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DoiiîHihvGoogle
V9. C.35EK
DoiiîHihvGoogle
HihvGoogle
DoiiîHihvGoonIc
DoiiîHihvGoogle
,G(H-^nlc
DERNIER
TESTAMENT
DE M. DE VOLTAIRE,
Contenant fes ftmimcns à la fin de fa v«,
&fei volontés aprhfa mort.
A GENEVE,
Chez les Frères Cramer , Librairesi
M. OCC. LXXVIH.
,G(H^nlc
DinliîHin, Google
DERNIER
TESTAMEN T
DE M. DE VOLTAIRE.
JE trois fermement aue j'ai une ame immortelle,
& je la recommande à l'Etre fuprême & infini
Sui mq l'a donnée. Je le fupulie de la rappeler dans
m Teih.
Je me recommande pareillement aux Saint* du
Paradis , dont j'ai trop peu pr^conifé le culte.
J'invoque patticuliirement Siint François , dont
eiieule malheur de ndiculifer l'Inffitut, & Saint
ominique, dont j'ai quelquefois outrage Ja pieufe
întolëcance.Heureufementlarancnnen'habite point
dans U paraiii. C'ell un féjouc de paix , ou les
Moines même pardonnent.
Oétetnit*, éternité! les organes desmottelsfonl
trop foibles 8t trop bornas pour te comprendre.
devons trembler au moment où la vérité formidable
«fl prête à fe découvrit. Les lumiires de refptit
font un don oui aggrave nos comptes en préfence
^'un Juge févere. Plu! hcureui cent fois, dans ces
tn<1>nï redoutables , tes pauvres d'erptît! La terre
en ell fcmce , & ils fe rendroleni TupportabUs , lî
leur ignorance n'a'voit plus U préfamptïan de vou-
loir dure ment décider. Je n'ai jamais regretté jufqu'ii
préfent de n'avoir pas augmenté leur nombre ; mais
' je commence à foopçonnet que j'en au roi s peut-être
^té plut heureux dans cette vie & dans l'autre.
Fortunés imhécilles, dociles &: (impies automa~
tts , j'implore vos inftances auprès d'un Dieu mi-
féricordieux , qui m'avoit donné de trop ce qua
pour votre bkn il voui areit ittianché. U eft nom
,G(Hinlc
4 Dernier Tejiament
pèr« commun, & rien nc-fe dérobe 1 Tei connolf^
lances, aiiflivafles que Us nSîtes Ibnt eiiguëi. Se»
erlcet & fes relTources font infiniEi ; il s'eft tou-
jours plu i répandre fes bienfaits t^c les ch^tivet
créatures qu'il a animées de fon foufHe , après \et
«voir tirëei du néant. Homme foperficiel, «fe
«l'argile, le raifonnemint n'eft pas de ton rélTott;
il t^égare au-delà des bornes étroites qui te font
alTignées. C'eft d'après ces réflexions que )e ne
crains pas de me montrer tel que je fuis, & tel que
j'ai été.
Paris m'a vu naître fur la fin du feîiième lièc)«.
D'honnÉtes gens m'ont donné la naiffance ; la Cour
du Palais a été mon berceau, Sc le Collège des
Jéfùites a été mon premier Lycée.
Je fuis né pour la gloire. J'ai conftamment reçu
pour elle, & je l'ai avidement cherchée fans par-
laee dans tous les pays où j'ai cru qu'elle pouvoit
babiter. Je l'ai fouvent faine , & quelquefois ell«
m'eft échappée, mais fans humeur, Sccnfouriant
i mes efforts pour ta retenir.
Loin d'aceufet la nature de m'avoir traité en
marilre , \e l'ai fans ceffe remerciée d'avoir éti
rur moi une mère bienfaifante ; & po^ir répondre
fon TŒu préfumé , j'ai fait mon poflibie pour
' atteindre à tous les genres de connoiAances. J'en
>i trouvé de dociles , & d'autres rebutantes. Le
naturel n'^ jamais eubefoin chei| moi de«lier fou»
le faii d'une application accablante ; j'ai élagué le»
■vaines diflinftions, & les fyflèmes qui n'en impo-
foient que par une obfcurité impénétrable. J'ai
E référé la réalité des chofes au vuide des mots.
.es anciennes rêveries philofophiques ne m'ont
paru que dos entraves pefantes , deftinées à mettre,
un goûl inné pour la franche liberté, j'ai cherché
i fécouei ce qui teffenloit la gêne' & U fervile
Bajle, Lolte, Shafftbiiry & Bolingbroke ont
fevorij.&jeme fuis famjliarifé'aveceuit, 'parce"
qu'ils me paroilToient avoir plus d'efprît que U
multitude des CafaiHes.
Les neuf Mufes ont reçu fie agréé fuccelTivemeu
.G<H,8lc
dt M. di Voltaire. V
mon' homnage. Ctio a amufi mon enfance , &
Mclpomène i goâté U% prémices de ma virilité
précoce. Corneille était le père du Théâtre Fran-
çois , St je me projetoij d'en être le réformateur,
La captivité fut le prix de mes premiers effsis lyri-
ques, & mes lauriers verdirent à l'ombre des mut*
de la Baftille. C'eft là qu'on vit éïlore !e çerrae de
ma célébrilé,_Un pareil trait a ennobli l'hiltoire do
plus d'un Héros en tout genre.
Un etand Prince, Régeni du Royaume, & ami
'des arts, idmira ma verve naiiTante, & ill'auroit
crainte , s'il eût été timide.
Je me fuis^ppiicfué dés ma jeunelTe i acquérir les
{lus iliultres amis, & mcn nom a volé de bonne
eure d'un pôle à l'autre, furies ailes blanches &
noi'es de la renommée. ' :
Mes travaux ont nourri les Comédiens, qu'il eft
difficile d'enrichir ; les Libraires fe fonf engraifféf
de mes veilles. J'ai verfé à pleines mains des bien-
faits fur les petits Auteurs & fur les Candidats ;
mais la plupart ont été des ferpens réchauffés dans
mon fein. Leurs piqilres m'ont petpéldelle<nent
aiguillonné, & \e ferois mort mille fois, li leurs
dards euITent été plus forts, ou <ï des dofes fré-
Juentei d'orviétan ne m'avoient guéri de leur pol-
3n , auquel à la fin il a fallu m'accoutumcr, commet
un fécond Mithridate ; malt fi je n'en fouffris pas
jufqu'à en mourir, ma fenfibilité aui coups d ai-
guillon a toujours été la m?me, Se me caufe en-
core des convulfions violentes.
Senfibleà l'aveuglement & 1 l'ingratitude dont
je foupfonnois ma nation, )'ai voulu voir de près
ces hommes qu'on me peignoil comme toujours
dirpofés à prodiguer aux grands lalens les tréfors
qu'ils recueillent pat leur induHrîe. L'Angleterre
m'accueillit & me frappa ; j'y vis la licence fer-
menter dans le fein des vapeurs noires. La hardieflê
des idées me plut : je faîlis quelque portion du goflt
& de l'énthoufiafme dominant; mais rebuté delà
fomme du mal, équipollente au moins à celle du
bien, je quittai cette terre mélangée, & je me .
bornai à emporter en contrebande quelques-unes
de fes maximes, pour les faite fruflilier fur un fol
noins dévorani. ,
î
,G(Hinlc
6 Dtrnîer Teflament
Un grind Eoï, amateur Aa merveilleux, «tat,
fut ma rfpuMtior, devoir m'appeler auprii de T»
perfonne. L'on efl rarement Prophète dans Too
paifs ; ain<î je profitai d';ane accafion de m'appio-
cher d'un Prince juflement adroite. J'efpërois pu-
nir par mon ^loignement une ingrate patrie , éclai-
re une nation étrangère , & fixer la confiance d'un
M n:r<iue Phllufophe. Lei faveurs , [ei dignité*
tnVfraillirent enfouie: rattachement, lei grâces,
la ramiliarité d'un Hërol m'élevérent au-deSiis de
• moi-même, 6t je jouiffois d'un triomphe défiréi
mais la jaloufie, ce monflte ardent à me perfécuter,
vint encore me telsncer )ufqu'aiix pieds du Trône.
Les François portent leur caraflète par-tout, &
mes propres compatriotes irritèrent contre moi 1*
fiel de l'envie. Mon ame chatauilleufe ne put lé-
lifter aux alTauts réitéras dont on vouloir me rendre
la viflime : le dépit ré.c'proque s'en mêla. Je fti»
forcé de f.iir en fecouant la poulTière de mes pieds.
