Skip to main content

Full text of "Description des tombeaux qui ont été découverts à Pompeï dans l'année 1812"

See other formats


DESCRIPTION 


DES 


TOMBEAUX    DE    POMPEI 


DESCRIPTION 

DES    TOMBEAUX 

QUI  ONT  ETE  DECOUVERTS  A  POMPEÏ 

DANS    l'année     i8i2. 

PAR     LE     CHEVALIER 

A.       L.       M     I     L     L     I     N 

JIEMBRE    DE    LA    LEGION    d'  HONNEUR    ET    DE    l'  INSTITUT 
IMPERIAL    DE    FRANCE  ,    MEMBRE    HONORAIRE    DE 

l'académie  royale  de  naples  etc. 

DEDIEE 

A    SA    MAJESTÉ 

LA  REINE  DES  DEUX   SICILES. 


NAPLES 

DE   L'IMPRIMERIE   ROYALE 

i8i3. 


Naples  23.  Mars  i8i3, 
A    SA    MAJESTÉ 

LA  REIXE  DES  DEUX    SICILES. 


TTSaS 


aille 


lorsque  Sa  Majesté  le  ROI  ^  repondant 
à  rappel  de  S.M.  l'Empereur^  Son  Auguste 
Frère  y  est  allé  cueillir  de  nouveaux  lau- 
riers. Pendant  que  Sa  valeur  brillante 
excitoit  r admiration  des  braves  ^  que  sa 
bonté  lui  assuroit  l'amour  de  Varmée , 
que  sa  loiauté  le  faisoit  respecter  des 
ennemis ,    et   que  son  humanité  lui  atti- 


voit    Vestlmc    du    monde  ^    vous   suppor- 
tiez les  fatigues  de   V administration  ,    et 
vous  avez  montre  quelle    est   la  puissan^ 
ce    de    la   grâce    et   de    la    raison.   Les 
fouilles    de    Ponipeï    ont    offert  à  Votre 
Majesté  un    agréable  et    noble    délasse- 
ment.   Docile    aux  désirs    de  son  aima- 
hle  Souveraine  ,   cette    terre   classique   a 
produit    des  monumens    importuns  ,   f  ai 
essayé   de   les  faire   connoitre  ^  et  Votre 
Majesté  a  daigné  agréer  Vhommage  de 
ma  description.   C'est   une   ancienne  cou- 
tume ,  particulière  à  Vltalie  ^    et  qui  re- 
monte aux  premiers  tems  de  sa  gloire  lit- 
téraire ^  de  célébrer  les  époques  mémora- 
bles ,  par  tous  les  genres  de  littérature .  On 
doit    à    cet  usage  la  publication  de  mo- 
numens   curieux  ,    et    de   pièces  intéres- 
santes qui  seroient   restés  ignorés .    Quel 
moment  plus  heureux  pouvois  je  choisir^ 
Madame^  pour  faire  paroitre  la  descri- 
ption des  monumens  qui  ont  été  découverts^ 
pendant   la   régence   de    Votre  Majesté  î 
Tout  le  royaume  semble  réuni  pour  célé- 
brer le  jour  de  la  naissance  de  ses  Souve- 


rains  hien  aimés.  La  jeunesse  Napolitaine^ 
à  la  voix  du  Monarque  qui  la  gouverne 
en  sage  et  qui  la  commande  en  héros  ^ 
est  animée  du  feu  qui  a  produit ,  dans 
ces  contrées  fameuses  ,  des  guerriers  si 
vantés.  Elle  suivra  bientôt  les  pas  dhm 
jeune  Achille ,  pourquoi  des  Ajax  et  des 
Diomedes  ne  sortiroient  ils  pas  de  ses  rangs. 
Tout  retentit  de  cris  d^allegresse  !  Per- 
mettez-moi ,  Madame  ,  dhinir  aussi  mes 
voeux  à  ceux  de  vos  sujets  fidèles .  Ils 
sont  liés  par  le  serment  et  le  devoir  5 
comme  ils  sont  attachés  par  l^amour  5  à 
votre  personne  sacrée  ^  je  suis  guidé  par 
la  reconnoissance .  Je  dois  aux  hontes 
du  Roi  5  Vaccueil  distingué  que  fai  reçu 
dans  ses  états  et  le  succès  de  mes  re- 
cherches .  Les  témoignages  d^ estime ,  dont 
il  mUa  honoré  ,  les  encourra gemens  flat- 
teurs que  votre  Majesté  a  daigné  me  don- 
ner ,  en  sont  déjà  la  recompense . 

J'ai  rhonneur  d'être  membre  de  Villu^ 
stre  Académie  royale  qui  succède  à  celle 
d^ Herculanum  ^  et  j^ai  cherché  à  m^ associer 
plus  intimement  à  ses  travaux ,  en  trai- 


tant  un  des  sujets  qui  sont  soumis  à  ses 
doctes  discussiojis  :  fai  voulu  laisser ,  dans 
un  royaume^  d'oïl  f  emporte  tant  de  sou- 
venirs 5  un  tribut  de  mes  foihles  talens . 
Si  mon  hommage  est  agreahle  à  votre 
Majesté  je  retourne  en  France  5  avec  plus 
de  désir  de  terminer  les  ouvrages  que  j^ai 
préparés  :  puissent  ils  m^assurer  toujours 
son  Auguste  protection. 
Je  suis  avec  respect 


1 1 6aaaivi6 
De  Votre  Majesté 


Le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur , 
Le  Chevalier  A.   L.  Millin. 


î 
DESCRIPTION 

DES  TOMBEAUX 

QUI  ONT  ÉTÉ  DECOUVERTS  A  POMPEI 
DANS  l'  année  1812. 


xL  n'y  a  point  d'événement  plus  re- 
marquable dans  r  histoire  des  grandes 
révolutions  du  globe  et  des  phénomè- 
nes physiques  ,  dont  les  hommes  ont 
pu  conserver  la  mémoire  que  la  destru- 
ction d'Herculanum  et  de  Ponipeï  ;  il 
n'y  a  pas  non  plus  d'époque  plus  im- 
portante 5  pour  Tetude  de  l'antiquité  , 
que  celle  de  la  résurrection  de  ces  deux 
villes.  Après  avoir  été  ensevelies  5  pen- 
dant dix  sept  siècles  ,  elles  reparoissent; 
comme  si  elles  avoient  été  enveloppées 
dans  la  lave  ou  conservées  sous  la  cen- 
dre 5  pour  nous  apprendre  un  jour  à 
mieux  connoitre  l'architecture  des  an- 
ciens ,  à  nous  former  une  idée  plus 
exacte  de  leurs  progrés  dans  lapeintu- 

I 


2 

re  et  nous  révéler  enfin  des  particu- 
larités relatives  à  leurs  usages  publics 
et  à  leurs  habitudes  privées.  L'amélio- 
ration du  goût,  pour  la  décoration  des 
maisons  et  la  fabrication  des  meubles  , 
a  été  un  des  heureux  résultats  de  cette 
découverte  et  on  ne  peut  meconnoitre 
Tinfluence  qu'elle  a  exercée  ,  dans  tout 
ce  qui  tient  à  Tart  du  dessin,  (i)  On 
doit  donc  la  plus  vive  reconnoissance 
aux  Souverains  qui  ont  entrepris  et 
continué  ces  fouilles  ,  et  à  l'ilîustre 
Académie  qui  a  donné  de  savantes  ex- 
plications des  précieux  monumens  qu'el» 
les  ont  produits. 

(i)  Si  Ton  veut  comparer  la  forme  des  meubles, 
les  bordures  des  tentures  et  des  tapis  ,  les  broderies 
des  vetemens  et  des  dentelles  ,  les  peintures  des  por- 
celaines ,  les  gi-avures  des  cristaux ,  les  ciselures  des 
vases  de  bronze  ou  d'argent  ,  avec  les  ouvrages  du 
même  genre  qui  ont  été  faits  avant  la  dernière  moi* 
tié  du  siècle  qui  vient  de  s'écouler  ,  on  suit  aisément 
les  progrès  de  la  révolution  que  la  publication  des 
monumens  d' Herculanum  et  de  Pompcï ,  et  celle  des 
peintures  des  vases  ,  appelles  étrusques  ,  ont  opérée 
daas  le  goût  et  le  style  du  dessin  . 


5 

Les  troubles  civils  avoient  fait  inter^ 
rompre  les  fouilles  de  Pompeï,  elles  ont 
été  reprises  avec  une  nouvelle  activité. 
On  veut  aujourdhui  connoitre  reten- 
due de  la  ville  5  avant  d'entreprendre  de 
la  découvrir  entièrement,  et  on  a  com- 
mencé à  creuser  autour  de  ses  murail- 
les. Quand  son  enceinte  sera  dégagée 
on  suivra  ses  différentes  rues ,  et  on 
pénétrera  dans  les  maisons  dont  elles 
sont  bordées  ;  il  restera  encore  à  ouvrir 
les  chemins  qui  conduisoient  aux  por- 
tes ^  pour  offrir  à  la  curiosité  les  mai- 
sons de  campagne  qui  etoient  hors  de 
la  ville  5  et  reproduire  les  tombeaux 
que  les  anciens  placoient  ordinairement 
sur  le  bord  des  routes  (2).   Cette   der- 


(-2)  Ceux  que  Ton  rencontre  sur  la  via  Appîa 
depuis  Rome  jusqu'à  Naples  attestent  encore  au  voya- 
geur Tantiquité  de  cet  usage  .  M.  LaLruzzi  a  de&siné 
plusieurs  de  ces  tomteaux ,  et  en  a  publié  an  recueil» 
La  coutume  de  placer  ainsi  les  tombeaux  avoit  uno 
origine  morale ,  celle  de  rappeller  Tidëe  de  la  fi-agilité  de 
la  vie ,  et  le  souvenir  de  la  mort .  Sic  Monumenta  quae 
în  Sepulchreis  :    et  ideo  secunduni  viam  j    quo  praçtç-^ 


nîere  opération  avoit  été  commencée 
sous  Tancien  gouvernement  ^  et  on  lui 
devoit  la  découverte  de  la  grande  por- 
te de  Pompeï  et  d'une  partie  de  la  vo- 
ie consulaire  par  la  quelle  on  y  arri- 
voit  de  Naples  et  de  Rome.  Ces  fouilles 
avoient  déjà  fait  paroi tre  la  belle  mai- 
son de  Campagne  de  M.  Arrius  Diome- 
des  5  et  les  gracieux  hémicycles  (3)  qui 
ont  été  imités  si  heureusement  dans  nos 
jardins  (4)  .  Les  fragmens  précieux  de 
chapiteaux  ,  de  frises ,  de  corniches  qui 
ont  été  découverts  annoncent  qu'il  y 
avoit  sur  cette  route  des  aedicules  (5) 
et  des  tombeaux  richement  décorés  :  on 
y  remarque  en  effet  celui  de  la  famille 
Arria  et  celui  de  la  prêtresse  Mammia 
dans  le  lieu  qu'un  décret  des  Decurions 

reunteis  adnoneant  ,    et  se  fuisse  et  illos  esse  morta^ 
leis .  Varro  de  Ling.  Latin.  V.  6. 

(3)  Bancs  demi-circulaires. 

(4)  Tels  sont  ceux  des  gazons  du  jardin  dans  le 
palais  de  Tuileries. 

(5)  Des  petits  temples. 


5 

lui  avoit  assigné  pour  sa  sépulture  (6), 
Ces  découvertes  en  promettoient  de  nou- 
yelles  ,  et  celle  des  tombeaux  dont  je 
donne  la  description  est  le  résultat  des 
fouilles,  qui  se  poursuivent  avec  autant 
d'intelligence  que  de  zèle,  et  d'activité. 
Les  premiers  ouvriers  continuent  un  tra- 
vail nécessaire  à  leur  existence  ,  mais 
on  vient  de  leur  adjoindre  deux  cent 
sapeurs  dont  la  vigueur  reçoit  une  nou- 
velle application:  après  avoir  percé  tant 
de  mines,  et  ouvert  tant  de  tranchées 
pour  forcer  des  villes  à  se  rendre  ,  ces 
braves  soldats  s'étonnent  d'en  voir  sortir 
une  des  cendres  dont  ils  la  dégagent. 

Les  deux  premiers  tombeaux  que  je 
décris ,  se  touchent ,  et  n'ont  d'autre 
séparation  qu'un  mur  mitojen  :^  la  plan- 
che première  en  représente  le  plan,  la 
coupe  et  l'ensemble.    M.  Catel  (y)  les 

(6)  Voyez  les  Descriptions  de  Pompeï  par  MM. 
Gaelano  d'Ancora  ,  et  Rouianelli. 

(7)  M.  François    Catel  ,    peintre    liaLile ,    né    à 
Berlin  ,  m'  a  accompagné  dans  mes  voyages  en  Cala- 


6 

a  dessines  de  rdevation  que  les  cen- 
dres 5  qu'on  rejette  sur  l'autre  cote  de  la 
route  on  produite;  on  peut  prendre  ainsi 
une  idée  de  la  profondeur  de  la  fouille^* 
On  distingue  pi.  I.  les  sinuosités  du  sen- 
tier par  lequel  les  travailleurs  portent  les 
cendres.  Les  regards  de  celui  qui  est 
place  sur  cette  hauteur  parcourent  la 
voie  consulaire  ^  que  le  char  de  Ciceron 
a  du  fouler  tant  de  fois  5  quand  il  etoit 
à  son  Pompe ianum  ;  ils  embrassent  les 
curieux  inonumens  que  je  viens  d'indi- 
quer; ils  s'arrêtent  avec  tristesse  sur  les 
torrens  de  cendre  dont  une  ville  en- 
tière a  été  couverte.  L'imagination  se  re- 
trace tous  les  desastres  qui  eurent  lieu 
dans  cette  fatale  journée  et  ce  souvenir 
porte  l'ame  à  la  mélancolie  y  mais  elle 

bre  5  sur  les  côtes ,  dans  les  golplies  ,  et  les  isles  de- 
puis le  cap  Misene  jusqu'à  Reggio  j  et  dans  une  par- 
tie des  Abruzzes  ,  et  au  lac  Fucin  .  Pai  un  riche  por- 
tefeuille composé  des  dessins  qu'  il  a  faits  ,  et  que  je 
me  propose  de  publier.  Cet  estimable  artiste  est  à  pré- 
sent à  Rome,  où  il  s'oceupe  à  terminer  des  ouvrages 
qui  le  mettront  au  rang  des  plus  célèbres  paysagistes- 


7 
en  est  agréablement  distraite  par  la  vue 

des  pampres  suspendus  à  de  sveltes  et 
elei2;ants  peupliers  ,  et  qui  forment  d'a- 
greables  guirlandes  .  Les  ceps  vigoureux^ 
doiit  Factivité  des  sels  volcaniques  fa- 
vorise le  développement  ,  mettent  à 
l'abri  des  rayons  du  soleil  et  on  jouit 
des  charmes  toujours  nouveaux  que  pré- 
sente Taspect  du  golphe  de  Naples ,  de- 
puis le  délicieux  promontoire  des  Si- 
rènes jusqu'au  cap  auquel  le  trompette 
d'AEne'e  a  laissé  son  nom. 

Le  premier  de  ces  tombeaux  pi.  L  n.  i 
est  carré  il  est  entouré  d'un  mur  et  déco- 
ré de  bas  reliefs  pi.  IIL  n.  i.  et  2.,  la  porte 
de  l'enceinte  est  élevée  par  le  trottoir  et 
par  un  haut  gradin  au  dessus  de  la  voi^ 
publique;  elle  est  ornée  d'un  bas  relief 
pi.  IIL  n.  5.  Le  mur  est  couvert  d'un  stuc 
semblable  à  celui  dont  la  plupart  dc^ 
monumens  de  Pompeï  sont  si  agréable- 
ment crépis  ^  la  Plinthe  est  peinte  en 
rouge,  le  stuc,  sur  le  reste  de  la  Surface 
est  moulé  en  compartimens  qui  donnent 
au  mur  l'apparence  d'avoir  été  bâti  avec 


8 

des  pierres  de  tailles.  Les  lignes  qui 
marquent  les  séparations  sont  triples  et 
Fornement  qui  règne  à  la  partie  supé- 
rieure forme  une   frise. 

L'entrée  n*est  pas  derrière  comme 
celle  du  tombeau  voisin  pi  L  n.  2.  4-  ^t 
selon  l'usage  ordinaire;  elle  est  sur  le 
cote  pi.  L  n.  3.  On  y  monte  par  deux 
marches  et  on  pénètre  dans  une  petite 
pièce  carrée.  On  remarque  dans  les  trois 
murs  qui  sont  en  face  et  sur  les  cotes 
quatre  niches  destinées  a  recevoir  des 
urnes  ;  il  n'j  a  que  deux  niches  du  cote 
de  l'entrée  ,  parce  que  la  porte,  quoi- 
qu'elle soit  très  petite  j  occupe  la  place 
de  celles  du  milieu.  Au  centre  de  la  pièce 
n.  I.  3.  est  un  pilier  carré  qui  soutient  le 
toit  de  l'édifice  ,  ce  pilier  est  percé  en 
arcades  sur  chaque  face  et  on  vojoit  , 
par  ces  ouvertures,  l'urne  principale  qui 
etoit  au  milieu.  Toutes  les  urnes  ont  éiè 
enlevées  ^  on  a  seulement  trouvé  dans 
les  niches  ,  où  elles  dévoient  être  pla- 
cées, des  fragmens  d'os  brûlés,  et  une 
petite  lampe  de  terre  cuite.  Il  j  a  plu- 


9 

sieurs  preuves,  d'une  pareille  spoliation 

clans  quelques  tombeaux  5  et  quelques 
maisons  de  Pompeï. 

Le  toit  est  comjiose'  de  pierres  pla- 
tes ,  posées  Tune  sur  l'autre  ,  et  gra- 
duellement plus  étroites.  Leur  ensem- 
ble forme  un  escalier  de  trois  mar- 
ches, sur  chaque  face^  la  troisième  mar- 
che porte  une  base  carrée  un  peu  éle- 
vée ,  sur  la  quelle  il  y  avoit  probable- 
ment une  statue.  On  découvre  encore, 
sur  cette  base  ,  quelques  vestiges  des 
fîiîures  de  stuc  dont  elle  étoit  ornée. 
Les  traits  de  jambes  d'hommes  et  d'a- 
nimaux qui  subsitent  annoncent  qu'on 
y  avoit  représenté  une  chasse,  à  peu-près 
du  même  genre  que  celle  dont  je  don- 
ne le  dessin  pi.  III.  n.  2. 

Les  bas  reliefs  qui  décorent  ces  monu- 
ments pi.  II.  et  m.  doivent  a  présent 
nous  occuper.  Celui  qui  est  sur  la  face 
même  du  tombeau  carré  est  partagé  en 
deux  plans  ^  le  premier  pi.  III.  n.  i.  ré- 
présente des  combats  de  gladiateurs  ;  le 
second,  n.  2.  un  autre  combat  aussi  bar- 


10 

bare ,  auquel  on  donnoit  le  nom  de 
chasse  (S^.,  par  ce  qu'il  avoit  lieu  entre 
des  hommes  et  des  animaux. 

Le  premier  bas  relief  n.  i.  est  compo- 
se de  douze  figures  distribue'es  en  six 
paires  (9).  Celui  qui  avoit  la  direction 
des  jeux  devoit  appareiller  les  combat- 
tans,  d'après  la  considération  de  leur  âge, 
de  leurs  forces  5  et  de  leur  habileté  5 
chaque  gladiateur  a  en  effet  ici  son  ad- 
versaire .  Au  dessus  de  chaque  paire 
on  lit  des  inscriptions  qui  ont  été  tra- 
ce'es  avec  un  pinceau  ,  selon  l'usage 
dont  on  rémarque  beaucoup  d'autres 
exemples  à  Pompeï  (10)5  et  qui  subsiste 

(g)     Vcnatio  . 

(9)  Varia.  Les  Auteurs  ont  toujoui's  employé  ce 
mot  pour  désigner  deux  adversaires  .  Cladiatoruin 
par  nohilissimurn  inducitur.  Cicero  de  optcni.  gêner, 
orat.  c.  6. 

(10)  Monseigneur  Rosini  Evêque  de  Pouzzoles, 
et  président  de  la  classe  d'  histoire  et  d'Antiquités  de 
FAcadeniie  Roj'ale  a  fait  figurer  les  plus  importantes 
avec  une  extrême  fidélité  et  les  a  savament  expliquées, 
dans  la  première  partie  de  la  belle  dissertation  qui 
sert    d'  introduction    à  rédition  des  manuscrits  d'Hex- 


II 

encore  à  Napîes  (ii).  Les  inscriptions 
de  Pompeï  sont  quelquefois  tracées 
avec  du  noir  5  souvent  aussi  avec  du 
rouge  :  ici  les  lettres  sont  noires. 

Tous  les  gladiateurs  sont  à  pied  ,  à 
l'exception  de  la  première  paire  qui  est 
à  cheval.  Ciceron  (12)  fait  mention  de 
ces  gladiateurs  5  et  Isidore  leur  assigne 
le  premier  rang  (i5).   Juste  Lipse  (i4) 

culanum  .  Dissertatlo  Isagogica  ad  Herculanenslam 
voluminiim  cxplanationem  ^  lygj.fol.  Ouvrage  qui  fait 
tant  admirer  Té  tendue  de  son  ei'udition ,  et  la  solidité 
de  sa  critique:  on  éprouve  de  justes  regi-ets  qu'il  n'en 
ait  pas  encore  donné  la  seconde  partie. 

