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BIBLIOTHÈQUE
DF. L'ÉCOLE DES HAUTES ÉTIJDKS
SECTION DES SCIENCES NATURELLES
TOME XXIX
AKTICLE N» 5
DE LA
FORMATION DU BLASTODERME
DANS L'ŒUF D'OISEAU
FAR
M. MATHIAS DUVAL
LABORATOIRE DE ZOOLOGIE MARINE, A VILLEFRANCHE, DIRIGE PAR M. BARROIS-
G. MASSON, EDITEUR
LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE DE PARIS
Koiilevard lSain(-<àci'iiiain et rue do l'Éperon
EN FACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE '
1884
BIBLIOTHÈQUE
DE L'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES
SECTION DES SCIENCES NATURELLES
TOME XXIX
ARTICLE N» 5
DE LA
FORMATION DU BLASTODERME
DANS L'ŒUF D'OISEAU
PAR
M. MATHIAS DUVAL
LABORATOIRE DE ZOOLOGIE MARINE, A VILLEFRANCHE, DIRIGE PAK M. BARROIS.
G. MASSON, EDITEUR
LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE DE PARIS
Itoiilevard !^aint-(jici*uiain et rue do l'Éperon
EN FACE DE L'ECOLE DE MÉDECINE ,
1884-
nE LA
FORMATION DU BLASTODERME
DANS L'ŒUF D'OISEAU.
Par M. Malbia»» nUWAI..
INTRODUCTION.
jo Procédés d'étude. — Le présent mémoire a pour objet
l'étude du développement du blastoderme dans l'œuf des
oiseaux en général et de la poule en particulier, depuis la seg-
mentation jusqu'à la formation des trois feuillets (externe,
interne et moyen). Si les travaux relatifs à la segmentation
sont peu nombreux (Goste, Œllacher, Gœtte, KoUiker), et
tous concordant entre eux dans leurs résultats généraux, par
contre ceux relatifs à la formation des feuillets blastoder-
miques dans les premières heures de l'incubation sont presque
innombrables et aboutissent aux conclusions les plus oppo-
sées quant aux rapports d'origine du feuillet interne avec le
feuillet externe, et surtout quant à l'origine du feuillet moyen.
Une semblable étude ne peut prétendre à un résultat d'une
valeur générale que si elle ne se borne pas à une ontogénie
particulière, mais s'étend en considérations comparatives sur
la formation des feuillets chez les divers types de Vertébrés.
Aussi le présent mémoire sera-t-il bientôt suivi d'un travail
sur le blastoderme de la grenouille, travail dont tous les ma-
tériaux sont dès maintenant entre nos mains.
Pour le moment, nous bornant à l'étude du blastoderme
des oiseaux, nous allons exposer le résultat de nos recherches,
avec cette pensée consolante que nous ne venons pas ajouter
purement et simplement une nouvelle opinion aux opinions
déjà émises et trancher la question en formulant une théorie
(Sa*
2 n. «ivAL.
en contradiction avec toutes celles déjà émises, lesquelles
sont déjà toutes plus ou moins en contradiction les unes avec
les autres. Gomme on le verra par la suite de ce travail, où
nous examinerons successivement les opinions des divers au-
teurs, chacune de ces opinions est basée sur des observations
exactes, c'est-à-dire sur des coupes microscopiques dont cha-
cune trouvera son équivalent parmi celles que nous représen-
tons d'après nos propres préparations; mais les auteurs en
question ont malheureusement cru que, pendant sa formation,
le blastoderme était partout semblable à lui-même, et qu'il
suffisait de décrire une coupe quelconque d'un blastoderme
d'un âge donné pour acquérir une idée complète de ce blasto-
derme à cet âge. Il n"en est rien, nous le verrons; et c'est
pourquoi chaque auteur est arrivé à une conclusion particu-
lière, selon la région où portait la coupe ayant servi à ses
études, conclusion vraie pour cette région spéciale, mais qui
cesse d'être juste quand on l'applique à la totalité de la forma-
tion blastodermique.
L'important est donc de déterminer exactement l'orienta-
tion des coupes. C'est au soin avec lequel nous nous étions
attaché à fixer cette orientation que nous devons les résultats
précis auxquels nous sommes arrivé dans un précédent mé-
moire sur la ligne primitive (1). A vrai dire, le présent travail
n'a d'autre but que de déterminer la nature des processus qui
précèdent l'apparition de la ligne primitive. Nous avions vu
que, sur un blastoderme où la ligne primitive est bien visible,
les connexions des trois feuillets sont très différentes dans la
région postérieure, ou de la ligne primitive, et dans la région
antérieure, dite zone tergale {op. cit., p. 4*2). Il s'agissait de
rechercher comment s'établissent ces différences, si elles se
produisent dans un blastoderme primitivement homogène,
c'est-à-dire à composition identique dans sa future région
antérieure et dans sa future région postérieure, ou bien si les-
(1) Mathias Duval, Etude sur la ligne primitive de l'embryon de poulet
{Ann. des se. nat. et Biblioth. de l'École des hautes études, Section des
se. nat., t. XVIII, article n" 6).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 3
dites différences sont la conséquence et la continuation de
différences distinguant, dès l'origine, les parties postérieures
et antérieures du blastoderme. Il s'agissait, en un mol,
d'étudier la formation du blastoderme sur des coupes bien
orientées.
Mais, si cette orientation est facile sur un blastoderme où la
ligne primitive est visible, elle paraît presque impossible sur
la cicatricule d'un œuf fraîchement pondu et non incubé, ou
sur un œuf incubé, avant l'apparition de la ligne primitive,
c'est-à-dire, en moyenne, jusque vers la douzième ou quator-
zième heure de l'incubation. Quand le blastoderme est assez
formé pour qu'on puisse l'enlever, en excisant sous l'eau la
partie correspondante du jaune, on arrive à le détacher, à le
recueillir sur une plaque de verre, et on obtient ainsi une
préparation transparente en son milieu, où, par l'examen à la
lumière transmise, l'on reconnaît la ligne primitive sous forme
d'un trait plus foncé, alors même que cette ligne primitive
n'était pas visible sur le blastoderme examiné en place, et vu
à la lumière réfléchie. Mais sur l'œuf non incubé on ne peut
avec succès essayer d'isoler la cicatricule du jaune, et l'exa-
men de cette cicatricule en place, par la lumière réfléchie, ne
présente pas, au premier abord, des traits caractéristiques
qui permettent de lui distinguer une région antérieure et une
région postérieure. Nous verrons plus loin qu'avec beaucoup
d'expérience on peut parvenir à établir cette distinction su.
des cicatricules incubées depuis quelques heures. Mais tou-
jours est-il qu'au début de nos recherches il nous fallait,
sous peine de ne pouvoir les poursuivre dans les conditions
de déterminisme, c'est-à-dire d'orientation sus-indiquées, il
nous fallait trouver un moyen de reconnaître quelle partie du
blastoderme en représente la future région antérieure et quelle
partie la future région postérieure.
Nous avons tourné la difficulté en ayant recours à ce qu'on
sait de l'orientation de l'embryon, sur le jaune, par rapport
au gros et au petit bout de l'œuf. Balfour a fait remarquer, et
Kôlliker a confirmé cette remarque, que l'embryon, alors
4 M. DU VAL.
que son extrémité céphalique est bien reconnaissable (par
exemple dès la fm du premier jour), se trouve couché sur le
jaune de telle manière que le gros bout de l'œuf est à sa gauche
et le petit bout de l'œuf à sa droite ; en d'autres termes, quand
on ouvre un œuf incubé, au deuxième ou troisième jour, en
le plaçant de telle sorte que son gros bout soit tourné vers la
gauche et son petit bout vers la droite de l'opérateur, on
trouve la région caudale ou postérieure de l'embryon dirigée
vers l'opérateur, tandis que l'extrémité céphalique est du côté
opposé. L'orientation est la même, nous nous en sommes as-
suré, lorsque l'embryon n'est encore représenté que par la
ligne primitive. Il est donc permis de penser que cette orien-
tation est chose tout à fait originelle et que, dans un œuf fraî-
chement pondu non incubé, la cicatricule homogène en appa-
rence tourne, lorsqu'on tient l'œuf devant soi, avec la grosse
extrémité à gauche et la petite à droite, tourne vers l'observa-
teur la future région postérieure et à l'opposé la future région
antérieure. Pour préciser notre pensée, nous représentons
cette orientation dans la figure ci-jointe (schéma nM), où,
Schéma 1.
dans le contour de la coquille (G, gros bout; P, petit bout),
se trouve indiqué le contour du jaune, dans celui-ci une cica-
tricule grossie; enfin dans celle-ci est tracée une petite croix
latine qui, par sa forme même, rappelle l'aspect de l'em-
bryon à la fin du second jour, alors que les vésicules ocu-
laires primitives se détachent de chaque côté de la tête,
ABTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 5
figuraul ainsi dans leur ensemble, par rapport au reste du
corps, la petite branche d'une croix latine. Il va donc sans
dire que, sur la figure 1, l'extrémité de la croix munie de
la branche transversale indique schématiquement le côté où
est dn'igée la tête de l'embryon, et, s'il s'agit d'une cicatricule
homogène, la future région antérieure du blastoderme.
Nous ne pouvions cependant nous en tenir à la simple affir-
mation donnée par Balfour et Kôlliker, qui parlent seule-
ment d'une disposition relativement constante sans préciser
le nombre relatif des exceptions, sans donner une statistique
de l'orientation de l'embryon sur la sphère vitelline. Attentif
depuis plusieurs années à cette question, nous avons dressé
nous-même à cet égard une petite statistique; ayant eu à
recueillir beaucoup d'embryons des premiers jours de l'incu-
bation pour une étude sur le développement du cœur, ayant
eu à ouvrir un grand nombre d'œufs incubés pour les démon-
strations du laboratoire, nous avons noté l'orientation de
l'embryon chaque fois que l'œuf avait été ouvert avec des
précautions suffisantes pour éviter tout écoulement d'albu-
mine, tout déplacement des chalazes, c'est-à-dire toute rota-
tion latérale de la sphère vitelline. Dans ces conditions nos
observations sont venues confirmer entièrement la loi énoncée
par Balfour, en précisant le nombre relatif des exceptions.
En effet, sur 166 œufs ouverts de la trente-neuvième heure
au troisième jour de l'incubation, nous avons trouvé 1*24 fois
(soit dans une proportion un peu plus forte que 3/4) l'orienta-
tion représentée par la figure 1 (schéma).
Dans 42 cas la tête est un peu inclinée à gauche ou à droite;
Schéma 2. Scliéma 3.
ces cas se décomposent ainsi : légère obliquité à gauche
comme le représente le schéma 2, rencontrée 26 fois (soit dans
6 M. DIVAL.
la pi'oporlion de 4/6 sur le nombre total des observations);
légère obliquité à droite, vers le petit bout, comme le repré-
sente le schéma 3, rencontrée 13 fois (proportion 1/12).
Enfin deux fois nous avons trouvé l'embryon couché trans-
versalement, la tête vers le gros bout (schéma 4) , et, une
Schéma 4. Schéma 5.
fois seulement, nous l'avons trouvé complètement renversé
(schéma 5).
On voit que, pour les coupes, les dispositions des figures 2 et
3 sont équivalentes à celle de la figure 1, car en somme dans
tous ces cas, si des coupes sont faites dans une direction per-
pendiculaire à l'axe de l'œuf, nous trouverons, s'il s'agit d'un
blastoderme en apparence homogène, nous trouverons, vers
l'une des extrémités de la coupe, les futures régions anté-
rieures, et vers l'autre extrémité, les futures régions posté-
rieures de l'embryon. Nous ne trouvons donc, comme ris-
quant de nous égarer, que les dispositions des figures 4 et
5, lesquelles ne forment ensemble que 3 cas sur \QQ, c'est-à-
dire une proportion moindre que 1/55. Nous pouvons donc
nous considérer comme en possession d'un moyen suffisam-
ment sur de reconnaître, sur un blastoderme d'aspect homo-
gène, ce qui sera région antérieure et ce qui sera région pos-
térieure.
Mais ce n'est pas tout que d'avoir ce moyen de fixer la
valeur des diverses parties d'un blastoderme ou d'une cicatri-
cule sur un œuf qu'on vient d'ouvrir avec soin, et qu'on exa-
mine en place, c'est-à-dire la sphère vitelline étant suspendue
au milieu de l'albumine, et celle-ci contenue par la coquille,
ouverte seulement dans sa partie supérieure. Cette cicatricule
doit être durcie, pour être débitée en coupes ; il faut donc con-
ARTICt.R N° F).
F0R1\[ATI0N DU BLASTODERME. 7
server l'orientation qu'on vient d'établir en prenant, comme
points de repère, le gros et le petit bout de l'œuf. Plonger
l'œuf en entier, avec albumine et coquille, dans les liquides
durcissants, ne serait pas pratique, n'amènerait même pas au
but cherché, parce que pendant la manœuvre de l'immersion,
et lorsqu'on renouvellerait le liquide, on serait exposé à pro-
duire des mouvements de rotation latérale de la sphère vitel-
line. Dégager la sphère vitelline et la plonger seule dans le
liquide durcissant, ce serait se mettre dans l'impossibiUté de
reconnaître ultérieurement l'orientation du blastoderme; il
faut donc marquer sur la sphère vitelline des signes recon-
naissables après durcissement, et qui permettent de distinguer
la région antérieure d'avec la région postérieure, selon l'orien-
tation établie en prenant primitivement le gros et le petit bout
de l'œuf comme points de repère. Si nous n'avions pas affaire
aux toutes premières phases du développement, dans lesquelles
il ne saurait être question de séparer la cicatricule ou le blas-
toderme d'avec le reste de la sphère vitelline, on pourrait pen-
ser à détacher cette partie en découpant un fragment qui
aurait la forme d'un triangle, dont la base correspondrait à la
future région antérieure et le sommet à la future région posté-
rieure; mais il est important de durcir la cicatricule en place,
sur le vitellus, afin que les coupes nous donnent les rapports
du blastoderme avec le vitellus. Dans ces conditions, nous
avons opéré de manière à déterminer sur la sphère vitelline la
formation d'un dessin triangulaire, orienté comme nous
venons de dire, et persistant pendant et après le durcissement.
Pour obtenir ce résultat nous avons opéré différemment, selon
le procédé employé pour obtenir le durcissement.
Quand nous voulions durcir et fixer les éléments par l'acide
osmique, nous faisions, avec une petite bande de papier,
laroe de 5 millimètres et longue de 50 millimètres, une sorte
de cuvette triangulaire sans fond, c'est-à-dire en se bornant à
plier cette bandelette, de sorte qu'elle figure les bords d'une
cuvette triangulaire (voy. schéma 6). Alors, l'œuf étant
ouvert, on enlève avec une pi'^ette la mince couche d'albu-
8 M. DUVAL.
mine qui recouvre le centre de l'hémisphère supérieur de la
sphère vitelline, c'est-à-dire qu'on dégage la surface de la
cicatricule et des parties circonvoisines, et, sur la surface
ainsi dégagée, on applique le triangle de papier, en l'orien-
tant de façon que sa base réponde à la future région anté-
rieure, et son sommet à la future légion postérieure du blas-
toderme. En appuyant un peu sur le triangle de papier, de
façon à bien le mettre en contact avec la surface du vitellus.
on forme ainsi une petite cuvette triangulaire, dont les bords
sont représentés par le triangle de papier, et le fond par la
région de la surface vitelline qui renferme la cicatricule.
Avec une pipette on remplit cette cuvette de solution
osmique, et, maintenant toujours le papier bien appliqué par
une légère pression, on laisse agir la solution osmique pen-
Schéma 6. Schéma 7.
dant quelques minutes, car son action ne porte pas instanta-
nément sur la cicatricule, parce que, à cette époque du déve-
loppement, il est difficile de dépouiller complètement celle-ci
de la couche d'albumine qui la recouvre (plus tard, dès la fin
du premier jour de l'incubation, l'albumine est résorbée dans
cette région, et le blastoderme se trouve naturellement à nu).
Quand le fond de la petite cuvette commence à noircir, on
dépose toute la pièce dans un large cristallisoir plein de solu-
tion chromique; le papier se détache; on isole de son albu-
mine et de sa co(iuille toute la sphère vitelline, qui, à l'aide
d'un verre de montre très creux, peut être transportée dans
une nouvelle solution chromique, où s'achève le durcis-
sement. Mais, grâce aux opérations précédentes, cette sphère
ARTICLE N" 5.
POKMATlOlN DU liLASTODEUME. 9
vilelliuc est marquée, en une certaine région, d'une surface
triangulaire noire, et nous savons non seulement que la cica-
tricule est au milieu de ce triangle, où elle se révèle par des
difïerences de nuances, mais encore que la future région anté-
rieure correspond à la base, et la future région postérieure au
sommet de ce triangle. Après quelques jours de séjour dans la
solution chromique, les couches périphériques du vitellus sont
durcies et forment une sorte de coque autour de la masse cen-
trale demeurée molle : avec un scalpel bien tranchant, et en
s'aidant aussi de fins ciseaux, on découpe, dans cette coque,
un fragment triangulaire, au milieu duquel est le triangle noir
dont la valeur vient d'être indiquée; on achève le durcisse-
ment de ce fragment triangulaire par quelques jours de ma-
cération dans la solution chromique, puis dans l'alcool, et, au
moment d'en faire les coupes, on le monte d'après notre pro-
cédé au collodion, dont nous rappellerons dans un instant les
principaux détails.
Dans le manuel opératoire qui précède, nous associons
l'action de l'acide chromique à celle de l'acide osmique. Les
avantages de ce procédé sont les suivants : D'abord l'immer-
sion dans la solution chromique empêche que les éléments,
atteints par l'acide osmique, ne prennent une teinte noire
trop foncée, qui lendrait difficile l'étude des coupes. D'autre
part, eu durcissant in iulu les couches périphériques du vitel-
Uis par un séjour assez prolongé dans la solution chromique,
nuus fixons l'ensemble du blastoderme et des parties circon-
voisines du vitellus dans leurs rapports normaux. En n'em-
ployant que la solution chromique, sans action préalable de
Facide osmique, ces rapports ne sont pas conservés, parce que,
dans les premiers moments de l'inibibition, les échanges
endosmo-exosmotiques sont tels que le blastoderme est sou-
levé par une accumulation de liquide entre sa face inférieure
et le vitellus, comme le montre une figure donnée par Kôlli-
ker, et dont cet auteur constate du reste la déformation, en
signalant son origine (Kôlliker, EmùryoL, trad. fr., p. 66,
fig. 14). J. Disse a attiré avec raison l'attention sur ces défor-
10 11. DUVAL.
malions (i), qu'il exagère cependant quand il considère la
cavité soHs-germinale comuie une production artificielle, car
cette cavité, à une certaine époque, se retrouve même sur des
pièces durcies uniquement par Tacide osmique, alors qu'on a
poussé l'action de ce réactif jusqu'à donner à la préparation la
couleur noire la plus intense, condition désavantageuse pour
l'étude des éléments, mais précieuse pour déterminer rigou-
reusement les rapports d'ensemble de leur masse. Nous ver-
rons du reste que la présence de la cavité sous-germinale à un
certain moment du développement, et sa forme dilatée en
certaines régions, sont des faits constants, et constituent des
dispositions en rapport direct avec les aspects que prend suc-
cessivement, dans les vues de face, à la lumière réfléchie, le
blastoderme et notamment son aire transparente, lors de sa
première apparition. Ajoutons que, si nous avons renoncé à
faire usage de l'action de l'acide chromique seul sur la sphère
vitelline in toto, à fortiori faut-il à jamais laisser de coté le
procédé qui consiste à détacher de cette sphère, avant toute
application de réactif, la cicatricule ou le blastoderme, pour
placer ensuite dans la solution chromique le fragment ainsi
isolé ; car alors il se produit dans cette membrane des plis et
souvent des solutions de continuité, et il devient impossible de
distinguer ce qui est disposition normale d'avec ce qui est
production accidentelle et dislocation.
Le second procédé de durcissement que nous avons em-
ployé consiste dans l'action de l'alcool absolu, avec les pi'ccau-
tions et conditions suivantes. Gomme précédemment, nous
construisons, avec une bandelette de papier, le petit triangle
destiné à former les bords d'une cuvelle ; l'œuf étant ouvert,
avant toute manipulation, nous appliquons ce triangle sur la
légion de la cicatricule, en observant l'orientation dont nous
voulons conserver des traces. Aucune tentative n'ayant été
faite pour enlever la couche d'albumine qui recouvre le centre
']) J. Disse, Die Entwicklung des mittleren Keimblattes im Huhnerei
(Arch. f. mlkroskop. Anat., Bd 15, p. 68).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 11
de l'hémisphère supérieur du vitellus, le petit triangle de
papier, appliqué avec légère pression sur le vitellus, plonge
dans cette albumine, de telle manière qu'une certaine quan-
tité d'albumine est dans le petit triangle, ou, pour mieux dire,
dans la cuvette que l'orme ce triangle, tout le reste de l'albu-
mine étant en dehors de ladite cuvette. Alors avec une pipette,
on arrose d'alcool absolu la cavité de la cuvette ; l'albumine
s'y coagule rapidement et bientôt ne forme plus, avec le
triangle de papier qui la circonscrit, qu'une seule masse
adhérent fortement à la sphère vitelline, tandis que le reste
de l'albumine, n'ayant pas été en contact avec l'alcool, est
demeuré fluide; aussi peut-on maintenant sans danger se
débarrasser de cette albumine en la faisant écouler au dehors,
après section des chalazes contre la spGère vitelline, de
manière à ne conserver en définitive que la sphère vitelline
reposant sur le fond de la cavité de la coquille ouverte à sa
partie supérieure. Cette coquille sert alors de récipient, dans
Ie({uel on verse de l'alcool absolu, de manière que le jaune soit
complètement immergé dans ce liquide. Au bout de quelques
heures les couches périphériques du jaune sont assez durcies
pour former une coque résistante dans laquelle on découpe et
extrait la partie correspondant à la masse triangulaire formée
par la cuvette de papier et son albumine. Pendant cette opé-
ration, il peut arriver que le triangle de papier se détache
spontanément ou cède à quelques tractions faites pour l'enle-
ver; il peut se faire aussi qu'il résiste, et qu'on doive renoncer
îi son extraction de crainte de briser la pièce. Il n'y a aucun
inconvénient à le laisser en place, car il se coupera facilement
au rasoir quand on débitera ultérieurement la pièce. Dans
tous les cas, on conçoit facilement que le fragment enlevé de la
sphère du jaune portera, soit par la présence du papier,
soit par la présence de la masse triangulaire d'albumine,
une marque suffisante pour permettre l'orientation des
coupes. Le durcissement de la pièce sera achevé par une
immersion de vingt-quatre heures dans l'alcool absolu; puis
la pièce sera conservée dans l'alcool à 36 degrés.
12 11. UUVAL.
Ces deux procédés de durcissement, l'un par l'action com-
binée de l'osmium et de l'acide chromique, l'autre par
l'action seule de l'alcool absolu, ne présentent pas les mêmes
avantages, mais se complètent mutuellement, de sorte qu'il
faut absolument les employer tous deux parallèlement. En
sffet, le premier a le grand avantage de conserver leurs formes
aux éléments, et de fixer dans leurs rapports réciproques les
masses distinctes formées par ces éléments; c'est grâce à lui
seulement qu'on peut bien se rendre compte des connexions
des feuillets blastodermiques entre eux et des connexions du
feuillet interne avec certaines zones du vitellus blanc, con-
nexions si importantes à déterminer, ainsi que nous le ver-
rons. Mais ce procédé ne permet pas de constater les noyaux
des sphères de segmentation, non plus que les noyaux qu'on
trouve épars dans des couches périblastodermiques du vitel-
lus. On sait, en effet, que les éléments fixés par l'acide osmique
ne se colorent plus que peu ou pas par le carmin. Quant aux
pièces durcies par l'alcool absolu, la cicatricule ou.le blasto-
derme y sont comme ratatinés, et ont subi une sorte de tasse-
ment qui nuit à l'étude des rapports ; mais, par contre, les élé-
ments et notamment les noyaux possèdent une grande affinité
pour le carmin, et prennent facilement ainsi une coloration
({ui les rend on ne peut plus évidents. L'un des résultats les
plus signiticatifs auxquels nous sommes arrivé est relatif à la
distribution de noyaux dans les couches superficielles du vitel-
lus non segmenté, et ce résultat est du à l'étude de coupes
pratiquées sur des pièces durcies uniquement par l'action de
l'alcool absolu.
Dans ces derniers temps, alors que nous avions à peu près
complètement réuni les matériaux du présent travail, nous
avons essayé d'un autre procédé de durcissement, que sa sim-
plicité a peut-être trop fait dédaigner, et dont les résultats ont
été si heureux que nous avons cru devoir recommencer presque
entièrement à nouveau une série de préparations. Celles-ci
n'ont fait que confirmer, mais avec plus de précision encore,
les résultats déjà obtenus. Ce procédé si simple est celui de la
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 13
coction ; mais nous l'avons toujours combiné avec d'autres
actions, c'est-à-dire que nous traitions, comme dans le manuel
opératoire employé en premier lieu, la cicatricule par l'acide
osmique (en dilution très faible : ]/oOOou i/400), toujours,
cela va sans dire, en opérant avec le petit triani^le de papier.
Puis la sphère du jaune était plongée dans une solution chro-
mique qu'on portait à l'ébullition aubain-marie. Après refroi-
dissement, on pouvait aussitôt découper la région du triangle
noir, et, après séjour du fragment pendant peu de jours dans
l'acide chromique, et pendant vingt-quatre heures dans l'al-
cool, procédera la confection des coupes. Ce mode de durcis-
sement est avantageux par sa rapidité; mais il nous a été sur-
tout précieux comme moyen de contrôle des résultats obtenus
sur d'autres préparations; en effet, d'une part, il nous a permis
de nous assurer de l'existence et de la forme constante de la
cavité sous-germinale, dans des conditions où il est impossible
de craindre que des phénomènes d'imbibition soient intervenus
dans la production de cette cavité; et, d'autre part, peut-être
parce qu'alors nous n'avions employé qu'une solution osmique
très diluée, ces pièces durcies par la coction permettent de
donner aux noyaux une légère teinte de carmin, de sorte
qu'alors les noyaux des sphères de segmentation, comme ceux
qui sont épars dans le vitellus non segmenté, deviennent re-
connaissables dans des éléments ayant rigoureusement con-
servé tous leurs rapports réels.
Avant de rappeler les autres détails de la technique que
nous avons suivie, nous devons indiquer ce point essentiel, à
savoir que la plupart des cicatricules ou blastodermes que
nous avons préparés étaient, aussitôt mis au jour par l'ouver-
ture de la coquille, dessinés tels qu'ils se présentaient, c'est-à-
dire comme des taches blanches plus ou moins bien délimi-
tées , et présentant en certaines régions des variations de
teintes qui étaient au premier abord énigmatiques. Plus tard,
avec l'expérience acquise par l'interprétation des coupes, nous
avons pu arriver à l'interprétation de la plupart de ces aspects.
Lorsque l'acide osmique avait agi sur une cicatricule, celle-ci
H. ÉTUD. — se. NAT. XXIX. 1 i. — ART. N" 5.
14 M. OIVAL.
était de nouveau dessinée; l'image qu'on avait alors était en
général, vis-à-vis de celle obtenue auparavant, avant l'action
de tout réactif, ce qu'une épreuve positive est à une épreuve
négative, c'est-à-dire que les parties précédemment blanches
se peignentici en noir; et non seulement l'image noire est plus
visible, plus nettement limitée, à détails plus accentués que
l'image blanche, mais encore elle présente souvent des détails
qu'on n'aurait su découvrir sur celle-ci; quiconque en effet
s'est livré aux recherches d'embryologie a pu remarquer que
souvent tel blastoderme qui, au premier aboi'd, ne laisse dis-
tinguer ni ligne primitive, ni gouttière médullaire, présente
ces formations avec la plus grande évidence dès que l'acide
osmique a commencé à y exercer son action. Ouoi qu'il en
soit, les dessins ainsi obtenus recevaient un même numéro
d'ordre, qui était aussi celui du segment triangulaire de sphère
vitelline durci et conservé pour les coupes. Il devenait ainsi
facile de comparer ultérieurement les résultats de l'étude des
coupes avec la configuration extérieure de la cicatricule ou du
blastoderme.
Quanta la pratique des coupes, notons d'abord que rien
ne nous était plus facile, vu les dispositions ci-dessus indi-
quées, que de les orienter avec précision ; si nous coupions
parallèlement à sa petite base le triangle en question, nous
faisions des coupes perpendiculaires au futur axe de l'embryon ;
si nous allions parallèlement à l'axe de ce triangle, au lieu de
coupes transversales nous avions des coupes antéro-posté-
rieures, c'est-à-dire parallèles au futur axe de l'embryon,
et dans tous les cas il nous était facile de savoir de quel côté
était l'extrémité postérieure du blastoderme. Ce procédé du
petit triangle nous donnait môme un moyen simple de noter
sur les plaques la signification des séries de coupes qui y étaient
montées; il suffisait, en effet, et c'est ainsi qu'est étiquetée
toute notre très nombreuse collection de préparations, il suffi-
sait de tracer, sur l'étiquette placée à une extrémité de la
plaque, un triangle vertical à sommet inférieur pour marquer
qu'il s'agissait d'une série de coupes transversales échelonnées
AUTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 15
en allant d'avant en arrière (schéma 8, en A) ; un triangle verti-
cal (schéma 8, en B), avec sommet dirigé en haut, désignait une
série découpes transversales faites successivement d'arrière en
ayant; enfin, un triangle couché servait à reconnaître des
coupes longitudinales, et selon que ce triangle était couché
avec la petite base à gauche ou à droite, c'est que les coupes
elles-mêmes étaient disposées de manière qu'à droite ou à
gauche fût dirigée la région antérieure du blastoderme
(schéma 8, en G et D). Remarquons en passant que, quant à
la ligne primitive ou aux formations qu
la précèdent, l'obliquité et la direction
irrégulière de ces parties est telle, que
les coupes longitudinales donnent des
résultats non seulement comparables,
mais souvent identiques à ceux des cou-
pes transversales, la ligne primitive étant, sur certaines parties
de son trajet, atteinte transversalement môme sur les coupes
longitudinales les plus rigoureusement orientées.
C'est le collodion qui nous a toujours servi comme matière
pour inclure et fixer sur un morceau de sureau les pièces qui
étaient ensuite introduites dans la cavité du microtome. Dans
divers autres mémoires nous avons indiqué les avantages du
collodion sur toutes les autres substances à inclusion (1).
Mais de plus nous avons pratiqué ce que nous avons appelé le
coUodionage des surfaces de section^ c'est-à-dire qu'avant de
faire chaque coupe, nous versons sur la surface de section
quelques gouttes de collodion très liquide, lequel se solidifie
en quelques secondes sur la surface en question, et sert ainsi,
lorsque la coupe est pratiquée, à en fixer toutes les parties, de
sorte qu'aucune dislocation ne peut se produire entre elles.
Cette précaution est presque indispensable pour les coupes de
cicatricules ou de blastodermes, et elle nous a donné pour
(I) Voy. De V emploi du collodion pour la pratique des coupes microsco-
piques [Société de biologie, l" février 1879, et Journ. de l'anatomie, 1879).
— Des matières à inclusion en histologie {Revue des sciences nat.. Montpel-
lier, 1879).
i6 M. DlIVAlr.
rœufd'oiseati des résultats aussi satisfaisants que pour l'œuf
de grenouille, ainsi que nous l'avons signalé dès 1880 (1).
Il est indispensable de colorer les coupes, et il est également
nécessaire de les monter en les disposant successivement sur
une ou plusieurs plaques de verres, de façon qu'elles se suc-
cèdent exactement dans l'ordre où elles ont été obtenues. Il
n'est donc pas possible de placer toutes les coupes dans une
cupule pleine d'une faible solution de picro-carmin, car elles
se mêleraient, et on ne pourrait rétablir leur ordre de succes-
(1) Dans un récent travail sur l'œuf des reptiles (Reifung und Furchang
(les Reptilleneies; in Arbeiten aus der Zoologischzoolomischen Institut in
Wuzburg, t. VI, p. 159), G. -F. Sarazin déclare que le collodionage des sur-
faces de section, dont il décrit très exactement la manœuvre, est le seul pro-
cédé qui lui ait permis d'obtenir des coupes suffisamment minces et intactes;
mais il attribue ce procédé à Mason, qui l'aurait publié dans le Zoolog. Jahres-
bcricht. Nous croyons donc devoir rappeler ici succinctement les principaux
points de la note que nous avons communiquée, dès 1880, sur ce sujet, à la
Société de biologie {De quelques perfectionnements à l'emploi du collodion
en technique histo logique, Société de biologie, 1880) : « Ce perfectionnement
a trait aux coupes d'objets qui, par leur nature, semblent se soustraire à la
pratique des coupes régulières. Les œufs de Batraciens, par exemple, lorsque
la segmentation a donné les grosses cellules qui constituent le blastodenne,
sont extrêmement difficiles à débiter en coupes, parce que les cellules, relati-
vement grosses et pleines de grains ou tablettes vitellines, se vident de ces
tablettes lorsque le rasoir les a ouvertes, à peu près comme se viderait un
sac de blé éventré. Pour éviter cet inconvénient, il ne suffit pas d'avoir collo-
dionné la pièce en niasse (l'œuf tout entier), il faut collodionner après chaifue
coupe la surface de section de l'objet, de manière que les éléments qui vont
faire partie de la coupe suivante se trouvent agglutinés à la face inférieure
d'une lamelle de collodion. Ce procédé n'est pas aussi long qu'on pourrait le
croire au premier abord, car le temps nécessaire pour monter et disposer sur
la lame porte-objet la coupe qu'on vient de faire, suffit pour que le collodion
déposé sur la surface de section se solidifie assez pour rendre possible la coupe
suivante. (Gomme toujours, lorsqu'on manie le collodion en histologie, il ne
faut pas le laisser sécher, mais l'arroser d'un peu d'alcool lorsqu'il s'est soli-
difié.) » Depuis cette époque, ce mode d'emploi du collodion est devenu une
prali(iue courante dans notre laboratoire. M. G. Hervé l'a appliqué pendant
toutes ces dernières années pour une série de recherches qu'il publiera bientôt
sur le développement de l'extrémité céphalique de l'embryon, et nous nous
sommes fait un plaisir de donner, à toute personne qui désirait avoir recours
cette technique, des renseignements pratiques plus explicites qu'on n'en peut
l'ournii" dans une indication théorique. Nous ne douions pas que cet emploi du
collodion ne devienne très général.
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 17
sioii. C'est pourquoi il faut, au fur et à mesure que les coupes
sont faites, les recevoir successivement sur une plaque de
verre, les y disposer et les y laisser d'une manière définitive. Il
faut donc que les coupes soient colorées sur la lame de verre
qu'elles ne doivent plus jamais quitter, pour éviter toute inter-
version dans leur disposition sériaire. A cet effet, nous em-
ployons une solution de picro-carmin étendue d'une forte pro-
portion de glycérine ; quelques gouttes en sont déposées sur
chaque coupe ou série de coupes, et on peut laisser les choses
dans cet état pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures,
temps suffisant pour la coloration.
On n'a pas à craindre, vu l'emploi de la glycérine, que la
préparation se dessèche. Quand on juge la coloration suffi-
sante, on incline légèrement la plaque de verre pour faire
écouler la glycérine colorée, et avec une pipette on lave soi-
gneusement les coupes, toujours laissées en place sur la lame
de verre, en les arrosant à plusieurs reprises de quelques
gouttes d'eau. Dans un mémoire précédent (l) nous avons
indiqué comment par ce procédé on obtenait une bonne colo-
ration des éléments anatomiques de la coupe, sans avoir à
craindre que le coUodion conserve une coloration qui nuirait
à la netteté de la pièce. Dans ce même mémoire nous avons
dit comment on arrivait, après lavage à l'alcool ordinaire, puis
à l'alcool absolu, à monter les pièces dans le baume du Ca-
nada, en renonçant à l'emploi de l'essence de térébenthine, et
y substituant l'essence de girofle, afin d'éviter la production,
dans la préparation , de taches blanches et de nuages en
magma.
Nous ajouterons donc ici seulement le détail technique
suivant, qui constitue un perfectionnement assez important.
Même par l'emploi de l'essence de girofle, même en chauffant
légèrement la plaque porte-objet pendant les manipulations
que nous venons de rappeler, il arrive encore trop souvent.
(1) Sur la Corne d'Ammon (morphologie el embryologie) (Airhivea de Ncx-
rologie, w" 6 et 7, 1881-188-2, p. 14 et 16).
18 11. DllVAL.
surtout si le temps est humide, que des nuages et taches blan-
ches (vapeur d'eau condensée) se produisent dans la prépara-
tion. En recherchant un liquide qui put être substitué avec
avantage à l'essence de girofle et qui put servir de dissolvant
au baume du Canada, nous avons trouvé que la benzine satis-
faisait à tous les desiderata. Le procédé que nous employons ac-
tuellement et qui nous a servi pour les préparations du blasto-
derme, est donc exactement celui que nous avons décrit à la
page 16 de notre mémoire sur la corne d'Ammon, avec cette
seule diftérence que la benzine est substituée à l'essence de
girofle et au chloroforme. Les benzines qu'on trouve dans le
commerce sont innombrables; nous en avons essayé diverses,
et ce ne sont pas toujours les plus pures qui nous ont le mieux
réussi; celle qui nous a donné des résultats absolument irré-
prochables est tout simplement la benzine Collas, qu'on trouve
partout employée pour enlever les taches de graisse sur les
étoffes.
2° Matériaux (F études, — Pour justifier et l'étendue du pré-
sent mémoire et la nature des matériaux que nous avons em-
ployés, il ne sera pas inutile d'indiquer ici comment nous
avons été amené à recueillir ces matériaux dans des conditions
spéciales qui nous ont fourni des objets d'étude beaucoup
plus complets que nous ne l'aurions espéré tout d'abord. En
précisant de plus le but comparatif et critique de cette étude,
nous montrerons que nos résultats, quoique obtenus, pour ce
qui est de la cicatricule en segmentation, dans des conditions
assez difTérentes de celles où ont opéré la plupart des autres
observateurs (Coste, Kôlliker, Œllacher, Gœtte, etc.), sont
cependant comparables avec ceux-ci.
Notre projet primitif avait été d'étudier simplement la
constitution du blastoderme sur l'œuf de poule fécondé, fraî-
chement pondu, non incubé, et de suivre les modifications qui
s'y produisent jusqu'à l'apparition delà ligne primitive, c'est-
à-dire pendant les douze ou quinze premières heures de l'in-
cubation. Mais dès nos premières recherches nous avons été
frappé de la grande variété d'état de développement du blas-
ARTir.f.E N» 5,
FORMATION DU BLASTODERME. 19
toderme sur ces œufs non couvés. Parfois, quoique rarement,
nous y avons trouvé déjà la ligne primitive, très caractérisée
sur les coupes, si toutefois elle n'était pas déjà apparente sur
les vues en surface, soit avant, soit après l'action de l'acide
osmique. Nous verrons ultérieurement pourquoi cette ligne
primitive, quoique bien présente, peut n'être pas reconnais-
sable à l'examen en surface, à la lumière réfléchie; cela tient
à l'état de développement de la cavité sous-germinale. D'au-
tres fois le blastoderme était à peine formé ; il se compose alors
d'une masse de sphères de segmentation, dont les superfi-
cielles seules sont disposées en une couche régulière, de sorte
qu'alors, en fait de feuillets, il ne peut être encore question
que d'un feuillet supérieur, dont les éléments ne sont même
disposés en couche distincte que dans les régions centrales et
non dans les parties périphériques.
Aussi constate-t-on un complet manque d'accord entre les
auteurs au sujet de l'état type du blastoderme de l'œuf non
incubé, état qui a cependant dû être le point de départ de
leurs descriptions. Ainsi His et Waldeyer, comme le fait re-
marquer A. Gœtte (1), ont décrit, comme blastodermes non
incubés, un état de développement notablement plus avancé
que ne l'ont fait Gœtte lui-même, ainsi que Klein {^), Œlla-
cher (3) et Peremeschko (4) : celui-ci notamment figure un
blastoderme qui se présente en réalité comme une cicatricule
dont les parties périphériques sont en voie de segmentation.
Kôlliker, par contre, s'est attaché à prendre comme type de
l'œuf non incubé des formes en général très avancées, et c'est
(1) Alexandre Gœtte, Beitrage zur Entwicklungsgeschichte der Wirbel-
thiere ; die Bildung der Keimbldtter und des Blutes in HiUtnerei {Archiv f.
mikrosk. anat., Bel 10, p. 145).
(2) Klein, Das mittlere Keimblatt in seinen Beziehung zur Entwicklung
der ersten Bhitge fasse {Sitzb . der matheni. naturw., t. LXIIl, 2" partie).
(3) Joseph Œllacher, Untcrsuchiingen ilber die Furchung und Blatterbil-
dung ini Huhnereie {Studien ans dem Institiite fur experimentelle Patholo-
gie in Wien., t. I, 1869, p. 54.). '
(4) Peremeschko, Ueber die Bildung der Keimbldtter im Hùhnerei {Sitzb.
d. k. Akad. d. Wissensch., t. LVII, 1868).
20 II. DU VAL.
peut-être là une des causes qui l'ont amené à méconnaître la
vraie nature de ce qu'il appelle le bourrelet entodermùjue, qu'il
considère comme présentant une même constitution à toutes
les phases du développement. Sans entrer ici dans cette ques-
tion de critique, qui sera traitée plus loin, examinons ce qui est
relatif d'une part aux blastodermes très avancés, et d'autre
part aux blastodermes très peu avancés pris sur des œuls non
incubés.
Quant aux blastodermes très avancés, il est évident que leur
état peut tenir en partie au temps qui s'est écoulé depuis la
ponte de l'œuf, si celui-ci n'a pas été recueilli et préparé aussi-
tôt après la ponte, condition que nous ne sommes pas toujours
en état de réaliser. En effet, si la température extérieure est éle-
vée, le développement se continue, très lentement, il est vrai, ce
qui fait qu'au bout de trente-six ou quarante-huit heures on se
trouve en présence d'un œuf semblable à celui qui aurait subi
une incubation de six à huit heures. Parfois les choses vont
plus loin, et on sait en effet que Malpighi, étudiant en Italie
pendant les fortes chaleurs de l'été, se trouva, sur des œufs
non incubés, en présence de blastodermes présentant déjà
une gouttière médullaire, c'est-à-dire un rudiment embryon-
naire bien caractérisé (1). Ces faits nous montrent combien il
(1) Ce furent même ces observations qui firent de Malpighi un partisan de la
doctrine de la préexistence des germes, ainsi que nous avons eu occasion de le
rappeler dans nos leçons à l'École d'anthropologie {De Vembryologie et de ses
rapports avec l'anthropologie, in Revue d'anthropologie de P. Broca, 1881,
p. 2G). « Pour vérilier la doctrine de la préexistence des germes, Malpighi
examina des œufs non couvés; il crut y reconnaître, il y reconnut bien réelle-
ment, comme ses dessins en font foi, les premiers déliuéaments d'un embryon.
Un anatomiste, un observateur consciencieux, ne pouvait guère, semblait-il, en
demander davantage; il n'avait plus qu'à se rendre à la doctrine de la préexis-
tence des germes, de la préformation de l'embryon dans l'œuf; c'est ce qu'il fit.
Et cependant, si l'observation était exacte, la conclusion était erronée ; elle
reposait sur un cas, dont, selon l'expression de notre illustre maître Cl. Ber-
nard, le déterminisme n'avait pas été rigoureusement établi. Ce déterminisme
du fait observé par Malpighi, on a pu le reconstituer aujourd'hui, en relisant le
mémoire de Malpighi, en tenant compte des circonstances de son observation...
En effet, comme l'avait déjà signalé Wolf, et, comme l'a fait remarquer plus
récemment Dareste, l'œuf étudié par Malpighi était pondu depuis vingt-quatre
AllTICLE N" 5.
FORMATION PU BLASTODERME. 21
serait puéril, pour élablii une série des états de développement
dans les premières heures (aussi bien que dans les premiers
jours) de l'incubation, de s'en tenir à la durée de l'incubation
subie parchaque œuf, car, si avant toute action de la chaleurde
la couveuse, deux blastodermes sont à des états très divers de
développement, il est évident qu'après avoir séjourné ensem-
ble quatre ou six ou quinze heures dans la couveuse, ces blas-
todermes conserveront encore la distance qui les séparait pri-
mitivement l'un de l'autre, quant à leur degré d'évolution. Et
c'est ce qui a lieu en efïet; c'est pourquoi, dans les premiers
jours du développement, quand on dit que tel stade corres-
pond à tel âge d'incubation, on considère cette désignatiou
seulement comme répondant à une moyenne générale, de
laquelle les cas particuliers peuvent présenter les plus grands
écarts. Dans ces conditions aussi nous n'avons pas à nous
excuser d'avoir renoncé à faire usage de rincubation à des
températures inférieures à 'ÎS degrés, puisque là nou plus
nous ne trouverions pas une condition qui nous permît déjuger
à coup sûr et à priori de l'état relatif de développement de
divers blastodermes, d'après la durée de l'action de la tempé-
rature en question. Nous savons bien que Kôlliker a recom-
mandé ce mode de recherche, comme propre à permettre de
heures, et l'observation était faite en Italie, au mois d'août, c'est-à-dire dans
des conditions de température très élevée, puisque Malpighi lui-même note ce
fait : magno vigente calore observabam, dit-il. Une chaleur qui est notée
comme remarquable en Italie, au mois d'août, est, eu tout cas, supérieure à
28 degrés ou même à 30, et dès lors nous rentrons dans le cas vulgaire de
développement par l'effet de la simple chaleur ambiante naturelle , fait qu'il a été
donné à tout embryologiste ou à tout éleveur d'observer, sans que pour cela
nous soyons tentés de faire retour vers la doctrine de la préexistence de l'em-
bryon dans l'œuf. »
Il va sans dire que le temps écoulé entre la ponte et l'instant d'observation
est la principale condition qui fait entrer en action l'influence de la tempéra-
ture extérieure, comme le fait remarquer Kôlliker : « C'est ainsi, dit-il (trad.
fr., p. 101), que His, opérant sur des œufs vraisemblablement pondus depuis
longtemps, a trouvé des disques proligères de i millimètres l/"2 et même de
G"'"',5; et, dans ce dernier cas, avec des traces de ligne àxile. J'ai moi-même
rencontré plusieurs faits de ce genre p(Midaiit les fortes chaleurs de juillet
i87i. »
22 il. DUVAL.
saisir plus facilement, en ralentissant leur marche, les phéno-
mènes dont le processus est très rapide dans l'incubation nor-
male, à 38 degrés. Mais en ouvrant un grand nombre d'œufs
non incubés, on arrive au même résultat, puisque alors on
trouve des blastodermes qui sont très développés sans avoir
subi aucune incubation, et il est facile, d'après l'état de leurs
feuillets, de déterminer lesquels de ces blastodermes doivent
être considérés comme plus jeunes que tels autres. C'est donc
uniquement par l'étude microscopique des blastodermes débi-
tés en coupes, que nous établissons leurs Ages et non en nous
guidant sur ce que les uns sont non incubés, tandis que les
autres auront subi quatre ou six heures d'incubation. Gela ne
nous apasempôché,d'autrepart, de recueillir des blastodermes
d'œufs à toutes les heures de l'incubation, depuis la première
jusque vers la vingtième heure, afin d'établir une échelle géné-
rale chronologique du développement, c'est-à-dire de pouvoir
assigner à telle heure de l'incubation tel stade de l'évolution,
mais toujours avec cette restriction que les cas particuliers
peuvent présenter, à ce point de vue, les écarts les plus consi-
dérables d'avec la forme considéré comme type moyen. Cette
manière de procéder ne vise pas à faire parade d'une exacti-
tude que ne comporte pas le sujet, et elle est pour le moins
aussi sûre, chronologiquement, que celle qui consiste, comme
l'a fait C. Kœller, à mettre en série des blastodermes dont le
premier est d'un œuf ayant vingt-deux à vingt-quatre heures
d'incubation à 27 degrés centigrades, le second douze heures
à 81 degrés, le troisième dix-huit heures à 31 degrés, le qua-
trième douze heures à 38 degrés (1).
Quant aux œufs qui présentent, au moment de la ponte, un
développement très peu avancé, il est plus difficile d'apprécier
la cause de ce retard, qui fournit de si précieux objets d'étude,
puisqu'il nous permet d'étudier les cicatricules telles qu'en
(1) Cari Kœller, Beitrdge zur Kenniniss des Hiïhnerkems im Beginne der
Bebrutiing {Sitzb. d. Akad. d. Wissensch.. t. LXXX, 1879) (Voy. ci-après,
o"" partie, l'analyse complète de ce travail).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 23
général on ne les trouve qu'en sacrifiant des poules pour re-
cueillir l'œuf dans l'oviducte un certain nombre d'heures
avant celle où il aurait dû être pondu. Œllacher, qui a été
très frappé de ces diversités dans le degré de développe-
ment (I), et qui, chose très significative, les a retrouvées sur
des œufs extraits de l'oviducte de poules sacrifiées, pense avec
His qu'une certaine influence doit être attribuée à la saison
dans laquelle est faite l'observation, car il a remarqué que
des œufs examinés immédiatement après la ponte avaient
présenté des stades de développement très divers , selon
l'époque de l'année. Mais Œllacher pense qu'il faut encore et
surtout attribuer une grande influence à ce qu'il appelle V in-
dividualité de l'œuf, hypothèse fort admissible, mais qui,
actuellement, se dérobe à toute recherche. En lisant le mé-
moire d'Œllacher, nous nous sommes demandé si, en même
temps que l'individualité de l'œuf, il n'y aurait peut-être pas
aussi à tenir compte de l'individualité des parents, surtout de
la poule, hypothèse qui cette fois se prêterait aux recherches
de contrôle, qui consisteraient simplement à rechercher si
tous les œufs d'une même poule présentent, à une même
époque de l'année, le même état identique de développement.
On vérifierait ainsi du même coup et l'influence des saisons et
l'influence de l'individualité de la mère, en examinant, bien
entendu, l'œuf aussitôt après la ponte. Nous n'avons pas fait
cette recherche, un peu fastidieuse, si elle n'a qu'un but aussi
restreint que celui énoncé ci-dessus, mais qui pourra être
entreprise en l'associant à d'autres investigations plus larges.
Cependant cette hypothèse nous a amené à en faire une autre,
qui nous a mis sur une piste très fructueuse pour nos travaux.
Si des poules peuvent, comme variété individuelle, pondre
des œufs plus ou moins avancés dans leur développement, il
est fort probable qu'en s'adressant à des oiseaux d'espèces
différentes on trouvera, d'une espèce à l'autre, des différences
(1) J. Œllacher, Die Veranderung des Unbefruchtcten Keimes des Huhne-
reies hn Eileiter. T>eipzig, 1872 (voy. p. 19).
24 il. DDVAL.
encore plus grandes dans l'état de formation du blastoderme
sur l'œuf au moment de la ponte. Nous étions encore fortifié
dans cette idée par la pensée que peut-être chez les espèces
de petite taille, à oviducte plus court, à œuf moins chargé
d'albumine, l'œuf séjourne moins longtemps dans l'ovidncte
et par conséquent doit se trouver, lors de la ponte, à des stades
plus rapprochés du début de la segmentation.
Telle est l'hypothèse qui nous a fait porter nos recherches
sur des œufs de moineau, de rossignol, de serin, de perroquet
(perruche ondulée), de colins , etc. ; ces derniers oiseaux
étaient apprivoisés et en cage, de sorte qu'il était facile de
recueillir l'œuf et de le préparer aussitôt après la ponte. Notre
espoir n'a pas été déçu; c'est sur ces œufs que nous avons pu
retrouver des cicatricules en pleine segmentation et reconsti-
tuer, stade par stade, les toutes premières origines du blasto-
derme, alors que l'œuf de la poule ne nous avait donné que
quelques rares états analogues.
C'est ainsi que le champ de notre travail s'est trouvé singu-
lièrement élargi. Il ne s'agissait plus d'étudierseulement l'ori-
gine de la ligne primitive, mais bien d'examiner l'origine des
feuillets du blastoderme aux dépens des sphères de segmenta-
lion et de remonter jusqu'aux premiers stades de la segmen-
tation, en recherchant toujours si, pendant ces premières
périodes, les parties sont différemment disposées au niveau
de la future région antérieure et au niveau de la future région
postérieure.
A ce moment nous nous trouvions amené à désirer de re-
prendre, comme l'ont fait Œllacher et Kôlliker, l'étude
d'œufs recueillis dans l'oviducte de poules sacrifiées. Mais un
double doute se présentait cependant. Ou bien nous recueille-
rions des œufs arrivés dans la partie inférieure de l'oviducte,
dans l'utérus, et déjà revêtus du dépôt calcaire constituant la
coquille; ou bien nous recueillerions des œufs à l'état de
sphère du jaune en train de se revêtir d'albumine. Dans le
premier cas, l'œuf présentant un gros et un petit bout, nous
pourrions nous orienter quant aux parties antérieure et posté-
ARTICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 25
rieure de la cicatricule, mais nous n'aurions en somme que
les stades de développement déjà représentés par notre série
de cicatricules d'œufs de petits oiseaux fraîchement pondus.
Dans le second cas, nous serions en possession des matériaux
que nous devions le plus rechercher, c'est-à-dire des premiers
stades de la segmentation; mais, ignorant la future place du
gros bout et du petit bout de l'œuf, nous ne saurions nous
orienter quant à la cicatricule, et les résultats ainsi obtenus
ne compléteraient pas dans le sens voulu la série de nos pré-
parations. Heureusement une circonstance spéciale nous per-
mit de poursuivre les recherches dans les conditions voulues
d'orientation, en recueillant des matériaux qui, tout en pa-
raissant à priori anormaux, devaient nous donner des résul-
tats comparables avec ceux qu'on obtient dans les conditions
normales.
Nous avions, en effet, au laboratoire une poule qui, ayant
antérieurement servi à des expériences, était conservée isolée,
loin de tout coq, et pondait régulièrement ses œufs; en ayant
préparé quelques-uns pour voir quel pourrait bien être l'état
de leur cicatricule, nous fûmes fort surpris de l'y trouver en
pleine segmentation, sans qu'il y eût encore indication d'un
feuillet blastodermique supérieur déjà distinct. A ce même
moment, nous prîmes connaissance du mémoire de J. Œlla-
cher(cité ci-dessus, 1872) sur les œufs nonfécondés de poule,
et nous vîmes que cet embryologiste avait constaté que le dé-
veloppement de ces œufs non fécondés est la règle générale
(développement qui ne dépasse pas les premiers stades et qui
s'arrête au bout de peu d'heures lorsque ces œufs sont mis à
la couveuse), et qu'en moyenne l'œuf non fécondé fraîchement
pondu présente une cicatricule semblable à celle d'un œuf
fécondé pris au milieu de ce que (El lâcher appelle la période
in tramé traie du développement, c'est-à-dire entre la première
et la seconde moitié de son séjour dans l'oviducte ; souvent ce
développement est celui d'un œuf fécondé recueilli dans la
partie toute supérieure de l'oviducte, c'est-à-dire présente les
premières phases de la segmentation. Œllacher a donné de
26 M. «IIVAI,.
nombreuses ligures de ces cicatricules non fécondées, ligures
qui nous suscitaient vivement à obtenir de semblables coupes
sur de semblables œufs, mais en nous attachant à nous orien-
ter sur la direction du blastoderme, c'est-à-dire à distinguer
sa future région antérieure et sa future région postérieure,
chose qui devenait dès lors très facile en opérant sur des œufs
non fécondés fraîchement pondus, puisque alors nous avions
pour points de repère le gros et le petit bout de l'œuf. Nous
avons donc dès lors l'ecueilli un certain nombre d'œufs de
poule non fécondés, et nous en avons préparé la cicatricule
par les procédés du petit triangle ci-dessus exposés. Toujours
nous avons trouvé ces cicatricules en voie de développement,
c'est-à-dire de segmentation plus ou moins avancée (1). Œl-
lacher lui-même déclare n'avoir trouvé qu'une seule fois un
œuf non fécondé ne présentant pas de trace de développement,
et encore cet œuf, dans sa cicatricule sans indice de segmen-
tation, ne présentait-il plus de trace de la vésicule germina-
tive (Œllacher, op. cit., p. 20). De plus, nous avons pu nous
procurer, chez un marcliand d'oiseaux, bon nombre d'œufs
non fécondés de serin, de colin et de perruche ondulée; ici
encore nous avons toujours trouvé le germe en voie de déve-
loppement, et dans des stades en général plus primitifs encore
que sur l'œuf de poule dans les mêmes conditions.