Les dragées que le Prince m'avoit prodiguées, fe
chanEètent en chicotin ; fit ma pauvre nièce , quoï-
Paris devoir m'ofirir un afyle,
enfans ditHngués ; ]'y avoit un établi flement. Une
cha^e honorable m'attachoit particulièrement i,
mon Maître i mais on voulut traiter de mon retour
ër négociation, comme rie Couronne i CSutonnei
Ton fembla croire que l'eftirit faifoit des Poten-
tats , comme la naiiTance. Ces raifjns ne prirent
pas , & je cras devoir fuivre te parti le plus lûrï
rendre ma religion fufpeéte au Monarque. Des '
écrits hétérodoï es m'avoient été attribués , le Par^
lement les avoit fléttis, brîltés , & Tes arrêts fulmt'
tians feinbloient m'avoir fermé pour, jamais les por-
tes du Royaume ; je me crus donc rendu 1 moi-
même , 8( je nie déterminai i aller établir mon fiège
. dans un p»ys où la liberté , mon amie , avoit fiiéle
fien. Le pays Helvétique , où le luie eft profcrit,
«ù règne réçalité,me parut s'accorder avecl'indé-
dendance nécelfaire à un génie dégagé des préjuaél
ti des opinions morales ou politiques , dont on ^it
une loi abfolue. Je ciiu qu'un cfptit luniiDcux
DoiiîHihvGoonIc
dt M. de yoltain. J
Revoit être 1c citoyen du monde entier. S«t âuu,
. félon moi, pouvoientl'aflîanchirdelloix générait*
qoi font propres 1 chaque territoire circonfcrit:
•inlï l'eus le tort de me perfiiadet qu'un mortel-
tranfcendanl acqutroic de lagloîre en le rendant un
•ourigeui martyr de l'imaginition ; je cru* qu'ani-
mé d'un zèle intrépide , & le flambeau i U main,
un efprit plus qu'ordinaire devoit Te facriHer lui-
même pour illuminer le monde, aux rirques de le
" " buftion, & de biiler lei yeui de
elle commode que je m'appropriai. Je m'y procurai
]«S douceurs d'une vie paiGble Gc variée : je m'y
, ris recherché Ec carelTé par les Mufes -, nuis les
.petites chofei échappent aux grands hommes. Js
tire. Les loiï fomptuairei y font en vigueur, les
^e{tac:1es y font interdits, les portes de Ta ville l'y
ferment comme dans un Couvent, & le ton y eft
d'un rigorifme voifin de la pédanterie. Je ne tardai
donc pas à foulever le cri général par des repréfen-
tatîons académiques dont |e voulus Stre chez moi
le créateur. Cet lir de dilTipacion fut réputé conti-
.gieui pour la jeuneflë du canton. Les plaintes fer-
fimple. Ma réputation puloii en ma Eaveur, & ma
célébrité atiiroit dans le pays un concours d'étran-
gers qui Venotent y répandre de l'argent , ame né-
ceflâire d'un pays^ijauvre; mais la mine éclata. Ja
fus foupçonne d'avoir figuré tout bas dans des con-
teflation s dogmatiques: on me taxa d'avoir un efpriC
inquiet , une philofophie remuante , & dês-lors ta
dame prit Ton eflbr. L'on rencontre par-tout des
lutbiilens , des hypocrites , des frénétiques : l'on '
cmpoifoniia mes délices, &fatieué de tracalTeiies,]*
crus devoir me Coultraire i la domination d'un peu-
ple méchanique,que l'intérêt gouverne, & que la
religion rend fauvage.
J'avois fait l'icquifition d'une terre moittéfran-
(oife (t moitié étrangère. J'avois imité en cela les
Houfards , qui, à la faveur d'un man
i.qui,
iDublé
l«ur,3cdDublé d'une autre, ont l'art dsleretoucnet
,G(H1nlc
6 DernUr TeftamtTU
fuÎTint l'occuiTfnce, ikiut tromper l'ennemîauqnel
il( ont i faire- Ma vieillefle anticipée l'anravoic
dans le (eindu repos, de la littérature & de la gaie-
té: je reffufc'taî des fujels badins & voluptueux,
•fquiiréi dans ma jeuneHc : je décochois des trait*
perçans i mes ennemis : i'encenfois l'amitié ou la
beauté , ou bien , femblable i un homme alTis fur
un tas de pierres, j'en diflribuoii à droite & à gauclic
â ceux qui me bUtnoicnt ou qui minveftivoient :
j'étois intarilTable, Se ma fertilité faifoitque jem'en-
virageois moi-m£meaveccomplaifance , comme l«
Patriarche défigné de la littérature nationale ; j'am-
bitionnois également de Turvivre 1 ma propre répu-
tation par le caraflète de la bientéance , pat des
maximes héroïques , par des fentences majeflueufci,
& par la fupériorité des drames. J'aurois été admis,
fi je l'eufTe voulu , dans toutes les Académîei du
- plicité des titres qu'or acquiert à bon marché , n'a-
loutoitrien au mérite d'un fujetrlanouveautéreulo
me pUifoit , & i'ai déficé aller plus loin qu'un autre.
J'ai atnbitinnné de créer une ortographe , je délire
qu'on r^dopte pour la commodité des étrangers,
& qu'elle me furvive en tout pays: j'ai fait plus
d'odvrages que mes trente-neuf confrères enfemble;
& fi l'on m'impute d'avoir voulu'me fingularifer,
interrompu de recherches & de toutes fortes d'i-
J'aurois peut-être été jaloux de Mnder une relî-
gion, fi j'étois né dans un climatoù toutes les place*
nVulTent pas été prifes. Réduit à un tôle particulier.
je me fuis borné à élever un Temple à l'Eternel , Se
)'aî conçu le noble délit de concourir i la fondation
d'une ville qui puilTe devenir un jourU rivale de
Genève, & obiemr fur elle les avantages que Rome
remporta fur Carthage fon émule.
Des incolérans nui ne me connoiffent que de
nom, m'ont fait mal graver dans leur ville , & ils
ont mis au bas de mon portrait les deux vers que
Dramatises Françori, connoiffe^ votre Maltrt :
Il fit dtt atUuxfam iiiaigntr it Pitre.
DoiiîHihvGoogle
dt M. de Voltaire. 9
C'ell une louange outrée , doublée d'une mor-
dante épigcamme. Je me contenterai d'y lépondie
par deux vers :
Dits fiai apfrofoniit Ufieret dt noi caurt.
Uapparmcc tfl pour l 'hoTiuitt laii fource à 'irrtort
Oui , l'on m'a fouvent jugé fut parole OU fur I'^-
calomnie , même de la part de ceux que j'avois g^-
néreufement obligés.
Je veux tout oublier. Se c'efl dans des dîfpolîtionf
pacifiques que j'actends la lin de ma carrîtie ; mais
je voudrais que mei derniers regards viflent fuir les
critiques amëres. Peut-éire irai-jc par iln vol sûr'4
l'immortalité ; mais mon triomphe ne fera pleine-
ment confirmé qu'après mon trépas. Les défauts
perf^nnets (car chacun, a les fiens) difpaioîttont
dans la nuiidulems: mes envieux , mes détra fleurs
i'évanotiiront, & il ne refléta que mes ouvrages, oii
l'on verra tranfpirer la grandeur d'ame , la bienfai-
fance , & toutes les vertus morales & civiles. Js
me fuis fans celTe attaché il peindre le fenttment.
Pouvois-jefencirfaiblementceque j'exprimais avec
tant d'énergie î
Je fuis né Catholique ; mais de bonne heure je
me fuis piqué de trop o'efprit pour me borner à \'i-
tre impsnurbablement & bonnement comme les
■uties. J'ai voulu penfer par moi-même ; je me
fuis abandonné au raifonnement , & je n'ai rien
g étendu devoir à la grîce , ni â l'éloquence des
ofleurs. Confucius , Moïfe & Maliomttt m'ont
paru des perfonnages recommandahles en morale,
& i'aurois défiré atteindre â la hauteur de leur t€-
putatîon i mais les efprits ni le temps ne s'y trou-
vant dilnofés , je me fuis borné à me faire furnom-
. mer VAfûtrt de la Tolérance , comme quelque*
hommes fameux ont été appelés VApôtre dctGta-
n/i/l'Apôtre des Gaules, l'Apôtre de l'Angleterre,
l'Apâtte des Indes , Sec.
le n'ai jamais renqnfé i.Ia [ol de mes pères , dani
laqvielle je veux mourir ; mail mon efprîc curieux,
mes occupations ne m'ont permis que d'eTHeuier ce
qu'on n'approfondit qu'avec un temps ScdestriTaux
I
G(Hinlc
ï
10 Dernier Teflament
infinis. J'ai pu déclamer abufiyement & feira T*
Prédicant; j'ai oft même me permettre tle s parodie»
bouffonnes; mais par timidité naturelle, & par une
fuite de meî premier) principes, j'ai perpétuellement
tenu embraffé le tronc de l'atbre An Catholicifme,
dont i'arrachois les branches. l'ai répété cent foi*
que i y adhérois , & je le difois de bonne foi , tant
pour me garantir du mépris dei hommes , que par la
crainte d'un torrent qui pouvoit m'entrainer dani
un gouffre inépuifable ; j'ai été même jufqu'à entre-
prendre quelquefois d'nfTurer ma croyance pardei
afles extérieurs Se publics-: j'ai invoqué à cet égard
la notoriété ; mais ces démonflrations , loin de nxer
les incertitudes fur mon intérieur, n'ont fait que
fervir de prétexte à mes antagonïdes , pour m'ac-
cufer hautement de braver tous Us cultes, comme
également îndifTérens , Se de vouloir en impofer
foiislemarqiie trompeur d'une hypocrifieraifonnée.
Mes ennemis, m'a voient jugé fans appel, &tout,
jurqu'à mei ceuvres méiitoires, fournilToit des ar-
mes contre moi. Ces divers affauts m'agitoient 6c
redoubloient mon ajlivité.
Ma fanté a toujours été délicate , & je n'ai vécu
3u'à la faveur d'un régime qui a tempéré la vivacité
n feu dont j'écois intérieurement miné. Mon fang
pétillant n'étoil pas affranchi d'acrimonie ni de bile,
&nion humeur, qui s'en telTentoil, fe communi-
quoil quelqueUts à ma plume. J'ai eu plus de eoflt
que de pâmons. Je n'etois pas infenfible aux char-
mes de l'amour , mais c'eft l'efprit qui m'a touiourt
tracé la route pour parvenir jufqu'au corps, & m>
plus forte pallïon a été fubordonnée i celle de faire
ta conquête de toutes les connoilTances divines &
humaines. Le Créateur éloigné piquoitplus ma cu-
nofité , que la créature rapprochée. J'a1 ambitionné
la généralité du favoir , & l'on m'a reproché de
briguer à ce fujel un privilège exclufif. C'eft ce qui
des pygmées 8t des grues. Mon patrimoine a été
fuHilant pour un homme de lettres ; il auroit été
exceJîîf polir un vrai Philofophe i mais fi la phjlo-
fof hie morale téfidoit dans ma tête pour «n tra-
vailler les reflbrts , elle étoit fubordoncée S ma
philofophie pratique. Cette dernière n'écoît ennemie
,G(H1nlc
it M. de VoUaîn. \ i
lit des hommes, ni des commodités dé II vîr. Je
tnWitob, fans vouloii êlte ni Zenon, niDiogine,
ni Epicure.
