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Full text of "De l'organisation des animaux, ou Principes d'anatomie comparée"

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'/^s-S 


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•   o 


TRAITÉ  DES  ANIMAUX. 


DE  LEUR  ORGANISATION 

ou 

PRINCIPES  B'ANATOMIE  COMPARÉE, 


•*■  . 


^•* 


Le  nombre  tTexempla  "es'  prescrii  par  la  loi  m 
été  déposé.  Tous  les  exemplaires  portent  la  signa^ 
Eure  de  l' Editeur. 


DE  L'ORGANISATION 

DES  ANIMAUX, 

OU 

PRINCIPES  D'ANATOMIE  COMPARÉE. 

]  àR 

M.  H.  M.  DUCROTÎtY  DE  BLAIlfflLLE, 

D.  «r.  p. 

Flofosenr  cTuutoiBie,  de  phytiologîfi  oosparéet  et  d«  soologif  à  la  faculté  dtn 
sci^acn  d«  Paris ,  à  rAthénée  royal  de  la  même  ville  ;  Médecin  en  chef  de  k 
f  ixiéine  légion  de  la  garde  nationale  ;  Membre  an  cercle  médical ,  des  sociétés 
riiîlomatique  de  Parti  ,  d^hisloire  natoxeUe  Wemérienne  d*Édimbovrg ,  d^ 
bobUn,  tnèiérinaire  de  Copenhagne,  {^liloMp^icme  de  Philadelphie ,  des  sdencee 


pfajsiqiMS  et  médicales  da  Rhin   inférieur,  (fEuldire  aatarelle  et  de 

die  Dresde;  des  académies  impériale  des  Oarienx  de  la  nalue,  impériale  dliis- 

teire  natunUa  de  Moscow,  eC  des  aciences  oatnrelles  de  Philadelphie. 


TOME   PREMIER, 
Contenant  la  Meiphologie  et  l'Aistësologie. 


PARIS. 

Cssx  F.  G.  LEVRAULT,  rae  des  Fossé»  M.  le  Prinee,  N.*  S», 
Et  roe  des  Juifs ,  N.'^SS,  à  Stuasbouko. 

1822. 


•»♦ 


A  LA  MEMOIRE 

DE  l'homme  auquel  j'âURAIS  LE  MIEUX  AIMÉ  RESSEMBLER, 

s'il  eut  iri  en  mon  pouvoir  de  le  faire  , 

DE  l'homme  dont  JE  m'hONORE  LE  PLUS  d'ayOIR  ETÉ  l'aMI  , 

M.  G.  PICQUET  DE  LA  HOUSSIETTE. 


.♦ . 


GHCFÀLIEE    DB    SAINT-LOUIS  9    ANGIETT    OFFICIER    D  ARTILLERIE  , 
DilCTErR    EH    MÉDECINE    DE    LA    FACULTÉ    DE    PARIS  : 


MOBU  IT  ■■▲?■  SANS  OSTIlTTATIOlf  , 

AivimKT  KT  D^iRTiinsé  commb  dn  AHCIIX  pibuz^ 

JKSnUIT  n  tlBilAL  commb  oh  ▼élITABI.K  CITOYBn  ; 

TBAinrOBTi  PAB  LA  POICK  DBS  giacoustahcbs 

A  LA  BOITB  OB  NOS  fBUfCBS  BXlLBS  , 

SOLS  AT  SOUS  GoNoi, 

U.  iCBAPPA  A  LA  BOUCBBBIB  OB  QoiBBBOW, 

BT  CBPBROAIfT  LA  BiCBSSITi  LK  FOBÇA 

•B  SBBTIK  LB  «OOTBBMRMBZIT  ABGLAIS  DANS  SES  COLOXIBS. 

RbFBMO    BN    PbAIIGB    aussitôt   qu'il    BB    but    la    POSSIBILITE, 

MAIS  HB  VOULANT  PAS  BMPLOTBB  SOU  irià 

A  l'appui  DB  CB  Q'JIL  CBOYAIT  LA  TTBAKNIB  , 

IL  BUT  LB  COUBAGB,  A  QUABABTB  ABS, 

ftS  SB  ■BMBTTmB  SUB  LBS  BAHG8  POUB  ÉTUOlBm  LA  M^KCINS. 

Eb  PBU  D'AHMiBS  IL  SB  MOBTBA  DIGMB  DB  CBT  ABT  DIVlX, 

AUQI;BL  LA  MOBT  l'bRLBTA  A  PBIBS  AGA  DR  QUABANTK-HUIT  ANS  , 

AlUit    qu'a    la    lOMMARDlB,    SA    PATBIB  ,    DONT,    Qf  OlQrs    INCONNU, 

IL  MKBITA  d'AtBB  l'bOHNBUB  , 
!  BT  DORT  fUCi  TABD  IL  BUT  ili  LA  G  LOI  Bit. 


W<l)lW)»(»W<M>¥W<WW<»WW<>>»%W^M^W<W»M<>><WM<»»l>><iW^ 


AVERTISSEMENT. 


L  E  plan  d'uDe  partie  de  cet  oiiymge  a  été  conçu  pour 
renseignement  deTÉcole  normale»  aussitôt  que»  par  un 
arrêté  du  conseil  royal  de 'nnstruction  publique'»  je -M 
cliargë  de  donner  chaque  année  aux  élèfés  de  troi- 
ûème  classe  une  idée  génértle  et  sommaire  de  Tana- 
tomie  et  de  la  physiologie  des  animaux»  et  d^une^grande 
partie  de  leur  distrBbution  méthodique;  c*est  dès  iSi'4 
que  j*ai  comnàencé  à  le  mettre  à  ebtécution.  Je  Ta!  réi^.i^ 
lement  entrepris  dans  le  but  d'enseigner  et  de  faire 
retenir  le  plus  de  choses  dans  le  moins  de  temps  p^sible  » 
à  des  élèves  qui  nous  arrivent  sans  savoir  que  la  chàip 
^lls  mangent  est  formfe  par  les  mtiscles.  J'ai  cependabt 

m 

aussi  désiré  que  les  élètes^  eil  iXiédecine  qui  me  font  l'hon-' 
neur  d'assister  à  mes  leçons  ne  perdissent  pas  tonit-ènfait 
leor  tempa  ;'én  aorte  qu'il  est  rééulté  de  ce  double  motif 
un  ouvrage  dans* 'lequel  j'âi  eu  pefàt  obfet  principal '-dé 
nootrer  qu^on  peut  faire  de  Pénatomie  comparée»  de^là* 
physiologie  et  delà  zoologie -«  sons  atôir  à  sa  dispositio 
sa  très-grand  nombre  d'animaux  »  et  dans  lequel  j'éta-* 
Ub  les  princtpeé  -»  pour  aidai  dire  à  priori,  d'une  roa- 
aière  dogmatique  »  dli  moins  en  apparence  »  et  je  viens 
«suite  les  C(Mifirmér'par  des  fbits  choisis  dans  les  ani- 
ttaax  les  pins  eommuns. 


a. 


iv  AVERTISSEMENT. 

C'est  ainsi  que  mes  principes  d'anatomie  »  de  physio- 
logie et  de  zoologie  ont  été  établis  et  professés  depuis 
près  de  dix  ans;  mais  en  réfléchissant  davantage,  j'ai 
été  aisément  conduit  à  voir  que  dans  l'état  actuel  de  la 
science ,  l'on  pouvait  essayer  de  traiter  des  animaux  en 
général ,  en  les  envisageant  successivement  sous  les  rap- 
ports de  leur  structure  »  de  l'action  de  leurs  organes ,  de 
lepr  forme  et  de  la  classification  de  ces  formes ,  et  enfin 
de  leur  histoire  naturelle* 

^J'entreprends  donc  de  traiter  des  animaux  de  la  ma- 
nière, à  la  fois  la  plus  complète  et  la  plus  succincte 
possible»  vu  l'étendue  immense  du  sujet.  La  tâche 
est  sans  doqte  difficile ,  et  beaucoup  au-dessus  de  mes 
foi^ces  f  je  ne  me  le  suis  pas  caché  :  mais  il  y  a  déjà  long- 
temps que  j'étudie  la  matière  »  que  je  l'envisage  sous  toutes 
ses  faces  ;  aussi  toutes  les  parties  de  mon  ouvrage  sont 
elles  bien  avancées  »  les  matériaux  pour  la  plupart  étant 
ai^  pioins  préparés.  J'aurais  cependant ,  sans  aucun 
4oi|ite,  préféré  de  retarder  encore  l'exécution  définitive 
4e  ce  traité,  et  d'attendre  plus  long-temps  pour  con- 
^rmer  par  de  nouveaux  faits  les  principes  auxquels  ceux 
qOQ 'j'ai  observés  m'ont  conduit  ;  mais  je  me  vois  forcé 
4*eni  commencer  la  publication ,  d'abord  parce  que  je 
pense  qu'il  peut  être  utile  aux  élèves  et  aux  personnes 
qui  .veulent  prendre  une  idée  générale  de  la  science  qui 
traite  de  la  plus  belle  partie  des  corps  organisés ,  de  celle 
à  laquelle  l'homme  appartient,  et  ensuite  parce  que  la 
plupart  de  mes  idées  ayant  été  successivement  exposées 


AYBRTISSSMENT.  T 

dans  mes  cours  »  il  se  pourrait  réellement  qu'au  bout 
d^uQ  certain  temps  je  me  trouvasse»  en  les  publiant 
définitivement ,  avoir  Pair  de  prendre  à  d'autres  celles 
qui  auraient  pu  être  déjà  admises. 

D'après  ce  que  je  viens  de  dire  sur  le  but  de  ce  traité  » 
sur  le  plan  que  j'ai  adopté ,  il  est  évident  qu'il' doit  être 
nécessairement  dogmatique;  et  par  conséquent  que -sa 
nature  môme  a  dû  m'empécher  d'entrer  dans  anèuné 
discussion  critique.  Je  ne  prétends  cependant  pas  n'avoir 
point  commis  d'erreurs;  je  ne  prétends  pas  davantage 
n'avoir  pas  laissé  de  lacunes;  car  je  pose  en  fait,  d'une 
manière  générale,  que  dans  les  sciences  d'observation 
l'un  et  l'autre  sont  également  impossibles  ,  et  à  plus  forte 
raison  pour  moi  dans  la  position  isolée  où  je  me  trouve. 
Je  prétends  encore  moins  avoir  découvert  tous  les  faits 
que  je  rapporte  ;  je  les  ai  observés  pour  la  plupart  » 
peut-être  sous  un  nouveau  point  de  vue,  mais  souvent 
après  les  avoir  connus  plus  ou  moins  complètement  par 
les  travaux  de  mes  prédécesseurs  et  de  mes  contempo- 
rains.  Quant  à  ceux  que  je  n'ai  pas  vus ,  je  les  rapporte 
en  citant  l'auteur  dans  lequel  je  les  ai  puisés.  Cette  dé- 
claration m'évitera ,  je  l'espère ,  le  reproche  de  n'avoir 
que  fort  rarement  cité  ,  et  même  de  n'avoir  pas  discuté 
les  opinions  établies  contradictoirement  à  ce  que  je  dis. 
Dans  l'impossibilité  presque  absolue  où  je  suis  de  con- 
naître  tout  ce  qui  a  été  fait  en  anatomîe,  surtout  en 
Allemagne  ,  où  ,  grâce  à  l'absence  du  système  tyrannique 
de    centralisation  y  il  n'est  presque  pas  d'uni^erj^ité  qui 


ne  renfesTine  plusioars.boïkimQa  dialiogués  dans  la  science 
4^  animaux  >.  je,  m  irâcbme  pour,  dioL  auoime  ,décou- 
rertp;  c'est  It  rhistûrî^  iiii{Mi.rUal  4e, la  science»  si  ja- 
mais il  en  existe  un  »  qu'il  appartiendra  de  )uger  si  j'ai 
eu  Tava^tage  d'en  faire  de  fhs  ou  moins  importantes. 
Que  f'aie  jtiieii  mis  en^  oauTfe  les  fdits  d^urerts  par  les 
l»itv^,  p\  «Wtput  que  j'aie  été  de  quelque  lililité  k  la 
science  k  laquelle  je  consacre  avec  plaisir  tous  les  mo* 
meft$  de  ma  vie ,  et  je  serai  satisfait. 


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INTRODtJCTlON. 


QtoiQu'fL  soit  souvent  ^lus  tacilë  iie  mlëiix  fàTre 
coDcèioir  l'objet  'dont  '  traite  une  science  d^obser- 
TatiOD  t  et  d*en  donner  Une  définition  à  la  fin  du 
traité  qu^au  commencement ,  il  eisit  cè{>eû'dànt 
d'un  usage  général ,  et  jusqu'à  un  certain  point 
rationnel ,  parce  qu'il  eilt  fondé  sur  la  logique ,  de 
commencer  par  cette  définition^  et  je  tày  sou- 
mets. 

Nous  nous  proposons  de  trafiter  diesatifùiàtix': 
voyons  donc  ce  qu'on  entend  et  ce  qu'on  Ûôit 
entendre  sous*  ce  nom  éôUectlf  ;  circomscritbnb 
notre  sujets  doits  poutYOns  alors  mieux  cbiidéVtfir 
la  nature  de  la  stience  x|ui  s^en  occupe ,  ëùh 
impottancë ,  son  but ,  et,  'piir  conséquent ,  fës 
moyens  qu'elle  dcrft  etoplcy^er  pour  y  parveriïlr.  • 

Lorsqu'on  bherche  Â  fie  làirè  Tidée  abbtkite  tië 
l'animal ,  cela  parait  d'àbcltd  extrêmement  facile', 
parce  qu'on  prend -pour  modèle,  pour  iypie  de  sa 
définition  ,  un  être  élétë  dvii^r  la  s^ïie'  org^iûicitie, 
peu  éloigné  de  lliommé  V  qt^i  jouisse  pi^èsque  des 
mèmeà  fàiiûltés ,  et  l'on  en  ttif^  tous  lés  élémens 
de  cette  définition.  Mais'  que  cela  ecft 'différent 
lorsqu'on  arrête  sa  pensée  sur  un  être  inférieur t  à 
mesuré  que  Ton  descend  ,  les  termes  de  la  défini* 


\ii\, INTRODUCTION. 

tion  se  simplifient  peu  à  peu  ,  parce  que  les  orga* 
lies  et  leurs  fonctions  (jimipuent.en  no|Gn{^re  comme 
en  étendue  ,  et  Ton  ârrîye  enfin  à*  une  définition 
telle ,  qu'il  est  aisé  de  voir  qu'elle  ne  convient  plus 
aux  animaux  seulement,  mais  qu'elle  renferme 
une^partiepliispu  moins  considérable  des  végétaux; 
et  ^Ipf s  comment  les  distingiiier.?  Il  pst  cepen- 
dfanudejla  plua  grande  importaocç.  d('é^^^'^^^^^^^ 
.d^istinçtion,. dût-elle  être,  artificielle,  sans  quoi  l'on 
s'expose  à  rétablissement  de  priDcipe.s  erronés,  ou 
bienA.^ii  contraire,  à  ne  pas  pouvoijc  en  établir  de 
Tprital;>l,e8>  oe  qui  empêche  de  constituer  là  science. 
Mais ,  pour  parvenir  à  cette  distinction ,  le  seul 
iQQyen  est  la  copoparaison.  Une  chose  en  effet  est 
déiiînie lorsque  la  définition  qu'on  en,  donne  ne 
peut  appartenir  qu'à  cette  chose  ,^  et  comprend 
toutes  les  variétés  ou  accidens  dont  elle  est  sus- 
ceptibje.  Pour  la  faciliter,  il  faut  donc  comparer 

^  chose  dont  on  veut  ayoir  la  définition  avec  les 
...■•.  ■  '    • 

espè,ç^,  du  genre  auquel  ellje  appartient.  Or ,  un 
.S|pin^sil. étant  un  corps,  et  un  corps  organisé , 
voyons.  ).es  caractères  qui  distinguent  cette  espèce 
de.  co^s.de  toys  Ifss  autres  corps  existans  dans  la 
ns^tVi!Ç'»..4^'Us.^<>j'^<^t <]trgfini9és  ou  non. 

Toif^Jçs  çojp;5^,qv\ellQ,  que.  soit  leur  nature, 
j)pi}vept  être  comp^fés^ous  deux  points  de  vue 
tc^ut-^-j^ait  différens.;  Tun  #tatiqu€  et  ^autre  dyna- 

^^us  le  point  de  .vue  statjque  »  ç'est-àrdire  celui 


INTRODUCTiaif.  IX 

OÙ  il  est  question  de' leur  état  fixe,  sans  mou?e- 
ment ,  je  comprends  : 

1*.  La  matière  9  c'est-à-dire,  les  élémens  chimi- 
ques et  les  principes  immédiats  qui  résultent  de 
leur  combinaison  ; 

a*.  La  disposition  intime  de  cette  matière ,  ou 
la  structure  ; . 

3*.  La  forme  extérieure  que  cet  assemblage,  de 
matière  affecte. 

Sous  le  point  de  ^ue  dynamique  ,  dans  lequel: la 
matière  est  considérée  en  mouvement ,  jerenferme  : 

1*.  La  composition ,  d  où  résulte  Taugmentatioii 
ou  l'accroisse  ment  du  corps  ; 

3*.  La  décomposition  9  d'où  résulte  son  décrois^ 
sèment  ou  sa  destruction. 

Tous  les  corps .  existans  dans  la  nature  doivent 
être  comparés  entre  eux  sous  ces  différons  rapports, 
parce  que  tous  sont  dans  un  état,  statique  ou  djr<* 
namique  ;  m^is  il  y  a  une  différence  énorme  entre 
U  durée  proportionnelle  de  ces  deux  états  ;  c'est , 
comme  nous  allons  le  voir ,  le  principal  caractère 
qui  serve  à  distinguer  les  corps  inorganiques  des 
corps  organisés. 

Quoique  la  comparaisoi^  de  ces  deux  espèces  de 
corps  soit  une  chose  presque  rebattue  depuis^  le 
discours  préliminaire  de  yicq-d!A£ir  dans  TEncy- 
clopédie  méthodique,  nous  ne  pouvons  cependant 
nous  dispenser  d'y  revenir  avec,  tous  les  détails 
convenables,  d'abord  pour  le  but  que  nous  nous 


t  inTRODUCTIOlf* 

|m>p(MK)D6  en  ce  ftnAneat ,  la  défibilîOD  d'tin  ani- 
mal ,  et,  ensuite,  parce  que  le  principe  de  notsre 
physiologie  consiste  à  montrer  que  les  facultés phy- 
'^ties  des  corps  organisés  ne  sont  que  des  propriétés 
générales  de  la  matière  plus  ou  moins  modifiées^ 

Dam  la  comparaison  que  je  fais  établir  ^  d'abord 
entre  les  corps  inorganiques  et  les  corps  oi^niséts, 
puis  entre  les  végétaux  et  les  animmix  v  je  ferai 
abstraction  de  l'air  et  de  Teau ,  qui  arppartiennent 
i  toute  la  nature  >  et  qui  me  semblent  être ,  pour 
les  premiers  surtout,'  ce  que  le  sang  est  dans  les 
animaux  ,  la  sève  dans  les  végétaux,  une  sorte  de 
fluide  universel  et  rédrétnentitiel ,  en  même  temps 

s. 

qu'un  véhicule  des  autres  substances. 

Lorsqu'en  considérant  la  composition  on  vient 
à  comparer  le  nombire  des  éléniéns  du  des  formes 
particulières  st>t]s  lesquelles  la  matière  générale 
se  présente  dans  les  éorps  inorganiques  et  dans  les 
corps  organisés,  on  est  étonné  du  petit  nombre  des 
éléméns  qu'on  rencontre  dans  ceux>-ci ,  comparati- 
vement avec  ce  qui  existe  dans  ceux-là.  L'oxygène , 
rhydrogène ,  Tazote ,  le  cai-bone ,  le  soufre  ,  le 
phosphore,  sont  en  effet  presque  les  seules  sub- 
ét^nces  dont  la  combinaison  forme  les  corps  or- 
ganisés ,  tandis  que  dans  les  corps  inorganiques , 
outre  ces  élémens  qui  pbuyedt  y  exister  aussi ,  on 
trouve  tous  ceux  que  la  chimie  a  distingués  jtks- 
qn'ici ,  et  qui  sonk  aujourdliui  au  nombre  de  plus 
de  quarante. 


kNtlODUCTIOH*  X\ 

QooMiue  j'aie  dit  tout  à  l'Iieure  que  Ié8  élémens 
des  coip&  oiganjsé^  se  retrouTent  tous  dans  le  règne 
inorgapiqne ,  il  iaut- cependant  Arïre  ^  i'<iè  l^U*il 
me  scfmbley  qoelcpies  obëcrrations.  ^iûiisî^  l'Mote  lie 
me  semUe  pimais  y  exister  autrement  qiie  dans  un 
état  de  combinaison ,  comme  dans  l^kmmèniaque  y 
ou  de  mélange^  comme  dans  l'air  atmosptiérique» 
que  nous  regardons  comme  un  fluide  unrrersel , 
plutôt  que  coflatoe  un  corps  réellement  inorga- 
nique. 

Le  carbone^nèse  tron?é  guère  non  plus  dans  les 
corps  inorganiques  ,-acttrement qu'à  Téiat'de  com* 
bînaison  fixe  avec  l'oxjgèile:,  et  ,:|)ar«ùlte,  arec 
d'autres  élémensJ  Nous  allons  voir  qu'il  est-  pres- 
que caractéristique  des  végétaux^  comme  l'aiotie 
Test  des  animaux.  ^  . 

Mais  c'est  surtout  dans  les  ^combîwaisbns-que 
ces  élémens  peuvent  former  qoe  se'  trouve  une 
grande  différence  entre  les  deux  espèces  de  corps 
que  nous  comparons.  Dans  les  corps  in^ijgauir 
quesy  qni  sont  à  la  surface  de  la  lerw,  ces  combi- 
naisons ne  sont  presque  jamais  que  binaires  ;  et  en- 
core elles  sont ,  comme  le  fait  justement  observer 
M.  Cbevreuly  fixes;  c'est^ànlire  qileles  ^mens 
ont  sa tisfiut  ^ux  affinités  les  {dus 'énergiques-  qui 
les  sollicitaient  dan^  les  circoostâbces  dû  ils  étaient 
avant  leur  combinaison.  *  Le  corps  est  fcompiéte- 
ment  brûlé;  d'6ù  résulte  une  grande  résistance  à 
la  décomposition ,  ce  qui  se  trouve  aussi  en  rapport 


%i]  I5TtODi:CTI03l. 

afec  ce  qoVUet  MWt  piesqne  f ooîoors  i  l'état  so- 
lide. Daos  le»  coq^  of^oisét ,  au  coDiraiie ,  les 
eMobioaiioii*  êoni  temaîfes  m  même  qoatep- 
mâttê^  et  toofooi»  dlea  foot  extiémemeot  mcdiiles, 
parce  que  la  iatoratioD  est  raremeot  complète ,  le 
priodpal  comburant  on  Tozygène  ne  se  tronnnt 
presque  jamais  combiné  en  soflfisante  quantité  arec 
les  élémens  combustiUes  pour  les  saturer ,  et  pour 
empécber  qu'ils  ne  soient  sollicités  par  d'autres 
affinités.  Les  combinaisons  or^oiques  sont  en 
outre  rarement  i  l'état  soUde  ;  le  plus  souf  eut  elles 
sont  liquides  ou  même  gaxeuses»  Sans  doute , 
comme  ajoute  le  sarant  chimiste  que  nous  venons 
de  citer ,  on  trouve  que  les  combinaisons  organi- 
ques ont  quelques  rapports  avec  les  composés  inor-- 
ganiques  combustibles ,  au  point  que  Ton  est  par- 
venu à  former  de  toutes  pièces  un  petit  nombre  de 
composés  ternaires  semblables  i  quelques  compo- 
sés organiques,  ce  qui  semble  lier  la  nature  inor- 
ganique à  la  nature  organique  ;  et  l'on  observe  dans 
les  corps  organisés  des  composés  binaîres  et  solides. 
C^endant  on  ne  peut  nier  que  les  points  de  liai-* 
son  ne  soient  fort  rares ,  qu'il  y  ait  une  différence 
essentielle  entre  les  combinaisons  que  forment  les 
deux  espèces  de  corps  que  nous  comparons  en  ce 
moment ,  et  qu'elle  ne  se  trouve  en  harmonie  avec 
leurs  conditions  d'existence»  avec  la  fae.lité  de  la 
destruction  dans  les  uns  et  sa  difficulté  dans  les 
autres. 


INTRODUCTION.  xHj 

Si  9  dans  les  substances  qui  eatreot  daus  là 
composition  des  corps  inorganiques  et  des*  corps 
organiques  ,  et  surtout  dans  les  combinaisons 
qu'elles  forment ,  il  y  a  déjà  des  différences  si  im- 
portantes ,  il  s*en  trouve  encore  de  plus  nombreu-* 
ses  9  de  plus  élevées  ^  même  dans  la  manière  dont 
leurs  molécules  se  disposent  dans  le  tout  ou  dans 
la  structure.  Les  corps  bruts  peuvent  être  soti*^ 
vent  et  complètement  homogènes ,  ou  formés 
dune  seule  substance  simple  ou  combinée  ;  jamais 
les  corps  organisés.  Les  premiers  peuvent  être  com^ 
posés  d'une  substance  gazeuse,  fluide  ou  solide 
seule ,  tandis  que  dans  les  seconds  toutes  les  trois 
existent  nécessairement  à  la  fois.  Enfin ,  jamais 
les  corps  inorganiques  ne  sont  formés  d'un  tissu 
aréolaire  primitif,  dans  les  mailles  duquel  se  dépo- 
sent les  molécules  composantes.  Le  tissu  cellu- 
laire est ,  au  contraire ,  la  base  de  tous  les  corps 
organisés.  Encore  moins  trouve-t-on  dans  ceux-là 
des  assemblages  de  ce  tissu  primitif  modifié  ,  dans 
la  forme  comme  dans  la  composition ,  et  formant 
des  organes ,  an  contraire  de  ce  qui  existe  dans 
ceux-ci ,  où  il  n'est  aucune  des  parties  distinctes 
qui  n'ait  une  structure  et  une  composition  toute 
différentes  ,  et  cela  même  à  l'état  de  mort. 

La  forme  extérieure  qu'affecte  la  réunion  des 
molécules  composantes  dans  les  deux  règnes  qui  se 
partagent  la  nature,  suffirait  presque  aussi  pour 
les  faire  distinguer. 


Xh  XNTKODUCJIOU. 

Un  corps  inorganique  eA  matac  slniple ,  ou  com- 
plexe, n'a  jamais  une  forme. déterminée,  et ,  par 
conséquent,  ne  pevt  entrer  dans  la  comparaison. 
Il  n'y  a  que  le  minéral  ptoprement  dit  et  la  nôlé- 
cule  minérale  qoi  soient  susceptibles  d'en  avoi? 
mieif  et  cette  forme  est  toujours  Kmitée  par  des 
surfitees  planes ,  d'<Mi  il  résulte  un  solide  géomé- 
Irique  et  complètement  commensuràble.  La  forme 
d^  corps  organisés  est,  au  contraire,  constamment 
circonscrite  par  des  surfaces  courbes  dans  l'un  des 
deu^  sens  au  moins ,  et  souvent  dans  tous  les 
deux  9  d'où  il  résulte  qu'elle  est  plus  ou  moins  ir-* 
régul  ièrement  arrondie. 

Ainsi,  d'après  ce  que  nous  Tenons  de  dire  des 
différons  points  de  l'état  statique  sous  lesquels  on 
peut  comparer  les  corps  inorganiques  et  organi- 
que» ,  il  est  éfident  qu'ils  diffèrent  entre  eux  d'une 
manière  presque  tout-à^fait  tranchée  ;  lés  diffé^ 
renées  ne  sont  pas  moins  sensibles  lorsqu'on  éta- 
blit la  comparaison  entre  ces  deux  ordres  de  corps 
SQU9  le  point  de  vue  dynamique. 

Quoi  qu'on  en  ait  dit,  il  y  a  formation  où 
naissance  dans  le  régne  inorganique  comme  dans 
le  règne  organique  ;  mais  il  faut  toujours  soigneu- 
sement distinguer  la  molécule  minérale  et  le  mi- 
néral de  la  masse  minérale,  et  encore  plus  de^  la 
roche  minérale.  La  molécule  minérale  est  une 
combinaison  d'élémens  déterminés ,  affectant  une 
forme  également  déterminée  ;  le^^aînéral  est  un 


IKTRODUCTIOK.  «V 

r  iBseaibi^ige  d'un  certain  nombre  de  ces  molé- 
[  ^ules ,  affectant  la  même  forme  ou  une  formf 
I  qui  en  dérive  ,  c'est  le  crystal.  La  masse  minérale 
:  UD  assemblage  de  molécules  minérales  de  la 
t  nèine  sorte  ,  mais  non  discernables ,  et  n'affectant 
I  ^U9  de  forme  fixe;  enfin  ,  la  roche  est  un  assem- 
tUaçe  de  minéraux  de  différentes  espèces,  le  plus 
I  Muvent  assez  gros  pour  être  discernée. 

La  formation  ,  dans  le  premier  cas  ,  est  vcrita- 

■Ue  et  régulière  ;  un  certain  nombre  de  molécules  de 

leux  substances  simples  ou  composées  se  joignent 

'  "par  attraction    réciproque ,  et  se  disposent  entre 

eHea  de  manière  à  présenter  une  forme  déterminée. 

Dans  le  moment  où  les  molécules  composantes 

s'attirent ,  agissent  les  unes  sur  les  autres  pour 

former  la  molécule  minérale ,  il  y  a  réellement 

quelque  chose  de  la  vie  ;  mais  cela  n'a  lieu  que 

pendant  le  moment  excessivement  court  où  cette 

attraction  se  fait  ;  aussitôt  que  la  combinaison  est 

achevée,  la  molécule  minérale  est  formée;  c'est 

un  corps  complètement  brut ,  dans  lequel  il  n'j  a 

[tlus  trace  de  mouvement. 

Le  même  raisonnement  peut  être  admis  jusqu'à 
on  certain  point  pour  !a  formation  du  crystal  ; 
mais  d'une  manière  évidemment  moins  rigoureuse, 
puisque  c'est  un  assemblage  de  molécules  minéra- 
les :  elle  est  alors  plus  complètement  mécanique. 
La  formation  d^ns  les  masses  minérales  simples 
I  ou  complexes  i»'a  plus  rien  de  régulier  ,  n'est  plus 


XTJ  INTRODUCTION. 

qu*une  agrégation  plus  ou  moins  forte  ;  aussi  est- 
elle  complètement  accidentelle ,  et  la  masse  peut 
s'accroître  d'une  manière  indéfinie. 

Dans  les  corps  organises ,  la  formation  à  laquelle 
on  donne  le  nom  de  naissance  n'est  pas  plus- une 
éfolution  que  dans  les  corps  bruts  ;  mais  un  cer- 
tain nombre  de  molécules  élémentaires  se  réunis- 
sent entre  elles,  dans  des  circonstances  d'autant 
plus  circonscrites  «  d'autant  ,j^lus  limitées  ,  que 
l'on  s'élè?e  davantage  dans  l'échelle  des  deux. sëf 
ries  qui  forment  le  règne  organique.  Les  circo^ 

tances  ^e  limitent  enfin  d'une  manière  si .  conifr- 

* 

plète  ,  que,  dans  les  êtres  les  plus  complexes ,  c'est 
dans  un  lieu  particulier  de  leur  corps  que  cette 
réunion  se  fait,  et  elle  ne  peut  même  être  effective 
et  s'accroître  que  par  l'action  ou  l'introduction  de 
molécules  produites  par  un  autre  individu.  Mais  la 
naissance  n'en  a  pas  moins  été  spontanée;  elle  est 
seulement  la  suite  plus  ou  moins  nécessaire  de  la 
vie  de  l'individu,  ce  qui  n'a  jamais  lieu  dans  le 
règne  inoi^anique.  Dans  les  corps  qui  le  com- 
posent, en  effet,  les  individus,  dans  leur  sueces* 
sion ,  sont  complètement  indépendans  les  uns  des 
autres. 

Ces  considérations  sur  la  naissance  des  corps  de 
la  nature  étaient  nécessaires  pour  apprécier  à  sa 
juste  valeur  la  différence  que  l'on  établit  entre:  les 
corps  bruts  et  les  corps  organises,,  en  les  compa- 
rant sous  le  rapport  de  l'accroisseoftnt ,  qui. prend 


inthoductïon.  xvîj 

k  nom  de  simple  augmentation  dans  kspremiersj 
et  de  nutrition  dans  les  «eeonds. 

Lea  masses  minérales  s'accroissent  d'une  ma* 
nière  accidentelle  ,  irrégulière  et  véritablement  in-^ 
définie  par  les  simples  lois  de  l'attraction  ordi* 
naire;  mais  il  n'y  a  absolument  aucune  comparai- 
son à  faire  avec  ce  qui  existe  dans  les  corps  orga«- 
oisés. 

La  molécule  minérale  une  fois  formée  ne  s'ac* 
croit  plus  ,  parce  qu'elle  est  réellement  morte. 

Il  n'y  a  dune  que  le  minéral  qui  puisse  s'accroî- 
tre  ;  mais  ,  comme  cet  accroissement  a  lieu  un  peu 
comme  dans  les  masses  minérales ,  quoique  dans 
des  limites  ef  avec  une  forme  déterminées,  il  est 
évident  que  le  comparer  avec  celui  des  corps  or  .^a- 
aisés  ,  c'est  établir  une  comparaison  iucohérente. 

On  ne  peut  nier  cependant  que  l'accroissement 
des  véritables  minéraux  ne  soit  soumis  à  de  cer- 
taines limites  ;  et  ces  limites  semblent  être  quel- 
quefois déterminées  par  un  ensemble  de  circons- 
tances jusqu'à  un  certain  point  appréciables ,  quoi- 
qu'«m  ne  puisse  remonter  de  la  causé  à  l'effet.  Mais 
ces  linaites  sont  beaucoup  plus  évidentes  dans  les 
corps  organisés. 

On  trouve  plus  de  rapprochemens  à  faire  en  con- 
lidérant  la  forme  qui  suit  l'accroissement.  La 
science  crystallographique  nous  apprend  en  effet, 
que  quoique  celle  des  minéraux  soit  évidemment 
oumus  fixe  et  cependant  plus  mesurable ,  à  cause 


XViij  INTRODLCTION. 

• 

des  plans  qui  la  circonscrivent  »  que  celle  des 
corps  organisés  ;  elle  ne  Test  pas  moins  assez  pour 
que  Ton  puisse  connaître  par  des  lois  simples 
comment  la  forme  primitive  de  la  molécule  est  ar- 
rivée ,  par  un  accroissement  déterminé,  à  telle  ou 
telle  forme  secondaire;  et,  ce  qu'il  y  a  de  remar- 
quable ,  c'est  que  ces  formes  secondaires  ou  varié- 
tés paraissent  être  dépendantes  des  circonstances 
extérieures  ,  puisque  telle  variété  crystalline  se 
trouve  toujours  dans  telle  localité  ,  un  peu  comme 
les  variétés  de  l'espèce  dans  les  corps  organisés. 

Mais  c'est  surtout  dans  In  manière  dont  se  fait 
cet  accroissement  que  l'on  a  trouvé  la  différence  la 
plus  capitale  entre  les  deux  règnes  ,  ce  qui  a  fait 
imaginer  le  mut  d'accroissement  ou  d'augmenta- 
tion par  intussusception  pour  les  corps  organisés , 
par  opposition  à  celui  d'accroissement  ou  d'aug- 
mentation par  superposition,  employé  pour  les 
corps  inorganiques.  Cerne lf%  absolument  tout  dif- 
férent, tient  à  la  structurecelluleuse  dans  les  uns , 

• 

et  lamelleuse  dans  les  autres.  Dans  ceux-ci ,  en 
effet ,  les  molécules  d'augmentation ,  qui  sont 
réellement  de  nouveaux  individus  ,  se  placent  sui- 
vant des  lois  fixes  autour  de  l'individu  primitif,  en 
s'appliquant  successivement  les  unes  sur  les  autres, 
de  manière  ,  comme  nous  venons  de  le  dire  ,  à  le 
faire  parvenir  à  une  dimension  assez  peu  déter- 
minée ,  tandis  que  ,  dans  ceux-là ,  le  tissu  primi- 
tif augmente  lui-même  ,  et  s'étend  par  l'introduc- 


INTRODUCTION  xix 

tioa  de  nouvelles  molécules  qui  ont  pénétré  dans 
sts  mailles,  jusqu'à  une  augmentation  comprise 
dans  des  limites  déterminées  et  assez  bornées. 

La  cause  de  cette  augmentation ,  dans  les  deux 
ordres  de  corps ,  est  peut-être  aussi  jusqu'à  un  cer- 
tain point  diffère  n  te. 

Dans  les  corps  inorganiques,  l'attraction  générael 
en  est  la  cause  évidente ,  au  point  que  la  masse  a 
une  influence  sur  cette  augmentation  ;  dans  les 
corps  inorganiques,  c'est  seulement  l'attraction 
moléculaire ,  et  encore  ,  quoique  la  cause  de  la  nu- 
trition ne  puisse  être  autre  chose  que  cette  espèce 
d'attraction ,  cela  est  infiniment  moins  évident , 
parce  que  c'est  à  l'intérieur  du  tout  organique 
qu  elle  s'exerce. 

Les  différences  que  nous  venons  dç  voir ,  sous  le 
rapport  de  l'accroissement,  entre  les  deux  groupei^ 
de  corps  qui  se  partagent  le  domaine  de  la  nature, 
se  reproduisent  presque  parallèlement  sous  celui 
do  décroissement  et  de  la  diminution. 

La  masse  minérale  complexe  ou  simple  décroit 
ou  diminue  en  se  désagrégeant  par  une  force  exté- 
rieure quelconque  ,  physique  ou  chimique  ;  et , 
comme  cette  force  commence  nécessairement  à 
l'extérieur ,  la  destruction  de  la  masse  marche  suc- 
cessivement de  dehors  en  dedans ,  et  jamajs  de 
dedans  en  dehors;  mais  cette  destruction  n'est 
pas  nécessaire  ni  spontanée. 

La  molécule  minérale  ne  décroit  ou  ne  diminue 

b. 


XX  iNTROntCTION. 

jamais  qu'en  se  décomposant  ;  et  la  cause  de  cette 
décomposition  n'est  pas  en  eHe  ;  elle  est  détermi- 
née par  une  force  chimique  ,  par  l'action  seule  des 
élémens  d'autres  corps  qui  agissent  sur  les  siens , 
pour  former  de  nouvelles  combinaisons ,  de  nou- 
veaux corps  :  sa  destruction  n'est  donc  jamais  né- 
cessaire-ni  spontanée. 

Le  minéral  proprement  dit  décroit  à  peu  près 
de  la  même  manière  que  la  masse  minérale ,  par 
une  force  également  extérieure ,  mécanique ,  phy- 
sique ou  chimique  ;  mais,  dans  certains  cas,  la 
force  chimique  est  la  seule  qui  puisse  avoir  une 
action. 

La  nature  de  ses  élémens  ,  l'état  presque  stati- 
que dans  lequel  ils  se  trouvent  à  cause  de  leur  sa- 
turation ou  de  leur  combustion  parfaites ,  la  force 
de  cohésion  et  d'attraction  qui  les  unit ,  le  mode 
de  leur  réunion ,  rendent  cette  diminution  ,  ce  dé- 
croissement,  beaucoup  plus  difficiles,  beaucoup 
plus  lents  ;  en  sorte  qu*il  parait  que  certains  crys- 
taux  existent  ou  tendent  à  exister  constamment. 

Mais  ce  qui  caractérise  les  corps  briib,  c'est 
que  les  substances  élémentaires  qui  les  composent 
n'en  sortent  jamais  pour  aller,  non  pas  sur  le 
même  individu  ,  non  pas  même  à  une  distance 
plus  ou  moins  éloignée ,  se  réunir  ,  se  combiner  de 
nouveau  pour  former  un  individu  similaire.  Ces 
élémens  dissociés  formeront  toujours  de  nouvelles 
combinaisons ,  parce  que  ce  seront  toujours  des 


INTRODCCTION.  XX} 

■ 

élémens  nouveaux  qui  soUiciteroni  cette  décom^ 
position  ;  en  torte  qu'il  n  y  aura  jamais  d'autre  gé^ 
nération  que  la  génération  spontanée.       , 

Dans  les  corps  organisés-,  tout  est  différent^  le 
décroissement ,  la  diminution  ne  se  font  pais  néces- 
sairement en  commençant  par  l'extérieur  t  ou  du 
moins ,  si  cela,  arrive  quel(|uefois ,  La  propagation 
s'en  fait  immédiatement  dans  le  tout  ;,n;kais.,  ordi- 
nairement 9  c'est  dans  Tintérieur ,  dans  le  tîssu  des 
parties ,  que  cette  décomqfiiosition  commence  par 
la  production  de  nouveaux  corps  ^  qui  sont  ou  ne 
sont  pas  rejetés. 

Quelquefois  ces  nouveaux  composés  sont  suscep- 
tibles de  devenir  des  corps  semblables  à  ceux  qui 
les  ont  produits;  c'est-à-dire  de  s'organiser  et  de 
vivre ,  s'ils  sont  placés  dans  des  cireonst^nM^es  fa^- 
vorables.  C'est  ce  qui  donne  lieu  à  la  génération , 
qui  d'abord  évidemment  spontanée,  le  devient 
de  moins  en  moins ,  mais  seulement  en  apparence , 
i  nesure  qu'on  s'élève  davantage  dans  la  série. 

Un  corps  inos^ganique  se  termine  et  par  con- 
séquent meurt  ^  lorsque  décomposé  par  l'action 
plus  forte  des  corps  extérieurs,  ses  élémens  se  dés- 
associent  pour  se  joindre  à  d'autres ,  et  donner 
ainsi  naissance  à  de  nouveaux  composés  ;  niais  il 
ne  se  reproduit  pas. 

Un  corps  organisé  décroît ,  se  termine  ,  meurt 
par  la  désassociation  bien  plus  facile  de  ses  elé- 
mens;  mais,  dans  le  cours  ou  à  la  fin  do  sa  durée. 


XXlj  INTRODUCTION. 

une  partie  de  ses  élémens  se  reunissent  de  nouveau 
d'une  manière  presque  nécessaire,  et  reproduisent 
un  être  semblable  à  lui  ou  qui  pourra  le  devenir. 
Il  y  a  donc  reproduction  et  génération.* 

Ainsi ,  sous  tous  les  points  de  vue  où  nous  avons 
comparé  les  corps  bruts  et  les  corps  organisés , 
nous  ayons  vu  que  quoique  dans  les  choses  de 
même  genre  la  comparaison  puisse  se  faire  conve- 
nablement, ils  diffèrent  cependant  d'une  manière 
assez  tranchée  pour  qu'il  soit  possible  d'établir  une 
distinction  nette  entre  eux. 

Nous  savons  donc  qu'un  animal  étant  un  corps 
organisé  ^  est  une  certaine  combinaison  mobile 
d'un  petit  nombre  de  substances  simples  ,  de  struc- 
ture celluleuse  ,  affectant  une  forme  plus  ou  moins 
arrondie,  agissant  sur  les  corps  extérieurs  qui 
les  environnent,  et  recevant  une  action  de  ceux-ci 
dansdos  limites  déterminées  ;  mais  réagissant  aussi 
continuellement  les  unes  sur  les  autres,  d'où  résulte 
une  augmentation  ,  un  accroissement  par  intus- 
susceptioû  ,  ou  mieux  par  absorption,  et  une  di- 
minution ,  un  décroissementpar  exhalation  ou  ex- 
tussusception  ;  mais,  ce  qui  le  caractérise  encore 
plus,  c'est  qu'un  certain  nombre  des  molécules 
exhalées  de  ce  corps  organisé  peuvent ,  en  se  réunis- 
sant dans  de  certaines  circonstances  ,  donner  lieu 
à  UD  être  semblable  à  lui  ,  ce  qui  produit  l'exten- 
sion et  la  propagation  du  premier  individu  dans 
le  temps  et  dans  l'espace. 


INTRODUCTION.  XXU] 

Par  cette  définition ,  nous  ne  sommes  encore  par- 
venus qu'à  la  moitié  de  notre  tâche  ;  nous  n'en 
avons  terminé  que  la  partie  la  plus  facile.  Essayons 
d  aborder  l'autre.  Un  examen  superficiel  du  sujet 
a  fait  Toir  depuis  long^temps ,  en  ne  considérant 
que  les  corps  organisés  qui  différaient  le  plus  en- 
tre eux,  que  Ion  pouvait  établir  une  distinction 
parmi  eux  qui  les  a  fait  partager  en  végétaux  et  en 
animaux.  Voyons  ,  par  le  même  procédé  que  nous 
Tenons  d'employer,  si  cette  distinction  est  p09- 
sible ,  et  jusqu'à  quel  point  elle  l'est. 

Sous  le  rapport  statique  ; 

Les  substances  élémentaires  qui  entrent  dans  la 
composition  des  végétaux  oe  diffèrent  réellement 
de  celles  qui  forment  les  animaux  que  d^ns  la  pro- 
portion relative  ;  ainsi  le  carbone  est  évidemment 
beaucoup  plus  abondant  dans  le  règne  végétal  que 
dans  le  règne  animal  ;  c'est  lui  en  effet  qui  cons- 
titue la  partie  solide  des  végétaux  et  surtout  de 
ceux  qui  sout  composés.  . 

L'azote  est,  dans  le  cas  contraire  ,  extrêmement 
abcDdanichez  ies  animaux,  et  fort  rare  dans  les 
végétaux. 

U  en  est  de  même  du  phosphore ,  qui  semble 
même  presque  caractéristique  des  premiers.  Je 
ne  sache  pas  qu'on  l'ait  encore  rencontré  dans  les 
fiec<M;ids ,  à  moins  qu'à  l'état  de  combinaison  ,  et 
encore  ces  combinaisons  sont-elles  assez  peu  corn* 
munes. 


XXiV  m TROD  V  GTIOlf. 

On  ne  sait  pas  encore  au  juste  à  quel  règue  ap- 
partient l'iode. 

Les  substances*  simples  métalliques* peuvent  en- 
core moins  servir  à  distinguer  Ica  deux  règnes  or- 
gaiiiques  ,  puisqu'il  n'j  a  que  le  fer  et  le  manga- 
nèse qui  y  aient  été  trouvés,  et  cela  dans  l'un 
comme  dans  l'autre  :  d'ailleurs  ils  y  sont  évidem- 
jQfteut  adventifs. 

Ona  cru  asseilong-tempsque  les  alcalis  offraient 
de  9if illeurs  caractères  distinctifs  ,  au  point  que 
l'un  d'eux  était  désigné  par  le  nom  d'alcali  végétal, 
par  opposition  à  celui  d'alcali  minéral ,  que  Ton 
donnait  à  la  potasse  ;  mais  il  est  bien  connu  au- 
jourd'hui que  la  soude  et  la  potasse  existent  l'une 
et  l'autre  dans  les  végétaux  comme  dans  les  ani- 
mau;c  ;  on  ne  peut  cependant  nier  qu'elles  ne  soient 
plus  communes  dans  les  premîersque  dans  les  se** 
conds ,  où  elles  sont  également  adventives. 

L'ammoniaque  est  réellement  beaucoup  plus  ca- 
ractéristique du  règne  animal,  ce  qui  se  trouve  en 
rapport  avec  la  quantité  d'azote  qui  entre  dans  la 
composition  des  animaux  ;  mais  elle  ne  peut  cepen* 
dant  servir  à  elle  seule  à  partager  le  règne  organi^ 
que^  puisqu'il  est  bien  connu  que  certains  végé- 
taux contiennent  de  l'azote,  et,  par  conséquent  , 
peuvent  donner  naissance  à  de  l'ammoniaque  par 
leur  décomposition  :  en  effet  cet  alcali  parait  ne  ja- 
mais exister  tout  formé. 

Parmi  les  bases  salifiables  terreuses  ,  la  silice ,  si 


INTROpUCTIOllw  XXy 

répandue  dans  le  règne  inorganique ,  et  toujours 
adrentive  dansile  règne  organique,  est  évidemment 
plus  propre  aux  végétaux  qu'aux  animaux. 

Là.  chaux  eel  dans  le  cas  contraire  :.  toujours  À 
Tétai  de  combinaison  saline  ,  elle  est  plus  rare  dans 
ceux-là  que  dans  ceux-ci*  Peut-être,  il  est  vrai ,  la 
différence  dans  la  quantité  tient-elle  à  celle,  des 
parties.  Dàua  les  animaux,  en  effet,  elle  constitue 
leur  solidification  comme  le  carbone  produit  celle 
des  végétaux;  mais  il  faut  toujours  la  regarder 
comme  adventive. 

Mais  c'est  surtout  dans  les  véritables  principes 
immédîatSr  ou'dads  les  différentes  combinaisons  des 
substances  élémentaires^  que  les  différences  devjen^ 
Dekit  plils  sensibles.  Il  en*  est  en  effet  fort  peu  qui 
soient  communs  aux  deux  groupes. 

Parmi  les  substances  ou  principes  immédiats 
formés  de  trois  élémens  seulement,  et  dans  les-^ 
quels  Toxygène  est  en  excès,  de  manière  à  ce  qu'il 
en  résulte  des  acides ,  il  n'y  en  a  encore  que  trois 
qui  soient  certainement  communs  aux  deux  règnes. 
Ce  sont  les  acides  acétique ,  oxalique  et  delphini** 
que  9  dont  nous  devons  la  déoou verte  à  M.  Ghe- 
vreul.  Tous  les  acides  yégéta<nx  jusqu'ici  connus 
appartiennent  à  cette  section.  Il  n'en  est  pas  de 
même  des  acides  animaux;  il  n'y  a  que  ceux  qui 
proviennent  des  corps  gras  qui  doivent  y  être  ran- 
gés ,  comme  les  acides  sébacique ,  oléique ,  mar- 
garique ,  etc. 


XXVJ  INTRODUCTIOK. 

Les  substances  neutres  ou  composées  de  trois 
élémens  seulement,  et  dans  lesquelles  loxygèiie  et 
rbydrogène  sont  dans  la  proportion  pour  former 
de  leau ,  ne  paraissent  exister  que  dans  le  règne 
Tégétal ,  comme  Tamidon ,  la  gomme ,  le  ligneux  , 
les  différentes  espèces  de  sucres  ,  etc.  Elles  sem- 
blent avoir  pour  analogues  dans  le  règne  animal 
des  substances  également  neutres ,  mais  qui  ren- 
ferment un  élément  de  plus ,  Tazote.  On  ne  voit 
également  que  dans  le  règne  végétal  ces  composés 
d'oxygène  ,  d'hydrogène  et  de  carbone,  qui  jouis- 
sent de  propriétés  alcalines  assez  prononcées  pour 
qu  on  les  désigne  sous  le  nom  d'alcalis  végétaux  , 
comme  la  morphine ,  la  quinine ,  etc. 

Mais  il  y  a  une  analogie  évidente  entre  les  subs- 
tances que  forment  les  trois  premiers  élémens , 
dans  lesquelles  Thydrogène  est  en  excès  par  rap- 
port à  loxygéne ,  et  qui  se  trouvent  dans  les  deux 
règnes.  Ci:  sont  les  huiles  grasses,  volatiles,  le 
camphre  ,  les  résines ,  les  baumes  ,  la  cire  dans 
les  végétaux,  et  les  graisses  et  les  huiles  dans  les 
animaux. 

On  n'a,  je  crois,  encore  remarqué  dans  les 
corps  organisés  qu'une  seule  substance  composée 
de  trois  élémens  organiques ,  parmi  lesquels  ne  se 
trouve  pas  l'oxygène ,  et  qui  cependant  est  acide  ; 
c'est  Tacide  prussique  ou  hydrocyanique  ,  dans  le- 
quel le  carbone  et  lazote  forment  le  principe  com- 
burant. Il  n'existe  réellement  que  dans  le  règne 


INTRODUCTION.  XXVlj 

fégélal;  mais  il  se  produit  avec  une  grande  fa- 
cilité dans  la  décomposition  des  substances  ani- 
males. 

On  observe  enrin9dan8  les  deux  règnes,  des  subs- 
tances  ou  principes  immédiats  dans  la  composition 
desquels  il  entre  quatre  élémcns ,  Tazote  s'y  trou- 
vant en  plus  ou  moins  grande  quantité. 

Mais  ce  n'est  encore  que  dans  les  animaux  qu'on 
en  a  trouvé  où  la  combinaison  de  ces  élémens  forme 
des  acides  ;  tels  sont  les  acides  urique,  amni- 
que ,  etc. 

Les  végétaux  ,  comme  les  animaux  »  offrent  des 
principes  immédiats  de  quatre  élémens  et  neutres; 
tels  sont  le  glutineux  ,  le  ferment ,  Thématine  , 
l'indigo  dans  les  premiers  ,  et  la  fibrine ,  l'albu- 
mine ,  la  gélatine  «  l'urée,  le  picromel ,  les  dtfférens 
sucres  animaux  dans  le  second. 

Ainsi ,  dans  l'état  d'obscurité  où  se  trouve  en- 
core la  cbimie  organique  ,  on  commence  à  aperce- 
voir, grâces  aux  travaux  importans  de  M.  Cheirreul, 
qu'il  serait  possible  qu'il  existât  dans  les  deux  règnes 
des  produits  immédiats  du  même  genre  ,  et  peut- 
être  de  même  espèce ,  ce  qui  empêcherait  de  les 
distinguer  d'une  manière  un  peu  certaine  sous  oe 
rapport.  On  peut  cependant  voir  ,  par  ce  que  nous 
venons  de  dire»  que  le  nombre  des  composés 
ternaires  est  toujours  bien  plus  considérable  dans 
les  végétaux  que  dans  les  animaux ,  an  contraire 
des  composés  quaternaires  ,  '^ui  le  sont  davantage 


X.VViij  INTROOtCTION. 

dans  ceux-ci:,  ce  qui  se  trouve  en  rapport  avec  la 
différence  dans  la  facilité  de  la  décomposition  ,  oti 
dans  la  mobilité  de  ces  deux  ordres  de  corps. 

La  considération  de  leur  structure  ne  me  pataît 
pas  conduire  à  une  distinction  plus  traneiiéê'qiié 
colle  des  substances  composantes ,  et  peut-être 
même  y  a-t-il  encore  moins  de  différences  soii^  ce 
rapport  entre  le  végétal  et  l'animal.  Quelques  au- 
teurs ont  cependant  proposé  la  rigidité  de  la  fibre  ', 
n'étant,  pas  susceptible  de  contraction  sensible 
dans  le  premier ,  au  contraire  de  ce  qui  a  4ieu  dads 
le  second  ;  mais  il  est  probable  que  pour  faire 
cette  distinction ,  ils  auront  considéré  la  ûbte  li«- 
gneuse  dans  une  tige  d'arbre ,  sans  faire  attention 
que  c'est  une  partie  de  solidification  qui  est  à  peu 
pr^ès  morte ,  et  où  s'est  accumulé  le  carbone, 
comme  dans  certaines  parties  des  animaux  ta  chaux 
combinée  à  l'état  de  sel  s'accumule  pour  le  même 
usage  ,  par  exemple  dans  la  tige  commune  des  vé- 
ritables Koopiiytes.  S'ils  avaient  établi  leur  com- 
paraison jentre  des  parties  qui  en  soDt  suscepti- 
bles ,  ils  auraient  vu  qu'il  n'y  a  pas*  plui9  de  rigi- 
dité dans  la  fibre  végétale  que  dans  la  fibre  animale, 
et  que  le  mouvement  des  sucs  propres  et  de  la  vé- 
ritable sève  dans  les  végétaux  ,  ne  peut  pas  plus  se 
passer  de  la  contractilité  de  cette  fibre  que  Ite  iriou- 
vement  du  fluide  nutritif  dans  les  animaux. 

On  pourrait  mieux  distinguer  cei^  deux  divisions 
du  règne  organique  en  faisabt  Tobserfation  qu'il 


INTAODLGTIOff.  .  XXiX 

n'y  a  jamais  de  tubes  complets  entre  les  radicules 
absorbaates  et  exhalantes  des  végétaux  ,  au  con- 
traire de  ce  qu'on  remarque  dans  les  animaux ,  ou 
biea  dire  que  la  structure  des  uns  est  fasciculaire  » 
tandis,  qu'elle  est  vasculaire  dans  les  autres  ;  mais 
cela  ne  comprendrait  pas  les  animaux  ni  peut-^tre 
même  les  végétaux  inférieurs  dans  lesquels  on  n  ob- 
serve  ni  Tune  ni  l'autre  de  ces  structures. 

La  distinction  de  Télément  générateur  ou  fon-» 
damental  en  plusieurs  autres  et  en  tissus  dont  la 
combinaison  forme  des  systèmes  ,  et  par  suite  des 
organes,  pourrait  aussi  être  employée  avec  quelque 
avantage  à  diviser  le  règne  organique ,  s'il  n'y 
avait  pas  un  assez  grand  nombre  d'êtres  des  deux 
dîvisioos  dont  le  tissu  est  uniforme,  et  si,  dans 
les  végétaux  les  plus  compliqués  ,  on  n'apercevait 
pas  des  rudimens  de  tissus. 

Si  la  structure  anatomique  ne  nous  a  pas  encore 
offert  un  caractère  complètement  sufiisunt  pour 
distinguer  les  végétaux  des  aaimaux ,  il  en  est  à 
peu  près  de  même  de  la  forme. 

On  trouve  en  effet  des  êtres  organisés  que  l'on 
regarde  comme  des  végétaux ,  et  qui  sont  anior- 
phes,  comme  d'autres  dont  on  fait  des  animaux. 

4juoique  la  disposition  rayonnée  soit  prédomi- 
oantc  dans  les  végétaux  sur  la  nature  desquels  il 
n'y  a  pas  de  doute ,  on  la  trouve  aussi  dans  un  as- 
seft  grand  nombre  d  êtres  évidemment  animaux. 

La  disposition  paire  ou  symétrique  est ,  au  con- 


XXX  INTRODUCTION. 

traire  ,  beaucoup  plus  animale  que  végétale  ;  en 
effet ,  si ,  comme  nous  venons  de  le  dire ,  un  cer- 
tain nombre  d'animaux  nont  pas  cette  forme  , 
aucun  végétal  certain  ne  l'offre  complètement ,  du 
moins  dans  le  tout  ;  car  on  ne  peut  comparer  les 
deux  portions  d'un  végétal  radicule  avec  les  deux 
côtés  d'un  animal  pair  ,  et ,  par  conséquent ,  le 
collet  avec  la  ligne  médiane.  On  ne  peut  nier ,  au 
contraire  ,  que  l'on  n'observe  quelquefois  dans  les 
végétaux  une  disposition  paire  dans  quelques  par- 
ties. 

Enfin  ,  si  l'on  trouve  que  le  plus  grand  nombre 
des  véritables  végétaux  sont  composés ,  c'est-à-dire 
qu'un  certain  nombre  d'individus  se  continuent 
avec  une  partie  commune  ,  on  remarque  quelques 
groupes  de  la  fin  de  la  série  animale  qui  sont  dans 
le  même  cas. 

Sous  le  rapport  dynamique ,  nous  n'allons  pas 
voir  de  difféiences  beaucoup  plus  tranchées  que 
sous  le  rapport  statique. 

Dans  l'accroissement  les  végétaux  absorbent  , 
comme  les  animaux,  les  substances  plus  ou  moins 
préparées  d'avance,  à  l'état  liquide  ou  gazeux ,  qui 
doivent  servir  à  leur  nutrition. 

Cette  absorption  se  fait  toujours  complètement  à 
l'extérieur  de  l'être  végétal;  si  elle  est  plus  facilitée 
par  certaines  parties  que  par  d'autres,  comme  par 
le  chevelu  des  racines  et  par  les  feuilles  qui  doi- 
vent être  regardées  comme  des  organes  analogues, 


INTRODUCTION.  XXXJ 

rabsorptîon  D'en  est  pas  moiDS  tout-à-fait  exté- 
rieure, tandis  que  dans  le  très-grand  nombre  des 
animaux  ,  cette  fonction  est  rendue  encore  beau- 
coup plus  énergique  par  une  disposition  d'une  par- 
tie de  l'enveloppe  générale  qui  est  rentrée  dans  la 
masse  de  tissu  cellulaire  qui  compose  l'animal , 
ce  qui  constitue  ce  qu'on  nomme  un  canal  intesti- 
nal. Il  semble  en  effet  qu'un  végétal  soit  composé 
de  deux  surfaces  absorbantes  ,  comme  l'animal  ; 
mais  ,  dans  le  premier ,  elles  sont  bout  à  bout ,  et 
«e  réunissent  au  collet ,  tandis  que  dans  l'animal 
lune  semble  rentrer  dans  l'autre ,  comme  les  deux 
parties  d'une  membrane  séreuse.  Le  bord  de  la 
rentrée,  que  l'on  nomme  la  bouche,  correspond  au 
collet  de  la  plante. 

C'est  de  cette  disposition  qu'est  sortie  la  possi- 
bilité ,  pour  l'animal ,  de  placer  dans  la  cavité  ou 
poche  plus  ou  moins  profonde  creusée  à  sa  surface, 
la  substance  même  dont  il  doit  extraire  sa  nourri- 
ture à  la  suite  d'une  action  préliminaire  qu'il 
exerce  sur  elle  ,  ou  d'une  digestion  véritable  ;  d'où 
il  s'est  suivi  secondairement  qu'il  n'y  a  pas  eu  né- 
cessité absolue  pour  lui  d'adhérer,  et  encore  moins 
de  pénétrer  même  dans  le  sol  ;  et ,  au  contraire , 
qu'il  y  a  eu  possibilité  d'aller  au-devant  de  la 
masse  alimentaire  ,  en  se  mouvant  en  tout  ou  en 
partie  ,  tandis  que  le  végétal  est  forcé  de  tenir  les 
deux  parties  de  sa  surface  absorbante  dans  une  po- 
sition fixe  ,  l'une  dans  la  terre  et  l'autre  dans  l'air. 


XXXij  KNTRODUjCTION. 

Ainsi  le  végétal  D*agit  jamais  sur  les  corps  exté- 
rieurs, ou  ne  digère  pas  avant  de  les  absorber ,  tan- 
dis que  l'animal  agit  plus  ou  moins  complètement 
sur  eux,  etexécule  une  véritable  digestion. 

Le  caractère  de  la  présence  d'un  canal  intestinal 
dans  les  corp^  organisés ,  les  partage  réellement 
mieux  en  végétaux  et  en  animaux  que  toutes  les 
autres  èousidérations  ,  et  même  que  la  circulation 
qui  n'est  autre  chose  qu  une  oscillation  des  fluides 
absorbés,  qui  se  portent  d'une  surface  dé  l'ani- 
mal à  l'autre  ,  et  de  la  partie  radicale  du  végétal  à 
sa  partie  foliacée.  On  trouve  en  effet  des  animaux 
évidemment  tels,  chez  lesquels  ce  n'est  absolument 
que  cela ,  où  il  n'y  a  pas  de  vaisseaux  proprement 
dits  tout-à-fait  clos  ;  mais  où  les  fluides  absorbés  ex- 
térieurement ou  intérieurement ,  pénétrent  dsrns  le 
tissu  de  l'animal  pour  aller,  après  une  modifica- 
tion obtenue  dans  le  trajet,  servir  à  la  nutrition. 
C'est  aussi  ce  que  l'on  voit  dans  les  végétaux ,  où 
il  n'y  a  jamais  de  vaisseaux  complets. 

Les  fluides  absorbés  dans  l'un  et  l'autre  groupe  et 
évidemment  élaborés  dans  leur  marche,  se  rassem- 
blent emune  masse  commune  qui  devient  le  fluide 
éminemment  récrémentitiel ,  sang  dans  les  uns  , 
sève  et  sucs  propres  dans  les  autres  ;  mais  cela  n'a 
lieu  ni  dans  tous  les  végétaux,  ni  dans  tous  les 
animaux. 

Mais  ,  dans  la  cause  du  mouvement  de  ces  flui- 
des récrénientitiels ,  ne  pourrait-on  pas   encore 


INTRODUCTION.  :Plxlij 

trou  ver  quelque  caractère  distinctif  des  deux  règues 
des  corps  orgaaisés?  ceai  ce  que  quelques  auteurs 
ont  pensé  ;  ils  oui  en  effet  voulu  que  la  marche  des 
fluides  absorbés  dans  les  animaux  fût  due  à  la  con-r 
tractilité  des  vaisseaux ,  et  par  conséquent  à  leut 
initabllité ,  et  que  dans  les  végétaux  les  lois  seules 
de  la  capillarité  suffisent.  Ainsi»  la  question  se  trouve 
réduite  à  savoir  si  rirritabilité  existe  dans  tous  les 
corps  organisés  ;  et,  comme  cela  se  trouve  subor- 
donné à  la  définition  qu'on  en  donne ,  nous  som- 
mes obligé  de  renvoyer  l'examen  de  cette  ques- 
tion à  la  physiologie;  nous  y  montrerons  que  la 
partie  de  la  circulation  qui  existe  dans  les  yégé-* 
taux  est  due  à  la  même  cause  que  c^lle  qui  y  cor- 
respond dans  les  animaux. 

Quelques  auteurs  ont  aussi  voulu  trouver  une 
différence  propre  à  séparer  nettement  le  règne  or- 
ganique en  deux  parties  «  dans  la  nature  de  la  ma« 
tiére  absorbée.  lis  ont  dit  que  les  végétaux,  absor*^ 
beat  essentielleqaent  de  lacide  carbonique  ,  qui , 
en  se  décomposant,  leur  laisse  le  carbone  ,  l'oxy- 
^oe  se  dégageant ,  tandis  «que  dans  les  animaux 
c'est  l'oxygène  ;  mais  cela  estrîl  bien  certain? 

Quant  à  la  manière  dont  se  fait  la  nutrition  ou 
Tassimilation  dams  les  végétaux  et  les  animaux  «  il 
est  pri4>able  qu^elle  est  absolument  la  mèrpe;  moia 
que  l'affinité  a  encore  plys  d*éiiergje  dans,  tos  pre^ 
iDÎers  que  dans  les  seciJaiAlSy  pui^ue  .les  combi-? 
naisons  que  forment  leurs  élémeus  résistent  da^ 


XXXi?  INTRODUCTION. 

▼aiitage  à  la  destruction  générale  ou  à  la  décom- 
position ,  même  après  la  mort ,  c'est-à-dire  quand 
le  mouvement  d'inhalation  et  d'exhalation  a  cessé. 

I/accroissemen  t  est  encore  plus  évidemment 
le  même  dans  les  deux  classes  de  corps  organisés. 
Le  végétal  pousse  ou  végète  par  l'extrémité ,  après 
quoi  il  s'accroît  en  diamètre.  Il  en  est  de  même  du 
corps  animal  dans  le  tout  et  dans  ses  parties  y  du 
moins  dans  celles  qui  sont  essentiellement  vivan- 
tes ;  quant  à  celles  qui  sont  déposées  et  mortes,  leur 
mode  d'augmentation  reprend  quelque  chose  de 
celui  du  minéral  ;  elle  se  fait  par  lameâ  ou  par  cou- 
ches ,  mais  encore  avec  cette  différence  que  la  plus 
nouvelle  est  la  plus  intérieure,  au  contraire  de  ce 
qui  a  lieu  dans  les  minéraux. 

Sous  le  rapport  du  décroissement ,  de  la  décom- 
position ,  et  par  suite  de  la  reproduction  ou  de 
l'extension  de  l'individu  en  d'autres  individus,  ce 
qui  forme  des  espèces ,  les  végétaux  ont  également 
un  si  grand  nonibre  de  ressemblances  avec  les  ani- 
maux ,  qu'on  serait  aussi  fort  embarrassé  de  trou- 
ver dans  cette  considération  un  caractère  qui  pût 
les  séparer  nettement. 

L'exhalation  générale  est  aussi  nécessaire  aux 
uns  qu'aux  autres  ;  eHe  se  fait  de  la  même  manière; 
il  n'y  a  pas  plus  besoin  de  vaisseaux  particuliers 
pour  cette  fonction  ;  elle  est  également  en  rapport 
avec  les  circonstances  extérieures ,  en  même  temps 
qu'avec  l'absorption. 


IKTRODUCtION.  XXXT 

Quant  ^  la  matière  exhalée ,  est-il  yrai  qu'il  y  ait 
ici  une  distinction  tranchée  entre  les  végétaux  et 
les  animaux,  les  premiers  exhalant  de  l'oxygène 
provenant  de  Tacide  carbonique  qu'ils  ont  absorbé 
et  décomposé  ,  et  les  seconds  exhalant  de  l'acide 
carbonique  ?  C'est  ce  qui  ne  me  parait  pas  encore 
assez  hors  de  doute  potir  qu'on  en  puisse  tirer  un 
caractère  distinctif  de  première  valeur  ;  et  d'ailleurs 
on  ne  s'est  assuré  de  ce  Tait  que  sur  les  végétaux 
bien  évidemment  tels ,  et  sur  les  animaux  élevés  ; 
et  même ,  pour  lès  premiers  ,  ce  n'est  que  par 
Taclion  des  rayons  solaires  et  dans  les  parties  ver- 
tes que  cette  exhalation  a  lieu. 

L'exhalation  spéciale  est  évidemment  beaucoup 
moins  considérable  dans  les  végétaux  que  dans  les 
animafnx,  ce  qui  tient  à  ce  que  ses  produits  ne  de- 
vaient pas  être  employés  à  faciliter  d'autres  fonc- 
tions »   et  entre  autres  la  digestion ,  que   nous 
avons  vue  ne  pas  exister  dans  ceux-là.  Aussi  n'y 
i-t-il  chez  eux  de  cette  exhalation ,  que  celle  dont 
les  produits  seraient  nuisibles  parleur  conservation 
i  Tétre  vivant ,  et  qui  par  conséquent  devaient  être 
rejetés*  Du  reste ,  il  n*y  a  aucune  comparaison  à 
Êdre,  ni  dans  le  mode  de  formation  de  ces  substan- 
ces ,  et  encore  moins  dans  leur  nature.  Dans  les 
animaux ,  ce  sont  toujours  les  substances  tes  plus 
azotées  qui  sont  ainsi  rejetées ,    et  dans  lè3  vé- 
gétaux les  plus  hydrogénées. 
Enfin,  dans  cette  espèce  d'exhalatibn  Interne» 


c. 


XXXTJ  INTRODUCTION. 

profonde,  de  décomposition  recomposante,  d'où 
résulte  Textension  de  rindiyidu  dans  quelques- 
unes  de  ses  parties ,  et  par  suite  sa  continuité ,  sa 
succession  dans  le  temps,  et  jusqu'à  un  certain  point 
dans  l'espace;  dans  cette  espèce  d'exhalation  qui 
lie  la  série  des  fonctions  de  composition  avec 
celle  des  fonctions  de  décomposition ,  on  trouve 
encore  moins  de  caractères  qui  serviraient  à  sépa- 
rer nettement  les  végétaux  des  animaux. 

Ainsi  i  dans  les  uns  comme  dans  les  autres  ,  on 
trouve  que  le  tissu  composant  peut  recevoir,  dans 
un  lieu  quelconque  non  déterminé,  un  aiQux  de 
molécules ,  qui ,  devenu  le  centre  d'un  individu 
nouveau ,  s'accroît  peu  à  peu ,  devient  plus  ou 
moins  semblable  à  l'individu  générateur,  s'en 
sépare  naturellement  ou  non,  et  va  dans  uA  autre 
lieu  former  un  autre  individu  similaire. 

Dans  les  uns  comme  dans  les  autres,  on  trouve 
que,  sur  tous  les  individus  d'une  même  espèce, 
cette  formation  peut  avoir  lieu  dans  des  endroits 
déterminés  ,  et  que  ces  germes  peuvent  arriver  i 
tout  leur  développement  dans  le  lieu  même  oà 
ils  ont  été  formés ,  ou  sur  un  corps  tout  diffë* 
rent. 

Dans  les  uus  comme  dans  les  autres,  on  trouve, 
dans  tpus  les  individu^  de  même  espèce.,  de  ces 
germçs  préparés  à  l'état  de  graine  ou  d'cauf  (  c'est- 
à-dire  formés  d'envefoppes  contenant  une  cer- 
taine ^qyantité  de  matière  récrémentitieile  ^  toute 


INTKODUCTION.  îtXXtlj 

préparée  et  faisant  partie  de  rembryôn) ,  dans  un 
endroit  détermimé ,  mais  ne  poutant  comtnént^er 
leur  développement  qu'à  Faide  d'un  autre  fluide 
exhalé  dans  une  autre  partie  du  même  indÎTidu 
qui  a  formé  le  germe  :  c'est  ce  qui  établit  la  dis^* 
tinction  des  sexes  sur  le  mètne  indindu  ;  c'est  l'her- 
maphrodisme'suflSsant,  qui  existe  beaucoup  plus 
communément  dans  le  règne  végétal ,  mais  qu'on 
remarque  aussi  dans  le  règne  animal. 

Enfin  ,  dans  les  végétaux  comme  dans  les  ani- 
maux ,  on  trouve  que  les  deux  sexes  ne  sont  plus 
portés  par  le  même  individu  ,  mais  qu'ils  êCftit  ré- 
parés et  distincts,  Ce  qui  entraîne  la  nécessité 
d'un  moyeu  de  rapprochement  entre  les  individus 
de  sexe  différent  «  ou  entre  les  produits  qu'ils  ont 
formés,  pour  que  la  génération  ait  lieu.  Quoi- 
que sous  ce  point  de  vue  les  végétaux  âexifères  se 
distinguent  assez  nettement  des  animaux ,  parce 
que  chez  eux  ce  ne  sont  jamais  les  individus  qui 
se  rapprochent ,  mais  le  fluide  mflle  que  les  cii^ 
constances  extérieui^s  portent  sur  les  germes  pro* 
doits  par  l'individu  femelle ,  on  remarque  cepen- 
dant quelque  clu^se  d'asseis  semblable  dans  plu- 
sieurs animaux  également  se^ifêres. 

Ainsi  nous  serions  arrivés  à  la  fln  de  notre  exa- 
men successif  des  divers  rapports  sous  lesquels 
nous  nous  étions  proposé  d'envisager  les  deux 
sections  artificiellement  établies  dans  le  règtie  or^- 
ganique  ,  sans  trouver  de  différences  propres  à  les 


XXXyiX]  INTKODCCTION. 

définir ,  à  les  caractériser ,  s'il  ne  nous  restait  à 
parler  des  organes  et  des  facultés  de  la  locomo* 
tien  çt  de  la  sensibilité^  dans  lesquels  on  croit  assez 
communément  que  se  trouve  la  plus  grande  diffé- 
rence entre  les  êtres  que  nous  comparons.  En 
examinant  la  chose  physiologiquemcnt  «  il  est  aisé 
de  voir  que ,  dans  cette  comparaison  ,  la  difficulté 
tient  à  cette  question  :  Les  végétaux  ,  comme 
les  animaux ,  éprouvent-ils  le  besoin  de  se  nour- 
rir et  de  se  reproduire?  car,  s*il  en  est  ainsi,  il 
est  évident  qu'ils  doivent  avoir  reçu  de  la  nature 
les  moyens  de  le  remplir,  en  recherchant  les 
corps  avec  lesquels  ils  doivent  établir  des  rapports 
pour  y  parvenir. 

La  résolution  de  ce  problème  peut  être  essayée 
à  priori  ou  à  posteriori ,  ou  mieux  physiologique- 
mcnt et  anatomiquement. 

jé  priori^  cela  est  assez  probable,  puisqu'on 
voit  d'une  manière  évidente  que  certaines  parties 
des  végétaux  complets  semblent  fuir  une  cause 
nuisible  ou  rechercher  un  rapport  utile  pour  leur 
nutrition ,  un  peu  comme  le  font  les  animaux*  II 
y  ^  cependant  cette  différence  que  dans  ceux-  ci 
c'est  le  corps  tout  entier  ou  ses  appen<bces  qui 
agissent  plus  ou  moins  spontanément  pour  ce  but , 
tandis  que  dans  ceux-là  c'est  par  la  direction  de 
l'accroissement  ou  des  nouvelles  parties  que  la 
chose  semble  avoir  lieu. 

Le  sentimeat  dui>csoin  parait  être  encore  moins 


INTRODUCTION.  XXklX 

douteux  j>our  la  génération.  On  remarque  en  effet  y 
parmi  les  Tégétaux ,  plusieurs  faits  qui  semblent 
prouTer  que  les  organes  qui  doivent  contribuer  à 
la  reprodaction  dans  les  espèces  où  les  sexes  dis- 
tincts sont  séparés,  ou  portés  par  le  même  indi- 
vidu ,  sentent  les  rapports  qu'ils  doivent  avoir , 
puisqu'ils  exécutent  des  actes  évidens  pour  y  par- 
venir. 

jé  posteriori^  ou  par  l'étude  de  l'organisation  ^ 
nous  oe  pouvons  pas  aussi  aisément  affirmer  que 
les.  végétaux  éprouvent  le  besoin  de  s  accroître  et 
de  se  reproduire.  En  effet ,  dans  tous  les  ani- 
maux cbez  lesquels  on  trouve  la  faculté  de  sentir 
l'action  des  corps  extérieurs ,  et  par  suite  celle  de, 
pouvoir  s'en  écarter  ou  s'en  rapprocher ,  suivant 
qu'elle  peut  leur  être  utile  ou  niusible,  on  recon- 
naît dansleur  structure  deux  nouvelles  modifica- 
tions du  tissu  élj^mentaire,  auxquelles  ou  donne  le 
Qom  de  fibre  musculaire  ou  contractile^  et  de 
fibre  nerveuse  ou  excitante.  Or  »  il  est  absolument 
inpossible  d'en  apercevoir  de  traces  dans  les  vé- 
gétaux; mais  il  est  juste.de  dire  qu'on  n'en  aper* 
çoit  pas  davantage  dans.uB  asse;(  grand  nombre 
d'animaux  inférieurs  qu^  jouissent  cependant  dei 
la  spontanéité  des  mouvemens  pour  rechercher 
leur  proie  ,  et  pour  éviter  r4iffet  d'une  cause  nui- 
rible. 

D'après  les  détails  dans  lesquels  nous  vepops 
d'entrer,  dans  le  but  de  chercher  les  moyens  d^ 


Xl  INTRODUCTION. 

partager  d'une  manière  évidente  le  règne  orga- 
nfque  en  ses  deux  grandes  divisions  générale*- 
ment  admises  ,  il  est  clair  qu'il  n*j  a  qu'un  seul 
point  de  vue  dans  lequel  on  ne  remarque  pas  de 
ces  nuances  insensibles  qui  empêchent  de  placer 
un  jalon  séparateur  :  c'est  la  présence  ou  l'ab- 
sence d'un  canal  intestinal  incomplet  ou  d'un  es- 
tomac. Certains  corps  organisés  en  ont  un ,  cer- 

i 

tains  autres  n'en  ont  pas.  Cependant,  comme 
d^autres  caractères  sont  infiniment  plus  communs 
dans  l'une  de  ces  coupes  que  dans  l'autre ,  nous 
allons  les  faire  entrer  comme  élémens  secondaires 
de  notre  définition  comparative  des  végétaux  et 
des  animaux. 

Un  végétal  est  un  être  organisé  (c'est-à-dire 
celluleux  ,  inhalant  et  exhalant,  pouvant  se  nour- 
rir et  se  reproduire),  fortement  carboné,  le  plus 
souvent  complexe ,  sans  canal  intestinal  ,  sans 
fibres  contractiles  visibles ,  sans  fibres  excitantes 
évidentes ,  et  par  conséquent  ne  digérant  pas ,  ne 
se  mouvant  pas,  ne  sentant  pas  ses  rapports  avec 
les  corps  extérieurs ,  quoiqu'il  nous  le  semble 
quelquefois  par  les  changemens  lents  et  succès* 
sjfs  que  nous  lui  voyons  produire  dans  un  but  dé- 
terminé. 

Un  animal ,  au  contraire ,  est  un  être  organisé , 
fortement  azoté ,  le  plus  souvent  simple  ,  constam-^ 
ment  pourvu  d'un  canal  intestinal  plus  ou  moins 
complet ,  de  fibres  contractiles  et  excitantes ,  près- 


INTRODUCTION.  xlj 

que  toujours  tisibles^  par  conséquent  digérant,  et 
sentant  plus  ou  moins  ses  rapports  avec  les  corps 
extérieurs ,  et  nous  le  démontrant  par  des  mouve- 
mens  subits  que  nous  lui  voyons  exécuter  pour  un 
but  évident. 

Mais  comme  cette  définition  ne  comprend  pas 
tous  les  êtres  organisés  que  Ton  range  souvent , 
sans  trop  savoir  pourquoi ,  parmi  les  animaux,  nous 
gommes  obligés  de  faire  de  ceux  qui  ne  pourraient 
entrer  dans  la  première  section  de  l'empire  orga- 
nique que  parce  qu'ils  n'ont  pas  de  traces  de  canal 
intestinal ,  une  sorte  d'appendice  du  règne  aniùial. 
C*est  ainsi  que  nous  y  plaçons  les  éponges ,  les  faux 
alcTons  ,  les  moléculaires  et  même  les  corallines, 
quoiqu'il  soit  impossible  d'y  appliquer  la  défini- 
tion que  nous  venons  de  donner  de  l'animal. 

C'est  peut-être  pour*  la  même  raison  que  les 
phytologistes  sont  obliges  de  comprendre  parmi 
les  végétaux  les  champignons  et  les  lichens,  quoi- 
que, sans  aucun  doute,  ils  soient  beaucoup  moins 
éloignés  de  la  définition  du  végétal ,  que  les  corps 
organisés  dont  nous  venoits  de  parler  tout  à 
ITicure  le  sont  de  l'animal  ;  mais  qui  cepen- 
dant s'en  éloignent  sous  plusieurs  rapports  impor^ 
tans. 

Nous  admettons  dônc^  sous  le  nom  d'animal,  une 
certaine  combinaison  d'organes  produisant  cer- 
taines forces ,  et  entre  autres  une  force  digestîve 
et  une  force  locomotive  ,  affectant  une  forme  déter- 


xiij  iNTRODtCTiVN. 

minée ,  el  agissant  sur  les  circonstances  extérieures 
d'une  manière  également  déterminée. 

D'après  cela  ,  il  est  évident  que  pour  bien  coû- 
naître  les  animaux ,  il  nous  faut  envisager  et  étu- 
dier successivement  : 

1*  La  structure  ,  la  forme  ,  la  disposition,  les 
rapports  des  différens  organes  dont  la  combinai- 
son produit  tel  ou  tel  animal  ;  ce  qui  constitue 
Tanatomie  ou  la  connaissance  de  l'organisation 
des  animaux  ; 

2^  Le  mode  d'action  de  ces  différens  organes 
en  particulier  ,  et  les  uns  sur  les  autres ,  ainsi 
que  les  résultats  de  ces  actions  pour  produire  tel 
ou  tel  degré  de  vie ,  ou  ce  qu'on  nomme  la  phj"- 
siologie  animale  ; 

3*  La  forme  générale  et  spéciale  que  ces  diffé- 
rentes combinaisons  d'organes  affectent  constam- 
ment ,  et  qui  fait  a  nos  yeux  tel  ou  tel  animal  ; 
l'art  de  le  reconnaître  par  des  moyens  plus  ou 
moins,  artificiels,  de  le  faire  reconnaître  aux  autres, 
et  de  disposer  les  animaux  de  manière  à  faciliter 
l'emploi  de  la  voie  d'analogie  et  d'induction  ;  ce 
qui  constitue  ce  que  je  nomme  la  zoologie  pro- 
prement dite  ; 

4*  Enfin  ,  les  différentes  manières  dont  ces 
combinaisons  d'organes ,  affectant  une  forme 
déterminée,  agissent  sur  les  circonstances  ex- 
térieures, pour  se  nourrir  et  se  propager,  c'est- 
à-dire  les  mœurs ,  les   habitudes  des  animaux  ; 


IHTRODUCTlOIf.  xUi) 

^ui  forme  leur  histoire  naturelle  propremeut 
ie. 

Nous  pourrions  ensuite ,  fort3  de  cette  manièr(* 
fDfisager  complètement  le  règne  animal ,  en 
re  une  application  immédiate  à  Tutilité  de 
omme  en  société ,  en  traitant  de  Tart  de  s'em^ 
?er,  d'ele^er,  de  perfectionner  les  espèces  uti- 
,  de  celui  de  poursuivre  et  de  détruire  les  es- 
res  nuisibles ,  et  enfin  de  Tart  encore  bien  plus 
portaut  de  connaître  les  lésions  dont  le  corps 
imal  est  susceptible  ,  et  d'y  remédier  ;  i;nais  ce 
mit  pour  bien  des  personnes  sortir  des  limites  que 
a  peut  assigner  à  un  traité  des  animaux  ,  que 
1  doit  considérer  essentiellement  à  l'état  de 
ité,  et  qu'en  effet  nous  allons  envisager  comme 
it  et  même  comme  parvenus  à  l'état  adulte. 
Cette  simple  énumération  des  ^diverses  sortes 
pplication  immédiate  de  la  connaissance  des 
imaux ,    parmi    lesquels   nous  sommes  forcés 

comprendre  notre  espèce,  suffira  sans  dout(v 
Dir  bien  faire  sentir  quels  sont  le  but  et  l'impor- 
ice  de  ce  traité.  Démontrer  d'une  part  à  pos- 
tarif  c'est-à-dire  par  une  comparaison  exacte, 
e  l'homme  est  le  chef-d'œuvre,  le  summum 
I  êtres  créés ,  le  seul  qui  puisse  en  concevoir 
Qsembie ,  qui  puisse  sentir  l'harmonie  sublime 

cet  ensemble,  et  remonter  jusqu'à  la  nécessité 
m  Dieu  ,  d'une  âme  universelle  ;  de  l'autre ,  faire 
r  que  si  son  intelligence  peut  s'élever  si  haut 


Xliv  IflTBODCrCTIOR. 

qu'elle  semble  remonter  à  sa  source ^  son  corps  est 
cependant  soumis  aux  mêmes  lois  physiques  que 
tout  l'univers  créé,  et  par  conséquent  rendre  éTi- 
dente  cette  influence  réciproque  du  corps  et  de  Tin- 
telligence  ,  par  des  faits  irrécusables  pris  dans  Té- 
tude  de  tous  les  animaux,  aussi-bien  que  dans 
celle  de.  l'homme  lui-même  ;  tel  est  le  but  le  plus 
philosophique  auquel  nous  puissions  prétendre  : 
mais  il  en  est  un  second  q^'i  ne  l'est  peut-être  pas 
moins  ,  et  qui  offre  une  utilité  plus  immédiate , 
au  moins  en  apparence  ;  c'est  de  montrer  que  les 
systèmes  de  gouvernement ,  c'est-à-dire  les  lois  et 
les  régies  de  la  société  à  laquelle  l'homme  est  né- 
cessairement appelé  par  sa  nature ,  forment  une 
yéritable  science  d'application  ,  ou  mieux  un  art , 
déduit  d'une  science  d'observation,  et  que  par 
conséquent  ils  ne  peuvent  avoir  de  base  que  dans 
l'étude  approfondie  de  la  nature  de  l'homme  com- 
parée à  celle  des  animaux  ;  qu'ils  sont  nécessai- 
rement variables,  progressifs  comme  les  résultais 
de  toutes  les  facultés  de  l'espèce  humaine ,  et  dc- 
pendans  des  circonstances  particulières  dans  les-- 
quelles  existe  la  société  ,  ainsi  que  de  l'âge  auquel 
elle  est  parvenue.  Démontrer  querespècehumaîfie 
>>e  distingue  nettement  de  toutes  les  autres ,  en  ce 
qu'elle  seule  a  reçu  la  faculté  d'améliorer  la  suc- 
cession des  individus  ou  l'espèce,  par  une  édu- 
cation et  une  instruction  proportionnelles  à  l'avan- 
cenient  de  la  société,  ce  qui  convertit  un  besoin 


INTRODUCTION,  xU 

pfajsique  en  un  (JeToir  moral  ;  montrer  enfin  que 
cette  faculté  instinctife,  fixe,  qui  détermine  les 
rapports  innés  nécessaires  d'un  animal  ayee  les  cir* 
constances  extérieures ,  est  devenue  chez  Thomme 
leoiement  instinct  mobile ,  c'est-à-dire  raison  ou 
génie ,  pour  se  proportionner  à  l'état  de  la  société  et 
à  la  difficulté  des  circonstances  dans  lesquelles  il 
peut  Tivre,  sont  des  considérations  qui  entrent  aussi 
dans  le  but  que  nous  nous  sommes  proposé  ,  et 
dont  elles  feront  ressortir  l'importance. 

Fournir  des  bases  aussi  solides  qu'invariables  à 
l'art  de  s'emparer  des  animaux  utiles ,  sans  tendre 
à  leur  destruction,  c'est-àrdire  dans  des  limites 
déterminées  ;  à  celui  qui  les  élève ,  les  modifie 
dans  telle  out  elle  de  leurs  parties,  et  pour  un  but 
d'utilité  plus  ou  moins  immédiate;  à  celui  qui  les 
emploie  comme  force  vivante,  les  nourrit  et  les 
modifie  dans  ce  but;  enfin,  à  l'art  qui  cherche  à 
poursuivre  et  à  détruire  les  espèces  nuisibles ,  entre 
aussi  dans  l'objet  que  nous  nous  sommes  proposé, 
et  lait  voir  que  l'utilité  d'un  traité  des  animaux 
peut  descendre  jusqu*-à  des  détails  presque  do- 
mestiques. 

.  En  admettant  aussi  que ,  dans  les  deux  pfemiëres 
parties  de  ce  traité,  j'aurais  réussi  à  poser  quel- 
ques principes  qui  pussent  servir  à  faciliter  et  ap- 
profondir l'étude  des  lésions  de  différentes  sortes 
dont  les  organes  des  animaux  sont  susceptibles 
dao4.  leur  tissu,  iùiime ,  dans  leur  développement 


dvj  INTRODUCTION. 

OU  leur  décroissement  anomaux  »  et  même  dans  le 
simple  dérangement  des  parties  dont  se  com- 
posent les  appareils  et  les  organes ,  il  est  évident 
que  9  quoique  cela  ne  dût  pas  être  mon  but  direct , 
il  n'aurait  pas  moins  d'importance ,  tu  Tutilité 
immense  dont  serait  aujourd'hui  à  l'art  de  guérir 
une  pathologie  générale ,  parce  qu'elle  pourrait 
conduire  à  une  théinpeutique  rationnelle  que  ùous 
sommes  encore  bien  loin  de  posséder. 

Je  ne  mettrai  pas  non  plus  au  nombre  des  objets 
que  j'ai  eus  en  vue  en  publiant  ce  traité ,  le  désir 
d'attirer  les   personnes  du  monde  qui  aiment  i 
penser,  à  l'étude  de  la  nature.  Quelle  est  cepen- 
dant celle  qui  élève  plus  la  pensée ,  qui  soit  plus 
digne    d'employer    les  facultés  de   l'esprit   hu- 
main j  qui  puisse ,  par  son  immensité ,  rassasier 
plus  complètement    cette  espèce  de  faim  morale 
dont  il  est  de  plus  en  plus  dévoré ,  et  neutraliser 
cette  activité  toujours  croissante  ,  souvent  nui- 
sible  quand  elle    ne  trouve  pas  à  £tre  convena- 
blement employée ,  qui  le  pousse  à  changer  con- 
tinuellement de  position  ?  quelle  est  l'Qccupation 
qui  fasse  éprouver  de  plus  douces  ,  de  plus  inno- 
centes jouissances  ,  qui  attache  avec  plus  de  force 
quand  on  en  a  vaincu  les  premières  difficultés,  qtii 
console  le  mieux  des  injustices  inévitables  de  la 
société ,  qui  rende  plus  indulgent  pour  les  autres  » 
qui  enseigne  mieux  à  se  soumettre  aux  lois  im- 
muables de  la  Providence  ?  quelle  est  enfin  l'étude 


INTROULCTIUX'  xlvïj 

qui  nous  iDtéreNse  davantage  ,  que  celle  de  la  na- 
ture, et  surtout  que  celle  des  animaux  ,  à  cause  delà 
dÎTersîté  presque  infinie  de  leur  org.inisalion  ,  de 
leurs  mœurs  ,  de  la  relation  évidente  de  ces  mœurs 
arec  l'organisation  et  de  leur  ressemblancegraduelle 
atec  l'espèce  humaine?  J'avoue  cependaut  n'avoir 
de  que  très-peu  conduit  par  celte  idée  ;  j'ai  voulu 
r*9eDlîeilement  être  utile  à  la  science  et  à  ceux 
qui  S€  destioent  ^  eu  avancer  les  progrès.  C'est 
ven  ce  but  que  j'ai  dirigé  tous  les  moyens  qui  lui 
appartiennent  et  dont  je  dois  maintenant  dire  quel- 
le cho^e. 
Four  remplir  un  but  aussi  élevé ,  aussi  vaste 
i«  celui  que  l'on  doit  se  proposer  dans  un  traité 
its  animaux  .  les  movens  doivent  être  réfléchis 
et  appropriés.   Voyons  uti  peu  quels  ils  sont  et 

Eels  ils  doivent  être. 
Comme  pour  tout  autre  effort  de  l'esprit  humaiu, 
est  évident  qu'ils  doivent  être  nécessairement 
rapport  avec  la  nature   de  la  science  pour  le 
reloppemenl  et   la  propagation  de  laquelle  ils 
I     Mot  employés  ;  c'est  ce  qui  nous  conduit  directe- 
ment à  rechercher  quelle  est  la  nature  de  la  science 
«ai  traite  des  animaux. 

Toutes  les  connaissances  dont  l'esprit  humain 
ttl  susceptible  forment  un  cercle  ;  mais  elles  peu- 
vent être  distinguées  en  trois  catégories ,  compa- 
rables ,  couime  l'a  fait  notre  illustre  Descartes , 
vu  txeùs  parties  d'un  arbre  :  les  sciences  prélimi- 


i 


Xlvîîj  INTRODUCTION. 

naires,  qui  sont  la  base  des  autres,  sont  les  racines 
de  Tarbrc;  les  sciences  d'obserration  en  sont  le 
tronc  ou  le  soutien  ;  elles  s'appuient  en  effet  sur 
les  sciences  préliminaires,  comme  le  tronc  d*un 
arbre  sur  les  racines;  et  enfin  ,  les  sciences  d'ap- 
plication^ ou  les  arts  ,  sont  les  branches  qui  en 
émanent,  et  qui  réagissent  à  leur  tour  sur  le  tronc 
et  sur  les  racines  elles-mêmes. 

Les  premières  sont  ou  mieux  paraissent  être 
entièrement  de  notre  création  ;  elles  sont  réelle- 
ment appuyées  sur  des  faits  «  mais  qui  sont  pris 
en  nous-mêmes  :  .ce  sont  elles  qui  nous  appren- 
nent à  penser,  à  exprimer  nos  pensées,  à  leur 
donner  Tordre  convenable  pour  convaincre  les  au- 
tres ,  en  les  leur  exposant ,  soit  à  Toreille ,  soit 
aux  yeux ,  par  des  moyens  appropriés. 

Les  secondes  sont  composées  nettement  de  deux 
choses  ,  de  faits  qui  nous  sont  donnés  par  la  na- 
ture ,  qui  sont  hors  de  nous ,  qui  ne  dépendent 
pas  de  nous  ,  et  d'une  méthode  ou  d'un  art  em- 
prunté à  la  série  précédente ,  qui  les  réunit ,  les 
coordonne ,  de  manière  à  en  tirer  des  corollaires, 
à  établir  des  principes  plus  ou  moins  généraux. 

Enfin  les  troisièmes  ,  ou  sciences  d'application, 
sont  les  arts ,  dans  lesquels  les  principes  fournis 
par  une  science  d'obserfatîon,  disposés,  exposés 
convenablement  par  les  sciences  préliminaires, 
sont  appJiquésà  un  but  déterminé,  ou  au  mieux 
être  de  l'hoiiime  dans  l'état  de  société.  Ces  sciences 


INTltODUCTION.  xlîx 

d'application  ou  ces  arts  sont  d'autant  plus  com- 
pliquées,  d'autant  plus  difficiles,  qu'elles  ont  un 
but  plus  élevé.  Comparez  en  effet  Tart  qui  traite 
des  moyens  d'extraire  dé  la  terre  les  matériaux 
propres  à  faire  des  instrumens  aratoires  grossiers, 
â  celui  qui  les  convertit  en  instrumens  propres 
i  mesurer  le  temps ,  ou  à  augmenter  la  portée  de 
DOS  sens  ;  comparez  surtout  ce  premier  des  arts 
pour  l'utilité  immédiate  ,  la  métallurgie ,  à  l'art  de 
gouverner  les  hommes,  de  diriger  leurs  efforts 
vers  un  but  commun ,  ce  qui  caractérise  l'état  de 
«ociété  ,  ou  à  celui  de  rétablir  leur  santé  lésée 
par  des  circonstances  physiques  et  morales;  et 
vous*  verrez  la  différence  énorme  qu'il  y  a  entre 
eux ,  quoiqu'ils  soient  évidemment  de  la  même 
nature. 

D'après  les  caractères  que  nous  venons  d'assi- 
gner aux  trois  catégories  dans  lesquelles  on  peut 
partager  toutes  les  connaissances  humaines ,  et 
qui  constituent  la  philosophie,  il  est  évident  que 
celle  qui  s'occupe  des  animaux  appartient  à  la  se- 
conde ,  ou  aux  sciences  d'observation ,  et  que  par 
conséquent  elle  se  compose  de  faits  et  d'une  mé- 
thode. 

Ses  moyens  sont  donc  : 

1*  L'observation,  ou  l'art  de  bien  voir  les  faits 
quand  ils  se  présentent  à  nous  spontanément  ; 

2*  L'expérience,  ou  l'art  de  faire  naître  les  faits 
sous  nos  yeux ,  à  notre  volonté ,  de  lés  circon-> 


1  liMHODUCTiaN.. 

scrire  d*une  manière  plus  ou  moins  limitée,  dû 
soumettre  les  corps  que  nous  touIods  observer, 
à  telle  ou  telle  action  de  la  part  de  tel  corps  exté- 
rieur ,  en  faisant  momentanément  abstraction  de 
l'action  de  tous  les  autres,  ou  en  éTiiluant  cette 
action  ; 

3^  La  méthode  empruntée  à  la  science  prélimi- - 
naire  de  la  logique ,  et  qui  nous  permet  de  dis- 
poser les  faits  de  manière  à  en  faciliter  non-seule- 
ment le  souvenir  ou  l'exposition,  suivant  qu'on  se 
propose  de  s'instruire  ou  d'instruire  les  autres  ; 
mais  surtout  à  permettre  l'application  de  la  voie 
de  lanalogie  et  de  l'induction  ,  et  par  conséquent 
l'établissement  des  principes. 

Je  ne  parle  pas  de  l'art  d'exposer  ces  faits  par 
le  style  ,  la  p^irole  ou  le  dessin  ,  de  les  faire  passer 
dans  l'esprit  et  dans  la  mémoire  des  autres,  quoi- 
qu'il y  ait  encore  quelque  chose  de  technique  à  ce 
sujet. 

L'observation  appartenant  plus  spécialement  à 
la  partie  de  la  science  des  animaux  qui' traite  ce 
leur  histoire  naturelle ,  je  me  réserve  d'en  parler 
au  commencement  de  cette  partie  de  mon  ou- 
vrage. 

L'expérience  étant ,  au  contraire  ,  plus  particli- 
lièrement  utile  à  la  physiologie,  nous  nous  pro- 
posons aussi  de  discuter ,  quand  nous  serons  par* 
venus  à  cette  partie ,  quels  sont  les  avantages  réels 
et  les  désavantages  dont  les  expériences  peuvent 


INTRODUCTION.  IJ 

être  à  la  science,  suivant  qu'elles  sont  bien  ou 
mal  instituées. 

La  méthode,  quoique  essentielle  dans  toutes 
les  parties  de  la  science  des  animaux ,  étant  en- 
eore  bien  plus  importante  dans  la  zoologie  pro- 
prement dite  que  dans  toute  autre,  nous  nous 
léserYons  d'exposer  alors  quelles  sont  les  mo- 
difications que  la  méthode  en  général  a  dû  éprou- 
ver pour  être  appliquée  à  cette  spécialité.  Nous 
n'allons,  en  ce  moment,  en  parler  que  comme 
de  l'art  de  se  diriger  dans  les  recherches  anato- 
miques. 

Quoique  les  anciens ,  probablement  à  la  suite 
de  tétonnemens  de  même  sorte  que  les  nôtres , 
fussent  parvenus  dans  la  connaissance  des  ani- 
maux à  un  degré  de  perfection  beaucoup  plus  grand 
qu'on  ne  croit  ordinairement ,  comme  le  prouvent 
le  Traité  des  airs  et  des  lieux  d^Hippocrate ,  celui 
des  animaux  d'Aristote,  et  le  savant  ouvrage  de 
Galien  sur  les  usages  des  parties ,  les  recherches 
aoatomiques  ne  furent  soumises  lotag-temps  après 
la  renaissance  des  sciences  eu  Europe  ,  à  aucune 
marche  un  peu  rationnelle. 

La  première  méthode  d'anatomie  fut  évidem- 
ment déterminée  par  la  difficulté  de  se  procurer 
des  cadavres ,  puisque  l'ordre  anatomique  que  l'on 
suivit  était  en  rapport  avec  celui  de  l'altération  des 
parties  :  aussi  commençait-on  par  l'abdomen  et 
les  viscères  qu'il   contient;   l'on   passait^  ensuite 


lij  INTRODUCTION* 

successivement  à  Tétude  de  la  poitrine  et  de  It 
tête  ;  Ton  terminait  enfin  par  les  membres  el  par 
le  squelette,  comme  les  parties  les  plus  faciles  à 
conserver. 

Une  seconde  méthode  plus  chirurgicale ,  et  déjà 
évidemment  préférable,  suivit  bientôt  la  première  i 
elle  consistait  à  envisager  d*abord  le  squelette  , 
puis  les  muscles,  à  quelque  usage  qu'ils  fussent  efDr 
ployés.  L'on  étudiait  ensuite  sous  le  nom  desplanch- 
nologie  tous  les  viscères ,  que  Ton  subdivisait  sui-^ 
vaut  qu'ils  étaient  contenus  dans  Tabdomen  ,  la 
poitrine  ou  la  tête ,  et  sans  avoir  presque  ^ar4 
à  leurs  fonctions  ;  aussi  le  cœur  et  le  cerveau  ,  les 
organes  des  sens ,  entraient-ils  dans  cette  partie» 
L'on  terminait  enfin  par  l'angiologie ,  ou  l'étude 
des  vaisseaux,  et  par  la  névrologie,  qui  ne  com-^ 
prenait  que  les  nerfs. 

Dans  les  temps  modernes  et  surtout  depuis 
Bichat,  l'on  a  ajouté  de  grands  perfectionnemens 
à  cette  méthode  en  la  rendant  peu  à  peu  plus  rigou* 
reusement  physiologique  ;  l'on  a  en  effet  étudié  le 
cœur  dans  l'angiologie  et  le  cerveau  dans  la  névro-r 
logie,  en  rejetant  l'ancienne  division  d'après  les 
cavités  splanchniques. 

Un  a^tre  perfectionnement ,  de  la  plus  grande 
yaleur  d'abord  pour  la  pathologie  et  ensuite  pour 
la  physiologie,  a  été  de  considérer  les  tissus  ou 
systèmes  qui  eatrent  dans  la  composition  des  or- 
ganes »  préalablement  à  l'étude  de  ceux-ci.  C'est 


INTBODCCTION»  Illî 

éfldemment  à  l'école  française  que  cette  innova^ 
tion  définiti?e  est  due. 

« 

Ajoutons  aussi  que  dans  Texamen  des  organes , 
on  cominença  à  cette  même  époque  à  étudier  leur& 
changemens ,  ou  la  manière  dont  ils  s'accroissent 
et  décroissent  dans  le  cours  de  la  vie. 

Ces  améliorations  importantes  dans  la  méthode, 
anatomique ,  qpi  tendaient  à  la  rendre  de  plus  en 
plus  physiologique,  et  dont  la  plupart  sont  dues 
aux  deux  plus  célèbres  anatomistes  français,  Yicq 
ë'Aziret  Bichat,  n'avaient  cependant  encore  trait 
qu'à  l'espèce  humaine;  en  sorte  qu'elles  étaient  bien 
loin  de  pouvoir  être  appliquées  à  l'étude  de  l'orga* 
Disation  animale  en  général.  On  avait  bien ,  et  de* 
puis  fort  long-temps ,  étudié  l'anatomie  de  quel- 
ques animaux  et  surtout  des  mammifères ,  mais 
à  peu  prés  parallèlement  avec  celle  de  l'homme , 
e'est-à-dire  en  suivant  la  même  marche  adoptée 
aux  différentes  phases    de  perfectionnement  di 
celle-ci  :  c'est  ce  que  l'on  peut  voir  même  encore 
dans  les  anatomies  que  Daubenton  a  ajoutées  à 
l'Histoire  naturelle  des  quadrupèdes  de  Buffon.  Ce 
sont  autant  d 'anatomies  particulières  que  d'ani- 
maux, sans  presque  aucun  rapprochement  qui  pût 
servit  à  rétablissement  de  la  science* 

Ticq  d'Aiir,  assez  long-temps  avant  Bichat, 
conçut  le  premier  et  exposa  le  plan  d'une  méthode 
anatomique  véritablement  comparée ,  ainsi  que  ce- 
lui d'une  physiologie,  dans  laquelle  il  envisagea 


liv  INTRODUCTION.' 

toute  la  série  des  animaux  ;  il  l'exécuta  en  partie 
dans  TEncyclopédie  méthodique ,  mais,  il  faut  Ta* 
vouer,  au  moyen  d'une  sorte  de  dépècement  des 
anatomies  spéciales  de  Daubenton ,  de  Pallas  *, 
ainsi  que  des  siennes.  Il  n'en  a  pas  moins  créé  là 
science  ;  il  conçut  ce  qu'est  un  organe  nidimen- 
taire,  comme  le  prouvent  ses  Mémoires  sur  l'os 
incisif  et  sur  la  clavicule;  un  organe  analogue, 
comme  le  montre  sa  comparaison  des  membres 
thoraciques  et  abdominaux  de  l'homme. 

Le  plan  de  Yicq  d'Azir,  assez  généralement 
adopté ,  devait  être  terminé  par  le  premier  qui 
posséderait  une  chaire  d'anatomie  comparée  en 
Europe;  c'est  en  effet  ce  qui  eut  lieu  d'une  ma- 
nière plus  concise,  plus  abrégée,  et  avec  un 
perfectionnement  évident,  provenant  de  ce  que 
le  dépècement  des  anatomies  spéciales  fut  beau- 
coup moins  sensible,  en  même  temps  que  la 
forme  fut  encore  plus  physiologique  et  réelle- 
ment plus  comparative.  Mais  un  inconvénient  réel 
de  cette  forme,  c'est  qu'il  fut  très  -  difficile  de 
s'en  servir  comme  d'un  moyen  d'anatomie ,  tandis 
que  cela  était  très-facile  dans  le  plan  de  Yicq 
d'Azir. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  fut  un  nouveau  pas,  d'une 
grande  utilité  pour  la  science ,  qu'un  corps  de  doc- 
trine, quel  qu'il  fût,  mais  exécuté  en  totalité,  puis- 
qu'il pouvait  servir  d'une  espèce  de  point  d'appui 
pour  ^Uer  plus  loin ,  en  confirmant ,  ep  étendant  ce 


INTKODUGTIOlf.  If 

fo'il  contenait  de  vrai ,  en  corrigeant  les  erreurs , 
et  en  découvrant  de  nouveaux  faits. 

Hais  la  science  ne  pouvait  en  rester  là  :  il  fallait 
poursuivre  cette  étude  des  organes  rudimentaires , 
des  organes  analogues ,  dans  des  animaux  plus  dif*- 
férens ,  plus  éloigpés  de  la  série  ;  il  fallait  faire  une 
plus  grande  attention  au  développement  successif 
d*un  organe  et  d'un  appareil  dans  l'évolution  d*un 
animal  élevé,  et  l'étudier  comparativement  avec 
son  perfectionnement  dans  la  série  des  animaux , 
afin  d'arriver  à  une  définition  générale  et  pres- 
qu'abstraite  de  Torgane,  de  l'appareil  et  de  sa 
fonction;  ce  qui  ne  pouvait  avoir  lieu  sans  des 
progrès  parallèles  de  la  zoologie  et  delà  physiologie. 
C'est  ce  qui  a  été  fait  quelquefois  successivement 
et  plus  souvent  à  la  fois  par  les  anatomistes  fran-- 
çais  et  étrangers,  mais  surtout  par  les  premiers  et 
par  les  allemands  et  les  danois.  C'est  en  continuant 
dans  cette  direction  que  la  science  fera  des  pro- 
grès ultérieurs  et  arrivera  à  la  perfection  dont  elle 
est  susceptible  par  sa  nature.  Il  faut  donc  que  l'a- 
natomiste  soit  bien  convaincu  qu'il  doit  voir  alter- 
nativement avec  les  yeux  de  l'esprit  et  avec  ceux' 
du  corps ,   c'est-à-dire  s'aider  des  corollaires  dé- 
duits d'un  certain  nombre  de  faits,  pour  en  prévoir 
et  en  chercher  de  nouveaux  ;    qu'il  craigne  pres- 
qu 'autant  de  se  traîner  lentement  sur  ce  qu'on  ap- 
pelle Tulgairement  les  faits ,  que  de  se  livrer  à  l'at- 
trait des  hypothèses.  Dans  l'un  et  dans  l'autre  cas  « 


h]  INTRODUCTION. 

il  est  à  craindre  qu'il  ne  voie  pas  ceux-là  tels  qu'ils 
sont,  en  voyant  en-deçà  dans  le  premier  et  au- 
delà  dans  le  second.  Quand  une  science  d'obser- 
vation est  arrivée  à  un  certain  point,  elle  ne  peut 
avancer  qu'en  se  servant  alternativement  de  la  mé- 
thode à  priori  et  de  la  méthode  à  posteriori  :  celui- 
ci  la  base,  celui-là  l'élève  et  la  couronne. 

Les  considérations  à  priori  qui  doivent  servir  à 
guider  l'anatomiste  dans  ses  recherches  sont  : 

!•  La  symétrie,  c'est-à-dire  la  disposition  des 
parties  des  organes,  et  des  organes  eux-mêmes, 
suivant  une  loi  déterminée  par  la  forme  générale 
de  l'animal  et  quelquefois  par  leurs  fonctions  ; 

â*"  La  position  relative  des  organes  par  rapport 
à  l'axe  du  corps  de  l'animal  ou  au  canal  intestinal 
et  à  son  extrémité  antérieure  pris  comme  point 
de  départ  ; 

3*  Les  connexions  ou  rapports  qui  existent  entre 
les  différentes  parties  d'un  appareil  et  quelquefois 
entre  les  appareils  eux-mêmes  ; 

4'La  subordination  ou  l'emploi  d'une  partie  d'un 
appareil  au  perfectionnement  d'un  autre ,  ce  qui 
forme  ce  qu'on  peut  nommer  un  organe  et  une 
fonction  subordonnés; 

5*  La  série  des  développemens  des  différentes 
parties  d'un  organe ,  des  organes  composant  uû 
appareil,  et  même  des  appareils  eux-mêmes,  dans 
tin  animal  considéré  en  lui-même  et  comme  for- 
mant un  degré  de  la  série  ;  ce  qui  permet  de  déter- 


INTRODUCTION.  Ivîj 

jDioer  à  priori  ce  qu'il  y  a  d'essentiel  »  d'acces- 
soire ,  de  perfectionnant  et  même  de  rudimeo- 
taire  dans  les  organes  et  dans  les  appareils. 

6*  La  structure  anatomique  y  normale  et  même 
anomale,  la  composition  chimique  des  organes, 
et  surtout  la  fonction  analysée  à  priori,  donnent 
aussi  lieu  à  des  considérations  de  même  sorte  sur 
lesquelles  il  est  souvent  important  à  l'anatomiste 
de  s'appuyer  pour  apercevoir  plus  complètement 
les  Caits. 

7^  Enfin  il  n'est  pas  même  jusqu'aux  habitudes 
des  animaux  qui  ne  puissent  conduire  à  trouver 
dans  leur  organisation  des  faits  que  l'on  n'aurait 
pas  aperçus  sans  cette  considération. 

D*après  l'ordre  que  j'ai  été  conduit  à  adopter 
pour  donner  une  idée  complète  des  animaux ,  il 
est  évident  qu'il  m'a  été  absolument  impossible  d'é- 
viter d'employer,  même  assez  souvent ,  des  termes 
plus  ou  moins  techniques  dont  l'explication  n'aura 
pas  été  préalablement  donnée ,  et  entr'autres  les 
noms  des  animaux  eux-mêmes  et  ceux  des  groupes 
plus  ou   moins  naturels  que  la  zoologie  établit 
parmi  eux  :  c'est  un  inconvénient  fort  grave  et  dont 
je  sens  toute  Timportance  ;  mais  cela  tient  à  la  na- 
ture même  de  la  science  dont  nous  traitons.  Il  y 
en  aurait  eu  d*absolument  semblables  si  nous  eus- 
sions commencé  par  l'étude  des  formes  ou  par  la 
xoologie  proprement  dite ,  puisque  les  caractères 
dont  nous  aurions  eu  besoin  pour  l'établissement 


Iviij  liNTIlObLCTlON. 

de  la  méthode  se  tirent  d'organes  que  nous  n'eus- 
sions pas  connus.  En  général ,  la  science  des  ani- 
maux forme  un  cercle  qu'il  est  bon  d  étudier  une 
première  fois  en  masse ,  avant  de  descendre 
plus  spécialement  i  Fétude  de  chacune  de  ses 
parties. 

Pour  diminuer  cependant  autant  qu'il  nous 
était  possible  Tinconvénient  dont  nous  venons  de 
parler,  nous  avons  cru  devoir  placer  à  la  fin  de 
cette  introduction  les  tables  synoptiques  de  la 
classification  des  animaux,  telle  que  nous  la  dé* 
velopperons  dans  la  troisième  partie  de  ce  traité. 

Nous  avons  aussi  pensé  que  5  pour  rendre  ces 
principes  d'anatomie  plus  usuels ,  nous  devions 
les  terminer  par  une  table  générale  raîsonnée  dans 
laquelle ,  sous  le  nom  de  chaque  animal ,  sera  ana- 
lysé tout  ce  qui  regardera  son  organisation  ,  avec 
le  renvoi  pour  les  détails  au  volume  et  à  la  page  où 
ils  se  trouveront;  ce  qui  formera  une  espèce  de 
manuel  d'anatomie  qui  pourra  servir  à  guider  les 
commençans. 

Chaque  volume  contiendra  en  outre  une  table 
particulière  pour  les  objets  dont  il  traite,  ainsi 
qu'un  petit  nombre  de  figures  disposées  de  ma- 
nière à  faire  concevoir  l'ensemble  et  les  différens 
points  du  système. 

Les  quatre  parties  qui  doivent  entrer  dans  la 
composition  de  ce  traité  des  animaux ,  et  que  nous 
avons  énumérées  plus  haut,  quoique  formant  un 


INTRODUCTION.  Hx 

tout,  et  quoique  disposées  suivant  un  plan  com- 
mun, n'en  sont  pas  moins  complètement  indé- 
pendantes  les  unes  des  autres ,  de  manière  à 
pouToir  être  presque  indifféremment  réunies  ou 
séparées. 


A. 


'< 


ITPE  ; 
ÏNTOMOZOAIB 

HiXAPODI 

OcTOFOOIf 
^CAfODB 

HiTiBOPOf 

^'■lAKMN 

Arosu.. , 


ACTI5C 

Cil 

ABi 

Zoi 
Zoo 

AMORPI 
Spoi 
Moi 


r. 


r/. 


(5) 


l'HOMHB. 

ées. . .  les  Sinobs. 
les  Sapajous. 

les  Makis. 

les  LoAis. 

les  MvspiTHàQois ,  ou  Aye- Aye. 

les  GALioPimiooBS. 

les  Takdigbadbs. 


.  •  • 


•  •  •( 


{ 


les  PLAHTIQIADBS^  OU  OoTS. 
les  DlGITlGlADIS,  OQ  GluitS. 

les  InsxcTiToiBi. 

les  Tadpu. 

Sous-classe   I« le*  CHiiBOPràiBS. 

MONODELPH) les  Pioqubs. 

les  ioBirris. 

les  GiTAcis. 


•  •  .  •  \ 


les  GbimpbubS)  ou  Ecureuils, 
les  FocissBCBs ,  ou  Rtts. 
les  GouBBDBS ,  ou  LièTFes. 
les  Mabchbdbs,  ou  Gabiais. 


I  «  171  *  D  1/  c    y  le*  Pboboscidibhs  ,  ou  Éléphans. 

tir  r^MxK*^'  { 

les  LaM ARTIIfS. 


les  SoBOHGiTLÉs ,  OU  Daouin. 

les  Pacitdbbmbs,  ou  Rhinocéros. 

les  SoLip&DBs,  ou  Ghevauz. 

les  Bbdtbs,  ou  Gochons. 

(  Camilient» 
les  RuiiiNARfl.. /  Elaphieru. 

I  Cérophorws. 

Sous-dasse  lU        S  '^*  Sabigibs. 
DIDELPHES..;-   -^  le.  P.ALA«G.«. j  ^^^^' 


.  •  *  • 


l'EcHiDir*. 

I'Obh  ITBOBH  yHQDB. 


8AUX, 
M  mena- 
pelviens 


V 


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d'o 
CH 


d'o 
PTILES (   ÉM 


III» 

SA1 


HIBIEIfS 


Apobu.  (LmmpraU)^ 


(6) 


IBrœheit. 
Carfes, 
jroïdc.    .   .  .  SiLUROtOHKs.    .  .    {SUure$), 
igae  et  cjlin.  SuBxHCHéuBoiiM.    {Ut  CohiUt). 

MiïBOsoifu.  .  .   {ieê  Muget). 

ÎLetopotnes. 
(Perches), 
urt.ctcompr.  Lbptosombs.  .  •  .  {Chaiodonf  Zéô). 
ùforme.  .  .  .  Atbactohoiiu.    .    {Seomifre). 

osse  en  avant.  CBrniUMOiiBS.    .j».  .  m 

ifnv:  et  sub-    q  ,  (  Cobie. 

jflinclnquc.  .  (Caiiionytnôt, 

(  Eeheneu* 
Dguo  et  cylînd.  Enchéliiombs.  •  <  CtBpoU. 

(^  Gymnéife. 

dinaire fifnaosoMBB ,(  Codes) . 

ès-épaû.  en  av.  GiPHALOsoMiB  {BtUraehns). 

roilee?àga*u.     HÉrfmosoMBS  (PUuraneete). 

c"omprilée.  *    «"^^'''O'Oiies  (Biennie). 

logue  et  sub-     o  ^ 

cylindrique.      S™««"*"'o«". 

uiforme.  .  .  .   ArEACTOBOun  (Xiphiat), 
à  denti^'^^'^P'^^™^*    Lbptosombs  (Slromatée), 
G N  A  rVng  c l^Jjn^PCU     Subt^hiosoiibs  (Ammodytt). 

Sng  et  en  hand.  Téniosombs  (Tridiiure), 

^"?  \  .'"  ~      ScBBNCHÉLisoiiBs  {Gumnote). 
cyUudnquc.  ^     ^  ^ 

}ng  et  cylind.  ërchélisombs  {AnguiUé), 

EifCHiiLisoifBs.   {Murœnophis), 

POISSONS.^  SYnortkm  (Cyeiojftérc). 

bras BaACHioPTàBBs  (Baudroie). 

Pblvaft&bbs  (Coffre,  Dtodon). 

AcANTHOPTàaBs.  (BaiUtee). 

à  dent^  nulles.  .  .  .  HtriaorriBBS  {Syngnaifte. 

^^^^ ,  SUlipobu.  {EthÊTgums), 

taitM PiLTiPOBM.  {SiUiquet). 

ÂPODBf.  (Lamfroiê), 


poc 

p« 


roM. 

Anneaux 
corps.   . 


dép 


Le  COI] 


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LU,uuiiAiu^aaiiai\i\>uii<¥Wi\iv»iftitv>vy^*vnr>iV**-v'>vvr**^*  »»»»»»»»»»»*o»'>»»' 


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DE  L'ORGANISATION 


DES  ANIMAUX, 


OU 


PRINCIPES 


D'ANATOMIE  COMPARÉE 


»^M^^»V»^>^>Wt< 


S  I*  L'a^atomib  physiologique  générale  ou  comparée  qui  fait  dq  sujet. 
le  sujet  des  deux  premières  parties  de  Tourrage  que  j'ai  i>^fi"»'*°n 
coDçu  sous  le  titre  de  Traité  des  animaux,  est  cette  branche 
âts  sciences  naturelles  qui  s'occupe  de  la  figure ^  de  la  posi- 
tioo,  de  la  structure  et  des  usages  ou  fonctions  des  organes 
nombreux  qui  entrent  dans  la  composition  des  corps  orga* 
nisés  que  Ton  désigne  sous  le  nom  d*animaux.  Les  trois  pre- 
mières considérations  sont  Tobjet  de  Tanalomie  proprement 
dite;  la  dernière  oonstitue  la  physiologie 9  non  pas  celle 
que  Ton  a  coutume  de  désigner  sous  cette  dénomination 
dans  les  écoles  de  médecine ,  et  qui  se  borne    à  étudier 
Tctat  normal  des  fonctions  de  Thomme  ou  de  quelques  ani- 
maux pour  pouToir  reconnaître  leur  état  anomal  ou  ma- 
ladif, et  les  ramener  à  la  santé  par  l'hygiène  et  la  théra- 
peutique; mais  bien  la  science  qui^  généralisant  les  idées  9 
s^élerant  à  des  conceptions  beaucoup  plus  étendues ,  envisage 
tous  les  corps  organisés  anioiaux,  et  s'efforce  d'expliquer 
1.  1 


2  DES   DIVERSES    SOUTES 

par  les  lois  générales  de  la  nature ,  les  diverses  fonctions 
d*où  résulte  la  Tie. 

D*après  cela,  il  est  aisé  de  voir  que  cette  espèce  de  phy- 
siologie ne  peut  se  passer  d'être  appuyée   sur    une   ana- 
tomie  particulière,  que  je  no^vû^evax philosophique  o%k  trans- 
Des  diveriei    cendunte.  Il  est  en  effet  plusieurs  espèces  d'anatomie  très- 

surief  d'aaato- 

«>«•  différentes  dans  leur  but,  et  par  conséquent  dans  leurs  moyens^ 
et  qu'il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  de  définir. 
io pittorMque.  ^^  première,  la  plus  superficielle  de  toutes ,  et  véritable- 
ment  la  moins  importante^  est  Vanatomie pittoresque;  bornée 
presque  à  l'extérieur,  elle  étudie  avec  soin  les  tempéramens 
et  leurs  Jacies,  les  passions  et  leurs  signes,  et  en  général 
tous  les  actes  physiques  et  moraux  qui  nécessitent  ou  pro- 
duisent d'une  manière  plus  ou  moins  immédiate  un  chan- 
gement quelconque  dans  l'extérieur  de  l'homme  ou  des  ani- 
maux que  l'artiste  doit  représenter.  Ce  sont  donc  essentiel- 
lement la  forme  générale,  l'ensemble  et  la  proportion  des 
parties,  les  organes  des  sens,  et  surtout  ceux  de  la  locomo- 
tion passifs  et  actits  qu'elle  étudie. 

Je  ne  connais  pas  d'ouvrage  qui  soit  spécialement  adapté 
à  cette  espèce  d'anatomie,  si  nécessaire  pour  les  artistes  en 
général. 
lO  chirurti-  ^*  sccoude  cspècc ,  bcaucoup  plus  importante  9  puisqu'elle 
a  pour  but  principal  le  moyen  thérapeutique  appelé  opéra- 
tion de  chirurgie  sur  l'homme  et  sur  les  animaux,  est  celle 
que  l'on  peut  nommer  chirurgicale.  Sur  quelque  sujet  qu'elle 
s'applique,  elle  s'occupe  essentiellement  des  rapports  des  or- 
ganes les  uns  avec  les  autres,  de  leur  forme,  de  la  place 
relative  qu'ils  ont  dans  le  tout,  de  la  marche  qu'ils  peuvent 
suivre  dans  leurs  dérangemens.  II  faut  que  l'enreloppe  de 
l'animal  devienne  pour  ainsi  dire  transparente  pour  l'œil  de 
l'opérateur ,  et  que  l'instrument  puisse  aller  sans  hésitation 
agir  sur  telle  ou  telle  partie  d'un  organe  malade,  sans  nuire  à 
aucun  autre  9  ou  en  lui  nuisant  d'une  manière  préTue  et  dé- 


cale 


nANATOMIK.  ^ 

terminée.  Ce  doit  donc  Sirc  ÛTidetnment  l'eiipèce  d'aaatoinie 
b  plus  détaillée.  In  plus  minulieuse.  C'est  ce  qui  permet 
d'axcuser  iusqu'il  un  certain  point  les  anatoinisles  qui ,  93ns 
donner  aucune  altentîon  au  reste  des  animaux,  se  font  pres- 
que un  monde  à  part  de  l'espèce  sur  laquelle  ils  iloiTenl  opérer, 
>c  créent  un  langage  arbitraire  tout  particulier  it  peine  entendu 
des  meilleurs  anatomistes  d'un  autre  animal,  comme  on  en 
peut  voir  un  exemple  remarquable  ches  les  Iiippoloraistes  et 
b  aatbropolomistes  ,  ou  les  vétérinaires  et  les  médecins,  et 
lartout  chez  les  auteurs  anciens.  Cette  mctiiode,  dont  on  ne 
[■talDier  les  avantages  déduits  de  sa  rigoureuse  exactitude, 
ta  aurait  encore  de  plus  grands ,  si  la  marche  qu'elle  em- 
ploie,  ne  disant  presque  rien  k  l'esprit ,  ne  nuisait  réellement 
pn  i  la  mémoire,  et  si  l'anatomie  ainsi  conçue  ne  deman- 
diit  pus  un  temps  beaucoup  plus  considérable  pour  Glre 
ipprise  et  enseignée. 

La  troisième  espèce ,  que  l'on  peut  3 
wUfcafefCtque  Bichnt , quoique  n'envi 
bnnutoe,  a  presque  créée  sous  la  dêm 
(inéraie,  moins  minutieuse  poi 
rapports  des  parties,  insiste  déjà  beaucoup  plus  sur  leurs 
luages;  mais  elle  étudie  surtout  avec  soin  la  composition 
iDïtomique  et  mSmc  chimique  des  orgnncs,  la  prédomi- 
oanee  de  tel  on  tel  élément,  de  tel  ou  tel  tissu  ou  système, 
les  connexions  nerveuses  qui  peuvent  exister  entre  un  organe 
et  UQ  aotre  placé  souvent  à  des  distances  considérables.  C'est 
la  hase  essentielle  de  la  pathologie  ;  cl  par  conséquent  l'ana- 
lotoie  dite  pathologique  n'an  est  qu'une  extension ,  en  mGme 
Inapï  qu'elle  peut  lui  Ctre  d'un  secours  puissant. 
Vanatomie  physiologique  ordinaire  de  nos  écoles  de  mé-  ^ 
!  constitue  la  quatrième  espèce  ;  elle  envisage  bien 
c  les  organes  de  tel  ou  tel  animal  dans  leur  forme, 
r  situation  et  dans  leur  composition  analomique,  mais 
B  l«»  considère  en  outre  dans  Iciir^  rapports  entre  eux, 


raison  nommer   : 
mt  que  l'espèce 


,  la  situation  ,  les 


I 


m 


4  DES   DIVERSES   SORTES 

dans  leur  combinaison  en  appareils ,  et  surtout  comme  con- 
courant à  un  même  but 9  à  telle  ou  telle  fonction.  Elle  8*aide 
de  tous  les  moyens  accessoires  que  lui  fournissent  la  chimie, 
la  physique  9  la  mécanique  et  même  l'anatomie  de  quelque» 
animaux,  pour  arriver  à  l'explication  des  phénomènes.  Mais, 
en  se  bornant  à  l'étude  d'un  seul  animal,  il  est  évident  que 
les  explications  qu'elle  fournit  à  la  physiologie  5  quelquefois 
en  apparence  plus  satisfaisantes,  mais  réellement  toujours 
incomplètes,  peuvent  être  souvent  et  aisément  infirmées, 
zooiogique.       La  cinquième  espèce  d'anatomie  est  celle  que  je  désigne- 
rai sous  le  nom  de  zoolof^itfue ,  ou  d'anatomie  des  animaux. 
Beaucoup  moins  importante  que  les  trois  précédentes ,  si 
l'on  met  avec  raison  l'application  immédiate  au  mieux- 
être  de  l'homme  avant  la  science  même;  mais  aussi  elle  de- 
vient bien  plus  étendue  et  d'une  tout  autre  didiculté,  puis- 
qu'elle embrasse  la  totalité  de  la  série  animale.  Quoique  obli- 
gée de  pénétrer  dans  les  profondeurs  de  l'organisation ,  elle 
se  borne  presque  à  constater  In  présence  de  tel  ou  tel  organe , 
à  en  considérer  la  forme  générale  dans  des  groupes  circons- 
crits. Son  but  est  la  disposition  naturelle  des  animaux  ^  ou 
kur  groupement  d'après  l'ensemble  de  leur  organisation; 
mais  elle  s'inquiète  peu  de  l'analogie  qo*il  pourrait  y  avoir 
entre  des  organes  appartenant  à  des  classes  très-différentes. 
Elle  est  réellement  la  base  de  la  zoologie;  cependant  elle  ne 
suffît  pas,  comme  nous  le  verrons  lorsqu'il  sera  question  de 
cette  science.  C'est  dans  les  ouvrages  de  Pallas  que  l'on  trouve 
le  premier  modèle  de  cette  espèce  d'anatomie. 
hiiosophi.       Enfin  la  sixième  et  dernière,  car,  comme  il  a  été  dit  plus 
ndanie.       haut ,  l'anatomic  pathologique  appartient  à  la  troisième  es- 
pèce^ est  de  beaucoup  la  plus  étendue  et  la  plus  difficile; 
c*iisi  Vanatomie  philosophique^  que  Von  doit  soigneusement 
distinguer  de  l'anatomie  des  animaux  ou  de  la  précédente. 
On  pourrait  peut-être  mieux  la  définir  par  la  dénomination 
à*anatomie  transcendante.  La  plus  profonde  de  toutes  »  sans 


d'anatomie.  5 

s'arrêter  à  des  détails  minutieux  sur  la  forme ,  sur  la  situatiou 
et  même  sur  les  usages  définis  ou  locaux  des  organes  et  des 
appareils 9  elle  généralise  tout,  elle  s'élève  des  faits  aux  abs- 
tractions 9  c'est-à-dire  du  posteriori  au  priori,  et  descend  de 
celui-ci  à  celui-là.  Le  plus  ou  moins  grand  degré  de  déve- 
loppement d'un  organe  est  pour  elle  peu  important,  mais 

'  bien  son  existence,  ses  connexions.  Elle  cherche  à  rendre 
compte  de  la  composition  croissante  ou  décroissante  des  ani- 
maux; elle  suit  un  organe  à  travers  toutes  les  variations 
qu'il  a  pu  éprouver,  et  le  reconnaît  à  quelques  traits  géné- 
raux 9  comme  à  ceux  de  connexion  et  d'usage. 

Son  but  principal  est  réellement  la  physiologie,  ou  l'ex- 
plication des  phénomènes  de  la  vie  par  l'application  des.  Idîs 
générales  de  la  nature. 

Ce  sont  ces  deux  dernières  espèces  d'anatomie ,  l'anatomle 
loologique  et  l'anatomie  philosophique  réunies  sous  la  déno- 
mination à^anatomic  comparée ,  qui  doivent  (aire  le  sujet  de 
la  première  partie  de  cet  ouvrage.  La  manière  dont  nous  l'a- 
vons conçue  nous  permettra  dans  un  espace  assez  peu  étendu , 
vo  Fimmensîté  du  sujet ,  de  mettre  des  lecteurs  attentifs  en  état 
àt  comprendre  les  principes  généraux  de  la  physiologie,  que 
DODS  en  séparons  à  dessein,  et  dont  nous  traiterons  dans  une 
partie  distincte  ainsi  que  ceux  de  la  soplogie,  et  de  coQ- 
lerver  dans  la  mémoire  ce  qui  y  sera  entré  par  le  rai^pQQe-* 
menL 

Le  but  de  ces  principes  d'anatomie  comparée  est  donc  de     bui  de  i>s- 
ùûre  sentir  ce  que  c'est  que  la  physiologie  considérée  d  une  mietiontiidou 
manière  générale  et  applicable  à  tous  les  animaux  9  1^^  ^^P*  dan*  cet  ouvra- 
ports  des  lois  de  la  vie  avec  les  Lois  générales  qui  régissent 
tous  les  corps  de  la  nature,  et  jusqu'à  quel  point  nous  pou- 
vons en  espérer  l'explication.  Elle  doit  aussi  servir  à  établir 
les  principes  de  la  zoologie  sur  des  bases  fixes,  immuables, 
et  par  conséquent  à  la  transformer  en  science,  en  montrant 
CTÎdemmettt  que  ce  n'est  pas  une  simple  nomenclature  > 


n   impor- 
Uoce. 


6  DE  l'ordbx  a  suivre. 

corarae  le  pensent  encore  quelques  esprits  élevés  ;  enfin  on 
pourrait  aussi  la  re^rder  comme  la  base  d'une  histoire  na- 
turelle et  générale  des  animaux  9  ainsi  que  celle  d^une  patho* 
logie  générale. 

moyeu.  Les  mojens  de  cette  anatomie  comparée  sont  essentielle- 
ment l'afialomie  intuitive  des  animaux ,  la  comparaison  des 
organes  dont  ils  se  composent  étudiés  dans  les  accroisse- 
mens  et  les  dégradations  déterminés  par  l'âge  et  en  rapport 
avec  la  place  de  ces  animaux  dans  la  série  9  considérée  pres- 
que comme  un  tout. 

Son  importance  est  évidente  ^  si^  comme  il  n'est  guère 
permis  d'en  douter  9  la  véritable  philosophie  5  la  psychologie 
et  toutes  les  sciences  qui  en  dépendent  ne  peuvent  trouver 
de  base  un  peu  solide  que  dans  la  physiologie  générale  ;  et 
s'il  est  vrai  qu'une  bonne  disposition  générale  des  animaux 
doive  être  telle  qu'elle  permette  d'appliquer  la  voie  d'induction 
et  d'analogie,  et  de  juger  de  la  nature  d'un  animal  inconnu 
par  sa  place  auprès  d'un  animal  connu,  il  est  évident  que 
l'étude  de  l'organisation  qui  détermine  cette  nature  ou  ks 
mœurs,  les  habitudes,  les  qualités,  doit  être  d'une  valeur 
irrécusable,  puisque  par  ce  moyen  il  sera  possible  de  con- 
naître a  priori  les  qualités  utiles  ou  nuisibles  d'une  espèce  9 
et  par  suite  les  moyens  que  l'homme  doit  employer  pour  la 
propager  ou  la  détruire. 

l'ordre  è  S  ^*  L'ordrc  à  suivrc  dans  une  étude  quelconque  n'étant 
pas  aussi  indifférent  que  quelques  personnes  pourraient  le 
croire,  il  ne  sera  pas  inutile  de  rechercher,  avant  que  d'aller 
plus  loin,  quel  est  celui  que  nous  adopterons  dans  cette 
étude  fondamentale  et  rapide  de  l'organisation  des  animaux* 
Commencerons-nous  par  une  extrémité  de  la  série  qu'ils 
forment,  ou  par  l'autre  ?  Ceux  qui  admettent  que  la  méthode 
analytique  doit  être  préférée  dans  toute  espèce  d'enseigne- 
ment, penseront  sans  ^oute  que  nous  devrions  commencer 
par  les  êtres  les  plus  simples ,  les  moins  compliqués  9  d'après 


Miivre. 


DES  ELEUBNS  DIS  iniUAUX. 
le  priiicipe  qu'il  esi  plus  aiïé  de  coniiaitri;  une  maohitie  (ar- 
mée d'un  petit  nombre  de  rouages  que  celle  qui  en  rea- 
fenDc  une  grande  quantité.  Mais,  comme  dans  les  macbinea 
animales  il  nous  est  tout  aussi  dilTicile  ,  ou  peut-être  mieux 
«ncore»  tout  aussi  impossible  de  concevoir  la  vie  dans  la  plus 
>imple  que  dans  la  plus  compliquËe  ;  bien  plus ,  comme  ce  n'est 
MUT«nt  que  par  analogie  que  nous  pouvons  juger  des  fonctions 
d'un  organe,  c'est-à-dire  parce  que  nous  savons  que  nous  lo 
possédons  comme  le  cadavre  que  nous  venons  de  dissùqucr, 
rt  qu'il  sert  chcï  nous  à.  tel  ou  tel  usage  ;  il  nous  semble  ù  la 
Tais  plus  naturel,  plus  logique  et  plus  instructif  de  commcn- 
c«r  par  la  tête  de  la  série  ,  par  l'C'tre  le  plus  compliqué ,  uu 
l'homme,  aûn  de  marcher  autant  que  possible,  Uu  moins  dans 
en  sortes  de  recherche?,  du  connu  ù  l'inconnu,  en  nous 
lidani  arec  art  de  la  voie  de  l'analogie  et  de  l'induction.  Noua 
étudierons  donc  toutes  les  parties  de  l'orgAnisation  en  sui- 
tnt  ia  dêgradaliua  animale;  mais  ccpeiiilant,  pour  ne  pns 
perdre  entièrement  j'avantage  de  la  méthode  inverse,  dans 
iMM  considérations  générales  sur  chaque  appareil  <t  sur  uhaque 
Inctiofi .  nous  en  ferons  une  analjse  rapide  en  qinrchant.du 
limple  au  compose. 

S  5.  ToulcorT>«»iïanlpHulfitre  analyse  dans  son  orçnolsa-  ^ 
Mon  de  (rois  manières  concourant  ail  mGme  but  r.!"  par  le  ' 
talpel  ou  l'intuition  directe  :  c'est  la  méthode  la  ptos  usitée; 
V  par  l'âgs,  c'e«tt-à-dire  en  étudiant  avec  soin  tes  ditTùrans 
rlats  par  lesquels  un  animal  passe  depuis  le  premier  jiislant 
dtta  formation  jusqu'à  celui  de  sa  destruction;  5°  entin  par 
Il  considération  de  la  place  qu'il  occupe  dans  la  sorie  ani- 
Mlt ,  envisagée  pour  ainsi  dire  alors  comme  uo'seul  animal 
doBt  UQ  dogrû  de  dévdbppemeat  uorrespondraic  i  undflgré 

d'organisation.  ■■\t    •    -r.    : 

Quel  que  soit  celui  de  ces  trois  moyens  aiMlytii|nes  i^ae  i 
l'on  emploie  pour  connaître  U  structure  des  animaun,  il  est  > 
«lé  de  se  couvaincie  que  réléuicui  principal  le  plus  généra- 


I 


1 


8  DES   ÉLÉUENS^ 

lement  répandu  et  peut-être  Tunique  est  le  tissu  ceOulain 
appelé  par  quelques  auteurs  aréolaire,  lammaire,  muqueua 
corps  cribieux^  etc. ,  et  qui  n'est  autre  chose  qu'un  compo 
de  filamens  extrêmement  fins,  blanchâtres ,  élastiques ^  ci 
trelacés^  eochcTêtrés  dans  tous  les  sens,  et  formant  ain 
des  aréoles ,  des  yacuoies  de  forme  et  de  grandeur  trës-diffi 
rentes,  dans  lesquelles  peuTent  se  déposer  des  fluides  i 
nature  également  diverse. 

•Ses  propriétés  principales  sont  :  i*  V élasticité,  proprii 
physique  généralement  répandue  ;  a*  Vkygrométricité^  c*est> 
dire  la  faculté  d'absorber  une  plus  ou  moins  grande  quanti 
du  fluide  au  milieu  duquel  elle  est  plongée;  c'est  un  eff 
dépendant  de  la  capillarité  qui  n'est  elle-même  qu'un  simp 
phénomène  d'attraction  moléculaire  5  et  dont  nous  Terroi 
naître  l'absorption  et  la  circulation  des  fluides;  3*  une  aati 
de  ses  propriétés  9  qui  dérive  très-probablement  des  deu 
premières,  est  la  possibilité  d'être  raccourcie  ou  contracâ^ 
très^faiblement  sans  doute  par  l'action  des  agens  extérieurs 
ce  qui  donne  naissance  à  la  contractilité  de  tissu  ott  orgi 
nfqae,  qui.  par  degrés  arritera  à  celle  que  nous  connattroi 
sous  le  nom  de  contractilité  animale. 
-  Mais  ^< pour  jouir  de  cette  dernière  propriété  au  plus  haï 
udecêt!;fé-  degré,  la:fibre  élémentaire  ou  l'élément  générateur  éproui 
»iir  ou  det  une  modification  remarquable  dont  nous  allons  parler  toi 

Dcipaux  lis-  ^  * 

ontysièmes.  ^  rheure.  y  oyons  auparavant  comment ,  sans  changer  bf^ai 
coupr 4e  nature,  si  de  n^est  peut-être  dans  la  disposition  d 
ses  parties,  il  produit  Certaines  modificatiqns  importantes 
oottnattre.  .* 
t...  En.se-  condensant  plus  ou  nàoins  par  l'action  mécaniqn 

mà^e.  ^'  sH^iïpeut-^treicfaimique  du  fluide  ambiant,  le  tîtsu  celiuleii 

forme  le  derme,  partie  principale  de  l'enveloppe  ei(térieured< 

.    -aitknaMXjaiildft^la  peau  qui  ipcûdutt  elle<-même  son  épiderme 

•      que  les  mailles  de  ce  derme  se- remplissent  de  fluides  aqueoi 

muqueiu  dfi'^ridsseuicylapcaarestcmolle;  mais  que  ce  se 


SYSTEMES   OU   TISSUS. 


d*uD  scl  calcaire,  ou  même  de  matière  muqueuse  desséchée, 
elle  derient  plus  ou  moins  dure ,  cassante ,  d'où  résulte 
une  peau  cornée,  calcaire,  ou  coquillhre. 

En  se  repliant  à  Tintérieur  de  Tanimal  pour  former  une 
cafîté  plus  ou  moins  profonde,  en  restant  molle,  très- 
perméable  aux  fluides,  et  surtout  en  se  modifiant  par 
Pinterposition  d'organes  particuliers  de  manière  à  agir  sur  les 
corps  étrangers  arec  lesquels  elle  pourra  se  trouver  en  con- 
tact ,  l'enTcIoppe  extérieure  se  changera  en  une  membrane 
muqueuse. 

Par  sa  disposition  en  filamens  très-serrés,  plus  ou  moins 
allongés,  et  en  se  combinant  arec  une  quantité  presque  dé- 
terminée d'un  fluide  aqueux,  la  fibre  celluleuse  forme  les 
aponéyroses,  les  ligamens  et  les  tendons,  ou  le  système 
fibreux  élastique  ou  non. 

Si  les  fibres  cellulcuses  se  serrent  et  se  condensent  en  res- 
tant cependant  perméables  aux  humeurs  Tirantes ,  et  cela 
pour  empêcher  Tadhéreuce  d'un  organe  arec  les  parois  de  la 
cafité  qui  le  contient,  ou  pour  faciliter  le  mouvement  de 
deux  parties  l'une  sur  l'autre,  elles  produisent  ce  qu'on 
nomme  membranes  séreuses  et  synoviales ,  qui  forment  tou- 
jours des  espèces  de  poches  sans  ouverture,  et  dont  le  rap- 
port avec  le  système  fibreux  est  évident. 

En  recevant  dans  ses  mailles,  et  cela  dans  des  endroits 
déterminés  et  constamment  en  dedans  de  la  peau  ou  du 
derme  proprement  dit,  une  plus  ou  moins  grande  quantité 
de  mucus  concrète  ou  de  molécules  calcaires,  l'élément  gé- 
nérateur produit  les  cartilages  et  les  os. 

Enfin ,  en  se  contournant ,  se  disposant  en  tubes  dont  la 
cavité  n'est  pour  ainsi  dire  qu'une  très -grande  lacune,  et 
qui  n'a  jamais  la  moindre  espèce  de  contact  possible  avec 
les  corps  extérieurs ,  mais  bien  avec  un  fluide  qui  ne  doit 
jamais  être  rejeté  ou  qui  ne  devient  jamais  corps  étranger, 
k  tissu  cellulaire  forme  ce  que  nous  connaîtrons  sous  le 


Système  m 
quem. 


SystéoMl 
lireuz. 


SyttteM  M 
reux. 


Sjftième  u 
•eux. 


Système  v 
culaire. 


»ntnctjle 


10  DES   ELEMENS, 

nom  de  vaisseaux  artériels  5  veineux  et  lymphatiques ,  ou  le 
système  circulatoire, 
oodrirê"^  Le  premier  élément  secondaire  »  que  Ton  peut  parfaite- 
ment concevoir  comme  provenant  de  l'élément  primitif^  est 
celui  que  l'on  regarde  presque  exclusivement  comme  animal; 
c'est  la  fibre  contractile.  Elle  appartient  évidemment  à  la 
peau  ou  à  l'enveloppe  générale  avec  laquelle  elle  est  d'abord 
confondue,  et  dont  elle  se  sépare  de  plus  en  plus  complète- 
ment à  mesure  que  l'animal  s'éloigne  davantage  du  moment 
de  sa  naissance ,  ou  du  commencement  de  la  série  aniipale. 

Cet  élément  est  ordinairement  sous  la  forme  de  fibres  ou 
de  filets  extrêmement  fins ,  plus  ou  moins  allongés ,  de  cou- 
leur et  d'aspect  très-variables  ;  aussi  n'est-il  guère  suscep- 
tible d'être  défini  que  par  la  propriété  dont  il  jouit,  à  l'ex- 
ception de  tout  autre ,  d'être  éminemment  irritable  et  par 
suite  contractile  sous  le  stimulus  d'un  irritant  extérieur  ou 
même  intérieur. 

Cette  fibre  n'est  cependant  jamais  complètement  indépen- 
dante du  tissu  cellulaire,  et  surtout  dq  tissu  cellulaire  fibreux; 
c'est-à-dire  que  par  ses  extrémités  elle  se  continue  évidem- 
ment avec  lui,  et  par-là  s'attache  aux  corps  qu'elle  doit  mou- 
voir. En  sorte  que  l'on  conçoit  que  la  fibre  contractile  ne  soit 
réellement  que  la  fibre  cellulei|se,  dans  les  mailles  de  laquelle 
s'est  déposée  une  certaine  partie  du  sang. 

La  réunion  d'une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  ces 
fibres  contractiles,  d'une  ténuité  extrême,  et  au  moyen  du 
tissu  cellulaire  dans  lequel  elles  sont  plongées,  forme  ce 
qu'on  nomme  nmscle;  d'où  le  nom  de  Jibre  musculaire  ^ 
sous  lequel  cet  élément  secondaire  est  plus  généralement 
connu.  C'est  lui  qui  constitue  la  partie  essentielle  de  la  fonction 
de  la  locomotion ,  ou  de  cette  faculté  qu'ont  les  animaax  de 
changer  en  totalité  ou  en  partie  leurs  rapports  avec  les  corps 
extérieurs  ;  et  c'est  au  milieu  de  ces  fibres  que  se  développe 
le  système  osseux. 


SYSTEMES   OU    TISSUS.  11 

La  conirnclilité ,  c'cst-ù-dire  la  possibilité  qu'a  une  ûbre 
lie  rapprocher  ses  eilrémilés  ea  coDScrvant  sa  dircctioQ  >  que 
nous  verrons  pouvoir  exister  dans  la  Qbre  celluleuïC  i,  des 
Jrgrè$diiréreQS>suivuDt  \a  modiCcationà  laquelle  elle  appar- 
tienl ,  derient  ici  beaucoup  plus  évidente,  beaucoup  plus  Torte; 
elle  o'a  plus  lieu  seulement  par  une  action  irritante  cxlé- 
tieure;  mais  elle  se  manifeste  en  outre  par  le  stimulus  d'un 
iiritaot  intérieur,  ce  qui  produit  l'espèce  de  coolractililé  la 
)ilus  Élevée,  ou  la  coatracliltUi  animale ,  doat  l'aptitude  est 
le  uuumum  de  l'irrita bîli lé. 

Le«  modillcalions  dont  cet  élémeol  est  susceptible,  sont    '*",""|'''' 
en  rapport ,  1*  avec  la  place  ;  2"  un  peu  avec  la  structure ,  et 
Mirtout  arec  la  nature  de  rirrîlant  qui  déttrioine  la  cootrac- 

S'îl  resie  sous  le  derme  extérieur  et  qu'il  soit  soumis  k    sjttiaamvt 
rufluence  de  la  volonté  d'une  manière  tout-ù-fait  évidente ,       >i"ni»|i». 
t'cU  notre  syM(hme  musculaire  sous- dermique ,   ou  le  sys- 
icme  musculaire  de  la  vie  animale  de  Bichal. 

S'il  est  encore  aous  le  derme,  mais  sous  celui  qui  est  con-  ''>|[J''"°  ;;;"* 
lerti  en  membrane  muqueuse  ;  s'il  n'est  soumis  à  l'influencu  muq»™!. 
Jeta  volonté  que  d'une  manière  beaucoup  moins  évidenic, 
cl  iW  n'agit  qu'il  la  suile  de  l'irritation  apportée  par  un  corps 
tlrjDger,  c'est  ce  que  nous  nommons  système  musculaire 
uMu-muqueux,  dont  Bicbat  fait  une  partie  de  son  système 
DiuKolaire  de  la  vie  org.mique. 

Eafio,  si  la  libre  conlraciile  qui  a  pris  un  aspect  tout  dif-  ^'ui'/,"' "'"" 
tcTfOi  ae  développe  plus  profondément  dans  le  tissu  cellu-  ^""^ 
lûre  intermédiaire  aux  deux  parties  de  l'enveloppe  générale  ; 
M  l'inOueace  de  la  volonté  est  enlièrcment  nulle  pour  déter- 
uiosr  i'action  de  sa  contractililé,  cl  si  clic  ne  peut  Télre 
qu'orgnoiquemL-Dl  cl  pcut-êlrc  aussi  par  la  présence  d'un 
ilui<le  tDlérieur  vivant,  c'est  une  modification  bien  plus  pro- 
foode  k  bquelle  on  peut  donner  le  nom  de  système  muscu- 
laire pni/bmi;  ou  uc  le  connaît  encore  que  dans  le  cceur. 


là  DES  ÉLÉHENS. 

iiimeni  se-  L'Irritation  iotérieure  est  le  plus  ordioairement  produite 
uciuoi.  par  le  deuxième  élément  secondaire  j  modiGcation  en* 
core  plus  inconnue  du  tissu  fondamental  ou  cellulaire  »  à 
laquelle  on  donne  le  nom  dejibre  nerveuse,  de  fibre  pro- 
ductrice ^  ou  mieux  peut-être  conductrice  du  fluide  ex- 
citant. 

Encore  moins  généralement  répandu  que  le  précédent 
avec  lequel  ses  connexions  sont  intimes,  cet  élément  est 
encore  plus  caractéristique  des  animaux. 

Quand  il  est  sous  forme  pulpeuse,  sa  diyision  en  fibres  est 
à  peine  sensible ,  et  elle  le  devient  d^autant,  plus  qu'il  tri-- 
loigne  davantage  d*un  centre  d'origine,  parce  que  les  mailley 
du  tissu  cellulaire  dans  lesquelles  se  développe  on  se  dé« 
pose  la  matière  pulpeuse ,  d'abord  beaucoup  plus  larges ,  plus 
rares ,  se  rapprochent  peu  à  peu ,  se  serrent  de  plus  eb  plus  ; 
en  sorte  que  dans  les  cordons  mômes,  ou  ce  qu'on  nomme  les 
nerfs ,  nous  verrons  qu'il  n'y  a  plus  que  du  tissu  cellulaire  f 
mais  modifié  d'une  manière  tout-à-fait  inexplicable  ,  da 
moins  quant  à  ses  fonctions. 

Cet  élément  qui  peut  se  présenter  sous  deux  formes  si  dif- 
férentes, d'où  résulte  ce  que  nous  connaîtrons  sous  les  noms 
de  ganglions  et  de  nerfs,  est  presque  toujours  de  couleur  blan- 
châtre ;  dans  le  dernier  cas ,  il  est  sous  la  forme  de  fibres 
extrêmement  fines  qui  se  réunissent  du  moins  en  apparence 
en  cordons  plus  ou  moins  considérables  et  ordinairement  pro- 
portionnels à  l'usage  des  organes. 

Il  est  toujours  situé  dans  la  profondeur  du  tissu  animal ,  do 

« 

moins  dans  ses  parties  centrales,  car  ses  extrémités  tendent 
à  la  périphérie. 

Par  elle-même  la  fibre  nerveuse  semble  n'éproaver  aucun 
effet  de  l'action  irritante  des  corps  extérieurs,  du  moins  autre 
que  celui  dû  à  sa  contractilité  de  tissu  ;  mais  elle  la  transmet 
ù  la  fibre  contractile  et  irritable  de  manière  ù^iettre  en  jeu  la 
contractilité  de  celle-ci.  £Uc  peut  même  sécréter  où  mieux 


TABLEAU   DES  éLÉMENS  ET  DES   TISSUS.     l3 

stns  doute  accumuler  dans  certaines  de  ses  parties  j  ooërcer 
dans  d*autrcs  un  fluide  généralement  répandu  dans  la  nature, 
et  dont  le  roouTement  intérieur  devient  irritant  ou  excitant 
de  la  fibre  motrice  par  une  action  très-probablement  galva- 
nique. Mais  ce  en  quoi  cet  élément  nous  paraîtra  bien  plus 
extraordinaire  9  c'est  qu'il  est  le  siège  du  sentiment ,  de  la 
conscience,  et  de  toutes  les  fonctions  intellectuelles. 

On  donne  à  cet  élément,  dont  l'existence  est  fort  douteuse , 
ou  mieux  imperceptible  àk  la  terminaison  des  appareils,  à  la 
naissance  des  animaux  les  plus  compliqués  et  même  au  com- 
mencement de  la  ligne  animale^  le  nom  de  système  nerveux 
dans  son  ensemble,  et  de  ganglions  et  de  netfs  dans  les  deux 
différentes  parties  qui  le  composent. 

C'est  aux  modifications  plus  ou  moins  considérables  de  ces    .  Tibi«aaii 

Utsiii  ou  S] 

trois  élémens  de  l'organisation  animale  que  l'on  donne  le 
nom  de  tissus  ou  de  systèmes  ;  voici  ceux  que  nous  adoptons 
et  comment  nous  les  disposons  : 
L'élément  générateur  est  : 

Le  tissu  cellulaire  ou  absorbant.  ' 
Les  élémens  secondaires  sont  : 

A.  La  fibre  musculaire  ou  contractile. 

B.  La  pulpe  et  la  fibre  nerveuse  ou  excitante. 

L'élément  générateur  en  se  modifiant  un  peu,  mais  sans 
cliaoger  beaucoup  ses  principales  propriétés,  produit  un  cer- 
tain nombre  de  systèmes,  que  l'on  peut  partager  en  quatre 
genres  et  en  seize  espèces. 

Le  premier  genre  contient  les  tissus  ou  systèmes  qui  sont 
toujours  réellement  extérieurs  ou  en  contact  avec  Iti  corps 
étrangers. 

Les  espèces  qu'il  renferme  sont  : 

1*  Le  système  dermique,  comprenant  l'appareil  pbané- 
rique  ou  les  systèmes  épidemUque  et  pileux  de  Bicbat. 


l4  TABLEAU    DES   ELÉMENS   ET   DES   TISSUS. 

a*  Le  système  muqueux^  comprenant  l'appareil  crypteox. 

Le  second  genre  est  immédiatement  posé  sous  le  précédent; 
il  appartient  essentiellement  à  la  locomotion  ;  il  comprend  : 

5*  Le  système  fibreux  y  kXhiûqxit  ou  non. 

4*  Le  système  fibro-cartilagfneua:  et  cartilagineux, 

5*  Le  système  osseux. 

Le  troisième  genre  est  dans  la  même  position  que  le  pré- 
cédent 9  dont  il  n'est  réellement  qu'une  partie;  c'est  celui  de 
contact  des  organes  :  il  comprend  deux  espèces  seulement  : 

6*  Le  système  séreux, 

7*  Le  système  synovial. 

Le  quatrième  genre  est  situé  le  plus  profondément  dans  le 
tissu  cellulaire  intermédiaire  aux  deux  parties  de  l'enreloppe 
de  l'animal;  c'est  le  système  yasculaire;  il  se  compose  des 
espèces  suivantes  : 

8*  Le  système  centrifuge  f  ou  sortant  ^  ou  artériel. 

9**  Le  système  centripète ,  ou  rentrant  y  ou  lymphatique  et 


Temeux. 


A.  Le  premier  des  élémens  secondaires  ou  l'élément  con- 
tractile donne  deux  genres  : 

Le  premier  genre  est  constamment  situé  immédiatement 
sous  l'enveloppe  de  l'animal  dont  il  est  toujours  plus  ou  moins 
dépendant  ;  il  comprend  deux  espèces  : 

!•  Le  système  musculaire  sous^dermique, 

a"  Le  système  musculaire  sous^muqucux. 

Le  second  genre  est  situé  plus  profondément  dans  le  tissu 
cellulaire  intermédiaire  aux  deux  enveloppes  ;  il  ne  contient 
qu'une  seule  espèce  : 

3*  Le  système  musailaire  profond. 


COMBINAISON   DHS  E^MENS    ET  DES   TISSUS.         l5 

B.  Le  deuxième  élément  secondaire  ne  donne  également 
lieu  qu^à  deux  genres. 

Le  premier  est  le  système  ganglionnaire,  il  est  formé  de 
deux  espèces  : 

1*  Le  système  gan^ionnaire  pulpeux, 

a*  Le  système  ganglionnaire  non-pulpeux. 

Le  second  genre ,  qui  se  compose  du  système  neryeux  pro- 
prement dit  9  peut  aussi  renfermer  deux  espèces,  qui  sont  : 

i*  Le  système  nerveux  de  la  vie  animale. 
a*  Le  système  nerveux  de  la  vie  organique. 

Hais  il  faut  avouer  que  ces  espèces  sont  liées  entre  elles  par 
des  nuances  intermédiaires,  même  dans  Fhomme  et  les  ani- 
maux de  sa  classe,  et  qu'elles  ne  sont  plus  distinctes  au  delà 
du  premier  type  de  la  série. 

S  4-  ^c  '^  réunion  de  ces  élémens  primitifs  et  secon-  cmnbinaitoot 
daires  et  des  tissus  ou  systèmes  qu'ils  contribuent  à  former    "  *^*'    *** 
pr  des  modifications  plus  ou  moins  profondëé,  et  cela  dans 
des  proportions  extrêmement  variables,  il  résulte  un  assez 
grand  nombre  de  combinaisons  qui,  affectant  des  formes  et 
des  usages  déterminés  j  prennent  alors  le  nom  d'organes. 

Sous  cette  dénomination  à^ organes  (  organa ,  instrumenta )  organn. 
on  entend,  d'après  t'étymologîe  (fpyov) ,  des  espèces  d'instru- 
mens  dont  le  travail  ou  les  fonctions  combinées  donnent  lieu 
â  ce  phénomène  incompréhensible  que  l'on  nomme  la  vie. 

Le  nombre  et  Timportance  de  ces  organes  sont,  comme 
on  le  pense  bien ,  extrêmement  variables. 

Un  appareil  est  un  ensemble  d'organes  concourant  à  une  i^pparni. 
même  fonction  de  quelque  degré  qu'elle  soit. 

\a  fonction  est  le  résultat  de  l'action  d'un  organe  ou  d'un   Fonctioo. 
appareil. 

hàvie  est  le  résultat  plus  ou  moins  immédiat  de  toutes  les   w. 
fonctions. 

Quant  à  la  définition  de  la  vie ,  il  y  en  a  presque  autant  que 


Bnilion  de 
la  vie. 


16         DE  LA  VIE  ET  DES  FORCES  VITALES. 

de  physiologistes.  Pour  les  uns  c'est  Tensemble  des  fooction» 
qui  résistent  à  la  mort;  ce  qui  est  indubitable,  car  c'est  dira 
que  la  vie  est  ce  qui  n'est  pas  la  mort.  D'autres  yeulent  que 
ce  soit  un  mou  rement  de  dehors  en  dedans  et  de  dedans  en 
dehors  ;  ce  qui  ressemble  un  peu  davantage  à  une  définition , 
et  approche  même  de  la  véritable. 

Un  corps  vivant  est  une  sorte  de  foyer  chimique  où  il  y  a 
ù  tous  momens  apport  de  nouvelles  molécules  et  départ  de 
molécules  anciennes;  où  la  combinaison  n*est  jamais  fin 
(si  ce  n'est  dans  un  certain  nombre  de  parties  véritablemeot 
mortes ,  ou  de  dépôt) 9  mais  toujours  pour  ainsi  dire  innisu; 
d'où  mouvement  continuel  plus  ou  moins  lent  et  quelquefois 
chaleur. 

La  vie  est  donc  le  résultat  d'une  sorte  de  combinaison  chi- 
mique,  ou  mieux  le  moment  de  la  tendance  à  la  combinaison 
qui  se  répète  pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  et  avec 
une  énergie  plus  ou  moins  forte. 

Ou  bien,  la  vie  est  l'acte  ou  le  résultat  d'une  combinaison 
in  nisUf  successivement  répétée. 
tnparaNon        Eq  sortc  que  vivre  c'est  contrc-balancer,  du  moins  en  ap* 

forces  vila-  ,  .         -i.  «       i    .        r     r      •        « 

pt  des  forcef  pareucc ,  avcc  plus  ou  moms  d  avantage  les  lois  générales  de 

éne'rales.         *  i.  i  i 

la  nature  ;  je  dis  contre-balancer  et  non  détruire,  parce  que, 
dans  un  corps  vivant ,  il  semble  qu'il  y  ait  toujours  deux 
ordres  de  forces  perpétuellement  agissantes ,  les  unes  vitales 
et  les  autres  générales  f  et,  quoi  qu'on  en  dise ,  tout-â-fait  aussi 
inconnues  les  unes  que  les  autres,  et  en  effet  de  même  na- 
ture ;  mais  elles  semblent  différer,  parce  que  les  unes  sont 
beaucoup  plus  mesurables  que  les  autres ,  quoique  évidem- 
ment les  premières  rentrent  dans  les  secondes.  C'est  même 
l'art  de  rapporter  les  phénomènes  vitaux  aux  lois  générales 
qui  constitue  la  véritable  physiologie.  Sans  cesse  en  action, 
les  forces  vitales  et  les  forces  générales  se  contre-balancent 
continuellement,  et  le  degré  de  vie  est  proportionnel  au  degré 
de  supériorité  des  premières  sur  les  secondes. 


r 


DIVISION    DES    APPAREILS. 


les  ^H 


Il  «st  po»ible  de  conceToir  que  dans  la  nature  tes  unes 
'^luûsent  esisier  sans  les  aiilrcs,  c'est-à-illrc  les  forces 
nlts  saDs  les  forces  TÎialcs  ;  et  c'est  en  effet  ce  qui  a  lieu  dans 
les  corps  brut»  ou  morts,  quoique  chez  eus  il  paraisse  exister 
umnouTement  intestin,  si  ce  n'est  peut-être  dans  ceux  qui  ont 
CDÛn  UDe  forme  dcterminée  d'aprcs  les  lois  de  la  cristallisa- 
tion ;  mais  le  contraire  ne  me  semble  pas  possible ,  c'est-i\-dirc 
l'existence  des  force»  ïilales  sans  les  forces  générales,  d'abord 
parce  qu'elles  en  dériTenl ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  et 
cnsaile  parce  que  pour  que  la  vie  ait  lieu ,  il  faut  un  subslra- 
tuni  nécessairement  corporel  et  par  conséquent  aussi  soumis 
MX  lois  générales  de  la  nature. 

Ces  prolégomènes  absolument  nécessaires  exposés,  et  cela 
avec  le  plus  de  concision  qu'il  nous  a  clé  possible  de  le  faire, 
parce  que  nous  devrons  j  revenir  dans  noaËlémensdephjsio- 
lope  générale,  nous  allons  maintenant  successivement  ana- 
lyser chaque  appareil ,  et  les  orgnnes  dont  il  se  compose  en 
l'eaviwgGant  d'abord  d'une  manière  presque  ab^lraite  et  en 
spccial'isant  ensuite.  D'après  l'oidri;  que  nousavonscru  devoir 
■dopter  nous  commencerons  p.ir  l'ftre  le  plus  compliqué ,  ou 
ritomme,  qui  nous  servira  de  point  de  comparaison,  de  me- 
tan,  et  sur  lequel  par  conséquent  nous  donnerons  plus  de 
détails. 

Uaïi,  ilaos  l'élude  des  orgnnes,  des  appareils  et  des  fonc-  ttt  l'oni 
tions  des  animaux ,  quel  ordre  suivrons-nous  ?  Cette  qnes-  '"*'  ■>" 
lion  n'est  encore  rien  moins  qu'indifférente,  puisque  l'ordre, 
lUns  quelque  science  que  ce  suit,  en  est  réellement  une 
■naljïe  exacte  •  cl  serl  considérabb^ment  â  aider  la  mémoire 
el  par  conséquent  la  comparaison.  Or,  dans  l'objet  que 
nou*  nous  proposons  de  remplir  pnr  ce9  Principes  d'ana- 
lomie.  il  est  évident  que  l'ordre  qui  offre  la  série  des  fonc- 
lioii»  en  action  doit  êlre  préféré  ù  tout  autre.  Cherchons 
Aawr  quelle  est  la  succession  naturelle  de  ces  fondions. 

On  admet  généralement ,  el  il  est  évident  que  fe  but ,  ou 


\ 


I(S  DIVISION 

le  terme  de  toutes  les  fonctions  qu^xécutent  les  organes  plus 
ou  moins  nombreux  des  animaux,  est  la  génération  ou  Ten- 
trclien,  la  succession  et  quelquefois  le  perfectionnement  (i) 
de  Tcspècc;  mais,  poury  parvenir  dans  le  très- grand  nombre 
de  cns,  pour  ne  pas  dire  dans  tous,  il  faut  que  Tanimal  soit 
arrive  à  un  certain  état  de  développement ,  ou  soit  ce  que  Ton 
nomme  adulte;  et  comme  il  ne  naît  pas  tel  9  mais  à  des  de* 
grés  très-différens  de  développement,  et  qu'en  outre  il  peut 
souvent  se  reproduire  un  grand  nombre  de  fois  dans  le  cours 
de  la  vie,  il  a  fallu  une  autre  série  de  fonctions^  pour  ainsi 
dire  préparatoires ,  pour  le  faire  parvenir  à  cet  état  ou  pour, 
l'y  maintenir;  c'est  cette  série  d'où  résultent  l'entretien  et 
l'accroissement  de  l'individu,  c'est-i\-dire  la  nutrition. 

Ainsi  nous  devons  traiter  d'abord  de  l'appareil  et  des 
nombreux  organes  dont  résulte  la  nutrition,  puis  de  ceux 
qui  servent  à  la  génération ,  fonctions  qui  ont  un  but  tout-à- 
fait  opposé  dans  l'individu,  puisque  l'une  produit  son  aug- 
mentation^ son  accroissement,  et  l'autre  sa  diminution,  sa 
destruction  :  toutes  deux  déterminées  par  un  appétit  suivi 
d'un  plaisir  proportionnel  dans  sa  vivacité  à  la  nature  et  à  TiQ- 
tcnsité  de  leur  effet  conservateur  ou  destructeur  de  rindividu. 

On  peut  donner  le  nom  de  faculté  assimilatrice  ou  de 
composition  i\  celle  qui ,  terme  de  toutes  les  fonctions  de  la 
nutrition ,  produit  l'entretien  de  l'individu;  ce  n'est,  comme 
nous  le  verrous  par  la  suite ,  qu'une  modification  de  la  pro- 
priété la  plus  générale  de  la  matière ,  de  l'attraction  molé- 
culaire :  nous  nommerons  par  oi^^osMiouJacultédésassimUa" 
trice  ou  de  décomposition  celle  qui ,  résultat  de  toutes  les 
fonctions  de  la  génération,  produit  la  destruction  de  l'individu 
ou  l'entretien  de  l'espèce;  c'est  au  contraire  une  modification 


(1)  C'est  même  ce  qui  nous  parait  établir  d'une  manière  toul-i-fait 
naturelle ,  les  devoirs  de  chaque  indif  idu  dans  l'espèce  humaine. 


DES    APPAREILS.  }Q 

•Je  cette  autre  propriété  géaéralc  do  la  mntiiïrc,  de  la  répul 
sion  ou  de  l'expaasion.  Nou9  renom  que  tout  l'appareil  de 
Il  nulritioD  agît  de  dehors  en  dedans  ou  par  attraction  vers 
le  corps  vivant,  tandiitjue  celui  de  la  gùuéralion  Agit  en  sens 
ioTcne  de  dedans  en  dehors,  ou  par  r^'pulsion  de  inoléculea 
de  l'intérieur  de  ce  mûme  corps  vivant. 

Le»  difTêrenteg  fonctions  qui  sont  ainsi  destinées  â  produire 
dans  raaimal  le  résultui  de  chaque  faculté  sont  ensuite  par- 
tagées CD  fonctions  de  dlfférens  ordres,  primaires,  secon- 
dureSf  tertiaires,  et  par  conséquent  les  organes  et  les  ap- 
iMceils  ()ui  les  exécutent  se  subdivisent  de  mËnie. 

Nous  suivrons  donc,  dans  l'étude  des  organes  plus  ou 
^ns  nombreux  qui  concourent  au  résultai  de  chaque  fa- 
,  l'ordre  de  l'iniportance  de  leurs  fonctions,  et  nous 
|ue  cela  se  trouve  fort  bien  concorder  avec  celui 
^  U  dégradation  des  animaux. 

ans  les  corps  organisés  animaux,  et  surtout  dans 
X  qui  sont  un  peu  élevés  dans  l'échelle ,  chacune  de  cen 
grwHles  fonctions  primaires  ou  de  ces  facultés  est,  pour  ainsi 
dire,  animalisée,  en  ce  qu'il  y  a  une  partie  de  l'organlsa- 
liOAqui  sert  A  préparer  l'action  de  l'autre  ou  celle  des  organes 
spéciaux,  cil  lu  rendre  beaucoup  plus  énergique  :  c'est  ce 
qui  constitue  les  fonctions  scnsoriales  et  locomotrices. 

Celte  partie,  jusqu'il  un  certain  point  accessoire,  quand 
on  coniidËn:  l'ensemble  des  corps  organisés,  est  commune 
A  chtqne  grand  appareil,  lui  est  également  utile,  souvent 
méoM  indispensable,  et parconséqiient elle  peu tStrc  regardée 
comoïc  appartenante  ù  l'un  et  ù  l'autre  ;  u'existant  que  dans 
reoTeioppe  de  l'animal,  elle  établit  les  rapports  de  celui-ci 
>vtG  les  corps  extérieurs,  dont  elle  reçoit  une  action  plus  ou 
moin»  forte  ,  sans  en  avoir  alors  aucune'sur  eux,  du  moins 
■Uns  le  Irés-grand  nombre  de  cas. 

C'est  cette  enveloppe  qui  donne  une  forme  déterminée 
«Haolmaal,  qui»  les  limitant  d'une  manière  spéciale  dan)' 


UO  DIVISION 

Tespace^  permet  d'appliquer  une  définition  et  un  nom  par- 
ticulier à  chaque  combinaison  d'organes. 

C'est  elle  surtout  qui,  en  se  modifiant  sous  la  forme  d'or- 
ganes des  sens  9  fait  apercevoir  aux  animaux  les  corps  exté- 
rieurs à  eux  et  le  leur  même. 

.  Enfin  c'est  encore  cette  enveloppe  extérieure,  qui,  au 
moyen  d'une  certaine  modification  de  l'une  de  ses  parties, 
formant  le  grand  appareil  appelé  locomoteur^  dont  la  fonc- 
tion est  la  Locomotion ,  rapproche  ou  éloigne  le  corps  orga- 
nisé des  corps  extérieurs  ,  et  commence  ù  agir  sur  eux 
d'une  manière ,  il  est  vrai  peu  importante,  cD  changeant  seu- 
lement leurs  rapports. 

Ce  sont  là  les  fonctions  communes  aux  deux  grandes  fa- 
cultés ;  nous  dcYrons  donc  commencer  par  elles  ;  ce  sont  en 
effet  ces  fonctions  qui  entrent  les  premières  en  action ,  du 
moins  quand  l'animal  est  né.  Elles  ne  sont  exercées  que  par 
des  modifications  de  la  peau  ou  de  l'enveloppe  extérieure. 

Diaprés  cela  l'ordre  que  nous  adopterons  dans  cette  expo- 
sition de  l'organisation  animale  sera  celui-ci  :  nous  traite- 
ions  de  la  forme  générale  ou  extérieure  des  animaux,  et 
par  conséquent  de  l'enveloppe  qui  la  détermine,  de  la  struc- 
ture générale  de  celle-ci ,  des  organes  des  sens  qui  s'y  déve- 
loppent, de  ceux  de  la  locomotion  qui  s'en  séparent  plus  ou 
moins  complètement.  Après  cela  nous  étudierons  les  appa- 
reils de  la  composition  ou  de  la  nutrition,  et  ceux  de  la  dé- 
composition ou  de  la  génération. 

Enfin  nous  terminerons  cette  Anatomie  par  l'étude  de  l'ap- 
pareil qui  s'ajoute,  pour  ainsi  dire,  à  tous  les  autres  et  sur- 
tout à  ceux  de  l'enveloppe  extérieure ,  ou  aux  organes  des  sens 
et.de  la  locomotion.  Ce  nouvel  appareil  est  en  effet,  pour  sa 
placeetpourses  fonctions,  tellement  en  connexion  intime  avec 
ceux-ci,  qu'il  serait  peut-être  convenable  d'en  faire  suivre  im- 
médiatement l'exposition  «  s'il  ne  servait  aussi  au  perfection- 
nement des  deux  autres  appareils.  C'est  du  système  nerveux. 


DE    L  OUVRAGE.  21 

dont  la  fooctlon  est  Tcxcitation,  que  je  yeux  parler.  C'est  évi- 
demment la  fonction  la  plus  éloignée  du  but  ou  du  terme  de 
chaque  grande  faculté  9  et  par  conséquent  la  moins  importante 
en  réalité  9  la  moins  essentielle  en  physiologie  générale ,  et  au 
contraire  la  plus  animale  ou  la  plus  élevée,  comme  la  plus  in- 
compréhensible dans  la  physiologie  spéciale.  Aussi  verrons- 
nous  que  plus  la  fonction  ou  Torgane  qui  appartient  à  un  ap- 
pareil est  éloigné  du  terme  de  la  faculté  9  plus  le  système  ner 
veux  est  considérable  9  important  et  nécessaire ,  et  qu'il  devient 
au  contraire  moins  apparent  9  moins  abondant  et  moins  utile  9 
ù  mesure  qu'on  se  rapproche  davantage  du  terme  où  la  faculté 
de  composition  ou  de  décomposition  entre  en  action. 

D'après  cela  9  cette  première  partie  de  notre  Traité  des 
animaux ,  qui  envisagera  spécialement  leur  organisation  9 
9era  subdivisée  en  quatre  livres,  disposés  dans  l'ordre  sui- 
vant :  , 

Le  premier  traitera  des  organes  et  appareils  communs  omax 
deux  grandes  facultés  de  composition  et  de  décomposition  ^ 

Le  second,  des  organes  et  appareils  propres  à  la  faculté 
assimilatnce  ou  de  composition^ 

Le  troisième,  des  organes  et  appareils  propres  à  la  faculté 
désassimilatrice  ou  de  décomposition  ; 

Le  quatrième  enfin ,  des  organes  et  appareils  propres  à  Uê 
facuUé  excitatrice  de  tous  les  autres. 


t.:    . 


22  DE    l'enveloppe 


LIVRE   PREMIER. 

DES   ORGAJyES    ET    APPAREILS    COMMUNS    AUX    DEUX    FA- 
CULTES   DE   COMPOSITION    ET   DE   DECOMPOSITION. 


CoMidéraUont  Un  corps  vivanl  a  des  rapports  de  deux  genres  arec  les  corps 
qui  existent  dans  la  nature;  savoir ,  ceux  qu'ont  tous  les 
corps  bruts  ou  inanimés  entre  eux,  pour  Téquilibre  du  calo- 
rique 9  de  réiectricité  et  peut-être  même  de  Thumidité;  et 
ceux  qui  dépendent  de  l'état  vivant  où  il  se  trouvé^  et  qui 
modifient  plus  ou  moins  les  premiers.  Mais ,  sans  parler  de 
l'action  plus  ou  moins  morale  que  les  corps  vivans  ont  sur 
ceux  d'une  mênoe  espèce  ou  d'une  espèce  voisine  9  les  rapports 
du  second  genre  sont  encore  de  deux  sortes  ;  les  premiers 
dépendent  de  l'action  des  corps  extérieurs  sur  le  corps  vivant, 
sans  qu'il  y  ait  réaction  de  la  part  de  celui-ci  ;  c'est  ainsi  qu'il 
aperçoit  le  monde  extérieur.  Dans  les  rapports  de  la  seconde 
sorte,  le  corps  vivant  agît  au  contraire  sur  les  corps  étran* 
gers  ,  les  change  9  les  dénature  9  pour  se  les  assimiler  qu  pour 
les  exhaler. 

Heivnveiop-        Mais  dans  ces  différens  rapports  l'action  commençant  ^ 

pc  exlërteure .    „         ,    . 

conskicrée      1  extérieur,  lis  ne  pouvaient  s  établir  que  par  l'enveloppe  d& 

comme  origine  *  t        r  rr 

de  Ions  les  or-  Tanimal  ;  cette  enveloppe  doit  donc  être  regardée  comme  l'o- 
rigine de  tous  les  organes  et  de  tous  les  appareils  qui  feronC 
que  celui-ci  apercevra  plus  ou  moins  complètement  les  corp5 
étrangers,  qu'il  pourra  s'en  approcher  ou  s'en  éloigner,  qu'il 
«pourra  les  absorber  pour  se  les  assimiler,  et  enfin  qu'il  lui 
sera  possible  de  les  exhaler  ou  de  les  rejeter,  après  qu'il5 


CONSIDEREE    EN    GENERAL.  2Ô 

auront  fait  partie  de  lui.  Mais  ^  pour  chacune  de  ces  tonc- 
lions ,  Ton  conçoit  aisément  que  cette  enveloppe  devra  pré- 
senter  des  modifications  importantes  dans  quelques  points 
de  son    organisation  9  modifications     qui  pourront  exister 
dans  une  partie  plus  ou  moins  considérable  de  son  éten- 
due. C*est  ainsi  que  nous  la  verrons  produire  les  organes 
du  sens  général  ou  des  sens  spéciaux  ^  complexes  ou  sim- 
ples (i),  par  le  développement  et  la  modification  de  ses 
parties  essentielles  ou  accessoires  (2)  ;  c*est  ainsi  que  nous 
Terrons    sortir  l'appareil  de  la  locomotion  par  Tacçroîsse- 
ment  de  son  élasticité  qui  deviendra  contractilité  9  puis  irri- 
tabilité dans  un  certain  nombre  de  ses  fibres  qui  s'en  détache- 
root  et  s*en  distingueront  de  plus  en  plus ,  mais  en  conservant 
toujours  la  même  place.  Nous  la  verrous  aussi  par  une  mo- 
dification  d'une  toute  autre  nature  donner  naissance  à  l'ap- 
pareil de  la  digestion  et  de  la  respiration ,  fonctions  dont  la 
source  est  dans  sa  faculté  absorbante  provenue  elle-même  de 
son  hygrométricité  ;  enfin  sa  faculté  exhalante  et  de  décom- 
position, également  dérivée  de  sa  propriété  hygrométrique , 
doQoera  natseance  aux  sécrétions  en  général  et  ù  la  géné- 
ration. 

Il  n'j  aura  donc  que  la  circulation  ou  le  transport  du 
fluide  nutritif  dans  les  animaux  les  plus  élevés  et  dans  leurs 
parties  les  plus  distinctes  9  ainsi  que  l'accumulation  et  lu 
conduite  du  fluide  excitateur  ou  sensilif,  dont  les  appareils 
lie  pourront  pas  être  regardés  comme  sortis  immédiatement 
de  l'enveloppe  extérieure ,  mais  bien  du  système  fonda- 
mental de  cette  enveloppe  elle-même,  c'est-à-dire  du  tissu 
cellulaire;  et  encore,  eu  forçant  un  peu  la  chose,  l'on  peut 
voir  l'origine  de  l'appareil  de  la  circulation  dans  une  dispo- 


(i)  Nous  Terrons  plus  loin  ce  que  nous  entendons  par-là. 
(a)  C'est  autti  ce  que  uoui»  cxpliqucrbos  plus  loin. 


24       DE    l'enveloppe    CONSIDEREE   EN    GENERAL. 

sition  particulière  du  tissu  cellulaire  sorti  de  la  face  interne 
de  Tenreloppe  de  Taniinal. 

On  donne  à  cette  enveloppe  de  Tanimal ,  qui  entoure  de 
toutes  parts  la  masse  de  tissu  cellulaire»  diversement  modifié, 
qui  le  forme 9  le  nom  de  peau,  quand  elle  est  extérieure ,  et 
de  membrane  muqueuse ,  lorsquVIIe  est  intérieure. 

D*aprës  ce  que  nous  venons  de  dire^  elle  peut  être  envi- 
sagée sous  difTérens  rapports;  et  c'est  la  considération  de 
chacun  d*eiK  qui  nous  servira  à  établir  les  principales  divi- 
sions de  cet  ouvrage. 


DE  LA  FORME  GENERALE  DES  ANIMAUX.     2.) 

PREMIÈRE  PARTIE. 

De  t'enveloppe  extérieure  y  considérée  comme  établis^ 
sant  les  rapports  extérieurs  de  l'animal  avec  les 
corps  environnans. 


Nors  afODS  déjà  suffisamment  expliqué  ce  que  nous  en- 
tendons par  cet  ordre  de  rapports  que  nous  pourrions  nommer 
superficiels,  parce  qu'en  effet  ils  se  bornent  à  la  superficie 
de  l'animal  9  du  moins  comparativement  arec  les  autres  qui 
pénètreAt  beaucoup  plus  avant  dans  la  masse  qui  le  forme. 

On  peut  enyisager  l'enveloppe  extérieure  sous  deux  points 
lie  vue  tout-à-fait  différens  ;  dans  le  premier  on  la  considère 
comme  déterminant  la  forme  de  l'animal ,  ou  la  place  qu'il 
occupe  dans  l'espace;  c'est  la  morphologie.  Dans  le  second 
U  peau  est  étudiée  comme  déterminant  la  perception  des 
corps  extérieurs  au  moyen  de  l'appareil  des  sens;  c'est  Vais- 
tUsologie, 

DIVISION  I. 

De  l'enveloppe  de  l'animal  dans  ses  rapports  avec 
l'espace  j  ou  de  la  forme  des  animaux. 

Kh  n'envisageant  d'abord  l'enveloppe  extérieure  que  Dtiaprai 
comme  circonscrivant  l'animal,  que  comme  le  limitant  dans  comm«  li* 
l'espace,  sans  avoir  égard  aux  modifications  qu'elle  pourra    cbmropa 


26  DE   LA    FORME    GENERALE 

éprouver  pour  ses  différentes  fonctions,  nous  nous  trouvons 
naturellement  conduits  à  dire  quelque  chose  de  la  forme  gé- 
nérale des  animaux  9  et  à  définir  quelques  termes  que  nous 
emploîrons  fréquemment 

Je  la  forme  La  formc  générale  que  Tenveloppe  extérieure  détermine 
peut  être  r^guUère  ou  im^guUère, 

^ère.  P^f  forme  irrégulière 9  j*entends  celle  qui  ne  peut  être 

rapportée  à  un  type  général ,  et  qui  par  conséquent  a  besioin 
d*une  définition  particulière  pour  chaque  individu  ;  ainsi 

Uière.  une  épooge ,  une  monade,  un  protée,  ont  une  forme  irré- 
gulière 9  tandis  qu'une  actinie,  une  étoile  de  mer,  une 
moule,  un  poisson ,  un  oiseau,  en  ont  une  régulière ,  c'est- 
à-dire  qu'on  peut  rapporter  toutes  les  parties  qui  les  com- 
posent à  un  point  ou  ù  un  plan  :  je  donne  au  premier 
groupe  le  nom  d'iMOEPnozoAinES,  ou  d'animaux  sans  forme 
déterminée.  Dans  le  second  groupe  qui  contient  la  trèS'- 
grande  partie  du  règne  animal,  c'est-à-dire  tous  les  ani- 
maux qui  ont  une  forme  régulière,  il  y  a  deux  types  géné- 
raux :  l'un  dans  lequel  toutes  les  parties  sont  disposées  en 
rayonnant  autour  d'un  centre  commun;  c'est  ce  que  je 
nommerai  ▲ctinozoâiaes,  ou  quelquefois  animaux  radiaires, 
animaux  rayonnes.  L'autre  type  générai  est  celui  dans  le- 

e.  quel  toutes  les  parties  sont  symétriquement  placées  des  deux 

côtés  d'un  plan ,  que  l'on  peut  supposer  traverser  le  corps  de 
l'animal  d'une  extrémité  à  l'autre  :  c'est  ce  que  je  nomme 
animaux  pairs  ou  aatiozoaiees. 

bée  en  ty-       Les  animaux  pairs  se  subdivisent  ensuite  en  trois  types 
■*«•  secondaires  d'après  une  autre  considération  que  celle  de  la 

forme  générale,  mais  que  je  crois  cependant  utile  d'analyser 
rapidement  par  la  raison  que  j'ai  donnée  plus  haut.  C'est  en 
effet  dans  la  disposition  de  l'appareil  de  la  locomotion  que 
se  trouve  la  base  de  cette  seconde  subdivision  :  le  corps  esl-il 
d'une  seule  pièce  ou  n'cst-il  point  partagé  en  plusieurs  parties 

iicoiMires.   placécs  bout  à  bout,  ce  sont  les  malagoioaiiuks  ou  les  ani- 


0E6    ANIHArX.  37 

uoiluaques  ainsi  nommûs,  parce  que  leur  pcuu  est 
wvsque  toujours  molle;  le  uorps  cl  les  appendices^  quand 
jl  jr  CD  a,  soDt-ils  au  contraire  fracttirùs  ou  composes  de  plu- 
•iturs  parties ,  ce  sont  les  entomozoàikes  ou  les  animaux  ar-  Zaïaa, 
tkuiés,  M  les  arlicululions  sont  visibles  à  l'extérieur  ;  et  ce 

I  osTÉoïoiiBEâ  ou  les  animaujc  -oertébrds,  si  ces  arti-  OiMav. 
'Citlalions  ne  sont  pas  visibles  extérieurement. 

e  parlerai  pas  ici  des  autres  subditisions  que  j'admets 
4uis  la  série  animale,  cl  d'où  résultent   les  claaseS)    les 
ttnlreï,  etc.  ;  elles  appartiennent  entièrement  â  la  zoologie 
1|di  fera  le  sujet  de  la  troisicme  pnrtie  de  ce  Traité;  je  me 
'borne  i,  dire  qu'elles  sont  également  établies  sur  des  caruc- 
firca  extérieurs,  ut  par  conséquent  sur  des  dispositions  de 
'{•rtics  ou  do  forme. 
.    J'ajouterai  seulement  quelque  chose  sur  ta  forme  des  ani-    Divùi 
Max  pairs  ou  sjmèlriques  (1).  Chez  eux,  comme  nous  l'a-  mtma> 
«n»  déjA  dit ,  on  conçoit  un  plan  vertical  qui  partage  le  corps 
•  Jeux  parties  égales  dans  toute  sa  longueur;  l'une  ii  droite, 
iM  Tautra  à  gauche  ;  c'est  le  plan  médian,  qu'on  nomme  la 
rj^ne  médiane,  dont  la  considération  est  toujours  importante  ;  i-i-nc . 
^dle  ett  mOmc  quelquefois  indiquée  par  une  disposition  anato- 
Aique  plus  ou  moins  éiidcnte,  comme  dans  l'homme,  par 
^fniDple,  et  surtout  dans  certains  enlomoslracés  et  dans  les 
|W)Uu»qac»  biraUcs,  où  les  deux  pièces  qui  composent  la 
_WqBilIe  se  meuTCDt  l'une  sur  l'autre  dans  ce  plan.    On  dis- 
inpM  ensuite  les  bords  Uc  ce  plan  en  ligne  dorsale  et  en      a.<t, 
te  veiUraie,  suivant  sa  position  iV  la  partie  supérieure  ou  â  .  va' 
t^h  pwtie  inférieure  du  corps. 


[>)  le  doi)  arctlir  11c  (l>n*  '^  conii  dira  lion  de  U  formo  des  i 
nu  pain,  dam  U  diitiaction  du  cù\i  droit  du  cûlé  gauche,  je  w. 
Die  loujoatt  que  l'aDimal  csl  ptarù  tai  le  aat  la  foce  abdominale 
I*,  H  l'eilrémilii  ccplialiquc  eu  avanl ,  comme  s'il  maicbait  d':' 
Awirateut  danila  mtoc  dîrvcUuii  nav  lui. 


ta 


cdU>s. 


âS  DE    LA   FOBME    CÉNÉRALK 

Par  le  passage  de  ce  plan ,  le  corps  est  difisc  en  deux  par* 
lies  égales ,  une  è  droite  et  Tautre  à  gauche  ;  chacune  d'elles 
peut  aussi  être  supposée  partagée  en  deux  autres  portion» 
plus  ou  moins  inégales  par  un  second  plan  horizontal  perpen- 
diculaire au  premier.  Les  bords  de  ce  plan  forment  ce  qu*on 
Nii«nie.  nomme  ligne  latérale.  Elle  est  double ,  Tune  à  droite  et  l'autre 
à  gauche  ;  elle  donne  encore  quelquefois  lieu  à  des  considé- 
rations assez  importantes. 

iadis9«m-        C'est  dans  la  direction  de  cette  liene  latérale  et  par  con- 
cèdes deux  or 

séquent  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane  que  se  dispose  à 
droite  et  à  gauche  ou  d'une  manière  paire  la  plus  grande 
partie  des  organes  j  d'où  il  suit  quMl  y  en  a  un  semblable  à 
droite  et  à  gauche.  Jamais  cependant  cette  similitude  n'est 
'  absolument  exacte  9  et  sans  qu'on  en  ait  encore  trouré  une 
bonne  raison,  l'organe  du  côté  droit  est  toujours  un  peu 
plus  développé 9  un  peu  plus  fort,  et  même  assez  souTcnt 
un  peu  plus  antérieur  que  son  correspondant  du  côté  gauche; 
en  sorte  qu'il  entre  to;j jours  le  premier  en  action.  C'est  en- 
core un  fait  observé  que  la  similitude  dans  les  organes  des 
deux  côtés  d'un  même  appareil  est  d'autant  plus  grande,  que 
cet  appareil  est  plus  animal  ou  plus  extérieur,  et  au  contraire 
d'autant  moindre  qu'il  est  plus  intérieur  ou  plus  organique; 
c'est  en  effet  un  des  caractères  donnés  par  Bichat,  pour  par- 
tager les  appareils  en  ceux  de  la  yîe  animale  et  ceux  de  la 
yie  organique  ;  mais  ce  caractère ,  réellement  de  peu  d'ioi- 
portance  dans  les  mammifères  et  même  dans  l'homme ,  ne 
peut  plus  être  d'aucune  utilité  dans  les  animaux  des  autres 
types ,  où  tous  les  organes  deviennent  sensiblement  pairs  et 
semblables ,  comme  dans  tous  les  entomozoaires ,  dans  la 
plupart  des  malacozoaîres  et  dans  tous  les  actinozoaires. 
Car  si  dans  ces  derniers  animaux  la  forme  générale  du  corps 
n'offre  pas  une  disposition  paire,  encore  peut-on  l'y  conce- 
voir, elle  se  trouve  du  moins  dans  chaque  rayon  composant. 
Mais  ce  n'est  pas  seulement  dans  les  organes  et  les  appen* 


BES   AXIMVtiX.  29 

de»  animaux  paii-s  que  s'observe  une  disproportion  plu» 
M  moins  CTidcntc,  soit  dans  le  <16TeloppeDicnl,  aoit  même 
âàtts  la  position  plus  avancée,  enire  ceux  du  côté  dioit  et 
ceui  du  cAlê  gauche,  comme  le  font  voir  tous  les  animaux  et 
Boa  pas  l'homme  seulement ,  comme  on  l'a  cru  ;  il  en  est,  i 
4B  qu'il  me  semLIei  de  tnËœe  des  deux  côtés  du  tronc  pro- 
'jRmenl  dit  (i). 

Malgré  la  singularité  et  la  fixité  de  cea  difTérences  de  po- 
tion et  de  développement  du  cOté  droit  des  animaux  pairs  , 
ne  sont  cependant  que  très-rarement  nsseï  considérables 
nous  obliger  ii  la  description  des  deux  parties  correspon- 
ilesd'unorgane;  en  sorte  que  dans  le  cours  de  cet  ouvrage 
n'en  décrirons  presque  jamais  qu'une.  Noua  i'erons  i'i 
I  prés  de  même  pour  les  organes  ou  parties  qui  occupent  la 
le  médiane,  et  qui  ne  forment  qu'une  pièce  dans  la- 
lUe  le»  deux  cGtés  sont  similaires;  nous  nous  bornerons 
ei  i  ne  décrire  que  l'un  des  doux;  ce  sont  ces  pièces  ou 
organes  que  nous  nommerons  symétrif/iies  ou  mdtJians, 
dit  que  ceux  qui  seront  places  de  chaque  c6té  sont  des 
floes  pain  ou  taùfrattx. 

Dans  celte  dernière  catégorie  se  rangent  les  membres, 
hHDieux  ,  pour  employer  un  terme  générique  ,  les  appeii- 
WttSf  que  nous  définissons  des  organes  extérieurs  servant  à 
en  usages  très- diffère  us  et  développés  par  paire  sur  les  pur- 
tin  Utéra  les  du  corps  d'un  animal  ;  ainsi  nous  dirons  qucl- 
fMfoîi  les  appendices  des  gens  spéciaux,  les  appendices 
.booiDOieur»,  simples  ou  complexes,  ceux  de  la  mastlcu- 
lÎH;  quelquefois  même  nous  cmploirons  ce  terme  pour 
In  organes  de  la  respiration,  pour  ceux  de  la  génération. 


,  (i;  C'eit  c 

qui  raep 

tîlt  la  cause  pou 

laqutlli.'  terlainr»  cipicc* 

:*.olla^u. 

Cëph.[,ii 

quand  i-llci  l'cD 

oulcnl  CD  ipirale,  le  Tonl 

ïlUtlDUDCDl 

à  droite, 

1  moins  que  d'an 

omalic,  de  mËme  que  Ici 

IliauBi  i^Ni  - 

tr  meuveni 

,^c  le  irouc  tnén 

r.  iio»  appendice»  librcj  l<- 

I 


:a  comme QÇBDl  la  premiicc  ii 


ntre. 


n. 


net  ou  cd- 
téf. 


némilëfl   do 
irooc. 


rîsion  du 
irouc. 


été. 
on. 
!>itrioe. 

')doinen. 


3o  DE    LA   FORME    GENERALE. 

On  donne  aux  différentes  faces  du  tronc  des  animaux  des 
dénominations  particulières  qu'il  sera  également  bon  de  con- 
naître et  de  définir. 

Ainsi  le  ventre,  ou  la  face  abdominale,  est  en  général  le 
côté  qui  se  trouve  regarder  le  sol  sur  lequel  l'animal  s'appuie 
dans  la  locomotion,  celui  où  se  terminent  aussi  le  plus  souvent 
les  orifices  de  l'appareil  de  la  digestion  et  de  la  génération.  - 

Le  dos  est  la  partie  qui  lui  est  opposée ,  ou  qui  regarde  le 
ciel  dans  la  station  ou  dans  la  locomotion  ;  à  moins  qu'elle 
ne  soit  verticale,  comme  dans  l'homme,  et  alors  il  devient 
postérieur,  le  ventre  ou  la  face  ventrale  étant  antérieure  (i). 

Les  flancs  ou  les  côtés  sont  à  droite  et  à  gauche  des  parties 
du  corps  que  n'occupent  pas  les  faces  dorsale  et  ventrale. 

Enfin  l'une  des  extrémités  du  corps  d'un  animal  pair  est 
nommée  antérieure  ou  céphaUque^  c'est  celle  qui  dans  la  lo- 
comotion se  trouve  toujours  en  avant,  celle  qui  porte  l'ori- 
fice du  .canal  intestinal  que  nous  connaîtrons  sous  le  nom  de 
bouche  ;  l'autre  extrémité  opposée  est  la  postérieure  ou 
anale f  parce  que  c'est  ordinairement  de  ce  côté  qu'est  l'autre 
terminaison  du  canal  intestinal  ou  l'anus. 

Je  dirai  peu  de  chose  ici  de  la  division  du  tronc  des  ani- 
maux en  tctc  proprement  dite ,  en  cou ,  en  poitrine ,  en  ab" 
donien  et  en  queue  ^  parce  que  ces  parties  du  tronc  ne  sont 
que  fort  rarement  distinctes;  je  me  bornerai  à  cette  observa- 
tion ,  que  la  tête  est  un  rendement  plus  ou  moins  considé- 
rable de  la  partie  antérieure  du  corps;  que  le  cou  est  au 
contraire  un  rétrécissement  entre  cette  tête  et  la  poitrine  ; 
que  celle-ci  et  l'abdomen,  souvent  confondus,  forment  ce 
qu'on  appelle  quelquefois  le  tronc  proprement  dit ,  et  qu'on 


(i)  Il  ne  faut  cependant  pas  prendre  à  la  rigueur  que  le  mode  de 
locomotion  détermine  la  distinction  des  deux  faces»  dorsale  et  ventrale. 
Eu  effet,  il  est  des  animaux  qui  nagent  constamment  snr  le  côté» 
comme  les  plcuronectes  ,  ou  dans  une  position  renversée ,  comme  le» 
glaucos,  ieti  huilées,  les  lymoéei  et  plniicuis  autres  mollusques. 


DES    ANIMAUX.  .)1 

lie  les  distingue  que  d*une  manière  très-artiûcicllc  et  eu 
ayant  égard  à  quelque  circonstance   particulière,   comme 
d'après  les  organes  qui  y  sont  contenus  ;  enfin  la  queue  est     Qœue. 
une  sorte  d'appendice  médian ,  postérieur ,  qui  termine  rani- 
mai ,  et  qui  est  toujours  beaucoup  plus  étroit  que  le  reste  du 
corps.  On  ne  doit  cependant  donner  rigoureusement  ce  nom 
qu  a  la  partie  qui  dépasse  Tanus  ou  la  terminaison  du  canal 
intestinal  9  et  peut-être  mieux  encore  la  cavité  abdominale  : 
dans  le  cas  contraire  y  c*est  un  abdomen  caudiforme  ,  plutôt 
qu'une  queue  proprement  dite. 

J'ajouterai  que  dans  les  animaux  articulés  extérieurement, 
comme  dans  ceux  qui  le  sont  intérieurement,  c'est-à-dire 
dans  les  entomozoaires  et  les  ostéozoaires ,  chaque  pièce  arti- 
culée du  tronc,  qu'elle  soit  mobile  ou  qu'elle  ne  le  soil 
pas,  sera  quelquefois  désignée  par  les  noms  à*anneau  ou 
à*articulaiion  ;  celui  d'anneau  est  plus  particulièrement  ré- 
serré  aux  entomozoaires ,  et  celui  d'articulation  ou  de  ver- 
tèbre aux  ostéozoaires  :  plus  tard  nous  en  Terrons  la  raison. 
Dans  ces  deux  types,  l'animal  peut  être  regardé  comme 
formé  d'une  série  plus  ou  moins  considérable  d'anneaux  ou 
d'articulations  placées  bouta  bout,  quelquefois  assez  simi- 
Uircs  dans  tout  ce  qu'ils  renferment,  pour  qu'on  puisse  y 
voir  une  chaîne  de  petits  animaux  composans ,  comme  dans 
les  dernières  espèces  d'entomozoaires.  Dans  les  actinozoaires 
au  contraire ,  que  l'on  pourrait  aussi  considérer  comme  une 
réunion  d'animaux  formant  un  tout,  les  parties  qu'on  peut 
supposer  le  former  sont  disposées  autour  d'un  centre  commun 
au  lieu  de  l'être  sur  une  ligne  droite  ;-  et  alors  il  ne  peut  plus  y 
av^oir  de  distinction  du  tronc  en  ses  différentes  parties  ;  tout 
l'animal  ne  forme  plus  pour  ainsi  dire  qu'une  seule  tête  ou 
qu'une  seule  articulation  ,    qui   se  place  verticalement  la 
bouche  en  haut  ou  en  bas  ;  tandis  que  l'axe  du  tronc  est  hori- 
lontal  dans  presque  tous  les  ostéozoaires ,  les  entomozoaires, 
et  même  dans  une  grande  partie  des  malacozoaires.  Les  der- 


7)2  -  STRUCTURE    GÉNÉRALE 

niers  de  ceux-ci  commencent  cependant  à  offrir  la  disposî^ 
tion  qui  existe  dans  la  très-grande  partie  des  actinozoaires  ; 
mais  c*est  seulement  dans  la  station ,  et  jamais  dans  la  loco^ 
motion.  L'homme  est  le  seul  des  animaux  pairs  qui  affecte 
constamment  et  complètement  une  position  Tcrticale  dans 
la  station,  comme  dans  la  locomotion  générale. 

DIVISION  IL 

De  l' enveloppe  y  considérée  comme  le  siège  des 

organes  des  sens. 

• 

Jusque-là  nous  n'avons  envisagé  Tenveloppe  extérieure 

de  ranimai  que  sous  un  rapport  assez  peu  important ,  du 

moins  eu  apparence ,  et  qui  ne  nécessitait  pas  de  connaître 

la  structure  ou  la  différence  des  parties  dont  elle  se  compose; 

actuellement  il  n'en  peut  plus  être  de  même,  puisque  ses 

fonctions  vont  devenir  beaucoup  plus  élevées  et  dépendantes 

des  modiOcations  de  ces  différentes  parties. 

^eror^anisa-       ^^  I^  cousidérant  dans  son  état  de  plus  grande  complica- 

JTpe.'cpml^'^-  tion  et  sans  avoir  encore  égard  aux  modiûcations  qu'elle  devra 

»9  essentiel  Ira  eprouver  suivaut  ses  usai^es.   1  enveloppe  exteriearc  ou  la 

de  aexix  de      *^  °  **  . 

crfectionnc-  peau  sc  trouve  composée  de  six  parties  principales  qui  sont  9 
en  allant  de  dedans  en  dehors  :  1**  la  couche  musculaire  ;  2' le 
derme  ;  3**  le  réseau  yasculaire  ;  4**  1^  pigmentum  ;  5*  le 
corps  papillaire  ou  nerveux  ;  6**  l'épiderme  ;  et  de  deux  parties 
accessoires  de  perfectionnement  qui  sont  :  l'ies  cryptes ,  et 
2''  les  phancres.  Nous  allons  successivement  lés  définir. 
ariief  nsen-  i"  La  couchc  miisculairc  contractile  dont  nous  ne  deyons 
»  La  couche    dire  quc  très  peu  de  chose  ici  parce  qu'elle  appartient  évidem- 

iiiusculaire. 

ment  ù  l'appareil  de  la  locomotion  porte  le  nom  de  peaussier 
ou  de  pannicule  charnue;  immédiatement  en  contact  avec 
le  tissu  cellulaire  qui  forme  la  masse  de  l'animal ,  elle  est  plus 
ou  moins  distincte  de  la  seconde  partie  de  l'enveloppe  qiù 


la  recoum,  et  cite  se  subdivise  «n  Tiilsceaux  plus  ou  moiai 
nonibreus,  suivant  quelques  circonslances  particulières  que 
nous  feroas  connaître  successivemenlù  mesure  que  nous  pur- 
Icrooi  des  organes  des  sens  auxqueU  ils  appartiennent. 

9'  Lederme  {chorton,  tlerma,  cutis)  estbparlic  en  gé- 
Bcral  U  plus  épaisse  de  l'enveloppe  cutanée ,  celle  qui  en  Tait 
Il  base  et  &U  surf-ice  extérieure  delaqnellu  se  dé  veli>ppenl  les 
autres  parties. 

U  est  composé  d'ua  grand  nombre  de  Gbres  de  tissu  cel- 
lulaire dirigées  dans  tous  les  sens  et  Tormant  un  tissu  feutrù 
^usou  moins  serré  suiv.nni  les  parties  du  corps  auxquelles 
il  appartient ,  suivant  lu  groupe  d'aniuiaui,  etc.  Les  ia- 
lentices  par  coRnéquenl  plus  ou  moins  grandes  donnent  pas- 
Mge  aux  nerfs,  aux  vaisseaux  et  même  quelquefois  aux  par- 
lies  de  perfectionne  ment  qui  vont  âsa  surfuce  externe. 

C'est  dans  l'économie  animale  le  tissu  qui  change  le  moins 
sons  le  rapport  de  sa  composition  analomique  et  même  chi- 
■oii)ue',  CD  effet  séparé  soigneusement  des  organes  qui  von  t  for- 
mer leaautres  couches,  il  est  entièrement  composé  de  ûlamens 
cellulaires  tout-j-fait  gélatineux,  dans  les  interTalfes  desquels 
peaveni  cependant  se  déposer  des  corps  inertes  ou  des  seU 
calcaires. 

Quelquefois  entièrement  adhérent  à  la  couche  contractile 
tout-posée  et  presque  confondu  avec  elle,  le  derme  peut 
aussi  ftrc  presque  complètement  libre,  ou  n'en  être  séparé 
que  par  une  cellulosilé  assez  lâche  pour  pouvoir  exécuter  des 
mou  ve mens  indépendaos. 

3°  Lt  naseau  vasculaire  qui  se  trouve  immédiatement  au- 
iltMusdu  derme,  qui  en  occupe  toute  la  surface,  est  eu  gé- 
atnl  excessivement  mince,  si  ce  n'est  cependant  dans  cer- 
taines circonstances  ;  il  est  enlièrement  formé  de  vaisseaux  ar- 
liTÎels,  veineux  et  Ijrmphatiques  (quand  ces  trois  ordres  de 
vaiueauxexbleDl)  ramiûés,  anastomosés  un  très-grand  nom- 
bre de  fois  ;  ce  réseau  se  moule  sur  les  saillies  qui  peuvent  se 
I.  3 


I 


54  STRUCTURE    GÉm^RAiE 

trouver  à  la  superÛoie  du  derme ,  et  il  forme  alors  très-proba- 
blement ce  que  M.  Gautier  a  nommé  les  bourgeons  sanguins. 

4»  upiKmcn-  4**  Lepigmentum  :  cette  troisième  partie  de  FeuTeloppe  gé- 
nérale des  animaux  n'existe  peut-être  pas  toujours  ;  elle  foroM 
à  la  surface  du  réseau  Tasculaire  une  couche  plus  on  moins 
éridente  d'une  consistance  fort  peu  considérable  y  presque 
demi-fluente  et  qui  est  en  effet  composée  entièrement  de 
grains  extrêmement  fins  agglutinés  les  uns  à  côté  des  antres 
sans  continuité  organique  entre  eux,  ni  avec  les  autres  par- 
ties de  la  peau  ;  c'est  »  suivant  moi  9  une  sorte  de  membrane 
presque  artificielle  ou  un  dépôt  qui  est  différemment  coloré 
et  qui  semble  exhalé  par  les  parois  mêmes  des  raisseaux 
veineux.  Il  est  traversé  ainsi  que  le  réseau  vasculai.re  par  les 
extrémités  nerveuses  qui  viennent  se  rendre  à  la  snrûice  delà 
peau ,  quelquefois  sous  la  forme  de  papilles. 

Les  deux  dernières  parties  de  la  peau  que  nous  venons  de 
faire  connaître  d'une  manière  générale  sont  celles  que  depuis 
Malpighi  Pon  comprend  sous  le  nom  de  corps  nfticulairef 
nfseau  de  Malpighi,  reticulare  corpus ,  reticulum  mmcosuMf 
à  cause  de  l'espèce  de  réseau  qu'elles  forment  pour  le  passage 
non-seulement  des  papilles  nerveuses  ^  mais  aussi  des  parties 
accessoires  ou  de  perfectionnement.  L'une  ou  la  prem^re 
est 9  SQÎTant  nous,  la  source  de  la  matière  colorante ^  et  la  se- 
conde est  formée  de  cette  matière  y  ou  en  est  le  dépôt. 

soLec^rpt  pa.  ^*  ^'  corps  pmpiUairc  est  la  cinquième  partie  qui  entre 
dans  la  composition  de  la  peau  ;  on  le  conçoit  peut-être  plus 
aisément  qu'on  n'en  démontre  l'existence ,  comme  Ta  fait  très^ 
justement  observer  Bicbat.  11  paraît  entièrement  fomé  par 
Textrémité  des  nerfs  qui  9  après  avoir  traversé  les  couches  prfr* 
cédentes  9  se  rendent  à  la  périphérie  de  l'animal ,  ou  qui  ea 
naissent  et  qui  quelquefois  prennent  la  forme  de  petites  pa- 
pilles plus  oti  moins  saillantes. 

C'est  à  Malpighi  qu'est  encore  due  la  découverte  ou  la  sup* 
position  de  ce  corps  papillaire.  C'est  de  la  dispoeitioD  parti* 


pillaire. 


De  la  peau.  35 

culïère  de  ces  papilles  et  «urlciul  de  celle  du  derme  que  pro- 
Tiennent  les  sillons  qui  exislent  i.  la  paume  des  maius  el  à  In 
jilunte  des  pieds  du  plusieurs  mamiuirëres. 

Lnassci  graud  nombre  d'auleurs,  le  célèbre  AILinua  Aleut 
lèlc,  ont  admis  l'existence  de  ces  papilles;  d'autrns  au  cun- 
iraire  l'ont  niée ,  el  enire  autres  Perrault  et  Cbcselden. 

6*  Eufin  la  dcrniËre  partie  essentielle  de  la  peau  ,  celle  qui  g„ 
ttt  A  sa  superfieie ,  est  Vépiderme ,  la  surpeau ,  cuticula. 

Connu  des  anciens  el  admis  par  tous  les  modernest  lesaon- 
Ismistes  sont  cependant  partagés  d'opinion  sur  sa  structure, 
NT  sa  nature  et  sur  son  mode  de  production;  suivant  les  uns* 
Ot  entièrement  Tormé  de  lames  ou  de  couches  appliquées  les 
■nés  sur  les  autres,  et  dimtouani  de  Tiialité  à  mesure  qu'elles  se 
npprocbent  davantage  de  la  surface;  d'autres  au  contraire  a'ap- 
pujant  sur  les  ubservntions  microscopiques  de  Leuwenhock, 
pensent  que  l'épîderme  est  composé  d'écaillea  plus  ou  moins 
fines  et  imbriquées ,  ce  que  l'analogie  semblerait  devoir  faire 
adopter  de  préférence.  Suivant  nous ,  ce  n'est  qu'une  matière 
wrate,  rejelée  i  la  surface  de  la  peau ,  assex  souvent  lisse , 
faulres  fois  formant  des  amas  plus  considérables  dans  certains 
Bodroits  ,  d'où  résulte  ce  qu'on  nomme  quelquefois  desècailles. 
Qnaot  i  tes  propriétés,  on  s'accorde  ossce  généralement 
pour  refuser  à  l'épidémie  toute  espèce  de  sensibilité  animale 
tt  mCme  organique;  ce  qu'il  y  u  de  certain,  c'est  qu'il  ne 
coulientDl  raisscanz  ni  nerb.  Mais  alors  comment  se  repro- 
duit-il Pc'est  ce  qu'il  est  asset  difGcile  de  déterminer.  Quelques 
■Qlcurî  ODi  pensé  que  c'était  par  la  pression  extérieure  que  les 
L      couches  le»  plus  externes  de  la  peau  s'endurcissaient;  d'au- 
I      très  que  c'était  une  sorte  d'cxsudalion  de  matéire  cornée  et 
I      dctséeliée ,  une  sorte  d'excrétion ,  ce  qui  me  semble  beaucoup 
I      plus  probable. 

I  Ce  que  l'épiderme  offre  de  plus  remarquable,  c'est  de  se 
^L  i^roduire  quand  il  a  été  détruit,  mais  jamais  quand  le 
^m  éotat  l'a  élè  lui-mCme. 

H. 


I 


36 


STRICTURE    GÉNÉRALE 


Parli««  ace*! 

soires  ou  d« 

p^rfcctionn* 

ment. 


Les  parties  accessoires  ou  de  perfectionnement  de  TenTe- 
loppe  extérieure  des  animaux  forment  deux  genres  assex  dis- 
tincts qui  peuvent  se  subdirlser  chacun  en  un  plus  ou 
moins  grand  nombre  d'espèces  d'après  des  différences  souyent 
importantes  :  le  premier  genre  porte  le  nom  de  crypte j  et  le 
second  celui  de  phanèrc  (i). 

Par  crypte  j'entends  des  organes  folliculaires  simples  ou 
complexes ,  dans  lesquels  la  partie  produite  ou  sécrétée  est 
Tersée  sousi  forme  plus  ou  moins  liquide  et  de  nature  très* 
différente  à  la  surface  de  l'enfeloppe  de  l'animal. 

Un  phanère  est  également  un  organe  folliculaire  j  mab 
dans  lequel  la  partie  produite  ou  excrétée  est  solide  y  cal- 
caire ou  cornée  ^  de  forme  rariable,  et  reste  constamment  à  la 
surface  de  l'animal ,  de  manière  à  être  toujours  risible* 

Dans  ces  deux  genres  d'organes  il  y  a  donc  une  partie  semr 
blable  j  c'est  la  partie  essentielle  ^  la  partie  fondamentale  ou 
productrice  ;  et  une  partie  dissemblable  ou  différente  ^  c'est  là 
moins  importante  ou  la  partie  produite. 
fODacryptr.        Daus  le  cryptc  considéré  toujours  en  général,  Torgane 
producteur  est  formé ,   i*"  d'une  enveloppe  extérieure  fi- 
breuse, percée  à  ses  deux  extrémités;  par  l'ouverture  in- 
terne arrivent  dans  l'organe  les  nerfs  et  surtout  les  vais- 
seaux nécessaires  à  la  fonction^  et  par  l'ouverture  externe, 
quelquefois  prolongée  en  un  petit  canal ,  sort  le  produit  de  l'or- 
gane ;  a*  en  dedans  de  la  membrane  externe  ou  de  la  capsule', 
d'une  seconde  membrane  collée  à  la  face  interne  de  !a  pre- 
mière,  et  qui  est  composée  d'une  très-grande  quantité  de  vais- 
seaux sanguins  proportionnelle  au  renouvellement  néces- 
saire du  produit;  quant  aux  nerfs  qui  entrent  dans  la  com- 
position du  crypte  ils  sont  très-probablement  nuls,  ce  qui  est 


(i)  Le  terme  de  fhanére  que  j'emploie  ici  est  un  mot  nouTeau  oppoté 
dans  sa  signification  k  celui  de  ûrypUi  et  dont  je  Tais  donner  tout  i 
l'heure  la  définition  :  il  est  dérivé  du  mot  grec  ftiftp^  •  évideni,  mmnifêHê. 


If  coulraire  île  ce  que  duu$  nttom  voir   daas  le  phunère. 

