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Full text of "Description de la cathédrale de Milan : accompagnée d'observations historiques et critiques sur sa construction et sur les monumens d'art dont elle est enrichie"

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oMAeiaiieivo 

CHARLES  GAETAN, 

COMTE  DE  GAISRUCK, 
ARCHEVÊQUE   DE   MILAN, 

GRAND     DIGNITAIRE    ET    AUMONIER    DE    LA     COURONNE 
DU    ROYAUME    LOMBARD-VENITIEN, 
CONSEILLER    INTIME    ACTUEL    DE     S,    M.    I.    R*    A.  ,    ETC. 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

Research  Library,  The  Getty  Research  Institute 


http://www.archive.org/details/descriptiondelacOOferd 


<J&t 


ottâemnettr, 


Su  la  ^Ditte  de  tAbdan  a  du,  a  ta 
muiufecence  de  Aon  tvremier  "21)uc ,  et  a 
la  Aiété  de  AeJ  tiauitané,  ta  tondatco7i  de 
Aa  Ait/ierte  (oattiedrate,  eue  Ac  -ra/i/iette 
e'aatement  cwec  mcomiodôœnce,  le  z,ete  ar* 
dent  et  éclaté  au,  ont  -montré,  fiour  AonJ( 
achèvement- ,  et  ti&ur  l  emxctitr  de  tant 
datyeti  d'art  cm  on  <u>  admm> ,  AeJ  <A>r=> 
(À&véaueà,  kendaiif  te  caccrd  de  cma  AcecteJ, 
et  aa  -milieu,  deà  wcdltàideé  /iotiUyii&J  auc 
ont  aaite  Cetaf. 


£/ai/ie/?iÀ&  &u,tm&  nou/V€ue  QDcdcn/ition , 
/ucuf  Aoianee ,  a&  c&  ■maaninauô  tem/ile 
AcuiHur  efo'e  co7iéiacre&  co7nm&  utv  tnvur' 
a/iominaa&  nue  je  /icuj.ù  a  âem/  ciic/ccJâreJ 
tJ' recelai ,  et  a  fiw-uJ ,  dlbotu^cuiiieii/^  f  euu 
eteJ  leur  c/iane  Aucceùeur  écor  ce  c/rojie 
t^4j  rc/ueAui^aAal ,  ef  rua  11011.J  ra/iAeuc^ 
icuii)  /v&iind. 

<Je<  -m  edùmewu.  /ieM<euœ>  Ai  Yolto 
Oeçeelleuce  weur'  6ie?i  accueaur  ce/'  awvraac 
avec   honte-,    <?/  Ai,  eût/  me  /iwmetûan/'  czo 


ce  lue  d&dier ,  *Jiï&  m  oft/w  o  occasion  cle 
/uiùlier  /uuùt&m&n/'  les  d-entvmend  -reifiecàieiiay 
a&  aevoueon&n/'  avec  Ceàœueù  /■  oé&  -me 
déclarer  ,    <MBo\M>c\.a\iewc  } 

^z)c  fy)~oâm  (êœceUemce  uhevwenaejsmie 


Je  teà)  -buiiilae  et  bùi  -  obciJiant   Onmïewi 

creva .   cAo xkouoi co 
bilmt ,  c&4.  "'  ^y®  vnl  iâ23. 


PREFACE. 

V./N  regardera ,  peut-être ,  comme  une  entre- 
prise téméraire  la  publication  de  cet  ouvrage  , 
lorsque  nous  possédons  déjà  des  écrits  anciens 
et  modernes  sur  le  même  sujet.  Est-ce  la  pré- 
tention de  mettre  la  nôtre  en  parallèle  avec 
eux  ?  Est-ce  l'ambition  orgueilleuse  de  les  sur- 
passer ,  en  croyant  faire  mieux  ?  Voilà  ce  qu'on 
nous  demandera. 

La  première  supposition ,  répondrons-nous  , 
juste  ou  non  ,  ne  doit  jamais  ,  en  aucun  cas , 
décourager  de  nouveaux  éditeurs.  Car  quelle 
que  soit  la  matière  traitée ,  il  est  toujours  pos- 
sible de  la  présenter  sous  un  nouveau  point 
de  vue  ,  de  lui  donner  une  forme  différente.  Il 
est  certain  qu'on  peut  y  attacher  des  idées  qui 
ont  échappé  aux  autres ,  ou  donner  aux  mêmes 
idées  plus  de  développement  qu'ils  ne  l'ont  fait. 
Ceci  est  fort  ordinaire ,  principalement  lorsqu'il 
s'agit  des  objets  qui  appartiennent  aux  beaux 
arts,  lesquels  font  naître  des  impressions  et 
des  jugemens  aussi  multipliés  qu'il  existe  de 
différence  dans  les  organes    de  tous    les   hom- 


VIII 

mes ,  et  dans  le  genre  et  l'étendue  des  connais- 
sances qu'ils  ont  acquises.  Ne  remarque-t-on  pas 
cette  ve'rité  dans  les  ouvrages  des  écrivains  qui 
se  sont  occupés  des  monumens  des  arts  ?  On 
devine ,  en  les  lisant ,  à  quelle  époque  ils  ont 
été  dictés  ;  on  s'aperçoit  facilement  combien 
leur  goût  a  été  plus  ou  moins  délicat,  selon 
les  progrès  ou  la  décadence  de  ces  mêmes  arts, 
au  temps  où  ces  auteurs  ont  vécu. 

Si  la  critique  a  déjà  relevé  des  erreurs  dans 
plusieurs  des  ouvrages  publiés  sur  l'église  de 
Milan,  qui  ont  précédé  le  nôtre;  si  nous  avons 
taché  de  profiter  de  ses  avertissemens ,  pour 
éviter  ces  erreurs  ;  ou  si  nous  avons  cru  utile 
encore ,  pour  éclairer  nos  lecteurs ,  de  les  dis- 
cuter de  nouveau,  en  ménageant  toujours  l'a- 
mour propre  des  uns  et  des  autres ,  ne  pou- 
vons-nous pas  répondre  à  la  seconde  supposi- 
tion, que  tout  en  nous  bornant  là,  nous  courons 
la  chance  de  faire  mieux.  Nous  nous  hâtons , 
cependant,  de  confesser  que,  malgré  tout  le  soin 
que  nous  y  avons  mis ,  nous  n'échapperons  pas 
à  la  critique  :  car  qui  peut  se  flatter  de  ne  ja- 
mais s'égarer,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  remon- 
ter à  des  temps  éloignés,  presque  toujours  en- 
veloppés de  ténèbres  ,  et  soumis  à  des  préju- 
gés qui  rendent  impossible  la  découverte  de  la 
vérité  ? 


IX 

Un  écrivain ,  de  quelque  génie  qu'  il  soit 
Joue,  pourra- t-il  jamais  donner,  en  les  décri- 
vant, à  qui  ne  les  a  pas  vus,  une  ide'e  exacte 
et  parfaite  des  chefs-d'oeuvre  de  Raphaël,  de 
Michel-Ange,  du  Corrège,  de  Léonard  de  Vinci? 
Comment  faire  concevoir  par  le  discours  ,  la 
sublimité  de  l'invention ,  la  distribution  heu- 
reuse de  la  composition,  l'énergie  de  l'expres- 
sion dans  les  attitudes  et  les  traits  ,  la  pureté 
et  la  grâce  du  dessin ,  les  effets  piquans  de  la 
lumière  ,  enfin  le  charme  et  la  vérité  de  la 
couleur  ?  Ce  sera  à  grande  peine  si  1'  on  par- 
vient à  rappeler  à  l'imagination  de  l'amateur 
qui  a  admiré  ces  chefs-d'oeuvre  ,  quelques-unes 
des  sensations  diverses  qu'ils  lui  auront  fait 
éprouver. 

Parcourons  tous  les  ouvrages,  où  l'on  dé- 
crit ces  superbes  monumens  de  la  sculpture  et 
de  l'architecture,  échappés  au  ravage  des  temps  , 
et  qu'ont  produit  la  Grèce  libre  et  la  superbe 
Rome.  Lequel  nous  a  donné  une  idée  de  la 
douleur  si  profonde  et  si  sublime  de  l'infortuné 
Laocoon ,  dans  le  groupe  du  Musée  Clémentin , 
ou  de  la  majesté  divine  sur  la  figure  du  bel 
Apollon  dit  du  Belvédère  ?  Observez  un  lec- 
teur qui  vient  de  réciter  les  beaux  vers  de 
Virgile  ,  et  celui  qui  est  placé  devant  le  fameux 


X 

groupe.  Le  premier  vous  répondra,  si  vous  l'in- 
terrogez ,  que  cette  description  des  tourmens 
du  grand  prêtre,  est  un  des  plus  beaux  passages 
de  l'Enéide,  qu'on  ne  peut  trop  admirer!.... 
Il  n'a  vu  que  Fart  du  poète  ,  et  il  n'est  point 
ému;  son  esprit  est  séduit,  mais  son  coeur 
n'est  pas  palpitant  ;  il  relira  plusieurs  fois  le 
morceau  avec  calme.  Voyez  le  second  ;  il  est 
silencieux ,  les  yeux  fixés  sur  ces  trois  figu- 
res ,  dont  il  ne  peut  se  détacher,  son  ha- 
leine est  suspendue ,  ses  regards  sombres  re- 
viennent toujours  sur  cette  admirable  tête  du 
prêtre  de  Neptune,  il  paraît  souffrir  avec  lui,  et 
cependant  il  reste  là  ;  vous  serez  obligé  de 
l'en  arracher.  Interrogez-le  ;  il  vous  dira  qu'il 
lui  est  impossible  d'exprimer  tous  les  mouve- 
mens  dont  son  ame  a  été  agitée  devant  ce  marbre. 
C'est  à  la  peinture,  au  dessin,  à  la  gravure, 
qu'  il  appartient  surtout  de  faire  noitre  des 
impressions  vives,  parce  qu'elles  représentent  les 
objets  avec  toute  la  beauté  de  leurs  formes , 
parce  qu'elles  les  offrent  sous  tous  les  aspects, 
comme  dans  leur  ensemble  ,  et  qu'elles  agis- 
sent sur  nos  sens  par  l'illusion  qui  les  trompe. 
Cette  vérité  est  incontestable  ,  lorsqu'  il  est 
question  de  monumens  tels  que  celui  dont 
nous  allons  nous  occuper  ,  et  elle  sert  a  prouver 


XI 

combien  la  meilleure  description  est  ste'rile  sans 
le  secours  de  la  gravure.  Est-ce  assez  que  dire  : 
cette  cathédrale  s' élevé  majestueusement  ,  sa 
façade  est  un  trésor  immense  de  richesses  en 
sculpture  de  tous  les  genres  ?  Qui  peut  d'après 
cela  se  faire  une  idée  de  sa  forme  générale, 
et  combiner  dans  son  imagination  tous  les  dé- 
tails qui  la  composent?  Est-ce  assez  pour  faire 
apprécier  le  mérite  des  statues  produites  par  le 
ciseau  des  Solari,  des  Busti,  des  Pizzi,  des  Pa- 
cetti ,  des  Marchesi,  des  Monti,  que  l'écrivain 
leur  donne  l'épithète  de  très-belles  ?  Notre 
imagination  peut  quelquefois,  sans  guide,  s'at- 
tacher à  des  idées  communes ,  parce  qu'elle 
ne  crée  rien  hors  du  cercle  où  ses  connaissan- 
ces l'ont  placée  ;  il  n'y  a  que  quelques  êtres 
privilégiés  qui  aillent  au  de-là.  C'est  pour  cela, 
qu'on  prétend  que  le  divin  Homère  ne  vit  ja- 
mais de  modèles  des  arts  qu'il  a  peints  dans 
ses  poèmes  ,  et  que  son  génie  devança  cepen- 
dant les  progrès  de  la  sculpture  et  de  l'archi- 
tecture. 

Mais  s'agit-il  d'objets  existais,  il  ne  faut  pas 
laisser  égarer  la  pensée;  il  faut  l'amener  jusqu'à 
la  vérité  la  plus  exacte,  par  des  tableaux  fidèles, 
et  la  fixer  sur  des  beautés  connues;  tel  est  le 
but ,  et  tel  est  l'effet  des  dessins  ,  des  tableaux, 


xn 

des  gravures.  Il  faut  avoir  vu  les  tableaux  de 
notre  Migliara  pour  sentir  tout  ce  que  peut  ins- 
pirer de  sentiraens  religieux  et  d'admiration  l'in- 
térieur de  la  basilique  de  Milan. 

S  il  faut  donc  nécessairement,  pour  bien  dé- 
crire les  monumens  des  arts,  .employer  la  toile  ou 
le  cuivre  ,  c'est  en  cela  ,  peut-être ,  que  consis- 
tera   tout  le  mérite    qu'aura  notre  ouvrage  au- 
dessus  des  autres.  Ce  sont  nos  Soixante  et  cinq 
planches ,  exécutées  avec  soin  ,  d'après  des  des- 
sins très-fidèles,  lesquels,  malgré  leur  petite  pro- 
portion ,  feront  connaître,  même  à  l'étranger  qui 
n'est  pas  venu  en  Italie ,    la  fameuse  Basilique 
de  Milan  ,  et  qui   rendront  présens  son  ensem- 
ble et  ses  plus    beaux  détails  aux  connaisseurs 
qui  l'auront   examinée  et  admirée   à  leur  aise  : 
nous  pouvons  assurer  que  rien  n'a  été  néelieé 
par  nous  à  cette  intention  ,  et  que  l'on  ne  pourra 
jamais  nous  accuser  à  cet  égard  d'aucune  erreur 
et    d'aucune   invraisemblance. 

Sans  le  désir  de  satisfaire  la  curiosité  des 
amateurs  qui  veulent  connaître  les  noms  des 
auteurs  des  célèbres  monumens  ,  et  les  époques 
de  leurs  travaux ,  nous  n'aurions  pas  eu  besoin 
de  placer  un  discours;  tout  était  fait  par  nos 
gravures.  Mais  on  désire  de  savoir  en  quel  siè- 
cle, en  quelle  année,  un  édifice  aussi  pompeux 


XIII 

fut  commence,  par  qui  il  fut  fonde,  quels  en 
furent  les  premiers  architectes,  et  quand  il  fut 
achevé'.  Il  fallait,  pour  répondre  à  ces  questions, 
consulter  les  archives ,  les  traditions  ,  les  écri- 
vains de  tous  les  temps  ;  il  fallait  démêler ,  à 
travers  les  opinions  diverses ,  là  où  les  autorités 
irréfragables  nous  manquaient,  ce  qui  était  cons- 
tant ou  probable.  Cependant  nous  ne  nous  som- 
mes pas  trop  appesantis  là-dessus,  parce  que  nous 
ne  voulons  pas  nous  présenter  comme  histo- 
riens. 

On  nous  saura  gré ,  sans  doute  ,  d'avoir  vu 
en  artistes  les  objets  d'art  de  ce  superbe  édi- 
fice ,  de  relever  quelquo-uns  de  leurs  défauts, 
comme  aussi  d'inviter  les  curieux  à  se  fixer  plus 
long-temps  devant  ceux  qui  offrent  des  beautés 
réelles.  Nous  avons  jugé,  avec  raison,  peut- 
être  ,  que  parmi  la  quantité  d'étrangers  que  nous 
voyons  se  placer  tous  les  jours  devant  cet  édi- 
fice ,  se  promener  sous  les  voûtes  de  ce  tem- 
ple ,  il  en  sera  qui  auront  besoin  d'être  éclairés, 
qui  pourraient  être  trompés  par  des  opinions 
erronées  ,  que  le  temps  accrédite  ,  qui  sont  pro- 
noncées magistralement  devant  eux  par  une  ha- 
bitude d'ignorance  ou  d'opiniâtreté.  Car  ce  n'est 
pas  aux  discours  des  guides  salariés  que  le  vé- 
ritable connaisseur  prête  l'oreille  :    c'est  même 


XIV 

avec  pitié,  avec  impatience,  qu'il  les  entend  dé- 
biter leurs  historiettes,  leurs  anachronismes  et  les 
éloges  distribués  aveuglément.  Notre  ouvrage  à 
la  main ,  les  curieux  pourront  éviter  ces  désa- 
grémens ,  et  s'instruire ,  sans  rien  emprunter  des 
préjugés  vulgaires.  Voilà  quel  est  notre  plan, 
quel  est  le  but  de  notre  ouvrage  ;  heureux  si 
on  l'accueille  avec  autant  intérêt  que  l'objet  dont 
nous  nous  occupons  mérite  d'admiration  ! 


DESCRIPTION 

DE     LA 

CATHÉDRALE  DE    MILAN  (.}. 


V>e  superbe  édifice  a  un  caractère  si  imposant ,  qu'il 
est  difficile  à  l'observateur  le  plus  froid  et  le  moins  sen- 
sible, de  n'être  pas  singulièrement  étonné  en  le  voyant 
(V.  PI.  I,  H  ).  Il  est  construit  dans  ce  style  qu'on  appelle 
communément  gothique  moderne,  dont  le  goik  s'étoit 
introduit  en  Italie  depuis  le  XII  siècle  ,  et  que  quelques 
écrivains  attribuent  aux  Arabes  ou  aux  Maures,  plutôt 
qu'aux  Goths ,  peuples  qu'ils  supposent  trop  barbares 
pour  avoir  eu  des  idées  si  élevées.  Ces  opinions  peuvent 
se  concilier  facilement,  puisque  la  grossièreté  que  l'on 
remarque  encore  dans  les  édifices  qui  nous  sont  res- 
tés des  Goths,  en  Allemague  ,  en  France  et  en  Italie, 
atteste  en  effet  que  rien  autre  chose  n'est  dû , 
dans  ce  que  nous  admirous  aujourd'hui  sous  le  nom 
de  Golbique  ,   à  ces  peuples  que  les  toits  aigus ,  et  les 


(i)  Dans  la  plupart  des  villes  d'Italie,  la  principale  église, 
la  cathédrale  ,  est  appelée  il  Duomo  ,  et  il  y  a  de  très-érudi- 
tes  dissertations  sur  cette  dénomination  et  sur  son  origine  : 
mais  nous  en  ferons  grâce  à  nos  lecteurs.  Nous  nous  conten- 
tons de  prévenir  les  étrangers  que  Duomo  est  le  mot  consa- 
cré, et  qu'il  ne  peut  être  traduit  en  françois  par  Dôme  ,  parce 
qu'alors   il  n'exprime  plus  le  tout,  mais  une  partie  du  temple. 


arcs  eu  ogives,  formes  plus  propres  aux  climats  d'où 
ils  s'étaient  débordés  qu'au  nôtre.  Il  restera  dune  cons- 
tant que  le  style  gothique  qu'on  peut  appeler  moderne, 
est  venu  depuis  l'invasion  des  Arabes  en  Espagne  ,  et  de 
leurs  conquêtes  dans  nos  contrées.  En  effet  c'est  de- 
puis que  Charleraagne  les  combattit ,  et  les  repous- 
sa ,  que  datent  les  plus  beaux  édifices  de  ce  genre 
avec  toute  la  richesse  moresque.  Les  savans  qui  se 
sont  occupés  de  l'histoire  des  arts  ,  pensent  néanmoins 
que  Ton  doit  distinguer  le  style  de  nos  églises  sous 
le  nom  de  Gothique  Lombard  en  ce  qu'il  offre  des 
différences  qui  paraissent  n'appartenir  qu'à  nous.  Nous 
adopterons  volontiers  cette  dénomination  qui  donne 
une  originalité  au  superbe  monument  de  Milan.  Mal- 
gré la  bizarrerie    du    style  (t),  ce    temple   est   ce   que 


(i)  Nous  ne  pouvons  nous  refuser  à  citer  ici  ce  qu'en  dit 
un  de  ces  écrivains  qui  accordent  tout  le  prix  à  1'  élan  som- 
ptueux d'une  imagination  active,  et  à  un  genre  de  sensibilité' 
qui  étonne  toujours  les  esprits  ordinaires;  nous  n'adopterons 
pas  cependant  ses  idées,  trop  rigoureuses,  sur  les  chefs-d'œuvre 
qui  out  eu  leurs  modèles   dans  les  monumens  de  1'  antiquité'. 

«  Le  ge'nie  n'  a  plus  rien  à  faire  dans  votre  architecture 
grecque.  Vos  cinq  ordres  sont  invariablement  fixe's  comme  les 
sept  tons  de  la  musique  ;  les  proportions  de  chaque  colonne 
leurs  distances  entre-elles  ,  la  frise,  l'architrave,  la  longueur 
d'une  feuille  d'  achante ,  et  jusqu'au  moindre  filet_,  tout  est 
mesuré  d'avance,  à  un  quart   de  ligne  près.  » 

«Dans  l'architecture  gothique,  au  contraire,  l'imagination 
retrouve  toute  sa  liberté;  elle  peut  créer  des  ornemens ,  épan- 
cher sa  richesse  dans  le  vaste  dessin  d'une  façade,  dans  les 
innombrables  détails  d'  un  portique  ;  elle  peut  donner  cours  à. 
ses  fantaisies,  à  ses  rêves;  chercher  même  hors  de  la  nature 
des  formes  et  des  figures  nouvelles ,  et  disposer  de  chaque 
pierre  pour  en  faire  1'  expression  d'  une  pensée.  Il  vous  restera 


-s(  5   )»— > 

l'art  dans  ce  genre  a  pu  inventer  de  plus  grand,  de 
plus  recherché ,  e-t  de  plus  merveilleux.  11  surprend 
par  ses  grandes  masses,  par  la  multitude  de  ses  tours 
ou  aiguilles  pyramidales  ,  ornées  de  figures  ,  découpées  à 
jour,  et  il  se  distingue  autant  par  la  hardiesse  de  son 
exécution  ,  que  par  la  profusion  de  ses  ornemcns  , 
d'une  légèreté  et  d'une  délicatesse  singulière.  Si  l'on  y 
remarque  quelques  ohjets  de  sculpture  qui  ne  méritent 
point  d'être  placés  en  ce  lieu  auguste  ,  on  y  admirera 
une  si  grande  quantité  de  chefs-d'œuvre  ,  qu'on  oubliera 
aisément  ces  imperfections.  En  un  mot,  il  est  parmi  les 
temples  du  genre  gothique  ,  ce  que  S.  Pierre  de  Rome 
est  pour  la  moderne  architecture  (V.  PI.  III,  IV et  V). 
Toutes  les  parties  de  l'édifice  sont  de  marbre  blanc, 
même  le  toit.  On  pourrait  sans  doute  entasser  une  plus 
grande  quantité  de  marbres  sur  une  surface  plus  vaste: 
ce  serait  prouver  seulement  de  grandes  dépenses  ,  et 
une  puissance  en  état  de  les  supporter.  Mais  de  tant 
d'ornemens  réunis  ,  former  un  ensemble  qui  soit  aussi 
étonnant  par  sa  masse,  que  par  son  travail,  c'est  le 
chef-d'œuvre  de  l'art  et  le  phénomène  que  présente 
la  cathédrale  de  Milan.  11  n'a  fallu  rien  moins  que 
la  ferveur  ardente  des  âmes  pieuses  ,  pour  fournir  les 
moyens  d'exécuter  un  si  riche  édifice.  Le  même  zèle 
fit  élever  de  toutes  parts  des  temples  ,  et  la  plupart  fu- 

de  cet  ensemble  non  une  sensation ,  mais  un  sentiment  pro- 
fond de  mélancolie,  qui  deviendra  religieux  en  suivant  l'éléva- 
tion  de  cette  tour,  dont  la  flèche  aiguë,  montant,  pour  ainsi 
dire  ,  dans  les  airs  ,  conduira  votre  pense'e  sans  aucune  pause  , 
sans  aucune  transition  sensible,  de  la  nef,  séjour  des  lamen- 
tations et  de  la  prière,  jusqu'au  ciel  conjectural,  re'fuge  des 
espérances  du  chrétien.  » 

5 


rem  construits  dans  le  beau  style  gothique ,  lequel  se  con- 
serva dans  l'Europe  jusqu'au  XV  siècle.  Parmi  la  quantité 
prodigieuse  d'églises  dans  ce  genre,  répandues  en  Eu- 
rope ,  on  cite  principalement 3  en  France,  les  cathédra- 
les de  Paris,  de  Rheims  ,  de  Béarnais,  de  Chartres, 
de  Strasbourg,  d'Orléans,  etc.  ;  eu  Allemagne,  celles 
deVienne,  de  Cologne ,  d'Ulm ,  de  Fribourg  ;  en  Italie, 
celles  de  Milan,  de  Sienne,  d'Orvieto,  etc. ;  en  Brabant, 
l'église  d'Anvers;  en  Angleterre,  celles  d'Yorck,  de  Can- 
torbery ,  etc. ,  et  en  Espague  on  admire  celles  de  Va- 
lence et  plusieurs  de  l'Andalousie  et  de  Grenade,  bâties 
originairement  par  les   Maures. 

Suivant  les  historiens  les  plus  accrédités,  Jean  Ga- 
leas  Visconti,  comte  des  Vertus,  premier  Duc  de  Mi- 
lan (1),  protecteur  des  arts,  prince  très-ambitieux  ,  qui, 
par  une  conduite  habile  ,  aidée  de  moyens  criminels , 
avait  affermi  sa  puissance  ,  fit  ériger  celte  cathédrale , 
pour  accomplir  un  vœu  qu'il  avait  fait  à  la  S.  Vierge , 
afin  d'obtenir  des  enfans  mâles  de  sa  seconde  femme 
Cauheriue,  fille  de  Barnabô  Visconti  (2)  son  oncle.  La 
mort  lui  avait  enlevé  ceux  qu'il  eut  d'Isabelle  ,  fille  de 
Jean  ,  roi  de  France  ,  dit  le  Bon ,  qu'il  avait  épousée  en 
premières  noces.  Ce  vœu,  disent  les  mêmes  historiens, 
fut  aussi  celui  du  peuple  milanais,  parce  qu'alors  les  fem- 
mes de  ce  pays  accouchaient  difficilement ,  et  que  les 
enfans    mâles  leur  étaient    ravis    par  une  mort  préma- 


(1)  Le  portrait  de  ce  duc  ,  trace  d'après  un  ancien  bas-relief 
authentique  ,  se  trouve  grave  sur  le  frontispice  de  cet  ouvrage. 

(2)  On  pre'tend  qu'  il  mourut  empoisonné  au  château  de 
Trezzo,  ainsi  que  ses  deux  fils,  par  ordre  de  Jean  Galéas , 
pour  leur  ravir  la  possession  du  duché  de  Milan. 


turée.  On  se  doute  Lien  que  cetle  opinion  n'est  fon- 
dée que  sur  les  Chroniques  de  ces  temps,  Il  se  pour- 
roit  aussi  que  le  duc  Galéas  ,  crut,  suivant  une  multi- 
tude d'exemples  dans  ces  siècles ,  expier  ses  crimes  par 
la  fondation  d'une  riche  église  ;  mais  nous  adopterons 
de  préférence  l'opinion  que  ce  prince,  très-ambitieux  , 
zélé  protecteur  des  arts ,  et  qui  étoit  parvenu  à  un 
degré  de  puissance  et  de  splendeur  très-considérable  , 
ait  voulu  éterniser  sou  nom  par  des  monumens  som- 
ptueux. Cette  conjecture  semhle  d'autant  plus  fondée 
en  considérant  que  sa  magnificence  ne  se  borna  pas 
à  celte  Cathédrale ,  mais  qu'il  fit  élever  la  superbe 
Chartreuse  près  de  Pavie  ,  ainsi  que  plusieurs  édi- 
fices publics  ,  et  qu'il  se  montra  très-libéral  en  tout 
ce  qui  avoit  rapport  à  la  splendeur  de  sa  domi- 
nation. 

Quels  que  fussent  cependant  les  motifs  qui  engagè- 
rent le  duc  ,  c'est  un  fait  avéré  qu'il  fit  des  dons  et 
des  concessions  très-considérahles  eu  faveur  du  nouvel 
édifice,  et  qu'il  fit  présent  à  la  ville  d'une  carrière  de 
beau  marbre  blanc  ,  plus  propre  à  résister  aux  ravages 
du  temps  que  celui  de  Carrare.  La  situation  de  cette 
carrière  facilitait  en  outre  le  transport  des  blocs  qu'on 
en  tirait ,  puisque  de  la  Candoglia  ,  aux  environs  du  lac 
Majeur,  où  elle  se  trouve,  on  les  faisait  descendre 
par  la  Toce  ,  dans  le  lac  même  ,  et  de-là  jusqu'à  Milan 
parle  Tesin,  et  par  le  canal,  conuu  sous  le  nom  de 
Naviglio  grande. 

Ce  fut  le  même  Galéas  qui  posa  la  première  pierre 
de  ce  temple  magnifique  le  1 5  de  mars  1 586  ,  lors- 
que le  siège  épiscopal  était  occupé  par  Aulouio,  de  la 
noble    famille   de  Saluzzo.    Cette    opinion    est  appuyée 


particulièrement  sur  une  inscription  qui  se  trouve  dans 
un  atelier  de  sculpture,  placé  au  Campo  Santo(i); 
on   y   lit  : 

EL  PItINCIPIO  DIL  DUOMO  DI  MILANO  FU  NELl'  ANNO    I  386  (2). 