Ma fortune s'ell augmentée par mes travaux m».
fitigabUi , & par le débit affuti de tout ee qui por-
toit l'empreinte de mon nom. Si des éditions mul-
tipliées ont accru mes biens, des protégions utiles
l'ont encore grolTi plus confidfralilement. Tétoit
(bus le mafque dans des entreprifes , dans des af&i-
tes de finance utiles , & j'ai éprouvé qu'on fe ga-
rantiffoit de moutir de faim en le chargeant d'admi-
nillrer des vivres aux autres. Pluliis ne devoit pM
rougir de Coudoyer un des Secrétaires d'Apollon.
Cependant toutes mes Tpéc ululions n'ont pas été
également heureufes , 6c quelaues négociation»
-hafardées m'ont entraîné dans des directions qui
ont atFoibli mes facultés. Je tes ai temptacées par
des renies viagères. J'ai appelé la prudence à mon
fecours, & je me trouva encore aflëi. de moyen» ■
pour faite des difpolïtions amicales.
Je ne dois pas oublier qu'un grand Prince avoit
attaché des faveurs utiles à la charge de DébrouiU
leut-coloiille qu'il m'avoit conférée en titre.
L'office exigeoit jIu goilc, & plus de comptaifanc*
phm
très Souvcraii
mes Mecines
délïgné □OUI' leur Homère ou leur Virgile. Let
Mufes tléri^es en tant de mains, fruAitioienl entre
les miennes : en devenant le plus grand des Poètes
de mon fiécle, je fuis devenu auffi le plus riche Se
le plus magnifique.
La parlimonie dontUjaloufie m'a noirci, n'étoït
qu'une fage économie j l'InduUrie arcificieufe dont
on m'a taxé, n'étoit qu'une précauiiou néceflàiro
. pour me garantir de la voracité des Imprimeurs,
qui m'ont imperturbablement trompé & contrefait,
pour [exercer des larcins impunis au détriment dtt
fublic. Ce brigandage m'a fans eeffe donné de
humeur , & je l'auiois lépiîmâ, G l'on m'eût dût
G(Hinlc
)i
IX Dernier Ttftamtnt,
en pitce. J'ai toujours méprifé les ingnts Ifraëlf^
tei, & je méprife également le Peuple Typogta-
pbioue, i{iii efl compafj de Juirs modernes, aulU
avide: 6c luflï artificieux que leuti prfd^celTeurs.
J'ai aulTi toujours chëri les Lettres , mais fans faira
lucun cas île ta plupart des Littérateurs. J'en at
oblige un grand nombre, & je les aï trouvés pref-
que toujours hautains & méconnoillàns ; il ell
foavent bon de les lire fans les voir. Leur vertu
i'affiche fur le papier ; le moindre rift^ue que ['on
court avec eux, efl de leui prêter de l'argent,
qu'ils oublient de vous rendre, ou qu'ils converiif-
icnt en injures.
J'ai eu le bonheur de faire le charme de Paris,
tandis que les Coméîiisns, tes Libraires & Us Au-
teurs faifoient le tourment de ma vie. en me déchi-
rant à l'envi 1 belles dents.
Ma carrière a été un Cours continuel de fuccès 8c
de traverfes. Je me fuis vu comme SainiPaul , ravi
au irolUème ciel , & ptétijrité dans ie fond des aby-
mes. L'amitié de quelques grandi Seigneurs m'a fait
furnager t Se j'ai été obligé d'entretenir leur protec-
tion avec un encens délicatement ménagé. Il eft
fait pour tes Dienx ; mats leï hommes font.jatous
qu'on leur en réfervo aulti quelques parcelles.
Pour ne pas déparer la fociété civile, j'ai cherché
i étouffer ,uf3ues à la moindre inculpation d'ava-
rice. Je tenois une maifon dont la fplendeur ScU
noblefle faifuîenl les honneurs; mes compatriotes,
mesvoilîns, lesétrangersy trouvoîentles agrémens
d'un commerce aulTi doui que libre pour eux &
pour moi. C'ctott un portique où l'on pouvoit s'inf-
truire : je me montrais au-dizlTus de. tout détail
(lomenique t'j'aimois mieux même ètTe dupe que
minutieux ) & lorfque la prudence m'a forcé de
metlrî un terme à l'abondance qui flattoil la gêné-
r»fiié as mon goQt , j'ai renoncé à la fréquentation
habituelle des gens lumineux, pour me faire toiU
à tous, & vivre dans la retraite , avec la médiocritif
. des ulent , & avec tes fimples habitant de la cam-
pagne. J'ai quitté le compas pour la bêche , la lyre
pour le 'hoyau , & j'ai chanté l'agriculture , qu*
.GtHliilc
■ dt M, dt Voltain. . ij
native;. Je me fuis vu admiré, honoré, hil, djRa-
m^, calomnié , & U plupart des gens m'ont fait i
leur image : chacun m'a prêté ufî caradire i fa
mode i ou fiiivant fon intérêt ; mes lefleurs , mes
partifans m'siiroieM drelTé des autels ; ceux qui me
jiigeoient fur des rapports ou par prévention, me
déternoienl des fuppliees. Ces traverfes m'ont fait
douter A mon Tiècle étoit ellimsble. Se fi les bonnes
mCEUCS n'étaient pai exilées de ce monde. Peut"
£tre ai-je été l'archîtefle de quelques portions de
mes déialtres i mais la méchanceté des hommes a
onlinlit les autres. Jamais l'on n'a eu tant de
prétention i refptit , & jamais l'on n'a montré
moins de raifon, de charité & de bonté d'ame. L'ori
que! auxminutres; l'on devient que relieur emporté,
iWoïfme abforbe tout, l'amour propre décide tout;
le bon fen! feul fe tait, & les difpuies particuliires
inondent la furface du royaume. Je n'ai pu les
éviter ; ainfi malgré Ift avantages que la nature
libérale m'avoit déparÂs , j'ai mené continuelle^
ment une vie malheureuje , que j'ai cherché i
diltraîre par la variété des eoilts, des occupattoni,
& même des fantaifies.
Mon génie, ennemi de la contrainte & des chaî-
nes , n'a jamais été propre au joue du mariage.
Les Mufes font challes, & elles exigent un cœur
libre, qui ne fe paUionne que pour leur commerce
fpéculatif ;' elles font jaloufes , & elles veulent
être carelTéec fans partage ; elles font paifibjes,
& craignent ou le bruit des enfani, onl'embarrat
du ménage ; enfin elles font elorieufes , & elles
redoutent une pauvreté capable de rétrécir l'am^
ou d'avilir Tefptit. Trop d'embonpoint les rend
pefantes 5c natelTeures , trop de maigreur les dé-
courage & les abrutit : 11 ell difficile de les con-
tenter. Cependant ces neuf femmes ont été pour
moi plus douces, plus complaifantes , moins coQ-
teufes & moins exigeantes qu'une (eute , quoique
bien élevée.
Livré à la folitude, je réfléchis avec moi-même
fur les profondeurs d'une éternité impénétrable k
l'^fprii humain. Je penfe qu'il eft un Dieu ven-
geur, un Dieu jaloui, mais «n mêmtieaipsmii
14 Dernier Teftamtni
ikordieuXt Je me dis que vis-â-vis ce Dieu dont
Vtttenct e(l infinie, immuable H încompr^henCible,
les lumière! de Bentendement humain ne font tien,
ou (|ue te foni des titreï de condamnation plus po-
litifs contre ceux qui ont abufé de leurs facultét.
Mais quel abus punilTable ai-js fait de la machine
oiginilée qu'il m'a départi } Ai-je jamais di^touinj
qui que ce foit de rendre hommage à' fon imnien-
lité? N'ai-je pas au contraire toujours rapport*
tout à Ton eiTsnce inlinie, à (a bonté eiTentielleî
J'ai combiné, pefé, vacillé, j'ai cherché par quetia
toute on pounoit plus aifément pirremr jurqu'i
lui ; en attaquant les formes , fans douter de fon
pouvoir , je lui ai perpétuellement tendu d'une
main ce que je femblois lui enlever de l'autre.
Mes traits fe font exercés contre les Minillres de
tout pays ; mais j'ai toujours craint & rgfpeflé U
Divinité en elle-même , comme principe unique de
toutes chofes , & je l'invoque encore humblement,
comme l'arbitre fouvecain de nos foibles deflinéei.
Je m'écrie avec ferveur le componflion : Oui, ■
mon Dieu e(t le Dieu des Nations & de tous tes
èttes penfans ; la terre entière eft fon trSne, je lui
foumels ma débile intelligence. Mais je ne puit
■ne diffimuler que chaque nation , chaque peuple
a les coopérateurs particuliers , dont le t3Ie prin-
cipal eft d'être pat-tout honorés , riches & domi-
nans , malgré rhiimïlité & la pauvreté dont la
premier des Pontifes a donné le modèle fut la terre.
Ma vie parHculicre ne me lalife aucun fujet de
remords. Ce pieu terrible, ce maître, fymboled»
la miféricorde, oubliera-t-il fa clémence, pour
m'impofer des peines éternelles, par rapport aux
difpoiîtions où i'étoîs de fcruter avidement tous lei
cultes? Je fiis defcendu de la coupable race
d'Adam ; nos premiers parent ont été trop curieui;'
l'ai porté i leur exemple ce fentîment trop loin.
J'ai voulufervir mon Créateur en connoilTance de
Cfufe. C'eft une indifcrétion qu'un Dieu induisent
E eut remettre, comme il a pardonné la première
rjite. Dois-je etoite qu'un eiicès de prétention me
perdra pour jamais au Tribunal d'un Juge plein
de bontÉi que j'aurois toujours reconnu & hoôotfi
dins quelque religion qu'il m'e&i fait naitreî
,G(H1nlc
dt M. de Voltaire.
■ ' Ceft d.
jemeieit , , , .....
■non étude échappent encore h mon Intelligence
bornée. 11 m'a appiii lul-mîme que fon joug ittàt
C'en par (es bicnfai» (eaU que fa! ei'iRi, que
I'*!! pcnf^ , que j'ai acquis quelque diflinflion dsns
e monde, ^6t que j'ai conquis les connoiflances
dellinées ï me convaincre de l'étendue de fon
pouvoir.