(11)  Les  prohibitions,  les  permissions  ,  les  avis 
de  toute  espèce  étoient ,  sous  l'ancien  gouvei'nement , 
traces  sur  les  murs,  en  lettres  cursives,  avec  un  pinceau 
et  en  couleur  rouge  .  On  en  trouA'e  encore  plusieurs 
qui  sont  absolument  dans  le  genre  des  inscriptions  de 
Pompeï  . 

(l'i)  Qui  tamen  qiio  tcmpore  conspeclus  crat ,  non 
modo  gUidiatores  ^  sed  equi  ipsL  gladlatoniin  repentinis 
sibilis  extimescebant .   Ciger.  pro  Sextio  c.  5g. 

(i3)  Gênera  gladiatorum  plura^  quorum  primum 
ludus  equcstrium  .   Isidor.   Etyniol.  XVIII  ,   53. 

(i4)     Suturnal  Sermon.   II  ,    ii. 


12 

et  Ferrarius  (i5)  prétendent  qu'on  les 
appelîoit  Aîidahatae  (i6).  Cependant  ^ 
malgré  la  torture  que  ces  auteurs  ont 
donnée  aux  passages  des  anciens  dont 
ils  s'appuient,  ils  n'en  citent  aucun  qui 
confirme  ce  qu'ils  avancent.  Il  y  avoit 
en  effet  des  gladiateurs  nommés  Anda- 
hatae  :  ils  portoient  des  casques  sans 
ouvertures  dont  leur  tête  étoit  complè- 
tement   couverte  (17)    et    ils    combat-^ 

(  1 5)  De  Gladiatorihus  in  Polen  Supplem.  ad  GrjET 
Thesaur.  p.  826. 

(16)  Ils  dérivent  ce  mot  du  grec  àtci^ilhui  monter. 
Il  est  vrai  que  le  mot  Andabata  ,  ou  Anahata  étoit 
en  usage  chez  les  Grecs  \  mais  il  designoit  un  guerrier 
qui  étoit  à  cheval  ou  dans  un  char,  ce  dernier  se  nom- 
moit  aussi  Parabata.  Les  Athéniens  élevèrent  un  autel 
à  Demetrius  Poliorcetes ,  sous  le  nom  de  Zeus  Cata- 
hâtes  ,  c'est  à  dire  Jupiter  descensor  dans  le  lieu  ou  ce 
prince  descendit  de  son  char  après  avoir  vaincu  les» 
ennemis  ;  mais  tout  cela  ne  prouve  pas  que  les  Ro-^ 
mains  donnassent  le  nom  ^ Andabatœ  aux  gladiateurs 
qui  comhattoient  à  cheval. 

(17)  Varron  avoit  composé  une  Satyre  sur  la 
folie  des  hommes  ,  et  leur  aveuglement  *  Elle  étoit 
intitulée  Andabatae  .  NoNirs  in  Luscios  II.  n.  5i3. 
en  rapporte  quelques  fragraens  . 


i5 

toient  les  uns  contre  les  antres  sans  se 
voir  réciproquement.  Ces  gladiateurs  dé- 
voient être  desespècci»  de  grotesques  d'un 
ordre  inférieur  aux  autres  (i8).  Leurs 
vaines  tentatives  pour  se  rencontrer,  leurs 
coups  perdus  dans  l'air  amusoient  les 
spectateurs  (19)  ;  aucun  auteur  ancien  ne 
dit  qu'ils  combatissent  a  clicval.  Si  cet 
usage  a  jamais  existé,  le  bas  relief  que  je 
décris  prouve  au  moins  qu'il  n'a  pas  été 
constant  dans  tous  les  tems  et  dans  tous 
les  lieux,  car  la  visière  du  casque  des  gla- 
diateurs, qui  sont  sous  nos  jeux,  ne  paroit 

(18)  Facciolati  dans  son  excellent  Dictionnaire 
IraJuit  seulement  le  mot  Andabata  par  ces  expressions 
combattente  alla  cîeca ,  c'est  à  dire  dans  le  language 
\iilgaire  français  combattant  à  V avevglete  ^  et  il  cite 
les  passages  des  auteurs  Latins  ,  ou  il  pn  est  question; 
puis ,  mais  en  s'appuyant  sur  l'autoriU;  seule  de  Juste 
Lipse  ,  il  ajoute  cette  explication  gladiateur  qui  com- 
bat à  clicUal  a\>ec  le  front  et  les  yeux  couverts.  Fer- 
rarius  n\i  fait  que  copier  Juste  Lipse. 

(19)  Il  existe  dans  nos  villages  de  France  un  jeu 
rruel ,  dans  lequel  des  hommes,  qui  ont  les  yeux  Lan- 
des et  la  main  arm^'c  d'un  fort  Laton  ,  cherchent  à 
frapper  un  malheureux  oiseau  ,  ou  un  pauvre  lièvre 
Suspendus  a  un  poteau. 


pas  même  fermée  :  la  manière  dont  l'un 
d'eux  est  tourné  pourroit  laisser  quelque 
doute  sur  ce  point  5  mais  le  visage  de 
l'autre  est  absolument  découvert. 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  réproduire 
le  mot  Andahatae  y  sur  lequel  nous  n'a- 
vons 5  dans  le  sens  qu'on  lui  a  donné  , 
aucun  témoignage  5  pour  savoir  comment 
on  nommoit  les  gladiateurs  a  cheval . 
Isidore  (20)  et  la  belle  inscription  qui  est 
sur  le  mur  extérieur  de  l'église  de  la  Tri- 
nité a  Vcnouse  (21)  nous  apprennent  po- 
sitivement   qu'on  les  appelloit  Equités. 

(20)  Dans  le  passage  cité  plus  haut  note  i3  il 
appelle  les  combats  de  gladiateurs  à  cheval  Ludus 
E<fuestnuni ,    et  non  pas  Ludus  Andabataruni  . 

(21)  C  est  une  pierre  tumulaire,  qui  contient  la 
liste  des  gladiateiu-s  qui  composoient  la  troupe  (  Fami- 
lial de  Salvius  Capiton.  Ils  y  sont  distribués  en  plusieurs 
classes  ,  parmi  lesquelles  est  celle  des  Equités.  Voyez 
pag.  19  note  35  ce  monument  a  été  publié  par  Fabret- 
Ti  Inscript,  domest.  cap.  L  n.  202  ,  et  réproduit  der- 
nièrement par  Monseigneur  Lupoli  dans  son  Iter 
\enus.  p.  33o.  Il  n'existe  plus  que  la  première  partie 
de  cette  inscription ,  car  j'ai  vainement  cherché  la 
seconde  à  la  place  que  Monseigneur  Lupoli  a  indiquée* 


i5 
Le    bas    relief   de  Pompeï    est  le  seul 
monument    que  je  connoisse  sur  lequel 
on  voye  des  gladiateurs  a  cheval. 

Ces  combattans  ont  des  lances  ^  ils  por- 
tent un  petit  bouclier  rond  Ç'j.2^^qui  con- 
\enoit  particulièrement  aux  gens  achevai^ 
parcequ'il  ètoit  plus  léger  que  le  scu- 
tum:  au  milieu  de  ce  bouclier  ^  qui  de- 
Yoit  être  de  cuir  ou  tissu  avec  du  bois 
flexible 5  et  recouvert  de  peau  y  est  un 
rond  de  métal ,  et  le  bord  en  est  égale- 
ment  garni.  Le  vêtement  de  ces  gla- 
diateurs est  léger  5  il  se  compose  seu- 
lement d'une  courte  tunique  et  d'une 
petite  Chlamjde  ,  les  bras  de  Tun  d'eux 
paroissent  couverts  de  bandes  de  métal , 
qui  sont  placées  de  manière  à  ne  point 
oter  à  rétoffe  ,  sur  laquelle  elles  sont 
fixées  5  la  possibilité  de  suivre  les  mou- 
vemens  que  le  désir  de  l'attaque  et  le 
besoin  de  la  défense  rendent  nécessai- 
res. On  rémarque  les  mêmes  bandes  à 
d'autres  figures  de  gladiateurs  ^  sur  ces 

(22)     Par  ma. 


iG 
bas    reliefs    et  sur    d'autres    monumôils 
que  j'aurai  occasion  de  citer. 

La  victoire  n'est  point  encore  décidée^ 
cependant  la  vivacité  impétueuse  de  ce- 
lui qui  a  le  bras  droit  levé  semble  la 
lui  assurer:  il  va  poursuivre  son  adver- 
saire dont  l'attitude  paroit  indiquer  qu'il 
veut  se  dérober  par  la  fuite  au  coup 
dont  il  est  menace. 

Au  dessus  de  chacun  des  combatlans 
est  une  inscription  (23)  ^  celle  qui  est  à 
gauche,  à  cote  du  gladiateur  qui  paroit 
près  de  sa  défaite  pi.  ÏII.  n.  i.  est  ainsi 
conçue  BEBRYX  lYL.  XY.  Y.  je  l'in- 
tcrprete  BEBRYX  IVUensis  XY.  YlclL 
Bebrjx  Frejulien  (  ou  Frioulien  )  a 
vaincu  quinze  fois. 

Bebrjx  est  un  nom  de  pays;  il  indi- 
que' la  Bebrjcie  contrée  célèbre  dans 
l'antique  histoire  de  l'Asie.  Amjcus  qui 
périt  sous  le  ceste  de  Pollux,  après 
l'avoir  osé  defîer  5  étoit  5  selon  les  poètes 

(23)  J"ai  pris  moi  même  des  calques  de  ces  in-«^ 
scriptions  ,  et  ces  calques  ont  tté  réduits  ayec  soiu  et 
avec  exactitude  siu-  le  dessin. 


^^7 
qui    ont   chante   rexpo'dition    des  xVrgo- 

iiaules  (2^)  5  roi  des  Bebrjciens.  Les 
liûbitans  de  cette  contrée  étoient  renom- 
mes pour  la  force  de  leur  corps  et  pour 
leur  adresse  dan:*  les  exercices  s^ymnas- 
tiques.  Le  gladiateur  ,  appelle  Lebrjx  ^ 
n'étoit  pourtant  pas  né  dans  la  Bel^rjxie, 
puisque  la  même  inscription  lui  assigne 
une  autre  patrie.  Peut  être  prenoit  il  ce 
nom  du  pajs  d*où  il  tiroit  son  origine , 
comme  font  encore  aujourd'liui  les  Jiom- 
mes  d'une  basse  condition  (sS)  et  les 
saltimbanques  (26).  Tous  les  gladiateurs 
appelles  Tliraccs  n'étoient  pas,  pour  cela^ 
nés  dans  laThrace,  on  les  nommoit  ainsi 
parce  qu'ils  portoient  un  petit  bouclier 
rond  (27)  et  une  epée  récourbée  (28) 
à  l'usage  des  Tliraces  :  il  en  étoit  de 
même  des  Mjrmillons  qu'  on  appelloit 

(^4)     Apollon.  Rhod.  Argonaut.  II  ,    3.  \ALEn. 
Flàcc.  Arg.  IV,  261  ,  9.90. 

(^5)     Lrs  laquais  s'a])p'llent  Champagne,  Berri,  ce. 
(^.G)     Le  Saxon  ,  le  Provençal ,  le  CalaLrois  etc. 
(9.^)      Par  ma. 
(a  8)     Ilurpé. 


i8 

raulois  (29)5  non  parce  qu'ils  venoient 
tous  des  gaules  ,  mais  parce  qu'ils  por- 
toient  une  armure  gauloise.  On  pourroit 
croire  que  les  gladiateurs  à  chew al  ^  équi- 
tés^ avoient  aussi  le  nom  de  Bebrjciens, 
à  cause  de  leurs  armure ,  dont  ce  monu- 
ment conserve  la  représentation  3  mais  le 
nom  denobills^  qui  est  celui  de  l'adver- 
saire de  Bebrjx  s'oppose  à  celte  expli- 
cation. Sans  aller  cliercher  si  loin  ,  nous 
avons  des  preuves  que  ce  nom  de  pajs 
étoit  devenu,  comme  tant  d'autres  (So), 
tin  nom  propre  3  l'Epitaphe  d'un  esclave, 
qui  se  lit  dans  un  nombreux  colombai- 
re  (3i)  de  la  voie  de  Praeneste  nous 
en  offre  un  exemple  (32). 

Les  lettres  IVL    qui    viennent    après 
me  paroissent  être  les  initiales  du   mot 


(29)  Mazocchi    in   Inscript,  mut  il.  Amphitheatr. 
Capuan.   IV  ,    ly. 

(30)  Il  y  a  en  France  des  gens  qui    s'appellent 
Bourguignon  ,  Lyonnois  ,  etc. 

(3i)     Tombeau  appelle  ainsi  a  cause  de  la  forme 
des  niches  ou  on  placoit  les  urnes. 

(32)    MuRATORi  MDGCLXXXIV.  4o. 


^9 

lYhiensis .   Ce  mot  semble    ne  pouvoir 

designer  qu'un  habitant  cfun  lieu  qui 
reconuoissoit  Jules  Caesar  pour  fonda- 
teur et  il  devoit  toujours  être  joint  au 
premier  nom  de  ce  lieu ,  car  sa,ns  cela, 
il  ne  peut  recevoir  d'application.  Aucun 
auteur  ne  produit  le  mot  JuUensis  em- 
ployé isolement;  je  crois  cependant  en 
avoir  trouvé  des  exemples  dans  les  in- 
scriptions. IMuratori  a  publié  (33)  des  ta- 
bles très  curieuses ,  à  cause  de  la  nomen- 
clature des  pays  d'où  venoient  les  soldats 
dont  les  noms  y  sont  inscrits:  on  y  lit 
le  mot  IVAN  peut  être  est  ce  le  même 
que  celui  lYLIA,  qui  est  sur  un  autre 
fragment,  que  le  savant  abbé  Marini  a 
donne  depuis  (34).  Il  pense  que  IVLIA 
peut  designer  le  JuUacum  des  Yibiens^ 
mais  puisque  nous  trouvons  dans  nos  in- 
scriptions les  mots  IVL  et  FOR  IVLI, 
mis  à  coté  l'un  de  l'autre  ,  ne  pouvons 

(33)  Id.  MDL,  5.  et  MCDLXXXIII ,  i3. 

(34)  Jtti  de  i  frutelU  Ar\^ali  p.  32 4-  il  a  aussi 
reproduit  avec  jdus  d'exactitude  ks  tables  qui  avoicnt 
été  publiées  par  Muratori. 


nonspas  conclure  que  la  ville  tte  Frejus^ 
ou  celle  de  Fiioul,  ont  été  quelques  fois 
désigne'es  }3ar  le  mot  lYLlA ,  et  ses  ha- 
bitans  appelle.?  IVLicnses  ^  sans  qu'on  fît 
précéder  ce  mot  de  celui  FORVIVI .  La 
manière  ,  dont  le  nom  du  pays  de  l'ad- 
versaire de  Eebrjx  est  écrit  me  paroit 
favorable  à  cette  explication . 

Les  lettres  XY.  Y.  doivent  désigner 
le  nombre  des  victoires  remportées  par 
Bebrjx.  Cette  formule  est  répétée  dans 
chaque  inscription  ^  et  j'y  ai  cherché 
vainement  une  autre  explicatioïi .  Si  on 
adopte  celle  ci  on  lèvera,  peut  être,  une 
grande  obscurité  dans  la  belle  inscri- 
ption de  Ycnouse  (35). 

(35)  Elle  est  partagée  en  plusieurs  divisions 
par  les  mots  Equités  ,  Traces  ,  Myrmillones  ,  Veilles , 
Oplomachi  ,  Samnites  ,  Retuirii  ,  Scissores  ,  GalU  , 
qui  désignent  les  différentes  classes  de  gladiateurs  de 
cette  trouppe.  Le  nom  des  gladiateurs  est  souvent  ac- 
compagné des  initiales  cVun  autre  mot,  dont  Fabretti 
et  Monseigneur  Lupoli  ne  donnent  point  l'explication: 
peut  être  indique-til  le  pays  du  gladiateur.  Le  nom- 
tre  qui  suit  est  celui  de  ses  victoires  ;  le  mot  viciû 
est  designé  par  la  lettre  >    renversée  ]  enfin ,  dans  k 


21 

Au  dessus  de  l'autre  combaltaut  on 
lit  distinctement  NOBIL  FOR  IV  XIL 
Cette  inscription  donne  Texplication  de 
quelques  mots  de  la  précédente  ,  et  el- 
le en  reçoit  aussi  quelques  clairtés.  La 
lettre  V.  (  Vieil  )  manque  ,  mais  le  mot 
FOR  IVL  fait  voir  que,  dans  les  autres, 
les  lettres  lYL  doivent  s'expliquer  par 
lYUensis  pour  FOROlVLIEiNSIS,  Fre- 
julien  ou  Frioulien.  On  ne  peut  décider 
aisément  cette  question  ,  cependant  , 
comme  on  sait  que  la  Gaule  fournissoit 
beaucoup  de  gladiateurs ,  je  croirois  plus- 
tôt  que  ceux  qui  sont  ici  fîgure's  ëtoient 
Frejuliens  que  Friouliens.  Quoi  qu'il  en 
soit    Frejus   ou    le    Frioul    procuroient 

Uovnîere  colonne  on  voit  un  T  ou  un  nombre:  la  let- 
tre T  doit  signifier,  comme  chacun  l'explique,  Tiro  ap- 
prentif  ,  et  le  nombre  celui  des  années  que  le  gladia- 
teur a  passé  dans  la  Iroiippe.  D'a])rès  ma  conjecture,  on 
peut  donc  expliquer  ainsi  les  passages  suivans  SECVN- 
DVS  POMP  II  >■  II.  Secundus  de  Pompei  a  i'aincu  deux 
fois,  et  sert  depuis  deux  ans.  DORYS  PIS  VI  >  IIII 
Dorjs  de  Vesaro  a  vaincu  six  fois ,  et  a  servi  quatre 
ans.  HILARIO  ARR  XII  >  VIII  Hilario  d'Arian» 
a  vaincu  sept  fois  ,  et  a  iervi  huit  uns  etc. 


22 

alofs  d'abondantes  recrues  aux  trouppes 
{Familiae^  de  Gladiateurs  ^  car  a  la  re'- 
serve  d'un  seul,  dont  la  patrie  n'est  pas 
clairement  indiquée  tous  sont  du  même 
pays,  Forum  Juin .  Nous  devons  lire  ici 
NOBILÏS  FORO  IVUensis  Xïl  Vicit . 
Nohills  F  rejulien  ou  FriouUen  a  vaincu  doU' 
ze  fois.  Le  nombre  des  victoires  de  Nobilis 
n'est  pas  assez  éloigné  de  celui  que  Bebrjx 
a  1  emportées  5  pour  qu'il  ne  puisse  se 
mesurer  avec  lui,  et  en  obtenir  encore 
une  nouTclle.  Il  n'est  point  étrange  que 
ce  gladiateur  ait  été  nommé  Nohilis.  Le 
retiairc  que  Fon  voit,  dans  une  célèbre 
mosaïque  de  la  villa  Albani, tomber  sous 
les  coups  d'un  myrmillon  appelle  Ma- 
ternus  a  le  nom  à'ÎIahilis  (36) ,  qui  n'est 
pas  plus  extraordinnaire  que  celui  de 
Nohilis, 

Les  combattans  de  la  paire  suivante 
ont  les  jambes  couvertes  de  lames  de 
métal ,  et  leur  corps  est  ceint  d'autres 
lames     de   la   même   matière.    Ils    s'ap- 

(36)     WI^KELM:AN^  Monument,  ined,  mma.  197* 


2^ 

pli i ont  sur  un  bouclier  cambre  qui  a  la 
forme  du  scutum  des  Romains.  Sa  gran- 
deur le  rendoit  capable  de  couvrir  le 
combattant,  quand  il  s'agenouilloit  der- 
rière, attitude  que  prenuoient  quelques 
fois  les  soldats  ,  et  aussi  les  gladiateurs. 
On  sait  qu'en  joignant  ces  boucliers 
les  uns  contre  les  autres,  on  formoit  une 
espèce  de  toit  articulé  ^  impénétrable 
à  la  cavalerie,  et  propre  à  l'attaque  des 
places  ;  parceque  les  pierres  et  les  tor- 
ches enflammées  rouloient  dessus.  Les 
Romains  donnoient  à  cette  reunion  de 
boucliers  le  nom  de  tortue  ,  parceque 
les  soldats  y  etoient  a  couvert,  comme 
cet  ampliibie   l'est  sous  sa  carapace  . 

Ces  deux  gladiateurs  se  préparent  à 
combatre  ,  et  ils  regardent  avec  un  ge- 
ste qui  annonce  la  surprise  et  l'admira- 
tion les  deux  gladiateurs  à  cheval. 