Plusieurs  écrivains  prétendent  que  la  construction  de 
cette  église  fut  commencée  seulement  en  1387  ou  i388, 
et  ils  s'appuyent  sur  ce  qu'on  lit  dans  la  Vie  des  Ar- 
chevêques de  Milan  :  Anno  MCCCLXXVI1I ,  Templum 
majus  Mediolani  jussu  Galeatii  Ducis  in  honorent 
B.  M.  Virginis  incredibili  impensa  solido  marmore 
instaurare  cœpit. 

Ils  ajoutent  qu'elle  est  due  principalement  au  zèle  des 
Milanais  et  des  habitans  des  environs,  qui  ambitionnaient 
d'ériger  une  cathédrale  digne  de  la  capitale  de  la 
Lombardie  ,  et  qui  désiraient  gagner  les  indulgences  que 
le  Pape  et  l'Archevêque   avaient  accordé  à  tous   ceux 


(1)  Derrière  la  cathédrale  il  y  a  une  petite  place,  qui  ser- 
voit  anciennement  de  cimetière,  et  qu'on  nomme  encore  Campo 
Santo  ,  c'  est-à-dire  Champ  Sacré ,  nom  qui  désigne  générale- 
ment en  Italie  le  lieu  appelé  en  français  cimetière.  On  y  voit 
aussi  maintenant  une  petite  église;  et  la  place  est  encombrée 
de  blocs  de  marbre  ,  qu'  on  travaille  continuellement  dans  les 
ateliers  des  sculpteurs  établis  clans  cette  enceinte.  Les  députés 
pour  la  bâtisse  de  la  Cathédrale  ont  leur  résidence  dans  la 
maison  voisine;  ils  conservent  dans  les  archives  les  pièces  re- 
latives a  sa  construction  ,  et  un  modèle  eu  bois  fort  curieux 
exécuté  au  commencement  du  XVI  siècle.  Il  est  assez  grand 
pour  qu'un  homme  puisse  y  entrer  debout  ;  et  il  mériterait 
d'être  mieux  conservé  et  placé  plus  convenablement. 

Les  curieux  obtiennent  facilement  à   se  procurer  la   vue  de 
ces  objets. 

(2)  Le  commencement  de  la  cathédrale  eut   lieu   en    i586. 


•«— «/     r     )s— »■ 

qui  coopérèrent  h  cette  œuvre  ,  soit  parleurs  dons  ,  soit 
par  leurs  travaux  :  on  sait  que  ce  moyen  fut  celui  qui 
contribua  le  plus  efficacement  à  l'érection  des  premiers 
temples  de  la  chrétienté. 

Toutes  ces  opinions  pourraient  se  concilier  ,  puisque 
l'histoire  nous  apprend  que  le  Duc  n'ayant  pas  trouvé 
les  premiers  fondemens  de  l'édifice  assez  vastes ,  il  les  fit 
démolir  et  reconstruire  ensuite  de  nouveau,  ce  qui  de- 
manda nécessairement  un  ou  deux  ans  de  temps  (1). 
Des  concessions ,  et  de  riches  offrandes,  ont  fourni  alors  , 
et  successivement ,  les  moyens  nécessaires  à  la  constru- 
ction et  à  l'entretien  de  cet  étonnant  édifice  ,  qui  fut 
élevé  à  l'endroit  même  où  existoit  déjà  l'ancienne  ca- 
thédrale ,  bâtie  en  856  ,  et  consacrée  à  Sainte  Marie 
Majeure  ;  église  qui  avoit  été  saccagée  et  brûlée  plu- 
sieurs fois,  pendant  les  guerres  et  les  invasions  de  Fré- 
déric  Barberousse. 

Malgré  les  recherches  qui  ont  été  faites  jusqu'à  pré- 
sent, le  nom  de  l'architecte  qui  traça  le  premier  des- 
sin de  cette  église  est  encore  inconnu  ,  et  il  le  sera 
peut-être  toujours,  à  cause  de  la  perte  de  beaucoup 
d'anciens  titres  (2).  Le   comte   Giulini  a  combattu,  dans 


(1)  La  magnificence  du  Duc  et  le  zèle  des  Milanais  ,  sont 
d'  autant  plus  admirables  ,  que  cette  vaste  construction  fut  con- 
çue et  commencée  dans  un  temps  où  S.  Pierre  de  Rome  et 
S.  Paul  de   Londres   n'  existoient  pas  encore. 

Ce  fut  donc  uu  édifice  qui  devoit  surpasser  tous  ceux  qu  on 
connoissait  alors  en  Europe,  qu'on  s'e'toit  propose'  de  cons- 
truire. 

(2)  Moriggi,  dans  la  Description  de  cette  cathédrale,  qu'il  a  pu- 
bliée en  1 597^  parle  d'un  registre  qui  existait  parmi  les  pièces  con- 
servées aux  archives,  et  qui  en  disparut  vers  l'an    1577,  sans 


«-«(  8  )»-> 
son   Histoire  de  Milan,   l'opinion   de  plusieurs  écrivaîus 
qui  assuraient  que  Henry  Gamodia  ou  Z amodia  ,  al- 
lemand ,  donna  le  premier  plan   de   ce   temple  ,    parce 
que   cet  architecte     ne    fut  appelé   à    Milan    que   cinq 
ans    après    que  la  construction   en    fut  commencée.     Il 
est  plus   facile   de    détruire    l'opinion  de   Charles    Tor- 
re  ,    auteur    du     Tableau    de    Milan  ,     qui    s'efforce 
de    prouver    que    les    premiers  travaux    de     cet     édi- 
fice   furent     dirigés     par    l'architecte     Jean  -  Antoine 
Omodeo.  Cet    écrivain   a  été  probablement    induit  en 
erreur ,    par  l'inscription    qu'on   voit  autour  d'un    por- 
trait en   marbre  ,   situé   sur  le  parapet  de  la  petite  ga- 
lerie  où  aboutit  l'escalier  tournant  qui  conduit    dessus 
le  Dôme  :   on  y  lit  : 


HOMODEUS    VENER      FABRICE    MLI.    ARCHITECTrS. 

Il  est  prouvé  que  cet  artiste  ne  vécut  qu'un  siècle  après 
le  commencement  de  la  construction  ,  dont  il  fut,  pen- 
dant long-temps,  un  des  architectes  le  plus  instruit  et  le 
plus  zélé:  nous  aurons  occasiou  de  parler  de  lui  ail- 
leurs. Les  premiers  architectes  sur  lesquels  on  a  des 
notices  positives,  sont  Marc  de  Campione  et  Simon 
Orsenigo  ,  auxquels  quelques  historiens  ont  même  at- 
tribué le  dessiu  primitif. 

Mais    la  plupart  de   ces  opinions    ne  se    soutiennent 


qu'on  ait  jamais  pu  le  découvrir ,  malgré  les  recherches  faites  et  les 
excomunications  lancées  contre  les  détenteurs  de  ce  livre-  et 
il  déplore  sa  perte  comme  celle  de  la  seule  pièce  autentique 
qui  eut  dû  faire  connaître  le  premier  architecte  inventeur  du 
plan  de  l'église ,  et  les  notices  les  plus  certaines  sur  tout  ce 
qui  regarde  sa  construction,  depuis  sa  première  fondation  jusqu'à 
l'époque  de  l'enlèvement  de  ce  manuscrit. 


«-*(  9  )»- 
pas  devant  un  examen  plus  approfondi:  et  au  milieu 
des  incertitudes  qui  existent  toujours  ,  il  nous  paraît 
assez  probable  tjne  le  premier  dessin  ,  antérieur  à 
son  exécution  ,  fut  l'ouvrage  d'un  architecte  allemand. 
Cette  conjecture  trouverait  sa  source  dans  de  fort  anciens 
commentaires  sur  Vilruve  ,  où  il  est  parlé  de  l'église  de 
Milan  ,  dont,  moyennant  des  gravures  en  bois  bien  exécu- 
tées ,  on  donne  le  plan  ,  des  coupes ,  et  plusieurs  dé- 
tails très-exacts ,  et  suivant  l'ancien  dessin.  Elle  prend 
encore  uu  caractère  de  vraisemblance  lorsqu'en  con- 
sidérant le  grand  nombre  d'édifices  gothiques,  fort  re- 
marquables ,  qui  existaient  avant  le  nôtre  dans  plusieurs 
parties  du  Nord ,  on  lui  trouve  des  rapports  infini- 
ment singuliers  entre  autres  avec  la  cathédrale  de  Co- 
logue  (i).  Le  plan,  la  distribution  des  nefs  .de  celte 
église  sont  exactement  les  mêmes.  Une  égale  ressem- 
blance se  fait  remarquer  dans  toutes  ses  proportions  , 
dans  les  arcs-boutans ,  dans  les  aiguilles  ;  il  n'y  a 
d'exception  à  faire  dans  cette  parité  que  pour  la  fa- 
çade ,  ce  qui  ne  détruit  en  rien  la  comparaison  que 
nous  en  faisons ,  et  les  conséquences  que  nous  en  ti- 
rons ,  puisque  la  façade  de  l'église  de  Milan  fut  changée, 
comme  nous  le  dirons  par  la  suite  ,  plus  d'une  fois , 
et  que  jamais ,  jusqu'à  nos  jours ,  on  ne  s'attacha  à  au- 
cun des  dessins  qui  furent  proposés  à  diverses  époques. 
Le  rapprochement  que  nous  venons  de  faire  des  deux 
cathédrales  ,  et  que  l'on  peut  vérifier  ,  comme  nous 
l'avons  fait  en  examinant  avec  soin    les  dessins   fidèles 


(0  II  s'agit  ici  du  plan  de  la  cathédrale  de  Cologne,  et 
non  de  son  exécution  entière,  puisqu'elle  ne  parvint  qu'à  la  moi- 
tié   de  son  dessin  primitif. 


<— «(      IO     )ss-* 

de  l'une  et  de  l'autre ,  ce  rapprochement,  disons-nous, 
nous  autoriserait  à  croire  que  celle  de  Cologne ,  bâ- 
tie i58  ans  avant  la  nôtre,  a  pu  lui  servir  de  mo- 
dèle ,  et  que  les  Milanais  se  seraient  adressés  à  un  des 
architectes  allemands,  reconnaissant  en  eux  une  supériorité 
de  talent  plus  grande  pour  la  composition  de  ces  sortes  d'é- 
difices ,  dont  ils  avaient  sans  cesse  sous  les  yeux  de  beaux 
exemples  ,   qui   étaient  fort  rares   en  Italie. 

Si  les  célèbres  Cathédrales ,  en  style  gothique,  que  nous 
avons  citées,  sont  les  rivales  de  celle  de  Milan,  par  leur  har- 
diesse, et  par  la  richesse  singulière  de  leurs  ornemens  (  i  ) , 
elles  doivent  lui  céder  la  supériorité  par  la  qualité  de  la 
matière,  et  parce  qu'ayant  été  construites  dans  le  moyen 
âge  ,  elles  n'ont  pu  être  ornées  d'une  aussi  grande  quan- 
tité de  statues  et  de  bas-reliefs,  et  que  si  dans  quelqu'unes 
la  sculpture  y  a  prodigué  ses  travaux ,  la  grossièreté  de 
l'exécution  les  place  dans  un  rang  qui  atteste  la  bar- 
barie du  goût  dominant  de  ces  temps  (2).  Si  les  ou- 
vrages de  ce  genre  qui  ont  été  prodigieusement  mul- 
tipliés autour  de  notre  église  ,  ne  sont  pas  également 
estimables  sous  le  rapport  de  l'art  ,  au  moins  n'y  dé- 
couvret-on  pas  sa  honteuse  décadence  ,  puisque  ceux 
qui  datent  d'une  époque  la  plus  rapprochée  delà  fondation 
de  l'édifice ,  présentent  déjà  des  beautés  ,  et  des  tenta- 
tives vers  une  imitation  soignée  de  la  nature  ,  et  que  nous 

(1)  Une  ebose  assez  remarquable  clans  ces  monumens  ,  et 
qui  ne  se  trouve  pas  clans  le  nôtre  ,  c'est  que  la  plupart  sont 
ornés  de  statues  de  rois,  de  reines,  et  de  princes,  lesquelles 
ont  servi  à  des  développemens  historiques   et  chronologiques. 

(2)  L'immense  richesse,  du  toit  et  de  toute  la  partie  supé- 
rieure  de  la  Cathédrale  de  Milan  suffiroit  pour  détruire  toute 
rivalité  avec  les  autres  mentionnées  ci-dessus. 


<-«(      I   I      )ïB— ► 

voyons  régner  une  progression  de  talcns  qui ,  enfin  , 
nous  amène  à  admirer  des  chefs  -  d'œuvres  que  nous 
devons  à  plusieurs  artistes  ,  nos  contemporains ,  nos 
concitoyens  ,  dont  les  noms  seront  placés  à  leur  temps 
pour  la  gloire  des  arts.  Il  ne  paroîtra  pas  hors  de 
propos  que  nous  suspendions  un  moment  notre  rela- 
tion historique  de  la  cathédrale ,  pour  donner  au  le- 
cteur un  aperçu  des  architectes  les  plus  distingués , 
qui  ,  dès  son  origine  ,  en  dirigèrent  les  travaux  jus- 
qu'en   i8o5. 

Les  documents  que  nous  trouvons  dans  les  archives 
de  la  fabrique  de  notre  église  ,  nous  apprennent  que 
Jean  Galéas  ne  se  borna  pas  à  engager  pour  ce  grand 
ouvrage  des  artistes  italiens  ,  mais  qu'il  eut  recours  à 
plusieurs  architectes  étrangers  dont  les  noms  se  sout 
conservés.  En  remontant  à  Henri  Aller  de  Gemùnden  , 
[  plus  connu  dans  l'histoire  de  notre  église  sous  le  nom 
de  Gamodia ,  traduction  de  celui  de  sa  ville  natale  (i)], 
que  l'on  peut  regarder  comme  l'inventeur  du  plan 
exécuté  eu  1387  ou  1  588  ,  quoique  cela  lui  soit  con- 
testé par  Giulini  ,  comme  nous  l'avons  dit  précédem- 
ment,  nous  signalerons  les  architectes  suivant  les 
époques  où  ils  fureut  chargés  des  travaux  de  ce  vaste 
édifice.  Nous  retrouvons  depuis  i588  jusqu'à  1 5gg  , 
Nicolas  Bonaveulure ,  et  Jean  Mignot  de  Paris  ,  Jeau 
de  Campamios  ,  normand  ;  Jean  Anuex  de  Fernach  , 
de  Fribourg;  Ulric  de  Frissingeu,  d'Uliuj  et  Jean  Cova, 
peintre    et    architecte,    de    Bruges  eu  Flandres  ;    Jeau 


(1)  On  doit  se  rappeler  que,  dans  ces  temps,  et  même  postérieu- 
rement ,  beaucoup  d'artistes  ne  furent  connus  et  désignes  que  par  le 
nom  du  lieu  où  ils  avoient  pris  naissance  L'histoire  des  peintres 
d'Italie    nous  en  fournit   un   grand  nombre  d'exemples. 

4 


<-«s(     1 2     W-» 

Magatti  en    409-    Nicolas  d'Arezzo  vers    14.12;    Plu- 
lippe    Bruneleschi  vers    1448;    Jean  Solari  eu    1 45 1  ^ 
Boniforte   Solari,    sou  fils,    en    iftg;    Antoine   Solari, 
fils  de  celui-ci,    en    i476;    Jean  de  Gratz  eu    1485. 
Il  semble   qu'a   cet  architecte   a  dû  succéder  Jean  An- 
toine   Omodeo,    qui  fut   choisi  en    1490,    quatre   ans 
après  qu'on   eut  consulté  Hammcrer,   l'architecte  de  la 
cathédrale   de   Strasbourg,   à  propos  des  difficultés  qui 
s'étoieut  élevées   eu    i486,    sur  la   construction   de  la 
coupole  et  de   la  grande    aiguille.     Cela  feroit    conjec- 
turer que  Omodeo   fut  chargé  de   conduire   les  travaux 
de  ce   dôme    jusqu'en    i522  ,    et    que    c'est  par  cette 
raison  qu'il  n'a  pas  signé  avec  les   chefs  d'ouvriers   la 
pièce  du  27  Juin  1490  ,  qui  se  conserve  aux  archives, 
relativement  à  la  construction  de   cette  partie  de  l'édi- 
fice ,  quoique  sou  fils  Antoine  Omodeo  pût  être  com- 
pris   parmi    les   artistes    employés    sous    les    ordres    de 
son  père.  On  donna,   en    i5i2,  pour  adjoint  à  Omo- 
deo, Jérôme    délia    Porta.    Christophe    Solari,    dit    le 
Bossu  ,    architeele   et  sculpteur  d'un  mérite  distingué , 
fut  également  élu   architecte   de  la  fabrique,  en   i5o6, 
mais  avec  la  condition  précise  de  ne  point  abandonner 
la    sculpture,    qu'il    enrichît    de    beaucoup    de    chefs- 
d'œuvre. 

Quelque  fût  le  talent  qu'on  reconnaissoit  à  ces  ha- 
biles architectes  ,  le  désir  que  l'on  avoit  de  conduire  à 
toute  la  perfection  possible  un  si  précieux  monument 
de  la  piété  et  de  la  gloire  Lombarde  ,  fit  qu'on  solli- 
cita les  lumières  des  artistes  qui  jouissoient  en  ces 
tems  d'une  célébrité  reconnue  ,  et  dont  le  goût  et  les 
jugemens  étoient  appuyés  sur  des  connoissances  exactes 
auxquelles  il  fallait  porter  une  foi  religieuse.  On  consulta 


<— «(     I  3    jm— > 

donc  ,  en  i^gi  ,  le  célèbre  Bramante,  duquel  nous 
admirons  encore  plusieurs  édifices  précieux,  et  entre 
autres  la  magnifique  Chartreuse  près  de  Pavie  ;  et  Césare 
Cesaiiano, auteur  d'un  excellent  commentaire  sur  Vitrine, 
que  nous  avons  déjà  cité  ,  et  ils  ont  peut-être  même 
dirigé  quelques  travaux  de  l'église ,  de  même  que 
le  Bramantino ,  en  i5ig.  Enfin  le  fameux  Léonard 
de  Vinci  qui  réunissoit ,  à  uu  degré  éminent ,  au 
talent  de  la  peinture  ,  ceux  d'un  habile  architecte , 
d'un  savant  géomètre ,  et  même  d'un  musicien  peu 
ordinaire  ;  ce  génie  capable  de  prononcer  ex  professo 
sur  tout  ce  qui  avoit  rapport  aux  arts  ,  fut  également 
appelle  à  donuer  des  conseils,  en  i5io,  aiusi  que  le  cé- 
lèbre peintre  et  architecte  Jules  Romain,  en  i54-i. 
En  1567  on  nomma  comme  principal  arebitecte  Pel- 
legrino  Pellegrini,  appelle  particulièrement  par  les  Bo- 
lonais ,  le  Tibaldi  ,  du  nom  de  son  père.  Cet 
architecte  fît,  pendant  le  cours  de  dix- neuf  ans  qu'il 
eut  cette  direction  ,  embellir  l'intérieur  du  temple. 
On  lui  doit  le  beau  pourtour  du  chœur  et  les  cha- 
pelles souterraines.  Nous  parlerons  ailleurs  de  tout  ce 
qui  appartient  dans  cet  édifice  ,  à  ce  grand  artiste,  et 
nous  allons  continuer  le  tableau  que  nous  consacrons 
à  la  mémoire  des  hommes  à  talents  qui  méritent  au- 
jourd'hui, en  excitant  notre  admiration  par  leurs  ou- 
vrages, celte  mention  honorable.  A  Pellegrini  succé- 
da, en  1Ô87  ,  Martin  Bassi ,  qui  se  fit  dislingue 
par  ses  écrits  contre  les  ouvrages  de  Pellegrini , 
ayant  pour  titre  Disparer i  in  materia  d'  architettura 
e  perspettiva ;  imprimés  en  iô^s,  et  il  fut  remplacé, 
en  iCjoo,  par  François  Marie  Ricchino.  Après  vint, 
on  161  7  ,  Fabio  Mangone  qui  est  regardé  comme  élève 


de  Pellegrini;  auquel  succéda,  en  i658,  Charles 
Buzzi.  A  la  mort  de  ce  dernier ,  Jérôme  Quadrio  qui 
avoit  déjà  été  chargé  de  le  remplacer ,  pendant  sa  ma- 
ladie ,  fut  reconnu  architecte   de  l'église,  en  i658  (i). 

Pendant  un  espace  de  soixante  ans,  savoir,  depuis 
1G79  jusqu'en  1744»  <îue  les  travaux  de  la  cathé- 
drale languissants  et  déterminément  suspendus ,  u'of- 
froient  plus  aux  architectes  des  moyens  de  se  faire 
honneur,  que  par  quelques  parties  çà  et  là  terminées, 
on  compte  parmi  ceux  qui  furent  à  la  tête  de  l'en- 
treprise, André  Biffi  ,  Jean  Baptiste  Quadrio,  et  ensuite 
Vanvilelli,  qui  proposa  un  sujet  de  façade,  composé 
d'un  portique  décoré  de  colonnes  torses.  Charles  Joseph 
Merlo  qui  succéda  à  l'architecte  Croce  en  1770,  avoit 
présenté  en  même  tems  ses  propres  idées.  JNous  avons 
de  Croce  des  considérations  sur  la  coupole  et  la  graude 
aiguille,  qui  furent  remises,  le  19  juillet  1764,  à 
l'administration.  C'est  à  cet  artiste  qu'est  clue  la  com- 
position de   la  dite   aiguille    qu'il  fit  achever  en    1772. 

Jules  Galliori  ayant  été  nommé  architecte  de  l'église, 
présenta  un  nouveau  dessin  de  la  façade ,  qu'il  accom- 
pagna de  réflexions  critiques,  fort  bien  raisonnées,  dont 
le  but  tendoit  à  faire  disparaître  le  défaut  qu'on  ne 
pourroit  éviter  en  s'ohslinaut  à  continuer  des  travaux 
déjà  commencés,  qui  étoient  du  style  romain  propre- 
ment dit.  Cela  éveilla  l'intérêt,  et  le  nohle  amour  propre 
qui  anime  ordinairement  les  artistes  par  la  concurrence, 
moyen  qui  procura    tant  de  splendeur  aux   arts   de  la 

(1)  Nous  observerons  ,  pour  la  plus  parfaite  intelligence  ,  que  l'admini- 
stration a  constamment  élu,  en  tout  temps,  un  architecte  principal 
qui  doit  proposer  et  diriger  les  travaux  ,  soit  d'après  ses  propres 
dessins  ,  soit  d'après  les  projets  adopte's   antérieurement. 


Grèce.  La  concurrence  doue  excita  le  génie  ,  et  l'on 
vit  Je  sculpteur  Pagani,  Charles  Orombelli,  et  le  marquis 
Louis  Cagnola  ,  tracer  chacun  un  nouveau  projet  pour 
cette  façade   qui   occupoit  tous  les   esprits. 

Yers  la  fin  de  1 795  ,  Félix  Soave  fut  appelle  pour 
succéder  à  Galliori ,  et  cela  produisit  encore  un  autre 
dessin  ,  qu'il  conçut  pour  réformer  la  façade  en  ado- 
ptant les  bases  établies  daus  le  projet,  déjà  commencé, 
de  Buzzi ,  et  en  conservant  la  forme  des  portes  et 
fenêtres  de  style  romain.  En  1802,  l'architecte  An- 
tolini  succéda  à  Soave  ;  mais  ayant  été  appelé  à  la 
place  de  professeur  d'architecture  dans  l'académie  de 
Bologne ,   il  abandonna  Milan  un  an  après  sa  nomination. 

Nous  voici  arrivés  à  une  époque  qui  dissipa  cette 
espèce  d'apathie  ,  laquelle  depuis  tant  d'années  faisoit 
craindre  que  jamais  on  ne  verroit  se  terminer  un  mo- 
nument si  riche  ,  et  dont  les  premiers  travaux  avoient 
été  commencés  et  poursuivis  avec  toute  l'ardeur  que 
peuvent  inspirer  la  piété  ,  l'amour  de  la  gloire  natio- 
nale ,  et  celui  des  arts.  On  s'étoit  malheureusement 
habitué  à  entendre  répéter,  surtout  par  les  étrangers, 
que  des  siècles  s'amoucelleroient  encore  sur  les  marbres 
de  ce  temple ,  avant  qu'on  vît  rien  d'achevé ,  et 
ou  sembloit  croire  que  les  difficultés  qui  s'offroient 
pour  la  construction  de  cette  façade  ,  objet  de  la  pen- 
sée de  tant  d'artistes  ingénieux  qui  s'étoient  succé- 
dés ,  avoient  effrayé  ceux  de  nos  jours ,  et  les  dé- 
tournoient de  tenter  à  vaincre  ces  difficultés  :  comme 
si  dans  la  nature  il  y  avoit  des  siècles  exclusivement 
réservés  au  génie  ,  et  d'autres  qu'elle  condamne  à  la 
pauvreté.  Et  parce  que  les  exemples ,  les  modèles 
qu'elle    offre  sont  rares  ,    doit-ou  en  inférer  que  cette 


<-«(  i6  ):»->• 
rareté  est  une  des  combinaisons  nécessaires  de  sa  com- 
position générale  ?  C'est  aux  circonstances  et  surtout 
aux  encouragemens ,  sagement  et  judicieusement  distri- 
bués, que  l'on  doit  l'existence  des  hommes,  qui  rendent 
brillant  le  siècle  où  ils  ont  vécu.  C'est  donc  à  la  société , 
aux  institutions  qui  la  gouvernent ,  à  sa  posiliou  géo- 
graphique ,  à  ses  mœurs ,  et  à  ses  richesses ,  que  l'on 
peut  attribuer  la  gloire  qui  environne  des  savants , 
des  artistes  ,  dont  les  noms  vont  enfin  faire  une  époque 
que  l'histoire  signale  par  le  titre  d'illustre ,  de  pom- 
peuse ;  et  l'expérience  nous  a  démontré  que  pour  pro- 
duire quelque  chose  que  ce  soit  de  grand  ,  il  ne  faut 
que  vouloir.  Ce  sont  les  honneurs  accordés  par  Au- 
guste ,  par  les  Médicis  ,  par  Louis  XIV  ,  qui  out  fait 
de  leur  siècle   des  époques  mémorables. 

Cette  vérité  n'est  pas  moins  évidente  de  nos  jours , 
et  notre  siècle ,  non  moins  fécond  en  savans  et  en  ar- 
tistes, ne  nous  laisse  plus  rien  à  désirer  pour  soutenir 
la  comparaison  avec  ces  temps  glorieux ,  avec  la  dif- 
férence qu'alors  les  sciences  et  les  arts  étoient  le  par- 
tage exclusif  de  quelques  contrées ,  tandis  que  de  nos 
jours  on  les  a  portés  à  un  haut  degré  de  perfection  dans 
presque  tous  les  pays  de  l'Europe.  Par  rapport  aux 
arts,  il  suffit  de  nommer  les  Canova  ,  les  Thoi'wald- 
sen,  les  David,  Gérard,  Gnérin ,  Fûger,  Appiani , 
Camucciui ,  un  Berwik ,  un  Morghen  ,  un  Longhi , 
Gandolfi  ,  Rosaspina  ,  Bettelini ,  Millier  ,  DesnoYers, 
Massard  (t),  et  quantité  de  leurs  élèves  déjà  rivaux 
de  la  gloire  de  leurs  maîtres  ,  ainsi  qu'un   nombre  pro- 

(i)  En  plaçant  ces  noms,  nous  n'avons  pas  eu  l'intention  d'assigner 
à  chacun  son  rang  ;  ces  noms  se  sont  trouves  sous  noire  plume  seu- 
lement comme  notre  mémoire   nous  les  a  préscnte's. 


digieux  d'autres  artistes  qui  se  distinguent  par  leurs 
talents;  nous  en  suspendons  rémunération  pour  ne 
point  nous  étendre  trop   au  long. 