C'ea fon bras qui a foutenu ma foibleffe , nui a
fortifié ma confiance ; ainfi j'efpère ([ii'il purifiera
mon ame, pour la cendre digne de paraître devant
lui. Ilconnoit nos befoin;, no; peufées r^ciettes.
Ce Ton [ugement e(l plus éclairé que celui des foi-
blei humains , qui ont la préfomption de vouloir
prononcer définitivement fur de rrompeufe s appa-
rences. Se d'après leurs idées racourcies. Oh,
homme» orgueilleux 1 réforinei vos propres er-
reurs avant de prononcer f.ir celles des autres.
I^a préfomption eft votre premier litre. Renlraien
TOus-mimes , & fupprimet-en les effets , avant d'af-
ligner à vos frères des places à votre volonté dans
une éternité que vous ne concevei pas. Vous ïtei
cet Aflconome qui en confidérant les afbes, s'abjnie
dans un puits. '
Les gens feofés ont eu raifon de me trouver blâ-
mable, locfque j'ai voulu dogmatifer, lorfque j'ai
rferil des obfcénitéj , lorfque j'ai differté fur bien
des myflères qui n'exigent qu'une foi aveugle ÎC
rerpe^ueufe , enfin lorfque je me fuis eipofé i
pervertir la jeunefTe par des farcafmes , par des
poifons cachés fous l'appas des fleurs. J'étoît
homme, j'ai été jeune, j'di aimé le merveilleux,
8l j'avoue qu'à cet.égard mes torts ont dil parottce
graves. J'ai dQ déplaire k DicLi , & foulever les
hommes fournis à l'empire d'une loi dogmatique ,
qu'on doit toujours relpefler ; mais j'ofe affurer
qu'en faifant des produftîons licentieufes & hafar-
flées, je travail lois moin s 'pour me faBe des Difti-
plej, que pour donner lin'ènûi brillantà mon efprit,
toujours piEt i franchir les barrières de la modéra-
tion commune. Ma tentation étoli de tout effleurer,
& c 'eft le r*ul libertin^e d'une imagination hardit.
DoiiîHihvGoogle
i6 Dernier Tefiament
qui 1 pu faire fnfpefter en moi les vices d'un tnur
gangrena. l'amaSé letlemenl Tur des liirfaces ; j'ai
ridiculir^ les objeu qv' m'embarralToient ; j'ai af-
fefli de ne m'artèter S atieun point fixe par fiiié-
lence, Ef j'»i paru d^firerpat vanité d'être l'homme
de toutes les Nations, ou le frondeur impartial dt
toutes les Sefles. Je fentois moi-même mon foible,
fant pouvoir y ti(\Rii , puifau'au milieu de mes
écarts une voii fecrctte me difoit tout bas i quoi
je devois m'en tenir. Je l'iico
Il de la préfomptioB \'i-
, erruafion-où j'ëtois que
poui être un grand homme , il faut s'écarter du
, dans la perruafioc
loties ordinaires. L'on s'expofe trop ,
marche uniforme , à être coudoyé par le vulgaire.
Je n'ai pas fait afîei attention que la divinité,
l'dtemité, Se autres Myftèces fublimes, font det
E oints incompr^henfibles 8c impénétrables à la foi-
leffe de notre vue ofcillante. Je n'ai donc fait que
fcalbutier comme un enfant, 8t j'd pu amiifer, mais
fans convaincre. La doublure ne s'ejl jamais trouvée
propottionnée i la force de l'étoffe.
Dégagé des preRiges , ;e fens auiourd'hiii l'énor-
mité des abxis auxquels je me fuis laiffé empotret
par vivacité. Je m'en repens avec amertume , 8t je
me défavoue mol-mÔme. Je fui^plie Dieu & lei
hommes défaire grâcs.à mon aveugleirent; je veux
ticherd'en faire, à la face dn genre humain, une
. T^araticn authentique par un humble aveu de la
faute, & par les afles fatisfaflôires qui redent en
mon pouvoir. , * .
Si le Pape BenoîtXlV écUlroil encore la Chré-
tienneté,ie me jetterois aux pieds de fa miféricotde,
& ie l'imploreroÎ! pour fe rendre médiateur entre ■
la Divinité que î'ai olTenfée , Si mot chétîve créa-
ture. Il m'honorait des témoign.nges de fa bonté
paternelle; il ne d^dai^noîr pas de s'entretenir par
ne défefpéroit pjis l'e r.imener a fon bercail. La
mort a enlevé ce flamhesu vivant de l'Eglife. Le
Cardinal Paffîonei, qui favoil exmifer les erreurs
de l'efprit dans les Gens de Lettres, ell, ainfi qiie
lui, dans la tombe, & c'eftune perte pour moi. Le
Pète de Latour , qui avoit alTez d'intiigue pour Ça
,G(Hinlc
dt M. de yollaîfe. 17 .
rendre mon proiénète 8t mon médiateur, a ptu
furvécu à la déplorable Société. A oui doncpour-
raUje m'adreffet à préfeni pour défarmet Rome,
— -- dontj'aili fouvenrfrondélfS
ufages & les entreprifes ^
Les Jéfaites échappéj au naufrage auroient peut»
Élre aflëi de politique pour dîffimuïet mes outtagej,
& fe faire honneur d'un généreux pardon , en faveur
d'un nom unîverfellement répandu ; mais ils font
fans force & fanj crédit. Leur empire diïîfé s'é-
branle de plus en plus , & ils ont befoin pour eux-
. mêmes du peu de protefleurs qui leur refle. C^eft
donc fur mes efforts perfon ne] s , fur mes défaveux,
8t furmon repentir iincère , que je dois fonder l'ef-
poir de ma réconciliation arec le centre de l'unité.
J'efpère
du Roi mo
sITentiellement en la bonté
Gentilhomme de Louis XV, & fon Hifloriographe ,
doit t'eng.-iger à faire gr-\ce à ma mémoire , pour
ne pas flétrir fonchoix. Son exemple fera d'un grand
poids, & dé farmera la pétulance des mal-intention-
nés qui attendent ma mort pour m'accabler d'op-
probres i mais )e ne defcendrai pas au tombeau
t^ns mériter & fans jouir de quelque conlîdé ration.
Ma réputation , attaquée dans les premiers m omenl,
fera comme le vin fumeux , qui fe bonilie en
vieilliffant. Après avoir repofé quelque temps , cils
revivra pour ne pUis mourir. Je pallerai alors pour
un génie éclairé & pour un bon citoyen. La preuve
mime en pourra Stre établie. J'ai ramafl~é pendant
Jong-temps des matériaux infinis pour brilUnter
l'hiuoire de Louis le Bien-aimé. J'aurois tépandu
une teinture ravillântc fur Tes belles avions. Je
me flattois de mettre dans [e jour le plus flatteur,
le plus radieux, les traits frappans de fa vie glo-
rieufe. Hélas ! le plus vif regret que j'emporte
dans la tombe , e& d^ n'avoir pas perfe^ionné un
ouvrage aufTi précieux , aulTi intéteitant. Si quelque
chofe peut m'en confoler, c'eft la feule peifuafion
où je fuis que nul autre ne s'en acquittera avec plut
Ae zèle , de feu , de clarté & de pureté dé langage
, que je me ferois attaché à y en répandre. Vaine-
tdent mes adverfaitos ro'ont-ih anoonï^ i^ns ta
i^.<î^,G(Hinlc
i8 Dtrn'ur Ttflament
monde comme un Écrivain partial , furpefl & mèm»
infidèle. J'ai cherché de bonne foi à combattre let
chimères, tes paradoxes & les prefliges. Je mC
fais mime quelquefois baitu contre des moulins i
venti mais j'ai ^cril fans acception de lieux ni de
ger.'Les jLnTénîfte's , les MoHnifte"'^es Prowftans,
les SeAaires , les Dévots , les Libertins , les' Qua-
kers , les Moines , le Clergé , la Robe , les Poten-
tat* même, ont eu part à mes déclamations tiardies,
&jemeriiii attaché i réformer le monde entier, qui
vouloit par tepréfailles me corriger à mon touti
Meflattois-je de réuiTir? Non; mais Va dm i ration '
Œcuménique étoit ma manie i& je voulois fans eeflê
la conquérir , fill-ce à mes propres dépens.
Quand (e jette en particulier un coup d'ceil ré-
fléchi fui ma conduite , j'y trouve moi-même bien
des chofes que je voudrots pouvoir en retrancher.
J'ai pu me faire illulron ; mais une nation jaloufe de
fa gloire, doit-el Te .juger comme un homme ordi-
naire i Si mes fens euffent été modérés , 1^ meï
idées euffent i\& méthodiques , ie n'auiois pas en-
fanté ces trais hardis , ces élans d'enthoufia4e quf
VOUI ont frappé d'admiration. La chaleur du cer-
enfantoit des chefs-d'œuvre. Un grand Poëte , un.
grand Peintre , un grand Muficifen ne doivent leur
iuccès qu'a des in^irations violentes : pourquoi
n'excuferoit-on pas en moi des erreurs , des écarts,,
des abfences Se mêmequelques délires? N'élois.je
pas toujours entraîné par un feu rapide ! Si foa
impétuorité me poctoit )ufqu'aux cieux ,. elle pou-
voit auITi m'abforber dans des gouffres. La rapidité
du torrent ne me latlToit pas uujours la liberté de
la réflexion. Ma tête étoit un volcan perpétuel,
qui exhaloil ta flamme Gtlacendre. Il falloir admirer
l'etfetdemes tcanfports, fansJes )u^ert'é<|uerre&
le compas à ta main ; en effet combien de licheffei
font Torties du fein du chaos, pour parer la terre,
pour ennoblir l'homme! Oui, li mes ouvrages peu-
vent contribuer à la cRffotution de quelques mortels,
je me plais i croire qu'il y en aura un grand nombre
A devenir ineilieut& i
.GcHii^fc
dt M. àe VollaUt. t^
clioix dani raSottiment , & du dtfcernement de»
Pour calmée mes fcrupules fur une aatiite & dé-
licate, j'iïûis projeté de d^pofer entre [«S main»
iciis , pour retirer des mains du Publit [e plus
'd-exemplairei ou'il feroil polTible de U Pucelle,.
