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#
Godfrev Lowell CABOT SCIENCE LÏBRARY
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DE LA
NAVIGATION AÉRIENNE
PAR LES
AÉROSTATS
PAR
A. CHARVIN
Tout ce qui est dans la nécessité des temps,
doit s'accomplir.
Louis Napoléon.
7— P- JJUok vNoUL W 1^
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PARIS
20, RUE ROSSINI, 20
1864
DE LA
NAVIGATION AÉRIENNE
AÉROSTATS
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Tout ce qui est dans la nécessité des temps,
doit s'accomplir.
Louis. Napoléon.
PARIS
20, RUE ROSSINI, 20
1864
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AÊROSCAPHES
La navigation aérienne est possible,
surtout par les aérostats!
A. C.
SOCIETE FRANÇAISE DES AÉROSCAPHES
L'on ferait plus de grandes choses, si l'on en
croyait moins d'impossibles!
Travailler à la solution du problème de la navigation
aérienne, arriver à démontrer, par des faits, la possibilité de
la direction des aérostats, est certainement chose intéressante
et louable; pourtant, nous nous serions peut-être effrayés
d'avoir à ne présenter la question qu'abstractivement, au point
de vue scientifique.
En conséquence , nous avons dû songer à donner à nos
projets une forme pratique. En les traduisant par une affaire
indastrielle, qui abrite l'idée derrière un intérêt, nous espé-
rons obtenir le concours et l'assentiment général.
Toutefois, dans l'œuvre que nous poursuivons tout le
monde verra, nous n'en pouvons douter, une entreprise émi-
nemment nationale.
Tel est le but de la Société que nous avons créée pour
arriver, tout en réalisant des bénéfices assurés, à prouver
par l'expérimentation que la navigation aérienne est possible,
et que les aérostats sont dirigeables.
A. G.
INTRODUCTION
L'on peut lancer an corps dans les airs au moyen
de l'arc, de la fronde, d'un spiral itère ou de la
poudreà canon ; pour obtenir la locomotive aérienne,
il faut revenir à l'enfant de l'air. ... l'aérostat 1
Jules Séguin.
Nous n'oserions pas nous flatter d'avoir réussi dans
ce travail, si nous n'avions l'entière conviction de trou-
ver, dans les précédents et les faits acquis, tous les
arguments nécessaires pour démontrer jusqu'à l'évi-
dence, la possibilité de la direction des aérostats.
Notre ambition sera donc satisfaite, si, en cherchant
à élucider la question, nous avons le bonheur de rester
l'écho fidèle du bon sens et du sens commun.
Sans nous faire un mérite de notre impartialité, nous
accepterons de voir la question de la navigation aérienne
se poser nettement sous ces deux faces : Avec ou sans
les ballons ! . . . . * • \ . «: v v-«. *. -* •
Mais si, en prenant position, nous ne pouvons nous
empêcher de nous écrier avec bonheur : «A nous les bal-
_ 6 -
Ions!... » nous n'aurons garde d'oublier que nous avons
dit nous-môme : « La voie est large, il y a place pour
tout le monde, » Aussi, ne nous occuperons-nous de
l'aviation, qu'en tant qu'il sera nécessaire pour jus-
tifier notre maxime : — La navigation aérienne est pos-
sible, surtout par les aérostats ! . . . .
Dans notre système d'aéroscaphes, nous nous ap-
puyons avant tout, du reste, sur ce qu'ont fait ou dit
nos devanciers, bien persuadé qu'une convenable appro-
priation des résultats de leurs travaux suffirait, dans la
plupart des cas, pour résoudre la question par l'affir-
mative.
Quant alors à ce qui nous est personnel, nous nous
estimerons heureux, si nous pouvons mériter l'attention,
et soutenir l'examen des gens sérieux.
Nous sollicitons donc toute la bienveillance de nos
lecteurs, ainsi que leur extrême indulgence; elles ne
nous seront pas refusées, si nous n'avons fait qu'énon-
cer tout haut ce que la plupart d'entre eux n'ont pu
s'empêcher de penser tout bas.
A. G.
MANIFESTE
DE LA
navigation aérienne
AÉROSTATS
« Destiné à être ironie- gé dans le milieu où il doit
agir, le navire aérien, doit être poisson, par les
aptitudes! »
A. Chauvin, 25 octobre.
Lettre adressée au Moniteur (<)•
Pour vaincre l'air, il suffit d'être plus fort que lui.,
ou bien de le rendre plus faible que soi.
Peut-on naviguer dans l'air ? De cette idée qu'hier
encore l'on * n'aurait pu se hasarder à émettre sans
faire éclore sur tous les visages un sourire d'incrédu-
lité, voire de pitié, de cette idée, disons-nous, il en sera
ce qu'il a été de tant d'autres : chimères aujourd'hui,
réalités demain !
Pour nous, qui depuis longtemps caressons la chi-
mère de la veille, nous n'hésitons pas à le proclamer
bien haut :
Oui, la navigation aérienne est possible !
(1) A laquelle M. Victor "Meunier a bien voulu donner l'hospitalité des
colonnes du Courrier des Sciences et de V Industrie. (8 nov. 63.)
— 8 —
Et, si nous n'allons pas jusqu'à dire, seulement par
les ballons, nous ne pouvons nous empêcher de dire :
Surtout par les aérostats !
Il semble que la conquête de l'air, dès que le premier
ballon s'élança pour envahir son domaine, aurait dû
demeurer un fait acquis, non-seulement à la science,
mais encore à la pratique; aussi est-on tout surpris au-
jourd'hui, d'avoir à constater que la navigation aérienne
soit encore à l'état de problème à résoudre, quand elle
semble découler forcément du fait et des principes même
de l'aérostation.
Généralement pratiquée par des entrepreneurs de
fêtes publiques, que guident aveuglément des motifs de
spéculation, livrée à # la routine, la science aérostatique
n'a que peu progressé ; d'un autre côté, faute d'encou-
ragements convenables ou suffisants, diverses tentatives
sont demeurées infructueuses. De ces insuccès, dont on
négligeait d'analyser les causes, on se hâta de conclure
que. la direction des ballons était chose impossible. Bien
que sans fondements sérieux, cette idée s' enracina , et
la solution, classée parmi les utopies, menaça de s'a-
journer indéfiniment, stigmatisée qu'elle était de ce mot
odieux : Impossible !