Ce sont (îes matériaux, œufs non fécondés et fraîchement
pondus de poules et divers petits oiseaux, qui nous ont servi
pour l'étude des premières phases du développement. Sans
doute, si les phénomènes de la segmentation du germe de
(]) Ce développement de l'œuf non fécondé représente un véritable cas de
parthénogenèse. De l'ensemble des observations d'Œllacher, de celles de Molta-
Maia, comme des nôtres, il résulte que ce développement parthénogénétique de
l'oiseau va jusqu'au stade qui correspond à la lin de la segmentation, c'est-à-
dire au moment où le germe forme une masse segmentée lenticulaire, convexe
à sa face inférieure. Soumis à l'incubation artificielle, ces blastodermes n'arri-
vent jamais à l'état caractérisé par l'étalement de leur masse entodermique
primitive en un feuillet inférieur, c'est-à-dire qu'ils n'atteignent pas le stade de
développement que nous décrirons ci-après comme type de l'oeuf fécondé fraî-
chement pondu.
ARTICLE N» 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 27
l'oiseau étaient inconnus, nous ne saurions légitiraeinent
prétendre à venir en révéler la nature à l'aide de matériaux
du genre de ceux que nous avons employés. On pourrait
toujours objecter que nous avons observé des faits anor-
maux, en dehors des circonstances nécessaires à un dévelop-
pement régulier, en l'absence de fécondation. Mais, depuis les
travaux de Goste, l'étude microscopique de coupes du germe
en segmentation a été faite par Kolliker et par Œllacher lui-
même dans un autre mémoire que celui cité ci-dessus (1).
Œllacher a constaté que les œufs non fécondés fraîchement
pondus sont semblables à des œufs fécondés recueillis avant la
ponte. Toutes nos coupes sur des œufs non fécondés sont com-
parables à celles figurées par Kolliker et par Œllacher d'après
des œufs fécondés pris sur l'oviducte. Nos résultats doivent
donc être considérés comme relatifs à des faits normaux; seu-
lement, comme ils ont été fournis par des œufs toujours pour-
vus de coquille, c'est-k-dire où l'orientation était facile, ces
résultats viennent non pas seulement s'ajouter à ceux de Kol-
liker et d'Œllacher, mais les compléter en ce sens que nous
avons pu toujours déterminer ladirection dans laquelle étaient
pratiquées les coupes, et reconnaître les différences que pré-
sentent dès le début la future région antérieure et la future
région postérieure du blastoderme. De plus, il nous paraît
que nous avons pu plus régulièrement débiter chaque cicatri-
cule en une série de coupes, dont toutes ont été conservées en
série dans leur ordre naturel, de sorte que nous pouvons re-
connaître si telle coupe d'une cicatriculc porte sur les parties
périphériques ou sur les parties centrales de cette cicatri-
culc ('2). De ces deux conditions il résulte qu'il nous est de-
(1) Dans le mémoire auquel il est fait ici aWus'ion {Untersuchungen ûber die
Furchung und Blatterbildung im Huhncrci. — Laborat. de Stricker, 18G9)
et qui est antérieur de trois ans à celui consacré aux œufs non fécondés, Œlla-
cher étudie la segmentation sur des œufs recueillis dans l'oviducte de poules
sacrifiées entre deux pontes.
(2) C'est ce que n'a pas fait Œllacher, car à plusieurs reprises, dans son
mémoire de 1869, il hésite à trancher certaines questions, déplorant à chaque
fois de n'avoir pas conservé toutes les coupes d'une cicalricule donnée, et pen-
28 11. DIVAL.
venu possible, étant donnée une coupe figurée par l'un des
auteurs en question, de dire et dans quelle direction, et dans
quelle région de la cicatricule a été faite cette coupe, d'expli-
quer ainsi la signification des particularités qu'elle présente
et de discuter la valeur de ces particularités, c'est-à-dire de
juger la valeur des conclusions de l'auteur alors que celui-ci
a généralisé à toute l'étendue du blastoderme ce qui n'est
exact que pour une certaine région et pour une certaine direc-
tion. C'est là, dans notre pensée, le principal objectif du pré-
sent travail, qui, comme s'il s'agissait de recherches expéri-
mentales, ne cherche nullement à produire de nouveaux
résultats en contradiction avec ceux des auteurs antérieurs,
encore moins à constater les contradictions qui existent entre
ces auteurs, mais bien à établir le déterminisme des faits qui
ont motivé les conclusions de ces auteurs, en montrant dans
quelles mesures topographiques sont exactes ces conclusions.
saut que la solution du problème se trouverait peut-être dans l'une des coupes
omises. Voyez notamment, pour ce qu'il dit de l'œuf ovarien, la page 58 du
mémoire cité (1869), et pour ce qui est des sillons de segmentation, la page 61 .
De plus, (Ellacher faisait ses préparations de la manière suivante (Stud. aus
dem Institut e f. experim. Pathologie in Wien., 1869, p. 55) : l'œuf était placé
pendant deux jours dans une solution chromique; il acquérait ainsi une couche
périphérique solide, dont on pouvait, avec le rasoir, enlever un segment con-
tenant la cicatricule en son centre. Ce segment était placé pendant quatre à six
heures dans l'alcool absolu, puis dans de la térébenthine, oîi il demeurait
jusqu'à parfaite imbibilion. 11 était alors inclus dans un mélange de cire et
d'huile, pour être débité en coupes. On voit que ce procédé n'était guère favo-
rable à la constatation des noyaux. Aussi, dans les éludes qui vont suivre
décrirons-nous des noyaux qu'il n'a pas observés, et dont la présence et les
dispositions sont de la plus haute importance pour comprendre la segmentation
proprement dite, et ce que nous appelons la segmentation secondaire (dans le
vitellus du plancher de la cavité sous germinale). De plus, le procédé d'Œlla-
chor pourrait faire penser à la production de ruptures par retraits brusques
dans la pièce, et faire interpréter les sillons de segmentation qu'il décrit comme
des productions artificielles. C'est dans cette pensée qu'en 1877 Motta-
Maia, au laboratoire de Sclienk, a repris l'étude des œufs non fécondés fraîche-
ment pondus (AIolta-Maia, Einiges ilher den Bau der unhefruchtetengelcytcn
Eier eincv Ttirteltaabe. Mittlicilungeii ans dem Embvgologischen Institutc in
Wien., 1877, t. I, p. 85); il s'est servi d'œufs de tourterelle, et est arrivé à
des résultats très comparables à ceux d'iKIlacher et à ceux que nous donne-
rons ci-après.
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODEllME. ^9
Nous devoiisajoulercependant que nous ne noussommespas
contenté de l'étude des œufs non fécondés fraîchement pondus;
dans ces derniers temps, nous avons sacrifié quelques poules
pour recueillir l'œuf pendant sa migration dans l'oviducte.
Les résultats obtenus dans les quelques recherches que nous
avons faites ainsi ont été assez conformes avec ce que nous
avions observé dans les autres conditions, pour que nous
ayons cru inutile de poursuivre longuement ces sacrifices, pour
lesquels nous n'avions du reste, à aucun égard, une installa-
tion suffisante.
Nous diviserons l'exposé qui va suivre en quatre parties :
dans \?i première, nous étudierons l'état du blastoderme de
l'œuf non incubé, et rechercherons quelles transformations
successives ont amené cet état depuis le début de la segmen-
tation.
Dans la seconde, nous étudierons les transformations du
blastoderme dans les premières heures de l'incubation jusqu'à
l'apparition de la ligne primitive. C'est ici que nous aurons à
passer en revue les phénomènes les plus importants (bourre-
let entodermo-vilellin, origines du mésoderme, etc.).
Dans la troisième, nous confirmerons les conclusions pré-
cédemment émises sur le mode de formation et la significa-
tion de la ligne primitive, en donnant une analyse com-
plète de deux mémoires de Kœller sur ce sujet (mémoires qui
aboutissent à une interprétation absolument opposée à la
nôtre) et en montrant les causes qui ont amené cet auteur à
cette interprétation erronée.
Enfin la quatrième partie comprendra nos conclusions gé-
nérales, et à propos de quelques-unes de ces conclusions un
exposé historique et critique des questions qu'elles nous pa-
raissent venir trancher.
H. ÉTUDES. — se. NAT. XXIX. 15, — ART. N^ 5.
30 II. «UVAL.
PREMIÈRE PARTIE.
I. — Stade du bourrelet blastodeumique.
Pour exposer, d'une manière plus concise et plus nette à la
t'ois, la formation du blastoderme, le mieux est de prendre
comme point de comparaison, c'est-à-dire de décrire tout
d'abord, l'état du blastoderme sur un œuf fécondé, fraîche-
ment pondii, et non incubé, puis d'examiner successivement,
d'une part, les transformations par lesquelles ce blastoderme
dérive des éléments de la segmentation, et, d'autre part, les
transformations qu'il subit ultérieurement jusqu'à ce que la
ligne primitive et les premiers rudiments embryonniures se
dessinent extérieurement sur lui, dans les vues en surface, à
la lumière réfléchie. Ce mode de procéder aura de plus l'avan-
tage de rendre plus facile l'étude critique des travaux inté-
rieurs, puisque la majorité des auteurs ont pris pour point de
départ le blastoderme de l'œuf fraîchement pondu et n'ayant
subi aucune incubation.
Quoique, ainsi que nous l'avons dit tout d'abord (ci-dessus,
p. 19), rien ne soit plus variable que l'état de développement
du blastoderme sur l'œuf fraîchement pondu, il est cependant
un état que ce blastoderme présente dans un plus grand
nombre de cas, et qu'on est autorisé à prendre comme type de
ce stade. Cet état, qui est comme une forme moyenne, otfre de
plus l'avantage de présenter une constitution qui se prête très
bien à servir à l'élude des stades antérieurs et des stades
subséquents. Toutefois, pour ne pas choisir trop arbitraire-
ment ce type, nous en représenterons deux formes, qui sont
non pas les deux extrêmes qu'on puisse rencontrer, mais seu-
lement les deux variétés entre lesquelles oscille la moyenne
des cas. Ces deux formes, dont la première est un peu moins
avancée en développement que la seconde, mais qui en somme
sont très voisines l'une de l'autre, sont représentées par la
AJ\TICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 31
ligLiie 17 (dont dépendent les figures 18, 19 et ^20) et par la
figure "21 (dont dépendent les figures 22 et 23) (voy. pi. II).
Avant de décrire le blastoderme lui-même, examinons ses
rapports avec le reste de l'œuf : l'ensemble en est représenté
par la figure 21 ; c'est une coupe antéro-postérieure d'un blas-
toderme (AP), avec les parties voisines du vitellus blanc et du
vitellus jaune : en A est l'extrémité antérieure du blastoderme,
en P son extrémité postérieure : vb est le vitellus blanc, for-
mant une figure en forme d'entonnoir, connue sous le nom de
Noyau de Pauder (noyau vitellin blanc ; noyau de la cicatricule
de Pander ; latebra, etc. ; voy. KôUiker, trad. fr., p. 20), et en-
cadrée de chaque côté dans le vitellus jaune (vj), qui forme le
reste de la sphère vitelline. On voit que le blastoderme est
étendu sur le vitellus blanc, qui s'évase en haut pour le rece-
voir; les parties les plus périphériques du blastoderme (extré-
mités antérieure et postérieure) reposent presque directement
sur le vitellus jaune, car ici le vitellus blanc ne forme qu'une
couche très mince, et il est constitué par des granulations
relativement volumineuses, dans lesquelles, en allant des
couches superficielles aux couches profondes, on trouve toutes
les formes de transition entre le vitellus blanc proprement dit
et les grosses sphères du vitellus jaune. Nous reviendrons sur
la nature de ces éléments en étudiant la segmentation. Pour
le moment il nous suffira d'avoir précisé les rapports du blas-
toderme avec le noyau de Pander : on voit que ce noyau cor-
respond au centre du blastoderme ; il est quelquefois un peu
plus rapproché de son extrémité antérieure que de son extré-
mité postérieure, c'est-à-dire que le blastoderme est placé un
peu excentriquement, s'étendant plus loin en arrière qu'eu
avant, disposition qui est plus accentuée et constante dans
d'autres phases du développement, ainsi que nous le verrons
plus loin. Quand on ouvre un œuf dont le blastoderme est à
l'état représenté par la figure 21, et qu'on l'examine en sur-
face, à la lumière réfléchie, on constate qu'il se présente
comme une tache blanche, ayant en moyenne 3 millimècres 1/2
de diamètre (le blastoderme représenté par la figure 21 mesu-
oH 11. «IV Ali.
lait 8""", 4; il csl ligure ici à un grossissement de 15 à 18 lois).-
Cette Lâche blanche est formée par une bordure plus blanche,
en forme d'anneau un peu plus épais en arrière qu'en avant,
entourant une partie centrale à couleur blanche moins in-
tense que l'anneau; enfin au centre de cette partie, on
voit par transparence le noyau de Pander, qui, se présen-
tant selon sa plus grande épaisseur, produit l'aspect d'un
corps opaque et blanc, sous-jacenL à la partie centrale du
blastoderme. Tous ces aspects sont très variables du reste,
et il ne faut attacher d'importance (ju'au cercle blanc for-
mant bordure, dont nous allons par les coupes avoir l'exacte
interprétation.
A. Examinons à cet effet la figure 17. qui nous donne l'un
des types de l'œuf fécondé, fraîchement pondu. L'état repré-
senté dans cette figure se rencontre environ 4 fois sur 10 sur
l'œuf de poule (on trouve 4 lois sur iO l'état représenté par la
figure 22 ; et les autres 2 dixièmes des cas correspondent aux
blastodermes très peu avancés, ou très avancés en développe-
ment au moment de la ponte; voy. p. 19); cependant la
figure 17 a été faite d'après un œuf de rossignol; vu en sur-
face, à la lumière réfléchie, ce blastoderme se présentait
comme un disque blanc, à bords très nets, mesurant un peu
plus de 2 millimètres en diamètre (la figure 17 est à un grossis-
sement de 45 à 50 fois), et ne laissant que vaguement recon-
naître une bordure blanche plus foncée que la partie cen-
trale; à travers cette dernière le novau de Pander ne se révélait
non plus que très indistinctement. La partie du vitellus voi-
sine du blastoderme formait autour de celui-ci une zone cir-
culaire mal délimitée, parsemée de taches foncées (vacuoles,
voyez ci-après).
En choisissant la coupe qui porte sur un grand diamètre de
ce blastoderme, c'est-à-dire l'intéresse dans sa partie la plus
large, dans une direction antéro-postérieure (fig. 17; en A
extrémité antérieure, en P extrémité postérieure), on voit que
ce blastoderme est différemment constitué dans ses parties
centrales et à ses extrémités.
AIITICLE N" 5.
c
FORMATION DU BLASTODERME. 33
Dans ses parties centrales (de c en c', fig. 17), il est rormé
de deux couches bien distinctes : une couche supérieure [ea:,
lig. 17) composée de cellules cubiques ou cylindriques, dispo-
sées sur un rang (voy. fig. 19), comme un épithélium, à une
seule couche ; c'est le feuillet externe ou ectoderme ici parfai-
tement constitué et bien indépendant; une couche inférieure,
formée de cellules rondes, disposées sans ordre fixe, non en
une couche nette, mais en une sorte de réseau (voy. fig. i9,
/;/', composé de cordons cellulaires diversement dirigés,
venant les uns se mettre en contact avec la face inféi'ieure de
l'ectoderme, les autres proéminer à la face inférieure de la
'ouchc irrégulière qu'ils constituent. Cette couche, c'est le
feuillet interne, l'entoderme; mais comme, tel qu'il se pré-
sente en ce moment, cet entodermeest encore mal différencié,
présente à sa face inférieure des sphères de segmentation plus
grosses que les autres cellules qui le composent, et qu'il se dé-
doublera plus tard, au moins en certaines régions, en méso-
derme et en entoderme proprement dit, nous lui donnerons
pour ce stade, et pour un certain nombre d'autres stades voi-
sins, le nom A' entoderme primitif, et nous le désignerons, dans
les figures, par les lettres in\
A ses extrémités le blastoderme est constitué d'une manière
analogue, mais avec les particularités suivantes. En arrière
(fig. 17, de hhp en c, et fig. 18) il est très épais; sa couche su-
périeure forme un ectoderme bien caractérisé, mais qui n'est
pas aussi nettement isolé des cellules sous-jacentes que dans
la partie centrale; ces cellules sous-jacentes forment un ento-
derme primitif très épais, à plusieurs assises d'éléments plus
serrés les uns contre les autres, et comprenant aussi des
sphères de segmentation relativement grosses (f/, fig. 18). On
voit de plus qu'à l'extrémité toute postérieure, sur le bord
même du blastoderme, l'ectoderme se continue avec la partie
correspondante de l'entoderme primitif, la première couche
se recourbant pour former, par cette continuité, la lèvre ou
bord épais du blastoderme. En avant (en hba, fig. 20), le
blastoderme est ésjalement renflé, mnis moins fortement e(
34 il. DtVAL.
sur une moindre étendue qu'en arrière (1) : les particularités'
sont les mêmes qu'en arrière, c'est-à-dire qu'il y aune couche
ectodermique, dont la face inférieure adhère à un épais enlo-
derme formé seulement de trois assises de cellules ; sur l'ex-
trémité, c'est-à-dire sur la lèvre ou bord antérieur du blas-
toderme, celui-ci se termine par deux ou trois cellules,
desquelles il est impossible de dire si ce sont des éléments
ectodermiques ou entodermiques (fig. 20).
Ce blastoderme est complètement séparé du reste du vitel-
lus par une fente, étroite au niveau des extrémités du blasto-
derme, mais plus large le long de toute sa face inférieure, où
elle forme une cavité irrégulière {cfj, fig. 17), peu large de
haut en bas, ne présentant nulle part d'élargissement notable.
C'est la cavité sous-germinale des auteurs; circonscrite en haul
par les éléments les plus profonds de l'entoderme primitif,
c'est-à-dire assez peu régulièrement limitée de ce côté, vu la
disposition irrégulière des éléments de cet entoderme, cette
cavité est par contre très nettement définie par en bas, du
côté du vitellus, qui la limite par une fine ligne foncée, par-
faitement continue, rappelant l'aspect d'une membrane cel-
lulaire (de paroi de cellule), mais qui n'est sans doute qu'une
production artificielle, résultant de l'action des réactifs coa-
gulants sur la zone la plus superficielle du vitellus blanc.
Dans le vitellus blanc qui forme ce plancher de la cavUésons-
germinale, on trouve, outre ses éléments caractéristiques
(sphères très réfringentes, augmentant de volume à mesure
qu'on va vers des couches plus profondes, de manière qu'on
passe graduellement et insensiblement des petites sphères du
vitellus blanc aux grosses sphères granuleuses du vitellus
jaune), on trouve deux ordres de formations, dont nous devons
signaler la présence et la répartition, bien plus qu'expliquer
pour le moment la nature, c'est-à-dire l'origine.
(1) A cet égard, il y a parlaile concordance enlre notre description et celles
données par Rauber {Primitivrinne und Unnund, in Gegenbauer's Morpho-
log. Jahrb , t. II, p. 559), ot par Cari Kœller (dont le niémoiro sera ci-après
analysé avec détail).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 35
V Ce sont d'abord des vacuoles (F, V, fig. 17, 19), c'est-k-
dire des cavités sphériques, sans parois propres, creusées
comme à l'eniporte-pièce dans le vitellus blanc, et qui, autant
qu'on en peut juger sur les coupes de pièces durcies et colo-
rées au carmin, doivent être, à l'état trais, remplies d'un
liquide albumineux. Ces vacuoles sont parfois assez rappro-
chées les unes des autres pour donner un aspect spumeux à la
région de vitellus qu'elles occupent : elles sont plus larges vers
le fond ou plancher de la cavité de segmentation que vers les
parties périphériques, c'est-à-dire dans le vitellus qui confine
nux bords du blastoderme et qui est immédiatement en dehors
de lui : là il n'y a presque plus de vitellus blanc, et, surtout à
mesure qu'on va vers des régions plus périphériques, le vitel-
lus jaune est immédiatement en contact avec la membrane
vitelline; aussi les vacuoles sont-elles en ces régions creusées
dans le vitellus jaune, ou du moins dans un vitellus dont les
corpuscules sphériques sont intermédiaires, comme dimen-
sions, entre celles du vitellus jaune et du vitellus blanc pro-
prement dits. Ce sont ces vacuoles qui produisent, sur l'œuf
examiné en surface, à la lumière réfléchie, la zone parsemée
de taches décrite ci-dessus autour du blastoderme, sur la
région du vitellus avoisinant immédiatement la périphérie du
blastoderme.
2" Ce sont ensuite des noyaux, très visibles sur les pièces
qui n'ont pas subi une action très énergique par l'acide
osniique, et surtout sur celles qui ont été durcies par l'alcool
(voy. ci-dessus, p. 1^2). Ces noyaux sont un peu plus volumi-
neux que ceux des cellules qui composent le blastoderme. Ils
sont relativement très rares, et il faut une certaine attention
pour les reconnaître : la figure 17 les donne avec les propor-
tions de nombre et dans les dispositions qu'ils présentent le
plus souvent à ce stade (en n, n, n). On voit qu'il est difficile
d'en découvrir sur les parties centrales du plancher de la ca-
vité sous-germinale (la figure 17 n'en représente qu'un seul
ainsi placé, un peu en avant du centre de ce plancher), mais
qu'ils sont plus nombreux dans la partie de ce plancher sous-
30 11. DIVAL.
jacenLe aux bords (extrémité antérieure ou extrémité posté-
rieure) du blastoderme; on en trouve, sur une môme coupe, en
moyenne quatre ou cinq dans chacune de ces régions, tantôt
isolés les uns des autres, tantôt groupés par paires (voy. fig. 18
et 20) ; il nous a toujours été impossible, à ce stade, de voir
quelque chose qui pût être considéré comme un corps cel-
lulaire auquel appartiendrait chacun de ces noyaux; la zone
de vitellus qui les entoure immédiatement est en général com-
posée de sphérules, de granulations plus fines que les autres
sphères du vitellus, mais il y a passage graduel des premières
aux secondes, et on peut dire que ces noyaux apparaissent
comme libres au sein du vitellus.
Tel est l'ensemble des dispositions que nous présente le
premier type de blastoderme d'œuf non incubé. Pour les résu-
mer, et laissant de côté ce qui se rapporte au vitellus (vacuoles
et noyaux), nous dirons que ce blastoderme se présente sur
une coupe longitudinale (antéro-postérieure), comme formé,
à sa partie médiane, par un ectoderme distinct et un ento-
derme primitif à cellules irrégulièrement disposées en réseau ;
à son extrémité postérieure, par un renflement, au niveau
duquel l'entoderme plus épais, plus serré, adhère à l'ecto-
derme; et enfin, à son extrémité antérieure, par un semblable
renflement, moins prononcé et terminé en pointe {bourrelet
blastodermique) .
Si au lieu d'une coupe longitudinale nous avions examiné
une coupe transversale (nous n'avons pas jugé nécessaire, pour
ne pas multiplier les figures, de représenter l'une des nom-
breuses coupes de ce genre que nous possédons), nous aurions
trouvé les mêmes dispositions du blastoderme dans sa région
moyenne, et, quant aux bords, des dispositions semblables à
celles de l'extrémité antérieure de la coupe longitudinale, si
la coupe transversale avait porté sur la moitié antérieure du
disque blastodermique, et des dispositions identiques à celles
de l'extrémité postérieure de la coupe longitudinale, si la
coupe transversale avait appartenu à la moitié postérieure de
ce disque. Seulement, en arrivant vers la région toute posté-
AIITICLE N" 5.
FOn^IATION DU BLASTODERME. 37
rieure de ce disque, la coupe transversale se serait, dans quel-
ques cas, c'est-à-dire pour un certain nombre de blastodermes,
présentée comme divisée en deux parties latérales, soit com-
plètement (comme le montre la figure 15, sur laquelle nous
reviendrons ultérieurement), soit seulement par la présence
d'une sorte de raphé médian, semblant résulter d'une inflexion
médiane de l'ectoderme pénétrant dans le mésoderme et mê-
lant intimement ses éléments h ceux de ce dernier feuillet
(comme le montre la figure 16, appartenant à un autre stade).
B. Nous n'aurons que peu à dire pour donner la descrip-
tion du second type de blastoderme de l'œuf non incubé, car
il suffira de préciser quelques difl'érences d'avec le type précé-
demment décrit. Les figures 21 et 'â'2 (dont la seconde est la
reproduction de la première à un plus fort grossissement)
nous représentent ce second type, que nous avons trouvé envi-
ron dans les 4/10 des œufs de poule non incubés, et que nous
avons également constaté sur des œufs de colin après seule-
ment quatre heures d'incubation. On voit qu'ici la partie du
vitellus voisine du blastoderme est identique à ce qu'elle était
dans le type précédent; seulement la cavité sous-germinale
est un peu plus profonde, dans sa partie moyenne {cg), ce qui
tient un peu à un abaissement de son plancher, mais surtout
à un amincissement de la partie correspondante du blasto-
derme ; en effet, dans sa partie moyenne (de c en c', fig. 22),
le feuillet inférieur du blastoderme, l'entoderme primitif esl
devenu moins épais, les cordons cellulaires qui le constituaient
précédemment (fig. 19) tendant à se disposer régulièrement
en une couche plus simple (fig. 23). L'ectoderme sus-jacent
est formé de cellules affectant plus nettement l'aspect cylin-
drique, c'est-à-dire plus pressées les unes contre les autres et
plus hautes que larges (fig. 23). D'autre part, les extrémités
du blastoderme, ayant conservé leur épaisseur, paraissent
relativement plus renflées, surtout en arrière (fig. 22) ; le blas-
toderme a, du reste, conservé dans ses parties extrêmes la
même constitution que dans le type précédent. Il est presque
inutile d'ajouter que si, au lieu d'une coupe antéro-posté-
38 M. DliVAL.
rioure, nous examinons une coupe transversale, nous y trou-
vons un épaississement marginal plus ou moins prononcé,
selon que cette coupe transversale appartient à la moitié pos-
térieure ou à la moitié antérieure du disque blastodermique
(On trouvera dans la figure 5 de Gœtte (1) une très exacte
reproduction d'une coupe transversale faite dans la partie
moyenne d'un blastoderme tel que celui dont notre figure 22
donne une coupe longitudinale antéro-postérieure).
Signalons enfin ce fait que les coupes transversales faites sur
la partie la plus postérieure du blastoderme, c'est-à-dire por-
tant entièrement sur son épaississement postérieur (de c en
hhp, fig. 22), montrent parfois sur le blastoderme du poulet
une sorte de raphé médian comme celui auquel il a été fait
allusion précédemment en renvoyant à la figure i6, et que ces
coupes nous ont toujours montré, lorsqu'il s'est agi de blas-
todermes de rossignol à ce stade, une division en deux parties
latérales, comme le montre, à propos d'un autre stade, la
figure 15.
Nous pouvons donc maintenant nous rendre compte des
aspects extérieurs que présente, sur un œuf non incubé qu'on
vient d'ouvrir, le blastoderme examiné en surface à la lumière
réfléchie. Il se présente comme un disque blanc h bords nette-
ment dessinés, parce qu'en etïet ce blastoderme est alors très
nettement limité, ne présentant à ses limites externes aucune
connexion avec le vitellus circonvoisin; ce vitellus lui forme
une sorte d'auréole parsemée de taches, parce qu'il contient
des vacuoles. Le disque blastodermique est lui-même dessiné
par une partie centrale plus ou moins claire, parce qu'il est,
on sa région moyenne, plus ou moins aminci, et par un anneau
périphérique d'un blanc plus foncé, parce que ses bords sont
épais et formés de plusieurs assises de cellules; cet anneau
blanc est plus large en arrière, parce que l'épaississement
périphérique a en arrière des dimensions antéro-postérieures
plus considérables qu'en avant. Enfin, on aperçoit parfois sur
(1) Arch. f. mikrosk. Anat., vol. X. pi. \.
AlîTir.I.F. N" T).
FORMATION DU BLASTODERME. 39
cette partie postérieure de l'anneau blanc périphérique des
irrégularités et des interruptions (pertes de substance), qui se
rapportent à la présence du raphé médian ou de la séparation
en deux parties que nous venons de signaler sur les coupes
transversales de cette région. Ces derniers aspects sont peu
accentués, et nous n'en trouverons l'explication qu'en étu-
diant les stades antérieurs, surtout sur les œufs de petits
oiseaux.
Au stade que nous venons d'examiner, la disposition la plus
importante à retenir pour l'intelligence des stades antérieurs
et consécutifs, c'est l'épaississement que présentent les bords
du blastoderme. Cet épaississement a été plus ou moins net-
tement reconnu par les auteurs; on conçoit, en effet, qu'il ait
pu échapper à ceux qui n'auraient examiné que des coupes
transversales portant sur la partie antérieure du disque blasto-
dermique, où cet épaississement est moins accentué et où son
existence est, nous le verrons, de plus courte durée. His paraît
l'avoir complètement méconnu (i), et, en effet, la figure qu'il
donne comme représentant une coupe de blastoderme non
incubé, nous semble en tous points comparable aux figures
33, 35 et 36 de notre planche III, c'est-à-dire qu'il se serait
trouvé en présence d'un blastoderme déjà très avancé quoique
non incubé, puisque notre figure 33 est le type de l'état du
blastoderme après trois à six heures d'incubation, et qu'à ce
moment l'épaississement périphérique du blastoderme a dis-
paru ou s'est transformé en une disposition nouvelle dans les
j)arties antérieures du blastoderme. Or, comme la comparai-
son de la figure en question de His avec nos préparations nous
porte à penser que His a précisément figuré une coupe trans-
versale de la région antérieure, il n'est pas étonnant que
l'épaississement en question lui ait échappé fâ). Peremeschko
(i) W. His, Untersuchungen ilbev die erste Anlage des Wlrbelthierleibes.
Leipzig, 1868 (voy. pL I, fig. I).
(2) Ce que His décrit à la périphérie du blastodernie non incubé, c'est ce
qu'on trouve plus tard, c'est-à-dire une bordure de vitellus parsemée de
noyaux, bordure taillée plus ou moins à pic du côté de la cavité sous-germi-
40 .11. DUVAL.
est dans le même cas, quoique dans sa figure 3 il ait parfaite-
ment figuré cet épaississement, mais très peu prononcé (i), à
peu près exactement tel qu'il est dans la figure "^O de notre
planche II. Œllacher nous paraît être le premier qui ait bien
décrit et, en'particulier, représenté cet épaississement, à des
stades voisins et comparables à ceux que nous avons choisis.
En effet, dans le paragraphe VIII de son mémoire Sur la seg-
mentation et la formation des feuillets (Op. cit. Ans dem Insti-
tute fur expérimental pathologie, von Stricker in Wien., 1809,
p. 65), il donne la description des blastodermes de trois œufs
fraîchement pondus, l'un en mai, l'autre en juin, le troisième
en juillet (voy. ci-dessus, p. ^3, les considérations générales
sur l'influence des saisons). Pour le premier, qui, d'après sa
description et sa figure, est intermédiaire entre celui de notre
figure 14 et celui de notre figure 17, il ne fait que très vague-
ment allusion à l'épaississement marginal du blastoderme.
Pour le second, il décrit et figure très nettement cet épaississe-
ment. Enfin pour le troisième, chose remarquable, il repré-
sente très mal dans sa figure (fig. 11 de la planche II du
recueil, etc.), mais il décrit avec une grande exactitude cet
épaississement tel qu'on le trouve à la région antérieure du
blastoderme,par exemple, sur nos figures, en hbade la figure 17,
de la figure 2*2, et en A de la figure 29. « La périphérie, dit-il
(p. 66), est ici plus épaisse que le centre, c'est-à-dire, pour
parler plus exactement, que le blastoderme repose sur le
vitellus blanc par un bord épaissi dont l'extrême limite
externe s'amincit de nouveau ; cet épaississement n'intéresse
que le feuillet inférieur, car, si on suit du centre à la périphé-
rie la couche supérieure formée de cellules cylindriques, on
voit, en arrivant vers l'épaississement marginal {Randver-
dickung), que ce feuillet supérieur demeure ici semblable à
ce qu'il est ailleurs. »
nale, et qu'il désigne sous le nom de rempart du yerme ou bourrelet gernii-
natif (Keimvvall) : nous désignerons ci-après cette même partie sous le nom
de bourrulet entodermo-vitellin.
(I) Op. cit. {Wiener Sitzungsl>firichte, vol. LVII, ISIW.)
AKTICI,E N" 5.
FUUMATIO.N bU ULASTOULIUME 41
C'est avec Gœlte (1) que cet épaississcment se trouve décrit
et figuré de la façon la plus nette. Gœtte, pour la première
ibis, donne un nom à ce renflement, l'appelant bourrelet mar-
ginal {Randwulsl), et il le distingue des formations ultérieures
avec lesquelles il peut être et a été si souvent confondu, c'est-
à-dire d'avec le rempart du ijerme (Keimwall) de His (bourrelet
entodermo-vitellin; voy. la note 2 de la page 39 ci-dessus);
mais Gœtte fait jouer à ce bourrelet marginal, dans la forma-
tion de l'entoderme, un rôle dans la discussion duquel nous
ne pourrons entrer que plus loin. De la part de Disse (^2), ce
renflement, qu'il désigne aussi sous le nom de bourrelet mar-
ginal (Randivulst) est l'objet des mêmes descriptions exactes,
et d'analogues théories relativement à l'origine des feuillets
inférieur et moyen du blastoderme. Enfin Kolliker décrit ce
renflement comme une disposition constante sur l'œuf non
incubé; quel que soit l'état du feuillet inférieur dans la région
moyenne du blastoderme, (c toujours, dit-il (trad. fr., p. 67),
ce feuillet profond offre, au niveau des bords du blastoderme,
une zone d'environ 1 millimètre à l'""',3 de largeur, parfaite-
ment constituée, épaisse et figurant un bourrelet )). Il donne
à cet épaississcment le nom de Keimwuht^ ce qui doit se tra-
duire en français par l'expression de bourrelet du (jerme ou
bourrelet blastodermique. Cependant, dans la traduction fran-
çaise, publiée par A. M. Schneider, nous trouvons le mot Keim-
wulst ti-aduit par bourrelet entodermique : « C'est avec l'assen-
timent de l'auteur que nous disons bourrelet entodermique
pour éviter toute confusion, et indiquer clairement l'opinion
que s'en fait M. Kolliker », est-il ajouté en note (p. 67). En
effet, Kolliker insiste sur ce fait que l'épaississement en ques-
tion est essentiellement dû aux nombreuses assises dont se
compose l'entoderme en cette région. Mais dans la suite de son
traité d'embryologie, Kolliker considère ce bourrelet comme
persistant alors que le blastoderme s'est étendu par ses bords
(1) Op. cit. (A)-ch. f. mikrosk. Anat., t. X).
(2) Op. cil. {Arcli. f. mikrosk. Anat., t. XV).
42 M. ou VAL.
jusqu'au niveau de l'équateur de la sphère viLelline, c'est-à-
dire qu'il revient à la confusion qui avait été faite déjà entre
l'épaississement marginal du blastoderme non incubé et la
bordure de vitellus parsemée de noyaux, bordure taillée à pic
du côté de la cavité sous-germinale, et que nous étudierons
sur des œufs plus avancés sous le nom de bourrelet entodernio-
vUellin.
Dans ces conditions, nous ne pouvons conserver ici pour cet
épaississement marginal le nom de bourrelet entodermi/jtie,
et nous nous servirons simplement pour le désigner du nom
de bourrelet hlastoderriiiqiie. Cette désignation, quelque regret
que nous ayons à introduire un nom autre que celui employé
par les divers auteurs, cette désignation nous paraît avanta-
geuse à plusieurs égards. D'abord elle diffère peu de l'expres-
sion de bourrelet martjlnal (Randwidst) employée par Gœtte
et Disse, et qui ne peut être conservée parce qu'elle consacre,
sur la formation des feuillets inférieur et moyen, des théories
que nous ne saurions adopter. D'autre part, sans rien préjuger
sur l'origine et les destinées de ce bourrelet, elle est plus en
rapport que toute autre avec ce que nous verrons à ces divers
égards, car elle n'indique pas que cet épaississement soit formé
uniquement par l'entoderme, et nous verrons en effet que les
nombreuses assises cellulaires (sous-jacentes à l'ectoderme)
dont il est formé, donneront aussi bien naissance à l'ento-
derme (définitif) qu'au mésoderme, au moins en certaines
régions. Il faut aussi remarquer que, sur la lèvre de ce bour-
relet, l'ectoderme se continue avec l'entoderme, ainsi que
nous l'avons signalé ci-dessus (p. 33); ce bourrelet, à ce der-
nier égard, pourrait donc être dit presque aussi bien ectoder-
mique qu'cntodermique. En réalité, il appartient purement et
simplement à tout ce qui constitue alors le bord du blastoderme,
et c'est pourquoi nous l'appelons bourrelet blastodermique.
Dans un récent mémoire Sur les annexes des embri/ons d'oi-
seaux (1), nous avons été amené à étudier comment le blasto-
(1) Journ. de VAnatomic et de la Physiologie de Gh. Robin et {\. Pouchet;
11» de mai 1884.
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODEKME. i^
derme s'étend sur loule la surface de la sphère vitelliiie. Nous
avons vu que, dans cette marche, les trois feuillets du blasto-
derme sont isolés les uns des autres, s'accroissent indépen-
damment et s'avancent d'une manière différente pour le
feuillet externe et le feuillet moyen d'une part, pour le feuillet
interne de l'autre. Les deux premiers , s'accroissant par
production interstitielle de cellules, se terminent chacun
par un bord libre renflé, que nous avons désigné sous le nom
de bourrelet ectodermiqm d'une part, de bourrelet mésoder-
mque d'autre part. Le feuillet interne, au contraire, s'accroît
et s'étend par le fait qu'à sa périphérie viennent sans cesse
s'ajouter de nouvelles cellules dérivant du vitellus voisin,
vitellus parsemé de noyaux, c'est-à-dire par le fait de ce que
nous avons alors désigné sous le nom de transformation de
l'entoderme vitellin en entoderme celluleux. Mais comme
l'entoderme celluleux se continue insensiblement avec l'ento-
derme vitellin, et celui-ci de môme avec le vitellus pur et
simple (les noyaux devenant seulement de plus en plus rares,
puis disparaissant), on voit qu'alors l'entoderme n'a pas de
bord libre. Nous verrons bientôt que jamais il ne présente do
bord libre, car, lorsqu'il se sépare de l'ectoderme (avec lequel
il se continue, il faut le rappeler, sur le blastoderme de l'onif
non incubé), il se soude aussitôt avec la zone voisine de vitel-
lus parsemé de noyaux. Or, comme l'expression de bourrelet
ectodermique ou mésodermique rappelle l'existence d'un
bord libre renflé, nous n'avons pas voulu conserver celle de
bourrelet entodermque, puisque l'entoderme n'a jamais de
bord libre; au contraire, l'expression de bourrelet blastoder-
mique parait parfaitement convenable, puisque alors, nous
le répétons, c'est-à tout le blastoderme, et non à tel ou tel
feuillet, qu'appartient ce bord libre.
On nous excusera de cette longue digression à propos du
choix d'un nom, en considération de l'importance de la partie
dite bourrelet blastoder mique. Dans les stades antérieurs que
nous allons étudier, la formation de ce bourrelet sera un
point capital à élucider; dans les stades ultérieurs, les trans-
44 il. Ml VAL.
foniiatious de ce bourrelet nous donuerouL la ciel' de l'exten-
sion du blastoderme et de l'apparition de la ligne primitive.
C'est pourquoi nous avons donné le nom de stade du bourrelet
hlastodermique au stade pris comme type du blastoderme de
l'œuf fécondé, fraîchement pondu et non incubé.
II. — Stade de la segmentation (cavité de segmentation).
La segmentation de l'œuf de poule a été étudiée par Coste,
ŒUacher, KôUiker, et par Gœtte. Récemment Sarazin (i) a
publié sur la segmentation de l'œuf des reptiles un mémoire
qui doit être rapproché des travaux précédents, puisque la
constitution de cet œuf est très analogue à celle de l'œuf des
oiseaux. Notre intention n'est pas de refaire ici l'histoire en-
tière de ce processus impoi'tant, d'autant plus que les maté-
riaux que nous avons étudiés (voy. p. 26) sont moins complets
que ceux dont ont disposé Œllacher et Kôlliker, ce dernier
ayant exposé dans son traité classique l'ensemble de nos con-
naissances à ce sujet. Mais, si nos propres recherches sont, à
bien des égards, pleines de lacunes, elles sont plus complètes
à ce point de vue que nous nous sommes attaché à déterminer
l'orientation des coupes, ce que n'avait encore fait, à notre
connaissance, aucun embryologiste, quoique Kôlliker entre
autres, constatant que le début et la marche de la segmenta-
tion se font dans une situation excentrique, ait parfaitement
senti la nécessité d'une pareille orientation afin de préciser de
quel côté est la future région antérieure. Nous prétendons
donc ici arriver seulement à compléter et préciser certains des
faits déjà connus.
La phase la plus primitive qu'il nous ait été donné d'obser-
ver sur un œuf fraîchement pondu, non fécondé (voy. p. 26),
de perruche ondulée, est représenté par la figure 1, planche I,
et, chose remarquable, nous avons trouvé sur un œuf d'oie
non fécondé des dispositions tout à fait semblables, mais
(J) C.-F. Sarazin. Reifung und Furchnng dur Reptilieiieier {Arbeiten aus
dem Zooloyisch-Zootomiscken Institut in Wurtzburg, 1883, p. 159).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 45
légèrement altérées par un commencement de décomposition.
Avant de décrire les sillons qui entament ce germe, arrêtons-
nous un instant sur la valeur de ce mot germe et sur les rap-
ports que présentent ses éléments constitutifs avec les autres
éléments de l'œu!'. Le vitellus jaune, formé de grosses
sphères vitellines et constituant à lui seul la masse dite
jaune de l'œuf, est creusé, en un point qui se dirige toujours
en haut lorsque le jaune est mobile dans l'albumine, d'une
sorte de cavité en entonnoir, le nuyau de Paiider (voy. les
Traités classiques de Forster et de Kôlliker, pour plus de
détails sur la forme de cette partie et sur le prolongement
qu'elle envoie jusqu'au centre du jaune), dont la partie la
plus large répond à la membrane vitelline, c'est-k-dire à la
surface de l'œuf. Cet entonnoir (NP, tig. i) est formé par une
masse dite vitellus blanc, que constituent des sphères vitel-
lines de petites dimensions; mais, au niveau des zones inter-
médiaires entre le vitellus blanc et le vitellus jaune, on trouve
toutes les dimensions intermédiaires entre les éléments de l'un
et les éléments de l'autre, de sorte qu'il n'est pas possible de
dire où finit le vitellus blanc et où commence le vitellus jaune.
D'antre part, en allant vers la région toute supérieure du
vitellus blanc, on voit ses corpuscules devenir graduellement
de plus en plus fins, jusqu'à ne constituer que des granula-
tions extrêmement petites qui forment la masse correspondant
à la base ou partie superficielle la plus large du noyau de Pan-
der; c'est à cette masse, confinant en haut directement à la
membrane vitelline, qu'on a donné le nom de germe (ou
vUelhis plastique; vp, fig. 1), expression par laquelle on a
voulu dire que cette partie seule servirait à la formation de
rendji'yon (du blastoderme), (jue seule elle se segmente-
rait; et alors on s'est etforcé de trouver sur les coupes une
ligue nette de séparation entre le germe ou vitellus plastique
et le vitellus blanc. Or la transition se fait graduellement de
l'un à l'autre, d'une manière insensible, comme entre le vitel-
lus blanc et le vitellus jaune, de sorte qu'ici encore il n'est
pas possible de dire où finit le vitellus blanc et où commence
H. ÉTUDES, —se. NAT. XXIX. 16. — AKÏ. N° 5,
46 M. Dl'VAJL.
le vitelkis plastique ou germe. Nous avons essayé de rendre,
dans les figures 3 et 6, cette transition graduelle et insensible
des fins granules des zones supérieures aux sphérules des
zones moyennes, et enfin aux grosses sphères du jaune. A cet
égard nous partageons entièrement la manière de voir de Kôl-
liker, si toutefois nous avons bien compris sa pensée, car par-
fois cet auteur revient à vouloir chercher dans les réactions
chimiques une distinction caractéristique entre les granula-
tions du vitellus plastique et celles du vitellus blanc, dans les
régions où les dimensions réciproques ne permettent pas de
faire la différence (voy. notamment à la page GS, où l'action
de l'acide acétique est indiquée comme propre à donner cette
caractéristique, les granules de vitellus blanc se diff'érenciant
des autres en ce que ces derniers seuls pâlissent dans l'acide
acétique et s'y dissolvent en partie). Sarazin, dans ses études
sur l'œuf des reptiles, arrive aux mêmes conclusions, c'est-à-
dire à admettre une transition insensible entre ces trois
espèces d'éléments (1) .
Pour arriver à établir, entre le vitellus plastique ou germe et
le vitellus blanc, cette distinction absolue qui fut l'une des
bases de la doctrine de Reichert, Œllacher a invoqué un autre
critérium, la segmentation. Tout ce qui prend part à la seg-
mentation, dit-il [op. cit., 1869, p. 69), doit être considéré
comme germe ; ce qui ne se segmente pas est du vitellus nutri-
tif. Dans les descriptions qui vont suivre, nous trouverons la
réfutation de cette proposition, car nous verrons que, si la
segmentation parait s'arrêter à un certain moment pour con-
stituer le blastoderme tel qu'on le trouve sur l'œuf fraîchement
pondu, elle reprend ensuite dans les zones de vitellus pour-
vu de noyaux, et que la formation de l'entoderme celluleux
aux dépens de l'entoderme vitellin (voy. p. 43) est une sorte de
segmentation secondaire, qui se poursuit longtemps sur toute
(1) Voy., nolamment à la page 164, la conclusion relative aux rapports géné-
ti([ues de ces éléments : « D'après les formes de transition, et d'après le lieu
où se forment les grosses sphères de jaune, on peut conclure qu'elles l'ésul-
lent de l'accroissement en volume des fines molécules du plasma de l'œuf. »
MITICLK N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 47
la périphérie du vitellus, à tel point qu'il nous est encore im-
possible de dire où elle s'arrête et dans quelle mesure l'œuf
d'oiseau doit être considéré comme un a?uf à segmentation
partielle et non comme un œuf à segmentation totale inégale.
Revenant à la figure 1, qui représente un état constaté par
nous sur des œufs non fécondés fraîchement pondus (sur trois
œufs de perruche, sur un œuf de colin et sur un o'uf d'oie),
nous ferons remarquer que cette coupe doit être considérée
comme répondant à un stade semblable à celui auquel se rap-
portent les figures 18 et 19 de Kolliker : seulement, dans la
figure 19 de Kolliker, les segments, limités par les sillons qui
entament le germe, sont représentés comme complètement
circonscrits par en bas; nous aurions donc ici un stade un peu
moins avancé. On voit que, dans le voisinage des parties où
commence la segmentation, sont de nombreuses vacuoles,
telles que nous en avons précédemment décrites pour un
autre stade (voy. p. 35). Dans seulement deux des segments
on aperçoit un noyau bien net; mais sur une autre coupe de ce
même œuf, un noyau se rencontrait dans un des segments qui
en est dépourvu sur la coupe de la figure 1 . Il ne nous a pas
été possible d'apercevoir, sur aucune coupe, trace de noyau
dans les parties sous-jacentes àMa couche entamée par les
sillons de segmentation. En s'en rapportant aux nombreuses
notions acquises dans ces dernières années sur la segmenta-
tion des cellules et sur le rôle des noyaux dans ce phénomène,
on peut penser que les deux noyaux représentés dans la
figure 1 (en n, n) sont le résultat ultime de la division d'un
noyau primitivement situé à peu près vers la ligne de segmen-
lation (s) placée entre eux; c'est-k-dire que nous ne sommes
en présence que de noyaux qui se sont divisés en se séparant
transversalement et non encore dans le sens vertical. Ce stade
correspondrait donc à celui de l'œuf de la grenouille au mo-
ment où se sont produits les deux sillons méridiens (repré-
sentés ici par un plus grand nombre de sillons perpendicu-
laires) et où il n'y a pas encore de sillon équatorial. En dehors
de ces divers détails, le fait essentiel à noter est que la seg-
48 M. «IVAL.
menlatioii est ici très nettement excentrique. En prenant pour
centre du germe la ligne qui passerait par l'axe de la partie
étroite du noyau de Pander (NP), on voit que la segmentation
porte uniquement sur des parties situées en arrière de ce
centre (l'extrémité antérieure du germe étant en A et son
extrémité postérieure en P, d'après les déterminations établies
par le procédé indiqué ci-dessus, p. 6). Et, en efïet, Kolliker
a démontré (voy. sa figure 17, p. 71) que les quatre sillons pri-
mitifs de segmentation sont légèrement excentriques, c'est-à-
dire que leur point de rencontre ne correspond pas exacte-
ment au milieu du disque (le disque du germe, pendant la
segmentation, se présente comme une tache claire, (jui ji'est
autre chose que le noyau de Pander, avec une bordure foncée,
qui répond aux bords plus minces de ce noyau reposant
presque immédiatement sur le vitellus jaune).
La figure 2 (pi. I), appartenant également à un œuf de
perruche non fécondé et fraîchement pondu, nous montre une
segmentation qui a progressé davantage vers la périphérie, en
même temps qu'elle a donné lieu à des segments plus petits
vers le centre. Mais le fait important, c'est que ces derniers
segments sont maintenant circonscrits non seulement sur les
côtés, mais encore par en dessous. Il commence, en effet, à
se former une fente parallèle à la surface du germe, et qui
sépare en une couche continue les premiers segments produits.
La figure 4 montre cette fente à un degré plus avancé, c'est-
à-dire s'étendant plus loin et séparant un plus grand nombre
de segments. Ces deux figures représentent deux coupes appar-
tenant chacune à un œuf ditîerent, et passant chacune par le
centre du germe de cet œuf dans le sens antéro-postérieur;
mais il est facile de comprendre qu'une coupe faite sur les
parties latérales du germe auquel appartient la figure 4, nous
aurait donné une disposition identique à celle représentée
dans la ligure 2, puisque alors le germe aurait été atteint dans
une partie périphérique où la segmentation est moins avancée,
et où la fente qui sépare par en dessous les segments premiers
formés présente une moindre étendue; de même une coupe
ARTICLE N" 5.
"^^ FORMATION DU BLASTODERME. 49
latérale du germe auquel appartient la figure 2, nous aurait
donné une disposition identique à celle représentée dans la
figure i . Il est donc bien évident qne pour bien connaître l'état
de la segmentation à un moment donné, il ne suffii pas d'avoir
une ou deux bonnes coupes du germe, mais qu'il faut débiter
celui-ci en une série complète de coupes, de façon à pouvoir
se rendre compte des particularités de chacune de ses régions.
On croirait volontiers que si, quand il s'agit de l'apparition
(le l'embryon, il est important de distinguer les sections faites
au centre, à la périphérie, en avant ou en arrière, par contre,
il n'y a pas nécessité à de telles distinctions quand il s'agit du
germe en segmentation, ou du blastoderme membraneux,
parce qu'on est persuadé que ces dernières formations sont
semblables dans toutes leurs parties. Or nous allons voir que
l'ensemble des produits de la segmentation, avant môme qu'ils
s'étalent en une membrane blastodermique, sont aussi diversi-
fiés dans leurs différentes régions que l'est un embryon quant
aux régions de la tête, du tronc et de l'extrémité postérieure.
Aussi nous expliquons-nous qu'on n'ait généralement pas
observé la fente décrite ici d'après les figures 2 et 4, et surtout
qu'on ne lui ait pas accordé, dès qu'on l'a entrevue, Tinipor-
tance qu'elle mérite. Kolliker dit bien, en effet, à propos de
sa figure 49, que les segments médians du germe en question
étaient délimités non seulement sur les côtés, mais encore en
dessous, tandis que les segments placés sur les côtés n'étaient
nullement détachés intérieurement de la région sous-jacente.
Mais sa figure répond assez peu à cette description, car tous
les segments, même les plus périphériques, y sont délimités
en dessous par une ligne très nette.
Cette fente horizontale représente l'ensemble d'une série
de sillons de segmentation horizontaux, par lesquels les seg-
ments supérieurs correspondants se sont séparés du vitellus
sous-jacent. Cette séparation a été accompagnée, comme tou-
jours, de la division du noyau, et ici les noyaux se sont divisés
en se séparant verticalement, de sorte que des deux nouveaux
noyaux résultants, l'un est resté dans le segment supérieur,
50 H. DIVAL.
l'autre dans le segment inférieur, ou pour mieux dire dans la
masse vitelline sous-jaccnte, laquelle sera bientôt le siège de
la production de nouveaux segments, se formant ici absolu-
ment comme ils se sont produits tout d'abord dans la couche
la plus superficielle (fig. 4). En effet, nous trouvons, dans la
figure 2, deux noyaux dans la couche non segmentée sous-
jacente à la fente horizontale; et dans la figure 8, qui repré-
sente à un plus fort grossissement une autre partie de ce môme
germe, les deux noyaux situés un peu à gauche du milieu de
la figure, présentent bien les rapports qui font penser qu'ils
proviennent de la division d'un noyau appartenant primiti-
vement h un segment non délimité par en dessous, division
qui, corrélativement à la séparation complète du segment
correspondant (voy. en 2, fig. 8), a donné naissance au noyau
de ce segment et au noyau situé dans la couche vitelline non
encore segmentée (en 4, fig. 8).
Quand on compare cette fente horizontale à celle qui se
produit dans l'œuf de la grenouille par le l'ait du premier sillon
horizontal ou équatorial, on demeure convaincu que ces deux
formations sont absolument semblables, car elles sont liées,
dans les deux ordres d'œufs, au même processus. Sur l'œuf de
la grenouille, la partie centrale du sillon en question se dilate
bientôt, par les progrès de la segmentation, en une cavité dite
cavité (le secjïiientation. De même sur le germe du poulet nous
allons voir cette fente horizontale former une cavité nette, à
laquelle nous pourrons donner aussi le nom de cavité été seg-
mentation. Seulement, tandis que sur l'œuf de batracien en
voie de développement, cette cavité persiste longtemps, avec
des dimensions de plus en plus larges, jusqu'à ce que les élé-
ments de l'entoderme primitif viennent s'appliquer à la face
inférieure de l'ectoderme, sur le germe de l'oiseau au con-
traire, cette cavité demeure toujours sous forme de fente
linéaire et s'efface presque aussitôt après son apparition, parce
aiie, vu la forme aplatie du germe, l'entoderme primitif se
trouve dès le début appliqué à la face inférieure de l'ecto-
derme. Mais, quelque transitoire que soit cette cavité, ce qui
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 51
explique qu'elle ait échappé à la plupart des observateurs, son
existence dans le germe d'oiseau n'en est pas moins un fait des
plus essentiels, sans lequel il est impossible de comprendre
les homologies blastodermiques entre les divers Vertébrés.
C'est pourquoi nous avons intitulé le stade que nous étudions
actuellement, stade de la cavité de segmentation.
Les ligures IL, 4, 5, 7, nous montrent de plus que cette cavité
est légèrement excentrique, située, sur une coupe antéro-
postérieure, en arrière de l'axe médian du noyau de Pander.
C'est encore une des dispositions qui ont pu la faire échapper
aux observateurs qui n'ont pas eu soin de conserver et d'étu-
dier toutes les coupes des germes pris à cette période ÇJ).
Sur la figure 4, qui représente une coupe appartenant à un
œuf de poule non fécondé et fraîchement pondu, nous voyons
que le vitellus sous-jacent à la cavité de segmentation (CS)
commence à se diviser à son tour, en même temps que de leur
côté se subdivisent les segments sus-jacents. Dans la figure 5,-
provenant également d'un œuf de poule, ce processus est plus
accentué, c'est-à-dire que dans la partie sous-jaeente à la ca-
vité de segmentation on trouve déjà des segments circonscrits
sur tous leurs côtés; ce sont les plus superficiels, tandis que
les profonds ne sont encore limités qu'en haut et sur les côtés.
La segmentation, en même temps qu'elle progresse transversa-
lement, s'étend ainsi en profondeur, entamant des zones de
plus en plus profondes (fig. 7, en w^). Pour la description de
ce processus nous n'aurons qu'à reproduire ici les termes
mêmes employés par Kôlliker (p. 76 et 77 de la traduction
(1) Dans la figure 16 de sa planche XV, Œllacher {op. cit., Zeitsclirft. f.
Wissenschft. Zool., 187'2) représente une cicatricule très analogue à celles
d'après lesquelles nous avons étudié la cavité de segmentation. Quoique l'au-
teur ne fasse pas allusion à cette cavité, et ne la désigne par aucune lettre de
renvoi dans sa figure, son existence y est très nette. Rien plus, quoiqu'il ne
soit pas parlé de l'orientation de la coupe, question dont ne s'est pas pré-
occupé l'auteur, il est facile, par l'inspection de la figure en question, de
s'apercevoir qu'on a affaire à une coupe antéro-postérieure, analogue à celle
de notre figure 7, et on y voit très bien que la cavité de segmentalion est
située en arrière du centre de la cicatricule.