de Candide & de mes Contes licentieux ; mais J'ai
éxi iaaii de renoncer à cette entre prife , en fa liant
ii^tlexlon que la cohorte infidèle desLibrairesSi'eni-
prelTeroit de tes réimprimer, & de lés repréfenter
àmondépofitaire, pour appliquer promptement la
fomme entière à fon proht. Cette Idée s'ell de-
ploïée ïllei moi en finiflàiit mi Ouvrage qui fera
porthume , 6c dort le titre efl , le Brigiadage Ty-
pographique, Cet Ouvrage pourra être imprimé
fous mon nom. J'ai cherché cent fois à me déguifer
fous des annonces Tuppcfées, mon cachet n'éctiap-
poit pas à la pénétration du Lefteur ■ Se j*avois lï
peu (l'émules , qu'il fe croyoit sûr de me reconnoJ-
tre dès la troifieme page. J'éclairerai donc encore
le Public i vifage découvert. Les Libraires ne fa
joueront plus de ma facilité , & pour faire taire le
cri de ma confcience , j'aime mieux que le! cent
mille écuE foient convertis en fonds, par tes foins
■ de M. de L. .. Bcoue la rente annuelle eo folt , par lui
ou fes prédécefleurs , diftribu^e avec jude propor-
tion à toutes les patoilfes du pays de G», fie à
condition aufiî que tous tes ans , te Mercredi des
Cendces, on brûlera folennellement à la porte de
rEglIfeaù je repoferai, une de mes œuvres obfcÈ-
nes , pour annoncer au peuple que ces produflionE
feandaleufcs méritent de retourner en pouCEera
avec leur auteur. C'efl une adtéfion volontaire aux.
arrêts qui ont livré aux flammes mes fpirituellei
extravagances. Cette anecdote m'eft échappée dam
mon Hifloire du Parlgment, qu'il faut nécelTaire-
ment refaire. Je renie folennellement ma prétendue
i'ai entretenue dans un âge où l'on n'eft ni difficile,
ni délicat. Je fuit forcé de convenir que l'eil une
infâme proltituée ; mais elle a plus d'efpril que le
commun des Ailes de fon état : elle a eu l'art de me
féduiie dus des nomeiu de vertige. J'ai fut avet)
-,G(Hinlc
10 Dernier TeSameitt
elle quelques parties de débauche, &j'en iDrou
relTenti les conTéquences funeHes , Ti U Philorophie
ne m'eût adminiilré à propos des fuiWrifiqueii'pour
me gacantit des (aitts leduutabUt de Ton libeiti-
nage & de fon incontinence. Elle m'a hhiaé la
vue ; car je n'ai jamais aimé la mauvaife com-
l'ai l'aujouts envlfagé U mort fans la d^fircr ni la
redouter. Elle ell hydeufc , mais indifpenCable ;
t'eft fûavent le beau foir d'un jour nébuleia. M«
foible eomplexion m'^vott toujours fait croire .
Ï.i'elle feroit moins lente * arriver jufqu'à moi,
Ue m'a minage ; ma^s la caducité m'annonce fon
approche. Loilqu'elle fe pi^fentcra, malgré fa
laideur, ma porte lui fera Toujours ouverte. Je
crains, mais j'êCpète encore davantage. AHeAé du
fentimenl de l'immoilalil^ , je veui cimenter la
mienne par des difpoTitions fînguUeres. J'ai vécu
d'une f Jçon peu commune , je dois tefler & mourir
de m*me. '
Je venu Être enterr
dans l'Eglife que j'ai
monument de ma vénération ot ae ma reconaou-
bnce envers mon Créateur & le Maître univerfel.
La nature n'eft faîte que pour la vanité des vivans,
& les cloches fervent fouvcnt i leur perfécution.
L^nt^rèl du mort eiftre pour peu de chofe dans l«
céiëmoniali je veux donc être placé tout uniment
aupris de l'entrée principdtc , pour que tous lei
habîtans, en foulant ma cendre, puilTenl s'atfefler
du néant de U vie , dei talent Se des diUînAions. Il
ne refle déji de mon corps eiieu & deflïchi,
que mon cadavre foit couvert d'une plaque de
feulement en gros c; _. .
Cette inf(:ription fera furmontée de tropliies iitté-
laires, & d'une couronne de laurier temblable i
celle que Pétrarque obtint autrefois i Rome.
. Autour de la tombe on re p ré fe niera, les Mufes eu
Sieurs, des Génies en deuit, l'Envie fouriani, la
atyre jouant d'un tambour de Bafque , Momus
bribntfamarote, Appollon caffant faljre, & Pé-
Ijafa prciiaBt f«n «ol , Se portant fur fon doi vul
.Google
de M. dt f^oliaîre xi
petit Amour avec une malle volutnineiife.
J'entends qu'on adoffe au premier pilier un»
grande infcription latine ou françoife , dans laquelle
on dëtaijlersj leplus brièvement qu'il fera pojlible,
voyages, mes (raverfes, mes rivalités, mes tri om-
■ phïS , 8f mes ouvrages imprimés avec permiflion,
n'aurai plus k craindre les traits fecrets & enve-
nimés (Tune foule d'infeflei hourdonnans qni ne
humiliés & plus punis que ma colè . ,
fait fagement de les abandonner à eiii-mëmes. lU
fe font glorifiés d'un courroux qui les a fait con-
Les médailles qu'on a frappées pour moi en dîtFé-
renles villes , m'ont paru imparfaites ic de mauvaà
goût. Mon intention elV donc qu'on en falTe frapper
une nouvelle, & qu'on choifllTe la main du plu«
célèbre anine. Il en fera donné une d'or , du poidi
vues dans lacompofilionde l'infcriptionqiiei'eiige.
Je foumets la décilion du concours k \le(rieurs de
l'Académie Françoife, mes confrères, qui fe con-
chofes. Je les ai peu vus ; mais je les aimoïs de loin,
& i'ai tSché de leur donner l'exemple du travail. Je
leurlègue à chacun une de mesmédaiUes en argent,
valant au moins quattc jectons , & je les prie
d'agréer mon porltait en huile, pour avoir dans leur
falle d'affembfée le modèle d'un confrère fécond 8t
laborieux. îe veux qu'on donne à tous les pauvrei
A: !a ParoilTe fur laquelle je mourrai , un bonnet d»
laine, une p? ire de IbuHers, un écu, un eKem-
plaire du Cathéchlfme Hiftorique de M. FI ;
l'Abbé Ad réglera le nomWe & le choix de*
perronnesqui de vront avoir part J ceit»dil}rîbution.
Je donne à tous les Prêtres qui affilieront à mon
convoi , un cochon de lait Se un dindon , avec im
• boiffeau d'avotne : le Curé «ura double rétribution.
Je lègue à la Fabrique une rente perpétuelle d'ua
veau'de trois mois , rachetlbte par Ex pûiet d*
bceufs en étatdeUbourer,
DoiiîHihvGoogle
11 Dernier Teflament
Je UilTe i chacun des Bas-officLers de l'Églîfe,
foit Chantres , Bedeaux , Enfans de Chaur , Son-
neurs ou autres , un Mïflel François, afin qu^ti
entendent , s'it fe peut . ce qu'on leur fak dire &
faire journellement.
Je veux que toai les ans, le jour de Sainte Marie
Egyptienne, on célèbre dans la ParoifTe où je ferai*
déposé , un obit iiour la célèbre Mademoirelle Le.
«ouvreur, rejetée avec mépris.
Si aucun Curé ne veut accepter la fondation,
oui Tera de cent fraccs annuellement U même
fsmme fera délivrée aux Minières de Genève, qui
donneront dans leurville , le jour de leur délivrance,
un concert fpiiituel à mon intention , pour égayer
liRépiibliquei^'ellun afte chréden, que d'amufcr
Je veux aufli que tous les ans , au jour de Saint
Maurice , on remettt dix pilloles entre les mains
du Syndic de ma Paroiffe. Cette fomme fera em.
ptoyle i faire , dans la Place publique , un feu écla*
tant, qui rappelle aux cieurs François les bautei
■aions & les tares qualités de M. le Maréchal de
Saxe , ce Héros i qui la nation à des obligations lî
effentielles. II m'aimoit, il attend la réfurteaion 1
-Strasbourg, 8c c'efl avec douleur que je crois ne
(lus jamais le revoir. Il doit Être avec Trajan,
larc-Aurele , Antonin , Charles XII , & autres
grands hommes qu'il feroit dangereux d'aller wifiter. .
Je laiffe au refpejtable Ëvèque d'A... deux dou-
zaines de paires de gants de caftor ou de poil de
lapin , le plus doux qu'on pourra trouver. Je lègue
aufli au Sieur G. . . Curé de Ferney , à Jacaues
Maneuvre, i Pierre Larchev^ue , Syndîc,àMau-
gier , à Jacquin &â Bugros, Chirurgien, à chacun
une camifole de flanelle , fin un furtout ou une re-
dingote de ratine d'Angleterre , A condition qu'ils
feront proprement encadrer, & mettre au-deffus du
bénitier de l'Eglife de Ferney, la profefiîon de foi
authentique que j'ù faite en leur préfence, te ij
avril 1769, dev«nt Claude Raffo, Votaire, flc té-
moins. L'on en délivrera pmu des. expéditions i
tous ceux qui en demanderont.
J'invite tout les. Souverains de l'Europe i faire
graver dans leurs Etats une eflampe dont j'ai fourni
,G(Hinlc
dt M. de Foltairi. ij
1« deSêin. EUg ed tnticuUtf : U Ban^att in Epi-
Jutt, 8c dédiée i l'hétitiire de l'Empereur Pierre
iGrandi nouE roinmes repréfencés au-tour d'une
Uble frugalement (ervie, Hoirire, Virgile, leTalTe,
Milton SÉmoi , félon le coHume qui nous appartient!
Clio nous verfe à la ronde de l'eau de l'Hypocrène,
Apollon louche (a lyre, lupicer du haut des Cieux
nous faupoudie de Tel & de rofes garnies d'éplnai.