L'iat^icur  de  ce  crypte  ou  de  ce  bulbe  aiasi  lornic  est 

npli  par  un  fluide  de  nuture  très-diverse,  séLTété  par  la 

jIMUuLirane  Y.iscul.iire,  et  qui  oprcs  avoir  élu  gardé  plus  ou 

■oins  luDg-lemps ,  est  rejciù  au  dehors  par  l'ouverture  exté- 

du  crjrptei  pour  servir  il  dilTùrens  usages.  Il  peut  bii 

par  sa  nature   dissolvante  ou  invisquanle,  augmcu- 

|.4(r  ractivité  d'une  sensation,  comme  dons  celles  du  goùi 

I  de  l'odorat  i  par  ses  propriétés  ucîdes  ou  de  tuute  autre 

llurc,  exercer  une  sorte  d'action  clii m ique  dans  ladigesUou, 

l  enGu   devenir  une  espèce  de  corps  protecteur  lorsque 

laot  vbqueuXi  graisseux  ou  muqucux,  il  est  verso  à  la  sur- 

M  de  l'enveloppe. 

tin  phanère  considéré  d'une  manière  générale  se  coui-  ■ 
Me  ausai  de  deux  choses  parfaitement  distinctes  :  i'  la 
Vlîe  essentielle  vivante  ,  productrice  ,  interne;  x"  la  partie 
KÎdenlelIe,  morte,  produite  et  externe  :  l'une  est  le  bulbe  «t 
ntre  est  la  partie  évidente  du  phanérc  ou  le  poil. 
Le  bulbe  d'un  phanère  toujours  situé  plus  ou  moins  pro- 
'ment,quelqiierois  môme  sous  le  derme,  est  composé  : 
d'une  première  enveloppe  ezlérieurci  IJbrcuse,  qui  lui 
nne  la  funne ,  cl  qui  est  percée  ù  ses  deux  extrémités  ;  par 
■S  de  ses  oriGces  toujours  interne)  arrivent  les  vaisseaux 
ks  nerfs  en  proportion  variable  qui  doivent  animer  ou  aé- 
iltr;  V  d'une  seconde  enveloppe  vasculaire  formée  pur 
■  ramifications  plus  ou  moins  nombreuses ,  plus  ou  moins 
:s  des  vaisseaux  artériels  cl  veineux  qui  sont  entrés  par 
ToriBce  postérieur  de  la  première  enveloppe;  3°  d'une  Iroî- 
vime  partie  quelquefois  encore  disposée  en  enveloppe  ou  en 
■Minbrane  ,  et  composée  par  le  système  nerveux  qui  a  tra- 
mbranes  pour  pénétrer  dans  le  bulbe, 
teneur  de  ce  bulbe  est  rempli  par  une  matière  plus  ou 
pulpeuse  produite  évidemment  parle  système  vascu- 
da  butbc,    mais  vivante    et  sensible,  du  moius  ttiut 


58  STRUCTURE   GENERALE 

• 

qu'elle  reçoit  des  vaisseaux  et  de»  nerfs ,  et  par  conséquent 
en  continuité  avec  le  reste  de  rorganisalion.  « 

G*est  cette  pulpe  qui  produit  ou  excrèlede  sa  euperflcie, 
la  partie  morte  et  externe  du  phanère  9  celle  qui  lui  a  mérité 
ce  nom  9  parce  que  dans  le  très-grand  nombre  de  cas  elle  est 
extérieure  et  risible. 

tette  partie  évidemment  morte  aussitôt  qu>lle  est  pro-*- 
duite  9  et  de  nature  très-dîiTérente  quant  à  sa  composition  chi- 
mique 9  est  toujours  formée  de  molécules  excrétées  par  la 
pulpe 9  et  souvent  aussi  par  la  membrane  vasculaire  du  bulbe. 
Dans  ce  cas  le  corps  produit  est  composé  de  deux  substances 
de  nature  et  de  disposition  un  peu  différentes  :  la  sabstance 
produite  par  la  pulpe  est  ordinairement  plus  tendre 9  plus 
molle 9  plus  considérable;  les  molécules  qui  la  composent 
se  rangent  ordinairement  à  la  file  les  unes  des  autres  pour 
former  des  espèces  de  filamens9  qui  en  se  collant  dans  leur 
longueur  donnent  pour  résultat  des  espèces  de  calottes  ou  de 
cônes  qui  s*emboUent  les  uns  les  autres  9  et  dont  le  plus  an- 
ciennement formé  est  toujours  le  plus  petit.  L'autre  sub- 
stance 9  produite  par  la  face  vasculaire  de  la  capsule»  est  ordw 
nairement  plus  dure 9  d*un  tissu  plus  serré;  elle  est  toujours 
extérieure  à  la  précédente  9  sur  laquelle  elle  s'applique. 

Cette  partie  du  phanère  est  si  évidemment  morte  qu'elle 
peut  être  reproduite ,  tant  que  le  bulbe  et  surtout  la  pulpe 
existent  et  reçoivent  des  vaisseaux  et  des  nerfs,  et  tant  qu'on 
ne  le  détruira  pas  en  enlevant  ce  qu'il  y  aura  alors  d'excrété. 

C'est  par  des  modifications  conséquentes  avec  sa  fonc- 
tion qu'un  phanère  peut  produire  un  organe  des  sens  plus 
perfectionné  9  comme  dans  ceux  que  nous  verrons  être  les 
plus  spéciaux  9  les  plus  élevés;  ou  bien  un  organe  offensif  ou 
un  instrument  mécanique  9  lorsqu'il  deviendra  ce  que  nous 
nommerons  une  dent;  ou  enfin  un  organe  simplement  pro- 
tecteur9  défensif  ou  offensif,  lorsqu'il  formera  un  poil  ou  une 
pNme  ordinaire»  une  corne»  etc. 


DE   LK   PEJ 

ûfléchisse  su 


39 


Pour  peu  qu'oD  réfléchisse  sur  la  slnicture  <lu  crjple 
Rfll  do  pbanére  considérés  d'une  tnunière  abalraile,  on  verra 
'  VWMB^  ^  rapproche  me  m  évident  qu'il  y  a  entre  ces  deux 

aieUH  coin;  la  structure  de  b  peau  et  la  leur  ;  la  capsule  ù- 
breuïe  e»t  le  derme  :  le  réseau  vasculaire  correspond  ù  la 
membrane  de  ce  nom;  vient  ensuite  quelquefois  un  féri- 
toble  pigmentum  ou  une  matière  colorante,  puis  le  système 
Jltrveu»  ;  il  n'est  pas  uiême  jusqu'à  l'épiderine  de  la  peau  qui 
K^l  son  analogue  dans  la  partie  produite  du  crypte  et  du 
pttanére;  en  sorte  qu'on  pourrait  se  bire  une  idée  de  tes  or- 
ganes en  supposant  à  In  peau  une  dépression  ou  un  petit  en- 
foncement qui  aurait  eutrniné  toutes  ses  parties  composantes. 

Comme  nous  TaTons  fait  observer  en  commençant  Tcxaraen   f»  | 
générai  de  l'organisation  de  l'onveloppi!  de  l'animal ,  toutes  ''■'"' 
les  parties  que  nous  venons  d'y  décrire  ne  s'y  trouvent  pas 
-  Dicessairemeni  ;  ou  mieux  les  unes  peuvent  acquérir  un  dé- 
Bli^ppement  extrême,   tandis  que  les  autres  descendront  ùi 
ttnr  minimum,  au  point  quelquefois  de  n'Sirc  presque  plus 
perceptibles.  Ces  difTérences  seront  en  rapport  avec  l'usnge 
que  devra  remplir  l'enveloppe  dans  certaines  de  ses  parties. 
,  par  exemple ,  quaod  elle  devra  jouir  de  la  Taculté  all- 
iante portée  au  plus  haut  degré,  non-seulement  son  épi- 
i  disparaitra  presque  entièrement,  le  système  vasuu- 
«  acquerra  un  très-grand  développement ,  et  le  derme  de- 
a  très-spongieux;  mais  elle  ne  restera  plus  eii)Oséc  au 
L  ttntict  de  tous  les  corps  extérieurs  indifféremment  ;  elle  pé~ 
n  dans  la  masse  de  tissu  cellulaire  qui  Turme  l'animal, 
blraversera  plus  ou  moins  complètement,  en  un  mol  don- 
absaace  au  canal  intestinal  on  à  un  nppareil  derespi- 
;  c'est  ^  cette  modification  de  la  peau  que  l'on  donne 
riioairement  le  nom  de  membrane  muqueuse.   Nous  en 
■  (■Heroas  nécessairement  en  traitant  des  organes  et  des  appn- 
rctlt  de  la  composition  et  de  la  décomposition  ;  nous  ne  nous 


I 


/|0  CONSIDÉRATIONS   GÉNÉRALES 

occuperons  donc  pas  en  ce  moment  de  cette  modifieatîoo. 
Quoique  nous  ayons  également  considéré  comme  appar* 
tenant  à  TenTcloppe  extérieure  la  couche  contractile  ou  mus- 
culaire qui  se  trouve  au-dessous  do  derme  ,  comme  elle  est 
réellement  Torigine  de  tout  l'appareil  de  la  locomotion  &  Té- 
lude  duquel  nous  avons  aussi  réservé  une  partie  distincte 
de  notre  ouvrage  ,  nous  ferons  encore  momentanément  abs- 
traction  des  modifications  nombreuses  dont  elle  est  sus- 
ceptible dans  cette  partie  importante.  Noos  n^étudierons 
donc  maintenant  que  la  peau  ou  Tenveloppe  tout-à-laît 
extérieure  de  Tanimal ,  en  ne  la  considérant  que  comme  le 
siège  de  Fappareil  général  des  sens.  Si  nous  parlons  de  sa 
couche  mosculaire,  ce  ne  sera  que  de  la  portion  qui  est 
restée  à  la  pead  dans  le  premier  type  des  animaux  »  et  qui 
sert  à  en  mouvoir  les  différentes  parties  essentielles  et  de 
perfectionnement, 
iaèratioia        Mais  avant  que  d'envisager  Tenveloppe  extérieure  comme 
rtpoM  Jet  le  siège  des  organes  et  des  appareils  des  sens  ou  des  fonctrons 
à  l'aide  desquelles  l'animal  aperçoit  les  corps  extérliors,  par 
un  plus  oo  moins  grand  nombre  de  Icors  propriétés  9  il  nous, 
paratt  convenable  de  faire  précéder  cet  examen  anatomiqae 
et  détaillé  de  quelques  considérations  générales  sur  ce  qu'on 
nomme  sens 9  appareil  sensitif,  organes  et  appareils  des  sens , 
sor  leur  nombre  9  sur  leur  disposition  à  la  surface  de  l'animal^ 
et  sor  l'ordre  dans  lequel  ils  doivent  être  étudiés  j  afin  d*en 
faciliter  la  conception  générale  et  particulière,  et  par  suite 
d'èclaircir  la  théorie  générale  de  leurs  fonctions  y  dont  lesdére- 
loppemeos  seront  donnés  dans  les  principes  de  physiologie, 
inition  de        L'appàrcll  scusitif  considéré  d'une  manière  générale  est 
tiitf.         celui  qiti  met  le  corps  animal  vivant  en  rapport  avec  les  corps 
extérieurs ,'  qui  en  reçoit  une  action  dans  des  limites  détermi- 
nées j  mais  deolement  poor  les  lui  faire  apercevoir. 

Cet  appareil  est  plus  ou  moins  complexe ,  suivant  le  degré 
d'organisation  auquel  appartient  l'animal^  excepté  le  cas 


Sun    LES    OBGAKES    DBS   SENS.  ,'|  I 

|F|U)oinali«t  déterminées  par  une  cause  susce|)tiblc  d'Clre 
èoofue  à  priori,  c'esl-à-diru  pnr  une  habitude  conslanie  de 
IV*pKce. 

^  Les  diCrùrentes  .parties  de  rnppareit  sensilif  se  nomment 
\sdes  icns,  le  résultat  de  leur  action  scfuatjon;  et  la  fa- 
ille de  l'opcrcevoir  sensibilité. 
'  t)a  organe  des  sens  défini  à  posleriori est  donc  un  appareil 
U»  ou  moins  compliqué  au  moyen  duquel  l'aniuinl  est  mis 
I  étal  «l'apcrceToir  les  coips  extérieurs  et  le  sien  même 
H  ou  muins  complètement  par  l'une  de  leurs  propriétés, 
i; Cette  définition  sufllra  sans  doute,  tant  que  nous  n'aurons 
lAladier  que  des  animaux  assez  peu  éloignés  de  nous,  pour 
t  nous  puissions  aisément  leur  appliquer  lu  foie  de  l'analo- 
;  mais  audelil  elle  ne  convient  plus,  et  nous  ne  savons  plus 
mnnaent  délerniiner  à  priori  si  un  organe  peut  être  rangé 
D  non  parmi  ceux  de  l'appareil  sensiliT.  Il  était  (lone  inipor- 
101  d'avoir  une  déGnition  lî^non',  et  qui  nous  permit  de  dé' 
l^r  seulement  d'après  la  disposition  et  la  structure  de  l'or- 
pnc.  Or»  il  y  avait  deux  marches  i  suivre  pour  y  parvenir  : 
b  première,  i  peu  près  impossible  comme  nous  le  verrons 
m  physiologie  I  consistait  A  déterminer  le  nombre  et  surtout 
knaturedesqualilésprimairesdescorpsqui  sont  susceptibles 
Itlre  aperçues,  et  l'autre  It  tirer  la  définition  de  l'idée  générale 
p'on  doit  se  faire  de  l'appareil  de  la  seQsibiiité. 
C'est  de  cette  seconde  manière  que  M.  Jacobson  est  or- 
1  tifé  i  établir,  que  pour  qu'un  appareil  appartienne  A  celui  des 
JtaMtionSt  ou  soit  un  organe  des  sens  plus  ou  moins  spécial , 
iGut: 

*  Qu'il  loit  intimement  lié  à  l'organe  central  du  système 

'Utntux.  Nous  verrons  pourquoidans  le  traité  de  physiologie. 

«•  Que  la  partie  du  système  nerveux  ou  d'incitation  qui  s'y 

Rodcoit  Irés-développée  ,  eï  surpasse  sous  ce  rapport  le  sys- 

'lline  vaiculaire.  En  eOel ,  nous  avons  déjtk  avancé  plus  haut 

le  système  nerveux   est  d'autant  plus  abondant  que 


I 
I 


-U 


4^  CONSIDÉBATIONS   GÉNIÎRALES 

Torgane  est  plus  externe  ou  plus  en  rapport  arec  les  corps 
extérieurs ,  et  nous  Terrons  plus  tard  que  c*est  en  sens  inverse 
pour  le  système  Tasculaire. 

3*  Que  sa  structure  soit  calculée  de  manière  à  ponvoir 
recevoir  et  transmettre  au  centre  nerveux  rimpresslon  reçue 
diaprés  un  certain  mode. 
nomWedrt  Ce  n'cst  quc  d^ûprès  cette  définition  que  l'on  pourra  arri? er 
wat.  à  déterminer  d'une  manière  certaine  le  nombre  des  organes 
des  sens,  et  ce  n'est  réellement  qu'eu  se  bornant  à  en 
juger  par  analogie  9  qu'il  est  admis  par  presque  tous  les  phy* 
siologistesy  et  sans  discussion  préalable,  que  l'appareil  gé- 
néral des  sens  ne  peut  être  composé  de  plus  de  cinq  organes 
spéciaux ,  en  comprenant  celui  qui  est  la  base  de  tous  les 
autres,  qu'on  le  considère  physiologiquement,  ou  anatomi* 
quement,  c'est-à-dire  le  toucher. 

Il  est  bien  rrai  que  quelques  auteurs  en  ont  admis  un  plus 
grand  nombre.  Ainsi  Spallanzani  a  touIu  que  les  chaures- 
souris  eussent  un  sens  particulier  pour  se  diriger  au  milieu 
dcb l'obscurité  la  plus  profonde  dans  les  cavernes. qu'elles 
habitent,  parce  qu'après  les  avoir  mutilées  par  la  destruction 
des  yeux,  des  narines  et  des  oreilles ,  elles  le  faisaient  encore 
presque  aussi  bien  qu'auparavant  ;  mais  s'il  eût  un  peu  réflé- 
chi, il  aurait  vu  que  c'est  très-probablement  l'organe  même 
qui  leur  sert  à  voler,  ou  la  peau  très-fine,  nue,  extrême- 
ment nerveuse ,  réunissant  les  différentes  parties  du  tronc  et 
des  membres  antérieurs,  qui  est  le  siège  de  cette  faculté^ 
et  que  par  conséquent  ce  prétendu   nouveau   sens    n'est 
que  le  sens  du  toucher  porté  à  son  summum,  comme  nous 
le  verrons  par  la  suite.  Il  en  est  ù  peu  près  de  même  du 
sixième  sens  que  Buffon  a   nommé  le  sens  de  l'amoun  Si 
par-là  il  entend  le  désir  souvent  invincible  qui  porte  un  sexe 
vers  l'autre ,  il  est  évident  que  c'est  un  besoin  ou  une  passion, 
et  non  une  sensation  particulière  ;  si  c'est  au  contraire  la  grande 
sensibilité  des  organes  de  la  génération  irrités  par  le  désir 


SVtt   LES   ORGANES   DES   SEKS.  4^ 

il  a  envisagée ,  ce  n'est  encore  qu'une  légère  modîGcalion 
«ens  du  toucher. 

D'aulres  aitrcurs  ont  commis  une  erreur  de  la  tnCme  na- 
tore  en  considérant  coinmt!  des  captccs  de  sunsnlïotis  b  ^oif 
M  U  Mm;  car  il  est  évident  que  ce  ne  sont  encore  que  des 
ssirs  ou  des  appélils  qui  diOerent  beaucoup  des  sensalions , 
:  qui  sont  en  effel  bien  plus  proronds,  puisque  ce  sont  des 
ipports  nécessaires  et  loul-à-fait  incomprChensiblcs  entre  un 
vivant  et  un  corps  extérieur  à  lui.  Sans  les  salbfuire, 
me  nous  le  verrons  plus  en  détail  en  physiologie,  il  ne 
vivre  long-temps ,  tandis  que  l'on  peut  très-bien  concc- 
Bir  qu'un  animal  puisse  Ctre  entièreineot  privé  de  sensations 
ms  cesser  de  vivre.  Si  la  faim  el  la  soif  élaienl  de  véri- 
ifates  sensations  ,  il  en  fuudniit  dire  autant  des  désirs  d'cx- 
(étion.  Dans  le  langage  ordinaire ,  on  dit  bien  la  sensation  de 
Ibim,  delà  soif;  mais  c'est  peut-être  ù  tort ,  le  besoin  ou  la 
rivation  d'une  chose  ne  pouvant  être  l'objet  d'une  scnsution. 
I*U9  reviendrons  au  reste  sur  ce  sujet  dans  la  physiologie 
roprement  dite  :  en  ce  moinont  cette  digression  n'a  pour  but 
le  du  montrer  que  nous  sommes  obligés  d'admettre  qu'il 
'existe  que  cinq  appareils  des  sens,  el  par  conséquent  cinq 
iBsatîoijs  simples.  Nous  allons  les  étudier  successivement  ; 
tôt  dans  quel  ordre  P 

Les  physiologistes  ont  encore  beaucoup  varié  sous  ce  rap-  „ 
Bn«  et  cela  parce  qu'ils  ont  envisagé  les  organes  des  sens  , 
MS  des  points  de  vue  assez  dilTérens. 

En  les  étudiant  sous  le  rapport  de  la  distance  plus  ou  moins   ,c 
Miiidérable  à  laquelle  ils  font  apercevoir  les  corps,  on  les 
irise   en   deux  sections  ,  la  première  contient    ceux  qui 
int  immédiatement  au  contact,  comme  le  toucher  et  le 
kt;  la  seconde,  ceux  qui  semblent  agir  à  une  distance  plus 
moins  grande;  savoir,  l'odorat,  l'ouîe  et  la  vision. 
En   considérant   l'étal   d'agrégation    (les   molécules    des     ,- 
ps,on  arrive  à  la  même  classilîcalion;  en  efTel,  par  le  m. 


éâ 


44     '  CONSIDÉRATIONS    GÉNÉRALES 

Drp«  qu'ils     toucher  le  corps  est  aperçu  sans  changer  de  nature  et  par  ta 
apcroevoir.  p^^i^l^Q^g  .   ^^^^^  l^  gustation  il  est  préalablement  dissous 

dans  un  fluide  ;  dans  Todoration  il  faut  qu'il  soit  à  l'état 
aériforme  ;  dans  Taudition  ce  ne  sont  que  de  simples  ribrations 
des  molécules  du  corps  qui  sont  perçues  ordinairement  au 
moyen  d'un  fluide  intermédiaire  ;  enfin  danslarision^  ou  bien, 
suivant  les  uns,  c'est  la  lumière  elle-même ,  corps  si  subtil  que 
des  physiciens  en  font  un  être  intermédiaire  aux  corps  et  aux 
esprits  ;  pu  bien ,  suivant  d'autres ,  ce  sont,  comme  dans  l'au- 
dition, les  vibrations  d'un  fluide  imperceptible  ou  de  Téther. 
i^rmoJe       En  euTisageant  le  mode  d'action  des  organes  des  sens, 

1  sctioo» 

M.  Jacobson  est  arrivé  à  une  classification  différente.  Il  éta- 
blit, comme  nous  le  verrons  plus  en  détail  dans  la  physiolo- 
gie ,  que  les  organes  des  sens  peuvent  agir  de  deux  manières 
différentes,  chimiquement  ou  mécaniquement.  Il  considère 
dans  le  premier  cas  l'organe  comme  formé  par  une  expan- 
sion membraneuse  4  la  surface  externe  de  laquelle  les  neiis 
finissent  en  forme  de  pointes  moussas  couvertes  d'une  mu- 
cosité qui  sert  d'intermédiaire  aux  corps  extérieurs  et  aux 
nerfs.  Quand  le  contact  s'établit,  la  chaîne  galvanique  se 
forme ,  l'action  s'opère  et  est  transmise  au  nerf  par  la  muco- 
sité. Deux  seuls  organes  des  sens  sont  dans  ce  cas,  c'est 
celui  de  l'odoration  et  celui  de  la  gustation.  Dans  le  second 
cas,  où  l'organe  doit  agir  mécaniquement,  il  le  regarde 
comme  souvent  composé  d'un  tube  rempli  d'une  humeur  li- 
quide communiquant  à  l'extérieur  par  l'une  de  ses  extrémi- 
tés, et  au  fond  duquel  le  nerf  se  déploie  sous  forme  de  mem- 
brane. Par  le  choc  extérieur  il  se  produit  dans  le  fluide  une 
ondulation  qui  se  propage  jusqu'au  nerf.  Dans  cette  seconde 
classe,  M.  Jacobson  range  l'ouïe,  la  vision  et  le  toucher, 
/«mire  det      D'après  l'ordrc  des  fonctions  de  l'animal  avec  lequel  les 

IBCtioiU  * 

qiMiiet  ils  organes  des  sens  sont  le  plus  en  connexion ,  Bichat  et  Buisson 
les  partagent  en  trois  classes.  Dans  la  première ,  ils  placent 
ceux  qu'ils  nomment  intelleclucls  ;  ils  ont  entre  eux  et  le 


SUR   LIS   01tGAnE«   DES   SENS. 

eorpti  qiiiagilun  corps  înlermi-ilinlre,  ce  qui  leur  permet  d'c- 

frouTer  une  action  d  distance  :  lel  est  l'organe  de  l'ome  et 

tlui  de  1.1  vision.  Dans  la  seconde  classe,  iU  rangent  l'odorat 

«t  le  goQt,  qui  sont  intermédiaires  aux  organes  de  la  vie 

imale  et  à  ccus  de  la  fie  organique  et  i{ui  commencent  les 

fonctions  di^eslivcs.   ËnQn  la  troisième  classe  ne  renferme 

le  toucher  ,  qui  s'exécute  toujours  conséculiTcment,  va 

|ou)ours  chercher  la  sensation  ,  et  qui ,  au  contraire  des 

«nlrcs,  est  purement  rolonlaire;  mais  il  e^t  évident  que 

n  n'envisage  ici  le  stns  du  loucher  que  comme  actif, 

ca  qui  est  le  cas  le  moins  ordinaire. 

HU.  Gall  et  Spurilieiiii  me  semblent  avoir  été  plus  heu-  !. 
reux  en  Iraiiaol  des  organes  des  sens  d'après  leur  plus  ou 
loins  grande  généralité  et  la  spécialité  du  système  nerveux 
iii  les  anime.  lU  placent  alors  le  sens  du  toucher  comme  le 
ns  généra),  el  ensuite  successivement  le  goût,  t'odoral, 
raudition  et  la  vue. 

Une  sixième  manière  d'envisager  les  organes  des  sens  con-  g 

liste  ^  lus  regarder  comme  composés  ou  comme  simples. 

Par  organes  des  sens  composés,  j'enicndsceux  qui  sont  fur- 

«és  d'un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  petits  appareils 

plus  ou  moins  étendue,   comme  dans 

toucher,  du  goût  et  de  l'odorat.  Les  organes  des 

simples  peuvent  au  contraire  n'être  formés  que  d'un 

appareil  de  chaque  c6té,  comme  pour  l'oreille  et  l'ceil  : 

Di  Terrons  cependant  que  dans  plusieurs  animaux  articulés 

trouve  des  yeux  véritablement  composés. 

la  dernière  manière  d'envisager  les  organes  des  sens 
lit  celle  qui,  outre  le  sens  général  du  toucher,  placerait 
autres  dans  le  rang  qu'ils  occupent  sur  un  animal, 
mieux  d'après  l'ordre  de  la  sortie  du  nerf  qui  les  anime 
allant  il'avQnt  en  arriére;  alors  le  sens  de  l'odorat  serait 
premier,  puis  relui  delà  vision,  après  lequel  viendraient 
ion  et  enfin  l.i  gustation. 


46  DU   SENS   GÉNÉRAL) 

L'ordre  qae  nous  adopterons  est  celui  qui  cofuiîdèfv 
organes  des  sens  d'après  le  plus  ou  moins  de  spécialitëi 
système  ner?eux  qui  s'y  rend;  ce  qui  se  trouve  coDCoriâ^;!;» 
a?ec  la  distance  à  laquelle  ils  agissent,  avec  l'état  d*afTéféjfi 
tion  des  molécules  des  corps  qu'ils  font  aperceroir,  et  m( 
arec  leur  degré  de  complexité  ou  de  simplicité.  \^ 

Un  organe  des  sens 9  qu'il  soit  simple  ou  complexe,  génè* 
rai  ou  spécial ,  offre  toujours  deux  choses  distinctes,  saToir» 
le  siège  et  l'appareiL  Le  siège  est  la  partie  du  système  ner- 
reux  qui  s'y  rend ,  qui  s'y  développe,  et  à  l'aide  de  laquelle û 
sensation  est  produite  et  transmise  ;  l'appareil  est  une  dispo- 
sition particulière  de  l'enveloppe  extérieure  et  de  quelqu'une 
de  ses  parties,  propre  à  mettre  le  corps  en  état  d'être  aperçu. 
C'est  de  ces  dispositions  spéciales  dont  nous  allons  traiter  en 
ce  moment,  en  nous  bornant  à  citer  seulement  le  siège  dont 
nous  devrons  nous  occuper  dans  le  livre  consacré  à  l'ttiide 
du  système  nerveux. 

SECTION   I. 
Du  êens  général,  ou  du  toucher* 

>n  ittpor-  Le  sens  du  toucher,  ou  peut-être  mieux  du  contact,  est 
aërahté.  évidemment  le  plus  général  et  le  plus  important.  U  est  le 
plus  général,  puisque  non-seulement  tous  les  animaux  tn 
jouissent,  mais  encore  toutes  les  parties  d'un  animal  quel- 
conque ,  il  est  vrai  à  des  degrés  très-différens;  il  est  le  plus  im- 
portant, puisqu'il  est  répandu  partout ,  et  qu'il  est  non-seule-' 
ment  la  source  de  tous  les  autres,  mais  encore  qu'il  devient 
souvent  leur  correctif  ou  leur  complément  presque  nécessaire^ 
Jauges.  La  principale  propriété  des  corps  qu'il  nous  met  en  ètai 

d'apercevoir  est  rimpénétrabilité,  d'où  nous  déduisons  l'exis* 
tence  des  corps  d'une  manière  rigoureuse;  et  c'est  ce  qui 
lui  est  presque  particulier.  En  effet ,  la  plupart  des  organes 
des  sens  spéciaux  peuvent  entrer  en  action  sans  irrltatiao 


ou    DL~    TOIiCUER. 


lérieure,  cl  produire  en  nous  quelques-uns  des  eflèls  ài 
saliaa  qu'ils  nous  procurent  orilinairemeDl ,  sans 
e  ait  été  réellemeul  alTeclé ,  en  sorle  qu'il  nous  est  impos- 
e  de  conclure  rigoureusement  de  cette  oclion  l'exislence 
a  corps  extérieur  à  nous  pour  lu  produire.  Au  lieu  qu'il 
O  est  pas  de  mËmcdu  sens  du  loucber  ;  s'il  nous  fail  cprou- 
t  une  sensation,  c'est  qu'un  corp^  autre  que  la  partie  du 
^iln:  qui  est  touchée  l'a  produite. 

C'est  lui  qui  aous  fait  distinguer  notre  propre  corps  des 
corps  eitcrieurs,  parce  que  lorsque  nous  le  touchons  nous 
prouvons  deux  sensations)  l'utic  dans  la  p-irlie  qui  touche, 
•t  l'autre  dans  celle  qui  est  touchée. 

C'est  lui  qui  nous  fait  connaître  la  figure  des  corps,  et 
l'ctat  de  leur  surface  lisse  ou  rugueux;  mais  alors  il  faut  que 
l'appareil  se  modifie  un  peu  pour  former  ce  que  nous  nom- 
merons plus  loin  un  org.iue  de  tact  ou  de  toucher  actif. 

Nous  pouvons  également  juger  des  distances,  il  est  vrai 
peu  coDsidérables ,  et  de  l'êlendue,  au  moyen  de  cet  organe 
des  sens ,  et  cela  par  la  continuité. 
W     U  ea  est  de  même  du  mouvement  et  du  repos  par  le  chan- 
k.^|ttcal  plus  ou  moins  rapide  d'une  partie  fixe  de  notre  or- 
gue scDlanl  avec  celle  d'un  corps  qui  se  meut. 

Four  le  degré  de  chaleur  des  corps,  il  est  évident  qu'il  est 
loqoursreUtirâ  celui  de  notre  corps  lui-même,  et  que  nous 
ne  pooTOOS  apercevoir  réellement  que  des  difTérences  ;  mais 
ce  n'est  pas  moins  à  l'appareil  du  luncher  que  nous  devons 
cette  sensation  produite  par  la  séparation  ou  le  rapproche- 
neal  des  molécules  qui  composent  notre  corps,  et  surtout 
DCitre  enveloppe. 

Qaaat  au  degré  de  consistance  et  ù  l'intensité  du  poids,  ce 
MU  des  qualités  des  corps  dont  le  sens  du  toucher  proprc- 
neot  dil  ne  me  semble  pus  donner  l'idée.  Eu  effet ,  il 
()l  certain  que  nous  n'en  jugeons  que  par  le  degré  d'efTorl 
nasculaire  employé ,  soit  pour  pénétrer  dans  un  corps  en  en 


le  la  H 


I 


Rtr(*e  pour 
rouiacl. 


lur  le  Ion 
cher. 


/|8'  DU    SENS    GENERAL, 

écartant  \es  particules,  soit  pour  en  souleycr  la  masse;  et 
alors  c'est  une  sensation  complexe. 

Le  siège  du  contact  considéré  en  général  doit  être  dans 
toutes  les  parties  internes  et  externes  d*un  animal  qui  jonissent 
de  la  sensibilité  ;  c*est ,  à  ce  qu'il  me  semble ,  ce  qui  nous  donne 
l'idée  de  notre  existence ,  quand  même  nous  ne  pourrions 
pas  apercevoir  les  corps  extérieurs,  ou  recevoir  d'eux  une 
irritation  :  c'est  ce  qui  nous  fait  ressentir  en  nous  un  certain 
,  mouvement  obscur  provenant  probablement  du  mouvement 
de  toutes  les  artères. 

Quant  au  siège  du  toucher  proprement  dit ,  il  est  évident 
que  c'est  le  corps  papillaire,  ou  la  partie  nerveuse  de  Tenve- 
loppe  animale,  dont  nous  avons  exposé  plus  haut  la  place 
et  la  structure  dans  l'étude  de  l'organisation  de  la  peau  con- 
sidérée d'une  manière  générale. 
I  appareil.  L'appareil  de  ce  sens  est  au  contraire  celte  peau  elle-même 
et  surtout  Pépiderme  que  nous  avons  aussi  étudié  plus  haut. 
Quelquefois  cet  appareil  se  complique  davantage  ;  mais 
alors  le  sens  du  toucher  devient  actif. 

Le  degré  de  finesse  ou  d'acuité  du  sens  du  toucher^  Tarie 
nécessairement  suivant  la  qualité  des  corps  dont  il  doit 
donner  la  connaissance  à  l'animal.  Il  est  cependant  générale* 
ment  proportionnel ,  i  **  à  la  quantité  de  nerfs  qui  se  rendent  à 
la  peau,  et  par  conséquent  à  la  quantité  et  au  développement 
des  papilles  qu'ils  y  forment  ;  a*  à  la  minceur  du  corps  protec- 
teur ou  intermédiaire  à  l'organe  sentant  et  au  corps  touché. 
S'agit-il  seulement  de  nous  faire  apercevoir  l'existence  des 
corps  extérieurs  ou  leur  degré  de  chaleur,  il  suffit  que  Tépî- 
derme  soit  fort  mince;  si  c'est  la  forme  des  corps ,  alors, 
outre  la  modification  dont  il  vient  d'être  parlé,  il  faut  que 
l'organe  sensible  soit  disposé  sur  une  partie  de  l'animal  sus- 
ceptible^de  toucher  à  la  fois  le  plus  grand  nombre  de  points 
possibles  du  corps  étranger  ;  mais  alors  il  faut  de  plus  une 
%olonlé  de  la  part  de  l'animal  ^  une  réflexion,  et  le  sens  du 


s  dff^  de 
*f«^lioane- 
ment 
I  génériil. 


ou    DU    TOUCHER.  49 

toueher  devient  alors  celui  du  tact.  C'est  celte  ooosidéralioa 
qui  nous  permettra  d'envisager  la  peau  sous  des  rapports 
asseï  dilTérens ,  c*est-à»dire  comme  le  siège  du  sens  du  tou- 
cher passif  ou  actif;  mais  auparavant  voyons  d'une  manière 
génèrole  son  accroissement  dans  la  série  animale. 

En  jetant  un  coup  d'œil  rapide  sur  le  perfectionnement  Daiuhsër 
successif  de  l'appareil  du  sens  du  toucher  considéré  dans 
toutes  ses  parties  ^  depuis  l'extrémité  inférieure  de  l'échelle 
animale  jusqu'à  l'autre ,  on  le  voit  d'abord  entièrement  passif  f 
n'être  formé  que  par  une  peau  à  peine  distincte  du  tissu  cel- 
lolaire  sous-jacent>  comme  dans  les  animaux  amorphes  et 
les  derniers  actinozoaires  ;  dans  quelques-uns  des  premiers 
groupes  de  ce  type ,  dans  les  actinies  y  les  holothuries  par 
exemple,  l'enveloppe  commence  à  devenir  plus  parfaite  par 
la  distinction  de  ses  parties.  Les  malacozoaires  sont  déjà  bien 
perfeclionnés  ;  leur  peau ,  quoique  encore  confondue  avec  la  ' 
fibre  maacalaire  y  étant  toujours  molle  >  flexible  »  est  plussou- 
Tent  encore  que  dans  les  animaux  rayonnes 9  découpée  en  la- 
nières plus  ou  moins  prolongées  qui  bordent  quelque  partie  de 
Panimaly  et  qui  acquièrent  une  sensibilité  exquise.  Mais  dans 
le  plus  grand  nombre  des  espèces  de  ce  type ,  le  besoin  de  la 
conservation  a  souvent  converti  une  partie  de  cette  peau  en 
uneenveloppe  solide,  dure,  tout-û-fait  morte,  et  sous  laquelle 
ranimai  se  met  à  l'iibri  des  agéns  destructeurs.  Les  entomo- 
zoaîres  ou  les  animaux  articulés  extérieurement ,  nous  offri- 
ront pour  la  plupart  une  autre  modiûcation  particulière  de 
kar  enveloppe,  qui  est  alternativement  dure  et  molle  ;  cela 
fiiit  que  non-seulement  celle-ci  sert  d'organe  protecteur  à 
raninial  par  son  encroûtement  calcaire  ou  corné  ;  mais  encore 
ptr  sa  solidité  et  sa  mollesse  alternantes ,  elle  donne  appui  à 
la  fibre  contractile  dans  l'appareil  de  la  locomotion  ,  dont  eHe 
forme  la  partie  passive;  elle  perd  alors  proportionnellement  de 
saEacaltéde  sensibilité.  Enfin  dans  le  type  des  ostéosoaires, 
rbei  lesquels  un  usage  à  pcg  près  semblable  est  confié  à  un 

1.  4 


5o  DE    l'oIGAXE   DC   TOUCHEE   PASSIF. 

appareil  tout  nouTeau  déreloppé  dans  la  couche  mmcolairt 
elle-mêoie  9  la  peau  est  restée  bornée  à  ses  deux  usag^  prin- 
cipaux, celui  de  garantir  Tanimal  de  Taction  nuisible  des 
corps  extérieurs  et  celui  de  les  aperceroir;  mais  c^est  dans 
ce  tjpe  que  nous  commençons  à  trouTcr  une  différence 
importante  en  ce  que  dans  les  ons  le  sens  da  toucher  reste 
passif)  ou  n*a^t  que  sans  Tolonté  de  la  part  de  l*animal  ^  tandis 
tfue  dans  un  petit  nombre  d'autres  il  arrire  an  summum  de 
son  déreloppement  en  deyenanl  actif  ou  complètement  vo^ 
lontaire  et  rationnel. 
<•  éi^iùam  M  D'après  cela  on  Toit  que  le  sens  du  toucher  peut  être  con- 
tsC  sidéré  comme  passif  ou  comme  actif  : 

Comme  passif,  il  appartient  à  toutes  les  parties  du  corps 
et  à  tous  les  animaux  ; 

Comme  actif,  il  n'existe  que  dans  un  petit  nombre  d'entre 
eux  ;  il  est  borné  à  un  très-petit  nombre  de  leurs  parties ,  et 
il  est  susceptible  de  de^s  très-différens  de  défeloppement. 


CHAPITRE  PREMIER. 

De  r organe  du  toucher,  considéré  comme  pass^  et  comme 

organe  protecteur. 

La  peau  est  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  ^  le  siège 
du  sens  du  toucher  enrisagé  dans  ses  différentes  modifica- 
tions ;  elle  peut  donc  être  à  la  fois  un  organe  des  sens  et  un 
organe  défensif,  ce  qui  rentre  réellement  dans  la  même  ca- 
tégorie. Mais  en  général  ces  deux  dispositions  sont  en  rap- 
port inverse.  Lorsque  l'une  est  très- prononcée,  l'autre  l'est 
fort  peu  et  vice  versa.  L'on  conçoit  en  effet  comment  k  na- 


DE   LA    PEAU    DANS    LES    OSTÉOZOAIRES.  5l 

lure  a  dû  quelquefois  sacrifier  la  sensibilité  à  la  sûreté  9  lors- 
que l'aDimal  par  ses  organes  locomoteurs  ne  pouvait  se 
soustraire  à  quelque  poursuite  destructive. 

Nous  avons  donc  à  considérer  la  peau  >  1*  comme  organe  de 
iensibilîté  passive  et  comme  organe  défensif  ;  a*  comme 
organe  de  sensibilité  active,  et  nous  verrons  que  pour  devenir 
propre  à  Tun  de  ces  trois  usages ,  il  suflira  d'une  modifi- 
cation proportionnelle  dans  certaines  de  ses  parties.  C'est  ce 
que  nous  allons  successivement  étudier  dans  les  difierens 
groupes  d'animaux. 

AancLK  L    De  la  peau  dans  les  osiéozoaires  ou  dans  les 

animaux  "Dertébrés* 

D1.HS  ce  premier  type  des  animaux  la  peau  est  composée  conti^Mniij 
de  toutes  les  parties  essentielles  et  de  perfectionnement  que  lEfléreoe 
BOUS  avons  définies  plus  baut;  mais  en  général  elles  sont 
i'aotant  moins  distinctes  9  d'autant  moins  évidentes  que  l'on 
descend  davantage  dans  l'échelle,  ou  qu'on  ee  rapproche 
plus  des  poissons.  £n  outre  l«  développement  de  chacune 
des  parties  de  l'enveloppe  extérieure  varie  suivant  quelques 
circonstances  particulières. 

Le  développement  du  derme ,  celui  du  réseau  vasculaire  »  d«"*  ^  ?! 
et  encore  mieux  celui  du  corps  papillaire  ou  nerveux  sont  gé- 
néralement en  rapport  inverse  du  développement  de  l'épi- 
derme  et  du  système  phanéreux.  Ces  différeoces  sont  évidem- 
roeot  en  relation  avec  la  différence  dans  les  fonctions  de  l'en- 
veloppe. 

L'âge  a  une  influence  d'autant  plus  considérable  sur  le  dé-  L'igt 
teloppement  des  différentes  parties  de  la  peau ,  que  l'animal 
Yertébré  est  plus  rapproché  de  l'espèce  humaine  :  ainsi  le 
derme  est  d'autant  plus  mou ,  plus  flexible ,  plus  extensible 
et  même  plus  perméable  aux  fluides  entrans  ou  sôrtanis  que 
ranimai  est  plus  jeune  et  plus  élevé  dans  la  série. 

4- 


e  sf  iûur. 


52  DE   LA   PEAU 

Le  séjour  qiie  Tanimal  affecte  exerce  aussi  nnè  titfltieiice 
évidente  pour  la  modification  de  la  peau ,  et  sartout  dam  ses 
parties  accessoires. 

abiiaiion.  L*habitalion  n'est  pas  non  plus  fou t-â-fait sans  produire  des 
ehangemens  dans  quelques  parties  de  la  peau  j  et  surtout  dans 
le  pi^entum  colorant  ;  ainsi  les  espèces  et  les  parties  expo- 
sées à  Faction  d'une  lumière  et  d'une  chaleur  Tires  sont  pres- 
que toujours  plus  ou  moins  fortement  colorées  »  tandis  que 
celles  qui  se  troufeni  daàs  des  circonstances  contraires  sont 
ordinairement  blanches  et  étiolées. 

C'est  aussi  dans  cette  catégorie  qu'il  faut  ranger  la  co- 
loration exagérée  ou  presque  éteinte  qu'une  série  de  cir- 
constances excitantes  oli  débilitantes 9  parmi  lesquelles  on 
doit  compter  la  jeunesse  et  la  yieillesse,  produisent  dans  les 
mêmes  parties  de  la  peau. 

ifDiiiM  M-  Mais  les  différences  les  plus  évidentes  semblent  dépendre 
du  groupe  auquel  l'animal  appartient  9  quoique  l'on  conçoive 
qu'elles  puissent  provenir  davantage  du  milieu  dans  lequel 
îl  devoit  vivre 9  sans  apercevoir  cependant  bien  évidemment 
kl  connexion  de  cause  et  d  effet.  Ces  différences  qui  portent 
essentiellement  sur  la  structure  et  la  forme  des  organes  ac- 
cessoires sont  tellement  tranchées  9  tellement  importantes 
qu'elles  traduisent  assez  bien  Tensemble  des  caractères  sur 
lesquels  reposent  les  subdivisions  secondaires  ou  «classique» 
que  kl  zoologie  a  introduites  parmi  les  animaux  vertébrés; 
c'est  ce  qui  doit  nous  déterminer  à  étudier  séparéaient  la 
peau  dans  chacune  de  ces  divisions  ou  classes. 

A«  Dans  les  animaux  mammifères. 


Iur«*l. 


ûVraitont       G'cst  dans  ces  animaux^  et  surtout  dans  l'espèce  hnmainet 
^nc^'tV  qtiela  peau  a  été  le  plus  souvent  et  le  plus  complètement 
étudiée ,  depuis  Malpighi  qui  le  premier  en  a  exposé  la  struc- 
ture déduite  y  il  est  vrai^  par  analogie  de  celle  de  la  langue. 


DANS    LES   MAMMIFERES.  55 

|uÂqu*ik  M.  Gautier  qui  s'en  est  occupé  d'une  maoière  toute 
spéciale  dans  ces  dernières  années. 

Dans  les  animaux  mammifères  le  derme  «  d'une  épaisseur  ^'^  ^  '^ 
et  d*une  densité  variables  y  est  toujours  plus  ou  moins  libre 
et  mobile  sur  la  couche  musculaire  sousposée.  La  surÊice  ex- 
terne ordinairement  lisse ,  est  quelquefois  relevée  en  saillies 
de  formes  différentes»  ce  qu'on  appelle  ordinairement  des 
papilles  9  et  quelquefois  même  des  écailles.  Ces  papilles 
simples  ou  bifides  sont  séparées  par  des  sillons  plus  ou 
moins  profonds  9  de  manière  à  offrir  des  dispositions  parti- 
culières. On  trouve  aussi  quelquefois  des  sillons  du  derme 
qui  Mmblentêtre  le  résultat  des  mou  remens  de  la  peau,  et 
qu'on  nomme  des  rides  ;  elles  n'ont  aucun  rapport  arec  les 
sillons  papillaires. 

Le  réseau  vasculaire  se  moule  évidemment  sur  le  derme  ;  ^*^lJ^ 
et  par  conséquent  lorsque  celui-ci  présente  à  sa  superficie  des 
éminencesy  il  est  évident  que  le  premier  doit  former  des 
espècesde  bourdons  sanguins  ou  vasculaires,  comme  M.  Gau- 
tier Ta  fait  justement  observer  ;  mais  il  ne  me  semble  pas  que 
ces  bourgeons  existent  ailleurs.  Cette  partie  de  la  peau  est 
<ki  reste  toujours  bien  visible  dans  tous  les  animaux  mam- 
milères ,  mais  son  développement  offre  des  différences  sui- 
vant Tespèce  et  les  parties  du  corps  9  comme  nous  allons  \c 
roîr  tout  ù  l'heure.  Elle  est  composée  d'une  très- grande 
quantité  d'artères,  de  veines  et  de  vaisseaux  lymphatiques. 

ht  pifpnentuin  qui  forme  la  matière  colorante  de  la  peau  ,  Lupigmem 
ae  me  parait  pas  exister  constamment,  au  moins  d'une  ma- 
nière bien  évidente;  mais  quand  il  existe,  il  est  toujours 
placé  ao-desêus  du  réseau  vasculaire,  dans  les  mailles  qu'il 
forme.  Il  est  produit  ou  déposé  par  les  vaisseaux  veineux  qui 
composent  le  réseau  vasculaire  sousposé.  C'est  probablerpent 
cette  couche  non  virante  que  M.  Gautier  a  nommée  la  mem- 
^ratie  bnme. 
La  couche  ou  membrane  nerveuse  quoique  moins  évidente  ^'^  ^  uîrc*!' 


!rfptd«roie. 


McryptM. 


«  phaflère. 


noO  ea  gé- 
■rfrU. 


54  DE    I^A    PEAU 

existe  oécessaireraeot  dans  tous  les  animaux  de  cette  classe. 
Qnoîque  je  ne  pense  pas  que  Ton  puisse  regarder  comipe 
appartenant  au  système  nerveux  seul  les  papilles  que  l'on 
trouve  dans  quelques  endroits  de  la  peau  des  mammifères  9 
il  me  pataft  probable  qu'elles  offrent  «  au  moins  à  lenr  super- 
ficie,  immédiatement  sous  Tépiderme  «  une  couche  fort  mince 
qui  doit  être  entièrement  nerveuse.  Si  l'observation  directe 
ne  peut  établir  ce  fait  9  l'analogie  et  la  sensibilité  de  la  peaa 
quand  l'épiderme  a  été  enlevé  ne  pennettent  guère  de  rester 
dans  le  doute. 

L'épiderme  est  toujours  assex  épais ,  bien  distinct  dans  les 
animaux  de  cette  classe  ;  quant  aux  différences  d'épaisseur^ 
de  forme  y  etc.  9  elles  vont  être  exposées  tout  à  l'heure. 

Parmi  les  parties  accessoires  de  l'enveloppe  cutanée  des 
mammifères,  si  la  structure  des  cryptes  ne  nous  offre  rien  de 
bien  particulier,  non  plus  que  la  matière  qu'elles  produisent 
et  rejettent  à  la  surface  de  la  peau ,  et  qui  paraît  être  toujours 
graisseuse  ;  il  n'en  est  pas  de  même  des  phanères  qui  forment 
une  espèce  tellement  particulière  qu'elle  distingue  peut- 
être  mieux  cette  classe  d'animaux  que  toute  autre  considéra- 
tion. Cette  espèce  de  phanère  est  ce  qu'on  nomme  poil,  en 
comprenant  sous  ce  nom  la  partie  vivante  ou  productrice  ^  et 
la  partie  morte  ou  produite. 

Le  poil  est  en  effet  composé  d'un  bulbe  producteur  et 
d'une  partie  cornée  produite ,  que  Ton  désigne  le  plus  com- 
munément sous  le  nom  de  poil  proprement  dit,  ou  sous  des 
dénominations  particulières,  d'après  quelque  circonstance 
de  forme,  d'usage  et  de  position  sur  Tanimal. 

Considéré  anatomiquement,  le  bulbe  d'un  poil  est  ovafe  et 
formé ,  comme  celui  d'un  phanère  en  générai ,  d'une  enve- 
loppe fibreuse  ,  blanche,  plus  ou  moins  épaisse  et  située  plus 
ou  moins  profondément  sous  ou  dans  le  derme.  Cette  pre- 
mière enveloppe  est  percée  à  son  extrémité  interne  par 
le  filet  nerveux  qui  se  rend  dans  llntérieur,  et  beaucoup 


DANS    LES   UAMMIFÉRES.  55 

plus  larg^ement  à  Texterae  pour  la  sortie  du  poil  proprement 
dit  :  elle  reçoit  aussi  des  Taisseaaz  sanguins  plus  ou  moins 
nombreux  qui  y  pénètrent  soil  ea  arrière ,  atec  le  nerf» 
soit  en  la  trarersant  dans  quelque  point  de  ses  parois»  Tout  le 
restcfMe  la  ca?ité  du  bulbe  est  rempli  par  une  sorte  de  pulpe 
plus  ou  moins  abondante  f  plus  ou  moins  Tasculaire  qui  pro- 
duit le  poil  proprement  dit.  Ce  poil ,  quelquefois  composé 
de  deux  substances  d'aspect  différent,  quoique  de  nature 
également  cornée;  Tune  interne ,  plus  blanche ,  plus  molle 9 
et  l'autre  externe  plus  dure,  plus  colorée ,  n'est  dans  le  plus 
^od  nombre  des  cas  formé  que  de  celle^i,  qui  est  alors 
homogène.  L'une  et  l'autre  sont  dues  à  une  excrétion  de  la 
surface  du  bulbe.  Les  molécules  excrétées,  colorées  ou  non, 
se  disposent  à  la  file  et  par  couches  successives ,  en  poussant 
par  la  base ,  de  manière  à  produire  par  une  sorte  de  coagu- 
lation UQ  poil  de  forme ,  de  grosseur  et  de  longueur  Tariables, 
laiTaot  celles  du  bulbe  et  la  force  et  la  durée  de  son  actlfité. 

Le  poil  ainsi  produit  sort  de  la  capsule  à  mesure  qu'il  Té- 
gète  pour  ainsi  dire  de  sa  base;  il  traverse  le  derme  par  un 
pore  naturel  ou  artificiel,  et  quand  il  est  arrivé  à  sa  super- 
ficie» il  soulève  le  réseau  vasculaire,  lepigmentum  et  surtout 
Tèpiderme  qui  se  prolongent  plus  ou  ntK)ins  à  sa  babe. 

Quant  à  h  couche  musculaire  sous-dermienne ,  la  classe  ^J^^tn! 
des  mammifères  présente  presque  toujours  cette  disposition  p^«>^ 
évidente ,  que  la  plus  grande  partie  des  fibres  contractiles 
s'est  entièrement  séparée  de  la  peau  pour  servir  à  la  locomo- 
tion générale,  comme  nous  le  verrons  erv^  traitant  de  cette 
fonction,  tandis  qu'une  autre  beaucoup  moins  considérable 
est  restée  adhérente  au  derme  et  s'est  disposée  pour  en  mou- 
voir les  différentes  parties  :  c'est  ce  qu\)n  noiïime  le  peauS" 
sier  ou  le  pannîcule  charnu. 

Le  peaussier  dans  les  animaux  mammifères  est  non-seule-        Divisé, 
ment  beaucoup  plus  distinct,  mais  encore  bien  plus  divisé  en 
diverses  portions  que  dans  les  autres  ostéozoaires.  Quoiqu'il 


^Miiqut' 


56  DS    LA   PEAU 

soit  possible  de  ranger  ces  parties  d'après  leur  position  par  rap- 
port  i  l'axo  du  corps ,  comme  nous  le  ferons  pour  les  muscles 
de  la  locomotion  proprement  dite,  nous  croyons  pkis  simple 
de  oonsidèrer  le  peaussier  comme  composé  de  deux  partie» 
principales  seulement.  Tune  antérieure  et  l'autre  postérîeort* 
Minier  ce-  La  première  est  celle  qi^e  je  nommerai  céphaUqtie ,  parce 
qu'elle  appartient  essentiellement  à  la  tête  dont  elle  mtMt  la 
peau  ayec  plus  ou  moins  de  force;  c'est  elle  qui^  en  se  pro«< 
longeant  jusqu'à  l'extrémité  des  mâchoires  et  en  se  subdlTi* 
tant,  forma  les  muselés  particuliers  de  la  conque  auditife, 
du  nés  et  des  lèrres,  dont  il  sera  traité  à  l'artîole  de  chaoun 
de  ces  organes. 

Mais  ce  muselé  considéré  comme  motivant  la  peau  de  la 
tète  en  général,  se  subdivise  en  deux  portions,  l'une  avpé-« 
rieure  et  l'autre  inférieuipe. 

lia  première  correspond  à  Voccipito-fronud  de  l'homme  ; 
je  préfère  de  la  nommer  cervico-nasale ,  parce  qu'elle  oem-> 
in^nce  toujours  en  arrière  sur  le  cou  pour  ae  terminer  à  l'os 
dunes. 

La  seconde  est  le  tAoraco-^/ôczo/ des  anatomistes  de  Thom-* 
me.  £Ue  nait  en  efiet  plus  ou  moins  loin  sous  le  thorax  pour 
se  continuer  avec  les  muscles  de  la  face. 

Quelquefois  ces  deux  portions  du  peaussier  céphalique  se 
réunissent  par  les  bords  de  manière  à  former  une  sorte  de 
gaine,  dans  laquellç  la  racine  du  thorax  est  renfermée,  ^nsi 
que  la  partie  postérieure  de  la  tête  ;  d'autres  {bis  il  y  a  di* 
vision  dans  les  lignes  médianes,  et  même  dans  les  lignes  la- 
térales, 
^ro-tho-  L(i  seconde  partie  du  peaussier  général  peut  être  désignée 
sous  le  nom  de  §as^ro^thoraciqu€ ,  parce  qu'elle  enveloppe 
plus  ou  moins  complètement  Tabdomen  et  le  thorax,  en  des* 
sus  9  de  côté  et  en  dessous.  £lle  diffère  essentiellement  de 
la  précédente  en  oe  que  très-souvent  elle  prend  sou  point 
d'appui  sur  upe  pertie  4u  système  osseux. 


raaqœ. 


DANS    LES   UAHMirÉRES.  67 

£lle  peut  être  subdivisée  eu  (roia  portioM  : 

i*Le  peaussier  latéral  ou  le  brachio-dervuen ^  qui  des  par- 
ties latérales  et  souvept  un  peut  supérieures  du  troue  ^  du  coc- 
ejXf  et  même  de  i*aponévrose  de  la  cubse  vase  termioer  au 
membre  autérieur,  le  plus  ordioairemeot  à  Thumérus. 

a*I«e  peaussier  supérieur  ou  êcaputo^d^rmienf  le  plus  sou» 
Tent  eo  coonexion  intime  avec  le  précédent,  il  occupe  la 
face  dorsale  du  tronc,  en  se  portant  plus  ou  moins  en  avant 
ou  en  arrière. 

3*  Le  peaussier  laférieurouga#£n>-Aiim^f%eitest  moins  évi- 
demmeut  attaché  à  la  peau  que  les  précédons  ;  il  naît  en  àr«* 
rière  sous  la  portion  antérieure  du  muscle  grand -droit  de 
Tabdomen  »  et  va  se  terminer  à  Tos  du  bras ,  souvent  avec  le 
bracbio-dermieo.  Il  semble  n'être  qu'une  portion  du  grand- 
pectoral  ou  d'un  des  principaux  muscles  moteurs  du  bras. 

U  j  a  bien  encore  d'autres  muscles  dont  l'origine  00  la  ter* 
HiinaisoQ  est  à  la  peau  ;  mais  comme  par  leur  autre  extrémité 
ils  s'attachent  à  qo^ue  organe  extérieur,  et  que  leur  usage 
est  plutôt  relatif  au  mouvement  de  ces  organes  qu'à  ceux  de 
la  peau  9  nous  n'en  parlerons  qu'a  l'article  de  chacun  d'eux. 
Nous  Dous  bornerons  à  dire  ici  deux  mots  des  muscles  qui 
meareot  les  poiis.  Dans  tous  les  mammifères  les  poils  sont 
iQSceptibles  d'être  hérissés  ou  relevés.  Quoiqii'on  ne  puisse 
souvent  démontrer  les  fibres  musculaires  qui  produisent  ce 
mouvement ,  il  est  extrêmement  probable  qu'il  7  en  a ,  puis- 
que 9  comme  nous  le  verrons  par  la  suite,  dans  les  mam-» 
mîières  ches  lesqueb  les  poils  sont  devenus  des  organes 
évidemment  dcfensifs,  rexistence  de  ces  muscles  est  très- 
aisée  è  démontrer.  Il  paraît  cependant  qu'il  n'y  a  jamais  que 
des  extenseurs,  c'cst-À^dire  des  muscles  qui  de  la  peau  qui 
environne  le  poil  se  portent  à  la  base  de  celui-ci ,  sur  le  côté 
opposé  à  son  mouvement  d'abaissement. 

Après  ayoir  étudié  d'une  manière  générale  ce  qui  caracté*    Diflêreno^ 
rise  U  peau  des  mammifères,  voyons  maintenant  les  dific- 


58  DI    LA   PEAC 

rences  qu'elle  présente  en  totulité  et  dans  cbacune  de  tet 
parties» 

Ces  différences  sont  de  plusieurs  sortes  ;  il  en  est  qur tien- 
nent aux  parties  du  corps  que  la  peau  recouTre;  au  s^our  el 
aux  lieux  que  Tanimal  habile  ,  à  l'âge  auquel  il  est  parrena^ 
au  sexe»  ainsi  qu'au  groupe  naturel  auquel  il  appartient;  enfin 
il  en  est  d'autres  qni  sont  tout-à-fait  spéciales-^  et  qui  dé- 
pendent de  quelque  cause  particulière. 
11^  l'étrndoc  Je  commencerai  par  faire  observer  qu'en  général  la  pefto 
touiitc.  et  par  conséquent  le  derme  est  d'une  étendue  seulement 
suffisante  pour  envelopper  la  masse  qui  constitue  l'animal  y 
qu'elle  se  moule  sur  cette  masse  ;  mais  il  arrive  aussi,  asseï 
souvent,  qu'elle  se  prolonge  plus  ou  moins  au  delà  en  for^ 
mant  :  i*  des  lobes  ou  des  poches,  comme  à  la  racine  anté» 
rieure  du  cou  de  plusieurs  espèces  du  genre  bœuf,  ce  qu'on 
nomme^non,  à  la  partie  postéi^eurc  de  l'abdomen,  pour 
contenir  les  testicules ,  ce  qu'on  désigne  sous  le  nom  de 
scrotum,  ou  plus  en  avant  sous  l'abdomen,  d'où  résulte  la 
bourse  abdominale  des  femelles  des  dîdelphes  ;  a*  de  larges 
plis  aux  régions  scapulaire  et  lombaire*  comme  dans  plu- 
sieurs espèces  de  rhinocéros;  5*  enfin  des  expansions  plus  ou 
moins  considérables  entre  le  tronc  et  les  membres  ou  entre 
les  parties  qui  composent  ceux-ci  ;  c'est  ce  dont  on  voit  des 
exemples  dans  les  écureuils  9  les  polatouches,  les  phalangers, 
les  galéopithèques  9  et  surtout  dans  les  chauve  -  souris ,  et 
enfin  dans  presque  tous  les  animaux  qui  nagent  habituelle- 
ment, comme  dans  les  loutres,  les  phoques,  les  castors,  etc. 
On  désigne  par  des  noms  particuliers  ces  pincemens  ou 
prolongemens  de  la  peau,  formant  des  espèces  de  mem- 
branes sur  les  côtés  de  l'animal.  Celle  qui  des  parties  laté- 
rales du  cou  se  porte  plus  ou  moins  loin  au  bord  antérieur  du 
membre  tboracique,  est  la  membrane  cervico-brachiaU ;  la 
portion  de  peau  qui  des  côtes  de  la  poitrine  ou  de  l'abdomen 
va  au  bord  postérieur  du  bras  ou  antérieur  de  la  jambe ,  est 


DANS    LES   MAMMIFÈRES.  5q 

la  membrane  pleura  -  brachiale  dans  le  (tremiér  cas ,  ou 
pleuro-fémorale  dans  le  second  ;  et  si  ces  deux  portions  se 
réunissent 9  la  membrane  unique  qu*elles  forment  reçoit  le 
nom  de  hmçhio-fémorale.  La  denlfère  expansion  de  la  peau 
du  tronc  sert  à  réunir  la  queue  au  membre  postérieur  ou  les 
deux  membres  postérieurs  entre  eux  :  c*est  alors  la  membrane 
caudo'fémorale  ou  inter-fémorale.  Quant  aux  membranes 
qui  réunissent  les  doigts,  elles  sont  connues  sous  le  nom  de 
membranes  inter-digitales. 

On  remarque  aussi  quelquefois  des  prolongemens  de  la 
peaa  dont  Tusage  est  tout-â-fait  inconno,  comme  à  la  face 
du  sanglier  d* Afrique  :  cette  espèce  de  sac  convexe ,  mou , 
lâebe  et  très-rugueux  qui  est  sous  les  yeux  et  surtout  le  lobe 
dur^  déprimé,  arrondi,  peu  mobile  qui  est  au-dessous. 

Le  derme  offre  aussi  des  différences  dans  sa  mobilité  et  Dam  ra  m 

1  * 

son  adhérence  au  tissu  sous-jacent;  il  est  toujours  plus  adhé- 
rent et  moins  mobile  dans  la  ligne  médiane  supérieure  et 
inférieure,  sur  les  os,  comme  sur  la  tête,  les  extrémités  ,  la 
queue ,  etc. 

On  remarque  que  Tépaisseur  et  la  densité  du  derme  Jï"durfîî 
soBt  en  général  plus  grandes  dans  la  ligne  médiane ,  dans  *ti^dù<»i 
les  parties  du  corps  qui  sont  le  plus  exposées  à  Taction  des 
corps  extérieurs  ;  ainsi  dans  les  espèces  qui  marchent 
i  quatre  pieds ,  c'est  le  dos  et  la  partie  externe  des  membres 
qui  offrent  le  derme  le  plus  épais  ;  dans  Thomme  dont  la  sta- 
Ueo  est  verticale ,  il  y  a  presque  égalité  d'épaisseur  entre  la 
peaa  du  dos  et  celle  de  la  poitrine  ;  quelques  mammifères 
quadrupèdes  qui  ont  Thabitude  de  se  défendre  en  se  renver- 
sant sur  le  dos  et  en  présentant  les  quatre  pattes  armées  de 
griffes  à  leur  ennemi,  ont  aussi  la  peau  delà  partie  inférieure 
do  tronc  d'une  épaisseur  considérable  et  égale  à  celle  du  dos , 
comme  le  blaireau  et  le  paresseux.  La  taupe  est  dans  le 
même  cas. 

On  trouve  des  différences  encore  plus  grandes  dans  Tépais-     *"i2îîi 


6o  DE   LA    PEAU 

seur  du  derme,  «uifont  certains  usages  des  parlies  qu'il  re« 
couvre;  ainsi  il  est  fort  mioee  aux  paupières,  pour  qu^elles 
lai!«seQt  passer  un  peu  de  lumière  ;  sur  la  conque  auditive , 
pour  qu'étant  moiosmolle,  elle  absorbe»  pour  ainsi  dire,  moins 
le  son  ;  aux  lèvres  de  Tbomme ,  au  prépuce ,  et  en  général 
aux  endroits  où  la  peau  devient  le  siège  du  toucher  actif  > 
|)i)ur  rendre  le  tact  plus  délicat  ;  enfin  en  général  dans  les  en- 
droits d'articulation  ,  pour  faciliter  les  mouvemens.  U  est  au 
contraire  plus  épais  aux  endroits  qui  doivent  toucher  des 
corps  durs,  comme  dans  les  abajoues  des  hamsters,  ou  qui 
doivent  servir  de  points  d'appui,  comme  aux  mains  et  aux 
pieds,  où  il  contribue  à  former  ce  qu'on  nomme  des  pçhUes 
ou  des  caliosUes  ioui  la  disposition  est  fixe  dans  chaque 
groupe  naturel. 

Le  séjour  détermine  aussi  des  difierences  évidentes  dans 
l'épaisseur  du  derme  ;  ainsi  les  espèces  qui  vivent  exposées 
û  toutes  les  intempéries  de  l'air,  comme  presque  tous  les  ani* 
maux  ongulés  et  surtout  les  pachydermes  ont  la  partie 
principale  de  la  peau  fort  dure  et  fort  épaisse;  hu  contraire  de 
celles  qui  vivent  dans  des  trous,  ou  qui  peuvent  s'abriter  d'une 
manière  quelconque ,  comme  la  plupart  des  rongeurs  dont  la 
peau  est  extrêmement  mince. 

C'est  à  peu  près  pour  la  même  raison  que  l'âge  a  une  in- 
fluence si  évidente  sur  l'épaisseur  et  surtout  sur  là  densité  et 
la  sécheresse  du  derme.  Chez  les  animaux  qui  viennent  de 
naître,  et  surtout  chez  les  espèces  qui  naissent  extrêmement 
imparfaites,  la  peau  est  beaucoup  plusteudre,  plus  molle, 
plus  gonflée  et  par  conséquent  plus  perméable,  au  contraire  de 
ce  qui  a  lieu  dans  les  animaux  adultes,  et  surtout  chez  ceux 
qui  sont  arrivés  à  un  âge  avancé. 

Le  sexe  a  aussi  quelque  influence  sur  l'épaisseur  et  la  den- 
sité du  derme  ;  il  est  eu  eflet  d'uu  tissu  moins  serré  dans  les 
individus  femelles,  et  il  est  par  conséquent  plus  perméable, 
i^airuu  de      On  voit  aussi  que  le  derme  est  en  général  plus  épais  et 


DANS    LE8   MAMMIFÈRES.  6l 

plus  dur  chei  les  animaiu  qui  sont  presque  4ius  ou  couverts 
de  poib  rares  !  ainsi  les  pachydermes  sont  ceux  qui  ont  cette 
partie  plus  dure  ;  certains  carnassiers  et  surtout  les  rondeurs 
qui  ont  une  grande  quantité  de  poils  9  ont  au  contraire  la 
peau  fort  mince.  Les  espèces  de  ces  groupes  qui  ont  moins 
de  poils,  comme  les  cabiais ,  les  chiens,  les  hyènes ,  les  édentés 
suivent  les  pachydermes  ;  l'homme,  les  singes  précèdent  en- 
suite la  plupart  des  rongeurs ,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  le  derme 
plus  épais  qu'eux. 

D'où  Ton  peut  aperceyoir  que  ces  différences  s'accordent  Laïkff^adaiion. 
asseï  bien  avec  la  dégradatioqde  l'organisation.  Ainsi  l'homme 
a  le  derme  plus  mince  que  les  singes  ;  ceux-ci  plus  que  la 
plupart  des  carnassiers  ;  si  cependant  les  rongeurs  l'ont  quel- 
quefois plus  épais  f  ce  sont  seulement  les  derniers  de  ce 
^upe  ;  chea  les  ruminans ,  les  chevaux ,  les  véritables  pa- 
chydermes et  les  éléphans  son  épaisseur  s'accroU.  Les  sarigues 
ODt  aussi  le  derme  fort  épais  en  dessous  comme  en  dessus. 

Enfin  il  est  des  modifications  toutes  particulières  du  derme  QneiqiMi  anu-. 
qui  tiennent  à  des  imperfections  plus  ou  moins  évidentes  dans  *  "^ 
les  organes  des  sens  et  de  la  locomotion,  ou  à  un  but  dé- 
terminé qui  demandait  une  sensibilité  exquise  quoique  pas- 
sive ;  et  c'est  alors  qu'il  devient  un  appareil  protecteur  et 
défensif ,  ou  un  organe  de  toucher  extrêmement  délicat.  La 
grande  épaisseur  du  derme  du  paresseux  et  de  la  plupart  des 
édenlés  terrestres  parait  tenir  à  la  premièra  cause.  C'est 
en  effet  dans  un  genre  de  cette  famille,  celui  des  tatous,  que 
se  trooTO  le  seul  exemple,  parmi  les  mammifères,  d*un 
derme  psseux  ou  encroûté  de  sels  calcaires.  Il  est  du  reste 
composé  eomme  à  l'ordinaire,  cl  fort  épais  ;  mais  dans  toute 
la  partie  supérieure  de  la  tête,  du  corps,  sur  toute  la  queue 
et  â  la  partie  externe  des  membres ,  des  molécules  calcaire» 
9e  sont  déposées  dans  les  mailles  du  tissu  cellulaire  primitif 
et  cela  seulement  dans  des  endroits  déterminés  et  en 
commençant  &  la  base  des  poils  ;  il  en  est  résulté  alors  des 


62  DE    LA   PEAU 

espèces  de  polygones  de  forme  très«>Tariuble ,  di4>08és  par 
bandes  oq  en  larges  boucliers  «susceptibles  Cependant  de 
plus  ou  moins  de  mobilité  à  cause  de  la  partie  de  la  peau 
qui  e$l  restée  flexible.  Il  y  a  un  premier  bouclier  qui 
recouvre  la  tête  9  c*est  le  céphalique ,  un  autre  beaucoup  plus 
large  sur  les  épaules  9  le  scapulaire  j  et  enGn  un  troisième  sur 
la  croupe  9  le  lombaire.  Les  bandes  en  nombre  variable  oc- 

^  Gupent  l'espace  compris  entre  les  deux  bQuclters  du  corps. 

Elles  sont  formées  de  parallélogrammes  dont  la  partie  anté- 
rieure est  un  peu  amincie,  et  qui  peuvent  ainsi  plus  ou  moins 
sMmbriquer  les  unes  les  autres  d'avant  en  arrière  :  c'e$t  ce  qui 
permet  à  Tanimal  de  bomber  ou  d'aplatir  son  dos.  Quant 
aux  boucliers  9  iU  sont  composés  ordinairement  d'bexagones 
plus  ou  moins  réguliers  ;  lisses  à  la  face  interne  9  ils  pré^n- 
tcnt  à  leur  surface  externe  une  espèce  de  travail  deguiUochù 
un  peu  variable  dans  les  dififérentes  parties  du  bouclier,  mais 
qui  me  paraît  caractéristique  de  chaque  espèce,  quoique  les 
zoologistes  y  aient  fait  peu  d'attention.  A  la  queue  les  poly- 
gones osseux  se  disposent  par  anneaux  complets. 

Dans  les  chauve-souris  la  peau  qui  sert  à  réunir  les  mem- 
bres au  tronc  et  à  la  queue,  ainsi  que  les  doigts  extrême- 
ment allongés  de  la  main,  offre  dans  son  derme  une  modifi- 
cation tout  opposée  à  celle  que  nous  venons  de  voir  dans  les 
tatous,  non-seulement  à  cause  de  son  extrême  finesse,  mais 
encore  parce  qu'il  se  développe  dans  son  tissu,  et  dans  des 
directions  nombreuses  et  très- variables ,  des  filets  de  tissu 
jaune  élastique  qui  le  rendent  susceptii^  de  se  plisser  dans 
tous  les  sens  et  de  revenir  à  cet  état  quand  la  force  muscu- 
laire a  cessé  son  action.  Alors  cette  modification  du  derme  a 
surtout  pour  but  la  locomotion.  Aussi  se  trouve-t-elle  à  peu 
près  la  même  dans  la  membrane  inter-digitale  des  loutres , 
des  castors ,  etc. 

MMiorraee.       Un  autre  point  de  vue  sous  lequel  le  derme  offre  encore 
dos  difTcrences  suivant  les  espèces  de  mumniifèrcs  et  suivant 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  65 

les  parties  qu'il  recoufre,  c'est  dans  la  saillie  plus  ou  moios 
considérable  de  ses  rugosités  extérieures»  qui  semblent  quel- 
quefois former  des  papilles  y  comme  nous  en  remarquerons 
dans  les  parties  de  la  peau  modifiées  pour  le  sens  du  toucher 
actif;  mais  d'autres  fois  ces  saillies  ne  sont  rien  moins  que  pa- 
pilleuses  :  on  en  voit,  par  exemple  9  de  bien  singulières  dans 
un  petit  rhinocéros  des  Iles  de  la  Sonde ,  où  elles  forment 
comme  des  têtes  de  clous ,  du  milieu  desquelles  sort  un  poil. 
C*est  une  disposition  à  peu  près  semblable  à  ce  que  nous 
Tenons  de  voir  dans  les  tatous. 

La  queue  d'un  assez  grand  nombre  de  rongeurs  offre  aussi 
quelque  chose  de  remarquable  dans  l'apparence  d'écaiiles 
qu'elle  présente.  Dans  le  oaslor ,  par  exemple ,  le  derme  de  la 
queue  est  très-adhérent  au  tissu  sous-jacentqui  est  lardacé  ; 
il  présente  à  sa  superficie  des  saillies  partagées  par  des 
sillons  assez  régulièrement  disposés  pour  que  plusieurs  au- 
teurs les  aient  décrites  sous  le  nom  d'écaillés ,  mais  à  tort. 
Ce  nom  convient  mieux  aux  saillies  du  derme  de  la  queue 
des  rats,  des  gerboises  et  même  des  marmottes 9  en  ce 
qu^elles  s'imbriquent  plus  ou  moins.  C'est  du  bord  de 
ces  espèces  d'écaiiles  que  sortent  les  poils.  Le  derme  de  la 
queue  des  sarigues  offre  encore  bien  mieux  cette  disposition 
squammiforme  régulière  ;  il  est  fort  épais ,  et  sa  structure  fait 
ressembler  la  queue  de  ces  animaux  à  un  orvet. 

Dans  les  loirs  9  le  derme  de  la  queue  offre  seulement  des 
sillons  annulaires  qui  en  partagent  l'étendue  en  tronçons  as- 
sez nombreux.  Je  nffi  pas  trouvé  la  même  disposition  dans 
les  écureuils. 

Quant  à  la  couleur  du  derme  elle  est  toujours  blanche. 

Le  réseau  vasculaire  de  la  peau  des  mammifères  me  pa-      Différancef 
rait  oifirir  en  général  moins  de  différences  que  le  derme,      tascaiairc. 
mab  peut-être  parce  qu'il  a  été  beaucoup  moins  étudié  :  il 
est  cependant  fort  probable  que,  puisqu'il  est  la  source  de  la 
matière  qui  colore  l'enveloppe  cutanée,  il  y  a  quelque  rap- 


64  I>S   l'A   PEAU 

port  entre  son  de? eloppement  et  le  ptgnientum  coloré  ;  qu*U 
est  plus  considérable  dans  la  jeunesse  ou  dans  tMtela  Tlgoeor 
de  rSge,  et  dans  les  climats  où  les  circonstances  extérieures 
sont  évidemment  excitantes.  Enfin  il  est  évident  que  dans 
certaines  parties  du  corps  il  doit  être  plus  abondant  que 
dans  d'autres ,  ce  que  Ton  peut  juger  à  la  quantité  de 
yaisseaux  qui  se  rendent  à  la  peau ,  et  à  la  couleur  qu'elle 
prend  momeataoémeûtou  constaounent  par  TarrUée  du  sang 
dans  ces  vaisseaux.  L^homme  seul  me  paraît  cependant  offrir 
cette  modification  particulière  du  réseau  vasculatre  dans  la 
peau  des  lèvres  et  dans  celle  des  foaes  ;  et  encore  n*exiiste- 
t-ellc  pas  dans  toutes  les  races  de  cette  espèce. 
Dan«  le  piff-  I^  pigmcntum  me  semble  dtre  autre  chose  que  cette  oolo- 
I»  coiuraiioN.  ration  dont  nous  venons  de  parler,  et  que  Ion  peut  nommer 
vascuinîre;  c'est,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  un  véritable 
dépôt  de  matière  colorante  fait  à  la  surface  du  réseau  vasculaire, 
par  ce  réseau  hii-même ,  et  par  conséquent  susceptible  de 
modifications  dépendantes  de  l'action  des  propriétés  thaïes. 
Les  mammifères  offrent  un  assez  grand  nombre  de  diffé- 
rences sous  le  rapport  de  ce  pigmentum,  non-seulement 
dans  sa  couleur,  mais  encore  dans  l'activité  ou  la  vivacité 
de  celle  couleur,  et  dans  son  étendue  à  la  surface  do  Ta* 
nimal. 

LMge  et  les  circonstances  extérieures  semblent  avoir  un 
effet  marqué  sur  Son  développement  et  sur  la  vivaeité  de  sa 
couleur.  JEn  effet  dans  les'roamraifères  très-jeunes  5  dans  ceut 
qui  sont  exposés  à  des  causes  débilitailf^s  ou  qui  sont  par- 
venus à  un  âge  très-avancé,  l^pigraentum  semble  ne  pas  exis- 
ter ,  tant  il  est  difHcilemcnt  perceptible ,  ou  bien  sa  eouleur 
s'affaiblit  au  point  d'être  complètement  blanche  :  ce  qui  forme 
•  Valbinisme,  Si  les  circonstances  extérieures  sont  au  cob- 
trairc  excitantes,  si  l'ammal  appartient  au  sexe  le  plus  vi- 
goureux, on  à  l'Age  de  la  vigueur,  la  coloration  se  prononce 
plus  ou  moins  furtemcnt,  ce  qui  produit  le  méianisme. 


~DANSI.£SHAUHtFÈRi;s.  6!j 

>  Les  espèces  qui  onl  le  corps  revêlu  d'une  pctilc  quaniilé 
b|K>îla(Hit  ordiaaireinent  uu  pigmenlum  plus  évident,  plus 
^/0È^'Jf^m  coloré,  landi»  que  celle:i  qui  ont  ua  irès-grand 
■^HÉRi^s  poils  ont  an  contraire  loujoui's  la  peau  presque 
MkhIm,  ou  i  peine  rosée,  au  point  que  l'on  pourrait  pen- 
ser qu'il  y  aurait  un  rapport  iarcrse  entre  la  coloration  de  la 
peau  et  celle  des  poils. 

Celte  observation  s'étend  aux  parties  du  corps  qui  sont 
habituellemeat  presque  dépourvues  de  poils,  comme  i\  la 
bce,  aux  paupières,  aux  narines,  au  pourtour  des  organes 
de  la  génération. 

Ainsi  l'e'pécc  humaine  étant  ceUe  doat  la  peau  est  le 
moins  Telue,  et  cela  dans  toutes  les  parties  du  corps,  c'est 
tlle  en  cITet  qui  présente  la  peau  le  plus  généralement  colorée  ; 
fiennent  ensuite  les  singes  ,  mais  seulement  à  U  Tace  et 
autour  «le  la  terminaison  exlcrue  des  organes  de  la  géné- 
ration, et  enfin  les  pachydermes.  Dans  presque  tous  les 
autres  mammifères  le  pigmcnlum  n'est  que  légèremeni  co- 
foré,  au  point  qu'il  est  probable  qu'il  n'existe  pas. 

Forint  les  couleurs  qui  se  remarquent  lï  la  surface  de  la 
peau  des  mammifères,  k  couleur  presque  blanche  ou  iégé- 
reinent  rosée  est  la  plus  commune,  puisqu'elle  existe  dans 
pKtque  toutes  les  espèces  qui  ont  beaucoup  de  poils.  La  cou- 
Itur  de  chair  se  prononce  davantage  dans  la  race  blanche  de 
Tepèce  humaine.  On  trouve  un  bleu  vif  i  la  face  du  man- 
drill ^  de  quelques  callilriclics  et  autour  des  organes  de  la  gé- 
néralioti  de  ptusieut^  espèces  de  singes,  La  couleur  rouge 
carmin  se  voit  ù  lu  face  du  mi^mc  mandrill ,  à  la  peau  de  l'or- 
gane mille  de  la  génération  et  au  pourtour  de  ces  organes. 
Ia  (écCf  la  paume  des  mains,  les  oreilles  du  petit  singe  mico, 
le  nci  du  rat  sablé  sont  aussi  delà  même  couleur.  L'espèce 
bumaiae  offre  aussi  quelquefois  une  couleur  d'un  rouge 
cBÎtré.  Il  parait  que  chci  elle  la  peau  peut  ëire  aussi  colorée 
njturellruieot  en  jaune.  Le  noir  ou  le  brun  plus  ou  moins 
1.  5 


66 


m  LÀ   PIAO 


ini  le  corps 
papiUair*. 


Dam  Tëpi- 
roie,  laiiraot 


foneé  Be  Iroure  dans  U  race  nègre  de  la  même  eapèee.  Ottn» 
le  buffle  et  la  plupart  des  espèces  de  cochon  la  pean  est  de 
ta  même  couleur.  L'éléphant,  le  tapir,  le  rhinocéros,  lliip^ 
popotame,  les4amantîns  sont  d*un  gris  noir  pins  ou  moina 
foncé.  La  très -grande  partie  des  cétacés  sont  de  la  même 
couleur. 

Ainsi  le  pigmentum  dans  les  mammifères  peut  présenter 
les  trois  couleurs  fondamentales  :  le  rouge,  le  jaune  elle 
bleu ,  ainsi  que  le  blanc  qui  en  est  le  mélange ,  et  le  noir  qni 
en  est  Tabsence. 

J'aurai  peu  de  choses  à  dire  des  différences  que  le  corps 
papiilaire  peut  offrir  dans  la  série  des  mammifères.  En  effet 
puisque  son  existence  est  asset  difficile  à  démontrer  d'une 
manière  générale ,  comme  nous  TaTons  fait  obserrer  plus 
haut,  ces  différences  doivent  être  encore  beaucoup  moins 
saisissables. 

On  conçoit  cependant  que  son  déyeloppement  soit  plus 
grand  chez  les  espèces  et  sur  les  parties  de  la  peau  qui 
jouissent  d'une  plus  grande  sensibilité  ;  et  en  effet  nous  Ter- 
rons par  la  suite  que  les  filets  neryeux  qui  forment  ces  parties 
de  la  peau  ou  qui  s'y  rendent  sont  beaucoup  plus  nom- 
breux ,  beaucoup  plus  gros. 

C'est  surtout  dans  les  parties  du  corps  modifiées  pour  de- 
Tenir  des  organes  de  toucher  actif  que  nous  deyront  Irou- 
▼er  le  corps  papiilaire  plus  développé,  et  c'est  en  effet  ce  qui 
a  lieu. 

Nous  a? ons  également  fait  remarqm|r  plus  haut  que  son 
développement  doit  être  en  rapport  inverse  de  l'épaisseur  et 
de  la  dureté  du  derme ,  et  surtout  du  développement  du  syi* 
tème  épidermique  et  du  système  pileux ,  et  c'est  ce  qui  est 
en  effet,  en  en  jugeant  toujours  par  la  quantité  de  nerfii 
qui  se  rendent  à  la  peau. 

L'épideme  n'est  pas  dans  le  cas  de  la  couche  nerveuse  ; 
ses  différences  sont  beaucoup  plus  aisées  à  apercevoir. 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  67 

Plut  miûce  dans  le  jeune  ige ,  où  il  est  presque  nul ,  sou        t'â^. 
éfMiisseur  augmente  avec  lui  ;  mais  elle  augmenterait  encore 
l>eancoup  davantage,  s*îl  ne  s'usait  et  s'il  ne  tombait  par 
l'action  des  corps  extérieurs. 

Il  est  toujours  plus  épais  dans  les  parties  exposées  à  cette  tn  iiartiM  du 
action,  à  peu  près  comme  le  derme,  mais  surtout  dans  les  ^'^^' 
endroits  qui  serrent  à  transmettre  le  poids  du  corps  au  sol  sur 
lequel  il  s'appuie  dans  la  station  ou  dans  la  locomotion.  C'est 
ainsi  que  sous  les  extrémités  antérieures  et  postérieures  son 
épaisseur  est,  pour  ainsi  dire,  proportionnelle  au  poids  du 
corps  :  fort  mince  dans  l'homme  aux  mains ,  il  est  déjà  assez 
épais  sous  les  pieds,  et  surtout  sous  le  talon  et  sous  la  racine 
du  gros  orteil.  Dans  les  singes  et  les  quadrumanes  en  gêné* 
ni,  wom  déyeloppement  est  à  peu  près  aussi  grand  en  arant 
qa'en  arrière  :  il  ne  forme  pas  encore  de  callosités  distinctes. 
Dans  uo  grand  nombre  de  carnassiers  il  n'en  est  plus  de 
Bêaie  :  son  épaisseur  est  d'abord  plus  considérable ,  et  il  se 
diTise  par  plaques  ou  callosités.  Ces  callosités  sont  de  trois 
sortes  :  la  plus  postérieure,  ordinairement  la  plus  petite  ,  ap- 
partient au  pouce  ou  au  poignet  ;  aussi  elle  est  souvent  di- 
visée an  deux  parties ,  l'une  polUciale  et  l'autre  carpienne  ; 
oelle-ci  correspond  ordinairement  à  l'os  pisiforme.  La  seconde 
iMta  est  le  plus  souvent  unique  et  beaucoup  plus  large  que 
ks  autres ,  a'est  la  callosité  palmaire  ou  plantaire  ;  elle  se 
troaTeàreadroit  de  l'articulation  des  doigts  avec  le  métacarpe 
ou  le  métatarse,  aussi  est-efle  quelquefois  un  peu  subdivisée 
ta  troifl  oa  quatre  Mies.  Enfin  les  plus  antérieures  sont  plus 
petites,  mais  plus  nombreuses,  puisqu'il  y  en  a  autant  que 
de  doigts  :  elles  sont  situées  ù  l'articulation  de  la  seconde  avec 
la  troisième  phalange,  ce  sont  les  callosités  digftales.  Les 
rongeurs  ressemblent  asseï  aux  carnassiers  sous  ce  rapport. 
Mais  c'eet  surtout  dans  les  animaux  mammifères  des  ordres 
infi^neors  qui  ne  marchent  pas  sur  les  ongles  que  Tépi- 
deraw  acquiert  sapins  grande  épaisseur,  comme  cela  se  volt 

5. 


68  DBLiPEAU 

dans  Téléphant,  le  rhinocéros,  l*hippopotame  et  les  chameaux. 
Chez  eux  en  effet  il  n'existe  plus  sous  les  pieds  qu'une  seule 
callosité  en  forme  de  large  semelle  sur  laquelle  l'animal  s'ap- 
puie et  qui  est  presque  entièrement  formée  par  l'épiderme. 

Ce  qu'on  nomme  la  fourchette  dans  le  cheval  n'est  qae  la 
callosité  digitale  du  seul  doigt  qui  reste. 

Dans  les  animaux  qui  se  reposent  sur  d'autres  parties  que 
les  membres ,  l'épiderme  y  acquiert  aussi  une  épaisseur  con- 
sidérable ;  c'est  ce  qui  se  voit  aux  tubérosités  ischiatiqoes 
d'une  grande  partie  des  singes  de  l'ancien  continent,  ainsi 
qu'au  poignet ,  au  genou ,  au  coude  et  surtout  à  la  poitrine 
des  chameaux  et  des  dromadaires. 

L'épiderme  est  au  contraire  fort  mince  sur  les  parties  de 
la  peau  qui  sont  le  plus  à  l'abri  des  corps  extérieurs,  comme 
ù  la  face  ventrale  du  tronc,  à  la  face  interne  des  membres, 
sur  celles  qui  sont  souvent  en  contact  entre  elles ,  comme 
dans  les  articulations ,  sur  celles  dont  le  système  Dervenz  est 
fort  développé ,  et  qui  deviennent  des  organes  d'un  toucher 
,   fort  délicat,  comme  aux  lèvres,  aux'  doigts,  au  prépnce, 
aux  ailes  des  chauve-souris,  etc. 
proportion       Commc  l'épiderme  peut  servir  à  former  un  appareil  pro- 
rtiesdeb     tccteur,  on  couçoit  quc  son  développement  concorde  rare- 
ment  avec  celui  du  derme ,  et  surtout  avec  celui  du  système 
pileux,    puisque  ces  deux  organes  peuvent  constituer  un 
appareil  de  même  usage  ;  mais  c'est  nécessairement  avec  la 
couche  nerveuse  que  son  développement  doit  être  en  rapport 
inverse,  leurs  usages  étant  entièrement^opposéa.  Et  en  effet, 
les  parties  de  l'enveloppe  cutanée  qui  jouissent  d'une  très- 
grande  sensibilité,  ont  un  épiderme  fort  mince,  au  contraire 
de  celles  qui  n'en  ont  qu'une  très-obtuse, 
groupe.  On  ne  voit  donc  pas  trop  que  les  différences  dans  l'épais- 

seur de  l'épiderme  des  mammifères  soient  exactement  en 
rapport  avec  la  place  qu'ils  occupent  dans  la  série.  En  effet, 
rhomme  l'a  en  général  fort  mince  ;  mais  il  l'est  peut-être  en- 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  69 

co»  plus  dans  les  quadrumanes,  dans  la  plupart  des  camas- 
YÎers,  et  surtout  chez  les  petits  rongeurs  :  au  delà  il  est  évi- 
dent qu'il  acquiert  une  épaisseur  beaucoup  plus  considérable, 
et  surtout  dans  les  pachydermes,  ce  qui  supplée  à  Tabsence 
presque  totale  de  poils  dans  ces  animaux. 

Je  De  troure  pas  que  le  séjour  dans  un  milieu  différent  de  Leiéiour 
celui  de  Tair  où  Tiyent  ordinairement  les  quadrupèdes ,  ait 
beaucoup  d'inOuence  sur  l'épiderme*  Cependant  les  espèces 
qui  Tivent  habituellement  dans  l'eau,  qui  n'en  sortent  pas, 
comme  les  cétacés,  ont  un  épidcrme  singulier  qui  parait 
remplacer  chez  eux  les  véritables  poils.  Il  est  en  effet 
composé  de  filets  collés  les  uns  aux  autres,"  perpendicu- 
laires à  la  peau ,  et  qui  s'enlèvent  avec  la  plus  grande  fa^- 
lité  z  je  suis  fort  porté  à  regarder  cette  partie  comme  appar- 
tenante plutôt  aux  poils  qu'à  l'épiderme  proprement  dit. 
C'est  ce  que  l'on  peut  confirmer  par  ce  que  dit  Steller  de 
la  structure  de  l'épiderme  de  la  grande  espèce  de  lamantin 
du  nord  de  l'Asie.  Quoique  la  peau  ou  le  derme  n'ait  que 
deux  à  trois  lignes  d'épaisseur,  l'épiderme  est  épais  de  plus 
d'un  pouce;  il  forme  autour  de  l'animal  une  sorte  de  croûte: 
file  est  composée  de  tubes  perpendiculaires  à  la  peau ,  que 
l'on  peut  séparer  aisément  dans  leur  longueur.  Chaque  tube 
est  arrondi,  bulbeux  à  son  extrémité;  ces  bulbes  pénètrent 
dans  le  derme ,  de  manière  que  celui-ci  est  poreux  à  sa  sur- 
face. Aussi  Steller  compare  cette  écorce  pilifère  au  sabot 
d'un  quadrupède.  Il  sort  de  ces  espèces  de  tubes  une  muco- 
sité séreuse  peu  abondante  sur  le  dos,  mais  qui  l'est  beau- 
coup davantage  sur  les  côtés  et  autour  de  la  tête. 

Steller  ajoute  que  l'épiderme  de  la  baleine  est  tout-à-fait 
semblable  à  celui  du  lamantin.  J'ai  tu  ,  en  effet,  que  la  peau 
d'une  baleine  que  couvrait  une  coronule,  offrait  une  grande 
quantité  d'espèces  de  longs  poils  cylindriques  blancs  ;  mais  ils 
M'étaient  pas  agglutinés. 

Je  ne  connais  guère  d'autre  anomalie  dans  le  développement      •ôv'^iw!! 


^O  DB    l'A    PEAU 

de  répiderme  chez  les  mammifères  j  que  ces  singulières  par- 
ties cornées ,  rugueuses ,  OYalaires  »  que  l'on  remarque  dans  le 
cheTal  au  côté  interne  de  rayant-bras»  au-dessus  da  carpe 
dans  les  membres  antérieurs  ^  et  au-dessous  du  tarse  dans  les 
postérieurs  :  on  les  nomme  châtaignes^  elles  ne  sont  pas 
composées  de  poils  agglutinés,  mais  elles  semblent  n'être 
qu'une  sorte  d'exsudation  épidermique.  On  en  ignore tout>A« 
fait  l'usage  et  même  l'analogue.  On  voit  aussi  sur  les  membres 
antérieurs  et  postérieurs  du  lama,  des  espaces  où  il  n'y  a  pas 
de  poils  ;  mais  i'épiderme  ne  parait  pas  j  être  plus  épais 
qu'ailleurs. 

Dans  les  organes  accessoires  dé  TeuTeloppe  cutanée  des 
mammifères  y  les  différences  Tont  nous  paraître  plus  cooai- 
dérables ,  et  surtout  plus  évidentes  ou  plus  aisées  à  saisir. 
DiKrraeet  Ce  n'cst  Cependant  pas  encore  dans  les  cryptes  proprement 
crjpicf.  dits  qne  ces  différences  sont  bien  importantes.  Leur  structure 
est  en  effet  probablement  toujours  la  nfême,  quoique  le  fluide 
qu'ils  rejettent  soit  souvent  de  nature  assez  dissemblable;  mai» 
ils  diffèrent  surtout  par  leur  quantité  générale  ,  par  leur  rè« 
partition  plus  ou  moins  inégale ,  et  leur  entassement  dans 
quelques  endroits  particuliers  de  la  peau. 

Commel  'usage  général  du  fluide  qu'ils  versent  à  sa  surfaoe 
est  encore  de  la  défendre  contre  certaines  circonstances  exté- 
Heures ,  on  conçoit  qu'ils  soient  d'autant  plus  nombreux  el 
plus  généralement  répandus ,  que  l'animal  est  plus  dépourvu 
à  la  fois  d'épiderme  et  de  poils.  En  effet,  l'homme  et  surtout 
la  race  noire  est  parmi  les  mammifères  l'espèce  qui  semble 
avoir  la  plus  grande  quantité  de  ces  cryptes ,  du  moins  en^ 
leur  rapportant  la  production  de  la  matière  huileuse  qui 
sVxhale  à  la  surface'  de  la  peau.  Les  autres  espèces  en  cal 
tans  doute  aussi,  et  c'est  même  très-probablement  ce  qui 
produit  le  ^iW  dans  les  moutons.  Mais  comme  il  se  pourrait 
que  ces  matières  fussent  le  résultat  d'une  simple  exhalation  k 
travers  les  parois  de  la  peau,  il  peut  réellement  y  avoir 


DANS    LXS   MAMMiPàRES.  Jl 

quelque  cloute  sur  Texistence  de  ces  crjptes  dans  toutes  les 
parties  de  TenTcloppe  cutanée. 

Il  n'en  est  pas  de  noême  de  ceux  qui  se  trourent  dans  les 
endroits  du  corps  qui  sont  exposés  à  quelque  frottctneirt;  ifs 
j  sont  plus  éfidensy  comme  dans  les  articulations  de  jooo« 
tion  des  membres  an  tronc ,  à  Taiie  du  oez  dans  TboiMne , 
dans  les  replis  de  la  conque  auditive ,  au  prépuce,  etc. 

Il  en  est  encore  d'autres  qui's'accumulent  dans  certa^» 
endroits,  et  qui  Tersent  des  fluides  assex  différens.  L'homme 
ai  let  singes  ne  paraissent  a?oir  de  ces  amas  de  cryptes  eu* 
tanés.  On  en  trouve  d*assez  gros  qui  sont  développés  sur  les 
parties  latérales  de  la  base  de  la  queue  des  desmans  ou  des 
DOMuraigoes  mosquées,  et  sur  les  flancs  des  musaraignes 
ordioaires.  Une  espèce  de  chauve-souris  {vesp,  sancinus) 
effrc  au-dessous  de  rœil  un  petit  sinvs  cutané  :  je  ne  connais 
rien  de  semblable  dans  les  autres  carnassiers.  Dans  le»roD- 
genn,  la  marmotte  sooslick  a  aussi  aïKdessoos  de  l'oail  une 
petite  gtaode  sous-cutanée  qvi  a  la  forme  d'un  croissant. 

Lm  plupart  des  espèces  de  cer&  et  un  assex  grand  noaahre  Lamitr. 
d^antilopesy  oet  un  amas  de  crjptcs  cutanés  dans  une  sorte  de 
pèche  qui  se  trouve  au-dessous  de  fangle  i»terae  de  Tœil ,  et 
qu'on  a  désignée  sous  le  nom  de  larmier j  perce  que  l'on  a 
sepposé  à  tort  que  cette  poclte  avait  quelque  rapport  arec 
les  larmes^  Cette  poche ,  dont  le  déveleppeeieel  est  rariable, 
se  legs  ordinairement  dans  une  excavatlea  correspondante  de 
l'os  sur  lequel  elle  s^appeie,  et  son  ooverture  à  l'extérieer 
est  sous  la  forme  d'une  fente  plus  ou  moins  étroite  dirigéo 
oUiqtiement  aor  les  côtés  de  la  face.  Cette  fente  parait  dans 
qnelqœs  espèces  pouvoir  s'ouvrir  probablemenl  par  l'aetio» 
de  quelques  fibres  musculaires  du  peaussier.  Le  larmier  est 
qiMiquefois  remplacé  dans  les  antHopea  par  une  bande  étroite 
de  peau  née  qui  ae  prolonge  au-dessoos  de  f  «ail  f  et  qui' 
aéerèle  aosn  nae  hnmeur  perticaiièfe.  Le  sengliibr  dtf  Cep  n 
une  aetie  de  ssHon  bcry  iMrl. 


72  DE    LA    PEAU 

Dan»  ces  mêmes  antilopes  on  trouve  soufent  dans  raine, 
c*e8t-à-dire  à  la  face  interne  de  Torigine  des  membres  posté- 
rieurs 9  une  autre  sorte  d'amas  crjpteux  qui  verse  le  fluide 
qu'il  sécrète  dans  une  petite  poche  formée  par  un  repli  de  la 
peau  :  on  la  nomme  poche  inguinale,  La  peau  qui  la  forme 
présente  à  sa  surface  un  grand  nombre  de  petites  papilles,  et 
au-dessous  une  substance  rouge  évidemment  glanduleuse. 
S<yi  usage  est  tout-à-fait  inconnu. 

Il  en  est  à  peu  près  de  même  d'autres  petites  poches  de 
même  forme  et  de  même  nature  que  l'on  voit  dans  l'écarte- 
ment  des  doigts  du  chamois ,  et  même  à  ce  qu'il  parait  à  la 
racine  de  ceux  des  rennes. 

Mais  le  plus  singulier  de  ces  amas  cr3rpteuz  est  celui  qui  se 
remarque  sur  le  dos  du  pécari ,  ou  du  représentant  du  groupe 
des  cochons  dans  le  Nouveau-Monde.  Il  est  situé  à  la  partie 
postérieure  du  dos,  et  forme  une  masse  ovale  très-déprimée, 
composée  de  petits  corps  glanduleux  adhérens  entre  eux, 
s'ouvrant  dans  une  sorte  de  bassinet  ou  de  poche  ;  celle  poch 
communique  à  l'extérieur  par  une  petite  fente  de  deux  à  trois 
lignes  de  longueur  ^  et  qui  est  cachée  par  les  poils. 

Enfin  il  est  de  ces  amas  de  cryptes  sous-cutanés,  qui 

semblent  être  en  rapport  avec  la  fonction  de  la  génération , 

puisque  l'apparition  du  fluide  qu'ils  sécrètent  concorde  avec 

le  rut  de  l'animal.  Dans  l'éléphant  c'est  une  grosse  glande 

dont  le  canal  excréteur  se  termine  par  un  très-petit  orifice 

temporal.  Dans  les  chameaux,  l'amas  de  cryptes  est  situé  en 

arrière  des  oreilles  ;  et  il  n'y  a  pas  de  canal  commun. 

iiffireiioet         La  partie  de  l'enveloppe  extérieure  des  animaux  mam- 

roifères  qui  offre  le  plus  de  différence,  est  évidemment  le  poil; 

nous  allons  en  faire  connaître  les  principales. 

I  ttriKtore.        A.  Sous  le  rapport  de  la  structure  on  peut  diviser  les  poils 

en  deux  espèces  :  dans  la  première  le  poil  est  formé  de  deux 

substances  physiquement  distinctes  ;  l'une  extérieure ,  dure, 

solide,  colorée;  l'autre  interne,  spongieuse,  très-pea  solide 


DANS   lES  MAMHIFiRES.  'jZ 

et  blanche.  Dans  la  seconde  espèce  de  poils  il  Q*y  a  que  la 
substance  dure  et  colorée. 

Si  dans  la  première  espèce  la  substance  externe  est  fort 
mince ,  proportionnellement  avec  l'interne  9  il  en  résulte  des 
poils  secs  9  cassans ,  comme  dans  presque  tous  les  cerfs  et 
quelques  antilopes. 

D'autres  fois  la  couche  externe  est  un  peu  plus  considé- 
rable, surtout  à  la  pointe ,  ce  qui  produit  les  piquans  des 
porc -épies  du  Nouveau-Monde  ,  c'est-à-dire  de  Turson  (1) 
et  du  coendou  qui  sont  beaucoup  moins  résistans  que  ceux 
du  porc-épic  ordinaire. 

Les  piquans  de  celui-ci  ont  en  effet  la  couche  extérieure 
beaucoup  plus  épaisse  9  et  dans  les  plus  résistans  cette  sub- 
stance envoie  dans  l'intérieur  de  l'autre  des  demi-cloisons 
disposées  en  rayons ,  et  indiquées  à  la  surface  extérieure  du 
piquant  par  des  stries  longitudinales. 

Les  poils  piquans  du  hérisson  sont  aussi  striés  à  l'extérieur. 
Leur  écorce  est  aussi  fort  épaisse  et  très-dure  ;  mais  la 
substance  spongieuse  forme  des  espèces  de  cloisons  trans- 
verses fort  serrées. 

On  trouve  aussi  dans  l'échidné  une  structure  de  piquant 
qui  diffère  des  précédentes  :  l'écorce  est  extrêmement  épaisse , 
lisse,  très-dure,  et  la  matière  médullaire  peu  considérable 
est  aussi  disposée  par  espèces  de  rondelles  :  ce  sont  évidem- 
ment les  poils  piquans  les  plus  résistans»  Ils  semblent  avoir 
une  espèce  de  fente  à  leur  extrémité. 

II  faut  aussi  ranger  dans  cette  espèce  certains  poils  creux 
de  la  queue  des  porcs-épics  ordinaires,  et  qui  ne  sont  creux 
que  parce  que  la  substance  médullaire  est  nulle  ou  du  moins 
fort  rare. 

Les  soies  du  pécari  sont  aussi  creuses  à  l'intérieur,  et  corn* 

(1)  Je  n'ai  pai  va  la  disposition  sio^lière  èa  vis  barbelée  à  la  pointe  , 
q«e  Saniîo  attribue  aui  piquans  de  l'urfon. 


^4  OE   LA   PEAU 

posées  de  deux  substances  ;  ce  qui  n*a  pas  lieu  dans  dos  san- 
gliers, dont  les  soles  sont  au  contraire  bifurquées  à  l'extré- 
mité. 

La  seconde  espèce  de  structure  de  poils  se  trouve  le  plot 
souYent  dans  les  mammifères  :  ce  sont  les  poils  ordinaires 
qui  semblent  n'être  composés  que  de  la  substance  externe 
de  la  précédente ,  et  dont  le  tissu  est  homogène. 

LalooKorar  et  B.  Sous  le  rapport  de  la  longueur  et  de  la  grosseur,  les 
poils  varient  encore  plus  ;  quand  ils  sont  très-gros ,  roides» 
Piquant.  résistaus,  ce  sont  des  pùfuans ,  comme  dans  les  liérissons  9 
les  porcs-épics,  les  coendous,  les  échimjs,  Téchidné»  et  dans 
l«a  lamantins  au  bord  des  lèvres ,  où  ils  font  Toffice  dt$ 
dents. 

Soit  ou  crtnt.       |^*||^  g^Q^  cncorc  asscz  roides,  assez  durs,  mais  longs  et 

flexibles  9  c'est  ce  qu'on  nomme  des  soies  ou  des  crùum 
Exemple ,  ceux  du  corps  des  sangliers ,  du  pécari,  de  la  queue 
du  cheval ,  du  rhinocéros. 

uint.  Ceux  qui  sont  encore  fort  longs,  mais  très-fins^  con- 

tournés en  tout  sens  et  plus  ou  moins  cachés*  prennent  le 
nom  de  laine,  comme  dans  certains  ruminans. 

Bourre.  Et  enfin  si  la  finesse  de  cette  dernière  modification  est 

pour  ainsi  dire  extrême ,  les  poils  forment  la  bourre  pro- 
prement dite. 

Presque  tous  les  mammifères  ont  deux  sortes  de  poils^ 
les  soies  ou  poils  soyeux  qui  sont  toujours  extérieurs',  lisses > 
luisans,  comme  imbriqués,  et  les  poils  laineux  ou  la  bourre, 
toujours  très-fins,  très-contournés,  et  cachés  par  la  pre- 
mière sorte. 

Ces  deux  espèces  de  poils  sont  assez  bien  en  opposition 
dans  leur  prédominance,  et  leur  développement  est  en  rap- 
port avec  la  température.  Ainsi  dans  les  climats  très-chauds 
les  poils  sont  en  général  plus  rares ,  et  c'est  l'espèce  lisse 
^qui  prédomine  au  point  d'être  la  seule,  au  contraire  des 
climats  froids  où  la  bourse  est  de  beaucoup  plus  êbaor 


DANS   LES  MAMMIFÈRES.  75 

dante.  Mais  elle  n'existe  cepeDdaot  jamais  complètement 
seule  (i).  Dans  les  climats  qui  sont  alternativement  froids  et 
chauds  la  bourre  tombe  à  une  époque  pour  repousser  à  une 
autre.  Et  ces  différences  sont  tellement  en  connexion  avec  la 
température,  que  la  même  espèce  peut  les  offrir  toutes  ;  la  ' 
cbèTre  en  est  un  exemple. 

C.  Sous  le  rapport  de  la  forme  9  les  poils  yarient  encore  Dam  h  for 
beaucoup  plus  parmi  les  mammifères  ;  ainsi  ils  peuvent  être  : 

1*  Coniques,  c*est-i^-dire  plus  larges  à  mesure  qu'on  se 
rapproche  davantage  de  la  base;  la  plupart  sont  ainsi  quand 
ils  sont  jeunes  ; 

a*  Fusiformes,  lorsqu'ils  sont  plus  renflés  dans  une  partM 
de  leur  longueur  qu'aux  deuj^  extrémités;  c'est  le  cas  le  plus 
ordinaire  ; 

5*  Tubuieiix,  lorsque  appointis  à  l'extrémilé  adhérente  ^ 
ib  sont  cylindriques  et  creux  dans  le  reste  de  leur  étendue, 
comme  dans  certains  poils  tronqués  de  la  queue  des  porcs- 
épies  ;  mais  il  est  certain  qu'ils  ne  naissent  pas  ainsi; 

4*  FlexueuXf  quand  assez  gros,  assez  coniques  ou  fusi- 
formes,  ils  sont  fléchis  dans  différens  sens»  comme  dans  les 
poils  de  l'élan,  du  porte-musc,  de  la  plupart  des  cerfs; 

5*  Aplatis,  lorsqu'ils  sont  pointus  aux  deux  extrémités , 
et  plus  ou  moins  aplatis  et  élargis  dans  le  milieu  ;  c'est  ce 
dont  la  plupart  des  véritables  rats,  et  surtout  les  échimys 
nous  offrent  un  exemple.  Dans  ces  derniers  animaux  ils  ont 
une  de  leur  surface  comme  creusée  par  une  rigole  longitu- 
dinale, â  cause  du  bourrelet  qui  en  épaissit  les  bords  ; 

6*  Herbiformes  :  ils  sont  alors  assez  longs,  très-aplatis^ 
mous  el  flexibles >  comme  dans  le  paresseux  ùl  deux  doigts,  et 
même  un  peu  à  la  queue  de  l'hippopotame  ; 


(1)  En  eflSet,  dans  lei  montons  domestiques,  où  Tart  a  produit  le 
déTcfoppemcnt  le  plus  grand  que  nous  connaissions  de  la  bourre  on  de 
la  faûae  «  il  teste  tovijonrt  an  pca  de  poil  qu'on  nommtjmt. 


tioa. 


76  DE   LA   PEAU 

7*  Moniliformes ,  quand  ils  sont  renflés  d'espace  en  espace» 
comme  dans  les  moustaches  de  certaines  espèces  de  phoques  ; 

8*  yésiculeux  :  ce  sont  ceux  qui  dans  une  partie  de  leur 
étendue  présentent  des  renflemens  vésiculeux  ;  on  n'en  connaît 
encore  qu'un  exemple  dans  une  espèce  de  rongeur  de  l'Inde. 

D.  Sous  le  rapport  du  mode  et  de  la  direction  de  leor  im- 
plantation, les  poils  offrent  encore  quelques  différences. 
L'iaiphnu-  L'implantation  peut  être  superficielle  ou  profonde  y  et  alors 
les  poils  tombent  ou  s'arrachent  avec  plus  ou  moins  de  faci- 
lité,  ce  qui  est  en  outre  en  rapport  avec  la  forme  de  la  partie 
implantée.  La  plupart  des  espèces  de  cerfs  sont  sous  ce  point 
de  vue  à  une  extrémité  ;  en  effet  leurs  poils  déjà  d'une  struc- 
ture si  peu  résistante,  ne  tiennent  à  la  peau  que  par  an  pé- 
dicule très-Kïourt  et  d'une  finesse  extrême.  Les  porcs-èpics  et 
surtout  les  hérissons  sont  à  l'extrémité  opposée.  Les  poils  de 
ces  animaux  sont  implantés  profondément  sous  le  derme 
dans  le  peaussier  sous-jacent.  Mais  dans  les  premiers  le  pé- 
doncule d'insertion  est  un  peu  conique  et  presque  sans  renfle- 
ment ,  tandis  que  le  piquant  du  hérisson  est  renflé  subitement 
sk  son  origine  en  forme  de  tête  de  clou ,  après  quoi  il  forme 
une  sorte  de  cou  très-rétréci.  Il  en  résulte  qu'on  ne  peut 
arracher  ces  poils  qu'en  déchirant  la  peau ,  tandis  qu'ils  tom- 
bent très-aisément  dans  le  porc-épic,  le  coendou. 

Les  autres  mammifères,  sous  le  rapport  du  mode  d'implan- 
tation des  poils  sont  intermédiaires  aux  cerfs  et  aux  héris- 
sons. C*est  d'après  cette  considération  que  l'on  juge  de  la  so- 
lidité d'une  fourrure.  Les  hamsters  ont  le  poil  très-adhérent; 
les  écureuils  beaucoup  moins. 

Dans  leur  répartition  à  la  surface  de  la  peau ,  les  poils 
peuTenI  aussi  prendre  des  dispositions  différentes  :  le  plus 
ordinairement  cette  disposition  est  en  quinconce  et  plus  ou 
moins  irrégulière.  Mais  dans  le  porc-épic,  les  poils  se  réu- 
nissent cinq  à  cinq,  sept  à  sept,  rarement  au  delà  sur  la 
même  ligne,  et  leurs  racines  prennent  ainsi  à  la  face  interne  de 


DANS    LES    MAMMIFERES.  77 

la  peau  une  sorte  de  disposiliou  squammeuse.  Dans  le  sanglier 
du  Cap ,  les  soies  quoique  beaucoup  plus  rares  sont  aussi  ras- 
semblées en  séries  de  cinq. 

Quant  à  la  direction  de  leur  implantation ,  les  poils  se  di-    ^a  dinet 
lisent  en  : 

1*  Rudes  ou  hérissés  j  quand  ils  sont  presque  perpendicu- 
laires à  la  peau  ; 

3*  Couchés  et  lisses  ^  lorsqu'au  contraire  ils  sont  tellement 
obliques»  qu*ils  lui  sont  presque  parallèles; 

3*  Rebroussés  :  ce  sont  ceux  qui  marchent  en  sens  inverse 
de  la  direction  du  tronc  ou  môme  des  membres  ;  on  en  Toit 
an  exemple  dans  la  crinière  de  plusieurs  animaux  rumioans  > 
et  Â  Tafant-bras  de  Thomme  et  des  premières  espèces  de 
singes. 

4*  Enfin  les  poils  sont  en  épis  quand  ils  sont  implantés  de 
manière  à  s'irradier  plus  ou  moins  complètement  d'un  centre , 
comme  cela  se  remarque  dans  les  cheveux  de  l'espèce  bu- 
malncy  de  plusieurs  singes,  et  en  différens  endroits  du  corps 
des  chevaux  et  de  plusieurs  animaux  ruminans. 

£.  Sous  le  rapport  de  la  quantité ,  d'où  les  épithètes  d'épais,  u  qnanut 
de  rares  f  que  l'on  donne  aux  poils  et  qui  s'entendent  d'eux- 
mêmes,  nous  avons  déjà  fait  l'observation  que  le  nombre  des 
poîk  est  en  rapport  avec  la  chaleur  du  climat,  et  même  avec 
Page  et  le  sexe.  Aussi  sont-ils  beaucoup  plus  nombreux  dans  les 
différentes  espèces  et  dans  la  même,  suivant  qu'elle  rit 
dans  des  climats  plus  froids ,  et  qu'elle  est  plus  complètement 
arrivée  au  summum  de  son  développement.  Les  individus 
mâles  ont  aussi  généralement  plus  de  poils  que  les  fe- 
melles. 

Ils  sont  surtout  plus  nombreux  dans  les  parties  du  corps 
le  plus  exposées  à  l'action  des  corps  extérieurs ,  et  par  consé- 
quent sur  le  dos  et  à  la  face  externe  des  membres.  L'espèce 
humaine  fait  exception  du  moins  pour  le  tronc  ;  elle  est  en 
effet  plus  velue  sur  la  poitrine  et  sur  le  ventre  que  sur  le  dos. 


La  place  d'où 
las  Doai«da 


Cbayeoz. 


Soarcib. 


Cili. 


FavorU. 


78  DE    LA    PEAU 

F.  Sous  Je  rapport  de  la  place  qu'ils  occupent  9  les  poîlt 
prennent  les  dîfférens  noms  de  cheyeux,  de  sourcils ,  de  cils, 
de  barbe ,  de  favoris ,  de  moustaches  ou  de  vibrissce^  de  flo- 
cons 9  de  crinière ,  etc. 

Les  ches^eux  sont  les  poils  ordinairement  fort  longs  de  la 
peau  du  crâne  proprement  dit;  il  n*en  existe  de  bien  marqués 
que  dans  Tespèce  humaine ,  et  peut-être  dans  quelques 
singes. 

Les  races  diverses  de  Tespèce  humaine  offrent  des  diff%« 
rences  assez  tranchées  sous  le  rapport  non-seulement  de  la 
quantité,  mais  encore  de  Téta t  lisse ,  ondulé  on  crépu  et 
comme  laineux  des  cheveux. 

Le  climat  a  évidemment  une  action  sur  le  développement 
et  la  quantité  de  cette  espèce  de  poils. 

Le  sexe  semble  aussi  avoir  quelque  influence  sur  le  défe- 
loppement  des  cheveux;  on  observe  en  effet  que  les  femmes 
les  ont  plus  nombreux  et  surtout  plus  longs. 

Les  sourcils  et  surtout  les  ciU  ont  des  rapports  éridens 
avec  Tappareil  de  la  yision.  Les  premiers  sont  composés 
de  poils  durs  qui  forment  au-dessus  des  yeux  une  baode 
étroite  plus  ou  moins  longue  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  dans 
Tespècê  humaine  seule.  Dans  les  animaux  mammifères  ce 
n'est  plus  qu'un  petit  bouquet  de  quelques  longs  poils,  placé 
au  côté  interne  du  rebord  orbitaire  sur  un  renflement  plus 
ou  moins  considérable  qui  s'y  remarque. 

Les  cils  sont  des  poils  également  longs  qui  bordent  les 
paupières  ;  ils  sont  recourbés  en  sens  inverse ,  ceux  de  la 
supérieure  en  haut,  ceux  de  l'inférieure  en  bas  :  ceux-ci 
manquent  assez  souvent. 

Les  mammifères  de  Tordre  des  édentés  aquatiques ,  et  les 
lamantins  n'en  ont  aucune  trace ,  non  plus  que  de  poils  dis- 
tincts en  général. 

Les/avoris  ne  semblent  autre  chose  que  la  continuation 
de  la  cherelure  qui  descend  au-devant  de  l'oreille  9  et  qui  fa 


DANS  X£8   MAMMIFÈRES.  7g 

rejoindre  la  barbe.  L*homine  seul  en  a  de  yéritables  »  à  moins 
qu*on  ne  Teuille  regarder  comme  tels  les  touffes  de  poils  fort 
longs  qui  existent  en  cet  endroit  chez  plusieurs  espèces  de 
singes  de  Tancien  continent;  ou  ce  qui  serait  plus  dans  l'ana- 
logie y  le  petit  bouquet  de  poils  posé  sur  un  tubercule  arrondi 
qu*on  Toit  à  l'origine  de  la  joue  dans  plusieurs  mammifères  9 
chez  les  chiens  9  par  exemple. 

La  barbe  est  formée  par  des  poils ,  ou  mieux  par  des  crins        Barbt. 
qui  entourent  la  mâchoire  inférieure,  et  qui  se  prolongent 
plus  ou  moins  sous  cette  mâchoire  et  quelquefois  à  la  partie 
antérieure  du  cou. 

Elle  n'existe  bien  marquée  que  dans  Tespèce  humaine; 
mais  elle  est  plus  développée  dans  certaines  races  que  dans 
d'autres;  il  semble  que  son  développement  suive  assez  bien 
la  figueur  de  ces  races.  La  race  caucasique  est  celle  qui  a  la 
barbe  plus  fournie,  plus  étendue;  puis  la  race  tatare,  la  race 
malaise ,  la  race  caraïbe  (  1  )  et  enfin  la  race  nègre  :  chez  elle 
elle  est  crépue,  courte  comme  les  cheveux. 

Cette  modification  des  p^ils  n'existe  pas  dans  le  sexe  fe- 
melle, ni  dans  les  jeunes  individus  du  sexe  mâle. 

Dans  les  autres  mammifères  on  donne  le  nom  de  barbe  à 
des  poils  plus  longs ,  mais  de  même  nature  que  les  autre? , 
qui  occupent  l'extrémité  delà  mâchoire  inférieure,  comme 
dans  certaines  espèces  de  singes  et  plusieurs  animaux  ruml- 
nans.  Il  se  pourrait  que  ce  nom  dût  être  réservé  &  un  petit 
bouquet  de  soie  n6ire  qui  se  trouve  dans  quelques  espèces 
un  peu  eu  dehors  de  la  symphyse  de  la  mâchoire. 

Les  moustaches  ne  sont  que  la  bande  des  poils  de  la  barbe  MonstadiM 

vilkristM< 

qui  ornent  la  lèvre  supérieure  de  l'homme.  Cette  modifica» 
lion  n'existe  ainsi  disposée  que  dans  l'espèce  humaine.  Son 
analogue  dans  les  mammifères  me  paraît  être  un  petit  pinceau 


(1)  Oo  a  cru  long-temps  que  cette  race  n*afaît  pas  de  barbe;  mais  îl 
est  certain  qu'elle  en  aurait  si  elle  ne  s'épilaît  pas. 


8o  DE    LA   PEAU 

de  crins  que  plusieurs  espèces  ont  à  la  lèvre  supérieure ,  et 
qui  est  plus  ou  moins  développé.  Ce  pinceau  est  en  effsl  sou- 
vent composé  d'un  grand  nombre  de  poils  très-gros,  fért 
longs  9  peu  flexibles,  implantés  dans  le  système  musculatrs 
sous-dermique ,  qui  occupent  surtout  l'extrémité  postérieure 
et  la  commissure  des  lèvres;  c'est  alors  ce  qu'on  nomme 
vibrissœ.  Ces  organes  sont  susceptibles  d'être  redressés  par 
l'action  musculaire,  et  deviennent  presque  des  organes  du 
toucher  actif,  tant  le  nerf  qui  s'y  rend  est  considérable. 

Les  singes  ont  ces  vibrisses  peu  développées.  Dans  les  car- 
nassiers, et  surtout  dans  les  espèces  nocturnes,  comme  dans 
le  genre  des  cbats ,  des  phoques,  des  loutres ,  elles  sont  très* 
grandes;  elles  le  sont  de  même  chez  la  plupart  des  rongeurs, 
et  surtout  dans  les  écureuils  et  les  véritables  rats;  dans  les  on- 
gulés, pachydermes ,  brutes  et  rumlnans,  elles  le  sont  au  con- 
traire en  général  fort  peu. 

Chez  les  lamantins,  et  probablement  chez  les  dugoogs, 
elles  éprouvent  une  modification  singulière  dans  leur  forme 
et  surtout  dans  leurs  usages,  en  ce  qu'elles  sont  fort  grosses, 
mais  très-courtes,  résistantes,  logées  dans  le  coin  de  la 
bouche  et  dirigées  vers  elle  ;  aussi  servent-elles  d'espèces  de 
dents  pour  arracher  les  fucus  dont  ces  animaux  se  nour- 
rissent. 

On  ne  désigne  pas  par  des  noms  particuliers  les  poib  ou 
crins  plus  ou  moins  frisés  qu'on  remarque  sous  les  aisselles 
de  l'espèce  humaine,  et  qui  ne  se  trouvent  que  chet  elle, 
non  plus  que  ceux  qui  entourent  plus  ou  moins  complète- 
ment les  organes  de  la  génération  à  leur  sortie.  Il  me  semble 
qu'il  n'y  a  guère  non  plus  que  Tespèce  humaine,  l'orang- 
outang,  le  chimpanzé  et  peut-être  quelques  autres  singes  qui 
offrent  cette  disposition.  Un  petit  nombre  d'animaux  carnas- 
siers ont  cependant  quelque  chose  d'analogue. 
Cnoirre.  ^^  ^^^  ^^  Crinière  est  donné  aux  poils  allongés  et  sou- 

vent criniformes  qui  garnissent  une  partie  plus  ou  moins 


DANS    lES    MAMMIFÈRES.  8l 

considérable  de  la  ligne  dorsale,  et  quelquefois  la  partie 
antérieure  du  corps.  Ils  sont  généralement  susceptibles  d*être 
relefés  ou  hérissés  beaucoup  plus  que  les  autres  par  Taction 
du  peaussier. 

On  Toit  une  crinière  dans  quelques  carnassiers,  dans  les 
lions  ,  par  exemple ,  les  ciyettes  et  les  hyènes  ;  je  n*en  connais 
parmi  les  rongeurs  que  dans  les  porcs-épics  et  dans  les 
agoutis;  mais  dans  les  ongulés  elle  existe  plus  fréquemment. 
En  effet  toutes  les  espèces  de  che?aux  en  sont  pourrues.  Les 
sangliers ,  les  pécaris ,  la  giraffe ,  plusieurs  espèces  d'anti- 
lopes j  les  buffles ,  les  ovibceufs  en  ont  également  une. 

hes  flocons  ou  pinceaux  ^onX  encore  des  amas  de  poils  plus  Fiœoiu.  pi»- 
ou  moins  longs  qui  peuvent  se  trouver  dans   différentes 
parties  du  corps  des  mammifères  ;  c'est  ordinairement  vers 
rextrémité  de  quelque  organe  qu'on  en  observe ,  comme  à 
la  queue  et  aux  oreilles ,  à  la  mâchoire  inférieure ,  à  la  ra-  ^ 

eine  des  épaules ,  au  paturon  ,  au  poignet  ;  dans  ce  dernier 
cas  on  leur  donne  le  nom  de  manchettes. 

Les  brosses  sont ,  au  contraire ,  des  amas  ordinairement  peu       Brotsct. 
étendus  de  poils  ou  soies,  courtes,  roides,  perpendiculaires 
à  la  peau ,  et  qu'on  ne  trouve  guère  qu'à  la  partie  externe  et 
supérieure  du  métatarse  de  quelques  espèces  de  cerfs  et  d*an- 
tilopes. 

Plusieurs  rongeurs,  et  entre  autres  la  marmotte,  ont  un 
petit  pinceau  de  longs  poils  ou  de  soies  porté  sur  un  tubercule 
à  la  face  interne  et  postérieure  de  l'avant-bras. 

Mais  c'est  surtout  sous  le  rapport  de  la  couleur  que  les  dm  aîSërcaeet 
poils  Tarient  dans  la  classe  des  mammifères,  non-seulement    i««n ci d«M 
dans  l'espèce  de  couleur,  mais  encore  dans  leur  disposition         liou. 


I,  d'où  résulte  ce  qu'on  nomme  le  pelage. 
Les  couleurs  les  plus  communes  dans  les  poils  des  mam- 
mifères sont  le  noir  et  le  blanc,  puis  le  brun  dans  toutes  ses 
nuances,  depuis  le  brun  presque  noir  jusqu'au  fauve  clair  et 
presque  jaune,  ou  jusqu'au  brun  rouge  ou  roux  assez  vif; 
1.  •  6 


Sa  I>B    LA   PEAU 

• 

maîi  le  rouge  proprement  dit,  le  bleu,  le  Tert  et  même  le 
|aune  pur  oe  se  trourent  pa$  dauê  cette  classe. 

Les  poils  Q*ont  pas  toujours  la  môme  couleur  dans  tonte 
leur  étendue,  c'est-à-dire  qu*ils  peuTent  être  partagés  en 
bandes  alteniatlYement  de  couleur  différente ,  c'est  ce  qu'on 
nomme  des  poils  annelés  :  c'est  ordinairement  le  blanc  qui 
finit  ainsi  l'alterna tion.  La  coloration  est  le  plus  soufent 
moindre  à  la  base ,  et  le  sommet  est  cependant  aussi  souTent 
blanc  ou  moins  color^ ,  ce  qui  produit  le  glacé  du  pelage  de 
certains  animaux.  Le  glacé  est  de  blanc  lorsque  les  poils  se 
terminent  par  une  couleur  plus  claire  que  le  resta.»  comme 
dans  certains  renards,  de  brun  ou  de  noir,  dans  la  cas 
contraire ,  comme  dans  le  putois,  etc. 
Dapciagf.  '  Do  la  disposition  des  couleurs  de  chaque  poil,  résulte  le 
pelage  qui  est  assez  fixe  pour  chaque  groupe  naturel. 

Il  j  a  d'abord  toujours  sjmétrte  parfaite  dans  la  disposition 
générale  des  couleurs,  du  moins  chez  les  animaux  à  l'état 
libre  ou  sauvage,  c'est-à-dire  qu'un  côté  est  parfiutcment 
semblable  à  l'autre. 

Il  paraît  cependant  que  dans  les  espèces  dont  la  coloration 
passe  du  noir  au  brun  foncé ,  au  blauc ,  on  trouye  souyent 
de  grandes  plaques  foncées  non  symétriques.  Certaines  es- 
pèces de  phoque  et  d*ours  sont  dans  ce  cas. 

La  coloration  supérieure  est  toujours  plus  grande  aux  ex- 
trémités du  tronc,  comme  sur  la  tête  •  le  museau  et  la  quaue, 
de  même  qu'à  celle  des  appendices. 

La  coloration  inférieure,  quand  elle  est  blanche,  est  éga- 
lement plus  pure,  plus  vive  aux  extrémités  des  parties  Infé- 
rieures ;  c'est-à-dire  ?ers  la  gorge  et  dans  la  région  inguinale. 
C'est  cette  partie  de  la  couleur  plus  claire  de  la  face  yentrale 
qui,  en  remontant  jusqu'à  la  racine  de  la  queue,  s'élargissant 
quelquefois  jusqu'aux  ischions  ,  forme  la  grande  plaque  du 
podex  caractéristique  des  espèces  de  cerfs. 

Les  parties  ^supérieures  de  l'animal ,  depuis  une  extrémité 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  85 

jusqu^à  Tautre,  sont  ordinairement  plus  colorées  qne  les  in- 
férieures; mais  quelquefois  il  y  a  une  dégradation  insensible 
des  unes  aux  autres ,  tandis  que  souvent  la  différence  est 
trancbée  9  et  alors  les  inférieures  sont  blanches. 

Les  mêmes  obserrations  peuredt  se  faire  poitr  les  mem- 
bres 9  en  comparant  le  côté  externe  â  Tinterne. 

Il  arrive  rarement  que  les  parties  inférieures  soient  tu 
eoDtraire  plus  colorées  que  les  supérieures.  On  en  foit  ce- 
pendant un  exemple  dans  le  blaireau  9  le  hamster  et  dans  les 
chînches;  ceux-ci  offrent  surtout  cette  singularité  d'avoir  le 
blanc  pur  en  dessus.  Le  tapir  de  Sumatra  est  à  peu  près  dans 
le  même  cas. 

Les  différences  de  couleur  peuvent  être  rangées  sous  quel-    dm  dUMr««t 

syttéoMs  de  ci^ 

ques  titres  généraux.  ionOon. 

La  couleur  est  uniforme  quand  elle  est  d'une  seule  teinte      unUorme. 
qui  s'éelaircit  seulement  des  parties  supérieures  aux  in- 
ferieui^s. 

La  couleur  est  piquetée  quand  elle  forme  réellement  en-  piqu«tée. 
eore  une  teinte  générale  uniforme,  mais  comme  piqttetée  de 
jaanâtre  00  de  blanc  par  la  couleur  annelée  des  poils 9  comme 
dans  tout  le  groupe  des  callitriches ,  dans  tous  les  ichneo- 
moos  et  dans  un  grand  nombre  d'écureuils.  £lle  est  glacéà  de 
MÛr  ou  de  blanc  9  quand  la  terminaison  du  poil  est  d'une 
antre  couleur  que  le  reste. 

Enfin  la  couleur  du  pelage  est  ^variée  quand  il  est  coloré       ▼•rië*. 
par  grandes  plaques  9  ou  que  sur  un  fond  d'une  couleur  il  y 
a  des  taches  on  des  batides  verticales  on  horizontales. 

L'âite  a  une  iofloence  manifeste  sdr  la  coloration  du  poil  des  !><•  àimnmà 
■aaoïmifèrcs  ;  en  général  les  teintes  d'abord  plus  claires  de-     ^*^*'^^l^ 
viennent  plus  vives  à  mesure  que  ranimai  approche  davao- 
tmgê  du  suèuiium  de  sa  vigueur  9  pour  décroître  eosaite  et 
pour  passer  souvent  au  blanc  que  l'on  peut  noomer  9éiiiê. 

Il  apporte  aussi  des  différences  dans  l'ensemble  des  couleurs 
ou  du  pelage  ;  dans  ce  cas  l'animal  naît  avec  une  disposition 

6. 


8/i  DE    LA    PEAU 

qu*il  perdra  ;  c'est  ce  qu*on  nomme  une  livrée ,  commfe  nous 
en  voyons  dans  le  tapir  et  plusieurs  espèces  de  cerfs  et  même 
dans  le  lion. 
Le  climat.  Le  climat  exerce  surtout  une  grande  action  sur  la  coloration 

du  poil  des  animaux  :  les  plus  Tivement  colorés  en  toute 
autre  couleur  qu*en  blanc  appartiennent  évidemment  aux 
climats  diauds. 

Les  espèces  constamment  toutes  blanches  ne  se  trouvent 
•que  dans  les  climats  froids.  Quant  aux  autres  couleurs  qui 
peuvent  se  rencontrer  dans  les  climats  où  il  ne  règne  pas 
constamment  un  froid  extrême,  le  poil  blanchit  plus  ou 
moins,  en  commençant  par  Textrémité,  â  mesure  que  la 
température  s'abaisse ,  comme  on  en  voit  des  exemples  dans 
le  renne ,  Télan ,  Tours  commua,  le  renard ,  la  belette ^  l'her- 
mine, les  lièvres,  etc.,  et  il  est  brun  plus  ou  moins  foncé  j 
ou  fauve  quand  il  vient  de  paraître  ;  ainsi  cette  espèce  d'al- 
binisme a  quelque  analogie  avec  celui  des  animaux  âgés. 

Ces  considérations  nous  permettront  par  la  snlte  d'expli- 
quer cet  albinisme  et  le  mélanisme  qui  lui  est  opposé  ^  et 
dont  presque  toutes  les  espèces  de  mammifères  sont  suscep- 
tibles. £n  effet,  Tun  est  le  produit  d*un  ensemble  de  causes 
débilitantes,  au  contraire  de  Tautre  ;  aussi  le  premier  est-il 
commun  dans  les  climats  froids,  et  l'autre  dans  les  dhnats 
chauds, 
urimiiii*.  .  Enfin  on  trouve  que  chaque  famille  affecte  une  coloration 
particulière. 

Les  véritables  singes  n*ont  jamais  que  la  couleur  uniforme 
proprement  dite,  la  couleur  uniforme  piquetée,  comme  tout 
le  groupe  des  caUitriches ,  et  la  coloration  variée  par  plaques, 
ce  qui  est  beaucoup  plus  rare. 

Les  makis  sont  toul-à-fait  dans  le  même  cas  :  la  coloration 
variée  est  cependant  plus  commune. 

Les  carnassiers  ont  asses  rarement  la  couleur  uniforme 
proprement  dite,  plus  souvent  la  couleur  uniforme  piquetée , 


DANS    LES    MAHUIF£R£S.  85 

et  surtout  la  couleur  pnr  lâches  ou  par  bandes  plus  foncées 
sur  uu  fond  clair. 

Les  édentés  ont  presque  toujours  la  couleur  uniforme. 

Les  rongeurs  n'offrent  le  plus  souvent  que  la  coloration 
uniforme  9  quelquefois  la  coloration  piquetée,  comme  dans 
un  certain  nombre  d'écureuils»  très-rarement  la  coloration 
Tariée  par  plaques  ^  et  presque  jamais  celle  par  taches  ou 
par  bandes  ;  mab  dans  ce  cas  les  bandes  sont  claires  sur  un 
fond  plus  foncé. 

Les  animaux  ongulés  oiTrent  toutes  les  sortes  de  colo- 
ration. 

Les  pachydermes  ont  presque  toujours  une  coloration  uni- 
forme »  grise  ou  noirâti^e  :  on  trouve  cependant  une  espèce 
de  tapir  de  Sumatra  qui  a  une  grande  plaque  blanche  sur  le 
trooc  proprement  dit,  le  reste  étant  d'un  brun  marron. 

LeM  solipèdes  ont  aussi  le  plus  ordinairement  une  couleur 
uniforme;  mais  quelquefois  aussi  la  coloration  par  bandes 
plus  claires  que  le  fond. 

Quant  aux  ruminans ,  c'est  encore  la  coloration  uniforme 
qui  est  la  plus  commune;  mais  on  y  troure  aussi  toutes  les 
autres  espèces ,  et  même  un  exemple  de  taches  plus  foncées 
que  le  fond  dans  la  gira£fe  :  c'est  le  seul  exemple  de  ce  pelage 
dans  les  animaux  herbirores. 

La  coloration  des  didelphes  h'o£fre  rien  qui  leur  soit 
propre  ;  les  espèces  carnassières  ont  quelquefois  des  ■  taches 
blanches  sur  un  fond  plus  foncé.  Les  rongeurs  ont  presque 
toujours  la  coloration  uniforme  ou  piquetée  ;  quant  aux 
édentés,  leur  pelage  est  toujours  de  couleur  uniforme. 

Le  dernier  rapport  sous  lequel  les  poils  varient  chez  les  Des  diiiérenecs 
mammifères,  est  celui  de  leur  simplicité  ou  de  leur  compo-.  sUiondespoiif. 
bition» 

Ils  sont  simples ,  comme  dans  le  très- grand  nombre  de  cas , 
lorsqu'on  seul  bulbe  donne  naissance  à  une  seule  partie 
cornée  qui  est  toujours  Ubre  ; 


86  DI    LA    PEAV 

Ils  «ont  composts  quand ,  au  contraire ,  une  série  pfus  oo 
moins  considérable  de  bulbes,  disposés  d*une  manière  tû- 
riable  y  produisent  autant  de  parties  cornées  qui  se  réunissèDl  » 
s'agglutinent  pour  faire  un  tout  d'une  forme  et  d'un  usage 
différens. 
Dri  «onus         Lorsquc  les  bulbes  serrés  les  uns  contre  les  antres  dans  uo 

pleÎMes. 

espace  circonscrit,  produisent  des  poib  qui  s'agglutinent  eo 
une  masse  plus  on  moins  considérable  et  conique,  parce  que 
les  poils  poussent  d'autant  moins  ,  ou  sont  d'autant  plus 
courts  qu'ils  se  rapprochent  davantage  de  la  circonfl&rence  ;  il 
en  résulte  ce  qu'on  nomme  une  corne  pfeine,  comme  on  en 
toit  une  et  quelquefois  deux  sur  le  chanfrein  du  rhinocéros. 
Cette  corne,  dont  la  forme  est  cependant  un  peu  Tarîable^ 
se  réduit  en  effet  par  la  macération  eh  un  trës-graùd  nombre 
de  poils. 
id^  cornes  §1  au  Contraire  ces  bulbes  ne  forment  qu'un  petit  nombre 
d'anneaux  autour  de  la  base  d'une  saillie  osseuse  régétante 
sur  le  front,  et  que  les  poils  qui  en  provionnent  se  réanissent 
sur  les  côtés,  il  se  produira  un  cône  creux  :  que  cetle  réu- 
nion de  poils  quitte  les  bulbes  chaque  année,  comme  les 
autres  poils,  et  qu'il  s'en  produise  une  nouTcJle  qui  s'em- 
boîte dans  la  première  et  ainsi  successivement  à  mesure  que 
la  saillie  osseuse  poussera  et  même  au  delà  ;  il  en  résultera 
une  corne  creuse  ou  une  téritable  corne ,  comme  il  en  existe 
dans  tons  les  ruminans  cérophores ,  mais  sous  des  formes  et 
dans  des  directions  extrêmement  yariables ,  suivant  celles  de 
l'axe  osseux. 

L'âge  aura  donc  une  influence  évidente  sur  la  grandeur  de 
ces  eomes;  le  sexe  en  a  une  au  moins  aussi  évidente  et  de  ht 
même  sorte  ;  mais  le  climat  ne  paraît  pos  déterminer  de  dif- 
férences dans  la  forme  ni  dans  retendue  de  leur  développe- 
ment, chéa  aucune  espèce  qui  en  soit  pourvue. 

Il  est  probable  qu'il  faut  faire  la  même  observation  sur 
Tcspèce  de  corne  ou  d'ergot  qui  revêt  un  prolongement  os- 


DANS    LES    MAMMIFÈRES. 


«7 


•cnx  du  tarse  de  l*ornîthorinqaey  et  qui  appartient  bien  érî- 
demmeot  au  genre  d'organes  dont' nous  parlons;  mais  ce 
qu*il  j  a  de  plus  remarquable  c'est  que  cet  ergot  est  percé 
rers  son  extrémité  par  un  orifice  étroit ,  oyalaire ,  qui  corres- 
pond à  un  orifice  semblable  de  l'os  qu'il  recourre. 

En  disposont  maintenant  les  bulbes  formateurs  non  plus  Dct^caUir». 
en  anneao,  mais suirant  une  seule  ligne  peu  courbée,  ou  qui 
se  courbe  de  plus  en  plus  de  manière  à  ce  que  ses  deux  ex- 
trémités se  rapprocbent  et  môme  se  touchent  ;  alors  les  poils 
de  ces  bulbes  en  se  soudant  produiront  des  cônes  très-aplatis» 
dont  l'embottement  successif  formera  des  ongles  ou  bien  dea 
espèces  d'écaillés ,  comme  cela  se  Toit  sur  toutes  les  parties 
do  derme  des  pangolins.  Ces  écailles,  qui  diffèrent  beaucoup 
de  ce  qu'on  nomme  ainsi  dans  les  poissons,  comme  nous  le 
ferrons  plus  loin,  sout  en  effet  un  peu  creuses  à  la  base,  où 
elles  sont  remplies  par  un  pincement  do  derme,  et  tranchantes 
à  leur  partie  libre,  qui  s'imbrique  d'ayant  en  arrière. 

Ces  fausses  écailles  sont  dans  le  cas  des  cornes,  elles  ' 
croissent  ayec  l'âge  et  ne  tombent  jamais.  ' 

Les  ongles  sont  formés  presque  de  même ,  c'est-à^lire 
qu'une  surfoce  plus  ou  moins  considérable'  de  la  peau  qui 
lermlne  les  doigts  en  recouvrant  l'os  que  nous  connaîtrons 
seas  le  nom  de  phalange  onguéale  ,  produit  des  rangées  de 
peib  qai  se  soudent  et  s*imbriquent  les  unes  les  autres  ;  une 
partie  reste  adhérente  à  la  peau  et  est  fixe;  l'autre  se  pro- 
longe au  delà ,  et  tend  toujours  plus  ou  moins  à  se  recourber 
en  une  sorte  de  crochet.  Il  se  forme  ainsi  une  espèce  de  large 
écaille  si  les  bulbes  n'occupaient  que  la  partie  antérieure  de 
la  phalange ,  ou  un  étui  plus  ou  moins  complet  s'ils  occu- 
paient au  contraire  une  plus  ou  moins  grande  portion  de  sa 
circonférence.  C'est  sur  cette  différence  qu'est  établie  la 
distinction  des  ongles  proprement  dits ,  des  griffes  et  des 
sabots,  entre  lesquels  il  faut  cependant  avouer  qu'il  existe 
des  nuances  presque  Insensibles.  En  général  la  forme  des 


g*o«ral. 


88  D£    LA    PEAU 

ongles  dépend  beaucoup  de  celle  du  dernier  os  des  doigts  ou 
de  la  phalange  onguéale  »  comme  nous  le  Terrons.  Oo  nomme 
couronne,  le  bord  supérieur  ou  ia  racine  de  Tongle  ;  munul^, 
toute  sa  partie  adhérente;  pince,  son  bord  libre ^  et  surtoat 
dans  sa  partie  la  plus  longue;  talons,  les  angles  postérieurs 
formés  par  la  réunion  de  la  couronne  et  du  bord  inférieur; 
soie,  toute  la  partie  antérieure  de  la  surface  inférieure  ;Jbun- 
chette,  sa  partie  postérieure;  ces  deux  dernières  parties  ne 
se  trou?ent  guère  que  dans  Tespèce  d*ol)gle  qu'on  appelle 
sahot.  L*une  a  reçu  le  nom  de  sole^  parce  que  c'est  sur  elle 
que  l'animal  appuie  sur  le  sol ,  et  Vhwivt  fourchette  y  à  cause 
de  sa  forme  en  Y  dont  chaque  pointe  de  l'ourerture  appuie 
sur  l'extrémité  postérieure  de  la  muraille  ou  en  dedans  des 
talons  ;  nous  ayons  tu  plus  haut  que  c'est  l'analogue  de  la 
callosité  digitale, 
i^rcocct  dx       Les  oncles  proprement  dits  n'occupent  que  la  face  aUté- 

let   suivant       .  ,      ,         ,     ,  ,  .  i     .         . 

orme  de  la  fieurc  de  la  phalauffe.  et  sont  plus  ou  «noms  aplatis;  leur 

aUiiKe ,  ou  *  o    ^  m.  it  ^ 

(le  propre-  pallie  uou  adhérente  tend  à  se  recourber  et  à  former  une 

ment  dil.        ^ 

sorte  de  pointe,  quand  elle  n'est  pas  détruite  à  mesure  qu'elle 
est  produite. 

Grifie.  Lcs  ffiffcs  sout  dcs  ougles  qui  occupent  non-seulemest  Ir 

partie  antérieure  de  la  phalange,  mais  encore  une  plus  ou 
moins  grande  étendue  de  ses  côtés  ;  et  comme  elle  est  alors 
fort  comprimée  >  il  en  résulte  que  dans  la  partie  libre  de 
l'ongle  les  deux  côtés  se  rapprochent  beaucoup,  et  forment 
ainsi  une  sorte  de  lame  de  corne  plus  ou  moins  recourbée 
et  plus  ou  moins  tranchante,  terminée  par  une  pince  en 
crochet. 

Sabot.  Le  sabot  est  une  espèce  d'ongle  dans  laquelle  les  poils  com« 

posans  naissent  de  toutes  les  parties  du  derme  qui  enreloppe 
la  phalange  onguéale,  c'est-à-dire  non-seulement  de  sa  cir- 
conférence^ mais  encore  de  sa  face  inférieure  ou  termi- 
nale ,  en  sorte  que  l'extrémité  du  doigt  y  est  enfoncée  comme 
notre  pied  dans  la  chaussure  que  nous  appelons  un  sabot  » 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  Sq 

€t  que  Taiiiuial  dans  la  marche  appuie  sur  Tongle  lui-mcuie. 

La  dbtiacUon  des  animaux  mammifères  en  onguiculés  et 
eo  ongulés  est  établie  sur  la  considération  de  la  forme  des 
oogles  comme  nous  le  rerrons  en  zoologie. 

Où  ne  trouve  de  véritables  ongles  que  dans  l'homme  et  les  suivant  u 
quadrumanes  ;  encore  dans  les  dernières  espèces  de  ce  groupe 
commencent-ils  à  beaucoup  ressembler  à  des  griffes  en  pre- 
nant une  forme  comprimée  9  pointue  et  un  peu  recourbée 
dans  leur  portion  libre. 

La  très-grande  partie  des  carnassiers  et  même  des  ron- 
geurs ont  des  griffes,  comme  nous  les  avons  définies;  mais 
c*ett  surtout  dans  le  genre  des  chats  et  dans  celui  des  écu- 
reuils que  les  ongles  en  ont  le  plus  tous  les  caractères,  et 
cependant  pour  des  usages  assex  différens. 

Dans  les  derniers  rongeurs  on  commence  à  roir  des  ongles 
qui  ont  un  peu  la  forme  de  sabots;  cette  forme  devient 
de  plus  en  plus  évidente  dans  les  animaux  véritablement 
ongulés,  à  mesure  que  le  nombre  des  doigts  devient  plus 
petit.  Ainsi  c*est  le  cheval  qui  offre  le  type  le  plus  complet 
du  sabot}  aussi  est-ce  sur  cet  animal  que  Ton  a  désigné  par 
des  00ms  différens  les  différentes  parties  de  l'ongle ,  telles  que 
nous  les  avons  indiquées  plus  haut. 

D*après  ce  qui  vient  d'être  dit  sur  la  forme  générale  des 
ongles,  on  voit  que  le  passage  des  ongles  proprement  dits 
aux  griffes  et  aux  sabots,  suit  assex  bien  la  dégradation  clas« 
tique;  mais  nous  verrons  qu'elle  se  trouve  encore  mieux 
concorder  avec  le  mode  de  station  et  de  locomotion. 

L'usage  que  fait  l'animal  de  ses  ongles  a  aussi  une  influence 
manifeste  sur  leur  forme;  ils  sont  aigus,  tranchans,  re- 
courbés dans  les  espèces  qui  arrêtent  leur  proie  ou  qui 
grimpent  aux  arbres  avec  ces  organes,  ou  qui  s'en  'servent 
pour  s'accrocher,  comme  les  chauve  «souris  aux  pieds  de 
derrière.  Ils  sont  plus  obtus,  plus  larges,  plus  épais  dans 
celles  qui  s'en  servent  à  fouir,  et  surtout  pour  chercher  leur 


go  1}li    LA    PEAU 

nourriture  dans  la  terre ,  comme  les  taupes  et  meures  Totsins  f 
la  plupart  des  édentés  terrestres  »  comme  les  tatous,  les  pan- 
golins^ les  orjctéropesy  et  enfin  les  espèces  de  roDf;eur» 
terriers.  Ce  Sont  alors  de  petits  sabots, 
u  téiour.  Le  milieu  dans  lequel  Tanimal  doit  TÎTre  a  aussi  une  ia- 

fluence  sur  la  forme  et  le  développement  des  ongles»  En  gé- 
néral plus  Tespèce  est ,  pour  ainsi  dire ,  terrestre  y  et  plus  les 
ongles  sont  forts  ;  celles  au  contraire  qui  parcourent  et  toI^ 
tigent  dans  les  airs ,  comme  les  chauTe-souris ,  ont  le  plus 
souvent  quatre  doigts  de  la  main  entièrement  dépourTus 
d'ongles.  Enfin  dans  les  espèces  aquatiques  ces  organes  sem- 
blent diminuer  de  plus  en  plus  à  mesure  qu'elles  peuvent 
moins  quitter  le  sein  des  eaux  ;  ainsi  les  loutres  et  les  phoques 
ont  encore  des  ongles  à  tous  les  doigts ,  quoique  souvent  as- 
ses  peu  développés  9  comme  dans  les  phoques  à  oreilles  ;  les 
lamantins  et  les  dugongs  n'en  ont  plus  que  d'asses  petits  ; 
mais  les  véritables  cétacés  en  manquent  tout-à-fait. 
Lige  .L'âge  modifie  aussi  non-seulement  la  dureté  ^  ce  que  Pon 

conçoit  aisément  9  mais  encore  la  forme  des  ongles.  Dans  les 
chats*,  par  exemple,  à  Tétat  de  fœtus  la  pointe  de  l'ongle 
est ,  pour  ainsi  dire ,  émoussée  par  une  singulière  substance 
blanche,  molle,  qui  en  occupe  tout  le  bord  inférieur,  mais 
qui  n'appartient  pas  absolument  à  l'ongle.  Dans  les  soli- 
pèdes  au  contraire ,  le  fœtus  encore  dans  le  sein  de  sa  mère  a 
ses  sabots  avec  la  forme  d'ongle,  c'est-é-dire  terminés  par 
une  pointe  obtuse  et  un  peu  recourbée;  c'est  par  Tusage 
qu'elle  s'aplatit. 

Enfin  les  ongles  des  mammifères  offrent  encore  quelques 
différences  anomales,  qui  ne  peuvent  être  rapportées  4  une 
cause  plus  ou  moins  évidente. 

C'est  dans  cette  catégorie  que  nous  rangeons  la  singula- 
rité que  présentent  l'orang-outang  et  surtout  les  véritables 
didelphes  de  n'avoir  point  d'ongle  au  pouee  des  extrémités 
postérieures. 


aaoniales. 


DANS    LES   MAMMIFERES»  gi 

L*cléphant  en  a  aussi  moins  que  de  doigts  y  et  ceux  qui 
eiiitent  ne  correspondent  pas  toujours  aux  doigts  auxquels 
ils  appartiennent.  Ce  caractère  ne  se  trouve  que  dans  cet 
animal.  Les  lamantins  en  ont  cependant  aussi  moins  que  de 
doigts  ;  les  deux  externes  en  manquent. 

Soufent  les  ongles  ne  se  ressemblent  pas  dans  les  deux 
extrémités.  Ce  sont  en  général  ceux  des  membres  antérieurs 
qui  sont  plus  fins,  plus  aigus,  plus  crochus 9  ou  au  contraire 
plus  robustes,  plus  larges,  suivant  que  Taniroal  doit  s'en 
servir  à  retenir ,  à  déchirer  sa  proie ,  ou  à  fouiller  dans  la  terre. 

Dans  les  espèces  qui  se  servent  de  leurs  ongles  pour  grim- 
per ,  ils  sont  à  peu  près  semblables  en  avant  et  en  arrière. 
Les  écureuils ,  les  gaiéopithèques  sont  dans  ce  cas. 

Mais  dans  les  chauve -souris  ce  sont  au  contraire  les 
oogbs  des  membres  postérieurs  qui  sont  les  plus  aigus,  tran- 
chans  et  recourbés ,  ceux  des  doigts  de  devant  étant  le  phis 
souvent  nuls. 

Eofin  il  est  possible  que  les  ongles  soient  dissemblablet 
dans  la  même  extrémité  ;  ainsi  dans  la  famille  des  makîs 
Toogle  du  doigt  indicateur  et  quelquefois  celui  du  doigt 
suivant  des  membres  postérieurs  diffèrent  beaucoup  pour  la 
forme  de  ceux  des  autres  doigts;  ils  sont  allongés,  droits, 
pointus,  ce  qu'on  nomme  subulés. 

Le  daman  offre  aussi  au  doigt  interne  des  pieds  de  derrière 
on  ongle  très-différent  de  ceux  des  autres  doigts.  Il  est  en 
efetlong,  subcylindrique,  obtus  et  fortement  recourbé,  tan* 
dis  qœ  les  autres  sont  très-petils  et  n'occupent  presque  que 
la  faec  dorsale  du  doigt. 

Dans  le  castor  et  dans  un  blaireau  de  l'Amérique  méridio* 
oale ,  l'ongle  du  seoond  doigt  du  pied  de  derrière  est  double , 
ou  mieux  bifurqué  horizontalement. 

En  général  l'ongle  du  pouce  est  plus  large ,  plus  plat  que 
celui  des  autres  doigts  dans  les  quadrumanes  ,  par  exemple, 
€t  dnns  beaucoup  de  rongeurs. 


92  DE    LA    PEAt* 

On  voit  d»us  plusieurs  espèces  de  maminifères  de  la  fa- 
illi lie  des  taupes  et  de  celle  des  rongeurs  terriers  que  tous 
les  ongles  des  membres  antérieurs  ne  se  ressemblent  pas  ; 
il  n*y  en  a  quelquefois  que  deux  ou  que  trois  qui  soient  mo- 
difiés et  propres  à  fouir.  Dans  le  lemming  les  deux  externes 
sont  beaucoup  phis  forts  ;  celui  de  nndicateur  est  en  alêne , 
et  celui  du  pouce  est  terminé  par  deux  pointes.  Les  cbryso- 
chlores  sont  presque  dans  le  même  cas. 

Les  kanguroos  présentent  une  anomalie  encore  plus  con- 
sidérable ,  en  ce  que  des  quatre  doigts  des  membres  posté- 
rieurs les  ongles  des  deux  doigts  internes  sont  excessirement 
petits  comparés  aux  deuxaulres,  ce  qui  se  trouve  en  rapport 
avec  la  disproportion  des  doigts  eux-mêmes. 

Nous  ne  parlerons  pas  des  autres  différences  de  forme 
qu'affectent  les  ongles  des  mammifères  ;  elles  appartiennent 
à  la  zoologie. 

dï!!»1*'''^'^*rti**       ^our  terminer  Texamen  des  différences  que  présente  Ten- 
do  pMUMier.    yeloppc  cutanéc  dans  les  mammifères,  il  ne  nous  reste  plus 
qu^à  parler  de  la  couche  musculaire  ou  du  peaussier. 

Nous  avons  tu  plus  haut  que  nous  comprenons  sous  ce 
nom  i*"  les  faisceaux  musculaires  qui  appartiennent  à  la  peau 
considérée  d*une  manière  générale,  et  non  pas  ceux  qui  ap* 
prochent  d*un  appareil  de  sens  spécial  ;  a*"  les  petits  muscles 
qui  peuvent  mouvoir  les  poils. 

'^"nauS*'*'***'  ^*"*  *ou>  les  mammifères  qui  ont  la  peau  plus  ou  moins 
mobile  sur  la  tête,  le  muscle  occiffiio-nasal  existe  plus  ou 
moins  développé.  Il  est  probable  qu'il  Test  davantage  et  qu*il 
se  prolonge  plus  en  arrière  dans  les  espèces  qui  ont  une  cri- 
nière ;  mais  c*est  ce  dont  je  ne  suis  pas  absolument  certain. 

Ses  connexions  ou  mieux  sa  réunion  avec  les  muscles  des 
oreilles  et  même  avec  l'orbiculaire  des  yeux  sont  plus  évi- 
dentes dans  les  animaux  dont  la  physionomie  est  plus  mo- 
bile. 

Dans  rhomnie  il  est  subdivisé  en  deux  portions  charnues , 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  9O 

riine'occipilale  et  Tautrc  frontale ,  par  une  large  partie  fi- 
breuse intermédiaire. 

Dans  les  singes  et  les  makis  il  est  beaucoup  plus  mince, 
plus  effacé  <\ue  dans  Tbomme.  Tjson  dit  même  positivement 
qu'il  n'existe  pas  dans  le  cbimpaMé. 

Dans  les  carnassiers  et  les  rongeurs  il  me  paraît  n'exister 
que  comme  servant  aux  mouiiemens  des  oreilles. 

Il  en  est  de  même  dans  les  animaux  à  sabots  :  c'est  dans 
le  bœuf  qu'il  est  beaucoup  plus  évident. 

La  partie  inférieure  du  peaussier  cépbalique  ou  le  tboraco-  ^"fttlîî*****' 
facial  est  en  général  plus  développée  que  la  supérieure. 

Son  développement  se  trouve  assez  bien  en  rapport  avec 
la  mobilité  de  la  peau  de  la  face.  Dans  quelques  espèces  il 
parait  aussi  qu'il  a  quelque  action  sur  le  mouvement  du  bras 
agissant  comme  organe  de  natation  ou  de  vol;  et  alors  le 
ihoraco- facial  se  porte  fortement  en  arrière;  mais  d'autres 
fois  il  ne  commence  que  vers  l'attache  du  cou. 

Dans  l'espèce  humaine  ce  muscle  est  foible  9  ne  dépasse 
guère  en  arrière  la  clavicule  j  atteint  à  peine  la  ligne  latérale 
et  dépasse  peu  le  bord  de  la  mâchoire  inférieure. 

Mais  dans  les  quadrumanes  et  surtout  dans  les  singes  très- 
grimaciers,  comme  les  magots,  les  macaques,  les  man- 
drills, le  thoraco-facial  embrasse  toute  la  partie  antérieure 
de  la  poitrine,  en  dessus  comme  en  dessous,  par  consé- 
quent en  enveloppant  le  moignon  de  l'épaule;  arrivées  vers  la 
lêie  ses  fibres  s'écartent  :  les  supérieures  se  continuent  avec 
l'occipital ,  tandis  que  les  latérales  et  les  inférieures  passent 
à  la  face ,  et  vont  jusqu'à  l'orbiculaire  des  paupières. 

Dans  les  carnassiers  ce  muscle  est  en  général  déjà  moins 
étendu  ;  il  offre  cependant  ù  peu  près  la  même  disposition. 
Dans  les  taupes  il  est  considérable  et  vient  de  l'aponévrose  de    ' 
l'avant-bras. 

Il  est  assez  peu  développé  dans  les  rongeurs.   Il  me  Ta 
para  darantage  dans  la  marmotte  et  dans  les  écureuils  que 


94  I>E   L^   PEAC 

dan^  les  autres  espaces.  Dans  la  marmotte  surtout  îleDTeloppe 
tout  le  cou,  en  dessus  presque  comme  en  dessous,  et  rers  le 
moignon  de  Tépaole  11  s'en  échappe  un  petit  faisceau  qui  ya 
jusqu'à  Tavant-bras.  Ce  peaussier  recouyre  uo  muscle  qui  9 
de  l'extrémité  de  l'apophyse  acromion  se  porte  à  la  commis- 
sure des  lèrrea  9  et  que  quelques  auteurs  ont  regardé  à  tort 
comme  appartenant  au  panicule  charnu. 

Les  animaux  ongulés  n'offrent  presque  plus  que  des  rudi- 
mens  du  thoraco-facial  proprement  dit;  et  il  se  prolonge  aa- 
set  peu  en  arrière  pour  dépassera  peine  l'attache  do  cou  à  la 
tête.  Il  n'existe  pas  dans  l'éléphant. 

Dans  le  cheyal  son  origine  est  à  la  partie  externe  dt  Ten- 
colure  vers  la  racine  de  la  langue ,  et  sa  terminaison  à  Tangle 
des  lèvres  ;  quelques  fibres  viennent  de  l'arcade  zjgomatique. 

Le  cochon  offre  à  peu  près  la  même  disposition. 

Dans  les  rominans  les  deux  parties  de  ce  muscle  facial 
sont  plus  séparées. 
Dtoi  le  fbora-  La  portion  du  peaussier  que  nous  avons  désignée  sous  le 
nom  de  thoraciqne  ne  varie  pas  moins  que  l'antre  :  aon  dé- 
veloppement est  en  général  en  rapport  non-seulement  avec 
la  mobilité  de  la  peau ,  mais  encore  avec  certains  modes  de 
locomotion.    \ 

Il  n'existe  aucune  trace  des  troia  parties  qui  la  composent 
dans  l'espèce  humaine. 

On  commence  à  apercevoir  le  peaussier  latéral  ou  l'hnroé- 
ro-dermien  dans  Iessinges(i)et  dans  les  makis  ;  mab  il  est  peu 
considérable.  II  rient  des  parties  latérales  et  supérieures  do 
dos ,  et  se  ûxe  avec  le  tendon  du  grand  pectoral  à  l'os  du 
bras. 


cique. 


(1)  Il  se  pourrait  cependant  qu'il  n'existât  pas  encore  dans  le  chim- 
panzé ,  ni  dans  l'orang-outang.  En  efltt ,  Tyson  n'en  fait  nulle  mention 
dms  le  premier,  et  {e  ne  me  rappelle  pai  de  l'avoir  va  dans  le  aeewid. 


DANS    LES   MAMMIFÈRES.  95 

Los  carnassiers  ont  deux  portions  dans  le  peaussier  latéral  : 
rbuméro-dermien  proprement  dit,  comme  dans  les  quadru- 
manes ,  et  celle  qui  de  Taponévrose  du  grand  droit  de  Tabdo- 
meo  ya,  comme  la  précédente  9  se  réunir  à  TaponéTrose  d'in- 
sertion du  grand  pectoral.  Mais  rbuméro-<lermien  est  tou- 
jours beaucoup  plus  étendu  que  dans  les  quadrumanes; 
en  cuire  par  son  bord  inférieur  il  fournit  une  bande  qui  se 
porte  vers  les  organes  de  la  génération  y  et  qui  défient  le 
muscle  rétracteur  du  prépuce  dans  les  indi?idus  mfiles. 

On  trouve  aussi  dans  ce  groupe  une  partie  scapulaire  plus 
OQ  moins  distincte. 

Dans  le  coati  la  portion  latérale  naît  en  arrière  Ters  la 
crête  de  Tos  des  îles. 

Daas  l'ours  elle  est  moins  étendue. 

Dans  le  blaireau  le  muscle  buméro-dermien  est  composé 
de  deux  larges  bandes  9  occupant  chaque  partie  latérale  du 
tronc  9  depuis  la  ligne  médiane  supérieure  jusqu*au  bord  io- 
férieur  du  grand  oblique ,  et  qui  s'étendent  de  l'aponérrose 
du  (ascia  la  ta  en  arrière  jusqu'à  l'os  du  bras. 

£0  dessous  il  s'en  détache  une  bande  qui  va  an  prépuce 
dont  elle  forme  le  muscle  rétracteur. 

Les  carnassiers  vermiformes,  les  fouines»  "belettes,  etc. , 
eol  ce  même  peaussier  latéral  fort  prolongé  en  arrière. 

Il  l'est  un  peu  moins  dans  les  chats»  le  tigre,  le  lion,  etc. 

Le  chien  l'a  encore  moins  prolongé  en  arrière;  mais  il 
•Ire  toufours  la  même  disposition ,  la  bande  du  prépuce  et 
la  portion  scapulaire. 

Les  carnassiers  insectivores  ont  en  général  le  peaussier  la- 
téral assez  développé. 

Dans  les  taupes  il  ne  s'étend  cependant  pas  beaucou|>  en 
arrière.  Il  occupe  les  flancs ,  et  se  termine  à  l'aponévmse 
aoti-brachiale ,  plutôt  qu'à  l'humérus. 

Dans  le  desman  la  portion  brachio-abdominale  paraît  con- 
aidérable.  Elle  oatt  dan»  l'aisselle,  et  se  porte  en  s'irradiant 


96  DE   LA   PEAU 

90II9  la  poitrine  9  lé  long  des  flancs  ^  6t  surtout  sur  le  do»  où 
elle  est  fort  épaisse.  11  existe  aussi  une  partie  de  peaussier 
vers  le  pubis. 

Les  édentés  Tout  également  assez  épais  ;  il  existe  même  dan» 
les  cétacés  ;  ses  fibres  obliques  et  courtes  occupent  toute  la 
longueur  des  flancs;  mais  ce  n'est  qu'à  l'épaule  qu'elles  con- 
yergeot  yers  la  face  externe  du  bras. 

Dans  l'ordre  des  rongeurs  on  trouve  encore  la  mfime  dis- 
position du  peaussier  latéral^  en  ce  qu'il  prend  son  point  fixe 
à  l'bumérus  ;  mais  en  outre  il  arrive  souvent  qu'il  en  prenne 
un  autre  aux  premières  vertèbres  de  la  queue.  On  ne  trouTe 
plus  cbex  eux  la  bande  du  prépuce. 

Dans  les  écureuils  ordinaires  il  est  assez  grand  ainsi  que 
dans  les  loirs  ;  et  il  s'attache  en  avant  à  la  tubérosité  exterqe 
de  l'bumérus  avec  le  grand  pectoral. 

11  est  beaucoup  plus  Gon«idérable  dans  la  marmotte,  dont 
il  enveloppe  presque  tout  le  tronc;  mais  du  reste  il  n'a  pas 
encore  de  point  fixe  à  la  queue,  quoiqu'il  commence  vers  »on 
origine  et  à  la  face  externe  de  la  cuisse. 

Dans  le  rat  il  couvre  tout  le  dos,  commençant  en  arrière 
par  un  faisceau  d'insertion  à  la  seconde  et  à  la  troisième  Tcr- 
tèbre  coccjgiennes.  Ses  fibres  naissent  successivement  de  la 
ligne  dorsale  jusqu'au  bord  antérieur  de  l'omoplate ,  con- 
vergent vers  l'aisselle,  et  se  terminent  en  dedans  delà  ligne 
d'insertion  du  grand  pectoral.  Il  faut  même  remarqqer  que 
les  fibres  antérieures  de  ce  muscle  passent  d'un  côté  à  l'autre. 
Dans  cet  animal  on  trouve  aussi  un  petit  faisceau  inférieur 
abdominal  qui  se  confond  à  sa  terminaison  avec  le  grand 
pectoral. 

Dans  le  castor  il  7  a  également  une  petite  partie  du  peaussier 
latéral  qui  va  au  tendon  du  grand  pectoral. 

Dans  le  porc-épic  ce  muscle  est  extrêmement  étendu  en 
même  temps  que  fort  épais.  Il  naît  en  arrière ,  en  dessous 
de  la  face  externe  de  la  cuisse  et  même  de  la  jambe,  en  dessus 


fcSlïS  lES  MAHHfPERES.  97 

4c3  .ipaplij'^es  ùptneuses  et  Iransverscs  des  Irojs  ou  goairi- 
-yuTlvbrtrs  de  la  cjiiuue  qui  kiiifenl  )a  seconde.  Il  forme  ainsi 
m  plan  musculaire  beaucoup  plus  i-pais  supérieuremenl  : 
l^rrenu  T«r«  le  bras,  il  se  rcunîl  avec  U  portioD  ubdomi- 
inrérieure  venant  île  la  poitrine,  r«couïre  toute  Ij 
fartie  postérieure  derépaulo,  cl  se  teriuioe  ù  lacrCte  de  l'o- 
Mopbte.  Ainsi  il  d'j  a  pas  de  portion  lerrainule  i\  l'os  du  bras. 
•  Dans  les  lièvres  el  les  lapins  le  panoicule  charnu  e.st  beau- 
coup pluï  mince  et  surtout  beaucoup  moins  étendu  ca  ar- 

)re.  Il  se  fiie  par  un  tendon  fort  aplati  »  distinct  de  celui 

I  grand  pectoral .  &  l'os  du  bras. 

LesGDcbons  d'Inde  el  lus  dilTércnlcs  espèces  de  la  famille 
élaquelle  iU  apparlienneiiE ,  olîreni  une  disposition  furi  ata- 

fue  à  ce  qui  a  lieu  dans  la  famille  prëcédenle. 

L'«Iéphant  a  son  peaussier  latéral    assez  large  et  assec 

laîs;  il  offre  déjà  le  caractère  commun  aux  animatin  on- 
de ne  pas  se  fixer  à  l'os  du  bras;  en  eflel,  provenu  de 

boc  exteriH  du  la  cuisse  et  mSme  du  genou ,  U  occupe  le» 

mes,  le  dessous  du  ventre  ,  et  se  leriuiiit!  vers  la  pdMJe  pos- 

ri<:ure  du  sleruum  et  les  cartilages  des  côtes. 

Dan»  la  famille  des  solipèdcs  les  fibres  presque  paratUles 


( 


:r  hiléral  naissent  eu  arrière  du 
e  la  face  externe  de  la  cuisse,  de 
rsale,  et  même  un  peu  de  lu  par» 
c  de  la  poitrine,  pour  scJeruùncr 


koritonlales 

u  cellulaire  qui  rei;o 

ui  qui  occupe  la  ligne 
postérieure  et  ioterieurc 
Ab  face  externe  du  bras.  .    i<     <      . 

Une  autre  portion  toul-à-fatt  iicapulBire  naît  de  la  Tace  ex- 

me  de  l'omoplate ,  et  se  ItrtniiieTt^rs  le  pli  d(i  bras, '&  la 

bttrosilé  externe.  Ses  fibres  sool  presque  verlicaJcs. 
-    Oac»  le  pécari  le  grand  peaussier  laLéral  parait  assu  peu 
llnait  en  arriéré  de  la  croupe,  et  passe  uapeu  sous 

glande  dorsale. 

Daos  les  cochons  la  di^poeilion  du  pannicuie  charnu  ot 

mbiable  ùie  i]ui  a  lieu  dan^  les  solipédts. 


gS  DE    LA   PEAU 

Enùa  dans  les  animaux  ruminans  le  peaussier  latéral  natt 
aussi  de  toute  Taponévrose  de  la  cuisse  >  et  même  de  celle 
de  la  jambe  par  des  fibres  dirigées  obliquement ,  pois  de 
toute  la  série  des  apophyses  épineuses  des  yertèbres  du  dos 
et  en  dessous  de  la  ligne  médiane  inférieure.  De  ces  dîffé* 
rens  points  les  fibres  se  dirigent ,  les  postérieures  9  d'arrière 
en  ayant  9  les  antérieures  un  peu  scapulaires^  d'avani  en 
arrière,  recouvrent  le  grand  dorsal  et  se  terminent  à  toute 
la  ligne  externe  de  Tépaule  et  du  bras. 

Une  autre  portion  antérieure  vient  de  la  partie  postérieure 
de  la  poitrine,  et  se  porte  transversalement  pour  s'attacher 
à  la  partie  interne  du  coude  et  de  Taponéyrose  anti**briicliiale. 
Bans  les  didelpbes,^  ladbposition  générale  du  gastro-4ho* 
racique  n*offre  rien  de  bien  remarquable ,  si  ce  o'esl  qu'il 
contribue  quelquefois  par  sa  portion  inguinale  à  la  formation 
de  la  poche  qui  renferme  les  mamelles ,  et  doni  nous  p^u^ 
lerons  en  traitant  de  celles-ci.  Il  est  généralemem  ttès^é- 
veloppé,  surtout^  dans  les  kanguroos,  où  il  enveloppe  près-» 
qne  tout  le  tronc.  Il  se  fixe  du  reste  constamment  à  l'hiumérals 
avec  le  tendon  du  grand  pectoral. 
diflcrencM  D'oprès  cc  quc  nous  venons  de  dire  sur  le  peaussier  consi- 
UMKM**^  dèré  d'une  manière  générale  dans  la  série  des  mammifibres , 
on  a  pu  voir  qu'il  offire  un  développement  qui  semble  asses 
«n  rapport  avec  la  dégradation,  ou  mieux  peut^^être  avec  l'es- 
pèce de  station  ;  mais  il  est  d'antres  difiereaces  qui  tiennent  an 
mode  de  locomotion,  et  surtout  à  ce  qne  la  pesa  a  été  coIh 
vertie  en  un  organe  essentiellement  défensuf.  . 
c  J«  *«?(•*  -  Noos  rattachons  au  mode  de  locomotion  par  une  sorte  de 
reptation  du  tronc,  le  développement  du  peaussier  dans  les 
eaniassiers  vermiformes,  comme  les  belettes ,  fouines^  pu- 
tois ,  etc.  Mais  il  devient  encore  plus  considérable  dans  les 
loutres ,  et  surtout  dans  les  phoques  qui ,  à  cause  de  k  grande 
brièveté  de  leurs  pâtes,  se  servent  beaucoup  du  tronc  lui- 
même  dans  leur  locomotion  sur  la  terre. 


DANS    LES   MAUMIF:È11£S. 
Dans  la  loutre  le  muscle  peaussier  cûphdique  cnreloppe 
tans  son  origine  postérieure  la  moilié  anicrieurc  de  la  poU 
I  trinc  en  dessus  comme  en  dessous,  tout  le  cou,  et  se  ter- 
■ine  eD  s 'épanouissant  tout  autour  du  la  tCte  et  de  l;i  face. 
Dans  le  phoque  ce  muscle  est  encore  plus  Épais,  plus 
I  4te<i<iu  en  arriére,  et  dans  sou  é lu rgia sèment  antérieur  il  en- 
[  veloppe  la  ICle  de  manière  à  passer  sur  le  canal  auditif  externe  ; 
l  fl  ne  se  termine  en  dessus  qu'au  muscle  orbiculaire  des  pan- 
ières,  et  eo  dessous  il  se  confond  avec  les  muscles  du  la  lace. 
Quant  à  la  partie  gastro-thoracique,  U  loutre  n'ofire  bous 
le  rapport  qu'un  développement  plus  grand  de  ce  qui  a  lieu 
dans  les  «utres  carnassiers  Termiformes  ;  et  en  effet  le  peaus- 
sier latéral  né  de  la  face  externe  de  la  ctiisse,  de  toutes  les 
parties  latérales  du  tronc,  se  termine  &  la  fac«  citerne  du 
bras,  tandis  qu'une  autre  partie  va  se  réunir  à  une  portion 
ia  grand  pectoral. 

Uais  d&DS  k  plioque  non-seulement  ce  muscle  est  benu- 

I   «Dup  plus  épais;  mais  encore  par  sa  disposition  il  empSlrc  les 

paembres  abdominaux.  Son  alLacIie  postérieure  se  fait  non- 

Mulement  i  toute  la  face  externe  de  h  cuisse  et  d'une  partie 

I   it  U  jambe ,  mais  encore  i  quelques  vertèbres  de  la  queue  ; 

il  forme  du  reste  une  large  bande  qui  ii  se  terminer  à  l'os 

I)  bras.  Une  autre  partie  se  porte  du  thorax  d  l'aponéTrosc 

i-brachiale. 

Les  espèces  de  mammifères  qui  peuvent  se  soutenir  ou 

■tème  Toler  dans  les  airs  au  mo^en  de  lattes  expansions  de 

la  peau ,  offrent  aussi  quelques  difTèrences  dans  le  peaussier, 

t  qui  DU  sont  toujours  que  des  modifications  du  tjpe 

^^Qcjpal. 

»  écureuil."  ordinaires  ont  déjù  un  pincement  latéral  de 
.   la  peau  entre  les  membres  :  aussi  toil-on  que  ce  pincement 
est  rempli  par  un  petit  faisceau  du  peaussier  latéral. 

Dans  le  polatuuchc  le  repli  de  la  peau  étant  be>iucoup  plu» 
'   t^f S^  t   ''I  portion  du  peaussier  qui  se  loge  entre  les  deux 

1- 


lOO  DE    LA    PEAU 

lames  du  dern^e  est  plus  grande;  mais  c*est  surtout  dans 
le  taguan ,  très*grande  espèce  d*écureull  yolant  de  l'archipel 
Indien,  que  la  modification  est  arrivée  à  son  sumnuim. 

Gomme  dans  ces  animaux  il  y  a  un  repK  anguleux  de  la 
peau  entre  la  tête  et  le  bras ,  le  peaussier  céphafique  a  fourni 
un  faisceau  qui ,  né  des  côtés  de  la  face,  suit  le  long  du  cou  eo 
se  logeant  dans  l'expansion  cutanée,  et  ya  se  terminer  par 
un  tendon  très-ûti  au  poignet. 

Le  muscle  gastro-thoracique  est  divisé  en  troi»  portions  : 
Tune  qui  de  Taisselleet  pirobablement  de  Tos  du  bras»  se  ré- 
pand en  rayonnant  dans  la  duplicature  de  la  peau  étendue 
entre  les  denx  membres  ;  c'est  là  notre  huméro-dermien. 
Une  autre  occupe  le  bord  mfime  de  cette  expansion  ;  elle 
forme  une  bandelette  étendue  depuis  un  os  du  poignet  en 
forme  d'éperon  fusqu'è  k  base  de  l'os  moyen  du  pied,  oè 
elle  se  termine  par  un  tendon  très-court. 

Enfin  comme  il  existe  encore  un  pli  de  la  peau  entre  la 
queue,  la  cuisse  et  la  jambe,  il  contient  un  .autre,  petit 
muscle  peaussier  qui  est  attaché  d*une  part  à  la  troisième 
vertèbre  de  la  queue  et  de  l'autre  à  l'os  du  talon. 

Les  galéopîthèques  doivent  ofiVir  quelque  chose  de  sem- 
blable à  ce  qui  existe  dans  les  écureuils  volans;  maisc*estcè 
que  nous  ne  pouvons  pas  assurer. 

Il  en  est  de  même  des  phalangers  dans  la  so\is^lasse  des 
didelphes. 

Quant  '  aux  chéiroptères  proprement  dits  ou  aux  chauve- 
souris ,  quoique  la  locomotion  aérienne  soit  bien  plus  par* 
faite  chez  eux  que  dans  les  animaux  dont  nous  Tenons  de 
parler;  cependant  comme  c'est  essentiellement  au  moyen  de 
la  modification  des  doigts  qu'elle  a  lieu ,  le  peaussier  â*offire 
pas  d'anomalies  anssi  importantes  que  dans  les  écureaib 
volans.  Le  peaussier  thoraco*facial  est  peu  considérable  : 
quelques  fibres  latérales  s'en  échappent  de  la  base  de  l'oreille 
pour  fomietr  un  petit  muscle  inter-brachial.  Quant  k  la  por- 


DANS    LES   MAMMIFÈRES.  \0\ 

lion  gastro-thorucique  9  elle  me  semble  peu  déyeloppée  :  je 
oc  Toudrais  pas  même  assurer  qu'elle  prit  son  point  d*appui 
à  l'os  du  bras. 

11  nous  reste  maintenant  à  parler  des  modlûcations  du  pourUdefcDi*. 
peaussier  déterminées  par  la  disposition  de  la  peau  à  de?enir 
un  appareil  défensif. 

Nous  avons  déjà  yu  que  le  porc-épic  offre  non-seulement 
une  grande  épaisseur  du  muscle  gas4ro-tboracique  9  et  suc- 
tout  de  sa  partie  latérale,  et  qu'il  prend  un  point  fixe  aux  ver- 
tèbres de  I4  queue  ;  mais  cela  se  trouve  aussi  dans  le  rat  :  en 
sorte  que  le  porc-épic  n'offre  réellement  pas  d'anomalie  même 
apparente.  Il  est  plus  que  probable  que  les  éobimys  ou  rats 
épineux  sont  dans  le  même  cas ,  ain&i  que  les  coendous  et 
peut-être  les  échidnés. 

Les  latouSf  les  pangolins  de  l'ordre  des.édentés  terrestres 
doivent  aussi  offrir  quelques  modifications  dans  le  peaussier; 
mais  elles  ne  peuvent  être  bien  importantes  9  ces  animaux  ne 
pouvant  pas  se  mettre  complètement  à  l'abri  des.  circon- 
stances défiivorables. 

C'est  le  hérisson  qui  de  tous  les  mammifères  jouit  de  celte 
iacolté  au  plus  haut  degré  :  c'est  donc  lui  qui  doit  offrir  le 
peaussier  le  plus  compliqué  ;  il  est  cependant  possible  d'en 
rapporter  les  différentes  parties  a  celles  qui  se  trouvent  dans 
les  autres  mammifères. 

C'est  la  portion  scapulairc  ou  dorsale  du  peaussier  gastro- 
ihoracique  qui  a  acquis  le  plus  grand  développement.  Elle 
forme  en  effet  dans  l'état  de  repos  un  large  disque  musculaire 
ovale  y  composé  de  fibres  circulaires»  plus  nombreuses  sur 
les  bords  qu'au  milieu  9  et  qui  occupe  tout  le  dos  de  l'animal 
depuis  la  racine  du  cou  jusqu'à  celle  de  la  queue  :  c'est  ce 
muscle  qui  correspond  à  la  partie  de  la  peau  la  mieux  armée 
d'aiguillons.  Par  la  disposition  circulaire  de  ses  fibres  il 
pcuirra  former  une  sorte  de  bourse  ;  mais  il  faut  pour  cela 
que  ses  bords  aient  dépassé  tout  autour  le  corps  de  l'anU 


103  DE'  LA  PSAU 

mal  :  c'est  ce  que  produisent  les  autres  parties  du  peaassier» 

D*abord  en  ayant ,  le  peaussier  céphalique  supérieur  en 
connexion  intime  arec  le  peaussier  du  tronc  par  le  grand 
ayancement  de  celui-ci  9  forme  trois  paires  de  muscles  qui  du 
bord  du  disque  musculaire  yont,  ta  paire  interne  se  termilier 
A  Tos  du  nex,  la  paire  moyenne  au-dessus  de  l'orbite  ^  et  la 
troisième  ou  l'externe  à  l'oreille.  Ces  deux  derniers  sont  des 
moscles  de  Toreille  ;  il  n'j  a  que  la  première  dont  noas  ayons 
déjà  parlé  f  c'est  notre  ceryico-nasal. 

En  arrière  9  le  disque  musculaire  dorsal  se  termine  seule- 
ment par  une  paire  de  muscles  qui  s'attacbe  d'une  part  asses 
ayant  sous  le  disque  musculaire  dorsal ,  et  de  Taotre  aux 
Tertèbres  de  la  queue. 

Enfin  sur  les  côtés  et  en  dessous  scmt  restées  les  parties  d« 
peaussier  gastro-thoracique,  sayoir  l'huméro-dennien  qui  >le 
l'humérus  se  porte  à  la  peau  des  flancs  en  se  prolongeant 
dans  toute  leur  longueur,  et  Thuméro-gastrien  qui  du  même 
bumérus  ya  s'épanouir  dans  la  peau  du  yentre. 

On  trouye  aussi  entre  la  portion  supérieure  da  gastro-tho- 
racique  ou  du  disque  dorsal  et  ses  parties  latérales  et  infé- 
rieures quelques  petits  faisceaux  de  communication  et  pres- 
que tont-à-fait  yerticaux  qui  sont  situés  sur  les  c6tés  de  la 
poitrine. 

Enfin  le  thoraco-facial  existe  comme  à  l'ordinaire';  3  est 
même  assex  déyeloppé. 
Dm  mufcie»  Dans  le  hérisson  9  je  n'ai  pas  trouyè  que  les  piquans  fussent 
pourras  de  muscles  particuliers.  Et  en  effet  ils  peurent  être 
dirigés  dans  tous  les  sens  par  Técartement  des  fibres  du  disque 
musculaire  dans  lequel  ils  pénètrent.  Il  n'en  est  pas  de  même 
pour  les  piquans  du  porc-épic  9  et  probablement  pour  ceux 
du  coeodou ,  de  l'échidné ,  du  pangolin  et  en  général  de  tous 
les  mammifères  dont  les  poils  solidifiés  n'ont  cependant  qn*un 
mouyement  d'éléyation  et  d'abaissement.  Ces  gros  poils  ont 
chacun  un.  petit  muscle  distinct  qui  du  tissu  cellulaire  aous^ 


DANS   I.E5   UAHMIFÈRES.  105 

dennien  k  porte  A  la  fiicc  dursale  de  leur  base.  L'élaalfuitû 
lissu  (juî  les  enTcloppe  de  l'.iuire  côlé  ainsi  que  celle 
Al  derme  sont  l'antiigonisle  de  ces  petilâ  muscles. 

Il  est  eilr^memcnt  probable  que  tous  les  mammirères  qui 
pat  ainsi  la  faculté  de  hérisser  leurs  poiI$  dans  une  partie 
^oetconque  de  leur  corps  nnl  aussi  <Ie  ces  petits  muïcles  à 
la  base  de  chacun  d'eux;  mais  leur  pulitesse  oe  permet  pas 
ie  les  démonlrcr. 

fi.  Dans  les  oiseaux. 

Les  différences  générales  que  présente  la  peau  dans  la  ^^^ 
duse  des  oiseaux,  consistent  dans  une  plus  grande  finesse 
ffta  dertne  ,  et  dans  une  sorte  de  luxe  de  la  partie  produite  de 
^■ppareil  phanéreux ,  devenue  noo-sculeoient  un  cnrps  pro~ 
Meur  et  cobibant  de  la  chaleur  qui  s'ciliale  du  corps  de  l'a- 
,  mais  encore  un  organe  nccessoire  de  l'appareil  de  la 
iBOOraoliorii  d'oO  il  s'en  est  suivi  un  bien  moindre  dêrclop- 
leDKot  dans  l'aclivité  du  sens  du  toucher. 
'  Quant  aux  différences  spéciales  dans  l'étendue  de  la  clafse , 
«ont  ïérilablcment  peu  considérables,  ou  au  moins 
Met  peu  importantes. 

La  peau  est  toujours  composée  dos  cinq  parties  que  oou; 
irons  distinguées  dans  celle  des  mammifères. 

Le  derme  est  en  général  benucoup  moins  épais ,  beaucoup  Dim 
Moins  dense  que  dans  les  animaux  de  cette  prediîère  classe. 
Bn  j  aperçoit  aussi  un  rapport  inverse  entre  l'épaisseur  du 
lenne  et  le  déïeloppemcnt  de  t'apparcil  plianéreux  :  en  effet , 
knsles  endroits  qui  sont  recouverts  de  plumes,  le  prcmiercst 
rt  mince,  tandis  que  dans  ceux  qui  n'en  sont  pas  rerCtus, 
Mit  Ici  pales,  par  exemple,  il  acquiert  une  épaisseur  rc' 
|ttn|OBble,  et  il  y  forme  des  saillies  de  grosseur  cl  déforme 
tariables. 
Le  léseau  vasculaîre  csl  au  contraire  furt  coniidcrable .  *■*  " 


io4 


DE    LÀ   PEAU 


Daos 
le  pi|;in«ntQai. 


La  couche  ner- 
Teote. 


L'tfpidtrme. 


beaucoup  plus  aiséà  iroir  que  dans  les  mammifères;  aussi  le 
système  sanguin  qui  se  porte  a  la  peau  esl-il  extrêmement  dé- 
Teloppé.  Je  ne  crois  cependant  pas  que  ce  système  vasculaire 
produise  de  Yéritables  bourgeons  sanguins. 

.Le  pigmentum  colorant  est  le  plus  ordinairement  oui,  si 
ce  n'est  dans  les  endroits  dépourvus  de  plumes  y  et  alors  son 
épaisseur  est  proportionnelle  à  la  coloration. 

La  coucbe  nenreuse  paraît  devoir  être  moins  considérable  ; 
aussi  les  papilles  sont-elles  extrêmement  fines  ou  à  peine 
perceptibles,  à  moins  qu'on  ne  regarde  comme  telles  les 
saillies  plus  ou  moins  fortes  que  forme  le  derme  à  la  face 
interne  des  doigts,  ce  qui  me  paraît  peu  convenable. 

L'épiderme  est  en  général  excessivement  mince  dans 
toutes  les  parties  de  la  peau  qui  sont  recouvertes  d'une  plus 
ou  moins  grande  quantité  de  plumes  ;  mais  au  contraire  dans 
celles  qui  sont  nues  sous  ce  rapport,  l'épiderme  devient  fort 
épais,  et  il  se  dispose  par  tubercules  ou  par  plaques  plus  ou 
moins  grandes,  dont  la  forme  et  la  combinaison  caracté- 
risent assez  bien  les  groupes  naturels.  C'est  à  ces  plaques 
d'épiderme  déterminées  dans  leur  forme  et  leur  saillie  par 
la  disposition  du  derme,  que  l'on  donne  le  nom  di  écailles. 

Mais  c'est  surtout  dans  les  parties  accessoires  de  l'enve- 
loppe cutanée  des  oiseaux  que  se  présentent  les  plus  grandes 
différences. 
Les  cryput.  L'appareil  crypteux  général  est  moins  évident  que  dans  les 
mammifères;  et  je  ne  connais  dans  les  oiseaux  qu'un  seul 
amas  de  cryptes  situé  à  la  partie  postérieure  du  dos ,  ou  sur 
le  croupion.  C'est  une  masse  mamilliforme  plus  ou  moins 
considérable ,  d'un  blanc  jaunâtre  et  formée  de  beaucoup  de 
petits  grains  contenus  dans  des  mailles  de  tissu  cellulaire, 
d'autant  plus  disposées  en  canaux  qu'elles  se  portent  davan- 
tage vers  le  sommet  de  la  masse.  Celle-ci  est  en  effet  terminée 
en  arrière  par  un  mamelon  unique,  percé  par  deux  groupes 
distincts  de  pores  qui  sont  la  terminaison  de  ces  canauxv 


bAlfS  IBE  OISBAVX. 
ais  le  priDi-i|);iI   curactùrv  de   lu  pcuu   île»  oiseaux   »e     [)-in>  ic  pi 
vc  dans  lu  modificulion  parliculière  du  phauàrc  ù  Ih^upIIk 
«n  donne  le  nom  de  plumes,  modjGcalion  qui  ne  se  vuil  que 
4»D*  culte  classe  et  sur  toutes  les  espèees  qu'elle  renlermc. 

On  observe  cependant  dans  les  oiseaux  de  vcrilables  poils 
«impies;  ainsi  dans  le  niâle  des  espèces  du  genre  dinde,  it 
mitle  à  la  racine  inrêrieore  du  cou  uu  bouquet  d'une  sorte  de 
Mrins. 

*   On  doit  aussi  regarder  comme  des  poils  les  soies  aplaties 
kqui  bordent  la  mâchoire  supérieure  de  l'engoulevent  et  de 
usieurs  autres  espèces  d'oiseaux. 

Dans  le  jeune  âge,  ce  qu'on  nomme  le  duvet  n'est  aussi 
..quelquefois  Tormé  que  par  des  poils  exlièmemenl  fins. 

Hais  dans  le  très-grand  nombre  de  cas  le  corps  des  oiseaux   tk  ■>  >^iun 
il  couvert  de  plumes ,  c'esl-â-dire  de  productions  cornées .      K-'acni. 
rmces  par  uu  axe  ou  tige  sur  les  parties  latérales  de  laquelle 
irlent  d'autres  productions  plus  petites  oommées  barbes, 
les-mëmes  souvent  encore  subdivisées  en  dentelures  que 
m  désigne  sous  le  nom  de  barbules. 
Ces  plumes,  considérées  dans  leur  ensemble,  sont  du 
9le  composées  comme  un  poil  simple,   c'esi-â-dire  d'un 
bulbe  partie  proiluclrîce  et  d'une  partie  produite  ou  do  la 
plume  proprement  dite. 

Le  bulbe  situé  snus  et  mSme  dans  le  derme  est  en  général 
besncoup  plus  gros,  et  surtout  beaucoup  plus  actif  que  le 
bulbe  d'un  poil  dans  les  mammifères ,  i\  cause  de  la  grande 
^anlité  de  matière  qu'il  doit  produire;  aussi  rpçoit-il  une 
hxa  plus  grande  quantité  de  sang ,  et  s'accroll-il  long-temps. 
On  y  reconnaît  toujours  la  capsule  tibreuse  blanche ,  épaisse. 
A  rinlérieur  pénétre  te  système  vasculaire  ;  e(  enGn  sa  cavité 
est  enliërenient  remplie  par  une  matière  subgclolineii^e  ,  vi- 
vante ,  ayant  une  lornic  délerniinêc  ,  et  oflVant  k  su  surface 
des  stries  ou  cannelures  doot  la  disposition  indique  la  forniu 
plunie.  I.p  principal  de  tes    sillon*  otcupc  te  dos  du 


106  .  DE  LA   PEAU 

bulbe ,  et  s'éteDd  plus  ou  moins  d*uoe  extrémité  &  Tautre , 
en  diminuant  seulement  de  largeur  et  de  profondeur;  les 
autres 9  beaucoup  plus  fins  9  tombent  obliquement  et  réguliè- 
rement par  paires  de  chaque  côté  du  sillon  principal,  et  Ils 
commencent  dans  la  ligne  médiane  et  Yentrale  du  bulbe. 
Il  est  fort  probable  que  chacun  de  ces  sillons  latéraux  reçoit 
lui-même  de  chaque  côté  des  sillons  tertiaires  et  beaucoup 
plus  fins  j  du  moins  dans  les  plumes  complètes  ;  mais  c*est 
ce  que  je  ne  puis  assurer  que  par  analogie  9  ne  les  ayant  pas 
vus* 

De  cette  structure  du  bulbe  producteur  il  résulte  que  lors- 
qu'il vient  à  exhaler  la  matière  de  la  plume,  qui  se  dépose 
par  grains  non  adhérens,  à  peu  près  comme  le  pigmentum, 
il  se  forme  réellement  une  succession  de  cônes  non  distincts; 
mais  ces  cônes  ne  s'emboîtent  pas  d'abord  les  uns  les  autres, 
ils  se  fendent  le  long  de  la  ligne  médiane  inférieure,  ou  les 
filets  cornés  produits  des  sillons,  se  réunissent,  et  dans  k 
longueur  même  de  ces  filets  cornés,  très-probablement  à 
l'endroit  des  sillons  tertiaires.  C'est iiinsi  que  se  forme  la  lame 
de  la  plume,  ou  la  partie  dont  l'axe  est  plein  et  solide,  et 
qui  est  pourvue  des  barbes  et  des  barbu  lés.  Mais  lorsque  le 
bulbe  a  produit  cette  partie  qui  est  sortie  au  fur  et  à  me- 
sure de  la  capsule  rompue  à  son  extrémité ,  il  a  considé- 
rablement diminué  d'activité  vitale ,  et  soit  que  les  sillons 
s'eiXacent ,  ou  mieux  que  sa  base  n'en  offre  plus ,  il  exhale  de 
toute  sa  circonférence  de  la  matière  cornée  qui  forme  alors 
un  tube  complet.  Ce  tube  renferme  donc  la  pulpe,  et  comme 
l'extrémité  de  celle-ci,  à  mesure  qu'elle  diminue  se  retire, 
elle  produit  des  espèces  de  cloisons  en  forme  de  Terre  de 
montre;  c'est  ce  qu'on  nomme  l'âme  de  la  plume  :  ce  n'est 
autre  chose  que  la  succession  de  l'extrémité  des  cônes  qui 
composent  le  tube. 

Cependant  la  cause  organique  qui  avait  déterminé  le  tting 
è  se  porter  en  si  grande  abondance  dans  les  bulbes  des  plume» 


DANS   LKS   OIStkVX.  107 

^it  les  aTait  roreées  de  sortir  en  pariie ,  et  ilc  faire  pour  ainsi 
Are  hernie  en  dehors  de  lapeanparun  pore  correspondiinl, 
venant  à  cesser,  la  partie  du  bulbe  <iui  était  extérieure  dispa- 
tllt  peu  A  peu  ,  la  capsule  se  réduit  en  poussière  écailleuse, 
h  pulpe  diminue  de  jour  en  jour  dans  le  tube  de  lu  plurae , 
■t  il  oe  reste  plus  sous  le  derme  que  la  partie  essentielle  et 
primitiTc  de  ce  bulbe  ;  ki  plume  y  tient  à  peine ,  et  a'adhËre 
fresque  que  par  le  derme  qui  l'entoure  à  sa  base  :  aussi 
tembe-t-elle  avec  la  plus  grande  facilité,  mais  suivant  des 
tbit  de  l'organisme,  pour  être  remplacée  par  celles  que  le 
bulbe  reproduira. 

Une  plume  ordinaire,  mais  complËte,  est  donc  composée 
'tt  deux  parties  principales  qui  sont  cependant  lu  conttnua- 
''Ibn  l'une  de  l'autre;  le  tube  et  la  lame.  Le  tube  est  la 
jartie  creuse  entièrement  cornée  et  plus  ou  moins  cjliD- 
:4^uc  qui  forme  reilrémilé  inférieure  de  la  plume;  elle 
•B  termine  à  sa  base  par  une  pointe  conique  percée  d'un  petit 
Irou,  et  par  son  autre  extrémité  elle  se  continue  arec  la 
ftrtie  cornée  de  la  lame.  Celle-ci,  qui  forme  l'exlrémitc 
SttiTe  de  la  plume,  est  généralement  beaucoup  plus  langue; 
QM  y  distingue  une  partie  médiane,  convexe  et  lisse  d'un 
cOtc,  plus  ou  moins  courbée  et  creusée  par  un  sillon  mé- 
diui  de  l'autre;  c'est  la  lige  de  la  plume.  La  plus  grande 
partie  de  cette  tige  est  d'un  tissu  médullaire  serré  d'un  très- 
beau  blanc,  recouvert  par  une  partie  évidemment  cornée, 
translucide,  plus  épaisse  du  côté  convexe  que  de  l'autre. 
Cm  sur  les  c6les  de  cette  lige  plus  ou  moins  carrée  que 
•'attachent  les  petites  lames  fort  minces  triangulaires  que 
Ton  nomme  les  barbes.  Chacune  de  ces  barbes  oITre  une 
rtracture  assez  analogue  ù  la  lame  entière,  en  ce  qu'elle  a 
ê^lemcnt  un  axe  ou  rachis  formé  de  matière  médullaire  et 
de  matière  cornée  à  l'extérieur,  et  qu'à  un  certain  point  de  sa 
^  longueur  commence  une  série  de  lames  extrêmement  Gnes, 
^Vpcnt-être  encore  clIus-mSmes  divisées  et  qu'on 


108  DS   LA   PEAU 

barbules.  Ce  sont  ces  barbules,  quand  elles  exîsteni,  qui 
s*entre-croîsent  les  unes  ayec  les  autres  de  manière  à  réunir 
les  barbes  9  et  &  former  ainsi  un  tout  plus  ou  moins  résistant. 

'laûJS'^  Quant  aux  poils  agglutinés  dans  les  oiseaux ,  ils  sont  com- 
posés comme  dans  les  mammifères  ;  ils  se  trouTent  comme 
ches  eux  à  Textrémité  des  doigts  ^  et  surtout  de  ceux  des  pieds 
où  ils  forment  les  ongles,  en  enveloppant  constamment  la 
phalange  onguéale  qu'ils  dépassent  plus  ou  moins  ;  quelque- 
fois ib  TCTêtent  une  saillie  osseuse  plus  ou  moins  considé- 
rable de  la  tête  9  comme  dans  le  casoar  casqué ,  du  poignet, 
comme  dans  le  kamichi  et  les  jacanas ,  ou  du  tarse  oomme 
dans  beaucoup  de  gallinacés  :  c'est  alors  ce  qu'on  nomme 
des  éperons. 

Mais  ce  qui  est  un  caractère  classique  et  presque  exclusif 
pour  les  oiseaux ,  c'est  que  les  mâchoires  supérieure  et  in- 
férieure sont  aussi  reyêtues  par  une  expansion  cornée  formée 
par  des  poils  agglutinés,  qui  tient  lieu  du  système  dentaire 
dont  en  effet  elle  est  l'analogue.  Il  en  résulte  ce  qu'on  nomme 
un  beCf  dont  nous  traiterons  avec  détail  lorsque  nous  par- 
lerons des  mâchoires  et  de  la  peau  qui  les  revêt ,  comme 
organes  de  mastication. 

le  peaus-  Le  peaussier  des  oiseaux  est  en  général  peu  développé  ; 
on  démontre  cependant  assez  aisément  le  thoraco-facial  qui 
embrasse  le  cou  jusqu'à  la  tête,  ainsi  que  le  cervico-nasal  ; 
mais  je  n'ai  pu  voir  de  traces  d'aucune  portion  du  gastro- 
thoracique. 

Les  muscles  de  certaines  plumes  qui  deviennent  auxiliaires 
de  la  locomotion  sont  fort  évidens ,  comme  aux  pennes  des 
ailes  et  surtout  à  celles  de  la  queue,  ce  que  nous  verrons 
dans  la  description  de  l'appareil  locomoteur  ;  mais  pour  toutes 
les  autres,  quoique  susceptibles  d*être  relevées,  dans  tous  les 
oiseaux  pulvérulateurs  et  dans  beaucoup  d'autres  espèces, 
et  surtout  ù  la  tête ,  on  ne  peut  les  admettre  que  par  analogie 
j^ans  pouvoir  les  démontrer. 


s  1er. 


DANS  IKS  oiseaux:  109 

Les  cliiKrenres  que  la  peau  pnJsente  dans  la  dusse  des  oi-  On 
Nux  sont  en  gùnêrui  assez  pen  considérables. 
•  Il  m'a  semblé  que  le  derme  est  un  peu  plus  épais  dans  k-s  u^m 
s  supérieures  du  corps  que  duns  les  parties  inférieures. 

II  l'est  certainement  beauDoup  plus  dans  les  endroits  qui 
sont  dépourvus  de  plumeS)  et  surtout  a»  tarse  et  aux  pieds. 
Et  cependant  il  Test  moins  dans  les  parties  de  la  peau  qui 
fomient  des  excroissances  ou  des  appendices  plus  ou  moins 
ir«ctiles,  comme  dans  un  grand  nombre  d'oiseaux  galli- 
ds  autour  de  lu  lëtc. 

Il  l'est  aussi  daTatilage  duos  les  espèces  qui  ont  un  sys- 
lème  pennaire  peu  développé ,  comme  les  autruches,  le  ca- 
loar,  etc. ,  et  dans  celles  qui  habitent  la  mer,  et  surtout  les 
climats  irés-froids,  comme  les  pingoins  ,  les  mnnchols,  etc., 
au  le  derme  est  en  outre  doublé  par  une  couclic  graisseuse. 

On  trouve  encore  moins  de  différences  dans  le  réseau  vaa- 
Gubiire,  le  pigmentom,  la  couihe  nerveuse  et  l'épiderme. 

L'ipaîïse«r  et  la  densité  du  réseau  vasculairc  ont  sans  Lr 
doule  quelque  rapport  avec  la  quanlilé  de  plumes  et  le  pig- 
inentum  colorant  ;  il  est  surtout  fort  développé  daos  les  ap- 
pendices éreclites  de  la  peau. 

Le   pigmcntum  est  nul  ou  presque  nul  dans  toutes  les  i-'i 

parties  dont  U  couleur  e?t  blanche  ou  à  peine  couleur  de 

ebÙT}  c'est'ù-dire  partout  oit  la  peau  est  couverte  de  plumes  ; 

mais  aux  paies  et  dans  tous  les  endroits  de  la  peau  colorés 

I  M  bleu  ,  en  rouge  ou  en  jaune ,  le  pigmeulum  est  évidem- 

■  neot  abondant  et  proportionnel  i  l'intensité  de  la  colora- 
tion ;  il  paraît  que  celte  intensité  est  asseï  en  rapport  avec 
rige ,  le  sexe  et  l'état  de  santé. 

On  trouve  quelquefois  dans  les  oiseaux  la  coloration  ras- 
citUire  qui  ne  provienl  pas  d'un  pigmentum  ;  c'est  ce  qui  a 
lien  dans  la  cr{ïte  ,  et  les  tippendices  sous-maxJllaires  des 
coqs,  des  dindes,  les  tubercules  de  la  face  ou  des  jeux  des 

■  JUsao*,  perdrix,  etc. 


110  DE   LA  PBAU 

Dans  la  cioociio  La  couche  netTeose  doit  être  plus  éfideote  à  lApeaii  ipii 
garnit  la  partie  iolérietire  des  doigts,  et  surtout  dans  les  es- 
pèces qui  ^  comme  les  perroquets  ^  s*en  servent  pour  prendre 
leur  nourriture ,  que  dans  toute  autre  partie  du  corps  >  et  que 
dans  les  espèces  qui  marchent  beaucoup  ;  mais  ce  Q*est  que 
par  analogie  qu'on  peut  le  penser. 
L'épidenne.  L'éptderme  est  toujours  plus  épais  sur  les  parties  du  corps 
qui  en  supportent  le  poids ,  comme  à  la  face  inférieure  dea 
pieds  f  ou  il  forme  en  effet  des  espèces  de  callosités  9  et  par 
conséquent  la  pesanteur  de  Tanimal  a  une  InQuence  directe 
sur  son  épaisseur. 

On  trouve  à  la  face  antérieure  de  la  poitrine  de  rautrnche 
et  du  casoar ,  une  large  callosité  épidermienne  f  parce  que 
dans  le  repos  ces  animaux  s'appuient  sur  cette  partie* 

L^s  régions  du  corps  qui  n'ont  pas  de  plumes  ont  aussi  cet 
épiderme  assez  épais  9  comme  les  tarses  et  les  doigts. 

Il  j  forme  même  des  apparences  d'écaillés  ou  des  tuber- 
cules dont  la  disposition  est  ixe  dans  chaque  fiimilie  natu- 
relle, et  qu'il  sera  par  conséquent  utile  de  faire  connaître 
brièvement. 

Dans  les  oiseaux  qui  ont  une  partie  plus  ou  moins  consi- 
dérable des  membres  pelviens  dénuée  de  plumes  (car  il  en  est 
où  ces  membres  sont  empennés  jusqu'aux  ongles,)  l'épi* 
derme,  par  suite  de  la  disposition  du  derme  sous-jacent,  peut 
former  : 

1*"  Des  tubercules  granuleux  dans  toute  retendue  de  la 
peau  :  les  perroquets  ; 

a*  Des  aréoles  polygones  dont  les  bords  ne  sont  pas  plus 
épais  en  bas  qu'en  haut,  et  qui  n'ont  pas  ainsi  l'apparence 
de  s'imbriquer  :  les  édicnèmes ,  les  poules  d'eau  et  la  très- 
grande  partie  des  échassiers  sont  dans  ce  cas  ; 

3*  Des  plaques  quadrilatères^ont  le  bord  inférieur  est  plus 
épais  ;  il  en  résulte  alors  des  espèces  d*écaiUes. 

Dans  cette  sorte  de  recouvrement  épidermique  des  pales 


DANS   LES   OISEArx.  1)1 

lies  oiseaux^  il  y  a  une  grande  variété  de  forme  et  de  eombi- 
nuison  de  Tormes  que  nous  ùtudicroas  en  zoologie. 

4*  Des  plaques  quailrilutèrea  comme  les  précédentes  dans 
la  partie  antérieure  seulement,  et  des  tubercules  ou  de 
grandes  plaques  à  la  partie  postérieure. 

5°  Enfin  quelquefois  l'épidcrme  de  la  peau  des  jambes  est 
lisse  ou  sans  traces  d'aréoles  ni  d'ècailles  :  les  manins-pC- 
cbeurs  sont  dans  ce  cas. 

t  L'appareil  crypleus  sus-coccyglcn,  le  seul  bien  évident  i 
E^eiles  oiseaiic,  ne  laisse  pas  que  d'offrir  d'assex  grandes 
r  IVércDCes  dans  son  dËTeloppement  proportionnel ,  un  peu 
t  sa  forme  ainsi  que  dans  la  manière  dont  te  mamelon 
Lncréleur  se  lerminci  et  est  garni  de  plumes  en  pinceau 
e  disposition  souvent  asseï  singulière. 
L  Hais  c'est  surtout  dans  le  système  pennaire  que  l'on  trouve 
I  plus  grandes  différences  dans  l'enfeloppe  cutanée  des 
aux. 

*  Dans  la  structure  et  dans  la  forme. 

Dans  ia  structure  proprement  dite  ,  je  n'en  connais  ccpen-  i 

mt  pas  de  bien  considérables,  si  ce  n'est  dans  la  proportion 

lllire  des  deux  substances  composantes  de  la  tige ,  c*est-à- 

e  la  substance  blanche  et  de  la  substance  cornée  :  celle-ci 

lii4M  évidemment  plus  épaisse  ,  et  termine  même  A  elle  seule 

FAok  dans  les  plumes  qui  sont  roides ,  comme  dans  les  man- 

cbots  et  dans  celles  de  la  queue  des  pics.  Elle  est  au  contraire 

fart  mince  dans  les  plumes  dont  la  tige  est  dciible.  Il  parait 

qu'il  y  a  aussi  quelque  différence  dans  la  densité ,  cl  que  le? 

B  très- virement  colorée*  sont  plus   denses  que  les 


HZ 


^uant  à  la  forme  et  â  la  proportion  des  parties  qui  peuvent 
ni»t«r  dans  une  plume ,  les  difrèrcnccs  sont  bien  plus  nom- 
breuses. 

Le  tube  ne  porte  le  plus  souvent  qu'une  seule  lame  qui  en 
la  coatinuatioD  ;  mais  les  casoars  offrent  cette  singularité 


1  la  DE    LA   PEAU 

qu*îl  y  a  deux  laines  appliquées  Tune  sur  l'autre 'po}ir  chaque 
tube  qui  est  fort  court. 

Quant  À  la  longueur  proportionnelle  de  ce  tube,  elle  varie 
beaucoup  dafantoge;  c*est  surtout  dans  les  pennes  de  Taile 
ou  de  la  queue  quMI  est  plus  long  et  plus  résistant,  et  ce 
sont  les  plumes  du?et  qui  Tout  au  contraire  plus  court. 

Lé  casoar  casqué  a  cela  de  remarquable  que  les  pennes 
de  ses  ailes  qui  ne  sont  qu'au  nombre  de  cinq,  sont  entière- 
ment formées  par  un  tube  roide^  pointu  9  creux  dans  toute 
son  étendue,  sans  aucun  indice  de  lame. 

L*axe,  le  plus  sburent  carré,  est  aussi  quelquefois  plus  ou 
moins  élargi  ou  déprimé ,  comme  dans  les  plumes  des  mao-^ 
chots  qui  ressemblent  un  peu  à  des  écailles  ;  il  est  d'autres 
fois  à  peu  près  cylindrique  ;  enfin  ordinairement  4K^.tt,  il  peul 
aussi  être  tordu  :  les.  plumes  de  l'aigrette  de  l'oUeau.  royal 
sont  dans  ce  cas. 

L'axe  peut  être  extrêmement  court,  et  donner  presque 
immédiatement  naissance  aux  barbes.  Il  en  résulte,  alors  le 
duvet  des  oiseaux. 

Le  plus  souvent  il  est  long  et  plus  ou  moins  flexible. 

Dans  le  très*grand  nombre  de  cas  cet  axe  se  prolonge 
dans  toute  la  longueur  de  la  plume  qu'il  termine  ;  mais  il 
arrive  aussi  quelquefois  que  ce  sont  les  dernières  barbes  qui 
le  dépassent  beaucoup  :  le»  plumes  du  croupion  du  martio- 
pêcheur,  celles  de  la  queue  dos  pics  sont  dans  ce  cas. 

Cet  axe  peut  donc  être  accompagné  dans  toute  sa  longueur» 
ou  seulement  daus  quelques  parties  de  son  étendue  par  les 
barbes.  ^1 

Les  barbes  le  plus  souvent  assez  roides,  compriaxé&.ea 
lame  d'épée  et  serrées  les  unes  contre  les  autres^  sont  aassi 
quelquefois  plus  ou  moins  flexibles,  cyliodriquf^s  et  espacées. 

Ordinairement  assez  longues ,  et  quelquefois  au  point  ds 
ressembler  ù  des  poils  très-lins ,  il  arrive  qu'elles  soient  si 
courtes  qu'elles  paraissent  de  ^impleai  dlioticuies. . 


DANS   LES   OISEAUX.  Il3 

Il  existe  le  plus  souvent  deux  raogs  de  barbes  dans  toute 
la  longueur  de  la  lame  d'une  plume  ;  mais  on  trouve  des 
plumes  qui  n'en  ont  de  bf«n  évidentes  que  dans  une  partie 
de  leur  longueur  9  et  quelquefois  seulement  d'un  côté. 

Les  deux  rangs  de  barbes  sont  rarement  égaux  >  Tautérieur 
ou  Texterne  étant  ordinairement  plus  court  que  le  posté- 
rieur ou  Tinterne  ;  dans  les  pennes  des  ailes  y  plus  là  dispro- 
portion est  grande  et  plus  la  plume  est  rapprochée  de  la 
première.  Il  en  est  de  même  à  la  queue. 

On  trouve  même  assez  souvent  dans  les  oiseaux  des  diffé- 
rences de  longueur  dans  les  barbes  du  côté  antérieur,  ce  qui 
donne  à  la  plume  une  forme  effilée  :  c'est  ce  que  l'on  volt 
Jans  beaucoup  de  passereaux  et  de  grimpeurs ,  où  les  pennes 
digitales  surtout  semblent  avoir  été  échanorées  dans  une 
plus  ou  moins  grande  étendue  de  leur  bord  antérieur. 

Les  barbes  sont  le  plus  souvent  subdivisées  elles'^mêmes 
te  deux  côtés  par  des  barbules  dont  Tentrecroisement 
oblique  et  alternatif  fait  de  la  lame  un  tout  plus  ou  moins 
impennéabiê  à  l'air;  mais  il  arrive  aussi  quelquefois  qu'il  n'y 
CQ  a  pas  du  tout ,  comme  aux  barbes  du  côté  antérieur  de  la 
prenière  penne  digitale  appelée  bout-d'aiie,  d'un  très-grand 
aonbre  d'oiseaux. 

Les  plumes  des  oiseaux  de  proie  nocturnes  oçt  j  outre  les 
barbules  ordinaires,  le  bord  supérieur  des  barbes  pourvu  de 
poils  soyeux  qui  s'appliquent  sur  la  lame  et  lui  donnent  un 
aspect  velouté  tout  particulier.  Cette  disposition  paraît  être 
la  cause  du  peu  de  bruit  que  ces  animaux  font  en  volant. 

Les  barbes  qui  terminent  les  plumes  du  croupion  du  mar- 
tin-pécheur,  du  dos  des  aigrettes,  du  cou  des  pigeons,  et 
en  général  celles  d^  toutes  les  plumes  dont  les  couleurs  sont 
très-brillantes,  pourvu  qu'elles  soient  roattes ,  paraissent  être 
toujours,  d'après  l'observation  d'Audebert,  cylindriques  , 
comme  tronquées  à  leur  sommet  et  sans  traces  de  barbules. 
Au  cootraire  les  barbules  sont  très-larges,  très-serrées  dan<ï 

1.  8 


Il4  I>E   l'A   PEAU 

les  plumes  dont  la  couleur  est  changeante  ou  métallique^  et 
les  barbes  sont  extrêmement  fines. 

On  trouve  enfin  des  plumes  dont  les  barbes  sont  pourvues 
de  barbulesy  mais  qui  sont  libres  et  plus  ou  moins  espacées  : 
ces  plumes  alors  ne  serrent  plus  au  toI;  si  c*est  dans  toute 
leur  étendue  9  ce  ne  sont  que  des  plumes  de  luxe  plus  nui- 
sibles qu'utiles 5  et  qui  ne  se  développent  guère  que  dans  les 
individus  mflles;  si  ce  n*est  au  contraire  qu'à  la  base,  coqiime 
dans  les  plumes  ordinaires ,  cette  disposition  sert  à  conserver 
la  chaleur ,  et  elle  est  en  effet  plus  développée  dans  les  oi- 
seaux des  climats  froids  i  et  dans  ceux  qui  s'élèvent  dans  les 
hautes  régions  de  l'air. 

JLes  plumes  qui  bordent  les  oreilles  sont  souvent  aussi  dé- 
composées dans  toute  leur  longueur. 

Dtns  itur        a*  D'après  la  place  qu'elles  occupent  à  la  surface  du  corps, 

1m  ^ô?^*  '^^  plumes  prennent  des  dénominations  différentes. 

rpcnnci.  Qq  nommc /?e/ine5  celles  qui  sont  modifiées  pour  le  vol, 
et  qui  pour  cela  sont  en  général  plus  longues  et  surtout  plus 
résistantes  que  les  autres  ;  celles  qui  occupent  le  bord  ex- 
terne de  la  main,  sont  les  pennes  primaires;  celles  qui 
bordent  l'avant-bras  jusqu'au  coude ,  sont  appelées  pennes 
secondaires;  enfin  on  donne  le  nom  de  rectrices  aux  pennes 
de  la  queue  qui  sont  implantées  à  l'extrémité  du  croupion. 

Le  noQibre  et  la  proportion  de  ces  pennes  des  ailes  et  de  la 
queue  sont  fixes  dans  chaque  groupe  naturel,  et  tious  four- 
niront de  très-bons  caractères  dans  la  zoologie.  Je  dois  donc 
les  définir  ici. 