52 M. mjvAi..
française), et notamment cette expression que les segments
en voie de formation « se dressent comme des bourgeons
à la surface du vitellus », ce qui correspond bien à l'aspect
des segments profonds, encore incomplètement limités de
notre figure 7, et ce qui a été parfaitement bien représenté
par Gœtte, dans sa figure 2 (1). Seulement ni l'un ni l'autre
de ces auteurs n'ont signalé la présence de la cavité de seg-
mentation, ce qui est dû à ce que les coupes qu'ils ont étu-
diées portaient uniquement sur la partie antérieure du germe,
au moins autant que nous croyons pouvoir en juger d'après le
peu d'épaisseur des germes figurés en coupe par Gœtte et par
Kôlliker.
Sur les pièces de germes à cette période nous avons encore
quelques faits k signaler.
D'une part, c'est que la segmentation, à mesure qu'elle pro-
gresse en profondeur, entame des zones de vitellus à granula-
tions de moins en moins fines; c'est ce que nous avons voulu
représenter par la figure 6, qui n'est qu'une partie plus grossie
de la figure 5. Il est évident que la segmentation arrive à
porter finalement sur des couches qui méritent le nom de vi-
tellus blanc; c'est la conclusion à laquelle arrive Gœtte, mais
en se croyant obligé pour cela de considérer comme de nature
différente les cellules provenant de la division des couches su-
perficielles du germe (prétendu vitellus plastique) qu'il nomme
cellules embryonnaires, et celles provenant de la division du
vitellus blanc, et qu'il nomme cellules vitellines. Nous con-
cluons pour notre part tout simplement qu'il n'y a pas de dis-
tinction absolue entre le vitellus plastique et le vitellus blanc,
que l'un et l'autre se segmentent au même titre, et nous nous
sentons d'autant plus autorisé à cette conclusion que dans des
phases ultérieures nous verrons une segmentation secondaire
porter sur un vitellus blanc à granules si volumineux, qu'il mé-
rite en réalité le nom de vitellus jaune. Sarazin arrive aux
mêmes conclusions que nous quant à la valeur de la prétendue
(1) 0)9. cit. (Arch. f. mikrosk. Anat., t. X, pi. X).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 53
distinction entre le vitellus plastique et le vitellus blanc (i).
Kôlliker formule il est vrai cette conclusion que « la segmen-
tation de l'œuf de poule porte sur une partie du vitellus qui
n'est pas rigoureusement séparée du reste et que ni sa forme
ni sa composition ne permettent de regarder comme une unité
entière », et cependant à chaque instant il se défend d'admettre
que le vitellus blanc participe à la segmentation, et en défini-
tive il admet seulement que le vitellus plastique peut subir des
modifications au cours du développement, et peut-être se com-
pléter aux dépens de la couche de vitellus blanc (p. 79).
En second lieu nous ferons remarquer que, la cavité de
segmentation étant excentrique, c'est-à-dire placée en arrière
de l'axe du noyau de Pander, comme il a été dit, la segmenta-
tion, qui semble se poursuivre en rayonnant de cette cavité,
présente aussi une marche excentrique, c'est-à-dire que d'une
part les segments profonds sont disposés en assises plus nom-
breuses dans la partie postérieure (voy. fig. 7), et que d'autre
part les segments superficiels les plus petits sont également en
arrière du centre du germe. Cette disposition, quant à ce der-
nier détail, avait été déjà très nettement constatée par Kiilli-
ker, qui n'avait pu toutefois qu'interpréter hypothétiquement
la direction selon laquelle une moitié du germe précède et
dépasse l'autre dans son état de division. « L'embryon, dit-il,
étant couché sur le blastoderme dans la direction de l'axe
transverse de l'œuf et son côté gauche regardant en règle gé-
nérale la grosse extrémité de l'œuf, il sera peut-être possible,
par une détermination exacte de la position du champ de
segmentation sur le vitellus, d'arriver plus tard à une relation
plus précise ; pour le moment, il y a lieu de penser que la
partie qui se divise plus rapidement devient plus tard la partie
postérieure du blastoderme, celle dans laquelle les premières
traces de l'embryon apparaissent » (p. 81). Nous sommes heu-
(1) Op. cit. {Arbeitem ans dem Zoolog. Zootom. Institut in Wurzburg,
1883). Ajoutons que la figure 4-4, pi. XV, de cet auteur, nous parait présenter,
pour la cicatricule du lézard, une cavité de segmentation dans un état très
analogue à celui de notre figure 7.
54 11. DU VAL.
reux de constater que nos recherches confirment absolument
l'hypothèse de Kolliker; on voit du reste que, dans le passage
cité, réminent embryologiste traçait en quelques mots le pro-
gramme des parties essentielles du présent travail.
Enfin remarquons que, avec la marche de la segmentation
en surface et en profondeur, on constate la présence de noyaux
dans le vitellns voisin des sphères de segmentation déjà cir-
conscrites, noyaux qui représentent le centre de futures
sphères dont la circonscription peut n'être encore que peu ou
pas indiquée. Dans ce dernier cas les noyaux apparaissent
comme libres dans le vitellns blanc, mais il est bien évident
qu'ils sont le résultat de la division d'un noyau dont une moitié
est restée dans une sphère de segmentation et l'autre dans la
partie devitellus voisine (voy. la figure 6 : les deux noyaux les
plus profonds, au-dessous du sillon a). Il est même probable,
d'après ce que nous avons observé sur de bonnes préparations
à l'alcool (voy. p. 12), que ces noyaux libres dans le vitellus
non segmenté peuvent se diviser en donnant naissance à de
jeunes noyaux qui se trouvent également libres, c'est-à-dire
que la division nucléaire marche plus vite que la division du
sillon circonscrivant les sphères de segmentation ; mais il
anive toujours un moment, du moins dans le stade que nous
étudions actuellement, où une certaine masse de vitellus s'in-
dividualise en sphère de segmentation autour du noyau cor-
respondant. Nous verrons plus tard que ce processus se con-
tinue sur une plus grande échelle, qu'alors les noyaux se
multiplient en plus grand nombre à l'état libre, restent long-
temps à cet état, et qu'il n'est pas facile de saisir le moment et
le mode selon lequel chacun d'eux forme, avec la petite masse
de vitellus qui l'environne, un corps cellulaire bien circonscrit;
telle sera l'origine de ces fameux noyaux libres dans la couche
de vitellus voisine du blastoderme; noyaux dont la présence a
tant intrigué les embryologistes; telle sera l'origine de ce que
nous avons appelé Ventoderme vitellin. Relativement à ces
noyaux, les observations de Sarazin, sur l'œuf du lézard en
segmentation, concordent si bien avec les nôtres, et montrent
AKTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 55
tellement l'importance générale de ce processus, que nous
devons citer ici textuellement quelqnes passages de cet autenr,
quoiqu'il lasse encore intervenir, du moins en partie, un autre
mode de division pour expliquer l'origine de ces noyaux libres.
« Dans nombre de sphères de segmentation, encore en con-
nexion avec la masse vitelline sous-jacente, j'ai compté, dit-il,
de deux à trois noyaux ; il m'est arrivé aussi quoique rarement,
de voir, au-dessous d'un segment qui venait de se séparer, un
noyau libre dans le vitellus. Ceci amène à conclure que, pendan t
la Ibrmation de ce segment, la division nucléaire s'est produite
de telle sorte qu'une moitié du noyau primitif est devenue le
noyau du segment en question, tandis que l'autre moitié est
demeurée libre dans le vitellus sous-jacent )) {op. cit., p. '20^2).
(( Dans les gros segments marginaux, encore non complètement
circonscrits, on voit souvent plusieurs noyaux, lesquels sonl
parfois relativement très gros, fusiformes plus tôt que ronds ;
dans les couches de vitellus non segmenté, sous-jacentes an
germe, on voit aussi de ces gros noyaux à côté de noyaux plus
petits... Si nous admettons qu'une partie des noyaux libres du
vitellus dérivent de la segmentation de noyaux préexistants,
cependant il nous paraît très vraisemblable que, sur les bords
et dans le fond du vitellus sous-jacent aux sphères de segmen -
tation des noyaux nouveaux peuvent apparaître. En faveui' de
cette manière de voir on doit invoquer non seulement le volume
considérable et l'aspect particulier de certains noyaux, mais
encore l'apparition de noyaux dans des parties très éloignées
du germe. Il semble donc que chez le lézard il n'y aurait pas
filiation continue entre les diverses générations de noyaux, ce
qui paraîtra moins singulier, si l'on a égard à ce que le premier
noyau de l'œuf, la vésicule germinative, ne donne pas nais-
sance à de nouveaux noyaux, mais termine son évolution en
arrivant à la surface de l'œuf. .. » (p. 206 et 207). W nous paraît
inutile de donner ici une réfutation en règle de ces arguments
en faveur d'une production libre de noyaux, sans filiation avec
les corps nucléaires préexistants.
Nous terminerons l'étude de ce stade par une dernière
56 M. DL'VAL.
remarque qui tr(3uvera ultérieurement sa signification com-
plète. A mesure que la segmentation progresse dans de nou-
velles couches du vitellus et en détache des segments relative-
ment gros, les segments précédemment détachés continuent
à se diviser, de manière à donner des corps cellulaires de plus
en plus petits; et, puisque les couches superficielles et cen-
trales sont les plus anciennes dans le processus de segmenta-
tion, elles renferment les corps cellulaires les plus petits,
tandis que les couches profondes et périphériques, plusjeunes
à cet égard, renferment les corps cellulaires, les sphères de
segmentation les plus grosses, lesquelles ne persistent pas, du
reste, dans cet état, car bientôt elles se divisent et se sub-
divisent à leur tour. Mais il arrive, seulement pour les couches
sous-jacentes à la cavité de segmentation, c'est-à-dire desti-
nées, on le verra, à former l'entoderme primitif {in\ fig. 5, 7,
8, JO), que certaines grosses sphères de segmentation ou-
blient pour ainsi dire de se diviser et demeurent avec leurs
dimensions primitives au milieu des éléments plus petits résul-
tant de la division de leurs congénères. Ces gros éléments ont
beaucoup préoccupé les embryologistes et ont été l'objet de
théories diverses que nous discuterons plus tard. Gomme il se
produit dans les sphères de segmentation les plus profondes,
parallèlement à leurs divisions successives, une diminution
de volume des sphérules vitellines qu'elles renferment, les
sphères qui conservent leur gros volume primitif conservent
aussi leurs granulations ou sphérules primitivement grosses;
il en résulte qu'elles se distinguent alors des éléments voisins
et par leur forme, et par leur contenu, et c'est là ce qui a
amené quelques auteurs à en feire des éléments spéciaux ap-
pelés à une destinée spéciale. Mais tout ce que nous avons
constaté nous a montré, comme nous le verrons ultérieure-
ment, que ces éléments n'ont de spécial qu'un retard plus ou
moins grand dans leur évolution, et qu'ici la conclusion de
IvoUiker est absolument exacte, à savoir que : « les grosses
sphères de segmentation (cellules vitellines de Gœtte), qu'on
peut voir encore dans des œufs soumis à l'incubation, tant à
ARTICLE N" 5.
FORMATIOX DU BLASTODERME. 57
la face inférieure du blastoderme que sur le fond de la cavité
sous-germinale et dans l'entoderme lui-même, se divisent
ultérieurement, se transforment à leur tour en éléments plus
petits et sont incorporées dans le feuillet inférieur, de sorte
qu'il n'y a pas à leur assigner une place particulière » (Kôl-
liker, p. 80 et 81).
m. — Stade de la cavité sous-germinale.
L'apparition de la cavité de segmentation peut, d'après ce
ipii a été décrit ci-dessus, être définie de la manière suivante:
apparition d'une ligne qui, formée par la fnsion d'une série
de sillons circonscrivant la face inférieure des sphères de
segmentation, divise le germe en deux couches, l'une supé-
rieure constituée par des sphères de segmentation bien iso-
lées, l'autre inférieure constituée par du vitellus à noyaux
libres ; il est vrai que dans cette dernière couche la segmenta-
tion va aussitôt se continuer.
La formation de la cavité sous-germinale (ou cavilé germi-
tiatloe) peut être définie de même, c'est-à-dire qu'à un mo-
mentdonné la segmentation, arrivéeàune certaineprofondeur,
semble s'arrêter par la production d'une ligne qui, résultant
de la confluence de tous les sillons par lesquels ont été cir-
conscrites en dessous les dernières sphères apparues, sépare
une partie supérieure formée de sphères de segmentation, et
une partie inférieure formée de vitellus à noyaux libres; seu-
lement, dans le cas actuel, la segmentation ne se continuera
ultérieurement dans cette dernière couche que très tardive-
ment, spécialement en certains points, donnant naissance à
dessphèresde segmentation isolées, pour ainsi dire errati({ues,
et il faudra aller jusqu'à une époque relativement avancée du
développement pour voir celle, se// mcntation seconda In^ prendre
une grande activité et Jouer un rôle important dans la forma-
tion embrvonnaire.
Voyons comment les faits justifient cet énoncé théorique.
La figure 7 (pi. 1) nous montre une segmentation très avan-
58 M. «BVAL.
cée dans les couches profondes du germe. Cette figure
représente la coupe médiane antéro-postérieure d'une cica-
tricule d'œuf de faisan fraîchement pondu (duquel nous
n'avons su s'il était fécondé ou non) ; nous avons trouvé la
même disposition sur un œuf de rossignol non fécondé, et des
dispositions très analogues (intermédiaires à la figure 7 et à la
figure 8) une fois sur un œuf de poule non fécondé (comparer
avec la figure 15, pi. XV, d'Œllacher (1), et une fois sur un œuf
de fauvette dans les mêmes conditions. On voit ici la cavité de
segmentation encore bien appai'cnte (en CS, fig. 7) et la seg-
mentation se poursuivant dnns la profondeur, surtout en
arrière, de sorte que l'ensemble de la coupe du germe seg-
menté a la forme d'une massue, à petite extrémité dirigée en
il vaut, à grosse extrémité dirigée en arrière ; c'est dans la partie
superficielle de cette grosse extrémité qu'est creusée la cavité
de segmentation. Nous avons au-dessus de cette cavité de seg-
mentation un feuillet supérieur (ex) bien limité sur ses deux
faces, et au-dessous de cette cavité une masse de sphères
représentant les éléments du feuillet inférieur (entoderme pri-
mitif), feuillet inférieur (m') qui n'est bien limité qu'à sa
face supérieure, puisque en bas de nouvelles sphères de seg-
mentation s'ajoutent sans cesse à celles qui constituent déjà
ce feuillet. Mais bientôt sa face inférieure ou profonde va
également se dessiner en se séparant du reste du vitellus.
C'est ce qui se montre dans une certaine étendue sur la
figure (S (d'après une coupe médiane antéro-postérieure d'un
œuf de serin non fécondé). Ici, tandis qu'en avant (de A eiw/)
les dispositions sont les mêmes que dans la figure 7, en ar-
rière, au contraire, est apparue la ligne de séparation entre
les sphères de segmentation formées en dernier lieu et le vitel-
lus renfermant des noyaux libres, sans trace de nouveaux sil-
lons de segmentation, ou avec seulement l'indication vague
de quelques sillons qui mettront un temps relativement long à
accomplir la séparation de nouvelles sphères (voy. la figure 1)
(I) Op. cit., 1872, in Zeitschrft. f. Wissenschaft. Zoolog.,\. XXII.
ARTICLE N" .5.
FORMATION DU BLASTODERME. 59
représentai! L à un fort grossissement la partie postérieure de
la figure 8). Enfin, dans la figure iO (trois cicatricules d'œufs
non fécondés de rossignol nons ont donné des préparations
identiques à cette coupe médiane antéro-postérieure), la
ligne en question s'est ponrsuivie jusqu'en avant (de P en A),
et dès lors la masse du feuillet inférieur se trouve limitée dans
toute l'étendue de sa face inférieure.
En comparant la figure 10 de la planche I avec la figure 14
(pi. II), que nous décrirons bientôt, et avec la figure 17 déjà
décrite (p. 32) de la planche II, on voit que la ligne ([ui vient
de délimiter ainsi la face inférieure de la masse de sphères de
segmentation correspond bien à l'espace classiquement connu
sous le nom de cavité sous-germinale. Dès ce moment, nous
sommes à la période que les auteurs désignent sous le nom de
terminaison de la sefjmentation, c'est-à-dire en présence d'un
blastoderme bien circonscrit en dessous par la cavité sous-
germinale, ici encore sous forme de fente étroite {cg, fig. 8
et 10), et dont le plancher est formé par du vitellus parsemé
de noyaux. On comprend donc que nous ayons dû donner à
ce stade le nom de stade de la cavité soits-ç/erminale.
Si nous venons de justifier l'énoncé théorique que nous
avions tout d'abord donné de la formation de la cavité sous-
germinale, il s'en faut de beaucoup que nous ayons terminé
l'étude de cette phase du développement, et nombreuses sont
les remarques qu'il faut encore faire sur les diverses parties,
dont les unes sont en voie de formation, tandis que les autres
tendent à disparaître.
Occupons-nous d'abord de hi cavité de segmentation. Elle
était très visible sur la figui'c 7 (en CS) ; sur la série de coupes
dont fait partie la figure 8, nous avons peine à la retrouver;
elle parait s'effacer d'arrière en avant à mesure que se dessine
la cavité sous-germinale, la masse des éléments du feuillet infé-
rieur (entoderme primitif, in^) venant s'appliquer plus étroite-
ment à la face inférieure du feuillet supérieur ou ectodermique
(ex) ; et sur les préparations dont fait partie la figure 10, il
n'est plus possible de retrouver aucune trace de la cavité de
60 11. WIVAL.
segmentation, la masse cellulaire entodermique étant en con-
tact immédiat avec l'ectoderme. Mais, si la cavité de segmen-
tation n'existe plus pour séparer l'ectoderme de l'entoderme,
ces deux couches du blastoderme n'en sont pas moins dis-
tinctes l'une de l'autre, au moins dans la région centrale, par
le fait de la configuration et de la disposition différente des
éléments qui constituent les deux couches. Dès ce moment
l'ectoderme est formé de cellules cubiques, parfois légèr'cment
cylindriques, un peu plus hautes que larges, étroitement ap-
pliquées les unes contre les autres par leurs faces latérales,
et figurant ainsi un épithélium à une senle couche, disposition
qui restera le trait caractéristique de ce feuillet dans les stades
ultérieurs du développement. Au contraire, la masse ento-
dermique ne présente encore aucune disposition qui mérite le
nom de feuillet, car elle est formée d'un amas de cellules
rondes entremêlées de grosses sj>hères de segmentation, sur-
tout dans ses parties profondes, et ces éléments sont irrégu-
lièrement disposés, en contact immédiat les unes avec les
autres dans les couches les plus supérieures, plus ou moins
séparés les uns des autres dans les couches inférieures et y
formant comme un tissu réticulé, autant que cette expression
peut être employée pour une masse composée de globules
sphériques (fig. 8, 9, etc.).
En même temps on constate que les éléments du feuillet
supérieur se colorent par le carmin plus vivement que les élé-
ments sous-jacents (remarque déjà faite par Danskyet Koste-
nitch, op. cit., p. 5).
Quoi qu'il en soit, on voit que la cavité de segmentation
dis|)arait à mesure que se forme la cavité sous-gcrminale ; la
durée de son (existence est donc très limitée, de môme qu'est
limitée son étendue, puisque, alors même qu'elle est le plus
visible (fig. 4 et 7), elle n'occupe qu'une certaine partie du
germe, la région médiane un peu postérieure. Il n'est donc
pas étonnant que la cavité de segmentation, dans le germe de
l'oiseau, ait échappé à la plupart des embryologistes et qu'elle
ait été mal interprétée par ceux qui l'ont entrevue. His l'a
AUTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 61
parfaitement vue et décrite dans un de ses plus récents mé-
moires d'embryologie, et lui donne le nom de cavité primaire
de segmentation {[) ; cette cavité primaire est, dit-il, de très
courte durée; quand la segmentation est terminée, ajoute-t-il,
une nouvelle cavité {cavité secondaire de segmentation) se
forme et se trouve placée cette fois non au milieu, mais au-
dessous du blastoderme, et plus tard de l'embryon. Cette der-
nière cavité n'a aucune relation avec la première; parfois,
alors qu'existe la cavité secondaire de segmentation, on voit
encore entre les deux feuillets du blastoderme, c'est-à-dire là
où existait antérieurement la cavité primaire, une fente qui
pourrait être prise pour une production artificielle résultant
des manipulations qu'a subies la pièce. D'après His, la cavité
primaire de segmentation s'observe très bien sur l'œuf des
poissons. Depuis la publication du mémoire de His a paru en
Russie un travail où ces résultats sont contestés; les auteurs,
MM. Dansky et Kostenitsch (^2), se basant sur ce que la cavité
primaire de segmentation de His n'est pas visible sur des
germes traités par un mélange d'alcool et de glycérine, puis
par l'essence de térébenthine, d'après la méthode d'Afanas-
sief (3), sur ce qu'elle apparaîtrait dans les pièces durcies par
l'acide chromique, se dessinant alors sous forme de fente
entre les deux feuillets blastodermiques, en concluent que la
cavité primaire de segmentation doit être rangée parmi les
produits de déformations accidentelles et artificielles.
Ayant pu suivre les diverses phases de la production et de
l'effacement de cette cavité, nous ne saurions nous ranger à
la manière de voir de MM. Dansky et Kostenitsch. Les obser-
vations de His sont très exactes à nos yeux, quoique incom-
plètes; mais, par contre, nous ne saurions adopter sa nomen-
(1) W. }Us., Neue Untersuchunyen ûbcr die Bildang des Huhnerembryo.
{Arch. fiir Anat. and Phijsiol. — Anat. AbtheiL, J877, p. Il"2. — Voy.
p. 179).
("2)J. Dansky et J. Kostenitsch. , Ueber die Entwickiungsg. der keimbldttcr
{Mémoires de l'Acad. imp. de Saint-Pétersbourg, t. XXVII, n" 13, 1880).
(3) Afanassief, Bull, de lAcad. imp. des se. de Saint-Pétersbourg, 18G8,
VII, p. 5.
H. ÉTUDES. — se. NAT. XXIX. 17. — AUT. N" 5.
62 M. DIVAL.
clatiire de cavité primaire et cavité secondaire de segmciila-
tion (1).
Sans doute, vu leur mode de formation, chacune de ces
cavités mérite le nom de cavité de segmentation, puisque clia-
cune d'elles est produite en définitive par la fusion de sillons
horizontaux de segmentation. Mais en embryologie on ne
saurait nommer les parties en considérant uniquement leurs
rapports chez un être donné; il faut aussi faire entrer en ligne
de compte les considérations d'embryologie comparée, afin
d'assigner aux parties leur signification morphologique géné-
rale. Or, à ce point de vue, la première cavité, celle que nous
avons nommée cavité de segmentation, mérite bien ce nom
par homologie avec la cavité semblable qui apparaît dans
l'œuf de l'amphioxus, comme dans celui des batraciens, au
milieu de la masse des sphères de segmentation. Mais la
seconde cavité, celle que nous avons appelée avec la très
grande majorité des embryologistes cavité sous-germinale, a
une tout autre signification, une tout autre homologie. Elle
correspond à la future cavité intestinale, comme le démontre
le développement ultérieur; elle est l'homologue de la cavité
d'invagination de l'œuf de l'amphioxus, et, si elle ne résulte
pas d'un processus qui rappelle cette invagination, elle rap-
pelle la formation de cette même cavité chez les batraciens,
où il y a à la fois une sorte d'invagination et à la fois simple
(1) Molta-Maia a également observé {op. cit., dans les Mittheilungcn aus
dcm Eitibrijol. Iiistit. inWien., 1877, t. I, p. 90) la cavité Je segmentation sur
un œuf de tourterelle non fécondé, fraîchement pondu. Après l'avoir décrite
mieux qu'il ne la figure (les dessins qui accompagnent son mémoire sont évi-
demment très défectueux), il ajoute : ot Cette fente doit évidemment être consi-
dérée comme l'homologue de ce qu'on nomme la cavité de segmentation de
Bacr. 11 est rcmar(|uable que cette cavité se retrouve dans l'œuf non fécondé
en voie de segmentation et qu'elle manque dans les conditions ordinaires. Celte
disposition rappelle celle de la cavité de segmentation que Schenk a constatée
sur l'œuf de la Rajd quadriniaculata, pris dans l'intérieur de l'oviducte; et
cependant, sur l'œuf de la torpille, Schulz n'a pas retrouvé cette fente. »
(Sclienck. Die Eier von Raja quadrimaculata inncrhalb dcr Eileitdr ; Sitz-
ungsh. dcr Kais. Akad. d. Wisscnscll. in Wien., 187;». — Schulz, in AiXih f.
mikrosk. Anat.. I87(i,t. XIII, fasc. 3.)
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME, 63
soLilôveineiiL crime partie des s{3hères sous-jacentes à la cavité
de segmentation , soulèvement par lequel les éléments qui
doivent constituer l'entoderme viennent s'appliquer à la face
inférieure de l'ectoderme. [Le véritable nom de cette cavité
serait donc celui de cavité intestinale, ou cavité d'invagina-
tion, ou cavité de la gastrula, pour employer les expressions
appliquées d'une manière si heureuse par Hœkel aux forma-
tions successives des œufs holoblastiques à segmentation
totale. Cependant nous préférons conserver le nom de cavité
sous-germimde, qui est plus consacré par l'usage et ne pré-
juge rien sur des homologies assez délicates à établir, quoique
bien certaines à nos yeux.
Notre intention n'est pas d'exposer ici toutes les considéra-
tions qui plaident en faveur de l'homologie de la cavité sous-
gerininale du poulet avec la cavité d'invagination gastruléenne,
telle qu'on la trouve chez la grenouille. Mais nous devons
cependant nous arrêter sur quelques-unes de ces considéra-
tions, sur celles précisément qui sont i-elatives aux détails
complémentaires qu'il nous reste à donnei" à propos des
blastodermes représentés dans les figures 8, 9, 10, 12
et 13.
Sur l'œuf de la grenouille, lorsque la cavité intestinale d'in-
vagination est formée, elle est limitée en haut par une couche
entodermique qui a son homologue dans la masse entoder-
mique {in^) de la figure 10, et en bas par une masse de grosses
sphères de segmentation, qui plus tard formeront l'épaisse
couche entodermique de la paroi antérieure de l'intestin ; on
sait qu'à ce moment cette masse de cellules vitellines de l'in-
testin est pour la larve de grenouille une sorte de vésicule
ombilicale, c'est-à-dire précisément l'homologue de la masse
vitelline qui forme chez le poulet le plancher de la cavité de
segmentation. Tant qu'on n'avait pas constaté que ce plan-
cher renferme des noyaux libres, avec commencement d'indi-
cation de segmentation, c'est-à-dire commencement de ditTé-
renciation, en cellules, de la partie de vitellus voisine de
chaque noyau, il était difficile d'arriver à comparer l'ento-^
64 M. DUVAL.
derme de la paroi intestinale inférieure de l'œuf de la gre-
nouille avec le vitellus sous-jacent à la cavité de segmentation
du poulet. Mais la comparaison paraît toute naturelle du
moment qu'on voit ce vitellus parsemé de noyaux, c'est-à-dire
représentant, pour ainsi dire en puissance, des cellules ou
sphères de segmentation, car toute la différence consiste alors
en ceci que, dans ces parties homolog.ues chez le batracien
et l'oiseau, celle des batraciens est déjà segmentée, tandis que
celle de l'oiseau est sur le point de l'être. Et en effet tous les
auteurs ont constaté que, sur l'œuf de poule fraîchement
pondu et pendant les premières heures de l'incubation, il se
forme sur le plancher de la cavité sous-germinative des sortes
de bourgeons qui s'isolent bientôt et constituent ainsi de
grosses sphères de segmentation dont est parsemé ce plan-
cher. Nous avons déjà parlé des théories qui font jouer un
rôle spécial à ces sphères (voy. p. 50) ; pour notre part, nous
sommes amené à penser que celles qui se développent vers les
parties médianes du plancher ne servent à rien et finissent
par être résorbées, comme le sont du reste les cellules vitel-
lines de l'épaisse couche entodermique de la paroi inférieure
de l'intestin de la grenouille. Du reste, il ne se forme jamais
que peu de ces sphères de segmentation secondaire sur la
partie moyenne du plancher de la cavité sous-germinule. Soit
que les noyaux, assez rares, qu'on trouve dans cette région au
stade représenté par la figure 10, demeurent pour ainsi dire
stériles, soit qu'ils émigrent vers la périphérie pour se joindre
à ceux plus nombreux qu'on trouve sur les bords de ce plan-
cher, toujours est-il que c'est sur ces parties marginales,
correspondant aux bords du blastoderme, qu'on voit ulté-
rieurement se former le plus grand nombre de sphères de
segmentation secondaire, et celles-ci prennent, nous le ver-
rons plus tard, une part importante au développement en
s'incorporant au feuillet inférieur du blastoderme, ou, pour
mieux dire, en se juxtaposant aux bords de ce feuillet pour
produire son extension périphérique. Tout cela, nous le répé-
tons, ne s'observe que beaucoup plus tard, dans le stade
ARTICLE iN" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 65
que nous appellerons stade du bourrelet entodermo-vitellin.
Mais déjà au stade qui nous occupe en ce moment (fig. 10),
c'est-à-dire lorsque la cavité sous-germinale vient de se con-
stituer définitivement, on voit presque toujours, sur les coupes
médianes antéro-postérieures, des sphères de segmentation
secondaire se produire sur la lèvre postérieure du plancher
de la cavité sous-germinale, contre l'extrémité postérieure du
blastoderme, et se déplacer en devenant libres entre ce rebord
du plancher et l'extrémité du blastoderme, dépassant souvent
le niveau de la limite supérieure de l'ectoderme, de manière
à venir toucher la membrane vitelline et môme la soulever
très légèrement. Cet état de choses, que la figure 10 (en g)
représente très exactement, nous l'avons trouvé aussi bien
sur les œufs de poule (pas d'une manière constante) que sur
les œufs de petits oiseaux tels que rossignols, fauvettes, serins,
perruches ondulées. Mais ce n'est que sur les œufs de petits
oiseaux, et notamment sur un œuf de rossignol (non fécondé
et fraîchement pondu) que nous avons constaté des disposi-
tions plus complètes, capables de nous donner la clef, c'est-à-
dire l'homologie des formations en question. Nous décrirons
donc d'abord ce blastoderme vu en surface, puis en coupe, et
nous donnerons ensuite la seule interprétation qui nous pa-
raisse convenir.
La figure 13 représente cet œuf tel qu'il s'offrait après que
quelques gouttes de solution osmique eurent agi sur sa cica-
tricule ; nous n'avons figuré le contour de la coquille [cq) et
celui du jaune (SJ) que pour indiquer la place du gros bout
de l'œuf et orienter ainsi la future extrémité postérieure du
blastoderme. On voit que le blastoderme se présente ici,
comme d'ordinaire, sous la forme d'une tache circulaire (noire
par l'action de l'acide osmique) et à bords nettement limités;
mais qu'en arrière (en p) ce bord est comme échancré, for-
mant une petite encoche, dans la concavité de laquelle se
dessinent plusieurs points noirs, comme si le bord du blasto-
derme s'émiettait en ce point. La figure 10 représente la
coupe longitudinale médiane et antéro-postérieure faite sur
66^ 11. DUVAI..
ce blastoderme, et on y voit aussitôt ce que sont en réalité
ces petites taches noires qui taisaient croire précédemment à
une sorte d'émiettement du blastoderme; elles ne sont autre
chose que les sphères de segmentation secondaire produites
sur la lèvre postérieure du plancher de la cavité sous-germi-
native, telles que nous les avons décrites quelques lignes plus
haut. Ces globules ne proviennent donc pas du blastoderme
lui-même, mais du vitellus. La figure 11 représente deux de
ces globules vus à un fort grossissement, et montre que ce sont
bien des sphères de segmentation, des cellules, car l'une
d'elles présente un noyau très net en son centre.
Jamais, dans les stades antérieurs, nous n'avons rencontré
cette forme du disque blastodermique, cette échancrure à son
extrémité postérieure; mais celle-ci nous a paru quelquefois,
dans des stades semblables à celui qui nous occupe, un peu
moins arrondie que l'extrémité antérieure, parfois formée,
sur une très petite étendue, par une ligne droite. Nous croyons
pouvoir en conclure que, en s'étendanten surface, c'est-à-dire
en s'étalant sur le vitellus, extension qui commence déjà au
stade de la figure 8 et s'accentue surtout ultérieurement,
comme le montre la figure 14 (ces deux figures sont au même
grossissement de 40 à 50 fois), nous pouvons en conclure,
disons-nous, que pendant son extension le blastoderme pré-
sente à son extrémité postérieure deux petites régions, situées
de chaque côté de l'extrémité correspondante du diamètre
antéro-postérieur, qui s'étendent plus vite que la partie qui
leur est interposée, et arrivent ainsi à figurer comme les deux
petites cornes d'une échancrure en croissant. C'est dans cette
échancrure que se trouvent les sphères de segmentation secon-
daire représentées figures 10 et 11 , et qui se traduisaient
comme des points noirs sur la préparation de la figure 10.
Nous disons que nous croyons devoir proposer cette interpré-
tation, et nous devrions la proposer sous la forme d'une hypo-
thèse timide, si nous n'avions comme éléments d'étude que
des pièces relatives au stade représenté par les figures 10 et
13; mais les observations faites dans les stades suivants
ARTICLE N" 5.
FORMATION PU BLASTODERME. 67
viennent absolumenL confirmer celte hypothèse et donner la
signification générale d'une série de transformations qui ont
pour point de départ la disposition que nous venons de dé-
crire, et pour résultat final la formation de la ligne primitive.
Cette échancrure en croissant, située à l'extrémité posté-
rieure du blastoderme, au moment où vient de se former la
cavité sous-germinale, cette échancrure a donc une grande
importance, d'autant que, s'il n'est pas possible de toujours
la constater, on trouve toujours ultérieurement dos disposi-
tions montrant qu'elle a pu exister d'une manière très transi-
toire, ou que du moins, si elle fait défaut comme première
phase d'une série de transformations du bord postérieur du
blastoderme, les autres phases de cette série se déroulent
cependant, c'est-à-dire qu'il y a eu seulement abréviation
dans le début des phénomènes en question. Il nous faut donc
donner à cette échancrure une dénomination brève qui facilite
l'exposé des faits. Nous croyons être en mesure de chercher
cette dénomination dans l'homologie de cette partie avec une
formation semblable de l'œuf des batraciens.
On sait que la cavité intestinale de l'œuf du batracien,
cavité qui est l'homologue de la cavité sous-germinale de l'oi-
seau, communique avec l'extérieur, au niveau de son extré-
mité postérieure, par un orifice dit anus de Rusconi; que cet
orifice circulaire n'est, lors de l'apparition de ses premiers
rudiments, circonscrit que sur son bord antérieur et dessine
alors, en arrière de Ja partie de l'œuf où apparaîtra le pre-
mier rudiment de l'embryon, une échancrure en forme de
croissant, le croissant rusconien; ce croissant forme une lèvre
sur laquelle le feuillet externe ou ectoderme se replie pour se
continuer avec le feuillet interne ou entoderme; en arrière,
là où l'orifice rusconien n'est pas encore nettement dessiné,
il est limité par les grosses sphères de segmentation qui sont,
comme nous l'avons répété plusieurs fois, l'homologue du
vitellus parsemé de noyaux, qui forme le plancher et surtout
les bords du plancher de la cavité sous-germinale. Or toutes
ces dispositions se retrouvent pour notre échancrure en crois-
68 11. Dl"VAL.
sant du bord postérieur du blastoderme de l'oiseau. Nous
venons de rappeler l'homologie entre le vitellus à noyaux qui
le limite en arrière et les cellules vitellines qui affectent les
mêmes rapports avec le croissant rusconien de la grenouille.
Mais chez l'oiseau le croissant ne forme-t-ilpas également une
lèvre épaisse au niveau de laquelle l'ectoderme se continue
avec l'entoderme? En suivant cette lèvre de haut en bas, n'ar-
rivons-nous pas dans la cavité sous-germinale, homologue de
la cavité intestinale primitive du batracien? Nous sommes
donc autorisés dès maintenant à employer ici l'expression de
croissant rusconien aussi bien que pour l'œuf de la grenouille.
Mais ce n'est pas tout, pendant que le croissant rusconien
du batracien se complète pour devenir l'orifice circulaire dit
anus de Rusconi, une petite masse des cellules vitellines cor-
respondant à son bord postérieur, au lieu d'être refoulée en
dedans, comme tout le reste de ces cellules vitellines, se sou-
lève et vient faire saillie en arrière du croissant, puis plus
tard, circonscrite par l'anus de Rusconi, y fait hernie sous
forme d'un bouchon blanc, connu sous le nom de bouchon de
Ecker. Or les sphères de segmentation secondaire figurées en
n et fj, dans la figure 10, présentent précisément, il n'est pas
besoin de le récapituler par le détail, tous les rapports qui
établissent leur homologie parfaite avec les cellules vitellines
du bouchon de Ecker. Nous croyons donc, pour rappeler cette
homologie, pouvoir donner le nom de globules de Ecker aux
sphères de segmentation secondaire qui occupent la situation
précédemment définie.
Ces globules de Ecker méritent de nous arrêter un instant.
Nous devons en effet faire remarquer que déjà en 1878 nous
avions observé ces globules (1) dans une autre situation, à une
autre phase du développement, et que nous avions alors été
amené à leur donner un nom tiré simplement de leurs rap-
ports, puisque alors nous ne connaissions rien de leur origine
ni de leur homologie. En effet, nous avions nommé globules
(1) Études sur la ligne primitive, p. 16 et 17.
ARTICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 69
épiaxiaux les globules qui, dans le fond de la gouttière de la
ligne primitive, forment parfois une traînée (fdament épiaxial)
entrevue déjà par de Baer, mieux décrite par Dursy, et
considérée à tort comme un rudiment de la corde dorsale (à
l'époque où on confondait encore la gouttière primitive avec
la gouttière médullaire). « Nous ne pouvons rien dire, ajou-
tions-nous alors (op. cit.^ p. 17), de l'origine de ces éléments...
mais cette considération qu'ils ne possèdent point de noyau,
doit portera les considérer comme ne jouant qu'un rôle peu
important dans le développement : l'embryologie comparée
apportera sans doute des éclaircissements à cette question ;
tout au plus peut-on, pour le moment, émettre l'hypothèse
que ces globules épiaxiaux représentent une sorte d'excrétion,
une matière rejetée au niveau de la gouttière primitive et en
rapport avec les phénomènes actifs de prolifération qui se
passent au niveau de cette gouttière. »
Mais, bientôt après la publication de ce mémoire, nous con-
stations sur l'œuf du crapaud en voie de développement des
faits semblables à ceux que nous avions décrits pour les glo-
bules épiaxiaux des oiseaux. Nous avions vu (Société de biolo-
gie, 3 avril 1880) que, sur le crapaud, une partie, sinon la
totalité du bouchon de Ecker, au lieu d'ôlre refoulée dans
l'intérieur, comme cela a lieu pour la grenouille, devient
libre et s'étale en une traînée blanche plus ou moins régulière
reposant dans le fond d'une gouttière ou fente longitudinale
qui résulte des transformations ultimes de l'anus de Rnsconi.
Nous trouvions donc ici, comme pour le poulet, des globules
épiaxiaux, et ici l'origine entodermique de ces globules était
évidente. Restait à démontrer une semblable origine pour les
globules épiaxiaux du blastoderme du poulet. C'est ce à quoi
nous sommes arrivé actuellement, car il nous a été donné de
voir sur un certain nombre de pièces les globules, représentés
en ng dans la figure 10, demeurer au-dessus du niveau supé-
rieur du blastoderme, et, à mesure que se forme la ligne pri-
mitive, venir reposer sur le fond de sa gouttière. Nous verrons
même que, pendant le développement de la ligne primitive.
/^
. i
V
70 11. DrvAL.
les dispositions sont telles que parfois de nouveaux globules,
c'est-à-dire des fragments du vitellus parsemé de noyaux,
doivent venir se joindre aux globules semblables déjà sortis,
de manière à être en nombre suffisant pour former ces fda-
ments épiaxiaux très développés que Dursy décrit comme on-
dulés et môme tortillés en tire-bouchon à l'une de leurs ex-
trémités. Quant à la contradiction qui existe entre nos pre-
mières observations, dans lesquelles nous n'avons pas vu de
noyau dans les globules épiaxiaux, et nos observations ac-
tuelles, où nous constatons la présence d'un noyau dans les
sphères {mj) représentées parles figures 10 et H, cette con-
tradiction n'est qu'apparente et résulte de ce que ces globules,
formant une sorte de masse d'excrétion, cessent sans doute
d'être des éléments vivants, ne sont en tout cas destinés à
prendre aucune part active dans les phénomènes ultérieurs du
développement, et perdent ainsi leur noyau, se réduisant à de
petites masses sphériques, granuleuses, peu régulières et dans
lesquelles on a peine à reconnaître des éléments ayant eu pri-
mitivement la signification de sphères de segmentation, c'est-
à-dire de véritables cellules complètes.
Nous venons, pour montrer les rapports des parties et justi-
fier les dénominations sous lesquelles nous les désignerons
par la suite, nous venons de donner diverses indications anti-
cipées sur les phénomènes du développement, en partant de
l'état représenté dans les figures 10 et 13, c'est-à-dire à pro-
pos du croissant rusconien de l'oiseau. Revenons à ces figures,
à ce croissant, et ne négligeons pas de répéter que nous n'avons
que rarement trouvé la disposition ici représentée ; trois fois
nous l'avons trouvée sur des œufs de petits oiseaux (voy. ci-
dessus, p. 65), vaguement sur un seul œuf de poule. Est-ce à
dire que le blastoderme du poulet ne présente pas de disposi-
tions semblables? Nous ne le pensons pas, car l'examen de cer-
tains blastodermes, présentant un développement anormal (1),
(i) Voy. notre note à la Société de l)iologie {U ombilic blastoder inique et
Vanna de Rusconi, 8 et 15 mai 1880).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 7i
nous a permis, à diverses reprises, de trouver, sur la ligne pri-'
mitive du poulet complètement formée, une perforation qui doit
être le reste d'un véritable orifice rusconien ayant existé anté-
rieurement, et qui avait dû lui-même être précédé delà forma-
tion d'un croissant rusconien. Mais, si nous n'avons pas nous-
même observé sur le blastoderme du poulet l'état dit de crois-
sant rusconien, nous trouvons, en dépouillant les observations
d'Œllacher, un cas qui certainement représente le stade de
début du croissant rusconien. Il s'agit (ŒUacher, op. cit.,
Zeitschrift. f-wissenschft. Zool., t. XIII, 1872) d'un œuf non
fécondé, recueilli dans l'ovidiicte d'une poule, œuf qui était
déjà revêtu d'une coquille résistante, mais très mince, ce La ci-
catricule de cet œuf, dit Œllacber (p. 31), présentait un as-
pect tout particulier; elle n'était pas circulaire, mais en crois-
sant, c'est-à-dire figurant un demi-disque, qui, du côté de son
bord convexe seulement, était nettement circonscrit par le
vitellus blanc, tandis que vers son côté rectiligne la limite
n'était pas si nette, comme si en cette région le vitellus blanc
était mêlé soit à des éléments du jaune, soit à des éléments du
germe lui-môme (1). » Cette cicatricule, destinée à être étudiée
en coupes fixes, fut sectionnée perpendiculairement à son côté
rectiligne; sur les coupes médianes on voyait qu'elle était com-
posée d'éléments bien circonscrits de tous côtés et assez irré-
guliers de forme. Sur une extrémité de la coupe (côté gauche
de la figure donnée par Œllacber), ce blastoderme était mince
et se terminait en pointe ; à l'autre extrémité, il était plus de
deux fois plus épais et très nettement circonscrit. Or Œllacber
ajoute que l'extrémité amincie sur la coupe correspondait au
bord curviligne sur la cicatricule vue en surface, l'extrémité
' épaisse au bord rectiligne, c'est-à-dire qu'il s'agit d'une pré-
paration très analogue à celle représentée dans notre figure 10
(moins les éléments désignés par les lettres ng) et que l'extré-
mité mince de la coupe correspondait à la future région anté-
rieure, l'extrémité épaisse à la future région postérieure. Cette
(1) Comparez avec l'aspect que présente la partie postérieure de la cicatri-
cule représenté dans la figure dS de notre planche I.
72 M. DU VAL.
future région postérieure était, sur la vue en surface, limitée
non par une ligne convexe, mais par une ligne droite : que les
extrémités de cette ligne droite se fussent un peu prolongées
en arrière, et nous serions en présence d'une forme identique
à celle représentée dans notre figure 13. Œllacher aurait donc
eu la bonne fortune de se trouver en présence du stade qui
précède immédiatement celui de notre figure 13, et en effet, il
décrit le blastoderme en question comme formé de très gros
éléments de segmentation, c'est-à-dire comme moins avancé
en développement que les cicatricules de petits oiseaux sur
lesquelles nous avons pu observer le croissant rusconien.
Pour le dire en passant, ce n'est pas là le seul cas dans
lequel cet auteur nous représente des coupes antéro-posté-
rieures, dans lesquelles, quoiqu'il n'ait pas toujours signalé
cette orientation, nous reconnaissons la future région posté-
rieure et la future région antérieure. Sa figure 2 (coupe mé-
diane d'après un œuf non fécondé fraîchement pondu) est à
peu près identique à notre figure 8, ou mieux intermédiaire
à nos figures 8 et 10. Mais dans la plupart des autres coupes
représentées par lui, l'orientation n'est plus possible, soit que
les coupes aient été faites transversalement, soit que, longi-
ludinalement dirigées (d'avant en arrière), elles appartiennent
non au centre, mais aux parties latérales du blastoderme. Ainsi
notre figure 12 représente une coupe latérale antéro-posté-
rieure appartenant au même blastoderme que la figure 10, et
cependant il est impossible d'y reconnaître la région antérieure
et la région postérieure, la coupe ayant à peu près la même
épaisseur à chacune de ses extrémités, c'est-à-dire ne pré-
sentant plus la forme en massue si caractérisée dans les
figures 8 et 10.
IV. — Stade de la formation du bourrelet
BLASTODERMIQUE.
Le stade que nous allons étudier va nous faire assister
aux transformations qui, du blastoderme tel qu'il est repré-
ARTICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 73
sente dans la figure iO, nous amènent aux blastodermes des
figures 17 et •â'â, lesquels ont été étudiés dès le début sous le
nom de blastodermes pourvus d'un bourrelet marginal. Et en
effet, nous allons assister à la formation de ce bourrelet mar-
ginal [bourrelet bîastodermique).
Les transformations en question ont essentiellement pour
cause une extension du blastoderme en surface, extension qui
a lieu aux dépens du blastoderme lui-même, sans adjonction
d'éléments empruntés au vitellus blanc. Ainsi, dans les stades
antérieurs, le blastoderme en voie de formation avait, d'une
manière continue, quoique lente, augmenté d'étendue, car il
a des dimensions antéro-postérieures plus considérables dans
la figures 10 que dans la figure 7 (1); mais ici l'accroissement
s'était fliit par une adjonction incessante de nouvelles sphères
de segmentation détachées du vitellus, c'est-à-dire aux dépens
de celui-ci. Au contraire, du moment que la cavité sous-ger-
minale est bien formée et délimitée, les quelques rares sphères
de segmentation qui peuvent encore se détacher de son plan-
cher et peut-être se joindre au feuillet inférieur du blasto-
derme, ne jouent pas de rôle sensible dans l'accroissement de
celui-ci, qui, pendant un certain temps, ne s'accroîtra plus
que par le fait de la division et de l'étalement en surface des
éléments cellulaires qu'il renferme (nous verrons ultérieure-
ment que ce mode d'accroissement sera toujours celui du
feuillet externe, tandis qu'à un moment donné le feuillet in-
terne recommence à s'étendre par adjonction d'éléments em-
pruntés au vitellus : entoderme viteUui). Ce n'est pas à dire
(1) On pourrait faire remarquer que ces deux ligures ne sont pas compa-
rables, puisque l'une est d'une cicatricule de faisan (lig-. 7), et l'autre d'une
cicatricule de rossignol (lig. 10) ; mais, comme l'œuf du faisan est plus gros
et sa cicatricule, j»our un même stade, plus grosse que celle du rossignol pour
le même stade, il en résulte que la différence d'étendue constatée ici entre les
blastodermes des ligures 10 et 7 est en réalité plus grande qu'elle ne se pré-
sente sur ces dessins, c'est-à-dire que si, au lieu d'avoir représenté dans la
figure 10 un blastoderme de rossignol, nous avions pu donner un blastoderme
de faisan, les différences de dimensions en faveur de la ligure 10 seraient
encore plus sensibles.
74 11. «UVAL.
qu'aiitérieuremeiit, pendanL la Ibrmalion et de la cavité de
segmentation et de la cavité sous-germinale, les éléments qui
constituent le blastoderme ne contribuent pas à son extension
en se multipliant par voie de division (division mise en évi-
dence notamment par la diminution de volume de ces éléments
à mesure qu'on les examine dans des stades de plus en plus
avancés) (i), mais cette multiplication ne prend qu'une part
très secondaire à l'extension du blastoderme, tandis qu'elle
en devient la source prédominante au stade qui va nous oc-
cuper.
Au stade actuel, c'est surtout le feuillet externe qui parait
être le siège d'une active prolifération cellulaire, et les éléments
ainsi produits demeurant juxtaposés en une seule couche, il en
résulte que ce feuillet externe ou ectoderme doit s'étendre
largement en surface. C'est ce que montre la comparaison des
ligures 10 (pi. I) et 14 (pi. II). Ces figures étant dessinées au
même grossissement (environ 45 fois), on voit que le blasto-
derme de la figure 14 présente, dans le sensantéro-postérieur,
un diamètre qui est presque double de celui de la figure 8; il
ne faudrait pas s'en rapporter à cette proportion qui serait
beaucoup trop élevée pour exprimer la valeur réelle de l'ac-
croissement d'extension produit pendant le court espace de
temps qui sépare les deux stades correspondant à chacune de
ces figures; ici en effet, l'une des figures appartient àun blasto-
derme de serin (fig. 8) et l'autre à un blastoderme de poulet.
Quand on compare l'étendue en diamètre de deux blasto-
dermes de poulet appartenant chacun à l'un des stades repré-
sentés par les figures en question, on voit que ce diamètre n'a
pas doublé, mais seulement augmenté d'un tiers ou seulement
(1) Dans la figure 2, lors de l'apparition de la cavilé de segmentation, les
segments placés au-dessus de cette cavité (ectoderme) mesurent presque 2/10 de
millimètre en diamètre; dans la figure 7, ces mêmes éléments ectodermiques
ont 3/100 de millimètre en diamètre; les gros segments de la masse entoder-
mique mesurant 5/100 de millimètre dans les couches superficielles (sous-
jacentes à la cavilé de segmentation) et 7 à 8/100 dans les couches profondes.
Dans la figure 8, les petits segments ont un diamètre de 2/100 de millimètre,
et les gros de 5/lOO^de millimètre en moyenne.
ARTICLE N« 5.
FOllMATIO.N DU BLASTODEUME. 75
d'un (jiual^ un passant de la l'orme de la ligure 8 à la l'unnu de
la fleure 14.
Corrélativement à cette extension du feuillet exlei'ne ou
ectoderme, la masse sous-jacente ou entodermique a dû
suivre, et, étant sans doute le siège d'une prolifération cellu-
laire moins active, s'étaler avec écartement de ses cellules
constitutives, comme le représente la figure 14. A vrai dire,
nous n'attachons pas en somme une très grande importance
à cette interprétation, dans laquelle nous invoquons un plus
rapide développement du feuillet externe, qui, dans ce mou-
vement d'extension, serait actif par rapport à la masse ento-
dermique qui serait passive, en raison de ce que ses élé-
ments se multi|)lieraient moins abondamment. Cette manière
d'exprimer les choses correspond bien aux dispositions qui se
révèlent sui' les coupes, et nous l'avons adoptée parce qu'ici
nous n'avions aucune raison de nous écarter de ce qui est à
peu près classiquement admis par tous les auteurs. « En ce
qui touche l'accroissement de la cicatricule, dit Kolliker
(p. 82), le blastoderme a, en général, dans l'œuf frais pondu
i millimètre de plus en diamètre que dans les stades du milieu
de la segmentation, et si on en recherche la raison, la prompte
constitution de l'ectoderme prouve bien que c'est avant tout à
la couche la plus superficielle des cellules de segmentation
qu'il faut rapporter l'augmentation des dimensions du disque
prolifère. Je crois avoir raison d'admettre que, pendant ((ue la
couche externe croît en superficie, les cellules plus profondes
changent de place. »
Mais, par contre, nous nous prononçons aussi énergique-
ment que possible contre l'interprétation suivante, récemment
émise par M. Woltf (1) : a Le blastoderme, qui d'abord était
lenticulaire, change de forme lorsque l'œuf arrive dans la
partie inférieure de l'oviducte. Il devient plus mince au centre
que sur les bords, ce qui est dû à la formation du feuillet
(\) \V. Wolff, Ueher die Kcimblattcr da Ilulincs {Arcli. f. niikiosk. Anat.,
188-2, t. XXI, p. 47).
76 II. DU VAL.
externe. En effet les éléments du feuillet profond se déplacent
pour venir à la superficie et prendre part à la constitution du
feuillet. Sur l'œuf fraîchement pondu on trouve un feuillet
externe bien développé... Mais il est difficile de dire s'il ren-
ferme déjà tous les éléments qui doivent le composer, ou bien
si, dans le cours ultérieur du développement, il doit encore
en recevoir qui viendraient de la masse des sphères de segmen-
tation sous-jacentes. » Or, s'il est une question où tous les
embryologistes se trouvent d'accord, c'est certainement celle
de la parfaite et définitive séparation, sur l'œuf fraîchement
pondu, du feuillet ectodermique d'avec la masse sous-jacente,
surtout dans les régions centrales du blastoderme. 11 est donc
fâcheux de voir remettre en question des faits qui, en dehors
du consensus des auteurs, ressortent avec la dernière évidence
de l'examen de bonnes préparations, telles que les progrès de
la technique histologique permettent de les obtenir aujour-
d'hui. Ajoutons que, si M. Wolff n'avait pas confondu la cavité
sous-gerniinale avec la cavité de segmentation, si même, sans
avoir aperçu cette dernière, il avait remarqué la fente qui en
occupe la place, il se serait convaincu que dès le stade de la
fin de la segmentation le feuillet externe est distinct, et n'a
plus rien à recevoir de la masse sous-jacente, son accroisse-
ment en surface se faisant dès lors uniquement par multiplica-
tion des cellules qui lui appartiennent en propre. On voit donc
que la constatation d'une véritable cavité de segmentation
(ci-dessus, p. 50) est chose importante pour l'intelligence de
la première différenciation du blastoderme en feuillets.
Quoi qu'il en soit, le blastoderme qui, sur les coupes du
stade de la figure 10, avait la forme d'une massue, ou, d'une
manière plus générale, d'une lentille fortement convexe à sa
face inférieure (aspect des coupes transversales, ou des coupes
longitudinales non médianes), le blastoderme au stade de la
ligure 14 devient plat, et, même sur les coupes médianes
antéro-postérieures, ne présente plus rien qui rappelle la forme
en massue à grosse extrémité dirigée en arrière. Mais dans
cet aplatissement, qui résulte d'une modification de forme de
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 77
la masse entodeniiique, dilTérentes sont les dispositions qu'on
constate dans la partie moyenne centrale de cette masse, et
dans ses parties périphériques, dans ses bords.
Dans sa partie centrale la masse entodermique se dissocie
pour ainsi dire, les éléments de ses couches profondes s'écar-
tant les uns des autres et se présentant sous la forme de
sphères de segmentation de volumes très divers, parsemées au
milieu du liquide albumineux qui remplit la cnpule de la ca-
vité sous-germinale. C'est alors qu'il est difficile, parmi les
plus profonds de ces éléments, de distinguer ceux qui faisaient
primitivement partie du blastoderme, de ceux qui peuvent
venir s'ajouter à lui, et seraient les produits d'une segmenta-
tion secondaire s'opérant sur le plancher de la cavité aux dé-
pens du vitellus blanc parsemé de noyaux. Nous avons déjà,
par avance, parlé de cette segmentation secondaire, et montré
que pour le moment elle est trop limitée pour avoir une réelle
importance, ane part dont il y ait à tenir compte dans la for-
mation du blastoderme. Nous avons surtout insisté sur ce fait
que les éléments ainsi produits n'ont rien de spécial quant à
leur destinée future (voy. p. 5*2). Les éléments des couches
supérieures de la masse entodermique, éléments plus petits,
parmi lesquels on en retrouve rarement qui soient restés à
l'état de grosses sphères de segmentation à contenu grossière-
ment granuleux, s'écartent moins les uns des autres, et tendent
à se grouper en tractus continus, ébauchant par places une
membrane semblable à celle qui représentera plus tard
(fig. 17) l'entoderme primitif, lorsque les autres éléments,
placés plus bas, viendront s'ajouter à ceux-ci et former le tissu
lacuneux, réticulé, précédemment décrit (p. 33) à propos de
la figure 17.