La gravure doit JVre à l'eau forte.
Jo-prie le Roi de P d'agréer, pour marifue
de ma refpeflueufe reconnoiiLince , un portrait du
Roi mon maître , dont on m'a anciennement honoré.
Ces deux Souverains font dignes d'être dans ce
monde-ci amis l'un de l'autre. L'Europe tes en con<
Je lègue â Meflieurs les Gentilshommes ordinai-
res , mes, anciens confrères , mon beau Traité de
Diplomatique , & j'entends qu'il relie toujoun dé-
^ré entre les mains du Doyewde la Compagnie,
pour être confulté dans les'occalîoni qui pourront
intérelTer le bien de l'État , fit l'honneur ou les
prérogatives de la charge.
Je lailTe i chacun de mes Domeftiques une année
de leurs gages, convertie en peniion viagère. J'y
joins un habit de deuï! , une charrue & »x arpens
de terre i défricher dans le pays , fous U redevance
de ifoli il ccni. On ne peut trop labourer & ac-
quérir de valTaux.
J'entends que l'on faffe exécuter par un des plul '
habiles Sculpteurs ma ftatue en marbre , de gran-
deur plus que naturelle : je défire être reprefenté
badinant d'une main a>-ec un jeune Génie qui me
carelTera. Je dois paroitre foulant aux pieds un
Ïouppe de reptiles amoncelés. Mon ambition eft
ître placé au milieu de la place Dauphine, en
face du grand Henri , i qui de la main qui me reftera
libre, je pré fente rai tendrement ma Henriade. Le'
Génie de la France applaudira 1 mon lèle , & Clio '
embouchant pour le Monarque la trompette guer-
rière , me préfentera celle de la Renommée , tàndîl
qulun amour en cafque m'of&ira un crayon.
Si M. le Prévât des Marchand» & les Echevins
de Paris m'obtiennent de ta bonté du Roi la faveur
isËgne d'toe «ufli aoblemeiû placé parmi tau.
DoiiîHihvGoogle
-14 DernltT Ttfiament
concttoyent, je donne à la viilf de Parii les pcojeu
que j'ai fiitï pour l'en ^cution des fêtes publiqiiet.
les pluï brillantes , lei plus sl^res & les ir
teulei. Si mes vœu» ne iont point aetomplij, j'or-
donne que ces morceaux foient imprimés à la fuite
' de mon Temple du Goût, Si. qu'on en remette deuï
exemplaires dans le dépôt de MelTieiirs des Menus.
On pourra les confulter dans tous les temps où
Je dois publier avec reeonroiflânce que la Litié-
raCure Fran^oife , par une généroTit^ fans égale,
m'a confacté une Statue , dont l'eiécution e(l con-
fiée au cifeau de i'illullre M. Pigal. Les SaTani,
les Grands , les Potentats marne fe font gtoriliét
d'attacher i leurs dépens un brillant à la couronne,
qu'on me décernoîc. Cet honneur tardif, que je
partage aïet Erafme, me venge' avec ufure des
Brfécutions que la haine des hommes m'a fufcitées.
voudrois que cette Statue pût être mife dans la •
place de Sorbonne, avec ces mou : HIC EST.
Les DoAeurs qui m'ont peu aimé pourroienc en
murmurer ; mais la vue d'un pareil monument en-
courageroit les jeunes Etudians en rUniverfîtë.
L'émdalion produit de grands hommes, & le Car-
énai de Richelieu ne feroii pas courroucé de mon
voifinage. Au relie , je m'en rapporte totalement i
la prudence &au difeernement de mes bienfaiteurs .
La place que l'on doit m'aHigner me fera égale,
pourvu que j'en obtienne une avantageufe danl le
fouvenir de mes compatriotes & des étrangers. J«
dédre que mon bulle en pierre fait mis a\i Bureau
de la Chambre Syndicale des Libraires de Paris. Je
ne craindrai plus leur cn^iidité indécente, &iIsoit-
btieront charitablement les reproches que je leur
ai perpétuellement faits Turleurs filouteries rafinées
& leur rapacité. Je fouhsite qu'un pareil buftc foit
pofé dans le foyer de la Comédie Françoife, avec
(Uie triple couronne de laurier , de myrte St da
houx, pour piquer les Ecoliers préfomptueui, 8c
les plats Auteurs qui ont la fureur immodérée de
rendre publiques lauti productions ridicules tc
^hemères.
J« charge mon Exécuteur teflamencaîre de faire
gpner «u foyer de U Comédie lulienn* toute !■
DoiiîHihvGoonIc
de M. de Vùliain.
Jnuliqvie Frjnçoife ou étrangère que j'ai tecu»
.. ... -.. . _. T_._j n-j, d'efearpini 1
%"
e met:
uifiiiut, les Danfeur , ..,,_.
les fitBets feront pour le public. Ce fpeftaele, qui
amufe la légèreté d'une nation frivole , dégrade U
Mufe Fiancoife, & abitardii le goût d'une nation
qu'on accule d'avoir plus d'ePprit que <1e iugenient.
Je défîie qu'on remette entre les mains du Prévôt
des Marchands & des Echevins de la ville de Lyon,
une fomme de looooo livres. Cet argent fera placé
Les Adminiftrateucs de l'Hôpital choifiront eux-
mènies dans leur maifon les fuieis qu'ils croiront
les mieux dirpofës pour le théâtre. Ils confnheront
les ulens Si. la R^ure, Tans avoir égard au pays ni'
i la nailTance. Il y aura louions huit élèves, quatto
garçons & quatre tilles.
Lorfqu'un d'eux aura été jugé digne de figurer
en publie, on le fera remplacer par un autre de
l'âge de onie 1 douie ans. On leur donner» i cha-
cun joo livres annuellement pour leur er
& le ProfelFeur nommé par le Bureau au
livres pour fes appointemens. 11 faut qui
un Comédien émérile ou confommé. Il i
quatre hevites par jour cette jeunelTe, & leur fera
apprendre par pritérence mes pièces dramatique).
Corneille eft fubtime , mais il e(l gothique ; Racine
eft ch3tié , mais il e(l trop tendre ; & le fangut-
naitt Crébillon ell trop terrible pour des ïeunes '
gens qu'il faut former de bonne heure 1 la lâgeÂTe,
Se à la feniibilité fans foiblelTe.
Je lègue au VroviCcur du Collège Maiarln une
Comme de 40000 livres, pour fonder dans l'Univer-
fité deux Chaires de Philofophie , mais d'une Pht-
lofophie loyale. Chrétienne, morale 6c civile, qui
n'ambitionne pas fourdement les honneurs & les
dignités (qu'elle méprife tout haut, qui ne prodigua
pas les injures en prêchant la patience Ei.[a chanté.
qui enfin ne fubllitue pas le iadotag« humain à U
Je lègue aux Direéleurs de l'Opéra de Paris (ou-
t» 1m aitçniioat il iH u&ecIUm du Théâtre qufl *
DoiiîHihvGoogle
l6 Dernitr Tejlamtnt
i'gvoit mont^ prit de GenEve ; mail foiu la con^
ditiOB expredè qu'ils ne feront )amaii tcptéfcntei
autune de mes pièces lyriques. Ces fottei Ai poè-
mes font des enfans dirgraciéi , que je réduis i leur
légitime. Ils n'ont pas fait fortune dans le monde
au gté de mes dcfirs ; mais ouand on eft chargi
d'une grande famille , il eft difficile de donner i
tous lei fiens une éducation également foign^e.
J'iii cherché dans mes Drames à me rendre plu.
igal que Corneille, moins doucereux complimen-
teur que Rcciiie, & moins effrayant que Crébitlon.
Une dignité majeftueure , foutenue , ^toil mon but.
Mes pièces fugitives ont paru délicieufesi ma
Henriade a été trouvée Tubllme i & fi mes HiT-
toires ont été accufées de ^cher contre l'eiifle
vérité , c'cft que quelquefois la politique arritoit
la ferveur de mi main. On m'obfervoii fans celTe,
on m'interprétoit mal , 8c j'étais alTiégé d'alantiei.
D'ailleurs je n'aimoispas k compiler j' imaginer me
coflloil moins. Je prenois ma mémoire pour un
5uidesûr, & elle me trahiffoit involontairement.
e confultois les vr:ii - femblances , j'adhérois aux
conjeflurei ; & fi j'avois le malheur d'égarer mon
Le^eur, i'ivois du moins la confolation de le con-
duire par des routes femécs de fleurs odoriférantes.
Mes Écrits fur la J-hilorophie 6t la Géométrie ne
font <|ue tes cloutes d'un génie qui cherche 1 tout
apprendre, à tout pénétrer. Quelque bien organifé
qu on foil né , il eft impolTible d'être en même
temps Poëte admirable , Hîftorien fupérieur, Phi-
loruphe profond, & Mathématicien infaillible.
J'ai peu pardonné dans ma vie fans m'ètre venfcé,
& l'on réforme difficilement une vieille habitude.
Cependant par effort du ChtilUanirme j'oublie ma
haine contre M. le F. . . de P.. . & Ton dirertfrèr«
le Prélat du P. . . je leur laiffe à chacun, en frgne
de réconciliation , un Bréviaire Romain doré fut
tranche , une Imitation de J. C. en veij Trançoii,
un Pfautier latin, un exemplaire des Sermons du
P. Segault , & un Eccueil de-Mandemens deM. L...
ancien £vâqut'de Sens. C'efl dam le même efprit
que je lègue à M, F.,, intrépide Journalilfe, )e
DoiiîHihvGoonIc
de M. de Voltaîre. 17
' t'cft acharna contre moi comme ud dague aSamf.
