fassas 397, gardas
95, levas 140, parlas 429, plas 2, puscas 237, ^er-
cas 237, tengas 164, tragas 396, ttobas 471, veiras
i53, viras 494, volhas, vuelhas^ 239, 269, vo/i^if
408; — aures 188, au^e^ 235, aves 54, 64, rfex^e^
94, dises 3o5, w 41 3, perdones 489, ^o^e^ I23,
prendes 147, pre:{es 387, ^^^^^ 1 19, sabres 120, 260,
fe«e^ loi, toi*nes 121, j'ew^^ 376, w/e^ 258, volres
25 *. — La troisième forme, <2f et, est dans Béton
très fréquente : indicatif présent, ce/a/ 1002, desco^
1. Voy. Bartsch, Prov, Leseb,^ note sur 100, 11.
2. Ces formes appartiennent à des modes et à des temps divers,
mais cela n'importe pas. Notons seulement que s pour i^ se ren-
contre uniquement dans les verbes, à l'exclusion des substantifs et
participes.
IV. — LANGUE DU COPISTE Ux
nortat 996, desleialat iib'j^donat i225, et (estis)
12, i3, lonhat 1 182, parlât 969, pasat 848, pré-
sentât 1 2 3 1 ; — podet 211,1 304. — Impératif, dat
91 1, digat 1220, escoltat 12 12, 1267, gardât io3o,
j 194, \4i5^jurat i^j^ laysat 912, menât 1 193, ostat
828, pregat 186, sarrat 960; — aprendet 1414, €«-
^e;i(ife/ 2^prendet io5j ^vinet 847, i33o. — Impars-
fait de rindicatif, era/ 1024, w/m/ 1027. — Futur,
poiret 848, ^er^/ 16, 44, 398, etc., veuret i33i,
— Subjonctif présent, fassat 1019, 1227, irascat
1258, rendat 987, J'e^af g6i ^volhat 941. — Con-
ditionnel, au^irat 492, rir^/ t3i6. — Par une
erreur semblable à celle que nous avons constatée
tout à rheure dans les noms, on voit le i prendre
place où il n^a rien à faire, à la 3^ personne du sin-
gulier : présent de Tindicatif, trameti 42, 2080,
part\ i56o; prétérit, det^ 1430, laissei!{ 1923,
poiei\ 181 1; présent du subjonctif, garti 21&0.
Il s^agirait maintenant de délimiter la région où
s'observe la tendance à laisser perdre le ;{ à la 2® per-
sonne du pluriel. Mais, avec les éléments dont nous dis-
posons jusqu'à ce jour, celte recherche ne peut abou-
tir, parce que les textes datés de lieu, qui seuls peuvent
nous renseigner, sont, en général, des chartes, des cou-
tumes, des compoids, qui ne contiennent guère de
verbes à la 2^ personne du pluriel. Cependant nous
possédons quelques textes limousins fort anciens où
figurent ces secondes personnes du pluriel. Le plus
important de ces textes est le fragment de la traduc*
tion du quatrième évangile (chap. XIII-XVII) «. Dans
I. Bartsch, ChresU prov.^ 4* éd., col. 10-18; le chap. xiii, soi-
Ix INTRODUCTION
cis fragment, la terminaison qui nous occupe est tantôt
a:(^, e\y tantôt ai, et^ le second cas étant de beaucoup
le plus fréquent ^ Dans le patois du Limousin et dans
celui de la Marche, les secondes personnes du pluriel
ont perdu non seulement le ^ mais encore le / ^.
J?. — Tr se réduit souvent à t, destier 346, 477,
ente 438, nosV 268, w^/e 52, 267, vosies 541. On
voit que cette réduction ne se produit que dans des
cas où le groupe tr est précédé d'une consonn. Je
ne connais pas d'exemple aussi ancien de ce fait. —
Ers $e réduit à es, dans saumies 568, somies big^
volonties 53. Le même fait est très fréquent depuis
le XIV® siècle dans tout le midi. — R, groupée avec
une consonne, se déplace facilement pour passer à
la syllabe précédente; t radier (pour tardier) 106,
cramba 323, crambas 1246 (pour cambra -as\ pre-
jurs {pour perjurs) 1398. L s'est déplacée de la même
fadbn dans flodres 641, pour foldres. — R est rem-
placée par / dans molra (pour morra) i38 ; Vn subit
le même changement dans colsel (co n sili u m) 673^
675; cf. folrier, golfaynos, dans Ferabras 214, 468.
L passe à r dans bridant 1426 (bliiaudo 181 5),
gneusement revu sur le ms., dans mon Recueil d'anciens textes^
partie provençale, n* 2.
1. Voir pour des exemples de ce second cas, XIII, t3, i5, 17, 25,
33 ; XIV, I, 3, i3, i5, iq, 20,24; XV, 4, 7, 8, 9, 10, 14. 16, 18,
19; XVI, 4, 12, 16, 17, 19, 20, 22, 23,
2. Pour le Limousin, voy. les paradigmes donnés par M. Cha>
baneau dans la Grammaire limousine, et par M. Ruben dans son
édition des poésies de Foucaud, p. lxxxi et suiv. ; pour le mar-
chois, voy. A. Thomas, Archives des Missions, 3® scrie .
V, 440.
••^ ^""^t-^m riHll T --- |-^
IV. — LANGUE DU COPISTE Ixj
forme qui se rencontre dans Guillaume de la Barre,
et dans artre (alterum) 1754, forme qui existe en-
core dans la haute Auvergne. — L appuyée sur un 1
tonique long amène le développement en te ou en ta
de cet I ; ainsi gentiels, gentiel, 258, 357, viala 196.
Ce fait, déjà signalé par Diez dans la troisième édition
de la Grammaire des langues romanes % se manifeste
par tout le Languedoc, le Rouergue, l'Auvergne, le
Quercy. La mutation en ie est surtout habituelle dans
le bas Languedoc ^ ; ia domine dans les parties plus
au nord ^.
Notons le passage d'« en i semi-voyelle dans goi-
fano 221, pour gonfano, et dans meih 1896, pour
mens.
Uh est placé au commencement de certains mots
sans raison apparente : ha (habet) 67, hil (illî) i3oo,
ho (hoc) 83, 120, hun 10, huna 1. Le même usage
s'observe, plus fréquemment encore, dans Guillaume
de la Barre, voy. ma notice de ce poëme, p. 35.
Avant de terminer ces observations sur la phonéti-
que du ms. de Béton, je dois signaler encore l'emploi
véritablement abusif que le scribe fait du g. Ce signe
peut exprimer trois prononciations entre lesquelles il est
souvent malaisé de distinguer celle que le copiste a
1. 1, 389, note; trad., I, 362.
2. Par ex. à Béziers; voy. la chronique de Mascaro et le ms. Bibl.
nat. fr. 2541 5, décrit dans le Bulletin de la Société des anciens textes,
1875.
3. Voy. mon introduction à la chanson de la Croisade albigeoise,
p. cxj. Pour le même fait existant actuellement dans le patois de
la Marche, voy. A. Thomas^ Arch. des Missions, 3* série^ V, 446.
Ixij INTRODUCTION
voulu noter. Il représente, en effet : i° le son guttural,
ce qui est son emploi habituel et nV, par conséquent,
pas besoin de preuve; 2° le son du français j, par ex.
dansvegaî:{, ^€g-a/(videatis) 961, 1727, 1787, dans
augat^ (audiatis) 1927, dans rog-ar (radiare)922,
r^at\ 989, dans segorna 161, l'i (c'est-à-dire// étant
employé à la même fin, dans veia 610, veiati 1039,
soiomat:^ 946. Cet emploi abusif du g, qui n'est pas
propre au ms. de Béton \est noté et blâmé par \tsLeys
d'amors, I, 32 ; 3° le son du français y dans espeiga
(épée) 17 10, ailleurs esy^m i325, 1886, ig20^speia
i356, 1950, où il est impossible qu*on ait prononcé
espeja. Le scribe connaît ly, mais n'en fait usage qu'à
la fin des mots, ay 92, 1 19, guidaray, metray 24,
amdoy 29, rey 42, 60, ou avant une consonne :
may:{0 16, laysier 92, poyra 1 02. Les faits étant tels,
je n'oserais décider entre le son./ et le son g dans man-
gat[ 446, mangar 664, 900, 1940, cf. manjar 1939,
dans vengar 1937, etc., non plus qu'entre le son / et
le son ; dans aia 673, aiam 338, 339, ^i^t^ 628, 975,
et aga 881, agati6i2^ 762, dans baiar (basiare)
638, baia 326, baiati 594 et baga 1 191 '.
Je ne retiendrai qu'un petit nombre des faits relatifs
à la flexion. Je ne saurais dire s'ils doivent être attri-
1. J*ai signalé dans les Derniers troubadours de la Provence
(p. 2 1) envega pour enveja; voy. dans le même ouvrage, p. 6a, v. 36,
ga pour Ja,
2. Le son J se présente dans ce mot dans les Hautes-Âlpes et géné-
ralement en Oauphiné, mais je doute qu'il ait été répandu (si toute-
fois il existait) au moyen âge; voy. sur gleja ou gleia qui présente
le même cas, Diez, Gram. des langues romanes, trad., I, 222, note.
- - -^-.■■«^■^^J.^ ■ ^. 't.fc- -rr^
IV. — LANGUE DU COPISTE IxHj
bués plutôt au copi&te qu^à Tauteur^ De ces faits, le
pf emi»r est Teoiploi des prétérits en ec qui dans Béton
sont usités concurremment avec la forme en et, et
même un peu plus souvent : apelec 2149, atendec
1967, comensec 384, dec 2098, demandée i833, donec
275, i652^ entendec i2^^escoisendec 554, estec 1246,
saludec 40 % trobec 61. A l'origine, et à s'en tenir
strictement à Tétymologie, la forme en ec est limitée à
un très petit nombre de verbes où le latin offre une
terminaison en e vi qui devient e vui en latin vulgaire :
c revit ==^ crée; mais cette forme ne tarda pas à se
substituer à et en divers pays. Déterminer, pour le
moyen âge seul, sans descendre jusqu'aux patois,
Tusage de Tune et de l'autre forme selon les temps et
les lieux, exigerait toute une dissertation. Je me bor-
nerai à dire d'une façon générale que la forme en ec
ne paraît avoir été usuelle au xui® et au xiv* siècle
que dans T Albigeois, le Toulousain, le pays de Foix.
Je citerai, entre autres textes, des actes passés à
Montauban en 1208^, à Albien 1220^, YElucidari
composé pour Gaston II de Foix ^, le Nouveau Testa-
ment de Lyon, où ec est constant ; Guillaume de
la Barre, les Leys d'amors «^, le récit de la prise de
1 . J^ai imprimé par erreur saludet,
2. D. Vaissète, nouv. éd., VIII, n» 143, aporteg, deissendec,
paujçec, etc.
3. Musée des arch, dép,, n9 64, p. 112, mandée,
4. Voy. Bartsch, Denkmœlery p. 57 et suiv., portée, engloiçec^
semblée, etc.
3. Voy. II, 296, 298» 3 80, comandec, mandée, parlée, manjec, en-*
durée, enganec, comprec, dec.
Ixiv INTRODUCTION
Datniette, où les prétérits en ec et ceux en et sont
entremêlés *.
Signalons encore les premières personnes du pluriel
du futur en am : pagaram j'jb^ trobaram 1295.
Les troisièmes personnes du pluriel offrent, en cer-
tains textes, des formes assez caractéristiques pour
servir à déterminer le pays d'origine de ces textes *.
Tel n'est pas le cas pour Béton. Ces formes sont en
ou on, la finale étymologique an n'étant que rare-
ment conservée, ainsi bau\an 729, au:{an iSSg. Ce
qui est à noter, c'est Tabsence de ces finales en en qui
appartiennent à Pouest et au sud des pays de langue
d'oc (Pyrénées, Béarn, Gascogne, Périgord, Li-
mousin).
Si maintenant, entre tous les faits ci-dessus relevés,
nous reprenons ceux qu'il est possible de rattacher à
une région déterminée, nous obtiendrons les résultats
suivants ;
1° L'emploi de b pour v indique la partie occiden-
tale de la langue d'oc, selon les limites sommairement
indiquées p. Iv. Je tiens que cette notation, si inu-
1. Je cite par lignes, d'après Fédition que j'ai publiée en 1877 dans
la Bibliothèque de V Ecole des Chartes : acordec 326, apropihec 556,
comandec bS^, contée i83, gitec 160, 168, portée 232, respondec^^
tornec t3i, venguec 58 ; •— ajornet 592, anet 9, cudet 264, donet 276,
duret 327, encontret 263, 557, escapet 262, enviet 56i, 590, forsenet
602, laysset 14,54, 602, levet 274, ponhet 182; rendet 65 5, trobet
633. Il est curieux qu'aucun verbe ne figure sur les deux listes.
2. Voyez nion mémoire sur les troisièmes personnes du pluriel en
provençal, Romania, IX, 192-2 1 5.
IV. — LANC^UE DU COPISTE IXV
sitée au moyen âge en dehors de la Gascogne, du
Béarn, de la Bigorre, appartient au copiste de notre
ms. et non à un copiste antérieur. Peu de copistes,
en dehors de ces pays, ont été assez peu soucieux des
traditions orthograjdiiques pour s'être permis rem-
ploi purement phonétique du b.
. %"* L'absence de troisièmes personnes du pluriel en
en (p. Ixiv), l'absence encore de bien d'autres faits de
<livers genres, exclut la possibilité de rattacher notre
copiste à la région pyrénéenne, à la Gascogne, àu
Périgord, au Limousin. A la vérité, la chute fré-
quente du i dans le groupe ti est un fait constaté en
Limousin (p. lix), mais cela ne veut pas dire qui! ne
puisse pas être rencontré ailleurs ^
La région indiquée dans la première de ces deux
observations se trouve extrêmement réduite par la
seconde observation : elle se limite à peu près aux
départements du Lot, de Tarn-«t-Garonne, de la
Haute- Garonne (partie septentrionale), de TAude, du
Tarn, de l'Hérault (partie occidentale). Si maihte-
aant nous considérons comme appartenant à notre
copiste tes prétérits en ec (p. Ixiij) et la modification
de ai en ei ou ici (p. liv), la région que nous cher-
chons à délimiter se réduira à peu près au nord de la
Haute^Garonne et au Tarn. C^est à ce point qu'il est
prudent de s'arrêter.
I. Voir ci-après, p. ixxvii)
IXVJ JNTROPUCTION
CONCLUSION»
On a vu par ce qui précède qu'il est souvent diffi-
' cile, parfois impossible, de distinguer, dans la langue
irrégulière et inconstante du nis., ce qui appartient à
Tauteur et ce qui est propre au copiste. Dans ces
conditions, j'ai cru prudent de m^abstenir de toute
correaion portant sur la forme des mots : les seules
que j^aie, soit introduites dans le texte, soit proposées
en note, selon leur degré de probabilité, sont celles
qu^exigeaient le sens ou la mesure. Elles ne laissent
pas d^être nombreuses, tant est grande la négligence
avec laquelle a été exécutée notre unique coçÀt de
Béton. En quelques cas seulement, je me suis per-
mis de modifier légèrement la graphie du ms. Ainsi,
dans certaines tirades, j'ai indiqué, par des ( ) la
suppression, par des [ ] l'addition du ;{, que le co-
piste emploie, on Ta vu plus haut, d'une façon fort
arbitraire. Ces corrections n^ont pas d^autre but que
de faire mieux ressortir la régularité originelle des
rimes. Du reste, dans tous les cas où la leçon du ms,
n'est pas conservée dans le texte, elle est exactement
indiquée dans une note.
J^ai dû aussi songer à rendre cette édition utile à
ceux même qui n'ont du provençal qu'une connais-
sance superficielle et à qui manquent les livres né-
cessaires à rinteliigence de cette langue. A défaut
V. — CONCLUSION Ixvij
d^une traduction, qui aurait occupé trop de place,
l'ai donné du poème une analyse très développée.
Le glossaire est assez complet pour dispenser le lec-
teur de recourir au Lexique roman de Raynouard.
Pour faciliter les recherches, les diverses formes des
mots ont été enregistrées à leur ordre alphabétique
arec renvoi àt'anicle principal. Le relevé des fonnes
de la conjugaison a été fait avec un soin particulier;
Rien n'a été négligé pour que le présent ouvrage, la
première publication provençale de la Société des an-
ciens textes, donnât satisfaction à ceux qui savent et
à mux qui apprennent.
V
i^a iif I
APPENDICE
DESCRIPTION DU MS. DIDOT
Le manuscrit d'après lequel est publié Béton est un li-
vre en papier in-4®, dont les feuillets ont .2o5 millimètres
de hauteur sur 140 de largeur ; les feuillets 14 à 17 (Ixxxx
à Ixxxxiij de Tancienne pagination) sont seuls en parche-
min. Dans son état actuel, il se compose de 1 12 feuillets,
mais il est mutilé au commencement et à la fin, et a
quelques lacunes à Pintérieur. On a vu dans les pages
précédentes que Béton, le dernier des ouvrages contenus
dans le ms., était incomplet, et qu'il n'était guère possible
d'évaluer l'étendue de ce qui manque de ce côté. Mais,
pour le commencement, nous savons, par une ancienne
pagination à l'encre rouge, que le livre a perdu ses
soixante-douze premiers feuillets. Cette pagination, qui
paraît contemporaine du ms., ou de bien peu postérieure,
commence, en effet, au fol. Ixxiij et se poursuit jusqu'au
fol. cliiij. Manquent en outre les S. Ixxxiiij à Ixxxvij, xcviij,
xcix, cxij étcxiij. La pagination a sauté un feuillet, entre
les ff. Ixxxxiij et Ixxxxiiij. Le dernier feuillet numéroté
est Pavant-dernier de la Passion. Celle-ci finit au recto
du fol. 76 du ms., tel qu^il se présente actuellement, et
hx 0BSCRIPTJQN DU 4AS. OlOOT
âû verso cQcnm^n^ B^tm. Im <âhters sont M eettipdsl* ,
tion très variée. Il y en a qui se composent d^un seul
feuillet double, d'autres de deux, de quatre, de six, et les
deux derniers en ont huit; le cahier par lequel le ms. se
termine dans son état actuel a perdu son dernier feuillet
simple.
Le ms. est de mains diverses qui toutes paraissent ap-
partenir au milieu idu xiv* siècle. Am bas du feuillet 5 de
la pagination actuelle (ancien Ixxvij) se lit la date i345.
Comme un nouveau cahier commence au fol. Ixxix, il est
assuré que lorsque cette date a été mise, le ms. se compo-
sait, à tout le moins, de soixante-dix-huit feuillets. Il
n'est pas facile de distinguer les mains qui ont concouru
à l'exécution du livre, car parfois l'écriture change, de-
vient plus grosse, plus négligée, sans qu'on puisse assurer
que la main ait changé en même temps. Voici, désignées
par des lettres grecques, les mains que je crois pouvoir
distinguer.
(X. Les articles I et II, fî. Ixxiij à Ixxvitj, moins les der-
nières lignes de Part. II. Les deux pièces que je range
sous le n*' II, écrites dans le sens opposé au reste, c'est-à-
dire le ms. étant placé sens dessus dessous, ont dû être
ajoutées après coup sur deux pages laissées blanches, et,
par suite, on pourrait supposer qu'une nouvelle main est
intervenue ; cependant il me semble bien que récriture
est la même que celle du n^ I, à part toutefois les derniè-
res lignes, comme on va le voir.
p. La fin de l'article II, y compris la note où se nomme
le possesseur du livre : « Iste liber est Arnadi (sic) Glibi
(Guilaberti ?) de Togete et de las Portas et de Anxe (voir
plus loin, p. xc). » La même main a écrit les articles III
et V jusqu'au fol. ,Ixxxiij inclusivement et très probable-
ment l'article IV, malgré une petite différence dans l'as-
pect qui, sans doute, doit être attribuée à ce que récriture
de^et article est plus serrée.
DttSGftiPTJON DU MS. MDOT Ixxj
Y. Le rêcm du fol. Ixtxvii} (art. VI) aTMt lequel il
manque quatre feuillets .
i, La fin de la pièce VI (verso du fol. Ixxxviîj et fol.
îxxiîx).
e. La partie de la pièce VII, qui est écrite sur parchemin.
(. La fin delà pièce VII (recto du fol. non compris dans
Tancienne pagination, actuellement i8).
1). Le n? VIII (le mystère) jusqu'au fol. cxx inclusive-
ment, et du fol. cxxvij jusqu'au bas du fol. cxxxiij recto.
L'écriture ressemble à celle désignée ci-dessus par i;
c'est peut-être la même.
0. Le recto du fol. cxxi; les ff. cxlv verso et suivants
jusqu'à la fin du mystère semble identique à ^.
t. Les fif. cxxi, depuis les deux derniers vers du recto
de ce feuillet, jusqu'à cxxvj. Très vraisemblablement la
même main que (.
X. Du fol. cxxxiij verso au milieu du fol. cxxxvj recto,
moins le haut du fol. cxxxiiij verso; le bas du fol.cxxxvi)
recto et le verso.
X. Les cinq premiers vers du fol. cxxxiiij verso, le bas
du fol. cxxxvj recto, le verso de ce même feuillet et le
recto presque entier du suivant, les ff. cxxxvîij à cxlv
recto, 6* vers. Le j? et le c sont, dans cette écriture, très
caractéristiques.
(A. Daurel etBeton^ qui est tout d'une main, sauf les
vers 314-29 qui commencent un cahier.
En somme, le ms. serait de douze mains différentes
(sans compter celle qui a écrit les vers 314 à 329 de Be*
tonj^ ou de 10 seulement, en admettant l'identification
proposée de i et d'v} et celle de C et de 0. Il est, à prenrière
vue, assez peu vraisemblable que tant de personnes aient
collaboré à ce ms., et je ne serais pas surpris si telle et
telle écriture, qui m'ont paru différentes^ de^vaieçt. en
\x\i\ DESCRIPTION DU MS. DIDOT
réalité, être attribuées à une seule main. Ce qui pourtant
diminue Tinvraisemblance de la supposition, c^est que
plusieurs de ces mains sont trop inhabiles pour être celles
d'écrivains de profession. Le ms. semble être Tœuvre de
copistes amateurs.
' En supposant le ms. formé par des accroissements suc-
cessifs, ce qui parait très probable, aucune de ses parties
ne peut être de beaucoup postérieure à la date de 1845
signalée plus haut. Nous avons vu que cette date y a été
inscrite par un certain Arnaut Guilabert (le surnom est
douteux) J^ Togete, qui en a lui-même écrit plusieurs
pages; il s'agit probablement de Touget, dans l'arrondis-
sement de Lombez, et les formes de la langue s^accordent
bien avec cette provenance. Mais le livre ne doit pas être
resté longtemps dans le pays oti il avait été exécuté. Au
haut du fol. cxxiiij, on lit une note ainsi conçue : L'an
miel cater cccc (sic) e caranta e dos, lopermier gont ^
d*abriel, queforo Pascas, cumengeron .xxvj. preconas
a S. Peire d'Aryfat, Arifat est une commune du Tarn,
arrondissement de Castres, canton de Montredon. Je con-
jecture que notre ms. a dû y être porté peu d^années après
1 345 , époque oti Arnaut de Touget en possédait au
moins les soixante-dix-huit premiers feuillets. Je suis porté
à croire qu^à ce moment le ms. s'arrêtait au mystère de
la Passion, que c'est à Arifat ou dans la région environ-
nante qu'on y aura ajouté Béton, Ce poème, en effet,
n'offre pas du tout les caractères du gascon qui sont si
sensibles dans le reste du ms. Me fondant uniquement sur
la graphie du copiste de jB^^on, j'ai tenté d^établir, ci-des-
sus p. Ixv, que ce copiste devait être de la région qui cor-
respond à peu près au nord de la Haute-Garonne et au
Tarn. La présence constatée de notre ms. à Arifat, en
1443, vient à l'appui de mon opinion.
Le ms. fut porté à Paris, il y a quelques années, par
I . La lecture n'est pas très sûre^ mais pour le sens c'est Jorn.
} DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX IxxU)
M. Tabbé Rouquette, prêtre du diocèse de Rodez. Il fut
montré à M. L. Gautier, qui décida M. Ambroise-Firmin
Didot a en faire l'acquisition '. Il eût été intéressant de
savoir oii et comment M. l'abbé Rouquette en était de-
venu possesseur. Gnisulté à ce sujets cet ecclésiastique
s'est refusé à fournir aucun éclaircissement.
I
DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX
Ce débat est incomplet du commencement ; il est tou-
tefois aisé, par ce qui reste, de s'en former une idée suffi-
sante. La Vierge reproche à la croix sa cruauté envers le
Sauveur. Celle-ci se défend et fait valoir d'ingénieux ar-
guments. Elle a agi comme doit faire un loyal serviteur
à regard de son seigneur. Jésus voulait mourir pour ra-
cheter le genre humain : elle s*est conformée à sa volonté;
elle a servi d'instrument à la rédemption ; elle n*avait ni
le droit ni le pouvoir de résister à la volonté divine. En-
fin, elle explique allégoriquement les souffrances de Jé-
sus, cherchant à montrer que chacune d'elles était néces-
saire, et de la sorte le débat devient un petit traité
théologique de la passion.
L'auteur se désigne au v. 217 comme étant « un pauvre
fils de saint François. » Il adresse son débat, sa tenso, à sa
sœur. Diaprés le v. 214 il s*agit d'une sœur selon la chair,
non d'une sœur en religion. Dès lors il semble, de prime
abord, assez naturel d'identifier ce franciscain avec Matfre
Ermengaut de Béziers qui, lui aussi, était frère mineur
I . M. L. Gantier a signaléy pour la première ibis, le ms., insittaiit principa-
lement sur le myatère de la Passion, dans le Monde du 14 avril 1876.
11
Ixxiv DESCRIPTION DU MS. DIDOT
et qui, par une coïncidence notable, a adressé une de ses
pièces c à sa chère sœur ' ». Mais je ne reconnais dans
notre débat ni le style ni la versification du poète biter*
rois. Ainsif dans le débat, la finale en ta ou te des
imparfaits et des conditionnels ne fait qu'une syllabe ',
ce qui est tout à fait contraire à Tusage de Matfre. JV
joute que Matfre a eu l'occasion de traiter de la significa-
tion allégorique des souffrances de la passion, et qu'il l'a
fait en adoptant des explications très différentes de celles
que nous trouvons dans notre débat '.
Un autre franciscain nous a laissé une litanie proven-
çale disposée en strophes ^ : il ne peut, pas plus que
Matfre, être identifié avec l'auteur du débat.
Il n'y a guère à douter que le débat de Marie et de la
croix ait été un sujet plus d'une fois traité au moyen âge,
soit en latin, soit en langue vulgaire. Il est mémepossible
que notre poésie soit l'imitation de quelque pièce latine.
Quoiqu'il en soit, j'avoue qile mes recherches à l'effet de
trouver des compositions analogues à celle dont le texte
suit ont été peu fructueuses. Les regrets de la Vierge au
pied de la croix abondent, mais l'idée d'un dialogue dans
lequel la croix se défend des accusations portées cont;|e
elle est certainement beaucoup plus rare. J'ai toutefois
trouvé dans le ms. latin 673, de la Bibliothèque natio-
nale, au verso du dernier feuillet, une pièce rhythmique
qui n'est pas sans analogie pour le fonds avec notre dé-
bat. L'écriture lui assigne une date qui ne peut être plus
récente que le commencement du xm« siècle, et c'est
aussi l'époque oti elle a dû être composée. Elle est ano-
nyme dans le ms. qui nous Ta conservée, mais un témoi-
gnage du chroniqueur SalimbeAe, que j^ai cité autre-
I. Bartsch, Denktnasler der propen^aliscken Uteratur, p. Si.-* 9. Vert a,
4,21, 28, 37,49, 7^» ^<^* ^'» ^2» 83, etc. Le vers 7, peut-âtre corrompu,
fournit an exemple contraire.— 3. Voy. Breviari d'amor, vv. 23739-23984. —
. 4» PuMiét dans la Rtyue de èi^r^eUie tt de ■ Pr»»«aee, en iS74« par M. Lieu»
taud : voy. Rtmatùa, IV, 5iO.
I. — DÉPAT Oe UL VIERGE ET 0» LA eXOlX IXXV
fois I, nous apprend qu'elle eftt au chancelier de l'^life
de Paris, Philippe de Grève, mort en 1236. L'intérêt que
cette poésie tire du nom de son auteur, et le rapport
qu'elle offre avec le sujet de notre débat, m'engagent à la
publier :
Lamentatio béate Marie ad crucem *.
Crux, de te volo conqueri :
Quid est quod in te reperi
, Fructum non tlbi debitum ?
Fructus quem virgo peperi
Non débet Ade veteri '
Fructum gustanti vetitum;
Intact! fructus uteri
Tuus non débet fieri,
9 Culpe non habens meritum.
Cur pendet qui non meruit ?
Quid quod te non abhorruit
Cum sis reis patibulum ?
Cur soivit que^ non rapuitf
Cur ei qui non nocuit
Es pénale piaculum ^
Ei qui vitam tribuit,
Mortique nichil debuit
i8 Mortis propinas poculum?
Te reorum flagitiis.
Te culparum suppliciis
Ordinavit justicia :
Cur ergo justum impiis.
Cur virtutem cum viciis
Sociavit nequicia t
Redditur pena premiis,
Offensa beneficHs,
«7 Honori contumelia. *
I. Archives des Missions, s* série, III, 256, (tiré à part de mes Rapports
an ministre, p. lo): Romania, 1 196. Salimbene cite le premier vers de cha-
cane des deux parties de la pièce : Crux de îe vola conqueri et Virgo tibi
respondeo. «^ 2. Je coupe en trois vers ce qui, dans le ms., ne lorme qu'une
• ligné. ^ 3. Ce vers ne paraît pas donner un sens clair; peut-€trc faat*il eorri*
ger fioxen m'/? — 4. Corr. fiii?
IXXVJ DESCRIPTION DU MS. DIDOT
Reis in te pendentibus,
Homicidis, latronibus,
Inflicta est maledictio ;
justo pleno virtutibus,
Ornato carismatibus,
Debetur benedictio ;
Ergo quid ad te pertinet^
Cur vita mortem sustinetif
36 Habitua fit privatio.
Responsio Crucis ad beatam Virginem.
Virgo, tibi respondeo,
Tibi cui totum debeo
Meonim decus palxnitum:
De tuo flore fulgeo.
De tuo fructu gaudeo,
Redditura depositum.
Dulce pondus sustineo,
Dulcem fructum possideo
43 Mundo, non tibi^ genitum.
Christus mortem non meruit;
Quid, si mori disposuit
Ut morte mortem tolleret?
Ligno lignum opposuit
Et sol vit quod non rapuit
Ut debitores liberet.
In Adam vita corruit
Quam secundus restituit,
34 Ut vita mortem superet.
Ulmus 1 uvam non pe périt :
Quid tamen viti dépérit
Quod ulmus uvam sustinet?
Fructum tuum non genui,
Sed oblatum non respui
Ut culpam pena terminet.
 te mortalem habui,
Inmortalem restitui
63 Ut mors in vitam germinet.
I. Ea marge eit écrit cotHpétratio.
I. — DÉBAT DB LA VIEROE ET DE LA CROIX Ixrvij
Tu WtU, UTtfilius;
Quid uve competentius
Quam torcular quo premitur?
Cur pressura fit purius
Nisi quia jocundius
Vinum sincerum bibitur?
* Quid uva passa (/. pressa) dulciut?
Quid Christo passo gratius
72 In cujus morte vivitur ?
Multi se justes simulant :
Filium a te postulant
Et ad me non respiciunt ;
Sed postquam michi creditus
Et apud me depositus,
Extra me non inveniunt :
Querant in meo stipite,
Sug(g)ant de meo palmite
81 Fructum tuum quem siciunt.
Respondeas ypocritis :
Filium meum queritis
Quem cruci dudum credidi :
Jam non pendet ad ubera;
Pendet in cruce, vuinera
Corporis monstrat lividi.
Eum in cruce querite,
Guttas cruentas bibite,
98 Emulatores perfidi I
L'auteur de notre tenso paraît avoir observé assez bien
les règles de la déclinaison. La rime exige, conformément
à ces règles, aiat\^ostati 25 -6^ paciosescusatios 59-60,
lat^'na/rat:{ iSy-S^ mort\'tort![ 143-4, eu^Ju^^eu 145-6.
Par contre, le cas régime seyor est employé en rime au
lieu du cas sujet, au v. 43, et la grammaire exigerait, à
rencontre de la rime, coronati(;pau$at aux vers 159-60,
le ms. portant, conformément à Pusage vulgaire, coronat
(singulier) et pausat\ (pluriel). — Les finales es et es sont
correctement distinguées : voy. pour es 11 3-4, pour es
19-20, 61-2, 69-70, 175-6, 179-80, 211-2,. 2i3-4. Il est
IXXVij OBSCltlPTlON DU MS. DIDOT
difficile d^expliquer la rime moêtresaS'agoses 93*4, c^est-
à-dire, le second mot étaht dépouillé de sa forme béar-
naise, mostrèssaS' aguéssas ^
Dans la graphie du copiste on peut noter les faits sui-
vants qui, pour la plupart, peuvent être constatés dans
les textes du Sud-Ouest :
a posttonique, non-seulement précédé d*f mais en tout
cas, s^affaiblit en e : ère 12, hore vencude 36, enquàre 5 r,
semble 61, descauside 66, etc. ; volie 2, deurie 4, fiîhe
12, plagie 14, etc. Cf. Romania, V, 368.
e antétonique devient a dans aligir 53, tastimoni 187;
cf. ci-dessus p. liij.
u formant diphthongue avec e ou t est remplacé par^
dans liejrrar 39, bieys (lat. v i v u s) 143, viy ( v i v u m)
45, peys 52 {poMT peus onper los). Il pourrait y avoir
là un fait de prononciation et non pas seulement de'
graphie, car ailleurs y est employé avec sa valeur or-
dinaire. Nous avons vu l'inverse, c^ est-à-dire u pour/,
après un a voyelle, dans Béton, ci-dessus p. liv. Cepen-
dant ausi est probablement pour aysi au v. 39.
g est employé pour ; dans gors 48 ; simple fait de
graphie; cf. ci-dessus p. Ixij. Il est employé pour^ dans
segor 92, 184.
Le j|[ du groupe t^ tombe fréquemment, comme dans
Béton: aiat 25^ve:{€t 33, etc. Aussi, ai-je pu avancer
ci-desçus, p. lix, que cet accident se produisait ailleurs
encore qu^en Limousin.
]Jn mouillée se réduit à la mouillure dans seyor 5,
19, etc. complayet 204. Cette réduction est habituelle
dans les textes de la région Pyrénéenne. On Fa attri-
buée à la négligence des copistes qui auraient oublié
d'écrire au-dessus de Vy un signe abréviatif *. J'aime
mieux croire que si Vn a été omise si souvent en ce cas.
I . P.-6. faut il admettre mostrcssés^aguessés^ et ramener ensuite par de
légères corrections les vers à leur mesure. — 3. Romania, II f, 419».
iv, 497.
I.— DÉBAT ÙM un VIERGE ET DE LA CROIX ItXtX
c^est qu^on ne la prononçait pas. «<-• Ui mmiké se réduit
aussi à f dans meys j.
Afo^re est réduit à mqy i a ; cf. Romania^ III, 437^ n^ 14*
Il y a quelques exemples d^^ Çnal non étymologique :
bent 69, unt 118. sort (soror)2i5^0na déjà recueilli
en des textes d'origine très diverse, bien des cas du même
genre * Seut^ 174, pour 5£i^^ montre \tt s ajoutant 2^ une
voyelle qui existe déjà en latin, ce qui est exceptionnel.
Il serait difficile d^admettre Tintermédiaire $eu\ d'oti
seut\. En ce cat, comme au v. 64, sayt pour say, il n'y
a peut-être qu'une simple erreur du copiste.
Les erreurs foisonnaient sous la plume du copiste de
notre tenso. Les corrections que j'ai proposées en note,
bien que nombreuses, ne suffisent pas à porter remède à
tous les passages corrompus.
Voici maintenant le texte :
E alem tôt enviro (?) /. l:çxiij ( i )
S'a mi (?) gran rey volie venir
A son sirvent per morir,
Semlant que gardar deurie fort
5 Que so seyor no y presses mort,
No pas en aysi laysar pendre;
Al meys t*en dévias fugir
8 Ans quel layses(es) en te ausir.
Si can del cel donat mi fo
Mi coceutz em sap trop bo,
E (nés) no fos trop gran merevelha;
12 E ieu que ère may e ôlhe
Volgui esser d'el que es payre.
Pus quel plazie, filha et mayre,
De pat put yeu le resebu gent,
16 Etu, [l'as?] mort vilanement,
Per que for deryt que any vengues
I. Cf. bent, segont, etc., dans la pièce de Fabredtlzès^ copiée par la m£iiie
mai% ci-après p. Ixxxvijj vy. is, 14, 16. — 2. Voy. Rowumia VII, 1071:8;
VIII, 110-4.
I En JunaUm ? — 3 A [an] s. ? — 4 Corr, semlain. — 5 Manque un vers.
— 16 Corr. lea coceubi ? — i3 Cela n'a aufun uns, corr. E pois ieu le re»
ceabi? •» 17-8 any ou aur ? Corr. Per que fo dreyt qu'a my ▼• U Et a te.
IXXX DESCRIPTION DU MS. DIDOT
E de te, «et folha, non ge«.
Can me dizes que seyor es
20 E Creator de tôt cant es,
Per 80 dévies gardar plus fort
Que sobre ti no presses mort .
Respon la crotiç a Marie :
Dona, salvant la vostre honor,
24 Nous deu pas creyse la dolor. v*
Non dit jes que fayt aiat
Per que de vos si sie ostat,
Ans dit que vol de vos partir
28 Per aquo que volie complir,
E si layset sobre me pend(e]re
Pels pecatz de las gens re(c)embre;
£1 fo sobre mi fayt salvayre
32 E am vos estet cum am sa mayre ;
Donc, si vos vezet tort a mi,
leu non o fi jes atressi.
Un temps li plat estar am vos,
66 Tro que la hore vencude fos
E[n] que dévie torment sofrir
Pel poble de pecat'garir.
Puys c*ausi[s] voli lieyrar a mor[t],
40 Si am mi s'en vent nob fe pas tort.
Dizetz que de mort lo sirvent
Deu gardar son seyor legalment :
Die ieu que si volt lo seyor
44 Pels sers sufrir mort e dolor,
Si puys lo podem viy trobar
Asatz o podem- su fertar.
Donc, dona, puys que sîert era
48 Que après .iij. gors resucitere.
Ieu contraster non (o) dévie jes
A tan gran be que vol fezes.
Ans enquare plus fort bos die : /. Ixxiiij (2)
19-30 La répétition (Tes à la rime se retrouve encore aux vers 311-3 —
fii. Il y a Novs, jp.-^. Nobs; ç^. y. 40. ^ 35 Il/audraU die, ici et v. 27,
mais il y a plutôt t que c. — 39 e/ 32 p,-e, laysec, estec. — 3i-8 Interver^
tir ces deux vers en supprimant E au y. 33 et en corrigeant El en E au
y. 3 1 ? — 35 plat, pour plac. — 3; Cest dévie quHl faut, mais on lirait plutôt
deme. — 39, 43, 53, etc., il y a sûrement volt, comme au v. 40 vent. — 40
nob, sie, pour noua, ^est gascon. — 5o uol dant le ms., corr, nol.
I — DÉBAT DE LA VIERGB ET DE LA CROIX IXXX)
52 Per nos cum peyt autres moric;
Si vos Tol aligir per mayre
En me volt eser èàjt salvayre ;
Vos no fezetz pont de tort a mi.
56 Ne gen nouo fi ges atressi.
Amdoas fezem (so) que deviam far,
Per que noihs cal plus contrastar.
Respont Maria a la crot^ :
Crotz, can mi sove las pacios
60 Deu meu iilh car, escusat ies
No mi semble que valha res,
Ans meus amie que frevols es.
Ben t*en cres en que per garir
64 La gent volt say(t) del cel venir;
Mas per que près el aytal mort,
Tan descauside ni tant fort,
Ni per que volt estar tôt nut,
68 Aysi nafiirat ni ofFendut^
Ben(t) pogore aver autre (mort) prese
Plus sacrete e plus cortese ;
Dont sembla que, segon dreyture,
72 Non(t) dent esser sa mort tan dure.
Jes tan pel sieu resucitar
lyayso not podes [ejscusar.
Gant en te ben podie morir
76 Ses tan de pêne sostenir.
Regara, sinn'as ben gran tort p*
Car puys quels Juzeus Tagon mort
Li leyset lo costat traucar,
80 E si non o podies vedar
Al mens dévias mostrar savais
Que dolh n'avies can pendre malhs.
Si no dévies la redempsio
84 Vedar, al miens la pacio,
53 DOS, corr, vos. — 55 fezetz, corr. fetz. — 56 gen ou gen, corr. Ne ieu
nous? <— 58 nolhs, corr, nons. — 60 Sic, corr. escusatios. — 62 Corr. m'es
avis? — 63 cres en pour cresem, ou crei eu ? — 72 dent, corr. deu ; mieux
vaudrait devi', mais le vers aurait une syllabe de trop, — j3 tan, corr.
tu. — 77 Corr. Rcgara[t]? — 79 II faut entendre leysest. — 82 Corr, pendet
tnal? mais la rime avec savais sera imparfaite \ p.-ê, prendet pour près.