Impossible ! arme terrible et redoutable, à la portée
des indifférents comme des sots, des ignorants comme
des sceptiques, par intérêt ou par calcul, que d'efforts
n'a-t-on pas paralysés, que de succès n'a-t-on pas com-
promis par toi ? Et qui dira jamais le nombre d'hommes
ou d'idées restés sous tes coups !
L'intéressante question qui nous occupe, étant au-
jourd'hui une actualité, nous n'aurons rien à dire de
son importance, que chacun peut suffisamment appré-
cier.
- 9 —
Mais avant d'entrer dans le développement des lois
qui régissent la direction des aérostats, en même temps
qu elles en démontrent la possibilité, lois dont les con-
séquences n'échapperont à personne, nous nous voyons
obligé d'aborder la question de l'aviation, préconisée avec
tant de bruit depuis quelque temps, et trop prématuré-
ment béatifiée, peut-être, par ses fidèles.
Après avoir sympathiquement accueilli la naissance
de ce nouveau venu dans le monde des faits scientifiques,
nous n'en regrettons que plus vivement d'avoir à dé-
plorer son manque de circonspection et d'égards envers
l'aérostation, son aînée, qui, pour être restée jusqu'à ce
jour stationnaire, est loin pourtant d'avoir dit son
dernier mot.
Par la démonstration, nous allons essayer de revendi-
quer, pour les aérostats, la place à laquelle ils ont droit de
prétendre, quand il s'agit de navigation aérienne. Mais,
si dans le cours de cette discussion, où pour notre part,
nous ne regrettons pas de n'apporter ni bec, niongles(l),^
nous sommes amené à faire justice des prétentions exor-
bitantes qu'ont affichées les porte- drapeau de l'aviation,
ce sera du moins froidement, et sans parti pris d'hosti-
lité contre les tenants de l'hélicoptère.
En dehors de toute personnalité, et à l'abri du droit
de libre discussion, nous croirons donc- pouvoir, sans
blesser aucune convenance ou susceptibilité, signaler
charitablement aux pionniers de la voie nouvelle quel-
ques difficultés pratiques d'application, et spécialement
deux écueils.
En premier lieu : — Le peu de sécurité que semble
(i) N'ayant rien de commun avec les tara avis projetés,
- 10 -
promettre l'autolocomotion aérienne, si fière d'être
l'Aviation !
Que penser en effet de ce mode de transport, lors-
qu'on sait qu'un seul grain de plomb, venant à briser
l'aileron du plus grand comme du moindre oiseau, le
frappe d'impuissance et le condamne à tomber comme
une masse? ^ a ^ / \ v ^ , ; ,/ /,ïu;^V . ^
Or, si l'on ne peut éviter que. chaque jour, dans
la machinerie existante, quelque appareil ne soit em-
pêché de fonctionner par la rupture ou le dérangement
de quelqu'un de ses organes, sera-ce s'alarmer à tort,
de craindre que ces chances d'interruption dans le fonc-
tionnement de machines nouvelles ne soient, au moins,
aussi fréquentes alors que, pour naviguer dans l'air, on
sera impérieusement porté à les faire le plus légères
possible.
Comment donc ne pas s'effrayer, en songeant que le
moindre dérangement dans les machines de l'aéromotive
abandonnera l'appareil, plus lourd que l'air, aux lois
de la pesanteur; le condamnant à être précipité d'une
manière d'autant plus terrible, le vouant à des consé-
quences d'autant plus redoutables, que d'après les lois
de la chute des graves : — les vitesses croissent propor-
tionnellement aux temps, et les espaces parcourus
proportionnellement au carré des temps employés à
les parcourir!^ ^ Av , lC v .. - v ^ v " - . *'^ ,,v '"
Or, il demeure bien évident que, dans l'air, l'aérostat,
en équilibre dans son milieu, échappe, par ses condi-
tions propres, aux terribles éventualités dont sera fata-
lement menacé tout appareil plus lourd que l'air.
Et maintenant encore, malgré les assertions réitérées
échappées à une plume autorisée, dont, nous persistons
- 11-
à le croire, la religion aura été surprise, ou qui, tout $U
moins, s'est laissée tromper par le décevant mirage d'uu
séduisant paradoxe, nous nous refusons à nous JQÛ$r§
à la panurgienne cohorte de ceux qui, se laissant aller
de confiance, se sont plus à répéter à l'envi : « Pqw
vaincre Vair, il faut être plus lourd que liii, » tenai^
pour avéré que, si un ballon arrive à s'élever cjaus l'air ?
c'est expressément à la condition d'être plus léger (eu
tant que volume déplacé) que les couches qu'il travers»
et sur lesquelles il s* appuie pour gagner celle où il se.
trouvera en éqiiilibre.
En second lieu: — Le peu d'excédant utilisable
qu'on semble en droit d'espérer, comme fret, des projets
d'automotion aérienne.
Quand la même plume autorisée, à laquelle nous
avons déjà fait allusion plus haut, disait à propos d'héli-
coptères : « On enlève une souris, on enlèvera bien plus
facilement encore un éléphant, » nous regrettions de
ne pas nous voir convaincu par cette assertion, Jneu que
péremptoire, et partant de si haut ; car si tant est que
nous n'osions révoquer en doute la possibilité d'enipver
un éléphant comme appareil, il ne s'ensuit pas que
nous irions jusqu'à admettre, qu'eu outre de l'appareil
nécessaire on pût, dans des conditions pratiques, enlever
un éléphant comme excédant utilisé de la force produite
par ledit appareil (1).
Aussi serons-nous, par exemple* grandement étQPïté
si jamais nous apprenons qu'uji constructeur de ï$te a B*
se mette à en construire de plus lourds que l'eau (nous
i
(1) Les calculs abondent pour démontrer quelles seraient, avec un poids
donné, les conditions de surfaces et de forces à déployer et encore pour pe fjen
produire d'utile comme excédant.