Les  inscriptions  qu'on  lit  au  dessus 
de  cette  paire  sont  moins  bien  con- 
servées que  les  précédentes.  11  ne  reste 
de  la  première  que  l' indication  de  la 
patrie  du  gladiateur  ,  et  du  nombre  de 


ses  vîetoîres.  IVL.  XY.  Ce  frejulien  ou 
frioulien  a  vaincu  quinze  fois ,  car  la 
position  des  lettres  ne  permet  pas  de 
les  séparer  5  et  de  lire  X.  Yicit  5  a  vaincu 
dix  fois- 

Le  nom  de  l'autre  gladiateur  est 
aussi  perdu .  Gomme  les  deux  lettres  qui 
subsistent  occupent  la  place  où  sont  les 
mots  qui  indiquent  la  patrie  ^  on  peut 
présumer  qu'elle  ont  la  même  signiiîca- 
tion  .  Peut  être  ce  gladiateur  etoit  il 
espagnol  ,  et  ces  deux  leltres  IB  sont 
elles  les  initiales  du  mot  IBerus .  Dans 
r  inscription  de  la  villa  Albani  un  des 
gladiateurs  est  appelle  Hispanus  (^7)  5 
et  Iberus  pouyoit  être  également  devenu 
un  nom  propre^  ainsi  l'Espagne  fournis- 
soit  aussi  des  hommes  qui  se  vouoient 
à  cette  profession.  L'autre  gladiateur, 
déjà  vainqueur  dans  quinze  combats^doit 
attaquer  un  dangereux  adversaire ,  puis- 
que 5  d'après  l'inscription  XXX.  V.5  celui 
ci  a  vaincu  trente  fois. 

(37)     Vitale  Inscrizioni  Alhan. 


25 


Les  paires  qui  suivent  sont  pins   rap- 
prochées et  les  inscriptions  n'ont  pas  été 
placées  comme    les    précédentes  ,  faute 
d'espace.  Elles  sont  absolument  cifacées 
et   nous  pouvons  juger ,    d'après    celles 
ci  ,    que    les    lettres  ,    au    lieu     d'être 
sur  une  même  ligiie   en  ovxupoient  une 
seconde.    Ctlles-ci  appartiennent  à  une 
paire  de  gladiateurs,  dont  l'un  est  griè- 
vement blessé,  puisque   son  sang  coule 
sur  l'arène.    L'autre    a  fléchi  le  genouil 
et  élève  la  main  gauche.   Ce  gladiateur 
demande- t'il    la    vie ,  ou    attend    il    au 
contraire  ^    avec   fermeté ,    le  coup  que 
son  adversaire  va  lui  porter?  Ce  n'étoit 
point  en  fléchissant  les  genoux ,   c'étoit 
en    déposant    les    armes    (38)     que    le 
vaincu    avouoit    sa   défaite  ;    c'étoit   par 
des  prières  ,   des  larmes   et  des   suppli- 

(3B)  CcUe  manière  de  s'avouer  vaincu  s'appclloit 
submittcre  arma  .  Çuid  ego  istum  ad\>er5anum  mihi 
ussumam  ?  Statini  arma  submillcl  :  non  opus  est  in 
illum  tota  potentia  mea  ,  lac^i  coniniinationc  pelletur, 
Sekec.   de  provid.  III. 


26 

cations  (^59)  qu'il  clierchoit  à  atten- 
drir le  peuple  (4o)  5  pour  obtenir  la 
vie  ,  en  se  tournant  vers  lui  ^  souvent 
même  de  l'extrémité  de  Tarêne  (^^i^^et^ 
comme  ce  malheureux  ne  pouvoit  pas  tou^ 
jours  être  entendu,  il  levoit  un  doit  en 
l'air  (4^)  5  pour  montrer  qu'il  demandoit 
grâce  (45).  C'est  ce  que  semble  faire  ce 

(39)  Quas  ego  illius  preces  ,  quas  pertinaccs  Iti- 
ciynias  ,  qnam  tniserahileni  obùestationeiiL  vidi  !  nemo 
unquam  sic  roga\it  missionem  .  Quintil.  Declam.  X, 
m  g  lad.  9. 

(40)  Cela  s'appelloit  provocifre  q,d  populum,  ap-r 
peller  au  peuple.  No7^  faciam  quod  victi  soient ,  ut 
provocoîu  ad  populum  .  Sejseca  Epist.  CVIII. 

(4i)     Nec  populum  exti'emâ  toties  exorct  arenâ. 

HoRAT.  Epist.  I  ,   6. 

(4^)     C'est  à  Toccaslop  de  cet  Hémistiche 

Vigituin  exere  peccas . 
î)  Sortez  le  doit  vous  êtes  vaincu.  )>  Le  Scholiaste  expli- 
que ainsi  ce  passage  :   Dlgito    sublato  ,   ostende  te  vi- 
ctum  esse  a  vitiis.    Tractuni  a  gladiatoribus  qui  victi. 
ostensione  digiti  et  veniam  populo  postulabant . 

(43)  Cette  grâce  s'appelloit  miWo  ,(  renvoi  )  et 
l'action  de  la  demander ,  rogave  missionem  ,  Supra 
note  3g. 


2? 
gladiateur  en  élevant  la  main  gauche  ^  et 

ce  Las  lelief  confirme  un  usage  que  nous 
ne  connoissioris  cjue  par  une  remarque 
d'un  schoîiasle  des  Satyres  de   Perse. 

Les  arts  qui  dépendent  du  dessin  ne 
peuvent  exprimer  qu'un  seul  moment  dans 
une  action^  nous  ignorons  quel  sera  le 
succès  de  la  soumission  de  ce  gladiateur. 
Si  le  combat  n'est  point  sans  renvoi  (44)? 
ce  qui  arrivoit  quelque  fois,  et  ne  peut  être 
ici,  car  ce  gladiateur  n'auroit  rien  à  de- 
mander, sa  grâce  dejicnd  du  caprice  du 
peuple  ,  puisque  l' Empereur  ne  peut  être 
présent  (4^)  ,  ou   de   la  volonté   de   son 

(If)  Sine  missione  ,  ce  qu'on  rend  en  franco îs 
par  rexpression  populaire  sans  rémission .  C'est  à  la 
coutume  de  donner  des  jeux  sans  renvoi,  que  Florus 
fait  allusion  d'une  manière  si  noble  en  parlant  de 
Sparlacus  :  »  El  comme  i-1  convenoit ,  sous  un  gladla- 
»  teur  devenu  général  ,  on  combattit  sans  reni>oi  «  .  Et 
(jiiod  snh  gladiatore  duce  oportidt  ,  sine  niissione  pU" 
gnatum  est.  Flor,  III,  20.  Auguste  avoit  défendu  les 
combats  de  gladiateurs  sans  renvoi  .  Suet.  in  Octav» 
XLV. 

(p)  D'api-ès  l'edit  dont  je  viens  de  parler  ,  il 
n'est  pas  étonnant  que  la  présence   d'Auguste    ait  sullS 


maître  (4^)  *  mais  il  ne  doit  rien  attendre 
de  la  pitié  de  son  adversaire  (47)5  ain- 
si ce  ne  peut  être  lui  qu'il  sollicite  . 
L'amour  qu'il  témoigne  pour  la  vie  ëtoit 
regardé  comme  une  lâcheté  ,  et  produi- 
soit  souvent  un  effet  contraire  à  celui 
que  les  vaincus  esperoient  (48).  Le  peu- 
ple   prenoit  lui    même  parti  contre  les 

pour  sauver  la  vie  au  glacUaleur  vaincu  .  C'est  à  ce 
genre  de  grâce  qu'Ovide  fait  une  heureuse  allusion  ; 

Caesaris  ad^^entu  iutd  gladiator  arènà. 

£xit ,  et  auxiUuni  non  lua^e   vultus  habet. 
De  Ponto  II  ,  VIII,  4^' 

(46)  Mittunt  etiain  vulneribus  confecti  ad  do- 
tnlnos  ,  qui  quaerant  quid  velint  :  si  satis  his  facturn 
sit  y  se  velLe  decumbere  .   Cicer.    Tusc.  II,    ij. 

(47)  Un,  gladiateur  vaincu  daiK  les  jeux  qu  on 
celebi'oit  à  Nicomedie  ,  pour  le  jour  de  la  naissance 
de  Caracalla ,  vint  impl&rer  de  lui  son  renvoi.  „  Sors 
„  lui  repondit  il ,  et  va  demander  grâce  à  ton  adver- 
„  saire.  »  Dion,  in  Caracall.  LXXVII ,  11.  C'étoit 
renvoyer  à  la  mort  ])ar  une  atroce  plaisanterie  ,  puis- 
que cet  adversaire  cetoit  jws  le  maître  de  lui  accor- 
der la  vie. 

(4B)  Etenim  si  in  gladiatoriis  pugnis,  timidos  et 
supplices  ,  et  ut  wiverc  liceat  obsecrantes  ,  etiam  odisse 
sole/nus  :  fortes  et  animosos  et  se  acriter  ipsos  morti 
afférentes  scrvarL  cupimus.  Cicero  pro  Milon.  à\. 


29 

timides  (49)  î  aussi  les  exemples  de  cet- 
te foiblesse  étoient  ils  très  rares  (5o) . 
Les  gladiateurs  valeureux  s'opposoient 
il  la  pitié  des  spectateurs  ^  ils  sem- 
bloient  regarder  comme  légères  ^  les 
blessures  graves  dont  ils  étoient  couverts 
et  refusoient  le  renvoi  (5i).  C  etoit 
même  par  un  courageux  desespoir  qu'ils 
vouloient  exciter  Tinteret  (52)  ^  sans 
s'inquiéter  si  le  peuple  cachoit  le  pou- 
ce (53),  pour  indiquer  qu'il  desiroit  les 

(^9)  Çiiid  gîadiatoribus ,  quare  populus  irascitur, 
ft  tam  inique  ^  nt  injuriam  putet  quocl  non  Ubenter  pe- 
reunt.  Contemni  se  judicat  et  vultu  ,  gestu  ,  ardore  de 
spcctatore  in  adversacium  vertitur.   Skneca  de  ira   I. 

(5o)  Quis  mcdiocris  gladiator  non  modo  stetit  y 
verwn  ctiarn  decubuit  tuipitcr  ?  quis  cum  decubuisset 
fcrrum  jussus  recipcre  colLuin  contraxit.  Gicer.  Tuscul, 
II,    17. 

(5i)  Quaeris  quid  inter  duos  intersit  ?  quod  in- 
ter  gladiatores  foriisùmos,  quorum  alter  premit  vulnuSy 
et  stat  in  gradu  :  attcr  rcspiciens  ad  clamantem  po- 
pulum  ^  signifient  nihil  esse,  et  intercedi  non  patitur^ 
SiiNEC.  de  constant,  sapient.    16. 

(Sa)     Siipra  noie  49  1   ^i' 

(53)  Pour  sauver  le  gladiateur  vaincu  il  falloit 
tourner  la  main  de  mauicrg  quç  le  pouce   U\  caché  » 


5d 
sauver  ^  ils   se   jettoient   en  furieux  sur 
celui  qui  les  avoit  blessés  5   et   si    cette 
audace  ne  leur  conservoit  pas   toujours 
la  vie^  elle  leur  faisoit^  au  moins^  quel» 

rdevation  clti  pouce    c\o'tl  au  contraire  \c  signe   de  sa 
mort. 

Mimera  mine  ediint ,  et  verso  pollice   vulgi 

Çuem.  Ubet    occidunt    populariter. 

Juve:v.  Satjf.   III  ,   36. 
Ce     signe    meritoit    Lien    le    nom    à'iufestus     que  les- 
anciens  donnoient  au  pouce  dans  cette  occasio7i.  Apul* 
Met.   II.  p.  16.   edit.  deîphin.  on  disoit  aussi  infaiistuSy 
comme  on  le  voit  par  ce  vers  d'uu  ancien  poète  anonyme. 

SU  licet ,  infausto  pollice  ,  turha  minax  . 
S'il  avoit  fallu  compter  les  pouces  levés  ,  comme  on 
compte  les  mains  dans  une  assemblée  délibérante  , 
l'opération  eut  été  difficile  \  ruais  chez  un  peuple  aussi 
avide  de  spectacles  et  aussi  passioné  que  Tetoient  les 
Romains  les  cris  de  la  multitude  ,  ses  applaudissemens 
ou  ses  menaces  dévoient  suffisament  annoncer  sa  faveur 
ou  sa  colei-e.  Chacun  prenoit  parti  dans  ces  jeux  ,  et , 
si  Ton  eu  croit  Prudence  ,  les  vestales  elles  mêmes 
ne  craignoieut  pas  de  donner  ce  signe  affreux. 

Pectusque  jacentis 

Vlrgo  modcsta  jiihet  converso  pollice  rumpi. 

PnuD.  contra  Sjtnniach.  W  ^  *097* 
il  y  avoit  cependant  des  cas  ou    le    peuple    devoit    se 
partagei"  d'opinion  ,    et  dans  les  quels  le  signe    deve-- 


3i 

ques  fois  ressaisir  la  victoire  (54).  Lors 
mémo  que  le  triomphe  étoit  impossible, 
quand  le  renvoi  n' étoit  pas  spontané- 
ment prononcé,  ils  aimoient  mieux  tom- 
ber sur  l'arène  que  de  paroilre  timides. 
Pourque  leur  chute  fut  honorable  ,  ils 
.dévoient  être  étendus  sur  le  dos  (v55) 
et  5  alîn  de  terminer  leurs  soufrances, 
ils  présentoicnt  ,  sans  détourner  le  vi- 
sage, la  place  ou  le  vainqueur  avoit  in- 
diqué qu'ils  dévoient  recevoir  le  fer  (56). 
C'est  ainsi  que  quelques  lampes  anti- 
ques réprésentent  des  gladiateurs  mou- 
rants (57)  que  les  curieuses  mosaïques 
de  la  villa  Albani  nous  font  voir  Kalen- 

nolt  douteux  nous  ignorons  si  ccUe  inccrlitude  doit 
favorable  au  vaincu. 

(54)  Quinque  retiarli  ,  quî  tôt  idem  sccutoribus 
succubuerunt^  cumque  occidi  jubcrentur  ,  unus  ,  resum- 
pta  fascina  ,  otiincs  victores  interernit.  Suet.  in  Cali- 
gul.   3o. 

(55)  Cela  s'appelloit  decunihere  .  Voyez  p.  2f). 
note  5o.  et  infra  net.   56. 

(d6)     ÇluLs  cum  docu})uIsset ,   Jnssus  reciperc  /en- 
runi  colluin  contraxit  suprà  not.   54- 
(5-)     Luccrn.  dErcolano  pi.  VIII. 


52 

dio  qui  tombe  sous  les  coups  d'Astjana- 
ax  (58) .  Maternus  reçoit  moins  no- 
blement le  fer  d'Habilis  (^9) .  Sur  les 
anciens  monumens  de  l'art  les  guerriers 
mourants  sont  ordinairement  figuras  ap- 
puyés sur  un  seul  (60)  genouil^  ou  ayant 
fleclîi  les  deux  (61)  ensemble  :  les  morts 
sont  représentes  couchés  (62),  ou  étendus 
sur  le  dos ,  dans  la  poussière  (63).  L'au- 

(58)     WinkelmAkn.  Monument,  inédit,  n.  197. 
("»9)     Jbid.  n.   198. 

(60)  Voyez  les  nombreuses  pierres  gravées  qui 
réprésentent  des  guerriers  blessés.  Galerie  mythologique 
CLX  ,  601  ,  CXXXIX  ,610. 

(61)  TjJée  est  figuré  ainsi  plusie?.irs  fois  sur  les 
pierres  gravées.  Lanzi  Saggio  de  Lirig.  Etrusc.  II. 
VIII.  ,  9.  WiNKELMAHN  Monuiueut.  luedit.  107.  Gale- 
rie  rnythol.  CXLjSog  ainsi  que  Capanée,  Lanzi  IX,  7. 
et  plus  autres  guerriers-    Galerie  niythol.lï  ^  VIII,  10. 

(62)  Telles  sont  les  pierres  gravées  qui  repré- 
sentent la  mort  généreuse  d'Othryades. 

(63)  Voyez  les  bas  reliefs  ou  on  a  sculpté  la 
jnort  des  fils  de  Niobé.  Mluseo  Pio-Clein.  IV,  17. 
Galerie  mythologique  CXLI ,  5 16.  Les  femmes  et  les 
amazones  font  exception,  et  la  décence  vouloit  qu'on 
les  représentât ,  ayant  le  visage  contre  la  terre.  Voyez; 
le  même  bas  reliefs    ou  sont  les  filles    de  Niobé  ,    et 


35 
tenr  de  ces  sculptures  aura  lîgurc'  ces 
deux  gladiateurs  vaincus  comme  il  a  voit 
vu  représenter  des  guerriers  mourants  • 
mais  leur  coutume  particulier  ,  et  le  su- 
jet du  bas  relief  ,  sont  bien  suilisans 
pour  les  faire  distinguer  . 

La  position  des  inscriptions  ne  peut 
servir  pour  rcconnoitre  à  qui  elles  ap- 
partiennent ;  mais  le  signe  qui  termi- 
ne la  plus  élevée  nous  l'apprendra.  On  j 
lit  SYS  IVL  XV  M.  0.  Les  lettres  S VS 
sont  les  dernières  du  nom  du  gladiateur^ 
il  seroit  absurde  de  vouloir  choisir  entre 
les  noms  auxquels  elles  peuvent  conve- 
nir (C4).  i^es  lettres  IVL  XY  annoncent 

ceux  ou  sont  figurés  des  combats  de  grecs  et  d'Ama- 
zones. Museo  Pio-Clement.  V  ,  i\.  Galerie  mjthol, 
CLIX  ,  5c)j.  Il  y  eu  a  une  fort  Lelle  répétition  dans 
le  jardin  d'Alripalda  près  d'Avelliuo.  On  voit  au 
Musée  Royal  beaucoup  de  statues  qui  représentent 
des  hommes  armés  ,  étendus  sur  Tarêne  ,  ce  ne  sont 
pas  des  gladiateurs  mourants  ,  mais  des  guerriers  , 
parmi  lesquels  il  y  a  aussi  des  amazones  .  J'ai  les 
^  dessins  de  quelques  unes  de  ces  statues  qui  sont  iné- 
dites. 

(6f)     Un    des    gladiateurs  cités  dans  riuscriplion 

5 


54 
qu'il  eloit  de  FrejuSj  comme  les  autres, 
et  qu'il  m>oit  vaincu  quinze  fois.  Mais  que 
signifient  les  lettres  M.  0.  que  nous  n'a* 
vons  pas  encore  rencontrées  ?    La  pre- 
mière ne  peut  se  suppléer  en  lisant  Mis- 
sus  (renvoyé)  5  puisque  nous  allons  voir 
que  ce  gladiateur  a  perdu   la  vie   dans 
ce  combat.    Ce    doit   être   l'initiale   du 
mot  Myrmillo ,  que  Ton  trouve  ainsi  dans 
les  listes  de  gladiateurs  (65),  et  la  let- 
tre  qui  a  la  forme  du  theia  grec  annonce 
que    celui-ci  ^    après  avoir    vaincu   dans 
quinze    autres    combats  j    a    trouvé    la 
mort  dans  ce  dernier.  Cette  lettre  funè- 
bre 5  initiale  du  mot  ^xyxTSuaïjç  mort  (66) 
se  remarque  dan^  plusieurs  inscriptions 
^iepulchrales,  quoiqu'elles  ajent  été  com- 
posées  en  latin  :    on    la  trouve    surtout 
dans  celles  de  la  Pannonie  (6^)  .    Ga-i- 
lien  dit  que 5  dans  les  denombremenSj  el- 

de  la  villa  AlLani  &it  uomrac  Barosus  ■.    Supra  p.-  24 
note  37. 

(65)  Supra  p.   20  note  35. 

(66)  CoRsiîji  de  sigUs  . 

(67)  Sroy.  MiscclLin.  p.  215. 


35 

le  ctoit  ajoulee  aux  noms  des  morts  pour 
les  distinguer  des  vivans  {6S^  .  Probus 
Jious  apprend  la  meine  chose  (Cj))  ,  et 
Paul  Diacre  dit  expressément  que,  dans 
les  revues  militaires ,  on  mcltoit  cette 
lettre  auprès  des  noms  des  soldats  morts^ 
ce  qui  a  encore  été  remarqué  par  Rufiii 
(70) .  La  forme  de  cette  lettre  étoit  quel- 
ques fois  différente,  elle  etoit  couchée,  et 
partagée  ainsi  0^  dans  sa  longueur,  com- 
me un  phi  (71)5  on  la  trouve  sur  la  mo- 
saïque de  la  villa  Albani ,  ou  elle  indique 
que  Kalendio  et  Maternus  ont  perdu  la 
vie.  Ce  n'est  pas  le  seul  usage  qui  ait  ét<^ 
commun  aux  soldats  et  aux  gladiateurs. 
Cet  emploi  du  ihcla  a  enfin  passé  dans 
les  ouvrages  de  Biographie  et  d'histoire 
littéraire  ,  pour  indiquer  que  celui  dont 
on  écrit  la  vie  ,  ou  dont  on  rapporte 
les  écrits  ,  n'existe  plus  ^  et  pour  faire 
distinguer  la  date  de  sa  mort   de   celle 

(68)  Cité  par  Spon, 

(69)  Jd. 

(70)  Id. 

(71)  CoLETi  notae  et  si^lue  p.  433. 


36 

de  sa  naissance  (72).  Il  est  étonnant  que 
Winckclmann  (7^)  ait  pu  n'y  voir  qu'un 
signe  d'orlhographe  5   un  point  pour  se- 

(ja)     Saxii  onomasticon. 