Si  les  grandes  entreprises  qui  furent  le  motif  de  la 
suprématie  des  artistes ,  l'honneur  des  siècles  anté- 
rieurs, sont  maintenant  beaucoup  moins  fréquentes, 
on  y  a  suppléé  par  les  concours ,  par  les  expositions 
annuelles  ,  par  les  récompenses  honorables  distribuées 
périodiquement.  La  culture  des  arts  et  les  encoura- 
gemens  n'ont  pas  moins  influé  sur  tous  les  objets  d'in- 
dustrie et  sur  les  différentes  classes  d'artisans.  Qu'ont 
à  faire  les  meubles  ,  les  étoffes ,  les  décorations  de 
luxe  qui  se  fabriquoieut  jusques  vers  la  fin  du  dernier 
siècle,  avec  nos  bronzes  ciselés,  avec  nos  superbes 
porcelaines,  avec  nos  meubles,  dont  les  formes  sont  si 
élégantes,  avec  nos  tapisseries  qui  s'approchent  de  la 
peinture,  et  finalement  avec  les  belles  étoffes,  où  le 
bon  goût  des  dessins  a  remplacé  le  baroqiiisme  des  anciens. 
En  parlant  de  Milan  en  particulier,  que  l'on  interroge  le 
voyageur  éclairé  ,  l'bomme  de  goût  qui  sait  apprécier 
les  beautés,  en  quelque  lieu  qu'il  les  trouve,  ne  ré- 
pondra-t-il  pas  qu'il  a  été  ravi  d'admiration  en  voyant 
nos  décorations  théâtrales  ,  introduites  par  les  Galleari 
et  Gouzaga  ,  et  portées  par  Landriani ,  Canna,  Fueutes, 
Perego ,  et  par  Sanquii  ico  au  plus  haut  degré  de 
richesse  et  de  perfection  ;  qu'il  a  été  étonné  de  voir 
tous  les  arts  concourir  à  donner  de  l'éclat  et  de  la 
pompe  à  nos  apprêts  funèbres;  qu'il  a  reconnu  depuis  le 
palais  jusqu'à  la  demeure  du  simple  particulier ,  dans  la  dis- 
tribution ,  la  composition  d'un  style  gracieux  des  peintures 
d'ornemens  ,  d'arabesque  et  de  perspective  ,  l'influence 
que    dans    cette    partie  de  l'Italie  a  dû  nécessairement 


*— «(     I  8    jm— > 

produire  le  mode  d'eucouragemeut  et  d'instruction 
qu'on  y  a  aùopté.  La  reconnoissance  publique  nous 
dicte  ici  le  nom  de  Jocoude  Albertoli.  C'est  à  cet 
artiste,  estimable  sous  tant  de  rapports,  et  qui  préside 
depuis  40  ans  à  l'instruction  de  cette  partie  des  arts, 
que  nous  devons  la  création  de  ce  goût  si  rare  dans 
la  composition  de  l'ornement  (1).  N'est-ce  pas  au 
marquis  Caguola,  notre  contemporain,  qu'appartient 
la  gloire  d'un  monument  dont  le  dessin  rivalise  avec 
tout  ce  que  les  Romains  ont  produit  de  majestueux 
eu  ce  genre,  et  dont  les  sculptures  étonnent  par 
le  goût  et  l'extrême    délicatesse   de    leur   exécution  ? 

On  nous  pardonnera  la  longueur  de  cette  digression 
elle  nous  offroit  l'occasion  de  rendre  un  hommage  à  la 
vérité,  en  démontrant  que  notre  pays  possède  à  juste  titre 
une  place  honorable  dans  les  fastes  des  beaux  arts,  et  que 
par  le  secours  de  ceux-ci  on  y  voit  fleurir  en  même 
temps  toutes  les  branches  d'industrie,  lesquelles  accé- 
lèrent la  civilisation.  D'ailleurs  ces  réflexions  générales 
ne  sont  point  étrangères  au  sujet  que  nous  traitons, 
lequel  va  nous  occuper  de  tout  ce  qu'embrassent  les 
arts  d'imitation  et  de  génie.  Si  en  décrivant  leurs  pro- 
ductions nous  avançons  des  éloges ,  ils  seront  stricte- 
ment basés  sur  le  mérite  des  ouvrages,  et  de  même, 
si  nous  nous  permettons  quelques  critiques  ,  on  ne 
nous  accusera  pas  après  la  déclaration  que  nous  venons 


(1)  Nous  avons  à  Milan  deux  écoles  gratuites  d'ornemens  ,  dépen* 
dantes  du  gouvernement.  Celle  de  Brera  admet  ordinairement  quatre 
cents  élèves  de  toute  espèce  de  conditions  et  de  professions.  Ou 
en  voit  même  venir  des  campagnes  environnantes  ,  et  les  heures 
de  leçon  sont  désignées  de  manière  à  ne  point  nuire  aux  travaux 
habituels  des  élèves  chez  leurs  maîtres  de  différents  métiers  auxquels 
la  plupart  sont  destinés. 


•■  »  (  t  g  )sï-» 

de  faire ,  de  nous  être  abandonnés  à  un  mouvement 
d'humeur  dénigrante ,  et  à  i'cuvie  de  déprécier  les 
artistes  anciens  ni   les  modernes. 

Nous  allons  reprendre  l'histoire  de  la  construction 
de  notre  cathédrale,  que  nous  avons  interrompue  à 
l'époque  où  le  duc  Jean  Galéas  lui  prodiguoit  ses  soins. 
Après  sa  mort,  arrivée  en  1402,  on  ne  cessa  d'y 
travailler  pendant  le  cours  de  près  de  deux  siècles  , 
avec  plus  ou  moins  d'ardeur ,  selon  les  moyens  d'eu 
soutenir  les  dépenses  et  selon  les  événements  politiques  , 
mais  en  suivant  toujours  le  plan  original ,  car  comme 
nous  le  verrons  par  la  suite  ,  il  n'y  eut  que  la  façade 
qui  fut  sujette  à  des  variations.  Celle  qu'on  construisit 
alors  n'étoit  composée  que  de  pièces  carrées  de  marbre 
blanc  et  noir,  et  on  y  avoit  placé,  pour  tout  ornement, 
quelques  bustes  et  les  armoiries  des  Visconti;  elle  n'avoit 
donc  rien  de  commun  avec  le  restant  de  l'édifice. 
Cela  prouve  évidemment  qu'elle  n'a  été  construite  sur 
aucun  dessin  antérieur,  mais  que  ce  fut  l'ouvrage  de 
quelqu'architecte  de  ces  temps ,  auquel  manquoient 
les  talents  nécessaires  pour  composer  une  façade  réu- 
nissant l'élégance  et  la  richesse  qui  cependant  décorent 
les  églises  gothiques  de  cette  époque,  ou,  ce  qui  semble 
plus  probahle  ,  qu'on  n'avoit  pas  les  fonds  nécessaires 
qu'exigeoit  une  telle  entreprise.  Nous  remarquerons 
encore  qu'on  fut  obligé  de  raccourcir  trois  arcades  de 
la  longueur  de  l'édifice  qu'exigeoit  le  plan  primitif, 
à  cause  de  la  saillie  d'une  partie  du  palais  Ducal  qui 
occupoit  l'emplacement. 

Ce  fut  en  i56o,  c'est-à-dire,  à  l'époque  ou  Charles 
Borromée  fut  élu  Archevêque  de  Milan  ,  que  les  tra- 
vaux reprirent  une   nouvelle   vigueur.   Ce   digue  prélat 


<-«(     2  0    )^-" 

aussi  instruit  que  rempli  de  zèle  pour  la  continuation 
et  le  perfectionnement  de  son  église  ,  y  apporta  les 
soins  les  plus  assidus.  Il  s'occupa  de  la  décoration  de 
l'intérieur,  et  en  même  temps  il  songea  à  la  constru- 
ction d'une  nouvelle  façade,  correspondante  à  la  richesse 
du  corps  de  l'édifice.  Le  célèbre  architecte  Pelle- 
grini  fut  invité  à  en  donuer  le  dessin  ■  il  remit  effec- 
tivement deux  projets  à  l'Archevêque,  dont  l'un  pres- 
crivoit  un  portique  formé  par  dix  colonnes  sur  des 
piédestaux  ,  l'autre  des  colonnes  posées  sur  un  soubasse- 
ment très-bas,  mais  loin  d'adopter  le  style  gothique  que 
prescrivoit  le  genre  de  l'édifice  ,  il  proposa  dans  ses 
dessins  le  goût  de  l'architecture  romaine.  Quoique  cette 
réunion  soit  contraire  aux  règles  de  l'eurithmie,  et  forme 
le  seul  objet  de  critique  qu'on  puisse  faire,  même  de 
nos  jours  ,  à  notre  temple  ,  on  conviendra  aisément 
cju'un  artiste  nourri  par  l'étude  des  superbes  monumens 
de  la  Grèce  et  de  Rome  ,  habitué  par  ses  méditations 
h  ne  recounoître  de  véritables  beautés  architectouiques 
que  daus  les  proportions  de  ses  modèles,  pouvoit  dif- 
ficilement s'écarter  de  la  route  que  son  génie  avoit 
choisie,  où  il  apercevoit  en  avant  et  à  côté  de  lui 
iine  foule  de  rivaux  ,  et  abandonner  ainsi  les  chefs- 
d'œuvre  de  la  grande  école  pour  se  revêtir  des  idées 
capricieuses  et  singulières  du  genre  gothique,  (i). 

Mais  Philippe  H,  roi  d'Espagne,  ayant  appelle  à 
sa  cour  cet  architecte  célèbre,  pour  le  charger  de  la 
construction  de  l'Escurial ,  et  la  peste  ayant  dans  ces 
temps  exercé  ses  ravages  dans  Milan  ,  tous  les  travaux 

(i)  Vignole  et  Jules  Romain  avoient  allie  avant  Pellegrini  ces  deux 
Styles  dans  l'église  de  St.  Pétrone  à  Bologne,  et  le  Bramante  dans 
la  façade  de  la  Chartreuse ,  près  de  Pavie. 


<-s(    2  1     )ss-» 

furent  suspendus.  La  désolation  des  habitans ,  dont 
plus  de  5o,ooo  périrent  dans  l'espace  de  quatre  mois  , 
fut  augmentée  par  la  mort  de  St.  Charles  ,  enlevé ,  en 
i584,  à  son  église,  qu'il  édifioit  par  ses  vertus,  au 
trône  archiépiscopal  qu'il  honoroit  par  ses  lumières  et 
par  sa  généreuse  munificence  envers  les  pauvres  ,  au 
peuple  qui  l'adoroit  comme  un  père,  comme  un  pro- 
lecteur. Ija  mémoire  de  cet  illustre  Archevêque  ,  qui 
se  propagea  de  siècle  en  siècle  ,  est  encore  chère  à 
tous  les  Lombards,  qui  le  témoignent  assez  par  l'af- 
fluence  de  ceux  qui  se  prosterneut  journellement  de- 
vant son  tomheau. 

Les  travaux  furent  repris,  en  i5g5,  lorsque  le  car- 
dinal Frédéric  Borromée,  cousin  du  défunt  prélat,  lui 
succéda,  après  la  mort  de  Gaspard  Visconti,  au  siège 
archiépiscopal.  Ami  et  protecteur  éclairé  des  sciences 
et  des  arts,  il  fut  le  fondateur  de  plusieurs  établisse- 
mens  de  bienfaisance  et  d'utilité  publique ,  et  entre 
autres  de  la  précieuse  bibliothèque  à  laquelle  il  donna , 
par  modestie ,  le  titre  d'Ambroisienne ,  du  nom  de  l'é- 
vèque  qu'on  révère  à  Milan  ,  en  y  joignant  uue  académie 
de  peinture  et  une  galerie  de  tableaux  des  meilleurs 
auteurs  (i).  On  suivit  par  les  ordres  de  l'archevêque 
le  plan  primitif  de  la  cathédrale  ,  et  il  manifesta  posi- 
tivement son  intention,  qu'elle  fut  continuée  dans  toute 

(i)  Cette  académie  remplaça  une  autre  qui  avoit  été  instituée  par  Louis 
Marie  Siorza  dit  le  Maure  ,  seigneur  de  Milan  ,  présidée  par  Léonard 
de  Vinci,  et  qui  avoit  cessé  depuis  quelque  temps.  Celle  que  nous 
venons  de  nommer  ci-dessus  fut  transportée  par  la  suite  ,  ainsi  que 
les  écoles  de  dessin  et  de  peinture  qui  y  étoient  jointes  ,  au  palais 
île  Brera ,  par  ordre  de  Marie  Thérèse.  Ou  doit  à  cette  illustre 
souveraine  la  fondation  de  l'académie  et  de  la  riche  bibliothèque 
qui  se  trouve  dans  le  même  bâtiment,  entièrement  dédié  aux  sciences 
et  aux  arts. 


<-«(     2  2     )»-> 

la  dimension  que  lui  avoit  donné  l'architecie  inventeur. 
C'étoit  en  effet  un  grand  monument  manqué  ,  un 
superbe  édifice  mutilé  ,  arrêté  au  point  où  il  se 
trouvoit  en  ce  moment ,  mais  il  falloit ,  pour  réparer 
cette  défectuosité  ,  vaincre  un  obstacle  devant  lequel 
ses  prédécesseurs  avoient  échoué.  La  cour  d'Espagne,  à 
qui  la  Lombardie  étoit  assujettie  en  ces  temps,  se  rendit 
finalement  aux  instances  de  l'archevêque  ,  et  ordonna 
à  son  gouverneur  à  Milan  ,  Don  Pietro  De  Toledo , 
la  démolition  du  pavillon  du  palais,  qui  empêchoit  le 
prolongement  de  la  cathédrale.  Alors  le  prélat  songeant 
à  la  nouvelle  façade  ,  se  fit  remettre  par  les  héritiers 
de  Pcllegrini,  les  deux  dessins  qu'ils  possédoient.  Mais 
voyant  la  réunion  discordante  de  l'architecture  romaine 
au  style  gothique  ,  il  en  suspendit  l'exécution  ,  et  crut 
que  le  parti  le  plus  convenable  seroit  d'appeler  les 
architectes  à  un  concours  :  et  afiu  d'exciter  leur  génie, 
il  proposa  un  prix  pour  celui  qui  ,  ayant  le  mieux  rem- 
pli ses  vues  ,  obtieudroit  la  préférence  par  les  professeurs 
de  l'art  qui  dévoient  prononcer.  Ou  nous  a  conservé 
les  noms  des  architectes  qui  présentèrent  des  dessins, 
ce  furent  Martin  Bassi,  Pierre  Antoine  Barca ,  Lau- 
rent Biffi  barnabite  ,  Jacob  délia  Porta ,  Ftolomée  et 
Jérôme  Rinaldi,  Honoré  Longo ,  Lelio  Buzzi,  Antoine 
Marie  Corbelta ,  Jérôme  Sesto,  et  François  Marie  Ric- 
chiuo  (r).  De  vifs  débats  s'élevèrent  dans  la  commis- 
sion qui  avoit  à  examiner  les  anciens  dessins  de  Pel- 
legrini  concurremment  avec  les  nouveaux.  Toutes  les 
opinions  se  soumirent  enfin  à  celle  de  Muzio  Odi  d'Urbin  , 

(i)  La  plupart  de  ces  dessins  qui  se  trouvoient  aux  archives  de  la 
fabrique  furent  égarés,  on  ne  sait  comment,  et  se  sont  retrouvés  de- 
puis entre  les  mains   de  quelques  particuliers. 


savant  architecte,  qui  donna  cependant  la  préférence  à 
celui  des  dessins  de  Pellegrini  qui  avait  des  colonnes  sans 
piédestaux.  L'archevêque  fit,  en  conséquence,  construire 
un  modèle  en  bois  de  la  grandeur  naturelle  de  la 
façade  (i)  qui  coûta  58ooo  livres,  et  qui  servit  à  décorer 
l'entrée  que  fit  à  Milan j  en  i633,  le  cardinal  Don 
Fernando,  Infaut  d'Espagne,  en  qualité  de  gouverneur 
de  la  Lonihardie. 

On  commença  aussitôt  les  travaux  par  détruire  les 
fondements  qui  avoient  été  élevés  au  commencement 
du  siècle  par  l'architecte  Alexandre  Besnaùj  mais  l'objet 
qui  présentoit  des  difficultés  considérables  et  exigeoit  des 
soins  particuliers  ,  étoit  la  formation  des  dix  colonnes 
pour  la  façade  ,  dont  chacune  devoit  avoir  2  3  -~z 
mètres  de  hauteur,  y  compris  la  base  et  le  chapiteau. 
On  discuta  long-temps  pour  savoir  de  quelle  pierre 
on  les  formeroit,  et  si  elles  seroient  taillées  d'une  seule 
pièce  ou  composées  de  plusieurs;  cette  dernière  opinion 
présentoit  sans  doute  une  épargue  très-considérable ,  et 
facilitoil  infiniment  le  transport.  Après  qu'on  eût  examiné 
différentes  carrières,  et  même  traité  avec  la  direction 
de  celle  du  marbre  de  Carrare,  on  se  décida  pour  le 
granit  dit  miliarolo  ,  qui  se  trouve  près  de  Baveno  ,  sur  le 
lac  majeur  ,  et  on  conclut  que,  nonobstant  leur  dimen- 


(i)  11  seroit  à  désirer  qu'on  employât  toujours  le  moyen  des  grands 
modelés  ,  lorsqu'il  s'agit  de  monuments  importons  d'architecture  ,  ce  qui 
donne  la  faculté  de  juger  beaucoup  mieux  que  jamais  on  ne  pourra  le 
faire  sur  un  dessin  ,  et  qui  donne  lieu  de  comparer  les  proportions  ,  soit 
par  leur  rapport  à  raison  de  leur  hauteur  au-dessus  du  point  de  vue 
du  spectateur,  soit  de  leur  saillie  selon  la  distance  re'gulière.  Il  arrive 
souvent  que  des  ouvrages  d'architecture  manquent  du  calcul  exact  de 
l'effet  perspectif,  pour  obtenir  le  développement  gracieux  de  leurs  par- 
ties à   l'œil  du  public  et  de  l'amateur. 


sion  extraordinaire  ,  on  les  formerait  d'une  seule  pièce  , 
tant    par    rapport  à  la  solidité ,    que   pour  les    rendre 
plus  correspondantes  à  la  magnificence  de  l'édifice.    La- 
tuada,  Dans  sa  description  de  Milan  ,  prétend  que  chaque 
colonne  revenait  à   22,000    écus ,    et  que   les  frais   de 
transport ,    de   la  carrière   à  Milan ,    étoieut    évalués   à 
4o,ooo    livres.    Aussitôt    que   la    première    colonne    fut 
achevée,    ou  chargea  l'architecte   Fahio    Mangone   des 
soins    du    transport.     Mais     soit    par    négligence,     ou 
faute  de    précautions  nécessaires,  ce   poids  énorme  iit 
rompre  le  train  sur  lequel  ou   l'avoit  placée ,  de  sorte 
qu'elle    se    hrisa    eu    trois  pièces.    Cet    événement  dé- 
couragea l'administration,   et  même   elle  renonça  entiè- 
rement  à  continuer    l'entreprise  ,    quoique    l'architecte 
François    Marie    Ricchino    se    fut    offert    de    diri«er  le 
transport  de  deux  colonnes  ,   en   donnant  caution  pour 
le  succès,    ainsi    que    le   colonel  Pappenheim ,    qui  fit 
les    mêmes   offres ,    voulant  y  employer  son    régiment 
composé  d'allemands.   On  avoit,en  attendant,  élevé  une 
partie   de  la   façade  :   les  cinq   portes   et  la  plupart  des 
fenêtres    étoient    presque    achevées,   mais    aussi    avoit- 
on    dépensé    près  de   5oo,ooo   écus  pour  exécuter   un 
projet  qui   devoit   rester  imparfait.  Nous    aurons   encore 
à  parler  de  nouveaux  travaux  repris  et  détruits  à  leur 
tour;    ce  qui  doit  faire    regretter    encore    plus    qu'on 
n'ait    trouvé    aucune    notion  sur  le   dessin    original.    Il 
paraît  cependant  inconccvahle  qu'un  homme  de  génie, 
chargé   de    concevoir    un    monument    aussi    important , 
ait  négligé   la   partie   principale   de   son  ouvrage  ,  la  fa- 
çade,  où  il  avoit  à  déployer  toute  la  richesse  du  goût 
qui    devoit    dominer  dans  l'édifice.  Nous   voyous    dans 
tous  les  monuments  gothiques  qni  existent  en  Europe , 


*— er(    2  5    Jtt—* 

que  c'est  dans  celte  partie  que  les  architectes  ont 
voulu  faire  briller  les  élans  d'une  vive  imagination  , 
et  le  talent  qu'ils  avoient  acquis  pour  former  et  diri- 
ger des  constructions  étonnantes  par  leur  hardiesse. 
C'est  à  la  porte  principale  que  se  font  de  pompeuses 
cérémonies  comme  les  entrées  de  souverains,  c'est  elle 
que  l'on  orne  pour  les  cérémonies  religieuses  qui  se 
font  au  dehors  ;  enfin  ,  c'est  sur  la  façade  de  toute 
espèce  d'édifice  que  le  voyageur  curieux  ,  que  le 
peuple  lui-même  porte  ses  premiers  regards  ;  peut-on 
donc  penser  d'après  cela  que  l'architecte  ne  s'en  soit 
pas  occupé  dans  le  dessin  primitif  ?  Il  faut  croire 
que  son  projet  se  sera  perdu  long-temps  avant  qu'on 
eût  songé  à  s'en  occuper ,  puisque  aucun  des  an- 
ciens écrivains  n'en  a  parlé.  On  restoit  incertain  sur 
Je  parti  qu'il  conviendrait  de  prendre  ,  lorsque  l'architecte 
Charles  Buzzi  présenta,  en  1646,  deux  nouveaux  dessins, 
qui  avoient  plus  de  concordance  avec  le  reste  de  la  con- 
struction, que  tout  ce  qui  avoit  été  imaginé  jusqu'alors. 
Il  adopta  le  style  gothique  en  conservant  cependant  les 
cinq  portes  ainsi  que  les  fenêtres  de  Pellégrini ,  soit  à 
cause  de  leur  beauté,  soit  que  cela  lui  fut  prescrit  pour 
diminuer  la  dépense.  En  même  temps  l'architecte  François 
Caslelli  donna  un  autre  dessin  daus  le  même  style  ,  sur- 
chargé d'ornemens  et  conservant  de  même  les  fenêtres 
et  les  portes  de  Pellégrini,  dont  la  plus  part  éloient 
déjà  construites  ,   comme    nous  avons   remarqué. 

Cette  concurrence  produisit  de  vifs  débats  qui  furent 
imprimés  et  publiés,  ainsi  que  les  dessins.  L'administration 
crut  devoir  consulter,  à  ce  sujet,  plusieurs  artistes  et 
connoisseurs  distingués,  qui  demeuroient  à  Milan  et  dans 
différentes  autres  villes  de  l'Italie ,  et  leurs  opiuious  furent 


également  imprimées  (t).  Mais  quoique  le  projet  de  Ca- 
stelli  eût  beaucoup  de  partisans,  celui  de  Buzzi,  obtint,  avec 
raison,  la  préférence,  et  fut  adopté  après  qu'on  eût 
exigé  de  lui  la  suppression  de  quelques  ornements 
dont  la  richesse,  dit-on,  devoit  occasionner  de  trop 
grandes  dépenses.  On  construisit  encore  une  fois  un 
grand  modèle  en  bois,  qui,  en  1649,  servit  d'arc 
triomphal  à  l'entrée  dans  Milan  de  la  princesse  Ma- 
rianne ,  fille  de  l'empereur  Ferdinand  III,  allant  en 
Espagne  ,  pour   épouser  le   roi  Philippe  IV. 

Le  temps  passé  en  discussions  et  en  décisions  main- 
tenues et  ensuite  révoquées  (2) ,  priva  l'architecte 
Buzzi  de  la  gloire  de  diriger  l'exécution  de  son  projet. 
Ce  ne  fut  qu'après  sa  mort,  arrivée  en  i658,  qu'on 
éleva  les  deux  pilastres  doubles  latéraux  de  la  porte 
principale ,  auxquels  cependant  le  peintre  et  architecte 
Jean  Christophe  Stohrer  fut  chargé  de  faire  encore 
quelques  modifications  dans  les  ornemens.  C'est  donc 
ce  projet  que  nous  voyous  exécuté  eu  grande  partie  , 
et  qui  forme  la  base  de  la   façade   actuelle. 

(1)  Ce  recueil  intéressant,  que  nous  avons  sous  les  yeux  ,  est  intitulé, 
Sulla  facciata  del  Duomo  di  Milano;  petit  in-folio. 

Parmi  les  artistes  qui  remirent  leurs  opinions  par  écrit ,  on  distingue 
l'architecte  François  Marie  Ricchino  ,  lequel  ne  se  borna  point  a  ana- 
liser  les  dessins  de  Buzzi  et  de  Castclli  ,  mais  il  y  ajouta  un  projet  de 
sa  composition  qui  fut  de  même  gravé ,  et  qui  se  trouve  réuni  aux  préce- 
dens  ,  dans  1'  ouvrage  que  nous  venons  d'indiquer.  Il  est  surprenant 
qu'aucun  des  modernes  écrivains  n'ait  parlé  de  ce  dessin  ,  qui  n'est 
pas  sans  mérite.  Comme  une  notion  plus  détaillée  de  ces  projets  peut 
intéresser  nos  lecteurs  nous  leur  en  donnerons  la  description  ,  lors'quc 
nous  parlerons  de  la  façade  achevée  de  nos  jours. 

(2)  Une  lettre  anonyme,  en  date  du  2;  Juillet  i655  ,  adressée  aux 
administrateurs  de  cette  fabrique  ,  leur  représenta  que  ,  puisque  tant 
de  projets  avoient  été  commencés  et  détruits  peu  après  à  grands  frais , 
on  conseilloit  de  s'occuper  de  préférence  à  faire  achever  les  flancs 
et  les  voûtes  de  l'édifice  ,  en  laissant  à  d'autres  ,  dans  le  siècle 
suivant  la  construction  de  la  façade. 


Les  travaux  continuèrent  à  celte  époque,  mais  avec 
lenteur;  on  s'occupa  successivement  des  nouvelles  arcades, 
en  faisant  leurs  voûtes,  et  on  détruisit,  vers  l'an  i685, 
l'ancienne  façade,  dont  les  marbres  furent  employés  à 
former  une  partie  du  pavé  de  l'église.  Mais  pour  ter- 
miner ce  grand  ouvrage  ,  il  ne  suffisoit  pas  d'y  ap- 
porter du  zèle,  et  d'en  confier  les  soins  à  d'habiles 
architectes ,  il  falloit  aussi  des  sommes  qui  manquoient 
à  l'administration,  puisqu'on  en  avoit  tant  dépensé  dans 
les  projets  antérieurs.  Les  ressources  devenoieut  jour- 
nellement pins  rares,  par  ce  qu'un  sentiment  d'humanité 
avoit  tourné  d'un  autre  côté  les  sources,  qui  dans  l'o- 
rigine avoient  été  toutes  dirigées  au  profit  de  cette  im- 
mense construction.  Un  vaste  hôpital  avoit  été  crée , 
en  i456,  par  François  Sforza  duc  de  Milan  et  par 
Blanche  Marie  son  épouse  ;  de  nombreuses  donations 
l'enrichirent,  et  les  milanais  regardèrent  depuis  comme 
un  devoir  religieux  de  léguer  une  partie,  ou  même  la 
totalité  de  leurs  biens  à  cet  établissement;  et  on  vit  ra- 
rement faire  des  donations  pour  la  fabrique  de  l'église. 
Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  les  travaux  fussent  pour- 
suivis avec  une  extrême  lenteur ,  car  il  ne  restoit  plus 
qu'un  sentiment  d'amour  propre  en  faveur  de  ce  mo- 
nument,  mais  sentiment  slénle  ,  car  il  se  bornoit  à 
admirer  ce  qui  étoit  fait,  et  à  se  plaindre  de  ce  qu'on 
laissoit  imparfait  ce  grand  oeuvre,  sans  que  personne 
songeât  à  lui  créer  des  ressources.  Ou  fit  cependant  élever 
vers  la  fin  du  siècle,  les  bases  des  autres  pilastres  ornées 
de  leurs  bas-reliefs,  et  on  continua  à  finir  quelqu'au- 
tres  parties  de  l'édifice  ,  mais  avec  une  inactivité  qui 
annonçoit  la  pénurie  des  moyens. 

Le  projet  de  Buzzi  qu'on  avoit  adopté ,  et  l'opinion 

6 


<— «(     2  8    js— >■ 

des  architectes  du  XVIII  siècle ,  qui  réprouvoient  la 
réunion  du  style  romaiu  avec  le  gothique  ,  engagèrent 
L'administration  à  ordonner  en  1790,  la  démolition  de 
la  partie  de  la  façade  qu'on  avoit  élevée  d'après  le 
dessin  de  Pellegrini ,  duquel  on  ne  conserva  que  les 
portes  et  les  fenêtres,  sauf  les  variations  introduites  par 
Richini,  et  on  sacrifia  ainsi  au  bon  goût,  les  dépenses 
considérables  qu'on  avoit  déjà  faites  pour  cet  objet. 
On  a  conservé  la  mémoire  de  cette  résolution  par  l'in- 
scription suivante  ,  placée  au  pilier  latéral  de  la  façade  , 
vers  le  Palais  Royal. 

TEMPLI    .    FRONTEM 

GRAECO    .    OPERE    .    INCOHATAM 

GOTHICO 

AD    .    MOLIS    .    VNIVERSAE 

CONSENSVM 

•IKSTAVRANDAM    .    PERF1CIENDAM 

OSTIORVM    .    LVIWINVM 

ANTEPAGMENTIS 

OB    .    ARTIFICII    .    Er.EGANTIAM 

1NTACTIS 

XX    .    VIRI    .    AF.DIFICATIOM 

PROCVRANDAE    .     DECREVERVNT 

ANNO     .    IHDCCLXXXX 

Tel  était  l'état  des  choses  ,  telle  était  la  direction 
impuissante  de  l'opinion  publique  ,  lorsque  des  évé- 
nemens  imprévus  ,  quoiqu'ils  ne  fussent  pas  nouveaux 
dans  notre  histoire,  soumirent  le  Milanais  à  la  domi- 
nation des  Français.  Napoléon  Bonaparte ,  qui  régna 
depuis,   voulut  qu'on   achevât  ce   vaste  édifice   le   plus 


*—*(    2  f)    )»— ► 

promptcment  possible.  Il  assigua  à  cet  effet  par  son  dé- 
cret du  8  Juin  i8o5,  cinq  millions  de  livres  milanaises 
provenant  des  biens  des  corporations  religieuses  sup- 
primées ,  et  il  ordouna  en  même  teins  la  vente  des 
biens   appartenant    à     la    Cathédrale    (i). 