>iiiciaiet.  Je  nommerai  pennes  pollîciales  ou  du  pouce,  celles  qui  se 
meuvent  avec  le  pouce  ou  le  doigt  iuterne  jle  la  maia  des 
oiseaux  :  elles  forment  Vaile  bâtarde  des  ornithologistes* 

>isitaiei.  Pennes  digitales ,  celles  qui  appartiennent  aux  doigts  ;  elles 

ne  sont  jamais  au-dessus  de  quatre  ;  la  première  occupe  le 
bord  postérieur  de  la  dernière  phalange  du  grand  doigt;  elle 
a  pour  caractère  d'avoir  toujours  les  barbes  de  son  o6té  on- 


DANS   LES    OISEAl'X.  11^ 

térieur  sans  barbules  et  beaucoup  plus  courleS  que  celles  du 
cdlé  poitèrieur;  les  deux  ïuitanles  bordeiil  lu  cOté  externe 
de  la  seconde  phalange  de  ce  niC-me  doigl;  enCa  laquatiiÈniu 
appartient  i  la  seule  phalange  du  doigt  externe. 

Pctincs  métacarpiennes',  celles  qui  bordent  la  branche  ex- 
terne de  l'os  dii  méiacai'pe  ;  elles  sont  le  plus  souvent  au 
nombre  de  six;  mais  quelquefois  il  &'y  en  a  que  cinq» 
comme  dans  l'ordre  des  oiseaux  de  proie. 

Pennes  cubitales ,  celles  que  les  orailhologisles  DOmment 
MCOndaîrcs;  sûparËcs  des  pennes  inélacarpieDnes  par  un 
tSpace  plus  ou  moins  considérable,  elles  occupent  tout  le 
bord  externe  du  cubitus.  Leur  nombre  est  asseï  variable  et 
proportionnel  ù  la  longueur  de  cet  os  :  l'égalité  des  barbes 
Jet  deuxcOlés  est  ù  peu  près  complète. 

La  longueur  proportionnelle  de  ces  trois  espèces  de  pemiea 
d  Icumombre ,  l'ormeot  plusieurs  genres  ou  systèmes  que 
lous  croyons  convenable  de  l'aire  connaître,  pjrcc  que 
diacuD  i]'eux  a  uue  certaiue  inQueocc  dauj  le  vol,  et  qu'il 
MUS  fournira  de  bons  caractères  zoologiques. 
Le  premier  genre  est  celu?"qui  se  trouve  le  plus  commu- 
■abuent  dans  l'ordre  des  passereaux  et  daus  celui  des  grim- 
^eoTs;  l'aile  médiocre  n'a  que  dix-huit  pennes  eu  tout  :  les 
lotre  digitales  sont  sensiblement  los  plus  longues  ,  et  parmi 
les  la  seconde  et  la  troisième  qui  sont  égales  ;  lus  cinq  mé- 
Carpicnnes  décroissent  assez  subitement  pour  qu'il  y  ait  un 
feiit  Kssnut  entre  les  digitales  et  elles.  II  u'y  en  a  pas  uu 
icoairaire  entre  les  métacarpiennes  et  les  cubitales  qui  sont 
H  nombre  de  neur. 

La  proportion  des  pennes  cubitales  qui  sont  égales,  ou  qui 
Ugmentcot  jusqu'à  la  sixième  alors  beaucoup  plus  longue 
que  Ica  autres ,  établit  une  iielile  sous-division  dans  ce  geure 
ftiie.  Toute  la  Tamille  des  merles,  celle  des  cunirostres, 
^parliennenl  k  la  première;  celle  des  motacilles  et  des 
érîtablei  alouettes  ù  la  seconde. 


Il6  DE   LA   PEAU 

Od  peut  aussi  rapporter  à  ce  premier  geore  d'aile  celles 
des  martins- pêcheurs  9  quoiqu'elles  soient  beaucoup  plus 
courtes  y  et  que  le  nombre  des  cubitales  soit  de  onze. 

Le  second  genre  présente  une  aile  en  général  courte^ 
mais  aussi  quelquefois  assez  allongée  ;  le  nombre  des  pennes 
est  de  dix-neuf,  presque  sans  aucun  ressaut  ;  il  y  en  a  cinq 
digitales  »  dont  la  première  est  très-courte  et  étroite  ;  la  se- 
conde est  plus  longue ,  quoique  beaucoup  moins  que  les  trois 
suirantes  qui  augmentent  un  peu  de  la  première  à  la  der- 
nière; des  cinq  métacarpiennes ,  la  première  égale  la  précé- 
dente, les  autres  décroissent  insensiblement,  et  passent  ainsi 
sans  ressaut  aux  pennes  cubitales  qui  sont  au  nombre  de 
neuf,  comme  dans  la  première  section  du  genre  précédent. 

L'aile  des  troglodytes,  des  mésanges,  des  rouge-gorges, 
des  becs*fins  en  général ,  et  même  de  celle  des  loriots ,  des 
grimpereaux ,  des  souis-mangas  appartiennent  à  ce  genre. 

Quoique  l'aile  de  la  famille  des  corbeaux  soit  asses  dére- 
loppée ,  elle  offre  aussi  la  même  combinaison.  Le  nombre 
des  pennes  cubitales  est  cependant  un  peu  plus  grand;  il  va 
jusqu'à  dix  ou  onze;  il  en  est  de  même  chez  la  pie,  le 
torcol,  etc. 

Le  troisième  genre  a  quelque  chose  du  précédent;  le 
nombre  total  des  pennes  est  cependant  plus  considérable, 
puisqu'il  est  de  yingt-deux ,  quoiqu'il  n'y  en  ait  le  plus  sou- 
Tent  que  neuf  à  la  main.  Des  quatre  digitales ,  la  première  est 
très-sensiblement  la  plus  courte  ;  et  des  trois  autres  c'est  la 
dernière  qui  est  la  plus  longue.  Les  cinq  ou  six  métacar- 
piennes  vont  en  décroissant  depuis  la  première  qui  est  pres- 
que égale  &  la  quatrième  digitale ,  jusqu'à  la  dernière.  Les 
treize  cubitales  sont  à  peu  près  de  la  même  longueur.  Cette 
espèce  d'ailes  qui  se  Toit  dans  les  oiseaux  de  proie  ignobles, 
comme  l'épervier,  l'autour ,  le  milan  a  été  désignée  sous 
le  nom  d'mife  volière  par  M.  Hubner. 
Le  quatrième  genre  est  formé  par  l'aile  des  oiseaux  de 


DANS    LES    OISEAUX.  11^ 

proie  nobles  ou  de  haut  toI.  Le  nombre  total  des  pennes  ei 
leur  dUtributioUi  sont  les  mËmcs  que  dans  le  précédent; 
mais  ici)  des  quatre  digitales,  la  seconde  est  un  peu  plus 
longue  que  la  première,  el  toutes  deux  le  sont  plus  que  la 
troisième,  ce  qui  donne  ù  l'estrèmité  de  l'aile  une  l'orme 
pointue  ;  quant  â  la  quatriÈme  et  aux  cinq  ou  six  métacar- 
piennes elles  décroissent  asset  rapidement. 

U.  Ilubner  a  donné  à  cette  espèce  d'aile  la  dénomination 
i'aile  rameuse  :  elle  se  trouve  non-seitlement  chez  les  oiseaux 
de  proie  diurnes,  mais  encore  dans  les  oiseaux  de  proie 
■octurnes  et  dans  les  pigeons. 

Peut-Ëlre  devra-t-ou  former  un  genre  particulier  de  l'aile 

encore  plus  aiguë,  plus  pointue  du  la  famille  des  canards, 

4t3  cormorans  ,  des  mouettes ,  et  en  général  des  palmipèdes 

it  nfeme   des  oiseaux-moucfaes,  qui   sous  tous  les  autres 

ppporls  CD  sont  si  éloignés.  Elle  ne  diffère  cependant  de  la 

iffécedente  espèce  qu'en  ce  que  c'est  plus  évidemment  la 

digitale  qui  est  la  plus  longue  des  dix  de  la 

âin  :  toutes  les  suivantes  décroissent  ensuite  régulièrement 

a»ci  r.-tpidement.  Les  pennes  culiilales  dont  le  nombre 

jwail  n'être  inmais  au-dessous  de  seîie  dans  les  palmipèdes  , 

Ùa  qui  varie  dans  chaque  famille,  augmentent  d'abord  uu 

lupour  décroître  ensuite;  mais  en  général  elles  sont  courtes 

presque  égales. 

l>ui$  les  oiseaux-mouches,  ches  lesquels  la  main  est  très- 
■ode,  proportionnellement  avec  l'avant-bras  et  le  bras  qui 
ot  excASsivement  courts,  on  ne  trouve  presque  que  les 
lones  digitales  et  métacarpiennes  toujours  au  nombre  de 
tr  décroissant  de  lu  première  ù  la  dernière  et  rapidement  : 
I  cubitales  sont  très-courtes,  tris-peu  nombreuses  et  it 
Aae  dUlioctcs  :  j'appellerai  cette  espèce  d'aile  aigtw. 
Va  dernkr  genre  d'aile  est  celui  qui  se  remarque  dans  les 
tllinacês.  L'aile,  considérée  en  général,  est  courte  et  com- 
isée  de  vingt-quatre  à  Tiugl-sepl  pennes,  ce  qui  varie  uu 


Il8  DE   LA   PEAU 

peu  dans  chaque  groupe.  Il  n^j  en  a  cependant  jamais  plas 
de  dix  à  la  main  :  la  première  est  très-étroite  et  hi  plus 
courte  ;  les  cinq  suivantes  sont  presque  égales  ;  les  troisième, 
quatrième  et  cinquième  un  peu  plus  longues  que  la  seconde; 
la  sixième ,  la  plus  longue  de  toutes  :  les  quatre  autres  dé- 
croissent assez  TÎte.  Quant  aux  cubitales ,  la  première  est 
toujours  plus  courte  et  plus  grêle  que  les  autres  qui  sont 
presque  égales  et  yariables  en  nombre. 

Enfin  les  pennes  caudales  sont  celles  qui  forment  la  queue. 
Elles  sont  toujours  par  paires  dont  le  nombre  est  fixe  ;  leur 
Implantation  forme   une  courbe  hyperbolique  ou  en  fer  à 
cheT&l»  dont  les  branches  sont  plus  ou  moins  serrées  ;  elle 
ne  se  fait  pas  exactement  sur  le  même  plan  ;  la  paire  externe 
que  je  nommerai  la  première  étant   toujours  attachée  le 
plus  bas  9  et  ta  paire  interne  ou  dernière  étant  fixée  te'^lus 
haut,  et  qùelquefbis  tout-à-fait  hors  de  rang;  c'est  la  paire 
que  Ton  peut  nommer  coccygienne  parce  qu'elle  est  en  con- 
tact immédiat  avec  le  coccyx.  C'est  cette  paire  qui  acquiert 
souTent  un  déTeloppement  de  luxe  fort  singulier.  Quand  les 
paires  de  pennes  qui  composent  la  queue  des  oiseaux  sont 
égales  j  la  queue  est  carrée  ;  si  elles  vont  peu  en  augmentant 
de  la  première  à  la  dernière  ,  elle  est  arrondie ^  si  cette  aug- 
mentation est  rapide ,  on  dit  la  queue  étagée  ou  cunéiforme, 
et  surtout  lorsque  les  deux  pennes  ct>ccygiennes  se  recouTrent 
Assez  exactement  pour  paraître  n'en  former  qu'une  ;  enfin 
quand,  au  contraire ,  les  paires  de  pennes  vont  en  décroissant 
de  la  première  h  la  dernière,  ta  queue  se  nomme  échancrâs^ 
ou  pluli  ou  moins  bijurquét. 

Les  autres  plumes  qui  recourrent  la  peau  des  oiseaux, 
donnent  lieu  à  des  considérations  moins  importantes;  il  en 
est  cependant  quelques  groupes  qui  ont  encore  reçu  des  dé- 
nominations particulières,  parce  qu'il  arrive  souvent  qu'elles 
offrent  des  singularités  de  forme  ou  de  développement. 
Les  plumes  ùxillaires  sont  celles  qui  occupent  le  bord 


DANS   LES  OISEAUX.  1  ig 

pOïIérieur  de  l'articulation  du  hr.ns  ou  de  l'nila  ;  elles  l'ornient 
uo  raÏMeau  asaec  bien  dislinct ,  et  qui  souvent  est  fort  déve- 
loppé. 

Les  couvertures  des  ailes  sont  les  plumes  qui  recouvrent 
les  g;Tandes  penoes  qui  bordent  la  tnnin  et  l'avaDt-bras  à  leur 
origine. 

Les  com^rtures  de  la  queue  sont  de  mtme  les  plumes  qui 
occupent  le  croupion  en  recouvrant  plus  ou  moins  les  pennes 
caudales.  Quelquefois  elles  sont  beaucoup  plus  longues  que 
celles-ci ,  dans  le  paon  par  exempte. 

11  n'est  pas  besoin  de  définir  les  plumes  que  l'on  désigue 
MUS  les  noms  de  cenicales ,  scapulaiivs ,  dorsales,  siib- 
aiaires,  parce  que  ces  termes  s'entendent  d'eux-mêmes. 

appelé  huppe  un  groupe  du  plumes  plus  longues  que 

I  Jes  autres,  et  qui  droites  ou  couchées  occupent  la  partie  su- 

I  piricurc  de  la  lûtc,  comme  on  en  voit  dans  le  paon,  dans  la 

l>|nie  couronnée  ;  les  principales  sont  toujours  sur  deux  rang». 

Les  tailles  ou  oivilles  sont  formées  par  quelques  plumes 

bs  longues  et  érectiles,  situées  sur  la  tête  de  plusieurs  oi- 

Mux,  comme  les  hiboux.  Souvent  les  plumes  qui  bordent 

fTouverture  du  tympan  se    prolongent  aussi,  et  alors  elles 

Irriteraient  mieux  le  nom  d'oreilles. 

On  donne  aussi  quelquefois  le  nom  Ae  fanon  il  des  plumes 

Ldiongées  qui  se  trouvent  implantées  ù  la  partie  inrérieure  de 

■l'origine  du  cou.  La  famille  des  hérons  offre  souvent  cette 

(position. 

S*  Sous  le  rapport  de  la  grandeur,  les  plumes  des  oiseaux  ^ 
)up  :  toutes  celles  qui  recouvrent  la  plus  grande 
■rtie  du  corps  sont  en  général  courtes  et  comme  squami- 
mes,  tandis  que  les  pennes proprementdites  sont  toujours 
lus  ou  moins  longues. 

I  subalaires,  les  couvertures  des  ailes',  celles  de  la 

:    ont    quelquefois    un    développement  considérable , 

a  en  voit  des  exemple»  pour  les  premières  dans  uo« 


120  DE   LA.   PEAO 

espèce  d'oiseau  de  paradis  ^  et  pour  les  dernières  dans  le 
paon.  * 

Il  est  à  remarquer  que  le  déTeloppement  de  certaines 
plumes  9  que  Ton  peut  presque  dire  de  luxe  9  dépend  de  l'âge  j 
du  sexe  et  de  l'époque  plus  ou  moins  rapprochée  des  amours. 

itiemode       Le  mode   d*implantation  des  plumes  et  leur  disposition 

x«*  offrent  aussi  quelques  différences;  en  général  les  plumes  re- 
couyrantes  s'attachent  une  à  une  en  quinconce  obliquement, 
de  manière  à  ce  qu'elles  s'imbriquent  d'ayant  en  arrière  et 
latéralement  ;  mais  il  arrÎTe  aussi  quelquefois  que  Timplanla- 
tion'  soit  Terticale  à  la  peau  f  et  alors  quand  elles  sont  en 
même  temps  fort  courtes >  elles  ressemblent  à  du  yeloiira; 
c'est  ordinairement  à  la  tête  et  yers  la  racine  du  bec  que  l'on 
remarque  cette  disposition  ;  d'autres  fois,  mais  beaucoup  plus 
rarement  9  le  mode  d'implantation  est  d'arrière  eo  arant^ 
et  alors  les  plumes  sont  hérissées. 

Le  mode  d'implantation  des  pennes  alaires  est  toufoors' 
dans  la  direction  du  tronc;  mais  il  n'en  est  pas  ainsi  des 
pennes  caudales  :  elle  peuvent  en  effet,  outre  cette  divcMCtion 
normale ,  en  avoir  une  plus  ou  moins  oblique  et  même  quel** 
que  fois  verticale. 

>aDs  u  4**  ^A  quantité  générale  des  plumes  qui  revêtent  le  corps  de 

l'oiseau  varie  également  ;  nous  avons  déjà  parlé  de  ces  diffé- 
rences pour  le  nombre  fixe  des  pennes  ;  quant  aux  plumes 
ordinaires ,  elles  sont  d'autant  plus  nombreuses  que  l'oiseau 
vit  davantage  dans  les  climats  froids ,  ou ,  ce  qui  revient  à  peu 
près  au  même ,  qu'il  vit  habituellement  plus  haut  dans  les 
airs,  ou  qu'il  plonge  plus  habituellement  dans  l'eau-  Ainsi 
toutes  les  espèces  de  la  famille  des  canards,  et  la  plus  grande 
partie  des  oiseaux  de  proie  ont  une  grande  quantité  de  plumes 
et  surtout  de  plumes  duvetées  à  leur  base;  tandis  que  lea 
gallinacés,  les  autruches,  les  casoars  surtout,  en  ont  beau* 
coup  moins  et  souvent  sans  duvet. 

isbcou.      ^oi^  Q«^3i  surtout  S0U9  le  rapport  de  la  couleur  que  les 


DANS   L£S   OISEAUX.  121 

plumes  des  oiseaux  offrent  les  plus  nombreuses  et  les  plus 
étonnantes  yariations  :  cette  couleur  n'a  cependant  jamais 
aucun  rapport  avec  la  coloration  du  derme  dans  lequel  la 
plume  est  implantée. 

U  j  a  sous  ce  point  de  yue  trois  choses  à  considérer  : 

1*  L'espèce  de  couleur  fixe;  c'est  celle  qui ,  sous  toutes  les 
incidences  de  la  lumière»  est  toujours  la  même,  rouge ,  bleue , 
jaune  »  blanche  ou  noire  ; 

Q*  La  nature  de  la  couleur,  qui  est  au  contraire  variable  ou 
changeante  suivant  Tangle  sous  lequel  tombent  les  rayons 
lumineux  sur  la  plume;  . 

3*  Enfin  la  disposition  générale  des  couleurs  ou  le  plumage. 

On  trouve  dans  les  oiseaux  toutes  les  espèces  de  couleurs  L*efpic«. 
fixes  et  toutes  leurs  nuances  qui  sont  réellement  innom- 
brables ;  Ton  remarque  que  les  plus  brillantes,  qui  sont 
quelquefois  comme  vernissées,  n'existent  qu'à  l'extrémité 
des  plumes,  et  que  dans  ce  cas  celles-ci  sont  terminées  par 
des  barbes  longues  j  cylindriques,  et  don^  lef  barbules  sont 
très-courtes ,  très-fines ,  et  quelquefois  tout-à-IEiiit  nulles. 

Les  couleurs  changeantes,  irisées  ou  métalliques  qui  ren-  La  uaton. 
treot  toutes  dans  la  même  catégorie,  paraissent  dépendre 
encore  plus  évidemment  de  la  di^sition  des  parties  com- 
pofMmtes  de  la  pluipe,  et  avoir  dans  leur  production  la  plus 
grande  analogie  avec  la  formation  des*anneaux  colorés.  Ce 
qu'il  j  a  de  certain ,  c'est  que  les  plumes  qui  sont  ornées  de 
ces  couleurs  ont  toujours  leur  tige  et  leur  barbe  extrêmement 
fines,  tandis  que  les  barbules  sont  larges,  nombreuses, 
serréea  de  manière  à  former  en  apparence  une  surface  polie 
et  convexe.  Je  n'ai  pu  y  voir,  même  à  l'aide  d'une  très-forte 
loupe ,  les  petits  enfoocemens  réfléchissans  dont  parle  Aude* 
bert  ;  mais  )'ai  très-bien  vu  les  intervalles  qui  séparent  les 
barbules ,  et  dans  lesquels  se  décompose  sans  doute  la  lu-^ 
mière. 

Quant  à  la  disposition  générale  des  couleurs  ou  au  plu-  La  diipoiitïon, 


i:ia  DE   LA   PEAU 

nage  des  oiseaux ,  quoiqu'elle  soit  plus  Tariabie  que  dans 
les  mammifères»  on  trouve  cependant  à  peu  près  les  mêmes 
sortes  de  coloration^  c'est-à-dire  » 

La  couleur  uniforme  proprement  dite  ; 

La  couleur  uniforme  tachetée  et  aree  des  taches  pkis  fon- 
cées ou  plus  claires  que  fe  fond; 

La  couleur  rariée  par  plaque^  ou  par  grandes  taches;  mais 
jamais  par  bandes  rerticales  »  ni  horizontales. 

L'on  troure  aussi  une  sorte  de  combinaison  des  deux  der- 
nières espèces»  c'est-à-dire  une  couleur  uniforme  tachetée 
ou  non ,  avec  quelques  parties  colorées  par  plaques. 

En  général  les  parties  supérieures  du  corps  sont  plus  colo- 
rées que  les  inférieures;  mais  à  cause  de  la  position  du  cou 
des  oiseaux  »  il  ne  faut  placer  parmi  celles-ci  que  l'abdomen 
proprement  dit»  la  face  interne  des  ailes ,  des  cuisses  et  ks 
parties  des  flancs  qu'elles  cachent 

L'âge»  le  sexe»  l'époque  plus  ou  moins  rapprochée  des 
amours»  le  climat»  ont  une  influence  plus  ou  moins  mani- 
feste sur  la  coloration  des  oiseaux»  dont  Tensemble  a  quelque 
chose  de  fixe  dans  chaque  famille  naturelle. 

Dans  quelques  espèces  où  la  coloration  paraît  être  pres- 
que toujours  uniforme  ou  par  plaques»  l'âge»  ni  le^eexe  n'ont 
presque  aucune  influence  »  si  ce  n'est  peut-être  dans  reten- 
due de  quelques  plaques  :  les  perroquets»  la  famille  des  cor- 
beaux» beaucoup  d'échassiers  et  même  de  palmipèdes  sont 
dans  ce  cas. 

Dans  d'autres  dont  le  plumage  est  ordinairement  uniforme 
avec  des  taches  plus  foncées  et  rarement  par  plaques  »  il  n*j 
a  que  peu  de  difierences  entre  la  coloration  du  mâle  et  celle 
de  la  femelle  ;  mais  les  jeunes  diffl&rent  beaucoup ,  et  n'ar- 
rivent que  par  nuances  au  plumage  qu'ils  doivent  avoir  à 
leur  état  parfait.  (  Les  oiseaux  de  proie.  ) 

Dans  un  bien  plus  grand  nombre  on  trouve  que  la  femelle 
diffère  du  m&le  d'une  manière  tranchée  »  et  alors  le  leiuie 


DANS  LES  OISEAUX.  193 

fige  a  le  plumage  de  la  femelle;  c'est  ce  que  l'on  voit  dam 
un  assez  grand  nombre  de  grimpeurs,  de  passereaux  et  sur- 
tout dans  les  gallinacés  :  les  faisans  sonl  les  oi.'eauz  où  il  y 
a  le  plus  de  différence  entre  les  deux  sexes  et  cnlre  l'^ge  adulte 
et  le  jeune  Age.  Les  Téritables  canards  se  rapprochent  sous  ce 
rapport  des  gallinacés. 

Le  climat  parait  avoir  une  certaine  iafluence  sur  la  TÎra- 

cilé  et  la  variété  des  couleurs  dans  les  oiseaux;  en  effet  les 

espèces  les  plus  remarquables  sous  ce  rapport ,  Tienoent  de 

la  lone  torridc.   Les  oiseaux  de  l'Inde  qui  ont  une  couleur 

nétallique,  ont  celte  couleur  plus  glacée,  plus  ternie  que 

t  de  l'Afrique,  et  surtout  que  ceux  d'Amérique. 

On  trouve  cependant  quelques  espèces  de  canards  dont  le 

Bflnmage  est  irès-brillant,  et  qui  Tirent  dans  les  climats 

■ifroidg.  Mais  presque  jamais  dans  ces  climats  on  ne  voit  ces 

Beonleurs  irisées  et  surtout  métalliques  qui    ornent  la  robe 

I  oiseaux-mouches,  des  oiseaux  de  paradis,  etc.  Dans  le 

me  genre  naturel,  les  espèces  les  plus  ricbcs  en  couleurs 

appartiennent  toujours  aux  climats  chauds  ;  c'est  ce  dont  on 

peut  trouver  des  exemples  dans  le  genre  des  merles  et  même 

parmi  les  oiseaux  de  proie.  Bien  plus,  dans  la  même  espèce 

le»  individus  des  parties  les  plus  chaudes  de  la  zone  qu'elle 

babite  sont  plus  Tivcment  colorés  que  les  autres. 

On  trouve  aussi  comme  résultat  de  l'action  du  climat  que 
les  oiseaux  sont  susceptibles  de  l'albinisme;  mais  je  ne  con- 
nais pas  encore  d'exemple  de  mëlanisme. 

Les  ongles  des  oiseaux  présentent  des  dilTérences  atscï  évi-  n 
demment  en  rapport  avec  leurs  usages,  du  moins  dans  te 
plus  grand  nombre  de  cas. 

La  plupart  des  oiseaux  en  manquent  complètement  aux 

Is  de  la  B 
Va  petit  nombre  en  ont  un  au  pouce  ou  au  premier  doigl 
nlement,  et  il  est  en  général  assez  pointu  et  recourbé  :  [es 
■■■rtîDet5  (Ont  dans  ce  cas. 


1 


ia4  ^^   ^^  PEAU 

L'autruche  est  peut-être  le  seul  oiseau  dont  les  deux  pre- 
miers doigts  soient  armés  chacun  d'un  ongle  puissant  »  forte- 
ment recourbé.  Leur  grand  développement  ne  permet  pas 
de  penser  qu'ils  soient  sans  usage. 

Quant  aux  ongles  des  pieds  ils  ne  manquent  jamais  à 
aucun  doigt,  même  quand  le  pouce  est  excessivement  petit; 
mais  ils  affectent  des  formes  extrêmement  variables. 

Plus  les  oiseaux  sont  marcheurs  et  plus  les  ongles  sont 
droits,  épais  et  obtus;  aussi  le  sont-ils  beaucoup  dans  les 
autruches  et  les  casoars ,  ils  le  sont  moins  dan^  les  gallinacés  ; 
enfin  les  espèces  qui  les  ont  le  plus  crochus  et  pointus,  sont 
celles  qui  marchent  fort  mal  et  qui  s'en  serv.ent  pour  déchirer 
ou  retenir  leur  proie.  Les  aigles  et  même  les  perroquets  ont 
des  ongles  de  cette  forme  ;  ils  contribuent  à  la  formation  de 
ce  qu'on  nomme  la  serre  dans  les  premiers. 

Les  ongles  des  j^ualre  doigts  sont  rarement  tout-à-faît  sem-* 
blables.  Le  plus  long  et  le  plus  fort  est  ordinairement  celui 
du  troisième  doigt  ;  mais  quelquefois  c'est  celui  du  premier 
ou  du  pouce ,  comme  dans  la  plupart  des  passereaux,  et  sur- 
tout dans  les  alouettes,  où  il  acquiert  un  dé?eloppencieDt 
énorme. 

On  trouve  aussi  que  dans  un  trè8-gra[nd  nombre  d'espèces, 
et  surtout  parmi  les  gallinacés  et  les  échassiers,  l'ongle  du 
doigt  médian  s'élargit  à  son  bord  interne ,  et  quelquefois  se 
denticule,  comme  dans  les  hérons.  L'engoulevent  a  aussi 
cet  ongle  pectine. 

Les  cornes  et  les  ergots  jae  se  trouvent  que  dans  un  petit 
nombre  d'espèces  d'oiseaux.  Les  différences  qu'ils  présentent 
sont  donc  tout-à-fait  spécifiques.  Les  derniers  surtout  n'exis- 
tent, au  moins  dans  tout  le  développement  dont  ils  sont 
susceptibles  que  dans  les  individus  mâles  de  l'ordre  des  gal- 
linacés. 

Quant  au  bec,  dont  nous  aurions  à  considérer  la  nature  plus 
ou  moins  cornée,  et  même  quelquefois  caiomre^  du  noi^a 


DANS  LES   OISEAUX.  125 

dans  son  bord  dentaire ,  sa  division  en  parties  nasale,  maxil* 
laire,  prae-maxillaire  et  mandibulaire  y  et  surtout  sa  forme 
qui  est  extrêmement  variable  ;  comme  cette  forme  dépend 
essentiellement  des  os  qui  composent  les  mâchoires ,  et  quo 
d'ailleurs  le  bec  des  oiseaux  est  éyidemment  l'analogue  des 
dents  pour  sa  nature  comme  pour  ses  usages,  nous  ren- 
voyons ce  que  nous  avons  à  en  dire  à  Tendroît  où  nous  trai- 
terons des  dents ,  c'est-à-dire,  à  l'article  de  la  mastication. 

Nous  terminerons  donc  l'examen  des  différences  que  peut 
présenter  l'enveloppe  extérieure  dans  la  classe  des  oiseaux 
en  faisant  observer  que  le  peaussier  est  constamment  disposé 
de  même  dans  toutes  les  espèces,  et  qu'il  ne  diffère  que  par 
un  peu  plus  ou  moins  de  développement. 

C.  Dans  les  reptiles  écaiUeux. 

Les  différences  générales  qu'offre  l'enreloppe  extérieure 
dans  la  première  classe  des  reptiles  consistent  en  ce  que  le 
derme  est  presque  toujours  fort  adhérent  à  la  couche  mus* 
culeuse  ou  même  osseuse  sous*posée  ;  que  son  tissu  est  or- 
dinairement dense  et  peu  perméable. 

Le  réseau  vasculaire  est  en  général  peu  considérable*,  peu  Le  réseta 

culaire, 

distinct.  • 

Le  pigmentum  colorant  existe  rarement  sur  la  peau  pro-  Le  pigment 
prement  dite ,  mais  le  plus  souvent  à  la  surface  de  ses  parties 
développées  en  écailles. 

La  couche  nerveuse  paraît  être  presque  nulle.  Lecouehe  i 

Enfin  l'épiderme  quelquefois  très-mince ,  est  le  plus  sou-    L^ëpidem 
vent  très-dé veloppé  à  cause  de  la  grande  quantité  d'écailies 
qui  recouvrent  la  peau. 

On  trouve  en  effet  dans  cette  classe  assez  hétéroclite  d'à-    Dtséeaui 
niaïaux ,  une  de  ces  modifications  de  la  partie  extérieure  de  la 
peaa  auxquelles  on  donne  ordinairement  le  nom  d'cfcai/Zff  ; 
mais  les  écailles  des  reptiles  nous  semblent  manifestement 


126  DE   LA  PEAU 

différer  de  ce  que  nous  aYons  nommé  ainsi  dans  les  pan- 
golins 9  parmi  les  mammifères  »  de  même  qu'elles  diffèrent 
des  écailles  des  poissons.  En  effet  on  peut  les  regarder 
comme  n'étant  autre  chose  qu'une  sorte  de  saillie  ou  de 
pincement  d'une  partie  du  derme  et  de  ses  couches  super- 
posées. Leur  solidité  n'est  due  qu'au  grand,  déreloppe- 
ment  de  la  partie  épidermique.  Si  ces  légères  modifications 
de  la  peau  sont  circonscrites  par  des  lignes  ou  espaces  où 
l'épiderme  est  beaucoup  plus  mince  »  ou  si  elles  sont  très- 
peu  élerées,  il  en  résulte  des  plaques  écaiUeusei;  si  elles 
s'élèrent  dayantage  sur  le  plan  de  la  peau,  mais  Terticale- 
ment  y  elles  forment  des  tubercules  écailleux  plus  ou  moins 
saillans  ;  enfin  si  ces  saillies  sont  déprimées  et  s'appliquent 
obliquement  sur  la  peau  de  manière  à  s'imbriquer  les  unes 
les  autres ,  ce  sont  des  t'cailles  proprement  dites ,  surtout  si 
la  partie  épidermique  de  ces  écailles  acquiert  un  très-grand 
déreloppement  ;  mais  elles  ont  peu  d'analogie  arec  les  yéri- 
tables  écailles  des  poissons  (i). 

L'étude  de  la  grandeur  proportionnelle  de  ces  écailles» 
de  leur  forme  ovale,  carrée  j  triangulaire,  pointue,  large  ou 
étroite  f  de  leur  superficie  lisse  ou  carénée,  de  leur  implan- 
tation ,  de  leur  disposition  en  quinconce  ou  vcrticillée ,  four- 


(  i)  On  pourra  distinguer  les  écailles  en  trois  genres  : 

i«  Les  écailles  épidermiques; 

3*  Les  écaiUes  dermiques; 

3«  Les  écailles  piliques  on  phanériques. 

Le  premier  genre  comprend  les  espèces  qui  sont  produites  par  un 
renflement  ou  un  pincement  de  la  peau  dans  toutes  ses  parties ,  et  qui 
saille  plus  ou  moins  à  la  surface  du  derme  ,  en  s'imbriquant  ou  non. 

Je  distingue  deux  espèces  principales  dans  ce  genre. 

a.  Les  unes  ne  sont  que  des  renflemens  plus  ou  moins  considérables 
et  rerticaux  ;  ce  sont  les  fdaques,  les  tu^ereuies  t^vammeitm  dont  on  fott 
Unt  d'cxemplef  sur  les  patcs  des  otseaux  et  sur  les  tortues. 


DANS   LES  BEPTILÏS  BCAItlEtX.  1  27 

■il  d'ezcellens  caractères  à  la  zoologie.  Nous  nous  boraerons 
1  Uire  obserrer  ici  que  les  (coillts  et  mSme  les  tubercules 
et  [esphques  sont  souvent  plus  grandes  dans  les  lignes  mé- 
dianes supérieure  et  inTcrieure. 

Uats  ce  que  l'épiderme  des  reptiles  écailleux  offre  de  plus 
ibgulier,  c'est  qu'il  se  renouvelle  souvent  tout-iï-fail,  de 
manière  -à  ce  que  celui  qui  est  rejeté  Tonne  une  sorte  de 
jgtiae  qui  représente  exaciement  l'aniinal.  Il  en  résulte  qu'à 
de  certaines  époques  la  peau  peut  avoir  deux  épidermes, 
Tdo  qui  vient  de  se  former,  et  l'autre  qui  est  détaché  sans 
lire  encore  tombé  ,  et  que  sa  coloration  est  plus  vive,  ïm- 
mcdialement  après  l'apparition  du  nouvel  t-piderme. 

On  trouve  le  plus  souvent  des  ongles  à  l'extréuiilé  des 
I   àalgla  des  reptiles  écailleux  qui  ont  des  membres  ;  mais  leur 

nicture  ni  mfiue  leur  forme  ne  présente  rien  de  particu- 

Il  n'existe  de  véritables  cornes  que  dans  l'iguane  cornu  et  le 

I  4èrasle.  I>ur  structure  parait  Être  la  mOme  que  celle  des 

;s  creuses.  It  en  est  de  même  de  celle  qui  termine  la 

e  de  certaines  espèces  de  scrpens  et  les  ergots  des  boas. 

Je  ne  connais  pas  de  cryptes  répandus  généralement  à  la   ( 

I   «orface  de  la  peau  des  reptiles  ;  il  est  cependant  probable 

qu'il  en  existe  dans  les  geckos. 


é.  Le*  antrei  lont  d»  renlIetiicDS  an»  coniid^rablo  compriinci, 
«a  da  Umei  obUquei  qui  peuTenI  plui  ou  moini  >e  dépaMCC  lo  uuei  les 
ailn*  ,  ou  l'imbriquer  comme  le  fout  le*  tuilei  dci  lalti. 

I«  «ecoad  genre  oe  icnferme  qu'une  espèce ,  c'cit  celle  dam  ta  pot- 
lien  da  dcrmo  de  laquelle  il  te  dcleloppc  une  partie  aolide  plut  ou 
■MÎBi  mnqueuie  ou  OHCUie  qui  l'imbrique  ;  c'eat  la  vërillble  Écaille 
dea  poiMOil*  qui  me  piiati  différer  de  celle  des  rcplilc»,  eu  ce  que 
lo«^«  cclle-eï  eit  loUde,  réiîiUnle,  c'cit  aumojcn  de l'jpidccme. 

Le  wcood  genre  dc  oompreDd  auiii  qu'une  espace  i  ce  wDt  tci 
•cûlUi  de*  pingolina ,  qui  (ont  de  vérilablei  ongle). 


tortuet. 


128  D£   I^A  *f^tl 

Oa  en  connaît  un  amas  ao'biiitl^  I9  mâchoire  inférieure 
du  crocodile  9  et  une  série  le  long  de  la  face  interne  èe  la 
cuisse  dans  un  grand  nonàlA'e  de  sauriens.  rh 

Maniiier.  Le  peaussicr  n'existe  ^lus  d'une  manière  dîstiticte  ^ns 
cette  classe  d^aniauiux5  si  ce  n'est  peut-être  à  la  face  abdo- 
minale de  plusieurs  8ef)>ens.  ' 
diffdirencet  Les  différences*  que  présentent  les  groupes  ou  ordres  qui 
constituent  cette  classé  sont  assez  grandes  si  l'on  s'arrête  sor- 
tocrt  à  la  disposition  dii  derme  devenu  appareil  pvt)tecteiir^ 
tnais  peu  considérables  dans  les  parties  réelletll0iir<4^sèn- 
tielles.de  k  peau.      •    .  :  -^  '  t  ■  ■  ' 

On  peut  dire  d'uiM|ij^ftfii$ère  générale  qne  l^flj^^flItKiti  est 
d'autant  plus  i^bâ^èvse  qu'on  se  rappf oçh^^  AAiflMUge  de 
l'extrémité^ dc*lkcla*sse.  '    ' 

Dans  Dans  les  tortoes  ou  cBéloniens  le  derme  est  eti  général  fort 

épais,  d'un  tissu  assez  serré  et  résistant.  La  couche  Tascu-* 
hiré  me  paraît  peu  distincte;  le  dépôt  colorant  est  ce- 
pendant éVtdéo^ii  est  fliiant  ou  presque  liquide  ;  les  papilles 
neryeuses  sertiblëat  presque  nulles  ;  mais  l'épiderme  est  en 
général  fort  èpSUé ,  surtout  dans  les  parties  qui  ne  sont  pas 
susccptibiemie  mourement,  où  il  prend  la  forme  de  tuber- 
cules ou  d'écailtes  ;  dans  les  autres  parties  il  est  plus  mince, 
et  couirert  de  très-petites  papilles  assez  espacées. 

Je  ne  connais  pas  d'appareil  crjpteux  dans  cet  ordre  de 
i^ptiles  ,  neii  plus  que  de  poils  simples. 

Il  n'existe  pas  noip  plus  de  peaussier. 

Les  différences  que  l'enveioppe  générale  présente  dans 
les  tortues  sont  assez  peu  considérables;  quelquefois  elle 
forme  des  espèces  de  prolongemens  appendiculaires ,  comme 
dans  la  tortue  matamata  au  cou  et  sous  la  mâchoire  infé- 
rieure. Dans  les  émjdes  et  surtout  dans  les  trionjx ,  il  J 
a  une  membrane  interdigîtale  assez  étendge  et  flexible. 

Le  derme  est  toujours  plus  épais  dans  les  endroits  où  il 
n'est  pas  immédiatement  appliqué  sur  Je  système  osseux  :  il 


DANS   LES   REPTILES   ÉCAILLEUX.  1 29 

l*€St  par  conséquent  moins  sur  la  tête ,  le  dos  ou  la  carapace, 
le  rentre  ou  le  plastron.  Mais  alors  il  est  complètement  et 
très-fortement  adhérent. 

11  Test  également  moins  à  la  partie  inférieure  du  corps  et 
au  côté  interne  des  membres. 

L'épaisseur  de  Tépiderme  est  aussi  plus  considérable  en 
dessus  qu*en  dessous  ^  au  cOté  externe  qu^au  côté  interne ,  en 
général  dans  les  endroits  les  plus  exposés  ay  contact  des  corps 
extérieurs»  C'est  dans  ces  endroits  qu'il  prend  la  disposition 
de  tnbercules  de  forme  yariable,  souvent  un  peu  squammeux 
ou  imbriqués  »  comme  sur  les  membres. 

Sur  la  tête  et  sur  le  dos  9  les  plaqiy s  de  l'épiderme  affectent 
des  figures  déterminées  dont  la  considération  n'est  pas  sans 
utilité  en  xoologie ,  en  ce  qu'il  y  en  a  toujours  le  même 
nombre  dans  chaque  espèce  9  et  qu'elles  ont  la  même  forme. 
Celles  qui  recouvrent  la  tête  se  nomment  c^^^ue^;  on  les 
difiseen  labiales,  nasales,  sourciUères,  interorbitaires i laf^ 
crymates  ou  antorbitaires  ^  postorbitaires,  pariéiales'ei  ocei^ 
pùales  j  suivant  leur  place  à  la  surface  de  la  tête. 

Toute  la  ligne  dorsale  est  couverte  par  une  série  de  grandes 
plaques  bien  symétriques  que  je  désignerai  par  la  déBômi* 
nation  de  rachidiennes.  De  chaque  côté  il  y  en  a  une  autre 
rangée  9  elles  sont  donc  paires ,  ce  sont  les  plaques  'oosiàlesi 
Enfin  tonte  la  circonférence  du  corps  est  bordée  par'iAie  éè- 
rie  de  plaques  plu«  petites  et  également  paires ,  si  ce  a%st  la 
médiane  antérieure  ;  ce  sont  les  plaques  marginales. 

La  partie  inférieure  du  corps  ou  le  plastron  est  aussi  ré- 
couverte par  de  grandes  plaques  carrées;  ce  sont  le»  plaques 
stemales.  ' 

La  nature  du  séjour  a  aussi  quelque  influence  sur  IVnve-^ 
loppe  des  chéloniens,  ce  qui  se  trouve  assex  bien  con^onfer 
avec  les  petits  groupes  génériques  qu'on  établit  dans  cette' fa- 
mille. •      ,   *  .    1    .     ' 
Ainsi  plus  les  espèces  sont  aquatiques  011  moinsiellies  sor- 

'•  9 


l32 


DE   Là  TIAV 


DiDt  let  MO* 
rieiM. 


Gtckordei. 


Les  ongles  sont  peu  coDsidérablesY  et  H  ii*«o  existe  pas 
è  tous  les  doigts.  Les  deux  externes  en  manquent. 

II  j  a  un  amas  de  cryptes  «itué  de  chaque  côté^  entre  les 
deux  branches  de  la  mâchoire  inférieure;  ils  forment  uoe 
petite  glande  ovale ,  comprimée ,  adhérente  sous  le  derme  f  et 
qui  s*ouTre  à  Textirieur  dans  une  fente  longitudinale  cachée 
dans  les  plis  de  la  peau  du  gosier  :  elle  produit  une  substance 
à  odeur  de  musc  qui  s*exhale,  dit -on ,  surtout  en  abondance 
à  Pépoque  du  rut. 

On  trouve  en  outre  que  chaque  plaque  squammeuse  d« 
corps  offre  au  milieu  de  son  bord  postérieur  un  point  qui 
semble  poreux.*  Il  en  est  de  même  de  ceux  qui  sont  épart 
sur  la  peau  qui  revêt  la  mficheire  inférieure. 

Dans  les  crocodiles  on^  ne  peut  pas  dire  qu^i  y  ait  de 
peaussier  véritable  ;  cependant  des  muscles  superficiels  de  la 
colonne  vertébrale  »  il  se  détache  une  double  série  de  |^tits 
muscles  qui  se  portent  les[uns  d'avant  en  arriére  9  et  les  autres 
d'arrière  en  avant  pour  se  terminer  par  des  tendons  distincts  à 
chaque  rangée  des  tubercules  écailleux  du  dos  et  de  la  queue. 
Il  en  résulte  que  chaque  tubercule  a  deux  de  ces  muscles ,  et 
qu'il  j  en  a  quatre  séries  au  dos,  et  deux  seulement  A  la 
queue 5  ce  qui  dépend  de  la  disposition  des  plaques. 

J'ai  aussi  observé  une  petite  bande  musculaire^  qui  de  la 
peau  vers  l'aogle  postérieur  de  l'omoplate  ^  se  porte  vertica- 
lement à  la  peau  qui  couvre  le  grand  pectoral  dan  la  région 
axillaire. 

Le  sous-ordre  des  sauriens  offre ,  dans  la  structure  de  la 
peau  f  des  différences  qui  se  rapportent  plus  à  la  forme  plus 
ou  moins  squammeuse  de  sa  surface  qu'au  développement  de 
chacune  de  ses  parties.  On  en  trouve  cependant  quelques- 
unes  eous  ce  dernier  rapport. 

Dans  les  geckos  la  peau  est  en  général  plus  molle,  plus 
nue  9  plus  muqueuse  et  moins  adhérente.     ^ 

Le  derme  est  médiocrement  éjiais  1  mais  il  se  relère  à  sa 


DANS  LES  KEPTILES  ÉCAItLECX.     l33 

turfiioe  en  petife»  stKUieê  déprimées  y  formant  des  apparences 
d*écaiHes  qui  teodènt  A  slmBrf^er  d*uDe  manière  fort  régu- 
lière. 

Le  résean  rascolalre  est  peu  distinct  Le  pigmentum  est 
blanc  f  piqueté  de  très^petits  points  noirs;  aussi  le  système  de 
coloration  est-il  assex  singulièrement  Tarie. 

L*épiderme  est  proportionnellement  fort  mince»  surtout 
qdand  il  est  anciennement  formé  »  mais  un  peu  moins  à  la 
suHkce  des  tubercules  que  sur  la  peau  qui  les  sépare. 

Il  anÎTe  quelquefois  qu'on  trouve  deux  couches  à  Tépi- 
deitne»  Tune  plus  molle  qui  Tient  d'être  formée,  et  l'autre 
prête  A  tomber. 

Les  ongles  sont  extrêmement  petits,  mais  ils  sont  fort 
aigus.  Plusieurs  espèces  semblent  en  manquer  au  pouce  et 
même  aux  autres  doigts  ;  mais  plutôt  à  cause  de  leur  extrême 
petitesse  que  par  leur  absence  totale.  En  effet,  j'ai  trouvé 
on  ongle  même  au  pouce  rudimentaire  d'une  petite  espèce 
de  gecko  de  l'Ile  de  France ,  qui  semble  au  premier  aspect 
n'aroir  que  quatre  doigts. 

La  plupart  des  espèces  de  cette  famille  offrent  sous  les 
doigts  nne  disposition  de  pelotes  assez  singulière ,  et  qu'on 
ne  rencontre  guère  ailleurs  (i).  La  peau ,  dans  une  partie  plus 
oo  moins  considérable  de  la  longueur  des  doigts,  s'élargit  et 
déborde  beaucoup  la  largeur  des  phalanges  ;  il  en  résulte 
alors  ane  sorte  de  disque  dont  la  surface  supérieure  n'offre 
riea  de  remarquable.  L'inférieure,  au  contraire,  est  striée 
transTersalement  par  des  saillies  squammiformes,  séparées 
par  des  sillons  proportionnels  et  quelquefois  dlTlsées  en  deux 


(i)  Je  dois  cependant  iaire  obterrer  qu'il  est  quelques  mammifères 
de  fcrdfo  des  rongeurs ,  et  plusieurs  oiseaux ,  qui  offrent  quelque  cbose 
d*analogiie  dans  une  disposition  squammiforme  du  denne  |et  de  l'épt- 
dcrme  de  la  partie  inflérieure  des  doigts.  Maïs  jamais  ces  espèces  d'é- 
ct9c9  transTfUet  ne  sont  Tisqueaies  9  ni  garnies  de  crochets. 


•?  / 


IJ4  ^^    ^^   PKAli 

parties  par  une  ligne  loogitudinule.  Ces  saillies  du  derme»  qui 
»*iinbriqucnt  un  peu,  sont  sans  doute  pourTues»  dans  une 
portion  de  leur  surface  et  surtout  dans  leurs  intervalles^  de 
pores  crypteuXj  ce  que  je  ne  puis  absolument  assurer;  mois 
ce  qu'il  j  a  de  certain ,  c'est  que  leur  bord  libre  est  armé 
dans  toute  sa  largeur  par  une  sorte  d'ongle  divisé  en  uq 
très-grand  nombre  de  dents  de  peigne  extrêmement  fioef  et 
un  peu  courbées  à  l'extrémité.  • 

La  proportion  de  la  disposition  poreuse  et  de  ceUe  en  cro- 
chets du  disque  des  doigts  des  geckos ,  retendue  de  ce.disqtte , 
la  division  ou  l'intégrité  des  lames  squammeuses  quî  la  com^ 
posent 9  le  nombre  même  de  ces  lames»  offrent  de» différences 
qui»  combinées  avec  le  développement  des  ongles,  pré- 
sentent des  caractères  propres  à  distinguer  les  eapèces  et 
même  les  sous-genres  des  geckoîdes. 

Il  est  probable  que  la  peau  des  geckos  est  pourvue  de 
cryptes ,  puisqu'il  parait  qu'elle  exhale  une  humeur  d'une  na- 
ture vireuse  ;  mais  je  n'ai  pu  m'assurer  de  leur  existence. 

Un  petit  nombre  d'espèces  ont  des  pores  fémoraux  :  ce» 
porcs  diffèrent  de  ceux  des  autres  sauriens  que  nous  allens 
décrire  tout  à  l'heure,  parce  que  leur  orifice  est  ovale* 
AcamoiJes.  Dàns  la  famille  des  agames,  qui  renferme  les  caméléons ,  la 
peau  est  encore  assez  peu  épaisse.  Le  derme  est  même  très- 
mince  dans  ces  derniers  9  surtout  aux  endroits  où  il  n'est  pas 
renflé  en  petits  tubercules.  Ces  saillies  plus  ou  moins  consH 
dérables  simulent  quelquefois  des  espèces  d'écaiUes.  Dans  le 
caméléon  elles  ressemblent  un  peu  à  des  tètes  de  olous;dans 
les  agames  proprement  dits  elles  forment  autour  des  oreilles 
des  faisceaux  d'épines.  Le  réseau  vasculaîre  et  le  pigmentum 
sont  au  contraire  fort  épais  9  et  plus  que  le  derme  lui-même. 
Quant  à  l'épiderme  il  est  en  général  très-mince  9  si  te  ii*est 
dans  les  endroits  où  il  recouvre  quelque  saillie  du  derme. 

Ce  grand  développement  du  réseau  vasculaire  dans  la  peau 
des  agamoïdes  nous  permettra  jusqu'à  un  certain  .point  4'^x^ 


DANS   LES   REPTILES   iCAILLEUX.  l35 

pliquer  la  8iDg;ulière  faculté  dontjouisseat  la  plupart  âes  es- 
pèces de  cette  famille ,  et  surtout  les  caméléons ,  ès'chMtger 
presque  înstantanémeot  de  couleur,  suivaot  les  circoastiilie6S 
eitérleures  excitaotes  ou  débilitantes. 

Le  système  de  coloration  des  agamoldesest  en  général  oni^ 
forme,  et  quelquefois  rarié  par  pkqties. 

Les  ongles  sont  souvent  asses  forts ^  quoique  moins  qtie 
dans  la  famille  suivante,  et  ils  sont  en  même  nombre  qoeto» 
doigta. 

Oo  trouve  asseï  souvent  dans  cette  (kmiHe  et  -dans  eelM 
des  iguanes  que  renveloppeeitéDieure larme  des expânsidHif 
plus  ou  moins  eonaidérabies ,  et  quelquefois  iusoeptibles  4& 
dilatation  par  Tintroduction  de  l'air  dans  les  pocbes  internée, 
qu'elle  revêt.  Dans  ce  cas  il  en  résulre  ce- qu'on  n^mme 
ffHtre,  qui  se  trouve  toujours  sodé  lagorgtf.  La  «ettledlflè^ 
rence  dans  la  peau  qui  les  forme,  c'est  que  le  derme  est  eitt 
général  plus  minoe  et  surtout  plus  élastique.  D^ttlses  fbis. 
ces  prolongemens  de  la  peau  occupent  la  ligne  doessley-eo' 
qui  oooslîtue  ude  crête  qui  se  prolonge  plus  ouvioins,  et 
peut  être  ioulenue  par  des  rajons  osseux  où  non  :  la  stsmeM 
turc  de  la  peau  est  la  même  que  sur  les  aatMa  parties  leî 
corps.  Enfin  dans  le  genre  des  diag^eniSy  la  pean  fbnw  éé> 
larges  expansions  pleuro  -  gastriques  un  peu  -comme  •dntt 
les  poUitouches,  mais  avec  cette  différence  qu'elles  iMttt 
soutenues  par  les  côtes,  comme  noua  iè  Teivons  *  en  tratfMrt: 
de  l'eppareil  de  la  locomotion.  J'ignore  si  la  peao  j  Offre 
qaelqaes  modifications  ;  mais  cela  est  peu  probable.  '    igiMMtdM. 

La  fiuniile  des  iguanes  et  celle  des  topiiiattibis  ont  «ftepèlNà 
fort  épaisse,  surtout  à  la  queue.  Le  derme  en  fiiit  la  pimr 
grande  partie.  Son  tissu  est  serré;  il  est  partagé  en- piMta 
renflemeas  sobsquammiforaaes  régulièrement  disposés  ^  inats. 
qui  ne  s'imbriquent  pas.  Le  réseau  vasculaire  est  '  é^idrai^ 
nitAt  moins  considét*able.  Le  pl^yiaenHun  est  soutint  tite^ 
laent^oloffé. 


l56  DK   LA   PEAU 

.  Le  système  de  coloration  est  uniforme  dans  les  iguanes ,  et 
souTent  Tarie  par  bandes  rerticales  ou  piqueté  dans  les  tu- 
pinambis. 

Les  fausses  écailles  formées  par  l'épiderme  prennent  Im 
n^^ii^t  figure  que  les  saillies  du  derme. 

L'appareil  crypteux  général  est  nul;  mais  on  commence 
à  Toir  dans  plusieurs  espèces  ce  qu'on  nomme  des  pores  J^-- 
moraux.  Ce  sont  de  petits  utricules  ou  cryptes  cachés  sons 
chaque  tubercule  écailleux  du  bord  interne  de  la  cuisse.  Ils 
Tersent.  leur  fluide  par  un  pore  distinct  qui  trayerSe  le  mi- 
lieu de  chaque  écaille,  et  leur  réunion  formé  une  série 
longitudinale.  Le  nombre  de  ces  pores  est  fixe  po«r  ehaqne 
espèce. 

Tous  ces  animaux  ont  autant  d'ongles  que  de  doigts  »  et 
cea  ongles  sont  toujours  très- forts ^  comprimés 9  arqués  et 
aigus. 
Lacertoidct.  •  ^^  P^^u  des  reptiles  de  la  famiUe  dès  réritables  léaavds  dif- 
fèfe^asseï  peu  de  ce. que  nous  Tenons  de  Toir  dftns  la  fanàiUe 
précédente  ;  c'est  dans  un  assez  grand  nombre  d'espèces  de 
ce,  groupe,  que  l'on  commence  à  trouyer  toutes  les  parités 
ioférieures  du  tronc  et  de  la  queue,  couTertes  de  larges 
plaques  squameuses  tout»i-»fait  différentes  des  écailles  4iuî 
recouyrent  les  parties  supérieures ,  et  qui  sont  plus  ou  moins 
imbriquées.  Ces  plaques  ont  alors  une  sorte  de  peaussier 
analogue  ù  ce  qui  a  lieu  dans  les  couleuTres ,  etc. 

Dans  les  espèces  dont  les  pieds  tendent  à  manquer  ou 
manquent  tout-à*fait,  l'euTeloppe  devient  de  plus  en  plws 
pcotectrice  ou  squammeuse ,  comme  cela  se  Toit  dans  les 
scinques  et  dans  les  orvets. 

On  trouve  même  dans  ces  animaux  une  espèce  d'écaillés 
irès*rapprocbée.  de  celles  ûps  poissons.  Dans  les  scinques  le 
derme  est  fort  mince,  et  il  est  presque  entièrement  recou- 
Tcrt  par  de  petites  poches  plates  formées  par  les  deux  couches 
Tasculaire  et  de  pigmentum.  C'est   dans  chacune  4e  ces 


DAHS  IKS  BEPTItïS  ÉCAlLtECX.  137 
podwique  se  troure  une  écaille  subosseuse,  cassante,  com- 
posée d'uD  nombre  fixe  de  petites  pit:ces  parullèlo^mmi' 
ques,  disposées  sur  deui  rangs  et  d'une  manière  (out-â-fnit 
régulière. 

La  peau  des  orvets  a  beaucoup  d'analogie  avec  celle  des 
scinques  :  les  écailles  sont  également  dcnniques,  mais  ellci 
n'ont  pas  tout-A-rail  la  mSme  structure.  Elles  sont  très-ad- 
hêrentes  au  derme. 

Du  reste  la  disposition  du  réseau  vasculaire  et  celle  du 
pigmentum  sont  comme  dans  les  familles  précédentes. 

Le  système  de  coloration  est  plus  ordinairement  parbandes 
ktogiludioales  ;  mais  il  est  aussi  quelquefois  uniforme. 

L'3ge  paraît  a?oir  une  influence  remarquable  sur  cette  co- 
.    loration  de  la  peau.  Ainsi  dans  les  léiards  proprement  dits  , 
il  est  plusieurs  espèces  qui  pussent  par  des  couleurs  et  mSmo 
r  4es  dispositions  de  couleurs  toutes  difTcrenles  de  ce  qu'elles 
>  Mront  dans  l'état  adulte. 
'   Le  climat ,  et  surtout  la  chaleur  et  la  lumière  solaires  in- 
fluent aussi  beaucoup  sur  lu  coloration  des  lézards. 

L'épiderme  en  se  moulant  plus  ou  moins  complètement 
•ur  les  dispositions  du  derme,  forme  dans  la  plupart  des  es- 
pèces de  ce  groupe  des  plaques  céphaliques  afTectanl  des 
Carmes  et  dei  dispositions  différentes  dans  chaque  groupe 
naturel,  et  même  peut-être  dans  chaque  espèce  distincte. 

Les  ongles  dans  les  espèces  qui  sont  pourvues  dedoigis  sont 
tncore  asges  forts,  mais  beaucoup  moins  que  dans  les  deux 
Cunillcs  prccûdcnles.  Dans  les  scinques  et  surtout  dans  les 
chaU-ides,  les  seps,  etc.,  ils  diminuent  de  plus  en  plus,  et 
tendent  même  k  disparaître. 

Un  trouve  encore  dans  tous  les  Téritables  léiards  les  pores 
fèinoraux  dont  nous  avons  parlé  dans  la  famille  précédente.  - 

Le  sous-ordre  des  ophydiens  offre  une  enveloppe  de  plus   j 
en  plus  protectrice  et  par  conséquent  moins  sensible. 

Le  derme  est  cependant  en  gijnéral  assez  peu  épais,  et 


i4o  SE  %k  riAU 

relerées  dans  leur  miiiea  par  une  ligne  Millaiite;  ee  eoni 
les  écaille»  ^twénées. 

Il  est  rare  de  trevTeir  que  tout  le  oorps  toit  entièreiiieiiC 
eouTen  de  la  «nêrae  sorte  de  reaflement  squammeux. 

Sovreut  la  tête  est  reyèlue  de  grandes  plaques  dont  la 
forme  et  la  disposition  ont  quelque  chose  de  fixe.  Je  ks  di- 
vise de  même  que  dans  les  chéloniens  et  dantles  sauriens  en 
prasnuueiUaireêf  maxillaires,  mandibulaireSf  ou  iaUaksp 
nasales,  inter^nastUes,  frontales ^  lacrymalts^  onaniorèi' 
iairesj  sourailières,  pasiorbùaiirSf  interorbilairer,  pariélajks 
et  oecipùales»  Leur  dénomination  les  défiait  suflbamment. 

Souvent  aussi  les  parties  inférieures  du  troncy  depuis 
Tangle  des  mâchoires  jusqu'à  Testrémité  de  la  queue»  sont 
revêtues  de  plaques  simples  ou>de  plaques  squanmilformeSf 
qui  occupent  une  plus  nu»  moins  grande  partie  de  feue 
largeur. 

Elles  ne  forment  ordinairement  qu'un  rang  ;  mais  il  arrire 
aussi  qu'elles  en  forment  deux ,  comme  sous  la  queue  des 
couleuTres  et  sous  le  cou  de  quelques  espèces. 

Les  looiogistes  font  la  plus  grande  attention  à  hi  combi- 
naison de  ces  plaques  et  à  leur  forme  pour  la- distinction  des 
genres  et  des  espèces.  Quant  au  nombre  des  plaques  abdo- 
minales et  caudale»  dont  on  a  touIu  également  se  servirpour 
la  distinction  des  espèces  de  couleuTres»  de  Tipères»  il  est 
certain  qu'il  Tarie  un  peu  arec  r%e. 

D.  Dans  la  claàse  des  rutiles  nus  ou  ompfyBi^ns. 

jmMt  fé-  La  seconde  classe  des  reptiles  ou  celle  des  nudipelliféres» 
comme  l'indique  le  nom  classique  que  je  leur  ai  donné ,  doit 
offrir  des  différences  notables  dans  la  structure  de  Tenve- 
loppe  cutanée  ;  en  effet  elle  deyient  presque  subitement  dé- 
pouillée de  Téritable  épiderme»  de  tout  appareil  phanéreux; 
au  contraire  l'appareil  crypteux  se  dételoppe  en  rapport  in- 


DIN*  tI3  BEPTttES  NUS  OU  AMPIIYBIKNS.  \/^i 
Vene,  au  point  que  la  peau  derient  presque  semblable  à  la 
partie  de  l'enTeloppe  générale  que  nous  conuaStrons  8oui  le 
nom  de  membrane  muqueuse. 

Quoique  dans  la  première  ramille  de  cette  classe  la  peau 
soit  presque  entièremeat  séparée  des  tissus  sous-jacens;  ce- 
pendâflt  dans  toutes  les  autres  elle  est  parfaitement  et  com- 
plètement adhérente. 

Le  derme  est  en  général  asset  épais,  mais  asseï  peu  deoie 
et  d'un  tissu  peu  ûbreux. 

La  membrane  rasculaire  est  considérable ,  aussi  le  sjrstème 
vasculaire  qui  se  rend  à  la  peau  est-îl  proportioDoel. 

Le  pigmenlum  est  généralement  asset  épais,  du  moins  dans 
les  parties  Titement  colorées.  On  trouve  qu'il  peut  offrir 
presque  toutes  les  couleurs ,  et  les  plus  brillantes. 

Le  système  nerreux  est  probablement  aussi  asseï  dére- 
loppé  ,  i  en  juger  par  la  quantité  de  nerfs  qui  se  rendent  A  la 
fcau  ;  mais  il  n'y  forme  pas  de  papilles. 

Quant  Jt  l'épiderme,  il  parait  être  tout-à-fait  nul»  et  n'être 
tùnni  que  par  une  couche  de  mucus  adhérente  :  cette  couche 
■  tt  détache  de  temps  en  temps ,  et  l'animal  la  rejette  comme 
1  le*  «crpens  font  de  leur  épiderme. 

Mis  il  n'y  a  de  traces  de  poils  ni  même  d'ongles  (i). 
Les  cryptes  de  la  peau  sont  au  contraire  excessivement 
I  aotnbreus»  et  en  effet  le  donne  est  percé  d'un  Irès-^and 
[  BOmbre  de  pores ,  comme  les  feuilles  du  millo-pertuis.  Le 
I  iBÎde  qu'ib  sécrètent  est  presque  entièrement  muqueus. 
li  n'y  a  plus  de  peaussier. 

Les  différences  que  l'enTeloppe  cutanée  de  ces  animaux 
[  yent  présenter  ne  sont  pas  considérables. 


(i)  J'ai  m  cependant  qaelquei  eiptcea  chïi  kiquetlci  par  la  mtcé- 
I   il  lombaïl  du  l'citrémilé  de  (roU  doigli  iculcoicat  de  petïl> 
iiMa>qne*,conimeilEl'eiltémiledela  queue  de  quelque)  tcrpcni: 
I  «•  «cul  ritUemeut  dei  «pic et  d'onglai. 


l42  DB   LA   PSÂd 

A  f^ïnt  j  «•t-il-  OB  peu  moins  d'épaisseur  dans  les  partîeé 
iaférlearas  du  tronc  et  internes  des  membres  :  les  espèces 
cependant  qui  ont  quelques  tubercules  les  ont  plus  nombreux 
et  plus  gros  en  dessus  qu^'en  dessous. 

L*âge  n'apporte  pa»  non  plus  des  différences  bien  sensibles^ 
antres  que  eelles  qoî  sont  générales  à  tout  le  type,  ou  bien 
elles  tiennent  à  ce  que  Tanimal  n'a  pas  pendant  une  partie  de 
sft  Tie  actî?e  la  forme  qu^il  aura  dans  le  reste  ,  comme  dans 
les  têtards  des  Térîtables  batraciens  qui  ont  une  queue  qu'ils 
perdront  par  absorption ,  à  un  fige  plus  ou  moins  arancé. 

Comme  ces  aniipaux  Tirent  pour  la  plupart  dans  l*eau , 
dâttt  èe%  lieux  bumides,  ou  ne  sortent  que  la  nuit,  la 
ûonsidéralion  ém  séjour  n'entraîne  pas  de  différences  un  peu 
notables.  Cependant  les  espèces  évidemment  terrestres  ont 
la  peau  plus  dense  >  plus  tuberculeuse  que  les  autres. 
•  Les  plus  grandes  différences  peuvent  mieux  Gtre  rapportées 
à  chaque  groupe. 
)«Di  itt  utra-  Dans  Tordre  des  batraciens  proprement  dits ,  la  pettu  offre 
cette  singulière  disposition  de  n'adhérer  que  rens  Pâttache 
dssnenbreS)  <^  manière  à  pouvoir  être  aisément  Insufflée 
comme  un  sac  :  elle  forme  rarement  des  prolongemens  ten- 
taculaires,.  comme  dans  le  pipa,  mais  plus  souvent  des  l^x- 
paDstoQs  interdigitales  dans  toutes  les  espèces  esièntfelte- 
ment  liquatiques. 

Les  pipas  ont  du  reste  cette  peau  plus  sèche  mêfttè  i^èles 

• 

crapauds)  elle  est  couverte  d'un  très-^grand  nombiH)  dé  p<ftits 
tubercules  ou  grains,  comme  crétacés.  i  .  .:    • 

Les  orapands  ont  la  peau  plus  molle  et  sôuTent  déridée 
par  des  amas  de  tubercules  plus  ou  moins  consMéraMèSu  Ees 
cryptes  qui  les  forment  paraissent  produire  un  fluide,  parti- 
culier. 

On  remarque  surtout  en  arrière  de  chaqu^ç  œil  un  amas  de 
cryptes  dont  les  orifices  sont  trè»- visibles;  e-est  qe  qu^w 
nomme  des  g/aiz£ie5 /^aro^û/e^.  .ii      *    " 


cieoi. 


iM 


DANS    LES    REPTItBS    NUS    OU    AHPHYBIENS.      l45 

Les  grenouilles  ont  la  peaa  beaucoup  plus  lisse ,  et  n*ont 
pas  ces  espèces  de  parotides. 

La  peau  des  rainettes  est  encore  plus  lisse  ;  elles  n'ont  pas 
non  plus  de  parotides  ;.  mais  Textréiaité  de  leurs  doigts  est 
renflée  en  dessous  en  pelotes  transyerses^  qui  forment  comme 
de  petits  coussinets.  Le  derme  j  est  é?idemment  plus  pul- 
peux qu'ailleurs  :  au*dessou9  est  un  petit  amas  presque  en- 
tièrqaient  ?asculalre,  ce  qui  fait  présumer  qu'il  se  produit 
à  la  snrface  de  la  peau  une  certaine  matière  yisqueuse  ;  mais 
\e  n'ai  pu  Toif  les  cryptes  ni  les  pores. 

Dans  la  famille  des  pseudo-sauriens  qui  comprend  les  sa-         >>•»• 
lamandres.,  les  protées  et  les  sirènes ,  le  derme  décent  de 
plos  en  plus  gélatineux,  moins  fibreax  ;  il- est  fortement  ad- 
hérent aux  tissus  sous-jacens. 

Dans  les  salamandres  terrestres  et  aquatiques,  la  pe^aia 
est  encore  comme  finement  granulaire;  dans  les  premièms'il 
y  a  des  glandes  parotides  qui  n'existent  plus  dans  les  aàtMBS. 
Mais  ce  que  les  dernières  offrent  de  plus  retnarqtiable*,  ù*éit 
que  chaque  année ,  à  l'époque  des  amours ,  il  pousse  dans  toute 
la  ligne  dorsale  du  corps  et  de  la  queue  des  individus  môles, 
une  crête  molle  fort  large  qui  disparaît  et  s'absorbe  quaàd 
l'acte  de  la  reproduction  a  été  exécuté,  k  peu  près  comme  la 
quene  des  têtards  de  grenouilles. 

Les  cryptes  nombreux  du  reste  de  la  peau  yersentuno 
humeur  blanchâtre. 

Dans  les  protées,  la  peau  est  presque  entièrement  géla- 
tineuse et  transparente  ;  le  derme  est  cependant  assez  épais; 
il  est  percé  par  un  très-grand  nombre  de  petits  trous  dans 
chacnn  desquels  est  logé  un  crypte  muqueux. 

Je  n'ai  pu  du  reste  y  démontrer  de  pigmentum  ni  d'épr- 
derme  yéritable.  /  ' 

Le  derme  m'a  semblé  tapissé  dans  toute  son  étendtfe  par 
une  couche  musculaire  fort  mince. 

Je  n'ai  pas  fait  l'anatomie  de  la  peau  de  la  sirène;  mais  il 


l44  ^S   ^^   PEAU 

est  pldd  que  probable  qu'elle  oe  doit  pas  différer  beaucoup  ie 
celle  des  salamandres ,  non  plus  que  celle  de  |a  cascOie  qui 
est  entièrement  nue  et  risqueuse. 

E.  Dans  la  classe  des  poissons. 

Sous  le  rapport  de  l'enveloppe  générale»  considérée 
comme  nous  le  faisons  ici»  les  poissons  offrent  eitrêmement 
peu  de  ressemblance  et  bien  plus»  souvent  dans  un  même 
groupe  générique  «  conçu ,  il  est  vrai ,  un  peu  largement  et  à  la 
manière  linnéenne  »  on  trouve  des  différences  notables,  sur- 
tout dans  l'appareil  de  protection. 
DUR^MM  !<•  On  peut  cependant  dire  que»  dans  cette  claase»  k  derme 
ordinairement  fort  adhérent  aux  tissus  sous^jacensy  n'en  est 
jamais  assea  séparé  pour  être  mobile;  que  lorsqu'il  oe  pré- 
sente pas  quelque  chose  d'anomal  ou  d'extraordinaire  il  est 
beaucoup  plus  muqueux  ou  gélatineux  que  fibreux;  que 
son  tissu  est  peu  serré,  et  que  le  pigmentum  est  souvent 
nacré»  et  Tépiderme  proprement  dit  fort  mince  et  peut-être 
nul. 

C'est  à  la  surface  de  ce  derme  que  se  développe  l'appareil 
protecteur  le  plus  ordinaire  dans  les  poissons»  ou  ce  qu'on  dc« 
signe  sous  le  nom  d'écaillés  ;  elles  n'ont  pas  de  bulbe  produc- 
teur comme  les  poils  et  les  plumes;  elles  ne  sont  paaibroiées 
par  le  pincement  du  derme»  comme  dans  la  plupart  des  rep- 
^  tiles  »  mais  plus  ou  moins  adhérentes  au  derme»  elles  sont  ren* 

fermées  et  libres  en  grande  partie  dans  une  sorte  de  pèche  très- 
aplatie  formée  par  un  pincement  de  Ja  membrane  vaseulaîce 
et  du  pigmentum  ;  aussi  faut-il  déchirer  cette  pochp  peur 
les  en  faire  sortir.  Elles  me  paraissent  produites  par  la  ùce 
interne  de  la  poche  vasculaire  et  composée  de  cônes  exces- 
sivement aplatis»  et  chacun  d'eux  de  lignes  cornées»  mu- 
queuses» qui  s'irradient  en  partant  d'une  base  pluS:OU  moins 
élargie,  suivant  la  forme  de  l'écailie»  qui  est  exceilsîvement 
variable. 


DANS    LES    POISSONS.  1^5 

Le  réseau  Tasculaîre  est  doDo  souvent  assez  abondant. 
Le  pigmeotum,  qui  peut  offrir  ks  couleurs  les  plus  vives 
ytt  loua  les  iyithinei  île  coloration,  est  souvent  d'une  belle 
jHuleur  d'argeol  ou  oiSoie  d'or. 

L'cpiderme  proprement  dît  est  Tort  uince  ou  mieux  peut- 
^tre  loiit-iï-rait  nul. 

trouve  jamais  dans  celle  classe  de  véritables  foils , 
fais  cjue  nous  les  avons  dcGnis,  mais  biea  des  saillies  de  la 
irtie  solide  du  derme  ,  d'où  il  résulte  des  cspècea  de  poils,  de 
j^uaiu  ou  rojlme  d'appendices,  comme  dans  une  singulière 
,e>pccede  sjngnalhc  des  mers  de  la  Noiivelle-llollandc  oit  des 
^ûrnes,  comme  dnns  plusieurs  coffres ,  ou  des  espèces  de  lames 
Cachantes ,  connue  on  en  voit  de  chaque  côté  du  pédicule  de 
fî  queue  dans  plusieurs  espaces  de  halisles,  de  clitetndons. 

L'appareil  erypteui  Sst  au  contraire  fnrl  cnnsidcrable  ;  du 
VOiQS  s'il  en  faut  juger  p^la  grande  quantité  de  mucus  qui 
libréfte  le  corps  d'un  assez  grand  nombre  de  poissons  ;  car 
41  est  dilTicile  de  démontrer  les  cryptes  eux-mSmes.  On  voit 
{Murent  des  pores  que  l'on  croit  verser  cette  mucosité,  rangés 
d'une  manière  symétrique  autour  de  la  tCle  ou  sur  le*  côtés 
icorps,  le  long  de  la  ligne  latérale. 

ie  ne  uoun.iis  aucun  poisson  qui  offre  des  traces  d'un  peaus- 
jfer  général,  ni  même  de  peaussier  spécial. 

Ce  que  je  viens  de  dire  de  (fénéral  sur  In  peau  des  pois-  p 
MOs  appartient  ù  ce  qu'on  peut  appeler  l'état  normal  de  la  '| 
«la»»e  ;  maïs  il  y  <i  un  grand  nombre  d'anomalies  qu'il  serait 
tnea  long  de  faire  connaître,  d'autant  plus  qu'elles  ne  sont 
htw  rapport  avec  aucune  de  nos  considérnlions  habKuelles. 
Hous  allons  donc  nous  borner  à  l'exposition  des  principales, 
•tt  les  rangeant  sous  un  certain  nombre  de  types  généraux. 

On  trouve  quelquefois  que  lu  peau  est  nue.  exlrfimctnent 
VÎMpieuse,  et  presque  eniièremenl  gélatineuse,  comme  dans 
ks  myxinés ,  les  lamproies .  les  cycloplères  et  les  baudroies; 
k  derme  est  alors  assex  épais,  mais  presque  gélatineux. 


4 


fruc. 


LiMC. 


Squamineaie. 


Sifummot" 


Ottfoie. 


l46  DE    LA    PEAB 

Dans  un  plus  grand  nombre  de  cas  elle  est  encore  nue ,  du 
lupins  en  apparence  et  dans  Tétat  frais  y  car  ù  Tètat  sec  on 
commence  à  y  apercevoir  de  très-petites  écailles;  mais  elle  est 
déjà  un  peu  moins  yisqueuse;  les  anguilles  9  les  murènes  ^  les 
rourénophis  3  les  blennies  y  plusieurs  espèces  de  silures  9  les 
loches  y  etc.  y  ont  une  peau  de  cette  espèce  dont  le  derme 
épais  est  fort  résistant. 

Une  autre  espèce  de  peau  que  Ton  rencontre  encore  dans 
on  assez  grand  nombre  de  poissons ,  et  surtout  sous  le 
rentre  9  est  celle  dans  laquelle  il  n'y  a  pas  d*écailles  distinctes, 
mais  qui  est^courerte  d*on  éprderme  lisse  au-dessus  d'un 
pigmentum  ordinairement  nacré  1  et  qui  n*est  par  conséquent 
fù»  visqueuse.  Les  maquereaux,  les  chimères,  les  zîphias, 
trlchiures,  styléphores,  gasterostées,  et  même  les  rémoras 
ou  échènes ,  sont  dans  ce  cas.  * 

La  quatrième  espèce  est  la  fiàu  normale  des  poissons, 
celle  qui  est  régulièrement  squammeuse  et  qui  se  trouye  dans 
la  plus  grande  partie  des  espèces  de  poissons  abdomSnaux  et 
thoraciques ,  comme  les  saumons ,  les  harengs,  les  cai^ies ,  les 
perches ,  les  spares,  les  labres,  les  scares,  etc. 

Il  faut  en  distinguer  peut-être  la  peau  dans  laquelle 
les  écailles  sont  beaucoup  plus  adhérentes  et  finement 
dentelées  à  leur  bord  libre ,  comme  dans  la  nombreuse  fo- 
mille  des  chaetodons. 

Je  donnerai  le  nom  de  peau  squammos$eu$e  à  celle  dont 
les  écailles  ont  une  forme  assex  normale,  mais  qui  sont 
plus  ou  moins  osseuses.  La  peau  des  lepis^Mtées  e0t  dans  ce 
cas ,  ainsi  que  celle  d'un  assez  grand  nombre  d'espèces  de 
trigles ,  de  cottes ,  de  silures  et  même  de  gastérostées. 

Les  balistes  doivent  aussi  être  rapprochés  de  cette  section  ; 
leur  derme  est  fort  mince ,  blanc ,  très-vasculaire.  La  partie 
qui  passe  sur  les  écailles  pour  les  comprendre  dans  aon  in- 
térieur, est  extrêmement  mince  et  difficilement  perceptible. 
La  peau  est  quelquefois  solidifiée  par  la  réunion  de  pièces 


DANS  LES  POISSONS. 
complétcniL'nl  osseuses,  ou  seulement  t 
trti-dures;  muis  ces  piùccs  n'onl  pus  In  foim 
•'imbi'iqiieril  pas:  «Iles  ^c  rcunissent  a 
iKtrds  de  niuiiiéres  assez  rariublcs ,  cl  il  c 
carapace  sulide  cl  fort  dilUcilB  i  eotamef  :  telle  kH  la  peiiu 
des  *ostracions  ou  cofTrcs,  ili,'  quelques  diiidons,  des  syn- 
gnathes, des  hippocampes  el  itiêiiiu  des  esturgeons. 

Dans  le.i  oslrutiuns  le  derme  esl  Turl  épai;  ;  il  est ,  dans  la 
plus  gr.'uide  partie  de  son  éleiiduc,  solidifîo ,  épnissî  pnrdeses- 
ficts  d'Iicxagooes  plus  ou  nioin»  t^giilîers,  et  s^purcs  par  un 
lr*s-petit  espace  de  pcnu  un  peu  Hcxilile  ;  ainsi  il  doit  y  avoie 
nne  certaine  moLililê  entre  les  pitues  ilc  ee  culTre.  Ces  bena- 
gones  sont  composés  d'une  pièce  centrale  nulonr  de  laquelle 
K  rangent  six  pièces  triunguluirea  i  sommet  tronque >  dont  la 
ttase  forme  le  c6lé  de  l'hexagone ,  et  dont  la  surface  est  liéris- 
•ée  de  petits  tubercules;  en  dehors  de  la  partie  du  derme  qui 
les  recouvre  est  un  pigmeutum  d'un  blanc  argenlc. 

Dans  les  sjngualhcs,  c'est  à  peu  près  la  mcme  structure 
générale .  de  mCme  que  dans  les  hippocampes  qui  semblent 
BToir  le  corps  cBveloppé  par  une  sorte  de  squelette;  maïs 
dans  CCS  derniers,  les  tubercules  usseut  du  la  peau  sont  fort 
singuliers  et  beaucoup  plus  snlidcuient  réunis  ;  d'une  pointe 
médiocre  asseï  courte,  il  en  nait  quatre  autres  A  angle»  droits 
qui  ont  des  fnmias  et  proportions  diflërenfes;  elles  vont  se 
rc}oiadre  et  s'appliquer  contre  les  correspondantes- d'un  lu- 
bercule  voisin,  en  a vaol,  en  arrière,  en  dessus  et  eu  dessous  î 
cl  comme  ces  tubercules  se  dispjOiteat  par  rangs  ausi^i  nom- 
tireux  qu'il  j  a  de  verlèbres ,  il  en  résulte  que  le  corps  u  jept 
côtés,  parce  que  le  nombre  des  tubtrculos  est  de  sept  ù  la 
poitrine,  et  que  la  queue  est  tctragone  parœ  qu^il  a'g  en  a 
que  quatre  dans  cette  partie.  .  .i    .  <  ,,::  ,   j 

L«s  esturgeons  ont  aussi  une  jieau  solldilJèc  putïda/nrgts 
plaques  Tcritableuicfil  u'seusc!,  qui  sur  la  tète  se  rapprotihcnt 
asseï  va  s'imbriquant .  ou  eu  se  pénLlranL,  pour  l'ormcf  un 


I 


l48  D£    LA   PEAU 

casque  presque  complet^  Au  corps ,  au  contraire ,  ces  plaques 
se  disposent  par  rangées  longitudinales  qui  lui  donnent  un 
peu  aussi  une  forme  polygone. 

La  solidité  et  Tossification  de  ces  parties  du  derme  sont 
d'autant  plus  remarquables  dans  ces  poissons  ^  que  le  ▼érî'>> 
table  squelette  est  tendre  et  cartilagineux. 

Dans  une  espèce  de  trigle  la  tête  est  recouverte  par  des 
pièces  osseuses  )  jointes  par  des  sutures  dentelées  comme 
les  os  du  crâne  de  Thomme ,  en  sorte  qu'il  semble  que  le 
crâne  soit  tout-à-fait  à  découvert;  et  en  effet  le  nombre  de 
ces  pièces  est  ûxe  y  et  elles  sont  rangées  d'une  manière  bien 
régulière. 
r.uJc.  Enân  la  dernière  espèce  de  peau  qu'on. tronre  dans  les 

poissons  est  la  peau  rude»  c'est-à-dire  celle  dans  le  tissu  de 
Itqnelle  il  se  déyeloppe  des  tubercules  plus  ou  moins  osseux  y 
le  plus  souvent  fdrt  pointus  et  quelquefois  ayant  quelque 
cbose  de  la  forme  des  écaMIes;  ils  sont  toujours  profondément 
implantés  et  par  conséquent  très-adbérens.  On  remarque 
cette  espèce  de  peau  dans  un  grand  nombre  dé  poissons  car* 
tlltgineuX)  mais  avec  des  différences  spécifiques  aissex  nom- 
breuses» 

>  .'-Je  rapporte  à  cette  espèce  la  peau  des  tétraodons  et  des 
diodons. 

Dans  ce  groupe,  le  derme  dans  l'état  ordinHireesï  épais, 
etià  ce  qu'il  parait  fort  extensible;  il  est  évidemment  très- 
fibreux,  et  ses  fibres  sont  croisées  dans  tous  les  sens.  C'est  dans 
Më  coucbes  de  ce  derme  qti^  sont  implantés  les  piqnans  ou 
^éqptnes  qui  arment  la  peau  ;  ils  sont  calcnréo-cornés,  fort  durs , 
triqoètres  et  élargis  à  leurbas^  par  trois  apophyses  dont  l'an- 
férieltipe  ^  la  j^lus  coorte  ;  c'est  à  elle  'qàe  s'attachent  quel*- 
ques  fibres  musculaires  des  musclés  dfe  l'abdomen.  Au^éessus 
da  dbrme  est  un  pigmentum  nacré  et  un  épidenne  extrême- 
'.ment  mince. 

Lia  p^uaosfda^g  lé  napos  sont  couchés  ùomnie  des  poilf> 


et  presque  cachés  dans  une  gaine  que  leur  forme  la  peau,el 
ce  n'est  que  par  le  gonflement  du  curps ,  suivi  de  l'action  du 
pelil  muscle  de  la  base,  qu'ils  se  redressent. 

Dans  les  tliodoiis  les  piquans  de  l.i  peau  onl  la  même  struc- 
turel mais  il  n'en  existe  qu'à  l'abdomca,  et  ils  sont  beau- 
coup plus  petits. 

Toute  la  Tamille  des  séluques  a  aussi  une  peau  de  cette  na- 
ture. Uais  les  parties  dures  qui  la  rendent  plus  ou  moins 
rude  sont  exirèmemeni  variables  pour  la  l'orme,  pour  la 
disposition ,  et  mdme  pour  la  dislriliution.  Quelquefois  extrC- 
mement  fines  et  A  peine  perceptibles,  le  plus  souvent  elles 
forment  des  pointes  dures,  plus  ou  moins  recourbées  en  ar- 
rière, ei  dont  la  base  élargie  est  ordinairement  divis^  en 
plusieurs  petites  racines  et  fort  adhérentes  au  derme.  Dans 
quelques  espèces  ce  sont  des  espèces  de  gros  tubercules, 

à  comme  dans  la  ligne  dursule  de  la  raie  séphen;  d'autres  fois 
■Iles  suot  un  peu  aplaties  ,  imbriquées  comme  dans  les  rous- 
ICltes ,  Cl  surtout  dans  te  squale  huniautiq ,  qui  fournùseiit  ce 
que  (ea  ouvriers  nomment  peau  de  chien  de  mer.  Dans  le 
squale  bouclé,  les  piquuns  de  la  peau  se  rassemblent  et 
forment  des  groupes  ou  de  petites  plaques. 

Dans  la  raie  bouclée  ,  ce  qu'on  uomme  les  boucles  ne  sont 

tMlre  chose  que  de  ces  parties  dures  de  la  peau;  elles  sont 
iKmnées  par  une  base  très-large ,  en  partie  creuse ,  d'uo  liâsu 
^dénature  crétacée,  du  milieu  de  laquelle  s'élève  un  crochet 
•oiolu  beaucoup  plus  dur  et  un  peu  Iransluciilc. 

Ces  tubercules  épineux  du  derme  des  sélaques  ne  varient 
pas  seulement  suivant  l'espèce,  ils  dilTèrenl  aussi  suivant  la 
jiface  qu'ils  occupent  sur  le  même  uoimij  :  ainsi  ceux  de  la 
ligne  dorsale  et  caudale  sont  toujours  les  plud  gros;  il  en  est 
«Tcnt  de  mâme  de  ceux  qui  sont  au-dcsvu»  des  jeui.  Flu- 
Hirs  espË(;es,  comme  les  pasiénagues  et  les  raies  aigles, 
't  la  queue  un  ou  deux  aiguillons  encore  beaucoup  plus 
roporliooais,  de  forme  variable,  souveot  dentelés  sur 


vant 


Le  gronpe. 


l5o  DE    LA    PEAU 

l€S  bord^,  et  qui  leur  servent  d*arme  offensive  :  ils  sont  en- 
tièrement calcaires. 

Il  y  a  même  drs  différences  qui  tiennent  au  sexe.  En  effet , 
dan.4  un  assez  gnind  nombre  de  raies,  on  trouve  que  les  indi- 
vidus mâles  ont  s«ur  la  peau  de  rextrémîtc  des  nageoires  pec- 
torales >  des  rangées  d'aiguillons  recourbés  qni  n^exîstent  pas 
dans  les  femelles. 

Nous  plar;ons  également  dans  cette  espèce  de  derroe  des 
poi.^sons»  celui  qui  revêt  le  cycloptère  lump  et  un  grand 
nombre  de  lo}>bie8. 
DiOêrroees  D^après  cc  quc  uous  vcuons  de  dire  sur  les  principales 

)é  peau .  sui-  modiûcatious  que  la  peau  peut  offrir  dans  la  classe  des  pois- 
sons «  il  est  aisé  de  voir  que  ces  différences  ne  sont  que  fort 
peu  en  rapport  avec  les  groupes  zoologiques;  on  pourra  ce- 
pendant faire  l'obserYation  que  les  espèces  qui  appartiennent 
â  la  sous-classe  des  poissons  cartilagineux  n*ont  janaais  de  peau 
véritablement  écaillcuse;  mais  qu*elle  est  nue  y  rude  ou  cou- 
verte de  boucliers  osseux.  Il  en  est  de  même  de  la  dernière 
section  de  la  première  sous-classe  9  que  j*ai  désignée  à  cause 
de  cela  par  la  dénomination  d*bétérodermes  ;  ce  ne  sont  pas 
non  plus  de  véritables  écailles  qui  recouvrent  la  peau ,  mais 
des  plaques  losangiques,  hérissées  de  soies,  comme  dans  les 
balisies,  des  plaques  polygones ,  comme  dans  les  coffres, 
des  aiguillons,  comme  dans  les  tétraodons,  ou  enfin  des 
plaques  tuberculeuses  irrégulièrement  éparses^  comme  dans 
les  lumps. 

Dans  tous  les  autres  poissons,  ou  bien  la  peau  est  nue* 
lisse,  muqueuse  ou  non,  ou  les  pièces  solides  qui  la.revêtent, 
qu'elles  soient  cornéo-muqueuses  ou  calcaires,  sont  toujours* 
disposées  en  écailles,  dont  la  forme,  la  solidité,  la  gran- 
deur, sont  susceptibles  des  plus  grandes  variations. 

On  remarque  dans  la  plupart  de  ces  animaux  quelques 
diffÔTences  dans  Tenveloppe  cutanée  9  suivant  la  partie  du 
corps  qu'elle  recouvre;  mais  elles  ne  sont  pas  forttonsldè- 


L>  parti  A  'Ita 

corp5  rt'con- 

vcrle. 


nANS  LES  POISSO\n. 
nblei;  à  peine  le  derme  est-il  plus  cpai*  en  dewiis  qu'en 
dessous:  il  est  plus  mince  sur  la  tâle,  cl  surlout  i^iitre  les 
rajrons  des  DDgeotres  où  il  devait  3lrc  QexiMe;  c'est  ce  qu'on 
Toil  très-bien  dans  les  poissons  foUns.  Il  est  Toii  rare  que 
dans  les  espaces  écaïlleuses  il  existe  des  écailles  sur  Li  pt'aii 
des  Dogeoires  et  même  sur  celle  de  la  lêle  :  cela  est  cepen- 
dant plus  commun  pour  celle-ci. 

Très-souTent  les  écailles  qui  bordent  h  ligne  Idicralc  dif- 
fireni  des  autres  par  quelque  caractère  de  r«rine ,  de  gran- 
deur ou  d'épaisseur.  Souvent  elles  sont  percées  cliacune  d'tiii 
petit  oriCcc,  ce  qui  Toruic  une  série  plus  ou  moiiM  droite , 
{tendue  de  la  télé  ù  la  queue ,  et  dont  la  cunsidération  ne 
bîase  pas  que  d'être  asset  importante  en  zoologie. 

L'baliitalion  des  poissons  paraît  avoir  quelque  influence 
»ur  la  nature  de  leur  peau  ;  aussi  les  ei^péccs  qui  virent  dons 
la  vase  ont  ordinairement  la  peau  nue  et  plus  ou  moins  vis- 
queuse, comme  les  blennies,  les  anguilles,  les  lamproies 
les  espèces  au  controire  (jui  vivent  plus  ou  moins  4  la  sur- 
face des  eaux,  qui  font  de  grandes  courses,  ont  la  peau  dure 
et  couverte  d'épines  ou  d'écatlles. 

Oa  peut  faire  la  même  oliserration  pour  la  forme.  Vo 
poisson  anguilliformc  a  le  plus  souvent  la  peau  nue. 

Quant  aux  couleurs  et  au  système  de  coloration  du  la  peau 
des  poissons,  il  serait  dilBcilc  de  trouver  quelque  cliose  qui 
leur  soit  propre.  On  remarque  en  effet  dans  ces  animaux 
toutes  les  espèces  de  couleurs  et  toutes  les  nuances  et  m^ 
langes  dont  elles  sont  susceptibles;  ce  qu'elles  ont  d'asset 
remarquable  cependant  est  leur  fugaOÎté  ,  telle  que  souvent 
elles  changent  beaucoup  ou  même  disparaissent  avec  la  vie, 
ou  seulement  en  sortant  l'animal  de  l'eau. 

La  disposition  générale  par  laquelle  les  parties  supérieures 
du  corps  sont  presque  toujours  plus  vivement  colorées  que  lc.< 
inférieures  qui  sont  te  plat  souvent  blanches,  se  remarque 
presque  constamment  dans  les  poissons  et  même  dans  le^ 


l5â  OB   LA   PEAU 

espèces  qui  nagent  sur  le  flanc;  c*est  le  côté  qui  est  exposé  à 
la  lumière  qui  est  coloré  y  comme  dans  les  pleuronectes. 

D'après  cette  obserf  ation  il  est  aisé  de  Toir  que  le  climat 
doit  avoir  une  grande  influence  sur  la  coloration  de  la  peau 
des  poissons  ;  et  en  effet  les  espèces  des  pays  chauds  ont  en 
général  des  couleurs  plus  ?ariées  et  plus  rives  que  cellet 
des  mers  polaires. 

J'ignore  si  l'âge  et  les  sexes  exercent  aussi  une  influence 
sur  la  couleur  de  la  peau  des  poissons  ;  mais  cela  ne  parait 
pas  probable. 

Quant  aux  systèmes  de  coloration  on  trouve  dans  cette 
classe  toutes  les  espèces  que  nous  ayons  établies;  et  quoi- 
qu'on remarque  aussi  que  chaque  famille  naturelle  en  affecte 
une  particulière  •  cela  est  peut-être  moins  évident  que  dans 
les  deux  premières  classes  d'animaux  yertébrés. 
uf!f7t^ê  ^^"^  avons  dé)â  fait  remarquer  que  l'épidémie  propre- 
ladûty*-  ^^^^  ^^^  est  nul  ou  presque  nul  dans  les  poissons  »  on  qu'il 
est  remplacé  par  une  sorte  de  mucosité.  Il  faut  cependant 
regarder  comme  lui  appartenant  l'espèce  de  couche  lisse  et 
transparente  qui  recouvre  la  peau  des  maquereaux,  des  xi- 
phias,  et  de  tous  les  poissons  dont  la  peau  est  Ibse  sans  être 
muqueuse. 

Comme  cette  mucosité  qui  lubréfie  l'enveloppe  cutanée 
des  pobsons  est  beaucoup  plus  abondante  dans  certaines  es- 
pèces que  dans  d'autres,  on  est  porté  à  croire  que  le  nombre 
dès  cryptes  qui  la  produisent  est  bien  plus  considérable  dans 
les  premières.  On  trouve  en  effet  que  les  myxinés,  les  lam- 
proies >  les  anguilles ,  tes  blennies ,  ies  gymmotes  électriques» 
poissons  en  général  très-visqueux ,  présentent ,  sur  la  tête  y  les 
mûchoîresy  et  dans  la  longueur  de  la  ligne  latérale,  un  plus 
ou  moins  grand  nombre  de  trous  ou  de  pores  arrondis^,  bien 
symétriquement  disposés,  que  l'on  regarde  généralement 
comme  la  source  de  la  viscosité  ifenais  cela  n'est  rien  moins 
que  certain-,  car  je  n*ai  pu  apercevoir  de  cryptes  autour  de 


laconaire. 


DANS    LES   POISSONS.  l53 

ces  pores ,  et  il  semble  que  toutes  les  parties  de  la  peau  l'ei- 
CTÈtenl  au  lieu  d'épiilerme.  A  plus  forte  raison  n'est-it  pas 
èTident  que  les  lacuues  sÎDguliJires  que  l'oo  voit  soui  le 
derme  mËme  d'un  asseï  graad  nombre  de  poissons,  et  qui 
se  prolongent  souvent  dans  toute  la  longueur  de  leur  corps, 
appartiennent  à  l'appareil  crypleux.  Nous  allons  cependant 
en  dire  quelque  chose  ici.  Nous  prenilron;  pour  exemple  ce  l"" 
qui  existe  dans  le  congre  {murœna  cotiger.  Linn.  ).  Dans  ce 
poissoo  on  voit  de  chaque  cOté  du  museau  un  nombre  fixe  de 
pores  ,  ou  mieux,  d'orifices  béants  dîsposùs  symétriquement 
i  droite  et  A  gaucbe  :  c'est  le  commencement  des  canaux, 
souvent  sous-cutanés,  quelqueTois  cartilagineux,  quelquefois 
m£me  inter-osseux  qui  régnent  dans  toute  la  longueur  de 
l'animal,  en  se  renflant  d'espace  en  espace,  et  en  offrant 
aujsi  des  orifices  eslcrieurs  plus  ou  moins  serrés.  L'inté- 
rieur de  ces  canaux  est  tapissé  par  une  membrane  mu- 
queuse asseï  ?3sculaire,  mais  qui  n'est  pas  plus  crypteuso 
que  les  membranes  de  cette  espèce;  et  en  ciïel  la  cavité 
gu'clk  forme  est  toujours  entièrement  vide  ou  seulemeol 
leÎDC  d'air,  comme  lledi  l'a  fait  observer   depuis  long- 


Cette  grande  lacune ,  ou  cette  espèce  de  canal  est  simple , 
de  chaque  cGté  duns  toute  la  longueur  du  corps;  mais  elle 
commence  en  avant  ou  6  la  tStepar  une  double  racine,  l'une 
wpèrieure  ,  et  l'autre  inférieure. 

La  racine  supérieure  est  elle-mSmc  formée  de  deux 
brancbes,  l'une  frontale,  et  l'autre  maxillaire  :  la  première 
Couunence  en  avant,  en  dedans  du  tube  des  narines,  par 
Uoi*  grands  oriGccs  à  bords  saillans  placés  Terticalemetit  d'a- 
vant en  arriére;  le  canal  dans  lequel  ils  s'ouvrent  commu- 
nique bientôt  dans  une  poche  ovale  située  sous  la  peau  ,  au- 
dessus  de  celle  des  narines,  mais  sans  avoir  de  communica- 
tion avec  elle;  il  se  prolonge  ensuite  diins  un  espace  inler- 
osscux,  et  enfin  se  termine  -^  la  racine  du  front,  daus  un 


l54  1>K   l'A   FKAO 

sinus  médian  assi^x  large  et  sons-cutané  ^  formant  en  arrière 
dans  la  ligne  médiane,  un  cul-de-sac.  Au  côté  un  peu  externe 
de  la  paroi  inférieure  de  ce  sinus 9  est  de  chaque  côté  un  troo 
Inter-osseux,  orale  :  le  canal  s*j  continue;  mais  il  en  sort 
bientôt ,  redeTÎent  sous-cutané  9  et  forme  en  arrière  de  l'œil 
trois  dilatations  ou  poches  placées  Tune  au-dessus  de  Tautre  : 
la  première  ou  supérieure  est  la  plus  grande;  la  troisième  ou 
inférieure  a  un  très-grand  orifice  à  son  côté  externe  et  posté- 
rieur. C'est  dans  cette  dernière  poche  que  Tient  se  terminer^ 
par  un  canal  sous-orhitaire  étroit,  la  branche  maxillaire  de 
la  racine  supérieure,  qui  avait  commencé  par  un  orifice 
rebordé  à  la  racine  du  tube  de  la  narine ,  et  s'était  renflée  en 
trois  petites  poches  en  avant  de  l'œil.  De  cette  poche  angu- 
laire y  post-orbitaire ,  nait  plus  profondément  un  canal  asses 
long  qui  remonte  de  bas  en  haut,  et  d'avant  en  arrière  sur 
les  côtés  du  crâne  jusque  vers  la  nuque;  i!  est  d'abord  ren- 
fermé dans  un  véritable  tube  cartilagineux  situé  derrière 
l'œil  ;  il  devient  ensuite  inter-osseux  dans  l'apophyse  orbi 
taire  externe ,  puis  dans  les  parois  mêmes  du  crâne  ^  où  il  se 
place  au  côté  externe  de  la  cavité  auditive ,  mais  sans  com- 
muniquer directement  avec  elle;  à  sa  sortie  des  os  entre  le 
pariétal  et  l'occipital ,  il  est  de  nouveau  continué  dans  un 
tube  cartilagineux  presque  droit,  qui  traverse  les  fibres  du 
muscle  temporal,  et  qui  s'ouvre  par  un  orifice  arrondi ,  bien 
distinct,  un  peu  saillant  dans  un  second  sinus  placé  à  la 
nuque, 'et  dans  lequel  vient  aussi  se  terminer  la  racine  infé- 
rieure de  chaque  ligne  latérale. 

Cetfe  racine  inférieure  n'a  qu'une  branche;  elle  commence 

■ 

vers  l'extrémité  antérieure  de  la  mâchoire  à  son  bord  un 
peu  externe;  les  cinq  premiers  rcnflemens  que  le  canal 
forme  sont  sous-cutanés,  et  chacun  avec  un  orifice,  mais 
non  rebordé;  la  prolongation  du  canal  devient'fort  étroite  et 
inter-osseuse  entre  le  cinquième  et  le  sixième  renflement. 
Le  septième  et  le  huitième  forment  des  poches  placées  pr^s* 


DANS   LES   POISSONS.  ^b^ 

que  sur  l'opercule  ;  elles  se  dirigent  en  haut  et  d'a»ont  en  ar- 
rière; le  cunal  devient  de  nouveau  intcr-o»acux  entre  le 
stxîrme ,  le  seplitme  et  le  tiiiîlième  renflement  ;  enfin  de  ce 
dernier  part  un  asset  loni-  canal  cartilagineux,  riirmant  une 
sorte  de  canal  auditif  qui  vient  aussi  s'ouvrir  dans  le  sinu^ 
occipital. 

Ce  tijnus  en  en  elTel  plicé  en  dessus  et  de  chaque  cfilÊ  de 
l'occiput  :  il  est  a^aei  grarid,  triangulaire  et  sous-cutanè. 
Kous  connaissons  dèj;)  deux  dus  orifices  qui  s'y  ouvrent;  il 
y  en  a  encore  deux  autres.  L'un  ,  supérieur  ou  interne  :  il 
ett  à  l'extrémité  d'un  tube  cartilagineux  fort  court.  cj'Iin- 
drique.  qui  se  porte  directement  vers  la  ligne  médiane;le 
canal  qu'il  contribue  à  former  se  prolonge  dans  un  autre  lube 
également  cartilagineux,  et  se  termine  enGn  au  sinciput) 
dans'un  renflement  sous-cutané  mt'idian  ,  cl  percé  d'un  ori- 
fice égalemeni  médian.  Ain^i  le  î^jslénie  lacunaire  d'un  côté, 
communique  avec  celui  de  l'autre  en  cet  endroit.  Enfin  le 
quatrième  orifice  du  sinus  latêro-occipîlal  est  postérieur  :  il 
s'ouvre  en  effet  dans  un  tube  sous-cutané,  fibro-cartilagincux 
qui  descend  d'abord,  et  qui,  lorsqu'il  est  parvenu  vers  le 
milieu  des  flancs,  se  continue  dans  toute  la  longueur  du 
corps.  Ce  canal  est  composé  de  petits  tubes  cartilagineux 
placés  bout  ù  bout;  et  comme  chacun  e^t  cchancrè  en  dehors  à 
««  extrémités,  c'est  dans  le»  espaces  membraneux  qui  rem- 
plissent  ces  ècliancrures,  que  se  trouvent  les  petits  trous  ou 
pores  de  la  peuu  qui  forment  une  série  longitudinale.  Au 
reste,  ce  canal  latéraf  ne  contient  pas  davantage  d'humeur 
muqueuse  que  ceux  de  la  lêti 

fiorsque  ce  sinus  est  parvci 
se  continue  en  un  canal  qui  régne  dai 
poisson  ;  il  est  pour  ainsi  dire 
durs,  entre  letqutls  saillent  des  espèce 
En  insufll.iiit  la  cavilé  occipitale  , 


I 


s  le  milieu  des  lianes,  il 

s  toute  la  longueur  du 

:  de  plusieurs  tubercules 

s  de  papilles  perforées. 

a  gonfle  le  sinus  et  son 


I 


«^tnal ,  et  l'aïr  ne  sort  que  par  les  trous  des  papilles  :  n 


I    de  la  pan 

intcr-osK- 

'   bientôt, 

l  trois  dil«i 

r  la  preuiii 

1   JnrérîeuT 

I  rieur.  C 

K|iar  un  < 

\  la  racin 

reborde 

trois  pei 

fa  ire,  pi 

long  qur 

les  tôl«,' 

fermé  <> 

l'œli;  il 

taire  exi 

place  au 

munîque 

pariétal  . 

Iiibe  pan, 

III  lise  le  In 

■listinut,    I 

nuque,  et   "J 
ricure  de  et 
Celle  raci 
*frs  rextrèti. 
peu  eiiernt-, 
forme  sont  s.. 
"Onrcliordè;  i 
înier-osseuse  i 
I-»-'  -'Cpliènie  ,.; 


_'^^^  Inutiit  fil"»  *  »  1^  ^ 
Kfi" 


DANS    LES    P01SS0N9. 


médian  silué  au-detant  il( 
•près  ilcui  grandes  sinuost 
pour  fourDir  ua  rameau  ré 
continuation  avec  \a  partie 
Irajet  il  se  partage  de  nouveau 


a  lèvre  supérieure;  l'eilerne , 
!,  fe  diïîse  une  première  fois 
rrtnt  en  avant,  el  qui  sert  de 
ipérieure;  puis  après  un  COUH, 
deux  branches  ,  dont  l'une. 


iDterne,  se  porte  Iran^veDialcinent  ù  travers  le  lobe  Je  la  lèvre 
ïnpèrieure  dans  le  sinus  médian,  et  l'autre  se  prolonge 
beaucoup  en  arrière  ,  en  formant  une  grande  anse  sinueuse; 
tnlin,  parvenu  en  avant  dans  la  substance  gélatineuse  qui 
sépare  le  prolongement  de  la  nageoire  de  celui  du  vomer,  il 
I»  traverse  i.-oniine  son  premier  rameau ,  et  s'abouche  avec  Ifl 
partie  sDpérietire  du  système.  Celle-ci  est  doue  formée  de 
deux  racines,  l'une  interne  et  l'antre  externe  ,  qui  se  dirigent 
â  péa  près  parallèlement ,  en  se  renflant  en  une  sorte  de  vé- 
sicule allongée  avant  de  se  porter  en  arrière  de  l'œil. 

Dans  les  squales,  te  système  lacunaire  est  beaucoup  plus 
iimple,  mais  d  peu  près  le  mJïme  ;  il  n'y  a  infcn'eurement 
fu'une  »eule  racine,  et  point  de  sinus  médian  servant  de 
^«ommunicalion  d'un  côté  à  l'autre.  Au-dessous  de  l'œil,  ce 
kial  rndicBl,  après  quelques  iuQexions,  se  divise  en  deux 
'innehes,  l'une  posl-orbitaire,  et  l'autre,  récurrente,  qui  se 
pnrte  m  avant,  se  «courbe  en  dessus,  et  s'<>boucbe  avec  la 
mine  de  In  partie  supérieure. 

Djns  la  chimère  ,  la  saillie  de  ers  tubes  sous  In  peau  les 
«od  beaucoup  plus  évtdcns;  et  l'on  y  reconnaît  aisément 
■■«!  Jùposition  fort  rapprochée  de  ce  que  nous  avnns  dé- 
'f  congre.  Ainsi  il  y  a  une  racine  tout-à-lail  siipé- 
«Ifllèralequi  commence  par  plusieurs  branches 
fc^I  de  réunion  entoure  l'œil  à  sa  partie  infé- 
AMi  ponérieure ,  arrivé  aur  côtés  de  l'occiput,  il  fournit 
'  il»n»  une  branche  transverse  de  réunion  des  deux  eûtes . 
îktancc  cniuitc  j  la  licne  latérale  qui  se  prolonge 


i 


1 

{ 

I 
1 


■lit  le  plus,  et    Dfi  dlirrrf 


l56  DE   LA   PEAU 

qu*il  y  a  de  singulier  »  c*est  que  ces  lacunes  de  la  peau  sont 
toujours  yides,  et  ne  contiennent  aucune  humeur  muqueuse. 
ict  antres  Dans  Ics  autres  poissons ,  il  paraît  que  cette  grande  la- 
ne*utë-  cune  céphalique  et  latérale  existe  également ,  et  comme  les 
pores  externes  sont  percés  dans  les  écailles  9  il  en  résulte 
une  disposition  extérieure  du  corps  du  poisson  9  à  laquelle 
on  donne  le  nom  de  ligne  latérale ,  et  dont  la  considération 
est  de  quelque  importance  en  ichthyologie.  En  effet,  les 
écailles  qui  la  forment  ont  presque  toujours  quelque  chose 
de  différent  des  autres  pour  la  grandeur  et  la  ûgure.  Cette 
ligne  latérale  externe  concorde  quelquefois  exactement  a?ec 
la  ligne  de  séparation  du  muscle  long  dorsal ,  et  du  sacro* 
lombaire  y  et  alors  elle  est  droite  dans  toute  sa  longueur,  et 
accompagnée  par  un  nerf  qu'on  a  cru  lui  être  particulier) 
fort  à  tort  9  comme  nous  le  Terrons  plus  tard.  Mais  le  plus 
soufent  la  ligne  latérale  est  plus  ou  moins  courbe  à  son  ori- 
gine ,  surtout  ;  car  il  est  rare  que  vers  la  queue  elle  ne  de- 
Tienne  pas  tout-à-fait  droite  ,  et  alors  dans  sa  partie  courbe 
elle  ne  suit  plus  la  ligne  de  séparation  musculaire ,  et  D*est 
plus  accompagnée  par  le  nerf.  Quelquefois  la  ligne  latérale 
Téritable  ne  correspond  pas  du  tout  à  la  ligne  de  séparation 
des  muselés,  et  il  semble  qu'il  ait  deux  lignes  latérales, 
comme  dans  le  cyprin  biponctué. 

Dans  les  sélaques,  c'est-à-dire  dans  les  raies,  les  squales 
et  les  chimères,  cet  ap{iareil  lacunaire  forme  à  la  tête  des 
canaux  extrêmement  sinueux  qui  en  occupent  aussi  les 
deux  faces  aTant  de  se  continuer  dans  la  ligne  latérale, 
mais  avec  une  disposition  souvent  assez  anomale.  Dans  les 
raies,  par  .exemple,  la  manière  dont  la  tête  est  embrassée 
par  le  prolongement  antérieur  des  membres ,  a  nécessité  la 
position  de  ces  canaux  tout-à-fait  en  dessus  et  en  dessous. 
La  partie  inférieure  est  la  plus  compliquée  ;  elle  commence 
A  la  pointe  du  museau  par  deux  tubes  presque  parallèles  : 
('interne  va  se  terminer  tout  entier  dans  un  très-petit  sinus 


DANS    LES    POISSONS.  iS; 

Uidian  situé  au-deTant  rie  la  lèvre  supérieure;  l'externe, 
•près  deux  grunilca  sînuusilÉs,  »it  divise  une  première  fois 
pour  fournir  un  rameau  récurrent  en  avant,  et  qui  sert  de 
eunlinuation  avec  la  partie  supérieure;  puis  après  nn  cOUM. 
trajel  il  se  partage  de  nouveau  en  deux  brandies ,  dont  l'une, 
interne,  se  porle  transversalement  A  travers  le  lobe  de  la  lèvre 
kupérieurc  dans  le  sinus  tnédîan,  et  l'autre  se  prolonge 
beaucoup  en  arrière,  eo  formant  une  grande  anse  sinueuse; 
,  parvenri  en  avant  dims  la  substance  gélatineuse  qui 
•épare  le  prolongement  de  la  nageoire  de  celui  du  vomer,  il 
b  traverse  eonime  son  preiiiicr  rameau,  et  s'abouche  avec  In 
^rlie  supérieure  du  système.  Celle-ci  est  donc  formée  de 
'déni  ricines,  l>ine  interne  et  l'aiilre  externe  ,  qui  se  dirigent 
'é  peu  prés  parallèlement,  en  se  renflant  en  une  sorte  de  vé- 
ricule  allongée  avant  de  se  porter  en  arrière  de  I'œîI. 
'  Dans  les  squales,  le  sysième  lacunaire  est  beaucoup  plus 
Vmple,  mais  il  peu  près  le  m^me  ;  il  n'y  a  inférieurement 
1|ti'itne  seule  racine,  et  point  de  sinus  nlédran  servant  de 
communication  d'un  côté  à  l'autre.  Au-dessous  de  I'œîI,  ce 
Sanal  nidical,  après  quelques  inflexions,  se  divise  en  deux 
Aranches,  l'une  pust-orbîtaire,  et  l'autre  ,  récurrcnle,  qui  se 
^rte  en  avant ,  se  recourbe  en  dessus,  et  s'-ibouche  avec  la 
racine  de  la  partie  supérieure. 

Dans  la  chimère  ,  la  saillie  de  ces  tubes  sous  la  peau  les 

»id  beaucoup  plus  évidcns;  et  l'on  y  reconnaît   aiscmeot 

Vne  disposition   fort  rapprochée  de  ce  que  nous   avuns  dé- 

ongre.  Ainsi  il  y  a  une  racine  tout-ù-fait  s'ipé- 

e  latérale  qui  commence  par  plusieurs  branches 

Ibbisles  :  le  canal  de  réunion  entoure  I'cbII  à  sa  partie  tnfé- 

leure  et  postérieure,  arrivé  au]^ côtés  de  l'occiput ,  il  fournil 

!B  dedans  uDe  branche  transverse  de  réunion  des  deui  côtés . 

it  donne  naissance  ensuite  f>  la  ligne  latérale  qui  se  prolonge 

*eomme  à  Pordinaire. 

Hais  le  rapport  sous  lequel  les  poissons  varient  le  plus,  et  i 


1 

i 


I 


l56  DE   LA   PEAU 

qu*il  y  a  de  singulier  »  c*est  que  ces  lacunes  de  la  peau  sont 
toujours  YÎdeS)  et  ne  contiennent  aucune  humeur  muqueuse, 
et  antres  Dans  Ics  autres  poissons ,  il  paraît  que  cette  grande  la- 
ie'utë-  cune  céphalique  et  latérale  existe  également,  et  comme  let 
pores  externes  sont  percés  dans  les  écailles  9  il  en  résulte 
une  disposition  extérieure  du  corps  du  poisson  9  à  laquelle 
on  donne  le  nom  de  ligne  latérale ,  et  dont  la  considération 
est  de  quelque  importance  en  ichthyologie.  £n  effet ,  les 
écailles  qui  la  forment  ont  presque  toujours  quelque  chose 
de  différent  des  autres  pour  la  grandeur  et  la  ûgure.  Cette 
ligne  latérale  externe  concorde  quelquefois  exactement  a?ec 
la  ligne  de  séparation  du  muscle  long  dorsal ,  et  du  sacro- 
lombaire,  et  alors  elle  est  droite  dans  toute  sa  longueur,  et 
accompagnée  par  un  nerf  qu'on  a  cru  lui  être  particulier, 
fort  à  tort ,  comme  nous  le  verrons  plus  tard.  Mais  le  plus 
soufent  la  ligne  latérale  est  plus  ou  moins  courbe  à  son  ori- 
gine ,  surtout  ;  car  il  est  rare  que  vers  la  queue  elle  ne  de- 
vienne pas  tout-à-fait  droite  ,  et  alors  dans  sa  partie  courbe 
elle  ne  suit  plus  la  ligne  de  séparation  musculaire,  et  ii*est 
plus  accompagnée  par  le  nerf.  Quelquefois  la  ligne  latérale 
yèri table  ne  correspond  pas  du  tout  à  la  ligne  de  séparation 
des  muselés,  et  il  semble  qu'il  ait  deux  lignes  latérales, 
comme  dans  le  cyprin  biponctué. 

Dans  les  sélaques,  c'est-à-dire  dans  les  raies,  les  squales 
et  les  chimères,  cet  apjiareil  lacunaire  forme  à  la  tête  des 
canaux  extrêmement  sinueux  qui  en  occupent  aussi  les 
deux  faces  ayant  de  se  continuer  dans  la  ligne  latérale, 
mais  avec  une  disposition  souvent  assez  anomale.  Dans  les 
raies,  par  .exemple,  la  manière  dont  la  tête  est  embrassée 
par  le  prolongement  antérieur  des  membres ,  a  nécessité  la 
position  de  ces  canaux  tout-à-fait  en  dessus  et  en  dessous. 
La  partie  inférieure  est  la  plus  compliquée  ;  elle  commence 
à  la  pointe  du  museau  par  deux  tubes  presque  parallèles  : 
('interne  va  se  terminer  tout  entier  dans  un  très-petit  sinus 


l58  DE   LA   PEAU 

bai  ie«ni»an-  doDt  la  Considération  est  d*une  grande  importance  non-seu- 

tioUt  cotAoécSa 

ou  lement  pour  quelques-unes  de  leurs  habitudes  y  mais  encore 

lophiodcnne.  t  ^        ^ 

pour  leur  disposition  méthodique,  c  est  celui  des  expan- 
sions que  leur  enfeloppe  est  susceptible  de  former  surdifferens 
pointsde  leur  corps.  Nous  n'entendons  cependant  pas  par-là  les 
prolongemens  tentaculaires  du  pourtour  de  leur  bouche  9  dont 
nous  traiterons  plus  loin  à  Tarticle  de  la  peau  considérée 
comme  le  siège  du  toucher  actif;  ni  même  les  expansions 
membraneuses  qui  réunissent  les  doigts  ou  les  rajons  des 
membres  pectoraux  et  pelviens  pour  en  former  des  nageoires  9 
parce  qu'elles  appartiennent  uniquement  à  l'appareil  de  la 
locomotion  y  et  qu'il  suflBra  de  dire  que  leur  étendue  e^  leur 
Jkzibilité  est  proportionnelle  à  la  longueur*  des  doigts,  et  u 
leur  mobilité.    Nous  ne  parlerons  en  ce  moment  que  de 
ces  expansions  plus  ou  moins  membraneuses  qui  augmentent 
la  superficie  du  corps  du  poisson  dans  les  lignes  médianes 
supérieure  et  inférieure ,  et  que  l'on  désigne  improprement 
peut-être  sous  la  même  dénomination  de  nageoires  que  les 
membres. 
Cùmnàirét  en       ^^^  expansions  cutanées  commencent  déjà  dans  certains 
"tHéÔMâi^r  mammifères  qui  nequittent  jamais  l'eau ,  conmie  les  cétacés  ; 
mais  chez  eux  fort  peu  étendues  dans  la  ligne  médiane,  où  il  n'y 
a  jamais  qu'une  seule  nageoire  dorsale,  elles  existent  de 
chaque  côté  de  la  terminaison  de  la  colonne  irertébrale,  et 
elles  7  forment  une  large  nageoire  horizontale  ,   plus  ou 
moins  bifurquée.  La  classe  des  oiseaux  ne  nous  a  offert  rien 
de  semblable.  Plusieurs  reptiles  écailleux  ont  le  dos  pourfu 
d'une  crête  cutanée,  quelquefois  même  soutenue  par  les  apo- 
physes épineuses  des  vertèbres  ;  et  des  reptiles  nus  en  ont 
spécialement    uuc  totalement  adipeuse.  Mais  c'est  dans  la  classe  des  pois- 

ékn*  les    pois-  ,  _  ^,  •         ■         i  , 

sons.  sons  du  type  des  osteozoaures  le  plus  nécessairement  aqua- 
tiques, que  ces  expansions  de  la  peau  dans  la  ligne  médiane 
acquièrent  tout  le  développement  et  toute  la  fixité  dont  elles 
sont  susceptibles.  On  les  connaît  en  ichtbyologie  sous  1% 


BANS    LES   POISSONS.  I  Sg 

nom  de  nageoire;  impaires ,  par  opposition  avec  les  nageoires 
que  foriBctit  Its  memlircs ,  que  I'od  appelle  nageoires  puirc*. 
JOa  les  divise  ennui  le  d'après  leurpoailion,  en  dorsales,  cau- 
sale et  anales,  suiiant  leur  posilion  dans  la  li^ne  médiane 
■gpérîeure,  lermînate  ou  inférieure.  Nous  préférons leii  corn-, 
prendre  toutes  sous  le  nom  générique  de  lophiodcrme  (  i  ),  eu 
Itësignaot  la  partie  t^upérieure  pnr  lu  dénomination  de  dorsale, 
j4fijà  reçue,  l'ioférietirt)  parcelle  Ae  ventrale,  au  lieu  d'anale, 
enûn  celle  qui  lermÎDe  le  corps,  cl  qui  est  composée  de  la 
lie  et  de  la  Tentrale,  nous  l'appellerons  terminai  au  lieu 
caudale.  Mais  avant  que  d'entrer  dan§  plus  de  détails  sur  lus 
réren CCS  qu'offre  le  lophiodernie  dans  les  poi3sons>èludions 
I  peu  son  organisalioR. 

Celle  expansion  culanéeest  quelqnefoisentiércmcnt  formée 
la  peau,  el  alors  elle  reste  mollei  et  c'est  ce  qu'on  nomme 
loire  adifieuse;  mais  dans  le  très-grand  nombre  de  cas, 
iille  est  soutenue  par  des  parties  solides  de  la  nature  des  piËces 
lin  squelette)  et  qui  sont  désignées  par  le  nom  de  rayons. 
Ces  rayons  se  meuvent  sur  dus  supports  égalemenl  solides, 
qu'on  ne  peut  regarder  comme  des  prolongemens  articules 
des  apophyses  épineuses  des  vertèbres  nrec  lesquelles  cepen- 
daot  ils  sont  souvent  en  connexion.  11  arrive  quelquefois  en 
effet  qu'il  n'y  a  aucune  relation  entre  ces  rayons,  leurs  sup- 
ports et  les  vertèbres.  Cela  est  surtout  évident  pour  les  pois- 
sotiscartilagineux,  dont  les  verièbies  ont  â  peine  ou  manquent 
totalement  d'apophyses  épineuses.  Bien  plus  dans  les  lam- 
proies ,  dont  lu  colonne  vertébrale  est  molle  el  presque  mem- 
braneuse, le  lophioderme  a  cependant  des  rayons. 

Les  pièces  osseuses  ou  cartilagineuses  qui  soulicnnenl 
ilte  expansion  cutanée  dans  ses  fliflërenles  parties  se  sub' 


(i)  Mot  compOMf  de>  deux  mois  grcci  iifii;-tvt  J'pfi  et  qui  •> 
rc  une  crtt*  formée  pir  la  fcatt. 


I 


I 


l6o  DE    LA    PEAU 

divisent  en  rayons  simples  et  en  rayons  composés  ou  divisés» 
Les  rayons  simples  sont  quelquefois  mous  5  flexibles ,  mais 
le  plus  souvent  ils  sont  roides ,  d'où  le  nom  de  rayons  épineu 
sous  lequel  on  les  désigne.  Ils  débordent  constammeni  le  lo- 
•  phioderme,  et  semblent  une  espèce  de  phànère.  Les  rayons 
divisés  sont  toujours  plus  ou  moins  mous. 

Tous  ces  rayons  9  du  moins  quand  ils  sont  osseux,  doiveot 
être  considérés  comme  formés  de  deux  filets  ou  parties  sy-- 
métriques  collées  Tune  contre  l'autre.  Dans  les  rayons  épi- 
neux 4a  réunion  est  si  intime  qu'il  en  résulte  un  seul  piquant 
bifurqué  à  sa  base  seulement  ;  mais  dans  les  autres  f  et  même 
dans  les  simples,  la  séparation  des  deux  parties  est  fort  ai-* 
sée.  Les  rayons  complexes  diffèrent  essentiellement  en  be 
que  chaque  moitié  latérale  est  formée  de  plusieurs  petits  rayons 
qui  s'écartent  à  l'extrémité.  Du  reste,  dans  les  uns  oimime 
dans  les  autres  des  rayons  mous ,  chaque  filet  est  lui-même 
composé  d'un  très-grand  nombre  de  petites  pièces  cylin- 
driques ou  articles,  d'où  dérive  la  flexibilité  de  tontes  sas 
parties. 

Ces  rayons  sont  ensuite  articulés  base  à  base  sur  les 
supports  :  ce  sont  des  pièces  ordinairement  triangulaires,  de 
longueur  et  de  largeur  proportionnelle  aux  rayons  qu'eitas 
supportent,  et  qui  s'enfoncent  dans  la  ligne  médiane  entre  les 
deux  séries  de  muscles  de  la  colonne  vertébrale ,  en  se  c<rflant 
ordinairement  au  bord  postérieur  d'une  apophyse  épineuse 
supérieure  ou  inférieure,  et  quelquefois  s'articulent  avec  elle, 
comme  à  la  nageoire  terminale,  où  dans  ce  but  ces  apo- 
physes sont  élargies  et  souvent  soudées. 

C'est  sur  les  parties  latérales  de  ces  supports  que  s'atta- 
chent les  petits  muscles  qui  agissent  sur  les  rayons ,  et  par 
conséquent  sur  le  lophioderme.  Il  y  en  a  deux  de  chaque  côté 
de  chaque  support ,  et  ils  se  terminent  à  la  base  du  rayon 
correspondant,  l'un  en  avant,  l'autre  en  arrière,  pour  pro« 
duire  son  abaissement  et  son  élévation.  Nous  n*avoiM  praa* 


lelqucfois  sans  former 


DANS  LES  POISSONS, 
que  pas  besoin  de  dire  que  la  longueur  el  la  grosseur  de  cei 
iwlils  inuscled  sont  propari  ionnel  les  ù  la  force  el  j  l'usage 
des  rayons,  el  siirloul  à  leur  mobililé. 

Celle  espèce  de  cliarpenle  osseuse  est  ensuite  r 
par  la  peau  ou  l'enveloppe  cutanée, 
aucune  interruption  entre  les  rayons,  comme  dans  le  lopMu- 
dermedes  anguilles,  par  eiemple;  et  te  plus  souvent  en  s*é- 
ehnncrant  plus  ou  moins  entre  eux,  et  rarement  jusqu'à  la 
base.  Ce  sont  ces  échancrures  entre  les  dilTérentea  parties  du 
lophioderrac  qui  forment  les  nageoires  impaires,  quand  un 
tertain  nombre  derayonssootréunis  en  groupe.  Les  piunules 

sont,  pour  ainsi  dire ,  qu'une  de  ces  nageoires  décompo- 
ses, de  même  que  les  rayons  qui  précèdent  quelquefois  les 
koyons  réunis. 

Le  plus  ordinairement  la  peau-du  lopbiodcrme  dilTirc  de 

ioelle  du  re^le  du  corps  ei^ce  qu'elle  est  nue  ou  sans  écailles 

el  trés-Gne,  surtout  entre  les  rayons.  Quelquefois  elle  est 

contraire  épaisse,  du  moins  sur  ceux  ci,  et  écailleuse  !i 

leur  base.  Enfin  ,  quoique  le  plus  sourent  beaucoup  dépassée 

les  rayons,  et  surtout  dans  les  rayons  épineux,  elle  se 

ilonge  quelquefois  au  delà,  en  formant  de  petites  mem- 

mes  teotaculaircs,  comme  dans  ccrlaioes  cspbces  de  la- 
bres ,  et  encore  mieux  dans  la  baudroie. 

Les  couleurs  de  ces  expansions  de  la  peau  n'oQ'rent  rien 
de  plus  remarquable  que  celle  du  reste  de  l'enveloppe;  elle 
Mt  cependant  ordinairement  noirûtrc. 

Le  lopbioderme  des  poissons  dont  nous  venons  d'étudier  > 
Ht  stnicture et  la  dispositloa  générales,  oflre  un  grand  nombre 
'de  différences. 

Quoiqu'il  existe  dans  la  irès-grande  partie  des  poissons , 
m  moins  dans  quelques-unes  de  ses  divisions,  il  parait  que 

cfficilie  de  Brander  n'en  a  aucune  trace  ;  ce  qui  a  déterminé 

.  Dumèril  il  la  nommer  aptérichlhe,  parce  qu'en  oqtre  ce 
poisson  n'a  pa^  d'appendices  locomnleurs. 


E 


l62  DELA.PEAU 

Mais  c'est  surtout  sous  le  rapport  de  l'intégrité  et  de  la  di- 
yisioQ  eu  différentes  parties  du  lophloderme,  la  prédominance 
de  telle  ou  telle  de  ces  parties ,  que  les  poissons  diffèrent  le 
plus. 

Dao*  ta  difi.       Il  cst  quelquefols  d*un  seul  morceau ,  étendu  du  dos  à 
Tanus ,  comme  dans  les  anguilles  9  les  lamproies ,  quelques 
^  silures  9  et  en  général  les  poissons  enchélisomes. 
En  pariie.  D*autres  fois  il  est  interrompu  sur  la  ligne  dorsale  et  sur 

la  ligne  Teotrale,  à  quelque  distance  de  Textrémité;  d*oû 
résulte  la  séparation  en  partie  ou  nageoire  dorsale  >  en  partie 
ou  nageoire  ventrale  9  et  enfin  en  partie  ou  nageoire  termi- 
nale ou  caudale. 
Bomie.  La  nageoire  dorsale  9  ordinairement  la  plus  déyeloppée , 

est  cependant  quelquefois  tout-à-fait  nulle,  comme  dans  les 
.Ijmnotes  et  les  aptéronotes,  ce  qui  même  leur  a  valu  ce 
nom  ;  d'autres  fois  au  contraire  elle  occupe  toute  la  longueur 
ÛVL  dos,  comme  dans  la  dorade ^  les  lophionotes,  le  trichiure, 
•sans  aucune  interruption  ;  mais  presque  toujours  elle  est  di- 
visée en  deux  ou  même  trois  parties.  La  portion  qui  est  sur 
la  tête  est  la  nageoire  céphalique ,  la  seconde  pourrait  être 
nommée  dorsale ,  et  la  troisième  caudale.  La  proportion  de 
ces  parties  de  la  nageoire  dorsale  9  leur  séparation  plu»  ou 
•moins  tranchée,  et  même  Tabsence  de  telle  ou  telle  de  ces 
parties,  fournissent  des  caractères  spécifiques  et  même  aob- 
ginériques  asses  bons. 

Ventrale  on         La  nageoîrc  ventrale  offre  à  peu  près  les  mêmes  considé- 

aoale. 

rations;  ainsi  elle  est  quelquefois  tout-à-fait  nulle»  comme 
dans  toute  la  famille  des  raies  :  elle  est  souvent  unique  ou 
indivise,  comme  dans  la  plupart  des  poissons  ,  et  placée  en 
arrière  de  l'anus  t  on  la  désigne  alors  par  la  dénomination 
de  nageoire  anale.  Elle  est  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas 
presque  semblable  4  la  portie  postérieure  de  la  dorsale  »  et 
même  lui  est  souvent  opposée.  Aussi  quand*  celle-ci  se  sub- 
divise en  deux  parties  ou  se  décompose  en  pinnules,  comme 


DANS   LES   POISSONS.  |63 

iaaê  les  merlans  ou  dans  les  maquereaux,  la  ventrale  ee  pnr- 
bge  lie  mCmi;. 

forl  rnre  qu'il  y  nil  iine  parlie  âe  In  nageoire  Tcnlrnlc 
en  aTQDt  de  l'anus;  on  en  voit  cependant  un  exemple  dans 
certaines  espèces  de  balisics. 

La  porlinn  icrminnlc  du  lophioderme,  ou  ce  qu'on  nomme 
communément  nageoire  caudale,  est,  comme  nous  l'avons 
dît  plus  haut ,  formée  en  partie  par  la  nageoire  dorsale ,  en 
partie  parla  nageoire  ventrale ,  dont  les  rayons  se  sont  abalssûs 
plus  ou  moins  dans  la  dircclion  du  tronc  jusqu'à  la  termi- 
naison de  la  ligne  latérale^  en  formant  le  plus  souvent  une 
sorte  d'éventail  Tcrticai. 

Les  deux  parties  composantes  de  celte  nageoire  terminale 

sont  pas  toujours  absolument  sumblaliles  ;  le  plus  souvent 

c'est  la  supérieure  ou  dorsale  qui  est  la  plus  longue,  comme 

dans  les  esturgeons ,  les  squales  ;  maïs  il  arrive  aussi  qu'elle 

soit  la  plus  courte  :  les  exocets  sont  dans  ce  cas. 

La  considération  de  la  longueurproporlionnelle  des  rayons 
qui  entrent  dans  sa  composition,  ne  laisse  pas  que  d'ëlre 
importance,  peut-être  mCme  dans  la 
locomotion,  mais  surtout  comme  fournissant  de  bons  carac- 
trres  loologîques.  Si  les  rayons  décroissent  rapidement  du 
premier  terminal  jusqu'au  dernier,  c'esl-ù-dire  jusqu'à  celui 
qui  est  te  plus  rapproché  de  la  ligne  de  séparation  des  deux 
parties,  on  dit  lajiageoîre  terminale  plus  ou  moins  prol'ou- 
dèment  bifurquéc  :  les  harengs ,  les  maquereaux  l'ont  ainsi  ; 
i  mesure  que  le  décroissemenl  est  moindre  et  moins  rapide, 
la  nageoire  est  étJtancrëc,  ou  mSmc  seulement  i^ffii-^unai/v; 
•i  tous  les  rayons  sont  sensiblement  égaux,  elle  est  carrée; 
et  enfin  si  les  derniers  deviennent  d'abord  un  peu  plus  longs , 
la  nageoire  est  arrondie  ou  lancéolée  quand  ils  le  sont  beau- 
coup plus  que  les  autres  :  les  gobies ,  les  éléolres  sont  surtout 
dans  ce  cas. 

II    y  a  encore  une  forme  nsf^ei  parlicullirre  de  nageoire 


1 


i 


A 


turc. 


164  I>E    LA    PEAU 

terminale ,  c'est  celle  daos  laqaelle  chaque  partie  corapo* 
santé  est  un  peu  excavée  ;  il  en  résulte  que  par  leur  réunion 
le  bord  de  la  nageoire  caudale  est  en  général  semi-lunaire , 
a?ec  les  cornes  prolongées,  le  milieu  étant  un  peu  conTexe 
el  arrondi.  Les  scares  ont  soufent  cette  forme  de  queue. 
Dam  M  stmc-  La  Structure  des  pièces  osseuses  ou  des  rayons  qui  soutien- 
nent le  lophioderme  offre  aussi  des  différences  dont  Tétude  gé- 
nérale peut  être  utile  à  Thistoire  naturelle  et  à  la  classiilcalioo 
des  poissons.  Nous  avons  déjà  fait  obserrer  que  dans  la  Mus- 
classe des  pobsons  cartilagineux 9  les  rayons  sont  toujours  de 
la  même  nature  ;  ils  sont  constamment  simples 9  mous^  flexi- 
bles,  et  composés  d*un  très  -  grand  nombre  de  petites  piè- 
ces (1)  ;  ils  ne  sont  pas  mobiles  entre  eux;  aussi  la  peau  qui 
les  recouTre  est-elle  absolument  semUdble  à  celle  du  reste 
eu  corps. 

Daos  les  poissons  osseux  on  dbsenre  an  contraire  sourent 
que  les  rayons  de  la  nature  du  squelette  sont  épineux  on 
mous  f  et  ceux-ci  simples  ou  complexes. 

Les  rayons  simples  se  trouvent  toujours  à  la  parlle  anté- 
rieure des  différentes  portions  du  lophioderme ,  et  surtout  & 
la  nageoire  dorsale  ;  tl  y  en  a  aussi  presque  constamment  à  la 
racine -de  la  nageoire  terminale»  qui  n'atteignent  que  rare- 
ment soniiord  postérieur. 

Les  rayons  simples  épineux  ne  se  remarquent  non  plot 
qu'au  commencement  des  portions  dorsale  et  centrale  du 
lophioderme,  et  surtout  ùl  la  première,  où  ils  sont  quelque- 
fois très^nombreux.  Us  le  sont  toujours  beaucoup  moins  à  la 
▼entrale. 

<)uaiit  aux  rayons  mous  complexes  9  ils  forment  la  plus 


(1)  Je  ne  coooais  d'exception  que  dans  les  squales  épimeuz  et  les  chi- 
mères :  il  j  a  en  effet  «u-devtot  de  chaque  nageoire  dorsale  une  très 
^fte  épine. 


DAMS   LES   POISSONS. 
gi-jDile  partie  des  diTUions  du  lophioderme  i  et  quelqucfoia 
toutes  cil  sont  composées. 

C'est  sur  celle  coasid^-ration  de  la  nature  des  rayons  du 
I op II îo derme  des  poissons  «  qu'est  établie  In  divisjoti  de  ces 
animaux  en  aciinthuptérygieDS  et  en  malacoplêrygiens,  dont 
uous  parlerons  en  loologic.  C'est  cnsuîle  sur  celle  de  l'é- 
lendue  du  lophioderme  lui-même,  sur  la  proportion  de  ses 
divisions.  In  longueur  proportiouuelle  des  rayons  épineux  ou 
non  qui  le  soulienoealf  et  sur  le  nombre  assci  fixe  de  cca 
rayons  dans  chaque  partie,  que  sont  établies  des  coupes  de 
iliflurentes  sortes  duns  les  poissons  :  nous  en  verrons  en  elTet 
des  applications  nombreuses  en  zoologie.  Nous  nous  borne- 
rons it  Taira  observer  que  les  espèces  anguilltformes  n'ont 
presque  jamais  de  rayons  épineux,  et  qu'elles  ont  au  con- 
traire presque  toujours  le  lophiuderme  d'une  seule  pièce  (i). 
Les  poissons  qu'à  cause  de  la  position  des  membres  pel- 
gvieflsnous  nommerons  abdominaux,  sont  presque  toujours 
i  roalacoplérygiens,  ainsi  que  les  jugulaires^  taudis  que 
»  poîuoiu  tboraciques  soat  très-fréquemment  acaolhopté- 


0  ae  BOQS  orfèlerons  paf  duaatage  à  l'exposkion  des    dp ij 

I  différences  que  le  lophioderme  présente  dans'  quel-     ''""i 

rs  de  ses  parties ,  comme  le  prolongement  énorme  de 

lusieurs  de  ses  rayons,  leur  élargissement,  parce  qu'elles 

>parlienoeolà  la  zoologie.  Mui^  nous  croyons  devoir  donner 

lelques  détatb  sur  une  singulière  anomnile  que  sa  partie 

ï-céphalique  offre  dans  les  rémoras  ou  écliénéis  ;  car  la 

ic  ovale  qui  occupe  le  dessus  de  toute  la  tête  et  du  com- 

lencement  du  dos  dans  te  genre  de  poissons,  n'est  réelle- 


•(t)  Dde  d«  ptiu  fortes  eicepiioi»  à  cette  r^glc,  ot  c 
|[tlBrie  opèce  rie  mjiiaâ  que  j'ii  obiertèe  en  Angleterre  ; 
l-hîodenne  ctt  dÉcompoié  en  njropt  lenticulaires. 


l66  D£    LA    PEAU 

meot  qu'une  partie  du  lophîoderme,  avec  une  disposition  et 
UQ  usage  tout  particuliers. 

Sa  composition  est  cependant  réellement  la  même  que 
celle  du  lophioderme  en  général  ;  les  supports  forment  tou- 
jours un^  série  de  pièces  médianes  triangulaires  9  dirigée» 
très-obliquement  d'avant  en  arrière  9  le  sommet  en  arrière  et 
en  bas ,  la  base  en  haut  et  en  avant.  Celle-ci  est  divisée  en 
deux  tubercules  latéraux  sur  lesquels  s'articule ,  comme  de 
coutume  9  un  rayon  de  la  nageoire  ;  maïs  au  lieu  que  les  deux 
parties  latérales  et  similaires  de  chacun  de  ses  rayons  soient 
réunies  et  collées  Tune  contre  Tautre,  et  élevées  plus  ou 
moins  verticalement  pour  former  une  crête  9  elles  sont  au 
contraire  divisées  jusqu'à  la  base ,  et  déjetées  à  angle  droit 
bof  fzontàlement  et  transversalement  en  dehors  ;  et  comme 
elles  sont  retenues  dans  cette  position  par  la  peau  qui  passe 
d'un  demi-rayon  \  l'autre  9  il  en  résulte  une  grande  plaque 
ovale  et  partagée  par  tn  ligne  dorsale  en  deux  parties  latérales 
bien  symétriques  et  relevées  d'autant  de  côtes  qu'il  y  a  de 
rayons  à  la  nageoire.  Cette  plaque ,  un  peu  enfoncée  dans 
son  centre  ^  est  en  outre  bordée  dans  toute  sa  circonférence 
par  un  bourrelet  cutané  assez  épais.  Chaque  demt-rayon 
ainsi  engagé  sous  la  peau  et  appliqué  sur  les  muscles  de  la 
colônùe  vertébrale  9  n'est  mobile  qu'à  ses  extrémités,  qui  font 
l'office  de  pivot.  Son  bord  supérieur  et  postérieur,  ou  libre , 
est  un  peu  concave  et  armé  de  plusieurs  rangées  de  petits 
crochets  recourbés  en  arrière;  l'autre  bord,  qui  est  antérieur 
et  engagé ,  est  au  contraire  un  peu  convexe ,  et  il  donne 
naissance  à  une  large  apophyse  squammeuse  »  presque  hori- 
zontale ,  et  qui  se  porte  en  arrière ,  imbriquée  par  le  demi- 
rayon  suivant  :  c'est  à  elle  que  s'insèrent  les  muscles  princi- 
paux qui  doivent  mouvoir  ces  espèces  de  petites  planchettes 
sur  leur  axe. 

Ces  muscles  sont  de  deux  sortes  :  les  uns  appartiennent 
réellement  à  la  nagcoife  modifiée;  ils  naissent  en  effet  des 


DAN»    LES    FOISSONS.  id-J 

Bûrlies  latérales  des  supporls,  et  se  termineat  par  de  pclils 

mâons  dhtÎDcls  d  t'articulaiion  de  chaque  demî-rayon ,  en 

(•TAit  ou  en  arriére,  suirnnt  qu'ils  doivent  le  faire  tourner 

S  UTBDt   ou  en  arriére.  Les  autres  muscles  sont  beaucoup 

"  plus  considérables,  puisqu'ils  occupent  tout  le  bord  inférieur 

de  chaque  demi-rajon;  ils  forment  aussi  deux  faisceaux; 

mais  le  plus  considérable  est  celui  dont  les  muscles  corapo- 

saos  se  portent  d'avant  eu  arriére  pour  s'attacher  A  toute  Vu- 

pophjrse  squamtneuse.    Ces  muscles  vcrlébraux,  devenus 

peaussiers,  ont  une  disposition  assez  analogue  à  ce  que  nous 

aTODSTU  daDS  le  crocodile,  pour  les  plaques  osseuses  de  son 


|.4*ncui  II.  De  la  peau  dans  les  entoniozoaires ,  ou  dans 
articuU's. 


Dias  ce  groupe  immense  d'animaux  on  commence  pre3<]ae  < 
rnsqnement  à  apercevoir  un  tout  autre  système  d'enveloppe 
Klérieurc  ou  de  peau  ,  en  ce  qu'en  général  elle  s'est  plus  ou 
toins  folidifice  pour  donner  un  point  d'appui  ^  la  fibre  con- 
i4ctne  ou  musculaire ,  et  pour  former  un  appareil  passif  de 
ICOinolioa  dont  l'usiige  a  quelque  chose  de  celui  d'un  vérî- 
iltle  squelcllc.  II  en  est  nécessairement  ré.sullc  qu'elle  ne 
pouvait  Cire  absolument  de  In  même  nature  dans  tous  ses 
points,  et  que  d'e^pjceen  espace  il  y  a  des  parties  plus  molles, 
plus  fletiblesqui  semblent  la  couper,  la  partager  en  tronçons 
js.  C'est  de  celte  disposition  de  la  peau  qu'est  lire  le 
1  d'tïTSfin,  d'insectes  ou  d'animaux  articulés,  sous  le- 
\  on  désigne  ce  tjpe  depuis  Arislote  jusqu'ici,  parce 
;  non-seulement  le  tronc  proprement  dît,  mais  encore 
s  les  appendices  qui  s'y  ajoutent  sont  plus  ou  moins  hav 
rês  en  diflcrunlca  pièces  ou  morceaux. 
I^  peau  du;  enlomoioaires  offre  donc  pont  earacléjc  gêné- 


1 


l68  DE   LA   PEAU 

^  rai  9  ou  da  moins  dans  le  très-grand  nombre  de  cas  9  d*être 

alternativement  dure  et  flexible  ;  mais  cette  solidification 
jArtielle  peut  avoir  lieu  dans  deux  parties  différentes  de  la 
peau,  savoir  dans  le  derme  lui-même  et  dans  l'épidermey 
comme  nous  en  avons  trouvé  des  exemples  dans  les  mammi- 
fères. La  matière  qui  produit  cette  solidification  peut  aussi 
être  de  deux  sortes  9  calcaire  ou  cornée. 
Dans  la  conche      Dans  ces  anîmaux  la  couche  musculaire  est  nécessairement 

muiculnrc.  n       .    «      «         ■ 

adhérente  au  derme  ou  à  la  peau  9  puisque  celle-ci  devient  la 
partie  passive  de  Tappareil  de  la  locomotion  ;  c^est  presque 

^  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  dans  les  animaux  vertébrés  les  plus 

élevés 5  où  toute  la  fibre  musculaire  s*en  est  presque  complè- 
tement détachée. 

Diaa  le  dfriM.  Le  derme  proprement  dit  est  généralement  assez  peu  épais^y 
quelquefois  d'un  trssu  fort  et  serré  9  maïs  sourent  tellement 
mince  et  mou,  qu'il  est  difficile  à  apercevoir^  par  exemple 
dans  les  larves  des  insectes  hexapodes;,  mais  lorsque  rani- 
mai est  parvenu  à  l'état  adulte  9  état  auquel  il  ne  prend  plus 
d'accroissement)  le  derme  acquiert  une  épaisseur  considé- 
rable. 

Lfl  rrwMi  vas-       Lc  réscau  vasculaire  existe- t-il  dans- ces  animaux?  c*est  ce 

cnittive. 

qui  ne  me  parait  pas  certain  9  même  dans  les  espèces  qui  ont 
une  circulation  non  contestée. 
UpigoMatam.       Le  pigmcutum  est  cependant  évident  dans  toutes  les  es- 
pèces qui  vivent  à  la  clarté  du  jour;  il  est  même  souvent  re- 
marquable par  la  vivacité  de  ses  couleurs. 
LVpidwnw.         L'épidcrmc  existe  aussi  fort  souvent  d'une  manière  très- 
évidente  9  et  même  dan^  les  individus  qui  ne  sont  pas  parve- 
nus au  degré  d'accroissement  qu'ils  doivent  avoir,  c'est  lui 
qui  donne  la  solidité  à  la  peau  9  comme  dans  les  chenilles  > 
alors  il  peut  être  rejeté  à  mesure  que  l'animal  s'aecroît. 
f.*appn«ii         L'appareil  crypteux  est  assez  rarement  un  peu  développé 

dans  les  entomozoaires. 
piiânerïu.         Qnaiit  au  système  pileux ,.  le  ne  pense  pas  qu'il  existe  ja- 


DANS    LES   EKTOUOZO.AinES.  l6g 

mais;  il»  trouve ,  il  est  Tr.il,  bien  souTeot  des  prolonge- 
Biens  extérieurs  pilifurmea  ;  maîa  il  me  parait  indubitable 
que  ce  sont  des  proiougemens  du  derme  lui-mCme  et  de 
IVpiderme. 

Les  différences  que  les  animaux  Articulés  présentent  dons 
leur  enveloppe  cxlérieure  sont  exlrCmement  considérables, 
au  poiul  qu'il  faudrait  prendre  successirement  chaque  groupe 
pour  les  connaître  complètement.  Nous  allons  nous  borner  à 
l'exposition  des  principales.  Nous  ferons  d'abord  observer 
qu'elles  sont  de  deux  sortes  :  les  unes  tiennent  i  la  fiirme  et 
k  la  distribution  des  pi&ccs  solides  dont  la  peau  se  compose; 
et  ces  différences  étant  dclerminécs  par  des  inodiGcations 
dans  l'appareil  de  la  locomotion,  el  par  conséquent  dans  les 
niouTemeas  dont  elles  sont  susceptibles ,  ne  doivent  pas  ftre 
envisagées  dans  ce  momcnl.  Nous  ne  devons  étudier  ici  que 
ks  roodiOcatioas  de  structure,  d'épaisseur  de  la  peau  envisa- 
gée comme  organe  de  toucher  passif  et  de  protection.  Nous 
allons  tâcher  de  les  rapporter  A  quelques  chefs  généraux, 
quoique  cela  soilsouventassct  dlITicile. 

Oo  peut  cependant  voir  un  ensemble  de  différences  qui  i 
tiennent  à  la  dégradation  organique  ;  ainsi  en  général,  moins 
l'en  10  m  0X0  a  ire  est  élevé  dans  l'échelle ,  plus  son  enveloppe 
est  molle;  moins  ses  parités  sont  dislinclcs,  plus  la  fibre 
musculaire  se  confond  avec  le  derme.  Ainsi  les  apodes 
intestinaux  Ou  non,  ont  la  véritable  peau  peu  épaisse, 
muqueuse,  contractile  presque  dans  tous  les  sens  ,  sans  ap 
pareil  protecteur,  mais  atcc  un  appareil  crypieux  três-dé- 
veloppé;  daoi  les  chctopodes,  qui  viennent  ensuite,  la 
peau  est  encore  quelquefois  extrêmement  molle  et  mu- 
queuse ,  parce  qu'un  certain  nombre  de  ces  animaux  peuveni 
>e  mettre  ù  l'abri  dans  des  espèces  de  tubes  ou  de  fourreaux 
cornés  ou  calcaires,  qu'ils  forment  par  excrétion  ou  par 
agglutination.  Mais  les  espèces  qui  vivent  extérieurement  ont 
déjà  la  peau  plusépaîfse.  plus  résistante. 


1,70  DE    LA    PEAU 

»  Les  myriapodes  qui  ne  sont  plus  forcés  de  firre  dans  Teau 

commencent  à  offrir  une  peau  un  peu  plus  dure  9  plus  cornée^ 
et  quelquefois  même  subcrétacée. 

Cette  dureté  augmente  encore  dans  les  tétradécapodes  en 
général ,  où  elle  est  plus  ordinairement  crétacée. 

Elle  arrire  presque  à  son  summum  ^  comme  organe  pro- 
tecteur» dans  les  décapodes  9  où  la  partie  solide  de  la  peau 
est  tout-à-fait  calcaire  et  résistante* 

Les  octopodes  ont  cependant  la  peau  généralement  plus 
molle;  elle  redevient  cornée  dans  ce  groupe. 

Enfin  9  quoique  de  la  même  nature  »  elle  acquiert  de  Té- 
paisseur  et  de  la  solidité  â  mesure  que  dans  les  insectes  hexa- 
podes on  afance  davantage  vers  les  coléoptères. 
te  Mjour.  On  Toît  dono  que  cet  accroissement  de  dureté  et  de  so- 

lidilé  dans  TenTeloppe  extérieure  des  animaux  articulés , 
concorde  aèseï  bien  UTec  les  circonstances  plus  ou  moins 
défavorables  au  milieu  desquelles  chaque  groupe  devait 
vivre;  aussi  ceux  qui  vivent  dans  l'eau  ou  dans  la  terre 
sont  en  général  moins  bien  protégée  que  ceux  qui  vivent  à 
Tair  libre. 
L  Jge.  La  solidité  de  la  peau  »  sa  résistance,  répondent  aussi  asses 

bien  à  l'état  pKis  on  moins  avancé  de  la  vie^  et  surtout  dans 
les  espèces  à  métamorphoses;  ainsi  parmi  ces  dernières, 
rinsecle  parfait  a  presque  toujours  la  peau  plus  épaisse,  plus 
dure  que  sa  chrysalide  »  et  celle-ci  que  sa  larve,  qui  est 
obligée  de  changer  la  partie  solide  de  son  enveloppe  à  me- 
sure qu'elle  prend  de  Taccroissement  Les  espèces  qai  sortent 
de  Tœaf  dans  un  état  com()let  ont  aussi  alors  la  peau  extrê- 
mement molle  et  ordinairement  blanche  ;  «lies  sont  égale- 
ment forcées  de  changer  la  même  partie  de  leur  enveloppe, 
jusqu'à  ce  qu'elles  soient  parvenues  à  leur  entier  développe- 
ment; mais  alors  elle»  ne  la  changent  pas  davantage  que  les 
hexapodes  parfaits.  En  effet,  les  crustacés,  qui  changent 
de  peau  tant  qu'ils  augmentent  en   volume  >  ne  le   font 


DANS   LES   ENTOHOZOAIRES.  I71 

pliii  lorsqu'ils  ont  acquïi  tout  celui  dont  ils  sont  iuKcp- 
libliis. 

L'enretoppe  extérieure  des  entomoxoaires  offre  surtout  des  i 
diffcreuccs  de  dureté  et  d'épaisseur,  suivant  les  parties  du 
corps  qu'elle  recouvre,  et  les  eOorts  plus  ou  moins  considé- 
rables qu'elles  detnieut  faire.  Aussi  génêralcnient  les  piirtîes 
antérieures  et  supérieures  du  corps,  comme  la  ttïle,  le  cor- 
celet  ou  le  dos,  sont  revêtues  d'une  peau  plus  épaisse,  plus 
dure  que  l'abdomen.  Celui-ci  est  quelquefois  si  mou,  que 
l'animal  a  été  forcé  de  le  mettre  i  l'abri  dans  quelque  cavité 
proiectrice  mobile  ou  non,  comme  les  pagures.  Le  thorax  est 
presque  toujours  plus  solide,  parce  qu'il  donne  appui  aux 
appendices  locomoteurs.  Ceux-ci  sont  ordinairement  enve- 
loppés par  une  peau  plus  dure  que  le  reste  du  corps ,  surtout 
quand  ils  doivent  servir  i  fouiller  dans  la  terre. 

Les  appendices  qui  servent  de  mâchoires  sont  lout-ù-fuit 
dans  le  même  cas,  ce  qui  établit  un  rapport  entre  la  solidité 
de  leur  peau  et  l'espèce  de  nourriture;  en  ciïel,  ces  iiiâchgîres 
sont  plus  ou  moins  dures,  suivant  l'eiFort  qu'elles  doivent 
faire  pour  couper  ou  broyer  la  substance  alimcnlHire  ;  elles 
présentent  rnSmc  une  forme  et  des  dispositions  d'émineoces 
et  de  cavités  dilTérenles,  suivant  l'espkce  de  nourriture.  Mais 
ces  détails  .ipparliennent  \  la  mastication ,  de  mSme  que  Té- 
largissemenl ,  le  développement  de  certaines  parties  des  mem- 
bres propres  à  fouiller,  &  nager,  et  même  &  saisir  les  corps , 
devront  être  considérés  lorsque  nous  traiterons  de  l'appareil 
de  la  loGorootiou. 

Voyons  maintenant  la  structure  de  la  peau  dans  un  certain 
DOknbre  de  groupes  principaux. 

A.  Ditns  les  hexapodcf. 

Dans  ces  animaux  à  l'étal  parfait,  on  trouve  évidemment   . 
un  derme  rurt  épais,  d'un  tissu  dense,  de  nature  cornée,  et 


bi 


17a  .  DE    LA   PEAU 

des  fibres'duquel  naissent  sans  distinction  bien  visible  la  fibre 
musculaire. 

Au-dessus  de  ce  derme  on  voit  également  d'une  manière 
éfidente  le  pigmentum,  ou  la  matière  colorante. 

Et  enfin  tout  en  dehors  est  répîderme^  qui  est  lisse  ^  lui- 
sant,  et  formant  une  couche  peu  épaisse. 

C^est  dans  ce  groupe  seulement  que  Ton  remarque  des  ap- 
pendices assez  singuliers  9  servant  au  yol ,  et  qu*ù  cause  de 
cela  on  a  nommé  des  ailes.  Quelquefois  la  peau  qui  les  forme 
est  de  la  même  nature  que  celle  du  reste  du  corps  ;  mais  le 
plus  souvent  elle  est  infiniment  plus  mince  y  transparente  y  et 
elle  est  soutenue  dans  différens  points  par  des  parties  plus 
solides  9  plus  résistantes  9  qui  jouent  les  unes  sur  les  autres  » 
et  servent  aux  mouvemens.  Aussi  traiterons-nous  de  leurs 
formes  à  l'article  de  l'appareil  de  la  locomotion. 

Quelquefois  cette  peau  est  lisse  »  mais  souvent  aussi  sa 
surÊice  est  hérissée  de  productions  piliformes  plus  ou  moins 
nombreuses  :  c'est  surtout  dans  les  hyménoptères  qu'on  en 
Toit  beaucoup^  ainsi  que  dans  les  lépidoptères.  Dans  ce  der* 
nier  groupe  ^  les  ailes  offrent  quelque  chose  de  particulier 
dans  les  espèces  d'écaillés  farineuses  qui  les  recouvrent,  et 
qui  tombent  avec  la  plus  grande  facilité.  Ce  sont  elles  qui 
sont  souvent  ornées  des  plus  riches  couleurs ,  car  l'aile  elle- 
même  est  toujours  transparente ^et  c'est  même  ce  qui  produit 
les  taches  nacrées  qu'on  remarque  aux  ailes  de  quelques  pa- 
pillons :  ce  sont  des  endroits  dépourvu»  d'écaillés. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  à  décrire  les  couleurs  dont  sont  sus-* 
oeptibles  les  hexapodes  à  l'état  parfait  »u  à  l'état  de  larve  ; 
|e  me  contenterai  de  dire  que  les  insectes  hexapodes  sont, 
presque  dans  le  cas  des  oiseaux  ^  c'est-à-dire  qu'ils  présentent 
les  couleurs  les  plus  variées ,  les  plus  brillantes ,  et  quelque- 
fois les  plus  tranchées  9  surtout  dans  l'ordre  des  lépidoptères* 
et  qu'elles  forment  tous  les  systèmes  de  coloration  que  nous 
»vons  définis» 


DANS    tES    IIEXAFODE.S.  (-!> 

Le  climat  parail  loujourâ  avoir  une  grande  tnQuence  sur 
la  vivacité  de  celle  coloralioa  un  peu  comme  dans  les  oi- 
seaux; mais  le  sexeu  ici  inoinad'inllucnce,  el  l'on  trouve  que 
des  espJices  nocturnes  ont  quelquerois  aussi  des  couleurs 
tris-vires,  de  même  que  les  parties  supérieures  du  corps  ne 
sont  pas  toujours  plus  brillantes  en  couleur  que  les  infé- 
rieuresi  quoique  cela  soit  r^pendant  plus  ordinaire. 

J'ajouterai  que  la  couleur  et  le  système  de  coloration  des 
larves  n'ont  jamais  de  rapports  avec  ce  qui  existe  dans  l'in- 
secte parfait,  et  que  chaque  famille  naturelle  affecte  souvent 
des  couleurs  et  surtout  un  sysLéme  de  coloration  particu- 
liers. 

Je  dois  aassi  noter  que  certaines  espèces  d'hexapodes,  de 
Tumilles  Irès-dilTérentes,  jouissent  à  l'état  de  vie  de  la  singu- 
lière faculté  d'être  phosphorescentes  à  l'air  libre;  ce  qui 
paraît  dépendre  d'une  humeur  produite  au-dessous  de  la 
surface  de  certaines  parties  de  la  peau,  et  qui  sont  alors 
transparentes. 

Dàùi  une  krre  ou  chenille  d'un  hexapode  on  voit  que  le 
derme  est  au  contraire  fort  mince  et  peu  distinct;. la  couche 
musculaire  formant  unecouche  au-dessous. 

Le  pigmentum  est  asses  considérable  dans  les  endroits  co- 
lorés. 

L'épiderme  qui  est  en  deborg  est  fort  épais,  surtout  dans 
les  endroits  de  la  peau  qui  forment  les  anneaux;  il  est  plus 
mince  dans  les  sillons  qui  les  séparent;  il  est  également  moins 
épais  sur  les  parties  colorées  vivement,  et  il  y  forme  des 
espèces  d'enfoncemcns. 

On  trouve  ù  certaines  époques  de  la  vie  de  la  larve,  que 
cet  épiderme  est  composé  de  deux  couches  ,  dont  l'interne 
est  beaucoup  moins  solide,  beaucoup  moins  réâistantc  que 
l'autre,  qu'elle  doit  remplacer. 

Il  est  quelquefois  couvert  de  productions  piliformes  ex- 
irËmeincnt  longues  ci  nombreuses. 


\ 


1^4  ^^   LA    PEAU 

B.  Dans  les  octopodes, 

Les  octopodes  ont  une  peau  semblable  ù  celle  des  hexa- 
podes. 

C'est  dans  un  groupe  de  cette  classe  qu'on  trouTe  la  peau 
de  l'abdomen  susceptible  d'une  extension  presque  démesu- 
rée,  et  proportionnelle  à  l'augmentation  des  matières  qu'il 
contient.  Les  tiques  sont  surtout  dans  ce  cas  >  et  jusqu'à  un 
certain  point  les  araignées. 

Dans  ces  dernières  la  peau  est  souvent  hérissée  par  une 
grande  quantité  de  productions  piliformes  quelquefois  fort 
longues. 

Le  limule  géant  a  la  peau  cornée  ,  la  plus  épaisse  que  je 
connaisse  ^  surtout  à  la  queue.  Sa  structure  a  du  reste  beau- 
coup d'analogie  avec  celle  de  la  peau  dans  la  classe  suivante. 

Les  couleurs  sont  peu  variées  dans  cette  classe  f  et  le  sys- 
tème de  coloration  le  plus  souvent  uniforme. 

C.  Dans  les  décapodes» 

Les  décapodes  ou  crustacés  diffèrent  essentiellement  y  en 
ce  que  la  solidiGcation  de  la  peau  est  due  à  des  sels  calcaires 
déposés  dans  le  tissu  d'une  partie  du  derme.  Pour  en  bien 
voir  la  composition  il  faut  la  disséquer  sur  un  animal  vivant. 
i)»h)i  la  lan-  Daus  uuc  laugouste  par  exemple  on  y  reconnaît  :  i*  une  pre- 
mière couche  plus  fibreuse 9  de  couleur  un  peu  plus  trans- 
lucide ^  et  évidemnient  plus  vivante;  c'est  celle  qui  forme  la 
lame  interne  des  parties  qui  restent  membraneuses  f  et  qui 
ne  s'encroûtent  pas;  a*  une  seconde  couche,  évidemment 
plus  cartilagineuse  9  de  couleur  plus  opaline  et  un  peu  plus 
épaisse;  elle  entre  encore  dans  la  composition  des  parties 
membraneuses;  5**  la  troisième  couche  est  encore  plus  épaisse, 
son  tissu  est  moins  serré;  c'est  celle  dans  laquelle  se  déposent 
les  molécules  calcaires;  4"*  c^^Q  au-dessus  de  celle-ci  en  est 


DANS   LES   DECAPODES.  1^3 

une  aulre  plus  mince ,  qui  est  c-viileminent  composée  de  ma- 
tière coloraule  ou  Je  pigiuenlum ,  el  d'une  couche  épidermi- 
ic  ;  c'etil  la  seule  qui  se  prolonge  sur  les  parties  calcaire». 
Dans  les  tubercules,  et  surtout  dans  lea  piquaos,  les  trois 
premières  couches  du  derme  péaêtrenl,  si  ce  n'est  à  quelque 
distaoee  de  la  pointe,  où  la  troisième  s'arrËle;  et  alors  on 
Toit  la  substance  épidermique  plus  Torle  et  plus  dure. 

Dans  les  antennes,  la  première  couche  est  beaucoup  plus 

ince  ;  la  seconde  est  au  contraire  bien  plus  épaisse  ;  la  Iroi- 

;mc  est  ègulement  assez  épaisse;  la  quatrième  l'est  davan- 

4ige  dans  la  partie  inférieure  de  l'antennei  OÙ  elle  forme 

presque  une  membrane. 

En  faisant  l'analomie  d'une  bande  de  peau  prise  dans  tonte  i^°' 
la  longueur  du  corps  d'un  pagure,  on  voit  cTidcmmcnt  que 
la  membrane  calcifère  est  bien  indépendante  de  la  peau,  ou 
lieux,  forme  sa  couche  externe ,  elquc  c'est  en  dehors  que 
1  trouve  la  matière  colorante.  Il  en  résulte  que  dans  les 
crustacés  c'est  une  partie  même  du  dcrnit:  qui  s'encroQte; 
«>sl  celle  qui  est  susceptible  de  renouvcllcincni,  cl  alors  elle 
«otraïne  ce  qui  était  au-dessus.  Il  se  sépare  ensuite  une  nou- 
velle couche  de  derme,  qui  s'encroûte  de  même  el  qui  tombe  ; 
«I  ainsi  )usqu'^  l'époque  où  l'animal  est  parrunu  à  toute  sa 
«rue ,  et  où  il  ne  reproduit  plus  de  peau  nouvelle. 

Cet  endurcissement  d'une  partie  du  derme  des  crustacés , 
4iprvs  aroir  été  complètement  molle,  fait  que  les  saillies  et 
enfoncemens  déterminés  par  la  forme  des  organes  ou  vis- 
cères sDua-posés,  sont  souTent  traduits  plus  ou  moins  nelte- 
Wcnlpardesbosseluresù  la  surface  du  tôt.  C'est  surtout  dans 
tes  espèces  qui  composent  la  famille  des  crabes  que  cela  se 
ninarque  ;  d'où  les  dénominations  de  régions  slo/nncale,  g('- 
fûtale,  cordiaic ,  iu'patitjuc  méiUane ,  que  M.  Desmarets  a 
données  aux  bosselures  médianes  en  allanld'avant  eu  arriére; 
ttd'/iifpiUique  UUifitile  eltit:  biwu'hiak ,  ù  celles  qui  sont  paires 
CI  latérales. 


I 


1^8  DE    LA    PEAU 

et  H  y  a  en  général  moins  de  différence  pour  la  solidité  entre 
celle  qaï  rerêt  les  articulations  et  celle  qui  forme  leurs  inler- 
Talles.  Elle  a  encore  ce  point  de  ressemblance,  que  sonrent  elle 
rejette  à  sa  sttperficîe  une  isseï  grande  quantité  de  matière 
muqueuse;  mais  son  caractère  particulier , c'est  qu*elle pro- 
duit des  espèces  de  soies  ou  de  poils  roides,  qui  se  disposent 
par  groupes  symétriques  de  chaque  côté  du  corps  pour  la 
locomotion.  Ces  poils,  qu'on  ne  peut  comparer  aux  yérî- 
tables  poil^,  parce  qu'ils  n'ont  pas  de  bulbes,  sont  durs, 
cassahs,  cornéo-calcaires^  et  leur  couleur  est  toujours  irisée 
ou  métallique,  ce  qui  se  trouTe  en  rapport  a?ec  celle  de  la 
peau  de  tous  les  ohétopodes ,  qui  l'est  toujours  plus  ou  moins. 
Du  reste  la  couleur  des  espèces  tubiooles  est  presque  cons- 
tamment blanche  ;  elle  est  au  contraire  d'un  beau  rert  ou  d'un 
beau  rouge ,  ou  même  noire ,  dans  les  espèces  libres. 

La  seconde  section  de  cette  classe  qui  correspond  mi  gonre 
oéréis  de  Linné ,  diffère  de  la  première  qnî  forme  ses  genres, 
serpule,  amphitrite,  etc. ,  en  ce  que  ne  se  mettant  jamais  à 
l'abri  dans  des  tubes  qu'ils  se  forment,  ces  animaux  ont  la 
peau  généralement  plus  épaisse  et  plus  sèche. 
nantio*«.i-         Ceux  de  la  première  section  sont  dans  le  cas  opposé:  la 

pècc'tliibicules.  *  rt  » 

peau  est  excessirement  mince,  surtout  dans  les  endroits  du 
corps  qui  ne  sont  jamais  ù  découvert,  et  cependant  elle  ex- 
crète une  matière  muqueuse.  * . 

Quelquefois  cette  matière  muqueuse  entraîne  nrec  elle, 
comme-  dans  les  malacozoaires ,  une  certaine  quantité  de 
substance  crétacée,  et  il  en  résulte  une  sorte  de  coquille  on 
d'enveloppe  calcnirc  qui  est  formée  comme  dans  les  Tèrî- 
tables  coquilles  des  animaux  mollusques ,  de  couches  ou  de 
cônes  qui  s'emboîtent  les  uns  les  autres,  et  dont  les  bords 
sont  indiqués  par  les  stries  d'accroissement. 
•  La  grande  différence  qui  existe  entre  ces  tubes  calcaires, 
quelquefois  droits,  d'autres  fois  un  peu  coui^bes  et  môme 
enroulés  presque  régulièrement  dans  un  seul  plan,  ^t.oer* 


DANS    LES    CHETOPODES.  1 79 

ta i nés  coquilles  de  mollusques  qui  ont  la  même  forme;  c'est 
qu'ils  sont  toujours  percés  à  leur  sommet ,  tandis  que  celles-ci 
ne  le  sont  jamais 9  et  que  Tammal  n'y  adhère  en  aucune 
manière. 

L'on  trouTe  aussi  que  certaines  espèces  de  chétopodes  tu- 
bicoles  ne  fournissent  pas  les  deux  matières  de  leur  tube, 
et  empruntent  pour  ainsi  dire  la  partie  solide  aux  corps  en- 
Tironnans.  Il  en  résulte  un  tube  arlificiel  plus  ou  moins 
flexible  ou  cassant,  suivant  la  proportion  de  la  matière  mu- 
coso-cornée  fournie  par  l'animal ,  et  des  grains  de  sable  ou 
d'autres  corps  plus  ou  moins  fins  qu'elle  a  servi  à  agglutiner. 

Les  chétopodes  nus  ont  aussi  une  enveloppe  plus  ou  moins     n«nsiesM- 

picetnam, 

muqueuse;  mais  la  matière  qu  elle  produit  ne  se  réunit  pas 
en  tube  9  ou  bien  elle  tapisse  seulement  le  trou  qu'habite 
l'animal  ;  aussi  par  contre-coup  elle  est  beaucoup  plus  épaisse, 
comme  on  le  voit,  surtout  dans  le  ver  de  terril,  où  elle  est 
aussi  extrêmement  vasculuirc^ 

*■ 
H.  Dans  h$  upodes% 

La  très-grande  partie  des  animaux  qui  forment  la  classe 
des  entomoioaires  apodes,  a  son  enveloppe  cutanée  très-rap- 
prockée  de  ce  qui  a  lieu  dans  les  lombrics,  que  l'espèce  vive 
â  l'extérieur  ou  à  l'intérieur  d'autres  animaux. 

Ainsi  dans  les  sangsues ,  la  couche  musculaire  sous-posée  Dit»  la  moc< 
est  partout  confondue  et  adhérente  au  derme  :  celui-ci  est 
très-peu  serrée  très-muqueux,  recouvert  par  un  pigmcntum 
colorant  abondant,  et  par  un  épiderme  à  peine  sensible. 
Outre  les  cryptes  mucipares  qui  paraissent  entrer  dans  la 
composition  de  tout  le  derme ,  il  y  en.  a  quelques-uns  qui 
s'amassent  par  petits  groupes,  et  qui  ont  un  orifice  commun  ; 
c'est  ce  qui  produit  les  deux  rangées  de  lacunes  que  l'on  voit 
sur  le  dos  de  la  sangsue  vulgaire,  et  les  anneaux  tuberculeux 
de  la  sangsue  de  mer. 

12. 


sue. 


l80  DE    LA    PEAU 

Jamais  il  D*y  a  de  productions  épidermiques  dans  ces  ani- 
maux. 

D«iu  â'ascaride.  Les  ascandes  et  les  échinorhinques  parmi  les  entozoaires, 
offrent  une  structure  de  peau  fort  rapprochée  de  ce  que  nous 
venons  de  foir  dans  les  sangsues ,  non-seulement  dans  la 
disposition  de  la  couche  musculaire,  mais  même  dans  la  peau 
proprement  dite  :  le  derme  est  cependant  encore  beaucoup 
plus  granuleux 9  et  il  est  rccourert  par  une  couche  plus  gé- 
latineuse 9  sans  qu'on  voie  de  pigmentum  ni  d*épiderme. 

ihins  le  Unis.  I^cs  tèiTias  Ont  Teuveloppe  générale  au  moins  aussi  épaisse 
'  que  les  vers  intestinaux  de  Tordre  précédent  ;  mais  le  derme 
qui  en  fait  la  très-grande  partie  est  presque  entièrement 
confondu  arec  lit  couche  musculeuse;  on  ne  peut  les  sé- 
parer; c'est  dans  son  épaisseur  que  se  trouvent  les  vaisseaux 
latéraux  ;  on  trouve  au-dessus  une  sorte  d*épiderme  gélati- 
neux foit  mince,  et  ce  qui  pourrait  porter  à  penser  que  c'est 
le  derme  lui-même,  c'est  qu'au-dessous  sont  des  fibres -lon- 
gitudinalet  qui  paraissent  contractiles. 

Quant  aux  hydaiidcs,  qui  semblent  n'être  que  des  ténias 
dont  l'extrémrté  postérieure  serait  renflée  en  une  vessie  rem- 
plie d'eau  9  la  peau  de  la  partie  antérieure  du  corps  est 
comme  dans  les  ténias  9  et  celle  de  la  vésicule  est  seulement 
excessivement  amincie.  Je  ne  parle  pas  du  krste  fibreux 
qu'habite  i'hydatide,  parce  qu'il  ne  lui  appartient  pas,  et  qu'il 
est  produit  par  sa  présence  dans  le  tissu  de  l'animal  où  elle 
babite. 

AnTlCLiIII.  De  la  peau  dans  les  malacozoaires ,  ou  dans 

les  animaux  mollusques, 

u>n%iâéniioos        I**  dîflfércncc  la  plus  capitale  que  ce  type  d'animaux  pré- 
^sénënUes?'     scute  dans  la  structure  de  la  peau ,  et  qui  montre  bien  évidem- 
ment que  la  couche  musculaire  n'en  eSt  qu'une  dépendance 
et  n'est  même  qu'une  modiûcation  de  son  tissu  élénrientaîre) 
c'est  que  le  derme  est  tellement  adhérent  ou  confondu  avec 


BANS    LES   MALACOZOAIRES. 


'.-fr 


le  lÎMu  coniraclile  sous-jacent,  qu'il  est  souvent  presque 
impossible  de  l'en  ségiarer,  et  inËme  de  l'en  distinguer,  en 
sorte  que  tous  ses  poioU  sont  mobiles  et  dnns  tous  les  «cns. 

Ce  dcrinc  est  du  reste  ordinairement  d'un  tissu  peu  serré  ' 
et  très-celluieux.  Ce  qu'il  olTrc  de  plus  remarquable,  c'est 
iju'il  coolienl  quelquefois  duns  sou  intérieur,  tuais  le  plus 
souvent  A  sa  surruce,  un  dépCt  de  malii'rc  naleaire  formé 
d'une  ou  plusieurs  pièces,  auquel  on  donne  le  nom  dcro^uiV/f. 
Hais  ce  n'est  jamais  dans  ses  mailles  mêmes  que  ce  dépGl  a 
lieu;  c'est  lui  qui  furme  le  corps  protecteur  de  celle  ulasse 
d'animaux. 

Le  rÈscau  vasculiûre  parait  devoir  être  encore  aîseï  dcve-  i- 
loppê  ;  ce  que  l'on  peut  juger  d'après  la  grande  quantité  de 
matière  muqueuse  versée  â  la  suifacc  de  hi  peau. 

Le  pigmenlum  colorant  existe  comme  dans  la  plupart  des  ' 
animnux ,  et  très-probablement  son  mode  de  formation  est  le 
Berne;  l'on  peut  en  effet  l'étudier  avec  facilité  sur  le  bord 
renflé  du  manteau  des  colimaçons ,  dont  la  coquille  est  Irbi- 
wIorée>  dans  ta  peau  de  la  limace  rouge,  sur  le  bord  de 
«elle  des  laply.'ics. 

Quant  i  la  membrane  aerreuse,  il  est  fort  probable  qu'ellç  ' 
Mt  ass»  considérable  ,  si  du  moins  il  est  permis  d'en  juger 
par  ta  graitde  sensibilité  de  la  peau  de  ces  animaux ,  et  même 
Mutent  par  la  grande  quantité  de  nerfs  qu'elle  rejroit  ;  mais 
on  ne  peut  que  dilTicilement  les  suivre  jusqu'il  sa  surface 
extérieure,  cl  jamais  on  n'y  voit  de  papilles  propremeuldiies. 

L'èpiderme  est  nul  ou  n'est  formé  étidemmcut  que  de     ' 
■nalii'rre  muqueuse  endurcie. 

On  ne  coanait  aucun  des  animaux  de  cette  classe  qui  oITre 
^clque  cb')9c  d'analogue  au  système  pileux  ,  à  muius  qu'où 
M  regarde  comme  lui  app;irtcnant,  et  ce  serait  fort  fi  tort ,  de 
^lilcs  productions  piliforuiesque  l'èpiderme  forme  quelque- 
liiis  à  lu  surface  desboquilles,  et  qu'on  nomme  <^r^  mon'i  ou 
mieux  tpiphlose;  mais  tous  ou   presque  tous  ont  l'appareil 


l82  DE    LA    PEAU 

Dans  TappareU  crypteux  très-développé  ;  du  moins  encore  si  Ton  en  jure  par 

«rypteux.  *  ,  .      , 

la  grande  quantité  de  matière  moqueuse  qui  est  rejetee  de 
toutes  les  parties  de  la  peau  de  ces  animaux  et  surtout  dans 
les  espèces  nues  et  terrestres.  Je  n*ai  jamais  pu  cependant 
démontrer  de  véritables  cryptes  dans  la  peau  des  mollusques  ; 
on  Yoit  seulement  que  sa  superficie  est  criblée  d'une  grande 
quantité  de  porcs  ou  de  cellules  mucipares. 
De  la  coqaiUe.  C'cstccttemutière  muqueuse  qui  entraîne  avec  elle  la  sub- 
stance calcaire  9  et  qui  produit  ainsi,  par  la  dessiccation,  un 
amas  crétacé  de  structure  et  surtout  de  forme  extrêmement 
Variables. 

Quelquefois  les  molécules  calcaires  restent  répandues  dans 
toutes  les  parties  de  la  peau  :  il  me  semble  qu'il  en  est  ainsi 
^  dans  les  limaces. 

D'autres  fois  elles  se  déposent  dans  une  grande  maille  du 
derme  lui-même,  en  formant  des  coucbes  succcsaiTement 
appliquées  les  unes  en  dedans  des  autres,  et  dont  Texterne 
est  toujours  la  plus  ancienne,  la  plus  petite,  tandis  que  i*in- 
terne  est  la  plus  nouvelle  et  la  plus  grande.  Ce  sont  ces  co- 
quilles que  Ton  nomme  internes  ou  dermU/ues;  elles  sont 
ordinairement  fort  peu  solides  et  jamais  colorées. 

Le  plus  souvent  ce  dépôt  calcaire  se  fait  à  Textérieur  du 
derme  entre  lui  et  les  autres  parties  de  la  peau  ,  mais  tou- 
jours de  la  même  manière ,  par  couches  imbriquées  ;  alors  il 
en  résulte  qu'il  est  plus  ou  moins  coloré  et  recouvert  par 
une  sorte  d'épiderme  plus  ou  moins  épais. 

La  coquille  des  animaux  mollusques ,  quoique  évidemment 
développée  dans  l'intérieur  de  la  peau ,  peut  donc  être  consi- 
dérée comme  un  corps  véritablement  mort,  excrété  ,  et  par 
conséquent  analogue,  jusqu'à  un  certain  point,  à  la  partie 
morte  ou  produite  du  poil,  qui  a  entraîné  en  effet  aussi  avec 
elle  une  matière  colorante  recouverte  d'une  couche  d'épi- 
derme,  mais  qni  reste  en  communication  organique  avec 
l'animal ,  du  moins  par  sa  lame  interne. 


AI.ACOZOAIRES. 


l85 


Il  ae  Tuut  nulleiuent  regarder  comme  analogue  de  la  co- 
quille  ni  mCoio  de  l.i  pièce  qu'un  uoaimc  opercule,  l'i-xcrc- 
I  tkin  calcaire  que  l'on  trouve  quetqncrois  ù  l'ouTerture  du  ccr- 
s  coquillus;  elle  eut  eu  effet  d'une  toul  autre  nature, 
i  elle  est  enlièrcineiit  i'Xtérieiire,  et  elle  n'est  produite  que  pnr 
.  des  molécules  ag^luliuées,  mai:i  nu  formant  pas  de  têrilablcs 
couches,  ne  icunnl  pas  organiquement  à  l'animal;  c'est  ci'  qui 
Lliirme  ['t'/Hphragme  ou  lu  cloison  ealcaîrei  dout  ptu^icur» 
t  aïollutques  (eslacés  terrestres  rermenl  leur  TériiabLe  coquille 
I  pendant  l'bjbeniatiou, 

Les  (lifiërcnceii  que  les  animauiL  molluiiques  nous  montreot 
bns  leur  envelujipc  extérieure,  û  laquelle  on  donne  leuom 
^.de  manteau,  duns  lu  porliuu  qui  revCt  le  corps  proprement 
nt  asseï  nombreuses  cl  surtout  dausl'élendue)  b  formei 
^la  cotnpasiliuu  du  corps  prulcctciir. 

1  peau,ccinsidûrècdansloulcsscs parties,  nese  borticpas  i 
[^ujours  il  revÊlir  la  tête,  le  corps  et  quelques  appendices 
T  4i>iit  cellc-li  est  pourrue  ;  mais  elle  se  dilate  et  Tonne  ordi- 
tnaJ  rein  eut  uoc  large  expansion  quiouTeloppe  le  corps  de 
1  t|iu)iuial,  comme  une  sorte  de  manteau,  ou  bien  des  lamei-, 
I  des  digitatious,  des  franges  ptu5  ou  moins  ullongûcs. 

.  Le  derme  est  en  général  d'autant  plus  épais,  que  l'espèce  < 
Icit  moins  Icslacèc;  ainsi  les  poulpes  ont  la  peau  moîu»  mince, 
rfjiu  rèMStaole  que  les  sèches  et  les  calmars,  qui  appar- 
I  tiennent  à  la  même  familli^  11  y  a  encore  plus  de  ditTérencc 
r  colre  ta  peau  des  limaces,  des  doris,  des  onchidies  et  celle 
l  de»  patelles ,  des  sigarets  et  des  buccins. 

Lorsque  la  coquille  est  trop  pelile  pour  couvi  ir  tout  l'anî- 
j  Rial,  alors  on  t^uve  une  diOerence  proporliumiellc  djiis 
pTépoiiMur  du  derme  qui  n'est  pas  décourerl  et  de  celui  qui 
Est,  comme  on  en  voit  des  exemples  dans  les  Inpiysics, 
is  bullécs ,  les  parmacellcs,  etc. 
Les  niollusqucs  acépbalés  concbifères  sont  Je  tous  les  mol- 


i 


Hiquci  C' 


ngen 


rai  le  der 


a  le  plus  fin  , 


l84  DE    l'A    PEAU 

en  compreDant  dans  sa  composition  la  fibre  contractile,  dont 
on  ne  peut  le  séparer.  Ceux  de  cette  classe  qui  n'ont  pas  de 
coquilles  sont  aussi  ceux  chez  lesquels  il  est  le  plus  épais ,  le 
plus  dur,  au  point  d*étre  quelquefois  cartilagineux  ,  comme 
dans  les  ascidies  et  surtout  dans  les  biphores. 

Les  circonstances  dans  lesquelles  les  mollusques  dcTaient 
TÎTre,  paraissent  aussi  aroir  déterminé  quelques  différences 
dans  la  nature  et  dans  Tépaisseur  du  derme  ;  en  effet  les  espèces 
qui  vivent  constamment  ou  passagèrement  à  l'air  libre,  ont 
cette  partie  de  la  peau  plus  épaisse,  plus  dure,  plus  tubercu- 
leuse que  celles  qui  ne  sortent  jamais  des  eaux  ou  que  celles-ci 
n'abandonnent  jamais. 

Le  derme  diffère  aussi  suivant  les  parties  de  ranimai  qu'il 
recouvre  ;  ainsi,  outre  la  grande  différence  qui  existe  entre 
les  parties  recouvertes  de  coquilles  et  celles  qui  ne  le  sont 
pas,  il  est  certain  que  le  derme  des  parties  supérieures  du 
corpsest  toujours  plus  épais,  plusdur  et  plus  tuberculeux  que 
celui  des  parties  inférieures  ;  ce  qui  est  en  général  en  rapport 
inverse  avec  la  couche  musculaire  sous-posée  dans  lesespèces 
dont  le  derme  exhale  une  coquille.  La  partie  de  ce  dernier 
qui  la  forme ,  ou  le  manteau ,  est  toujours  plus  épaisse  sur  les 
bords  et  surtout  en  avant  ;  c'est  alors  ce  qu'on  nomme  quel- 
quefois le  collier f  parce  qu'en  cet  endroit  la  peau  semble 
former  un  anneau  autour  du  pédicule  de  jonction  de  la  masse 
des  viscères  avec  le  thorax.  Dans  les  mollusques  bivalves , 
les  bords  du  manteau  sont  aussi  beaucoup  plus  épais  que  le 
reste,  et  ils  sont  souvent  bordés  de  tentacules  nombreux  et 
très-sensibles. 
Dan*  le  rëtetu  Le  réseau  vasculaire  de  la  peau  d^s  mollusques  n'est  pas 
assez  évident  pour  que  l'on  puisse  être  arrivé  à  connaître  les 
différences  qu'il  peut  présenter;  et  cependant  si  l'onadmetque 
la  mucosité  soit  produite  par  de  véritables  cryptes  muqueux, 
alors  on  présumerait  laquantitédu  système  vasculaire  d'après 
la  quantité  de  ce  mucus. 


DAitS    t£ft   MALACOZOAIRES. 

Lepigmenlumesiasseï  rarement  Et iUenl.  [luisqn 'un  grand     f)» 
nombre  d'espèces  ont  )a  pluj  griindu  parlic  île  leur  corps      '■ 
qui  n'est  jamnis  exposée  &  la  lumière  ;  mnis  dans  ln.4  espèces 
qui  sont  eniièremenl  nnes  ou  dans  les  parties  extérieures  de 
celles  qui  nu  le  iont  pas  ,  il  m'a  semlilé  roirque  son  épaisseur 
est  en  rapport  nyec  lu  vifnrilé  de  la  coloration. 

On  Irouve  du  realt-  que  celle  coldralion  peut  êlre  due  aux 
(touleurs  Ici  plus  T.iriécs,  qu'elle  est  toujours  plu»  vive  aux 
partie»  espo^èi'S  &  la  lumière  que  dans  les  autres. 

On  remarque  auMi  b  plupart  des  systèmes  de  coloration. 

On  Cil  éj;aleinenl  oblige,  pour  détcruiiner  les  différenees  di<i 
danshi'oucbe  nerveuse, de  supposer  que  son  dévelnppcmcnt 
est  prnpnnionuel  â  lu  ten^ibililé  de'  la  peau  ;  et  en  effet,  on 
IroDvequotelaconcordeasset  bien  avec  la  quantité dcsysièmc 
DFfTeiis  qui  s'y  reud.  Du  moins  dans  les  cépbalés ,  les  es- 
pèces qui  n'imt  pas  du  coquilles,  ont  évidemment  le  système 
acr*eux  cutané  plus  ilëvcloppé  que  les  autres,  comme  on  le 
'Voit  dans  les  limaces  comparées  aux  colimaçons  qui  en  sont 
■f  rApprocliés;  nn  verra  aussi  qu'il  est  toujours  beaucoup 
plus  abondant  aux  parties  anléricurcs  du  corps  ou  dans  les 
lanières  qui  le  dépassent  en  avant  ou  t^ur  les  rfités;  cel.i  est 
surtout  évident  pour  la  peau  qui  environne  la  bouctic  et  les 
orifices  des  organes  de  la  géncraiion  ,  ainsi  que  pour  celle  lîui 
MdIbcuIcs,  qui,  il  est  vrai,  deviennent  presque  des  organes 
de  loucher  actif. 

Hais  dans  les  espèces  acép)iate«  le  système  nerveux  dis- 
tinct est  en  général  (rés-peu  dévelop;>c ,  et  cependant  la  seo- 
ribililé  de  la  peau  parait  considérable,  surtout  dans  les  bords 
du  manteau.  ' 

Quant  à  l'ûpidermc  qui  se  trouve  i)  la  surface  de  la  peau^  iJ.>n 
elle-inSme,  il  est  toul-ù-fait  nul,  ou  s'il  existe,  on  voit  évi-  '' 
demmenl  ici  que  ce  n'est  que  du  luucus  concrel. 

On  trouve  parmi  les  mollusques  un  assez  grand  uoukbre 
de  différences  sous  le  rapport  de  la  quantité  de  ce  mucus  et 


î 


l86  DE    LA    PEAU 

sur  8a  nature  plus  ou  moins  calcaire.  J'ai  déjà  anooncé  plus 
haut  que  j'étais  loin  d'assurer  qu'il  f(kt  produit  ou  sécrété  par 
'  de  véritables  cryptes;  mais  il  est  certain  qu'il  sort  de  la  peau 
par  des  orifices  ou  pores  bien  éridens.  Le  plus  soufent  ces 
pores  sont  répartis  également  à  la  surface  de  la  peau  ;  quel- 
quefois ,  au  contraire  9  ils  se  rapprochent  darantage  dans  de 
certains  endroits  y  comme  sur  le  bord  du  collier  des  espèces 
testacccs  ;  enfin  ^  on  trouve  un  exemple  d'un  amas  de  ces 
pores  s'ouTrant  dans  une  sorte  do  petite  cavité  commune  ù  la 
partie  postérieure  du  dos  des  limaces  rouges  et  de  l'hélîça- 
rioo.  Oo  remarque  aussi  dans  ce  genre  d'animaux  »  que  le 
derme  est  sillonné  d'espèces  de  rigoles  anastomosées  qui 
semblent  servir  à  une  sorte  d'irrigation  de  la  peau. 
Dans  la  co-        Mais  la  partie  dé  l'enveloppe  des  mollusques  qui  est  sus- 

quille    huisnuX  *  **^  t  t 

ceptible  du  plus  grand  nombre  de  différences ,  est  certaine- 
ment la  coquille  ou  le  corps  protecteur. 

Elle  peut  être  étudiée  sous  le  rapport  de  su  formation 9  de  la 
place  qu'elle  occupe  dans  la  peau  du  mollus»que,  de  sa  structure 
ott  de  son  organisation  ,  de  sa  composition  chimique  9  de  sK 
place  ù  la  surface  du  corps  de  l'animal  «  du  nombre  de  pièces 
dont  elle  se  compose ,  et  enfin  de  sa  forme  générale  et  parti* 
cuGère.  Quant  ù  la  manière  dont  les  différentes  pièces  dont  elle 
peut  être  composée,  s'agencent,  se  réunissent  et  se  meuvent 
entre  elles,  cela  appartient  évidemment  à  Tappareil  de  la 
locomotion. 
snn  mMie  iic       Le  mo(le  de  formation  des  coquilles  me  semble  devoir 

lormaliua. 

toujours  être  le  même  ;  c'est-à-dire  par  exhalation  de  mucus 
entraînant  avec  lui ,  et  réunissant  des  molécules  calcaires 
ou  cornées,  qui  se  disposent  les  unes  à  côté  des  autres, 
et  forment  ainsi  des  couches  plus  ou  moins  nombreuses.  De 
ces  couches,  la  dernière  formée  est  la  seule  qui  adhère  Â 
l'animal;  elle  est  la  plus  molle,  la  plus  membraneuse;  plus 
les  autres  sont  externes ,  et  plus  elles  sont  dures  et  calcaires^ 
Sa  place.  Mous  avous  déjà  vu  quelles  sont  les  différences  que  le  Gorp# 


"tfjtNS    lES    JIALACOZOAlnES.  fS^ 

proiccleurdc  tspeaupeul  prèseDlerquaalik  w place  dun»  son 
épaisseur. 

Sa  »lructure  offre  un  bien  plus  grund  nombre  Je  iiSi-  n 
reocfls. 

ha  plus  coinutuDc  dani  les  deux  classes  de  mollusques  esl 
éTiiIcuiDient  la  siructurc  lamelleuse  o»  Jeuillele'e ,  comme 
cellede  l'huîlre  ou  d'un  colimaçon,  {^ar  exemple  :  ce  «ont  ije.< 
lames  exlrSmemcni  miaces  qui  s'imbriqueitt  d'une  iiianièrc 
plus  ou  moins  serrée  ;  il  en  résulte  ulyits  un  lis^u  de  durelc 
cl  de  doiisilé  différeoie'^ ,  ù  lu  surface  duquel  on  aperçoit  plus 
ou  moins  les  Iraces  ou  les  bords  des  lirnie»  imbriquées  ;  c'est 
cequ'on  aawmestrieid'accroissemetU.  La  coquille  de  l'huîlrr 
erdinuire  esl  un  exemple  d'une  structure  lamelleuse  trés- 
Uche  (i),  et  celle  du  peigne  pèlerin  d'un  tissu  au  contraire 
Irà^-deose  et  très-serré  :  en  général  les  coquilles  mates  ou 
non  nacrées  ont  cette  structure. 

La  structure  la  plus  opposée  à  la  précédente  esl  celle  dans 
laquelle  les  molécules  de  chaque  couufae  sont  di.'posées  de 
manière  A  former  des  libres  verticales  au  pluu  de  la  couclic  : 
c'est  U  «truclure  fibreine.  Ces  coquilles  sont  extrêmemcat 
coseanlrs  ;  je  D'en  connais  d'exemple  que  dans  les  coquilles 
des  mollusque»  acéphales.  Quelques  jambunueaux  l'oûVent 
par  excellence  ;  mais  ils  dc  sont  pas  les  seul». 

La  troisième  est  composée  des  deux  précédentes,  c'eet-ù- 
dirc  d'une  succession  de  couches  alternativement  fibreuses  et 
tantelleuscs  :  c'est  unssi  dnns  ime  espèce  dc  jambonneau  que 
ï«raî  reiQurquèe.  Elle  pourra  Sire  distinguée  par  la  déno- 
iBioalioii  deJibro-laineUcuse. 

(i)  0<i  rciDai(iucdiin>lji  ilruclure  de  11  coquille  dr  i'builie,  quelque 
thiMC  *lonl  je  n'«i  |ju  cocuce  trauTct  l'eiplicstion  :  c'eil  qu'i  un  cm- 
l*ia  cadrait  de  l'înléricur  de  b  valrc  droite ,  la  lame  nouTelkmcDl 
ferace  ett  «épinie  de  celle  qui  l'anit  ità  immédiate  ment  avant ,  pai 
lU  c*|>aci'  plus  ou  moins  coatidérablc,  tcinpli  d'uu  Ouide  limpide  et 
tilréinemrat  pul[i:t<.'iljtc. 


1 


Nacrée. 


\ilrease. 


Cellulaire. 


188  DE    LA    PEAU 

Od  trouve  une  structure  fort  rapprochée  de  celle-ci  dans 
les  coquilles  nacrées,  qu*elles  soient  composées  d'une  ou  de 
deux  pièces.  La  partie  nacrée  in*a  semblé  toujours  lamelleuse, 
tandis  que  l'autre  est  plus  ou  moins  fibreuse  ;  les  turbos  m'en 
ont  offert  un  exemple  évident;  les  unios  sont  aussi  dans  le 
mf  me  cas  :  mais  en  outre  la  couche  fibreuse  externe  est  re- 
couverte par  un  épidémie  fort  épais.  La  coquille  des  Téri- 
tables  moules  ne  difiere  guère  de  cette  espèce  qu'en  ce  que  la 
couche  fibreuse  est  beaucoup  plus  épaisse  que  l'autre,  et  que 
ses  fibres  sont  d'autant  plus  obliques  qu'elles  sont  plus  toi- 
sineâ  du  bord. 

.  Je  donnerai  le  nom  de  structure  vitreuse  à  celle  de  la  co- 
quille des  porcelaines  et  de  quelques  genres  voisins ,  parce 
que  la  couche  interne  »  quoique  lamelleuse,  est  cependant 
extrêmement  dure, comme  vitreuse,  luisante  et  fort  mince; 
la  seconde  et  la  troisième  couche  sont  fibreuses;  et  les 
fibres  de  celles-ci  ont  un  aspect  comme  corné,  beaucoup 
moins  dur.  Mais  ce  qui  différencie  cette  espèce  de  coquille 
de  toutes  les  autres,  c'est  qu'à  un  certain  âge  les  replis  de  la 
peau  ou  du  manteau ,  en  l'enveloppant ,  déposent  à  sa  surface 
externe  une  couche  adventive >  comme  vernissée,  dont  la 
structure  est  beaucoup  plus  granuleuse  que  celle  des  autres 
couches.  Il  en  résulte  que  la  coquille  augmente  eaépaisseur 
par  ses  deux  surfaces,  et  qu'elle  peut  avoir  deux  modes  de 
coloration ,  l'un  qui  appartient  à  sa  partie  primitive,  et  l'autre 
à  sa  partie  adventive. 

La  coquille  du  genre  scarabé,  parmi  les  auricules,  pa- 
rait avoir  une  structure  fort  analogue  à  celle  des  porcelaines; 
il  n'est  cependant  pas  probable  qu'elle  ail  le  même  mode  de 
formation. 

Enfin  la  structure  la  plus  singulière  est  celle  de  l'os  des 
sèches.  C'est  un  corps  crétacé ,  symétrique ,  aplati ,  bombé 
dans  les  deux  sens,  c'est-à-dire  en  dessus  comme  en  dessous, 
dans  presque  toute  son  étendue ,  et  qui  n'offre  d'apparence  de^ 


D.VNS    LES    MAL\C0ZOAIRE9.  1  St) 

MTitéqne  ters  le  sommet  qui  est  loiil-ù-rnil  postérieur  el  on 
forme  de  p«tïle  pointe.  Cette  partie  postérieure  est  TonDÙe 
par  une  lame  dure,  comme  vitrée,  qui  se  prolonge  sur 
toute  In  face  supérieure  du  corps  protecteur;  mais  toulc 
retendue  de  son  disque  est  fortement  épaissie  en  dessous 
par  une  succession  de  couches  et  de  iamcs  qui  se  délior- 
4tal  les  unes  les  autres  ,  et  qui  sont  réunies  entre  elles  par 
de  très'peltles  cloiitons  verticales  et  serrées  :  celte  partie 
I   de  la  coquille  est  beaucoup  plus  tendre  que  l'écorce  supé- 


La  lame  dorsale  des  calmars  partit  n'avoir  pas  celle  partie 
fciférieure  du  l'os  du  In  sèche ,  et  n'C-Irtt  composée  que  de  la 
ma  supérieure  qui  est  le  plus  souvent  en  forme  du  luinc 
'  d'ëpve  et  extrêmement  mince. 

Sous  le  rapport  de  lu  composition  chimique,  on  trouve  stm 
•ossi  quelques  différences  dam  la  coquille  des  mollusques. 
I  Sn  effet,  quoique  dans  le  plus  grand  nombne  de  cas  elle  soit 
1  «alcaire,  il  arrive  aus^i  quelquefois  que  la  substance  mu- 
1  lieuse  la  compose  presque  tout  enlière;  oa  trouve  plus 
LmutcoI  que  c'est  de  la  malit.TC  cornée  ;  il  est  vrai  que  celle 
mposilion  ne  !c  voit  que  dans  une  pièce  que  nous  allons 
I  <MDt>a{lre  »ous  le  nom  d'opercule. 

Le  nombre  des  pièces  qui  composent  l'enveloppe  protec-  lt  » 
IjUcc  des  animaux  mollusques  étant  fixe  pour  chaque  groupe  "U* 
f  bien  déterminé ,  a  dQ  être  depuis  long-temps  étudié  par  les 
f  «onchjologi^ies.  On  nomme  chacune  de  ces  pièces  vn/w:, 
1  Et  leur  ensemble  co<7Ut//e.  Elle  peut  n'Clre  composée  abso- 
lilnmenl  que  d'une  seule  pièce;  et  Ton  appelle  alors  cette 

:ce  de  Coquille  univalve;  mais  cette  dénomioatiou  ne  me      t, 

I  farait  rigoureusement  juste  que  pour  les  coquilles  inopercu- 

I  Jées  ;    car  dnns  celles  dont   l'ouverture  peut  Ctre  plus  ou 

noÏDS   complétemeot  fermée    par  une  pièce  souvent  fort 

I  «^iue  et  très-dure ,  quelquefois  même  articulée  avec  la  pièce 

principale,  elle  n'est  réellement  plus  convenable.  On  pour- 


SabbîTaWe. 


Bivalve. 


TabÎTaUe. 


190  DE    LA    PEAIJ 

rait  les  désigner  par  la  dénomination  de  subbivaives.  C'est  ce 
qu'on  nomme  ordinairc^ment  coquilles  opercultes  :  ces  deux 
systèmes  de  coquilles  n'existent  que  dans  la  classe  àm  mol- 
lusques céphalés* 

Un  troisième  système  est  celui  dans  lequel  la  coquille  est 
constamment  formée  de  deux  pièces  ou  Talves,  ordinaire- 
ment presque  égales  entre  elles  9  et  qui  peurent  se  moùfoîr 
plus  ou  moins  complètement  l'une  sur  l'autre  :  c'est  dons  la 
classe  des  mollusques  acéphales  que  se  remarque  cette  co- 
quille, qui  prend  le  nom  de  bivalve. 

EnGn  il  est  un. quatrième  système  dans  lequel  y  outre  les 
deux  pièces  principales  du  corps  protecteur,  il  se  dépose  à 
la  surface  de  la  peau,  mais  sans  adhérence  réelle  avec  elle, 
quelques  petites  pièces  accessoires,  comme  dans  les  pholades, 
et  même  quelquefois  un  tube  qui  enveloppe  l'animal  et  sa 
coquille  véritable,  alors  il  est  rrai  beaucoup  plus  petMe  que 
le  corps  du  moUusque ,  comme  cela  se  voit  dans  les  fistu- 
tanes  :  c'est  à  ce  système  que  Ton  donne  le  nom  de  eoquiik 
THuitivaive.  multivalve.  Je  préférerai  celui  de  tubivalve^  et  {e  réserterai 
la  dénomination  de  multivalve  pour  désigner  un  dernier 
système;  c'est  celui  que  forme  la  coquille  singulière  qui 
rcTét  le  corps  des  animaux  subarticulés  ou  intermédiaires  an 
type  des  entomozoaires  et  à  celui  des  malacozoaîres  «  et  qui 
est  en  effet  composée  d'un  plus  00  moins  grand  nombre  de 
Téritables  valves  appartenant  réellement  à  la  peau ,  à  la- 
quelle elles  adhèrent. 

Mais  ces  valves  se  disposent  d'une  manière  différente  ù  la 
surface  de  la  peau  quV'lles  revêtent. 

Dans  le  système  des  nnivalvei»  et  des  subbivàlves,  c'est 
toujours  9  à  ce  qu'il  paraît ,  le  dos  de  l'animal  que  la  coquille 
et  son  opercole  refcouvrent. 

Dans  le  second  système,  ou  celoî  des  bivalves  véritables, 
les  deux  pièces  se  placent  ou  sous  le  ventre  et  sur  le  dus  de 
ranimai,  comme  dani?  les  palliobranchès,  ou  snr  ses  flancs, 


LMirdiiposi" 

tionà  lasurfare 

de  Taninnl. 


DANS    LES    MALACOZOAIRES.  igi 

comme  dans  tous  les  lamellibraoched ,  c^est-&-dire  dans  le 
plus  grand  nombre  des  espèces. 

Les  tubiTalves  offrent  cela  de  particulier ,  que  les  deux 
TaWes  principales  sont  latérales  «  comme  dans  les  lamelli- 
branches; et  les  valves  accessoires  sont  dorsales,  comme 
dans  les  pholadee,  ou  enveloppent  tout  le  corps  de  l'animal  et 
même  souvent  sa  véritable  coquille  ;  c'est  le  cas  des  fistulanes. 

Quant  aux  véritables  multîvalves»  les  valves  qui  com« 
posent  la  coquille  présentent  trois  dispositions  particulières  : 
dans  l'une  elles  sont  placées  tout  autour  du  corps  >  en  s'en- 
grenant  constamment  par  les  bords,  de  manière  à  former 
souvent  une  sorte  de  couronne  ;  â!où  le  nom  de  coquille 
mnltivalve  coronale.  Dans  la  seconde  espèce,  les  valves  nom* 
breuses  se  placent  aussi  tout  autour  du  corps;  mais  elles  se 
touchent  souvent  à  peine,  et  jamais  elles  ne  s'engrènent  :  ce 
sont  les  coquilles  m ulli  valves  ^^fiamme/i^e^.  Enfin  dans  la  troi- 
sième espèce ,  les  valves  n'occupent  que  le  dos  de  l'animal , 
et  sont  placées  les  unes  &  la  suite  des  autres,  et  forment  par 
conséquent  une  série,  ce  qui  leur  a  valu  la  dénomination  de 
coquille  multivalve  striaie»  On  trouve  les  deux  premières 
sortes  dans  les  nématopodes ,  et  la  seconde  dans  les  poly-* 
plaxiphores. 

Il  ne  nous  reste  plus  qu'à  parler  des  difiërences  de  forme  LaroriD«.d*où 
qoe  peuTent  présenter  les  coquilles  des  animaux  mollusques.    ^**'^\Sf^^* 

Une  valve,  quelle  qu'elle  soit,  présente  une  surfiice  ex-        ^^^•• 
terne  ordinairement  convexe;  c'est  le  do6  où  se  trouve  le         i>os. 
sommet  qui  n'est  que  le  point  d'origine  de  la  coquille,  une  sur-       Sommet, 
face  interne  ordinairement  concave,  qui  forme  la  cavité  de  la       civité. 
valve ,  dont  le  commencement  est  Vouverture ,  et  une  cir-     oa?eri«i«. 
conférence  qui  la  borde  à  l'endroit  de  réunion  des  deux 
surfaces ,  et  h  laquelle  on  donne  en  effet  le  nom  de  bord.  Bord. 

La  valve  peut  Gtre  régulière  ou  irrégulière,  symétrique  ou 
non  symétrique. 

Une  valve  est  régulière  lorsque  tous  les  points  de  son  bord  ^  "^uéref  ^ 


Irrégulière. 

Symétrique  ou 
équilalér^le. 


Asymétrique 

ou 
inéquilalérale. 


Ou  mode  d'en* 

roulement 

d*iuie  valve. 


Longitudinal. 


Transversal. 


Hëlicoldc. 

D'où  la  défini- 
tion 


De  la  spire. 
De  ses  tours. 


192  DE    LÀ    PEAU 

font  9nr  le  même  plan,  et  que  par  conséquent  tous  peuvent 
toucher  à  la  fois  les  points  correspondans  d'une  surface  plane; 
elle  est  plus  ou  moins  irnfgulière  dans  le  cas  contraire. 

Une  ralve  est  symétrique  ou  ëquilatérale  lorsqu'elle  peut 
être  partag;ée  en  deux  parties  égales  par  un  plan  qui  passe  par 
son  sommet  :  elle  est  asymétrique  »  ou  elle  est  plus  ou 
moins  inéquilatérale  lorsque  le  plan  la  divise  en  deux  parties 
plus  ou  moins  inégales  ;  Tune  à  droite  et  l'autre  à  gauche , 
ou  l'une  en  avant  et  l'autre  en  arrière  9  suivant  la  position  de 
la  valve  sur  l'animal. 

Cette  valve  peut  aussi  être  tout-Â-fait  plane,  très-rare- 
ment convexe  sur  les  deux  côtés,  comme  dans  l'os  de  la 
sèche  ;  mais  très-souvent  elle  est  fortement  convexe  sur  une 
face  y  et  concave  de  l'autre.  Alors  la  cavité  devient  propor- 
tionnelle, et  la  valve  s'élève  en  formant  un  cône  plus  ou 
moins  allongé. 

Ce  cône  peut  rester  droit  et  vertical ,  ou  il  peut  se  courber» 
s'enrouler  sur  lui-même  de  manière  à  perdre  plus  ou  moins 
de  son  élévation,  et  à  prendre  une  forme  ^générale  toute 
particulière,  suivant  le  mode  d'enroulement. 

11  n'y  a  réellement  que  trois  modes  d'enroulement;  le 
premier,  que  je  nommerai  longitudinal ,  parce  qu'il  se  fait 
dans  la  direction  longitudinale  du  corps  de  ranimai,  d'avant 
en  arrière  ou  d'arrière  en  avant,  ce  qui  est  extrêmement  rare; 
le  second,  tmnsi^rsal,  parce  qu'il  a  lieu  de  droite  à  gauche, 
ou  de  gauche  à  droite  de  Tanimal,  mais  toujours  perpendicu- 
lairement au  précédent  ;  et  le  troisième,  que  je  nommerai 
liélicoïde,  qui  est  pjius  ou  moins  rapproché  de  l'un  des  deux 
premiers,  suivant  que  la  ligne  courbe  qu'il  forme  s'éloigne 
plus  ou  moins,  verticalement  ou  horizontalement  du  point 
autour  duquel  elle  s'enroule.  C'est  à  cette  dernière  espèce 
d'enroulement  d*uhe  valve  qu'on  donne  le  nom  de  spirr^tWe 
est  composée  d'un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  tours, 
ce  qui  dépend  de  la  forme  du  cône  spiral;  mais  ce  qui  pro- 


DANS    LES    HALACOZOAIRKS.  IQJ 

Tient  de  soq  moiifeinent  plus  ou  moins  rapide  irenroule- 
ment 9  dans  un  sens  ou  dans  un  autre ,  c'est  la  hauteur  ou 
la  dépression  de  la  spire ,  dont  la  considération  est  purement 
xoologique. 

Le  plus  souvent  c*est  de  iraucheà  droite  que  Tenroulement  i>'on«  coquin* 

■  o  T  tenntre  ou 

de  la  spire  d'une  vaWe  se  fait;  c'est  même  l'état  normal;        ucxire. 
mais  il  arrive  aussi  que  certaines  espèces  de  coquilles,  ou 
quelques  individus  d'une  même  espèce  présentent  Tanomalie 
d'une  spire  tournée  de  droite  ù  gauche.  Ces  coquilles  portent 
le  nom  de  sénesires  ou  de  gauches. 

Dans  les  trois  modes  d'enroulement  du  cône  calcaire ,  le 
point  ou  la  ligne  fictive  autour,  de  laquelle  cet  enroulement 
se  fait,  se  nomme  l'are  de  la  coquille.  Si  Je  côté  interne  du 
c6ne  qui  s'enroule  reste  toujours  à  une  distance  plus  ou 
moins  considérable  de  cet  axe,  il  en  résultera  un  trou  ou 
une  cavité  plus  ou  moins  allongée,  suivaut  le  mode  d'enrou- 
lement :  c'est  Vonibilic  de  la  coquille.  Alais  si  au  contraire  oe  rombiiic. 
le  côté  interne  du  cône  en  s'enroulant  atteint  ou  même  dé- 
passe Taxe  fictif,  il  j  aura  une  sorte  de  pénétration  ou  d'é* 
cbaocrure  du  cône  spiral ,  et  il  se  produira  autour  de  l'axe  et 
4  sa  place  une  espèce  de  pilier  tordu  que  l'on  désigne  sous  le 
nom  de  cotumelle ,  dont  la  disposition  est  étudiée  avec  soin 
en  xoologie. 

Nous  avons  vu  plus  haut  que  le  commencement  de  la  ca-  De  rouv<>iiure 
vite  de  la  valve  s'appelait  son  ouverture  ou  sa  bouche;  et 
que  sa  circonférence  en  formait  le  bord.  C'est  «^  ce  bord, 
considéré  dans  son  entier,  que  l'on  donne  le  nom  de  péris- 
tome.  Quand  on  le  considère  au  contraire  dans  ses  parties 
droite  ou  gauche,  il  se  subdivise  en  ce  qu'on  nomme  lèpres j 
désig;nées  aussi  par  les  noms  de  droite  ou  de  gauche  ^  suivant  Lèvreii  «iivitc. 
leurs  rapports  avec  l'animal. 

Lorsque  la  vaWe  est  peu  profondément  excavée  ou  peu 
élevée,  et  surtout  qu'elle  est  droite  ou  A  peine  enroulée , 
l'ouvertore  est  celle  du  cône,  et  n'est  pas  modifiée. 

1.  IJ  * 


De  la  colu- 
meUe. 


Fëri«lome  ûi- 
visé  «a 


194  ^^   ^^   PEAU 

Elle  ne  Test  pas  encore  davantage  lorsque  le  cône  qu'elle 
tbrrae  s'enroule  lungitudinuleinent  ou  transversalement ,  et 
même  en  spirale,  tant  que  Taxe  fictif  n*est  pas  atteint;  mais 
iln*en  est  pas  de  même  lorsqu'il  est  dépassé,  alors  l'ouver- 
ture est  modifiée*  c'est-à-dire  qu'elle  difl'ère  de  ce  qu'elle 
auroit  été  si  le  cône  eût  été  complet.  L'arant-dernier  tour 
de  Tenroulement,  de  quelque  espèce  qu'il  soit,  pénètre  plu» 
on  moins  dans  l'ouverture  du  dernier  tour,  et  il  en  résulte 
que  dans  les  coquilles  enroulées  en  spirale,  la  columelle  se 
prolonge  plus  ou  moins  dans  cette  ouverture  dont  elle  forme 
le  bord  ou  la  lèvre  gauche  :  c'est  à  cause  de  cela  qu'on  l'ap- 

'"itmHi*Srr'  P®^'^  quelquefois  /èvne  interne  ou  columellaire  ^  de  même 
exicrne.       ^^^  p^j.  opposition  la  lèvre  droite  est  dite  externe» 

Cette  ouverture  ainsi  modifiée  ou  non ,  peut  être  entière 
ou  échancrée,  prolongée  ou  non  dans  sa  partie  antérieure  en 
tube  plus  ou  moins  long;  elle  peut  être  ronde,  ovale,  an- 
guleuse ,  différences  dont  l'étude  minutieuse  regarde  plus 
particulièrement  la  zoologie. 

lien  est  de  même  des  tubercules,  cordons,  Tarices,  et  en 
général  des  saillies  qui  hérissent  quelquefois  la  surface  d'une 
coquille  ,  ou  des  stries ,  des  sillons  plus  ou  moins  profonds  qui 
la  sillonnent,  soit  verticalement  en  descendant  du  sommet  à 
la  base,  soit  transversalement  dans  une  direction  perpen- 
diculaire :  ces.  modifications  qui  sont  dues  à  des  lanières 
dont  les  bords  du  manttau  peuvent  être  pourvus ,  oe 
donnant  lieu  qu'à  des  considérations  tout-à-fait  spéciales, 
doivent  être  renvoyées  aux  principes  de  zoologie. 
De  la  «vile        Lji  face  interne  de  la  valve,  constamment  lisse,  forme 

d  une  Talfc. 

une  cavité  plus  ou  moins  profonde  qui ,  dans  le  plus  grand 
nombre  de  cas  est  unique  ;  mais  aussi  quelquefois  elle  est 
subdivisée  en  deux  par  une  cloison  horizontale  ,  et  plus 
souvent  encore  elle  est  partagée  en  un  grand  nombre  de 
loges  par  une  succession  de  cloisons  verticales  produites  par 
la  partie  postérieure  du  corps  de  l'animal  qui  s'est  successi- 


9  se  désigoent  sgus 
i  de  mono- 


DANS    LES    UAI.AC0Z0A1RBS. 
mcé.  Cm  espvcus  <ie  coquilles 
le  nom  de  polylhalames ,  par  uppus 
tluUanus  que  l'on  donne  auK  uulres.  >: 

Lu»  diffèrentus  formes  du  vahcs  que  uuua  venons  de  faire  n 
connsitre,  rarient  suivant  le  système  de  coquille  auquel  elles 
•pparliennenl  :  uinsi  dans  le  système  uaivalve,  oa  trouve 
qae  ta  vulrt  est  rareuieni  fori  plate,  elle  est  ub  peu  moins 
rarement  plus  ezcavve  et  siinplctuent  conique;  nisis  le  plus 
ordinaire  meut  clic  est  curuuice  longitudioalemeni,  Iransvcr- 
salemenl  et  encore  beaucoup  plu$  souvenl  en  spirale. 