11 m'a riiivi, guetté comme un efpion de police.
pour dévoiler met incurlîons dans les moi$bns
étrangères , & les acquêts doat \e voutoîs faire des
Sropres. 11 m'a pétiodlquement injurie, batTouii
échlr^, falomnléi 11 m'a mis en colère & hors ds
J'avoU beau afTeaer de l'indifférence, le dépit me
les traits de ma vengeance. Je me fuis vu tenti
cent fois d'employer une ample pacotille d'^trivie-
res , & de ehoifir pour exécuteur de mes dernières
volontés, l'homme de Paris qui auroit le bras le
plus fort; mais mon indignation 's 'eft rHiofée fvir
ion marc. Je vois les choCes avec pUis de fang-froid,
& j ai fait mes efforts pour oublier les btefliires que-
m'a fail ce dangereux Ex-jéfuite, qui pouvoit
mieux employer fes talens. Mon deflein éloit de
lui Uifler Us Mémoires anciens de la République
des Lettres ; miis j'ai fongé que la plupart des
Auteurs étoient des Sceptiques, qui n'étaient at-
tètés, ni par le frein de la lelijjion, ni par celui du
Mémoriaux fur la vie du Roi Stanilîai. Il en fera
fiéreux Prince étoil parrain. Il lui i
bonté ptufieuis difgraces ; & en prévenant la chute
des Feuilles , il a conliimé que beaucoup de chofes
ici-bas le font iiar compère ^ comère. Le légataire
aura foin d'enrichir la compilation de fes produc-
tions poétiques en l'honneur du Monarque", aflâi-
fonnées de pieiiCes méditations fur la morale & le
' maintien des bonnes mosurs. Je ne veux i>as cepen-
dant qii'il Tafle mon oraifon funèbre , mais qu'A en
lailTe \i foin à M. l'Abbé de la B... que (e prie de
ne pas s'en acquitter (acitenwnt , lacita nunie.
Abraham C...a voulu ifi'écorcher ; j'ai rogné
fa griffe pefante , & je l'ai payé comptant. Pea "^
pourrois dire autant Je G... de N... de P... &
d'autres infeftes venimeux & mordicans, on d«
pieux fanatiq:iei ^ui attaquoient ma doârine par
vanité. m'efHeuroient la peau par ignorance : je
leur laiffe cependant fans rancune Ia.bibliothàque
DoiiîHihvGoogle
i8 Dtrnîer Ttftamem
bleue toute complette, pour alimenter leurf fcien-
tifiques fp^ciilations & leurs filblimes connoiflânce*
<ja«s le vuide Se le galimatiai.
Si Jo... inciCTitiement Libraire i Rouen, Ec
Tr... ancien Violon ji l'Opéra , ne font pas mort»
de misère ou autrement, je leur UilTe à chacun une
fenlion viagère de ;oo livres hypoihéqufe Tpécia-
imenl fui Tes billets de banque qui me font reflet
après le ryftème. Si on les paye , ils en toucheront
les arrérages fur les quît»ntes & pac les mains de
M. M. . .précédemment Xvocal aii Parlement. Je
lailTe aulfî ;ooo livres de rente Cur l'Hôpital de la
Grave à FI... & à chaque Colporteur de lirrei
Sue i'ai fait mettre à Bicitre , pour avoir dillribui
JUS le manteau des ouvrages qui me blelToientou
me ridieulifojent, C'étoit un abus de mon crédit,
H tailTe à mon ancien ami M. Tb... une rente
viagère de ;ooo livres Tur tes poftes ; it a éti cbnf-
tamment mon apologide , mon difltibulfeur & mon
répertoire. Je lui donne aufli mon BuAe en terre
, pour me rappeler fans celTe à fon heurenfe
de Politique & de Géométrie , pour les réformer
& en faite un fijpplément au DiAionnaire encyclo-
pédique , lajfqu'on le réduira en trois volumes.
de M. le Maréchal de Br. . . feroit plus curieux &
plus amufant., fi ce ce brave Guerrier defcendoit
lufques A en donner un de fa faç^n. Je UiiTe à mon
ancien ami ft patron M. Da . . . mes dou^e lunettei
d'approche , que j'ai fait venir de difféiens pays,
mesthélefcopes, microfcopes & mes prîfmes, avec
trois Traités que j'ai Faits fur le doute, fur l'optique
& fur les négociations, lorfque je vifois à ftre
traité comme M. Prier ; il a conSamment , en bon
ami , dïlTimulé ou pallié mes torts , au point de (e
faire foupçonnet , à Tes propres dépens , de me
Je prie M. le Maréchal de Ri... qui m'atoujourJ
aimé 8c protégé^ , d'agréer de ma part , les Arrêts
de l'Amour & les Commentaires de Céfar, que j'ai
traduils & mis en vers , avec un Commentaire i
DoiiîHihvGoonIc
it M. Je VoUairt. 19
^Je 1uS« i M. de L. . . ma gardc-nibe toute e»
riere ; il s'eft montré jaloui de fe parer de mes
. dépouilles : il n'eft pas en mon pouvoii de [ni
laiuêr les rpicituelles ; mais je lui abandonne les
tempoielles , Se je fouhaite qu'en, les décompo-
fant il (ire aulTi bon parti des unes qu'il «uroit pu
(aire des autres.
Je lailTe i M. C . . . L. . . & le L. . . mes fujet*
de Pièces efquilTées. J'en ai d'Anglais, d'Efpagnols.
d'Indiens , de Chinois , & de tous les pays du monde
anclen&nou - ■ ■■ *
1 coloris
. ... ..espay
eau. Je leur tèsue aulli mes palettes,
e voudrois pouvoir leur léguer
Je laiflei M. l'Abbé j... mon écriloîre d'argent
religieux qu'il en fera , il les purifie de l'ufage
profane auquel je tes ivois conlacrées : on ne le*
■a plus
■efesm
Je IcgitS k M. l'Abbé A. . . Ex-jéfuite & mon fidè-
le commenfai , la vie de Saint Patrice , Patriarche
d'Irlande, la vie de Saint Ignace de Loyola, & del
. Généraux de fon Ordre , Ta vie des Saints de Ri-
* badeneira, Se généralement tout cequis'eflimpiim^
depuis vingt ans pour ou contre la Société de Jefus.
Ce legs volumineux l'alTiiietticaàlouerdesgtenien
jmmenfes ; & pour l'aider dans cette dépenfe , je
lui donne dauu aftions de la Compagnie des Indes,
magnie. La
t s'égajrer. Le Cardinal de
{llcheliru fe déridait avec de jeunes cbals : moins
occupé que ce Minière , mais aiec des goûts plus
humains , je trou vois mes ilélaiTemens avec un Ex-
jéfiiite qui n'avoit pas confulté fa votation.en s'in-
troduifant, dès l'âge te plus tendre , dans un Ordre
dont l'efprit & la finelfe étoient la bafe.
Les lettres milTives que j'ai écrites & refueS(
formeroient plu; de mille volumes. Quelle ample
moilfon pour les Libraires alFamés & efcrocs ! Je
prie M. A ... de les relire toutes pour s'amufer,
& de jeter au feu celles où l'on voit tranf^îrerle
■noindte foupçonde galanterie ou d'îndévolion. Je
ne veuxpas qu'on voie que mes Cublimes recherches
À3.Dk les iQres fe loutnallëni au ciel d'un lit. Les
,G(Hinlc
30 Dernier Tefiament
tendres commerces que j'ai pu entrelt
eu pour ob)et que d'^leArifer la matière, par le
rappiochement Sf 1i conun uni cation des elprits.
Mon rang, par une fermentation continuelle , a pu
fourreau n'éroit pas aflez dpaïs pour foutenir impu-
nément la chaleur de la lame i ta délicatelTe, la railon,
la fobriéti ont éli mes premiers Médecins & me»
ftlutalres préfervatifs.,
L'Imprimerie eft une erpèce de marché public,
où chacun apporte les denrées de fon rii , ou les
naichandires qu'il i achetées & payées par la peine
de les lire. L'on la'f accufé quelquefois d'avoir
introduit des richeliTes toaneères dans cette foire ;
mais l'imputation étoit in)uue. Les (ujers que j'ai
de nouveauté , qu'ils pouvoient'paffer pour des ta-
bleaux originaux. C'éloit au moms des propos naif-
fans , dont la libre di(po(itlon devoîl m'ètre per-
mife , jurqu'à une certaine concurrence. Mes pein-
tures étaient toajours vi^es & brillantes ; mais le
verni) qui les couvrait n'a îamals été alTez fort pour
ea écarter les mouches qui s'y attachoient dans la
vuedeletfalir.
JelailTe au célibre M. T... un grandfond d'ef-
time , pour le dédommager en partie de celle que
fes rivaux ont l'injnllice de payer. L'on en veut
(aire une dette de (a fucceilior , & on l'acquitter»
avec plailir quand il ne fera plus d'omhiage par foa
mérite & fon favoir. '
• JelépueàM. de la B... mes notes fur leimen-
Ibneei imprimés ; il y trouvera quantité d'extraîtt
■de les ouvrages, & des preuves de ma jufte indî-
■gnation contre Tes infidélités à mon égard.
Le ciel a femblé former le nom de R. .. pour
exercer ma parienc:e ou mon impatience ; l'ancien
a été mon fléau ; le moderne m'a défolé ; mais l'ap-
Î roche de ma mort produit indulgence. Je lègue i
, J. R . . . génie élevé & PhilofopTie indéchiffrable ,
mes phitires , mes liqueurs, mes ingrédiens, mes
alambics , mes cornues , & l'univerfalité de ma
Pharmacopée. Son vermsdifttlé.fondj&amalgamj
avec le mien , ne feroit qu'acquérir un éclat éblouif-
ù,at, qui aurait un noureau mérite entre fes maiiiti
■,G(H1nlc
de M, Je Voltaire, j i
Cet induit Teiviroit à couvrit les rvltèmei , les pa-
radoxes , le: faiiflbs fp^calationi & les Snionf^
(piences qu'on peut hafarder avec haidielTe. En
employant ce fecret avec art , l'on ttoiiveroit plus
sûrement le moyen d'inflroite la jeurefie , d'atten-
drie les femmes , & de f^dulre des pror^ljtes. C'eft
toujours faire un bon tôle que de le faire des par-
tifans , Se d'être cite. L'enve'oppe y contribue plui
Qu'on ne penfe. L'on cherche ptui à s'amufet qii'i
t'InlWture.