11  ne  fut  pas  difficile  d'obéir  à  un  tel  ordre  ,  il  ne 
restait  qu'à  indiquer  les  ressources  pécuniaires  ,  les  ar- 
tistes étaient  là  ,  et  n'avaient  pas  attendu  pour  se  for- 
mer à  de  grandes  et  nobles  entreprises  ;  leur  génie 
était  mûr  quand  Bonaparte  commanda.  C'est  pourtant 
le  seul  nom  de  ceux  qui  ordonnent  que  nous  trans- 
mettent les  marbres  et  les  bronzes,  taudis  qu'il  faut 
des  recherches  infinies  ,  et  trop  souvent  infructueuses 
pour  découvrir  le  nom  des  hommes  de  génie  qui  ont 
conçu ,  proposé ,  exécuté.  On  retrouve  eu  Egypte 
ceux  des  Psâmmés,  qui  tirent  élever  les  fameuses 
pyramides  ;  en  parlant  des  murs  superbes  de  Babylone  , 
on  nomme  Sémiramis  ,  et  nous  ignorons  encore  quels 
ont  été  les  architectes  de  ces  merveilles  du  monde. 
Nous  plus  fidèles  historiens,  nous  placerons  à  côté 
des  hommes  qui  ont  ordonné ,    les  savans    et   les  ar- 


(i)  On  apprécie  le  produit  de  la  vente  des  biens  de 
la  fabrique    à i,489j98o,,oo. 

Le  gouvernement  paya  à  l'administration  de  la  fabri- 
que  à   compte  des  cinq  millions  de  livres  milanaises.    .    2,000,000,, 00. 


Francs   5;489,98o,,oo. 

Moyennant  cette  somme  on   soutint  les  dépenses  ,   de 
l'an  1806  au   i8i3  savoir. 

Pour  achever  la  façade,  et  la  partie  supérieure  des  (lancs.  3,097,op,3,,20. 

Pour  réparations  à  l'édifice 55,goo,,7g. 

Dépenses  relatives  au  culte 992, 760, ,2g. 

Francs  3, 445, 754, ,28. 


tisles,  dont  les  travaux  n'honorent  pas  moins  les  siècles 
passés  et  le  nôtre  ,  que  la  puissance  qui  les  leur  com- 
manda; c'est  pour  cela  que  nous  nous  sommes  fait  une 
loi  de  donner  ici,  autant  que  possible,  les  noms  des 
architectes  et  des  sculpteurs  qui  ont  été  employés  à 
la  Cathédrale  de  Milan,  et  de  les  rappeler  dans  une 
espèce  de    biographie,  à  la  fin  de  cet  ouvrage. 

La  ville   de  Milan  possédoit  en  ce    moment    tout  ce 
qui  pouvoit  assurer  le  succès    d'une   entreprise  tant  de 
fois     tentée.    L'académie    des    beaux    arts ,  fondée     au 
palais    de   Brera  ,    comme    nous  l'avons  déjà  dit  ,    par 
l'impératrice    Marie    Thérèse,  et  encouragée     par     ses 
successeurs  ,     réunissoit    toutes    les    bonnes    écoles    de 
dessin,  et  le   nombre  de   ses    professeurs,  dislingues   en 
chaque    genre,    avait   augmenté    le     foyer    des    lumiè- 
res qui  vivifie,    et    qui    produit    de     grandes     inspira- 
tions. Uu  autre   établissement,  plus  moderne,  avoit  été 
formé,  dont  le  but  est,  de  rapprocher  les  élémeus  des 
sciences  pour  n'en  former  qu'un   seul  faisceau  ,  et  lui 
donner  par  le  contact  et  la  communication  plus  de  force 
et  d'intensité  ;   nous    voulons    parler   de    l'Institut ,    où 
enfin  les  savaus  et  les  artistes    apprirent    qu'ils   éloient 
tous    égaux  ,    puisque  c'étoit  au    même    flambeau    que 
leur    génie    s'allumoit,  et  qu'ils    éloient    destiués    tous 
également  à    conserver    celle    lumière   sacrée  ,   si    utile 
aux  hommes.    Riches  de   tels     moyens    étoil-il    difficile 
que  les  ordres  de  Napoléon    se    réalisassent?    mais    le 
vrai  point  de    difficulté  ,  et   nous  avons  déjà  vu    quels 
coùleux   efforts   on    avoit    employé   pour    le    résoudre  , 
étoit  d'adopicr  un  dessin  convenable  ,  et  cette  fois  encore 
Je  souverain  ordonna  qu'on  s'en  procurât  de  nouveaux , 
en   conservant    toutefois  ce    qui  avoit  été   bàli  et  qui 


put  être  en  analogie  avec  le  reste  de  l'édifice.  Cette 
indécision  pendant  plusieurs  siècles  prouve  combien 
il  paraissoit  difficile  d'atteindre  le  but  d'uue  manière 
si  satisfaisante  que  l'on  n'y  pût  trouver  à  censurer, 
et  combien  nous  devons  être  indulgens  sur  les  fautes 
qu'on  a  pu  commettre  au  milieu  de  tant  de  précau- 
tions prises. 

Nous  avons  parlé  précédemment  de  la  retraite  de 
l'architecte  Antolihi;  il  fut  remplacé  par  Leopold  Pol- 
lack  en  1783,  qui  s'occupa  aussi  d'un  projet  de 
la  façade  en  1787.  Sa  mort,  arrivée  en  1806,  lui  fit 
donner  pour  successeur  l'abbé  Zanoja,  arcbitecle  et  se- 
crétaire de  l'académie  des  beaux  arts  ;  mais  il  ne 
conserva  cette  place  que  pendant  deux  mois  ,  et 
avant  donné  sa  démission  ,  il  resta  avec  le  titre  d'ar- 
cbilecie  honoraire.  Les  fonctions  actives  qu'il  avait 
à  remplir  furent  confiées  le  19  août  1806  à  son  suc- 
cesseur M.  Charles  Amati ,  architecte  et  membre  de 
l'académie. 

Nous  voici  revenus  à  un  nouveau  concours  pour  cette 
façade.  A  présent  nous  ne  voyons  plus  un  Frédéric 
Borromée  promettant  un  prix  à  celui  qui  aura  donné 
le  meilleur  dessin  ,  et  ne  lui  prescrivant  autre  chose 
que  la  perfection,  soumise  au  jugement  des  intelligens. 
Au  contraire,  on  dit  expressément  aux  modernes  ar- 
tistes ,  vous  conserverez  ce  qui  est  fait  et  vous  vous 
accommoderez  avec  votre  bon  goût  pour  ne  pas  outre- 
passer telle  dépense.  Nous  devons  par  conséquent 
prévoir  avec  quelle  contrainte  les  artistes  vont  tracer 
leurs  esquisses  ;  nous  devons  sentir  aussi  combien  les 
académiciens  qui  vont  juger,,  en  s'exposanl  à  être  jugés 
eux-mêmes  par  le  public,  se  trouveront  gênés  dans  leurs 


<— ssf    3  2     )&- » 

opinions.  La  question,  agitée  tant  de  fois,  restait  encore 
la  même.  Comment  conlinuera-t-on  la  façade?  la  détruira- 
t-on?  Les  artistes  et  les  amateurs  n'avaient  la  dessus  qu'un 
avis ,  et  c'était  avec  peine  qu'ils  voyaient  décider  la 
question  en  sacrifiant  les  principes  des  arts  et  le  bon 
goût  à  des  vues  économiques  (i).  Que  ceci  serve  donc 
à  justifier  nos  artistes  contemporains.  Quand  on  donne  au 
génie  de  pareilles  entraves,  inutilement  voudrat-il  s'élever, 
quelques  efforts  qu'il  puisse  faire,  contre  la  résistance 
qu'on  lui  a  opposée.  Ce  fut  donc  en  vain  que  MM.  Za- 
noja,  Amati  et  l'ingénieux  auteur  de  l'arc  du  Simplou, 
le  marquis  Cagnola  ,  exercèrent  leurs  lalens  pour  satis- 
faire au  décret,  en  proposant  de  nouveaux  dessins  qui 
furent  unis  ,  à  ceux  de  Buzzi,  de  Soave  ,  et  de  Pollack 
et  présentés  à  la  commission  d'architecture  de  l'Aca- 
démie Royale  des  beaux  arts  (2).  Les  archives  de  l'aca- 
démie conservent  de  savantes  dissertations  du  marquis 
Cagnola ,  qui  avait  laissé  de  côté  les  prescriptions  d'or- 
dre ,   pour   ne   penser  et   ne  parler    qu'en  artiste.  C'est 


(1)  Voici  ce  qui  fut  communiqué  à  l'administration  (traduit  littérale- 
ment du  texte  italien).  «  Le  Ministre  pour  le  Culte  annonce  à  l'admi- 
nistration de  la  fabrique  de  la  Cathédrale  ,  que  S.  M.  l'empereur  a 
décidé  dans  sa  séance  du  20  mai  ce  qui  suit.  »  «  Le  ministre  pour  le 
Culte  fera  vérifier  quelle  dépense  exigeroit  l'achèvement  de  la  Cathé- 
drale de  Milan  ,  suivant  le  dessin  actuel ,  et  il  fera  exécuter  ,  d'ac- 
cord avec  les  administrateurs ,  un  nouveau    dessin  pour  terminer   la 

façade.  Il  aura  soin  que  la  dépense  se  réduise  à  la  moindre  somme 
possible ,  et  qu'elle  n'excède  pas  la  moitié  de  ce  que  coûterait  l'exécu- 
tion de  l'ancien  dessin.  Milan  ce  20  mai  i8o5. 

Signé  Bovara.  » 

(2)  Les  membres  de  cette  commission  furent  ,  M. M  Joconde  Al- 
bertoli  ,  Louis  Canonica  ,  Paul  Landriani  ,  Joseph  Lcvati  ,  Raphaël 
Albertoli  ,  Joseph  Zanoja  ,  et  Charles  Amati.  Ces  deux  derniers  ,  fu- 
rent autorisés  par  le  Ministre  du  Culte  à  assister  à  toutes  les  séances  , 
quoique  auteurs  de  projets. 


<— «(    33    )a-» 
une  espèce  de  protestation  du  génie  contre  la  violence 
qu'on   lui  fait.   On  ne  pouvait  attendre  moins  également 
du  savant  comte   Slratico  ,   secrétaire  de  l'Institut,  qui 
a   écrit  aussi  sur  la  quesliou. 

L'architecte  Amali  en  sa  qualité  de  membre  de  la 
commission  ayant  analysé  les  iuconvénieus  qu'il  avait 
trouvé  dans  le  dessin  de  Pollack ,  et  calculé  que  l'exé- 
cution de  celui  de  Soave,  entraînerait  des  dépenses 
trop  considérables  d'après  Tes  limites  prescrites,  s'ex- 
prima ainsi  dans  son  rapport ,  remis  à  l'administration 
de  la  fabrique  le  29  décembre  1806,  en  parlant  de 
son  propre   dessin.  » 

«  Étant  obligé  nécessairement  de  conserver  les  par- 
tics  en  style  romain ,  déjà  fabriquées  ,  on  y  a  ajouté   la 
fenêtre,  dite  des  Homélies,  du  même  style.  Mais   on 
en  présente  deux  esquisses  de    diverses  formes  ,  l'une 
plus  basse ,  dans    le    cas  ou    l' on    voudrait  laisser  su- 
périeurement un  champ  plus  vaste  ,  1'  autre  plus  haute, 
et  peut-être  mieux  proportionnée  ,   si    l'on   croit    qu'il 
suffise  d'écrire  le  nom  du  Pontife  réguant  sur  la  frise. 
Les  fenêtres  .supérieures  à  celle-ci  et  aux  latérales,  sont 
en  style  gothique  ;  d'abord  parce  que  leur  forme  s'ac- 
cordera mieux  avec    celle    des    voûtes     intérieures    en 
ogive,  ensuite  parce  qu'elles  conduisent  graduellement 
l'oeil   du   spectateur  au  passage    du    genre  romain    au 
gothique.  La  nécessité  où  l'on    s'est   trouvé  d'indiquer 
sur  cette    façade  la  construction  supérieure  de  l'église, 
a  donné  lieu  à  l'introduction  de  galeries  à  chaque  ordre , 
ce  qui  doit  produire   un  effet  agréable    au  moyen  des 
ombres  qu'elles  portent,  et  en  faisant  voir  des  commu- 
nications pratiquées  dans  toutes  les  parties  de  l'édifice, 
ce  qui  a  été   constamment  observé  dans  les  plus  belles 
façades  des  temples  gothiques.  » 


La  commission  dans  sa  dernière  séance  du  1 4  jan- 
vier i8u7  délibéra  définitivement  sur  les  objets  les 
plus  délicats  soumis  à  ses  discussions,  et  en  reuvoyaut  an 
ministre  les  dessins  avec  le  résultat  de  ses  délibéra- 
tions ,  elle  recommanda  qu'on  prit  soin  que  tout  ce 
qui  regardait  la  décoration,  fût,  le  plus  possible,  conforme 
à  ce  qui  avait  déjà  été  fait  dans  des  tems  où  l'art 
offrait  de  bons  modèles.  Elle  fit  observer  en  outre , 
que  quoiqu'une  partie  des  opinions-  émises  s'attacbàt 
exactement  au  caractère  général  de  la  fabrique  ,  ou 
devait  cependant  regarder  celles  qui  s'eu  écartaient, 
comme  arrachées  par  force,  en  raison  de  la  lui  impo- 
sée de  conserver  la  riche  décoration  romaine,  attendu 
qu'on  devait  regarder  comme  impossible  de  terminer 
ce  grand  édifice  dans  toute  sa  perfection  ,  si  on  ne  dé- 
truisait pas  cette  décoration  disparate.  Enfin  elle  per- 
sista à  dire  que ,  si  on  voulait  se  résoudre  à  en  sa- 
crifier une  partie,  en  ne  couservaut  que  les  cinq  por- 
tes construites,  on  pourrait  rendre  cette  façade  d'un 
goût  infiniment  meilleur,  en  plaçant  au  dessus  de 
chacune  des  portes  une  grande  fenêtre  gothique ,  d'un 
style  conforme   à  celles    de    tout   le    temple   (i). 

Le  ministre  en  envoyant  à  l'administration  de  la  fa- 
brique les  décisions  de  l'académie  des  arts  et  les  dessins, 
y  joignit  une  lettre,  dont  voici  la  traduction  littérale. 
«  Ayant   soumis    à   l'examen    de   la  commission  d'archi- 


,'i)  RI.  Amati  architecte  de  la  fabrique  ayant  saisi  celte  opinion  si 
juste  ,  a  fait  construire  ,  eu  élevant  la  façade  ,  au  dessus  des  cinq  fe- 
nêtres de  style  romain  ,  autant  d'arcs  en  granit ,  de  manière  à  pré- 
parer à  d'autres  siècles  la  facilite'  de  revenir  à  un  projet  si  conforme 
au  bon  goût  et  de  l'exécuter  sans  endommager  les  tra\au\  ,  du  "enre 
gothique  ,  supérieurs. 


tccture  de  l'Académie  Royale  des  beaux  arls  les  dessins  qui 
m'ont  été  présentés  par  l'administration  avec  le  rapport 
du  i.er  janvier,  la  dite  commission,  après  une  longue 
discussion ,  est  restée  d'accord,  à  la  presqu' unanimité, 
sur  l'opinion  dont  je  remets  la  copie,  touchant  les  mo- 
difications nécessaires  et  convenables  pour  combiner, le 
mieux  qu'il  sera  possible ,  la  réunion  du  genre  romain 
avec  le  gohique  dans  la  façade,  et  avec  l'ensemble  de  ce 
majestueux  édifice.  » 

«  Après  avoir  vu  que  MM.  les  architectes  Zanoja  et 
Amati,  ont  eux-mème  adhéré  en  grande  partie  à  ces 
modifications  ,  comme  le  démontre  leurs  votes  déposés 
dans  les  actes  de  l'Académie,  je  pense  qu'on  ne  doit 
pas  s'en  écarter ,  et  qu'abandonnant  le  dessin  de  Pol- 
lack ,  on  retiendra  pour  base  celui  qui  a  été  présenté 
depuis,  en  lui  faisant  les  réformes  d'après  les  sages  ob- 
servations de  la  commission  de  l'Académie,  à  laquelle 
il  sera  de  nouveau  préseuté  avec  les  changemens,  pour 
qu'elle  le  reconnaisse  et  le  fasse  signer  par  le  professeur 
secrétaire  de  l'Académie,  afin  qu'il  puisse  ensuite  servir 
de  règle  invariable  ;  d'après  laquelle  on  procédera  rigou- 
reusement à  l'achèvement  de  la  façade,  comme  je 
l'ordonne  par  la  présente.  » 

«  L'architecte  M.  Amati  sera  chargé  défaire  ce  nouveau 
dessin,  de  concert  avec  l'architecte  honoraire  M.  Zanoja  , 
qui  le  signera  avec  M.  Amati.  Cependant  l'administra- 
tion de  la  fabrique  aura  soin  que  d'après  les  bases  de 
la  construction,  selon  le  dessin  qui  lui  est  renvoyé,  on 
mette  en  la  plus  grande  activité  tous  les  travaux  ap- 
partenant à  des  parties  qui  ne  sont  sujettes  à  aucune 
modification ,  ce  qui  aura  lieu  sur  la  décision  de  l'ar- 
chitecte  de  la  fabrique.  »   Signé  Bovara. 

7 


«-er(  36  )s-* 
Oa  ne  différa  pas  en  effet  à  exécuter  des  ordres , 
qui  allaient  remplir  les  voeux  des  habitans  de  la  Lom- 
bardie,  pour  l'achèvement  de  la  Cathédrale.  M.  Amati 
fit  élever  un  échafaudage  très-ingénieux ,  tant  pour 
la  commodité  des  travaux,  que  par  sa  solidité  ,  étaut 
destiné  à  recevoir  d'immenses  fardeaux  en  marbre,  et 
toute  autre  espèce  de  matériaux.  L'architecte  Pollak 
avoit  déjà  préparé  un  dessin  pour  cette  charpente ,  mais 
ayant  été  surpris  par  la  mort,  ce  dessin  ,  non  exécuté, 
resta  entre  les  mains  de  son  fils. 

Nous  avons  fait  graver,  pour  satisfaire  les  artistes  qui 
mettent  à  ces  sortes  de  travaux  de  l'intérêt,  les  deux 
planches  n."  LXV  et  LXVI,  d'après  les  originaux  qui 
servirent  pour  la  construction  et  qui  donnent  une  idée 
exacte  de  ces  échafaudages.  Nous  citons  d'autant  plus 
volontiers  ce  genre  de  construction,  dont  il  ne  reste 
plus  de  traces ,  lorsque  sou  utilité  à  cessé  ,  que  l'Italie 
offre  des  modèles  que  l'on  trouve  rarement  chez  les 
autres  nations.  Là  ce  sont  des  charpentes  immenses  , 
des  espèces  de  forêts  très-coûteuses  d'arbres  cquar- 
ris  qu'on  croirait  devoir  subsister  pendaut  des  siè- 
cles ;  elles  sont  surchargées  de  machines,  de  grues, 
de  cabestans ,  d'échelles ,  d'escaliers.  Chez  nous  ces 
échafaudages  sont  légers:  de  hauts  sapins  en  font  les 
montans,  des  ponts,  dont  la  longueur  et  l'apparente  fai- 
blesse fait  frémir  de  crainte  les  spectateurs,  s'élcvent 
en  très-peu  de  tems  et  à  des  hauteurs  considérables  , 
de  longues  échelles ,  plantées  perpendiculairement  ser- 
vent à  des  ouvriers  toujours  en  mouvement  depuis  le  pied 
jusqu'à  la  cime,  et  nous  voyons  souvent  des  voyageurs 
étrangers  dans  un  étonnement  singulier  en  examinant 
avec  quelle  adresse  ou  fait  monter  d'énormes  blocs  de 


<— œ(  5  7  )»-» 
granit  et  de  marbre ,  à  l'aide  seulement  de  deux  pou- 
lies moufflées  et  mises  en  mouvement  avec  facilité  par 
trois  ou  quatre  hommes  dans  le  bas,  tandis  qu'un  seul 
dirige ,  dans  le  haut ,  cette  masse  effrayante  quand  elle 
est  à  une  certaine  hauteur  :  et  cependant  rien  n'est 
plus  rare  ici,  que  les  accidens  qu'occasionnent  partout 
ailleurs  de  vastes  constructions. 

La  façade  fut  termiuée  en  deux  années  à  peu  près,  et 
il  ne  s'agissait  plus  que  de  décider  en  quel  lieu  on  place- 
roit  les  clochers,  en  abbattant  cette  insignifiante  tour  car- 
rée élevée  au  dessus  de  la  grande  nef,  qui  subsiste  enco- 
re ,  et  qui  n'avait  été  construite   que  provisoirement.  Ce 
fut  en  juillet  1812  qu'on  s'occupa  des  clochers,  en  sou- 
mettant, comme  on  avait  fait  pour  la  façade ,  les  projets, 
au  jugement    de  l'académie,  et    en   s'engageant  aussi, 
malheureusement,  à  se  lier  parla  décision  qui  restrei- 
gnait les  dépenses.  Les    architectes    Amati    et    Zanoja 
furent  chargés  par  l'administration  de  proposer  des  des- 
sins. Le  professeur  Joseph  Levali  donna  aussi  une  esquis- 
se au   crayon   de  l'un  des  clochers,  qui  selon  lui  devait 
s'élever    sur    la    voûte  qui  précède  la    chapelle    de  la 
Vierge  ,    dite    de    1'  Jlbero  ,    l'autre  du  côté    opposé. 
On    distingua    le    projet    du  marquis  Cagnola ,    déve- 
loppé   dans     un   mémoire  qu'il   lut    à    l'académie  ,    et 
qu'elle  conserve    dans    ses    archives.    Il    proposait    de 
bâtir    une    tour    magnifique ,  isolée  ,  dans  le  style  go- 
thique ,  au  milieu  de  la  place  appellée  Campo  Santo, 
derrière    l'église.    Toutes    ces    idées  ,  quelque    satisfai- 
santes qu'elles  fussent,  ayant  paru  trop   dispendieuses, 
furent  écartées.    La  commission  de  l'académie  persista, 
dans    son    rapport,    à  désirer  que  les  clochers  fussent 
construits    selon    les    dessins    indiqués    par  César   Ce- 


13— ► 


*-«(  38  > 

sariano  ,  le  commentateur  de  Viiruve  ;  niais  Amatj 
ayant  calculé  que  l'exécution  de  ce  projet,  reproduit  par 
Buzzi,  pourrait  coûter  environ  six  millions  de  livres  mila- 
naises, on  vit  rpie  cette  somme  excédait  de  beaucoup 
les  bornes  imposées  ,  et  on  en  rejetla  l'idée,  pour  s'atta- 
cber  à  la  proposition  d'Amati  qui  n'eut  coûtée  que  900,000 
livres  de  Milan.  C'était  d'élever  deux  tours  plus  hautes 
que  la  grande  nef,  en  style  gothique ,  placées  sur  les 
deux  sacristies  aux  flancs  de  l'église ,  dont  une  con- 
tiendrait les  cloches  ,   et  l'autre  l'horloge. 

Les  dessins,  approuvés  par  la  commission,  furent  en- 
voyés eu  Russie  pour  la  sanction  du  souverain,  mais 
ils  furent  ensevelis  au  milieu  des  désastres  de  cette 
campagne  •  il  en  existe  seulement  une  copie  dans  les 
porte-feuilles  de  l'auteur.  Celui-ci  s'occupa  à  faire  pla- 
cer sur  la  façade  la  quantité  de  statues  que  l' ou  y 
voit,  mais  ayant  sollicité  ensuite  sa  démission  d'archi- 
tecte de  la  fabrique  ,  il  fut  remplacé  en  181  3,  par  l'ingé- 
nieur architecte  M.  Pierre  Pestagalli,  qui  continue  avec 
beaucoup  de  zèle  à  diriger  les  travaux  qui  restent 
encore  à  faire. 

Les  fonds  ayant  manqué  à  cause  de  l'aliéuation  des 
biens  appartenant  autrefois  à  la  fabrique  à  titre  de 
domaines ,  S.  M.  l'Empereur  François  I  à  assigné  cha- 
que année  uue  somme  de  100,000  francs,  dont  la  moi- 
tié doit  être  employée  aux  fraix  du  culte,  et  pour  les 
réparations  de  l'édifice ,  et  l'autre  pour  la  continuation 
des  travaux,  qui  sont  maintenant  exécutés  avec  acti- 
vité ,  avec  goût  et  intelligence. 

Nous  venons  d'entretenir  nos  lecteurs  de  l'histoire 
d'un  édifice  sacré ,  gothique ,  dont  la  construction , 
qui  n'est  pas  même  entièrement  achevée ,  a  déjà  duré 


<-«(  3g  )s»-> 
cinq  siècles  ;  et  c'est  le  seul  dans  le  monde  qui  soit  à 
citer  dans  pareil  cas.  Cela  nous  donne  lieu,  pour  faire 
valoir  son  mérite ,  de  faire  une  remarque ,  avant  de 
nous  occuper  des  détails  des  parties  qui  le  composent. 
Etablissons  d'abord  deux  vérités  de  fait,  appliquées  à 
tous  les  autres  monumcns  connus  ,  de  ce  genre.  La 
plupart  se  font  admirer  par  un  bel  ensemble  régulier 
qui  plaît  :  d'autres  nous  offrent  au  contraire  un  mé- 
lange bizarre  de  différens  genres  d'arcbitcclure  et  d'or- 
nemens.  C'est  que  les  premiers  ont  été  commencés 
et  achevés,  par  une  ardente  ferveur  de  piété  ,  dans 
le  siècle  où  ils  furent  fondés  ;  ainsi  cette  unité  de  goût 
qui  les  distingue ,  n'a  rien  de  surprenant.  Les  seconds 
ayant  été  édifiés  moins  promptemcnt ,  ont  été  assu- 
jetds ,  comme  notre  façade ,  à  des  idées  qui  furent 
influencées  par  le  plus  ou  moins  de  dépravation  qui 
a  régné  dans  les  arts  à  certaines   époques. 

Ici,  faisant  donc  abstraction  de  la  façade,  qui  par 
la  réunion  de  deux  styles  choque  l'homme  de  goût, 
on  voit  une  unité  parfaite  dans  toute  la  construction 
tant  extérieure  qu'intérieure  (i).  N'est-ce  pas  une  chose 
étonnante  qu'elle  ait  été  si  fidèlement  conservée  pen- 
dant tant  de  siècles ,  malgré  le  changement  successif 
d'administrateurs  présidant  aux  travaux ,  de  Princes  et 
d'Evêques  ayant  le  droit  d'ordonner  selon  leur  goût, 
leurs  connaissances  en    matière    d'art,  ou    selon    leurs 


(i)  Nous  n'y  comprenons  pas  les  chapelles  qui  dans  tous  les  e'diflces 
gothiques  sont  des  hôrs-d'oeuvre  qu'on  a  appliqués  aux  murs  ;  qu'on 
a  places  ,  déplacés ,  sans  rien  ajouter  ni  ôter  à  la  construction  ,  à  leur 
style ,  excepté  quand  on  la  dépare  ,  assez  monstrueusement  ,  en  atta- 
chant ces  chapelles  à  des  piliers  isolés  d'une  helle  nef. 


caprices;  malgré  que  la  construction  ait  été  confiée 
à  tant  d'architectes ,  que  l'on  ne  peut  supposer  rai- 
sonnablement pourvus  également  du  même  talent  et 
sans  doute  tous  également  persuadés  que  leurs  idées 
devaient  être  supérieures  à  celles  de  leurs  com- 
pétiteurs, comme  nous  en  avons  la  preuve  dans  ce 
qu'a  fait  Pellegrini.  Aujourd'hui  encore  dans  la  partie 
supérieure  ,  tout  s'y  exécute  par  nos  artistes  comme 
le  firent  ceux  du  XIV  siècle,  à  cette  seule  différence 
près,  que  les  ornemens  sont  plus  élégaus  et  leur  exé- 
cution plus  soignée,  et  que  le  goût  grec  se  fait  re- 
marquer dans  la  perfection  des  statues  dont  on  con- 
tinue d'orner  ce  temple. 


DESCRIPTION  DE  LA  FAÇADE. 

(Pi  m,  lxiij. 

On  ne  sauroit  se  défendre  d'un  mouvement  de 
surprise  à  la  vue  de  celte  quantité  de  statues,  de  bas 
reliefs  sagement  distribués  ,  d'ornemens  pleins  de  grâ- 
ces, soit  du  style  romain,  soit  du  gothique,  et  des 
caprices  qui  appartiennent  à  ce  dernier  genre.  La 
façade  de  la  Cathédrale  de  Milan  peut  être  regardée 
comme  un  musée  de  sculpture  ,  où  le  connaisseur  suit 
les  progrès  successifs  de  l'art ,  pardonnant  volontiers  à 
quelques  bizarreries ,  ou  à  des  défauts  de  perfection , 
en  faveur  des  excellents   ouvrages  qu'il  peut  y  admirer. 