Dau«  le  sjalème  subliivaUe  on  ne  voit  presque  que  celle 
dernière  forme  <  du  moins  dans  la  pièce  principale  :  l'iiutre 
ou  l'opercidc  est  ordinairement  pluie*  quoique  également 
■.'nroulee.  Ln  composition  chimitiue,  la  forme  ,  la  grandeur 
proportionnelle  de  celte  pièce ,  ainsi  que  ses  rapports  avec  la 
pièce  principale  ,  foumissenl  de  bons  caractêi'ea  à,  la  loo- 


rt 


Le  tjMéme  bivalve  offre  le  plus  souvent  une  forme  toute 
plate,  ou  une  forme  conique  très-aplatie  avec  un  sommet 
fort  peu  salliaat  et  très-rarement  enroulé.  Les  deux  pièces 
composantes,  ■'embijbles  ou  dissemblables,  d'où  résulte  la 
JifliDction  des  coquilles  bivalves  en  équivalvei  et  en  inerjui- 
,  se  loucbetit  ou  ne  se  louchent  pas  complètement  par 
Inr  bord ,  oc  qui  forme  les  coquilks  bivalves  eioses  ou  bâil- 
tmtiUs;  elles  se  joignent  eni'emblc  et  se  meuvent  l'une  sur 
ÏSutM  i  l'aide  d'uu  système  d'articulation  ,  de  ligamens  et  de 
:iBiiscieft  dont  l'étude  appartient  à  la  locomotion. 

Le  syHème  tubivalve  ne  diffère  guère  du  précédent  pour 
Im  deiii  pièces  principales  de  la  coquille  ,  qui  cependant  ne 
'•^rlicalent  plus  directement  entre  elles,   et  qui  sont  tou- 
rs bâillantes;  mais  11  en  diffère  beaucoup  par  la  forme 
tube  quelquefois  complèlement  fermé  à  une  de  ses  eztrè- 

4{ue  prend  une  des  pièces  de  la  coquille. 
DtilH  l'une  des  divisiong  du  sjstème  multivalve,  celui  que 


10(3  !>£   ^^    PEA6 

nou9  avons  nommé  coroual,  les  yalves  circulaires  ne  peuvent 
que dilfîcilement  être  comparées  à  des  valves  ordinaires  :  elles 
sVngrènent  les  unes  les  autres  par  les  bords.  Quant  aux  pièces 
operculaires  )  elles  sont  plus  ou  moins  squammiformes,  ou 
pyramidales. 
MiiitH«w«         Dans  la  seconde  sorte  j  les  valves  plus  ou  moins  grandes 


"*  me.  50Dt  toujours  squammiformcs  et  organisées  comme  dans  le 

système  bivalve. 

iiaitiTairr         Cellcs  de  la  troisième  sorte  sont  le  plus  souvent  transverscs 
**"*  '        et  courbées  en  arc  ;  elles  s'imbriquent  souvent  d*avant  en 
arrière ,  mais  jamais  elles  ne  s*cngrènent.  La  première  et  la 
dernière  diffèrent  sensiblement  des  autres. 

tUïH^rrnrr»       Mais  le  corps  protecteur  de  Tenveloppe  des  mollusques 

"  livn.  peut  encore  offrir  quelques  différences  suivant  l'espèce  de  cou- 
leur et  le  système  de  coloration  y  ainsi  que  dans  l'épaisseur 
et  la  forme  de  l'épiderme. 

Les  coquilles  peuvent  offrir  toutes  les  espèces  de  couleurs 
depuis  les  teintes  les  plus  vives  jusqu'aux  plus  lavées,  et 
cela  dans  tous  les  systèmes  de  coloration  ;  mais  c'est  presque 
toujours  la  face  externe  qui  les  revêt.  L'interne  est  à  peu 
près  constamment  blanche  ou  seulement  nncrée  ,  et  s'il  y  a 
quol(|ue  coloration ,  ce  n'est  guère  qu'aux  bords. 

La  couleur  nacrée  ou  irisée  des  coquilles  tient  tellement  à 
la  disposition  physique  des  molécules ,  que  l'on  peut ,  en  pre- 
nant une  empreinte  des  très-fines  anfractuosités  qu'elles  pré- 
sentent, avec  une  substance  assez  fluide  pour  h'y  mouler, 
roinmc  de  la  rire  s\  cacheter,  obtenir  une  surface  irisée  : 
c'est  ainsi  que  l'on  peut  expliquer  le  fait  de  moules  fossiles 
de  cornes  d'ammon,  qui  sont  irisées  comme  l'était  la  co- 
quille. 

On  ne  trouve  non  plus  jamais  d'épidcrme  qu'û  la  surface 
externe  des  coquilles ,  et  ce  n'est  pas  ù  beaucoup  près  dan5 
toutes  les  espèces.  Cet  épiderme,  d'une  épaisseur  assez  va- 
riable ,   est  ordinairement  lisse  ;~  quelquefois  il  se  relève  eo 


DANS    t.ES    MALACOZOAIRES. 


'97 


petites  écailles  plus  ou  moius  scrrires ,  ou  en  poils  quelquefois 
asseï  longs*  comme  dans  benucoup d'hélices. 

h'Uge,  le  sexe,  el  même  le  séjour,  ont  assex  peu  d'in-  n» 
fiuence  pour  déterminer  queiqiien  variùtions  duos  les  diffé- 
rentes parties  de  la  penu  des  mollusques,  si  ce  n'est  dans  le 
corps  proleclcur  ou  dans  la  coquille.  Ainsi  celle-ci  est  en 
^nérat  d'autant  plusmince,  plus  muqueuse,  d'un  tissu  inoin» 
dense,  moins  hérissée  de  tubercules  ;  elle  a  son  épidenne 
d'aiiUnt  plus  épais,  elenGn  d'autant  moins  de  tours  de  spire, 
«t  l'ombilic  d'aulaot  moins  caché  quand  elle  est  spirivalve, 
que  l'animal  est  plus  jeune  ;  la  coloration  est  ù  son  plus  grtind 
degré  de  ?i»acilé  i  un  flge  à  peu  pré*  intermédiaire. 

On  ne  peut  trouver  de  différence  entre  les  deux  seses  que       " 
dans  les  espèces  qui  les  ont  séparés;  alors  la  coquille  du 
■nfile  m'a  toujours  paru  plus  petite,  et  su  spire  phis  pointue  : 
celle   de   la  femelle  est  au  contraire ,  plus  grosse  et  plus 

Le  ««jour  sur  la  terre ,  dans  les  eaux  douces  ou  salées,  se  <■' 
Iruufe  aussi  concorder  avec  quelques  différences  dans  l'épaiM- 
aeur  de  la  partie  calcaire  et  surtout  diins  celle  de  répiilcrnit' 
des  coquilles;  ainsi  les  espèces  Icn-eatres  el  âvvialiles  snni 
en  gétiéral  plus  minces  que  les  marines;  l'épiderme  est 
farloul  plus  épais  dans  les  bivalves  d'eau  douce,  que  dan° 
P-Cclle»de  mer. 

BoGn  il  paraît  que  le  climat  prodtiit  sur  l'Intensité  .la  li-      i> 
iwcîtè  do  U  coloration  des  coquilles,  le  même  résultat  que 
r  celle  de  la  peau  des  animaux  des  Ijrpes  précédons. 
Il  me  réitérait  mitiulinant  ii  parler  des  différences  que     >-' 
Lrenveloppe  extérieure  des  mollusques  présente  suivant  les 
F-poope»  nalurols  auxquels  iU  appartiennent  ;  mais  elles  sont 
Lielleuient  en  rapport  avec  la  xuuingir,  que  ce  serait  l'aire  un 
'  double  emploi  que  d'en  parler  ici.   Nous  nous  bornerons  :'i 
I  •^elqucsobservatiiinsgênérâles  sur  la  disposition  du  manteau 
plutCl  que  sur  la  peau  elle-mOme  oi  »nr  la  coquille. 


igS  DE   LA   PEAU 

A.  Dans  les  céphalophores. 

Dans  la  cbsse  des  malacosoaires-céphalophorcs,  la  peau 
qui  recouTrc  le  corps  et  qui  forrae  le  manteau  •  est  extrême- 
ment, variable  sous  les  rapports  de  l'épaisseur,  de  Tétat  lisse 
ou  tuberculeux  de  sa  surface,  des  proloDgemens  plus  ou  moins 
considérables  dont  elle  est  pourrue,  spécialement  sur  ses 
bords,  et  surtout  pour  la  manière  dont  elle  cnreloppe  le 
corps  lui-«:iême ,  ou  la  masse  des  yiscères ,  en  formant  quel- 
ques caVités.  Moqs  ferons  abstraction  en  ce  moment  de  l*é- 
paississement  de  Tenreloppe  extérieure  ou  de  l'espèce  de 
pied  qui  occupe  la  partie  inférieure  du  corps,  ce  qui  a  fait 
donner  ù  beaucoup  de  ces  mollusques  cépbalés  le  nom  de 
'gastéropodes,  parce  que  cette  modification  ^partient  à  la 
locomotion.  Nous  ne  parlerons  que  de  la  peau  qui  rerêl  les 
parties  supérieures  du  corps. 
t>»*^M.  c.  bans  Tordre  des  cryptobranches  ou  des  sèches,  le 'man- 
teau le  plus  souvent  nu,  forme  autour  du  corps  une  sorte  de 
sac  ouvert  dans  presque  toute  sa  circonférence  antérieure, 
dans  lequel  sont  cachées  les  branchies,  et  que  nous  verrons 
servir  Â  la  locomotion  dans  plusieurs  de  ces  animaux,  qui 
n'ont  en  effet  pas  de  pied. 

C'est  sur  la  peau  d'un  genre  de  cet  ordre,  cehii  éta  cal- 
mars 9  que  se  voit  une  singularité  de  coloration  fort  remar- 
quable. Les  taches  colorées  en  rouge  plus  ou  moins  vif  dont 
elle  est  parsemée  asscs  irrégulièrement,  sont  dans  une  sorte 
de  mouvement  desystole  et  de  diastole  continuel  ;  c'est-à-dire 
que  parvenues  à  toute  l'étendue  dont  elles  sont  susceptibles, 
elles  diminuent  peu  à  peu  jusqu'à  devenir  presque  impercep- 
tibles, pour  augmenter  ensuite  graduellement  de  nouveau, 
et  ainsi  de  suite. 

Les  autres  mollusques  céphalcs  dfiÀîques  n'offrent  presque 
rien  dans  leur  manteau  qui  leur  soit  particulier.  Ches  tous 


DANS    LES    BIALAGOZOAIRES.  IQQ 

il  est  recou?ert  par  uoe  coquille  spirale  y  et  il  est  par  coDsé- 
queDt  fort  mince  ;  il  forme  au-dessus  du  dos  une  cavité  plus 
ou  moins  cousidcrable  dans  laquelle  sont  contenues  les  bran- 
chies. Le  bord  de  cette  cavité  se  prolonge  assez  souvent 
pour  former  un  tube  quelquefois  fort  long,  et  qui  sert  à  la 
respiration;  d'autres  fois,  au  contraire ^  le  bord  du  manteau 
est  uni;  mais  à  la  partie  inférieure  du  bord  de  la  même  ca- 
vité ,  on  trouve  à  droite  et  à  gauche ,  et  quelquefois  d'un 
seul  côté  9  un  Appendice  plus  ou  moins  prolongé  ^  comme 
dans  les  vivipares,  les  ampuUaires. 

On  remarque  aussi  dans  plusieurs  de  ces  animaux  que  les 
flancs  sont  quelquefois  pourvus  d'espèces  d'appendices  assez 
singuliers  dont  on  ignore  Tusage  y  comme  dans  quelques 
nalices ,  dans  plusieurs  turbots  ;  ces  appendices  ne  me  parais- 
sent pas  appartenir  au  manteau  proprement  dit ,  mais  être 
attachés  au-dessus  du  pied.  On  en  voit  dans  la  janthine  qui 
servent  peut-être  à  la  locomotion.  Les  cyprées ,  les  olives  et 
quelques  genres  voisins  en  ont  de  bien  plus  larges  encore 
dont  elles  recouvrent  leur  coquille  quand  elles  rampent; 
quelquefois  le  lobe  d'un  côté  est  plus  grand  que  celui  de 
l'autre  :  les  cyprées  sont  dans  ce  casf  Dans  le  péribole  d'A- 
dansoQ  ces  expansions  sont  recouvertes  de  très-petits  tenta- 
cules. 

Dans  cette  sous-classe  je  n'ai  jamais  trouvé  que  le  mao* 
teau  fût  bordé  de  cils  tentaculaires. 

Celle  des  mollusques  céphalés  hermaphrodites  offre  un  bien     Hermapbro- 
plus  grand  nombre  de  différences  dans  la  manière  dont  la 
peau  enveloppe  le  corps  9  et  assez  peu  dans  sa  structure. 

Les  espèces  qui  ont  une  coquille  ne  diffèrent  pas  eooore 
beaucoup  de  ce  qui  existe  dans  la  sous-classe  précédente; 
cependant  celles  qui  respirent  l'air  en  nature  9  comme  les 
pulmobraocbes»  ont  une  disposition  de  la  partie  antérieure 
da  manteau  ^  telle  qu'elle  forme  une  cavité  qui  ne  commu- 
nique avec  Tair  que  par  un  orifice  arrondi ,  et  le  bord  libre 


500  DE    LA    PEAU 

est  assez  épais  et  assez  serré  autour  du  corps  pour  qu'il  en 
résulte  une  espèce  d'anneau  auquel  on  a  donné  le  nom  de 
collier, 

Dan«  les  espèces  nues  de  ce  même  groupe  des  pulmo« 
branches  9  c'est-à-dire  dans  les  limaces  9  on  trouve  que  la 
même  partie  du  manteau  est  séparée  du  reste  de  la  peau  par 
un  sillon  plus  ou  moins  marqué ,  et  forme  une  espèce  de 
bouclier  qui  recouvre  la  cavité  pulmonaire  9  et  dans  l'épais- 
seur duquel  est  un  rudiment  de  coquille. 

Dans  ces  animaux,  la  peau  étant  nue,  devient  beaucoup 
plus  épaisse  ,  moins  lisse  et  plus  visqueuse. 

L'ordre  des  chismobranches  qui  renferme  le  sigaret  et 
genres  voisins,  offre  souvent  la  coquille  tout-à^fait  interne,  et 
du  reste  le  manteau  est  disposé  comme  dans  les  céphalés 
dioîques  gastéropodes. 

Les  monopleurobrancbes ,  c'est-à-dire  les  laplj^ies  et  les 
bullées  ont  aussi  presque  toujours  une  coquille  intérieure  ; 
mais  le  manteau  forme  la  cavité  branchiale  ordinairement 
sur  le  côté  droit;  quelquefois,  mais  raren>ent  sur  le  milieu 
du  dos.  Dans  une  espèce,  l'animal  de  l'pmbracule,  une 
partie  de  la  peau  du  dos  est  très-tuberculeuse. 

Les  ptérobranches  nus  ou  concbifères  ne  me  paraissent 
jamais  avoir  de  repli  du  manteau ,  propre  à  former  une  cavité, 
leur  peau  est  peu  épaisse ,  et  leur  coquille  est  en  général 
fort  mince  et  quelquefois  comme  gélatineuse. 

Les  polybranches ,  comme  les  glaucus,  les  cavolines,  les 
tritonies,  les  scyllées,  les  cjclobranches ,  c'est-à-dire  les 
doris,  les  onchidies  et  les  inférobrancbes  véritables  n'ont 
jamais  de  coquille;  leur  peau  est  le  plus  souvent  épaisse, 
tuberculeuse ,  et  le  manteau  déborde  plus  ou  moips  le  pied 
ou  la  face  abdominale ,  sans  former  de  cavité ,  si  ce  n'est 
peut-être  dans  quelques  espèces  de  doris  pour  les  branchies. 
La  peau  des  nucléobranches  ou  des  firoles,  des  carinaires 
mêmes,  «quoiqu'elles  aient  une  petite  coquille  ,  est  subcarli- 


DANS    LES    U  AtACOZOAinFa.  301 

lagineiise  et  hérisfée  de  luberculi-s  :  elle  ciiTelnppe  eiacte- 
meiil  le  coqis  de  l'animal.  Il  y  a  cependant  un  manleau  fort 
iuce  $ouï  la  coquille. 

La  sDiis-cIaase  <lea  mollusques  céphalés  monoïques  n'est 
jtmais  «uns  coquille,  et  par  conséquent  la  {leau  est  toujours 
mince  ;  mni»  dans  tooles  le.»  espÈtes  elle  forme  cons- 
immunt  un  vérilablc  manleHu  qui  enveloppe  tout  le  corps 
B  l'animnl  et  même  son  pied .  el  dont  les  bords  libres  el 
Sultnns  tout  autour,  sont  é]iai:isis  et  garnis  de  Glamens  leola- 
OUlaires  souvent  Tort  singuliers  et  sur  plusieurs  rangs  ;  c'est 
oe  que  l'un  Toit  dans  les  vcritabl«s  piitelles,  dans  lus  fissu- 
nlles,  ItTs  Ginargiuules.  et  surtout  dans  les  oreilles  de  mer. 
On  IrouTc  aussi  que  chez  eux  la  partie  antérieure  de  ce  man- 
teau furme  une  cavité  respitalrice  qui  communique  de  difTé- 
nnte  manière  avec  le  lluide  extérieur,  comme  nous  le  ver- 
cons  plus  lard. 

Les  hippouices  ,  au  contraire ,  de  ce  qui  a  lieu  dans  le  très- 
granii  nombre  des  autres  mollusques  cèphniés ,  ont  ta  partie 
inférieure  du  corps  revêtue  par  une  peau  qui  diiïére  à  peine 
de  celle  du  dos;  en  sorte  que  le  corps  semble  être  compris 
fntre  deux  lobes  du  manteau  qui  se  seraient  réunis  dans 
fresque  toute  leur  circonférence,  si  ce  n'est  en  avant.  C'est 
évident  aux  palliobrancbes  de  la  classe  suivante. 


B.  Dans  les  acrphalophores, 

La  disposition  du  manteau  dans  la  dernière  sous-classe 
des  malacotonires  céphalophores ,  conduit  loat  naturelle- 
'neni  ù  ce  qui  existe  dans  la  classe  des  ncèphalopbores.  Chri 
BBX,  en  effet,  le  manteau  en  général  très-mince  ,  l'orme  deux 
brges  lobes  entre  lesquels  touL  le  corps  de  ranimai  est  cons- 
tamment enveloppé. 

Dans  l'ordre  des  palliobrancbes,  l'un  de.  ces  lobes  est  sur   i 
le  dos ,  et  l'autre  sous  le  ventre ,  et  ils  sont  réunis  d.ms  près- 


202  DE    LA   PEAU 

que  toute  leur  circonférence ,  si  ce  n'est  en  arant,  à  peu  près 
comme  dans  les  hipponices. 
Mm«iiibrari.         Daus  celuî   des  lamellibranches  qui  comprend  la  plus 

cha. 

grande  partie  des  animaux  de  cette  classe ,  les  deux  lobes  du 
manteau  sont  latéraux,  Tun  à  droite  et  l'autre  à  gauche. 
Ordinairement  libres  dans  toute  la  moitié  inférieure  de  leur 
étendue 9  et  même  au  delà,  comme  dans  les  huîtres,  ils  sont 
quelquefois  réunis  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  circon- 
férence, si  ce  n'est  en  avant  et  en  arrière  et  encore  de  ce 
cAté  leur  réunion  est  souvent  complétée  par  l'addition  ou 
le  prolongement  de  deux  tubes  plus  ou  moins  distincts  qui 
serrent  à  l'entrée  et  à  la  sortie  des  matières  récrémentitielles 
et  excrémentitielles.  Cette  disposition  est  surtout  évidente 
dans  les  pholades  et  genres  voisins,  ou  dans  les  tubÎTalves. 

La  partie  libre  des  bords  de  ce  manteau  est  souvent  pourvue 
de  papilles  tentaculaires ,  quelquefois  sur  plusieurs  rangées, 
et  dont  la  forme  et  la  disposition  est  propre  A  chaque  genre 
naturel.  Nous  en  parierons  avec  un  peu  plus  de  détails  à  Tar- 
ticle  du  toucher  actif. 

Quant  aux  difierences  qu'offre  la  coquille  dans  lès  familles 
de  malacozoaires ,  nous  noterons  seulement  que  Ton  trouve 
des  espèces  nues  ou  sans  coquille  dans  les  deux  classes  des 
céphalés  et  des  acéphales  ;  mais  avec  cette  différence  que  dans 
cette  dernière  classe ,  elles  appartiennent  toutes  au  dernier 
ordre  qu'on  y  établit,  tandis  que  dans  la  première ,  il  peut  se 
trouver  des  espèces  nues  et  des  espèces  testifères  presque  dans 
toutes  les  familles ,  et  cependant  plus  dans  les  unes  que  dans 
les  autres.  L'on  ne  voit  de  coquilles  univalves  et  même  de 
subhiyalves  que  dans  la  classe  des  céphalés,  les  coquilles  bi- 
Talves  ne  s'étant  rencontrées  jusqu'ici  que  dans  les  acé- 
phales. Les  hipponices  qui  terminent  la  première,  ont  cepen- 
dant une  sorte  de  coquille  bivalve;  en  ce  que  la  face  infé- 
rieure de  leur  corps,  où  devrait  être  le  pied,  produit  comme 
l'autre  une  pièce  calcaire;  mais  celle-ci  est  toute  plate,  la- 


DANS   LES   MAtACOZOATRES.  20:> 

BMlIcuset  souvent  fort  épaisse  ;  on  l'a  nommée  support.  C'est 
«n  véritable  passage  aui  bivalves  palliobraocfaes  chet  les- 

,  quels  lu  valves  de  la  coquille  «ont  l'uae  dorsale  et  l'antre 
«eutrale. 

Les  eoquîlles  polylhaoïes  ou  cloisoonées,  n'eitsleat  â  ce 

'^u'il  parait  que  dans  l'ordre  des  tryplobranches  ou  des  saches. 
Les  coquilles  monothalaines  operculées  n'^ppartienneol 
qu'£k  des  mollusques  céphalés  qui  ont  les  sexes  séparés;  du 
reste  on  conçoit  que  dans  uhaque  famille  d'unîvalves,  on 
trouve  presque  toulus  les  formes  de  coquilles. 

Je  donnerai  un  peu  plus  de  <lélails  sur  la  structure  spéciale 
de  l'enveloppe  ciiianée  dans  les  familles  qui  commencent  ou 

^i  terminent  le  type  des  malacoioaires,  parce  qu'ellesdif- 
ièrrnt  d'une  manière  notable  de  l'élai  normal  de  la  peau  dans 
celui-ci,  et  qu'elles  établissent  une  sorte  de  pas!ia|.'e  ù  relui 

^t  précËde  ou  à  celui  qui  suit,  en  formant  ainsi  des  espèces 
d'anomalies. 

Le  passng:e  du  type  des  animaux  articulés  extérieurement 
aux  mollutqiies ,  se  fait  par  deux  groupes  d'animaux  dont  la 

«oquille  est  mullîvalTe.  mais  avec   des  dispositions  toutes 

l'tffftoeotes ,  celui  des  cinipèdes  et  celui  des  oscabrïons. 

Dans  les  cirripËdes  ,  on  trouve  dans  l'enveloppe  cutanée 
«ne  combinaison  qui  tient  il  la  fois  de  l'animal  articulé  et  du 
ODollusque  ;  en  effet,  le  tronc ,  comme  noun  te  verrons  plus 
4ird.  sans  Cire  bien  ocllement  articulé,  si  ce  n'est  peut- 
■•tre  en  arriére  où  il  se  termine  par  un  abdomen  caudiforme, 
«si  pourvu  à  drottcelù^auchedanspresque  toute  sa  longueur, 

',de  singuliers  appendices  cirriformes  Ircs-longs,  disposés  bien 
rtguUi:  renie  ni  par  paires,  et  composés  d'un  grand  nombre 
iTarliculaltons;  alors  la  peau  quircvël  ces  appendices  est  aller- 
twiivemeut  dure  et  cornée,  comme  dans  les  cntomoioaires  : 
Vais  ce  qui  est  d'un  mollusque,  c'est  qne  le  tronc,  propre- 

h-|Bent  dit,  est  envetopjié  par  un  véritable  manteau  en  forme 
de   sac,  fiTmé  vers   l'exlrémilé    cèpbnlique    et  ouvert   de 


â04  i>£    LA    PEAU 

l'autre.  C'est  daos  les  parois  ou  à  la  surface  de  ce  sac  que  se 
développent  les  différentes  pièces  qui  composent  la  coquille 
et  qui  se  disposent  suivant  deux  systèmes  bien  distincts. 

Anaiifes-  Dans  le  premier,  celui  des  anatifes»  la  peau  du  corps  de 

l'animal  est  toujours  plus  ou  moins  prolongée  en  un  tube  der- 
mo-gélatineux  qui  se  ûxe  aux  corps  sous-marins,  et  elle-même 
est  couverte  de  cinq  pièces  principales  qui  peuvent  se  tou- 
cher ou  non  ;  la  première  est  dorsale ,  médiane  ou  symétrique  ; 
les  quatre  autres  sont  au  contraire  latérales  et  par  conséquent 
paires ,  elles  bordent  de  chaque  côté  et  ferment  ainsi  l'ori- 
fice ou  la  fente  du  manteau  par  lequel  sortent  les  appendices 
cirriformes  de  l'animal  ;  aussi  je  les  nommerai  operculaires. 
Outre  les  cinq  pièces  principales  on  trouve  souvent,  dans 
un  assez  grand  nombre  d'espèces ,  à  la  base  du  corps ,  au 
point  où  il  se  joint  au  pédicule ,  un  plus  ou  moins  grand 
nombre  de  petites  pièces  accessoires  dont  la  disposition  est 
fixe  pour  chaque  espèce.  Il  arrive  même  que  le  pédicule  soit 
entièrement  couvert  de  très- petites  écailles  calcaires;  mais 
nous  ne  devons  noter  que  les  cinq  qui  se  placent  dans  les 
intervalles  que  laissent  entre  elles  les  cinq  pièces  principales, 
et  qui  semblent  former  un  second  rang,  que  l'on  peut  dési- 
gner par  la  dénomination  de  coronaires.  Elles  ont  une  dis- 
position inverse  des  principales,  c'est-à-dire  que  la  valve  mé- 
diane est  ventrale  ;  les  quatre  autres  sont  latérales,  deux  de 
chaque  côté.^  Nous  allons  voir  qu'on  peut  les  regarder  comme 
formant  la  partie  tubulcuse  du  second  système  de  coquille 
de  cette  classe  d'animaux,  en  y  comprenant  toutefois  la 
valve  dorsale  des  pièces  principales. 

Baiancs.  Qq  sccoud  Système  se  trouve  dans  la  famille  des  balanes. 

Dans  ces  animaux,  en  effet,  la  coquille  est  formée  de  deux 
parties.  Tune  à  laquelle  on  réserve  ce  nom  parce  qu'elle  est 
beaucoup  plus  développée,  et  l'autre  que  l'on  appelle  l'oper- 
cule ,  parce  qu'elle  semble  fermer  le  tube  formé  par  la  coi- 
quille  proprement  dite. 


DANS  LES  UOLLDSCABTICL'LKS. 
Celle-ci,  beaucoup  plus  solide,  eit  composée  de  six  pièces 
de  forme  un  peu  variable  (i),  deux  médianes  ou  syméirique?, 
et  quatre  latérales  ou  paires.  Des  deux  médianes,  la  supé- 
rieure ou  dorsale  est  toujours  moins  large  que  l'inférieure 
ou  ventrale,  et  des  deux  paires  latérales  la  supérieure  est 
Bussi  conslamment  plu:s  grande  que  l'inférieure  qui  diminue 
mSme  peu  ^  peu  au  point  de  disparaître  dans  quelques 
espèces. 

Ces  espèces  de  valves  dont  la  forme  est  plus  ou  moins 
trapcioïdale  et  quelquefois  triangulaire,  sont  ordinairement 
épaisses  el  souvent  très-celluleuses  it l'intérieur. On  distingue 
ordinairement  à  leur  surface  deux  parties  dont  l'une  est 
•triée  transversalement  et  plus  mince.  La  pièce  supérieure  u , 
de  chaque  cfilé,  une  lame  interne  sur  laqui^tle  s'appuie  la  valve 
tttéro-supère  ;  la  pièce  inférieure  ou  la  plus  grande  s'ap- 
,  puie  au  contraire  sur  les  piéoes  latéral-infèrcs  ;  ces  ditTé- 
renles  pièces  en  outre  s'engrèncnl  latéralement  entre  elles 
nënie  temps  qu'elles  s'imbriquent  d'une  manière  assci 
.  «olide,  en  sorte  qu'elles  forment  souvent  une  sorte  de  cou- 
M  ou  de  tube  arrondi  ou  aub-peola^ne  ouvert  aux  deux 
^airimilès. 

Il  arrive  cependant  quelquefois  que  l'exlrémîlè  cépha- 
lîque  qui  est  ici  inférieure  ù  cause  de  la  station  de  l'animal, 
cal  fermée  pir  une  autre  pièce  calcaire,  quelquefois  en  forrac 
'de  patelle  qui  se  {oint  avec  le  cercle  des  six  autres.  Cette 
'  Talve  basilaire  ne  se  voit  coustammenl  que  dans  un  assez 
'^pelit  nombre  d'espèces. 

Quant  à  l'oriGce  supérieur  il  est  toujours  formé  par  un 
'petit  prolongement  du  manteau,  quelquefois  disposé   en 


(i)  Je  n'igDOrfl  poa  qu'il  eiiitc  quelque*  espècei  de  bslmu  dani 
hsqaellM  1»  auteurs  dccriveol  no  moins  grand  nombre  de  plè»t; 
tt*U  cela  licDl  ï  un*  lorlc  d'avartsmctit  de>  citui  pièces  liléralet  iafi- 


L 


â06  DE    LA    PEAU 

tube  et  solidifié  par  les  deux  paires  de  petites  salves  dont  ou 
fait  l'opercule  et  qui  sont  les  analogues  des  deux  paires  qui 
bordent  Torifice  du  manteau  des  anatifes.  La  paire  supérieure 
est  toujours  la  plus  petite  ;  quand  elle  est  articulée  c'est  a?ec 
la  faire  latéro-supère ,  l'articulation  de  l'inférieure  étant 
arec  la  TaWe  latéral-iufère. 

La  disposition  ,  la  forme  et  même  le  nombre  apparent  des 
TalTes  principales  de  cette  coquille^  ainsi  que  de  celles  qui 
serrent  d'opercule  9  la  présence  ou  l'absence  de  la  ?alTe  ba- 
silaire ,  ne  laissent  pas  que  d'offrir  un  assez  grand  nombre 
de  différences  5  qui  sont  employées  pour  servir  de  caractères 
zoologiques. 
M  les  poiy-       La  seconde  classe  des  mollusques  articulés ,  ou  celle  qui 

lazipbores.  , 

renferme  les  oscabrions ,  présente  encore  dans  la  structure  de 
son  enveloppe  cutanée  une  disposition  qui  lui  est  propre.  Le 
derme  est  généralement  épais,  quelquefois  même  revêtu 
d'un  grand  nombre  de  petits  tubercules  écailleux  calcaires . 
ou  même  de  productions  piliformes;  mais  ce  qu'il  a  de  plus 
singulier  c'est  qu'il  offre ,  dans  certaines  espèces,  des  faisceaux 
de  soies  cornéo  -  calcaires ,  disposées  par  paires,  comme 
dans  la  classe  des  chétopodes  ,  parmi  les  entomozoaires»  et 
qu'en  outre  le  dos  est  protégé  plus  ou  moins  complètement 
par  des  valves  tout-Â-fait  calcaires ,  comme  dans  les  mollus- 
ques, mais  formant  un  système  particulier,  celui  que  nous 
avons  nommé  sériai. 

Ces  valves  dont  la  composition  chimique  est  entièrement 
crétacée ,  ne  sont  jamais  au-dessus  de  huit  :  il  me  parait  éga- 
lement probable  qu'elles  ne  sont  jamais  non  plus  au-dessous 
de  ce  nombre  (1).  Elles  sont  placées  les  unes  à  la  suite  des  au* 
très  dans  toute  la  longueur  du  dos  ;  quelquefois  assez  larges 


(i)  Les  zoolog'ittes  citent  cependant  quelques  espèces  qui  n'auraient 
que  nx  valves). 


f^   LES    MOLUlSCARTICtLis.  36^ 

pour  le  couvrir  toui  enliur,  il  arrive  uussi  qu'elles  soient 
pres(]ue  rudiiDeolBires  )  el  dnns  eu  cas  i  elles  iionl  cachée» 
6nn»  ta  peau  el  l'on  ne  juge  de  leur  eiislencc  que  pur  un 
pclîl  Irou  ou  pore  cxlcricur.  Les  deux  terminales,  l'une 
cé[ihaliqiie ,  l'autre  anale,  «onl  ordirtairement  demi-circu- 
laires :  les  six  autres  foiment  un  parallélogramme  transverre, 
Cuurlié ,  dont  le  bord  antérieur  est  plus  mince  pour  s'imbri- 
quer sous  le  post^Tieur  de  lu  préeédcnte.  Leur  partie  libre  est 
souTent  tuberculeuse,  et  son  uire,  divisée  en  trois  partieS) 
l'une  mi'diane,  plus  graiide,  a  ses  stries  longitudinules;  et  les 
htér^les  liiongulaires  les  ont  (tans  une  direction  opposée. 

Le  paisagc  des  animaux  mollusques  aux  aciiaozonires  s'ë- 
lablit  au  m^yen  de  deux  ou  trois  familles  extrSmement  sîn- 
^liËres ,  nnn-seulemeni  par  la  structure  même  de  leur  en- 
veloppe cutanée,  mais  parce  qu'un  plus  on  moins  grand 
nombre  d'individus  se  réunissent  par  celte  enveloppe,  et 
forment  ainsi  des  aoimaui  presque  composés. 

C'est  parmi  les  ascidies  et  les  biphores  que  l'on  remarque   i 
celte  singularité. 

L'enveloppe  exicricuredesuscidiesn'eslen  aucune  manière 
Ctlcairu  ;  dans  quelques  espèces  où  elle  est  molle  et  plus  ou 
moins  flexible,  il  paraît  qu'elle  est  contractile,  au  moins  par 
la  fuce  interne  ;  dans  le  reste  elle  est  transparente ,  un  peu 
'  comme  carlilagincu» ,  quelquefois  liese  et  d'autres  fois  hé- 
t)  tubercules  plus  on  moins  durs;  c'est  évidemment 
e  delà  partie  externe  de  la  peau  des  autres  mollus- 
l« celle  qui  se  trouve  en  dehors  de  la  coquille,  mais 
1  de  la  coquille  elle-même.  Ordinairement  beaucoup 
i  ^'paisse  ù  sa  partie  céphaliqiie  ,  ici  iulérieure  à  cause  de 
la  position  de  l'animal ,  c'est  par  elle  qu'elle  adhère  aux  corps 
is,  d'abord  par  son  état  glulineux ,  et  ensuite  en 
péaélrant  dans  leurs  plus  fines  an&acluosilés. 

Il  est  probable  que  c'est  de  lu  mùtac  manière  que  dans  cer- 
taines espèces  ,  un  plus  ou  moins  grand  nombre  d'indiTidur 


tA 


â08  DE    LA.   PEAU 

se  réunissent  en  s'agglutinant  entre  eux  9  de  manière  à  simu- 
ler un  animal  composé,  comme  dans  les  botrylles  et  quel- 
ques genres  voisins. 
2>aipiens.  Daus  les  biphores  ou  salpas  ,  la  peau- est  encore  plus  sio- 

•  gulière  ;  elle  est  d'abord  d'une  épaisseur  souvent  considé- 
rable,  surtout  dans  certains  endroits  du  corps  où  elle  se 
renfle  et  forme  des  saillies  plus  ou  moins  épineuses  et  creuses, 
à  l'aide  desquelles  les  individus  s'attachent  ou  se  réunissent 
suivant  des  formes  déterminées  pour  chaque  espèce;  mais  en 
outre  elle  est  parfaitement  transparente  ou  hyaline ,  et  tout-à- 
fait  cartilagineuse  et  par  conséquent  inflexible. 

On  trouve  aussi  dans  cette  famille  des  espèces  dans  les- 
quelles les  individus  agglutinés  à  l'état  d'œuf  ou  de  germe, 
forment  un  tout,  une  masse  d'une  forme  déterminée  et  qui 
ne  peut  plus  être  réduite  4  ses  élémens  composans,  sans  rup- 
ture ou  déchirure  de  la  matière  sub-cartilagineuse  qui  les  sé- 
pare. Les  pyrosomcs  nous  offrent  un  exemple  de  celte  espèce 
d'adhérence  organique. 

Aetigle  IY.  Dans  les  actinozoaires. 

Si  dans  les  premiers  types  des  animaux  pairs  ou  symétriques, 
nous  avons  trouvé  que  la  ^tructu^e  de  l'enveloppe  extérieure 
avait  dans  chacun  d'eux  quelque  chose  de  commun,  il  n'en  est 
plus  tout-à-fiiil  de  même  dans  les  uiiimaux  rayonnes  ;  en  effet, 
quoique  la  tendance  générale  de  l'organisation  de  la  peau  soit 
Ters  un  amincissement  ghaduel ,  vers  une  confusion  croissante 
avec  le  tissu  sous-jacent,  et  enfin  vers  une  sorte  de  dispari- 
tion totale,  lorsque  l'animal  est  réduit  ù  n'être  presque  plus 
qu'une  gelée  transparente  ,  et  ù  ne  pouvoir  plus  abandonner 
môme  un  moment ,  le  liquide  dans  lequel  il  est  né  ,  il  est 
cependant  évident  que  chaque  classe  de  ce  type,  offre  une 
espèce  d'enveloppe  cutanée  qui  lui  est  propre  ;  c'est  ce  qui 
nous  force  à  l'étudier  de  suite  dans  chacune  de  ces  classes. 


DANS    LES    ACTINOZOAIRES.  209 

A.  Dans  les  annelidaires. 

Le  petit  groupe  qui  comprend  les  siponcles  et  qui  forme 
un  passage  des  derniers  entomozoaires  aux  premiers  àctino- 
zoaires,  n'offre  pas  dans  la  structure  de   la  peau  de  diffé-« 

rences  arec  ce  qui  a  lieu  dans  la  classe  des  rentables  apodes. 

I 

B.  Dans  les  échinodermaires. 

Dans  les  holothuries  on  remarque  aussi  beaucoup  d'ana-  Hoioihnriet. 
logie  soos  ce  rapport.  Le  derme  est  cependant  plus  épais  9 
il  est  plus  ou  moins  flexible  9  de  couleur  blanche  9  d'un  tissu 
assez  serré  et  assez  bien  distinct  de  la  couche  musculaire 
sous-posée.  Au-dessus  de  lui  on  voit  évidemment  un  pigmen- 
tum  coloré  9  mais  sans  réseau  vasculaire.  La  grande  sensibi- 
lité de  cette  peau  ne  permet  guère  de  douter  qu'il  ne  s*y 
rende  aussi  quelques  nerfs  distincts.  La  mucosité  abondante 
qui  s'en  exhale  doit  également  faire  admettre  que  les  lacunes 
muqueuses  y  sont  très- nombreuses.  Quant  à  l'épiderme,  il 
paraît  qu'il  est  entièrement  nul. 

Mais  ce  qui  devient  caractéristique  de  la  peau  de  cette  fa* 
mille 9  ainsi  que  de  celle  des  deux  suivantes  que  l'on  réunit 
soos  le  nom  à'tichinoeiermaires  ^  c^eèi  que  de  cette  peau  il  sort 
des  organes  fort  singuliers ,  rangés  le  plus  ordinairement 
dans  une  disposition  radiaire  9  et  qu'on  ne  peut  guère  com- 
parer qu'aux  petits  tentacules  qui  bordent  le  manteau  des 
mollusques  acéphales.  Ce  sont  en  effet  de  petits  cylindres 
creux  9  très-extensibles  9  renflés  à  leur  extrémité  en  un  petit 
disque  formant  ventouse  et  contractiles  dans  toutes  leurs  par- 
ties. Nous  verrons  plus  loin  qu'ils  servent  à  la  locomotion  de 
ces  animaux. 

Dans  les  deux  autres  familles  des  échinodermaires  9  celles 
qui  renferment  les  oursins  et  les  étoiles  de  mer,  la  peau  pré- 

1.  l4 


210  D£    LA    PEAU 

sente  une  disposition  bien  difTérenle^  en  ce  qu'elle  est  en- 
croûtée ou  solidifiée  par  un  dépôt  calcaire,  plus  ou  moins 
abondant,  et  qu'elle  est  en  outre  hérissée  d'espèces  de  poiU 
ou  de  tubercules  également  calcaires ,  d'où  a  été  tirée  la 
dénomination  d'écbinodermes  qu'on  leur  a  donnée. 
Oursins.  Dans  les  oursins,  le  derme  proprement  dit  parait  être  fort 

peu  résistant,  extrêmement  minre  etcomme  gélatineux; 
c'est  dans  son  épaisseur  que  se  développe  ou  se  dépose   la 
substance  crétacée  ,  qui  est  au  contraire  lurt  épaisse  et  très- 
solide.  Elle  n'est  pas  déposéenlans  les  mailles  du  derme,  elle 
ne  forme  pas  de  couches  concentriques    coidme  dMU  les 
coquilles  véritables  ;  mais  le  têt  n'est  composé  que  de  grains 
agglutinés  les  uns  n  côté  des  autres  et  comme  cristallisés  (  i}. 
Quoiqu'il  soit  complètement  inflexible  et  immobile,  le  têt 
des  oursins  n'est  cependant  pas  d'une  seule  pièce  ;  il  est  au 
contraire  composé  d'un  très-grand  nombre  de  petits  polygones 
qui  se  joignent,  se  disposent  suivant  un  ordre  Gxe»  eiasVn- 
grénaut  par  le  bord  ,  de  manière  ù  former  des  espèces  décotes 
de  melon  qui  sont  ordinairement  au   nombre  de  viogt;  les 
polygones  des  unes  sont  percées  par  de  petits  trous,  disposés 
sur  deux  rangs,  et  circonserivant  ainsi  sur  le  têt  des  espaces 
qAi*on  a  comparés  à  des  allées  de  jardin,  d'oà  est  vettu  le 
nom  d^ambuiacres  qu'on  leur  a  donné  ;  nous  nommerons 
donc  ces  pièces  anibulac raines    Dans  un  grand  ooaibre  de 
cas  toutes  ces  pièces  sont  |)ercces  par  les  pores  tent&eulaires, 
depuis  le  sommet  jusqu'à  la  bouche  ;  mais  il  arrive  atissi , 
qu'elles  ne  le  sont  que  dans   uue  plus  ou  naoins  grande 
longueur  de  la  côte  qu'elles  forment.  Il  en  résulte,  dans  le 
premier  cas,  ce  qu'on  nomme  ambulacre  complet^  et  dans 
le  second  ainbulacrc  borné.  Celui-ci  peut  être  dorsal j  s'il 


(i)  C'est  très-probiblément  à  cette  structure  qu'est  due  la  cristalli* 
MtioQ  spatbique  cootlântc  des  oursios  fossiles  et  de  lear»  bageette». 


DA\S    I,ES     \  CTl  \i>ZOA1HES.  311 

ii'occape  qu'une  |)Ctire  |inrlie  ilii  do»  du  lët .  ou  marginal,  »'il 
se  prolonge  ju^qu'nu  boi-d.  Entre  les  cinq  doubles  rnngiies 
qu'elles  pruduisciil  sont  cinq  autres  tlonbles  rangées  de  poly- 
gones ,  que  je  détiignerai  par  In  dénominntion  A'inleramliula- 
cnùm;  ils  ne  tiont  jamais  perces  de  irous,  et  sont  ordinnî- 
rcmcnl  [ttus  grand:)  ou  plus  larges,  Oiilre  ces  pièces  prlncî- 
pates  du  tCl  d'un  oursin  ,  il  en  est  encore  quelques-unes  qui 
recouvrent  la  peau  qui  entoure  les  ouTeriurcs  du  canal  întes- 
linal.  A  la  bouche,  ce  ne  sont  que  de  iris-pctîls  tuticrcuk-s; 
mais  dans  la  ri^g;ian  de  l'anus  i)  n'en  est  pas  toujours  nin^i  ; 
par  eiemple  dans  les  \critobles  oursiin,  on  trouve  que  ta 
plaque  unule  est  Tonnée  par  dis  pièces  qui  se  disposent  r» 
croix  de  Malle  ,  chacune  correspondaiit  iV  une  double  rangée 
de  polygones.  Les  cinq  plus  grnndes  sont  percées  par  un 
Irou  ou  [Kire  par  où  se  Tait  la  terminaison  ries  ovaires.  Les 
cinq  autres  oui  aussi  un  très-petit  Irou ,  dont  j'ignore  l'usnge. 
Je  nommerai  ces  polygones  du  lËl  des  oursins  les  pl.iqiies 
géaitalct.  11  faut  aussi  reniarquer  que  l'iine  d'i-lleâ  est  reiillêe 

et  Gnemenl  lubcrciilcii^e  dans  une  pnrlie  de  son  ètrndui'. 
Cfl*  lr©is  espèces  de  pièces  calcaires ,  et  surlool  tes  deux  jire- 
aiiérea,  sont  prtrseinêes  h  l'extérieur  de  tubercules  varia- 
bles dans  leur  grosseur  proportionnelle  et  dans  leur  dispo- 
■ttion  régulière  ou  irrégulière.  Quelquefois  ils  sont  entiers , 
d'Autres  fais  ils  sont  percés  par  un  trou ,  mais  toujours  ils 
wnl  trroadis. 

Ces  tubercules  sailluns  ou  contenus  dans  un  eufoucenTcnt 

I  Je  la  pièce  calcaire,  servent  à  l'arliculalicin  li'organeî  enirC- 
nemcnl  singuliers,  qui  simulent  qnelquel'oJs  dis  «péce»  de 

I  puiU,  par  leur  lîne»u  e|  leur  disposition  couchée,  mun 
qui  le  plus  souvent  furuient  des  piquuns ,    de  6gnre  ,*dc 

'  longueur  et  de  grosseur  cxirj^mrmeni  variables.  Ils  hériii'ent 
iveloppe  de  ces  aoîiitunK  ,- de  manière  &  Irs  r.iire 
ressembler  un  peu  h  un  hérisson,  d'où  les  noms  de  htfritsûn 
de  ntr  et  d'oursin  qu'on  leur  a  donnés. 


212  1>B    LA    FEAU 

Il  est  extrêmement  difficile  de  conceToir  la  produclion  de 
ces  singuliers  organes.  Ils  sont  parfaitement  calcairc^s  »  mais 
d'un  tissu  très-peu  serré  et  léger ,  comme  poreux  ;  creux  à 
leur  base  et  quelquefois  même  dans  une 'plus  grande  partie 
de  leur  étendue,  ils  semblent  formés  d'un  petit  nombre  de 
couches  <|ui  poussent  de  dedans  m  dehors  9  un  peu  comme 
dans  la  tige  des  plantes  monocotyiédones;  les  couches  exter- 
nes les  plu»  anciennes  sont  composées  de  rayons  qui  conver- 
gent vers  le  centre  et  qui  sillonnent  la  surface  du  piquant, 
tandis  que  la  matière  du  centre  est  comme  médullaire.  Ainsi 
Je  piquant  pousse  par  son  extrémité  ,  comme  le  monocoty- 
lédone ,  c'est  donc  un  système  d'accroissement  nouveau  dans 
le  règne  animal ,  mais  que  nous  retrouverons  dans  les  co- 
raux. 

Ces  piquans  se  terminent  toujours  inféricurement  par  une 
petite  excavation  correspondant  au  tubercule ,  et  au-dessus 
d'elle  est  un  bourrelet  plus  ou  moins  saillant,  autour  duquel 
s'attache  la  peau  qui  les  meut;  il  en  résulte  qu'ils  adhèrent 
assez  fortement  à  l'enveloppe  cutanée. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  ù  décrire  la  forme  extrêmement  variée 
du  corps  et  de  l'extrémité  de  ces  piquans,  parce  que  cela 
appartient  ù  la  zoologie  ;  je  dirai  seulement  que  sur  le  même 
animal  ils  peuvent  être  tous  presque  semblables  et  répartis 
.  d'une  oianière  fort  irrégulière  ,  tandis  que  d'autres  fois  ils 
sont  extrêmement  dissemblables  ;  et  alors,  les  plus  gros  se 
disposent  comme  les  tubercules  qui  les  portent,  c'est-à-dire 
par  rangées. 

Je  ne  crois  pas  non  plus  devoir  traiter  des  différences  de 
la  peau  des  oursins;  il  me  suffira  de  dire ,  que  le  nombre, 
la  disposition  ,  l'épaisseur  ,  la  distinction  des  polygones 
calcaires  qui  la  soutiennent,  offrent  de  très  -bons  caractères 
pour  la  distinction  des  coljpes  génériques,  qui  jusqu'ici  ne  me 
semblent  pas  avoir  toujours  été  heureuses. 

Une  autre  dépeildance  de  la  peau  des  oursins  est  le  Systems 


DANS    LES    Ar,TliSO/,OA  IIIKS.  210 

de  suçoirs  teiitaciilaires  qui  irnierdcni  les  pores  rormant  lus 
ambiilucres  de  leur  lût  ,  el  que  nous  .itons  déjà  tus  exister 
diiDS  les  holothuries.  Comme  ils  servant  c^senlieltemeot  i  la 
locomolion,  nous  nous  rési-rrons  d'en  pnricr  au  moment  où 
nous  Iroiterons  de  l'appureil  de  celte  Tonclion. 

Les  astéries  ou  étoiles  de  mer  ont  encore  une  disposition 
particulière  d'enveloppe  extérieure.  Le  dc:rmc  est  plus  dis- 
tinct que  (Uns  les  oursins  ;  on  voit  mieux  que  les  parties 
solides  et  calcaires  se  développent  dans  son  intérieur.  Ces 
parties  Tormcnt  des  épines  ou  des  écailles  plus  ou  moins 
immobiles,  et  qui  olTretil  des  dispositions  propres  â  chacun 
des  groupes  de  cet  ordre. 

Dans  les  astéries  propreinetit  dites  ,  c'esl-ù-dire  dans  les 
espèces  dont  le  corps  n'est  pus  pourvu  d'appendices,  mais 
qui  se  subdivise  plus  ou  moins  prorondémcnt   en  rayons 
creusés  inférieu rement  par  un  ^illûn  étendu  dans  toute  leur 
longueur,  les  parties  supérieures  ont   la  peau  quelquefois 
molle,  et  le  plus  souvent  sulidiûêeparunplusou  moins  [;rand 
nombre  de  pièces  irrègulières  et  comme  anastomosées  en 
ri'seau.  Elles  sont  quelquefois  presque  tisses,  mais  ordinai- 
rement elles  sont  hérissées  de  tubercules  de  différente  gros- 
seur, disposés  plus  oti  moins  irrégulièrement  et  qui  four- 
DÎsseuld'excellenscaraclÈres  spécifiques.  Les  parties  latérales 
et  inférieures  sont  au  contraire  soulenutrs  pur  déplus  grandes 
pièces  beaucoup  plus  régulièrement  disposées.  Elles  ncquié- 
h  rent  quelquefois  un  très-grand  développement  comme  dans 
F  raslirie  parquetée  ;  elles  me  paraissent  toujours  former  trois 
f  séries  ,    une  supérieure  ,  la  seconde  tout-à-fnit  latérale,  et 
l'autre  inférieure.  C'est  celle-ci  qui  se  joint  arec  la  série  des 
I  pièces  que  je  nomme  ambulacraires ,  parce  que  c'vst  entre 
I  «Hes  que  sortent  les  suçoirs  tentaculaires,  comme  dans  les 
1  oursins.  Les  deux  dernières  séries  de  pièces  latérales  portent 
*  les  épines  mobiles;  elles  sont  donc  les  analogues  dus  l'n/eram- 
iultu:raires  des  oursins.  Ces  épines  varient  du  reste  pour  l.t 


3l4  I>£    l'A    PEAt 

fig^ure  et  pour  le  nombre  des  rangées  qu'elles  forment;  it 
en  est  surtout  de  bien  singulières  par  leur  ressemblance  avec 
un  grain  de  blé  :  quant  aux  pièces  ambulacraires  elles  sont 
bien  régulières  ,  bien  symétriques  9  et  elles  simulent  dans  ia 
ligne  médiane  inférieure  du  rayon  une  sorte  de  rachîs  qui 
le  soutient  et  qui  permet  le  mouvement  entre  ses  nombreuses 
articulations  9  un  peu  comme  dans  une  espèce  de  colonne 
vertébrale. 
Ophiures.  Dans  la  seconde  section  de  Tordre  des  astéries,  ou  dans  la 

famille  des  ophiures,  qui  comprend  les  espèces  dont  le  corps 
non-subdivisè  est  pourvu  d'appendices  coniques  9  sans  trace 
de  sillon  inférieur,  la  solidification ^de  la  peau  est  un  peu  dif- 
férente. Sur  le  corps  proprement  dit,  elle  est  ordinairement 
plus  membraneuse  et  sans  tubercules  saillans  ;  celle  des 
appendices  est  plus  solide  dans  les  véritables  ophiures  que 
dans  les  astropbytes  ou  têtes  de  Méduse  ;  en  effet,  dans 
celles-ci  elle  est  fort  mince  et  cou  verte  partout  de  très-petits 
tubercules  granuleux,  tandis  que  dans  les  ophiures  elle  est 
beaucoup  plus  épaisse  ;  les  pièces  calcaires  y  sont  disposées 
en  écailles ,  bien  régulièrement  rangées  en-dessus  ;  il  n*y  a 
qu'une  série  de  pièces  latérales  portant  les  épines  ,  et  la  ligne 
médiane  ou  ambulacraire  est  occupée  par  une  série  d'écaillés 
symétriques  presque  comme  dans  certaines  espèces  de  ser- 
pens;  je  n'ai  pas  vu  qu'il  y  eût  de  trous  pour  le  passage  des 
suçoirs  tentaculaires  dans  les  ophiures;  peut-être  en  effet  ces 
organes  n*existent-ils  pas  dans  ce  groupe,  ou  ne  se  trou-' 
vent-ils  qu'autour  de  la  bouche  ? 

C.  Dans  les  arachnodennaires ,  ou  méduses, 

La  classe  qui  comprend  la  famille  immense  des  méduses 
offre ,  au  contraire  de  ce  que  nous  venons  de  voir  dans  les 
échinodermes,  une  peau  ou  enveloppe  tellement  fine ,  que 
)'ai  cru  pouvoir  dans  mon  système  de  zoologie,  désigner 


DANS    LES    ACTINOZO  AIRES.  5l5 

les  animaux  que  j*y  comprends  par  le  nom  d*arachnoder^ 
maires  ;  en  effet  leur  peau  est  si  excessivement  mince  9  que 
Ton  peut  à  peine  la  séparer  de  la  partie  gélatineuse  qui  cons- 
titue la  masse  générale  de  ranimai.  Il  arrive  cependant  aussf 
que  dans  certaines  espèces  il  se  dépose  dans  celle  peau  9 
mais  j'ignore  dans  quelle  partie,  une  matière  plus  solide  et 
quelquefois  même  subcrétacée  9  comme  dans  les  porpites , 
les  vélelleS ,  etc.  C'est  dans  cette  classe  d'animaux  que  Tonr 
a  remarqué  la  propriété  singulière  ii  laquelle  on  a  donné  le 
nom  d'urtication  ;  parce  que  le  contact  de  leur  peau  aved 
celle  de  Ihomme  produit  des  phénomènes  qui  ont  quelque 
analogie  avec  ceux  déterminés  par  les  orties.  Il  parait  que 
cela  est  dû  à  une  humeur  versée  à  la  surface  de  l'enveloppe 
de  l'animal  ;  mais  comment  est-elle  produite  ?  c'est  ce  qu'on 
ignore. 

D.   Dans  les  zoantfuiires. 

J'aurais  dû  placer  la  petite  classe  des  zoanthaires,  qui  com- 
prend les  actinies ,  près  de  la  section  des  holothuries  y  sous  le 
point  de  rue  qui  nous  occupe;  en  effet  le  système  cutané  de 
ces  animaux  a  les  plus  grands  rapports  ;  le  derme  est  cepen- 
dant  évidemment  moins  distinct  et  plus  confondu  avec  la 
fibre  muscuhiire  sous-posée ,  aussi  est-il  encore  plus  contrac- 
tile dans  tous  ses  points  ;  on  y  voit  souvent  une  grande  quan- 
tité de  pigiuenlum  coloré  y  et  surtout  une  matière  visqueuse 
extrêmement  aboudantf! ,  qui  sort  de  tous  les  pores  de  cette 
peau.  Je  n'ai  pu  cependant  apercevoir  de  cryptes  distincts. 

£.  Dans  les  polypiaires. 

Quoique  les  poiypiaires  soient  quelquefois  assez  gros  pour 
j^u'on  puisse  en  faire  Tunatomie  9  je  ne  sache  pas  qu'elle  ait  été 
encore  essayée  dans  beaucoup  d'espèces  ;  mais  d'après  l'anir- 


2l6  DE   LA   PEAU 

logie  avec  ce  qui  existe  dans  les  actinies  qui  en  sont  si  rap- 
prochées, on  doit  être  à  peu  près  certain  que  la  structure  de 
renyeloppe  extérieure  doit  être  à  peu  près  la  même  ;  et  que  y 
par  conséquent  9  il  doit  y  avoir  presque  confusion  de  toutes 
les  parties ,  et  qu'elle  jouit  à  la  fois  de  toutes  les  propriétés 
de  la  peau.  Dans  les  caryophyllées  simple^  et  dans  les  tubi* 
pores  que  j'ai  examinés  9  ce  n'est  réellement  qu'une  pellicule 
comme  gélatineuse ,  assez  résistante  cependant  9  et  dans  la- 
quelle on  yoit  une  multitude  de  petits  grains. 

Ce  qu'elle  offre  de  plus  remarquable ,  c'est  que  dans  un 
grand  nombre  d'espèces  »  il  s'exhale  des  différentes  parties 
de  cette  peau  une  grande  quantité  de  matière  crétacée  9  qui 
•e  déposant  de  manières  différentes  9  suivant  la  forme  de 
l'animal ,  lui  fournit  une  sorte  de  loge  dans  laquelle  il  se 
retire  et  se  met  plus  ou  moins  complètement  à  l'abri.  C'est 
encore  une  espèce  de  corps  protecteur  9  différente  de  celles 
que  nous  avons  connues  jusqu'ici  ;  on  peut  la  considérer 
comme  Tenveloppe  de  l'œuf  qui  serait  persistante  et  qui 
renfermerait  continuellement  l'animal.  Ces  petites  loges 
peuvent  être  simples  ou  réunies  ;  par  leur  agglutination  il 
en  résulte  ce  qu'on  nomme  un  polypier,  qui  peut  être  corné 
ou  calcaire  9  encroûtant  9  lamelleux  ou  pbytoîde9  c'est-à- 
dire  ramifié  à  la  manière  des  arbres.  Ce  sont  ces  formes  des 
polypiers  qui  ont  servi  à  rétablissement  des  genres  de  cette 
classe  9  beaucoup  plus  que  les  animaux  eux-mêmes  9  comme 
nous  le  verrons  en  zoologie. 

F.  Dems  les  zoophytaires. 

Dans  la  classe  des  zoopbytes  véritables  la  peau  ou  le  derme 
de  chaque  animal  composant  9  n'e.st  pas  plus  distincte  que 
dans  les  polypes  ;  mais  celle  de  la  partie  commune  ou  de  la 
tige  semble  l'être  un  peu  davantage.  Ce  n'est  cependant  pas 
dans  la  pennatule  9  ni  dans  Jcs  véritables  alcyons  qui  en  sont 


DANS    LES    ACTINOIOAIRES.  3)7 

si  rupproché.'' ;  on  trouve  en  clTel  lian»  ces  animaux  que  cette 
lige  est  entièrement  composée  de  tissu  contractile  ,  compa- 
rable UD  peu  iï  celui  du  ccBur  des  animaux  Tertébrés,  mais 
saos  apparence  de  derme  proprement  dit. 

L'espèce  d'ccorcevivaute  qui  entoure  l'arbre  du  corail,  des 
gorguncsvldcsf^enres  voisins,  ne  peut  Sire conâidcrée  comme 
une  peau  ou  enveloppe  proprement  dite;  c'est  un  tissu  ho- 
mogène consliluanl  la  partie  coiamune  et  vivante  du  loo- 
phjle. 

AiiiCLE  V.  Dans  les  amorphozoaires, 

les  héléromorphcs  ou  animaux  itans  forme  régulière, 
parmi  lesquels  se  placent  len  éponges,  les  faux  alcyons  et  les 
Téritables  iofusoircs  (■},  n'ont  plus  d'apparence  de  peau,  telle 
qu'elle  a  été  déûnie  plus  hiiul ,  ik  moins  qu'un  n'entende  sou:) 
ce  nom  la  partie  de  leur  ti^su  qui  les  circonscrit.  Ce  n'est 
souvent  qu'une  matière  fluenle  ou  à  peine  perceptible, 
comme  dans  les  éponges  et  dans  les  infusuires  \  par  consé- 
quent un  peut  dire  qu'à  ce  terme  d'animalité  la  peau  n'existe 
pliis;  elle  est  entièrement  confondue  par  su  structure  et  ses 
propriétés  avec  la  masse  du  tissu  celltilaîre  qui  constitue  tout 
l'animal ,  et  dont  en  eUet  nous  avons  vu  qu'elle  dérive,  même 
dans  les  animaux  les  plus  élevés. 

Nous  terminerons  donc  ici  l'examen  de  l'organisation  do 
l'enveloppe  extérieure  des  animaux  considérée  comme  l'or- 
guue  ù  l'aide  duquel  ils  aperçoivent  les  corps  extérieurs  plus 
ou  moins  malgré  leur  volonlé,  d'où  dérive  In  faculté  du 
toucher  proprement  dit  oit  du  toucher  passif,  qui  est  en  rap- 
port inverse  avec  celle  de  se  mettre  â  l'abri  de  ces  mêmes 


(ij  floai  dCTOD*  faite  ici  l'obirtialion  que  itcui  ce  noin  d'infus 
nou)  ne  comprenons  pab  touâ  les  aainuai  qui;  Mjllrr  a  désigo^s  s 


I 


2l8  DE    l'appareil   DU   TACT 

corps  extérieurs.  II  nous  reste  maintenant  à  étudier  les  mo-^ 
diflcations  que  la  peau  ou  renyelo|>pe  extérieure  a  éprouvéét 
pour  devenir  dans  certaines  de  ses  parties  une  sorte  d'organe 
spécial,  un  organe  de  toucher  actif  ou  de  tact  (i).  Nous 
allons  toir  que  cette  modification  est  nécessairement  bornée 
aux  extrémités  du  corps  ou  des  appendices.  C*ebt  à  elle  que 
nous  devons  réellement  ce  que  nous  pouvons  connaître  de 
positif  sur  la  Tonne  des  corps. 


CHAPITRE  II. 

De  V organe  du  loucher  considéré  comme  actif,  ou  de  Vap^ 

pareil  du  tact. 


^OORÎdtf  rat  ions 
générales. 


Stëge. 


pfalure. 


Sous  ce  point  de  vue  le  sens  du  toucher  ou  sens  général  » 
commence  à  .se  spécifier  un  peu;  aus!^i  devient-il  plus  inté- 
ressant en  ce  que  dans  son  action  Taninial  n'est  plus  passif; 
il  n'agit  qu'avec  volonté ,  et  la  connaissance  qu'il  lui  donne 
du  corps  est  beaucoup  plus  complète ,  puisqu'elle  lui  per- 
met d'en  juger  la  forme. 

Son  siège  principal  est  toujours  la  peau ,  mais  avec  des 
modifications  particulières  dont  les  unes  tiennent  k  cet  or- 
gane ,  et  les  autres  à  l'appareil  sous-jacent  ^  ou  à  la  partie  du 
corps  sur  laquelle. elle  est  appliquée. 

On  peut  s'en  faire  une  idée,  au  moins  de  cette  dernière 
espèce,  en  se  rappelant  que  connaître  la  forme  d'un  corps, 


(i)  J'emploie  ici  le  mot  tacî  comme  indiquant  le  degré  le  plus  ëlevit 
du  sens  du  contact  ou  du  toucher,  celui  par  lequel  nous  jugcoOfli 
fbrme  des  corps. 


DANS     LES    MAUUlFtRbS.  ■J\^ 

c'est  rapporter  tous  les  points  de  sa  surface  k  un  on  plusieurs 
points  pris  dans  son  intérieur,  vt  que  par  conséquent  plus 
non»  toucherons  de  ces  points  eilcrîeurs  A  la  fois  ou  presque 
à  la  fois,  et  plus  nous  approcherons  de  connaiire  cflle  forme: 
ainsi  donc  plu.t  l'organe  sur  lequel  la  penu  modifiée  devra 
l'applîqurr  sera  divisé,  non-seulement  dans  le  sens  tongi- 
ludinal  mais  encore  dans  le  transversal,  plus  il  approchera 
de  pouvoirs'iippliquer  sur  tous  les  points  d'un  corps;  en snrie 
quH  l'orgaot:  du  toucher  actif  Je  plus  parfitit  serait  celui  qui 
Krait  entièrement  Qciible  dans  tous  ses  diuméires,  et  qui 
pourrait  ain^i  se  loculer  exnclemrni  sur  le  corps  à  juger. 

Les  modiScalions  qui  dépendent  de  b  peau  sont  :  i*  une 
moins  grande  épaisseur  du  derme  el  une  plus  grande  flexi- 
bilité de  son  tissu  ;  a*  un  nioius  grand  dévehippement  du  ré- 
seau vuculaire  ;  y  unu  plus  grande  abondance  de  nerfs  et  Je 
papilles  nerveuses  qui  finissent  por  être  presque  apparenlcs 
^l'extrénrilé  des  saillies  du  derme;  ^'eBÙn,  une  diaiiuution 
dans  l'épaisieur  de  l'épiderme. 

Celles  qui  ticnnenl  uu  contraire  à  la  partie  du  corps  sur 
Usuelle  cette  peau  est  appliquée,  constituent  l'appareil  du 
sens  du  tact,  ce  sont:  i°  l'existence  d'une  sorte  de  coussinet 
tub-pulpcux  formé  par  le  tissu  cellulaire  sous-dermieu  ;  ï*  la 
divi^iion  du  substrutumde  b  peau  ou  de  la  peau  elle-mCme, 
eo  une  ou  plusieurs  tanières  susceptibles  d'Ctre  écartées  l'une 
d«  l'antre  et  fracturées  en  un  plus  grand  nombre  possible 
d'articulations,  pouvant  être  Qéchies  indépendamment  les 
unes  des  autres. 

Enfin,  il  faut  joindre  à  cela,  comme  dans  l'action  de 
tout  organe  des  sens  produite  pari-éfleiion ,  un  organe  réflé- 
cbisg»anl  on  intellectuel  en  rapport  avec  son  développement , 

s  quoi  il  ne  serait  plus  qu'un  appareil  de  préhension. 

Les  dilTérences  que  les  animaux  offrent  sous  ce  rapport  sont 

I  usez  étendues,  et  l'on  peut  dire  qu'en  général  cette  moili- 

l'  fication  du  sens  du    toucher  est  d'autant  plu?  parfaite  dans 


J 


230  DE   LÂPPAREIL   DU    TACT 

6on  ensemble  y  qu'on  se  rapproche  darantage  des  mammi- 
fères el  surtout  des  premiers  ordres. 

Abticli  I.  Dans  les  ostéozoaires. 
A.  Dans  les  mammi/eres. 

Dans  cette  première  classe  ce  ne  sont  jamais  que  les 
extrémités  9  en  comprenant  sous  ce  nom  aussi  bien  celles 
du  corps  que  celles  des  appendices  libres,  qui  peuyent  offrir 
cette  modification,  c'cst-à-djre  le  nez,  les  lèvres,  la  qoeue 
et  surtout  les  mains  et  les  pieds. 

La  peau  dans  ces  dififérens  endroits  présente  pour  mo- 
dification essentielle ,  que  les  papilles  ou  les  saillies  du  derme 
et  du  système  nerreux  forment  des  lignes  sinueuses  disposées 
avec  beaucoup  de  régularité ,  par  tourbillons  concentriques. 

tans  les  tingei.  Certaines  espèces  de  singes,  les  sapajous,  sont  les  mam-^ 
roifëres  qui  ofirent  à  la  fois  le  plus  d'organes  du  toucher 
actif;  en  effet  chez  eux ,  non-seulement  les  mains  et  les  pieds 
servent  à  cet  usage,  mais  encore  l'extrémité  de  la  queue  à  sa 
partie  inférieure  ;  il  faut  cependant  remarquer  que  les  doigts 
des  mains  ne  peuvent  être  que  dlflicilement  opposés  au  pouce 
qui  quelquefois  manque  presque  tout-à-fait,  et  qu'en  outre, 
ceux  des  mains  comme  ceux  des  pieds,  sont  difllcilement 
écartés  les  uns  des  autres.  Quant  à  la  queue,  je  dois  faire  ob- 
server que  le  nombre  des  vertèbres  qui  la  composent  est  plus 
grand  dans  un  espace  donné  que  dans  le  même  espace  de 
celle  d'un  singe  i\  queue  non  prenante. 

)ans  rhomrac.  L'hômme,  qui  n'a  qu'un  rudiment  de  queue  sous-cutanée , 
et  dont  les  pieds  ont  reçu  une  modification  particulière  propre 
à  la  station  et  à  la  marche  bipède,  est,  sous  le  rapport  du 
nombre  des  parties  modifiées  pour  le  tact^  moins  avantagé 
que  certaines  espèces  de  singes  qui  ont  au  moins  les  mains 
et  les  pieds  propres  à  palper  ;  mais  il  en  est  bien  récompense 
par  la  perfection  des  modiGcalions  de  sa  main  qui  peut  tou- 


DANS    LES    MAÏlMlFÉnES.  *S1 

cher  un  globe  presque  dans  tous  ses  points,  i  cause  de  h 
lun^'ueur  du  poure  proportionnée  avec  celle  des  doigts,  et  de 
!■  poïiibililé  de  récarlei-  de  ceux-ci ,  et  ceux-ci  les  uns  des 
autre».  La  tDodifîealion  de  la  peau  est  «ncore  [ilus.  parfaite  ; 
l'épaiMeuf  du  coussinet  graisseux  sous-dermoide  ,  b  largeur 
de  la  partie  libre  de  l'extrémité  des  duigis  produite  par  la 
4iiiiinulion  de  celle  de  l'ongle  et  le  soutien  de  cette  pulpe  par 
la  rcsislance  de  celui-ci  ;  In  finesse  du  derme  ,  lu  grandeur  des 
papille»  neneuses,  la  minceur  de  l'épiderme,  et  enfin  la  gros- 
seur des  nerfs  qui  se  rendent  à  l'extrémité  des  doigts,  sont 
des  élémens  de  l'organe  du  tact  le  plus  délicat. 

Quelques  mammifères  au  contraire  n'ont  de  modîticalions   i 
érideutes  sous  ce  rapport  que  dans  les  pieds  de  derrière 
et  dans  lu  queue,  CDiniiic  les  sarigues  et  plusieurs  phalun- 
gers;  et  encore  la  queue  quoique  nue  est- elle  plutôt  gqiijm- 
meuse  que  papilleuse. 

D'autres  n'ont  que  la  queue  aiosi  modifiée  comme  cer- 
tains phalangers  ,  quelques  fourmiliers  et  même  parmi  le» 
carnassiers  et  les  roDgeurs ,  le  poto  ou  kinkajou  et  le  porc- 
Apic  à  queue  prenante  ;  mais  il  y  a  dcj^  une  grande  diOe- 
Mnce,  en  ce  que  chez  ces  animaux  la  queue  est  ïculemeni 
L  «olubile  ou  prenante,  et  que  la  peau  d'jt  est  pas  dilTérenlc  de 
I  celle  du  reste  du  corps. 

Enfin  il  est  un  grand  nombre  de  mammifères  chei  lesqueU 
I  les  appendices  étant  convertis  en  de  véritables  piliers  avec  le 
ns  de  divisions  latérales  possibles  i  ils  n'ont  pu  avoir  les 
1. 0odi  Seat  ions  du  toucher  actif  que  dans  les  lèvres  >  comme  le 
F  cheral,  qui  les  u  fort  développées,  mobiles  et  irés-iierveuses; 
lau  plus  singulièrement  encore  dans  le  nei,  comme  dans  le 
I  tapiret  surtout  dans  l'éléphant  :  en  efTel  cbet  cet  animal  le  nez 
Ifra longé  outre  mesure  est  terminé  pur  un  rebord  flexible, 
I  charnu,  papillaire ,  sans  épiderme,  divisé  en  deux  parties, 
1  l'une  le  corps  à  l'extrémité  des  narines ,  et  l'autre  qui  bc  pro- 
I  longe  dans  la  ligne  dorsale  ou    supérieure  en  un  appendice 


I 


Ù22  DE    l'appareil    DU    TACT 

digitiforme  :  c'est  ce  qu'on  nomme  sa  trompe  ;  nous  la  dé- 
crirons plus  loin. 

La  taupe  9  lé  cochon  et  les  animaux  fouisseurs  en  général 
ont  également  le  nez  modifié  pour  sentir  plus  aisément  les 
corps ,  mais  non  pour  juger  leur  forme ,  et  par  conséquent 
nous  n'en  parlerons  pas  ici. 

B.  Dans  les  oiseaux. 

La  classe  des  oiseaux  est  beaucoup  moins  bien  fayorisée 
sous  ce  rapport  que  celle  des  mammifères  ;  en  effet  chex  eux 
les  deux  extrémités  du  corps  sont  presque  dénaturées.  Tune 
pour  former  le  bec,  et  l'autre  pour  faire  une  sorte  de  rame 
ou  de  gouvernail.  Les  appendices  antérieurs  sont  derenos 
des  organes  de  pure  locomotion  ;  il  ne  reste  donc  que  les 
extrémités  des  appendices  postérieurs,  et  elles  servent  presque 
toujours  à  une  sorte  de  station  bipède  ;  on  trouve  cependant 
que  chez  ces  animaux  les  doigts  offrent  plus  d'articulations 
que  dans  les  mammifères,  qu'ils  sont  assez  susceptibles  de 
s^écarter  les  uns  des  autres  et  qu'en  outre  le  corps  papillaire 
du  derme  est  fort  développé;  le  système  nerveux  qui  s'y 
rend  est  aussi  assez  considérable  ;  il  faut  donc  en  conclure  que 
les  pieds  des  oiseaux  peuvent  être  et  seraient  des  organes  de 
tact  assez  perfectionné:* ,  s'ils  n'étaient  obligés  de  s*en  servir 
comme  des  organes  de  locomotion.  Aussi  paraît-il  fort  pro- 
bable que  moius  les  oiseaux  s'en  servent  à  cet  usage  et  plus 
Dans  les       le  scos  du  tact  est  parfait.  Ainsi  It^s  perroquets  prennent  et 

perroquets.  ..,1^1  e  ' 

saisissent  avec  leurs  piecis  un  peu  formes  en  pmce  ou  en 
main ,  leur  nourriture  et  la  portent  û  leur  bouche. 

Les  ohrnvx  de  Dflus  les  olscaux  de  proie  on  conçoit  que  le  tact  puisse  en- 
^'^^''  core  être  assez  développé ,  parce  que  les  pieds  servent  peu  à 
marcher. 

Les  grimpeurs       U  Tt'St  et  dott  l'être  moîus  dons  les  grimpeurs  et  les  passe- 


et  l«< 


passereaux,     rcaux ,  du  moius  en  envisageant  la  chose  d'une  manière  gé- 


DANS    LES   OISEAUX.  a3.) 

aérale;  et  [Jus  ils  marchent  hnbiluellcmenl,  plus  on  doit 
•'allendre  \i  voir  répiilernie  s'èpaïasir. 

Cela  esl  par  conaùquent  plus  marqué  dans  les  galliQacés  ,  v 
qui  sont  pour  la  plupart  toujuurs  à  terre ,  ei  surimit  pour  les 
Oirsores  ou  les  autruches  et  lescasnars,  et  pour  les  premières 
ramilles  des  èchassicrs  :  car  pour  celles  que  leurs  liabiluiles  i- 
forccnl  de  vi*re  sur  les  bord?  des  Deuvcs,  dans  les  terrains 
nrsrécageux  ,  ta  peau  qui  revêt  la  pariie  inférieure  des  pieds, 
i«dt'fient  assez  flexible  et  inoiiisépiderinique,  el  jiur  i:un»é- 
4uenl  duit  permettre  un  liiel  plu.4  Ga. 

Il  est  probable  qu'il  en  est  à  peu  près  de  même  dan^i  quel- 
ques palmipèdes;  tnais  pour  la  plupart,  leurs  doigts  restent 
presque  toujours  au  uiËJne  degré  d'écarteuienl,  qui  est  asseï 
considérable,  mais  qui  ne  peut  élre  augmenté,  en  sorte  que 
|«  pied  est  luodiûé  pour  former  une  rame  plutôt  qu'un  or- 
gaae  du  tact. 

C.   Dans  les  reptiles. 

Dans  la  première  classe  des  repliles,  on  peut  dire  d'une 
iB>'>>ère  générnle  que  le  toucher  actif  tend  de  plus  en  plus  ù 
,  d'abord  parce  que  le  système  épidermnîdesou)- 
igilul  est  presque  toujours  Ton  considérable,  le  derme  dur, 
appliqué  presque  immédiatement  sur  les  os  et  le  sys- 
me  nerTcux  des  duijjts  eilremement  peu  déTcloppé.  On 
)  trouverait  de  disposition  favorable  que  dans  le  nombre 
s  doigts  qui  est  presque  toujours  de  cinq  ù  lotis  tes  pieds, 
|t  dans  le  nombre  des  phalaogcs  qui  est  â  peu  prés  comme 
mais  celii  n'étant  qu'accessoire,  il  est  éTi- 
•al  que  la  mudiûralion  du  sens  du  loucher  dont  nous  p:ir- 
I» ,  diiit  ^Ire  extrêmement  peu  avancée. 
U  y  a  cependant  quelques  dilTérencrs  qui  tiennent  on  nnx 
rux  que  l'atiiniul  devait  habiter,  ou  ù  la  dégradation  ser- 
pent i  forme. 

nsi  les  tortues  cl  surtout  les  lortues  marines  ou  loul-à-rait 


324  I>S   l'appareil   DU   TACT 

terrestres ,  sont  peut-être  les  espèces  dans  lesquelles  on  peut 
le  moins  supposer  le  sens  du  tact  à  cause  de  la  brièTeté  des 
doigts  et  de  leur  réunion  pour  former  un-yéritable  moignon 
dans  celles-ci 9  ou  une  rame  dans  celles-là. 

Lct  crocodiiet.  Les  émjdo-sauriens,  quoique  étant  un  peu  mieux  disposés 
sous  ce  rapport,  et  ressemblant  sous  ce  point  aux  tortues  de 
fleure»  qui  ont  les  doigts  bien  séparés  et  môme  palmés  f  ne 
peuTent  cependant  encore  être  considérés  comme  pourant  se 
faire  une  idée  de  la  forme  des  corps. 

Let  taarieiu.  H  en  cst  de  même  de  la  très- grande  partie  des  sauriens  et 
surtout  des  espèces  qui,  par  la  diminution  successife  des 
membres  deyiennent  presque  de  yéritables  serpena.  Quant 
aux  autres  »  quoique  les  doigts  soient  quelquefois  excessiTe- 
ment  longs ,  qu'ils  puissent  être  écartés  et  même  qu'ils  le 
soient  presque  toujours ,  les  raisons  tirées  de  la  structure 
de  la  peau  9  forcent  de  penser  que  ce  ne  sont  que  des  or- 
ganes de  locomotion  ou  d'ascension  à  l'aide  de  griffes. 

Mais  il  en  est  quelques  espèces  qui  doivent  avoir  un  tact 
un  peu  plus  concevable ,  ce  sont  les  geckos  à  cause  de  l'élar- 
gissement-de  leurs  doigts,  et  peut-être  encore  mieux  les  ca- 
méléons, puisqu'ils  peuvent  empoigner  les  branches  au 
moyen  de  la  singulière  disposition  de  leurs  doigts  et  même 
de  leur  queue,  qui  est  prenante  ou  volubile;  aussi  le  Bombre 
des  vertèbres  dont  elle  se  compose  est- il  plus  grand  propor- 
tionnellement que  dans  un  saurien  de  la  même  taille,  et  il 
me  semble  que  la  peau  qui  la  revêt,  ainsi  que  celle  des  pieds , 
est  aussi  plus  flexible  et  plus  molle  que  celle  du  reste  du 
corps. 

Le$  opbiJieDt.  ^^  dîsposition  de  la  queue  du  caméléon  établit  une  sorte 
de  passage  vers  les  ophidiens  chez  lesquels  on  ne  peut  con- 
cevoir le  tact,  s'il  existe,  qu'avec  tout  ou  partie  du  corps  lui- 
même.  On  voit  bien  dans  le  grand  nombre  des  vertèbres  de 
la  colonne  vertébrale  des  serpens,  une  des  dispositions  favo- 
rables pour  constituer  un  organe  de  tact  ;  mais  d'abord  il  ne 


DANS    LES    iMPHYBlENS.  a!l5 

forme  qu'une  seule  lanière,  ensuilc  la  fleiton  se  fait  plus 
ordinairement  de  côlc  qu'en  dessous ,  et  enfin  ce  qui  est  plus 
concluant.  In  peau  est  enlièremenl  couverte  d'écaillés  ou 
de  plaques  cornées,  ce  qui  ne  permet  pas  de  croire  qu'elle 
puisae  aisément  Irunsmellre  l'idée  de  la  forme  des  corps. 

il  y  a  cependant  quelques  espèces  un  peu  plus  favorisées, 
comme  les  grimpeurs,  c'esl-â-dire  les  espèces  qui  peuvent 
^mpcr  dans  les  arbres  ou  s'accrocher  aux  branches.  Elles 
offrent  toujours  une  plus  grande  quantité  de  vertèbres  dans 
une  éleBdiie  donnée  que  les  espèces  rampantes,  et  surtout 
dans  la  partie  postérieure  du  corps  ou  k  \a  queue  ;  mais  je  ne 
*oï»  pa*  que  la  peau  soit  modifiée  pour  le  bul  du  tact ,  elle  l'est 
beaucoup  plus ,  comme  orgaue  de  locomotion. 

^K^  D.  Dant  les  amp)\yhiens. 

^■^  La  peau  des  reptiles  de  la  seconde  classe  serait  sans  doute  la 
^M^u  la  plus  convenable  pour  cunstituer  un  nr^çane  de  tact, 
^"IDaii  l'eslrémilé  anlLTlt>nre  du  (ronc  o'esl  jaimis  prf>luj)gée  ; 
et  si  la  postérieure  l'est  quelquefois  eu  queue  >  elle  est  peu 
flexible,  et  elle  tend  it  d<^  venir  le  principal  organe  de  la  loco- 
motion. Quant  aux  cxiréinitésdes  membres,  outre  que  ceux-ci 
tendent  ègairmcnt  assec  â  disparaître,  la  peau  est  adhérente 
aux  o»  et  les  doigts  sont  ou  fort  courU  comme  en  avant ,  ou 
Jort  loi^  comme  en  arrière  ,  m?)s  pour  un  tout  autre  usage 
|ie  U  préhension.  Ain.ii  chex  eux  un  cooçuil  dinitilement  uo 
■JVgdDe  de  tact  véritable.  Peul-4tre  les  petites  lanières  des 
IXlrémités  des  doigts  du  pipa,  t'onl-elles  des  orf^ancs  du 
iher  passif  fort  délicats ,  mais  ce  ne  sont  jamais  des  or- 
nes de  tact.  Les  pelotes  des  doigts  dus  rainettes  ne  sont  que 
«  organes  de  locomotion,  et  surtout  de  station,  et  n'oflreiil 
t  les  modiûcalions  nécessaires  pour  le  but  que  nous  envi- 


J 


:i26  DE.  l'appareil  du  tact 

E.  Dans  les  poissons, 

La  dernière  classe  des  animaux  yertébrés  Ta  nous  montrer 
encore  moins  de  modifications  de  l^enreloppe  extérieure  j 
pour  derenir  on  appareil  de  tact  ;  en  effet  la  peau ,  comme 
itous  l'avons  yu  plus  haut  est  presque  toujours  écaîlleuse , 
si  ce  n'est,  il  est  yrai,  sur  les  extrémités  des  membres  ;  mais 
ces  membres  quoique  formés  d'an  grand  nombre  de  doigts  9 
pouvant  s'écarter  jusqu'à  un  certain  point  pour  constituer  une 
rame,  et  quoique  composés  d'un  grand  nombre  d'articulations, 
ne  peuvent  jamais  s'appliquer  sur  les  corps  :  et  d'ailleurs  Ils 
reçoivent  très-peu  de  nerfs.  Les  poissons  dont  les  membres 
pelviens  sont  en  forme  de  mains  ou  de  disques  plus  ou  tnoins 
charnus,  et  qui  s'en  servent  pour  ramper  ou  pour  adhérer  aux 
corps  submergés,  comme  les  lophies,  les  baudroies,  les 
cjcioptères ,  etc. ,  ou  ceux  dont  les  membres  pectoraux  ont 
quelques  rayons  libres,  comme  les  trîgles,  doivent  £tre  les 
plus  favorisés  sous  le  point  de  vue  qui  nous  occupe  ;  mais  il 
n*est  pas  probable  que  ces  organes  puissent  produire  autre 
chose  qu'une  adhérence  assez  forte  ou  une  sorte  de  locomo- 
tion. Quant  aux  extrémités  du  tronc ,  l'antérieure  n*est  jamais 
prolongée ,  du  moins  par  un  organe  flexible ,  et  la  postérieure 
est  tout-à-fait  changée  en  l'organe  principal  de  la  locomotion. 
Il  n'y  aurait  donc  que  les  poissons  serpentiformes  et  nus 
chez  lesquels  il  serait  possible  de  supposer  que  le  tronc  même 
pourrait  s'enrouler  autour  des  corps  ;  mais ,  comme  pour  les 
serpens,  ce  ne  serait  jamais  que  dans  un  seul  de  leurs  dia- 
mètres. 
4)MiMri»uions.  Restent  donc  les  prolongemens  cutanés  qui  se  trouvent 
quelquefois  autour  du  museau  ou  de  la  tête ,  qui  pourraient 
être  regardés  comme  des  organes  de  tact  ;  mais  quoique  très- 
probablement  fort  sensibles ,  ces  prolongemens  de  la  "peau 
ne  sont  que  des  parties  du  toucher  passif  plus  fins  ,  et  qui 
très-probablement  ne  sont  jamais  actifs.  On  leur  donne  le  nom 


DAMS    LES    POISSON»!.  a:!' 

4e  iarbUlonii  iU  sont  médians  ou  pairs  :  les  bnrliillons  mé- 
dians n'occupent  jamais  que  l'eiirémité  de  lu  mâchoire  inlë- 
Itreux  les  barbillons  pairs  peuvent  Sire  beaucoup  plus  nom- 
rieure;  et  pro*cnir  de«  deuï  mâchoires;  ceux  de  rinfèrieniit 
M  nomment  harbiUoru  labtaiiX ,  parce  qu'ils  suivent  le  linrd 
mfërieurdelaioacboire;  les  supérieurs  »nnln<u>itri|uaDd  ils 
aaissenlde  l'ouTerture  des  narine» ,  anf^lairex  lorsijn'ils  sont 
à  l'aogle  de  l'ouverlnre  de  la  bonche  ,  et  i/icitifs  quand  c'en 
I"  bbord  supérieur  des  ns  de  ce  nom  qti'il*  occupent. 

Ce  sont  en  général  les  poissons  qui  Tiveiii  dans  la   Tase 

pi  ont  le  plus  de  barbillons  :  comme  les  silures,  les  loches , 

Y'itt  esturgeons,  les  gndes,  etc.  J'ai  disséqué  les  bnrbillons  de 

I  h»turgeon  ;  la  grosseur  du  oerf  qui  se  rend  à  cbacun  d'cun 

st  vraimenl  fort  remarquable, 

'   Il   faut  sans  doute  regarder  comme  appnrienans  â  cette 

I  modifiuntion  du  sens  du  toucher,  certains  organes  l'art  stn- 

I  piliers  sinon  découverts,  au  moinK  complètement  observés 

f  ■!  décrits  par  U.  Jacobson  ,  dans  les   squales,  et   dans  les 

nies,  et  qu'il  a  comparés  jnsqu'd  un  certain  point  avec  les 

moustaches  nu  groupes  depoild  fort  sensibles,  que  les  chats • 

par  exemple  ,  ont  ordinairement  très-dé reloppés. 

Ces  organes  sont  situés  sur  les  parties  laléi-ales  et  surtout 
inrêrieures  de  la  têie  ou  de  la  partie  antérieure  du  tronc;  il» 
consistent  en  des  espèces  de  noyaux  gangliuniformes ,  placés 
•ona  la  peau  dans  quelque  angle  musculaire ,  Tormès  par  une 
(«pauifl  fibreuse  ,  assez  peu  distincte  peut-être  .  et  dont  loute 
la  caTilè  est  remplie  pur  un  très-gr.ind  nombre  de  petits 
mamelons  plus  ou  moins  saillans,  qui  sont  l'origine  d'autant 
de  petit*  tubes  tous  se  dirigeant  rers  la  circonférence.  Ces 
tubr«qutontrevuehacunp3rleurextrL'miIérenflée  un  énorme 
Itlel  nerveux ,  semblent  se  prolonger  ou  se  continuer  au  de- 
hort  de  la  capsule  avec  autant  d'autres  longs  filets,  assez  sem- 
blables A  des  brins  de  vermicelle,  qui  vont  en  formnnt  quel- 
quefois des  inflexions  ou  en  s'épanonissani  sous  le' derme,  se 
l5. 


226  DE   l'4P>AKCIL   DU    TACT 

lenniDer  par  autant  d'erifices  un  peu  oon tracté»  el  satUana 
sous  ie  museau 9  ou  sur  les  parties  latérales  de  la  télé»  ainsi 
qu'aux  daux  faces  des  na^^ires  pectorales;  ces  tubes  sont 
formés  par  une  enveloppe  fibreuse ,  et  ne  conticnneail  qu'une 
matière  gélatineuse  qui  semblerait  pooToir  être  rejelée  au 
dehors.  Ces  organes  paraissent  donc  être  qotlqae  dioae  d'in- 
termédiaire au  phanère  et  au  crypte  ;  en  effet  ee  sont  des 
phanères  par  la  grande  quantité  de  système  nenreux  qu'ils 
reçoivent,  et  la  pulpe  dont  ils  sont  remplie;  mais  ce  sont 
des  cryptes  par  leur  assemblage  en  groupes  pins  ou  moins 
considérables ,  et  par  leur  ouverture  à  l'extérfeur;  il  y  en  a  un 
très-petit  à  la  lèvre  inférieure  »  un  autre  un  peu  plus  ^ros  au- 
devant  de  la  supérieure  ;  mais  le  plus  considérable  occupe 
l'angle  qui  se  trouve  entre  le  muscle  constricleur  des  mâ- 
choires et  la  masse  branchiale;  il  en  naft  deux  masses  de 
tubes  ^  une  iniîérieure  qui  s*irradie  dans  tous  les  sens  ».  en  se 
pjortant  sous  la  nageoire  pectorale  élargie  ,  en  «vent ,  en 
dehors  et  en  arrière  9  T-autre^  supérieure  :  celle-«i  se  auhdi- 
vise  en  plusieurs  faisceaux  distincts  9  un  antériei^'  qui  suit 
tput  le  bqr4  du  long  cartilage  de  la  nageoire,  un  postérieur 
qui  se  termine  sur  le  dos,  un  autre  postérieur,  dont  les 
tubes  s'ouvrent  à  ToccipulL;  enfin  les  externes  s'irradient 
comme  en  dessous ,  dans  la  peau  de  la  nageoire. 

Jd.  Jacobson  suppose  qjae  ce  sont  des  e^spèces  d'organes  du 
tQMpher  presque  actif,  et  pouTaat  donner  aux  poissons  de 
la  fiunille  des  sélaques  une  connaissance  plus  exacte  des  corps 
qui  se  trouvent  au-dessus  ou  au-dessous  d'eux  que  la  peau 
qui  les  recouvre. 

Il  ne  faut  pas  confondre  ces  organes  tubuleox  avec  un 
can^l  beaucoup  plus  gros  qui  fait  au-dessus  et  au-dessous 
du  museau  de^  raies  et  des  squales ,  plusieurs  infleikins  fort 
régplières,  bien  symétriques,  et  que  Ton  croit  en  communia 
cation  aiec  la  n^itière  comme  gélatineuse  qui  fontae  la  ^fLoê 
glande  partie  de  ce  proloogemenl  nasal.  Ce  canni  n'a  en 


DANS    LES    POISSONS.  iisg 

«fTct  aocane  ooimezioD  aveu  les  organes  ganglioaitormes  ;  j'ea 
ai  parlé  plus  haut  à  l'article  du  sygiëme  lacunaire. 

Ne  serait-ce  pas  plutôt  quelque  chose  d'aaalogiie  mec  cet 
appareil  singulier  qu'oo  trouve  dans  plusieurs  poissons,  qui 
produit  une  seuousse  galvanique  plus  ou  moins  forte,  et  que 
aouM  devons  décrire  ici  uomuie  uoe  dépeudance  éviJente  <le 
la  peau  ou  de  l'enveloppe  eitërleure,  quoique  ses  usages 
loicni  d'une  tout  autre  nature? 

Les  diverses  espèces  de  poissons  qui  jouissent  de  cette  pro- 
priété remarquable,  diffèrent  cependant  A  ce  qu'il  paraît)  sous 
le  rapport  de  la  structure  de  l'urgAne  d'où  elle  dépend)  ainsi 
que  sous  ceuK  de  sa  position  et  des  nerfs  qui  l'anime. 

Dons  la  torpille ,  par  eLempIe ,  c'est  un  amas  d'organes 
cylindriques,  vermirorines  ,  ptacès  Tertîcalement  entre  la 
peau  supérieure  et  lu  peau  ial'érieurc  de  l'espace  semi-lunaire 
formé  par  les  côtés  de  la.lête  et  de  la  eu  vite  branchiale,  ou  du 
cou  d'une  part,  et  par  le  prolongement  antérieur  des  niem- 
breg  pectoraux  de  l'autre,  depuis  son  attache  ^'i  l'épaiile  jus- 
^'A  sa  pointe  antérieure,  qui  dam  les  torpilles  s'écarte  beau- 
soiip  plus  du  votner  ou  du  musenu  que  dans  les  autres  raies. 

Ces  organes  adhèrent  n  la  peau  par  leur»  exIréoiitéH,  fi 
l'aide  d'un  tissu  fibreux  asset  résistant ,  qui  forme  it  la  masse 
une  sorte  d'enveloppe  générale .  et  surtout  en  dessous  ml  s*^ 
voit  une  disposition  polygone  qui  semble  appartenir  aux 
•rganes  eux-mêmes.  Leur  réunion  forme  une  masse  aplatie, 
•n  peu  plui  bombée  en  dessus  qu'en  dessous  ,  et  qui  s'ancroK 
par  l'augmentation  du  nombre  des  cylindres,  à  mesure  que 
l'espace  qu'ils  occupent  augmente  lui-iuême.  Ils  suai  réelle- 
■leiil  indépenduns  les  uns  des  autres,  et  le  tissu  libreiix  sous- 
'  nilané  ne  produit  pas  de  polygones  qui  les  contiendraient  ; 
Ikn'adbèrent  entre  eux  dans  la  plus  grande  partie  de  leur 
ilendue,  qu'au  moyen  des  filament  vasculaïniS,  *t  surluut 
Bervcux  qui  t'y  portent  en  très-grande  abondance.  Ouux-ci 
pOvieuBcnt,  comme  nous  le  verrons  plus  lard,  eu  partie 


â3o  DE  l'appareil  du  tact 

de  la  cinquième  paire ,  mais  beaucoup  plus  '  des  rameaux 
branchiaux  de  la  huitième. 

Chacun  de  ces  cylindres  semble  former  une  petite  masse 
molle  9  très -flexible  y  dont  la  surface  extérieure  est  à  peine 
distinctedu  reste,  et  qui  n'a  par  conséquent  pas  d'enreloppe 
proprement  dite»  autre  que  ceUe  qui  est  formée  par  les- nerfs  ; 
encore  moins ,  y  a-t-il  une  cavité  ji^tincte  qui  contiendrait 
une  substance  plus  ou  moins  molle?  L'alcohol,  la  chaleur 
font  bien  d*abord  un  peu  contracter  ces  petits  organes ,  mais 
ne  les  coagulent  en  aucune  manière ,  et  même  au  bout  de  très- 
peu  de  temps  d'action  de  l'eau  bouillante ,  ils  se  ramollissent 
et  perdent  toute  adhérence. 

Il  iv'y  a  donc  aucune  comparaison  ù  faire  entre  ces  or- 
ganes et  les  tubes  gélatinifères  et  sous-cutanés  des  raies. 
En  effets  les  torpilles  ont  aussi  de  ces  tubes,  mais  il  est  rrai 
en  beaucoup  moins  grand  nombre  que  les  autres  raies.  Elles 
ont  surtout  le  faisceau  externe  et  supérieur  qui  suit  le  pro- 
longement du  membre  pectoral,  et  dont  chaque  tnbe  s'ouvre 
par  un  orifice  séparé  à  la  superficie  de  la  peau. 

Ne  pourrait-on  pas  trourer  davantage  de  rapports  entre 
ees  organes  électriques  des  torpilles ,  et  les  masses  ganglio- 
naires  elles-mêmes  dans  lés  raies  ? 
DuM  le  gjm-  L'appareil  électrique  du  gymnote  n'a  presque  aucun  rap- 
éUeiriqw.  poft  arec  ce  que  nous  venons  de  décrire  dans  la  torpille. 
Chex  lui,  en  effet ,  la  cavité  viscérale, comme  nous  le  verrons 
plus  tard ,  est  extrêmement  peu  considérable,  il  en  est  résulté 
que  la  queue  est  au  contraire  fort  grande ,  et  constitue  les 
sept  hultîèmes  au  moins  du  corps  de  l'animal.  La  peau  qui 
le  recouvre  n'ofi're  du  reste  rien  de  bien  remarquable  que  sa 
nudité  ,  la  grandeur  des  pores  ou  trous  de  la  tête  et  de  ceux 
de  la  ligne  latérale.  J'ai  cependant  observé  dans  toute  la  lon- 
goenr  des  flancs ,  au-dessous  de  cette  dernière  ligne ,  des 
espèces  de  rosaces,  formées  d^une  léunion  de  pores  assex 
nombreux ,  et  disposés  régulièremem  d'espace  en  espace  f  cl 


â3i 

que  la  pvau  qui  recouvre  les  muscles  de  la  nageoire  anale  eat 
■inguliË  reine  ni  grésîllée.  Quant  A  ut  structure,  celle  peau 
nidioc rement  épaisse ,  m'a  paru  composée  d'une  première 
couche  lirune  siluéc  sous  le  derme  proprement  dit  :  sonl-cc 
les  cryptes  qui  la  formenl  ?  a*  du  derme  proprement  dit  qui 
ttt  blanchâtre  et  assez  épais  ;  5"  enfin  d'une  troisième 
couche  qui  eslbien  séparée  du  derme,  et  qui  ne  lui  e^  réunie 
que  par  des  brides  comme  fibreuses. 

C'est  au-dessous  de  tette  peau  que  se  troute  l'appareil 
électrique  ;  il  est  réellemenl  énorme,  puisqu'il  occupe  chaque 
efilé  du  corps  de  l'animal,  en  longueur,  presque  depuis  une 
extrémité  jusqu'à  l'autre  ,  en  hauteur ,  depuis  la  série  très- 
remoDiêe  des  muscles  de  la  colonne  vertébrale  jusqu'à  la 
ncine  de  la  nageoire  unule,  et  enfin  en  épaisseur,  depuis  la 
ligne  médiane  jusqu'à  la  peau.  En  eflel,  l'appareil  électrique 
4'uD  côté  n'est  séparé  de  l'autre  que  par  la  cloison  médiane 
^ui  de  la  vessie  natatoire  se  porte  aux  supports  de  la  nageoire 
anale;  il  forme  donc  une  masse  très-allongée,  plane  en  de- 
dans,  coAveie  en  dehors,  plus  large  et  plus  épaisse  en  avant, 
«1  se  terminant  en  pointe  amincie  en  arriére.  Chaque  masse  la- 
térale est  subdit  isée  dans  sa  longueur  par  une  cloison  épaisse 
en  deui  bandes ,  l'une  supérieure ,  beaucoup  plus  considé- 
nble ,  et  immédiatement  sous  la  peau^  et  l'autre  inférieure  , 
•iluèe  en  dedans  des  muscles  des  rayons  de  la  nageoire 
anale,  qui  la  séparent  par  conséquent  de  t'enveloppe  cutanée. 
C'est  ce  que  Bunier  a  nutntsé  le»  petits  appareils  électriques 
.du  gymnote  :  je  n'aï  observé  que  les  grands. 

Leur  structure  est  vraiment  singulière;  ils  sont  d'abord 
•éparés  du  reste  du  tissu  animal  par  une  sorte  d'enveloppe 
fibreuse  assci  épaisse  ,  qui  entre  pourtant  dans  leur  compo- 
.  Mliun,  en  ce  qu'its  y  prennent  adhérence  ;  ensuite  chaque 
nuiste  est  Tormée  d'une  certaine  quantité  de  cloisons  à  peu 
l,prës  horizontales  et  parallèles  qui  se  portent  de  la  peau, 
|^«'cii-i-dire  de  la  membrane  fibreuse  sous-dermicnne  A  la 


!|S2  DE   I^'aPPAREIL  DU    TACT 

cloison  médiane  ;  cependant ,  comme  l'étendue  de  la  8or£ie« 
•puâ-cutanée  est  plus  grande  que  celle  de  cette  cloison  mé- 
diane ^  U  eip^  résulte  que  les  cloisons  horitontales  conTergeot 
un  peu  Ters  celle-ci.  Ces  cloisons  m*ont  paru  du  reste  fort 
minoes«  composées  de  fllamens  soyeux  $  bien  fibreux  >  et 
résistans ,  et  beaucoup  plus  nombreuses  que  Hunter  ne  le 
dit;  peut-être  en  effet  augmentent-elles  en  nombre  a?eo 
Fâge  et  la  grandeur  de  Tlndividu^  Quoi  qu*il  en  soit ,  obaque 
lame  ou  cloison  borizontale  offre  à  sa  surface  inféfieare  une 
quantité  innombrable  de  petite»  lames  lerticales  ooupant  à 
an^e  droit  celles  qui  les  portent  »  el  par  cooséqneiit  perpeiH 
diculaires  à  t'axe  du  tronc;  eUes  sont  excessivement aenrées 
Tune  contre  l'autre  ^  et  le  très-petit  espace  qui  les  sépara  ne 
renferme  certainement  aucun  fluide*  Ces  petites  lamés  sont- 
elles  adhérentes  par  leur  bord  inférieur ,  de  manière  A  formel 
des  cloisons  ?  c'est  ce  que  je  n'ose  assurer.  BUes  ne  m'oût 
pas  par^  de  la  m6me  nature  fibreuse  que  les  cloiaonl  korif 

sontajes. 

L^  nerfs  qui  se  rendent  à  ces  organes  sont  extrtecmeni 
noiic|bre4ix^  et  appartiennent  aux  paires  vertébrales  dont  ils 
sojctent  smççe^iyeipent. 

)(«es  vaiiî^au;K  sont  égalemeqt  asses  développés  ^  mais  in- 
finiment ipoins  qq^  les  ueik. 
)êmt  u  «iinn  .Ç^  «I^e  ooMS  vcD^ps  de  dite.  SUT  l'appareil  éieotriqoe  de  la 
torpille  et  du  gjr^oote  9  pom  Savons  observé  noiUsr-iKiêiiies  : 
il  n'en  esjt  pas  ainsi  du  si)M>}^  électrique^  Moust  sonmes 
obligés  d'emprunter  à  Jil.  Qegffrc^  Saîn^Bila|re  ee  que.ooua 
en  ^voiiA^  Dans  ge  poisson^  l'appareil  électrique. enveloppe 
tout  le  corps  de  l'animal  ;  il  eat  toujours  siiiié>lmmédîate- 
ment  S0U4  k  peau  1  e^  eqt^ui^é  d'u^e  .socle  d'eof«lop|pe  fif# 
breu^  fort  épaisse  ^  mai^.il.eat  composé  da  fibres  afionèvto<* 
tiques  et  .tendineuses  très-serrées  t  qui  s'eotvelaeeiit  et  founcnt 
un  léseiiu  dopt  il  est  iuq^sible  d'apercevoir  les  oellules  à 
rmil  i»u»  C^  cellules  soièi^illpeodailt»  suivant.  M*  Ge<dfroff 


élcclriqoe. 


DAHl   LES   BnTOMUZOAlSES.  a33 

remplies  d'albumine  et  île  géiatînc.  Les  ocrl's  qui  unimeHl  cet 
.-ippureil  proviennent  de  lu  huitième  p^iirc,  et  ïi'inblenl 
it'Ëire  que  le  nerf  de  la  ligne  latérale  des  puisiiuns  fort  déve- 
loppé. 


I 


Abticlb  II.  Dans  te  type  des  entorno^oaires. 

La  type  dei  animaux  articulés  eitérieu rement ,  doit  en- 
■ore  (Ire  beaucoup  muiiis  TuTorisé  sous  1«  ruppurt  de  la  con- 
tioii  de  l'enreloppe  extérieure  eo  organe  du  luet ,  que 
sDimaux  vertébrés;  en  elTet  l'épaisseur  souvent  consldé- 
Ic  de  la  partie  èpidermique  de  cette  enveloppe  .  cl  par 
•ooscquent  ta  durtié.  ont  délErminé,  nou-seulemeot  une 
plus  graode  insensibilité  nerveuse ,  mais  en  outre  malgré  sa 
fracture  en  un  asseï  grand  nombre  de  pièces  nécessaires  pour 
U locomotioD ,  cette  disposition  de  la'peau  n'a  pu  permettre 
^application  de  beaucoup  de  ses  points  lur  un  même  corps. 
tiiatx  donc  l'on  conçoit  qge  même  dans  le»  parties  d«  ces  ani- 
'Mbux  les  plus  fnvorabIcB  au  tact,  comme  les  estrétnitée  des 
ippefldice),  celte  modiGcaliou  du  sens  du  loucher  n'a  pu 
Jusque  avoir  lieu,  et  u'e^l  en  elle!  ce  que  l'on  trouve.  Quel- 
~)|Hes  insectes  peuvent  bien  ,  comme  les  manies ,  saisir  leui 
ieou  se  défendre  au  moyen  de  certaines  modifications  de 
Iques  appendices  locomoteurs,  comme  la  plupart  des 
4nslac«s ,  ou  enfin  se  crdinponner  auv  surraces  des  corps 
Im  pin»  polis*  comme  les  mouches;  mais  aucun  n'n  la  fa- 
ifBlté  de  multiplier  asseï  ses  pointe  de  contact  avec  le  corps 
flran^er,  pour  qu'on  pilbse  en  induim  une  seasalioa  de 
forme. 

Les  organes  mSme  que  l'on  s  décorés  du  nom  de  palpes  . 
chei  la  plupart  des  animauK  sriicttlés,  ne  sont  nnllemenl 
conformés  pour  pallier  ,  c'est-i'i-dire  pour  donner  une  idée 
dkU  forme  des  corps;  ce  ne  sont  évidemment,  comme  nous 
k  nrrodj  plus  tard ,  que  de  vérilables  appendices  de  to«o- 


234  1»  l'appareil  du  tact 

motion  un  peu  modifiés ,  et  qui  tout  au  plu8  serrent  à  sentir 
et  à  diriger  la  proie  rers  les  mâchoires. 

Je  ne  pense  pas  non  plus  que  les  antennes  soient  des  or- 
ganes du  tact ,  peut-être  seulement  sont-elles  douées  d'un 
toucher  plus  fin  que  les  autres  appendices  de  Tinsecte. 

D'après  celail  estasses  facile  de  voir  que  ces  animaux  n'ont 
aucun  de  leurs  appendices  modifiés  pour  le  tact;  je  n'en  con- 
nais pas  non  plus  chei  lesquels  ce  soit  le  corps  lui-même 
dans  un  de  ses  prolongemens  antérieur  ou  postérieur.  On 
remarque  bien  un  certain  nombre  d'animaux  articulés  à  l'état 

I 

de  larves  ou  parfaits  y  dont  le  corps  composé  d'un  grand  nom- 
bre d'anneaux,  revêtus  d'une  peau  moins  dure,  peut  s'enrouler 
autour  des  corps ,  comme  les  larves  ou  chenilles  de  beaucoup 
d'hexapodes ,  et  surtout  les  néréides ,  les  nais ,  les  sang- 
sues ;  mais  en  admettant  même  qu'il  pourrait  y  avoir  trans- 
mission de  cette  sensation,  et  surtout  réflexion  sur  elle  y  ce 
qui  n'est  pas ,  ils  sont  encore  loin  de  toucher  un  asses  gfmd 
nombre  des  points  de  ces  corps ,  pour  se  faire  une  idée  de  leur 
forme.  l«es  mêmes  observations  peuvent  être  faites  pour  la 
queue ,  supposé  que  quelque  espèce  l'aurait  jusqu'à  un 
certain  point  prenante ,  ce  dont  je  ne  connais  pas  d'exemples, 
*à  moins  qu'on  ne  considère  comme  telle,  celle  des  sangsues 
et  de  quelques  genres  voisins  ;  et  quant  au  prolongement  anté- 
rieur ,  on  peut  jusqu'à  un  certain  point ,  surtout  à  cause  du 
renflement  flexible  qui  la  termine,  regarder  la  trompe  des 
mouches  comme  une  sorte  d'organe  de  tact  ;  mais  il  n'en  est 
pas  de  même  de  la  trompe  des  lépidoptères  »  qui  est  un  com- 
posé de  deux  appendices  réunis  dans  la  ligne  médiane  $  et 
dont  il  sera  question  plus  tard. 

Abticlb  III.  Dans  le  ^ype  des  malacozoaires. 

Dans  le  type  des  malacosoaires  ou  des.aniniaux  qcioUiis- 
qucs,  quoique,  fort  souvent  la  mollesse  et- la.  flexibiiîté.  di) 


DANS    LES   HAtACOZOAIIlBE. 
iCuliii 


335 


derme  musculnirc  et  souTenI  du  corp«  tout  entier,  h  finesse 
et  In  presque  nudité  de  la  peau  indiquent  une  disposition 
favorable  pour  la  perception  de  la  forme  des  corps  ;  cepen- 
dant on  peut  dire  qu'assez  peu  d'entre  eux  ont  des  organes 
de  tact:  on  peut  voir  toutefois  un  appnreil  heureusement 
modifié  pour  ce  but,  dans  le  cercle  de  tentacules  ou  de  laniè- 
res charnues,  flexibles  dans  tous  les  sens  qui  entourent  l'ori- 

fice  buccal  des  animaux  du  genre  sèche  de  Litinœus ,  et  dans 

espèces  de  ventouses  dont  elles  ^onl  armées,  et  que  noui 
^udierons  plus  en  détail  ù  l'article  des  organes  de  la  locomo- 
tiOR  et  de  la  préhension. 

Le  disque  musculaire  qui  occupe  \a  partie  inférieure  du 
eorps  desmullusquea  nommés  à  cause  de  ct\a  gastéropodes , 
fcvt  encore  donner  ù  l'animal  qui  se  traîne  l'idée  de  la  forme 
corps  sur  lesquels  il  rampe  ,  puisque  tous  ses  points  seti- 
aibles  louchent  immédiatement  et  li  lu  fuis  un  jsseï  ^raad 
Wwnbre  de  ceux  de  ces  corps  ;  mais  ce  doit  toujours  Être  fort 
de  chose,  In  partie  scutunlc  de  l'enveloppe  ne  pouvant 
•Oibrasser  le  corps  étranger  tout  eutier,  ni  même  le  toucher 
ins  différentes  dirf  ctions. 

Quant  aux  appendices  tenlaculaires  ù  quelque  place  qu'ils 

trouvent .  même  ceux  qui  sont  les  plus  longs  et  les  plus 

ilêrieurs  ;  il  est  éfideot  que  ce  sont  des  organes  d'un  lou- 

ler  fort  sensible,  mais  qui  n'uni  aucuns  rupporls  avec  ceux 

d'an  véritable  tiict  ;  en  effet  t'animai  ne  s'en  sert  jamais  de 

lai-m£uie  pour  palper  les  corps,  et  encore  moins  pour  juger 

I  leur  forme.  Nous  verrons  d'ailleurs  plus  loin  ce  que  c'est, 

La  seconde  classe  des  mollusques  offre  peut-être  encore 

moi  ru  d'organes  de  tacl;  en  elfet  on  ne  peut  regarder  comme 

les  singuliers  appendices  qui  se  trnuTent  de  chaque  cOlé 

u  l'orifice  buccal ,  d:ins  les  lingules  ,  etc.  ;  car  ils  ne  ser- 

Îent  pas  même  A  saisir  les  corps ,  mais  seulement  iL  pro- 
llire  dans  le  fluide  qu'habitent  ces  animaux  uu  mouvement 
propre  à  faire  arriver  à  la  buucbc  les  molécules  nutritive». 


t36  DE  l'appârbil  Di;  tact 

On  ne  le  peut  pas  darantage  pour  les  appendicefl  à  peu  près  de 
même  nature  y  quoique  plus  mous  et  plus  courts  qui  se  trou- 
rent  presque  au  même  endroit  dans  les  lamelllbrancheB. 

Leur  masse  musculaire  abdominale,  surtout  quand  elle  esi 
fort  allongée  et  très-ejLsertile  pourrait  mieux  être  rangée  dans 
cette  catégorie;  mais  cet  organe  ne  peut  encore  todcber 
qu'une  asses  petite  partie  des  corps  auxquels  il  s*accfoche 
qœlqucCuis. 

Quant  aux  fileb  tentaculairesplus  ou  moins  nombreux,  pkil 
ou  moins  allongés,  qui  garnissent  les  bords  du  manteau  ou 
de  TeoTeloppe  cutanée  de  beaucoup  de  malacoaoaires  acé* 
pbalés ,  ce  sont  toujours  des  organe»  de  toucher  Irèstsubtils 
et  non  des  organes  de  tact. 

Leur  organisation  est  entièrement  semblable  à  celle  do 
reste  de  la  peau  ;  ils  sont  seulement  encore  plus  contractiles, 
et  surtout  beaucoup  plus  sensibles,  sans  qu'on  puisse  cepe^ 
d'nt  j  démoutrer  une  plus  grande  quantité  de  filets  ner- 
Teox  que  dans  le  reste  de  ren?eloppe.  11  semble  aussi  que 
quelquefois  ils  Sont  creux  dans  une  plus  ou  moins  grande 
partie  de  leur  longueur ,  car  dans  certaines  espèces  ib 
peuvent  adhérer  à  ce  qu'il  parait  et  même  a?ec  assei  de 
force  aux  corps  étrangers,  un  peu  comme  les  tentacules  des 
actinies.  Je  ne  ^'arrêterai  pas  à  décrire  les  différences  que 
présentent  ces  tentacules  marginaux  dans  i%9  différens  genres 
de  mollusques  acéphales,  dans  leur  forme  générale,  dans 
leur  disposition  sur  un  ou  plusieurs  rangs ,  et  dans  leur  ré- 
partition plus  ou  moins  inégale  à  la  circonférence  du  man- 
teau ;  parce  que  ces  détails  appartiennent  plutôt  à  la  soologie 
qu'à  l'anatomie  :  je  dois  cependant  foire  observer  qn'ib 
s'existent  que  sur  le  bord  libre  de.  ce  manteau ,  et  surtout  à 
Terifice  des  tubes  qui  le  prolongent  en  arrière  dans  uo  grand 
nombre  d'espèces ,  et  que  par  conséquent  ils  seront  beaucoup 
plus  nombreux  dans  les  genres  dont  le  manteau  est  ouvert 
dans  presque  toute  sa  circonférence,  comme  les  anoaûetf 


DANS    tES    M  AL&r.<lï,(>AI)IES.  3J-J 

les  huîlres,  les  peignes,  les  limes,  clc.  Dans  ces  derniers 
genres  ,  outre  le  rang  marginol  qui  est  simple ,  le  plus  litng , 
il  en  a  un  autre  mitlliple,  plus  externe,  qui  e^t  attaché  ù  une 
bande  musculaire  qui  suit  la  ctrcouférencu  du  manteau. 
Dans  tes  peignes,  tiu  milieu  de  celte  bande  externe  de  ten- 
tacules, se  Irourenl  rangés  d'espace  en  espace  et  furl  règu- 
lii'rtiment  de  petits  disques  durs,  nacrés  ou  irisés,  un  peu 
pédicules  dont  on  ignore  complètement  l'usage.  Les  animaux 
de  1.1  famille  des  sub-mjlilacées  n'ont  plus  de  tentacules  au 
bord  du  manteau;  iDuis  quelquefois  il  est  digilé  ou  tobé, 
oequi  donne  une  formeanalogueâ  la  coquille.  Les  moules  pro- 
prement dîtes  n*oni  pas  de  fibrilles  tentaculuires  au  manteau i 
les  jambonneaux  et  les  lymmodermes  n'en  ont  qu'ù  In  partie 
fOflérirure  qui  forme  une  sorte  de  lub«  ;  il  na  est  de  mfioM 
^^91  eardites  ;  les  arches  et  toute  la  famille  âet  arcacées  n'en 
IBt  pas  m6me  dans  celle  parlie. 

,  Hais  le>  véritables  cames,  les  isocardes,  les  cardiums  .  les 
,les  tellines,  les  ténus  et  tous  les  genres  voisins  ont 
iaul  le  bord  inférieur  du  manteau  garni  d'une  rangée  de 
petits  tentacules,  ainsi  que  l'orifice  des  lubes  poslérieurs- 
Dans  les  dernières  familles  où  les  bords  du  manteau  se  réu- 
nissent, il  n'y  en  a  plus  en  général  qu'ù  rextrémité  des  lubes; 
on  en  trouve  mSme  co  cet  endroit,  et  alTeclant  une  dispo- 
sUioo  un  peu  radiaire,  dans  plusieurs  ascidies  simples  ou 
«ampoulées. 

Celte  disposition  lentacnlnîre  du  bord  du  manleau  des 
tollu^ques  acéphales  est  indépendante  des  digitaiions  du 
Unieau  luî-mfime.  On  peut  trouver  l'une  et  l'autre  chose 
(  la  fois ,  comme  dans  la  lellinc  laclce  ;  mais  aussi  l'une  peut 
(-bien  exister  sans  l'autre:  c'est  la  première  qui  déier- 
e  les  fines  crênelures  du  bord  interne  des  coquilles  bi- 
Ites',  et  c'ctl  la  seconde  qui  produit  ses  cannelures  ou  se* 


I 


238  .  DB  l'appareil  du  tact 

Article  IV.  Ditns  les  acdnozoaiirs. 

Il  ne  nous  reste  donc  plus  à  examiner  l'organe  du  tact  quf: 
dans  les  actinoxoaires  ou  A.  radiaires  ;  comme  on  le  pense 
bien  ,  il  doit  deyenir  de  moins  en  moins  éyident,  puisque  le 
système  nerveux  disparaît  successivement.  D'abord,  le  corps 
ayant  presque  toujours  une  forme  circulaire ,  ce  n'est  jamais 
dans  cette  partie  que  nous  pourrions  trouver  de  modification 
eo  rapport  avec  celle  correspondante  de  la  peau  ,  s'il  y  en 
avait  ;  ce  ne  serait  donc  que  dans  le  cas  où  il  se  diviserait 
qu'il  serait  possible  d'en  rencontrer;  en  effet  on  peut  conce- 
Toir  que  certaines  astéries,  et  surtout  celles  qu'on  a  nom- 
mées comatulesy  &  cause  de  la  division  successive  de  leurs 
appendices  se  terminant  enfin  par  des  cirres ,  pourraient 
offrir  quelque  trace  de  ce  sens,  puisque,  dit-on,  elles  se 
serrent  de  ces  organes  pour  saisir  leur  proie  et  la  porter  à 
la  bouche.  Mais  ces  divisions  étant  recouvertes  comme  le 
reste  d'une  peau  écailleuse ,  il  faut  en  conclure  que  le  tact 
doit  y  6tre  à  peu  près  nul. 

Dans  les  arachnodermaires  ou  médusaires^  les  appendices 
foliacés  de  différentes  formes  qui  terminent  le  pédicule  delà 
bouche,  existant  dans  beaucoup  d'espèces  au  milieu  de  la  (ace 
concaye  du  corps  ;  ou  les  longs  fiiamens  qui  se  groupent 
autour  de  la  bouche  des  physales,  des  porpites  ,  sont  plutôt 
des  organes  de  préhension  ou  de  succion  que  de  tact. 

Il  en  est  à  peu  près  de  même  du  grand  nombre  de  tenti^ 
cules  cylindriques  entourant  la  bouche  des  actinies  et  de 
beaucoup  de  polypiaires  et  de  zcophytaires  ;  mais  peut-fitre 
en  est -il  autrement  des  lanières  extrêmement  longues  et 
flexibles  des  hydres,  qui  pouvant  s'enrouler  autour  de  tous  les 
corps  seraient  assez  convenablement  disposées  pour  transmet- 
tre quelque  idée  de  leur  forme ,  s'il  y  avait  un  système  de  trans- 
mission et  surtout  un  centre  de  perception  dans  ces  animaux; 


DANS    LES    ACTIHOIOMRES.  23g 

CD  sorte  que  ce.4  organes  ne  sou[  évidemnient  encore  que  de» 
dépendaaces  du  l'appareil  de  préhension. 

Article  V.  Dans  les  amorphozoaim. 

Dans  les  hétéromorphes  l'organe  du  toucher  csl  arrive  li  eirc 
temèuiedans  lonles  les  parliifS  de  l'ptre  organisé:  mni<i  il  de- 
Tienl  de  plus  en  plus  impurrail ,  et  tin  nepeutconceroîr  aucun 
fadice  d'appareil  de  tact ,  que  nous  n'avons,  par  conséquent, 
dans  les  inammifëres  et  les  oiseaux;  car,  au  delà  , 
V  n'ea  existe  pres<|ue  plus  aucune  trace,  du  moins  en  tant 

'on  le  considère  comme  produilpar  une  modiCcation  par- 
'^ulière  de  l'enveloppe  cutanée  et  des  parties  du  corps  sous- 
intes ,  concordant  arec  un  certain  développement  du  sys- 
tème iierreui ,  et  comme  devant  donner  à  l'animal  une  idée 
fÔB  la  forme  de>  corps. 

SECTION   11. 

De3  setu  tpiciaux. 

Jnsqti'ia  nous  avons  traité  arec  tous  les  détail-i  nécessairei: 

I  l'or^nisation  du  sens  général  ou  du  sens  du  toucher,  que 

^ou*  arons  vu  Stre  commun  à  tous  tes  animaux  et  â  toutes 

inrs  parties,  mais  dans  des  degrés  trës-dllîérens,   suivant 

"^'il  est  passifinlerne,  passif  «alterne,  ou  actiT. 

Nous  allons  maintenant  traiter  des  organes  des  sens  spé- 

■ux  que  nous  avons  dit  être  au  nombre  de  quatre,  et  qui 

«entent  â  Dous  Taire  apercevoir  les  corps  par  quelque  autre 

.Propriété    que   la  résistance  qu'ils  nous   opposent  ou  leur 

tolidité. 

On  peut  assurer  d'une  manière  générale  que  ce  ne  sont 
■ue  des  modirications  du  sens  ^neraTou  du  toucher,  non- 
feulement  ph^rsiologiquemenl  parlant,  mais  encore  anatomi- 


1 


S40  BB   l'organisation 

quemeDt ,  et  appropriées  pour  certaios  corps  oa  otirtaioes  de 
leurs  propriétés;  d'où  s'est  suivie  nécessairemeot  particola- 
risation,  non -seulement  dans  l'appareil»  mais  encore  très- 
probablement  dans  la  structure  du  nerf  qui  doit  animer  l'or- 
gane. 

Quant  à  la  modification  ou  à  la  particularisation  de  l'appa- 
reil» elle  est  éfidente  et  afisez  facile  à  concevoir ,  même 
à  priori  9  puisqu'elle  est  nécessairement  en  rapport  a?ec  la 
propriété  du  corps  qu'elle  doit  nous  faire  apercevoir;  mais 
celle  du  nerf  est  de  toute  autre  nature»  et  il  faut  convenir 
que  nous  ne  devons  guère  espérer  de  la  connaitre  :  au  reste 
ce  n'est  peut-être  pas  le  moment  d'en  parler. 

Mais  quelle  est  la  particularisation  la  plus  nécessaire? 
est-ce  celle  de  l'appareil  extérieur  ?  est-ce  celle  du.  nerf? 
d'après  ce  que  nous  venons  de  dire,  il  est  assea  difficile  de 
répondre  à  cette  question.  Je  suis  cependant  plus  porté  à  croire 
que  c'est  le  nerf ,  et  que  l'appareil  extérieur  n'existe  que  pour 
rendre  le  sens  plus  actifs  ou  mieux»  pour  mettre  le  corps  exté- 
rieur en  état  d'être  aperçu;  ainsi  dans  l'œil»  le  nerf  seul» 
mis  à  couvert  ou  à  l'abri  de  toute  autre  action»  pourrait 
nous  donner  la  sensatjon  de  l'existence  ou  de  l'absence  de  la 
lumière;  tandis  que  l'appareil  mis  au-devant  donne  la  forme 
du'cofps  (  I  ).  De  même  que  dans  le  sens  du  toucher  la  peau 
seule  »  pourvue  de  son  épiderme,  nous  fait  apercevoir  un 
jDorps  dont  la  forme  ne  nous  parvient  que  lo^que  cette  peau 
est  placée  sur  un  organe  modifié  propre  A  la  porter  sur  le 
plus  iffthfïd  nombre  de  points  possibles  de  ce  corp».  Ainsi  le 
sens  de  la  vue»  considéré  comme  le  plus  simple  possible  on 
comme  passif»  pourrait  être  réduit  à  ne  nous  donner  que  la 


(i)  C'eftt  ce  que  l'on  Toit  ches  les  iodlvidos  dont  la  cornée»  i  la 
«nitc*  d'ulcèrei,  n'est  pla\  qu'à  demi-transpareote  ;  ils  oistîngaent  très- 
bien  la  présence  ou  l'absence  de  la  lumière,  maîa  nullement  la  forme 
des  corps  qui  la  leur  renvoient. 


DES    SENS    SPÉCIALX.  <i^  1 

connaissance  des  corps  extérieurs;  ce  serait  alors  un  toucher 
à  distance  ;  en  y  ajoutant  une  certaine  partie  ou  l'appareil 
d'optique  plus  ou  moins  perfectionné  ,  il  nous  fait  présumer 
les  formes. 

D'après  cela  il  est  érident  que  dans  les  sens  spéciaux  noue 
aurons  trois  choses  à  examiner  : 

1*  L'organe  lui-môme  ou  la  modification  de  l'organe  gé»- 
Dérateur; 

a*  L'appareil  qui  s'y  ajoute ,  et  dont  uous  avions  eu  ù 
peine  besoin  de  parler  pour  le  sens  du  toucher,  puisque  ce  n'é- 
tait que  l'épiderme  dans  un  degré  de  ténuité  suffisant  pour 
empêcher  la  douleur  ou  la  sensation  extrême; 

3*  Le  nerf  qui  s'y  rend,  partie  dout  nous  n'afîons  pas  dA 
non  pins  nous  occuper  d'une  manière  spéciale  dans  Torgane 
du  toucher,  puisque  tout  nerf  sorti  d'un  point  quelconque  de 
la  partie  centrale  nous  semble  pouToir  produire  et  trans- 
mettre la  sensation;  au  reste  c'est  ce  dont  nous  nous  propo- 
sons de  traiter  ailleurs. 

Il  ne  faut  cependant  pas  croire  que  nous  troufions  ces 
deux  dernières  parties  aussi  nettement  distinctes  dans  les 
quatre  modifications  du  sens  général  devenues  organes  spé- 
elaux ,  on  peut  dire  que  chacun  s*éloigne  gradoellemént  de 
la  structure  de  la  peau  ou  de  Torgane  générateur ^  depuis  le 
sent  du  goût  jusqu'à  celui  de  l'audition;  et  en  effet  dans 
celui-U  on  trouve  encore  quelque  doute  sur  la  spécialisation 
du  système  nerveux  ,  tandis  qu'il  n'y  en  a  aucun  pour 
celui -cù 

Cela  nous  permet  encore  une  division  asses  tranchée 
pdrmi  les  orgaues  des  stm  spéciaux  :  i*  ceux  qui  n^olTrent 
évidemment  qu'une  modification  de  la  peau ,  et  qui  sont 
composés -d'un  Irèsr grand  nombce  de  petits  organes  appliqués 
les  uni  coiitre'les autres 9  formant,  une  membrane,  et  dans 
lesquels  en  un  mot  ce;u.'èsl. qu'une  simple  modification  de  «la 
peau  dlnii  toutes  ses  partiel ;.'et. a*  les  sens  spéciaux  simples 
1.  i6 


aL2  DB    LAPPAREIL   DU    GOUT 

dans  lesquels  Tappareil  est  une  modification  d*un  phanère , 
Ton  à  droite  et  l'autre  à  gauche  ^  et  dont  le  système  nenreux 
est  tout-à-faît  spécial. 

Ces  organes  des  sens  spécialisés  dans  deux  degrés ,  et 
dont  la  structure  est  si  différente ,  agissedt  en  effet  d*une 
mauière  également  dissemblable ,  puisque  dans  les  deux  pre- 
miers, c'est  presque  une  action  chimique  à  la  suite  d'un  conipct 
galvanique  entre  la  molécule  étrangère  modifiée  et  le  fluide 
produit  par  l'appareil  du  sens  ;  d'où  résulte  une  action  sur  le 
nerf.  Tandis  que  dans  les  deux  autres  organes  des  sens  c'est 
une  sorte  d'action  mécanique;  le  corps  extérieur  agit  en 
choquant  le  fluide  dans  lequel  l'animal  est  plongé»  ou  ce- 
loi-ci  directement;  le  choc  imprimé  à  l'un  ou  à  l'antre  se 
propage,  et  est  transmis  de  manière  un  peu  différente  jus^ 
qu'au  nerf  de  l'organe,  et  la  sensation  se  produit. 

Enfin  les  organes  des  sens  spéciaux  de  la  première  espèce 
sont  ordinairement  situés  au  commencement  de  la  seconde 
partie  de  l'enyeloppe  générale  de  l'animal  ou  du  canal  di- 
gestif, et  l'un  d'eux  s'y  troure  constamment. 

Ce  sont  aussi  ceux  dont  l'existence  et  l'action  commencent 
le  plus  tôt  dans  la  série  des  animaux  et  dans  le  jeune  animal , 
et  qui  par  conséquent  sont  les  plus  généraux  :  aussi  est-ce 
par  leur  étude  que  nous  allons  commencer  celle  des  appa- 
reils sensoriaux. 

CHAPITRE  IIÎ. 

De  Vorganc  et  de  Vappareil  du  goût. 

loDsiiWnUooi  Db  tous  Ics  organcs  des  sens,  c'est  éfidemment  le  moins 
spécialisé  sous  les  deux  rapports  de  la  modification  de  l'eo- 
Teloppe  qui  en  est  le  siège ,  et  de  la  partie  du  système  ner- 
Tenxqui  s'y  rend  ponr  l'animer.  Aussi  tous  les  physiologistes 


EN    (lÉKÉRAI^  a43 

iont-ils  d'accord  pour  le  regarder  comme  une  simple  exten- 
sion du  seos  du  toucher,  mais  évidemment  ù  tort  si  nous 
enTtsageons  son  mode  d'action. 

It  peut  Cire  déHni  un  appareil  plus  on  moins  compliqua 
par  lequel  l'animal  aperçoit  les  corps  extérieurs  au  mojen 
d'une  de  leurs  propriétés  qu'on  nomme  luieur. 

Ses  usages  sont  donc  de  nous  faire  connaître,  non-seule- 
ment l'existence  des  corps  ^  peu  près  de  la  aiSnie  manière 
que  le  sens  du  toucher,  mais  encore  d«  nous  laisser  pénéirer 
daraalage  dans  leur  nnture  en  nous  faisant  apercevoir  l'effet 
qu'ils  produisent  sur  nous,  ce  qui  constitue  leur  saveur,  et 
cela  dans  le  but  de  l'jction  principale  de  la  seconde  partie  de 
l'enveloppe  extérieure  ou  de  la  nutrition. 

Son  sié^  ou  sa  place  est ,  du  moins ,  d'après  l'analogie  nur 
la  peau  de  l'entrée  du  canal  intestinal ,  et  suivant  toutes  les 
probabilités  ù  la  partie  inférieure  de  celte  entrée  sur  un  or- 
gane qu'on  nomme  langue,  mais  dont  l'usage  principal  ci^t 
tout  autre. 

Son  appareil  consiste  dans  les  cryptes  qui  versent  un  Quide 
peut-£tre  plus  ou  moins  dissolvant  à  la  surface  de  l'enveloppe 
modifiée,  et  dont  un  autre  usage  csidc  servir  ù  la  déglutition 
•    M  à  la  digestion. 

^K     D'après  cela,  et  surtout  d'après  son  utilité  dans  le  choix 

^^4m  substances  qui  doivent  servir  ù  la  nutrition,  on  peut 

conclure  sa  grande  importance  et  sa  généralité,  du  moins 

dans  les  animaux  qui  choisissent  leur  nourriture  ,  et  surtout 

ohei  ceux  qui  la  mâchent,  car  chez  ceux  qui  la  prennent 

Pk  l'èlat  de  dissolution  et  de  suspension,  il  est  évident  que 
b  MUS  du  goOt  ne  doit  pins  exister. 
Quant  à  sa  nature  et  A  son  mode  d'action ,  cela  est  beau-  n 
coxrp  plus  difficile  ù  déterminer.   Nous  avons  cependanl  vu 
plus  bout  qu'il  est  lrcs-prub:iblement  immédiatement  cM- 
.^   mique,  c'est-à-dire  que  la  sensation  est  le  résultat  immédiat 
HWi  pas  d'un  choc,  mais  d'un  changement  dans  les  propriétés 


* 


^44  DE    l'aPPABBIL   du    GOUT 

du  corps  devenu  sapîde»  et  du  fluide  qui  le  rend  tel,  d*oà 
il  ne  peut  agir  qu*au  contact  immédiat. 

Au  resle ,  pour  se  faire  une  idée  plus  juste  de  hi  nature  de 
l'action  du  sens  du  goût,  il  faudrait  avoir  quelque  notion  sur 
ce  qu*est  un  corps  sapide,  une  saveur,  et  e*est  ce  que  nous 
ne  pouvons,  puisque  nous  ne  savons  ce  que  c'est  qu'une 
saveur  que  par  notre  organe  du  goût. 

Nous  savons  seulement  qu'un  corps  sapide  est  nécessaire- 
ment soluble  9  et  que  le  degré  de  solubilité  indique  t$9ez  bien 
celui  de  sapidité,  en  sorte  que  la  dissolution  priniable  de- 
vient une  condition  nécessaire,  et  que  l'on  pourrait  jusqu'à  uo 
certain  point  juger  du  degré  de  perfection  de  l'appareil  d'après 
la  force  de  dissolution  de  la  salive. 

Nous  ne  connaissons  ensuite  que  les  différences  qui  tien- 
nent à  l'intensité,  c'est-à-dire  qu'une  saveur  peut  être  faible , 
forte,  très-forte,  extrêmement  forte,  depuis  le  degré  où 
nous  comaiençons  iV  la  discerner ,  jusqu'à  celui  où  nous  ne 
le  pouvons  plus^  parce  que  l'action  du  corps  sapide  est  si 
vive ,  qu'il  y  a  destruction  de  l'organe  par  la  combinaison 
de  ses  principes  constituans  avec  ceux  de  ce  corps  sapide; 
C*e8t  ce  qui  prouve  encore  que  dans  cette  sensation  il  y  a 
une  véritable  combinaison;  mais  encore  ces  degrés  sont  re- 
latifs. 

Quant  aux  différences  des  saveurs  dans  leur  nature ,  ou  ce 
i]ue  nous  nommons  leurs  qualités,  nous  sommes  si  peu 
avancés  dans  leur  connaissance ,  qu'à  peine  pouvons*nous 
nous  entendre  dans  les  dénominations  que  nous  employons 
pour  les  distinguer.  II  nous  semble  cependant  qu'il  y  a 
quatre  genres  de  saveurs  assez  distinctes,  le  doux,  qui  com- 
prend le  sucré ,  Vamer,  Vacerbe  et  Vacide  qui  offrent  ensuite 
plusieurs  nuances  en  se  combinant  les  unes  avec  les  autres 
dans  des  degrés  différens,  surtout  quand  il  s'y  joint  quelque 
odeur. 
StKm^i^nit.       ^^"'  pouvons  cependant,  jusqu'à  un  certain  point  p  déter- 


k 


EM    ^.L^ÉRAL.  345 

miner  le  Aegtè  de  perrectionnemcnt  d'un   organe  An  gnftL 
L'on  peut  dire  en  elTul  qu'il  sem  en  général  proportionnel  : 

I  *  A  In  grosseur  du  sysl^inu  nerveux  de  Iniusmission  qui 
K  rend  à  l'organe  ; 

1*  Au  dèfeloppement  cl  à  la  presque  nudité  des  papilles 
lemiiiiuleï,  ce  qui  en  esl  pcul-Olre  une  con9c<|ucncc; 

3*  A  rêtend'ie  de  la  membrane  sent.inle  ,  ou  ce  qui  revient 
au  mSme,  au  nombre  des  papilles  ou  des  petits  appareils 
couiposaiis  ; 

4*  A  In  quantité,  et  peul-êtrc  ii  la  nature  confeoable  du 
fluide  dissolvnnt  qui  est  lersé  à  la  surrace  de  la  membrane 
et  A  laspongioïilé  de  celle-ci; 

5*  En&n ,  jusqu'A  un  certain  point ,  au  subMratum  mobile 
el  extensible  de  la  membrane  seuinnie. 

Les  modifications  générales  qu'oiïre  l'cnTcloppe  eslêrieure 
OU  peau  (jui  doit  C-Itk  lu  siège  de  la  gustation,  sont  une  assez  , 
f<|hM>le  épnisseur  dans  le  derme  qui  e^t  égalentent  beaucoup 
Itfoins  dur,  moins  serrÊ,  et  lout-A-riiil  adhérent  au  «ubstra- 
ttim.aTeu  lequel  in^mc  il  est  quelqueroisconrondu  quand  ce 
sont  des  fibres  musculaires.  Le  réscnu  TasculaJrc  nie  paraît, 
aiissi  y  (Mre  assez  aboudant ,  et  y  former  des  espèces  de  pelilf 
bourgeons,  et  ce  qui  parait  la  chose  importante  esl  le  déve- 
loppement de  ce  qu'on  nomme  les  papilles;  mai^  il  est  très- 
probable  que  souvent  on  désigne  sous  ce  nom  des  organes 
■i9srz  difiërens.  et  qui  n<:  sont  rien  moins  que  nerveux  > 
comme  nous  niions  la  voir  tout  à  l'heure.  L'épidcrme  est 
ou  conlnrire  ordinairement  fort  mince  ou  presque  nul;  enfin, 
quoiqu'il  puisse  quelquefois  s'y  développer  quelques  par- 
lin  enrnées.  il  semble  que  l'appareil  crypicux  y  est  toujours 
lri-9't-nnstdérnble,  et  c'ett  de  Ij  sans  doute  que  doit  provenir 
la  paille  la  plus  essentielle  du  fluide  dissolvant. 

D'.ipri'S  la  nature  de  cette  modificalton  on  conçoit  donc 
qiiVHe  it'a  pfi  «e  tfouTcr  qii'ii  l'intérieur,  et  nutlemenl  ei- 
pnsce  l'i  l'action  deisécbnnte  de  Tnir  ;  cl  comme  d'aprts  son 


ù^6  DE    L*APPARE1L   DU    GOL'T 

but  elle  doit  serTÎr  à  nous  faire  connaître  la  nature  des  corps 
comme  pouTant  être  utiles  à  notre  nutrition  ou  non^  il  est 
évident  qu'a  priori  ce  ne  peut  ôtre  ailleurs  qu'à  l'entrée  du 
canal  intestinal  que  le  siège  de  cet  organe  doit  se  trou?er. 
ump  d'oeil  gé-       Les  différences  que  l'organe  et  l'appareil  de  la  gustation 

Demi  »ur  ton  ■  w  &  «  w 

prriectioooe.    peuvcnt  offrir  dans  la  série  des  animaux,  sont  asseï  bien  eo 

ineat  uani  la       * 

tri«  animale,  rapport  arec  la  gradation  du  reste  de  l'organisation.  Ainsi  cet 
appareil,  certainement  nul  dans  les  animaux  cbex  lesquels 
il  n'y  a  pas  de  canal  alimentaire ,  n'existe  probablement  pas 
encore  davantage  dans  les  derniers  actinoxoaires  qui  paraissent 
engloutir  un  corps  sans  savoir  si  l'estomac  pourra  agir  dessus , 
et  par  conséquent  sans  aucune  espèce  de  cboix;  et  si  ^o^» 
gane  du  goût  se  trouTO  dans  les  premiers  animaux  de  ce 
type ,  on  ne  peut  réellement  en  démontrer  l'existence.  Il  en 
est  très*probabIement  de  même  dans  la  dernière  classe  dt9 
malacozoaîres  9  ou  dans  les  aeépbalés,  par  cette  autre  raison 
.  qu'ils  prennent  leur  nourriture  à  l'état  de  suspension  ;  mais 
dans  les  mollusques  céphalés  on  commence  à  voir  un  appa- 
reil complet  de  gustation,  c'est-à-dire  une  modification  par- 
ticulière de   la  peau  de  la    face   inférieure   de  la  cavité 
buccale  et  des  glandes  salivaires.  Les  entomozoaires  sont  à 
peu  près  dans  le  même  cas  que  les  animaux  du  type  des 
mollusques ,  en  ce  que  les  derniers  groupes  paraissent  n'a- 
voir pas  d'organe  de  gustation  distinct ,  et  que  les  premiers 
enont  un  de  plus  en  plus  évident,  surtout  cbez  les  espèces  qui 
vivent  dans  l'air  atmosphérique.  On  peut  faire  la  même  ob- 
servation pour  les  ostéozoaires.  On  voit  en  effet  dans  ces 
animaux  l'appareil  se  perfectionner  de  plus  en  plus ,  et  enfin 
arriver  à  son  summum  de  développement  dans  les  maomii- 
fères ,  et  surtout  cbex  ceux  qui  vivent  constamment  dans 
l'air,  et  qui  peuvent  varier  leur  nourriture,  la  préparer  d'à* 
vaocc ,  comme  l'espèce  humaine. 

De  ce  coup  d^il  général  sur  le  perfectionnement  de  l'organe 
et  de  Tappàreil  du  goût  dans  la  série  des  animaux ,  on  peut 


£N    GÂHKB.AL.  14? 

voir  qu'oulre  ce  qui  tient  ik  ruccroisiemeDl  géocral  de  l'or- 
ganisdtioo,  il  y  a  encore  quelijues  uircoasianccs  qui  peuvent 
avoir  une  influence  sur  ce  perfectionnement. 

Ainsi  l'on  peut  dire  en  général  que  plus  la  substance  nli-  d«c>i 
mentaire  est  prise  ^  un  état  de  ténuité  Toisin  de  l'état  de  minro 
suspension  ,    moîus   l'organe  du  godt   était  nécessaire,  et 
moins  en  elTel  on  peut  en  détnontrer  l'existence. 

Et  cependant  tout  au  contraire  quand  b  nourriture  est 
prise  en  musse,  avalée  brusquement,  sans  mastication  préa- 
lable, alors  l'orgaue  :i  dû  être  moins  développé.  11  semble 
qu'il  y  ait  un  rapport  inverse  entre  le  iléveluppement  de 
l'appareil  gustatif  et  l'activité  dîgestive. 

Si  la  forme  de  la  matière  alimentaire  a  quelque  influence 
sur  l'organe  du  goût ,  je  ue  vois  pas  qu'il  en  soit  de  mCme  de 
sn  nature  animale  ou  végétale  ;  cependant  moins  l'auimal  a 
de  choix  sous  ce  rapport,  ou  moins  il  peut  changer  d'espèce 
^—Aa  nourriture,  et  moins  l'appareil  est  parfait. 
^  Le  séjour  semble  aussi  devoir  apporter  quelques  modifi- 
Cfttions  dans  l'organe  du  goQt,  et  les  espèces  aquatiques  âtre 
muins  parfaites  aous  ce  rapport  que  celles  qui  vi*eat  dans 
l'air. 

Il  est  également  aisé  de  voir  qne  l'usage  de  cet  organe 
étant  nécessairement  en  rapport  direct  avec  la  nutrition ,  il 
s'ensuit  que  l'âge  doit  exercer  sur  lui  quelque  influence,  et 
en  effet  il  semble  plus  développé ,  plus  sensible  dans  le  jeune 
ilge  que  lorsque  l'animal  approche  du  tenne  de  la  vie. 

Mais  donnons  quelques  preuves  de  ces  conséquences  évi- 
demment déduites  du  la  seule  comparaison  des  faits  en  étu- 
diant l'organe  du  goût  dans  les  ditîérens  types. 

AkTiCLB  I.   De  l'organe  et  de  l'appareil  du  goût  dans  les 

r  surtout  dans  ce  type  que  l'organe  du  goOt  a  été  le 
kiix  étudié,  et  h  plupart  des  considérations  générales  que 


I 
I 


24s  DE    l'appareil   DL    GOUT 

nous  venons  d'exposer  lui  appartiennent  plus  qu'à  tout  autre 
type. 

oosidéMiiont  Dans  tous  ces  animaux  Tanaloeic  porte  à  penser  que  le 
'  siège  de  la  modîGcation  de  Ja  peau,  propre  à  la  gustation , 
n'est  jaiiiais  ailleurs  qu'à  la  superficie  d^une  saillie  plus  ou 
moins  considérable  qui  revêt  ou  prolonge  la  première  des 
pièces  médianes  qui  composent  la  série  tn/érie»pe  des  os  du 
squelette;   C'est  tV  ce  renflement  qu'on  donne  le  nom  de 

:>c  la  langue,  kmgut ,  dûnt  Tusagc  étant  surtout  de  servir  à  la  déglutition, 
à  la  mastication,  et  même  à  la  formation  de  la  parole  v nous 
fonce  d'en  renvoyer  Tétude  détaillée  à  l'endroit  où  nous 
traiterons  de  la  cavité  buccale*  Mous  nous  bornerons  à  dire 
en  ce  moment  que  cette  masse  linguale  est  composée  de 
deux  parlies,  l'une  postérieure  plus  ou  moins  solide  4  et  dans 
la  composition  de  laquelle  entre  toujours  le  premier  os  de 
la  série  médiane  inférieure  du  squelette  qu'on  nomme  os 
hyoïde;  et  Tautre,  antérieure,  plus  ou  moins  développée, 
prolongée  en  avant ,  extensible  hors  de  la  cayité  buccale , 
molle,  flexible  dans  tous  les  sens ,  et  qui  est  la  langue  pro- 
prement dite.  C'est  dans  la  première  que  se  terminent  les 
muscles  qui  meuvent  la  langue  en  totalité,  et  qu*on  nomme 
extrinsèques,  et  c'est  dans  la  composition  de  Ul  secontle  que 
se  trourent  les  muscles  intrinsèques  qui  ne  sont  que  de  véri- 
tables muscles  peaussiers.    >•"   . .     . 

Ce»  deux*  )»arties  de  -la  langue  sont  assez  bien  en  rapport 
inverse.,  c'est-à-dire  que  lorsque  l'une  est  très-développée, 
l'autre  Test  moins ,  et  vice  versa. 

C'est  liur  l'antérieure  que  se  trouve  principalement  la  mo- 
dification de  la  peau  devenue  gustative.  Quelques- auteurs 
ont  cependant  admis  que  non-seulement  la  peau  qui  reyêt 
la  portion  postérieure,  mais  même  celle  de  toute  la  cavité 
buccale  était  susceptible  de  nous  donner  la  sensation  du 
goAt;  mais  cela  ne  me  semble  pas  avoir  lieu  dans  l'homme, 
et  par  anatogie  dans  aucun  autre  animal  vertébré.  £11  effiet» 


-49 

ou  de  tou( 

autre  corps  trfis-sapidc  sur  les  dîlTérenles  parties  de  la  bouche, 
on  s'assure  que  ce  n'est   que  sur  la  langue  elle-même,  et 


DANS    LES    OâTEOZOAlRES. 
en  promenar)!  avec  altenlîon  un  morceau  d'ali 


surtout  dnns  toute  la  circonrûrenci 
sntion  a  lieu,  au  coutraire  de  ce 
tenlir  pitrlDul.  If  est  bien  Trui  qui 
via  ou  un  corps  liquide,  nous  le  r 
buccale;  mais  ici  il  y  a,  à  ce  qu'il  n 
roËlées:  l'crlle 


de  su  pointe  que  la  seu- 
le du  coutact  qui  se  Tait 
lurïque  nou^  goûtons  (lu 
ulons  dans  tuute  la  cavité 
e  semble,  trois  sensations 
1  goût  proprement  dit  ;  a'  celle  de  l'odo- 
sorte  d'action  chimique  du  fluide  sur  le 
piliiis,  un  peu  comme  sur  une  partie  dcnudée  de  la  peau  : 
•^1  ainsi  que  certains  corps  ont  même  une  action  sur  le 

ijonctife. 

^  La  peau  gustatiTc  ou  celle  qui  rcvËt  la  langue,    diffère 

'Autant  plus  de  celle  du  reste  du  corps,  qu'elle  appartii;nt 

lanbige  ix  sa  partie  antérieure  ;  mais  elle  difl'ëre  récllemenl 

iftop  dans  le»  ditTèrentes  classes  d'animnuK  vertébrés,  pour 

le  nous  ne  soyons  pas  obligés  d'entrer  de  suite  dans  l'élude 

a  principales  de  ces  différences. 

A.  Dam  les  mammifères. 

Dans  celte  classe  d'aniniBuK.  la  langue  considérée  d'une  < 
snière  générale,  et  seulement  comme  support  de  la  mem-    ■ 
«aeguilativc,  offre  pour  caractère  commun  que  sa  partie 
tte,  molle,  flexible,  est  toujours  fort  développée,  et  beau- 
la  postérieure.  Celle-ci,  quel- 
dans  le  but  de  la  déglutition, 
irtout  à  sa  pièce  médiane  ou  it 
pièce  encore  plus  antérieure 
e  dans  presque  tous  les  aulre»^ 
téoioaires;  clic  su  retire  au  contraire  à  sa  base,  et  Torrac 
'  que  nous  nommerons  l'épiglotle. 
Quant  A  h  membrane  gustalive  clIe-mCme,  les  modJGca- 


jup  plus  que  l'autre  ou  qui 
lefois  soulevée  en  bourrelé: 
It  attachée  ù  l'os  hyoïde  et  i 
m  corps,  mais  sans  qu'uni 
iaètre  dans  son  tissu ,  corne 


1 


âSo 


DB   LAPPARSIL  DU    GOUT 


tioDS  qu'elle  a  éprourées  sont  que  le  derme  plus  ou  moios 
spongieux  est  presque  tout- à -fait  confondu  ayec  le  Ussu 
musculaire  sous-jacent ,  à  peu  près  comme  dans  la  peau  des 
malacoioaires  :  le  réseau  yasculaire  est  extrêmement  abon* 
dant,  et  il  entre  pour  beaucoup  dans  la  composition  des  sail- 
lies plus  ou  moins  considérables  que  l'on  désigne  sous  !• 
nom  de  papilles  fongîformes.  Le  pigmentum  parait  être  nul» 
du  moins  dans  le  plus  grand  nombre  de  cas,  et  la  coloration 
être  purement  yasculaire;  enfin  l'épiderme  est  nul,  du 
moins  dans  les  parties  Téritablement  douées  de  la  faculté  de 
goûter,  oar  il  rerêt  quelquefois  des  espèces  de  papilles  ou  de 
saillies  du  derme  qui  prennent  le  nom  de  papilles  coniques 
et  cornées. 

Existe-t-ii  de  yéritables  cryptes  à  la  surface  de  la  langue, 
/  ou  dans  la  composition  de  la  membrane  gustatiye?  ai  cela 

n'est  pas  absolument  certain  pour  la  partie  antérieure;  car 
il  se  pourrait  que  le  fluide  extrêmement  aqueux  qui  suinte  à 
sa  surface,  ne  fût  qu'une  sorte  de  sueur  ou  d'exbalation  fiûte 
à  travers  les  parois  yasculaires  ;  on  ne  peut  le  mettre  en 
doute  pour  la  partie  postérieure.  Les  cryptes  s'y  disposent 
même  quelquefois.de  manière  à  former  de  petits  amas  dont 
les  ouvertures  particulières  se  font  dans  un  sinus  commun  : 
c'est  ce  qui  me  parait  produire  les  papilles  dites  calyoi- 
formes. 

Je  ne  connais  aucun  animal  mammifère  qui  offre  de  Té- 
ritables  poils  à  la  surface  de  la  langue  ;  car  ce  serait  à  tort 
qu'on  donnerait  ce  nom  aux  productions  épidermiques  qui 
revêtent  quelquefois  les  papilles  coniques  du  derme. 

^  papille*.  D'après  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  les  modifications 
de  la  peau  de.  la  langue ,  on  a  pu  voir  qu'il  peut  y  exister 
trois  espèces  de  saillies  ;  c'est  ce  qu'on  nomme  les  papilles , 
que  l'on  supposerait  à  tort  être  toutes  le  siège  de  la  gusta- 
tion, car  elles  sont  très-différentes  dans  ieur  structure. 

GoBiquet.  Lcs  papillcs  coiUqucs  ainsi  nommées  à  cause  de  leur  forme , 


DANS  LES  UAHMIFËHES. 
sont  de  deux  sortes;  les  uoessont  toujours  molles,  flexibles, 
très-fînes,  Tasculaires  et  probableniciit  nerveuses 
occupent  surtout  la  poiolc  et  lu  bord  de  la  kngue.  Les  autres 
papilles  coni(]ucs  sont  au  contraire  plus  fermes,  plus  grosses, 
et  elles  sont  souvent  revSlues  d'un  petit  élui  corné  en  forma 
de  petit  ongle  :  c'est  au  milieu  de  la  langue  qu'elles  m 
trouTcnl  le  plus  souvent. 

Les  papilles  _/bri^ôr/7iet,  ainsi  nommées  parce  qu'éUr- 
I  (tes  à  leur  extrémité  elles  sont  portées  par  un  petit  pédon- 
I.CtiIef  comme  les  champignons,  ont  une  structure  encore 
F  |4us  spongieuse,  plus  vasculairc  que  les  papilles  coniques 
[  Bolles;  il  est  probable  qu'elles  sont  aussi  nerveuses  :  elles 
[  sont  répandues  ù  la  superficie  de  la  langue,  entre  les  pa- 
I  ^lles  coniques. 

Enfin  les  papilles  calyciformes  ou  à  calyces,  dont  le  nom 
\  fadique  une  forme  d'entonnoir  ou  de  calice,  sont  beaucoup 
loins  nombreuses.  Nous  avons  vu  plus  haut  que  ce  ne  sont 
le  des  amas  de  cryptes;  aussi  plusieurs  auteurs  nomment- 
Hs  arec  raison  ces  émînences  de  la  membrane  gustative, 
fondes  à  cafyce;  elles  ne  se  trouvent  qu'ù  la  partie  posté- 
rieure de  la  langue  ;  elles  sont  en  nombre  déterminé  pour 
'     chaque  espèce  de  mammifère,   et  elles  se  disposent  d'une 

iMtnïére  fixe  et  ordinairement  bien  sjmétrique  en  formant 
tpie  courbe  ouverte  en  avant  (i). 
iOutre  ces  papilles  ,  on  trouve  aussi  fort  souvent  entre  elles 
de  petits  tubercules  ou  grains  ronds,  ordinairement  blancs, 


H 

elles  3 


e  suppose  pas  □ 


c  l'usage. 


mCmF  quclqncroti  il 
CtU  ditrtrmat  de  celi 
u  l'obicnat 


le  dll  DiubeDlon  àt  plus 


l  de  FjPiètrie, 


^52 


DE   LAPPAREIL  DU   «OUT 


Noas  ayons  déjà  fait  obserrer  que  dans  tons  les  mammi- 
fères la  membrane  gusfatir e  est  appliquée  et  confondue  daot 
une  étendue  plus  ou  moins  considérable  de  la  langue  9  ayec 
un  substratum  cbamu ,  dont  les  fibres  sont  dirigées  dans  tons 
les  sens  :  c'est  ce  qu*on  nomme  le  muscle  lingual ,  ou  mnacles 
intrinsèques  de  la  langue  9  qui  doit  être  regardé  comme  un 
Téritable  peaussier* 
D«rap|Mnir.    '  Quant  à  l'appareil  de  la  gustation  ^  il  se  compose  non- 
seulement  des  cryptes  «pars  à  la  surfoce  de  la  membrane 
gnstallve,  et  qui  j  versent  une  plus  ou  moins  grande  quan- 
tité de  fîuide  dissoirant  ;  mais  il  faut  aussi  considérer  comme 
en- faisant  partie  les  amas  de  cryptes  réunis  en  glandes,  el 
qni  occupent  les  parties  latérales  et  inférieures  de  la  caylté 
buccale ,  ou  ce  qu'on  nomme  les  glandes  salisHiiref.  Le  fluide 
qu'elles  produisent  parait  en  effet  ne  pas  serrir  seulement  ft 
fiiclliter  la  déglutition  et  la  digestion >mtiis  H  est  également 
employé  à  la  dissolution  du  corps  saptdè.'Nous  ne  parlerons 
cependant  de  l'appareil  saliraîre  arec  détail  que  dans  l'étude 
des  organes  de  la  mastication. 
DiiEh-eocM         Passous  maiutellant  aun  principales  différences  qu'offrent 
les  mammif&res  sous  le  rapport  de  l'organe  et  de  l'appareil 
de  là  gustation. 
DiBt  ybanms.       C'cst  Tbommc  qui  offre  évidemment  le  plus  tous  les  carac-  ' 
tèresd'un  organe  du  goût  plus  parfait.  La  langue  large,  plate  9 
arrondie ,  et  très-dé reloppée  dans  sa  partie  la  plus  mobile ,  et 
arttérietfre,  a  son  derme  fort  mince,  tout-à-fait  confondu  avec 
le  tissu  musculaire  sous-posé  et  très-spongieux  ;  le  système 
vasculaire  y  est  extrêmement  abondant,  ce  que  prouve  la 
coiileur  rouge  de  Torgane  ;  il  n'y  a  jamais  de  pigmentum , 
même  dans  la  race  nègre ,  et  l'épiderme  y  est  presque  entière- 
ment nul. 

Les  papilles  coniques  sont  toutes  molles,  tiès-ûoes,  et 
entremêlées  avec  beaucoup  de  papilles  fo ngi formes  ;  elles 
sont  surtout  nombreuses  sur  les  bords  et  à  la  pointe  de  la 


BAN6   L£S   UAUUIFÉRES.  il53 

langue.  Lea  glandes  calycinales  sont  uu  Dombre  de  dix ,  et 
formeai  i  la  base  de  la  langue  un  V,  dont  l'ouverlure  est 
CD  a  Tant. 

Lee  «ioges  sont  presque  dans  le  mêine  cas  que  l'homme  »>'» 
peur  la  forme  générale  de  la  membrane  gustaiiTe,  et  pour 
son  étendue  ;  Il  en  est  de  même  de  la  structure  et  des  papilles 
coniques  et  rongiformes;  celles-ci  m'ont  cependant  paru 
proporlionnellement  plus  nombreuse»  :  mais  ils  offrent  seu- 
lement UB  peu  de  différence  sous  le  rapport  du  nombre  et 
de  la  disposition  dej  glandes  calycinales,  et  ces  différence.^ 

tmt  paraissent  en  rapport  avec  aucune  considération  générale. 
'Hous  nous  bornerons  donc  à  dire  que  le  gibbon  n'en  a  que 
t4euz;  le  callilriche,  le  tnlapoin  ,  lo  magot,  le  palas,  le 
tUaimon  en  ont  trois  principales,  disposées  en  triangle;  le 
walbrourken  a  quatre  ;  le  mandrill  n'en  a  qu'une  seule,  ùcc 
'^e  dit  Daubeiiion;  j'en  ai  trouvé  neuf  dans  le  grand  ba- 
bouin noir  :  elles  formaient  un  V  ouvert  en  avant  et  dont  Ja  neu- 
vième formait  la  pointe  en  arriére;  les  trois  étirâmes  étaient 
beaucoup  plus  grosses  que  les  autres.  C'est  ce  qui  fait  peut-Clre 
qu'il  semble  quelquefois  n'y  en  avoir  que  trois. 

Dans  les  singes  du  nouveau  continent,  s'il  faut  s'en  rap- 
portera Daubenton,  qui  nous  fournit  ces  détails,  il  n'y  a  rien 
de  beaucoup  plus  fixe  :  le  coaila  en  a  huit,  tandis  que  te  sa- 
jou brun  n'en  a  qu'une  ;  le  snî  en  a  quatre  ;  le  saïmiri  et  l'ouis- 
titi, trois  dii-posées  en  triangle. 

Les  makis  ressemblent  beaucoup,  sous  le  lapport  qui  nous  djd,  i 
occupe  ,  aux  véritables  singes.  Les  papilles  sont  fines,  molles 
eo  avant,  et  plus  grosses  en  arricre.  Il  y  a  cinq  glandes  oaly- 
rinalcs  disposées  en  ari:  de  cercle. 

Les  carnassiers  offrent  quelques  différences  plus  inipor-       d^i 
tantes.  La  première  famille  des  omnivores,  comme  les  our.t, 
a  un  appareil  de  gustation  fort  rapproché  de  ce  qui  a  lieu 
dans  les  derniers  quadrumanes  :  il  en  est  de  mCme  de  quel- 
les espècei  de  digitigrades,  qui  ue  sont  pas  eccore  exclu- 


il54  I»  l'aFFAIEIL   ou    GOUT 

•iTement  camasNèreSy  comme  let  chiens.  Mab  dans  Jes 
pèees  qui  le  sont  tout-à-foit)  comme  les  différentes  espèces 
de  chats  9  là  ci?ette,  les  hyènes ,  etc«,  un  certain  nombre  de 
papilles  coniques  beaucoup  plus  prononcées  que  les  antres , 
se  reyêtent  d'un  étui  corné,  pointu,  recourbé  en  arrière^  qu'on 
ne  peut  mieux  comparer  qu'à  de  petits  ongles,  et  qui  ont 
pour  usage ,  à  ce  qu'il  parait ,  de  déchirer  la  proie  en  la  lé- 
chant, pour  en  faire  sortir  le  fluide  sanguin.  A  la  base 
intérieure  de  chacune  de  ces  papilles,  et  comme  en  faisant 
partie ,  on  trou?e  de  petites  productions  très-molles,  plus 
ou  moins  aplaties  et  comme  lacérées  sur  leurs  bords.  C'est 
du  moins  ce  que  j'ai  ru  sur  un  tigre. 

C'est  peut-être  pour  le  môme  but  de  faire  sortir  la  liqueur  des 
fruits  dont  se  nourrissent  les  roussettes,  que  leur  langue  est 
garnie  de  papilles  cornées^  aplaties  et  multidentées  à  la 
pointe.  Les  autres  chauTe -souris  ont  les  papilles  coniques, 
quelquefois  fort  longues. 

Quant  aux  papilles  ou  glandes  calycinales  de  la  langue  des 
carnassiers,  il  n'est  pas  trop  possible  d'aperceToir  de  principes 
dans  leur  nombre  ni  dans  leur  disposilion.  Aussi  le  coati,  le 
raton  en  ont  dix  et  même  quatorze  selon  Daubenton,  tandis 
que  le  blaireau  n'en  a  que  deux,  accompagnées,  Il  esterai, 
de  plusieurs  autres  petites  :  elles  sont  aussi  nombreuses  dans 
Tours ,  mais  peu  distinctes. 

La  panthère,  le  chat,  l'ocelot,  le  lynx,  paraissent  n>nr 
aroir  ordinairement  que  dix,  disposées  sur  deux  rangées  de 
cinq,  couTergentes  en  arrière, 

La  loutre  en  a  six  dans  chaque  rangée ,  mais  elles  sont 
fort  petites. 

Le  tigre,  le  caracal,  les  martes,  le  surikate,  la  hyène,  le 
chien,  n'en  ont  que  quatre  aussi  sur  deux  rangs,  ainsi  que 
la  genette. 

Les  roussettes  qui  sont  fhigÎTores  n'en  ont  que  trois  dis- 
posées en  on  triangle  ouvert  en  avant^  comme  le  hérisson. 


DANS    LES   UAHUIFKRES.  a5fi 

tandis  que  ilaos  les  chauTe-souris  il  n'y  en  a  que  deux, 
ainfi  que  dans  la  taupe. 

DaubcDlon  dit  aussi  qu'il  n'j  en  a  que  le  n)6me  nombre 
dans  le  libelh. 

Les  édentés  qui  ne  se  nourrissent  en  général  que  d'une  ■ 
seule  esptce  de  nourriture  ,  qu'ils  ne  mScbent  même  pas , 
comme  les  fourmiliers,  ont  la  membrane  gusialive  remar- 
quable seulement  par  la  grande  quanliléde  malitTeglulineusc 
dont  elle  se  couvre;  mais  c'est  pour  un  autre  but  que  pour 
la  gustation.  Il  est  mCme  probable  que  les  cryptes  qui  la 
produisent  appartiennent  aux  parois  de  la  caTilé  buccale; 
car  la  membrane  gustatirc  est  entièrement  lisse. 

Ces  édcntés  terrestres  ont  ordinairement  des  glandes  caly- 
cinâles  au  nombre  de  deux  ou  de  trois,  et  quelquefois  elles 
BOni  nulles,  comme  dans  les  tatous;  mais  il  parait  qu'il 
n'en  existe  jamais  dans  les  édenlés  aquatiques,  où  elles 
semblent  remplacées  par  quatre  fentes,  deux  de  chaque  côté. 

Dans  l'ordre  des  rongeurs  on  peut  faire  la  même  obserra- 
tion  que  dans  celui  des  carnassiers ,  c'est-à-dire  que  l'espèce 
et  la  Tariélé  de  nourriture  paraissent  avoir  une  inUuence 
sur  l'appareil  du  goOt  ;  aussi  les  espèces  qui  se  nourrissent 
de  difTérens  fruits,  comme  les  écureuils,  ou  de  dilTércntes 
substances  animales  et  végétales ,  comme  les  rats ,  ont  toutes 
la  langue  toul-à-fail  molle  et  sans  parties  cornées.  Il  en  est 
de  mËme  de  celles  qui  se  nourrissent  de  diiTérentes  sortes 
d'herbes,  comme  les  lapins.  Mais  les  rongeurs  dont  la  nour- 
riture consiste  au  contraire  en  racines  ou  en  écorces  plus  ou 
moins  sèches,  ont  une  langue  dont  la  peau  est  plus  dure,  et 
qui  même  est  quelquefois  garnie  sur  les  cAtés  d'espèces  d'é- 
caillea  dentelées ,  comme  le  porc-épic. 

En  général  dans  ce  groupe  la  langue  est  proportionnelle- 
ment moins  large,  et  surtout  moins  développée  dans  sa  par- 
lie  antérieure,  qui  est  moins  extensible  ;  la  partie  postérieure 
Itau  contraire  plus  renflée  en  bourrelet.  Les  papilles  co- 


1 
1 


I 


•ofulëa. 


S56  DE   l'aPPABEIL   du    GOUT 

niques  et  fongiformes  sont  toujours  beaucoup  plus  fines  que 
dans  aucun  autre  groupe  de  mammifères;  elles  sont  même 
surtout  les  dernières  »  sourent  difficiles  à  aperceroir.  Les 
glandes  caljcinales  sont  aussi  moins  nombreuses  que  dans  les 
carnassiers.  Dans  la  famille  des  grimpeurs,  qui  renferme  les 
écureuils,  il  y  en  a  trois  disposées  en  triangle  ;  les  fonisseurs 
paraissent  en  avoir  le  même  nombre  ;  ainsi  dans  les  mar- 
mottes il  7  en  a  trois  presque  sur  la  même  ligne.  Le  castor  tes 
a  fort  petites.  Elles  ne  sont  qu'au  nombre  de  deux  dans  la 
famille  des  lapins,  ainsi  que  dans  celfaiNlés  cabiais. 

DtMiM^u-  L'éléphant  a  aussi  la  membrane  gustalire  très*  finement 
papilleuse  :  en  arriére  sont  quatre  grosses  glandes  caljcinales 
formant  un  trapéie  ;  et  en  outre ,  de  chaque  côté  de  la  racine 
de  la  langue,  il  y  a  cinq  lacunes  obliques  et  allongées. 

i)»nt  let  A.  L'ordre  des  ongulogra  des  ou  des  animaui  â  sabots,'doAt  le 
goût  est  encore  plus  émoussé ,  offre  des  différences  &  peu 
près  analogues  &  celles  qui  se  remarquent  dans  les  rongeurs. 
Ainsi  les  espèces  qui  se  nourrissent  de  substances  dé  nature 
différente,  comme  les  cochons,  ont  la  membrane  guatatii» 
fort  déTeloppée ,  et  même  farorablement  organisée  dans  ce 
but.  Gel  animal ,  ainsi  que  le  pécari,  n'a  que  deux  grosses 
glandes  caljciuales  aplaties. 

Le  cheyal  qui  dans  l'état  de  nature  se  nourrit  plue  Tolon- 
tiers  d'herbes  sèches ,  à  cause  de  leurs  graines  qu'il  recherche, 
a  une  langue  déjà  plus  dure,  plus  sèche  et  presque  lisse, 
quoique  sans  papilles  cornées.  Il  n'a  que  trois  glandes  calj^ 
cinalcs,  de  même  que  le  zèbre  et  l'âne. 

Les  mammifères  ongulés  qui  se  nourrissent  dé  branches 
d'arbres  ou  de  substances  grossières ,  comme  le  rhinocéros, 
rkippopotame ,  ont  une  peau  linguale  éTidemment'  moinii 
molle.  Plusicui%  espèces  mêmes,  comme  la  plus  grande  par- 
tie  des  animaux  ruminans,  et  surtout  celles  qui  atteignent 
une  grande  taille ,  offrent  des  papilles  euTeloppées  de  corne 
dans  une  étendue  plus  ou  moins  considérable  de  la  Surface 


\ 


ftAKS    LES   UAUHIf£rES.  aS^ 

gullalive,  quoique  leur  nourriture  consiste  faQbituellemcul 
«fl  plantes  Iierbucces  ;  mai»  ici  celle  di5po»itiun  parait  dé- 
pendre du  mode  de  préheDsion  de  l'aliinent. 

Toui  ces  animaux  ont  la  parlic  postérieure  de  la  Inngue 
d^-renflée,  et  pourrue  de  (iibercules  hL-misphériqucs  de 
grosseur  inégnle,  et  peu  diiTérenta  des  Irlande)  à  calyce.  Le 
chameau  qui  a  ses  papilles  coniques  nombreuses,  dirigée.' 
en  arrière ,  roides  et  cornées ,  oITre  cependant  cette  exception 
que  cet  amas  de  tubercules  est  circonscrit  de  chaque  côté 
par  quatre  grosses  glandes  calyciriales  bien  distinctes. 

Les  animaux  mammifères    didelphes  ne  semblent   offrir 
rien  qui  leur  loil  propre  sous  ce  rapport.  Les  espèces  car- 
BBMièreH)  comme  les  sarigues,  ont  des  papilles  coniques  cor- 
nues ,  mais  elles  sont  aplaties  en  coin.  Les  glandes  calycinalcs 
ne  sont  qu'au  nombre  de  trots.  Les  phalangers  ont  les  pa- 
pHles  molles. 
^^     L'^hidné  dont  la  langue  est  extensible  comme  celle  des 
^^Ibormillers,  a  sa  membrane  gusiaiire  couverte  de  papilles 
^Hmr6aiemeDt  fines,  de  mCme  forme  et  de  m^me  grandeur, 
^■ft  M  base  cependant  est  un  petit  espace  circulaire  où  elles 
^Biont  plus  grandes ,  molles,  coniques,  disposées  en  quinconce. 
EtÎm  logées  chacune  dans  une  petite  Tosselle. 

L'cwnitborhyn que  diffère  sensiblement  de  réchidoé  en  ce 
que  les  papilles  de  la  langue  sont  de  différentes  sortes. 
Ainsi  au  bord  de  sa  pointe ,  elleç  sont  Tortes ,  cornées ,  noi- 
Itres,  luisantes  et  tournées  en  arriére;  dans  tout  le  reste 
la  surface  gostaiive  elles  sont  fines  et  molles,  si  ce  n'est 
avant  d'un  bourrelet  postérieur  où  il  y  on  a  deux  plus 
indes,  blanches,  coniques,  molles  cl  dirigées  en  arant  (i). 
On  trouve  aussi  dans  l'appareil  de  gustation  quelques  dK-  ^ 


r  (i)  M.  nome  dit  qu'elle*  hiiiI  coraéei  ;  jo  les  ■ 
il-ellci  perda  leur  enveloppe  dure. 


I 


â5d  DE   l'appareil   bu    600T 

féreoces  qui  paraissent  tenir  moins  à  l'espèce  de  nourriture 
qu'au  milieu  dans  lequel  les  mammifères  mangent ,  ou  peu|p> 
être  encore  mieux  à  un  moindre  degré  de  mastication. 
Ainsi  les  mammifères  qui  vivent  et  mangent  dans  l'eau , 
comme  les  cétacés  »  ont  la  peau  de  la  langue  tout-à-fait  lisse  y 
plus  généralement  épidermique ,  ^t  par  conséquent  beaucoup 
plus  sèche.  C'est  ce  qui  est  bien  évident  pour  les  dauphins. 
Les  lamantins  ont  aussi  la  langue  sans  papilles  bien  dis- 
tinctes ;  les  phoques  sont  presque  dans  le  même  cas. 

B.  Dcms  les  oiseaux. 

DifKraacet  gë-       Dans  cette  classe  d'animaux  le  substratum  de  la  membrane 

■énlet  d»M  la 

itagiM.  gustative,  ou  la  langue»  a  une  disposition  évidemment  assez 
différente  de  ce  qui  existe  dans  les  mammifères ,  d'abord 
parce  qu'elle  est  soutenue  dans  son  intérieur  par  une  pièce 
médiane  y  par  laquelle  commence  la  série  sternale  ;  et  ensuite 
parce  qu'il  n'y  a  plus  cette  partie  molle,  flexible,  charnue, 
qui  constitue  la  partie  antérieure  de  la  langue  des  mammi- 
fères. Il  ne  reste  donc  plus  dans  les  oiseaux  que  la  partie 
postérieure;  et  quoique  leur  langue  puisse  être  niueen  tota- 
.  lité,  et  surtout  dans  la  direction  longitudinale  par  des  muscles 
extrinsèques ,  elle  ne  peut  l'être  que  très  -  rarement  dans 
ses  diverses  parties. 

Dans  la  La  peau  qui  la  revêt,  ou  la  membrane  gustative ,  parait 

membrtne  gus-  *  *   n  i  • 

latife.  aussi  asscz  différente  de  ce  quelle  est  dans  les  mammifères  : 
quoique  le  système  vasculaire  et  surtout  le  système  nerveux 
qui  s'y  rendent  soient  fort  coqsidérables ,  et  qu'il  soit  plus  évi- 
dent que  celui-ci  appartient  tout-à-fait  à  cette  peau ,  puisqu'il 
n'y  a  pas  de  fibres  musculaires  au-dessous  ;  on  ne  trouve  ce- 
pendant pas  qu'elle  offre  une  modification  bien  gustative.  Le 
derme  est  en  effet  asses  serré  ;  il  n'offre  surtout  que  très-ra- 
rement de  véritables  papilles  charnues,  car  il  est  presque 
complètement  lisse  à  sa  surface,  Â  moins  qu'oa  ne  regarde 


DANS   LES   OISEAUX.  iSg 

mommti  telles  les  lîlaiDciis  en  pinceaux  ou  les  denlelures  qiri 
en  tennineDt  souvent  lu  poinlc  :  ci:  qui  me  paraitmit  Bfsez 
cameiiable,  à  cause  de  In  grosseur  dee  nerfsqut  t'y  rendent. 
J'aurai  plus  de  peine  û  considérer  comme  des  pnpilles  los 
faillies  ou  pointes  qui  se  iroiivenl  au  bord  pustûrieur  ou  mtlme 
»ur  le»  eûtes  delà  langue  des  oiseaux,  et  qui  se  revêtent  d'un 
^tui  canilagioeui  et  mCuie  qnelquel'ois  osseui.  Il  est  plus 
probable  que  leor  usage  est  de  faciliter  l'iicte  de  la  déglu- 
ti lion. 

Quoi  qu'il  en  toit ,  on  troure  que  les  différences  de  la  mcm- 
brnne  guMalive  des  oi^eaiii  tiennent  asset  bien  aux  mCraes 
cauMS  q«e  dans  les  mammileres;  ainsi  les  espèces  qui  goOfent 
leur  nourriture,  qui  la  indcbcnt  jiis<]u*A  un  certain  point,  i 
comme  les  perroijoels,  ont  la  langue  plus  chornne ,  plus 
épAïase,  et  la  peau  qui  la  re»êi  plu»  molle  et  mCmc  pourvue 
de  papilles.  Ces  pnpilles  sont  disposées  Inngttudinalemenl  sur 
une  lorte  de  disque  antérieur,  soutenu  par  un  demi-anneau 
cerné,  qiiiestiïlapnrtie  inférieure  de  la  langue;  maiscomme 
il  Mt  débordé  par  l'exlrciDiié  des  séries  des  papilles,  cette 
diapo»ition  est  très-ravonible  pour  la  gu^Intiun;  eu  qui  l'est 
muins ,  c'eat  que  Ic-i  papilles  sont  recouvertes  par  une  espèce 
de  dépfit  ou  de  pigmentum  épais,  au-destua  duquel  est  un 
épidcrtiK ,  il  est  vrai ,  très-mince. 

Les  oiseaux  de  proie  qui  déchirent  aussi  leur  nourriture  i 
quoiqu'il  ne  la  mGchenl  pas,  ont  encore  uni)  longue  targe, 
auti  cbarnue,  moins  sèche  que  les  oiseaux  grimpeurs,  et 
«tHoul  que  lu  plupart  des  passereaux,  qui  atubnit  le  ^lus 
•ouvent  leur  nourriture .  quelquefois  rai?me  sans  la  concasser, 
et  tout  d'un  morceau. 

hta  oiseaux  grimpeurs  sont  cenx  qui  offrent  le  plus  de  ya-  i 
riét«  dans  la  forme  de  la  membrane  du  goM  ;  parec  que  ce 
•oul'oeui  qui  présentent  le  plus  de  différences  dam  la  forme 
de  la  langue  elle-même,  comme  nous  le  verrons  pitïs  lord 
«D  pKrianl  4e  cet  organe.  La  plus  singulière  est''u«1t«'deï 
'7- 


2|60  DK  l'aPPAREII   DU    GOUT 

loucans  qai  est  dentelée  dans  toute  la  longueur  de  ses  boidsf 
de  manière  à  ressembler  à  une  plume  :  la  lan^^e  des  mo* 
j$àots  s'en  rapproche  un  peu.  Celle  des  pics  et  des  toroob 
«dt  extensible  *  et  garnie  dans  les  premiers  de  crochets  cornés 
à  son  extrémité  :  les  marlins-pêcheurs ,  ks  calaos  »  Tont  an 
contraire  fort  petite  et  triangulaire. 

LespMs«re«in.  Xa  forme  générale  de  la  langue  des  passereaux  est  trian- 
gulaire; elle  est  bîfurquée  ou  lacinée  en  atant,  et  garnie 
dans  son  bord  postérieur  par  une  série  de  pointes  sub-carti- 
l^gineuses  ;  il  y  en  a  aussi  quelquefois  wen  la  ûa  des  bords 
mêmes  de  cette  langue. 

.On  conçoit  qu'il  devrait  y  avoir  quelques  différences  entre 
les  espèces  qui  se  nourrissent  de  vers  ou  de  larves  d'insectes, 
ça  même  de  chair,  comme  les  pies-grièches ,  et  celles  qui  se 
nourrissent  de  graines,  dentelles  ne  brisent  pas  mêmel'eBve» 
loppe;,  et  cependant  cela  n*estpas.  Lescorbeaux,  par  exemple, 
qui  sont  omni  vores,  qui  déchiquettent  souvent  leur  nounîtorc, 
ont  l'enveloppe  linguale  très-cornée  ;  tandis  que  lesgros-bees, 
qui  se  nourrissent  de  graines ,  ont  une  langue  épaisse  et  nsses 
charnue. 

1^  gaiiioacÀ.  .  Les  pigoons,  les  gallinacés  surtout,  les  autruches  et  les  ca- 
soars,  qui  avalent  leur  nourriture  si  gloutonnement  qu'ils 
engouffrent  souvent  avec  elle  des  corps  étrangers ,  l'ont  en- 
-  core  généralement  moins  étendue  y  plus  cornée  et  plus  lisse , 
sans  difision  à  l'extrémité  antérieure.  On  n^  aperçoit  aocone 
trace  de  papilles. 

1^  ééiMMiert.  .  Dads  Ics  échasslcrs  et  les  palmipèdes ,  on  trouve  qn'en 
général  la  membrane  gustative  est  plus  favorablement  dispo- 
sée ,  surtout  dans  quelques-uns  de  ces  derniers  ;  car.piesqne 
tous  les  échassiers  ont  hi  langue  fort  petite,  triangulaire,  et 
plus  ou  moius!  lisse.  Les  flamans  font  cependant,  à  ce  qu'il 
parait,  exception  :  ches  eux  en  eflbt  elle  est  large,  moUe^  et 
couverte  de  papilles  très-fines. 
, J^^       '  '^^^^^  ^  palmipèdes ,  l'espèce  de  wwritiiiû  4e  obafne  fa- 


DANS    LES   OISEAUX.  a6l 

mille*  et  turloul  encore  plus  peut-être  le  mode  de  U  prendre, 
ont  une  influence  évidenle  ;  aussi  les  mouettes ,  et  surtout  les 
pélicans,  les  cormorans,  elc. ,  ont  une  membrane  gustative 
exccHifement  peu  ùieiidue,  tant  la  langue  est  pelile  ;  elle 
eil  en  outre  à  peu  près  lisse ,  sans  âlre  cornée ,  et  sans  traces 
d'aucune  sorte  de  papilles. 

La  famille  des  canards  a  au  contraire  une  langue,  et  par 
Gonséqueiit  une  membrane  linguale ,  large,  étendue,  par- 
tagée en  deux  par  un  sillon  luugiludiual  profond  ;  elle  est 
en  outre  asseï  molle;  mais  en  quoi  elle  diO'ère  dans  chaque 
petit  groupe,  c'est  dans  la  disposition  des  papilles  coméee 
qui  la  rcTèlent.  Dans  les  Térilables  canards ,  le  sillon  médian 
est  garni  d'un  seul  rang  de  petits  crochets  cornés  dont  le 
postérieur  est  beaucoup  plus  gros  que  les  autres  ;  il  touche  k 
un  petit  disque  ovale,  plus  éleré  que  le  reste  de  la  langue,  et 
dont  te  bord  est  finement  lacéré.  Le  bord  de  la  langue  elle- 
^MMnie  est  pourvu  d'espèces  d'écaillés  plus  larges  en  avant ,  et 
^KftrméM  de  poils  rudes  disposés  en  dents  de  peigne.  Tout  le 
reste  de  la  membrane  gustative  est  couvert  de  papilles  molles , 
Iris- fines  en  avant ,  et  plus  grosses  et  tube  rcu  M  formes  en  ar- 
riére. En  avant  de  l'ouverture  du  larynx  sont  plusieurs  ran- 
gées de  longues  papilles  sub-cornées  et  dirigées  en  arrii-re  : 
l'extrétnité  antérieure,  arrondie,  est  mince  et  finement  pa- 
pillaire.  Dans  les  cygnes  ce  sont  des  poils  roides  et  serres 
qui  couvrent  au  contraire  l'extrémité  antérieure  de  la  langue 
et  une  partie  de  la  postérieure;  la  portion  moyenne  et  le 
reste  de  la  postérieure  sont  années  d'espèces  de  plaques 
ou  de  lames  osseuses,  disposées  par  rangées  longitudinales, 
une  de  chaque  côté  du  sillon  médian,  et  l'autre  plus  en 
dehors  et  en  arriére;  et  enfin  c'est  également  à  la  racine 
qu'on  voit  les  longues  papilles  molles ,  derrière  un  gros  tu- 
bercule rugueux. 

La  famille  des  plongeons  se  rapproche ,  sous  ce  rapport 
MUS  plusieurs  autres,  de  celle  des  poules  d'eau  et 


262 


DE   LAPPAREIL   DU    GOUT 


tlesi  rûles,  en  ce  que  la  langue  étroite  et  longue  9  en  gouttière^ 
est  tout-à-fait  lisse,  sans  papilles  yéritables»  et  même  tans 
dentelures  latérales  ni  postérieures.  C'est  ce  qu*OQ  Yoit  dans 
les  plongeons 9  les  macareux  et  les  foulques. 
,  Ainsi  9  en  thèse  générale  9  )e  ne  Yois  pas  que  Teapèce  de 
nourriture  ait  beaucoup  d'influence  pour  modifier  rapparaîl 
delà  gustation  dans  les  oiseaux;  la  manière  de  la  saisir ,  et 
même  de  la  retenir',  en  aurait  plutôt  dayantage.  Et  en  effet 
nous  Terrons,  en  traitant  de  l'organisation  de  la  langoe 
proprement  dite,  que  souvent  elle  est  armée.d'épiiiesoude 
crochets  dans  ce  but. 

Le  séjour.  Page  ni  le  sexe  n'apportent  pas  non  plus  de 
différence  dans  cet  appareil  des  sens  chez  les  oiseaux. 

C.  Dims  les  reptiles  écaUleujc» 


i>iii;!reoccs  gé-  Ce  quc  nous  Tenons  de  dire  pour  les  oiseaux  peut  assez 
bien  s'appliquer  aux  animaux  que  renferme  la  classe  des  rep- 
tiles écaiUeux.  En  effet  la  structure  de  la  langue  propri^paient 
dite ,  et  même  celle  de  la  membrane  gustatiTe  qui  en  reTêt 
la  surface  supérieure,  sont  presque  les  mêmes.  On  trpuTC 
cependant  qu'en  général  cette  membrane  est  moins  ét^^due, 
encore  moins  papillaire;  aussi  reçoit-elle  évidemment  moins 
de  nerfs  et  de  vaisseaux,  et  jamais  elle  n'a  de  parties  coi*qées. 
Nous  trouTQns  aussi  que  les  différences  de  l'appareil  gus- 
tatif  dans  les  reptiles  écailleux,  donnent  lieu  aux  mômes 
considérations  que  dans  la  classe  précédente;  ainsi  plus  l'es- 
pèce aTale  gloutonnement,  moins  elle  doit  goûter.,  et.  par 
conséquent  moins  la  disposition  gustative  sera  perfectionné^. 
Aussi  les  chélomiens,  qui  sont  les  seules  espèces  peut-être  qui 
mâchent  leur  nourriture,  et  qui  par  conséquent  très-prpba- 
blemcnt  la  goûtent ,  ont-ils  la  langue  épaisse  ,  cbaroq^ , 

lAê  crocodiles  molle ,  et  couTcrte  de  papillçs  nombreuses.  Les  crocodiles  au 
cointraire  non  *  seulement  ont  à  peine  une  saillie  lioguale  » 


DiflGéreoces 
«pëeialei  dans 


Lci  tortues. 


DANS   LES    REPTILES   ÉCAILLECX.  s63 

mniï  encore  la  peuu  qui  pa^se  dessus  n'offre  presque  aucune 
modification  tendanl  à  en  faire  une  membrane  gusialïve. 

Dans  tes  sauriens  on  trouve  que  les  pn^mières  familles,  lo  siuricnr 
comme  tes  gekoidcs,  tes  af^amoïdej  et  les  iguanes,  ont  une 
langue  plus  large,  plus  molle,  et  surtout  plus  villeuse  que 
lu  lacertoîdes,  qui  ont  cet  organe  asser  petit,  Irès-bifur- 
qué,  comme  coroé,  cependant  flexible  et  sans  traces  de  pa- 
pilles. 

C'est  à  peu  près  ce  qu'on  voit  dans  toutes  les  espèces  de  l«  opbjOioi 
véritables  ophidiens;  aussi  tous  ces  animaux  avalent  leur 
proie  peu  à  peu ,  si  elle  est  grande,  mais  jumais  ils  ne  In 
broient  ni  même  ne  ta  diichireat. 

La  plupart  des  serpens  ont  la  membrane  guslalive  colo- 
rée eo  noir,  ce  qui  a  également  quelqueiub  lieu  dans  les 
Murtens. 

On  trouve  dans  le  sous-ordre  des  sauriens  une  anomalie 
remarquable  dans  la  langue  et  même  dans  la  membrane  gus- 
Ulivequi  couvre  son  Élargissement  terminal;  mais  cette  ano- 
malie tient  plutôt  à  la  préhension  buccale  qn'^ï  la  gustation  : 
c'est  dans  les  chaméléons.  Chez  eux,  en  effet,  la  langue  est 
très  -  extensible  par  un  mécanisme  que  nous  eipliqucroos 
plus  lard,  et  elle  se  rende  A  son  extrémité  en  une  sorte  de 
L'yavilloD  iont  la  membrane  est  ridée  un  peu  comme  dans  la 
I  làDgue  des  perroquets. 

D.  Dans  la  classe  des  amphybiens. 

Les  reptiles  de  la  seconde  classe  avalant  encore  leur  proie  D\sumrnt 
islabriser  en  aucune  manière,  devraient  se  trou  ver  â  peu 
I  yrés  dans  le  mCmc  cas  que  les  reptiles  de  ta  première  ;  mais 
Lcomme  ils  sont  moins  ngiles,  et  que  chet  eux  jamais  la  peau 
n'est  couverte  d'aucune  trace  de  l'appareil  pbanérique,  il  en 
Icdulte  que  la  partie  supérieure  de  la  langue,  plus  ou  moins 
l  dèreloppée,  est  presque  toujours  revêtue  d'une  membrane 


Jm  pipaf . 


grtlioiiiUes. 


264  l^B   l'APPAHEIL   bu   GOUT 

molle  9  et  produisant  une  assez  g;rande  quantité  de  matièrt 
visqueuse ,  surtout  dans  les  espèces  qui  yifent  à  Tair. 
$péej«i«i  dam  Les  pipas  diffèrent  cependant  de  tous  les  autres  batraciens 
par  l'absence  totale  de  renflement  lingual ,  comme  nous  le 
Terrons  plus  tard  ;  la  peau  qui  en  revêt  la  place  est  à  peine 
plus  molle  que  dans  le  reste  delà  cavité  buccale. 

Les  Dans  les  crapauds,  les  grenouilles  et  les  rainettes,  qui 

offrent  cette  singulière  disposition  que  la  partie  libre  de  l'or- 
gane est  en  arrière ,  la  membrane  gustative  est  très-^ten- 
duc  9  très- visqueuse  9  mais  encore  à  peu  près  lisse. 

lm  Les  salamandres  ont  au  contraire  la  peau  linguale  foomie 

de  papilles  extrêmement  fines,  et  semblables  dans  toutes  ses 
parties  ;  mais  la  langue  elle-même  est  petite  et  adhérente. 

Il  en  est  de  même  des  protées,  et  probablement  des  sirènes 
et  des  cœcilies. 

£•  Dans  les  poissons. 

^'^ëraiT  ^^*  £nfin  nous  arrivons  à  considérer  l'appareil  du  sens  du  goût 
dans  les  derniers  des  animaux  vertébrés  ou  dans  les  poissoirs , 
chez  lesquels  nous  avons  déjà  dit  qu'il  était  à  son  minimum 
sous  plusieurs  rapports,  du  moins  quant  à  la  partie  libre 
et  débordante  de  la  langue  ;  car  la  partie  solide  ou  hyoïdienne 
est  au  contraire  â  son  summum  de  développement.  Faisons 
d'abord  observer  que  jamais  l'appareil  lingual  hyoïdien  n'offre 
le  prolongement  musculaire  antérieur  qui  existe  plus  ou  moins 
dans  les  animaux  des  classes  précédentes,  et  qui  sert  de  soutien 
à  la  modification  principale  de  l'enveFoppe  devenue  gustative. 
Quelquefois  cependant  la  dernière  pièce  médiane  de  la  série 
sternale  fait  une  saillie  plus  ou  moins  grande  à  la  partie 
inférieure  de  la  cavité  buccale ,  à  peu  près  comme  dans  les 
oiseaux  ;  quelquefois  même  elle  est  revêtue  d'une  peau  que 
gonfle  un  tissu  cellulaire  sous-jacent  assez  abondant,  comme 
dans  les  carpes,  et  c'est  alors  ce  qu'on  noimne  la  langue  des 


DANS    LES    POISSONS.  a65 

poisson».  La  peau  qui  se  trouve  reeouTrir  celte  espèce  de 
langue  n'est  cependant  presque  jamais  papilteuse,  elle  est 
même  souvent  coiivcrle  de  petits  grains  ou  épines  cornées, 
comme  le  reste  de  la  peau  ;  c'est  ce  qui  a  lieu  duaa  certaines 
espèees  de  squales.  Nous  verrons  même  des  raies  qui  ont  en 
cet  endroit  une  plaque  dentaire  fort  siogulière  et  tout-dL-fait 
osseuse. 

Ainsi  donc  on  peut  dire  d'une  manière  générale  que  les 
poissons  n'ont  jamais  de  véritable  organe  de  goQl,  et  que  la 
peau  qui  en  recouvre  la  place  n'est  jamais  uiodiGée  pour 
former  une  membrane  gustative;  et  que  si  l'on  veut  à  toute 
force  regarder  comme  une  sorte  de  langue  le  bourrelet  qui 
K  trouve  à  sa  place  dans  les  carpes  i  cela  cooûrmera  peut- 
Ctre  encore  la  loi  générale  que  nous  avons  posée;  savoir, 
que  les  espèces  d'^inimaus  qui  n'avalent  pas  leur  proie  tout 
d'une  fois,  ont  le  sens  du  goût  plus  développé  que  les  au- 
tres. Et  en  effet  la  carpe ,  arrachant  l'herbe  ou  les  ceufs  de 
poissons  ou  de  grenouilles,  dont  elle  se  nourrit  principale- 
ment, parait  devoir  mâcher  au  moyen  des  véritables  dents 
dont  sool  armées  ses  os  dits  pharyngiens. 

Quant  aux  autres  poissons  ,  ils  ont  plus  souvent  la  place    ^i^'^" 
I  la  langue  armée  de   petites  dents  pointues,  crochues, 
Lj^pres  A  retenir  la  proie,  que  pourvue  d'une  membrane 
■  putative;   ils  offrent  d'ailleurs  un  grand  nombre  de  dlffé- 
sous  le  rapport  de  Ti  forme  et  surtout  de  la  saillie  de 
r  l'appareil   hyoïdien,   sur  lesquelles   nous  reviendrons   plus 
;  les  uns  n'en  ayant  pas  du  tout,  tandis  que  les  autres 
>nt  une  bien  marquée.  Les  carpos  l'ont  très-forte ,  comme         c 
s  avons  eu  déjà  l'occasion  de  le  faire  observer;  il  en  est 
La  peu  près  de  même  des  saumons;  elle  est  mince  et  asseï       '^' 
Ktvidenle,  mais  la  peau  en  plus  sèche  dans  les  scombres  cl       ^< 
^  Ams  la  plupart  des  poissons  thoraciques  ;  les  gadcs ,  les  tur-         ( 

lets  Toot  encore  plus  saillante)  sub-cjlindrique ,  et  cou- 
I  «erte  d'one  membrane  asseï  molle  et  asseï  épaisfe.  Dao!  les 


\ 


2()6 


DE    LAPPAREIL   DU    GOUT 


Aoguiiici.  aoguilles,  la  saillie  linguale  est  eo  forme  de  feuille;  ses 
bords  libres  sont  fort  minces  et  la  peau  lisse. 

Esturseoo.  L*esturgeon  a  au  deyant  de  la  première  pièce  de  Thyoîde 
qui  est  peu  saillante,  un  petit  bourrelet  où  la  membrane  est 
molle ,  épaisse  et  presque  papille  use. 

Chimère.  J*ai  remarqué  des  papilles  plus  éyidentes  encore  dans  la 

chimère,  eo  arrière  de  la  plaque  dentaire. 
Squales .  rates.       Les  squales  et  les  raies  ordinaires  ont  la  saillie  linguale 
large ,  mais  peu  marquée ,  et  la  peau  qui  la  re? et  rade  :  il 

Lamproies.      n*en  existe  pas  de  traces  dans  les  lamproies. 

Nous  verrons  cependant  que  les  mêmes  nerfs  qui  Tont  A  la 
langue  dans  les  autres  ostéozoaires ,  se  retrouvent  aussi  dans 
les  poissons,  mais  dans  un  degré  de  développement  propor- 
tionnel À  celui  de  Tappareil. 

AiTiCLE  II.    De  l'organe  et  de  Vappareil  du  goût  dans  les 

erUomozoaires. 


:oii8idérations        Daos  cc  tjpc  d*animaux  on  peut  admettre  a  priori  d'une 

|[ëoëtalcs< 

manière  à  peu  près  certaine ,  que  Torgane  et  Tappareil  de  la 
gustation  existent,  puisqu'il  est  indubitable  que  la  plupart 
jouissent  de  cette  faculté.  Il  est  également  à  peu  près  indu- 
bitable que  c'est  à  la  partie  inférieure  de  la  cavité  buccale  que 
jp^iaies.  dans  doît  être  la  peau  modifiée.  En  effet  on  trouve  dans  les  oribop- 

les  hexapodes  ' 

orthoptères,  tèrcs ,  c'est-à-dire  dans  les  insectes  hexapodes  qui  parais- 
sent jouir  d'une  plus  grande  finesse  de  goût ,  une  espèce  de 
renflement  que  je  crois  évidemment  lingual  ;  la  membrane 
ou  la  peau  qui  le  recouvre  offre  en  effet,  à  ce  qu'il  me  semble, 
plus  de  mollesse  que  dans  les  autres  endroits.  Quant  à  ce  que 
les  entomologistes  nomment  langue;  quoiqu'il  me  paraisse 
évident  qu'il  y  ait  réellement  un  certain  nombre  de  rapports 
entre  cette  pièce  et  celle  qui  soutient  la  langue ,  dans  les 
oiseaux ,  par  exemple  ;  cependant  il  arrive  aussi  qu'ils  ont 
à  tort  donné  ce  nom  à  d'autres  parties ,  comme  nous  le  verrons 


DANS    LES    ENT0»<>'£0AIIIE5.  367 

en  Iraitaut.des  organes  de  la  tnaHticBlioii.  Ainsi ,  pamemple,  ' 
on  a  donné  long-tcni|is  et  l'on  donne  encore  lu  nom  de  tangue 
i  l'organe  au  moyen  duqud  les  papillons  sucent  les  fluides 
sucrés  qui  se  trouvent  dans  la  fond  de  la  corolle  de  cerlutnes 
fleurs  ;  d'où  est  (l<^riTé  le  nom  de  giomata ,  imaginé  pnr  Fa- 
bricius  pour  lous  les  lépidoptères  :  le  fait  est  que  ce  n'csi 
qu'une  modiûcation  des  mAchoires.  Mais  leur  cxtrémilé  molle, 
Qeiible,  ne  serait-elle  pas  le  siège  de  l'organe  du  goût?  Nous 
n'avons  récllemeDl  aucun  moyen  de  nous  en  assurer,  mais 
l'analogie  nous  porte  à  penser  que  non ,  et  que  ce  n'est  qu'à 
U  racine  de  cette  espèce  de  trompe  qu'etil  la  membrane  mo- 
difiée. Je  croirais  plus  volontiers  que  le  hourrclct  charnu  et 
spongieux  qui  termine  ce  qu'on  nomme  la  trompe  des  mou- 
cbeï  Mrait  un  organe  du  go&t,  parce  qu'il  est  réellement 
&  l'orifice  buccal  ;  mais  c'est  encore  ce  que  je  n'oserais  af- 

Dans  loules  les  autres  classes  des  entomoioaircs  je  ne  vois    i 
guère  d'i^rgane  qu'on  puisse  regarder  comme  le  siège  du 
goOl  ;  ni  dans  les  octopodes,  ni  dans  les  décapodcst  ni  dans 
les  tclradécapodes ,  encore  moins  dans  les  hctéropodei,  les 
myriapodes,  les   chétopodes,  et  surtout  dans  les  apodes. 
Comme  cependant  un  grand  nombre  de  ces  animaux  parais- 
sent sentir  la  sapidité  des  corps,  il  faut  croire  qu'il  y  aune 
ntenibraDe  gusiative,  soit  à  l'orifice  inSme  de  la  caTité  buc- 
<^le  ou  sur  les  lèvres,  soit  dans  l'intérieur  m£mc  de  cette 
)Bvil^.  J'ai  cependant  fuit  l'observation  que  plus  les  animaux 
f  upartiennent  ù  un  degré  inrérieur  de  l'échelle,  moins  ils 
EMmblent  choisir  leur  nourriture;  ïl  y  a  davantage  de  rap- 
f  ^rl»  nécessaires  totre  elle  et  eux. 

.  Dans  le  sous-type  des  molluscsrliculÉs  on  ne  trouve  dans   1 
F  h  première  classe,  celle  des  nématopodes,  aucune  Irare  dis- 
r  tiDCle  de  membrane  gusiative;  et  dans  la  seconde,  celle  îles 
r  ^lypluipbcres  ou  osc.ihrions ,  on  voit  à  la  partie  inférieure 
n  long  ruban  lingual  hérisné  de  di.'uts , 


268  DE   l'appareil   du    GOUT 

comme  dans  plusieurs  yéritables  mollusques  y  et  entre  eotres 
dans  les  patelles. 

AiTiCLB  III.  De  l'organe  et  de  f  appareil  du  goûi  dans  les 

nudacozoaires. 


'^DërS^"'  Le  type  des  animaux  mollusques  ou  malacozoaires  présente 
éridemment  encore  quelque  chose  d*analogue  à  un  organe 
gustatif,  du  moins  dans  la  première  classe  ;  en  effet  on  trouve 
dans  tous,  ou  presque  tous,  à  la  partie  inférieure  de  la  ca- 
TÎté  buccale,  une  saillie  plus  ou  moins  considérable  bien 
symétriquement  placée,  quelquefois  fort  courte  et  d'autres 
fois  prolongée  d*une  manière  singulière  en  une  longue  lanière^ 
décroissante,  et  s*en roulant  comme  un  ressort  de  montre. 
On  trouve  aussi  chez  la  plupart  des  glandes  sali vaires  souvent 
assez  développées  ;  la  peau  qui  revêt  cette  saillie  ou  ce  pro- 
longement lingual  ne  m*a  jamais  paru  différer  sensiblement 
de  celle  du  reste  du  corps,  et  surtout  de  la  cavité  buccale; 
je  n'y  ai  pas  vu  de  traces  de  papilles ,  et  même  presque  tou- 
jours elle  est  armée  d'espèces  de  dents  cornées ,  de  forme 
singulière,  disposées  et  rangées  fort  régulièrement,  en  dé- 
croissant successivement  de  grandeur  et  de  dureté,  et  qui 
servent  à  la  mastication  et  à  la  déglutition. 
Spéciales,  ou  Les  différences  que  les  animaux  mollusques  présentent 
et  M  eéphaiét.  ^Qyg  ^^  rapport  me  paraissent  tenir  jusqu'à  un  certain  point 
à  la  dégradation  et  peut-être  à  l'absence  des  mâchoires.  Ainsi 
les  cryptodibranches  ou  brachiocéphalés  ont  une  plaque  gus» 
tative  bien  prononcée,  assez  large,  mais  qui  ne  se  prolonge 
pas  en  une  langue  dentaire.  Les  syphonobranches  ou  buccins 
offrent  pour  la  plupart  une  sorte  de  trompe  à  l'origine  de  la 
cavité  buccale,  et  c'est  au  bord  de  ses  lèvres  que  se  trouvent 
les  crochets  :  la  membrane  gustative  y  est-elle  aussi? 

Les  nsyphobranches  sont  à  peu  près  dans  le  même  cas ,  et 
je  ne  voî;*  pas  en  effet  qu'ils  aient  de  véritable  renflement 


DANS   LES    UAL\COKOAinE«.  369 

lingual  qu'on  puisie  supposer  être  le  siège  de  la  membrane 
gustaliT«. 

On  trouve  ce  renflement  d'une  manière  inuvent  bien  évi- 
dente dans  les  pulmobranches,  c'est-d-diie  d^ns  les  lituiiçons, 
le!  Ijrmnùes ,  etc. ,  et  dans  les  monopleurobronchcs ,  comme 
les  lapljsies. 

Il  en  es!  de  mSme  des  ptérobranches ,  des  polybrancbes , 
des  cyclobranches  et  des  réritablus  i a réro branches ,  et  peut- 
Stre  aussi  des  nucléobranches  ;  mai»  dans  les  cervicobran- 
ches,  ou  au  moins  dans  quelques  genres  comme  les  patelles , 
il  se  déTeloppe  un  long  ruban  lingual  qui  se  prolonge  plus  ou 
moins  loin  dans  la  cavité  abdominale. 

Nuus  reTienJroDs  sur  la  description  de  ces  organes  lorsque 
nous  traiterons  de  la  mastication. 

Dans  les  mollusques  acéphulopbores  on  ne  trouve,  du 
moins  à  ma  connaissance ,  jamais  d'indice  d'une  membrane 
f  iistBliTe ,  et  s'il  est  vrai  que  tous  les  anîmnux  de  cette  classe 
n«  prennent  pour  nourriture  que  les  molécules  des  corps 
organisés,  qui  sont  apportées d  leur  orifice  buccal  par  le  fluide 
ifans  lequel  ils  vivent  constamment,  et  qui  sert  en  même 
temps  à  leur  respiration  ,  il  est  presque  évident  que  l'organe 
du  goQI  devait  être  inutile,  ou  que  du  moins  il  a  dû  élrc 
transporté  au  bord  mCme  de  l'oriGce  buccal  ;  ce  dont  il  est 
difUcile  d'apporter  aucune  autre  raison  que  celle  que  nous 
Tenons  de  donner ,  car  la  structure  de  ce  bord  n'oiïre  rien  qui 
lui  aoit  partîcnlier. 

AniCLt  IV,    De  Vorgane  et  de  l'appareil  du  goàt  dans  les 


Si  à  peine  nous  avons  pu  soupçonner  l'existence  du  goflt 
et  de  son  appareil  dans  un  assez  grand  nombre  d'.irlioioaires , 
^iii  ont  nécessairement  plus  d'allinilé  avec  l'homme ,  il  est 
évident  que  cela  sera  encore  bien  plus  dilTicile  duo»  les  acli- 


MIO 


DE   LAPPAREIL   DE   LODORAT 


nozoaires  ;  leur  forme  ne  nous  perioet  plus  de  douter  «{ue  le 
siège  du  goût  doive  être  dans  tout  le  rebord  de  Toriflee  du 
canal  intestinal;  mais  nous  ne  pouvons  tirer  aih^iine  preuve 
de  la  structure.  £n  effet ,  en  voyant  qu'an  grand  nombre  de 
oes  animaux  se  nourrissent  de  molécules  «nimalei  on  Végé- 
tales impalpables,  ou  que  ceux  qui  saisissent  des  corps  tOQt 
entiers  les  rejettent  comme  ils  les  ont  pHs  s^ils  n'étaient  pas 
digestibles,  il  est  plus  que  probable  que  cette  modMcialidn 
du  sens  général  du  toucher  n'existe  pas:  ce  qui  deVieât  eèr- 
lafn  pour  les  agastrnires,  où  la  klutHtiob  se'faitparrabsôrp- 
tion  pure  et  simple  des  molécules  suspendues*  ou  dbsbutes 
dans  le  fluide  qui  les  enyironne. 


VW<»^V1>^<WV»V»VV«W<^»<^»^^>»^^^^^^><^^^^<<^W>VW»%V^^»«»»^<^fc<^>»  !%»«»>  w»»mw<^<»»(»»m)»  w»»  »»» 


I  ■»! 


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€BAPixa£  ly. 


De  t  organe  et  de  V appareil  de  l'od^mt. 


CoDtidërationt 
fgénénieê. 


Définilioo. 


Cette  seconde  espèce  d'organe  spé'ciàl'de  sensatibo  a  en- 
rore'9  comme  la  précédente ,  beauCoiip  dé  hippdrts  aVec  l*6r- 
gane  générateur 9  mais  évidemment  déjà  tnfolhé  que  celui  du 
goût:  comme  lui  cependant  il  agit  d'une  manière  chimiqltie  ; 
ctfmmé  lui  il  est  égïilemcnl  complexé ,  et  offre  une  modifiera- 
tion  particulière  de  toutes  les  parties  de  Ta' 'peau';  et  enfin, 
comme  dans  ce  dernier  appareil,  le  système  nerveux  qui  s*y 
rend,  qui  l'anime,  n\est  pas  encore  tc^-lNYait  spéciMé^, 
quoiqu'il  le  soit  un  peu  davantage; -en  sorte  que  Todorat  peut 
être  regardé  comme  une  sorte  de  goût  à  distance. 

L'organe  dé rolfAd^t)  pctrt  être  défini  un  appareil  plds  ou 
moins  compliqué  ^'ét^'lè<)uè1  Fànfiiia]  apetV;v)it  iès  cofrps  exté- 
rieurs, ad  "inoyeTi  de  riide  dé  leurs  propritgiés  qâ^on  uromme 
odeur.     '  ■••■  •     ■'   ^  •*'    ■ 


B.\    GENERAL.  371 

Les  usages  de  celte  modificalion  de  l'appareil  sensilif  gé- 
néral soiil  de  Taiie  connaître  A  l'uniinnl  :  1°  l'exislence  dts 
corps  exlérieursaiiiien  ;  a*  la  distance  de  ces  corps,  au  moins 
jusqu'à  un  certain  point,  par  la  quantité  de  molécules  odo- 
rantes et  la  force  de  leur  action;  S*  la  direction  de  ces 
corps  par  rapport  au  sien  ;  4°  euûn ,  l'une  de  leurs  proprié- 
tés chimiques ,  ou  Uur  odeur. 

Le  siège  de  cet  organe  est  évideintneat  la  modification  de 
la  peau  qu'on  a  nommée,  à  cause  de  sou  usage,  membrane 
oi/avlive  ou  pituilaire,  à  cause  de  lu  grande  quantité  de 
Quide  aqueux  qu'elle  verte  dan^  certuiucs  circonstances. 
Quant  â  l'appnreil  lui-mËmi' ,  il  consiste  dans  une  modifica- 
lion de  l'appareil  crypteux  de  celle  membrane,  dans  sa  dis- 
poriliiiD  ,  et  dans  quelques  circoasiances  accessoires. 

La  ptiice  de  cet  appareil  nous  parait,  mSme  à  priori t  de- 
voir ëlre  à  la  partie  antérieure  du  corps.  En  effet,  le  gjs~ 
lème  nerveux  de  la  première  paire  de  (ganglions  étant  tou- 
iuurs  employé  tout  entier  dans  la  membrane  olfactive ,  chcx 
\ci  animaux  oi\  l'analogie  ne  peut  permettre  de  doute,  on 
doit  eu  conclure  que  c'est  l'organe  oO  elle  se  rend  qui  doit 
£lre  l'organe  de  l'odorat  dans  tous  les  autree. 

La  plupart  des  physiologistes  anciens  regardent  ce  sens 
comme  une  simple  modificatioodutoucl)er,qui,  devenu  plus 
sensible,  perçoit  pour  ainsi  dire  la  forme  des  molécules  des 
corps  ;  mais  il  nous  semble  *  avec  U.  Jacobsoo ,  que ,  par  la 
stmclure  de  l'organci  il  appartient  réellement  à,  une  autre 
catégorie,  à  colle  dans  laquelle  l'action  est  chimique ,  à  moins 
qa'oo  ne  veuille  le  regarder  comme  assez  analogue  aux  or- 
ganes de  la  vision  et  de  l'audition,  mais  sans  parties  de 
perfectionnement. 

Sou  mode  d'action  doit  donc  être  considéré  comme  chi-  1 
inique ,  en  tant  qu'il  y  a  besoin  d'un  Guide  di^olvant ,  ou  au 
isquant  des  molécules  odurantes,  préalablement  d 
■ii^tioo  sur  le  nerf,  et  que  le  corps  A  apercevoir  a  besoin 


iporuoee. 


f«clionu«- 
fot  doul  il 
KMceptible, 
pour  cela 


et  odenri. 


272  DE   LAPPAREIL   DE   LODOEAT 

d'être,  jusqu'à  un  certain  point,  dénaturé,  dissous  dans  un 
yéhicule  liquide  ou  entraîné  par  un  gas. 

Il  faut  cependant  faire  obserrer  que  ce  n'est  pas  le  corps 
lui-même  qui  Tient  au  contact,  mais  seulement  quelques- 
unes  de  ses  molécules  yéritablement  luTisibles  et  dans  un 
état  de  diTision  extrême  ,  comme  le  proufent  plusiears  ex- 
périences. 

Comme  ce  sens  nous  fait  encore  connaître  jusqu'à  un  cer- 
tain point  la  nature  des  corps,  il  devait  aussi  se  trouver  en 
rapport  avec  la  partie  de  l'enveloppe  modifiée  pour  agir  sur 
les  corps  extérieurs  ou  ayec  le  canal  intestinal  »  et  être  de 
quelque  utilité  pour  ses  fonctions.  On  peut  donc  en  conclure 
qu'il  est  assex  important  dans  l'économie  animale  pour  se 
trouver  dans  un  grand  nombre  d'espèces;  nous  devons  ce- 
pendant avouer  que ,  quoique  la  plupartdes  animaux  soient 
éfidemment  doués  de  la  faculté  d'odorer»  nous  ne  pou- 
vons souvent  que  difficilement  en  trouver  le  siège  :  toutefois 
il  en  est  un  certain  nombre  qui  en  paraissent  totalement 
privés. 

Mais  pour  mieux  juger  cette  question,  et  surtout  les  difi- 
rens  degrés  de  perfectionnement  dont  l'organe  de  l'odorat 
est  susceptible ,  il  sera  bon  de  rappeler  un  peu  ce  que  l'on 
sait  sur  les  odeurs. 

Un  corps  est  dit  odorant  lorsqu'il  est  susceptible  de  faire, 
au  moyen  de  ses  molécules  les  plus  subtiles,  une  action  sur 
la  membrane  olfactive ,  autre  que  celle  due  au  contact. 

L'on  donne  le  nom  d'odeurs  aux  corpuscules  ou  molécules 
invisibles  des  corps  suspendues  ou  dissoutes,  au  moyen  du 
calorique,  dans  le  fluide  où  Panimal  est  plongé ^  et  qui  agis- 
sent sur  la  membrane  olfactive. 

D'après  cela ,  il  est  généralement  vrai  que  les  corps  très- 
odorans  sont  ordinairement  très-volatils  :  et  cependant  il  est 
bien  connu  qu'il  j  a  des  corps  volatils  qui  n'ont  aucune  es- 
pèce d'odeur,  comme  l'axote,  l'hydrogène  piur,  etc. ,  eiqult 


EN    GÉNÉRAL.  a^S 

exisle  au  cODtrnire  des  corp»  qui,  quoique  Tort  peu  volalils, 
sont  très -0 dorai) 9 ,  comme  le  cuivre  ,  l'étdïn,  etc. 

Du  reste ,  il  nous  est  absoiumenl  impossible  Je  nous  taire 
une  idée  de  la  nature  de)>  odeurs,  et  encore  moins  de  li^ursdif-- 
FèreDces.  Nous  pouvons  bien  tes  iipercefoir;  mais  nous  ne  les 
exprimons  qu'en  DommRQl  les  eorps  qui  les  produisent  :  aussi 
les  chimistes  n'onl-ils  pu  encore  obtenir  une  bonne  division 
des  odeurs,  et  bien  plus  les  idées  d'odeurs  fortes,  agréables, 
désagréable»,  sont  presque  individuelles. 