•^ 84 miens, corr. meins.
DESCRIPTION DU MS. DIDOT
E de la mort de ton seyor
Degras aver calque dolor.
La lune vent en escurtat,
88 El solhel layset «a dartat,
Lo velh del temple si feadet>
A redon(t) 1^ terra tremolec;
Tropas causas fero dolor
92 Can veront morir lo Segor :
An[c] ieu no vi que tu mostresas
Que de la mort dolor agoses ;
Dont te pust encare reptar
96 Car no ôst so que dévies far.
Respont la crot\ a Marie :
Done, per so que vos dizet
Vey la dolor qu'el cor avet;
Respondray vos, si m'escotat,
zoo Ayso que are mi demandatz.
Aysi dure mort volt el pendre
Per so que done[s] a entendre /. Ixxv (3)
Que sobregran amor abie
104 Aycels que am son saac rezemie,
E mostret que qui mays farie
Per luy major merit n'aurie.
Am gran umilitat crubet
108 Hom(e) que per orgulh si perdet.
Per so volt [el] tan paubrement
Tôt nut estar sus el turment
Per demostrar que gran joy n*a •
112 Can hom per luy paubres si fa.
(E) el si layset la(y)s mas els pes
Nafrar per so que demostres
En las mas obre de perfecion,
1 16 Els pes santé affection.
Los pes volt aver ajustatz,
(E) am un(t) davel amdos trencatz,
Per mostrar que sol un camis
'120 Es per que hom va a paradis,
Car lie fes ère la vie
90 Corr. tremblée? — gS Ms. mostres as. — 94 la, corr, sa? — $5 pait,
corr^ pusc. — 100 Corr, A so, comme p, 104 A cels. — ti5 En las^ corr.
Els. — 121 ère en interligne : je ne vois pas la restitution.
^%^
i
T.— DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX ixXXUi
Per quel mon salvar ti dévie,
E per dar a (tôt) hom occaMîo
124 Q.ueeol en luy mete sa afeccio.
Be sabetz que p&c abrasar
Soi hom fort s*amor(t) demostrar :
Dont per l'entendement delà bras
128 Es entendude caritat, s^
Car el tôt lo mon abrasava,
Per gran caritat qu'el moatrava.
Contrai cor si lejraet nafirtf
i32 Per sabe et gran amor mostrar.
Car pel cor enten hom amor
Quel foc sofrir tan gran dolor.
E sil cor es en la fenestre
1 36 Sa vertut par mays en la teste :
Per ayso volt el destre latz
Especialment eser nafirat,
So fon can als layros trenqueron
140 Lay cuyses e [can] luy nafi&eron.
Car doptava Juzeus malvat.
Si ère de quest secgle passât,
E en ayci e bieys e mortz
144 Volt sostenir autans et cortz :
Reptade non dey esser (coronat
Lay on son tutz li sanctz pausatz
E fust volt que fos reubut
Hom que eu)
Mays li desconoysent Juzeu.
Lo cap, can sa morit, bayset,
148 £ per so dit eu quens mostret
Cum si volhc esser umilment
Entro la fin obedient ; f, îxxvj (4}
Mas vas nos, done, Tenclinet
1 52 Per que antendre nos det
Car pressa can de nos aviait
Que en can hom eret morie.
124 Corr. Qu'en luy sol. — 127 Ce vers qui termine le r», est répété au
y».— 132 Corr. Per sobregran — i34 foc corr. fes? —142 Corr. Si fo?— 144
Corr. afans e tortz ? — 146 tns. lis anctz. — 147 8a pour se. — 145-8 Le
copiste a introduit ici, après esser, trois vers qui se retrouvent plus loin,
à leur vraie place^ vv. 159-62. // s'en est aperçu et n'a pas achevé le dernier
des vers interpolés. De plus ces vers sont marqués en marge d'une croix.
Le p, 145 se terminait vraisemblablement par en^ rimant avec Juzeu. -^
i52 Corr, a entendre. — i53 Corr. pessa tan de n. avie.
IXXXiv DESCRIPTION DU MS. DIDOT
El frent espinet durement
i56 Coronat, do d*aur ni d'argen,
Per mostrar que diverses malt
Cove soatenir e trebalhs,
Qui Yol(t) SU9 esser coronat
i6o Lay on so tutz li sancz pausatz.
E [1] fu8t volt que fos reubut»
Hom que en fust ère pendut
Sa mort deu(e) esaer manifeste »
164 Car sobregran ère la feste
En que tôt lo mon fo salvat
E del pyeger infern gitat.
Tôt cant era a si tiret
168 Can aut de terra si levet;
No gardet adont [a] drçyture,
Mas a misericordie pura.
Los sen glorios resucitar
172 Eligit per nos cosolar,
Hon mays volt sufrir de dolor
Mays mostret a sos seuU d'amor.
Si leyses cazer a tenbres,
176 Adont semblere que volges 1^
Contrastar a sa voluntat.
Car aysi o avie ordenat
De mi era qulfe] costenges
180 Tro que de tôt complit âges
Lo sacrifici a Dieu le payre
[E] el fo[s] fayt nostre salvayre.
Mantes res monstreron dolor
184 Car viron morir lor segor,
Mostrerun que el ère lor Dieus
Que adonc moria, e sim û heu,
Li portée tastimoni d'ayso
188 Car sus mi venques lo demoni.
La mort adz hom moren tstec,
Resucitan vida donec.
D*autres rasos i a molhtas,
192 Mas no las poyria diyre totas
Per que volt en aysi morir
Vostre filhs ni tant mal sofrir.
Be sabet cal fo la razos
i55 Corr. El fo [d'], — ï 60 Ms. Us ancz. — i6i reubut, eorr. estendnt ? —
171 Lo seu— 174. Corr. los seus?— 175 Corr. leyset. — 178 Corr, Qu'iysi?
— 1 87 Corr. porte! ou portan ? Corr. d'ayso tastimoni.
1. — DÉBAT DE LA VIERGE ET DE LA CROIX IXXXV
196 Per que près mort e pacios.
leu 80 per tôt lo mon nomnade,
Per amor de me vos ondrade ;
Amdoes em per luy aforades,
aoo Tener nos devem per pagades,
Mas can, done, vos mays valet,
Juste luy coronade etz ; /. Ixxvij (5)
Per gran dolor qu^el cor avîetz
204 De mi fort(i)ment vos complayet,
Mas quan vos sove la dolor
De vostre filh, gardatz la honor
Que per luy [alvetz recebude
208 El cel que près de Ihui etz asegude.
Dont no vulh eu plus contrastar
Am vos, done, ne a deu far.
Car sabetz que ver[ijtat es
212 So que per mi dat vos es.
Un paubre filh de sans Franses,
Que vostre frayre carnal es,
Sor(t), vos trames (aqu)e8te tenso
216 Per tal que vos dones ocassio
Que en voste coracge tengat
Cum volt portar nostres pecatz
Lo filh de Dieu sobre la cr[o]tz
220 Hon ab sa carn nos cro[m]pet tos.
Per que vos pregi, sors e frays,
Que ayso portetz el tal bays.
Qui aquest romans ligira,
224 Sil platz, Jhesu Christ pregara
Que aquest que fe este tehso
Meta lasus on li sans so. Àmen.
Finito libro ait laus et [gloria] Christo AmenU
Ânno Domini mcccxlv. Ardas.
198 II faut souS'ûntendre etz, oup.'e, substituer ce mot à vos. — 2o3
Corr. Pel... acsetz. — 208 Ms. de Ihivetz; il faudrait supprimer que et
etz. — 210 a deu far, corr. atensar? — 213 dat, corr. donat. — 214 Je lis
comme s'il y avait nostre, mais le ms. porte bien plutôt nostre. '—216 que
voftjNMir queus. — 221*2 ci>rr. fràyre-calvayre?
IXXXVJ DESCRIPTION DU MS. DIDOT
II
DEUX CHANSONS DE FABRE D^UZÈS
ET DE FOLQUET DE ROMANS
Viennent ensuite deux pièces de troubadours qui ont
été écrites le ms. étant tourné à Penvers. I^a première
occupe le recto presque entier du fol. Ixxviij, la seconde
occupe le bas de ce même recto et s'achève au verso du
fol. Ixxvij.
La première de ces deux pièces est précédée de ces
mots : « Lo faure d*Uzeste. » Elle a en ^et pour auteur
Pons Fabre d'Uzès, troubadour de la première moitié
du XIII* siècle, de qui on possède en tout deux pièces.
Celle que nous avons ici se rencontre dans un grand
nombre de mss., à savoir :
Paris, Bibl. nat. fr, 856, f. 38 1
— — 13472, f. 7
— — 12474, f. Î6
— - l52II, f. 80
— — 22543, pièce 439
Modène, Bibl. d'Esté, pièce 297
Florence, Laurent* XLI-42, f. 38
— - XLI-43, f. i35
Rome, Bibl. Chigi L, iv, 106, pièce i32
Elle a été publiée d'après le ms. Laur. XLI-43 dans
ÏArchivfUr dos Studium der neueren Sprachen XXXV,
457 et d'après le ms. Chigi par M. Stengel dans l'édition
qu'il a faite de ce chansonnier '. En outre, elle est publiée
I. Die provenialische Blumcttlese der Chigiana, Marburg, 1877,10-4.
U. — DEUX CHANSONS IxXXVlj
d'après les mss. 22543^ 12474, ^^^ ^^ i52i i par Roche-
gude, Parnasse occitanieriy p. 366, et des fragments en
ont été cités par Raynouard, Choix, IV, 472 ; V, 359.
La leçon de notre ms. se distingue de celles quW-
frent les autres mss. (ceux du moins que je connais)
par quelques particularités : voir la note du v. 35. Elle
est toutefois si corrompue qu'elle ne peut guère servir à
la constitution du texte. Je la transcris littéralement,
sauf que je m'attache au sens plus qu^à la graphie pour
la distinction des u et des n; ainsi, vers 2, où j^écris no, il
y a en réalité uo, et au vers 3 en, alors que je lis eu selon
le sens. Les corrections proposées soit en note, soit dans
le texte avec des [ ] pour marquer les additions et des ( )
pour marquer les suppressions n'ont pas d'autre but que
d'indiquer à peu près la leçon que le copiste a dû avoir
sous les yeux.
Lo faure d'U^este
Lox es que hom se deu alegrar,
[E] sitôt DO suy amayre
Si bulh eu eser chantaire
4 E a lox mos saber mostrar.
Que ey say que gran ni pauc aver
No val saver qui savie,
Pero aprende pot tôt die
8 E creyser al plus savis lo poder.
Casqus devem entendere en plazer
Si gardam de vilania
£ que fasam cascut die
12 De ben(t) segon(t) [qu*es] son poder.
Car sll vol desmesurar
Son(t) pretz ne pot durar gayre,
C2ar mesura ensenhe a fayre
16 So per que bon(t) [pretz] pot durar.
5 cy pour eu; cf, ci-dessusp. Ixxviij. — 6 Corr, qui Vint. •— 7-8 Corr.
d'à. cascun die il Creys.. voler. — 9 devem, cerr. dèa. — 10 C<nr» gardan.
— II Corr. fassa cascun. — 12 son, d^abord souent, dont les trois demies
res lettres sont rayées, — i3 Corr. C. pos ques v.
IxXXVii} DESCRIPTION DU MS. DIDOt
Qui gran cor a de largey8[r]
Saber deu dont ho pot trayre;
No die que hom se deyha estrayre
20 De ben, ny no tan a far.
Car gran efors es lo conquerer,
Maslo gardar es maestrie,
E qui pert pert (sic) per sa folie
24 No sab quey ant mal trayt es [querer] .
Qjaer ses mezure, sen ni saber
' No bal. nr gran maestria,
Per ho lox es que farie
28 Dant trop gardar e retinir,
Lox que hom deu hotra pasar,
Lox de parlar
.3 2 Lox de sey, lox de folie.
Qui son bon prctz bol tenijr [car],
Guardes no sia f[o]ls ni guabayre,
Ni bulha dir ni retrayre
36 Tôt cant sab ni fay a selar,
Car fols es qui qui ditz tôt son ber,
E fols qui en fols se fiza,
(E) fols qui es fols e nos castia^
40 (Quan) e fols qui sec tôt 6on(t) boler.
De mezure nays fin prêt e boler e cortezia, ho qui ab
mezura lauza Dieu e fay son plazer.
La seconde pièce se trouve, sous le nom de Foiquet
de Romans, dans les mss. :
Paris, Bibl. nat. 856, f. 229
— — 1749» P* ï3o
21 Suppr. Car ; pour efors, corr. afans.— 22 Suppr, lo ou corr. la garda. —
24 Quey ant, corr. quejm ou quai. — 25 Quer est une corruption de querer
qui doit finir le vers précédent. — 28 Corr. sarie. — 3o Le copiste a omis lox
de taire | Lox de donar (ou de servir). — 32 Corr. L. de sen 1. de foiejar. —
34. Supp. Guardes. — 35 Cette leçon semble particulière à notre ms. Il y a
dans les textes que je puis consulter ("mss. de Paris, Laur. XLI'4^ et
ChigiJ : Quar fols es qui vols retraire. — 39 Corr. qui falh. — 41 // semble
que dans cette ligne de prose il y ait le reste d'une tornada dont les rimes
auraient été volera cortezia, plazer. Les autres manuscrits n*ont pas de tor-
nada.
II. — DEUX CHANSONS Ixxxix
Paris, Bibl. nat. 12472, f. 5
— — 22543, pièce 435
Florence, Laurent. XLI-42, f. 28
— — XC inf. 26, f. 14
— Bibl. naz. 776, pièce 18
Milan, Ambres. R. 71 sup., f. 116
Oxford, Bodleienne, Douce 269, pièce 164
Copenhague, Bibl. roy. XLVIII, fol. 107
De plus le premier couplet s'en trouve (sans nom d'au-
teur) sur l'un des feuillets de garde du ms. fr. 795 de la
Bibliothèque nationale. Elle a été publiée d'après le ms.
22543 dans les Gedichte der Troubadours de Mahn,
09 1073, d'après celui de Milan dans ïArchiv de Herrig,
XXXV, 104, d'après celui de Copenhague par M. Sten-
gel, dans la Zeitschrift fur romanische Philologie, I,
394. Antérieurement elle avait paru dans le 1. 1 du Lexi-
que roman, p. 488. La pièce en son entier a six couplets
et un envoi ; ici trois seulement, qui sont le premier, le
troisième et le quatrième.
Quant ben me suy apesat,
Totz Taus es nient mas Dieus,
Com lajrse teres e fieus
4 E las autres eritatz.
Ricor de! segle malvat
Non es mas trespacament,
Per que hom deu eser * temen */. IxxviJ 1^
E leyal ses tôt enguan,
9 Car cascus em biandans.
E tu, caytieu, que faras,
Que (no) conoyses mais e bes,
Si don(t)cas no ti sobes
i3 Dont es bengut ni bon bas,
Ni en ta bite ben no hst
Tu mitis t'es escarnit
Car, si s*en part Tesperit
Carguat de pecat mortale,
18 Ta mort es perpétuais.
3 Pour l'ai». — 9 cm, corr. e&. — i5 mitis ou ^iois, corr. meteis.
XC DESCRIPTION DU MS. DIDOT
(A)doat guarde corn hobraras
Mentre bite te soste.
Qu'en breu d'ore s'endebe
22 [Que om mor] en un trespas;
Per que non deu hom eser las
De ben fiir, car ades es auzit,
Qu'em breu d*ora es fenit
Lo yoy de quet segle fais,
27 A tos es mort cuminals.
Je ne sais à qui appartient le couplet fort incorrec-
tement copié à la suite de la pièce précédente. Il exprime
une idée que Folquet de Romans a rendue en d^autres
termes dans sa pièce Quant cug cantary couplet iv (Parn.
Occit.f p. 122).
Rayson fore, si fos costume.
Que al malvat ûlh hom la tere tolges,
Et al valent qui n'a valor conquece
4 Que hom la(c) dones, baque a ren no tanges;
E greu per dret juraria
Que hom dones aquelqui vâldrie
Alquel rie loc lauses hom decaser.
Iste liber est Arnadi Glibi ^ de Togete ^ et de las Portas
et de Anxe '.
m
LES SEPT JOIES DE NOTRE-DAME
Les cinq joies, les sept joies, les quinze joies de la
Vierge ont été au moyen âge le sujet d'un nombre incal-
23 Corr. Perqu'om non dea e. — 24 Coîrr. caa n'es aizit.
2 La fiiit depuis tolges, et y compris la souscription Iste liber... est d'une
écriture autre que ce qui précède.-^ 4. Corr. a cui ren?— 5-7 Corr. jut jaria |
Qui dones a cui vcldria | Qu'aqufel ? lauses ou lanses pour laises; cf., pour le
passage d*9i à au, ci-dessus, p. liv.
I Glibi avec 1 barrée ; l'écrivain a-t'il voulu mettre Guilaberti?— 2. Proba^
blement Touget^ Gers, arr. Lambei, cant, Cologne. — 3. 0» Anye, ou Auxe.
«-•«^^MMMM
m. — LES SEPT JOIES DE NOTRE-DAME
xq
culable de poésies >. En provençal on connaît déjà trois
compositions sur les sept joies : i® les vers de Gui Fol-
coi, celui qui fut pape sous le nom de Clément IV (i265-
8), dont on possède deux copies (Bibl. nat. fr. 22543 et
1 745) ; 2® un petit poëme également conservé dans deux
mss. (Bibl. nat. fr. 1745 et 25415), 3* une pièce en cou-
plets, citée par les Leys d'AtnorSy I, 264. Le préambule des
deux premières de ces poésies a déjà été publié 2, mais le
reste est inédit. Je vais transcrire ici d*après ces deux
textes la partie concernant la première joie, que Ton
pourra comparer avec l'endroit correspondant de la ré-
daction contenue dans le ms. Didot.
2254S /;>i, czvri col. i c
IValso messatje fo fizels
A te l'archangei Gabriels»
Can venc a te en Nazareth
E dossament te saludet« 4
E dis que filh de Dieu séria
Cel que de ton cors naisseria.
E tu, non per tal que doptesses.
Ni del fag te desesperesses, 8
Mas sol per saber la maneira .
E si sérias verges entiaira
Demandiest cos poiria far,
E volguist nos endoctrinar^ ^ 12
Ço es neteza, cara res,
Pus a te, dona, cor non près.
De recebre tan gran prezentz
Trot dis l'angel deslieuramen 1 6
Que filli aurias ses peccat
E ses perdre vergenetat
Per obra de Sant Esperît.
Variantes du ms. yV. 1745, Jbl.
cxxv é c. — I fo m. f.*- 3 a te venc. —
7 per 80 que non. — 10 E est omis
dans J74S» " 14 Mas.
1745 fol, cxxvy a,
Lo premier gaugz H venc del cel
Per la boca san Gabriel
Que portet lo san mandamen
De Dieu lo payre omnipoten : 4
c Cell que defen los cieus de pena
c Sia ab tu, de gracia plena*
« Messatge soy de Dieu lo payre
« Que vol que tu sias sa mayre, 8
k E per aysso tramet say me.
c Sant Espéritz venra en te ;
« Tu cocebras, verges Maria,
« Ses tota camal companhia; is
« Efan auras de Dieu lo payre,
« E ceras dicha filha e mayre. »
So lin respon sancta Maria :
« Segon la tua paraula sia. ■ 16
I Variantes du ms, fr, 35415
fol, 33. — I H manque. — 2 De. —
5 Aqnel.... losieu. ^ 6 ab nos. —
8 E V. que vos siatz. >- 9 Electa
sobre totas res. — 1 1 E c— 13 Efan-
taras Dieus tom payre.
I . Notons qu'en Catalogne le mot goig, qui désignait d'abord une poésie
en l'honneur des joies de la Vierge^ a fini par s'appliquer à toute espèce de
poésie religieuse. Des spécimens de ces goigs ont été publiés dans la Revue
des langues romanes, VII, 229-35/
3. Pour la première par M. Bartsch. Chrestomathie provençale, 4* ^it.
coh 391 ; pour la seconde dans le Bulletin de la Société, 1875, p. 70.
XClj DESCRIPTION DU MS. DIDOT
E cant aco a^st aiuit, 20 Per agaest gang de la ptosela
Acordicst te al cossentir, Nos gar Dieu» de mal quens capdeUa I
Per que Dieus i denhet venir
E feu de to ventre maizo,
E dis vers Dieus e vers homs fo, 24
En loc estreg se vole pauzar,
Cel que clau cel e terr' e mar.
Âiso fo, donal gaug premier
Quet d[on]et tos filhs drecburier. 28
Le texte qui suit est de beaucoup le plus altéré entre
tous ceux, généralement si incorrects, que contient notre
ms. Il est douteux que le copiste ait su qu^il copiait des
vers, tant sont nombreuses les interpolations qui faussent
la mesure. Mais, d'autre part, on ne peut guère le rendre
seul responsable de Pétat du texte, si on considère que
la même main a écrit une partie de la pièce V et proba-
blement la pièce IV, où du moins les interpolations qui
défigurent le texte des sept joies ne se rencontrent pas.
Peut-être cette dernière pièce a-t-elle été recueillie
diaprés une tradition orale fort altérée. Les caractères du
gascon sont ici très marqués. Citons ago (habuit) 2,
agos (habuistis) 6, 11, etc., agos (habuisset)
19, aurient 25, le pronom ac 20, 44, 45, etc.
In principio erat Verbum et Verbum, /. Ixxviij V
I Voleds audir los .vij. gays principaus
Que n'ago el filh de Diu la mayre sperital ?
Non es home tant pecador mortal
Que sels pot dir cascun jorn per son las
5 Que a la fin ben poyra estre saub.
II Lo prumier gay, donc, que vos agos,
So fo de Tangel que (que) Jhesus vos trameto.
Ben vos ac dis e ben vos ac promes
2oc.aysso.— 2(delc.— 24Cardi8.— 17 aquei g. verges— 18 Vos nos
26 cel terra e m. — 27 Aquest doua gardatz de mal ens c.
fol g. — 28 Corrigé d'après 1745.
4Pèr son las, corr, per jornai. — 6-8 Corr.les rimes en agoist, traraist,
promis.
ni. — LSS SEPT JOIES DE NOTRE-DAME XCUJ
Qu'en vos vindra lo ber Dius Jhetu Crist»
10 Lo pay el filh e l[ol Sant [Ë]8perit.
III Lo segunt gaug (done que vos agos so) fo (de) la nativitat»
Can consebos iDius) am gran virginitat.
Virgina fos can de lui vos cargat,
Virgina fos can nou mes Tagos portât,
ib Virgina fos can Jhesu Crist fo nad,
(Car aysi fo nad) que hanc non pengos vostre virginitad,
Ans ne fos salve e digne (done) sens pecat;
Que hanc de nulha done no pot estre pensât
Que de son par (agos) enfant sen[c]s pecat
20 Agos, ac vos, Dius ne sia laudat!
Ja ieson los angels dels sels, dun Dius da gran clartat,
E dizon quascuns. de cada part : a Es nat
« Lo rey on tôt lo mon sera saub[at]. »
IV Lo. iij. gay (done que vos agos so) fo de la stelle luzent/. Ixxviij
25 Qui guida los très reys qui anaven en Aurient. (7)
Cascuns dels reys ofri[ro]n tais presens :
Aur [e] ensens e mira e sèment;
Jhesus los prin per tal (re)conexement
Car el es lo beray Dius omnipotent.
V Lo .iiij. gaug es de la resurecxio,
3i Qua[r] Jhesu Crist s'estave al peyro ;
Aqui s'estave ab tôt sos compahos.
Ben sabem los angels els apostos cans son :
Carante jorns los mes de lor mecion,
35 Car Jhesu Crist los forini lor mecion.
VI Lo .V. gay ben lo sabem comdar :
La sus ensen lo birem puyar;
Tu[t] rador[er]en de grat e d*amor [car],
(Car Jhesu Crist au cru bat per senhor
40 Tut Tadoren d'amor e de grat)
Car Jhesu Crist an per senho[r] cnibat.
9 Ms. qen en nos. — 12 Dius, ou dins, les u sont faits comme des n. —
14 nou, ms. nan. — 16 Corr. Que anc non près, ou non perdetz. ^21 R est
possible qu'ici deux vers aient été fondus en un; itson paraît être pour eison ;
gran, ms. gron. — 22 E dizon corr. Dizen? ms. nat es. — 23 tôt, ms. ton. -^
25 Corr, Q. gnidals r. ? ^ 28 prin, corr. près ou prist. ~ 32 s'estave^ ms. so
stave. — 33 Corr. Ih'angel. — 35 Corr. formi? La fin de ce vers est évi-
demmeut fautive. -^ 38 Je néglige un signe d'abréviation sur grat. — 39-40
Les deux lignes que f enferme entre [ ) sont une répétition inintelligente
XCIV X>ESCRIPTION OU MS. DIOOT
VII Lo .vj. gay es gra[ii] e no petiti
C2aii a regina bfen]ts en paradis,
Anmes e cos tôt ac prenet en grat,
45 Tôt ac metet eus gays de paradis.
VIIILo. vi). gay es de gran dolsor.
Car bos, ma done (salve e digne done), plene de doso[r]
47 Sober totas (donas) devet aver balor.
A! vergine S. Mari^ pel[s] .vij. gays que vos agos pregat al Pay
e al Fiih e al sanct Ësperit quens ame (aj tot[z] e (a) totes au gay de
paradis. Amen.
IV
DÉBUT d'une nouvelle INCONNUE
Cette nouvelle, qui devait avoir un caractère très pro-
fane, prend assez singulièrement place entre les poésies
pieuses que nous avons déjà examinées, et celles qu'il nous
reste à faire connaître. Il est vrai que le début seul en a
été copié : la continuité de la pagination exclut Thypo*
thèse d'une lacune^ et d'ailleurs l'écriture tout à fait né*
gligée des derniers vers de ce morceau semble indiquer
que le scribe n'avait pas l'intention de pousser bien loin
sa copie. Ce qui subsiste pourrait être rendu ainsi.
Je vais vous dire une aventure nouvelle que j*ai oui conter il
y a peu. Tout le changement que j*y fend est que je vous la dirai en
vers. En un château ^ situé non loin de nous vivait un chevalier riche
et preux, homme considéré et de grand lignage, jeune et de bonne
mine. U avait une femme à son goût, courtoise dame et agréable.
du copiste. Il n*est même pas sur que le v, 41^ qui rime mal, ne soit pas
de trop aussi. —44 Corr, en g. prenis.
I. Château, au sens où ou employait ce mot dans le Midi, celai de ville
entourée de miirs.
IV. •— DÉBUT d'une nouvelle INCONNUE XCV
bonne, belle, considérée, si bien qu'elle était contente de lui et lui
content d'elle. Du temps qu'elle était damoiselle, il y avait en ce
château un écuyer gai et vif qui l'avait longtemps aimée.... t com-
ment il la pourrait avoir. Quand il vit que la dame «'était mariée,
vous pouvez croire qu'il en fut affligé. Toutefois, il pensa qu'il
ferait tant qu'il aurait, si faire se pouvait, un entretien secret avec
la dame et lui découvrirait son coeur. Un jour, il advint que le che-
valier qui avait cette dame pour épouse s'absenta du château pour
alSaires, ce qui fit grand plaisir à Técuyer. Celui-ei î se rendit au
plus vite auprès de la dame, et lorsqu'il fut en sa présence, il lui
parla ainsi : « Dame sage, loyale, véridique, francbei bonne et bien
a née, si je ne sais m'exprimer avec autant de propriété et d'à-
a dresse qu'il le faudrait, ne me repoussez pas cependant : c'est le
« grand amour que je vous porte qui me dicte mes paroles. Dame,
« il y a longtemps que je vous aime dans le secret de mon cœur,
«sans oser vous dévoiler mon amour, de crainte d'être repoussé... 9
On devine où tend ce discours. Nous devons supposer
charitablement que la dame répondit de manière à mon-
trer qu'en faisant l'éloge de sa sagesse et de sa loyauté,
l'amoureux écuyer ne lui avait pas adressé un vain com-
pliment. Soyons prudents, toutefois, et interdisons-nous
toute conjecture sur la suite du récit. Quoiqu'il en soit,
il est certain que nous avons là le seul fragment subsistant
d^une nouvelle qui viendra maintenant prendre place
dans la littérature provençale à côté des trop rares spéci-
mens du même genre que nous ont laissés Raimon Vidal,
Arnaut de Carcassonne et l'auteur inconnu de Flamenca*.
Citons, comme un caractère du gascon, le redouble-
ment de Vo d3ins proos 6.
 vos que et aysi dirai
Unas paucas novas que ay
Auzidas dire, non a gayre ;
' 4 Mas riman lo vos vulh retraire.
En .j. castel c'a près de nos
Hac .j. cavalier rie e proos,
Ondrat hom e de gran linatge
I . Lacune dans le ms. ~ a. Voy. la préface de Flamenca^ p. xvii^ix.
XCVJ DBSCRrPTION DU M8. DIDOT
8 E joves e de bel estatge;
Ez ac molher a son talent,
Corteza dona et avinent,
Bona e bêla e ondrada,
12 E tais que si tenc per pagada
De son marit, e el ben d'ela.
Aven qu*el temps qu'(U) era donzela
Avia en aquel castel
i6 .1. escudier gay et isnel
Que la avia lonc temps amada
Cossi el aver la pogues;
2o E can vie que en aysi Tes près
Que la dona si maridec,
Saber podetz quel n'enugec ;
Pero pensée se que faria
24 Tan c'ab la dona, si podia,
Parlaria privadament,
£1 mostraria son talent. i
.1. jorn avencquel cavalier |
28 C'avia la dona per molher
Fo anatz foras del castel
En SOS |a]fars, de que fo bel
ATescuder...
32
aitant tost can poc,
E cant 11 fo denant, le moc
Sa rayso en [ay]tal maneira :
36 « Pros domna, leials, vertadeira,
a Franca, fina e de bon aire,
« SMeu no vos say mos ditz retraire,
40 tt Tant be ni tant adrechament
a ...
a [Corn] say que tanheria a dir,
« No vulhatz que puscha falhir,
a Quefl] sobre gran amor que ay
44 « Mi fara dir so que diray.
« Dona, lonc temps vos ay amada
T4 Aven, ms. Aren.— 18 // manque ici au moins un vers."^ 28 Per, corr, a.
•— 3i Dans le ms. a. l'escuder aitant tost can pot est écrit sur une ligne comme
ne formant qu'un vers, mais il est évident qu'il y a là deux fragments entre
lesquels on peut supposer une lacune. —34. A partir de la seconde syllabe du
mo^ denant récriture devient très négligée.
V. — LES QUmZB SWNÉS DE LA FfN DU MONDE XCVlj
« Ins en mon cor if amor celada,
tt Que may non auzi descubrir
48 « Mon cor per paor de falhir.
tt Can mi pensava la beutat
LES QUINZE SIGNES DE LA FIN DU MONDE
Cette pièce est fort incomplète. Les deux tiers environ
du feuillet Izxx, qui en contenait la plus grande partie,
ont été arrachés. Perte assez peu regrettable, du reste; car
s'il est vrai qu'il n'existe pas, à ma connaissance du moins,
d'autre copie de ce texte, il faut s'empresser d'ajouter qu'on
en possède beaucoup de fort analogues. La description des
signes précurseurs de la an du monde est un sujet qui a
été bien souvent traité au moyen âge, et qui, en français
notamment, a donné naissance à toute une série de com-
positions. Sans entrer dans un exposé qui ici ne serait
qu'un hors d'œuvre, je renvoie, pour l'étude du sujet pris
dans son ensemble, aux dissertations de M}^^ C. Michae-
lis ' e de M. G. NôUe '. Je me borne à rappeler qu'entre
ces compositions, plusieurs se rattachent à la prédiction
de la Sibylle, petit poème d'origine grecque, dont saint
Augustin nous a transmis une traduction en hexamètres
acrostiches qui a été, pendant tout le moyen âge, très ré-
pandue ^ Les vers de saint Augustin sont l'original du
I. Ârchivfûr dos Studium der neueren Sprachen hgg. von Herrig, XLVI,
35-60. — 2. Beitrage ^ur Geschichte der Deutschen Sprache Ugg. von Paul
nnd Braune, VI, 443-76. La dissertation de M. NoUe est un premier essai,
encore bien incomplet, à l'effet de classer les divers textes en langue vulgaire
par rapport à leurs sources respectives. — 3. Voir, sur ces vers, le Bulletin de
la Société, 1879, p. 74.
S
ICTU) DBSOtlPTlON W US. OKIOT
petit poème français en strophes que j'ai pablié, d*après
un ms. de Florence, dans le Bulletin de la Société, année
1879, pp. 79-83, et du poème catalan, paiement en stro-
phes, dont M. Mila y Fontanals a fait connaître plusieurs
versions, sous le titre : El canto de laSibila^ ;dan9la/{o*
mania f IX, 3 5 3 et suiv • La rédaction que nous offire le ms.
Didot a sans doute eu pour base les hexamètres de saint
Augustin : le premier même de ces vers est inscrit en tête
de la pièce, et la Sibylle [una punsela) est mentionnée,
mais l'imitation est assez lointaine : le$ signes de la fin du
monde sont numérotés, et la scène du jugement est es-
quissée; ces deux traits manquent dans le latin; le second
toutefois se rencontre dans presque toutes les versions.
Le texte du ms. Didot, fort corrompu comme les autres
pièces que renferme le même ms., n'a pas été composé
originairement en pur provençal : les rimes soner-quer
(xxu), pietet'gred (xxni), gred-aparelled (xxiv), indi-
quent plutôt des pays de langue française. Sans doute
on pourrait corriger pietat, grat, aparellat, et obtenir
ainsi d'excellentes rimes provençales, mais si ces rimes
s'étaient trouvées dans i'original, il est fort à croire que
le copiste, assurément méridional, les aurait conservées.
D'autre part il reste la rime soner-quer qui serait en
provençal sonar^quer^ en français soner-quier, et, par
conséquent, ne convient à aucune des deux langues.
C'est précisément le cas qui a été étudié ci-dessus,
pp. xxxviij à xlvij, à propos des rimes en ter de Béton,
et la solution doit être la même. Ici encore se rencontrent
plusieurs exemples du redoublement gascon de Vo : boos
xxî, xxiii, moot xxnr, tenebroos xxv, et de Ye, mercee xxii.
Judici{i] signum tellus sudore made[s]cet. fol. Ixxx (8)
i Senhors, humilmens m*entendets
D*una punsela cum parlet
Del segond veniment de Crist,
En la fin can vindra, e dis ;
tfM^B»..^^»^MteMMiMM.«M«MHÉMItaaiitf««ii*i«^«tfHMi
V. — LES QDI«E SiOMBI De LA FIN D6 MONDE XCtX
II Abans del jor deL.|ttgitflieiit
Can Jhe9U8 vindra Terament
Si signes grants,
Mot fers e mo
III Le pnimer signe qciiè. ... <
sus se leyara en
sob knt mes jm
can deisend •
nuls
Verso du même feuillet :
... s gran forse del fertr.
X ' Al .viij. [iorn] generalment
Para tal terra mauement *
Que tôt lo segle tremira
De la ferece que veira.
IX Et al .ix. seran eagals
Las montât! hes els puis plus aats;
Tote la terre engalmens
S'aplanira ses fa)imen.
XII Et al .X. esiran de
^ s homes qui seran rescos de las
, isiran cuma fols e no parla
c isiran desus los os dens
ssint (?) cascus sobre
en vera
XX La sancta regina del cel /. Ixxxi (g)
Vindra ensems ab sein Mîquel ^.
Los apostos, los martres (?),
Totz las virgines els confesos.
I. Ici je reproduis ligne pour ligne, sans m'occuper de la distinction des
vers, ce qui reste des couplets III et IV au fol. Ixxx r'.— a. Le premier mot
du vers était au bas du r* et manque par conséquent, — 3. C'est par pure
conjecture que je donne le no X à ce couplet. — 4. Corr. movcment.— 5. A
partir d'ici le texte est reproduit ligne pour ligne. ^ 6. Exactement semim-
quel.
DESCRJPTIC»! OU MS. DIDOT
XXI Lay ea la bal da Jotaphat t
Sera lo jugiament re
Se retraira als boos et ais mais,
Âls princips et al [s] criminaU.
XXII Ja rey en » comte aut m gran,
Dus ni princip ni amiran
Non er ardit d'un mot soner,
Mos cant : a Jhesus, mercee vos quer. »
XXIII Una parola bos die < fort
AU mais (per) plene de gieconort ^» .
Als boos [sera] de gran pietet,
Car moot los er semlant de gred.
XXIV Aïs bos dira : « En paradys
tt Anads, per tal car my servis;
« Arceb[e]ts lo règne de gred
« Qui bos esta apareilet. »
XXV Als mais dira un mot felo :
« Anads en l'enfern tenebroos,
a En dolor, ea(t) ira e turmens,
tt E grans penas aiads tos temps. »
Amen.
VI
LE TRAITÉ DES NOMS DE LA MÈRE DE DIEU
Les poésies religieuses que le moyen âge nous a lais-
sées ne se recommandent pas, en général, par la valeur de
la pensée. Elles ne sont ordinairement que la mise en
oeuvre d'idées anciennes, conservées par la tradition ec-
I. M^. msaphat. ^ 2. Corr. ni. — 3. Les deux dernières lettres sont in"
distinctes. — 4. Corr. de dcsconort ?
Vr. — TRAITÉ DES NOMS DE LA MÈRE DE DIEU CJ
clésiastique, et rédigées en nouvelle forme par des gens
qiie leur éducation avait reûdus incapables de toute con**
ception originale. La pauvreté des idées est surtout hoïa<«
ble dans les prières, soit en vers soit en prose, dont nous
possédons, un très grand nombre. Uûn des procédés de
développement qui ont été le plus employés a consisté à
grouper tous les noms, toutes les qualifications, toutes les
épitbètesy qui pouvaient avoir été appliqués à Dieu ou à
la Vierge dans les livres sacrés ou chez les pères ^. Ainsi
a été composée la prière des soixante-douze noms de
Dieu « comme on les dit en hébreu et en latin )», à la*
quelle il est fait allusion dans le roman de Flamenca,
et dont le texte provençal nous a été conservé dans un
m^. du comte d'Ashburnham, tandis que le texte fran*
çais s'en trouve jusque dans un des petits livres de la bi«
bliothèque du colportage *. De ce nombre encore est le
poème (car c'est bien un poème, et ne comptant pas
moins de 3ooo vers) des cent noms de Dieu, composé en
1285 par Raimon LuU, avec l'intention de démontrer
aux Sarrazins la supériorité du christianisme sur le ma«
hométisme; car, dit-il dans la petite préface qui précède
son œuvre, (c selon les Sarrazins il y a quatre-vingt-dix*
« neuf noms de Dieu dans le Coran, et qui saurait le
« centième saurait toutes choses. C'est pourquoi je fais ce
• livre des cent nomsde Dieu, sans pourtant qu'il s^en suive
« que je sache tout, ce qui prouve l'erreur des Sarra*
€ zins 3. » Il y a sur le même sujet un poème latiii en
vers rhythmiques, plus court, et beaucoup plus ancien,
qu*a publié D. Pitra, Spicilegiùm Solesmense, III,
449. Le même recueil contient (III, 451) une autre pièce
rhythmique,. de nominibus beatœ Mariœ virginis, qui
paraît être du XII<i siècle. Elle est sans rapport avec notre
pièce provençale.
I. On trouvera une liste à peu près complète de ces qualifications et de ces
épithètes dans l'un des index de la Patrologîe latine de Migne, t. CCXIX, col.
502-22. — 2. Voyez Flamenca, p. 316-7. — 3. Obras rimadas de Ramon
Lull, pubïicadas par GerommoKosQWOf'Pà.lmai, iS5g\ p 201.
ci] 0CteRfPri0N DU MS. DIDOT
A part la pièce dont le teite suit, je ne connais pas de
poésie française ou provençale ayant |>our objet de câé-
brer les nombreuses qualifications qui ont été appliquées
i la Vierge ; mais il ne manque pas de prières en r»% oh
ces qualifications^ ingénieusement commentées, tiennent
une place plus ou moins grande. De ce nombre est la
« prière Théophilus *, ou, selon un autre ms./ « fniere
Nostre Dame », que M. Scheter a publiée récemment «, et
et oii on voit la Viei^ comparée successivement au soleil
(couplet 8), i une tour fcoupl. 17), à la pleine lune
(coupL 29), à un éléphant (coupl. 32), à une montagne
(coupl. 33), etc.