(j3)  Non  seulement  WinckelmAn:!»  navoit  point 
distingué  cette  Sigle  ,  à  laquelle  le  savant  ALLé  Ma- 
RiNi  a  le  premier  fait  attention,  en  reproduisant  ces 
mosaïques  clans  ses  /itti  de  i  fratelli  Arvali  p.  i65 
mais  on  n'a  point  encore  expliqué  les  singulières  in- 
scriptions qui  les  accompagnent  et  Winckelmann 
n'en  dit  pas  un  mot.  L'une  d'elles  a.  197.  n'of- 
fre aucime  difficulté ,  l'action  est  partagée  en  deux 
scènes  ,  la  première  représente  le  comLat  à' Astjanax 
et  de  K.alendio  ,  dont  on  lit  seulement  les  noms  avec 
le  funeste  0  auprès  du  dernier.  Dans  l'autre  scène  on 
voit  le  malheureux  Kalendio  qui  meurt  généreusement: 
on  lit  au  dessus  ASTIANAX  VICIT  KALENDIO  0, 
jistjranaT  a  vaincu ,  Ys^alendio  est  mort .  L'emploi  du 
mot  \IC1T  autorise  mon  explication  de  la  lettre  V 
dans  les  inscriptions  de  Pompeï  et  de  Venousc  .  Les 
inscri citions  de  l'autre  mosaïque  n.  198  sont  Lien  plus 
longues.  Elle  est  aussi  partagée  en  deux  scènes  ,  dans  la 
première  on  lit  au  dessus  des  deux  combattans  MA- 
TERNVS  Hx\BILIS  :  comme  ces  mots  sont  intervertis 
dans  la  seconde  scène  ,  il  est  évident  qu'ils  désignent 
les  deux  gladiateurs  ;  mais  que  veulent  dire  ceux-ci , 
écrits  au  dessus  dans  la  première  scène ,  quibus  pu- 
GNANTiBus  SimmAchius  ferrum  MisiT  :  il  est  proba* 
ble  que  ce  Symmachiu*    etoit   le    chef   de    la  troup- 


37 
parer  les  mois  ^  comme  la  feuille  de  lier- 
re (jui  (»st  souvent  employée  à  cet  usa- 
ge (74)-  D'après  ce  que  nous  venons  d'ex- 


pe  ,  cl  qu'il  cnvoja  le  fer  c%;sl  à  dire  rcpce  ,  dont 
Tiiii  (les  deux  gladiateurs  devoit  fiaj)j>er  Taulre ,  dans 
ce  combats  à  outrance ,  et  ce  sont  ces  epées  coui'- 
tes  ,  à  la  romaine  ,  que  ces  gladiateurs  tiennent  à 
la  main.  Dans  la  seconde  scène  on  voit  Malcrnus  ,  ren- 
versé sur  \c.  ventre  au  milieu  de  Tan'-ne  par  Ilabilis  , 
et  probaldement  le  Lanista  Svnimaclilus  qui  tient  sa. 
Laguete  à  la  main  ,  et  qui  semble  iuir  j)our  éviter 
ce  spectacle  sanglant.  Il  y  a  au  dessus  iSE  CO  IIAËG 
VIDEMVS  ,  je  remplis  les  deux  premiers  mots  par 
JN  E  CO/Y/w ,  et  aloi's  cela  veut  dire  ne  voyons  pas  cela, 
de  près  .  On  lit  dans  le  coin  c(;tte  acclamation  Sim- 
jMAciii  Homo  Félix  Symmuchius  homme  heureux  . 
Cette  formule  annonce  que  ce  monument  a  été  fait 
dans  \in  bas  tems  ,  Tartiste  a  probablement  voulu 
joindre  au  nom  de  Symmacliius  ,  une  de  ces  accla- 
mations de  bon  augure,  dont  les  monumens  nous  of- 
frent un  grand  nombre  d'exemples.  Au-bas  d'une  af- 
li(.li(;  de  jeux  de  gladiateurs  on  lit  à  Pompcï  le  mot 
Félicitas  .  Peut  être  ces  deux  mosaïques  eloient  elles 
du  nombre  des  tableaux  que  Symmacliius  e\]>osoit  com- 
me font  encore  les  saltimbanques  pour  faire  juger  du 
mérite  de  leur  trouppe. 

{j-\)     Celle  feuille  se  voit  sur  la  même  mosaïque 
après  le  mot  felix ,   et  elle  est  bien  diÛcrçute  du  $  • 


38 

poser  il  n'y  a  pas  de  doute  que  cette  lettre 
funèbre  ne  désigne  le  gladiateur  blessé 
et  qu'il  est  mort  dans  ce  combat.  Le  nom 
du  vainqueur  subsiste  en  entier^  les  let- 
tres suivantes  me  paroissent  avoir  ap- 
partenu a  ces  mots  FO  lYL  Y,  elles 
nous  apprennent  que  cetHippoljtus(75) 
avoit  vaincu  cinq  fois  (76). 

(^5)  II  ne  faut  pas  s'ëtonner  do  trouver  ici  Hip-* 
politus  au  lieu  d'Hippolytiis.  Les  inscriptions  relatives 
aux  gladiateurs  présentent  toutes  des  fautes  grossières 
d'ortlio graphe.  Sur  les  mosaïques  de  la  villa  Albani  , 
que  j'ai  déjà  citées  ,  on  lit  Astianax  pour  Astjanax  j 
et  Simmachius  pour  Sjmmachius.  Sur  les  pierres  de 
Venosa  supra  p. 20.  note  35.  TRax  pour  THRax,  OPLo- 
machi  pour  HOPLomac/ii ,  Eleuter  pour  Eleutiiek* 
Il  n'est  pas  suprenant  que  les  noms ,  portés  par 
ces  hommes  qui  étoient  de  la  condition  la  plus  vile  , 
aient  été  dénaturés  au  point  de  devenir  meconnoissahles; 
nous  observons  encore  aujoui'd'hui  des  altérations  sem- 
blables d'orthographe  dans  les  noms  des  familles  ,  qui 
sont  depuis  long  tems  sans  cultui'c  et  sans  éducation. 

(76)  On  parle  toujours  avec  horreur  de  l'usage 
des  combats  de  gladiateurs  5  mais  nos  jeux  sont  ils 
moins  cruels  ?  Dans  le  midi  de  la  France  le  peuple 
court  en  foule  voir  des  hommes  lutter  contre  les 
taureaux  (  Dissertation  sur  les  taiirocatapsies  de  la 
Thessalie     et    les   ferrudes    d'Arles.  Magax.  Enc^'cL 


39      , 
Le  ^rouppc  suivant  présente  moins  de 

dillicultes.  Les  deux  combattans  ont  jette 

leurs   boucliers  5   le  vainqueur   a   perdu 

aun-  1809.  et  /-^oyage  dans  le  midi  de  la  francs 
Tome  IV.  En  Espagne,  clans  les  Taurcodurcs^\vs\\oviX' 
mes  combattent  contre  ces  animaux  comme  dos  be- 
stiaires et  c'est  toujoiu's  au  taureau  que  le  peuple 
prend  intérêt.  A  Paris  le  combat  du  Taureau  est  une 
boucherie  i  il  a  cependant  un  grand  nombre  de  spec- 
talcars  (jui  ne  sont  pas  tous  d'une  basse  condllion.  Les 
exécutions  populaires  attirent  par  tout  une  foule  immense. 
J'ai  vu  des  hommes  et  des  femmes  même ,  aller  dans  des 
calèches  élégantes,  assister  h  un  duel  à  mort,  qui 
eut  plus  de  deux  mille  personnes  pour  témoins,  duel  dans 
lequel  un  homme  estimé  perdit  la  vie.  C'est  le  pei'il 
imminent  d'une  mort  funest(!  qui  fait  regarder ,  avec 
avidité ,  la  danse  des  batteleurs  sur  la  coi'de  et  la 
voltige  :  plus  les  sauts  sont  périlleux  ,  plus  ils  plaisent. 
C'est  la  certitude  que  la  mort  suivroit  de  près  la 
chute  qui  attire  la  foule  ebaie  à  Tivoli  pour  Fascensiou 
de  Forioso  ou  de  Madame  Saqui  ,  et  a  la  terrible 
expérience  du  parachute  de  Garnerin.  Otez  le  dan- 
ger jiersonne  ne  voudra  voir  les  funambules  et  les 
saltimbanques.  Si  ces  hommes  sont  justement  de- 
gradés  par  leur  profession  ,  ce  ne  sont  pas  au  moins 
des  malfaitç'urs  et  des  criminels  déjà  condamnés  à 
mort ,  comme  l'etoient  d'abord  les  gladiateurs .  On 
est  forcé  de  convenir  que  rhomme  est  né  avec  un  pen- 
chant naturel  pour  ks  spectacles  barbares ,  si  demain 


4o 

son  casque  ^  il  met  une  main  sur  son 
adversaire  comme  pour  lui  ordonner  de 
recevoir  le  fer  (77)5  dont  il  va  le  frapper, 
je  ne  puis  décider  si  Y  inscription  qui 
subsiste  appartient  au  vainqueur  ou  au 
vaincu.  On  y  lit.  Q  VS  IVL  YI. 
Quîntus  Frcjulicn  a  vaincu  six  fois. 

La  composition  du  grouppe  qui  vient 
après  est  différente  ,  et  les  armes  dont 
les  gladiateurs  font  usage  ne  sont  pas 
les  mêmes.  11  représente  un  combat  en- 
tre deux  mjrmillons  ,  chacun  est  armé 
à!i;^\\  trident.  Cela  est  contraire  à  ce  qui 
nous  a  été  transmis  sur  les  gladiateurs, 
car  on  sait  que  le  mjrmillon  étoit  armé 
d'une  fourche  ou  d'un  trident ,  (J'usai^ 
nà)  qu'il  attaquoit  le  retiaire  qui  tenoit 
nn  filet  (78)  ou  le  Thrace  qui  a- 
voit  un  bouclier  rond  et  une  epée  re- 
çu ouvrolt  les  arènes ,  les  bancs  et  les  voniitoires 
scroienl  pleins.  Ne  soyons  Jonc  point  des  censeurs  si 
sévères  tlu  goût  que  les  Romains  avoicnt  pour  les  jeux 
de  rAmpliilheatre. 

(jy)      Supra.  Noie  5o. 

{78)     JusïE  LirsE  Saturn.  Ser/n,  II,  10. 


4' 

courbée  :  mais  les  coutumes  ont  va- 
rié chez  les  Romains,  selon  les  tems  et 
selon  les  lieux;  et  c'est  pourquoi  la  de- 
couverte  des  monumens  nous  apprend 
toujours  quelques  particularités  que  no- 
us ignorions  .  Ils  enseignent  à  ne  pas 
regarder  comme  généraux  des  usages  ^ 
qui  ont  été  modifiés  par  mille  circon- 
stances (79).  On  ne  peut  rien  oppo- 
ser à  un  fait,  les  deux  adversaires  sont 
ici  armé$   de  tridents. 

(79)  C'est  précisément  TeiTeur  dans  laquelle  tom- 
tcut  Ions  ceux  qui  donnent  des  tiailés  sur  les  moeurs 
et  les  usages  des  Homains  :  ils  devroient  toujours 
distinguer  1'  époque  à  la  quelle  les  auteurs  qu'ils  ci- 
tent ont  eci-it ,  et  le  pays  auquel  ils  appartenoient . 
Pour  nous  borner  aux  gladiateurs  ,  les  monumens  qui 
existûient  aux  tems  de  Juste  Lipse ,  et  dont  il  n'a 
fait  aucun  usage ,  nous  ont  appris  des  particularités 
qui  contredisent  beaucoup  d'assertions  que  ce  grand 
philologue  a  pi-esentées  comme  des  thèses  générales.  Il  y 
auroit  une  beau  mémoire  à  faire  en  reprenant  le  ca- 
dre de  son  traité.  Pour  lui  donner  plus  de  méthode, 
il  faudroit  soumetre  les  passages  qu'  il  rapporte  à  une 
nouvelle  critique  en  faisant  usage  des  connoissances 
que  la  découverte  des  insci'iptions  et  des  monumens 
Cgui-és  nous  ont  procui'ées. 

6 


A  qui  des  deux  appartient  Fiiiscription 
NITIMO  F  IVL  V.  Les  premières  lettres 
terminoient  u  ri  nom  propre,  il  n'est  pas  aisé 
de  le  remplir.  Les  mjrmillons,  comme  Ta 
très  bien  observé  le  cejebre  INIazocchi  (80) 
etoient  aussi  appelles  gaulois  ,  plutôt  à 
cause  de  leur  armure  que  d'après  leur 
pajs  natal.  La  terminaison  de  ce  nom 
doit  faire  penser  que  celui  ci  ^  qui  a- 
voit  vaincu  cinq  fois  ,  etoit  Frcjuîien  , 
elle  confirme  la  conjecture  qui  me  porte 
à  croire  que  ces  gladiateurs  étoient 
frejuliens  plustôt  qu'à  penser  qu'ils  ve- 
noient  du  frioul .  Les  médailles  (81) 
çt  les  inscriptions  de  l'arc  d'orange  nous 

(Bo)     De  Àmphitheatr.    IV,    in.  p.  124. 

(81)  Tels  que  Bucato  ^  Aupo  ^  C arma  no  ^  Nin- 
no  ^  Crlciro  ^  Fadnaio  ^  eic.  INIiokket.  Cat.  1.  85.  Ou 
pourvoit  croire  que  ces  noms  ne  sout  pas  compiets  , 
et  que  V  s  nianque ,  parceque  on  lit  sur.  les  mé- 
dailles Ciamila  et  GiamiLos  ,  Ninno  et  Ninnos  , 
mais  les  inscriptions  de  \  arc  d'  orange  ne  laissent 
aucun  doute  sur  la  terminaison  en  o  de  plusieurs 
noms  gaulois  :  elle  etoit  d'ailleurs  également  en  usa- 
ge chez  les  Romains  ,  ou  nous  trouvons  Copito ,  Ca- 
to  ,  Cicero  ,  etc. 


45 

ont  conservé  beaucoup  de  hôms  gaulois 
qui  iinissent  par  un  o  (82),  et  s'ils  ont 
une  auLré  terminaison  ,  clans  les  com- 
mentaires de  Caesar  5  c'est  qu'on  les  a 
latinises. 

Un  des  gladiateurs  du  dernier  grouppè 
a  laissé  tomber  son  bouclier,  action  in- 
famante ,  dans  tous  les  genres  de  com- 
bats (85).  Il  semble  fuir,  pendant  que  son 
adversaire ,  armé  d'un  bouclier  qui  dimi- 
nue vers  son  extrémité  inférieure  (84% 
le  suit  d'un  air  menaçant.  On  lit ,  au 
dessus  ,  la  fin  du  nom  du  combattant 
qui  se  termine  en  A,  ce  qui  n'est  point 
insolite  chez  les  romains   (^85).  Les  let- 

(8î)  Ces  nortis  soiit  gî-avc's  Sur  les  bouclrers 
des  vaincus  ,  je  les  ai  tous  rapportés  et  figurés  clans 
V^tlas  de  mon  uuyage  au  midi  de  la  France  ,  on  y 
lit  ïfurno  ,  Tàutobocià  ,  Mario  \  c'est  ce  dernier  noJtx 
qui  a  fait  croii-e ,  contre  toutes  les  règles  de  lu 
critique  et  Ce  que  nous  apprend  Thistoire  de  Tart  , 
que  cet  arc  avoit  été  bati  en  flionnenr  de  Marius. 

(S3)     Rflicta  non  bene  Parmula. 

HoRAT.  Od.  II  ,    VII  ,     1  o. 

(84)     Infra  Note    lo'3. 

(83)     Mcssala  ,  Sylla  ,  Popma  ,   e  Ghba  çc. 


44 

très  IVL  XV  nous  font  voir  qne  ce  fre" 
julien  avoit  vaincu  quinze  fois .  La  let- 
tre M  qui  se  retrouve  ici  doit  s'expli- 
quer comme  dans  les  autres  inscriptions 
par  le  mot  Mirmyllo, 

Ces  inscriptions  sont  particulières  à 
chaque  grouppe  ,  il  j  en  avoit  une  au- 
tre quij  peut  être,  occupoit  toute  la  lon- 
gueur du  bas  relief  et  qui  contenoit  j 
sans  doute  5  des  particularités  sur  le  per- 
sonnage à  qui  appartenoit  ce  tombeau 
et  sur  les  jeux  qui  avoient  été  celebre's, 
pour  rendre  ses  funérailles  plus  magni- 
fiques; il  n*en  reste  aujourd'hui  que  quel- 
ques mots  5  dont  une  partie  est  effa- 
cée. Je  les  lis  ainsi  MVNERE  QVINTI 
AMPLIATI  P.F.SVMMO.  Munere  Quin- 
tl  Ampliatl  Puhlil  Filii  summo  ,  c'est  à 
dire  dans  les  derniers  devoirs  rendus  à 
Quintus  Ampliatus  fils  de  Publius. 

Le  mot  munus  ^  qui  a  tant  de  sens 
différents   dans   la   langue  latine    (86)  y 

(86)    RoBFRT  Etienne  ,  Thésaurus  Lin^.  Lat>  Fao« 
ciouïi  Dictionnar,  l,at* 


45 
a  désigné  d^abord  les  présents  (  mu-» 
nera  )  qui  étoient  déposés  sur  le  bûcher 
des  morts  parleurs  amis  (87),  et  ensuite 
tous  les  genres  de  fêtes  et  de  spectacles 
qui  étoient  donnés  au  peuple  par  les 
aediles  ;  mais  quand  il  s'appliquoit  aux 
funérailles  il  signiiîoit,  en  général,  les 
devoirs  rendus  aux  morts  et  s'appliquoit 
sur  tout  aux  jeux  qui  contribuoient  à 
la  magnificence  et  à  la  solemnité  des 
obsèques.  Ce  mot  vouloit  donc  dire  à  la 
fois  jeux  funèbres  et  funérailles. 

Les  combats  de  gladiateurs  dévoient 
leur  origine  à  une  coutume  très  ancien- 
ne et  commune  à  presque  tous  les  peu- 
ples qui  ne  sont  qu'au  premier  degré 
de  la  civilisation.  Les  sacrifices  huma- 
ins ont  précédé  ,  par  tout ,  ceux  des  ani- 
maux et  les  offrandes  des  productions 
de  la  terre.  Achille  fît  couler  le  sang 
de  douze  jeunes  Trojens    (88)    sur   le 

(^7)  ^^^  débita  caesis 

Munera  ,  quce  nostro  vilsLsset  Cj-zicus  igni. 
Valer.   Flacc.  Argon.  III.   3i3. 

(38)   HoMER.  u,  xxm.  175. 


46 
bûcher  de  Patrocle  ,  et  l'innocente  Po* 
Ivxcne  fut  immole'e  sur  le  tombeau  du 
fils  de  Pelée  (89).  On  vouloit  appaiser 
les  morts  en  égorgeant  des  prisoniers 
et  des  esclaves  ^  parce  qu'  On  croyoit 
que  les  mânes  se  nourrissoient  de  leur 
sang  (90)  .  Les  combats  ont  succédé 
à  l'usage  de  sacrifier  des  hommes  sur  la 
tombe  des  Princes.  Les  Romains  em- 
pruntèrent des  Etrusques  (91)  et  des 
Campaniens  (92)  l'idée  de  faire  servir 
cet  usage  barbare  h  l'amusement  du  peu- 
ple. On  crut  même  adoucir  l'atrocité 
de  ces  sacrifices^  en  substituant  à  de  mal- 
heureuses victimesjdes  gladiateurs  qui  fu- 
rent appelles  Bustuarli  (9^)5  parce  qu* 
ils  combattoient  sur  le  Bustum^  nom  qui 

(89)  EuRYP.  lîecuba. 

(90)  On  lira  avec  plaisir  sur  Ice  Sujet  Tinteres- 
sante  dissertation  de  M.  Gîuseppe  di  Cesare  deirori^ 
gine  vera  de' sacrifïzj  ■,  Napoli    iSii.   8.^ 

(91)  Servius  ad  ViRG. 

(92)  Ma.zocciii  ^mphiteatr.Napol.y,  1,  126^  12  y, 
dit  que  par  le  mot  etrusqucf  il  faut  entendre  les  Cam- 
paniens. 

(93)  CiCEjio  ad  Miici  YIL    i/\.  in  P/50/j.  IX. 


47 
etoit  donne  à  la  place  où  s'elevoit  le  Bu- 

clier.  Gomme  les  gladiateurs  étoient  d'ab- 
ord choisis  parmi  les  esclaves  méchants 
et  dangereux  ,  et  les  hommes  condamnes 
par  les  tribunaux,  on  les  regardoit  comme 
des  offrandes  dignes  des  Dieux  infernaux. 
Leur  courage  et  leur  adresse  pouvoient 
encore  5  par  une  suite  de  victoires,  prolon- 
ger leur  vie, et  il  leur  restoit  enfin Tespoir 
du  renvoi  (^missio^  dans  la  défaite,  et  du 
congé  (^ruclit^  après  un  long  service. 
M.  et  D.  Bru  tus  furent  les  premiers 
qui  donnèrent  ce  spectacle  aux  funé- 
railles de  leur  père ,  sous  le  consulat 
d'Appiuô  Claudius,  et  de  ]M.rulvius(f)/j). 
Cet  usage  fut  conlinuë  aux  obsèques 
des  hommes  d'état,  des  Patriciens,  et 
des  Empereurs. 

Nous  ne  connoissons  point  les  charges 
que  celui  à  qui  appartenoit  ce  tombeau 
a  exercées  dans  Pompeï  ^  nous  ne  pou- 
vons donc  savoir  si  ces  magnifiques  ob- 
sèques lui  furent  faites  aux  frais    de  la 

(9f)     Vju.er.  Max.  II.  iv.  7. 