- 12 -
entendons ne pouvant pas déplacer un volume d'eau
dont le poids fût supérieur à celui qu'ils doivent repré-
senter tout chargés); s'obligeant à produire, en outre
de la force de locomotion, et par les puissantes exertions
d'un moteur quelconque (qu'il faudra loger et trans-
porter lui et son approvisionnement), ce qu'auraient pu
lui donner, avec une dépense de force moindre, et gratis,
eu égard aux bénéfices du fret, les lois de l'hydrosta-
tique, puisqu'il est admis que « les grands comme les
petits bateaux vont sur Veau sans avoir desjambes(l). »
Donc, selon nous , le navire aérien étant destiné à être
immergé clans le milieu où il doit agir, ne nous sembl e
pas pouvoir être dans le vrai, ni posséder les qualités
requises, dès qu'il n'est pas entendu de manière à dé-
placer un volume du milieu d'immersion, qui le mette,
lui et son chargement prévu, dans des conditions d'équi-
libre.^ ^' :u "'- " e ' >^ -W^i,^,.^.,^,^ _yovo
Aussi, quant à l'aviation, nous croirons-nous dans
le vrai en faisant remarquer : que l'air, pour l'oiseau,
est un milieu anormal, — où il n'est pas en équilibre ; ,
— qu'il ne peut forcément que traverser; — dans lequel
il ne peut se soutenir qu'au moyen d'une dynamique
constante, c'est-à-dire par des efforts puissants et conti-
nus, mais dépensiers; dans lequel, en un mot, il ne
possède pas de statique propre.
Et nous insisterons sur ce fait, que tout autre est le
cas dans lequel se trouvent les habitants des eaux ; car
du vairon à la baleine, chacun est doué des moyens de
se tenir en équilibre, dans toutes les couches du milieu
où il est immergé, aussi bien que de la faculté de passer
(1) Voir notre lettre adressée, en août 63, à tous les journaux et reproduite
le 27, par le Progrès industriel*
AÊROSCAPHES
La navigation aérienne est possible,
surtout par les aérostats !
A. C.
- 14 -
Car, dans ce cas, il jouira, en aérostatique, de tous
les bénéfices des lois d'hydrostatique énoncées précé-
demment.
Par ces données fondamentales, l'on voit que la
iiavigation aérienne est bien, surtout, possible par les
aérostats. \vvjuVou -^^^ ^oV o^*^^ . 0^ ***■> j>u ^
Notre intention iï'est pas dé passer en revue tous les
essais d'aérostation qui ont eu lieu jusqu'à ce jour; par-
lant en général des tentatives rie direction, nous pou-
vons néanmoins remarquer que leurs promoteurs, ne
s'étant guère écartés du point de départ, ont générale-
ment donné dans une erreur commune, en se créant à
plaisir une résistance à vaincre, c'est-à-dire un emploi
de forces sans profit pour la cause, soit qu'ils aient voulu
entraîner le ballon par la nacelle, ou bien la nacelle par
le ballon.
Une comparaison nous fera clairement comprendre :
Si l'on suppose tel oiseau de proie, ayant la force
d'eiilever un lièvre dans ses serres , on se rendra aisé-
ment compte de l'embarras dans lequel se trouverait
l'oiseau, si, au lieu dudit lièvre, on lui donnait à en-
lever un objet beaucoup plus volumineux, bien que d'un
poids identique, et qui de plus pendrait à une certaine
distance au-dessous de lui. Car il aurait alors non-seu-
lement à vaincre pour son propre compte la résistance
du milieu dans lequel il se meut, mais encore celle gue
lui créerait l'objet déplacé, résistance qui croîtrait, tant
en raison de la vitesse de l'oiseau, qu'en raison de la
surface dudit objet déplacé, ûtÀ ^ ! ;> ,v ^ f ^ v i ~
■ -*- *-\-... 1- ■ — — * • "X-:. 1 .•*.'■'. ■ '
Jjft môme dépense de forces perdues se présente dans
- 15 —
le cas où la nacelle serait appelée à entraîner le ou les
ballons; et d'autant plus considérable que ces derniers
présentent une plus grande surface.
Et nous sommes d'autant plus étonné qu'on ait tenté
de le faire (1), que nous nous plaisons à croire :
— Que jamais, au grand jamais, capitaine de bateau
à vapeur n'a essayé de marcher toutes voiles dehors, soit
en calme plat, soit contre le vent. —
Quant à la possibilité de trouver un point d'appui
dans l'air, mise eïi doute on ne sait pourquoi, par quel-
ques esprits légers ou chagrins, — elle ressort avec
évidence du fait de l'ascension d'un aérostat, puisque
c'est de là que découle la raison de Isa force ascension-
nelle (2). — c^^^y^ " *\ |.- - vi ~, -* - -
Parmi les objections alléguées à Péncottire de là
direction des ballons, il y a bien la résistance du milieu
que quelques-uns mettent en avant, même après avoir
nié le point d'appui, mais il y a surtout, dit-on, la résis-
tance du vent.
Avant de répondre, comme fonds, à cette objection
dont il est convenu que l'on doit abuser dès qu'il &'àgit
de ballons, nous constatons, tout d'abord, que l'idée
n'est venue à personne de dire que les bâtiments à voilés
ne soient pas dirigeables, et qu'ils ne puissent atteindre
une destination déterminée. On ne les a jataàis, du
moins de nos jours, doctement écrasés du mot impossible,
bien qu'ils ne puissent directement vaincre le vent.
Il est vrai qu'ils s'affirment d'eux-mêmes, qu'on les
(1) Système Petin et autres similaires.
(2) Comme aussi de la différence de la chute des corps à l'air libre, bu dans
Jp yicje; et l'on sait que, dans ce dernier cas, graves et légers arrivent ensemble.
- 16 -
utilise sur une large échelle, et surtout que leur ori-
gine remonte à une haute antiquité.
Mais si l'on veut bien considérer précisément que la
première barque ne date pas seulement de la fin du siècle
dernier (1) , et tenir compte du temps qu'elle a mis
à se transformer, pour se traduire par les fins voiliers
qu'on admire de nos jours, on voudra bien, du moins
nous l'espérons, nous concéder que de la montgolfière à
l'aréostat qui accomplira un trajet déterminé, il n'y a
probablement pas si loin, que de la pirogue creusée dans
un tronc d'arbre au Great-E aster n.