Dans les parties périphériques, sur les bords, au contraire,
les modifications sont nulles au premier abord; pai' un exa-
men attentif on constate seulement que rectodermc s'est un
peu plus nettement différencié presque jusque sur les points
les plus périphériques, de sorte qu'une couche ectodermique
bien caractérisée est visible sur toute l'étendue du blasto-
H. ÉTUDES. — se. NAT. WIX- 18 — AHÏ N' 5.
78 M. WIVAL.
derme. Mais dans les couches profondes, dans la niasse eulo-
dermiqiie priniilive, aucune modification ne s'est produite, et
les cellules, à mesure qu'elles s'y divisent et s'y multiplient,
restent en contact les unes avec les autres.
Il est dès lors facile de comprendre comment, de la forme
représentée figure 14, se fait le passage à la première forme
que nous avons représentée dans la figure 17, comme type du
blastoderme de l'œuf fécondé, fraîchement pondu et non
incubé. Les bords du blastoderme (masse entodermique)
restent compacts et épais, et constituent le hourrelcl hlastoder-
mique (fig. 18 et ^0); dans la partie centrale la masse ento-
dermique s'étale de j)lus en plus, et, par groupement de
ses éléments ou tractus sous-jacents à l'ectodermc corres-
pondant, se transforme en ce feuillet entodermique primitif,
tel qu'on le trouve sur l'onif pondu, dans les conditions nor-
males.
Telle est l'origine dn bourrelet blastodermique. Ce n'est pas
un épaississement qui se produit sur les bords du blastoderme.
Ces bords restent ce qu'ils étaient auparavant; seulement, au-
paravant le bord du blastoderme était mince par rapport au
centre qui était très épais ; actuellement ce centre s'est aminci ;
la lentille, convexe à sa face inférieure, est devenue concave
sur cette môme face, et par suite le bord, qui n'a pas changé,
est devenu relativement plus épais et méi'ite le nom de bour-
relet blastodermique. Nous ne saurions donc nous rangera
l'opinon des auteurs qui expliquent la formation de ce bour-
relet par une migration des cellules de la masse entoder-
mique, cellules qui, de la région moyenne du blastoderme,
seraient refoulées sur les côtés (Kolliker, p. 8*2) .
A ce moment (fig. 14) le bourrelet blastodermique présente
déjà, sur les coupes médianes antéro-postérieures, la disposi-
tion qui, sur l'œuf fécondé fraîchement pondu, caractérise la
future extrémité antérieure et la future extrémité postérieure;
il est plus épais et plus lai-ge à cette dernière extrémité, plus
mince et plus étroit à la première. Ceci n'est pas le résultat
d'une transfoi'malion actuelle des bords du blastodei'ine; c'est
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 7U
une difTérence qui existait déjà alors que l'eiiseinble du blasto-
derme figurait une lentille convexe à sa face inférieure; alors,
nous l'avons vu, cette lentille convexe était beaucoup plus
épaisse en arrière qu'en avant (fig. 10), au point que nous
avons pu comparer la forme de sa section à une massue dont
la grosse extrémité serait dirigée en arrière. Quand la partie
centrale du blastoderme s'est amincie, creusée, rien n'étant
changé pour ses bords, nous voyons que, sur une coupe longi-
tudinale, ce qui reste de la grosse extrémité de la massue,
pour conserver la comparaison précédente, forme la région
postérieure épaisse du bourrelet blastodermique, que ce qui
est resté de sa petite extrémité forme la région antérieure
moins puissante de ce bourrelet.
Aux transformations que nous venons de constater sur des
coupes, correspondent des modifications dans l'aspect exté-
rieur delà cicatricule, examinée en surface à la lumière réflé-
chie. A la fin du stade de segmentation, lorsque la cavité sous-
germinale était produite, la cicatricule se dessinait comme un
disque blanc, abords circulaires bien nets (faisons abstraction
pour le moment de ce qu'il peut y avoir ou non un croissant
rusconien en arrière), disque blanc qui devenait d'une foçon
plus ou moins nelte d'un blanc plus mat en allant de la péri-
phérie au centre, mais sans que ce centre plus blanc se dessi-
nât comme une tache. Ceci correspond bien à l'aspect exté-
rieur que doit avoir une masse plus épaisse au centre qu'à, la
périphérie. Actuellement, les rapports d'intensité de la teinte
blanche dans les diverses zones sont devenus inverses, et, par
ce fait que, au lieu d'un centre épais et d'une marge mince,
nous sommes en présence d'une marge qui compte plus d'as-
sises de cellules que le milieu, ce milieu est d'un blanc moins
éclatant et entouré d'un anneau périphérique plus accusé.
En se reportant à la description que nous avons donnée (p. ,S^2)
de l'aspect extérieur du blastoderme type de l'œuf fécondé
fraîchement pondu, on verra que le centre peut devenir un pim
]dus clair encore, parallèlement à l'amincissement central de
la masse entodermique, ai'rivée tout à fait à l'état de feuillel
80 M, ULVAL.
entodcrmique, et qu'alors une partie plus blaiiclie peut de
nouveau se dessiner au centre du disque, mais sous la l'orme
d'une lâche, et nous avons expliqué que cette tache n'était
autre chose que le noyau de Pander vu par transparence, c'est-
à-dire renvoyant, à travers le centre du blastoderme, la lu-
mière qui lui arrive par ce même chemin : il en résulte que la
tache blanche, présentée par le noyau de Pander, a im aspect
caractéristique, difficile à décrire, mais qui la différencie bien
de ce que nous avons indiqué quelques lignes plus haut comme
coloration blanche plus intense du centre de la cicatricule,
lorsque le blastoderme, à la fm de la segmentation, a la l'orme
d'une lentille épaisse en son centre. Pour donner une idée de
ces deux aspects, dont un observateur exercé fait bien la diffé-
rence, nous dirions volontiers que dans le dernier cas, en
comparant la surface de l'a^uf à celle de l'œil, on aconune
l'impression d'une opacité siégeant dans la cornée, et dans
l'autre cas l'impression d'une opacité produite par le cris-
tallin.
Il nous faut maintenant revenir sur la région postérieure du
blastoderme de la figure 14, examinée soit en surface, soit en
coupe transversale. Les détails que nous avons à décrire ici se
rapportent, on le devine, au croissant rusconien et à sa trans-
formation. Malheureusement nous devons reconnaître que
pour cette partie les résultats que nous avons obtenus, quoique
très nets en eux-mêmes, ne sont peut-être pas suffisants, parce
qu'ils ne sont pas assez nombreux. En effet, c'est souvent en
vain que nous avons examiné des blastodermes au point de
vue qui va nous occuper; dans la plu])art des cas nous n'avons
rien distingué de bien caractéristique : deux fois seulement
nous avons obtenu un résultat frappant.
Un fait qui est constant, sur les vues en surface, c'est que
l'anneau blanc, correspondant au bourrelet blastodermique
envoie d'apparition, est plus épais (plus large), d'un blanc
plus intense en arrière qu'en avant, ce qui correspond bien
aux différences qu'il présente sur la coupe dans ces deux ré-
gions (comparer les régions A et P de la figure 14). Sur cette
AP.TICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 81
partie plus large de l'anneau blanc, nous avons presque toujours
entrevu un dessin particulier, mais mal défini, figurant comme
une encoche de substance blanche opaque; une seule fois, sur
un blastoderme de poulet, cette encoche avait l'aspect net
d'un raphé, comparable à une miniature d'une portion très
courte du raphé abdominal dessiné pai- la ligne blanche au
milieu des aponévroses des muscles de l'abdomen. Malheu-
reusement ce blastoderme fut détruit accidentellement dans
les manipulations de durcissement, et ne put être débité en
coupes. Mais sur un autre blastoderme de poulet, dont il
n'avait pas été pris de dessin en surface, nous avons trouvé
sur les coupes une disposition qui devait répondre à l'aspect
extérieur observé sur le blastoderme pondu. Débité en coupes
transversales d'arrière en avant, ce blastoderme nous montra
des dispositions d'où l'on pouvait conclure à sa parfaite iden-
tité avec le blastoderme représenté dans la figure 14. Or en
arrivant aux dernières coupes, qui terminaient le blastoderme
en arrière, la portion médiane de ces coupes nous montra
la disposition représentée dans la figure 10, c'est-à-dire que,
selon une ligne verticale (enPP, fig. 16), la moitié droite et la
moitié gauche du feuillet externe n'étaient pas continues, mais
s'infléchissaient côte à côte dans la profondeur, pour aller se
continuer insensiblement avec la masse des cellules entoder-
miques : au-dessous de cette partie le vitellus formant la lèvre
de la cavité sous-germinale était légèrement soulevé, et de
chaque côté de ce soulèvement les assises les plus inférieures
de Tentoderme primitif étaient riches en grosses sphères de
segmentation, desquelles nous ne saurions dire si elles appar-
tenaient primitiveiuent au blastoderme, ou si elles résullaient
d'une segmentation secondaire du vitellus correspondant.
Nous serions vraiment embarrassé d'interpréter ces faits,
si nous en étions réduit aux préparations que nous venons de
décrire. Mais nous avons déjà dit que très souvent, dans le
stade décrit antérieurement comme type de l'œuf normal
fécondé, fraîchement pondu, nous avons trouvé des disposi-
tions identiques à celle que nous venons de décrire. Bien
82 M. m VAL.
pins, dans les premières heures de rincubalion, nous trouve-
rons d'une manière constante des dispositions semldables. Ce
que nous venons de voir, alors même que nous ne l'avons
trouvé qu'une l'ois, sur les blastodermes du poulet au stade
de la figure 14, n'est donc pas un fait accidentel, une anoma-
lie ou une dislocation artificielle de la pièce. C'est une pro-
duction constante, mais qui peut apparaître plus ou moins tôt
sur la partie postérieure du bourrelet blastodermique. Pour
arriver à pouvoir déjà indiquer le sens dans lequel devra en
être faite l'interprétation, il nous faut d'abord décrire ce que
nous avons constaté au môme stade sur un œuf de petite
dimension (œuf de rossignol).
Cet œuf, examiné en surface, à la lumière réfléchie, nous
avait présenté un blastoderme avec l'aspect caractéristique du
stade de la figure 14 (ci-dessus, p. 79), avec cette particula-
rité que son extrémité postérieure présentait, dans son anneau
blanc (bourrelet blastodermique) plus épais en cette région,
une véritable perforation. Examiné avec une forte loupe,
cette perforation avait la forme d'une raquette, dont la large
extrémité était dirigée en avant ; la petite extrémité, tournée
en arrière, s'effilait brusquement et se terminait par un trait
court entamant la lèvre externe de l'anneau blanc correspon-
dant au bourrelet blastodermique assez vaguement dessiné.
Nous avons eu cet œuf de rossignol à un moment où nous
étions déjà assez avancé dans ces recherches pour comprendre
riinportance de la pièce où se montraient les dispositions (jue
nous venons de décrire. C'était un œuf (probablement fécondé)
fraîchement pondu; nous avons cherché à retrouver des œufs
de petits oiseaux sur lesquels il fût possible de constater à
nouveau ces particularités; mais nous n'avons réussi ni avec
des œufs non fécondés, ni avec des œufs fécondés et fraîche-
ment pondus, sans doute parce que les premiers ne dépassent
que rarement le stade de développement correspondant au
croissant rusconien, tandis que les seconds ont, au moment de
la ponte, déjà franchi ce stade.
Cette pièce étant donc, au moment où nous voulions pour-
ARTICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 83
suivre activement ces recherches, unique pour nous, nous
l'avons débitée ea coupes qui peuvent servir à la fois comme
coupes longitudinales et comme coupes transversales, c'est-à-
dire que nous avons sectionné obliquement à environ 45 degrés
sur l'axe antéro-postérieur. Nous avons ainsi trouvé, sur les
coupes moyennes de la série, des aspects tout à fait semblables
à celui de la figure 14, ce qui, joint à l'aspect extérieur du
blastoderme, nous autorise à le décrire ici comme appartenant
bien au stade présentement étudié. Or, sur les dernières coupes
de la série, lesquelles équivalaient à des coupes transversales
delà partie postérieure du blastoderme, nous avons trouvé suc-
cessivement, d'abord deux coupes dont l'aspect est reproduit
par la ligure 15, puis quatre coupes se rapprochant successi-
vement des dispositions de la figure IG. Les premières nous
montrent, sans qu'il soit besoin d'y insister davantage, la
section d'un orifice rusconien (anus de Rusconi) résultant de
la transformation du croissant rusconien précédemment dé-
crit; les coupes suivantes nous montrent qu'après circonscrip-
tion de l'orifice rusconien, les lèvres de cet orifice continuent
à marcher en arrière sans se souder complètement, ou du
moins en laissant encore une trace de leur soudure par la
présence de cette encoche (PP, tig. 10) au niveau de laquelle
chaque moitié latérale de la région correspondante de l'ecto-
derme se déprime et s'enfonce pour se continuer n\oc la
masse entodermique; les premières coupes parmi les toutes
dernières montraient, du reste, des formes intermédiaires
entre les dispositions de la figure 15 et celles de la figure 16.
N'oublions pas que, si la figure 16 nous sert en ce moment
pour donner une idée exacte des coupes les plus postérieures
de ce blastoderme de rossignol, cette figure est en réalité la
représentation d'une coupe faite dans la même région d'un
blastoderme de poulet (ci-dessus, p. 81), et que nous avons
remis à plus tard l'explication théorique de cette coupe. Le
moment de cette explication nous semble arrivé, car elle
résulte de ce que nous venons de voir pour le blastoderme de
rossignol. Nous pensons donc (|ue, s'il y a chez le rossignol
84 M. DIVAL.
un véritable orifice rusconien, celte formation est abrégée
chez le poulet, de manière à ne présenter que l'espèce de
suture qui prolonge en arrière l'orifice rusconien. Cette su-
ture, qui n'est autre chose que le début de la ligne priiuitive
(plaque axiale), se montre chez le poulet, soit dès le stade de
la figure 14, soit plus généralement pendant que le blasto-
derme subit les très légères modifications qui, produisant la
formation complète du bourrelet blastodermique, l'amènent
au stade précédemment décrit comme type de la cicatricule
de l'œuf de poulet fécondé et fraîchement pondu.
Nous avons ainsi terminé la première partie du présent
travail, celle où, ayant pris comme point de repère le blasto-
derme de l'œuf fécondé fraîchement pondu, nous avons
recherché comment se produisaient, au cours de la segmenta-
tion et après apparition de la cavité sous-germinale, les dispo-
sitions caractéristiques de ce blastoderme.
Quelques-unes de ces dispositions n'ont pas encore reçu
une explication complète; celle-ci ne pourra résulter que de
l'étude des transformations ultérieures sur l'œuf soumis à
l'incubation; elles seront donc formulées dans la quatrième
partie, sous forme de conclusions^ et aussi dans la troisième
partie, où nous ferons l'analyse critique des travaux de Kœller.
SECONDE PARTIE.
I. — Apparition de l'aire transparente et du rempart
VITELLIN.
On s'étonnera sans doute de ce que nous n'avons pas encore
employé l'expression d'aire transparente et de ce que nous
annonçons, par le titre de ce paragraphe, l'arrivée d'un stade
où va apparaître cette aire transparente. Et cependant nous
avons été précédemment en présence de stades où le centre
du blastoderme était d'un blanc moins mat que son anneau
périphérique, stades dans lesquels quelques auteurs n'hésitent
AllTICLE N» 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 85
pas h employer l'expression tVaire transparente pour le centre
du blastoderme, et celle d'aire opaque pour la zone périphé-
rique formée par le bourrelet blastodermique. Mais nous ne
saurions adopter ces expressions , qui ne deviennent justes
qu'à un certain moment et qui, appliquées ainsi indllFérem-
ment à toutes les périodes du développement, consacreraient
des confusions contre lesquelles nous croyons nécessaire de
réagir.
A l'origine, l'expression iVarea pellucida a été appliquée à
l'aspect que présente le blastoderme lorsqu'il a déjà subi
quelques heures d'incubation. Alors, dans son centre, il pré-
sente une partie claire dont l'aspect est tout à fait comparable
à celui d'une vésicule d'herpès ou d'une ampoule au moment
où son centre vient de se remplir de liquide, de lymphe. Dans
cet aspect, qui commence à se dessiner dans notre figure 30
(pi. III) et qui est parfaitement caractérisé dans la figure 49
(pi. IV), l'œil de l'observateur perçoit l'impression comme
d'une fine membrane reposant sur une cavité remplie de
liquide, cavité relativement profonde, à parois taillées à pic.
Et en efï(3t, en se reportant par exemple à la figure 50
(pi. IV), qui représente en coupe transversale l'aire transpa-
rente de la figure 49, on voit qu'il s'agit bien d'une profonde
cavité sur laquelle est étendue la partie correspondante du
blastoderme; les bords de cette cavité sont taillés à pic dans
le vitellus, et la lèvre supérieure de ces bords s'avance plus ou
moins au-dessus de la cavité. Pour faire usage d'une dénomi-
nation qui rappelle celle employée par lesembryologistes alle-
mands (Keimwall), nous donnerons à ce bord taillé à pic le
nom de rempart viteUin.
Or, dans les stades que nous avons étudiés jusqu'ici, il n'y
avait jamais sous le blastoderme de profonde excavation, il
n'y avait qu'une fente plus ou moins large, dite cavité sous-
gerininale,et pour laquelle (aussi bien dans la figure 14 que
dans les figures iO et 12, et dans les figures 17, 21 , ±2) nous
n'avons jamais eu à parler de bords taillés à pic, en forme de
rempart, mais seulement de rebords formant une lèvre en
<S6 11. nrvAL.
pente très douce. Par suite, jamais le centre du blastoderme
n'avait cet aspect caractéristique de membrane étendue,
comme la pellicule d'une ampoule, sur nue collection liquide.
C'est pourquoi il n'y avait pas à parler jusqu'ici d'aire trans-
parente.
Cependant on pourrait trouver bizarre cette restriction ap-
portée à l'emploi du terme d'aire transparente, en remarquant
qu'en somme la profonde excavation creusée sous le centre
du blastoderme, au moment où nous consentons à employer
le terme en question, n'est autre chose que la cavité sous-ger-
minale agrandie surtout dans le sens vertical, cavité qui existait
si nettement, quoique sous forme de fente presque linéaire,
dans les stades antérieurs. Aussi ne nous serions-nous pas at-
taché à une distinction en apparence si méticuleuse, si le
fait du creusement de cette cavité n'était lié k d'autres phéno-
mènes de la plus haute importance, et sur lesquels reposent
précisément les distinctions que nous devons établir.
Le plus essentiel de ces phénomènes est la disparition du
hourrdcf, hlastodermique. Ce qui s'était passé antérieuremeni
dans les régions médianes du blastoderme se produit ii son
tour dans la zone péripliérique ; là les nombreuses assises dont
se composait sa juasse entodermique se dissocient à leur tour
pour former, comme dans le centre, un véritable feuillet en -
todermique (entoderme primitif). Ce n'est pas tout; en rnème
temps Tectoderme se sépare de l'entoderme, et ces deux feuil-
lets cessent de se continuer l'un avec l'autre, comme ils le
l'aisaient précédemment, alors que le feuilletexterne se repliail
sur le bord libre du blastoderme pour se confondre avec la
masse entodermique primitive, et que, des cellules ultimes
qui constituaient le bord libre du bourrelet hlastodermique,
on ne pouvait alors dire exactement lesquelles étaient ento-
dermiques, lesquelles ectodermiques (voy, notamment les
ligures 17, 18, ^20, et leur description ci-dessus, p. "Î3). Non
seulement ces deux feuillets se séparent, mais encore ils
s'étendent à la surface du jaune, chacun avec une rapidité et
selon des processus dillérents; le feuillet externe s'étend de
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 87
suite très rapidement et très loin, dépassant de beaucoup le
feuillet interne, et son extension résulte de la niultiplicalioii
de ses éléments propres, sans nouveaux emprunts faits au
vitellus; le feuillet interne, au contraire, s'étend plus lente-
ment, et cette extension ne se produit que grâce à de nouveaux
apports qui lui sont faits par le vitellus parsemé de noyaux,
le bord de l'entoderme devenu libre se soudant alors avec le
bord supérieur du rempart vite/Uu, pour former un boin-relet
entodermo-vilellm, à l'existence duquel nous avons déjà, par
avance, fait allusion (voy. p. 42). On voit suffisamment, par
ce rapide énoncé, et l'importance de ces transformations, et
la manière dont elles sont liées à l'agrandissement en profon-
deur de la cavité sous-germinale, c'est-à-dire à l'apparition de
la véritable aire transparente. Et cependant ce ne serait pas là
encore, à nos propres yeux, des raisons suffisantes pour res-
treindre, aux stades qui vont suivre, l'emploi de l'expression
aire transparente.
C'est qu'en elfet l'expression d'aire transparente va avec
celle à' aire obscure (area obscura). Si dans les stades anté-
rieiu's on nomme aire transparente le centre du blastoderme
coloré d'un blanc moins intense que son anneau marginal, on
est amené, comme l'ont fait un grand nombre d'auteurs, à
donner le nom (ïaire obscure à cet anneau marginal, qui est
formé par le bourrelet blastodermique. Ce qui n'empêche pas
que plus tard, lorsque le bourrelet blastodermique a disparu,
et (|u'à la périphérie du blastoderme s'est formé le bourrelet
entodermo-vitellin, on donne le nom d'aire obscure à la zone
périphérique foncée produite par la présence de ce bourrelet.
On confond donc ainsi sous une même dénomination deux
choses différentes, sur la distinction nécessaire desquelles
nous avons déjà insisté; la suite de cette étude fera encore
plus ressortir la nécessité de cette distinction. Si enfin nous
ajoutons que la manière dont s'étend l'aire transparente, par
le fait de l'extension, de l'agrandissement en profondeur de la
cavité sous-marginale, est la cause de l'apparition (non de la
formation) de la ligne primitive, nous aurons sans doute assez
88 M. m VAL.
justifié la valeur attachée au terme d'aire transparente, et le
choix que nous avons lait de ce terme pour servir de titre au
présent paragi-aphe.
La figure 24 (pi. Il) représente une coupe médiane antéro-
postérieure d'un blastoderme de poulet où la cavité sous-ger-
minale commence à se creuser en profondeur; nous avons
nombre de préparations identiques à celle ici figurée et qui
appartiennent à des œufs ayant subi de deux à six heures d'in-
cubation; cependant on trouve assez souvent ce même état
sur des œufs fraîchement pondus. En comparant cette coupe
(fig. 24) à celle de la figure 21, on voit que le blastoderme
a très peu augmenté en étendue (la figure 21 est à un gros-
sissement de seize à dix-huit fois, la figure 24 à un grossisse-
ment de quinze fois); mais les changements suivants se sont
produits d'une part dans la cavité sous-germinnle, d'autre part
dans le blastoderme lui-même.
a. Dans la cavité sous-germinale, il s'est produit en avant
une excavation déjà assez profonde et bien sensible (cga)
quand on compare cette partie antérieure avec la partie posté
rieure demeurée à l'état de fente sous-jacente à l'entoderme
primitif. Cette excavation n'a pas encore des bords taillés très
nettement à pic; en arrière notamment elle se continue, par
un plan incliné plus ou moins ondulé, avec le reste de la
cavité sous-germinale; en avant sa paroi est disposée en pente
un peu plus raide et peut mériter déjà, surtout en ayant égard
à ce qu'elle doit devenir ultérieurement, le nom de rempart
vitellin. Sur la partie supérieure de ce rempart vitellin, on
constate (fig. 28) une segmentation secondaire assez active,
c'est-à-dire la production, autour de quelques-uns des noyaux
dont est semée cette partie du vitellus, la production de
grosses sphères de segmentation qui se dessinent d'abord
comme des bourgeons, puis s'isolent à l'état de corps cellu-
laires. — A la production de cette excavation sous-germin;de
antérieure correspond, surles vues en surface du blastodorme,
l'apparition d'un aspect nouveau : c'est, comme le représente
la figure 30 (pi. III), la production d'une aire où le blasto-
ARTîCLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 89
derme produit à l'œil l'impression d'une fine membrane
étendue sur une cavité pleine de liquide; c'est le commence-
ment de l'aire transparente {cip, p. 30). Quand on durcit un
blastoderme semblable en y laissant agir pendant quelques
minutes une goutte de solution osmique, qu'on étale ce blas-
toderme sous l'eau, qu'on le recueille sur une plaque de verre
et qu'on l'examine par transparence, à l'œil nu ou avec un
instrument grossissant, on constate que la préparation n'est
transparente que dans une région correspondant à la partie ap
de la figure 30; c'est que là, en effet, le blastoderme n'a em-
porté avec lui aucune trace de la masse vitelline formant le
plancher de l'excavation, tandis que, dans toutes ses autres
régions, une couche plus ou moins épaisse de vitellus est res-
tée adhérente à la face inférieure de l'entoderme. Dans l'un
comme dans l'autre cas, on voit que l'aire transparente est
excentrique, c'est-à-dire située non au centre, mais à la partie
antérieure du disque blastodermique; qu'elle se forme en
demi-lune, à convexité dirigée en avant et concavité dirigée
en arrière. Tout cela correspond bien à ce que donne en coupe
médiane un semblable blastoderme (voy. fig. 24, pi. II).
b. Dans le blastoderme, les légères transformations qui se
sont produites sont les suivantes, en examinant le blastoderme
d'avant en arrière.
Tout en avant (fig. ^29), le bourrelet blastodermique est en
voie de disparaître ; l'ectoderme s'est séparé de la masse en-
todermicpie correspondante (voy. fig. '29) et la dépasse sur
une longueur représentée par l'épaisseur de six à sept cellules
ectodermi({ues placées côte à côte. La masse entodermique
correspondante s'est amincie, sans doute pour prendre part à
la légère extension en surface présentée par le blastoderme;
elle est formée à peine de deux couches de cellules figurant
assez irrégulièrement un feuillet. Immédiatement en arrière
de cette extrémité anlérieure, dans la région qui répond au
rempart vitellin (fig. 'âH et fig. "24 en RV), les cellules ento-
dermiques sont dissociées, écartées les unes des autres; par-
fois il n'y a d'autres caractères que ceux fournis par la
90 M. MU VAL.
dimension dos éléments, pour faire la différence entre ces
cellules entodermiques {a a, fig. 28) et les sphères de seg-
mentation secondaire {g, fig. 28), qui sont en train de se
détacher du rempart vitellin. Ce sont là les dispositions qui
préludent à la soudure qui se fera bientôt ici entre les parties de
l'entoderme primitif représentées dans le^ ligures 28 et 29 et
la masse vitelline voisine, soudure d'où résultera la production
du bourrelet entodermo-vitellin.
Vers la région moyenne du blastoderme, les dispositions
sont très simples : Tectoderme est formé de cellules nettement
cylindiiques,très étroitement pressées les unes contrelesautres
(fig. 27) ; Tentoderme primitif est maintenant à l'état de feuil-
let parfaitement constitué; ses éléments sont représentés,
sur la coupe, par des cellules ovales, mises bout à bout dans
le sens de leur plus grand diamètre, mais disposées cependant
avec certaines irrégularités, c'est-à-dire que quelques élé-
ments chevauchent sur les autres, dépassant leur niveau du
côté de l'ectoderme (fig. 26 et 27). A cet entoderme convient
encore le nom iVentodefuie primitifs car il renferme à la fois
les éléments de l'entoderme proprement dit et ceux du méso-
derme qui se sépareront ultéiieurement.
A la partie postérieure (fig. 25 et 26) l'entoderme est encore
resté à Tétat d'épaisse masse entodermique, c'est-à-dire de
bourrelet blastodermique, comme le montre déjà à un faible
grossissement la figure 24; la figure 26 lait voir la transition
entre l'entoderme primitif constitué en feuillet et la masse en-
todermique; la figure 25 montre le bourrelet blastodermique
existant ici, sous la forme de plusieurs assises de cellules,
comme il existait dans les stades antérieurs.
Si nous examinons des coupes transversales d'un blasto-
derme semblable, il est facile de prévoir les aspects qu'elles
présenteront en avant et vers la région moyenne, aspects que
nous ne pouvions reproduire par le dessin, sous peine de
multiplier à l'infini nos figures. Les coupes transversales les
plus antérieures nous montrent en effet le commencement
de la disparition du bouri'elet blastodermique , en même
\RT1CLE N" 5.
FORMATIO.X DU Bl.ASTODEU.ME. Il|
temps (ju'iui oiitoderme à éléments dissociés, écartés les mis
des autres. Sur de seuiblables coupes on pourrait croire (pie le
blastoderme n'est formé que par un feuillet externe, tant sont
clairsemés les éléments du feuillet interne, excepté toutefois
sur les bords du blastoderme, où le bourrelet blastodermique
en voie d'eftacemcnt présente encore deux assises irrégulières
de cellules. Les coupes transversales de la région moyenne
nous montrent en leur milieu exactement l'aspect représenté
par la figure ''11, et sur leurs bords nous ofrrent encore un
bourrelet entodermique parfaitement constitué, puisque c'est
seulement tout en avant que ce bourrelet commen(-e à s'eiïa-
cer. Quant aux coupes transversales tlu quart postérieur du
blastoderme, elles nous présentent des dispositions que ne
pouvaient faireprévoir les coupes longitudinales etqui méritent
de nous arrêter.
Sur les vues en surface, cette partie postérieure du disque
blastodermique apparaît d'un blanc intense (ou d'un noir
foncé, si la pièce a subi Faction de l'acide osmique), ce qui
doit faire supposer qu'ici le blastoderme est épais, et nous
savons en effet, d'après les coupes longitudinales, cpie le
bourrelet blastodermique a conservé en cette région son plein
développement (fig. '24 et ^5). Mais cette partie blanc mat
est surtout accentuée selon un tractus médian (|ni forme une
bande axiale mal délimitée, comme le représente la figure o(l
(pi. 111). Une coupe transversale de cette région nous montre
(fig. .11) que ces aspects sont dus à ce que cette extrémité
postérieure du disque se compose de zones différentes, savoir :
tout en dehors (en P, fig. 31) le bourrelet mésodermique; sur
la ligne médiane (en PP) une dépression, où le feuillet externe
s'incurve dans la profondeur et en confondant ses éléments
avec la masse entodermique ; entre la partie externe (P) et la
partie médiane (PP), une zone où les éléments de la masse
entodermique se disposent en un feuillet interne irrégulier,
mais présentant les caractères de l'entoderme primitif, tel
que nous l'avons vu sur la ligure "^S et sur les figures 26 et "^T;
c'est-à-dire que, dans la masse entodermique du bourrelet
92 11. DU VAL.
blasloclennique, l'organisation en feuillet interne se poursuit
d'avant en arrière, laissant sur la ligne médiane une plaque
où les parties conservent le caractère du bourrelet blastoder-
mique, où plutôt de deux bourrelets blastodermiques accolés
et se confondant. Cette plaque axiale (PP, fig. 81), qui a déjà
une certaine étendue, car elle se retrouve sur toute la série
des coupes faites sur cette région, n'est autre chose que le
commencement de la ligne primitive. On peut la caractériser
en disant qu'elle semble résulter de ce que le bourrelet blas-
todermique, dans son mouvement d'expansion excentrique
correspondant à la légère augmentation en diamètre (ju'a
subie le disque, laisse, en arrière et sur la ligne médiane, une
traînée où les parties demeurent disposées comme si ce bour-
relet avait marché en arrière par deux excroissances latérales
contiguës, soudées par leurs bords correspondants, mais
cependant distinctes (dans la figure 3i, une de ces parties
latérales va de 3 en 4 sur la partie gauche de la ligure, l'autre
partie n'étant qu'à moitié représentée). Cette interprétation
devient évidente lorsqu'on se trouve en présence d'une coupe
telle que celle donnée dans la figure 32 , où précisément
ces deux parties latérales se trouvent largement séparées
l'une de l'autre. Cette coupe appartient à un blastoderme de
poulet semblable, comme aspect extérieur, à celui de la
figure 30; sur sa vue en surface nous n'avons rien noté de
différent, pour la partie postérieure, de ce qui est indiqué
sur la figure 30. Il fut débité en coupes qui, quoique désignées
sous le titre de transversales, étaient certainement un peu
obliques, sans doute dans la direction de la ligne ijij tracée
sur la figure 30. En arrivant à la partie postérieure, ces coupes
nous donnèrent d'abord une série de préparations où la plaque
axiale sus-indiquée était disposée comme dans la ligure 31 ;
puis, un peu plus loin, la disposition devenait celle de la
figure 32, puis, plus loin encore, reprenait définitivement la
disposition de la figure 31. Quant à la figure 32, nous voyons
qu'elle est précisément remarquable en ce que la plaque axiale
consiste en une véritable fente, avec écartement des deux
AUTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 93
lèvres, lesquelles ont bien la constitution du bourrelet méso-
dermique. Il s'agit ici, nous le répétons, d'un blastoderme de
poulet ayant subi quatre à cinq heures d'incubation ; l'état
du feuillet interne sur la partie gauche de la figure montre
bien que le développement est déjà avancé; il y avait du reste,
à la partie antérieure, production de l'excavation et du rem-
part vitellin de la cavité sous-germinale, et, à l'examen en
surface, une aire transparente semi-lunaire. L'orifice linéaire
ou fente (il était plus long que large, car sa présence se con-
statait sur plusieurs coupes successives), qui occupe unepar-
tie de la plaque axiale, n'est donc sans doute pas tout à fait
comparable à l'orifice rusconien étudié précédemment sur des
blastodermes de petits oiseaux; mais il n'est pas sans analogie
avec lui. Au lieu de siéger à l'extrémité antérieure de la
plaque axiale, il est placé sur son trajet et nous montre tout
simplement que cette plaque axiale correspond bien en effet à
deux parties qui croissent côte à c(Me d'avant en arrière, et
qui, contiguës et soudées d'ordinaire, peuvent parfois, sur
une partie de leur trajet, demeurer écartées et distinctes. Ceci
n'est pas le type normal de la plaque axiale; c'est une forme
rare, du moins pour le poulet'; et en effet, sur des blasto-
dermes pourvus d'une gouttière médullaire et d'une ligne
primitive, ce n'est que dans des cas exceptionnels, parfois liés
à un développement monstrueux, qu'on trouve une perfoj'ation
linéaire dans le fond de la gouttière de la ligne primitive
(nous avons dit et nous confirmerons par la suite que la
plaque axiale en question est le début de la ligne primitive du
poulet).
II. — Formation du bourrelet entodermo-vitellin.
Nous venons de voir (fig. "24 et 29), à l'extrémité antérieure
du^ blastoderme, le feuillet externe se séparer de l'interne,
pour s'étendre isolément à la surface de la sphère du jaune.
Cette disposition, qui est apparue en avant, va bientôt, entre la
cinquième et la huitième heure de l'incubation, se produire
H. ÉTUD. — se. NAT. XXIX. 19. — ART. N° 5.
94 11. DUVAL.
sur les parties latérales et finalement sur toute la circonfé-
rence du disque blastodermique. Alors, aussi bien sur les
coupes transversales que sur les coupes longitudinales, on
trouvera partout, excepté encore en un certain point tout en
arrière, l'ectoderme s'étendant au loin sans être doublé de
l'entoderme.
En même temps commencera à se produire, en avant, la
soudure de l'entoderme primitif avec le vitellus parsemé de
noyaux, d'où formation de ce que nous appelons le hourrelct
entodermo-vitellin; en même temps enfin se fera l'agrandisse-
ment de la partie excavée de la cavité sous-germinale, c'est-à-
dire que Vaire transparente augmentera d'étendue.
a. Parlons d'abord du bourrelet entodermo-vitellin; la
figure 33, qui représente une coupe antéro-postérieure mé-
diane d'un blastoderme de poulet après six heures d'incuba-
tion (i), nous montre que ce bourrelet existe à la partie tout
antérieure du blastoderme (des coupes transversales font voir
qu'il n'existe que là, c'est-à-dire ne s'étend pas encore sur les
parties latérales). Ce bourrelet est formé par la soudure du
bord de l'entoderme primitif {iii^) avec le bord supérieur du
rempart vitellin (m^). Cette partie du rempart est formée de
vitellus parsemé de très nombreux noyaux, et, au niveau de la
soudure, on voit distinctement des sphères de segmentation
secondaire se produire, c'est-à-dire la petite masse vitelline
qui entoure chaque noyau se grouper autour de celui-ci
comme centre, et constituer ainsi des corps cellulaires plus
ou moins distincts (lig. 36, en BEV). Désormais l'accroisse-
ment en surface de l'entoderme va se produire par ce proces-
sus, c'est-à-dire par adjonction à sa périphérie d'éléments
provenant du vitellus parsemé de noyaux.
En examinant les parties situées en dehors (en avant, fig. 33)
du bourrelet entodermo-vitellin, on voit que le feuillet externe
s'étend assez loin sur le vitellin. Un fait essentiel à noter dès
maintenant, et qui persistera toujours, en se généralisant peu
(1) Le type des (igures 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, se rencontre de la qua-
trième à la huitième heure de l'incubation.
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 95
à peu pour toute la périphérie du blastoderme, c'est que i'ecto-
derme s'étend plus loin que l'entoderme et se termine (en he^
tig. 37) par un bord libre, légèrement renflé, que nous avons
nommé bourrelet ectodermique . Ce fait résulte de la disparition
du bourrelet blastodermique, et de ce que les deux feuillets,
externe et interne, maintenant séparés l'un de l'autre sur leurs
bords, s'étendent indépendamment l'un de l'autre, et chacun
par un processus différent. Ces faits ont échappé à presque
tous les auteurs, lesquels, dès qu'est apparue la véritable aire
transparente, ne se sont plus guère attachés à étudier la partie
toute périphérique du blastoderme, et, constatant la présence
de ce que nous appelons le bourrelet entodermo-vitellin, l'ont
confondu avec le bourrelet blastodermique préexistant, et ont
pensé qu'ici, comme précédemment, le feuillet externe et le
feuillet interne se continuaient l'un avec l'autre.
Deux auteurs cependant, Peremeschko et Œl lâcher, ont
constaté et parfaitement figuré les dispositions que donnent
nos figures 33 et 37, comme, pour des stades plus avancés et
pour les autres régions, nos figures 52, 59 et 64. Mais, sans
s'attacher à poursuivre le feuillet externe jusqu'à sa terminai-
son périphérique, ils ont porté surtout leur attention sur ce
que nous appelons le bourrelet entodermo-vitellin. Tel est le
cas de la figure 5 de Peremeschko, et de la figure 12 d'Œlla-
cher. Ces figures, qui sont très exactes, ne difl'èrent de notre
figure 36 qu'en ce qu'on n'y a pas figuré la continuité, la sou-
dure, entre l'entoderme et le bord supérieur du rempart vitel-
lin, le premier étant représenté comme venant simplement
reposer sur le second par un bord libre. De plus, les sphères
de segmentation secondaire, qui se forment alors dans ce bord
supérieur du rempart vitellin, sont toutes figurées par Œlla-
cher, et surtout par Peremeschko, comme dépassant le niveau
de l'entoderme (comme le font les cellules a et b de notre
figure 36) et comme tendant à s'insinuer entre l'entoderme
et l'ectoderme. De là la théorie bien connue de ces deux au-
teurs sur la formation du mésoderme : d'après eux, les élé-
ments de ce feuillet moyen proviendraient de cellules migra-
96 .11. «IVAL.
trices lormées aux dépens d'une segmeiiLaLion secondaire du
vitellus des parois latérales de la cavité sous-germinale (du
rempart vitellin, en un mot), cellules qui s'engageraient entre
le feuillet supérieur et le feuillet moyen, y progresseraient
d'une manière centripète, pour venir s'y disposer finalement en
une couche intermédiaire, le feuillet moyen. Cette théorie est,
on le voit, basée sur une interprétation inexacte des disposi-
tions qu'on trouve toujours, après la disparition du bourrelet
blastodermique, lorsque le bourrelet entodermo-vitellin s'est
formé et sert à l'accroissement du feuillet, interne. Mais, si
cette théorie ne répond j)as à la réalité, puisque nous verrons
que le feuillet moyen a une tout autre origine que celle sup-
posée par Peremeschko et Œllacher, ce n'est pas une raison
pour nier la disposition figurée par ces auteurs, c'est-à-dire la
séparation complète, à la période de développement où nous
sommes, entre l'ectoderme et l'entoderme. Kolliker a donc
dépassé le but, lorsque, réfutant avec raison la théorie de
Peremeschko et d'Œllacher, il ajoute « que la figure 1^ de ce
dernier auteur représente quelque chose qui ne s'offre jamais,
un entoderme n'arrivant pas aussi loin que l'ectoderme »
(trad. fr., p. 84, dans le petit texte).
Kolliker en effet considère l'union marginale de l'ento-
derme et de l'ectoderme, comme persistant toujours, telle que
nous l'avons décrite lors de l'existence du bourrelet blastoder-
mique. Même loi'sque le sinus terminal est formé, lorsqu'en
dehors de celui-ci existe une aire vitelline bien distincte, et que
le blastoderme s'est étendu sur tout l'hémisphère supérieur de
la sphère du jaune, au troisième jour de l'incubation, Kolliker
décrit l'ectoderme et l'entoderme comme finissant ensemble,
à la périphérie de l'aire vitelline, par un bord commun où les
deux feuillets seraient soudés et se continueraient l'un avec
l'autre. Dans notre Mémoire Sur les annexes des embr nom (foi-
seau,, l'un des principaux objets de nos recherches a été de
rectifier cette manière de voir (i) et de montrer que : « L'aire
(I ) Journal de VAnatomie cl de la P/ii/siologie de Ch. Robin ef G. l'ouchel,
11» de mai 1884.
AIlTir.LE N" r».
FORMATION nu BLASTODERME. 97
vilelline est l'ormée dans toute son étendue |3ar le l'euillet
externe ou ectoderme, lequel se termine par un bord légère-
ment épaissi, dit renflement ou bourrelet ectodermiquc; que
l'aire vitelline se divise en deux zones : l'une externe, où elle
n'est formée que par l'ectoderme; l'autre interne, où elle est
formée par l'ectoderme doublé de l'entoderme ; mais que cet
entoderme, dit entoderme vitellin, est représenté simplement
par une couche de substance vitelline riche en noyaux et non
par des cellules différenciées. » (Conclusions, op. cil.., p. 36;
voyez surtout p. 9 et 10 du même Mémoire pour l'exposé des
faits sur lesquels sont basées ces conclusions.)
Or ces particularités de constitution de l'aire vitelline au
troisième jour de l'incubation sont précisément celles qui dès
maintenant (de lu sixième à la huitième heure de l'incubation)
caractérisent la partie du blastoderme située au niveau et en
dehors du bourrelet entodermo-vitellin (en avant de lui pour
la figure 33). En effet, en partant du bourrelet entodermo-
vitellin et en examinant le vitellus sous-jacent à l'ectoderme,
on voit qu'il se compose de deux zones. La zone interne (flg. 36,
en in^) est formée de vitellus parsemé de noyaux ; donc ici l'ec-
toderme est doublé d'un entoderme vitellin, comme dans la
zone interne de l'aire vitelline au troisième jour de l'incuba-
tion. La zone externe (fig. 37) est formée de vitellus sans
noyaux, recouvert directement par l'ectoderme mince et qui
se termine par un léger bourrelet marginal [he) absolument
comme la zone externe de l'aire vitelline au troisième jour de
l'incubation.
Par conséquent, la région foncée qui, dans les premières
heures de l'incubation, entoure l'aire transparente en voie de
développement, région qui a reçu le nom à^alre opaque, ré-
pond en réalité à l'aire vitelline de l'œuf qui en est à son troi-
sième jour, car elle en a la composition histologique et ne
ressemble en rien à la véritable aire opaque ou aire vasculaire.
Il n'y a cependant pas lieu de renoncer à employer cette déno-
mination, du moment qu'il sera bien entendu que, avant
l'époque où le feuillet moyen s'est développé et étendu au delà
98 il. DUVAL.
du rempart vitellin, ce qu'on nomme aire opaque n'est autre
chose qu'une aire opaque primitive, sur la limite interne de
laquelle se développera, en rapport avec le feuillet moyen,
l'aire opaque proprement dite, destinée à devenir presque
aussitôt l'aire vasculaire, en même temps que ce qui restera
de l'aire opaque primitive représentera dès lors l'aire vitelline
avec sa zone interne et sa zone externe.
Nous venons, dans les explications qui précèdent, d'empié-
ter sur des processus qui ne se produiront qu'à un moment
postérieur à celui représenté par l'état du blastoderme de la
figure 33, car nous avons parlé des parties périphériques
comme si elles étaient partout constituées comme sur la partie
antérieure de cette figure. Or c'est seulement plus tard que le
bourrelet entodermo-vitellin et tout ce qui s'ensuit se forment
sur les côtés, et plus tard encore qu'ils se forment sur la partie
postérieure du blastoderme. Pour en revenir au blastoderme
de la figure 33, où le bourrelet entodermo-vitellin n'existe
qu'en avant, voyons les modifications qui préparent son appa-
rition sur les côtés et en arrière.
Ces modifications sont, comme à la partie antérieure
(voy. fig. 24, 29, et ci-dessus p. 89), la disparition du bourrelet
blastodermique et la séparation du feuillet interne d'avec le
feuillet externe. Cette transformation se produit par désagré-
gation et étalement de la masse entodermique du bourrelet
blastodermique, ainsi que nous l'avons décrit pour la partie
antérieure (fig. 29 et p. 90), et comme le montre maintenant
la figure 38 pour les parties latérales. Sur toutes les coupes
transversales de blastodermes semblables à celui de la figure 33,
on voit le bord du blastoderme se composer, comme dans la
figure 38, d'une couche ectodermique qui se termine par un
bord libre, indépendant, et dépassant, sur une longueur repré-
sentée par quelques cellules seulement, le bord correspondant
de l'entoderme primitif, celui-ci étant formé en général de
deux assises de cellules irrégulièrement disposées; le vitellus
semé de noyaux, sur lequel repose ce bord irrégulier de l'en-
toderme primitif, commence (fig. 38) à présenter des produits
ARTICLE N° T).
FORMATION DU BLASTODERME. 99
de segmentation secondaire; ce sont bien là les phénomènes
préparatoires de la formation du bourrelet entodermo-vitellin.
Les coupes transversales faites sur les parties les plus posté-
rieures du blastoderme présentent ces mêmes dispositions : il
n'y a plus de bourrelet blastodermique, plus de région péri-
phérique où l'ectoderrae se continue avec une masse entoder-
mique formée de plusieurs assises de cellules.
h. Mais, si cette disposition ne se rencontre plus sur les
bords du blastoderme, elle se présente encore pour la région
médiane de sa partie postérieure : là on retrouve, sur toute la
série des coupes, un épaississement médian ; c'est la suite de
ce que nous avons décrit précédemment (p. 92, et fig. 31, 32)
sous le nom de plaque axiale, c'est-à-dire (fig. 39) une bande
antéro-postérieure, selon laquelle le blastoderme se compose
d'un feuillet externe qui, s'infléchissant vers le feuillet interne,
semble se continuer ou tout au moins faire corps avec ce der-
nier feuillet, composé ici de plusieurs assises de cellules. Ce
sont bien là les caractères du bourrelet blastodermique, c'est-à-
dire que la plaque axiale, qui n'est autre chose que le premier
état de la ligne primitive, consiste en ce que, pendant l'exten-
sion en surface du blastoderme, le bourrelet blastodermique a
laissé dans la partie postérieure du blastoderme un tractus
qui continue à avoir la môme composition que ledit bourrelet,
et en ce que, alors que le bourrelet blastodermique a disparu
partout, le tractus en question le représente encore en arrière,
suivant une bande qui semble s'avancer d'arrière en avant
dans le blastoderme ; en réalité cette bande ne s'avance pas
d'arrière en avant, mais a été laissée d'avant en arrière, à me-
sure que le bourrelet blastodermique se déplaçait dans ce sens,
en obéissant au mouvement d'expansion excentrique du
disque blastodermique. Cette bande est tantôt simple, comme
le représente la figure 39, tantôt formée de deux moitiés juxta-
posées, comme nous l'avons vu précédemment à propos de la
figure 31, laquelle nous a présenté le début de la formation
que nous voyons ici à un état plus avancé.
Nous ne saurions nous refuser à avouer que, si clair et si
100 11. Dl'VAL.
évident que nous paraisse ce processus lorsque nous l'étudions
en passant en revue des séries de coupes, cependant l'énoncé
précédent doit n'en paraître que médiocrement clair,
et c'est pourquoi nous allons essayer de compléter cet
énoncé par une série de figures schématiques. Dans la figure
ci-jointe (schéma 9), nous représentons le bourrelet blasto-
dermique d'un œuf de poule fraîchement pondu, par un trait
noir, décrivant une circonférence, que nous traçons un peu
plus épaisse en arrière qu'en avant. Dans le schéma 40 une
semblable circonférence représente ce même bourrelet; la
circonférence appartient à un cercle de plus grand rayon,
parce que le disque blastodermique s'est élargi, parce que le
O
11
13
14
bourrelet blastodermique s'est porté en dehors; mais une
circonférence poinlillée marque la place occupée pré-
cédemment par le bourrelet, et la partie postérieure du cercle
pointillé est marquée d'un trait noir, qui fait corps avec le trait
noir de la circonférence correspondant à la place actuellement
occupée par le bourrelet; nous rendons ainsi sensible ce fait
que le bourrelet blastodermique, tout en se déplaçant excen-
triquement, laisse dans la région postérieure du blastoderme
un tractus antéro-postérieur où les parties sont demeurées
avec la composition typique de ce bourrelet. Les schémas ii,
12, 13 et 14 indiquent toujours par une circonférence à trait
noir la place de plus en plus excentrique occupée par le bour-
ARTICLE N° 5.
FORMATION lU: BLASTODERME. 101
relet, et rappellent par des circonférences à trait pointillé les
positions successives antérieures de ce bourrelet, laissant tou-
jours en arrière subsister une partie noire sur ces circonfé-
rences pointillées ; ces parties noires arrivent à constituer par
leur ensemble une ligne de plus en plus longue, qui peut être
définie comme un trait noir laissé par la circonférence noire à
mesure qu'elle s'est déplacée en circonscrivant un cercle de
plus en plus grand. Or c'est précisément ainsi que le bourrelet
blastodermique se déplace, laissant comme trace la plaque
axiale. Dans le schéma 15 le bourrelet blastodermique a dis-
paru en avant; dans le schéma 14 il a disparu partout, excepté
tout en arrière, où il continue à former la plaque axiale : la
plaque axiale est donc le dernier reste du bourrelet blasto-
dermique.
Cependant, d'après ce que nous avons vu antérieurement,
relativement à l'ouverture linéaire que peut présenter la
plaque axiale, et à sa division en deux moitiés latérales, d'après
ce qu'on voit sur les blastodermes du stade actuellement en
O
1»
16
■17
19
i
20
([uestion et sur lesquels aussi la plaque axiale se présente
parfois comme composée de deux moitiés latérales, offrant
une image semblable à celle que donneraient deux bourrelets
blastodermiques en contact et soudés l'un à l'autre par leur
bord libre, d'après enfin ce qui a été décrit pour la ligne
primitive d'autres oiseaux et ce qu'on observe comme
102 M. DUVAL.
anomalies de la ligne primitive ckez le poulet, d'après toutes
ces considérations, l'énoncé précédent et le schéma qui le
complète ne sont pas encore suffisants ; il faudrait y introduire
cette idée que, virtuellement, puisque ce n'est pas toujours en
fait, la plaque axiale résulte d'une double traînée laissée sur
la région médiane postérieure du blastoderme, traînée dont
les deux moitiés sont soudées ou séparées par une fente qui
peut être interrompue ou continue. En prenant ce dernier cas,
les figures schématiques précédentes devraient être modifiées
comme le représentent les schémas 15, 16, 17, 18, 19, 20, qui
parlent assez d'eux-mêmes, sans autre explication.
S'il en est ainsi, que les choses soient disposées selon les
schémas 9 à 14 ou selon les schémas 15 à 20, il est évident
que sur les sections médianes antéro-postérieures il doit
toujours y avoir quelques coupes qui, passant tout contre la
ligne médiane, ou précisément par cette ligne, nous donnent
la section longitudinale de la plaque axiale. Telle est en effet
la coupe représentée dans la figure 33, ou en hbp^ bbp,
c'est-à-dire environ sur le tiers postérieur du blastoderme,
nous voyons celui-ci constitué par une sorte d'immense
bourrelet blastodermique (ectoderme recouvrant une masse
entodermique composée de plusieurs assises de cellules); enfin
la figure 34, en nous représentant à un plus fort grossissement
l'extrémité toute postérieure de la figure 33, nous montre
qu'ici, en un point qui correspond à l'extrémité postérieure de
la plaque axiale, l'ectoderme se continue avec l'entoderme,
en s'infléchissant en bas, de façon à constituer ici au blasto-
derme un bord épais et arrondi, comme c'est le cas partout
où existe un bourrelet blastodermique. Cette extrémité
postérieure de la plaque axiale présentant encore la forme et
la constitution de bourrelet mésodermique, la plaque axiale
pourra continuer à s'accroître en longueur, jusqu'à ce que là
aussi se fasse la séparation de l'ectoderme d'avec l'entoderme;
dès lors la plaque axiale aura atteint toute sa croissance. Cette
séparation ne se fait souvent que très tardivement, ce
qui explique la longueur considérable présentée par certaines
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 103
lignes primitives (la ligne primitive n'est autre chose que la
plaque axiale achevée ; voyez ci-après).
c. La figure 33 nous explique encore pourquoi à cette époque
la plaque axiale est très peu visible sur les vues en surface du
blastoderme. C'est que la cavité sous-germinale est restée à
l'état de fente très étroite dans toute la moitié postérieure du
blastoderme, précisément dans la région de la plaque axiale,
et ne s'est encore creusée que dans la moitié antérieure en
profonde excavation limitée par un rempart vitellin. En
d'autres termes, l'aire transparente n'existe que dans la moitié
antérieure du blastoderme, et les épaississements locaux de
celui-ci ne sont que difficilement perceptibles de l'extérieur,
en surface, que lorsqu'ils peuvent être vus par transparence.
Or, même quand on détache sous l'eau un blastoderme de la
période représentée par la figure 33, et qu'on le reçoit sur une
plaque de verre, pour l'examiner par transparence, une
couche de vitellus reste toujours adhérente à la face inférieure
du blastoderme partout où n'existait pas l'excavation de la
cavité sous-germinale, de sorte qu'en dehors de l'aire transpa-
rente, qui alors mérite bien ce nom parce qu'en elle le blas-
toderme est libre de tout vitellus sous-jacent, tout est opaque
et ne laisse pas nettement distinguer les différences d'épais-
seur que peut présenter le blastoderme. C'est pourquoi, à
cette époque la plaque axiale ne se révèle pas davantage à
l'extérieur qu'elle ne le faisait à son premier début, au stade
de la figure 30 ; c'est pourquoi la plupart des auteurs, n'ayant
constaté la plaque axiale que lorsqu'elle est visible à l'exté-
rieur, dans une aire transparente déjà très étendue, ont consi-
déré cette plaque, ou la ligne primitive qu'elle constitue alors,
comme une formation tardive, dont ils n'ont pu saisir les rela-
tions préexistantes avec le bord du blastoderme. C'est pourquoi
nous avons soin de distinguer, dans le présent exposé, la
phase de formation et la phase à' apparition de la ligne primi-
tive. Nous venons de voir sa formation déjà avancée; son
apparition n'aura lieu que plus tard.
Avant de quitter le stade représenté par la figure 33,
104 il. Dl'VAL.
signalons brièvemenl quelques dispositions qui ont été du reste
bien vues et représentées par la plupart des auteurs. Il s'agit
de la constitution des deux feuillets du blastoderme dans la
région de l'aire transparente, comme le montre la figure 35;
Tectoderme est ici épaissi et formé de deux couches de cellules
coniques, étroitement pressées les unes contre les autres.
Quant à l'entoderme primitif, il est mince et formé d'une seule
couclie de cellules dont la coupe est de forme ovale ; la plupart
de ces cellules sont disposées bout à bout en une couche
membraneuse, mais nombre d'entre elles chevauchent sur
leurs voisines et dépassent vers le haut le niveau de la mem-
brane. C'est par une prolifération de ces dernières cellules
que nous verrons se produire le mésoderme en cette région,
de sorte que le feuillet interne représenté dans la figure 35
mérite encore le nom à'entoderme primitif, par ce fait qu'il
renferme à la fois les éléments de l'entoderme définitif et du
mésoderme.
ni. — Généralisation du bourrelet entodermo-vitellin.
Origine du mésoderme.