Le « traité des noms de la mère de Dieu m appartient
donc à un genre connu, mais c'est une e^ce nouvelle
qui n'est pas indigne d'être recueillie, d'autant que, en-
visagée comme œuvre littéraire, cette pièce n'est pas dé»
pourvue d^un certain mérite de style. Elle est en qi»-»
trains monorimes, les vers ayant souvent une rime à
rhémistiche 3. Il nous en reste 22 quatrains et une partie
d'un 23^, la suite ayant disparu avec les feuillets Ixxxiiif
à Ixxxvij du ms. Ce fragment est de deux mains, l'une et
Tautre singulièrement inhabiles. Le premier copiste sur-
tout (ff. Ixxxj v<^ à Ixxxij) était inexpérimenté au point de
ne savoir pas couper les mots correctement ; ainsi il
écrit toi au!for pour ta lausfpry v. 56, et no sent pour nos
eniy V. 58. On remarquera, entre autres particularités
phoniques propres à ce copiste, le passage d^$ \iLr dans
arorar 4, rer[é\tn€t 17 (pour re^etnet), tneravilhora,
amorora, poderora 34-6 (pour meravilho\a^ etc.). Si ces
formes ne viennent pas d^une copie antérieure, elles con^
stituent là exemplâs les plus occidentaux qu^on ai du
fait en question.
Il y a clairement regardet au v. 20 ; de même au cûsxh
I. ZeUtekiytf, romanùche Philologie, l, 347-57.
a. Notons qu'en général U rime finale d'an conplet fournit la rime intérieura
dttftaiTant; Toy.xW'-xX' Il y a interropttoo, p.*^ lacune, enân»svu4txriu.
vu — TRàlTi DBS NOMS M LA MtaB DE DIEU Ciij
plet VII nasfU0t^ttQ.i mut formée 2, 14 et x6. L^écrivain
aurait pu s'autoriser des Leys d'amors qui admettent
Tune et Tautre forme (1, 42).
Lo tractai deïs noms de [la] mayre de Dieu,
Âysso es lo tractât dels noms de la mayre de Dieu.
I Âquel Senher que fetz cel e terra [e] mar
£ formée tôt quaat es e fsy lo mon durar,
E fo en la crotx mes per totz nos a salvar,
4 Devem ab ferma f« creyre et arorar;
II Quar el es ses dubtar un Dieu esperital,
Uo saber, un poder, un seohor eterual.
Que ab causas contrarias ha fag lo mon engal,
H Contra lutz feu tenebras e be contra lo mal.
III Dieus fetz gaug contra dol e sen contra folor,
E fet dreg centra tort e fireg contra calor,
E &eTol contra fort e gran contra menor,
12 £ contra vida mort e blanc contra negror.
IV Oieus fetz per engaltat redon lo fermamen,
E quant formée Adam el lo fetz de nien.
Et après, d'un[a] costa que H trayik en durmen,
16 Fovmac Ëva sa femna, so trobon en ligen.
V E pueyih per lo serpen foro amduy temptat, /. Ixxxij (10)
Qiiar manjeron del frug que Dieus lor hac vedat;
Per so foron a mort etemal condampnat,
10 Mais Dieus i regardet merce e pietat.
VI ' Quar en ayssi cum el hac fag mot purament
Femna del cors de Thome, ses cutr* ajustameiit.
En ayssi fets Dieus home nayssher verayamen
24 Del cors de femna verges senes corrompement.
VII So fo lo filhs de Dieu que verays hom nasquet
' De !à verges Maria, que lo mon restaurét :
Quar hom fetz lo peccat et hom lo rer[e]met
18 En Talbre de la crotz on son sanc escampet«.
O H$* iQOfsital.-*' 16 Hiemi imudraU trobam ou tn^'om. — 17 P«r««tf» pea
CIV DESCRIPTION DU MS. DIDOT
VIII D'aqueU saacta verges de cuy em; tug MlfRt,
E del poder d*ififerii partit e deliurat,
Mayre del flih de Dieu, vos diray un tractât
32 Deis sieus bénignes noms que de lieys ay trbbat.
IX Dona mayre de Dieu sancta e gloriosa,
Hom t*apela divina quar hyest meravilhora
Totz bes vas tu s*aclina tu, verges amorora ;
36 D'ornes hyest médecins e d*angels poderora.
X Donzela gracioza, plena de gran bontat, v
Humils e piatoza, defen nos de peçat,
E val nos, glorioza, quar as la posestat :
40 Fay tant que n'an joyoza, Tarma el tieu régnât.
*
XI Verges, tu hiest ctutat e forsa e castel.
En la crestiandat Dieu sent mot fort e bel;
L'ennemi nos combat e nos tray manh cayrel,
44 Mas tu, verges, nos salvas cobrens ab to mantel.
XII Ty hiest aret mot bel en la ley crestiana,
Dieus escrius en ta pel e vole vestir ta lana;
Sathan e Lucifer ferit son de ta bana,
48 Quar tu portiest Tanhel quels peccatz del mon sana.
XIII Mayre de Dieu sertana, ^orioza e pia,
Siatz de mi propdana quar renem[i]c m'espia
•vij. jorns de la sepmana, no s*en part nueg ni dia,
52 E trop soven m*engana, tant sap de maîstria !
XIV Dona sancta Maria, vuihatz mi perdonar,
Quar ayssi cum deuria non te puesc pro lauzar,
E si tostemps vivie trol mons degues ânar /. Ixxxuj
56 Lo mile non poyria de ta lauzor contar.
XV Ve nos illumienar* quar tu hiest ciar* estela,
Quar nos em en la mar quar lo rçm e la tek,
3o partit, il ne reste plus que les trois premières lettres de ce mot, —
36 medecina, leçon douteuse. Ce mot termine une ligne et il n'en reste plus
que les quatre premières lettres. ^ Sj A partir de ce verso et dans tout le
feuillet suivant les premiers mots de chaque couplet sont en rouge.^ 42 Dieu
est en interligne; corr. loc?— 46 vestir^ ms. vest rerstir. — 58 nos em
ms, no sem. — 58-9 Les seamds hémistiches de ces deux vers se répètent. La
faute est sans doute au v. 58, où on pourrait proposer Q«an..... lo goyerns e
la vêla.
*« * k» «■
VI. — TRAtrt Des HOMS DE LA MÈRE DE DIEU CV
E no Tezem anar^ qu« lo' rem ela teik
60 Vol Tenemic trencar e tudar la candela.
XVI Tu hiest aquel'etcala don monton Ihi fizel
Laissus n'aut en la sala, de paradis le cel^
Mais nulhe cauze mala no y monte ni cruzel,
64 Car tu los trencas i'ala, mayre de Manuel.
■ s
XVII Tu hiest porta de cel, porta de salvamen,
Uberte al fizel, dauza al mescrezent;
Profete Yeehiel o ditz tôt clarament,
68 Tu hiest virginal porta clauza eternalment.
XVIII Fontayna de dosor inizericordioza,
Mayre del n^eu senhor e filha [e] espoza,
Amorta tu s'ardor qui aytant engoysoza,
72 Ab aygua de freior lum baya e m'aroza.
XIX Tu hiest nivol pluyoza e f. engent,
La calor engoysoza que Tenemic hufent;
Tu, verges amoroza, hist nostre salvamen t, 1^
76 Ab aygua abondoza tum baya don soven.
XX Tu hist comensamen de la nostra salut,
E hist deliurament de la gran sitvitut ;
Tu, alba resplandent, as lo mon espandut
80 De nostre salvament, que tut eram perdut.
XXI Un autre nom te say de gran humilitat,
Per tu mesisa Tas car tu Tas enpauzat,
Quan Dieus te trames Tangel ac te anunciat,
84 Apele te sirvente (de Dieu) plena de gran bontat.
XXII Tu hist be[r]gua Yese^ fozen fruc ses semen,
De la qual(s)son batut demonis malame[n]t;
Tu t'enclinas bassetz que preguan
88 Ab horasio de boca, tan est hobedient !
39 Corr. Enonauzem? -« 63 nulhe, ms. nilhe. — 71 qai n'est pas d'une,
lecture assurée ; corr. qu'es ? — 73 Je crois lire au second hénUêtiche « Irey...
^«ng«ot.— 74JLe dernier mot est dauteux.-^jg Corr. lo nom ? — 87 Le mot
remplacé par des points est écrit dregclament; les lettres cl sont barrées et
remplacées en interligne par mt. Ni la leçon originale ni la iej^ corrigée
n'ojrent un sens; p.'é.faut il supprimer le qae et lire pregaan degadament.
CV} DBSCaiPTfOII Ml US. DIDOT
XXIII Tu hieti pleiia de fÊtz [^ «n cel [^ en ten,
Âjuda mi ttt plat, quar la quai ••.- gocfi^
E Famor(t} mi combat
Manquent quatre feuUUU qui devaient contenir «ne quarantaine de qua-
trains. AufoL IxxxviiJ r* le poème se continue. Mais les vers écrits sur cette
page sont écrits de nouveau au y du m£me feuillet, par une autre main qui
a écrit aussi ce qui se lit au/ol, Ixxxix. Les vers qu'on lit d^une part au r;
diantre part au v dujbl. Ixxxviij, sont identiquement les mêmes; toute la
différence consiste en ce que la leçon du r* est remplie des fautes les plus
grossières. Ainsi on y lit, y. 353, amptra au lieu de compan, v. s54 dedecnt
au lieu de dedlnt, y. 355 bol guy ...ntlha, au lieu de volgneit ..«mdha, et le
dernier mot du couplet est omis. C'est parce qu'on tétait aperçu de ces in^
corrections qu'on a fait recommencer la page par un autre copiste*
LXIV Verges, hom tî compara, mantas gens, a melgrana/. Ixxxviij
Car dedins es bona e sana; i^ (ta)
Tu non volguest amar nulha cauza mondana,
256 Â tu fo tôt amar Dieus hon tôt ben guana.
LXV Tu hiest femna humana de [la] nostra natura,
Puncela he certana, verges neta he pura,
A Dieu sa sus triat^ si com dit la scrittura,
Puys (ya) que Dieu ac format Hadan ni sa figtira»
261 No fo en veritat tant humil creatunu
LXVI Tu hiest tera sertana hon Dieus venc semeaar,
Presioza he plana que hom pot laborar.
En tal terra plana deu hom son blat gitar
a63 Que ret vianda sana que (hom) pot Tarma salvar.
LXVII Dieus fec miracles graos quant ce bol encarnar
El tieu sanch tabernacle per lo mon restaarar,
Que per trauc ni per ancle non podiam escapar,
269 Car el foc perdurable nos comben (se) a tombar.
90 Le mot remplacé par des points se compose de sept jambages et d^un
a <nûmat?) avec une barre sur les jambages du milieu. *- s54 Ms. de dines
ea amar, ce dernier mot est rayé; faut-il corriger car [defors es axnara],
dedins bona e sana? — 356 Corr. fmasj Diea.... grana? — 358 Le premier
ha pourrait être avantageusement corrigé m be. -» 2bg Le premier hémisti^
cke ne se construit pas bien. La leçon est la miême au r*, sa^f que A. Dieu
manque. R est clair que le copiste a réuni ici deux couplets en un, faisant
un bourdon causé par la similitude des rimes finales de deux couplets éis^
tiuets. On voit que les rimes intérieures ne Raccordent pas, et que le couplet
auMvers de trop* «-- tl>3 ptana, au r* plena. -^ 164. plana au r*, Id pla : il
fnt. tnois eyttmàesj daiMMiia ? -- 166 Corr., pour ta rimede rhémèitteke, «a
graa Biiracla?
VI. — TRAITÉ DES NOMS Dft LA. llfcW DE DIEU CVif
LXVill V«rgi$^ heu no Mf digne de toa filh iJ0ftr,
Car l'eftperit maligne me fay soven pecar,
Don ay pahor ses digne contra [lo] ton filh car,
273 Sil tieu cors sant benicne no m[i] bol ajudar.
LXIX Vulhat lo donc preguar, glorihoza, per me
Quem vulha perdona[r] he que m*aya merce ;
Nom layssas enfermar car nulha res mas te
»77 No m[i] pot desviar quant ay fayt lo perque, /. Ixxxix (1 3)
LXX Tu hiest lanterna, bêla, dara he pura,
Hon [en] .j. loc s'es mes lo lum de gran dreytura
Quen[8] bol enluminar ede nos aver cura,
281 £ns vol gitar d'ifern la ténèbre escura.
LXXI Tu hiest via segura, plana he dreytureyra
Per hon pot hom anar ses falhir de careyre
En la ciutat de Dieu, car hetz yoyoza enteyre.
285 ' Mas copias son fenidas, esta es la dareyra.
LXXII En tal maniefa ay mon tractât fenit
Dels noms de ta mayre de Dieu ; a Dieu saran grazitz
Al payre e al filh e al sant Esperit
289 Quem tengua en sa guarda e quen don guaut complit.
AMBN.
Tôt hom que aquet dictai legira sia tengut de dire la horasion del
Pater Noster Mj, vetaho[no]r de la sancta Trinitat. Item Mj, vet
VAye Maria a konor ddi mj, guaut que la Ver gis Maria hoc del
sieucarfllh,
> A.
Le verso du feuillet Ixxxix est occupé par une liste des
noms ou qualifications de la Vierge. L'énumération n^est
pas complète et n'est pas non plus en rapport avec le pe-
tit poème qui précède. On n'y voit pas, par exemple, la
Vierge comparée à un bélier et à une lanterne, comme
dans le poème, vv. 45 et 278. Néanmoins, en transcri-
vant cette liste, j'ai noté entre parenthèses quelque» i::ap**
prochements avec le poème. Si ce dernier nous était par-
27a P^. t'esdignç? on a atdrah « dédai» » {Lau rom. UI, 4$-) -^ ayS
Manque une épÂtkète pç/ur compléter le nvra., — «79 Corr.. Lotoeoiqae
•'t« q9«fr? -^ «83 &UMri m. £ilten ta. — 987 Il/amtp*^, reporter cMs aoms
an vers précédent, soit en tête du vers, soit après tractât.
CVllJ
DE$CRiPT(ON DU MS. DIDOT
venu dans sa totalité, les rapprochements seraietit plus
nombreux.
Hec sunt nomina glorios^a virginis Marie.
iK>
Div[in]a (34).
Virgo.
Flos.
Nubes(73).
5 Regina.
Tehocon.
Teotheca.
Inperatrix.
Paciûca (Sq^.
10 Domina
Ancilla (84).
Theonia.
Ortus.
Fons(69).
1 5 Putheus.
Via (282).
Seminata (79).
Aurora.
Lima. •
20 Singularis.
Asies.
Portha (65).
Tellus (262).
Domus.
25 Templum.
Beata.
Gloriosa.
Aula.
Rubus.
3o Scola.
Scala(6i).
Stella (57)
Mala granata (253).
Uva.
35 Vinea(85).
Turris.
Navis
Redemptrix.
Libéra trix.
40 Archa.
Thalamus.
Cinamommum.
Balsa(mp)mum.
Generasio.
45 Homo.
Femina (257).
Arnica.
VaUis.
Turtur.
5o Colomba.
Nuba.
Bibet.
Pulcra.
P[h]arétra. .
55 Spesiosa.
Mater.
Aima.
Formosa.
Benedicta.
60 Filium.
Mulier (257).
J^nua (65).
Civita(ta)8 (41).
Tabernaculum (267).
65 Manna.
Maria. .
b ôêOTÔxos. Je ne vois pas de d\g'ér£nce entre ce nom et le suivant. — 19
sic, corr, luna? — 5i Corr. tuba? — 52 sic. — 60 Corr. Lilium. .
VII. — LES iHEtIRES DB ttL CROIX aX
VII
LES HEURES DE LA CROIX
Ce petit poème est d'une autre écriture que ceux qui
précèdent; il est aussi notablement moins incorrect. L'é-
crivain était, comme ses devanciers, du Sud-Ouest : le
redoublement de T^dans bées 3i, le passage d7/ latin à r
dans aperara (=: apelara] i33, aperi i36 ', le fréquent
emploi de b pour v ne laissent aucun doute à cet égard.
Je n'ai pas Tintention de faire une étude sur la graphie
de ce copiste : je noterai toutefois une singularité, l'addi-
tion d'un g dans mong (mon) 8i, tong (ton), io5,
n2an^(main) 1 17, sobirang (souverain) u8, song (je suis)
i5 1, meng* (mien)8o, 119. Notons encore la forme béar-
naise fo (ego 146, 1 35, etc.
La langue du poème offre aussi quelques particularités
dignes d'attention. Les rimes diu-humiu (Deum-humi-
lem) 30-40, constatent dans le second mot la vocalisation
de r,/, ce qui est un des traits de la languedu Sud-Ouest ^
Certains verbes ont, à la seconde personne du prétérit
singulier, une forme bien exceptionnelle : volgust (ordi-
nairement vo/^MWif) 4, en rime avec/u^f; de même pro-
metust et dissulslf i3i-2, et, dans le corps du vers, tra^
gust 212. Les rimes manifestent une complète ignorance
de la déclinaison, argument d^ plus en faveur de l'attri-
bution du poème au sud-ouest de la France.
Les heures de la croix ont formé un office qui actuelle-
1. Voy., sur ce phénomène linguistique, Romania, III, 436.— 2. On a me
en béarnais, pour le possessif absolu masculin ; voy. à ce mot le glossaire des
Réàts d'Histoire sainte en béarnais, p. p. MM« Lespy et Raymond.— 3. Cf.
Leys d'amors. II, 208.
iteiA
ÇX DBSGfttPnON DU US. IMDOT
ment se retrouve dans an assez grand nombre de manus-
crits liturgiques. Bien que ceux de ces manuscrits qui me
sont passés sous les yeux ne soient pas plus anciens que
le XY* siècle, il n'est guère douteux que cet office remonte
au xni* siècle. Les vers rhythmiques qui en forment la
partie essentielle semblent de cette époque ^ Voici, d*a*
près le ms. latin io535 (xv« siècle), les strophes de prime
et de tierce :.
4
Hora prima ductus est Jésus ad Pilatum ;
Faisîs testimonîis multum accusatum
In coUo percutiunt, manibus ligatum,
Vultum Dei conspuunt, lumen celi gratum.
a Crucifige » clamitant hora terciarum;
niusus induitur veste purpurarum,
Caput e)us pungitur corona spinarum,
Cnicem portât humeris ad iocum penarum.
Cet office a été mis en vers français. J'en ai rencontré
deux traductions en vers, l'une et l'autre du xv* siècle.
L'une, contenue dans le ms. fr. 1869 de la Bibliothèque
nationale, est accompagnée du texte latin. En voici la pre-
mière strophe :
A prime Jheaus a Pylate
Mené fuist et moult accusé
De faulz tesmoings qui a grant haste
Ont contre ycelluy déposé;
I. II y est fiiit allasion dans le Breviari d'amor qui est de la fin du xiu* siè*
cle :
Car santa Gtiei)a per recort
De Jesu Crist e de m mort
Fa la comemoracio
De la 8oa gran passio
Entre la nuetz el jorn .vij. vetz ;
Car en .yij. oraa trobaretz
Que fo Jesaa, ai ben cercatz,
Entre nneh e jorn trebalhaz
Del trabalh que avetz «usit,
(vv. 34001-9).
VII . «-^ LES flfiWES BB tX OtOIX CX)
N'ont permis qttHl «yt lefHMé»
Sur le col Tont bien rudement
Batu, decraché, illusé.
Pense, peuple, a ce forment.
Voici le début de l'autre» qui est tirée du ms. fr. 566i,
exécuté pour Charles VIII.
Ci commence les heures de la croix en français,
Jhesus qui es la sapience
De Dieu le père glorieux,
Vérité en divine essence.
Dieu puissant, homme gracieux
A prime.
À prime fut droit a Pylate
Jhesus mené et (bien) guerroyé,
Mais il n'y a qui son plait debcte.
Par faulx tesmoings fut accusé
Je trouve dans les Lateinische Hymnen des Mittelal*
ters de Mone des heures de la Passion (I, n®' 87, 94,
95-100), qui, pour le sujet sont comparables aux heures
latines de la croix dont on vient de lire deux strophes,
mais d'une rédaction totalement différente. En provençal,
je ne connais pas d'autres heures de la croix que celles de
notre manuscrit :
Lo romans de las hores de la çrot. f, Ixxxx (14
Ad maiutinas.
Jhesu Crist veray senhor.
Que per mi paubre pecador
A las ma3rti[n]es llurat fust»
4 Près e liât, quar te volgust,
Âb las paumes forment ferit^
Massât, (e) escarnit, escopit,
Prec te, senher, per piatat,
i Quem vulhas donar fcrmetat
En mos trebalhs e paciense,
E als meus torts bona suffiraasa ;
E mas turbacios sobrar
CXlj DESCRIPTION DU JUS. DIDOT
12 Me fey, senher, q tu la^ttar,
£ de la tue pacion
Remembrar ab debocion
Tôt jorn continuadement,
i6 Cum pusca venir dignament
A la tua cara pagade
O9 aura vita fort oadrade.
Ad primant.
Jhesu Crist de gran senhoria
20 Qui a la ora prima del dia
Volgust que foses présentât
Denant Pilât judge malvad.
Tu que es veray judgador
24 De totz les judges e senhor,
Preguit, supplican humilment,
Que no gardes mos falhiment, v^
Ans me vulhas aysi judar
28 Que a la un nom vulhas da[m]pnar.
Menem en loc celestiau,
Gardem de turmen enfemau.
On a compliment de totz bées
'32 E negun no sab mal que es ;
Aqui, preg, me fay alogar
E ab tos los sans heritar. Amen.
Ad terciam diras :
Jhesu qui fust per mos pecats
36 A la ora de (la) tercia menât
A las penas e als turmentz
De la crotz descausidamentz,
Tu qui es veray hom e Diu.
40 Preguit^ senher, ab cor humiu,
Que, per la tua caritat
£ per la gran humilitat
Per que a ta[n] aunida mort
44 Te livrest per mi se[ne]s tort,
E per la crotz on fust pend ut
Per que io fosse redemut,
Quem denhes, senher, perdonar
18 aura vita e$t douteux^ -^ .2^io M faudrait intervertir ces deux vers
dont le premier se rattache au v. Si. — Rubrique'. H y a plutôt ditas.
r
VII. — LES HEURES DE lA CROIX CXUJ
48 M08 pecatz e gracie donar
Cum bienca ses tôt falhiment
. A la tua gloria. Amen,
A à medietas (sic) dierum .
Jhesu (Crist), vita, vertat e via, /. Ixxxxj ( 1 5)
52 Qui a la ora del meydia
Per mi pecâdor fust pujat
Sus en la crotz e clauficat^
Ë fust abeurat ab dolor
56 De vinagre plen d*amaror
Ab fel trop dolorozamant (52c),
Pendut tôt nut denant las gent2,
A tu, senher, prec quem dos [sic) gracie
60 Cum puscha far so que a tu placie,
Ëm fassas mos pecatz layssar
Ë mi methas far mensprezar,
Car ay faytz mil trespassament[z]
64 Contra los tos comandamens.
Senher, fay me perdon trobar
Ë a ta gloria arribar. Amen. •
Ad ora novena,
Jhesus qui en la ora novena
68 Sufifrit per mi [tan] cruzeu pena,
Sus la crotz, las mas estendudas,
Las craus (?) plagadas e batudas,
Ë lo cap baysat, ab gran crit,
7a Livrest al Payre l'esperit,
Ploran lacrimas trop amaras
De gran reverencia e caras,
Per quens fos uberta la porta
79 De Paradis e la mort morta,
A tu prec, senhe, que membrar y»
Me faces^ planher e plorar|
La tua pacion soven
80' Ab que fist lo meng salvament,
Ë met en mong cor ta laudor,
Quem fassa membrar que es amor.
5i // faut retrancher Crist ou e. — 62 Corr. E mi meteis (ou métis, cf.
JK 1 15) fai? — 70 Corr. L. cams? — 80 meng ms. meg avec un signe d'abré-
viation sur Te. De même v. 119.
h
«
CXIV DBSCltlPTION OU MS. DIDOT
Ad vesperas.
Jhesus senher, rey poderos,
84 Per mi feyt paubre nesseros^
Que fu8t d'espinas coronat,
De lance ferit pel costat,
E de la crotz on fust pujat
88 A las vespras fust debalat.
Et en las mas de la vergina
Ta mayre, de gran dolor plena^
Fust recebut et alogat,
92 Et en SOS sans brases (a)pauzat,
Senher, pre[c] te per cortozie {sic)
La tua mort a mong pro sia,
E la tua aillicion
96 Me gasanhe plener perdon^
Em fassa far ta volontat
Cum ab tu sia. Amen,
Ad hora completori,
Jhesu Crist qui fiist mejancer,
100 De Dieu et d'om[e] paz[i]er. /. Ixxxxij (16)
Que a Deu nostre deute paguest
E dels enferns nos delivrest
Ab lo ton sant sanc precios
104 Que sus la crotz besset per nos
On lo tong cors fu turmentat^
Apres el sépulcre pauzat,
(E) a la ora de la compléta ;
108 E la vergis pura e neta,
Plena d'enguysa e maridu
Era de dol e defalhida»
Ab las sanctas molhers ploran,
112 Planhen e greumens tormentan,
Per aquestes dolor[s] (te) prec, se[n]her9
La mia arma vulhas prener
84 mi est douteux; les deux derniers jambages semblent rayés, Nesseros
est un adjectif formé sur neciera (Haynouard, Lez. rom. IV, 3o8), nécessité,
pauvreté — 89 Corr. vergeaa. — 94 moag, le signe d'abréviation est après
le g, néanmoins ce ne peut être que moog. — ^% La fin du vert manque. — *
100 Les feuillets xdj et xdij sont à deux colonnes par page, — 104 bet-
Ht pour versctt.
létmm,^^^ ..»<=^ > , >
vu: — LES HEORES 0E LA GROIX CXV
Cant sere mort ab tu metU,
1 16 Que est gloria de paradis. Amen.
Senher Dieus, en la tua mang
Or es lo poder sobirang
Coman [io] lo meng [e]sperit
120 Que sia placent et grasit;
Tu, senher, m'as feyt e créât » ^
Et en la tua mayson pausat,
Tôt so quet vos potz de mi far,
124 Per quet prec nom vulhas dampnar,
Sitôt m*ay gran re de pecatz
Parlât e fejrt e cossiratz.
Tu qui m'as [tôt] renovelat
128 Per lo batisme que m'as dat,
Ets payre de misericordia, '
Nom laysses mûrir en discordia,
Donem so [que] tum prometust
1 32 Per lo profeyta cui dissu[s]t
Que qui [ton] nom aperara
Certanament salvat sera (s).
lo, senher, mesquin pecador,
i36 Âperi tu cum bon senhor
Quem deliures de mos pecatz,
Ma vita cumendan en patz ;
Puis que lo die m'as gardât,
140 Gardam la neyt per ta bontat.
La tua graciam fay trobar,
Benadizer e tu lauzar. c
Fay cum te serve dignament
144 Ara e tos temps ses falhiment,
Perque el teu règne entrar
Pusque tostemps mays [e] estar
Ab la companh[i]a eleyta
148 Que as triât a la part dreyte.
[Tu] senher, bénigne e bon,
De mos pecatz m[i] da perdon,
Quar io, senher, song ton sirvent
162 Per far e complir ton talent.
Dius d'Iza[a]c, Dius d'Abra[a]m,
1 18 Or pour On, voy. le glossaire du poème de la croisade albigeoise. —•
1 19 Ms. Comam. — 139 que, ms. qui.
CXVJ DESCRIPTION DU MS» DIDOT
Diu9 de Jacob, per merce clam
Âquest me sian pregadors
i56 Enta tu e procuradors,
Cum pusque viver en aquest mon,
E puys anar on aquetz son.
Los sans angels pregut de Diu
i6o Els archangels ab cor buman, d
Que en lo nom del Salvador
Me garde[n] de tota eror,
E totz aquels quem sont amix*
164 Gardem dinsdels enemiz.
A tu, diable enfernal,
Conjur per lo pay eternal,
• Per Filb e pel sant Esperit,
168 Per que io sia benazit,
E per santa Maria mayre
De Jhesu Cristz nostre salvayre,
Per los quatre euvangelistas
172 Qui las obras de Diu an vistas,
E per las .ix. opdes reyals
' On los angels son ordenatz,
E per los apostos glorios
176 Qui son .xij. e puis mays ..ij.,
Per los quatre profetas majors
E per los autz .xij. menors, /. Ixxxxiij (17)
Peus .cxliiij. milia
180 Ignoscens que canten tôt dia
' Un novel cant(z) de gran dossor, ■
Dizen santus a ta lauzor,
Per los martes, per los doctors,
184 Per las vergis, pels confessor{s]
Qui Dieu an servit dignament,
Gardan lo son çomandamént,
Que no age(n)s en mi poder;
1 88 Ne m[i]. torbes de mon saber
Nem fesses degun [e]spàvent.
Car son de Dieu humii sirvent.
Vet la crotz de nostre Senhor,
192 Fug, diable decebedor,
Del trip de Juda lo leon
C'a vencut per sa passion.
® santa, benezita sias
1 60 Corr. homiu; cf. w, 39-40. — 164 dins, corr. dira. — 175 et 177 Per
los, corr. pels. ou peus — 186 Ms. Gardam. ->- 194 C'a, corr. T'a.
VII. — LES HEURES DE LA CROIX CXVlj
»
xg6 Car en tu fo pujatz Messias,
Per cui nos em deredemutz >
E lo diable confondutz.
Senher Dius, piatado(r)8 payre,
200 E de tôt cant es emperayre.
Nom laysses far neguna forsa
Que a la fin fossa fetrayt
De vezer [ta] cara pagada
204 . Que es de totz bes abondada ;
Aquim mie per ta bontat(z),
Tu, senher, que tant m'as crompat^
Senher Dieus trastot poderos
208 E de bontat fort abondos.
Que na Susanna deliurest
E del(8/ fais encart la gardest,
E del ventre del peys(on) on ère
2 1 2 Jonas 4ragust a ferme tere,
E Daniel, savi baron,
Gardest del poder del leon,
E de gran foc on eran mes
216 Deliurest los enfans totz .iij , c
£ se e can eu jet negàr
Can so lo pregon en la gran mar.
Tu, senher, me vulhas gardar
220 De totz perilhs e deliurstr
De fais crime, de fais encart,
De totz tribalhs de mala part,
Car no say enta cui me don,
224 Saub enta tu qui es senher bon.
Ni alhor non ay on anar
On mi poguessa enparar.
Era sias (?) Dieu ajudador,
228 Em fassas tenir en sa amor,
Per que de tôt abondament
M*arma aia assaziament,
Qui en perfecta trinitat
2^2 Es un Diu veray adorât. -
30 1 Les rimes montrent qu'il manque ici au moins deux vers, à moins que
ces finales soient corrompues; à la rigueur on pourrait, au v. 201, proposer
faire negun fait.— 3ô5 mi6 de miar, forme béarnaise de menar.— 217 Corr.
£. S. Paul c. ? — 218 Corr. G. fo et suppr. lo. — 221 fais est devenu
presque illisible par Cusure du parchemin. — 326 Les deux premiers
mots sont très douteux pour la même raison.
CXVllj DBSCRIPTION DU MS. DIDOT
Senher Dius, la neyt pesaray
De tu can me reysidaray
Car es estât mon gardador
a 36 E mon leyal defendedor. d
Senher qui a domensament
D'aquest jorn bon aveniment
Me fe per ta bontat venir,
240 Gardam huey, senher, de falhir,
Donam gracie per pietat
Si quem garde de tQt(z) pecat(z) ;
Ma consensa me fe segura
244 De malvestat neta e pura,
E fay me dreyture gardar
En cossiran et en pariar
Et en obrar dreyturerament
248 Si que a tu siau piacentz,
E que ma obra aia acaptat
Per que venga a salvetat.
Yhesu Crist es resusitat
252 Del sépulcre on fo pauzat,
Qui fo sus en la crost pendutz
Fer que io fossa redemutz ;
Senher Dius, qui lo ton filh car
256 Tu fust per nos crucificar, /. îxxoçxiij bis (18J
Per quel diable fos sobrat
£ nos del son poder gardatz,
Donam gracie en queste vide
260 Cum pusque aver gloria complida,
Senher Dius veray gardador,
Deus, esperans en ta dossor;
Senes tu no a fermetat
264 Neguna res ni sanitat.
Senher, vulhes multip[l]icar
Misericordi' e compassar,
Si que per los bens temporaus
268 Io no pergue los eternaus;
Los tos comandamens m*ensenhe
349 Le dernier mot, très usé, est douteux. •— 267 Tu fust, cprr. Tu fi»t
ou Fezist? A partir d'ici l'écriture change; cf, ci-dessus, p. Ixxj. —
263 Ce vers, ajouté en interligne d'une autre main, ne donne pas un bon
sens^corr» Nos espcram ?
b
Vlll. -^ MYSTÈRC DB LA PASSION CXU
E per los tos senders me mené,
Et endreseU mes (sic) anamens
272 Segont los tos comandamens,
Per que neguna malvestatz
En mi no prenga potestat.
Amen. Amen.
Au v» du feuillet. Ixxxxiij. bis (18) on lit cette courte et
inintelligible formule de conjuration :
® Sanctus Demetrus ^
® Catoto doate utîcia ^
$ Recaficai .... 1 canculbii ®
Hoc sanctum verbum destruit omne venenum. Omnia venena
sunt capta azanan (?) juzata.
VIII
MYSTÈRE DE LA PASSION
Copié pour la Société des anciens textes.
(FoL Ixxxxiiij) Aysi comesa la pasio de Jhesu Crisi a sant Pey
e a sant Johann e disheron a Jhesu :
Maestre, sius platz aturar,
Sos * autres te bolem demandar
Per so, seyher, car tu sabs ben
De tôt lo mon com va ni ven,
Don tut fort nos merevilham ;
Del sec, seyher, te demandam
Per que ni quais es la rayzon
Que nasques sec en aquet mon...
I. Quatre jambages surmontés d'un trait horizontal. — 2, Corr. Ses
CXX DESCRIPTION DU MS. DIDOT
Fin, fol. clv C76) :
Disheron ios lot aposlos a Jhesu CrUi :
Scnher Dieu, vos siat lauut
Que SDSiD annetz tôt alegrat;
Tut crezem be pw vertai
Que Dieu* ea verament reiUBcitat.
Caufo/eait, canteron Ios apostat :
Te Deum laudamus.
Te Domioum confilemur,
Te eternum palrem
Omnis terra veneratur.
Finita pauionem Deus det vobis suam
Suit immédiatement Daurel et Béton.
So es h romans de Daurel e de Beto f" 76 v".
i. ^^^^^'"^O'']) pl^tz vos auzir huna rîca canso?
^^C^ Entendet la, si vos plas, escotas la razo,
^^^1$ D'un rich[e] duc de Fransa e del comte Guio,
De [DJaurel lo joglar e de Tenfan Beto
5 Que en sa junbentut tray t(r)an gran pasïo.
Lo duc Bobis d^Antona (se) sazîa en .]. peyro,
(El) entorn lu son Franses, tuh li melhor baro,
Aqui fo lo coms Gui cui done Dieu mal do !
Cel que non na vila ne valor
10 Mas [que] sol hun ca[ste]l c'um apela Aspremont.
Lo duc près lo pel ponh e mes lo en razo :
« Sira [coms] d'aut parayge, vos et mon paube hom,
« Be sai que et mos Chom] ses tota mentizo.
— Se[n]her, s dit G., i vers es, ses contradicsio.
i5 — Lo men alue vos soivi, e aujo [lolh] baro,
« E serei [vos] en gaun segtn]er de ma mayzo.
RUHsiqu*. Une première rubrique, qui a été barrée, était ainsi
conçue : Soeslo romans de Belo e de Dsurel. — 2 la, ms. le; si vos
doit être prononcé «lus. — 9 Corr. non ac ne vila ne honor ne
inaizo? — 10 ïol est en interligne.— ib Lacune avant ce vers f
3ts. Lo menague vos sol ni e. — ib en gaun corr. enqir i
2 ROMANE DE DAURfiL E DE BETO
« Jurât mi companhia a totz jorns que vivo ab nos.
c Mas s*ieu prengui molher e nom venh enfanto,
« S'ieu mori denan vos, companh, ieu la vos do,
20 « Mos castels e mas vilas, ma tera e maio
« Vos solvi, bels companh, eus meti a bando.
— Senher, » dis lo coms Gui, « vos mi donas gran do,/** tj
« Et ieu pren lo, si vos plas, ab [ai]tal gaserdo
« Guidaray vostras ostz e[m] metray a bando
25 « Pertot on vos volres e lai on vos er bo. »
So respont lo duc Boves : « Lo sagrament farom »
Fai aportar .j. libre on Ihi evangeli son,
Juran si companhia, Ihi bauzo sus el mento
Can si foron juratz (juratz) amdoy li compa[n]ho,
3o . E Pus ama per fe, (e) Paute per trasiho.
II
Lo duc Boves d^Antona a fah lo sagramen
Ad Antona el palais si c'o viro .v.c-,
L^us es fizels amicx e Taudre mescrezens.
.X. ans complitz estero en bon acordamen
.35 E mesclero lor tems e lor ost assimen
Tro (que) Dieu trames a Boves .j. gran isassamen,
Que esta va el palaes ab lo mels de sa gen,
E jutgava .j. plah ; e veus vengutz corre[n]<(z)
Le messagie de K., dissen el païmen
40 E pueissas venc avan e saludet lo gen
Etz al près per la ma e trais Ta parlamen :
« A vos mi trametz K., lo rey cui Fransa apen,
« Que vos ânes a lui e vostre bevolen,
17 Corr, que vivrom? cf, farom, v. 26.— 18 Ms, si eu. — 18 nom
est en interligne; la lecture de ce mot, qui est presque effacé par
l'usure^ est douteuse, — 24 His, Gardaray. — 25 on, ms hom. —
28 Corr, si baizon el. — 36 Corr, t. Bovo. ^ 41 Ms, Etz après
àvecsï en ïntertigne entre ces deux mots^^i Ta, ms, 10.^42 cui
ms, a qui.
i
ROMANS DE DAUREL E DE BETO '6
« Car tal plah vos vol far don tuh sèret manenb. »
So(l) respon lo duc Boves : « Irai lei veramen
a E menaray Guiho mon compa[n]ho valen. »
Mots $*i fiza lo duc ; peuis Ihin près malamen.
« A vos, » fay c'el, (dona) < amix, donaray .j. prezen, v®
<c Mon ric[he] pala[fjreu e mon destrier corren,
5o « Et anas vonh al rey cui gar Dieu de turmen
« Digas Ihi quUeu verray abans del mes pasen.
— Senher, » dis lo mesag(i)e(r), « voste comandamen
« Faray mol volonties et gran grat vos en ren
« Del do que m^aves datz e de Parculimen. »
III
55 Lo mesage de K. se près a retornier;
Lo duc Boves d^Ântona apela .j. trotier :
« Vay me ad Aspremon, no m'o uelhas tarzier,
« A mon companh G. c^a me venga par lier.
— Senher,» dis lo messauge, « so faray volontier.»
60 E vinc ad Aspremon dejos .j. olivier;
Aqui trobec G. lo trager lauzengier
Que jogava a taulas, e vi lo messagien
« Senher, 1» dis lo messaige(u]s, <f ab vos vol[rai] parlier.
a Say me evia. lo duc, que li aves mestier. »
65 Lo coms G. apela Bertran, son escudier :
« Vay me mètre la cela a mon [corren] destrier,
« Anem saber del duc que vol ni ha mestier. »
E [ajdobero se cadalis vol[on]tiers,
E vengro ad Antona, sus el palais plenier.
70 E Bobes quan [lo] vi si lo vay abrasier :
« Dieu vos sal, amicx [Gui], e mon bon compag[n]ier !
« K. mannes mi manda qu^eu an ab lui parlier;
« Menaray vos, companh, a Paris cortegier.
44 seret, la leçon du ms. est obscure; il semble qu'il y ait sere e.
— 52 Corr, message. - 53 grat, ms. grau. — 58 Ms. cam tne. —
69 sus, ms, so. — 73 Après vos le ms, porte les lettres ayco qui
n'offrent aucun sens.
4 ROMANS DE DÀUREL E DE BETO
— Senher, » [so] dis lo coms, « com vosplarasi er. »
75 Lo duc Boves fo près de la cortz ad aller
E fon ea sa compa[n]hia .ij. melia cavalier, f*^78
Lo ric[lie] duc ac grah car va al rey parlier.
Abtan vec vos vengut denant [lui] .j. joglier,
E viueulet agradable e gueiamen (?) e clier,
80 E fo paubres d^aver, ma beis sa[u]p deportier.
Lo ric[he] duc d^Antona li près a deniandier :
« Cum as tu nom, amix? (garda) no m^o ulhas celier. »
[E] Daurelli respon (lirespon), que ho sap motz gensier :
« Senher, Daurel ay nom, e say motz gen arpier,
85 « E tocar vihola e ricamen trobier
« E son, senher, vostre om, d'un (rie) riche castelier
^ Que hpm apela Monclier.
— Amie, » so ditzlo duc, « per so t'en deh (may) amier;
« En seta cortz ab meus volray mener.
90 — Senher, » [so] ditz Daurel, « ges no lei puesc alicr,
« Caplsî ay ma molher e .ij. fils a cabdelier ;
« Non ay aur ni argen que lor pusca laysier. »
Lo duc Boves apela son vayley Aremyer : »
« Amie, » so ditz lo duc, « fe quem deves portier,
95 « Gardas li sa molher, vestes l|i de bertz clier,
« E d'aquest .ij. enfans vos prec del norriger ;
« Tôt aquo lor (me) donatz que sabran demandier,
« Ce el mon, per nulh aver, tu o pots trobier.
— Senher, » ditz n'Azemars, « Dieus vos lais retornier !
100 « Ja non auran frachura de re que puscam fier.