Il  faut,  pour  jouir  de  l'ensemble  de  ce  monument, 
s'en  éloigner  jusqu'aux  maisons  qui  sont  au  fond  de 
la  place.  L'œil  peut  alors  embrasser  sous  un  seul  point 
de  vue  tout  l'édifice,  et  observer  les  parties  supé- 
rieures, qui  vues  de  plus  près,  se  présentent  dans 
un  raccourci  désagréable  (i). 


(i)  Il  paraîtra  sans  doute  étonnant  que  des  auteurs  modernes  ayent 
commis  des  erreurs  ,  en  donnant  la  description  d'un  édifice  ,  qu'ils  ont 
jugé  de  telle  importance  à  être  cité  dans  des  ouvrages ,  d'ailleurs  si 
estimables  par  les  préceptes,  par  les  exemples  ,  par  la  critique  ,  que  l'o- 
pinion publique  les  a  déjà  placés  avec  justice  parmi  les  ouvrages  clas- 
siques sur  les  arts.  Nous  ne  parlerons  que  de  l'excellent  recueil  inti- 
tulé Parallèles  d'architecture  de  M.  Durand  ,  du  livre  Le  Génie  de 
l'architecture  par  M.  Coussin  ,  et  de  l'autre  faisant  époque  dans 
ce  siècle  ,  l'Histoire  de  l'art  de  M.  Dagincourt  ,  qui  doit  servir  de 
guide  et  de  lumières  aux  artistes  et  aux  amateurs.  Mais  pourquoi  ces 
savans  écrivains  ,  qui  font  autorité  ,  ne  se  sont-ils  pas  adressés  à  des 
correspondans  éclairés  et  fidèles  ,  pour  avoir  des  dessins  exacts  de  notre 
Cathédrale  et  de  ses  détails  ?  Mous  n'avons  vu  dans  ces    ouvrages    que 


*-e(  42  )»-* 
Il  n'est  personne  qui  ne  soit  fâché  de  voir  ce  monu- 
ment ,  si  majestueux ,  précédé  par  une  place  trop  étroite, 
et  qui  ne  correspond  pas  à  sa  magnificence.  Ses  fon- 
dateurs ,  et  les  hommes  de  géuie  qui  en  ont  crée  les 
dessins,  eussent  dû  en  même-tems  fixer  l'étendue  de  la 
place  ,  et  déterminer  ,  d'après  les  règles  de  l'art ,  et  de 
l'optique  ,  les  distances  d'où  l'œil  pourrait  apperçevoir 
aisément  toutes  ses  dimensions.  11  importait  autant  de 
l'environner  de  constructions  régulières  ,  symétriques  , 
qui  concordassent,  avec  cette  belle  masse,  sans  lui  rien 
disputer  en  richesse.  C'est  en  effet  un  coup  d'œil 
désagréable  que  ce  massif  de  maisons  d'un  côté  et  de 
portiques  de  l'autre.  Du  fond  de  cette  place,  qui  est 
le  vrai  point  de  distance  du  spectateur  ,  on  voit  que 
ces  massifs  cachent  les  angles  de  la  façade,  et  dans 
cette  situation  ,  on  sent  le  désir  de  voir  disparaître  ces 
bâtimens ,  s'élargir  cet  espace ,  et  que  des  édifices 
analogues  à  la  belle  Basilique  s'élèvent  sur  le  terrein 
débarassé  (1). 


le  projet  d'une  façade  ,  non  exécuté,  de  Buzzi,  et  des  parties  séparées 
d'après  on  ne  sait  quels  dessins  ,  mais  qui  n'ont  aucun  rapport  avec 
ce  qui  existe.  Ceux  qui  compareront  l'objet  naturel  ,  les  gravures  de 
ces  auteurs  ,  et  les  nôtres  ,  s'apercevront  facilement  qu'on  devrait 
ayant  d'écrire  s'assurer  très  soigneusement  de  l'exactitude  de  ses  ma- 
tériaux. 

Nous  ne  citerons  pas  ici  les  relations  des  voyageurs  ,  tels  que  Millin 
et  Petit  Radel,  qui  ont  cependant  été  rencontrés  sur  les  lieux  ,  et  qu'on 
peut  à  bon  droit  soupçonner  n'avoir  rien  vu. 

(1)  Plusieurs  historiens  assurent  qu'à  l'endroit  de  celte  place,  existait 
du  tems  des  romains,  un  temple  dédié  à  Minerve  et  un  vaste  amphithéâ- 
tre ,  qui  furent  remplacés  par  l'ancienne  Cathédrale  et  par  une  église 
consacrée  à  sainte  Tliècle.  Cette  église  fut  démolie  en  1548  à  cause 
de  sa  décadence  et  pour  élargir  la  place  devant  la  Cathédrale  ,  lors  de 
l'entrée  que  fit  l'empereur  Charles  V  à  Milan. 

La  place  doit  sou  origine  à  Azzon  Visconti ,  seigneur  de  Milan  en  i333  , 


Il  n'est  pas  possible  en  effet  que  les  choses  restent 
éternellement  dans  cet  état;  le  goût  dans  les  arts  va 
rapidement  à  son  point  de  perfectibilité  ;  et  des  ar- 
tistes auquel  il  est  indispensablement  nécessaire  ,  il  est 
passé  dans  toutes  les  classes  de  citoyens ,  et  il  ne  pourra 
plus  se  perdre,  sur  tout  dans  notre  Italie,  si  riche  en 
beautés  de  tout  genre.  Aussi  prévoyons  nous  d'avance 
que  lors  que  le  gouvernement  donnera  des  ordres  pour 
aggraudir  celte  place ,  et  l'orner  de  nouvelles  construc- 
tions, les  architectes  d'alors,  éclairés  par  leurs  propres 
études ,  et  par  la  critique  qui  les  aura  précédés  ,  ne 
s'aviseront  pas  sûrement  de  prodiguer  dans  les  bâti- 
meus  de  la  place  toutes  les  richesses  ,  et  les  décora- 
tions de  l'architecture  grecque  et  romaine  ,  qui  se- 
raient aussi  déplacées  qu'elles  le  sont  à    la  façade    de 


c'est-à-dire  environ  55  ans  avant  qu'on  commençât  la  construction  de 
la  Cathédrale  actuelle.  Peu  de  tems  après  ,  Pierre  Figino  fit  bâtir  cet 
amas  de  maisons  soutenues  d'un  côte'  par  un  portique  ,  à  l'occasion  du 
mariage  du  Duc  Jean  Gale'as  avec  Isabelle  de  France.  Les  arcades 
ont  conservé  la  dénomination  de  Portico  de'  Figini.  Elles  étaient  con- 
struites ainsi  que  les  maisons  ,  dans  le  style  gothique ,  et  les  arcs  , 
les  portes  et  les  fenêtres  étaient  garnis  d'ornemens  en  terre  cuite  ,  tels 
qu'on  en  voit  encore  à  la  façade  et  à  la  colonnade  intérieure  du  grand 
hôpital.  Maintenant  on  a  fabriqué  de  nouveau  ces  maisons  dans  le  genre 
moderne  ,  mais  sans  goût  ni  symétrie.  Sous  les  arcades  on  voit  une  suite 
de  boutiques  ,  dont  la  plupart  contiennent  des  objets  de  bijouterie  ;  elles 
se  font  remarquer  par  leur  richesse  et  leur  élégance. 

On  a  enlevé  de  nos  jours  l'inscription  suivante  qui  étoit  placée  dans 
le  mur  ,  au  dessus  d'une  colonne. 

TE    DEVM    LAVDAMVS 

IlANC    DOMVM    PETRVS    POSVIT    FIGINVS  , 

LAVDE    FLORENTIS     PATRIAE  , 

TVOQVE    ANGVIFER    DVCTVS    GALEAS    HONORE 

MAXIME    PWNCEPS. 

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*~*(  4  4-  )&—> 
l'église.  Ils  trouveront  dans  le  style  gothique  ,  modifié 
avec  iinclligence ,  ce  qui  constitue  la  vraie  harmonie 
dans  les  <  uvrages  d'art,  c'est  à  dire  l'ordre  et  la  sy- 
métrie. Craindraient-ils  de  hlesser  les  yeux  de  leurs  con- 
temporains ,  en  leur  présentant  des  portiques  composés 
de  johs  faisceaux  de  colonnes  légères,  couronnées  par 
des  chapiteaux  singuliers ,  mais  d'une  jolie  forme ,  et 
soutenant  des  arcades  eu  pointe?  Pourquoi  donc  tout 
le  monde  admire-t-il  si  souvent  les  représentations  de 
ce  genre  que  nos  hahiles  peintres  décorateurs  produi- 
sent sur  nos  théâtres.  Ce  style  n'est  donc  pas  si  re- 
poussant ?  Voila  sûrement  comment  raisonneront  nos 
neveux,  si  nous  ne  sommes  pas  assez  heureux  pour 
voir  ce  changement. 

Le  curieux  trouvera  sans  doute ,  que  la  façade  paraît 
trop  basse  pour  sa  largeur,  parce  que  les  deux  lignes 
mchuées,  qui,  représentant  un  toît,  se  terminent  aux 
deux  pilastres  (i)  des  angles,  établissent  la  base  du 
triangle  au  niveau  du  frontou  de  la  fenêtre  (de  styl. 
rom.)  du  milieu,  ce  qui  rapproche  trop  cette  base  de 
la  ligne  de  terre.  La  proportion  trop  courte  des  fenêtres 
gothiques  ajoute  encore  à  cet  effet.  Aussi  trouvons 
nous  que  dans  celte  partie  ou  à  ôté  à  l'édifice  l'air 
de   grandeur  qu'il    fallait    lui  donner  (2). 


(1)  Sur  le  nu  du  mur  de  cette  façade  sont  appliquée  six  massifs  très- 
saillans  qui  s'élèvent  jusqu'à  la  cime.  Ou  les  appelle  improprement  pi- 
lastres,  puisqu'ils  ne  soutiennent  aucune  des  parties  supérieures,  et 
qu'en  architecture  le  pilastre  fasse  l'office  des  colonnes.  On  devrait  donc 
plutôt  regarder  ces  massifs  comme  des  contreforts  destinés  à  ajouter  de 
la  solidité  à  l'édifice.  Nous  nous  assujétirons  cependant  ici  à  l'usage 
adopté  jusqu'à  ce  jour  dans  le  pays  ,  et  nous  leur  conserverons  dans 
cet  ouvrage  le  nom  de  PilaUres ,  pour  être  entendus  de  tout  le  monde. 

(2)  Ce  que  nous  reprochons  ici ,    n'appartient    pas    entièrement   aux 


*-b(  45  )»-* 
Les  architecles  qui  ont  couru  ce  dessin  nous  ob- 
jecteraient en  vain  que  la  largeur  du  monument  remplit 
par  son  étendue  ce  qu'on  doit  en  attendre  ,  qui  est  d'exci- 
ter une  forte  impression  dans  l'esprit  du  spectateur.  Il 
est  reconnu  que  l'idée  de  la  grandeur  dans  les  objets 
des  arts  crées  ,  ou  ceux  formés  par  les  hommes  ,  inspire 
en  même  teins  celle  du  sublime.  Tout  ce  qui  étonne 
vivement  l'homme  ,  soit  en  lui  procurant  du  plaisir  (  1  ) , 
soit  eu  lui  faisant  éprouver  de  la  douleur,  élève  ses 
pensées  au  dessus  des  choses  communes.  Mais  ce  prin- 
cipe ,  ne  peut  être  appliqué  ici.  La  cause  de  cette  vive 
sensation  dont  l'imagination  est  frappée,  naît  lors  que  les 


architectes  modernes.  Car  on  trouve  dans  le  recueil  déjà  cité,  Sulla  fac- 
ciata ,  la  même  observation  sur  le  dessin  de  Buzzi  faite  par  Giovanelh 
Orlandi  ,  et  comme  il  prévoit  qu'on  pouvait  lui  objecter  qu'une  plus 
grande  élévation  aurait  dérobé  la  vue  de  l'aiguille  ,  placée  sur  le  dôme  , 
il  a  pris  la  peine  d'ajouter  à  son  opinion  ,  imprimée  ,  uue  gravure  par 
laquelle  il  démontre  géométriquement  la  fausseté  de  l'objection  ,  en 
supposant  ,  à  la  ve'rité  ,  que  le  spectateur  serait  toujours  à  la  distance 
convenable  ,  celle  que  nous  avons  établie  ci-dessus. 

(1)  «  Les  objets  ,  les  actions  sont  la  source  des  plaisirs  en  raison  de  leur 
masse  ,  de  leur  force  ,  de  leur  étendue,  c'est  pour  cela  que  des  rochers 
immenses  et  escarpes  nous  inspirent  une  sorte  d'horreur  qui  plaît.  Nous 
voyons  avec  plaisir  les  forêts  remplies  d'arbres  dont  la  cime  s'étend  jus- 
qu'aux nues  ,  Melchior  Gioja  ,  Physiologia.  »  Les  grands  édifices  font 
naître  des  idées  du  sublime.  Nous  ferons  encore  sentir  cela  par  uue  com- 
paraison fort  juste  et  frappante.  N'est-il  pas  vrai  que  nous  sommes  im- 
portunés par  la  chute  de  quelques  tonneaux  d'eau  qui  se  sont  écoulés  pen- 
dant un  jour  de  dessus  les  toits  pour  retomber  avec  bruit  de  la  goutière 
sur  le  pavé.  N'est-il  pas  également  vrai  que  nous  sommes  saisis  d'admi- 
ration et  de  plaisir  à  la  vue  des  belles  cascades  de  la  Suisse  ?  En  quoi 
consiste  donc  cette  impression  si  différente?  c'est  par  tout  de  l'eau, 
une  chute  ,  et  du  bruit.  La  différence  consiste  en  ce  que  d'un  côté  c'est 
un  petit  filet  d'eau  qui  tombe  ,  par  heure  ,  de  la  hauteur  de  5o  à  60 
pieds  au  plus  ,  et  de  l'autre  ,  une  large  rivière  qui  tombe  tout  en- 
tière de  la  hauteur  de  900  pieds.  Donc  l'idée  du  sublime  dans  ce  cas 
naît ,  de  la  masse  ,  de  la  hauteur  et  de  la  puissance. 


«-«(  4*5  )&-+■ 

objets  sont  tellement  placés  au  dessus  de  lui,  qu'il  ne  peut 
les  voir  qu'en  élevant  ses  regards  avec  effort.  C'est  la  dif- 
ficulté de  porter  des  matériaux  à  une    très-grande  hau- 
teur, c'est  l'idée   qu'on  se    fait  des   énormes    machines 
qu'il   a  fallu  y  employer ,  c'est  la   pensée  effrayante  des 
dangers  auxquels  des  hommes  ont  été  exposés  en  por- 
tani   jusques  là ,  en  y  plaçant  ensuite  des  blocs  immenses  , 
c'est  enfin  l'habileté  de  l'architecte   qui  a   pu  y   soute- 
nir et  y  assurer  avec  tant  d'art  et  de  solidité  des  masses , 
dont  la   vue   même  inspire  de  l'effroi,    qui  font  consi- 
dérer ces  travaux  comme   étant   au    dessus    des    forces 
humaines.    Il  n'eu  est  pas  de   même   de    l'étendue   que 
l'homme    peut    parcourir    lui     même,    en     marchant, 
sans  effort,  car  alors  rien  ne  lui    annonce    une    puis- 
sance presque  surnaturelle  ,   et  c'est  l'effet  que  produit 
la  largeur  accessible  d'un   édifice,  très-vaste,  il  n'excite 
pas  de    surprise.    Nous    admirons    froidement    une   lon- 
gue   avenue    d'arbres ,  un    portique  dont    nous   apper- 
cevons  la  fin  dans  l'éloignemènt ,  ou  un  pont  supporté 
par  vingt  arches.  Du  moment  qu'on   s'est    dit.  je   vais 
atteindre  bientôt  facilement  à  l'autre   extrémité  ,    l'idée 
du  sublime  s'est  dissipée.  Ne  voyons   nous  pas  en  effet 
tous  les  voyageurs  ne  nous  parler    avec    enthousiasme 
que  des  hautes  montagnes,  des  tours,  des  clochers  et  des 
coupoles  qui   s'élèvent   dans  les  airs.  Il   eut    donc  fallu 
pour  completler  la  magnificence  de   celle   église  et  en- 
trer  vraiment    daus  son    style   primitif,    beaucoup    plus 
d'élévation  à  cette  façade,  «n  adoptant  sur  tout  l'angle 
aigu    pour    représenter    la    toiture.    C'est    le    caractère 
qu'ont  toutes  les  belles   églises    gothiques.    Ce    temple 
aurait  acquis   plus  de    majesté   s'il  était   plus    élevé    au 
dessus  du  sol,  et  qu'on  y  moulât  par  un    nombre  de 


degrés.  Quelques-uns  prétendent  que  le  terrein  a  été 
exhaussé  et  qu'il  y  a  des  degrés  ensevelis:  il  n'en 
reste  plus  que  quatre  devant  la  façade  et  qui  se  pro- 
longent le  lung  du   flanc   à  droite   de  l'édifice. 

Malgré  que  nous  soyons,  comme  ou  a  vu,  absolument 
de  l'avis  de  ceux  qui  regrettent  de  trouver  ici  un  mélange 
du  romain  et  du  gothique  ,  nous  n'en  ferons  pas  moins 
remarquer  la  beauté  des  proportions  des  cinq  portes 
et  des  quatre  fenêtres  au  dessus.  C'est  à  Richino  que 
ce  bel  effet  est  dû,  car  les  frontons,  beaucoup  plus  bas, 
et  les  consoles  qui  soutiennent  la  corniche,  dans  le 
dessin  de  Pellcgrini ,  les  privait  de  cette  élégance  gran- 
diose qui  convenait  à  un  temple  ,  et  les  rendoit  plu- 
tôt propres  à  uu  palais.  Ce  que  Richino  n'a  pu  ré- 
parer, parce  que  les  baies  étaient  probablement  ou- 
vertes lorsqu'il  proposa  les  chaugemeus  ,  c'est  qu'il  n'y  a 
pas  assez  d'espace  entre  les  portes  et  les  fenêtres.  L'appui 
à  balustres  de  celles-ci  pose  presque  sur  l'are  des  fron- 
tons des  portes.  Voila  donc  déjà  un  principe  qui  a  du 
faire  obstacle  à  la  peusée  qu'ont  eu  sans  doute  les 
derniers  architectes  d'élever  davantage  cette  façade. 
Ce  n'était  pas  une  heureuse  idée  que  celle  de  Pelle- 
grini  de  placer  des  fenêtres  sous  un  porche  au  dessus 
des   portes. 

La  fenêtre  du  milieu  était  plus  élevée  dans  le  dessin 
de  Pellegrini,  et  de  mauvais  goût.  Celle-ci  appartient  à 
Buzzi,  nos  architectes  l'ont  seulement  abbaissée  pour 
former  le  même  ordre  que  les  fenêtres  latérales.  Buzzi 
lui  donna  une  ouverture  aussi  grande  que  la  porte 
principale,  il  y  avait  de  l'effet,  mais  peut-être  de  l'exa- 
gération. 11  semble  que  celle  que  nous  voyons  pè- 
che par  le  contraire  ,  car  à  raison  de  la  hauteur  et  de 


la  saillie  de  son  balcon  elle  parait  petite,  sur  tout  lorsque 
l'oeil  s'élève  de  la  porte  jusqu'à  elle.  Les  transitions 
trop  brusques  déplaisent  en  général. 

Il  y  a  plus  de  grâce  et  de  richesse  dans  le  nouveau 
dessin  ou  l'on  a  interrompu  la  hauteur  des  pilastres 
par  un  ornement  gothique  qui  se  lie  ,  au  dessus  des  deux 
dernières  portes,  à  une  jolie  galerie.  Nous  répéterons  ce- 
pendant encore,  que  si  cet  ornement  eut  été  plus  élevé, 
les  pilastres  offriraient  plus  d'élégai  ce  ,  car  le  petit 
intervalle  qui  forme  une  séparation  dans  les  pilastres 
accouplés,  ne  levé  pas  l'inconvénient  qu'ils  ont  de 
paraître  trop  larges  ,  étant  comparés ,  à  la  distance  où 
nous  sommes  ,  avec  les  deux  pilastres  simples  ,  qui  doi- 
vent naturellement  avoir  l'air  plus  sveltes.  La  répétition 
de  ce  même  ornement  sur  les  autres  pilastres  du  centre 
de  la  façade,  reporté  plus  haut,  les  fait  pyramider 
avec  goût,  en  offrant  à  l'œil  des  repos  agréahles ,  qui 
ne  se  trouvaient  pas  dans  les  dessins  deBuzzi,  lequel 
avait  suivi  pour  modèle  les  pilastres  de  la  croisée  de 
l'église. 

On  peut  s'étonner  que  les  derniers  architectes ,  et  la 
commission  de  l'académie ,  n'ayent  pas  vu  sur  le  des- 
sin lui-même ,  que  les  fenêtres  de  style  gothique  ont 
l'air  d'avoir  été  raccourcies  de  moitié,  pour  tenir  leur 
place  où  elles  sont.  Il  est  impossible  de  se  dissimuler 
combien  elles  s'éloignent  du  genre  qu'on  a  voulu  re- 
produire. Celui  qui  vient  de  faire  en  dehors  le  tour 
de  l'église,  accoutumé  à  une  proportion  extrêmement 
grande  des  fenêtres  qui  éclairent  les  nefs  et  le  rond- 
point  ,  ne  peut,  en  revenant  à  la  façade,  se  figurer  que 
celles-ci  appartiennent  au  même  édifice.  Il  doit  lui  pa- 
raître même    fort    extraordinaire    qu'on    ait   interrompu 


Jeur  ouverture  par  trois  triangles  fort  lourds,  qui  cou- 
pent leur  largeur  à  une  très-petite  distance  du  bord  in- 
férieur. On  pouvait  se  dispenser  de  cet  ornement ,  d'au- 
tant plus  qu'il  u'est  ici  ni  nécessaire  ui  bien  placé,  com- 
me il  l'est  aux  grandes  fenêtres  très  hautes,  parcequ'il 
donne  de  la  solidité  à  ces  longues  baguettes  délicates 
qui  montent  juscm'à  la  rose.  Qu'on  coupe  ces  triangles, 
et  les  fenêtres  deviendront  dès-lors  un  peu  moins  dis- 
proportionnées à  l'œil.  Mais  nous  avons  dit,  page  34, 
note  i  ,  que  l'architecte  a  eu  une  arrière  pensée  ;  il  s'est 
transporté  en  imagination,  à  quelque  siècle  en  avant, 
et  il  s'est  dit  ,  préparons  à  d'autres  ce  qu'il  m'est  dé- 
fendu de  faire.  On  détruira  un  jour  ces  fenêtres  romai- 
nes, trop  bizarrement  placées  dans  cet  éditice ,  et  il  n'y 
aura  plus  rien  à  faire  que  de  prolonger  plus  bas  les 
bayes  et  les  baguettes  de  celles-ci,  et  leur  appui  se 
trouvera  alors  à  une  distance  raisounable  des  fron- 
tons de  ces  portes ,  que  l'on  aura  peut  être  bien  de  la 
peine  à  sacrifier  à  cause  des  chefs-oeuvre  de  la  sculp- 
ture dont  on  les  a  ornées:  soumettons-nous,  pour  l'amour 
de  l'art,  au  reproche  que  l'on  fera  pendant  long- teins  à 
notre  mémoire ,  à  notre  bon  goût ,  mais  ébauchons  ce 
que  d'autres  plus  heureux  devront  achever ,  et  ou  ren- 
dra par  la  suite  justice  à  notre  intelligente  prévoyance. 
]N'est-ce  pas  déjà  rapprocber  l'artiste  de  celle  époque 
que  de  soumettre  cette  observation  à  nos  lecteurs,  et 
n'aurions  nous  pas  à  nous  glorifier  d'avoir  ainsi  anti- 
cipé sur  une  réparation  méritée ,  dont  nos  architectes 
ne  jouissent  que  par  la  pensée.  Ecartons  donc  de  ces 
pages  toute  idée  de  censure  qui  pourrait  les  affliger , 
qui  pourrait  faire  tort  h  une  académie  pleine  de  lu- 
mières ,  et  disons  seulement  qu'il  serait  à  désirer  que , 


<— «(    5  O    \a~* 

lors  qu'il  s'agit  de  mon u mens  publics ,  ceux  qui  les 
ordonnent  s'abandonnassent  aux  hommes  éclairés  qui 
y  attacheront  leur  réputation  ,  sans  leur  prescrire  leurs 
volontés,  comme  le  fait  l'homme  riche  qui  bàlit,  et  à 
qui  personne  n'a  le  droit  de  reprocher  l'exécution  de 
ses  idées  capricieuses ,  quand  il  répond  ,  c'était  moa 
goût  et  ma  commodité. 

Nous   ne   serons  pas   aussi  indulgens    en    parlant    de 
la  rose  de   la  fenêtre  gothique    du    milieu.    L'intérieur 
de  l'église   offrait  des  modèles    plus   piquaus  ,  sur  tout 
dans  le   rond  point  ;   et    d'ailleurs  nous  avons  tant    de 
monumens  gothiques  en  France,  en  Angleterre,  en  Al- 
lemagne ,  qui  renferment  des  choses   très-riches    en   ce 
genre.  Puisque  les  architectes  modernes    n'étaient    pas 
assujettis  à  une   servile   et   stricte  imitation   de  tout  ce 
qui  avait  été  fait  dans  cette   église,  pourquoi,  en    in- 
novant ,  n'ont-ils  pas  cherché  ce  qui  était    le  mieux  ? 
La  façade   exigeait  la  plus  grande   richesse  dans  cette 
rose.  Ou  la  voit  dans  de  belles  églises    gothiques    dé- 
tachée de  la  feuêtre,  devenue  elle  même  un  objet  prin- 
cipal occuper  un  grand  espace.  Celles  de  Chartres ,  de 
Rheims,  par  exemple,  semblent  des  soleils  radieux,  et 
sont  tellement  construites  ,   que  de  l'intérieur,  lorsque  le 
ciel  est  serein ,  on  a  peine  à  supporter  leur  éclat ,  le- 
quel est  du  plutôt  à  la  forme  ,  à  l'agencement  symétri- 
que et  rayonnant  de  ces  jolies  ouvertures ,  variées  dans 
la  forme  ,  qu'à  la  force   de  la  lumière.   Nous    ne   pou- 
vons nous  dispenser  aussi  de    trouver    d'une    lourdeur 
assommante  ces  dais  acuminés  qui  couvrent  les  figures 
de  ronde  bosse.  Us  écrasent  ces  morceaux  de  sculpture, 
sur  tout  étant  d'un  volume  plus  pesant  que  les  cou- 
soles  qui  supportent  ces  mêmes  figures  ;  ce  qui  est  un 


<-«(  5 1  ')»-» 
contre-sens.  Nous  savons  qu'on  voit  les  anciens  dais, 
placés  autour  de  l'église,  être  de  la  même  forme,  sur- 
montés d'une  large  et  courte  pyramide ,  dont  on  a  en- 
core accablé  le  contour  recliligne  par  de  gros  nœuds 
saillans,  et  qu'on  a  courounés  par  nu  large  champi- 
gnon, qui  semble  être  refoulé  dessus.  Buzzi  avait  eu 
quelque  sorte  sauvé  cette  choquante  composition,  en 
élevant  de  petites  figures  de  ronde-bosse  sur  ces  som- 
mets. C'était  une  idée  admise  dans  le  style  gothique  , 
d'environner,  de  surmonter  de  grandes  figures  par  d'au- 
tres d'une  moindre  proportion.  Mais  nous  allons  encore 
répéter,  puisque  l'on  pouvait  prendre  des  licences  dans 
cette  façade,  qui  en  présentait  déjà  une  assez  frap- 
pante ,  pourquoi  n'a-t-on  pas  changé  la  forme  de  ces 
dais  pyramidaux  en  donnant  plus  de  légèreté  à  leurs 
aiguilles. 

Nous  appliquerons  la  même  observation  aux  aiguil- 
les qui  terminent  les  pilastres  :  elle  est  plus  sensible 
encore  dans  les  gros  des  angles ,  à  raison  de  la  troi- 
sième face  latérale,  ce  qui  forme  uu  groupe  lequel  sem- 
ble lourd  à  celle  hauteur.  Si  ces  aiguilles  étaient  plus 
longues,  elles  paraitraient  filées  avec  plus  de  légèreté , 
et  elles  auraient  acquis  infiniment  plus  de  grâce.  Que 
l'on  examine  celles  des  arcs  rampans  ,  elles  sont  dans 
la  même  proportion  ,  mais  ne  surmontant  pas  des  bases 
aussi  larges ,  elles  sont  depuis  le  pied  plus  élancées. 
L'effet  d'opposition  exigeait  donc  beaucoup  plus  de 
hauteur  à  celles  de  la  façade.  On  eut  du  faire  les  fi- 
gures qu'elles  soutiennent  plus  petites,  et  cela  eut  été 
plus  dans  l'ordre  ,  car  les  objets  de  plus  petite  dimen- 
sion doivent  surmonter  les  plus  grandes ,  et  ici  au 
contraire  les  figures  placées  dans  des  niches  ,   au-des- 

9 


*-œ(    5  2    )  »-* 

sous  de  ces  aiguilles,  sont  plus  petites.'  Uue  autre  raison 
pouvait  déterminer  à  diminuer  la  proportion  des  statues 
au  sommet  des  aiguilles  ;  c'est  qu'au  lieu  d'élever,  elles 
reprochent  à  l'œil  le  lieu  où  elles  sont  placées,  puisque 
nous  jugeons  de  la  distance  par  la  comparaison  que 
nous  faisons  naturellement  avec  nous  même  en  nous 
prenant    pour   module   (i). 