Pour notre compte, nous sommes certain que, comme
intervalle de transformation, l'avantage restera aux aéro-
stats aidés des ressources des temps modernes.
Nous établirons ensuite, sur des précédents, la pro-
gression forcée de tout aérostat remplissant de certaines
conditions, et, bien que nous ayons le droit d'écarter la
résistance du vent comme purement locale, ne pouvant
simultanément s'opposer à toutes les directions ou pouvant
s'éviter par la, recherche de courants contraires, nous
aborderons de front la double objection. Relativement à
ces résistances de milieu ou de vent contraire, qu'on dit
invincibles, et dont on voudrait nous faire un épouvan-
tail, nous dirons :
— Si tant est qu'on ne puisse les vaincre telles
quelles, cherchons à les annuler, à les amoindrir tout
au moins; et la victoire deviendra plus facile. — : \^ %
......,.,..,,..,.,,.... •.-,■■. ...
Quant à la progression forcée dont nous avons parlé,
faisant ici un appel à l'attention et au bon sens de nos
(i) Comme le premier ballon,
— 17 -
lecteurs, dont nous ne mettons pas en doute la bonne foi,
nous poserons la question ainsi :
Étant donné un aérostat, c'est-à-dire un appareil en
équilibre dans l'air, y possédant par conséquent un plan
normal de statique ; —
Qu'arrivera-t-il, si ledit appareil, doué de la faculté
de déplacer son centre de gravité, vient à se mettre dans
un plan incliné par rapport au plan normal, au moment
même où, variant par un moyen quelconque (1) le rap-
port de son poids spécifique à celui du volume déplacé,
il deviendrait plus lourd que précédemment?
Nous croyons être dans le vrai en affirmant — que
l'appareil marchera, tout en descendant, suivant l'angle
formé par son inclinaison, eu égard au plan normal
qu'il a cessé d'occuper. -nC* ^ v«^ w- v*^ M v— i-i ■- ;
Et inversement, il marchera en montant, si l'aérostat
devient plus léger que dans l'état précédent.
Ici, comme marche de l'appareil, nous entendons une
progression de fait, mais absolue et forcée; et nous
écartons même l'idée du concours de ses moteurs pro-
pres, qui, avons-nous dit plus haut, n'auront à réagir
que contre une résistance susceptible d'être, au moins,
amoindrie.
Pour ce qui est de l'autolocomotion aérienne, ou pour
mieux dire de l'aviation, —
Nous dénions aux graves dans l'air, et cela au nom
des lois de la pesanteur, les bénéfices de la marche selon
les plans inclinés, à moins d'un travail puissant et dé-
pensier, devant constamment réagir contre la pesanteur
même, et dont l'interruption serait un danger perma-
(i) D'après les données du capitaine Meunier, par exemple,
■ — 18 -
nent ; et tout cela encore, nous le craignons du moins,
pour ne rien produire d'utile (1).
Du reste, sans posséder tous les secrets de la science,
non plus que ceux de la nature, nous sommes tout dis-
posé à penser avec ceux qui l'ont dit avant nous, que
pour jouir de la marche selon les plans inclinés, l'oiseau,
en outre de la résistance créée par la surface déployée,
arrive, pendant qu'il traverse le milieu aérien, à modifier
le rapport de son poids spécifique avec celui du milieu
ambiant qu'il déplace, soit par l'air chaud logé entre
-ses plumes, soit et concurremment par celui emmagasiné
dans ses capacités pulmonaires et pectorales. vv>^ . ^ ,
Quant à la possibilité de la marche dans une direc-
tion déterminée, revenant à l'objection du vent con-
traire, que l'on présente comme invincible pour les
aérostats, nous nous permettrons d'insister pour prouver
qu'elle n'a pas toute la portée qu'on veut lui attribuer (2).
Si, au lieu d'un seul ballon, on en supposé quatre,
devant isolément se diriger vers chacun des points car-
dinaux, il demeure constant que le même vent ne
pourra pas être tout à la fois directement contraire à
chacun d'eux ; contraire pour l'un à l'aller, s'il persis-
tait, il se trouverait favorable au retour. Puis ensuite,
sans parler des temps calmes «t delà faculté de louvoyer,
soit de gauche à droite, soit de bas en haut (3) et vice
versa, dont disposera l'aéronaute, celui-ci n'est-il pas
à peu près certain de trouver, en changeant d'altitude,
(1) Le il octobre dernier, dans un remarquable feuilleton de l'Opinion
nationale, M. Viclor Meunier confirmait notre dire par ces paroles : « Avec
les ballons l'on pourrait porterdes armes à la Pologne; avec l'aviation, que
lui porterait-on?... des lettres! •
(2) Dans son rapport "sur le projet do ballons captifs remorqués, système de
M. Moreau de Saint-Apre, M. J. Séguin établit qu'ils pourraient fonctionner 4
Paris en moyenne pendant 210 jours par an.
(3) Avantage que ne possède pas la batellerie.
- 19 -
des courants atmosphériques allant en sens différents
de ceux qui peuvent régner près de terre.
Un vent contraire ne pourra donc empêcher des aéros-
tats, remplissant les conditions précitées, d'atteindre
un point déterminé. V:vv^- -^ ^^ a^à/ ^- .-»-.- \ ^ v v
De plus, relativement à ces résistances de milieu ou, o
de vent contraire, nous dirons pour notre compte, avec
le vieux proverbe :
Quand on n'est "pas assez fort, il faut être fin. 'm*M -wa^ wa<**taw4r
Aussi, sommes-nous surtout étonné que, pour la di-
rection des aérostats, Ton n'ait pas sérieusement songé à
agir sur le milieu d'immersion. ^ .*...., . v
Car, si l'on supposait le vide fait au-devant de l'aé- f*«ï *
rostat, on admettrait bien sa marche forcée selon la ,r '.'
direction où le vide aurait été fait, ipso facto, par l'effec- Yf vv , ^
tivité de la pression continuant dans les autres points
du milieu, alors que dans ceux où le vide aurait été *
fait, il n'y aurait plus de résistance à vaincre, attendu
qu'il n'y aurait plus de pression.