— Dauriel, » so dis lo duc, • tenes per cavalgier
« Aquest palafre blanc que beus poyra portier. ■
Tal joia n'ae Daurel que motz non pot(z) sonier ;
Baysa s' al sabato, eujal lo pe bayzier.
I o5 Lo ricQie] duc Pen leva, bel fay a(pe)paregier .
* Senher, • so dis Guiho, « trop nos podem tradîer ;
74 si er» ms. fier.— 85 Corr, [Cantar]e? — 89 Corr, abme y[o]s
[en] V.? — 91 Ou Ca[rj si ? Le visrs est trop long; suppr. c ? —
98 Corr, vos o podetz t. if — 100 que, ms, qui.
ROMANS DE OAUREL E DE BETO 5
c Belsamixduccompanh;pensenid(el).esperonier. »
Dresadasan las rennas t prendrois az anier, /^ 7S v^
E vengro a Paris lo sapte a i^avesprier.
1 10 Lo dimenge mati can près (can près) a Tesclarier,
^o duc Boves e G. se prendo a juster.
IV
Cad^ûn vest bliautz d'un bon pâli de Tir ;
Lo duc Bobes d'Antona si fes Dauriel venir,
Vai ab el a la cortz e violar e bordir.
1 1 5 L'emperaire de Fransa, can vi lo duc venir,
Levai» de la cadieura e va lo.arculhir
E près lo pre la ma, josta se l(o) fai sezir,
Mes li lo bras (sus) el col, e pueis [li] près a dir :
« Coms, jes vos no sabes per que ieus ay fah venir,
1 20 « Mas sabres ho en breu ans qu'eu(s) vos lays(e) partir ;
t Ans que vos en tornes vos volray requérir.
— Sira, » lo dis lo duc, « so vos dei mol grazir,
« Bem podes enrequir mas vos ve per plazir. •
E Guis entendéc o ; dis c'om nol pot auzir :
125 « Companh, per sela dona voscovenra mûrir, i
Grans fo la cortz en Fransa sus el palais ausor
Del [duc] Boves d^Antona e de Pempeyrador,
Tan duc, tan comte i ac, tan home de valor,
Avesque(s) e arsebes[que], de cavaliers la flor.
1 3o Lo duc Roulan i fo que es de gran valor,
Elh dotze par i foro que so dé gran vigor.
Adonx dis K.magnes : « Escoltas mi, Fenhor;
« Aminas mi seror genta : donar Pay per amor
107 Ms, cophan. — ' m juster, ms. uister. -«119 Ms, ieu say.
— 120 Ou a. queus (vos) layse p. — 120 partir, ms, tomier. —
121 Lacune après ce vers? cf, v. i25. — i23 Ms, plazer. *-
i33 mi, coït, ma, et suppr, genta? cf. v, 141.
6 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
c Maritz lo rie duc Boves se [de] vos n'ay lauzor,
f 35 « E donar Tay Peutieus, lo solier e la tor ;
« De Bordels atresi lo vulh faire senhor. »
E G. a dib tôt suau cûm fels e traïdor :
« Per aqueta molher molra el a dolor. »
VI
Pueisas escria K. magnes lo.bavier; f* 79
140 « Levas en pes, sira coms Olivier,
« Amena mi ma seror ab lo vi[s] clier. »
El la Ih^amena ab(o) molt gran alegrier :
Ela fo fresca, fes la bel esgardier,
Sa color fresca com roza de rozier.
145 Lo rey si leva, vay Bobes apelier :
c Duc de. bon aire, filh del Augier,
« Levas en pes e prendes [a] molher
f Ma seror genta que (e)ieu vous vuelh donier. »
S[o] dis lo coms : « So fay mal réfugier. »
j 5o Pren la lo rey; .iij. ves lalh fay bayzier,
A rarcivesque(s) (quej K. lalh fay donier;
Las nosas fan sus el palais plenier ;
Ab mot gran joy los veiras ajustier.
So dis don G. lo tracher lauzengier :
1 3 5 « (Compans) per cesta dona vos vendra destu[r]bier !
— Ai ! sire duc, » dis K. ol vis clier,
i Mon gonfaino vous autrei per portier,
« E mas grans ost menar e c^pdelier. »
Lo riche duc li vay la ma baier
160 £ pren lo gan de sa senha portier»
Lo duc sogorna .j. mes [tresjtot entier,
Pueis vay a K. ab son compag[n]ier :
iSg bâuUr ou banîer, corr, lo ber ou io fier V — 141 ab lo, corr.
«1.-^143 fresca, i»uiMvai>e leçon introduite ici par anticipation, cf, le
p, imivant, — 146 Après del il y ^ ^^ >>u>< dont je ne puis lire U
première lettre, qui est effacée; le reste forme anne; faut^il cor-
riger danes? — iby autrei, ms. autrie. — 162 Corr. ab lo teu c.
ROMANS DE DAVREL E DE BETO 7
• Reys, cmp^rayrc, de G. vos vulfa/preguicr,
« Se mi amas, que Ihui tengas en quier.»
1 65 So dis lo rey : t Far n^au mon cossilier,
c Per vostr'amor lo voldray fort amier. »
Lo riche duc tantost lo vay baier,
E pren cumjliat, (e) vay s'en ab sa molher ;
E Daurel vieula e mena alegrier
j 70 Quel rey de Fransa li a datz . j. destrier.
Ar (?) s'en vai Bobes ab mot grant alegrier, v^
Lo tracher G., cui Jhesu desamper!
A encobida na Esmenjartz sa molher.
VII
Lo rie duc Boves ab gran aiegramen
J75 Vay a Peytiey ab gran joi issamen,
E n* Esmenjartz ab la cara rizen. i
Ela cavalga .j. palafre corren :
Cela ac d'ebori, lo pretral fo d'argen,
E so .ij. M. [tuh] cavaliers valen ;
180 El tracher G. dis al duc belamçn :
« Companfa, » fay s'el, « diray V03 mon talea-i:
« Bêla es ma dona ab lo cors covinen,
« Daries m'en part si cu[m] m'aves covcn ? »
Lo pros duc (Boves] li respon i&p,rie;;çi,
1 85 Que nos cujava que i Àgues tra'inten, ;
« Companh, pregat lo payre omnipoten
« Quem do la mortz to$t et viassamieA;
« Pueis l'auces vosy pus vos ve a talen. »
Lo trager G. respon entre 3as dens :
1 90 « leu v'auairat iab.mon espi^yt lo^en. »
Tan cavalguero tro yiro a prezen
Las autas tors de la çieut^t valen ;
E Ihi .bqrzes $0 a l'aculbimen>
E so .V. meliav cadalis vostitz gen.
195 A molt gran joia intro al païmen,
Redon laviala e l'ausor mandamen.
8 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
E lo franc duc totas la forsas pren,
Las rendas dona al trachor mescrezen,
Tota la tera que viro a prezen,
200 Trastot Bordels a[b] rapenenemen, f^ Ho
Tro en Agen, a son comandamen.
VIII
Lo ric[be] duc fay la cort ajustar.
Âbtant vec vos la mulher del joglar,
E Daurel vieula : ela près a tombar,
2o5 Denan la dona gen si van deportar.
Bem plai al duc car los ve alegrar ;
Dis a la dona : « Mol t fan sist a prezar.
« Daurel, > dis el, « a vos voirai donar
« .1. rie castel c^om apela Monclar,
2IO « Prop es d'aisi : [tôt] en riba de mar
« Que [sol] del port podet ondrat estar;
« Tuh silh qu^en so sio a to mandar.
« Âb ta molher tu f en vai lai estar,
« Tan can vieurat lo te vulh autrear,
2 1 5 (( Apres ta mort a cui te vols donar. »
E[l] li a fah lo castel autregar,
A lolh Ihieurat : veus pagat lo joglar.
E lo coms G., cui ja Dieus non ampar!
Pessa de Paur e (de) Pargen amassar.
220 EU» duc Boves non o pot plus durar
§5^ Def geifano (de) Pempeyraire portar :
^ • Can lo rey vol en [nul] loc cavalgar
Tramet per lui, é vai li ajudar.
.1. jorn lo duc fo [a]nat ribàrar
225 E lo dbms G. volia ab lui parlar ;
No ri trobet, e si près a passar
Don' Esmengars, gen lo vai covidar, v<
Sap quel duc Tama e vol lo fort onrar ;
Pren la pel ponh, van s'en asetier,
23o En .j. escaun s*en anero parlier ;
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 9
4 Dona, > dis el i nous o puesc pluscelar :
€ Amadaus ay, vulh vos merce clamar,
< Qu'ieu sia voste e quem vulhas amar.
« Colgas m*an vos -, no m'o volbas tardar.
235 — Glot, 1 dis la doua, o cum o auses pessar ?
« Lo duc vos ama e vos te fortz en car, *
« E vos sercas col puscas galiar !
« Nuls bom de[l] mon en vos noi pot fier,
« Que lo duc Boves vo vulhas desond[r]ier !
240 — Dona, > di$ G., « trop lo podes amier.
« Per cel senhor que(u)s fes en cros lievier,
« An[s] de .ij. mes vos faray anuier,
« Que ieu Tausiray, (e) jes nom pot escap(ap)ier
— Glot, 1 dis la dona,« Dieus te puesca azirier !
245 « Per sol lo dih te farai anta fier. »
Or s'en vai G. que nois vol plus tardier ;
E lo franx duc si ve de deportier,
Vai lo falco e la perga gitier ;
E cant el venc fo aparegat de mangier,
25o Lava sas mas,' vai se asetier.
La franca dona si près fort a plorier,
Vi o lo duc e laisas del mangier,
Et ac tal ira que cujet enrabier.
« Dona, » disel, « cous vei desconortier?
255 € Qui vos a fah ira ni desturbier ?
« Fais o per so car vos cove laisier /• 8i
« Voste païs, Fransa descumpaner ?
c< Dona gentiels, voles lai retornier ? •
So dis la dona : « Ane nom venc a penser,
260 « Mas sabres o a la taula levier. »
Cant ac manjat elal(o) va abracier :
c Ay I sire dus, aiso vos vuelh mostrer
« Que lo fel G. , cui Jbesus desampar I
235 et 244 Glot, ms. G. lot.— 2373/5.sertas.— 242 Ms, amuier.
— 24g Corr. fo orà de m.? — 256 Fais o, ms. Fai so.— 262 mos-
trer, ms» mosstier.
1 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
c Venc Don a gaire, no saup aires trobar,
265 € Mes m^a razo, quem cujet anta far;
a Mal li respozi, près mi a menassar
c C'ausira vos, nolh podes escapar,
€ La nost amor el fara desebrar.
«» Dona, » disel, « nous volbas corossar :
270 <c Ane non o dis mas per vos asagar
€ Se ja nuk boms vos poiria enganar.
« Nuls homs non es qu'ku pusca tant amar. »
Dieus ! del franc duc cum s'i pot tant fisar !
Que jo neis Tausis can fo ab lui cassar.
IX
275 Al rie duc Boves donec Dieus .j. efan,
Gran joia n'an li peti e li gran ;
El Ten evia al palazi Roulan
Que l'en bateie ab gran alegramen.
Gen Ten bâtie car el es sos parens ;
280 Bel nom li mes segon son essien :
Beto ac nom, que pueis [ac] gran afan.
Tramet Tal duc en .j. bresol d argen
Et ab lui vengro .m. cavaliers valhen,
Fon recob(a)ratz ab gran alegramen. v*
285 Gran guab n'ai duc, a Dieu grant grat ne ren ;
Be fo noiritz tan solamen .j. an ;
Pueissas li venc .j. [tais] desturbamen
C'anec cassar en Ardena la gran.
Lo rie due Boves sezia en .j. banc,
290 Ab n'Esmenjartz la pros e la valhan ;
Abtan vec vos .j\ messagiecorran.
« Cira, > fai s*el, c escoltas mo semblan :
a Ins en Ardena a .}. singlar tan gran
c Pertot los cas e dabant tôt la glan,
aô8 Ms, la votta mor. — 272 Ms. qui eu. — 274 Corr. Que
Gui 8? — »93-4 Lacune entre ces deux vers?^ 294 tôt, corr. toi r
ROMANS DE DAUREL B DE BETO J t
295 « Ane nulba bestia no vi deso semblan, »
So dis lo dux : « Irai la veramen,
c Sera cassât e farem ne prezen
« Aisi a la dona et a Beto l'efan.
« Yeu arai G. mon compa[n]ho valen. »
.3oo Can Tau la dona, si n'a mon maltalen
C'ab ambas mas en a romput son gan :
« Ai ! sire dux, per queus i fias tan !
« Ane nous amet ni (ja) nous ama nian.
« Ausira vos,)a non aures guiren.
3o5 — Dona, > dis el, a dises voste talan.
« Non aur[a]i mal ni nulh desturbamen
« Tan cnm el puesca, a tôt lo mieu viven.
— Dieus 1 » dis la dona, « aujas fulia gran!
« Mon essien n'aurai (ai) là cor dolan. •
3 10 Lo riches dux apelA . j. corran :
< Vai me per G. al castel d'Aspremon. 1
E vai tantost e mol joliamen.
Lo tracher Gui es vengut de rando
Per la causea, pesan la tracio, ^ 82
3 1 3 Causiral duc can sera e venaro.
Ab tant intret el de Beto,
Bo[v]es lo vi e al mes a raro :
< Bel companh senher, . j . singlar casarom
« Qu'e[s] grans e fort, e nos conquerem io. »
3i I Lâi rime de ce vers ou celle des vers 3io et 3 12, est cor^
rompue. Dans le second cas on rattacherait les vers 3 10-2 à la
tirade suivante. ^ di^ Les vers 3 14 à 32g sont d'une écriture
particulière qui ne réparent en aucun autre endroit du ms, — 3i5
ftçra, corr, er. — 3 16 Après el, un mot comme blaleofi ou blaleus.
— 317 raro, ou p.'^. razo» /'r ressemble à uni dans tracio (v. 3 14),
intret ^. 3t6)t conquero (v. 3 2 x),cnmb9. (v, 323J, crcnMfv, 328J^
vottre (v, 32g}; pour venaro (v. 3i5) Vt n'est pas douteuse. —
S 18 Ms, casarem, cf. £arom, v. 26. — 319 Corr. lo conquerrom^
12 ROMANS DE DAI3RBL E DE BETO
320 Solh respons G. : c Senher, mot mi sat bo :
« Non es tan fort que be nol conquero.
« Aporta(ta)r Tem e dar l'em e Beto. »
La richa dona de la cramba on fo
A'entenduda de celui la raro;
325 Estrens sos det[z] e rom son peliso,
Apelal duc e baia Tel mento :
« Bel dos amix, que Jhesu be vos do !
« Non creras mia aquel trachor G. ;
« Mal aia l'ora que vostre companh fo !
33o « Mala creires sel mescrezen felo.
« Ausira vos, non aures gerizo.
— Dona, i dis el, c ben tenes fol sermo ;
« Mesclar nos n'em ieu e vos de tenso.
— Senber, » dis ela, c mas a vos [so] sap bo,
335 , « Anatz ab lui a Dieu benedisio I »
XI
Guis li a dih : c Sira dux, anem nos :
« Fais encoblar los veltres els bracos,
« E non aiam gaires de compa[n]hos,
« Mas sol aiam .iiij. venadors bos;
340 « E nos serem els destri[e]s coredors,
« Ferrem lo porc, senher, et ieu e vos,
« El tombara, non er tan vigoros. >
Enten la dona que mala es la razos,
Vai a la cambra, geta por sos botos,
345 Plora dels uelhs e rom sos pelissos ;
Al duc amen(er]o son destier corredor.
XII
E can lo duc vole el destrier montar, v
Vec vos vengut Daurel, lo bon joglar :
3îi es, corr, er, cf. v. 342,— Z^b Ms, Ploro;
ROMANS DE DAURBL E DE BETO l3
e Bel sira dux, be mi dei alegrar :
35o « .1. pauc filh ai, vuelb vos merceclamar,
« Queus plass(i)a, senbe, lo m'anes bategar. i
So dis lo dux : « Anas lo m'aportar. »
Val lai Daurel, que o vole enansar,
A PaportaCt] e vai loi h presentar,
355 E mes li nom Daureletde Monclar ;
Pueis es montât e vol anar càssar.
La gentiel dona si vai [lo] duc baisar :
So fol darier que anc li poc donar :
« Senher, » dis ela, a Dieus vos lais retornar ! »
36o Lo pros dux [Boves] vai los cas apelar,
En Brunas Vais trobero lo singlar
Et anc pels [cas] no si denget levar.
Lq pros dux [Boves] fai los cas al8[r]gar,
Als venador[s] si fai los corns cornar,
365 El port si leva e fais esparpalbar,
.in. cans a mors abladen maiselar
Et ieis del bosc ; en altre vai intrar^
So es Ardena c'om non pot adesmar ;
Los venadors lor covenc a laisar,
370 E dis a Guis : < Anem los encaussar.
— Senhe, jf dis el, « bel podem trabuca^r. »
Lo pros duc [vai] aitan cum pot brocar,
Ab son espieut li vai tal cop donar
Per las esquinas quel fer ne fai passar,
375 Que los budels ne fai forras anar.
« Companh, » ditz el, « venes mi ajudar^
<i Que aquest porc nois porra mai levar. »
G. venc tan tost cum pot esperonar^
E fer lo duc dejos per Tespaular,
3 80 Que son espieut lie fai d'oltra passar :
Apres lo porc fai lo duc eversar.
Lo duc s*esforsa, e cugas sus levar : /"* i{3
El cors al fer, non pot en pes estar ;
366 cans, ms, sans. — 368 Ms, adesniar.
14 ROMANS DE DAUREL E DE BBTO
De ginolhos comensec a paiiar :
385 « Doua Esmenjartz, ges nous en puesc blasmar ;
c Se vos créées ges no i pogra pecar.
« Tan gen, ma dona, m(i) prezes a castigar
tt Qu'ieu mi laisses d'a[que]st Guiho aoiart
« Ay ! cara dona, ben o vei averrar !
390 « Ay ! fais companhs, be saps lausar :
« Me as tu mortz e non pas lo senglar.
« Ay! fais companhs, cum te ppgis pessar
«c Tal tr[a]siho ni cum la pogis far I »
XIII
El franc duc [Boves] que era fort nafrat[2]
395 Dis al fais G. : a .1. petit m*escoltatz;
« Gardas Pespieut del cor no mi tragas
« Tro qu'ieu vos diga, compays, cum(m)o fassas :
c D*aqueta mort sai que seret reptatz,
a Mas dirai vos, amix, cum o fFasSatz :
400 « Las dens del porc mi mètres el[s] costatz,
« E vost' espieut e vos el porc ficatz :
« Trastos diron pelporc soi afolat[z],
« Vos non seres dementitz ni tornat[z].
« Mos companhs eras e plevis e juratz ;
405 « Mortz m'as, companh, qu[e] ieu o sai asatz,
« Per ma molher que tan cobeutavatz.
« Si m^ajut Dieus nim perdo mos pecatz,
<c Se m*acces dih que tan la volias
« Dada laus agra ab sas grans eretat[z] ;
410 ft Oltra la mar ieu m'en forapassatz.
« Per Dieu vos prec que mal no Ihi volhat[z], v*
« Al bon rey K. e vos la demandat[z] ;
« Dar la vos a, car es pros ni orratz.
a De Betonet vos prec quel nosricatz;
415 a E vostra cort, coms, sens platz, l'amenatz :
390 Vers trop court, be saps [tu] lausleng]ar?^40t vostespieut.
j
ROMANS BE DAUREL E DE BETO I b
« Neps es de Caries, no i seres dissonratz.
« De tôt cant a la meitat valh aintz. »
G. lo regarda com leos cadenatz
E l[o] duc lui cum aagiis enpenatz ;
420 Dis lo fais G. : « De folia parlatz :
«c Per sel senhor que fo en cros leVatz,
« Ja no vieura .xv. jorns acabatz.
€ Se en mas mas el pot esser baîlatz,
« Nol pot gerir ni vila ni sieutatz.
423 « leu ai vos mort(z) ; el non es acabatz. »
E lo franx dux s'es vas lui regardatz,
E junh las mas : <c Companh, si a vos platz,
« Ab de la fuelha e vos me cumei^s.
— Per Dieu ! » dit Guis, « de folia parias !
430 « More vos tost, per o trop o tarzas :
€ Del cor del ventre vos ferai .ij. meitatz.
— Companh, » fei el, a de folia parlatz,
c Del mal queus fi vos seret be vengatz :
c Prendes del cor, senhe, ni ne manjatz.
435 « Jhesu Crist senhe que en cros fos levatz,
« E denhes naiser per los nostes pecatz,
« Santa Maria (dona), ieu vos prec, si a vos platz,
c Mo filh Beto d'ente sas mas gardatz,
a E quer(e) vos quem perdones mos peccatz ! »
440 E l[o] fais Guis s'es de lui aprosmatz.
Trais ne Tespieut, el duc es traspasatz. /« 84
Mor[tz] es lo duc, mai non er recobrat[z] !
XIV
El tra[c]her (G.) al porc Tespieut afigat,
Las dens del porc mes al duc el costat,
445 Pren lo costel. Ta menut pertuzat(z)
Coma cel porc Tages [très] tôt mangat(z).
423 Ms, Se el en m. m. p. — 430 Ms. per .0.— 44.? er, ms, es .
— 445m5. percuzatz.
MM
l6 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
E lo fais G. a pueis lo [co]rn cornât,
Elb casador so vengut esclasat
E viro[l] dux mortz et aglaziat(z)
45o Et ac saunenta la cara el costat(z);
Nom meravilh se foro {6r[t] irat.
Lo trachor an tantost arasonat(z] :
« Digas,. comsG., qui al duc afolat ?
— Senhors, » dis el, « pauc i ai guazanhat,
455 « Que perdut ai, segon lo mieu pessat(z],
a Mon bo seohor e moncompanh jurat(z).
tt Gant ieu vengui lo porc Tac darocat,
« Escoisendut et aisi afolat.
« Ieu cant o vi ag[u]i lo cor irat :
460 « Feri lo porc et ai Taisi plagat
« Que mon espieu li ai pel cors passat(z).
« Ai mortz lo porc el bon duc ai vengat.
— Fels, » so dis Pus, « be mal as espleitat,
« Quil duc as mort [trop] as fah gran pecat,
465 « Que tuh nosaltre ne serem [nos] reptat.
«c Ane no fes porc la plaga del costat,
«c Car be vezem que .j. palm a de lat.
— Amix, » dis el, « dizes ta volontat ;
« Non o pèsera per cant Dieus a mandat :
470 « Vec del senhal quel porc i a laissât,
« E las .ij. dens li trobas el costat. »
Elh venador no i an plus demorat : v**
En .iiij. pergas an lor senhor pauzat,
E lo coms G., lo tracher renegatz,
47^5 Ri ne el cor, mas de gauh a plorat(z).
448 Elh, ms. E hi. Ms» esclasan.— 451 mervavilh, la fin du mot
est surchargée ; il semble qu'il y ait mercaduis ou mercadais? —
Fôro, ms. fero. — 462 Fels, ms. sels. — 463 Ms, espeiatatz. —
464 Ms, Quel d. al m. — 475 de gauh, le second mot est sur^
chargé; corr, de fors"''
ROMANS DE DAUREL E DE BETO I7
XV
Lo trager G. trastoz premiers s^en cor,
E venc premiers el destier salhidor.
La franca dona fo el palais ausor
Que a ausida lai fora la rimor,
480 E cor lai foras et ac tantost pahor :
Troba G., garda lo perferor :
«c Digas, coms G., cum es démon senhor?
— Dona, » dis G., « mort es el bosc major;
« Mortz Pal sanglar, al cor n^ai gran dolor.
485 — Mentit n'aves, en (ar) glot lausengador !
c( Cum as tu mort to natural senhor !
d Lassa, caitiva^ d*un renégat trachor
Que mi a tolta trastota m[i^] amor ! t>
Sospira fort e mena gran dolor,
490 Ca enblesmada de dol, (e) d^ira e de plor.
XVI
«
Lo cors duc Boves van tantost aportar,
Trastuh lei coro, et auzirat cridar
E caras rompre, e cabelh destirier.
Tan cavalier lei viras enblesmier,
495 [E] tan borzes lor vestirs esquicier,
Tantas pros daimas lor caras sanglentier :
Ane mai nuls hom no vi tal dol menier.
Done Eimenjartz revenc de Tengoisier,
E vi Guio decosta ce estier :
3 00 Garda vas lu, (tant) e près a sosspirier;
La franca dona non o pot plus durièr : /• S5
Ad .j. borges vai son coltel ostier,
48G Cum, la dernière lettre est indistincte et semble être un d.
-- 491 Lo cors, ms, Lorc.
»*^*^ .
l8 ROMANS OE DAUREL E DE BETO
Cujal ferir, mas non o poc anc fier,
Que tengo la, no la volo laisier.
5o5 « Senhor s, >» ditz ela, « volhas mi escotier.
X L*autrier mi venc, près mi a menassier
<( Qu^el me tolria mon senhor .e mon pier :
« Aral vei mort, mos cors mi vol crebîer.
a Vieus es Betos quel sabra be vengier ! »
5 10 Cor vas lo duc, vai lo pali levier :
« Senhors, it dis ela, « gardas que vos en par :
<L Aquesta plaga no fo anc de singlar ,
« Ans fo d'espieut, pel Senhor que fài parlar.»
Gant o ac dih, elais vai engoisar ;
5 1 5 De las carn^ primas fai las pessas levar ;
Tuh la regardo e prendois a plorar.
Mai.de .x. m. lau auzirat cridar :
« Ai ! senhe dux, anc no volgis menar
« Vostra mainada queus saubro ben gardar ! »
520 Abtan vec vos Daurel lo bon joglar ,
Laissas cazer del bon destrier liar,
Getaîs s'a tera, que'anc nois pot levar,
E cant revenc, e cl près a parlar ,
Nostre Senher ne près fort a reptar :
52 5 « Ai ! senher Dieus , aiso cum pogis far
«c Aital franc dux d'aquest segle gitar !
« Qu*el mi donet lo castel de Monclar :
« leu n'era paubes, el mi fes rie tornar.»
Tan gran dol fai no vos ô sai comtar.
33o Très jorns lo tengo, pueis lo van sost[e]rar v»
A Sant Alari , jostal corn de l'autar.
Dieus pens de l'arma ! or lo lar^ssem estar ,
Parlem de Guis cui Dieus puesca azirar !
5 10 vas, ms, vos. — 5ii Le ms, indique à tort, par une ca-^
pilale, une nouvelle tirade, — 5i3 Corr, per cel que? — 5i5 levar,
corr. lavar? — 523 Ms, E tant reuenet. — 532 pens, ms. près.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO I9
XVII
{E) iran vî £el6 G. quel duc es sost(r)eratz ,
335 Ad Aspremont s'ea es tanipst anatz :
Sos melhors homes a tantost apelàt[z};
4 Senhors », ditz el, <( mou tesaur m'aportatz. »
Il Ihi respondo : « Senher, cum a vos platz. »
Aporlat n^an .xv. somies cargat[z].
640 € Baro, » fai el, « ades tôt lom trossatz ,
a De bonas armas vostes cors adobatz. »
.III.G. n'i ac fort ben encavalgat[z],
Ab las espezas , ab los ausberx safratz ;
G. los capdela, lo tracher renegat[z] ,
543 Tro a Paris el no s^es restancat[z] ;
Sus el palais a(b) K. es montat[z] ;
Lo rey lo vi et es ea pes levatz ,
Pueis 11 demanda eo sai es aribatz :
« Corn estai dux, lo*mieuscompanhp[r]ivat[z]?»
35o G. li respon, lo tracher^ rejiegat[z] :
c Senher, » dis el , « malvazamen assatz :
« Mort es lo dus /le mieus companh jurât [z] ;
« Us fers singlars, que mala fos el nat[z] !
d Uescoiseadec lo ventre els costatz. »
335 Au o lo rey , tôt n'es enrabiat[z] ,
Bat ne las mas, apelais mal £Eidat[z] ,
Per miék la cort s^en es gran dol levatz ,
El dux Rolan s^en es tôt esquiâtatz.
G. dis al rey : « Senher, set dol laissatz. /. S6
36o « Se per dol fos , per ver o sapiat[z] ,
« Tan n^avem fah que fora recobratz.
« Trazes vos sai, .j. pauc am mi parlât [z]. >
En .j. escaun se son asetiatz.
337 Ms. Snehors. — SBg n'an^ ms* non ou uon. — 3C2 Ms,
parlatz.
20 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
« Rey emperaire, .j. pauc me e$coltat[zJ .
565 t Vostre tezaur auh dire que es mermatz,
« Que aves lo als logadiers donat[z] :
a leu los vulh creisser, senher, se a vos platz;
« Veus vonh lai foras .xv. saumies cargat[z]
< D'aur e d^argen qu^es fis [e] esmeratz. »
570 So dis lo tracher : « leu tenh las eretatz
« Qu^ero del duc que del segle es anat[z] :
<c Reis, se vos plas, a mi las autreas,
« L^aur e Targen vos er tôt aportat[z].
« Das mi la dona /serai vostre conhat[z];
575 « Amar vos ai mai c^om de maire natz.
a leu so rix hom , be i seres onratz ;
« Serai el loc del duc qu^es traspasatz. »
, So dis le rey : c Bel prezen m^aportatz ;
« Ades irem can nos cerem dinat[z]. d
5 80 Cant au l'a ver que es tan desmesuratz ,
Lo dol del dux es trastot oblidat[z] ;
Uaur e Targent es trastot estugatz.
E lo rey crida : « Cavaliers, esselatz. »
Sol .c. n'i ac qu^so ab lui anatz,
585 Tro a Peutieus no si so restancat[z].
.1. cavalier es el palais intratz :
« Dona, > dis el, « e vos cossi estat[z]?
« Veus vostre frayre, encontra lui anatz. »
Cant (ela) o ausi sos cors n^es alegratz :
590 c Dieus ! > di tz la dona, « aras sai per ver(i}tat v*
« C^aras mor[r]a lo tracher renegatz,
« E lo prbs dux cre que sera vengat[z]. »
Don^ Esmenjart dissen per los .x. gras,
Venc al rey K., los uelhs li a baiatz ;
595 El tracher G. es [en] après montat[z],
Vi lo la dona, .iiij. motz a cridat[z] :
« Senher, » ditz ela, « bem petit mi amatz,
567 los, pour lo vos. — 577 qu'es, ms, quel. — 679 dinat, an-
dessus de Vn il y a t\, -- 393 .x. gras, corr. degras.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 21
« C^aquel trachor e vostra cort menatz
c Caucis lo duc can fo ab lui cassar,
600 « Que son espieut li fiquet pels costat[z].
— Senber, » dis G., < [vos] mai no tan crezatz :
« Ela es dona e ditz sas voiontatz ;
« S^om m*o dises , bem fora adobatz
« De i'escondieire cant mi fora armat[z].
60 5 < Mos companbs era e pie vit e juratz,
« No m^o pessera per .ix. citatz.
— Reis eroperaire, so que eieu die es vertatz,
f< Que el Pa mort, et er be esproat :
« La fors el pla sial fuoc adobatz ,
610 ft leu passar n^ai, veja o tosbariiatz;
a Se ja .j. pels es sobre mi crematz,
« Qu^eu sia asa, ja merce no m^agatz!
« Sem salve Dieus ni la mia verdat,
« Aquel tracer sia (a) totz rossegatz ! »
61 5 So ditz lo rey : c Cest contendre laissas:
a Per tôt aiso non er lo duc cobrat[z] ;
« El loc del duc Guis vos sia donat[z]. •
Au lo la dona, .iiij. motz a cridatz :
<( Ai ! senher reis, leu vos (es) acosselhatz^ /* 87
620 « Que pel rie duc .j. trachor mi donatz !
« Ben grans aver cre (que) vonb sia donatz.
« Aital rie rey si fo en bon ponh natz
« Que per aver de sa sor fai mercatz !
a Si Beto vieu, que es petitz assatz,
625 « Aqtiest mieu plah sera mol car compratz.
« Mortz es son paire e vos puois mî forsatz,
<x Per drecha forsa a marit(z) lom donatz,
< Mas ja de Dieu gracias non aiatz !
c Fraire, » ditz ela, « cavalier mi donatz
606 citatz» le mot est en partie surchargé : il parcât y a»ùir cie
etatz. ^ 607 En interligne dis la dona, après emperaire.'<*- 6i3
Terdat ou berdat^ 614 totz, corr, tost? — 626^7 Lacune entre
ces deux vers?
22 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
63o c( Que mieu efanh trachor do sia apdatz,
« E mes oonitjts ttnrais mielbs per pagatz. »
So ditz lo rey : c De folia parlatz ;
« Mai val [us] cotns que no fa pD[e]scatz ;
« leu vos do G., pregui [vos] quel predgas. »
635 Pueis U a dih : « Coms, dese Tespozatz.
— Seoher, » ditz G.^ « volontiers, si a vos platz.»
Le rey meteis es sus en pcs levatz,
Pren la pel ponb, .ii). vea lalh fai baiar.
« Fraire, » dis ela, « per forsa lom donatz.
640 « Dieus voscofonda que en cros fo levatz !
•t Flodrcs vos parga ans que sias tornatz ! >
E pren Panel ab que Ta espozatz,
E lor vezen el fuoc r[en] a getatz.
XVIII
Tuh la regardo li gran e ii menor,
645 Non i a .j. nois plorede dolor.
Car a tos peza fors [de] Temperador ;
No Tauzo dir, car de luy an pahor.
G* pren la dona a joi et a baudor
Et ela lui ab ira et ab plor.
63o Las noBsas fan sus el palais àusor.
Vec vos vengutz Daurel lo joglar bo : i;*»
« Dona, 1 ditz el, « donas mi mon senhor,
« L'enfan Beto ; (que) paor ai del tracbor
« Que Tausiza cum fes lo mieu senbor.
635 « leu ai Monclar, métrai lo en la tor,
« Noirirai lo ab joi et a[b] baudor :
<« Entro que sia de mot granda vigor.
« Can lei sera ja non aura paor
^ Que jal mi tuelha coms ni emperador. »
65o Corr, Tracher no sût mos enfans a. ? — 63 1 tennis paraît
être indiqué par le sens, mais il y a plutôt temais ou temars. —
646 tors, mi. fort. — 65 1 Ms» Dauretz. On obtiendrait une rime
plus exacte en corrigeant lo joglador.
ROMANS DE DÀUREL E DE BETO 23
660 La franca dona ac de l'enfan pahor,
Dis a Daurel/ suayet« ab tecoor :
« Enviât Tai ad huna ma seror
tf Quel me noirira tro sia de valor. »
« ■
XIX
La franca dona es delmangar levada^
665 Ab très comdessa&en sa cambra es intrada.
Tant a batuda sa cara e gautejada,
Estors sos detz, e apelas mal fadada,
Que per la boca ieis la sanc macada :
« Lassa caitiva ! en ta mal ponh fui nada !
670 « Marit avia de que era pagada :
« Cel lo(m) m*ausis a cui ara son dada!
<t Santa Maria, regina coronada,
« Das mi colssel, que non aia durada! »
E respon li .j. dona privada :
673 d leu vos darai colsel se be soi escoltada :
«c Vostre pauc filh fais noirir a selada,
« Corn non o sabra en aquesta encondrada.
« Can sera grans, venra ab ca[va]lgada,
tt En pauca d^ora aura tera cobrada;
680 <' Vengar vos a^d'aisel queus a forsàda,
« P(r)endral trachor enpueh o en estrada. »/^ 88
Ditz n'Esmengartz : « Be m'aves (a)coselhada ;
« D*aquest cosse[l]h mi tenh (fort) ben per pagada. »
Ieis de la cambra dolenta e irada,
685 Lo rey Tabrasa e puis Ta comiada.
XX
Lo rey s en vai el tracher G. ab els,
663 Corr, noirisca, ou noiriga. — 667 Intervertir ce vers et le
suivant? — 668 macada, corr, a rajada? — 675 Vers trop lonf^,
corr, leus [lo] d., e» supprimant colsel ? — 677 Corr, Com n*o s.
ou nol sabja?
.\^
24 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
Qu*el le ssolassa tro es vengutz lo ses.
La franca dona trames per .j. borgues
Que amix era del ric[he] dux marques,
6go ^ Et elvenc tost, que anc (pon) falha no i fes.
« Senher, » ditz ela, « cauzimen e merses.
« Socores mi, que gratis mestiers mi es.
tf Fort vos amava lo pros duc que mort es ;
« De son pauc filh cauzimen vos prenges :
695 « Vel vos aisi en .j. pâli gre[ze]s,
« Ben o sabes que voste senhor es ;
« Socores li e non triges ges.
« Se sa Tatroba lo tracher, mal l'a près :
« Ausira lo, non escapara ges. »
700 El li respon : « Dona, si vos voles,
o Noyri farai ins e mar el gras ;
« Non intrara tempesta ni fret ges,
a Vens ni gelada ni nulha mala res ;
« Dar Tarn noirisa tal que bona res es,
705 ^ Un% ma iiiha que sos maritz mort es,
« E lo cieu efas, que no l^ilaita ges,
« Celai tenra, que d*efan non a ges.
« Mos magers filh que es pros e cortes
<' Lor portara lor ops e lor coures, v*
710 » Nolb faillira neguna mala res. •
La franca dona lin ret grandas merses :
< Prendes lo donc e gardas qu* en fares. •
E si lo pren aquel ric[he] borges,
Dedins la cambra cum se panatz Tages ;
7 1 5 Ben tost l'enporta en [y] irla demanes ;
N'Aisilineta que mol jauzenta n*es
Noiri Tenfan tan solamen .ij. mes.
700 voles 011 boles. — 701 Ce vers commence par un mot effacé
ei récrit d'une manière trop confuse pour pouvoir être lu ; corr,
N^rirai lo ins e[l] m. que grans es. — 704 corr, Dar l'aï. — 710
mala, corr, bona, ou No i intrara au lieu de Nolh falhira ?
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 25
XXI
Al filh del doc an fâcha tal maio
Dedins non a (ni) lata ni cabiro^
720 Ans es en mar on las grans ondas son,
En .j. roca on sol estar lo Ico,
Am bel mur fah de porta de viro ;
No i intra aiga ni tempestacio.
N' Aîsilineta , cui Jhcsu Crist bcn do !
725 Molt gen lo bauza cant es ben de sazo ,
Pueis lo evolopa en .j. bel cisclato ,
Pueisas li yet [un] ermi pelisso,
Et en aprot elalh ditz .j. bel so,
Bauzan los uelhs e tota la faiso ,
73o Et prega Dieu que longa vidai do.
Aisel enfan noiri hom a lairo ,
Mas lo borges e cel de sa maio
Pro lei aporta vi e pa a bando ,
E draps de Fransa [on] colque Tenfanto.
735 Laizem l'estar a Dieu benedisio,
Parlem del trage de Guio,
« Dona Esmenjartz, ben aves lo cor felo,
« Car vos per mi m'aves fugit Beto ;
tt Tan lam cum vos, se Jhesu Crist bem do. f^8g
740 « Fais le aportar c gen noirirem lo ,
« Tota sa tera pueissas [nos] li rendro.
« Gran be mi fes lo duc, rendrai lin guazardo. »
Estai la dona que no i dis oc ni no,
El cor sab be c'aisi a trasio.
72 1 lo leo ou lolco ? — 7*2 corr, de torn e de viro? — 73 1 Corr.
Aisi r? — 736 Ligne ajoutée en interligne, d'une écriture contem-
porainej peut-être par le copiste, pour remplir tant bien que mal
une lacune que le sens indique ici, — 741 Ou li rendr[a] o[in] ? —
742 Corr. Bem f.?
^^n^"<^BHBH^BDBEX9li^ "''
26 ROMANS DE DAUREL E DE BE10
XXII
744 Pueis li respon : « Mas tan lom demandat[z],
fl Ben es raizos que vos o sapiatz :
« Non a encaras «vij. dias acabatz
« Qu[e] ieu Beto me trobe mort dejatz;
« A Sen Alari es l'enfan scsteratz ,
750 « E cel voles (vos) laïns lo demandatz.
— Dona, < disel, 9 largamen traspasatz,
« Que de mentir vergo[n]ha non agatz.
— Fels coms,» ditz ela, < per que [mi] contrastatz?
« Major mensoDga vos a mi finavatz,
733 « Qu'ieu sai lo be e que(s) ne vorriatz ,
« Que aucizes lo duc que dezias c' amat[z].
« Ja non aures (de mi), so vulh que sapi[a]tz,
M Bona molher aitan can jaus vivas,
« Car ja tracher non deu eser amatz. »
760 Iratz fo G. et es en pes levatz,
J. espero[s] de fin or ten caussatz
Pren la pels cavelhs , tan colps li a donatz
Quel vermelh sanc ishi [Ven] pels costatz.
c Fels , » dis la dona , « prec vos mon ausigatz.
763 <c Vieus es Beto, per ver o sapiatz,
a Laîns en Fransa es l'enfan noirigatz; 1^
« Cant el venra voste jorn er propchatz ,
«( Fessa e pessa ne seret desmenbratz.i»
leis de la cambra lo tracher renegatz ,
770 Sos cornadors n*a a se apelatz :
« (Vai) baro, » ditz el, « per la tera cornatz
« Que si Betos es en loc atrobatz
c Que a mi sia [tot| ades aportatz ;
756 lo duc, corr. cel ? — 762 Corr, la pels en Tais, cf. Lex.
rom. 11, 6 a.— 764 mon, corr. no m', ou peut-être vo» in* t
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 27
< Qui quel m'aporte no s*6S pas dtstrigatz :
775 a .M. martz d'argen lin pi^aram e patz. »
Et elh o cornon per bore e per cieutatz,
Cum si Bcio fot .j. laires proatz.