Par le titre donné à ce paragraphe nous voulons dire qu'à
ce stade, qui se rencontre entre la huitième et la douzième
heure de l'incubation (nous l'avons aussi trouvé sur un œuf
de colin incubé depuis vingt heures), partout à la périphérie
du blastoderme, s'est établie l'union du feuillet interne avec
le rempart vitellin pour constituer le bourrelet entodermo-
vitellin. Comme nousavons déjà longuement étudié ce bourre-
let, c'est moins sur ses dispositions générales que nous devons
insister ici que sur certaines particularités qu'il présente en
arrière et sur les autres transformations qui sont liées à sa
présence.
La figure 48 représente un blastoderme de poulet à ce stade,
et les contours du jaune et de la coquille ont été indiqués
pour donner l'orientation des parties. Examiné en place, avant
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 105
ractioii traucuii leactif, ce blastoderme Ibriiie une Lâche
blanche, large de 9 à 10 millimètres, dans le centre de
laquelle est une partie moins blanche présentant l'aspect
d'une fine membrane reposant sur une collection liquide.
Cette partie centrale est l'aire transparente («/;, fig. 48) ; elle
a une forme en fer à cheval, à concavité postérieure, c'est-à-
dire qu'elle s'avance en arrière par deux prolongements en
forme de corne, entre lesquels la surface du blastoderme est
restée d'un blanc opaque. La partie blanche périphérique (ao,
fig. 48), à laquelle on peut conserver le nom d'aire opaque,
quoique en réalité elle ait la constitution de ce qu'on appellera
plus tard aire vitelline (voy. p. 97), est assez mal délimitée
à sa périphérie et présente à sa surface des cercles concen-
triques de parties colorées d'un blanc alternativement plus ou
moins mat, apparences qui sont en rapport avec la constitu-
tion de cette aire, où l'on trouve successivement (voy. fig. 50,
5*2, 54, 53), en allant de dedans en dehors, le bourrelet ento-
dermo-vitellin (BEV, fig. 50 et 5*2), le rempart vitellin (RV),
l'entoderme vitellin [ln\ fig. 50, 5'2, 53), et enfin la région
toute périphérique où l'ectoderme, réduit à une très fine
membrane, ne recouvre plus que du vitellus sans noyau (par-
tie gauche de la figure 53), et se termine (fig. 54) par un
bord légèrement renfié.
En préparant par l'acide osmique un semblable blasto-
derme, l'excisant sous l'eau , le recueillant sur une plaque de
verre et l'examinant par transparence, la région dite de l'aire
opaque ne présente rien de particulier; mais on distingue
plus nettement l'aire transparente qui, dans ces conditions,
mérite bien son nom, car c'est la seule partie de la préparation
qui laisse largement passer la lumière. La figure 49 représente
cette aire transparente ainsi préparée et examinée à un gros-
sissement de dix à douze fois. On peut alors distinguer plus
nettement les détails de sa partie postérieure. On voit qu'en
avant cette aire forme une surface circulaire {ap) ou un peu
ovale avec grand diamètre transversal de 1,5 à 2 millimètres
de large. Cette partie antérieure correspond à la profonde
106 M. »11VAL.
excavation de la partie correspondante de la cavité sous-gcr-
rninale (fig. 50). En arrière, l'aire transparente est moins
claire, et on voit maintenant que les deux cornes par lesquelles
elle se prolonge (indiquées ci-dessus à propos de la figure 48)
encadrent ici une partie médiane dans laquelle on reconnaît
{ep, fig. 49) la plaque axiale (ligne primitive; le graveur a un
peu trop accentué le dessin de cette dernière partie). L'aire
transparente, telle que nous l'avons vu,e apparaître dans la
figure 30, où elle avait la forme d'un demi-cercle, s'étend
donc en arrière, mais d'une manière peu distincte encore, ne
se révélant que par deux prolongements latéraux entre les-
quels est encore une partie obscure où l'on entrevoit la ligne
primitive.
Les coupes transversales faites sur cette partie postérieure
vont nous donner l'explication de ces aspects en nous mon-
trant que l'excavation de la cavité sous-germinale se poursuit
en arrière, mais en présentant quelques caractères spéciaux.
Telle est la figure 55, qui représente, à un grossissement d'en-
viron treize fois, une coupe faite, suivant la ligne Ip de la
figure 49, ou un peu plus en arrière. On voit, en effet, que la
cavité sous-germinale, qui précédemment n'était nullement
excavée au niveau delà plaque axiale (voy. fig. 38-39, pi. III),
s'est ici creusée, mais en devenant profonde seulement dans
ses parties latérales, tandis qu'en sa partie moyenne son plan-
cher est resté au niveau de la face inférieure du blastoderme,
c'est-dire encore en contact avec les éléments les plus pro-
fonds de la plaque axiale. La figure 56, qui représente, à un
plus fort grossissement, les parties en question de la figure 55,
montre avec plus de netteté ces dispositions. On comprend
donc qu'à cette forme de l'excavation sous-germinale corres-
ponde un aspect moins transparent de la surface du blasto-
derme, car ici le vitellus continue, comme dans l'aire opaque,
à demeurer attaché, au moins en partie, à la face inférieure
de la préparation, quand on isole le blastoderme et le recueille
sur une plaque de verre.
Mais ces coupes (fig. 55, 56) nous montrent ici une disposi-
FORMATION DU BLASTODERME. 107
tien bien plus importante quant à la manière dont se t'ait la
soudure entre le rempart vitellin et l'entoderme pour consti-
tuer le bourrelet entodermo-vitellin. Rappelons-nous d'abord
ce que nous a montré la figure 38-39 (pi. III), qui représente
le stade immédiatement antérieur à celui de la figure 56.
Nous avions vu (fig. 38) le bourrelet blastodermique s'effacer,
l'ectoderme devenant libre, et la masse entodermique primi-
tive s'étalant {m\ fig. 38-39) en un feuillet assez irrégulière-
ment formé de deux assises de cellules. Partout ailleurs (sur
le bord antérieur et latéral du blastoderme), où nous avons vu
se produire le processus qui prélude à la formation du bour-
relet entodermo-vitellin, nous avons constaté que tous les
éléments cellulaires placés sous l'ectoderme se condensent en
un entoderme primitif qui se soude avec le bord supérieur du
rempart vitellin. Or ici, dans la région postérieure, les choses
se passent différemment. Il y a un véritable clivage dans la
masse entodermique qui vient, lors de la disparition du bour-
relet entodermique, de se séparer de l'ectoderme. Ce clivage,
partant de la plaque axiale et s'étendant laléralement en de-
hors et en arrière, divise la masse entodermique primitive en
deux couches d'une étendue inégale : l'une, inférieure, moins
étendue, va seule se souder par ses bords au rempart vitellin,
tandis que l'autre, la supérieure, plus étendue {ms, fig. 56),
reste libre par ses bords qui, s'étendant plus loin que ceux
de la précédente, se trouvent ainsi placés entre l'ectoderme
et la masse vitelline sous-jacente (masse riche en noyau et
qui est dite entodermo-vitelline). Afin que la simplicité des
termes jette quelque clarté dans cette description délicate,
disons dès maintenant, quitte à le justifier plus tard, que la
première couche, l'inférieure, est l'entoderme définitif de la
région {in, fig. 56), et que la seconde, la supérieure, est le
mésoderme {ms). Mais n'oublions pas que ces transformations
se produisent ici dans une région dont la partie médiane est
occupée par la plaque axiale, et que, par suite, il faut signaler
les rapports de ces deux feuillets avec cette plaque (en pp,
fig. 56) ; ces rapports sont tels que l'entoderme définitif se
108 11. UUVAL.
trouve complètement séparé de la plaque axiale, qu'il est, par
toute sa face supérieure, sans connexion avec ce qui est au-
dessus de lui, tandis que le mésoderme demeure, au niveau
de la plaque axiale, en connexion avec Fectoderme, et que, en
dehors de cette plaque, il est toujours en contact plus immé-
diat avec la face inférieure de l'ectoderme qu'avec la face
supérieure de l'entoderme (lig. 56).
Ici, comme déjà précédemment, nous nous trouvons en
présence de faits dont l'énoncé théorique doit paraître singu-
lièrement obscur. D'autre part, si la conception de cet énoncé
résulte, pour l'auteur, de l'inspection d'un très grand nombre
de séries de coupes, il est impossible, à moins de multiplier
les figures à l'infini, de reproduire toutes ces coupes. Devant
donc nous borner à ne donner dans nos planches que quelques
dessins choisis parmi les préparations propres à faire la dé-
monstration, nous allons essayer de préparer cette démonstra-
tion par une série de figures schématiques. \\ nous suffira
ensuite de voir si les figures réelles sont bien d'accord avec le
schéma. Ceci va nous fournir une occasion de récapituler une
partie des faits exposés, de montrer les enchaînements des
stades que nous avons déjà étudiés, et même, en empiétant
un peu sur ceux qui nous restent à voir, de justifier certaines
expressions (entoderme primitif, entoderme vitellin) dont nous
nous sommes servi sans avoir toujours suffisamment expliqué
les raisons qui nous les ont fait adopter.
Nous récapitulerons d'abord, à l'aide de schémas, les trans-
formations du blastoderme telles qu'elles se produisent dans
ses régions antérieures et moyennes, c'est-à-dire là où appa-
raît à un moment donné l'aire transparente ; puis nous récapi-
tulerons de même, en les mettant en parallèle avec les précé-
dentes, les transformations de la partie postérieure du
blastoderme, là où se forme la plaque axiale, c'est-à-dire la
ligne primitive.
a. Les figures schématiques ^21, "i"!, "2o, 24, 25 nous résu-
ment les états successifs, en coupe transversale, de la région
où doit apparaître l'aire transparente. Le schéma 21 est le
ARTICLE N» 5.
FORMATION DU BLASTODERME. lUU
stade de la tin de la segmeiiLation («, cavité de .sei^iiieiitatioii,
à l'état de fente, séparant l'ectoderme ex de la masse ento-
ê
Sclioiiiiis -21 et '2-2.
dermique /y/'), lorsque le blastoderme est à l;i Ibi'me d'une
lentille biconvexe (voy. lig. 10, pi. I). Le schéma 2^2 est le
stade du bourrelet blastodermique ibb), alors que la masse
entodermique s'est étalée dans les régions moyennes en une
membrane de cellules irrégulièrement disposées en ti'actus
réticulés (fig. 17, 19 et 22 de la planche II), et qu'elle ne
subsiste plus que sur les bords du disque à l'état de masse à
plusieurs assises de cellules étroitement serrées (le bourrelet
blastodermique hb; comparez avec les figures 18 et 20 de la
Scliéiii;i -23.
planche II). Le schéma 2,1 est le stade d'apparition de l'aire
transparente, c'est-à-dire celui où la cavité sous-germinalc
commence à se creuser en profonde excavation, dont les bords
Sellé m a 21.
sont taillés à pic (rempart vitellin, RV) et où, le bourrelet
bhistodermique ayant disp;nu, l'ectoderme et l'entoderme se
I!. KTUn. — se. NAT. X\1X. 20. — AHT. N" 5.
nu M. UIVAi..
terminoiiL cliuciui |»ar un bord libre, le, bord libre de reiUo-
deriiie (m') se trouvant au contact du bord supérieur du
rempart vitellin. Le schéma ''24 est le stade de formation du
bourrelet entodermo-vitellin (BEV) par soudure du bord de
l'entoderme primitif (in^) avec la partie correspondante du
rempart vitellin (RV). C'est avec cette tii-ure que se terminent
les stades que nous avons étudiés jusqu'ici.
Avec le schéma ^25 nous allons un peu plus loin, c'est-à-
dire que nous y faisons intervenir un fait que nous n'avions
Si-li('iii:i :25.
pas encore eu occasion de signaler jus(|u'ici. car il ne com-
mence à se numifester que sur la ligure 50 (pi. IV), et con-
siste en ceci que sur la face supérieure du feuillet inférieur
se produit (en ms) une abondante prolifération cellulaire (les
détails en sont représentés dans la ligure 51, pi. IV), prolifé-
ration qui va donner ici naissance au feuillet moyen (1). C'est
pourquoi nous faisons suivre ici le schéma ^4 par un nouveau
schéma ('25), où le mésoderme en voie d'apparition est repré-
senté (w.s) par une couche ombrée de traits entre-croisés et im-
médiatement attenante au feuillet inférieur {in). Or si, au lieu
de nous contenter de voir ici ce mésoderne naître aux dépens
du feuillet inférieur, nous cherchons à remonter plus haut
dans son origine, il sera intéressant de remarquer que dans
tous les stades antérieurs le feuillet inférieur s'est montré d'une
composition complexe; qu'au stade pris comme type du blas-
toderme de l'œuf fécondé fraîchement pondu et non incubé, il
était formé par des tractus irréguliers de cellules, tractus dis-
(1) Dan» noire Mémoire Sur la ligne primitive, nous avons suivi ccUc pi'o
(ludion ilu feuillet moyen aux dépens tle l'entoderme de la région tcrgale (>[n'\
correspond à la l'égion dite ici de l'aire transparente).
ARTICLE N" 5.
lUUMATlUX DU BLASTODERME. I I I
posés e.nréseaii de l'açoii à figurer au uiuins deux couclics
superposées (fig. il) et '^3, pi. H); que plus lard, au slade
d'apparition de l'aire trauspai-eute, lorsqu'il s'est présenté
comme une couche unique de cellules, nous avons cependant,
à chaque fois que la description en a été donnée, fait remar-
quer que parmi ces cellules quelques-unes chevauchaienl de
place en place, dépassant le niveau du feuillet en s'élevant
vers le feuillet externe (voy. notamment fig. 85, pi. IH, et ci-
dessus p. 90 eti04). Or la comparaison de la figure Sb avec la
figure 51 montre que le feuillet moyen, dont nous constatons
ici l'apparition (fig. 51), résulte précisément de la proliféra-
lidii de ces cellules irrégulièrement intercalées (fig. 85) dans
le feuillet inférieur. Eu d'autres termes, le feuillet inférieur
renferme, depuis son apparition, les éléments de deux feuillets
futurs, et à ce litre mérite le nom d'entoderme primitif; puis,
à un moment donné, ces éléments se séparent et les deux
feuillets résultants sont, l'un le mésoderiue et l'autre l'ento-
derme définitif. C'est pounjuoi nous avions employé jusqu'à
présent cette expression d'entoderme primitif, et, sur les
figures, les lettres hi^ comme signes de renvoi. Désormais, du
moment que le mésoderme a paru, ce qui reste au-dessous de
lui doit être désigné sous le nom cVeufodenue c/rfuiifif, ou
tout simplement d'eatoc/enne, et marqué sur les figures de
renvoi par les lettres in.
Or si, sur la série des figures schématiques :21, ^2, ^28, ti,
25, nous examinons quels sont les rapports chronologiques de
certaines transformations du blastoderme avec ce dédouble-
ment de l'entoderme primitif en enloderme et mésoderme,
nous voyons qu'il existe un entoderme primitif au stade de la
fin de la segmentation (il est représenté par la masse entoder-
mique iii^ du schéma "21), au stade du bourrelet germinatif
(fig. schématique 2"2), au stade de l'apparition de l'aire transpa-
rente (fig. schématique T3); au stade de formation du bourre-
let entodermo-vitellin (schéma 24); mais qu'après la forma-
tion de ce bourrelet (schéma 25) se produit le dédoublement
de l'entoderme primitif en mésodei'uie et eutodern^e. Ce dédou-
112 M. un AL.
bleineiiL se produit dans les parties centrales du feuillet tout
d'abord (fig. 50 et 51 , pi. IV). Donc, en résumé, dans la région
où apparaît tout d'abord la zone transparente (et qui sera
plus tard, lors de l'apparition des premiers linéaments de
l'embryon, Vàzone tergale (1), la masse entodermique primi-
tive {in\ schéma 21), après s'être de plus en plus amincie en
un entoderme primitif {i}i\ schémas 22, 23, 24), ne se dédouble
en mésoderme et entoderme qu après formation du bourrelet
entodermo-vitellin, et ce dédoublement est tel que le mésoderme
apparaît d'abord uniquement dans la partie médiane du blasto-
derme. — Telle est la formule qui résulte, pour les questions
ici particulièrement en cause, de la récapitulation schéma-
tique des transformations précédemment étudiées dans les
régions antérieure et moyenne du blastoderme.
ô. Si maintenant nous récapitulons de môme les transfor-
mations de la partie postérieure du blastoderme là où s'est
formée la plaque axiale, nous nous trouvons en présence de
ligures schématiques qu'il faut mettre en parallèle avec celles
qui viennent de nous servir. D'abord nous n'avons pas à faire,
pour la région de la plaque axiale, de schéma correspondant
au précédent schéma 21 , puisque à la fin de la segmentation
la plaque axiale n'existe pas encore. Elle n'apparaît que
lorsque le bourrelet blastodermique s'est formé et se déplace
de façon à occuper des situations de plus en plus excen-
triques, en raison du mouvement d'expansion, d'extension en
surface du blastoderme, et alors la plaque axiale se l'évèle
comme une traînée longitudinale, médiane et antéio-posté-
rieure, selon laquelle le blastoderme a conservé la constitu-
tion caractéristique du bourrelet blastodermique, ainsi (\ue
nous l'avons exposé ci-dessus, page iOO, à l'aide des figures
schématiques 9ài4. A ce moment, l'état, en coupe, de cette
partie du blastoderme peut être représenté par le schéma 20
(qu'on peut mettre en parallèle avec le schéma 22, apparte-
nant à la partie antérieure) ; ici la plaque axiale est représentée
(1)Vov., pour ccUe dénominalioii, uoli'c Mciiioire Sur la li(jnc primiiirc,
y. ;i.
AiniCLR N" 5.
FORMATION nU lîLASTODERME. I l-'i
an pp, le bourrelet blaslodermique en bb, et en in^ le feuillel
entoderniique primitif, qui est à l'état de masse entodermiquc
seulement un peu amincie, adhérent à l'ectoderme au niveau
de la plaque axiale, absolument comme elle le fait au niveau
du bourrelet blastodermique (et de fait plaque axiale el
27
SchiMiias -20 cl 27.
bourrelet blastodermique sont de même nature). Remar-
quons que cette figure "26 n'est presque pas schématique; elle
n'est qu'une réduction avec simplification (les teuillets étant
indiqués sans figuration de leurs éléments) de la figure 31 de
la planche III.
Au stade d'apparition de l'aire transparente, tel que le
représente le schéma 5.1, correspond, pour la région de la
plaque axiale, le schéma "27. Cette figure aussi n'est pi-esque
pas schématique, car elle est une reproduction de la
figure 88-39 de la planche III ; elle montre que, dans la région
de la plaque axiale, le bourrelet blastodermique s'est effacé,
et les deux feuillets sont devenus libres par leurs bords; ils
n'adhèrent donc plus tousdeux(comparativementau schéma "26)
que par leur partie médiane, axiale, par la plaque axiale en un
mot. A part cette présence de la plaque axiale, le schéma "27
ne diffère du schéma "23 qu'en ce qu'ici la cavité sous-germi-
nale est restée à l'état de fente et ne s'est pas profondément
excavée, de sorte qu'il n'y a pas ici à parler de rempart
vitellin.
C'est au moment où l'excavation de la cavité sous-germinale,
par production du rempart vitellin, commence à se poursuivre
jusque dans la région de la plaque axiale, que le parallélisme
cesse entre les ligures de la série schématique 21, 22, 23,
24, "25 et celles de la série 26, 27, 28, "29. Précédemment nous
avons vu (schéma 24) que le premier phénomène succédant à
114 11. DIVAL.
la disparition complète du bourrelet blastodermique était la
soudure du ])ord libre de l'entoderme primitif avec le rempart
vitellin pour former le bourrelet entodermo-vitellin, et que
seulement après (schéma 25) se produisait le dédoublement de
l'entoderme primitif en entoderme et mésoderme. Ici l'ordre
chronologique entre ces deux processus sera précisément
l'inverse; tout d'abord (schéma 28) l'entoderme primitif, qui
est demeuré relativement épais dans cette région, se dédouble
en mésoderme et entoderme, et aussitôt après (schéma 29) le
bord libre de cet entoderme définitif se soude avec le bord
du rempart vitellin, car pendant ce temps la cavité sous-
Schéma 28.
Sclu^ma 29.
gei'ininale s'est profondément excavée en arrière, non d'une
manière complète, mais seulement dans ses deux parties
latérales (en ajp, cgp, schémas 28 et 29).
c. Si maijitenant nous vérifions ce processus sur les figures
réelles, nous voyons qu'il ne se présente pas avec une égale
netteté sur les coupes transversales et sur les coupes anléro-
postérieures.
Sur les coupes transversales les deux phénomènes paraissent
se produire simultanément; en môme temps que l'entoderme
définitif se sépare du mésoderme, il se soude par son bord avec
le rempart vitellin, comme le montre la figure 56 (pi. IV).
Mais le caractère sus-indiqué du processus étant d'autant plus
accentué qu'on s'adresse à des régions plus postérieures, on
-VKTICI.E N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 115
peut, sur les coupes antéro-posLérieures, en constater très
nettement le caractère ; ainsi sur les figures M) et 45 (pi. 111)
l'entoderme délinitif est déjà séparé du inésoderine et cepen-
dant il n'est pas encore soudé au rempart vitellin.
Dans les coupes transversales, comme dans les loui^itudi-
nales, nous voyons de plus que, dans cette réi^ion postérieure,
le clivage de l'entoderme primitif se t'ait de telle sorte que le
mésoderme dépasse latéralement les limites de l'entoderme
délinitif (voy. tig. 56), de sorte qu'on peut dire que ce dernier
entoderme apparaît nniquement dans la partie médiane du
blastoderme.
Nous arrivons donc ici, pour les régions postérieures, à une
formule qui est exactement l'inverse de celle donnée pré-
cédemment pour la région antérieure et moyenne. Dans celle-
ci, avons-nous dit, pageii2, l'entoderme primitif ne se dé-
double en mésoderme et entoderme qu'après formation du
bouri-elet entodermo-vitellin, et ce dédoublement est tel, que
le mésoderme n'existe d'abord que dans la région médiane du
blastoderme. Ici au contraire le dédouhlemenl se fait avanl la
formation du bourrelet eiitoderaw-vitelliu, et il est tel que c^est
V entoderme définitif et non le mésoderme qui n'existe que dans
la région médiane du blastoderme. La comparaison des
ligures schématiques 25 et *29 fait ressortir cet antagonisme.
En délinitive nous arrivons à voir que le mésoderme se forme
jMir tout par dédoublement d'un entoderme primitif; seulement
ce dédoublement présente, relativement aux autres trans-
formations du blastoderme, des rapports chronologiques
différents dans la partie antérieure et dans la partie postérieure
du blastoderme. De plus, comme dans la partie antérieure
l'entoderme primitif n'a aucune connexion avec l'ectoderme ,
au moment du dédoublement, tandis que dans la partie
postérieure il est encore uni à l'ectoderme au niveau de la
plaque axiale, il en résulte que le mésoderme présente des
connexions bien différentes dans ces deux régions, connexions
qui peuvent faire croire à une différence d'origine. Et c'est
ainsi en effet qu'il faut interpréter la plupart des théories si
116 11. DIVAL.
nombreuses émises sur l'origine du l'euillet moyen chez le
poulet. Les auteurs qui n'ont examiné que des coupes de la
région antérieure, ont cru à une origine entodermique de ce
feuillet; ceux qui ont porté leur attention sur les régions pos-
térieures, ont cru à une origine ectodermique. Nous-mème,
dans notre précédent Mémoire Sur la ligne primitive, ayanl
pris soin de bien examiner comparativement les régions anté-
rieures et postérieures, nous avions conclu à une double origine
du feuillet moyen, c'est-à-dire à un mode de formation
différent et dans la zone tergale (région antérieure) et dans la
zone de la ligne primitive. « Le feuillet moyen, disions-nous
(op. cit., p. 18), se présente à son origine, comme une dépen-
dance du feuillet interne dans la zone tergale, comme une
dépendance du feuillet externe dans la région de la ligne primi-
tive. » Cet énoncé constatait bien l'état des choses, mais allait
trop loin comme interprétation. Nousn'avions pas alors suivi le
développement depuis la segmentation, pas observé l'existence
d'im entoderme pi'imitif, et par suite pas pu constater que
c'est toujours cet entoderme primitif qui donne naissance au
feuillet moyen, aussi bien dans les régions antérieures que
dans les postérieures, et que, si le mésoderme est en arrière
en connexion avec l'ectoderme, cette connexion n'indique pas
pour lui une origine ectodermique, mais est simplement la
conséquence des rapports préexistants entre l 'entoderme
primitif et l'ectoderme dans toute l'étendue de la plaque
axiale.
Au point de jonction entre les régions antérieures et les
régions postérieures, c'est-à-dire au niveau de l'extrémité
antérieure de la plaque axiale, la disposition présentée par le
mésoderme est intermédiaire entre celles qui le caractérisent
en avant et celles qui le caractérisent en arrière : ici en effet
(fig. 44 et partie droite de la figure 45, pi. III) on voit que la
masse mésodermique remplit tout l'espace entre l'ectoderme
et l'entoderme définitif, c'est-à-dire que ses éléments con-
finent aussi étroitement en haut avec ceux de l'ectoderme
qu'ils confinent en bas avec ceux de l'entoderme. Nous
ARTICLE N" 5
s
FORMATION DU BLASTODERME. 117
sommes ici en effet dans une région de transition. Les carac-
tères en sont encore mieux indiqués dans la ligure 60 (pi. V),
tels du reste que nous les avions précédemment énoncés, en
allant cependant comme interprétation au delà de ce que per-
mettait la simple constatation des faits, lorsque nous disions
(Mr moire sur la ligne primitive, p. 18) : « Au niveau de la télé
de la ligne primitive, point de jonction des deux régions sus-
indiquées, le feuillet moyen présente des caractères mixtes, on
ce qu'il pai'aît provenir à la fois du feuillet externe et du feuillet
interne, c'est-à-dire que dans le rentlemeni relativement
volumineux qu'on observe à ce niveau, les trois feuillets sont
intimement soudés et confondus. »
IV. — Apparition de la ligne primitive.
Le titre que nous donnons à ce paragraphe et la coupuic
que nous établissons ainsi dans notre exposé sont choses
absolument artificielles. Elles étaient nécessaires cependani,
pour cette raison que, à part quelques rares embryologistes,
tous n'ont tenu compte de la ligne primitive que lorsqu'elle
est entièrement visible, se détachant comme un trait foncé sur
la partie postérieure de l'aire transparente; ils n'ont donc vu
cette ligne que lorsque l'aire transparente s'était étendue
jusqu'à elle, par le fait de la production d'une large excavation
de la cavité sous-germinale jusque dans toute l'étendue de la
plaque axiale. La ligne primitive et la plaque axiale sont, nous
l'avons indiqué déjà à plusieurs reprises, une seule et môme
chose. Si désormais nous allons cesser de nous servir du terme
plaque axiale, pour employer celui de ligne primitive, ce n'est
pas cependant uniquement pour que notre nomenclature
concorde avec la nomenclature classique; c'est encore, parce
que ce changement de nom correspond à des changements de
constitution, et notamment parce que la plaque axiale prend
en ce moment une disposition particulière (elle se creuse plus
profondémenten une gouttière médiane) qui est caractéristique
de l'élnt dans lerjuel elle a été étudiée sous le nom de ligne
primitive. Nous allons donc examiner successivement la pro-
duction de la partie postérieure de l'aire transparente, puis la
productioji de la goultière de la ligne primitive; et nous ter-
minerons par quehjues considérations sur les parties péri-
phériques du blastoderme (extension du feuillet nioven ,
croissant antérieur).
a. La manière dont l'aire transparente s'étend en arrière
est facile à comprendre, en comparant la figure 56 (pi. IV)
avec les figures 6S et 64 (pi. V). Sur la première figure (section
transversale de la région de la plaque axiale entre la luiitième
et la douzième heure de l'incubation) nous avons vu (p. 106)
que la cavité sous-germinale commençait à s'excaver, mais
seulement en deux régions latéi'ales (cr/p, cgp, fig. 56), tandis
que dans la partie médiane son plancher était encore immé-
diatement sous-jacent à la face inférieure de l'entoderme.
Aussi, sur les coupes médianes antéro-postérieures de ce stade
(fig. 40, pi. III), ne voit-on en arrière aucune trace de l'exca-
vation sous-germinale. Ces dispositions font que la plaque
axiale n'est, sur le blastoderme examiné en surface, presque
pas visible; c'est à peine si, sur les pièces traitées par l'acide
osmique, elle se révèle de la manière représentée par la
ligure 49 (pi. IV), où sa visibilité a été un peu exagérée par le
dessin. Mais bientôt, entre la douzième et la treizième heure,
la partie médiane de la cavité sous-germinale se creuse elle-
même profondément, en même temps que son excavation
s'exagère sur les côtés, de manière à prendre la disposition
représentée en coupe par la figure 64 (pi. V). Dès ce moment
l'aspect connu sous le nom d'aire transparente existe sur une
longue zone à la partie postérieure du blastoderme, et dans
Taxe de cette zone la plaque axiale devient visible, sous le nom
de ligne primitive, comme le montre la figure 57. Aussi les
coupes médianes antéro-postérieures présentent-elles alors un
aspect caractéristique, dont on aura une idée nette en compa-
rant la figure 40 (pi. III) avec la figure 58 (pi. V). Sur la pre-
mière toute la région de la plaque axiale repose inunédiate-
AUTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. l l*.>
nient sur la masse vitelline ; sur la seconde la vaste exeavalion
(lu vilellus se poursuit largement en arrière et il existe un re-
mpart vitellin aussi bien en arrière qu'en avant.
On ne pent donc pas dire que la ligne primitive apparaît
dans l'aire transparente, mais bien qne Taire Iransparente
(l'excavation sous-germinale) se prolonge jusque dans la
région de la plaque axiale pour la faire apparaître. C'est
pourquoi nous avons donné au présent paragraphe le titre
iVapparUiou (et non de formation) de la ligne pi'imilive. Ce
n'est pas là une distinction subtile; en effet, les auteurs qui
ont cru à la formation de la ligne primitive dans l'aire trans-
parente, ont cherché les éléments de cette ligne dans les
feuillets du blastoderme tels qu'on les trouve dans cette aire,
d'où, en présence de l'impossibilité de résoudre le problème
posé en ces termes, les théories multiples et opposées que
nous aurons à rappeler plus loin. Cependant on aurait du être
mis en garde contre cette erreur, par le fait même des diffé-
rences de forme que présente l'aire transparente d'une part
lorsqu'on n'y aperçoit pas la ligne primitive, et d'autre part
lorsque cette ligne y est apparue. Tous les auteurs depuis
Erdl (1) et Dursy (^) figurent l'aire transparente, lorsqu'elle
ne présente pas encore de trace de la ligne primitive, sous la
forme d'une surface circulaire ; lorsque la ligne primitive est
apparue, cette surface a pris une forme ovale allongée, légère-
ment étranglée à la jonction de sa large moitié antérieure avec
sa moitié postérieure plus étroite (comme le montre iiotie
figure 57, pi. V) (8).
(1)M. P. Erdl, Die Entwickelang des Menschen und des Hûhnchcns im
Eté {Erste Band. Entw. d. Htihnchens, Leipzig, 1845).
(2) Dui'sy, Der Primitifdreif des Hiihnchens, Laiir, 1867.
(3) Balfour décrit bien cette forme et ajoute, quant aux conditions de trans-
parence des parties, un détail qui rentre bien dans ce que nous avons décrit
(comparer à la figure 4.9 de notre planciie IV), quand il dit {Comparative Em-
bryologie, t. H, 1881, p. illo) : ts.[jArea pelliicida prend alors graduellemenl
une forme ovale et se trouve formée de deux portions, l'une postérieure op;u|ue
et l'autre antérieure transparente : la partie opaque postérieure est dite par
quelques auteurs p/flr/M^? embryonnaire. »
s
J^O W. WIVAL.
Cojiiment s'est produit ce changement de t'ornieV C'est une
question qu'aucun auteur ne paraît s'être posée. Deux inter-
prétations seulement sont possibles : ou bien le disque pri-
milif s'est étranglé, purement et simplement, ou bien une
nouvelle partie, une portion nouvellement formée d'aire trans-
parente est venue s'ajouter à la portion circulaire déjà exis-
tante de manière à lui iormer comme une large queue, d'où la
configuration en raquette ou piriforme. Rien ne rend la pre-
mière hypothèse vraisemblable, puisque, au contraire, tout
montre que l'aire transparente, comme le blastoderme en gé-
néral, s'étend par un mouvement d'expansion excentrique,
bien loin qu'aucune partie de ses bords ne revienne sur ses pas
par un mouvement de retrait centripète. La seconde hypothèse
est véritlée au contraire par tout ce que nous avons vu précé-
demment. Mais il ne suffit pas qu'elle résulte de nos propres
descriptions et des figures de nos planches; nous pensons
qu'elle peut encore être démontrée en se servant des figures
même de Dursy, comme on pourrait le faire du reste de toutes
les figures semblables données par les divers embryologistes
allemands.
Prenons, en effet, par exemple, les figures 1 et 4 de Dursy,
dont nous reproduirons ici les lignes de contour, dans nos
schémas 30 et 8i (nous n'avons
e/' ^ modifié que les dimensions des
j-y figures de Dursy, les réduisant de
h \\/ moitié). Le schéma .10 (Dursy, pi.
\l! ] I, fig. 1) représente pour cet au-
^Z teur la forme de l'aire transpa-
Schémas 30 et 31. rcutc à Kl dixièuie lieurc dc l'in-
cubation; le schéma 31 {ibid.,
pi. i, lig. 4) représente la forme de cette aire transparente à la
quinzième heure ; ici l'aire transparente est piriforme, com-
posée d'une moitié antérieure circulaire, se continuant en
arrière en une moitié postérieure allongée : c'est dans l'axe de
cette moitié postérieure qu'est la ligne primitive, dont la tète
(d) arrive non loin du centre de la partie circulaire antérieure.
AUTK.LE N" f).
KORMATION DU ULASTOUEHMK h2 1
Eli [iréseiice de ces deux figures ou est presque iiécessuire-
iiieut aiueué à penser que la ligne primitive s'est produite,
entre la dixième et la quinzième heure de rincubation, dans
Taire transparente à ujesure que celle-ci changeait de forme.
Cependant, eu méditant ces deux ligures de Diirsy, on est
frappé d'une chose : dans le schéma 81, le diamètre {ah) de la
partie antérieure circulaire a la même étendue que le diamètre
de la figure 30, c'est-à-dire que dans les deux figures l'aire
transparente a les mêmes dimensions transversales. Serait-ce
à dire que de la dixième à la quinzième heure l'aire transpa-
rente est restée stationnaire quant à son développement en
étendue, alors qu'elle aurait cependant été le siège d'une for-
mation aussi importante que la ligne primitive, alors que nous
savons que tout, dans le blastoderme, subit dans ces premières
heures de l'incubation un mouvement d'expansion périphé-
rique plus ou moins accentué? Non certainement. La seule
interprétation possible est que ces deux figures ont été dessi-
nées à des grossissements différents, qu'en réalité le diamètre
ab est plus étendu à la(|uinzièniequ'à la dixième heure, et (pie,
s'il présente la même dimension dans les deux figures, c'est
(|ue la figure 31 a été dessinée à un moindre grossissement
que la figure 30. Dans l'explication des planches, Dursy dit
seulement que toutes les figures de sa planche 1 sont grossies
de 30 à (iO ibis, mais il n'indique pas le grossissement de
chaque figure en particulier; s'il en est qui sont deux lois plus
grossies que d'autres (dans le rapport de 30 à 60), il est évident
({ue tous les grossissements intermédiaires ont pu être em-
ployés, selon les nécessités de donner à chacjue figure des di-
mensions se prêtant à leur disposition symétrique sur une
large planche (sa planche 1 comprend 9 figures, dont la der-
nière est un blastoderme de la tin du premier jour). Faisons
donc en sorte de donner au schéma 31 ses véritables dimen-
sions par rapport au schéma 30. D'après ce que nous montre
l'inspection de nombreux blastodermes (les comparaisons sont
très difficiles à faire, parce que les blastodermes d'un même
i'ige, d'un même état de développement, présentent les plus
Sclic'iii.i '. -1.
Scliciiia Xi.
1"2"2 11. III VAL.
gi'aiidcs dJIÏéroiices an poiiiL de vue des dimensions), nous
croyons (jue de la dixième à la quinzième heure le blasto-
derme a bien pu augmenter d'environ un quart en diamètre,
c'est-à-dire que le schéma 31, pour être ramené à ses vraies
|)roportions par rapport au schéma 30, doit être augmenté d'un
(juart dans les dimensions de toutes ses parties. En faisant cette
opération, nous obtenons le schéma 32. Or, si sur une copie
de cette figure 32, prenant le milieu de la ligne ah comme
centre, nous traçons un cer-
cle ayant le même rayon que
l'aire transparente représen-
tée par le schéma 30, ce
cercle nous représentera
(schéma 33) la place occu-
pée précédemment par l'aire
transparente; si pour ren-
dre les choses plus claires,
nous ombrims de traits obli(pies toute la surface comprise
entre les contours du schéma 33 et le cercle tracé dans sa
région antérieure, nous divisons ainsi l'aire transparente de la
quinzième heure en deux parties ; l'une centrale et anté-
rieure, circulaire (la partie non ombrée du schéma 33) ,
laquelle représente ce qu'était Taire transparente à la dixième
heure ; l'autre périphérique (la partie ombrée du schéma 33),
à laquelle se rattache toute la partie postérieure de la figure,
et qui représente ce dont s'est accrue l'aire transparente de la
dixième à la ((ninzième heure. Or c'est dans cette partie nou-
velle (dans cette partie ombrée) que siège la ligne primitive.
Donc cette ligne ne s'est pas formée dans l'aire transparente
qui existait à la dixième heure, mais dans la partie surajoutée
ultérieuremenl à cette aire transparente.
Dans ces conditions, en recherchant l'origine de la ligne
primitive, on ne peut faire (jue deux hypothèses. Ou bien il y a
eu simultanéité dans la production de cette nouvelle partie
d'aire transparente et la formation de la ligne jirimitive, ou
bien la ligne primitive préexistait et elle est seulement devemu-
AnTICl.E N" 5.
l OIIMATIU.N DU BLASTODERME. 1 "2.1
appaiTuLe par formalion de la partie d'aire traiispareulc sur
laquelle elle se détache. Nous pensons avoir surtisamuieut dé-
montré que cette dernière formule correspond bien à la réalité
des faits, et nous n'avons cherché à en donner une nouvelle
démonstration à l'aide des ligures mêmes de Dursy que pour
montrer comment ces ligures peuvent en imposer au premier
aspect par la seule raison qu'elles ne sont pas toutes exécutées
à un même grossissement. Quand on les compare sans tenir
compte de cette condition, elles donnent l'idée que la ligne
primitive se forme dans l'aire transparente; quand on les
compare après correction, elles ne présentent plus rien de
contraire à l'idée que l'aire transparente s'étend seulement
dans une région où existait déjà la ligne primitive. C'est pour-
(fuoi, nous le répétons, nous avons tenu à donner à ce para-
graphe le titre (V apparition de la ligne primitive, alors (pie
dans tous les paragraphes précédents était étudiée sa forma-
tion successive à l'état dit de plaque axiale.
Remarquons cependant que cette apparition de la ligne pii-
mitive n'est pas aussi brusfjue que pourraient le faire croire les
descriptions qui précèdent. Du reste, nos figures montrent ipie
la plaque axiale se laisse entrevoir (fig. ,10, 49, pi. III et IV),
surtout sur les préparations à l'acide osmique, alors qu'il n'y
a pas encore au-dessous d'elle d'excavation de la cavité sous-
germinale (tig. .10), et surtout alors que cette excavation com •
mence à se produire latéralement (fîg. 49 et 56). A ce moment
on peut, en détachant le blastoderme sous l'eau, et nettoyant
énergiquement sa face inférieure par la projection d'eau avec
une pipette, enlever la partie du plancher de la cavité sous-
germinale qui est encore en contact immédiat avec la région
de la plaque axiale, et faire que celle-ci se révèle à l'examen
par transparence. Mais dans ces conditions il est rare qu'on
ne blesse pas le blastoderme lui-même, en déchirant notam-
ment son feuillet inférieur. C'est évidemment ainsi que lïis a
obtenu la série des figures I , "2, .1 de sa planche h2 ( l), figures
(I) llis, Erslc Aiddijc., cic
i24 11. un VAL
OÙ Ton retrouve d'une manière plus accentuée les détails ca-
ractéristiques de notre figure 41:) (pi. IV); dans les dessins de
Mis, la plaque axiale se projette déjà sur une aire transpa-
rente; mais celle-ci a été artificiellement obtenue par une
ablation artificielle du vitellus alors immédiatement sous-
jacent à cette partie du blastoderme, ablation qui n'est pas
sans danger pour ce blastoderme; aussi les figures de His
oflrent-elles certaines irrégularités et brèches, que l'auteur du
reste interprète justement, notamment pour la figure 8 de sa
planche 12, en disant (voy. p. '2'S6 du texte) qu'ici le feuillet
inférieur a été, sur une grande partie de son étendue, détaché
pendant les manipulations préparatoires (1).
b. Dans notre précédent Mémoire Sur la ligne primitive
nous avons insisté sur ce fait que la ligne primitive se creuse en
gouttière étroite peu après son apparition, a Sur le blasto-
derme de quatorze heures (2), disions-nous {op. cit.,\^. 14), la
ligne primitive se présente, vue en surface, comme une ban-
delette à peu près homogène ; c'est à peine si à sa partie anté-
rieure on distingue comme une petite fossette, qu'une coupe
lait reconnaître pour un commencement de gouttière. Sur le
blastoderme de dix-neuf heures, cette fossette s'est étendue
sur toute la longueur de la bandelette primitive, qui se pré-
sente maintenant comme une longue gouttière, c'est-à-dire
qu'elle a, vue en surface, l'aspect d'une double ligne sombre
avec une ligne claire médiane. » Nous n'avons qu'à confirmer
actuellement cette description, en atténuant cependant ce
qu'elle a de trop absolu. En effet, pour tout ce qui existe à
Fétat décrit sous le nom de plaque axiale, les aspects exté-
rieurs, comme des coupes, peuvent présenter de grandes
variétés. Toujours il y a une légère indication de sillon mé-
(1) l'^i i.'fffi, llis préparail ses pièces en excisant le l)las(oilerme, le neUoyaiil
autant que possible du vitellus adhérent, par la projection de sérum iodé à
l'aide d'une pipette, et procédant ensuite seulement au durcissement (voy. Erste
Anlagc, p. 180).
(2) A un état un peu plus avancé, quant à l'extension postérieure de l'aire
transparente, que le blastoderme représenté dans le présent Mémoire par la
ligure i!) de la planche IV.
ARTICLE N*' 5.
ie.
FORMATION DU BLASTODERME. 425
dian, comme le montrent les coupes représentées dans les
figures 16 (pi. II), 31, 89 (pi. III), et 56 (pi. IV), et ce sillon
peut être exceptionnellement très profond, puisque, comme
le montrent la figure 3^2, il peut aller jusqu'à constituer une
fente complète séparant à ce niveau le blastoderme en deux
moitiés distinctes. Mais le plus souvent ce sillon est à p.jine in-
diqué (fig. 56), peu prolond (fig. 39) et très évasé sur ses
bords (fig. 31). Au contraire, lorsque la ligne primitive est
complètement apparue, ce sillon prend la forme d'une gout-
tière profonde, dont le fond est étroit, dont les bords s'élèvent
légèrement au-dessus du niveau du reste du blastoderme. Tel
est l'état représenté par la figure 64. Cette exagération de la
gouttière de la ligne primitive est liée à un processus particu-
lier qui se passe dans ses couches profondes.
Ce processus, nous l'avons décrit avec le plus grand soin
dans notre mémoire Sur la ligne primitive : il a de même été
très attentivement figuré et analysé par Kôlliker,qui en îi fait
la base de sa théorie sur l'origine ectodermiquedu mésoderme.
Si donc nous rappelons en quelques mots les dispositions en
question, ce ne sera qu'autant qu'il est nécessaire pour donner
ensuite la véritable interprétation de ce processus.
On voit sur la figure 64 (comme sur toutes les figures du
Mémoire Sur la ligne primitive) que le feuillet interne, lequel
a désormais le nom d'entoderme (entoderme définitif), est
parfaitement distinct des autres couches blastodermiques, et
s'étend en une seule et mince couche de cellules au-dessous de
la ligne primitive. Nous avons étudié (p. 113, fig. schéma-
tiques '21, tiS, 29, et fig. 45, 55, 56 des planches III et IV) le
procédé selon lequel cet entoderme définitif se sépare de l'ento-
derme primitif dans la région de la plaque axiale. Toujours est-il
qu'actuellement (fig. 64) l'épaississementde la ligne primitive
n'est plus formé que par le feuillet externe (ex) et le feuillet
moyen (ms), tandis que précédemment (voy. fig. 39, pi. III) la
plaque axiale était formée à la fois par le feuillet externe, le
feuillet moyen, et le feuillet interne, ou, pour parler exacte-
ment, par le feuillet externe et un feuillet interne, dit ento-
H. ÉTUDES. — se. NAT. XXIX. "Ai. — ART. N" 5.
126 11. DUVAL.
derme primitif, qui représentait, encore non séparés, les élé-
ments du futur mésoderme et du futur entoderme proprement
dit. En rappelant ces dispositions et montrant ces différences,
nous indiquons en même temps une des raisons qui nous ont
fait distinguer sous des noms différents la plaque axiale et la
ligne primitive.
En examinant la ligne primitive, constituée, comme le
montre la figure 64, seulement par le feuillet externe et le
feuillet moyen, nous voyons qu'ici non seulement ces deux
feuillets sont entièrement accolés et soudés l'un à l'autre,
mais encore que les éléments du feuillet moyen, en voie de
prolifération active (comparer son épaisseur et la disposition
serrée de ses cellules sur la figure 64 et sur la figure 56), sont
disposés de manière que l'ectoderme du fond de la gouttière
de la ligne primitive semble prendre une part active à leur pro-
duction. On dirait que les éléments les plus profonds de la
couche ectodermique de la ligne primitive prolifèrent, se dé-
tachent successivement, et se portent de chaque côté dans le
mésoderme dont ils contribuent ainsi à augmenter l'épaisseur,
ainsi que du reste l'étendue, en chassant devant eux, vers des
zones de plus en plus périphériques, les éléments antérieure-
ment formés. Ces dispositions sont, sur toutes les coupes, on ne
peut plus nettes. Kôlliker qui, l'un des premiers, a attiré l'at-
tention sur ce fait, en a conclu à sa théorie bien connue de
l'origine ectodermique du mésoderme, théorie qu'il résume en
ces termes (Trad. fr. p. 437) : « La ligne primitive ou lame
axile est un épaississement médian du blastoderme, dont l'ori-
gine dérive d'une prolifération de l'ectoderme. Tout d'abord cet
épaississement est situé tout entier dans l'axe futur du corps,
mais bientôt ses parties profondes croissent intensément, et,
débordant, s'étendent entre l'ectoderme et l'entoderme, pour
constituer graduellement une couche particulière, le feuillet
moyen ou mésoderme. » Évidemment nous ne pouvons adopter
l'opinion de Kôlliker, puisque nous avons vu le mésoderme
avoir, dans la région de la plaque axiale, une origine tout
autre que celle formulée par cet auteur. Mais ce qui n'est pas
ARTICLE N" 5,
FORMATION DU BLASTODERME. 127
vrai de l'origine, pourrait être vrai de l'accroissement, puis- '
qu'en elYet les aspects des coupes de la ligne primitive, tou-
jours semblables à celui de la figure 64, nous font nécessaire-
ment l'impression de cellules se détachant de la partie ecto-
dermique de la ligne primitive, au-dessous du fond de la gout-
tière correspondante, pour se mêler aux éléments préexistants
du mésoderme. C'est à une conclusion semblable que nous
arrivions précédemment (Mémoire Sy«/' la ligne primitive, p. 43)
quand nous disions : « Le feuillet moyen se forme (il eût fallu
dire s'accroU en partie) aux dépens d'une masse primitive qui
lui est commune avec le feuillet externe. »
Cette dernière formule nous paraît la plus exacte, la plus en
rapport avec ce que montrent les préparations par coupes
transversales. Or nous espérons montrer que, en invoquant les
arguments fournis par l'embryologie comparée, cette formule
est encore la seule exacte, c'est-à dire que cette expression de
« accroissement ou même formation aux dépens d'une masse
qui est commune au feuillet moyen et à l'ecloderme » est la
seule expression propre, et qu'il est impossible de la changer
en celle de « origine ectodermique, ou accroissement par ad-
jonction des cellules ectodermiques ».
Que nous enseigne en effet l'embryologie des vertébrés in-
férieurs, aussi bien que celle des invertébrés, sur la formation
i--A--
Schéma 34.
Schéii a 3o.
du feuillet moyen, dans ses rapports avec l'anus de Rusconi?
Elle nous montre que l'apparition et l'accroissement du méso-
derme se fait par le dédoublement d'un entoderme primitif en
mésoderme et entoderme déhnitif, et que cette production dé-
bute, puis se montre particulièrement active sur les lèvres de
l'anus de Rusconi (A, schéma 34), aux dépens d'une masse
128 11. DUVAL.
correspondant précisément à la région où l'ectoderme se con-
tinue avec l'entoderme primitif (schéma, 34, 35); {j.'uand l'en-
toderme primitif est dédoublé, on voit le mésoderme en con-
nexion, au niveau de la lèvre rusconienne (en A, schéma 36),
avec la couche de cellules par laquelle l'ectoderme, se réflé-
chissant de dehors en dedans, va se
continuer avec l'entoderme, c'est-à-
dire en connexion avec une couche
d'éléments qui appartiennent aussi
bien à Tectoderme qu'à l'ento-
derme. Désignons, pour les besoins
du moment, cette couche sous le
nom de couche ectodermo-entodermiqiœ. Or la plaque axiale
de l'oiseau est, à tous égards, comparable à un orifice rus-
conien qui, de la forme circulaire, serait passé à la forme
en fente allongée (le schéma 37 en représente alors la coupe)
et dont les deux bords se seraient intimement soudés (ce qui
Scliéin;i 36.
Schéma 38.
donne le schéma 38). Dans ces conditions, l'entoderme pri-
mitif se dédouble, comme pour la série des figures schéma-
tiques 34, 35, 36; seulement, puisqu'il y a soudure entre les
moitiés droite et gauche, au lieu de deux plaques ectodermo-
entodermiques (A, fig. 36), nous aurons une seule masse
médiane ectodermo-entodermique (A, schéma, 39). Jusqu'ici
les choses sont absolument comparables, chez le poulet et la
grenouille; on peut dire qu'elles sont identiques, en faisant
abstraction du fait de la soudure de l'oi'ificerusconien linéaire.
Maisune différence intervient alors, c'est que, en même temps '
que l'entoderme définitif se sépare de la masse entodermique
primitive, il se continue en une seule couche non interrom-
pue du côté droit au côté gauche, c'est-à-dii'e que toute
AKTICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 129
adhérenpç cesse sur la ligne médiane entre lui et la masse
médiane dite ectodermo-entodermique. Cette masse qui n'est
autre chose que Va plaque axiale^ devient dès lors la ligne pri-
mitive (en P schéma 40). Des éléments de la couche ecto-
dermo-entodermique, sur les lèvres rusconiennes de la gre-
nouille, il était difficile de dire s'ils devaient être considérés
•A -
ScliJiin :i!}. ScliLMiia 40.
comme appartenant à l'ectoderme ou à l'entoderme; de la
plaque ectodermo-entodermique du poulet, telle qu'elle est
représentée dans le schéma 39; il serait également difficile
de dire si ces élémentsappartiennent à l'ectoderme plutôt qu'à
l'entoderme. Mais l'entoderme se sépare en réalité d'elle,
comme le montre le schéma 40, et cette plaque n'a plus que
àç^'è connexions ectodermiques. Cela est vrai; mais ces con-
nexions exclusives avec l'ectoderme ne sauraient nous faire
oublier que primitivement cette plaque était indifférente,
appartenant aussi bien au feuillet interne qu'au feuillet ex-
terne. Nous ne sommes donc pas autorisé à la rattacher au
feuillet externe, et si nous voyons sa face profonde être le siège
d'une active production d'éléments qui vont faire partie du
mésoderme, il ne nous est pas permis de dire que ces élé-
ments viennent du feuillet externe, qu'ils sont d'origine eclo-
dermique. Nous ne pouvons pas aller, en nous en tenant ri-
goureusement aux faits, plus loin que cet énoncé dont nous
avons voulu démontrer la rigueur : « au niveau de la ligne pri-
mitive les éléments du feuillet moyen naissent aux dépens
d'une masse qui est commune à ce feuillet et au feuillet ex-
terne )), et, en invoquant les considérations d'embryologie
comparée, nous pouvons ajouter « masse qui^ primitivement,
lui était commune avec le feuillet interne (entoderme primi-
tif) )). On voit que, tout en admettant parfaitement les faits si-
N.
130 11. DtVAL.
gnalés si soigneusement par Kolliker, nous sommes Loin
d'admettre que leur interprétation puisse conduire à la
théorie de l'origine ectodermique du feuillet externe, puisque
en somme cette masse est, quant à son origine première, une
dépendance de l'entoderme (entoderme primitif) et non de
l'ectoderme.
c. Au point où nous sommes arrivé actuellement avec les
figures de la planche V, le présent mémoire s'arrête là où
commençait notre précédent travail Sur la ligne primitive. Il
nous reste donc seulement à signaler quelques faits pour la
démonstration desquels nous aurons recours à la fois aux
planches de ces deux mémoires. Ces faits seront relatifs à la
forme de l'extrémité postérieure de la ligne primitive ; à l'ex-
tension du feuillet moven ; à la constitution du croissant anté-
rieur.
i" A un moment donné la formation de la ligne primitive
s'arrête, c'est-à-dire qu'alors les trois feuillets du blastoderme
se séparent complètement les uns des autres en un point qui
sera l'extrémité postérieure de la ligne primitive, et s'étendent
en arrière, comme ils le font sur les côtés et en avant, chacun
selon leur mode spécial et indépendant d'extension, mode
d'extension qui a été précédemment défini pour l'ectoderme
et l'entoderme, qui le sera bientôt pour le mésoderme. Nous
n'avons pu saisir exactement le moment où s'arrête ainsi la
formation de la ligne primitive, mais tout nous fait penser que
cet arrêt a lieu avant que cette ligne n'apparaisse entièrement
par le fait de l'extension de l'aire transparente. Ce serait sans
doute au stade représenté par la figure 40 (pi. III). On voit en
efTet, en comparant la figure 40 avec la figure '^8, que ces
deux coupes antérô-postérieures médianes diffèrent en ce que,
tandis que sur la figure 33 l'extrémité postérieure de la plaque
axiale (en bhii) présente encore la constitution du bourrelet
blastodermique, dans la figure 40, l'ectoderme s'est séparé et
prolongé isolément en arrière (de e}) en ex) comme il le foisait
déjà dans les stades antérieurs sur les côtés et en avant. Dès
ce moment la plaque axiale est arrivée à la fin de son proces-
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 134
SUS de formation et on voit {ep fig. 40) le point qui correspond
à ce terme. A partir de ce point, le mésoderme en voie de
formation et devenu indépendant de l'entoderme définitif,
grâce au clivage ci-dessus décrit (voy. p. 114, et fig. 46, 45,
pi. III), le mésoderme s'étendra en arrière, mais sans présen-
ter de connexions ni à sa face supérieure ni à sa face infé-
rieure, avec les feuillets sus- et sous-jacents. C'est ce que
montre la figure 58 (pi. V) où ep indique le point où s'est ar-
rêtée la formation de la plaque axiale (actuellement à l'état de
ligne primitive).
Cette clôture de la formation de la plaque axiale semble se
produire avec une grande irrégularité ; il y a, qu'on nous per-
mette l'expression, une sorte d'hésitation dans le processus de
séparation des feuillets en cette région toute postérieure. De là
les aspects très divers que présente ultérieurement l'extrémité
de la ligne primitive lorsqu'on peut l'examiner par transpa-
rence. Elle est tantôt déviée d'un côté (voy. la figure 2 de la
planche I de notre Mémoire Sur la ligne primitive) ; tantôt ren-
flée (voy. les figures 4 et 5 de Dursy), tantôt bifurquée en deux
branches courtes dont l'ensemble figure un croissant. Ce der-
nier aspect a spécialement fixé l'attention de quelques auteurs,
et c'est à cette disposition que Koller, ainsi que Kupffer et
Bambeckeont donné le nom de croissant (Siehel) dans des Mé-
moires que nous analyserons plus loin avec détail. Enfin il peut
se faire qu'au niveau de cette extrémité postérieure la ligne
primitive présente un orifice arrondi ou en forme de fente tra-
versant toute l'épaisseur du blastoderme ; c'est cette disposition
queKupffer et Bambecke ont trouvée d'une manière à peu près
constante chez le moineau, et qu'ils ont appelée hlastopore ou
prostoma. Pour nous, ainsi qu'il a été dit précédemment, toute
la plaque axiale est un blastopore (ou anus de Rusconi) rudi-
mentaire, et si, par anomalie, ce blastopore rudimentaire
présente des perforations qui démontrent sa parenté avec le
blastopore des autres vertébrés, ces perforations peuvent se
rencontrer aussi bien à l'extrémité antérieure, ou sur la partie
moyenne, qu'à l'extrémité postérieure de la ligne primitive ;
132 M. DUVAL.
toutefois les deux extrémités paraissent être leurs sièges de
prédilection.