Examinons  maintenant  les  détails  de  celte  façade  ou 
nous  trouverons  des  beautés  remarquables.  Nous  ferons 
observer  qu'en  s'approcbant,  comme  nous  allons  faire, 
jusque  sur  le  parvis  ou  ne  peut  pas  bien  juger  les  belles 
figures  de  ronde-bosse  du  premier  rang,  parce  qu'on 
les  voit  trop  en  dessous.  Le  curieux  qui  voudra  tout 
apprécier  avec  justesse,  devra  les  examiner  les  unes 
après  les  autres,  en  se  plaçant  à  quelque  distance  du 
premier  degré  ,  et  il  sera  amplement  dédommagé  du 
tems  qu'il  y  passera  en  admirant  ces  belles  statues,  qui 
honorent  leurs  auteurs  et  qui  les  placeront  toujours 
au  rang  des  meilleurs  statuaires  (2). 


(1)  On  a  peine  à  croire  que  de  savnns  mathématiciens  ,  que  des  ar- 
tistes habiles  ayant  établi  en  principe  ,  que  des  statues  placées  de  di- 
stance en  distance  sur  un  édifice  ,  les  dernières  devaient  devenir  presque 
colossales  en  comparaison  des  intérieures  ,  pour  que  l'on  put  les  voir 
sous  un  même  angle  ,  et  juger  pur  là  de  leur  grandeur.  On  a  cepen- 
dant imprimé  des  discussions  très-savantes  sur  une  pareille  erreur. 
Quand  un  écolier  sortant  du  collège  ,  prononcerait  sans  hésiter  que 
le  couvreur  qu'il  appercoit  sur  le  toît  d'une  église  ou  au  haut  d'un  clo- 
cher ,  est  un  homme  ,  malgré  que  l'apparence  dans  son  œil  y  pei- 
gne une  petite  figure  à  peu  près  de  la  moitié  de  sa  taille. 

(a)  C'est  pourtant  après  avoir  vu  ces  statues  et  beaucoup  d'autres 
qui  ornent  le  contour  de  cette  église  ,  que  M.  Millin  s'est  exprimé 
ainsi  dans  son  voyage  d'Italie  (  toin.  I  ,  ch.  11  ).  «  Derrière  le  chevet  de 
l'église  est  ce  qu'on  appelle  YJcadcmie  de  Sculpture.  C'est  une  suite 
de  boutiques  qui  ne  méritent  pas  le  nom  A' Ateliers ,  dans  lesquels  on 
a  découpé  le  marbre  en  rinceaux  gothiques  ,  et  où  on  taille  des  figures 


♦_«(    55    )&-+ 

Nous  avons  déjà  observé  qu'on  monie  quatre  de- 
grés pour  se  placer  dessus  une  plate-forme  très-lar- 
ge ,  sur  laquelle  s'élève  la  façade  qui  présente  la 
forme  d'un  triangle  (i)  On  entre  dans  l'église  par 
cinq  portes  de  style  romain  ;  celle  du  milieu  ,  qui 
est  la  principale  ,  est  plus  grande  que  les  autres. 
Au-dessus  des  portes  il  y  a  autant  de  fenêtres  du 
même  genre,  et  pour  coiupletter  la  façade  il  y  a 
encore  au-dessus  des  précédentes  ,  une  grande  fenê- 
tre dans  le  milieu  ,  et  deux  plus  petites  aux  cô- 
tés ,  et  ces  dernières  sont  dans  le  style  gothique  Les 
six  pilastres  dont  elle  est  ornée  ,  sont  tous  de  même 
forme  et  offrent  la  même  décoration.  Quatre  sont 
doubles ,  ce  sont  les  deux  des  angles  ,  et  les  deux  à 
côté  de  la  porte  du  milieu  ,  les  deux  autres  sout 
simples.  Tous  ces  pilastres  sout  posés  sur  des  pié- 
destaux, ornés  de  dais  ,    de    socles,  de    cimaises,  de 


qu'on  appelle  des  statues  ,  pour  terminer  s'il  se  peut  ,  la  décoration  de 
l'église.  »  On  a  repoussé  dès  que  l'ouvrage  parut  en  1817,  dans  un 
journal  ,  cette  épigramme  aussi  insultante  que  peu  véridique  ,  parce  que 
beaucoup  d'écrivains  ,  pleins  d'eux  mêmes  ,  ont  affecté  le  même  lan- 
gage en  affichant  la  même  ignorance.  Si  M.  Mill'm  au  lieu  d'occuper 
les  italiens  de  ses  propres  ouvrages  ,  eut  bien  voulu  pénétrer  dans  les 
Ateliers  où  l'on  sculpte  les  statues  pour  la  Cathédrale  ,  il  y  eut  vu  des 
rivaux  des  p'.us  habiles  sculpteurs  dont  Paris  se  glorifie,  et  il  eut  su  ,  que 
dans  ces  boutiques  derrière  le  chevet,  on  travaille  seulement  les  mas- 
sifs des  ornemens  et  le  pavé  de  l'église.  Mais  d'autres  avaient  déjà  relevé 
beaucoup  d'erreurs  ,  de  bévues,  dans  le  voyage  du  savant  académicien  ; 
(  voyez  le  Spécial,  partie  nationale  ,  par  David  Bertolotti. 

«  II  y  a  un  grand  malheur  dans  la  plupart  des  livres  ,  c'est  qu'ils 
sont  moins  faits  pour  le  profit  de  la  science  et  des  lecteurs ,  que  pour 
la  vanité  des  auteurs  »  Burlemaqui. 
(1)  Ces  degrés  se  continuent  vers  la  droite  de  l'église  ;  nous  sommes 
assurés  que  l'année  prochaine  ceux  du  flanc  seront  enlevés  ,  étant  à  peu 
près  inutils  à  l'édifice.  La  rue  ,  qui  est  une  des  plus  fréquentées  de 
Milan  ,  y  gagnera  par  l'élargissement  que  cette  supression  lui  procurera. 


*-s(    54-    )»-» 

gorges ,  de  doucines ,  de  cavets  ,  dont  la  combinaison 
n'est  assujettie  à  aucune  des  règles  pratiquées  dans 
l'architecture  ;  et  sont  termines  par  autant  d'aiguilles 
pyramidales  ,  d'un  travail  très  riche  ,  ornées  de  petites 
colonnes  ,  de  grand  nombre  de  petites  statues  placées 
dans  des  niches  représentant  des  saints,  des  évêques  , 
des  martyrs,  etc.  (  v.  PI.  VI)  (1).  Au-dessus  de  la 
cimaise  règne  un  ornement  gothique  de  bon  goût  , 
en  grand  relief,  et  qui  tourne  à  la  même  hauteur 
sur  toute  l'église.  C'est  sur  cet  ornement,  fort  saillant, 
que  posent  des  cariatides  de  grandeur  presque  natu- 
relle. Ces  figures  ue  servent  pas  à  supporter  le  pi- 
lastre auquel  elles  sont  appliquées ,  mais  elles  sou- 
tiennent une  espèce  de  petit  pilastre  isolé  du  massif, 
qui  ne  monte  pas  au  de-là  du  tiers.  Nous  avons  pu 
remarquer  en  examinant  tout  l'ensemble  ,  que  ces 
cariatides  et  leur  pelit  pilastre  étant  alligués  avec  l'or- 
nement gothique,  portent  à  faux  sur  le  piédestal,  et 
produisent  un  effet  désagréable  à  l'œil ,  celui  de  faire 
paraître  le  piédestal  plus  étroit  que  le  massif  qu'il 
soutient.  Le  même  défaut  est  constant  à  tous  les  mas- 
sifs environnans  l'église ,  et  on  doit  en  adresser  le  repro- 
che  au   premier  architecte. 

Nous  pouvons  dire  aussi  que  c'est  une  singularité 
assez  remarquable  que  l'emploi  de  toutes  ces  figures 
presque  nues  affaissées  sous  un  poids.  Ce  genre  de  dé- 
coration ne  semble  pas  convenahle  à  uu  temple  chré- 
tien. Il  n'a  rien  d'analogue  au  mystères  et  aux  céré- 
monies qu'on  y  célèbre  ;  les  anciens  plus  heureux  dans 
leurs  idées  ne  commettaient  pas  de   semblables  fautes , 


(1)  Ces  aiguilles  contèrent  24000  francs  chacune,  y  compris  le  marbre. 


<-«(  55  )*-* 
tous  les  ornemens  de  leurs  temples  eu  rappelaient  la 
distillation.  Celait  des  statues  de  leurs  divinités  ,  des 
têles  de  victimes ,  des  patères  ,  des  guirlandes ,  et  ils 
n'ont  placé  des  figures  se  courbant  sous  les  portiques 
sous  des  voûles,  que  dans  les  monumens  élevés  à  la 
victoire. 

Les  dais  des  piédestaux  sont  ornés  de  bas-reliefs  re- 
présentant des  sujets  de  l'ancien  testament ,  ou  qui  fout 
allusion  à  la  religion  et  à  la  S.  V.  Leur  nombre  se 
monte  à  47  »  y  compris  ceux  qui  sont  placés  sur  les 
pilastres  entre  les  cariatides ,  et  ceux  qu'on  voit  sur 
les  frontons  des  portes  et  des  fenêtres. 

Sur  le  nu  des  pilastres  sont  placées  les  figures  de 
ronde-bosse,  soutenues  les  premières  et  secondes  sui- 
de jolies  consoles,  et  les  troisièmes  dans  des  niches  (i). 
Celles  du  premier  ordre  représentent  les  douze  Apô- 
tres, et  six  aulres  saints,  et  celles  du  second  et  du 
troisième  ,  des   Prophètes  (2). 

Il  n'est  guères  possible  de  juger  les  dernières  à  la 
hauteur  ou  elles  sont  placées,  et  encore  moins  toutes 
les  figures  qui  sont  placées  sur  les  aiguilles  ,  mais  nous 
pouvons  assurer  qu'en  général  toutes  les  modernes,  méri- 
teraient d'être  vues  de  près.  Nous  en  avons  examiué  un 
grand  nombre  ,  avant  qu'elles  fussent  à  leur  place  ,  ainsi 
que   dans  les  ateliers,   et  l'homme  curieux  serait  satisfait 


(1)  Près  de  25o  statues  ornent  la  façade.  Plus  de  2000,  exécutées  à 
différentes  époques  sont  placées  autour  ,  et  dans  l'intérieur  du  temple  , 
et  on  évalue  au  nombre  de  35oo  celles  ,  qui  formeront  le  total ,  lorsque 
l'édifice  sera  achevé. 

(2)  Douze  des  plus  belles  statues  au  premier  ordre,  sont  soigneuse- 
ment représentées  dans  les  planches  LV  et  LYI 3  des  cet  ouvrage. 


«-«(  56  >- 

du  bon  goût  et  de  l'heureuse  exécution  de  la  plupart. 
Nous  ne  parlerons  pas  au  loug  de  ces  morceaux  ,  puisque 
l'œil  ne  peut  en  appercevoir  les  déiaiis  ,  et  nous 
nous  bornerons  à  ceux  qui  se  trouvent  plus  près  de 
nous. 

Nous  devons  aussi  prévenir  nos  lecteurs  que  nous 
ne  l'arrêterons  pas  à  charpie  instant  pour  lui  faire  ad- 
mirer les  sculptures  d'ornemeus  taillés  sur  les  divers 
membres  <jui  pouvaient  admettre  cette  richesse.  Les 
voyageurs  qui  ont  du  être  étonnés  eu  voyant  avec 
quelle  délicatesse  nos  modernes  sculpteurs  d'oruement 
ont  travaillé  les  chapiteaux,  les  rosaces  de  l'arc,  non 
achevé  ,  dn  Simplon  ,  seront  persuadés  en  voyant  les  ou- 
vrages du  même  genre  dans  notre  façade  ,  que  Milan  a 
toujours  eu  des  artistes  distingués  et  une  bonne  école. 
Nous  aurons  bientôt  occasion  de  prouver  cette  vérité 
en   parlant  des  portes. 

Dans  le  fronton  de  la  grande  fenêtre  du  milieu  , 
est  placée  l'inscription  à  grands  caractères  en  bronze 
doré  : 

MARIAE    NASCENTI 

faisant  allusion   à  la  dédicace   du  temple,  faite  à  la  Na- 
tivité de   la   S.   V. 

Commençant  donc  notre  description  et  notre  exa- 
men par  le  pilastre  de  l'angle  du  côté  du  midi,  Ans 
le  Palais  Royal  ,  on  voit  sur  une  face  l'inscription 
placée  en  1790,  et  que  nous  avons  citée  à  la  page  28. 
Le  premier  bas-relief  du  soubassement  représente  Tobie 
accompagné  par  un  Auge  ,  tirant  le  poisson  ,  exécuté 
par  Joseph  Ferrandiuo  ,  et  l'autre  Moïse  sauvé  des  eaux  , 


-(  57  >~ 

par  la  fille  de  Pharaon  ,  de  Gracieux  Rusca.  Ce  mor- 
ceau est  agréablement  composé  ,  les  figures  ont  de 
l'élégance  ,  mais  on  ne  devait  pas  y  représenter  un 
gros  arbre  qui  ressere  le  Nil  ,  et  donne  à  ce  grand 
fleuve  l'apparence  ,  d'un  petit  ruisseau.  Les  cariatides 
et  principalement  celles  du  milieu ,  remarquables  par 
leur  bon  style  ,  sont  exécutés  par  Gracieux  Rusca  et 
Donat  Carabelli. 

Dans  les  bas-reliefs  au-dessus ,  on  voit  Joseph  se 
dérobant  à  la  femme  de  Putiphar  ,  par  Barthélémy  Ri- 
bossi  ,  et  Jacob  lultaut  avec  l'ange,  par  Carabelli  ; 
l'exécution  en  est  assez  soignée  ,  mais  le  premier  n'a 
pas  le  mouvement  qui  lui  convient  ,  on  ne  sent  pas 
dans  la  disposition  du  manteau  l'effort  que  fait  la  femme 
pour  retenir  Joseph  ,  ni  dans  celui-ci  la  résistance  et 
la  vitesse  de  la  fuite.  La  composition  du  second  ,  man- 
que de  grâce.  Les  deux  statues  au-dessus  représentent 
l'Apôtre  Tadée  ,  par  Antoine  Pasquali ,  l'autre  s.  Bar- 
nabe premier  Evêque  de  Milan ,  par  Pierre  Possenti. 
Elles  ne  manquent  pas  de  mérite.  Du  coté  du  même 
pilastre  il  y  a  une  troisième  statue  antique  d'une  exé- 
cution   maniérée  ,  dont  l'auteur   est  iuconnu. 

Revenant  a  la  face  de  l'édifice  pour  l'examiner  de 
la  droite  a  gauche,  on  voit  sur  le  soubassement  du 
double  pilastre,  deux  bas-reliefs  représentant  les  deux 
hébreux  revenant  de  la  terre  promise,  chargés  d'une 
grappe  de  raisins.  C'est  un  des  bons  ouvrages  de  Fran- 
çois Carabelli.  Le  second,  exécuté  par  Charles  Marie 
Giudici,  représente  Adam  et  Eve ,  chassés  du  Paradis 
terrestre.  L'artiste  n'a  pas  choisi  un  beau  idéal  pour 
représenter  les  premières  créatures  du  genre  humain, 
car  ces  figures  manquent   de  grâce  et  de  proportions. 


-«— e(  58  Ja— > 
Les  deux  bas-reliefs  supérieurs  représentent  Daniel 
dans  la  fosse  aux  lions,  par  Carabelli ,  et  lob  sur  le 
fumier,  parGiudici:  l'exécution  en  est  assez  médiocre- 
Ce  grand  fond  nu,  et  le  groupe  de  la  figure  avec  deux 
lions  sans  caractère  rendent  la  composition  pauvre.  Ce 
Job  est  une  ligure  mesquine.  Les  deux  statues  sur  le 
même  pilastre  représentent  les  Apôtres  S.  Barlbélemy 
et  S.  Jacques  mineur.  La  première  ,  d'une  compo- 
sition beureuse  exprimant  l'inspiration  ,  est  modellée  par 
Ignace  Fumagalli ,  secrétaire  adjoint  à  l'Académie  des 
beaux  ans  ,  et  sculptée  par  Buzzi  Donclli  ,  et  la  se- 
conde exécutée  par  Buzzi  ,  manque  de  noblesse  de 
style. 

Un  troisième  bas-relief  est  placé  à  une  des  côtés  du 
soubassement  du  pilastre,  représentant  Moïse  devant  le 
buisson  ardent,  de  Cbarles  Jérôme  Marcbesi  :  nous  vou- 
drions voir  ce  morceau  remplacer  quelques-uns  de 
ceux  qui  se  présentent  sur  le  devant.  Les  quatre  ca- 
riatides furent  exécutés  par  Donat  Carabelli  et  Charles 
Marie   Giudici. 

Wous  sommes  à  présent  devant  la  première  porte  , 
oruée  de  trophées  et  d'élégantes  sculptures  (i)  au-des- 
sus de  laquelle  est  placé  un  beau  bas-relief  en  mar- 
bre de  Carrare  ,  représentant  Esther  devant  le  Roi  As- 
suérus,  exécuté  par  Charles  Biffi ,  d'après  un  tableau 
de  I.  B.  Crespi  dit  le  Cerano  ,  et  qui  est  conservé  dans 
la  salle  des  archives  de  la  fabrique.  Le  fronton  circu- 
laire  de  la  porte   est  orné   de   festons  de  fruits  et  dans 


(i)  Les  ornemens  de  cette  porte  et  des  trois  autres  mojennes  furent 
exécutés  par  Charles  Minicati  et  Martin  Solari  ,  d'après  des  dessins 
d'André  Biffi,  Ces  portes  coûtèrent  26000  francs. 


le  plafond  de  la  porte  d'un  groupe  d'anges  sculpté  par 
Pierre  Lasagui.  Cet  ouvrage  qui  honore  l'artiste  lui 
fut  payé  assez  largement  ;  il  reçut  pour  le  prix  4800 
liv.  de  Milan.  Ou  trouve  dans  l'épaisseur  de  la  porte, 
l'entrée  d'un  petit  escalier  qui  conduit  jusqu'au  som- 
met de  l'édifice. 

La  fenêtre  au  dessus  ,  est  de  style  romain  et  très- 
ornée  de  sculpture.  Le  bas-relief  du  fronton ,  sculpté 
avec  goût  par  Charles  Marie  Giudici,  représente  Samuel 
qui  consacre  Saûl  roi  des  Hébreux  (1). 

Le  pilastre  suivant ,  qui  sépare  les  deux  petites  por- 
tes ,  contient  sur  sa  base  trois  bas-reliefs.  Le  premier 
représente  le  songe  de  Jacob.  Le  style  de  ce  mor- 
ceau indique  que  c'est  un  des  premiers  qui  soit  sorti 
du  ciseau  d'Augelo  Pizzi ,  il  était  encore  timide  dans 
son  exécution.  Moïse  faisant  sortir  de  l'eau  du  rocher, 
est  de  Joseph  Buzzi.  Les  figures  sont  un  peu  lourdes. 
Le  troisième  représente  la  tour,  dite,  de  David,  al- 
légorie de  l'origine  de  la  Vierge  (  Turris  Davidica , 
Litan.  de  la  V.).  La  médiocrité  de  toutes  ces  allé- 
gories nous  dispensera  de  nous  y  arrêter ,  il  suffira 
seulement  de  les  indiquer  :  ou  de  regretter    qu'on    ne 


(1)  La  forme  des  frontons  des  portes  et  des  fenêtres  offrait  des  dif- 
ficultés aux  artistes  ,  oblige's  d'y  représenter  des  sujets  historiques  com- 
pliqués par  le  nombre  des  figures ,  et  assujettis  à  une  proportion  qui 
ne  leur  permettait  pas  de  les  placer  debout,  quelque  fut  l'action  qu'elles 
devaient  exprimer  ;  on  doit  admirer  avec  quelle  adresse  ils  sont  par- 
venus à  surmonter  la  gêne  qui  leur  etoit  imposée,  sans  altérer  la  grâce 
nécessaire  à  leurs  compositions  ,  et  sans  tomber  dans  le  bizarre.  On 
remarque  au  contraire  dans  tous  ces  bas-reliefs  des  frontons,  un  très- 
bon  style  ,  du  grandiose ,  des  têtes  d'un  beau  caractère,  et  du  naturel 
dans  le  mouvement  des  draperies.  L'amateur  désirerait,  après  les  avoir 
examinés  ,  trouver  les  mêmes  qualités  dans  la  plupart  des  bas-reliefs 
des  pilastres  ,  où  les  artistes  étaient  plus  à  leur  aise. 

JO 


*-*(  6o  )*-► 
les  ait  pas  remplacées  par  des  sujets  historiques  beau- 
coup plus  intéressans ,  plus    propres    à    développer    le 
génie  des  arts  ,  et  qui  eussent  fait    un  plus  bel  orne- 
ment. 

Le  bas-relief,  au  dessus,  excellent  ouvrage  de  Gra- 
zioso  Rusca  (i)  représente  le  prophète  EJie  ressuscitant 
le  fils  de  la  Veuve. 

H  serait  sans  doute  inutile  de  faire  observer  la  beauté 
de  la  statue  de  S.  Jacques  le  majeur ,  placée  sur  ce 
pilastre,  eu  disant  qu'elle  est  de  M.  Camille  Pacetti. 
Mais  si  la  réputation  de  cet  artiste  est  connue  des 
amateurs,  elle  peut  n'être  pas  parvenue  à  quelques-uns 
de  nos  lecteurs,  et  de  ceux  qui  ont  sous  les  jeux, 
en  même  tems  que  nous  celte  belle  figure  ,  dont  ils 
doivent  admirer  l'altitude  ,  l'expression  noble  de  la  tête  , 
et  le  style  large  de  la  draperie  qui  se  rapproche  des 
beautés  de  l'antique*  Les  cariatides  sont  de  Lasagni 
(  v.  PI.  VII  ). 

Deux  morceaux  curieux  qui  se  trouvent  de  ce  côté, 
dans  l'ornement  gothique  placé  au  dessous  de  la  ci- 
maise du  dé  des  pilastres,  nous  donne  lieu  de  rappe- 
ler, ce  que  uons  avons  dit,  que  cet  ornement  tourne,  à 
la  même  hauteur,  autour  de  tout  l'édifice.  Les  petits 
arcs  dont  il  se  compose  sont  tous  soutenus,  à  leur 
réunion ,  par  des  têtes  formant  consoles.  Le  nomhre  en 
est  immense  dans  l'étendue  de  tout  ce  monument,  et 
cependant  aucune  ne  se  ressemble.  Tous  les  caractères 


(i)  Ce  nom  de  Grazioso  ,  que  l'estimable  sculpteur  Rusca  reçut  sur 
les  fonds  de  baptême,  a  fourni  à  M,  Milliii  le  sujet  d'une  be'uve  ou  d'une 
assez  stérile  plaisanterie  en  supposant  qu'on  avait  surnommé  cet  artiste 
le  Gracieux  ,  transformant  pour  cela  le  nom  du  saint,  en  une  épi- 
thète  française  ,  qu'on  appellerait  plutôt  un  Sobriquet. 


<-ss(  6  l  )»-* 

y  ont  été   épuisés ,    le    sérieux ,    le   burlesque ,    et    le 
monstrueux.  Mais  uous  voulons  faire   remarquer    prin- 
cipalement ,  deux  de   ces  têtes  sur  ces  pilastres  ;   elles 
n'offrent  pas  à    la    vérité  ,    des    formes    correctes ,    ni 
très-agréables  ,  mais  le  travail  du  ciseau  en  fait  tout  le 
mérite.    Le    visage    de   celle  qui  est  placée    à    ce    pi- 
lastre ne  s'apperçoit  qu'au  travers  d'un  filet  de  cordes, 
lequel  semble  plutôt  appliqué  dessus  ,    que  taillé  avec 
le   ciseau  dans  le    marbre.   L'autre ,    qui    tient  au  gros 
pilastre  de  l'angle,  est  couverte  d'un  voile  qui  semble 
transparent  et  en  laisse  distinguer  les  traits.  Ces  sortes 
d'ouvrages  plaisent  à  tout  le  monde  ,    et  même   fixent 
davantage  les  regards  que  les  formes  austères  du  beau 
idéal  dans  une   figure.  C'est  que   tout  ce  qui    se    pré- 
sente  comme  difficile   est  plus  aisément  jugé  par  tout 
le  monde;   on  n'a    pas    toujours    besoin    de    connaître 
les  règles  de  l'art  pour  apprécier  la  difficulté  vaincue. 
On    retrouve    dans    la   seconde   porte    la    même    ri- 
chesse de  goût  et  d'habileté  dans  les  ornemens  et  les 
trophées,  qui  ont  été   sculptés  par    Martin  Solaro  et 
Charles  Minicato  ,  d'après  les  dessins  d 'André  Biffi. 
Les  jolies  têtes  de  Chérubins  que  l'on  voit  à  ces  portes 
sont  toutes  du    ciseau    de    Jean    Jacques    Bono.    Le 
bas-relief,  ouvrage  de   Vismara,  d'après  un  dessin  de 
Crespi,  représente  Judith  coupant  la  tête  à  Holopherue. 
Si  la  composition  est  due   à  un  peintre  de  mérite,  le 
choix  du  sculpteur  y  a  répondu.  Le  groupe  d'anges  du 
plafund  est  de  Jean  Dominique  Prestinaro  ,  et  n'est 
pas  inférieur  à  celui  de  la  première  porte;  il  fut  payé 

de  même   4^°°  ^v* 

Le    bas-relief    de    la    fenêtre    au   dessus    représente 
Debora   donnant    des    armes    au    commandant    Barac , 


*-«(  6  2  )»-> 

pour   comLaltre    Sisara.    Il    fut    exécuté    en    1768,    et 
payé   4>ooo  liv.   à  Joseph  Antoine  Riccardi  sou  auteur. 
Le   troisième   pilastre ,  qui  suit ,  offre   sur    le    côté  , 
un  bas    relief   symbolique    dont    l'auteur    est    incounu. 
On  y  voit  un  Platane  ,  allégorie   qui  se  rapporte  aussi 
à  la  Vierge  (  quasi  platanus  exaltata ,   Eccles.  )    Au 
dessus  est  le  buste  d'un  éveque   de    Milan  ,    très  sail- 
lant   en    debors.    Il    est    assez    difficile    de     se    rendre 
compte  pourquoi  cette   tête  est  surmontée   d'une    con- 
sole destinée   à  supporter  une  graude   figure   de   ronde 
bosse  pareille   à  celles    qui    ornent   le    devant    de    ces 
pilastres.   La  saillie    du   fronton    de    la    porte    rend    la 
chose  impossible.   A-t-on  donc   formé   ces  portes  long- 
tems  après  avoir  élevé  les  pilastres?    ou    les    pilastres 
ont  ils   été   formés   depuis ,    avec  la  pensée   qu'un  jour 
les  ornemens   des  portes   devraient  disparoître?  Voilà 
des  réflexions  que  cette  console,  hors  d'œuvre,  pour- 
roit  faire   naître.  Ou  l'on  a   abbaltu   une   figure  pour 
placer  le   fronton;    ou   l'on  voulait  faire  changer  cette 
ordonnance  pour  placer  une  figure;   à  quoi  bon  sans 
cela  laisser  la  console  ? 