So fo .|. jorn qu'endevenc per pecatz
Que .j. pescaire fo ins en mar intrat[z],
780 Ebratz ac nom lo tracber renegatz,
E venc tôt dret on Betos es entrat[z] ;
Fer a la porta et es intrat viat[z].
E n'Aissilina ténia l'efant el bras ;
L'efan risia, qu*era gen alegrat[z] :
783 « Dieus vos salv, dona, que vos tan gent obratz
a E [corn] molher ai tan gen noirigat[z]. »
Elal saluda et alh los uelh baisatz :
c Senher amix, vas Dieu vos regarat[z] ;
f Cest pauc efan per amor Dieu selatz,
790 (c De lui vos praiga merse e piatatz,
« Qu'e[s] vostre senher, valba li fizaltatz,
« Car orphes es es piatatz asatz ;
« Agardes lo cossi es faisonatz î
« Grans pecatz er si el. es afolatz ; p go
795 « Cum'[el] a fresca la boca e la fatz !
c Filh foc del duc^ so sabem qu*es vertatz ;
a Si al trachor, senher, renseg[n]avatz,
« El raucir[i]a, car vas lui es iratz.
« C'el vieu a longas vos teres rie asatz,
800 a Qu'ieu li diray cum fo per vos trobatz.
« Per vos es mortz o per vos aribatz.
— Dona, » ditzel, «defolia parlatz :
« Mosenher es, noil faria falcetat ;
« Estais ben, domna, gentamen lo gardatz,
8o5 « Pro beves, domna, e be vos alegratz,
n Qu^ieus portaray tôt so que vos vulhatz. »
E n*Ayselin(et)a porta Tefan el bras :
783 el, ms, le. — 791 senher, m$. senhor. — 797 Si al, ms,
Ay.
yUftA
28 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
« Ebram, » ditz ela, » aquest efan tocatz :
« May ne valres aytant can [vos] vivatz. »
8 1 o E levai pâli, l'efas ris li assatz ;
E dis la dona : c Ebram, ar esgardas :
c Ane may nous vi, tan gen s'es «legratz ! >
Respon lo tracher : « Per mi er molt amatz. >
Entre sas dens dis lo vilas malvatz ;
8i 5 ^ .M. martz d'a[r]gen ay uei en mar trobatz. »
D'az els se part(z), e[s] s'en corren anatz.
XXIII
Lo fels pescayre, cui Jhesus desanpier !
Entro a Guio no se vols estancar,
E cant el venc Guis volia manjar,
820 Garda ayan e vi Ebrart intrar :
« Senher, » ditz Ebrartz, « ab vos volria parlar *,
« D aquest Beto cant me voiras donar ? t v^
Guis ac tal gauh c'a penas pot parlar :
« .M. martz d'argen, tan cum ay fah cridar. ^n
825 — Senher, » dis el, « fais los me afizar.
— Amix, » dis el, « so m'es fort boa a far.
— Daurel, » ditz Gui, « puec me en vos fizar ?
— Ostat ! bo senher, cum o pogues pessar ?
« Non a home el mon qu'ieu tan puesca amar.
83o — Ad aquest home me volhatz afizar
« .M. martz d'argen abans de Pavesprar,
« Si el me pot Betonet ensse[n]har. t
So dis Daurel : « leu li faray pagar. r
Ebrart li ditz : « De faren re magar :
835 « Vos me siatz a la riba de mar,
817 fels, ms, fers. — 821 Substituer el à Ebrartz et voirai à vol-
ria ? De parlar, il ne reste que le p, le reste a été rogné,^ 829 Non
a, corr. N'a. — 884 Corrompu? — 835 siatz, il y avait cTabord
seres, qui a été raturé; l'impér, i^'esser ne se pourrait admettre
qu'en corrigeant le vers (par ex» ab au lieu de vos/. Cest pro^
bablement le subj. de segre.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 29
« Quleu Pi trobe cant anava pescar,
« Qu*(el) es rescondutz, bel sabray ense[n]har. »
El pros Daurel vay son caval selar ;
Tro a la mar no si vole restancar,
840 Venc a la riba, non pot d'oltra passar :
i< Jhesu Crlst senher, tu quim volguist crear,
a Das mi coselh cumlay puesca intrar,
« E mo senhor puesca de mort gârar. »
Lo joves hom que lor porta a mangar
845 Ven s'ab sa nau e près a aribar ;
Daurels lo vi e[l] près a [a]pelar :
« Amix, 9 ditz el, f vinet am mi parlar,
« Sem pasat d'oltra ben poiret cavalgar,
« Que ieu[s] donaria aquest caval liar,
85o « Quel filh del duc vol ducs Guis afolar. »
Lo joves hom si près fort a plorar : f* 9^
ff, Senher, » dit el, « pessem de Tespleitar. »
Abtan Daurel ven s*a la nau intrar .
XXIV
Ab mol gran cocha s'en so d'oltra passât,
835 E n'Aicelina Daurel n'a rayzonat :
t Senher, » ditz ela, < cum vos vei esclesa t !
« Frayre amix, que Tavetz amenât ? »
— Bêla sor dona^ ades vos er comtat. »
So ditz Daurel :' « leu ne diray vertat ;
860 a Lo fil del duc say a G. espiat :
« Vendut loilh a lo [fais] pescaire Ebrar ;
« .M. martz d*argen Ih'en ai ieu afizat
« Tôt per Guio, a la sua volontat.
€ D'aqui enant ay tan Dieu réclamât
849 donaria, corr. donarai, comme au v, 821, ~ Sb^Lesfln^Ues
des versSb^-b, 857-60. 861, 865-6, 868-9, 872-7, 883-4, 886-8,
890-6, sont terminées par un z ou par unr trait abréviatif joint à
la barre du t.
3o ROMANS DE DAUREL E DE DETO
865 « Quel xni mostres per la Mnta bontat,
» Gran gauh ai, dona, quar faici] l'ay trobat.
« Bailatz lo mi que trop sai [ai] estât.
— Senher, » dit ela, < e fol m'avet fwrlat,
« Ab lui mor[r]ai, c'aissi m'es destinât. »
870 Tuh trei si prendo quant an Tefan gardât,
E ye[n]c enanc Daurel [e] al rapat,
Fuh s*ea ab el cum se Tagues panât,
Mol corren d'ôltra son ambidoi passât ;
Remas la dona, que i fero gran pecat.
875 £la fo lassa : quant ac .j. brieu plorat,
Adurmis se, que la nueh ac vilhat.
E Daurel pueja ; tant a esperonat
Qu'a son caval ne sancno Ihi costat.
E Tefas plora (ce) et el Ta acabat :
880 « Ay ! mon pau senher, ta lueinh vos ay cercat I v«>
« Dieus cre queus aga a bon port aribat, t
Tro a Moaclar non a rogna tirât.
Sa molher genta si li a demandât :
a Ay ! Daurel senher, cum vos vei ta lassât!
885 — Dona, » ditz el, « que bona fui a[n]c nat,
« Lo fil del duc vos ay ieu aportat ,
« Qu'en una riba Tay, ins e mar, trobat ;
« Vel vos ayssi ; » els bras loilh a pauzat.
Quant elal ten(e)c a .j. sospir getat :
890 Garda vas cel, an mol fort Dieu lauzat.
So ditz la dona : < Ben es endestinat :
tt Mortz es mosenher, aquest avem cobrat,
a Cest er noirit^ a foraa o a grat. »
Met Te la cambra et a lo asadat.
895 Lih fil Daurel s^eo son tant akgrat
May que s^aguesso tôt Taur del mon trobat
Tuh n^an gran gauh e tenos per pagat.
87a Cf. V, ^14 —877 tant a, m$, a tont. -r- 878. Qu'a, m*. £ua.
•— 879 acajbat^ cùrr, apelat. — 882 tirât, ms, triac. — 887 Mt.Ç^
nuna. — 887 riba, corr, irla? — 889 elal, ms, ella.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 3l
De la noirissa foro mal oblidat,
Qu^en fon destreta a tort e a pecat.
XXV
900 Lo tracher Gui leva tost del mangar :
Ebrart, » ditz Gui , « er es ora d^anar.
— Senfaer , » dis el , « no i a re que tarzar. »
A celas crido , (et) e van si adobar ,
.Ill.c. nM ac pel filh del duc cassar , *
905 Pro n'i ac d'els que y fa forsa anar.
Tro a la mar no [se] van detnorar, /* 92
Trovo la nau e van d'oltra passar.
Vengro dreh lay on l'efas sol estar,
El tracher Gui va la dona abrasar :
910 i Amiga dona, que vos a fayta plorar?
« Dat me Beto , no lom volhatz selar.
— Senher, » ditz ela, « laysat me rayzonar.
« Per [Deu] del cel nol vos puec ges baylar ,
a Que maroniers say vengro aribar ,
915 < Et an lom toit, (e) van s*en ab el per mar ,
< Per som vezet aissi desconortar. »
So ditz lo fels : « D^alreus er a parlar I »
De grans espinas si fay pro aportar ,
A eis Ebrart , las fay fort aguzar ,
720 Per las tetinas l'en comensa a iicar
Que x. aûdas Ih^en fes laïns intrar ,
Que sanc e lah mesclar ragar.
La franca res comenset a crîdar :
a Ay ! senher Gui , nom volhatz afolar !
92S < DaUrel Tenporta , nous say plus esenhar. »
So dis lo tracher : « Aisso vertat mi par ,
901 er, ms, et. — 907 Trovo la nau, ms, Tremolauan. -- 910
que VO8, ixroMoncéf queus. — 918 Ms. Per cel del de ou d'e nol.
— 914 maroniers, ms. mardriers. — 922 corr. E s. e 1. mesdada-
men?
32 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
« Qu^encuei nol vi a la taula manjar.
* Baro, • dit [el], « anem nos albergar;
< Vespres [es] bas, non avem que mangar;
9^0 f Al bo mat[i] nos nMrem a Monclar.
« Mas si a Fefas, on lo poirai trobar,
« Nuls hom del mon no lom [pot] escapar.
c Ad Aspremon estarem al colgar. »
E n^Aicelina, cui Jhesu [Crist] ampar! v*^
935 Tant fo batuda queil n^ac obs a portar.
Sos frayre venc prop del vespres sonar
Aporta lan , que tant la pot amar ;
E lo borgues vi sa filha entrar
Ta mal menada que s'en pr^s a plorar :
940 « Jhesu Crist senher , de Betos vu(i)eil pregar ,
a Que vos , senher , lo volhat de mort garar ! »
XXVI
Lo trach^r Guis s^es be matis levatz,
.C. cavaliers (Guis) dels meliorsa triat[z].
« Baro, » dys el, « ades vos adobat[z]. »
945 Elh Ihi respondon : « Senher, cum a vos platz. »
El pla amen(er)o los destiers sojornatz ,
Et cilh i monto per les estrieups dauratz.
El prumier cap foc Guis lo renegatz,
A Monclar vengo quant meydia fo pasatz,
950 Als pes del mur de Daurel aribatz,
El veltitz e de voltas talhatz,
A y .iij. tors ab [los] denteilhs cayrat[z] ,
Ja per nulh home non er près ni forsat[z].
La porta es clauza , Guis lo[s] a apelat[z],
955 Et eilh Tentendo e foro esariat.
Dizo siei filh : « Payre, vas lui anat[z],
940 Betos j^our Betos, Beto vos. — 941 Corr, Que lo volhat se-
nher? — 944 dys el, ms, ây cel. ^961 Corr, £1 [es] voltîtz? Le^
deux hémistiches se répètent, — 9^5 esariat, corr, esmaiat? —
'966 siei, ms. sielh.
ROMANS DE DAUREL E DE BBTO
33
« Per nulh home aquest enfaû noilh rendat[z] ;
a Aur e argea avem oos pro assat[z].
— Ay ! mieu bo filb, tan geotainen parlat[z] !
960 « leu issiriey ; vos Us portas sarrat[z] :
« Per Qulh destret que vos far mi vegat[z]
« Mon car senbor vos no li prometat[z].
iK [EJ sVl m^auci , diray vos que fassat[z} '
« Tenetz vos be trol jorn sia passatz : f^93
965 « Quant sera nueh de làs cordas aiatz,
« Per mieh la rpca ins e mar vos n'intratz,
« Ab la naveta mosenhor ne portatz,
a E lai(s) on Dieus voira (bels fils) vos aribatz.' »
Daurel ieis forras, el Ih'an Fus estanquat(z).
970 E Guis li ditz : < Mos amix vuelh siatz;
« Dat mi Beto qu'e(u)s laïns albergatz ,
« E dar vos ay .j. de mas sieutatz.
« Far Tay noyrir : per mi er mot amatz.
— Se[nhe]r, « ditz el , » per ver o sapiatz;
975 « Nol vos rendray per aver que aiatz,
« Se pessa e pessa [tras]tot mi pessejatz.
« Mosenher es^ e noirir l'ai em patz. »
E lo fels Gui âiij. motz a cridatz :
« Miei cavalier , lo castel m*abrazatz. »
980 Li cav[a]lier volo far so mandat ,
Prendon del f uoc , mas Daurel ditz : « Estatz,
< Intraray lai, aportar Tay viatz. »
E Guis respon : < Beus es acoselhatz, »
Lo pros Daurel es el palais intratz ,
9^5 E lo fels Gui remas forras irat[z].
Daurel si es el banc asetiatz,
Plora del vuelh, a sos cabelh tirat[z],
Tant sa batut lo pieh e lo[5] costat[z]
Que per la boca Ih^en es lo sanc ragatz.
990 Aiso ditz el : « Cautieu, malayratz,
f Ta mala fuei en cest loc aribatz ! v^
937 Corr, P. home nulh est.
• iiiii
MBte^MlAihyba
94 lOMANS DB OAORfiL E DE BËTO
-* Selh do renfiin tott 8era(y) pessegatz ,
€ E s*ifiul retenh , el er sains crematz. •
PJoro li filh e cason esblasœatz ;
995 La molber plora, vengudii lb*es de latz :
» Amix, » dit ela, c fort vos desconortat[z].
— Oi eu , ma dona, que mala fui aac natz ;
c Ben conoc aras que soy descoselbatz.
« Amtga bana , quinh cosseih mi donatz? s
1 000 Ditz Biatris : < Filb e vos autres
i So qu^ieus dinei e vos altres fasatz. »
Tuh li respondo : « Doua, quens so celat[z] ?
« Que anc digas veus nos aparelhatz ,
« Nos o farem si cum vos comandatz.
100 5 — Vec vos aissi aquest efan que jatz :
« Vostre frayre [es] e mos filh propiatz ,
« En una nueh ambidoi foro natz,
« Batejet lo lo duc qu'es traspasatz ;
< En aicel pâli e vos Tevolopatz ,
10 10 « E Betone(z el bresolet colgatz,
« E nostre filh al traïdor portatCz],
< E de luy fasa totas sas volontatz :
« Morra mos filh , mosenher er salvatz! »
Tuh très respondo : < Dieus ne sia lauzatz i
1 o 1 5 « D^aquest coseilh bens tenem per pagatz. »
Daurel ieis foras , so filh porta el bras;
L^efas fom bels^ car fon be aleutat[z].
Daurel dit a Guis : c L^efan m'aseguratz,
« Que negun mal vos noqualhui fassat[z].»/*'" 5^4:
1020 So ditz lo ttacher : « Ben per ver sapiatz
a Noilh farai mal, ans sera be gardatz. »
Daurel loilh baila et el lo pren viatz ,
Descubri li la cara e la fatz :
\
1000 Le vers doit se terminer vraisemblablement par au jatz,
mais vos autres doit s'être introduit ici par anticipation de la le-
çon du vers suivant,-^ X002 quens ou queus; so, corr. o? — 10 11
Ms. Ennostre;|7.-^. Est n.? — 1018 Corr. « Guis, » dis Daurel.
— 1019 Ihui, ms, Ihiu.
ROMANS DE DAURBL E DE BETO 3 b
« ^B«to , » dltz Gtii , « bem m^erat esca|)at[z],
1025 < Em breu de tenipâ seres be noirigàtz.
xxvrr
♦ • » 1 ■ •
« Daurel, » ditô Gui, < ja mai nous paec amar;
4r Mon enemlc me voliat celar.
— Senher >, dis el, « dretura m'o fes far,
« Que so senhor deu hom tostemps aniar. »
io3o So dit lo tracher : < ôardat qu'en voirai far. »
Pren lo pels pes, dona ne a .j. pilar,
Amdos los ueilh ii fes del cap volar ,
E las servelas trastotas escampar.
« Beto, » dit Gui, « ben puec [aras] estar,
io35 tt De vosta partz nom cal ja mai gardar. »
Tuh cil que i sso non o podo durar ,
Quobro lur caras e p[r]endois a plorar,
E Guis s^en vai , es partitz de Monclar.
Dis lus a Taitre : « Vejatz que vos en(e) par!
1040 < Jhesu Crist senher, cum o podes durar? »
E Daurel vai son efan ajustar ,
En .j. bel pâli Ta fait evolopar;
Se fo iratz no vos o sai comtar.
Tro a Peutieus no si vol estancar.
1045 Don^ Esmengart au de son filh parlar,
Que Guis Ta mor[t], e pren gran dol a far :
Vec vos Daurel que venc al comensar, ^
Porta Pefan e va Pal pla pauzar,
\ Tuh lo regardo e prendois a plorar ;
io5o Doiîa Emcngart volîa cnblamar, v*
Lo pros Daurel si la fai confortar.
Trais la vas part, (e) près li merce clamar :
« Domna, » dis el, t nous cal desconortar,
« Qu'ieu Pengeriei, perlos ueilh que vos gan,
io55 « Que mos filh cra : ieu Pai fah cambiar.
« Mort es lo mieus, (e) fias (e) lo vostre alachar;
io56 Lt premier c est ajouté en interligne.
36* ROMANS DE DATJREL E DE BETO
< Prendet vos garda del castel de Moaolar,
« Cap Yostre fil m^eo irai oltra (la) mar;
« Mon essien nom veires retornar
io6d « Tro qu[e] el pusca sos garnîmcns portar. *
La franca dona lo vai .iij. ves baizar:
c G)mpaire senher, Dieus vos capdel eus gar !
c So a ves fait que a[n]c hom mai non poc far,
« C'om des so fiih per so senbor salvar. »
io65 La dona vai so filoilh esgardar,
Conoc lo be, fai lo dol espasar,
Non vi tant gran dol per .j. filh de joglar.
Apres lo duc va Tefan sosterrar :
Per luy es mort, ben deu ondrat estar«
1 070 El pros Daurel torna s'en a Monclar,
Tost e vias vai las naus adobar ;
Pro i a mes a beure et [a] mangar,
Met i sas armas per covinen estar,
Arpa e vihola i met per deportar,
1075 .L noirisa per Pefan noirigar,
Son palafre e son caval liar,
Son escudier no i vol ges oblidar, >
Sleu dos filhs se prendo a plorar.
D[r]esso lur vêlas e prendois ad annar.
1080 ' E sa molher vai e la tor montar, /• ^5
Aitant Tesgarda cum lo pot esgardar,
Pueisas si près molt fort ad esmagar :
< Lassa ! caitiva, que poirai aras far!
« Mort es mos filh, nol veirai recobrar;
108 5 « Mon pauc senhor aras ne vei anar,
« E mo marit quem degra çapdelar ! •
Laissais cazer, que anc non poc levar,
Tro que siei filhs la vero ajudar,
E mori se, que Domidieus [P] ampar !
1067 Corr. tant gran en tal? — 1067 de joglar^ ms. degolar. —
1068 sosterrar, ms, sostrerar. — 1074 Afs. A. i met et v. —
1078 Corr, Andoi soi filh? — 1079 ad annar, tnf.an adnar.
ROMANS DE DAUREL E DE BBTO Sj
1 090 Laisem Daurel e Betonet estar,
E si parkm del seïiescalc n^Azemar.
XXVIII
r
Dona Esmengart apela so sirven :
« Bai tne à n^Azetnar, que a mi benga parlier,
N'Azemar es que es vengut corrcn,
1095 E venc ploran, sos uelh muelha sôen :
€ Domna, » ditz el, « molt ai mon cor dolen
f De Betonet que es mortz veramen :
« Mortlo vosz a lo trachèr mescre^en.
— Amix, » dit ela, « non aias espaven,
1 100 « Qu'ans es be viens, se Dieu(s) plas, veramen :
« Daurel Tenporta per mar alegramen ;
c De son pauc fil n^a fah cambiamen.
« M onclar vos mete e vostre cauziàien,
« Lai so li filh que estan maridamen ;
I io5 « Vec vos aisi pro aur e pro argen,
« Et estables la tor el mandamen ;
c Pro lai metet sivada (seguel) e formen, v*
a E carns e vis e neulas e pimen ;
c Troa .XV. ans lai metes fornimen,
] 1 10 tt Quar ans de .xij. ans lai seres mai de cen ;
1091, 1093 Azemar, prononc, Aimar. — 1092 Esmengart. ms»
Emesgart, Le sens général et la rime indiquent qu'une nou"
velle tirade commence à ce vers^ bien qu'il n'y ait ici dans le
ms,^ non plus qu^en maint autre endroit^ aucune^marque qui in-
dique une coupure. Toutefois, Je ne vois pas le moyen de ra^
mener le v. jog3 à la rime en en. On pourrait plus aisément
rattacher les vers iog2'et iog3 à la tirade précédente, en cor-^
rigeant ainsi le v, xoga : Esmengart vai son sirven apelar— 1094
es a été ajouté en interligne, U serait mieux placé au corn--
mencement du vers et aurait alors le sens <fecce. Au lieu de
vengut corren, le copiste avait d* abord écrit pros e leugier, ce
qui est la fin duv. X126, -^ 11 07 CotT. [fen] sivada e f.? cf, v,
112g. — iiio Les premiers mots, pris duv, xii5 ont été écrits
ici par erreur, Corr, De bos sirvens ?
38 ROMANS UE BAUREL £ D6 BETO
« Pro aias armas et aitres garcrimenSf -
« Dia e nueh, amiX) ^tai$. lains^ -
i E quieus combat tomatz vos belamen ;
« No seres [près] pcr nulh home vi[v]en.
1 1 1 5 c( Ans de xij. ans, per lo mieu esien,
c Vendra Bç$P^ e Baurçl issuoien '
« Ab cavalgada^-et ab combatemen,
a Et ausira lo tracber mescrezeo^
« E vos fara rie hom[e] e majoen.
1 1 20 — Domna,. » ditz el, « yostre comandamen
« Farai. tostemps senes tôt falbimen»
c De vos servir ai be cor e talen«
« Aicel castel capte[n]rai ben e gen.
« Mot ai mon cor alegre et jauzen
1 125 « De Betonet, car ieu Ip sai viven. »
XXIX
E n^Azemar, qu[e] es pros e leogîer(s)
De clar formen empli tos los graniers,
E met nU pro a mub [e} a sestiers
Fen e civada als coredos destriers^
1 1 3o De bos bacos lai mes .iiij. meiiers,
Pro 4e bo vi tant cant lur n^a mestiers;
.XXX. arquiers (lai) mes e .xx. arbalestiers
E de triat[z] .xl. cavaliers,
Gen tent los homes e totas lurs molhers.
1 1 35 Ldins noirirp austors e [es]parbiers
E cas de cassa e corredors destriers; f^ 9^
Jogon as taulas^ ad escax, a diniers,
Dins lo caste! meno grans alegriers :
Ueimai a guerralotracher lauzengiers.
XXX
1 140 Quant lo fel Gui enten[det] la razo
Quel pros Daurel s*en anava ab Beto,
ROMANS DE DAURBL B DE BBTO ^Q
Vie de Monclar c'assi estàblit fo,
Tira sa barba e rom som pelisso ;
Donc sab el be qu'mctt'tas) n'aura tenso.
1145 Vai a la dona e met la a razo,
En .)* tor el Ta mes en preio,
.1. an la tenc, c'anc res no Ihi tenc pro ;
Mandée sa gen : bc .m. cavaliers so,
Tro a Monctar non près arestazo ;
1 1 5o Gardée las tors e va lor dVnviro,
Eilh de la vila nol prezo .). boto.
Lhi filb Daurel so molt cortes e pro,
Defendo se a gutza de baro,
Ttth esems erido e fan(t) en aut .j. so :
1 1 5 3 <( 'Mot presam pauc lo fel tracher Ouio
< Caucis loduc ecajet far Beto. »
E n'Azemars comensec sa tmzo :
<c Fel tracher Gui, ja non aora^perdo :
« Quar no t'en fuges en altra regio ?
1 160 « Viens es mosenher", non auras garizo^
€ Quar tu «s mor[t} to senhor a lairo.
-^ Per Dieu t » ditz Gui, c mal m*en gabas, gloto.
« Per cel senhor que fes lo cel el tro,
« Totz vos p(r)endrat sus en .j. cabiro. » v*
1 165 Respon Bertraos que filh de Daurel fo:
a Mentit n'aves en aquesta sazo,
< Bens galrdarem de vostra trasio. »
Antona ! erido per gran alegrazo.
E eant ve Guis res no l(i) pot tener pro,
1 1 70 Es s'en tornat ab eorage felo.
Laissem Monclar el traldor Guio,
Parlem de Daurel e de Tenfan Beto.
1 142 Vie est douteux : il y a dans le ms. une tache entre le v et
/( c. — 1 145 y a-/-i7 une lacune après le vers ? On s'attendrait à
un discours deGuu— io52 Ms. m. e pro e cortes. — 1172 Vers
trop long» Ici comme ailleurs {vv. 1 090-1, 1279-80, i4o5} les vers
de transition peuvent bien avoir été ajoutés par un copiste»
40 KOMANS DE DAVRBL E DE EETO
XXXI
Vai s^en Daurel ab joi etab [bau]dor,
Per alta mar, per forsa e per vigor,
1 1 75 Mas ges no sap de sa gentil oissor
Ques laiset caszer de sus de r[à]ata tor,
Si que mon sus el palais auzor ;
Cant o sabra mot n'aura gran dolor.
Cant Tefas plora a lui non a sabor,
1 180 E pren sa viola e fai .j. lais d^amor :
< Ai ! » so ditz el, c mon pauc gentil senhor,
« Cum vos lonhat de vosta gran honor !
« Fugem nos en ab mot gran dessonor.
« Per vos ai dat lo mieu filhet menor,
1 1 85 « leu vos ai trah de mas de trafijdor ;
« Filh es de duc e neps d^emperador,
c E fugem nos co siam raubador !
« Vos no aves ni fraire-ni sefor
t Que ja vos venge d^aquesta dissonor. »
1 1 90 Cant hac dit no pot estar no plor,
Baga Tefant per gauc e per ainor.
o Jhesu Crist senher, per la vostra dolsor,
€ Vos nos menât a bon port Salvador
« E gardât nos de mal e [de] dolor ! »
, XXXII
1 195 En Babilonia es Daurel aribat[z] /<> gj
Ad .j. rie port, Dieus ne sia lauzat[z]l
Venc el palais on era râmirat[z],
U75 oissor, ms. molher. — 1176 Ques, ms. Qcn. — 1179 Ms.
non sap bor.— ii83 Fugem, ms. Fugen. -^ 1184 mieu, ms, mttu
— ii85 ai,m^. e. — 1187 nos, ms, nolh.'— 1189 d*aquesta, ms.
dequesta.
/-'
ROMikNS DE DAUREL B DE MTTO 4I
E Pescudier porta Tefan elbras.
E TamirtC es de mangar levatz,
1 200 E so .D. de cavaUeis ppezatfz] ;
E Daurel yenc, (è) a los gen saludats :
€ Dieutf sal lo rey qu'es doc et amiratz,
€ E la regina els(i) cavaliers delatz ! >
Eilh li respo(n]do : « Joglar, enan anatz;
1 2o5 c Bona sia Pora que sains es iiitrat[z]1 »
El va enant, a lor dels jocz mostratz,
Dek us e dels altres, qo^el ne sap pro asatz.
Pueis presl[a] arpa, a .ij. laisses notatz,
. Et ab la viola a los gen deportat[z],
1 2 1 Sauta e tomba ; tuh s'en son alegratz,
El rei mezis s*en tenc fort per pagatz.
So dis Daurel : c Senher, or m^escoltat[z] :
< De lai de França sai soi a vos passatz,
« Qu^e la cort K. es pels baros lauzat[z].
1 2 1 5 < Tu iest lo melher (rey) que anc fos atrobatz ;
« E reis e comtes, tos los n*ai oblidatz :
« Per VQStr'amor ieu sai so aribat[z],
c Ab vos serai aitan can ja vivatz. »
Lo rey sezia, el es em pes levatz :
1 220 c Amicz, 1* dit el, « vostre nom me digat[z] .
— Daurel ai nom, senher, se a vos platz.
— Daurel, » dit el, » ab me vueilh remangatz,
< E dar vos ai una de mas cieatat[z],
« Aur et argent aures vos pro assat[z].
122b — Senher, » dit el, « gran aver mi donat[z] ;
« Ieu no vuelh tan, e teih m*en per pagat[z] t^
t Ab cest efan que noirir me fasat[z]:
« El es mos filh, per mi er trop amat[z].
« Morta es ma [mo]lher e so ne fort iratz. »
i23o Mentir si cuja, mas lo es veritat[z].
So ditz lo rei : < A mi lo prezentat[z]. »
1206 enant, ms, ennat.— > 1207 Corr. Ë d*us e d*attres? -- 1219
el, mS, te.
■ -*- t -_«
42 ROMANS DE DAUREL C DE BETO
Daurel loi baila et d lo prcn viatz;
Ausalh lo pâli, Tefas als silhs levatz,
Jeta .j. ris, el rei es ne pagstE :
1 235 c Ehsj x*dita el, « ben iest bofiafârat[4 ;
« Ane mai nom vis, cum si t^es aldgratz t
€ Â gran bohor vueUi q\ie sias gardatz.
« Domna regina, [vos] en giurda Tagate,
€ Fais lo notrif per Tamor quem pf»rtat[z],
1240 — Senher, > dit ela, « ema brassai pauzat[z] ;
c Per cel Senhor qne totz nos a formatz
« Tarn be sera noirit et alautat[2}
« Cum s'ieo Tagues e mon veiitre portât. »
Pren lo la dona e rescon lo 'magat.
1 245 Tan fo noirit tro ac Jij. ans passat[z],
Estec en crambas e si fo ben gardat[z],
Pudr ieh déferas e fo be remirat[z},
Tuh lo regardo, car grans fo sa beutat[z] :
Los pels ac bions e gent [fo] faisonat[z],
i25o E los ueilh vers coma falcos mudatz,
La gola fresca cum roza en estât,
Blanc coma neus, et ac genta la fat[z].
So dit lo rei : • CaTaliers, escoitatz :
« Ane aquest efas non fo de Daurel nat[z],
1255 « Ges nol ressembla.» Daard s'es d>l propiatfz]:/»^ j^
« Senher bos rei, pauc cre que mi amat[z],
<* Quar mon efan aisim desleialat[z]. >
So dis lo rei : « Daurel, nous irascat[z],
« Non die per mal, se m'ajut caritat[z]. t
1 260 Quant ac .iiij. ans Beto fo fort prezatz,
Vai s^en al rei et eseties delacz
E pren sos gans et a los 11 rapatz :
1236 ms. euro se alegratz; cf. v. 812 -» 1241 tots aoi a, ms.
tost uaza. — 1243 s'ieu Tagues» ms» siel laguet. — i25o coma, ms.
cûa. — 1255 Corr. propchAtz, ou suppr, d*éi. Toutefois ie dis-
cours du roi semble incomplet; il y a f.-e. une lacune entre les
deux hémistiches de ce vers. — 1261 eietieB, corr, et se traîti ou
8*as8etet? Le ms, marque ici et au v, i2y3 un alinéa.
dtOMAiœ DE D^UDRBt E DE HE^Ù ^H
Foron rdc drap entom ab aur listitit, ■•-
Toi loeal roi « îe» no a^ca trigat(ziv
1265 Â la regiiiia ai W a prezentatz ^
Ela lo$ praoi^ alli los vuelh(e)i J^aizatz*
L(0 rei s* en ri e dit: < Sai m^cscollat^] :
« Yolgiram costcs .xiij. denuurcieutatz
« Qu?eU c^gucâ fil que fos de mo^her oat[z]
1 270 a Caquen semblés^ qu^ei fora atmiatM'.
c Mi^ \i coveogra qm fos âl d'amirat . •
« Que [de] joglar de ^paucas eretat(z}. » •
Quaiu ae Beto be>v« ana acabaiz^
, Foa b^ï cf egitt e pros et essenfao]^]
1 275 Pueja(s) cayiUls et a io$ abrivatz,
Fon b.eji$, partieif^. egen entazonatz,
Joga a tauias, âd eëcax et a dat[z]
Et en la cort Ib l(rjort per tot[z] amatz.
Laisse^! Daurel e Betonet em patz
1280 E tornem sai a cels qu^avem laissatz.
*
XXXIII
•
Lo tracher Guis es anat ribairar,
E son be .c. per lo comce garar.
Porto lur armas» no las volon laissar, v^
E .X. falcos per las gruas cassar.
128a Una espia n^es venguda a Mondar
Que lor [o] comta, ^ eilb van se adobar :
Vesto aulbercz e que[x] son elme clar,
Guio bos brans per los grans colps donar,
El prumier cap los guiza n^Azemar,
1 290 [El] e Bertran que fo fil del foglar.
Isson déferas rengat per batalbar ;
•X. ne remano pel lo castel garar.
Ditz n'Azemars : < Senhor, vueilh vos pregar,
1277 Ms, escaxc. — 1288 Guio bos, corr, Gcaho lot? — 129a
Ms, remado.
44 ROMANS DE DACtEL E DB BETO
« En Brunas vais lai los anem sarcar,
1 295 « Aqui los trobanuDd per los falcos gitar. »
Guis garda avant e vi los cavalgafi
Laissais. £alcos e cor si tost armar,
Crida als sieus : « Baro, al remenbrar,
« Queus vos lai los fairlt[z] de Monclar. »
1 3 00 Ab las par[a]ulas hil se van adobar,
Vecirôs Bertran en .)• caval li(r)ar,
E venc tantost cum pot esperonar ;
En auta vos comenset a cridar :
c Fais tracher Gui, nom podet escapar,
1 3o5 c La mort (de) mo fraire araus vuelh demandar^
« De Pefantet que feris al pilar. »
Au lo coms : sul caval va pujar,
E venc vas lui lai on lo vie estar,
Grans cops si fero pels escutz pessejar.
1 3 1 G Bertran Tenpeih quel cujet degolar,
El coms Guis lui que Ta fah darocar :
€ Esta, » fai cel, « malvas filh de joglar;
■ Ja mai ab com[te] not vuelhas engagar. »
Sieu compa[n]ho li coron ajudar, f^ gg
1 3 1 5 Grans critz g(u]itero a las lansas bàisar,
Aqui virât .j. gran tornei mesclar,
Franger las astas e los escut[z] brizar,
E las perpongas romper els auberctz desmalhar.
Vec vos vengut lo cortes n'Azemar,
1 320 Baiset sa senha, laissai caval anar,
E'fer Guio, mas nol pot daroquar.
< Antona \ » crida, « tôt veires revelar
< L^efant Beto que cujes mort laysar ! »
Au o lo coms : cujec enrabiar,
i325 E trais s^espeia, laissai caval anar,
1294 Ui est douteux^ étant très effacé. -^ 1295 Aqui, los, corr,
SiU? — I2q7 Laissais, ms» laissalc. — 1298 al remenbrar, d'abord
al cavalgar^ qui est rayé,^ 1299 Corr. Que eu vei ? — i3i8 E las
perpongas, corr. Els perpongx. — i3i4 Au o, ms. Ano— enrabiar,
la leçon est peu nette, p.-é. enrabieiar ?
ROMANS DE DAUltEL E DE BETO ^5
Fer j. donzel desus son elme clar,
Entro las dens ne fes lo bran passar,
Mort l'en trebuca, que anc non poc levar,
Fer demestz els, £es los esparpalhar.
i33o € Aspramonl » crida, c vinet mi ajudar;
< D'aîcels faîrit[z] non veuret .j. tornar. »
XXXIV
Au o Bertrans, es s'en [fort] irascutfz],
Ponh lo destrier que va los sautz menutz ;
E n'Azemar tenc se per cofondutz ;
i335 Contra Gui corro e son .xv. ab escutz,
Baisso lur astas els [es]pleutz esmolutz.
Li très le fero el ausberc qu'es menutz,
De tos los autres lo gandi son escutz .
Trastut lo fero, mas el s'es ben tengutz,
1 340 Per els non a minja d'estrieup perdutz ;
El feri .j. que fo acosseugutz,
Demest los altres [aicil] es mort cazut[z] ;
Vi o Bertrans, e[s] se'fort irascut[z],
Brocal destrier e trais lo bran que lutz,
1 345 Fer lo per re[l]me qu'es luzens et agutz v^
Que los dos caires el n'a jos abatutz,
De cada part fo lo chaple tengutz .
XXXV
Veuc vos vcngut n'Azema[r] lo leugier,
Apres de lui son .iiij. cavalier ;
1 35o Li .iij. lo fero el escut de cartier,
Quel gomfano li fan el cors mulhier,
E n'Azemar feri Ihi son destier,
Lo d(i)estrier ca ; lo coms près a tumbier,
1337 Ms, autbers. — 1347 chaple, ms» capeh; Va est douteux,
p.-é, chapeh? — i35i fan, mi. fai. — i353 comt, ms, eu.
46 ROMANS DE DAUREL B DE BBTO
A tera cazet, non fa per a blasmier,
1 35 5 De ca[da] part li van grant cops dernier.
El $t dftfen ab sa speia d'asifer^
Qui [el] encausa be lo fa trastumbier.
For lo respondo per ios grans cops que fier :
Reigardo sas, mas no Tauzàn toquier,
1 36o Tro Bertrandet comenset a cridier :
i Eia ! baro, del tracher lauzengier,
f Cum es aiso nol porrem daroquier ! •
Van lo ferircadaûns yol[un]tiers,
Que son escut li fan tantost £Eilhier.
i365 Ab las palauras vec vos .[. cavalier,
Jaufre ac nom e vai ferir Requier,
Tant Pasta dura lo vai jos daroquier,
Per mieih las rennas va prenre lo destrier,
Fer per la prieissa, comenset a cridier :
1370 c Montatz, coms Gui^ que be vos fa mestier ! •
El salhi sus, pessa de Pespleider ;
Cel de Guio non podo plus durier,
Fugen s'en torno dreit .|. cami plenier.
11 Ios encauso per las testas trenquier,
1375 Soen Ios fero e Ios fan trabuquier,
.Vij. n^an ausitz e .zx. ne fan. menier.
E lo fel Gui, cant ne pot escapier, /^ 100
Tro Aspramon nois vol pas rastanquier.
Eih de Monclar s^en volo retornier
1 38o Ab lor encals que an fah de prumier.
Aysels que an près fan sobre S. jurer
Que de la guera lor vuelho ajudiep,
E que no sian ni fais ni lauzengier;
i354 cazet... per, corr* caL,. pts?— i357 Qui pour cuî. — 1358
Corr, for[t] lo redoptan? » i3bg Les deux premières lettres de
Regardo sont à peine lisibles ; sas, qui n'a aucun sens ià, est cer^
tain; corr, se î — i363 ferir, ms. fcrit. — i368 Va, ms, au A, Ta
est douteux, — 1371 Ms. del deaplehier. -^ 1374 11« ms, lifa.
ROMANS DE DAUREL E DE BCTO 47
XXXVÏ
Lo tracher Gui foc irat e dolens^
1 383 Manda sas terat et aîu[8]ta sas geas.
De cavaliers i ac .m. e .ccc.
E de triat[z] i ac be .il cirvens.
Tro a Monclar non près arestamens,
Asetjet los senes tôt cauzimens,
1 390 Tendo lur traps enriviroBamens,
Bastiso peureiraS) trabiiquetz issamens ;
Mas res que los fasso no lu^ te dampnamens.
Pdeis sobre S. a[n] fah los sagramens,
No s^en partran per aulh homes viveiis
1 395 Tro que p[r]endaa aquelhs que so laîns.
De laïns crîdo e dizon autamens :
tt  I tracher Gui» malvas e mescrezens^
a Tostz i seret prejucs de tos fais sagramens.»
Dedins s*alegro e fan esbaudimeos
1 400 E nueh e dia estan aiegramens ;
An que mangar a .xij. [ans] per seguens,
Laïns en aigua molis e for eis e coreas.
.XII. ans estero enclaus tuh de laîns,
Tro que Beto ac près sos garnimens.
1405 Laissem Monclar els asetiamens.
Qua[nt] ac Beto .vj. ans, foc bds e gens,
La color ferca, los uelh belh e rizens,
Amal lo rei e te lo caramens,
Ë la regina e sa filha issamens.