De là une progression de fait, mais absolue et forcée,
même sans le secours de moteurs propres.
Or, dans cette hypothèse, si l'on se rend compte que le
vide est l'absolu d'une rupture d'équilibre, on ne pourra
se refuser à admettre un résultat suffisant, même d'un
effet partiel. Car, dès qu'on dit rupture d'équilibre
dans un point d'un milieu, on entend et admet, en rai-
son directe de l'effet produit, augmentation proportion-
nelle de la pression dans les autres points. /
Dès lors, effet utile pour la marche forcée, dans ledit
milieu, du corps flottant au-devant duquel cette rup*
- 20 -
ture d'équilibre aura été produite, et cette progression
se continuera tant qu'il n'y aura pas d'interruption dans
l'opération déterminant la rupture de l'équilibre.
Et si, comme marche de l'appareil, nous n'entendons
ici qu'une progression de fait, mais absolue et forcée,
nous nous croyons d'autant plus certain d'en étendre
les bénéfices, que plus la résistance à vaincre serap**
amoindrie, plus nous jouirons efficacement des efforts
de nos moteurs, qui, ne courant pas le risque de demeu-
rer stériles, pourront, en d'autres termes, être d'autant
moins puissants.
Si tant est qu'il soit nécessaire, nous pourrons par
des exemples justifier notre dire :
— Qui de nous n'a eu occasion voyant, sans pouvoir
l'atteindre, un objet flottant inerte dans l'eau; qui de
nous, dis-je, n'a réussi à l'attirer à soi en opérant une
rupture d'équilibre dans le milieu d'immersion soit avec
la main, soit avec un bâton? —
Nous en appelons à tous les pêcheurs dont la ligne
s'est parfois démontée.
Tout le monde peut encore faire cette expérience
plus identique encore à l'objet qui nous occupe.
— Au moyen d'un chalumeau de paille, soufflez une
bqlle d'eau de savon comme en font parfois les enfants.
Tout en marchant en arrière, faites tournoyer la main
près de ladite bulle, et elle vous suivra avec la doci-
lité la plus parfaite, malgré son inertie et sans être ani-
mée d'aucune force propre. — o\ * - v ^ c ^^^ ce
o,,>^ ; - -^ • ■ - " ; •
La loi physique qui explique les faits ci-dessus , la loi
qui régit les conséquences de la rupture d'équilibre dang
- 21 -
un point -d'un milieu quelconque, par rapport aux autres
points de ce milieu, est aussi simple qu'absolue.
C'est aussi une des lois fondamentales de la direction
des aérostats. C'est elle qui, par l'amoindrissement de
la résistance à vaincre, permettra de bénéficier de
l'effet virtuel de leurs moteurs.
Revenons à notre point de départ ; si nous avons dit
que la direction des aérostats est la conséquence rigou-
reuse du principe de l'aérostation, c'est que pour nous :
Dès qu'il est question d'agir dans un milieu d'immer-
sion, nous ne pouvons admettre que pour atteindre
sérieusement le but, l'on puisse un instant songer à un
appareil qui ne saurait se tenir en équilibre dans ce mi-
lieu, qui n'y aurait pas en un mot de statique propre ;
seules conditions du reste dans lesquelles on puisse lui
déterminer un plan normal. — c \ ^ ' : \ - ^ ^^ u
Bien qu'un spirituel memfcre de nôtre Académie des
sciences se soit plu à dire, risquant peut-être un peu de
compromettre son autorité personnelle :
— « Il y a longtemps que tous les physiciens ont
rangé la direction des ballons plus légers que Vair au
nombre des problèmes non-seulement insolubles mais
absurdes même à poser. » — 4 \ ''J'~
Nous croyons, à l'abri des lois de l'aérostatique, pou-
voir prendre en main la cause des aérostats, et échap- *
per à la condamnation, ad absurdum y qui nous est si ,
vertement infligée au nom de la science et des savants, ,
par l'honorable M. Babinet (1).
(i) Nous nous faisons un plaisir de constater ici que tous les savants ne
sont pas si absolus ni aussi loin d'admettre la possibilité de la direction des
aérostats. Nous avons eu la satisfaction d'entendre l'honorable M. Barrai
exprimer, aux conférences de la rue de la Paix, l'espoir que la question ne
tarderait pas à être résolue, et tout le' monde se rappellera que, loin de con-
damner à l'impuissance aucun système, il faisait à tous un appel encoura-
Vo l !'\lUv
- 22 -'
Car qui dit aérostat est loin de dire fatalepaent plus
léger que l'air; et nous ne saurions croire que le
poisson, qui n'est après tout qu'tm hydrostrat, qu'oi
nous passe le mot, nous ne saurions admettre, disons-
nous, que le poisson soit absurde pour se mouvoir et
se diriger avec ou sans l'agrément de la science et des
savants. ^ bco^^ ^ty^v ^, v0x \ ««-^i.\v>v.
Nous serions bien étrangement trompé, s'il ne res-
sortait déjà de ce qui précède que les aérostats ne sau-
raient être valablement condamnés à n'être que des
bouées, ou des poissons agitant des nageoires impuis-
santes, et nous nous plaisons à croire que la majorité
de nos lecteurs se joindra à nous, pour dire : — Oui, la
navigation aérienne est possible, surtout par les aéros-
tats ! ''>w ' ■ v ^ r • ^ -y V Vv >\ ,{ --^ 'Mv-*-% "- j^»,^'"
■y^ Yov^. ) lt \ w'uu ,v. - ,v.v, ! v,.. ^\ M ^ , ^ . ..
Ce qu'on ne saurait du reste jamais assez répéter ,
c'est que, des faits acquis à la cause que nous défendons
par les travaux de nos devanciers, il résulte, quand on
les examine sérieusement, — que la plupart des élé-
- ments ou des données nécessaires à la direction des
fvot f * ^ - A aérostats sont trouvés et surabondamment démontrés.
M» - ï' . t "17aërostat se tient dans l'air sans dépense de force
1 - i .aucune. Par la forme et la solidarité de la "nacelle, il
' — peut éviter les dépenses de forces perdues.