48 

ville  ^d'après  un  décret  de  ses  Decurions, 
ou  aux  siens  propres  (95).  A'  l'époque  à  la 
quelle  il  a  vécu ,  les  hommes  d'une  con- 
dition privée  pouvoient  augmenter  par 
des  jeux  la  pompe  de  leurs  funérailles, 
s'ils  éLoient  assez  riches  pour  en  pajer 
la  dépense  (96). 

C^estla  première  fois  que  je  lis  le  mot 
munus  accompagné  de  l'adjectif  sum^ 
mum»  Cette  epithete  fait  voir  qu'il  doit 
être  pris  dans  le  double  sens  de  Jeux 
et  de  funérailles.  Le  mot  munus  indique 
que  les  funérailles  sont  un  devoir  sacré, 
puisque  c'est  le  dernier  service  que  les 
parens  et  les  héritiers  peuvent  rendre 
à  celui  dont  ils  honorent  la  mémoire. 
Summum  munus  se  traduit  donc  très-1  ien 
par  les  mots  derniers  devoir  (97)5  que 

(95)  Infra  p.  5i. 

(96)  Çuidnurn  uero  disponunt  etlam  illa  ,  quae 
ultra  vitarn  sunt ,  moles  magnas  sepulchrorum  et  ope- 
rum  publicorum.  dedicationes  et  ad  rogvin  munera 
et  ambitiosas  exeqvias.   Senec.  de  brevit.  vit.  ad  jinem. 

(9^)     Summus  signifie  le  plus  eleve  ,  et  par  con- 
séquent dernier  ;  ce  mot  a  donc  à  peu-près  la  même 


49 

les  François  emploient    en  parlant   des 

oLséques. 

Quintus  Ampliatus  dont  le  nom  est 
au  génitif,  régi  par  le  substantif  munus^ 
est  il  celui  en  l'honneur  de  qui  ces  jeux 
ont  été  célébrés  ,  ou  celui  qui  a  été 
chargé  de  leur  direction  ?  Ceux  qui 
presidoient  aux  combats  de  gladiateurs 
étoient  des  Magistrats ,  ou  des  oliiciers, 
à  qui  cette  fonction  fiiisoit  donner  le 
nom  de  munerarii.  Si  Ampliatus  avoit  été 
seulement  chargé  de  la  direction  des 
jeux  ,  il  seroit  désigné^  selon  l'usage  ado- 
pté dans  le  stjle  lapidaire ,  par  ces  ex- 
pressions munerarii  (98),  curatoris  mu- 
neris  gladiatorii  (99).  L'association  de 
ces  mots  munere  summo  Quinti  Ampliati 
semble  autoriser  à  croire  qu'il  ne  peut 

acciplion  que  celui  ultimus  ;  mais  celui  ci  ne  désigne 
le  tlcniicr  que  dans  un  ordre  numérique  .  Summiis  a 
une  siguificalion  plus  noble  et  entièrement  convenable 
aux  devoirs  en\ers  les  morls  ,  qui  sont  en  effet  les 
derniers  ,  mrxis  aussi  les  plus  sacres  . 
(98)     McRÀT.   Thcs.  passini. 


5o 

être  question  que  des  derniers  devoirs 
qui  ont  été  rendus  à  Q.  Ampliatus. 

On  pourra  objecter  qu'Ampli atus  n'a 
ici  que  deux  noms  ,  ce  qui  est  contrai' 
re  à  l'usage  ordinaire  des  Romains  . 
Si  summus  etoit  un  surnom,  on  pour- 
roit  lire  Qia'ntiis  Ampliatus  Summus'^  mais 
il  fau droit  qu'il  fût  au  génitif  ^St/mw/.  Le 
mot  summo  a  été  calqué  avec  le  plus 
grand  soin  :  le  teins  l'a  entièrement  con* 
serve  ,  il  ne  peut  s'accorder  qu'avec 
le  substantif  miinere  qui  est  aussi  à  l'ab- 
latif, et  ne  peut  être  le  surnom  d' Am- 
pliatus .  La  lettre  initiale  du  prénom 
pourroit  avoir  été  effacée  par  le  tems  , 
mais  si  les  Romains  avoient  ordinaire- 
ment trois  noms  ,  les  exemples  (loo) 
de  ceux  qui  n'en  ont  eu  que  deux  sont 
communs  dans  les  inscriptions. 

Si  on  juge  d'après  celle  qu'  on  lit 
à    présent     sur    la    face     principale    de 

(loo)  J'en  pourroîs  citer  vin  grand  nombre,  je  me 
conlenlerai  de  celui-ci  tiré  d'Hercidanam 

THEATRVM  ET  ORCHESTRAM  DE  SVO 
L  RVFVS  L.  F. 


5i 

ce  lomboau,  oïl  ne  pourra  se  persuader 
que  ce  soit  celui  crAmpliatus  ,  surtout 
quanti  les  pluies  auront  entièrement 
emporté  les  lettres  du  Las  relief.  Yoici 
celte  inscription. 

RICIO  AF  MEN 

SGAYRO 

II  VIR      ID 

.ECVRIONES  LOCVM  MONVM 

(X)  (X)  IN  FVXERE  ET  STATVAM  EQVESTR 

FORO  •  PONENDAM  CENSYERYNT 
SCAYRYS  PATER  FILIO 

A  Ricins  ÇiQ  1^ Scaurus Jils  cVA...  de  la 
tribu  Menenia ,  duumvir  pour  rendre  la  ju- 
stice \les  Decurions  ont  donné  le  lieu  du 
monument^  et  deux  milles  sesterces^  pour 
les  funérailles  ^  et  ont  décidé  d'ériger  une 
statue  équestre  dans  le  forum.  Scaurus 
père  à  son  fils. 

Si  il  étoit  évidement  prouvé ,  que 
cette    inscription    a    toujours    été  à  la 

(loi)  Le  nom  de  Ricins  se  i-elrouve  encore  dans 
dautres  inscriptions.  jMlratoiu  Thés.  DCCCLXXXI,  6. 
DCiCCLXXXI,  1.  il  est  aussi  écrit  avec  un  double  c 
liiccius.  Id.  DCCCXLXII ,  et  Gruter.   r/ze..  LIX,  8. 


52 

place  qu'elle  occupe  aujourduî,  la  que- 
stion seroit  décidée.  Ceux  qui  Vj  ont 
fait  mettre  ^  ne  se  sont  déterminés  que 
par  des  motifs  qui  leur  ont  paru  sans 
réplique:  je  respecte  leur  savoir,  j'ai- 
me leur  personne  ,  ce  n*  est  qu'  avec 
une  extrême  défiance  que  je  hasarde 
de  combalre  leur  décision ,  mais  enfin 
je  crois  devoir  proposer  mes  doutes.  Cet- 
te inscription  a  été  trouvée,  à  peu  de  di- 
stance du  tombeau;  la  pierre  s'ajuste  as- 
sez bien  ,  dit-on  ,  à  la  place  où  on  l'a 
mise  ,  et  sans  elle  le  nom  de  celui  à 
qui  il  appartient  paroissoit  inconnu.  Tel- 
les sont  les  raisons  qui  les  ont  convain- 
cus. J'ajouterai  que  la  somme  de  deux 
milles  sesterces,  qui  a  été  donnée  par  les 
Decurions  ,  pour  les  funérailles  ,  devroit 
avoir  servi  à  pajer  le  grand  spectacle  de 
gladiateurs  et  la  superbe  chasse  qui  en 
augmentereïit  la  pompe.  Je  puis  il  est  vrai 
me  faire  illusion,  parceque  mon  jugement 
etoit  déjà  formé , non  après  la  découverte, 
mais  avant  l'emploi  de  cette  inscription 
que  j'avois  copiée  et   c'est    un    préjuge 


55 
dont  je  dois  me    défendre  :    cependant, 
après  avoir  tout  examiné  je  me  crois  fon- 
dé à  soutenir  mon  opinion. 

La  première  fois  que  j'ai  vu  ce  tom- 
beau 5  la  face  de  la  base  carrée  qui 
le  termine  etoit  couverte  d'un  beau 
stuc  ,  parfaitement  lisse  ,  comme  on  le 
voit  dans  la  gravure  pi.  IL  il  auroit  été 
impossible  d'y  appliquer  une  inscri- 
ption :  pour  faire  tenir  celle  ci  il  a 
fallu  piquer  toute  la  surface,  la  dépouil- 
ler de  son  stuc  antique  ,  mettre  à  nud 
les  briques  qui  en  etoient  couvertes  et 
enfoncer,  sur  les  côtés,  des  crampons  de 
fer  tandisqu'on  ne  decouvroit  la  trace 
d'aucune  attache,  d'aucun  lien  de  fer 
ou  de  bronze  ,  ni  sur  le  tombeau  ni 
sur  la  pierre  qui  porte  l'inscription  .  La 
pierre  n'auroit  cependant  pu  tenir  sans 
ciment  et  sans  liens.  J'ajouterai  qu'au^ 
jourd'hui  la  pierre  couvre  toute  la  sur- 
face du  massif  et  que  si  elle  s'ajuste,  pour 
la  hauteur,  c'est  qu'on  a  rebâti  le  mas- 
sif ou  elle  s'applique  jusqu'à  son  som- 
met 5  de  sorte  qu'il  est  devenu  un  car- 


54 

Jre  long  an  lieu  d'un  véritable  cane* 
Quant  à  la  largeur  on  n'en  peut  pas 
bien  juger  5  puisque  la  pierre  est  frag- 
mentée 5  et  qu'elle  est  sans  encadre- 
ment^ cependant  tous  les  autres  tom- 
beaux de  Pompeï  ont  un  encadrement^ 
creuse  ou  saillant  ^  à  la  place  ^  à  la 
quelle  on  lit  l'inscription  ^  ou  qui  lui 
etoit  destinée  5  et  celui  ci  ne  manquoit 
pas  plus  que  les  autres  de  cet  orne- 
ment 5  dont  il  reste  encore  des  vestiges 
sur  les  deux  faces  latérales*  Cet  enca- 
drement etoit  de  stuc  et  du  même  genre 
que  celui  du  tombeau  de  NaevoleiaTjche 
pi.  VI 5  et  YII .  Les  lettres  de  cette  in- 
scription sont  presque  cubitales  et  un  peu 
grandes  relativement  à  la  mesure  du 
tombeau  ,  qui  se  distingue  par  l'ele- 
gance  de  sa  forme  et  de  ses  propor- 
tions. Les  caractères  sont  profondement 
creusés  et  annoncent  ^  par  leur  beauté, 
une  époque  voisine  du  règne  d'Auguste, 
tandis  que  les  bas  reliefs  et  les  inscri- 
ptions peintes ,  sont  certainement  d'un 
tems  bien  moins  anciens. 


55 


Je  ne  vois  donc  aucun  molif  pour  at- 
tribuer ce  tombeau  à  Ilicius  Scaurus, 
puis  qu'  une  inscription  place'e  sur  le 
monument  lui  même,  atteste  qu'il  renfer- 
moit  la  cendre  de  Quintus  Ampliatus;  je 
ne  pense  cependant  pas  que  cette  inscrip- 
tion,tracée  grossièrement  avec  un  pinceau 
et  dans  la  quelle  Ampliatus  n'est  nom- 
mé  que  par  occasion,  soit  celle  qui  lui 
ctoit  spécialement  consacrée  ;  elle  rap- 
pelle seulement  son  nom  ,  à  l'occasion 
des  jeux  qui  ont  été  célébrés  à  ses  fu- 
nérailles .  11  y  en  avoit  probablement 
«ne  autre,  qui  exprimoit  les  honneurs 
municipaux  dont  Quintus  Ampliatus  jo- 
ui ssoit  et  les  titres  qu'il  avoit  à  la  re- 
r.onnoissance  do  ses  concitoyens .  Où 
étoit  elle?  qu'est  elle  devenue?  c'est 
ce  que  je  ne  saurois  déterminer,  mais 
ce  n'  est  pas  le  seul  tombeau  de  Pom- 
peï  qui  manque  d'inscription  :  on  n'en 
a  trouvé  que  la  place  sur  ceux  qui  sont 
gravés  pi.  ï.  ii. /^,y.,  et  pl.ll.  Si  ces  in- 
scriptions ont  été  perdues,  celle  du  tom- 
beau d' Ampliatus  peut  avoir  éprouvé  la 


66 
même  disgrâce.  Je  n'ai  ni  prévention  pour 
Ampliatus,  ni  haine  contre  Ricins  Seau- 
rus^  qu'ils  reposent  en  paix!  mon  inten- 
tion n'est  pas  de  chasser  aucun  des 
deux  de  sa  sépulture  et  de  troubler 
ses  mânes  ^  mais  lorsqu'on  traite  une 
question  ,  quelle  qu'elle  soit  ^  il  faut 
chercher  la  vérité  .  Je  ne  propose  ce- 
pendant mon  opinion  que  comme  un 
doute .  Si  elle  n'est  point  admise  on 
regardera  seulement  Ampliatus  comme 
le  Magistrat  qui  a  fait  célébrer  les  fu- 
nérailles de  Ricius  Scaurus ,  à  qui  ce 
tombeau  appartenoit ,  et  on  expliquera 
ainsi  l'inscription  peinte:  dans  les  grands 
jeux  5  qui  ont  été  donnés  sous  la  dire^ 
ction  de  Quintus  Ampliatus  .  Je  dois 
pourtant  avertir  que  l'emploi  du  mot 
summus  pour  signiiîer  grand  ^  magnifi- 
que n'est  pas  conforme  aux  règles  de 
la  bonne  latinité. 

On  ne  se  contentoit  pas  d'honorer  les 
morts  5  par  des  combats  de  gladiateurs, 
on  cherchoit  encore  à  rendre  les  funé- 
railles plus  somptueuses  et  plus  magnifî- 


57 
qtics  5  en  y  joignant  des  spectacles  ,  ap- 
pelles Venationes  (102).  C'etoieut  des 
chasses  dans  les  quelles  on  faisoit  pour- 
suivre des  animaux  timides^par  ceux  qui  en 
font  ordinairement  leur  proie, et  comba- 
Ire  des  hommes  contre  des  Létes  féroces, 
qu'on  avoit  rendues  furieuses.Nous  voyons 
dans  le  second  bas-relief  pi. III.  n.25  uu 
lièvre  ,  un  lapin  et  un  cerf, poursuivis  par 
des  chiens  ;  deux  Bestiaires  combattent 
\\n  taureau,  et  deux  sangliers.  Un  chien 
a  déjà  atteint  un  de  ces  animaux,  et 
le  bestiaire  a  enfoncé  sa  lance  (io3) 
dans  le  corps  de  Tautre  .  Le  sang  d'un 
sanglier  coule  sur  l'arène.  L'autre  be- 
stiaire a  traversé  avec  sa  lance  le  corps 
du  taureau  ,  et  regarde  avec  une  sur- 
prise  melèe  d'effroi  le  coup  qu'il  a  por- 
té .  L'animal  furieux  emporte  le  trait  qui 


(102)     CiCER.  Epist.  fam.  VIII,  1.  Suet.  in  Claud. 

(io3)  Venabuliirn  .  C'est  Tarme  que  les  anciens 
cliassciu'S  nommoieiit  en  francois  epieu  ,  mot  dérivé 
de  spiculum  petite-lance.  Les  rois  et  princes  se  don- 
nent encore  aujourd'hui  le  plaisir  de  chasser  le  san- 
glier avec  des  lances. 

8 


58 
fait  couler  son  sang;  il  se  retourne  fie- 

^  renient  contre  son  ennemi ,  à  présent  dé- 
sarme 5  et  va  venger  sa  mort  en  lui  otant 
la  vie. 

Le  troisième   bas  relief   pi.  lil.  n.  5. 

'  décore  le  dessus  de  la  porte  d'entrée  du 
tombeau  pl.l.n.  i.et  3.  e  j  l.II.  Les  pilastres 
de  cette  porte  sont  cannelés  ,  et  ont 
des  chapitaux  corjnthiens.  On  y  re- 
marque cinq  hommes  ^  quatre  sont  ar- 
més .  Ils  ont  les  membres  et  le  corps 
couverts  de  lames  de  métal ^  des  casques^ 
des  boucliers  de  différentes  formes  ^  des 
jambières  plus  ou  moins  ornées. 

Les  auteurs  qui,  coinme  Juste  Lipse, 
ont  voulu  déterminer, d'une  manière  pré- 
cise, tous  les  noms  des  gladiateurs,  d'après 
la  forme  de  leurs  armes  ,  sont  tombés 
dans  l'erreur.  D'après  les  doctes  recher- 
ches de  cesecrivains,lerètiaire  devoittou- 
jour  porter  un  filet,  et  le  casque  du  Mjr- 
millo  devoit  être  surmonté  d'un  poisson^ 
mais  combien  de  différences  ont  fait  nai- 
tre  les  tems  et  les  lieux ^  c'est  pourquoi 
les  monumens  sur  lesquels    on  a  figuré 


^9 
des  gladiateurs,  représentent  tontes   les 

armes  dont  ils  faisoient  usage  ,  mais 
elles  ne  sont  jamais  associées  ,  comme 
Juste  Lipse  Fa  dit, en  reunisant  des  pas- 
sages des  auteurs  anciens.  Nous  voyons 
ici  des  gladiateurs  ,  couverts  de  bandes 
de  métal  ^  d'autres  ont  seulement  une 
ceinture  ^  ils  sont  armés  de  lances  ,  d'é- 
pées,de  tridents.  Quelques  uns  ne  sont 
vêtus  que  d'une  simple  chl  mjde  :  ils  ont 
un  casque  orné  d'un  aigrete, un  bouclier 
plus  large  à  la  partie  supérieure  que  par 
le  bas,  pour  mettre  la  poitrine  à  cou- 
vert, sans  gêner  le  mouvement  des  jam- 
,bes,et  ils  portent  des  jambières  (ocreae^. 
Telle  étoit ,  selon  Tite  Live  ,  l'armure 
des  Samnites  (lo/j).    Les    Campaniens  j 

(lOf)  Vorma  crat  scutl  j  summum  lutins^  qiia 
pcctns  utquc  humeri  tcguntur  ,  fastigio  acquali  ,  ad 
imum  cuncat'or ,  mohilitatis  causa  .  Spongiu  pcctovl 
tegumentum  et  sinlstrum  crus  ocrea  tectum  :  galeae 
crLstatae.  Liv.  W  ,  4o-  Toile  est  rarmure  de  Balon 
qu'Autonin  Caracalla  obligea  de  coinbatre ,  en  un  seul 
jour,eoulrc  trois  adversaires  ;  il  fut  tué  parle  dernier 
et  Caracalla  lui  ('lova  un  tombeau  ,  dont  on  a  retrouvé 
le  Cippe,   qui  est  à  la  villa   Paniphili  .   Fabhetti   Co- 


6o 

par  une  suite  de  leur  haine  pour  ce 
peuple  5  donnèrent  son  nom  a  leurs  gla- 
diateurs, quelle  que  fut  leur  patrie,  et 
ils  les  faisoient  paroitre  armés,  à  la  ma- 
nière des  Samnites. 

Trois  des  gladiateurs  figuré  dans  le 
bas  relief  pi.  III.  n.  3.  sont  debout ,  un 
quatrième  est  blessé-,  le  dernier,  qui  pa- 
roit  avoir  eu  le  principal  honneur  dans 
ces  jeux,  est  conduit  par  un  homme,  qui 
est  velu  d'une  simple  chlamjde.  Quoi- 
que celui  ci  n'ait  point  la  baguette  qui 
etoit  le  signe  de  sa  profession  ,  la  confor- 


lonna  Trajana  255.  en  avoit  donné  une  figure  iucor-" 
recte.  Winckelma>n  Fa  fait  graver  plus  fidèlement  Mo- 
nuni.  ined.  n.  198  5  mais  comme  il  ne  paroit  pas  avoir 
connu  ie  passage  de  Tite  Live  ,  que  je  cite  ,  il  ne  donne 
point  la  véritable  raison  poiu*  laquelle  la  jambe  gauche 
seule  de  Bâton  a  une  jambière.  Les  Samnites  des  tom- 
beaux de  Pompeï  ne  différent  de  Bâton  qu  en  ce  qu  ils 
ont  deux  jambières.  Parmi  les  griffonages  que  les  soldats 
ont  laissés  sur  les  murs  de  leur  camp  a  Pompei  on  re- 
marque une  grossière  esquisse  d'un  gladiateur  Samnlte. 
M.  le  Chevalier  de  Clarac,  qu'on  peut  regarder  com- 
me un  des  hommes  qui  connoissent  le  plus  et  le 
mieux  Pompeï ,  en  a  pris  le  dessin. 


(31 

mîté  de  son  vêtement  avec  celui  des  La- 
nistae  ^  sur  la  mosaïque  de  la  villa  Albaiii, 
paroi t  prouver  ,  que  c'est  aussi  le  Lanl- 
sta  ou  chef  de  la  Trouj^pe.  Ce  bas  relief 
a  certainement  rapport,  comme  le  pre- 
mier pi.  I.  et  pi.  III.  n.  1. 5  aux  jeux  dont 
un  a  honoré  les  funérailles  d'Ampîiatus. 
Ces  gladiateurs  sont  probablement  les 
vainqueurs  :  on  n'en  a  figure  que  qua- 
tre parce  que  deux  autres  sont  morts 
ou  que  leur  victoire  a  été  contestée  ^ 
ou  peut  être  seulement,  parceque  le  ca- 
dre n'a  permis  à' y  placer  que  les  qua^ 
tre  principaux. 