1410 Fo la donzela de bels aculimens,
Ac nom Erimena e fo ben avi(e)nens«
Lo pros Daurel fo aras ben jauzens,
iSgi Vers trop long; corr, E fan pJ — iSga que los, corr,
qu'ilh? fuao, m#*fo8to. — iSgS i leret, corr. en. — 1401 Corr» e
forns cozens? — 1407 ferca, pour freaca. — 141 1 Vers trop long.
4B , ROMANS DE DAUREL E DE BETO
L^efant apela e ditz li belamens :
« Bel filhs Beto, ap[r]endet d esturmens,
141 5 c D^arpa e de viola, seres ne plus jauzens. »
L^efas respon mot ensei[n]adamens :
« Bel senher paire, vostre cbmandaniens,
« Veus me aissi per far vostre talens. »
XXXVII
Qua[n]t ac .vij. ans Beto sap gen violar,
1420 (E) tocar citola e ricamen arpar,
E cansos dire, de se mezis trobar.
.1. jorn aven que Daurel fo en mar
En .j. nau per los dalfis pescar,
E Betonet vi los enfans jogar,
1425 Fllh de baros qu-ero de rie afar :
El cor tantost son brizaut empenhar.
Cor al taulier e va s'i asetjar.
Cilh de la cort o van al rei comtar,
Vi o lo rei e pren lo a gardar ;
1430 Ans qu^en levés li detz Dieus (a) gazanhar.
Que .x« enfans lai a fahs depolhàr
De lor brizautz, que no lor vol laiasar ;
Al col los leva e pren »^en ad anar.
E lo reis vai .j. donzel apelar :
1435 « Amix, » ditz el, « gardât qu^en voira far
« D^aicels brizautz qu^en vei al col portar.
— Senher, » ditz el, a ben ba sabriei contar. »
Beto ieis forras, comêncet a cridar
Permiei la vila et s^en près ad anar :
1440 « Qui vol brizaut a me benga parlar !» f'* loi
A l[o]s donzels vai los brizaut [z] donar;
El palais torna, comencet a gabar :
« Tozet, » dit el, « sabres ben tremolar,
1436 qu'en, eorr, qu*eul ? '- 1438^ Le sens serait mêilkur si
on intervertissait les seconds hémistiches.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 49
a Si mi crezes(et) altres nMres talhar. d
1445 E lo donzel o va al rei comtar,
Si cum a vist, que no Ih^o vol celar.
E Pamiratz fai sa cort ajustar,
Qu^ades venga qui lui voira amar.
Mai de .c. m. lai n^a fah ajustar,
1450 E la regina que motz fai a prezar.
So ditz lo rei : « Baro, que vos en par
(t D^aisel efan que vezet lai estar,
« De Betonet que ieu puec tant amar?
a Tantas proesas ieu li vei comensar,
1455 a E .X. brizaut[zj gazanhet al jogar,
a E cant los ac, dese los anet dar.
tt Per cel senhor que tos nos fa parlar,
« Ieu non creirai sia filh de joglar,
« Que los cavals li vei fort abribar
1460 « E los ausbers vestir e despulhar
(t E los escutz tener et abrasar. »
Ditz la regina : « leusz o farai proar.
oc Ins en las crambas vos Pen mandat intrar,
« Que a ma filha an dels verses comtar;
1465 « C. mart[z] d^argen lh[i] farai prezentar :
«c Si pren Paver donc (er) es filh de joglar,
tt [E] si nol pren anc re no Ih^ac a far. »
A cel cossel si van tuh ajustar ;
E lo rei fa per Pefan enviar,
1470 Et el venc tost, pren se a ginoulhar : v"
« Beto, » dit el, « araus vueih fort pregar
« Que ab ma filha vos ânes deportar,
a De vostres laices vos li ânes viholar ;
« Irada es^ anas la m^ apagar.
1475 — Senher, » ditz el, « aisso m^es bon a far. »
Val s^en corren, pren sa vieula trempar.
1449 lai, ms. lan. — 1455 E, corr. E[r]? -^ 1460 ausbers, ms,
uarbers, p.-é» manque-t^il une lettre ou deux au commencement de
mot, car il y a à cet endroit un trou dans le ms.— 1468 A cel, ms, Aicel.
4
5û KOMA.NS DE DAUREL E DE BETO
E la regina vai sa filha ensenhar :
a Filha, » dit ela, « ab vos voirai parlar :
« .C. martz d'argen aissi vos vueilh laissar,
1480 « Que Betonetz vos venra deportar ;
« Vos los li datz quantz s^en voira anar. »
Lo rei meszisses comensa a parlar :
<£ Baro, » ditz el, « anem los escoltar
« En cal manieira si voira capdelar. »
1485 Entorn la cambra si van tuh amagar,
a Que auzifam tôt so que volran far. >
XXXVIII
Sus a las cambras s'en es Bcto intrat[2]
En .j. brizaut qtie fo gentil cordatz;
E la donzela es levada vîat[z] :
1490 « Bom sap, amix, quar ses saïns intrat[z]. »
Ela es joves et es grans sa beutat[2],
Non a .X. ans enquara acabat[z],
Ela fo agradabla, en sa ma te .iij. datz
Qû'ero d'aur fi et dcdins tragitatz :
1495 « Dona, » ditz el, « sai vos a evîat[z]
« Queus mi tramet(z) mossenher Tamiratz,
« Et îeu mezis teînh m'en fort per pagat.
<r De bels vers(es) sai, dona, vueilh quen'aujatz. »
E dit sos verses e fon ben escoltatz ;
i5oo Lo rei l'auzi que s'era amagatz
Entom la cambra eil reïna delatz, f^ 102
Et ab lor so .c. cavaliers prezatz,
Que tuh escolto cossi s'es deportatz.
Una gran pessa s'es lains deportatz,
1 5o5 Ganta e vihola, es se fort alegratz,
« Dona, » dit el, « iriei m'en si a vos plat[z],
'i486 Ce vers paraît devoir prendre place aprps le v» 1483. —
1495 vos a, corr. vos soi ? — i5o2 prezatz, ms. pregratz. — i5o3-4
deportatz occupe la place d'un autre participe en l'un ou en Vautre
de ces deux vers.
ROMANS DE DAURfiL E DE BCTO 5f
« Tôt jorn, madona, quem volretzmi mandatz.
— Beto, » dit «la, « .j. petit m'escoitat[z] ».
.C. maFtfr] d'argen li a denan pauzatz.
1 5 1 o Amix, » ditz ela, c cest aver vueilh prengat[z],
« Que cpmp[r]ar n'et p(l)alafres sojornat[z].
« Mon prumier do en refut non agatz.
"• Dona, » dit e[l] « ,m. merces e .c. grat[z],
« Que teu ai, dona, aur et argen asat[z],
T 5 1 5 « Ab soiamen que vos be mi volhatz.
« Joglar venran, d'estrains e de privatz,
« Ad els, ma dona, aquest aver donatz,
« Lauzar vos an per estranhes regnatz
« £ vostre prêt seran plus issausatz
i520 «De vos, ma dona, me téin for per pagatz,
« Que tôt jour vos a mi pro donatz,
c Que noiritz m'a mosenher Tamiratz.
-^ Beto, » ditz ela, c per la fe quem portatz
« No vos n^anes que del miei non aiatz.
iSiS -^ Dona, » dit el, « per que m^ensermonatz?
« Quant ieu Tauria séria ne enbargatz ;
(C Mas soiamen, car conosc que a vos platz,
« De vostra ma prendrai [ieu] aquels datz.
— Amix, » ditz ela, < ben pauc mi demandatz.
1 53o « Tenet lôs doncz, per amor los portatz. »
Et el los pren, ela los li a donatz.
« Dona, » ditz el, « donatz mi comiatz.
— Beto, » dis ela, t en bon astre anatz;
« Que Dieus don(e) so que vos mai deziratz. v"
i535 — Dona, » ditz el, « vos ab Dieus remanatz. »
Uefas ieis forras, als donzels atrobatz,
Van abergar los destriers sojornatz ;
Quant el los vi no s'es pas atrigat[z] :
Dreih a Testablc, tantost s^en es anatz,
1 540 Pren lo caval del rei, es sus montatz,
lâai tôt )our, ccrr. tota dia? — 1534. Corr, Q. D« [vos] d.so q.
m. — 1537 abergar, corr. abeurar, cf. v. i54]«
52 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
Et ab los altres abeurar es anatz.
Lo rei ici de lai ond era intratz,
Et ac auzit Beto cosi fon deportatz,
Pueissas lo vi qu^es el caval montatz :
1 543 « Baro, » ditz el, < e sai vos regardatz :
« No m^es vejaire, segon los mieus pesatz,
« Que aquest efas anc fos de Daurel natz.»
Tuh li respondo : c De nien en parlatz;
<L Per cel senhor que totz nosz a formatz,
i55o « Fils es de duc, de rei o d^amiratz.
— BarO;» dit el, € car no lo m'apelatz?»
Cilh lonlh apelo et el venc mot viatz.
So ditz lo rei : « Beto, cum fos auzatz,
« Que mos destriers fos anc per vos tocatz ?
1 555 — Senher, » dis el, « uci no fo abeuratz ;
9 Vostres escudiers es be malaûratz ;
9 Ieu[i] menarai a Taiga, si a vos platz.
— Beto, » ditz el, « ea garda lo agatz.
— Senher, » dis el, «per mi er ben garatz.»
1 56o Partz se d^aqui, tuh dizo ad .j. clatz :
«t Aicel efas pessam que fos panatz.»
En aquel dia fo Beto esproatz ;
D^aqui enan fo mil tans mai amatz.
XXXIX
Qua[n]tac (Beto) .ix. ans foc del rei escudiers,
1 565 Foc bels e gens e covinen parliers,
Joga a taulas, (et) ad escax, a diniers,
E va cassar ab cas et ab lebriers, /^ io3
Âb los austors et ab los esparviers ;
Baissa las astas, abriva[n) los destriers.
1570 Amal lo rei, la regina a sobriers,
154a Ms, on dera — 1343 Supp, Et ac et corr. Auzic? — 1649
totz, ms, tostz. — i55o rei, ms* rie. — i55i car «n interligne.
— i552 lonlh ou loulh/ corr. r«n? — 1558 Ms, lagat la ag«t2. —
1569 Corr, Bersa lu gantas ?
i575
ROMANS DE DAUKEL E DE BETO
Sa genta filha que lo te motz en chiers;
Ama[n] lo domnas, donzels et cavalrers.
Et a las taulas servia als mangiers :
' Denan lo rei estava prezentiers,
Servi li fort de so quel fa mestiers,
Puessas los viola e canta volontiers.
Vi o Daurel : ac ne grans alegriers.
53
XL
Quant ac .xj. ans el se sap (gent) escrimir,
Als cavaliers privadamen servir.
1 5 80 El pros Daurel de lui ac grant servir :
Comprailh caval et armas per garnir.
Bêlas e paucas, que las puesca sufrir ;
Pueissas el fes .j. Sarazi venir
Que fo molt dels efantohet[zJ noirir.
i585 « AmiX) » dis el, « aujatz que ieus vuelh dir.»
E Betonet fes denan si venir.
Daurel comensa al Sarazi a dir :
« Aquest miei filh m^essenhat d^escrimir.
« Ben conosc aras quel voles enriquir. »
1 590 Vefan ne mena, esenhal d^escrimir,
E so destrier de la tera salhir,
Ab son escut escelier e gandir,
Et en Pautruei de grans colbes ferrir,
Lasdretas astas mamenar e brandir,
1 595 E los distrierfs] adresar e venir,
Grans cops donar e dels altres gandir,
Et en tornei cum si deu mantenir.
1571 genta, ms. senta. — 1576 los, corr, lor— 1578 Corr, gent
se sap e.? — i58o servir, corr. plazir? — 1584 Corr, Q. fo m.
[duchs] d'e., ou d. efantos. — i385 Ce vers serait mieux placé
après le v. 1587.-1589 Ce vers semble être la fin d'une ré-
ponse du sarrasin, de laquelle le commencenfîent aurait été omis par
le copiste, ~* t5c)2 escelier, corr, esquivar? — 1594 mamenar,
cerr, mttnejar? — 1595 venir, corr. tenir ^
54 ROMANS DE DA0REL E DB BBTO
.1. an lo tenc que re no ac que dhr^
E sap d^escrima^ de gamimens tenir. v*^
XLI
1600 Quant ac .xij. ans^ sap pfo d^esernîmenfs] ;
Vi o Daurel, ac ne son cor }auzen(s)
Daurel Papela, el venc yiassamen(s) :
« Bels filh,» dit el, «prentostz to(s)garninien(s),
« Las bonas armas e lo(s) distrier(s) corren(s) ;
i6o5 « Irem lai forras ieu e vos solamen(s).
— Ai ! senlier paire, vostre(s) cômandamens,
a Si cum volretz tôt al(s) vostre(s) talen(s). »
Entr^ ambidos ban (s'en) en . j. (bel) prat verden(s) :
oc Bels filhs, » dit el, c armatz vos belamen. »
1610 Et el s'adoba adzaut et covinen.
Qua[n]t fo armatz, el li dit en rien :
« Ai I senher paire, que vos ve a talcn ?
— Bels filhs, » dit el, « veirai vostr' ardimen :
a Jondret ab mi, se Dieu plat, veramen.
Î6f 5 — Bels senher paire, ben parlât de nien,
Qu'ieu comtra vos dresses mon fer luzen,
« Nonofariaper .c. m. març[z] d'argen.
— A far vos er, per Dieu omnipoten 1
« De mi ferir non aiat cauzimen ,
1620 « O^^icu nos ferriei a mon esforssamea. i>
Cascus selonja .], mezurat arpen^
Baisso las astas e ferqis duramen
Per los escut[z] quel fer(e)s intra dedins
Entrols aulbertz que de mort los defen.
1625 Daurel Pespenh molt vertudozamen ,
E Pefan lui qu'a terra l'en dissen,
E passa d'oltra e fetz son torn mol gen,
Daurel s'en ri jos son elme luzen.
iSgg garniméns, ms, gamines. — 1600 Corr. escrimltneH^
1620 nos;70«rno vos. — 1621 Plutôt s'e[5]Ianja.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 53
c Beto, » dit el^ « ben aia aital joven^ /"" 104
i63o « Bem par aras per mieu essien.
« Ailsenher Dieus [molt] gran(s)gratvos en ren.n
L^efas dit c^en plora mol greumen,
Venc a Daurel e per sa ma lo pren :
« Ai i senher paire, mol fezes folamen,
i635 « Quar anc vas mi fezes essa[ja]men:
« S^ieus agues mort, ieu m^ausira issamen.
— Bels filhs, » dis el, « aras sai veramen
ff Que seret pros se vivet longamen. »
Las armas pauzo amdoi cominalmen,
1 640 Van se cezQ sus en Perba yerden.
XLII
€ Amix Beto, » dit Daurel io joglar,
« Cui es vos filh? sabetz m^o vos nomnar?
— Senher, ieu vostre, e vulh p ben estar.
— Non es, amix, per Dieu quem fa parlar,
1645 < Ans es mosenher, e devet o selar.
c Grans etz e bels, neh [per] armas portar ;
« Duc et e coms, e vuelh vos o mostrar :
< Neps es de K. que mol fai a prezar,
c Del melhor rei que hom puesca trobar,
i65o < Fils (es de) sa seror; ja nol devet amar,
« Quar en aisi vos fai faiditz anar.
« Lo duc tos paire el mi donec Monclar,
< .1. rie castel que esia sobre mar.
« Us tracher coms queis fa Gui apelar
i655 « Ausis vostre car paire quan fo ab lui cassar,
< Pueis compret vostre maire ab pro argen et dar.
€ Vos noiria hom ins en irla de mar,
i63o // est aisé de corriger Aras b. p. p. [lo] m., mais la phrase
reste incomplète, — i632 Corr, L'e. dissen, qu'en ? ^ 1642 Cui.
ms. Qui. — i655 Corr, A.to p. (c/. v. i652), ou A. vo p.? — i656
Corr, P. V. m. c. ab pro donar ?
36 SOHANS DE DAUREL E DE BBTO
« Cel tracher Guis vos i fes espîar,
* Vole vos aucire, mas ieus aniei panar ;
[660 ' E nulha guia noh pogui escaper,
« Tro moQ pauc filh per vos aniei donar ;
« Mos uelh vezens feri ne a .j. pilar, v
1 Si que los uelh li fe del cap volar;
« Quant Tac délit cujet bos mort laissar
[665 1 leu, cant o vi, no pogui plus durar :
s Fugi m^en sai, que bos volgui salvar. ■
L'efas Beto se comensa a plorar :
« Senher, • dit el, « aisso cum poguet far t
« Cum vos poirai cestz fah gazardoaar? 1
1670 — Mon car senher, ieusz o sabrai coœtar :
a Em breu de temps nos ne volrera tornar,
u Ausirem Gui que no[n]s pot escapar,
it T[r]astot Peitieus er'al vostre mandar,
« Bordels, Aatona, tro al castel de Moadar.
1675 « leu ai .ij. âlhs quem fezetz vos laissar
• E ma molher el castel de Monclar.
■ Per vostre sen nous volhatz capdelar,
e Mas per lo mieu, e no 1 poiretz pecar.
« Celatz vos fortz trous ne volhat anar.
1680 — Bels senher paire, tôt al vostre mandar, ■
Prendo lur armas e prendo s'[a] anar,
Sus el palais se préndon a violar,
Denan lo rei se van fort alegrar,
L'efas Beto si près a ginolbar,
i6S5 Denan lo rei [vai) son esturmen pauzar.
XLIll
Quant ac Beto .xiîj. ans, fo fort (e) prezatz,
Et en la cort volgut e pels melhors onratz.
El rei Gormon ajuster sos barnatz,
168S «oncorr. r? — 1687 Corr. ben volgut et onratz î ou per 1m
m.o., «n omettant volgau — t6&H sos, ms. son.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
Volois gran mal entre el e Pamiratz,
1690 Guerra an atida bon a .xx. ans passatz;
Ab gran poder es sobre lui anatz,
Ab be .xij. h. de cavaliers prezatz f^ loS
Ab .c. H. homes, que us non es restat[z].
En Babilonia es Gormons aribatz,
1695 Per mieh la vila s^en es grans crit levatz. /
E Betonet no s^es pas oblidatz :
Dreh al drestier del rei s^en es anatz,
Met Ihi l[o] fre (e la boca) e la cela el[s] costat[z],
E venc al rei ; es denan lui anatz :
1700 c Senher, » ditz el, ce e vos car no montatz?
(T Vostre caval es mol be esselat[z].
— Beto, » dit el, « areires lom tornatz,
« No i issirem, que no n^em adobatz :
« Nos em petitz et ilh son trop assatz ;
170S » Se i issiam séria grans foldatz.
— Senher, » dit el, « aisi cum a vos platz. •
E torna areires et es se cossira(ra)tz,
E membra li del linatge qu^es natz :
Uaubert del rei se gita als costatz,
1710 Sint'a Pespeiga, e[s] se .iij. vetz senhatz,
E lassa Pelme qu[e] es ab aur listratz,
De plana terra es sul caval montatz,
Dels adops del rei s^es ben aparelhatz,
E pren Pescut que es estreh belcatz
171 5 Ab .iiij. brocas d^[a]ur que i so pauzatz,
E brandis Pasta, el fers fo nielatz;
Dels garnimens del rei s^es adobatz.
Brocal destrier dels esperos daurat[z],
Tro al portai no s'es pas atrigat[z].
1720 Ditz al portier: « Las portas alargatz,
« Que lo rei ve [e] trastot sos barnat[z]« »
i6go Af;f. Querra ann aûda. — 1710 Sint'a mt, E sinta — 171 3
Corr, D'adops, ou Dels rei adops. — 1715 so, ms, fo. — 1716 nie-
latz, »w. liielcatz, c/. v. 1757.
38 ROMANS DE DAUKBL B DB BETO
El las li nebre ; el «Utz : c A Dieu siat{i) ! »
E lo rei es ak fenest[r]a[l]s montat[a], y*
E vi Beto qoe fo molt abrivatz,
1 725 Conoc lo foe, e(s] s^en meravilhatz :
< Digas, regina, e foras esgaratz :
« Vegat Beto cum s^ea aparelhatz.
t De mos adops be vei que s^es armatz,
« Lo mieus destriers euh que c^era cambiat.
ijBo — Senher, j^ ditz ela, « no sera se Dieu platz;
€ Fe quem deves, a Dieus lo comandatz.
« Be vos puesc dire que se el vieu asat(^],
« De nos acore er ben aparelhatz.
<r S^el [i] es près, be^serafi) malevatz. »
1735 De la gran oati^ nos ne ve .ij. triatz
Que so vengut entro prop dels valatz.
Beto los vi et es se d^els propchat[z] ;
Tuh lo esgardo dels murs e dels valatz.
En aut lur crida : « Baro, nous ne fugatz,
1 740 « Vus de vos dos ad huna part estatz,
« Ab lui jondrai, ab quai que vos volhatz.
€ Perdet destrier o aquest gazag[n]atz. »
So li ditz Pus : « Companh, ab roi justatz. »
Cadaûs broca ab los espiest baissatz,
1745 Grans cops si fero els bos escutz listrat;.
Be lo feri aicel desbatigat[z]
Que entro Tauberc s^en es lo fer passatz ;
Beto fer lui coma vasal proatz,
L^escut li trauca, e l^auberc Ta falssat,
1 750 Vezen de totz es lo paias tumbatz,
So dit Beto : « Bon sap car et tumbat[z},
« Que ab joglar vos estes encontratz. »
Vi ol compainh, fon dolens et iratz,
Etac gran anta quarPartre fon tumbatz :/© io6
1729 cambial, corr. camjat. — 1782 se, ms. es. -— lyS^Ms, ma-
levetz. — 1735 Q08 ne Te, corr. ne vcno ou vec vos ne? — 1736
çntro^ ?7t5,' entra, — 1749 e, ms. a. — 1750 totz, ms, toss.
ItOMANS DE DAORBL B DE BETO à^
1755 BroCal caval, venc vas lui abrivatz,
E Betonet no s^es pas oblidatz,
E brandis Tasta, el fers fo nielatz,
Gran cops si fero ses totas pietatz,
Que lor escut[z] i an trastotz briatz.
1760 Be lo feri aicel desbatejatz,
E Tefas lui, que los arsos dauratz
En fa volier e trabuca Tels prat[z].
ce Amix, » dis el, « an Gormon, me digatz
« (Que) fil de glojar vos a amdos tumbatz. »
1765 Lo reis o vi e tôt Paître barnatz,
Ab vos escria : « Cavaliers, escoltatz !
« Per cel senhor que totz nosz a formatz,
« Se vieu .j. an el sera amiratz. »
De Tost o vîro si que s*en so triat[z]
1770 Mai de .iij. m., mas nols a espera[z],
Abans s'en iritra com(a) savis e menbrat[z],
Ab .ij. destrîes qu'en mena esselat[z],
Per mieh la vila s'en es gran brut levatz,
Coro en cambras : el s'es gen capdelat[z],
1775 A .ij. donzels a los destrier[s] donat[z].
E mieh la plassa s'es Pefas desarmatz,
Tuh lo rimiro quar grans fo sa beutat[z],
Vec vos Daurel qu[e] es vengu viatz,
^Que) tenc .j. basto que fon gros e cairat[2] :
r 780 « Ai ! » so dis el, « filh de joglar malvatz,
% Per cel senhor que totz nosz a formatz,
« Mala icis senes los mieus mandatz ! »
L'efas respon coma hom essenhatz :
€ Ai ! senher paire, per que vos corossatz ?
1785 « Molt n'ai gran gauh quar vos m'en castiatz. » v^
Tuh li escrido : « Daurel, nous irascatz,
« Vegat l'efan cossi c'es razonatz. »
En pauca d'ora n'i ac mois ajustatz.
E lo reis venc e trastot sos barnat[z]
1759 an, m's, ai. — 1764 glojar ;?ottr joglar»
6o KOMANS DE DAUREL E DE BETO
XLIV
1790 Lo reis i venc corren ad esdemes,
Aitan col poc portar sos palafres,
Venc a Daurel e près lo pel cabes :
« Per cel senhor que tot[z] nosaltres (es,
c Ins e ma carcer estares .xij. ans près,
1 795 « Que es escura, que re no laî veîres;
4 No manjaretz lunha re de dos mes,
« Ni pa ni vi ni lunh altres coures
€ Se nom dizes aquest efan cui es,
« Qu'el non es vostres, se m'ajut Dieus ni fes.»
1 800 Respon Daurel que es pros e cortes :
« Ai f senher rei, per Dieus, valham merces l
tf Fais ajustar vostra cort demanes,
'< Els chivalier[s] e los melors borzes,
i Pueisas dirai de Pefan de cui es :
i8o5 i( Non es mos fils, so sapjat que vers es,
a Non a el mon duc ni comte ni reis
« Que sia plus haut quel sieu parentat es. »
E Pamiratz fa cornar .j. pages
Que tost s^ajusto el palais majoriss.
XLV
18 10 A la cort veno tuh li mal e li bo,
El pros Daurel poietz sus .j. peiro,
En auta votz comenset so sermo :
a Ai ! senhe reis e tuh vostre baro,
« Entendet me, que nuh hom mot no i so :
181 5 a Vezes Pefan ab lo var blizaudo :
« Coms es e dux ses tota mentizo,
« Filhs fon del duc qu'apelava hom Buvo^J^ 107
« De cel d^Anton[a], cui Jhesu Crist perdo I
1798 cui, ms, qui.
i
ROMANS DE DAUREL E D^ BETO 6i
€ Pus el [es] ne[p]s l'emperador Karlo,
1820 o Del melhor rei que sia ni anc fo,
« K. lo rei det sa sor a Buvo^
« E lo duc Boves ac ne Tefan Beto ;
« El duc SOS paire si près a compa[n]ho
0: J. comte sieu que [a]pela hom Guio ;
1825 . « Aquel Pausis ab mol gran trasio ;
a Pueis près sa maire per forsa, noil saup bo,
(( Don^ Amenjart ab la gentil faisso,
« Ins en irlanda de mar noiri Tom a lairo ;
« Vole lo auscire Guis ab lo cor felo,
i83o a Tant lai estet tro qu^espiatz i fo,
« leu lo paniei; portiei Pen a maio;
« Seguet mel tracher per granda trasiho,
« Demandée lom : ieu dissi Pen de no ;
« Volia m^ardre (e) mi e Pefan Beto.
i835 c E ieu, can vi non auria guerizo,
tt E luoc de lui diei li .|. mieu filho :
« Vezen de totz lo près per lo talo,
« Feri n'ai mur et eservelet lo ;
4 Ieu soi SOS hom, fih Pen cest gazardo*
1 840 vT Fugi m^en sai e vostra regio ;
« Noirit Paves e deu vos saber bo,
a Tornar nos n'em, que ben es de sazo,
u E vengar s^a del fel trachor Guio.
V £ E quilh fes m^l ja non aura perdo,
1845 « Que de proesa a ben comensazo. »
XLVI
[E] qua[n]t lo rei la paraula enten
Quel neps de K. a noirit longamen,
Ven a Beto, entre sos bras lo pren
.C. ves lo baia, (e) la regina icimen ;
1820 melhor, ms. molhor. «— 1827 faisso, ms. fiiissa. •- 1828
Corr. Ins en un' irla noiri ?
62 ROMANS DE DAUREL £ DB EETO
i85o Tuh li baro li crido autamen :
« Rei, daih ta filha, que ben es d*aTi[n]en. » y^
Lo rei ac gauh e dis li en rien :
« Beto, 1» fai cel, « ma filha vos prezen. »
Uefas respon ab gran e&senhamen :
i855 a Senher, » dit el, « no la refutnien ;
« Si o vol mos paire que m'a dat gamimen^
« leu la prendrai mol voluntieuramen. »
Daurel escria moLvertudozamen :
« Prendet la, senher, que ben es covinen,
1860 « Ab solamen queusfassa .j. covinen :
« Per vostr' amor prendra batiamen ;
« Menar Pavetz a Peitieus veramen. »
E la reïna n*est întrada corren
Ins e las cambras, sa bêla filha pren,
1 865 Vezen de totz la tra a parlamen,
Pueis li demanda, si c^o viro .d. :
« Domna Erimena, voletz batiamen ?
« Beto o vol que a molher vos pren. »
Domna Eripena li respon gentamen :
1870 « O ieu, ma domna, a tôt lo sieu talen. »
So dis Daurel : « Rei, da Ihi de ta gen,
« Mai de tria mîlia (homes) que sian combaten,
« E cadatls que aia (tôt son) bon garnimen,
« Que d'uei en .xv. jorns nos n'irem veramen
1875 V Entrogas'a Peitieus, que no i a tarzamen,
« Dels enemix en penra vengamen,
« Pueissas penra la domna (so sapias) veramen;
tt Vos daret lalh ab gran esbaudimen.
Tuh li escrido que ben es avinen,
I880 E pueissa crido trastuh comunalmen :
<t Rei s, jure la dese nostre vezen. »
So dit lo rei : « Beto, fais sagramen.
— Senher, » dis el, « rc no vos i conten ;
t85i gauh, ms. guah. — iHSg Ms, ben nés. — 1862 Ou M. Ta-
netz? ~ 1874 Corr» Dinz .xv. jorn»? — 1875 -Corr, Trosc* a P. '
ROMAMS De OAUREL E DE BfiTO 63
« Daurel mos paire jure premierameû. »
i885 Lo rei mezis las bonas fes en pren :
Sobre .j. espeia aokioî fan sagrameo,
E Daurel e[i]s a .j. cros d'argen.
Aqui mezis, que no i fan tarzamen, /<> io8
Meto las naus e Taparelbamen,
1890 E laïns meto de trop bel(s) garnimen,
De tôt aquo que a nau si coven ;
E son de .x. m. e desobre .ccc.
E Tefas pren ac[u]miadamen,
E met s^e mar Beto ab granda gen.
1895 Dresso lor vêlas e det lur Dieus bo ven,
Très mes complitz, meih de tempestamen,
S^en van per mar, pueis fan aribamen
Près de Monclar alegre e jauzen.
XLVII
T
E Daurel garda e si a vist Monclar,
1900 Aqui aribo, cuja laïns intrar;
Entom los viro assatiat[z] estar,
Los trap[s] tendutz, las cozinas fumar,
Vi o Daurel e pren To a mostrar : / ^
a Senher, » dis el, « Dieus nos vol fort onrar ;
1905 « Vejaire m'es nons quai fort afanar,
« Dels enemix aisins podem vengar.
a Vec vos lai Gui que nons pot escapar,
a Se pel mieu sen vos voletz capdelar.
4 Fais vostres homes garnir et adobar.
1 9 ï o — Senher, » ditz el, t (a) tot(z) al vostre mandar . »
Tuh se garnisso, cMs no s'en fai pregar,
E comensero del castel a gardar,
E[l] pros Daurel vai lor Pescut mostrar :
Conogrol be, viras los alegrar,
1915 E Tus a l'autre comenset a parlar :
1892 Corr, £ son dins. ic. c desobre. -^ 191 1 faî, ms. fan.
64 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
« So es mossenher que ve d^oltra la mar! »
Dedins s^adobo per los fors assautar.
« Estam menbrat çant auzirat cridar. »
E Beto s'arma, viest .j. bon aubère clar,
1920 E la espeia jes no la vol laissar,
E Daurel altre, ges non o vol tarzar; v®
Gran ac la barba, qu'om nol poc albifar :
Ben a vij. ans no lais laissetz ostar.
El pros Daurel los va tost ajustar,
1925 E pueis tan gent si los vai castiar :
« Negus de vos no i an esperonar
« Tro que nosaltres vos lai augatz cridar,
« Pueissas vinetz, que degus no esper som par ! •
Una gran capa va Daurel afublar
1930 E Betonet ne fai altra portar,
Prendo lor vieulas a guiza de joglar,
E[l] pros Daurel vai Beto essenar :
a Senher, » dit el, ce cous sabret capdelar :
« leu cantarai, vos devet escoltar.
1 935 « Dirai tal re queilh poira enojar,
« Mon essien el me voira tocar. »
So dit Beton(et) : « Et ieu tost al vengar I »
Entro al trap non volo restancar.
E quant cilh vengro, Guis secia al manjar;
1940 Guis lo escria : « Joglar, vinetz mangar. »
So ditz Daurel : « Volem vos deportar. »
E Betonet pren .j. (bel) lais a notar,
El pros Daurel comenset a cantar :
o Qui vol auzir canso, ieu Ih'en dirai, som par,
1945 € De tracio que no fai a celar
« Del fel trachor Guio cui Jhesus desampar 1 1»
E Guis tenc .j. coltel, vol a Daurel lansar,
El pros Beto vai sa vieula gitar,
191 7 Dedins, ms. De dieus. — 191 7 Ms, p. las forsas sautar. //
doit manquer quelque chose entre ce vers et le suivant, ~ 1928
Corr, qu'us? ^ 1932 vai, ms. via. — 1933 Lacune entre les deux
hémistiches? •— 1942 Ms, Botonet. — 1945 Corr, D*una gran t ?
ROMANS DE DÀUREL E DE BETO 65
E près sa capa molt tost a despolhar,
tgSo E trais la speia, va Ihi .j. cop donar,
E lo bras destre fai a tera volar.
« Antona ! » crida, molt altamen e(l) clar :
« Tuh es mîei home, c'us nois n'auzan tornar. »
Cil del castel quant auziro cridar,
1955 Obron las portas, van si amb els mesclar. f^iog
Vec vos pongen [ajquels d'oltra la mar,
Que re no i ac mas del desbaratar.
Aqui viratz tanta testa trencar,
E tant baro caser (et) e t[r]abucar,
i960 Tan chivalier morir et derocar,
Tant pe, tan poinh per mieh lo camp volar !
E Daurel vai los baros a[m]parar,
Acels a pe, qu'om nols auza tocar,
Quel tracher Guis i fai(s) forsat[zj estar,
1965 Sos chivaliers laisa totz afolar,
Grans gaus n'an cilh qu'en podo escapar,
Que anc negus no i atendec som par.
L'efan Beto vai Gui fort escapar,
Per mieh la gola[lh] fai .j\ liam gitar,
î 9 70 Elh(i) fil (de) Daurel van lur (senhor) pair€ baiar,
E pueissas van lur senhor abrassar,
Aqui virât tan gran gauh demenar 1
Lo pros Daurel comensa demandar :
« On es ma molher que ieu puec tant amar ? »
1975 Ilh li respondo : t No la podetz mostrar,
« Tant tost mori quan vos en vi anar. >
Daurel o au, non pot em pes estar :
Enblesmat ca, e van lo cofortar ;
E Betonet vi Daurel engoissar,
1980 Ac ne tal dol comenset a plorar.
Trastut [li altre] van Daurel cofortar,
igSi volar, ms, volhar. — 1955 van, ms. vai. — i960 Ms» ci*»
hualier. -^ 1968 escapar, corr. estacar? — 1972 gauh ou guah; le
ms. est taché à cet endroit,^' 1970 podetz, corr. podem.
5
66 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
Del dol que fa lo prendo a blasmar :
« Ab vostres fils vos deves alegrar. »
Cominalmen s'en pe:[ ar
1985 Tro al mati quels près ad ar,
Tuh vas Peîtieus eli ad anar;
E[l] pros Daurel a fak Guio cobrar,
Dret a la coa del bon caval liar ; 1^
Entro (a) Peitieus lo fan tras si cornar.
1990 Cilh de la vila si fan los senhs sonar,
Tuh rev[e]stit van Beto amparar ;
E li borzes prendois Dieus a lauzar
Quar lor a dat lor senhor a cobrar;
Aqui virât tan gran gauh demenar,
1995 Tant bon tapit per las ruas gîtar !
Daus totas partfz] los virât alegrar.
« Ai ! senher Dieus, mol vos devem lauzar,
• Quens aves fah nostre senhor cobrar! d
Don' Emengart au la bruda levar,
2000 De Faut palais comenset a garar
E vi Guio tôt sanglcn rosegar,
E cor encontra per novas demandar;
.1. donzel troba que be la[s] saup comtar :
< Domna, » dit el, « beus er ad alegrar ;
20o5 « Veus vostre filh qu'es vengut d'oltramar.
ff El tracher Guis ac fah tras si menar. •
Au o la dona, no si vol estancar :
So filh encontra, si lo vai tost baigar,
El pros Daurel si loilh vai pre(n)zentar,
20 1 o E[l] fel Guio Ihi van desse lieurar,
Dis o Daurel (Ihi domna) : « Fais cest tracher gardar. *
So dit la dona : « Fais lo al vent levar. »
Daurel respon : « Farai lo cofesar
1 984-7 Le bas du feuillet est taché. Les mots soulignés sont dou-
teux. Au V. 1985 il serait aisé de restituer ajornar, n\ais ce qu'on
distingue des lettres presque évanouies ne s*y prête pas* — 1999
la bruda, ms, lo brut da. -— 2002 per, ms, pre. — 2012 vent, ms*
venc.
ROMANS DE DAUREL E DE BBTO 67
« Qu[e] el ausis lo bon duc al vengar. »
201 5 E Betonet fa sa ost albergar;
Ab molt gran gauh van el palais montar,
La nueh sojorna tro venc al dia clar.
E[l] pros Beto fa sa cort ajustar,
El fel pescaire fa
2020 So es Abram quel
XLVIII
Cilh de Peîtieus an lor senhor cobrat, /• / lO
Trastut essemp en an gran gauh menât;
Al bo mati son denan lui anat,
Tant bel prezen li an [ilh] apôrtat : ^
2025 Qui palafre, qui caval sojornat,
Qui copas d'aur, qui rie pali(tz) rodât.
Aqui s^ajusto ab gran alegretat,
Rendoilh las forsas de trastot 16 régnât,
Totas las vilas que ero del dugat :
2o3o Coms es e dux e an Ih^o autregat.
Veus lo borzes que tan Ta deszirat,
Quel dux son paire Pavia tostemps onrat
E n'Aicelina e sos frairel menbrat.
E n^Aicelina n^a Béton rasonat :
2o35 c Bels âls, » dis ela, « mol vos ai désirât,
« Be sapiatz .c. vetz vos ai baizat,
« Drestan fui a tor[t] et a pecat,
« Mal m'en batet cel traje renégat
« Que ieu vey lay estar encadenat.
2040 « De tal perilh ieu vos vey escapat,
« Lo mal quem fero non ay pas oblidat :
« Dat mi Abram que vos a espiat.
— Dofaina, » dis el, « be vos er autregat. •
2014 II y A selon toute apparence, une lacune entre duc et al
vengar. — 202 1 et suiv. Presque toutes les finales de cette tirade
sont terminées par un z ou par un signe équivalent, — 2037 Dres^
tan, corr, Destrecha n' i
■^•'-
68 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
Puiessas la pren e baia l'a privât,
2045 Be sap com es, Daurel To a comtat ;
Enans qu^en parca él Ihi a mot donat :
.1. rie castel ben bo et afozat(?]
El fel pescaire aqui[?) es vieu(e)s escorgat.
De totas partz si foro ajustât,
2o5o E Betonet si a Gui apelat :
« Digas, fels coms, aujam la veritat, v**
c Cum fo del duc que aves afolat ?
— Senher, • ditz el, « ja no vos er selat :
c Be lo ai mort per [ma] granda foldat. »
2o55 El pros Daurel a Beto apregat :
€ Coms debonaire, non aias pi[at]at,
t A mi[l] donat : mo filh verrai vengat
* Qu[e] el m^ausis, ieu rendrai Ih'en son grat. »
Respon Betos (Betos) : « A vostra volontat. »
2060 Vezen de totz el a Gui estacat
Plan a la coa d^un destrier sojomat,
Per mieh Peitieus l'a pertot rosegat,
E pueis lo fa gitar en .j. valat.
A icest traire i a pauc guazanhat,
206 5 Que li voltor e li corp l'an mangat.
XLIX
Tuh li baro son en gran alegrier,
Car an trobatz lur senhor dreturier.
L'efas Betos près Daurel apelier :
A Ai ! senher paire, tant(?) . . . gran plenier,
2070 « Totas mas terras vos autrei per mandier.
« Qui vos non amara ieu nol voirai amier,
2o58 rendrai, ms. rendran. — 2060 tozt, ms, tost. — 2064 Ms.
guazasniatz. — 2069 gran, qui est parfaitement lisible, ne donne
pas un sens admissible. Corr. gauh ? On pourrait restituer tant
avem gauh p. — 2071 Si telle est réellement la leçon (le ms, est for-
tement taché à cet endroit) ^ il faudrait connger amara en ama.
-!Lfl^liMMMitfHi
ROMANS DE DAUREL E DE BETO 69
« E qui VOS ama ieu lo voirai amier. 3>
E n'Azemar que Ih'ajudec (molt) volontier
Da l'Aspremon que mot fai a prezier,
2075 E [de] Bertran el a fah chivalier,
Dalh .ij. castels a trastot son mandier,
Del menor fraire el a fah escudier;
Quant sera tais /ara lo
Aisi son an
2080 Pueissas trametz per sa gentil molher, f*^ i ii
Ab ela vengro mai de .m. cavaliers,
So nom li laissa, que (no) nolh vol cambier :
Domna Erimena si fai ben apelier.
Lo coms la près a Sant Alari el mostier ;
2085 Tostemp estero ab mot gran alegrier.
So es en mai quan li ram per la flor
E li boisso recobro lorodor;
Lo coms Beto fo de granda valhor,
Venc a sa maire, baia la per amor :
2090 « Domna, » dis el, « mot soi en gran tristor
« Se ieu nom vengue del fel emperador
« Que cosenti a (don) Gui lo traïdor,
« Qu'aucis mon paire a dol et a tristor,
« E vos vendet a granda dissonor
2095 « C[e]l felo traire que vos ac ad oissor,
(( Que a Daurel ausis so filh menor.