Je lègue à Mademoifelle Co aujourd'hui
Madame Du mon Hiflorre Cridque & met
eorreflrons de louj les Poètes Fcanfoii, depui*
Louis le Gros iufqu'aujourd'hui. J'y -joins des no-
tes l'aria harbariede leur langue, & fur la compli-
cation de Uuri idées. Cet ouvrage eR confidérable,
■" ' endra bien p?r le fecours des fouf cri priori.
de l'obrcurité , qui l'a dotée i mais Ton grand-oncle
en a fourni les fonds, & a payé après fa mort let
dépens de l'emploi. Le pcéfent que ic lui fais fe
mariera naturellement avec l'édiiion de Corneille,
Si comporera une bibliothèque auITi agréable qu'u-
tile. JedevoisauPire du Théâtre une bonne redin-
gote , puifque je trouots Tes habits.
J'avois un frire dont la t£te étoit prefque auffi
cfFetïefceote en ptofe, que la mienne l'étoil en
Têts , 5l notre nom poiivoit fe rendre également
fameuï. Il étincelloit d'efprir, & on le foup^onnoit
d'jêtre véhémentement Janfénifte. Dieu en a iifpki
' dans le temps où il auroit pu parvenir à Jtre un de*
Patriarches de fon Ordre. Je le regrette encore i
mais il me relie d'autres pareni honorables , à qui
je dois donner des marques d'une jufle amitié.
JetaiireàMadameD...man;ece, pacformede
prélegs, tous mes manufcrics, dont, avec un bon
elprit , elle peut tirer un grand avanuge. Je Hiiviie
ifaire un triage, 8t à |eter au feu tout ce qui (e
teffent du libertinage , d'un efprit jeune & des va-
peurs d'une philorophie anti-chétienne. J'ai quel-
quefois imitéHomère jurque dans fei rêveries. Elis
trouvera det matériaux fur toutes fortes de fujets.
Lr mine eft abondantCi & sijciie i'iae (ouiliét>
,G(Hinlc
3 1 Dernier Tefiament
BOUT ftpaierle métal d'ivec l'altiage. Lts eontr»-
bsndieri , les faux-faunîers di la Littérature feront
parottre en contrebande. Tous mon nom , des *olu-
nics fréqaensd'lnfsnlies, qu'ils intilaleiont Œuvres
Tefthanii. Les Libraires imagineront cent fourbe-
'■Es pour furprendre la crédulité du public , & m"~
prétendu portefeuille fera plus long a vuider que le
cheval de Troye. L'on me voloit pendant ma vie,
& l'on me votera après ma mort, parce qu'on me
croit meilleur â voler qu'on autre i & c'ell ce que
ceux qui me volent ne peuvent jamais fe perfùader.
Mon expérience m'a inftruit. L'on me déguifera
encore fous cent frontifpicesdifférens.rinvite donc
ma nieie i h précautiojmer contre ces attentat! ft
ma réputation, & i'prévenir le publîc, par la voie
^Ileac^oTderafa^onfiancTexdiîlive! Je rexhoîfe
i ménagei les Cr^er; ils font riches, & notre
correfpondance a été profitable aux uns fit aux au-
tret. Je dois cette marque de confiance à Madame
D... pour prix des foins qu'elle l'eft donnée auprii
de moi. Sa compUifance ne s'ell point démentie do
mesêoû"
■Ir
ittéi
nés bifarrer
ies ; elle :
i d^roffi
avec doue'
. de Ma-
dame Du.
!"qui
svoit befon
1 ; elle s't
il! tranf-
portée fréi
au gré de
mes délir
renoncé à
d0.ll
:e&fédent
aire, poui
■ me fui!
vre dans ™
nesi enfin. 1
ille a "été
mon fe-
bifide
nie & ma
confol...
t^n'A^nVi'
^ét^r,
t puis" u? de
lois au moii
innerdep
.s lui lailfe
late'dani
r la pot-
Znd'rfpr
itqvii
réfie
ta après m.
)i. Ce qui
= i'ai fait
pour elle}
Ufnu'i
kpréfent, ne rei
nplitpaslevMude
. . noifljnce
Je donne également à Madame de El... mon
autre nièce, tous les ptéfens'que j'ai re^us dei
Souverains de l'Europe, confiflant en diamani, ta-
batières, montres, portraits, fourrures, 8c autres
bijoux généralement quelconques. Si la mode des
chaînes d'or eût encore fubfitlé , j'en aurois plm
reçu que l'Aretin , & ce n'eût-pas été au même
titte. Ces offtandei n'étoient que le tribut de l'id-
«lîHihvGoonIc
de M. de Vollatre. 3^'
Biintîon, 8c elles doivent Être regardées Comme
des monumens honorables dans une famElle. Les
«rands hommes, les auteurs fut qui l'Europe en-
eerefiie fes regatds, ne fom pas connuj en Franco
dans le fiecle ou nous Tommes. C'elf un petit mou-
vement de vanité que j'ai acheté affez cher, pour
^u'il me foit permis de m'y livrer avec une forte àa
}e prie M. deFe... d'accepter mes itiiU de Ma-
thématique 8c mes globes , comme une marque de
fna confidération finguliere.
L'Abbé de Mi... monneveuadéiireçuenivin-
' cernent d'hoirie des étincelles de ma vivacité. Ja
lui avois promis mes lecherdKes fur les femmes
célèbres, depuis Eve jufques à la Prélidente Fillon»
J'y joins un fupjilémeiil un peu incomplet , jurqu'i
nos iours , oiï Madame G...en en vogue. Mon
légataire y trouvera des anecdotes pTaifantes fur la
Cour, ta Ville & les Filles de Théâtre. L'emploi
4e ces matériau» , ménages avec art & avec l'elprit
naturel qu'il a , pourra lui mériter l'honneur de ma
templaceri l'Académie Franfoife. Il a du (eu, des
connoillânces , & il a déjà fait fes preuves. Il a
pricbé , il a écrit avec éloge ; linli mes confrères
pourroient plui mal choifîr. Mon nom d'ailleurs
veut de mon héritier. 11 eft des mortt qu'oD ne
devtoitjamais oublier.
le lègueiM.D... mon petit-neveu, une terr»
' 1 fon choix dans ma fuccefTion , arec tentes fei dé-
pendanctc , outre ce que je lui ai déj! affuré i mai*
•'■' attache la condition qu'il n'habitera plus dans les
■ns qu'il Ipoflede du côté d'Ahbeville. Ce pays
m eR devenu odieux depuis qu'on y a^ubliquemenc
réduit encendretle pauvre M. de laB... qu'una
folie de jeunelTeavoitrcandaleuremenl égaré. Cette
E:
labrâlurede Michel Servet , factilié par lesTliéo-
IogiensGènois, à leur» dures & moderne s opinions.
Hommes infoeiabbles , Saint Paul vous a en vain
pttchi la charité , comine la première ie% vertut ;
vous aimez mieux TCS propres peaféci qu« TOt
^piei friiresi
J4 JDernîtr Tejîamtnt
Je n'ii jamaU éxi jilaui Je U fcicnce des Capu-
cint; & (i j'ai alpiriaui honneurs de leur paiernité
tcDiporelU, c'efl parce que jeies aj regardés comme-
det Ouvriers Apollotiques , dont l'utiJiré ell réelle
& journalière. Je lègue à ceui du pays ie Gei met
livres Hébreux , Syriaquet, Chaiilèens > Arabe*,'
ftlei grandi ci féaux damafquinés dontjemerervois
pour retrancher mes fcperfluités. Je n'ai point aro-'
tutionni la pauvreté féraphioue ) ainfî )e renonce i
ttre enterré dans l'habit de l'Ordre , quoique plu-
fieursgrands hommes aient eu cette pieufe vanité.
Sur le Aitplus de mes biens , j'inRitue mes deux
niecn Ec mon neveu , mes légataires univerfels par
portions égales. Je^'en rapporte i leur prudence
fur la fixation du nombre des meffes 6t des prière»
<iu'i!s feront dire à mon intention. J'erpére que
leur eénétofité contribuera à me rétablir dans l'ef-
prit des Moines, dont on fait que j'ai toujours haï
tes uns. Se méptifé les autres. J'ignore pOLirquoi on
Jes a furnommés Gcm de main-morii i c'ell fans
^ule une ironie , puifqu'il eli évident que la leur
stoujouic été vivante Se iftive pour la recette.
J'tntendi que le préfent telbment foit noblement
infinué , poBr dédommager les Fermiers généraux
de ce que prefque tous mes ouvrages , imprïméf
hors du royaume , ont été introduits en France , Se
débités fous le manteau , comme marchandife d«
contrebande.
Mon intention étoit de nommer pour mon exéco-
teur teftimejitaire mon ilIuHre confrère M. le Car-
dinal de B..:ce Prélat refpeaable, amateur de*
benux artsi mais fon abfence m'engagea choifir le
Savant qui fera , tors de mon décès , Secrétaire de
f Académie Fran^oîTe. Je le prie d'agréer pour prix
de fa complaifance, mon gros diamant jaune : je le
tient d'une main précieille, & exercée par let gra-
ces dans let travaux d'Euclide.
Z
'efprit Se aufli eai que loriqu'en prenant mon
café, je diAribuoii des poires d'ingoifTe aux pye-
-, . .,_. . -ieilleHi. Je
îHinvGoOgIc
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Je M de Foltaire. 35
"77»'
SipU Al'OOBT DE VOI-TAIB.E.
H. Ji Voltalrt ialt parioimer lajalUàii de eu
A3e aujufit anprtfftnuat que U PutUe 4 toujours
iimoigni pour avoir fu Ourragu. Toia Iti graads ,
Homxur OUI ionniaa PuUic it, Tefianuo. ffits
par «ux-mîmii ou par d'aurro. M. dt Kohaitta
freuvi U combat du deux principes j & par l»
fapérioriti d'fi' lumiirei, par la lireti dcjon
goût, il a ajjignj deiplacti i toui les Auteurs
morts S- virons : ainfi d a jufiemeitt m4riti Im
qualité iminente d'IatroduStar îei Amia^edeuri,
OH dt Graad-Mailre dts Cirimoiùu du ParnaSt.
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