Pouvant sans effort monter et descendre, et se rendre
^ ; - tantôt plus lourd ou plus léger , l'aérostat peut avancer
forcément à l'aide des plans inclinés, dans une direction
donnée, comme aussi se dérober aux courants contrai-
res en changeant d'altitude pour en trouver d'autres,
et c'est là sa supériorité sur la batellerie, constamment
aux prises avec deux milieux.
La question posée ainsi, nous n'aurons pas de peine
à combattre un autre préjugé non moins.,., répandu.
On croit faire à la direction des aérostats une objection
bien sérieuse en parlant de la puissance des moteurs
qu'il leur faudra employer.
Et d'abord, nous ne savons pourquoi Ton s'obstine à
ce sujet à présenter les aérostats comme devant toujours
avoir à lutter contre le vent contraire.
Cette allégation tombe d'elle-même, quand on songe
à plusieurs appareils., car, ainsi que nous l'avons déjà
dit, le même vent ne pourra tout à la fois être contraire
à toutes les directions. Elle n'a pas plus d'importance,
quand on songe que la faculté de se tenir en équilibre
dans les diverses couches du milieu atmosphérique
comme de passer de l'une à l'autre permettra toujours à
l'aéronaute de chercher à dès hauteurs diverses des cou-
rants différents.
De plus, dès que le vent ne sera pas directement con-
traire, avec quelques pouces de toile convenablement
orientés, l'aérostat pourra toujours, en louvoyant plus ou
moins, atteindre sa destination.
Ceci étant écarté , que reste-t-il de l'objection pré-
citée?.... Rien!
Car personne n'ignore que si c'est le poids à trans-
porter qui nécessite l'emploi de forces propulsives, l'aé-
rostat en équilibre dans son milieu a par le fait, perdu
tout son poids, et tout le monde sait, pour l'avoir vu
maintes fois, avec quelle facilité des enfants font mou-
voir et dirigent d'énormes pièces de bois flottant dans
nos ports, et dont ils peuvent se jouer en nageant quand,
à terre, plusieurs chevaux sont nécessaires pour les
déplacer, n ".
- 24 -
En songeant à l'aviation, nous ne pouvons nous em-
pêcher de faire remarquer que ces bénéfices ou avanta-
ges lai sont interdits, en vertu de son principe qui
ayant pour base essentielle Y action des graves, exigera
toujours une réaction énergique et dépensière contre la
pesanteur, et dont la moindre interruption, amènerait une
épouvantable catastrophe (1).
En approchant delà fin de ce travail, que nous som-
mes obligé de restreindre dans le cadre éiroit d'une
brochure, nous ne pouvons nous empêcher de protester
encore contre ce fait > qu'on ait essayé de poser la ques-
tion de la navigation aérienne par les ballons, comme
impossible, en tant que reposant sur la direction d'ap-
pareils plus légers que l'air.
Quel que soit, du reste, l'effet qu'on ait pu attendre de
cet insidieux aphorisme, nous doutons qu'il ait été atteint,
et nous n^us plaisons à croire que personne ne s'en est
laissé imposer par cette qualification inexacte;
— Car, dès qu'il s'agit d'aérostats, il demeure con-
stant qu'il s'agit d'appareils, en équilibre dans quelque
couche que ce soit du milieu aérien où on puisse les
supposer flottants, comme aussi pouvant à volonté passer
des unes aux autres. M
Nous ne savons réellement si nous devons relever
certaine objection que nous avons quelquefois entendu
formuler; toutefois, comme nous tenons à ne rien laisser
volontairement en dehors de la discussion, nous dirons
à ceux ' qui pensent qu'il faudra une grande vitesse
(1) Nous ne nous arrêterons pas à l'idée de parachutes efficaces, nos lecteurs
se rendront compte aussi bien que nous de la surface, comme aussi de la soli-
dité de contexture qu'il leur faudrait pour neutraliser l'effet de la pesanteur
d'une aéromotive quelconque, réduite à l'inertie par la cessation des fonctions
de ses organes.
— 25 -
de rotation aux roues ou hélices qu'on emploiera dans
les aérostats :
— Comparativement à l'eau, par exemple, la vitesse
rotative de moteurs d'égale surface décroîtra pour les
aérostats en raison directe de la différence de densité ou
de compressibilité des deux milieux. V ^^ c^-y^ ^ y
Il ne reste donc d'autre obstacle sérieux que la résis-
tance du milieu.
Mais ici le volume que doit atteindre l'aérostat pour
être -capable de porter un certain poids, tout aussi bien
que ce poids lui-môme, deviennent pour nous un avan-
tage réel et marqué.
— La puissance de marche croissant, pour les corps
en équilibre y dans le milieu où ils sont immergés, en
raison du cube de leurs dimensions, quandla résistance
n'augmente que comme le carré de la vitesse. —
o
\(L <-^ CM v\. '. V
Aidé de ces avantages, no us croyo ns pouvoir espérer,
avec raison, avoir bon marché de cette résistance de mi-
lieu, soit par la forme , soit par la rupture d'équilibre
dont nous avons déjà parlé.
En préconisant la locomotion aérienne par les aéros-
tats dirigeables, est-ce à dire que nous venions menacer
l'humanité voyageante de dangers nouveaux et inévita-
bles, sans lui présenter des garanties de sécurité équiva-
lentes, en somme, à celles dont elle se contente bien de la
part de ses entrepreneurs ordinaires de transport.
Quand nous songeons aux ascensions nombreuses et
répétées de tant d'aéronautes, notamment de messieurs
Green, Coxwell et Glaisher en Angleterre, Godard en
France, etc., — nous nous croyons suffisamment autorisé
à penser le contraire.
En outre, aux plus timorés de nos lecteurs , nous dç-
- 26 —
manderons quel est le mode de locomotion qui ne pré-
sente pas de dangers.
— A pied, Ton peut tomber et se casser une jambe ,
ou recevoir une cheminée sur la tête. —
— A cheval, un coursier s'abat ou s'emporte et vous
tue. —
— En voiture, un véhicule verse ou se heurte à un
autre et vous brise. —
— En chemin de fer, on déraille, deux trains s'attei-
gnent ou se rencontrent, et de récentes catastrophes nous
démontrent les dangers courus.