« Se nom fugis al rei amparador
« Quem dec sa filha a la fresca color,
« El m'agra mor[t], non agr'amparador.
2 1 00 « De Gui so venges, merce del Criator :
îoyS ajudec, corr, aidée? — 2084 Lo coma près Ta ? — 2086 5*i7
ne manque pas un vers après celui-ci, on pourrait corriger q.el ram
par? — 2094 Le bas du feuillet est à partir d'ici taché d'humidité
en diagonale, la fin des vers ne se lit qu'avec peine, les mots
soulignés sont rétablis par conjecture, — 2097 nom, ms, mon.
m C.
70 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
« Ane no fui filhs de Bovol ponhador(?)
« S^ieu ans dM mes nolh gasti sa honor;
« Et es mos oncles, Dieus Ten don dissonor!
— Fils, » dis la dona, « Dieus ti crega valorf?) !
2io3 tt Car l'emperaire es de tan gran ricor(?),
« Vostre parent so sieus homes melhor;
a Entre vos dos non sia mala rancor !
« .J. mesage prendetz ab destrier corredor,
t Trametes lo K. Pemperador
2 ( lo « Queus fasa dreit de la gran dissonor,
« Car el lieuret a Guio sa seror;
1 Ce no fa non vol ador
c Ans de .x. ans dresse son auriflor. v^
« Vos aves dret et iretz sobre lor,
21 j 5 € Ab vos iran .c. melia cavalgador,
« De ramira[t] vos venra gran socor. »
So dit lo coms : <r Dieus [vos] fassa honor,
« -Que anc nulh hom non ac maire melhor;
a leu vol vengar lo rie due so senhor.
2120 « Aisi o farai (dona}, que no i aura tras[t]or. »
LI
Lo coms Beto si apela Bertran :
a Am[i]x, » dis el, « aliet vos adobar,
« Et ab vos 5ian .ij, cavaliers valhan,
« L'.us n'Azemart e Pautre Gauseran,
2125 « A l'emperaire vos n'anatz mot(z) corran,
« Nol saludetz nil fassatz bel semblan,
< E digas lui que ieu lou vau desfizan,
« Ne patz ni treva no Ihi vau demandan,
« Car cosentie mon deszeretamant,
2 1 3o « .XV. saumiers eargatz d^aur e d^argan
aio8 Corr, Prendetz mesage? — 2ii3 ans, corr, jorns? —-2114
iretz, ms, rei. — 2122 Corr. adobanr— 2127 lui. ms. iiu ou
lin.
^
-. I ■■—É—a^ , — ^"- ■ — ^ -- ■'- —
ROMANS DE DÂUREL E DE BETO 7I
« Ac per ma maire, vendec la ab aitan.
« leu son .... er, merce Dieu veramen,
« Ges no l[o] tenc per senhor ni per paran ;
a Tant cant ieu puesca portar mon garniman
2x35 « Non aura patz a totz lo mieu vivan.
« Saludas mi lo palazi Roulan,
5K Per amistat liei portât .j. mieu gan;
€ Mos parens es, nom deu noser nian,
« K. a guiran
2140 « Adan. »
Ditz n'Azemars : « A vo(stre) comandaman, f^ 112
« Jal vostre dret non irem [nos] laissan. »
Los bos destriers an celât ab aitan,
E H baro s^en van ardidaman,
2145 Cadaûs a son riche garniman,
Albercz e lan[c]es et espegas trencans;
En .iij. jo[r]nieigas, ses totz reteneman,
«Son a Paris e Tausor mandaman.
LU
En Azemar apelec lo portier :
21 5o € Amix, » dit el, « laïns volem intrier,
€ Davas Peitieus em nos .iii. messagier. i»
E cilh respondo : t Per Dieu, motz volontier,
« Mas de lai foras remanran li distrier. »
£ ilh montero sus el palais plenier;
21 55 Denant lo rei s^en van tuh ajustier,
E Gauserans a parlât tôt prumier.
Car el es vielhs e volo la (?)
E fon be savis per la razo contier,
Bos cavaliers per las armas portier.
2160 « Dieus sal et gartz Roulan et Olivier,
« E si saludi trastot los .xij. pier
21 32 Après son il y a un trou causé par une mangeure de vers.
A partir de ce vers, le bas de la page est fortement endom^
mage par une tache d'humidité.'^ 2i33 lo, mj. nol.
\im >
ROMANS DE DAUBEL E DE BETO
t De part (de mi) Beio, lo bon comte guerier.
« No salut mia cel que a lo vis clier,
I' Aiso es K. cui Dieus don desturbîer,
« Car det sa sor per argen et (per) aur clier.
u En est palais vengro .xv. saumier(s),
n Al trachor Gui la donet per molher
€ Que Betonet cujet a mort lieurier;
< En loc de lui feri ad .j. pelier
« Ab .]'. efan qu'era filh de joglier;
« Pueîs Dieu del cel cil n'a falic [es]capier, v"
« La sua mort el vos vol demandier :
B De Guis es vengues, vos no vol perdonîer.
« Ges nous promet sodadas ni deniers,
1 Mas, pel Senher que tot|zl nos fa parlier,
1 Ja no vieuret .j. mes trastot plenier
« Qu'el vos fara ira(t) e desturbîer;
" Tant coni el puesca sos garnimens portier
1 Non lo(?) viret (?) .iîij. jorns repairier, >
E l'emperaire pren Ten a regardier
Pren s'en a rire e son cap a erolier :
1 Amix, B dis el, « mot as corage fier,
u Car tu aisi m'est vengutz menasier
« Ane mai non
« Mas mon car amier
donier
lo dret{?) sabra jutgier
, or chivalîer
reprocîer(?)
redre
l'en apelier
companhier
.* portier
. dier
î 1 8 1 i7 temble qu'à la place des points le n
pren, qui nalureltement est à supprimer.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
LUI
t'ampar
ar
73
jjBHMC£-a^^
b
tÊ^
WÊH
VOCABULAIRE
A 195, ab 114, i53, am847,
amb 1955, ayeci ab...que,
à condition que, moyen-
nant que.
abergar iSSj, pour abeurar.
abracier, vojr. abrasar
abrasar 1461, abracier 261,
abrasier 70 : embrasser
[quelqu'un]; imettre l'icu]
au bras, 146t.
abrasier, voy. abrasar.
abrazar 979, embraser.
abribar, voy. abrivar.
abrivar, abribar 1459, abri-
vatz 1275 ; abriva 1569-
entraîner un cheval, le ren-
dre propre à la course;
abrivau 1714, 1755, qui
est lancé au galop.
acabar , acabatz 422 , 746,
1 273, achever.
accès, voy. aver.
acels, voy. aicel.
acore 1733, secourir.
acosselhar, part, acoselhatz
983; ind.pr.pl. a* p. acos-
selhatz 619 ; réft., prendre
conseil; acoselhatz Ipart.)
983, qui a pris conseil.
: accueille bien,
1 abord agréa-*
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
76
aculhir, arculhir 1 16, accueil--
lir, recevoir [qqun],
acumiadamen 1493, congé.
ad suivi d'un mot commençant
par une voyelle, 32, 69, yS,
az 108, 816, à.
adesmar 368, estimer^ éva^
luer,
ades 579, 773, aussitôt.
adobar 1071. 1286, s'adoba
16 10, adobatz 6o3, 609,
préparer j mettre en état,
adops 1713, 1725, vêtement
militaire y armes défensi"
ves, anc. fr. adous.
adresar iSgS, diriger,
adzaut 1610, adj. pris adver^
bialement^ bien, comme il
faut,
afar 1425, de rie afar. de
même en anc, fr, de naut
afaire, de grande situation.
afîzar 825, part, afizat 862,
assurer, garantir [par en»
gagement],
afolar 85o, 924. 1965, afolat
402, 453, 458, 794, tuer,
massacrer.
afublar 1929, revêtir,
agardar, impér, agardcs 793,
regarder,
agatz, ages,[vo>^. aver.
aglaziar, aglaziat 449 , tuer
par le glaive,
agues, voy, aver.
ai 3 18, 525, 1780, 1784, ay
390, particule exclamative^
ah!
aiam, aiatz, voy. aver.
aicel, pronom démonstr,, cas
rég, 1009, ^^y acels 1963,
ceux,
aissi [pour aici) 1479, aisi
210, 1906, ICI.
aitan 12 18, autant; ab aitan
2i3i, alors^ là dessus;
aytant cant 809, tant que,
ajudar 223, 376, iZi^^suhj,
pr, sing. 3^ p, ajut 407,
1259, aider,
ajustar 202, 1041, 1924, ajus-
tier r53, 21 55, assembler,
al, voy, aires.
alachar 1056, part, alautatz
1 242 , aleutatz i o 1 7 , ind, pr.
sg, i^p, alaita7o6, alaiter,
alargar 363, impér. alar^atz
1720, lâcher (des chiens)
363 ; ouvrir largement (une
porte) 1720.
alautatz, voy, alachar.
albirar 1922, penser, imagi"
ner, se figurer,
alegramen 174, joie, allé"
gresse,
alegrar 206, 349, i6S3^ part.
alegratz 589, 784, 812;
impér. aleçratz 8o5 ; 5^ ré-
jouir, être joyeux,
alegre 1 124, allègre, joyeux,
alegrier 169, 1577, allégresse.
1
VOCABULAIRE
aleutatz, vqy. alachar.
alh, pour a li, 787.
alier (en rime) 75, go^impér.
aliet 2122 ; aller.
aires 264, autre chose,
alreus 917, pour aire vos.
als 1 536, four a (ha b et) los.
alue (ms. ague) i5, aleu,
am, amb, voy. ab.
amagar 1485 , part, passé
amagatz i5oo, magat 1244,
cacher.
ambas 3oi, toutes deux.
ambidoi 873, ioo7, ambidos
1608, amdoi i886, amdoy
29, amdos io32, 1 764, tous
deux.
amdoi, amdos, voy. le précé-
dent.
amiratz 1270, 1271, etc. émir.
amparador 2097 {corr. empe-
rador?), 2099, protecteur.
amparar 1962 , 1991, subj.
pr. sing. 3^ p. ampar 218,
protéger ; recevoir, accueil'
fir, 1991.
n
anar 356, annar 1079, anier
(en rime) io8, part, anatz
535 ; ind. pr. sing. i^ p.
vau 2i27,s5«/7. vain4, 353,
vay, 70, va 77, 1 16, pi. 3^
p: van 49 1 ; prêt. sing. 3^
p. anec 288; fut. sing. i«
p. irai 45, iriei 1 5o6 ,
pi. i^p. irem 930; impér.
sing, 2« p. Vay 66, vai 2 j 3,
77
pi. j« p. anem 67, 2* p.
anatz 335, anas 5o ; suaj,
pr. sing. i^p. an 72, 3^ v,
an 1926,/?/. 2«/7. ânes 4§;
aller; employé comme au*
xil. avec un inf. 70, 35 1.
Voy. alier.
anc 466, anc mai 497, onques
jamais.
angils 419, ange.
ans 120, 121, 242, avant.
anta 245, 265., honte, déshon-
neur.
anuier, voy. enojar.
aparegier, voy. aparelhar.
aparelhamen 1889, appareil-
lage, préparatifs de départ,
en parlant d'un navire.
aparelhar, aparegier (en rime)
io5^ part, aparelhatz ioo3,
1727, aparegat 2 ^.g^ prépa-
rer.
apertenemen 2oo^dépendance.
après 38 1, 1068, auprès.
aprosmatz 440, approché.
aqui 864 ici , aqui mezis
i888, ICI m4me.
araus 1 3o5, pour ara vos.
arculimen, arculhir, voy. acu-
Ihimen, aculhir.
■
ardre i834; part. fém. asa
612 ; brûler.
arestamens i388, arrêt.
arestazo 1 149, arrêt.
■V*J
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
78
aribar9i4, aribatz 801, 991,
1694, aborder, arriver; au
fig, 801, sauvé.
arpa 1074, harpe.
arpier 84, jouer de la harpe.
arsos 1761, arçons.
artre {pour altrc) 1754, au-
tre,
asa, voy. ardre.
asadar, asadat 894, rassa^-
sier.
asagar 270, essayer, éprou-
ver.
asegurar, asegurat^ 1018, J5-
surer^ garantir.
asetiamen 1405, siège.
asetier (en rime) 229, 25o^ase-
tiatz 986, réfl.j s asseoir.
assimen 35, aussi, de même.
asta i594, 1716, 1757, lance.
astre, bon — i533, bonne
chance.
atresi 1 36, aussi, également.
atrigar, part, atrigatz i538,
1719, réfl., tarder.
atrobar, atrobatz, 1 2 1 5 , 1 2 36,
trouver.
au, aUda, voy. aver.
aucire 1659, ^uscire 1819,
prêt. sing. 3^ p. aucis 599,
II 56, ausis ^'j^'^fut. sing.
i^p. ausirai 190, V^ p. au-
sira 304; subj. pr. sing. 3^
p. ausiza 654^ pi. 2" p. au9-
sigatz 764, occire,tuer.
aUdas 92 1 , épines, piquants
audre 33, autre.
auh, aujo, voy. auzir.
auriflor 2 1 1 3, oriflamme, ban'
nière.
ausar, ind. pr. pi. a* p. auses
235, oser.
auscire, voy. aucire.
ausor, voy. auzor.
austors n35, i568, autour,
oiseau de chasse.
autamen i85o, à haute voix.
autar 53 1^ autel.
autregar 216, autrear 214,
part. autregat2043; ind. pr.
sing. r« p. autrei 157; im-
pér. autreas 5^2 ; octroyer.
autruei 1 593, autrui,
auzir i, ind. pr. sing. /• ».
auh 565, 3^ p. au 3oo, 553,
58o, auh 565 ; impér. pi. 2^
p. aujas 3o8 \ subj.pres.pl.
2^ p. augatzi927,»3*/7. aujo
1 5 ; cond. imp. pL 2* p.
auzirat 517; entendre.
auzor 1177, ausor 126, Jo6,
478, 65o, 2148, élevé, épi-
tnète ordinaire de palais.
aver, part, passé fém. aUdas
1690; ina. pr. sing. !• p.
ay 84, 1 1 Q, au i65, 2® p.
as 4o5, 3^ p. ha (ij^pret.
sing. i^. ag[uli459, 3^ p.
ac 77; impér.pl. i^p. aiam
VOCABULAIRE
338, 2^ p. aiatz 628, a^tz
612, 752 ; subi, imp, sing.
3* p, agues ]fi5, âges 446,
fl. 2^ p, accès 408. 3^ p,
a^esso 896 ; cona. imp.
sing, I* p, agra 409; avoir,
avcr 08, 580,623, i5i7, avoir
(subst,) biens meubles en gé'
néral, en particulier Var^
gent.
averrar 389, se vérifier,
avesprier 109, inf, pris subS"
tantivement, soir.
avinen, d' — i85i, convena-
ble, à propos.
azirar 533. azirier 244, pren-
dre en naine.
Ba 1437, cela.
baiar, baiatz, baier^ baigar,
voy. baisar,
bailar, bailatz ^23, baila
1022, bailler j livrer 6
baisar 357, baiar 638, 1970,
baier 159, baigar 2008,
bayzier 104; part, baiatz
594 ; ind. sing. 3* v. baia
320, 2044, bauza72$, baga
1191, pi. 3^* p. bauzo 28,
bauzan 728, baiser.
baisar, prêt, baiset 1 32o, bais-
ser.
bando, a — 21, 733, pleine--
ment, sans restriction.
barnatz6io, 1688, ij6S^ l'en-
semble des barons.
bategar 35i^ind.pr. sing. 3*
79
p. bâtie 279; subi, pr, sing.
3^ p. bateie 278, baptiser,
batiamen 1861, 1867, bap-
tême.
bâtie, voy. bategar.
batre, bat 556, battre [les
mains, en signe de doU'
leur] ; prêt, batet 2o38.
baudor 648, 656^ joie, contenu-
tement.
beis pour ben se 80.
17 14, désigne une
de garniture de Vécu,
belcatz
sorte de garnitw
p.-ê. la housse qu'on met-
tait parfois sur Vécu pour
en protéger les peintures,
VOY. VilTehardoum, éd. de
Wailly, § i32. Ou belcatz
est-il corrompu? on pour-
rait proposer bendatz.
benga, voy. venir.
bertz gb^ veut-être le même
que le français vair, sorte
de fourrure.
beure 1072, boire.
beus, pour be.vos, 102.
bevolen 43, amis, partisans,
bliautz ri2, brizautz 1246,
1432-6, 1440, bliaut, sorte
de vêtement de dessus.
blizaudo 181 5, diminutif de
blizaut.
boisso 2087, buissons, petits
bois.
bona 885, heureusement, sous
une heureuse étoile.
8o
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
bordir 114^ jouer,
borgues 688,938,borges 713,
7?2, bourgeois,
bosc 367, 483, bois.
botos 344 boutons, boto pris
au V, 1 1 5 1 comme terme
de comparaison,
bracos 337, chiens braquse,
brandir 1594, ind, pr. 3^ p.
brandis 171 6, 1757, bran»
mm ' w m m i
dtr,
brassa 1240, brasse, ce que
peuvent contenir les bras,
bresol 282, berceau.
bresolet loio, diminutif de
bresol.
breu, en — de temps 102 5,
en peu de temps.
briar, briatz 1759, briser.
brizautz voy, bliautz.
brocar 372, broca 1718, 1755,
piquer [ae l'éperon un che-
val],
bruda 1999, bruit, rumeur.
brut 1773, même sens que
bruda.
budels 375, bojraux.
Cabdelier, voy- capdelar.
cabes 1792» tête; ne se trouve
dans Kaynouard, II, 3 19,
qu'au sens de « chevet » ;
tel est aussi le sens prin-
cipal de ce mot dans les
patois, voy. le Dict, de
Mistral.
cabiro 719, 1 164, chevron.
cada 1 347, chaque,
cadaUs68, 194, cadaUns i363,
cadaUn 112, chacun,
cadenatz 418, enchaîné.
cadieura 116, chaise,
cairatz 1779, carré.
caires 1346, côtés,
cal, V. impers., io53, il faut,
canso I , chanson de geste.
cap 1289, tête [d'une troupe],
le premier rang.
capa 1929, 1949, cape.
capdelar 1086, 1677, 1Q08,
1933, capdelier i5o, caSde-
lier 91, part, capdelatz
J774; ind. pr. sing. i^ p.
capdela 544 ; subj, pr, sing,
3^ p. capdel 1062 ; suider,
conduire [une armée] i58,
544 : gouverner, maintenir
[sa famille] 91, 1086 ; réfl.,
se conduire, agir, 1677,
1774, 1908, 1933.
captener, captenrai 11 23,
gouverner, défendre,
car 792, que, de ce que,
car, tenir en car 236, en quier
164, 1023, io37, en chiers
1571, tenir cher y cf. Fera-
bras V. 107 que lavia en
chier.
VOCABULAIRE
8l
cara 176, 45o, 498, 496, vi-
sage,
Cartier, escut de — i35o, très
probablement Vécu divisé en
auatre quartiers par deux
oandes de fer se croisant à
angles droits. Une explica^-
tion différente^ mais fort
douteuse, a été donnée par
Cachet, au mot quartier.
casador 448, chasseurs, sy^
non. de venador.
castelier 86, château. Le nom
de lieu Châtelier, Châteliier
est particulièrement fré-
quent dans l'Ouest.
castigar 387, castiar 1925,
castiatz 1785, exhorter.
caszer, voy. cazer.
causea 3 1 4, chaussée.
cautîeu, (cap ti vu s) 990, in-
fortune.
cauzimen 691, (joint à mer-
ces, cf. le gloss. de la Chan-
son de la croisade), 694,
iio3, 1389, 16 19, considé-
ration juste et équitable,
par suite, discrétion, i io3 ;
scrupule, 161 9.
cavalgadas 1117} chevauchées,
incursions faites à la tête
d'une troupe de cavalerie.
cavalgador 2 1 1 5 , chevau-
cheurs, cavaliers.
cavalgar, cavalgier 10 1, ca-
valga 177, chevaucher.
cazer (oxyton) 52 1, 1087,
caser 1958, caszer (paro^
xyton) 1176, part, cazutz
1342; ind. jpr. sing. 3* p.
ca 490, i353, p/r 3^ p.
cason 994, cheotr.
ce, pour se, 499, 501.
cela 178, celas 9o3, selle [d'i-
voire].
celar. celât, /70wr selat, 2143,
seller.
cerem^ voy. esser.
ceze voy. sezer.
chaple i347, action de frap-
per^ combat.
chiers, voy. car.
cira, voy. sire.
cisclato 726, étoffe de soie^
voy. le gloss. ae la Chan^
son de la crois, alb.
citola 1420 [p. 'ê proparoxy-
ton, auquel cas il faudrait
supprimer la correction
proposée) , cithare ; voy.
Littré.
civada 1129, sivada 1107,
avoine.
clar i336, 1^19, clier95,i4i,
21 63, épith. de vis 141,
i56, 21 63, clair.
clar 1752, clier 79, aiv., à
voix claire.
clatz^ a un — iS^o^ d'un seul
cri, d'une voix unanime;
cf. le gloss. de la Chanson
de la croisade.
clier, voy. clar.
I co, voy. com.
6
Tî à" M^^fc
KOMANS DE DAUREL E DE BETO
cobrar, pari, cobratz 616,
cobrada 679 , recouvrer.
cobrir, quobro loS?,
cocha S54, hAte.
colbes iSgS, coups.
colcar, subi. pr. sing. 3* p.
colque ji^jCoucker.
coin 549, co 548, cum 4S6,
comdessas 665, comtesses.
comiar, comiada 685, con~
- gédier.
conâtitz (3 syll.) i53a, cum-
jhat tèS,congé.
compag[nlîer 71, 162, com-
pagnon.
companh 11, 73, fi5, 4^6,
compainh 1753, suj. et
rég. compagnon.
companhia 16, 28, associa-
tion amicale existant entre
deux personnes.
coahatz 574, beau-frère-
conquerre, conquerem 3tg,
conquero (fut. ou subj.
prés.?) "iii, conquérir, ré-
duire complètement en son
pouvoir.
coures 709, 1797, vivres.
contendre 6tS, tnd. pr. sing.
coratjes 63 1, cœur.
cor, aver — , 1122, i
coredos voy. corredors.
comadors 770, corneurs.
comar 180S, 198g, impér.
cornatz77!, corner, pro-
clamer à son de cor.
corossar 269, corossatz 1784,
réfl. se courroucer.
corp 206 5, corbeaux.
corraa 3 10, courrier.
corredor 3+6, 2108, corre^
dors II 36, coredors 340,
coredos mg, coureur^
ipith. de destrier.
cortegier 73, visiter la cour^
certes i3i9, courtois.
cossi 587, 793, 1787^ com-
ment, de quelle manière.
cous 254, 1933, pour com
COvenir, ind. pr. sing. 3' p
coven i%^i;prét. sing. 3
VOCABULAIRE
83
p, covenc 369 ; fut, sîng.
3* p, covenra i25 ; cond,
imp. sing. ^® P, covengra
1271: réfl. 1091; impers.
125, àôQ, 1271, être néces-
saire, falloir^ être appro- '
prié à.
covidar 227, convier, ou plu"
tôt faire accueil,
covinen 182, r565, part,
prés, de covenir, bienfait,
Don; pris adverbialement
1610.
cramba 323, crambas 1246,
1463, pour cambra, cam-
bras, chambre.
crebier 5o8, crever.
creire, ind, pr. sing, 1^ p.
cre Sg^ifui. creires 33o;
subj, pi, 2^ p. crezatz
601, creras (pour crezas)
328, croire,
creisser 56^, part, cregut
1274 ; subj, pr, sing, ^« p,
crega 2i04\croître (activ,).
cremar, crematz 993, brû'
1er.
creras, crezatz, voy* creire.
crolier 2 1 8 1 , crouler, remuer.
cros 1887, croix,
cui 1642, 1798, 1804, de qui,
à qui,
cujar, euh 1729, cuja 104,
cuga 38i, cujava M^ pen-
ser, imaginer.
cum, voy. com.
cumergar, imp. pi. 2* p, cu-
mer^as 428, donner la
communion.
cumjhat, voj^. comiatz.
Daih i85i, dalh 2176, pour
da li.
daimas 496, dames,
dalfis 1423, dauphins.
dar 322j part, datz 170; ind,
pr. stng, 3^ p, da 2074^
20iÇ>\prét, sing. i^ p, aiei
i836, 3^ p, det 2i65, dec
2098: fut, périphrastique
dar rem 322. dar la vos
a 41 3; imper, sing, da
i85i, 1871, pi. das 574,
8^2, dat 971; subj. imp.
sing, 3^ p. de& 1064;
cond. prés, pi. 2^ p, da-
ries i83, donner,
darier 358, dernier,
darocar 1 3 1 1 , daroquier
1367, darocat 457, ren^
verser,
datz 1277, 1528, dés à jouer.
dauratz, 1718, 1761, do*
rés.
daus 1996, devers.
de exclamatif, comme en
prov.mod,^ 273, 487 ; par-
titif iSgo ; au sujet de 060,
II25; cf. avinen.
decosta 499, auprès,
degolar i3io, renverser.
deh, vox* dever.
d&k
84 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
dejos 379, au dessous.
delatz 748, i2o3, 1261, au-
près.
delir, délit 1664, détruire,
mettre à mort.
demandar 1 3o5 , demandier
2172, demander compte [de
la mort de qqun].
demanes 715, 1802, sur^le^
champ, aussitôt.
demenar gauh 1972, se r/-
jouir; anc. fr, « mener
joie. »
démentir, dementitz 4o3, dé"
menti, accusé de men^
songe.
demestz 1329, demest 1342,
parmi.
denhar, prêt, denget 362,
réfl. daigner.
denteilhs 952, créneaux.
deportar 2o5, 1941, deportîer
80, 247, deportatz 1 5o3-4,
1209, act. 1209, 194I)
amuser ; réj!., se déporter,
s'amuser.
derocar ig6o^ abattre {cf. da-
rocar), p.-ê. tomber ^ car un
verbe neutre conviendrait
mieux à la phrase.
desamparar, subj. pr. sing.
3^ p. desampar 263, 1946,
desamper 172 , abandon^
ner.
desbaratar 1957, mettre en
déroute.
desbatigatz 1746, desbatejatz
1760, qui n'est pas baptisé,
païen.
desconortar 916, 10 53, des*
conortier 254, se désoler.
descubrir, prêt. sing. S'' p.
descubri 102 3, découvrir.
descumpaner 257, fausser
compagnie, abandonner ;
manque à Raynouard.
dese 635, desse 2010^ aussi'
tôt, sur le champ.
desebrar 268, séparer, dépar^
tir.
desfizar, eérond. desfizan
2127, d^er.
desleialar, desleialatz i25;r,
diffamer , réputer illégi^
time.
desmalhar i3i8, rompre les
mailles [d'un haubert],
despolhar 1949, dépouiller,
retirer [un vêtement].
desse, voy. dese.
destret 96 1 , tourment, torture.
destrigar, destrigatz 774, réfl. ,
se retarder, par extension,
perdre son temps, se faire
tort.
desturbamen 287, 3o6, mal,
dommage.
desturbier i55, 255, même
sens que le précédent.
deszeretamant 21 19, exhé»
rédation, spoliation.
det, voy. dar.
VOCABULAIRE
85
dever, prés, sing. i^ p. deh
88, dei 349, J^p. deu ibgj,
devoir,
dia 1 1 12, dias 746, jour,
diei, vo^. dar.
dîr 1 1 8, dire 142 1 , part, passé
dih i37 ; ind, pr, sing, i«
p, die 007, 2® p, dizes 468;
;?r^if. ^î/fg". I® /?. dissi
i833, ^® p, dis 22, 52, ditz
p. diray i8i,dinei looi •?•
f7. diron 402 ; subj, pr, sing,
i^ p, diga 397 ; 2^ p, dijgas
5i : imp, sing, 3^ p, dises
6o3; dire; re non ac que
dir I 5q8, il n*y eut rien à
dire, il ne manqua rien,
dissonratz4i6, déshonoré,
dol 557, 56o, douleur,
donar 208 ; ind, pr, sing,
i^ p, do 19; subj, pr, sing,
3^ p, do 8 (voir pour ce vers
les add, et corr,), 327 ;
donner; io3i, sans rég,,
donner un coup,
donzel i326, 1434, 1445,
jeune homme, damoiseau,
dreih i539, droit, adv,
durar 220, 1040, io65, durier
Soi, endurer.
Ebori 178, ivoîVe.
efas 1416, i536, 1547, 2068,
efan 1452, 1409, enfant,
eil I Soi, pour e li, et la,
eilh II Si, elh 448, 472,
1 379, pour e li, et eux, et
ceux,
eis 919, même (ipse).
el, pour en lo, 126.
el, sing, cas suj, i38. il; cas
rég, 114; els, plur, cas
reg, 680, i5i7; el art,
masc, sing, (?) 394,
443.
elh, voy, eilh.
elme i326, heaume,
em voy, esser.
em particule tirée de avem
et servant à former le futur
322, 333.
emb -, emp -, voy, enb -,
enp -.
empenhar 1426, mettre en
emplir, prêt, sing. 3* p, em-
pli 1127, empUr,
en, voy, car.
enansar 353, faire avancer,
pousser [une entreprise],
enant, d'aqui — 864, doréna--
vant,
enbargar, enbargatz 1 526,
embarrasser,
enblamar, loSo. enblesmier
494, par^. enblesmat 1978,
emblesmada49o,5'^anoi/ir
encals i38o^ ordinairement
poursuite, ici, plutôt le ré^
sultat de la poursuite; les
prisonniers.
86
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
encaussar 370, ind, pr. pi, 3*
p. encauso 1374, poursuù
vre.
encavalgar, encavalgatz 542,
pourvoir d'un cheval,
encobir, encobida 173, coH'^
voiter,
encoblar 337, accoupler, au
tacher ensemble [deschiens].
encueî 927, aujourd'hui.
engagar i3i3, réfl.^ s'enga^
ger, lutter [avec qqun],
proprement y donner le gage
de oataille.
enganar 271. séduire.
engenrarj prêt. sing. i^ p.
engennei io54, engen"
drer.
engoisar 5 14 {réfl.)^ 19799 en-
golssar 137Q, engoisier498,
être saisi d'angoisse; au v.
498 rinf. engoissier pris
subst. a le sens d'évanouis-
sement^ cf. V. 4g 0.
enojar 1935, anuier (en rime)
242, causer de V ennui, de
la peine.
enpenatz 419, [anse] em-
penné, pourvu d'ailes.
enpenher, jpr^/. enpeih i3io,
pousser, heurter. Cf. es-
penher.
enquara 1492, encore.
enrabiar 1324, enrabier 253,
enrabiatz 555, enrager.
enrazonatz, cen ~ 1276, qui
sait bien $ exprimer.
enrivironamens 1 3oo, à Ven*
tour; il y a dans Rajr^
nouard^ v, 5 5 1 -2 , revironar
et revironda.
era, eras, voy. esser.
eretatz 409, 570, 1272, biens
fonds.
ermi 727, d'hermine.
es, voy. esser.
esbaudimens 1399, 1878, a/-
légresse.
escampar io33, répandre au
dehors.
escaun 23o, 563, banc.
escax 1137, ï*77i i566, y«<
d'échecs.
esclasat 448, esclesat 856,
pressé, jwi se hâte (comme
celui qui est appelé par le
tocsin). Manque à Ray-
nouard.
escoisendre, part, escoisen-
dut 458, jprét. sing. 3* p.
escoisendec 554, déchirer,
ouvrir [le corps\.
escondieire 604, se défendre,
se justifier d'une accusation
par la preuve légale.
escrima 1 599, escrime.
esdemes, ad — 1790, à la
hâte ; esdemes, part, passé
i'esdemetre signifie certain
nement « qui se précipite,
qui se hâte », voy. le gloss.
de la Chanson ae la croi^.
albig., endemes, mais la
locution ad esdemes ne pa*
raft pas se rencontrer ail'
leurs qu'ici ; corr, ed esde-
mes?
esernimens 1600, sagesse,
jugement*
VOCABULAIRE 87
esperonar 1926, éperonner^
espia 1285, espion.
espiar i658, part, espiats
i83o, 2042, épier.
eservelar, prêt. sing. 3^ p.
eservelet 1 8 38, faire jaillir
la cervelle.
esforsar 382, réfl., faire ef*
fort.
esgarar, tmp^/ esgaratz 1726,
regarder.
esmagar, réfl. ioS2, se décou-
rager.
»
esmeratz 569^ épuré.
esmolutz i336, émoulu.
esparpalhar 365, i329, ^a'^-
pilter.
esparviers x 568 , esparbiers
n35, éperviers.
espasar 1066, faire passer,
dissiper [la douleur].
esi>aular Sjg^j>araU être un
infinitif pris suhstantive^
ment et ayant ici le même
sens ^tt'espaula, épaule.
espaven 1099, épouvante.
espeia i325, 1886, 1920,6$-
feiga 1710, 2146, espezas
4^ speia, après un mot
terminé par une voyelle,
i356, 1950.
espenher iÇizS^ pousser, heur»
ter, comme enpenher.
esperar, esperatz lyyo^subj.
prés, esper 1928, attendre.
espieutz SyS, 396, 441, 5i3,
i336, espieyt 190, espieu
461, épieu.
espleitar 852^ espleitier 1371,
part, espleitat 463, agir.
esproar, esproatz 1 562, éprou"
ver.
t^Q\xïcxeT/^^5 ^déchirer ;Rayn. ,
ni, 191, esquissar.
esquinas 374, plur. au sens
au sing., échtne. .
esquintar, esquintatz 558,
esquinter, d&hirer [les vê^
tements] ; esquinter .bien que
très employé en français,
manque dans Littré. Il est
enregistré dans Larchey,
Dict. de l'argot parisien,
dans Chambure, Gloss. du
Morvan, etc.
esselar. part, esselatz x??^,
imper, esselatz 583, setter.
essemp 2022, ensemble.
essenar {pour essenhar), 1932,
enseigner, instruire] es*
senhatz 1783, bien élevé.
essenhamen iS54^ Renseigne-
ment acquis, honne 飻ca^
tion.
esser, ind. pr. sing. i* p. soi
402, so 576, son 86, ^" p.
es 14, pi. /• V. em 1704?
2* p. estes 1752, es 413. et
12-3, ^«j^. son 27, 80 tii;
88
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
imp. sing, i^p, era, 394, s*
p, eras 404, pt. 3^ p. ero 5? i ;
prêt, sing, j^ p. fui 8o5,
îuei 991 j^ 3^ p. fo, 8, i3o,
fon 77, toc 796, 948, pi. 3^
p, foro l'io \jut,sing,i^ p.
serai 574, 3"^ p, er 25, 74,
573, 993, sera z^-j^plur, j®
/?. serem 465, cerem 579, 2"
p, seres4o3,seret 398 ;5u^y.
pr, pi, i^p. siam 1 187, 3^ p.
sio 212; imp. sing, 3* p,
fos 56o; condit, imp. i* p,
fora 4J0, 3^ p. fora 56 1:
être. Le prêt, suivi d'un inf,
employé, comme en fr,y au
sens a « allcTy se trouver » :
can fo ab lui cassar 274,
599, i655, « quand il fut
à la chasse avec lui »;
même emploi dresser (au
présent) dans la Chanson
de la Crois, alb. 2153-4.
astable i539, étable, écurie,
establir, part, establit 11^,
impér, pi, 2® p. estables
no6^ fortifier,
estacar, var^ estacat 2060,
attache,
estai, voy, estar.
estancar SiS^part. estanquat
969; actif 969, arrêtery
fermer [une porte]; réfl.
^i^^s'arrêter.
estar 211, estier 499; ind,
prés, sing, 3^ p, esta 549,
i653,; imp, sing, 3^ p,
estava ^jiprét. sing, 3^ p,
estec ï 246, pi. 3^ p, estero
34 ; impér, sing, esta i3i2,
pi, estatz 981, estais 1 1 12 ;
exister, être situé ^ résider;
réfl, estai (pour esta se)
743 ; auv, 211 estas est à
peu près l'équivalent dres-
ser; à V impér. arrêtej[!
attende^! no pot estar no
plor 1190, il ne peut s'em^
pêcher de pleurer.
estrada 681, grande route.
estrains, pm substantivement^
i5i6, étranger, opposé à
privatz ; employé comme
épithète, au plur, estranhes
i5i8.
estrenher, prés. sing. 3^ p.
estrens {pour estrenh) 323,
étreindre, serrer,
estrieups 947, étriers.
estugar, part, estugatz 582,
mettre dans un étui,
esturmen 1414, i685, instru"
ment [de musique],
et, particule tirée de avet,
et servant à former le
futur, 1 5 1 1 .
eus 2iy pour e vos.
eversar 38 1, renverser.
eviar, evia 277, envoyer,
evolopar, impér, evolopatz
1009, envelopper.
Fadatz, mal — 556, 667, mal
doué, maudit à l'heure de
sa naissance, malheureux.
fah 1669, faity action,
faire, voy, far.
fairitz (pour frairitz) 1299,
1 33 1 , originairement pau^
vre,faibley ici vaurien, scé^
lérat; voy. Cachet sous ^o»
vres gens.
faiso 729, forme corporellcy
mais plus particulièrement
ia figure, la face, cf.
fatz.
faisonatz 793, 1249, formé,
en parlant du visage.
falcos i25o, i2S5^ faucon.
falha 6gOj faute, manque^
fais 395, 420^ faux, traître.
fais, pour fa los, 365.
[faissar] , falssat 1 7 1 Qy fausser,
trouer [le kaubert\.
far ^,1 65, fier 100, 5o3, faire
iio\part. fah 3i, fahc 2171,
fait 1042 ; ind. pr. sing. 2^
p. fais 256, 3^ p. fay io5,
149, fai 27, 36^, fa i357,
i575,^/.J«/?. fan 152,207;
prêt. sing. i« p. fih iSâo, 5«
p. fes II 3, pi. 2« p. fezes
1634, 3* p. fero 2041 ;
fut. sing. /• p. faray
59, plur. jo p. farom
^e« rtmej 26, farem 297,
2^ p. fares 712 ; impér.pl.
2'' p. fais 337; subj.pr. pi.
2^ p. fassatz 59^, fassas 3^7 ;
faire; construit avec un mf.
242, 2^5, 374, 38o, io55,
donne de l'intensité à Vac--
tion marauée par le verbe
(comme l anglais do); suivi
d'un: inf 207, être digne de;
impers. 143, 140 ; rempla-
çant un verbe précédemment
exprimé ^^4, 11 56.
fatz 795, 1023, 1252, /ace.
fels i37,463,feloii70,/iAoff,
traître.
VOCABULAIRE
fen429,/of?t.
89
ferca, pour fresca, 1 407, fraî"
che.
ferir i6ij, ferrir i5q3, ind.
prés. sing. 3^p. fer Î79, 782 ,
pi. 3* p. fero 1759: prêt,
sing. 3* p. feri 1740 ; fut.
sing. i^p. fcirriei 1020, plur.
i^ p. ferrem 341 ] frapper.
ferois, pour fero si, 1622.
feror 481, subst. abstrait, dé-
rivé du mot suivant.
fers 553, sauvage, féroce.
ficar, gzo, part. figat443,/?r^jt.
sing. 3^ p. fiquet 000 ; im-
per, ûcaxz 401 ^ficher, en-
foncer.
fier, voy. far.
filhet II 84, dimin. de fîlh,
jeune fils.
filho i836, même sens que le
précédent
filoilh io65, filleul.
finar^ ind. imp. finavatz 754,
feindre? prov. mod. fegnar,
en ce sens.
fiquet. voy. ficar.
fis 569, [or] fin,
fizaltatz 791 , féauté.
fizar 827, fiza 47, réfl., se
fier.
flodres {pour foMres) 641 ^ fou-
dre.
fo, foc, voy. esser.
90 ROMANS DE DAUREL E DE BETO
foldatz 1705,/0/îe.
folia, de — parlats 420, 429,
^32, 632, vous varle\ foU
lement; nilia 3oo.
fon, fora, vojr, esser.
fora 479, foras 480, 1016,
forras âyS, 969, 985, i536,
dehors.
fornimen 1 109, provisions.
foro> vqy. esser.
forras, vojr, fora.
fors 609, dehors ;\os — 19 17,
ceux au dehors; fors de....
646, en dehors de, excepté,
forsa, per — e par vigor 1 1 74,
vigoureusement,
forsas 197, 2028, fortifica-'
fions, f
fos. voy, esser.
frachura 1 00 ^manque, disettey
anc, fr. souffraite.
franger i3i7, rompre, actif
ou neutre,
fuei, voy, esser.
fugir, ind, prés, sing, 2® p.
luges II 59; prêt, sing, i®
p, fugi 1840; subj, imp, /«
p, fugis2097,/i/ir.
ftilia, voy. folia.
Gabar, gabas 11 62, railler^
anc, fr, gaber.
galiar 237, tromper.
gan 160, gant, signe d'inves-
titure,
«
gandir 1 592, 1 5^6 xprét. sing,.