Quand est close la formation de la ligne primitive, par déli-
mitation de son extrémité postérieure, ce n'est pas à dire que
celte ligne ne croisse pas encore en étendue ; son augmen-
tation en longueur se fait alors non plus par adjonction de nou-
velles parties à son extrémité postérieure, mais par ce qu'on
peut appeler un accroissement interstitiel, siégeant dans toute
son étendue. Cet accroissement se poursuit même assez long-
temps, jusque vers l'époque de l'apparition de la gouttière mé-
dullaire (voy. les planches de notre Mémoire Sur la ligne pri-
mitive), et détermine un léger degré de projection en avant
de l'extrémité antérieure de la ligne primitive, laquelle alors
progresse réellement un peu d'arrière en avant dans l'aire
transparente. Nous reviendrons sur ce point en analysant plus
loin les travaux des auteurs qui, comme KoUer, n'ont voulu
voir que cette projection en avant, et ont considéré la ligne pri-
mitive comme se produisant dans une direction centripète, en
partant de l'extrémité postérieure du disque blastodermique.
2° L'extension du feuillet moyen et ses rapports avec les
limites de l'aire transparente doivent être précisés, car ils vont
nous fournir l'occasion de définir ce qu'on doit réellement
appeler l'aire opaque.
Nous avons vu que le mésoderme dérive toujours de l'ento-
derme primitif, quoique sa séparation d'avec ce feuillet se fasse
d'une manière différente en avant (dans la zone tergale) et en
arrière (dans la région de la ligne primitive). Ainsi se forme
une plaque mésodermique, qui en avant n'a que très peu
d'étendue (voy. fig. 58 et 60, pi. V), entourant d'une courte
zone sombre l'extrémité antérieure de la ligne primitive; cette
plaque prend une étendue transversale de plus en plus consi-
dérable à mesure qu'on l'examine de plus en plus vers la partie
postérieure de la ligne primitive. Là, en effet, elle déborde les
limites de l'aire transparente, et s'étend au delà du rempnrt
vitellin (pi. V, flg. 63), de façon à dépasser le bourrelet ento-
derrno-vitellin et à aller reposer sur l'entoderme vitellin (fig. 63,
ARTICLE N*" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 133
64, 65). Cette dernière disposition existe de très bonne heure,
puisque nous avons vu (p. i07 et 115) que, dans la région de la
plaque axiale, la division del'entoderme primitif en entoderme
proprement dit et mésoderme se faisait de telle sorte que
les parties périphériques de l'entoderme primitif se convertis-
sent in tolQ en mésoderme (fig. 56, pi. IV), lequel repose ainsi,
dès sa formation, dans ses parties périphériques postérieures,
entre l'ectoderme et Tentoderme vitellin (couche de vitellus
riche en noyau).
La plaque mésodermique ainsi formée, étroite en avant, où
elle n'atteint pas les limites de l'aire transparente, large en
arrière, où elle dépasse ces limites, peut être représentée par
le schéma 41. Les dispositions de ce schéma sont faciles à
vérifier sur la figure 57 (pi. V),
qui représente l'aspect extérieur
du blastoderme vers la quin-
zième heure, mais se déduisent
encore pins nettement de l'é-
tudedes coupes (fig.58, 61,64,
pi. Y). Dans le schéma, ap est
l'aire tj-ansparente : en dehors
d'elle , la région ombrée de
traits horizontaux, est ce que les
auteurs appelent déjà à ce moment aire opaque, région qui
cependant a la composition de celle qui plus tard sera dite aire
vitelline (formée partout par l'ectoderme, recouvrant dans les
zones internes un entoderme vitellin, et dans les zones ex-
ternes le vitellus pur et simple). Eniîn la région occupée par
le feuillet moyen est représentée ombrée de traits verticaux, et
forme une plaque ovoïde à petite extrémité antérieure (E), à
grosse extrémité postérieure ; les bords de cette grosse extré-
mité postérieure dépassent les limites de l'aire transparente,
et forment ainsi un croissant, dans lequel, sur ce dessin sché-
matique, les traits verticaux (caractéristiques du mésodorme)
se croisent avec les traits horizontaux (caractéristiques de
l'aire opaque des auteurs, laquelle est une aire vitelline). Or
Schéma 4t.
134 M. DlIVAL.
c'est ce croissant qui 'représente le début de la véritable aire
opiKjne^ si on veut rationnellement désigner sous ce nom une
zone ayant une structure spéciale, qui soit bien celle qu'on
appelle en effet aire opaque sur le blastoderme du second jour
de l'incubation et des jours suivants. C'est ce que démontre
l'étude du mode à'extension du mésoderme.
En effet, dès ce moment (fig. 57, pi. V) il n'y a pins à parler
de Y origine du mésoderme, mais seulement de son extension,
car il forme dès maintenant un feuillet indépendant, à bords
libres, et ce sont ces bords qui s'étendent vers la périphérie,
de façon à dépasser de tous côtés les limites de l'aire trans-
parente, comme ils la dépassaient dès le début en arrière
seulement.
Le schéma 42 montre l'état de cette extension vers la ving-
tièmcheure. (EnEest la région où apparaît la corde dorsale, la
Schéma 42.
gouttière médullaire, en un mot les premiers rudiments du
corps de l'embryon, toutes parties non figurées sur ces
schémas). Le schéma 43 montre l'état de cette extension vers
la fin du premier jour de l'incubation (pour la région E, même
remarque que précédemment). On voit que le feuillet moyen
se prolonge en avant en deux cornes, circonscrivant un espace
où le blastoderme n'est formé que de deux feuillets (ectoderme
et entoderme). Dès ce moment existe une véritable aire opaque,
article|n" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. I -S5
sur loiite la périphérie de l'aire transparente, excepté loul en
avant, où cette an-e opaque ne se (Complétera que lorsque les
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Schi'raa 4:{,
deux cornes sus-indiquées viendront se rejoindre sur la ligne
médiane antéro-postérieure, ce qui ne se produit qu'assez
tard.
Nombre de faits particuliers relatifs à cette forme qu'affecte
le mésoderme pendant son extension seront prochainement de
notre part l'objet d'un travail spécial. Pour le moment, nous
n'en devons retenir que ce qui est relatif à \aire opaqur (ou
ii\YQ> obscure), et nous dirons : « l'aire obscure proprement dite,
qui doit devenir ultérieurement l'aire vasculaire, résulte de
l'arrivée du mésoderme entre l'ectoderme et l'entoderme
vitellin. Cette aire obscure se forme d'abord en arrière, puis
s'étend sur les côtés de Taire transparente, pour ne se com-
pléter en avant que tardivement ».
Dans un prochain travail nous étudierons l'origine des pre-
miers vaisseaux: nous verrons que la condition essentielle de
leur formation est dans les rapports de la face inférieure du
mésoderme avec l'entoderme vitellin, et que ces deux feuillets
participent parallèlement, chacun par des éléments bien
définis, à la constitution des îlots de sang. Or on voit, d'après
136 11. Dl^VAL.
ce qui précède, que ces conditions se trouvent réalisées tout
d'abord dans la région postérieure du blastoderme; c'est pour-
quoi les îlots de sang (îlots de Wollï) apparaissent en premier
lien sur celte région postérieure; ils se montrent ensuite
sur les parties latérales, jusqu'en avant, et alors l'aire opaque
prend le nom d'aire vasculalre, car le sinus terminal occupe
précisément le bord libre du feuillet moyen.
Nous nous sommes attaché précédemment à limiter avec
une grande rigueur la valeur de l'expression aire transparente.
Pour ce qui est de Vaire opaque des auteurs, on voit qu'en
général on a donné ce nom à ce qui est en dehors de l'aire
transparente, sans s'inquiéter de savoir si cette zone externe,
dont l'opacité est due d'abord uniquement à la masse vitelline
sous-jacente, présente à toutes les périodes du développement
la même constitution histologique. Ainsi, pendant que se pour-
suit la segmentation, Dansky et Kostenistscli, appellent area
opaca la région périphérique riche en vacuoles, et qui n'est
composée que de vitellus non encore segmenté, et area pellii-
cida la partie formée par des sphères de segmentation {op. cit.
p. 4). Au contraire, sur l'œuf fraîchement pondu et non
incubé, Pander, qui le premier a établi la distinction d'une
area opaca et d'une area pelliicida, a donné le premier nom à
l'anneau qui correspond au bourrelet blastodermique, et le
second à la partie centrale du blastoderme, partie dans laquelle
se détache en blanc le noyau de Pander. Puis, quand a dis-
paru le bourrelet blastodermique, quand, par le fait de l'exca-
vation de la cavité sous-germinale, apparaît la véritable aire
transparente, ce qu'on nomme aire opaque se trouve être la
réûfion du bourrelet entodermo-vitellin, de l'entoderme vitellin,
et du bord libre de l'ectoderme. Enfin, quand le mésoderme
s'étend en dehors de l'aire transparente, alors seulement les
auteurs classiques parlent nettement d'une aire opaque, cir-
conscrite elle-même par une aire vitelline. Il est bien évident
que c'est dans ce dernier cas seul que le nom d'aire opaque
doit convenir, ou du moins que, pour se conformer au principe
de nomenclature qui veut qu'un seul nom désigne une seule
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 137
et môme chose, il faut restreindre le nom d'aire opaque à la
disposition citée en dernier lieu et dont la formation est in-
diquée par nos figures schématiques 41 , 42 et 43. Cependant,
comme cette seule et véritable aire opaque devient bientôt
Taire vasculaire, nous proposerons de ne pas bouleverser
complètement la nomenclature classique: de n'employer sans
donte le mot d'aire opaque qu'après apparition de l'aire
transparente, et de l'employer dès lors pour toute la zone, à
bords très mal délimités, qui est en dehors de cette aire trans-
parente ; puis, lorsque le feuillet moyen dépasse les limites de
l'aire transparente et forme successivement d'arrière en avant
la vraie aire obscure, nous proposerions de donner à cette aire
le nom de zone vasculaire de l'aire obscure, et à tout ce qui
est en dehors d'elle le nom de zone vitelline de l'aire obscure.
S*" Nous terminerons par quelques remarques sur le bour-
relet entodermo-vitellin, et notamment sur sa partie antérieure
(croissant antérieur).
Le bourrelet entodermo-vitellin, formé par la soudure de
l'entoderme définitif avec l'entoderme vitellin, au niveau du
bord supérieur du rempart vitellin (voy. p. 93), représente,
tout autour de l'aire transparente, la zone où les éléments
de l'entoderme vitellin se transfoment successivement en
cellules entodermiques : c'est la zone d'accroissement de l'en-
toderme. Sur la figure 52 (pi. IV), on voit les transformations
successives depuis iir, où existe une épaisse couche de vitellus
parsemé de noyaux; puis vers le bourrelet lui-môme (en BEV)
où le vitellus, par une sorte de segmentation secondaire, com-
mence à s'individualiser autour de chacun de ces noyaux ;
en X, X existent de grosses cellules à contours de plus en plus
distincts, pleines des granulations caractéristiques du vitellus
blanc; ces cellules se divisent, se transforment en éléments
plus petits, d'où disparaissent peu à peu les corpuscules vitel-
lins, et enfin on trouve (en m, fig. 52) des cellules plates (fusi-
formes en coupe optique), semblables à celles qui constituent
Tentoderme définitif dans toute l'étendue de l'aire transpa-
rente. Au stade de développement (jue nous étudions ici,
i38 M. «tVAl,.
n'existe pas encore ce que dans un précédent mémoire {An-
nexes des Emhri/ons iV oiseau, p. IJ) nous avons appelé Ven-
toderme cellulaire ou vésicideux, lequel se forme aux dépens
de l'entoderme vitellin dans l'aire vasculaire. Ce n'est en effet
qu'après l'apparition des vaisseaux que l'entoderme vitellin
donne naissance à ces grandes cellules coniques si caractéris-
tiques des villosités en rapport avec les vaisseaux de la vési-
cule ombilicale. (Voir les planches du Mémoire Sur les an-
nexes des embryons d'oiseau). Nous n'avons donc pas à en
parler ici.
Mais nous devons nous arrêter sur une disposition parti-
culière que présente le bourrelet entodermo-vitellin, dans la
région antérieure. Sur toute la périphérie de l'aire trans-
parente (voy. fig. 52, pi. IV ; et 64, pi. V) ce bourrelet forme,
sur les coupes, une sorte de corniche qui surmonte le rempart
vitellin et s'avance au-dessus de l'excavation sous-gerniiuale
pour se continuer avec l'entoderme proprement dit. Cette cor-
niche est étendue à peu près horizontalement, sans disposition
spéciale, de sorte qu'elle ne se traduit, sur les vues en surface,
que par une transition graduelle entre l'aspect clair de l'aire
transparente et l'aspect foncé de l'aire opaque. Mais tout en
avant, il n'en est pas de même. Ici le bourrelet entodermo-
vitellin est très étendu, et forme une corniche courbe, en
forme de gouttière à concavité supérieure (voy. BEV, fig. 58,
59 et 61, pi. V); des deux bords de cette gouttière, l'un, in-
terne, se continue avec l'entoderme proprement dit, l'autre,
externe, avec l'entoderme vitellin. Or le bord interne, formé
de cellules globuleuses, de dimensions très diverses, est vu en
raccourci lorsqu'on examine le blastoderme en surface, et se
dessine alors comme une longue tache sombre, en forme de
croissant, conceiitriquement disposé par rapport au bord an-
térieur de l'aire transparente (voy. fig. 57 en ca). C'est à ce
dessin en croissant, dans lequel le jeu de mise au point avec
le microscope fait reconnaître un pli, (pie His a donné le nom
de pli •àv\lQYO-Q\i'dv\\e {Vordere Aussenfalte). Ce pli antérieur
a été leprésenté par presque tous les auteurs, mais diver-
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 139
sèment interprété, c'est-à-dire que, (l'une part, on n'a pas tou-
jours observé que le feuillet externe n'y prend aucune part, et
qu'ensuite quelques-uns ont voulu y voir la première appari-
tion du repli céphalique destiné à circonscrire le premier rudi-
ment de l'intestin antérieur. Il n'en est rien; nous venons de
voir quelle est la vraie nature de ce pli, qui résulte d'une
disposition particulière du bourrelet entodermo-vitellin. Nous
lui conserverons le nom de croissant antérieur que nous lui
avions donné dans un précédent Mémoire Sur la ligne primi-
tive, p. 13, alors que, sans connaître exactement son origine,
nous avions cependant montré que ce pli n'a rien à taire dans la
formation de l'embryon ni même de l'amnios, car nous n'avons
rien à changer à cet égard à ce que nous disions alors, à savoir
que : « sur des blastodermes d'un âge avancé ce pli a parfois
complètement disparu ; mais parfois, alors même que le blas-
toderme s'est recourbé en avant et en bas, pour constituer le
capuchon intestinal antérieur, ce croissant est encore visible
en avant de ce capuchon et bien distinct de lui ; ce qui prouve
que le croissant antérieur n'a rien à faire avec le capuchon
intestinal. Dans la région qu'il occupe va se former le capuchon
céphalique de l'amnios; mais comme ce capuchon se forme
ici uniquement par une duplicature du feuillet externe, tandis
que le croissant antérieur appartient au feuillet interne, il est
également impossible de chercher à voir dans ce croissant
aucun rapport avec ce capuchon. Nous pouvons donc dire que
le croissant antérieur ne répond à aucun des plis par lesquels
se circonscrivent les parties antérieures du corps de l'embryon
ou de son enveloppe amniotique, mais qu'il représente seule-
ment une masse de sphères de segmentation irrégulièrement
différenciées en éléments du feuillet interne et servant à l'ac-
croissement en surface de ce feuillet interne. Ces petites masses
de segmentation sont plus ou moins vite épuisées, et c'est
pourquoi le croissant disparaît plus ou moins vite, et montre
en tout cas de ofrandes variétés d'étendue sur des blastodermes
en voie de développement » {loc. cit. p. 13).
L'aspect irrégulier de ce croissant antérieur, l'état de plus
140 M. »DVAL.
OU moins grande transparence de la zone qui le sépare de la
limite antérieure de l'aire transparente {ca en ha^ fiL^. 57,
pi. V), tout cela est dû à la disposition variable que présentent
les grosses cellules de cette partie du bourrelet entodermo-
vitellin. En effet on voit toujours quelques-unesde ces cellules
l'aire saillie sur la lace supérieure du bourrelet, et souvent se
présenter comme libres et flottantes (fig. 59 en a), x), parfois
môme assez rapprochées de la face inférieure de l'ectoderme.
iNous notons ces dispositions uniquement parce qu'elles doivent
être au nombre de celles qui ont déterminé Peremeschko et
Œllacher à formuler leur théorie sur l'origine du mésoderme.
On peut en effet, alors qu'on n'a pas constaté la véritable ori-
gine du mésoderme, être amené, par l'examen de piéparations
semblables à celles de nos figures 59 et 60, à supposer une
libation directe entre les éléments représentés en x, x (fig. 59),
et ceux représentés en ms, ms (fig. 59 et 60), c'est-à-dire être
amené à faire provenir les éléments mésodermiques de cellules
détachées du rempart vitellin et qui s'insinueraient entre
l'entoderme et lemésoderme en suivant une voie centripète.
TROISIÈME PARTIE.
ANALYSE DES 3IÉM01RES DE KOLLER.
Pendant que nous poursuivions les recherches qui devaient
aboutir au présent Mémoire, paraissait en Allemagne un tra-
vail de Koller, publié en 1881 dans les Archiv. fur Mikroskop.
Anat. Au premier abord, à la seule inspection des planches
de cet auteur, notre impression fut que ce travail aboutissait
à des conclusions identiques à celles que nous commencions à
entrevoir d'après l'étude de nos préparations. Mais la lecture
du Mémoire en question, et surtout celle d'un autre Mémoire
antérieur, auquel renvoyait l'auteur, nous montrèrent aussi-
lot (jue Kollei- arrivait à des interprétations absolument
diflérentes des nôtres : en méditant les figures schématiques
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODEHME. 141
de SOI) premier mémoire, nous pûmes bientôt nous rendre
compte des apparences qui, à notre avis, avaient du égarer
l'auteur. Or, comme ces deux publications forment un en-
semble capable de faire une grande impression sur l'esprit de
tout embryologiste préoccupé des problèmes que soulève
l'étude de la formation du blastoderme, comme leur analyse
critique nous fournira l'occasion de compléter sur plus d'un
point les descriptions et interprétations données dans les
pages précédentes, nous avons cru devoir donner une place à
part à cette analyse critique, que nous ferons suivre de quel-
ques considérations sur un autre travail récent publié par
Kupffer et Benecke, et ayant de nombreux rappoits avec celui
de Koller.
a. Dans son premier mémoire (i), Garl Koller commence
par faire remarquer que tous les auteurs semblent admettre
pour le blastoderme non incubé une structure identique dans
toutes ses parties, du centre à la périphérie, et qu'on n'a pas
porté son attention sur les différences locales de ses transfor-
mations pendant les premières heures de l'incubation. C'est,
dit-il, qu'on n'a pas cherché un point de repère sur pour dis-
tinguer l'axe antéro-postérieur du blastoderme tant que la
ligne primitive ne se montre pas; la place future de l'embryon
perpendiculairement à l'axe de l'œuf, avec sa gauche vers le
gros bout, ne constitue pas une disposition assez fixe pour
servir à orienter les coupes. La solution des problèmes rela-
tifs à la formation du blastoderme dépend donc essentielle-
ment de l'usage d'un critérium capable de fixer l'observateur,
et sur l'âge du blastoderme, et sur son orientation. Il pense
avoir trouvé ce critérium dans la découverte d'un dessin par-
ticulier, et jusqu'à ce jour passé inaperçu, que présente le
blastoderme non incubé, dessin qui subit une série non inter-
rompue de transformations jusqu'à l'apparition de la ligne
primitive. Ces transformations, qui se produisent trop vite
(l) Beitràge zur kenntnlss des Hiihnerkeiïns in Beginne der Bebrutunfi
[Akad. der Wissensch., t. LXXX, Wieii., 1879).
H. ÉTUDES. — S(.. N.Vr. XXIX. 22. — ART. N' 5
142 »■• »IVAL.
lorsque l'incubation se fait à la température de 38 degrés, il
a pu les suivre en faisant incuber à des températures de 27 à
34 degrés, selon le procédé préconisé par Kœlliker, et il les
décrit en choisissant cinq stades qui lui paraissent particuliè-
rement bien caractérisés.
i . Stade de l'œuf non incubé (schéma 44). — La surface du
blastoderme présente une area pellueida (ap) entourée par une
area opaca (ao) ; cette dernière est formée par le bord épaissi
du blastoderme (ce que nous avons appelé le bourrelet blasto-
dermique); en orientant l'œuf de ma-
nière que le gros bout soit à gauche et
le petit bout à droite de l'observateur,
la future région caudale de l'embryon
est dirigée vers celui-ci, qui alors peut
reconnaître la partie antérieure d'avec
la partie postérieure du blastoderme.
On remarque alors que la ligne de sé-
paration entre Varea opaca et Yarea
pellueida présente en arrière un dessin
très accusé correspondant à une partie
plus opaque de Varea opaca; ce dessin figure un croissant dont
le centre, dit bouton ou tête du croissant {Sichelknopf) paraît
formé d'une partie plus épaisse (SK),
tandis que ses régions latérales (SH),
ou cornes du croissant (Sichelhorner)
vont en s'atténuant, en diminuant d'é-
paisseur du centre à la périphérie.
2. Stade de la tache embrijonnalre
arrondie (schéma 45). — Obtenu par
Sclioiua 44. — uu, aicu liimc.i ,
ap , area pellueida ; l'K ,
noyau de Pander ; SK, crois-
sant (bouton) ; SH, cornes
du croissant.
Schéma 45. — ES, taclie cm
bryonnaire. (Les autres let
ires conune pour le schéma
44.)
une incubation de vingt-deux à vingt-
quatre heures à 27 degrés centigrades,
ce stade montre d'abord que Varea
pellueida n'a pas changé d'étendue, tandis que Varea opaca
est devenue plus large (d'après le dessin de l'auteur on verrait
même que cette augmentation de Varea opaca se serait faite
aux dépens de Varea pellueida) ; de plus, dans Varea pellueida
AKTICLE N" 5.
FORMAÏIO; DV BLASTODERME. 143
011 ne voit plus le noyau de Pander, mais à sa place se montre
une tache blanchâtre arrondie, excentriquement placée, en
contact avec le croissant; c'est la tache einbnjonualre des au-
teurs (ES). Quant au croissant, il présente (SK) une tête plus
accentuée (plus large et plus épaisse) qui semble faire saillie
pour se diriger vers le centre du disque blastoderniique.
3. Stade de la tache embryonnaire eu spatule (schéma 46). — •
Obtenu par une incubation de douze heures à 31 ou à 34 de-
grés, et paraissant correspondre à la huitième heure de l'in-
cubation normale, ce stade montre encore un accroissement
de Varea opaca (et le dessin indique de plus en plus que cet
Scliénia 46. — F, prolongement
du bouton {ou tOlc) du crois-
sant.
Schéma 47. — PS, ligne primitive.
accroissement se ferait aux dépens de Varea pellucida, qui di-
minue encore plus d'étendue; de la figure 44 à la figure 46 elle
a diminué d'environ un tiers). Quant au croissant, il présente
une tête (F) qui se prolonge en pointe dans la direction du
centre du disque blastoderniique, et dont l'extrémité pénètre
dans la tache embryonnaire, laquelle n'a plus une forme ar-
rondie, mais, par amincissement de sa partie postérieure, est
configurée en spatule (en massue) ; les cornes du croissant
sont moins accentuées, mais en sa partie médiane on remar-
querait une strie, une sorte de fente transversale (fente ou rai-
nure du croissant : Sichelrinne), qui le divise en une moitié
antérieure et une moitié postérieure.
4. Stade du rudiment de ligne primitive (schéma 47). —
Obtenu par une incubation de dix-huit k vingt heures à 31 de-
grés, ou de douze heures à 24 degrés, ce stade ne présente
144 M. DL'VAL.
pas de moditicatioii dans les dimensions du disque blastoder-
mique. Mais la tête du croissant présente un prolongement
de plus en plus considérable (F) qui pénètre dans tout le tiers
postérieur de l'aire transparente : l'extrémité antérieure de
ce prolongement (F) est pointue, l'extrémité postérieure ou
base (PS) est large et l'ait corps avec le croissant. La tache
embryonnaire s'est éloignée de la limite postérieure de Yarea
pellucida et entoure, sous l'orme de disque échancré, l'extré-
mité correspondante du prolongement de la tête du croissant,
prolongement qui dès maintenant se laisse reconnaître comme
n'étant autre chose que la ligne primitive (PS).
5. Stade de la ligne primitive achevée (schéma 48). — Ob-
tenu par douze heures d'incubation normale, ce stade montre
un accroissement en étendue des deux
/^ aoN. aires (l'auteur ne donne pas de chiffres
/ ^ — ^'^z' \ pour ces dimensions , et sur sa figure
( p5 f I j I l'aii'e transparente est représentée avec
\ V J[ y ■ ^" y le même diamètre que précédemment).
\ / La ligne primitive (PS) s'est considéra-
^■^-.«>_-^ blement allongée ; elle parcourt les deux
schôMia 18. - Loitui , ,nnm. ^jgj.g (jg \\iyf,a vellucida ,' plus mince dans
procedemiiiciil. _ ' ^ ^
sa partie moyenne, plus large à ses deux
extrémités, elle laisse voir, seulement sur les pièces examinées
par transparence, une rainure ou gouttière {Primitivrinne) qui
la parcourt selon son axe. h' area pellucida est devenue trans-
parente dans toute son étendue, c'est-à-dire qu'il n'y a plus
détache embryonnaire, mais seulement une toute petite au-
réole opaque autour de l'extrémité antérieure de la ligne pri-
inilive.
De ces études du disque blastodermique examiné en sur-
face, Koller conclut que le développement de la ligne primi-
tive commence sur une |)artie périphérique du blastoderme,
sur une région épaissie du bourrelet marginal (bourrelet blas-
todermique), et que de là son développement se poursuit en
marchant vers le centre de l'aire transparente, c'est-à-dire
que la ligne primitive n'apparaît pas primitivement là où on
ARTICLE N" 5,
FORMATION DU BLASTODERME. 145
la trouve lors de son achèvement (Arch. f. mikrosk. Avat.,
1881, t. XX, p. 180).
Et en effet, l'inspection des figures données par Koller,
figures que nous avons reproduites dans les schémas 44 à 48,
produit immédiatement une impression favorable à cette théo-
rie; en passant d'une figure à l'autre, on voit manifestement la
ligne primitive naître eu arrière et s'avancer graduellement
vers le centre. Mais cette impression est trompeuse; elle est
due à ce que toutes ces figures sont dessinées de duuension
égale, comme si le disque blastodermique n'augmentait pas
de diamètre de la première à la douzième heure d'incubation;
bien plus, Koller leprésente même l'aire transparente comme
diminuant de diamètre pendant ces premières heures. Ce der-
nier détail tient à ce qu'il désigne sous le nom d'aire transpa-
rente, sur l'œuf non incubé, une partie qui ne mérite pas ce
nom, et qui n'est autre chose que la portion centrale du blas-
toderme circonscrite par le bourrelet blastodermique; plus
tard, c'est la véritable aire transparente, à laquelle il donne
ce nom, c'est-à-dire qu'on est bien alors en présence de la
région devenue transparente par le fait de l'excavation de la
cavité sous-marginale; et on comprend qu'alors cette aire ne
corresponde pas comme dimension à la partie précédemment
désignée à tort sous le même nom. Toujours est-il qu'il est
impossible d'admettre que le blastoderme ne s'étende pas en
diamètre pendant son développement. Il est donc indispen-
sable de faire ici un essai analogue à celui que nous avons fait
précédemment pour les figures de Dursy; il faut corriger les
dessins de Koller en leur donnant leurs véritables dimensions
relatives, et voir si les nouvelles figures ainsi obtenues nous fe-
ront encore l'impression d'une ligne primitive marchant d'ar-
rière en avant, engagnantdela périphérie surlecentre(l). Pour
(1) Koller déclare lui-même ne s'êlre pas atlaché à reproduire les parties
dans leurs exactes dimensions réciproques. Dans un travail publié dans le nu-
méro du 30 avril 1881 du Zoologisehen Centralblatt, Léo Gerlach {Ueber die
entodermale Entstehungsweise der Chorda Dorsalis) reprochait à Koller
d'avoir donné irop de largeur à ce qu'il appelle le croissant (Sichel), en même
446 II. DUVAi..
cela, nous nous abstiendrons de recourir à nos propres figures
et de prendre les dimensions réelles des parties qu'elles repré-
sentent; nous le ferons plus tard pour arriver à une démons-
tration plus formelle de notre manière de voir. Pour le mo-
ment, ayons recours aux mensurations fournies par un auteur
qui ne peut être soupçonné de partialité dans la question : Kœl-
liker dit que sur l'œuf non incubé le blastoderme mesure de
3 millimètres 1/2 à 4 millimètres en diamètre, et qu'à la fin
du premier jour il en mesure 12. Donc, vers le milieu de ce
premier jour, c'est-à-dire à la douzième heure (stade cin-
quième de KoUer) il doit en mesurer environ six. Il a donc
augmenté de diamètre dans le rapport de 3,5 à 6, c'est-à-dire
pas tout à fait doublé (j§= p,); mais ceci est pour le blasto-
derme entier. Qu'en est-il de sa partie centrale, c'est-à-dire
de la zone circonscrite par le bourrelet blastodermique,
puis par le bourrelet entodermo-vitellin, zone que, pour
le moment, nous appellerons aire transparente, quoiqu'elle
ne mérite ce nom qu'au stade dit du bourrelet vitellin.
Sur la figure 44 (p. 66) de Kœlliker, cette partie centrale a
50 millimètres de diamètre, ce qui, puisque cette figure
est grossie trente-sept fois, donne 1,3 (^=1,3) pour son
diamètre réel sur le blastoderme non incubé. D'autre part,
sur la figure 26 (p. 90) de Kœlliker, pour un blastoderme où
la ligne primitive est complètement achevée, l'aire transpa-
rente, dans sa plus grande étendue (dans le sens antéro-pos-
térieur, qui est la direction qui nous intéresse le plus), me-
sure 80 millimètres, ce qui, le dessin étant fait à un gros-
sissement de vingt-quatre fois, nous donne comme dimen-
sion réelle 3,3. La région en question, l'aire transparente(des
auteurs), aurait donc passé, pendant la formation de la ligne
temps qu'il contestait la présence de ce croissant sur le blastoderme non incubé.
Dans son second mémoire {Arch. f. mikroskop. Anat., 1881), Koiler avoue
que : « le reproche d'avoir donné trop de largeur au croissant est peut-être
juste, car dans ses dessins il ne s'est nullement attaché à des mensurations
exactes » (op. cit., p. ;210).
FORMATION DU BLASTODERME. 147
primitive, de la dimension de 1,3 à celle de 3,3, c'est-à-
dire presque triplé (augmenté de 2 fois i/2, puisque ^ = 2,5).
Nous considérerons volontiers cette augmentation comme trop
considérable (trop favorable à notre thèse), et, puisque les
mensurations pour le blastoderme en entier nous donnaient
une augmentation un peu moindre que le double, et qu'ici
nous arrivons à une augmentation bien supérieure au double,
prenons un juste milieu et admettons que le diamètre de la
partie en question a simplement doublé. Si donc nous repro-
duisons ici (schéma 49) les contours de ce que Koller appelle
aire transparente sur le blastoderme non incubé, en donnant à
Schéma i\). — Repro- Scliéiiia 50. Schéma 51.
duction de l'aire transpa-
rente du schéma 44.
ce cercle exactement les mêmes dimensions que sur la figure
de Koller (schéma 44), nous devons, pour donner dans ses
proportions réelles la figure du cinquième stade de cet auteur,
la reproduire avec un diamètre double de celui du schéma 49,
et nous obtenons ainsi le schéma 50 (qui n'est autre chose que
la copie exacte, à une échelle double, de la partie marquée ap
dans la figure de Koller pour le cinquième stade, sciiéma 48).
Pour comparer les parties de ce schéma avec celles de la figure
schématique 49, traçons sur cette figure 50 le cercle poin-
tillé a (schéma 51) ; il nous donne la place de l'aire transpa-
rente au premier stade, c'est-à-dire que toute la zone, ombrée
de traits horizontaux, placée entre la circonférence a et la
circonférence b (schéma 51) correspond à l'augmentation en
surface acquise par l'aire transparente du premier au cin-
quième stade de Koller (nous procédons ici exactement comme
148 11. Dr VAL.
nous avons fait pour les figures de Dursy ; voy. nos schémas 32
el33, p. 122).
En présence de ce schéma 51, nous pouvons déjà dire que
toute la moitié postérieure de la ligne primitive (de 2 en 3) ne
s'est pas formée par un mouvement centripète, en marchant
d'arrière en avant, mais bien au contraire d'avant en arrière.
Mais reste la moitié antérieure de cette ligne primitive (de 2
en 1), laquelle moitié semblerait sans doute s'être formée
comme lèvent Koller, s'il n'y avait pas en réalité encore une
correction à faire ici pour rendre ces figures absolument con-
formes à la réalité.
En effet, nous l'avons répété maintes fois, et tous les au-
teurs l'ont dit et figuré (excepté Koller dans ses dessins par
trop schématiques), l'aire transparente prend successivement
une forme allongée pendant son développement, et elle est
oblongue, à grand diamètre antéro-postérieur ou configurée
en massue lorsque la ligne primitive est formée; c'est-à-dire
que l'aire transparente s'est accrue en arrière beaucoup pins
qu'en avant. Lors donc que sur la figure 50, représentant
l'aire transparente au cinquième stade de Koller, nous voulons
retrouver la place de l'aire primitive au premier stade, et qu'à
cet effet nous traçons un cercle pointillé, il ne faut pas, comme
nous l'avons fait pour la figure 5'J, prendre comme centre de
ce cercle le centre même du grand cercle />, mais un point
situé en avant, soit le point x (dans la figure schématique 52) ;
nous obtenons ainsi la figure 52, dans laquelle la zone ombrée
de traits horizontaux représente bien maintenant la manière
réelle dont s'est accrue en surface l'aire transparente en pas-
sant du stade 1 au stade 5 (beaucoup en arrière, moins sur les
côtés, encore moins en avant), et alors nous voyons que la
plus grande partie de la ligne primitive (au moins les deux
tiers) s'est formée d'avant en arrière dans un mouvement cen-
trifuge, comme le mouvement d'extension du blastoderme (la
partie de 2 en 3; schéma 52). Il ne reste plus, devant être
considérée comme résultant d'un mouvement centripète de
cette ligne, que la petite portion de \ en 2 (fig. schémat. 52),
Al.Tir.I.R N" 5
FORMATION DU BLASTODERME. 449
portion qui correspond à l'accroissement en longueur que
nous admettons se faire dans cette ligne pendant son appari-
tion (voy. ci-dessus, p. 132). On voit donc que si, au fond de
la théorie de Koller, il y a quelque chose devrai, l'accroisse-
ment en longueur de la ligne primitive et la projection de son
extrémité antérieure d'arrière en avant, ce fait ne prend qu'une
minime part dans l'ensemble des transformations d'où résulte
l;i ligne primitive, el que la théorie de Koller a essentiellement
Schéma 52.
Schéiiia Til!.
pour origine l'interprétation de figures schématiques dans
lesquelles il n'est tenu aucun compte de l'accroissement relatif
des diverses parties. Ajoutons que même la figure schéma-
tique 52, à laquelle nous venons d'aboutir par une série de
corrections, n'est pas encore suffisamment conforme à la
réalité, et que, pour la rendre tout à fait exacte, il faudrait
amoindrir sur les côtés l'étendue de l'aire transparente ; on
arriverait ainsi au schéma 53, c'est-à-dire à une fiizure sem-
l)lable à celle à laquelle nous sommes déjà arrivé à propos
des travaux de Dursy, schéma qui, du reste, est la reproduc-
tion des figures classiques aussi bien que de celles que nous
donnons dans les planches du présent mémoire (voy. fig. 57,
pi. V).
b. Dans son second mémoire, Garl Koller (1) a cherché
quelles dispositions, sur les coupes microscopiques, corres-
pondent aux aspects successifs décrits par lui sur les blasto-
(1) UntersHchiingen ilber die Bldtlerbilduny iin Huhnerkeim (Arch. f.
mikrosknp. Avnfomie, t. X\, p. 17 i, 1881).
150 11. DLVAL.
dermes examinés en surface. Pour orienter ses coupes, il a
cherché un moyen de reconnaître la direction de l'axe antéro-
postérieur du germe, alors que le durcissemicnt de la pièce y
aurait fait disparaître les divers dessins qui se distinguent à sa
surface à l'état frais. A cet effet, il prenait un tout petit frag-
ment de papier, et avec une pince le fichait dans le jaune à la
partie postérieure du disque blastodermique, sur le prolonge-
ment de son axe antéro-postérieur. La pièce étant durcie par
l'acide chromique, il enlevait de la sphère du jaune un segment
comprenant le disque blastodermique; la membrane vitelline
en était détachée sans accident (!). Puis, après coloration en
masse par le carmin, et achèvement du durcissement par
l'alcool absolu, la pièce était incluse dans un mélange de cire
et d'huile, pour être débitée en coupes.
Les coupes médianes antéro-postérieures ainsi obtenues
sont décrites par lui dans des termes, et représentées par des
dessins absolument comparables à nos figures et à nos des-
criptions. Mais son interprétation et la nôtre diffèrent essen-
tiellement, toujours pour cette unique raison que Koller croit
voir les formations correspondant à la ligne primitive se déve-
lopper d'arrière en avant, dans une marche centripète, tandis
que nous avons démontré que cette ligne, ou la plaque axiale
qui est la première forme, se développe d'avant en arrière,
dans une marche centrifuge, et résulte de ce que le bourrelet
blastodermique laisse en arrière, selon l'axe antéro-posté-
rieur, une traînée où le blastoderme conserve la constitution
même du bourrelet blastodermique.
Ainsi pour le premier stade Koller décrit et figure parfaite-
ment un bourrelet blastodermique plus épais et plus large en
arrière qu'en avant (voy. notre figure 22, pi. II). Le croissant
qu'il décrit sur les vues en surface, correspondrait à un
épaississement de l'entoderme immédiatement en avant de
celte partie postérieure du bourrelet blastodermique. Notre
figure 27, comparée à la figure 26. peut donner une idée suffi-
sante du dessin sur lequel Koller base celte interprétation.
Disons donc tout de suite que ce croissant, que Koller décrit
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 151
comme si net sur les dessins en surface, et dont cependant il
trouve si peu l'explication dans les coupes, disons que ce
croissant est une des nombreuses et infiniment variables appa-
rences que peut présenter, selon ses variations locales d'épais-
seur, l'aspect en surface du disque blastodermique, alors que,
passant de l'état représenté en coupe par la figure 14 (pi. II) à
l'état représenté par les figures 17 et 22, l'amincissement de
sa masse entodermique s'effectue plus ou moins régulière-
ment; presque toujours un épaississement plus considérable
reste vers la région que Koller appelle le croissant; cet épais-
sissement correspond à l'échancrure rusconienne des blasto-
dermes de petits oiseaux, lorsque cette échancrure se forme
et représente le point de départ do la traînée qui sera la
plaque axiale.
Pour le second stade, Koller s'attache à montrer avec raison
que la tache embryonnaire des auteurs, laquelle doit dispa-
raître bientôt, ne mérite pas ce nom, car elle est formée sim-
plement par la partie entodermique qui est demeurée relative-
ment épaisse et ne s'est pas encore disposée en une mince
couche de cellules plates (fusiformes sur les coupes). S'il eût
ajouté qu'elle est due à ce que la partie qui la circonscrit en
avant et sur les côtés, partie plus transparente, correspond à
l'apparition de l'excavation de la cavité sous-germinale, c'est-à-
dire à la première apparition de la véritable aire transparente
(comprise comme il a été fait dans le cours du présent mé-
moire), il eût donné la véritable interprétation de cette pré-
tendue tache embryonnaire, laquelle n'est en effet autre chose
que la partie foncée, en arrière de la zone claire ap, dans notre
figure 30 (pi. III).
Au stade troisième, les coupes l'amènent simplement à con-
stater que la limite inférieure de l'ectoderme devient moins
nette dans la région de la tête du croissant, et qu'en ce point
apparaît un amas compact de cellules, lesquelles dérivent de
l'ectoderme et forment le premier rudiment de la ligne primi-
tive. C'est au niveau d'une dépression qui vient d'apparaître
sur l'ectoderme, et qui n'est autre chose que la rainure du
152 11. DU Y AL.
croissant (Sichelrinne), que paraît se faire le plus activement
cette prolifération aux dépens des éléments delà faj;)e profonde
del'ectoderme. Au lieu de dire qu'il apparaît un amas com-
pact, disons que cet amas y est laissé par le bourrelet blasto-
dermique qui s'est déplacé et porté plus loin en arrière et
nous aurons la vraie interprétation. Du reste, Koller a bien un
peu vu cela, c'est-à-dire s'est rendu compte qu'ici il y a une
formation ectodermo-entodermique, rappelant la constitution
même du bourrelet, car aussitôt il ajoute (p. 195) : « Certains
laits rendent vraisemblable la participation du feuillet infé-
rieur à cette production : d'abord ce fait que dans les stades
antérieurs il y avait en cette région un amas de cellules des-
quelles on ne saurait dire si elles ne représentaient que des élé-
ments du futur entoderme ; puis ce fait qu'au stade actuel la
couche la plus inférieure de ces cellules ne s'est pas encore
complètement différenciée en entoderme distinct (1). » Quant
à ce que Koller appelle rainure du croissant, nous n'y pouvons
voir autre chose que la dépression ectodermique si souvent
représentée dans les diverses figures de nos planches, et cor-
respondant virtuellement à la partie supérieure de la ligne de
soudure des deux lèvres d'une ouverture rusconienne, comme
nous l'avons expliqué dans les figures schématiques 34 à 40
(ci-dessus p. 127).
Au stade quatrième, les coupes figurées par Koller sont
presque identiques à celles de nos figures 40, 45, 46 (pi. III)
et 56 (pi. IV). C'est par une série de raisonnements, basés sur
l'interprétation des vues en surface, qu'il arrive à cette conclu-
sion que les éléments de la plaque primitive dérivent de l'ecto-
derme, et encore souvenl raisonne-t-il moins par argument
direct, qu'en excluant successivement les hypothèses autres
que la sienne.
Au stade cinquième, ses coupes correspondent à celles des
figures 58 et 61 de notre planche V. Il note que l'entoderme
(1) En d'autres termes, l'étal représenté dans la ligure 39 (de noire |)lanche 111)
ne s'est pas encore transformé en l'élal de la figure 56 (pi. IV). Comparez aussi
nos figures schématiques 39 et 40 (ci-dessus, p. 129).
AUTICLK N" 5.
FOn.MATION DU BLASTODERME. 153
est inaiii tenant constitué en une couche bien distincte sur toute
l'étendue du blastoderme, aussi bien en arrière qu'en avant.
Mais il figure encore un bourrelet blastodermique, à peu près
tel qu'on le trouve sur les coupes du blastoderme non incubé;
de plus, il ne tient pas compte de la forme et de l'étendue qu'a
prise l'excavation de la cavité sous-germinale. Il est facile de
comprendre que dans ces conditions, il n'a pu arriver à
d'autre interprétation que celle qui consiste à assigner une
origine ectodermique à la plaque axiale, puisqu'il n'a suivi ni
les transformations et déplacement du bourrelet blastoder-
mique, ni la production et l'extension de l'excavation sous-
germinale autour, puis directement au-dessous de la plaque
axiale. En somme, ce mémoire renferme des faits anatomiques
très exactement décrits et figurés; leur interprétation est
inexacte uniquement parce que l'auteur a négligé certains
autres faits en connexion directe avec les précédents.
Nous venons de voir que les figures dans lesquelles Koller
représente les coupes médianes antéro-poslérieures sont très
exactes à nos yeux, en ce sens qu'elles correspondent parfaite-
ment avec ce que nous-même avons vu et représenté. Or,
puisque nous avons montré précédemment que les figures
schématiques que donne Koller pour le blastoderme vu en
surface ne sauraient être acceptées comme exactes parce
qu'elles ne tiennent pas compte des dimensions proportion-
nelles des parties aux divers stades, il nous a paru intéressant
de chercher à reconstituer, d'après nos coupes (d'après celles
spécialement qui concordent avec les coupes de Koller), ce que
doit être, pour chacune de ces coupes, l'aspect en surface du
blastoderme. Nous arriverons ainsi à une interprétation des
aspects si variables que présentent ces vues en surface. Seule-
ment, pour former une série complète, nous remonterons jus-
qu'au stade qui correspond à la fin de la segmentation.
Ces figures, pour être toutes à la même échelle, seront
construites à l'aide des très simples opérations arithmétiques
suivantes. Prenant, sur nos dessins de coupes, la dimension de
chaque partie, nous la diviserons par le chiffre du grossisse-
154 .11. «ivAi..
meut auquel a été dessinée la coupe; puis nous multiplierons
par 4 la dimension ainsi obteime, et le produit sera la dimen-
sion que nous donnerons à la partie en question sur le dessin
schématique destiné à iburnir en projection en surface les
diverses parties de la coupe, c'est-à-dire que tous ces schémas
de projection en surface seront faits à un grossissement de
4 fois.
i" Commençons par la ligure 10 de la planche I. Sur ce des-
sin le disque blaslodermique a 53 millimètres de diamètre ; or
le grossissement est de 45. Nous trouvons que f| x 4 = 4,8.
Nous traçons donc une circonférence ayant de 4,8 à 5 milli-
mètres de diamètre. Elle nous représente à un grossissement
de 4 diamètres l'étendue du disque blastodermique à la fin de
la segmentation. Son aspect doit être d'un blanc mat, peu
intense à la périphérie, intense au centre et en
^ 5i arrière, puisque alors la masse blastodermique
est une lentille convexe par sa face inférieure.
Si donc nous représentons le blanc plus ou
moins mat par du noir plus ou moins foncé,
nous obtiendrons le schéma 54, qui corres-
pond bien en effet aux descriptions de la cica-
tricule à la fin de la segmentation.
2" Passons à la figure 14 (pi. II). C'est un
blastoderme tel qu'il existe d'ordinaire un peu
avant la ponte de l'œuf, mais tel qu'on en
trouve assez souvent sur les œufs fraîchement
pondus (voy. ci-dessus, p. 19). Sur ce dessin
il mesure 98 millimètres en diamètre; le gros-
sissement est de 45 fois. Or ^ x 4= 8.
Nous traçons donc un cercle d'un diamètre de 8 millimètres
(schéma 55). Ce cercle nous représente, à un grossissement
de 4 diamètres , l'étendue du disque blastodermique au
stade de formation du bourrelet blastodermique (voy. p. 73),
et, eu égard à la constitution du bhistoderme, telle que la
montre la coupe, nous ombrerons (schéma 55) la surface de
ce cercle d'une teinte un peu plus foncée à la |)éiiphérie
ARTICLE N" 5.
Schémas 54 à 57.
FORMATION DU BLASTODERME. 155
qu'au centre (début de lu formation du bourrelet blastoder-
mique).
• 3° Avec la figure 22 (pi. II) nous avons un type partait du
blastoderme de l'œuf fraîchement pondu non incubé. Sur ce
dessin il mesure 90 millimètres en diamètre; le grossissement
est de 30 fois; or ~ x -^ =^ 12. Nous traçons donc un cercle
de 12 millimètres de diamètre, lequel nous représente à un
grossissement de 4 fois l'étendue en surface du blastoderme en
question, et si, eu égard à la présence du bourrelet blastoder-
mique, plus fort et plus large en arrière qu'en avant (large
surtout à sa partie médiane postérieure) nous ombrons forte-
ment, surtout en arrière, la place de ce bourrelet, circonscri-
vant ainsi une aire moins ombrée, dans laquelle nous dessi-
nons une tache plus foncée (schéma 56), correspondant au
noyau de Pander vu par transparence^ nous obtenons le schéma
probable de la vue en surface de ce blastoderme, schéma qui
se trouve correspondre en effet exactement à la description
donnée précédemment (p. 31 et 38) de l'aspect extérieur de la
cicatricule de l'œuf non incubé.
4" Avec la figure 24 (pi. II) nous avons le blastoderme au
début de la véritable aire transparente (voy. p. 85), c'est-à-
dire lorsque la cavité sous-germinale commence à se creuser
à sa partie antérieure en une profonde excavation. Sur ce des-
sin (fig. 24, pi. II) le blastoderme mesure 54 millimètres en
diamètre; le grossissement est de 15 fois. Or H x 4 = 14,4.
Nous traçons donc un cercle d'un diamètre de 14,4 milli-
mètres, lequel nous représente, à un grossissement de 4 fois,
l'étendue du disque blastodermique en question. Eu égard à ce
que nous savons de l'effacement du bourrelet blastodermique
en avant, à sa persistance en arrière, et à l'épaississement que,
dans son mouvement d'expansion périphérique, il a laissé en
arrière à la place occupée par lui dans le stade immédiate-
ment antérieur, nous ombrons comme le montre le schéma 57
la place occupée par ce bourrelet et son dérivé {pp. début de
la plaque axiale); dans le champ même du disque blastoder-
mique nous laissons, en avant, correspondant à la partie exca-
156 11. WIVAL.
vée de la cavité sous-germinale, une zone plus claire (débul
de l'aire transparente propremenL dite, ap), et nous obtenons
ainsi (fig. 57) le schéma probable de la vue en surface du
blastoderme en question. Or ce schéma probable se trouve
très approximativement identique à la figure 30 (pi. III) qui
est le dessin réel de l'aspect extérieur d'un blastoderme sem-
blable à celui représenté en coupe dans la figure 24 (pi. II).
Seulement la figure 30 est à un grossissement de 5 fois, tan-
dis que le schéma 57 est à un grossissement de 4 fois seule-
ment.
5" Pour le stade suivant, nous disposons déjà d'un dessin
réel de la vue en surface du blastoderme (fig. 48 et 49, pi. IV).
Cependant construisons le schéma, comme précédemment, en
prenant les coupes représentées dans les figures 40 (pi. III)
et 50 (pi. IV). La figure 50 nous donne pour l'aire transpa-
rente (largeur de l'excavation sous-germinale) une étendue de
40 millimètres : le grossissement est de 20 fois; or^JI x 4^:= 8 ;
nous traçons donc une aire transparente de 8 millimètres de
diamètre transversal (fig. 58) ; la figure 40 nous donne, pour
cette aire, une longueur antéro-postérieure de 24 millimètres ;
le grossissement (fig. 40, pi. III) est del6fois;f|x 4 =^6;
nous donnons donc seulement 6 millimètres de dimension
antéro-postérieure à cette aire; mais en vertu des dispositions
connues d'après les figures 40 et 56, nous la faisons suivre en
arrière, dans une étendue de 4 à 5 millimètres, d'une zone
où la transparence commence à se dessiner de chaque côté
d'une plaque médiane antéro-postérieure plus foncée. Enfin,
pour avoir les limites non seulement de l'aire transparente,
mais de tout le blastoderme, nous mesurons sur la ligure 40
(pi. III) la distance qui sépare les deux extrémités libres de
l'ectoderme; elle est de i05 millimètres, le grossissement
étant de 16 fois. Or Y/x^^^-^- Nous traçons donc un
cercle {be) de 24 millimètres de diamètre en prenant pour
centre le centre de l'aire transparente déjà dessinée, et nous
obtenons ainsi le schéma 58, qui, comme schéma probable
de la vue en surface du blastoderme en question, ne diffère
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 157
pas sensiblement de la représentation réelle donnée par la
figure 49 (pi. lY). Seulement ici nous avons la limite de
l'ectoderme (be), ce que nous avions été empêché de repré-
senter sur la figure 49 non seulement par le défaut d'espace,
mais encore parce que cette limite ne se dessine pas nette-
ment sur la sphère du jaune.
Avant de poursuivre la construction de ces figures, arrêtons-
nous un instant sur la région du blastoderme qui occupe sur
le schéma 58 tout l'espace compris entre la limite externe de
l'aire transparente {ap) et la ligne formée
par le bord libre de l'ectoderme (he). En ^,.
général on désigne cette région sous le ^^ 1
nom d'aire opaque; elle est formée ici, bJ\
nous l'avons dit, par des parties qui ont la
constitution de ce qu'on appelle plus tard
l'aire vitelline. Or dans les blastodermes à
l'état représenté par le schéma 56, on donne aussi le nom
d'aire opaque à la zone périphérique foncée (/>), et ici cette
aire opaque est représentée par le bourrelet blastoder-
mique. Enfin plus tard, lorsque le feuillet moyen se sera
étendu largement de chaque côté de la ligne médiane et
aura débordé l'aire transparente, tous les auteurs s'accor-
dent à appeler aire opaque (puis aire vasculaire) la zone
foncée qui encadre alors l'aire transparente , est enca-
drée elle-même par l'aire vitelline, et correspond précisément
aux parties périphériques du feuillet moyen dans lesquelles
apparaissent les premiers vaisseaux. Voilà donc trois états
différents de la périphérie du blastoderme auxquels on donne
cependant toujours ce même nom d'aire opaque. Ce nom peut
convenir quant à l'aspect extérieur, mais il ne convient pas
quanta la constitution histologique des parties. C'est pourquoi
il y aurait lieu de restreindre ici l'emploi du mot aire opaque,
comme nous nous sommes efforcé de le faire pourl'aire trans-
parente, et, si nous continuons à appeler parfois aire opaque
toute partie périphérique sombre du blastoderme, nous aurons
soin de désigner sous le nom à^'aire opaque proprement dite
H. ÉTUDES. — se. NAT. XXIX. 23. — ART. N' 5.
158 M. m] VAL.
celle qui est produite par [la 'présence du feuillet moyen en
dehors de l'aire transparente, et dont les limites périphériques
s'accentuent k mesure que les premiers vaisseaux apparaissent
dans cette partie du feuillet moven (voy. du reste ci-dessus,
p. 137).
6° Pour le dernier stade de ceux que nous avons étudiés
dans le présent mémoire, le schéma à construire consistera
simplement à réduire à un grossissement de 4 fois le dessin de
l'aire transparente représenté dans la figure 57 (pi. V), puis à
nous servir de la figure 63 pour tracer le cercle marquant
jusqu'où s'étend le bord libre de l'ectoderme. Sur cette
figure 63 (pi. V), l'ectoderme s'étend sur une longueur de
105 millimètres; le grossissement est d'environ 18 fois;
Y^ X 4 = 23, 2, et comme cette figure 63 est une coupe dans
la région moyenne de la ligne primitive, nous plaçons sembla-
blement cette longueur de 23 millimètres selon la ligne xx
(schéma 59), et faisons passer par ses deux extrémités (xx)
une circonférence ayant son centre au milieu de l'aire trans-
parente.
Le schéma 59 ainsi obtenu ne nous donne cependant pas
encore tout ce qu'on observe sur le blastoderme alors que la
ScliL'ina 60.
ligne primitive est complètement apparue. Gomme nous l'avons
dit ci-dessus (p. 148), comme le montre la figure 26 (p. 90 de
la traduction française de Kœlliker), comme le montrent les
planches de notre précédent mémoire sur la ligne primitive,
cette ligne, pendant sa formation et après qu'elle est apparue,
&ubit un accroissement en longueur, par lequel son extrémité
ARTICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 159
antérieure se rapproche du centre de l'aire transparente (pour
parler plus exactement, se rapproche du centre de la partie
circulaire antérieure de l'aire transparente). Nous n'avons
donc qu'à prolonger un peu en avant la ligne primitive, et nous
obtenons ainsi le schéma 60, dans lequel la partie de la ligne
primitive comprise entre i et 2 indique la longueur dont cette
ligne a progressé en avant, proportionnellement à l'étendue
(de 2 en 3) qu'elle doit à sa formation dans un mouvement
inverse, c'est-à-dire d'avant en arrière, par le fait de la traînée
que le bourrelet blastodermique laisse, sous le nom de plaque
axiale, dans les régions successivement occupées par lui.
Cette projection en avant de la tête de la ligne primitive
est du reste chose très variable. On trouve souvent, vers la
quinzième heure, des lignes primitives comme celle représentée
dans la figure 57 (pi. V), dont l'extrémité antérieure ne paraît
pas avoir sensiblement marché en avant. On en trouve par
contre où une très faible distance sépare l'extrémité antérieure
de la ligne primitive d'avec le croissant antérieur (i) que des-
sine sur l'aire transparente le bourrelet entodermo-vitellin.