On  ne  peut  donc  avoir  quelque  cliose  d'un  peu  satUfaîsant  Of 
sur  les  odeurs  que  dans  leur  mode  de  développement  et  de  pr 
propagation,  parce  que  cela  déjiend  de  la  chaleur  qui  les 
gaiêïGeeldu  fluide  qui  leur  sert  de  véhicule.  Ainsi  l'on  con^^oit 
que  lorsque  l'air  contenant  un  ccriuin  nombre  de  motéculea 
odorantes  sera  en  mouvemeJit  el  Trappera  avec  unt  certaine 
rapidité  la  membrane  «entante,  la  sensation  devra  être  plus 
vive,  et  surtout  si  l'air  est  en  même  temps  échauffé,  parce 
qu'il  tendra  à  se  porter  davantage  à  la  circonrérrnce  de  la 
cavité  dont  il  pressera  les  parois.  On  voit  aussi  qu'il  se 
pourra  que  les  odeurs  soient  conservées,  accumulées,  et 
jusqu'à  un  cerlaiu  point  réfléchies  sur  la  partie  de  la  mem- 
brane la  plus  sensible. 

D'après  ces  considérations  générales  on  peut,  jusqu'à  un 
riain  point,  déterminer  àptorice  que  doit  Ptre  un  organe 
Folfaclion ,  quelle  place  il  doit  occuper  sur  l'animal ,  et  quel 
V  Mt  le  degré  de  perfection  dont  il  est  susceptible. 

Ainsi  il  paraît  qu'il  est  besoin  d'uo  nerf  particulier  ;  il  f^ul 

n  outre  que   la  peau  soit  très-vssculniru,  trés-nerveu-e, 

l'ffeaque  sans  épiderme,  et  qu'elle  sécrète  une  quantité  plus 

Jtn  moins  considérable  d'iuie  matière  invisquante  propre  & 

tenir  les  molécules  odorantes  en  contact  avec  la  membrane 

[  aenlanle. 

On  voit  aussi  que  l'organe  d'olfaction  devait  être  en  avant 
et  l'animal,  pour  que  le  fluide  odorant  frappai  avec  plus  de 


274  ^^  l'appareil  de  lodorat 

force  la  inembraoc  quand  ranimai  marche,  et  qu'il  fût  pré- 
Tenu  par-lÀ  (le  Texistence  des  corps  utiles  ou  nuisibles;  il 
derait  aussi  Otre  en  connexion  plus  ou  moins  intime  ayec  la 
membrane  digestire ,  quoique  cela  fût  beaucoup  moins  im- 
portant que  pour  le  goût:  et  en  effet  nous  Terrons  que  Tor* 
gane  de  l'olfaction  est ,  dans  un  assez  grand  nombre  d'es* 
pèces,  entièrement  indépendant  du  canal  intestinal. 

Quant  Â  son  degré  de  finesse,  l'on  conçoit  qu'il  sera  pro- 
portionnel à  la  quantité  de  système  nenreux  qui  se  rend  à 
l'organe  ;  à  l'étendue  de  la  membrane  sentante  ;  à  la  nature 
plus  ou  moins  fat orable  à  l'olfaction  de  cette  membrane  ;  à 
l'étendue  des  caTités  de  dépôt  en  contact  avec  l'organe  ;  à  la 
situation  de  l'appareil  sur  le  courant  du  fluide  qui  sert  à  la 
respiration;  enfin  à  la  faculté  qu'a  l'animal  de  maintenir 
les  molécules  odorantes  en  contact  arec  la  membrane  sen- 
tante. 
j^^JljJjj^         D*après  cela ,  on  Toit  que  l'appareil  de  l'olfaction  peut  être 
l^mitppe!    àÏYÏBé  cu  parties  essentielles  et  en  parties  de  perfectionne- 
Tertieen^m^I  mcut.  Lcs  parties  essentielles  sont  le  système  ncrTeux,  la 
tffe.    '     membrane  olfactive  et  l'organe  qui  la  supporte;  les  parties 
accessoires  se  composent  des  replis  intérieurs  de  cette  mem- 
brane pour  en  augmenter  l'étendue  ,  des  sinus  ou  cavités 
dans  lesquelles  elle  pénètre ,  de  sa  connexion  avec  l'organe 
de  la  respiration ,  etc. 

Nous  avons  déjà  dit  que  la  partie  de  l'enveloppe,  générale , 
propre  à  sentir  les  odeurs ,  portait  le  nom  de  membrane  olfac- 
tive ;  les  modifications  qu'elle  offre,  étudiées  il  est  vrai  sur 
les  animaux  élevés,  sont  les  suivantes  : 

Le  derme  plus  ou  moins  confondu  avec  le  tissu  sous-jacent, 
qui  n'est  jamais  musculaire,  est  d'un  tissu  assez  ferme,  quoi- 
que souvent  sub-gélatineux  ;  il  n'offre  jamais  de  disposition 
papillaire. 

Le  réseau  vasculaire  est  très-considérable  «  ses  ramifica- 
tions ,  set  anastomose*  extrêmement  nombreuses. 


EN    r.ÉNBRAl..  375 

Le  pigtnenlum  est  presque  toujours  nul ,  cl ,  s'il  y  a  colo- 
ration, elle  est  ïusculaire. 

Le  sy.^tÈnte  nerreui  est  très -abondant  ;  mais  son  mode  de 
terminaison  ne  nous  est  pas  bien  eonnu;  il  n'est  certainement 
pas  papîltnirc. 

L'épiderme  est  nul  ou  exccssÎTement  mince. 
Quant  A  l'appareil  de  perfectionnement  de  celte  partie  de 
la  penu .  le  système  crypteux  parait  souvent  trës-défcloppË  ; 
da  moins  si  l'on  en  juge  par  la  quantité  <le  matière  qui  est 
versée  il  la  surface;  car  les  cryptes  euz-mCmes  sont  difficiles 
&  démontrer.  Il  n'esbte  pas  de  système  pileux. 

Les  différences  que  présente  l'appareil  de  l'olfaction  dans  < 
la  si:rie  animale  sont  fort  considérables  depuis  les  mollusques 
cèplialËs,  où  il  me  semble  commencer,  jusqu'aux  animaux 
mammifères,  chez  lesquels  il  arrive  à  son  summum  de  dé- 
Tcloppcment. 

Les  actinoioaircs  ne  me  paraissent  en  effet  offrir  aucun 
orf^anedontla  structure,  la  place,  puissent  conduire ù  penser 
qu'il  existe  chez  eux  un  organe  spécial  d'olfaction.  Les  mala- 
coioaires  acéphales  sont  à  peu  près  dans  le  même  cas ,  quoi- 
que cependant   il  puisse  y  avoir  un    peu  plus  de  doute  : 
toutefois,  en  peusant  qu'ils  prennent  constamment  leurnour- 
rilur«  à  l'élat  de  dissolution  ou  de  suspension,  que  les  sexes 
M  sont    jamais  séparés,  cela  confirme  l'absence  de  tout 
r^ane  spécial  d'olfaction ,  comme  nous  avons  tu  qu'il  est  pro- 
Mble  qu'ils  sont  également  dépourvus  d'organe  de  gustation. 
C'est  donc  dans  les  mollusques  céphalés  que  l'on  com- 
I  neace  i  apercevoir  un  appareil  d'odoration  dans  le»  appen- 
ï  dices  qui  se  trouvent  à  la  partie  antérieure  et  supérieure  de 
i  b  ISte  :  car  je  ne  pense  pas  qu'ils  puissent  odofcr  par  toute 
F  11  sarface  de  leur  peau.  L'analogie  ne  permet  pas  d'adopter 
\  éetto  idée  :  l'enveloppe  extérieure  ne  pouvant  être  à  ta  fois 
h  siège  de  la  sensation  générale  du  toucher  et  celui  d'une 
H  mat  ion  spéciale. 

■  S. 


fi^6  DE  l'appareil  de  l'odoIiat 

Les  entoinozoaires  offrent  encore  moins  de  doute  à  ce 
sujet  ;  chez  eux  en  effet  il  est  impossible  de  conceToir 
que  toutes  les  parliez  de  la  peau  odorent ,  puisque  TeoTe- 
loppe  est  devenue  un  corps  protecteui  et  un  organe  de  loco- 
motion :  il  faut  donc  penser  qu*il  y  a  un  orgine  spécial  ;  et 
nous  ne  trouvons  pour  cela  que  la  première  paire  des  appen- 
dices de  la  tête,  ou  les  antennes,  qui  puissent  être  considérées 
comme  des  organes  d'olfaction  ;  mais  la  nature  de  leur  peau 
n'a  pas  pemvis  que  ce  sens  puisse  jamais  arriver  encore  à  un 
haut  degré  de  perfection. 

C'est  donc  parmi  les  ostéozoaires  que  cet  appareil  deTÎentle 
plus  parfait  :  il  occupe  toujours  la  partie  antérieure  du  corps; 
il  reçoit  la  première  paire  de  nerfs.  La  membrane  qui  le 
forme  9  rentrée  à  l'intérieur,  a  pu  éprouver  ies  modifications 
les  plus  favorables;  mais  on  trouvée  encore  une  différence  im- 
portante, qui  a  une  grande  influence  sur  la  perfection  de 
l'appareil  de  l'olfaction.  En  effet,  dans  les  uns  il  n'a  réelle- 
ment aucune  connexion  intime  avec  le  canal  intestinal  ;  la 
cavité  qu'il  forme  n'a  qu'un  orifice  ;  tandis  que  dans  le»  autres 
la  cavité  olfactive  est  sur  le  trajet  du  fluide  qui  sert  à  la  res- 
piration. La  cavité  elle-même  a  donc  deux  orifices ,  et  comme 
le  fluide  respiratoire  est  à  la  fois  le  fluide  odorant,  l'ap- 
pareil deyicnt  de  plus  en  plus  parfait  pour  l'odoration.  Nous 
Terrons  en  effet  que  les  mammifères  sont,  sous  ce  rapport , 
au  sommet  de  l'échelle, 
«ion  de«        D'après  cela ,  il  est  évident  que  les  animaux  se  divisent  en 

taux  d'à- 

lei  iïiBé'  ceux  qui  ont  un  organe  d'olfaction  et  ceux  qui  n'en  ont  pas. 
i^i'ofiu-  Ceux  qui  en  ont  un  permettent  cette  grande  division^  que 
^*^°-  l'enveloppe  modifiée  est  à  la  surface  d'un  organe  saillant, 
comme  daift  les  malocozoaires  et  les  entomozoaires  ;  ou 
bien  qu'elle  tapisse  l'intérieur  d'une  cavité ,  comme  dans  tous 
les  animaux  yertèbrcs  :  mais  ceux-ci  offrent  cette  troisième 
différence,  que  la  cavité  est  en  communication  atec  l'appa- 
reil  respiratoire ,  ce  qui  fait  qu'elle  a  deux  orifices ,  ou  bien 


EN    GENERAL.  H'J'J 

qu'elle  n'a  Riicun  rapport  iivec  lui,  i;t  alors  elle  n'n  qu'une 
seule  ouTerlure.  Tou»  la  animaui  qui  ne  respirent  pus  l'uir 
en  nature  sont  dans  ce  lieruier  cas,  et  ceux  qui  le  le^pirent 
■ont  duos  l'autre. 

Article  I.  De  torgane  et  de  tappareil  de  fodoratdans  les 


Mous  avnns  déj^  annoncé  plus  haut  ce  que  ces  animaux  c 
ont  de  commun  sous  ce  rapport.   Chez  eui ,    en  efTul,   la 
membrane  olfactive  forme  une  pochi!  pjus  ou  moins  cler.duc, 
qui  se  loge  dons  un  écurlt-meiit  plus  ou  moins  coosidéralile 
des  os   (le  l'uppLudicc  de  la  m.lchoire  supérieure,  et  dont 
l'urifice  extérieur  est  plus  ou  moins  susceptible  d'être  modi- 
fié. La  nature  de  cette  menibrane  est  nécessairement  plus 
tolfactlre  que  dans  les  deux  types  où  elle  est  à  la  surface  d'un 
organe  saillant,  puisqu'elle  a  pu  fitre  ù  l'abri  du  contact  des 
■Otres  corps  extérieurs. 
Unis,  comme  nous  l'avons  aassï  déji^  indiqué,  les  ostéû- 
Boaîrcs  offrent  dans  l'appareil  de  l'olfaction  une  différence  des 
plus  importantes,  qui  se  trouve  en  rapport  avec  l'appareil 
de  h  respiration  :   dans  les  espèces  qui  respirent  l'air  con- 
tenu dans  l'eau,  la  cavité  oiraclive  ne  forme  qu'une  poche 
plus  ou  moins  élendue ,  avec  un  seul  uriCce  extérieur,  tandis 
tque,  dans  les  autres  qui  respirent  l'air  en  nature,  la  poche 
léUaclive  se  trouve  sur  le  trajet  de  cet  air;  et  alors  non-seule- 
it  elle  est  percée  en  avant  pour  l'arrivée  de  ce  fluide ,  mais 
tDCore  en  arriére  pour  sa  pénétration  dans  les  poumons.  Il 
n  résulte  que ,  dans  la  cavité  olfactive,  il  y  a  deux  choses  A 
Bwonsîdérer    :   ta  partie    vérilablement  olfuctive,   supérieure 
I  antérieure,  suivant  la  position  de  l'animal;  et  la  partie 
sepiratoire,  ou  le  canal  respiratoire,  qui  est  au-dessous. 
I  A  mesure  que  l'appareil  se  complique,  ces  deux  parties  se 


I 


aSo  DE   l'appareil   de    LODOrtAT  ^^ 

Quant  aux  oriGces  de  celte  espèce  de  eavilé  ,  qui  corres- 
poiiUt^nl  il  cpuï  de  b  poche  oiraclire  elle-même,  ranlèrieiir, 
plus  ou  luniirs  rapproché  de  celui  du  cfilè  opposé,  eM  furmû 
à  sa  buse  par  l'éeariemenl  fixe  de  ta  lame  médinne  en  dedans  , 
du  l'os  du  nei  en  dessus,  en  dehors  et  en  dessous  de  l'os 
maxillaire  ,  el  surtout  de  l'os  piasmuxilluire  ;  mais  il  esl  plus 
ou  moins  piolongc  -i  l'exicrieur  paj-  une  partie  plus  ou  moins 
mobile,  dermo-cartilagineuset  à  laquelle  un  donne  le  nom  de 
nez.  Cet  organe,  dont  la  forme,  l'étendue  sont  très- variables, 
est  composé  d'une  pièce  fibro-tortilugineuse  qui  s'allaclie  ii 
toute  la  circonférence  de  Pouverlore  osseuse,  el  se  prolonge 
plus  ou  moins  jusqu'aux  autres  pièces.  Celles-ci  Tsont  au 
nombre  de  deux  :  l'une,  qui  forme  la  plus  grande  partie  du 
bord  de  l'orifice  mobile,  et  qui  esl  composée  de  deux  bran- 
ches .  l'une  inlcrne  qui  s'iipptique  contre  la  cloiuiD,  et  l'autre 
exlerne  contre  l'aile  du  nci  ;  enfin  la  dernière  pièce  cartila- 
gineuse du  nez  esl  celle  qui  soiilieni  ce  qu'on  appelle  son 
aile  :  elle  esl  beaucoup  plus  petite  el  moins  imporlanle;  elle 
est  située  tout-à-fail  en  dehors. 

Cei>  différentes  pièces,  que  je  crois  peu  distinctes,  si  ce  n'est 
par  un  peu  plus  d'épaisseur  dans  quelques  points  ,  sont  réu- 
nies par  des  Dbres  ligamenteuses,  et  peuvent  £lre  rappro- 
chées ou  éloignées  par  des  muscles  particuliers ,  qui  agissent 
sur  l'orifice  pour  le  coniracter  ou  le  dilater.  Cet  orifice, 
dont  la  forme  est  Tariable,  n'est  bien  dilatable  que  lorsque 
dans  lY'tat  de  repos  le  cOlé  externe  du  cartilage  marginal  est 
phis  ou  moins  appliqué  contre  l'interne,  et  c'est  d  l'endroit 
de  la  junclion  de  la  portion  alaire  que  se  fait  k  flexioD  ;  aussi 
ast-cc  à  celle  partie  que  se  termine  ordinairement  le  muscte 
dilatateur.  Ce  muscle  peut  aussi  agir  sur  k  tube  en  totalité  , 
pour  le  porter  en  divers  sens.  Les  muscles  du  net  sont  tou- 
jours des  dépendiinces  du  peaussier. 

L'cli;viitcur  du  tube  en  totalité  est  unique,  et  c'est  lepro- 
lonf^etneut  de  notre  cerfico-nasal.  qui  ne  se  borne  pas  toq^ 


as  toi|^ 


DANS   LES    UAUHIFÈBES.  z8 1 

jours  àl'osdunez,  et  qui  p«ut  aller  au  delà,  comme  dans 
l'Élùphant. 

Son  abjisseur  «si  situé  à  l'opposite  :  il  s'allache  à  l'os  in- 
cisifd'uiieparl,  et  île  l'autre  ù  lu  base  de  la  cloison  des  narioes. 
SoD  extenseur  latéral  et  souvent  dilatateur  est  ud  muscle 
«impie  ou  quelquefois  complexe,  subdivise  en  plusieurs  por- 
tions ,  doDt  racliiin  est  sourenl  difTérenle.  Né  ordiiiHirpment 
de  l'os  maxillaire  il  se  porte  au  côté  externe  du  prolongement 
nasal. 

Son  action  est  quelquefois  augmentée  par  celle  d'un  autre 
muscle  presque  semblable)  mais  plus  superficiel,  et  qui  de 
l'os  maxillaire  plus  en  dedans,  se  porte  ù  la  fois  &  l'aile  du 
net  et  à  la  lèvre  supérieure  ;  c'est  l'éléTaleur  commun. 

Les  orifices  sont  dilutés  par  un  muscle  que  l'un  nomme 
transverse,  et  qui,  placé  i^  cheval  sur  le  dos  du  cartilage 
dorsal,  se  porte  à  droite  et  ù  gauche  aux  fosses  canines. 

Enfin  ,  on  conçoit  qu'ils  soient  un  peu  contractés  par 
uo  muscle  inférieur  qui,  de  la  fosse  canine  de  l'os  incisif, 
«  au  bord  interne  et  inférieur  de  l'aile  du  ncx. 

Je  dois  faire  remarquer  que  la  peau  qui  entoure  cet  orifice  d<  i 
•ntcrieur  des  narines  est  aussi  quelquefois  modifiée  d'une 
iffianiére  lout-A-fail  singulière  :  assez  souvent  elle  ne  diffère 
\ét  celle  du  reste  de  la  face  que  parce  que,  plus  adhérente, 
Ijtfle  est  couverte  de  poils  plus  courts.  Mais  il  arrive  aussi 
^_  jUe  soit  reollée  par  un  tissu  cellulaire  sous-derniien  asseï 
Upais,  et  que  la  peau  eilc-mSme  soit  entièrement  nue,  comme 
•Inanielonnée  et  percée  d'un  grand  nombre  de  pores  niuqueux; 
Vc'csl  alors  ce  qu'on  nomme  un  mufle,  si  cette  partie  nue 
•ccupe  non-seulement  tout  le  lourdes  orifices,  mais  encoore 
la  cloison  intermédiaire  et  toute  la  partie  antérieure  de  la 
lèTre  supérieure;  c'est  un  demi-mufle,  s'il  n'y  a  qu'une 
bande  étroite  de  celle-ci  qui  soit  nue  ;  enfin ,  c'est  un  sous- 
le,  quand  la  partie  nue  se  borne  n  l'ouverture  des  nii- 
rioes,  sans  atteindre  In  lèvre. 


^8^  DE  l'appabeil  de  l'odorat 

Dei'orifiM         L'orifice  Dostéricur  de  la  cavité  olfactive  est  toujours  iaa- 

postêrieur* 

movible  ,  et  entièrement  formé  par  des  os  doublés  par  la 
pénétration  de  TenTeloppe  interne  dans  le  pharynx.  Ces  os 
•ont  le  Tomer  en  dedans ,  en  haut  le  corps  du  sphénoïde, 
en  dehors  les  apophyses  ptérygoîdes ,  et  inférieurement  Tos 
palatin. 
>«^jf^  d«      La  partie  de  perfectionnement  de  l'appareil  olfactif,  dans 
NTrêû  *diû!aS^  lés  mammifères  ,  se  compose  des  replis  plus  ou  moins  nom- 
breux de  la  membrane,  et  de  ses  prolongemens  dans  ce 
qu'on  nomme  les  sinus. 
)n  corneu  et      Ses  replis  sout  déterminés  par.ded  saillies  ou  lames  os- 

méat*. 

aeuses,  dirigées  longitudinalement  d'avant  en  arrière,  que 
l'on  nomme  cornets ,  séparées  entre  elles  par  des  anfractuosi- 
tés  ou  sillons  appelés  méats. 

Les  cornets  sont  des  lames  osseuses  extrêmement  fines, 
pleines  ou  réticulées  quelquefois  comme  de  la  dentelle ,  qui 
se  ramifient,  se  contournent  dans  tous  les  sens,  et  quelque- 
fois en  si  grande  quantité ,  que  la  cavité  olfactive  semble  en 
être  totalement  remplie.  Les  méats  alors  ne  sont  plus  que  des 
fentes  extrêmement  étroites  qui  séparent  ces  lames  ou 
cornets. 

Je  n'ose  encore  décider  si  ces  lames  osseuses  appartiennent 
au  squelette  ou  à  l'appareil  de  la  locomotion ,  ou  si  ce  ne 
sont  que  des  appartenances  de  Tappareil  de  l'olfaction  lui- 
même  :  nous  discuterons  ce  point  plus  tard.  11  me  semble 
cependant  probable  que  les  cornets  ethmoîdaux  ne  sont  que 
des  expansions  latérales  du  vomer,  tandis  que  l'inférieur 
appartient  à  f  organe. 

Les  cornets  se  divisent  eu  supérieur,  moyen  et  inférieur, 
à  cause  de  leur  position  dans  l'homme  ;  peut-être  vaudrait-il 
mieux  les  appeler  naso-fronlal ,  spJienoidaL  et  nuixillaire , 
en  considérant  les  os  avec  lesquels  ils  sont  en  rapport.  Les 
deux  premiers  composent  la  masse  latérale  de  l'ethmoîde, 
dont  la  face  externe  entre  dans  la  composition  de  l'orbite , 


DANS   LKS   UAUUIFâRES.  283 

sous  le  nom  d'us  planum.  Ils  sont  séparés  l'un  de  l'autre  pai' 
uue  goulliùre  que  l'on  uommc  le  utùiil  supérieur;  inai$  ils 
âont  euz-mCmes,  surtout  le  sphénaïdal,  susceptibks  d'être 
difisés  en  cornet 9  secondaires  par  des  méats  également  se- 
condaires. 

Le  cornet  maxillaire  est  parfaitfmenl  distinct  des  précé- 
deas  ;  il  est  mCme  formé  par  un  os  particulier  qui  se  con- 
tinue souvent  d'une  manière  évidente  avec  le  cartilage  ter- 
minal. L'espace  qui  le  sépare  des  cornets  ethmoîdaux  se 
nomme  le  méat  moyen;  et  l'espace  qui  se  trouve  au-dessous, 
ou  en  arriére  de  lui ,  est  le  meut  inférieur. 

Ce  cornet  est  encore ,  plus  que  les  ethmoîdaux ,  susceptible 
de  M  subdiviser  d'une  manière  quelquefois  presque  inGaic. 

On  trouve  aussi  quelquefois  que  l'os  du  nei ,  et  mËme  l'in- 
cisif, forment  de  petits  cornets  dans  la  caviié  olfactive. 

La  membrane  ,  sur  ces  cornets^  et  surtout  sur  le  bord  des 
ethmoîdaux,  les  dépasse  souvent,  et  forme  des  espèces  de 
bourrelets  où  elle  est  encore  plus  vasculairc  qu'ailleurs. 

Quant  aux  sinus,  ce  sunt  des  espèces  de  prolongemens 
ou  de  hernies  de  la  poche  olfactive ,  qui  pénétrent  dans  le 
■issu  même  des  os  qui  entourent  la  cavité  formée  par  leur 
écarleiuent.  On  leur  donne  le  nom  des  os  dans  lesquels  ils 
pénËtrent.  Le  supérieur  ou  antérieur  porte  le  nom  de  frontal, 
parce  qu'il  commence  dans  le  diploé  de  ces  os;  mais  sou- 
vent il  ne  s'y  borne  pas,  et  dédouble  tous  ceux  du  crSne. 
Son  orifice  est  dans  le  méat  supérieur.  Le  postérieur  est 
loujours  moins  considérable  ;  il  entre  duus  le  corps  du  sphé- 
uoide;  il  s'ouvre  dans  le  même  méat,  mais  â  sa  partie  posté- 
fWHre.  Enlia,  le  sinus  externe  est  le  maxillaire,  parce  qu'il 
M  creuse  dans  cet  os  :  il  s'ouvre,  par  un  orifice  souvent  beau- 
'  coup  plus  petit  que  celui  de  l'os ,  dans  le  méat  moyen. 

La  membrane  olfactive  qui  pénétre  dans  ces  sinus  est  tou- 
jours plus  mince  que  celle  de  lu  cavité  uasale,  et  elle  s'amincit 
d'autant  plus  que  le  sinus  est  plus  profond.  Il  m'<i  cependant 


lërrnces  to 
pporl  avec 

L'Jge. 


Le  tex«. 


'espèce  de 
ourrilnre. 


284  DE  l'appareil  0e  l'odorat 

semblé  qu'elle  a  la  même  structure,  quoiqu'elle  soit  de  moins 
en  moins  résistante  et  moins  nerveuse. 

Les  différences  que  les  mammifères  présentent,  dans  l'ap- 
pareil de  Tolfaclion ,  sont  de  plusieurs  sortes. 

Celles  qui  tiennent  à  Page  ne  nous  sont  pas  encore  suffi- 
samment connues  9  du  moins  dans  la  structure  de  la  mem* 
brane  olfaclire  :  celles  qui  dépendent  de  son  étendue  sont 
plus  évidentes  9  puisqu'elles  sont  en  rapport  avec  le  dévelop- 
pement des  mâchoires  9  toujours  plus  courtes  dans  le  jeune 
fige.  Les  anfractuosités  des  cornets  deviennent  plus  nom- 
breuses avec  l'âge ,  surtout  pour  le  cornet  inférienr,  car  les 
lames  ethmoîdales  ne  semblent  pas  plus  multipliées;  mais 
ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'est  que  les  sinus  se  développent 
évidemment  d'autant  plus  que  l'animal. s'éloigne  davantage 
de  l'époque  de  sa  naibbance  :  ils  se  creusent  dans  l'oa  à  me- 
sure que  la  membrane  olfactive  y  pénètre. 

Je  ne  connais  aucune  différence ,  dans  l'appareil  olfactif^ 
qui  dépendrait  du  sexe. 

Il  n*en  est  pas  de  même  de  l'espèce  de  nourriture ,  de  la 
manière  de  la  chercher,  et  du  milieu  où  elle  se  trouve. 'Il  est 
eu  effet  à  peu  près  certain  que,  toutes  choses  égales  d^ailleurs, 
dans  le  prolongement  du  museau,  qui  dépend  d'autres  causes, 
l'étendue  de  la  membrane  olfactive ,  déterminée  par  \fi  mul- 
tiplication des  lames  des  cornets  et  l'étendue  des  sinus,  est 
en  général  d'autant  plus  grande  que  l'animal  est  plus  omni- 
Tore  dans  chaque  groupe  naturel.  Ainsi ,  dan«  l'ordre  des 
quadrumanes,  ce  sont  les  makis  qui  ont  l'appareil  le  plus 
développé  ;  dans  les  carnassiers,  ce  sont  les  chiens,  les 
hyènes,  les  ours  ;  dans  les  rongeurs,  ce  sont  les  écureuils, 
les  rats  ;  dans  les  animaux  ongulés,  ce  sont  les  cochons,  les 
tapirs ,  etc.  ;  enfin ,  dans  les  didelphes ,  ce  sont  les  sarigues. 
Peut-être  ensuite  peut-on  dire  que  l'ordre  des  carnassiers  ^t, 
en  masse,  celui  qui  offre  le  plus  grand  développement  sous  ce 
rapport  :  c'est  en  effet  dans  ce  groupe  que  se  trouvent  le 


DANS   LES    MAMMIFÈRES.  385 

cbien,  l'byéiie,  l'oura,  le  [jhoque  ,  qui  ont  les  cornets  lelle- 
menl  ii)ulli[ilié3,  ttllcmeut  subUivisès,  que  la  cavité  nasale 
paraît  en  £lre  enlièremcnl  remplie;  mais  il  ne  faudrait  pas 
pousiter  trop  loin  cette  manière  de  ?oir.  En  effet,  l'homme, 
^ui  est  évidemment  plus  omnivore,  a  cet  appareil  très-simple; 
les  identés,  quisont  tous  carnassiers,  l'ont  encore  moins  dé- 
Teloppé.  Parmi  les  rongeurs,  les  lièvres  et  les  lapins  sont 
plus  perfectionnés  que  beaucoup  d'autres  rongeurs  ;  cl  dans 
les  ongulés,  les  ruminans ,  qui  se  nourrissent  eiclusivement 
d'herbes,  ont  des  cornets  plus  nombreux  que  beaucoup  de 
picbjderme!  et  que  le  chcTal,  par  exemple. 

D'après  celle  ob^ervalion,  joinic  A  ce  que  la  manière  de  Lo  e'^opc  m 
chercher  la  nourriture  dans  des  milieux  dilTérens  est  encore 
plus  spéciale ,  nous  allons  étudier  les  différences  que  l'organe 
de  l'olfaction  présente  dans  les  mammifères ,  en  les  étudiant 
dans  cbaque  ordre  naturel.  Nous  réserverons  les  anomalies 
pour  la  ÛB  de  celle  section. 

Dans  l'espèce  humaine,  on  peut  dire  qu'en  général  tout  i>""  iiioŒnii 
l'appareil  de  l^lfaction  est  peu  développé  dans  ses  parties 
essentielles ,  comme  dans  ses  parties  accessoires.  D'abord  la 
cavité  générale  est  assez  peu  étendue,  à  cause  du  peu  de  pro- 
longement des  mâchoires,  des  deuxcornclsformanl  les  masses 
latérales  de  l'ethmoïde  ;  le  nasal  ou  supérieur,  dil  de  !Uor- 
gagni,  est  fort  pelil;  et  sphénoidal  ou  moyenn'est  qu'asseï 
peu  cclluteux  en  arrière  et  en  avant.  Quant  au  cornet  maxil- 

e  ou  inférieur,  il  est  toul-à-fait  simple,  et  il  forme  une 
B  allongée  un  peu  recourbée ,  et  appliquée  par  l'un  de  ses 
a  contre  l'os  maxillaire. 

Le*  sinus  sont  aussi  toujours  très-petits;  le  IVonlal  dépasse 
i  peine  la  racine  de  cet  os  ;  le  spbénoldal  est  encore  plus  pe- 
tit ;  et  le  maxillaire  ,  quoique  le  plus  grand ,  ne  peut  pas  être 
Lconsidérable ,  vu  la  briévelé  de  l'os  dans  lequel  il  est  cri'usé. 

Hais  ce  qui  caractérise  surtout  l'espère  humaine,  c'est  la 
r  Ibrme  toule  particulière  du  nez  ou  du  prolongement  dernio- 


â86  DE  l'appareil  de  l'odorat 

cartilagineux  de  TouTerture  antérieure  des  narines.  On  dis- 
tingue bien ,  dans  sa  composition ,  la  partie  dorsale  de  la 
cloison  cartilagineuse  qui  s*est ,  pour  ainsi  dire ,  dédoublée 
à  droite  et  à  gaucbe  pour  former  le  dos  du  nez;  le  cartilage 
marginal  en  V,  arrondi  à  sa  pointe ,  et  dont  une  des  branches 
S*applique  contre  la  cloison  j  pendant  que  l'autre  forme  le 
côté  externe  de  TouTerture.  Enfin ,  le  fibro-cartilage  alaire  est 
bien  séparé  de  celui-ci ,  même  à  l'extérieur^  par  un  sillon 
éfident. 

Les  muscles  cutanés  qui  contribuent  à  composer  ce  net 
sont  très-peu  développés.  Le  dorsal  est  assez  loin  d'atteindre 
son  origine  ;  l'élérateur  commun  est  peu  considérable  ;  le 
dilatateur  est  presque  membraneux;  et  l'abaisseur^  ou  muscle 
de  la  cloison  et  du  cartilage ,  est  court  et  assez  peu  épais. 

Enfin;  le  derme  qui  recouvre  le  tout  est  semblable  à  celui 
du  reste  de  la  face  ;  on  reconnaît  cependant  un  «issez  grand 
nombre  de  pores  »  surtout  dans  le  pli  de  l'aile  du  nez,  qui 
indiquent  des  cryptes  sébacés  assez  considérables. 

De  ces  différentes  parties  qui  composent  les  deux  narines , 
résulte  une  sorte  de  pyramide  tétraèdre ,  dont  une  des  faces 
est  appliquée  sur  l'ouyerture  osseuse  ;  deux  des  autres  sont 
obliques  et  latérales ,  et  la  quatrième  ou  base  f  la  plus  petite  y 
est  inférieure;  c'est  dans  celle-ci  que  sont  percés  les  deux 
orifices  arrondis  des  narines  ^  séparés  par  une  cloison  assez 
mince  et  yerticale. 

L'espèce  humaine  seule  offre  cette  espèce  de  nez  ;  et  même 
on  Yoit  cet  organe  diminuer  d'étendue ,  de  saillie,  et  même 
un  peu  de  forme  dans  les  races  inférieures^  au  point  que, 
dans  les  Hottentots,  la  saillie  des  joues  suffit  pour  cacher 
presque  entièrement  celle  du  nez,  yu  de  profil.  Au  contraire, 
la  cavité  olfactive  augmente,  non-seulement  à  cause  du  pro- 
longement plus  considérable  des  os  maxillaires ,  mais  aussi 
par  plus  de  développement  des  masses  ethmoîdales  ;  d'où  ré- 
sulte une  plus  grande  épaisseur  de  la  racine  du  nez  entre  les 


DANS    LES    «AMMIFKRES.  287 

erbites  :  c'est  ce  que  I'od  voit  ûvidcmnietit  dans  les  nce% 
tit^grcsi  et  surtout  d.ins  celles  de  i'eziréinité  mériilioDnlc  de 
l'Arrique,  dans  les  Hollentots,  les  Boschimans,  etc. 

Les  singes  de  l'ancien  continent  on(  évidemment  la  cavitû 
générale  olfactive  lieauconp  plus  lon^e  que  l'espLce  hu- 
maine» surtout  dans  les  espaces  dont  le  musciiu  f.it  fort 
allongé;  mais  les  cornets,  Ics^ious,  me  paraissent  en  général 
moini  étendus  :  ainsi,  pour  prendre  une  espace  intermédiaire 
aux  premiers  des  singes  et  aux  derniers,  le  m&got  n'a  qu'un 
seul  cornet  ethmoîdaf,  et  encore  est-il  assez  petit  et  fort  peu 
allongé  :  aussi  l'espace  inlerorbitairc  est-il  fort  petit  dans 
louieg  ces  espèces  de  singes.  Le  cornet  maxillaire  n'est  égale- 
ment composé  que  d'une  seule  lame;  je  n'ai  pas  trouTé 
d'aulre  sinus  que  le  sinus  maxillaire.  Lu  mandrill  est  abso- 
lument dans  le  mSmccas. 

En  général,  on  peut  faire  l'observation  que,  dans  tous  Its 
singe^  de  l'ancien  continent ,  la  racine  du  nez  est  fort  étroite , 
ce  qui  indique  très-peu  de  développement  dans  l'ethmolde  , 
dont  les  masses  latérales  sont  très- descendue  s. 

Quautaii  nez  proprement  dit ,  il  oITre  une  différence  carac- 
téristique en  ce  qu'il  eat  très-petit,  coupé  obliquement  de 
manière  à  Sire  beaucoup  dépassé  par  la  saillie  des  lèvres  et 
ks  mûchoires;  ses  oriûces  sont  toujours  fort  étroits,  et  ne 
E«ODt  séparés  que  par  une  cluisun  extrêmement  niinLc  Du 
TksIc,  la  peau  qui  le  recouvre  est  couverte  do  puUs  courts, 
[  «t  l'on  retrouve  dans  sa  structure  les  parties  qui  entrent 
lans  la  composition  de  celui  de  l'homme. 
Les  sapajous  ou  les  singes  du  nouveau  continent  oflVeal  i 
r^élà  un  perfectionnement  évident,   d'abord  dans  l'élenduc 
K  gfnérale  de  la  cavité,  et  ensuite  dans  le  développement  des 
L«enicts.  En  effet,  la  masse  elhmoïdale,  plus  épaisse  à  cause 
I  de  l'épaisseur  de  la  cloison  înter-orbitairc  ,   est  reployée  en 
r  deux  ou  trois  lames  séparées  par  autant  de  méats,  et  le  cornet 
'    «((rieur  est  évidemment  bifurqué,  c'esl-ii-dire  quHl  a  une 


1 


288  DE  l'appareil  de  l'odoraï 

lame  supérieure  aussi  large  que  l'inférieure  :  c'est  ce  qu'on 
Yoit  dans  les  aloiiales,  les  sapajous. 

Dans  les  saîmiris  9  les  cornets  de  l'ethmoïde  sont  encore 
plus  éloignés  du  cerveau  que  dans  les  autres  espèces»  en  sorte 
qu'il  y  a  sous  ce  rapport  et  sous  celui  du  peu  d'épaisseur  de 
la  cloison  inter-orbitaire,  quelque  chose  qui  les  rapproche 

des  oiseaux. 

Les  singes  du  nouveau  continent  ont  aussi  un  caractère 
particulier  dans  la  forme  du  nez  :  il  tend  déjà  à  être  un 
peu  plus  terminal  que  dans  les  singes  de  l'ancien  ;  il  est  éga- 
lement plus  saillant;  mais  ce  qu'il  offre  de  plus  singulier, 
c'est  que  les  orifices  qui  sont  arrondis  sont  très-séparés  l'un 
de  l'autre.  Ce  n'est  cependant  pas  que  la  cloison  des  nariaes 
soit  plus  épaisse  que  dans  les  siuges  proprement  dits,  comme 
on  le  dit  vulgairement  en  zoologie;  mais  cela  tient  à  ce  que 
le  cartilage  dorsal  9  séparé  dans  toute  son  étendue  de  celai 
du  côté  opposé,  forme  une  espèce  de  demi-cylindre,  gros, 
renflé ,  qui  dépasse  beaucoup  la  cloison ,  en  se  déjetant  eo 
dehors  :  c'est  à  son  extrémité  que  se  trouve  la  narine.  On 
remarque  en  outre  un  très  petit  cartilage  marginal  semi-lu- 
naire. Et  enfin  le  cornet  inférieur  commence  déjà  un  peu  à 
saillir  dans  cet  orifice  par  un  prolongement  cartilagineux, 
comme  cela  a  lieu  dans  la  plupart  des  autres  mammifères. 

Les  muscles  de  ce  nez  sont  un  muscle  étévateiur  commun 
assez  distinct ,  et  qui  se  borne  presque  au  cartilage  marginal 
J'ai  ^ftout  remarqué  que  le  muscle  abaisseur  a  un  faisceau 
de  ses  fibres  qui  se  porte  transversalement  d*un  cartilage 
dorsal  à  l'autre.' 
luMiMmikif.  Les  pseudo-singes  ou  les  makis,  quoique  offrant  tous  les 
caractères  essentiels  des  animaux  du  second  degré  d'organi- 
sation^ s'en  éloignent  cependant  sous  le  rapport  des  organes 
de  l'olfaction ,  d'une  manière  remarquable  ,  pour  se  rappro- 
cher des  carnassiers  :  la  face  se  prolonge  de  manière  à  former 
un  véritable  museau,  et  par  conséquent  la  cavilè  oUaotive 


28 1 

jours   dl'osdunEi,  et  qui  peul  aller  au  deli,  comme  dans 
l'éli-phani. 

Son  abuisseur  est  situé  ù  l'opposite  :  il  s'attache  A  l'ns  !□- 
cUifd'une  pari,  et  d^  l'autre  ù  la  ba^e  de  la  cloisoti  des  narine;. 
Son  extenseur  lalèrul  et  souvent  dilatateur  est  uo  muscle 
simple  ou  quelquefois  complex<^,  subdivisé  en  plusieurs  por- 
tion» ,  doDt  l'actiim  est  souvent  diiïérenle.  Né  ordinairement 
de  l'ot  maxillaire  il  se  porte  au  cQtc  exlerne  du  prolongement 
nasal. 

Son  action  est  quelquefois  augmentée  par  celle  d'un  autre 
muscle  presque  semblable,  mais  plus  superficiel,  et  qui  de 
l'os  maxillaire  plus  en  dedans,  se  porte  A  la  fois  â  l'aile  du 
nei  et  à  la  lt»re  supérieure  ;  c'est  l'élévateur  commun. 

Les  orifices  sont  dilulés  par  un  muscle  que  l'un  nomme 
traosTersef  et  qui,  placé  i  cheval  sur  le  dos  du  cartilage 
dorsal ,  se  porte  i  droite  et  â  gauche  aux  fosses  canines. 

Enfin,  on  conçoit  qu'ils  soient  un  peu  contractés  par 
un  muscle  iurérieur  qui ,  de  lu  fosse  canine  de  l'os  incisif. 
Ta  au  hord  interne  et  inréricur  de  l'aile  du  nei. 

Je  dois  faire  remarquer  que  la  peau  qui  entoure  cet  orifice 

«Dlérieur  des  narines  est  aussi  quelquefois  modifiée  d'une 

manière  tout-A-fait  singulière  :  assez  souvent  elle  ne  diffère 

de  celle  du  re^te  de  la  face  que  parce  que,  plus  adhérente, 

elle  est  couverte  de  poils  plus  courts.  Mais  il  arrive  aussi 

qu'elle  soit  rentlée  par  un  tissu  cellulaire  sous-dcrtuien  asseï 

[  épais,  et  que  la  peau  elle-même  suit  entièrement  nue,  comme 

lamelimnée  et  percée  d'un  grand  nombre  de  pores  muqueux; 

[  c'est  alors  ce  qu'on  nomme  un  mujle,  si  cette  partie  nue 

occupe  non-seulement  tout  le  tourdesorifiecs,maisencoorc 

[  ta  cluison  intermédiaire  et  toute  la  partie  antérieure  de    la 

^  lèvre  supérieure;  c'est  un   demi-niufle ,    s'il  n'y  a  qu'une 

V  bande  étroite  de  celle-ci  qui  soit  nue  ;  enfin,  c'est  un  sous- 

mfle,  quand  la  partie  nue  se  borne  h  l'ouverture  des  na- 

TÏnes  ,  sans  atteindre  la  lÈvre. 


». . _» 


agO  I>E   LAPPAREIL   DE    LODORAT 

extrémité  antérieure.  Le  cornet  que  j'ai  nommé  sphénoîdal 
est  au  contraire  tout-à-fait  inférieur;  il  se  compose  d'une 
grande  quantité  de  lames  dont  les  plus  courtes  se  portent  en 
arriùre  jusqu'à  l'articulation  du  vomeravcc  le  corps  du  sphé- 
Doide  antérieur  9  et  qui  communiquent  ainsi  avec  son  sinus. 

Quant  au  cornet  ifilëpieur,  il  naît  par  un  seul  pédicule  la- 
melieux  de  la  face  interne  de  Fos  maxillaire  et  du  prae- 
maxillnire  ,  et  il  se  siibdivi*}e  bientôt  en  deux  lames  ,  une  su- 
périeure, Tantre  inférieure,  qui  s'enroulrnl  horizontalement 
en  coniel.  C'est  de  la  con?exité  de  chacun  de  ces  cornets 
que  nais*«cut  ensuite  des  lames  presque  parallèles  qui  se  sub- 
divisent elles-mêmes  un  si  grand  nombre  de  fois,  surtout 
pour  l'inférieure,  qu'il  en  résulte  un  véritable  tissu  spongieux 
qui  remplit  toute  la  partie  inférieure  de  la  cavité  nasale ,  ou 
le  canal  de  la  respiration. 

Les  sinus  frontal,  maxillaire  et  sphénoîdal  sont  aqssi  éri- 
dcmmenl  beaucoup  plus  étendus  que  dun^  les  mammifères 
des  groupes  précédens  ;  mais  le  supérieur  se  borne  au  fron- 
tal, et  l'inft'rieur  au  corps  du  sphénuMe  antérieur. 

Le  nez  est  constamment  terminal,  quelquefois  même  il 
dépasse  beaucoup,  non-seulement  Torifice  osseux  des  na- 
rines ,  amh  même  celui  de  la  bouche. 

La  dispo:>ilion  des  cartilages  cnmposnns  est  encore  plus 
tubuleuse  que  dans  les  makis,  c'esl-î^-dire  que  le  cartilage 
dorsal  se  roule  en  un  lube  p^e^q(lc  complet,  dont  l'ouTer- 
ture  est  bordée  au  côté  externe  par  le  marginal;  on  y  voit 
aussi,  encore  mieux  que  dans  ceux-ci  «  la  terminaison  un  peu 
contournée  et  cartilagineuse  du  cornet  inférieur.  Mais  comme 
ce  prolongement  nasal  devient  souvent  mobile  en  totalité 
dans  tous  les  sens ,  les  muscles  extrin.oèqneï^  acquièrent  un  plus 
grand  développement;  il  s'eh  trouve  même  de  nouveaux, 
entre  autres  un  faisceau  qui  de  l'os  maxillaire  sous  l'éléva- 
teur commun  el  l'élévateur  propre  de  la  lèvre  supérieure, 
se  porte  par  un  tendon  aiu  cartilages  du  nei^  et  qui  le  tire 


BARS    LSfi    HAHMIF^HBS.  aÇl 

IbrtenM-nt  en  dehors  el  en  hnul  :  c'c«t  notre  extenseur  la- 
téral, et  quelqueluis  le  rcleveur  du  nei  :  il  n'exUle  pas  dans 
l'homme,  ni  dutis  les  singes. 

Les  orifices  des  niirit>eSf  en  Torme  de  petits  trous  ronds, 
sont  percés  dans  un  espace  Jool  la  pe.iu  .  plus  ou  tnoins 
lukereuleusc,  fëche  ou  visqueuse,  eït  tnujours  parraitement 
oue,  et  forme  ce  que  nous  avons  tiommê  un  »ous-tnufle. 

Les  petites  familles  qui  partagent  l'ordre  des  carnassiers 
ne  w  resscmlilent  cependant  pas  coiiipléleinent  dans  les  diffé- 
rentes partie»  de  l'olfaclion. 

L'ours  et  toutes  les  espèces  qu'on  en  rapproche  sous  lo 
aom  de  plantigrades  ,  el  qui  sont  à  peu  près  omnivores,  ont 
lu  cornets  ethmo!daux  ,  et  surtout  la  partie  frontale,  ainsi 
qwe  le  cornet  maxillaire,  plus  subdivisés,  plus  nombreux 
qoe  les  chat»,  qui  sont  essentiellement  carnassiers.  Leur  nez 
Ml  beaucoup  plus  mobile  ;  i 
le  coati  que  cette  disposition 
développement;  il  est  cependant  ci 
celui  de  l'ours. 

Tous  les  petits  carnassiers  Teriniruruies,  et  même  les  chats, 
Mtl  le  an  benuciup  plus  court  el  complélenietit  immobile  ; 
la  partie  nue  de  la  peau,  dans  laquelle  sont  percés  les  ori- 
I  fces  ,  est  toujours  sèche  et  comme  sqiiatnmeuse.  Quant  à 
[  ]*étcndue  de  la  membrane  olfactive,  elle  est  nceessairemcnt 
'  moindre,  tant  te  museau  est  court;  les  cornets,  certaine- 
*  ment  moins  allongés  pour  la  même  raison,  sont  aussi  peut- 
'  être  moins  subdivises  :  l'inférieur  est  proportionne  Ile  ment 
'   moindre  que  les  sopérieurs. 

Les  hjrùoes,  et  surtout  les  chiens  ressemblent  beaucoup 
lUX  ours  sous   le  rapport  de   l'appareil  de  l'olfaction;  il  se 
>  pourrait  cependant  qu'il  j   eût  en  général  un  peu  moins  de 
I.   déretoppemenl  dans  tes  cornets.   Le  oei  est  sortoul  moins 
mobile;    mai.a   sa   partie   nue    est  plus   humide,   plus  vis- 
queuse. 


i  c'est  principalement  dans 
arrivée  i  sou  summum  de 
>sc  absolument co|ii(nc 


1 

Chat. 

I 


». . _» 


agO  DE   LAPPAREIL   DE    LODORAT 

extrémité  antérieure.  Le  cornet  que  j'ai  nommé  sphénoîdal 
est  au  contraire  tout-à-fait  inférieur;  il  se  compo«^e  d*uDe 
grande  quantité  de  lames  dont  les  plus  courtes  se  portent  en 
arrière  jusqu'à  l'articulation  du  vomeravcc  le  corps  du  sphé- 
Doide  antérieur,  et  qui  communiquent  ainsi  arec  son  sinus. 

Quant  au  cornet  iiirérieur,  il  naît  par  un  seul  pédicule  la- 
melleux  de  la  face  interne  de  Fos  maxillaire  et  du  prae- 
maxillnire  ,  et  il  se  subdivise  bientôt  en  deux  lames  ,  une  su- 
périeure, l'autre  inférieure, qui  sVnruulenl  horizontalement 
en  coniel.  C'est  de  la  convexité  de  chacun  de  ces  cornets 
que  nais*«ent  ensuite  des  lames  presque  puralltles  qui  se  sub- 
divisent ellcs-méuies  un  si  grand  nombre  de  fois,  surtout 
pour  l'inférieure,  qu'il  en  résulte  un  véritable  tissu  spongieux 
qui  remplit  toute  la  partie  inférieure  de  la  cavité  nasale,  ou 
le  canal  de  la  respiration. 

Les  sinus  frontal,  maxillaire  et  sphénoîdal  sont  aussi  évi- 
demment beaucoup  plus  élcndus  que  dun^i  les  mammifères 
des  groupes  précédens  ;  mais  le  supérieur  se  borne  au  fron- 
tal, et  Tinférieur au  corps  du  sphénoîle  antérieur. 

Le  nez  est  constamment  terminal,  quelquefois  mAme  il 
dépasse  beaucoup,  non-seulement  Torlfice  osseux  des  na- 
rines ,  RHiis  même  celui  de  la  bouche. 

La  disposition  des  cartilages  composnns  est  encore  plus 
tubuleuse  que  dans  les  makis,  c'est-à-dire  que  le  cartilage 
dorsal  se  roule  en  un  tube  presque  complet,  dont  l'ouver- 
ture est  bordée  au  côté  externe  par  le  marginal;  on  y  voit 
aussi,  encore  mieux  que  dans  ceux-ci  «  la  terminaison  un  peu 
contournée  et  cartilagineuse  du  cornet  inférieur.  iMais  comme 
ce  prolongement  nasal  devient  souvent  mobile  en  totalité 
dansions  les  sens,  les  muscles  extrin^èqlle^  acquièrent  un  plus 
grand  développement;  il  s*en  trouve  même  de  nouveaux, 
entre  autres  un  faisceau  qui  de  l'os  maxillaire  sous  l'éléva- 
teur commun  et  l'élévateur  propre  dt;  la  lèvre  supérieure, 
9e  porte  par  un  tendon  aiu  cartilages  du  oei^  et  qui  lé  t|ie 


DANS    LES    MAHMIFÈRKS.  i^ 

espèces  de  phoques,  et  aurtoiil  les  morses,  ont  le  cornet  in- 
férieur plus  petit  et  moins  subdivisé. 

Tous  ces  animaux  présentent  aussi  dans  le  nex  une  modi- 
fication remarquable  qui  lient  it  leur  fucullé  de  plonger  long- 
temps sons  l'eau  ;  nous  en  parlerons  plus  tard. 

Le  groupe  des  mamuiifÈrtts  édenttjs  terrestres,  quoique  Oi 
exclusivement carnussiers,  et  quoique  leurs  mQchoires  soient 
Bouienl  excessiTemetit  prolongées,  n'offre  cependant  qu'un 
appareil  d'oiractioo  asset  peu  développé,  du  moins  dans  k 
cornet  inférieur;  car  la  fosse  clliuioidale  est  au  contraire 
Énorme  ;  aussi  les  cornets  qui  en  nat?seot  sont-ils  trés-mul- 
ti^liés,  i  peu  prés  comme  dans  tes  Téritables  carnassiers. 
Je  n'vi  cependant  étudié  suOlsaminenl  que  te»  tatous  ■  les 
founnillers  et  les  pungtilios. 

Dons  les  lulous,  les  masses  ethmoidalcs  sont  les  plus 
gran<Ies  qne  j'aie  jumais  vues  dans  nucun  mammirèrc  ;  elles 
forment  tout  aulair  de  la  losse  criblée  une  quantité  immense 
de  lames  qui  rendent  le  frontal  à  l'extérieur,  entre  les 
orbites,  et  qui  se  recourbent  en  dessus  et  en  dessous,  sans 
cependant  qu'il  y  uîl  de  sinus  supérieur  ni  postérieur. 

Dans  les  pangolins,  le  cornet  inférieur  est  une  simple 
Ume,  presque  comme  dans  l'homme  :  les  cornets  elbmoî- 
ilaux  sont  fort  nombreux,  moins  cependant  que  dans  Icn 
tatous. 

Les  fourmiliers  ont  cesoornetssupérieursenuore  beaucoup     i 
moins  nombreux,  beaucoup  moin?  étendus.  Le  cornet  infé- 
rieur n'est  également  qu'une  assez  longue  lame  recourbée, 
cl  formant  un  canal  respiratoire  Irès-étroit.  Je  n'ai  pas  vu 
non  plus  de  srnus  frontal  ni  sphénoMal. 

La  famille  des  édcntéç  aqualiqucst  modiGée  le  plus  pos- 
tible  pour  vivre  dans  l'eau,  offre  celte  singulière  anomalie 
que  la  partie  tthmoiditle  de  l'appareil  a  disparu  presque  eu 
lOla)ilé,etqu'ilQe  reste  plus  que  la  partie  maxillaire,  comme 
nous  allons  le  voir  bientôt  à  l'article  des  .inomalies- 


I 


m- 


•CClirOTM. 


€lMUTe-9oa- 


19a       DE  LAPPAREIL  DE  LODORAT 

Les  petits  cainassiers  insectivores  sont  encore  moins  bien 
partagés  sous  le  rapport  de  rolfaction ,  comme  on  peut  le 
Toir  dans  le  hérisson,  la  taupe,  la  musaraigne.  En  effet, 
dans  le  premier,  les  lames  de  Tethmoîde,  quoique  grandes 
et  étendues,  sont  cependant  beaucoup  moins  nombreuses 
qae  dans  les  véritables  carnassiers;  le  cornet  inférieur  est 
encore  assez  considérable,  mais  il  n*a  aussi  que  quatre  ou  cinq 
lames.  Sf  la  taupe  semble  être  plus  heureusement  organisée 
à  cause  du  grand  nombre  de  lames  de  l'elhmoîde  qui  est  au 
moins  de  huit,  la  simplicité  pre.-^que complète  du  cornet  in- 
férieur établit  une  sorte  de  compensation.  La  structure  du 
nez  de  ce  petit  animal,  déterminée  par  l'usage  qu*il  en  fait 
pour  fouir,  tient  à  une  anomalie  dunt  nous  parlerons  plus 
loin.  Je  me  bornerai  à  dire  en  ce  moment  que  dans  cette 
Cunille  le  nez  est  sourent  modifié  d'une  manière  assez  Ta- 
riable.  Ainsi  ^  sans  parler  de  son  prolongement  énorme 
dans  les  tenrecs,  dans  les  musaraignes,  et  surtout  dans  le 
desman,  où  il  est  extrêmement  aplati ,  ou  trouve  que  la  partie 
nue  de  celui  du  hérisson  est  dentelée  à  son  bord  externe ,  et 
que  dans  le  condjlure  toute  cette  partie  est  garnie  à  sa 
circonférence  d*une  série  dt  lames,  molles  et  probablement 
fort  sensibles. 

La  famille  des  chéiroptères  ou  des  chauve -souris,  que 
l'ensemble  de  l'organisation  doit  réellement  faire  placer  à  la 
tète  de  cet  ordre,  est  aussi  celle  dont  l'appareil  olfactif  est  le 
moins  développé,  et  qui  par  conséquent  sous  ce  rapport  se 
rapproche  davantage  des  quadrumanes. 

Nous  allons  voir  aussi  à  l'article  des  anomalies  inexpli- 
cables ,  qae  la  plupart  de  ces  animaux  présentent  à  Pexté- 
rieur  du  nez  quelque  chose  d'extrêmement  singulier. 

Les  carnassiers  aquatiques,  comme  les  loutres,  les  pho- 
ques ,  ont  en  général  un  appareil  d'olfaction  très-développé , 
et  qui  a  beaucoup  de  rapport  avec  ce  qui  a  lieu  dans  les 
chats  et  genres  roislns  :  il  paraît  cependant  que  quelques 


DANS    LES   MkUUiritlJÊS.  3qS" 

espèces  île  phoques,  «I  surloiit  les  murses,  ont  le  cornet  in- 
(ièrieur  plus  [)t^til  cl  moiii!»  subdivisé. 

Tous  ces  animaux  présentenl  aussi  dans  le  nei  une  modi- 
Bcalion  reniarquiible  qui  lient  A  leur  fuculic  de  plonger  long- 
temps BOUS  l'eau  ;  nous  en  parlerons  plus  lard. 

Le  groupe  des  mommirères  édentés  terrestres ,  quoique  □ 
exclusivement  carnassiers,  et  quoique  leurs  m  fluho  ires  soient 
souvent  excessivement  prnlongées,  n'offre  cependant  qu'un 
■ppareil  d'oiraclîon  assri  peu  développé,  du  moins  dans  le 
cornet  inrérienri  car  ta  fos^e  clhmuïdale  est  uu  contraire 
énorme  ;  aussi  les  cornets  qui  en  nai<>seDt  sont-ils  Irès-mul- 
li^liês,  à  peu  prés  comme  dims  les  véritables  carnassiers. 
^e  n'ai  cependant  étudié  sufTisamment  que  les  tatous  ,  les 
Jburmillers  et  les  pangulinfl. 

Dans  les  tatous,  les  masses  ethmoîdalcs  sont  les  plus 
l^pandes  que  j'aie  j^imais  vues  dans  aucun  mammifère  ;  elles 
P  ^brinenl  tout  autour  de  la  fosse  criblée  une  quantité  immense 
mjtit  lames  qui  renfirni  le  frontal  &  l'extcrieur,  entre  les 
f  ^bites,  et  qui  se  recourbent  en  dessus  et  en  dessous,  saus 
Mpendani  qu'il  y  ait  de  sinus  supérieur  ni  postérieur. 

Dans  les  pangolins,  le  cornet  inférieur  est  une  simple 
l^mei  presque  comme  dans  l'homme  :  les  cornets  ethmoï- 
E  sont  fort  nombreux,  moins  cependant  que   dans  les 
is. 

ES  rourmilleri  ont  ces  cornets  supérieurs  enuore  beaucoup 
as  nombreux,  beaucoup  moins  étendus,  Le  cornet  infé- 
r  n'est  également  qu'une  asstx  longue  lame  recourbée , 
I  at  formant  un  canal  respiratoire  Irés-êtruît.  Je  n'aî  pas  vu 
I  don  plus  de  sinus  frontal  ni  sphénoïdal. 

La  famille  des  édenté<  aquatiques,  modiQée  te  plus  pos- 
I  /lible  pour  vivre  dans  l'eau,  offre  cette  singulière  anomalie 
le  la  partie  cthmoîdale  de  l'appareil  a  disparu  presque  en 
Iftlilé,  et  qu'il  ne  reste  plus  que  la  partie  maxillaire,  comme 
I  ^us  allons  le  voir  bientOl  à  l'article  dus  anomalies. 


294 


DE    LAPPAREIL   DE    LODORAT 


Dint  les  roo' 
geuM. 


Êcar«uili, 
raU ,  etc. 


A 


Porct-ëpica. 


Kifvret. 


L*ordre  des  rongeurs  offre  pour  différeoce  générale  que 
l'organe  de  rolfaclion  est  beaucoup  moins  déreloppè  que 
dans  les  carnassiers  y  et  même  que  dans  les  animaux  ongulés  ; 
mais  ils  diffèrent  assez  peu  entre  eux. 

Dans  les  écureuils,  les  loirs,  les  marmottes,  les  rats,  les 
hamsters,  surtout  dans  les  ondatras,  la  cavité  olfactire  très- 
étfoite  est  encore  plus  ou  moins  fortement  rétrécie  entre  les 
orbites.  Les  cornets  supérieurs  sont  petits  et  très-peu  diyisés; 
rinférieur ,  très-remonté  à  cause  de  la  grande  extension  des 
os  incisifs,  est  encore  beaucoup  plus  simple. 

Quant  au  ncx,  il  est  fort  court  et  très-peu  mobile,  h  peu 
près  comme  dans  tous  les  autres  rongeurs  ;  il  est  couTert 
de  poils,  si  ce  n'est  dan»  le  milieu  de  la  cloison,  ce  qui 
forme  une  fente  qui  se  prolonge  le  long  de  la  lèrre  supé- 
rieure. 

Dans  les  porcs-épics,  la  cavité  olfactive  est  beaucoup  plus 
grande,  plus  même  que  celle  du  cerveau;  et  cependant  les 
cornets  ethmoîdaux  ne  sont  ni  très- étendus^  ni  très- 
nombreux.  Le  supérieur  ou  nasal  forme  une  longue  lame 
recourbée  qui  se  prolonge  jusqu'à  Textrémité  antérieure  de 
la  cavité,  en  cachant  en  dehors  le  cornet  inférieur  :  celui-ci 
est  du  reste  assez  court,  et  ne  forme  qu'une  seule  lame  re- 
courbée. 

Le  sinus  maxillaire  est  assez  grand;  il  n*y  a  pas  de  sinus 
sphénôîdal;  quant  au  sinus  supérieur,  il  ne  se  borne  pas  à 
l'os  frontal,  mais  il  pénètre  dans  celui  du  nez;  il  est  par 
conséquent  fort  grand. 

Le  nez  du  porc-épic  est  remarquable  par  sa  grosseur; 
mais  du  reste  il  n'offre  rien  de  particulier. 

La  famille  des  lièvres  a  la  cavité  olfactive  en  général  assiz 
étroite  ;  les  cornets  ethmoîdaux  ne  sont  -divisés  qu'en  trois 
lames  principales  qui  se  rattachent  indubitablement  au  to- 
mer,  dont  elles  ne  sont  qu'une  dépendance.' Le  cornet  infé- 
rieur n'est  formé  que  par  uae  seule  écaille  oVale  ,  appliquée 


nATfS    LES    MAMMIFÈRES.  396 

contre  l'os  maxillaire ,  ri  diint  les  deux  f-icus  sont  pourvues 
de  quelques  hmes  longiluilin.iles. 

Le  sinu»  niaxilhiire  est  toujours  fort  étroil  :  il  n'y  a  aucune 
trace  des  deux  uuires. 

Les  mamiiiirèrcs  île  la  famille  des  ngoulii  ont  plus  de  r-ip- 
porl  dans  l'appnreil  de  l'ulfacliou  a\ei;  les  piiru»-épics  qu'A- 
vec k'S  lièvres;  U  partie  elhmoMale  de  l'iippureil  egl  séparée 
Ae  l'antérieure  ou  maxillaire  par  un  bourscuOement  roniidÉ- 
nble  de  U  parni  interne  d»  sinus  maxillaire  qui  esl  Lrès- 
^and.  Du  reste,  l'vlhmoïdL'  n'u.  outre  un  petit  protongeuieni 
fimntn-nasal,  que  qiioire  lames  longitudinales  a.'seï  eouptes. 
Eart  éloignées  de  toucl^r  le  cornet  untéiieur,  qui  [«'l'âl  pruâ- 
que  composé  que  d'utte  lame  verticale  attachée  par  un  pédi 
«oie  médian. 

Dans  ces  animaux  ,  l'os  incisir fournit  aussi  une  espèce  de 
petit  cornet  à  l.i  partie  antérieure  et  inrêrieure  de  la  caiilé  ; 
«t  les  os  du  nei  en  ont  également  un  fprl  singulier  qui  plonge 
fresque  verticnlerneut  eu  aifiére  du  eoroel  intérieur,  et  dont 
l'euverture  est  en  avant. 

Il  n'y  a  pus  d'autre  sinus  que  te  maxill.iire. 
L'éléphant  présente  dans  la  partie  essentielle  de  Papparcil 
>de  l'olfactiiia,  un  certain  nombre  de  rapports  hvcc  ee  qui  a 
:a  dans  les  rongeurs.  La  cavité  est  médiocre  :  ce  qu'elle  oiïre 
^Êt  plus  singulier,  c'est  qu'elle  est  courbée  presque  à  angle 
)il  dans  sa  longueur;  c'est  <lans  la  |iurlie  antérieure  que  se 
luve  le  cornet  HiTérieur  qui  est  simple,  et  disposé  un  peu 
mme  dans  l*hommt-;  et  c't^sl  nu  sommet  rie  la  partie  pos- 
dirieure  qu'existent  les  cornets  ethmoïdaux  qui  m'ont  paru 
«WMei  peu  snbdivlsès. 
'  Les  sinus  supérieurs  sont  énormes, 'puisqu'ils  »e  conti- 
lUenl  dans  une  «trie  de  iiunibrcnse»  cellules  qui  séparent  lus 
leur  tailles  de  Inus  tes  os  du  i;ranc. 

'  Quant  RU  on,  il  est  cwiveriienn»  organe  de  préhension 
bnt  rrous  parlerons  plus  loiu  à  l'article  des  anomnlieâ. 


1 


1 


agS  I>K   LAPPAHEIL   DE    LODOHàT 

de  la  narine.  Dans  le  cheval,  il  est  fort  épais 9  et  se  porte 
transversuletnent  d'un  cartilage  marginal  à  riiulre,  confondu 
par  son  bord  antérieur  arec  le  muscle  orbiculaire  des  lèvres. 

Le  muscle  extenseur  latéral  ou  releveur  du  nez,  que  noos 
arons  vu  dans  le»  carnassiers  à  museau  prolongé  »  se  terminer 
sur  le  dos  de  cet  organe,  devient  duos  le  cheval  un  muscle 
releveur  puissant  de  la  lèvre  supérieure. 

L*liippopDtamti  qui  commence  la  section  des  ongulés  â 
système  de  doigts  pairs,  ressemble  beaucoup  au  cheval  pour 
la  partie  intérieure  de  ra]>pareil;  les  cornets  ethmoîdauz 
étant  assez  peu  considérables ,  et  rînférieur  simple  ;  mais  le 
nez  paraît  très  -  différent  ;  les  narines  sont  fort  petites, 
étroites,  semi-lunaires,  sans  repli  cutané  et  très-distantes 
Tune  de  l'autre  Je  ne  connais  pas  du  reste  la  structure  do 
nez  de  cet  animal. 

Le  cochon  offre  Pappareil  de  l'olfaction  le  plus  compliqué 
de  tout  le  groupe. 
Le  cochon.  Les  masses  de  l'ethmoîde  sont  assez  considérables;    le 

cornet  supérieur  ou  frontal  est  bien  di^trnct  ;  il  se  prolonge 
en  avant,  en  formant  plusieurs  anfractuo.^ités  dont  la  plus 
grande  se  continue  ayec  une  sorte  de  cornet  de  Tos  du  nez 
correspondant.  Quant  au  cornet  intérieur,  il  est  très-long,  et 
se  compose  de  deux  lames  enroulées  en  cornet  et  portées  sor 
une  lame  servant  de  pédicule  commun. 

Les  sinus  sont  énormes,  et  surtout  les  supérieurs,  qui 
avec  l'âge  dédoublent  tous  les  os  du  crône;  L'inférieur  ne  se 
borne  pas  an  sphénoïde  antérieur;  mais  il  se  prolonge  dans 
te  postérieur;  et  ce  qui  est  plus  singulier,  c'est  qu'il  des- 
cend dans  les  apophyses  plérygoîdes ,  et  remonte  dans  l'apo- 
physe malaire  du  temporal.  Le  sinus  ttioxiilairc  pénètre 'aussi 
dans  Tos  zygomalique. 

Le  nez  du  cochon  est  modiGé  en  un  organe  propre  à  fonil* 
kr^  à  chercher  la  nourritU/e  dans  1»  terre' ^ndus  enparleron» 
à  rarticle  des  aaomalietf»  ^  :  .,.,. 


=99 

Les  animaux  rumianns,  sous  le  rapport  de  l'organi;  du  li 
roiraction,  comme  sous  beaucoup  d'outrer,  sonlpre5<iiieun< 
lîÈremcnl  semblables  ;  ils  ne  diffirent  guùre  que  par  lu  l'orme 
do  oei. 

La  cavitô  olfactifc  proportionnelle  à  la  longueur  du  mu- 
seau, est  toujours  fort  grande;  les  lames  ethmoîdales  sont 
uu  nombre  de  quatre  à  cinq  disposées  presque  pnrjllèlemenl. 
Le  lornet  iorérieur  Torme  une  sorte  de  botte  prismaiiqtie, 
composée  de  deux  ou  trois  replis  qui  s'enveloppent  ;  il  est 
tris-allongè. 

Les  sinus  sont  asïei  développés  :  ce  que  le  i^upèrieur  ou 
(iroDlal  offre  de  plus  remarquable,  c'est  qu'il  se  continue 
dans  les  prolongement  qui  soutiennent  les  cornes  ou  les 
f,  voies ,  dont  le  front  de  beaucoup  de  ruroinans  est  armé. 
Le  iici  des  animaux  ruminans  oITre  deux  formes  partîcu- 
lîires  :  dans  l'une,  les  narines  toujours  â  peu  près  ovales  et 
0  peu  sigmoides ,  sont  ù  peu  prés  paralKIes ,  lr6»-dis- 
IDtes  l'une  de  l'autre  ,  et  an  milieu  d'un  large  muHe  ;  tous 
h  cerfs ,  une  partie  âvi  antilopes ,  les  bœufs ,  son)  dans  ce 
^-.^1.  Dans  l'aulrc  forme,  lia  narines  convergent  vers  la 
iRoison  médiane,  de  manière  A  @lre  fort  peu  éloignées  A  leur 
btrémilé  inférieure  et  aniérieitie.  Dans  ce  cas,  il  n'y  a 
lais  de  muQe  férilablc]  et  la  cloison  des  narines  olTre  une 
\Me  qui  partage  aussi  la  lèvre  supérieure  en  deux.  Les  cha- 
keaux ,  les  hmas  ,  un  certain  nombre  d'espèces  d'antilopes, 
ts  cbérres ,  tes  moulons ,  ont  celte  espèce  de  nei- 
'  Malgré  celte  différence  dan*  la  Forme  du  nei  des  ruminans, 
t'  paraît  qu'il  est  cepcndiinl  A  peu  près  loujours  composé 
dtmëme.  N'étant  jamais  mobile  en  totalité,  il  enrésulle  que 
k  cartilage  nasal  est  peu  solide,  peu  épais,  et  forme  une 
espèce  de  canal  qui  est  seulemeul  plus  mince  dans  certains 
'tadrniis,  de  manière  qu'on  peut  y  reconnaître  la  cloison  ,  le 
grillage  dorsal  et  mônie  l'alaire,  d'une  manière  nsseï  dis- 
tincte. Quant  aux  muscles,  l'élévateur  commun  n'enroie  pas 


I 


I 


1 


3oo  DE  l'appareil  de  l'odoeat 

é?ideinment  de  fibres  à  la  narine  ;  mais  au-dessous  de  lui  est 
un  élévateur  propre ,  ou  dilatateur,  qui  de  Tos  maxillaire  se 
porte  au  cartilage  latéral  auquel  il  s*insère  par  un  tendon  ; 
il  j  a  aussi  un  incisif  assez  évident  qui  peut  abaisser  le  bord 
inférieur  de  la  narine,  un  peu  renQé  en  bourrelet. 

Dans  les  mammifères  de  la  sous-classe  des  didelphes^  on 
ne  trouve  aucune  modification  qui  leur  soit  exclusivement 
propre,  comme  on  devait  bien  s*j  attendre.  On  y  observe 
même  les  différences  générales  que  nous  avons  signalées 
dans  la  première  sous-classe,  et  qui  concordent  assex  bien 
avec  Tespèce  de  nourriture;  ainsi  les  espèces  carnassières 
ont  Tappareil  de  l'olfaction  plus  développé  que  celles  qui 
sont  essentiellement  berbivores,  et  les  édentés  ont  souvent 
des  masses  ethmoldales  fort  considérables  ;  les  sarigues  ,  par 
exemple,  ont  la  lame  criblée  très>-grande  et  profondément 
cxcavée.  Le  cornet  inférieur  est  aussi  très-allongé  ;  remplis- 
sant presque  toute  la  partie  inférieure  des  fosses  nasales ,  il 
se  dichotomise  un  assez  grand  nombre  de  fois  pour  paraître 
presque  celluleux  :  le  nez  est  aussi  assez  conformé  comme 
celui  des  carnassiers,  il  est  nu  et  terminal. 

Les  phalangers  offrent  déjà  une  diminution  évidente  dans 
la  grandeur  de  la  lame  criblée  et  dans  retendue  et  la  division 
du  cornet  inférieur. 

Les  phascolomes  sont  presque  dans  le  cas  des  rongeurs 
ordinaires;  Pethmoîde  est  fort  petit;  le  cornet  supérieur  se 
prolonge  en  une  longue  lame  sous  Tos  du  nez ,  et  le  cornet 
inférieur  ou  maxillaire  est  peu  considérable  5  comme  bnlleux 
et  très-loin  d'atteindre  le  bord  de  Touverture  antérieure.  Le 
sinus  maxillaire  est  aussi  peu  large;  le  sphénoidal  est  nul, 
çt  le  frontal  est  presque  comme  dans  le  porc-épic. 

Le  nez  paraît  en  effet  semblable  à  celui  des  rongeurs. 

L*écbidné  et  rornitborhynque  sont  aussi  très-rapprochés 
sous  ce  rapport,  des  édentés  monodelphes  :  la  cavité  est  en 
général  ^llopgée^  étroite, d'abord,  puis  ensuite  élargie. 


DANS   LES    MAMMIFÈRES.  3oi 

Dans  le  premier ,  Tos  ethmoîde  est  énorme  ;  il  forme  une  Lëchida 
saillie  considérable  dans  l'intérieur  du  crâne;  elle  est  percée  9 
ainsi  que  la  fosse  ethmoîdale ,  d*une  infinité  de  trous.  Les 
lames  Tcrticales  de  cet  os  sont  proportionnelles  &  son  éten» 
due.  Le  cornet  inférieur  est  au  contraire  très- petit ,  fort 
allongé  f  simple  et  terminé  en  pointe ,  en  arant  comme  en 
arrière. 

Le  nez  est  presque  nul;  je  n'en  connais  pas  la  composi- 
tion; les  ouvertures  des  narines  ne  sont  que  deux  petits  ori- 
fices arrondis,  très-rapprochés  Tun  de  Tautre. 

L*ornithorhynque  paraît   avoir  son  appareil   d*olfaction  L*oraitbori 

ifÊÊm 

moins  développé.  D'après  ce  que  dit  M.  Home ,  on  y  yoit 
une  disposition  assez  analogue  à  ce  qui  existe  dans  les  mam- 
mifères avec  cette  différence  importante,  que  la  cavité  céré- 
brale ne  communique  avec  i^olfactive  que  par  un  seul  assez 
grand  trou ,  et  non  par  une  lame  criblée.  Des  deux  cornets 
qu'il  admet  de  chaque  côté,  le  postérieur  ethmoîdal  est 
plus  court  que  l'antérieur  ou  que  linférieur  qui  se  dirige 
longitudinalement,  et  dont  la  surface  externe  est  très-irré- 
gulière. 

Quant  au  nez,  il  en  existe  encore  moins  peut-être  que 
dans  réchîdné  :  les  orifices  des  narines  sont  de  simples 
trous  ronds,  très-rapprochés  entre  eux,  et  percés  dans  la 
membrane  qui  remplit  le  grand  espace  inter-maxillaire. 

Il  ne  nous  reste  plus  pour  t^miner  cet  examen  de  l'appa- 
rei!  de  l'olfaction  dans  la  première  classe  des  ostéozoaires , 
qu'à  décrire  les  anomalies  qu'il  peut  présenter. 

Ces  anomalies  sont  comme  toutes  celles  que  l'on  peut  ren-  ?^.  *"<>"*' 

■  *  de  lapparo 

contrer  dans  les  organes  extérieurs  de  deux  sortes;  elles       ^*^>àant 
peuvent  être  déterminées  pour  un  but  particulier  ,  pour  un 
usage  qui  n'appartient  pas  à  la  fonction  spéciale  de  l'or- 
gane* mais  qui  est  éyideot,  ou  bien  pour  un  usage  tout-à- 
fait  inconnu. 
Nous  rangeons  dans  la  première  catégorie  les  modifica- 


502  DE   l'appareil   DE   LODORAT 

tioDS  des  narines  ou  du  nez ,  déterminées  par  la  Décessîté 
qu'a  ranimai  i*  de  se  senrir  de  son  nés  pour  fouiller  dans  la 
terre  et  j  chercher  sa  nourriture;  2*  de  s'en  serTir  comme 
organe  plus  ou  moins  parfait  de  préhensiod  ;  3*  en6n  de 
plonger  dans  Teau,  d'y  poursuivre  >  d'y  saisir  et  même  d'y 
avaler  sa  proie. 

Dans  la  seconde  catégorie,  je  n'aurai  à  faire  connaître 
que  la  modification  du  nez  des  chauye-souris. 
for  foaii-       Dans  le  premier  cas  le  nez  seul  est  modiûé ,  et  il  est  con- 

,  ou  du 

utoir.  Yerti  en  ce  qu'on  nomme  un  boutoir.  On  peut  dire  que  l'o- 
rigine de  cette  modification  est  dans  le  nez  des  carnassiers  9 
et  surtout  des  espèces  chez  lesquelles  il  est  très-prolongé  y 
comme  dans  le  coati.  Le  boutoir  n'en  diffère  en  effet  qu'en  ce 
que  la  partie  antérieure  de  la  cloison  des  narines  est  pro- 
longée par  un  os  élargi  à  son  extrémité  ;  en  ce  que  les 
muscles  moteurs  de  ce  boutoir  sont  beaucoup  plus  subdi- 
risés,  plus  épais,  enfin  que  la  peau  qui  le  termine  plust)u 
moins  nue ,  reçoit  une  grande  quantité  de  nerfs. 

Dans  la  taupe,  qui  appartient  au  groupe  des  carnassiers  f  le 
muscle  élévateur  commun  forme  un  faisceau  considérable  qui 
s'insère  sur  les  parties  latérales  de  la  tête,  jusque  derrière 
et  au-dessus  du  conduit  auditif.  Ce  faisceau  se  subdivise 
ensuile  en  trois  muscles,  le  supérieur  va  sur  le  dos*du  bou- 
toir, où  il  forme  avec  son  congénère  une  membrane  tendi- 
neuse; Tinférieur  se  comporte  de  même  au-dessous  de  ce 
même  boutoir  ;  tandis  que  le  muscle  latéral  subdivisé  en 
deux,  va  par  deux  tendons  se  terminer  au  côlé  exleme  du 
cartilage  marginal. 

Il  y  a  en  outre  un  petit  muscle  abaisseur  ordinaire ,  et  un 
dorsal  transverse,  en  grande  partie  fibreux  ,  qui  enveloppe 
les  muscles  longitudinaux. 

Dans  le  cochon  ,  le  boutoir  est  moins  long ,  mais  encore 
plus  solide  que  celui  de  la  taupe  ;  il  est  du  reste  mû  par  des 
muscles  a  peu  près  disposés  de  même;  mais  qui  se  pro- 


DANS    LES    UAUHIFÊRES.  5o3 

longent  beaucoup  uti)irig  en  urrtt.-r>;  ;  le  plu»  supérieur- tient 
de  t'os  lucryiiial;  «<"i  lenilmi  se  icniiim:  prc-que  au  bord 
(t  na\  (lu  boiKuir  :  il  en  vient  lUux  luiéraux  Je  l'os  niaiJI- 
laire.  Va  autre  beaucoup  plu^  pelîl,  et  mr  un  phin  plus 
profond,  te  porte  obliquement  de  l'os  naa^il  uu  c^iiiljge 
inar|;inal  :  c'e^l  l'aniilugue  (tu  uiusi.le  court  dans  le  eliuval. 
Eirfiii  t 'incisif  «St  considéi  nble. 

Ce  boutoir  du  cachou  est  if^rminé  piir  une  large  plaque 
«erlicule  nue,  un  peu  «i^queuse,  diiiiii  laquelle  sont  penés 
les  oriGces  de»  iturines  en  forme  île  petits  trous  runds, 
Ij,  .     La  seconde  espèce  de  modilicntion  du  nt^i,  esi  celle  qui  le    i 
■^onrerlil  en  un  urf^uiie  de  pK-bcii^ion  :  pour  cela  il  se  pro- 
HP^Ilooge  plu»  ou  iiioiu»,  mais  seulement  dans  ses  parties  der- 
«lOÎdes  et  musculaires  :  c'est  ce  qui  forme  ce  qu'on  nomme 
onc  trompe. 

Le  tapir  est  le  mammifère  (i)nCi  l'oDCommcnce  à  observer 
un  premier  degré  de  di-Teloppeiiieiil  de  cel  organe. 

Je   n'ai    pas   disséqué    la  trompe  du  tapir;  c'eiil  d'tiprês 

H.  Ciivier  que  j'en  parle  :  elle  est  composée  du  prolunge- 

roenl  de  lu  membrane  des  narines,  formant  deux  luyaus 

membraneux,  ci  de  celui  de  la  peau  ,  entre  lesquels  sont  des 

_-,,&r(-s  musculaires  de  deux  sorten,  les  unes  intrinsèques,  sa 

^Hnrlant  de  l'enveloppe  externe  à  t'interne,  et  les  autres  ex- 

^ntïnsèqite^  :  celle»-L'i  prorietineril  de  dilTérens  muxcles  longi- 

^BtBdinaux.  Le  releveur  direct  est  lounti  par  un  tendon  qui  pro- 

¥ — 

(l)  D'aprt*  Pi-ran.  une  f^nnde  (spèce  de  phoque  ii 
■ciïble  ^t  pmlr.tigdj    ouii  an  en   ignore  complËleiucnl  la  i 
J'ai  mCnic  p'Dié  qii<.-  la  figure  qu'il  u  doaiiéi;  de  6on  phoque  a 

liif-D  tire  iaciacfe.  C<^  qu'il  j  a  de  crHiîn,  c'«*t  que  le  mile 
in  de  cipcrt  4t  phoque  dyamcn  du  Sud  (pAoo 
e  linguiiéri.-  modiGcaliua  du  nei,  ea  ce  qu'il  pcul  dire  gonllé 
(tirigé  eaiome  uni'  tarir  de  leuie;  pcul-Slre  celd  eit-il  dd  au  grand 
trtoppfraeDl  du  s^ilcmc  taKuUirr. 


I 


3o4  i>B  l'appareil  de  l'odorat 

Tient  du  cerfico-nasal ,  et  qui  se  fixe  à  la  base  de  la  trompe. 
Il  y  en  a  un  autre  analogue  au  relereur  de  la  lèyre  supé- 
rieure du  cheTaly  avec  cette  différence  que  c'est  au-dessus 
des  naseaux  qu'il  se  termine  dans  le  tapir  ;  enfin  les  fibres 
longitudinales  sont  fournies  par  deux  portions  du  oiusclc  re- 
leveur  commun ,  qui  Tiennent  d'au-dessous  de  Toeil. 

^éphant.  Mais  c'est  dans  l'éléphant  que  la  modification  pro|^08cidale 
du  nex  est  arrivée  au  summum  de  son  développement.  Je  vais 
la  décrire  avec  quelques  détails ,  d'après  mes  propres  obser> 
Tations. 

proM  exu-  La  trompe  de  l'éléphant  forme  une  masse  conique  énorme, 
flexible  dans  tous  les  sens  et  dans  tous  les  points,  suscep- 
tible de  se  raccourcir  et  de  s'allonger  ;  mais  dans  son  état 
ordinaire,  pouvant  aisément  atteindre  à  terre  sans  que  l'a- 
nimal soit  obligé  de  baisser  la  tête.  La  peau  qui  la. recouvre 
à  l'extérieur ,  ne  diffère  pas  de  celle  du  reste  du  corps  ;  on  y 
remarque  seulement  des  rides  transversales  nombreuses  qui 
lui  donnent  un  peu  la  dii^position  subarticulée ,  et  dans  les- 
quelles se  passent  les  mouvemens  de  raccourcissement  et 
d'allongement.  Elle  est  traversée  dans  toute  sa  longueur  par 
la  continuation  des  fosses  nasales  qui  forment  deux  longs 
tubes,  séparés  entre  eux  par  une  cloison  beaucoup  plus 
épaisse ,  et  surtout  d'une  structure  toute  différente  que  celle 
des  narines  proprement  dites  :  elle  est  en  effet  en  grande 
partie  musculaire,  comme  nous  allons  le  voir  tout  à  l'heure. 
Elle  commence  en  haut  au  bord  antérieur  du  septum  carti- 
lagineux, et  elle  se  termine  obliquement  dans  l'espèce  de 
petit  entonnoir  que  forme  le  nez  à  son  extrémité.  Nous 
avons  déjà  fait  observer  que  le  bord  de  cet  orifice,  qui 
semble  unique,  se  divise  en  deux  parties,  l'une  postérieure 
ou  le  talon,  la  paume,  et  l'autre  antérieure  qui  se  pro- 
longe en  forme  de  doigt. 

t^rieure.  La  membrane   qui  tapisf^e  ces  tubes   n'est  donc  que  la 

continuation  de  la  membrane  des  narines  ;  mais  elle  n'en 


DANS   LES   MAUMIPÉRF.S.  3o5 

ofite  pas  la  uiodifjcntion  alfuclive  ;  elle  est  assez  9i,'che  ,  assez 
lis»e,  quoique  un  peu  crypteu^ic,  et  toujours  fort  adhérente 
au  tissu  sous-jaceai;  vers  son  extrcmilë  extérieure,  c'esl-â- 
dire  dans  l'éTasement  de  la  trompe,  elle  est  ridée  irrégulië- 
rwneni,  &  pou  prés  comme  la  peau  du  dos  de  la  main  de 
l'homme. 

La  cavité  proboscidale,  ditns  sa  caolinuatioD  avec  la  fosse 
nasale  correspondante ,  ne  m'a  offert  ni  valrule,  ni  rétré- 
cissement évident;  elle  va  même  toujours  en  n'élargissant 
eraduellcment  jusque  la  flexion  de  la  cavité  nasale,  c'est-à- 
dire  au  deli  du  cornet  inférieur,  ou  sous  le  cartilage  dorsal 
du  nei  qui  est  assez  large,  scutiforme.  mais  peu  prolongé, 
puisqu'il  dépasse  â  peine  le  cornet  inférieur.  L'os  du  nez, 
comme  nous  le  verrons  plus  lard,  est  encore  beaucoup  plus 
remonté  et  trës-court. 

Les  muscles  qui  meuvent  cet  organe  en  totalité  ou  dans 
ses  différentes  parties,  sont  de  deux  sortes;  les  uns  sont 
réellement  d'ubord  extrinsèques,  parce  qu'ils  ont  leur  ori- 
gine aux  os  de  la  tête  ;  mais  ils  deviennent  peu  à  peu  tout-ù- 
fait  intrinsèques,  en  ce  qu'ils  sont  continués  dans  toute  la 
longueur  de  la  trompe,  par  de  nouveaux  faisceaux  qui 
naissent  dans  l'êcartement  de  ceux  qui  viennent  de  finir, 
et  qui  se  succèdent  ainsi  jusqu'il  l'extrémité  de  l'organe  où  ils 
se  Confondent  tous  en  formant  un  tissu  contractile  presque 
homogène,  il  peu  près  comme  dans  la  partie  antérieure  de 
la  langue  des  mammifères.  J'en  compte  trois  de  cbaque  cûlé  ; 
mais  comme  le  supérieur  et  l'inférieur  d'un  cOté  se  réunissent 
à  ceux  de  l'autre,  je  ne  vais  les  décrire  que  sous  trois  titres 
seulement.  Ce  sont,  comme  dans  les  autres  mammifères: 
l'un  muscle  élévateur  formé  par  une  masse  énorme  qui 
prend  son  attache  supérieure  par  plusieurs  faisceaux  dis- 
tincts A  la  ligne  supérieure  du  front ,  A  l'os  du  nez  ,  au  carti- 
lage dorsal ,  au  côté  externe  de  l'ouverture  nasale  ;  de  ces  diffé- 
*  points,  lesfaisceauxcomposans,  placés  de  champ  ,^con- 


3o5  ^H 

ente  M 


I 


^ren*  pomts ,  l 


5o()  DE  l'appareil  de  lodorat 

▼ergeot  rers  l'axe  de  la  trompe,  en  adhérant  par  leur  lM>rd 
'  supérieur  à  la  peau ,  et  par  Tautre  à  un  (issu  cellulaire  serré  9 
d'où  naissent  d'autres  petits  muscles  qui  ?OQt  aux  conduits. 
Eicvateur latë-  3*  Un  muscle  éléyateur  commuu  qui  est  latéral,  un  peu 
inférieur,  et  plus  superficiel ,  naît  en  dehors  du  maxil- 
laire ,  au-dessous  de  l'orbite ,  de  toute  la  face  externe  de  l'os 
incisif,  et  enfin  de  la  circonférence  de  l'aWéole  de  la  défense. 
Ses  fibres,  formant  une  couche  plus  mince  sur  ses  deux 
bords  où  elle  s'applique  sur  le  muscle  éléyateur  et  sur  le 
suivant,  se  partagent  en  petits  nmscles  assex  distincts ,  posés 
à  plat ,  qui  se  portent  d'abord  obliquement  de  dehors  en  de- 
dans, puis  d'autant  plus  dans  la  direction  de  la  trompe ,  qu'ils 
approchent  davantage  de  son  extrémité;  ils  se  terminent 
d'abord  à  la  lèrre  elle-même ,  puis  successirement  dans 
toute  la  longueur  de  la  trompe ,  mais  sans  jamais  atteindre 
le  canal  des  narines.  3*  Un  muscle  abaisseur  qui  est  encore 
beaucoup  plus  épais  même  que  le  supérieur;  il  occupe  toute 
la  moitié  inférieure  de  la  trompe ,  sans  cependant  dépasser 
le  bord  inférieur  des  canaux  ;  caché  en  dehors  et  en  haut  par 
le  bord  inférieur  de  Téléyateur  dorsal,  dont  il  est  séparé  par 
le  faisceau  des  artères  et  des  nerfs ,  en  dehors  et  en  dessous  par 
l'élévateur  commun ,  il  n'est  tout-à-Cait  sous-cutané  que  dans 
sa  partie  inférieure.  Il  naît  de  l'os  incisif  dans  la  plus  grande 
partie  de  sa  sui^fiice  antérieure  et  même  postérieure,  ainsi 
que  du  rebord  alvéolaire  confondu  arec  l'éléyateur  commun. 
Ses  premiers  faisceaux  vont  obliquement  de  l'os  iocbif  à  la 
partie  inférieure  du  canal  nasal,  plus  ou  moins  immédiatement; 
mais  tous  les  autres  sont  verticaux,  et  vont  réellement  de  la 
peau^Ace  même  canal;  les  fibres  deviennent  de  plus  en  plus 
perpendiculaires  Aeelui-ci,  et  par  conséquent  parallèles  entre 
elles  ;  les  faisceaux  médians  s'écartent  même  un  peu  en  dehors 
de  manière  à  former  au  milieu  de  la  partie  inférieure  de  la 
masse  probosoidaie  un  asseï  large  espace ,  rempli  par  an  Ustn 
celhilaiQS  vefneax,  et  par  des  fibres  moscolaîres  treasverses. 


Ainsi  le  mode  de  terminaison  des  rnîaceauz  d'origine  et 
des  faisceaux  nouTeaiti  de  ce  muscle  abaisseur,  est  toul  dif- 
rérent  de  ce  qui  a  lieu  pour  l'élé valeur  propre  et  même  puur 
l'élévateur  commun.  Ces  ftiisceaux  sont  du  reste  de  mitin^ 
en  moins  distincts,  A  mesure  qu'ils  approchent  de  l'ex- 
Irèmilé  de  l'urgaoe  où  ils  s'Irrjdient  à  tous  les  points  de  lu 
peau  qui  forme  le  bourrelet  iurérieur  de  l'orifice  de  ta 
trompe. 

Les  muscles  Intrinsèques  sont  ceux  qui  n'ont  aucune  at- 
tache au  système  osseux .  et  qui  sont  au-dessous  de  la  couche 
épaisse  formée  par  les  précédens.  Ces  muscles  înlrinsèques 
sont  de  deux  sortes  :  les  premiers,  dont  on  peut  encore 
trouver  l'analogue  dans  quelques  libres  (ransverses  du  muscle 
incisif  des  autres  mammifères  qui  se  répéteraient  dans  toute 
la  longueur  de  la  cloison  ;  ce  sont  de  petits  faisceaux  irans- 
Tcrses  qui,  d'abord  plus  long<i,  occupent  l'espace  concave 
formé  par  l'écarlcmeat  des  fibres  internes  du  muscle  abais- 
seur,  et  qui  en^pile  existent  aussi  dans  la  cloison  épaisse  qui 
sépare  les  canaux  membraneux. 

Il  est  (ilus  difficile  de  trouver  l'analogue  de  la  seconde 
sorte  des  muscles  intrinsèques  de  la  trompe;  ils  sont  au-des- 
sous de  la  couche  épaisse  formée  par  les  muscles  extrin- 
sèques, et  surtout  par  rélévaleur,  entre  les  faisceaux  des- 
quels ils  prennent  naissance  du  tissu  cellulaire  qui  les  sé- 
pare, et  même  de  celui  de  la  peau,  pour  se  terminer  aux 
conduits  Gbro-muqueux.  La  direction  de  leur?  libres  esl  donc 
tout-à-fait  perpendiculaire  k  celle  des  muscles  longitudinaux  ; 
mais  les  longues  cloisons  qu'elles  forment  leur  sont  parallèles; 
en  sorte  qu'on  peut  concevoir  qu'il  y  a  autant  de  muscles 
que  la  cloison  a  de  fibres.  Ces  espèces  de  cloisons  sont  sépa- 
rées entre  elle»  par  beaucoup  de  graisse,  et  c'efit  au  poiiil  de 
leur  nrigine  du  tissu  cellulaire  qui  les  sépare  des  lames  du 
Durcie  élévateur,  que  se  trouvent  les  cordons  nerveuxi  les 
■4rtires  et  les  veines  qui  nourrissent  et  animent  oe  nei  pro- 


Hflirtères  et  les  veines  < 


I 


30   Pont  tirre 
dans  TeMi. 


Daot  Ict 
phoqtiM,  elc. 


Dans 
1m  o^lacës. 


3o8     DE  l'appareil  de  l'odouat 

boscidal,  et  qui  soDt  proportionnels  à  son  énorme  déyelop- 
pemeot. 

La  modification  anomale  que  nous  Tenons  de  faire  con- 
naître dans  réléphant,  n*a  essentiellement  lieu  que  dans  la 
partie  accessoire  qui  forme  Porifice  antérieur  de  la  cavité 
olfactive  ou  dans  le  nez  :  celle  dont  nous  allons  maintenant 
nous  occuper  est  beaucoup  plus  profonde,  puisqu'elle  existe 
non-seulement  dans  cette  partie,  mais  encore  dans  Tor- 
gane  lui-mfiine  ou  dans  la  membrane  pituitaire  :  elle  se 
trouve  en  rapport  avec  la  nécessité  de  plus  en  plus  grande 
où  ae  trouva  Tanimal  de  vivre  au  milieu  d'un  fluide  qu*ii  ne 
peut  respirer,  ou  dans  l'eau ,  et  par  conséquent  elle  con- 
cordé avec  l'appareil  de  la  respiration  ,  comme  nous  le 
Terrons  plus  tard. 

Cette  modification  n'arrive  cependant  pas  de  suite  à  son 
summum  :  elle  commence  d'abord  par  n'être  perceptible  que 
dans  la  forme  des  orifices  extérieurs  des  narines  qui  sont 
moins  ouTerts,  etqui  sont  même  quelquefois  complètement 
fermés  dans  l'état  de  repos.  La  loutre,  parmi  fes  carnassiers, 
l'ondatra,  et  surtout  le  castor  parmi  les  rongeurs,  le  la- 
manlio  ,  le  dugon,  l'hippopotame  parmi  les  ongulés,  et 
peut-être  l'ornithorhjrnque  parmi  les  didelphes,  sont  dans 
le  premier  cas  à  ce  qu'il  me  semble  ;  mais  les  phoques  sont 
certainement  dans  le  second.  L'ouverture  de  la  narine  alors 
D^est  qu'une  simple  fente  courbée  en  C ,  formée  par  lès  deux 
branches  du  cartilage  de  Torifice  dont  l'externe  se  colle 
•zactement  sur  l'interne.  Il  en  résulte  qu'il  faut  un  effort 
musculaire  pour  ouvrir  la  narine;  et  il  est  prodoit  par  le 
muscle  que  nous  avons  appelé  le  dilatateur  des  narines, 
alors  plus  développé  qu'il  n'est  habituellement. 

Mais  c'est  dans  les  véritables  cétacés  que  la  modification 
est  la  plus  profonde,  au  point  que  l'npparcil  de  Toffaction 
ordinaire  ne  sert  plus  qu'à  la  respiration  ,  et  quefquefois  à 
la  sortie  de  Tenu  que  l'animal  a  introduite  dans  là  caTÎté 


DANS   LBS    MAUUIFÉRES.  JÔ9 

buccale  avec  sa  proie.  D'abord  ,  pour  la  fadlilê  de  celte 
fonclioii ,  au  lieu  que  la  cnrilé  olfaclive  se  trouve  dans  la 
(lirccUoa  horizontale  ou  dans  le  prolong^fuicnt  du  troue  ,  elle 
suit  celle  qu'a  prise  In  lèle  de  la  Irachée-arlëre  ou  le  larjnx 
qui  se  recourbe  en  haut ,  presque  il  angle  droit ,  pour  se  ter- 
minerA  ïd  ratine  du  front;  il  en  résulte  que,  quoique  située 
réellement  entre  les  niâmes  os  que  dans  lus  autres  mammi- 
fères, celte  c.iTité  est  beaucoup  moinij  grande,  tout-â-fait 
verticale  et  réellement  réduite  au  canal  respiratoire.  On  n'y 
aperçoit  en  effet  aucune  trace  des  cornets  supérieurs  ou 
etfamoîdaui.  On  pourrait  penser  qu'ils  ont  été  toul-â-fail 
rejetés  en  dehors,  et  qu'ils  esisicnl  sous  une  funoe  souvent 
assetbiiarrc»  dans  une  espèce  de  siuus  maxîlluire  creusé  à  lu 
racine  de  cet  os  sous  la  vodie  orbitaire,  en  dcdau»  et  ep 
aranl  de  l'œil ,  et  qui  se  continue  en  haut  et  un  peu  ea  ar- 
rière pour  former  une  sorte  de  sinus  frontal.  Mais  je  seruis 
plus  porté  ù  penser  que  l'os  quelquefois  en  forme  de  poire, 
qui  se  trouve  dans  ce  sinus  ,  est  le  rudiment  du  cornet  inlé- 
rieur.  Quoi  qu'il  en  soit ,  la  cavité  qui  le  conlienl  n'a  certai- 
aucune  communication  avec  le  conal  nasal ,  ni  métnc 
Wec  l'extérieur;  au  contraire  ,  elle  communique  en  arrière 
te  un  outre  sinus  situé  en  dehors  du  l'apophyse  plèrygoldet 
{ui  se  trouve  en  rapport  arec  la  trompe  d'EusIache.  Je 
s  également  certain  qu'elle  ne  se  prolonge  pas  en  avant 
lus  l'écarlcment  des  os  incisifs ,  écartement  qui  est  enlière- 
nent  rempli  par  la  cloison  cartilagineuse  du  vomer. 
■  La  membrane  qui  tapisse  celte  cavité  nasale  est  dure, 
•èche,  fibreuse,  ne  reçoit  qu'un  extrêmement  petit  nombre 
de  vaisseaux  et  de  nerfs ,  en  un  mot  n'offre  aucun  des  carac- 
tères d'une  membrane  olfactive.  Celle  qui  se  trouve  dans  le 
•iaus  maxillaire  est  évidemment  plus  molle  et  surtout  beau- 
Wup  plus  vasculaire  :  os  remarque  en  effcl  qu'elle  est  ta- 
pissée par  un  lacis  veineux.  Ainsi  la  disposition  de  la  mem- 
e  olfactive  des  cétacés,  en  siipfosont  que  celle  du  sinus  le 


I 


3io  DE  l'appareil  db  lodorat 

soit  9  est  tout*ù-fait  opposée  à  ce  qui  a  liea  dans  les  mamnii- 
fères  ordinaires  :  c'est  la  partie  supérieure  ou  ethmoidale  qui 
est  la  plus  sèche  5  et  rinférieure  ou  maxillaire  qui.  est  la  plos 
molle.  Elle  me  semble  le  devenir  encore  davanta^ ,  et  par 
conséquent  plus  olfactive,  lorsqu'elle  est  parrenue  Tcrs  l'ori- 
fice extérieur;  elle  forme  en  effet  dans  le  bourrelet  fibro- 
musculaire  qui  le  ferme,  des  espèces  de  poches  bîeo  sjmé- 
triques,  c'est-à-dire  semblables  à  droite  et  à  gauche,  mais 
qui  paraissent  varier  de  forme  et  d'étendue  suivant  les  es- 
j^èces.  J'en  ai  trouvé  trois  de  chaque  côté  dans  le  manouio 
ordinaire  :  la  première  est  antérieure  et  inférieure;  on  y 
trouve  des  espèces  de  replis  ou  dé  circonvolutions  formées 
par  une  sorte  de  cartilage  fort  c<Mfipliqué,  et  sur  lequel  est 
appliquée  la  membrane.  Cette  poche  communique  par  une 
large  ouverture  avec  la  cavité  nasale.  La  seconde  est  au  con- 
traire supérieure  ;  de  chaque  côté  de  la  cloison  est  Torifice 
qui  y  conduit;   elle  forme  des  anfractuofités  asseï  nom- 
breuses et  irrégniières ,  creusées  tfans  >inè  sorte  de  masse 
fibreuse.  De  sa  partie  antérieure  et  inférieure  naît  un  long 
prolongement  qui  passe  derrière  la  poche  antérieur»  ,  et  qui 
se  recourbe  vers  la  ligne  médiane,  de  maatère  à  tonoher  celui 
du  côté  opposé.  Enfin  la  troisième  poche  nasale  est  plus 
petite  et  plus  simple  ;  elle  existe  au-dessous  d'une  espèce  de 
tdhipon  dont  nous  allons  parler,  et  qui  sert  à  fermer  Porifice 
des  narines. 

La  membrane  qui  tapisse  ces  différentes  poches  est  noire , 
molle,  et  pourvue  d'un  grand  nombre  de  petites  papilles  :  elle 
adhère  peu  à  la  surface  des  corps  qu'elle  revêt. 

'Dans  le  dauphin ,  |e  n'ai  trouvé  que  les  deux  poches  prin- 
cipales; l'antérieure  et  inférieure  moins  profonde  $  moins 
plissée  que  dans  le  marsouin  ;  et  la  supérieure  qui  ne  forme 
pas  d'an fractuosités,  et  qui  descend  immédiatement  appli- 
quée sur  les  os  du  museau. 

Le  marsouin  à  froni  hoi(0è  offre  encore  une  disposition  ua 


DANS    LES    UAMMIFERE6.  Jl  I 

peu  dilTérenlu,  sinoD  dans  la  poche  aolérieure  et  superfi- 
cielle qui  esL  A  peu  pris  oomme  dans  le  mursouio  ordinaire, 
mais  dans  oelle  qui  est  supérieure  et  collée  contre  les  os; 
elle  ■  KO  effet  trois  culâ-dc-sac  considérables,  dont  l'un  se 
recourbe  en  dedans  <  et  dont  les  deux  autre»  se  proloogeot  le 
long  de  la  racine  du  museau  :  elle  communique  du  reste 
toujours  arec  l'entrée  de  la  cavité  nasale  pur  une  asseï  petite 
OUTerture  oblique. 

Les  orilices  de  cette  singulière  cavité  olfactire  sont  aussi 
profondément  modifiés.  Le  postérieur,  par  une  dispoaiiioa 
particulière  des  muscles  du  voile  du  palais  que  nous  connaî- 
troosplus  tard,  peut  embrasser  complètement  la  tracl)ée-ar- 
tère  qui  remonte  daus  les  fusses  nasales;  et  l'antérieur  eu 
auui  totalemeut  fermé  dans  l'état  de  repos,  à  l'uide  d'une 
es pé4»  de  tampon  fibro- musculaire  dont  il  noua  reste  à  donnée 
li^  description. 

Une  première  singularité  de  l'oriGce  extérieur  des  narines 
des  Glacés,  c'est  leur  position  à  la  partie  la  plus  élevée  de 
U  ligne  dorsale ,  depuis  l'extrémité  plus  ou  moins  antérieure, 
ADinrae  dans  les  cachalots ,  jusqu'à  l'occiput  ou  à  l'origine  du 
fMi  I  comme  dans  certains  dauphins  ;  et  cependant  leur  oriCce 
^Hcuxesl  toujours  à  la  racine  du  front;  mais  dans  le  ca$  où 
Jtarl&ce  cutané  n'est  pas  i  la  même  place,  il  se  prolonge 
A  l'étal  membraneux,  soit  eu  avant,  soit  en  arriére. 

Une  autre  chose  particulière  à  la  plupart  des  cétacés,  c'est 
^e  la  cloison  des  narines  qui  est  alors  totalement  osseuse , 
M  se  prolonge  que  fort  rarement  jusqu'à  l'extérieur,  en  sorte 
^'il  n'y  a  alors  qu'un  seul  ori£ce  extérieur  pour  les  deux 
JÊHnaes. 

On  donne  il  cet  orifice  le  nom  à'évent  :  quand  il  est  simple, 
U  fonne  une  fente  semi-lunaire  dont  les  cornes  sont  le  plus 
souvent  dirigées  en  arrière,  mais  qui  le  sont  aussi  quelque- 
fois en  a 


1 


I 


jL        Cette  fente  t: 


formée  par  deux  hni 


relels  : 


3ia  DE  l'appareil  de  l'odorat 

Tan  supérieur^  peu  mobile,  est  partagé  en  deux  pariies  par 
la  cloison  des  narines;  l'autre 9  inférieur,  beaucoup  plus  mo- 
bile, est  composé  de  deux  terres,  une  externe,  plus  molle, 
{»lus  minee  ;  et  l'autre,  interne,  se  moulant  exactement  sur 
le  bouîlrrelet  supérieur  contre  lequel  elle  s'applique. 

La  substance  qui  compose  ces  bourr^ets,  et  surtout  l'In- 
férîeur,  est  d'un  tissu  fibreux  si  serré ,  qu'elle  semble  presque 
cartilagineuse. 
Det  muicief .  Le  muscle  prmcipal ,  qui,  en  déprimant  le  tampon  inférieur, 
ouTfe  l'orifice  des  narines,  est  un  muscle  abaisseur  qui 9  né 
de  toute  la  partie  antérieure  et  supérieure  'de  l'os  incisif,  se 
teftnine  dans  le  bourrelet  inférieur  :  se»  fibres  sont  entre- 
mêlées d'une  grande  quantité  de  -graisse.  Les  autres^  sont 
dilatateurs  :  l'un  est  superficiel  ;  il  nait  de  toute  la  circonfé- 
rence de  la  crête  frontale,  en  blessons  de  l'orbite' et  même 
de  l'os  de  la  pommette,  et  ses  fibres  conrergentes  Tont  se 
terminer  au  bourrelet  supérieur,  presque  dans  la  ligne  mé- 
diane. L'autre  muscle  dilatateur  est  cacbé  en  partie  par  le 
précédent;  il  est  plus  latéral  ;  ees  fibres  prennent  leur  origine 
rers  l'arcade  zygomatique,  et  elles  vont  ee  térmilier  Ters 
l'angle  de  TéTent,  et  surtout  ft  la  poehe  superficielle  qu'elles 
doirent  dilater.  Ainsi  les  muscles  des  narines  des  daupbios, 
sont  un  abaisseur  ou  incisif,  un  élévateur  direct  et  un  éléta* 
teur  latéral  ;  comme  dans  les  autres  mammifères* 

TeHe  est  la  disposition  de  l'orifice  extérieur  des  nariàes 
dans  les  cétacés ,  chés  lesquels  il  semble  unique ,  et  se  troure 
presque  immédiatement  correspondre  à  l'orifice  osseux.  J'i- 
gnore complètement  ce  qu'il  est  chez  ceux  qui  ont  deux 
orifices  distincts ,  comme  les  baleines ,  ainsi  que  chei  ceax 
qui  ont  un  tube  membraneux  plus  ou  moins  long  i  elilre 
l'orifice  osseux  et  l'orifice  cutané,  comme  les  cachalots. 
Aucun  auteur  n'en  a  parlé;  mais  il  est  fort  probable  que  les 
différences  ne  sont  pas  grandes ,  ayec  ce  que  nous  Tonons  de 
décrire  dans  les  dauphins. 


DANa    LES    UAUMIFÉRES.  5lJ 

Il  nous  reste,  pour  terminer  ce  qui  regarde  l'appareil  de   i 
l'oiraclion  dans  les  mammifères  ,  ù  dire  quelque  chose  sur 
l'anoiDalieque  prêsenlent  plusieurs  espèces  de  chéiroptères, 
anomalie  qu'il  noua  n  été  impossible  jusqu'ici  de  rupponer  h 
aucune  raison  ua  peu  plausible  ,  et  qui  consiste  dans  des 
replis  et  des  expansions  membraneuses,    environnant  l'o- 
rilice  des  uarines.  Un  assci  grand  nombre  d'uaimaui  de  celte 
famille  n'en    offrent    cependant  aucun  indice  :   telles   sont 
les  roussettes,  les  chauve-souris  proprement  diles,  les  nocti- 
lions,  doni  les  narines  sontâ  peu  prés  ce  qu'elles  sont  dans 
les  autres  mammifères.  Les  oriGces  sont  cepeudant  ordinai- 
rement très-distanis ,  ce  qui  est  dû  à  la  l'orme  du  cartilage 
lubiforme  qui  est  fort  renQé  en  dedans  ,  un  peu  comme 
du»  les  sapajous  :  mais  duns  les  phyilostomes  il  n'en  est 
plus  ainsi;  lu  cavité  nasale  est  assez  peu  considérable,  et 
surtout  (rès-courte.  Les  coroets  sont  en  général  peu  subdi- 
visés, el  ne  forment  que  (luclqucs  lames  irrègulières.  11  n'y 
a  de  sinus  que  le  maxillaire,  et  la  lame  criblée  n'a  presque 
qu'un  seul  trou.   Le  net  proprement   dit  est  au  contraire 
extrêmement  développé,  non  pas  en  longueur,  mais  en  lar- 
(jeiir,  pour  boucher  l'orifice  oiseux  qui  est  très-grand.  11  est 
iMpeudant  toujours  l'orme  du  cartilage   lubiforme  et  de  la 
[  l^rtioa  alaire.  Le  premier  se  relére  dans  la  ligne  médiane, 
r  oA  il  aTait  contribué  À  prolonger  la  cloison  ;  après  un  él.ir- 
1  gissemeot  qui  produit  de  chaque  c6té  une  sorte  de  petit  oper- 
l'oriGce  de  la  narine,  il  se  relève ,  se  prolonge  en 
I  «Tant   en    formant   un  petit   capuchon  ;    du  dos  de  cette 
\  ftTnnce  s'élève  ensuite  au  milieu  du  front  une  crête  qui  se 
une  feuille  triangulaire  dont  la  face  antérieure  pré- 
I  Mole  quatre  petites  excavations  symétriques.  Cetic  feuille 
Ml  plus  ou  moins  libre;  il  n'en  est  pas  de  mSme  du  cartilage 
llaire;  celui  d'un  cfité,  réuni  à  l'autre,  forme  en  avant  et 
H)  dehors  de  l'ouverture  des  narines  une  large  expansion  qui 
[  ressemble  uo  peu  à  un  fer  û  cbcval  échancré  dans  le  milieu 


3i4  i>£  l'appareil  de  l'odorat 

de  soD  bord  antérieur ,  et  qui  recouvre  la  plus  ^ude  partie 
de  la  lèvre  supérieure.  Ce  cartilage  te  joint  du  reste  à  la 
portion  phylloîde  par  une  excavation  ou  repli  bien  marqué. 

L'oriOce  de  la  narine  est  une  petite  fente  sigmoide»  percée 
au  côté  interne  de  ce  cartilage  qui  lui  fournit  aussi  une  petite 
Urne  externe  operculiforme  ;  mais  elle  est  cependant  bien 
évidemment  ouverte  dans  l'état  de  mort. 

La  peau  qui  revêt  ces  expansions  cartilagineuses  est  à  peu 
près  nue,  ou  n^est  couyerte  que  de  quelques  poils  rares  et 
longs,  surtout  sur  la  feuille. 

Les  muscles  moteurs  de  la  plaque  qu'elles  forment  sont, 
comme  dans  les  autres  mammifères  :  i*  un  OMiscle  dorsal, 
qlsi  de  l'os  frontal  et  nasal  se  porte  à  la  racine  de  la  feuille; 
3*  nu  muscle  élévateur  propre ,  plus  considérable»  proTenant 
de  l'os  maxillaire ,  et  se  terminant  sous  le  eartilage  alairs  ; 
3^  et  enfin  la  portion  incisive  du  muscle  de  la  lèvre  sapé* 
rieure. 

La  description  que  |e  viens  de  donner  est  feite  d^près  l'es- 
pèce dont  le  nés  est  le  plus  compliqué,  c'est-à-dire  dtaprès 
le  rfainolophe  de  nos  pays.  Dans  les  phyllostomes  proprement 
dits^  et  dans  les  mégadermes,  les  différences  paralseent  ne 
consîsler  que  dans  une  proportion  moins  grande  des  deux 
parties  de  la  plaque  nasale  et  dans  sa  forme,  et  elles  de* 
viennent  des  caractères  purement  soolôgiques. 

m 

B,  Dans  les  oiseaux, 

^oBsiHéntiooi  A  n'en  fuger  que  d'après  l'appareil  de  l'olfaction ,  et  d'après 
%éS^^^*  les  raisons  établies  à  priori  dans  les  considérations  générales 
sor  ce  sens,  on  serait  porté  à  croire  que  cette  classe  d'ani- 
maux aurait  l'odorat  moins  fin  que  les  mammifères ,  et  ce- 
pendant les  faits ,  Comme  nous  le  verrons  dans  la  physiologie , 
semblent  déposer  contre  cette  induction  :  peut-être,  il  têk 
vrai,  cela  tient-il  à  la  place  extrêmement  fiivorable  que  les 


DANS  tES  OISEArx. 
oiseaui  occupent  ordinDJrtmenl  daiia  l'espace  ,  et  qui  leur 
permet  de  recueillir  avec  la  plu»  grande  facilJIÈ  les  molécules 
«dorantes  dans  leur  eipnnsion  ;  mab  c'est  ce  que  nous  ne 
déciderons  pas  en  ce  moment. 

La  membrane  olfactive  présente  du  rcsie  à  peu  prts  lus   i 
mêiDcs  modifications  que  duns  les  mammifères  ;  peut-fiire 
cependant  est-elle    un  peu  moins  Gbrense,  et  le  système 
crypteux  y  produil-il  une  plus  grande  quantité  de  matière 
-visqueuse. 

Quant  A  la  cavité ,  elle  est  aussi  ii  peu  prAs  semhlablcment  i 
fonnée  ;  mais  elle  e,*t  généralement  plus  petite.  D'abord  elle 
commence  bien  en  avant  de  la  sortie  du  nerf  qui  s'y  rend , 
et  ensuite  elle  ne  se  prolonge  )amaÎ8  jusqu'à  l'exlrémilé  des 
mScboires  ;  aussi  n'y  a-t-il  pas  de  nei  proprement  dit.  Le 
saoolfaclirest  cependant  lompriseiitre  les  mêmes  os  que  dan.'' 
les  mammifères  :  il  est  également  divisé  en  partie  supérieure 
«t  en  partie  inférieure  ;  mais  il  diffère  surtout  en  ce  que  ses 
replis  ne  sont  que  fort  rarement  soutenus  par  des  lames  08~ 
•euses,  mais  seulement  par  des  lames  cartilagineuses  qui 
forment  une  masse  unique,  cylindroide  ,  appliquée  contre 
lei  parties  latérales  de  la  cloison  et  dans  la  gouttière  qu'elle 
forme  avec  l'os  maxillaire,  le  prsemaxillaire;  aussi  peut-on 
llnlever  tout  entière.  On  y  dislingue  trois  parties  :  la  poîlé- 
rieure  ou  U  plus  supérieure  touche  immédiatement  à  l'or- 

I  Ute;  c'est  une  sorte  de  vésicule  cartilagineuse  fort  mince, 
rdioairement  en  forme  d'enlonnoiri  dont  la  concavité  esl 
ilerne  ou  du  côté  des  narines,  et  la  conveittë  eiterne  du 

.  «6lé  du  sinus  suhocnlaire  ;  la  seconde  est  formée  par  un  long 
't^>li  cartilagineux  étendu  d'avant  en  arrière,  et  plus  ou 
moins  enroulé  sur  lui-mùme;  c'est  l'analogue  du  cornet 
inférieur  des  mammifères.  Séparée  en-dessus  par  un  sillon 

,   Mses  profond  de  la  précédente .  et  en  avant  de  la  troisièuir 

I  far  un  autre  linus  ,  soit  bord  libre  est  inférieur,  et  sa  con- 
vexité «n  deliora;  mais  elle  est  tapissée  sur  ses  deux  faces  par 


I 


5i6 


DE   l'appareil  D£    l'oDORAT 


Daiui  iet  ori* 
ficei. 


Postérieur. 


AQtëri*ttr. 


la  membrane  pituîtaire»  qui  est  fort  rouge.  Son  extrémité  pos- 
térieure se  Toit  quelquefois  à  Ponfice  guttural  des  oarihes. 
*  Son  sinus  ou  méat  communique  avec  l*air  extérieur  par  une 
sorte  de  canal  formé  par  le  côté  interne  de  la  troisième  partie^ 
et  par  la  cloison  médiane.  Cette  troisième  partie  est  plus 
grande 9  plus  externe  et  plus  antérieure  ;  c*est  érid^mmeDl 
Tanalogue  du  cartilage  des  narines  dans  les  mammitières; 
elle  forme  Torifice  même  des  narines  ;  aussi  est-elle  recoo- 
rerte  en  partie  par  la  membrane  cornée  extérieure.  La 
substance  cartilagineuse  qui  la  constitue  est  plus  épaisse 9 
plus  blanche  ;  elle  se  compose  ordinairement  de  trois  replis 
00  cornets  principaux;  un  interne  qui  borde  l'orifice  du  Té- 
ritable  canal  olfactif 9  et  deux  autres,  l'un  supérieur  et  l'autre 
infêrieur,  entre  lesquels  est  l'orifice  de  la  fausse  narine. 

Il  n'y  a  presqoe  jamais  de  sinus  9  à  moins  qu'onne  puisse 
regarder  comme  tel  une  espèce  de  poche  souvent  fort  grandot 
entièrement  membraneuse  9' quelquefois  cependant  dléyelop- 
pée  dans  les  anfractuosités  de  l'os  lacrymal  9  qui  se  porte  en 
arrière  dans  l'orbite 9  au-dessous  du  globe  de  l'œil;  mais  elle 
ne  communique  pas  avec  la  cavité  olfactive  ;  elle  me  paraît 
plutôt  appartenir  à  la  cavité  auditive ,  comme  nous  le  Ter^ 
rons  plus  loin. 

La  forme  et  la  disposition  des  deux  orifices  de  la  oavicé 
nasale  dans  les  oiseaux  9  diffèrent  aussi  beaucoup  de  ce  qui  a 
lieu  dans  les  mammifères;  ainsi  le  postérieur  ou  guttural 
semble  d'abord  unique ,  et  n'être  formé  que  par  une  fente 
plus  ou  moins  allongée  9  ordinairement  dentelée  sur  ses  bords  ; 
mais  en  écartant  ceux-ci ,  ce  que  l'on  fait  aisément ,  parce 
qu'ils  sont  membraneui:,  on  trouve  l'orifice  appartenant  A 
chaque  narine  disposé  à  peu  près  comme  dans  les  mammi- 
fères, et  n'étant  pas  plus  que  chez  eux  susceptible  d'être  ou- 
vert ni  fermé. 

La  disposition  de  l'orifice  antérieur  est  tout-à-fait  diffé- 
rente de  ce  qui  existe  dans  la  première  classe  des  animaux 


DANS  LES  OISEAUX. 
Tcrtcbrés.  En  elTel ,  par  un  arrnngemcnt  particulier  des  oi 
ptTcmniill.iîres  dont  la  bronche  inontnnle  va  s'articuler  direc- 
tement avec  le  frontal  de  chaque  cCté  île  la  ligue  médiaoc, 
il  p)t  résulté  que  les  os  propres  du  ne»  ont  été  reïetés  tn 
dehors,  sépon^s  l'un  de  l'autre  par  toute  l'épaisseur  des  deux 
branche»  monlnnles  des  os  incisifs.  Alors  les  oriCcea  des  na- 
rines sont  plus  ou  moins  distans  entre  eux ,  suirant  la  lar- 
geur de  ceux-ci ,  comme  s'il  y  nvait  une  cloison  Tort  épaisse. 
Ils  sont  en  outre  quelquefois  extrêmement  rciuonlés  ou 
rapprochés  du  fronl  :  jamais  ils  ne  se  irouTcnt  au  nircau  île 
reilrémilè  des  mâchoires.  Joignons  li  cela  que  tr{-s-rare- 
mcDl  il  existe  au  devant  de  l'uriliue  osseux  une  disposition 
de  cartilage  qui  le  prolongerait  en  formant  un  véritable  oet. 
L'oritîce,  tout-ii-fuil  extérieur,  n'est  quelquefois  qu'un  trou 
qui  semble  percé  dans  la  penu,  ou  dans  la  corne  du  bec. 
Souvent  cependant  il  j  a  au  bord  supérieur  une  petite 
jïcaille  dermo -cartilagineuse  .  immobile,  qui  couvre  ccl 
orifice  et  le  convertit  en  une  fiante  plus  ou  moins  allorgée; 
elle  apparltunl  au  cartilage  de  l'oofeilure;  mais  jamais  cet 
•rifice  n'est  susceptible  d'fitre  dilaté  ou  rétréci, aussi  n'y^i-t-il 
Aucun  muscle  des  narines. 

On  trouve  encore  assez  souvent  dans  celte  classe  une  sin- 
(Vlnrité  asseï  remarquable  qui  consiste  en  ce  que,  entre  la 
ïune  Terticale  de  l'otlimoïdc  et  le  Tomer,  it  y  a  un  espace 
ifUe  plus  ou  moins  considérable,  qui  fait  communiquer  un 
Orifice  des  narines  avec  l'autre. 

Quoique  les  dilTérenres  que  les  oiseaux  présenlenl  dans 
Tbppflrcil  de  roiraction. soient  en  général  beaucoup  moins 
'cAnsi durables  que  dans  les  mammifères,  il  en  existe  cepen- 
il  quelques-unes  :  elles  ne  me  paraissent  pas  Être  beau- 
coup plus  en  relation  avec  l'cspéi^c  de  nourriture  qu'avec 
ikncune  autre  cause.  Cependant  les  espèces  carnassière;  , 
ne  les  oiseaux  de  proie ,  et  surtout  les  cspécus  lâches. 
W  l'ensemble  de  l'appareil  plus  dévclnppê  (jne  celles  qui  ne 


proie. 


3l8  DE   LAPPAREIL   DE    LODORÀT 

le  sont  pas  ;  mais  il  me  semble  que  les  différences  sont  plus 
éftdentes  dans  chaque  famille  naturelle  (i).  Les  principales 

lans  les  replis  sc  remarquent  dans  la  forme  et  surtout  dans  la  proportion 
des  replis  cartilagineux. 

^perroquets.  Les  perroqucts  ont  Tappareil  en  général  peu  déTcloppé; 
la  partie  supérieure  est  simple;  la  partie  moyenne  forme  un 
cornet  asses  court 9  roulé  sur  lui-même  de  bas  en  haut;  et 
Tantérieure  qui  entre  un  peu  dans  la  composition  de  la  na- 
rine extérieure  est  très-petite  9  et  produit  une  lame  qui  saille 
dans  Torifice  9  en  formant  une  espèce  de  fausse  narine. 

>s  oiMinz  (ifl  Les  oiseaux  de  proie  diurnes ,  me  paraissent  asses  diSértr 
entre  eux  sous  ce  rapport  >  ce  qui  tient  sans  doute  au  dére- 
loppement  plus  ou  moins  considérable  de  la  base  du  bec. 

Dans  la  buse ,  la  poche  supérieure  est  assez  peu  distidcte; 
le  cornet  moyen  est  au  contraire  grand  f  fort  allongé  et  en- 
roulé deux  fois  environ  sur  lui-môme.  Le  eartilage  de  Tou- 
▼erlure  est  également  large  9  bombé  9  en  grande  partie  exté- 
rieur :  un  appendice  arrondi  forme  aussi  une  espèce  de  faoase 
narine ,  et  est  un  peu  visible  dans  Torifice. 

Le.  faucon,  dont  le  bec  est  beaucoup  plus  court,  a  ses 
replis  de  la  membrane  olfactive  beaucoup  plus  serrés  et 
tourmentés  ;  le  cartilage  de  Toriâce  est  à  peine  extérieur  ;  le 
cornet  inférieur  est  très-flexueux  9  presque  vertical ,  et  le  su- 
périeur est  assez  renflé. 

Les  oiseaux  de  proie  nocturnes  n'offrent  pas  beaucoup  de 
différences  avec  ce  qui  a  lieu  dans  la  buse  ;  la  partie  supérieure 
étant  peu  étendue ,  le  cornet  moyen  fort  allongé ,  et  le  carti- 
lage de  l'ouverture  assez  visible  à  ^rextérieur,  étant  aussi 
pourvu  d*un  petit  appendice  arrondi  formant  une  fausse  na- 
rine :  il  est  un  peu  osseux  ioférieurement. 


(1)  Je  ne  du  pa^  dans  chaque  ordre,  parce  qu'ii  y  en  a  fort  peu  de 
véritableBieat  naturels. 


DANS   LES   OISEAUX.  J\Q 

L'orifice  uaiérteur  est  orale,  et  le  postérieur  un  peu  plus 
étroit  est  disliiicl  de  celui  de  l'uutre  cOlù.  J'ui  bien  vu  dana 
la  hulolt«  UD  petit  siuus  ineiubraiieui  suus  l'os  palatin,  cl 
doDl  l'ouverture  arruadie  est  en  arrière,  tout  près  de  l'orifice 
guttural.  Les  aolractuosités  de  )'os  lacrymal  sont  aussi  l'on 
nombreuses  dans  cet  oiseau. 

Quant  aux  animaux  de  celle  classe,  que  nous  réunissons 
sous  le  nom  de  grimpeurs,  il  y  a  presque  autant  de  raria- 
lions  que  de  lêrilablca  genres. 

Dan*  les  pics  ,  j'ai  trouvé  que  la  partie  supérieure  e:«t  pe- 
tite et  peu  distincte;  le  cornet  Inférieur  est  également  peu 
étendu;  le  cartilage  marginal  est  au  contraire  trÈs-considé- 
Table,  quoiqu'il  soit  A  peine  visible  à  l'extérieur.  11  se  pro- 
longe en  un  long  cornet,  ayant  dans  su  nioilié  postérieure 
une  écaille  Tonnant  Tausse  narine,  et  en  dedans  te  bord  in- 
Teneur  du  cornet  est  comme  osseux. 

Les  marlios-pécheurs  ont  la  cavité  olfactive  plus  petite, 
ainsi  que  la  kuie  moyenne  :  le  cartilage  externe  forme  un 
petit  opercule. 

Le  martinel  a  un  cornet  inTérieur  fort  grand  ,  el  faisant 
deux  ou  trois  tours;  le  supérieur  est  presque  nul  ;  le  cartilage 
jiasal  est  visible  i  l'extérieur  ;  il  est  grand,  et  forme  une 

IAusse  narine  asset  profonde. 
Les  passereaux,  et  surtout  les  véritables,  diffèrent  bean-  ' 
coup  moins  entre  eux  sous  ce  rapport;  on  trouve  en  général 
le  cornet  supérieur  simple  et  peu  profond;  l'infëriwtr  est 
'  aussi  médiocre  ;  mais  l'antérieur  ou  marginal ,  entre  plus  ou 
moins  dans  l'occlusion  de  l'ouverture  osseuse  suivant  la 
grandeur  de  celle-ci;  cl  son  appendice  externe  se  dispose 
asseï  sauvent  en  se  recourbant  en  cornet,  de  maiiière  à 
former  une  sorte  d'écaile  opercullaîre,  coaime  diins  les 
merles,  etc.  ;  mais  ce  que  celte  partie  offre  de  plus  remar- 
quable I  c'est  qu'elle  est  véritablement  osseuse  dans  sa  partie 
Inférieure,  et  que  sa  face  convexe,  qui  est  interne  ,  fuurnit 


I 


3^0  DE   LAPPAKEIL   DE   LODOBAT 

deux  ou  trois  crêtes  longitudioales  qui  répondent  à  une  dis- 
position analogue  de  la  cloison  des  narines.  J*ai  très-bien  tu 
cette  disposition  dans  la  rousserolle  y  dans  le  gros-^bec  même , 
quoiqu'il  n'y  ait  pas  d'écaillé  operculaire.  Les  pies-griècbes 
ont  cependant  la  disposition  générale  de  la  buse;  le  loriot  a 
l'appareil  de  Tolfaction  encore  moins  développé ,  mais  tou- 
jours dans  la  même  forme  générale. 
lm  pigeoni.  L'orgauc  d'ollaction  des  pigeons  est  en  général  peu  déve- 
loppé; il  n'y  a  point  de  cornet  supérieur  proprement  dit, 
'  mais  seulement  un  entonnoir  membraneux  :  le  cornet  infé- 
rieur est  court  et  peu  enroulé  ;  le  cartilage  de  l'orifice  est  en 
grande  partie  extérieur»  formant  une  écaille  trèf*bombée;  la 
fausse  narine  est  assez  grande.  L'orifice  guttural  est  presque 
aussi  long  que  la  cavité  elle-même  :  la  cloison  n'est  pas 
percée. 
>i  gaUinMét.  Les  gallioaccs  ont  proportionnellement  le  cornet  supérieur 
très-petit  ;  te  cornet  inférieur  ne  fait  qu'un  tot&r  et  demi  : 
le  cartilage  nasal  est  triangulaire;  il  saille  aussi  beaucoup  à 
l'extérieur  9  en  forme  de  large  écaille  :  la  cloison  n'est  pas 
percée. 
MéthMuien.  liCs  échassîers  se  divisent  sous  ce  rapport ,  comme  sous 
tous  les  autres  9  en  quatre  familles. 

La  première  5  qui  contient  les  outardes  9  me  semble  avoir 
les  cornets  olfactifs  presque  comme  les  gallinacés. 

Xa  seconde 9  qui  se  compose  des  hérons 5  grues»  cigo- 
gnes,  etc. ,  a  sa  cavité  olfactive  fort  petite,  formant  un  petit 
sac  triangulaire,  collé  en  dedans  de  la  grande  poche  pala- 
tine. On  n*y  trouve  qu*un  très-petit  repli  cartilagineux, 
analogue  du  cornet  inférieur  et  étendu ,  comme  lui»  d'ar- 
rière en  avant. 

Dans  ces  oiseaux ,  la  cloison  médiane  ne  se  prolonge  pas 
entre  les  orifices  osseux ,  d'où  il  résulte  un  grand  trou  qui 
fait  communiquer  une  narine  avec  Taulre. 

La  troisième  famille ,  dans  laquelle  se  rangent  toutes  les  es- 


DA.M5   LES   OISEAUX. 


3>l 


pièces  &  bec  plu»  ou  moinngt^le  et  cylindrique,  comme  les  ibis. 
Icsbécaïse^,  luuiivîlû  najale  est  encore beauouup plus  petite  , 
et  les  cornets  presque  entiërenient  nuls;  ce  n'est  qu'une 
petite  poclie  triangulaire ,  ouTeric  en  nmi-re  et  en  avant ,  et 
Bjant  à  sa  partie  toul-à-Ciit  supérieure  un  petit  cornet  forte- 
ment  courbé  en  S,  et  dirigé  en  avanl.  Les  deux  narines 
communiquent  encore  enlre  elles  par  une  Tente  percée  entre 
le  Tomer  et  la  cloiiiOD  elhmoldale. 

EnGa  la  quatrième,  ou  celle  des  poules  d'eau  et  dcsr3le«. 
a  un  petit  cornet  supérieur,  trianguluire,  distinct  dans  la 
cavité  en  «Dlonnoir;  le  cornet  inférteur  fort  grfile  et  A  peioe 
enroulé',  et  le  cartilage  U'ouTerlure  simplement  lubuleux,  et 
en  ^nde  partie  SDUS  te  derme. 

L'ordre  des  palmipèdes  doit  autsi  Sire  divisé  eu  plusieurs 
familles  ,  suus  le  rapport  qui  nous  occupe. 

La  première,  qui  comprend  les  mouettes,  a  la  plui 
grande  ressemblance  dan^  l'aiipareil  de  l'olfaction  avec  c« 
tpii  a  lieu  dans  la  seconde  ou  celle  des  pétrels,  si  ce  n'est 
dans  Ls  iiianière  dont  se  dispose  le  cartilage  de  l'orifice.  U 
me  suflîra  donc  du  décrire  ce  qui  est  dans  ceux-ci. 

La  cnvîtê  olfactive  est  en  général  Fort  développée  ;  la  partie 
supérieure  se  divise  en  deux  poches,  une  qui  se  porte  sous  la 
racine  du  bec  ou  sou»  les  os  incisifs,  et  une  autre  extérieure, 
plus  irrègulière,  à  parois  plus  carlitagioeuses,  située  au  de- 
vant de  1*03  lacrymal.  La  partie  moyenne  est  formée  par  nn 
grand  cornet  qui  s'enroule  deux  fois  sur  lui-même. 

Eaûn  la  partie  inférieure,  ou  le  cartilage  marginal  est 
presque  entièrement  sous  U  derme  corné;  il  »e  dispose  en 
UD  long  tube  qui  prolonge  les  narines  bien  au  delà  de  l'ou- 
verture osseuse,  en  se  rapprochant  plus  ou  moins  de  celui 
du  cAté  opposé.  Quelquefois  les  deux  tubes  sont  tellemeal 
«oofondus,  qu'ils  semblent  n'en  former  qu'un  ,  même  avec 
une  seule  ouverture  par  t'échancrure  de  la  cloison. 

La   troisième  t  dans  laquelle  noii9  rangeons  tes  pélicans 


I 


5^0  DE   L*APPA1tEIL   DE   l'oDOBAT 

deux  OU  trois  crêtes  longitudioales  qui  répondent  à  une  dis- 
position analogue  de  la  cloison  des  narines.  J*ai  très-bien  tu 
cette  disposition  dans  la  rousserolU  y  dans  le  gros-^bec  même, 
quoiqu'il  n*y  ait  pas  d*écaiUe  operculaire.  Les  pies-grièches 
ont  cependant  la  disposition  générale  de  la  buse;  le  loriot  a 
l'appareil  de  Tolfaction  encore  moins  dé?eloppé ,  mais  tou- 
jours dans  la  même  forme  générale. 
lm  pifeoBt.  L*organe  d'olfaction  des  pigeons  est  en  général  peu  déve- 
loppé; il  n'y  a  point  de  cornet  supérieur  proprement  dit, 
mais  seulement  un  entonnoir  membraneux  :  le  cornet  infé- 
rieur est  court  et  peu  enroulé  ;  le  cartilage  de  l'orifice  est  en 
grande  partie  extérieur»  formant  une  écaille  trèt*bombée;  la 
fausse  narine  est  assez  grande.  L'orifice  guttural  est  presque 
aussi  long  que  la  ca?ité  elle-même  :  la  cloison  n'est  pas 
percée. 
u»  gaUinMét.  Lcs  galHnaccs  ont  proportionnellement  le  cornet  supérieur 
très-petit  ;  te  cornet  inférieur  ne  fait  qu'un  tour  et  demi  : 
le  cartilage  nasal  est  triangulaire;  il  saille  aussi  beaucoup  à 
l'extérieur,  en  forme  de  large  écaille  :  la  cloison  n'est  pas 
percée. 

lies  échassiers  se  divisent  sous  ce  rapport,  comme  sous 
tous  les  autres ,  en  quatre  familles. 

La  première  ,  qui  contient  les  outardes,  me  semble  aroir 
les  cornets  olfactifs  presque  comme  les  gallinacés. 

La  seconde,  qui  se  compose  des  hérons,  grues,  cigo- 
gnes, etc. ,  a  sa  ca?ité  olfactive  fort  petite,  formant  un  petit 
sac  triangulaire,  collé  en  dedans  de  la  grande  poche  pala- 
tine. On  n'y  trouve  qu'un  très-petit  repli  cartilagineux, 
analogue  du  cornet  inférieur  et  étendu,  comme  lui^  d'ar- 
rière en  ayant. 

Dans  ces  oiseaux ,  la  cloison  médiane  ne  se  prolonge  pas 
entre  les  orifices  osseux,  d'où  il  résulte  un  grand  trou  qui 
fait  communiquer  une  narine  avec  l'autre. 

La  troisième  famille ,  dans  laquelle  se  rangent  toutes  les  es- 


Les  ëchatfliert. 


BANS   tES   OISEAUX.  Ssi 

pèces  à  bec  plos  ou  moins  grêle  et  cyliodrique»  comme  les  ibis , 
les  bécasses ,  la  cavité  nasale  est  encore  beaucoup  plus  petite  , 
et  les  cornets  \>resque  entièrement  nuls  ;  ce  n*est  qu'une 
petite  poché  triangulaire 9  ouverte  en  arrière  et  en  ayant,  et 
ayant  à  sa  partie  tout-à-(ait  supérieure  un  petit  cornet  forte* 
ment  courbé  en  S,  et  dirigé  en  avant.  lies  deux  narines 
communiquent  encore  entre  elles  par  une  fente  percée  entre 
le  vomer  et  la  cloison  ethmoîdale., 

Enfin  la  quatrième ,  ou  celle  des  poules  d'eau  et  des  rAles^ 
a  un  petit  cornet  supérieur ,  triangulaire,  distinct:  dans  la 
caTÎté  en  entonnoir  ;  le  cornet  inférieur  fort  grêle  et.  à  peine 
enroulé*,  et  le  cartilage  d'ouverture  simplement  tubuleux,  et 
en  grande  partie  sous  le  derme. 

L'ordre  des  palmipèdes  doit  aussi  être  divisé  en  plusieurs  us 

palnûpidcf  ■ 

familles  ,  sous  le  rapport  qui  nous  occupe. 

La  première,  qui  comprend  les  mouettes,  a  la 'plus 
grande  ressemblance  dans  l'appareil  de  l'olfoction  avec  ce 
qui  a  lieu  dans  la  seconde  ou  celle  des  pétrels,  si  ce  n*est 
dans  la  manière  dont  se  dispose  le  cartilage  de  rcorific^.  Il 
me  suffira  donc  de  décrire  ce  qui  est  dans  ceux-ci. 

La  cavité  olfactive  est  en  général  fort  développée  ;  la  partie 
supérieure  se  divise  en  deux  poches,  une  qui  se  porte  sous  h 
racine  du  bec  ou  sous  les  os  incisifs,  et  upe  autre  extérieure^ 
plus  irrégulière,  à  parois  plus  cartilagineuses,  située  au  de- 
vant âe  l'o»  lacryoiaL  La  partie  moyenne  est  formée  par  un 
grand  cornet  qui  s'enroule  deux  fois  sur  lui-même. .     .      ... 

Enfin  la  partie  inférieure,  ou  le  cartilage  marginal  est 
presque  entièrement  sous  le  derme  corné;  il  se  .dispos :. en 
uo  long  tube  qui  prolonge  les  narines  bien  au  delà  de  l'ou- 
verture osseuse,  en  se  rapprochant  plus  ou  moins  de  celui 
du  côté  opposé.  Quelquefois  les.  deux  tubes  sont  *  fellemeat 
eonfondns ,  qu'ils  semblent  n'en  former  qu'un ,  même  avec 
une  seule  ouverture  par  l'échancrure  de  la  cloison. 

La  troisième  »  dans  laquelle  nous  rangeons  les  pélicans 
1.  21 


3sa  DE   L'APPAltlIL   DB   l'ODORAT 

•t  genres  Yoisios  9  offre  une  disposition  tonte  dilfiéreiite , 
oon^seulement  en  ce  que  la  cayhé  olfacfiHre  est  en  général 
extrêipemeot  petite ,  avec  un  eomet  infériei/r  pen  sensible  ; 
mais  surtout  par  Pabsenee  presque  totale  da  oartilâge  mafgi- 
nal  ;  auêsi  Torifiee  osseqir  est-il  à  peine  perceptible  9  mêtaie 
sur  le  squelette  :  Torifice  guttural  existe  cependant  tov^ours 
comme  à  l'ordinaire. 

Enfin  les  familles  des  canards  et  des  plongeurs  diffèrent 
enoc^re  entre  elles. 

*  Dans  le  canard  9  par  exemple ,  la  partie  supérieure  est  dî- 
Yisée  en  deux  poches  9  à  peu  près  comme  dans  les  pétrels  ;  le 
èomet  médian  est  aussi  asses  dételoppé.  Quant  à  l'anté- 
rieur, il  est  comme  dans  les  mouettes;  il  est  asèet  simple, 
ayecun  petit  appendice  formant  une  fausse  narine. 

L'oie  ressemble  presque  complètement  au  canard  sooa  oe 
rttpport  :  mais  arec  un  dèTcloppement  général  éridemment 
Btoifis  coffsidérable. 

•  Les  plongeons  et  les  grèbes  ont  un  appareil  olfectlf  presque 
hembiyible  à  ce  ^\  existe-  dans  les  râles ,  niais  peut-être  un 
peu  plus  déîeloppé.  '  "   -    ■ 

l\  èSt  fort  probable  qu'il  ne  Test  pas  daVanta|^  dans  les 
ptrrgorns  et.  les  manchots  ;  mais  i^'^st  'Ce  que  fe  ne  puis  as- 
atthif^  tie  l'ayêrM  pas  examiné. 
Dans  la  pMt-  '  *'0tl"tM9u^  aussl  parmi"  le  S  oiseaux,  des  différences  asses 

tion  et  la  for- 

me dea orifices.  Miinfarcuses  daus  la 'posil|^  et  dan^r  la  forme  des  orifices, 
mais  surtout  ûè  l'externe  oil'dès  ^arfAes;  èft  comme  elles 
sont  viéîblëè  à  TextéHeur ,  et  constanteè  dans  tes  ftmHles 
1ftatUf¥(|e>SVi^s  ornithologiste^»  en  trrent  de  fort  bons  earae»- 
tères  lioologiques.  lis  étudient  leur  position  dans  la  partie 
tbmée  chi  bec,- ou  dans  la  partît  molle  ou  membraneuse  de 
sa  base;  Ils  entrs^hf  Mf^si  leu^  position  relatÎTe  9ur  le  bec, 
par  rapport  à  ifa  lon^Uë<ï#  et  à  sa  hauteur,  s^irvant  «pi*eites 
sont  basUûîf&s,  triédiahes  ou  bien  dorsales,  haétàks  ou 
mmrjgd/iiiaks.  JBilcIs  ^ont  basilatres  ou  médianes  quand  elles 


•  ANS    L£S   OISEAVX.  333 

»ODt  percées  ii  la  racine  du  bec ,  ou  dans  la  mnjlié  di:  s.i 
longueur  ;  elles  sout  dursalcs  ,  comme  dans  les  todiers,  lurs- 
qu'clles  Boril  furl  rajiprochées  de  la  ligne  médiane  supérieure; 
Idiérales,  loraqu 'elles  sont  i  peu  près  dans  le  mill^  de  ta  hau- 
teur du  bec,  comme  dans  la  plupart  des  oiseaux,  et  enlln 
.  marf^inales  qunnd  c'est  sur  le  bord  mfiihe  du  bec  qu'ellcï^onr 


4 


percée 


dans  les  mucareux,  tes  pin^oins,  etc. 


Lear  Tornie  est  encore  plus  variable  qu«  leur  position  , 
d'od  l'on  tire  les  épîthèles  de  ronde ,  ovnle,  Uiu!aire,  cic.« 
qui  s'eulendcnt  d'ellf.s-mêmes;  et  elle  dépend  beaucoup  de 
la  disposition  du  cartilage  margiDal. 

Leur  terminaison  cffre  encore  quelques  différences  qui 
tienneni  i'Ia  même  cause:  quelquefois  elles  ressemblent  ù 
des  trous  simples  ,  comme  dans  les  perroquets  ;  d'autres  fois 
elles  sont  à  l'extrémité  d'une  sorte  de  tube  très-eourl ,  comme 
dan«  les  engoulevens  et  les  coucous,  et  alors  je  les  nomme 
nbordées ,  ou  d'un  tube  beaucoup  plus  long,  comme  dans 
1«9  pétrels;  enfin  le  plus  sourenl  ellet  sont  optrcut^es , 
o'esi-é-dire  recouvertes  à  leur  bord  supérieur  par  ude'  sorte 
d'écattle  plus  on  moins  renflée ,  qui  Tait  un  peu  l'oiïit.'e  d'o- 
percule ,  quoiqu'elle  ne  soil  pas  mobile ,  et  dont  nou)  avons 
VU  plus  hnul  l'origine. 

t  mode  de  terminaison  le  plus  singulier  dans  les  MâTlifes 
Il  qui  se  remarque  dans  la  famille  des 
.  En  effet ,  ce  n'est  qu'arc  beaucoup  (le  dilllcullé 
a  peut  les  apercerdr  sur  l'animal  rivant ,  (t  la  racine  âù 
;  lous  forme  d'une  trèj-petilc  fissure  :  c'est  ce  qui  m'û 
itermiaé  A  désigner  eette  famille  d'oiseaux  parla  dén'oMi- 

n  de  cryptorhiniens. 
•■  Jlgoore  si  l'âge  a  quelque  influence  sur  le  dé  vel  Dp  piment 
mfraciuositcs  olfactives  des  oiseaux;  mais  cela  est  fort 
hobable ,  puisque  Ceta  est  évident  trhei  les  mamnilftres. 


3a4      ^^   L'àPPARBIL  DE  l'oDORAT 

C.   Dans  les  reptiles. 

Considërttiont  Les  dcux  olasses  de  reptiles  offireDt  uoe  déirradatioD  beaa- 
gënëriin.  eoup  plus  éyideote  daos  Tappareil  de  l'odoratioQ ,  au  poîot 
^ue  ce  n'est  presque  plus  daos  les  dernières  espèces  qui  res- 
pirent Talren.nature^  que  le  canal  de  la  respiration,  et  mtoe 
dans  celles  qui  paraissent  rester  pendant  un  temps  extrême- 
ment long  de  leur  rie  à  Tétat  imparfait  sous  le  rapport  de 
cette  fonction ,  la  cayité  nasale  n'est  plus  qu'une  petite  bourse 
presque  sans  orifice  postérieur. 

Les  reptiles  écailleux».  sous  ce  rapport  comme  sous  tous 
les  autres»  sont  beaucoup  moins  dégradés,  et  ils  se  rap- 
prochent d'une  manière  générale  de  ce  que  nous  venons  de 
Diaértawi     Tolr  dans  les  oiseaux.  Mialheureusement  ils  diffèrent  cepen- 

•#péciftlM  dans 

danttrpp  entre  eux  pour  .que  nous  ne  soyons  pas  obligés  de 
passer  en  reyue  chacun  des  groupes  naturels  que  la  soologie 
y  établit 
i^ttartoet.  Daus  Ics  tortucs^  la  cafité  olfactiye  est  en  général  mé- 
diocre,  ou  mieux asseï  petite  y  orale,  et  presque  indépendante 
des  os  dans  l'écartement  desquels  elle  se  place  :  elle  est 
formée  en  dehors  par  un  périoste  noir  qui  tapisse  les  os,  et 
en  outre.par  un  cartilage  qui;  n'a  pas  à  l'intérieur  exactement 
le  .même  forme  que  la  ca?ité  osseuse.  Il  rentre  en  effet  en 
dedans  eux  endroits  où  il  est  plus  épais ,  de  manière  à  former 
tjfob  (jantés  assez  distinctes;  Tune  antérieure,  où  est  percé 
l'orifice  des  narines  ;  une  seconde  médiane  plus  petite ,  et 
j/iffij^  tro^ième  plus  grande  et  postérieure.  Ces  deux  dernières 
sont  plus  nettement  séparées  par  un  repli  plus  q^is  qui 
produit  ainsi  en  commencement  de  cornet  analogue  à  celui 
^ue  nous  ayons  nommé  médian  chex  les  oiseaux. 

S*ii  n'y  a  que  des  rudimens  de  cornets ,  il  n'y  a  absola- 
ment  aucune  trace  de  sinus  creusé  dans  les  os. 

La  membrane  pituitaire  qui  double  la  poche  oUactire»  est 


Ifhl 


DANS    LIS    RBPTItES.  SsS 

formée  de  deux  couches;  l'uae  noire  et  v.i«culairc;  l'autre 
d'un  gris  blancMlre. 

L'orifice  postérieur  est  à  I^  partie  Infcrieure  de  la  troisième 
loge;  il  ne  peut  en  aucune  manière  être  modiGè. 

L'antérieur  est  un  petit  trou  rond  ou  orale,  et  toujours 
béani ,  percé  dans  une  partie  de  la  peau  qui  remplit  l'ouver- 
ture osseuse.  ■ 

Les  différences  qu'offrent  les  cbéloniens  dnns  la  partie 
esseolielle  de  l'appareil  de  l'olfactiou  ,  doirent  être  exlrËme- 
ment  peu  considérables  :  elles  le  sont  un  peu  davantage  dans 
les  oriflcesi  etsurlout  dans  le  nasal.  Toutes  les  tortues  pro- 
prement dileS)  les  émydes,  les  chèlonèes,  les  dermo-ché- 
lides  ont  cet  orifice  formé  comme  il  vient  d'être  dit;  maii 
les  chélides  et  surtout  les  trionyx  l'ont  i  l'extrémité  d'une 
petite  trompe  dërmo-oiusculaire ,  extensible,  maîA  dont  je 
ne  connais  pas  la  structure. 

Le  crocodile  a  t'organe  de  l'odorat  plus  parrail  que  les     i 
tortues  et  que  les  autrci  reptiles. 

La  membrane  olfactiTe  m'a  paru  en  effet  plus  molle  et 
Il  épaisse. 

La  poche  qu'elle  double  est  Tort  étendue,  non-seulement 
A  cause  de  la  singulière  disposition  du  canal  respiratoire  qui 
commence  presque  au  bout  du  museau  pour  se  terminer  sous 
Tos  basilaire,  mais  encore  parce  qu'il  y  a  trois  anfractuosités 
,ov  grandes  cellules  sub-cartllagineuses  au  devant  de  l'orbite , 
féritablc  cornet  assez  allongé  et  bilubé  à  leur  c6té  in- 
C'est  sou*  l'extrémité  antérieure  de  ce  cornet  que 
Anamenceot  en  arriére  le  canal  pharyngien  ,  qui  se  prolonge 
Jaaqo'ik  l'occipital,  et  en  avant  le  Canal  nasal.  Celiii-ci  est  ùtî- 
lemment  foriaé  par  uq  cartilage  mince  et  cylindrique.  II  se 
tsrniine ,  en  se  recourbant  en  haut,  dans  une  masse  charnue 
^î  bouche  l'orifice  osseux ,  et  dans  laquelle  est  percée  la 
ine.  Celle-ci,  tout-d-fait  supérieure,  est  sigmolde,  la 
<nncaTÎIé  en  arriére  et  fermée  dans  l'état  de  repos.  C'est  la 


I 


3d6  DE  l'appareil  de  l odorat 

lèvre  postérieure  qui  est  la  plus  large  9  et  qui  peat  être 
écartée  de  Tautrepar  un  muscle  dorsal  fort  épais  9  dont  l'o* 
rîgîoe  est  à  la  poiote  de  Tos  du  nei  et  à  Tos  iocisif.  Qaaut 
à  ]*oriGce  pharjogien ,  il  est  complètement  inimutaUe. 
ui  Moriens.  j^^^  repti|es  quer  enCerment  les  sous^ordres  des  sauneos  et 
des  opbjKiitos,  diffèrent  beaucoup  n^oins  entre  eux.  La  mem- 
brane olfactive  devient  en  général  noirâtre  ,  et  surtout  moins 
étendue,  le  sac  qu'elle  tapisse  est  en  effet  fort  peu  atloogéy 
oval^  et  ordinairement  sans  repli;  il  est  cependant  encore 
souvent  un  peu  cartilagineux  et  même  quelquefois  oaseux; 
mais  il  n'y  a  réellement  pas  de  véritables  cornets  9  et  encore 
moins  de  sinus.  Le  canal  respiratoire  devient  par  conséquent 
de  moins  en  moips  distipct,  et  ses  deux  orifices  se  rap- 
proct^ent  de  plus  en  plus,  au  point  que  l'ouverture  pblVTQ- 
gienpe  est  quelquefois  avant  la  moitié  de  la  longueur  de  la 
ToAte  palatine.  Elle  est  toujours  distincte 9  latérale»  arrondie) 
et  communique  avec  la  voû4e  palatine  par  une  large  fente. 
Quant  à  l'orifice  antérieur ,  il  est  au  contraii^^  fprt  petit 9 
immobile  9  foriné  par  uo  petk  cartilage  nasalj»  ftt  plus  ou 
moins  rejeté  sur  les  côtés  du  museau  9  absolument  comme 
^ans  lej>  oiseaux ,  et  pour  la  mê^e  rabon  9  l'^rticuljition  dans 
la  ligne  médiane. de  la  braoche  roontaote  des  deux  os  inci- 
sifs^ ce  qui  u'a  lieu  ni  d^ps.  1^  tortues  s^  ni  dans  les  cro- 
eodiles. 

Les  différeDCç.9  ue  $onijf,ç^^T  aiosi  dire  que  des  nuances. 

Le^  ge(jkop9  dont  le  f  ac  Q,as,ai  est  en  géQéra,l  n^é4i9cre^  ont 
une  sçrte  de  .çpri^t  produis,  ,pa?  ,(^  saillie  dan^  l'intérieur  de 
lacavjt^  pasi^e  d'vinej^f^/iyof jbyte  (^  l'os  maxillaire.  L'o- 
rifice exiérieMf.  est  un  ti[pif .  a'rrpa4i« 

I^s  agaiqp{des9  c'est-Mifç,  l|^,aaolis9  ks  agpi{aeS;»  les 
caodélépns  ressepolilei^j^  (^eajif/çoup  sous  ce  rapport  aux  gçcl^os* 
Il  y  a  ç|ans  la  petite  cavité  nasale  du  dragço»  dit  M.  Tied- 
man 9  un  petit  cornet  alloin^et  membraneux i  outre  un  petit 
repli  cutané. 


tfANS    LES    HEPTILES.  337 

Les  iguaacs  n'en  différent  pa»  non  plus  beaucoup  :  l'ori- 
fice extérieur  est  Muletnent  plus  grand;  il  est  toujours  ur- 
roodi. 

Les  tuploambig  m'ont  semblé  avoir  une  cavité  nasale  un  peu 
plus  grande,  moins  terminale  ou  plu9  reculée  :  l'ouverture 
extérieure  est  en  forme  de  fente  assez  longue,  recouverte  par 
une  écaille  operculaire ,  quoique  immobile;  elle  est  sur  les 
parties  lulérales  du  museau. 

Les  léurds  n'offrent  rien  de  particulier;  la  poche  est  en- 
core entièrement  couverte  par  Ils  os,  et  surtout  par  les  os 
du  nei;  elle  est   comme  partagée  en  deux  parties  par  un 
étranglement  formé  par   une    apophjrse    luontante    de    l'os 
pslatio;  une  antérieure  servant  de  canal,  et  une  posicrteure, 
oAestIa  véritabti!  membrane  pituiiaire  noirâtre.  C'est  A  son 
c6té  externe  qu'est  l'orifice  pharyngien.  Le  nasal  est  1res- 
petit,  rond,  oblique,  avec  un  rudimeat  de  fausse  narine. 
L'appareil  olfactif  est  peut-être  encore  plus  simple  dans 
[  ies  ophjdiens ,  et  moin!  développé  ù  cause  de  la  brièveté  du 
[  SHiseau  ;  il  devient  surtout  plus  1  découvert  dans  les  inter- 
L  Ttlles  que  laissent  entre  eux  les  os  qu'il  écarte  pour  ie  loger; 
r  ^ns  les  couleuvres  et  dans  les  vipérer,  l'o^  du  nez  ne  le 
[  lecourre  qu'à  sa  partie  supérieure  ;  c'est  un  sac  large ,  ovale , 
l  Hourt,  A  peine  fibreux  extérieurement,  et  doublé  par  une 
1  pumbrane  piluitaire  tisses  molle  «I  presque  noire;  il  n'y  a 
le  trace  de  replis  autre  que  ceux  produits  par  la  saillie 
\  de  quelques-uns  des  os  qui  entourcnl  le  sac.   L'orifice  pha- 
[  rjngien  est  un  trou  assec  grand  situé  au  milieu  environ  de  sa 
inférieure,  et  qui  s'ouvre  au  palais,  dans  un  enfonce- 
Bicnt  commun    et  médian  ,    différence  arec  ce  qui  u  lieu 
[  dans  les  sauriens.  Quant  à  l'ariflce  extérieur,  il  est  i 
[  ikît  semblable  ù  ce  que  nous  avons  vu  dans  ce  groupe. 
Les  autres  opbjdiens  ne  différent  guère  de  ce  que 
L  Tenons  de  voir  dans  les  couleuvres,  qu'en  ce  que  le  sac  est 
fia»  ou  moins  complètement  recouvert  par  l'os  du  nei,  et 


1 


52« 


DE   l'appareil   de    l'oDORAT 


que  les  orifices  soDt  plus  ou  moins  distans  ou  rapprochés } 
les  amphysbënes,  les  tjphlops  ont  leur  sac  nasal  entièrement 
intérieur;  et  sous  ce  rapport  les  cœcilies  paraissent  se  rap- 
procher de  ce  gfoupe  de  serpena  :  les  rouleaux,  lesplatures 
et  les  hydrophis  sont  presque  dans  le  même  cas ,  mais  ayec 
une  disposition  osseuse  un  peu  différente,  comme  nous  le 
Terrons  plus  tard  :  les  trig;onocéphales ,  les  crotales  res- 
semblent beaucoup  aux  Tipères  sous  ce  rapport.  L'acro- 
chorde  et  les  boas ,  dont  le  sac  est  aussi  fort  à  découvert, 
offrent  cette  particularité  que  sa  partie  antérieure  ou  Tana- 
logue  du  cartilage  des  narines  est  osseuse. 


D.  Dans  ks  amphybiens. 


^oniidtfrtlioot 
fënénlM. 


Biflëreaeeff 
spëciaUt  daM 


Le  pipa. 


Les  différences  principales  que  nous  présentent  l'appareil 
de  Tolfaction  dans  cette  classe  d'animaux,  indiquent  M* 
demment  une  Tèritable  dégradation,  et  tiennent  suctout  à  la 
diminution  du  canal  respiratoire,  et  par  conséquent  à  ce 
que  ces  animaux  dcTiennent  de  plus  en  plus  aquatiques.  Le 
sac  olfactif,  quoique  toujours  en  rapport  avec  les  mêmes 
os,  sort  plus  ou  moins  complètement  de  leur  écartement , 
et  est  souvent  entièrement  sous-cutané.  Son  orifice  interne 
ou  pharyngien  se  rapproche  de  plus  en  plus  de  Texteme;  H 
peut  même  exister  hors  du  palais  et  être  percé  sous  la  lèTre 
supérieure. 

Les  batraciens  proprement  dits  nous  montrent  une  carité 
oifactiye  généralement  assez  petite ,  et  doqt  l'ouyerture  in- 
terne est  très-antérieure. 

Dans  le  pipa,  la  poche  olfactive  est  cylindrique ,  déprimée 
et  entièrement  cachée  sous  l'os  du  nez.  La  membrane  fi- 
breuse est  distincte  de  la  membrane  pitui taire  qui  est  épaisse^ 

L'ouverture  externe  est  très-grande,  transverse  à  l'extré- 
mité d*un  tube  presque  aussi  grand  que  la  «avité,  et  très- 
rapprochée  de  la  ligne  médiane. 


l  1E8   AUPHYÏIENS.  Jlg 

Dnni  \eê  crapauds  ,  tes  grenoiiilies  et  les  rninelles  qui  aonl 
parraitement  semblables  sous  ce  rapport,  la  membrane  ol- 
faclive  e»l  molle,  noire el  aaet  épaisse;  la  poche  qu'elle  ta- 
pisse e^l  à  peine  fibreuse;  elle  n'est  point  recouTerte  par  les 
os,  si  ce  n'est  par  le  nasal  i  son  cOlè  eilernc  :  il  n'y  a  à  son 
iniÈrieiir  aucune  saillie  qui  augmenterait  l'ùtendue  de  la 
membrane  olfuctire.  L'orifice  interne,  toujours  très-aati~ 
rieur,  et  Tort  distant  de  la  ligne  médiane  est  ovale,  grand  et 
entièrement  membraneux  :  l'orifice  anlérieur  est  pourvu 
d'une  sorte  <Ie  demi-opercule  inférieur,  à  peine  carlilagi- 
■MUS»  et  susceptible  de  quelques  mouvemens. 

Dans  les  salamandres,  la  poche  olfactive  est  encore  moins 
cartilagineuse;  elle  est  ovale,  asseï  grande;  la  membrane 
n'j  forme  aucun  repli,  aucune  anfractuosilè;  elle  est  du 
reste  asseï  muqueuse.  L'orifice  postérieur  n'est  qu'un  trou 
ovale  :  l'antérieur  est  bordé  par  un  petit  repli  de  la  peau, 
surtout  au  c6té  externe,  mais  sans  trace  de  cartilage. 

L'axolotl  ressemble  complètement  aux  salamandres  sous 
ce  rapport. 

Le  protée,  que  nous  ne  connaissons  peul-êlre  pas  à  son 
élai  parrait,  a  aussi  la  cavité  oiractive  ovale  el  assez  grande, 
UD  peu  comme  dans  les  salamandres  :  mais  ta  membrane  ol- 
hclive  se  dispose  comme  d.ins  beaucoup  de  poissons;  elle 
,  forme  un  petit  canal  cylindrique  qui  n'est  pas  renfermé 
daos  l'écartement  des  os  de  la  mSchoire,  mais  au  milieu 
d'un  amas  graisseux.  En  l'ouvrant  on  voit  que  la  membrane 
olfactive  forme  un  grand  nombre  de  petits  plis  qui  tombent 
I  |Mrpendiculairemenl  sur  une  légère  saillie  longitudinale.  Les 
orifices  de  celte  pocbe  olfactive  sont  aussi  assec  singuliers  ; 
l'externe  est  excessivement  petit,  triangulaire  cl  situé  à  l'cx- 
Irémité  supérieure  du  museau;  et  l'interne  est  en  dedans  de 
la  lÉvre  supérieure,  et  non  dans  la  cavité  buccale. 

La  sirène,  dont  je  ne  connais  cependant  pas  la  structure 
des  narines,  a  aussi  l'orifice  inlerno  sous  le  bord  presque 


I 


33o  DE  l'appareii.  de  l  odorat 

antérieur  de  U  lèvre  supérieure  :  c'est  une  trèfl-pelite  fente 
asiGi  difficile  à  aperce?oir. 

D*a|>rès  la  foroie  de  laca?îté  oMeuse  dans  les  coBciliet,  il 
est  probable  que  Pappareil  olfactif  est  plus  complet  que  dans 
les  genras  précédens  ;  il  est  au  moins  complètement  inter- 
ossenx;  son  orifioe  extérieur  est  arrondi»  et  le  postérieur  de 
même  forme  est  vers  le  milieu  de  la  Toûte  palatine  asseï 
éloigné  de  la  ligne  médiane. 

£•  Diuu  les  poissons. 
coBsidéraiioni       La  forme  et  la  disposition  de  l'organe  de  l'odorat  dans  les 

•tdUKrvttoes 

géoënies.  reptiles  amphjbiensj  et  surtout  dans  les  espèces  encore  à 
l'état  de  lanre,  nous  conduisent  tout  naturellement  à  ce  qui 
existe  dans  les  poissons.  En  eflèt^  le  caractère  disdnctif  de 
rapparéil  olfactif  dans  cette  classe  est  de  former  upe  poche 
membraneuse  plus  ou  moins  étendue,  souTeot  encore  in- 
terposée entre  les  os  de  la  face,  ouverte  par  un  orifioe 
simple  ou  double  à  l'extérieur,  mais  jamais  à  l'intérieur;  en 
aorte  que  la  partie  que  nous  avons  désignée  sous  le  nom  de 
canal  respiratoire ,  et  qui  est  essentiellement  attachée  i  l'or- 
gane de  la  respiration  aérienne,  manque  ici  complètement. 
Up  autre  caractère  de  l'appareil  olfactif  de  cette  classe  d'a- 
nimaux, c'est  que  les  replis  de  la  membrane  olfactive,  quand 
il  en  existe,  ce  qui  est  assex  fréquent,  sont  appliqués  sur 
ceui:  de  la  membrane  extérieure ,  fibreuse ,  et  disposés  d'une 
manière  bien  régulière  et  souTént  symétrique. 

Quant  à  la  position  générale  de  l'organe,  il  est  toujours 

antérieur  ;  mais  quelquefob  il  est  en  flessoua  du  museau , 

quoique  dans  le* plus  grand  nombre  de  cas  il  soit  en  dessus. 

pifiërencestpé-       Les  difiérenccs  que  nous  allons  roir  dans  l'organe  de  l'ol- 

cialet. 

faction  chei  les  poissons,  ne  peuvent  que  difficilement *étre 
rapportées  à  des  titres  généraux.  Ainsi ,  comme  toutes  les 
espèces  de  cette  clause  paraissent  être  plus  ou  moins  camas- 


DANS  LEg  POISSONS. 
■tèrea ,  il  ne  doit  point  y  arnir  de  dlirèrence!)  qiii  tiendraient 
à  l'espèce  de  nourriture  :  comtiie  loule:  vivent  dans  le  même 
milieu,  qu'elles  ne  peuvi'nt  que  très -rarement  quitter,  le 
■ijour  ne  peut  non  plus  avoir  d'influence  pour  moilifier  l'ap- 
pareil de  ruifnclion  d<iiis  les  poiMone. 

Nijus  ne  dovoni  donc  nuu»  occuper  que  des  diiTérencas 
qui  tiennent  tiux  groupe*  oaluiels,  ' 

Dans  lo<H  lis  poitsons  osseux  qne  j'ai  pu  obserrer,  la 
poche  iiiraLtivc  est  toujours  comprise  entre  l'os  lacrymal  qui 
la  recouTre  plus  ou  moins  eo  nrri<:rc  et  en  dehors,  l'os  du  ' 
nei  en  dessus  ,  l'os  pra-maxillaire  en  avant,  et  le  Tomer  en 
dedans  :  mais  ces  os  ae  la  eucbent  pas  toujours  complè- 
tement. 

Sa  Torme  et  ia  ^ndeur  sont  du  reste  asses  Tariables,  et 
sont  en  rapport  avec  cetirs  du  museau, 

La  membrane  ûbreuse  ne  m'a  jamais  paru  bien  distincte 
de  la  membraoe  piluitaire,  surtout  dans  luut  te  cfilé  exté- 
rieur de  la  cavité.  Elle  forme  cependant  presque  loujours 
«u  cAlË  interne  et  postérieur  de  celle-ci,  une  masse  ovale 
dani  le  milieu  offre  une  saillie  plus  ou  moins  allongée, 
de  chaque  cAté  de  laquelle  naissent  sous  un  angle  variable 
des  lames  ou  des  plis  plus  ou  moins  nombreux. 

La  meinbrflne  olfactive  s'applique  sur  ces  dispositions  de 
la  membrane  fibreuse. 

C'e»t  au  cAté  externe  que  se  trouve  la  communication 
extérieure;  elle  se  fait  presque  toujourt  par  deux  orifices, 
dont  la  position ,  la  fosmc ,  les  grandeurs  relalives  sont  ex- 
trfioiemenl  variables  :  ce  qu'elles  ont  de  constant,  c'est  que 
Poriflee  postérieur  est  tnuiours  béant,  et  perce  comme  un 
Irouduns  Upiroi,  tandis  que  l'antérieur  parait  être  contrac- 
tile ,  et  en  eflct  il  e^t  toujours  bordé  par  une  partie  muscuto- 
dermoïde  ,  qiiriqnefois  même  prolongée  en  une  sorte  de 
■  fuhe  :  celle  dernière  disposition  est  surtout  fort  prononcée 
dans  les  espèces  anguillil'ormes  qui  vivent  dans  la  vase.       "' 


I 


SmmiBO- 

dercDM 
■bdomiiMiu. 


'boraciques. 


332  DE  l'appareil  de  l'odoeat 

Parmi  les  poissons  Yèritablemeot  abdominaux,  on  indique 
quelques  familles  qui  n'ont  qu'un  seul  orifice  aux  narines  ^ 
mais  cela  est-il  certain  ? 

lies  brochets  se  distinguent  par  la  position  reculée  de  la 
cavité  olfaciire,  qui  est  orale,  et  dont  les  deux  orifices  pres- 
que égaux  sont  séparés  par  une  bride  cutanée  peu  large. 

Les  saumons  ont  aussi  deux  orifices  assez  rajpprocbés  y^pres* 
que  égaux.  La  membrane  plissée  forme  une  espèce  de  pal* 
mette. 

Les  carpes  ont  l'appareil  généralement  asseï  développé, 
les  orifices  très-rapprochés»  très-grands,  surtout  le  posté- 
rieur qui  est  semi-lunaire;  l'antérieur  est  percé  dans  une 
sorte  d'opercule  qui  pénètre  dans  son  excavation. 

Les  harengs ,  les  aloses  me  paraissent  u'aroir  qu'un  seul 
orifice  postérieur  fort  grand. 

Les  silures  semblent  aussi,  pour  la  plupart,  n'aroir  qa*un 
seul  orifice  aux  narines;  mais  les  observations  eont-dles^ 
bien  exactes  P 

Les  cobites  ont  aussi  une  assea  grande  cavité  olfactive 
jEOnde  ;  les  deux  orifices  sont  distans  :  le  postérieur  est  énorme 
pour  un  si  petit  poisson  :  l'antérieur  est  à  l'extrémité  d'un 
tube  assez  long. 

Les  amies  ont  aussi  l'ouverture  nasale  antérieure  prolongée 
en  un  long  tube. 

Les  exocets  ont  une  forme  de  narine  particulière.  La  oa- 
vité  est  fort  petite;  elle  n'a  qu'un  seul  grand  orifice;  mais  il 
est  jusqu'à  un  certain  point  divisé  en  deux  parla  saillie  d'une 
espèce  de*  petite  cupule  que  je  crois  la  partie  plissée. 

Les  muges  et  surtout  les  poljnèmes ,  dont  le  museau  est 
fort  court ,  ont  les  deux  orifices  de  la  cavité  olfactive  souvent 
fort  rapprochés  et  presque  arrondis. 
.;Parmi  les  poissons  thoraciques,  on  trouve  que  la  cavité 
olfactive  est  en  général  asses petite;  la  membrane  plissée  est 
beaucoup  plus  petite  encore,  et  plus  ou  moins  antérieure 


DANS    LES    POISSONS*  5!>5 

et  iateroc)  et  située  immédialemenl  au  dedans  de  l'orilice 
antérieur;  mais  ensuite  la  proportion  Je  cet  oriHcc  avec  le 
postérieur,  rarie  beaucoup.  Les  mulets,  labres,  crénilubres 
et  DiËDie  les  perches,  les  ténianotcs  ont  toujours  l'orifice 
postérieur  le  plus  granii. 

les  chétodoDs  sont  dans  le  cas  contraire,  «t  la  cavité  nl~ 
factive  est  fort  petite. 

Dans  les  scombres,  elle  est  au  contraire  rnri  grande,  et 
elle  se  prolonge  en  arrière ,  en  avant  sous  l'os  maxillaire ,  de 
maaière  ù  n'être  séparée  de  la  cavitù  buccale  que  par  la 
membrane  palatine.  Cependant  la  portion  plissée  n'est  pas 
lirande;  les  plis  naissent  d'un  petit  boulDii  inédian.  Quant 
aux  oriâces  ,  iU  sont  asseï  dislans,  et  le  postérieur  est  sous 
forme  de  fente  verticale. 

Les  trigles  ont  aussi  ce  prolongement  sous-maxillaire  de  la 
cavité  nasale,  et  la  partie  radiée,  ovale  et  petite ,  mais  les 
orifices  extérieurs  sont  fort  rapprochés  au  milieu  du  museau  : 
l'aotérieur  circulaire  est  extrêmement  petit  et  rond>;  le  pos- 
térieur est  ovale ,  allongé. 

Les  rémoras  ont  de  même  la  cavité  olfactive  très-'peu  con- 
sidérable, la  portion  ptissée  formant  une  petite  masse  ar- 
nondte;  les  orifices  Iré 9 -rapproché s ,  le   postérieur  étroit  et 
)  vertical. 

Les  cottes  ont  au  contraire  les  orifices  distans;  mais  le 
posièriçur  est  eilr&mement  petit  et  au  bord  supérieur  de 
'l'orbite  :  l'antérieur  n  un  pètil  tube.  La  cavité  est  comme 
partagée  en  deux  par  l'os  lacrymal. 

Parmi  les  poissons  jugulaires,  fc  ne  vois  aon  plus  rien  de 
particulier. 

Les  vires  n'ont  pas  les  plis  de  la  membrane  bieu  marqués^ 
-Il  cavité  est  petite;  elle  a  toujours  deux  orifices;  l'anlérieiir 
»A  l'extrémité   d'un  petit  tube,  cl  l'autre  très- remonté  an 
l-%bord  supérieur  de  l'orbite ,  et  excessivement  petit. 

I  les  gades  la  cavité  est  médiocre,    la  partie  plissée 


I 


334  DB  l'appareil  de  l'odorat 

OTâle,  les  deux  orifices  presque  égaux,  l'antérieur  bordé  en 
arrière  par  un  demi-tube. 

Les  pleuronectes  ont  leurs  narines  disposées  f  une  (k  droite 
al  l'autre  à  gaucbe  ^  muis  non  complètement  symétriques , 
oelle  du  côté  des  jt^ux  étant  plus  basse  que  Taotre.  La 
earîté  est  du  reste  assez  grande  ;  la  partie  plîssée  ost  ovale 
oomme  dans  les  gades  :  des  deux  ouTertures,  la  postéri^re 
est  orale  et  un  peu  plus  grande  que  rantérieiire  «  qui  est  à 
rexiréniité  d'un  demi-tube ,  c'est-à-dire  que  la  membrane  qui 
k  forme  n'occupe  que  la  moitié  postérieure  de  l'éuTertore. 

Dans  la  section  des  dipodes,  les  gymnotes  m*ODt  paru 
n-ATOlr  qu'un  seul  orifice  à  leur  narine 9  et  c'est  ranté#fenr; 
il  est  à  l'exlrénité  d'nn  petit  tube  ;  mais  fe  ne  vouilrais  pas 
assurer  qu'il  n'y  ait  réellement  que  celui-là. 

Les  anguilles  en  ont 'certainement  deux  :  la  caThé  oMho- 
tÎTe  est  fort  longue  et  presque  entièrement  oocopèe  dans  sa 
paroi  interne  par  un  appareil  plissé,  dont  l*axe  est  trèe- 
long  et  les  lames  très-membraneuses  et  très-fines.  Les  deux 
orifices  sonttrès-distans  et  médiocres  ;  le  postérieur  est  orale 
un  peu  au  derant  de  l'œil  ;  l'antérieur  est  à  l'extrémité  d*oo 
«saes  long  tube  qui  se  trouve  presque  au  bout  do  miineau. 
ifëUrodemiM.  |«  groope  de  poissons  que  fe  désigne  par  la  dénomimtieo 
d*bétérodermes  n'offre  pas  davantage  quelque  chose  de  cdm- 
fliun  dans  l'apparetl  de  l'olfaction. 

"Les  cydoptèses  ont  la  poche  de  l'odorat  petite,  arrondie, 
aree  deux  orifices  en  général  très-remontés  ;  le  supérieur  est 
si  excessivement  petit  qu'il  est  fort  diffieile  à  voir;  il  e9t;au«> 
dessus  et  en  dedans  de  rosil  :  l'aDilérieor  est'tubalcwxi    * 

Les  baudroies,  d'après  ce  qu'en  disent  MM.  Guvlerct^u* 
Puéril  9  ont  leur  organe  d'olfaotiob- en  forme  de  petite 'Cupùle. 

Les  syngnathes  paraissent  avoir  cet  organe  asset  singulier  : 
danS'  l'hippocampe,  )'ai  trouvé  de  chaque*  c6tè  une  sorte  de 
petit  appendiee  dentelé  et  extérieur  ^  formant  «ne  elpècie 
d'operonlep  et  dont  le  bord  postérieur  offre  un  assea  grand 


~ÏANS   LBS   POISSONS.  335 

•rifice.  Uaoi  le  sjngnoihe  tjphlé  du  Hfioilli:  *  il  j  a  deux  ori- 
ûct-i  bien  dniincls  quoique  fort  rapprochés,  le  potlêrieui 
rebordé,  et  l'imlèriuur,  ù  IVxtrémilé  d'uo  pelit  lube  en 
forme  d'appentMce.  Dans  celui  de  roi  cAtés  la  caiilé  a  évi- 
demuientdf-ux  orifices  disiioctSiquoiqus  fortrapproobét,  et 
Ions  deus  lubuleux. 

Dans  le  pégase  volant,  la  caritÀ  ètl  arrondie  et  formée 
en  debors  par  une  membrane  oirculaire  daos  le  milieu  de 
laquelle  eal  un  petit  bouton  percé  d'un  Irou. 

Les  batistes  uai  deux  orifices  fort  rapprochés  entre  eux; 
l'antérieur  étant  un  peu  plus  grmid  et  rebordé  ,  la  poche  est 
ronde ,  et  les  plis  naissent  d'un  bouton  :  les  cenirisques  pa  - 
miMent  dans  le  même  cas,  do  moins  pour  les  orifices. 

Les  tétraodoDS  ont  les  deux  ouvertures  presque  semblables, 
diriges  obliquement  l'une  au-devant  de  l'autre  :  la  C'irité  est 
petite,  et  la  membrane  plissée  longiludinalemeni. 

Les  coffres  ressemblent  beaucoup  aux  lélraodons  sous  ce 
trt. 

Dans  les  diodoDSt  je  n'ai  pu  trouver  sur  un  seal  indh idu 
que  j'ai  observé  ù  la  puche  olfactive  qui  est  très-petite ,  qu'un 
seul  oriflua  ovale  et  percâ  A  ta  base  du  traocbanl  d'une  es- 
pèce do  petit  appendice  rbarru  aurlTorme. 

Les  premières  l'amilles  du  la  sous-cIassc  des  poissons  car*  i 
tilagitieux  ont  encore  beaucoup  d'analo^e  sous  le  rapport 
dfl  l'appareil  de  l'olTaction ,  avee  ce  qui  existe  dans  les  autres 
poissons. 

AÏDsi  les  esturgeons  qui  ont  la  cavité  nasale  ^ande  et  en- 
tièrement remplie  par  une  masse  fibro-mu^neuse  presque 
ronde,  partagée  en  un  grand  nombre  de  lames  qui  s'irradient 
d'une  rondelle  circulaire ,  ont  enccre  deux  orifices  extérieurs 
bien'dÉstincis,  presque  é^aui  et  située  nu  devunt  de  l'asil. 
Ln  lames  oUactives  offrent  cela  de  particulier  qu'elles  soal 
«Dcoie  subdirisées  par  du  lanittUei  i^Midiiires  qui  cti 
MÎMcQl  à  ftugle  droit.  .  .•  .  ji^t.atiiii«s.>t.', 


^tppot 


536  DE  l'appareil  de  l'odorat 

Mais  les  chimères ,  Iti  raies  et  les  squales  offrent  ane  dispo- 
sition particulière  dans  la  position  «  plus ,  il  est  vrai ,  que  dans 
la  composition  de  l'organe  de  Tolfaction  ;  il  est  en  effet  tou- 
jours à  la  face  inférieure  du  museau  de  Tanimal ,  plus  ou 
moins  en  a?ant  de  la  bouche.  La  poche  qu'il  forme  est  orale 
et  très -grande,  surtout  dans  les  raies.  Les  lamea  flbro- mu- 
queuses sont  très-nombreuses,  et  s'irradient  d'une  sorte  d*axe 
longitudinal.  Quant. à  l'on YerturOf  elle  est  grande,  unique; 
mais  le  plus  souvent  elle  est  partagée  en  deux,  et  plus  on 
moins  fermée.par  une  sorte  d'opercule  cutané  qui  natt  de  son 
bord  antérieur  ou  postérieur. 

Jkkus  les  squales ,  la  narine  est  en  général  un  peu  moins 
inférieure  que  dans  les  raies  ;  elle  est  toujours  complètement 
séparée  de  la  bouche  :  quant  à  l'appendice  cutané  f  sa  forme 
et  sa  grandeur  Tarîent  dans  chaque  petite  fiimille;  les  rous- 
settes ou  scyllorhiniens,  par  exemple,  ont  cet  appenUcepro-' 
longé  en  une  espèce  de  tentacule  souTent  fort  long.       jj 

Dans  les  marteaux  (  sq.  zyQcena.  L.  )  la  nariqe  est  placée 
au  bord  antérieur  et  externe  de  l'élargissement  singulier  de 
la  tête. 

Les  chimères,  sous  ce  rapport ,  sont  plus  rapprochées  des 
raies ,  en  ce  que  la  narine  est  tout-à-fait  inférieure ,  immé- 
diatement en  a?ant  de  la  lè?re  supérieure  ;  elle  est  asses 
grande,  profonde  \  la  membrane  plissée  est  orale,  et  les  plis 
tombent  des  deox  côtés  d'une  ligne  longitâdioale.  L'orifice 
est  presque  rond,  et  de  son  bord  aotérieur  naît  un  lobe  cu- 
tané étroit  qui  doit  pouroir  le  clorre  presque  complètement. 
La  cavité  nasale  communique  aussi  aiec  la  bouche  en  dehors 
de  son  angle ,  un  peu  comme  dans  les  raies. 

Les  raies  ont  de  même  la  narine  tout-à-fait  inférieure  et 
plus  grande  que  les  squales;  son  ouverture  est  aussi  subdi- 
Tisée  en  deux  par  une  petite  avance  de  la  peau  de  son  bord 
antérieur  ;  et  ce  qui  leur  est  particulier,  c'est  que  la  narine 
communique  avec  le  côté  correspondant  de  la  bouche  par  ua 


DANS   LES    POISSONS.  5ô'J 

sillon  profond  creusé  en  dehors  de  la  lè?re  supérieure.  On 
trouve  quelques  différences  d^ns  cbaque  ft^uille;  ainsi  les 
raies  cornues  ou  dicérobales  ont^  les  narines  beaucoup  plus 
petites  que  les  raies  ordinaires. 

EnGn ,  dans  la  dernière  famille  des  poissons ,  ou  dans  les 
cycloctomes  y  on  observe  une  singularité  tout-à-fait  nouvelle 
dans  l'appareil  de  Tolfaction,  et  qui  consiste  en  ce  qu'il  n'est 
plus  pair,  mais  symétrique.  Il  forme  en  effet  une  petite 
poche  ovale ,  située  exactement  dans  la  ligne  médiane , 
et  qui  n'a  qu'un  orifice  ovalaire  également  médian  ;  elle  est 
tapissée  à  l'intérieur  par  une  membraue  molle  ^  plissée  Ion- 
gitudinalement  et  noire  ;  c'est  ce  que  quelques  auteurs  ont 
désigné  dans  ces  poissons  sous  le  nom  d'évent,  en  supposant 
à  tort  qu'il  y  avait  toujours  une  communication  avec  la  gorge. 
Cet  orifice  est  assez  loin  du  bord  supérieur  de  l'ouverture  buc- 
cale dans  les  lamproies;  mais  iltïst  dans  le  bord  même  chez 
les  myxinés  entre  deux  appendices  tentaculaires.  Mais  une 
différence  importante  que  présentent  ces  animaux ,  c'est  que 
quoique  dans  l'un  et  dans  l'autre  la  cavité  nasale  se  continue 
en  arrière  par  un  canal  distinct  »  au-dessous  de  la  poche  ol- 
iacttYC)  jusque  dans  l'arrière  «bouche;  dans  les  lamproies^ 
ce  canal  se  termine  indubitablement  par  un  cul-de-sac» 
comme  je  m'en  suis  assuré  après  M.  Duméril;  tandis  que 
dans  les  myxinés,  ce  canal  a  un  orifice  as:>ez  large,  en  avant 
d'une  sorte  de  voile  du  palais  qui  se  porte  en  arrière  dans  la 
l^orge. 

AxTicJLE  II.  De  rorgane  et  de  Pif  pareil  de  l'odorat  dans 

les  entoniozoaires. 


Dans  ce  type  d'animaux  comme  dans  le  suivant,  les  phy-  conùdicm 
siologistes  ne  sont  pas  d'accord  sur  le  siège  de  cette  fonction, 
quoique  aucun  ne  puisse  nier  qu^un  grand  nouibre  d'insectes 
€t  plusieurs  mollusques  aperçoivent  les  corps  à  l'aide  de  Tu- 

1.  22 


538  DE  l'appareil  de  l'odorat 

dorât;  mais  ici  Panalo^ie  qui  nous  avait  guidés  d'ane  ma- 
nière sôre  depuis  rhoinme  jusqu^au  dernier  des  poissons, 
Tenant  à  manquer  dans  plusieurs  points ,  comme  nous  le 
Terrons  en  détail  dans  notre  physiologie ,  les  anatomistes 
Tat  lent  d'ojânion.  En  efiel  n  les  uns  partant  d*un  principe  qu'un 
corps  pour  être  odorant  a  besoin  d*être  préalablement  dissous 
dans  un  fluide  gazeux  9  et  ne  peut  être  porté  à  la  membrane 
•sentante  que  par  Tair,  ont  pensé  que  dans  les  entomosoaires 
la  partie  de  la  peau  modifiée  pour  Tolfaction  dcTait  être  à 
rentrée  de  Pair  dans  Tanimal,  et  par  conséquent  sur  le  bord 
des  stigmates;  et  que  dans  les  mollusques  qui  respirent  Tair 
en  nature  9  ce  devait  être  à  h  marge  du  sac  pulmonaire. 
D'autres n  au  contraire,  partant  de  la  structure  d*une  mem- 
brane olfactive,  ont  cru  que  dans  les  mollusques  toute  la  peau 
que  nous  aTons  vue  en  effet  être  souvent  fort  analogue  à 
une  membrane  pituitaire  ,  devait  apercevoir  les  odeurs  dans 
tous  ses  points.  Enfin,  un  assez  grand  nombre  d'auteurs 
s'appuyant  sur  une  simple  analogie  de  position ,  ont  pensé 
que  le  siège  de  Tolfaction  dans  les  animaux  pairs  inosseux 
devait  être  sur  la  première  paire  d'appendices  de  Tanimal, 
comme  cela  a  lieu  dans  les  animaux  pairs  osseux.  C'est  l'o- 
pinion que  nous  adoptons  comme  la  plus  probable  y  parce 
qu'elle  se  trouve  d'accord  avec  plusieurs  considérations 
a  priori,  et  surtout  avec  la  spécialité  du  système  nerveux  ; 
que  nous  croyons  d'autant  plus  nécessaire  que  la  fonction 
seosoriale  l'est  davantage  elle-même,  et  qu'en  outre  elle 
donne  lieu  ùl  beaucoup  moins  d'objections  que  les  autres  opi- 
nions ,  comme  nous  le  verrons  dans  la  seconde  partie  de  ce 
Traité. 

Dans  cette  manière  de  voir,  la  plus  grande  di£Eérence  que 
l'appareil  de  l'olfaction  des  animaux  pairs  inosseux  présente 
avec  ce  qui  a  lieu  dans  les  ostéozoaires ,  c'est  que  la  peau  plas 
ou  moins  modifiée  ne  tapisse  plus  une  cavité,  une  pocbe. 
logée  dans  le  tissu  même  de  la  tête;  mais  qu'elle  revêt  i'ex- 


DANS   LES   ENTOMOZOA  IBES.  .).^9 

Irémilé  d'un  appendice  qui  peut  saillir  plus  ou  moins  au-de- 
TBDt  de  ranimai ,  d'où  soûl  résultées  dvccss  aire  ment  plu- 
sieurs imperfections  iiibérentcs  à  celle  dl.iposilion  même. 

Ces  appendices,  dan^  les  enlomoioaires ,  que  nous  coTi- 
GSgcons  mainienani  spécialement,  portent  le  nom  d'on- 
lennes;  \\i  n'existent  pas  absolument  dans  tous  les  animaux 
de  ce  lypci  comme  nous  le  verrons  en  traitant  de  l'appareil 
de  la  locomotion  ;  mais  le  plus  grand  nombre  en  est  pourvu. 

La  modiiîcalion  de  la  peau  qui  les  revêt  est  en  général 
fort  peu  olf.ictivei  surtout  dans  la  plus  grande  pnrtie  de  l'é- 
tendue de  l'organe  où  elle  eat  ulternalivemenl  dure  et  molle, 
comme  diinf  le  reste  du  corps;  mais  ii  l'extrémilé,  elle  m'a 
paru  toujours  plus  tendre,  plus  flexible;  ou  peut  s'en  assurer 
sur  les  nécrophores ,  qui  ont  un  odorat  si  lia.  £u  général  on 
s'est  encore  peu  occupé  des  modiUcattons  qu'elle  peut  pré- 
senter. 

Il  n'en  a  pas  été  de  même  du  substralum  de  cette  mem- 
brane ou  des  antennes  elles-mèraes  :  les  entomologistes  y 
ont  fait  la  plus  grande  attention ,  en  ont  étudié  les  différentes 
parties  avec  un  soin  extrêmement  minutieux»  et  s'en  sont 
servis  pour  établir  un  grand  nombre  de  coupes  génériques. 
Nous  ne  devons  pas  entrer  en  ce  moment  dans  ces  détails, 
que  nous  iScberons  de  réduire  à  quelques  principes ,  lorsque 
nous  traiterons  de  l'appareil  de  la  locomotion.  ÎJous  nous 
bornerons  à  dire  que  le  nombre  des  pièces  ou  articulations 
qui  ciislent  dans  leur  composition ,  la  proportion ,  la  forme 
de  CCS  pièces  est  d'une  lixilé  telle,  qu'il  n'y  a  rien  d'étonnant 
que  la  loologie  s'en  soit  servie  avec  tant  d'avantage.  Nous 
donnerons  seulement  ici  quelque  chose  sur  le  (tf.'feloppe- 
tneot  plus  ou  moins  considérable  des  antennes  dans  les  diffé- 
rens  groupes  d'entomotoaires. 

Tous  les  animaux  qui  forment  la  classe  des  hexapodes  en 
sont  pourvus,  A  un  irés-pctit  nombre  d'anomulics  pr^9. 

Il  me  semble  assci  remarquable  qu'elles  décruisscnt  d'é- 


1 


54o  DE  i'appareil  de  l'odorat 

tendue  à  mesure  que  des  lépidoptères,  des  coléoptères  et 
des  orthoptères ,  on  descend  successÎTemeot  aux  hémiptères , 
aux  hyménoptères ,  aux  diptères  et  aux  aptères. 

octopodei.  De  ces  derniers  animaux  on  passe  par  des  nuances  insen- 
sibles aux  octopodcsy  chez  lesquels  il  n*j  a  plus  de  traces 
d^antennes;  en  sorte  qii^il  est  assez  difficile  de  concevoir  chez 
eux  où  se  trouve  le  siège  de  Tolfaction  »  si  toutefois  ils  en 
jouissent ,  ce  qui  me  paraît  assez  peu  probable. 

décapodei.  ^es  décapodes,  qui  ont  au  contraire  un  odorat  extrême- 
ment fin,  comme  tous  les  entomozoaires  qui  se  nourrissent 
de  substances  animales  à  Tétat  de  putréfaction  plus  ou  moins 
avancée,  ont  toujours  deux  paires  d*antennes,  quelquefois 
extrêmement  petites ,  comme  les  crabes  ,  et  d'autres  fois 
très -longues,  comme  les  écre?isses  :  quelle  est  celle  qui 
est  le  siège  de  l'olfaction  ?  c'est  ce  que  je  n'oserais  décider  ; 
mais  je  croirais  volontiers  que  c'est  la  première. 

1^1  La  plus  grande  partie  des  hétéropodes  ou  des  malacos- 

r}  i***  ^  tracés  des  auteurs ,  et  les  tétradécapodcs  sont  dans  le  même 
cas. 

^Md  ^^^  myriapodes  n'en  ont  plus  qu'une  pah*e,  comme  les 

hexapodes. 

bëiopodcf.  Enfin  chez  les  chétopodes ,  les  appendices  que  Pon  doit 
considérer  comme  analogues  des  antennes ,  ne  diffèrent 
presque  en  rien  de  certaines  parties  des  autres  appendices  ;  et 
en  effet  ils  forment  des  faisceaux  plus  ou  moins  considérables 
sbr  les  premiers  anneaux  du  corps. 

Quant  aux  apodes,  ils  n'offrent  plus  aucune  trace  d'an- 
tehncs;  aussi  est-il  plus  que  probable  qu'ils  n'aperçoivent 
pas  les  odeurs. 

les  mol-       Les  deux  classes  d'animaux  qui  forment  le  sous-type  des 

arliculéf. 

molluscarticulés,  n'offrent  non  plus  aucun  organe  que  Ion 
puisse  soupçonner  être  le  siège  de  l'organe  de  l'olfaction  :  en 
effet,  les  nématopodes,  de  même  que  les  polyplaxiphores 
B'out  ni  antennes  ni  tentacules. 


I>\NS    lïB   lFlMAnOXOAI1t1!«. 


A11TICI.K  111.  De  l'organe  ei  de  Capparetl  de  l'olfac, 
dans  les  malacozaaires. 


Dans  ce  type  d'unimaiix.  les  organe»  (fie  nous  regardons  t^ 
comme  le  support  Je  la  membrane  olfuctive,  ou  U  ]'remiére 
paire  d'appendii^cs,  portent  fe  nom  de  tentacules,  parue 
qu'on  les  u  regardés,  mais  à  tort,  comme  propres  ù  iSlcr,  à 
toucher  :  leur  place  est  sur  la  (Ctc;  il  ne  faut  pas  les  con- 
fondre avec  des  lobes  appendiculaires  qui  se  trourent  soii' 
Tent  de  cha(|ue  câiÉ  de  la  bouche  de  plusieurs  espaces  de 
aoUusques,  et  qui  aoot  de^  dépendances  de  la  lèvre  supé- 
rieure. 

La  peau  qui  retCl  ces  appendices  ne  m'a  pns  paru  beau- 
coup différer  de  celle  du  re«tc  du  corps;  elle  me  semble 
f^pendant  plus  fine,  plus  lisse  â  leur  exircmité,  el  surloul 
elle  reçoit  une  bien  plus  grande  quanlilé  de  nerfs. 

Quant  à  la  Tormc,  à  lj  grandeur  el  mCme  un  peu  â  la 
position,  les  tentacules  offrent  un  assez  grand  oombre  de 
différences  que  les  xoulogistes  ont  en  général  moins  étudiées 
que  dans  les  entomozoaires ,  mais  qui  oc  confirment  pas 
moins  assez  bien  les  groupes  naturel». 

Dans  la  famille  d€S  sécbcs  ,  il  me  semble  que  les  espaces  de 
[  JftDières  brachiales  qui  entourent  la  bouche  ,  ne  doiTent  Sire 
isîdérées  que  comme  des  dépendances  de  la  prébenïion 
F  buccale.  J'admets  donc  que  dans  ces  animaux  il  n'y  a  pas 
^1^  tentacules  oUaclirs. 

Le  groupe  des  syp  h  on  oh  ranch  es  en  a  au  contraire  presque 
I ^toujours  une  paire,  tic  forme  el  de  grandeur  assci  TarliiLles, 
%fit  qui  différent  surtout  beaucoup,  en  ce  que  souTeot  les 
T' jeux  sont  portés  sur  un  renflement  de  leur  base,  ou  méoie 
I  ,dans  une  partie  de  leur  longueur.  .    • 

^es  murex,  el  probablement  tous  les  genres  qui  en  ont 
ité  démembrés,  ont  les  tentacules  pointus,  tuédiocres,  con- 


I 


343  DE   L  APPAREIL   DE    LODORAT 

tractiles,  et  portant  yers  le  quart  inférieur  de  leur  hauteur 
les  tubercules  oculifères  :  les  pourpres ,  les  casques ,  les  cé- 
rithes  véritables  soot  dans  le  même  cas,  ainsi  que  les  cyprées , 
les  olives  j  les  marginelles ,  les  colombelles. 

Les  cônes  ont  les  yeux  encore  plus  avancés  sur  la  lon- 
gueur des  tentacules,  dont  la  pointe  très -fine  les  dépasse 
assez  peu. 

Les  strorabes,  les  ptèrocères  ont  une  seule  paire  d'appen- 
dices tentaculaires ,  qui  se  divise  en  deux  à  rextrémité.  Le 
tentacule  proprement  dit  est  cylindrique ,  obtus ,  interne  et 
plus  court  que  la  bifurcation  oculifère. 

Je  connais  une  espèce  de  vis,  pourvue,  il  est  vrai,  d'un 
opercule  assez  considérable  qui  n*a  pas  d*autres  tentacules 
que  ceux  des  yeux  :  ils  sont  extrêmement  petits,  aplatb, 
triangulaires,  et  portent  les  yeux  au  sommet. 

Les  buccins  proprement  dits  ont  au  contraire  les  tentacules 
tout-à-fait  indépendans  des  yeux. 

Les  véritables  vis  paraissent  être  dans  le  même  cas. 

Les  volutes  ont  aussi  les  tentacules  triangulaires,  aphitis, 
sans  connexion  avec  les  yeux. 

Dans  la  section  des  mollusques  acéphales  asyphobran- 
ches ,  les  tentacules  de  forme  un  peu  variable  sont  souvent 
indépendans  des  yeux. 

Toutes  les  espèces  de  toupies  et  de  turbos  ont  ces  tenta- 
cules assez  gros  et  coniques. 

Les  monodontes  paraissent  les  avoir  ciliés. 

Dans  les  scalaires,  ils  sont  subulés,  et  renflés  dans  une 
partie  de  leur  base  pour  porter  les  yeux. 

Les  cyclostomes  ont  aussi  assez  souvent  les  tentacules 
gros,  sub-coniques,  et  portant  les  yeux  à  Textrémité  d'un 
renflement  qui  se  joint  à  leur  base. 

Les  phasiannelles ,  les  ampullaires ,  les  hélicioes ,  etc. ,  ont 
au  contraire  les  tentacules  parfaitement  distincts  des  tuber- 
cules oculifères. 


DANS    LES    M  ALAC0ZOAIk£t>- 

La  tiimille  dts  nériles  est  dans  lu  mùmccas. 

Celle  des   jantliiues  a  ses  icolacule»  fort  singuliers;   ils 

lont  profondément  difbé.s  en  deux  partie»,  u«  qui  furnic  de 

chaque  côté  deux  tentacules ,  dont  l'eilernu  eal  le  plui  long. 

Dans  1.1  famille  des  lymnacées.  les  Ivnlacules  bien  di»-  v 
lincls  ilea   yeux  sont  extrêmement  contrucliles  dans  tous 
leurs  points  :  du  reste  ils  sont  aplatis,   Iriangiiluirrs  dans 
\ei  lyinnées  proprement  dites,  et  au  couirairc  sétauês  dans 
les  planorLes  cl  les  pbjsea. 

Les  Buriculacées  les  ont  beaucoup  plus  gros,  un  peu 
renflés  à  l'exirOuiîtê  et  annulalrement  tontracliles. 

Dans  les  verligos  ,  qui  sont  de  Ténlatiles  Ltliecs  sous  tous 
les  autres  rapports,  les  tentacules  sont  si  excessivement  pe- 
tits qu'on  eu  nie  l'existence. 

Ils  sont  un  peu  plus  évidens  dans  les  maillots,  et  le 
deviennent  de  plus  en  plus  dans  les  bulimes  et  les  hélices  i 
où  ils  sont  obtus  ,  renflés  i  l'cilrémité  et  rélractiles;  c'esl-à- 
dire  qu'ils  peuvent  être  enlièrcmcnt  rentrés  à  l'inlùrieuff 
et  retournés  comme  un  doigt  de  gant,  par  une  disposition 
musculaire  tout-ù-fait  seiablable  à  ce  qui  existe  pour  les 
pédoncules  oculaires  de  cette  famille. 
Toutes  les  vérilaLles  limaces  avec  un  rudiment  dçcoquille, 
f  00  tûut'A-fah  nues,  sont  dans  le  mCmc  cas. 

.    Les  limaces  de  l'Amérique  méridionale  ei  de  J'Indc,  que 
l'on  désigne  sous  les  noms  d'onchidie  ou  de  véronicelle  ,  les 
i  PDt  comme  palmés  â  rexirêmité,  etlls  sont  seulement  coo- 
t  tracliles. 

Les  tentacules  de  lu  famille  des  sigarets  sont  gros,  sub<0- 
I  aiques,  assez  obtus  et  peu  coniracliles. 

1\i  sont  à  peu  prés  semblables  dans  les  pleurohraucbea  qui 
Kfbnt  le  passage  de  cette  fimille  à  lu  suivante. 

Dans  celle  des  monopleurobranches,  qui  comprend  Ic^ 
F  laplysiei  et  gem'es  analogues ,,  les  tentacules  sont  quelquefois 
,  presque  tout-Wait  Duh,  comme  dans  les  acères,  oïl  il  ;  :> 


I 


544  ^^  l'appareil  de  lodorat 

cependant  8ou?ent  une  petite  crête  longitudinale  qui  les 
remplace  :  muis  dans  la  plupart  des  espèces ,  ils  sont  en 
forme  de  membrane  disposée  en  une  sorte  de  cavité  fendue 
au  côté  interne,  et  dont  Tintérfeur  est  plissé ,  un  peu ,  comme 
dans  l'organe  de  Toiraction  des  poissons  ;  mais  il  est  à  re- 
marquer qu'il  j  en  a  une  paire  en  arrière  des  yeux,  et  une 
autre  paire  en  avant. 

Le  groupe  des  ptéropodes  offre  une  firme  particulière  de 
tentacules  presque  dans  chaque  genre. 

Dans  les  clios,  ils  sont  fort  petits,  grêles,  cylindriques, 
et  situés  sur  les  côtés  de  Tespèce  de  prépuce  pouvant  re- 
couvrir les  appendices  buccaux  qui  entourent  la  bouche,  un 
peu ,  comme  dans  les  poulpes. 

Dans  les  pneuroodermes,  je  n'ai  pu  apercevoir  de  Téri- 
tables  tentacules  olfactifs  ;  car  il  est  probable  que  les  es- 
pèces d'appendices  aplatis  y  ovales ,  dont  la  face  interne  est 
couverte  d'un  grand  nombre  de  petites  cupules  comme 
cornées  et  pédiculées ,  sont  des  appendices  buccaux.  J'ai 
cependant  vu  à  la  marge  de  la  trompe  un  petit  appendice 
cylindrique  qui  pourrait  être  tentaculaire. 

Les  hyak'S  ont  d'assez  petits  tentacules,  cylindriques, 
creux ,  et  situés  à  la  partie  dorsale  de  la  tête. 

Je  n'ai  pu  les  voir  dans  les  cléodores  ,  ni  dans  le  phylliroë  ; 
car  je  ne  pense  pas  que  les  espèces  d'appendices  contournés 
un  peu  en  corne  de  bélier,  et  qu'on  a  désignés  comme  des 
tentacules  dans  ce  genre ,  en  soient  réellement  :  nous  Ter- 
rons que  ce  sont  des  organes  de  locomotion. 

Les  premiers  groupes  de  l'ordre  des  polybranches  ont  les 
tentacules  coniques,  et  formant  deux  paires  distinctes;  très- 
courts  dans  les  glancus ,  les  laniogères ,  ils  sont  au  con- 
traire fort  longs  dans  les  cavolines  et  les  éolides. 

Ceux  de  la  seconde  famille  du  même  ordre  «  comme  les 
scyllées ,  les  tritonies,  n'ont  plus  qu'une  paire  de  tentacules; 
mais  ils  sont  beaucoup  plus  gros. 


DAII5  LES  malacozoaihes.  ^4^ 

Les  cjclobrancbcs  sont  dans  le  inCrae  cas;  tuais  dans  les 

pcroiiies    (i]  ils  sont  gras,  assez  plats,  peu  contmctiles , 

et    situés  SOU3  le  bord  antérieur  du  uanleau;  Uudia  que 

dans  Ict  oncbidorcs  et  dans  les  doris,   ils  sont  ù  h  partie 

nières .  ils  offrent  souvent  celle  Mngularilé  de  pouvoir  Être 
coniplûlemeni  rentrés  dans  une  cavité  creusée  â  leur  base, 
et  pourvue  quelquefois  sur  ses  Lords  de  plusieurs  latioiures 
dcruioîdes  en  forme  de  calyce.  Ces  lentacules  sont  aussi 
souvent  remarquables  par  leur  slruclure  ;  en  effet,  ils  sont 
quelquefois  composés  de  lames  enfilées  par  un  aie  ;  d'autres 
fois  ce  sont  des  tubercules  nombreux  qui  les  forment  (2). 

Les  mollusques  céphalés  de  l'ordre  des  iaférobranches, 
comme  les  phyllidies,  ressemblent  beaucoup  aux  doris  pour 
ta  forme  des  tentacules. 

Les  nucléobrancbea,  au  contraire,  paraissent  avoir  sou- 
vent de  lon^s  tentacules  cnniques  el  filiforme*,  comnie  les 
carinaires  ,  tandis  que  les  Croies  les  uni  trés-petils. 

Les  cervicobrauchei  I  c'est-à-dire  toutes  les  patelles  s;-  m 
tDitrîques  de  Linné,  comme  les  patelles  proprement  ditest 
les  parmapbores,  les  émorginules.  les  fisstirelles  ont  tou- 
jours  leurs  lentacules  coniques,  alloogés  et  k  demi  coa- 
trscliles. 

Les  scutibranches  sont  le  plus  souvent  dans  le  même  cas  ; 
Wls  sont  les  ancjies,  lescahuchoiis,lescrépidules  el  même 
les  bipponices  el  tes  haliulldes,  avec  quelques  légères  diffè- 

Chet  les  erépidules,  par  cxeinplct   ils  sont  assoi  coni- 
,  el  porleot  les  yeux  au  quart  de  leur  longueur. 


(i)  le  Domnin  p^ronîn  Ict  oarbidica  marion  de  M.  Carier. 

(1)  Conme  je  n'*i  jouait  eu  rocciiioD  de  loir  de  doris  vivante*, 

ia  pronooacr  sur  ta  nalote  de  cm  orgaaei. 


346     DE  l'odorat  dans  les  malacozoaires. 

Les  fiipponices  les  ont  gros ,  coniques  et  renflés  dans  la 
moitié  inférieure  de  leur  longueur. 

Les  tentacules  des  haliotides  sont  au  contraire  complète- 
ment indépendans  des  yeux  ;  ils  sont  triangulaires  et  un  pea 
aplatis. 
D«"*i««M.  Dans  la  classe  des  mollusques  acéphales»  les  appendices 
que  nous  Tenons  de  décrire  dans  la  classe  précédente  »  comme 
le  siège  probable  de  la  membrane  olfactive ,  n'existent  plus  f 
ou  j  s'ils  existent ,  ils  ne  sont  réellement  plus  que  des  organes 
de  préhension  buccale. 

Dans  les  palliobranches  9  cela  est  éyident,  comme  nous 
le  Terrons  plus  tard  en  décrirant  les  organes  qui  leur  aa% 
valu  le  nom  de  brachiopodes. 

Dans  les  lamellibranches,  la  bouche  est  ordinairement 
pounrue  de  deux  paires  d'appendices  foliacés  dont  on  ignore 
Tusage  :  nous  croyons  deroir  les  regarder  comme  buccaux. 
Nous  en  parlerons  donc  à  l'article  des  appendices  de  la  pré- 
hension buccale. 

Dans  les  hètérobranches ,  où  il  existe  encore  moins  de 
tête  proprement  dite  que  dans  les  deux  ordres  précédens , 
Touyerture  de  la  bouche  est  au  fond  du  sac  formé  par  le 
manteau ,  et  elle  n'est  accompagnée  d'aucune  trace  d'ap- 
pendices. 

Ainsi  l'on  peut  dire  que  dans  la  dernière  classe  des  mala- 
cozoaires,  l'appareil  spécial  de  Tolfaction  manque  tout-à- 
faft,  encore  plus  peut-être  que  celui  de  la  gustation  9  et 
probablement  pour  les  mêmes  raisons  physiologiques. 

A  plus  forte  raison  ne  devons-nous  plus  espérer  de  trouTer 
cet  appareil  dans  le  type  des  actinozoaires ,  et  encore  moins 
dans  celui  des  amorphozoaires  (1). 


(i)  DftDf  notre  cours  à  la  Faculté  des  sciences,  noas  avons  l'habîtode 
de  traiter  ici  sous  le  nom  d'appareil  fuuo-pmioHn  de  cet  organe  singa- 
lier ,  dont  nous  devons  la  découverte  ^  notre  savant  ami  M*  Jacobson, 


DES   OnGtNCS    DES    SENS   filSTPLES.  347 

Noas  paisoDS  donc  maiateDiiDl  ù  l'élude  des  organes  des 
sens  sinipks  :  on  a  tu  plus  haut  ce  que  noui  eotendona  par-  ' 
là  :  ce  fionl  ceux  qui  ne  sont  formés  que  par  un  appareil 
simple,  l'un  à  gauche  et  l'nulre  ù  droiler  et  qui  «ont  une 
modiGcalion  non  plus  de  la  peau  proprement  dite ,  mais  de 
la  partie  accessoire  ou  de  perfectionnement,  c'est-ù-dire 
d'un  pbanère. 

Nous  ne  connaissons  que  deux  organes  des  sens  qui  appar- 
tiennent i  celle  section  ,  comme  il  n'y  en  a  que  deux  dans  la 
précédente  :  ce  sont  l'nrgane  de  la  \ue  et  celui  de  l'ouïe. 
Tous  deui  sont  beaucoup  plu»  spéciaux,  et  reçoivent  <in  sjs- 
ti'.tae  nerveux  beaucoup  plus  considérable,  et  en  même 
temps  éTidemmenl  particulier  :  aussi  est-on  conduit  A  penser 
que  leur  utilité  est  plus  circonscrite. 

lli  offrent  aussi  dam  leur  disposition  cela  de  remarquable 
que  l'organe  de  chaque  c6té  du  corps  est  plus  séparé,  plus 
dlitant  de  l'autre;  ce  qui  nous  conduit  à  pfloser  qne  leur 
ocliop  «il  plus  in  dépendante  (■]■ 

Ces  deux  appareils  sont  placés  à  la  suite  l'on  de  l'autre, 
L#l  séparent  ceux  des  sens  complexes  qui  sont  assez  distans 


k  canie  de  M  coanexïoo  arec  le>  Darines  et  avec  la  caTÏlé  buccale; 
Duia  nom  crajona  plua  cooTcnable  de  reoicttic  à  en  parlet  ï  l'article 
de  cette  caiiti  ;  noui  en  rloonerooi  alon  loi  ralioiu. 

(i;  Itout  aurioiu  dd  en  effet  remarquer,  pd  Irailant  de>  diffërcncei 
de*  orf^nn  de*  «etiB  apëciaiii ,  que  l'otgaoe  d'un  calé  ett  d'aulanl  plus 
rapproché  de  la  ligne  médiane,  ou  plus  prèi  de  ic  coornndrcarce  celui 
de  l'autre,  el  au  conlraira  d'aulant  plut  ditlincl  et  lèparé  ijuc  l'appa- 
reil Bt  phia  aemblable  on  ptui  dilFérent  de  l'orgine  giDAialear.  Ainii 
lea  deui  moitié  de  la  membraae  guilaliie  te  toncbent,  abfolumenl 
le  lei  dcut  rauiliéa  de  l'enieloppe  ciitaniïe  :  ccllea  de  l'appareil 
:  l'otraction  Mnl  léparces  au  niaiai  par  une  cloÎMin  ;  maii  encore  àtnf 
mproie)  cl  genre*  Toiiiai  il  n'y  a  pu  de  séparation.  Le*  Organes 
il  loujoiu'i  nctlement  léparét  :  mais  moini  peut-tire 
■cvre  i]ue  ceoideraudilion. 


I 


348  DE  l'appareil  de  la  vue 

entre  eux,  Tun  étant  le  premier  et  Tautre  le  dernier  des 
quatre  sens  spéciaux. 

Tous  deux  ont  encore  cela  de  commun  ^  qu'ils  empruntent 
ou  s'adjoignent  également  un  des  appendices  du  corps  de 
ranimai  ;  celui  de  la  rision,  l'appendice  de  la  mâchoire  su- 
périeure; celui  de  l'audition  9  l'appendice  de  la  mâchoire  in- 
férieure 5  du  moins  dans  les  animaux  vertébrés. 

Ils  offrent  aussi  cette  ressemblance  9  qu'ils  sont  composés 
à  l'intérieur  de  fluides  de  différentes  natures  contenus  dans 
la  membrane  du  bulbe 9  et  par  conséquent  qu'ils  agissent 
non  plus  chimiquement  comme  les  deux  précédens ,  mais 
à  la  suite  d'un  choc  ou  d'une  percussion  qui  se  commu- 
nique successifement  au  moyen  des  fluides  contenus  à  la 
membrane  sentante.  C'est  donc  une  imar^e  ou  une  sorte  de 
représentation  que  l'intelligence  aperçoit  dans  ces  deux  sen- 
sations ,  tandis  que  dans  les  deux  autres  c'est  une  véritable 
action  chimique. 

Enfin  ces  deux  organes  des  sens  ont  encore  cela  de  sem- 
blable f  que  9  pour  être  en  état  de  faire  apercevoir  à  l'animal 
Timage  du  corps  9  ils  ont  eu  besoin  d'un  appareil  beaucoup 
plus  compliqué. 


CHAPITRE  V. 
De  Forgane  et  de  l'appareil  de  la  vue. 

Considérations  Quoique  Cet  orgauc  des  sens  soit  peut-être  encore  plus 
spécialisé 9  d'une  construction  plus  délicate,  et  nous  fasse 
apercevoir  des  mouvemens  moins  grossiers,  ou  un  corps 
plus  subtil  que  l'organe  de  l'audition,  cependant  sa  place  im- 
médiate après  celui  que  nous  venons  d'étudier  dans  tous  les 
animaux  qui  en  sont  pourvus,  sa  plus  grande  généralité,  et 


EN    GÉNÉRAL.  3_',9 

peut-être  aussi  sa  plus  grande  imporlacce  ,  fout  que  nous  cd 
traiterons  oTant  l'organe  <le  l'ouïe. 

Nou$  dvGnissons  l'organe  de  lu  vue ,  celte  modiGcaiion  du 
sens  géD^rnl  par  lequel  l'unioial  qui  eD  esl  pourvu  aperçoit 
les  objets  extérieurs  à  lui ,  et  mËme  ccriatnes  parties  île  son 
corps  au  moyen  de  lu  lumiËrc  et  des  couleurs  qu'ils  lui  reo- 
Toienl. 