Ce  pilastre  est,  comme  le  sont  tous  les  quatre 
gros,  divisé  en  deux  parties  sur  la  face  antérieure. 
Le  dé  est  donc  orné  de  deux  bas-reliefs  qui  méri- 
tent peu  l'attention  des  curieux.  Le  premier  repré- 
sente le  puits  de  Jacob,  et  le  second,  la  statue  de 
Dagon  renversée  dans  son  temple,  devaut  l'arche 
d'alliance.  On  attribue  ces  deux  sculptures  à  Jean- 
Pierre  Lasagui.  Nous  sommes  certainement  fondés  à 
révoquer  en  doute  celte  attribution  après  avoir  ad- 
miié  le  groupe  d'anges  qu'il  a  exécuté  sous  le  pla- 
fond de  la  première  porte.  Il  est  possible  que  s'étant 


*-œ(  63  )»-* 
chargé,  par  pure  spéculation  d'intérêt,  de  ces  deux 
bas-reliefs,  il  en  ait  confié  le  travail  à  quelque  élève 
de  son  atelier  ,  ce  qui  aura  donné  lieu  à  les  lui  at- 
tribuer. Le  mérite  de  ses  autres  ouvrages  exigeait  de 
de  nous  pareille  observation.  Il  suffirait  de  comparer 
son  bas-relief  au-dessus  ,  représentant  Rebecca  qui 
offre  à  boire  à  Eleazar ,  pour  juger  que  nous  lui 
rendons  justice  en  détruisant  un  dicton  populaire, 
trausmis  par  des  écrivains  qui  ramassaieut  tout  sans 
être  guidés  par  la  critique.  C'est  assez  ordinairement 
le  défaut  qu'on  retrouve  dans  les  descriptions,  sur- 
tout celles  des  anciennes  églises.  Le  sacrifice  d'A- 
braham qui  est  le  sujet  de  l'autre  bas-relief,  a  été 
sculpté  par  Josepb  Vismara.  Nous  n'avons  pas  fait 
de  grandes  recbercbes  pour  découvrir  le  nom  du 
sculpteur  qui  a  fait  le  berceau  de  vigne ,  symbo- 
lique ,  dit-on  ,  de  la  Vierge  (  Ego  quasi  viti  fruc- 
tifîcavi,  Eccles. ),  qui  est  placé  sur  le  côté  de  ce 
pilastre.  Laissons-le  dans  son  obscurité. 

Nous  nous  arrêtons  toujours  avec  plaisir  devant 
les  grandes  statues  de  ces  pilastres.  Ici  nous  admi- 
rons le  beau  caractère  de  la  tête  de  l'apôtre  S.  Marc  , 
ouvrage  de  Donato  Carabelli.  Le  S.  Mathieu  d'Angclo 
Pizzi  ayant  reçu  les  éloges  de  Canova ,  nous  n'a- 
vons   plus  rien  à  en    dire. 

Le  tems  que  nous  eussions  perdu  à  examiner  les 
bas-reliefs  du  dé  de  ce  pilastre,  employons-le  a  admi- 
rer attentivement  les  beautés  des  deux  Evangélistes, 
après  quoi  nous  fixerons  cette  même  attention  sur 
les  consoles  qui  soutiennent  ces  mêmes  statues.  Elles 
sont  composées  par  des  groupes  variés  et  très-jolis 
d'anges  enfans  nus,  et  au  travers  desquels  les  artistes 


*— œ(  (J4  )»-» 

ont  introduit  le  symbole  de  chacun  des  Évangëlistes. 
La  tête  de  lion  à  S.  Marc,  le  boeuf  à  S.  Luc,  l'ange 
à  S.  Mathieu  et  l'aigle  à  S.  Jean.  Ces  consoles  ont  été 
sculptées  par  Charles  Marie  Giudici,  Joseph  Buzzi , 
Charles  Jérôme  Murchesi ,  Joseph  Ferrandino  et  An- 
dré Casareggio. 

L'observateur  se  plaira  à  examiner  la  belle  pro- 
portion de  la  grande  porte  du  milieu  ,  et  dont  ce- 
pendant nous  trouverions  l'effet  plus  grand  si  on  n'y 
avait  pas  ajouté,  comme  aux  quatre  petites  portes, 
des  consoles  aux  angles  qui  raccourcissent  la  ligne 
à  sa  partie  supérieure.  Ornement  d'ailleurs  assez  inu- 
tile, puisque  la  solidité  ne  l'exigeait  pas;  d'une  idée 
trop  mesquine,  en  ce  qu'il  rappelle  ces  petites  pièces 
de  bois  que  l'on  donne  pour  supports  au  linteau  dans 
les  angles  d'une  porte  aux  habitations  des  gens  de  la 
campagne,  d'une  grange,  d'une  écurie,  où  il  s'agit  de 
contraindre  à  ne  pas  se  fléchir  une  traverse  de  bois. 
Mais  nous  avons  pu  nous  convaincre  par  divers  des- 
sins de  Pellegriui,  qu'il  s'écartait  quelquefois  de  la 
majestueuse  simplicité  de  l'architecture  antique.  Ces 
portes  ,  et  les  fenêtres  qui  sont  au-dessus,  manquaient, 
dans  le  dessin  original  de  cet  architecte,  de  l'élé- 
gance qu'elles  ont  aujourd'hui.  Les  frontons  étaient 
trop  bas ,  trop  près  de  l'ouverture.  On  a  du  à  Ri- 
ghini  qui  leur  a  donné  plus  de  développement ,  plus 
de  hauteur,  en  plaçant  des  bas-reliefs  et  de  belles 
consoles  qui  soutiennent  les  frontons  ,  ce  caractère 
grandiose  qui  convient  à  la  façade  d'un  aussi  grand 
et  pompeux  monument  ,  lorsque  la  composition  de 
Pellegriui  n'en  avait  fait  que  de  belles  portes  et 
fenêtres  propres   à  un  palais.  On    ne  peut  rien  voir 


*— «(  65  )»-» 
de  plus  beau  en  fait  de  travail  de  sculpture  d'or- 
nemens  que  ceux  qui  ornent  les  pied-droits  de  cette 
porte.  Ces  groupes  si  bien  composés  de  feuillages, 
de  fruits  et  d'oiseaux  différens,  ont  été  exécutés  par 
les  sculpteurs  Jean  Jacques  Bono  et  André  Castelli 
d'après  les  dessins  de  François  Righini  en  i655,  et 
coûtèrent  20,600  liv.  Le  même  goût  et  la  même 
délicatesse  régnent  dans  les  ornemens  qui  enrichis- 
sent tous  les  membres  de  cette    porte    (  v.  PI.   VIII  ). 

Sous  le  fronton  est  placé  un  bas-relief,  en  marbre 
de  Carrare  représentant  la  création  d'Eve,  d'après  un 
dessin  de  Crespi ,  dit  le  Cerano,  qui  se  conserve 
dans  les  archives  de  la  fabrique  (t).  C'est  un  excellent 
morceau  ,  sculpté  par  Gaspar  Vismara  auquel  il  fut 
payé  33,ooo.  Le  groupe  d'anges  sous  la  porte  est  du 
même  sculpteur  et  il   a  coûté    i5,6oo. 

Le  bas-relief,  dont  nous  venons  de  parler,  rem- 
plaça celui  qui  était  au-dessus  de  cette  porte  du 
tems  de  Pellegriui ,  et  que  l'on  a  transporté  sur  l'au- 
tel principal  de  la  petite  église  derrière,  dans  le  lieu 
appelé  Cantpo  Santo.  Celui-ci  représente  l'Annon- 
ciation ,  et  fut  le  sujet  d'une  très-vive  discussion 
entre  Pellegriui  et  Marliu  Bassi  de  Milan,  architecte 
chargé  de    plusieurs    travaux    dans    cette    église  (2), 


(1)  Jean-Baptiste  Crespi  fit  les  dessins  peints  à  clair-obscur  des  bas- 
reliefs  ,  la  Création  ,  la  reine  de  Saba  ,  Judith  et  Holopherne  ,  Sisara 
et  Ester  en   1629.  Ces  tableaux  lui  furent  payés  36ooo  liv.  mil. 

(2)  Che  mi  si  concéda,  ch'  io  sia  nato  a  Milano,  non  in  Toscana, 
ch'  io  sia  giovane  ,  e  non  vecchio  ;  ch' io  sia  pih  tosto  timido  che 
ardito  .  .  .  allevato  nelle  opère  délia  fabbrica  del  Duomo  ,  in  tanto 
che  da  cerli  anni  a  d'ietro  passarono  per  le  mie  mani ,  corne  V.  S. 
sa ,  quasi  tutte  V  opère  che  giornalmenle  vi  si  faceano  .... 

Lettre  sur  les  Bas-reliejs  ,  etc. 


<— B.^  66  )s»-» 

discussion  imprimée  à  Brescia  par  Francesco  et  Pier- 
Maiia  Maiclietti,  l'an    1572,    ayant   pour  titre  Dis- 
parerî  in    mater ia   d  Architettura ,    etc.    avec    plan- 
ches. 11  a  donné  quatre  dessins    de  ce    bas-relief  de 
l'Annonciation,   servant  à  l'appui  de  sa   Dissertation, 
pour  prouver  que    le    changement    qu'avait  ordonné 
le    Pellegrini    dans    l'effet    perspectif    était    hors    de 
sens  et  contraire  à  tontes  les   règles  de  la  perspective, 
y    ayant    introduit    deux    horizons    et    des  points    de 
distances   différeus   de   ceux   du    premier    dessin.   Son 
opinion    fut   défavorablement    accueillie    par    la  com- 
mission  du    Chapitre    qui  avait  entendu    ses    motifs  , 
et  la  réponse,  très-laconique,   de   Pellegrini    se  bor- 
nant à  dire  :    «   J'ai   fait   cela    pareeque    je    crois  que 
c'est  bien  fait.  »    L'opinion    du    Bassi  fut    cependant 
appuyée  de  l'avis  de   Palladio  {Lettre  à  Bassi  le  5 
juillet    1570),   de   celui  de  Vignola  {Lettre  au  même 
du  28  août),  par  Vasari ,   etc.    et  il  paraît  que  des 
commissaires  plus   éclairés  (nous   n'avons  pas   trouvé 
précisément  l'époque)  ont  jugé  différemment  des  pre- 
miers en  substituant  le  bas-relief  de  Vismara  à  celui 
adopté  par  Pellegrini',  qui  est  resté  avec   ses  défauts 
très-remarquables.  Nous  verrons  encore  les  deux  ar- 
chitectes aux  prises  ensemble. 

Sur  les  flancs  des  pilastres  voisins  de  la  porte,  sont 
deux  bustes  d'archevêques,  que  l'on  croit  être  l'un 
S.  Barnabas  et  l'autre  S.  Ambroise,  et  au-dessus,  deux 
belles  figures  de  ronde-bosse  de  la  même  proportion 
que  celles  eu  face.  Elles  représentent  les  Apôtres 
Pierre  et  Paul.  On  peut,  en  les  comparant  avec  les 
autres,  leur  reprocher  un  peu  de  lourdeur,  défaut 
qui    provient    des    draperies.    On    ignore    le    nom  de 


«-«(  67  )»-* 
leurs  auteurs.  Leur  mérite  les  a  fait  transporter  ici 
du  premier  lieu  qu'elles  occupaient  sur  le  côté  de 
l'église  en  face  de  la  rue  S.  Radegonde  ,  il  est  vrai 
que  les  sujets  qu'elles  représentent  devaient  appar- 
tenir à  la  série  qu'offrent  les  autres  figures  de  cette 
façade. 

On  a  construit  dans  le  mur  de  cette  porte  un 
escalier  qui  conduit  à  la  fenêtre  qui  est  au-dessus . 
qu'on  appelle  des  Homélies ,  probablement  parce- 
qu'elle  servait  aux  Archevêques,  aux  prêtres  de  l'é- 
glise à  lire  des  bulles,  des  intruclions  pastorales  au 
peuple  réuni  sur  la  place. 

Cette  fenêtre,  de  style  romain,  d'après  les  dessins 
de  M.  Charles  Amati,  a  pour  soubassement  un  bal- 
con eu  marbre  à  balustres.  Sur  les  deux  angles  de 
cette  balustrade  s'élèvent  deux  statues  d'une  grande 
proportion,  représentant  l'ancien  et  le  nouveau  Te- 
stament. Elles  sont  remarquables  par  la  pureté  du 
style,  par  la  noblesse  des  attitudes  et  par  le  bon  goût 
des  draperies.  La  première  est  de  Louis  Acquisti,  la 
seconde  de  Camille  Pacetli  (  v.  pi.  IX)  (1). 

L'inscription  latine  dans  le  fronton,  Mariae  na- 
scenti ,  qui  indique  la  dédicace  de  celte  église  à  la 
naissance  de  la  Yierge  ,  se  rapporte  à  l'ordre  qui  en 
fut  donné  en  i356  par  Azon  Viscouti  ,  lequel  vou- 
lut qu'on  célébrât  dans  son  duché  la  nativité  de  la 
Vierge  par  des  cérémonies  pompeuses  particulières  (2). 

A  la  gauche  de  la    grande    porte  on   voit,    sur  le 


(1)  Il  n'est  pas  étonnant  que   la    sculpture    fasse    autant  de  progrès 
dans  l'e'cole  de  Milan  sous  un  professeur  aussi  éclairé  et  aussi  habile. 

(2)  Fiamma  auteur  contemporain  d'Azone. 


I  1 


<~K  (  68  )jB— ► 

gros  pilastre,  un  bas-relief  allégorique  représentant 
un  arbre  que  tous  les  écrivaius  ont  appelé  un  cèdre, 
en  se  copiant  les  uns  et  les  autres.  Nous  croyons 
plus  convenable  de  l'appeller  un  pommier  auquel  les 
feuilles  et  le  fruit  ressemblent  parfaitement,  tandis 
qu'il  y  aurait  eu  une  ignorance  profonde  de  la  part 
d'un  sculpteur  d'avoir  prétendu  en  faire  uu  cèdre 
dont  il  est  si  éloigné  par  ses  formes.  L'auteur  est 
inconnu ,  le   travail  est  assés  agréable. 

Sur  le  devaut  du  pilastre,  le  premier  bas-relief 
qui  se  présente,  ne  nous  fait  pas  regretter  de  n'avoir 
pas  connu  le  nom  de  son  auteur.  Ce  tableau  qu'on 
ne  devinerait  pas  si  la  tradition  n'en  indiquait  pas 
le  sujet,  lequel  est  Saùl  voulant  tuer  David,  que  Mi- 
chol  sa  femme  a  fait  sauver.  Les  figures  sont  pitoya- 
bles, tout  le  reste  est  d'une  lourdeur  assommante,  et 
la  perspective  du  plus  mauvais  goût.  On  pourrait  a. 
cet  égard  rapporter  ce  morceau  au  tems ,  et  peut  être 
à  l'un  des  sculpteurs  qui  avait  travaillé  pour  l'Annon- 
ciation dirigée  par  Pellegrini.  La  ligne  horizontale 
placée  trop  bautj  le  point  de  distance  excessivement 
rapproché  donnent  au  terrein  ,  sur  lequel  posent  les 
groupes,  une  élévation  qui  le  fait  paraître  incliné  à 
l'horizon  ,  défaut  que  Bassi  reprochait  à  celui  de  Pel- 
legrini. Nous  sommes  fâchés  de  trouver  dans  diverses 
descriptions  qu'on  y  attribue  à  Pierre  Lasagni  le  bas- 
relief  à  côté  qui,  dit-on,  représente  la  vision  de  Da- 
niel, ce  qui  a  besoin  aussi  d'une  explication.  Même 
défaut  dans  la  perspective  (i),  aucune  expression  dans 


(i)  Ceux  qui  observent  les  raonumens  des  XIII  ,  XIV  et  XV  siècle, 
savent  que  les  sculpteurs  prodiguaient  ,    dans  les  bas-reliefs ,  des  elfets 


la  figure  de  Daniel,  point  de  mouvement  dans  sa  pose. 
Que  font  là  ces  gros  animaux  qui  se  groupent  avec 
lui?  Leur  disposition    «'indique    en    rien    qu'ils  sont 
une  simple    vision.    De    pareils    ouvrages    u'ont    rien 
offert  à  l'ambition,    à    l'émulation    des    artistes  mo- 
dernes qui  ont  été  chargés  de  continuer  ces  sculptu- 
res. Ou  est  si   facilement  supérieur  à  de  tels  rivaux! 
Nous  avons  lieu  d'être  plus  contens  des  deux  bas- 
reliefs  supérieurs,  qui  sont  de  Louis  Bussola.  Le  pre- 
mier  représente  le   sacrifice   du  prophète    Elie.  Dans 
le  second ,   uu   ange  annonce  au  père  de  Samson  que 
sa  femme  mettra  au  monde    vin  enfant  robuste.  Les 
deux  figures  de  ronde    bosse    représentent    l'évangé- 
liste  S.  Luc ,  l'autre  S.   Jeau.  La  première  ,  sculptée 
par  Grazioso  Rusca  ,  offre   une    belle    exécution ,  on 
désirerait  seulement  que  la  draperie   fut  moins  tour- 
mentée de  plis  ,  quoiqu'ils  soient  d'un   bon   goût.  La 
seconde,   de   Camille  Pacetti,  est  admirable,  tant  par 


de  perspective  ,  et  se  tourmentaient  l'esprit  beaucoup  pour  obtenir  des 
lignes  fuyantes  ,  soit  horizontalement  ,  soit  verticalement.  Mais  on  en 
voit  très-peu  ,  qui  n'offrent  pas  à  un  oeil  exercé  par  la  connaissance 
et  l'application  des  vrais  principes  de  la  perspective  ,  des  plans  biza- 
rement  agencés  et  des  dégradations  choquantes.  On  doit  d'autant  plus 
être  surpris  de  cela  ,  que  des  artistes  distingués  dans  la  peinture,  dans 
l'architecture ,  écrivirent ,  dès  ce  teins  là  ,  des  traités  de  perspective  , 
où  les  bonnes  doctrines  sont  exposées ,  si  non  avec  clarié ,  car  on 
était  alors  très-prolixe  ,  au  moins  avec  d'utiles  démonstrations  .... 
Au  surplus  pourquoi  nous  étonner  de  cela  ,  n'avons-nous  pas  encore 
de  nos  peintres  modernes  qui  ne  se  doutent  pas  des  premières  règles 
de  la  perspective  ?  nous  pourions  même  en  citer  dont  les  noms  ont  re- 
tenti en  Europe.  Pour  en  revenir  aux  bas-reliefs  de  perspective  ,  nous 
citerons  comme  des  modèles  à  suivre  en  ce  genre  ceux  du  Campo  S.  Gio- 
vanni e  Paolo  à  Venise  ,  et  la  plupart  des  bas-reliefs  placés  autour  du 
choeur  de  notre  église. 


<-ef  7  O  )»-► 
scs  belles  proportions,  par  son  altitude  noble,  que  par 
Ja  beauté  de  la  tête  qui  a  quelque  chose  de  divin. 
Sur  le  flanc  du  pilastre  est  encore  un  bas-relief  al- 
légorique ,  et  nous  serons  obligés  aussi  de  copier 
nos  devanciers,  pour  dire  que  l'arbre,  est  un  frêne, 
auprès  d'uue  espèce  de  croix ,  comme  celle  que 
Moïse  éleva  dans  le  désert  ,  pour  placer  le  serpent 
d'airain.  Nous  dirons,  si  l'on  veut  s'en  conteuter, 
que  cette  composition  fait  allusion  à  la  Vierge  qui 
maudit  le  serpent,  en  lui  appliquant  les  paroles  de 
la  GeDèse.  Au-dessus  est  le  quatrième  buste  d'un 
Archevêque.  Ici  se  trouve  la  quatrième  porte,  sem- 
blable aux  autres  pour  la  beauté  de  ses  ornemens. 
Le  bas-relief  représente  Jaël  clouant  sur  le  pavé  la 
tête  de  Sisara  endormi.  L'invention  est  encore  de 
Crespi  dont  on  voit  le  dessin  dans  les  salles  des 
archives ,  et  il  a  été  sculpté  très  bien  par  Lasagni , 
ce  qui  nous  fait  douter  encore  qu'il  soit  l'auteur 
du  Daniel,  car  celui-ci  est  trop  différent  aussi  du 
groupe  d'auges  sous  la  porte  qui  est  du  même  au- 
teur (v.   PI.  X). 

Le  bas-relief  qui  orne  la  fenêtre,  au-dessus,  est 
de  Denis  Bussola  ,  et  représente  Elie  endormi. 

Le  pilastre  suivant  n'a  que  trois  bas-reliefs.  Celui 
du  flanc  représente  la  tour  de  Babel ,  ouvrage  d'A- 
médéc  Benincuore.  Les  lignes  perspectives  sont  mieux 
entendues  que  dans  les  précédens:  mais  pour  donner 
une  idée  de  la  hauteur  immense  de  l'édifice  prin- 
cipal ,  la  maison  qui  en  est  près,  est  beaucoup  trop 
grande.  Le  bas-relief  du  milieu,  en  face,  sculpté  par 
Grazioso  Rusca ,  représente  le  triomphe  de  David 
après  avoir  tué  le  géant  Goliath.  C'est  à  tort  qu'un 


*-&(  a  i  )»-* 

écrivain  milanais  de  nos   jours  a  dit,  que  le  défaut  à 
remarquer  dans  cette  composition,  est  que  David  tient 
l'épée   de   la   maiu    gauche.  Sans  doute  si  l'action  le 
présentait  coupant  la  tête    de   son  ennemi,   ce  serait 
un  défaut  impardonnable,   et  M.  Rusca  n'y  serait  sû- 
rement pas  tombé  ;   mais  ici,   David  présente   la  tête 
qu'il   vieut  d'abbaltre,  et  il  est  naturel   qu'il   ait  passé 
cette   épée  colossale,  sur  laquelle  il  s'appuye ,  dans  la 
main   gauche  ,  pour    relever  de  la  droite  le   chef  du 
géant,   et    l'offrir    à    la  vue    des    deux    armées.    Car 
enfin  ,  le  jeune  David  n'a  pu  se   servir  de  cette  épée 
si  lourde   (nous   nous   servons   du  mot  usité   chez  les 
anciens.    Gladium  ,  selon  le  texte  de  l'Écriture,   est 
une   épée   à  pointe   et  à  tranchant)    qu'en    la    tenant 
des  deux  mains  pour  frapper.  Avant  de  taxer  d'igno- 
rance un  artiste  ,  distingué  d'ailleurs,  il  faut  examiner 
et  réfléchir  (  v.  PI.  XI). 

Esaù  vendant  à  son  frère,  son  droit  d'ainesse  pour 
un  plat  de  lentilles,  est  le  sujet  du  bas-relief  au- 
dessus,  qui  est  de  Ribossi.  La  belle  statue  de  l'a- 
pôtre S.  André  est  de  Gaétan  Monli  de  Milan  (on 
le  désigne  ainsi  pour  le  distinguer  de  Mouti  de  Ra- 
venne,  autre  sculpteur,  d'un  égal  mérite,  qui  habite 
aussi  dans  cette  ville,  heureuse  de  la  possession  des 
Monti,  car  elle  compte  encore  au  nombre  des  habi- 
tans  qui  l'honorent  par  leur  génie,  le  célèbre  poète 
du  même  nom).  On  voit  sur  le  flanc  du  pilastre, 
près  de  la  dernière  porte,  Noé  qui  supplie  Dieu  de 
faire  cesser  le  déluge.  Ce  bas-relief  est  de  Jérôme 
Marchesi  d'après  un   dessiu  de  Grazioso  Rusca. 

Le  bas-relief  placé  au-haut  de  la  cinquième  porte 
est  de  Gaspard  Vismara  d'après  un  dessin  du  même 


<— a(  "il  )s»-+ 

Crespi  dit  Cerano.  Il  représente  la  reine  de  Saba  of- 
frant des  présens  à  Sale-mou.  Cette  figure  de  femme 
montre  tout  plein  de  grâce  dans  une  attitude  contrainte 
par  le  peu  de  hauteur  du  bas-relief.  Le  groupe  d'au- 
ges du  plafond,  qui  est  du  même  sculpteur,  anuonce 
beaucoup  de  talent.  Le  bas-relief  d'Agar  dans  le  de^ 
sert,  qui  est  de  lui  aussi ,  dans  le  fronton  de  la  fe- 
nêtre ,    confirme   encore   notre  jugement. 

Arrivés  au  dernier  pilastre,  formant  l'angle  de  l'é- 
difice, du  côté  et  eu  face  du  Coperto  de  Figini,  nous 
trouvons  sur  le  flauc  ,  près  de  la  porte,  sur  le  dé, 
un  bas-relief  représentant  Abel  offrant  un  sacrifice  ; 
figure  trop  grêle,  peu  d'expression  dans  la  pose.  Deux 
bas-reliefs  sur  la  face  antérieure ,  le  premier  sujet 
est  Gédéou  se  disposant  à  combattre  les  Madianites. 
L'ange  est  d'une  lourdeur  iusuportable,  la  tête  est 
sans  noblesse  ,  le  Gédéou  n'est  pas  d'un  meilleur 
style,  le  bras  gauche  sur-tout  est  d'un  mauvais  des- 
sin ,  ces  trois  morceaux  sont,  de  Charles  Marie  Giu- 
dici,  ou  peut-être  de  ses  élevés,  car  ce  serait  faire 
tort  à  son  talent  que  de  les  lui  donner  entièrement.  Le 
bas-relief  Samson  terrassant  un  lion  est  beaucoup 
au-dessus  des  trois  précedens,  il  y  a  du  mouvement 
dans  la  figure,  et  plus  de  correction  dans  le  dessin.  Il 
est  de  Joseph  Buzzi.  Les  deux  bas-reliefs  au-dessus 
représentent,  le  premier,  Caiu  tuaut  son  frère  Ahcl, 
le  même  style  mesquin  attribuée  à  Giudici  se  fait 
appercevoir  dans  ce  morceau.  On  préférera  fixer  les 
regards  sur  l'autre  qui  est  de  Rusca,  il  représente 
l'incendie  de  Sodome. 

Les   deux  figures  de  ronde-bosse  sont  l'une,  S.  Phi- 
lippe-  de    Pompée    Marchesij    l'autre,  S.    Thomas  ; 


«-»(  7  3  )ss— » 
celle-ci  fut  laissée   ébauchée  par  Barthelemi  Ribossi, 
sculpteur  de   mérite ,   et  elle   fut    terminée  ,   après  sa 
mort,  par  Pompée  Marchesi.  Dans   ces  deux  statues 
cet  artiste   a   montré  un  graud   talent  (i). 

La  partie  latérale  du  pilastre   qui  fait  face  à  la  rue, 
est  ornée    aussi    de    quatre  bas-reliefs,    deux    grauds 
sur  le   dé,  et  deux  supérieurs  plus    petits.    Le    pre- 
mier représente  Samson  chargé   des    portes    de  Gaza 
qu'il  a  enlevées.  Le  morceau    est    de    Joseph  Buzzi. 
11  n'y  a   rieu   à  désirer,  selon   nous,  que   plus   de  ca- 
ractère dans  la   tète.  La  physionomie   est  trop  jeune. 
L'autre  bas-relief,     de    Ribossi,    nous  offre   Absalon 
suspendu   par  les   cheveux,   et   prêt   à  être    percé  par 
Joab.  D'abord  le   choix  du  sujtet  nous  paraît  mal  fait, 
car   il  était  impossible  d'en   former    une  composition 
heureuse,  naturelle,   et  vraisemblable  dans  cet  espace 
si  étroit  et  si  peu  élevé.    Aussi    les  pieds  d' Absalon 
touchent  presque  à  terre  ,  quoijue  l'artiste,   pour  le 
faire   voir  suspendu,   ait  ramassé  ses  membres  d'une 
manière    bizarre,    et    cette    figure    est    à    peine  plus 
élevée  que  le  cheval  sur  lequel  est  monté  Joab.  Cet 
animal  ne  rend  pas  la  scène  intéressante  ,    car  il  est 
impossible   d'en   voir  un   plus    mal  dessiné.  Les  deux 
bas-reliefs  au-dessus,    qui    sont  d'un  meilleur    style, 


(i)  Nous  engageons  les  amateurs  des  arts  et  les  professeurs  qui  voya- 
ient en  Italie  pour  admirer  les  ouvrages  dont  elle  est  si  riche j  d'aller 
à  Sarouno,  disïant  de  Milan  de  4  lieues.  11  y  verra  outre  les  fameuses 
peintures  à  fresque  de  Bernardino  Luini ,  un  superbe  bas-relief  de 
Pompée  Marchesi  représentant  la  descente  de  Croix,  où  les  figures  sont 
de  proportion  naturelle.  On  peut  même  se  procurer  la  vue  du  modèle 
que  conserve  l'auteur  dans  son  atelier  ,  et  il  donnera  une  idée  de  ce 
que  peut  être  l'exécution  soignée  en  marbre  de  Carrare  de  ce  magni- 
fique tableau  de  relief. 


et  du  ciseau  de  Buzzi,  représentent,  l'un  la  fuite  d'A- 
gar,  et  l'autre  Agar  engagée  par  un  ange  à  retourner 
dans  la  maison   d'Abraham  d'où  elle  avait  fui. 

On  a  pu  remarquer  que  dans  tous  ces  bas-reliefs 
on  n'a  pas  choisi  une  suite  de  faits  historiques  qui 
eussent  de  l'analogie  avec  la  Vierge  à  laquelle  cet 
édifice  a  été  consacré;  tout  a  été  pris  au  hazard 
dans  l'Histoire  sacrée,  et  assez  souvent  peu  heureu- 
sement pour  l'exécution.  C'est  que  les  commissions 
qui  présidaient  à  ces  travaux  se  sont  chargées  seu- 
les de  donner  les  programmes,  et  comme  il  n'arrive 
que  trop  souvent  ces  programmes  mettent  des  en- 
traves à  l'imagination  des  artistes  ,  étouffent  leur 
génie  ,  et  eu  dernière  analyse  déshonore  leur  talent. 
Malheureusement  la  fortune  ne  sourit  que  très-rare- 
ment aux  artistes,  comme  aux  hommes  de  lettres, 
et  sur-tout  dans  la  classe  des  sculpteurs,  parceque 
leurs  travaux  ne  conviennent  qu'à  de  grands  monu- 
mens.  Alors  le  besoin  de  travailler  les  force  à  rece- 
voir des  lois.  Combien  il  serait  à  désirer  qu'ils  fussent 
tous  dans  une  telle  position  à  rejetter  des  programmes 
qui  bien  loin  de  leur  ouvrir  des  ressources  pour  de 
belles  compositions  ,  ne  lui  présente  au  contraire  que 
des  sujets  ou  mesquins,   ou   bizarres  à  exécuter. 