Par exemple, le blastoderme qui a donné les coupes repré-
sentées dans nos figures 58 et 61 avait une ligne primitive plus
rapprochée du croissant antérieur que celle de la figure 57.
Resterait à établir si ce n'est pas dans une certaine mesure le
croissant antérieur lui-môme, qui se rapprocherait parfois
plus ou moins de la ligne primitive, par le fait d'un étalement
plus ou moins accentué du repli entodermo-vitellin (bourrelet
entodermo-vitellin, BEV, fig. 59, pi. V), auquel est dû, sur
les vues en surface, l'aspect que nous désignons sous le nom
de croissant antérieur.
On voit donc que, tout en admettant que la ligne primitive
s'avance un peu d'avant en arrière pendant son développement,
tout nous amène à restreindre de plus en plus la valeur pro-
portionnelle de cette marche centripète, en même temps qu'il
nous est démontré que cette marche est le fait de Vaccrois-
(I) Voy. ci-dessus, p. 139.
160 M. DtVAL.
sèment et non de la formation même de cette ligne, qui naît par
une série de processus centrifuges^ les développements dans
lesquels nous sommes entré précédemment donnant assez
l'explication des termes ici employés.
Si maintenant on compare notre série de figures schéma-
tiques 54 à 60 avec les figures de Koller, il est facile de
constater leur concordance. Elle commence avec notre
schéma 56 qui correspond à la figure du l*"" stade de Koller;
notre figure 57 correspond à son 2" stade, etc. ; enfin les deux
schémas 59 et 60, à son 5'' stade. Les aspects décrits par Koller
sous les noms de croissant, de cornes du croissant, de bouton
ou tête du croissant, sont donc bien des aspects réels, qui sont
produits par l'épaisse portion postérieure du bourrelet blasto-
dermique, et successivement par les traniées que laisse cette
partie pour former la plaque axiale, en même temps que par les
dispositions de cette plaque axiale, en deux moitiés latérales,
plus ou moins distinctes au moment de leur origine, d'où la
présence presque constante d'une dépression longitudinale sur
cette plaque, et la présence possible d'une fente ou d'un véri-
table orifice; ceci explique l'aspect décrit par Koller sous le
nom de rainure du croissant. Mais Koller non seulement n'a
pas exactement interprété ces aspects, mais il a exagéré leur
constance (i), et leur a attribué une régularité de formes, une
netteté de contours qu'on ne trouve pas dans les conditions
ordinaires. Nous disons dans les conditions ordinaires, parce
que cet auteur a fait incuber à des températures inférieures à
38 degrés, a expérimenté en ralentissant le développement, et
que nous ne serions pas éloigné de croire que dans ces condi-
tions la plaque axiale put présenter, dans ses aspects exté-
rieurs, pendant sa formation, un dessin plus net, dû à ce
qu'elle réaliserait plus souvent alors l'état de véritable fente
rusconienne. C'est du moins ce que nous avons observé dans
divers cas de monstruosités liées à un retard de dévelop-
(I) Voy. à cet égard la note de la page 146 et le travail de Léo Gerlacli, dont
il est fait mention dans cette note.
ARTICLE N» 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 161
pement, observations que nous sommes en train de compléter
pour les publier ultérieurement sous le titre d'anomalies de
la ligne primitive chez le Poulet.
c. Celui qui voudra se convaincre de la difficulté qu'il y a à
obtenir de bonnes images en surface du blastoderme aux pre-
mières heures de l'incubation, n'aura qu'à étudier l'atlas de
photographies publié par Kupffer et Benecke sur l'embryo-
logie des oiseaux. Pour montrer l'origine des interprétations
de ces auteurs, rappelons d'abord qu'ils ont publié en 1878 un
mémoire sur le développement des reptiles (1). Ils y décrivent,
sur le disque blastodermique du Lézard, une area pellucida
entourée d'un bourrelet marginal ; vers le milieu de V area
pellucida apparaît ce qu'ils appellent la plaque embryonnaire
{Embryonalschildj, qui serait produite par un épaississement
de l'ectoderme, ses cellules étant cylindriques dans cette
région alors qu'elles restent plates dans les parties circon-
voisines. Près de l'extrémité postérieure de l'axe longitudinal
de cette plaque embryonnaire se forme une invagination de
l'ectoderme, qui, sous forme d'un cul-de-sac, se dirige obli-
quement en bas et en avant, repoussant au-devant de lui Ten-
toderme déjà formé. L'orifice d'entrée de ce cul-de-sac cor-
respond à la future extrémité postérieure de l'embryon. Ce
cul-de-sac serait l'analogue d'une cavité de gastrula, et le pour-
tour de son orifice serait un prostoma (bouche de la gastrula)
conformément à la théorie gastrulienne de Hœckel. C'est dans
les lèvres mômes de ce prostoma que commencerait à se for-
mer le mésoderme, qui s'avance d'arrière en avant sous forme
de bandelette dite plaque axiale du mésoderme, et qui n'est
autre chose que la ligne primitive. La ligne primitive se pré-
senterait donc, pendant son développement, comme formée
d'une plaque axiale qui s'avance d'arrière en avant, et dont
l'extrémité postérieure, correspondant à l'orifice de la gastrula,
serait élargie en une sorte de croissant (Sichelformige).
(1) Kupffer et Benecke, Die ersten Entwicklungsvorgànge am Ei der Repti-
lien. Kônigsberg, 1878.
i&2 11. DIVAL.
Nous n'avons pas étudié le développement des Reptiles, et
nous ne pouvons faire aucune objection à la description de
Kuppfer et Benecke. Cependant il suffit de lire en entier leur
mémoire, pour voir combien les travaux de contrôle sont
nécessaires avant d'accepter les faits avancés par ces auteurs,
qui n'hésitent pas à admettre qu'à un certain moment, l'ou-
verture du cul-de-sac ectoderrnique sus-indiqué se fermant,
le cul-de-sac transformé en vésicule serait l'origine de l'allan-
toïde (!); du reste Balfour, qui a suivi les premières phases
du développement du Lézard, est arrivé à constater des dispo-
sitions et à formuler des interprétations bien différentes de
celles de Kupflfer (i).
Mais, quand Kupffer et Benecke pensent retrouver sur les
Oiseaux des dispositions presque identiques à celles qu'ils ont
décrites pour les Reptiles, ici nous sommes en mesure de
montrer, d'après leurs propres figures, qu'ils ne peuvent arriver
à de semblables interprétations qu'en confondant des parties
diverses, et surtout en se servant de préparations défec-
tueuses.
Nous supposerons que le lecteur ait sous les yeux cet atlas
photographique de Kupffer et Benecke (2). Les deux premières
planches y sont consacrées à la formation de la ligne primi-
tive, et, quoique les préparations photographiées appartiennent
en grande majorité à des œufs de Moineau, il nous est facile de
signaler quelles conditions particuhères peuvent en imposer
dans l'étude de ces figures. Au premier aspect elles font bien
l'impression d'une ligne primitive qui se développerait dans le
centre ou en arrière de l'aire transparente, et qui progres-
serait d'arrière en avant dans cette aire. Mais qu'est-ce donc
que ces aires transparentes photographiées dans les figures i ,
(1) Balfour, On the earlij Dcvclopement on the Lacertilki togethcr wUh some
observations on the primitive streak {Quart. Jonrn. ofmicroscopical Science,
vol. XIX, July).
(2) Kupffer et Benecke, Photogramme zur Ontogenie der Vôgel{Nova Acta
der Ksi. Leop.-Carol, Akademie der Naturforscher. Band XLI, pars I, n" 3,
année 1879).
ARTICLE N° 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 163
2, 7 ? Ce sont purement et simplement des régions aussi bien
périphériques que centrales, desquelles levitellus sous-jacent
au blastoderme a été violemment enlevé par des lavages. Du
reste, les auteurs l'avouent (p. 463) : «: Les limites de l'aire
transparente ne sont pas nettes, et cela dépend des manipula-
tions de la préparation, selon que, en détachant le germe, on
aura enlevé plus ou moins de vilellus blanc. y> (Dans ce passage
nous traduisons par aire transparente le mot Fruchthofe em-
ployé par les auteurs ; c'est qu'en effet, dans les lignes qui
précèdent ce passage, ils désignent Y area pellucida sous le nom
de helle Fruchthofe, puis arrivent à l'appeler Fruchthofe tout
court.) Donc il n'y a pas à tenir compte des rapports qu'ils
figurent entre la ligne primitive et l'aii'e transparente, puisque
leur aire transparente est une production artificielle, variable
d'une préparation à l'autre.
La figure 7 de leur planche II est particulièrement intéres-
sante. Elle nous montre une ligne primitive placée au beau
milieu d'une aire transparente. En avant se dessine sur cette
aire un croissant sombre, que les auteurs nomment luniila. Or
nous avons un grand nombre de préparations semblables à
cette photographie : sur toutes nous avons pu nous convaincre
qu'on n'obtient de pareilles images qu'en enlevant en arrière et
sur les côtés tout le vitellus sous-jacent à la région de la ligne
primitive et en conservant en avant le bourrelet entodermo-vi-
tellin, dont la présence dessine alors cette liimila, laquelle
n'est autre chose que ce repli antérieur du bourrelet ento-
dermo-vitellin décrit par nous sous le nom de croissant du
blastoderme (repli antérieur de His). Mais, pourrait-on dire,
Kupfier et Benecke représentent déjà cette lunula à un stade
très antérieur (voy. leur figure 3, pi. I) et l'inspection de leur
figure montre que cette lunula irait en se rétrécissant, cédant
pour ainsi dire la place à la ligne primitive qui se développe
d'avant en arrière. Non, répondrons-nous, pour quiconque est
familier avec l'examen des blastodermes au début de l'incu-
bation, ce qui est représenté dans cette figure 3 n'est pas une
large lunula, mais simplement une large plicature de l'en-
164 M. BU VAL.
semble du blastoderme, un accident de préparation. Du reste,
sur des blastodermes plus avancés Kupffer et Benecke repré-
sentent bien le croissant du blastoderme {repli (mtérieur de
His) et ils n'ont garde de le confondre avec le pli qui va circon-
scrire l'intestin antérieur, interprétation admise par quelques
auteurs et contre laquelle nous nous sommes dès longtemps
élevé (voy. Mémoire sur la lifjne primitive et ci-dessus, p. 139).
Gomme pour les Reptiles, Kupffer et Benecke voient un pro-
stoma et un croissant à l'extrémité postérieure de la ligne
primitive. Pour ce qui est du prostoma, nous n'avons rien à
objecter puisqu'ils ne le représentent que pour le Moineau;
mais quant au croissant (Sichel), leurs photographies mêmes
montrent qu'il n'est pas une production primitive, mais appa-
raît tardivement, et n'est autre chose que cette forme bifnr-
quée que présente souvent l'extrémité postérieure de la ligne
primitive, et qui se dessine lorsque s'achève la formation de
cette ligne.
Nous terminerons en disant que les photographies en ques-
tion ont été faites à des grossissements très divers, de sorte
qu'il faudrait les ramener à une même échelle pour échapper
aux impressions trompeuses que produit leur examen, relati-
vement à la direction dans laquelle se fait la croissance de la
ligne primitive. Nous avons fait, comme précédemment pour
Koller, quelques-uns de ces schéma corrigés, notamment pour
les figures 3, 7 et 10, de cet atlas photographique ; nous ne
jugeons pas nécessaire de reproduire ici ces essais, qui ne se-
raient qu'une répétition des figures données antérieurement.
Malgré ces critiques adressées aux deux premières planches
de Kupffer, et encore plus à l'interprétation de ces planches,
nous sommes heureux de rendre hommage à la belle collec-
tion de photographies qui composent cet atlas (15 planches
comprenant ensemble 90 photographies); l'embryologie gé-
nérale ferait de rapides progi'ès le jour où elle disposerait,
pour chaque type, des éléments de comparaison semblables
à ceux que Kupffer et Benecke ont réunis pour l'onlogénie des
Oiseaux.
ARTICLE N" 5
FORMATION DU BLASTODERME. 165
QUATRIÈME PARTIE
conclusions; historique et critique.
Nous ne suivrons pas, pour formuler nos conclusions, le
même ordre que pour l'exposé des faits : là nous avons cru de-
voir intervertir l'ordre chronologique, prenant pour point de
départ la constitution du blastoderme de l'œuf fraîchement
pondu, et n'étudiant les stades antérieurs, la segmentation, que
pour comprendre certaines particularités de ce blastoderme.
Ici nous suivrons l'ordre naturel. Nos premières conclusions
se rapporteront donc au phénomène de la segmentation ; elles
n'auront pas la prétention d'en résumer l'histoire entière, bien
connue d'après les ouvrages classiques, mais seulement de la
compléter par quelques faits importants, essentiels pour l'in-
telligence des phases ultérieures; et, comme les faits ne se trou-
vent que rarement en contradiction avec les données fournies
par la plupart des auteurs, il n'y aura pas à les faire suivre
d'un long exposé critique. Au contraire, pour les conclusions
relatives à la constitution du blastoderme de l'œuf pondu, puis
pour celles relatives aux transformations de ce blastoderme, à
l'origine du feuillet moyen, à la formation de la ligne primitive, .
nous aurons souvent à entrer dans de nombreux détails pour
compléter l'exposé critique des diverses opinions émises rela-
tivement aux faits en question.
1° // n'y a pas, avant comme pendant la segmentation, de
limite absolue entre le germe proprement dit et le vitellus blanc,
pas pins qiiil n'y en a entre le vitellns blanc et le vitellus j aime.
On ne peut pas même, pour établir une distinction de ce genre,
dire que tout ce qui prend part à la segmentation est le vitellus
DE formation {ou gemie) et que ce qui n'y prend pas part est le
VITELLUS DE NUTRITION, Car, après que le blastoderme a été con-
stitué, une SEGMENTATION SECONDAIRE sc poursuit duns le reste
du vitellus, dans le plancher et sur les bords de la cavité sous-
166 M. DU VAL.
germina/e, et il est actuellement impossible de dire exactement
oïl s'arrête cette segmentation secondaire.
2" La segmentation est excentrique, c'est-à-dire commence en
un point qui ne correspond pas au centre du futur blastoderme
{à Vaxe du noyau de Pander), et se poursuit plus activement
dans cette régio?i excentrique oii elle a commencé.
Cette conclusion a déjà été formulée par Kœlliker ; nous y
ajoutons seulement le complément suivant :
Ce point où commence et oh se poursuit plus activemetit la
segmentation correspond à la future région postérieure du
blastoderme; il est donc, dès le début, possible de reconnaître
(juelle partie du germe correspondra à la région postérieure,
quelle partie à la région antérieure de Vembrgon.
3° Pendant la segmentation, l'œuf d'Oiseau présente, comme
celui des Vertébrés inférieurs, une véritable cavité de segmen-
tation, affectant la forme de fente, souvent difficile à recon-
naître, et qui marque dès lors la séparation de /'egtoderme
d'avec les éléments soiis-jacents.
La constatation de cette cavité de segmentation est très im-
portante pour confirmer le fait, admis par presque tous les au-
teurs, de l'existence très précoce d'un feuillet externe bien dé-
fini. C'est pour n'avoir pas observé cette cavité ou fente que
récemment M. Wolff est venu remettre en question le mode de
séparation et d'accroissement de ce feuillet externe (voy. ci-
dessus, p. 76).
4° En progressant en profondeur, au-dessous de la cavité de
segmentation, la segmentation entame des couches de vitellus qui
doivent être considérées comme du vitellus rlanc (confirma-
tion de la conclusion n° 1).
5° Lorsque la segmentation est arrivée à une certaine profon-
deur dans le vitellus blanc, elle semble s'arrêter ; en réalité il y
a simplement modification de son processus, de son rythme,
c'est-à-dire que les derniers sillons horizontaux, isolant les
sphères de segmentation les plus profondes, formées en dernier
lieu, confluent en une fente au-dessus de laquelle est une masse
de sphères de segmentation (masse blastodermique proprement
ARTICLE N» 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 167
dite) et au-dessous une masse de vitelliis parsemé de noyaux
libres. Cette fente est la cavité sous-germinale. qui se produit
d'arrière en avant, et qui est l' homologue de la cavité intesti-
nale primitive des Batraciens, c'est-à-dire représente la cavité
d'invagination gastrulienne des Vertébrés inférieurs.
Chez les Oiseaux, cette formation de la cavité gastrulienne
(cavité soiis-germinale) se trouve ainsi intimement mêlée au
phénomène de la segmentation, de sorte qu'on a pu donner,
par abus de mot et contrairement à toutes les homologies, le
nom de cavité de segmentation à la cavité sous-germinale ; et,
de fait, la formation de la cavité sous-germinale marque le
stade désigné par les auteurs sous le nom de fin de la segmen-
tation (i).
6'' Après formation de la cavité sous-germinale, on trouve,
dans le vitellus qui forme le plancher de cette cavité, de nom-
breux noyaux libres ; ces noyaux proviennent de noyaux qui,
pendant la formation de la cavité sous-germinale, se sont divisés
chacun en deux moitiés, dont Vime est restée dans une des sphères
les plus profondes du blastoderme, dont Vautre est demeurée
dans le plancher de la cavité de segmentation. Autour de ces
noyaux se produit dès lors une segmentation secondaire, d'abord
très peu active, et donnant naissance à des éléments dont quel-
ques-uns sont les homologues des globules du bouchon de Ecker
chez les Batraciens; plus tard cette segmentation secondaire de-
vient très active, sur les bords du plancher de la cavité sous-ger-
minale ; et la multiplication des noyaux dans le vitellus don-
nera lieu à la production de V entoderme vitellin.
Nous reviendrons (voy. la conclusion n° 9) sur l'importance
(1) Nous avons, à diverses reprises, insisté sur la distinction de la cavité de
segmentation d'avec la cavité sous-germinale (voy. notamment p. 61, à propos
de His). Ajoutons encore les indications suivantes au point de vue des termes
employés par les auteurs. Ainsi la cavité sous-germinale est désignée sous le
nom de cavité de segmentation (Furchungshôhle) par Dansky et Kostenitsch
(op. cit., p. 5), par M. Wolf {Arch. f. mikroskop. Aiiat, 1882, t. XXI, p. 46);
par contre, elle est désignée sous le nom de cavité sous-germinale ou simple-
ment germinale (Keimhôhle) par Gœtte, qui en décrit fort bien la formation
(op. cit., p. 149), par His (Erste Anlnge, p. 30), par Disse.
168 . 11. DLVAIi.
de ces noyaux, et sur les diverses interprétations auxquelles ils
ont donné lieu au stade de la formation du bourrelet ento-
dermo-vitellin. Quoique Sarazin, sur l'œuf de Lézard, et Motta-
Maia, sur l'œuf de Tourterelle (voy. ci-dessus p. 62), aient parlé
de ces noyaux, c'est encore Gœtte, dont les travaux sont anté-
rieurs, qui nous paraît avoir fourni à cet égard les observations
les plus précises, « Avec de forts grossissements, dit-il {op. cit. ,
Arch. f. mikroskop. Anat., t. X, p. 148), j'ai constaté dans la
couche de vitellus sous-jacente aux sphères de segmentation
la présence de noyaux semblables à ceux qui se trouvent dans
ces sphères elles-mêmes. Autour de quelques-uns de ces noyaux
apparaissaient des sillons, qui n'arrivaient pas encore à circon-
scrire complètement la masse de vitellus correspondante, mais
s'étendaient seulement plus ou moins loin . C'est là évidemment
un processus de segmentation en voie de se poursuivre, mais
les recherches ultérieures m'ont montré que cette formation
de nouveaux produits de segmentation est très lente et tardive,
constitue un mode particulier de segmentation secondaire, et
que les éléments qui en dérivent sont destinés à un rôle spé-
cial...» Et plus loin (p. 151) il explique que ces noyaux, situés
dans le vitellus, au-dessous de la cavité de segmentation, pro-
viennent de la division de noyaux primitifs dont l'autre moitié
est restée dans les sphères de segmentation du germe; « cette
interprétation, basée sur des observations directes, est bien
plus rationnelle du reste que celle qui admet une forma-
tion nouvelle (spontanée) de noyaux dans le vitellus, sur-
tout depuis que nous savons que, dans l'œuf de Batracien
à segmentation totale, la segmentation, très active au pôle
supérieur, ne se poursuit que très lentement vers le pôle
inférieur, et j'ai essayé de montrer, dans mes études sur le
développement du Crapaud, comment cette lenteur dans la
marche des sillons est en rapport avec le volume considé-
rable des segments qu'ils circonscrivent, de sorte que sur les
gros œufs méroblastiques la segmentation doit devenir extrê-
mement lente et même s'arrêter tout h fait à mesure qu'elle
atteint la gigantesque masse de vitellus nutritif. A ce moment
ARTICLE N° 5
FORMATION DU BLASTODERME. 169
d'arrêt il n'est donc pas étonnant de trouver des noyaux libres
dans les régions sous-jacentes aux parties segmentées. » Nous
signalons spécialement ce dernier passage comme renfermant,
à notre avis, une des vues les plus nettes qui aient encore été
émises sur le parallèle de la segmentation dans les œufs holo-
blastiques et les œufs méroblastiques, et sur l'origine des
noyaux libres dans le vitellus sous-jacent à la cavité de segmen-
tation. Gœtte, du reste, consacre à ce parallèle une série de
considérations pour lesquelles nous renvoyons au mémoire ori-
ginal (p. 152, 153, 154), et il termine en faisant remarquer
(p. 155) qu'on trouve souvent plusieurs noyaux dans les gros
segments des Batraciens, ce qui est en rapport avec ce fait bien
connu que la division du noyau précède celle de la cellule; de
sorte que le vitellus à noyau libre représente des parties oîi les
noyaux se sont divisés, mais où le vitellus qui les entoure n'est
pas encore segmenté, cr La distinction des œufs à segmentation
totale et à segmentation partielle n'est donc pas absolue, dit-
il, et, pour l'œuf d'Oiseau en particulier, on ne peut plus
admettre que la cavité de segmentation (cavité sous-germi-
nale) marque la limite entre les parties qui sont capables de
se segmenter et celles qui ne le sont pas. » Nous admettons
complètement ces vues (à rapprocher de la conclusion n"l) (1).
7° Le blastoderme de l'œuf fraîchement pondu se compose de
deux couches de cellules; les cellules de la couche supérieure,
disposées sur une seule rangée, sont nettement différenciées de
manière à constituer un feuillet externe, un ectoderme, ayant
déjà ses caractères définitifs; les cellules de la couche inférieure
sont à l'état de sphères de segmentation, de volumes très divers,
et ne constituent pas encore un véritable feuillet blastodermique,
mais une masse irrégulière, aux dépens de laquelle se constitue-
ront d'une part /'entoderme, d'autre part le mésoderme. On
peut donner à cette masse le nom. de masse entodermique pri-
(1) MoUa-Maia {op. cit., p. 89) indique aussi la présence de ces noyaux
libres, dans l'œuf non fécondé, fraîchement pondu, de la Tourterelle ; mais il
ne s'explique pas clairement sur l'origine qui doit être attribuée à ces noyaux.
170 M. DIVAL.
MITIVE, et, à mesure qiielle s étale et s'amincit, le nom ^/'ento-
DERME pRniiTiF, en indiquant par ce nom rjuon a affaire à une
couche qui doit se diviser ultérieurement en 3Iésoderme et en
ENTODERME DÉFINITIF.
D'après l'exposé des faits que résume cette conclusion, il est
évident que, en parlant du blastoderme de l'œuf fraîchement
pondu, nous parlons simplement du type qui se présente le plus
fréquemment à ce moment, puisque l'état du blastoderme peut
présenter, au moment de la ponte, les plus grandes diversités
de développement, se montrant tantôt très peu avancé , tantôt
très avancé, semblable à celui d'un œuf incubé depuis quel-
ques heures. Toujours est-il qu'entre le stade dit de la fin de
la segmentation et le stade à trois feuillets, existe un état con-
forme à celui indiqué par l'énoncé de la présente conclusion.
Si quelques auteurs n'ont pas constaté ce stade, c'est qu'ils
ont fait leurs recherches sur des blastodermes déjà très avancés
dans leur développement, et que de plus, au lieu de débiter
en coupes tout le blastoderme, ils se sont contentés de quelques
coupes, portant sur une seule région, et on a pu prendre ainsi
pour un fait général ce qui n'est pour ainsi dire qu'un acci-
dent local. Qu'on se trouve par exemple en présence de prépa-
rations analogues à celles représentées par nos figures 28 et
"29 (pi. II); cet état (voy. l'explication ci-dessus, p. 89) peut
exister déjà sur un œuf non incubé; or, si l'on n'a constaté ni
ce qui le précède, ni la manière dont sont constituées les autres
régions de ce même blastoderme, on arrivera presque fatale-
ment à cette conclusion que sur l'œuf non couvé il n'y a encore
qu'un feuillet, l'externe, et que le feuillet sous-jacent va se
constituer au moyen d'éléments qui, provenant de la partie
périphérique du feuillet externe, viennent, en suivant une
marche centripète, se grouper à la face inférieure de celui-ci.
Nous comprenons ainsi quelle a pu être l'origine de l'opinion
émise par Gœtte. <«: Lorsqu^on voit, dit-il {op. cit., p. 160), que
la masse des éléments du bourrelet marginal, qui font partie
de la couche inférieure du blastoderme, diminue d'épaisseur,
dès le début de l'incubation, à mesure que cette couche infé-
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 171
rieure augmente, on est amené à penser que les cellules du
bourrelet marginal se déplacent pour se porter de la périphérie
au centre et prendre part à la formation de cette couche infé-
rieure. Or, si à cette époque la couche inférieure s'accroît par
cette arrivée de ses éléments périphériques, il est permis de
supposer qu'un processus semblable préside à sa formation
alors que l'œuf est encore dans l'oviducte. En effet, dans les
stades de développement les plus précoces qu'il m'ait été
donné d'observer, cette couche inférieure du blastoderme est
formée, dans sa région centrale, de cellules isolées, étalées en
groupes distincts, qui ne se disposent en stratum continu que
vers la périphérie, pour s'y continuer avec le bourrelet mar-
ginal. Nous savons qu'ultérieurement cette couche s'épaissira
et s'achèvera par l'arrivée des éléments se détachant du bour-
relet marginal et se portant vers le centre ; il est donc tout
aussi logique d'admettre que toute cette couche a eu pour
première origine un semblable processus, que de supposer
qu'elle provient de la couche supérieure. En faveur de cette
dernière hypothèse nous n'avons aucune observation directe
de stades antérieurs à ceux que j'ai décrits, la figure 8
d'ŒIlacher ayant rapport à un blastoderme déjà âgé, dont la
couche inférieure est déjà formée d'un stratum continu de
cellules disposées en une seule rangée. Quant à la première
hypothèse, s'il ne m'a pas été donné de la confirmer par des
observations directes, je puis cependant l'appuyer à l'aide des
faits que j'ai constatés sur d'autres œufs de Vertébrés, œufs
considérés, d'après toutes nos connaissances actuelles, comme
très analogues à l'œuf de la Poule; je veux parler spécialement
des œufs des Poissons osseux (Truite). Dans un travail anté-
rieur (Arch. f. mikrosk. Anat., 1873) j'ai montré que le blas-
toderme de la Truite est formé d'abord d'une seule couche,
dont le bord épaissi (bourrelet marginal) se replie en bas, puis
en dedans, et forme ainsi la seconde couche qui vient doubler
la première (1). Si l'on considère que, d'après mes propres
(1) On sait que Hœckel a adopté cette manière de voir dans sa théorie de la
Gastrula. Dans cette manière de voir, la cavité sous-germinale des Poissons et
172 M. DUVAL.
recherches, les choses se passent de même chez les Batraciens,
et même chez les Mammifères, comme je l'ai indiqué dans une
communication préliminaire (sur l'embryologie du Lapin ; in
Centralhlatt fur d.medicinischen Wissenschft., 1869), on verra
qu'en réalité le blastoderme du Poulet ne vient pas contredire
la généralisation de ces faits. Jusqu'à Œllacher, tous les em-
bryologistes ont pris pour point de départ de leurs recherches
l'œuf fraîchement pondu, sur lequel, cela n'est pas douteux,
on trouve le blastoderme composé de deux couches distinctes ;
et alors l'idée que la couche inférieure se formerait sur place,
par simple différenciation, est devenue une sorte de dogme,
car je ne vois aucune différence essentielle entre l'opinion de
His et Waldeyer qui font provenir le feuillet inférieur de pro-
longements sous-germinaux en rapport avec le feuillet supé-
rieur, et l'opinion des autres embryologistes qui constatent dès
le début l'existence de deux feuillets En résumé, chez les
Batraciens, les Oiseaux, les Mammifères, et je montrerai qu'il
en est de même pour les Poissons, le germe segmenté forme
un feuillet primitif, qui s'amincit en s'étalant en surface, et
présente un bord épaissi; c'est de ce bord épaissi que naît le
second feuillet, les éléments de ce bord se portant en bas et
en dedans, de manière à venir doubler le feuillet primitif»
(loc. cit., p. 163).
Nous avons tenu à reproduire aussi textuellement que pos-
sible ce passage de Gœtte, et cette reproduction suffira pour
montrer, sans plus ample réfutation, que son opinion est bien
uniquement le résultat d'une série de raisonnements et de
comparaisons, auxquelles il a dû avoir recours en l'absence
des Oiseaux aurait successivement, comme le fait remarquer Gœtte (op. cit.,
p. 163, en note), deux significations bien différentes, avant et après la formation
du second feuillet. Avant, elle correspondrait à la cavité de segmentation des
Batraciens; après, elle correspondrait à la cavité intestinale primitive des
Batraciens. Nous n'avons pas besoin de réfuter ces homologies péniblement
cherchées, puisque nous avons démontré l'existence d'une véritable cavité de
segmentation dans l'œuf des Oiseaux. Et quant à la théorie gastrulienne de
Hœckel, il nous semble qu'elle s'accommode bien mieux avec les faits établis
dans le présent mémoire qu'avec les difficiles hypothèses de Gœtte.
ARTICLE N» 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 473
(le séries suffisantes de préparations. A propos de l'origine du
mésodernie, nous reviendrons sur quelques-uns des auteurs
auxquels Gœtte fait allusion dans les lignes qui précèdent, et
nous compléterons cet historique. Nous verrons notamment
que nombre d'auteurs ont invoqué, comme Gœtte, un déplace-
ment centripète des éléments du bourrelet marginal (bour-
relet blastodermique) pour expliquer non plus la formation du
feuillet inférieur (entoderme primitif), mais celle du méso-
derme. Quant à l'origine de la masse entodermique primitive,
elle a été, depuis Gœtte, généralement interprétée comme
nous l'avons fait dans le courant du présent travail. Parmi les
auteurs les plus récents, nous citerons Dansky et VV. Wolff.
(( Au début de l'incubation, disent J. Dansky et J. Koste-
nitsch (i), le blastoderme se présente comme séparé en deux
couches, dont l'une est le feuillet externe, tandis que l'autre
est une masse de cellules sous-jacentes à ce feuillet et qui
représente les matériaux destinés à former les deux autres
feuillets. »
W. Wolff s'exprime ainsi (p. 47) (1) : « Après diftërenciation
du feuillet externe, ce qui reste de la masse des éléments de
segmentation a été désigné par plusieurs auteurs sous le nom
de feuillet interne; je ne saurais assez m'élever contre l'emploi
d'une telle dénomination : on ne peutdonner le nom de feuillet
qu'à un ensemble formé d'éléments disposés en une couche
bien ditïérenciée et continue. Je pense donc que l'expression
de (( reste des éléments de segmentation » serait plus exacte,
d'autant qu'elle ne préjuge en rien sur la nature des processus
ultérieurs de développement. » Et plus loin (p. 48) : a: L'un
des premiers effets de l'incubation est la formation d'un
nouveau feuillet (jusque-là il n'y a encore que le feuillet
externe qui soit nettement différencié). Ce nouveau feuillet,
contrairement au feuillet externe, se forme aux dépens des
(1) Ueber die Entwickelungsgcschichtedes Keimblattes [Mémoires de l'Acad.
imp. des sciences de Saint-Pétersbourg, t. XXVII, n" 13, 1880, p. 8).
(2) "W. Wolf, Ueber die Keimbldtter des Haïmes (Arch. f. mikroskop. Anat.,
t. XXI, p. -15, 1882j.
II. ETUDES. — se. NAT. XXIX. lil — AUT N
\io
O.
174 M. DUVAL.
couches les plus profondes de la masse des éléments de seg-
mentation, et peut dès lors recevoir le nom de feuillet interne.
11 se produit par l'union et la transformation des cellules les
plus inférieures, qui, primitivement sphériques ou polyé-
driques, prennent la forme de plaques minces, épaissies seule-
ment dans la partie où siège le noyau, et se présentent par
suite sur les coupes comme des éléments fusiformes. »
8° Uentoderme primitif se divise en deux feuillets, dont
r inférieur est reutoderme définitif, l'autre est le mésoderme.
Cette conclusion recevra une série de compléments par les
conclusions relatives à la formation de la plaque axiale et de
la ligne primitive; mais dès maintenant nous pouvons, faisant
abstraction de ce qui est relatif à la ligne primitive, rappeler
les nombreuses théories qui ont été émises sur l'origine du
feuillet moyen et ses rapports avec les autres feuillets.
L'histoire de la formation des feuillets blastodermiques est
une des questions d'embryologie qui ont donné lieu aux inter-
prétations les plus diverses. Nous ne rappellerons que très
rapidement les phases anciennes de cet historique, dont Kœl-
liker a donné un exposé complet dans son ouvrage classique;
et comme dans cet exposé il traite de l'histoire de l'embryo-
logie en général, il ne sera pas inutile de caractériser ici en
quelques mots l'opinion de chaque auteur spécialement quant
à l'origine des feuillets, et plus spécialement encore quant à
celle du feuillet moyen. Jusqu'aux travaux de His, les auteurs
ont fait leurs recherches plutôt à l'aide de dissections et de
vues en coupes optiques qu'à l'aide de coupes par sections
fines. Nous nous contenterons donc de rappeler les opinions
de ces premiers auteurs sans les discuter. A partir de His,
nous chercherons à montrer, pour chaque théorie, comment
elle est bien basée sur des faits réels, sur des dispositions que
nous retrouvons aussi dans nos coupes et nos figures, et que,
si cependant cette théorie est souvent différente de la conclu-
sion à laquelle nous arrivons, cela résulte simplement de ce
que l'auteur en question a généralisé à toute l'étendue du
blastoderme ce qui n'existe qu'à certains endroits, ou a con-
AUTIGIl^ N" 5
FORMATION DU BLASTODERME. 175
clu de ce qu'il voyait à un moment donné, sans avoir observé
ce qui existait dans les mômes régions à un stade antérieur.
Jusqu'en 1828 il ne fut guère question que de deux feuillets
blastodermiques, car, si Pander (i) parla d'un troisième feuil-
let, il ne le considéra pas comme appelé à jouer dans le déve-
loppement de l'embryon un rôle aussi essentiel que les deux
autres, puisqu'il ne le considérait que comme un feuillet vas-
culaire. A partir des travaux de de Baër (2), ce prétendu
feuillet vasculaire acquit sa véritable signification de feuillet
moyen, prenant à la formation de l'embryon une part égale à
celle du feuillet animal (feuillet externe) et du feuillet végétatif
(feuillet interne). Reichert (3) confirma à cet égard les travaux
de de Baër; d'après lui, les feuillets blastodermiques se pro-
duiraient par stratification du germe, et il se formerait ainsi
d'abord un feuillet supérieur, puis le feuillet moyen, et enfin
le feuillet inférieur, la stratification des sphères de segmenta-
tion (l'apparition de la théorie cellulaire venait d'assigner à
ces produits leur véritable signification) marchant ainsi suc-
cessivement de la superficie à la profondeur. Nous laissons de
côté le feuillet enveloppant {Umliùllimgshant) dont Reichert,
d'après ses observations sur les Batraciens, fit une formation
distincte, qu'il sépara à tort du feuillet externe. Remak (4)
décrivit dans l'œuf de Poule non incubé deux couches : l'infé-
rieure, formée d'éléments relativement gros, se dédoublerait,
dit-il, pendant les premières heures de l'incubation, en deux
lames, une supérieure plus épaisse, qui se transforme en feuil-
let moyen; l'autre, inférieure, plus mince, qui devient le
feuillet inférieur. His enfin semble revenir à l'ancienne théorie
des deux feuillets, car il n'accorde aucune individualité ori-
ginelle au feuilfet moyen. D'après lui (5), il n'y a réellement,
(1) Pander, Beitrdge ziir Entioickl. des Huhnchens im EL Wuzburg, 1817.
(2) De Baer, Ueber Entwickl. derThierc, 1828, p. 9 et 11.
(3) Reicherf, Das Entwicklungsleben im Wirbelthier-Ecichc, 18i0, \\. 10,
102, 106, 115, 122.
(4) Remak, Uniersuch. ilb. die Entwickl. der Wirbeltierc, 1855, p. 2 et 6.
(5) His, Untenuchungen iiber die erste anlage des Wirbelthierleeibes, 1868,
p. 9 et 67.
17 G M. Ol'VAL.
sur l'œuf de Poule non incubé, qu'un seul feuillet, le supé-
rieur, au-dessous duquel est une couche de cellules, les unes
isolées, les autres adhérentes à la face profonde du feuillet
supérieur. Par le fait de ces adhérences, cette couche de cel-
lules se présente comme une série de prolongements partis du
feuillet supérieur, et qu'il nomme prolongements sous-germi-
naux (Siibf/erminale-fortsatze). Dès les premières heures de
l'incubation ces prolongements s'accroissent, s'unissent entre
eux par leurs extrémités flottantes, et forment ainsi un feuillet
inférieur, qu'une série de trabécules cellulaires continue à
unir au feuillet supérieur. Dans la région de la zone transpa-
rente, ce feuillet inférieur se constitue rapidement en une
lame continue, bien distincte, bien séparée du feuillet sus-
jacent, de sorte que les cellules des trabécules en question
demeurent adhérentes, les unes au feuillet supérieur, les
autres au feuillet inférieur. Ce sont ces cellules qui donnent
naissance ultérieurement à deux lames , représentant le
feuillet moyen, dites lames accessoires supérieure et infé-
rieure (feuillet libro-culané et feuillet fibro-intestinal des
auteurs).
Si nous laissons de côté cette division du feuillet moyen en
deux lames, division qui n'a lieu que plus tard, il est évident
que His, en recherchant l'origine du feuillet inférieur et du
feuillet moyen, s'est trouvé surtout en présence de prépara-
tions telles que celles représentées dans nos figures i4, 19,
'23. Les prolongements sous-germinaux ne sont autre chose
que l'ensemble de l'entoderme primitif, quand il est à l'état
que nous avons précédemment décrit, lorsque nous disions
(fig. 19) que ses cellules se disposent en une sorte de réseau
irréf^ulier. Mais si His avait examiné les états antérieurs du
blastoderme à la fin de la segmentation, il n'eût pas été
amené à considérer cette masse entodermique primitive
comme provenant de l'ectoderme (i). Quant à l'origine du
(1) 11 nous semble, du moins par la comparaison de divers passages, que
telle esl bien la pensée de His. Cependant nous lisons dans Kœlliker (Irad.
ARTICLE', N' 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 177
mésodermo, His nous semble rentrer, à part les restrictions
siis-indiquées, dans la série des auteurs qui, comme nous,
font provenir le feuillet moyen d'un feuillet inférieur primitif
(entoderme primitif).
Nous devons en effet maintenant laisser, dans cet exposé
historique, l'ordre purement chronologique pour grouper les
diverses opinions selon l'affinité qu'elles ont entre elles. Nous
trouverons ainsi :
a. Un premier groupe d'embryologistes qui font provenir
le mésoderme de la division d'un feuillet inférieur primitif,
lequel se dédouble en mésoderme et en entoderme propre-
ment dit. Nous venons de voir qu'en somme His se rattache à
cette manière de voir dans son travail paru en 1868 (Erste
Alliage, etc., Leipzig, 1868); il s'y rattache bien plus nettement
encore dans le mémoire publié en 1877 (1), dans lequel il pa-
raît abandonner sa théorie des prolongements suhgerminmix.
D'après lui, le blastoderme non incubé se compose d'un feuil-
let externe bien constitué et d'une couche sous-jacente d'élé-
ments disposés en stratifications irrégulières; cette masse est
destinée à former le feuillet interne et le feuillet moyen. Le
feuillet interne se produit par transformation des cellules les
plus profondes, qui de globuleuses deviennent fusiformes (sur
les coupes) et s'unissent en une couche bien continue; après
cette séparation, ce qui reste de la masse primitive représente
les cellules intermédiaires, lesquelles vont former le feuillet
moyen. Pour suivre cette formation, His étudie à part chaque
région de Varea pellucic/a : dans la partie antérieure et dans
les parties latérales de l'aire transparente, il remarque que le
nombre des éléments destinés à former le feuillet moyen est si
peu considérable, que souvent on trouve une cellule, ou de
très petits groupes de cellules, lesquelles reposent directement
franc., p. 101) : « L'expression de prolongements sous-germinaux, employée
par His, a eu pour résultat, contre le gré de sou auteur, dé faire naître l'idée
que c'est l'ectoderine lui-nièine qui produit ces prolongements. »
(1) His, Neue Untersuchungen iiber die Bildung des Hilhnercmbryo. {Arch
f. Anat. und Enttcicklg., 1877, p. 125, 1-43, 170).
178 M. Dr VAL.
sur le feuillet inférieur auquel elles paraissent attachées (1).
Dans la région postérieure, le nombre des cellules intermé-
diaires devient très considérable, d'autant plus qu'on exa-
mine des régions plus voisines de la ligne axiale antéro-pos-
térieure (2).
On voit que cette description de His concorde complète-
ment avec ce que nous avons figuré et décrit dans le présent
mémoire. Mais, si nous poursuivons l'analyse du travail de His,
nous le voyons bientôt faire intervenir de nouveaux éléments
dans la formation du mésoderme. En effet, cette accumulation
de cellules intermédiaires dans la région de la ligne axiale
anléro-postérieure, His la nomme cordon axile (Axenstrang) ;
il constate que les trois feuillets y sont fusionnés, mais il
ajoute que le feuillet externe ou supérieur prend, à la forma-
tion de ce cordon axile, une part plus importante encore que
le feuillet moyen , et c'est pourquoi tous les organes qui ,
d'après lui, tireraient leur origine de ce cordon, comme les
noyaux prévertébraux, l'éminence uro-génitale, sont consi-
dérés par lui comme de provenance ectodermique {op. cit.,
p. 170. Voy. aussi le mémoire de 1868, p. 43). En ceci il
rentre dans le groupe des embryologistes qui assignent au
feuillet moyen une origine mixte.
b. Un second groupe d'embryologistes fait provenir le
feuillet moyen du feuillet interne primitif, mais seulement de
la partie périphérique, du bord épais de ce feuillet (bourrelet
marginal ou bourrelet blastodermique) ; de ce bourrelet se
détacheraient des cellules qui, par un mouvement de pro-
gression centripète, s'insinueraient entre le feuillet inférieur
et le supérieur, pour former une couche intermédiaire ou
feuillet moyen. La description est toutefois plus complexe que
ne l'indique cet énoncé. D'après Disse (3), vers la septième
(1) Vérifier l'exactitude de cette description sur la figure 51 de notre
[ilanche IV, et sur les figures 59, 60 de la planche V.
(2) Vérifier l'exactitude de cette description sur la figure 56 de notre planche IV.
(3) J. Disse, Die Entwicklang des mittleren Keimblattes rm Huhnerei
{Ai'ch. f. mikroskop. Auat., t. XIV, 1878).
AIITIGLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 179
heure de rincubation, il se l'ait dans le feuillet inférieur pri-
mitif un déplacement de cellules qui, partant du bourrelet
marginal, se dirigent vers le centre et arrivent à produire
ainsi un épaississement de ce feuillet inférieur dans sa partie
centrale; cet épaississement se divise en deux couches, dont
l'inférieure forme le feuillet interne définitif, tandis que les
éléments restants s'étalent alors de la périphérie au centre
pour former le feuillet moyen. Ainsi, d'après Disse, la forma-
tion successive de l'entoderme et du mésoderme serait due à
deux mouvements successifs des cellules, d'abord un mouve-
ment centripète, puis un mouvement du centre à la périphérie
{op. cit., p. 80, 87); mais ce n'est pas tout, plus loin (p. 90)
Disse ajoute que, dans les zones périphériques, le mésoblaste
s'accroît grâce à des cellules qui peuvent être considérées
comme appartenant au feuillet inférieur (1).
Nous avons vu (p. 170) comment Gœtte fait provenir le
feuillet inférieur des éléments du bourrelet marginal; pour la
formation du mésoblaste c'est un processus semblable qu'in-
voque cet auteur : d'après lui (op. cit., p. 171, 172), les élé-
ments du feuillet inférieur primitif se portent d'avant en arrière
et de dehors en dedans vers le centre du blastoderme, et, de
(i) Qu'il nous soil permis de constater ici, une fois pour toutes, combien sont
difficiles ces analyses de travaux où la clarté d'exposition paraît considérée
comme une chose secondaire. Si le lecteur veut bien se reporter aux passages
oîi Kœlliker (trad. franc., p. 102 et suiv.) analyse les travaux de His, et où,
après avoir relevé page par page les nombreuses contradictions de cet auteur,
il conclut que : a en ce qui touche le développement propre du feuillet moyen,
His présente des données très indéterminées, qui ne laissent pas facilement
indiquer quelle est sa manière de voir , » le lecteur comprendra combien a
été plus grande encore pour nous la difficulté à pénétrer la pensée d'auteurs dont
la langue ne nous est pas assez familière. Ce que KœlHker dit de His est malheu-
reusement vrai pour bien d'autres. Cependant nous avons fait ces analyses avec
tout le soin possible, ne nous contentant pas de lire les mémoires originaux,
mais ayant recours encore aux résumés que chaque auteur donne des opinions
de ceux qui l'ont précédé ; à cet égard, le mémoire de Dansky et Kostenitsch
{Acad. inip. des se. de Saint-Pétersbourg, 1880) nous a été très utile, car il
renferme un exposé historique succinct et complet. Malgré cela, nous ne pen-
sons pas pouvoir échapper au reproche d'avoir trop souvent imparfaitement
compris la pensée des auteurs.
180 M. DUVAIi.
la masse ainsi formée, la couche la plus inférieure se sépare
en un mince feuillet, l'enloderme, la couche supérieure en un
amas irrégulier d'éléments plus ou moins lâchement unis,
première ébauche du mésoderme. Pour la formation du mé-
soderme se trouveraient ainsi épuisés tous les éléments du
bourrelet marginal, qui dès lors a disparu en avnnt et sur les
côtés, mais persiste encore, quoique considérablement aminci
en arrière.
L'opinion de Rauber peut être rapprochée de la précédente.
D'après lui, le mésoderme naît aux dépens d'une masse blasto-
dermique inférieure ; les éléments qui forment les couches su-
périeures de cette masse se portent de dehors en dedans, vers
le centre du blastoderme, et s'y disposent en un cordon ou
plaque cellulaii'e (Zellenstrang), qui s'unit secondairement à
l'ectoderme pour constituer la ligne primitive, c'est-à-dire
les premiers rudiments du mésoderme, tandis que les éléments
qui forment les couches inférieures se différencient et s'unis-
sent en une fine membrane à un seul rang de cellules, l'ento-
derme (1). Nous aurons à revenir sur cette description à pro-
pos de l'origine de la ligne primitive.
c. Viennent ensuite les auteurs qui font provenir le méso-
derme de cellules arrivant de la périphérie vers le centre, cel-
lules qui n'appartiendraient pas primitivement au blasto-
derme, mais qui, formées sur le plancher de la cavité de
segmentation, s'insinueraient, sur les bords du blastoderme,
entre l'ectoderme et l'entoderme, pour former une couche in-
termédiaire entre ces deux feuillets. Telle est la théorie de
Peremeschko, qui est analysée dans tous les traités classiques
(Schenck, Balfour, Kœlliker), et dont nous avons par avance
donné la réfutation au fur et à mesure que nous nous sommes
trouvé en présence de préparations dont l'interprétation erro-
née a pu donner naissance à la théorie en question (voy.
ci-dessus, p. 95, 140, 170). Ajoutons que Peremeschko ne s'est
pas attaché à suivre pas à pas la formation du mésoderme, et
(1) Hauber, Primitivstreifen und Neurula der Wirbelthiere, Leipzig, 1877.
AUTICLE N" 5,
FORMATION DU BLASTODERME. 181
que, partant de quelques observations incomplètes, c'est en-
core plus par raisonnement que par constatation directe qu'il
a établi sa théorie, d'après l'argumentation suivante : le blas-
toderme de l'œuf Iraîchement pondu se compose de deux
couches, qui, par l'effet de l'incubation, se transforment l'une
en ectoderme, l'autre en entoderme. Le mésoderme ne pro-
vient d'aucune de ces deux couches, mais d'éléments particu-
liers qu'on aperçoit entre elles à un moment donné et qui sont
semblables aux grosses sphères granuleuses, dites cellules for-
matives [Bildungs-elements), formées en abondance sur le plan-
cher de la cavité de segmentation; ces cellules formatives
étant douées de mouvements améboïdes, on peut admettre
qu'elles se déplacent pour aller former le mésoblaste {Akad.
d. Wissensch. in Wienn., 1868, t. LVII, p. 18). Nous avons
vu également (p. 95) quelles préparations, très exactement
dessinées, mais mal interprétées, avaient amené (El lâcher à
adopter la théorie de Peremeschko ; mais ses recherches ulté-
rieures paraissent lui avoir fait abandonner cette opinion, en
lui fournissant l'occasion de constater directement, chez les
Poissons osseux, que le mésoderme se forme aux dépens d'un
entoderme primitif.
d. Ici se placeraient les auteurs qui, comme Kœlliker, font
provenir le mésoderme de l'ectoderme ; cette théorie dérive de
la manière dont ces auteurs considèrent la formation de la
plaque axiale et de la ligne primitive; nous l'avons suffisam-
ment réfutée en décrivant la formation de la ligne primitive
(p. ['29).
9" Depuis la fin de la segmentation, jusqu' au moment de V ap-
parition de la ligne primitive, le bord du blastoderme est suc-
cessivement constitué de manières très différentes :
Dans sa première forme il est renflé eu un bourrelet, dit
BOURRELET BLASTODERMIQUE, uu uiveau duquel Vectoderme se
continue avec V entoderme, ce dernier étant à ce niveau formé de
plusieurs assises de cellules et prenant ainsi la plus grande part
à la constitution du bourrelet (stade du bourrelet blastoder-
mique, p. 30).
182 M. DUVAL.
Ensuite Vectoderme se sépare de Ventoderme 'primitif sur
les bords du blastoderme, et, tandis que Vectoderme s'étend très
loin sur le vitellus, le bord de Ventoderme se soude avec le rem-
fart vitellin, de sorte fju'en partant de ce bord de Ventoderme, et
en allant veî\s la périphérie, on trouve successivement : d\ibord
le bourrelet entodermo-vitellin, correspondant à cette soudure,
et formé de vitellus se divisant, autour de chaque noyau, en
grosses cellules destinées, par leurs divisions successives, à servir
Cl V extension en surface de Ventoderme ; puis une large couche
de vitellus éi noyaux libres (entoderme vitellin) ; puis enfin une
couche de vitellus sans noyau.
Nous avons déjà touché (p. 40) à l'historique des faits ré-
sumés dans cette conclusion, et montré que longtemps l'exis-
tence du bourrelet blastodermique avait été méconnue, les
auteurs ne commençant à s'occuper du bord du blastoderme
que lorsque l'entoderme et l'ectoderme ont cessé de s'y con-
tinuer l'un avec l'autre. Ainsi His n'a décrit l'état des choses
qu'à partir du stade du rempart vitellin. C'est Gœtte qui le
premier a décrit le bourrelet blastodermique, qu'il désigne sous
le nom de bourrelet marginal (Randwulste). « Les deux feuil-
lets, dit-il (1), se trouvent soudés en un bourrelet marginal...
Au niveau de ce bourrelet l'ectoderme est formé d'une seule
couche, de sorte que la plus grande masse des éléments du
bourrelet appartient à l'entoderme. » Nous avons vu quel rôle
cet auteur fait jouer à ce bourrelet dans l'accroissement de
l'entoderme et même dans la formation du mésoderme. Mais
si Gœtte constate que le bourrelet marginal (bourrelet blasto-
dermique) n'a ainsi qu'une durée éphémère et disparaît à me-
sure que se développent et s'étendent les feuillets inférieur et
moyen, tous les auteurs ne se sont pas rendu compte de ce fait,
et la plupart ont décrit comme une seule et même formation
continue ce que nous distinguons sous les noms de bourrelet
blastodermique et de bourrelet entodermo-vitellin; telle est
l'opinion de Kœlliker; d'autres ont reconim quelques-unes des
(1) Beitrg. z. Entivicklg. der WirbcUhkre (Arch. fur mikrosk.Anat., t. X,
p. 160).
AUTICLE N'^ 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 183
particularités de ces deux formations, mais ont considéré sim-
plement la seconde comme résultant d'une simple transforma-
tionde la première : telle est l'opinion de Disse. D'autres enfin
ont parfaitement reconnu qu'il n'y a aucune continuité dans la
production de ces deux formations bien distinctes; mais, s'ils
ont assigné au bourrelet entodermo-vitellin une siornification
toute particulière, ils ne se sont pas rendu compte de la véri-
table origine de ce bourrelet, ni de l'entoderme vitellin qui
lui fait suite en dehors; tels sont Gœtte lui-même, ainsi que
W. Wolff. Nous allons donc passer en revue ces différentes ma-
nières de voir, pour chacune desquelles nous prendrons comme
titre le nom du principal auteur parmi ceux qui l'ont adoptée.
a. Kœlliker considère l'entoderme et l'ectoderme comme
se continuant l'un avec l'autre sur le bord du blastoderme,
aussi bien au troisième et au quatrième jour que dans les pre-
mières heures de l'incubation. Dans notre mémoire sur les
Annexes des embryons d'Oiseau (Journ. de Vanat. et de la phy-
siologie, mai 1884), nous avons suffisamment montré qu'il n'en
est pas ainsi, et que précisément on ne peut comprendre l'évo-
lution ultérieure des membranes et le mode d'occlusion de la
vésicule ombilicale, que si l'on a bien constaté que l'ecto-
derme s'étend sur la sphère du jaune beaucoup plus loin que
l'entoderme, c'est-à-dire que, au lieu d'être jusqu'au bout dou-
blé par celui-ci, il ne recouvre plus, dans les zones dites aire
vitelline, que du vitellus; ce vitellus est simple dans la zone
externe de l'aire vitelline, il est parsemé de noyaux (entoderme
vitellin) dans la zone interne. Maintenant, comment Kœlliker
a-t-il pu prendre cet entoderme vitellin pour une masse cellu-
laire provenant directement de la transformation des éléments
du bourrelet marginal du blastoderme de l'œuf fraîchement
pondu? Gomment a-t-il pu, en présence des grosses et petites
granulations vitellines qui forment cette masse, ne pas penser
être en présence de vitellus modifié en voie de segmentation
secondaire ? On le comprendra par la reproduction suivante
du passage où cet auteur s'explique le plus complètement sur
ce sujet; on verra qu'en présence de véritables cellules du
184 11. DU VAL.
bouiTclel, entoclenno-vitellin, en continuité avec l'entoderme
proprement dit, et pleines de corpuscules vitellins, il s'est re-
fusé à croire à la nature vitelline de ces corpuscules. « Les
cellules de l'entoderme, dit-il (p. 181), dans les limites de
l'embryon et de l'aire transparente, sont déjà, dans les pre-
miers temps, pâles et pauvres en granules. Dans le bourrelet
entodermique, au contraire, elles acquièrent (1) promptement,
par les progrès de l'incubation des corpuscules foncés et sphé-
riques dans leur intérieur, qui ne tardent pas à en être remplis,
de telle sorte que dans chaque cellule on trouve, autour d'un
granule foncé et plus gros, un certain nombre de granulations
plus petites, de même aspect.
» Au second et au troisième jour d'incubation, ces granula-
tions deviennent jaunâtres et l'entoderme prend le même as-
pect que le vitellus jaune sous-jacent. Cette coloration persiste
d'ailleurs à partir de cet instant dans l'aire vitelline (2). Si
(1) Les expressions que nous mettons ici en italique ne le sont pas dans le
texte (le Kœlliker; nous les soulignons, en les reproduisant, comme étant celles
qui expriment précisément le contraire de ce qui est pour nous la véritable
interprétation.