Il  n'est  donc  plus  immédiat  comme  les  précédens;  il  n'a- 
pereoit  plus  le  corps  lut-mCme,  mais  seulement  une  image 
plus  ou  moins  complète  ;  aussi  est-il  beaucoup  moins  impor- 
laiil,  et  par  conséquent  moins  général  qu'eux.  II  est  encore 
plus  borné  ti  une  place  déterminée i  et  quoique  quelques  pby- 
siologislcs  aient  paru  penser  que  certains  aaimaux  pouvaient 
apercevoir  la  lumière  par  toutes  les  parties  de  leur  corps, 
comme  les  hydres,  par  exemple,  qui  évidemment  la  re- 
cherchent, it  ine  parait  certain  qu'ils  ont  confoadu  l'ac- 
tion de  la  lumière  avec  celle  de  lu  forme  qui  nous  arrire 
par  elle.  En  effet ,  toutes  les  parties  du  corps  d'un  animal  et 
m(me  d'un  végétal,  éprouvent  une  sorte  d'action  chimique 
(le  la  part  de  la  lumière  plus  ou  moins  vive,  directe  ou  ré- 
fléchie :  mais  il  est  évident  qu'il  n'y  a  qu'un  organe  modifié 
suivant  les  lois  générales  de  l'optique  qui  puisse  faire  sentir 
la  lumière,  ses  diSerenles  parties,  son  absence  >  et  par  consé- 
quent la  forme  apparente  des  corps. 

Le  genre  d'action  de  cet  organe  des  sens  est  évidemment 
inicaoique ,  c'est-à-dire  qu'il  nous  fait  percevoir  un  choc  qui 
b'csI  transmis  par  ondulation  dans  un  fluide ,  jusqu'à  la  mem- 
brane sentante. 

Ses  usages  principaux  sont  de  faire  apercevoir  û  l'aoi- 

1°  L'existence  des  objets  extérieurs  i  lui,  et  les  diffé- 
rentes parties  de  son  corps,  comme  tous  les  autres  organes 
des  sens  ; 

a°  Leur  forme  par  la  manière  très^vaiiée  dont  ils  agissent 


4J 


35o  DE  l'appareil  de  la  tue 

sur  la  lumière  9  et  surtout  par  la  différence  de  couleur  du 
milieu  qui  les  limite  dans  l'espace-; 

5*  Leur  mobilité  ou  leur  immobilité  relative ,  par  le  chan- 
gement ou  la  fixité  de  cette  limite  dans  l'espace ,  par  rapport 
à  d'autres  objets; 

4^  Leur  direction 9  à  l'aide  de  celle  de  l'organe,  rapportée 
à  l'axe  du  corps  de  l'animai  quand  il  yeut  apercevoir  quelque 
objet  extérieur; 

5*  La  distance  des  objets,  les  uns  par  rapport  aux  autres 
et  par  rapport  au  corps  de  l'animal;  eela  est  encore  jugé  au 
moins  jusqu'à  un  certain  point  par  la  quantité  plus  ou  moins 
considérable  de  rayons  lumineux  qu'ils  lui  renvoient  dans  les 
mêmes  circonstances  ; 

6*  Enfin,  on  conçoit  encore  qu'à  l'aide  de  l'organe  de  la 
vision  l'animal  puisse  déterminer  la  grandeur  relative  des 
corps,  lorsque  toutefois  il  connaît  leur  distance  et  celle  où  ils 
sont  de  lui  ;  mais  alors  ce  n'est  plus  une  sensation  immédiate  j 
puisqu'elle  a  besoin  de  préliminaires  9  et  surtout  d'actes  de 
l'intelligence. 

Mais  s'il  est  vrai  que  l'animal  aperçoive  réellea>ent  ces 
différentes  manières  d'ôtre  des  corps  au  moyen  de  l'organe 
de  la  viziion,  il  ne  l'est  pas  moins  que  les  connaissances  qu'il 
lui  donne  ont  presque  toujours  un  besoin  plus  ou  moins 
nécessaire  d*ôtre  rectifiées  par  le  toucher. 
^'^éfe.  Le  siège  de  la  vision  est  évidemment  la  rétine,  et  son  ap- 

pareil est  l'organe  qui  se  place  au-devant ,  et  qui  sert  à  le 
De  u  modiAca.  rendre  plus  actif  et  plus  étendu.  Cet  or/rane  n'est  autre  chose 

tion  d'un  pha-  *  *  " 

n^ra  ponr  for-  qu*un  phauèrc 9  composé,  comme  il  devait  Pétre,  d'envc- 
«!•»  vUiM.  loppcs  et  de  fluides  vivans  et  morts ,  mais  qui  a  été  consi- 
dérablement modifié  :  c'est  ce  qui  ne  permet  pas  d'admettre 
a  priori  aucune  partie  musculaire  dans  sa  composition.  Les 
enveloppes  sont  toujours  une  première  membrane  fibreuse 
donnant  la  forme  ù  l'organe,  percée  en  arrière  pour  l'arrivée 
des  nerfs,  des  vaisseaux,  et  en  avant  pour  la  communication 


EN    GÉ^£IIAL.  55 1 

avec  le  monde  extérieur;  mais  cet  onCce  est  Terme  par  une 
psrlie  modifiée,  tran!<partole,  qui  existe  coostammeDl  sous 
la  peau  ou  le  derme  aminci. 

La  ïecoode  enveloppe  eal  rasculaire ,  mais  elle  diftt're  de 
celle  d'un  bulbe  de  poil,  en  ce  qu'elle  c^t  beaucoup  mieux 
rorinée  en  membraoe  queliueroîs  d'un  ii^iu  dense  et  serré; 
qu'elle  fournit  une  plus  ou  moins  gronde  abondance  d'un 
pîgmenlum  qui  se  dépose  dans  ses  mailles ,  et  surtout  ù  sa 
fiice  interne,  et  que  par  unedispoiilion  particulière  elle  forme 
ce  que  nous  connaîtrons  sous  le  nom  de  procès  rilioireâ , 
d'iris,  etc.  Comme  la  prt'niiîre,  celte  enveloppe  est  encore 
percée  en  arrière  pour  l'entrée  dos  nerfs,  en  ataut  pour 
communiquer  avec  le  monde  extérieur,  mais  l'orifice  aulé- 
rieur  est  toujours  ouvert  et  souvent  variable. 

La  troisième  enveloppe  e^t  la  partie  nerveuse  ;  elle  forme 
encore  une  membrane  plus  iiKerno  qui  tapisse  toute  la  cavité 
d«  Ui  seconde,  en  se  prolongeant  plus  ou  moins  à  sa  partie 
antérieure. 

Celle  espèce  de  bulbe  est  reitiplie  par  une  espèce  dft  pnipe 
plus  ou  moins  lluîde,  dont  une  parlie  produit  le  plus  sou- 
vent dans  un  endroit  particulier,  un  corps  mort,  plus  ou 
moins  concret ,  composé  de  calottes  qui  s'enveloppent. 

En6n  ce  bulbe  est  mO  par  des  muscles  nombreux;  il  es) 
placé  sous  la  peau  qui  s'est  considérablement  amincie  au- 
devant  de  lui,  et  qui  peut  quelquefois  le  clore  momentané- 
Knt,  ledéfendrcconlre  les  corps  étrangers,  le  nettoyer,  etc. 
.  D'après  cela  ïl  est  évident  que  l'organe  de  la  vision  est 
Ceplible  de  beaucoup  de  degrés  de  perfectionnement  OU 
I  modificaliouA  diverses.  Pour  Être  bien  en  état  de  les 
Ki^mprendre  même  a  priori ,  et  surtout  quand  le  û\  de  t'aou- 
[agie  vient  ù  nou^  échapper ,  il  nous  faut  encore  commencer 
r  rappeler  quelques  notions  sur  la  lumière,  et  surtout  sur 
1  manière  dont  elle  se  comporte  A  la  surface  et  mfime  dans 
Ultérieur  des  corps. 


1 


552  DE  l'appakeil  de  la  vue 

De  la  lamière        La  lomière  f  dont  nous  ne  chercherons  pas  à  connaître  la 

et  de  aei  prio-         ^  ,    x  •  •  .  j  • 

cipaiesoro-  naturc  (1)9  ce  qoi  nous  importe  assex  peu  du  moins  en  ce 
moment,  jouit  de  certaines  propriétés. 

Dans  rh  jpothèse  newtonienne  ou  de  rémission  »  c*est  éfi- 
demment  l'un  des  corps  les  plus  ténus  9  les  plus  subtils  ;  aussi 
est-elle  rangée  parmi  les  corps  impondérables.  Il  paraît  cepen- 
dant qu'elle  est  encore  moins  subtile  que  le  calorique ,  puis- 
qu'il est  un  grand  nombre  de  corps  qu'elle  ne  peut  trayerser. 
C'est  là*de8sus  qu'est  établie  la  distinction  des  corps  en  corps 
opaques,  et  en  corps  transparens  ou  diaphanes. 

La  principale  propriété  de  la  lumière  est  de  se  diriger 
constamment  en  ligne  droite,  tant  qu'elle  ne  rencontre. pas 
d'obstacle. 

Si  elle  en  rencontre ,  le  premier  phénomène  qui  se  pro- 
duit, c'est  que  tout  près  du  corps,  qu'il  soit  opaque  ou 
transparent,  elle  éprouve  une  déviation  de  la  ligne  droite; 
c'est  ce  que  l'on  nomme  la  diffraction  de  la  lumière.  Mais 
si  elle  tombe  pleinement  sur  l'obstacle,  alors  1<;8  phéno- 
mènes sont  tout  diflerens,  suivant  l'opacité  ou  la  transpa- 
rence de  celui-ci. 

Si  le  corps,  rencontré  par  un  pinceau  lumineux,  est 
opaque,  comme  il  ne  peut  le  traverser,  il  est  réfléchi  à  sa 
surface,  de  manière  à  ce  que  dans  la  réflexion  spéculaire, 
l'angle  de  réflexion  est  égal  à  celui  d'incidence  :  c'est  la  pre- 
mière loi  que  nous  avons  besoin  de  connaître. 

Si  au  contraire  l'obstacle  est  un  corps  transparent,  le  rayon 
lumineux  le  traverse ,  du  moins  en  grande  partie  ;  mais  si  ce 
corps  est  de  nature  et  de  densité  différentes  du  milieu  que  le 
rayon  a  d'abord  traversé,  et  si  celui-ci  tombe  obliquement  à 


(1)  IVous  montrerons  cependant  plus  tard  que  l'bypotbèsc  de  rondo' 
latîon  coïncide  mieux  avec  la  structure  de  Torgaoe ,  que  celle  de  ré- 
mission. 


ER  GBNBIAL. 
<t»  surfutie,  le  rayon  change  alors  de  dtreclion,  c'eit-A-dJn; 
qu'il  «prouve  une  n'Jraction  ;  Ait  telle  sorte  qu'en  pa».<nn( 
d'un  milieu  moins  tleose  dans  un  iiiiliru  plus  di^nse,  il  se 
rnpproclie  de  la  perpendiculaire  au  point  d'incidence  i  el  au 
contraire ,  en  passant  d'un  milieu  {ilu«  dense  dans  un  milieu 
moins  dense,  f.a  loi  générale  est  que  lu  !<iuu9  de  l'.ingle  de 
réfraction  est  4  celui  d'incidence  dans  un  rapport  constant, 
sous  tuulea  lea  incidences  pour  les  mJ^utes  milieux. 

M^is  toutes  les  parties  d'un  raj^un  lumineux  ne  sont 
pas  Égaleineot  rérrangibles  :  c'eet  ainsi  que  l'un  démunire 
uuc  nuire  propriété  dt-  lu  lumière  ,  ou  sa  cumpofiliun  d'imc 
multitude  de  rayons  colorés  que  l'in  partage  eu  sept  groupes 
principaux  jouissun t  de  propriétés  difierenles;  savoir,  le  rouge, 
l'orungé,  le  jauni-,  le  vert ,  le  bleu  ,  l'indigo  el  le  violet,  qui 
peuvent  ê(r«  artiâciellemeni  réduits  il  trois  .  le  rouge,  le 
jaune  et  le  bleu ,  dont  le  mélange  dans  des  propoi  lions  dlfTÉ- 
renles  forme  toutes  les  auli'es  (onicurs. 

L'expérience  niCuie  de  In  décomposition  de  la  lumière  par 
le  prisme,  prouve  donc  que  la  force  de  réfrangibililé  des 
différens  rayons  qui  la  composent,  n'est  pas  la  même,  le 
rotige  étant  le  moins  rérruugible  et  le  vialat  le  plus  :  c'est  ce 
qui  donne  lieu  ii  ce  que  les  opticiens  nomment  aberration 
de  ir/hingil/iUlé ;  et  ce  qui  produit  l'irisiilian  des  ubjels,  OU 
|iourquoi  ils  p^irais^enl  quelquefois  entourés  d'une  auréole 
colorée  t  comme  l'arc-en-ciel.  Les  0|<ltciens corrigent  ou  pré- 
viennent cette  espèce  d'aberration  dans  leurs  inslrumeos,  en 
les  composant  de  milieux  de  densités  diOërenles. 

L'ne  autre  propriété  dépendante  de  la  forme  des  corps  que 
la  lumière  traverse  ,  c'est  que  s'ils  sont  sphériques  ,  les 
rayons  lumineux  en  émergent  de  manière  Â  converger  vers 
un  point  plus  ou  moins  éloigné  qu<;  l'on  aomtue  Joyer ,  et  k 
former  une  imageplusou  moins  nette  de  ces  corps, suivant  le 
^.llf'^  ^^  convexité  de  la  lentille.  Cependant .  comme  elle  ne 
Hftst  rassembler  en  un  seul  point  tous  lei  rajons  de  lumière 


354  ï>*  l\pfariil  de  la  vie 

qui  partent  de  Tobjet  et  qui  la  traversent  dans  toute  9on  éten- 
due 9  il  se  produit  une  aberration  de  sphéricité  y  qui  est  d'au- 
tant moins  grande  que  la  lentille  a  moins  d*ouvertiire  ,  et  à 
laquelle  les  opticiens  remédient  dans  leurs  instrumcns ,  en 
n'employant  pour  la  formation  de  Timage  que  les  parties  de 
la  lentille  assez  peu  éloignées  de  son  centre. 

Enûn  une  dernière  observation  que  nous  devons  faire  pré- 
liminairement,  c*est  que,  si  dans  ce  qu'on  nomme  une  cham- 
bre obscure  »  c'est'à-dire  dans  un  espace  borné  de  tous  côtés 
par  des  parois  opaques ,  on  laisse  seulement  une  très-petite 
ouverture  pur  laquelle  pui:»sent  entrer  les  rayons  lumineux 
émanés  de  tous  les  points  d*un  corps  placé  à  une  distance 
convenable,  jl  se  produira  dans  l'intérieur  de  cette  chambre, 
dans  un  lieu  déterminé  par  la  distance  de  l'objet  eitérieur  â 
l'ouverture,  une  image  complète  de  cet  objet,  mais  dans  une 
position  renversée.  L^image  sera  plus  nettement  circonscrite, 
si  Ton  adapte  à  l'ouverture  de  la  chambre  une  lentille  bien 
transparente  ;  mais  alors  la  forme  de  cette  lentille  influera  sur 
la  dislance  où  se  réuniront  les  rayons  lumineux  pour  former 
l'image,  en  sorte  que  la  paroi  sur  laquelle  elle  se  peindra 
devra  varier  suivant  la  convexité  de  cette  lentille,  et  non  plus 
suivant  la  distance  de  Tobjet  extérieur  à  Torificede  la  cham- 
bre obscure. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  les  principales 
propriétés  de  la  lumière,  nous  pourrons  déterminer  le  degré 
de  perfectionnement  de  Forgane  de  vision,  d'après  les  con- 
sidérations suivantes  : 

1*  Le  degré  de  mollesse,  de  pulposité,  et  peut-être  même 
de  poli  de  la  membrane  sur  laquelle  Timage  est  formée ,  et 
qui  doit  la  transmettre  a  l'encéphale  ;car  c'est  non-seuleraeot 
une  toile  de  Jbndde  la  chambre  obscure,  mais  encore  une 
toile  qui  doit  sentir  l'impression  ; 

a*  L'étendue  de  la  surface  de  cette  membrane ,  et  par  consé- 
quent de  l'organe ,  ce  qui  est  une  considération  plus  essentielle 


555 

qa'on  ne  pease»  puisqu'il  pourra  s'y  peindro  en  toUlUé  l'i- 
mage d'un  plu«  grand  nombre  de  corps  i  la  lois,  ou  l'image 
totale  Je  certains  corps  ù  uiic  djalance  assez  peu  considérable  > 
ce  qui  facilitera  l^on^aruison  ; 

3'  La  ïarinbililc  de  l'ouverture  de  l'organe,  c'est-A-dire  la 
coniraclilîlé  plus  ou  moins  considérable  de  la  partie  de  l'en- 
veloppe Ains  laqiielli;  est  percée  l'outerlure  de  communi- 
cation atec  l'extérieur,  puisque  l'^njmql  pourra  reccTiitr 
une  plus  on  moins  grande  quantité  de  rayons  lumineux  étiia- 
iiês  d'un  corps  ,  et  diminuer  l'aberration  de  sphéricité  ; 

4*  La  complication  de  l'appareil  convergent,  ou  contri- 
buant à  la  formation  de  l'image,  c'est-à-dire  sa  composition 
d'un  plus  ou  moins  grnnd  nombre  de  fluides  de  nature  el  de 
densité  différentes,  d'où  résultera  la  destruction  de  l'aber- 
ralion  de  rùrrangibilîté; 

5*  La  pluj  ou  moins  grande  couvexïlè  de  cet  appareil 
convergeui,  considéré  en  général  ut  en  particulier,  d'od 
résulte  plus  ou  moins  d'aberration  de  sjihêriclté  ; 

ti°  La  variation  volontaire  de  cette  cinquième  disposition, 
c'eat-ù^dire  lu  l'ucullé  de  faire  changer  la  forme  de  l'appareil 
convergent^cn  le  rendant  plu» convexe  ou  plu<  phme,  ou  de 
r4ire  wicr  le  fujer  de  la  lunlitle  par  rapport  i  la  toile  ner- 
veuse ou  À  la  rétine; 

7*  La  direction  volonlaîrc  de  l'organe  vers  tel  on  tel  corps 
extérieur  que  ranimai  veut  voir,  œqui  est  aussi  uD  avantage 
considcrnble  ; 

8'  L«  DUiiibre  et  la  [fosilion  «les  organes  de  vision  sont 
nnsei  >■  considérer,  comme  pouvant  âtre  nne  cause  du  per- 
te cl  iunnc  ment ,  non  pas,  suivant  nous,  que  la  vision  se  ren- 
force par  l'action  simultanée  des  deni  organes,  u'cst-i-dire 
ninage,  mais  parce  que  l'animal  est  plus  .-liaémcnl  averti  de 
la  présence  des  corps  extérieurs  ; 

g*  Eufin  l'abii  jdus  ou  moins  complet  sous  lequel  l'or- 

IDe  peut  être  mis  momentanément,  la  facnllé  qu'a  l'anî- 


I 


350  DE    l'appareil    de    la    VL£ 

mal  de. le  nettoyer»  doireot  aussi  être  pris  en  coosidération. 
pivition  D'après  cela,  nous  considérons  Tappareil  de  la  yisàon, 

troii  partiel.  i«  dans  sa  partie  essentielle ,  ce  qui  comprend  ses  meio- 
branes.ou  enveloppes 9  que  l'on  nookràe  sci§rolùfue,  choroïde 
et  rétine; 

a*  Dans  sa  partie  de  perfectionnement  dioptrique ,  oe  qui 
constitue  ce  qu'on  appelle  les  humeurs  de  roeily  c'est-à- 
dire  l'humeur  aqueuse  » .  l'humeur  crjslalline  et  l'humeur 

1  yîtrée  ; 

3*  Enfin  dans  sa  partie  de  perfectionnement  accessoire , 
comme  dans  la  mobilité  9  la  direction  5  l'abri  9  le  nettoie- 
ment 9  le   nombre,  la  position,  la  grandeur  proportion- 
nelle, etc. 
Coap  d'ail         D'après  ce  que  nous  arons  dit  plus  haut ,  et  la  place  même 

*£^u'2*^^  4^^  °^"^  assignons  à  cet  appareil  de  sensation ,  il  est  éyi- 
aoimaU.  ^g^  q^*Jl.  ^q||  commeuccr  beaucoup  plus  tard  dans  la  série 
des  animaux,  que  ceux  dont  nous  avons  déjà  parlé.  On 
n*en  trouve  en  effet  point  de  trace  dans  aucun  des  deux 
derniers  typea,  les  amorphoxoaires  et  les  actinoioaires  : 
toute  la  classe  des  acéphalopbores  dans  le  type  des  malaco- 
xoaires  en  est  également  complètement  dépourvue ,  et  non 
pas  seulemeet  par  une  sorte  d'onomalie  déiermioée  par  leur 
position  habitutUe,  mais  bien  réellement  par  dégradation 
d'organisation*  Ce  n'^rst  donc  que  dans  la  classe  des  mol- 
kifKyaeSrGéphalés  que  l'organe  de  la  vision  commence  à  exis- 
ter; mais  encore  dans  un  assez  grand  nombre  d*c»pèces  on 
ne  peut  nier  qu'il  ne  soit  véritablèafent  niJimentaire»  Il  ja 
un  bien  plus  grand  nombre  d'entomoaoairet  qui  sont  pour- 
vus d'un  organe  de  la  vision,  puisqu'il  en  existe  défà  parmi 
les  apodes  ;  aussi  pourrait-on  penser  que  s'il  n'y  en  a  pas 
dans  les  autres,  c'est •  réellement  par  anomalie  déterminét 
par  une  habitude  constante  de  l'espèce. .  Cependant  il  est 
évident  que  les  jeux  des  deux  dernières  claies  d'entomo- 
Koaires  sont  encore  à  peu  près  rudimentaires  ;  oiais  au  delà» 


■UN    GÉNÉRAL.  357 

ils  se  dirdoppent  peu  A  peu ,  et  devi^nneot  d'one  activiié 
remarquable  dan»  les  première«  cl>!tsei<.  Ils  offrent  pourtant 
une  «inguLirilé,  c'est  qu'il»  sont  corafiliqués.  ce  que  nuut 
eipliquerons  plus  loin.  EnGn  tou.i  les  nnimaui  du  lyjie  dvt 
osiuotoaircj,  depuis  les  derniers  iusqu'aux  premiers,  ont  dus 
jeui  plus  ou  moins  déTeluppé-.  Quelques  espices  cependant, 
ei  dans  presque  loules  les  clasfes ,  semblent  en  Etre  lolale- 
inent  déptturïues ,  du  inniusâ  l'estérieur,  mais  c'est  encore 
paranomutie. 

Akticle  I.   De  torgane  et  lie  rappareil  de  la  vtte  dans  les 
osléozoaires. 

».  De  la  partie  essentielk  ou  des  enveloppes. 

Dans  tous  les  animaux  de  ce  type,  les  enveloppes  de  c 
l'organe  de  b  Tue  ne  sont  jamais  qu'au  nombre  de  trois, 
ijuoique  plusieurs  auteurs  aïeul  pensé  qu'il  en  eyislail  da- 
lanlage,  parce  lue  foules  truis  offrent  ce  caractère  commun 
que  leur  face  interne  est  d'un  lissu  plus  dense,  plus  serré, 
plus  fibreux  que  l'cxlcrne. 

L<t  sclérotique,  toujours  eilérieure,  est  ptus  ou  moins 
épaisse,  quelquerois  inégalement  dans  les  trois  lones  anté- 
rieure, médiane  et  postérieure  que  l'un  peut  y  considérer. 
Le  plus  souTeut  funnée  d'un  ti^su  cellulaire  fibreux,  dont 
les  mailles  sont  généralcmenl  IrëS'Serrées ,  elle  est  molle  ei 
fleiible  ;  mtii.'  il  se  peut  aussi  qu'elle  De  le  soit  que  dans  une 
partie  de  son  étendue,  ou  milme  qu'elle  ne  le  soit  pas  du 
lool ,  et  alors  ou  des  pièces  osseuses  se  déreloppent  dans  sor 
tissu,  ou  elle  est  totalement  carlilagioeuse. 

Oo  a  benucoup  disputé  surson  origine,  c'est-d-dirc  si  elle 
proTcnail  de  la  <Iure-mére  ou  de  l'enveloppe  libreusc  do  sys- 
tème Derveux  centrni  qui  lui  est  parvenue  en  enveloppant  le 
nerf  optique  ,  ou  si  elle  en  était  indépendante.  On  ne  peut 


I 


I 


u 


358  DE  l'appareil  de  la  vue 

nier  qu'elle  ne  soit  dans  une  connexion  intime  avec  Ten- 
yeloppe  du  nerf  dont  elle  semble  une  continuation  ;  mais 
son  épaisseur  beaucoup  plus  grande ,  et  surtout  sa  nature 
très  -  difiërente  quand  elle  est  cartilagineuse,  font  Toir  que 
cette  partie  du  système  fibreux  est  aussi  en  partie  indépen- 
dante. 

C'est  elle  qui  donne  constamment  insertion  aux  muscles 
qui  meuvent  le  bulbe  oculaire;  et  la  terminaison  de  ces 
muscles  à  sa  partie  antérieure  9  empêchant  quelquefois  d'a- 
percevoir la  couleur  plus  ou  moins  foncée  de  la  seconde 
membrane  9  rend  celte  partie  de  la  sclérotique  plus  blanche , 
d'où  le  nom  d^cdbugînec ,  sous  lequel  quelques  anatomistes 
ont  désigné  cette  partie.  Cette  terminaison  fibreuse  pour- 
rait en  iffet  faire  croire  que  la  sclérotique  en  cet  endroit  C5t 
composée  de  deux  lames.  On  a  aussi  quelquefois  étendu  le 
•  nom  d'albuginée  à  toute  la  couche  extérieure  de  la  sclèro- 

tique,  parce  que  cette  partie  n'est  jamais  imprégnée  de  la 
couleur  du  pigmentum ,  comme  l'interne  qui  est  aussi  d'un 
tissu  moins  serré. 

Cette  première  enveloppe,  dont  la  forme  un  peu  variable 
détermine  celle  du  globe  en  totalité 9  est  percée  de  deux  ou- 
vertures principales ,  l'une  postérieure  ou  interne  pour  l'en- 
trée du  système  vasculaire^  et  surtout  pour  celle  du  système 
nerTCux,  et  l'autre  antérieure  ou  externe  pour  la  commu- 
nication avec  le  monde  extérieur. 

L'ouverture  postérieure  n'est  pas  toujours  unique;  elle  est 
au  contraire  souvent  partagée  en  diflérens  petits  trous  plus  ou 
moinsdîstans  les  uns  des  autres  pour  le  passage  des  artères, 
des  veines  et  des  filets  nerveux  :  ceux  du  nerf  optique  se 
rapprochent  beaucoup,  et  il  en  résulte  une  petite  plaque 
criblée  dont  le  centre  n'est  que  fort  rarement  dans  Taxe  du 
globe. 
Cornée  L'ouverture  antérieure  de  la  sclérotique  n'est  pas  libre  et 

tniupsrcnte,  ^  * 

béante ,  elle  est  fermée  par  une  membrane  particulière  qu'on 


DANS    LES    OSTÉOZO  AIRILâ.  Tibçt 

nomme  cornée  transparente ,  £i  cnuse  He  su  purfaile  Ir.inslu- 
cidilé,  et  qui  pur  su  i:oQv»ité  plus  on  mnins  grandG,  ter- 
mine en  plus  ou  en  muins  le  sphéruïUu  que  forme  la  icléro- 
tique. 

On  admet  giinùraleificnt  que  la  structure  de  celte  c»rntt 
imnsparvntc  est  toute  difTiirtutc  de  celle  de  la  ^cléroliquc  i 
et  qu'ullr  6)11  fortnêe  de  couch■^B  on  de  laines  qui  s'appliquent 
en  dedans  les  unes  des  autres.  Celte  structure ,  rinien^ibililé 
complète  de  celle  partie,  et  même  l'ubsence  totale  de  sys- 
tème vasciilaire  dans  sa  composition,  ont  porté  quelques 
niiiilumislcs  U  lu  comparer  aux  productions  épidermiques  ou 
usnièes;  c'est  nussi  ce  qui  m'avait  Toit  soupçonner  que  la 
cornée  tranaparcnte  pourrait  bien  être  la  jiailie  produite  ou 
morte  du  plianère  oculaire;  mais  un  examen  attentif  m'a 
forcé  d'abandonner  cette  opinion.  Les  couches  qu'on  croit 
5  démontrer  me  paraissent  mCme  être. artificielles;  aussi  les 
auteurs  vjrienl-ils  asset  pour  le  nombre.  J'ai  cependant  sou- 
vent trouvé  que  lu  face  concave  est  tapissée  par  une  lame 
distincte ,  que  des  auteurs  asset  anciens  ont  nommée  la  mcm- 
liranc  de  l'humeur  aqueuse  ;  mais  elle  diffère  beaucoup  du 
reste  de  la  cornée  ù  laquelle  elle  adhère  assez  peu  :  son  état 
lisse,  S3  transparence  parfaite  et  constante,  l'absence  totale 
d'appareace  fibreuse  permettent  de  la  comparer  pour  l'as- 
petl  arec  ce  qu'on  nomme  dans  les  arts  papier  gélatine. 

Un  caractère  particulier  de  la  cornée  transparente,  c'est 
i|ue  mise  dans  l'eau  tlte  se  gouQe  d'une  manière  remarquable 
en  perdant  sa  transparence,  ce  qui  est  beaucoup  moins  fca 
sible  pour  la  sclérotique.  J'ai  ci  pendant  remarqué  que  ceik 
du  cucbuu  se  gonfle  également  et  perd  sa  blancheur.  Aussi 
adopté -je  l'opinion  que  la  cornée  transparente  n'est  qu'une 
simple  modiûcalion  de  la  première  enveloppe  de  t'œil. 

La  forme  plus  ou  moins  bombée,  plus  ou  moins  circu- 
laire de  la  cornée,  son  étendue  comparative,  ainsi  que  iu 
LiBanière  dont  elle  nuit  de  la  sclérotique,  ou  semble  l'ajustei 


360  DE    l'APPARBIL   DE   LA   VUE 

dans  l'ouverture  que  celle-ci  lui  présente,  offrent  un  grand 
nombre  de  variations  que  nous  ferons  connaître  plus  tard. 

''cîSroïde^'  Venveloppe  fibreuse  de  l'œil  est  tapissée  à  l'intérieur 
par  la  membrane  yasculaire  à  laquelle  on  donne  y  à  cause  de 
sa  composition  j  le  nom  de  citoroide.  Sa  forme  est  assez  bien 
celle  de  la  sclérotique  proprement  dite;  elle  est  aussi  percée 
de  deux  ouvertures 5  une  postérieure  pour  le  passage  du  sys- 
tème nerveux,  et  même  d'une  partie  du  système  vasculaîre, 
et  l'autre  antérieure  pour  la  communication  avec  le  monde 
extérieur.  Cette  ouverture  diffère  de  celle  de  l'enveloppe 
fibreuse  en  ce  qu'elle  est  réellement  béante;  on  lai  donne  le 
Pupille.  nom  de  pupille;  elle  est  percée  dans  le  milieu  d*une  espèce 
de  diaphragme  formé  par  la  membrane  vasculaire,  qui  au 
point  où  la  sclérotique  se  convertit  en  cornée  transparente, 
l'abandonne,  et  tombe  perpendiculairement  à  l'axe  de  l'or* 
Iris.  gane.  Ce  diaphragme  se  nomme  iris  à  sa  face  antérieure,  à 

cause  des  couleurs  variées  dont  il  est  quelquefois  orné;  et 
vvée.  uvée  à  sa  face  postérieure,  à  cause  de  sa  couleur  foncée  dae 
au  pigmentum  qui  le  recouvre  à  l'endroit  où  In  choroïde  se 
courbe  pour  former  l'iris.  On  voit  à  sa  surface  extérieure 
une  zone  plus  ou  moins  étroite ,  un  cercle  d'un  gris  blan- 
châtre par  lequel  la  membrane  yasculaire  adhère  à  la  mem- 
brane fibreuse  à  l'endroit  de  son  partage  en  partie  opaque 
et  en  partie  transparente ,  beaucoup  plus  que  dans  tout  le 

CkfcU.ouiiga-   reste  de  son  étendue  :  c'est  ce  qu'on  nomme  le  cercle  ciUaire 

■itatciiiaire. 

OU  hgament  ciUaire  ;  il  dépasse  ordinairement  un  peu  le  plan 
de  l'iris.  La  dénomination  sous  laquelle  cette  partie  de  l'en- 
veloppe vasculaire  est  connue,  vient  de  ce  qu'on  a  cru  qu'elle 
faisait  l'oflke  de  ligament ,  soit  pour  réunir  les  deux  enve- 
loppes, ou  mieux  pour  lier  les  replis  que  la  choroïde  offre  à 
ftocè»,  la  face  interne  de  sa  partie  antérieure,  ou  les  procès  ciliedres, 
Sorps  eiiiairet.  et  pour  en  former  un  tout  qu'on  nomme  corps  dliaire. 
Chaque  procès  ciliaire  est  une  saillie  de  la  membrane  vas- 
culaire plus  ou  moins  forte,  lamelleuse,  en  forme  de  triangle 


r>A»S    LES    OSTEOZO  AIRES.  .>hl 

vurviligne  plus  ou  moins  allongé  ,  dont  l«  t^ommet  est  en  ar- 
rière, le  cfilé  convexe  en  dehors  ,  le  cOté  concave  el  libre  en 
dedans,  et  la  base  en  avant  :  celte  base  eut  oblitiuu,  et  son 
angle  libre  je  |irolong«  en  avant,  cl  dépasse  ainsi  [dus  ou 
moins  l'origine  de  l'iri!^;  il  n'est  pas  adhèrent,  tandis  qu'au 
contraire  le  bord  roncave  du  chaque  procès  ciliaire  est 
appliqué  d'une  manière  serrée  entre  des  plis  semblables 
de  h  seconde  couronne  de  procès  dont  nous  allons  parler 
tout  à  l'beurr.  Comme  les  procrs  qui  compo^eol  la  première, 
conTer^ent  tous  lers  l'axe  de  la  pupille,  il  résulte  de  leur 
ensemble  quelque  chose  d'assez  semblable  i  une  Heur  radiée 
quand  on  regarde  le  corps  ciliaire  en  arriére,  et  ù  une  mue 
dentée  quand  on  le  toIi  par-devant,  où  les  bases  seules  des 
procès  sont  visibles ,  derrière  l'iris.  Ce  corps  semble  quelque- 
fois une  partie  distincte  ayint  pour  base  le  ligament  ciliaire . 
d'où  sortiraient  les  procès  iridiens  et  choroïdiens. 

La  ïlritclure  de  cette  seconde  enveloppe  de  l'oeil  est  de 
l'aveu  de  tous  le»  anatomistes,  pour  la  partie  postérieure 
éTidemment   vasculaire  ;    elle  est  eu   elTet  composée  d'un 

>mbre  immense  de  ramifications  artérielles  et  veineuses  . 

in  nies  par  du   tissu  cellulaire,  el  disposées  en  général  de 
loîère  que  les  veines  forment  une  couche  externe,  et  les 
,  une  lame  intérieure  viileuse,  dans  toute  sa  SUr- 

Cetle  couche  intérieure  est  quelquefois  bien  plus  dense, 

Lylus  serrée  et  moins  vasculaire  que  l'autre  ;  elle  prend  alors 

T'Wi  aspect  plus  fibreux  ;  mais  elle  est  toujours  bértssëe  à  l'in-    , 

Fsérieur  de  filamens  très-fins.   Quelques  auteurs  la  désignent 

3  le  nom  de  ntyschiemtr. 

QtiaQt  â  ta  structure  de  la  partie  antérieure  ,  les  anato- 

misles  sont  moins  d'accord.  Il  est  cependant  évident  qu'elle 

est  également  vasculaire  ;  le  cercle  ciliaire  l'est  peul-CIre  uu 

peu  moins  :  le  tissu  qui  le  compose  est  plus  celluleux .  quel- 

I  qnefois  plu^  pulpeux;  mai?  les  procès  eili.iîres  oe  sont  com- 


^ 


362 


DE    LAPPAREIL    DE    LA    VUE 


rifineiituin. 


S<>  Nerveiuc . 
oo  rëliiie. 


poâés  que  de  vabseaux  artériels  et  Teîneux  9  quelquefois  dis- 
posa en  petites  houppes  flottaotes  et  probablement  très- 
érectiles. 

L*iriï  lui -môme  ne  laisse  pas  plus  de  doute  sur  sa  struc- 
ture; il  est  évidemment  composé  d'une  très-grande  quan- 
tité de  yaisseaux  et  de  nerfii  dont  nous  étudierons  ForigiDe 
et  la  disposition  en  parlant  de  Tappareil  de  la  circulation  : 
à  sa  face  antérieure ,  ce  tissu  cellulaire  est  ordinairement  plus 
serré 9  et  il  prend  quelquefois  Taspect  un  peu  membraneux; 
à  sa  face  postérieure  on  remarque  souvent  des  plis  fort  peu 
élevés  qui  ont  une  disposition  radiaire  :  ce  sont  ces  plis 
que  quelques  auteurs  ont  regardés  comme  des  âbres  mus- 
culaires 9  mais  tout  -  ù  -  fait  à  tort.  On  ne  conçoit  pas  plus 
à  priori  ât  ûlires  musculaires  dans  le  phanère  oculaire  qu*on 
n'en  démontre  de  circulaires  ni  de  convergentes  à  posleriorL 

La  face  interne  et  lanugineuse  de  Tenveloppe  vasculairc 
du  bulbe  de  Toeil^  est  souvent  recouverte  d'une  couche  plus 
ou  moins  épaisse  9  d'un  pignientum  de  couleur  d'un  brun 
l'oDcc,  quelquefois  presque  noir;  ce  pigmentum  ou  cette 
matière  colorante  transsude  dans  toute  l'épaisseur  de  la  cho- 
roïde 9  de  manière  à  teindre  quelquefois  la  face  interne  de 
la  sclérotique;  mais  ses  molécules  sont  peu  ou  point  adhé- 
rentes entre  elles  :  il  n'en  est  pas  de  même  de  celles  qui  sont 
à  la  face  interne  de  la  choroïde,  et  surtout  en  dedans  des 
procès  ciliaires  ;  elles  y  forment  une  couche  épaisse  9  quel- 
quefois assez  adhérente  9  principalement  à  la  base  ou  à  la 
partie  libre  de  ces  procès  dont  elles  encroûtent  toutes  les 
lanugosités9  et  à  la  face  postérieure  de  l'iris.  La  partie  an- 
térieure de  celui-ci  n'en  offre  au  contraire  aucune  trace  9  et  ses 
.couleurs  dépendent  de  son  tissu  même  9  ainsi  que  celles 
de  la  choroïde,  quand  il  y  a  ce  que  nous  allons  connaître 
sous  le  nom  de  Uxpis, 

Ce  pigmentum  est  immédiatement  appliqué  dans  une 
grande  partie  de  son  étendue  sur  la  trobièrae  enveloppe  de 


DANS  [.ES  OSTEOZOAIBKS. 
l'oeil,  sur  la  membranu  nerveuse  que  l'on  Appelle  it'thie 
probablement  i\  cnuse  de  la  structure  réticulée  Hc  sa  fuce  în- 
tcrnr.  Celle  membrane  la  plus  imporlaute  de  (nules,  pui:)- 
qu'il  est  ù  peu  près  ci  rlain  qu'elle  est  le  siège  immédiat  de 
la  visiun ,  5e  colle  exiictemcnt  en  dedaus  de  la  chornEdc, 
■nSïilOl  après  que  le  nerf  optique  donl  elle  provient  a  Ira- 
versé  celle-ci  :  parvenue  A  la  racine  des  procès  ciliaircs ,  elle 
dimiaue  souvent  subitement  d'épaisseur,  asseupourparatlre 
former  un  bourrelet  ;  aussi  f.n  passant  sous  ces  procès  ,  elle 
est  exccssivcnarnt  mioce;  elle  se  cnotinue  ainsi  jiisqu'A  la 
capsule  du  cry^lallin  à  la  circonférence  anléricure  de  laquelle 
elle  adhère  en  se  confondant  avec  elle,  et  en  se  plissant  irès- 
âoemenl  tout  autour,  de  inauiêre  ii  produire  une  seconde 
couronne  de  procès  ciliaires  ;  mais  ils  oe  sont  libres  li  nu- 
cunc  de  leurs  exlrémités.  La  légère  saillie  qu'ils  furmenl 
pénètre  dans  rècaricment  des  procès  ciliaires  choroïdieus  ;  et 
comme  ceui-ci  laissent  souvent  ^m-  l'huoicur  vilrèc  le  pig- 
mcnluni  qui  les  revêt,  il  en  résulte  une  lonc  radiée,  quel- 
quefois lien  formée,  quand  on  enlève  ta  musse  dca  hu- 
meurs de  l'œil  dans  la  préparation  de  cet  organe. 

Zinn ,   dans  son  excellente   Description  anatomiqae   de 

l'ail  ti  parfaitetnent  décrit  celte  zone  radièv;  main  il  pense 

*-  qu'elle  provient  de  la  membrane  hjrulutdei  ce  qui  me  parait 

contraire  ^  ce  que  j'ai  vu. 

'  La  membrane  rétine  dont  je  viens  d'ejtposer  la  disposition 

parait   véritablement   être  furinée   par  une  sorte  de  réseau 

L'4>clluleui ,  dans  les  mailles  duquel  se  dépose  une  matière 

'  pulpeuse.  CeUe-ct  étant  beuucau|>  plus  abondante  en  dehors. 

'  wintite  former  une  couihc  distincte  beaucoup  plus  molle  . 

txndis  qu'au  contraire  1:i  substance  réticulée,  eu  forme  in- 

I  '  térîeuremenl  une  autre  plus  ré^'istaute.  On  y  voit  aisément 

'nue  quantité  innombrable  de  DlameDs   très-fins,  asseï  pa- 

l'Mllèles,  fréquemment  anastoinusés  entre  eux,   et  qui  sout 

^*\elluleui.    Les   ramifications   vosculaires  *'y   uiGlent ,  mai? 


364  ^^  l'appareil  db  la  vue 

paraissent  eu  être  iodépendantes  :  c'est  ce  que  TonToit  mêint 
à  Tœil  DU. 

Je  ne  suis  pas  èloi^é  de  penser  que  la  zone  de  Zinn  D*est 
formée  que  de  cette  parlie  ceiluleuse  et  cellulaire  qui  s'est 
prolongée  jusqu'au  crystallîn,  et  que  la  partie  pulpeuse  a 
abandonnée  à  la  racine  des  procès  ciliaires.  La  manière  dont 
cette  membrane  rétine  naît  du  nerf  optique ,  ou  est  en  con- 
nexion atec  loi  j  Tarie  trop  pour  que  nous  en  parlions  ici. 

b.  De  la  partie  de  perfectionnement  dioptrii/ue. 


}0Ê  bnmenri 
de  l'flril. 


t»Vilrée. 


Cette  partie  du  pbanère  oculaire  est  comprise  dans  les 
eoTeloppes  que  nous  venons  d'étudier;  elle  se  compose  de 
ce  qu'on  nomme  les  humeurs  de  l'œil.  Son  usage  est  de 
produire  une  image  plus  nette,  sans  irisation.  Son  analogue 
est  non-seulement  la  pulpe  que  nous  avons  vu  devoir  exister 
dans  toute  espèce  de  phanère;  mais  en  outre  une  partie 
morte  9  et  produite  par  cette  pulpe. 

Les  humeurs  de  l'œil  paraissent  n'ôtre  jamais  nu-dessus  de 
trois 9  que  l'on  désigne  sous  les  noms  d'humeur  Titrée,  d'hu- 
meur crystallinc  ou  de  crystallin,  et  d'humeur  vitrée  :  toutes 
trois  de  forme ,  de  nature  et  d'origine  différentes ,  que  nous 
allons  étudier  successivement. 

1*  Jj^?uimeur  vitrée.  Cette  humeur,  de  beaucoup  la  plus 
considérable  des  trois,  du  moins  dans  l'homme,  puisqu'elle 
remplit  presque  toute  la  cavité  formée  par  la  dernière  enve- 
loppe de  Fœil,  est  plus  ou  moins  sphéroîdale  dans  toute  ça 
partie  postérieure  ;  mais  dans  une  petite  portion  de  son  hé- 
misphère antérieur,  elle  offre  une  excavation  plus  ou  moins 
profonde  dans  laquelle  se  loge  la  face  postérieure  du  crys- 
tallin. 

Cette  humeur  est  remarquable  par  sa  transparence  par- 
faite dans  tous  ses  points,  ce  qui,  joint  à  sa  manière  de  cou- 
ler, l'a  fait  comparera  du  Terre  en  fusion. 


ÛktIS    lES   OSTËOZO&IIIES. 


3G5 


La  plupart  des  «iileiirs  moderne»  sont  d'accord  pour  ad- 
mettre qu'elle  eal  enveloppée  p.ir  une  membrane  piirticutiOre 
eiccssivemeni  mince,  et  ausïi  tranapiirente  que  la  m;iliêre 
vUrirorme  qu'ellr  contient ,  à'uù  lui  provieut  le  nom  li'hya- 
biele.  Ils  ajoulenl  que  Cette  metnbrnnc  oe  se  borne  pas 
à  entourer  le  curps  vitré ,  mai»  qu'elle  entoie  dans  son  inté- 
rieur de!<  prolongpmens  qui  forment  des  cloisons,  et  par 
conséqueiil  dus  innille»  inégales  ,  mais  en  gênérul  considé- 
rable), diins  lesquelles  rhiinieur  est  contenue;  en  sorte  que 
Kinn  définit  l'humeur  vitrée  une  celluloïilé  dont  k-s  tîlu- 
metii  membraneux  extrêmement  minces  et  translucides, 
forment  des  mailles  remplies  d'une  liqueur  également  Irès- 
pelliiciile. 

Les  mêmes  anatoniistes  admettent  aussi  que  celle  hjraloïde 
e)l  Tormce  de  deux  lames,  puisqu'ils  pensent  qu'elle  se  dé- 
double en   ntant    pour  comprendie  entre    elles    l'buraeur 
,   erystalline  et  sa  capsule ,  ce  qui  donne  naissaoce  i  ce  que 
I  l^n  décrit  sous   k  nom   de  canal  godronné  de  Petit.    Ce 
c  trouve  foriné  par  la  rnpsule  du  cryilallin,  ou  bord 
|,nnchant  de  celui-ci,  et  au  point  de  dédoublement  de  l'hya- 
Olde.  Il  régne  dans  la  circonférence  du  cristallin  ;  et  comme 
ftap  rinsnfllant,  l'air  y  élève  dds  bosselures  (Ittnn  bord  externe, 
L-é^t  eo  qui  lui  a  valu  le  preuiit-r  de*  noms  qu'il  porte. 

'   J'avuite  iiViviir  pu  toujours  démontrer  d'une  manière  salis- 

Lfilis«nte .  ni  la  rnenibrane  hyaloïde  extérieure ,  ni  les  madtes 

I  «u  loges  dans  lesquelles  sérail  déposée  l'humeur  vitrée  ,  ({ueU 

àqnc  soin  que  j'aie  mi-i  à  celle  recherche,  el  quelque  pnicédé 

F^ej'aieemployé  "ur  les  yeux  dc<  animaux  mammifères.  Celte 

KIwnieur  m'a  toujours  semblé  uue  masse  homogène  parfaNe- 

MBBl  trnrisparente  ,  BS>et  Ictiaee ,  que  la  chaleur  et  les  acidea 

bot  contracter  graduellement  dans  tous  ses  points,  et  à  la 

■VrCice  extérieure  de  laquelle  on  peut  enlever  des  lambeaux 

ikembraniformes,  mais  qui  sont  compo-^és  de  hi  substance 

I  intmc  du  vitré  :  aussi  peut-on  eu  retrouver  de  nouveaux  à 


566  DE  l'appareil  de  la  VtE 

mesure  qu*on  en>  a  enleyé  d*abord.  Cependant  l'analogie  de 
l'humeur  vitrée  avec  la  pulpe  d'un  phauère,  ne  permet  pas 
de  douter  de  son  exi&tence  ;  et  en  effet  elle  est  souvent  aisée 
à  démontrer  dans  les  animaux  ovipares.  Je  conçois  même 
qu'elle  envoie  des  brides  celluleuses  à  l'intérieur ,  ce  que 
démontre  9  dit-on ,  la  manière  dont  le  vitré  se  congèle  en 
morceaux  9  quoique  ce  soit  ainsi  que  se  congèle  également 
rhumeur  aqueuse  qui  n'est  pas  contenue  dans  des  mailles  ; 
mais  je  ne  puis  admettre  sa  duplicature  antérieure  et  la  ma- 
nière dont  elle  se  dédouble  pour  recevoir  le  crj&tallin.  L'œil 
d'aucun  animal  ne  m'a  montré  rien  de  semblable.  Le  crjs- 
tallin  est  retenu  dans  la'  place  qu'il  occupe  par  la  xone  de 
Zinn ,  que  l'on  retrouve  même  dans  les  poissons  où  il  n'y  a 
plus  de  corps  ciliaire  choroîdien.  Or,  nous  avons  vu  que 
cette  zone  appartient  à  la  rétine.  On  peut  de  même  con- 
cevoir le  canal  de  Petit ,  qui  ne  sera  qu'un  espace  vide 
formé  par  l'écartement  du  bord  de  la  capsule  du  crjstallin 
M  dedans  9  de  la  zone  de  Zinn  en  dehors  et  en  avant ,  et  de 
la  membrane  hyalo&de  en  dedans  et  en  arrière.  Les  bosse- 
lures que  l'on  y  forme  arti6ciellcment  sont  dues  ù  ce  que 
cette  zone  adhère  à  l'hyaloïde  davantage  aux  endroits  .où  les 
procès  ciliaires  sont  appliqués  dessus  qu'ailleurs.  Alors  il  en 
résulte  des  espèces  d'orifices  dans  toute  la  circonférence  de 
la  lacune  »  comme  M.  Jacobson  les  a  vus. 

Quoi  qu'iren  soit,  car  je  ne  prétends  pas  que  je  ne  me 
sois  pas  trompé  ,  cette  humeur  vitrée  reçoit  dans  son  inté- 
rieur une  brftoohe  de  l'artère  centrale  de  la  rétine  qui  s'y 
mmifie. 
•  CnrsiailiD.  t*  Vhumeur  crystalline.  ou  crystaUin,  Cette  seconde  hu- 
meur de  l'œil  occupe  dans  la  cavité  de  l'organe  un  espace 
beaucoup  moindre  que  la  première  avec  laquelle  elle  forme 
un  tout,  un  système  9  aussi  bien  sous  le  rapport  dioptrique 
que  sous  le  rapport  anatomique.  Situé  À  la  partie  anténeure 
de  l'humeur  vitrée  dont  il  occupe  l'excavation  |  le  crystallin 


DANS   LES   0STE070/ 
u  une  forme  ordinairemenl  eirciil.iirt!  (^ 


1RES. 


lentille  d>i: 


opli 


.  Nul 


,  ce  q< 

L'IlldJL'. 


i  le  rail 


resi<i'tiitilcr  i^ 

lit  suile 


diffé- 


i  liornerons  ik  din 


,  et  <iue  c'e 


nonces  de  forme  ;  r 

qu'il  est  exlrëmemeiu  rare  q 

poslérivure  soient  cnmpléieiiient  semblables, 

presque  Inujoiirs  celle-ci  qui  e5l  h  p]ui  furie. 

La  forme  de  l'humenr  crysialline  lui  eat  donnée  pnr  une 

en<relo|ipe  p.irtïcuii(;re  à  Inqiielle  on  donne  le  nom  de  i:ap- 

sttie  du  crjitalliit;  elle  est  évidente  en  a*flnl  comme  en  ai  - 

rièrCf  mais  liraiicoup  moins  épaisse  de  ce  cOlé   oi>  elle  est 

appliquée  sur  l'humeur  rtlrèe;  elle  forme  une  petite  poilie 

SDDs  trace  d'ouicrture.    Su  Mructiire  ne  m'a  paru  ni  cellu- 

leuse ,  ni  fibreuse ,  et  par  aucun  procédé  je  n'ai  pu  y  décou- 

trtr  autre  chose  que  cet  aspect  de  papier  géliiine  dont  j'ai 

parlé  ft  l'occasion  de  lu  lame  iniernede  b  cornée  Iranspannle. 

.-epcndant  certain  qu'elle  recuit  une  pulîte  branche  de 

E  centrale  de  la  rétine  qui  se  rainifle  d'une  manière 

tt5(tue  régulièrement  radiaire  dans  toute  sa  partie  poslé- 

kure.  Je  l'ai  très-bien  vue  dans  les  fœlus  de  chai. 

'  Quant  à  l'huineiir  crjstalljnc  elle-niCme ,  les  analoinlstcs 

I  à  peu  pijis  d'accord  pour  n'y  voir  aucune  Irare  il'or- 

nisatinn.  C'e!<l,  dani  ma  munièie  de  toir,  une  matière 

Aorte,  déposée)  et  se  cryslallisant  pour  ainsi  dire  par  cou- 

»  concentriques ,  dont  lis  plus  peliles,  les  plus  dures,  les 

plus  anciennement  drposées,  sont  les  plus  internes  ,  et  dont 

le*  plus  nouTclles,  l^^s  plus  gramles,  les  plus  «ilernes  sont 

■  plut  molles  :  aussi  l'humeur crystaltine  est-(<l)e  composée 

e  Iroia  parties  assct  diMincles  dans  l'âge  adulte  :  i*  l'hii- 

leur  liquide  qui  est  immédiatement  sous  la  capsule,  et  qui 

ni   la  moins  abondante:  3°  l'humeur  motic  qui  est  plus 

^paisse,  comme  pullacée,  et  dont  tes  molécules  n'ofTrenl 

t  disposition  régulière;  3*  enfin  l'humeur  solide  ou 

C^Jenriculairc  qui  est  dure,  solide,  cl  dont  les  molécules  su 


366  i>£  l'appareil  de  la  vue  ^ 

disposant  d'une  manière  régulière  9  forment  des  cotiehes 
concentriques  d*auCint  plus  dures  qu'elles  sont  plus  inté* 
Heures.  C^est  cette  partie  qui  prend  quelquefois  à  sa  super- 
ficie  Taspect  de  faisceaux  de  libres  convergentes  vers  le 
centre ,  et  que  Reill  a  regardées  comme  musculaires. 
aoAqnenie.  5**  Vhumeur  iujueuse  occupe  un  espace  encore  moins 
considérable  que  Thumeur  crjs»talline  i  au  devant  de  laquelle 
elle  est  placée  9  puisqu'elle  ne  remplit  que  Fintervalle  com- 
pris entre  la  concavité  plus  ou  moins  grande  de  la  cornée 
transparente  et  la  convexité  du  crystallin.  Par  conséquent  9 
plus  celui-ci  est  convexe  et  celle ->U  est  plane  ^  moins  l'hu- 
meur aqueuse  est  abondante.  Sa  quantité  est  encore  dimi- 
nuée par  l'existence  de  l'iris  dans  Tespace  que  nous  venons 
de  circonscrire ,  et  qui  le  partage  en  deux  parties  inégales 
connues  sous  le  nom  de  chambres,  Tune  antérieure  et  l'autre 
postérieure  par  rapport  à  l'iris,  c^nmiiniquant  entre  elles 
par  la  pupille. 

,  Cette  humeur  est  évidemment  exhalée,  et  par  conséquent 
tans  organisation  ;  est-elle  produite  par  une  membrane  par- 
ticulière,  par  une  sorte  de  membrane  séreuse  qui  tapisserait 
de  toutes  parts  la  cavité  qui  la  renferme  ?  cela  est  asseï  pro- 
bable On  n^  peut  cependant  démontrer  de  partie  mensbra- 
oeuse  que  celle  de  la  face  concave  de  la  cornée  transparente 
k  laquelle  en  effet  quelques  auteurs  donnent  le  nom  de 
membrane  de  l'bumeur  aqueuse.  Je  n'ai  jamais  pu  la  pousser 
beaucoup  au  delà  du  bord  de  l'iris. 

Ainsi  les  trois  humeurs  de  Tœil  sont  d'origine  toute  diffé- 
rente :  la  première  étant  évidemment  organisée;  la  seconde 
produite  et  presque  crystallisée ,  et  l'autre  simplement  exha- 
lée et  conservée  à  l'état  liquide  ;  aussi  verrons-nous  qu'elles 
diffèrent  beaucoup  dans  leurs  propriétés  physiques  et  chi- 
mique.«. 


DANS   LES   0STÉ0Z0AIKE8.  369 

c.  De  la  partie  de  perfectionnement  accessoire,  , 

1*  Mobilité,  Dans  tous  les  animaux  Tertcbrés  on  troore  DetmuMiiM 
que  le  bulbe  de  Poeil  est  susceptible  d*uQe  mobilité  plus  ou  ^'  ' 
moins  grande  au  moyen  de  muscles  disposés  de  manière  un 
peu  différente,  mais  qui  d*une  part  prennent  toujours  leur 
origine  plus  ou  moins  immédiate  au  système  osseux ,  pour 
aller  $*utlaclier  de  Tautre  à  la  sclérotique.  On  les  divise  en 
muscles  droits  et  en  muscles  obliques;  les  premiers  sont  ceux 
qui  étant  dans  la  direction  du  diamètre  anléro-postérieur  de 
l'œil,  prennent  leur  origine  dans  le  fond  da  l'orbite,  à  son 
périoste  ou  A  Tenveloppe  fibreuse  du  nerf  optique,  et  Tont 
se  terminer  à  la  sclérotique ,  en  comprenant  dans  leur  écar- 
tement  le  globe  de  l'œil  dont  ils  déterminent  le  mouyemont, 
le  premier  en  dessus,  le  second  en  dessous,  le  troisième  en 
dedans  et  le  quatrième  en  dehors ,  d'où  les  noms  de  droit 
supérieur  ou  (TéléifUteur,  de  droit  inférieur  ou  d*abaisseur, 
de  droit  interne  ou  d'adducteur,  et  de  droit  externe  on 
d'a&/i(icleiir  qu'on  leur  donne.  Les  muscles  obliques  ont  an 
général  une  direction'  perpendiculaire  à  celle  des  muscles 
droits  ;  il  n'y  en  a  jamais  plus  de  deux ,  l'un  en  dessus  ou 
Voblique  supérieur,  et  l'antre  en  dessous  ou  VobUque  infé^ 
rieur.  Quoique  tous  deux  insérés  en  dedans  de  Torbitc,  se 
portent  constamment  plus  ou  moins  obliquement  de  dedans 
en  dehors  ^  la  partie  supérieure  ou  inférienre  du  globe  ocu- 
laire ;  ils  offrent  une  disposition  particulière  pour  chaque 
sous-type  des  ostéozoaires. 

a*  Abri  et  protection.  Dans  ce  type  d'animaux,  le  globe  Abri, 

de  l'œil  est  plus  ou  moins  complètement  mis  à  l'abri,  soit 
constamment,  soit  momentanément  au  moyen  d'une  espèce 
d'enfoncement  fait  entre  les  pièces  osseuses  du  premier  et 
du  second  appendice  de  la  tôte,  et  qui  est  désigné  sous  le 
nom  èi  orbite ,  ou  ù  l'aide  du  repli  de  la  peau  qui  se  trouTe 
aux  environs  de  l'organe ,  et  qu'on  uomme  paupières, 

1.  ^4 


570 


DS    LÀPPAREIL   DE    LA   TtS 


OkSeox 
•u  de  Torbilc. 


L'orbite  plua  ou  moins  profond,  suivant  le  développement 
de  Torgane  qu*il  doit  contenir  en  grande  partie 9  est  |uDe 
sorte  de  cavité,  ou  mieux  dVnfoncement  qu*on  ne  peut 
mieux  comparer  qu'à  celui  qu'en  ferait  à  la  surface  d'un 
pot  d'étain  avec  un  corps  contondant,  et  qui  varie  par  l'éten- 
due ,  la  profondeur  et  sa  fermeture  plus  ou  moins  complète 
en  arrière  et  en  dehors,  et  par  les  os  qui  entrent  dans  sa 
composition. 

Ce  que  cet  orbite  a  de  général  est  de  se  trouyer  entre  la 
première  paire  d'appendice  du  corps ,  ou  la  prendière  articu- 
lation et  la  deuxième,  ou  celle  de  la  mâchoire' supérieure 
sur  laquelle  surtout  il  s'appuie  beaucoup»  Aussi  dans  les 
espèces  les  plus  élevées,  cet  orbite  est  toujours  formé  en 
arrière  du  sphénoïde  antérieur,  en  dedans  de  l'os  palatin, 
de  l'os  ethmoîde ,  de  l'os  lacrymal;  en  dessus  du  frontal,  en 
dessous  du  maxillaire  supérieur  et  du  sjgômatique»  en  de- 
hors du  même  os  et  de  la  grande  aile  du  sphénoïde  pos- 
térieur. 

Quelquefois  ces  os  ne  sont  pour  ainsi  dire  qu'écartés; 
mais  le  plus  souvent  ils  sont  évidemment  modiûés  pour  ce 
but. 

La  direction  de  cet  orbite  offre  des  différences  asseï  no- 
tables; en  général  elle  tend  d'autant  plus  à  être  dans  la  di- 
rection de  l'axe  du  corps  de  l'animal  qu'il  est  plus  éleré 
dans  la  série.  Il  faut  cependant  ajouter  que  quelquefois  les 
différences  de  direction  tiennent  à  quelque  chose  de  local  j 
ou  à  quelque  anomalie. 

L'abri  momentané  est  produit  par  la  peau  qui  av.oisine 
l'organe. 
CoDionctivc.  D'abord  cette  peau  devient  d'autant  plus  mince,  qu'elle 
s'approche  davantage  de  l'axe  ou  du  milieu  de  la  cornée 
transparente;  il  se  pourrait  même  qu'elle  n'atteignit  pas  tou- 
jours son  milieu  quand  l'organe  est  fort  développé 9  et  qu'il 
se  trouTfit  ainsi  au  devant  du  bulbe  un  orifice  ou  trou  coosi- 


Abri  colanë. 


DANS    LES    OSTBbZO&IRES.  57  I 

dénbte  dans  la  peau  :  cette  punie  de  la  peau  amincie  ïe 
nomme  conjonctive, 

Hai5  celle  inembraoe,  dans  beaucoup  d'animaux  vertè- 
bres, ne  se  borne  pas  k  s'amincir  au  devani  de  l'organe  ; 
car  a*ant  d'y  arriver  elle  forme  fort  souvent  un  repli  su- 
périeur et  un  repli  inférieur,  composés  par  conséquent  cha- 
cun de  deux  peaux,  l'une  externe,  ù  peu  de  chose  près  sem- 
blable il  la  peau  ordinaire,  i:l  l'autre  interne,  qui  s'applique 
sur  la  partie  amincie  et  adhérenlu  au  bulbe,  ou  conjonclÎTe, 
en  dcTenanl  \  cause  de  cela  membrane  mu^u^iue ;  c'est  il 
ces  replis  qu'on  donne  le  nom  de  paupières.  Leur  bord  nu 
l'endroit  où  la  peau  citerne  se  replie  i  l'intérieur,  est  quel- 
quefub  soulenu  par  un  cartilage  dont  la  coupe  veriicale  fuit 
Toir  que  sa  base  est  taillée  obliquement,  en  sorte  que  lorsque 
les  deux  paupières  viennent  à  se  loucher  sur  le  globe  de 
r<Bil>  il  en  résulte  un  canal  triangulaire,  étendu  du  l'angle 

(•■(«rne  ù  l'interne.  L'enlre-deui  du  derme  composnni  chaque 
Mufiëre,  est  rempli  par  un  muscle  cutané  orbiculaire  ,  qui 
•B  se  fronponi  les  Seirc  fortement;  et  souvent  l'une  ou  l'autre 
cal  en  outre  pourvue  d'un  autre  muscle  ubaissuur  ou  éléva- 
teur attaché  au  fond  de  l'orbile.  II  y  a  encore  dans  lu  compo- 
tîlion  des  paupières  une  lame  fibreuse  fort  mince,  qui  vient 
de  la  conlinniiliun  du  périoste  de  l'orbile. 

Hais  outre  l'usage  évident  que  ces  pnupiëres  ont  de  mettre 
mt>me  titane  ment  l'organe  de  In  vision  complètement  â  l'abri , 
«Iles  contribuent  aussi  A  le  nettoyer  en  répandant  sur  loula 
l'étendue  de  la  partie  antérieure  da  bulbe  ou  de  la  conjonc- 

^fITe  des  fluides  qui  y  soûl  versés  en  plus  ou  moins  grande 
abondance.  Elles  sont  encore  puissamment  aidées  dans 
CCI  usage  par  un  autre  repli  plu^  ou  moins  membraneux 
qui  se  place  dans  l'angle  n.i;al  de  l'ouverture  oculaire,  et 
que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  trvtsième  paupière  ou  do 

Imcmiirane  nielitanle  :  elle  a  cela  de  particulier  qu'elle  est 
MU)oun  plus  ou  moins   verticale,   au  contraire  des  véri- 


I 


372  DE   t*APPAHETL   DE   tA   TUE 

tables  paupières;  du  reste  sa  structure,  sa  forme'  et  son 
mécanisme  oflireot  des  différences  que  nous  étudierons  plus 
Urd. 

tnU  imrj  -      Quant  aux  fluides  Tersés  au  deyant  du  globe  oculaire ,  ils 
sont  oe  deux- sortes;  les  uns  aqueux  ou  lacrymaux,  et  les 
autres  sébacés  ou  graisseux.  Les  premiers  sont  produits  par 
un  ou  plusieurs  amas  de  cryptes  sécréteurs  logés  entre  Tor- 
gane  et  la  cavité  protectrice ,  et  dont  les  canaux  excréteurs 
en  plus  ou  moins  grand  nombre  s*ouTrent  à  la  face  interne 
des   paupières.    On   donne  plus   spécialement  le  nom   de 
^nde  lacrymale  à  celle  qui  se  trouve  au  côté  externe  et 
supérieur  du  bulbe  oculaire  appliquée  sur  lui,  et  dont  les 
canaux  excréteurs  se  terminent  au  côté  externe  de  la  face 
interne  de  la  paupière  supérieure.  On  désigne  an  contraire 
sous  le  nom  de  glande  d'Harderus  ou  de  lacrymale  inJteme 
un  autre  amas  glanduleux  situé  au  côté  interne  de  Torbite , 
et  qui  se  termine  par  un  seul  orifice,  en  dedans  de  la  troi- 
sième paupière. 

piMtëba-        Quant  au  fluide  sébacé,  il  est  fourni  par  une  série  de 

oaglaodet 

[ëtbonios.  petits  cryptcs  qui  occupent  le  bord  interne  de  chaque  pau- 
pière, dans  répaisseur  de  laquelle  ils  sont  compris.  Chacun 
a  un  petit  pore  excréteur  :  c'est  ce  qu*on  nomme  les  glandes 
de  Méibomius. 

MMuieia-        Mous  dcTons  aussi  noter  que  dans  Tanfrle  interne  de  Toeil  « 

■yaalt.  ^  ° 

on  trouve  quelquefois  un  autre  petit  amas  de  cryptes 
plus  ou  moins  rouges,  entremêlés  de  poils,  et  formant  une 
petite  saillie  qui  a  reçu  le  nom  de  caroncule  lacrymale.  On 
ignore  la  nature  du  fluide  qu'elle  verse,  et  il  parait  qu*il  est 
fort  peu  abondant. 
ir«ii  laery-  ^  ^^^^  ^^^  V^  b\ïï?\  du  fltiide  de  la  véritable  glande 
lacrymale  ;  et  même  son  abondance  quelquefois  trop  grande, 
a  nécessité  dans  un  certain  nombre  d*animaux  Tertébrés 
qu'il  fût  Tersé  dans  l'intérieur  des  narines.  Il  est  d'abord  di- 
rigé vers  le  côté  interne  de  l'ouverture  oculaire ,  par  la  dis- 


DANS    tEH    MAMMIFÈRK8.  3^5 

poïittoii  et  le  rapprochement  des  pnupîëres  et  du  globe  de 
l'wil  dont  nous  arons  parlé  plus  haut.  AcriTé  en  cet  en<Iroil , 
il  pénètre  par  uu  ou  deui  orifiues  que  l'on  nomme  pores  la- 
crymaux, dans  un  canal  lacrymal ,  dont  la  parlje  supé- 
rieure ,  quelquefois  un  peu  renflée ,  roruie  le  sac  lacrymal, 
et  dont  le  resle  plus  ou  moins  prolongé  v^  se  terminer  dans 
les  narines  uu-dessous  du  cornet  inférieur.  Ce  canal  lacry- 
mal, membraneux,  qui  n'est  que  la  cnnlinualion  de  la  cou- 
[onctire.et  9on  anastomose,  si  l'on  peut  emj'Ioyer ce  terme, 
atce  la  membrane  olfactiTc  ,  se  loge,  comme  nous  le  verrons 
plus  lard,  dans  un  canal  osseux  plus  ou  moins  complet, 
formé  le  plus  ordinairement  par  l'os  lacrymal. 

Enfin  l'organu  de  la  rision  peut  encore  être  mis  â  l'abri  c>i> 
de  l'action  nuisible  des  corps  extérieurs  au  moyen  d'une 
certaine  modîficalion  de  poils  plus  longs,  plus  torts  que 
le*  autres,  qui  bordent  les  [laupières,  on  qui  Torment  une 
bande  plus  ou  moins  étendue  le  long  du  rebord  orhitnirc 
frontal  :  c'est  ce  dont  nous  avons  déjà  dit  quelque  chose  A 
l'urticle  des  poils,  sous  les  noms  de  cils  cl  de  sourcils. 

Passons  maintenant  i  l'élude  des  nombreuses  différences 
<]ue  présentent  les  animaux  Tertcbrês  dans  l'appareil  de  lii 


I 

«mil. 

1 


A,    Dans  les 


•ifir, 


k  Ce  que  nons  venons  de  dire  en  général  de  l'orgaue  et  de   ( 

ipparcU  de  la  tisinn  dans  le  type  des  oMéoioaires  étant  en 

mode  partie  tiré  de  la  classe  des  mammifères,  nous  pourrions 

user  de  suite  aux  principales  différences  que  les  animaux  qui 

h  composent  peuvent  préM^nter.  Nous  donnerons  cependant , 

comme  leur  étant  plus  ou  moins  commun,  la  sphéricité  du 

globe  oculaire;  la  mollesse  de  l'enveloppe  fibreuse  ou  de  la 

cclérolique  ;  l'existence  des  procès  choroîdiens  bien  pronon- 

ti  que  celle  des  prncé»  rétiniens  ;  le  nombre  des  mus- 


1 


/ 


.» 


374  ^E  l'appareil  de  la  vue 

oies  moteurs  du  globe  de  l'œil  qui  ne  sont  jamais  au-dessous 
de  six  y  quatre  droits  et  deux  obliques,  et  qui  peuyent  aller 
jusqu'à  dix  :  on  trouve  en  effet  dans  un  grand  nombre  de 
mammifères  que  les  muscles  droits  sont  divisés  en  deux 
eouchcsy  Tune  externe,  plus  longue,  composée  des  quatre 
musclas  droits  ordinaires;  et  Tautre  interne, 'plus  courte, 
quelquefois  subdivisée  en  quatre  portions,  absolument  comme 
l'externe»  mais  d'autres  fois  ne  formant  qu*une  sorte  d'en- 
tonnoir qui  enveloppe  l'hémisphère  postérieur  du  globe  de 
Tœil  9  et  auquel  ^  à  cause  de  cela ,  on  donne  le  nom  de  muscle 
chotmouie  ;  la  disposition  des  muscles  obliques  diffère  aussi  de 
ce  qui  a  lieu  dans  les  autres  ostéozoaires.  Dans  les  mammi- 
fères ,  le  grand  oblique  inséré  au  fond  de  l'orbite  aTCC  le 
droit  supérieur  à  l'enveloppe  fibreuse  du  nsrf  optique ,  se 
porte  d'avant  en  arrière  entre  le  globe  oculaire  et  la  paroi 
interne  de  l'orbite  ;  parvenu  à  sa  partie  antérieure  et  supé- 
rieure ,  les  fibres  charnues  se  réunissent  autour  d'un  tendon 
arrondi  qui  glisse  A  travers  une  sorte  d'anneau  fibreux,  ou  do 
dedans  d'un  cartilage  adhérent  à  l'os  frontal  ;  réfléchi  presqu'à 
angle  droit  à  ce  point,  ce  tendon  autour  duquel  s'est  disposé 
un  petit  appareil  synovial ,  s'élargit  horizontalement  eft  se 
porte  de  dedans  en  dehors,  et  un  peu  d'arrière  en  avant  à  la 
partie  supérieure  du  globe  où  il  se  fixe  sous  la  terminaison  du 
muscle  droit  supérieur.  L'oblique  inférieur  est  aussi  généra- 
lement plus  court  que  dans  les  ovipares;  il  natt  à  la  partie 
interne  et  antérieure  de  la  paroi  inférieure  de  l'orbite  »  et  se 
porte  de  dedans  en  dehors  à  la  partie  inférieure  et  externe  du 
globe  de  Toeil.  Les  mammifères  offrent  aussi  une  disposilion 
assez  particulière  dans  les  paupières  qui  sont  pourvues  toutes 
deux  sur  leur  bord  d'un  cartilage  tarse  plus  ou  moins  épais, 
et  dont  la  supérieure,  beaucoup  plus  large  et  plus  mobile 
que  l'inférieure,  est  soulevée  par  un  muscle  élévateur;  ce 
muscle  inséré  au  fond  de  l'orbite,  se  porte  d'arrière  en  avant 
au-dessus  du  muscle  droit  supérieur ,  sort  de  la  cavité ,  et  se 


DANS    LES    MAUHrFF.riS.  JyS 

termine  en  s'ùIargUsnnt  par  une  aorlu  du  membrane  tibi 
qui  fp.  perd  dans  le  Ijmu  du  la  paupière.  L'exi»(«nçe  ili;  véiL- 
Iable«cil9  et  surtout  desourcUt,  est  peut-être  eiKpre. |uropre 
aux  mammirérc».  .      . 

Lei  différences  <^iie  les  msmmiKres  pré^eatent  sous  le  rap- 
port qui  nous  occupe  en  ce  moment,  sont  toujours  sus- 
ceptibles dVire  pnrtsgùea  en  deux  catégories  ;  les  unes,  ù 
peu  prùs  ineipli<'iil>les,  tiennent  à  ce  que  uous  avons  nommé 
dégradatioa  classique  ,  et  au  dugré  d'orgaaisation  Auquel 
l'espèce  appartient;  d'autres  sont  évidemment  en  rapport 
afeo  le  milieu  dans  lequel  l'iinimal  dttail  trouver  «n  nourr 
riluM,  ou  bien  avec  l'époque  de  la  journée  A  laquelle  il  la 
rechercfae,  et  enfin  penl-êlre  ntuc  h  nature  et  l'espèce  de 
ootirrilure. 

Je  range  dan»  lu  première  c-ilègorie  l'espèce  lie,  Uvbf. 
jaune,  «Tec  un  petit  cnroncement  plas  ou  nioin^ viaUirci 
translucide  an  milieu,  autour  duquel  se  plisse  un  peu  la 
rétine ,  4]ue  l'on  rcmurqun  danscelte  oieuilirane ,  ii  quelque 
distance  en  dcliurs  du  l'i-ntréc  du  nerf  opliquei  daui^  ^'^^^ 
MtoK  du  globe  de  l'œil.  On  ne  lii  (roureque  dansirespéce 
.humaine  et  dans  les  rérilables  singes  de  l'ancien  et  du  non- 
nau  continent.  Je  n'en  ai  ru  aucune  tr.nce  dans  les  autres 
jnaaiuiifëres ,  pas  même  duns  les  makis. 
,  Ce  serait  évidemmeut  ii  tort  que  l'un  vaudrait  rcgiirder 
«aile  tacbe,  dont  duus  devons  lu  décourei'lc  i  Soèmuiering, 
mommt  ayant  quelque  aaulogic  avec  le  iIkiu  coltuè  qui  sn 
trouve  occuper  un  espace  Iteaucoup  plus  clisadu  de  la  lame 
tilerne  de  la  cbnruldc  d'un  assti  grand  aOHlbre  d'animauit 
iMammiféres,  ol  qu'on  ooiume  le  Uipis.  Eu  efful,  sa  place 
ni  toute  différente,  puisqu'il  est  situé  tonl-â-f:iit  en  dehors 
^  la  rétine ,  et  s'il  est  visible  à  travers  les  bnmeiirs  de  l'œil . 
«ela  tient  à  lu  transiparence  d?  celle-ci  ;  d'uilleur^  sa  siruc- 
twc  difféte  également  beaucoup,  comme  nous  l'avons  vu 
plt>»  baul.  Ainsi  le  sent  rapport  qu'il  y  ail  enlro  la  tache  de 


éflr  m 


376  DE   ^'appareil    de    la    VUE 

SoëmlneWDg  el  le  tapis ,  c'est  qu*oo  ignore  aussi  complète- 
ment rîisage  de  l'une  que  celui  de  Tautre. 

Uhomniey  les  singes,  les  sapajous,  les  makis,  les  pares- 
•eux,  n'ont  jamais  de  véritable  tapis. 

■Tous  les  carnassiers  m(^me  n'en  sont^pas  pourvus,  du 
moins  je  ne  l'ai  vu  dans  aucun  des  chéiroptères  que  j'ai  dissé- 
qués^'lion  plus  que  dans  les  carnassiers  insectivores. 

L*ours  lui-même  ne  me  semble  pas  avoir  de  tapis,  ou 
bien  il  est  entièrement  couvert  par  le  pigmentum. 

Il  n'en  est  pas  de  môme  des  autres  carnassiers;  tous  eu 
ont  un  plus  ou  moins  développé ,  et  assez  ordinairement 
A'peu  près  également  distribué  autour  du  nerf  optique  ;  il  est 
presque  toujours  d'un  beau  blanc  mat,  comme  dans  les 
chiens,  la  civette,  le  jaguar;  d'un  blanc  bleuâtre,  comme 
dans  la  loutre,  le  lynx,  le  chat-pard;  ou  d'un  jaune  doré, 
cofifrane  dans  le  li6n,  le  cfaât  domestique. 

Les  carnassiers  édentés  aquatiques  ou  les  cétacés  »  ont 
aussi  un  tapis  qui  est  également  d'un  blanc  d'argent ,  oa 
bleuâtre. 

Quant  aux  rongeurs,  aucune  des  espèces  que  j'ai  dissé- 
quées ou  dont  l'anatomie  nous  a  été  donnée,  ne  paraît  avoir 
cette  partie  colorée.  Les  anatomistes  de  l'Ao&démie  disent 
cependant  que  le  porc-épic  a  un  tapis  blanchûlFe  parsemé  de 
plusieurs  petits  points  rouges. 

La  plupart  des  animaux  ongulés  en  ont  au  contraire  un 
fort  étendu,  et  surtout  au  côté  interne,  à  cause  de  Tinser- 
tion  très -excentrique  du  nerf  optique.  La  couleur  de  ce 
tapis  est  ordmairement  i'un  vert  blancliAtre  :  c'est  ce*  qui 
est  indubitable  pour  le  cheval  et  tous  les  animaux  rami* 
nans. 

Quant  aux  groupes  des  didelphcs,  nous  manquons  d'ob- 
servations. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire  sur  le  tapis  chez  les 
mammifères  >  on  voit  que  l'espèce  de  nourriture,  l'époque 


DANS    LES   MAMMIFERES.  377 

de  ta  jouroée  à  laquelle  elle  est  recherchée ,  le  milieu  qu'ha-  ' 

bile  ranimai,  ne  paraissent  Ctre  nullement  en  rcy)portaTec 
son  existence  dans  tel  ou  tel  groupe  :  il  faut  donc  admettre 
que  ses  usages  sont  tout-ù-fait  inconnus. 

Je  mettrai  dans  la  même  catégorie  le  nombre  des  muscles   Dn  Mmbn 

niOMlM  dr 

droits  qui  meuycnt  le  globe  de  rociU  quoiqu'il  soit  possible 
de  concevoir  que  les  différences  qu'offrent  les  mammifères 
sous  ce  point  de  vue  tiennent  à  leur  mode  de  station»  et 
surtout  à  celui  de  préhension  buccale. 

L'homme  et  tous  les  quadrumanes  n'ont  qu'une  seule 
couche  de  muscles  droits  divisée  en  quatre  parties  bien  dis- 
tinctes,  mais  dans  des  proportions  un  peu  variables. 

Les  carnassiers  ea  ont  au  contraire  toujours  f  i\  ce  qu'il  me 
semble,  deux  couches  distinctes,  l'une  qui  se  termine  vers 
le  tiers  antérieur  du  globe ,  et  l'autre  vers  le  tiers  postérieur; 
et  chaque  couche  est  divisée  en  quatre,  ce  qui  fait  huit 
muscles  droits  :  c'est  ce  que  j'ai  bien  vu  dans  l'ours ,  le  blai- 
reau, le  cotiti,  les  martes,  plusieurs  espèces  de  chats,  les 
renards  et  les  chiens. 

Les  odentés  me  paraissent  aussi  avoir  la  même  disposition 
des  muscles  droits  que  les  carnassiers. 

Les  rongeurs  diffèrent  des  groupes  précédens  en  ce  que 
les  muscles  droits  ordinaires  sont  en  général  moins  forts,  et 
que  la  couche  interne  est  très -petite,  À  peine  divisée 9 
et  n'existe  bieD  complètement  qu'au  côté  interne  du  nerf 
optique. 

Dans  tous  les  animaux  ongulés,  il  y  a  toujours  deux  couches 
bien  distinctes  de  muscles  droits  ;  mais  la  couche  interne  ne 
se  divise  que  très-rarement,  et  forme  une  sorte  d'entonnoir 
autour  du  nerf  optique,  d'où  vient  le  nom  de  muscle  choa- 
noide  qu'on  lui  donne. 

Les  différences  que  présente  la- cavité  orbitaire  sous  le 
rapport  de  sa  position  et  de  sa  direction  1  appartiennent  aussi 
à  cette  première  catégorie. 


378  DE    l'aPPARKIL   de    LA   TUE 

De  la  direction       C'cst  chex  Pespëce  humaine  que  les  axes  dea  orbites  se 

de  r«xe  des 

ort)itet.  rapprochent  davantage  d'être  parallèles  entre  eux  et  à  Taxe 
du  corps  9  ou  ,  ce  qui  revient  au  même  9  chei  laquelle  la  base 
des  orbites  est  le  plus  dans  le  même  plan  vertical  antérieur  : 
aussi  l'homme  ne  peut-il  voir  que  dans  tout  rhêmisphère 
qui  est  au  devant  de  lui. 

A  mesure  que  l'on  descend  dans  la  série  des  mammifères 
monodelphes  ou  didelphes,  on  voit  ces  axes  devenir  de  plus 
en  plus  perpendiculaires  à  celui  du  corps,  ou,  ce  qui  revient 
au  même,  tendre  à  ne  former  qu*une  même  li^ne  droite, 
et  à  ce  que  les  deux  bases  des  orbites  soient  parallèles.  Alors 
le  mammifère  a  les  yeux  de  plus  en  plus  latéraux, ^t  parcon^ 
séqiient  il  peut  apercevoir  deux  hémisphères.  Tan  à  droite 
et  l'autre  à  gauche  ,  sauf  la  bande  qui  correspond.à  Técarte- 
tnent  des  yeux. 

Jamais  cependant  cette  disposition  latérale  n'est  parfaite, 
non  plus  que  l'antérieure  qui  place  les  deux  yeux  dans  un 
même  plan. 

Nous  verrons  dans  l'étude  de  la  partie  passive  de  la  loco* 

motion  ou  du  squelette,  qu'il  existe  dans  l'état  plus  ou  moins 

complet  du  cadre  ou  du  bord  de  l'orbite ,  et  surtout  de  la 

paroi  orbilaire  des  différences  de  même  nlture.    . 

De  la  troisième       On  doit  aussi  Considérer  comme  du  même  genre  le  plus 

paupière. 

ou  moins  grand  développement  de  la  troisième  paupière, 
pui»qu'il  semble  être  en  rapport  avec  la  fieicilité  plus  ou 
moins  grande  qu'a  l'animal  de  porter  le  membre  antérieur  à 
l'œil. 

Dans  les  mammifères,  cette  troisième  paupière,  origiafti* 
^ment  formée  par  un  simple  repli  sigmoîde  de  la  cof^onc- 
tive,  est  souvent  soutenue  par  uue  lame  cartilagineuse  fort 
mince,  de  forme  un  peu  variable,  et  qui  se  prolonge  en  ar- 
rière et  en  dedans  du  globe  de  l'œil  par  une  sorte  de  lige 
ou  de  pédicule;  c'est  autour  de  ce  pédicule,  et  surtout  à 
son  extrémité ,  que  se  ramassent  les  cryptes  de  la  glande 


DANS    LES    UAllUIFÉnKS.  Z-^Çf 

d'Hsrderus.  Le  plus  souvent  celte  cggièi'e  tlo  paupière  rst 
immobile,  el  )e  gluEw  t)e  l'œil  vienl  se  Trotter  conlre  son 
exircmité  fort  mince  el  plus  ci  moins  firronilte  ;  intiia  ({uel- 
quefois  elle  peut  auïsi  flrc  portée  en  dehors  par  une  dir^po- 
■ilioB   rausculAire  dont  nous  purlerons  A  l'arlicle  de  rélé- 

A  peine  trouTC-t-on  un  rudiment  de  la  troisième  pnupière 
dans  l'homme,  oi)  ce  n'est  ëvidemineut  qu'un  irês-pelit  irpli 
de  la  conjonclifc. 

Ce  rudiment  est  bcnucoup  plus  évident  chei  les  singes  el 
les  sapajous  ;  le  repli  semi-lunairt'  do  lu  ci)n)onctive  c^t  bien 
libre. 

Dans  les  carnassiers  el  les  rongeur»,  la  paupière  verti- 
cale devient  beaucoup  plus  riidenle,  elle  est  cirlitugiiieuse 
et  pourvue  de  non  appareil  glanduleux.  Plus  Inrge  dan»  les 
premiers  ,  elle  est  peut-être  plus  saillnnle  dam  les  seconds. 

L'éléphant  a  celle  troisième  paupière  encore  plus  pro- 
noncée, et  pourvue  d'un  appareil  musculaire. 

Tous  les  anira,iux  ù  s.ibots  l'ont  aussi  irès-développée; 
inaÎ!  il  n'y  a  p^ii  de  fibres  musculaires  pour  la  mouvoir. 

Je  suî."  épaletnent  obligé  de  rupporler  à  ce  premier  genre 
de  diflerenoes.  l'exiFlence  d'une  ou  de  deiii  glandes  lacryma- 
les dont  le  dévetoppçmenl  est  assc»  bien  en  rapport  inverse. 

La  glande  lacrymale  est  unique  dans  l'homme,  les  singeit, 
les  sapajou* ,  les  makit;  mais  dnns  tous  les  aufi-es  mammi- 
ftres  qui  ont  cet  appareil,  il  y  en  a  deu«;  et  à  mesure  que 
l'interne  augmente  ,  l'eiterne  diminue. 

Ï.  EnGnlademière  différence  que  l'on  puisse  regarder  comme 
«ppartenaaleâcetle  section, est  celle  que  l'on  peut  remarquer 
;  dans  l'appareil  pileux  protecteur.  Je  ne  parle  pas  des  cils, 
quoiqu'il  n'y  ait  peuI-Slre  que  l'homme  qui  on  ail  de  véri- 
tables ;  parce  que  beaucoup  d'u'pèecs  de  mammifères  ont 
aussi  au  bord  des  paupières  des  poil^i  plus  longs  qu'ailleurs; 
p^sis  les  sourcils  ne  se  trouvent  que  dans  l'espèce  humaine  , 


380  DB    LAPPAREIL   D£    LA    VUE 

SOUS  forme  d'une  bande  de  poils  longs  étendue  le  long  du 
rebord  orbitaîre  9  et  formant  une  saillie  assez  considérable  ; 
la  peau  dans  laquelle  ils  sont  *mplantés  est  mue  par  un  petit 
muscle  peaussier  appelé  sourciller,  qui  de  Tangle  interne 
de  la  crête  de  ce  nom  se  porte  en  dehors  sous  la  moitié 
interne  3u  sourcil. 
Difi^rences         Cette  dernière  différence,  que  Ton  pourrait  jusqu'à  un 

dont   U   «nw  ^  "^  '      ^ 

••j«ppi]^i«^'<»  certain  point  rapporter  à  la  slation  yerlicale,  nous  conduit 
à  celles  qui  ont  des  rapports  plus  ou  moins  éfidens  afec 
quelque  cause  appréciable. 

D«  rëtat  mort  La  première  me  parait  tenir  à' l'état  dans  lequel  se  troufe 
l'kiimeot,  |a  subslance  qui  doit  seryir  d'aliment;  elle  est  d'une  aœi 
faible  importance  ;  cependant  la  nourriture  est-elle  morte  ou 
immobile,  alors  l'organe  de  la  Tision  est  en  général  peu 
développé;  mais  est-elle  au  contraire  virante  et  fugitive, 
alors  l'œil  est  fort  grand  ;  aussi  les  mammifères ,  essentielle- 
ment carnassiers,  l'ont-ils  généralement  plui  grand  que  les 
autres.  Il  arrive  cependant  qu'un  petit  nombre  de  rongeurs, 
et  surtout  les  ruminans,  ont  aussi  des  yeux  fort  gros,  mais 
pour  un  autre  but,  celui  d'apercevoir  de  plus  loin  leur  en- 
nemi. 

De  r^poqtie  de       Je  remarque  une  autre  différence  évidemment  plus  im- 

la  journée  à  , 

■^«l^ji'aai-  portante,  puisqu'elle  tient  ù  l'heure  de  la  journée  dans  la- 
quelle ranimai  cherche  sa  nourriture.  Si  c'est  dans  une  obs- 
curité assex  profonde,  l'organe  de  la  vision  en  totalité  est 
aussi  plus  développé  que  dans  le  cas  contraire;  les  espèces 
nocturnes,  comme  certains  sapajous»  parmi  les  singes,  et 
surtout  les  galagos,  les  tarsiers ,  i'aye-aye  parmi  les  makis; 
les  chats,  les  phoques  dans  l'ordre  des  carnassiers;  les  écu- 
reuils, les  gerboises  dans  celui  des  rongeurs  ;  les  chevaux 
parmi  les  ongulés,  ont  des  yeux  beaucoup  plus  gros  que  les 
autres  espèces  des  mêmes  groupes.  Mais  il  paraît  que  cela 
ne  se  borne  pas  à  un  plus  grand  degré  de  développement 
de  l'organe  en  totalité  ;  et  que  la  cornée  transparente  ainsi  que 


DANS    LKS    MAMMIFÈRES.  38l 

Tiris  sont  beaucoup  plus  larges,  celui-ci  étant  plus  con- 
tractile 9  ce  qui  très- probablement  indique  plus  de  sensibilité 
dans  la  rétine. 

C'est  peut-être  à  cela  qu'il  faut  attribuer  que  Tcspèce  hu- 
maine est  parmi  les  mammifères ,  celle  qui  a  la  cornée  trans- 
parente et  riris  d'une  moindre  étendue  9  et  au  contraire  le 
blanc  de  l'œil  plus  grand  et  plus  yisible. 

Mais  si  c'est  dans  une  obscurité  profonde  que  l'animal  doit 
exister,  alors  l'organe  disparaît  presque  tout  entier,  et  l'on 
ne  trouYe  plus  dans  certaines  espèces  qu'un  très-petit  buibo 
rudimentaire  situe  sous  la  peau ,  qui  n'est  nullement  amincie  y 
et  qui  même  est  courerte  d'autant  de  poils  que  dans  les 
autres  endroits  du  corps.  On  on  Toit  un  exemple  bien  éri* 
dent  dans  le  zemni  (  mus  iyphUis ,  L.),  et  dans  plusieurs  autres 
espèces  de  rongeurs.  Si  l'animal  vient  encore  quelquefois  à 
la  lumière,  comme  les  musaraignes,  les  taupes,  l'œil  est 
fort  petit,  mais  complet,  et  pour  être  utile  à  l'animal,  il 
faut  que  préalablement  les  poils  nombreux  qui  le  recouTrent 
ordinairement  soient  écartés  et  disposés  en  entonnoir  par 
la  contraction  des  muscles  de  la  peau. 

Une  autre  série  de  différences  dans  l'appareil  de  la  TÎsion      dq  miiM 
chex  les  mammifères  parait  tenir  à  la  densité  du  milieu  où  vît. 

l'espèce  deyait  vivre ,  et  par  suite  ù  la  distance  à  laquelle  elle 
peut  aperccToir  les  objets;  aussi  portent-elles  davantage  sur 
la  partie  de  perfectionnement  dioptrique. 

Les  plus  importantes  ont  sans  doute  lieu  dans  la  nature 
des  humeurs  de  l'œil,  mais  elles  sont  encore  à  peu  près  in- 
connues. Celles  qu'il  nous  est  permis  d'apprécier  assez  aisé- 
ment existent  dans  la  proportion  de  ces  humeurs  et  dans 
leur  forme. 

Les  mammifères  qui  vivent  dans  l'air  ont  constamment  le 
crjstallin  beaucoup  moins  sphérique  ^  et  par  conséquent 
occupant  un  moindre  espace  parmi  les  humeurs  de  l'œil,  que 
le»  espèces  qui  virent  dans  l'eau.  Mais  s'il  est  hors  de  doute 


38a  DE   LAPPARBIL    DE    LA    TUE 

que  plus  l'espèce  est  aquatique  ^  et  plus  le  crystallin  est  sphé- 
rique  ;  il  n*en  est  pas  toul-à-fait  de  même  des  espèces  qui 
Tif  ent  dans  l*air  ;  ainsi ,  comme  on  Ta  justement  fait  obserTer 
depuis  long-temps ,  il  parait  que  c'est  l'homme  dont  le  crys- 
tallin est  le  moins  bombé  :  celui  des  écureuils  qui  firent 
dans  les  arbres ,  et  même  celui  des  chauve-souris  qui  pour- 
suivent leur  proie  dans  les  airs,  est  évidemment  aussi  con- 
vexe que  le  crystallin  d'animaux  du  même  ordre,  et  qui 
Vivent  ù  terre.  Celte  humeur  dans  les  chats  »  par  exemple , 
forme  une  lentille  évidemment  plus  comprimée. 

Au  contraire  dans  les  espèces  aquatiques ,  le  crjstallin  est 
certainement  d'autant  plus  sphérique  9  que  l'animal  se  trouve 
plus  habituellement  dans  l'eau. 

Ainsi  dans  les  mammifères  qui  en  sortent  assex  souvent , 
comme  le  castor»  la  loutre,  le  crystallin  est  déjà  d'une  con- 
vexité assez  forte  ;  mais  elle  est  bien  plus  grande  chex  les  es- 
pèces qui ,  comme  les  phoques ,  poursuivent ,  atteignent  et 
mangent  même  leur  proie  dans  l'eau.  L'on  remarque  que  ches 
ces  animaux,  la  sclérotique  est  beaucoup  plus  mince  dans  sa 
cône  médiane  que  dans  les  deux  autres.  Cette  dernière  par- 
ticularité n'existe  pas  dans  les  lamantins,  ei  encore  moins 
dans  les  cétacés  qui  offrent  dans  la  structure  de  l'œil  le  sum- 
mum de  la  disposition  aquatique ,  c'est-à-dire  un  crystallin 
presque  complètement  sphérique ,  et  la  cornée  transparente , 
fort  plane. 

Mais  la  modification  de  l'appareil  de  la  vision  pourvoir  dans 
l'eau ,  ne  s'est  pas  bornée  à  la  partie  de  perfectioooement 
dioptrique  ;  on  trouve  aussi  que  la  mobilité  des  paupières , 
le  développement  de  l'appareil  lacrymal  diminuent  de  plus 
en  plus,  à  mesure  que  le  mammifère  est  plus  aquatique;  en 
effet,  il  est  certain  que  les  lamantins  et  les  cétacés  n'ont  plus 
de  glandes  lacrymales,  plus  de  pores  ni  de  sac  lacrymaux,  et 
que  leurs  paupières  ne  sont  plus  bordées  de  cils.  Mais  cela  est-il 
oécessairement  en  rapport  avec  le  séjour  P  c'est  ce  qui  n'est 


DANS    LES    MAHMlFÊnES.  j83 

pas  cerlaÎD'  En  efiWi ,  i\  les  cétacù^  n'uul  pns  de  cils ,  W»  n'ont 
pa?  non  plus  li'autres  poils  évidens,  cl  plusieurs  mammifères 
qui  ne  9oal  nullement  aquatiques,  comme  rêléphaiil,  n'uni 
pas  d'ap{ijin.'il  lacrymal  :  c'est  ce  que  nous  allons  voir  duns 
DOS  ïpècialit)!»;  mais  auparavant  disons  quelque  chose  des 
différences  qui  dépendent  du  sexe  et  de  IM^e. 

Je  ne  sache  pas  qu'aucun  anatomisle  ait  noté  dîins  l'appa- 
reil de  la  vision  des  mammiRTes,  d'autres  difTcrences  entre 
les  sexes,  qu'un  peu  moins  de  volume  de  l'organe  dans  les 
individus  rcmelles,  toutes  choses  égales  d'ailleurs.  C'est  à 
Petit  que  nous  devons  cette  ubservalioii  Taite  sur  l'e.'pùce 
humaine  :  il  est  probable  qu'elle  ciiste  dans  d'autres,  mais 
c'est  ce  que  je  ne  puis  alTirmer. 

Les  diSércnces  qui  dépendent  de  l'âge  sont  beaucoup  plus 
nombreuses  et  plus  cridcntes.  Je  ne  parlerai  cependant  pas 
ici  de  celles  qui  se  remarquent  i  l'état  de  Toetus,  mais  seu- 
lement de  celles  qui  se  succèdent  depuis  le  moment  où  l'or- 
gane peut  servir  à  l'animal. 

La  plus  remarquable  consiste  dans  la  proportion  relalire 
de  l'urgaiie  en  général ,  d'autant  plus  forte  que  l'animal  e>t 
plus  jeune;  disproportion  encore  plus  grande  lorsqu'il  est  à 
l 'état  de  fœtus.  Le  globe  semble  en  outre  diminuer  de  vo- 
iume ,  se  racornir ,  contenir  moins  de  Quide  à  mesure  que 
l'animal  avance  en  Sge.  Il  s'ensuit  que  la  saillie  de  la  cornée 
diminue  proponionnellemt^nl. 

Dans  les  membranes  on  a  remarqué  que  le  pigtnenlum  de 
la  choroïde  devient  d'une  couleur  moins  foncée,  plus  paie, 
et  presque  blanuhe  dans  les  animaux  Sgés.  La  couleur  du 
îa  semble  aussi  varier  un  peu  par  In  inênic  cause.  La  ré- 
;  m'a  éjjalemeut  paru  plus  molle,  plus  épaisse  dans  le 
■  ^•uiwage. 

Les  humeurs  de  l'œil  offrent  aussi  quelques  différences 
f'tfai  dépendent  de  la  même  cause;  elles  sont  d'abord  en  gc- 
J  moins  considérables,  surtout  pour  l'humeur  aqu< 


I 


I 


•pccialet. 


IfoimdplplMt. 
HomoM. 


584  I>B    L*APPAREIL   DE    LA   VUE 

Les  différences  chimiques ,  s*il yen  a,  ne  me  sont  pas  con- 
nues ;  mais  on  sait  que  Thumeur  vitrée  est  d*une  teinte  rou- 
geâtre  dans  les  enfans,  et  qu'au  contraire  le  crjstaliin  de 
plus  en  plus  dense  chez  les  animaux  âgés,  s*aplatit,  et  prend 
une  teinte  jaune  citron ,  assez  yive  dans  les  fieiilards;  mais 
cette  couleur  n'existe  jamais  dans  les  animaux. 

Passons  maintenant  à  Texamen  des  principales  différences 
que  l'appareil  de  la  vision  off're  dans  chaque  famille  de  mam- 
mifères, différences  qu'il  nous  serait  bien  difficile  de  rap- 
porter à  des  titres  généraux. 

Dans  l'espèce  humaine ,  le  globe  de  l'œil  en  totalité  est 
d'une  grosseur  médiocre;  mais  celle  du  nerf  qui  s'y  rend 
est  proportionnellement  plus  grande  que  dans  aucune  autre 
espèce  de  mammifères  :  sa  forme  est  presque  sphérique.  La 
sclérotique  9  d'une  épaisseur  assez  peu  considérable ,  et  qui 
diminue  d'arrière  en  avant ,  est  évidemment  formée  d'une 
seule  couche.  La  cornée  transparente,  assez  peu  saillante  « 
est  plus  petite  que  dans  aucun  mammifère,  d'où  il  est  ré- 
sulté que  le  blanc  de  l'œil  est  plus  grand  et  plus  visible.  La 
choroïde  est  formée  de  trois  lames  vasculaires,  une  yeincuse 
au  milieu  de  deux  artérielles;  mais  il  n'y  a  réellemenl  au- 
cune trace  de  tapis.  Le  pigmentum,  d'un  brun  foncé,  est 
abondant.  Le  ligament  ciliaire  est  large  et  pulpeux  ;  les  pro- 
cès ciliaires  choroîdiens  ne  sont  pas  très*nombrcux  (60  à  70}. 
Ils  sont  assez  courts,  distans  entre  eux,  arrondis  et  simples 
à  leur  base.  L'iris  a  sa  face  antérieure  comme  recouverte 
d'une  membrane  fibreuse ,  et  colorée  d'une  manière  variable. 
On  y  voit  très-bien  les  deux  zones  vasculaires;  les  vaisseaux 
qui  les  forment  sont  du  reste  anastomosés  d'une  manière 
très-irrégulière.  La  pupille  e<t  toujours  ronde.  La  rétine  est 
épaisse.  Nous  ayons  déjà  parlé  de  la  tache  jaune  qui  s'y  re- 
marque. L'humeur  vitrée,  dont  la  membrane  hyaloîde  est 
extrêmement  fine,  est  en  général  plus  abondante  que  dans  les 
autres  mammifères ^  ce  qui  tient  au  peu  de  convexité  du 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  385 

crystallin.  Celui-ci  est  toujours  plus  couyeze  en  arrière  qu'en 
ayant  ;  il  est  en  générai  assez  plane  9  et  sa  capsule  est  plus 
mince  que  dans  les  autres  espèce^  La  cuvilé  orbilaire  est  la 
plus  complète  possible 9  et  la  plus  dirigée  en  avant;  elle  est 
un  peu  échancréc  en  dehors.  Les  muscles  sont  en  général 
puissaas,  et  surtout  le  droit  externe.  La  glande  lacrymale 
unique  s'ouvre  par  six  ou  sept  pores  au  côlé  externe  du  bord 
i»  la  paupière  supérieure.  La  caroncule  lacrjinale  est  fort 
Tisible»  d'un  beau  rouge;  les  cartilages  tarses  sont  très-épais  ; 
il  n'y  a  pas  de  paupière  interne;  les  pores  lacrymaux  sont  très- 
petits^  et  chacun  à  l'extrémité  d'une  sorte  de  petit  mamelon.  Le 
canal  nasal  se  dilate  supérieurement  en  un  petit  sac  logé 
dans  l'os  lacrymal.  Enfin  il  y  a  des  cils  et  des  sourcils  bien 
formés. 

Les  singes  de  l'ancien  continent  ont  l'organe  de  la  vision 
presque  complètement  semblable  à  celui  de  l'homme;  il  est 
eependant  en  général  plus  petite  et  la  paupière  interne  est 
plus  développée* 

Les  sapajous  l'ont  peut-être  un  peu  plus  grande  et  en 
effet  il  est  quelques  espèces  de  ce  groupe  qui  sont  nocturnes  ; 
mais  du  reste  il  n'offre  pas  beaucoup  plus  de  différences. 

Les  makis  9  par  la  même  raison  9  ont  en  général  l'œtl  plus 
grand)  la  cornée  transparente,  et  par  conséquent  l'iris  plus 
large ,  le  crystallin  plus  convexe.  Nous  avons  déjà  fait 
remarquer  que  la  rétine  n'offrait  plus  de  tache  jaune  ; 
MM.  Guvier  et  Duméril  disent  cependant  qu'il  y  existe  en- 
core un  petit  repli.  La  direction  de  l'œil  en  totalité  est  évi-> 
demment  plus  latérale. 

L'aye-aye  me  paraît  devoir  être  dans  le  même  cas  que  les 
makis,  du  moins  sous  le  rapport  du  grand  développement  de 
l'organe. 

Le  paresseux,  autant  que  j'en  ai  pu  juger  sur  un  foetus,  a 
l'oeil  petit,  sphérique  ;  la  pupille  en  repos  m'a  semblé  verti- 
cale. J'ai  cru  distinguer  un  petit  muscle  choanoide. 
1.  a5 


386 


DE   LAPPAREIL    DE    LA   VUE 


irnawierf.  DaD8  l'ordre  des  carnassiers  je  ne  Tois  de  commun  que 
Texisteuce  d'une  double  rangée  de  muscles  droits ,  de  deux 
glandes  lacrymales  ^  et  le  déyeloppement  plus  grand  de  la 
troisième  paupière  ;  tout  le  reste  varie  dans  chaque  petit 
groupe. 
iBiigrmkt.  La  famille  des  plantigrades  a  généralement  l'œil  fort  petit 
et  sphérique. 

L'ours  a  un  œil  à  peine  aussi  gros  que  celui  d'un  ohaf; 
«on  crjstailin  est  assez  peu  convexe  ;  il  n'y  a  pas  de  tapis 
proprement  dit. 

Le  blaireau  y  au  contraire ,  en  a  un  d'un  blano  d'argent. 

Il  paraît  qu'il  en  est  de  même  de  celui  des  civettes  ^  dont 
l'œil  est  déjà  plus  grand. 
igiiiRrtidfcv  Dans  la  famille  des  chats  ^  l'œil  acquiert  plus  de  dévelop- 
pement «  et  surtout  dans  les  espèces  nocturnes  :  la  cornée 
transparente  est  assez  bombée  ;  la  sclérotique  est  percée  par 
le  nerf,  dans  son  milieu  à  peu  près  ;  la  choroïde  a  sa  face 
interne  revêtue  d'un  large  tapis  d'un  blanc  d'argent  ou  d'un 
jaune  doré 9  suivant  les  espèces  9  et  plus  large  en  dedans  du 
nerf  optique  qu'en  dehors.  Le  ligament  ciliaire  est  large ,  très- 
adhérent,  et  d'un  gris  pulpeux  ;  les  procès  eont  nombreux  et 
allongés;  l'iris  très-large,  très-contractile,  est  en  général 
d'une  belle  couleur  jaune  doré  ;  la  pupille  est  souvent  verti- 
cale, comme  dans  les  chats  proprement  dits,  mais  quelque- 
fois aussi  elle  est  ronde.  D'après  les  anatoniistes  de  l'Acadé- 
mie, il  paraît  que  très-souvent  dans  cette  famille,  le  crjs- 
tailin en  général  assez  peu  convexe,  le  serait  plus  en  avant 
quVn  arrière.  C'est  ce  qu'ils  disent  en  effet  de  deux  lionnes  , 
du  chat  domestique,  d'une  espèce  de  lynx  et  du  cbat-pard. 
L'humeur  aqueuse  est  aussi  en  général  fort  abondante.  Les 
por«;s  lucryniaux  sont  larges,  héans  et  très-intérieurs. 

Le  petit  groupe  des  chiens  n'offre  de  particulier  que  les 
chiens  proprement  dils,  et  les  loups  ont  toujours  la  pupille 
ronde,  tandis  que  les  renards  l'ont  verticale;  et  cependant 


l>Ar<S    LES    MAMMIFÈRES.  387 

ils  ne  sont  pas  plus  noctambules  les  uns  que  les  outres.  Tous 
ont  le  tapis  d'un  blanc  d*ar^ent. 

Tous  les  petits  carnassiers  clavicules  ou  insectirores  sont  JqsccUvoi 
un  peu  dans  le  cas  de  la  famille  des  plantigrades,  en  ce  que 
leur  œil  est  en  général  fort  petit,  même  proportionnellement 
avec  leur  taille':  il  est  yrai  qu'ils  vivent  tous  plus  ou  moins 
sous  terre.  Cela  est  évident  pour  les  hérissons  et  les  musa- 
raignes ;  mais  surtout  pour  la  taupe  dont  l'œil  a  à  peine  une 
demi  -  ligne  de  diamètre  ;  il  est  cependant  formé  comme 
de  coutume.  Dans  cette  famille  je  n'ai  pas  vu  de  tapis. 

Je  n'en  ai  pas  vu  davantage  dans  les  espèces  de  la  famille  ciiéiropièi 
des  chéiroptères  que  j'ai  disséquées.  Le  globe  de  l'œil  est  du 
reste  toujours  fort  petit ,  sphéroîdal  ;  la  cornée  est  fort  grande, 
très-convexe  ;  la  choroïde  est  épaisse  et  noire  ;  l'iris  asseï 
large;  la  pupille  ronde  (1);  le  crystallin  est  assex  peu  con- 
vexe, mais  plus  en  arrière  qu'en  avant.  Je  n'ai  trouvé  au- 
cune trace  de  muscle  choanoîde,  mais  bien  une  paupière 
interne  de  forme  sigmoîdc.  Enfin  les  paupières  sont  très- 
épaisses  sur  les  bords,  et  très-peu  fendues. 

Quant  aux  carnassiers  aquatiques,  outre  les  caractères  Aqattîqn 
propres  au  groupe  auquel  ils  appartiennent ,  et  ceux  qui  dé* 
pendent  du  milieu  dans  lequel  ils  cherchent  leur  nourriture, 
ils  offrent  encore  quelques  différences  spéciales  :  ainsi  les  lou* 
très  ont  le  globe  de  l'œil  extrêmement  petit,  plus  large  que 
long;  la  cornée  transparente  très -bombée;  la  choroïde 
épaisse,  finement  villeuse  sur  ses  deux  faces;  le  tapis  est  d'un 
blanc  bleuâtre;  les  procès  cilia ires  sont  très- saillans,  peu 
allongés ,  au  nombre  de  soixante-aouze  :  l'iris  est  d'un  gris 
blanchâtre,  la  pupille  ronde,  le  crystallin  sub-sphérique. 

Les  phoques  ont  au  contraire  un  bulbe  oculaire  très-gros , 


(1)  Pallaf  dit  de  ton  céphalote,  que  U  papille  était  en  fente  trtns- 

25. 


388  DE  l'appareil  de  la  yoe 

presque  sphérique.  La  sclérotique  est  éTÎdemmeot  plus  mioce 
au  milieu. 

Kët  terrM-  Les  édeotés  terrestres  sont  en  général  remarquables  par  la 
petitesse  de  leur  œil  ;  je  n*en  connais  malheureusement  pas 
Ja  structure  ;  mais  il  est  fort  probable  qu*elle  n'est  pas  très- 
différente  de  ce  qui  existe  dans  Tordre  précédent. 

luatiques         Lcs  édcutés  aquatiques  ou  les  cétacés  ont  le  globe  de  l'œil 

:ëucët.        en  général  plus  petit. 

Dans  les  dauphins  9  outre  l'aplatissement  de  la  cornée 
transparente  9  la  grande  convexité  du  crystallin  ,  et  même  la 
petitesse  des  procès  ciliaircSy  caractères  dont  nous  ayons 
-déjù  parlé,  et  qui  tiennent  au  milieu  dans  lequel  l'animal  yit 
habituellement ,  nous  ferons  remarquer  que  la  sclérotique  est 
extrêmement  épaisse  9  surtout  à  sa  partie  postérieure  9  et 
qu'elle  diminue  graduellement  jusqu'à  la  cornée  transparente9 
que  le  tapis  est  d'une  très-belle  couleur  bleue  9  et  que  l'ou- 
verture de  la  pupille  est  transTersale  dans  son  état  de  contrac- 
tion9  un  peu  comme  dans  lesruminans.  Les  muscles  sont  plus 
forts  9'plus  nombreux  et  même  un  peu  différemment  disposés 
que  dans  les  autres- mammifères.  Ils  forment  cependant  tou- 
jours un  faisceau  de  muscles  obliques  9  et  deux  couches  de 
muscles  droits.  Les  obliques  sont  au  nombre  de  trois,  un  supé- 
rieur et  deux  inférieurs  ;  le  plus  long  de  ceux-ci  naît  de  la  partie 
.  antérieure  et  profonde  de  la  cavité  orbitaire,  passe  dans  un 
trou  ovale  de  la  racine  du  supérieur,  et  va  se  terminer  trans- 
yersalement  à  tout  le  bord  antérieur  et  inférieur  de  la  scléro- 
tique. Le  muscle  oblique  supérieur  naît  par  deux  racines 
rapprochées,  un  peu  plus  en  avant  que  le  premier  inférieur, 
se  porte  obliquement  en  dehors  9  et  se  termine ,  en  s'élar- 
gissant  à  la  partie  supérieure  du  globe  de  l'œil,  par  deux 
divisions  que  sépare  le  droit  supérieur.  Quant  au  second 
oblique  inférieur,  il  est  large;  son  origine  est  confondue  avec 
celle  du  premier  oblique  inférieur,  et  sa  terminaison  se  fait  par 
une  sorte  d'aponéTrosequi  enveloppe  tout  le  globe  en  dessous. 


i~ 


DAKS    LES   M  AHUirÈXES.'  3^9 

On  pourraîl  encore  regarder  comme  un  autre  muscle 
oblique  la  partie  supérieure  et  stipcrEcielle  de  la  première 
couche  des  muscles  druils;  c'est  un  muscle  distinct,  étroit, 
Bub-cylîndrique,  qui  Je  lu  gaine  du  nerf  opliqne  se  porte 
direclement  en  avant,  puis  se  recourbe  eu  dehors,  passe 
entre  les  deux  branches  de  terminaison  du  second  oblique 
supérieur,  et  mOine  sous  la  première  couche  des  muscles 
droits,  pour  se  terminer  traniversulemenl  à  la  partie  anlé- 
rieure  de  la  sclérotique. 

La  première  couche  de  muscles  droits  semble  envelopper 
tout  l'izil  comme  un  muscle  choanoide;  muis  un  y  distingue 
aiiément  les  quulre  portions,  et  surtout  l'iolerne.  Toutes 
Baissent  autour  de  l'enveloppe  du  nerf  optique,  et  se  ter- 
minent trëii  en  avant;  une  partie  de  la  supérieure  va  à  la 
paupière  correspondante;  l'inférieure  se  p.irtagc  en  deux 
lames,  séparées  par  le  premier  oblique  inférieur,  et  dont  lo 
plus  mince  Ta  ù  la  paupière. 


ha  seconde  coucbc  de  muscles  dra 


e  de  la 


pre- 


mière par  une  espèce  de  cloison  fort  dure,  et  comme  tendi- 
neuse, formant  de^  espèces  d'anneaux  pour  le  passage  des 
nerfs  ,  est  encore  plus  nettement  divi>ée  en  quatre  portions, 
rapprochées  un  peu  deux  à  deux,  en  dehors  et  en  dedans. 
[  ■Mées  du  périoste  qui  enveloppe  le  nerf  optique,  elles  l'en- 
1.  lourent,  et  vont  en  s'élargissant  se  terminer  i\  la  partie  pos- 
térieure de  la  sclérotique. 

L'ceil  de  la  baleine  est  d'une  petitesse  incomparable  avec 

I  b  taille  de  l'animal ,  puisqu'il  n'est  qu'un  peu  plus  gros  que 

^.eeluï  du  boeuf.   La  sclérotique  est  d'une  grande  épaisseur, 

n  pouce  i  un  pouce  et  demi  en  arrière  (i);  elle  est  fonnéc 


(i)  Cetla  grande  ipaiMcur  »t  probablurocDl  due  à  ce  qu'oi 
rend  dans  U  iclërotiiiuc  la  lame  fibrcmc  plus  ou  tnoiai  épa! 
re  le*  deux  eonch»  de  muicict  dtaitt. 


I 


390  DE    LAPPAREIL   DE    LA    VUE 

de  deux  parties»  une  postérieure  f  plus  molle  et  plus  huileuse , 
et  une  antérieure  9  plus  dure  et  plus  résistante.  On  yoit  aisé- 
ment les  fibres  de  la  sclérotique  pénétrer  dans  la  cornée, 
sous  forme  de  lignes  blanches.  On  divise  9  à  ce  qu'il  parait 
aisément  j  la  choroïde  en  deux  lames  ;  Tune  externe  ,  formée 
de  trois  couches  ;  Tautre  interne ,  ou  la  ruyschienne.  L'an- 
neau extérieur  de  Tiris  est  très-différent  de  Tintérieur  ;  en 
effet  9  le  premier  est  composé  de  fibres  très-nombreuses ,  les 
petites  au  milieu  déplus  grandes,  toutes  parallèles ,  ondu- 
lées 9  se  joignant  en  arc  ,  tandis  que  le  second ,  plus  p&le  et 
plus  mince  9  est  formé  de  fibres  plus  rares.  On  Toit  aussi  à  Li 
partie  postérieure  de  l'iris ,  des  stries  radiaires  très-pronon- 
cées. Quant  aux  fibres  annulaires  dont  parle  Heister,  aucun 
astre  anatomiste  n*en  fait  mention.  L'ouverture  de  la  pu- 
pille est  transversale.  Sur  les  humeurs  de  l'œil  de  la  baleine 9 
nous  savons  seulement  que  le  crystallin  est  extrêmement 
convexe. 

Quant  aux  muscles 9  il  parait  qu'il  j  a  quelque  chose  de 
particulier.  M.  Ransonne  a  en  effet  décrit  9  il  y  a  peu  d'an- 
nées 9  dans  Tœil  de  cet  animal  deux  muscles  qu'il  regarde 
comme  nouveaux  9  et  qu'il  nomme  arcitateurs  de  la  cornée. 
Ils  naissent ,  dit-il,  d'un  grand  muscle  rétracteur,  et  d'une 
gaine  fibreuse  qui  entoure  le  nerf  optique;  ils  se  logent  dans 
deux  canaux  creusés  dans  la  sclérotique  elle-même  9  et  iis 
vont  par  un  tendon  distinct  se  terminer  au  point  où  elle  se 
joint  à  la  cornée  transparente.  Sauf  cette  dernière  circons- 
tance 9  je  serais  fort  porté  a  croire  que  ces  muscles  ne  sont 
autre  chose  que  le  muscle  choanoîde  du  dauphin. 

Le  groupe  bien  naturel  des  mammifères  rongeurs  offre, 
aussi  quelques  différences  qui  lui  sont  propres.  L^œil,  pres- 
que toujours  très-latéral ,  est  en  général  assez  petit ,  même 
proportionnellement  9  et  surtout  dans  les  espèces  qui  vivent 
dans  la  terre;  car  celles  qui  s'élèvent  dans  les  airs,  ou  qui 
sont  nocturnes ,  l'ont  toujours  beaucoup  plus  gros  ;  le  globe 


DA>5    LES    UAHHtPKRES.  3()t 

de  l'œil  m'a  paru  constamment  plus  épais  que  large  et  In 
cornée*  Iraospnrente  Irèa-grnnde  et  trt»-bnmbée>  Je  n'nî  ja- 
mais  remarque  de  Téritable  tapis  dao»  aucune  d«s  espèces 
que  j'ai  digséiguL'cs.  Li  glande  lacrym.ilc  interne  est  en  gé- 
néral plus  grande  que  l'externe,  Le  fniscean  des  inuicles  est 
très-oblique;  l'inseriion  du  nerf  optique  asseï  eiterne.  Lu 
troisième  paupière  e»t  grande  •  arrondie  et  comme  squam- 
■neusc. 

Les  écureuils,  et  surtout  les  polalouches,  ont  un  œil  pro- 
portionnellement furt  gros,  dont  le  diamètre  untêro-posté- 
rieur  l'emporle  sensibleutcut  sur  les  autres  :  In  cornée  trans- 
parentti  est  surtout  large  et  bombée. 

Les  loirï  ne  diffèrent  des  écureuils  qu'en  ce  que  le  globe 
oculaire  esl  plus  petit  ;  le  cristallin  m'a  aussi  paru  évidem- 
ment plus  cOQvese. 

La  marmotte  n  l'œil  encore  asseï  grand  :  la  sclérotique  est 
partout  presque  de  la  même  épaisseur;  la  choroïde  est  fort 
mince;  les  procès  cili^iires  trés-Gns,  nombreux ,  peu  saillans , 
el  dont  un  cerinin  nombre  seulement  se  prolongent  à  la  face 
postérieure  de  l'iris.  La  pupille  est  ronde.  La  rétine  offre 
cela  de  particulier  qu'elle  oait  d'une  longue  ligne  étroitei 
iùriaùo  par  le  nerf  optique  qui  s'est  lorl  aplati  avant  du  tra~ 
i.ifcrser  la  sclérotique. 

Les  véritableij  rat»,  les  bamsiers,  ont  l'œil  plus  petit,   et 
*  CDCore  plus  cylindrique  pur  la  gruode  saillie  de  la  cornée. 

Les  gerboises  sont  au  coutr.iire  remarquable»  par  lu  gran- 
^  .deur  de  l'oeil ,  (tout  la  coruée  est  très-large  et  trèa-bombée  ; 
s  je  n'en  cunuai»  pus  la  structure. 
Leiemni  {mas  lyphlus ,  L.  )  est  peut-être  lu  mammifère 
riCliet lequel  l'urgane  Ue  la  ïisioo  e^l  le  moins  développé:  ou 
I  jpeut  dire  qu'il  n'est  réellement  qitu  rudiraentairc.  Ce  n'est 
I  .flus  en  effet  qu'uu  simple  petit  gniio  noir  caché  sous  la 
l^au,  qui  n'est  pas  même  amincie  au-devant,  e(  qui  par 
i^ii'ùqiicnl  est  couverte  de  poils,  comme  partoni  ailleurs. 


I 


392  DE   l'appareil   de    LA   VUE 

Le  pofc-'épic,  d'après  ce  que  disent  les  anciens  anatomisles 
de  rAcadémie,  a  un  tapis  blanchâtre  parsemé  de  plitoièurs 
petits  points  rouges^  comme  nous  l'ayons  dé}à  fait  obserrer. 

Le  globe  oculaire  du  castor  est  extrêmement  petit,  sphé- 
rique  ;  la  cornée  est  très-saillante  ,  et  cependant  le  cr  jstallin 
est  sub-sphérique.  Le  nerf  optique  est  Teritablement  remar- 
quable par  sa  petitesse. 
Cooreun.  La  famille  des  lièvres  a  au  contraire  l'œil  gros  9  saillant  et 

tout*à-fait  latéral;  la  sclérotique  est  en  général  mince,  mais 
plus  au  milieu  ;  la  cornée  très -grande  est  fort  saillante;  la 
choroïde  est  noire  9  surtout  en  dehors ,  car*  en  dedans  la 
couche  yascuiaire  est  plus  serrée  et  un  peu  blanche  ;  le  liga- 
ment ciliaire  est  très-étroit  et  à  peine  distinct  ;  les  procès  ci- 
liaires  sont  simples,  très-saillans  à  leur  base,  mais  extrême- 
ment courts;  à  peine  commencent-ils  en  effet  au  delà  et  en 
arrière  du  ligament;  mais  ils  se  prolongent  derrière  l'iris 
presque  jusqu'à  l'ouverture  de  la  pupille  qui  est  ronde.  La 
rétine  natt  d'une  manière  assez  singulière  de  deux  longues 
branches  ou  faisceaux  blancs  produits  par  la  division  du  nerf 
optique  aussitôt  après  sa  pénétration  dans  le  bulbe.  L'humeur 
aqueuse  est  fort  «boudante ,  et  le  crystallin  est  asseï  con- 
vexe, d*oû  il  résulte  que  Thumeur  Titrée  est  asseï  peu  con- 
sidérable. Les  muscles  du  globe  oculaire  n'offrent  rien  de 
bien  remarquable  ;  le  grand  oblique  est  réfléchi  par  une  pe- 
tite écaille  cartilagineuse  du  milieu  supérieur  et  antérieur  de 
l'orbite.  Les  paupières  sont  très-fendues  ;  il  n'y  a  pas  de  car- 
tiLige  tarse  à  la  supérieure  ;  le  muscle  orbiculaire  n'a  pas  ré- 
gulièrement cette  forme.  La  paupière  inférieure  a  un  muscle 
abaisseur  distinct  qui  vient  de  la  joue.  La  troisième  pau- 
pière, soutenue  par  un  cartilage  triangulaire,  a  aussi  un 
petit  muscle  particulier,  qui  de  ba  partie  postérieure  va  à 
Fangle  interne  des  paupières.  La  glande  lacrymale  externe 
et  supérieure  est  assez  petite  ;  mais  elle  semble  se  prolonger 
en  dessous  et  en  dedans,  en  une  masse  considérable  qui 


DANS  LES  »4MUIFBRe». 
B'flDfonce  jusqu'à  la  membrane  buccale.  Je  n'en  ai  pas  pu 
Toir  m  canaux  excréteurs.  La  glande  d'Harderus  est  aus^i 
fnrl  grosse,  de  couleur  jaun.llre;  elle  s'ouvre  en  dedans  de  In 
Iroisiëiiie  paupière.  Il  n'existe  qu'un  asseï  ^Tand  pore  lacry- 
mal ;  il  est  inl'ùrleur  et  en  dedans  du  repli  de  la  paupière  ;  il 
forme  une  fenle  dans  une  sorte  du  petite  saillie  sub-cartila- 


Les  cnchons-d'Inde,  et  toute  la  famille  des  câblais,  ont 
encore  le  (flobe  oculaire  fort  pelit,  presque  complêlunient 
sphérique;  il  n'olTre  du  reste  rien  de  lii«n  remarquable  dans 
■a  structure.  La  choroïde,  fortement  colorée  enbrun  Toncé, 
n'a  cerlainemcnl  aucune  trace  de  tapis.  Le  ligament  ciliuire 
est  trâs- large  et  fort  adhérent  ;  les  procès  sont  encore  asseï 
courts,  simples  ;  mais  ils  ne  se  prolongent  pas  derrière 
l'iris.  La  pupille  est  rnnde.  La  rétine,  dans  ce  groupe,  se 
continue  bien  éTiilemmenl  jusqu'au  cryslailin,  et  la  lune  qui 
iloure  relui-ci  est  bien  Tormée.  Celle  membrane  naît  comme 
l'ordinkire  du  nerf  optique  qtii  perce  le  globe  peu  en  de- 
hors de  son  nxe.  Le  cryslullin  est  encore  Ton  bombé  ,  surtout 
eo  arrière.  Je  n'ai  pas  vu  de  muscle  choanuïde.  La  glande 
d'Harderus  est  énorme.  Il  n'y  a  pas  de  glande  lacrymale 
proprement  dite;  mais  au-dessous  de  l'orbite,  et  même  en 
debors  de  cette  cavité  ,  se  voit  une  maise  glanduleuse  qui  pa- 
rait s'ouvrir  en  dedans  de  Va  paupière  inrérieure.  Les  pau- 
pières sont  peu  Tendues;  leur  bord  épais  n'est  soutenu  par 
aucun  cartilage  ;  il  n'y  a  pas  de  véritable  paupière  interne  ; 
mais  une  caroncule  faite  en  croissant,  et  peu  saillanic.  Les 
pores  lacrymaux  sont  furl  petits;  le  canal  lacrymal  Irès-Iong 
s'ouvre  asseï  prés  de  l'orllice  extérieur  des  narines  :  il  n'y  n 
ni  cils  ni  sourcils 

L'oeii  de  l'éléphant  a  à  peine  deux  pouces  de  diamètre  : 
il  est  donc  comme  dans  presque  Ions  les  grande  animaux, 
'Iris-disproportionné  avec  la  grandeur  totale.  Je  n'y  ai  du 
ïuIg  trouTé  rien  de  remarquable,  du  moins  dans  ses  parties 


tr; 


394  ^^  l'appareil  de  la  vue 

essentieUes  et  même  dans  celles  de  perfectionnement  diop- 
trique  :  les  paupières  sont  très-mobiles  ;  la  troisième  est  fort 
considérable;  le  cartilage  qui  la  soutient  est  large  et  épais; 
il  se  prolonge  en  dedans  et  au  côté  interne  du  globe  en  un 
pédoncule  assez  long,  de  chaque  côté  duquel  s'attachent  des 
fibres  musculaires  provenant  évidemment  de  l'orbiculaire, 
et  prenant  leur  point  d'appui  au  côté  interne  de  Torbite.  Il 
n'y  a  pas  de  véritable  glande  lacrymale  ;  mais  des  grains 
glanduleux  de  In  grosseur  d'un  pois  9  paraissent  la  remplacer. 
La  glande  d'Harderus  est  au  oontraire  considérable;  elle 
s'ouvre  entre  la  troisième  paupière  et  le  globe  de  l'œil  par  un 
canal  de  la  grosseur  d'une  plume  à  écrire.  Il  n'y  a  du  reste  ni 
pores  lacrymaux»  ni  canal  nasal  »  comme  tons  les  observa- 
teurs en  conviennent  :  je  me  suis  soigneusement  assuré  de 
ce  fiiiL  Les  paupières  sont  bordées  de  poils  assez  longs,  sur 
plusieurs  rangées  et  simulant  des  cils. 

1^  lamaoïins  Le  lamantin  9  d'après  ce  que  dit  Steller  de  l'espèce  du 
Nord 9  a  l'œil  encore  plus  petit ,  puisqu'il  était  à  peine  de  la 
gros!«cur  de  celui  d'un  mouton  sur  un  Individu  de  vingt-cinq 
pieds  au  moins.  Nons  ne  savons  rien  du  reste  de  sa  composi- 
tion intérieure.  Il  est  recouvert  par  la  peau  percée  d'un  petit 
trou  rond 9  d'à  peine  un  demi-pouce  de  diamètre,  et  sans 
apparence  de  cils.  Il  y  a  une  troisième  paupière  cartilagi- 
neuse; à  son  côté  interne  est  une  sorte  de  sinus  assez  grand 
pour  contenir  une  châtaigne,  et  dont  l'intérieur  est  tapissé 
par  une  membrane  glanduleuse  qui  secrète  en  effet  un  mucus 
tenace. 

Le  dugong  paraît  avoir  l'œil  plus  gros,  la  pupille  ronde, 
l'iris  blanc  :'  il  n'y  a  pas  non  plus  de  pores  lacrymaux. 

lm  A.  ongulés.  Les  véritables  ongulés  n'offrent  rien  autre  chose  de  com- 
mun que  Texistence  d'un  muscle  choanoîde  considérable  9 
ainsi  qu'une  troisième  paupière  fort  développée.  Au  reste, 
je  n'ai  bien  étudié  l'œil  que  dans  les  chevaux,  les  cochons 
et  les  ruminans. 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  OQO 

Nous  ne  savons  absolument  rien  de  celui  du  daman. 
Pallas  nous  apprend  cependant  qu'il  est  pourvu. d'une  troi- 
sième paupière  fort  grande. 

L'œii  du  rhinocéros  est  encore  extrêmement  petit  :  il  pa- 
raît que  dans  sa  structure  il  a  beaucoup  de  rapporta  aveo 
celui  du  cheval  Les  prolongemens  des  procès  ciliaires  der- 
rière Tiris  sont  très-longs  9  et  son  muscle  choanoîde  se  divise 
en  deux  parties.  S*il  était  vrai  qu'il  existât  une  couche  formée 
de  quatre  muscles  à  la  face  interne  de  la  sclérotique  9  et  qui 
nés  autour  du  nerf  optique ,  s'élargiraient  en  se  terminant 
dans  le  cercle  ciliaire»  ce  serait  une  anomalie  dont  il  n'existe 
pas  d'indice  dans  aucun  animal  connu  :  aussi  peut-on  par 
analogie  repousser  ce  fait,  et  croire  avec  RI.  Guvier  que  ces 
brides  quo  M.  Thomas  a  cru  musculaires,  ne  sont  que  \m 
nerf»  cîliaircs  entourés  de  vaisseaux  et  de  cellulosité. 

L'œil  du  lapir  nous  est  encore  à  peu  près  inconnu. 

Il  n'en  est  pas  de  môme  de  celui  du  cheval*^  animal  remar* 
quable  par  lu  faculté  qu'il  a  de  voir  aussi  bien  la  nuit  que  le 
jour)  et  à  des  distances  considérables.  Son  globe  oculaire  est 
fort  gros,  presque  complètement  latéral,  sphéroîdal,  mais 
un  peu  plus  large  que  profond.  La  sclérotique  est  assex  mince 
et  flexible.  La  cornée  transparente,  médiporement  bombée, 
est  un  peu  ovale  et  plus  large  du  côté  nasal.  On  distingue 
aisément  à  sa  face  interne  la  lame  qu'on  a  nommée  mem- 
brane de  rhiimeur  aqueuse.  La  choroïde  est  en  général  fort 
mince  ;  les  vaisseaux  qui  la  forment  sont  souvent  parallèles  : 
il  y  a  un  tapis  bien  distinct,  d*un  blanc  bleuâtre  (1),  et  cou- 
Tert  sur  ses  bords  par  le  pigmentura.  Le  ligament  ciliaire  est 
très-large.  Les  procès  ciliaires  sont  nombreux  plus  que  dans 
le  bœuf;  ils  sont  simples  à  leur  base,  et  ils  se  prolongent 
jusque  sur  la  face  postérieure  de  l'iris.  Cette  partie  ^e  J'en- 


Uhiooccros. 


Che?al. 


(1)  Il  parait  que  la  couleur  du  tapis  varie  ua  peu  avec  l'ige. 


396  DE   l'appareil   de   LA   TOE 

yeloppe  fasculaire  est  épaisse  ;  on  y  Toit  très-bien  les  deux 
zones  ou  cercles  de  stries  à  sa  partie  antérieure.  La  pupille  est 
transTerse,  un  peu  plus  large  en  dedans  qu'en  dehors;  à  son 
bord  supérieur  existent  des  productions  de  Piris  en  forme  de 
chonx-fleurs ,  dont  le  nombre  paraît  Tariable.  J'en  ai  quel- 
quefois trou  ré  deux  seulement.  La  rétine  n'offre  rien  de  bien 
remarquable  ;  elle  natt  de  la  circonférence  du  nerf  optique 
qui  forme  dans  Toeil  un  assez  large  cercle ^  et  qui  s'y  insère 
beaucoup  au-dessous  et  un  peu  en  dehors  de  l'axe  du  globe. 
En  avant ,  on  Yoit  évidemment  sa  continuation  avec  la 
xone  de  Zinn.  L'humeur  Titrée  est  assez  abondante  ;  le  crjs- 
tallin  est  médiocrement  convexe,  plus  en  arrière  qu'en 
avant.  Le  muscle  choanoïde  est  considérable  ;  il  est  séparé 
en  deux  parties,  une  supérieure  et  l'autre  inférieure,  par  deux 
portions  latérales  plus  minces.  Les  paupières  du  cheval  sont 
bien  fendues  :  la  supérieure  est  soutenue  par  un  cartilage  tarse 
plus  épais  que  l'inférieure.  La  troisième  paupière  est  large  et 
squammiforme.  Il  y  a  une  caroncule  lacrymale  évidente. 
Les  pores  lacrymaux  sont  fins  et  assez  intérieurs.  Le  canal 
lacrymal  renflé  d'abord  en  sac,  est  très-long,  et  s'ouvre  tout 
près  de  l'orifice  extérieur  des  narines.  Enfin  il  y  a  des  cils 
au  bord  des  paupières,  et  surtout  au  côté  nasal. 

L'hippopotame,  dont  nous  ne  connaissons  l'œil  que  très- 
incomplètement,  a  la  pupille  transverse,  et  n'a  pas  de  pores 
lacrymaux,  d'après  Camper. 
Lm  cochoof.  Les  cochons  ont  le  globe  de  l'œil  plus  gros  qu'il  ne  parait, 
à  cause  du  peu  d'ourerture  des  paupières.  La  sclérotique 
qui  diminue  d'épaisseur  d'arrière  en  avant ,  en  acquiert  brus- 
quement beaucoup  davantage  en  avant  du  ligament  ciliaire 
où  elle  se  joint  à  la  cornée  transparente,  qui  est  ovale,  plus 
large  du  côté  du  nez.  La  choroïde  ne  m'a  offert  aucune  trace 
de  tapis.  Les  procès  ciliaires,  nés  très  en  avant,  se  portent 
beaucoup  sous  l'Iris  :  on  voit  évidemment  que  ce  dernier  n'eo 
est  qu'une  continuation.  La  pupille  est  ronde.  La  troisième 


DANS    LES    .MAMMIFERES.  J97 

paupière  est  large.  Il  parait  que  la  glande  d'Harderus  est  con- 
sidérable; elle  s'ouvre  par  un  canal  au  cCté  externe  de  celle 

L'organe  de  la  vision  dans  les  animaux  ruminans,  ne 
dïff(:re  que  dans  la  grosseur  proporiionnelle,  et  peul-èire 
dans  la  couleur  du  tapis  ;  en  générnl  il  ressemble  beaucoup 
&  celui  du  chcT.il.  Il  est  également  un  peu  plus  large  que 
profond  ;  la  Torme  de  la  cornée  transparente,  celle  de  la  pu- 
pille ,  sont  aussi  orales  IransTersalement  ;  les  procès  ciliaires 
sont  trJ;s-ûpais  el  comme  subdivisés  &  leur  base  libre;  ils  se 
prolongent  fort  loin  derrière  l'iris.  On  distingue  irùs-bien  la 
looe  de  Zinn.  L'entrée  du  nerf  optique  est  trés-excenirique; 
la  coDTeiilé  du  crjrstullin  est  aussi  comme  dun^  le  cheval, 
asseï  forte.  EnGn  la  ressembla  11  ce  est  encore  plus  évidente 
dans  toutes  les  parties  accessoires.  Nous  avons  traité  plus 
baul,  A  l'drlicle  de  la  peau,  de  ce  qu'un  nomme  larmiers 
dans  ces  animaux.  Nous  devons  ajouter  qu'il  y  en  a  un  bien 
eooiplel  dans  le  mouton ,  mais  largement  ouvert. 

La  souS'cIasse  des  mammil'éres  Oidelphes,  outre  les  difTé- 
nnces  générales  qui  sont  les  mCmes  à  peu  près  que  dans  les 
nonodelphcs ,  oITreau.^si  quelques  dilTcrences  spéciales;  mais 
ont  été  asset  peu  étudiées. 

Le  sarigue,  dont  l'œil  en  totalité  est  petit  et  sphéroîdal , 
Ij^titAt  plus  profond  que  plus  large ,  a  la  cornée  transparente 
ffvnde.  Je  n'ai  pas  remarqué  de  lapis;  les  procès  ciliaires 
Mot  évidens  ;  la  pupille  est  ronde  ;  le  crjrslaltin  est  Irès-con- 
TCXe  ;  outre  les  six  muscles  ordinaires  il  y  a  un  muscle 
Cboanolde  qui  entoure  le  nerf  optique,  et  qui  n'est  pos  di- 
'V}sé;  la  troisième  paupière  est  grande;  la  glande  qui  l'ac- 
oompagneestaussiconsidérable;  elle  est  renfermée  dans  une 
■orte  de  poche  particulière.  J'ai  remarqué  aussi  une  petite 
caroncule.  Les  paupières  peu  fendues  n'ont  pas  de  cils. 

Les  kanguroos  ont  l'oeil  beaucoup  plus  grand;  mais  je 
u'eD  connais  pas  la  structure. 


5g8  DE  l'appareil  de  la  vue 

Dans  l'ornithorhjnque ,  au  contraire,  le  globe  de  l'œil  est 
extrêmement  petit  ^  presque  sphérique  ;  mais  il  y  a  aussi  des 
procès  ciliaires  bien  distincts  ;  la  pupille  est  ronde  ;  le  cris- 
tallin est  trè9-con?exe  ;  les  muscles  de  l'oeil  m'ont  semble 
comme  dans  les  autres  didelphes;  il  y  a  une  troisième  pau- 
pière 9  et  cependant  l'ouverture  extérieure  est  très-étroite  et 
peut  être  entièrement  fermée  par  les  poilâ. 

D'après  M.  Home ,  l'échidné  n'a  pas  de  paupière  nasale  9 
mais  son  œil  parait  fort  ressembler  à  celui  de  l'onii- 
tliorhynque. 

B«  Dans  les  oiseaux. 


Dadéraiions        La  destination  de  cette  classe  d'animaux  étant  en  vénérai 

tlitff'rrncef  ^ 

Rénrrairs       ([^  vivrc  daits  Ics  aîrs,  de  s'élever  souvent  même  dans  ses 

uaiis 

hautes  régions^  et  par  conséquent  dans  un  milieu  beaucoup 
plus  rare  que  celui  dans  lequel  vivent  la  plupart  des  quadru- 
pèdes ,  de  pouvoir  apercevoir  Ses  objets  à  des  distances  ex- 
trêmement différentes,  aussi  bien  de  haut  en  bas  que  dans 
une  direction  horizontale,  cnûn  de  pouvoir  embrasser  uo 
grand  nombre  d'objets  à  la  fois  ;  il  était  possible  de  concevoir 
à  priori  que  les  oiseaux  devaient  avoir  l'appareil  de  la  vision 
plus  développé^  plus  perfectionné  que  les  mammifères,  et 
qu'il  pouvait  par  conséquent  contenir  des  parties  que  nous 
n'avons  pas  rencontrées  chez  ces  derniers. 
I  grandeur.  L'œil  des  oîscaux  cst  en  elTet  beaucoup  plus  grand,  pro- 
portionnellement, que  celui  des  mammifères;  il  occupe  une 
place  bien  plus  considérable  dans  leur  tête. 

Sa  forme  est  assez  généralement  différente  de  la  sphérique , 
le  diamètre  aqtéro-postérieur  étant  souvent  beaucoup  plus 
petit  que  le  trans versai  :  celui-ci  est  aussi  presque  toujours 
un  peu  plus  grand  que  le  vertical. 

D'après  cela  la  sclérotique  ou  l'enveloppe  extérieure,  assez 
mince  et  molle  dans  toute  sa  partie  postérieure  ,  et  en  géné- 
ral sensiblement  plus  que  dans  les  mammifères,  est  soutenue 


A  forme. 


icléroli((ue. 


DANS    LES    OISEAUX.  099 

aiitérleureineiit  par  uo  cercle  de  pièces  osseuses  en  forme 
d*écailles,  qui  se  disposeot  tout  autour  de  la  cornée  transpa* 
rente  y  en  s'imbriquant  plus  ou  moins  les  unes  les  autres  la- 
téralement,  mais  sans  pouvoir  pour  cela  en  aucune  manière 
jouer  entre  elles.  Elles  sont  comprises  entre  deux  lames  de  la 
sclérotique.  Leur  nombre  9  et  même  un  peu  leur  arrange- 
ment et  leur  proportion ,  yarient  non-seulement  dans  des  es- 
pèces différentes  ^  mais  môme  dans  la  même  espèce  ^  et  quel- 
quefois  sur  les  deux  yeux  du  même  individu. 

La  sclérotique  est  percée  en  arrière  par  un  trou  rond  pour 
\n  passage  du  nerf  optique. 

En  avant)  son  ouverture  fort  grande  est  remplie  par  une 

■ 

cornée  transparente,  généralement  très- convexe ,  et  souvent 
comme  portée  à  l'extrémité  d'une  sorte  de  tube  que  forme 
la  partie  osseuse  de  la  sclérotique  9  ce  qui  la  rend  encore 
plus  saillante.  Le  centre  de  la  saillie  de  la  cornée  est  presque 
toujours  bors  de  l'axe  du  globe  ,  et  un  peu  plus  rapproché 
de  Tangle  nasal.  « 

La  choroïde ,  ou  membrane  vasculaire  f  située  et  compo- 
sée comme  à  rordinaire^  n'offre  jamais  de  tapis  ou  de  pig- 
mentum  coloré  :  on  la  divise  difficilement  en  deux  parties 
ou  en  deux  lames.  Parvenu  à  la  partie  antérieure  de  l'organe 9 
le  ligament  ciliuire  est  peu  considérable ,  et  les  procès  ciliaires 
sont  moins  saillans  que  dans  les  mammifères 9  quoique  plus 
longs.  Ils  adhèrent  plus  fortement  à  lu  capsule  du  crystallin  par 
leur  bord  libre  :  leur  base  dépasse  assez  peu  l'origine  de  l'iris. 

L'iris  est  aussi  à  peu  près  comme  dans  les  mammifères  ; 
mais  il  est  plus  large ,  plus  contractile;  son  tissu  antérieur 
qui  est  souvent  très-vivement  coloré ,  est  épais  et  spongieux: 
on  n'y  voit  pas  de  traces  de  fibres,  ni  même  de  vaisseaux; 
Riais  en  arrière  on  aperçoit  des  stries  très-fines  provenantes 
des  procès  ciliaires. 

L'ouverture  de  la  pupille,  qui  est  constamment  ronde  daos 
la  dasse  des  oiseaux,  n'est  pas  exactement  au  centre  de 


Lieoni^ 
trantpareotr. 


ÏjM  (boroirdtf. 


L'iris. 


La  popillC' 


:1 


400  DE   l'appareil   DE   LA   VUE 

Vins  y  mais  un  peu  plus  en  dedans  »  de  manier»  que  celle-ci 
est  un  peu  plus  large  à  son  côté  externe  qu*à  l'interne. 
Cette  excentricité  de  la  pupille  est  encore  un  peu  plus  grande 
que  celle  de  la  cornée. 
Du  peigne.  Une  partie  nouvelle  dans  Torgane  de  la  yision,  et  qu'on 
croyait  n'exister  que  dans  les  oiseaux,  et  que  je  pense  n'être 
qu'une  sorte  d'appendice  de  l'euTcloppe  Yasculaire,  est  ce 
qu'on  nomme  le  peigne  ou  la  bourse. 

De  la  face  interne  du  nerf  optique  qui  a  pénétré  oblique- 
ment dans  l'intérieur  de  l'œil  par  une  ouverture  en  forme  de 
fente,  naît  un  corps  noir  plus  ou  moins  comprimé»  quel- 
quefois mince,  et  portant  sur  ses  deux  faces  des  plis  parallèles 
qui  l'ont  fuit  comparer  à  un  peigne,  d'autres  fois  plissé  dans 
toute  sa  circonférence ,  comme  une  bourse  dont  on  aurait 
serré  les  cordons;  dans  ce  cas,  après  s'être  un  peu  élargi  de- 
puis sa  naissance  jusque  vers  son  milieu  environ,  il  diminue 
ensuite  très-peu ,  et  se  termine  d'une  manière  plus  ou  moins 
évidente,  immédiatement  ou  presque  immédiateroenl  à  la 
capsule  du  crystallin,  et  constamment  à  son  côté  interne. 
Quand  au  contraire  sa  forme  est  lamelleuse ,  alors  le  bord 
antérieur  s'allonge  obliquement,  de  manière  que  c'est  son 
angle  inférieur  qui  s'approebe  le  plus  du  crystallin;  cepen- 
dant son  adbérence  paraît  n'avoir  jamais  lieu  à  la  capsule 
elle-même,  mais  à  l'hyaloîde  ou  à  quelque  bride  celluleuse 
de  l'humeur  vitrée.  D'après  cela  ce  corps ,  dirigé  un  peu 
obliquement  de  dehors  en  dedans ,  semble  traverser  presque 
en  entier  cette  humeur  :  mais  il  est  réellement  compris  dans 
un  enfoncement  de  sa  membrane. 

Sa  structure  est  évidemment  celle  de  la  choroïde*  A  sa 
surface  existe  également  une  sorte  de  pîgmentum  coloré 
d'uu  beau  noir ,  mais  très-consistant.  Quant  à  l'intérieur  de 
ce  corps ,  c'est  un  tissu  cellulaire  blanc ,  probablement  vascu- 
laire,  qui  retient  tous  les  plis  dans  une  situation  fixe;  mais 
|e  n'y  ai  jamais  vu  de  cavité. 


DANS   LES   OISEAtX.  4^1 

J'ai  vu  dans  l'aulniche  ua  vaisseau  et  un  oerry  pénétrer 

A  son  extrèmilé  postérieure.  Il  paraît  en  elTet  que  les  vuis- 

eeaux  de  la  cnpsule  <iu   crj'slcillin  s'y  rcndcul  en  traversant 

cel  org.nne. 

Quant  11  la  rétine»  elle  n'otTre  rien  autre  chose  de  remar- 
qualilt!  que  sa  grande  épaisseur,  et  lu  iniiniére  dont  elle  naît 
deî  deuK  bord^  d'une  espèce  de  fente  ou  de  lume  plus  ou 
moins  étroite  que  farine  te  nerf  optique  A  son  entrée  oblique 
dans  le  liulbe.  Sa  mollesse,  su  pulposiié,  m'ont  cepembnt 
généralement  paru  plus  gniiiiles  que  dans  les  mammifères. 
La  lonc  de  Zinn  est  peul-C-tre  ausâi  plus  marquée  que  dans 
ces  aniiiiBUX.  L'on  voit  très-bien  qu'arrivée  &  quelque  dis- 
tance du  cryslallin,  la  rétine  s'épaissit,  adhéi'e  plus  forle- 
invnl  A  la  membrane  hyaloïde  ;  après  quoi  elle  s'amincit,  et 
forme  uu  cercle  radié  dont  les  rayons  vont  se  fixer  à  la  cir- 
cooréreoce  de  la  capsule. 

Dans  la  partie  de  perrectionnement  achromatique,  ou  les 
humeurs  de  l'œil ,  je  ne  vois  guère  d'autres  différences  con- 
nues, que  celles  qui  Uennent  à  la  quanlilé  et  1  la  forme. 


t  k  l'huin 


•■  P"» 


sature  chimique  ait  été  étudiée  :  sa  forme  est  tout-d-fait 
celle  de  la  partie  postérieure  du  globe  de  l'oeil.  Antérieure- 
ment elle  «(fre  toujours  une  excavation  pour  la  place  de  h 
seconde  humeur  ou  du  cry^taJIin.  La  membrane  byaluïJe 
qui  l'enveloppe  est  toujours  plus  épaisse,  plus  évidente  que 
dans  les  mammifères.  Elle  est  toujours  enveloppée  par  une 
quanlilé  a  SSCI  notable  d'humeur  aqueuse. 

Le.  crystullin  eil  en  général  plus  comprimé  que  dans  ces  : 
animaux.  11  est  certain  que  sa  convexité  postérieure  t^si  plus 
grande  que  l'antérieure;  mais  c'est  ce  qui  m'a  paru  moins 
marqué  que  dans  les  mammifères.  Il  est  en  géuéral  plus  mou 
et  plus  mobile  que  dans  les  animaux  de  cette  classe.  Sa  cap- 
sule, évidemment  fort  mince,  donne  ouverture  duns  sa  cir- 
^•onféreoce  ù  la  zone  de  Zinn  qui  est  très-prononcée,  comme 

L 


L'biUDeiir 


•g  masclcf 
(IroiU. 


402  DE    l'appareil   DE    LA   TUS 

nous  YeDODS  de  le  faire  remarquer.  Il  paratt  que  ses  propor- 
tions ne  laissent  pas  que  de  yarier  beaucoup,  soifant  lei 
individus.  Il  est  Trai  qu'il  est  assez  difficile  d*ayoîr  des  me- 
sures exactes. 

Je  ne  suis  pas  éloigné  de  penser  que  la  position  du  crys- 
tallin  peut  changer  un  peu ,  non  pas  seulement  suif  ant  sou 
axe  y  mais  suivant  son  plan. 

L'humeur  aqueuse',  dont  la  nature  chimique  n'a  pas  non 
plus  été  examinée,  doit  être  plus  considérable  que  dans  les 
mammifôres,  à  en  juger  seulement  par  l'étendue  nécessaire 
des  chambres;  la  cornée  étant  plus  convexe  et  le  crjstallio 
plus  plane  ;  et  en  efifet  elle  égale  souvent  le  poids  de  ce- 
lui-ci. 

Dans  la  seconde  partie  de  perfectionnement,  on  trouve 
aussi  quelques  différences  en  plus. 

Il  n'y  a  cependant  jamais  que  quatre  muscles  droits,  qui 
de  la  circonférence  du  trou  optique  se  portent  à  la  partie 
antérieure  de  la  portion  molle  de  la  sclérotique ,  ou  avant  le 
commencement  de  la  partie  osseuse  :  ils  sont  par  conséquent 
très-courts. 

Il  y  a  également  deux  muscles  obliques,  mais  tous  deul 
sont  semblables  au  petit  oblique  des  mammifères,  en  ce 
qu'ils  naissent  dans  la  partie  antérieure  de  la  paroi  interne 
de  l'orbite,  et  qu'ils  se  portent  de  dedans  en  dehors,  l'un  en 
dessus  et  l'autre  en  dessous  du  globe  oculaire  qu'ils  com- 
prennent entre  eux.  L'oblique  inférieur  est  toujours  plus  long 
et  plus  fort  que  le  supérieur. 

L'abri  que  les  appendices  de  la  tête  off'rent  à  l'organe  de  la 
vision ,  ou  l'orbite ,  est  encore  assez  complet  et  proportionnel 
à  cet  organe ,  il  forme  de  chaque  côté  de  la  tête  un  vaste 
entonnoir,  incomplet  du  côté  externe;  mais  du  reste  ce  sont 
ù  peu  près  les  mêmes  os  qui  entrent  dans  sa  composition  ^ 
que  dans  l'orbite  des  mammifères. 
t  pMpièrtt.       C'est  surtout  dans  l'abri  momentané  des  paupières  que 


obliqiuc. 


|.*»rbil« 


I 


DANS    LES   0I8EAPX.     ■  ^|03 

■'{Sll  des  oiseaux  diffère  de  celui  lies  mnmmlfÈres.  La  peau, 
parreniie  au-dernnt  de  l'nrgaao  ,  forme  toujours  deux  pau- 
pières borizonlales  bien  disliucles ,  J'une  supérieure  et  l'autre 
ioréricure;  maïs  celle-ci  est  presque  louiours  la  [jIus  grande 
et  de  beaucoup  la  plus  mobile  ;  aussi  esl~cc  Iq  seule  qui  ait , 
daos  un  assez  grand  nombre  d'osp'ices,  uue  sorte  de  plaque 
lisse  et  polie  A  sa  face  interne.  La  supérieure  a  un  peiit 
muscle  ètévateur  qui  Tient  du  côlé  externe  de  l'orbite,  et 
l'inlèrieure  a  aussi  uo  abaisseur  qui  vieat  de  l'orbite  &  m 
partie  inrérieure. 

Hais  c'est  dansVelte  classe  d'anîmaui  que  la  paupière  Tertl- 
cale,  ou  la  troÏMème  paupière,  est  parvenue  à  son  summum 
de  dcTetoppement  :  c'est  dans  tous  les  oiseaux  un  repli  fort 
étendu  de  la  conjonctÎTC ,  translucide ,  situé  obliquement  à 
l'angle  nasul  de  l'ceîl ,  de  forme  triangulaire,  et  dont  le  bord 
libre  esl  oblique  du  bnut  en  bas.  et  de  dehors  en  dedans, 
eu  nnoins  quand  elle  est  étendue;  car  dans  l'état  de  repos, 
cette  membrane  se  plisse  Teriicalcroenl  dans  l'angle  de  l'œil. 
Le  inccaQisme  ,  au  niojcn  duquel  l'aniinnl  peut  à  volonté  en 
couvrir  son  wil ,  est  fort  remarquable.  L'angle  extorno  cl 
supérieur  est  attaché  ou  adhérent  à  la  partie  osseuse  de  la 
sclérotique  ,  et  par  conséquent  immobile  ;  mais  l'angle  in- 
terne et  inférieur  du  yoili!  membraneux  se  prolonge  en  un 
tendon  arrondi ,  lisse  ,  qui  parvenu  derrière  le  globe  du  l'œil , 
à  son  c8té  externe  inférieur  ,  se  courbe  el  se  dirige  vers  la 
partie  supérieure  du  nerf  optique  :  lA  il  Iraverse  une  sorte 
d'anneau  allongé  ou  de  canal  courbe  formé  par  l'extrémité 
d'un  mtiscle  large,  mince,  trapèze,  attaché  à  la  partie  supé- 
rieure et  postérieure  du  gltbc,  et  remontant  de  bas  eu  haut  en 
êrenlail  [  c'est  ce  qu'on  oomme  le  muscle  carné.  Le  tendon 
du  voile  qui  l'a  Iraversc,  et  qui  s'est  ainsi  dé»ié  d.'ins  l'es- 
pèce de  poulie  qu'il  lui  offre ,  se  termine  bîentOl  A  une 
tutre  portion  mnsoulaire  conique ,  qui  se  dirigeant  verlicale- 
I  l'atlacber  par  s»  base  A  la  partie  inférieure  interne 
^6. 


I 


4o4  OK  l'appareil  dk  la  tue 

et  postérieure  du  bulbe;  c*esl  le  muscle  nommé  pyru" 
midaL 

D'après  cette  description  »  on  yoit  que  la  troisième  pau- 
pière est  déroulée ,  ou  tirée  comme  tm  rideau  au  derant  de 
l'œil»  par  l'action  de  ce  muscle  dont  le  tendon  dérivé  par 
l'anneau  du  muscle  carré,  va  s'attacher  à  sa  pointe. 

Son  usage  est  évidemment  de  servira  nettoyer  l'organe; 
mais  en  outre  dans  quelques  cas,  à  ce  que  l'on  suppose,  1 
empêcher  l'action  trop  vive  des  raycns  lumineux. 

Le  reste  de  l'appareil  de  nettoiement  n'uffre  rien  de  bien 
remarquable ,  surtout  dans  les  glandes  de  Méibomius. 
:*ipiMmi  '  Les  glandes  lacry mules  sont  toujours  au  nombre  de  deux; 
l'une  externe ,  plus  "petite ,  qui  fournit  deux  à  trois  canaux 
s'ouTrant  rers  l'angle  de  ce  côté;  et  l'autre,  interne,  beau- 
cbup  plus  grosse.  Celle-ci  est  située  à  la  partie  inférieure  ou 
supérieure  du  côté  de  l'angle  nasal.  Son  canal  unique  s'ouvre 
à  U  face  externe  de'la  troisième  paupière  du  côté  du  globe  : 
il  fl'ftllonge  et  se  raccourcit  ayec  elle.  Il  n'y  a  jamais  de  ca- 
roncule. 

Les  orifices  lacrymaux  sont  deux  trous  fort  grands  situés 
dans  l'angle  interne,  entre  la  commissure  des  paupières  ho- 
rizontales et  la  troisième.  Quelquefois  cependant  U  semble 
n'y  en  avoir  qu'un. 

Ces  deux  pores  donnent  presque  de  suite  dans  le  Mf 
nasal  situé  A  la  base  du  nez,  en  avant  et  en  dehors  de  Voi 
lacrymal ,  et  qui  va  s'ouvrir  par  un  orifice  fort  grand  dans  U 
partie  postérieure  et  externe  de  la  fosse  nasale. 

Jamais  il  n'y  a  de  sourcils;  mais  les  paupières  sont  quel- 
quefois garnies  d'espèces  de  petites  plumes  d'une  nature 
particulière,  que  l'on  peut  jusqu'à  un  certain  point  regarder 
comme  des  cijs.  Le  plus  souvent  le  bord  des  paupières  est 
nu  ,  et  presque  régulièrement  tuberculeux. 

Nous  avons  vu  déjà  que  les  yeux  dans  les  oiseaux  sont 
ordinairement  fort  grands.  Quoique  leur  direction  soit  réel- 


DANS    LES   OISEAUX.  4^5 

lement  presque  toujours  latérale,  il  arrive  que  quelquefois  ils 
semblent  dirigés  en  avant,  comme  dans  les  oiseaux  de 
proie  nocturnes;  cela  tient  en  général  à  ce  que  Tœil  des 
oiseaux  est  un  peu  plus  enfoncé  du  c6té  interne  »  et  se  relère 
au  contraire  de  Tautre. 

Les  oiseaux  n'offrant  pas  dans  Tensemble  de  leur  organi-      DitUreaen 
salion  de  ces  différences  importantes  ou  majeures  qui  lien-    rapport  «rce 
nent  à  ce  que  nous  avons  appelé  dégradation,  nous  n'en  de- 
vons guère  trouver  dans  Torgane  de  la  vision  considéré  sous 
ce  rapport,  c'est-à-dire  dans  les  ordres  ou  divisions  pre- 
mières qu'on  y  a  établis. 

Hais  sous  trois  ou  quatre  autres  points  de  vue  divers, 
nous  allons  en  apercevoir. 

Ainsi ,  quant  à  l'espèce  de  nourriture ,  il  me  parait  évident  Lt  Doorriiwt. 
que  \eS  oiseaux  qui  se  nourrissent  de  proie  vivante  qu'ils 
citassent  et  poursuivent  de  vive  force ,  ont  l'organe  de  la  vi- 
sion plus  développé,  proportionnellement;  mais  encore  ce 
n'est  pas  absolument  sans  exception. 

L'époque  de  la  journée  à  laquelle  la  recherche  de  la  nour-  vipwfM  à»  k 
riture  a  lieu ,  parait  aussi  avoir  quelque  influence.  Ainsi 
quand  c'est  pendant  la  nuit,  ou  dans  un  crépuscule  plus  ou 
moins  obscur ,  l'œil  est  plus  grand ,  proportionnellement  ; 
il  est  surtout  beaucoup  plus  large ,  plus  comprimé  d'avant 
en  arrière ,  et  l.i  cornée  transparente  est  placée  ù  l'extrémité 
d'une  espèce  de  tube  formé  par  la  partie  osseuse  de  la  sclé- 
rotique. La  rétine  est  par  conséquent  proportionnellement 
plus  large,  plus  étendue,  surtout  dans  la  partie  utile,  et  Tiris 
l'est  également;  c'est  du  moins  ce  qu'on  voit  d'une  manière  ^ 
évidente  dans  le  grand  duc  et  tes  oiseaux  de  proie  noc- 
turnes. Il  est  également  probable  que  les  membranes  formées 
par  la  rétine  et  l'iris  sont  plus  tendres ,  plus  molles ,  puis- 
qu'elles sont  susceptibles  de  sentir  une  très-petite  quantité  de 
rayons  lumineux ,  et  de  faire  éprouver  de  la  douleur  à  l'ani- 
md  quand  ils  deviennent  abondans»  comme  au  soleil. 


4o6  DE  l'appareil  de  la  yuE 

u  Mjoiar.  Mais  c'eat  surtout  la  densité  du  milieu  daos  lequel  les  oi- 

seaux sool  appelés  à  vivre,  qui  parait  le  plus  influer  chez  eux 
sur  les  différences  de  l'organe  de  la  vision  ^  par  la  même  raison 
que  dans  les  mammifères.  Ainsi  les  espèces  qui  s'élèvent  le 
plus  dans  les  airs»  qui  peuvent  y  rester  le  plus  loog-temps, 
et  apercevoir  cependant  un  espace  immense  dans  tous  les 
points  de  la  sphère  dont  elles  sont  le  centre  y  et  par  consé- 
quent de  haut  en  bas»  sont  celles  chez  lesquelles  l'organe 
paraît  le  plus  parfait ,  et  surtout  dont  le  crjslallin  est  le  plus 
aplati  «  comme  les  oiseaoz  de  proie  diurnes  »  certains  échas- 
sierS)  etc. 

Les  espèces ,  au  contraire ,  qui  restent  le  plus  communé- 
ment à  terre,  ou  qui  s'en  élèvent  fort  peu ,  comme  les  galli- 
nacés et  plusieurs  autres  genres ,  ont  le  crjstallin  sensible- 
ment plus  convexe. 

Enfin  les  oiseaux  qui  plongent  fréquemment  dans  l'eau, 
non  pas  seulement  pour  y  prendre  leur  proie  qu'ils  palpent 
avec  learl>ec,  comme  les  canards,  mais  pour  y  poursuivre 
cette  proie  vivante,  comme  tous  les  plongeons  et  genres 
voisins,  ont  le  plus  possible  l'œil  d'un  poisson  ,  le  crystalUo 
devenant  de  plus  en  plus  sphérique ,  suivant  que  ces  habi- 
tudes sont  plus  ou  moins  prononcées  :  c'est  ce  dont  on  peut 
se  convaincre  en  comparant  successivement  les  cormorans  ^ 
les  canards,  les  plongeons,  les  macareux ,  etc. 
V  ^û^ \^'       ^^^^  outre  ces  différences  générales  que  nous  remarquons 
dans  les  oiseaux,  à  peu  près  comme  d^ns  les  mammifères^ 
il  en  est  encore  quelques-unes  tout-à-fait  spéciales,  et  qui 
ne   peuvent  être  presque  en  aucune  manière,  prévues  ou 
expliquées.  Elles  sont  peut-être  encore  moins  évidentes  que 
celles  de  la  même  sorte  que  nous  avons  rapportées  dans  la 
classe  précédente.  Voyons  au  moins  les  principales ,  celles 
qui  appartiennent  à  chaque  groupe  naturel. 
p»rr<yineu.         Les  pcrroquets  ont  eu  général  l'œil  petit  ou  assez  peu  dé- 
veloppé en  totalité.  Ce  que  l'on  y  remarque  surtout  de  pittf 


&1NS    LES    OISEAUX.  /|0 

singulier,  c'e»t  la  possibilité  qu'ont  ces  oiseaux  de  dilater, 
mieux  de  contracter  l'ouTerture  de  la  pupille,  indépeudam' 
ment  de  l'action  delà  luuiËre,  au  point  que  l'on  a  cru  que 
ce  mouvement  ùtuit  Tolonlnire ,  ce  qui  n'est  réelletneut  pas. 
D'autres  oiseaux  ,  le  coucou,  par  exemple,  jouiâseot  de  la 
mêine  faL'ulté,  mais  k  un  dvgvé  moindre. 

Il  faut  surluut  remarquer  la  petitesse  de  la  troisième  pau- 
pîËre,  dont  un  ne  voit  jamais  les  perroquets  faire  usage, 
quoiqu'elle  existe  réellement  avec  ses  deux  muscles,  comme 
dQDS  Ions  les  oiseaux.  La  paupières  horiiontales  forment  un 
orifice  arrondi,  bordé  de  petits  tubercules  dans  toute  sa 
circonférence;  la  supérieure  est  évidemment  la  plus  mobile. 
Le  cartilage  intérieur  est  si  mince,  qu'il  parait  nul. 

Il  y  a  deux  points  lacrjrmaux,  dont  l'inférieur  est  toujours 
le  plus  petit. 

Les  oiseaux  de  proie  diurnes  sont  pour  la  plupart  dans 
une  dispoâilion  toute  contraire  à  ce  que  nous  venons  de  voir 
dans  les  perroquets,  tant  l'œil  est  déieloppé,  surtout  dans 
les  espérées  de  haut  vol  :  dans  un  aigle  de  deux  pieds  au  plus, 
l'œil  a  un  pouce  et  demi  de  diumètre.  La  grandeur  et  la 
saillie  de  la  cornée  transparente  sont  surtout  remarquables. 
Le  peigne  a  douie  plis. 

Le  vautour  a  les  deux  paupières  également  mobiles  et 
bordées  de  cih.  L'iris,  d'une  étendue  proportionnelle,  est 
de  couleur  isabelle  très-ïi>e.  Le  cryslalliu  est  peu  coDTexe'. 
Les  paupières  sont  larges,  très-mobiles,  et  surtout  la  pau- 
pière nasale  qui  peut  aisément  recourrir  tout  le  globe  de 
1-œil. 

Les  oiseaux  de  proie  nocturnes  ont  encore  l'organe  peut- 
être  plus  développé,  comme  animaux  carnassiers  et  noc- 
turnes, ha  sclérotique,  de  forme  hèmisp^ié^ique  aplatie,  en 
arrière,  se  prolougu  en  atant  en  une  sorte  de  tube  formé 
fu  ta  portion  osseuse  et  qu'augmente  encore  ta  grande  con- 
ilé  de  lu  cornée.  Il  en  résulte  que  les  procès  cîliaires  sont 


1 


I 


I 


rûnpcfirt* 


Pifteni. 


BAlUoaeéf. 


4o8  DE  l'appIreil  de  la  yue 

fort  longs,  et  que  l*humeur  Titrée  est  asses  peu  abondante. 
La  rétine  in*a  semblé  réellement  plus  épaisse  et  plus  pul- 
peuse que  dans  les  autres  oiseaux.  Le  peigne ,  au  con- 
traire beaucoup  plus  court,  e^t  formé  de  six  gros  pli5  pa- 
rallèles entre  eux.  La  paupière  interne  est,  bien  complète  et 
mobile;  mais  nu  contraire,  le  globe  en  totalité  est  presque 
immobile  dans  Porbite ,  quoique  pourvu  de  ses  musch'S  ordi- 
naires qui  sont,  il  est  frai,  fort  courts.  Dans  ces  oiseaux^ 
la  paupière  supérieure  est  aussi  mobile  que  Kinférieure. 

J*ai  disséqué  Tœil  d'un  assez  petit  nombre  des  oiseaux 
que  je  réunis  sous  la  dénomination  de  grimpeurs  5  et  par 
conséquent  j*en  dirai  peu  de  cbose. 

Le  coucou  a  le  globe  de  rœil  assez  grand,  bordé  par  une 
paupière  circulaire  blanchâtre.  La  pupille  est  ronde  et  un 
peu  contractile  à  la  suite  d'autre  irritation  que  celle  de  la 
lumière. 

L'engouleTent  a  une  cornée  transparente  très-large  et  très- 
bombée.  Le  peigne  n'a  que  trois  plis  ;  il  est  extrêmement 
court.  La  paupière  supérieure  est  mobile,  comme  dans  les 
chouettes. 

Le  groupe  des  passereaux  ne  doit  pas  non  plus  offrir  de 
différences  considérables ,  si  ce  n'est  peut-être  dans  la  grosseur 
proportionnelle  de  l'œil  en  totalité,  et  dans  le  nombre  des 
plis  du  peigne.  Peut-être  cependant  sont-elles  un  peu  plus 
grandes  dans  les  premières  familles  qui  ne  sont  pas  encore 
de  ycritables  passereaux. 

Les  pigeons  ont  Pœil  en  général  plus  grand  qu'il  ne  paraît 
réellement  ;  il  est  large  et  comprimé  d'avant  en  arrière. 
Les  procès  ciliaires  sont  fort  adhérens,  bien  développés.  Le 
peigne  est  large,  presque  carré,  formé  de  dix-huit  plis.  Le 
pigmentum  est  d'an  noir  très-foncé.  Il  j  a  deux  graods 
pores  lacrymaux,  dont  le  supérieur  est  le  plus  ouvert. 

Les  gallinacés  l'ont  encore  médiocre,  au  moins  propo^ 
tionnellement  à  leur  taille.  Le  globe  de  l'œil  est  presque 


DANS    LBS    OISEAUX.  ^OQ 

sphèrique.  Le  dînmûlre  Iraasverse  i-sl  i  ranlûro-poslèrîeur, 
environ  comme  4  ^^t  ^  ^-  ^^  ^^'''^  dVcnilles  ne  forme 
qu'un  léger  bourrelet  autour  de  la  cornue  transporcnle.  Le 
peigne  est  asseï  lûrgCt  dirigé  obliquement ,  et  termioi;  par 
l'angle  inriricur  de  son  bord  antérieur  i  la  cnpsule  du  cris- 
tallin :  celui-ci  e^l  Tort  pistil ,  asseï  cotnprimè  ■  et  apinli  à  la 
ctrconriTenL'ei  de  itinnîi'  re  ii  nV'tre  pas  rcç^ulièrement  lenlî- 
colatre.  Il  y  a  deux  Irts-largr»  ouvertures  lacrymides  diml 
l'inrêi'ieure  eït  la  plus  graiiile.  L'insertion  du  nerf  optique 
est  trëvolilique,  et  à  tu  partie  inférieure  du  globe. 

L'autruche  et  le  l'ajoar  ont  le  globe  de  l'œil  fort  grand, 
parce  que  ce  sont  de  très-gros  oiseaux;  mais  il  l'est  réelle- 
ment asseï  peu  ptoporlionnL'Ileriienl  ù  leur  laille. 

Je  n'iii  rien  irouTé  qui  leur  fui  particulier,  que  plu»  de 
dèf  eloppement  dans  les  dilTérenles  parties  de  l'ceil  qui  y  exis- 
tent toutes.  Le  btdbe  e.«t  en  général  fort  apinli;  on  y  voit  très- 
bien  que  le  centre  de  la  cornée  transpart^nle  n'est  pas  dans 
l'axe  même  de  l'œil)  innis  un  peu  plus  en  dedans.  Le  centre 
du  nerf  optique  est  aussi  plus  interne;  mais  il  est  surtout 
beaucoup  plu.'  au-dessous.  Les  procès  ciliaircs  sont  fort  lar- 
çes,  frangés  1  leur  bord  libre.  Le  peigne  furi  épais,  conique, 
a  au  moins  dix-liuit  ou  lingt  plis  :  il  s'attache  étidemuient 
d'une  manière  immédiate  ù  la  cupsuk  du  cry.*t.illin  qui  semble 
pénétrer  dans  son  tissit.  Celle  alKicbe  est  loul-iï-rait  sur  le 
cAté  interne.  Le  cryslallîn  est  assci  peu  convexe  :  j'ai  re- 
marqué dans  toute  la  circonférence  de  la  capsule  un  cercle 
blanehUlre  driiliculé.  que  je  n'ai  vu  dans  aucun  aulre  oiseau. 
hea  paupières  bien  fendues  tonnent  une  ouverture  ovale, 
un  peu  comme  dans  les  mammifères  :  toutes  deux  sont  mo- 
biles et  gurnies  de  lungs  cils. 

e  n'ai  lualljeureusenieni  pas  disséqué  beaucoup  d'yeux 

.  d'échassiers.  Je  noterai  comme  le  plus  remarquable,  celui 

e  l'tedicnèuie ,  oiseau  certaioeraent  noctambule  :  aussi  ses 

I  yeux  aont-ili  Irès-larges.  Je  n'y  ai  cependant  rien  trouvé  de 


I 

1 


4lO  DE   l'appareil    DE    LA    TUE 

particulier,  que  la  grande  étendue  de  Tiris  qui  est  d'un  beau 
jaune.  Le  nombre  des  plis  du  peigne  est  de  neuf;  il  est  plat. 
Les  procès  clliaircs  sont  très-gros.  La  zone  de  Zinn  m'a 
paru  bien  éfidemoient  formée  par  la  rétine,  qui  même  aTant 
dé  lui  donner  naissance,  adhère  fortement  à  ThyaloIJe,  de 
manière  à  produire  une  espèce  de  ligament  circulaire.  J*ai 
fait  passer  aisément  de  Pair  entre  Thyaloîde  et  rhumeur 
Titrée,  sans  qu'il  pénétrât  dans  celle-ci,  et  encore  moios 
dans  la  capsule.  Cette  capsule  est  bien  distincte  ;  mais  Tad- 
hérence  des  procès  ciliaires  cboroîdiens  et  de  ceux  de  la  ré- 
tine est  très-grande. 

Dans  cet  oiseau,  La  membrane  nictitante,  ou  troisième 
paupière  ,  est  dans  des. dimensions  considérables. 

C'est  dans  une  espèce  de  cette  section ,  la  demoiselle  de 
Mumidie,  ardeavir^o,  que  les  anciens  anatomistes  de  l'A- 
cadémie disent  n'avoir  pas  trouvé  de  peigne. 

Ils  n'en  parlent  pas  non  plus  dans  l'oiseau  royal  ;  et  cepen- 
dant ils  ont  bien  obserTé  que  son  iris  est  d'uQ  beau  blanc, 
et  que  le  crjstallin  est  peu  convexe, 
imipèdes.  Parmi  les  palmipèdes,  j'ai  analysé  principalement  l'geil 
du  cormoran,  celui  du  canard,  de  l'oie,  du  plongeou  et  du 
petit  macareux. 

Dans  tous  ces  oiseaux ,  l'œil  est  en  général  fort  petit,  plus 
ou  moins  sphérique  ou  globuleux. 

Dans  le  cormoran,  cbez  lequel  il  est  un  peu  plus  grand, 
les  procès  ciliaires  sont  extrêmement  ûns^et  nombreux;  ils 
sont  blancs  à  leur  extrémité  libre.  Le  peigne  est  très-large, 
et  plissé  très-finement.  J'y  ai  compté  au  moins  douze  plis. 
Le  crystallin  est  médiocrement  concave.  Je  n'ai  tu  qu'un  seul 
pore  lacrymal  médian. 

L'oie  et  le  canard  ont  l'œil  encore  un  peu  plus  petit ,  sur- 
tout celui-ci;  il  est  hémisphérique,  tant  la  partie  squam- 
meuse  est  peu  saillante.  Le  peigne  est  très-mince,  trapézoï- 
dal, oblique,  et  formé  de  douze  à  quinze  plis;  son  angle 


DANS   LES    ÛIS£ACX.  4^^ 

antérieur  et  inférieur  seul  9  s'attache  à  la  capsule  du  crystalliu 
qui  est  plus  convexe  dans  le  canard  que  dans  l'oie.  Le  nerf 
optique  entre  dans  le  globe  de  l'œil  assez  au-dessous  de  son 
axe.  Les  pores  lacrymaux  sont  très-Cns,  surtout  le  supérieur  : 
aussi  je  n'ai  pu  trouver  de  glande  lacrymale  externe.  M.  Gu- 
TÎer  pense  qu'elle  peut  être  suppléée  par  un  corps  rou* 
geâtre»  grenu  9  qui  dans  tous  les  oiseaux  de  cette  Camille 
borde  l'orbite  à  sa  partie  supérieure  et  postérieure  ;  mais  il 
n'a  pu  lui  trouver  de  canal  excréteur.  Je  n'y  ai  pas  réussi 
davantage.  La  glande  lacrymale  interne  est  au  contraire  fort 
grosse  5  et  composée  de  gros  grains. 

Le  macareux  a  l'œil  globuleux  ;  la  cornée  asseï  plate  ;  la 
portion  squammeuse  de  la  sclérotique  peu  saillante  ;  les  deux 
sones  de  procès  ciliaires  bien  distinctes  ;  le  peigne  épais  ^ 
formé  de  quinze  plis.  Le  nerf  optique  s'insère  tout-à-fait  au 
côté  externe  et  inférieur  du  globe,  ce  qui  donne  beaucoup 
d'obliquité  au  peigne;  le  crystallin  est  petit  et  fort  convexe. 
Il  y  a  deux  pores  lacrymaux,  dont  l'ioférieur  est  le  plus 
grand. 

C.  Dans  les  reptiles , 


Dans  la  classe  des  reptiles,  l'orirane  de  la  vision  décroit  Coosidënti 
d'une  manière  manifeste,  sinon  dans  les  parties  importantes, 
du  moins  dans  celles  de  perfectionnement  accessoire.  Mais^ 
comme  dans  la  plupart  des  autres  points  de  l'organisation, 
CD  trouve  des  différences  dans  chaque  ordre,  et  même  quel- 
quefois dans  chaque  famille.  * 

Considérés  d'une  manière  fort  générale ,  je  dois  cependant 
dire  que  c'est  avec  les  oiseaux  que  les  reptiles  ont  plus  de 
rapports ,  quoique  l'organe  soit  bien  loin  d'arriver  au  même 
degré  de  développement ,  presque  aucun  de  ces  animaux  no 
quittant  la  terre,  ou  ne  s'élevant  qu'assez  peu  dans  les 
airs. 


4l2  DE   L*APPAREIL   DE    LA   YDE 

îfiëMneei         Les  cbélooiens  ou  tortues  sont  bien  certainemeot  les  rep- 
ians let 
lëionieoi.     tiles  qui  90  rapprochent  le  plus  des  oiseaux. 

La  forme  du  g^lobe  de  l'œil  est  spbérîque ,  ou  à  peu  de 
chose  près.  La  sclérotique  est  assez  mince  en  général,  mais 
ccpendunt  dure  et  résistante;  elle  est  soutenue  enay^nt, 
comme  dans  les  oiseaux  9  par  une  série  d'écaillés  courtes  9  qui 
en  s'imbriquant  font  le  tour  de  la  cornée  transparente  :  on 
trouve  que  sa  partie  postérieure  9  dans  les  chélonées»  est 
formée  d'une  partie  médiane  et  presque  cartilagineuse,  au 
milieu  de  deux  lames  celluleuses.  La  cornée  est  très-petite  et 
o?aIe  transversalement.  La  choroïde  est  épaisse  ;  son  pig- 
mentum  est  d'un  noir  très-foncé,  formant  une  couche  inté- 
rieure, et  en  outre  pénétrant  tout  son  tissu.  Les  plis  qui 
forment  les  procès  ciliaires  sont  peu  marqués.  L'iris  a  son 
ouverture  ronde.  Il  n'existe  pas  de  bourse  ou  de  peigne  i 
l'intérieur  de  l'humeur  vitrée.  La  rétine  est  assez  épaisse,  et 
elle  naît  circulairement  autour  du  nerf  optique  qui  est  petit. 
Les  humeurs  de  l'œil  formant  la  partie  de  perfectionnement 
achromatique,  sont  toujours  ù  peu  près  comme  dans  les  oi- 
seaux. Le  crjstallin  est  cependant  beaucoup  plus  convexe, 
et  surtout  dans  les  espèces  tout-à-fait  aquatiques  :  il  est  en 
général  fort  peu  large. 

Dans  l'appareil  de  perfectionnement  accessoire,  on  trouve 
six  muscles  tout-à-fait  disposés  comme  dans  les  oiseaux,  et 
en  outre  un  muscle  cbo-inoide  considérable. 

Les  paupières  ont  perdu  leur  demi-transparence,  et  elles 
sont  couvertes  comme  le  reste  du  corps,  d'espèces  de  pla- 
ques polygones  épidcrmiqucs  :  rihférieure  est  aussi  la  plus 
grande,  la  plus  mobile.  Toutes  deux  sont  bordées  d'es- 
pèces de  tubercules  sub-écailleux,  sans  trace  de  cils.  II  y  a 
cependant  toujours  un  muscle  orbiculaire  formé  de  deux 
parties,  une  Supérieure  et  l'autre  inférieure. 

J'ai  vu  en  outre  un  muscle  qui  naît  de  la  sclérotique ,  au 
même  point  que  le  muscle  de  la  troisième  paupière  ;  il  se 


DANS    LES    REPTILES.  I^i5 

porte  de  suite  en  dehors  en  se  courbant  un  peu ,  et  se  ter- 
mine à  Tangle  externe  des  paupières. 

Enfin  il  y  a  une  troisième  paupière  »  à  très-peu  de  chose 
près  disposée  comme  celle  des  oiseaux,  mais  beaucoup 
moins  étendue  et  moins  mobile  :  elle  n'est  mue  que  par 
un  seul  muscle  analogue  du  pyramidal  des  oiseaux;  c'est  un 
muscle  qui  naît  au-dessus  du  nerf  optique»  qui  se  recourbe  à 
aon  côlu  externe  ,  passe  sous  le  globe  9  et  sort  fers  le  milieu 
du  bord  inférieur  pour  se  terminer  par  un  petit  tendob  grêle 
à  la  troisième  paupière. 

L'appareil  lacrymal  est  formé  de  deux  masses  glanduleuses» 
un  peu  comme  dans  les  oiseaux»  et  souvent  fort  considé- 
rables :  l'une  interne  et  inférieure  ;  c'est  la  plus  petite  ;  je 
ii*eu  ai  pa;}  vu  les  canaux  excréteurs;  l'autre  supérieure  et 
externe  ;  elle  est  beaucoup  plus  grosse  et  conique.  Sa  base  est 
sur  le  bulbe;  les  cryptes  nombreux  qui  la  composent  parais- 
sent s'ouvrir  dans  une  sorte  de  lacune  profonde  dans  Tangle 
externe  lui-même. 

Quelque  soin  que  j'aie  mis  à  chercher  des  pores  lacry- 
maux, je  n'en  ai  trouvé  aucune  trace  »  non  plus  que  de  sac 
nasal. 

Quant  à  la  cavité  protectrice  formée  par  le  système  osseux» 
elle  est  encore  très-grande  »  très-ouverte  en  arrière  »  et  tout- 
à-fait  latérale.  Mais  pour  les  os  qui  la  composent,  il  y  a  déjà 
quelque  différence  j  comme  nous  le  verrons  dans  l'étude  du 
squelette. 

Comme  cet  ordre  des  chéloniens  renferme  des  espèces  qui 
sont  plus  ou  moins  terrestres»  et  plus  ou  moins  aquatiques» 
et  même  qu'il  en  est  qui  font  une  sorte  de  passage  à  Tordre 
suivant ,  on  peut  concevoir  qu'il  y  ait  quelque  différence  dans 
la  forme  plus  ou  moins  convexe  des  humeurs»  et  surtout  du 
crystallin  ;  mais  en  général  elles  sont  asseï  peu  connues  » 
et  d'ailleurs  il  est  aisé  de  concevoir  qu'elles  doivent  être  fort 
peu  considérables. 


4i4  i>£  l'appareil  de  la  tuk 

jdo-Mu-         DaDB  les  crocodiles ,  qui  forment  le  second  degré  d*orgaDi<^ 
ocjti'iiet.     sation  dans  cette  classe  9  l'œil  est  presque  complètement  sem- 
blable à  celui  des  cbélonicns. 

Sa  figure  est  presque  sphérique»  la  cornée^formant  cepen- 
dant une  conyexité  assez  considérable.  La  sclérotique  est 
assez  peu  épaisse 9  presque  noire,  à  cause  de  la  couleur  de  la 
cboroîde  qu'on  Toit  au  travers  ;  elle  l'est  un  peu  davantage 
antérieurement  yers  le  cercle  ciliaire;  mais  il  n'j  a  aucune 
trace  de  pièces  osseuses.  La  cornée  transparente  est  épaisse  et 
fort  convexe.  La  choroïde 9  assez  mince,  comme  fibreuse  à 
l'extérieur  9  est  couverte  d'un  pigmentum  noir  abondant.  Les 
procès  ciliaires  sont  bien  distincts,  plus  longs  vers  l'extré- 
mité pupillaire,  et  dépassent  beaucoup  l'origine  de  Pîris; 
celui-ci  est  assez  lisse,  coloré  en  avant  d'un  jauns  pâle;  en 
arrière  il  est  plus  mou,  et  couvert  d'un  pigmentum  noir 
abondant.  Son  orifice  ou  la  pupille  verticale  est  très-contrac- 
tile ,  courte  et  arrondie  à  ses  extrémités.  La  rétine  est  fort 
épaisse,  molle,  pulpeuse,  sans  fibres  visibles;  elle  enveloppe 
une  grande  partie  du  globe  de  l'oeil  :  à  son  origine  du  nerf 
optique  est  un  cercle  noir ,  c'est-à-dire  qu'on  aperçoit  la 
couleur  de  la  choroïde  Serait-ce  un  rudiment  du  peigne  des 
oiseaux  ?  Quant  aux  humeurs ,  je  ne  connais  que  le  crjstal- 
lin  qui  a  la  forme  d'une  lentille  peu  comprimée,  et  dont  les 
diamètres  sont  comme  3  :  4  environ  :  la  calotte  postérieure 
est  toujours  un  peu  plus  convexe  que  l'antérieure.  La  capsule 
qui  le  contient  est  assez  épaisse ,  ou  du  moins  est  telle  après 
sa  macération  dans  l'esprit-de-vin.  Je  n'ai  pu  me  faire  au- 
cune idée  de  l'humeur  vitrée. 

La  loge  osseuse  oi]k  se  place  le  globe  de  Toeil ,  est  grande, 
latérale,  supérieure,  et  formée  à  peu  près  comme  dans  les 
oiseaux.  Elle  laisse  une  grande  étendue  de  la  partie  supérieure 
du  globe  de  l'œil  à  découvert ,  et  la  peau  qui  le  recouvre  en 
cet  endroit,  est  soutenue  par  une  pièce  osseuse,  comme 
dans  beaucoup  d'autres  reptiles. 


DANS    tES    HEPT1LE8.  4*^ 

L'œil  est  ma  par  des  muscles  presque  lout-ft-fait  semblables 
à  ce  qui  a  lien  dans  les  oiseaux,  quatre  muscles  droits  et 
deux  obliques,  l]  y  a  en  outre  une  sorte  de  pctîl  muscle 
(.-hoanoide  qui  naît  en  pointe  au  fond  de  l'orbile ,  s'élargil  et 
occupe  tout  le  côté  externe  du  ncrropliquCf  â  son  entrée 
dans  le  globe  de  J'dil. 

Les  paupières  sont  aussi  au  nombre  de  trois.  Des  detix 
horiionlales ,  rinférieure,  la  plus  grande*  est  aussi  la  plus 
mobile  :  il  yn  cependant  encore  un  muscle  élèrateur  de  la 
paupière  supérieure,  et  en  outre  un  muscle  droit,  qui  du  fond 
de  l'orbile  va  à  la  commissure  externe  des  deux  paupières, 
comme  dans  la  tortue.  La  paupière  verticale  est  tout-à~fait 
semblable  à  ce  que  nous  venons  de  Toir  dans  les  cbcloniens  : 
elle  n'est  également  mue  que  par  un  seul  muscle  pyramidal 
qui  s'attache  à  la  partie  supérieure  et  interne  de  la  face  pos- 
térieure du  globe  de  l'œil,  se  recourbe  autour  du  nerf  op- 
tique, puis  descend  vers  te  cAlê  inférieur,  où  il  s'altiicbe  à  la 
paupière.  Celle-ci  est  fort  large,  très-mobile  el  translucide. 

Il  y  a  une  assez  grasse  glande  lacrymale  interne,  et  un 
orifice  très-grand  ù  l'angle  interne  de  la  réunion  des  deux 
paupières.  Cet  orifice  conduit  dans  un  sac  nasal  considérable 
qui  se  place  au  côté  exltrne  de  la  cavïlê  olfactive,  dans  la 
moitié  de  la  longueur  du  niust^nu.  Ce  sac,  qui  se  termine  en 
arant  par  un  ci^l-de-sac  arrondi ,  est  lapiasé  par  une  mem- 
brane muqueuse  épaisse  •  molli-  et  comme  pitiiilaire.  Il  m'a 
para  qu'il  communique  avec  la  fosse  nasale ,  à  peu  près  vers 
le  milieu  de  son  étendue. 

Les  SBurtens  se  rei'semblent  beaucoup  sous  le  rapport  de     tet  " 
l'organe  de  la  vision.  Aussi  n'y  a-t-il  presque  que  les  geckos 
et    les  caméléons  qui  demandent  une  description   particu- 
lière. 

Dans  les  geckos,  la  forme  du  globe  est  aussi  A  peu  près        •"■■' 
sphéroïdale;  le  diamètre  autèro-postérieur  étant  cepeadant 
plus  court  qu£  les  autres. 


4i6  DE  l'appareil  de  la  vus 

La  sclérotique,  qui  paraît  noire,  est  sooteooe  enafant 
d'uoe  manière  éfidente  par  une  série  de  pièces  osseuses, 
larges ,  et  peu  ou  point  imbriquées.  La  cornée  transpareote 
est  très-bombée.  La  cboroïde  a  des  procès  ciliaires  extrade- 
ment  fins,  et  même  ils  ne  sont  sensibles  que  parce  qu'ils 
laissent  au-devant  du  crystallin  une  peliCe  tone  noire.  L'iris 
estasses  large,  et  Touverlure  de  la  pupille  est  ofale  et  ter- 
ticale  comme  dans  le  crocodile.  La  rétine  est  fort  épaisse, 
molle ,  blanche ,  sans  stries  ;  au  milieu  de  son  entrée  dans  le 
globe ,  il  y  a  une  tache  noire ,  mais  sans  aucun  filet  qui  en 
partirait.  Le  cryslaMin  est  presque  complètement  nphérique. 
La  cavité  orbitaire  n'offre  rien  de  remarquable.  Les  muscles 
ne  sont  qu'au  nombre  de  quatre;  ils  sont  fort  petits  et  asses 
peu  régulièrement  placés.  Je  n'ai  tu  aucune  trace  de  muscles 
obliques. 

Il  n'y  a  pas  de  paupière  proprement  dite;  i  peine  ToltHm 
un  petit  bourrelet  qui  borde  la  cavité  orbitaire  dans  sa'ci^ 
conférence,  surtout  en  dessus. 

On  remarque  cependant  à  l'angle  interne  un  petit  pli  qui 
est  le  rudiment  de  la  troisième  paupière. 

La  conjonctive  est  bien  distincte,  et  semble  une  sorte  de 
cornée  transparente. 
MoiUoa,         L'œil  du  caméléon  est  assez^gros  et  sphérique  ;  Taxe  étiot 
cependant  un  peu  plus  long  que  les  deux  antres  diamètres. 
La  sclérotique,  mince  en  arrière,  est  soutenue  en  avant  par 
un  cercle  d'écaillés.  La  cornée  est  fort  petite,  mince  et  tres- 
saillante. L'iris   est  par  conséquent  très-peu  large  ;  il  est 
formé  d'une  lame  argentée  en  avant,  et  d'un  enduit  noirea 
arrière.  Je  n'ai  pu  apercevoir  de  trace  de  procès  ciliaires;  et 
cependant  le  ligament  de  ce  nom  est  large  et  très-adhéreot. 
La  pupille  est  ronde.  La  rétine  est  fort  épaisse,  le  nerf  op- 
tique s'insérant  un  peu  en  dedans  de  l'axe.  On  y  distingue 
aussi  une  sone  postérieure  plus  épaisse,  et  une  sone  antérieure 
plus  mince ,  qui  s'étend  jusqu'à  l'iris.  La  crystallin  est  prei- 


DANS    LEâ   REPTILES.  4>7 

que  Ephérique  et  extrf^me^ent  petit.  Les  muscles  de  l'ceil  du 
catnéléoa  soDl  proportionoelleiDent  fort;  ;  du  rcsie  U  n'y  en 
a  que  six  comme  de  coutume.  Les  puupiËrea  sont  citrGme- 
ment  peu  fendues.  La  peau,  parvenue  devant  le  globe  de 
l'œil»  en  prend  un  peu  la  forme,  sans  perdre  de  son  épuis- 
seur  ni  mSme  de  ses  lubercules,  se  ride  circulairement.  et 
présente  uue  iris-petite  fente  horitonlale,  un  peu  en  dedans 
de  l'aie  de  l'ceil.  Au-dc&soua  de  ce  voile  cutané  existe  un 
muscle  orbiculaire  fort  épais  qui  adhère  â  la  sclérotique. 

Les  autres  sauriens  dont  j'ai  disséqué  l'œil,  c'est-A-dirc  les 
lophyres ,  les  iguanes ,  les  anolisi  les  léiards  ,  les  orvets  et 
mCtue  les  ophysaures,  ne  m'ont  offert  que  des  différences 
prasque  inappréciables. 

Tous  ont  le  globe  de  l'œil  sphérique  et  la  cornée  saillante. 
La  sclérotique  est  toujours  soulL'uue  en  avant  par  un  cercle 
de  lames  osseuses.  J'ai  coDSlaiiunent  remarqué  des  procès 
ciliaircs.  Mais  ce  que  j'ai  trouvé  de  plus  remarquable,  c'est 
un  petit  corps  noir,  conique,  contenu  dans  le  corps  vitré,  et 
qui  de  la  rétine  se  dirige  vers  le  crystullin  ;  il  en  reste  cepen- 
dant asseï  éloigné  :  c'est  sans  doute  l'analogua  du  peigne  des 
oiseaux.  Tous  ces  animaux  ont  le  même  nombre  de  muscles 
disposés  comme  dans  les  ovipares.  La  partie  supérieure  de 
l'orbite  e»t  formée  par  une  avance  dermoïde  soutenue  par 
quelques  pièces  osseuses  :  il  y  en  a  cinq  dans  les  lézords. 
Tous  ces  animaux  ont  encore  la  paupière  inférieure  plus 
large  et  plus  mobile  que  la  supérieure;  et  ille  ufTre  couslam- 
ment  à  l'intérieur  une  petite  plaque  ovule,  cartil.igineuse  et 
lisse.  J'ai  aussi  toujours  remarqué  une  troisième  paupière, 
mais  peu  ou  point  mobile.  Quelquefois  il  y  a  en  oulre  une 
sorte  de  caroocule  lacrymale  dans  un  très -petit  repli  sig- 
moïde. 

L'appareil  lacrymal  parait  au  contraire  varier  beaucoup. 
La  paupière  verticale  qui  a  quelque  rapport  avec  celle  des 
mammifires  pour  la  forme,  a  souvent  à  son  cOté  interne 
1.  2-} 


I 


'4i8  DE  l'appareil  de  la  vue 

une  glande  asseï  considérable.  J'ai  rarement  vu  d'one  ma- 
nière certaine  les  pores  lacrymaux  9  mais  j'ai  toujours  troufé 
que  le  trou  de  Tos  unguis  contenait  un  large  canal  qui  s'ou- 
vrait quelquefois  d'une  manière  évidente  dans  la  cavité  na- 
sale »  comme  dans  les  lophyres.  Les  anolis  m'ont  offert  un 
éanal  lacrymal  fort  analogue  à  ce  que  nous  avons  décrit  dans 
le  crocodile..  Dans  un  iguane  9  j'ai  trouvé  ce  sac  encore  plus 
grand  proportionnellement  9  et  ne  s'ouvrant  dans  la  cavité 
nasale  que  tout  près  de  son  orifice  extérieur. 
ophiaiens.  Les  scrpcns  dont  j'ai  disséqué  l'œil  ont  le  globe  oculaire 
sub-sphérique  comme  les  sauriens;  sa  structure  intérieure 
est  du  reste  presque  tout-à-fait  la  même  ;  la  sclérotique  n'est 
cependant  pas  soutenue  antérieurement  par  des  pièces  os- 
seuses 1  et  le  crystallin  m'a  paru  encore  plus  sphériqne  ; 
la  pupille  est  toujours  ronde. 

Quoique  cet  œil  paraisse  immobile,  il  ne  l'est  cependant 
pa.«,  et  en  effet  il  est  pourvu  des  mêmes  muscles  disposés 
de  ta  même  manière  que  dans  tous  les  animaux  ovipares  $ 
c'est-à-dire  quatre  droits  et  deux  obliques. 

Il  n'y  a  pas  plus  de  paupières  véritables  que  dans  les 
geckos  ;  mais  la  peau  qui  pasîic  au-devant  de  l'œil  n'est  ce- 
pendant pas  adhérente  à  la  cornée  9  comme  dans  ceux-ci. 
Cette  peau  forme  une  sorte  de  bourrelet  palpébral  plus  ou 
moins  épais ,  autour  du  bord  orbitaire  auquel  elle  est  m^line 
jointe  par  une  lame  Gbreusequi  va  ensuite  tapisser  l'o/bite; 
au  delà,  la  pead  devenue  conjonctive,  se  moule  exacte- 
ment sur  la  cornée  transparente,  mais  sans  y  adhérer.  Cette 
peau  est  composée  d'un  derme  fort  mince  et  transparent,  et 
d'un  épiderme  qui  s'en  détache  aisénicnt,  comme  dans  tout 
le  reste  de  la  peiUi,  et  qui  est  encore  plus  transparent  que 
partout  ailleurs. 

Il  existe  dans  toiiles  les  espèces  que  j'ai  disséquées  une 
sorte  de  glande  lacrymale  logée  en  arrière,  qtielquefois  en 
grande  partie  hors  de  l'orbite,  comme  dans  les  couleuvres, 


DANS    LES    REPTILES.  iÇl^ 

mais  qui  pi'Dëlre  dans  celiii-cf,  pnsse  derrii-re  le  globe  de  l'œil 
auquel  ellu  adht're  fortetneut,  ce  i]irig;e  en  arnni  en  s'amiQ-- 
cissaiil  ;  mais  je  ne  suis  pas  certain  qu'il  eu  naisse  de  canal 
excréteur. 

C'csl  celle  ghnde  que  quelques  auleurs  ont  regardée 
comme  l'anuloguc  de  la  parotide  <  et  comme  sécrétant  le 
veuio  dans  la  ripère,  ce  qui  est  furt  douteux;  en  effet  it  est 
certain  qu'elle  est  plus  grosse  dans  la  eoiileurre  que  dans  cet 
animal. 

Quelque  soin  que  j'aie  mis  â  la  recherche  d'un  appareil 
lacrymal,  c'est- il-dire  à  trouver  un  ou  plusieurs  pores  la- 
crymaux ,  un  canal  ou  sac  lacrymal  qui  s'ouTrirait  dans  les 
narines  cbei  les  serpens,  je  conviens  que  je  n'ai  pu  y  réus- 
sir; et  cependant  je  n'ignore  paj  qu'il  y  a  un  trou  énorme 
dans  l'os  lacrymal.  Voici  ce  que  j'ai    vu  sur  un  serpent   A 
sonnette  de  plus  de  deux  pieds  de  long,  La  glande  lacrymale 
est  beaucoup  plus  petite  que  dans  les  couleuvres;  elle  n'est 
pas  extra-orbi taire.  Elle  est  composée  de  deux  ou  trois  lobes 
collés  contre  ta  sclérotique  même ,  entre  elle  et  le  périoste 
de  l'orbite  :  le  plus  antérieur  s'amincit  et  se  prolonge  jus- 
qu'au prétendu  trou  lacrymal,  maij  sans  s'y  enfoncer,  ou 
au  tiioius  que  trés-peu.  L'organe  qui  passe  dans  ce  trou  n'est 
autre  chose  que  le  nerf  natal  de  l'ophtalmique;  il  est  mi^mc 
liHt  gros.  Lorsqu'il  en  est  sorti,  il  se  divise  en  deux  fais- 
'•Muix  de  filets;  les  uns  vont  en  dedans  k  In  poche  olfactive, 
^iH  les  autres  en  dehors,  h  la  peau  qui  avoislne  l'espace  de 
H^^Mnier  dont  nous  allons  parier.  Dans  le  sinus  qui  se  trouve 
^HÏBUe  ia  conjonctive  et  la  membrane  Gbreuse  qui  tapisse  la 
^■W^M  erbiiaire.  on  trouve  à  r.nngle  interne  un  eoroncement 
■  •M'undibuliTorme  que  j'avais  d'.ibord  pensé  être  ouvert  et 
pouvoir  communiquer  dans  le  canal  lacrymal;  mais  quoi- 
que! suit  asseï  large,    it  n'est  pas  ouvert:  il  est  fermé  par 
une  membrune  Irès-Gne.  Je  u'ai  pu  y  faire  passer  ni  air,  ni 
eau,  ni  mercure 

37. 


420  DE    l'appareil   DE    LA    VUE 

Quoique  je  D*aie  pas  disséqué  l'œil  de  tous  les  genres 
d'ophidiens  9  l'analogie  ne  permet  guère  de  douter  qu'ils 
ne  doivent  offrir  de  différences  que  dans  la  grandeur  pro- 
portionnelle. 

U  est  un  petit  groupe ,  le  thjphlops^  qui  n'a  aucune  trace 
d'œil  à  l'extérieur. 

Les  bimanes  et  les  amphisbënes  ont  en  général  l'œil  plus 
petit  que  les  autres  serpens ,  et  le  bourrelet  palpébral  beau- 
coup moins  marqué. 

Il  l'est  déjà  bien  davantage  dans  les  boas  et  même  dans  les 
couleuvres  :  l'œil  est  aussi  plus  grand. 

Les  vipères  l'ont  peut-être  plus  petit,  et  surtout  plus  en- 
foncé ,  par  la  grande  saillie  du  rebord  orbltaire  supérieur. 
Cela  est  encore  plus  marqué  chet  les  trigonocéphales  et  les 
crotales. 

Je  parlerai  ici,  ne  sachant  trop  où  le  faire  plus  convena- 
blement, d'une  sorte  de  larmier,  jusqu'à  un  certain  point 
analogue  à  ce  que  nous  avons  nommé  ainsi  dans  plusieurs 
ruminans ,  et  qui  se  remarque  au-devant  de  l'œil ^  en  arrière 
de  la  véritable  narine,  dans  les  trigonocéphales  et  dans  les 
crotales,  c'est-à-dire  dans  les  serpens  les  plus  yenimeux: 
c'est  un  enfoncement  assez  profond  de  l'os  maxillaire,  dans 
lequel  pénètre  la  peau  amincie,  mais  cependant  pourvue 
d'épiderme.  Cet  enfoncement  extérieur  communique  avec 
un  sac  plus  intérieur  qui  se  loge  aussi  dans  ce  même  enfon- 
cement osseux ,  par  une  espèce  de  sillon  extérieur  qui  se 
porte  vers  le  bord  antérieur  de  l'orbite.  En  cet  endroit  ce 
sillon  pénètre  dans  un  canal  à  moitié  osseux  et  à  moitié 
membraneux,  qui  conduit  à  la  poche  interne.  La  membrane 
qui  la  tapisse  e^t  fine,  assez  molle  ^  mais  ne  parait  pas 
crypte  use  :  l'épiderme  en  effet  j  pénètre  comme  dans  l'ex- 
terne. 


BANS    LBS    AMPHIBIENB. 


D.   Dans  les  anifAibUns. 


Oq  trouve  encore  dans  cette  classe  des  différences  asset    coniid.im.aiu 
considérables  dans  chaque  groupe  qui  la  compose;  mais  en 
général  l'œil  a  déjà  quelque  chose  de  celui  des  poissous. 

Les  pipas  ont  l'œil  excessivement  petit;  il  n'j  a  pas  de  DiKrcain 
trace  de  paupière,  et  ta  peau  se  dispose  au-devant  de  l'or- 
gane comme  dans  les  geckos  et  les  serpene.  Je  n'ai  pu  aper- 
CETOÎr  de  muscles  de  l'œil,  peut-être  à  cause  de  leur  peti- 
tesse. La  sclérotique  est  trè'B-moIle  j  le  crystallin  sphérique  et 
la  pupille  ronde. 

Les  grenouilles  ont  an  contraire  l'œil  fort  gros  et  1res-  cwnMiiiipi 
saillant.  Le  globe  csl  sphérique,  la  sclérotique  est  assez 
dure  t  comme  cartilagineuse,  surtout  en  avant,  comme  dans 
les  poissons,  et  par  conséquent  sans  distinction  d'écaillés. 
Elle  a  une  certaine  transparence  qui  permet  d'apercevoir,  h 
Iraven,  la  couleur  nacrée  ou  noire  de  lacboroïde.  La  cornée, 
est  grande  et  trés-bombée.  La  choroïde,  qui  est  d'im  beau 
noir  ù  sn  face  interne,  csl  argentée  ou  nacrée  dans  b  partie 
antérieure  de  sa  face  externe ,  ù  peu  prés  comme  dans  les 
poissons.  Je  n'ai  pas  vu  de  procès  ciliaires  complets;  cepen- 
dant la  face  interne  du  ligament  ciliairc  offre  un  cercle  de 
petits  tubercules  qui  se  prolongent  en  plis  tout  autour  de 
l'uvée ,  et  cette  espèce  de  cercle  ciliaîre  adhère  fortement  ù  la 
capsule  du  crjslallin.  L'iris,  très-noir  en  arriére,  est  d'un 
blanc  doré  en  avant.  La  pupille  est  sub-rhomboîdale.    La  ^^ 

Mii£line  est  fort  épaisse,  elle  naît  d'un  espace  ovalaire  assct  ^H 

Bmserré,  que  forme  le  nerf  optique  dans  I.;  bulbe ,  et  elle  ^H 

■e  prolonge  bien  évidemment,  sans  diminuer  d'épaisseur,  ^^ 

jusqu'à  la  capsule  du  cryslallin.   L'humeur  vitrée  est  asseï 
abondante.  Le  crjstallin  est  presque  sphérique  et  petit. 

Les  muscles  de  cet  toïl  sont  deux  obliques  antérieurs,  qui 
du  c9té  interne  de  l'orbite  se  portent  l'un  au-dessus  et  l'autre 


A 


422  DE    l'appareil   DE    LA   YDE 

» 

au-dessous  du  globe,  et  deux  postérieurs  qui  se  disposent  à 
peu  près  de  même,  si  ce  B*est  qu'ils  Tiennent  de  l*orbite  4 
l'entrée  du  nerf  optique.  On  trouTe  en  outre  un  muscle 
choanoîde  assez  épais  qui  enveloppe  celui-ci. 

Quant  aux  paupières ,  les  grenouilles  offrent  encore  une 
disposition  nouvelle;  elles  ne  sont  réellement  qu'au  nombre 
de  deux;  mais  Tinférieure  sert  de  paupière  nyctîtante.  La 
supérieure,  formée  par  une  partie  de  la  peau  qui  termine 
l'orbite  en  dessus ,  est  immobile  ;  mais  elle  suit  le  mouve- 
ment de  l'œil  quand  il  s'abaisse.  C'est  la  paupière  inférieure 
qui  se  meut  le  plus  dans  la  fermeture  de  l'œil.  Elle  est  très- 
grande  9  sigmoîde ,  fort  mince  et  translucide,  si  ce  n'est  sur 
son  bord  :  quand  elle  se  ferme ,  son  bord  supérieur  passe 
sous  la  paupière  de  dessus.  Il  entre  réellement  un  muscle 
abaisseur  dans  sa  composition  ;  mais  elle  est  relevée  par  uo 
mécanisme  singulier.  De  chacune  de  ses  cornes  natt  un  ten- 
don commun  qui  glisse  dans  un  petit  anneau  à  chaque  angle 
de  l'orbite,  et  passe  derrière  le  globe  de  l'œil,  en  s'enfonçant 
entre  les  parties  supérieure  et  inférieure  du  muscle  choa- 
noîde. Ce  tendon,  à  peu  près  dans  son  milieu,  donne  inser- 
tion à  un  assez  petit  muscle  carré  obliquement  dirigé  de  de- 
hors en  dedans,  et  qui  vient  de  la  sclérotique. 
^  Cette  paupière  peut  être  considérée  comme  formée  à  la 
fois  de  la  paupière  inférieure  et  de  la  troisième.   On  trouve 
cependant  à  sa  face  interne  un  autre  repli  sigmoîde  fort 
mince  et  assez  large. 

On  remarque  en  outre  dans  ces  animaux  une  sorte  de  mem- 
brane musculaire  qui  tapisse  l'orbite  dans  toute  sa  partie  in- 
férieure ,  en  s'insérant  en  arrière ,  au-dessous  du  muscle 
cboanoide,.  et  en  avant  à  tout  le  bord  orbitaire  :  nous  en 
verrons  l'usage. 

Je  n'ai  pas  trouvé  de  glandes  ni  de  canal  lacrymal  dans 
ces  animaux. 

Les  crapauds  ne  diffèrent  des  grenouilles  et  des  rainettes 


DANS    LES    AMPIIIBIENS.  •  ^23 

qui  se  ressemblent  complètement 9  qu^en  ce  que  la  paupière 
supérieure  est  plus  renflée,  plus  tuberculeuse ,  ce  qui  lui 
donne  un  peu  Taspect  d*un  sourcil*  et  que  l'inférieure  e^t 
moins  large  et  moins  mobile. 

Je  n'ai  rien  trouvé  dans  l'œil  de  la  salamandre  qui  mérite 
d'être  noté,  si  ce  n'est  que  fort  saillant  dans  l'air,  il  s'en- 
fonce beaucoup  sous  l'eau,  comme  dans  les  grenouilles. 
La  choroïde  ne  paraît  distincte  de  l'iris  qu*à  cause  d'une  ligne 
moins  noire  en  dedanï»  du  ligament  ciliaire.  L'ouverture 
de  la  pupille  est  transversale.  La  rétine  est  remarquable 
par  son  épaisseur  supérieure  ù  celle  des  antres  membranes, 
quoique  le  nerf  optique  soit  fort  petit.  Le  crjstallin  est 
purfuilement  i^pLéi  ique ,  et  cependant  la  cornée  Irapsiparcate 
est  assez  bouibée.  Des  six  muscles  ordinaires,  le  droit  ex- 
terne offre  quelque  chose  de  singulier  en  ce  qu'il  se  recourbe 
autour  d'une  sorte  de  petit  muscle  choanoîde. 

Il  y  a  encore  des  espèces  de  paupières  borisontales  for- 
mées par  un  repli  très-sensible  de  la  peau  ;  mais  il  n'y  en  a 
pas  d'interne. 

Dans  l'axolotl,  je  n'ai  remarqué  de  différences  avec  ce  qui 
existe  dans  les  salamandres,  qu'en  oe  que  les  muscles  ne  sont 
qu'au  nombre  de  quatre ,  les  deux  obliques  ordinaires ,  et 
deux  droits  seulement ,  disposés  absolument  comme  ceux- 
ci  ,  mais  en  «ens  inverse ,  et  accompagnant  le  nerf  optique. 
11  y  a  encore  moins  de  paupières  que  dans  les  salamandres; 
mais  sous  la  conjonctive  qui  adhère  au  globe  de  l'œil ,  il  m'ii 
paru  qu'il  existait  un  sphincter  ou  bourrelet  musculeux. 

Le  protée  est  aveugle  comme  le  thyphlops.  On  ne  peut 
voir  de  rudiment  d'œil  qu'en  enlevant  la  peau  :  c'est  un 
petit  globule  noirâtre  situé  au  milieu  d'une  petite  masse  dt? 
tissu  cellulaire.  La  sclérotique  est  si  excessivement  mince , 
qu'on  voit  complètement  à  travers  la  couleur  noire  de  la 
choroïde.  Il  y  a  cependant  un  crystallin  extrêmement  petit  et 
sphériqnc. 


4^4  1>B   LAPPABEIL   DE   LA   VUE 

La  cœcilie  est  Irès-probablement  dans  le  même  cas  que  k 
protée.  Je  D'eo  ai  pas  disséqué  l'organe  de  la  TÎsion.  Quant  à 
la  sirène  9  je  ne  fais  aucun  doute  que  son  oeil  ne  diffère  pas 
de  celui  de  raxolotl. 

£.  Dans  les  poissons. 

ufrtUoM        Dans  la  classe  des  poissons  ^  l'appareil  de  la  vue  deTÎeot 

ëniet  de  moins  en  moins  parfait  pour  deux  raisons;  la  première, 
parce  que  ces  animaux  appartiennent  éyidemment  à  un  de- 
gré plus  inférieur  de  l'échelle  animale;  la  seconde,  à  cause 
du  séjour  dans  l'eau  auquel  ils  sont  forcés  et  ne  peuvent  se 
soustraire.  On  y  trouve  cependant  toutes  les  mêmes  parties 
que  dans  Toeil  des  animaux  vertébrés  supérieurs. 

>nM-  La  forme  générale  de  l'organe  ne  peut  mieux  être  comparée 

qu'à  celle  de  l'œil  de  l'oiseau  dont  on  aurait  enlevé  la  partie 
tubuleuse  antérieure»  c'est-à-dire  qu'il  est  hémisphérique , 
très-aplati  en  avant ,  arrondi  en  arrière. 

^  La  première  enveloppe  a  ses  deux  portions  bien  distinctes. 

léroUqiw.  La  sclérotique,  dans  sa  partie  postérieure,  est  blanche, 
épaisse  et  molle;  mais  dans  ses  deux  tiers  antérieurs,  elle 
est  formée  par  une  lame  unique ,  dure,  mince  sur  ses  bords, 
quelquefois  transparente,  mais  nullement  composée  d'é- 
cailles.  Elle  est  souvent  évidemment  irrégulière  à  l'exté- 
rieur ,  et  même  dans  sa  circonscription  postérieure.  La  cor- 

Donëe.  née  transparente  est  évidemment  plus  mince  au  milieu 
qu'à  la  circonférence,  ou  à  l'endroit  où  elle  se  joint  avec  la 
sclérotique  proprement  dite  :  elle  est  toujours  fort  aplatie 
en  avant ,  et  concave  en  arrière. 

»oroide.  Immédiatement  au-dessous  de  la  sclérotique ,  on  trouve 
une  lame  d'un  blauc  nacré  qui  entoure  tout  le  globe  de  l'oûl 
jusqu'au  bord  même  de  la  pupille.  Ici  on  ne  peut  avoir  de 
doutes  sur  la  similitude  de  cette  lame  de  la  choroïde  et  de 
la  lame  antérieure  de  l'iris >  puisqu'à  peine  le  ligament  ci* 


DANS   LES    POISSONS.  ^2S 

luire  les  sépare-t-il.  Il  Tnut  regarder  celle  lame  comme  un 
véritable  pigmentum  extérieur  h  la  choroïde. 

La  choroïde  elle-même  forme  une  couche  qui  enveloppe 
tout  le  globe  de  l'œil,  et  qui  se  continue  arec  l'iris  :  elle 
«s!  bien  évidemment  Tasculaire.  Au  point  de  réunion  de  ta 
choroïde  avec  l'iris,  où  se  fait  l'itdbùrence  avec  la  première 
enveloppe,  se  voit  un  véritable  ligament  ciliaire,  mais  il  est 
fort  peu  considérable,  m£me  dans  le  chèilodiptère  aigle. 