Nous  ne  devons  pas  être  étonnés  de 
la  découverte  de  ces  précieux  monu- 
mens^qui  apprennent  des  détails  curieux 
sur  les  combats  de  Gladiateurs.  Les  Gam- 
paniens  étoient  si  passionés  pour  ce  genre 
de  spectacle, qu'outre  les  funérailles  aux 
quelles  il  etoit  spécialement  consacré,  il 
n'y  a  voit  point  de  grand  banquet,  dont 
ces  jeux  sanglants  ne  fissent  le  principal 
amusement  .  Le  nombre  des  paires  de 
combattants  dependoit  de  la  qualité  des 


62 

convives  (io5).  Celui  des  gladiateurs 
devint  si  prodigieux  ,  qu'au  tems  de 
Caesar ,  Capoue  seule  en  avoit  plus  de 
quarante  mille  (io6)  qui  etoient  distri- 
bués en  un  grand  nombre  de  trouppes 
(^familiae').  Il  etoit  impossible  d'exercer 
une  surveillance  suffisante ,  pour  conte- 
nir tant  d'hommes  audacieux  et  dépra- 
vés. Ceux  qui  5  sous  la  conduite  de  Spar- 
tacus^  causèrent  tant  de  maux  dans  l'Ita- 
lie 5  s'etoient  échappés  de  Capoue  (107). 
Les  habitans  de  Pompeï  avoient  la 
même  passion  que  ceux  de  Capoue 
pour  ce  genre  de  spectacle  .  On  j  a 
trouvé  plusieurs  inscriptions  qui  sont 
relatives  aux  jeux  sceniques  et  aux 
gladiateurs  .  Ce  sont  des  espèces  d'af- 
fiches 5  comme  celles  de  nos  batte- 
leurs  ^  mais  les  caractères  sont  tracés, 
comme  ceux  du  premier  basrelief  de 
ces  tombeaux,  avec  un  pinceau 5  et  ont 


(io5)     Strab.  V. 

(106)  CicER.  ad  Attlc.  VIL    14. 

(107)  VeLLEIUS    I.     00. 


G5 

beaucoup  souffert  (io8) .  Il  j  est  toujours 
question  du  nombre  des  paires  de  gla- 
diateurs ,  de  combats ,  de  chasses.  Le 
jour  où  ce^  plaisirs  doivent  avoir  lieu 
est  indiqué.  Une  de  ces  inscriptions  (109) 
annonce  un  combat  qui  doit  durer  qua- 
tre jours  de  suite,  les  5, /{,  5,  et  la  veil- 
le des  Kalendes  de  Décembre.  Chaque 
journée  sera  terminée  par  une  chas- 
se. Une  autre  apprend  que  la  Troup- 
pe  (110)  de  N.  Papidius  Rufus  donnera^ 
le  4  ^^*^^  Kalendes  de  Novembre  ,  une 
chasse  et  que  ^  depuis  le  douze  des  Kalen- 
des de  Mai  5  il  j  aura  des  voiles  pour 
mettre  les  spectateurs  à  couvert  ,  et 
des  mats  pour  porter  ces  voiles  (m). 
Cet  avis  est  signé  par  ONESIMUS  O- 
CTAVIUS  PROCUR  VTOR  ,  c'est  à  di- 
re   directeur  de  la  trouppe  ^  il    finit  par 


(108)  SrL.   iTAL.   hell.  punie.      XI,   5i. 

(109)  Dissert.   Isjgog.    pi.  IX.   u.  2. 
(  1 1  o  )     Fa  ni  ilia  gladia  t(  tria . 

(111)      Dissert.   Isago^.    pi.   IX.    n.    4'     H  Y   ^'^   ^ 
onrorc  imc  à  ptu-pics  semblable  u.  G. 


64 

cette  exclamation   de  bon  Augure     FE- 
LICITAS  (112). 

La  passion  des  habitans  dePonipeïpour 
les  chasses  etoit  donc  aussi  vive  que  leui* 
amour  pour  les  jeux  de  gladiateurs  . 
Tous  les  habitans  de  la  Canij^aiiie  ai- 
moient  également  les  chasses  de  TAm- 
phitheatre  .  Ils  offroient  un  culte  parti- 
culier a  Diana  Tifatina  (ii3)*  Les  ima- 
ges de  Diane  dccoroient,  comme  celles 
de  Mars  5  les  Amphithéâtres  (1 14)5  et  le 
buste  (ii5)  de  Diana  Tifatina  orne 
encore  laporte  de  celui  deCapoue  (116). 


(112)  Celte  acclamation  est  à  peu-prcs  du  genre 
de  celle  Slmmachi  Homo  Félix  qu'on  lit  sur  une  des 
mosaïques  de  la  villa  AlLani  5  Winckelmann  inonuin. 
ined.  n.198.  elle  me  pai'oit  confirmer  que  ce  Symma- 
cîiius  étoit  le  procurator  ou  le  Lanlsta  de  la  Irouppe. 
Slipru  p.  36- 

(11?)     jMazocchi  de  Àinphith.    C«;?.V,  viii,  p.  i33. 

(11 4)  Martem  et  Dianam  iitriusque  ludl  (c'est 
à  dire  liidi  gladiatorii  et  venationis  )  praesidcs  novi" 
mus.   Tertvll.   de  Spect.  10. 

(ii5)      Ce  buste  a  pour  pendant  celui   de  Junon. 

(116)  Ces  beaux  bustes  colossaux  et  vraiment  gran- 
dioses sont  appliqués  ,  contre    le  mur  d'une  maison  y 


65 
Les  iiîiures  des  bas  rc'liefs  des  tom- 
beaux  que  je  décris  sont  courtes  et 
grossières  ,  cependant  l'architecture  est 
d'un  stjle  assez  pur  et  les  moulures  sont 
de  bon  goût.  On  ne  peut  croire  qu'on 
ait  abandonné ,  sans  motif,  à  un  homme 
sans  talent,  l'exécution  des  ornemens  de 
cette  sépulture  qui  devoit  appartenir  à 
une   des   principales   et  des  plus  riches 

qu'on  appclloit  autre  fois  le  prétoire  ,  avec  ceux  xle 
Jupiter  ,  de  Mercure  ,  de  Pan  etc.  Ce  mur  est  sur  la 
grande  ru(; ,  ou  la  route  de  Rome  j  il  ny  a  pas  de  fa- 
quin et  de  cliarclier  qui  n'insulte  en  passant  ces  di- 
vinités. La  chasteté  de  Diane  et  l'adresse  de  IMercure 
ne  peuvent  les  soustraire  à  d'indignes  outrages  :  Ju- 
piter fronce  ses  épais  sourcils  ,  comme  un  lion  en- 
chainé  que  la  canaille  attaque ,  et  son  fier  regai-d  scm- 
Llt;  encore  menacer  ses  vils  assaillants.  Un  marchand 
ile  châtaignes  ,  qui  s'est  étahli  sous  la  tête  de  Pan  l'a 
Lurlesquemenl  barbouillée  de  blanc  ,  de  rouge  et  de 
noir  .  On  devroit  placer  ces  bustes  convenablement , 
et  les  magistrats  des  provinces  feroîent  bien  de  s'op- 
poser à  ce  goût  de  peinture  qui  s'est  répandu  dans 
tout  le  ropume.  On  y  trouve  par  tout  des  Dieux 
blanchis  à  la  craie  ,  des  D<îcurions  et  des  Augustaux 
qui  seroient  bien  étonnés  ,  s'Us  pouvoieut  voir  les  bi- 
zarres couleurs  que  leui'  loge  a  reçue. 


G6 
familles  de  la  ville.  Tous  les  houeliers^ 
sont  peints  en  ronge,  en  dedans,  et  le$ 
traces  du  sang  que  versent  quelques 
gladiateurs  et  les  animaux ,  percés  par 
les  lances  des  chasseurs  ,  sont  aussi 
peintes  de  la  même  manière.  Cet  em* 
ploi  des  couleurs  appartient  à  l'enfance 
de  l'art  ,  ou  à  son  entière  décaden- 
ce (117);  ce  tombeau  n'est  pas  d'une 
haute  antiquité  ;  il  ne  peut  non  plus 
être  postérieur  à  l'an  79,  époque  de  la 
destruction  de  Pompeï  .  Tous  les  mo- 
numens  relatifs  aux  gladiateurs  sont^ 
à  peu-près,  d'un  aussi  mauvais  stjle. 
Il  paroi t  que  les  artistes  qui  ont  pris 
tant  de  modèles  dans  les  gjmnases  ^ 
les  paîaestres  ,  les  hippodromes  et  les 
jeux  athlétiques ,  auroîent  cru  desho- 
norer   leur  ciseau   en  réprésentant   des 

(117)  Monsieur  Quatremere  de  Quinci  mon  con- 
frère à  Tinstilut  a  composé  une  trés-Lelle  dissertation 
«ur  ce  qu'on  appelle  la  toreutique  et  sur  Vemploi  que 
les  anciens  sculpteurs  faisaient  des  couleurs^  des  me- 
taux  et  des  pierres  colorées.  Il  est  à  désirer  qu'  çlh 
soit  bientôt  publiée. 


67 

gladiateurs.    Les  sculpteurs  d'un    talent 

médiocre  qui  se  chargoieiit  de  ces  tra- 
vaux figuroient  encore  les  gladiateurs 
d'une  manière  grossière ,  et  souvent  mê- 
me burlesque  (ii8)  afin  que  les  images 
de  ces  liommes,  dont  la  profession  etoitsi 
justement  méprisée,  ne  pussent  être  con- 
iondu<  s  avec  celles  des  héros  et  même 
des  simples  guerriers  .  On  auroit  cru 
prostituer  l'idéal  en  l'employant  j)0ur  ces 
viles  images. 

La  partie  technique  de  ces  bas  reliefs 
mérite  encore  notre  attention.  Le  stu- 
cateur  après  avoir  rendu  lisse  la  surfa- 
ce, sur  la  quelle  il  vouloit  opérer,  a  en- 
foncé des  broclies  de  fer  dans  les  en- 
droits ou  il  devoit  placer  les  ligures,  à 
Un  de  procurer  l'adhésion  de  la  matiè- 
re qu'il  emplojoit ,  adhésion  que  la  ro- 
uille du  fer  devoit  rendre  plus  tenace. 
La   clialçur    des  cendres  volcaniques  a 

(118)  Il  suffit  pour  se  convaincre  de  ce  que  j'a- 
vance de  voir  les  monunions  qui  représentent  des  gla- 
diateurs -,  ceux  qui  sont  figurés  sur  les  lampes  d'Hei^ 
culanuni  confirment  mon  observation. 


G8 
été  si  violente  qu'elle  a  fondu  ces  bro- 
ches 5  qui  sont  devenues  comme  des 
scories  mamellonées.  On  les  prendroit 
pour  une  matière  jaunâtre,  comme  le 
pain  de  maïs ,  qui  auroit  été  mâchée 
et  dont  on  auroit  sali  ces  sculptures . 
La  fusion  des  broches  a  fait  éclater  et 
tomber  les  figures  qu'elles  rétenoient  et 
a  causé  la  dégradation  de  ces  bas  re- 
liefs (119). 

La  forme  générale  de  ce  tombeau  est 
élégante  et  même  remarquable  à  cause 
de  ses  rapports  avec  celle  du  tombeau 
de  Mausole  roi  de  Carie  .  Le  toit  de 
ce  célèbre  édifice  formoit  le  soubas- 
sement d'  une  construction  pjramida* 
le  ^  composée  de  vingt  quatre  gradins  , 
qui  conduisoicnt  au  sommet  où  étoit 
une  base  sur  la   quelle  on    avoit    posé 


(119)  M.  Mazoi  qui  fi  si  Lien  décrit  dans  les 
ruines  de  Pompei  p.  22.  la  manière  dont  on  appli- 
quoit  les  ornemens  de  stuc,  ne  pai'le  pas  de  celle  la, 
parce  que  ce  tombeau  netoit  pas  encore  découvert 
quand  il  a  rédigé  cette  partie  de  son  ouvrage  . 


une  qnadrigo  de  marbre  (isio).  Le  tom- 
beau lV  Ampiiatus  ne  peut  elrc  compa- 
ré à  celui  de  Mausole^pour  le  luxe  et 
la  beauté  des  ornemens  ,  mais  il  lui  res- 
semble eu  petit  par  sa  forme.  Le  som- 
met ne  paroit  pas  avoir  été  une  table  d'au- 
tel, on  peut  croire  que  sa  statue  y  ctoit  pla- 
cée et  si  elle  n'éloit  pas  de  bronze,  elle 
n'a  point  été  fondue ,  ni  enlevée  depuis 
avec  l'urne,  et  on  la  trouvera  peut  être  à 
quelque  dislance  du  tombeau.  Quant 
au  motif  qui  a  fait  adopter  cette  forme 
i'aimcrois  à  croire  que  ce  monument 
a  été  élevé  à  Ampiiatus  par  sa  femme, 
et  que  pour  témoigner  sa  douleur  elle 
a  voulu  qu'il  ressemblât  à  celui  qu*Ar- 
t émise  ,  dont  V  histoire  a  immortalisé 
la  tendresse  conjugale  ,  avoit  consacré 
aux  mânes  du  roi  son  époux  ^  mais  la 
ressemblance  de  ce  monument  avec  deux 
autres  que  je  vais  décrire,  fait  voir  que 

(120)  Le  comte  (le  Caylus  a  Jonné  dans  les 
mémoires  de  l'Académie  Tom.  XXVI.  «ne  description 
de  co  tombeau.  Ou  peut  encore  consulter  Alxisius  Je 
niuusolei  urchitectiim  dans  le /rt'so/- de  Salkvgre  T.III. 


y3 

celte  forme  etoit  alors  en  usage ,  et  de- 
îiientiroit  mon  explication. 

Quel  étoit  cet  Ampliatus  à  qui  on  a 
fait  des  funérailles  si  magnifiques  et  dont 
Turne,  après  avoir  été  ainsi  honorée  , 
a  été  déposée  au  centre  de  ce  tombeau 
bâti  sur  la  voie  publique.  Ce  nom  se 
trouve  frequement  dans  les  inscriptions; 
il  y  est  donné  à  des  hommes  de  condi- 
tion libre  5  mais  plus  souvent  encore  à 
des  esclaves  j  et  à  des  affranchis:  1*  in- 
scription nous  apprend  seulement  que 
son  prénom  etoit  Quintus  et  qu'il  étoit 
fils  de  Publius;  l'absence  du  surnom  jne 
fait  croire  qu'il  n'etoit  pas  d'une  nais- 
sance distinguée  et  qu'il  descendoit  de 
quelqu'  affranchi. 

Le  second  tombeau  pi.  I.  et  pi.  IL 
n.  2.  et  4-  n'est  séparé  du  premier  que 
par  le  mur  qui  leur  est  commun.  Celui 
qui  l'entoure  est  orné  de  pilastres ,  les  an- 
gles portent  des  cubes  ^  terminés  par  de 
petites  pjramides,  et  ces  cubes  sont  dé- 
corés, du  coté  de  la  voie  consulaire,  de 
bas  reliefs  en  stuc  qui  ont  rapport  aux 


7^ 
funérailles    el   à  Telat   des    anies   après 

la    mort  .    Sur    l' un    pi.  111.   n.    5.    on 
voit   une  femme   qui  tient  une  bandelc- 
te  et  une  patère  ,  au    dessus    d'un    au-» 
tel  ou  elle  a  offert  des  fruits.  Les  vases 
peints  sont  les  monumens  qui  nous  ont 
conservé  les  exemples  les  plus  frappans 
de  la  doctrine  mystique  des  anciens^redui- 
le  en  allégorie.  On  y  remarque  souvent 
des  initiés  qui   offrent  des  patères  ou  des 
bandeletes  à  Tame  d'un  mort  ,    figurée 
par    une     stèle    ou    colonne    funéraire  , 
un  vase,  ou  un  balustre  (121).  Quoique 
le  tems  où  les  peintures  de  ces  tombe- 
aux ont  été  faites,    soit  très  éloigné  de 
celui  où  on  a  fabriqué  les  vases  peints, 
on  avoit  dû  conserver,  dans  la  Gampa- 
nie,  beaucoup  d'anciens  dogmes  relatifs 
aux  morts  et  un  grand  nombre  de  rites  qui 
leurs  etoient  relatifs:  nous  venons  de  voir 
que  les  jeux  sanglants  sur  le  bûcher,  avo- 
ient  pour  objet  d'honorer  les  mânes,  et 

(•■îi)  Cette  doctrine  est  souvent  rappellce  dan* 
mon  ouYja^ç  sur  les  peintures  iL-s  vaser  ?..  vol.  i;]  fol. 
Allas, 


72 

de  se  lés  rendre  favorables.  Le  premier 
des  ces  bas  relief  ii.5.  représente  donc 
une  femme,  peut  être  celle  du  défunt ^ 
qui  sacrifie  à  ses  mânes  en  offrant  sur 
l'autel  charge  des  productions  de  la  na- 
ture une  patère  et  une  bandeîete:  Tune 
indique  la  pieté  ,  et  Y  autre  la  pureté 
des  initiés.  Cette  femme  pare  avec  la 
bandeîete  le  squelete  du  défunt  jîl.III. 
n,  5.  et  semble  le  relever  ,  pour  indi- 
quer que,  purifié  par  les  mystères  sacrés^ 
il  entrera  dans  les  isîcs  fortunées,  des- 
tinées à  recevoir  les  âmes  des  hommes 
vertueux.  D'autres  symboles  qui  ornent 
cette  sépulture  vont  encore  ajouter  quel- 
ques probabilités  à  mon  explication. 

La  chaleur  des  cendres  et  leur  frot- 
tement ont  fait  totalement  éclater  et  di- 
sparoitre  la  plaque  de  marbre  qui  etoit 
enchâssée  dans  le  cadre ,  orné  de  mou- 
lures, qu'on  remarque  au  milieu  du  mur, 
pi.  I.  et  nous  ignorons  le  nom  de  la  per- 
sonne que  ce  tombeau  renfermoit.  Cela 
confirme  les  observations  que  j'  ai  déjà 
faites  relativement  à  celui  d'Ampliatus 


75 
que    ces   tombeaux   n'ont  pas  tous  une 

inscription. 

Eu  entrant  dans  l'enceinte  pi.  I.  ou 
voit  une  base  carrée, sur  la  quelle  est  une 
tour  ronde  ,  le  stuc  dont  elle  est  reve- 
lue, est  moulé  en  compartimens  qui  figu- 
rent des  pierres  de  taille,  la  forme  du 
monument  est  pareille  ù  celle  des  au- 
tres tombeaux  ronds. 

Derrière  sont  trois  marches  grossières 
pi.  T.  n.  4'  ^ui  conduisent  dans  l'in- 
térieur par  une  petite  ouverture  carrée 
n.  2.  4-  <^ct  intérieur  est  circulaire  ^  on 
a  pratiqué  dans  le  mur  cinq  niches,  pour 
y  recevoir  des  urnes.  Celle  du  milieu 
qui  est  la  plus  grande  etoit  destinnée  au 
chef  de  la  famille,  elle  est  demi  circu- 
laire et  cintrée,  les  quatres  autres  sont 
carrées.  Ceux  qui  ont  violé  le  premier 
tombeau,  ont  aussi  pénétré  dans  celui 
ci,  on  n'y  a  trouvé  que  quelques  os.  Le 
trou,  dont  la  voûte  est  percé,  atteste  la 
profanation  que  cette  sépulture  a  éprou- 
vée. 

Les  murs  sont  intérieurement  couvert* 

10 


^74 
de  sine  et  ornés  cl'mie  peinture  à  fresque, 

qui  est  en  grande  partie  effacée.  On  y 
remarque  ,  dans  des  encadremens  ,  des 
dauphins  et  d'autres  animaux  marins.  Ces 
symboles  sont  encore  des  signes  de  la  feli. 
cité, dont  les  hommes  vertueux  et  purifiés 
par  l'initiation,  doivent  jouir  dans  les  isles 
fortunnées,où  leurs  âmes  sont  portées  par 
les  nymphes  ,  assises  sur  des  animaux 
marins  (123)  .  Ces  figures  allégoriques 
confirment  l'explication  que  j'ai  donnée 
des  petits  bas  reliefs  qui  décorent  les  an- 
gles des  murs. 

Je  n'avois  point  revu  Pompeï  depuis 
le  mois  d'  aoust  18 13.;  mes  voyages  dans 
les  Abruzzes,  et  dans  la  Fouille  m'avo- 
ient  empêché  d'y  retourner.  Quelle  a  été 
ma  surprise  d  y  trouver  encore  ,  au  mois 
de  mars  18 13.,  cinq  monuments  du  mê- 
me genre,  nouvellement  découverts  aus- 
si beaux  ,  et  aussi  intéressants  que  les 
premiers! 

(122)  Voyez  le  iîeau  sarcopliagë  qui  est  aujourdhui 
dans  le  musée  Napoléon.  Galerie  mythol.  pl.LXXIII. 
n.  298. 