— En mer, on se perd corps et biens , par une tem-
pête, une voie d'eau , l'incendie ou l'explosion d'une
chaudière ou d'un magasin à poudre.
Et pourtant, bien que ce ne soit pas toujours sans
appréhensions, il n'est pas de jour ou quelqu'un n'aille
à pied, en voiture, en-chemin de fer ou sur mer !
Aussi, bien que les ascensions en ballon ne soient pas
encore généralisées par l'usage , nous pouvons dire à
leur louange, qu'il est presque sans exemple qu'elles
soient devenues fatales à des aérbnautes doués d'expé-
rience et de sang-froid. .
Que pourrions-nous ajouter de plus rassurant que de
dire :
— Outre la possibilité de différer son départ dans le
cas où une tourmente atmosphérique menacerait d'écla-
ter, l'aéroster, même surpris par une tempête, aura
toujours la ressource de pouvoir s'élever à telle ou telle
altitude pour continuer sa route, ou courir des bordées
en laissant l'ouragan sévir bien au-dessous de lui. —
Il est peu de personnes, ayant voyagé dans les mon-
tagnes, qui n'aient eu l'occasion d'assister au singulier
spectacle de voir éclater un orage épouvantable à leurs
- 27 -
pieds, tout en ayant au-dessus de leur tête le ciel le plus
calme et le plus pur.
L'immense intérêt qui, en outre de celui d'actualité,
s'attache à cette question pendante de navigation aérienne,
avec ou sans les ballons, ou concurremment par les deux
systèmes, justifiera, nous l'espérons, notre intervention
dans le débat.
Du reste, en présence de la partialité, peut-être bien
un peu irréfléchie, avec laquelle on a accueilli l'idée
nouvelle, il était de notre devoir de protester contre ce
déni de justice, au nom des ballons conspués à tort, et
trop prématurément mis hors la cause et hors la loi.
Le bon sens du public ne peut longtemps faire fausse
route, et quelque habilement qu'ait été surprise sa reli-
gion, quelque loin qu'il ait pu se laisser entraîner par
un engouement irréfléchi pour le nouveau, nous aimons
à croire que la réflexion étant venue, il n'a pu manquer
de s'opérer dans ses idées une réaction favorable à la
cause que nous avons embrassée.
— Si nous avons été assez heureux pour réussir à
démontrer la possibilité de la direction des aérostats,
par l'examen raisonné des quelques lois fondamentales
d'où elle ressort, et qui, déjà expérimentées pour la plu-
part, peuvent être aisément appréciées, contrôlées par
tout le monde ;
— ; Si, les aérostats peuvent marcher sans moteurs vers
un but déterminé, —si la faible densité du milieu n'exige
gas une grande vitesse rotative des propulseurs em-
ployés, — si la puissance de marche croît en raison du
cube des dimensions, en même temps que la condition
'V
— 28 —
d'équilibre que comporte l'idée même d'aérostat, annu-
lant la pesanteur des appareils, ne nécessite pas pour eux
de puissants moteurs, soit quant à la force, soit quant à
la surface ; si la résistance du milieu peut être amoin -
drie par une rupture d'équilibre, dans un point de ce
même milieu , pourra-t-on hésister à conclure avec
nous :
Oui, la navigation aérienne est possible y surtout par
les aérostats!
En résumant succinctement les arguments que nous
avons développés, nous allons énoncer l'ensemble des
conditions dont un aérostat doit pouvoir justifier pour
être dirigeable.
Voici donc notre exposé de principes quant à la navi-
gation aérienne par les aérostats (1) :
TL,.;^^ La faculté de pouvoir, à volonté et sans perte de
■■"-.. . . gaz, modifier en plus ou en moins le rapport de" son poids
V*'-^ 1 "" spécifique à celui du milieu ambiant déplacé, ce qui
permettra de monter et de descendre à volonté ;
2° La faculté de pouvoir, à volonté, déplacer son
centre de gravité pour prendre, par rapport au plan
normal de statique, tels plans inclinés que comporteront
les besoins de descente ou d'ascension.
Nous croyons devoir encore insister sur ce que la
réunion de ces dcix conditions suffirait à elle seule
pour déterminer la progression forcée d 9 un aérostat
dans une direction voulue. \ vV ° si ~ v - - VV- °^ -
3° La faculté de pouvoir, à volonté, soit que l'on
(1) Dans le brevet qui nous a été délivré en juillet dernier, pour quelques
modifications qui nous sont personnelles, nous en faisions l'énoncé sommaire.
Nos lecteurs verront que nous nous sommes fait un devoir de ne rien négliger
des faits acquis par les précédents, et nous avons le bonheur de nous trouver
d'accord pour l'ensemble, avec nombre de gens compétents, notamment M.Vic-
tor Meunier. {Opinion nationale du il octobre dernier).
- 29 -
marche en avant ou en arrière, opérer dans la masse
atmosphérique, môme contre le vent s'il y a lieu, et an- _ ^
térieurement à la marche de l'aérostat, une rupture oA*^*- 0t -
d'équilibre suffisante pour faire résulter un effet utile de V^ ^ S n [*
la pression, qui reste constante dans les autres points du -c'u }
milieu. ^(*/w> ^V^^-c , l . ^-v^ v. v <^.-. - „>>.- •. - ,-..* v -\\
Sans revenir sur les explications déjà données, nous
pensons pourtant qu'il ne sera pas sans intérêt de se
rappeler qu'à elle seule, cette condition déterminerait
encore forcément la marcfte dans une direction voulue ,
sans compter qu'elle augmentera de beaucoup les ré-
sultats à obtenir des moteurs propres de V appareil.
4° La solidarité intime de la nacelle et de l'aérostat,
afin qu'il ne se produise pas à la marche des résistances,
qui useraient inutilement partie de la force de progres-
sion déployée.
Pour V obtenir au plus haut degré possible , nous
avons placé la nacelle au-dedans de V aérostat même,
entre les parties de ballon qui le composent.
5° Afin de présenter toute la sécurité désirable , l'aé-
rostat sera divisé eu plusieurs compartiments, de sorte
qu'une rupture, un accident quelconque de l'enveloppe
n'agissant que sur une partie ne puisse compromettre
l'ensemble.