L'iris  est  formé  d'une  lame  argentée  qui  fait  partie  du  pig- 
mentum eilérieur;  elle  s'enlève  en  effet  avec  la  plus  grande 
facilité,  et  d'une  lame  noire  en  arrière  ;  il  est  fort  peu  vas- 
culaire,  et  par  conséqii<;nt  peu  conlraclile.  M.  de  Lacépède 
dit  cependant  que  quelques  espèces  peuvent  assez  coolracler 
leur  pupille  pour  lui  donner  la  forme  d'une  fente  verticale 
ou  horiiontalc  ;  mais  il  ne  cite  pas  tes  espèces  du  poissobs  qui 
jouissent  de  celte  faculté' 

Il  parait  qu'il  n'y  a  presque  jamais  de  procès  eilinires, 
même  daos  les  plus  grands  poissons  osseux;  mais  i.  l'eadroit 
où  se  termine  la  choroïde  interne ,  se  voit  une  sorte  de  petit 
bourrelet  qui  déborde  un  peu  sur  l'iris,  ou  mieux  sut- l'uvêe, 
qui  est  d'un  noir  velouté,  différent  de  celui  de  la  choroïde. 
On  ne  distingue  cependant  aucun  pli  dans  la  circonrérence, 
ou  au  moins  fort  rarement,  et  dans  une  partie  de  son  étendue 
seulement. 

L'organe  auquel  on  a  donné,  on  ne  sait  trop  pourquoi,  i 
le  nom  de  garnie  choroïde,  forme  une  sorte  d'anneau  plus 
ou  moins  entier,  autour  de  l'entrée  du  nerf  optique  dans  le 
bulbe  de  l'œil  :  il  est  situé  entre  la  choroïde  pruprement 
dite  et  son  pigmentum  extérieur  argenté.  Cet  organe  me 
paraît  entièrement  vasculaire  ;  il  est  rouge ,  et  l'on  en  voit 
sortir  évidemment  les  vaisseaux  qui  vont  former  la  mem- 
brane. 11  se  compose  de  deux  parties  qui  s'inscrivent  :  l'una 
interne,  est  un  large  sinus  veineux  dans  lequel  on  voit  arri- 
ver des  veioes  qoi  ont  quelquefois  traversé  une  couche  de 


a  rctinc. 


I  humeurs 
iqoetue. 


fsUUiiie. 


426  DE    l'appareil    de    LA   VUE 

graisse  située  entre  la  sclérotique  et  la  choroïde,  et  duquel 
sortent  d'autres  plus  fines  et  plus  nombreuses  :  ces  Yeines 
semblent  traverser  Tautre  partie  de  cet  organe  ;  c'est  une 
portion  de  cercle  plus  ou  moins  étendue 9  d*un  rouge  brun, 
presque  comme  du  cruor.  Je  n'y  ai  reconnu  aucune  trace 
d^organisation.  J'ai  surtout  bien  vu  la  structure  veineuse  de 
oet  organe  dans  le  poisson  saint-pierre  (  zeusjaber^  L.  )  :  je 
le  désignerai  dorénavant  par  le  nom  de  ganglion  vasculaùv 
choroïdien, 

La  rétine  est  fort  épaisse;  on  la  voit  évidemment  finira  la 
circonférence  de  Tuvée ,  par  un  rebord  assez  épais.  Elle  sem- 
ble composée  de  deux  membranes  ;  Tune  interne  ,  épaisse . 
molle,  grisâtre,  comme  pulpeuse,  qu'on  détache  avec  la 
plus  grande  facilité  des  enveloppes  extérieures.  On  la  voit 
sortir  évidemment  du  nerf  optique.  Il  reste  alors  appliqué 
contre  la  choroïde  une  autre  membrane  fort  épaisse ,  Irès- 
grésillée  ou  plissée  dans  tons  les  sens.  Est-ce  une  oiatièrc 
déposée  ?  La  connexion  de  la  rétine  avec  le  nerf  optique  â« 
fait  quelquefois  un  peu  comme  dans  les  oiseaux  ;  c'est-à-dire 
que  celui-ci  élargi  en  forme  de  membrane,  et  plissé  de  ma- 
nière k\  paraître  cylindrique,  se  déplisse,  s'épanouit  en  tra- 
versant les  enveloppes  ;  et  c'est  des  irradiations  de  cet  élar- 
gissement que  sort  la  rétine.  Quelquefois  le  nerf  optique  est 
divisé  en  plusieurs  parties,  comme  dans  le  chéilodiptère 
aigle. 

Quant  aux  humeurs  de  l'œil ,  la  première  ou  aqueuse  est 
nulle  ou  presque  nulle,  tant  la  cornée  transparente  est  plate, 
et  le  crystallin  saille  en  avant  en  soulevant  l'iris. 

Le  crystallin  est  au  contraire  très-considérable,  au  point 
de  remplir  presque  tout  le  bnibe  :  il  est  presque  tout-à-fait 
sphérique.  On  y  distingue  bien  les  fibres  qui  se  dirigent  du 
pôle  antérieur  au  pôle  postérieur.  Ce  que  j'ai  remarque  de 
plus  singulier,  c'est  qu'il  y  a  une  sorte  de  peigne  ou  de  bride 
qui  s'attache  à  sa  capsule  :  c'est  une  production  courte. 


DANS    LES    POISSONS.  ^27 

un  peu  conlquct  de  couleur  blanche,  et  qui  provenant  de 
Torigine  linéaire  de  la  rétine,  parait  9'attachcr  au  côté  infé- 
rieur et  externe  de  l'uvée  pour  se  diriger  ensuite  obliquement 
vers  le  bord  interne  et  inférieur  du  crystallin.  J'ai  vu  cette 
disposition  d'une  manière  indubitable  sur  une  très-grande 
perche  marine,  sur  un  trigle,  sur  un  muge,  etc.  Sur  une 
truite  disséquée  très*fraiche,  ainsi  que  sur  un  xée,  un  hro* 
chet,  etc.,  j*ai  trouvé  en  outre  une  autre  bride  supérieure. 

L'humeur  vitrée  ne  peut-être  que  très-peu  considérable,        ^'^^^'^ 
à   cause  de  la  grande  saillie  du  crystallin.   La  membrane 
hjaloîde  est  fort  évidente*. 

Le  globe  de  Tœil  est  encore  contenu  dans  une  cavité,  mais  Vothn 
elle  D*est  pas  entièrement  formée  par  les  os  ;  sa  profondeur 
est  augmentée  par  le  repli  d'une  partie  de  la  peau  épaissie ,  t^*  paopk 
presque  gélatineuse  et  translucide ,  qui  est  plus  considérable 
en  avant  ou  en  dedans,  et  en  arrière  ou  en  dehors.  C'est  de 
ce  rebord,  qui  peut  évidemment  être  regardé  comme  un 
bourrelet  palpéhral ,  que  sort  la  peau  amincie  ou  conjonctive 
qui  passe  au-devant  du  globe  de  l'œil,  en  adhérant  d'une 
manière  constante  à  la  cornée. 

On  trouve  quelquefois  un  indice  de  paupière  interne  dans 
une  autre  masse  comme  gélatineuse,  placée  dans  le  grand 
angle  de  l'œil ,  et  qui  est  indépendante  de  celle  qui  fait  le 
tour  de  l'orbite;  mais  elle  est  complètement  immobile.* 

Les  muscles  qui  meuvent  l'œil  des  poissons  sont  toujours  Leamutc 
au  nombre  de  six,  quatre  droits  disposés  comme  à  l'ordi- 
naire ,  mais  inégaux ,  l'externe  étant  beaucoup  plus  court 
que  l'interne  ;  et  deux  obliques  fort  longs  qui  Tiennent  pres- 
que du  même  point  de  la  partie  antérieure  et  la  plus  pro- 
fonde de  l'orbite  «  pour  se  terminer  l'un  en  dessus ,  et  l'autre 
eo  dessous  du  globe  oculaire. 

Nous  venons  de  Toir  qu'il  n'y  a  pas  de  paupière  propre-      V^pp"'! 
ment  dite  ;  il  y  a  encore  moins  d'appareil  lacrymal. 

Les  différences  que  présentent  les  poissons  dans  Pappareil  ^^^U^s 


428  DE    l'appareil   de    LA   VUE 

de  laTisioii  9  semblent  deToir  être  assez  peu  considérables ,  du 
moins  quant  au  milieu  dans  lequel  Tanimal  doit  virre ,  puis- 
que aucune  espèce  ne  le  peut  ailleurs  que  dans  Peau  ;  mais  n'y 
aurait-il  pas  quelques  différences  déterminées  par  la  profon- 
deur à  laquelle  les  poissons  se  tiennent  babituellement  ?  c*est 
ce  qui  nous  paraît  probable.  La  nature  9  ou  mieux  la  densité 
du  fluide  que  ces  animaux  habitent,  n'aurait-elle  pas  aussi 
quelque  influence  sur  la  structure  et  la  forme  des  humeurs 
de  l'œil;  c'est  ce  que  l'on  peut  conceToir,  mais  ce  qui  n'est 
pas  probable  9  puisque  certaines  espèces  habitent  altematÎTe- 
ment  la  mer  et  les  eaux  douces. 

Quoique  la  nourriture  des  poissons  paraisse  être  presque 
constamment  animale ,  il  est  possible  cependant  d'admettre 
que  les  espèces  les  plus  Toraces»  qui  attaquent  et  poursuireat 
les  autres  poissons ,  derront  avoir  l'appareil  de  la  yision  plus 
développé  que  les  autres. 

J'ai  aussi  remarqué  que  les  poissons  voyageurs  et  de  haute 
mer  9  ont  tous  des  yeux  très -grands,  très -développés  9 
comme  les  maquereaux ,  les  harengs ,  les  merlans,  etc. ,  tan- 
dis que  les  espèces  sédentaires  et  littorales  offrent  une  dispo- 
sition contraire.  Les  espèces  qui  vivent  habituellement  dans 
la  vase,  et  par  conséquent  dans  des  lieux  où  la  lumière  ne 
pénètre  pas,  ont  en  général  l'organe  de  la  vision  moins  dé- 
veloppé que  celles  qui  vivent  dans  l'eau  transparente,  et 
surtout  que  celles  qui  viennent  souvent  à  sa  surface. 

C'est  en  effet  parmi  les  premières  que  se  trouvent  les 
deux  seules  espèces  de  poissons  qui  soient  entièrement  pri- 
vées d'yeux.  L'une  appartient  à  la  sous-classe  des  poissons 
osseux  ;  c'est  la  cœcilie  de  Brander ,  ou  l'aptérichte  de 
M.  Duméril  :  l'autre  à  celle  des  cartilagineux;  c'est  la 
myxiné.  J'ai  disséqué  celle-ci  avec  soin ,  et  il  m'a  été  abso- 
lument impossible  de  trouver  le  moindre  indice  d'œil  au- 
dessous  de  la  peau.  On  remarque  bien,  même  à  Textérieur, 
une  sorte  de  petit  renflement  colore  à  l'endroit  où  l'œil  de- 


m»» 


DANS    tES    POISSONS.  4^9 

Trait  sire;  mais  cq  enlevant  la  peau  j'ai  IrouTé  que  celte 
saillie  est  formée  par  un  amas  de  petits  grains  vers  lesquels 
arrivent  des  filameos  nerveux  et  vasculairea.  Le  rudiment 
de  t'organe  avait-il  été  décomposé? 

Il  nous  semble  au  contraire  que  les  espèces  qui  ont  les 
yeux  presque  toul-it-fait  il  plat  sur  la  tSIe,  comme  les  raies, 
les  pleuronecles ,  par  exemple ,  ont  dans  une  sorte  d'avance 
de  Tiris  un  moyen  d'empêcher  l'action  trop  vive  des  rayons 
lumineux.  Dans  les  pleuronecles,  ce  n'est  encore  qu'une 
asseï  petite  saillie;  mais  dans  lef  raies,  celte  saillie  figure 
une  palmelte  joliment  découpée ,  et  formée  comme  tout  le 
reste  de  l'iris. 

¥  aurait-il  des  différences  qui  tiendraient  il  la  dégradation  edu 
animale  ou  cIassique?c'cst-A-dire,  les  poissons  cartilagineux, 
qui  me  semblent  devoir  Ëtreplacésâ  lu  un  de  la  classe,  offrent- 
ils  quelques  différences  avec  les  poissons  osseux?  C'est  ce 
qui  est  évident ,  mais  les  différences  sont  peut-Ëtre  l'aTanlagc 
des  premiers. 

La  sclérotique,  dans  les  poissons  cartilagineux,  est  asseï 
souvent  enlicrement  de  la  nature  du  reste  de  leur  squelette , 
et  on  trouve  dans  les  squales,  par  exemple,  qu'elle  se  ter- 
mine en  arrière  par  une  sorte  de  tubercule  plus  ou  moins 
lillant  sur  lequel  l'œil  peut  tourner  dans  ses  mouvemens. 
lans  la  squatinc,  le  pédicule  a  acquis  tout  son  développe- 
ment; il  forme  en  effet  un  long  stylet  articulé,  comme 
Perrault  l'a  observé  depuis  long-temps  :  il  y  ea  a  un  égale- 
ment dans  les  raies. 

La  cornée  transparente  ne  diffère  pas  de  ce  qu'elle  est 
chei  les  autres  poissons.  La  choroïde  me  parait  aussi  peu 
différer;  cependant  je  ne  crois  pas  qu'il  existe  chez  eux  de 
pigmenlum  argenté,  pas  plus  que  de  ganglion  vasculaire 
choroïdien  ;  et  il  m'a  semblé  au  contraire  que  dans  le  squale 
pèlerin  j'ai  vu  des  procès  ciliaires.  Nous  avons  parlé  plu5 
haut  de  la  palinetle  des  raies ,  et  ce  qui  prouve  que  cela  tient 


ti 


4^^  ^^  l'appareil  de  la  vue 

plutôt  à  la  positioD  des  jeux  qu'au  groupe  naturel,  cVst  que 
les  squales  n'en  ont  aucune  trace. 

La  rétine  n'offre  non  plus  rien  de  particulier.  Les  hu- 
meurs de  Toeil  sont  dans  le  même  cas.  Le  crjstalUn  est  tou- 
jours tout-à-fait  sphérique.  La  cayité  orbit^ire  est  ordinai- 
rement assex  profonde.  Les  muscles  moteurs  de  FœH  n'offrent 
pas  de  différences  susceptibles  d*être  rapportées.  Les  fausses 
paupières  sont  peut-être  quelquefois  plus  marquées ,  surtout 
l'interne ,  comme  dans  tous  les  squales  bleus, 
les  pois-       Si  Ton  trouve  u  peine  des  différences  entre  les  deux  sous- 

gnalho-  *■ 

itet  011  classes  des  poissons ,  à  plus  forte  raison  n'en  existera-t-îl 
guère  entre  les  différens  groupes  plus  ou  moins  artificiels 
qu'on  y  établit.  En  effet,  j'ai  disséqué  l'œil  d'un  assez  grand 
nombre  d'espèces ,  dans  les  principales  familles  qu^on  a  for- 
mées dans  la  section  des  poissons  osseux  squammodermes. 
Les  différences  que  j'ai  observées  ne  m'ont  paru  porter  que 
sur  un  peu  plus  ou  un  peu  moins  de  développement  de  l'or- 
gane, sur  sa  position  plus  ou  moins  latérale  ou  supérieure, 
plus  ou  moins  éloignée  du  bout  du  museau ,  ce  qni  dépend 
de  l'allongement  de  celui-ci,  mais  jamais  sur  les  parties  es- 
sentielles de  l'œil.  On  trouve  cepenclant  aussi  quelques  diffé- 
rences dans  U  forme  et  dans  l'étendue  du  ganglion  vasea- 
laire  choroidien  ;  peut-être  même  ces  différences  sont-elles 
assez  fixes  ;  mais  elles  sont  trop  peu  importantes  pour  nous 
arrêter  ù  les  détailler. 

Les  poissons  qui  forment  la  seconde  section  des  poissons 
osseux,  ou  les  hélérodermes,  ne  nie  paraissent  pas  non  plus 
beaucoup  différer  entre  eux. 

les  pois-       On  trouve  peut-être  un  peu  plus  de  différences  entre  les 

I  dermo  • 

ntes  ou  espèces  de  la  sous-classc  des  cartilagineux  :  ainsi  l'esturgeon 
a  l'œil  des  poissons  ordinaires. 

Les  chimères  s'en  rapprochent  beaucoup  :  cependant  la 
sclérotique  est  molle ,  flexible. 

Les  raies  ne  diffèrent  des  squales ,  qu'en  ce  que  dans  celles- 


DANS    LES    POISSONS.  ^3l 

là,  le  globe  est  déprimé  à  sa  partie  supérieure  «  et  n'est  pas 
prulégé  par  l'orbite. 

Les  lamproies  ont  un  œil  cucorc  asses  gros  :  la  scléro- 
tique est  molle. 

Nous  allons  terminer  par  la  description  de  quelques  ano*     ABomaiirt. 
inaliei». 

La  plus  remarquable  parmi  les  poissons  tétrapodes  abdo- 
minaux est  celle  des  anableps.  Dans  toute  la  petite  l'amille 
à  laquelle  ce  poisson  appartient  j  les  yeux  sont  fort  saîllan»^ 
quoique  petits,  supérieurs  et  très-rapprochés  ;  mais  dans 
l'anableps,  la  cornée  transparente  est  subdivisée  par  une 
barre  transversale,  opaque,  en  deux  cornées,  une  supé- 
rieure et  l'autre  inférieure,  ayant  chacune  une  courbure 
particulière  ;  et  comme  l'iris  adhère  à  la  bande  opaque  de  la 
cornée ,  il  en  est  résulté  deux  iris  et  deux  pupilles  «  une  pour 
chaque  cornée.  Il  n'y  a  cependant ,  comme  le  fait  justement 
observer  M.  de  Lacépède ,  de  qui  nous  empruntons  la  des- 
cription de  cette  anomalie  «  qu'un  seul  œil  de  chaque  côté  ; 
et  en  effet  il  n'y  a  qu'un  crystallin,  qu'un  nerf  optique ,  etc.  ; 
et  ce  qui  prouve  que  ce  n'est  qu'une  anomalie ,  c'est  que 
dans  l'état  de  fœtus,  ce  partage  des  orifices  n'existe  pas. 

Une  anomalie  au  moins  aussi  singulière,  et  qui  a  quelque 
analogie  avec  la  précédente ,  est  celle  que  présente  les  pleu- 
runectes  dan:^  la  position  des  yeux,  qui  ne  sont  plus  symé- 
triques mais  placés  tous  les  deux  d'un  même  côté ,  à  cause 
de  la  torsion  de  la  tête ,  comme  nous  le  verrons  plus  tard» 
Je  n'ai,  du  reste ,  remarqué  aucune  différence  dans  le  déye- 
loppement,  et  encore  moins  dans  la  structure  et  dans  les 
muscles  des  deux  yeux  de  ces  pois:<ons. 

Ce  serait  une  singularité  encore  bien  plus  anomale  que 
celle  des  yeux  du  styléphore ,  tels  que  Shaw  les  û  décrite  et 
figurés ,  si  réellement  ils  étaient  portés'  ù  l'extrémité  d'une 
colonne  cylindrique  ou  pédouciiiés.  Heureusement  pour  les 
principes  de  la  science ,  il  n'en  est  rien;  le  naturaliste  et  le 


432  DE   LAPPAKEIL   DE   LA   YUS 

dessinaleur  ont  copié  et  arrangé  un  état  d'altération  éTident  9 
comme  je  m'en  suis  assuré  sur  rindiyidu  même  qui  a  serri 
à  leur  obsenratioo. 


ÀancLB  II.  De  l'organe  et  de  l'appareil  de  la  vue  dans  les 

entomozoaires. 


ifidëniiioiit  Sous  le  rapport  de  cet  appareil  des  sens^  du  moina  quant 
^jnénin.  à  la  Structure  de  Torgane  lui-même  9  peut-être  que  ce  type 
d'animaux  paraîtra  plus  reculé  que  celui  des  mollusques;  et 
cependant  9  en  examinant  la  chose  plus  attentivement  9  on 
Terra  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  ;  en  effet  il  7  a  un  bien  plus 
grand  nombre  d'animaux  cuticules  pourvus  du  sens  de  la  vi- 
sion que  de  mollusques  9  chea  eux  l'appareil  est  en  outre 
presque  toujours  beaucoup  plus  développé  9  proportionnelle- 
ment ;  en  sorte  qu'il  est  probable  qu'ils  doivent  être  plaois 
avant  ceux-ci. 

La  modification  principale  que  les  entomozoaires  offrent 
dans  cet  appareil ,  consiste  en  ce  qu'il  n'y  a  jamais  de  crjs- 
tallîn  situé  dans  une  cavité  de  l'organe  lui-même;  que 
celui-ci  n'est  jamais  mobile  9  et  existe  à  la  superficie  de  la  peau 
endurcie  9  dont  la  cornée  transparente  et  bien  plus  la  sclé- 
rotique elle-même  semblent  faire  partie.  Enfin  le  caractère  k 
plus  singulier  qu'offre  l'appareil  de  la  vision  des  insectes^  c'est 
que  dans  un  grand  nombre  de  cas  il  est  composé  ^'un  amas 
plus  ou  moins  considérable  de  petits  organes  simples  situés 
de  chaque  côté  de  la  tête 9  outre  quelques-uns  de  ces  derniers 
qui  se  disposent  sur  quelque  endroit  de  sa  partie  anté- 
rieure. On  donne  aux  premiers  le  nom  d'jeux  composés  9 
et  aux  seconds  celui  d'yeux  simples  ou  de  stemmales.  Les 
anatomistes  ne  jont  pas  entièrement  d'accord  sur  leur  struc- 
ture 9  et  la  manière  de  voir  la  plus  généralement  admise  n'est 
guère  d'accord  avec  la  théorie  dé  la  vision  établie  par  ana- 
logie. 


DANS    LES   ENTOMOZOAIRES. 

Ln  petitesse  Aei  sleniiiiales  n'a  L-ncore  guère  permis  de 
les  analyser  anaiomiquemenl  il'unc  ntanière  siinisanle;  oa  a 
Mulement  remarqué  et  étudié  aveu  soin  leur  nombre  cl 
surloirl  leur  disposition,  parce  qu'on  a  pu  en  tirer  d'asseï 
bons  caractères  loologiques,  comme  nous  le  verrons  plus 
loin. 

Quant  aux  yeux  oomposés,  M.  Alarcel  de  Serres,  qui 
s'est  dernièrement  beaucoup  occupé  de  ce  sujet ,  pense  à  peu 
près  comme  Svrammerdam  et  U-  G.  Cuvier,  que  cliaqiie 
petite  cornée  est  revêtue  i  sa  face  inlerne  pur  un  enduit 
opaque  plus  ou  moins  coloré  ,  auquel  est  dû  la  couleur 
souvent  singulière  des  yeux  des  insectes,  et  qui  est  in- 
dépendant du  pigmcnlum  de  la  choroïde.  Entre  cet  enduit 
opaque  et  la  cornée,  vient  se  rendre  è  chaque  facette  un 
filet  optique  qui  se  moule  dans  la  concavité  de  celle-ci.  Ces 
filets  optiques  ont  cependant  traversé  la  choroïde  et  son 
pigtnentum  qui  est  constamment  de  couleur  uoire.  Celte 
utembraoe  est  composée  d'un  tissu  cellulaire  asseï  serré, 
dans  lequel  se  répandent  en  grande  quantité  des  ramiGcatians 
trachéalei  fournies  par  une  grosse  trachée  circulaire.  Chaque 
filet  optique  provient  d'un  ganglion  nerveux,  conique,  pro- 
portionnel à  la  grosseur  de  lu  aia»e  oculaire,  et  qui  com- 
munique avec  le  cerveau  par  un  cordon  plus  ou  moins  cy- 
lindrique. 

Quoique  j'aie  cherche  bien  des  fois  :'i  m'assurer  de  la  struc- 
ture de  l'œil  composé  des  insectes  hexapodes ,  j'avoue  n'éire 
arrivé  à  rien  qui  me  satisfasse  complètement.  J'ai  obtenu 
quelque  chose  de  mieux  sur  une  très-grande  langouslc  ;  et 
voici  ce  que  j'ai  vu. 

L'enveloppe  extérieure  n'est  presque  formée  que  par  la 
cornée    transparenle    qui   se  joîul  ù   l'enveloppe  e 
dont  elle  parait  n'être  qu'une  modification,  surtoui 
qu'elle  n'admet  pas  de  dép5t  calcaire  dans  son  tissu.   En 

kttxaminant  de  près  celle  cornée  plu^  on  moins  large 
I.  alS 


/j34  i>^  i'appareil  de  la  vue 

bée  et  étendue ,  on  aperçoit  qu^  sa  surfoce  est  partagée  par 
une  immense  quantité  de  petites  iacettes  ou  coroèes  de 
forme  et  de  grandeur  Tariables.  Chacune  de  oes  petites  cor- 
nées est  bombée  en  dehors ,  et  son  épaisseur  est  plus  grande 
au  milieu  que  sur  les  côtés ,  d*où  il  suit  qu' elle  forme  une 
sorte  de  lentille  couTexo-concaTe  pour  chaque  lebe  oculaire 
composant.  Derrière  cette  cornée  existe  une  sorte  de  pig- 
roentum  ou  de  membrane  noire  yasculaire  qu'il  faut  regar^ 
der  comme  une  véritable  choroïde.  En  effet ,  elle  est  évi- 
demment  percée  au  milieu  de  chaque  petite  cornée  par  sa 
petit  orifice  qui  doit  6tre  Tanalogue  de  la  pupille.  De  cet 
orifice  part  une  petite  production  membraneuse  en  forme 
de  tube  extrêiperaent  court  qui  s'applique  sur  un  maneloo 
correspondant  d'une  masse  considérable  sub-gélatineuse, évi- 
demment translucide  9  et  qui  est  indubitablement  l'analogue 
du  cristallin  ou  de  l'humeur  vitrée  ;  elle  est  asseï  solide.  Je 
ne  puis  assurer  qu'elle  soit  partagée  en  autant  de  parties  qoll 
j  a  de  petits  tubes ,  par  le  prolongement  de  leur  enveloppe^ 
quoique  cela  se  puisse  concevoir  ;  mais  il  est  certain  que  les 
cloisons  qui  la  partageraient  seraient  parfaitement  transpt- 
rentes  j  car  la  lumière  passe  aisément  d'un  côté  à  l'autre. 
Quoi  qu'il  en  soit,  cette  masse  d'humeur  vitrée,  convexe 
d'un  côté  esX  concave  de  l'autre ,  et  c'est  par  cette  partie 
qu'elle  s'applique  sur  un  gros  ganglion  ou  renflement  Be^ 
veux  qui  m'a  paru  aussi  offrir  à  sa  surface  autant  de  petites 
alvéoles  qu'il  y  a  de  petits  tubes  oculaires. 
Dans  Diaprés  cela  il  est  évident  que  l'œil  composé  d'un  insecte 

le  uombre. 

est  formé  d'un  très-grand  nombre  de  petits  yeux  ou  de  tubes 
oculaires 9  réunis,  serrés,  groupés  les  uns  avec  les  autres. 
Ces  petits  yeux  sont  quelquefois  au-dessus  de  douze  mille 
sur  un  seul  animal, 
u  place.  Ordinairement ,  chacun  de  ces  amas  ou  groupes  situés  de 

chaque  côté  de  la  tête  après  les  antennes,  est  immobile; 
mais  dans  un  certain  nombre  de  classes  ou  de  divisions  se- 


DANS    LES   BNTOMOZOAIRI8.  4^5 

coadaireSy  îl  est  à  Textréniité  d^un  véritable  appendice  plus 
ou  moios  allongé  9  fracturé  en  plusieurs  pièces  mobiles  ^ 
d^où  s'en  cât  suivi  que  Porgane  de  la  vision  ^  sans  pouvoir 
jamais  âtre  complètement  mis  à  l'abri ,  peut  être  porté  plus 
ou  moins  aisément  dans  un  certain  nombre  de  directions, 
et  surtout  au-deyant  de  l'animal. 

Si  ces  organes  ne  peuvent  être  cachés  à  sa  ydlonté  9  on  cou* 
çoit  qu'ils  soient  défendus  du  choc  des  corps  extérieurs  par 
une  quantité  plus  ou  moins  considérable  de  poils  qui  rem** 
plissent  quelquefois  les  sillons  de  partage  des  facettes,  comme 
dans  les  hyménoptères.  11  est  aussi  probable  qu*il  doit  eo 
résulter  quelque  inconvénient  pour  la  vision;  mais  c'est  ce 
que  nous  ne  pouvons  guère  assurer. 

Les  entomozoaires  offrent  sans  doute  de  nombreuses  diffé- 
rences  dans  la  structure  de  leurs  yeux  ;  mais  elles  ont  été 
jusqu'ici  assez  peu  observées;  et  il  faut  convenir  que  cela 
o'est  pas  facile.  Nous  allons  cependant  en  faire  coonattre 
quelques-unes. 

Il  est  évident  que  dans  les  groupes  dont  les  espèces  ne  ae 
nourrissent  pas  toutes  de  substances  de  la  même  nature, 
00  conçoit  que  celles  qui  yi^^nt  de  substance  animale, 
<pi 'elles  poursuivent  et  saisissent  à  l'état  yivant,  quelquefois 
même  au  milieu  des  airs ,  doivent  ayoir  des  amas  d'yeux 
beaucoup  plus  gros  que  les  autres  :  c'est  en  effet  ce  que  l'on 
observe  dans  les  carabes  en  général,  mais  surtout  dans  les 
cicindèles ,  les  élaphres  parmi  les  coléoptères  ;  dans  les  li- 
bellules parmi  les  névroptères  ;  les  mantes  parmi  les  orthop- 
tères. 

L*époque  de  la  journée  à  laquelle  ces  animaux  recherchent 
leur  nourriture  a  pu  aussi  avoir  quelque  influence  sur  le 
développement  et  peut-être  même  sur  la  structure  des  yeux 
des  insectes.  Aussi  M.  Marcel  de  Serres  a-t-il  observé  que 
les  coléoptères  lucifugcs  ,  comme  les  blaps ,  les  téné- 
briona,  etc.,  n'oi^i  choroïde  ni  trachée  circulaire ,  mais  que 

•  38. 


Difltfreoces 
•pêciatet 
'  tuivaai 


La  natar«  de 


L'époque  de  la 
iournée  à  la- 
quelle il  wi 
recherche. 


436  DE  l'appareil  de  la  yve 

l'enduit  de  leur  cornée  est  très-foncé.  Il  en  est  de  même 
des  blattes  parmi  les  orthoptères.  Leur  cornée  est  aussi  plus 
terne  et  plus  opaque. 

D'après  les  obserrations  de  M.  Marcel  de  Serres ,  TcbU  àt$ 
insectes  aquatiques  n'offre  que  de  très-légères  différences. 
Il  fait  observer  cependant  qu'en  général  leurs  jeux  sont  plos 
ternes  et  plus  opaques. 

Il  est  aussi  quelques  différences  de  forme  dans  Tœil  de 
plusieurs  insectes  entièrement  aquatiques  9  et  qui  consistent 
en  ce  que  chaque  masse  oculaire  est  tout-à-fail  latérale  et  di- 
visée en  deux  parties 9  une  supérieure  et  Tautre  inférieure^ 
par  la  ligne  latérale  ;  c'est  ce  que  Ton  voit  déjà  très-bien  dans 
les  hydrophiles;  dans  les  djtiques  et  les  tourniquets  (gyri- 
nus,  L.) ,  la  séparation  des  deux  parties  est  encore  plus  com- 
plète^ en  ce  qu*il  j  a  une  bande  opaque  qui  les  divise  on 
peu  comme  dans  Tanableps. 

Le  séjour  doit  avoir  aussi  une  influence  de  la  même  na- 
ture sur  le  déyeloppement  proportionnel  des  yeux  dans  les 
insectes.  Ainsi  il  est  probable  que  ceux  qui  vivent  dans  des 
substances  9  dans  des  lieux  où  la  lumière  ne  pénètre  jamab« 
doivent  avoir,  toutes  chose|  égales  d'ailleurs 9  l'appareil  de 
la  vision  moins  développé;  on  conçoit  même  qu*il  puisse  être 
complètement  nul  par  une  sorte  d*avortement. 

Je  n'ai  pas  observé  9  et  je  ne  sache  pas  qu'aucun  auteur 
ait  eu  l'occasion  de  le  faire  9  que  le  sexe  exerce  une  influence 
sur  Tappareil  de  la  vision  des  entomozoaires  qui  en  sont 
pourvus. 

11  n'en  est  pas  de  même  de  Tâge,  du  moins  dans  le  groupe 
des  hexapodes ,  et  surtout  chisz  les  espèces  qui  subissent  ce 
qu'on  nomme  des  métamorphoses  complètes,  c*est-à-dire 
dont  plusieurs  degrés  de  développement  sont  tranchés  ;  on 
remarque  alors  que  plus  leur  premier  état  est  vermiforme, 
moins  il  y  a  d'appareil  de  Tision  >  comme  dans  les  larves 
de  diptères  qui  sont  le  plus  souvent  ayeu^s.  Celles  des  co- 


DAN6    LES   ENTOXOKOAIRBB.  437 

léuplùree,  îles  lépiilriptèrcs,  ont  Jcs  yeui  simple»  «ii   de: 
ïiemmatcs  en  nombre  un  peu  variable.  Les  orthoplères. 
nérropIËres  mËoie  onl  la  mËme  disposition  d'jreUx  à  lOuUï 
lefr  époques  delà  *ie. 

Od  IrouTO  aussi  dans  l'appareil  oculaire  des  tmlomo- 
Eoair«s  quelques  sin^ilarités  ou  anomalies  plus  ou  uioins 
ioexplicntiles.  Telle  est  surtout  la  disposition  de  la  musse 
oculaire  du  diopsis  ichiieumoïde,  qui  est  portée  sur  une  es- 
pèce de  long  pédoncule  immobile. 

Hais  les  principales  différences,  les  plus  évideaies  du 
moins,  semblent  Stre  usseï  bien  en  r.ipporl  avec  la  dégrn- 
dalioii  animale  ,  el  par  conséquent  concorder  usseï  bien 
avec  les  coupes  secondaires  ou  classiques  que  la  loologic 
introduit  dans  ce  type.  Jelous  un  coup  d'œil  sur  le>  princi- 
pales de  ces  diflërences. 

Tous  les  eniomosoaires  de  la  claf^se  des  heiapodes,  d  l'étal 
iidulle,  sont  pourvus  de  masses  oculaires  composées;  mais 
tous  n'ont  pas  à  la  fob  de  slemmales  ou  d'yeui  simples. 

Le  groupe  des  coléoptères ,  par  exemple ,  n'en  n  jamais. 

Quant  à  la  forme  des  yeui  composés ,  >'■  la  proportion  de 
la  masse  qu'ils  ferment,  et  même  un  peu  A  leur  position, 
il  jr  a  tant  de  variations,  qu'il  seittît  presque  fastidieux  de  les 
énumërer  ici,  d'auliint  plus  qu'elles  sont  prises  en  coiisidé- 
ration  par  la  loulogie. 

La  section  des  orthiipiéres  qStv  toujours  it  la  l'ois  des  ycux 
composés  et  des  yeui  lissas.  Il  taul  cependant  en  excepter 
te  genrt!  blatte,  qui  l'ait  évidemment  le  passage  aux  coléoi>- 
tère»  cl  les  phasmes. 

La  forme  des  yeux  composés  est  aussi  fort  variable ,  mCme 
dans  les  genres  les  plus  naturels  de  cette  section. 
^_.  IjC  nombre  et  la  disposition  des  stcmmatcs  paraissent  ofl'rir 
H^lpa  caractères  plus  conslans. 

^■l.  Les  hémiptères  sont  dans  le  même  cas  que  les  orthopli 
Hpb  ont  toujours  les  deux  espèces  d'yeux. 


^ 


2 


McipodM. 


M^ropodM. 


438  »1   LAPrAllII.   DE   LA    fCI 

Il  en  en  lie  mêiBe  <lcs  léyidoplèiej ,  «ie»  ■é¥reptèffi  et 
<lcs  hjniéiiopléffet ,  cfaes  lesqueb  le  nombre  des  steamutes 
n'est  lamab  so-dessof  de  trois*  dispofcs  en  triangle.  Lliè- 

merobe  et  le  fourni i lion  n*en  ont  pas. 

F!reM|ue  tous  les  diptères  ont  audsi  i  la  fois  des  jens  com- 
potes et  des  fCemoiates  an  nombre  de  trois.  Les  cousins  et  les 
yppobosqnes  font  oependaot  exception. 

Quant  aux  bezapodet  aptères ,  il  parait  qu'il  n'oot  <pie  des 
jeux  composés. 

La  classe  des  octopodes  n'a  {annis  que  des  jnuz  simples, 
disposés  d'one  manière  bien  symétrique  à  la  partit»  antériewt 
et  snpévieure  dn  eéphaio-tboraz.  Lenr  nombre ,  leur  dispo- 
sition et  même  lenr  forme ,  et  lenr  grosseur  proportionneUe* 
sont  tellement  fixes  dans  chaque  groupe^  que  les  entomolo- 
gistes modernes  s'en  sont  serris  avec  lieauco«ip  d'aTnntagei 
pour  étafapfir  des  sididirisions  génériques  dans  la  lamiile  des 
araignées,  par  exemple,  qui  les  ont  presque  oonstnaunent 
au  noiQbm  4le  quatre  paires.  Les  scorpions  sont  dans  It 
même  cas.  Les  faucheurs  n'en  ont  lamals,  an  contraire, 
qn'nne  paire. 

Dans  cette  classe  %  il  me  parait  que  plusieurs  espèces 9  éri- 
demiment  parasites  dolrent  en  être  complètement  dépoor- 
Tues. 

Les  décapodes  sont  dans  le  cas  contraire  des  octopodes, 
c'est-A-dire  qu'ils  n'ont  jamais  d'yeux  simples  :  tous  ont  des 
yeux  composés ,  et  ce  qu'ils  ont  de  singulier ,  c'est  qn'îhi  sont 
à  l'extrémité  d'appendices  toujours  mobiles,  et  plus- 00  moins 
longs.  Ces  pédoncules  sont  surtout  très-déTcloppés  dans  les 
espèces  de  crabes  que  les  soologistes  distinguent  à  cause  de 
cela  sous  le  nom  de  podopthalmes. 

La  section  artificielle  des  hétéropodes  Tarie  sous  ce  rap- 
port comme  sous  celui  du  nombre  et  de  la  nature  des  ap- 
pendices. Letnrs  yeux  paraissent  cependant  iêtre  toujours 
composés  ;  mais  ils  sont  quelquefois  pédicules»  comme  dans 


DANS    LES    EMTOMOZOAIRES.  l\ùg 

la  famille  des  squîlles  ;  dans  celle  des  branchiopodes ,  Us 
sont  presque  toujours  sessiles.  C*est  dans  plusieurs  espèces 
de  cette  dernière  que  les  deux  masses  oculaires  sont  quel- 
quefois si  rapprochées  Puoe  de  Tautre,  qu'elles  se  con-* 
fondent  et  n*en  forment  qu'une»  alors  médiane  et  symé- 
trique :  c'est  ce  qui  a  lieu  dans  les  monocles  et  plusieurs 
genres  voisins. 

Un  groupe  anomal  que  nous  plaçons  à  la  fin  de  cette 
classe,  manque  totalement  d'yeux;  mais,  à  ce  qu'il  parait, 
par  arortement;  ce  sont  les  lernces  et  genres  yoisins.  On 
Yoit  cependant  de  Téritables  slemmates,  au  nombre  de 
trois ,  dans  qUJielques  espèces  de  lernées  que  )e  distingue  des 
autres  sous  le  nom  de  lernèocèreSf  et  parmi  lesquelles  est  la 
lernée  branchiale. 

Les  tétradécapodes   ont  constamment   les  yeux  sessiles    T4u»Mca 
et  composés;   mais  les  grains  composans  sont  beaucoup 
moins  nombreux  et  plus  distincts  que  dans  les  hexapodes. 

Les  myriapodes  ont  aussi ,  comme  les  tétradécapodes ,     iiyriapot 
des  yeux  réunis  en  masse  et  sessiles  :  mais  le  nombre  en 
diminue  toujours ,  et  ils  semblent  tendre  à  se  séparer. 

Les  chétopodes  n'offrent  plus  que  de  petits  points  noirs  CMopai 
disposés  d'une  manière  symétrique  et  régulière  sur  les  pre- 
miers anneaux  du  corps,  et  encore  tous  n'eu  ont-ils  pas. 
Ces  petits  points  noirs  que  les  loologistes  décrivent  comme 
des  yeux,  en  sont-ils  réellement?  c'est  ce  qui  n'est  rien 
moins  qu'éfident.  Mais  dans  le  cas  où  cela  serait,  ils  ne  se- 
raient que  rudimentaires  ;  car  il  est  évident  qu'ils  ne  serrent 
nullement  à  la  vision. 

Enfin  la  très-grande  partie  des  véritables  apodes  n'ontpluf  Apo«i« 
da  tout  d'organes  que  l'on  pourrait  regarder  même  comme 
des  nidimens  d'yeux;  ceux  qui  vivent  à  l'extérieur,  comme 
les  sangsues  et  quelques  genres  voisins,  ont  encore  quel- 
ques points  noirs  symétriquement  rangés  sur  la  partie  anté- 
rieure du  corps  >  et  qu'on  décrit  comme  des  yeux  :  mab  tout 


44o  DE    l'appareil   DE    LA    VUE 

les  autres ,  c'est-à-dire  les  yers  iotestkiaox»  o*ODt  plus  rieo 
de  semblable.  Peut-être ,  il  est  yrai ,  cela  tieot-il  aussi  bien 
aux  lieux  dans  les^quels  ils  sont  obligés  de  Titre  j  qu'à  la  dé- 
gradation animale. 

Les  mollusques  articulés  9  quoique  quelquefois  libres  dans 
Tinlérieur  des  eaux  qu'ils  habitent,  et  pou rrus  d'organes  de 
locomotion  générale  9  comme  les  poljplaxiphores  9  n'ont  au- 
cune trace  d'organe  de  tision  ;  encore  moins  les  némato- 
podes  qui  viyent  fixés  et  renfermés  dans  une  enveloppe  cal- 
caire. 

AiTiCLi  III.  De  rorgane  et  de  l'appareil  de  la  vue  dans  ks 

malacozoaires, 

rtun^^*  La  structure  de  l'organe  de  la  Tue  dans  ce  type  d'animaux, 
éaëniM.  3  évidemment  plus  de  rapports  ayec  ce  qui  existe  dans  les 
ostéoioaires ,  que  celle  de  l'œil  des  entomozoaires,  puisqu'on 
7  trouve  A  peu  prés  les  mêmes  parties  9  disposées  semblable- 
ment  9  et  qu'il  n'y  a  qu'un  organe  simple  de  chaque  côté.  Mab 
le  peu  d'activité  et  d'étendue  de  la  fonction  9  si  ce  n*est  dans  les 
espèces  les  plus  favorisées  sous  ce  rapport  9  et  surtout  la  dis- 
parition rapide  de  cet  appareil  dans  le  plus  grand  nombre  des 
animaux  mollusques  nous  ont  forcé  de  renvoyer  l'exameo 
de  l'oeil  de  ces  animaux  après  celui  des  insectes. 

Ce  que  cet  organe  offre  de  commun  dans  les  espèces  qui 
en  sont  pourvues  9  c'est  d'être  formé  de  parties  essentielles 
ou  d'enveloppes  9  comme  dans  les  ostéozoaircs  ;  savoir,  une 
sclérotique,  une  membrane  vasculaire  et  une  membrane 
nerveuse  ;  de  parties  de  perfectionnement  dioptrique,  ou  d'hu- 
meurs de  différentes  densités 9  et  même  de  parties  de  perfec- 
tionnement accessoire.  Quelquefois  l'organe  est  sessile,  et 
môme  tout-â-fait  immobile;  d'autres  fois  il  est  porté  sur  une 
sorte  d'appendice  qui  peut  le  diriger  dans  différens  sens, 
lë^u*!*         Comme  l'œil  des  mollusques  est  le  plus  souvent  rudimen- 


DANS    L£S    UALACOIOAIRES.  44 1 

taire  >  od  ne  le  connnEl  réellement  bien  que  dans  le  groupe 
des  sèches  et  des  poulpes.  Nous  niions  donc  le  décrire  daaa 
ces  animaux. 

L'œil  des  sèches  est  proportioniiellemcnl  fort  graud;  il 
forme  la  plus  grande  partie  de  tn  tfite,  de  chaque  côlé  de 
laquelle"  se  trouve.  Le  globe  oculnire  ne  m'u  pas  paru  ré- 
gulièrement sphèrique;  il  est  un  peu  déprimû  par  en  haut, 
et  asseE  aplati  en  atanl.  Quoique  plus  petit  que  la  cavité  qui 
le  conlieul,  il  ne  me  semble  pas  pouvoir  s'y  mou»oir.  En 
dedans,  if  parait  beaucoup  plus  gros  qu'il  ne  l'est  réelle- 
ment, et  terminé  un  peu  en  pointe,  parce  qu'il  est  appuyû 
»ur  une  masse  considérable  qui  semble  en  l'aire  partie,  et 
qui  est  formt-e  d'un  énorme  ganglion  neneux,  eavtiloppé  de 
toutes  parts  par  une  substance  blanche,  d'aspect  glandu- 
leux. Les  membranes  de  cet  œil  sont  en  allant  de  dehors 
en  dedans,  une  première  couche  assez  molle,  d'un  tissu 
jusqu'il  un  certain  point  comparable  ù  celui  de  la  face 
aotirieure  de  l'iris  dans  lus  oiseaux  :  elle  commence  en  ar- 
rière, au  point  de  jonction  de  la  masse,  posiéricure  et  du 
globe,  comme  si  elle  conliiiunil  l'enveloppe  fibreuse  d< 
cellc-t&.  En  avunt  elle  se  recourbe  >  et  elle  est  percée  par 
un  grand  trou  rond,  dont  le  bord  est  complùtemcnl  libre  et 
tranchant  ;  c'est  une  Tèriiable  pupille.  Ed  dedans  de  cette 
première  membrane,  dont  on  peut  l'aire  l'anulogue  de  l'iris 
on  celui  de  la  choroïde  proprement  dite,  s'en  Irouvbufie 
dutn;  qui  lui  est  assci  intimement  unie;  elle  est  blanche; 
d'un  tissu  plus  ferme.  Parvenue  i  la  partie  antérieure  dn 
globe,  elle  se  bifurque  ou  se  divise  en  deux  lames;  l'une, 
antérieure,  se  continue  derrière  l'iris,  jusqu'au  bord  de  la 
pupille;  l'iiulrc,  postérieure,  se  porte  vers  l'axe,  perd  de 
son  épaisseur,  devient  très-fine,  transparente,  et  s'aMache  ù 
la  circonférence  du  cryslallin.  en  pénétrant  entre  ses  deux 
parties.  C'est  à  la  face  postérieure  de  la  partie  épaisse  de 
■iMtte  latoe  que  se   remarque  une  tune  de  procès  cîltaire» 


41 


44^  DE  l'appareil   de   LA   VUE 

bien  formés,  inaiB  qui  û'atteigoeot  réellemeot  pas  le  crj^ 
tdlîn  par  leur  extrémité  libre  ;  leur  bord  tranchaot  s'applique 
cependant  sur  la  partie  renflée  de  cet  organe.  A  l'endroit  où 
les  deux  lames  de  cette  seconde  enveloppe  se  produisent, 
il  existe  un  canal  ou  sinus  circulaire  fort  grand,  dans  lequel 
communiquent  autant  de  petits  canaux  qu'il  y  a  «  procès 
eiliaires.  En  dedans  de  cette  espèce  de  ruyschiennoe ,  se 
remarque  un  pigmentum  coloré ,  déposé  daus  les  mailles  d'oc 
tissu  cellulaire  fort  lâche  et  très-mince.  Biais  en  arrière* 
dans  la  moitié pcMtérieure  du  globe  seulement,  se  troufe  une 
partie  épaisse,  blanche,  assez  tendre  à  son  bord  libre^  mail 
dure  et  presque  cartilagineuse  en  arrière,  à  Teodroit  où  les 
nerfs  optiques  pénètrent  poor  former  la  rétine.  €e  n*est  vé- 
ritablement pas  une  glande ,  et  cela  ne  me  parait  avoir  ao- 
cun  rapport  avec  le  ganglion  vasculaire  de  la  choroïde  des 
poissons.  Il  semblerait  presque  une  sclérotique  intérieure. 
Qnoi  qu'il  en  soit,  c'est  en  dedans  que  se  trouve  la  réCioe. 
Cette  membrane  est  plus  épaisse  que  dans  aucan  animal 
que  je  connaisse.  •  En  dehors ,  elle  est  évidemment  formée 
par  une  couche  de  filamens  nerveux  parallèles,  provenans  de 
eeux  du  ganglion;  mais  en  dedans,  c'est  une  couche  d'un 
fism  plus  serré  et  comme  fibreux.  Ces  deux  couches  de  k 
fétine  se  continuent  évidemment  jusqu'au  delà  du  ligament 
oiiiaire.  Enfin,  on  trouve  encore  une  autre. itiembrane  con- 
centrique, maïs  plus  mince,  d'un  tissu  assez  sec,  etquipa- 
nàx  i'hyaloide.  Elle  est  cependant  infiniment  plus  épaisse 
4|ue  dans  les  animaux  tertébrés. 

Les  humeurs  de  oct  œil  sont,  i"  une  humeur  vitrée  ou 
même  aqueuse,  tant  elle  est  fluide,  qui  remplit  toute  la  ca- 
vité» formée  par  la  membrane  rétine ,  ou  mieux  par  Fhja- 
lotde.  Dans  les  animaux  les  plus  frais  que  j'aie  disséqués,  j'ai 
toujours  trouvé  que  cette  humeur,  quoique  très-transpa- 
rente, était  cependant  vivement  colorée  «n  noir  par  une  ma- 
tière tout-à-fait  analogue  à  celle  de  l'encre  de  ia  sèche.  Était- 


DANS    LES   MALAGOZOAIIES'.  44^ 

elle  déposée  en  couche  ?  c^est  ce  qui  o*e8t  pas  probable. 
9*  L'humeur  crystallisée  ou  le  crystallin  e»f  beaucoup  plus 
éTÎdent;  il  est  très-gros ,  très-conrexe ,  et  de  iqull  offre  de 
plus  feitiarquable ,  c^est  quMI  est  composé  de 'deux  portions 
de  sphères  -tle  diamètre  très-différent  9  et  placées  Tune  au- 
devant  de  l'autre  5  la  plus  petite  en  ayant  et  la  plus  grosse  en 
arrière.  Elles  me  paraissent  réellement  séparées  par  la  con- 
tinuation de  la  membrane  du  diaphragme  des  procès  ctliaires 
qui  passe  au-devant  de  la  postérieure.  Alors  celle  de  devant 
ne  pourrait-elle  pas  .être  regardée  comme  l'analogue  de  la 
oomée  transparente  f  Quoi  qu'il  en  soit ,  ce  cryslalKn  est 
composé  découches  concentriques 9  encore'  bien  plus  dis- 
tinctes que  dans  les*  animaux  supérieurs. 

le  ne  suis  pas  certain  qu'il  y  ait  d'humeur  aquense  ;  mais 
cela  est  fort  probable. 

J*ai  déjà  annoncé  plus  haut  que  cet  cèil  est  contenu  dans 

une  cavité  beaucoup  phis  grande  que  lui'.  Celte  orbite  est 

formée  en  partie  par  une  avance  du  cartilage  qui  protège  le 

cerveau ,  et  qui  sert  de  point  d'appui  aux  appendices  buccaux^ 

et  en  partie  par  une  membrane  flbreuse  (|ul  la  taptdSe  d^At 

toute  son  étendue ,  en  «eréfléchissaot  sur  h'  massé  posté- 
rieurel  .-..-..  .  ....  ■.  ..  , 

Quoique  nous  ayons  déjà  (kit  observer  que  Teetl  des  sèéhês 
paratt  être  fort  peu  mobile  9  cependant  on  remarque  deux 
petits  muscles  9  l'un  antérieur 9  et  l'autre  inférieur.  ' 

Je  né  pense  pas  qu'on  doive  regarder  comme  une  glande 
lacrymale  la  masse  blanche  considérable  qui  ertTcloppe  fe 
ganglion  optique  9  ou  du  moins  fe  t'en  al  famiais  pu  ioir 
aerfir  de  canal  excréteur.  Elle  est  d'ailleurs  comprise  dans 
la  membrane  'fibreuse  qui  s'est  réfléchie  de  l'orbite  sur  la 
partie  postérieure  de  la  masse  oculaire. 

L'cBÎl  des  sèches  n'a  pas  non  plus  de  paupière»  véritables  ; 
la  peau  9  parvenue  au-devant  de  la  cavité  orbitafre9  s'amincit 
à  peine ,  et  reste  même  colorée  fusqu'à  la  conjonjcttTe  pro- 


DaiM 
aulret  bra- 
ocëphalét. 


ins  les  M. 
Miopbom- 


Jioiquet. 


444  ^K  JIAPPAREIL  DE   Là   VUS 

prement  dite,  qui  est  parfaitement  transparente;  elle  forme 
un  asses  petit  espace  circulaire  produisant  l'effet  d'une  cornée 
transparente;  derrière  cette  partie  du  derme,  il  j  a  une 
membrane  fibreuse  très-fine  qui  attache  la  peau  au  rebord 
orbitaire,  et  qui  tapisse  ensuite  la  carité  elle-nadme  )»»- 
qu'à  son  fond. 

L'œil  du  poulpe  ne  m'a  paru  différer  de  celui  de  la  «ècfae 
que  par  un  peu  moins  de  développement  ;  celui  du  calmar 
est  au  contraire  plus  grand  et  plus  actif.  On  remarque  aussi 
dans  ce  genre  d'animaux  un  petit  trou  à  l'extérieur  de  la 
peau  qui  communique  dans  la  ca? ité  orbitaire.  Est-ce  une 
sorte  de  pore  lacrymal  f  cela  n'est  pas  probable.  Je  ne  Tai 
trouvé  dans  aucun  autre  brachiocépbalé. 

Dans  tous  les  autres  mollusques  céphalopbores ,  l'orgaoe 
de  la  yision  paraît  toujours  exister  ;  mais  il  est  ordiaain- 
ment  si  petit ,  et  même  si  rudimentaire ,  que  ce  n'est  presque 
toujours  qu'une  très  •  petite  surface  circulaire  noire.  Aussi 
parait-il  fort,  douteux  qu'il  soit  d'aucune  utilité  à  ces  ani- 
maux. Mous  allons  donc  en  étudier  plutôt  la  position  que  U 
structure. 

.  Dans  le  gfoupe-des  sypbonobrancbes ,  les  yeux  sont  placés 
à  la  base  externe  des  tentacules ,  quelquefois  sur  un  renfle- 
ment plus  ou  moins  élevé  qui  est  distiiM^t,  ou  qui  fait  partie 
de  eet  organe. 

Dans  toute  la  ùimille  des  murex  «it  des  pourpres,  les  yeux 
sont  au  oôté  externe  du  premier .  quart  des  tentacules  :  ils 
(K)i^  un  peu  plus  sessiies  dans  les  buocins. 

Dans  une  grande  espèce  de  ris,  je  les  ai  trouvés  à  l'extré- 
mité de  petits  pédoncules  triangulaires  ;  mais  d'autres  espèces 
du  même. genre  les  ont  presque  sessiies  à  la  base  exterot 
des  tentacules. 

Les  mélanopsides  les  ont  placés  de  même ,  tandis  que  les 
yeux  dos  cérilhes  sont  comme  dans  les  murex. 

Les  cypràes,  les  marginelles,  les  ont  a  peu  près  disposés 


DANS    l,ES    MALACOïOAIIlES. 


44-, 


da  mCmo  que  les  pourpres  ;  mais  il  pnrail  que  ceux  des  pre- 
■nit'res  sont  plus  complets  que  dans  aucun  des  genres  de  cê- 
phalés,  puisque  Adnnson  dit  qu'il  la  loupe  on  recnnnait  dnris 
cel  œil  une  pupille  ronde  el  blnncbe  autour  de  laquelle  esl 
un  iris  noir  et  d'un  diamètre  six  fois  plus  grand. 

J'ji  disséqué  l'œil  de  l<i  volute  couronne  d'l!:ihiopic  (^•o&dn 
cymbiun.  L.  ) .  parce  qu'il  est  asseï  gros  pour  celu.  J'y  ai  re- 
marqué une  enveloppe  blanche,  probablement  fibreuse,  i 
trarers  laquelle  perce  la  couleur  noire  de  la  choroïde.  J'ai 
égalemenl  vu  l'orilice  de  la  pupille  ouTert  en  arant,  et  un 
énorme  cryslalltn  remplissant  toute  la  cavité,  et  olîrant  une 
Millie  Rutérieure,  un  peu  comnje  dans  les  sèches.  II  m'a 
aussi  semblé  voir  deux  petits  muscles  en  arriére.  La  peau 
a'ainiucit  au-devant  de  l'œil,  et  l'orme  une  cornée  Iranspa- 
Mnte  asseï  convexe.  Il  est  du  reste  tout-à'fait  sessile,  et  en 
■rrit^re  du  tentacule. 

Les  cCnes  ont  les  yeux  assci  près  du  sommet  des  lenta- 
rulcs.  Les  olives  sont  dans  le  même  cas. 

Cfaet  les  plérocèrcs ,  ils  sont  à  l'extréroilé  renflée  d'un 
long  pédoncule  qui  l'ournil  ù  son  côté  interne  le  tentacule 
plus  court  que  lui ,  tandis  que  dans  les  strombes  les  yeux 
sont  au  c6lé  externe  de  la  hase  ,  comme  dans  les  murex. 

Les  mollusques  céphalés  a sypfao branches  ont  aussi  les 
yeux  quelquefois  sessiles,  elquelquefuib  pédicules. 

Les  toupies  ou  sabols  \ei  oui  le  plus  sauvent  sub-pcdiiudês. 

coslomes  sont  lout-à-fait  sessiles. 

)ëces  de  turbots;  d'autres  l'ois  ils 

nnl  portés  an  cAlé  externe  de  la  base  renflée  du  tentacule. 

c  dans  les  scalaires,  les  paludines,  etc.  ;  enfin  les  cy- 

tostoiues  terrestres ,  et  beaucoup  d'espèce»  de  turbots  les  ont 

i  tub-pédiculés  ou  même  pédicules, 

i-cycloslomes  qui  forment  bi  famille  des  nérites  , 
-offrent  i  peu  près  les  mêmes  dispositions  de  l'œil ,  tantAl  ses- 
sile cl  lantAi  pédoncule.  ,  i^-■^^. 


'  Le»  yeux  de 
FsBOmme  dans  plui 


L 


Hcrmapbro- 
dites. 


Monoïques. 


446  DE  l'afpab*  de  la  vcb  dans  les  m aulgozoaiees. 

Les  janthioes  ont  l«s  yeux  à  la  partie  inféneare  de  la  base 
de  la  bifurcation  externe  des  tentaoolés. 

Dans  la  section  des  mollusques  céphalès  hermaphrodites , 
on  obserre  une  disposition  nouvelle  des  organes  de  la  vision  ; 
ce  n'est  cependant  ni  dans  les  Ijmnacés,  ni  dans  les  auricula- 
cés,  chez  lesquels  les  yeux  tout-à-fait  sessiles  sont  au  côté  io- 
terne  de  rorigine  des  tentacules  ;  mais  c*est  dans  la  noiabreiise 
famille  des  limacinés.  On  trouye  en  effet  dans  tout  ce  groupe 
que  l'œil,  qui  est  souvent  assez  gros  pour  qu'on  y  recon- 
naisse aisément  une  cornée  transparente ,  une  eiiTeloppe 
noire ,  probablement  choroidienne ,  et  même  jusqu'à  nn 
certain  point  une  rétine  et  un  crystallin ,  est  porté  à  l'extré- 
mité d'un  long  pédoncule  tout-à-fait  semblable  aux  yéritables 
tentacules,  et  qui  est  par  le  même  mécanisme,  que  nous 
étudierons  plus  tard,  entièrement  rétractile  à  l'intérieur. 
Swammerdam  dit  môme  ayoir  observé  dans  l'œil  du  limaçon 
un  iris  et  une  pupille. 

Toutes  les  autres  familles  de  cette  section  ont  les  yeui 
absolument  sessiles,  et  même  sans  rapport  avec  les  tenta- 
cules :  cela  est  du  moins  certain  pour  les  mouopleurobran- 
ches;  les  chismobranches  les  ool  toujours  à  la  base  externe 
des  tentacules.  On  les  connaît  moins  bien  dans  les  autres 
ordres  ;  mais  cela  tient  peut-être  au  défaut  d'observations. 

La   section   des  mollusques  céphalès  monoïques  n'offre 
rien  de  nouveau  sous  le  rapport  des  organes  de  la  Tision; 
ils  sont  très-souvent  au  côté  externe  de  la  racine  des  ten- 
tacules ,  comme  dans  toutes  les  patelles  symétriques  ou  nou 
symétriques  de  Gmelin ,  et  par  conséquent  dans  les  geure^ 
patelle,  fissurellc,  émarginule,  parmaphore,  cabochon ^  hip^ 
ponice  des  zoologistes  modernes.  Dans  les  baliotides,  ils  $oa^ 
portés  à  rextrémitc  d'un  pédoncule  assez  long  et  tétraèdre. 

Aucun  autre  mollusque  n'a  la  moindre  trace  d'organe  dé^ 
la  vision ,  qui  cesse  ainsi  d'exister  après  la  première  classe  d^ 
ce  type. 


DE   l'aPPAKBIL   de   l'oUÎE  EN    cildlRAL.        44? 


»»»^^»»»»W»»^»WI<»M<l<>W^<^»^M<»%W»W^»<W^^W»WW»¥<M%»^MMW^»<M>l<»WM<»^><WWMM»<^ 


CHAPITRE  ¥L 


De  l'organe  et  de  V appareil  de  l'aûe. 


Li  dernier  appareil  spécial  de  sensadon  doot  dous  ayons  comidéraiî 
à  parler  est  celui  de  l'audition  :  placé  anatomiquement  à  la 
suite  de  Torgane  de  la  yision  >  il  nous  semble  que  sa  descrip- 
tion doit  suivre  celle  de  celui-ci,  parce  qa'il  est  eocort 
moins  général  dans  la  série  des  animaux  >  et  qu'en  outre  il  se 
trouTe  nécessairement  lié  a? ec  une  fonction  subordonnée  à 
la  respiration  y  mais  beaucoup  plus  éleyée,  beaucoup  plus 
animale  9  celle  de  la  yoix  et  de  la  parole  qui  établit  les  rap- 
ports génitaux  et  sociaux. 

Nous  définissons  l'organe  ^e  l'audition  un  appareil. plus     Mfinitio 
ou  moins  compliqué ,  par  lequel  un  animal  aperçoit  les  corps 
extérieurs  au  moyen   de   leurs  Tibrations   immédiates  on 
transmises  par  le  fluide  dans  lequel  il  est  plongé.  L'effet  4^ 
ces  TÎbrations  sur  l'organe  de  l'ouie  se  nomme  bruii  et  son. 

Considéré  comme  nous  Tenons  de  le  faire,  c'est-à-dire  lapoHaw 
comme  borné  à  une  partie  déterminée  du  corps  ;  car  on 
conçoit  que  toutes,  et  surtout  les  parties  molles,  puissent 
éprouver  jusqu'à  un  certain  point  les  mouTemens  du  fluide 
dans  lequel  vit  l'animal  :  il  est  extrêmement  probable  qu'il 
est  encore  moins  important  que  le  précédent ,  puisqu'il  derient 
plus  élevé,  moins  organique,  et  qu'il  n'a  dû  téritablement 
exister  que  dans  les  espèces  chez  lesquelles  les  sexes  sont  se» 
parés,  et  où  les  individus  peuvent  se  réunir  en  société. 
Aussi  cesse-t-il  beaucoup  plus  tôt  dans  la  série  animale ,  et 
n'existe- t-il  presque  que  dans  les  ostéoioaires,  dans  une  pe- 
tite partie  des  entomosoaires,  et  dans  nn  bien  moins  grand 
nombre  de  malacozoalres. 


443  i>B  l'appareil  de  l'ouîk 

ftages.  Ses  usages  sool  évideinmeDt,  comme  pour  tous  les  autres 

organes  des  sens,  de  faire  aperceroîr  à  ranimai  qui  en 
est  pourvu  «  par  un  mou?ement  qui  se  produit  en  lui,  l'exis- 
tence des  corps  extérieurs.  Il  peut  aussi  servir  à  juger,  jusqu'à 
un  certain  point,  la  distance  de  ces  corps  par  la  force  du 
bruit  y  leur  mourement  par  l'augmentation  ou  la  diminution 
graduelles  de  ce  bruit,  leur  direction  par  sa  marche  y  et  enfin 
'  un  peu  leur  nature  par  la  qualité  du  son  >  ou  ce  qu*on  nomme 
timbre.  Enfin  il  est  évident  que  les  animaux  peuvent  aussi  ju- 
ger les  relations  d'amitié  ou  d'inimitié  des  autres  animaux  avec 
eux-mêmes  par  la  voix  et  la  parole  qui  en  sont  dépendantes. 

Maco.  La  place  de  cet  appareil  est  toujours  plus  reculée  que  eeRe 

de  l'olfaction  et  delà  vision;  elle  me  semble  être  constam- 
ment entre  la  troisième  et  la  quatrième  articulation  du 
corps ,  du  moins  dans  les  ostéozoaires. 

Siège.  Le  siège  de  cette  sensation  est,  de  l'aveu  de  tous  les  ana- 

tomistes,  l'oreille  proprement  dite ,  ou  mieux  les  filets  du 
nerf  auditif  plongés  dans  les  humeurs  du  bulbe  acoustique  oo 
de  lu  modification  d'un  phanère  auquel  on  peut  comparer 
le  vestiluile,  situé  entre  la  quatrième  vertèbre  cépbalique  ou 
occipitale ,  et  la  troisième  ou  sphénoîdale  postérieure. 

d'action.  Le  mode  d'action  de  cet  appareil  des  sens  a  évidemment 
les  plus  grands  rapports  avec  ce  qui  a  lieu  dans  la  vision  ;  il 
est  mécanique ,  et  la  sensation  est  une  image  ou  une  repré- 
sentation, dans  une  partie  de  l'animal,  d'un  mourement 
qui  se  fait  hors  de  lui. 

ie^  de        Mais  pour  mieux  concevoir  ce  mode  d'action ,  sa  nature 

Joaiiie«t  et  le  perfectionnement  dont  l'appareil   est  susceptible ,  il 

irccia       Qous  faut  jctcr  un  coup  d'œil  sur  la  théorie  acoustique. 

]  son.  Le  bruit  et  le  son,  car  celui-ci  n'est  qu'une  simple  modi- 

fication de  celui-là,  ne  sont  qu'une  suite  de  mouvemens  ex- 
trêmement prompts  et  rapides  produits  par  un  choc  dans 
les  particules  insensibles  des  corps  élastiques,  en  tant  qu'ils 
sont  aperçus  par  l'animal. 


EN   GÉNÉRAL.  449 

Le  bruit  est  oe  mouvement  Irrégulîer  et  confus  dans  plu- 
sieurs corps. 

Le  son ,  un  mouvement  réfrulierot  distinct  cl*un  seul  corps. 
Les  propriétés  principales  du  son  ont  des  rapports  é vi- 
deos avec  celles  de  la. lumière ,  surtout  dan»  le  sj^tème  dé 
Fondulation. 

1*  Il  se  dirige  dans  tous  les  sens  en  s*irradîant  du  corps 
sonore  et  en  ligne  droite. 

a*  Il  peut  être  réfléchi  à  la  surface  des  corps  vsuivant  la 
loi  constante  Je  l*uugle  de  réflexion  égal  à  celui  d*încîdence; 
de  sorte  qge  «on  intensiié  sera  augmentée  si  tous  les  rayons 
émanés  d*un  corps  convergent  de: manière  à  tomber  bar  iln 
seul  point. 

3*  Toys  les  corps  solides  sont,  plus  ou  moins- sonores; 
mais  il  par^iit  qu*à  densité  égale  ils  le  sont  d'autant  plus  qu'ils 
sont  plus,  élastiques. 

4*  Plus  le*  milieu  dans  lequel  le  corps  sonore  est  mis  oa 
Tibration  i|  de,den»ité«  l'élasticité  étant  la  ai^me»  et  plus  le 
son  s'entend  loin  :  sa  force  augmente  suivant  le  carré  de  nette 
densité. 

5*  La  force  et  la  faiblesse  du  son  dépendent  4'^  qv*il  Pa- 
rait dç  refendue  des  vibrations  du  corps  sopore^a  ^ndue  .qui 
est  elle-jcnème  eo  rapport  avec  la  force  d'iuipr«^ssion  ou  d'im- 
pulsion. .       1  . 

6*  Le  ton  d*un.son,  ou  spo  degré  d'élévalioi^  ou^'abais- 
sèment  esi  dans  un  rapport  déteriuiné  av)L*c  le  nombre  des 
Tibrations  du  corps  sor^pre  4nis  un  espace. 4e-  temps  déter- 
miné :  c'est  sur  cette  loi  qu'eat. basée  la  théorie  dfs. la  mu- 
sique. D'^rès  l^s  calculs  con^rmés  par  l'observatioin^  on  sait 
que  le  ton  est  en  raison  inverse  d^  la  longueur  du  corps  so- 
nore 9  et  en  raison  directe  de  sa  tension. 

7"  Tout  copps  sonore  tend  à  «e  mettre  à  l'uniâisoo ,  ou 
mieux  vibre  à  l'unisson  d'un  autre  corps  que  l'on  fait  vibrer 
dans  le  mêo^e  milieu  où  il  se  trouve* 


45o  DE  l'ap]»areil  de  l'ouïe 

8"*  Quant  au  .timbre  ou  à  la  qualité  do  son»  \\  dépend  de 
la  nature  m(^me  du  corps*  et  n'est  pas  susceptible  d*être  ex- 
pliqué. 

D*après  cela ,  il  e^t  abé  de  yoir  que  l'orgime  de  l*oii!e  sera 
d*autant  plus  parfait  qu'il  sera  plus  sensible  aux  sonns  les  plus 
faibles,  qu'il  pourra  apercevoir  et  par  conséquent  juger  b 
diffère ude  de  toute  espèce  de  tons ,  ou  les  to.os  et  leurs  lo- 
tervallcs;  en6n  qu*il  pourra  ramasser  le  plus  grand  nombre 
dt  rayons  sonores  émanés  d'un  cbrpspour  les  faire  cooferger 
yers  Forgane. 

wAinsi  la.proportion  du  nerf  auditif ,  sa  molfosse)  la  qoaù- 
tilé  et  l^lasticité  de  Thumeur  aooiistique  daps  Inqoette  il  s%* 
panouîra,  l'existence  dans  son  intérieur  d'une  sorte'  delaoMf 
spirale  dont  chaque  fibre  décroîtrait  insensiblement  de  loa- 
gneur  9  -  él  par  bonséquent  de  tension  »  de  la  base  au- sommet, 
la  facilité  de  communication  a?ec  le  fluide  exlérfeur  en'  fi* 
bration,  et  la  faculté  de  conserver  autour  èélN^rganesoe 
plus  bu  moins  grande  quantité  dé  cet  air  exlèriéuf';^  celle  d^ 
oiéttre  l'organe  à  l'unisson  des  vibrations  de  celoi-d,  et  pâ^ 
conséquent  d'empêcher  qu'il  ne  soit  lésé  par  un  choc  thf 
brusque  ;  celle  de  'reoùeillir  une  qiiantité  plus  é6h'sJ!dél':d)le  de 
rayons  sonore»  émanés  d'un  corps,  et  de  les  diriger  vers 
l'organe,  seront-deséfémehs  soccessits  de  pérfe^îobnenient 
dans  l'appareil  de  Toule.  > 

la  division       D^spfé^  tetft,'  jc  divisc  cet' appareil- en  qbatk^  parties  ^i 
Munies"  ^    s'ajontcnt  successivement  à  ntésore«qn'il  se  perfecilddne; 

1*  Partie  esjtentielle  ou  fotfdsm^ntale;' 

9*  Partiede  perfectionnenfrent'adoastltiue; 

5*  Partie  accessoire  d'unissèH^^et  dé  reiifoipêemétiti 

4*  Partie  accessoire  de  recueîMtîtnent. 

SlSi^li?  b        Jetons  d'abord  un  eoup:  d'oeil  générât  sur  la  dis|>osltion  de 

Qèt^«7udiHf  ^^  différentes  parties  qui  peuvent  toutes'  réeHemènt  exister 

^XVqa"  ^'^  <<>î^;  Il  nous  suffira  ensiiite  d'en  ^etranoher  qnelquHine  â 

H»fneo(-    mesure  que  nous  descendrons  l'éèbelle  abimarle  pekir*  coth 


EN    r.BNÊBAL.  ^5l 

nulire  Iva  diETèrences  que  les  animiHjx  prûiiuntïnt  sous  ce 
rapport,  et  uous  uurons  ainsi >  d'une  inaaitre  indirecte,  fgif 
l'bisidire  de  ta  mnrutit;  île  son  perfeclionnemenl. 

La  partie  eâieatietle  eel  ce|le  -i  luquelle  on  donne  It  nom 
de  vcstiùtUe i  (le  grandeur  cl  de  fîgurti  exlrËmeiutint  varia- 
bles i  elle  roraïc  une  sorte  de  iac  analogue  il  te  que  nousavom 
nommé  le  bulbe  d'un  phaiiëre-  On  y  trouve  en  efTet  une  pre- 
miûre  etiveloppc  fîLireuseï  cnrtilagineuse  ou  uiËitic  os^euiCi 
(  d'où  la  diilinctiun  du  vestibule  oat^eus  et  du  vestibule  inem- 
braiwux),  percée  ii  sti  deux  exlrêmilés;  par  l'orifice  in- 
terne ,  .vriveni  les  uerfs  et  les  vaisseaux;  par  l'eitcrne,  s'élaT 
blil  la  relation  avec  le  monde  extérieur;  c'est  A  cet  orilïee 
fermé  par  unv  membrane,  que  l'on  donne  ordinairement  I4 
DOn  dejenâre  ovale ,  uu  mieux  d'orifice  ve^tihulaire,  A  l'in- 
térieur de  cette  première  mciobrane  se  trouve  la  si^coode 
qui  est  vatculaire,  cl  qui  la  tapisse  d'une  manière  plus  ou 
moins  serrée;, enfin  la  iroiMème  est  nerveuse;  elle  provient 
du  aerf  acoustique.  Mais  celte  partie  serveuse  ne  doubler  pas 
(ouiuvrs  exactement  la  membrane  vaKulairc,  e)lc  forme 
souvcoi  une  sorte  du  doiaon  Iransverse,  ou  qnelques  produC' 
lions  qui  flottenl  dam  l'inlérieur  des  humeurs  du,  bulbe. 
L'humeur  priniipalu  de  la  partie;  «;9Seniielle  de  l'rirgane  de 
I*miîe  ne  peut  véritablemuut  mjeux  fitre  comparée  qu'à 
l'humeur  vitrée  de  l'oeil.  Beaucoup  moins  eousidcrable  que 
la  cavité  qui  |a  renferme,  elle  est  enveloppée  d'une  mrm- 
brane  propre,  puisqu'elle  conserve  une  Qgure  dèleriniuie,  et 
qu'elle  focme  un  tout  suspendu  par  des  fibrille»  nerveuses 
dans  li^s  autres  enveloppes.  C'est  dacis  cette  humeur ,  ou  à  sa 
wrface,  que  l'on  remarque  dei  pfirties  plus  ou  moins  créta- 
cées et  quelquefois  même  osseuses  qui  s'y  sonl  déposées. 
Mais  outre  rctie  bumeur,  il  en  existe  ime  autre  qui  remplit 
l'espace  plus  01»  moins  considérable  laissé  entre  la  meni- 
braoe  vasculalre  et  la  membrane  solide  ;  elle  est  aqueuse  et 
véritablement  lymphatique  ;  c'est  ce  qu'on  nomme  la  lymphe 
29- 


452  b£  l'appareil  de  l'ouii 

de  Cotunni,  de  raiiatomiMe  qui  Ta  obserrée  le  premier* 
PluâieuK  personnes  doutent  de  son  existence ,  comme  nous 
le  Terrons  plus  loin. 

La  partie  de  perfectionnement  acoustique  porte  arec  la 
,  précédente  le  nom  général  de  labyrinihe  ;   ce  n'est  réel- 
lement qu'un  direrticuluro  ou  qu'une  extension  de  la  partie 
essentielle  ;  aussi  est-elle  à  peu  près  composée  de  même. 

On  y  distingue  deux  parties  ;  l'une  appelée  canaux  semi- 
circubdres,  et  l'antre  limaçon  à  cause  de  leur  forme* 

Les  canaux  semi-circulaires  f  ainsi  nommés  parce  qu'ils 
représentent  ordinairement  des  demi-anneaux  y  sont  toujours 
situés  au  côté  postérieur  et  supérieur  de  la  partie  fondamen- 
tale ou  du  Testibule  ;  ils  sont  constamment  au  nombre  de 
trois,  disposés  de  manière  que  deux  sont  Terticaux,  Tiin 
antérieur  et  lliutre  postérieur ,  et  un  horizontal  ou  ex- 
terne ;  ils  sont  composés,  comme  le  Testibule,  d'une  mem- 
brane externe,  fibreuse,  cartilagineuse  ou  osseuse,  qui, 
doublée  par  la  Tasculaire  et  la  ndrTCuse,  contient  dao9 
son  intérieur  le  même  fluide  que  le  Testibule;  aussi  dis- 
tiogue-t-on  des  canaux  semi-circulaires,  osseux  et  membra- 
tieux.  Leur  forme  est  ordinairement  cylindrique;  mais  ik 
sont  plus  ou  moins  renflés  à  leur  origine ,  ce  qui  a  (ait 
donner  A  cette  partie  le  nom  à*ampoulc.  Tous  se  dirigent 
par  chacune  de  leurs  extrémités  dans  le  Testibule,  oe  qui 
«Icvrait  faire  six  ouTertures  si  quelques-uns  de  ces  canaux 
tie  réunissaient  pas  l'une  de  ces  extrémités,  ce  qui  réduit 
en  général  le  nombre  des  orifices  à  cinq,  ou  même  au- 
dessous. 

L'autre  partie  de  perfectionnement  acoustique  est  ce  qu'on 
nomme  le  limaçon,  parce  que  le  canal  conique  qui  la  forme 
dans  la  première  classe  des  ostéozoaires ,  s'enroule  plus  ou 
moins  en  spirale  comme  une  coquille  de  limaçon.  Placée  fn 
nvant  et  en  dedans  de  la  partie  centrale  ou  du  Testibule,  sa 
nniposition  est  encore  à  peu  près  la  même*  Nous  Terro  n^ 


EN    GÉNÉRAL.  .(53 

cepentlani  qne  souvent  sa  cavilù  est  partagée  en  deut  par 
une  clnisoii  dûciirrenltr,  presque  du  sninniul  jusqu'à  ta  base  , 
ce  qui  lui  forme  alors  deux  ouvertures,  l'une  dans  le  vesli- 
Lule  lui-mt-ine,  et  l'autre  i  l'eilûrieur;  v.t  alors  le  labyrinthe 
a  au'tsi  deux  orifices  extérieurs;  l'un  qui  lui  est  propre  ou 
l'orifire  vcstibutaiiv ,  et  l'uutre  qui  appartient  au  liniapun  ou 
Vortfice  cochiéaire. 

L'easemblc  des  trois  parties  du  laliyrinthe  ou  l'oreille  in- 
terne,  forme  ce  qu'on  nomme  le  roc/icrduns  l'homme  et  les 
animaux  miiiumifi:reit  ;  os  aio^i  nommé  ù  cause  de  sa  grande 
(lurvlé.  de  »a  densité;  il  n'npparlieut  rcellcuicnl  pas  au 
squelette  proprement  dil(  mnis  ue  n'est  <iue  l'encroûlrmenl 
de  la  me  m  brune  libreuse  du  bulbe  lui-même,  comme  nous 
avons  TU  <iue  cel.i  pouvait  avoir  lieu  pour  lu  sclérotique, 
quelquefois  entièremeot  (arlilugineuse  et  uiènie  en  partie 
osHuse. 

La  lroi;ii)m«  partie  de  l'organe  de  l'otnu  devient  beaucoup 
plus  accessoire,  et  par  conséquent  moins  importanio  ;  is'e^l 
ce  que  l'on  appelle  ordinairement  VoreiUe  moyenne  qui 
u'i-xiste  récllcuicnt,  comme  nous  le  verrons  plus  tard,  que 
dans  les  animaux  supérieurs;  c'est  la  partie* d'unisson  et  de 
renforcement.  Toujours  située  au  dehors  de  la  réunion  des 
précédente» ,  elle  est  essentielk-menl  composée  par  plusieurs 
os  empruntés  ù  l'appareil  de  la  locomotion  ,  et  mudiGés  pour 
un  usage  nouveau  ou  une  fonction  subordonnée.  La  cavité 
qu'elle  forme  est  iiummée  ta  caisse  du  Ijrmpon  ;  c'est  réelle- 
ment une  'ortc  de  bourse  ou  de  rcnlleuiunl  de  la  uii'nibrnne 
muqueuse  de  l'arriére -bouche  appliquée  au  côté  riilernc  tir 
l'oreille  interne,  et  se  pla^'ant  entre  «Ue  et  l'exlrme,  ou 
inCine  mieux  uncure  une  sorte  de  fente  ou  do  cunal  lendaut  ù 
faite  cotiimuoiquer  l'anière-gorge  avRcrextérieui-  snr  les  cui- 
tes de  lit  tête.  Celti  bourse  ou  renflement  est  souvent  presque 
entièrement  eutoiitèe  par  des  os  de  l'appendice  de  Iii  vertèbre 
sphénoiilate ,  dont  le  prcii>ier,  \>\\n  ou  moins  bulbeux  ou 


454  ^s  l'appâbbjl  DE  l'ouïe 

renflé ,  fait  lo  plus  grande  partie  d'une  sorte  de  caisse,  et  les 
attirés  la  bordent  ou  ta  iraTersent. 

Cette  caisse  du  tympan ,  soutenue  et  enveloppée  par  Tos 
de  ce  nom ,  offre  eti  dedans  la  saillie  de  la  partie  easendeile, 
et  par  conséquent  ses  (Hriûcés  de  communication  extérieure  ; 
mais  ces  orifices  sont  bouchés  par  une  membrane. 

Dans  plusieurs  points  différens  de  cette  caisse  on  peot 
trouver  des  enfoncemens  dans  les  os  du  crâne;  c'est  alors  ce 
qu'on  nomme  cellules,  qui  prennent  le  nom  des  os  dans  les- 
quels elles  sont  creusées. 

En  avant  et  en  dedans,  la  continuation  de  la  poche  mem- 
braneuse arec  la  gorge  porte  ,1e  nom  de  trompe  gutturale, 
à  cause  de  sa  forme  dâhs  l'homme  et  la  plupart  des  mam- 
mifères «  ou  de  trompa  d'Eustache ,  du  nom  de  t'anato- 
mfste  auquel  on  en  attribue  la  découverte  :  cette  partie 
est  souvent  soutenue  par  une  sorte  de  cartilage  tubiformei 
et  se  troùfe  comprise  dans  l'écartement  d\jn  oa  que  nous 
connaîtrons  sous  les  noms  de  sphénoïde  y  et  du  rocher  loi- 
même. 

Enfin  en  dehors ,  la  poche  reçoit  le  contact  de  l'air  exté- 
rieur dans*  toute* l'étendue  d'un  orifice  qui  existe  dans  l'os  do 
tympan ,  et  que  borde  le  cercle  de  ce  nom  de  manière  à  œ 
qu'elle  simule  une  membrane  de  tambour;  d'où  lui  vient  le 
nom  qu'on  lui  donne  de  membrane  du  tympan.  Cette  mem- 
brane est  donc  nécessairement  composée  au  moins  de  deoz 
peaux  appliquées  l'une  contre  l'autre  ;  l'une  interne  on  mu- 
queuse »  l'autre  externe  ou  dermofde. 

Pour  terminer  l'examen  de  tout  ce  qui  peut  se  trouver  dans 
la  caisse  du  tynlpan,  il  nous  reste  à  parler  de  la  chaîne  d'osse- 
lets ou  de  très-petits  os  étendus  entre  l'orifice  vestibulaîre  et  il 
membrane  du  tympan.  L'idée  générale  qu'il  faut  s'en  faire  y 
e'est  que  les  pièces  qui  la  composent  forment  des  angles  qui 
peuvent  être  augmentés  ou  diminués  par  une  disposition  de 
ligamens  élastiques  et  de  muscles^  d'où  doit  résulter  Taug- 


El*    GisÉBAI,.  /t55 

tnentnlion  od  la  diniiiiutian  de  la  li;D»ioi)  des  deux  tnvm- 
bruiics  allachées  anx  deux  es  I  ré  mi  lu  s. 

Enfin  la  quatrième  partie  de  l'nppareil  de  l'ouïe  est  encore 
moins  imporlunle  ,  et  ne  srri  plus  guère  qu'A  recueillir  le$ 
«ons  et  i^  tes  diriger  vers  In  membrane  du  tympan;  c'est  \'o- 
reilie  externe,  que  cimpose  un  Gbro-carlilage  mince,  élas- 
tique, recouvert  d'une  peau  également  inînce  et  sèche,  Dans 
son  ulal  de  perfection,  il  forme  un  cornet  plus  ou  moin» 
large,  ^^yt\K pnijiUon de l' oreille ei coivjur  auditivi',  porté  Biir 
une  espèce  de  pédicule  creus  nommêeoruiuit  auditif  externe. 
Ce  cornet  est  susceptible  d'£tre  dirigé  dans  un  grand  nombre 
de  sens  par  un  appareil  de  muscles  plus  ou  moins  fort!,  plus 
ou  moins  nombreux ,  que  l'ort  peut  partager  en  trois  catégo- 
ries ,  les  antérieurs ,  les  supérieurs  et  les  postérieurs ,  suivant 
leur  position  et  les  mmiTemens  qu'ils  produisent. 

AranI  de  passer  A  l'étitde  des  différences  que  l'appareil  de    > 
l'audition  offre  dans  les  différent  groupes  d'nnimaux  ,  analy- 
sons rapidement  cumment  il  nait,  s'uci;i'ojt,  se  perfectionne 
dans  ta  série  animnie. 

Lesanimniiidesdcux  derniers  types,  c'est-A-dire  lesamor- 

pliocoaires  et  les  aettnoioaîres  n'ont  uucun  indice  d'organe 

spécial  de  l'audition  :  il  est  encore  confondu  avec  le  tissu 

animal.  La  très-grande  partie  du  type  des  mnlacosuatres  est 

danl  le  mGme  cas  ,  sans  aucune  espèce  de  doute  :  â  peine  en 

«perçoit-on  un  rudiment  composé  de  la  partie  essentielle 

tulemeni  dans  la  famille  la  plus  élevée  de  la  classe  des  iiin- 

I  facoioaires  céjihainphores,   c'esl-A-dire  dans  les  brHchiocê- 

traies  ou  sècbes.  La  faculté  d'apercevoir  les  sons  devient 

l  ^aucoup  plus  évidente,  beaucoup  plus  commune  dans  le 

lij^e  des  entomozoaires  :  toute-i  les  classes  inférieures,  les 

mdes ,  chétopodcs  ,  in^iriajiodes ,  tètrndécapodes  n'en  jouiS' 

fiât  cependant  [>as  encore  ;  mais  les  décapodes .  les  orto- 

ides  et  les  husapudes  entendent  pour  la  plupart  fort  bien. 

Isusverronsdepindant  que  le  siège  de  cette  facullé,  l'orgtni- 


456  DE  l'appareil  de  L*0CΣ 

de  Taudition  réduit  encore  à  sa  partie  essentielle ,  nVil  pas 
toujours  bien  connu  chez  eux.  Il  n*y  a  plus  de  doute  ni  pour 
la  facuhé  9  ni  pour  Torgaoe  dans  tout  le  type  des  os téoaoaircs  ; 
mais  dan!«  la  classe  la  |t|us  inférieure ,  ou  dnus  les  poissons, 
l*appareil  sans  communication  îaimédiale  ayec  le  fluide  am- 
biant couinieoce  par  être  presque  également  réduit  à  la  partie 
essentiiflle.  On  voit  en  effet  quelques  espèces  de  poissons,  les 
lamproies ,  qui  n*ont  qu'un  yestibute  sans  canaux  se mî-circo- 
'  laires  ni  limaçon.  Les  autres  ne  manquent  que  de  oeloi-ci; 
mais  les  cabaux  et  le  vehtibule  lui-même  sont  libres  et  a 
peine  séparée  de  la  cavité  cérébrale.  L'oreille  moyenne 
n'existe  pas  plus  que  Toreille  externe,  et  les  parties  qui  en- 
treront daus  la  composition  fie  celle-U  ^  sont  encore  em- 
ployées à  un  tout  autre  usage.  L'appareil  se  perfectionne 
peu  û  peu  dans  les  ampbibieos  9  et  quoique  Ton  n'aperçdn 
pas  encore  de  caisse  véritable  dans  les  dernières  espèces , 
et  que  chez  elles  l'ouverture  pharyngienne  soit  encore  percée 
d'outre  en  outre  comme  dans  les  poissons»  et  pour  le  même 
U!>age,  la  respiration,  on  voit  let»  pièces  qui  formeront  les 
osselets  de  Taule  diminuer  en  développement  et  prendre  un 
peu  de  In  disposition  qu'elles  auront  plus  tard.  Cela  devient 
plus  évident  chez  les  batraciens  véritables,  qui  commencent 
à  montrer  une  caisse  du  tympan  et  une  trompe  gutturale 
du  moins  dans  Tétat  adulte.  Dans  la  classe  des  reptiles,  non- 
seulement  les  deux  premières  parties  du  labyrinthe  acquiè- 
rent Li  f<irme  qu'elles  garderont  par  la  suite ,  mais  on  voit 
un  rudiment  plus  évident  du  limaçon,  et  le  tout  est  caché 
entre  les  os  du  crune.  Quoique  la  caisse  soit  souvent  fort 
étroite  9  et  qu'elle  n  ait  pas  toujours  unç  communication  ap|- 
parente  à  l'extérieur,  elle  n'existe  pas  moins  avec  l'ouver- 
ture gutturale  et  de  véritables  ^^ssejets.  Les  oiseaux  offrent 
un  labyrinthe  à  peu  près  composé  comme  dans  les  reptiles 
le»  plus  élevé:»;  mais  il  est  entièrement  renfermé  dans  une 
cellulusité  provenante  des  os.enviroonans.  Le  limaçon  est  en- 


EN    GÉNÉRAL.  4^7 

core  rudimentaire.  La  caisse  est  complète ,  grande  ;  il  y  a 
des  s^iniis  considérables ,  et  une  trompe  gutturale  très-étroite  ; 
la  rhaine  d*osselets  est  encore  plus  appropriée  au  perfection- 
Dément  de  Tappareil  de  Touîe;  la  membrane  du  tjrmpaneft 
au  fond  d*un  canal  auditif  externe  9  et  il  y  a  souvent  un  ru* 
diment  de  conqne  dans  la  disposition  des  téguuiens.  L'appareil 
de  Taudition  arrive  presque  subitement  à  son  summum  dans 
les  mammifères  «  où  il  se  compose  de  toutes  les  parties  que 
nous  avons  énumérées  plus  baut.  Le  limaçon  est  complet  ^  il 
contient  une  lame  spirale  décurrente.  Le  labyrinlbe  dont  il 
fait  partie  est  entièrement  confondu  ayec  un  dépôt  calcaire  so- 
lide ,  compacte ,  qui  Tcn  veloppe  ;  il  a  deux  oriûces  extérieurs  > 
tandis  qu'il  n'y  en  avait  eu  qu'un  iusque-là.  Toutes  les  pièces 
osseuses  empruntées  à  l'appareil  de  la  locomotion  ont  éprouvé 
les  modiGcaiions  convenables  pour  le  nouvel  emploi  auquel 
elles  sont  appelées  9  et  n'ont  plus  d'a«itre  U!«age.  Kufio  l'oreille 
«xteme  arrive  également  à  tout  son  développement  el  devient 
un  cornet  acoustique. 

Dcacendons  maintenant  dans  quelques  détails. 

Abticlb  I.  De  l'organe  et  de  Vi^^pareil  de  Vouie  dans  les 

ostéazoaires. 

Dans  le  type  des  animaux  vertébrés  ou  des  ostéoxoatres  cet  Contiiiéntï^ 
appanil  finit  9  il  est  vrai ,  par  se  simplifier  beaucoup  9  et  même  Kénénin 
par  Otre  réduit  à  la  partie  essentielle,  sans  communication 
directe  avec  le  fluide  extérieur ,  comme  il  paratt  que  cela  a 
toujours  lieu  dans  les  animaux  Invertébrée  pourvus  de  l'or- 
gane de  l'ouïe;  mais  cela  ne  se  voit  que  dans  un  petit 
nombre  des  espèces  les  plus  inférieures;  du  reste  dans  chaque 
groupe  ou  classe,  la  dégradation  s'en  fait  d*une  manière 
assex  tranchée. 


456  DE  l'apparbil  de  l'ovîe 

A.  Dems  les  mammifènes, 
isidérations       Dans  Cette  classe  d*animaux  on  observe  toutes  les  parties 

dittërcDces  *• 

«raies  dans  Je  Tappareil  de  l'ouïe  que  nous  Tenons  d^analjser  plus  haut, 
parvenues  à  leur  plus  grand  degré  de  déTeloppemeot  ;  il 
D*j  a  peut-être  que  la  conque  auditive  qui  semble  dispa- 
raître dans  un  petit  nombre  d'espèces. 

a.  Delaparde  esscntiette, 

* 

r  Testibuie.  Là  partie  essentielle,  ou  le  vestibule,  de  forme  ^constamment 
Irréguli^,  maistrès>variable  pour  la  figure  et  pour  la  gran- 
deur proportionnelle ,  se  trouve  toujours  à  peu  près  au  toi- 
Heu  de  ses  deux  parties  de  perfectionnement  acoustique ,  les 
canaux  semi-circulaires  en  arrière  et  en  dessus ,  le  limaçto 
en  avant  et  en  dessous.  Il  m'a  paru  proportionnelle  ment  plus 
petit  que  dans  les  autres  classes  d'ostéosoaires  :  sa  composilioD 
est  du  reste  la  même.  L'enveloppe  osseuse  est  toujours  beau- 
coup plus  grande  que  les  autres  ,  qui  flottent  par  conséquent 
librement  dans  la  cavité  qu'elle  forme  ;  et  cette  cavité  est 
remplie  d'un  fluide  extrêmement  limpide ,  à  peu  près  comme 
l'humeur  aqueuse.  La  membrane  vasculaire  est  fort  mince , 
et  composée  de  vaisseaux  sanguins  nombreux  et  lâchement 
anastomosés;  enfin  k  TicKérieur  on  remarque  une  matière 
sub-gélatineuse ,  fort  transparente ,  ordinairement  en  forme 
de  sac,  et  dans  laquelle  se  voient  deux  petites  masses  beau- 
coup plus  blanches  ,  asses  mal  terminées,  de  consistance 
amilacée ,  et  dans  lesquelles  plusieurs  filets  du  .système  ner- 
veux semblent  se  résoudre. 

.  b.  De  la  partie  de  perfectionnement  acoustique. 

,es  canaux         Les  canaux  scmi-circulaires  existent  toujours  au  nombre 

ai  •  circtUa;-     •  .      «  , 

iTf.         de  trois  dans  les  mammifères  ;  ils  sont  constaouneot  dispo- 


à 


DA^S    LES   HAHHIFÉIIES.  ^Sg 

téé  i  peu  près  de  maiiiùre  ù  ce  que  leurs  plan5  mlerccpk-nt 
UDe  pjratnidc  Irtiin^ulairp,  dont  le  sommet  tronqué  «eriiît  en 
dehors  ei  la  buse  en  dedans,  un  sorte  qu^il  y  rn  u  nn  liori- 
tonial,  c'est  l'iurérieiir  et  ordinairement  le  plus  petit  nuisi- 
bion  en  longueur  qu'en  grosseur,  et  deux  siibrerUi:aux  .  i'nn 
en  avtinl  et  l'autre  en  urriùre  :  c'est  le  premier  qui  est  le  |>1uïi 
graud.  En  général  il  m'a  paru  que  ces  canaux  sont  d'un  ca- 
libre plus  petit  que  dans  les  autres  ostèoioaires.  Comme  pour 
le  vestibule  l'caveloppe  osseuse  est  beaucoup  {dus  grande 
que  la  vasculairc;  en  sorte  qu'il  reste  entre  elles  un  espace- 
considéi'.-ible,  surtout  pirul-êlre  dans  l'état  de  mort,  et  qui 
est  rempli  de  la  mënie  Ijrmphe  que  te  Testibulc.  La  mcui- 
brouc  TascuUirc  est  le  prolongement  dn  celle  de  celte 
parliez  elle  forme  ce  qu'onnomme  les  cananxmembraneux- 
A  son  intérieur  pénètre  aussi  un  grand  nombrt!  de  fdcls  ner- 
veux, et  sa  ca?ilé  contient  une  humeur  aqueuse.  Je  n'ai  pn 
y  trouver  d<:  prolongement  de  la  substance  [;èliitineuse. 

A  leur  terminaison  ou  origine  dans  le  vestibule,  les  ca- 
naux semi- circulaires  présentent  des  rcnflemens  ou  am- 
poule:^ souvent  manifeste)!,  «t  d'autres  fois  peu  ou  point  per- 
ceptibles. Jamais  cependant  il  n'y  en  oaalnnt  que  d'exirémitèf 
de  canaux;  aussi  n'y  a-t-il  non  plus  jamais  autant  d'orifices. 
Oii  peut  dire  d'une  manière  générale  qu'il»  sont  groupés  deux 
li  deux;  ce  qui  produit  Iruis  groupes;  l'un  poilérieur,  est 
ionné  de  l'oriGce  postérieur  du  canal  Tertical  postérieur  et 
.'iumèmeorirrcedu  canal  horizontal;  l'autre  médian,  se  com- 
pose de  l'oriûce  antérieur  du  canal  vertical  postérieur,  et  du 
postérieur  du  vertical  antérieur;  enlin  le  Iroisiëaie  groupe, 
qui  est  antérieur,  est  formé  de  l'urifice  antérieur  du  canal  ver- 
tical antérieur  et  de  celui  de  Phoriiontal.  D'après  cela  il  eftl 
évident  qu'il  peut  y  avoir  sit  orilices  des  canaux  semi-circu- 
laires dans  le  vestibule  •  mais  qu'il  ne  peut  y  en  avoir  moins 
(le  Itoii.  lie  fuit  est  qu'il  n'y  en  a  [nmaiji  fis  >  parce  que  les 
extrémités  inlerues  des  cauiiux  verticaux  ■<(>  réunissent  coii>- 


46o  DE  l'appareil  de  l'ouïe 

tamment  en  un  seul,  qu*on  nomme  canal  commun.  Quel- 
quefois Icb  deux  orifices  du  groupe  postérieur  sont  si  rappro- 
chés qu'ils  semblent  s'ouvrir  dans  un  seul  slnos ,  alors  il  pa- 
rait n*y  avoir  que  quatre  orifices  ;  et  la  même  chose  pouvant 
avoir  lieu  pour  le  groupe  antérieur,  alors  le  nombre  appa- 
rent des  orifices  est  de  trois, 
limaçon.  La  troisième  partie  du  labyrinthe  est  bien  plus  compliquée 
dans  les  mammifères  que  dans  anf^un  des  animaux  du  tjpe 
des  ostéozoaires»  ches  lesquels  elle  devient  de  plus  en  plm 
rudimentaire.^Ce  n*est  en  effet  que  cheaeux  qu'elle  mérite 
le  nom  de  limaçon.  Nous  avons  vu  plus  haut  que  sa  posi- 
tion est  à  la  partie  antérieure  ou  inférieure  du  vestibule.  Do 
peut  la  considérer  comme  un  canal  conique  analogue  à  un 
canal  semi-circulaire  et  qui  s'enroulerait  sur  lui-même  ea 
spirale  de  manière  à  former  une  sorte  d*hélice  ou  de  co- 
quille de  limaçon  9  comme  on  le  voit  très-bien  dan»  lei 
chauve-souris.  Il  en  résulte  alors  un  axe  ou  une  colo* 
melle  qui  traverse  F*  élire  dans  toute  sa  hauteur ,  en  s*élsr- 
gissanl  à  la  base  9  où  1  Me  se  continue  avec  le  reste  du  laby- 
rinthe «  surtout  avec  le  vestibule  et  une  cavité  spirale  com- 
prise entre  Taxe  et  les  parois  du  canal.  Cet  axe  est  lui-même 
creusé  par  un  enfoncement  infundibuliforme,  quelquefois 
spiral,  par  lequel  pénètre  la  partie  du  nerf  auditif  qui*  se  rend 
dans  la  cloison.  La  cavité  de  la  spire  y  en  effet,  n'est  pas 
unique  dans  les  mammifères;  elle  est  partagée  en  deoi 
parties  ou  rampes  par  une  cloison  décurrente.  Cette  cloison 
qui  ne  comnwnce  qu'à  une  piïlile  distance  du  sommet  9  par 
une  sorte  dé  petit  crochet,  pour  se  temûner  en  mourant 
à  la  base  de  la  columelle,  est  formée  1*  par  une  très- 
courte  saillie  de  la  colomelle  elle-même,  qui  sert  d'attache 
au  reste,  et  qui  est  percée  par  nn  grand  nombre  de  petits 
trous;  a*  par  une  \av!\^  ou  sone  beaucoup  plus  large,  d'on 
blanc  mat,  extrêmement  fragile,  d'une  épaisseur  décrois- 
sante de  la  base  au  sommet ,  et  dont  les  parois  fort  minces 


DANS    LES   HABtHIFÉRES.  /(Si 

ititerceptent  uni;  cavité  parlngée  en  tm  très-granJ  nombr<? 
de  petits  lubus  par  Hcs  cloisons  également  l'ort  minces  j 
c'est  CL'Ite  (lispoHtion  qui  donne  ii  In  lame  déciirrctiie  du 
limtifOD  de»  mammifères  im  nspcct  Gbreiix;  3°  pnr  un« 
Vint  évidemment  plus  membraneuse ,  dans  laquelle  un  n'a- 
perçoit pins  lu  disposition  fibruuse ,  et  qui  uie  semble  presque 
entièrement  formée  par  la  matièru  pnlpo-gt'luiineuse  qui 
remplit  les  tubes  de  la  seconde  partie  ;  4*  p^r  une  t<-ne  plus 
étroite,  qui  n'est  compoïée  que  d'une  membraneexirOmernent 
mince,  transparente;  5°  en  On  pur  udl-  production  gélnti- 
nensc  qui  se  loge  dans  une  demi-excavation  du  contour  du 
canal  spiral  ,  et  qui  termine  la  cloison.  Celte  production 
m*a  «emblè  sillonnée  ii  son  calé  externe  par  un  vaisseau 
sanguin  qui  le  suit  dans  toute  sa  longueur;  et  je  t'ai  Tue  quel- 
quefois comme  Jinemeni  denlicuiée  de  chaque  cAtè  ou  dans 
chaque  rampe, couimes'itjavnit  une  (lenticule  pour  chaque 
Ciel  de  la  lone  blanche.  Q'ioique  je  ne  sois  pas  absolument 
certain  d'avoir  tu  cette  production  peut-être  tubuleuse  se 
continuer  avec  le  vcslibulc  membi'aneui ,  je  suis  fort  porte 
&  penser  que  cela  a  lieu  ,  et  que  cette  continuation  n'eat 
autre  cho$e  que  le  tube  iransrcrse  de  Compurelli. 

Les  deux  rampes  formées  ainsi  iliins  la  curité  du  limaçon 

des  mammifères  par  la  cloison   décurrcnle  communiquent 

entre  elles  ù  leur  sommet,  où  celle-ci  n'existe  pas.  Muis  Jh 

leur  base  il  n'en  est  pus  de  même  :  l'une,  ou  la  supérieure, 

qui  est  un  peu  plus  longue  et  plus  étroite  ,  s'ouvre  largement 

ens'éTasnnt  dans  le  vestibule  i^  c6té  du  groupe  antérieur  des 

orifices  des  canaux  semi-circuliiires,  d'où  lui  vient  le  num 

de  rampe  vesiihulaire ;  tandis  que  l'autre,  qui  uM  plus  ou 

moins  inférieure,  plus  courte  et  plus  large,  tend  à  s'ouvrira 

^.l'extérieur:  aussi  est-elle  fermée  par  une  membrane  :  on  la 

^mborome  la  rampe  tympamtjue ,  parce  qu'elle  s'ouvre  dans  In 

^KpHisse  du  tympan. 

^^      Lu  cavité  du  limaçon  est  remplie ,  comme  le  reste  du  la- 


46a  DE  l'appakeik  bi  L'ouii 

byriothe»  par  une  hametir  aqoetise  qûr^niitêttfe  absorbée' 
arec  une  pande  facilité;  car  oo  ne  la  rcneontne  prasqoè 
jamais  pleine  (i).  Je  regarde  comme  aimlogcMS  des  tiibts' 
membraneux  des  canaux  semi*circalaires  la  sobslnnce'  pelpo»* 
gélatineuse  qui  forme  en  très-grande  partie  la  cloisoo  spirale 
du  limaçon. 

Ce  limaçon  est  dans,  le  cas  des  deux  autres  parties  de  IV 
reille  interne  des  mammifères;  c*est*àHilré  qu^II* varié  beau-: 
coup  pour  son  étendue  propordonaelie ,  sa  '  forme  plus  ob 
moins  elliptique  )  la  direction  de  son:axe^la  bailleur  de  br 
spire»  le  nombre  de  ses  tours,  la  sa  iHie  qu'il  formait  en  de* 
hors  ;  mais  malheureusement  ces  différenoes  ne  sont  eocorr 
qu*empiriques. 
labyrinthe       Les  trois  parties  du  labyrinthe  dans  les  twaminiAres  soaf 

le  rocher. 

trèSHrarement  à  découvert  et  distinctes  »  si  ce  n^esC  dans  If 
jeune  Age  ou  dans  un  très>>p6tit  l^ombre  d^espèces.  Le  piaf 
ordinairement  9  las  anfractuosités  qu'elles  tfsrhieiit  A  leorsiv- 
face  sont  remplies ,  obstruées  par  un  dépdt  'ctfioaltré  plus  Stf 
moins  abondant ,  d*uQ  tissu  serré,  compacte^  (kssant  eoémif 

# 

Tenfeloppe  osseuse  des  canaux  seml-cîrèulai^s^  d*oû  ti^ 
suite  un  seul  os  auquel  on  a  donné  le  nom  de  roeker,  i 
cause  de  sa  dureté  et  des  pointes  dont  il  est  bérisse. 

De  forme  ordinairement  triquêtre ,  cet  .os  est  placé  pour 
ainsi  dire  comme  un  coin  entre  les  tr^^fsième  «t  qnàtrlèiiii 
vertèbres  céphalîques ,  de  manière  à  fàîée'  ufnfe  partie  plus^ 

■ 

!■■■■■■  '     '  ■  ■  .  '■  >        I    ■  — 

(i)  G'iïft  da  tnoînf  l'oploioo  gtéoértlemeot  tdmifle  depuis  leiinvivi 
de  Gotooi  sur  l'^rcilIe  de  l'homme.  J'avôbe  cepeudMit  n'iiVbi^  jêktA 
trouré  daui  l'homme  et  les  mammifère*  que  j'ai  esv^néa  «  qu'âne  êid$ 
d'humidité  aqneu»e  plyf  ou  moini  abondiipte.f  et  Boo.pat  ua  Yéiit^l^ 

liquide  qui  remplirait  H  carité.  Peut-être  cela  tîent-U  à  ce  qu'H  avait 

1.»'     »■•  .-i- 

été  absorbé  depuis  la  mort  des  animaut,  ou  i  ce  que  cette  cavité  est 
réellement  remplie,  dans  ceui  qui  rivent  dans  l'air,  d\iB  fliiidc aéri- 
forme  seulement ,  conrme  la  vessie  natatoire  des  paisaona. 


bANS    LES   MAMHIPËnES.  4^^ 

amini  caniidéralile  de  la  botlp  qui  renTerrae  le  cerveau  ,  pur 
&es  deux  faces  supémure^;  rinférieun-  coiilribue  â  lj  fornia- 
ttoD  àt  la  hiHv  du  crSne ,  tandis  qitc  la  hâte  de  la  pyramiile 
qui  est  eitérieure,  se  soude  et  se  coafond  plus  ou  innins 
a<ico  l'os  du  tympan  et  avec  l'os  fqtainin«ui  pour  former  ce 
qu'un  nomme  orilina  ire  ment  l'oi  temporal. 

La  foniie,  la  proportion  relative,  la  direction  ,  i'iidbérence 
de  celle  rousse  osseuse  avec  les  os  cnvironoans,  le  passagi? 
qu'elle  donna  à  des  vaisseaux,  !>  des  nerf« ,  varient  beaucoup 
ditn»  les  dllTérens  groupes  de  inniiuiiirères.  comme  nous  ni- 
ions le  voir  tout  à  l'heure  d'une  manière  fiémérale  ,  cl  commi- 
nous  le  terrons  aTCC  plus  de  délails  dans  l'élude  du  sque- 
lelle. 

Hdis  revenons  A  terminer  l'examen  du  phanùre  auditif,  en  i 
étudiant  ses  orifices.  Sa  communication  intérieure  ou  utec  le 
sjrslime  nerveux,  se  fait  par  un  orifice  auqueloa  donne  le 
nom.de  canal  auditif  interne ,  parce  qu'il  forme  sruvent  nn 
pelil  canal  assez  profiind.  On  nperpolt  dans  l'excavation  piiis 
DU  moin*  enfoncée  qui  le  constitue ,  deos  OU  troî;t  trous  a^Set 
dislincls,  un  antérieur  et  supérieur,  qui  est  l'entrée  de  l'a- 
queduc de  Fallope  .  un  postérieur  et  Mipérieur,  pir  lequel 
pcuëtrenl  les  Gleti  nerveux  qui  loot  au  limauon,  et  un  pos- 
têriflui  at  inférieur,  pour  ceux  du  vestibule  et  des  canaux 
semi  circulaires.  Ces  deux  dentiers  trous  sont  souvent  bou- 
chés par  uoe  sorte  de  lame  criblée. 

Outre  cette  ouverture  intérieure  du  labyrinthe  pour  l'en- 
Iràe  du  système  nerveux,  on  démontre  encore  dans  les 
luuiiiuiifàres  deux  autres  orifices  beaucoup  plus  petits , 
par  lesquels  il  ne  traverse  niicun  organe,  et  qu'à  cause  de 
leur  Msa^e  présumé,  Cntutuù,  auquel  la  découverte  en 
e^t  i  peu  prés  due  ,  a  nommés  tujufduci.  Ce  sont  de  petites 
tissures,  souvent  a^^ei  irrégitlij?res,  rarement  parfuitetrreflt 
wmblables  surla  mimenidividu  ,qui  fool  communiquer  la 
—Cavilé  du  crâne  avec  le  limaçton  et  avec  le  vestibule,  et  par 


Les  ohficeacx- 
iènann. 


464  i>E  l'afpâreil  de  l'ouïe 

coaséquenl  dans  lesquels  la  membrane  fibreuse  qui  tapUsc 
la  cavité  cérébrale  secootinue  avec  celle  dii  labyriothe  osseux. 
L'un  de  ces  orifices  est  appelé  açueduc  du  Umacoru  11 
commence  aa  bord  postérieur  du  rocber,  dai»  la  dîrectioD 
du  canal  auditif  interne  f  et  après  un  trajet  assex  court  9  il 
s'ouTre  à  la  buse  de  la  rampe  tympaiiique  du  limaçon  :  c*e»t 
le  plus  constant  et  le  plus  aisé  à  apercevoir. 

L'autre  aqueduc  est  Vaqueduc  du  vesUbuie;  son  oure^ 
ture  a  aussi  lieu  à  la  fiice  postérieure  du  rocher,  mais  il  fe 
termine  dans  le  vestibule  Jui-mème  9  au-dessous  d«  Toiifer- 
ture  du  canal  commun. 

.  La  communication  du  phanère  auditif  aveo  le  monde  ex- 
térieur dans  tous  les  mammifères  9  se  fait  par  deux  onfioes 
que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  fenêtres,  et  qui  sont  per- 
cés dans  la  base  ou.  dans  la  face  externe  du  rocher. 
VMtiboiairt.  Le  plus  important ,  le  plus  essentiel  est .  Vori/iee  ^fesidu' 
luire  ou  \à  fenêtre  ovale  :  ^a  forme  est  eu  effet  génémleneat 
OTalaii*e ,  et  il  conduit  hors  du  vestibule.  Ordinairemeatparcé 
au  (pnd  d'un  sinus  asse»  profond^  son  bord  extérseur  est 
creusé  d'upe  rainure  ppur  l'attache  d'une. membrane  qui  le 
ferme ,  et  contre  laquelle  adhère  le  premier  os  de  la  tiaim 
d'osselets  ou  l'étrier.. 

L'autre  orifice  est  V orifice  cochléaire^  paice  que  oomme 
nous  avons  jdéj^  eu  l'occasion  de  le  faire  observer,  il  ter- 
mine la  rampe  inférieure  du  limaçon  :  on  le  nomme  plus 
communément  ÏA/enetre  ronde  à  cause  de  la  forme  arronHie 
qu'il  a  le  plus  ordinairement.  Percé  à  la  surface  de  I9  saillie 
plus  ou  moins  considérable  que  fait  le.  limaçon  dans  la  caisse 
sous  le  nom  Je  promontoire ,  il  est  constamment  fermé  par 
une  membrane  fort  mince,. oblique,  enfoncée,  proveuaotdt 
celle  qui  est  rentrée  dans  la  caisse  du  tjmpan.  • 
t  La  forme,  la  grandeur  proportionnelle,  la  distance  eoire 
eux,  la  direclion.de  ces  deux  orifices,  varient  pour  aioii 
dire  dans  chaque  espèce  de  mammifère. 


Cochlëaire. 


DANS    LES   MAMMIFÉRE's.  4^5 

c.  De  la  partie  accessoire  d'unisson  et  de  renforcetnent. 
Dans  celte  classe  d'aoîmaiii,  iamab  ces  deux  orifices  ne  !>•  >«  «•«• 

tympaa. 

sont  réelleiiieol  extérieurs  y  quoiqu'on  ne  puisse  nier  qu'ils 
ne  soient  «o  contact  avec  Taîr  qui  fn  pro?ienl.  £o  eflet,  dans 
tous  les  mammifères  on  troure  au  côté  externe  du  labyrinthe 
une  modification  singulière  de  plusieurs  pièces  apparte- 
nantes à  Tappendice  delà  troisième  Tertèbre  céphalique^  d'oA 
résulte  une  ca? ité  intermédiaire  à  l'oreille  proprement  dite 
et  à  la  conque,  cavité  à  laquelle  nous  ayons  fu  que  Ton 
donnait  le  nom  de  caisse  du  tympan ,  et  qui  renferme  les 
osselets  de  Touie. 

Cette  catsse  peut  dtre  considérée  comme  foHnée  de  deux 
os  principaux;  celui  qui  en  fait  la  pkis  grande  partie,  est 
plus  ou  osuins  reufié  ou  huileux,  et  c'est  à  cause  de  cela 
^*6n  le  nomme  os  du  tympan,  os  tympanitfue;  par  son  cfité 
interne  plus  ou  moins  échancré  il  s'applique  contre  Se  rocher 
qu*il  embrasse,  de  manière  à  ce  que  la  hase  de  celui-ci 
remplit  cette  éehancrure,'  et  que  ses  émineoces  f«>nt  saillie 
dans  son  intérieur.  A  son  côté  externe  qui  est  é|[alement 
ouvert ,  Tos  du  tympan  est  prolongé  au  dehors  par  une  autre 
pièce  souTent  confondue  arec  lui,  et  qii*on  désigne  parla 
dénomination  de  cadre  ou  de  cenie  du  tymprnu  Cet  os ,  qui 
forme  rarement  un  anneau  complet,  donne  à  ast  buse  attache 
à  une  membrane  qui  en  ferme  Torifice,  et  il  se  prolonge  en 
UD  canal  pins  ou  moins  long ,  le  canal  auditif  externe. 

La  caisse  du  tympan ,  constaminent  remplie  d'air  atnKMphé- 
riquct  Yarie  beaucoup,  non-seulement  dans  sa  forme,  dans 
aa  grandeur,  mais  encore  dans  sa  coniposition  osseuse- ou 
nembraneuse  :  elle  est  toujours  subdivisée  en  deoX  parties 
plus  ou  moms  distinctes  ;  Tune  est  supérieure  ;  e*est  cell^ 
dans  laquelle  se  trouveot  les  osselets  de  l'oufe  dont  nous 
altooa  pnrier,  le»  deux  orifices^  et  surtout  le  TCetlbnlalre, 
!•  3o 


la  trompe 
uttnrtie. 


•  etllalM« 


OSMktt  éê 

roor«. 


466  DE  l'appareil  de  l'ouîë 

le  promontoire  ou  la  saillie  du  limaçon,  une  excaYation  pouf 
rîQsertion  de  petits  muscles  de  la  cbatoe  d'osaelets»  eteofio 
une  sorte  de  canal  en  entonnoir  qui  communique  ayec  l'ar- 
rière-bouche  ou  la  trompe  gutturale.  L'autre  partie  de  la 
caisse  est  inférieure  9  plus  ou  moins  celluleuse  ou  buUeuse, 
elle  n'offre  rien  de  remaf;guable  que  sa  grandeur  et  celle  de 
ses  prolongemens  antérieur  ou  postérieur. 

La  trompe  gutturale  ou  d^Eustacbe  que  nous  venons  de 
nommer,  existe  dans  tous  les  mammifères  :  plus  00  moioi 
allongée,  large,  ou  arrondie,  et  placée  dans  Técartemeot  de 
1*08  tjmpanique,  du  palatin  postérieur  et  mênae  do  sphé- 
noïde ,  elle  est  composée  d*un  prolongement  de  la  membrane 
muqueuse  de  la  cavité  gutturo-nasale ,  soutenue  à  son  ori- 
gine dans  celle-ci  par  une  production  cartilagineuse  quel- 
quefois évasée  en  trompette,  et  qui,  parvenue  dans  la  caisse^ 
s'amincit  et  en  tapisse  toutes  les  saillies  et  anfractuositéi  : 
c'est  ainsi  que  la  caisse  du  tympan  communique  avec  l'air 
extérieur. 

On  y  remarque  encore  deux  cellules  ouvertes  à  sa  partie 
supérieure ,  en  avant  ou  en  arrière,  et  qui  pénètrent ,  celle-ci 
dans  l'apophyse  mastoîde  quand  elle  existe,  et  celle-là  dsos 
l'os  squammeuz  et  même  quelquefois  dans  son  apophyse  ij- 
gômatique. 

Avant  de  décrire  l'ouverture  extérieure  de  la  caisse  00 
celle  du  tympan,  il  nous  faut  préalablement  examiner  b 
chaîne  des  osselets  qui  établissent  une  connexion  entre  IV 
rifice  vcstibulaire  de  l'oreille  interne  et  la  membrane  do 
tympan  qui  sépare  l'oreille* moyenne  de  l'externe. 

Les  osselets  de  l'ouïe  dont  nous  discuterons  les  analogues 
•dans  la  partie  consacrée  à  la  locomotion,  sont  le  plus  ordi- 
nairement au  nombre  de  quatre ,  disposés  de  manière  que 
deux  50i^t  à  peu  près  verticaux  et  deux  horizontaux.  Plusoa 
moins  serrés,  rainasses  entre  eux,  ils  occupent  la  partie 
taut-à*fall4iupéfiQiire  de  la  caisse  du  tympan ,  au  point  que 


DANS    LES   MAMMIFÈRES.  4^7 

quelquefois  ils  sont  presque  entièrement  cachés  daos  la 
cellule  supérieure;  le  manche  du  marteau  étant  presque  la 
seule  partie  que  l'on  Toie. 

Le  premier  de  ces  osselets  y  en  allant  de  dedans  en  dehors, 
est  VtMer /  SLÏùsi  nommé  parce  qiTiL  un  très*petit  nombre 
d'exceptions  près ,  il  a  la  forme  de  cet  ustensile ,  c'est-à-dire 
quMI  est  composé  d'une  plaque  plus  ou  moins  o?alaire,  à 
chaque  extrémité  .de  laquelle  s'élèTe  une  branche  quelquefois 
très-grêle,  laissant  au  milieu  un  intervalle  plus  ou  moins 
grand,  bouché  par  une  membrane ,  et  se  réunissant  au  som- 
met à  un  petit  bouton  aplati.  Dirigé  horizontalement  et  de 
dehors  en  dedans,  il  s'enfonce  plus  ou  moins  dans  le  sinus  de 
l'oriCce  vestibulaire,  en  adhérant  par  sa  plaque  à  la  mem- 
brane qui  le  ferme.  Son  extrémité  externe  se  joint  au  se* 
cond  osselet,  ou  mieux  peut-être  au  troisième,  à  l'aide  d'un 
ligament  qaelquefois  assex  long« 

Un  petit  muscle  dirigé  horizontalement  se  porte  d*arrière 
en  arant  d'une  petite  carité  quelquefois  pyramidale  de  la 
base  du  rocher,  à  une  apophyse*  tuberculeuse  de  la  branche 
postérieure  de  l'osselet. 

Le  second  osselet  est  celui  que  les  anatomistes  décriTent 
tous  le  nom  d'05  lenticulaire ,  et  dont  quelques-uns  ont  nié 
l'existence ,  peut-être  avec  raison,  car  il  m'a  souvent  semblé 
que  ce  n'était  qu'une  épiphyse  du  bouton  de  l'étrier,  auquel 
il  est  fortement  adhérent.  Quoi  qu'il  en  soit,  car  ce  n'est  pas 
encore  le  moment  de  discuter  ce  point,  cet  osselet  fort 
aplati  est  plus  ou  moins  ovalaire,  et  presque  entièrement 
confondu  dans  le  ligament  qui  réunit  l'étrier  et  Venclume. 

Celle-ci  ne  ressemble  pas  autant  à  une  enclume ,  comme 
rindique  son  nom ,  qu'à  une  dent  molaire  à  deux  racines  : 
des  deux  apophyses  qui  les  représentent,  l'une  ordinaire- 
ment plus  longue,  plus  grêle  et  inférieure,  descend  parallè- 
lement au  manche  du  marteau ,  et  se  recourbe  ensuite  plus 
ou  moins  à  l'extrémité  pour  s'appliquer  sur  l'os  lenticulaire, 

3o. 


FArier. 


Os 

leuticnlaii 


Eaclamc 


468  DE  l'appaeeil  de  l'ovIb 

tandis  que  l'autre  supérieure  »*eD  écarte  forlemeAl,  el  vi 
s'attacher  par  un  lîgamaot  élastique  assea  résialaal  aateié 
antérieur  du  sinus  supérieur  où  elle  se  cache.  Le  corjps  lui- 
même  »  quelquefois  carré ,  d'autres  fois  aplati  ^  se  cacha  aussi 
souTent  dans  ce  sinus;  et  l'échaocrure  anguleuae  qui  le  ter-* 
mine  reçoit  le  côté  poslériettr  d«  la  tête  du  dtroier  oatelet. 

Cet  osselet  qui  termine  U  chaîne  a  repu  le  Dom  de  umrêtmt 
dans  lequel  on  a  ?u  une  tAt^»  un  col  et  uu  manche.  Sa  pe- 
silion  est  la  plus  antérieure.  Sa  direction  est  toujours  A  pea 
prés  Terticale ,  la  partie  élargie  en  haut  et  la  poMte  eo  hsk 
La  tête  plus  ou  moins  arrondie  en  afael,  offre  ea  arrière 
une  dou'ole  facette  pour  une  articulation  gjnglîmoidale  et 
serrée  avec  le  corps  de  l'enclume.  Aussi  lea  iaceMes  artica- 
laires  sont- elles  lissea  et  polies.  Le  col  n'est  ordinaôreaieil 
plua  étroit  que  dans  un  sens»  car  dans  l'autre  il  est  aouyaot 
fort  élargi  et  trés-mince  ;  c'est  à  b  partie  inférieura  de  soa 
hord  antérieur  que  se  remarque  une  apophyse  aouTeot  fort 
longue  et  fort  aiguë  qui  sert  à  Tallache  d'un  muscle,  taodb 
qu'au*dessus  el  du  même  hord  natt  un  ligament  asaea  brgSf 
mais  court,  qui  Ta  à  la  partie  antérieure  d&  hord  do  siooSi 
Le  manche  du  marteau  y  rarement  dans  la  même  direction 
qMC  le  col  avec  lequel  il  fait  quelquefois  un  angle  droit,  ait 
ordinairement  triangulaire ,  pointu  et  plus  ou  moina  allongé. 
Pepuis  la  saillie  anguleuse  ou  le  coude  qu'il  fait  à  son  hori 
externe  jusqu'à  son  ejctrémité,  il  adhère  à  la  memhrane  da 
Ijmpan  qu'il  fait  saillir  en  dedans ,  tandis  que  le  hord  ia- 
terne  est  libre  et  concave. 
tes  mosciet.        Lc^  muscles  du  marteau  sont  au  nomhre  de  deux  : 

L'un  est  le  muscle  antérieur  du  marteau  ;  il  naît  du  spbé- 
noîde  et  du  conduit  de  la  trompe ,  se  porte  en  arrière  et  eo 
dehors,  et  se  termine  par  un  tendon  arrondi  et  cOurt  à  l'apo- 
phjrse  antérieure  ou  grêle. 

L'autre  est  le  muscle  interne  du  marteau;  il  nall  hors^ 
la  caisse  du  tympan  de  la  partie  fibro-osseuse  de  la  trompe 


BAN8   LES   MAMMIFÈRES.  4^ 

se  porte  en  arrière',  se  loge  dans  une  espèce  de  canal  de  la 
buse  du  rocher,  se  réfléchit  sur  une  lame  osseuse,  et  se  ter- 
mine à  l*endroit  où  le  col  du  marteau  se  joint  à  son  manche. 

Le  manche  de  cet  osMiet  adhère  fortement  ù  la  membrane 
du  tympan  9  à  Taide  de  la  muqueuse  amincie  qui  passe  dessus 
et  Vj  colle. 

Cette  membrane  est  mince  »  sèche ,  transparente ,  comme  „^„^J|^ 
fibreuse;  elle  est  évidemment  comprise  entre  deux  lames 9  (7a>p«« 
i^une  intérieure  qui  appartient  A  la  muqueuse  périostéale  qui 
tapisse  la  caisse  »  et  l'autre  extérieure ,  qui ,  formant  le  cul-de^ 
sâe  du  eanol  auditif  externe 9  prorient  par  conséquent  de  la 
peoa.  Il  serait  donc  possible  de  cooccTOir  À/^riiort  qu*il  jeut 
90a9  celle-ci  surtout  une  lame  musculaire  9  comme  quelques 
auteurs  Tadmettent;  mais  l'examen  attentif  que  j*fei  fait  des 
pins  g;rands animaux  sous  ce  rapport,  et  même  de  l'éléphant 9 
tfie  roe  penneltent  pas  d'être  de  cette  opinion. 

Cette  membrane  est  surtout  adhérente  à  la  circonférence  Detoaaki 
d'un  os  particulier  que  Ton  nomme  ccrvk  ou  cadre  du  ^m- 
pans  <^l^  pièce,  asses  rarement  distincte  de  la  caisse  elle- 
même,  semble  former  un  tube  plus  ou  moins  incomplet  à 
son  cêté  supérieur  et  qui  pénétrerait  quelquefois  obliquement 
dans  la  caisse.  Dans  ce  cas  le  bord  externe  fait  une  saillie 
coosidémble  dans  celle-ci,  ce  qui  donne  A  la  membrane  du 
I  jrmpan  une  obliquité  plus  ou  moins  grande ,  en  même  temps 
que  son  étendue  est  alors  beaucoup  plu;*  considérable  que  le 
diamètre  du  can«il  auditif  externe. 

Ce  canal  9  qui  n'est  que  le  rétrécissement  et  le  prolonge- 
ment du  cadre  du  tjnipan9  t*st  quelquefois  nul  ou  extrême- 
ment court  9  tandis  que  d'autres  fuis  il  se  prolonge  beaucoup. 
Son  diamètre  9  sa  forme ,  sa  direction  ne  varient  pas  moins 
quo  sa  longueur  9  comme  nous  le  verrons  plus  loin. 

d.  JDe  la  partie  accessoire  de  recueillemenL 
C*est  ù  la  rirconférencc  de  ce  canal  orîscnx  qu'adhère  plus- 


la  cooqu* 
loditive. 


De 
i  eartilaget. 


te  Corme. 


470  DE    l'appareil   de    l'oUÎE 

OU  moins  fortement  la  dernière  partie  de  Tappareil  de  Touie 
que  nous  ayons  à  étudier  d'une  manière  générale  dani  cette 
classe,  ou  Toreill^^  exlerne.  C'est  à  cette  partie  que  nous 
avons  donné  le  nom  d'accessoire  de  recueUlemenl ,  parce 
qu'en  effet  elle  ne  sert  qu'à  recueillir  les  rayons,  sonores^ 
et  à  les  diriger  vers  la  membrane  du  tympan  :  elle  n'existe 
que  dans  la  classe  des  mammifères ,  et  elle  existe  plus  oa 
moins  complète  dans  tous. 

Située  sur  les  parties  latérales  et  postérieures  de  la  tète^ 
la  conque  auditive  peut  être  définie  un  tube  dermo*carti- 
lagineux ,  élargi ,  fendu  dans  une  partie  plus  ou  moîos  con- 
sidérable de  son  étendue  9  et  ajouté  au  canal  auditif  ezlent, 
pour  recueillir  les  rayons  sonores,  vers  lesquels  par  consé- 
quent elle  peut  se  diriger. 

Le.  cartilage  qui  entre  dans  la  composition  de  la  conque 
auditive  des  mammifères  est  constamment  mince,  sec,  d'uo 
tissu  serré  et  élastique. 

Il  se  divise  en  deux  portions. 

La  première  continue  le  canal  auditif  externe  osseux;  c'est 
une  lame  cartilagineuse  étroite,  qui  s*enroule  autour  de  l'os, 
au  périoste  duquel  elle  adhère,  et  non  à  son  bord;  elle  se 
joint  ù  la  seconde  :  celle-ci  après  un  ou  deux  tours  de  spirale 
plus  ou  moins  serrés,  qui  s'embottent  les  uns  les  autres,  et 
dont  lé  dernier  est  terminé  en  tube  par  un  tissu  fibreux  qui  eo 
réunit  les  deux  bords,  s'élargit,  s'évase  et  forme  la  conque  et 
le  pavillon  de  l'oreille.  On  doit  distinguer  cinq  parties,  tant 
cavités  que  saillies,  que  peut  produire  le  second  cartilage  en 
se  repliant  sur  lui-même.  L*une  suit  immédiatement  la  portion 
tubiforme;  c'est  \iï  conque  interne ,  que  je  nommerai  ainsi 
parce  qu'elle  est  ordinairement  cachée  :  elle  forme  une  exot- 
vation  plus  ou  moins  profonde ,  à  la  partie  externe  de  laquelle 
!je  voit  une  échancrure  quelquefois  assez  grande,  et  bordée 
en  avant  et  en  arrière  par  une  saillie  à  laquelle  on  donne  le 
nom  de  trapus  pour  la  première,  et  à'antUragus  pour  la  se- 


DANS   LES   1IA1IMIFÈ11E8.  471 

conde  ;  la  c<yu/ue  externe  fait  la  continuation  de  la  cayité  pré- 
cédente dont  elle  n'est  quelquefois  séparée  que  par  un  pli  trabs- 
Terse  peu  marqué ,  et  qui  sert  d'origine  A  l'éininenee  qui  borde 
et  termine  Toreille,  Ayant  cette  émioence  marginale  on  re- 
marque un  repli  souvent  fort  saillant  qui  borde  la  conque  ex- 
terne y  en  se  contournant  plus  ou  moins  autour  d'elle  »  quel* 
quefois  même  en  se  prolongeant  jusqu'à  l'antitragus  où  il  se 
termine  en  poiute.  Dans  un  petit  nombre  de  mammifères ,  ce 
repli  commence  en  haut  et  en  avant  par  une  sorte  d'excava- 
tion qui  le  bifurque ,  et  qu'on  appelleybi^e  nm^icuUdre.  On  a 
nommé  dans  l'espèce  humaine  cette  saillie  anihélix,  par 
■opposition  avec  la  partie  supérieure  de  la  conque  auditive ^ 
ou  Vhéîix ,  qui  borde  l'oreille  dans  certains  mammifères  f  de- 
puis le  tragos  où  elle  prend  naissance  jusqu'au  bord  posté- 
rieur de  l'antitragus  où  elle  se  termine.  Quelquefois  ce  bord 
du  cartilage  de  l'oreille  revient  en  dedans  sur  lui-même  9  et 
forme  un  bourrelet  ;  mais  le  plus  souvent  il  s'aplatit  9  s'élar- 
git >  s'allonge  et  forme  alors  le  pas^Uhn  de  l'oreille  externe. 
Enfin  la  dernière  partie  de  cet  organe  la  moins  importante 
est  une  production  molle,  dermo-gratsseuse,  arrondie ,  qui 
la  termine  à  sa  partie  inférieure  9  en  prolongeant  le  bord 
libre  du  cartilage  :  c'est  ce  qu'on  nomme  le  lobuk. 

Ce  cartilage  formant  l'oreille  externe  des  mammifères  9 
est  plus  ou  moins  fixé  sur  les  parties  latérales  de  la  tête  9  au 
mojen  de  tissu  cellulaire  ligamenteux  9  plutôt  que  de  liga- 
meosy  qui  s'y  porte  des  parties  environnantes  9  et  surtout 
dans^  lea  quatre  directions  supérieure  9  inférieure  9  antérieure 
et  postérieure. 

il  est  au  contraire  porté  en  totalité  dans  un  plus  ou  moins  De  «^i  mu» 
grand  nombre  de  sens»  ou  bien  étendu  et  fermé  dans  ses 
différens  replis  9  à  Taide  de  muscles  souvent  très-nombreux 
que  l'on  divise  en  muscles  intrinsèques  et  en  muscles  extrin- 
sèqneSf  suivant  qu'ils  se  portent  d'une  partie  de  l'organe  à 
nne  autre  f  ou  qu'ils  s'y  rendent  des  parties  environnantes. 


47^  i>B  jl'afparcil  ]>£  t'oviE 

Les  muflclcs  ÎDlriiMèques  sont  eo  général  fj^t  petiti»  et 
logés  duos  quelques  replU  du  cartilage  :  je  les  partagerai  eo 
kkternes  et  eo  externes  «  suivant  qu'ils  sont  à  la  fiice  ioteme 
ou  concare  de  la  conque  t  ou  à  la  face  externe  ou  con? cxc. 
nDsé«iaes.        Les  iDuscles  întrioséques  inlemes  principaux  sont  : 

I*  Le  troffen,  qui  de  la  racine  antérieure  du  tragii»  se 
porte  à  son  sommet.  Il  est  quelquefois  double. 

a*  Vaniitntgien  se  trouye  «ntre  Textrémité  inférieure  de 
l'antihélix  à  laquelle  il  s'attache  f  et  Tantitragua  auquel  il 
se  termine. 

3*  Le  grand  muscle  de  Vhélix  z  c'esl  ordinaîreraent  ud 
fort  petit  muscle  situé  au  bord  antérieur  du  pavillon  ,  el  qui 
de  la  peau  va  à  l'origine  de  l'hélix. 

4**  Le  petit  musck  de  Thélix  est  situé  transversalemeot 
sur  réminence  radicale  de  l'hélix  qui  sépare  les  deux  parties 
de  la  conque* 
tiia»é(|ii«i.  Les  muscles  intrinsèques  externes  ou  dorsaux  sont  ordi- 
nairement moins  nombreux;  le  principal  est  celui  que  dsos 
l'homme  on  nomme  muscle  imnsvenalf  il  naii  de  la  coa- 
▼exité  de  la  conque ,  et  se  porte  à  celle  de  l'hélix. 

Il  en  existe  encore  souvent  un  autre  qui  est  rertical^ct 
qui  occupe  le  sillon  de  la  racine  traus verse  de  l'hélix;  ses 
fibres  sont  courtes. 

Les  mui)cles  extrinsèques  sont  beaucoup  plus  développés 
et  leurs  u:$ages  plus  évidens.  Us  sont  en  général  disposés  ea 
trois  ou  quatre  groupes,  des  inférieurs,  des  antérieurs,  des 
supérieurs  et  de»  postérieurs,  qui  sont  plus  ou  moins  subdl« 
visés  suivant  la  mobilité  de  la  conque.  Ils  sont  encore  souvent 
augmentés  en  nombre,  parce  que,  dans  beaucoup  d'espèces 
de  mammifères ,  plusieurs  d'entre  eux  5ont  pour  ainsi  dire 
coupés  en  deux  par  une  pièce  cartilagineuse ,  à  laquelle  on 
donne  le  nom  de  cartilage  scutiforme,  à  cause  de  sa  figure  en 
bouclier,  et  qui  s'interpose  entre  la  tête  et  la  base  de  la  conque. 
Nous  c-ouipreodrons  dune  dans  cette  division  de  muscles  ex- 


DAlfS    LIS   MA1IMIFÉ11B8.  4?^ 

Irin^èqfues  de  Toreille ,  non-«eulemeot  les  routcl^s  qui  êe  ren- 
deot  de  la  tête  à  la  cooque  proprenwot  dite 9  à  son  tube  $  aa 
cartilage  jtcutitbrtne  qtiand  il  eiiste,  mai:»  encore  ceox  qui  se 
porteat  de  Tune  de  ces  parties  àTautre. 

Nous  allons  définir  tous  les»  muscles  qui  peuvent  se  rea- 
contrer  dans  les  inainniifères  y  quoique  tons  n'existent  pas  à 
la  fois  sur  le  infime  animal  :  o*est  Thomme  qui  en  a  le  moins  9 
et  ce  sont  les  ruminans  qui  me  paraissent  en  avoir  le.  plus. 
Nous  les  disposerons  suivnut  la  place  qu'ils  occupent  autour 
de  l'organe,  en  commençant  par  la  ligne  inférieure 9  en  mon- 
tant ensuite  en  avant ,  el  redescendant  en  arrière  jusqu'au 
point  de  départ* 

a.  Muscles  inférieurs. 

Le  maxitto-^onchien  superficiel ,  situé  sur  les  parties  la- 
térales de  la  face  é  la  racine  antérieure  et  inférieure  de  l'o- 
reille ;  il  naît  plus  ou  moins  loin  au  côté  externe  de  la  mft* 
cboîre  inférieure,  aux  environs  de  la  parotide,  se  porte  de 
bas  en  haut ,  et  se  termine  au  côté  externe  et  antérieur  de  la 
racine  de  Tautitragus. 

b.  Muscles  antérieurs. 

Le  jugo-conchien  ,  tout-à  -fait  sous-cutané ,  situé  au  bord 
supérieur  du  précédent  ;  il  vient  de  la  région  jygale ,  et  se 
porte  plus  ou  moins  obliquement  en  avant  de  h  couque, 
au-dessous  de  son  échancrure ,  tout  près  du  précédent. 

Le  maxill(M:onchicn profond f  situé  sous  le  précédent,  est 
un  muscle  tout-à-fait  caché;  il  s'attache  très-profondément 
à  l'os  maxillaire  inférieur  lui-ml^me ,  au  bord  postérieur  du 
cou  de  son  condjle ,  s'enfonce  en  dedans  de  I.1  conque ,  et  va' 
se  fixer  plus  ou  moins  en  arrière ,  tout  près  de  sa  jonction 
aveic  le  tube. 

Le  jugo^scutien  est  au-dessus  des  précédens  et  superficiel  ; 


474  ^^  l'appareil  de  l'ouïe 

if  se  porte ,  comme  Tindique  son  nom ,  de  Tarcade  sjgûmar 
tique  presque  horizontalement  au  bord  antérieur  de  Técuffloo. 

Le  surciliO'Conchien  a  son  origine  encore  plus  haut ,  au 
bord  supérieur  ou  postérieur  de  l'orbite,  et  sa  terminaison 
au  cartilage  scutiforme ,  et  surtout  à  la  partie  antérieure  et 
supérieure  de  la  conque. 

Lejronto-saitien  est  au-dessus  et  dans  ia  même  directîoo; 
de  Vos  frontal  il  se  porte  à  Tangle  supérieur  et  antérieur  do 
cartilage. 

Le  scutO'Conchien  antérieur  semble  quelquefois  conti- 
nuer le  précédent  ;  il  vient  en  effet  du  même  angle  du  carti- 
lage scutiforme,  et  se  termine  à  la  partie  antérieure  et  sa- 
périeure  de  la  conque. 

c.  Muscles  antéro^supérieurs. 

Le  vertici'conchien  est  le  plus  antérieur  des  muscles  su- 
périeurs de  Toreille  externe  \  il  vient  du  sommet  de  la  tête  et 
se  porte  obliquement  d'avant  en  arrière  au  bord  antérieur  os 
supérieur  de  la  conque  ,  où  il  s'épanouit. 

Le  verticO'Scutien  »  situé  immédiatement  en  arrière  et  soi 
un  plan  plus  superficiel  que  le  précédent,  vient  de  la  ligne 
médiane  du  sommet  de  la  tête  ,  souvent  d'un  raphé  com- 
mun ,  et  se  porte  transversalement  au  bord  interne  du  carti- 
lage scutiforme. 

C'est  le  muscle  commun  des  vétérinaires. 

Le  scuto  '  conchicn  postérieur,  fait  pour  ainsi  dire  la  conti- 
nuation des  deux  précédens  ;  il  vient  en  effet  de  la  partie  so- 
périeure  et  antérieure  du  cartilage  scutiforme ,  et  se  termine 
à  la  face  dorsale  et  postérieure  du  pavillon. 

d.  Musdes  postéro*supérieur$. 

Le  cervicO'ScuUen  est  un  muscle  superficiel ,  souvent  asseï 
large ,  qui  de  la  ligne  médiane  du  ligament  cervical  se  porte 


DANS    LES   MAHHIFERES^  4?^ 

en  avant  et  en  dehors  pour  se  terminer  au  bord  postérieur 
du  cartilage  scutiforme. 

Le  cervicO'Conchien  est  sur  un  second  plan  recouvert  par 
le  précédent  ;  il  est  presque  transversal  9  vient  à  peu  près  du 
même  raphé,  passe  sous  Tangle  postérieur  du  cartilage  scuti- 
forme ,  auquel  il  laisse  quelques  fibres ,  et  se  termine  à  la 
face  dorsale  de  la  conque. 

VoccipitO'Conchien  croise  le  précédent  vers  Tangle  posté- 
rieur du  cartilage  scutiforme ,  parce  que  son  origine  est  plus 
antérieure ,  à  peu  près  au-dessus  de  Tocciput  ;  il  passe  au- 
dessous  du  cervico-conchien  »  et  s*épanouit  sur  la  conque  à 
sa  face  dorsale. 

UoccipUthconchien  antérieur  n*est  qu*une  subdivision  du 
précèdent  9  qu*on  ne  voit  guère  bien  marquée  que  dans  le 
cheval  ;  du  sommet  de  la  tête  en  avant  de  la  tubérosité  oc- 
cipitale f  il  se  porte  aussi  plus  en  avant  sur  la  conque  près  de 
son  tube. 

Uoccipito-conchien  rotateur  se  trouve  beaucoup  plus  sou- 
Tent  que  le  précédent  ;  il  vient  également  des  enrirons  de 
Tocciput  9  se  porte  en  arrière  et  s'élargit  à  sa  terminaison  sur 
la  partie  renflée  et  postérieure  de  la  base  de  la  conque  9  en 
se  recourbant  même  un  peu  en  avant  ;  il  est  dans  le  plan  le 
plus  profond  des  muscles  postérieurs  de  Toreille. 

Le  cervico-tuhien  profond  est  dans  le  même  plan  que  le 
précédent^  en  arrière  duquel  il  commence  ;  mais  il  se  ter- 
mine plus  en  dedans  9  à  la  partie  membraneuse  du  fond  de 
la  conque  et  à  celle  du  tube  lui-même.  Il  est  quelquefois 
divisé  en  deux  portions  9  comme  dans  les  cerfs. 

e.  Muscles  profonds  ou  internes . 

Le  scuto '  conchien  rotateur  est  un  muscle  souvent  fort 
épais  9  entièrement  caché  entre  le  cartilage  scutiforme  et  la 
conque  «  et  qui  se  porte  obliquemertt  d'avant  en  arrière  de 


476  ^^  l'appareil  de  l'ovîs 

Tun  à  Tuutre.  Sa  tennioiison  â  la  conque  se  fait  à  m  paitk 
bombée  9  près  du  tube  9  et  de  celle  du  jugo^conehieii  pro- 
fond. 

Le  dudo^onchien  imtérieu^  est  aussi  trèis^profondémeiit 
situé  9  quoique  nsoins  que  le  précédent.  Placé  auprès  du  juge- 
oonchien  profond ,  il  s'attache  d'une  part  au  rebord  du  canal 
auditif  externe  osseux ,  et  de  l'autre  à  la  face  antérieure  de 
la  conque,  sous  le  plan  des  muscles  plicateura.  Je  Tai  très- 
bien  vu  dans  le  lièvre. 

La  peau  qui  revêt  le  cornet  cartilagineux  n^offre  rien  de 
bien  remarquable  :  elle  est  cependant  toujours  d'un  tisso 
plus  sec  9  plus  serré  9  et  d'une  épaisseur  moindre  qae.sor  les 
autres  parties  du  corps.  Elle  est  toujours  immëdiatemeot 
collée  et  fort  adhérente  au  cartilage  sous-)acent« 

La  partie  qui  s'enfonce  dans  la  conque  intérieure  ,  et  sur- 
tout dans  le  canal  auditif,  présente  souvent  des  cryptes  or- 
dinairement épars  9  quelquefois  ramassés  en  groupes  9  et  qui 
rejettent  une  humeur  particulière  sébacée  qoe  l'on  désigne 
par  le  nom  de  cérumen. 

Quant  aux  poils  qui  revêtent  la  conque  auditive  des  mam- 
mifères, ils  ne  diffèrent  guère  de  ceux  des  autres  parties  que 
parce  qu'ils  sont  ordinairement  moins  nombreux,  surtout 
dans  les  parties  les  plus  internes,  et  qu'ils  sont  en  général 
beaucoup  plus  fins  et  plus  mous. 
DiHër^Deei  Après  cc  coup  d'œll  général  sur  l'organe  et  l'appareil  de 

impporitTc  j»^y|ç  jgj^g  Ijj  prenfjjère  classe  des  ostéotafres ,  nous  allons 

maintenant  traiter  des  dififcrences  qu'ils  peuvent  offrir,  en  les 
rappoi  tant  toujours  à  nos  deux  titres  principaux ,  la  dégrada- 
tion animale  on  le  degré  d'organisation  et  quelque  cause  ap- 
préciuble ,  comme  l'espèce  de  nourriture ,  l'époque  de  la 
journée  à  laquelle  Tanimal  lu  recherche,  le  séjour,  le  sexe  et 
enfin  l'âge.  Nous  terminerons  ensuite  par  les  anomalies  et 
les  spécialités  ;  et  comme  nous  connaissons  beaucoup  moins 
^ten  encore  l'usage  des  différentes  parties  de  l'oreille  que 


DANS    LES    MAMMIFiBES.  4"? 

telles  de  l'ceil,  nous  serooa  obligés  d'entrer  dans  un  peu  plus 
de  détails  (]iie  nous  ne  t'eussîon;  Tait  sans  cela. 

Je  ne  puis  guère  rapparier  qu'il  la  dégradation  animale  ou  l>  <i 
il  une  cause  inappréciable,  la  dispossition  qui  Tait  que  le  ro-  !•''» 
cher  ou  l'ensemble  du  liiby rinlhe  est  de  mitins  en  moins  so- 
lidement retenu  ou  soudé  entre  les  troisième  et  quatrième 
Tcrlèbrescèphaliques,  ù  mesure  que  l'on  descend  de  l'homme 
aux  animaux  ruminans  ;  au  point  que  dnns  ces  derniers  celle 
pièce  osseuse  peut  filre  asseï  aisément  détachée  des  autres, 
do  moins  dans  l'élat  du  squetelle.  Nous  remarquerons  ce- 
pendant quelques  anomalies  sous  ce  rapport;  Ainsi  la  plu- 
part des  chéiroptères,  quoique  Irès-élevés  dans  la  série, 
portent  cependant  cette  disposition  au  plus  haut  degré  ;  il  en 
ett  de  m€me  des  cétacés. 

Uns  dilTèrence  de  In  mSme  catégorie,  mais  plus  frap-  i>i>a 
pante  et  même  plus  susceptible  d'explication  ,  existe  dans  la 
forme  et  le  déTeloppemenl  des  dilTércnies  parties  de  l'oreille 
esteme,  qui  d'abord  tout-.Urnit  plcile,  et  presque  immobile, 
•e  détache  peu  à  peu  ,  ^'allonge  et  prend  In  forme  d'un  Teri- 
lable  cornet  acoustique ,  susceptible  d'Etre  dirigé  dans  tous 
les  sens.  L'homme  est ,  sous  ce  rapport ,  à  une  extrémité ,  et 
le  cheval  et  les  animaux  ruminans  à  l'autre.  On  voit  en  effet , 
dans  l'espèce  humaine  ,  une  oreille  externe  lout-ù-rail  par- 
ticulière par  la  briéretè  du  tube  ,  l'élargtsàement  et  l'éTÎ- 
(lence  de  la  partie  inférieure  de  b  conijue  tout'à-Tiil  à  dé- 
eou«url|  la  petitesse  de  la  purtJe  supérieure,  la  Terme  de 
l'anlliélix,  bifurqué  prorondécnent  à  sa  racine  par  la  fisse 
nariculaire ,  et  enfin  surtout  piirce  que  tout  le  bord  du  pa- 
rilloa,  au  lieu  de  s'épanouir, .se  recouriie  en  deduns,  en 
foraiani  le  bourrelet  de  l'hélix,  et  qu'au-dessous  de  l'échan- 
crur«  de  l'oreille  existe  un  lobule  entiérmlent  mou  ,  plus  ou 
moins  prnnoncé.  AjoAlous  ù  cela  que  les  fibres  liganieo- 
tousesqui  alluchent  l'oreille  externe  à  In  tfle,  suiil  courtes, 
I      Wrrêes,    que  les    muscles    iolriuséques   sont  exec^sifeuicnl 


478  i>E  l'appareil  de  l'ouïe 

petits,  et  que  les  extrinsèques  sont  réduits  aux  trois  fais- 
ceaux primitifs;  encore  sonUils  extrêmement  m incet*. 

Les  singes  de  l*ancien  continent  9  et  même  la  plupart  de 
ceux  du  nouveau 9  ressemblent  encore  beaucoup,  sous  ce 
rapport 9  à  Tespèce  humaine.  L'oreille  en  totalité  se  relèye 
cependant  davantage  ;  le  tube  devient  un  peu  plus  long  ;  la 
partie  inférieure  de  la  conque  sVnfonce  et  se  cache  ,  la  su- 
périeure se  développe  ;  la  fosse  navîculaire  de  Taothélix 
s'efface  peu  à  peu  ;  l'hélix  s'étale  du  moins  au  bord  posté- 
rieur, et  dans  les  espèces  les  plus  inférieures  il  commence 
même  à  se  prolonger  un  peu*  en  pointe  à  sa  partie  supérieure; 
le  lobule  inférieur  au  contraire  diminue ,  mais  ne  disparaît 
peut-être  jamais  complètement.  Quant  aux  muscles  ,  ils  ac* 
quièrent  évidemment  un  développement  un  peu  plus  consi- 
dérable ;  mais  à  peine  chaque  muscle  fondamental  se  subdi- 
vise-l-il. 

Les  makis,  considérés  d'une  manière  générale,  descen- 
dent rapidement  vers  les  carnassiers ,  du  moins  par  l'Mccroisse- 
ment  de  l'hélix ,  devenu  un  véritable  pavillon ,  mais  encore 
assez  court ,  par  la  disparition  totale  du  lobule  et  renfonce- 
ment de  l'excavation  conchale  inférieure. 

Dans  les  carnassiers,  toutes  ces  différences  se  prononcent 
bien  davantage ,  surtout  encore  dans  les  dernières  espèces* 
Le  tube  est  cependant  encore  assez  peu  allongé  ;  mais  b 
conque  inférieure  est  presque  entièrement  descendue  au- 
dessous  de  réchancrurc  ;  il  n'j  a  par  conséquent  plus  d'appa- 
rence de  lobule.  La  cavité  supérieure  de  la  conque  S'est,  au 
contraire,  accrue  ;  Tanthélix  est  presque  entièrement  disparvy 
ou  il  est  remplacé  par  une  sorte  de  lobule  triangulaire  fort 
dingulicr.  Quant  à  l'hélix,  à  peine  peut-on  le  distinguer  à  son 
origine;  au  delà  il  s'est  dilaté  en  un  pavillon  ordinairemeot 
encore  assez  aplati,  mais  qui,  dans  les  espèces  inférieures, 
est  évidemment  un  véritable  cornet.  Aussi  les  muscles  qui  le 
meuvent,  non-seulement  acquièrent  un  développement pro* 


DANS    LSS    M*MM1FÉRE8.  479 

portionncif  rnuis  se  subiJivUeiK,  se  multiplient  par  TudJiHun 
d'un  cartilage  sculiforme,  au  point  que  leur  noiulire  ust  ncu 
iaCfcrieur  i  ce  qu'il  sern  cLei  les  animaux  les  plus  favomés 
lOuQpe  ropporl. 

Mb  «dénies  ont  en  général  la  conque  oudilive  formant  un 
long  comel ,  presque  cumine  les  animaux  les  plus  tnlérieurs, 
cl  pur  conséquent  ils  semblent  sous  ce  point  de  vue  évideui' 
meni  pluj  descenilus  que  la  plupart  des  rongeurs. 

Les  animaux  qui  constituent  cet  ordre  des  rougeurs,  quoi- 
qu'ua  assez  grand  nombre  aient  l'oreille  courte,  ofTrt-nt  ce- 
pendant comme  caracléro  commun  que  le  pavillon  acquiert 
un  développement  proportionnel  encore  plus  grand  que  dans 
le»  carnassiers  ;  et  cepeodaot  les  muscles  sont  en  général 
moins  nombreux.  Dans  ce  groupe,  il  y  a  encore  plusieurs 
anomalies,  comme  nous  allons  le  voir  dans  un  monienl. 

Quant  aux  animaux  ongulés  ,  c'est  cbei  eux  que  Toreille 
externe  est  réellement  tout-d-fiit  convertie  en  un  cornet 
acoustique ,  par  l'énorme  développement  de  l'hélix  enroulé , 
prolongé  en  pointe ,  el  par  rcnfonceltiânl  non-ieillement  dcS 
deux  parties  de  lu  conque  mais  encore  de  l'aothélii,  il  est 
vrai  bien  défiguré,  et  qui  forment  un  lai^e  canal  porté  pur 
l«  (ube  cartilagineux  allongé  sur  lequel  le  pavillon  exécute 
ses  nombreux  niouvemens  ;  aussi  est-ce  dans  les  cerfs,  dans 
le  cheval  et  dans  l'âne  que  les  muscles  de  la  conque  auditive 
sont  les  plus  nombreux  el  les  plus  épais. 

Quoique  nous  ayons  pu  rapporter  cette  dernière  drITérence 
à  la  dégradation  classique,  il  est  évident  qu'elle  pouvait  aussi 
l'être,  du  moins  ju:,qu'd  un  certuio  point,  &  l'époque  de  la 
journée  à  laquelle  les  mammifères  voot  A  la  recherche  de 
letir  nourriture. 

Les  espèces,  en  etTel,  qui  cherchent  leur  nourriture  pen-  i 
dani  la  nuit,  de  quelque  n.iture  qu'elle  soit,  ufTri'ut  évî-  i 
demment  des  diUér^nces  qui  tiennent  û  cette  circonstance. 
B  .  Si  cous  ne  puuvoQs  les  apprécier  daus  lus  parties  essentielles 


48o  ]>A  l'affaisil  i>b  i.'oi;iK 

et  de  perfectionnemeiil  acousHques»  il  n'en  e«l  paf  <fe  mdof 
dans  les  deux  aatras.  Aioaiy  le»  mauunifèreft  nocturo^s  ont 
la  caisse  du  tympan  beaucoup  plus  renSée»  plus  buUenaMut 
les  espèces  qui  ne  le  sont  pas,  comme  on  U  Yoil  dM.lts 
makis  y  et  surtout  dans  les  loris  et  gearos  Toiaius»  parisi  les 
quadrumanes  ;  dans  les  chats  f  les  renards ,  parmi  Ua  caraas* 
siers  ordinaires;  dans  les  chauye  -  souris  et  les  phoques , 
parmi  les  carnassiers  anomaux  ;  dans  les  ècureMÎls  9  les  kwii 
et  surtout  dans  les  gerboises  9  parmi  les  roogeura  9  et  peut- 
être  même  dans  les  cerfs  ,  parmi  les  ongulés. 

Dans  ces  mêmes  mammifères  nocturnet»  y  TouTertiire  de  b 
caisse  est  toujours  beaucoup  plus  lai^ ,  et  par  couséquent  It 
membrane  qui  la  ferme  :  elle  est  plus  à  fleur  de  têla  ou  moias 
enfoncée;  enfin,  le  canal  auditif  externe  osseux  et  cartUaip- 
neux,  est  plus  court  et  plus  ouvert,  ce  qui  entraîne  oneoa- 
Terture  proportionnelle  de  la  conque  proprement  ditc«  C'est 
ce  que  Ton  roit  très-bien  dans  les  chats,  les  écureuUs,  et 
surtout  dans  les  ehaure  -  souris  ;  aussi,  cV>t  dani^  celles -d 
que  Pappareil  de  Toule  semble  être  parvenu  au  suuamum  de 
son  développement ,  du  moins  pour  la  perception  du  bruit. 
On  trouve  en  effet  chei  elles,  outre  un  développement  eotabk 
du  labyrinthe  et  surtout  du  limiiçon ,  ainsi  que  de  la  caisse ^ 
de  l'ouverture  du  tympan,  une  conque  auditive  a^viesgraade 
pour  égaler  quelquefois  en  surface  celle  du  corps  tout  entier; 
et  un  tragus -assez  déreloppé  pour  former  une  sorte  de  double 
conque  placée  dans  l'externe.  Il  semble  que  ce  gr«iid  déte- 
loppement  de  l'appareil  de  l'oule  dims  les  chauve  -  souris  1 
supplée  la  petitesse  de  celui  de  la  vue. 
Lvtpéet»  «^  nature  de  la  substance  alimentaire  animale  ou  régétile  » 

morte  ou  vivante,  ne  parait  pas délenoniner de  différences  tp- 
{>réciables  dans  l'appareil  de  Touîe  des  mammifères  \  l'onoos- 
çoit  cependant  que  les  ei^ces  qui  ont.  besoin  d'apercevoir 
leur  proie  à  distance ,  afin  de  chercher  à  la  saisir  en  se  {etsot 
brusquement  dessus,  aurunt  dû  avoir  quelque  perfectiofiae- 


•J«    noarrilurr. 


DANS   L£S   MAMlflFÈRSS.  4^1 

it)«nt  que  D*aurout  pas  celles  qui  se  nourrîtfseDt  de  substances 
TégéiaJes.  Mais  comme  ces  dernières  espèces  dévouées  pur 
la  nature  à  servir  de  nourriture  aux  premières,  étaient  au 
moins  autant  intéressées  qu'elles  A  les  apercevoir  de  loin  ; 
Ton  peut  également  concevoir  un  certain  degré  de  per- 
fectionnement dans  leur  appareil  de  l'ouie  ;  et  c'est  en  effet 
ce  qui  a  lieu,  la  partie  de  recueillement  des  sons  arrivanlA 
ton  summum  de  perfection  dans  les  espèces  herbivores. 

Le  lieu  qu'habitent  les  mammifères  parait  avoir  une  in-  l  btikitaiioa. 
fluence  plus  évidente  sur  Torgane  de  Taudition  :  ainsi ,  sans 
compter  que  les  espèces  qui  s*élèvent  davantage  dans  les  airs, 
ont  la  totalité  de  Torgane  et  surtout  la  conque  auditive  plus 
développées,  comme  les  chauve-isouris  et  lesécureutls^  parce 
que  cela*lient  plutôt  à  Tépoque  de  la  journée  à  laquelle  ces 
animaux  cherchent  leur  nourriture,  comme  nous  venons  de  le 
dire  ;  il  est  certain  que  les  espèces  qui  vivent  presque  consUMn- 
ment  dans  la  terre,  non  pas  essentiellemeni  pour  s'jjcacher, 
mais  pour  7  chercher  leur  nourriture ,  comme  les  taupe«  et 
genres  voisins ,  les  lemni,  les  #ats-taupes,  etc. ,  offrent  pour 
différences  que  les  parties  intfffnes  sont  souvent  fort  déve- 
lopipéns ,  et  surtout  que  la  conque  senJ^le  disparaître  et  n*est 
remplacée  que  par  un  tube  plus  ou  moins  long  dont  Porifice 
très-petit ,  A  la  surface  de  la  peau ,  est  encore  entouré  et 
recouvert  par  les  poils ^  comme  le  reste  dp  corps. 

Les  mammifères  qui  vivent  dans  l'eau  ,  offrent  quelque 
chose  de  semblable^  non  pas  pour  le  peu  de  développement 
do  labyrinthe  qui  est  souvent  remarquable  par  sa  petitesse 9 
mais  seulement  pour  la  disparition  graduelle  de  la  partie 
extérieure  ou  de  recueillement.  CVstce  que  roo'vok,  pour 
ee  dernier  point,  en  étudiant  successivement  lea. ioutoes^ 
les  phoques  »  les  lamantios,  et  enin  les  eéfaoés.  Les  premkff 
«ni  la  booque  encore  complète  »  quoiquei>eaiieoup  plus  petite 
i^e  dans  les  autres  camasfeîers  venuiforaaes;  les  prenîièna^ 
espèces  de  phoques  ont  aussi  un  petit  rudiaatnt  de  conque 


l«  .   5j 


48o  ]>A  l'appaisil  I>B  i.*Oi;ÏK 

et  de  perfectionDeiiieiil  acousHques»  il  n'en  e<t  pal  ik  mtoe 
dans  les  deux  aatres*  Aioai,  le»  mauunifèrea  Docturo^s  ont 
la  caisse  du  tympan  beaucoup  plus  reoSée»  plus  bulktiiuttf 
les  espèces  qui  ne  le  sont  pas,  comine  on  le  Yoit  dj^f^tlts 
makis  y  et  surtout  dans  les  loris  et  gearos  Toisios  »  p^rini  les 
quadrumanes  ;  dans  les  chats  »  les  renards  9  parmi  les  carnas- 
siers ordinaires;  dans  les  chauye  -  souris  et  les  phoques , 
parmi  les  carnassiers  anomaux  ;  dans  les  écureuils  ,  les  loirs» 
et  surtout  dans  les  gerboises ,  parmi  les  roogeuri  9  et  peut- 
être  même  dans  les  cerfs  ^  parmi  les  ongulés. 

Dans  ces  mêmes  mammifères  nocturnes  9  TooTertiire  de  b 
caisse  est  toujours  beaucoup  pins  lai^ ,  et  par  couséquent  U 
membrane  qui  la  ferme  :  elle  est  plus  à  fleur  de  tête  ou  moins 
enfoncée;  enfin,  le  canal  auditif  externe  osseux  et  cartilagi- 
neux, est  plus  court  et  plus  ouvert,  ce  qui  entraîne  mieoa- 
Terture  proportionnelle  de  la  conque  proprement  dite  C'est 
ce  que  Ton  y  oit  très-bien  dans  les  cbaès,  les  écureuUs,  et 
surtout  dans  les  ehauve  -  souris  ;  aussi,  c*e.*t  dans  celles-ci 
que  Pappareil  de  Toule  semble  être  parvenu  au  suuDiiiium  de 
son  développement ,  du  moins  pour  la  perceplioo  du  bruit. 
On  trouve  en  effet  chei  elles,  outre  un  développement  notable 
du  labyrinthe  et  surtout  du  limaçon ,  ainsi  que  de  la  caisse» 
de  Touvertore  du  tympan ,  une  conque  auditive  aivses  graade 
pour  égaler  quelquefois  en  surface  celle  du  corps  tout  eutier» 
et  un  tragus -assez  déreloppé  pour  former  une  sorte  de  double 
conque  placée  dans  Texteme.  Il  semble  que  ce  grand  déve- 
loppement de  l'appareil  d<-  l'oule  dans  les  chauve  -  souris  » 
supplée  la  petitesse  de  celui  de  la  vue. 
Vr»pH»         9^  nature  de  la  substance  alimentaire  animale  ou  régétale  » 
nourri  ure.  j^^^pj^.  ^^^  vîvantc ,  uc  parait  pa?  diUerminer  de  différences  ap- 
{>réciables  dans  l'appareil  de  l'ouîe  des  mammifères  ;  l'on  000- 
çoit  cependant  que  les  e^oes  qui  ont.  besoin  d'apercevoir 
leur  proie  à  distance ,  afin  de  chercher  à  la  sai^r  en  se  jetsot 
brusquement  dessus,  auront  dû  avoir  quelque  perfectioaae- 


DANS   LES   HÂMlflFÈRIS.  4^1 

ititnt  que  D*4urout  pas  cdies  qui  se  nourritfsent  de  subsUnces 
Tégéiales.  Mais  comme  ces  dernières  espèces  dévouéee  par 
la  nature  i  servir  de  nourriture  aux  premières,  étaient  au 
moins  autant  intéressées  qu'elles  à  les  apercevoir  de  loin  ; 
Ton  peut  également  concevoir  un  certain  degré  de  per- 
fectionnement dans  leur  appareil  de  l'ouie  ;  et  c'est  en  efièt 
ce  qui  a  lieu,  la  partie  de  recueillement  des  sons  arrivant  A 
•on  summum  de  perfection  dans  leé  espèces  herbivores. 

Le  lien  qu'habitent  les  mammifères  parait  avoir  une  in-  l  bniiiuii 
fluenoe  plue  évidente  sur  Torgane  de  l'audition  :  ainsi ,  sans 
compter  que  les  espèces  qui  s'élèvent  davantage  dans  les  airs, 
ont  la  totalité  de  l'organe  et  surtout  la  conque  auditive  plus 
développées,  comme  le^  chauve-^ourls  et  lesécureuils^  parce 
que  cela'tient  plutôt  ù  l'époque  de  la  journée  à  kqueUe  oèf 
animaux  cherchent  leurnourriSure,oomme  nous  venons  de  le 
dire  ;  il  est  certain  que  les  espèces  qui  vivent  presque  consUim- 
nent  dans  la  terre,  non  pas  essentiellement  pour  s'y  cacher, 
mais  pour  j  chercher  leur  nourriture  ^  comme  les  taupes  et 
genres  voisins ,  les  lemni,  les  #ats-taupes,  etc. ,  offrent  pour 
diflérences  que  les  partiet.intfirnes  sont  souvent  fort  déve- 
top|>ées ,  et  surtout  que  la  conque  semble  dispa^ttre  et  n'est 
reo^klaoée  que  par  un  tube  plus  ou  moins  long  <ioot  l'orifice 
tréa-petit ,  à  la  surface  de  la  peau ,  est  encore  entouré  et 
recouvert  par  les  poils ^  comme  le  reste  dji  corps. 

Les  mammifères  qui  vivent  dans  l'eau  ,  offrent  quelque 
chose  de  semblable,  non  pas  pour  le  peu  de  développement 
du  labyrinthe  qui  est  souvent  remarquable  par  sa  petitesse f 
mais  seulement  pour  la  dispaHtion  graduelle  de  la  partie 
extérieure  ou  de  recueillement.  CVstceque  l'ea  voit  9  pour 
ee  dernier  point,  en  étudiant  suocessiveraenl  ka.  Joutœs, 
les  phoques ,  les  Inmaotios,  et  enin  ks  eétaoés.  Les  premîeffa 
ont  laceo^e  eoeore complète,  quoique benueoup  pliis  petite 
4fÊe  dans  lès  autres  carnassiers  vermifOroaes;  les  pfensèra^ 
eapèoea  ide  phoques  ont  aussi  un  petit  rudiment  de  ooqqne 
t«  .   Ji 


482  dB  l'affabeil  de  lV)CΣ 

exférieore  qai  diipartft  tout-à-faît  dans  les  dernières^  Chez  les 
lamaottns  et  la  plupart  des  dauphins ,  la  cooqoe  n*est  plos 
qu*un  tohe  fort  étroit  qui  s'ourre  encore  à  la  peaa  par  an 
orifice  très-petit  y  et  qu'on  a  souvent  beaocoop  de  peine  à 
apercefoir  ;  mais  dans  beaucoup  d^espèces  de  ceux-ci  et  dans 
les  cachalots  et  les  baleines,  ce  tube  se  réduit  en  une  sorte 
de  ligament  qui  Ta  à  peine  jusqu'à  la  peau ,  et  par  conséquent 
l'oreille  moyenne  n'a  pas  d'ourerture  réellement  extérieure, 
elle  n'a  que  celle  de  la  trompe  dans  l'arrière-bouche. 

Useu.  Je  n*ai  jamais  remarqué  que  le  sexe  déterminât  aucune 

dlflerence  dans  l'appareil  de  l'ouïe  ,  et  je  ne  me  rappelle  pas 
qu'aucun  auteur  en  ait  reconnu. 

^*^  Il  n'en  est  pas  de  même  de  l'âge.  On  a  en  effet  obsenrê 

depub  long-temps  que  les  parties  composantes  du  labyrinthe 
qui  9  dans  le  jeune  âge  9  laissent  assfi  bien  aperccToir  leur 
fonkie  extérieurement  9  deyiennent  peu  â  peu  moins  appa- 
rentes ,  à  cause  de  l'encroûtement  calcaire  qui  les  recoune. 
C'est  ce  qui  me  semble  contribuer  à  faire  yarier  PouTertare 
des  aqueducs  et  même  à  les  boucher.  L'humeur  gélati- 
neuse et  rhumeur  lymphatique  diminuent  aussi  ayec  l'âge  y 
tandis  que  la  cloison  décurrente  du  limaçon  devient  plos 
sèche  et  plus  osseuse.  On  a  aussi  remarqué  que  les  osselets 
de  l'ouïe  ont  de  bonne  heure  la  forme  et  la  grandeur  qu'ils 
doivent  avoir,  ce  qui  n'est  peut-être  pas  aussi  rigoureux 
-qu'on  le  pense  :  du  moins  je  n'ai  aperçu  l'os  lenticulaire 
que  dans  les  animaux  complètement  adultes.  Enfin ,  il  est 
certain  que  les  animaux  qui  arrivent  à  la  lumière  plus 
ou  moins  imparfaits,  ont  la  caisse  du  tympan  entièrement 
remplie  d'une  sorte  de  fongus  celiuleuz;  la  conque  souvent 
peu  développée,  a  la  cavité  de  sou  tube  entièrement  close  et 
son  orifice  extérieur  complètement  fermé  par  le  rapproche- 
ment des.éminences  qui  le  bordent.  Je  n'ai  pas  besoin  d'a- 
jouter que  les  cellules  qui  communiquent  avec  la  caisse  da 
typapan,  d'abord  nulles,  se  développent  et  augmentent  avec 


V 


DANS   LES   MAMMIFÈRES.  4^3 

VSige  9  parce  que  cela  est  commun  à  toutes  les  cellules  os- 
seuses. La  partie  tubuleuse  du  cadre  du  tympan  augmente 
aussi  yisiblt'ment  en  épaisseur  et  surtout  en  longueur. 

Toutes  les  autres  différences  que  présente  l'appareil  de  ioomâii 
Touîe  9  dans  la  série  des  mammifères  »  sont  ou  des  anomalies 
proprement  dites ,  ou  des  spécialités.  La  seule  anomalie  bien 
remarquable  est  celle  de  l'éléphant.  En  effet ,  quoique  cet 
animal,  par  sa  place  dans  la  série  »  dut  présenter  une  conque 
auditive  en  cornet  9  cependant  il  n*en  est  pas  ainsi  ;  Toreille 
externe  tout  entière  forme  au  contraire  une  large  plaque 
très-étendue,  tout-à-fait  plate,  collée  contre  la  tète,  et  dont 
les  muscles,  quoique  assez  épais,  sont  peu  subdivisés,  comme 
nous  le  Terrons  à  son  article. 

Un  grand  nombre  d'espèces  de  chéiroptères  offrent  aussi 
cme  anomalie  de  même  sorte  dans  leur  conque  auditive , 
non-seulement  excessivement  développée  dans  le  pavillon  ou 
l'hélix ,  mais  encore  dans  la  cavité  conchienne  supérieure  et 
même  inférieure  qui  est  aplatie ,  élargie  inférienrement  de 
manière  à  se  prolonger  jusqu'à  la  commissure  <ks  lèvres, 

'  comme  dans  les  chauve -souris  proprement  dites;  mais  ce 
que  ces  animaux  offrent  de  plus  singulier ,  est  que  le  tragus 
se  prolonge  en  formant  une  feuille  plus  ou  moins  longue , 
de  figure  variable  suivant  les  espèces,  souvent  simple,  quel* 
quefbis  fourchue  ou  dentelée. 

.  Une  anomalie  contraire  est  celle  du  paresseux  9  chez  lequel 
ToreiUe  externe  est  extrêmement  courte  ,  arrondie  ,  et  forme 
une  sorte  d'écuille  dont  l'ouverture  est  en  avant.  Que  Xon 

-place  cet  animal  dans  le  premier  degré  d'organisation,  ou 
près  des  édenlés;  c'est  toujours  quelque  chose  d'aoomal 
qu'une  conque  auditive  aussi  peu  développée,  dans  un  ani- 
mal pourvu  d'un  aussi  petit  nombre  de  moyens  de  défense^ 
La  nullité  presque  complète  de  la  conque  auditive  dans 
l'acte  dllliger  {Sun.  trivirgaUt,  Humb.  ),  ne  serait  pas  une 
anomalie  d'une  moindre  force  dans  un  animal  de  la  famille  . 

3i. 


4S4  DE  l'apfabeil  ite  l'ovîe 

des  stpajous,  q«i  tonl  tout  plus  ou  moÎM  noctarneSy  si 
rêelleiaeiit  il  mériUiît  lo  nom  qu«  lui  a  doMié  Itliger  ;  mais 
ce  |oli  singe  a  au  cooiraire  une  conque  fort  targv  ,  très-oo- 
Terte»  foKement  coHée,  ii  est  Trai,  contre  la  léte,  «t  peu 
taillante ,  encore  notns  que  dans  les  ouistitis. 
péciaJiiët.         Passons  OMintenant  aux  spécîaiilés. 

M.  L'espèce  humaine  a  le  labyrinthe  en  général  plus  grand, 

proportionnelleoient»  que  la  plupart  des  autres  OMUiuiiilère». 
Le  rocher  fortement  retenu  entre  les  os  du  crioe  y  ost  de 
forme  triquètre,  ses  deux  faces  intérieures  preaque  égales* 
sans  apophyse  lamellaire  le  long  de  leur  angle  solide;  les 
canaux  senii-cifettlaires  sont  presque  égaux,  plus  kmgs  et 
plus  amples  que  dans  les  autres  espèces;  ib  ae  sont  pas  yi- 
sibles  à  PintéHeur.  Le  limaçon  n'a  que  deux  tosirs  et  demi 
de  spire  ;  il  eat  globuleux,  à  peu  près  de  la  même  grosseur 
que  la  masse  des  canaux  semi*oirculaîres  :  la  saillie  qn'il  Eût 
dans  la  caisse  n*est  pas  consldénlila.  Le  canal  auditif  interne 
ne  forme  qu'un  seul  trou  appartQt  ;  les  aqueduca  soot  étroits 
et  souf ent  irrégniiers.  L'orifice  Testibulaire  est  oTale  ;  ceki 
du  limaçon  est  rond  et  regarde  oUlqneaient  en  arrière.  La 
caisse  dn  tympan  est  médiocre»  confondue  ayco  le  rocher  et 
le  temporal  »  et  ne  (ait  qu'une  seule  loge.  La  trompe  guttu- 
rale, terminée  par  un  élargissement  en  forme  de  trompette, 
est  soutenue  dans  toute  sa  partie  antérieure  par  deux  lame« 
cartilagineuses ,  dont  l'interne  est  la  plus  large  :  son  outcr- 
ture  est  toutefois  très-étroite*  La  cellule  mastc^dienoOi  existe 
seule.  Parmi  les  osselets ,  l'étrier  a  bien  la  fortne  qui  lui  a 
▼alu  son  nom  ;  le  corps  de  l'enclume  est  asseï  fort  ;  sa  con- 
catité  articulaire  est  arrondie  ;  aussi  la  tête  du  marteau  est- 
elle  ronde,  atec  quatre  petites  facettes  articulaires.  Le  cou 
de  celui-ci  est  peu  large  ;  son  manche  ne  l'e&t  pas  non  pla5 
beaucoup  à  sa  base,  et  il  est  asseï  peu  coudé.  Le  muscle  de 
l'étrier  est  fort  petit,  et  presque  entièrement  caché  dans  sa 
cellule   d*inse^tion.    Les   deux  muscles  du  marlcnu  soui 


DANS   LES   MAMMIFEIIES.  4^5 

mèdiocreSb  Enfin  la  membraue  dii  tympan^  OYaky  asseï 
large,  asMspeo  obliquement  dirigée  vers  le  bas^  est  alUchée 
à  un  anneau  osseux  presque  complet ,  dont  le  bord  inférieur 
ne  saille  pas  dans  la  caisse ,  et  qui  forme  un  canal  auditif 
extrêmement  court ,  oTale,  et  h  peine  dirigé  en  arrière  et 
en  dessous. 

Quant  à  l'oreille  externe ,  nous  arons  déj<!^  dit  qu'elle  avait 
une  forme  particulière,  et  nous  en  avons  analysé  les  carac- 
tères; nous  n'y  reviendrons  pas;  nous  nous  bornerons  à 
ajouter  que  les  variétés  inférieures  de  l'espèce  bumaine 
offrent  dé)à  quelques  dilTérences ,  et  qu'elles  sont  bien  dans 
Ja  marche  de  la  dégradation  :  ain^i  son  attache  remonte  plus 
haut ,  le  lobule  diminue  sensiblement  •  le  pavillon  ou  l'hélix 
augmente  évidemment,  il  tend  même  déji^  à  s'aplatir,  à  se 
déborder;  les  muscles  cependant  ne  m'ont  pas  paru  plus 
prononcés. 

Les  singes  de  l'ancien  continent  ont  un  rocher  encore  pro-  ^^  •>"«< 
portâoanellement  plus  considérable  que  l'homme,  car  il  a 
plus  d*un. tiers  de  toute  la  longueur  totale  du  crâne;  ses  con- 
nexions adhésives,  sa  direction  et  sa  forme  en  général  sont 
à  peu  près  les  mêmes  :  il  est  cependant  peut-être  moins 
irrégolier,  moins  rugueux,  surtout  infériourenMUt,  où  il  est 
j>ercé  comme  dans  l'homme ,  dans  son  milieu,  par  le  canal 
carolidieo. 

Le  labyrinthe  n'offre  rien  de  bien  remarquable  9  si  ce  n'est 
que  les  canaux  semi-circulaires  sont  rendus  en  partie  apparcns 
à  l'intérieur  par  un  sinus  considérable  situé  au-dessus  et  en 
arrière  du  canal  auditif  interne.  La  saillie  du  limaçon  est 
asaes  forte  :  celui-ci  est  proportionnellement  ausM  grand 
que  dans  l'homme  ;  les  deux  aqueducs  sont  évidens.  Les 
orifices  vestibuUiire  et  cqphléaire  «ont  à  |>eu  près  comme  dans 
l'espèce  humaine;  mais  celui-ci  regarde  encore  plus  en 
arrière.     *" 

La  ceisse  du  tympan  est  médiocre  et  étroite  ;  elle  commii* 


486  DE   L  APPAREIL   DE    L*OD!e 

nique  supérieurement  dans  une  cellule  temporale ,  et  anté* 
rieurement  par  un  orifice  arrondi  dans  une  loge  ijmpa- 
nique  antérieure.  La  trompe  d'Eustache  est  grande ,  large , 
cylindricpie  ;  ses  parois  osseuses  sont  entièrement  formées 
par  le  rocher. 

Les  osselets  ne  diffèrent  de  ceux  de  Thomme  que  par  des 
nuances. 

Le  cadre  du  tjmpan  bien  soudé  forme  un  canal  étroit  5 
profond ,  dirigé  un  peu  obliquement  en  arrière  «t  très-peu 
en  haut.  Nous  arons  parlé  plus  haut  de  la  conque. 
Sapaioos.  |^ç3  sapafous  ont  encore  le  rocher  plus  considérable  que 
rbomme ,  mais  toujours  à  peu  près  de  même  forme  :  on 
commence  cependant  à  aperccToir  une  petite  crête  â  son 
angle  interne. 

Les  canaux  semi-circulaires  ne  sont  visibles  à  Tintérieur 
que  par  un  enfoncement  semblable  à  celui  que  nous  Tenons 
de  remarquer  dans  les  singes.  Le  limaçon  ae  fait  qu'une 
très-petite  ^illie  dans  la  caisse.  Le  canal  auditif  interne  est 
très-petit ,  et  semble  ne  former  qu'un  seul  trou.  Je  n'ai  po 
Toir  de  traces  d*aqueducs.  Les  orifices  extérieurs  sont  encore 
à  peu  près  comme  dans  Thomme  :  le  Testibulaire  est  petit, 
of  aie ,  et  au  fond  d'un  canal  assez  profond  ;  le  cochléaire 
est  tout-ù-fait  en  arrière  du  promontoire. 

La  caisse  est  grande ,  large ,  peu  profonde  et  sans  renfle- 
ment inférieur;  elle  adhère  de  toutes  parts  au  rocher.  La 
cellule  supérieure  se  prolonge  dans  le  temporal  et  même 
dans  le  pariétal  ;  il  y  a  aussi  une  cellule  tympanique  anté- 
rieure comme  dans  les  singes  ;  elle  est  creusée  dans  la  pointe 
de  l'os  qui  s'articule  largement  a?ec  l'os  palatin  postérieur. 
La  trompe  d'Eustache  est  courte,  grande,  comprise  dans 
un  canal  osseux  complet  formé  pigr  le  rapprochement  des 
os  tympanique  et  palatin. 

L'étrier  est  allongé  ;  ses  branches  sont  larges,  creuses  à 
llntérieur  et  fort  minces.  L'os  lenticulaire  était  surtout  é?î- 


DANS   LES   MAimiFERES.  4^7 

dent  sur  uo  individu  Agé  d*alouate;  il  était  ofale,  plus  étroit 
que  les  surfaces  articulaires  des  os  qu'il  sépare ,  et  d*uoe 
couleur  plus  matte  que  la  leur.  L'enclume  a  sa  branche  d'at« 
tache  plus  longue  et  plus  grosse  que  celle  d'articulation.  Le 
marteau  a  le  manche  dans  la  direction  de  sa  tête  9  et  les  apo- 
pfajses  d'insertion  musculaire  fort  petites. 

Le  cadre  du  tympan  est  très-court,  très-oufert;  son  plan 
est  tout-à-fait  vertical;  l'ouverture  est  ronde,  grande  et  à 
fleur  de  la  caisse. 

L'oreille  externe  ressemble  peut-être  plus  à  celle  de 
l'homme ,  du  moins  dans  les  yéritables  sapajous ,  que  celle 
des  singes  à  museau  de  chien.  On  y  voit  aussi  une  trace  de 
lobule  ;  l'hélix  est  encore  un  peu  recourbé  en  avant.  L'an- 
thélix  a  sa  fosse  naviculaire  bien  formée  ;  mais  la  partia.  infé- 
rieure de  la  cavité  conchale  s'est  déjà  un  peu  enfoncée ,  et  la 
supérieure  est  très-grande. 

Dans  l'ouistiti,  la  conque  auditive  est  bien  plus  déformée  ; 
il  ne  reste  plus  que  la  partie  antérieure  de  Thélix ,  et  Tanthé- 
liz  n'a  plus  de  fosse  naviculaire 

Les  makis  ont  en  général ,  sous  le  rapport  qui  nous  oc-      Les  makis. 
cupe ,  plus  de  rapports  avec  les  carnassiers  qu'avec  les  singes 
et  les  sapajous. 

Le  rocher  est  en  effet  proportionnellement  plus  petite 
mais  encore  partout  soudé  avec  les  os  environnans  et  large- 
ment confondu  avec  la  caisse.  U  n'y  a  cependant  pas  de  crête 
à  l'angle  solide. 

Les  canaux  semi -circulaires  sont  indiques  à  rinlérieur  par 
un  sinus  encore  plus  grand  que  dans  les  singes,  et  le  limaçon 
fait  une  saillie  considérable  dans  la  caisse  :  le  canal  auditif 
interne  est  au  moins  aussi  grand  que  dans  les  singes.  Les 
deux  orifices  externes  sont  presque  dans  la  même  direction 
d'ayant  en  arrière ,  le  cochléaire  étant  très-reculé  et  ouvert 
uo  peu  en  haut. 

La  caisse  du  tympan  est  grande  et  surtout  très*bulleuse  s 


488  DE  l'ap^aretl  i>e  l'ouïe 

el  renflée  à  »a  partie  inférieure.  Le  eanal  carotidien  est  à 
peine  percé  à  .«on  extrémité  antérieure.  La  partie  sopérienrr 
de  la  caisse  communique  largement  atec  Inférieure  dont 
les  parois  sont  excessiycment  minces.  La  ceRele  supérieure 
est  asses  profonde.  La-  trompe  est  courte,  cjKodnqtte,  en 
grande  partie  contenue  dans  un  canal  osseux  qui  s^oarre  à  la 
partie  antérieure  et  supérieure  de  la  caisse. 

Des  osselets  de  Toule  ,  le  seul  qui  offre  quelque  chose  de 
remarquable  est  le  marteau ,  dont  le  manche  est  court  dans 
la  direction  de  la  tête  qui  en  est  à  peine  séparée  par  an  cou. 

Le  cadre- du  tympan  est  trés-oureH  ;  il  ne  forme  pas  de 
canal ,  et  cependant  son  bord  externe  fait  une  sailKe  consi- 
dérable dans  la  caisse. 

Noua  oTons  dit  plus  haut  le  peu  que  nous  saTona  de  h 
conque. 

Les  makis ,  les  îndris  ne  différent  très-probaMement  qie 
fort  peu  de  ce  que  nous  Tenons  de  dire  Les  loris  qoi  sont 
encore  plus  é? idemment  nocturnes*  ont  l*ouTerture  do  tjilD- 
pan  beaucoup  plus  large  ;  c*est  ce  que  Ton  voit  très*hien  dsot 
le  lori  de  Ceyian, 

Les  galagos  et  les  tarsiers  ont  é  peu  près  la  même  oreîQe 
interne;  mais  rcxternc,  ou  la  conque  auditive,  acquiert  ea 
énorme  développement,  surtout  dans  le  pavillon,  presqae 
comme  dans  les  chéiroptères  ;  et,  de  même  que  dans  beatt- 
coup  d'espèces  de  cette  famille,  le  tragus  se  prolonge  bor» 
de  Toreille ,  mais  ici  Toreillon  qu'il  forme  est  double. 

L'aye-aye  ,  sous  le  rapport  des  organes  de  Poule,  se  rap- 
proche autant  de  la  famille  des  makis  qu'il  s'éloigne  des  roo- 
genr.<  ;  aussi  sa  conque  auditive  est  extrêmement  large. 

Le  galéopithèque  est  aussi  dans  le  même  cas. 
parc«irux.       Quant  au  paresseux,  il  est  évident  qu'il  offre  une  combi- 
naison particulière. 

Lp  rocher  est  encore  assez  grand  ,  trîquètre ,  mais  arrondi 
à  sa  pointe ,  bien  complètement  enclavé. 


DAK8   LES   MAMMIfiRBS.  4^9 

« 

Les  canaux  seml^cîrciihiîres  ne  sont  pas  indiqués  par  le 
sinus  que  nous  aTons  tu  dans  les  animaux  précéden*.  Le 
limaçon,  atses  salllaiit  dans  la  eaissa,  est  obliquement  di- 
rlfgè  d'arrière  en  aTant.  Le  canal  auditif  interne  est  noièdtoore  > 
ovule.  L'aqueduc  du  KniaçoO)  le  seul  bien  visible  9  est  en 
forme  de  fente.  Les  orifices  externes  sont  très-consîdérableSf 
tous  deux  ronds  9  très*rapprocbés >  le  cochléaire  obliqiie- 
mcDt  postérieur. 

La  caîsae  médiocre  est  parfaitement  confondue  ayoc  le 
rocher  ;  se»  parois  sont  très^épaisaes ,  très-dures  ,  et  comma 
formées  de  deux  lames.  La  cellule  supérieure  est  Irès-déf  elop*- 
pée;  elle  se  prolonge  non-seukment  dans  la  partie  écaillevsa 
du  Irmporaly  mais  même  dans  son  apophyse  sjgômatique. 
La  trompe  est  courte  »  large,  et  terminée  à  la  racine  de  Ta* 
pophyse  ptérjgoîde  par  une  ouferturc  trèf^grande,  è  peu 
près  ronde,  et  bordée  è  son  côté  interne  par  un  court 
appendice  aub-eartllaginefix. 

L'etrier  offre  cela  de  remarquable  qu*il  ressemble  à  une 
pelila  phalange  9  son  corps  n'étant  nullement  percé  par  un 
trou  qui  le  partagerait  en  deux  bruncbc».  L*os  lenticu- 
\mm  est  évident  ;  l'eDclume  a  son  corps  fort  large  ;  sa  branche 
d'attache  assex  courte  et  recourbée  ;  celle  d'articulation  «  la 
plus  longue ,  est  courbée  à  angle  droit  é  son  extrémité  élar- 
gie en  palette.  Le  marteau  a  la  tète  ronde ,  aplatie ,  le  cou 
long,  peu  large,  avec  les  apophyses  d'insertion  musculaires 
médiocres;  son  manche  un  peu  courbe,  élargi  en  cuiller  & 
reitrémité  f  a  une  crête  d'insertion  à  la  membrane  du  tym- 
pan qu'on  ne  peut  mieux  comparer  qu'au  bréchet  du  ster* 
oum  dea  oiseaux. 

Le  cadre  du  tympan  n'est  pas  distinct  ;  mais  le  bord  de 
l'orifice  de  la  caisse  est  renflé  en  un  bourrelet  un  peu  irrégu- 
lier. L'ouverture  est  grande,  sub-ovale ,  obliquement  dirigée 
en  haut  et  en  arrière. 

f«a  conque  est  très-courte,  et  forme  une  sorte  de  fente 


49^  ^^  l'appareil  de  l'ouïk 

Terticale  que  le  payillon  déborde  fort  peu  eo  arrière  :  je 
n'en  connais  pas  les  muscles, 
caraauierf.       Les  aDÎmauz  qui  composent  Tordre  des  carnassiers  offreat 
bien  plusieurs  points  communs  dans  l'appareil  de  Touîe  » 
mais  l'on  trouve  aussi  quelque  chose  de  particulier  dans 
chaque  petit  groupe  qu'on  j  distingue.  Le  rocher ,  de  forme 
triangulaire,  est  évidemment  beaucoup  plus  petit  que  dans 
les  familles  précédentes;  il  défient  de  moins  en  moins  con- 
fondu arec  les  os  du  crâne ,  et  il  ne  lient  à  la  caisse  que  par 
un  petit  nombre  de  points.  De  son  angle  solide  interne  il  s'élèye 
souvent  une  lame  plus  ou  moins  grande  qui  contribue  i 
former  ce  que  nous  connaîtrons  sous  le  nom  de  tente  du  cer- 
velet. Sa  face  postérieure  offre  presque  toufours  deux  on  trois 
trous  distincts  pour  le  canal  auditif  interne ,  outre  le  sinus 
des  canaux  demi-circulaires.  Le  limaçon  est  ordinairement 
très-saillant  dans  la  caisse.  L^orifice  cochléaire  est  souvent 
plutôt  ovale  que  rond.  Des  osselets  de  l'ouïe,  le  marteau 
n'offre  de  remarquable ,  outre  sa  grandeur  générale  ,  que  la 
partie  qui  sépare  la  tête  du   manche  est  très-large ,  très- 
mince  »  et  que  les  apophyses  d'insertion  musculaire  sont  fort 
longues  :  le  manche  ne  Test  pas  moins.  La  caisse  du  tympaa 
est  en  général  fort  grande,  surtout  dans  sa  partie  inférieure 
ou  huileuse ,  et  elle  communique  avec  l'arrière -bouche  par 
une  trompe  très-courte,  dont  l'orifice  en  fente,  vertical, 
et  fort  petit,  est  à  la  racine  des  apophyses  ptérygoîdes.  Le 
cercle  du  tympan  non  distinct  est  pour  ainsi  dire  saisi  par 
l'orifice  de  l'os  tympaniquc ,  de  manière  qu'il  saille  presque 
autant  en  dedans  qu'en  dehors  ;  mais  II  est  disposé  oblique- 
ment, en  sorte  que  la  membrane  qui  est  attachée  à  son  ori- 
fice interné  est  elle-même  très-ohiique  et  fortement  tirée 
en  dedans  pur  le  manche  du  marteau. 

L'orcillo  externe ,  comme  nous  avons  déjà  eu  ToccasioD 
de  le  faire  observer,  se  développe  de  plus  en  plus,  et  par 
conséquent  les  muscles  se  multiplient.  Il  est  à  remarquer  que 


DANS   LES    MAMMIFÈRES.  49^ 

dans  ce  groupe  d*animauz  la  conque  9  dans  son  état  ordi- 
naire f  a  son  ouverture  en  avant ,  et  par  conséquent  que  les 
muscles  qui  la  tiennent  dans  cette  position  sont  plus  forts 
que  les  autres. 

Les  différences  génériques  sont  peu  considérables ,  et  ne 
se  remarquent  guère  que  dans  le  plus  ou  moins  grand  dé?e- 
loppeiuent  de  la  caisse  et  de  Toreille  externe. 

Les  ours  ont  encore  le  rocher  assez  soudé  avec  les  autres  o*»**- 
os  ;  le  limaçon  fait  une  grande  saillie  dans  la  caisse  ;  le  canal 
auditif  interne  est  arrondi  et  médiocre;  les  orifices  exté- 
rieurs sont  assez  petits  ;  le  cochléaire  est  plus  ovale  que  rond, 
et  moins  grand  que  le  vestibulaire  ;  il  est  tout-à-fait  à  l'ex- 
trémité postérieure  du  promontoire.  La  caisse  du  tympan 
est  médiocre;  ses  deux  parties  communiquent  largement 
ensemble  ;  Tinférieure  est  peu  renflée  ou  bulleufe.  Le  cadre 
du  tympan  se  prolonge  en  un  tube  de  médiocre  longueur  ^ 
dont  l'orifice  arrondi  est  dirigé  obliquement  un  peu  d'arrière 
en  avant.  La  conque  auditive  est  larpe»  courte ,  arrondie. 
Les  muFcles  maxillo  -  conchien  et  jugo-conchien  se  di- 
rigent vers  un  seul  tendon  qui  s^atiache  à  la  partie  anté- 
rieure de  la  conque.  Le  snrcili-aurien  est  large,  de  même 
que  le  Tertico- soutien.  Quant  aux  muscles  postérieurs ,  je 
n'en  ai  trouvé  que  trois  nn  peu  superposés;  un  cervico-scu- 
tien,  un  cervico-conchieii  et  un  occipito-concbien-rotaleur. 
Le  cervico-tubien  profond  m'a  sans  doute  écbappé. 

Le  raton  m'a  paru  avoir  plus  de  rapports  avec  l'ours  brun  Bâton. 
qu'avec  Tours  blanc.  Le  rocber  est  très-aplati,  sans  trèle  ; 
le  limaçon  ne  fait  qu'une  petite  saillie;  il  n'y  a  pas  de  trace 
du  sinus  des  canaux  demi-circulaires  ;  l'orifice  vcstibulaire 
est  grand,  ovale,  avec  une  petite  écbancrure  postérieure; 
le  cocbléaire  est  rond,  grand  et  externe;  la  caisse  est  à 
peine  plus  grosse  que  dans  l'ours  noir,  et  ne  forme  égale- 
ment qu'une  seule  cavité  ;  le  cercle  du  tympan  se  prolonge 
en  un  tube  assez  long  et  un  peu  dirigé  en  avant. 


Blaireau. 


Rinka}oa. 


Marlex. 


^Q2  DX   l'aPPÂRBIL    de    l'OOÏE 

Le  blaireau  a  évidemment  lacaiSM  moùia  grande ,  au 
motos  dans  sa  partie  huileuse;  mais  le  eamil  Mjdîllf  exterae 
est  encore  plus  long. 

Le  kinkajou  a  au  contraire  la  caisse  plus  bombée  et  plos 
arrondie  ;^  rovTertore  do  tjmpan,  ronde  et  san»  lobe. 

Dans  les  maries  Tappareil  de  Toiiie  se  rappcocèie  phM  de 
ce  qui  est  dans  les  chiens  que  de  ce  qu'on  toîI  dans  les  chats; 
ainsi  le  rocher  est  percé  d'outre  en  outre  d'un  grand  trou  ¥er$ 
sa  pointe  interne,  qui  est  releTée  comme  dans  let  premiers. 
Le  limaçon  fiiit  une  assea  forte  saillie  dans  la  caisse.  Le  oa* 
nal  auditif  interne  est  rond,  grand  et  profond.  On  y  voit 
trois  orifices  presque  égaux.  L'ouTcrture  eochléaife  est  mé- 
diocre 9  ovale  9  et  au  côté  externe  do  promontoire. 

La  caisse  du  tympan  est  médiocre  »  peu  séparée  du  rocher, 
et  à  peine  partagée  eo  deux  par  une  petite  cloison  aoléfieare. 
La  trompe  est  fort  courte. 

L'enciumc  a  son  corps  fort  large ,  sa  branche  «nlérieure 
très-courte  :  i*au(re  se  recourbe  presque  é  angle  droit  à  soQ 
extrémité  élargie  pour  s'articuler  :  avec  Tétrier.  Le  marteau 
est  toiil-à*£rtit  semblable  à  cckii  du  chien* 

Le  cadre  du  tympan  forme  un  tube  asses  allongé,  dont 
r4)UTer(ure  presque  ronde  est  un  peu  dirigée  en  avaDt. 

La  conque  auditive  est  courir,  mais  large,  arrcMidie^la 
cavité  conchalc  est  teut-à-fait  inférieure  à  ré^'haocnure*  et 
par  con.séquent  cachée.  Le  pavillon  est  petit»  arrondi»  et 
Ton  voit  à  son  bord  postérieur  une  dupJicalure  que  UQus 
n*avions  pas  eu  encore  l'occasion  de  remarquer  daos  les 
groupes  |>récédefts.  Epûu  Tanthélix  forme  un  lobe  triangu* 
laire  assea  saillant  au  bord  supérieur  de  la  cavité  conchaie. 

Je  ne  connais  malheureusement  pas  l'oreille  interne  des 
mangouste»;  mais  la  conque  auditive  est  encore  plus  plate, 
et  moins  prolongée  dans  son  pavillon  qui  est  presque  rond; 
et  outre  le  lobe  formé  par  l'anthélix ,  il  y  en  a  ua  autre  au* 
(^cAsus ,  provenant  de  l'hélix  lui-même^ 


DANS    LIS   MAI£H1FÉI£6.  49^ 

Les  moufeUes  ont  beaucoup  de  ressemblance  avec  les 
ouirtes.  Le  rocher,  qui  est  serré  de  toutes  parts,  n'a  cepen*- 
dant  pas  le  trou  que  nous  avons  tu  dans  oelles-ci ,  ni  ^ôme 
le  sîmis  des  canaux  demi-circulaires.  Les  orifices  externes  du 
labjrinllie  sont  très-rapprochés  ,  et  ue  sont  en  effet  séparés 
que  par  une  bride  ossease.  L*orifice  feslibulalre  est  longitu- 
dinal. 

La  caisse  est  beaucoup  moins  déTeloppée  que  dans  les 
martes.  La  cellule  supérieure  est  fort  grande ,  et  se  prolonge 
dans  le  pariétal. 

Le  marteau  a  son  manche  petit  et  comprimé. 

L*appaml  audiiif  du  yison ,  quoique  fort  rapproché  de 
celui  des  moufettes ,  a  cependant  quelque  chose  des  martes. 
Ainsi  il  j  a  un  sinus  entre  les  canaux  demi-circulaires  comme 
d«nscelles-ûi  ;  et  les  orifices  externes  du  labyrinthe  sont  tous 
deux  grands,  orales  et  fort  rapprochés  comme  dans  celles-U» 

La  caisse  du  tympan  parait  é  rextérieur  plus  grande 
qu'elle  ne  l'est  réellement,  parce  que  ses  parois  sont  for- 
mées par  un  grand  nombre  de  cellulosités  très- Anes. 

Le  conduit  auditif  externe  est  court  et  fortement  dirigé  en 
avant. 

La  genetle  est  imermédiaire  aux  martes  et  aux  chats ,  mais 
plus  voisine  de  ceux-ci.  Le  rocher  est  en  effet  petit,  court, 
arrondi  à  son  sommet;  sa  Ihce  antérieure  couferte  par  la 
lame  osseuse  de  la  tente  du  cervelet.  Le  limaçon  fait  une 
aéillie  considérable  dans  la  caisse.  Le  sinus  inteme  des  ea- 
«aux  demi-circulaires  est  cependant  fort  grand,  tandis  que 
dans  les  chats  il  est  à  peine  indiqué.  Le  canal  auditif  inSaroe 
est  très-évasé  et  peu  profond.  Les  orifices  externes  sont 
oomime  dans  les  chats. 

La  caisse  du  tympan ,  grande ,  allongée  d'arrière  en  avant , 
€ât  formée  de  deux  parties  distinctes,  ne  communiquant 
entré  elles  que  par  un  trou  asseï  petit  ;  c'est  la  partie  pasté- 
rieore  qui  eel  la  plus  grande. 


Moufettes. 


G«a«Uct, 


494  ^K  l'appareil  dk  l'ouIe 

L'ouverture  du  tympan  est  large,  orale,  ud  peu  oblique, 
sans  tube  osseux. 

Le  zorîlle,  le  surîkate  resserableot  aux  geuettes  pour  les 
différentes  parties  de  l'oreille. 
cbatt.  1^5  chats  ont  un  organe  de  Foule  fort  semblable  â  celai 

des  genettes.  Nous  avons  cependant  déjà  dit  qu*tl  n*j  avait  pas 
de  sinus  des  canaux  demi-circulaires. 

La  caisse  est  encore  plus  grande ,  plus  sphérique  ;  sa  cavité 
semble  également  partagée  en  deux  par  la  grande  aaillie  do 
limaçon  et  celle  du  bord  inférieur  du  conduit  auditif  externe. 
Les  cellules  sont  presque  nulles. 

Le  cadre  du  tjmpan  forme  une  ouverture  peut-être  encore 
plus  grande  que  dans  la  genette ,  mais  de  même  sans  tube. 

L'oreille  externe  diffère  sensiblement  de  ce  qu'elle  est 
dons  les  autres  carnassiers.  Le  tragus  est  plus  large  et  plas 
oblique,  de  même  que  l'échancrure  qu'il  borde;  le  bord 
postérieur  de  l'hélix  ou  du  pavillon  est  toujours  fendu ,  et  la 
lame  antérieure  est  profondément  échancrée;  mais  l'anthélii 
n'a  pas  le  lobe  triangulaire  des  genres  précédens  ,  ou  du 
moins  il  est  plus  court ,  arrondi  et  recourbé.  Au  contraire,  b 
conque  proprement  dite,  beaucoup  plus  large,  plus  ou- 
verte ,  et  portée  sur  un  pédicule  fort  court,  offre  des  anfrac- 
tuosités  plus  nombreuses  et  plus  prononcées;  aussi  les  mus- 
cles dorsaux  intrinsèques  qui  remplissent  les  replis  sont-ils 
plus  forts  et  plus  nombreux  que  dans  les  autres  mammifères. 
Les  muscles  du  tragus  sont  aussi  très-forts  ;  le  plus  considé- 
rable est  supérieur  et  vertical,  il  est  immédiatement  sousb 
peau,  entre  l'origine  de  l'hélix  et  le  tragus;  l'autre,  presque 
transversal,  réunit  les  deux  bords  du  cartilage  au-dessous  de 
l'échancrure.  Quant  aux  extrinsèques,  quoiqu'ils  soient  à  peu 
près  les  mêmes  que  dans  les  groupes  précédens ,  nous  allons 
en  donner  la  description ,  parce  que  nous  les  coonaîssoas 
plus  complètement  dans  ce  genre.  Le  maxillo-conchieDy 
assez  petit ,  s'attache  au  bord  inférieur  de  l'an ti tragus ,  près- 


DANS    LES   MAMMIFÈRES.  49^ 

« 
que  conjointemeot  avec  ie  jugo*conchîen  qui  est  aussi  peu 

considérable.  Le  jugo-scutien  qui  recouvre  eu  grande  partie 

celui -ci  I  est  court  et  mince;  le  surcili-conchien  est  formé 

de  deux  parties;  Tune  plu»  large 9  qui  s*arrête  au  cartilage 

scutiforme,  et  Tautre  qui  fait  le  bord  supérieur  du  scuto- 

coQchien  antérieur.  Celui-ci  9  de  tout  le  bord  postérieur  du 

cartilage  se  porte  à  une  partie  élargie  de  l'origine  de  l'hélii. 

Le  maxillo-conchien  profond  est  assez  fort  ;  sa  terminaison 

à  l'oreille  se  fait  â  la  base  du  bord  interne  et  antérieur  de  la 

partie  tubuleuse  de  la  conque.  Quant  aux  muscles  supérieurs  9 

les  vertici-conchien  9  Tertico-scutien  et  ccrvico-.scutien  «  sont 

fort  minces  :  de  ceux  de  la  couche  profonde  9  Toccipito^on- 

chien-rotateur  est  le  plus  épais  ;  il  se  contourne  largement 

autour  du  renflement  considérable  de  la  conque. 

Les  espèces  nombreuses  de  ce  genre  offrent  sans  doute 
quelques  différences;  mais  elles  doivent  être  légères.  J*ai 
cependant  remarqué  que  les  chats  proprement  dits  ont 
l'appareil  extérieur^  la  caisse 9  l'ouverture  du  tympan,  plus 
déreloppés  que  le  lion.  Les  saillies  et  an  frac  tu  0  sites  du 
cartilage  de  la  conque  m'ont  aussi  paru  différer  un  peu 
dans  le  jaguarondi9  de  ce  qu'elles  sont  dans  le  chat  domes- 
tique. 

Dans  la  famille  des  chiens  le  rocher  est  moins  serré  entre  cbien<. 
les  os  du  crâne  9  et  largement  réuni  avec  la  caisse  ù  laquelle 
il  ne  tient  que  par  deux  asi^^ez  petits  pédicules.  Son  angle  so- 
lide donne  naissance  à  une  crête.  Le  limaçon  est  assez  peu 
•aillant.  Il  y  a  un  très-grand  sinus  entre  les  canaux  demi* 
circulaires.  L'orifice  vestibulaire  eii  ovule  9  mais  presque  ver- 
tical et  peu  séparé  du  cocbleaire  qui  est  sub-ovale. 

La  caisse  est  encore  fort  grande  9  surtout  dans  sa  partie 
inférieure  et  huileuse  qui  est  très-renflée  9  et  séparée  de 
l'autre  par  une  sorte  de  diaphragme. 

L*enclume  a  ses  deux  branches  courtes  et  presque  égales  9 
l'articulaire  un  peu  courbée  à  Textrémité.  Le  marteau  9  qui 


49i>  i>K  l'appâbsil  dx  l'odix 

ett  grand,  a  ses  angles  et  sesapopbjMS  t 
son  muscle  interoe  esl-U  très-épnb. 

Le  cercle  du  Ijmpan  fonne  an  canal  nbKqiie,  naacs  saiUaat 
en  dehors,  un  peu  dirigé  en  kaot,  el  dont  ronveitnre  m 
grande  et  irroodie. 

La  conque  a  acquis  presque  le  pins  grand  développanMat 
dont  elle  est  susceptibW  dans  cet  ordre,  surtout  par  eeU  de 
rhélix  ou  du  par illon  disposé  en  nn  long  oomct  ;  le  p6dicalf 
cartilagineux  est  plus  allongé  ;  la  carilé  coocbaift  inferirac 
est  peu  enfoncée;  il  0*7  a  pas  de  lobe  de  ranthélîz;  mm 
llléiix  à  sa  termluaison  antilragienne  est  feodii  oomme  dMS 
les  chats ,  quoique  moins  parfisiiement. 

Les  muscles  sont  aussi ,  muou  plus  nombreux  ,  du  maiM 
plus  forts  que  dans  les  genres  précédens  ;  lia  offrent  ceprs- 
dant  à  peu  près  la  même  dt»position  que  dans  les  cbals.  les 
différences  principales  consistent  en  ce  que  le  mnziUo-es»- 
chien  superficiel  et  le  maxillu-conchien  profond  9  sont  prapst- 
lionoellemeot  plus  grêles;  le  fugo-eonchient  ni  auttoatk 
jugo-scutien  sont  au  contraire  bien  plus  déT€loppéa;eel8K> 
est  même  divisé  en  deux  parties,  dont  la  aupérieven^ 
Tangle  de  la  boocbe.  On  distingue  moins  bien  les  deux  psr- 
ties  du  muscle  tragien  que  dans  les  chats  ;  mais  rantitrsgiai 
est  subdivisé  en  deux  parties;  Tune  qui  occupe  la  place  or- 
dinaire, et  Tautrc  qui  semble  la  continuatioo  de  roocfîUh 
conchieii-rotateur* 

J'ai  observé  que  le  loup  a  certainement  In  caisse  pis* 
grande  et  plus  arrondie  que  le  chien. 

Le  reuard  Va  égulemeot  plus  huileuse  «  plus  renflée,  et 
surtout  plus  allongée  et  plus  pointue  en  arant. 

J(*  n'ai  pas  fait  ranatomie  de  Toreille  des  kjènes»  mab  ii 
est  fort  probable  qu'elle  diffère  peu  de  celle  des  chiesHb 

Lc8  carnassiers  insectivores  diffèrent  beaaooup  entreeaS} 

(it  de  ce  que  nous  veuous  de  Toir  dans  les  erpèoetf  aomides. 

fiérhiuDs  Le  hérisson  y  par  exemple ,  offre  une  disposition  toute  psr- 


DANS   LES   MAMMIFÂRES.  497 

liculière  et  que  dous  ne  retrouyerons  que  dans  les  didelpbes  » 
et  entre  autres  dans  les  sarigues.  Le  rocher ,  d'une  forme 
arrondie ,  sans  crête  sur  son  angle  9  a  cependant  an  sinus 
assex  grand  au-dessus  du  canal  auditif  interne  qui  est  peu 
profond.  Le  limaçon  saille  assez  peu  dans  la  caisse.  Les  ori- 
fices externes  du  labyrinthe  sont  très-rapprocbés. 

La  caisse  du  tympan  est  médiocre  :  Tos  qui  la  constitue 
ordinairement  est  libre  et  non  articulé  ;  \Y  est  êi  peu  considé- 
rable que  la  cavité  est  en  grande  partie  formée  par  une  sorte 
d*apophyse  large  et  concaye  du.  sphénoïde  postérieur.  La 
trompe  est  très-courte  9  surtout  dans  sa  partie  membraneuse  ; 
elle  s*ou7re.par  un  orifice  petit»  oyale,  sur  le  bord  antérieur 
d*one  caTité  assea  profonde  creusée  sous  le  crftne»  et  qui 
donne  dans  les  arrière-fosses  nasales^ 

L*étrier  est  grand  ;  ses  branche»  sont  très-grêles  9  presque 
droites.  L'enclume  a  sa  branche  d'attache  fort  courte;  rentre, 
recouri>ée  et  élargie  &  son  extrémité.  Le  marteau ,  dont  le 
cou  est  très-large  y  et  le  manche  court  et  tnquètre  9  a  ses  deux 
muêclieiy  et  surtout  le  postérieur  asses  gros. 

La  membrane  du  tympan  est  très-oblique  »  presque  hori- 
xontale ,  et  attachée  au  bord  de  l'os  en  forme  de  hausse-col  » 
qui  constitue  la  caisse.  Il  n'y  a  donc  pas  de  canal  auditif  ex- 
terne oiaeux. 

La  conque  audillye  de  cet  animal  est  tnès-courte,  arrondie 
et  assez  large.  Elle  offre  cela  de  remarquable  que  deux  de 
ses  nmsoles  postérieurs  »  le  cenrico-conchien  et  le  cenrico- 
acutien  ront  s'attacher  en  arrière  sous  le  muscle  peaussier 
doraaiy  comme  nous  l'arons  déjà  dit  plus  haut. 

Le  tenrec  diffère  un  peu  du  hérisson.  La  caisse  est  cepen- 
dant toujours  incomplètement  osseuse;  mais  lecapal  au- 
ditif externe  existe  bien ,  quoiqu'il  soit  assez  petit. 

Dans  les  taupes ,  qui  ont  quelques  rapports  éloignés  arec     Taapcs. 
les  hérissons ,  lerocber,  très-aplati,  comme  tout  l'appareil  9 
est  assez  grand  9  et  soudé  complètement  avec  les  os  iqui  l'en- 
1.  52 


49^  DE  l'appâieil  de  l'ovîe 

lourent.  Le  reslMHile  est  gnmd  et  meolâire.  Les  eamux 
demi-cireulUres  sooft  f&n  dét^ppés  el  eMièretteni  4  détoe- 
Terty  «utrf  k  tioos  ^iii  les  paittge  est-il  èaorwat*  Le 
çoo  est  âo  cMtraire^lit ,  et  ne  fait  qa*oiie  petite  s^lUe 
la  caisse^  il  «et  entmiré  de  eellolosilés.  Les  oriftoes  cHcma 
sont  as&esmpproebés  :  celui  de  iAjrimhe  est  le  plat  petit  ; 
l'autre  est  dans  one  loge  distincte  9  très-ittférieaTa  ctde  Ibrae 
ovale  al  langée» 

La  caisse  du  tjmpan  est  longue  et  Isrt  déprimée  ;  ellessl 
sartoat  remarquable  par  la  grandeur  des  ceMales  f  et  sai^ 
tout  de  la  snpérîenre  ;  tnsis  il  y  en  a  encore  nne  interne  et 
infêrienre. 

Les  osselets  de  Tonie  sont  proportionnellement  pins  gnaà 
que  dans  aucun  mammifère.  L*étrter>  feit  lai^e»  a  cela  et 
singiilier  quVine  bride  de  la  oeHnlosité  ossetisn  tfnwne  u 
partie  ride  ,  et  qne  sa  platine  est  étroite  et  fort  allnngée  :  le 
marteau  ressemble  à  une  sorte  de  pHon  ;  le  mandw  est  M 
court  au  «contraire  du  oou» 

Le  cadre ,  non  distinct  y  n^sst  qu^un  prolongement  de  h 
caisse;  |on  ouverture  est  ovale ^  déprimée  et  presque  èsri- 
sont»ie« 

L*oreille  externe  9  nulle  en  apparence ,  se  oompoee  réeHe- 
inenl  du  tube  ordinaire  et  de  la  conque  qui  a  lamêmeforne. 

Les  chrjrsochlores  ressemblent  tout*à-fait  nnx  taupes  duis 
leur  appareil  de  Touie. 

Les  musaraignes  ne  m*ont  offert  rien  de  luen  remaïqos- 
Ue  à  ce  sufet;  eependaot  plusieurs  espèces  ont  raotilragai 
a^sez  développé  pour  pouvoir  servir  d'opercule  et  kasta 
le  canal  auditit  Cela  est  surtout  évident  dans  la  nmsarsigne 
aquatique. 
cuiropièiM.  Les  animaux  de  la  famille  dos  cbauve- souris  ontHip* 
.  pareil  4e  l*audition  ie  plus  développé  de  tous  les  mamau'- 
(ères.  Le  rocbcr  est  en  effet  énorme  proport îonnellemeat« 
il  n'adbère  en  aucune  manière  anx  os  environnans.  Le  ve9- 


DANS    LES  MAMMlFfÈRES.  499 

tibul«  est  assex  petit  et  rond;  les  canaux  demî-circulairet 
sont  parfaitement  éyidés  :  ils  forment  entre  eux  une  sorte  de 
caTité  oQYerte  du  côté  du  crflne  en  un  vaste  sinus  analogue 
à  ce  que  nous  avons  vu  dans  beaucoup  d^a^tres  mammifères^ 
Le  limaçon  est  énorme  :  il  ne  peut  être  mieux  comparé  qo*à 
une  petite  coquille  trocbiforme  qui  aurait  quatre  tours  de  . 
spire;  aa  rampe  inférieure  est  beaucoop  plus  grande  que 
Tautre.  Le  canal  auditif  interne  se  compose  de  deux  trous  y 
dont  un  très^grand  et  spiral  pour  le  limapon.  L^s  oriflcei 
externes  sont  Tun  et  Tautre  ovales  et  assea  dlKans, 

La  caisse  du  tympan  est  presque  entièrement  n»embra« 
neuse  9  la  partie  osseuse  ne  formant  qu'une  sorte  de  petite 
écaille  antérieure»  ovale  et  recourbée,  è  laquelle  s'attache  la 
membrane  :  celle-ci  est  très  -  enfoncé;e  dans  la  caisse  ;  eUe 
est  fort  large ,  ronde  et  ^excavée  en  dehors  comme  un  verre 
de  montre. 