L'entrée  du  tombeau  pi.  IV.  etoit  mu- 
rée quand  je  r examinai;  on  reservoit  à 
sa  majesté  la  reine  le  plaisir  d'j  entrer 
la  première  et  je  n'  en  ai  pu  faire  gra- 
ver le  plan.  Sa  forme  générale  est  très 
élégante ,  il  est  entourré  d'un  mur,  abso- 
lument sembable  à  ceux  des  tombeaux 
que  j'  ai  fait  figurer  pi.  I.  et  de  celui 
qui  est  gravé  pi.  VL,  on  n'j  avoit  par- 
liqué  aucune  ouverture.  Le  monument 
qui  s'eleve  au  milieu  de  cette  gracieuse 
enceinte,  a  la  forme  de  celui  qui  a  été 
élevé  à  Ampliatus,  si  l'on  adopte  mon  o- 
pinion  ,  ou  à  Ricius  Scaurus  si  elle 
n'est  point  atbnise.  La  matière  n'est  pas 
la  même  et  les  ornemens  différent:  ce- 
lui ci  est  d'un  marbre  blanc  et  très  lin. 
Sur  la  face  principale  du  massif  que 
portent  les  trois  marches,  est  une  inscri- 
ption, en  beaux  caractères  proportionés 
à  la  grandeur  du  monument  ^  et  plus 
petits  que  ceux  de  l'inscription  de  Ri- 
cius Scaurus.  On  j  lit 


7^ 
C.  CALVENTIO  QYIETO 

AYGVSTALI 

HVIC  OB  MViMFlCKNT  DECVRIOXVM 

DECRETO  ET  POPVLI  CONSESV  BISELLII 

HO?sOR  DATUS  EST 

à  Cahentlus  Quietus^Augustalisi  Vhonncur 
du  BiselUum  lui  a  été  décerné ^par  un  dé- 
cret des  decurions  ^  et  du  consentement  du 
peuple^  à  cause  de   sa  munificence. 

C.  Calventius  Quietus  etoit  Augustalisj 
c'est  à  dire  qu'il  appartenoit  au  collège 
des  Augustaux  (i23)  ou  prêtres  d'Augu- 
ste. Nous  ne  connoissons  pas  l'espèce  de 
munificence  qui  lui  a  fait  décerner  l'hon- 
neur du  Biselliunij  mais  ce  n'est  pas  le 
seul  exemple  qu'il  ait  été  accordé  pour 
des  libéralités  j  une  inscription  qui  a 
été  trouvée  à  Suessa  dans  la  Campa- 
nie  5  fait  mention  de  C  Titius  Chresimus 
à  qui  le  peuple  a  accordé  l'honneur  du 
Bisellium,  pour  lui  avoir  donné  mille  se- 
sterces (124) .  On  voit  que  cette  distin- 

(i23)  Les  Sexvirl  Augustales  sont  si  souvent  nom- 
més dans  les  inscriptions  ,  qu'  il  est  inutile  don  rien 
dire  ici  . 

(124)     Gkuter.  Thesaur.  CCCGLXXV,  3. 


77 
ctlon  municipale  pouvoit,  comme  beau- 
coup d'autres,  s'obtenir  pour  de  l'argent, 
et  elle  n'exigoit  pas    même    de   grands 
sacrijices. 

On  ne  sait  pas  encore  bien  ce  que 
c'etoit  que  le  hlseirLum  et  quelle  devoit 
être  sa  iorme.  Varron  est  le  seul  auteur 
ancien  qui  en  fasse  mention  (i25)  et  il 
n'en  donne  pas  une  idée  précise^  quant 
à  l'espèce  d'iionneur  dont  il  étoit  la  mar- 
q\ie  distinctive,  aucun  écrivain  n'  en  a 
parlé.  Chimentelli,  à  l'occasion  d'un  mar- 
bre qui  fut  trouvé  à  Pise  et  où  il  est 
parlé  de  l'honneur  du  Bisellium,  qui 
a  été  accordé  à  Largentius,  a  composé 
un  savant  et  volumineux  traité  (126)  ^ 
mais  son  érudition  n'eclaircit  point  la 
question.  Il  ne  peut  déterminer  si  le  bi- 
sellium  etoit  un  grand  siège  ou  une  re- 
union de  deux  petits,  il  rapporte  j  dans 

(i25)  Sic  cfuod  non  plane  erat  sella  subselUum 
dictum^  uln  in  ejiistnodi  </«o  bisclliuni  dictum.  Varro 
Uf   Lin  g.    Latin.    IV ,    28. 

(i?.G)  CKl.\IE^^ELLl  Marmor  pisanunt  de  honore 
biscllii  ,  Bonon.  iGGO.  4»  - 


78 
cinq  planches,  les  figures  de  toutes  les 

chaises  curules  et  de  tous  les  sièges  que 
les  monumens  lui  ont  fait  connoitre ,  et 
il  ne  produit  pas  une  image  authentique 
du  bisellium.  Noris  et  Mazocchi  n'  ont 
pas  été  plus  heureux.  Le  premier  pense 
que  r  honneur  du  bisellium  désigne  le 
Duumvirat  (127).  Mazocchi  croit  que  le 
bisellium  etoit  nommé  ainsi,  par  ce  que 
c'etoit  une  espèce  de  pliant  (128)  com- 
me les  sièges  de  bronze  qui  ont  été 
trouvés  au  théâtre  d'Herculanum  .  Les 
tombeaux  de  Pompeï  représentent  le 
bisellium  d'une  manière  indubitable .  On 
voit  evidement  que  c'  etoit  une  espèce 
de  banc  allongé  qui  pouvoit  contenir  deux 
personnes,  quoique  il  ne  servit  que  pour 
une  et  qu'  il  etoit  plus  ou  moins  orné, 
ainsi  que  'le  coussin  qu'on  posoit  dessus 
V.  pi.  ly.  pi.  V.  n.  2.  et  pi.  VIL  n.  2. 

Chimentelli    donne    sept  opinions    sur 
ce   qu'on    appelle    V  honneur    du    Dlsel^ 

(15 y)      Cenotçpli.  pisan.   I.   3. 
(128)     Tabul.  Jleracleens,  p.  i55. 


79 
liiun  (129)  et  chacune  est  appnyec  d'un 

grand  nombre  de  passages  classiques,  qui 

ne  prouvent  que  son  érudition  (i3o)  ,  et 

la    cliose    reste    encore    indécise  ;    ce- 

pendant    une  belle  inscription    que  Fa- 

bretli  possedoit  et  qu'il  a  publiée,  sert 

beaucoup  à  l'eclaircir:  elle  nous  apprend 

que  „  les  centumviri  de  Veia,  reunis  à 

,5  Rome ,  dans  le  temple  de  Tenus,  sont 

5,  convenus  d'accorder  à  C  Julius  Gelo- 

55  tus ,  affranchi  du  divin  Augubte,  l'hon- 

55  neur  d'être  admis  entre  les  Augustaux 

(icip)     Honor.   btselUi. 

(i?)o)  Selon  ChimentellI  leJ^isellium  devoit  être 
î."^  une  clifiisse  particulière  dans  les  jeux  et  les  cérémo- 
nies publiques.  2.*^  ces  mots  honor  Biscllii  servent  à  de- 
signer un  personnage  qui  a  obtenu  deux  fois  ,  dans  la 
\ille  quil  liaLitoit,  la  première  magistrature  .  3.°  ou 
qui  y  exercoit  à  la  fois  deux  magistratures.  4-'^  peut 
être  designoit-on  ainsi  le  Duumvirat.  5.^  ces  termes 
indiquent  l'admission  dans  le  Decurionat ,  ou  simple- 
ment le  droit  de  siéger  parmi  les  Decurions.  6.^  les 
Auguslaux  recevoient  des  honneurs  pareils  à  ceux 
qu'on  accordoit  aux  magistrats.  ^.*^  Ce  n'etoit  pas  un 
siège  ,  mais  une  bige ,  ou  cbar ,  dans  lequel  il  y  avoit 
place  pour  deux.  Le  lecteur  peut  choisir,  car  la  que-, 
stion  nest  pas  décidée. 


8o 

5,  et  de  s'asseoir,  parmi  eux^dans  tous  les 
55  spectacles,  sur  un  bisellium  particulier. 
Il  est  donc  évident  que  le  Bisellium 
avoit  la  forme  de  ceux  que  nous  vojons 
sur  les  tombeaux  de  Pompeï  pl.IV.  Y.  YI. 
et  YII.  L'usage  en  étoit  accordé  aux  per- 
sonnes considérables  ,  elles  avoient  le 
droit  de  s'asseoir  dessus  (i3i)  au  specta- 
cle (iSa)  5  au  forum,  et  enfin  dans  les 
jeux  et  les  fêtes  publiques.  Cet  honneur 
etoit  décerné  au  nom  du  peuple  (i33), 
par  un  décret  des  decurions  (i34)  ;  il 
s'obtenoit  par  des  services  (i 35),  ou  des 
libéralités  (i  36).  Celui  qui  l'avoit  reçu, 
avoit  le  titre  de  Blsellarius  (137). 

(i3i)  Honorent  ei  justissimum  decerni  ut  Augu- 
stalîum  numéro  habeatur  ,  aeque  ac  si  eo  honore  usus 
sit  \  lîceatque  e/,  omnibus  spectaculis ,  municipio  nostrOy 
bisellio  projirio,  /n^er  Augustales  consedere.  Fabretxi 
Iscript.  III  ,   324» 

(13?.)     Omnibus  spectaculis.  Supra  note   l3i. 

(i33)      Consensu  populi.  Supi*a  p.   y 5. 

(i34)     Decreto  Decurionum.   ibid. 

(i35)      Ob   mérita,   Infra. 

(i36)     O^  munificentiam.   Supra  p.   j6. 

(137)     Gruter  et  JMuRATORi  pasiim. 


8î 

Tons  ceux  dont  les  inscriptions  fon£ 
mention  5  pour  avoir  obtenu  l'honneur  du 
Bisellium  5  etoicnt  des  Augustaux.  Fa- 
Lretti  conjecture  j  avec  beaucoup  de  pro- 
babilité ^  qu'il  leur  ctoit  particulier^  il 
n'etoit  pourtant  pas  accordé  à  tous,  mais 
aux  plus  distingués .  Ce  genre  de  di- 
stinction etoit  absolument  municipal,  il 
ne  doîinoit  aucun  rang  ,  aucune  préro- 
gative, et  même  aucun  éclat  ^  hors  de  la 
ville,  où  il  avoit  été  décerné^  c'est  pour- 
quoi aucun  auteur  n'en  Tait  mention  j 
pendant  qu'il  est  rappelle  par  un  assez 
grand  nombre  d'inscriptions (i 38). 

Les  moulures  qui  décorent  ce  tom- 
beau   et  qui  en  encadrent    l'inscription 

(i3B)  Cet  honneur  municipal  avoit  beaucoup  de 
•rapport  au  Lanc  que  les  raarguilliers  oLtienncut  dans 
cette  espèce  d'enceinte  qu'on  appelle  Toeupre,  dans  nos 
eglisiRS  •,  aux  loges  ou  aux  places  qu'on  accorde,  dans  les 
spectacles  et  dans  les  fètcs  publiques,  aux  officiers  mu- 
nicipaux et  aux  principaux  administrateurs.  Ces  places 
sont  fixes  ,  et  le  biscUiuni  etoit  portatif  -,  c'  est  toute 
la  différence  :  cependant  on  doit  croire  que  celui  à 
qui  on  avoit  décerné  Thonneur  de  ce  siège  avoit  en- 
core uue  place   marquée  où  il  le  faisoit  poser. 

II 


82 

sont  très  agréables,  vojcz  pl.IY.  et  pï. 
V.  n.  I.,  2.,  4-^  ^'5  ^^^  enrolilemens  qui 
terminent  le  couvercle  sont  noblement 
formés  de  belles  feuilles  de  palmier  pL 
IV.  et  pi.  V.  n.  1.5  qui  sont  encore  des 
marques  honorifiques  (139),  l'extrémité 
de  ces  enroulemens  est  décorée  de  tètes 
de  béliers  pi.  IV.  et  pl.V.  n.2. 

Les  deux  faces  latérales  sont  ornées 
de  couronnes  de  cliéne,  attachées  avec 
des  bandelettes  pi.  V.  n.  i.,  c'est  le  plus 
bel  hommage  qu'une  ville  reconnoissan- 
te  puisse  offrir  à  un  de  ses  citoj  ens  dont 

(139)  Les  statues  logées  qu''on  trouve  en  si  grand 
nombre  et  qui  ont  d'un  coté  une  scrinium  rempli  de 
volumes  ,  et  de  V  autre  ,  pour  appui ,  un  tronc  de 
palmier  représentent  des  magistrats  à  qui  les  villes 
les  ont  élevées  ,  ou  par  crainte  ,  ou  par  reconnois- 
sance.  Mnxure,  dieu  de  Tcloquence  et  de  la  palaestre, 
est  ordinairement  appuyé  sr.r  un  tronc  de  palmier, 
symbole  des  succès  que  le  talent  de  la  parole ,  et  Ta- 
tb'esse  dans  les  exercices  font  obtenir  .  Enfin  le  pal- 
mier est  devenu  le  signe  du  martyre,  triomphe  du  Chri- 
stianisme. J'ai  rapporté  plusieurs  exemples  des  signifi- 
cations allrgoriques  du  palmier,  dans  mon  Dictionnai- 
re des  beaux  arts    aux  mots  palme  et  palmier* 


83 
elle  a  reçu  des  services  ou  des  bienfaits. 
hes    petites    pyramides    qui  s'elevent 
autour   du    mur    d'enceinte   sont  ornées 
de    cpelques    figures    en    stuc.    J*ai  fait 
graver    les    plus    intéressantes  ^     on    j 
remarque  la  victoire  sur  un  globe  ^    te- 
nant une  guirlande  pi.  V.  n.  8.  ou  une 
bandelette  n.  9  ,  Ocdipe  qui  devine  l'E- 
nigme du  Sphinx  pi.  Y.  n.6.  et  probable- 
ment le  même  héros  qui  se  repose  après 
ravoir    explique  n.y.  Il  j  a  une  sphère 
sur  la  colonne  qui  est  derrière  lui  et  à 
la  quelle  son  epée  est  suspendue  par  un 
baudrier.  Je  ne  puis  déterminer  ce  qu'il 
tient   à  la  main  ;   peut  être    est   ce  une 
bandelette.  Ces  signes  5  de  l'énigme  du 
Sphinx  qui  annonce  des  mj stères  à  dé- 
couvrir et  de  la  Sphère  à  laquelle  prési- 
de Lachesis  ,  qui  j  lit    la  destinée    des 
hommes  (140),  sont  des  emblèmes  qui 
conviennent  à  l'emploi  de  la  vie ,  à  l'in- 
certitude de  l'avenir,  à  la  mort  et  enfin 
à  la  doctrine  mystique  dont  j'ai  parle  ; 

(i.îo)      Galerie  m^thol.  XCHI  ,   383. 


^4 

ces  bas  reliefs  ont  beanconp  souffert  « 
mais  plus  encore  des  outrages  des  hom- 
mes que  de  ceux  du  tems  (i4i)« 

(iji)  Les  dégradations  qui  se  commettent  tons 
les  jours  à  Pompei  sont  véritablement  affligeantes.  Il 
semble  que  la  manie  de  la  destruction  se  réunisse  aux 
effets  d'une  admiration  mal  raisonnée  ,  pour  n'y  rien 
laisser.  Des  méchants  ,  sans  autre  but  que  Todieu-X 
plaisir  de  mal  faire  ,  brisent  des  autels  et  des  colon- 
nes ,  et  dégradent  des  ornemens  .  Des  prétendus  ama-^ 
leurs  ,  ridiculement  passionnés ,  profitent  de  Fabsence 
ou  do  rinnattention  des  gardiens  ,  et  même  quelques 
fois  tentent  leur  foiblesse ,  pour  enlever  des  lettres  de 
bronze  ,  et  détacher  des  portions  de  mosaïque.  On  ga-» 
le  ces  mosaïques  à  force  de  gi-ater  la  poussière  dont 
on  les  couvre  pendant  Tliyver,  pour  les  montrer  aux 
curieux.  Ou  efface  les  plus  belles  peintures ,  en  les  la- 
vant ,  et  comment  les  lave-t'on  ,  pour  faire  paroitre 
dans  tout  son  éclat  la  vivacité  de  leurs  riches  cou-» 
leurs  .  Que  dirai  je  de  Todieuse  manie  qu'ont  les  vo-» 
yageurs  d'écrire  leur  nom  avec  un  instrument  pointu, 
sans  faire  grâce  du  lieu  de  leur  naissance  et  du  jour 
de  leur  fâcheuse  visite  à  Pompeï  .  C'est  un  bonheur 
encore  quand  ,  par  un  transport  de  sentiment ,  ils  u'a-- 
joutent  pas  celui  de  leur  amie.  En  regardant  ce  maus- 
sade mélange  de  noms  de  toutes  les  nations  ,  on  croit 
lire  le  registre  de  présence  de  la  grande  assend)lée  du 
Pandcmonium  ,  ou  de  la  reunion  générale  qui  aura  lieu 
dans  la  vallée  de  Josaplutt .    Il    est    remarquable  que 


85 
Ce   tombeau    pi.  VI.    a  une   enceinte 
semblable    à   celle  des   précédents  ,  pL 

les  noiiiS  qui  clcgratlcnl  les  Lcaiix  sUics  colorés,  d'agrca- 
blc'S    peintures  ,    (rdegruts  Arabesques  n  appartiennent 
pas   tous  à  la  classe  olscure  ,  que  le  deliiut  de  culture 
et  d'éducation  doit  fai*e  excuser.    On  y  lit  ceux  d'un 
grand  nombre  de  personnes  tres-countics  dans  le  mon- 
de ,  Lien  élevées ,  et  qii  y  tiennent  un  rang  distingue. 
J'en  ai  recueilli  nue  laigue  liste  5    si     je    la    publioi» 
on  regarderoit  ce  proedé  comme  un  manque  de  con- 
venance ,   une  incivile  indiscrétion  ,    une  sorte  de  ru- 
sticité.   Ce   ne  seroit  purtant  autre  cliose  que  contri- 
buer à  ùi'iYc  plus  projiptement  aquerir    à    ces    amans 
de    la  gloire ,    Tcspec'    de    célébrité    à   la    quelle    ils 
Aspirent.  Ne  seroit  il  tas   possible  d'  interdire  l'entrée 
des    editlces  de  Pompï  à  tous  ceux    qui  ne  sont  pas 
accompagnés    d'un  gailieu  ,   en  ne  laissant  libres    que 
"les  rues  .   Ne  poiuToiton  pas  établir  des  peines  sévè- 
res contre  ceux  qui  prtent  sur  ces  monumens  respe- 
ctables une  main  prome.     Une    forte    amende  seroit 
celle  du  graveur  eu  htres  sur  le  stuc  ou  siir  la  pier- 
re ^  je  voudrois  de  pis  ,  que  quand  son   nom    seroit 
mi  peu  connu  ,   on  li  le  lendemain  dans  le  moniteur 
napolitain    M.  N.    a  vajè    hier    une  amende  de  tant 
pour  avoir  écrit  son  noi  sur  tel  monument  ^]e  vondrois 
surtout  qu'à  la  fin  de  .'article    on  répétât    chaque  fois 
ce  vers  de  Martial 

Nomina  stulbrun.  semper  in  moenîa   Icguntur. 
Les  noms  des  >ots   ouiours  so  lisent  sur  les  murs. 


f 
86 
II,  IV 5  on  y  entre  par  une  porte  car- 
rée 5  large  et  peu  élevée  .    Le   mur  est 
aussi  décoré  de  pierres  cubiques  ,    ter- 
minées   par    des  pyramides    mais    sans 
sculptures.  La  forme  de  Tedifice  est ,  à 
peu  près,  la  même  que  celle  des   tom- 
beaux d'Ampliatus  pi.  IL  et  de  Galven- 
tius  pi.  lY. ,  mais  la  i)ase  ne  pose  que 
sur  deux  marches  .    Uie  partie  du  mas- 
sif supérieur  est  degralée  .    L'encadre- 
ment des  bas  reliefs  e:   de  l'inscription 
est  très  riche  ,  pi.  YI  et  pi.  YII   n.   i  . 
Le  Buste  de  Naevolei;  Tyrhe  ,    qui  l'a 
fait  consti'uire  ,  est  au  milieu  de  cet  en- 
cadrement, pi.  Y'I  et  jl.  YII  n.   3,  elle 
a  des  pendants    d'oreiîe  .    Au    dessous 
est  un  bas  relief,  pi.  ^I  et  pi. YII  n.  2, 
qui  représente  le  sacrilce  solemnel,  qui 
eut  lieu,  sans  doute,  lans  les  funérail- 
les. Un  prêtre  dépose  sur  un  autel  une 
offrande  qu'on  ne  peu  distinguer  ,    au 
près  est   une   masae    onique    destinée  ^ 
sans    doute,  à  être  coisacrée    et  à  coté 
est  un  jeune  servant  {Ccmillus^  .  Der- 
rière l'autel  un  des  asistms  eleve   re- 


87    . 