6° Une enveloppe le moins possible perméable au gaz,
afin de n'en pas permettre la déperdition.
7° Des soupapes de sûreté.
8° Des propulseurs latéraux indépendants les uns des
autres afin qu'en arrêtant ceux d'un côté, sans que ceux
de l'autre cessent de fonctionner, on puisse obtenir même
des conversions de l'aérostat sur lui-même ou des chan-
gements de direction dans des angles prononcés.
— 30 —
Ils auront en outre pour objet de soustraire V aéros-
tat aux effets du vent qui le prendrait en flanc, car ils
feront dévier son action selon les tangentes de leur
rotation.
9° La faculté de se mouvoir à volonté, soit en avant,
soit en arrière, sans qu'on soit obligé de virer de bord, ce
qui, de plus, combiné avec les conditions des n os 1 et 2
rendra efficacement maître de la descente à un point
donné. A cette fin, les extrémités de l'aérostat seront
conformes, mais symétriques.
10° La forme de l'aérostat sera un ellipsoïde allongé.
C'est celle qui laissera le moins de prise au vent quelle
que soit la direction d'où il vienne. Dans le même but,
il sera recouvert d'une légère carapace en aluminium.
11° A chacune des extrémités et de chaque côté
seront des gouvernails pour les changements de di-
rection par légères inflexions.
Ils seront de plus susceptibles de fonctionner dans
un plan horizontal ou vertical, à volonté, afin que, selon
les besoins, ils puissent ne pas présenter de surface au
vent ou, après action, être facilement ramenés au point
de départ sans produire de réaction sur V aérostat.
12° Des voiles triangulaires seront symétriquement
disposées dans l'axe du centre de gravité de l'appareil.
Elles s'enrouleront sur leurs vergues comme des stores
et concourront, selon les circonstances, soit à la marche,
soit à la direction de l'aérostat, d'après le calcul de la
surface de toile laissée en prise au vent.
13° Dans la partie destinée à l'installation du matériel
ou des voyageurs, il est d'urgence que les fenêtres soient
mobiles sur pivot, de sorte que l'on puisse avoir de l'air
à volonté sans que celui-ci vienne à s'engouffrer dans
- 31 -
l'appareil et faire résistance à la marche, c'est-à-dire,
absorber inutilement partie de la force déployée.
14° Des sièges suspendus en conséquence permettront
aux voyageurs de se maintenir dans la perpendiculaire
malgré les plans inclinés que pourra prendre l'Aérostat,
15° Pour plus de sécurité, des paratonnerres seront
disposés de manière à pouvoir soutirer et laisser déperdre
le fluide électrique dont pourraient être chargés les mi-
lieux qu'on aura à traverser.
Si nous sommes dans le vrai de la question, ainsi que
nous en avons la conviction intime et raisonnée, et que
nous ayons été assez heureux pour inspirer créance,
notre tâche se trouve nettement dessinée.
Il nous reste à faire passer notre théorie dans la pra-
tique, à lui donner par l'application la sanction de l'ex-
périence.
Toutefois, et non sans un peu d'amertume il est vrai,
nous ne pourrons nouS empêcher de répéter ces paroles
profondes et qui malheureusement justes encore de nos
jours, ont pu, en. tous temps, servir à stigmatiser l'igno-
rance et la roufh*e unies à 4'égoïsme et au mauvais
vouloir : ' x
>: *" 4 *";
« On ferait bien plus de grandes choses, si Von en
croyait moins d'impossibles. .»
Néanmoins nous nous mettrons à l'œuvre avec cou-
rage et confiance, et bien que nous ne nous dissimulions
pas les difficultés qui attendent les inventeurs comme
les promoteurs d'idées nouvelles, nous venons de for-
mer, avec un de nos collaborateurs et amis, le noyau
- 32 • —
d'une société destinée à prendre l'initiative de l'expéri-
mentation .
Si tant est que l'honneur d'une nation soit intéressé
à voir les grands problèmes se résoudre d^ns son sein,
nous pourrons espérer que les capitaux français pren-
dront le soin de féconder notre œuvre, afin qu'elle n'ait
pas besoin d'aller se faire sanctionner à l'étranger.
Confiant dans la bonté de la cause que nous défen-
dons, et comptant sur la sympathique bienveillance du
public, nous faisons ici appel à son jugement.
Nous soumettrons à sa haute appréciation nos raisons,
nos moyens et notre but, nous estimant heureux si nous
pouvons intéresser l'attention et soutenir l'examen. C'est
donc sous le puissant patronage de tous, que nous pla-
çons, dès à présent, notre Société française des Aéws-
caiphes.
A. Chauvin.
Paris, 486i.
"W
imprimerie L. TOINON et Cie, à Suint-Germain.
NAVIGATION AÉRIENNE PAR LES AÉROST\TS
SOCIÉTÉ FRANÇAISE
AÊROSCAPHES
Dans une nation, c'est un devoir pour chacun
de concourir à ce qui peut faire ta gloire de tous l
A. C.
AVIS
Les encouragements sympathiques qui ont accueilli notre
entreprise, ainsi que les nombreuses adhésions qui nous sont
déjà parvenues,- nous ont décidés à admettre dans notre
Société, des membres correspondants avec titre de Fondateurs
honoraires. •
En conséquence, une carte de Fondateur honoraire et
Membre correspondant de la Société française des Aéro-
scaphes, sera mise à la disposition de tous ceux qui, désirant
s'associer à notre œuvre, voudront bien lui apporter leur
concours et leur appui.
Cette carte donnera droit :
1° A assister à toutes les réunions de la Société ;
2° A assister aux expériences particulières qui précéderont
les exhibitions ou ascensions publiques ;
3° Pour les exhibitions, les Titulaires seront admis durant
les jours réservés ;
4° Pour les ascensions , des places spéciales leur seront
consacrées.
Dans le but de ne repousser aucun concours, le chiffre de
la souscription volontaire , pour être admis au nombre des
Fondateurs honoraires et Membres correspondants de la
Société, n'est déterminé que par un minimum de cinquante
francs.
Nous publierons prochainement notre première liste.
IMPRIMERIE L. TOINON ET C*. A SAINT GERMAIN.
H
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time.
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