Les  osselets  4je  Touie  sont  proportionnellement  fort  grands; 
rétrier  a  sa  branche  postérieure  pfus  épaisse  que  Tautre»  ef 
son  muscle  très*considérable  ;  Tenclume  a  ses  branches  Irèf- 
écartées»  l'articulaire  beaucoup  plus  longue  que  Tautre.  Le 
marteau  est  assea  bien  celui  des  autres  carnassiers;  il  esf 
très-courbii  ;  son  muscle  interne  est  très-épais. 

Nous  avons  déjà  noté  la  grandeur  et  la  singularité  de  Ja 
conque  %  du  moins  dans  un  certain  nombre  d^espèces.  Ses 
mqacles  sont  fort  petits,  peu  nombreux»  et  réduits  aux  trois 
faisoeaux  fondamentaux. 

Les  petits  groupes  génériques  de  celte  famille  offrent  quel- 
qoea  différences  dans  la  forme  de  la  conque»  puisque  ehei 
les  ans  elle  est  simple»  landis  que  dans  d'autres  le  tragus  est 
développé  en  oreillon,  et  peut-être  même  dans  les  parties 
plus  essentielles.  C'est  dans  les  roussettes  qu'elles  sont  un 
peu  plus  considérables»  l'appareil  en  général  étant  moioi 
développé»  et  plus  solidement  retenu  entre  les  os  du  orftne. 

^armi  les  carnassiers  dont  l'organisation  a  été  modifiée     ^uilq^ 


5oo 


DE    LAPPAREIL   DE    LOUÎE 


i^uire.  pour  chercher  leur  nourriture  dans  '  Têtu ,  la  loutre  a  évi- 
demment  beaucoup  de  ressemblance ,  sous  le  rapport  qoi 
nous  occupe ,  avec  les  moufettes ,  plus  même  qu'arec  les 
martes.  Tout  l'appareil  osseux  est  cependant  en  général  plus 
aplati  ;  la  caisse  est  du  reste  asses  petite. 

Phoques.  Les  pboqucs  ordinaires  ont  la  caisse  du  tjmpali  plus  ren- 

flée, plus  huileuse ,  la  lame  circulaire  saillante  du  cercle  ia 
tympan  formant  un  cercle  presqu  ecoroplet;  la  conque  ao- 
ditiVe  réduite ,  comme  dbns  la  taupe ,  à  un  simple  lobe  car^ 
tilagineux,  offre  cela  de  particulier  qu'elle  se  dirige  tout-â- 
fait  d'arrière  en  avant  sur  les  côtés  de  la  tête;  aussi  s'ouvre- 
t-elle  par  un  orifice  ovale  assez  étroit,  pre^siqué  foimédfate- 
ment  en  arrière  des  yeux.  J*ai  vu  à  cette  conque  un  muscle 
antérieur  assex  évident,  et  le  peaussier  envole  au  bord  pos- 
térieur de  Toriflce  quelques  fibres  qui  doivent  fiôtitribuerâ 
l'ouvrir. 

Les  espèces  de  phoques ,  qui  arrivent  à  une  bien  pitis  grande 
taille  ,  m'ont  paru  avoir  toujours  une  caisse  beaucoup  nooios 
grande  et  se  prolongeant  en  un  tube  osseut  assez  long. 

Les  mammifères  édentés  offrent  encore  moins  d^onifor' 
mité  que  les  espèces  des  deux  degrés  d'organisation  précé- 
dens.  Malheureusement  je  n*ai  pu  étudier  Torgane  de  l'ouïe 
que  dans  un  petit  nombre.  ^ 

TaioM.  Les  tatous,  dont  le  rocher  est  asset  bien  enclaVé,  avecoo 

seul  trou  en  spirale  pour  le  conduit  auditif  interne,  et  doDt 
le  limaçon  lait  une  saillie  assez  forte  dans  la  caisse,  oCreot 
quelque  chose  de  remarquable  dans  la  manière  dont  la  caisse 
se  décompose  pour  ainsi  dire  en  ses  élémens  »  et  doot  les 
osselets  de  l'ouïe ,  très  gros ,  tendent  à  en  sortir. 

La  caisse  est  en  effet  considérable ,  et  cependant  l'os  tym- 
panique  est  très-petit  ;  aussi  est^elle  en  grande  partie  mem- 
braneuse. La  cellule  supérieure  est  grande ,  mais  ne  s'étend 
pas  loin  ;  la  trompe  doit  ^tre  presque  entièfemeot  meni' 
braneuse  et  courte. 


Dans  les  ^eo* 
iM  oorinaux. 


DANS    LES   MAMMIFÈRES.  5oi 

Des  osselets  de  l*ou!e  f  Tétrier  et  renclume  n'offrent  rien 
de  bien  remarquable ,  si  ce  D*est  qu*ils  sont  presque  entiè* 
rement  hors  de  la  caisse  ;  mats  le  marteau  est  tout-à-fait  singu- 
lier :  i(  a  un  peu  la  forme  d'un  fer  &  cheval  y  dont  le  sommet 
très-lar^,  aplati,  formant  à  la  fois  la  tête  et  le  cou»  s'articule 
supérieurement  avec  l'enclume  et  de  chaque  côté  avec  les 
extrémités  du  cercle  du  tympan,  entre  lesquelles  il  se  place  ; 
la  branche  postérieure  est  grêle ,  étroite  ;  elle  s'élargit  à  soii 
extrémité  en  une  sorte  de  platine  :  o'esi  le  manche  qui  adhère 
à  la  membrane  du  tympan;  la  branche  antérieure,  plus 
longue  que  le  manche ,  est  l'apophyse  antérieure  du  mar- 
teau ;  elle  se  loge  en  partie  dans  une  rainure  externe  du 
cercle,  et  par  conséquent  est  presque  tout  entière  hors  de  la 
câfité. 

Le  cercle  du  tympan  forme  un  os  bien  distinct  conformé 
en  hausse-col,  et  dont  Téchancrure  supérieure  est  remplie 
par  le  marteau.  Il  donne  attache,  au  moyen  d'un  sillon  in- 
terne, à  une  membrane  assez  ronde,  mais  peu  étendue.  U 
n'y  a  pas  de  tube  osseux  au  canal  auditif  externe. 

La  conque  auditive  est  très-grande ,  et  le  pavillon  en  cor- 
net ;  je  n'en  connais  pas  les  muscles. 

Les  fourmiliers,  pour  l'oreille  interne,  me  paraissent  res-  Foiirniiii«rt. 
sembler  anx  tatous,  ils  ont  cependant  un  sinus  des  canaux 
demi -circulaires  considérable,  ce  que  n'ont  pas  ceux-ci; 
mais  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  caisse ,  qui  est  petite  ,  for- 
mée par  un  seul  os,  bien  réuni  au  rocher,  et  qui  se  prolonge 
en  un  tube  très-court.  La  cellule  supérieure  est  étroite,  mais 
asses  profonde.  Je  n'ai  pu  trouver  de  véritable  trompe  d'Eus- 
tâclie^  à  moins  que  de  regarder  comme  telle  une  vaste  cavité 
arrondie,  creusée  dans  l'os  palatin ,  avec  laquelle  la  caisse  com- 
munique par  un  oriGce  percé  dans  une  cloison  membraneuse. 
En  e£kt,  cet  orifice  est  bien  à  la  place  où  devrait  être  le 
commencement  de  la  trompe  ;  mais  je  n'ai  pu  apercevoir 
de  communication  de  cette  poche  avec  les  fosse»  nasales 


ïdMUt 

UBomtazou 

oëlMëc. 

Denpbiu. 


56*2  DE   l'aPPAEEIL  DE    l'ODÎÊ 

qui  9  dans  ces  animaux^  te  prolongent  îniqne  sous  Tôt  basi- 
laîre. 

Lea  oaaelela  de  Foule  6ont  aaléi  sembfaiblea  à  ce  que  nouf 
lea  arons  Tua  daoa  les  caroMsIera. 

La  ineiiri>ftiBé  du  tympati  est  très-oblique  et  rentrée  daoi 
la  caisse. 

La  conque  auditife  est  asseï  grande ,  je  d*eii'  ccmiiais  fss 
lea  muscles. 

LVgane  de  Fouie  des  pangolins,  et  sortoat  eelol  de  Forjc- 
téropèy  ne  me  sont  que  tr^-tncompléfement  connus  :  je 
sais  seulement  que,  dans  les  premiers,  la  caisse  est  médio- 
crement renflée,  et  que  son  orifice  est  un  grmid  trou  orale, 
satfs  trace  de  tube.  La  conque  ftoditire  est  très-^oonrte}  eo 
forme  d^écaîlle ,  comme  daos  le  paresseux. 

L'orjctérope  a  au  contraire  un  énorme  paTÎtloii  de  l'o- 
reille ou  cornet. 

Les  édentés  anoroaox,  ou  les  cétacés,  ont  on  appareil  tu- 
ditif  qui  forme  encore  un  type  particulier. 

La  masse  entière,  asses  petite,  c*est-à-dire  le  rocberel b 
caisse  compris ,  n*adhère  en  aucune  manière  aux  os  duerioc) 
dont  elle  est  ^éplirée  par  im  tbsu  fifareux  considérable  ;  elle 
est  lo^ée  au  milieu  d*un  vaste  sinus  Yeineux  qni  rempRt  le 
trou  déchiré  postérieur  en-dessus  comme  en-dessous. 

Le  rocher  proprement  dit ,  est  remarquable  par  sa  peti- 
tesse :  il  est  formé  par  une  masse  arrondie  au  milieo  de  deux 
pointes  mousses  ',  c*est  à  Faide  d*un  pédoncule  étroit  de  it 
postérieure  qu'il  se  continue  aTcc  la  caisse;  Le  restibole 
est  très-petit ,  à  peu  près  rond  ;  les  canaux  demi-cireulaifes 
sont  surtout  extrêmement  étroits;  Ils  sont  indiqués  à' ris* 
térieur  par  un  très-petit  sidus.  Le  lima(Jon  fait  une  saillie  ar- 
rondie asses  considérable  dans  la  caisse^  Sai  spire  ^  qui  m 
fiiit  qu'on  tour  et  demi  ou  deux  tours  àtt  pins  >  est  trè^ 
surbaissée  ;  le  canal  auditif  Interné  est  très-graiid  ;  Faqoe- 
duo  du  limaçon  est  très-érident  j  celui  do   rtstibolé  Vtêi 


DANS    LES    MAMMIFÈRES.  5o3 

motos  ;  les  orifices  exleriies  sont  presque  égaux  cl  à  peu  près 
roods. 

La  caisse  e^t  plus  grande  que  le  rocher;  allongée  d'arrière 
CD  ayaot  j  elle  est  comme  bîfurquée  en  arrière ,  et  serahle 
une  lame  épaisse  enroulée  en  oublie.  C*est  à  son  extrémité 
antérieure  que  la  grande  gouttière  qu'elfe  forme  donne  nais- 
sance à  la  trompe 9  qui  est  large,  entièremem  meipbra- 
neuse»  et  dont  Tintérieur  offre  des  cloisons  irrégulières  qui 
la  ienl  ressembler  à  un  sinus  Teineux.  Cette  trompe  offire 
quelque  chose  de  bien  remarquable  en  ce  qu*aussit(»t  apfèa 

• 

sa  sortie  de  la  caisse  elle  communique  par  un  large  orifice 
arec  un  grand  sinus  postérieur  ^  placé  au  côté  externe  de 
Tapophyse  ptécygoîde  sphénoldale  »  depuis  son  union  avec 
Tapophyse  mastoide,  et  surtout  parce  qu'ayant  de  se  ter- 
miner dans  la  fosse  nasale  correspondante  elle  se  dilate  entre 
les  npo[Ayses  ptérygoîdes,  et  que  dans  cette  dilatation,  com- 
munique largement  le  sinus  maxillaire  de  l'appareil  oUactiL 
Parrenue  ensuite  sur  les  côtés  de  Papophyse  ptérygoîde  in- 
terne »  ou  du  palatin  postérieur,  la  trompe  rétrécie  se. re- 
couite  à  angle  droit ,  et  pénètre  dans  le  canal  nasal  eb  ^le 
s*ouYie  plus  ou  moins  haut  par  on  orifice  assex  petit  et  très- 
oblique. 

L'étrier  épais ,  solide»  a  ses  branches  fort  grosses  9  et  sépa- 
rées par  un.  trou  très-petit  ou  nul;  sa  platine  est  ronde  et 
concaye;  Tenclume  a  la  forme  ordinaire ,  ses  deux  apo- 
physes presque  égafes  ;  l'os  lenticulaire  n*est  pas  plus  dis- 
tinct que  dans  les  autres  mammifères;  le  marteau  est  surtout 
fort  remarquable  »  en  ce  qull  est,  comme  dans  fe  tatou , 
sorti  de  la  caisse  du  tympan.  Situé  dans  une  rainure  longi- 
tudinale qui  sépare  le  rocher  de  la  caisse  où  il  est  enclavé» 
il  parait  ne  )ouir  d'aucune  mobilité  ;  il  n'a  pas  de  manjohc 
propreDoenl  dit  ;  la  pointe  de  son  extrémité  antécieiure  se 
porte  en  avant  et  en  dehors  ;  sa  tête ,  arrondie  du  même  côté» 
mais  en  dedans»  a  son  extrémité  postérieure  amincie foiir 


5^4  ^^   L*APPÀR£IL   Oi   L'oUÎÈ 

»on  articulation  avec  l*eDclume ,  dont  les  apopliyses  se  di- 
rigent toutes  deux  fers  le  haut.  Le  marteau  u*a  aucun  muscle  ; 
mais  rétrier  a  toujours  le  sien.  »^ 

Le  cadre  du  tynlpan  n*ejdste  pafs.  L*ouTerture  du  canal 
auditif  externe  est  irrégulièrë'  et  comme  partagée  en  deux 
par  une  sorte  d*apophjse  montante  et  tronquée  de  la  caisie. 
La  membrane  du  tjmpan  qui  s*j  attache  est  fort  épaisse. 
Il  en  sort  un  conduit  cartilagineux  un  peu  contourné  en  tîre- 
boudion ,  aTe<^  une  caTÎté  extrêmement  étroile.  Ce  lobe^ 
fort  long ,  tortueux  9  se  dirige  d'arrière  en  levant ,  de  bas  ea 
haut  pour  s*ouYrir  plus  ou  moins  en  arrière  de  rœîi  par  oa 
orifice  à  peine  perceptible* 

Les  cétacés  diffèrent  un  peu  dans  la  proportion  «  dans  la 
forme  du  labyrinthe  et  de  la  caisse,  ainsi  que  dans  1*00- 
Terture  extérieure  du  canal  auditif.  Les  marsouins  et  lef 
dauphins  m*ont  paru  se  ressembler  complètement  sous  tons 
les  rappotts.  Quelques  espèces  ont  cependant  un  orifice  ex- 
térieur YÎsible  )  tandis  que  dans  d'autres  on  ne  peut  Taperce^ 
Toir. 

Dans  le  cachalot,  d'après  Camper,  l'appareil  en  totalité 
est  beaucoup  plus  petit  que  dans  les  dauphins,  et  même  qoe 
dans  les  baleines.  Les  rampes  du  limaçon  sont  séparées  par 
une  cloison  osseuse  continue  ;  la  spire  qu'elle  forme  a  on 
peu  plus  de  deux  tours.  La  fin  du  lifnaçon  s'élargit  en  oae 
espèce  de  petit  vestibule  particulier  séparé  du  gratid  par  aoe 
écaille,  et  dans  lequel  on  volt  dcui  petites  ouvertures  ap- 
partenantes probablement  aux  aqueducs.  La  caisse  est  aussi 
fort  petite ,  et  sa  forme  est  phis  ouverte.  Le  marteau  libre  par 
sa  tête  qui  est  globuleuse,  est  soudé  par  son  apophyse  externe 
avec  le  bord  de  la  caisse. 

La  baleine  a  le  labyrinthe  évidemment  plus  grand  que  le 
cachalot,  le  rocher  étant  terminé  en  arrière  par  une  longue 
pointe  mastoïdienne  ;  le  limaçon  est  aussi  plus  développé^ 
il  fait  deux  tours  de  spire  suivant  Hunter^  et  un  tour  et 


DANS   LES   MAMMIFÈRES.  ^^ 

detDÎ  seulement  d*après  Camper,  et  presque  dans  le  mêa>e 
plan.  La  caisse  est  entièrement  séparée  du  rocher,  plus  ar- 
rondie j  plus  recourbée  que  dans  le  cachalot.  Le  marteau  est 
tout  différent  de  ce  qu*il  est  dans  cet  animal  y  et  même  dans 
les  dauphins  ;  quoique  l'apophyse  antérieure  soit  plus  Iqngue 
que  le  manche,  celui-ci  est  bien  distinct  et  recourbé  ;  la  tête 
est  confondue  avec  le  cou.  Le  canal  auditif  externe  est  ré- 
duit à  l'état  ligamenteux  bien  avant  d'arriver  à  la  peau^ 
suirant  plusieurs  auteurs.  Camper  dit  cependant  que  l'on 
peut  j  introduire  un  bâton  imqiédiatement  au-dessous  d'elle , 
du  moins  dans  les  grands  individus. 

L'organe  de  l'audition ,  dans  les  mammifères  de  l'ordre   dim  le»  ron- 

^  %eun  en  ftfnë* 

des  rongeurs ,  offre  assez  peu  d'anomalies ,  et  même  ne  pré-  rai* 

sente  pas  de  très-grandes  différences  dans  chaque  groupe  na- 
tareh  Le  rocher ,  ordinairement  aplati  et  arrondi ,  a  le 
cftté  postérieur  de  sa  face  interne  beaucoup  plus  large  que 
raotérieur,  et  rarement  l'angle  qui  les  sépare  est-il  relevé 
en  crête;  Le  vestibule  est  médiocre  ;  les  canaux  demi-circu- 
laires sont  souvent  indiqués  par  un  sinus  profond  ;  le  lima- 
'  pon  forme  presque  toujours  un  promontoire  saillant  dans  la 
caisse  ;  le  nombre  de  ses  tours  de  spire  est  le  plus  ordinaire*- 
ment  de  deux  et  demi  ;  le  canal  auditif  interne  est  grand , 
mais  peu  profond  ;  l'aqueduc  du  limaçon  existe  presque  tou- 
jours d'une  manière  évidente  ;  mais  je  n'ai  pu  trouver  celui 
do  vestibule»  Les  oriûces  externes  sont  assez  variables  pour 
leur  forme  ;  mais  le  cochléaire  est  souvent  tout-à-fait  posté- 
rieur, et  même  dans  une  loge  particulière  de  la  caisse.  Celle- 
ci  est  toujours  au  moins  assez  grande  et  bulleuse  ^  et  souvent 
divisée  en  trois  partiea ,  outre  celle  où  se  logent  les  osselets* 
Il  n'y  a  jamais  qu'une  cellule  supérieure ,  et  encore  est^elle 
médiocre.  La  trompe,  toujours  très-étroite ,  s'ouvre  comme 
de  coutume  à  la  partie  postérieure  des  fosses  nasales.  Les 
osselets  n'offrent  pas  beaucoup  de  caractères  communs.  L'-en- 
tlume  a  son  apophyse  d'attache  constamment  courte  et  Tau-* 


5o6  DB   L*APPAIEIt  t^t   l'ouïe 

tre  plos  tondue,  mais  rarement  reooMiMeaussi  florleiiieBlqae 
dans  les  carnassiers.  Le  marteau  eti  tm  gènèfsA  moioa  graad 
que  dans  ces  aniraaul,  moins  éoàriié ,  son  am  moma  larjge, 
les  apophyses  d'Insertion  moins  saillantes  y  aortoot  la  po»- 
tèrienre  :  le  mandM  est  anssi  aiioins  long^y  naaia  pfa»  com- 
primé. Le  cercle  da  tympan  n*est  jamais  distinct;  il  krut 
assez  rarement  vn  tube ,  et  son  ooTerHira  eat  !•  plos  oià- 
nairement  grande  et  fort  reculée  en  arrién  de  rarande  tj^ 
maligne ,  comme  Faj^reil  en  totalité.  Qa«at  à  In  oonqat 
auditîre  y  nous  arons  déjà  donné  plus  ImmiC  ses.  ontactèras  gé- 
néraux. 

EcwNîl.  Les  écureuils  ont  le  rocher  bien  enclore  9  les  cannos  semi- 

circulaires  grandis  >  ainsi  que  le  Kmaçon  dont  le  dernier  toar 
est  beancoup  plus  gros  que  les  antres  :  Torifice  cochléaire  est 
rond,  postérieur  et  oblique;  la  caisse  est  grande  et  partagée 
en  trois  loges  par  deui  cloisons.  Les  deux  branebes  de  Fen- 
clume ,  sont  presque  égales  :  la  têle  du  marteau  est  très- 
plate.  Le  cercle  do  tympan  non  distinct  forme  un  tube  très- 
court  dont  l'ouTerture  est  ovale  transversalement. 

oerboiM.  La  gerboisc  est  peut-être  le  rongeur  qui  offre  Tergane  lie 

Poufe  le  plus  déreloppé.  Le  rocher 9  de  forme  eirdinaîiv^i 
ses  canaux  9  son  limaçon  y  à  peu  de  chose  prèsconmie  dans  le 
groupe  en  général;  mais  le  canal  auditif  interne  est  beau- 
coup plus  grand;  les  orifices  externes  sont  aussi  très^larges; 
et  le  Tcstibulaire  qui  est  ovale  est  divisé  en  deux  par  uat 
bride  osseuse  transyerse  qui  passe  dans  Tétrier. 

Maïs  ce  qui  rend  surtout  l'appareil  de  Touie  de  la  gerboise 
anomal ,  est  Ténorroe  développement  de  la  caisse  qui  en? e- 
loppe  presque  de  toutes  parts  le  labyrinthe.  On  y  pcot  dis- 
tinguer trois  lobes  ;  le  premier,  postérieur  et  supérieur,  se 
relève  derrière  Tos  mastoSde ,  forme  par  son  côté  interne  one 
partie  des  parois  du  crâne,  et  communique  par  un  tro«  rood 
percé  dans  une  cloison  avec  la  partie  moyenne;  le  secontl 
antérieur  et  inférieur,  dépasse  beaucoup  le  rocher;  c'est 


bANS  LES  MAMMIFÂHES.  5o7 

éùM  sa  cafitè  que  le  limaçon  saille  en  partie;  enfin  le  lobe 
moyen  ou  antérieur  se  prolonge  en  dehors  du  rocher)  et  se 
recourbe  de  manière  &  rejoindre  le  précèdent  :  il  forme  ce 
que  j'ai  nommé  la  cellule  supérieure. 

Des  osselets,  le  pins  remarquable  est  rétrier,  &  cause  de 
la  finesse  de  ses  branches. 

Le  cercle  du  tympan  a  son  ooTerture  orale  terticalement  ; 
la  membrane  qui  la  ferme  est  très-épaisse. 

Le  rat,  le  hamster,  le  rat  d*ean ,  le  campagnol,  Popdatra,  rmu,  ete 
*  diffèrent  fort  peu  entre  eux;  le  rocher  fort  aplati,  est  séparé 
des  autres  os,  et  ne  tient  k  la  caisse  que  par  un  pédicule 
assex  étroir.  L*orifice  cochléaire,  anguleux  plutôt  que  rond, 
8*ouTre  tout  «à- fait  en  arrière  dans  une  loge  presque  dis- 
tincte de  la  caisse  :  celle-ci  est  toujours  grande,  huileuse, 
surtout  en  atant.  L*enclume ,  dont  les  branches  sont  très- 
écartées  et  presque  égales  dans  le  rat  et  le  hamster,  les  a  au 
contraire  plus  rapprochées  et  très-inégales  dans  Fondatra  et 
le  rat  d'eau.  Le  marteau  offte  cela  de  remarquable  dans  ces 
derniers  que  son  manche  en  forme  de  carène ,  un  peu  élargi 
en  spatule  &  soti  extrémité,  est  distinct  du  reste  dant  il  se 
détache  aisément. .  Le  cadre  du  tympan  non  séparé  fait  à 
rintériear  une  saillie  oblique  considérable ,  à  laquelle  s'in- 
sère la  membrane  dans  tous  ces  animaux  ;  mais  dans  Voo* 
datra  il  se  prolonge  en  dehors  en  un  tube  :  il  est  très-peu 
saillant^  dirigé  un  peu  en  haut  et  en  arrièrcé 

LVispalax,  et  probablement  tous  les  Téritables  rats^tanpes, 
ont  la  partie  InteHie  de  Tappareil  fort  développé ,  un  peu 
comme  dans  les  gerboises  ;  la  conque  n'est  qu'un  tube  qui 
continue  le  canal  auditif  externe ,  et  qui  s'outre  à  l'extérienr 
par  on  orifice  fort  large. 

Le  porc-épic  s'éloigne  darantage  des  autres  rongeurs*  En      rorc-^i 
effet,  le  rocher  a  ses  deux  foces  supérieures  presque  égales , 
et  l'angle  solide  qui  les  sépare,  un  peu  prolongé  en  crête.  Les 
robaut  semi-circulaires  n'ont  qu'un  petit  sinus  intérieur  ^  et 


5o8  DB  l'appareil  de  louîe 

le  limaçon  fait  dans  la  caisse  uoe  saillie  médiocre  dont  le 
nombre  des  tours  de  spire  est  cependant  de  trois  et  demi. 
Les  dcMZ  orifices  externes  sont  si  rapprochés  qu'ils  semblent 
n*en  faire  qu'un  :  ib  sont  en  effet  dans  le  même  enfoncemeot; 
Tun  est  orale  et  l'autre  rond.  La  caisse»  assez  grande  et  hui- 
leuse ^  est  comme  partagée  en  deux  cafilés  par  la  grande 
saillie  oblique  du  cercle  du  tjmpan»  comme  cela  a  lieu  dsns 
beaucoup  de  carnassiers.  La  cellule  supérieure  est.  très-con- 
sidérable. Les  osselets  n'offrent  rien  de  bien  remarquable. 
Le  cadre  du  tympan  forme  un  canal  auditif  externe  assex. 
long^  dirigé  obliquement  d'arrière  en  ayant  et  de  bas  en 
haut;  son  ouverture  est  o?alej  apointie  en  arant. 

Les  lièyres  et  les  lapins  qui  constituent  la  troisième  fa- 
mille des  rongeurs,  se  rapprochent  davantage  du  type  géné- 
ral de  leur  organe  de  l'ouïe^  du  moins  pour  le  labyrinthe  et 
la  caisse;  en  effet ,  le  rocher  sub-trianguiaire^  avec  un  rudi- 
ment de  crête  angulaire  ^  n'adhère  pas  aux  os  du  crâne. 
Les  canaux  demi-circulaires ,  qui  sont  indiqués  à  l'intérieur 
par  un  énorme  sinus,  n'ont  dans  le  vestibule  que  trois  ori- 
fices apparens.  L'aqueduc  du  limaçon  est  fort  grand;  l'orifice 
cochléaire  est  rond  et  presque  dans  une  loge  particulière  ; 
la  caisse  est  médiocre ,  ronde  et  huileuse  ;  i'étrier  a  ses 
branches  larges  et  creuses  ;  l'enclume  ^  ses  apophyses  très- 
inégales;  le  marteau,  peu  coudé,  u  sa  tête  aplatie  et  le 
manche  court,  pointu,  avec  uue  sorte  de  crête  ù  son  angle. 
Le  cercle  du  tympan  fait  partie  de  la  oabse  ;  il  se  prolonge  en 
un  tube  assez  long,  dirigé  obliquement  de  bas  en  haut  et  un 
peu  d'avant  en  arrière;  son  ouverture  est  ronde. 

Quant  à  la  conque  auditive,  elle  diffère  beaucoup  de  ce 
qui  existe  dans  les  autres  rongeurs,  au  point  qu'elle  doit  être 
décrite  à  part  :  elle  est  cependant  toujours  composée  des 
mêmes  parties  ;  le  tube  proprement  dit  est  encore  assez 
court;  mais  le  cartilage  de  la  conque  prend  aussi  en  partie  la 
forme  de  tube,  s'agrandit  sans  s'ouvrir,  en  sorte  que  la  cavité 


DANS   LES   MAMMIFÈRES.  5o9 

conchiènne  est  ellê-mdme  tubuleuse  ;  ses  deux  parties  soot 
également  cachées  ;  Téchancrure  est  fort  étroite  ;  les  émi- 
Dences  tragiennes  peu  marquées;  et  Ton  ne  Toit  d'ourert 
que  le  paTilloo  qui  est  fort  long,  roulé  en  cornet ,  et  dans  la 
cavité  duquel  se  remarquent  deux  légères  saillies  longitudi- 
naIcKS  qui  conduisent  ù  autant  d'espèces  de  canaux  formés 
dans  la  partie  tubuleuse  de  la  conque  por  un  repli  profond 
de  sa  face  antérieure.  C'est  dans  ce  repli  que  se  logent  plu- 
sieurs muscles  intrinsèques;  l'un  transferse»  supérieur,  est 
en  atant  et  le  long  du  tragus;  l'autre,  plus  inférieur  et  plus 
épais,  vient  d'une  partie  élargie  de  la  base  de  la  conque,  et 
Ta  obliquement  au  bord  postérieur  du  pli.  Vn  troisième ,  de 
même  forme  que  le  premier ,  se  porte  d'un  bord  de  ce  pli 
à  l'autre;  il  est  caché  par  le  jugo-conchien.  Plus  profon^ 
dément  encore ,  les  deux  bords  de  la  partie  tubuleuse  de 
la  conque  sont  réunis  par  un  muscle  à  fibres  transverses. 
Enfin ,  en  arrière  et  à  la  base  de  la  même  partie  de  la  conque 
sont  quelques  fibres  transversales* 

'  Les  mnscles  extrinsèques  offrent  une  disposition  asses  par- 
ticulière. Le  maxillo-conchîen  se  prolonge  le  long  de  la  ma* 
choire  inférieure.  Le  jugo-eonchien  superficiel  en  est  peu 
distinct;  outre  le  maxillo-conchîen  profond  qui  est  assez 
court ,  on  trouve  encore  à  la  partie  antérieure  et  profonde  de 
la  conque  tUbiforme  le  muscle  ducto-conchien  antérieur^  qui 
du  conduit  auditif  externe  osseux  se  porte  à  cette  partie.  Le 
suroili-concbîen  est  asses  épais  attaché  au-dessus  de  l'orbite , 
et  son  tendon  allongé  se  perd  à  la  partie  antérieure  et  supé^ 
rieure  de  la  conque ,  tout  à  côté  de  celui  du  scuto-conchien 
antérieur.  Le  vertico-^cutien  est  mince  et  commun  aux  deux 
oreilles;  lècervico-sculien  est  plus  considérable,  et  naît  d'un 
long  raphé ,  également  commun  aux  deux  muscles  ;  le  scuto- 
Gonchien  postérieur  ou  supérieur  occupe  tout  l'espace  qui 
sépare  le  cartilage  scutiforme  du  dos  de  la  conqpe;  le  cer>- 
^icç-aurien ,  le  plus  postérieur,  en  se  portant  au-dessi^s  du 


5lO  DE  LAPPAISII.  DR  JbOVÎS 


^  à  la  conque  on  peu  en  arrière  ^  donne  qoelques 
fibres  ao  cartilage.  On  trouve  en  outre  au-desêooa  dea  denx 
précédons 9  un  occîpito-conchien  proprement  dit,  et  un  oc- 
dpito-conchienrotateur»  qui  se  portent  plus  transTertalement 
à  la  conque  ;  celui-ci  f  tout^A-lait  à  la  partie  postérieure  et 
externe  de  sa  base.  Les  musoles  profonds  sont  un  mnscle 
souto-conchien  profond  f  qui  de  toute  la  face  interne  du  car- 
tilage Ta  à  la  partie  dilatée  de  la  base  de  la  conque  ;  et  on 
muscle  extrinsèque  postérieur  »  qui  de  la  partie  dilatée  de  la 
base  de  la  conque  si  porte  d'avant  en  arrière  à  sa  partie  pos* 
térieure  et  élargie.    - 

L'appiMreil  de  Taudition  do  cocbon-d*Inde  et  de  Tagouti  a 
beaucoup  de  ressemUa^ee  avec  celui  du  rat  d*eau  ;  mais  le 
limaçon  est  encore  plus  grand  proportionnellement;  il  UH 
une  énorme  saillie  allongée  dans  la  caisse ,  et  on  y  distingoe 
aisément  quatre  tours  de  spire^^  dont  le  dernier  est  beaucoup 
plus  gros  que  les  autres.  On  ne  voit  toujours  qu'un  seul 
aqueduc,  celui  du  limaçoo;  Vorifice  cochléaire  est  rond  et 
très-grand;  le  yestîbulaire  est  dÎTÎsé  en  deux  par  une  bride 
celiuleuse  qui  tra.?erse  Tét^'ier. 

JLaicais^e,  grande^  ne  forme  qu*une  seule  cavité  qui  se 
prolonge  plus  en  avant  et  en  dessous  qu'en  arrière. 

Des  osselets  le  plus  remarquable  est  le  marteau  y  dont  le 
manche  fait  une  partie  distincte  du  reste ,  comme  dans  le  rat 
d*ean  et  Tondatra. 

Le  canal  auditif  externe  est  formé  par  la  caisse  éohancrte 
dans  le  mllien  de  ion  bord  inférieur.  L'ouverture  est  grande  f 
ronde  et  presque  borixontale. 

L'oreille  externe  a  aussi  une  forme  toute  particulière  ;  elle 
est  presque  ronde  et  fort  plate ,  la  disposition  de  l'hélix  étant 
à  peu  près  ce  qu'elle  est  dons  quelques  singes;  l'anthélix  est 
bien  évident  avec  un  petit  appendice  supérieur;  led  deux 
parties  de  la  cavité  conchlenne  sont  visibles  >  la  racine  interne 
,de  l'hélix  qui  les  sépare  étant  assez  sailla,nte  :  il  y  a  dans 


DANS  LES  MAMMIFÂ1E8.  5ll 

rîDfirieure  un  amas  glaftâuleuz  bien  circonscrit.  L'aatilra- 
gu8  est  plus  dîstiDct  que  le  tragus  même. 

Nous  aroDS  déjà  dit  quelque  chose  de  roreille  exieroe  de  Eiêphtoi 
rélèphaat  eu  parlant  des  anomalies  (yidentes;  il  nous  reste 
à  ajouter  quelques  détails  de  plus  »  et  à  parler  de  Toreille  in* 
terne.  Le  rocher  non-adhèrent  a  ses  deux  faces  inlemes 
presque  égales  et  séparées  par  un  angle  asseï  saillant;  il  n'j 
m  pas  de  sinus  des  canaux  demi-circulaires*  Le  limaçon  lait 
nne  petite  saillie  dans  la  caisse. 

,GeUe-d  est  asses^petite  proportionnellement  9  et  formée 
de  dans  parties,  l'une  lisse,  où  sont  les  osselets,  et  l'autre 
dont  les  parois  sont  garnies  de  cellulosilés. 

Les  osselets  ne  mV>nt  offeri  rien  de  remarquable;  j'ai 
cependant  bien  tu  sur  cet  animal  que  le  ligament  antértenr 
du  marteau  et  celui  de  la  courte  branche  de  l'enchmie^ 
étaient  formés  de  substance  jaune  élastiqoe. 

Le  cadre  du  tympan  n'est  pas  distinct  :  la  membrane  quf 
le  forme  ne  m'a  paru  nullement  musculaire,  mais  dure» 
aècbe,  crépitante,  comme  dans  les  autres  espèces.  Le  canal 
auditif  est  «trêmement  long,  à  cause  de  l'épaisseur  des 
parois  du  crâne;  il  forme  un  long  tube  à  peu  prés  cjU&« 
drique»  se  dirigeant  presque  borisontalement  en  dehors*  el 
venant  aboutir  par  un  orifice  presque  rond ,  un  peu  éf  asé  ,  à 
Uk  FMâne  de  l'arcade  jijg6matique. 

L'oreille  externe  a  son  tube  et  la  conque  proprement  dite 
peu  développés  ;  mais  l'hélix  a  acquis  un  déreloppemenit 
énorme;  il  est  tont-à<-fait  plat,  mince  sur  ses  bords  et  à  peu 
pcès  triangulaire.  La  partie  supérieure  de  la  cavjté  oon* 
chienne  est  très -petite  et  étroite;  elle  communique  arec 
l'autre  par  une  fente.  Le  tragus  est  trës-rapproché  de  l'anti- 
ingus  qui  forme  une  espèce  de  bourrelet  Tertical,  en  sorte 
que  le  méat  auditif  ressemble  i  un  large  sillon. 

Quoiqu'il  soit  probable  qu'il  y  a  un  cartilage  snnti- 
Ibrme,  fe  ne  Tondrais  pas  l'assurer,  d'autant  plus  que  les 


&1S  del'appareil  de  l'ouIe 

muscles  ne  sont  pas  nombreux;  Parmi  les  muscles  faitrlii^--' 
sèques,   on  trouve  un  muscle  du  tragus  asseï  puissant  — 
Dans  les  extrinsèques  il  n'y  a  pas  de  maxillo-conchiea  i% — 
ritable  :  le  ju^-conchien  est  épais,  toul-à-fiùt  horisonCal 
il  se  diyise  à  sou  extrémité  postérieure  en  deux  parties 
Tune  qui  s'attache  à  la  conque  sous  Tantitragus»  et  l'aul 
plus  haut  ou  plus  en  avant.  Au  -  dessus  de  iui  en  est  ui 
autre  plus  grêle ,]  qui  de  la  même  arcade  Ta  à  la  racine  de 
lliélix.  Enfin  dans  la  partie  supérieure  il  j  a  un  large  tci 
tico-conohienj  qui  du   sommet  de  la  tête  se  porte  àj 
conque  et  en  dessous;  «n  arriére  est  un  QCcipito-oonchieir=3 
plus  mince. 
Les  lamantins.       Les  lamantins  que  Fensemble  de  rorganisation  force  d 
pkcer.  dans  le  même  groupe  que  l'éléphant»  en  diffèrent  ce- 
péultiÛK  beaucoup  sous  le  rapport  qui  nous  occupe ,  pour 
rajpprpcher  des  cétacés,  peut-4tre  A  cause,  du  milieu  qu'ils 
habitent.  La  masse  entière  de  l'oreille  interne  n*a  en  effet 
aucune  adhérence  avec  les  os  de  la  tête  9  et  est  d'une  fonuts:-= 
très^bizarre.  Le  rocher  proprement  dit  ou  le  labyrinthe  f 
assez  petit,  court  et  un  peu  comprimé  ;  mais  la  masse  mas* 
toîdienne  est  énorme  ,  compacte ,  et  il  y  a  également  une 
autre  masse  très-épaisse  au-dessus  de  l'ouTertnre  du  ^mpan. 
Le  vestibule  est  peu  étendu  ;  les  canaux  demircirculatres  sont 
fort  petits,  fort  étroits,  entièrement  cachés;  ils  s'ouTreot 
par  cinq  orifices  comme  à  Tordinaire.   Le  limaçon  ne  fait 
aucune  saillie  dans  la  caisse  ;  sa  rampe  est  très*nqpide.  Le 
canal  auditif  interne   forme  uu  cul-de*sao  médiocrement 
profond.  L'orifice  externe  du  vestibule  est  ovale ,  très-sur- 
baissé. Le  coohléaire .est  très-grand,  en  entonnoir  spiral  et 
extéro-postérieur. 

La  caisse,  en  grande  partie  membraneuse,  est  formée  par 
une  espèce  de  demi-anneau  très-épais ,  un  peu  en  forme  de 
hausse-col;  son  ouverture  est  ovale  et  obliquement  dirigée 
d'arrière  en  avant  :  elle  tient  au  rocher  par  des  pédicules  assez 


DANS    LES    MAMMIFERES. 


'0}Ô 


étroits.  Lîi  trompe  est  sans  doute  entièrement  formée  de  par- 
ties molles. 

Des  osselets  je  n*at  yu  que  l'étrier  qui  est  cylindrique  arec 
lin  trou  extrêmement  fin  ;  sa  platine  est  très-convexe. 

II  n'existe  pas  d'autre  cadre  du  tympan  que  Tos  de  la 
caisse  dont  nous  Tenons  de  parler. 

L'oreille  externe  ne  consiste  qu'en  un  tube  cartilagi- 
neux dont  Torifice  sur  les  côtés  de  la  tête  paraît  suscep- 
tible d'être  ouvert  à  la  volonté  de  l'animal  ;  mais  il  est  exces- 
sivement petit;  du  moins,  dans  le  lamantin  de  Steller^  cet 
orifice  était  à  peine  assez  grand  pour  permettre  l'introduction 
d'une  plume  de  coq  d'Inde  :  le  canal  est  glanduleux  et  tapissé 
d'une  peau  noire  et  polie. 

Le  dugong  ressemble  sans  doute  au  lamantin.  Nous  appre- 
nons de  Camper  que  l'orifice  extérieur  de  l'oreille  est  con- 
tracté à  peu  près  comme  l'anus  d'un  enfant. 

Les  animaux  ongulés  offrent  encore  moins  de  différences 
entre  eux  que  ceux  qui  composent  les  trois  degré«  d'organi- 
sation précédons.  Le  rocher,  ordinairement  bien  séparé  des 
autres  os,  ne  tient  qu'assez  peu  au  tympan. 

Parmi  les  animaux  ongulés  à  système 'de  doigts  impair, 
je  ne  connais  complètement  l'appareil  de  l'ouïe  que  dans  le 
cheval. 

Le  daman  a  la  caisse  du  tympan  assez  considérable ,  assez 
renflée  à  la  partie  inférieure  de  la  tête ,  et  son  orifice  exté- 
rieur est  ovale,  horizontal  et  presque  sans  tube.  La  conque 
est  courte,  large,  et  difl%re  beaucoup  de  celle  des  autres 
animaux  de  cet  ordre. 

Le  rhinocéros,  dont  la  conque  est  au  contraire  formée  en 
un  long  cornet  comme  pédoncule  et  très-mobile ,  a  son 
conduit  auditif  externe  dirigé  assez  de  dedans  en  dehors  et  de 
bas  en  haut. 

Le  tapir  est  à  peu  près  dans  le  même  cas. 

Le  cheval  a  son  appareil  auditif  assez  développé.  Le  rocher 
1.  33 


Dans 
les  M.  oogalé*. 


Daman. 


CheYal. 


5l4  '>E    f/APl'AREïL    DE    î/oUÏE 

est  (le  grosseur  médiocre  »  la  face  postérieure  interne  plus 
large  que  Tautre,  le  vestibule  arrondi,  on  n'y  voit  qqe  quatre 
orifices  des  canaux  semi-circulaires,  il  n'y  a  pas  de  sinus  in- 
terne entre  eux.  Le  limaçon  qui  n'a  que  deux  tours  et  demi 
de  spire ,  fait  une  saillie  médiocre  dans  la  caissp  :  le  caoal 
auditif  interne  est  grand.  Des  deux  orifices  externes  du  laby- 
rinthe ,  le  cochéaire  est  le  plus  grand.  La  caisse  est  petite 
ainsi  que  les  cellules.  La  trompe  est  fort  remarquable,  non- 
seulement  à  cause  de  sa  grande  étendue ,  mais  parce  qu*elle 
sVuvre  latéralement  dans  un  grand  sac  membraneux  que  je 
n*ai  rencontré  dans  aucun  autre  mammifère.  Comme  le 
rocher  est  assez  éloigné  de  Tapophjse  ptérygoîdc  interne)  et 
que  la  terminaison  de  la  trompe  se  fait  assez  en  avant,  il  eo 
résulte  que  cette  trompe  est  fort  longue.  Son  origine  dans  la 
caisse  est  arrondie  et  médiocre  ;  mais  bientôt  sa  cavité  se  res- 
serre ,  et  forme  une  fente  fort  étroite  bordée  en  dehors  par  une 
lame  osseuse  courte ,  et  en  dedans  par  un  cartilage.  Celui-ci» 
obliquement  vertical,  devient  de  plus  en  plus  horizontale 
mesure  qu*il  se  porte  davantage  en  avant,  où  il  se  dilate eo 
une  large  pièce  arrondie ,  horizontale ,  qui  s*avance  un  peu 
dans  l'arrière- fosse  nasale  correspondante.  C'est  au-dessous 
de  cette  dilatation,  et  dans  un  assez  grand  sinus  médian  et 
commun  que  se  fait  l'ouverture  de  la  trompe  par  un  orifice 
large ,  étroit ,  semi- lunaire  et  latéral  externe  ;  mais  ce  qu'il  J 
a  de  plus  singulier  c'est  que  cette  ouverture,  qui  se  prolonge 
en  fente  tout  le  long  du  bord  externe  et  inférieur  de  la 
trompe ,  communique  dans  toute  cette  longueur  avec  oo 
sac  membraneux,  ovale,  fort  mince,  occupant  toute  la  base 
du  crâne.  Sa  paroi  supérieure  se  moule  exactement  sur  les 
saillies  et  dans  les  anfractuosités  osseuses,  musculaires,  ner- 
veuses et  vasculaires  qui  s'y  remarquent.  L'inférieure ,  d^os 
sa  partie  postérieure,  est  appliquée  contre  la  terminaison  du 
muscle  long  du  cou,  et  dans  l'antérieure  les  deux  saca^c 
touchent,  mais  sans  communiquer  entre  eux.  La  paroi  infc' 


DANS    LES    MAMMIFERES.  ;)IJ 

rieure  du  sac  est  lisse  y  et  fait  le  plafond  du  pharynx.  Les 
osselets  n'offrent  rien  de  remarquable,  non  plus  que  leurs 
muscles.  Le  cadre  du  tympan  n'est  que  le  prolongement 
de  la  caisse ,  il  forme  un  tube  assez  court  qui  se  porte  un 
peu  en  haut  et  en  arrière.  La  conque  qui  s*y  joint  par  un 
tube  cartilagineux  large  et  court,  n'offre  rien  qui  la  distingue 
beaucoup  de  celle  des  animaux  à  longues  oreilles;  son  car- 
tilage scutiforme  est  triangulaire,  ayec  une  assez  longue 
pointe  à  l'angle  supérieur  et  postérieur  :  les  muscles,  non- 
seulement  sont  en  général  plus  forts,  mais  ils  sont  aussi 
on  peu  plus  nombreux.  Le  maxillo-conchien  superficiel  est 
large,  long,  et  plus  épais  que  dans  aucun  mammifère.  Lo 
|ugo-conchien  a  une  triple  racine;  l'une  au  milieu  de  l'ar* 
cade  zygômatique ,  l'autre  provenante  du  jugo-scutien ,  et  la 
troisième  du  cartilage  scutiforme  :  le  maxillo-K^onchien  pro- 
fond n'existe  pas.  Le  jugo-scutien  est  peu  distinct ,  de  même 
que  le  fronto-scutien  qui  est  fort  mince.  Le  scuto-conchien 
antérieur  est  épais,  en  partie  caché  par  le  précédent  ;  il  se 
porte  obliquement  de  haut  en  bas  de  l'angle  postérieur  du  car* 
filage  au  côté  externe  de  la  racine  du  tragus.  Le  vertîco-oon- 
chieo  n'est  pas  séparé  du  fronto-conchien.  Le  Tertico-sco- 
tîcn  ,  ou  le  muscle  commun  des  hippotomistes ,  est  large  et 
asset  peu  épais.  Le  scuto-conchien  postérieur  est  dans  la  même 
direction  ;  il  est  étroit ,  et  se  prolonge  assez  loin  sur  le  dos 
de  la  conque.  Le  cerrico-scutien  ne  m'a  pas  paru  bien  dis- 
tinct du  cenrico-conchien  qui  est  épais  et  lai^e.  Des  trois 
muscles  de  la  seconde  couche ,  roccipito-conchien-rotiiteur 
e«it  surtout  recourbé  en  avant  à  sa  terminaison;  mais  c'est  le 
cerrloo-tubien  profond  qui  est  le  plus  fort.  Le  muscle  scuto- 
oonchien  profond  est  bien  séparé  en  deux  parties  qui  se 
croisent  un  peu  à  leur  terminaison  au  fond  de  la  conque , 
Tuoe  plus  en  avant  et  plus  en  dehors  que  l'autre  ;  toutes  deux 
sont  épaisses.  Il  y  a  un  ducto-conchien  antérieur,  comme 
dans  le  lièvre.  Quant  aux  muscles  intrinsèques,  il  y  a  un 


T^ 


5i6  DS  l'appareil  de  l'ocïe 

'  tragieo  el  ud  antîtra|^eu  assez  petils,  et  des  fibres  longîto- 
dînales  as»ex  nombreuses  sur  le  dos  de  la  conque, 
cocboo.  Parmi  les  animaux  quadrongulés  non  ruminans ,  nous  ne 

connaissons  assez  complélement  que  le  cochon. 

Cet  animal  a  la  totalité  de  Tappareil  osseux  dans  une  poM- 
tion  Terticale.  Le  rocher  proprement  dit  est  plus  petit  ^oe 
Tos  du  tympan  qui  forme  à  la  partie  inférieure  de  la  masse 
une  saillie  considérable.  Le  f  estibule  est  assez  grand  et  spbé* 
rique.  Les  canaux  demi-circulaires  sont  assez  petits,  au  coq- 
traire  du  limaçon  qui  est  grand ,  un  peu  oblique  «  et  formé 
de  trois  tours  au  moins  ;  sou  aqueduc  est  très-éTident  et 
fort  court.  Les  orifices  extérieurs  du  labyrinthe  sont  peo 
séparés  :  celui  du  limaçon  y  à  peu  près  rond,  est  presqœ 
supérieur. 

La  caisse,  grande  à  rextérieur ,  est  réellement  fort  petite^ 
parce  que  la  plus  grande  partie  de  Tos  tjmpanîque  est  eel- 
luleuse. 

Les  osselets  de  Touîe  sont  en  général  fort  petits.  L*étrier 
a  ses  branches  larges ,  mais  creuses  et  fort  minces.  Les  deux 
apophyses  de  Tenclume  sont  presque  égales,  rarticolaire 
plus  grêle  se  recourbe  pour  s'appliquer  sur  Pétrier.  Le  mar- 
teau a  son  manche  courbé  à  angle  droit,  et  fortement  com- 
prime. Le  cou  est  aussi  large  ,  et  ses  apophyses  sont  bien 
marquées. 

L'ouTerture  du  tympan,  grande,  ronde  ,  est  presque  ver- 
ticale; elle  est  au  fond  d'un  canal  auditif  externe  fort  long, 
se  dirigeant  presque  yerlicalement  de  bas  en  haut  et  un  peo 
de  dedans  en  dehors. 

L'oreille  externe  est  très-déf eloppée ,  le  pavillon  étant 
large  et  plus  ou  moins  aplati.  Son  ouverture,  naturelleoieot 
dirigée  en  avant.  Ses  muscles  me  paraissent  être  les  mêmes 
que  dans  le  cheval;  il  y  a  cependant  quelques  diSèreùceSf 
mais  plutôt  dans  la  proportion  que  dans  le  nombre.  Le 
maxillo-conchien  superficiel  est  plus  grêle;  le  ducto-con- 


DANS    LES   MAMMIFÉREiS.  5l7 

chien  est  au   contraire  plus  épais  et  dirisé  en  deux  fais- 
ceaux. 

L'hippopotame  me  parait  ressembler  au  cochon,  du  moins 
j>our  les  parties  internes.  Le  rocher  est  cependant  encore 
plus  petit  9  et  la  caisse  n'a  pas  l'énorme  saillie  inférieure  qui 
existe  dans  le  cochon  :  elle  est  fort  petite ,  et  communique 
par  un  trou  dans  une  cayité  celluleuse.  L'orifice  cochléairc 
est  deux  fois  plus  grand  que  l'autre.  Le  canal  auditif  externe 
est  aussi  fort  long,  étroit  et  dirigé  presque  rerticalement  en 
haut. 

La  conque  auditiye  est  beaucoup  plus  courte  et  arrondie 
à  son  extrémité  :  on  voit  évidemment  sur  les  peaux  bour- 
rées qu'elle  peut  se  fermer,  les  deux  côtés  de  la  conque  se 
plissant  fers  le  méat  ;  mais  j'ignore  comment. 

Les  quadrongulés  niminans  paraissent  aussi  peu  différer      ftmaiMD». 
entre  eux  dans  l'appareil  de  l'ouïe  que  dans  le  reste  de  Tor^ 
gantsation. 

Le  rocher  est  irés-petit,  triangulaire,  pointu  et  un  peu 
Yertical.  Le  yestibule  est  jsub-carré  ;  on  n'y  roit  bien  que 
quatre  ouvertures  pour  les  canaux  semi- circulaires,  ainsi 
que  l'orifice  évasé  de  la  rampe  supérieure  du  limaçon  : 
celui-ci  ne  fait  guère  qu'un  tour  et  demi,  et  son  diamètre 
s'accroît  assez  rapidement.  Le  promontoire  qu'il  forme  est 
peu  saillant.  La  rampe  supérieure  est  la  plus  grande.  L'ori- 
fice Testibulaire ,  ovale,  est  tout  près  du  cochléaire  qui  fait 
UD  enfoncement  considérable,  tout-à-fait  postérieur. 

La  caisse  est  plus  petite  que  le  rocher,  peu  huileuse,  du 
moins  dans  les  cerfs,  et  plus  ou  moins  anguleuse;  elle  est 
entièrement  séparée  du  rocher,  avec  lequel  elle  est  pour 
ainsi  dire  articulée  à  son  côté  postérieur.  Il  n'y  a  pas  de 
cellule  antérieure.  La  trompe  est  étroite. 

Les  osselets  n'ont  rien  de  bien  remarquable.  L'étrier  a  ses 
branches  larges  et  creuses ,  et  par  conséquent  le  trou  petit. 
L'enokime  a  les  siennes  très-inégales  ;  sa  cavité  articulaire 


5l8  DE   I4APPAIEIL   DB    l'OVÏE 

aaguUiMe.  Le  marteau  a  la  tète  fort  aplatie  ^  le  col  trè»- 
large»  mince,  les  apophyses  dMosertion  musculaire  peu  pro- 
noncées. Le  mancbe ,  assex  fléchi ,  grêle  et  triquètre  ,  «st  ter- 
miné par  une  petite  cuiller. 

Le  cadre  du  tjmpan  n'est  qu'un  prolongement  de  la  caitiCy 
formant  ayec  le  temporal  un  canal  arrondi  »  dirigé  de  bai 
en  haut  et  un  peu  en  arrière. 

La  conque  auditive  est  portée  sur  un  tube  cartilagineui 
qui  emboîte  celui  du  tympan  :  elle  eat  du  reste  en  généial 
fort  grande  et  roulée  en  coruet. 

Les  muscles  intrinsèques  sont  deux  très-petits  muscles  in- 
giens ,  Tun  supérieur  et  l'autre  inférieur  :  uo  muscle  po^t- 
conchien  ou  transversal,  composé  de  fibres  courtes  y, lon^- 
tudinales,  qui  forment  une  ceinture  à  la  racine  de  la  conque 
derrière  Tantitragus* 

Les  extrinsèques  sont  bien  plus  développés,  le  maxilb- 
conchien  est  assez  fort,  le  jugo-conchien  superficiel  est  très- 
épais,  le  jugo-concbien  profond  est  long  et  cyliodrique,  le 
jugo-scutien  qui  est  au-dessus  est  au  contraire  assex  court 
Le  surcili-conchien  vient  bien  de  la  partie  postérieure  de 
Torbite ,  mais  il  ne  va  pas  fusqu'à  la  conque  ;  il  se  tennioe 
à  une  apouévrose  intermédiaire  au  jugo  et  au  fronto-scutieD: 
celui-ci  est  très-épais.  Dans  le  cerf  il  s'attache  en  arrière  du 
pédoncule  des  bois.  Le  scuto-concbien  antérieur  ,  de  l'angle 
antérieur  et  supérieur  du  cartilage  soutiforme,  se  porte  ea 
s'élargissant  au  bord  antérieur  de  l'hélix,  au-dessus  du  tra- 
gus.  Le  vcrtico-conchten  est  presque  dans  la  même  direc- 
tion; il  vient  du  haut  de  la  tête ,  ù  l'angle  antérieur  et  supé- 
rieur du  cartilage,  du  moins  en  partie;  car  les  fibres  anté- 
rieures se  continucot  avec  U  scuto-oonchien  antérieur. 

Le  vertico-scutien  est  fort  large,  et  comme  aux  deui 
oreilles;  le  scuto-concbien  postérieur,  presque  dans  U  di- 
rection du  pirécédent,  se  termine  par  un  tendon  grêle  sur  le 
dos  du  pavillon.  Il  y  a  un  (Mi  large  oer? ico-scutieo  qui  se 


DANS    LKd    MAMMIFÈRES.  5ig 

porte  du  ligament  cer? ical  au  bord  interne  du  cartilage  scuti- 
forme ,  en  partie  courert  et  croisé  par  le  yertico-scutieo* 
Au-dessous  de  lui  sont  les  cervico  et  occipito-concbietis  qui 
forment  une  espèce  d*Xy  le  premier  étant  le  supérieur ,  et 
presque  transversal  9  et  l^flftitre  se  portant  fortement  d^arant 
en  arrière.  L'oecipito  -  conchien  rotateur  s*insère  dans  le 
même  plan,  au  milieu  des  précéJens,  au  raphé  occipital ,  et 
5e  termine  en  se  recourbant  à  la  partie  renflée  de  la  conque 
proprement  dite.  Il  j  a  un  cervico-tubien  profond ,  com- 
posé de  deux  portions  asset  distinctes  9  et  qui  du  raphé 
occipital  sons  l'occipito-conchien  rotateur ,  vont  5'insérer  à 
la  partie  membraneuse  de  la  base  de  la  conque ,  ainsi  qu'au 
tube  lui-même.  Le  scuto-conchien  profond  est  très-épais ,  K 
se  porte  d'avant  en  arrière  de  presque  toute  la  face  infé- 
rieure du  cartilage  scutiforme  à  la  partie  renflée  de  la  conque  ; 
une  autre  portion  ya  au  tube. 

Je  termine  enfin  l'examen  de  l'appareil  de  l'ouïe  dans  les 
mammifères  9  par  ce  que  |'ai  observé  sur  le  groupe  des  di- 
delphes. 

Les  sarigues  9  sous  ce  rapport  comme  sous  quelques  an-  sariioM. 
très  9  sont  fort  rapprochés  des  hérissons.  Le  rocher  est  peut- 
être  encore  plus  petit,  arrondi  9  enclaré,  mais  non  adhérent. 
Il  7  a  un  énorme  sinus  intérieur  entre  les  canaux  semi-cir- 
culaires. Le  limaçon  forme  un  promontoire  assez  saillant.  , 
L*aqueduc  cochléaire  est  très-fin.  L'orifice  TestibuMre  est 
rond  et  plus  grand  que  le  cochléaire. 

€omme  dans  le  hérisson  9  la  caisse  est  grande  9  mais  eo 
très-grande  partie  formée  par  une  apophyse  du  sphénoïde. 
Il  n'jf  a  pas  de  cellules. 

L'étrier  a  sa  forme  ordinaire;  l'apopbjse  articulaire  de 
reodame  très-ouyerte9  très-grêle  9  se  recourbe  &  angle  droit 
à  son  extrémité. 

Le  cadre  du  tympan  est  nul  ou  fort  petit.  Le  canal  audi- 
tif externe  est  large  9  arrondi  9  et  formé  en  dessus  par  une 


5âo 


DE   LAPPAREIL   D£    LODIE 


'halai^erf. 


laieolomc. 


ayaoce  du  rocher  9  eo  bas  et  eo  dedans  par  Tapophysedo 
sphénoïde  dont  nous  Tenons  de  parler. 

La  conque  auditif  e  ne  ressemble  pas  à  celle  du  hérisson, 
ni  à  celle  d*un  autre  animal.  L*hélix  est  large  et  piat. 

Les  dasyuresy  les  péramèles  y  «'éloignent  des  Téritables 
sarigues  pour  se  rapprocher  des  phalangers  ;  du  moins  leur 
caisse  est  huileuse,  petite ,  arrondie 9  complète  ainsi  que  le 
canal  auditiL 

Les  phalangers  Tolans  dififibrent  beaucoup  des  sarigues  1 
surtout  parce  que  les  canaux  demi*circulaires  qui  sont  grands 
et  séparés  par  un  sinus  énorme,  sont  enreloppés  de  cellulo- 
site  presque  comme  dans  les  oiseaux.  Le  liaiaçoD  est  extrê- 
mement petit,  de  même  que  les  orifices  extérieurs  du  labj- 
rinthe. 

La  caisse  est  grande  et  huileuse  ,  surtout  en  aTant  :  elle 
offre  ù  sa  partie  supérieure  une  cellule  assex  grande  pour 
'loger  la  hase  des  osselets  ;  elle  communique  en  arrière 
arec  une  masse  celluleuse  fort  grande  du  mastoîde ,  et  eo 
a?aQt  avec  une  cellulosité  de  Tapophyse  zjgômatîqoe  et  de 
tout  le  temporal,  un  peu  comme  dans  les  oiseaux. 

Les  osselets  sout  comme  dans  les  sarigues. 

Le  cadre  du  tympan ,  confondu  avec  la  caisse  ,  forme  un 
tube  saillant  obliquement  dans  la  cavité  de  celle-ci,  et  se  di- 
rigeant en  dehors  d*avant  en  arrière  :  son  orifice  est  rond. 

L*appareil  auditif  du  phascolome  ressemble  beaucoup  plus 
à  celui  du  sarigue  ;  il  n*y  a  cependant  pas  de  sinus  entre 
les  canaux  demi -circulaires;  et  Torifice  yestibulaire  est 
beaucoup  plus  petit  que  le  cochléaire.  Du  reste,  la  caisse 9  le 
conduit  auditif  externe  offrent  la  même  disposition.  La 
conque  est  au  contraire  fort  courte  et  arrondie. 

Il  me  reste  à  parler  de  Téchidné  et  de  Tornithorhynque; 
malheureusement  je  ne  les  connais  que  très-incomplétement  ; 
ce  que  je  vais  en  dire  est  en  partie  tiré  des  observations  de 
M.  Home. 


DANS   LES    MIMMIFÈBES.  521 

Daod  réchidiié  y  le  rocher  est  peu  considérable;  le  limaçoo  Ecbnia 
parait  ne  former  qu'une  cavité  conique  »  légèrement  courbée; 
elle  est  cependant  toujours  partagée  par  un  double  cartilage 
en  forme  de  cloison  en  deux  rampes,  dont  Tune  s'ouvre  dans 
le  vestibule ,  et  l'autre  dans  la  caisse  du  tjmpan.  Les  orifioes 
extérieurs  du  labyrinthe  s'ouvrent  tout-à-fait  en  arrière  et 
en  haut  de  la  caisse. 

Celle-ci  est  fort  large ,  mais  très-peu  profonde  ;  en  dedans 
elle  communique  avec  les  arrière- fosses  nasales  par  un  demi- 
canal  où  se  loge  sans  doute  la  trompe  d'Eustache. 

Les  osselets  de  l'ouïe,  d'après  l'observation  de  M.  Home, 
oe  sont  qu'au  nombre  de  deux,  et  ont  la  plus  grande  ana- 
logie avec  ce  qui  existe  dans  les  oiseaux.  Le  premier  qui 
s'applique  sur  l'oriCce  vestibulaire  est  en  forme  de  trompette , 
il  est  plus  petit  que  le  second  qui  est  l'analogue  du  marteau  » 
et  qui  est  en  connexion  avec  le  cercle  du  tympan. 

Ce  marteau  s'attache  au  milieu  d'une  membrane  du  tym- 
pan qui  est  ovale ,  et  qu'il  tire  en  dedans  :  elle  est  attachée 
elle-même  à  un  cercle  qui  est  très-petit. 

Il  en  sort  une  conque  auditive  formée  par  un  cartilage 
contourné  en  spirale ,  et  dont  l'ouverture  extérieure  éHt  asseï 
large  pour  admettre  l'extrémité  du  doigt. 

L'ornithorhynque  a  l'os  du  rocher  très-petit,  peu  saillant  OroiUiorh: 
et  fort  reculé.  On  y  voit  distinctement  les  deux  canaux  ver- 
ticaux, dont  le  supérieur  est  le  plus  grand,  et  qui  offre  à 
son  extrémité  antérieure  une  ampoule  manifeste.  Entre  eux 
est  un  sinus  profond ,  comme  dans  beaucoup  d'autres  ani- 
maux de  cette  classe.  Le  canal  auditif  interne  est  très-grand 
et  peu  profond.  L'orifice  vestibulaire  est  fort  grand  ;  il  a  lieu , 
ainsi  que  celui  du  limaçon ,  tout-à-fait  en  arrière ,  comme 
dans  l'échidné. 

La  caisse  du  tympan  est  aussi  comme  dans  cet  animal. 

Il  n*y  a  également  que  deux  osselets  de  l'ouïe;  l'un,  qui 
ressemble  imparfaitement  à  Tétrier,  bouche  par  sa  base  dr- 


522  DE    LAt>PAREIL    DE    LOUÏE 

culaîre  Torifice  testibulaire  9  et  ftu  moyen  d^une  apophyse 
qu'il  présente  s'articule  avec  l'autre.  Celui-ci  se  porte  direc- 
tement Ters  une  membrane  du  tympan  plus  large  que  dans 
aucun  mammifère  9  et  la  pousse  en  dehors. 

Il  n'y  a  pas  d'autre  canal  auditif  externe  qu'un  canal  fort 
allongée  composé  comme  dans  Téchidné  <»  s'é?asant  Tcrs  l*ez- 
trémité^  et  s'ouTrant  par  une  fente  ovale  beaucoup  plus 
grande  que  Couverture  des  paupières  derrière  laquelle  elle 
est  placée. 

B.  Dans  les  oiseaux. 
ttdèraiioot        Dans  le  second  sous-type  des  animaux  vertébrés ,  l'aiipa- 

lifférence»  /*^  »         IT 

énëraies  fell  de  l'audîtion ,  quoique  toujours  construit  sur  le  même 
ovlrares*^'  plan  quc  dans  le  premier 9  se  simplifie  d'une  manière  évi- 
dente,  en  ce  qu'il  n'y  a  jamais  de  limaçoit  proprement  dit, 
ni  de  conque  auditive,  que  la  chaîne  d'osselets,  d'abord 
plus  simple,  moins  développée ,  est  tout  autrement  disposée, 
et  que  les  os  qui  la  composent  s'éloignent  peu  à  peu  de 
Tappareil  de  i'ouîe,  et  rentrent  dans  le  domaine  des  fone- 
tions  de  la  déglutition ,  comme  nous  le  verrons;  mats  chaque 
classe  oifre  en  outre  des  différences  assez  considérables  que 
nous  allons  analyser. 
Dans  Dans  la  classe  des  oiseaux,  le  labyrinthe,  envisafiré  d'une 

classe  des  .^  o 

tscaux.  manière  générale ,  n'est  jamais  libre ,  et  même  est  asseï  rare- 
labyrinthe,  ment  vîsible  à  l'intérieur  du  crâne.  Il  est  enveloppé  dans  la 
cellulosité  des  os  de  la  tète,  comme  s'il  en  faisait  réellement 
partie.  En  sorte  que  dans  ces  animaux,  de  même  il  est  vrai 
que  dans  les  autres  ostéosoaires  ovipares ,  il  n'y  a  jamais  d'o9 
analogue  à  ce  que  nous  avons  désigné  sous  le  00m  de  rocher 
dans  les  mammifères,  en  tant  qu'il  formerait  une  pièce  es- 
seuse  fort  dure,  distincte  et  plus  ou  moins  mobile  entre  les 
troisième  et  quatrième  vertèbres  céphaliques.  Le  labyrinthe 
est  cependant  composé  à  peu  près  des  nnêmes  (li^rties. 
»iibuic.  Le  vestibule  est  en  général  plus  grand,  proportiountHe' 


DANS   LES   0I8EAUX.  5^3 

ment^  que  dans  les  mammifères  :  assez  îrréguUer  quant  à 
sa  forme  plus  large  que  profonde  »  il  est  placé  de  chaque  côté 
delà  carité  cérébrale  dont  il  n'est  séparé  que  par  une  cloison 
fort  mince  et  tout-à-fait  à  sa  partie  postérieure. 
Il  offre  à  sa  partie  supérieure  et  postérieure  les  trois  ca-  canaux  <i< 

*  *  *  cirrolain 

Baux  semi-circulaires  9  dont  deux  sont  toujours  à  peu  prêt 
▼erticauzet  Tautre  horizontal.  L'un  des  yerticaux  qoi  est  or- 
dinairement le  plus  grand ,  est  le  plus  supérieur  et  le  plus 
interne  ;  son  plan  est  presque  parallèle  à  Taxe  du  corps. 
Le  éecondy  vertical ,  souvent  le  plus  petit  des  trois,  fuit  un 
angle  à  pea  près  droit  avec  le  premier;  c'est  le  plus  postérieur. 
U  est  «omplétement  perpendiculaire  au  oanai  horizontal  qui 
est  le  plus  antérieur,  et  avec  lequel  il  fornle  une  croix.  Dans 
l'eodroii  où  ce  croisement  a  lien  ,*  son  côté  interne  est  percé 
par  ane  ouverture  qui  communique  dans  le  canal  horizontal. 
U  parait  qu'elle  se  détruit  avec  l'âge;  mais  dans  l'état  frais, 
la  membrane  interne  bouche  cet  orifice.  La  cavité  de  oea 
Canaux  eat  fort  étroite,  si  ce  n'est  vers  leurs  extrémités,  où 
ils  se  renflent  eu  formant  des  ampoules  beaucoup  plus  évi- 
dentes que  dans  les  mammifères.  Ces  ampoules,  dont  la 
grandeur  varie  suivant  les  espèces ,  et  dont  la  direction  n'est 
pas  tout- à •<  lait  celle  des  canaux,  n'existent  pas  à  chaque 
extrémité  de  canal;  il  n'y  en  a  pas.au  confluent  des  deux 
canaux  verticaux  ;  la  plus  grande  est  à  l'extrémité  postérieure 
du  canal  vertical  postérieur,  et  à  l'antérieure  du  canal  ho- 
riaonlal. 

Les  extrémités  des  canaux  semi -circulaires  convergent 
ler»  le  vestibule  ,  dans  lequel  ils  ne  s'ouvrent  ordinairement 
que  par  cinq  orifices  plus  étroits  que  le  diamètre  des  am- 
poules^) les  deux  canaux  verticaux  se  réunissant  toujours ,  par 
Vume-  de  leur  extrémité ,  en  un  canal  commun  qui  n'a  qu'un 
%rifiee  très-petit  dans  le  vestibule ,  è  peu  près  dans  son  mi- 
lietL  Cependant  comme  ce  canal  commun  est  fort  court ,  on 
voit  aeuTeot  Irès-bien  dans  son  intérieur  la  termîaaisonrdes 


522  DE    l'appareil    DE    l'ouÎE 

culaire  Torifice  testibulalre  »  et  au  moyen  d*utie  apophyse 
qu'il  présente  s'articule  avec  Tautre.  Celui-ci  se  porte  direc- 
tement Ters  une  membrane  du  tympan  plus  large  que  dans 
aucun  mammifère  9  et  la  pousse  en  dehors. 

Il  n*y  a  pas  d^nutre  canal  auditif  externe  qu*uo  canal  fort 
allongé  9  composé  comme  dans  Téchidné ,  s'érasant  Ters  Tex- 
trémité,  et  .«'ourrant  par  une  fente  orale  beaucoup  plus 
grande  que  Couverture  des  paupières  derrière  laquelle  elle 
est  placée. 

B.  Dans  les  oiseaux. 
isidèrauooc        Daus  le  sccoud  sous-type  des  animaux  vertébrés,  Tappa- 

difiërvncet  ^^  »         rr 

(«Bénies  reil  de  Taudition ,  quoique  toujours  construit  sur  le  mène 
i-iyi»e  des  ^\^^  quQ  ^^Qg  \^  premier,  se  simplifie  d'une  maoière  éri- 
dente,  en  ce  qu'il  n'y  a  jamais  de  limaçoif  proprement  dit, 
ni  de  conque  auditive ,  que  la  chaîne  d'osselets ,  d'abord 
plus  simple 9  moins  développée  9  est  tout  autrement  disposée, 
et  que  les  os  qui  la  composent  s'éloignent  peu  à  peu  de 
Tappareil  de  l'ouîe  9  et  rentrent  dans  le  domaine  des  fon^ 
tiens  de  la  déglutition  9  comme  nous  le  verrons  ;  mais  chaque 
classe  otfre  en  outre  des  différences  asset  considérables  que 
nous  allons  analyser. 
Dans  Dans  la  classe  des  oiseaux 9  le  labyrinthe,  enylsagé  d'une 

classe  des  ^  ^ 

Discaux.  manière  générale  9  n'est  jamais  libre  9  et  ml^me  est  assex  rare- 
labyrinthe,  ment  visiblc  À  Tintérieur  du  crâne.  Il  est  enveloppé  dans  la 
celluloslté  des  os  de  la  tète,  comme  s'il  en  faisait  réellemeat 
partie.  En  sorte  que  dans  ces  animaux  9  de  même  il  est  vrai 
que  dans  les  autres  ostéosoaires  ovipares  9  il  n'y  a  jamais  d'os 
analogue  à  ce  que  nous  avons  désigné  sous  le  nom  de  rocher 
dans  les  mammifères,  en  tant  qu'il  formerait  une  pièce  os- 
seuse fort  dure  9  distincte  et  plus  ou  moins  mobile  entre  les 
troisième  et  quatrième  vertèbres  céphaliqoes.  Le  labyrinthe 
est  cependant  composé  à  peu  près  des  mêmes  parties. 
esiibuic.  Le  vestibule  est  en  général  plus  grand,  proportîonoeHe- 


DANS   LES   OISEAUX.  5â3 

ment,  que  dans  les  mammifères  :  asses  irrégulîer  quaot  à 
sa  forme  plue  large  que  profonde  »  il  est  placé  de  chaque  côté 
de  la  cafité  cérébrale  dont  il  n'est  séparé  que  par  une  cloison 
fort  mince  et  tout-à-fait  à  sa  partie  postérieure. 

Il  offre  à  sa  partie  supérieure  et  postérieure  les  trois  ca«  Capanx  a 
naux  semi-circulaires  9  dont  deux  sont  toujours  à  peu  prêt 
▼erticauz  et  Tautre  horizontal.  L'un  des  Terticaux  qoi  est  or-> 
dinairement  le  plus  grand ,  est  le  plus  supérieur  et  le  plus 
interne  ;  son  plan  est  presque  parallèle  à  Taxe  du  corps. 
Le  second 9  vertical»  souvent  le  plus  petit  des  trois,  fuit  un 
angle  à  peu  près  droit  avec  le  premier;  c'est  le  plus  postérieur. 
Il  est  complètement  perpenilicnlaire  au  canal  horiaontal  qui 
est  le  plus  antérieur,  et  arec  lequel  il  forme  une  croix.  Dans 
l'endroit  où  ce  croisement  a  lieu  ,*  son  côté  interne  est  percé 
par  one  ouverture  qui  communique  dans  le  canal  horizontal. 
Il  paraît  qu'elle  se  détruit  avec  Tfige;  mais  dans  l'état  frais, 
la  membrane  interne  bouche  cet  orifice.  La  cavité  de  ces 
canaux  est  fort  étroite,  si  ce  n'est  vers  leurs  extrémités,  où 
ils  se  renflent  en  formant  des  ampoules  beaucoup  plus  évi- 
dentes que  dans  les  mammifères.  Ces  ampoules,  dont  la 
grandeur  varie  suivant  les  espèces,  et  dont  la  direction  n'est 
pas  tout -&•<  lait  celle  des  canaux,  n'existent  pas  à  chaque 
extrémité  de  canal;  il  n'y  en  a  pas  au  confluent  des  deux 
canaux  verticaux  ;  la  plus  grande  est  à  l'extrémité  postérieure 
du  canal  vertical  postérieur,  et  à  l'antérieure  du  canal  ho- 
riaonlal. 

Lia  extrémités  des  canaux  semi  -  circulaires  convei^nt 
Ters  le  vestibule  ,  dans  lequel  ils  ne  s'ouvrent  ordinairement 
que  par  cinq  orifices  plus  étroits  que  le  diamètre  des  am- 
poules ;  les  deux  canaux  verticaux  se  réunissant  toujours ,  par 
l'use  de  leur  extrémité,  en  un  canal  commun  qui  n'a  qu'un 
e^fiee  très-petit  dans  le  vestibule ,  è  peu  près  dans  son  mi- 
lieu* Cependant  comme  œ  canal  eomnuin  est  fort  eourl ,  on 
veîl  aouTcnt  très-bien  dans  son  Intérieur  la  terminaiaoD-des 


5a4  DE  l'appareil  de  l'oijîif 

deux  canaux.  Les  quatre  autres  orifices  se  disposent  toujours 
en -deux  groupes  9  uo  antérieur ,  composé  de  Touverture  an^ 
térieure,  ample  et  arrondie  du  canal  ? ertical  antérieur  ;  et  au- 
dessous,  assez  près  de  la  base  de  Tétrier,  de  rantérieure  du 
canal  horizontal.  Le  groupe  postérieur  estfomaé  d^uo  orifice 
rond,  étroit,  sans  ampoule,  appartenant  à  l'extrémité  posté- 
rieure  du  canal  horizontal,  et  au-dessous  de  l'orifice  posté- 
rieur ,  rond ,  et  arec  une  grande  ampoule  du  canal  Tertical 
postérieur. 

Le  limaçon  n'existe  pas  comme  tel  ;  mais  il  est  remplacé 
par  une  espèce  de  petit  tube  terminé  par  un  cul-de-sac  au- 
quel on  donne,  dans  les  ostéozoaires  OTipares,  le  nom  de 
sac.  Cette  partie  est  située  à  peu  près  comme  le  limaçon  des 
mammifères,  en  avant,  en  dedans  et  un  peu  au-dessous  du 
Testibule.    C'est  ordinairement  un  petit  prolongement  da 
vestibule  lui-même,  en  forme  de  corne  obtuse,  un  peo 
recourbée ,  et  se  dirigeant  d'arrière  en  avant  et  de  dehors 
en  dedans.  Ses  parois  osseuses  sontiieaucoup  moins  épaisses 
que  celles  des  canaux  semi-circulaires,  et  ressemblent  tout- 
à-fait  à  celles  du  vestibule.   Il  n'a  réellement  qu'un  orifice 
a^sez  grand  au  côté  interne  et  inférieur  du  vestibule,  et  qui 
n'est  jamais  fermé.  Un  repli  membraneux  sigmoîde  se  trouve 
bien  quelquefois  en  rétrécir  l'entrée,  mais  n'empêche }amais' 
la  communication  entre  le  sac  et  le  vestibule. 

Les  différentes  parties  de  ce  labyrinthe  sont  remplies, 
comme  dans  les  mammifères ,  de  ce  qu'on  nomme  là  partie 
membraneuse,  c'est-à-dire  d'un  tube  formé  par  une  mem- 
brane vasculaire,  et  contenant  dans  son  intérieur  un  liquide 
plus  ou  moins  aqueux.  Le  rudiment  de  limaçon  renferme  un 
corpuscule  rudimentaire  de  ce  que  nous  verrons  plus  loin 
dans  les  poissons,  et  que  nous  avons  également  observé 
déjù  dans  les  mammifères.  Sa  forme  est  celle  d'une  vésicule 
comprimée,  dirigée  de  dedans  en  arrière,  comme  la  cavité 
qui  la  contient.  Elle  enveloppe  une  matière  pulpeuse  et  mé- 


DANS    LES    OISEAUX.  5^5 

dullaire ,  surtout  à  la  partie  inférieure  où  elle  reçoit  les  nerfs 
qui  s*y  rendent.  Cette  petite  masse  est  suspendue  dans  la  ca- 
Tité  par  des  filets  nerfeux  qui  j  arrivent  en  grande  abon* 
dance  $  de  manière  à  la  partager  en  deux  parties  qui  com- 
muniquent largement  entre  elles  et  avec  le  vestibule. 

La  communication  interne  de  ce  labyrinthe  avec  le  sys- 
tème nerveux,  se  fait  par  un  canal  auditif  qui  n*est  qu'une 
dépression  peu  profonde  percée  de  plusieurs  trous  pour  le 
passage  des  filets  du  nerf  auditif. 

On  trouve  encore  dans  ces  animaux  les  deux  aqueducs  de 
roreille  des  mammifères  9  l'un  pour  le  vestibule ,  et  l'autre 
pour  l'analogue  du  limaçon  ou  le  sac.  Le  premier  s'ouvre 
dans  la  paroi  postérieure  du  Testibule,  sous  Torifice  du  canal 
commun  des  canaux  verticaux  9  et  l'autre  à  la  paroi  supé- 
rteuredu  limaçon ,  presque  à  son  entrée.  Du  moins  Gompa- 
retti  le  dit  ainsi ,  j'avoue  n'avoir  pu  les  observer  d'une  ma- 
nière satisfaisante. 

La  communication  a^ec  l'extérieur  se  fait  réellement  par 
deux  orifices  qui  tous  deux  s'ouvrent  dans  la  caisse  du  tym- 
pan ;  mais  ils  proviennent  l'un  et  l'autre  du  vestibule  ;  en 
sorte  qu'il  y  a  deux  orifices  vestibukdres. 

Ces  deux  orifices  fort  rapprochés  l'un  de  i'aiutre ,  au  point 
qu'ils  ne  sont  séparés  que  par  une  bride  ou  colonne  osseuse  ^ 
occupent  presque  tout  le  côté  externe  et  postérieur  du  ves- 
tibule ;  ils  sont  placés  presque  sur  la  même  ligne.  I4S  posté- 
rieur est  ordinairement  plus  grand  que  l'antérieur  :  c'est 
celui-ci  que  ferme  la  platine  de  Tétrier.  Aucun  des  deux 
n'est  exactement  vis-à-vis  l'ouverture  dn  sac  dans  le  vesti- 
bule. Quelquefois  ces  deux  orifices  donnent  directement 
dans  la  caisse,  ei  d'autres  fois  entre  elle  et  eux  il  y  a  une 
espèce  de  tube  dans  lequel  s'enfonce  l'étrier.  Le  postérieur 
est  tout-à-fait  au  fond  et  en  arrière. 

La  caylté  du  tympan  a  quelque  chose,  dans  son  abri  os- 
seux du  moins,  de  ce  que  nous  avons  vu  dans  les  mammi- 


026  1>E    LiiPPAAEIL    DE    LOUIE 

fèret  didelphes  »  en  eu  qu'elle  est  plutôt  fiorniée  par  des 
at aucet  des  ot  environoaos  que  par  Tos  tjmpaoique  loi- 
mème.  Cej|>eDdaQt  cet  os^  qui  est  rendu  i\  Tappendice  de  la 
mfichoire  inférieure  dans  ses  usages  principaux,  forme  eo* 
core  la  partie  antérieure  de  la  ca?ité  :  celle-ci  est  du  reste  de 
figure  et  de  grandeur  très-variables.  Quelquefois  on  peut 
même  y  distinguer  deux  parties,  une  profonde  dans  laquelle 
s'ouvre  les  orifices  du  labyrinthe,  de  la  trompe»  et  l'autre 
superficielle  où  l'on  ne  voit  que  l'orifice  supérieur  d'une  des 
cellules. 

tiiuirs.  Celles-ci  sont  plus  nombreuses  et  plus  étendues  que  daos 

les  mammifères,  puisqu'elles  se  propagent  dans  la  cellulosité 
de  tous  les  os  du  crâne.  Le  nombre  de  leurs  orifices  dans  la 
cavité  tympanique  ne  m'a  pas  paru  très-constant.  L'on  trouve 
cependant  ordinairement  trois  ouvertures;  la  première,  su** 
périeure  et  antérieure,  plus  grande  que  les  autres,  pénètre 
plus  ou  moins  dans  la  cellulosité  qui  entoure  le  canal  verti- 
cal supérieur,  et  quelquefois  les  deux  autres,  et  dans  celle 
du  temporal  et  du  pariétal  ;  la  seconde ,  supérieure  et  posté- 
rieure, conduit  dans  les  cellules  occipitales  qui  communi- 
quent souvent  d*un  côté  à  l'autre;  la  troisième ,  inférieure  et 
antérieure,  suit  la  trompe  d'Ëustacbe,  et  va  dans  les  cellules 
basilaires  de  l'occipital  et  du  sphénoïde  postérieur  ;  enfin  j'en 
ai  trouvé  quelquefois  une  quatrième  tout-à-fait  antérieure, 
et  qui  conduisait  dans  les  cellulosîtés  de  l'os  du  tympan  ou 
carré. 

pt  gaun-       La  trompe  d'Eustache,  ou  le  tube  guttural,  est  souveot 

raie. 

assez  grande,  en  forme  d'entonnoir  à  son  origine  :  elle  o£ffe 
cela  de  remarquable  que  le  prolongement  membraneux  de 
l'arrière-bouche  dans  la  caisse ,  au  lieu  d'être  compris  daos 
un  simple  écartement  des  os,  coqame  cela  a  lieu  dans  la  plu- 
part des  mammifères,  est  dans  les  oiseaux  renfermé  daos 
un  canal  osseux,  formant  quelquefois  un  tube  complet.  Il 
faut  aussi  remarquer  que  l'orifice  de  cette  trompe  dans  l'ar- 


DANS   LES    OISEAUX.  02; 


rière -bouche  se  termioe  daos  un  petit  cul-de-sac  commun 
qui  n*a  qu'une  ouverture  médiane  à  la  Toute  du  pharynx,  et 
qu'il  n'y  a  jamais  à  cette  terminaison  de  partie  cartilagi- 
neuse. 

La  chaîne  d'osselets  qui  traversent  cette  cavité  intermé-       ossHhs. 
diaire  est  complète ,  mais  autrement  disposée  que  dans  les 
mammifères. 

Le  premier,  ou  l'analogue  de  l'étricr,  est  un  petit  os  en 
forme  de  trompette  ou  de  cachet ,  dont  la  plaque  arrondie 
s'applique  sur  la  membrane  de  l'oriûce  veslibulaire  antérieur, 
en  y  adhérant  fortement)  et  dont  la  tige  grêle,  aplatie  quel- 
quefois à  son  extrémité)  se  porte  presque  horizontalement 
en  dehors  :  c'est  cette  partie  qui  s'enfonce  dans  le  méat  des 
orifices  vestibulaires ,  quand  il  existe. 

A  l'extrémité  de  cette  premièce  pièce ,  et  dans  la  même 
direction,  s'en  trouve  une  seconde  qui  en  est  quelquefois 
peu  distincte,  mais  qui  en  diffère  cependant  constamment 
en  ce  qu'elle  est  beaucoup  moins  dure  et  sub-cartilagineuse. 

Enfin  celle-ci  tombe  à  angle  droit  sur  une  troisième  ana- 
logue du  marteau  :  elle  est  aussi  ùl  peu  près  cartilagineuse 
et  de  figure  un  peu  variable.  Ordinairement  elle  est  triangu- 
laire et  coudée  dans  son  milieu;  sa  base,  ou  le  plus  petit 
côté ,  s'attache  au  bord  osseux  de  la  cavité  tympanique  ,  en 
dehors  et  en  dessus,  le  grand  côté  un  peu  courbé  adhère 
à  la  membrane  du  tympan  qu'il  pousse  fortement  en  de- 
hors, et  l'autre  est  celui  qui  est  en  connexion  avec  l'ana- 
logue de  l'enclume. 

L'analogue  de  Tétrier  a  un  muscle,  ou  au  moins  un  liga- 
ment élastique ,  grêle ,  étendu  de  son  corps  à  la  partie  anté- 
rieure et  supérieure  du  bord  du  tympan,  presque  à  l'endroit 
de  l'articulation  de  l'os  tympanique  ou  carré. 

Le  marteau  a  un  muscle  beaucoup  plus  évident,  qui  de  sa 
base  se  porte  en  dehors  de  la  marge  postérieure  de  la  caisse. 

La  membrane  du  tympan ,  bien  distincte  de  celle  qui  ta- 


5a8  DE    LAPPAREIL   DE    LOUIE 

pisse  sa  caTÎté ,  ainsi  que  de  la  peau  reotrée  dans  le  méat 
auditif  est  attachée  dans  toute  sa  circonférencie  au  bord  des 
os  qui  forment  la  caisse ,  mais  nullement  à  l'os  carré;  elle  est 
plus  ou  moins  large»  mais  toujours  bombée  en  dehors,  et 
ordinairement  oblique  et  ovale. 

La  dernière  partie  de  l'appareil  de  l'ouie,  ou  celle  de  re- 
cueillement »  existe  encore  dans  les  oiseaux,  mais  elle  est 
beaucoup  plus  simple  que  dans  aucun  mammifère.  Ce  n'est 
ei)  effet  qu'un  tube  membraneux  ou  dermoîde ,  de  longueur 
et  de  largeur  différentes,  placé  dans  une  direction  variable 
entre  ja  saillie  de  l'occipital  et  l'os  carré ,  contre  la  membrane 
du  tympan.  Il  entre  dans  la  composition  de  ce  conduit  audi- 
tif une  couche  plus  ou  moins  considérable  de  cryptes  sébacés, 
disposés  quelquefois  d'une  manière  régulière.  Son  orifice 
externe  m'a  paru  soutenu  quelquefois  par  nn  petit  cartilage 
annulaire,  qui  forme  ainsi  deux  lèvres  verticales  suscep- 
tibles d'être  un  peu  ouvertes  par  l'action  du  peaussier  qui 
leur  envoie  quelques  ûbres. 

Ces  lèvres,  plus  ou  moins  dilatables,  sont  souvent  pour- 
vues sur  leurs  bords  de  plumes  disposées  d'une   manière 
assez  particulière;  les  inférieures  s'appliquent  sur  l'ouver- 
ture ,  et  les  supérieures  se  relèvent  en  forme  d'aigrette. 
i8érf>iic«8         Lu  classc  dcs  oiseaux  sous  .le  rapport  de  cette  partie  de 

ipëculn        ...  . 

pendantes  leur  Organisation,  comme  sous  tous  les  autres,  n'offre  au- 
cune différence  que  l'on  puisse  attribuer  à  la  dégradation 
animale.  Il  n'est  en  effet  aucune  des  parties  que  nous  venons 
de  décrire  dans  l'appareil  de  l'ouîe  qui  ne  se  trouve ,  et 
presque  au  même  degré  de  développement,  dans  toutes  les 
espèces  de  cette  classe.  Aussi  les  différences  qu'elles  peuvent 
présenter  ne  sont  en  général  que  des  nuances  que  nous  se- 
rons presque  toutes  obligé  de  renvoyer  aux  spécialités. 

resp^e  de  La  nature  de  la  substance  alimentaire  ne  parait  pas  doter- 
miner  dti  modification  appréciable  dans  l'appareil  de  l'ouïe 
des  oiseaux. 


DANS    LES    OISEAUX.  5^9 

Il  n*en   est   peut-t^lre  pas  de  même  de  l*époquc   de  la  i>«  iVpoqM 

,  tajournre 

ioHrnée  à  laquelle  les  oiseaux  recherchent  leur  nourriture .  *  i'«iii**»«  l'oi- 

'  *  '    seauiachercbe. 

et  cej»  modifications  ne  paraissent  pas  se  borner  aux  parties 
extérieures»  du  moins  si  j'en  juge  par  Tanatomie  de  Poreille 
ëes  oiseaux  de  proie  nocturnes  »  comparée  à  celle  des  oiseaux 
dé  proie  diurnes  :  si  les  canaux  semi-circulaires  ne  sont  pas 
plus  longs,  ils  sont  évidemment  d*un  diamètre  plus  considé- 
rable :  le  limaçon  est  certainement  beaucoup  plus  développé, 
et  ce  qu'il  offre  de  plus  remarquable ,  c'est  qu'on  j  voit  un 
rudiment  évident  de  la  rampe  dans  une  lame  décurrente ,  il 
est  vrai  peu  saillante ,  qui  en  occupe  la  paroi  postérieure.  La 
caTÎté  tympanique  n'est  peut-être  pas  non  plus  d'une  di- 
Hieosion  plus  considérable 9  mais  toutes  les  cellules  sont  réel- 
lement énormes.  L'ouverture  du  tjmpan  est  également  plus 
large  et  plus  superficielle  «  à  cause  de  la  brièveté  du  canal 
auditif  externe  qui  s'ouvie  à  l'extérieur  par  une  sorte  de 
conque  a^ses  singulière  dans  les  hulottes  et  les  hiboux, 
comuie  nous  allons  le  voir  toute  l'heure.  En  général ,  comme 
je.  ne  connais  d'oiseaux  bien  évidemment  nocturnes  ou  cré- 
pusculaires que  le  second  groupe  des  oiseaux  de  proie  et 
l'engoulevent,  ce  que  je  viens  de  dire  ne  regarde  que  ces 
animaux. 

Le  séjour  m'a  semblé  aussi  avoir  quelque  influence  sur  dq  téjoiu-. 
l'appareil  de  l'ouïe  dans  les  oiseaux,  à  peu  près  comme  dans 
les  mammifères,  et  peut-ôtre  cela  dcpend-il  de  la  différence 
de  densité  du  milieu  qu'ils  habitent.  Au^si  les  espèces  qui 
s'élèvent  le  plus  dans  les  airs ,  me  paraissent  avoir  cet  organe 
plus  développé  que  les  autres;  cela  est  surtout  évident  pour 
la  grandeur  du  méat  externe.  Celles  qui  s'élèvent  peu  et  qui 
▼ivent  à  la  surface  de  la  terre ,  ojQTrunt  déjà  moins  de  déve- 
loppement, non*seulement  dans  cette  dernière  partie,  mais 
même  dans  les  parties  intérieures  :  les  gallinacés  en  sont 
un  exemple  évident.  Enfin ,  les  oiseaux  qui  vivent  dans  l'eau 
ont  l'organe  de  i'ouîe  de  plus  en  plus  petit  dans  ses  diffé- 
I.  54 


53o 


BE   LAPPABEIL   DE   LOUIE 


Do  s«xe. 


De  1  âge. 


Dm  groupes 
oalureh. 


Perroquets. 


Oisaanx  de 
proie  diuroes. 


rentes  parties,  à  mesure  que  Tespèce  j  reste  et  surtout  y 
ploQge  4aTantage  :  c'est  ce  doot  oo  pourra  s'assurer  eo  pas* 
sant  en  revue  ce  que  nous  diroDS  plus  loio  des  palmipèdes. 

Je  o'ai  aucune  obserTation  que  le  sexe  détermine  quehiue 
différence  dans  Tappareii  de  l*ou!e  des  oiseaux ,  ai  ce  n*est 
dans  le  développement  des  aigrettes  qui  peuvent  orner  le 
bord  de  la  conque  »  et  alors  ce  n*est  pas  dans  le  but  de  la 
fonction  qui  nous  occupe. 

L*ûge  en  apporte  quelques«unes  de  la  même  nature  que 
dans  les  mammifères,  c'est-à-dire  dans  le  dévelof^meot 
des  cellules  ;  mais  il  n'est  pas  probable  qu'il  en  produise 
d'autres. 

Les  différences  spéciales  sont  asses  grandes  ;  nous  aUofis 
ea  faire  connaître  les  principales  dans  chaque  groupe. 

Les  perroquets  ont  le  labyrinthe  en  général  beaucoap 
moins  considérable  que  presque  tous  les  autres  groupes 
d'oiseaux  qui  ne  sont  pas  aquatiques.  Ces  canaux  semi-cir- 
culaires sont  en  effet  très-grêles  et  très-courts  ;  du  reste  ils 
sont  à  peu  près  égaux ,  tant  le  supérieur  vertical  a  peu  d*é« 
tendue.  Le  limaçon  est  également  très-petit.  Le  sinus  dei 
oriûces  est  grand,  ovale,  et  dans  un  plan  presque  horisoa« 
tal.  La  caisse  est  encore  peu  étendue  proportionnellement; 
elle  est  cependant  assez  profonde.  Les  cellules  sont  médio- 
cres, sauf  la  supérieure  dont  Torifice  est  ovale  et  tout-à-£iit 
en  dessus.  Le  canal  de  la  trompe  est  complet.  Son  orifice 
membraneux,  unique,  est  en  forme  d*une  très-petite  fente 
au  bord  postérieur  du  palais.  La  chaîne  des  osselets  est  très- 
inférieuro  dans  la  cavité  ;  la  membrane  du  tympan  assez  en- 
foncée, très-oblique,  eH  attachée  à  la  circonférence  de  la 
caisse.  Le  canal  auditif  externe  est  étroit ,  assez  long,  di- 
rigé de  bas  en  haut;  son  ouverture  extérieure  est  ovale ^ 
petite,  et  dirigée  obliquement  en  avant. 

Les  oiseaux  de  proie  diurnes  ne  ressemblent  Dullement 
aux  perroquets  sous  ce  rapport,  au  moins  pour  retendue  ds 


DANS    LES   OISEAUX.  53l 

la  caisse  «t  lu  grandeur  du  canal  auditif  externe  ;  car  le  laby- 
rÎBlbe  est  avssî  d'une  étendue  médiocri;.  Les  oanaux  semî-cir- 
euiaîrea  ont  du  reste  à  peu  près  la  même  disposition  et  la  même 
proportioa  entre  eux  ;  ils  sont  cependant  évidemment  d*un 
calibre  plus  coosidérable  et  plus  épais.  Le  sac  ou  limaçon 
est  eadore  Ibrt  petit.  La  cavité  lympanique  est  évidemment 
plus  grande»  mais  encore  assez  médiocre;  elle  est  arrondie. 
Le  sinus  des  orifices  est  petit,  peu  profond,  son  ouverture 
ronde.  La  cellule  supérieure  est  irès-grande  en  dehors  des 
canaux  semi-circulaires ,  elle  communique  avec  tous  les  os 
qui  Tentoure  par  trois  ou  quatre  trous,  son  ouverture  dans 
la  caisse  est  asses  grande  et  un  peu  postérieure.  La  cellule 
antérieure  et  inférieure  est  peu  étendue,  Tinférienre  trans* 
verse  ne  Test  pa.^  beaucoup  dtrvantage.  Le  canal  osseux  de 
la  trompe  est  trés-incompieit  et  ne  forme  qu'une  gouttière 
évasée  à  ses  deux  extrémités.  Le  méat  auditif  externe 
osseux  est  large  et  trés<ctalé  en  arrière  et  en  haut;  le  canal 
auditif  cutané  mst  de  médiocre  longueur;  son  oriûce  est 
grand. 

Les  différentes  eoupes  génériques  qoe  la  zoologie  a  éta-- 
biles  dans -ce  groupe,  ne  difft^rent  pas  beaucoup  de  cq  que 
iU>us  TeiKMis  de  décrire  d'aprèt»  Taigle.  Lea  vautours  ont  ce- 
pendant l'ouverture  externe  beaucoup  plus  petite  et  le  canal 
plus  profond. 

Les  oiseaux  de  proie  nocturnes  sont  les  oiseaux  qui  offrent       Oiteaus 

»  ^  de  prolo  noc' 

le  plus"  gran4  développement  dans  l'appareil  de  l'ouïe ,  p<tut-  ^  turoet. 
être  comu)e  animaux  à  la  fois  nocturnes  et  carnast>iers.  Quoi- 
que les  canaux  soient  ù  peu  près  comme  dans  les  faucons,  ce- 
pendant ils  sont  encore  plus^ros,  plus  épais,  et  surtout  leur 
position  est  plus  oblique.  Le  limaçon ,  comme  nothi  4'avons 
déjà  amMnoé  ,  est  très-eonéidérable  ;  il  se  porte  transversa<^ 
ieDiei>tà  la  partie  inférieure  du  crâne  ^  ,oà  il  fait  une  légère 
latUic  ,  presque  îusqu'à  la  ligne  médiane  ;  on  aperçoit  très- 
bien  à  sa  face  postérieure  un  sillon  assez  large,  creusé  entre 

34. 


53a  DE  l'apparkil  de  l'ouïe 

deux  lames  peu  saillaotes ,  mais  foimatit  une  spirale  coo-' 
mençante.  G*est  éTidemment  un  rudiment  de  la  forme  bèli- 
ceîde  de  cette  partie  du  labjriothe  dans  les  mammilèrts. 
La  caisse  est  grande ,  à  peu  près  arrondie  j  et  comme  parta^ 
en  deux  orifices  par  une  colonne  osseuse  oblique.  Le  supé- 
rieur ovale,  très-grand,  conduit  dans  la  cellule  supérieure 
qui  est  énorme ,  et  avec  laquelle  communiquent  par  plusieun 
trous  les  cellulosités  extrêmement  nombreuses  de  tous  les 
os  du  crâne.  L'autre  orifice  de  la  caisse  montre  eu  avant  oa 
trou  rond  qui  va  dans  une  énorme  cellule  du  vomer;  enio, 
dans  le  sinus  des  orifices  vestibulaires  qui  est  profond,  est 
la  communication  avec  les  cellules  basilaires  et  avec  Tarrière- 
bouche  ffùT  la  trompe  :  celle*ci  est  contenue  dans  un  caoïl 
osseux  complet.  La  membrane  du  tympan ,  ovale ,  peu  sail* 
lante,  est  assez  oblique.  Le  méat  auditif  externe  est  extrême- 
mi>nt  vaste  et  peu  profond  ;  il  est  partagé  en  deux  excavatîom 
par  le  bord  de  Tos  carré ,  en  sorte  qu'il  ressemble  on  peu  à 
une  conque  de  mammifère.  Son  orifice  extérieur  est  énorme, 
et  Torme  dans  Tctat  de  repos  une  grande  fente  sigmoide, 
verticale,  occupant  toute  la  hauteur  de  la  tête,  et  qui  est 
bordf  e  par  deux  grandes  lèvres  ou  replis  cutanés  :  elles  soot 
garnies  dans  toute  leur  longueur  de  plumes  décomposées, 
arrangées  de  manière  à  produire  un  vaste  entonnoir ,  quand 
on  écarte  la  lèvre  antérieure  de  la  postérieure  sur  laquelle 
elle  s'applique.  Je  n'ai  cependant  tu  que  quelques  fibres  du 
peaussier,  qui  des  côtés  de  la  face  se  portent  à  cette  lèvre. 
Grimpeurs.  Lcs  gHmpeurs  diffèrent  beaucoup  plus  entre  eux  que  les 

oiseaux  des  deux  groupes  précédens. 

L'oreille  de  l'ani  des  Savanes,  genre  du  groupe  des  hèté- 
rodactyles,  ressemble  beaucoup  à  celle  des  passereaux;  h 
disposition  du  canal  semi -circulaire  vertical  antérieur  a  ce- 
pendant ausM  quelque  chose  des  gallinacés.  La  caisse  est 
asiiec  grande  ;  mais  son  orifice  extérieur  est  petit ,  ovale  et 
oblique. 


'      DANS    LES    OISEAUX.  533 

Les  coucous  y  parmi  les  zygodact jles  ^  ont  aussi  Toreille 
des  passereaux;  le  sac  est  cependant  plus  gros  et  plus  long; 
la  caisse  m'a  aussi  paru  plus  grande ,  ainsi  que  le  canal  au- 
ditif externe.  « 

Les  toucans  diffèrent  un  peu  par  la  forme  du  canal  vertical 
antérieur  et  interne  y  qui  est  presque  complètement  circu- 
laire. La  caisse  est  assez  profonde  ^  mais  étroite.  Le  méat  au- 
ditif est  petit  et  arrondi  ;  Torifice  commun  des  deux  trompes 
dans  le  pharynx,  est  également  rond. 

Les  pics 9  ont  Toreille  des  passereaux  véritables ,  du  moins 
dans  la  disposition  des  canaux  semi-circulaires,  mais  la  forme 
de  la  caisse ,  et  surtout  celle  de  la  saillie  de  Tos  mastoïde  qui 
la  forme,  est  toute  différente.  Le  sinus  supérieur  est  grand, 
avec  un  orifice  arrondi ,  les  autres  sont  très-petits.  Le  canal 
de  la  trompe  est  complet,  il  s'ouvre  à  côté  de  celui  du  côté 
opposé  sous  une  petite  avance  osseuse  médiane.  Le  méat  au- 
4litif  osseux  est  comme  partagé  en  deux  par  une  avance  de 
Tos  mastoïde.  Le  tube  est  assez  long,  étroit;  son  orifice 
est  petit 

Les  martins-pêcheurs,  parmi  les  syndactiles,  ressemblent 
encore  plus  aux  passereaux  ;  Toreille  est  cependant  en  gé- 
néral plus  petite. 

J*ai  disséqué  Toreille  d'un  assez  grand  nombre  d'espèces  PaMoroaux. 
de  Vordre  des  passereaux,  sans  y  trouver  de  différences  bien 
appréciables,  surtout  dans  les  parties  internes,  que  ces  es- 
pèces fussent  carnivores,  insectivores^  frugivores,  grani- 
vores et  omnivores  9  qu'elles  appartinssent  à  la  famille  des 
oiseaux  chanteurs  ou  qon. 

L'appareil  en  général  est  proportionnellement  très-déve- 
loppé,  presque  à  découvert  sur  les  côtés  de  la  cavité  céré- 
brale ,  (i)  et  n'étant  recouvert  en  dehors  que  par  une  lame 


(i)  La  longueur  du  labyrinthe  est  en  général  le  i  /5  de  la  longueur 
du  crâne  j  asqu'à  rcxtrémité  des  frontaux  dans  les  passereaux ,  tandis 


&5i  DE  l'appareil  de  l'ouïe 

oseense   presque  men>brancfiao.    Dans  les  espèces  dont       / 
grandeur  est  un  peu  considérable ,  îi  y  »  entre  eetU  lane    et 
le   labyrinthe  one   celiuloiiîté  plus  oi»  moins  épaiMe  (gui 
n'existe  pas  dans  les  autres.  Le  vestibule  est  presque  roixl* 
Les  canaux  semi-circaliairesonl  l»dispositioD  nornaale  :  c'est 
le  cana4  horizontal  qui  est  un  peu  plus  ooTerl  que  le»  antres; 
mais  le  sopérieirr,  qui  fait  presque  mi  cercle  complet,  est  le 
plus  long;  Il  dépasse  beaucoup  les  aotre9  en  anrière.  Ce  que 
les  deux  externes ,  qui  se  coupent  à  angle  droit ,  offrent  depkn 
singulier,  est  leur  pénétration  réoiprcNfue  au  pomi  de  leur 
anastomose;  en  sorte  que  dans  le  squelette  en  cet  endroit  il  J 
a  quatre  trous.  Mais  s'il  y  a  ainsi  anastontose  de  l'euTeloppe 
ossense ,  il  f»*en  est  pas  de  même  de  la  Tasctflaire  ;  et  lés  ct- 
naux  intérients  qu'elle  forme  se  croisent ,  mats  ne  se  réiMis- 
sent  pas.  Le  sac  est  constamment  petit ,  presqoe  droit,  H 
dlfigé  en  avant  et  en  dedans.  Les  deux  orifices  vestibaiftirt» 
fltent  presque  égaux,  et  l'un  et  l'autre  ovales.  Lesinasptr 
lequel   ils  communiquent  avec  les  cellules  est  en  général 
petit  ;  celles-ci  se  continuent  toujours  avec  le  tissu  eelhi- 
leux  des  os  du  crâne.    La  cavité  tympanique  est  petite > 
ordinairement  ovale  verticalement.  Le  sinus  des  orifices  ves- 
tibulaires ,  qui  en  occupe  le  milieu ,  est  ovale  et  asset  profooJ- 
L'étrier  a  sa  platine  presque  ronde,  large,  et  son  maache 
plat  et  assex  large.  Le  méat  auditif  est  constamment  asses 
profend,  ovale  et  assez  petit. 

J'ai  vérifié  ce  que  je  viens  de  dire  sur  les  hirondelles  >  1^^ 
sittell^s,  les  grimpereaux^  les  corbeaux^  les  pies,  les  f^^j 
les  pies-grièches,  les  gobe  -mouche»,  les  tyrans,  les  loriot^) 
les  merles,  plusieurs  motaciHes,  les  alouettes ,  les  tangaraSt 


qu'il  n'est  que  le  i/4  dans  Taigle;  il  est  ëgalement  le  i/3  dao^l^^ 
chouettet.  Dana  les  gallinacés  il  est  presque  le  i/5;  dans  les  p*!***' 
pèdes  il  est  le  i  /6  et  môme  mUm, 


DANS    LES   OISEAUX.  535 

les  broamS)  plusieurs  espèoes  du  genre  fringille  et  sur  le 
gros- bec» 

Les  oiseaux-mouohes  oot  les  canaux  semî^irculaires  eo 
puerai  plus  grands  ^ue  les  autres  passereaux  f  et  plus  sur* 
baissés  9  mais  dans  la  mêma  disposition  à  peu  près.  Le  méat 
auditif  est  grand  et  oTale. 

Le$  pigeons  se  rapprochent  beaucoup  des  grandes  espèces  piiwai 
de  passereaux  pour  les  parties  essentielles  de  l'organe  de 
l*ouîe  :  il  fait  également  le  tiers  de  la  longueur  du  crflne. 
Les  deux  canaux  semi«circulaires  externes  se  péuètrent  èga- 
lanent  à  leur  croisement  ;  mais  j'ai  très-bien  tu  que  les  ca- 
naux aaembranenx  passent  l'un  sur  l'autre.  La  cellule  supé- 
rieure est  plus  grande  que  dans  l'ordre  précédent ,  et  elle 
s'ouvre  dans  la  caisse  par  un  trou  orale  presque  aussi  grand 
qtie  l'ouferture  du  sinus  des  orifices  ? estibulaires.  La  caisse 
eti  OTak.  Le  canal  auditif  externe  est  comme  dans  les  pas- 
sereaux. 

Les  gallinacés  offrent  un  type  particulier  pour  cet  orgaaa  Gaiiimo 
oomme  pour  le  reste  de  l'organisation.  Le  labyrinthe  est  eu 
général  assea  petit,  les  canaux  étant  courts  et  fort  sénés 
catie  aux  ;  le  supérieur  ou  Interna  est  en  fer  à  chcTal  :  les 
^ox  externes  se  pénètrent  aussi.  Le  limaçon  est  extrême* 
ment  petit  ^  droit  et  presque  Ycrtical.  La  cavité  tympanique^ 
sans  être  Irès^profonde,  est  large,  ouverte,  ovale,  et  un 
peu  oblique  ;  l'os  carré  n'entre  pas  dans  la  composition  de 
son  bord.  La  cellule  supérieure  est  petite ,  et  son  orifiee  ovale 
est  tout-à-fait  au  haut  de  la  caisse.  Le  sinus  vestibulaire  est 
profond  et  fort  étroit  ;  l'ouverture  de  la  trompe  est  au  con- 
traire fort  grande  et  infundibuliforme  ;  son  canal  est  entiè- 
rement osseux,  il  s'ouvre  en  avant  d'une  saillie  basilaire 
assex  considérable  ,  très-près  de  la  ligne  médiane.  Le  méat 
auditif  externe  est  assex  large,  et  médiocrement  profond. 
Le  bord  de  son  orifice ,  qui  est  ovale  et  assex  grand ,  est  sou- 
tenu par  un  petit  cartilage  dmi 


536  DE  l'appareil  de  i'ooïe 

Je  De  connais  pas  exactement  Ift  stnwture  de  Torgane  dc^ 
Touîe  de  Tautruche  ni  du  casoar;  je  sais  seulement  <{ue'dans 
la  première,  les  ouTertures  des  trompes  sont  dislioctes,  et 
que  le  méal  auditif  externe  est  large ,  très-peu  profond,  et 
qu'il  offre  ime  ressemblance  grossière  afee  roreiUe  de  quel- 
ques mammifères. 

L'ordre  des  échassiers  a  généralement  l'organe  de  l'ooie 
un  peu  plus  développé  que  celui  des  gallinacés,  avec  les- 
quels cependant  il  a  quelque  analogie.   Dans   l'agami ,  par 
exemple,  la  ressemblance  est  presque  parfaite  :  je  ne  le 
e^innais  pas  dans  les  outardes.  Dans  les  hérons ,  le  canal  semi- 
circulaire  interne ,  plus  ouvert ,  est  encore  plus  porté  en  avant, 
au  point  qu'il  est  dépassé  en  arrière  par  rextrémité  posté- 
rieure de  l'horÎBontal ,  ce  qui  est  le  contraire  dans  les  pas- 
sereaux. Les  canaux  externes  se  croisent  sans  se  pénétrer. 
La  caisse,  qui  a  beaucoup  de  celle  des  gallinacés ,  est  cepen- 
dant moins  large.  La   cellule  supérieure-  est  au   contraire 
beaucoup  plus  grande;  il  en  est  de  même  de  l'antérieure  qui 
pénètre  assez  loin  dans  le  vomer,  celle  d'un  côté  commum«- 
quant  largement  avec  celle  de  l'autre.  La  trompe  est  courte 
et  presque  à  découvert  sous  une  lame  avancée  de  l'os  basî^ 
laire.  Le  canal  auditif  externe  diffère  peu  de  ce  qu'il  est  dans^ 
les  gallinacés. 

L'ibis  a  peut-être  encore  plus  de  ressemblance  avec  \ts^ 
gallinacés,  par  la  petitesse  et  la  grosseur  des  canaux  semi-ciiV' 
culaires.  La  caisse  est  cependant  plus  petite,  beaucoup  moins 
ouverte ,  et  la  terminaison  osseuse  de  la  trompe  est  beau — - 
coup  plus  éloignée  de  la  ligne  médiane. 

Les  bécasses  ont  encore  l'organe  de  l'audition  plus  étendu, 
la  longueur  du  système  des  canaux  faisant  la  moitié  de  la 
tête;  le  canal  supérieur  est  bien  plus  grand,  et  dépasse  beau- 
coup Itrs  antres  en  arrière  ;  la  caisse  est  également  asset 
grande,  et  les  sinus  supérieur  et  antérieur  médiocres.  La 
trompe  est  dans  un  tube  complètement  osseux. 


dahs  les  oiseaux.  537 

Dans  la  poule  sultane,  les  canaux  semî^cireulaîres  sont 
à  peu  près  comme  dans  les  gallinacés ,  mais  ils  sont  plus 
courts,  plus  ramassés;  la  caisse  est  surtout  beaucoup  plus 
petite. 

Les  ralles  ressemblent  tout-à-fait  aux  poules  d*eau  sous  ce 
rapport. 

Les  palmipèdes  sont  en  général  les  oiseaux  qui  offrent  le 
moins  de  dé?eloppement  dans  l'appareil  de  Taudition. 

Dans  la  famille  des  mouettes  on  des  palmipèdes  coureurs , 
les  canaux  demi-circulaires  ne  sont  pas  encore  aussi  courts 
que  dans  les  plongeurs  ;  le  supérieur  est  surtout  encore  asset 
grand,  et  l'arc  qu'il  forme  élcYé  :  les  externes  se  pénètrent 
un  peu  ;  tous  sont  renfermés  dans  une  cellulosité  fort  dure. 
La  caisse  ef^t  médiocre,  les  cellules  sont  petites,  la  trompe 
est  contenue  dans  un  canal  presque  complet,  l'orifice  externe 
est  petit  et  Ofale. 

L'hirondelle  de  mer  ressemble  complètement  aux  mouettes. 

Le  bec-eu-ciseaux  est  plus  rapproché  des  canards,  eo  ce 
que  les  canaux  sont  plus  courts ,  et  la  caisse  plus  petite. 

La  famille  des  pétrels  ne  diffère  de  la  précédente  qu'en  ce 
que  les  canaux  sont  encore  plus  courts ,  plus  ramassés ,  le 
supérieur  étant  beaucoup  plus  surbaissé;  du  reste  la  caisse, 
les  cellules  et  la  trompe  sont  presque  semblables. 

Les  cormorans  et  genres  voisins  y  c'est-à-dire  les  fous ,  les 
frégates,  etc. ,  ont  un  organe  de  l'ouîe  é?idemment  différent, 
en  ce  que  les  canaux  sont  grêles  et  assea  allongés  ;  le  fcrtical 
Interne  ou  supérieur  est  le  plus  grand  en  calibre  comme  en 
longueur;  il  forme  plus  d'un  demi -cercle;  le  vertical  ex- 
terne lui  est  à  peu  près  parallèle,  et  il  croise  l'horisontal  pres- 
que à  son  extrémité  postérieure.  La  caisse  du  t  jmpan  est  re- 
marquable par  son  extrême  petitesse.  Ou  y  i  oit  cependant 
en  haut  un  orifice  ovale  situé  entre  les  deux  facettes  articu«- 
.  laires  de  l'os  cairé,  et  allant  dans  une  cellule  supérieure 
asses  grande.  L'ouverture  du  sinus  vestibulaire  est  petite  et 


538  DE  l'affareil  de  l'ouïe 

sub-trîanguUire.  Il  ni*a  élé  impossible  âe  T0îr  d*autfe  ori^ 
ice  de  cellule 9  ni  même  celui  de  U  trompe;  en  sorte  qu'îE 
est  probable  que  celle-ci  est  enlièreoient  ■bembraneute.  L^ 
méat  auditif  externe  est  extrêmement  petit,  ainsi  que  soi» 
orifiee  extérieur. 

Dans  Toie  et  le  canard ,  les  canaux  se  rassembleat  d  se 
serrent  beaucoup  plus  que  dans  les  mouettes  ;  rnteroe  ou 
supérieur  a  ses  branches  éleTées  et  rapprochées  ;  les  externe» 
se  pénètrent  complètement.  La  caisse,  encore  asscs  grande 
daas  Voie 9  i*esi  beaucoup  moins  dafts  le  canard*;  Torifioe  de 
la  cellule  supérieure  est  grand ,  mais  celle-ci  esl  réellement 
§0H  petite.  La  cellule  basilaire  est  assez  renflée.  Le  sinus  ves— 
tibulaire  s'ouvre  obliquement  dans  TexcaTation  Infundibu-^ 
Ufatme  fort  grande  qui  commence  la  trompe  :  celle  ei  est. 
large  el  courte  ;  son  canal  osseux  est  complet. 

Les  plongeons  ont  l'organe  de  l'ouïe  à  peu  près  comme  le» 
canards  t  la  caisse  étant  encore  plus  petite  ainsi  que  1^ 
méat  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  pingoins  :  oeux-cE 
ont  en  effet  les  trois  canaux  fort  étroits ,  m^is  assez  allongés^ 
et  presque  horizontaux ,  du  moins  les  deux  externes.  La. 
caisse  est  du  reste  toujours  extrêmement  petite ,  aios»  que  Jer- 
canal  auditif  externe ,  et  son  orifice  est  assez  fin  pour  êtres^ 
difficile  à  trouver. 

Je  ne  connais  réellement  point  dans  la  classe  si  nom 
breuse  des  oiseaux  d'anomalie  qui  ait  rapport  à  l'appareil  d 
Toofe  9  et  qui  mérite  une  description  à  part. 

C.  Dans  (w  reptiies, 

?t°diffërancM        I«*organe  et  l'appareil  de  l'ouïe  dans  oe  groupe  d^animau: 

gënëraies.      ^m  évidemment  beaucoup  de  rapports  avec  ce  qu'ils  soni 

dans  les  oiseaux  ;  iU  occupent  cependant  une  place  moins 

eonsidérable  dans  les  parois  postérieures  du  crâne.  L'étendut 

de  la  partie  essentielle  du  labyrinthe  augmente;  les  canau: 


DANS   LES    RBPTILI8.  539 

<i€mi-cîrctilaire8  au  contraire  dtinînuent,  atnoD  en  Dombrc , 
du  moins  en  frandeur  ;  le  limaçon  est  encore  plus  rudimea- 
taire,  ce  n'est  plus  réellement  qu'un  très-petit  sînua  du  tes- 
tibulo.  lia  substance  crétacée  qui  se  trou? e  dans  l'humeur 
dont  le  Testibule  est  rempli  ^  augmente  en  étendue  el  en 
consistance.  Il  n^j  a  plus  qu'un  seul  orifice  p<iiur  la  commu- 
nlf aiion  de  ce  labyrinthe  areo  l'eitérieur ,  et  cette  eeromu- 
nication  deTient  de  moins  en  moins  facile  9  au  contraire  de 
ceUe  avec  1*  gorge.  La  caisse  du  tympan  n'est  plus  en  effet 
qu*uiw  dilatation  de  la  membrane  pharyngienne  :  aussi  n'y 
••t-il  plus  de  caisse  du  tympan  proprement  dite  ;  les  os  que 
ootis  avons  ¥u  la  former  dans  les  mammifères  étant  comme 
dans  les  oiseaux  employés  &  un  autre  usage.  Les  osselets 
sous  la  forme  et  avec  la  disposition  qu'ils  ont  dans  les  oi- 
seaux »  restent  cependant  encore  affectés  à  l'appareil  de  l'ouïe* 
Il  y  a  encore  souvent  une  membrane  do  tympan  «  auiis 
presque  toujours  n  fleur  de  tête,  sans  conduit  auditif  externe, 
et  à  plus  forte  raison  sans  trace  de  conque. 

Dans  les  chélonîcns  toutes  les  parties  internes  de  Toreille  ^jSclaC 
sont  très-enlbneées,  très-éloignées  de  la  superficie»  eicon-  eWiôîJÏ! 
tenues  dans  une  substance  cartilagineuse  qui  remplit  l'inter^ 
Talle  de  trois  os  du  crâne  :  cette  substance  Tenant  peu  à  peu 
à  s'ossifier,  il  en  résulte  que  les  sinuosités  du  libyrinthe  cor- 
respondent à  des  excavations  proportionnelles  des  os  ;  mais 
il  n'y  a  pas  un  véritable  os  du  rocher. 

Le  vestibule  est  très-grand,  ovale,  un  peu  recourbé,  ce 
qui  lui  donne  la  forme  semi-lunaire  :  il  offre  deux  sinus, 
l'un  antérieur  semi-ovale  plus  grand,  et  un  postérieur  ar- 
rondi :  il  est  tapissé  Intérieurement  par  une  première  mem- 
brane fibreuse  ,  périostéale  asscs  épaisse ,  et  ensuite  par  une 
seconde  plus  molle  qui  naît  de  l'orifice  interne  pour  se  ter- 
miner à  l'exterue.  Des  trois  canaux  semi-circulaires  qui  sont 
supérieurs ,  le  Tertical  antérieur  est  plus  grand  qne  le  posté- 
rieur, et  le  moyen  qui  est  horiaontal  est  le  plus  petit;  les 


540  DE   LAPPAREIL  DB   LOUIE 

extrémités  antérieures  de  ces  deux  derniers  qui  s*ou¥reirt 
dans  le  sinus  antérieur  du  Testibule,  sont  renflées  en  am- 
poule 9  de  même  que  rextrémito  du  canal  ? ertical  postérieur 
dont  rouyerturCf  ainsi  que  la  postérieure  du  canal  horiion- 
.tal ,  ont  lieu  dans  le  sinus  vestibulaire  postérieur.  I<es  deux 
autres  extrémités  des  canaux  ? crticaux  se  réuni;^sent  loo|oun 
en  un  canal  commun  qui  n'a  qu'un  seul  orifice  dans  le  Testi- 
bule. 

Ce  labyrinthe  est  rempli  certainement  d*un  fluide  aqueux 
abondant  9  et  d*une  sorte  de  matière  gélatineuse  ayant  une 
enveloppe  propre  dans  le  Testibule  et  dans  ses  sinus,  ce  qui 
la  difise  eu  trois  parties;  une  beaucoup  plua  grande  daos 
le  Testibule  lui -même  9  et  qui  en  prend  la  forme  semi-lu- 
naire ;  une  seconde  plus  petite ,  à  peu  près  arrondie ,  située 
à  la  partie  inférieure  de  celle -ci  9  et  qui  semble  être  le  ru- 
diment du  limaçon  ;  et  une  autre  antérieure.  Toutes  les  trob 
contiennent  une  matière  sub-crétacée  blanche  9  mais  qui  est 
plus  considérable  9  un  peu  plus  ferme  9  et  d*une  forme  dé- 
terminée dans  le  vestibule  même. 

L'orifice  interne  du  labyrinthe  ne  forme  pas  de  canal; 
c'est  un  simple  trou  percé  dans  la  paroi  fort  mince  qui  sé- 
pare le  labyrinthe  de  la  carité  cérébrale. 

Son  orifice  externe  est  également  unique  ;  il  est  grand ,  à 
peu  près  rond  9  et  au  fond  d'une  espèce  de  tube  fonnée  par 
la  caisse  du  tympan. 

La  cavité  tympanique  véritable  est  très -longue  9  très- 
étroite  9  et  se  borne  presque  à  former  une  gaine  fibreuse  pour 
le  passage  du  système  des  osselets. 

On  voit  cependant  en  avant  l'orifice  d'un  canal  assex  grand, 
béant  9  qui  se  dirige  obliquement  vurs  la  cavité  pharyngienne  ; 
c'est  la  trompe  d'Eustache. 

Le  système  d'osselets  semble  n'être  formé  que  par  uo 
seul  os  long,  grêle,  un  peu  courbe  et  élargi  vers  ses  extré- 
mités ;  mais  il  est  réellement  composé  de  troîa  parties  :  Tune 


DANS    LES    REPTILES.  54l 

interne 9  sub-cartiJagîneuse,  est  en  forme  de  pilon;  elle  s'en- 
fonce dans  le  canal  de  Tonfice  Testîbulaire,  et  la  membrane 
interne  s*y  attache  :  la  seconde  est  cylindrique  »  grêle ,  os* 
seuse;  elle  s'attache  sur  le  côté  externe  de  la  troisième  : 
celle-ci  est  une  petite  plaque  à  peu  près  circulaire ,  convexe 
en  dehors,  concave  en  dedans,  et  sub-cartilagineuse.  Un 
petit  muscle  fort  court ,  mais  asseï  épais  f  qui  se  porte  d'ar- 
rière en  avant ,  et  un  peu  de  dedans  en  dehors  de  l'os  occi- 
pital latéral  &  cette  plaque  9  pousse  le  stylet  en  dedaos. 

La  plaque  dont  il  vient  d'être  question  9  et  qui  est  l'ana- 
logue du  marteau  9  adhère  par  sa  face  externe  A  une  masse 
de  tissu  cellulaire  blanchâtre  fort  épaisse  qui  remplit  une 
grande  excavation  osseuse  formée  par  Tos  tympanique  ou 
carré.  Ainsi  il  n'y  a  pas  de  membrane  du  tympan  propre- 
ment dite  ;  en  effet  la  peau  qui  passe  sur  cette  masse  n'est 
nullement  modifiée  9  et  elle  est  écailleuse  comme  partout 
ailleurs. 

J'ai  disséqué  comparativement  l'organe  de  l'ouïe  dans  les 
tortues  marines  9  d'eau  douoe  et  terrestres  9  sans  y  remarquer 
de  différences  importantes,  si  ce  n'est  peut-être  dans  la 
fausse  cavilé  tympanique  formée  par  l'os  carré. 

Le  crocodile  a  cet  appareil  si  ressemblant ,  A  ce  qne  nous  dim 
venons  de  voir  dans  la  tortue 9  du  moins  intérieurement,  mSHê, 
qu'il  est  presque  inutile  d'en  donner  la  description  :  il  n'en 
est  pas  de  même  des  parties  accessoires.  Ainsi,  outre  la 
partie  tubuleuse  de  la  caisse  qui  est  moins  longue ,  mais  plus 
large  que  dans  la  tortue,  il  y  a  en  dehors  une  portion  plus 
large ,  peu  profonde  il  est  vrai ,  et  qui  communique  par  un 
orifice  grand  et  arrondi  dans  une  sorte  de  cellule  asseï  large 
située  en  avant  des  canaux  semi-circulaires,  et  qui  passe 
d'outre  en  outre  dans  l'occipital  supérieur  et  â  travers  Tin- 
ter-pariétal.  La  trompe  d'Eustache  commençant  au  bord  pos- 
térieur de  la  caisse ,  est  asses  grande ,  à  peu  près  cylindrique  ; 
elle  se  dirige  obliquement  de  dehors  en  dedans  et  d'arrière 


54'i>  ^^  l'apfâ&eil  de  l'oijïe 

eo  avant,  et  «'ouvre  dans  lui  petit  tinus  coamuiOy  arrondi, 
et  situé  tous  Vos  basiluire,  toul  près  du  condjle  occipîtaL 

Le  système  d'osselets  est  formé  d'un  étrier  en  forme  de 
trompette ,  dont  Ja  plaque  est  ovale  et  la  âi|;e  cylindrique. 
A.  son  extrémité  est  une  pièce  triangulaire,  oartilagineuse , 
qui  adhère  à  la  membrane  du  tympan. 

La  caisse  est  en  efStst  composée  par  une  véritable  merofarane 
du  tympan  tout-à-fa  il  semblable  à  celle  des  oiseaux;  elle  est 
ovule  ,«obliquement  dirigée ,  de  manière  qu'elle  regarde  un 
peu  en  dedans  :  elle  est  appliquée  dans  la  plus  grande  partie 
de  sa  circonférence  sur  l'os  cuiré. 

Enfin,  ce  qui  distingue  le  crocodile  de  tous  les  autres 
reptiles,  c'est  que  le  tympan  est  au  fond  d'une  sorte  de 
méat  auditif  externe  fuit  en  fornte  de  fente  attoiigéc  duos  la 
direction  de  I'omI,  élargie  et  plus  profonde  en  arrière,  et 
qu'il  est  dans  l'état  de  repos  complètement  fermé  par  une 
sorte  d'opercule  ou  de  lèvre  supérieure.  Cet  opercule  ne 
contient  pas  de  pièce  osseuse  dans  son  épaisseur;  c'est  un 
prolongement  du  derme  ddns  lequel  il  m'a  semblé  aperce- 
voir des  fibres  musculaires  qui,  de  son  bord  adhérent  À  l'os  ^ 
se  portent  au  bord  libre. 
Dam  I«®9  sauriens  peuvent  encore  être  considérés  sous  ce  rap- 

''"^''  port  comme  sous  beaucoup  d'autres  d'une  manière  générale, 
car  ils  ne  diffèrent  entre  eux  que  par  des  nuances.  Le  laby* 
rinthe  lait  de  chaque  cOié  de  la  partie  la  plus  reculée  du 
crâne  une  petite  saillie  de  forme  lenticulaire,  et  comme  vési- 
culeuse  du  côté  du  crâne,  mais  qui  en  dehors  s'applique 
contre  le  prolongement  de  l'occipital  latéral  allant  se  joindre 
  l'os  carré.  Toute  cette  masse  est  creuse  ,  et  sa  cavité  ovale 
forme  le  vestibule  à  la  partie  inférieure  et  antérieure  duquel 
est  en  petit  sinus ,  rudiuient  du  limaçon.  Ia£$  canaux  semi- 
circulaires  se  voient  un  peu  en  relief  sur  le  vestibule;  l'ex- 
terne est  toujours  à  peu  près  horizontal  ;  et  les  deux  verti- 
caux, qui  sont  obliques  et  à  peu  près  égaux,  se  rénni^sent 


DANS   LES    REPTILES.  5  |3 

Ters  le  milieu  du  c6té  interoe  de  la  masse  pour  former  le 
canal  commun.  La  plus  grande  partie  du  Teifibule  est  rem- 
plie par  une  sorte  de  lentille  calcaire  assci  dure,  située 
obliquement,  et  enveloppée  par  une  couche  légère  de  ma- 
tière albumineuse  qui  se  propage  d&ns  les  canaux ,  et  qui  se 
renfle  en  une  sorte  de  vésicule  dans  le  :»inu9.  Le  caual  auditif 
interne  es^t  ordinairement  fiirnié  par  un  seul  truu  percé  dans 
one  paroi  fort  mince;  il  n*y  a  qu*un  seul  orifice  vestibulaire 
assea  petit  qui  conduit  dans  la  caÎMC  du  tympan. 

Celte  caitfse  est  très-étendue;  ce  n*est  réellement  plus 
qu'une  poche  de  la  membrane  pharyngienne,  de  couleur 
Doire  comme  celle-ci 9  et  se  logeant  entre  Toccipital  latéral, 
l'occipital  inférieur  9  l'apophyse  ptéryguide  et  l'os  carré  ;  elle 
communique  arec  la  gorge  par  un  trou  fort  grand,  percé  aa 
côté  interne  de  la  paroi  de  la  poche,  et  à  l'extérieur  par  un 
orifice  quelquefois  fort  grand,  et  fermé  par  une  membrane 
du  tympan  ,  mince,  sèche,  convexe  en  dehors  comme  dans 
les  oiseaux  :  elle  ^t  attachée  dans  tout  son  bord  antérieur 
à  l'os  carré. 

Entre  cette  membrane  et  celle  qui  bouche  l'orifice  vesti* 
bulaire  est  une  chaîne  d'osselets  presque  en  tout  semblable  à 
ce  qui  existe  dans  les  oiseaux ,  c'est-à-dire  dans  laquelle  on 
distingue ,  outre  l'osselet  en  forme  de  trompette ,  une  petite 
portion  cartilagineuse  qui  en  continue  la  tige,  et  une  der- 
nière partie  qui  s'unit  à  celle-ci  à  angle  droit  pour  s'appliquer 
contre  la  membrane  du  tympan  :  c'est  4  la  tige  que  s'attacbe 
le  seul  muscle  de  ces  osselets. 

Dans  aucune  des  espèces  de  ce  groupe  il  n'y  a  apparence 
de  tube  au  delà  de  la  membrane  du  tympan  qui  est  aussi  k 
fleur  de  tète  :  elle  offre  cependant  ordinairement  une  sorte 
d'obliquité  d'avant  en  arrière ,  et  le  bord  antérieur  saille  un 
peu  plus  que  le  postérieur,  de  manière  à  ce  qu'elle  pantt 
un  peu  enfoncée. 

Je  n'ai  remarqué  parmi  les  espèces  de  sauriens  aucunes  dif- 


544  ^^  l'appareil  de  l'ouïe 

féreoces  imporlantes  dans  Tappareil  de  Touie,  ai  c^  o'etifl 
dans  la  foriae  ou  Télendue  de  la  membraoe  du  tyni|MiD.  IM 
est  même  à  remarquer  que  certaines  espèces  n*en  c^ren^ 
aucune  trace;  tels  sont  les  caméléons  et  ceux  qui  font  Im 
passage    aux  ophidiens^  comme  les  orfets»   les  ophisau* 
resy  etc. 

Les  ophidiens  o£(rent  cela  de  commun  que  |amab  il  n*j  a 
de  membrane  du  tympan  ;  le  muscle  dîgastriqiie  ,  si  pui^^sant 
dans  ces  animaux,  s'est  tellement  rapproché  de  l'os  carré, 
qu'il  n'y  a  plus  d'espace  libre  où  elle  pourrait  exister  :  il  eo 
est  résulté  que  la  caisse  du  tympan  est  beaucoup  plus  étroite. 
On  y  voit  cependant  encore  la  communication  pharyngienne 
et  les  osselets  :  ceux-ci  ne  forment  plus  qu'une  longue  tige 
en  forme  de  stylet ,  dont  une  partie  osseuse  s'élargit  en  plaque 
à  son  extrémité  interne,  pour  s'appliquer  sur  la  membrane 
de  la  fenêtre  ovale,  et  dont  le  reste  cartilagineux  se  p'^rte 
en  dehors  et  se  perd  enU*c  les  fibres  musculaires,  sans  aller 
même  jusqu'à  la  peau.  ^ 

Quant  au  labyrinthe  il  est  si  semblable  à  celui  des  sau- 
riens, qu'il  ne  mérite  pas  une  description  particulière. 

D.  Dans  les  amphibiens, 
tidcratioos        Si  l'apparoil  de  l'ouïe  dans  les  premiers  genres  de  cette 

litfërenccs         ,  «,  .11 

loeraies.      classe  offrc  eucorc  un  certani ,  nombre  de  rapports  avec  c^ 
qu'il  est  dans  les  reptiles  proprement  dits ,  on  ne  peut  nieC 
que  sa  dégradation  ne  soit  rapide  dans  les  derniers  ou  dan^^ 
ceux  qui  font  le  passage  à  la  dernière  classe  des  animau 
vertébrés  :  le  caractère  principal  de  cette  dégradation  ,  c'e 
que  la  communication  de  la  partie  essentielle  avec  l'extérieur^ 
disparatt  tout-à-fait,  tandis  que  celle  avec  le  pharynx,  de — ^ 
venue  plus  grande^  se  porte  de  l'extérieur  à  l'inlérieur,  sau 
que  cependaut  il  existe  une  véritable  caisse  du  tympan,  et  c^^ 
effet  presque  sans  rapports  avec  le  labyrinthe.  Les  osseleC^ 


DANS    LES    AMPHIBIENS.  5^5 

éc  l'ouïe,  que  jusqu'ici  nous  avons  vu  servir  i\  établir  ce 
rapport ,  s'agrandissent,  sortent  de  cette  cavité ^  et  sont  em- 
ployés à  un  antre  usage. 

Les  batraciens  véritables ,  qui  forment  le  genre  mna  de      Diiri«reiic«t 
Linnœus,  ne  se  ressemblant  pas  complètement  sous  le  rapport  ^^  batraciens. 
de  l'organe  de  l'ouïe  9  nous  sommes  obligés  de  l'étudier  dans 
cbaque  groupe  générique,  en   commençant  par  les  gre- 
nouilles. 

Dans  ces  animaux  le  labyrinthe  est  encore  asset  développé ,  GrenonUiet. 
^écialemeot  à  cause  de  l'étendue  proportionnelle  du  vesti- 
bule qui  est  considérable  ,  et  surtout  en  regardant  comme  en 
fiiisant  partie  un  sac  ovalaire  qui  communique  largement 
avec  lui  9  et  qui  est  situé  à  sa  partie  inférieure  et  externe. 
Les  canaux  semi-circulaires  sont,  au  contraire  9  de  grandeur 
médiocre;  ils  sont  remplis  par  une  matière  sub-gélalineuse , 
ainsi  que  le  vestibule 9  tandis  que  son  sac  contient  une  sub- 
stance d'un  blanc  de  crème,  à  demi  fluide,  et  sans  partie 
plus  solide  que  le  reste. 

Les  canaux  semi-circulaires  sont  encore  enveloppés  par 
la  substance  osseuse  des  pièces  du  crâne;  mais  leurs  ampoules, 
le  vestibule,  et  le  sac 9  sont  libres  ùl  l'intérieur  d'une  cavité 
osseuse  formée  en  grande  partie  par  l'os  occipital. 

La  coamiunication  de  ce  labyrinthe  avec  la  caisse  du  tym- 
pan se  fait  par  un  seul  orifice  ovale.  Cette  caisse  est  grande, 
large ,  peu  profonde  9  et  presque  totalement  membraneuse  ; 
elle  communique  immédiatement  avec  le  gosier  par  une  ou- 
Terture  ovale  et  très-grande.  L*orifice  extérieur  de  la  caisse  est 
encore  plus  grand 9  û  peu  près  arrondi,  et  silué  entre  le 
muscle  abaisseur  de  la  mâchoire  inférieure  et  son  élévateur. 
La  membrane  qui  le  ferme  est  bordée  dans  presque  toute  sa 
circonférence  par  un  cercle  cartilagineux. 

Les  osselets  de  l'ouïe  existent  encore  complètement  em- 
ployés pour  cette  fonction  ;  ils  sont  au  nombre  de  trois  : 
Tuo  est  osseux  et  en  forme  de  pilon,  c'est  le  plus  interne; 

1.  35 


546  I»  L'âI^PARBIL  DB   L'OViE 

le  second,  plus  court ,  est  foK^-carltlaginenXy  il  est  dens  b 
direction  du  premier  ;  enfin  le  dernier  oo  l*aiuil(^ue  éQ  mar* 
teau  fait  un  angle  droit  ayec  le  second.  Il  est  en  forme  dt 
spatule ,  dont  la  partie  élargie  est  inférieure ,  et  atteint  le 
milieu  de  la  membrane  ;  son  autre  extrémité  est  attadbét 
au  rebord  de  la  caisse  par  un  petit  musole  rertical  9  qui  de  ce 
rebord  se  porte  le  long  de  sa  tige ,  et  par  un  ligament  qui  ds 
celle-ci  va  au  bord  antérieur  de  Torifice  tjmpanique. 

Sur  la  membrane  du  tjmpan  passe  la  pean  sans  aeeiin 
repli  9  mais  amincie  un  peu  comme  une  sorte  ée  eonjooo- 
tiTe. 

Les  rainettes  ne  diffèrent  en  aucune  manière  des  grenoaillei 
sons  le  point  de  Tue  qui  nous  occupe. 
cnpMMifl.  Il  n'en  est  pas  de  m(îme  des  crapauds^  et  la  dMérenes 

qu'ils  présentent  est  très*importante  à  noter.  Ce  n*est  oepco- 
dant  pas  sur  les  parties  essentielles  que  portent  ees  diflê* 
rences  ;  en  effet ,  le  testibole ,  le  sac,  les  canaux  semi-eirce- 
laires  sont  à  peu  près  comme  dans  les  grenouilles  ;  mais  les 
parties  accessoires  de  renforcement,  comme  la  caisse  du 
tympan ,  et  surtout  les  osselets  de  Toule,  sont  tout  autre- 
ment disposés.  D*abord  la  membrane  du  tjmpan ,  quoique 
fort  peu  yisible  sous  la  peau ,  s*est  portée  bien  plus  en  afaat 
de  rorifice  vestibulaire  que  dans  les  grenouilles  ;  il  en  est 
résulté  que  la  chaîne  d*osselets  a  dA  être  plus  longue;  mais 
ce  qu>lle  offre  de  plus  singulier,  c'est  qu'elle  est  réellemeot 
hors  cette  cavité ,  étant  comprise  entre  les  muscles  en? iroo- 
nans  :  elle  est  cependant  encore  formée  de  trois  pièces  dans 
des  proportions,  il  est  rrai,  un  peu  différentes.  L'analogue  de 
l'étrier  eM  une  pièce  courte ,  grosse ,  orale ,  placée  à  cAté  do 
▼e«tibole,  et  serrant  par  son  cOté  interne  à  fermer  son  orifice 
extérieur.  Un  muscle  puissant  la  tire  en  arrière ,  et  c'est  uae 
portion  d'<in  muscle  de  l'épaule.  A  la  suite  de  cette  première 
pièce  en  Tient  une  seconde  dans  la  même  direction ,  mtii 
beaucoup  plus  forte  et  plus  longue;  placée  sur  les  c6tés  du 


BANS   LE»   AMPHIBIEMS.  S^J 

crâne,  eUis  attcjot,  par  son  extrémiU  un  peu  apoiniie,  ix 
▼érkablecaÎMadu  lynipan^  ^tla-troisième  pièce  de  lacbaine  : 
ceUe*Gi  est  wm  aor.te  de. dbq«e  épab»  cartilagineux,  quts'ai- 
taoke  soua  la  merabrane  du  tympan ,  ou  mieux  au  tis»u  cei- 
lnkûre  soua-outaoé;  car  U  n'ji  a  paa  de  véritable  membrane. 
Arlîcuiée  par  soa  bord  exier«a  af«Q  Tanalogue  de  i*enciume» 
celle  plaqua  »  a  ^omme  dan«  la  grenouille,  9oa  petit  iquscU  . 
supérieur.  Quoiqu'il.  n*y  ait  paa  de  mesabrane  du  tympan 
bien  formée,  il  y  acependani  une  cavité  de  ce  nom,  mais 

• 

beaucoup  plus  petite  qu^  danaM  grenouillea;  il  y  a  encore 
u»  cercle  cartilagineux  à  son  bord  exterae^  et  un  trou  interne 
communiquani  immédialem^nt  dans  la  gorge.  Quant  &  To- 
reille  extérieurct  elk  eal  encore  beaucoup  moina.é vidante  quo 
dans  la  greniMiille,  puisque  la  peau  est  à  peine  amincie  ea 
dehors  du  tympan. 

Le  pipa  dilBbre  eneora  notablement  des  crapauds  :  Toreille  ^v»^ 
Interne  est  excessÎTerpent  petite  «  proportionnellemenl  avec 
la  grandeur  de  ranimai  :  elle'  form^  une  trtis-petile  poobe 
OTalaire  située  eu  arrière  et  de  chaque  cûté  du  crine ,  dant 
l'occipital  ;  elle  contient  touîqurs  une  masde  de  même  forme 
Sttb-géiatineuse,  À  laquelle  adhère  inflftrieurement  uu  petit 
sac  de  couleur  blanche.  I«a  canaux  lemi-^cirQulaifes  sont  si 
fine  9  que  c*est  tout  au  plua  sî  >e  puis  assurer  les  avoir  tus  à  une 
a»sea  (art  loupe  :  nms  ce  que  cette  oreille  offre  de  plus  rcb 
marquable,  o'est  que  la  comoaunicatioa  à  Texlérieur  se  fail 
par  un  long  tube  d'un  demi-pouce  de  long ,  et,  ceeusé  dans 
un  élargisseoKDl  de  reocîpîlal.  Ce  tube  arrivé  au  côté  ex- 
terne de  la  tête  près  du  pli  de  l'épaule ,  se  tiarmine  par  tV 
f îfice  festibulaire. 

.  Le^  osselcia  de  l'ouïe  sont,  i)omme  dans  le  crapaud^  tout-^à-« 
fait  hors  de  h  cavité  du  tympan  ;  mais  ils  sont  de  forme 
toute  difF&ntnte.  Celui  qui  s'applique  contre  l'orifice  vestibu-t 
laire  est  une  très-petite  pièce  cartilagineuse;  celle  qui  Tienl 
ensuite  est  osseuse»  et  par  sa  forme  ne  peut  être  mieux 

■    35. 


348  DE  l'appareil  de  L'otÏE 

comparée  qu*à  la  clavicule  de  rhomroe  :  par  Piiae  de  se: 
extrémités  elle  entre  dans  la  fenêtre  oyale  »  et  p^r  Tautre  elK 
se  joint  à  la  troisième  pièce.  Celle-ci,  discoïde  y  épaisse^* 
échancrée  par  son  bord  postérieur  f  donne  par  cette  échan— 
crure,  passage  à  l'os  précédent  qui  s^rticule  arec  elle  par 
une  petite  apophyse  interne  :  elle  est  du  reste  entourée  par 
un   anneau  cartilagineux  complet  f   et  elle  bouche   aussi 
complètement  l'orifice  extérieur  de  la  caisse.  Il  y  a  cependant: 
une  membrane  du  tympan ,  mais  sous  une  couche  de  tissu 
cellulaire,  et  même  de  quelques  fibres  musculaires  de  la 
peau ,  en  sorte  qu'elle  n*est  pas  sensible  &  rextérieur.  Oa 
trouve  aussi  une  carité  tympanique  fort  petite  et  &  parois  ' 
bien  lisses;  mais  au  lieu  d*ayoir,  comme  dans  les  crapauds  et 
les  grenouilles,  une  communication  immédiate  aTec  la  gorge , 
on  y  observe  en  arrière  un  canal  conique  qui  se  dirige  obli- 
quement d'avant  en  arrière ,  et  de  dehors  en  dedans  sous  la 
tête,  où  il  se  termine  par  un  cul-dc-sac. 
Dani  Les  salamandres  offrent  encore  un  degré  plus  avancé  vers 

sauriens.       Ia  disposition  des  poissons.  La  partie  essentielle  de  l'organe  de 
l'ouïe  n'offre  du  reste  pas  de  grandes  différences  :  le  vestibule, 
les  canaux  semi-circulaires  et  le  sac  contenant  également  une 
matière  blanche  semi-fluide ,   sont ,  comme  dans  les  gre- 
nouilles, renfermés  dans  une  cavité  huileuse  de  l'occipital. 
Mais  tout  cela  paraît  situé  plus  profondément  que  dans  ces 
.  animaux,  parce  qu^il  n'y  a  pas  de  caisse  du  tympan ,  même 
rudiraentaire.  Il  y  a  cependant  toujours  un  orifice  vestîbu- 
laire  ;  il  est  rond  ,  et  percé  dans  la  partie  postérieure  de  l'oc- 
cipital. Cet  orifice  est  fermé  par  une  pièce  analogue  de  l'é^ 
trier  qui  est  encore  restée  employée  par  l'appareil  de  l'ouïe  ^ 
elle  est  ronde ,  operculaire ,  épaisse ,  et  comme  dans  le  cra-^ 
paud  elle  est  tirée  en  arrière  par. une  partie  d'un  muscle  d^ 
l'épaule  :  mais  voilà  tout  ce  qui  constitue  l'appareil  de  l'au — 
dition  des  salamandres.  Les  autres  osselets  sont  employés  ^ 
un  tout  autre  usage ,  comme  nous  le  verrons  dans  le  volume 


DANS    LES    AMPHIBIENS.  549 

suivant  :  il  n'y  a  plus  de  trace  de  cayilé  du  tympan ,  et  par 
conséquent  de  communîcution  avec  le  pharynx,  du  moins 
dans  rétat  adulte ,  car  dans  Tétat  de  larve  elle  a  au  contraire 
un  grand  développement;  à  plus  forte  raison  n*exîste-t-il 
plus  d*oreille  externe. 

L'axolotl  «  que  l'on  peut  regarder  comme  une  larve  de  sala- 
mandre, au  moins  jusqu'à  un  certain  point,  nous  offre  une 
disposition  de  la  caisse  du  tympan  et  des  osselets  de  l'ouie , 
qui  fait  encore  un  degré  de  plus  vers  les  poissons.  Les  par- 
ties essentielles  de  l'appareil  sont  enveloppées  par  une  mem- 
brane cartilagineuse  qui  double  la  cavité  de  l'occipital ,  mais 
du  reste  ne  différent  pas  de  ce  qu'elles  sont  dans  les  sala- 
mandres. La  petite  plaque  cartilagineuse  ovale  qui  bouche 
l'orifice  vestibulaire ,.  est  presque  tout-â-fait  sous  le  crâne  ; 
elle  est  liée  au  second  osselet  par  un  ligament  fort  long  et 
mince  qui  descend  vers  la  gorge ,  ce  second  osselet  étant 
devenu  le  second  arc  branchial;  c'est  entre  lui,  en  effet, 
et  la  corne  de  l'hyoide,  que  se  trouve  la  première  ouverture 
branchiale ,  et  l'on  remarque  en  dedans  des  muscles  éléva- 
teurs et  abaisseurs  de  la  mâchoire  une  sorte  de  grand  sac 
qui  fait  communiquer  la  cavité  gutturale  avec  ces  ouver- 
tures. 

Le  protée  est  absolument  dans  le  même  cas  que  la  sala* 
mandre  à  l'état  de  larve.  Le*  vestibule,  les  canaux  semi-cir- 
culaires et  le  sac,  existent  bien  certainement  de  même; 
celui-ci  est  peut-être  proportionnellement  plus  petit,  au 
contraire  des  canaux  qui  m'ont  paru  d'un  diamètre  plus  con- 
sidérable; ils  ne  sont  plus  enclavés  dans  les  os;  mais  tout  le 
labyrinthe  est  contenu  dans  une  cavité  oblongue  ,  hui- 
leuse ou  à  parois  excessivement  minces  de  l'occipital.  Il 
ro*a  été  impossible  de  trouver  d*orifico  vestibulaire,  et  je 
serais  fort  porté,  en  outre,  par  induction,  à  croire  qu'il  n'y 
en  a  pas,  si  M.  Rusconi  n'en  décrivait  positivement  un. 
Je  n'ai  pas  non  plus  trouvé  la  pièce  operculaire  dont  il  parle. 


55o  ]>£  l'atpjlreil  be  l'ouïe 

et  qiH  servirait  à  le  fermer  comme  dsii!»  le»  sahimaiidreft.  LV 
nalrrçu^  del-encluttie  est  resté  oollë  et  articulé  avee  le  kbj- 
rin^he;  mais,  comme  danslasakunandre,  il  sert  à  «ib  êeiit 
autre  usage.         ' 

Ainsi  9  à  la  fin  de  cette  classe  9  Pappareil  éê  Pouie  est  lé- 
dtiît  à  ses  parties  es9efitîelles*  La  isaisse  s^t  peu  à  peo  sé- 
l^arée  4n  labyrinthe  9  et  est  der^nue  une  lar^e  ouverlope  tfiii 
fait  commufniqaer  ia  gorge  arec  l'exténeor  «ur  les  eteés  de 
fa  rat'ine  du  eou  ;  les  osselets  de  Toiiie  qui  aerramit  4  réunir 
ces  deux  parties  de  Tappari^l,  ont  acquis  beaucoup  dé  dére» 
loppemeut  9  ont  pris  une  tout  autre  dîsposiHMi  y  %t  eent  'de* 
Yetius  des  pièces  de  la  déjglu4ltton.  De  cett^  manière  noo» 
sommes  arrivés  aux  poisaons»  dans  lesquels  cette  iMurellf 
combinaison  a  acquis  toute  sa  perfection. 

E.  Dans  ks  poissons, 

^rt"diWreKM  Cette  classe  nombreuse  d'animaux  étant  un  peu  dane  le 
gëneraie*.  ^^^  j^  ^^Pç  ^^g  oiseaux ,  c'est-à-dife  n'offrant  pas  d*iiidioes 
bien  éridens  de  dégradation  organique  9  rivant  tous  dans  les 
mêmes  circonstances  particulières  9  ou  dans  unHokk  cfztrême- 
ment  dense 9  comparativement  i\  Pair  9  se  nourrissant  tous  dfe 
substances  de  la  même  nature,  il  fiVvt  pas  étonnant  q«*ils 
nous  offrent  un  typ^porticulrerdans  Tappareil  de  Todle)  et 
que  ce  tjpe  offre  assez  peu  de  différences  dtns  les  espèce». 

Cet  appareil  est  en  général  f>rt  déreleppé  ;  sitné  aur  les 
parties  latérales'  et  inférieures  de  la  tête ,  ou  tnieot  de  la 
cavité  cérébrale  dont  il  est  quelquefois  à  peine  séparé  par 
cne  membrane  9  il  n'a  jamais  de  communicatiom  Médiate 
ni  immédiate  avec  Teitérieur.  La  parlle  «sscmtielle  9e  com» 
pose  toujours  d'un  vestibule  plus  ou  moins  considérable  9 
de  forme  un  peu  variable ,  ttiais  ordinairement  orale  aHongé, 
se  prolongeant  en  avant  01^  il  s'é4argK ,  et  en  arriére. 

A  la  partie  interne  -et  inférieure  de  oe  "vestibule  se  trouve 


DANS    LES    POISSONS.  6^1 

uo  sac  ordiaaîrèinent  de  forme  ovale»  et  beaucoup  plut 
grand  que  luî|  dirigé  d*aTaoten  arrière,  et  se  logeant  dans 
une  excavation  de  Toccipital  et  du  sphénoïde.  G*est  évidem- 
ment Tanalogue  du  8a<r  des  oiseaux  «  et  peut*être  celui  du 
limaçon  des  mammifères  ;  il  se  joint  au  vestibule  par  un  pé- 
dicule plus  ou  moins  large.  Quoique  je  n*aie  pas  pu  faire 
passer  le  mercure  du  sac  dans  le  vestibule,  pas  plus  que 
UJi.  Scarpa  et  Weber,  il  me  seoible  que  l'analogie  ne  per- 
met guère  de  douter  d'une  communication  entre  ces  deux 
parties.  Quoi  qu'il  en  soit ,  ce  sac  ,  constamment  pourvu  en 
arrière  d'un  petit  sinus,  ^e  prolonge  souvent  dans  le  corps 
de  l'occipitul  postérieur,  jusque  tout  près  de  son  articulation 
avec  la  première  vertèbre;  mais  jamais  je  n'ai  vu  de  trace 
d'orifice  qui  conduisit  plus  loin. 

En  dehors  et  en  dessus  sont  les  trois  canaux  semi-circu- 
laires, l'un  horizontal,  et  les  deux  autres  verticaux  :  ils  sont 
tm  général  plus  grands  que  dans  les  autres  ostéosoaircs  ;  ils 
Cirment  souvent  bien  plus  qu*un  demi*cercle;  ordinairement 
fijiindriques  et  grêles  dans  la  plus  grande  parti^de  leur  lon- 
gueur,  ils  se  renflent  à  une  seulement  de  leuMJ^èmités  en 
9i§Èt  ampoule  toujours  bien  formée.  Leur  termnBVi  dans  le 
vesUbule  se  fait  par  trob  groupes  de  deux  canaux  chaque ,  Tun 
antérieur,  Tautre  postérieur»  et  le  troisième  médian,  œ 
qui  semblerait  ne  devoir  foire  que  trois  orifices  dans  le  vesti- 
bule; mais  les  groupes  antérieur  et  postérieur  ae  composent 
de  deux  canaux  plus  ou  moins  soudés ,  dont  chaque  oriflce  tat 
distinct  ;  il  n*j  a  que  le  groupe  médian  dont  les  deux  canaux 
se  réunissent  dans  un  seul  sinus,  et  qui  par  CQiiséquen^  ont 
no  orifice  eommun  dans  le  vestibule. 

Ce  labyrinthe  est  composé  comme  de  coutume  d*une  pre- 
mière enveloppe  fibreuse,  un  peu  diflCérente  danf  le  lesti- 
bule  que  dans  les  canaux  semi- circulaires  où  elle  semble 
sub-cartilagineuse.  A  l'intérieur  en  est  une  autre  plus  molle , 
qui  tapifse  la  caviié  dans  toute  son  étendue  :  c*çst  la  me m<- 


552  DE   LÀPPARBIL   DE    lOUlE 

braoe  yasculaire.  Quant  à  la  membrane  n«rTeo8e,  on  ne  Toil 
pas  nettement  sa  dispo.sitîon  membraneuse  ;  on  trouTe  bien 
aisément  que  les  filets  du  nerf  acoustique ,  parreous  A  Tune 
des  parties  du  labyrinthe,  et  surto&t  aux  ampoules  et  an 
sac»  rampent  penJant  quelque  temps  sur  leurs  parois»  les 
pénètrent  ;  mais  je  ne  puis  dire  s*ils  forment  nne  Téritable 
membrane  à  Tintéricur  :  c'est  ce  que  je  n*ai  pas  vu.  On  est 
seulement  étonné  de  la  grosseur  des  nerfs  qui  se  rendent  i 
cette  partie. 

Les  humeurs  qui  remplissent  le  labyrinthe  des  poissons 
paraissent  être  aussi  de  nature  différente.  J*ai  toujours  trovré 
dans  la  partie  antérieure  do  Testibule  proprement  dit  une 
masse  de  substance  gélatineuse ,  translucide  »  qu'on  ne  peut 
mieux  comparer  qu'à  l'humeur  Titrée  de  l'organe  de  la  vi- 
sion »  et  qui  est  contenue  dans  une  ? éritable  membrane  hya- 
loîde.  Cette  substance  reçoit  une  grande  quantité  de  ner6 
qui  lui  forment  une  enveloppe  comme  pulpeuse.  On  ob- 
serve en  outre  dans  la  partie  inférieure  et  postérieure  do 
sac»  une  smta^masse  pulpo-gélatineuse  beaucoup  pins  con- 
sidérabld^^Heux  masses  distinctes  renferment  des  grains 
de  matié^^TCtacée  9  qui  en  se  coagulant  donnent  naissance'A 

# 

trois  petites  os  ou  pieires  de  forme  et  de  proportion  rariables. 

<>  •■  • 

Leur  tissu  ne  peut  être  comparé  à  celui  d'aucun  autre  os.  Ils 
80^ 'très-blancs ,  d'un  grain  très-fin»  cassans  et  sans  trace 
déf  périoste.  Leur  forme,  souvent  très -bizarre  et  très-sîn- 
'gnlière»   est  particulière    à  chaque  espèce.  C'est  dans  ma 
manière  de  voir  un  corps  mort  produit  par  couches  par  la 
pulpe  auditive  y  et  qui  n'a  aucune  analogie  avec  les  osselets  de 
l'ouïe  des  animaux  supérieurs»  mais  bien  avec  le  crystallio 
de  l'oeil.  Le  premier  de  ces  os  est  dans  le  sinus  antérieur 
du  vestibule;  le  second»  qui  est  ordinairement  le  plus  grande 
occupe  presque  tout  le  sac;  et  le  troisième  est  contenu  dan» 
le  sinus  postérieur  de  celui-ci. 
Il  n'y  a  plus  dans  les  poissons  d'autres  parties  dans  là  com- 


DANS    LES    POISSONS.  553 

position  de  leur  appareil  de  l*ouie ,  c'est-à-dire  ni  appareil 
de  renforcement ,  ou  de  caisse  du  tympan ,  et  par  conséquent 
encore  moins  d*appareil  tout-è-fait  .extérieur.  Plusieurs  au- 
teurs ont  cependant  établi  d'une  manière  qui  semble  positive , 
la  communication  directe  de  l'appareil  extérieur  avec  le  fluide 
ambiant,  ou  ayec  le  système  de  la  Tessie  natatoire.;  mais  l'a- 
nalogie» ni  l'autopsie ,  ne  permettent  presque  pas  de  doute 
à  ce  sujet.  Les  os,  qui  avaient  été  pour  ainsi  dire  empruntés 
par  l'appareil  de  l'ouïe  à  celui  de  la  locomotion  dans  les  ap- 
pendices de  la  déglutition  lui  sont  rendus,  et  se  modifient 
pour  cet  usage ,  comme  nous  le  verrons  en  parlant  des  or- 
ganes  de  la  locomotion.  L'ouverture  gutturale  de  la  partie 
moyenne  de  l'oreille  ,  loin  de  disparaître  ,  acquiert  au 
contraire  un  très-grand  développement,  mais  pour  un  tout 
autre  usage,  celui  de  la  respiration,  comme  nous  l'avons 
indiqué  en  parlant  des  amphibiens. 

Dans  l'état  actuel  de  la  science  nous  ne  voyons  pas  que  les  ^^*^"^ 
circonstances  particulières  dépendantes  de  la  nature  et  de  la  ci^**^JJ2!»t 
densité  du  milieu  dans  lequel  les  poissons  exercent  les  différens 
actes  de  la  vie ,  ni  même  la  profondeur  à  laquelle  ils  existent 
\t  plus  habituellement,  aient  quelque  influence  appréciable 
sur  le  développement  et  la  structure  de  leur  organe  de  Touîe. 
On  conçoit  cependant  qu'ils  puissent  en  avoir.  L'avidité,  la 
hardiesse  avec  laquelle  ces  animaux  poursuivent  leur  proie, 
l'époque  même  de  la  journée  é  laquelle  ils  le  font,  peuvent 
aussi,  ce  me  semble,  déterminer  quelques  différences;  mais 
|e  le  répète,  on  a  peu  étudié  Torganisalion  des  poissons 
d'une  manière  rationnelle  ;  on  s'est  borné  à  saisir  les  diffé- 
rences les  plus  grossières,  et  qui  tiennent  aux  différences 

Il  semble  qu'on  aperçoive  mieux  celles  qui  tiennent  à  la 
dégradation  animale,  ou  du  moins  il  est  évident  qu'il  y  a 
des  différences  assez  tranchées  entre  l'organe  de  l'ouie  des 
poissons  osseux  et  celui  des  poissons  cartilagineux,  mais 


554  ^^  l'appabiil  db  i.'ouï£ 

toofours  avec  les  nuances  qui  eibteot  dans  tous  les  poÎDU 
de  leur  organisation, 
tant  iM  p.         Dans  ce  que  nous  renoos  de  dire  de  général  sar  la  aCmc- 
rodermcT.'"'  ture  de  Torgonc  de  l'ouïe  dans  cette  classe  d'animaiiz,  nous 
avons  surtout  considéré   les   {>ois$ons   osseux   squammo- 
dermes  :  quoiqu'ils  ne  différent  réeUement  pas  d'une  uèêt 
nière  tranchée  des  bélérodermes  et  même  des  poissons  caiv- 
fjlagîneuz ,  on  peut  cependant  regarder  comme  étant  plas 
particulièrement  caractéristique  de  leur  oreille  que  l'excava- 
tion du  labyrinthe  n'esC  janaais  séparée  complètement  de  h 
cavité  cérébrale ,  et  que  le  plus  souvent  les  canaux  seai- 
clrculaires  ne  sont  pas  même  inter-osseux ,  en  sorte  que  le 
vestibule,  le  sac  et  les  canaux,  sont  baignés  dans  le  fluide 
qui  remplit  la  cavité  cérébrale.  Ajoutons  que  les  pierres  de 
riotérieur  du  vestibule  et  du  sac  sont  presque  toujours  d'une 
dureté  et  d*une  solidité  remarquables ,  au  moins  pour  l'aslè- 
rieure  de  ce  deniter. 
MM  iM  p.         Dans  les  poissons  hétérodermes ,  il  parait  que  la  séparation 
dermes.    '  de  la  loge  du  labyrinthe  de  la  cavité  cérébrale  n'est  pas  en- 
core beaucoup  plus  complète  que  dans  la  sectioii  précédente; 
mais  il  est  certain  que  les  pierres  du  sac  sont  évîdemneat 
plus  molles  et  plus  amilacées. 
■IIS  les  p.         Dans  la  sous-classe  des  poissons  cartilagineux ^  les  pre- 
miers genres  ne  diffèrent  pas  encore  beaucoup  sotis  ces  deui 
points  de  toc  ,  la  cavité  du  labyrinthe  faisant  «neore  partie 
de  celle  qui  contient  le  cerveau  ;  les  pierres  sont  cependaat 
peut-être  encore  plus  molles;  mais  dans  les  autres  genres 
toutes  les  parties  du  labyrinthe  sont  renfermées  dans  une 
loge   particulière   creusée  dans  les   parois  cartiloginefises 
du  crâne,  et  qui  ne  communique  avec  la  cavité  cérébrale 
que  par  un  canal  auditif  interne.  Les  canaux  sont  eux-mêmes 
contenus  dans  des  enveloppes  cartilagineuses;  et  ce  qui  in- 
dique \m  appareil  de  i'ouie  plus  complet ,  c'est  que  cette 
cavité  distincte 9  remplie  d'un  Auide  aqueux,  oommuiit4|u^ 


i 


DAK8    LES   POISSONS.  555 

ju8q»*é  «n  ccrlMD  point  arec  l'exlérieur  au«noyen  d'un  orî- 
fiée  ovslaîre  percé  à  la  partie  supéiteore  et  postérieure  du 
crâne.  La  peau  qui  passe  deaau»  cette  espèce  d'oriéce  vetd- 
bnlaire  ou  ée  fenêtre  OTale  n'a  cependant  éprouré  aucune 
modificatien. 

Quant  à  la  matière  dépotée  dans  l*faunieur  iu  Testibuk:  et 
du  sac  f  eMe  Tpnnd  à  peine  «ne  6gure  déterminée  ^  et  dans  ks 
masses  qu'elle  forme  il  entre  une  si  grande  quantité  de  ma- 
tière gélatineuse  et  nerfeuse  9  qu'elles  sont  presque  pul- 
peuses» 

Les  lumproies  qui  appattiennent  ù  cette  sous-classe  dif- 
férent beaucoup  de.s  poissons  quVile  renferme»  et  de  tous 
les  poissons  en  général,  puisqu Viles  n'ont  plus  de  canatn 
semi  -  drcnlaires  9  comme  nous  aHens  le  Toir  dans  Pétude 
spéciale  dhin  certain  nombre  de  poissons  choisis  dans  les  fa- 
milles principales. 

W\"  ^B*' _^^ 

Parmi  les  tétrapodes  abdominaux  :  s!)eciai«u^ 

Brochet. 


brochet  a  le  testibule  grand ,  et  peu  on  po}nt  dtsthiGt 
-du  sac  dont  le  sinus  postérieur  est  Tort  petit  et  peu  distinct. 
Il  n'y  a  presque  que  -deux  sinus  dVoTerlure  des  canaux  dans 
le  Testibule ,  parce  que  le  canal  commun  des  deux  verticaux  » 
après  avoir  reçu  Textrémité  postérieure  du  canal  horitontal, 
se  éivlse  en  deux  branches  qui  vont  9  Tune  à  l'ampoule  «nfté- 
^eure,  *et  l'autre  A  la  postérieuve.  Je  suis  cependant  plus 
certain  de  la  branche  antérieure  que  de  la  postérieûrre.  Mais 
ce  qui  jusqu'ici  n'a  été  observé  que  dans  ce  poisson ,  c'est 
qu'il  se  {oint  A  Pampoule  du  canal  hoWxontal  pastérreur 
eme  petite  podie  ronde  de  même  structure ,  asaei  longue-* 
ment  pédonculée,  et  qui  se  porte  en  arrière  A  l'origine  du 
canal  vertébral.  La  pierre  antérieure  du  sac  est  asseï  grënde 
et  ovalle  ;  la  postérieure  est  au  contraire  petite  et  seniî-tu- 
oaire  :  celle  de  l'ampoule  antérieure  est  encore  plus  petite 
^  tvinde. 

Les  saunions  ont  l'appareil  de  foule  eti  général  peu  dévu- 


556  DE   L  APPAREIL   DE    l'ouÏE 

loppéy  et  presque  complètement  séparé  de  la  cavité  céré- 
brale par  une  cloison  membraneuse.  Le  Testîbule  9  asses  dis- 
tinct f  communique  largement  avec  le  sac.  Celui-ci  est  petit. 
Les  canaux  semi-circulaires  9  de  forme  ordinaire,  sont  pres- 
que entièrement  inter-osseux.  La  pierre  antérieure  du  sac  a 
une  forme  caractéristique  de  ce  genre.  Pointue  en  ayant»  son 
bord  inférieur  est  convexe,  tranchant ,  et  le  supérieur  a  une 
sorte  d'oreille  ou  de  dilatation  au  milieu  de  sa  longueur. 
Les  autres  pierres  sont  à  peine  cartilagineuses. 

ciapêet.  Les  clupées  ont  une  oreille  interne  toute  particulière.  Le 

vestibule  proprement  dit  est  petit ,  arrondi,  et  peu  distinct  du 
sac  qui  se  termine  en  arrière  par  un  sinus  occipital  asseï 
allongé  ;  mais  ce  qu*il  offre  de  plus  singulier  «  c'est  qu'en 
avant  il  communique  par  un  orifice  semi-lunaire  fort  étroit 
dans  une  p«che  globuleuse.  Cette  poche ,  qui  renferme  uo 
prolongement  de  l'humeur  gélatineuse  du  sac»  est  contenue 
dans  un  renflement  osseux,  huileux,  qui  saille  à  la  partie  in- 
férieure du  crâne ,  de  manière  à  ressembler  un  peu  à  la  caisse 
du  tympan  de  quelques  mammifères.    Dans  l'alose,  celte 
poche  est  unique ,  mais  dans  le  hareng  elle  communique  en 
arrière  par  un  canal  fort  étroit  avec  une  autre  petite  pocbe 
semblable ,  qui  elle-même  se  prolonge  postérieurement  en 
un  appendice  cjlindroîde,  terminé  en  cul-de-sac.  Les  canaux 
semi  circulaires  sont  fort  gros,  en  grande  partie  inter-osseux. 
Ils  offrent  aussi  cette  singularité  que  le  système  d'un  c6lé 
communique  avec  celui  de  l'autre  par  deux  canaux  trao^- 
verses  placés  sous  le  cerveau  ;  l'un  en  arrière  entre  lès  ca- 
naux verticaux  postérieurs,  et  l'autre  en  avant  entre  les  an- 
térieurs. 

Cyprins.  Les  carpes  ont  au  contraire  le  vestibule  séparé  du  sac»  ^^ 

ne  s'y  réunissant  que  par  un  rétrécissement  bien  marqué.  1^ 
premier  est  fort  petit,  aussi  les  os  du  crâne  n*offrent  qu'iio^ 
légère  dépression  pour  le  recevoir.  Le  sac,  assex  grand» 
présente  cela  de  remarquable  qu'il  est  presque  eotièreincot 


DANS   LES    POISSONS.  557 

cAcbé  dans  une  excavation  des  os  basilaires  dont  l'orifice  est 
trèa-étroity  et  qu'il  se  prolonge  en  arrière  dans  un  sinus  qui 
s'étend  jusqu'au  bord  postérieur  et  supérieur  de  l'occipital  ; 
mais  comme  la  cloison  médiane  qui  sépare  l'excavation  infé* 
rieure  batilaire  d'un  côté  de  celle  de  l'autre ,  ne  se  prolonge 
pas  dans  l'étendue  du  sinus 9  il  en  résulte  que  celui-ci  est 
commun  aux  deux  oreilles.  Les  canaux  semi-circulaires  sont 
longs  f  surtout  l'borixontal ,  mais  extrêmement  grêles  :  le  verr 
tîcal  postérieur  et  l'horizontal  sont  les  seuls  inter-osseux.  Les 
pierres  ont  aussi  une  forme  particulière.  L'antérieure  du  sac 
petite 9  étroite 9  un  peu  courbe,  et  placée  obliquement 9  a 
une  extrémité  arrondie  dans  le  sac  osseux,  et  l'autre  dans 
le  membraneux  ;  la  postérieure  est  plus  grande ,  plate, 
ronde,  et  dentelée  en  arrière. 

Les  silures,  qui  forment  une  famille  si  distincte  parmi  les 
poissons  abdominaux ,  n'offrent  cependant  rien  de  bien  par- 
ticulier daD«  la  disposition  de  leur  appareil  de  l'oule  :  c'est 
a?eo  les  carpes  qu'ils  ont  le  plus  d'analogie.  Le  sac  a  un 
sinus  occipital  assez  distinct,  et  il  est  contenu  dans  une  ca- 
TÎté  osseuse,  à  orifice  très-étroit,  comme  dans  celles-ci.  La 
pierre  antérieure  est  aussi  fort  étroite,  allongée,  et  son 
excafatîon  supérieure  est  partagée  en  deux  parties  par  une 
lame  yerticale.  La  pierre  postérieure  est  au  contraire  presque 
ronde  ;  elle  est  un  peu  échancrée  à  l'une  de  ses  extrémités. 
Quant  à  celle  du  sinus  antérieur  du  restibule,  elle  est  fort 
mince  et  irrégulièrement  carrée. 

Les  cobites  ont  aussi  quelque  chose  de  ce  qui  existe  dans  les 
carpes,  le  sac  étant  également  séparé  du  Testibulc  par  un  rétré- 
cissement sensible  ;  mais  les  canaux  semi-circulaires  diffèrent 
un  peu ,  surtout  parce  qu'il  n'y  a  pas  de  canal  commun  pour 
les  deux  verticaux,  et  qu'aucun  n'est  inter-osseux.  Du  reste 
les  pierres  ont  dans  leur  forme  beaucoup  d'analogie  avec 
celles  des  carpes  :  ainsi  l'antérieure  du  sac  est  styliforme; 
la  postérieure  est  presque  ronde  ;  mais  elle  est  plus  petite 


silures. 


CoMtM. 


558 


DE  ^"appaheil  9B  l'oqîe 


Esoceu. 


Perch«i. 


Spares. 


.Scombrrt. 


Triples. 


qu«  celle  du  yettibale  qui  a  à  peu  près  la  mCoM  foniie ,  ol 
qui  est  la  plus  grande  des  trois. 

Les  eioœls  y  chex  lesquels  en  povTalt  oenceTOÎr  fuelques 
différence»  dans  TorgaDC  de  Fouie ,  à.  cause  de  la  fiieitkè  deai 
lia  jouissent  de  sortir  momentanémeni  de  feaa^  ne  n*eDt 
offert  rt^n  de  reesarquable;  les  canaux  »  qui  oui  la  dispoakien 
la  plus  ordinaire,  sont  cependant  presque  tous  Ice  iroit 
horizontaux  à  cause  de  la  forme  du  crâne.  La  pierre  anté** 
rieore  du  sac,  qui  est  ovale,  est  très»eo«ibe,  diïiUelée sqr an 
de  ses  bords ,  et  avec  an  sillon  dorsa)  profond  :  les  antres, 
sont  gélatineuses. 

Parmi  le»  tétrapodes  tboraciques  : 

Les  perches  ont  l 'appareil  asseï  petit;  leTesttbule  nos 
distinct  du  sac  a  son  prolongement  occipital  asses  allongé; 
le»  canaux  ont  la  disposition  ordinaire,  ks  ampoules  étant 
peu  renflées,  et  le  canal  commun  fort  long  ;  U  pierre  anlé- 
rieiire  du  sac  est  très-grande ,  trés-con? exe  en  deaaous  et  ea 
dehors,  concave  sur  Tautre  côté,  son  bord  interne  étant îr- 
régultéreroent  dentelé. 

Les  spares  ne  différent  de  ce  que  nous  venons  de  dire  des 
perches  que  par  des  nuances  ;  le  vestibule  eal  égalemeot 
confondu  avec  le  sac;  celui^i  est  divisé  en  deux  lo|^ 
bien  distinctes  ;  la  pierre  antérieure  est  trëa^rande  ;  la  pos- 
térieure est  au  contraire  extrêmement  petite  ,  minée  etîrré- 
gulière.  ^ 

Les  scombres  ne  diffèrent  guère  des  genres  de  ce  groa^ 
que  par  la  fortne  des  pierres.  Le  sinus  postérieur  dn  ssc  eo 
est  cependant  séparé  par  un  rétrécissement  en  forme  de  d* 
nal.  Le  canal  commun  est  beaucoup  plua  grêle  que  i^ 
aucune  autre  famille.  La  pierre  antérieure  du  sac  est  peu 
allongée,  fortement  dentelée  à  sou  bord  externe,  avec  uo 
sillon  longitudinal  à  son  bord  concave,  La  postérieure  ^ 
terminée  en  arriére  par  troîe  ou  quatre  dents  très^iote^* 

Les  trigles  ont  Pappareil  de  l'ouie  en  général  paa  H^^ 


DANS    LKS    POISSONS.  5&9 

loppé)  et  séparé  de  la  caTÎIé  cérébrale  par.  une  cloiftoo  mem- 
braneuse fur!  mince,  mais  presque  complète.  Le  yetUbule 
est  ofaie  et  petit,  assea  distinct  du  sao  qui  est  aussi  peu 
allongé  ;  les  canaux  sont  aussi  fort  petits.  Les  deux  pierres 
dy  sac  sont  presque  rondes.  L'antérieure ,  la  plus  grande , 
est  profondément  entaillée  et  dentelée  sur  un  de  ses  bords  ; 
la  postérieure  a  une  entaille  plus  large,  et  son  bord  est 
entier. 

En  général  dans  cet  ordre  de  poissons  qui  renferme  presque 
tons  les  acanthoptérygiens ,  les  différences  ne  portent  que 
sur  un  peu  plu»  ou  moins  de  longueur  dans  les  canaux  semi- 
circulaires,  et  surtout  sur  la  forme  des  pierres  du  sac,  et 
entre  autres  de  Pantérieure  qui  est  toujours  la  plus  grosse  ; 
DMiis  ces  différences ,  qui  sont  presque  spécifiques ,  ne  pour- 
raient être  exposées  d'une  manière  claire  que  par  des  figures 
ou  par  des  descriptions  fort  longues ,  dont  Tennui  ne  serait 
compensé  par  presque  aucune  utilité ,  ce  qui  doit  nous  déter- 
miner aisément  à  les  passer  sous  silence. 

Parmi  les  tétrapodes  jugulaires  : 

Le  turbot ,  de  la  famille  des  pleuronectes ,  a  une  oreille  mé-  Pi«uroBccie9w 
diocre,  et  fort  rapprochée  de  la  ligne  médiane  ,'au  point  que  la 
clobon  osseuse  qui  sépare  les  sacs  est  percée  d'un  trou  o? aie. 
Le  Testibule  proprement  dit  est  petit,  très-allongé,  et  sus- 
pendu au  milieu  d'une  grande  cavité  des  os  du  crâne,  séparée 
cependant  du  cerveau  par  une  cloison  membraneuse  assex 
complète.  Les  canaux  sont  très-grêles.  Le  sac  est  grand, 
fort  développé  en  arrière  ;  sa  pierre  antérieure  est  ovale,  peu 
allongée,  peu  dentelée,  et  comme  tronquée  en  arrière  où 
elle  correspond  A  la  postérieure  qui  est  semi-lunaire  et  peu 
dure. 

Les  gades  ont  le  vestibule  entièrement  confondu  avec  le  «      c*^- 
sac  qui  est  fort  grand ,  très-allongé ,  ce  qu'indique  le  ren- 
flement  inférieur  de   l'os  basilaire.  Les  sinus  des  canaux 
seml-circuiaires,  en  grande  partie  inter-osseux,  sont  fort 


560  DE    L  APPAREIL   DE    LOUIK 

rapprochés.  La  pierre  antérieure  du  sac  est  très-grande, 
allongée  )  pointue  en  arrière;  ses  bords  sont  entiers,  tran- 
chaos  ;  elle  occupe  toute  la  longueur  du  sac ,  au  point  qull 
m'a  été  impossible  de  trourer  trace  de  la  postérieure ,  du 
moins  dans  le  merlan,  car  dans  la  merluche  il  n*en  est  pas 
ainsi.  La  pierre  antérieure  est  en  effet  plus  courte ,  plos  of  aie 
et  plus  épaisse  ;  en  arrière  d'elle  se  trouve  un  grand  sioui 
creusé  dans  l'os  basiiaire ,  et  qui  est  entièrement  rempli  par 
une  masse  gélatineuse  orale.  La  pierre  postérieure  est  tout 
près  de  l'ampoule  de  ce  côté  ;  elle  est  très-mince  et  en  forme 
de  selle  irrégulière  :  celle  de  l'ampoule  antérieure  est  circa- 
laire. 

Parmi  les  dipodes  : 

Le  congre  a  l'organe  de  l'ouïe  fort  peu  développé  ;  le  fes- 
tibule  très-allongé,  horiiontal,  communique  avec  le  sac  par 
un  pédicule  court  et  assez  large.  Le  canal  commun  des  ca- 
naux verticaux  est  également  court  et  fort  large  ;  il  n'y  a  que 
l'horizontal  qui  soit  inter-osseux.  Le  sac,  de  forme  ovale,  se 
termine  en  arrière  par  un  petit  renflement  sub-pédiculé, 
comprimé  et  semi-lunaire  comme  la  très-petite  pierre  a^sex 
molle  qu'il  contient  :  celle  du  sinus  antérieur  du  veslîbuJe 
est  plus  grande  et  plus  dure.  Quant  à  l'antérieure  du  sac,  elle 
est  ovale ,  à  bords  entiers. 

L'anguille  ordinaire  a  le  canal  commun  beaucoup  plus 
long,  et  les  canaux  yerticaux  très-supérieurs  ;  rhorizootal 
est  le  plus  court. 

Dans  l'ophidie  barbue,  le  sac  est  si  grand  que  le  système 
osseux  qui  sépare  les  deux  cavités  basilaires  est  incomplet 
dans  une  partie  de  son  étendue  ;  aussi  la  pierre  antérieure  eo 
est-elle  également  fort  grande. 

Je  n'ai  pas  disséqué  l'organe  de  l'ouïe  d^espèces  de  pois- 
sons véritablement  apodes  :  je  ne  connais  aucun  auteur  qui 
en  ait  parlé. 

Je  connais  également  fort  peu  cet  appareil  dans  les  poi^- 


UAIfS   JLES    POISSONK.  56l 

sons  de  la  section  des  hétérodermes.  Je  rappellerai  l'obser- 
vation que  dans  ce  groupe  les  dépôts  crétacé»  des  humeurs 
de  TorelUe  sont  moins  solides  »  moins  calcaires ,  que  dans  la 
section  précéd^inte. 

Dans  la  baudroie ,  Toreille  interne  est  en  général  fort  dé-^ 
veloppée ,  et  non  séparée  de  la  cavité  cérébrale  ;  le  vestibule 
est  entièrement  confondu  avec  le  sac,  qui  est  asseï  étendu; 
les  canaux  semi-circulaires  sont  fort  loo^;  le  canal  corn* 
mun  est  très-court,  avec  une  ampoule  ù  la  terminaison  du 
canal  vertical  postérieur.  Les  pierreu  du  sac  sont  petites, 
proportionnellement  à  sa  grandeur;  Tantérieure  est  orale , 
et  asseï  régulièrement  dentée  à  son  bord  supérieur  ;  la  pos» 
térieure ,  beaucoup  plus  petite ,  est  assex  irrégulière. 

D'après  ce  que  RIM.  Cuvier  el  Duméril  disent  d'une  es- 
pèce de  tétraodon,  le  tetraodon  mola ,  le  vestibule  n'est  pas 
séparé  du  sac,  et  celui-ci  est  simple;  il  ne  contient  pas  de 
réritable  pierre ,  mais  une  masse  plus  muqueuse  que  cré- 
tacée. Les  canaux  semi-circulaires  sont  grêles ,  fort  longs , 
presque  entièrement  libres,  et  presque  complètement  circu- 
laires. 

Dans  la  soos-classe  des  poissons  dermodontes,  ou  cartila- 
gineux  : 

L'esturgeon  a  encore  le  caractère  principal  de  ceux  de  la 
soua-classe  précédente ,  en  ce  que  le  labyrinthe  est  contenu 
dans  une  excayation  latérale  de  la  cavité  cérébrale,  sans  en 
être  séparé  que  par  une  cloison  fibreuse  incomplète  ;  il  est 
en  général  fort  grand ,  quoique  beaucoup  moins  que  la  loge 
qui  le  contient  ;  le  vestibule  est  peu  distinct  du  sac ,  qui  est 
plus  court  que  lui,  et  divisé  en  deux  poches  presque  égales  ; 
les  canaux  semi-circulaires  se  réunissent ,  par  trois  sinus  in- 
fundibuliformes  considérables,  au  restibule  dont  ceux-ci  ont  h 
structure.  Les  deux  Terticaux  se  terminent  chacun  par  leur 
extrémité  interne  au  sinus  médian.  Il  n'y  a  de  véritable 
pierre  que  l'antérieure  du  sac,  qui  est  grande,  convexe  d'un 

1.  36 


BaudroM. 


Daat  \m  P. 
dermodontM , 


Estarftfoa. 


56! 


DE   L*APPAKEIL   DE   L^OClÊ 


côté,  et  concave  de  Pautre  :  le»  deux  autres  sont  presqde 
gélatineuses  9  surtout  celle  du  Testibule. 

chimèrrc.  Les  chîmères ,  autant  que  )*ai  pu  le  ?oir  sur  un  asset  petit 

individu  conservé  depuis  long  «temps  dans  l'alcohol  y  se  rap^ 
prochent  déjà  davantage  des  sélaques ,  en  ce  que  la  cavité 
auditive  commence  à  se  séparer  de  celle  qui  contient  le 
cerveau  ;  en  effet  elle  ne  communique  avec  celle-ci  que  par 
un  orifice  médiocre  fermé  par  une  membrane,  et  qu*oc* 
cupe  en  grande  partie  le  nerf  acoustique  ;  elle  fait  de  chaque 
côté  de  la  tête  un  renflement  assez  considérable  :  les  canaux 
semi-circulaires 9  disposés  comme  dans  les  squales,  sont  en 
très-grande  partie  renfermés  dans  les  parois  cartilagineuses. 

squaiet.  £es  squalcs  offrent  une  di>position  nouvelle ,  non-seule- 

ment en  ce  que  tout  Tappareil  est  entièrement  contenu  dsos 
une  cavité  séparée  de  celle  du  cerveau»  mais  eu  outre  parce 
que  cette  cavité,  creusée  dans  les  parois  cartilagineuses  du 
crftne,  et  toujours  beaucoup  plus  large  que  les  parties  qai 
composent  le  vestibule,  tend  à  communiquer  avec  Textérieur 
par  un  orifice  ovale,  situé  à  peu  de  distance  de  la  ligne  mé- 
diane sur  l'occiput.  Cet  orifice  n*est  pas  fermé  par  une  mem- 
brane particulière;  mais  la  peau  qui  passe  dessus  adhère  for- 
tement dans  toute  sa  surface,  et  ne  diffère  nullement  de  ce 
qu'elle  est  dans  le  reste  du  corps  (1).  Le  vestibule,  le  sac  et 


(1)  J'ai  très- bien  vu  dang  le  squale  milandre,  outre  l'espèce  d'oo* 
▼erture  ovale  sous-cutauéc  qui  pénètre  dans  la  cavité  cartilagineuse  du 
labyrinthe,  un  orifice  beaucoup  plus  petit,  et  percé  évidemmeot  à  la 
surface  de  la  peau,  et  par  conséquent  n'étant  recouvert  par  aucune 
membrane.  Cette  espèce  de  pore ,  situé  immédittemeot  en  avant  de 
l'ouverture  cartilagineuse,  donne  dans  un  canal  tous- cutané  an  pea 
tortueni  ;  celui-ci  se  renOe  d'abord,  du  moins  k  l'extérieur,  se  réirécit  en- 
suite, puis  s'enfonce  dans  le  crâne.  Communiqne>t-il  avec  le  veslibole, 
comme  pense  M.  Weber  que  cela  a  lieu  dans  les  raies,  où  ce  canal* 
plusieurs  ouvertures  extérieures  f  c'est  ce  que  nous  ne  pouvons  assurer. 
Nous  sommes  plus  porté  à  croire  que  ce  canal  appartient  au  système 
lacunaire. 


DANS    LES    POISSONS.  563 

même  les  canaux  seini-circiilaîres  ressemblent  du  reste  pres- 
que tout-à-fait  à  ces  môme{<  parties  dans  IVsturgeon.  Le  sac 
a  cependant  un  sinus  antérieur  plus  distinct;  les  ampoules 
sont  aussi  plus  sphértques,  et  IVxtrémité  postérieure  du  canal 
horizontal  se  réunit  davantage  au  canal  commun  des  deux 
verticaux.  En  outre  la  matière  crétacée ,  partagée  toujours  en 
trois  masses  9  est  beaucoup  moins  Condensée,  beaucoup  plus 
molle  que  dans  les  esturg;èons,  et  tout-û-fait  semblable  à  ce 
qui  existe  dans  les  raies  :  elle  est  à  Tétat  pultacé. 

Les  scies ,  les  rhinobates ,  et  même  les  squatines ,  ont  sans 
doute  Tappareil  auditif  des  rentables  raies;  cela  est  du 
moins  certain  pour  les  dernières.  Nous  allons  le  décrire 
dans  celles-ci. 

Les  raies  sont  dans  le  cas  des  squales  ;  le  labyrinthe  est 
contenu  dans  une  enveloppe  cartilagineuse  beaucoup  pYuS 
large  que  lui ,  et  dans  laquelle  il  est  retenu  par  des  filamens 
cellulaires  qtii  passent  de  Fun  à  Tautre.  On  trouve  égale- 
ment Toriûc^  occipital  communiquant  arec  cette  cayi té  ,  et 
recouvert  parla  peau  ;  mais  les  parties  du  labyrinthe  stiut  ua 
peu  autrement  disposées  :  le  rehtibule,  (rès-grand,  sub^pia- 
drilatère  ,  comprimé,  est  suspendu  un  peu  obliquement  dans 
la  cavité  cartilagineuse;  le  sac  n^en  est  pas  séparé  d^une 
maiii«:re  évidente;  il  a  en  avant' une  petite  loge  'distincte, 
arrondie ,  'et  en  arrière  une  autre  plus  petite  et  conique.  Les 
canaux  semi -circulaires  sont  grands,' et  formetit  beaucoup 
plus  qu'un  demi-cercle;  les  deux  verticaux,  qui  se  dirigent 
obliquement  Pun  vers  l*autre  par  leur  extrémité  interne, 
ne  se  réunisseht  pas  en  un  canal  commun,  maiè  ie  prbloQ^ 
gent  et  se  recourbent.  Tua  en  avant,*  et  Tautre  en  arrière, 
de  manîèi^  ùl  ce  que  l'orifice  distinct  de  cette  extNVtilité  dans 
le  vestibule  est  fort  rapproché' dé  cefui  de  Tâutre  qui  est 
ampullacé  ;  il  en  résulte  presque  que  les  canaux  sontcoiftplé- 
tcment  circulaires,  un  peu  plus  encore  peut-étrk;'^ulE^'  tUtA 
les  squales.  Le  canal  horizontal  ou  externe  est- nQssrpresqtfé 

36. 


Lamproies 


Vijxmé. 


564  ^^  l'avi*aii£il  de  l'ouïk 

circulaire;  oé  en  avant  par  une  ampoule  intermédiaire  & 
celte  du  canal  antérieur  et  au  tinus  du  sac»  il  se  porte  ho- 
riiontalement  en  dehorrs  dans  les  parois  du  crftne,  se  re- 
courbe ensuite  dans  la  carité  cartilagineuse,  revient  en  avant, 
et  se  termine  dans  la  branche  postérieure  du  canal  vertical 
antérieur.  On  trouve  du  reste  que  le  sac  contient  «  comme 
dans  les  squales ,  trois  masses  crétacées  fort  molles;  Tune  en 
avant,  la  plus  petite,  ronde  et  pulpeuse  ;  une  au  milieu,  beau- 
coup plus  grosse,  ovale,  recourbée  et  un  peu  plus  ferme; 
et  enfin  la  troisième  en  arrière,  conique  ou  arrondie.  J*ai 
trouvé  dans  une  très-grande  raie  batys,  en  dehors  de  la 
masse  crétacée  médiane,  une  véritable  pierre,  petite,  ova- 
laire,  mince ,  dentelée  sur  un  de  ses  bords,  et  translucide. 

Il  est  probable  que  Torgane  de  Toule  doit  différer  un  peu 
•dans  chaque  petite  section  générique  de  cette  famille  ;  mais 
d'après  ce  que  j*ai  vu  des  raies  ordinaires,  des  pastenagoes 
et  des  torpilles ,  ces  différences  sont  peu  considérables. 

Les  lamproies  nous  offrent  subitement  une  oreille  beau- 
coup plus  simple  que  tous  les  autres  poissons.  Le  labyrinthe 
est  encore  contenu  dans  une  loge  particulière  creusée  dans 
les  parois  du  crâne ,  à  peu  près  comme  dans  les  autres  der- 
modontes ,  avec  cette  différence  qu'une  partie  de  la  cloison 
interne  est  membraneuse,  comme  dans  les  chimères  :  celte 
cavité  ovale  est  entièreipent  tapissée  par  un  vestibule  à  peioe 
divisé  en  deux  ou  trois  loges  par  des  replis  membraneux,  et 
qui  n'offre  aucune  trace  de  sac  proprement  dit ,  ni  même  de 
canaux  semi-circulaires.  Sa  surface  interne  est  revêtue  par 
une  masse  pulpeuse,  formée  en  grande  partie  par  le  nerf 
auditif,  mais  sans  trace  de  matière  crétacée. 

La  myxiné  ne  ressemble  pas  complètement  à  la  lamproie 
sous  ce  rapport.  Chaque  partie  latérale  et  inférieure  du 
crftnc  offre  une  saillie  ovale,  dore,  sub-osseuse,  à  la  sur- 
face de  laqiielle  s'attachent  les  muscles  vertébraux  ;  elle  se 
recourbe  en  dessous  jusqu'à  la  ligne  médiane ,  où  elle  se 


DANS    LES   POISSOXS.  565 

continue  a?ec  celle  du  côté  opposé;  excavée  du  côté  du 
crâne  ,  la  paroi  est  pleine,  et  n'est  percée  que  par  un  très- 
petit  trou  pour  Pentrée  du  nerf  acoustique.  Cette  saillie  eêt 
creuse  dans  toute  son  étendue.  A  sa  partie  antérieure  et  su- 
périeure est  un  vestibule  membraneux  ovale  f  contenant  la 
matière  pulpeuse  ;  il  se  recourbe  en  arrière  dans  une  sorte 
de  sac  qui  tourne  autour  d*un  axe  solide  qui  passe  d'un  côté 
à  l'autre  de  In  carité  ;  mais  ce  sac  ne  contient  pas  de  pulpe. 
Je  n'ai  pu  voir  aucune  trace  de  canaux  semi-circulaires. 

Ain  CLE  II.  De  l'organe  et  de  V appareil  de  l'ouie  dans  tes 

entomozoaires. 

L*liistoire  naturelle  de  plusieurs  animaux  qui  entrent  dans  con  ^yr^i 
les  premières  classes  de  ce  type  ne  permet  pas  de  douter 
qu'ils  ne  jouissent  de  la  faculté  d'entendre»  puisqu^en  effet 
chexeux  les  sexes  sont  constamment  séparés,  et  que  certaines 
espèces  se  réunissent  en  société;  mais  les  recherches  les  plus 
minutieuses  des  anatomi^tes  n'ont  fait  découvrir  d'une  ma- 
nière à  peu  près  certaine  l'appareil  de  cette  fonction  que 
dans  un  groupe  asset  peu  considérable ,  celui  des  décapodes 
ou  crustacés.  Il  est  bien  vrai  que  Comparetti,  d&ns  son  ou- 
Trage  ex  prq/esto  sur  la  structure  de  roreillle  des  animaux  9 
a  décrit  l'organe  de  l'ouïe  dans  un  assct  grand  nombre  d'in-* 
sectes  hexapodes  ;  mais  ses  descriptions  sont  bi  incomplètes 
et  si  obscures  »  que  personne  n'a  encore  vérifié  sa  décou- 
verte. On  doit  cependant  conreoir  que  la  place  qu'il  assigne 
à  cet  organe  dans  la  cavité  du  crftne  5  en  arrière  et  sous  les 
parties  latérares  du  cerveau  9  se  trouve  assex  bien  concorder 
avec  ce  que  demanderait  l'analogie.  La  structure  même  qu'il 
lui  reconnaît,  en  disant  qu'il  est  composé  de  chaque  côté 
d'un  petit  sac  oblong,  et  de  canaux  pellucides,  curvilignes, 
flexueux  ,  auxquels  se  mêlent  de^  filamens  blancs  et  ner- 
veux j  concorde  aussi  assex  bien  avec  ce  que  nous  connaj^son<( 


566  DE  l'appareil  de  l'ouïe 

de  cet  appareil  en  général,  surtout  8*il  étxdt  certain  qu*il 
9*ouvrit  par  un  petit  orifice  ovalaire  fermé  par  une  mem- 
brane f  et  situé  à  la  partie  postérieure  de  la  tête  y  comme  il  le 
dit  des  libellules  ;  mais  malheureusement  Comparettî  est  le 
seul  anatomiste  qui  ait  rapporté  ce  fait.  J*ai  essayé  plusieurs 
fois  d*éclaircir  ce  point  intéressant  de  Tanatomie  des  ento- 
mozoairesy  sans  arriver  à  un  résultat  positif  quelconque.  Je 
me  suis  cependant  assuré  que  dans  les  cigales»  qui  jouissent 
indubitablement  de  Taudition»  et  chez  lesquelles  par  consé- 
quent on  peut  espérer  davantage  d*en  découvrir  rorgane»  il 
existe  réellement ,  de  chaque  côté  de  l'enveloppe  cornée  de 
la  partie  postérieure  de  la  tête»  un  très-petit  orifice  ovale, 
étroit,  ressemblant  à  un  stigmate,  et  qui  m'a  semblé  con- 
duire à  un  petit  sac  intérieur.  Est-ce  Torgane  de  Fouie? 
est-ce  un  véritable  stigmate  d'où  sortirait  une  trachée  ?  c'est 
ce^que  je  n'oserais  décider.  Peut-être  pourrait- on  réunir  les 
deux  idées,  et  admettre  que  la  trachée  du  dernier  anneau 
céphalique,  en  se  bornant  à  n'être  plus  qu'une  résicule  qui 
recevrait  un  nerf  spécial,  s'est  convertie  en  un  organe  de 
l'ouïe;  mais  c'est  une  pure  hypothèse  qui  a  besoin  de  confir- 
mation. La  place  de  l'organe  de  l'ouïe ,  tel  qu'on  l'admet 
dans  les  décapodes,  ne  semble  cependant  pas  favorable  à 
cette  opinion,  à  moins  que  de  penser  qu'il  a  été  déplacé, 
parce  que  ce  sont  des  animaux  aquatiques,  et  qui  n'ont  plus 
de  trachées ,  ce  qui  répugnerait  au  principe  que  nous  pou- 
vons établir  d'après  les  animaux  vertébrés ,  que  la  nature  du 
fluide  ambiant  ne  change  jamais  la  position  de  l'organe. 

Mais  sans  nous  arrêter  plus  long-temps  à  ces  considéra- 
tions générales ,  entrons  dans  quelques  détails  sur  ce  que 
l'on  propose  sur  l'organe  de  l'ouïe  dans  les  entomosoaires. 
fêrcnees  Ce  quc  je  vais  dire  des  hexapodes  est  entièrement  extrait 
eiai>oUeti.  dc  Gomparctti  :  quoiqu'il  soit  très-probable  qu'il  a  pu  se 
tromper,  il  est  bon  que  l'on  s'occupe  par  la  suite  d'exambef 
la  vérité  ou  la  fausseté  de  ses  observatioqs^ 


DANS   LES   BNT0M0Z0AIKZ8.  567 

Dans  les  coléoptères ,  Torgane  de  Touie  se  trouve  caché 
dans  la  ca? ité  céphalique  sous  les  parties  latérales  du  cer- 
reau  ;  il  est  formé  par  un  petit  sac. 

Parmi  les  orthoptères  »  la  grande  sauterelle  verte  que 
Gomparetti  prend  pour  exemple  a  pour  oreille  un  petit  sac 
oblong,  arec  des  canaux  pellucidcs  recourbés  sur  eux-mêmes^ 
auxquels  se  mêlent  des  filamens  blancs  et  une  mucosité  ner* 
yeuse. 

Les  cigales 9  parmi  les  hémiptères,  ont  aussi  un  petit  sac 
qui  paraît  réticulé,  surtout  quand  il  est  sec,  avec  des  canaux 
pellucides  dans  lesquels  rampent  des  filets  nerveux  qui  s'é- 
panouissent dans  le  sac.  Il  part  de  celui-ci  un  canal  Diem« 
bràneux  assez  ample ,  qui  s'ouvre  pur  une  fente  fermée  par 
une  membrane  avant  la  racine  des  ailes. 

Les  libellules ,  parmi  les  névroptères ,  ont ,  dit  Gomparetti , 
sur  l'opercule  frontal,  et  de  chaque  côté,  une  très-petite 
ouverture  fermée  dans  son  fond  par  une  membrane  très- 
mince  ;  en  la  perçant  on  arrive  à  un  petit  sac,  qui  est  l'or- 
gane acoustique  ;  et  cependant  il  décrit  plus  loin  comme  tels 
des  organes  qui  semblent  n'être  autre  chose  que  des  glandes 
salivaires. 

Pour  les  lépidoptères ,  il  se  borne  ù  dire  qu'il  y  a  dans  la 
tête  de  petits  sacs  en  rapport  avec  des  nerf». 

G'est  à  peu  de  chose  près  ce  qu'il  dit  également  des  bour» 
dons  et  des  fourmis  parmi  les  hyménoptères,  et  des  mouches 
pour  les  diptères. 

Dans  les  araignées  de  la  classe  des  octopodes ,  Gomparetti    |^,  Jaov» 
parle  d*une  petite  facette  transparente  située  à  la  racine  des 
palpes ,  et  fermée  comme  une  fenêtre.  A  travers  cette  mem- 
brane transparente  il  a  pu  voir  dans  la  cavité  cérébrale  des 
filamens  arqués  qui  se  terminaient  ù  de  petits  sacs  inférieurs. 

Ge  que  l'on  regarde  généralement  comme   l'organe  de         ^^' 
1  ouïe  dans  les  décapodes  est  beaucoup  mieux  connu  depuis 
long-temps.  Situé  à  la  partie  inférieure  de  la  première  arti- 


568  DE   L*APPAn£IL  DE   l'oUIE 

culolîon  de  la  seconde  paire  d*aDtennes  9  ce  qui  coosUlue  réel- 
lement la  troisième  paire  d'appendices  de  la  tête^  H  est  com- 
posé d'un  petit  sac  ou  vestibule  ovale ,  formé  par  une  mem- 
brane mince,  de  couleur  blanche ,  et  rempli  d*un  fluide 
aqueux  9  dans»  lequel  pénètre  un  nerf  audilif  extrêmement  fin. 
Son  orifice  extérieur  est  appliqué  contre  une  membrane 
ronde  y  épaisse,  blanche,  qui  bouche  une  ouverture  de 
même  forme  percée  ù  la  partie  postérieure  d'une  sorte  de 
petit  tubercule  de  l'enveloppe  crustacée. 

Cette  description  convient  aux  décapodes  astacoîdes ,  et 
mdme  aux  squilles  ;  )e  n'ai  pu  rien  voir  de  semblable  dans 
les  cancroîdes. 

Dans  les  autres  classes  des  entomosoaircs ,  l'observatioo 
concourt  avec  l'analogie  pour  faire  admettre  qu'il  n'y  a  plus 
d'organe  spécial  d'audition. 

Article  III.  De  i'orgttne  et  de  l'appareil  de  l'audition  dans 

les  malacozoaires* 
f 

CcmidëratioiM  C'cst  dans  cc  t3rpe ,  et  même  de  bonne  heare,  que  cet 
organe  cesse  pour  ainsi  dire  tout  a  coup,  ce  qui  se  trouve 
en  rapport  avec  l'observation  que  la  plus  grande  partie  des 
mollusques  sont  complètement  sourds.  Aussi  eft-ce  dans  ce 
type  que  nous  verrons  les  sexes  se  réunir  sur  le  même  indi- 
vidu ,  et  même  le  véritable  hermaphrodisme  sulBsant  de? enir 
commun  à  une  classe  tout  entière.  C'est  aussi  dans  ce  type 
que  nous  verrons  cesser  entièrement  toute  apparence  de 
société,  ou  de  réunion  d'individus  pour  un  but  comman: 
le  sens  de  l'ouïe  devenait  donc  inutile. 

Sp^iaics.daiu      Ce  u'est  en  effet  que  dans  la  première  classe  de  ce  type« 

G(f'pbai(<t.      et  seulement  dans  la  première  famille,  c'est-û-dire  dans 

les  brachiocéphalés ,  que  Ton  trouve  un  organe  de  l'ouïe  : 

comme  dans  le  type  précédent,   il  est  à  peu  près  réduit 

à  sa  partie  essentielle;  mais  comme  ce  sont  des  aniroaui 


DANS    LES   MALACOZOAIRES.  OÔQ 

encore  plus  éminemment  aquatiques  que  les  décapodes , 
leur  organe  de  l'ouïe  a  quelque  chose  de  celui  des  pois- 
sons ;  il  est  en  effet  profond,  tout -à -fait  intérieur,  et 
sans  communication  immédiate  a?ec  le  fluide  ambiant.  Sa 
position  est  aussi  plus  normale  que  dans  les  crustacés ,  puis- 
qu'il est  à  la  partie  inférieure  et  postérieure  de  la  tête, 
comme  dans  le  type  des  osléoioaires.  Le  petit  sac  qui  con- 
stitue cet  organe,  ou  le  festibule , est  orale  et  formé  par  une 
membrane  fort  mince ,  qui  n'est  percée  qu'en  arriére  pour 
le  passage  du  système  nerveux  et  ?nsculaire  ;  elle  est  rem- 
plie par  une  humeur  aqueuse,  dans  laquelle  se  irouv.o  déposée 
une  petite  masse  crétacée,  sub-ovale  et  adhérente  à  la  partie 
supérieure  et  postérieure  du  sac.  Ce  fostibule  est  entière- 
ment renfermé  dans  une  cavité  plus  grande  que  lui  t  et  qui 
est  creusée  assez  près  de  la  ligne  médiane  dans  la  partie  in- 
férieure de  l'anneau  cartilagineux  qui  sert  d'appui  aux  mus- 
cles des  tentacules  céphaliques.  L'intervalle  qui  sépare  la 
membrane  du  restibule,  de  la  cavité  cartila^neuse,  est  rem- 
pli de  ûlamens  celluleux  qui  passent  de  l'un  A  l'autre ,  et 
d'un  fluide  aqueux. 

Il  parait  que  l'on  observe  quelques  différences  dans  la 
forme  de  la  cavité  cartilagineuse,  surtout  dans  la  dispo- 
sition de  la  partie  crétacée  de  Thumeur  interne  du  vestibule 
des  brachiocéphalés,  et  que  celle-ci  est  plus  molle  dans 
les  poulpes  que  dans  les  sèches  et  les  calmars;  mais  elles 
sont  trop  peu  considérables  pour  mériter  d'être  décrites. 

Quoiqu'il  soit  possible  de  concevoir  qu'il  existât  encore 
un  organe  de  l'ouïe  dans  les  autres  malacosoaîres  diolques, 
j'avoue  n'en  avoir  jamais  trouvé  jusqu'ici  aucun  indice  ,  et  je 
ne  connais  aucvD  auteur  qui  en  ait  fait  mention. 


FIN    DU    PREMIER    VOLUME. 


»»^%<^^<IMMWi^^M»»^M^<»M%<^^^M>«M^^»%l»^M>WW^^<W»»^»»<»<WWI<WliWW»»WW»»|<^»»^^ 


TABLE  SOMMAIRE 


DES   MATIÈRES 


CONTENUES   DANS   CE  VOLUME. 


Dioïc  ACB pag   j 

AVERTlSSEMElfT îîj 

Intaoduction i TÎj 

Prolégomè9ies, 

J  i^'^.  Sujet  de  Touvrage  ou  espèce  d'anatomie i 

Son  but 5 

Ses  moyens 6 

Son  importance Ibid. 

J  a.      De  l'ordre  à  suivre Ibid. 

J  3.       Analyse  des  e'iéraens  anatomiques 7 

J  4-  De  la  combinaison  des  elf^mens pour  former  les 
systèmes,  les  organes ,  les  appareils ,  dont  les 
fonctions ,  plus  ou  moins  élevées ,  ont  pour  ré- 
sultat la  VIE  :  définition  de  la  vie  ,  des  forces 

vitales , i5 

J  5.  De  Tordre  à  suivre  dans  la  description  des  or- 
ganes   I  j 

Et  de  la  division  générale  de  Touvrage  en  quatre 

Livres 21 

LIVRE    I". 

Des  organes  et  des  appareils  communs  aux  deux 
facultés  de  composition  et  de  décomposition. 

Considérations  générales M 

PARTIE  1*^*.  De  Tenveloppe  extérieure,  considérée 


TABLE    DES    HATIÊEES.  S^I 

comme    «établissant    les    rapports    de 
ranimai  avec  les  corps  extérieurs 35 

Divis.  i*^*.     Avec  IVspace;  de  la  morphologie  ou  de 

la  forme  générale  des  animaux Ibid. 

Divis.  II.       Avec  les  corps  extérieurs ,  ou  considérée 

comme  le  siège  des  organes  des  sens..  32 
De    l'organisation  de   la  peau  ;   couche 
musculaire  ;  derme,  réseau  vasculaire  : 
pignientum ,  papilles  nerveuses  ;  épi- 
derme  :  crypte  ,  phanére Ibid. 

Considérations  générales  sur  les  organes 
des  sens ,  l'appareil  sensitif  ;  défini- 
tion d'un  organe  des  sens  à  posteriori , 
à  priori  ;  du  nombre  de  ces  organes  ; 
de  l'ordre  dans  lequel  ils  doivent  être 
étudiés 4® 

Sect.   ir'.  Du  sons  général,  ou  du  toucher 4^ 

Chap.  i".  De  l'organe  du  toucher,  considéré  comme 

passif  et  comme  organe  protecteur. ...  5o 

Art.   i».     De  la  peau  dans  les  OST£OZOAIR£S  ou 

A.  Vertébrés Si 

A .  MAMMiriiss 53 

B.  OiSEÀDX io3 

C.  Reptiles i 25 

D.  Ampsibieics i4o 

E.  Poissons x44 

Art.  2.      Dans  les  ËNTOMOZOAIRESouA.articulés.        167 

Considérations  et  différences  générales. .  Ibid. 

Différences  spéciales 171 

A.  Hexapodes Ibid. 

B.  OcTOPooES 1 74 

C.  Décapodes Ibid. 

D.  Hétéeopodes 1 76 

E.  Téteàdéc APODES Ibid. 

F.  Myriapodes 177 

G.  Chétopodbs Ibid^ 


b*J2  TABLE   DES   MATIÈBSS. 

H.  ArooES 17 

Art.  5.      Dans  les  MALACOZOAIRES  ou  A.  Mol- 
lusques   18 

Considérations  et  différences  générales. . .  Ibic 

Différences  spéciales. . . .  • ig 

A.  Mal.  Cxphàlopboees Ibic 

B.  M.    Ac^PHALOPBOKES 20 

Dans  1rs  Molldscaeticules  tiémabopodes  iq 

Polrplaxiphores, 20 

An.  4.      Dans  les  ACTU^OZOAIRES 20 

A.  Amni£lidàiees 20 

B.  EcHiiroDERMAiEss ,  Holothiirics Ibic 

Oursins 21 

Astéries 21 

C.  AHACHNODERIIAIBES 21 

D.  ZOANTHAIBES 21 

E.  POLTPIAIBES Ibid 

F.  ZOOPBTTAIBES ai( 

Art.  5.      Dans  les  AMORPHOZO AIRES ai 

Chap.  11,       De  l'organe  du  toucher,  considéré  comme 

actif,  ou  de  Tappareil  du  tact sH 

Art.  l'r.       Dans  les  OSTÉOZOAIRES 220 

A.  Mammifebes Ibid. 

B.  Oiseaux 221 

C.  Reptiles aaJ 

D.  Amphibiens 22: 

E.  Poissons rà 

Art.  2.      Dans  les  ENTOMOZO AIRES aï 

Art.  3.      Dans  les  MALACOZOAIRES a 

Art.  4.       Dans  les  ACTINOZOAIRES aôl 

Art.  5.       Dans  les  AMORPHOZO  AIRES a5< 

Sect.  II.       Des  sens  spéciaux  ,  considérations  géné- 
rales    Ibid 

Chap,  111.      De  Torgane  et  de  l'appareil  du  goût  ;  con- 
sidérations générales 24^ 

Art.  i«.       Dans  \es  OSTÉOZOAIRES a4 


TABLB   DES   MATIÈRES.  S'JO 

A.  Mammipèibs 249 

B.  Oiseaux 258 

G.  Rbptilbs 262 

D.  AsfPBiBisifs a63 

E.  Poissons a64 

Art.  2.       Dans  les  ENTOMOZOAIRES 266 

Art.  3.      Dans  les  MALACOZOAIBES 268 

Art.  4       Dans  les  ACTINOZOAIRES 269 

Chap.IF,      De  l'organe  et  de  l'appareil  de  l'odorat; 

considérations  générales 270 

Art.  I".      Dans  les  OSTÊOZOAIRES 277 

A.  MàMMipiaxs 278 

B.  Oiseaux 3i4 

G.  Reptiles 324 

D.  Amfhibiens 328 

E.  Poissoirs 33o 

Dans  les  ENTOMOZOAIRES  ;  considéra- 

tions  générales 337 

Dans  les  MALAGOZOAIRES  ;  considé- 
rations générales 34i 

De  l'organe   et  de  l'appareil  de  la   vue; 

considérations  générales 348 

Dans  les  OSTÊOZOAIRES 357 

A.  M AMMiriBES 373 

B.  Oiseaux 398 

C.  Reptiles 4i  i 

D.  Amphibieics 4^  I 

E.  Poissoifs 4^4 

Art.  2.      Dans  les  ENTOMOZOAIRES  ;  considéra- 
tions et  différences  générales 4^^ 

DiflAifrences  spéciales 435 

Art.  3.       Dans  les  MALAGOZOAIRES  ;  considéra- 
tions et  diflfVrences  générales 44^ 

Différences  spéciales Ibid. 

Chap.  VI.      De  l'organe  et  de  l'appareil  de   l'ouïe; 

considérations  générales 447 


Art. 

2. 

Art. 

3. 

Chap. 

r. 

Art. 

i". 

574 

Art.  l'- 


Art. 2. 
Art.  5. 


TABLB    DES    XATIÂEES. 

Dana  les  OSTÉOZOAIRES  ;  considéra- 
tions générales 4^7 

A.  MAMMirÈHES 4^8 

B.  Oiseaux 5a3 

C.  Reptiles 558 

D.  AiiPBiiiBHS 544 

£.  Poissons 55u 

Dans  les  ENTOMOZOAIRES  ;  considéra- 
tions générales  et  spéciales 555 

Dans  les  NALAGOZOAÎRES  ;  considéra- 
tions générales  et  spéciales 558 


FIN    DE   LA    TABLE. 


De  rimprimerie  de  L.-T.  Gbllot  ,  rue  du  Colombibb  ,  d*  3u.