(2) On pourrait nous observer que Kœlliker parle ici du blastoderme au
second et au troisième jour, c'est-à-dire à des stades plus avancés que le dernier
des stades étudiés dans le présent mémoire. Sans doute; mais il parle de l'aire
vitelline au second et au troisième jour, et nous avons vu que, dès l'apparition du
bourrelet entodermo-vilellin, la constitution de ce bourrelet et des parties
situées en dehors de lui est identique à celle de ce qu'on appellera plus tard
l'aire vitelline. Et enfin, si nous cherchons l'opinion de Kœlliker d'après les pas-
sages relatifs à l'aire vitelline au second et au troisième jour, c'est qu'il est extrê-
mement sobre de détails sur la constitution du bord du blastoderme dans les
périodes antérieures. Tout ce qu'on peut trouver nettement affirmé chez lui,
c'est que le bord épaissi du blastoderme non incubé est un bourrelet ento-
dennique (voy. ci-dessus, p. 41), et reste indéfiniment à l'état de bour-
relet entodermiijue. Ainsi, page i06 de la traduction française, en réfutant
Gœtte, il dit : « La méprise de cet observateur tient à ce qu'il n'a pas plus
reconnu que les auteurs précités que le bourrelet marginal du blastoderme
avant l'incubation, ou, si l'on aime mieux, la marge épaissie de l'entoderme, en
modifiant graduellement ses éléments et en croissant en tous sens, en largeur
et épaisseur, se transforme en bourrelet blastoderiniqne de Ilis. C'est par là
que Gœtle à été amené à croire que le bourrelet marginal disparaissait et
passait dans la constitution du blastoderme. »
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 185
l'on demande maintenant d'où proviennent ces granules, deux
hypothèses se présentent. Ou bien ce sont des éléments du vi-
tellus blanc qui ont pénétré dans les cellules entodermiques,
ou bien ce sont des corps nés dans ces éléments où on les trouve.
En ce qui concerne la premiàre hypothèse, à laquelle se sont
rattachés His et Œllacher, elle a pour elle la similitude des
granulations en question avec les sphères du vitellus blanc,
similitude d'autant plus accusée que les unes comme les autres
se colorent intensément dans l'acide osmique. J'ai pourtant
fait remarquer que les corpuscules contenus dans les cellules
du bourrelet entodermique pâlissent dans l'acide acétique et
se dissolvent, ce qui n'a pas lieu pour les sphères formées du
vitellus blanc, et j'ai par suite exprimé l'opinion que les cor-
puscules en litige doivent être envisagés comme des produits
des échanges nutritifs qui ont lieu dans les cellules entoder-
miques auxquelles incombe en première ligne la mission d'ab-
sorber les principes résultant de la dissolution du vitellus »
(trad. fr., p. i8o). Telles sont les deux hypothèses entre les-
quelles choisit Kœlliker; mais il y en avait une troisième pos-
sible, à savoir qu'on est là réellement en présence de vitellus
dans lequel se trouvent des noyaux, et qui est le siège d'une
segmentation secondaire. C'est cette hypothèse qui nous
semble être seule rigoureusement en accord avec les faits, de
l'aveu même de lurlliker, car cet auteur ajoute : « Quand une
fois toutes les cellules entodermiques placées en dehors de
l'aire transparente ont pris ce contenu caractéristique, leurs
noyaux ne se trahissent plus que difhcilement, et les cellules
elles-mêmes ne sont pas aisées à reconnaître pour ce qu'elles
sont, ce qui fait que presque tous les auteurs modernes n'ont
pas vu que le bourrelet germinatif était un épaississement
de l'entoderme (1). »
(1) Selon une très juste remarque, faite par W, Wolff (note l de la page 52
de son mémoire: Ucb. d. Keimblaltes des Huhnes; Arch. f. mikvoskop. Anat.,
188'2, t. XXI), la confusion que ivrelliker a faite entre le bourrelet blastoder-
mi(iue et le vitellus sous-j;icenl aux bords du blastoderme est évidente par la
comparaison de quelques-unes de ses ligures. Ainsi dans sa figure 11 (p. 66 de
186 il. DUVAL.
b. Disse décrit une transformation du bourrelet entoder-
mique de Kœlliker par mélange de vitelltis blanc avec des cel-
lules qui le constituent primitivement. « Pendant les premières
heures de l'incubation, dit-il {op. cit., p. 87) (i), le blasto-
derme s'étend en surface et les cellules du bourrelet marsiinal
se portent d'une part vers le centre et d'autre part vers la pé-
riphérie, c'est-à-dire que le bourrelet s'étale et s'amincit. Il se
divise en même temps en deux zones, l'une interne (proximale) ,
l'autre externe {distalé). La zone interne est formée de cellules
lâchement unies les unes aux autres... Les éléments vitellins
viennent remplir les lacunes que ces cellules laissent entre
elles... Vers la onzième heure de l'incubation (p. 89), la zone
interne devient de moins en moins continue; quelques rares
groupes de cellules restent en rapport avec l'ectoderme sus-
jacent, le plus grand nombre s'enfoncent dans le vitellussous-
jacent; là ces cellules changent de forme; elles deviennent
étoilées, et leurs prolongements s'étendant plus ou moins
loin, il en résulte une sorte de réseau cellulaire dont les
mailles sont remplies de vitellus. » C'est de ce tissu complexe
de cette zone interne que Disse, dans un autre travail, fait
dériver les premiers rudiments des vaisseaux. Quant à la zone
externe, elle est, dit-il, plus compacte et formée de cellules
qui doublent la couche ectodermique jusqu'à sa limite la
plus périphérique.
Il est évident pour nous que la zone interne de Disse corres-
pond aux parties que nous appelons bourrelet entodermo-
vitellin et entoderme vitellin; quant à la zone externe, elle
n'existe pas, du moins comme entoderme, car au delà de
l'entoderme vitellin, dont les limites sont peu tranchées, l'ec-
toderme repose sur du vitellus pur et simple.
la traduclioii française) ce qu'il désigne comme bourrelet entodermique est bien
la marge renflée du blastoderme; mais, dans sa figure 24 (p. 89), qui, comme
la précédente, est relative à un œuf non incubé, ce qu'il désigne comme bour-
relet blastodermique ou partie épaisse du bord de l'entoderme, n'est bien évi-
demment qu'une épaisse coucbe de vitellus blanc.
(j) J. Disse, Die Entwicklung des mittleren Keimblaltcs im Huhnerei
{Arch. f. mlkroskop. Anat., 1878, t. XV).
ARTICLE Nf^ 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 187
La description donnée par His diffère peu de la précédente.
D'après His, \qs prolongements sous-germinaux (voy. ci-dessus,
p. 176), qui existent au niveau du rempart vitellin, pénètrent
dans le vitellus correspondant en y formant un réseau dont les
mailles sont remplies par les cellules vitellines (His considère
les éléments du vitellus blanc comme de véritables cellules);
il se produit ainsi un tissu particulier dont les couches supé-
rieures donneront naissance au feuillet vasculaire; en eff'et,
des cellules vitellines les unes tombent en deliquium, les
autres forment des amas irrégnliers de cellules, lesquelles ne
sont autre chose que les Ilots du sang, qui, en se réunissant
sous forme de cordons anastomosés, constituent les premiers
rudiments des vaisseaux, etc. (His, Erste Anlage, p. 76, 95,
99,102, 175, 176).
Parmi les auteurs plus récents, une interprétation très ana-
logue à la précédente a été adoptée par W. Wolff, lequel
cependant a bien reconnu que l'ectoderme n'est plus doublé
par l'entoderme dans ses régions les plus périphériques et
repose là sur du vitellus pur et simple. « Jusqu'à l'époque
où apparaît la ligne primitive, dit-il (op. cit., p. 56), le blas-
toderme s'étend en surface par un accroissement auquel
prennent également part toutes ses couches constituantes,
c'est-à-dire qu'à sa périphérie le feuillet externe et le feuillet
interne se rejoignent selon un angle dont le sommet est occupé
par des éléments appartenant à la masse intermédiaire (feuil-
let moyen des auteurs). Dès l'apparition de la ligne primitive,
toutes les cellules de la masse intermédiaire se portant de la
périphérie vers le centre pour y former la plaque axiale, le
bord du blastoderme s'étend suivant un processus tout nou-
veau. Ce bord a alors la forme d'un coin formé de trois ou
([uatre assises de cellules, correspondant les unes au feuillet
externe, les autres au feuillet interne. Mais, à mesure que ce
coin se porte vers la périphérie, s'étendant au-dessus du vitel-
lus blanc, les cellules de sa couche inférieure se séparent de
la couche supérieure, laquelle forme une mince membrane,
d'une seule rangée de cellules, en continuité avec le feuillet
188 . II. DDVAL..
externe. Une partie des cellules ainsi devenues libres prennent
les caractères des éléments du feuillet interne et se continuent
avec ce feuillet, formant une mince couche sous-jacente au
feuillet externe et recouvrant le vitellus blanc, mais s'étendant
sur lui bien moins loin que ne le fait le feuillet externe, lequel
progresse de plus en plus vers la périphérie. C'est ce que j'ap-
pellerai la membrmie limitanle du vitellus blanc {Grenzhaiit
des wcissen Dotters). Les autres cellules devenues libres se
portent dans le vitellus blanc, s'y transforment en corps
étoiles et forment, par leurs prolongements anastomosés, un
réseau qui est en connexion avec la membrane limitante sus-
indiquée, et dont les mailles sont remplies par les corpuscules
du vitellus blanc Au niveau du bord de la cavité sous-
germinale, ce réseau, par le fait de la résorption des corpus-
cules vitellins, forme une masse composée de plusieurs assises
de cellules, laquelle se continue, en s'amincissant, avec le
feuillet interne étendu au-dessus de la cavité sous-germinale.
Inversement, c'est-à-dire en examinant les choses du centre
vers la périphérie, on peut dire que le feuillet interne, formé
d'une seule couche de cellules dans la région où il recouvre la
cavité sous-germinale, se transforme, sur les bords de cette
cavité, en une masse à plusieurs assises d'éléments; cette
masse se continue à son tour, d'une part avec la membrane
limitante à une seule couche de cellules, et d'autre part avec
le réseau qui parcourt le vitellus blanc. ^
c. C'est dans Gœtte que nous trouvons les indications les
plus précises sur la disparition du bourrelet blastodermique
(qu'il appelle bourrelet marginal, Randwulst) et sur l'union
consécutive de l'entoderme avec le vitellus, et enfin sur l'ab-
sence de toute communauté d'origine entre l'entoderme défi-
nitif et l'entoderme vitellin. En effet, quoique les noms sous
lesquels nous désignons ces parties soient autres que ceux
employés par Gœtte, il est facile, d'après ses planches, de
reconnaître la concordance des choses et de se convaincre que
Gœtle a domié, pour les régions que nous appelons bourrelet
entodermo-vitellin et entoderme vitellin, des figures qui sont
AUTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 189
absolumentidentiques aux nôtres (voy. notamment les figures 38
et 39 de sa planche XII ; Arch. f. mikroskop. Anat.,\o\. X) ; et
la lecture de son texte montre qu'il arrive bien près d'une inter-
prétation semblable à celle que nous avons exposée; puis, tout
d'un coup, il abandonne la simple constatation des faits pour
se lancer dans une théorie invraisemblable. Il annonce tout
d'abord (op. cit., p. 180) qu'il se produit, dans les relations
des bords du blastoderme avec le rempart vitellin, des chan-
gements qui, quoique importants à plusieurs égards, ont passé
inaperçus de tous les observateurs. Il décrit alors comment
la cavité sous-germinale s'étend et s'excave profondément
et comment {op. cit., p. 181) le bord marginal de l'entoderme
vient s'unir avec le bord du rempart vitellin, a absolument
comme le feuillet intestinal (entodermique) des Batraciens
est uni avec la masse des cellules vitellines qui représentent
le vitellus de nutrition». Alors, dans ce que nous appelons
bourrelet entodermo-vitellin et entoderme vitellin (c'est
d'après ses figures que nous établissons la concordance de
ces parties), il se passe, dit-il (p. 182), « un processus
singulier de transformation de la substance vitelline, pro-
cessus dont les conséquences ultimes me paraissent avoir
été généralement constatées par les auteurs, mais dont l'ori-
gine et le mode tout particulier n'ont été observés par per-
sonne encore. Une partie des petits corpuscules vitellins se
dissout, de sorte que cette couche de vitellus devient plus
claire; en même temps le contenu des plus gros corpuscules
devient transparent ou granuleux, de sorte que, par la dispo-
sition de quelques-unes des granulations en petites masses
isolées, on croit se trouver en présence de noyaux. Enfin cette
couche de vitellus ainsi modifiée se montre bientôt parcourue
par de fines fentes ou sillons qui vont à la rencontre les uns
des autres, de manière à diviser le vitellus en une série de
segments anguleux, ayant le volume des grosses cellules em-
bryonnaires ou sphères de segmentation du germe ». Jusque-
là cette description cadre bien avec la nôtre, si toutefois on la
modifie en disant que ce sont bien de vrais noyaux qu'on a
H. ÉTUDES. — se. NAT. \XIX. 25 — ART N" 5.
190 M. UUVAL.
SOUS les yeux, et que les sillons en question produisent une
véritable segmentation secondaire, mais seulement dans le
bourrelet entodermo-vitellin, tandis qu'en dehors de ce bour-
relet il n'y a encore que des noyaux libres au milieu du vitellus
(voy. notre figure36,pl. III). Aussi Gœtte ajoute-t-il : « On dirait
alors, au premier abord, que le rempart vitellin et le vitellus
voisin sont formés d'une masse de cellules pressées les unes
contre les autres, en continuité avec le bord du feuillet in-
terne. » Mais aussitôt il abandonne cette manière de voir, si
juste, nous le répétons, pour le bourrelet entodermo-vitellin.
(( Un examen plus attentif montre, dit-il, que les prétendus
noyaux ne sont que des granulations vitellines à divers stades
de transformation, et les modifications que subissent ensuite
ces régions du vitellus enlèvent toute illusion sur leur appa-
rence de cellules. » Il décrit, en effet, une sorte de liquéfac-
tion qui commence presque aussitôt à se produire dans ce
vitellus, d'abord dans ses couches profondes, d'une manière
irrégulière, c'est-à-dire de place en place, de manière à ame-
ner l'apparition de larges lacunes, dans lesquelles on constate
bientôt la présence de véritables éléments cellulaires. Mais ces
cellules ont une origine toute particulière , elles viennent
d'ailleurs. Ce sont les cellules vitellines (voy. ci-dessus, p. 52,
à quels éléments Gœtte donne ce nom), « qui jusqu'à présent
reposaient sur le plancher de la cavité de segmentation, et
qui, quittant cette place, se portent dans le rempart vitellin,
remplissent ses lacunes sus-indiquées...,»etc. (o/>.a^.,p.l83;
ces cellules vitellines sont destinées, d'après Gœtte, à former
les îlots de sang).
En définitive, l'opinion des derniers auteurs que nous ve-
nons d'analyser se rapproche graduellement de la nôtre ; nous
voyons successivement reconnaître que le bourrelet entodermo-
vitellin et l'entoderme vitellin ne sont pas la même chose que
le bourrelet blastodermique primitif; avec Gœtte môme nous
arrivons à voir assigner à l'entoderme vitellin une origine
extra-embryonnaire; cet auteur est sur le point d'admettre
une formation de cellules autour de noyaux libres épars dans
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 191
le vitellus; mais il s'arrête subitement dans celte voie pour
l'aire intervenir ses cellules fonnatives ou vilellines.
Pour notre part, nous croyons avoir démontré qu'à la suite
de la formation de la cavité sous-germinaleil reste des noyaux
libres dans le vitellus du plancher et surtout des bords de
cette cavité (voy. conclusion n" 6, p. 167), et que plus tard la
division de ces corps nucléaires produit les nombreux noyaux
libres de l'entoderme vitellin, autour desquels se produisent,
par une segmentation secondaire, les grosses cellules du bour-
relet entodermo-vitellin.
Or cette présence de noyaux libres dans le vitellus, en de-
hors du blastoderme proprement dit, n'est pas un fait excep-
tionnel. Elle avait été signalée déjà dans les Poissons osseux
par Lereboullet, puis par Kupffer; plus récemment elle l'a
été, encore pour les Poissons osseux, par Hoffmann, qui con-
sidère ces noyaux comme représentant des globules smiyums
provisoires (i). Enfin elle l'a été pour les Poissons cartilagi-
neux par Balfour, et c'est ce fait qui a amené cet auteur à ad-
mettre, pour expliquer la nature de ce qu'il appelle lerempart
ijerminal, une théorie mixte, c'est-à-dire dans laquelle il
adopte à la fois des interprétations semblables à celles de
Disse et de W. Wolff, et une interprétation semblable à celle
que nous défendons actuellement. Nous terminerons donc par
la citation suivante de Balfour (^2) la longue analyse historique
relative à notre conclusion n° 9 :
« Sur les bords de Varea pelliicida, l'hypoblaste se met en
continuité avec un anneau de substance sous-jacente à l'épi-
blaste, et qui dérive à la fois et du bourrelet blastodermique
primitif, et du vitellus correspondant. En effet, cet anneau est
principalement formé de corpuscules vitellins renfermant une
( I) Lereboullet, Embryoloyie comparée, etc. {Ann. des se. naturelles,
Zoolog.,l. XX, 1863).
Kupffer, Beobacht. ub. Entivicklung der Knochenfische {Arch.f. mikros-
kop. Anat., t. IV, 1868). '
Hoffmann, Zool. Anzeiqer, 1880, p. 607-629.
(2) Fr. Balfour, A Treatise on comparative embryoloyy, t. II, 1881.
lU-2 11. MIVAL.
quantité variable de cellules et de noyaux. C'est ce qu'on ap-
pelle le rempart germiiial {Germinal wall) )) (p. 1^6). Et plus
loin (p. 13*2 et 133) : « Le mésoblaste et l'hypoblaste de Varea
pellucida ne donnent pas naissance à toute la partie de ces
deux feuillets qui correspond à Varea opaca; mais tout l'hy-
poblaste de Varea opaca, une grande partie de son mésoblaste,
et peut-être même une certaine portion de son épiblaste, dé-
rivent de cette masse précédemment indiquée, qui a reçu le
nom de rempart germinal, et qui se continue avec l'hypo-
blaste proprement dit sur les bords de Varea pellucida. La
nature exacte des éléments de cette masse a donné lieu à de
nombreuses controverses, sur l'examen desquelles nous n'in-
sisterons pas, nous contentant de donner le résultat de nos
propres observations. Le rempart germinal est formé d'abord,
comme il a été dit ci-dessus, du bord épaissi du feuillet infé-
rieur du blastoderme et de la substance vitelline sous-jacente
parsemée de noyaux. Dans la période qui précède la formation
de la ligne primitive, l'épiblaste s'étend au loin sur le vitellus,
en partie aux dépens des cellules mômes du rempart vitellin
et en partie aux dépens des cellules formées autour des
noyaux libres dans le vitellus... Les cellules du rempart ger-
minal sont graduellement utilisées pour la formation de l'hy-
poblaste... Finalement, le rempart vitellin est formé princi-
palement de vitellus avec de nombreux noyaux, et un nombre
variable de cellules; les noyaux forment spécialement une
couche étendue immédiatement au-dessous de l'épiblaste... »
Il résulte de ce passage, dont nous avons reproduit seulement
quelques points caractéristiques, que Balfour admet, dans le
vitellus dit de la région de l'aire opaque, la présence de noyaux
libres, et que ces noyaux deviennent le centre de formation de
nouvelles cellules, indépendamment des cellules qui peuvent
se trouver dans les mêmes régions et qui dériveraient du bord
primitivement épaissi du blastoderme proprement dit. Balfour
admet donc une théorie mixte. De cette théorie nous ne vou-
lons retenir que le fait de la présence de noyaux libres, qui
sont le centre de formation de nouvelles cellules. D'où pro-
AUTICLE N" 5.
FORMATIO.N DU Bl.ASTODERME. 193
viennent ces noyaux, d'après Balfour? D'après lui, ils élaienL
déjà présents, dès la fin de la segmentation, sur l'œuf fraî-
chement pondu. En effet, Balfour déclare {op. cit., p. 'l'^4)
que sur l'œuf non incubé la couche de vitellus qui forme le
plancher de la cavité sous-germinale « renferme de nombreux
noyaux semblables à ceux qu'on trouve dans les parties homo-
logues de l'œuf des Poissons élasmobranches; ces noyaux sont
généralement plus nombreux dans le voisinage du bord épaissi
du blastoderme ». En se reportant au chapitre que cet auteur
consacre au développement des Élasmobranches, on voit qu'il
ne tranche pas absolument la question de l'origine de ces
noyaux : « Pendant la segmentation, des noyaux apparaissent,
peut-être par genèse spontanée (?), dans le vitellus voisin du
disque blastodermique... Encore après que la segmentation
est terminée, on trouve de nombreux noyaux dans le vitellus
granuleux qui est au-dessous du blastoderme. » On voit donc
qu'en somme, parmi les éléments complexes de la théorie
mixte de Balfour, se trouve cet élément conforme à nos con-
clusions (n°' 5 et 6), à savoir : l'existence des noyaux libres
dans le rempart vitellin, noyaux qui proviennent de ceux déjà
présents dans le plancher et surtout sur les bords de la cavité
sous-germinale, et qui président ultérieurement à la forma-
tion de nouvelles cellules destinées à produire l'accroissement
en surface de l'entoderme.
10° // faut distinguer la plaque axiale et la ligne primitive
comme deux phases successives d'une seule et même formation.
La plaque axiale présente la constitution du bourrelet blasto-
dermique : elle résulte de ce que ce bourrelet, en se portant
d'avant en arrière, dans son mouvement d'expansion qui cor-
respond à l'accroissement en surface du blastoderme, continue
à subsister sur la ligne médiane postérieure du disque blasto-
dermique. La plaque axiale consiste donc essentiellement en
une masse entodermique primitive , comme le bourrelet blasto-
dermique ; elle se forme sur place et ne résulte pas du déplace-
ment de cellules qui convergeraient de la périphérie vers le
centre pour s'entasser en un cordon médian.
194 11. DWVAL.
Cette dernière partie de la conclusion t'ait allusion aux nom-
breux auteurs qui, admettant que le mésoderme se forme par
des éléments qui se déplacent de la périphérie vers le centre,
assignent naturellement une semblable origine à la plaque
axiale. Nous avons déjà analysé et réfuté (p. 178) la plupart
de ces auteurs en parlant de l'origine du mésoderme. Nous
allons y revenir à propos de la conclusion suivante.
W" Les connexions de l'ectoderme, dans toute la longueur de
la plaque axiale, avec la masse enlodermirjue primitive, existent
dès l'apparition des premiers rudiments de cette plaque; ces
connexions sont celles qui existent entre ces mêm,es parties dans
le bourrelet blastodermique.
Lorsque se creuse plus profondément la f/outtière de la plaque
axiale, laquelle devient ainsi la ligne primitive proprement dite,
les connexions de Vectoderme paraissent devenir plus intimes,
dans le fond de cette gouttière, avec la plaque axiale : en même
temps celle-ci s'est divisée en entoderme définitif et en méso-
derme proprement dit. Cest à la multiplication des éléments de
cette plaque mésodermique et à la manière dont ils se portent
vers la périphérie, qu'est due l'accentuation de la gouttière de
la ligne primitive.
Nous avons vu comment Gœtte attribue la formation de
la plaque axiale à un déplacement des cellules de la couche
blastodermique inférieure, lesquelles viennent de la périphérie
au centre s'accumuler en un cordon médian (Axenstrang)
placé selon la ligne axiale de l'embryon (plaque axiale). Dans
tous ses travaux d'embryologie, Gœtte a toujours à sa disposi-
tion cette concentration des cellules de la périphérie vers le
centre, et rien n'est plus fatigant que de lire, dans son grand
ouvrage sur le développement du Crapaud, les explications la-
borieuses dans lesquelles il veut rendre compte de la forma-
tion de la gouttière médullaire, de la corde dorsale et des
plaques segmentaires (prévertèbres) toujours par un déplace-
ment des cellules qui, tantôt dans un feuillet, tantôt dans
l'autre, quittent la région ventrale du Batracien pour venir
s'accumuler à la région dorsale. C'est aussi ce processus qu'il
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 195
invoque pour expliquer la formation de la gouttière de la ligne
primitive. « Gomme chez les Poissons et les Batraciens, dit-il
(p. il^2), en même temps que se développe la plaque axiale
(Axenstrang) , se produit un épaississement de l'ectoderme de
la périphérie au centre, de sorte que les cellules de ce feuillet,
poussées vers la région médiane, forcent l'ectoderme à se re-
plier vers la plaque axiale ; cette dépression en forme de pli
correspond à la plaque axiale sur laquelle elle apparaît, for-
mant ce qu'on appelle la gouttière primitive (gouttière de la
ligne primitive)... Ainsi se produit (p. 175) l'union intime de
l'ectoderme et du mésoderme dans la ligne primitive, union
qui a donné lieu à tant d'interprétations erronées. Cette union
n'est pas primitive, mais tout à fait secondaire; elle résulte en
effet de ce que les cellules qui forment le pli en gouttière de
l'ectoderme viennent comprimer la plaque axiale sous-jacente;
mais la soudure qui se produit alors entre les deux feuillets
n'est jamais telle qu'elle fasse complètement disparaître toute
ligne marquant leurs limites réciproques. »
Nous avons tenu à reproduire ce passage de Gœtte parce
qu'il est un exemple type des théories mécaniques dont quel-
ques embryologistes allemands, notamment His et Gœtte, se
sont faits les défenseurs. Nous croyons que pour expliquer la
formation de la ligne primitive, il y a autre chose à chercher
que des tensions de lames élastiques sous l'influence de l'iné-
galité d'accroissement, comme le veut His, ou sous l'influence
de déplacements en masse de cellules. Nous croyons que la
phylogénèse, c'est-à-dire à proprement parler l'embryologie
comparée, peut seule être appelée à expliquer chaque fait on-
togénique, et que, pour le cas particulier, on ne peut com-
prendre la nature de la formation dite plaque axiale et ligne
primitive qu'en la comparant à l'ouverture rusconienne des
œufs de Vertébrés inférieurs (voy. ci-dessus les schémas, 34,
à40, p. 127 et 129).
Parmi les travaux les plus récents sur la ligne primitive,
nous devons encore citer celui de W. Wolfl". Quoiqu'il consi-
dère l'union de l'ectoderme avec la plaque axiale comme
i96 11. «KVAL.
n'existant pas dès le début de l'apparition de cette dernière, la
description de cet auteur est assez exactement conforme aux
faits, et il n'y aurait qu'à la modifier très légèrement dans le
sens de la conclusion qui va suivre pour arriver à la véritable
expression des rapports réels des choses. « Après séparation
du feuillet interne, dit W. Wollf {op. cit., Arch. f. mikroskop.
Anat., 1882), la masse des éléments de segmentation ne se
trouve pas employée, mais il en reste encore une partie placée
entre le feuillet externe et le feuillet interne. Ces éléments ne
forment pas encore quelque chose qui mérite le nom de feuil-
let, car ils ne sont pas disposés en une couche continue, et ils
ont encore conservé les caractères morphologiques des élé-
ments de segmentation. On ne peut encore que leur donner le
nom de masse intermédiaire (Mittelkeim). Avant que ces élé-
ments subissent leurs transformations ultérieures, ils con-
tractent de nouveaux rapports avec ceux du feuillet externe...
En effet, la production de la ligne primitive consiste en ce que
certaines cellules du feuillet externe s'enfoncent dans la pro-
fondeur et vont se mêler aux éléments de la masse intermé-
diaire... Il est alors impossible de faire la part de ce qui
dans cette formation appartient au feuillet externe du fond de
la ligne primitive, et de ce qui appartient à la masse intermé-
diaire. C'est à cet ensemble complexe que je donne le nom de
plaque axiale (Axenplatte) (1). »
12" La plaque axiale de V Oiseau doit être considérée comme
V homologue de l'anus de Rusconi des Batraciens. C est un orifice
rusconien rudimentaire , c'est-à-dire dont les lèvres sont soudées
en une sorte de raphé médian antéro-postérieur ; c'est sur ces
lèvres que se multiplient le plus activement les éléments destinés
à former le feuillet moi/en.
Cette homologie entre la ligne primitive de l'Oiseau et l'ori-
(1) Nous avons abrégé celle cilalion, onieilanl cerlains passages élrangers
au sujet en question, et desquels il résulte que, malgré les nombreux travaux
qui ont établi une dislinction absolue entre la ligne primitive et la gouttière
médullaire, W. WolfT en est encore à confondre ces deux formations ^voy., du
reste, la note 2 à la page 512 de son mémoire).
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 197
tice riisconien des Batraciens a été récemment formulée par
Balfour (Comparative Emhtyolof/i/,i. Il, p. 126, 127,238, 239),
qui s'est très heureusement servi, pour l'établir, des formes
intermédiaires que lui fournissaient ses études antérieures
sur l'embryologie des Poissons cartilagineux. Notre intention
n'est pas de discuter ici tout au long cette question, et de
montrer ce qu'il peut y avoir à modifier dans les détails de
l'nUerprétation de Balfour, interprétation si exacte dans ses
traits généraux. A la question de l'homologie de la ligne pri-
mitive et de l'anus de Busconi, se rattache l'histoire du canal
neurentérifjue, dont l'étude a été, dans ces dernières années,
l'objet de recherches si nombreuses, que leur seule analyse
exigerait un mémoire aussi étendu que le présent travail. C'est
une étude que nous entreprendrons prochainement. Avec
l'indication des rapports entre l'orifice rusconien et la ligne pri-
mitive, nous arrivons aux limites que nous nous sommes assi-
gnées pour le moment. Nous devons simplement faire remar-
quer que ce n'est pas d'aujourd'hui que nous signalons cette
homologie, et que, si elle a été formulée par Balfour en 1881,
nous l'avions très explicitement indiquée dès 1880 dans une
communication préalable à la Société de biologie (8 et
15 mai 1880). Nous reproduirons donc ici cette note, à la-
quelle nous avons déjà fait allusion (ci-dessus, p. 101), et qui,
trouvant aujourd'hui sa confirmation dans les faits exposés
dans le présent mémoire, servira en même temps de trait
d'union entre ce mémoire et celui qui le suivra prochainement.
(( Beprenant sur l'Oiseau l'étude de la gouttière et de la
ligne primitive, j'ai pu me convaincre que cette ligne est l'ho-
mologue de l'anus de Busconi des Batraciens, ainsi que je
l'annonçais précédemment (Biologie, 3 avril 1880) à propos
des études sur l'œuf du Crapaud commun. Pour comprendre
cette homologie, il faut d'abord bien remarquer que l'anus de
Busconi a une double signification : d'une part, il représente
le lieu où se fait l'occlusion de la vésicule blastodermique,
c'est-à-dire où se ferme le feuillet externe après avoir enve-
loppé tout le vitellus et ses sphères de segmentation, et d'autre
198 11. DDVAL.
part il représente le lieu où commencent à se montrer les pre-
mières indications de l'embryon, c'est-à-dire l'origine du feuil-
let moyen qui apparaît comme une production de cellules ayant
lieu aux dépens de la région (bord de l'anus de Rusconi) où le
feuillet externe et le feuillet interne sont soudés l'un à l'autre
et semblent se réfléchir pour se continuer l'un avec l'autre.
Or, chez le Poulet, vu le volume du vitellus (jaune de l'œuf),
l'enveloppement de ce vitellus par le blastoderme demande un
temps considérable (plusieurs jours), tandis que les premières
traces de l'embryon apparaissent dès les premières heures de
l'incubation; c'est-à-dire qu'il y a nécessairement ici division
du travail, et que la formation complexe, dite anus de Rus-
coni, chez les Ratraciens, est ici dédoublée en ses deux parties
constituantes, lesquelles se produisent distinctement et à une
grande distance l'une de l'autre : d'une part, l'occlusion blas-
todermique qui a lieu par la soudure des lèvres opposées du
feuillet externe parvenu jusqu'au pôle inférieur du jaune (on
peut donner le nom d'ombilic ombilical à ce lieu d'occlu-
sion) (i); d'autre part, le lieu où les deux feuillets (externe et
interne) sont soudés et au niveau duquel commence la pro-
duction du feuillet moyen (2). Ce lieu, où les deux feuillets
(1) Dans un plus récent mémoire {Études histologiques et morphologiques
sur les annexes des embryons d'Oiseaux, m Journ. de l'anat. et de la physio-
logie, mars 1884), nous avons particulièrement étudié celte formation de
Vombilic ombilical et les particularités qui l'accompagnent. Nous avons vu
qu'il n'y a pas occlusion simple et directe de l'ombilic ombilical par rapproche-
ment et soudure du bord libre de l'ectoderme (bord renflé en un bourrelet
ectodermique) ; mais que l'anneau formé par ce bourrelet se renverse en bas et
en dehors, au milieu de l'albumine accumulée au petit bout de l'œuf, consti-
tuant ainsi une cavité infundibuliforme, etc. {sac de l'ombilic ombilical) ; et
que c'est par rétrécissement de l'orifice circonscrit par le bourrelet mésoder-
mique que se fait l'occlusion de l'ombilic ombilical; ce sont donc les parties
correspondant à la zone interne de l'aire vitelline qui prennent part à la forma-
lion de la cicatrice de l'ombilic ombilical du Poulet.
(2) Aujourd'hui, sachant que le feuillet moyen dérive de l'entoderme primitif,
nous ne disons plus que la formation de ce feuillet commence sur les lèvres de
l'anus de Rusconi, mais seulement que sur ces lèvres se produit d'une manière
particulièrement active la prolifération des éléments de la plaque mésoder-
jnique(voy. p. 129).
ARTICLE N» 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 199
primitifs sont confondus, occupe d'abord le bord postérieur
de la calotte blastodermique, mais s'allonge en suivant le
mouvement d'expansion de cette calotte ; il forme ainsi une
sorte de traînée le long de laquelle les cellules blastodermiques
sont disposées d'une manière homogène, c'est-à-dire qu'on ne
peut, sur une coupe, indiquer les limites entre le feuillet
externe et le feuillet interne (4). C'est là précisément le
caractère des lèvres de l'anus de Rusconi, le caractère du
tissu de la ligne primitive. Si cette ligne présentait chez le
Poulet un orifice sur un point quelconque de son étendue,*
l'homologie de cette ligne primitive et de l'anus de Rusconi
serait évidente sans plus ample examen ; il paraît en être ainsi
pour le blastoderme des Reptiles et sur le blastoderme du Per-
roquet. Chez le Poulet, il ne nous a jamais été donné de voir à
l'état normal une disposition semblable; mais sur des blasto-
dermes présentant un développement anormal, par exemple
surun blastoderme où commençait à se développerun monstre
double formé de deux gouttières médullaires réunies par leurs
extrémités antérieures et divergentes par leurs extrémités pos-
térieures, nous avons constaté que chaque ligne primitive, fai^
saut suite à chacune de ces gouttières médullaires, présentait
en arrière un orifice fort net, donnant accès dans la cavité ger-
minative (future cavité intestinale) ; ici, par suite, sans doute,
d'un retard dans le développement de la ligne primitive, celle-
ci se présente donc, grâce à cette perforation, sous la forme
d'un anus de Rusconi très allongé, aplati transversalement et
affectant une configuration linéaire. A l'état normal cette con-
figuration est si accentuée et se produit si rapidement que
l'existence d'un orifice ne peut être constatée (du moins chez
le Poulet); il y a pour ainsi dire abréviation dans le processus
de formation, de sorte que l'anus de Rusconi, au lieu de pas-
ser successivement de l'état d'orifice circulaire à celui de fente,
puis à celui de ligne pleine, résultant de la soudure des deux
(1) Voy. ci-dessus, p. 128, quelles légères modifications il faut faire subir à
cette manière d'exprimer les choses.
^00 U. «UVAL.
lèvres de la fente, affecterait d'emblée le type de ligne pleine;
mais, comme pour bien d'autres formations, les développe-
ments monstrueux nous présentent des phénomènes de retard
grâce auxquels la ligne primitive peut être observée sous la
forme de fente, d'orifice linéaire, ou même d'orifice oblong. »
13" Au niveau du fond de la f/outtière primitive, V accroisse-
ment du mésoderme se fait aux dépens d\me masse cellulaire
qui est commune au feuillet moyen et à Vectoderme ; mais cette
disposition, loin de devoir être interprétée dans le sens d'une
origine ectodermique du mésoderme, s' complique simplement par
l'embryologie comparée; en effet, la plaque axiale est une ré-
gion intermédiaire à Vectoderme et à Ventoderme, une région
ectodermo-entodermique , qui, chez l'oiseau, par le fait de la
séparation de l'entoderme définitif, ne conserve plus de con-
nexion qu'avec Vectoderme ; de là les apparences qui ont pu faire
penser à une origine ectodermique des éléments de cette plaque
et par suite du feuillet moyen.
Cette conclusion a été formulée avec plus de détails, expli-
quée à l'aide de figures schématiques, et rapprochée de la
théorie de Kœlliker, ci-dessus, de la page 34 à la page 40.
Nous terminerons en présentant ici une série de figures sché-
matiques destinées à donner dans une vue d'ensemble, les
points principaux des conclusions ci-dessus énoncées. Con-
struites d'après les mêmes procédés que les divers schémas
produits au cours de ce mémoire, ces figures tendent à repré-
senter le disque blastodermique, aux phases successives de ses
transformations, vu à la fois en coupes et en surface, c'est-à-
dire que chaque vue en surface est composée d'une série de
coupes schématiques placées les unes au-dessous des autres,
et représentant la composition du disque blastodermique suc-
cessivement dans ses régions antérieures, moyennes et posté-
rieures. Comme dans la plupart des schémas précédents, l'ec-
toderme est représenté par une ligne noire pleine, et l'ento-
derme par une ligne relativement épaisse formée de petits
traits verticaux; quand apparaît le mésoderme (schéma Q&),
ARTICLE N» 5,
FORMATION DU BLASTODERME. 201
il est représenté par une couche formée de petits traits obliques
entre-croisés.
Avec ces données il est facile de voir que le schéma 61
représente tout ce que nous avons étudié pour le blastoderme
au stade du bourrelet blastodermique, avec début de l'encoche
postérieure destinée à donner naissance à la fente rusconienne
correspondant à la ligne primitive; le bourrelet blastoder-
«fflffiitiiîife».
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Scliéma 61.
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Schéma 62.
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Schéma 63.
inique est représenté par l'épaississement marginal de l'ento-
derme et son adhérence à l'ectoderme (Comparer, pour les
vues en surface, au schéma 16, p. 101, et pour les vues en
coupe, aux schémas 21 et 22, p. 109, et 26, p. 113).
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Schéma 64.
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Schéma 65.
Le schéma 62 représente le môme état, avec seulement
accroissement en surface du blastoderme, sans modification
notable dans sa constitution (Comparer avec le schéma 17,
p. 101).
*202 M. »UVAL.
Le schéma 68 montre la disparition du bourrelet blastoder-
mique en avant (Comparer avec le schéma 23, p. 109), et la
formation de plus en plus accentuée de la fente rusconienne
en arrière, selon les processus déjà représentés dans les
schémas 17 et 18, p. 101, pour les vues en surface, et les
schémas 26, p. 113 et 34, 37, p. 127, pour les vues en
coupe. -'^
Les schémas 64 et 65 montrent comment le bourrelet
blastodermique disparait peu à peu sur toute la périphérie du
blastoderme, et comment les lèvres de la fente rusconienne
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Schéma 66.
sont les seules parties qui présentent encore une constitution
identique à celle de ce bourrelet (Comparer avec le schéma
19, p. 101 et avec le schéma 27, p. 113).
Enfin le schéma 66 termine la série en montrant, outre
l'achèvement des processus précédents, l'apparition du feuillet
moyen; il résume donc à la fois les schémas 20, p. 101, 24
et 25, p. 110, 28 et 29, p. 114, et, comme il donne la con-
figuration de l'ensemble du feuillet moyen, les schémas 41
42, 43, p. 134.
ARTICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. 'llOo
EXPLICATION DES PLANCHES.
Dans toutes les figures des cinq planches, les lettres suivantes ont la iiiêuie
signilication :
A, extrémité antérieure du blastoderme.
ao, aéra obscura.
ap, aéra itellucida.
66, bourrelet blastodermique (66a, ses parties antérieures; 66/k ses parties
postérieures).
be, bourrelet ectodermique.
BEV, bourrelet entodermo-vitellin.
cg, cavité sous-germinale (cga, sa dilatation antérieure).
es, cavité de segmentation.
ex, feuillet externe.
g, sphères de segmentation secondaire (sur le plancher et surtout sur les bords
de la cavité sous-germinale).
mS entoderme primitif.
in, entoderme définitif.
In^, entoderme vilellin.
ms, mésoderme.
n, noyaux.
NP, canal du noyau de l'ander.
P, extrémité postérieure du blastoderme.
PP, plaque axiale et raphé correspondant.
RV, rempart vitellin.
s, sillon de segmentation.
SJ, sphère du jaune.
V, vacuoles.
vb, vitellus blanc.
vj, vitellus jaune.
cp, vitellus plastique.
Planche 1.
Fig. 1. Coupe anléro-postérieure d'un œuf de Perruche ondulée, non fécondé
et fraîchement pondu. Gross. environ 57 fois (premiers stades de la segmen-
tation ;.
Fig. 2. (ioupe antéro-postérieuredelacicatriculed'unœuf de Perruche ondulée,
non fécondé et fraîfhement pondu. Gross. 57 fois (segmentation plus avancée).
Fig. 3. Une portion du germe segmenté de la figure 2, à un grossissement d'envi-
ron 170 fois. 1, "2, 3, segments séparés de tous côtés; A, noyaux dans le
vitellus non encore segmenté (1).
(1) Sur les planches, nous avons eu soin d'indiquer, par des traits et des
llèches de renvoi, toutes les parties qui, prises dans une figure d'ensemble à
faible grossissement, sont reproduites dans une autre figure à un plus fort gros-
sissement.
^04 H. DWVAL.
Fig. 4. (loupe antéro-postérieure de la cicatricule d'un œuf de poule non fécondé
et fraîchement pondu. Gross. 46 fois. CS, cavité de segmentation.
Fig. 5. Coupe antéro-postérieure de la cicatricule d'un œuf de Poule non
fécondé et fraîchement pondu. Gross. 46 fois.
Fig. 6. Une portion médiane de la figure 5 à un grossissement de 150 fois.
Fig. 7. Coupe antéro-postérieure de la cicatricule d'un œuf de Faisan non
incubé. Gross. 40 fois.
Fig. 8. Coupe antéro-postérieure de la cicatricule d'un œuf de Serin non
fécondé. Gross, 45 fois, cg, cavité sous-germinale en voie de formation ; elle
ne va en avant que jusqu'en d.
Fig. 9. La partie postérieure de la ligure 8 à un fort grossissement, i, 2, 3,
formes graduelles de passage des éléments pleins de très fines granulations
(prétendu vitellus plastisque) aux éléments pleins de granulations dites de
vitellus blanc.
Fig. 10. Coupe antéro-postérieure médiane de la cicatricule d'un œuf de Rossi-
gnol non fécondé et non incubé. Gross. 45 fois, g, globules de Ecker.
Fig. 11. Deux de ces globules de Ecker.
Fig. 12. Coupe antéro-postérieure, non médiane, de la même cicatricule que
celle représentée dans la figure 10.
Fig. 13. Aspect, en surface, de la cicatricule de l'œuf de Rossignol dont les
figures 10 et 11 représentent des coupes. La cicatricule a subi l'action de
l'acide osniique. cq, contours de la coquille; SJ, contours du jaune (sphère
vitelline); a, extrémité antérieure ; p, extrémité postérieure de la cicatricule.
Gross. 4 fois.
Planche II.
Fig. 14. Coupe médiane antéro-postérieure du blastoderme d'un œuf de Poule
fraîchement pondu et non incubé. Formation du bourrelet blastodermique.
cg, cavité sous-germinale, Gross. 45 fois.
Fig. 15. Partie médiane de l'une des dernières coupes transversales (les plus
postérieures) ou légèrement obliques d'un blastoderme de Rossignol, au
même stade que la figure 14. PP, lèvres de la perforation que ce blastoderme
présentait en arrière. Gross. 125 fois.
Fig. 16. Partie médiane de la dernière coupe transversale (la plus postérieure)
d'un blastoderme de Poulet semblable à celui de la figure 14. Gross. 125 fois.
Fig. 17. Coupe médiane antéro-postérieure du blastoderme d'un œuf de Rossi-
gnol fécondé et non incubé. Gross. 45 à 50 fois. De c en c', région centrale
circonscrite parle bourrelet blastodermique; bba, partie antérieure; bbp,
partie postérieure de ce bourrelet.
Fig. 18. La partie jioslérieure du bourrelet blastodermique de la figure 17
examinée à un fort grossissement (environ 150 à 200 fois).
Fig. 19. Une portion de la région centrale de la figure 17, à un fort grossisse,
ment.
Fig. 20. La partie antérieure du bourrelet blastodermique de la figure 17 à un
fort grossissement.
Fig. 21. Rapports généraux du blastoderme et du vitellus sur un œuf de Poule
AI5TICLE N" 5.
FORMATION DU BLASTODERME. "iOb
fécondé et non incubé. Coupe médiane antéro-postérieure. Gross. 15 à 18
fois.
Fig. 22. Le blastoderme de la figure 21 à un grossissement de 30 fois. De c en
c', ia région centrale circonscrite par le bourrelet blasiodermique [bbp, en
arrière; bba, en avant).
Fig. 23. Une portion de la région centrale du blastoderme de la figure 22, à un
plus fort grossissement.
Fig. 24. Coupe médiane antéro-postérieure de l'ensemble du blastoderme et du
vitellus voisin, entre la seconde et la sixième heure de l'incubation, lorsque
commence à se produire en avant l'excavation (cga) de la cavité sous-gernii-
nale. Gross. 15 fois. Les détails de ce blastoderme sont donnés, comme l'in-
diquent les flèches de renvoi, dans les figures 25 à 29.
Fig. 25. Extrémité postérieure du blastoderme de la figure 24 à un plus fort
grossissement.
Fig. 26. Détails de la région de la figure 2i, où le large bourrelet blasioder-
mique (plaque axiale) se continue avec la partie centrale du blastoderme.
Fig. 27. Partie^centrale du blastoderme de la figure 24.
Fig. 28. Parlie antérieure du même blastoderme.
Fig. 29. Extrémité tout antérieure du même blastoderme.
Plaxche III.
Fig. 30. Vue en surface, après action de l'acide osmique, d'un blastoderme de
Poulet, de la deuxième à la sixième heure de Pincubation. Ce blastoderme
correspond à celui qui est représenté en coupe dans la figure 2i (et les
ligures 25 à 29). A, extrémité antérieure; B, extrémité postérieure; ap,
aire transparente; xx, ligne selon laquelle est faite la coupe représentée par
la figure 31 ; yy, ligne selon laquelle est faite la coupe figure 32. Gross.
5 fois.
Fig. 31. Coupe transversale selon la ligne xx de la figure 30. P, bourrelet
blasiodermique des parties latérales marginales du disque blastodermi(iue ;
1, masse entodermique primitive de ce bourrelet; 2, région où la niasse
entodermique se dispose en un feuillet irrégulier (entoderme primitif); 3 et
•4, parties latérale et médiane de la plaque axiale PP.
Fig. 32. Coupe oblique (selon la ligne yy, figure 30) d'un blastoderme de Poulet
analogue à celui de la figure 30. PP, orifice linéaire ou fente occupant la
partie moyenne de la plaque axiale.
Fig. 33. Coupe médiane antéro-postérieure d'un blastoderme de Poulet après
six heures d'incubation. Gross. d'environ 40 fois. Les détails de celte [irépa-
ration sont donnés, à un }ilus fort grossissement, par les figures 34 à 39,
comme l'indiquent les flèches de renvoi.
Fig. 34. Détails de l'extrémité toute postérieure de la figure 33; extrémité
postérieure de la plaque axiale, où l'ectoderme se réfléchit encore pour se
continuer avec la masse entodermique primitive de la plaque axiale.
Fig. 35. Constitution des deux feuillets (cctoderme et entoderme primitif) dans
la région de l'aire transparente du blastoderme de la figure 33.
H ÉTUDES. — se. NAT. XXIX, 26. — AHT. .-V" 5.
206 M. DUVAL.
Fig. 36. Région du bourrelet entodermo-vitelliu de la figure 33 ; à la partie
droite, l'ectoderme recouvre le vitellus à noyau dit entoderme vitellin (in-).
Fis. 87. Détails de l'extrémité tout antérieure de la figure 33. Ici, l'ectoderme
{ex), terminé par le bourrelet eclodermique {(je), ne recouvre plus que du
vitellus pur et simple.
Fig. 38-39. Coupe transversale de la région postérieure d'un blastoderme sem-
blable à celui de la^ figure 33; la coupe porte vers la région marquée par la
ligne X dans la figure 33. La partie médiane de cette coupe est représentée
par la figure 39 {LP, plaque axiale ou ligne primitive); sa partie latérale
gauche (bord du blastoderme) par la figure 38.
Fig. 40. Coupe médiane antéro-postérieure d'un blastoderme analogue à celui
représenté en surface dans les figures 48 et 49 (pi. IV), c'est-à-dire entre la
huitième et la dixième heure de l'incubation. L'excavation sous-germinale
n'est profonde qu'en avant {cga), et commence seulement à se prolonger en
arrière {cgp)\ cp, point où a pris fin la formation de la plaque axiale. Gross.
environ 16 fois.
Fig. 41. Détails de l'extrémité tout antérieure de la figure 40; l'ectoderme {ex)
recouvre du vitellus sans noyau et se termine par un bourrelet ectodermi(jue
{be) très peu accentué.
Fig. 42. Détails de la région h de la figure 40; étude du bourrelet entodermo-
viteiiin {BEV).
Fig. 43. Détails de la région e de la figure 40 ; ecloderme et entoderme primi-
tif dans la zone transparente.
Fig. 44. Détails de la région d de la figure 40.
Fig. 45. Détails de la région c de la figure 40.
Fig. 46. Détails de la région b de la figure 40.
Fig. 47. Détails de la région a de la figure 40.
Planche IV.
Fig. 48. Vue en surface, avant l'action de tout réactif, du blastoderme d'un
œuf de Poule (grandeur naturelle) entre la huitième et la douzième heure
de l'incubation, avec indication des contours de la coquille; sur la sphère du
jaune, on voit l'aire obscure en ao, et l'aire transparente en ap.
Fig. 49. L'aire transparente et les parties voisines, à un grossissement de douze
à quatorze fois, sur un blastoderme semblable à celui de la figure 48, après
l'action de l'acide osmique et préparation pour l'examen à la lumière trans-
mise.
Fig. 50. Coupe transversale de ^a région de l'aire transparente d'un blastoderme
semblable à celui de la figure 49. Gross. d'environ 20 fois.
Fig. 51. Détails des feuillets au centre de l'aire transparente de la figure 50 :
dédoublement de l'entoderme primitif en entoderme définitif {in) et en méso-
derme (rws); l'ectoderme {ex) est ici très épais et formé d'au moins trois
couches de cellules cylindro-coniques.
Fig. 52. Détails de la région du bourrelet entodermo-vitellin de la figure 50.
Fig. 53. Détails de la région a, de la figure 50 (limite externe de l'entoderme
vitellin ivr).
ARTICLE N» 5.
F0R3IATI0N DU BLASTODERME. 207
Fig. 54. Détails de la région b de la figure 50 (ectodernie ne recouvrant, à ses
parties les plus périphériques, que du vitellus sans noyau)/ '
Fig. 55. Coupe transversale de la région postérieure d'un blastoderme sem-
blable à celui de la figure 49 (la coupe est faite un peu en arrière de la ligne
Ip de la figure 4-9).
Fig. 5G. Détails de la plaque axiale ou ligne primitive de la figure 55. cgp,
élargissements latéraux de la cavité sous-germinale.
Planche V.
Fig. 57. Vue en surface, après action de l'acide osmique, de l'aire transpa-
rente d'un œuf incubé depuis treize à seize heures, ca, croissant extérieur;
ba, limite antérieure de l'aire transparente. Gross. d'environ 16 fois.
Fig. 58. Coupe médiane, antéro-postérieure, d'un blastoderme semblable à
celui de la figure 57 (selon la ligne x de la figure 57). ep, niveau de l'extré-
mité postérieure de la ligne primitive; ea, son extrémité antérieure. Gross.
-28 fois.
Fig. 59. La région du bourrelet entodermo-vitellin de la figure 58; étude du
croissant antérieur; xx, sphères de segmentation secondaire détachées du
bourrelet entodermo-vitellin.
Fig. 60. La région moyenne de la figure 58 (tète de la ligne primitive en ca,
figure 58, et parties situées en avant de cette tête).
Fig. 61. Coupe du blastoderme de la figure 57, selon la ligne y (fig. 57), c'est-
à-dire un peu en dehors de l'axe médian ; ea, partie qui correspond au
niveau de l'extrémité antérieure de la ligne primitive (voy. fig. 58, en ea).
Fig. 62. Détails de la région b de la figure 08; mésoderme de la région située
en arrière de la ligne primitive; ce mésoderme, interposé à l'ectoderme et à
l'entoderme vitellin, correspond ici à la véritable aire opaque (voy. p. 133,
et les figures schématiques 41 à 43); c'est ici que vont apparaître les pre-
miers îlots de sanç.
Fig. 63. Coupe transversale de la région de la ligne primitive d'un blastoderme
semblable à celui de la figure 57. Gross. 16 à 19 fois.
Fig. 64. Détails de la ligne primitive de la figure 63.
Fig. 65. Détails de la partie latérale de la figure 63, dans la région du bord
libre du mésoderme.
^208 M. DL'VAL.
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE MÉMOIRE.
INTRODUCTION.
1° Procédés d'étude 1
2" Matériaux d'étude 18
PFIEMIÉRE PARTIE.
1" Stade du bourrelet blastodermique 30
A. Premier type de blastoderme d'un œuf fécondé, fraicliement pondu
et non incubé 32
B. Second type de blastoderme d'œuf fécondé, non incubé . 37
2° Stade de la segmentation (cavité de segmentation) 44
3" Stade de la cavité soiis-germinale 57
4" Stade de la formation du bourrelet hlastodermiqiie 73
2^ PARTIE.
1° Apparition de iaire transparente et du rempart vitellin 84
a. Excavation sous-germinalc 88
b. Disparition du bourrelet blastodermique 89
2° Formation du bourrelet entodermo-vilellin 93
a. .Apparition du bourrelet entodernio-vitellin à la région antérieure;
sépar^lion de rectodermo et de l'entoderme primitif sur les régions
latérales 94
b. Plaque axiale 99
c. Faible extension de l'aire transparente 103
3° Généralisation du bourrelet cntodermo-vitellin. — Origine du mé-
soderme 104
a. Uécapitulalion scliémalique de latonnation du bourrelet enloileiino-
vitellin dans la moitié antérieure du blastoderme; mésoderme 108
b. Récapitulation schématique de la formation du bourrelet ento-
dernio-vitellin et du dédoublement de l'entoderme primitif dans la
région postérieure (région de la plaque axiale) 112
c. Démonstration des schémas à l'aide des coupes transversales et des
coupes longitudinales 114
4° Apparition de la ligne primitive 117
a. Mode d'extension de l'aire transparente ; apparition de la plaque
axiale sous la forme de ligne primitive 118
b. Gouttière de la ligne primitive; caractères de la ligne primitive pro-
prement dite ; discussion de la théorie de Kœlliker 124
c. Détails complémentaires 130
1° De l'extrémité postérieure de la ligne primitive; croissance inter-
stitielle de la ligne primitive 131
2° Extension du mésoderme; ses rapports avec les limites de l'aire
transparente .... 132
3" Du croissant antérieur (partie antérieure du bourrelet entodernio-
vitellin) 137
^^ PARTIE.
Analyse des Mémoires de Koller 140
4'^' PARTIE.
Conclusion ; historique et critique 165
Explication des planches 203
TABLE DES MATIÈRES
DU TOME XXIX,
Article n° 1. Sur le dépôt tertiaire de Saint-Palais, près Royaa (Charente-
Inférieure). Notice stratigraphique, par M. G. Vasseur (Labo-
ratoire de Géologie dirigé par M. Hébert).
Article n° 2. Echinides du terrain éocèiie de Saint-Palais, par M. J. Cotteau,
avec 6 planches (Laboratoire de Géologie dirigé par iM. Hé-
bert),
Article n" 3. Embryogénie de VAmarœcium prolifenim (Ascidie composée),
par MM. Charles Maurice et Schulgin, avec 2 planches
(Laboratoire de Zoologie marine, à Villefranche, dirigé par
M. Barrois).
Article n" 4. Études histologiques et organologiques sur les centres ner-
veux et les organes des sens des animaux articulés, par
M. H. Viallanes. 1'='' Mémoire : Le ganglion optique de la Lan-
gouste {Palinnrus mdgaris), avec 5 planches (Laboratoire
de Zoologie anatomique dirigé par MM. H. et A. Milne
Edwards).
Article n° 4 bis. Recherches sur le genre Caminus et sur une Éponge voisine
du Caminus osculosiis (Grube), par M. R. Kœhler.
Article n» 5. De la formation du blastoderme dans l'œuf d'Oiseau, par
M. Mathias Duval, directeur du laboratoire d'Anthropologie
(avec 5 planches).
BouRLOTON. — Imprimeries réuaici, A, rue Mignon, '1, Pans.
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