îigieusement  un  pannier  de  fruits  :  a 
droite  sont  les  officiers  municipaux  , 
les  Decurions  ,  et  les  Scxvirl  Augustalcs 
Têtus  de  la  Toge, qui  rendent  à  Muria- 
tius  Faustus  les  derniers  devoirs.  L'au- 
tre grouppe  est  composé  d'  hommes  , 
de  femmes  et  d*  enfans  ,  qui  probable- 
ment formoient  la  famille  de  Munalius: 
ils  expriment  leur  douleur,  et  apportent 
à  l'autel  des  offrandes  ,  dans  des  corbeil- 
les. La  femme  qui  eleve  les  mains  au 
Ciel  5  avec  Tattitiidc  de  la  douleur  , 
doit  (^tre  Naevoleia  Tyche  ,  elle  même. 
Au  milieu  de  la  face  principale  du  tom- 
beau on  lit 

jNAEVOLEIA  LIB  TYCHE  SIBl  ET 

C  MVNATIO  FAVSTO  AVG  ET  PAGANO 

CVI  DECVRIONES  CONSENSV  POPVLI 

BISELLIVM  OB  MERITA  EIVS  DECREVERVNt 

HOC    MONVMEKTVM    NAETOLElA    TYCHÈ    LIBERTIS    SVIS 
LIBERTABVS     Q    ET    C    3tVj\'VT.       P    FAVST    F      VIVA    FECIT 

Naevoleia  (i^^)  Tyche    affranchie   à 
elle  même  et  à  C  Munatius  Faustus  Au- 

(i4^)     Ce  nom  se  trouve  ainsi  que  celui  de  JNae- 
voleius   dans    une    autrç    iascription .     Gruïer    thei. 


88 

gustalis  et  Va  garnis  (i36)  à  qui  les  decU-» 
rions ,  d'après  le  consentement  du  peuple^ 
ont  décerné  le  Blsclliuni  (i3y)  ,  à  cause 
de  ses  mérites .  ISaevoleia  Tyche  a  fait 
faire  ce  monument ,  de  son  vivant ,  pour 
ses  affranchis  ,  ses  affranchies  et  pour 
C  Munatius  fils  de  Faust  us. 

J'  ai    fait    graver   sur  la  planche  VIL 
les  divers  détails  de  ce  tombeau  5    sur 


(i36)  On  ajjpelloit  pagani  les  liatitahs  d' imei 
espèce  de  quartier  ou  de  district  nomméj  pagiis.  Cha* 
que  pagus  dans  la  Campanic  etoit  administré  par  dou- 
ze magistrats  mùgistri  pcgi-,  et  ils  avoient  quelques 
fois  Tadminlstration  de  denr.  pagi  reunis.  Tels  etoicnt 
le  pagus  Herculaneus  et  le  pagus  Joveius  \  ces  magistrats 
etoient  chargés  alterna tivemeat  de  diriger  les  Terminalia 
elles  ^mbarvalia  ,  fêtes  qaoa  celebroit  pour  la  pilrifî- 
cation  et  la  conservation  des  cliamps.  Voyez  ce  que 
le  savant  IMazocchi  dit  des  pagi  dans  son  Leau  traité 
de  Amphit.  Capuan^  VII ï  ,  i.  en  commentant  la  cu- 
rieuse inscription  connue  sois  le  nom  de  Lex pagana, 
M.  BoNAFEDE.  ViTAii  a  pidoiié  à  Venise  en  1^85  une 
dissertation  italienne  sur  Ttpoque  à  lac[uelle  on  a  com- 
mencé a   employer  le  mot  paganus. 

(iBy)  Ou  ne  trouve  pas  ici  la  formule  ordinaire 
Jlonor  bisellii  ,  mais  une  aitie  un  peu  différente  Bl'» 
selUwn  decre^^erunt. 


^9 
la  face  latérale  du  coté  de  la  porte  de 

Pompeï ,  pi.  VII  11.5,  on  voit  le  Biscl- 
llum  de  Muiiat'.us  ^  il  est  moins  orné 
qne  celui  de  Calventius ,  pi.  IV  ^  et 
pl.V.  n.  3.  il  est  placé  dans  un  encadre- 
ment semblable  à  celui  de  l'autre  face, 
du  coté  de  Naples.  Cette  face  a  été  fi- 
gurée entière,  pi.  VII.  n.  i.  T  encadre- 
ment est  agréablement  composé  de  fleurs 
en  roue,  et  de  feuilles  d'acanthe.  Au  mi- 
lieu est  un  joli  has  relief  de  marbre  qui 
représente  une  barque  n.  4  '•)  elle  a  pour 
équipage  quatre  génies  funèbres  ,  qui 
font  l'office  de  matelots  ^  au  mat  sont 
plusieurs  cordes  ,  on  remarque  ,  au  bas, 
une  pièce  de  bois  dans  laquelle  passe 
le  cable  qui  sert  à  hisser  la  voile:  sa  for- 
me est  celle  d'une  poulie  mouflée,  quoi- 
qu'on regarde  ce  genre  de  poulie  com- 
me une  invention  moderne .  Un  des 
matelots  monte  à  la  corde  principale, 
pour  peser  dessus ,  et  hisse  la  voile  que 
deux  autres  sont  occupés  u  rouler  au- 
teur de  la  vergue  ,  manoeuvre  qui  est 
encore  usitée  aujourdhni ,  et  dont  j'ai  été 


12 


9=^ 
tant  de  fois  témoin  dans    mes    voyages 

aiiiom-  des  golphes  ,  et  aux  isles  de  Ca- 
pri  et  d'Ischia.   \Jn  matelot  qui  est  de- 
bout ordonne    cette    manoeuvre    et    en 
surveille  l'exécution.  Une  seconde  voile 
triangulaire  est  étendue  devant  la  gran- 
de voile  el  fixée  au  col  de  Gjgne,  qu'on 
appelloit  Chenisque  et  qui  ornoit  ordin- 
nai rement  la  pouppe  des  barques  et  des 
galères  5  chez  les  anciens.  On  voit  encore 
sous  la  chenisque   un  corps  arrondi  que 
je  crois  être  une  autre  petite  voile  en- 
flée par  le  vent:  une  petite  flamme  car- 
rée flotte    au  haut    du    mat.    La   proue 
est  accompagnée  d'une  galerie  et  le  co- 
té est  orné  d'une  tête  de  Minerve,  sym- 
bole du  courage  et  de  la  prudence  qui 
sont  si  nécessaires  dans  les  grandes  na- 
vigations.   L'absence    des    rames   et    la 
conformité  du  grement ,  avec    celui  des 
nos  barques  modernes,  qui  n'ont  qu'un 
mat  et  une  voile    latine,  sont    très  re- 
marquables, et  ces  détails  attireront  cer- 
tainement l'atte  ntion  de  quelque  marin 
qui  sauva  mieux  que  moi  les  expliquer. 


91 
La  manoeuvre  de  serrer  la  voile  est 

nne  ingénieuse  allégorie  du  vojage  pé- 
nible que  l'ame  fait  dans  la  vie  ^  après 
tant  de  bourasques  et  de  tourmentes  , 
la  mort  lui  oiTre  un  port  assuré ,  et  e'est 
dans  ce  port  que  Naevoleïa,  qui  est  à  la 
pouppe,  couverte  comme  les  ombres  d'une 
grand  voile  va  entrer  (i/}5). 

Ce  tombeau  a  été  ouvert  depuis  peu: 
rinterieur  est  carré  ,  il  y  a  en  face 
de  la  porte  une  niche  carrée  et  cintrée 
plus  grande  que  les  autres,  et  de  cha- 
que côté  des  niches  carrées  plus  peti- 
tes ;  autour  règne  u!ie  espèce  de  con- 
sole ,  sous  laquelle  il  y  a  des  niches 
extrêmement  petites  et  qui  ont  véri- 
tablement l'apparence  de  nids  à  pigeon 
(146).  On  n'a  trouvé  dans  ce  tombeau 
que  quelques  vases  d'une  terre  rou- 
ge, avec  des  ligures  en  relief:  ont  peut 
juger  par  la  nature  de  la  terre,  le  tra- 

(145)  Sur  \e  bel  autel  de  la  tranquillité  ^  Ara 
TRAKQviLLiTATis ,  du  Musce  CupitoUn  pi.  XXX  p.  160 
on   voit  une  galei-e  qui  arrive  au  port. 

(1/^6)  On  appf'lloit  ces   tombeaux  colombaires. 


92 
vail  du  relief  et  le  stiîe  du  dessin ,  que 

ces  vases  sont  gaulois,  il  ressemblent  ab- 
solument à  ceux  qui  se  trouvent  si  abon- 
dament  en  France  (1^7)  dans  la  Belgi- 
que (148)  et  en  Angleterre  (149).  Cette 
circonstance  paroit  singulière  ,  mais  on 
voit  aujourd'hui  à  Naples  beaucoup  de 
Porcelaine  de  Saxe  ,  de  Sevrés,  de  la 
Chine  et  du  Japon  5  pourquoi  un  habi- 
tant de  Pompeï  n'auroit-il  pas  possédé 
quelques  vases  gaulois  (i5o)  ? 

On  a  aussi  trouvé  des  phioles  de  ver- 
res remplies  d'une  eau  rousseiitre  ,  qui 
avoit  probablement  contenu  des  matiè- 
res   animales  ,    ces    phioles    etoicnt    si 

(147)  Voyez  îcs  sept  volumes  du  T\.ccueil  du  comte 
de  Cajlus  au  chapitre  rnonurnens  gaulois  5  la  description 
des  monuments  qui  ont  été  trouves  dans  le  jardin  dit 
Sénat  pai*  M.   Grivaud  etc. 

(148)  Voyez  les  recherches  sur  lu  Belgique  de 
M.  de  Bast. 

(149)  On  en  a  gravé  un  grand  nombre  dans  le 
second,  volume  de  Y archœologia  britannica ,  nom  donné 
au  recueil   de  la   Société  des  Antiquaires  de  Londres. 

(i5o)  Ces  vases  sont  dans  le  musée  de  Sa  Maje- 
sté la  Heine. 


93 
bien  fermées  que  la  liqueur    ne  s' doit 
point  évaporée  5  elle  avoit  une  saveur  fa- 
de (i5i). 

La  porte  d'entrée  etoit  tenue  par  des 
crochets  de  fer,  qui  sont  réduits  au  mê- 
me état  que  les  broches  du  bas  relief 
qui  décore  le  tombeau  d'Ampliatus. 

M.  Mazoi  a  très  bien  remarqué ,  que 
les  habilans  de  Pompeï  ont  plus  sou- 
vent employé  dans  leurs  constructions 
le  fer  que  le  bronze  ,  ce  qui  est  con- 
traire à  r  usage  ordinaire  des  anciens: 
la  serrurerie  est  comme  il  le  dit  en  gê- 
nerai très  grossière  . 

Auprès  de  l'entrée  de  ce  tombeau  est 
un  des  ces  pilastres  de  marbre  surmon- 
tés d'une  boule  5  qui  sont  assez  communs 
à  Pompeï .  Ces  marbres  sont  ordinaire- 
ment sciés  dans  leur  longueur  et  por- 
tent une  inscription  comme  celui  qui  est 
figuré  pi.  I.  n.  8.    c'  etoient  de  simples 

(i5i)  11  y  a  dans  le  musée  de  Turin  uli  glo- 
])e  de  verre  qui  contient  un  cerveau  liumain  iloUaiit 
dans  une  liqueur  ^  ce  globe  a  ete  trouvé  dans  une 
boete  de  plgnib  et  le  tout  étoit  dans  un  tombeau 
antique. 


94 

comme  moral  ion  s  ,  la  forme  de  ces  pier- 
res est  allégorique ,  nous  la  trouvons  sur 
la  petite  pyramide  du  tombeau  de  Cal- 
ventius  pi.  V.  n.  8:  c'est  un  sjmbole  de 
la  fatalité  ,  exprimée  par  la  sphère,  dont 
Lacliesis  se  sert  pour  tirer  l'horoscope 
des  hommes  (iSs). 


(iSa)     Voici  les  inscriptious  que  j'ai  remarquées 
sur  ces  pierres, 

1. 
NISTÂCIDIO    HELINO 

PAG  •  PAGI  •  A\  G 

NISTACIDIO  lANVARIO 

MESONIAE  SATVLLIAE  IN  AGRO 

sic 

PEDES  XV  IN  FRONT  UDF  XV 


2. 

5. 

ARRIAE  ÎM  L 

IVNONI 

VTILI 

TYCHES  IVLIAE 

\' 

AVGVSTAE  VENER 

NISTACIDIVS 

6. 

PAGANVS 

C  MVNATIVS 

4. 

ATiMETVS  •  VIX 

NISTACIDIVS 

ANNIS  LVIL 

HELENVS  PAG 

7- 
NISTACiDlAE  5CAPIDI 

95 

Auprès  du  monument  de  Naevolela  est 
encore  une  enceinte  dans  la  quelle  on 
pénètre  par  une  petite  porte  carrée.  Au 
lieu  d'un  tombeau  on  voit  un  trlcllnium^ 
hati  en  briques  et  recouvert  de  stuc^  il  est 
on  pente  vers  les  murs  et  relevé  vers  la 
lable  carrée  qui  est  au  milieu  pi.  1.  n.  j. 
11  etoit  destiné  à  ces  repas  funèbres  dont 
il  est  si  souvent  question  dans  les  inscri- 
ptions antiques,  où  on  trouve  l'indication 
du  jour  du  festin,  le  nombre  des  con- 
vives réglé,  la  dépense  fixée  (i53).  De- 
vant ce  triclinium  est  un  trou  rond  dont 
j'ignore  l'usage.  On  mettoit  probablement 
des  coussins  sur  ce  dur  massif,  pour  le 
jour  de  la  cérémonie. 

Il  n'j  a  dans  cette  enceinte  aucune 
inscription,  et  comme  il  nj  a  point  de 
communication  avec  le  tombeau  de  Nae- 
voleia  Tjche,  on  ne  peut  dire  si  ce  tri- 
clinium en  etoit  une  dépendance  ,  on 
]îeut  cependant  le  presujner.  Il  y  a  sur 
le  mur  d'  enceinte  derrière    le  tombeau 

(i53)  V<.innçs  de  Pornpei  p.  o-^. 


96 

de  Naevoleia  un  fronton  au  milieu  du 
quel  est  l'encadrement  d'une  tablette  , 
supportée  par  des  génies  ailés ,  rijiscri* 
plion  a  disparu  ,  peut  être  contenoit 
elle  les  dispositions  relatives  au  repas 
funèbre  que  Naevoleia  avoit  fondé. 

Le  dernier  tombeau  pi.  I.  n.  5.  6.  a  la 
forme  d'un  autel:  il  est  bâti  en  pierres 
quadrangulaires  soigneusement  taillées  ^ 
mais  il  n'  a  d'  autre  ornement  que  ses 
belles  proportions  ^  et  un  enroulement 
d'ecailles  de  palmier,  qui  le  recouvre. 
L'inscription  qui  se  lit,  en  beaux  cara- 
ctères, sur  une  pierre  carrée  et  qui  est 
répétée  sur  trois  faces  est   ainsi  conçue 

M.  ALLEIO  LVCCÏO  LIBELLAE  PATRI 

AEDILI  II  VIR  PRAEFECTO  QVINQ    ET 

M  ALLEIO  LIBELLAE   F  DECYRIOxM  VIXIT 

ASKIS    XVII    LOCVS    MONVMEBÏTI  PVBI.TCE  DÂTVS  EST  ALLElA  M  F 

DECIMILLA  SACERDOS  PVBLICA 
CERERIS  FACIVNDVM  CVRAVIT  YIRO 
ET  FlLtO 
A  Mardis  Alleius  hucclus  LiheUa  Pcre^ 
aedllc  IL  vir  ^praefet  quinquennalls  et  à 
M,  Alleius  Libella  son  fils  Deciirion ,  qui 
a  vécu  XV IL  ans.  L'emplacement  dumo- 


97 
nument  a  été  donne  par  le  Peuple.  Aile- 

ia  Dec imilla  fille  de  M.  prêtresse  publi- 
que de  Ceres  a  pris  soin  de  le  faire  exé- 
cuter pour  son  mari  et  pour  son  fils. 

Il  est  difficile  de  se  faire  une  idée 
de  la  beauté  de  la  route  que  décorent 
ces  monumens  et  du  noble  effet  qu'ils 
produisent.  Quel  spectacle  devoit  donc 
offrir  la  voie  Appie^  bordée  de  sembla- 
bles édifices  d'une  plus  grande  propor- 
tion 5  et  dont  il  nous  reste  encore  des 
modèles  (i54)î  quel  champ  ouvert  à  la 
méditation  !  quelles  vives  leçons  sur  la 
fragilité  de  la  vie  ^  sur  l'emploi  qu'  on 
en  doit  faire  et  sur  les  honneurs  que 
les  services  rendus  à  son  pajs  peuvent 
faire  obtenir! 

Les  tombeaux  de  Pompe i  seront  gravés 
en  grand  dans  l'intéressant  ouvrage  que 
M.  Mazoi  fait  paroitre  (i55)  et  on  pour- 
ra mieux  juger  de  leur  élégance.  J'  au- 

(i54)     Supra. 

(ij5)  Les  ruines  de  Pompei^  la  première  li\Tar- 
SOn  vient  <le  pavollre  et  fait  vivement  désirer  q^iie  les 
»»utres  se  succedcut  rapidcmeul. 

i5 


98 
rois  pu  m'etendre  sur  diverses  particula- 
rités qu'ils  présentent ,  mais  ils  seront 
aussi  l'objet  du  beau  travail  que  l'aca- 
démie royale  publiera  avec  maturité  ^  et 
qui  ne  laissera  rien  à  désirer. 

Cette  explication  n'est  donc  que  pro- 
visoire 5  j'  ai  voulu  seulement  repondre 
à  l'impatience  de  ceux  qui  aiment  ce 
genre  de  recherches  ,  laisser  un  tribut 
dans  un  pajs  où  j'  ai  reçu  tant  de  té- 
moignages d'estime  et  une  si  grande 
hospitalité  5  et  déposer  aux  pieds  des 
souverains,  à  qui  on  doit  ces  précieu- 
ses découvertes ,  un  hommage  de  re- 
spect et  de  reconnoissance. 

F  I  N. 


99 

EXPLICATION  DES  PLANCHES. 

L  Plans  des  deux  prcmicis  tombeaux  etc. 

1.  Coupe  du  londjcau  d'Ampliatus  ,  pag.   7. 

2.  Coupe  du  tomiLcau  rond  ,  p.   70. 

3.  Plan  du  tombeau  d'Ampliatus  ,  p.  71^ 
4-   Plan  du  tombeau  rond  ,  p.    73. 

5.  Autel  sepulchral  d'Allejus  Libella  ,  p.  96. 

6.  Table  du  même  tombeau  . 

7 .  TiicUnium  funéraire  ,  p.   gS . 

8.  Pierre  tumulairc  ,     en  forme  de  pilastre  ,   qui 

porte  une  Spbere  ,  p.  94* 

II.  Vue  des  deux  premiers  tombeaux  ,  p.  G. 

III.  Bas  reliefs  des  deux  premiers  tombeaux. 

1.  Bas  relief   qui  est    sur    la    base    du    tombeau 

d'Ampliatus  :  combats  de  gladiateurs  ,  et  in- 
scriptions peintes  ,  p.  9. 

2.  Chasse  ,  Venatio  ,  qui  est  au  dessous  du  pré- 

cèdent bas  relief,  p.  56. 

3.  Bas  relief  qui  est  sur  la  porte  du  même  tom- 

beau ,  p.  58. 

4-   Bas  relief  qui  décore  uiie  des  petites  pyrami- 
des de  Tenceintc  du  tombeau  rond,  p.  71. 

5.   Autre  ,  p.  72. 

IV.  Face    principale    du    tombeau    de  Calventius  ,    où 

Ton  voit  le  hiselUum  ,  p.  'jo. 
Y.  Détails  du  même  tombeau. 

1.  Face  latérale  décorée  d'une  couronne  de  chê- 

ne ,   ;).   82. 

2.  Enroulement  orné  d'une  tête  de  bélier  ,  id. 


100 

3.   Bisellium  ,  p.  83. 

4-   Ornemcns  de  la  base  ,  p.  8i. 

5.  Arabesque  de  rencadrement ,  îd. 

6.  Bas  relief  d'une  des  petilcs  pyramides,  p.  83. 

7.  Autre,  id. 

8.  Auli-e,  id. 

9.  Autre  ,  id. 

VI.  Face  principale    du   tombeau    de  Munatius    Fau- 

stus  ,  et  de  Nacvoleïa  Tyche  ,  p.  87. 

VII.  Détails  du  même  tombeau  . 

1.  Face  Latérale  ,  p.   8g. 

2.  Bas  relief  de  la  face  principale  ,  id. 

3.  Buste  de  Naevoleïa  ,  p.  86. 

4.  Bas  relief  de  la  face  latérale  ,  p.    8g. 

5.  Bisellium  qui  décore  l'autre  face  latérale ,    id. 


l'L.ii. 

ââ 

^  f^ 

HPisP 

j^^S  K  ^^ 

^'^ïIIto 

^#/   '^ 

'yè^i^''^ 

'1   / 

■      # 

iSË^Sf^^  jp  ^ 

■-f--  /'  1 

;^r  .iMV 

W^^^    ,  *=>■«•' 

^^"^"^"^^^^^^^^S^fe 

I^J 

#  -r 

i 

^ravr'  //£r^    -Jf^  ^ic^fV 


i.    ^3^  % 


PL.Iv 


TT 


PL\: 


"^ 


^^■y^i^rt.e^   e£    ^Aa,<,<t-'    ^  a,/t.r^£^    Jpa^y^  ,~i,£Vr      ^  ^afàfC>^ 


^^^^^: 


^■^ 


\                                  f 

r\ 


r^r?--\       ^4.  I         k^       j  . 


^J 


-^•^■rr-  -''_H|r* 


■:"^nf