3^ pers, gandi 1 338 ; neutre
1 592, I 5q6, se détourner ;
1/ 1338, garantir.
acti
garar 843, 941, 1282, 2000,
part, garatzi 5 59; r^arJer
2000; protéger 84?, 941,
1282, 1559.
gardar, part, gardatz 1237;
subj, pr, sing, 3^ p, gar
3o, 1062, garder,
garizo 1 1 60 , gerizo 3 3 1 , gue-
rizo i83i, protection, dé--
fense,
garnimen, sing, i856, gar-
niman (en rime) 204 ;
pi, garnîmens 1000, mi,
141 4, i599, armes aéfensi^
ves,
garnir, j^arnisso, réfi, 191 1 , 5e
revêtir d'armes défensives,
gaserdo 23, guerdon, récom^
pense,
gauh »785, gauc 1191, guah,
285, joie,
gautejar, rarf . fém. gaute-
jada 660, souffleter,
gazardona;* 1669, récompen^
ser,
gensier 83, orner, présenter
sous un aspect favorable.
gentiel, pour gentil, 357, gen^
til, noble^ comme Vit, gen-
tile.
gentil, aiv. 14^ y gracieuse^
ment, élégamment.
VOCABULAIRE
9ï
gerlr 424^ protéger, défendre.
gerizo, vqy. garizo.
gesgo, 385, 386, 1175,2174,
jes 119, 243, 1920, rien,
particule servant à renfor-
cer la négation,
ginolhar 1684, s'agenouiller,
ginolhos, de - 384, à genoux,
gitar 1295, gitier 24S ; prêt,
plur, 3^ »., gitero i3i5,
jeter; — los îfalcos 1295,
lancer les faucons,
glan (p,-ê. Paglan, cf. Cornu,
Romania, VH, 106; Vays-
sier, Dict. du patois de r A-
veyron, sous oglan), 294,
gland.
glot 235,244,485, a,fr. glout,
gloutz, terme injurieux,
goifano, voy. gonfano.
gola 125 1, 1969, gorge,
gonfaino i57,goinfano i35i,
foifano 221 , gonfanon,
annière.
grah {pour grat) 77, gré,
gran,/4^.grandai894, 2088,
grand.
grazir 122, remercier, savoir
gré,
grezes 695, grec.
gruas 1284, grues,
guah, voX' gauc.
guazanhar, guazanhat 454,
gagner.
gueîamen 79, gaiement,
guerizo, vqy. garizo.
guiza, a — ii53, â la guise,
à la manière.
Hil (pour il) i3oo, ils.
ho ipour o) 83, 120^ cela.
honor 1182, bénéfice; 2102^
désignation appliquée im^
proprement aux terres de
Charlemagne. .
hun 10; huna i {pour un, -a).
Icimen, voy. issamen.
ieis, voy. issir.
ins e (intus in) 966, 1794,
dans,
intrar, construit avec laprép.
a, 195, entrer dans,
irascer, réfl,, subi, pr. pi. 2«
p. irascatzi258, 1786, s'ir»
riter,
irla 715 1657, île,
isassamen (on peut lire à la
rigueur, isalsameiK ce qui
vaudrait mieux) 36, élé^a^
tion, promotion.
issamen 175, 1126, issamens
1391, icimen 1849, égale^
ment.
issir, ind, pr. sing, 3^ p. ieis
367,668,969,1016,1247,^17/.
3^p, isson i2Qi; im». pi, j«
p. issiam 1 70$ ; prêt, sing.
e
92
ROMANS DE DAURBL E DE BETO
2^ p, icis 1782, 3^ p, ici 1 1208, laices 1473, /ai, 5or/e
ib^2\fut, sing. i«/7. issi- j de poésie chantée, d'origine
riey 960 ; sortir, bretonne.
Jaus pour ja vos, 758.
jauzens, jauzenta 716, jo-
yeux,
)SLZtT^prés. jatz ioo5, gésir^
être couche.
jes, voX' ges.
joglar4, 2o3, 520, 1^3 1, jo-
Çlier 78, 2 1 70, glojar 1 764,
jongleur,
joi 656, joy i53, joia io3,
195, 270, joie.
joliamen 3 12, gaiement,
jonher, fut. sing, i^ p. jon-
drai 1 741, pi. 2^p, jondret
16 14, s'aborder, se mesurer.
jornieigas, pron, jomieias ,
pour jornadas, 2 147, your-
nées.
josta 117, auprès,
junbentut 5 Jeunesse.
juster, réfl. iii^ se réunir.
Lah 922, lait,
lai 21 3, lei 45, 90, 492, 404,
la {proclitique) 609, lau 517,
là,
lairo, a -- 731, 1161. 1828,
en secret, anc. fr, a larron.
lais II 80, 1942, ^/ur. laisses
lansar 1947, lancer \un cou"
teau, une arme de trait\ , em-
ployé sans régime, comme
en fr, tirer.
at 417, largeur.
ata, 719, latte.
au voy. lai.
aus, pour la vos, 409.
ausengador 485, trompeur.
ausengar 390 notCy trom^
per.
auzengier 61, trompeur.
auzor i34, approbation.
ei, voX' lai«
evais, pour leva si, 116.
hieurar, lieurier 2168, part.
Ihieurat 217, livrer.
iam 1969, lien.
iar 521. 849, 1076, i3oi,
\chevat\ de poil mêlé, voy,
Bœhmer, Roman. Studien,
I, 265.
le 38o, liei 2137, rég, indir.
d'un verbe, lut.
ieurier, voy. Ihieurar.
inage ijoS^ lignage, famille.
istratz 1263, 171 1, i745,
bordé.
o employé comme pronom^
VOCABULAIRE
neutre sujet i23o^ cela^ rég.
122.
logadiers 566, soudoyers,
loilh 288, lolh 2îy^pour lo li.
longas, a — 799, longuement,
lonhar, neutre; ind. prés,
pi, 2« p, lonhat 1182,
s'éloigner,
lonjar, réfl, , lonja 1 62 1 , s'éloù
gner, prendre de l'espace.
lor 643, 21 14, eux.
los, pour lo vos, 567.
lozen, voy, luzen.
lui 43, 222, 335, 649, lu 7,
5 00, rég, d'une prép. ou
d'un verbe^ lui.
lunh, lunha 1796, aucun.
luzen 16 16, lozen 190, lui"
sant, en parlant de l'acier.
Macada 668 , ce mot qui
fausse le vers^ (voy, la cor^
rection proposée en note) y
est le part, fém. de macar
(jRorw., IV, m) meurtrir y
cf. le dict, languedocien de
fabbé de Sauvages, sous
maca, celui de l'abbé VayS"
sier sous moqua.
magat, vojr. amagar.
mai 442, 601, plus, Jamais
plus, voy. anc: mai... que
633, plus que. '
mainada 5 ig^ troupe propre
à un seigneur, voy. legloss.
93
du poème de la croisade al"
bigeoise.
maiselar,den — 366^ dent mo'
laire, comme en ttal. mas-
cellare.
majores 1809, dérivé de ma-
jor, en vue de la rime.
mal, adv. 266, mal, désa^
gréablement,
mal, mala 33o, 997, ta mala
991, malheureusement, sous
une mauvaise étoile.
malauratz i556, malayratz
990, infortuné, malavisé.
malevar, malevatz 1734, cau'
tionner, donner une caution
pour qqun.
malmenar, mamenada 939,
maltraiter.
mandamen 196, 1106, man-
daman 2148^ gouverne-^
ment, juridiction.
mandar 212, mandier 2070,
pris substantivement, com^
mandement, gouvernement,
manejar 1594 note, manier.
manen 1 1 19, manenh 44, ri-
che.
mangiers i573, repas,
maroniers 914, marins, forme
plutôt française que pro-
vençale,
mas 123, 334, puisque; igSj,
excepté, sinon.
meih {pour mens) de 1896,
sans.
94
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
mènar, menier 497; part,
menada 939^ — dol ^97,
donner des signes de aou^
leur y se désoler; mal —
939, maltraiter.
menbratz 1771, terme vague,
comme Vanc. fr, membres,
lui signifie à peu près
homme] sage, prudent, qui
\ait ce qu'ildoît faire.
i
sait
mentizo 1 3, mensonge.
mercatz 623, marché.
merce de 2100, grâce
à...
mermar^ part, mermatz 565,
diminuer.
mesclar igSS^prét. pi. 3^ p.
mesclero 3F: mêler 35 ;
réfl. 333, 1955, se querel-
ler, se battre.
mescrezen 1 98, 3 3o, mécréant,
épithète injurieuse jointe à
felo ou à trachor ; cf. rene-
gatz.
mestîers, fa — i575, est be^
soin.
meus, pour me vos, 89.
mezis sing. suj. id85, meszis-
ses 1482 ; stng. rég. mezis
1421, même; de se mezis
1421 , par soi-même, cf.
Alberic de Besançon, v. io3,
per se medips; adv. 1888.
ïniei^ pi. suj. i588, mes; sing.
réj. {pour mieu) i524j
mien.
minja i 340, mie, rien.
mol, vojr. molt.
molher 1229 (la leçon n'est
pas très sûre; il faut sup^
poser le mot accentué sur
la première syllabe), mu-
Iher, 2o3, épouse.
molt 195, 207, mol 53, 12 1,
625, 1857, ^^^ '2> ^^^
mot 320, motz 47, moult^
beaucoup.
mon, voy. mol.
morir, mûrir i25, ind. pr.
sing. 3^ p. mori lo; fut.
sing. 3^ p. molra 1 38.
motz, voy. mol.
mudatz i25o, [faucon] mué.
muh[s], a — 1128, à muids, en
quantité.
mulher, voy. molher.
mulhier i35i^ mouiller.
Nafrar, nafratz 394, blesser.
naveta 967, barque.
neh 1 646, même.
neps 416, 1186, 1819, ;ie*
veu.
neulas 1108, sorte de gau^
fres, ordinairement accom-
pagné de pimen, comme ici,
cf. flamenca 942, etRayn.^
fV, 314.
nielatz 1716, 1757, niellé., en
parlant d'une lame d'acier*
nien i855, nian (en rime)
21 38» servant à compléter
la négation^ nullement.
VOCABULAIRE
95
no, dir de — i833, refuser,
noi, Tpour no se, 238.
noil, four no li, 8o3.
noirigar 1075, norriger 96 ;
T^art. noirigatz 760, 102 5;
\nà, prés. pY. 2» P. noirigatz
786; nourrir, allaiter,
noirir 1584, subj, prés, pL
2«j?. nosricatz (j70ttr noins-
catz) 414, élever, instruire,
noirisa 1075, nourrice,
norriger, voy, noirigar.
nosaltre 465, 1793, nous; cf,
Leys d'amors, II, 2 14, « nos
o nos autri, vos o vos au-
tri » y et le gloss, du po'éme
de la croisade albigeoise,
sous autre.
noser 21 38, nuire.
nosricatz, voy, noirir<
notar, 1942, accompagner un
chant avec un instrument.
Flamenca, v. 598 : L'us diz
los motz e l'autrels nota.
nous, /?ot/r no vos, 385.
nueh 876, 965, 1 1 1 2, nuit.
Oblîdar, no s'es pas oblidatz
1696, 1^56, il ne s'est pas
oublié, il n^a pas perdu la
tète,
obrir, ind, prés, sing, 3^ p,
uebre 1^22^ pi, 3^ p, obron
1955, ouvrir.
oissor II 75, 2095, épouse,
ond 1542, on 25, 931, oit,
ondrat 211, orratz4i3. hono"
ré, qui est dans une situa^
tion considérable,
orphes 792, orphelin.
orratz, voy, onratz.
ostar, ostîer 5o2; Vimpér,
ostat, 828, est une sorte
d'exclamation qui signifie
à peu près : ne parte:[
pas ainsi.
Pagar, part, pagatz 63 1, pa-
gat 21'] \ fut, pi. i^ p. pa*
garam 775; payer, contenu
ter.
pages 1^0% ,^ paysan,
palais 32, 128, palaes 37, pa*
lais,
pâli 112, 5 10, 1042^ sorte
d'étoffe de soie.
palm 467, palme, largeur dé
la main.
panar, part, çanatz 714, 872;
prêt, pamei i8âi, vô-
ler,
parayge 12, par âge*
parer, ind. pr. sing. 3^ p,
par io39, sembler.
passar 840 part, passât 461,
ind. pr. sing, 2® p, pasat
848, act,y passer, faire pas-
ser.
obs 935, besoin, nécessité. I pauc 35o, pau 880, petit.
96
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
pimen i io8, boisson épîcée.
peiro 1811, peyro 6, banc de
pierre.
per, suivi d'un inf. neutre^
pèr plazir 1 23. à plaisir;
suivi d'un inf, transitif
marquant Voccupation, per
los falcos gitar 1295, en
train de lancer les fau"
cons.
pergas 473. perches; perga
248, perche ou bâton où ^e
posait Vépervier,
perpongas [forme douteuse,
vojr. la note), i3i%, pour-
points,
pertusan, pertusat445, percer.
pesar, voy. pessar.
pessas 5 1 5 , pièces, pessa e
pessa 768, 976, morceau
par morceau.
pessar 235 ; part, pr, pesan
3 14, penser.
pessat 455, plur. pesatz 1546,
pensée,
pessejar 1 3o9, part, pessegatz
992, mettre en pièces.
petit 597, veu; petitz 1704,
peu nombreux.
peuis, voy. pueis.
peureiras i3qi , pierrières,
machines de siège,
pîatatz 790, 792, pitié.
pieh 988, poitrine,
pier {pour par) 507, pair.
piUr io3i, 1662^ pilier.
pla 609, 046, 1048, terrain
uni, esplanade,
pla, adi,, de plana terra 171 2,
aepïainpied,
plaga 466, plaie.
plagar, plagat 466, faire une
plaie, blesser,
plah 38, 44, Ç>2S\ procès 38,
arrangement qui termine
un procès ou un débat 625 ;
arrangement, convention,
en général 44.
plazer, ind. pr, sine, 3^ p,
platz I, pfas 2, plat 16 14,
plai 206; fut, sing, 3^ p,
plara 74 ; plaire.
plazir (en rime) i23, infjpris
substantivement, plaisir.
plevir, part, plevis 404, ple-
vit 60 5, s'engager envers
quelqu'un^ garantir,
poder, ind, pr. sing, i^ p,
puesc 90, puec 82^, 2^p,
pots 98, ^o /?. pot 2^8, 368,
pi. i^ p. podem 106, 371,
2^ p. podes 240 \prét. sing,
1^ p. pogui 1660,2®/?. po-
gis 392-3, 525^3^ p. pot ro3,
273, poc358, ioo3j pi, 2^ p.
poguet 1668 \ fut, sing. 3^v.
poyra 102, porra 377; subj,
pr. sing. i^ p. pusca 92,
3^ p. puesca 244. pi. i^ p,
puscam 100; cond.pr. sing.
3^ p. poiria 271 ; cond. imp.
sing, i^ p. pogra 386, /mou-
voir; souvent joint à un
inf comme une sorte d'auxi'
liaire g3y\ pouvoir.
I ponh 1 1 , 229, 638, poing.
/
VOCABULAIRE
97
ponh 622, 669 i point, mo-
ment,
ponhador 2101, combattant,
ponher, part. prés, pongen
iq56 ; tnd. pr, 3^ p. ponh
iS33; piquer [de V épe-
ron],
por, getar — 344^ jeter loin
de soi. Voy. i)ief, Wœrt.
II c por.
porra, voy. poder.
port pour porc, 365, 401,
sanglier.
pot, voy, poder.
pregar 940, preguier 1635
ind. pr, sing. 1^ p. pregui
634, prier.
preio 1346, /?rwo«.
prejurs (pour perjurs) 1398,
parjure.
prendoîs 108, lo'h'j .^ pour
prendo si ; voy. le suivant.
prendre, ind. prés. sing. i^p.
prengui 18, jp/. 3^ p. prendo
Il I ; prêt, sing. *5® p. près
47, 55, i353, pi. 2« p.
prezes 387; imp. pi, pren-
des 434 j construit avec
a et un tnf. se prendre à
[faire une chose],
presen, a — 191, 199, présen-
tement, sous les yeux,
pretral (pour peitral) 178,
pièce a armure qui se pla-
çait sur le poitrail des che^
vaux; voy. ma traduction
du poème de la Croisade
albigeoise, p. 212 note 5,
324 note 3 et les add. et
corr., p, 526-7.
prezar 207, part, prezatz
1200, 1 692, f mer, estimer.
prezentiers 1574, dispos at*
tentif,
prieissa 1369, presse, foule,
prim, primas 5i5, délicat,
tendre.
pro 733, 8ô5, pro asatz 1207,
en abondance.
proar 1462, proatz 1748,
éprouver.
proesas 1454, prouesses,
prometre, subj. pr. pi, 2® p,
prometatz 962, livrer.
prop 210, auprès.
propriar , propchar , part,
passé propriatz 1 000 , 1 2 5 5 ,
propchatz îy3yy approcher
pros 184, 1800, 290, 693,
preux, vaillant.
pueh 681, pûy, montagne.
pueis 188, 635, 726, puis
685^ peuis 47, puois 026,
pueissas 4ck pueisas 139,
puessas 1 570, pueissa 1 880;
puis, ensuite.
puesca, voy. poder
pujar 1 307, ind, pr, sing. 3®
p. pueja 877, monter [à
cheval] .
puois, voy. pueis.
pus 1 88, puisque.
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
98
Quar II 59, pourquoif inter'
rog,; 1161 car.
»
quier, voy. car.
quînh 999, quel.
quobro, vqy. cobrar.
Ragar 922 ^part. vassé ragatz,
989, coûter àjtots,
rajada, a — 668 note^ a flots.
ram 2086, rameaux.
rando, de — 3 1 3, en hâte; voy,
DiefjWœrt. I,randa.
TSipaLTy part. rapat87i, rapatz
1262, enlever^ Kajrn,^ V,
42, n'a que des ex. du
XIV® siècle.
rastanquier , voy,
car.
restan-
raubador 1 187, voleurs.
razonar, rayzonar 912, part.
razonatz 1 787 , razonat
2o34, rayzonat 855,aire5-
ser la parole 2034; réfl.,
s'expliquer, se déjfenarey
1787.
razos 343, razo 2, 11, etc.,
raro 317, discours, exposé,
mettre a — 317, mètre en
— Il, interpeller, adresser
la parole.
re, vojr. res.
recobrar, recobratz442, 56 1,
recouvrer.
redre 2190, ind. pr. pi. 3* p.
redon 196, rendre.
refudar, ind. pr. sing. i^ p.
refut i855, refuser.
réfugier {pour refusar) 149,
refuser.
refut 1^12, refus.
regarar, r^., tmj?^. regaratz
788, se tourner verSjConsidé-
rer. Manque à Raynouard.
regio ifrois syll.) 1 1 69, 1 840,
région.
regnatz i5i8, royaumes.
remaner, ind. pr. pi. 3^ p.
remano(m^. remado) 1202,
prêt. sing. 3* p. remas 985,
rester.
remirar, ;?(ïr/. remiratz 1247,
ind. prés, rimiro 1777,
examiner, p. '^. admirer.
rendas 198, rentes.
renegatz474, 501,780, a«c./V.
renoié, épithète injurieuse
jointe à tracher; cf. mes-
crezen.
rennas 108, rênes.
reptar 524^ part. reptatz398,
reptat 465; accuser.
res, re no i ac mas 1957, il
ne s'agit de rien sinon...
restancar 839, 1938, rastan-
quier 1378, restancatz 585,
s* arrêter.
revelar i322j se .soulever, se
révolter.
ribairar 1281, rîbarar 224
chasser en rivière.
VOCABULAIRE
d9
rie 174, 275, 6u^, 6»>, n- I
ches 3io,riche3, iSg, 6&q,
7i3,2i45,rica i, ricna323,
considérable, remarquable.
rîcor 2io5, puissance,
rien (|^pifr rûen) 184, i852,
viarit, ' .
rimiro, ifoy. remirar.
rimor 479, rumeur, bruit.
rodât 2026; épithète, ordi-
nairement appliquée, soit à
pâli (comme ici), ou à qq,
autre étoffe, soit à escut ou
à targa ; désigne ou la bor-
dure circulaire d'une étoffe
ou d'un bouclier, voir le
gloss, de Flamenca au mot
rodatz, ou, plus probable-
ment un ornement consis-
tant en roues ou cercles
brodés dans Vétoffe ou ap-
pliqués sur Vécu; yoy. Du
Cange, circumrotatus. On
possède encore de ces étoj'-
fes qualifiées de circumro-
tatae; voy, par ex. Revue
des sociétés savantes, 4* sé-
rie^ III, 177.
romper i3i8, rompre 493;
ind. pr. sing. 3^ p. rom
325, 345, 1 143, rompre.
rosegar 2001, rosegat 2062,
« trahere cum equis », Do-
natz proensals, éd. Stengel
p. 33 b; voy. sous rossegar
le glossaire de ma notice
sur Guillaume de la Barre
et celui du roman catalan
des Sept Sages p. p. M.
Mussajîa. Sur ce genre de
supplice, voy. Du Cange,
eçjuitractio et trahere 6.
ruas 1995, rues.
Sabato vç^^ ^ulie^.
saber 1841, ind. prés. ^ng.
!• p. sai 529, 3® p. saps
390, 3^ p, sap 3^4, sat
320,p/i/r. I* p. sabem 796,
2® p. sajbes 119; prêt. sing.
3^ p. saup 264, 1820,
2oo3 ; fut. sing. i« p. sa-
brieii437, 3^ p. sabra 1 178,
plur. 2« V. sabres 120;
subi. pr. vï. 2^ p. sapiatz
74?; conait. imp. plur. ^«
. saubro 519, savoir; —
o 321, 334, 1751, 1826,
sembler bon.
i
sabor 1179, saveur^ bon goût
(aufig.).
sabra, sabres, voy. saber.
saïns 993, ici dedans.
salhidor 477, [dextrier] qui
saute.
salhir 1591, sauter.
sancnar, ind, pr. sing. 3^ p.
sancno 878, saigner.
sanglantier 496, ensanglan^
ter.
sanglar, voy. senglar.
sapte 109, samedi.
sarcar, voy. sercar.
sarrar, impér. sarratz 960,
fermer.
sat, saubro, voy. saher.
saumiers 2166, saumies 568,
somies 53gy sommiers, bê--
tes de somme.
saup, voy. saber.
lOO
ROMANS DE DAUREL E DE BETO
saunenta 45o, sanglante.
saxia, secia, voy, sezer.
segner, voy. senher.
seguel iioy y seigle,
seguir, part, prés, seguens
1401 ; prêt, sing, 3* p. se-
guet i832; per seguens
1401, consécutifs.
selada , a — 676 , en ca-
chette.
semblan, bel — 2126, bonne
mine,
sen 1908, avis, jugement.
senes 421, ses i3^ sans; or-
dinairement suivi de tôt,
tota, qui ne sert qu'à ren-
forcer Vidée.
senclar 391 , sanglar 484, sin-
giar 293, 3 10, 36 1, 5o2,
sanglier.
senha 160, i320, enseigne,
lance pourvue d'un pe-
non.
senhal 470, signe^^ marque.
senher 86, segner 16, senhe
35 1, 371, 4?4, 435, sire.
senhs 1990, cloches.
sercar, sarcar 1294, ind. pr.
pi. 2« p. sercas 237, c^er-
cher.
serem, voy. esser.
sermonar, ind. pr. sermonatz
i525, sermonner.
seror, voy. sor.
ses 687, soir.
ses, voy. senes.
set 559 seta 89, (pour cest-a),
ce, cette.
sezir 117, ceze 1640; ind.
imvarf. sezia 289, secia
19*3, sazia 6 ; réfl. 6 ; s'as^
seoir, être assis.
siam, voy. esser.
sieutatz (pour cieutatz) 424,
cité.
silh {pour ciih) 212, ceux.
silhs (pot/r cîlhs) i233, cils.
singlar, voy. senglar.
sire 262, 3o2, sira 12, 140,
336, 349, cira 292, sire.
sist (pour cist) 207, ceux*
ci.
sivada, voy. civada.
so II 54, son; 728, chanson.
so 26, 45, 88, cela.
so, son, voy. esser.
sobre 1691, \marcher\ sur,
contre [qqun\.
sobriers, a — 1 570. excessi-»
vement^ démesurément.
sodadas 2174, anc. fr. sou-
dées, prestation en ar^
gent.
so)OTnsir^part. passéso]oTnatz
946, 2025, ind.pr. sogoma
10 1 ; séjourner ; faire re^
poser \un cheval].
VOCABULAIRE
lOC
solier i35^ proprement étage
d'une maison : Aiol, 7060,
Hunbaus avoit maison molt
boine a ..iij. soliers; cf, le
gloss. de la chanson de la
croisade albigeoise. Ici ce
mot est employé sans pré"
cision»
somier, vojr, saùmier.
sonier io3, prononcer, faire
entendre,
sor, employé comme rég,
623, 1021, 2i65;seror iJ3,
141, 148, 662, 1188 {aux
vers i33 et 141. on pour"
. rait corriger sor), sœur.
speia, voy. espeia.
suau 137, doucement.
suavet 661, doucement.
Ta, suivi d*un adj. 939, 991,
tellement.
talen, désir , aver — 1122,
venir a — 1188.
tans, mil — i563, mille fois
autant.
tardar 234, tarzar 902, tar-
dier 246, tradier io6, tar-
zier 57, ind. prés. pi. 2«
p. tarzas 43 o, retarder,
différer.
tarzamen 1875 , 1888 , re-
tard.
tarzar, tarzier, voy. tardar.
taulas62, 11 37, 1277, i566,
jeu de tables, sorte de tric-
trac.
taulier 1427, tablier de
jeu.
tempestamen 1896, tempête.
tetinas 920, seins.
tocar vihola 85, jo\ier de la
vielle.
tolre, part, passé fém. tolta
488 : subj. prés. sing. 3^ p.
tuelna 659 ; cona. prés,
sing. 3^ p. tolria 5o7; en-
lever.
tombar 204, tumbier i 358,
part, tumoatz 1764; ind.
prés, tomba 1 2 1 o ; tomber,
faire des cabrioles; act.
I ^64^ faire tomber, abattre.
torn, faire son — 1627,/ajre
demi tour.
tornar, esser tornatz 4o3, est
une expression elliptique
qui signifie probablement
perdre sa cause; cf Gir.
de Rouss. éd. Hofmann,
V. 4291 : Ni anc de jutga-
men no fo tornatz.
tozets 1443, enfants.
trabucar 371 , trabumiier
i'h'jb\ind. pr. sing. 3^ p.
trabuca 1 762 , . trebuca
i325; abattre, renverser.
trabuquetz 1391, trébuchets,
machines de jet.
tracher, cas suj. i54, 172,
180, 3i3, 474, tracer 614,
trager 61, 189, 476, traie
2o38 ; cas rég. trachor 328,
452, tracher 1118, 11 55,
traire 2095. Cf. trahidor.
tracio 314, trahison.
102 ROMANS DE DAVREL E DE BETO
tradier, voy. tardar.
trager, vqy, tracher.
traïdor, cas suj. iSj, casrég,
1171, 2092, traître.
traïmen i85, trahison,
traire, 2064, prêt, sing, 3*
p, tray 5, trais 41, 441,
i325, imjpér, pi, trazes
562 ; suhj, pi, 2« p, tragas
Bpd ; tirer 396, 441, 1 325 ;
tirer à part 41 ; supporter
5; réfl, 562.
traire, traje, vqy. tracher.
tras 1989, derrière,
trasioiiôy, 1825, trasiho 3o,
i832, trahisorij voy. tracio.
traspasar, part, traspasatz
441, ina. pr. traspasatz 75 1 ;
mourir 441, transgresser^
mal agir 75 r.
trastumbier 1 357, tomber,
traucar, tranca 1749, trotter,
trazes, voy. traire.
trebuca, voy, trabucar.
tremolar 1443, trembler [de
froid],
trempar (pour temprar), ac-
corder [an instrument],
triar ^part. passé triatz 11 33,
i387, 1735, l'^Sgiréfl.^ se
séparer, partir de 1735,
1 765 ; part, passé pris ad"
jectivement 1 1 3 3 , 1 387,
choisis, d'élite.
trigar , part, passé trigatz
1274; subj.pl. 2^ p. triées
697, réfl. 1264, se retarder;
697? différer.
tro 202, juscfu^à; 191, "663,
964, jusqu'à tant que.
trobier 85, trouver, composer
des poésies.
trol 964, pour tro lo.
trossar, impér, trossatz 540,
trousser, charger.
trotier 56 1, anc. fr. trotier,
coureur, homme de basse
condition, qui faisait l'ôf"
fice de garçon d'écurie ;
voy. Crois, albig. 5966,
Guerre de Navarre 47^20,
4843, Du Cange^ trotarîus.
tumbatz, voy. tombar.
tuelha, voy. toire.
Uebre, voy. obrir.
uei 81 5, aujourd'hui.
uelh. »/. cas rég. uelhs 3^5,
uelh 787, 14.07, ueilh rô32,
i25o, vuelh 987, 1^66,
yeux.
ulhas, voy. voler.
V, pour vos, 190.
va, vai, voy. anar.
valatz, sing. rég. 2o63,^/.
rég. valatz 1736, i738 ,
fossé.
van, voy. anar.
^^tn-^^^^m
»<«i
■»^* — -»^
VOCABULAIRE
io3
var i8i5, vair.
vas 798, vers.
vasal 1748, guerrier, sens de
Vanc, fr, vassal.
vayley gS, valet.
ve, voy. venir et vezer.
vec 470, vec vos 2o3, 848,
lOOD, 1907, veuc vos 1348,
voici.
veiraS) veja, voy. vezer.
vejaire, m'es — 1546, igoS,
il me semble.
vcltres 337, lévrier, anc.fr.
veautre.
vcnador, pi. ^suj. 472, rég.
venadors 33g, 364, venewr^,
sens de service employés à
la chasse.
venaro, pour venazo, 3i5,
chasse.
venges 2100, vengues 2173,
adj. formé sur vengar, ven-
ge, voy. sur ce genre de
formation Romania , VIII,
448.
venir 1 1 3, part, vengut 3 1 3 ;
ind. pr. sing. S^p.ve 12 3,
188; rr^/. stng. l'^p. ven-
gui 4.57, 3^ V. vinc 00, venc
40, 2D4, pi. 3^ p. vengro
09, vero 1088; fut. sing.
i^ p. verray 5i ; tmpér.pl.
venes 376; tmp. pi. 2" p. vi-
net 847 ; subj. pr. sing. ^»
p. venn* 1 8, venga 58 ben-
ga 1093, venir.
verden 1608, verdoyant.
vero, verray, voy* venir.
verses, p/t/r., 1464, 1498, vers,
pièces de vers.
vertudozamen 1625, i858,
puissamment , énergique^
ment.
veuc, voy. vec.
vcus, pour ve vos, 38, 217,
VOICI.
vezer, part. pr. vezcn 6^3 ;
ind. pr. sing. jc j?. vei 254,
3^ p. ve 206, pi. i^ p. ve-
zem 467 ; prêt. sing. i^p.
vi 295, 3^ p. vi 62, iiSypl.
3^ p. viro ^2 ; futur pi. 2*
I?. veires i322,veuret i33i;
subj. prés. sing. 3^ p. veja
610; cond.pl. 2^ p. veiras
i53, viras 494. 19 14, voir.
viala 196, ville.
viassamen 187, 1602, en hâte.
viatz 782, 982, 1022, vias
1Q71, en Kate.
vieula, vieulas, vihola, voy.
viola, violar.
viens 1160, vivant.
vinc. voy. venir.
viras, vo;^. vezer.
violai 180, 1209, 141 5, vi-
hola85, vieula 1470, 1948,
vieulas i93i, vielle.
violar 114. 1419, 1682, viho-
lar 147^ , ind. pr. sing.
3^ p. viola 1570, vihola
i5o5, vieula 165, 204^ prêt,
sing. 3^ p. viueulet 79,
jouer de la vielle.
ROMANS DE DAUXEL B DE BETO
voler, iitd. pr. sing. i' p.
vulh i36, 214, vuelh 148,
3* p. vols 2t5, 3' p. vol
îSe,/»/. V0I0504; imp. sing.
S' p. volia 819 ; prA. sing.
Je p. vole 353, vols 818;
fut. sing. jt p. volray 80,
208, voldray 106, 2' p. vol-
ras Saa, plur. i' p. volrem
i6-pi.3' p.volres'i5\iinpér.
etSUBj. sing. 2* p. vuelhos
i3i3, uelhas 37, ulhas 82,
Î(. 3« p. voIhatK 4ri, vol-
as 233, 234, i3q; cond.
pr. sing. i' p. volria 3ai,
SI. 2' p. vorriati 755; vou-
»r; se joint à des inf.
comme une sorte d'auxi-
liaire, pour signifier le fu-
tur 89, 121, 166, 208; no
TolhaS) suivi d'untnf. comme
en latin nolite, 2B4, 269 ;
voler ht iSiS, vouloir
du bien à qgun, l'aimer.
voiler (dans le corps du vers)
1761, voler.
volray, volria, vols, voy.
voler.
voltor 2o65, vautours.
vonh, pour vos ce 5o, 568.
vorriate, voy- voler.
vuelh, vulh, yoy. voler.
TABLE DES NOMS PROPRES
vv/x^V^i/x/V^^ v*v^i^^^
Abram, voy. Ebratz.
Agen 201.
AiCELiNA 855, 934, 2033,
2o34, AissiLiNA 783, Ayse-
LiNA (ms. Ayselineta)
807, AlSILINETA 716, 724,
nourrice de Béton.
Amen j ART, voy. Esmenjartz.
Antona 32, 69, 1674, fief hé-
réditaire de Beuve (Boves);
cri, i32a, 1952.
Ardena 293, 368, forêt,
Aremybr, voy. Azemar.
Aspremont 10, 535, AsprC'
mon 60, 3 1 1 , 933, 2074, As'
pramon i33o, château apn
partenant au comte Gui,
donné finalement à Azemar.
Augier 146, Ogîer le Danois,
père du duc Beuve.
Azemars 99, II 57, I2Q3,
2 141, Azemar ioqi, io9>4,
II 26, 1289, i3ri9, 134e,
l352, AZBMART 2124, ArE-
MYSR 93, sénéchal de Beuve.
Babilonia 1195, 1604, Baby-
lone d'Egypte, ïe Vieux-
Caire.
Bertran 65 , écuyer de
Gui.
Bertrans ii65, i332, i343,
Bertran i 290, 1 3o i , 1 3 1 o,
2075, 2 1 2 1 , Bertrandet
1 3 60, fils de Daurel.
Betos 5o9, 772, etc., Beto
298, 3i6, J22, etc., Beto-
netz ioii, 1480, Betonet
414, 1090, 1453,1586, 1942,
1979, 2o5o, 2168.
BiATRis 1000, femme de Dau-
rel.
Bordels i36, 200, 1674, Bor-
deaux.
Boves 26, 3i, 36 (rég.), 45,
^52-7^93, m, i27(r'ég.),
i36 (réç.), 174, etc., Bobes
70, II 3, 14.5 (rég.), 171,
Bobis 6, Buvo (en rime)
181 7, duc d' Antona, tué
en trahison par Gui.
Brunas vais 36 1, 1294, lieu,
dans TArdenne.
io6
ROMA«S K.PACK^ E DE MTO
Buvo, wy. B^yw-
Carles, vqy, K.
Daurel 4, 83, 90, io5, 169,
348, 353, etc., Dauriel
101, II 3, j<mgleur protégé
par Beuve, et grâce au cjé-
vouement de qui Béton ren-
tre en possession de Thé-
ritage paternel.
Daurelet 355, fils de Dau-
rel.
"EBRART2 821, EbRATZ 780,
Ebrart 820, 834, 919,
Ebrar 86 1 (la rime deman"
de Ebrat) Ebram 8ii,
Abram 2020, 2042, pêcheur
qui dénonce à Gui la re-
traité de Betou.
Eimenjartz, voy. Esmen-
JARTZ.
Erimena 141 1, 186^, 1860,
2 08 3, fille de Témir de
Babylone.
Esmenjartz 173, 176, 290,
385, Esmenjart 595, És-
mengahs 227, esmengart
1092 , Eimenjartz 498 ,
Amenjart 1827, épouse de
Beuve.
Fransa 3, 42, ii5, 126, 257,
.766, etc., France.
Frances 7, français.
Gauserans 21 56, Gauseran
2124, Tun des chevaliers
de Béton.
iGoRMO^s i(^^ Gormqn i6$8,
1763, roi sarrazin.
Guis, suj. 124, 429, 440,
rég. 370, 533, Gui 8, 22,
3i3; Guio 3, 8, 14, etc.;
GuiHo 46, 106, 388; ordi-
nairement en abrégé, G.
14, 58, 61, 65, etc., le
meurtrier de Beuve.
Jaufre i366^ l'un des cheva-
liers de Gui.
K. 39, 42, etc., Carles (rég.)
416, k. magnes i32, i3û,
K. mannes 72, qualifié de
« lo bavier » 1 3>9, l'empe-
reur Charlemagne.
Monclar 209, 355, 527, 882,
oSo, 949, etc. , Monclier
06, château situé sur la mer
et donné à Daurel par Beuve
Olivier*i4o, 2160, le compa-
gnon de Rolant.
Paris 73, 109, 2148, Parts,
résidence de Charlemagne.
Peitieus 1673, 1862, 1875,
1986, iQo9y 2021, 2062,
21 5i, Peutieus i35, 585,
i044,Pe^/ïe^i75, Poitiers.
Requier 1 366, Tun des hom-
mes de Daurel.
RoLAN 558, RouLAN i3o, 277,
21 36, 2100, qualifié de duc
ou de palatin {palafi).
VOCABULAIRE
Sant Alari 53 1, 2084, Sen j J'iViii, Tyr.
Alari 749, Saint-Hilaîre de
Poitiers.
Î07
TABLE DES RIMES
«/\A/« ^ A ^ A^ M^
Rimes masculines :
an, en, 9, 5i.
ar, 8, 12, 16, 23, 25, 27, 33,
37, 42, 47, 53 '.
at, 14, 24, 48.
atz, i3, 17, 22, 26, 32% 38,
43.
en, 2, 7, 28,41,46.
ens, 36.
es {fermé), 20, 44.
ier, 3,6, 35,49, 52 '.
iers, 29, 39 *.
ir, 4, 40.
o, I % 10,21,30,45.
or (fermé)^ 5, i5, 18, 3i, 5o
os, II.
utz, 34.
Rime féminine :
ada, 19.
1. Les laisses 8 et 16 contiennent un assez grand nombre de finales en ier ;
la laisse 33 en contient une (t. 817). En par provençal, toutes ces finales se-
raient en ar,
2. Quelques rimes en at.
3. Ces laisses contiennent beaucoup de finales qui, en provençal, sont en ar.
La laisse 3 était originairement en ar depuis le v. 78.
4. La laisse 39 contient deux mots [chiers, v. 1 571, et peut-être maugiers
1573), qui, en prov., seraient en ars.
3. Quelques finales en om, on.
ERRATA
V. I, piàte, lis. plat. — 2, suppr, la virgulefinale. — 8, done
Dieu, lis, Donedieu. — 18, venh, /i5. venh*. — Les vers 18
et ig seraient mieux à leur place après lev.21, — 40, saludet,
lis, saludec. — 5 1 , mettre un point et virgule à la fin du vers, —
58, c'a, lis. c'am. — 187, et, lis. e. — 214, vieurat, sic, corr.
vieuras; il faut la 2^ pers. du sing. — 299, Yeu arai, lis, Me-
narai. — 322, e Beto, lis. a Beto. — 5o5, Senhor s, lis, Sen-
hors. — 61 3, verdat. Us. verdat[z]. — 731, Et, /15. E. — 761,
Or, lis, aur. — 853, ven s', ms. vens, qu'il faut probablement
corriger venc. — 867, mettre une virgule après mi. — 919,
suppr. la virgule après Ebrart. — 1126, leugier(s), lis. leu-
gier[s]. — 1497, P^gû^» ^'^' pagat[z]. — x6o6,comandamen, lis,
comandamen(s). — 171 5, voy,p. xlviij\ note i. — 1729, cam-
biat, /i5. cambîat[z]. — 175 3, mettre le guillemet final après
home.
Vocabulaire. — auzir, suppr. auh, marqué à tort comme
3^ pers. — bliautz... 1246, lis. 1426. — esser, le dernier chif-
fre de V article doit être corrigé 61 53-4, — molher, encore au
V. 1974 ce mot est paroxyton. — Ostar, ajoute^ cf. Breviari
d'amorv. 23492. — Pertusan, lis. pertusar.
Le Puy.— Imprimerie de Marcmbssou fils, boulevard Saint-Laurent, 2 3.
Publications de la Société des anciens textes français.
(En vente à la librairie Firmin Didot et C**, 56, me
Jacob, à Paris.)
Bulletin de la Société des anciens textes J^ançais (années 187 5, 1876,
1877, 1878,1879, 1880} (Ne se rend pas).
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thèque nationale de Paris, par Gaston Paris, et accompagnées de la musi-
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t. là IV (1876, 1877, 1878, 1879), le vol i<>fr.
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senal à Paris, par Henri Michelant (1876) 10 fr.
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Bibliothèque nationale, par le marquis de Queux de Saint-Hilaire, 1. 1
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