Les  deux  figures  de  ronde-bosse  sont  les  apôtres 
Mathieu,  par  Jacques  De  Maria  de  Bologne,  artiste 
distingue,  et  Simon,  d'Antoine  Rusca  neveu  de  Gra- 
zioso  Rusca.  Pizzi  en  a  fourni  le  modèle.  Une  troi- 
sième statue  placée  sur  le  flanc  du  pilastre  ne  sou- 
tient point  la  comparaison  avec  celles  que  nous 
venons  de  décrire. 


«— «(   r  5  )»- * 

Au-dessous  on  a  mis  l'inscription  suivante. 

ANNO  •  MDCCXCV 

FRONS  ■  TEMPLI 

JVRE  •  CONLIGENDAE  •  STIPIS 

EX  •  INDVLGENTIA  •  AYG  ■  N. 

RESTITVTO 

AB  ■  DEXTERA  •  PARTE 

ELEVARl  •  ORNARIQVE  •  COEPTA  ■  EST 

DECRETO  •  XX  ■  "VIRVM 

JOSEPHO  •  OCT  •  F  •  ROVIDA  •  COM  ■  PRAEFECTO 

THEODORO  •  GEORGIO  ■  ALEX  ■  F 

TRIVVLTIO  •  MARCHIONE  ■  CVRATORE 

Nous  n'avons  pas  fixé  l'attention  particulière  de  nos 
lecteurs    sur    toutes    les    cariatides    qui    sont  à  chaque 
pilastre.  Toutes  ne  le  méritent  pas  également.    Des  fi- 
gures lourdes,     des   têtes  ignobles,    des    poses  accadé- 
miques  ne  sont  pas  des   objets  attrayans  pour  un  ama- 
teur. Mais  il  en    est    cependant    quelques-unes   dignes 
d'être    remarquées    et    agréablement    groupées.   Ces   fi- 
gures sont  attribuées    à    Jean-Marie  Lasagni ,   à  Denis 
Bussola,  à  André  Prevosto ,    à  Grazioso  Rusca,   à  Jo- 
seph Buzzi,  à  François  et  Donat  Carabelli,   a  Charles 
Bono  et  à  Charles  Marie  Giudici.  Nous  ferons  encore 
une  remarque  au    sujet    de    ces  figures,   c'est  qu'elles 
ont  été  presque  toutes  exécutées  par  les  artistes  dans 

la  pensée  fort  naturelle    sans    doute  que  les  cariatides 

12 


<— «(  ^6  )»-» 
dans  un  grand  monument  doivent  avoir  des  formes  co- 
lossales ,  Herculéennes  ,  étaut  destinées  à  soutenir  d'im- 
menses constructions.  Mais  ici  elles  ne  sont  chargées 
que  d'une  très-légère  et  très-peu  haute  partie  d'orne- 
ment ajouté  aux  pilastres  qui  pourrait  être  détachée 
sans  altérer  en  rien  ni  la  solidité  ni  la  masse  du  pi- 
lastre ,  aussi  ces  gros  muscles ,  ces  memhres  renflés 
ne'  présentent   à  l'œil   qu'un   contresens  de   goût. 

Il  seroit  fort  agréable  de  pouvoir  observer  sans 
le  secours  d'une  bonne  Innette  les  figures  de  roude- 
bosse  placées  au  second  rang  sur  les  pilastres  du  mi- 
lieu de  la  façade  ainsi  que  celles  qui  sont  autour  des 
fenêtres  gothiques.  Les  deux  à  côté  de  la  fenêtre  du 
milieu  représentent  Moïse  et  S.  Jean-Baptiste  ,  la  pre- 
mière de  Pacetti,  la  seconde  de  Joseph  Buzzi,  les 
autres  représentent  les  prophètes,  Elie  ,  Jérémie,  Da- 
vid, Isaie,  Ezechiel ,  Michée  ,  Joël,  Osée  ;  Daniel, 
Amos  et  Zacharie.  Elles  repoudent  pour  le  style  et 
pour  l'exécution  à  celles  du  premier  rang  dont  nous 
avons  donné  les  gravures  (  v.  pi.  LV,  LVI  )  ,  et  sout 
tous  des  mêmes  auteurs,  Rusca,  Marchesi ,  Acquisti , 
Perabô  ,  J.-B.  Rusca  ,  Carabclli ,  Ftimagalli  et  Pasqua- 
li  (i).  Une  telle  magnificence  qui  se  fait  admirer  par 
tous  les  étrangers  malgré  quelques  imperfections  que 
nous  avons  fait  remarquer  exige  encore  un  complé- 
ment essentiel  ,  et  nous  ne  pouvons  dire  si  ce  com- 
plément aura  lieu  un  jour  quoiqu'iudispensable  qu'il 
soit ,  on  désireroit  voir  substituer  à  ces  portes  de  bois 


(1)  Le  David   a    e'u;   attribué   par   quelques    écrivains  à  Pizzi,  il  est 
d'Acquisti. 


presque  vermoulus  des  portes  ornées  de  superbes 
bronzes  et  de  bas-reliefs  qui  attesteraient  que  nos  ar- 
tistes ne  le  cèdent  à  ceux  du  XVI  siècle  ,  qui  ont 
produit  des  chefs-d'œuvres  en  ce  genre,  tels  que  ceux 
qui    ont  immortalisé   un  Benveouto  Celliui. 


INTÉRIEUR  DE  LA  CATHÉDRALE, 
(v.  PI.  XII). 

Une  grande  pensée  nait    dans    mou  âme  lorsque  je 
lève  mes  regards  pour    mesurer    la    bauteur    de    cette 
voûte  soutenue  par  deux    rangs    de  piliers   dont  la  le- 
gerté  semble  devoir  plutôt    lui  servir  d'ornement,  tant 
ils  s'élancent  avec  grâce   et  hardiesse.  La  tinte  un  peu 
sombre   qui  domine  dans  ce   temple   et  qui  n'est  inter- 
rompue que   par  le  nuage  argenté  qu'y  porte  la  fumée 
du  parfum  qu'on  brûle  devant  l'autel ,  ajoute  encore  à 
l'incertitude    sur    l'élévation  de  la  grande  nef.  On  dé- 
truirait ce  charme  si    l'on    substituait  aux  vitraux  co- 
lorés des   cristaux  blaucs    qui    laisseraient  le   passage   à 
d'immenses    faiseaux    de    lumière.    Que    l'homme    est 
petit  dans    le    temple  de   l'Etemel.  Voilà  ce  que  je 
sens.  Le  ministre  des    autels,    couvert  de  la  pourpre, 
le  souverain,  décoré  de  tous  les  ordres  qui  s'humilie 
devant  le   simbole  de  la  divinité,  le  cortège  nombreux 
de  ses  courtisans   qui  l'oublient  pour  abaisser  leur  front 
en  présence  de   celui  qui  domine    sur  toutes  les  puis- 
sances- ces  beautés    si    superbes    parées    de   toutes  les 
gra- es  ,  et  le  triste    mendiant  qui  sollicite  des  secours 
au  nom  de  la    religion ,   tous    ont    sous    ces  voûtes  la 


•*■-«(  r  8  )»-» 
même  proportion  (i).  Le  chant  d'un  choeur  de  musi- 
ciens soutenu  par  les  sons  harmonieux  de  l'orgue  ajoute 
à  la  profonde  impression  qu'on  éprouve ,  celle  que  pro- 
duit une  musique  religieuse  dans  ces  beaux  édifices  où 
sont  alors  rassemhlés  les  fidèles.  C'est  tout  autre  chose 
que  d'y  entrer  lorsque  le  silence  y  règne,  lorsqu'on  y 
voit  à  peine  quelques  individus  s'y  promenant  ou  par 
pure  curiosité ,  ou  nonchalamment.  Je  trouve  que  l'ar- 
chitecture gothique  est  plus  propre  que  toute  autre  à 
créer  ces  sensations. 

Le  plan  de  cette  église  est  une  croix  latine  à  cinq 
nefs  jusqu'au  choeur,  autour  duquel  elle  est  restreinte 
à  uue  seule,  la  seconde  ayant  été  prise  pour  les  deux 
sacristies.  Son  chevet  est  placé  vers  l'orient.  Nombre 
d'églises  catholiques,  hâties  dès  les  premiers  teins  du 
christianisme ,  ont  consacré  cet  usage  de  tourner  le 
lieu  où  se  célèbrent  les  mystères  vers  le  point  de 
notre  globe  où  se  lève  l'astre  qui  lui  dispense  la  lu- 
mière et  la  chaleur  (2).  Tous  les  peuples  ont  rendu 
uue  espèce  de  culte  au  soleil  en  raison  des  bienfaits 
qu'il  procure  à  la  terre  et  à  ses  habitans.  Nous  voyons 
que  la  religion  chrétienne,  elle  même,   en   a  conservé 


(1)  C'est-la  le  moment  que  notre  Miliara  a  choisi  pour  représenter 
depuis  quelques  années  dans  divers  tableaux  qui  attestent  un  talent 
supérieur  ,  le  bel  ensemble  de  l'intérieur  de  l'église  dont  nous  allons 
nous  occuper.  Que  le  voyageur  curieux  de  voir  de  belles  choses  après 
avoir  parcouru  la  Cathédrale  de  Milan  se  procure  la  vue  d'un  de  ces 
tableaux  chez  M.  le  Comte  Melerio.  11  jugera  que  l'Italie  a  aussi  son 
Vanderncf. 

(2)  Notre  ouvrage  n'étant  pas  destiné  à  exposer  des  théories  ,  nous 
nous  servons  du  langage  vulgaire  ,  et  nous  laisserons  aux  savans  ,  aux 
physiciens  à  discuter  si  la  lumière  et  la  chaleur  émanent  directement 
de  ce  globe  qui  nous  apparaît  radieux  ,  ou  si  ce  n'est  que  l'effet  du 
mouvement  ,  etc.  etc. 


«-*(  79  )»-* 
quelques  traces  dans  la  situation    de    ses  temples,    ci 
dans  l'un  de  ses    principaux    orueinens  qui  représente 

le  soleil. 

Les  deux  bras  de  croix  ne  sont  saillans  sur  le  corps 
de  l'édifice  que  de  l'espace  eu  largeur  d'une  des  pe- 
tites nefs  (i). 

Cinquante-deux  piliers  ou  colonnes  auxquelles  corres- 
pondent le  long  des  murs  des  colonnes  à  moitié  enga- 
gées ,  soutiennent  ces  voûtes.  Depuis   le   bas  de  l'église 
jusqu'à  la  croix  il  y  a  neuf  entrecolonneniens    (v.   les 
pi.  XIII,  XIV,  XV).  Le-,   quatre  piliers  qui  soutiennent 
la  coupole   n'ont    qu'un   cinquième    de     plus  dans  leur 
diamètre.   M.  Milliu   a   très-mal    décrit  ces  colonnes   en 
disant  que   toutes   sont  cannelées;  ce   qui  n'a  pas  heu 
dans  le  gotique.  Elles  sont  groupées  ;   une  grosse  co- 
lonne  forme   le   centre  ,    buit    autres    dont  quatre   plus 
petites  de   diamètre   l'environnent  ,  et  y   sont  engagées 
à  plus    de    moitié,    de    sorte  que     le   plan    forme   un 
octagone  qui  est  eu   effet  tracé   par  la   base,  dont  tous 
les   membres  ont    le    caractère    gotique.    Les  colonnes 
sont  toutes  couronnées   par  des    chapiteaux  d'un   goût 
tout-à-fait  singulier.    On   ne   pourrait    en    les    décrivant 
en  donuer  une  idée,    il    faut  être   aidé   du  secours  de 
la   gravure    (  v.    les    pi.    XVII,    XVIII  ,     XIX,    XX). 
Nous    nous  sommes  bornés   à  ces  quatre   dessins   pour 
les    faire    connoître    d'une     manière     plus    exacte    que 
dans  les  ouvrages    qui    nous   ont  précédé.    On   en   at- 
tribue   l'invention   à  Phiiippiuo  de   Modène    (il    vivait 


(i)  Nous  suspendons  de  donner  ici  les  mesures  de  la  hauteur  et  de 
la  largeur  de  l'e'difice  et  de  ses  parties  principales;  elles  seront  rap- 
portées dans  une  tabelle  à  la  fin  de  l'ouvrage. 


<— e(  80  )sè— » 
dans  le  quatorzième  siècle  )  qui  a  su  répandre  de 
la  variété  dans  les  ornemeus  et  dans  les  espèces  de 
lanternes.  La  planche  XIX  fera  voir  quel  degré  de 
richesse  l'artiste  a  su  leur  donner,  puisqu'on  y  trouve 
quatre  rangs  de  figures  de  différentes  proportions.  Au- 
dessus  de  ces  chapiteaux  s'élèvent  des  groupes  de 
petites  colonnes  engagées  dans  le  mur  qui  se  ter- 
minent à  la  voûte.  Les  arcs  entre  les  piliers  sout 
aigus  et  sans  ornement.  Le  mur  supérieur  est  percé 
d'autant  de  fenêtres  de  forme  gothique,  mais  sans 
élégance  car  elles  paraissent  trop  petites  pour  ce  vais- 
seau, sur-tout  étant  comparées  à  celles  immensément 
hautes  et  étroites  de  la  petite  nef  en  has.  La  voûte 
est  formée  par  des  arcs  en  ogive  el  en  berceau  ;  on 
vient  d'y  peindre  des  oinemens  arabesques  dans  le 
style  dit  gothique  ;  el  à  cette  distance  l'illusion  est  si 
complette  qu'il  faut  être  bien  averti  pour  ne  pas 
croire  que  toute  la  voûte  est  ornée  au  ciseau.  C'est 
un  grand  travail  qui  mérite  d'être  admiré  tant  par  son 
étendue  que  par  son  exécution  ;  il  a  été  diiigé  par 
M.  Felice  Alberli.  On  est  si  accoutumé  à  Milan  à  voir 
des  plafonds  de  sallous,  de  théâtres,  décorés  de  belles 
peintures  imitant  les  reliefs,  que  personne  n'y  est  plus 
étonné  ,  et  qu'on  laisse  aux  étrangers  ce  sentiment 
qu'ils  n'éprouvent   pas   ailleurs  au  même   degré   (1). 


(1)  Mous  avons  négligé  de  faire  porter  les  yeux  des  curieux  an-bas 
de  cette  nef  sur  une  caisse  suspendue  à  la  voûte  ,  que  ne  manquent 
pas  d'indiquer  les  Guides  de  Milan  et  les  Ciceroni  de  l'église.  C'est 
une  machine  en  bois  peinte  avec  des  anges  dans  des  nuages  qui  sert 
à  élever  jusqu'au  haut  de  la  voûte,  au  moyen  de  poulies  mondées 
et  d'un  cabestan  ,  chose  assez  ordinaire  ,  des  chanoines  et  un  notaire 
le  jour  où  l'on  doit  célébrer  la  fête  del  Santo  Chiodo  ,  du  S.  Clou  , 


<— s(  8  1    Ja-* 

Nous  avons  sons  nos  pieds  à  l'entrée  dos  nefs  une 
belle  méridienne  tracée  sur  le  pavé,  en  l'an  1786, 
pur  les  astronomes  de  l'observatoire  de  Brera.  Un  petit 
trou  fait  dans  la  voûte  de  la  seconde  nef  donne  le 
passage  à  uu  rayon  de  soleil  pendant  toute  l'année. 
Ceux  qui  sont  curieux  de  donner  un  cours  réglé  à 
leurs  montres  viennent  se  grouper  autour  de  celte 
méridienne  et  guetter  le  passage  rapide  de  l'astre  sur 
la   ligne  de   bronze   qui    traverse   toutes  les   nefs. 

On  a  construit  au  dedans  des  trois  portes,  probable- 
ment par   suite   de  la  licence  permise  à  Pcllegnni,  des 
entrées  d'arcliitecture   moderne,    dessinées    par    Fabius 
Manaoue.  Cette   décoration  n'a  de  remarquable  que  les 
deux  belles  colonnes  corinthiennes  de  granit  de  la  porte 
principale,  de   Baveno  sur  le   Lac   Majeur,  et  qui  ont 
reçu  un  beau  poli.   Elles   sont  d'un  seul  morceau  de  la 
hauteur  de   m.  1  0,700  aiant  les  bases  et  les   chapiteaux 
en  marbre;   hauteur  totale  ni.  12,800.  Les  pied-droits 
sont  du  même   grauit   et  également  d'un   seul   hloc   fort 
épais.  Que   l'on    juge    quel  travail  il  a  fallu   employer 
pour  tirer  ces  morceaux  de  la  carrière,  pour  les  tailler, 
les  profiler  ;  sur-tout  les  pied-droits  à  moulures,   que  de 
soins  et  de  difficultés  pour  les  transporter  et  les  mettre 
en   place.    La    dépense    portée    sur    les    registres  s'est 
élevée   à  liv.  56ooo  milanaises.    Au-dessus  de   l'inteuil 
de    la   porte   est  l'inscription  suivante   en   caractères  de 
bronze  dans  un   tableau   de   marbre   encadré  d'une  ma- 
nière trop  bizarre    pour    servir  de  modèle  :    car ,    l'œil 


que  l'on  tient  tout  Tannée  place'  dans  un  reliquaire  au-haut  de  la  voûte  , 
crainte  qu'on  ne  l'enlève  aux  Milanais.  L'atlluence  que  ce  jour  attire 
dans  la  ville  est  considérable. 


s'est  fatigué  d'une  multitude  de  petits  angles  et  de 
ressauts  que    l'artiste   y   a  prodigués. 

ARAM      MAXIM  VM 

MARTINVS  •  P  •  P  •  V 

TEMPLVM  •  D  •  CAROLVS 

CONSECRARVNT 

Cet  authentique  prouve  que  le  maître  autel  consacré 
le  ;6  octobre  1418,  le  fut  par  le  pape  Martin  V.  Il 
rappelle  aussi  que  l'église  fut  consacrée  par  S.  Charles 
Borromée   en    i5-y2,  le    20  oct.  (v.   pi.  XVI). 

Cette  décoration  est  surmontée  d'une  balustrade, 
qui  correspond  à  celle  de  dehors  à  la  fenêtre  appelée 
des  Homélies  ;  au  reste  on  retrouve  dans  l'exécution 
des  ornemens  la  même   beauté   qu'à   cens   du    dehors. 

Celle  belle  entrée  n'est  pas  masquée  comme  le 
sont  les  quatre  petites  ,  du  même  style ,  par  ces  tam- 
bours (jue  l'on  place  dans  les  églises,  assez  maladroi- 
tement pour  la  majesté  de  l'édifice,  et  ces  mêmes 
tambours  correspondent  aussi  peu  que  les  portes  eu 
bois  à  la  richesse  de  tous  les  ornemens  qu'on  admire 
aux  portes.  Sans  doute  lorsque  le  pavé  sera  terminé , 
ces  boiseries  seront  remplacées  par  quelque  chose  de 
plus  noble.  Mais  nous  décrivons  ce  qui  existe  en  ce 
moment. 

Le  pavé,  qui  se  continue  avec  activité,  est  un  marbre 
en  mosaïque  à  ornemens  incrustés  (v.  pi.  XXI  ).  Ce 
travail  s'exérute  dans  les  ateliers  qui  sont  vers  la 
plajcc  dite   Campo  Santo. 


■*-«(  8  5  )»— ► 

Sur  la  gauche,  sont  placés,  entre  le  premier  et   le 
second    pilier ,    les    fonds    baptismaux.    (  v.    pi.   XXII  ). 
Quatre  colonnes  de  marbre,  d'ordre  corinthien,  élevées 
sur    de    hauts   piédestaux  ,    ayant    leurs  chapiteaux  de 
bronze,  soutiennent  quatre   frontons.   Au  milieu  de  cet 
espace,  où  figure   assez   mal  une   armoire  en  bois  ,   est 
une   cuve  de  porphyre,   très-peu    élevée  de  terre  (i). 
On  a  dit  qu'elle  avait  renfermé  les  corps  de  S.  Denis  , 
et  ceux  de  quelques  autres  martyrs,  mais  ce  qui  pa- 
raît certain  est  que  ce   fut  une  baignoire ,  ce   qui  peut- 
être    indiqué   par  un   mascaron    sculpté    sur     une    face 
de  mauvais  goût ,  qui  aunouce  la  décadence  de    l'art. 
On  croit  qu'elle  a  servi  dans  les  thermes  de  Maximien  , 
bâtis  dans  le  lieu  où  est  présentement  l'église  de   S.  Lo- 
renzo ,    dont    il    reste    de    belles  colonnes  de   marbre  , 
qu'on  voit  daus  la  rue  ,  qui  mène  à  la  porte  Ticinese. 

Ceux  qui  auront  sous  les  yeux  ces  fonds  baptismaux 
dont  le  dessin  a  aussi  très -peu  de  rapport  avec  l'en- 
semble de  l'édifice,  chercheront  dans  notre  gravure 
les  figures  qui  sont  posées  sur  les  architraves  et  sur 
les  frontons.  Comme  elles  ne  sont  que  de  plâtre  ,  et 
qu'elles  ne  furent  établies-là  que  pour  une  cérémonie 
de  baptême  que  l'on  crut  rendre  plus  pompeuse  en 
augmentant  les  ornemens  (  opinion  aussi  fausse  qu'iu- 
sensée  en  matière  d'art),  nous  avons  jugé,  comme 
tous  les  gens  de  goût ,  qu'il  serait  à  désirer  qu'on  en 
débarassàt  ce  monument,  et  nous  avons  commencé  par 
les  supprimer  dans  notre  dessin. 


(i)  Le  baptême  ,    selon  le  rit  Ambrosien  ,    s'administre  par  l'immer- 
sion de  ld  le  le  de  l'enfant. 

i5 


Mais  nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  faire  re- 
marquer ie  défauts  de  celte  composition  de  Pellegrini, 
qui  voulait  à  toute  force  mélanger  le  grec  ,  le  romain 
au  gothique.  Elle  donna  lieu  à  une  éclatante  dispute 
entre  lui  et  Martin  Bassi  dont  l'opinion  fut  appuyée 
des  autorités  respectables  de  Palladio,  de  Vignola ,  et 
d'autres  artistes.  Le  tout  est  consigné  dans  un  imprimé 
sous  la  date  de  1672  intitulé  Dispareri  in  matériel 
di  Prospetliva  ,  etc.  Brescia.  Cet  artiste  reproche  à 
Pellegrini  d'avoir  fait  l'entrecolonnement  trop  large  et 
contraire  aux  règles  les  plus  simples  de  l'archiiec- 
ture  (1);  de  sorte  que  pour  soutenir  son  architrave  il 
a  du  employer  des  liens  de  fer,  et  qu'il  a  du  aussi 
renoncer  à  l'idée  de  son  dessin  qui  portait  une  petite 
coupole  ,  et  d'orner  les  quatre  frontons  de  figures  de 
ronde-bosse.  Bassi  trouve  les  colonnes  trop  grêles  ,  et 
l'usage  des  piédestaux  déplacé ,  s'appuyant  sur  ce  que 
les  anciens  ne  les  employèrent  que  pour  les  arcs  de 
triomphe. 

Pellegrini  dans  une  conférence  devant  le  Chapitre  et 
les  Commissions ,  avoua  que  Tentrecolonnement  était 
disproportionné  et  contre  les  règles  ,  et  annonça  aussi 
qu'il  y  avait  trouvé  remède ,  ce  fut  de  lier  les  pierres 
de  l'architrave  et  les  colonnes  par  des  liens  en  fer , 
ce  qui  ne  remédiait  qu'au  défaut  de  solidité. 


(1)  Martin  Bassi  rappnrta  flans  la  dispute  qui  eut  lieu  en  plein  Cha- 
pitre ,  ces  paroles  de  Vitruve  :  Diastigli  autem  haec  erit  compositio , 
cum  trium  columnarum  crassitudinem  intercohimnio  interponere  por- 
sumus  ,  ut  est  Apollonis  et  Dianae  aedis.  Léon  Baptisla  Albcrli  ra- 
pelle  ce  principe  ,  chap.  7,  liv.  5,  tandis  qu'ici  l'entrecolouaement  est 
de  six  diamètres. 


<-œ(  85  )a— ► 

Comme  trop  souvent  la  prévention  en  faveur  d'un 
homme  à  réputation  prévaut ,  malgré  ses  erreurs  (  et 
Pellegrini  fut  forcé  de  les  avouer)  sur  l'opinion  raison- 
nable de  qui  ne  peut  pas  lui  opposer  encore  un  nom 
aussi  connu,  il  fut  rendu  par  les  Commissaires  une 
espèce  d'ordonnance  qui,  sans  desaprouver  entièrement 
Martin  Bassi  ,  défendait  de  parler  de  ces  choses  da- 
vantage. Arrêté  assez  ridicule  pour  une  commission 
dans  laquelle  on  comptait  des  hommes  remplis  de  con- 
noissauces  sur  les  beaux-arts. 

Comme  nous  n'avons  rien  de  plus  à  observer  dans 
cette  grande  nef  (  qui  n'a  pas  été  déparée  par  des  pe- 
tites chapelles  adossées  à  ses  piliers,  comme  on  eu  voit 
dans  beaucoup  d'églises  antiques  et  modernes  ,  ce  qui 
interrompt  désagréablement  la  ligne  fuyante  perspective 
qui  prononce  la  profondeur  de  l'édifice),  nous  nous 
rejetterons,  sur  notre  droite,  dans  les  nefs  latérales 
dont  le  sol  est  de  niveau.  La  seconde  n'a  également 
rien  de  curieux  ,  sinon  que  les  colonnes  semblent  di- 
visées eu  deux  parties  à  raison  de  la  différente  hau- 
teur des  voûtes.  Les  chapiteaux  sont  de  la  même 
forme  que  ceux  de  la  grande  nef  et  à  la  même  hau- 
teur, mais  il  n'y  en  a  qu'une  moitié.  Sur  l'autre  moi- 
tié opposée  du  pilier  est  placé  un  chapiteau  plus 
simple  et  beaucoup  plus  bas ,  ce  qui  produit  un  effet 
singulier  vu  daus  l'ensemble.  Observons  que  l'usage 
coustant  dans  les  fabriques  eu  Italie  ,  de  lier  les  arcs 
des  voûtes  par  des  barres  de  fer ,  a  également  prévalu 
ici.  Cette  méthode  semble  accuser  à  tort  peu  de  solidité 
dans  la  construction  ,  puisqu'on  a  eu  recours  à  un 
tel  moyen  qui  plaît  peu  à  l'œil.  Ce  désagrément 
n'existe  pas  dans    les    églises    des    autres  pays  ;  on  le 


<-«(  86  )»-► 
prodigue  ici  jusque  dans    les    galeries   et  les  portiques 
des  palais  et  des  hôtels  particuliers. 

Nous  avons  peine  à  croire,  quoique  quelques  écri- 
vains qui  nous  ont  précédé ,  l'avancent  d'après  des 
actes  tirés  des  archives,  que  ce  soit  Pellegrini  qui  ait 
fait  les  dessins  des  peintures  des  vitraux  de  notre  église- 
La  quantité  en  est  immense,  car,  en  ne  parlant  que 
des  grandes  feuêtres  eu  has ,  nous  en  comptons  trente- 
deux.  Or  comme  chaque  panneau  rectangulaire  qui 
contient  un  sujet  se  multiplie  dans  chacune  des  fenêtres 
tellement  que  dans  celle  du  milieu  du  chevet  il  y  en 
a  128,  on  verra  que  Pellegrini  eut  du  composer 
5,ooo  et  plus  de  modèles.  Quelque  fécondité  que  l'on 
suppose  à  un  artiste  ,  et  sur-tout  à  un  artiste  qui  n'est 
pas  placé  au  rang  des  peintres  d'histoire  ,  était-il  pos- 
sible que  celui-ci  occupé  de  sa  construction ,  des  chan- 
gemens  apportés  qui  faisait  défaire  et  refaire  les  ou- 
vrages successivement,  ayant  à  répondre  à  des  cri- 
tiques, à  des  tracasseries,  que  cet  architecte,  dis-je, 
eut  trouvé  le  tems  d'inventer  et  de  peindre  tant 
de  sujets.  Malgré  l'obligation  qui  lui  fut  imposée  de 
faire  de  ses  propres  mains  omnia  et  singula  de- 
signia  in  pictura  quae  sunt  et  erunt  necessaria 
pro  invetriati  (i56^  extrait  des  archives).  Nous 
consentirons  volontiers  que  par  cette  coudition  ou 
lui  ait  donné  la  faculté  de  choisir  les  peintres  ,  de 
leur  indiquer  les  morceaux  à  exécuter ,  et  de  diri- 
ger en  tout  leurs  travaux  ;  ce  sera  bien  assez  même 
pour  sa  gloire.  Nous  désirerions  pouvoir  satisfaire  en 
même  tems  à  un  devoir  envers  ces  artistes  et  à  la 
curiosité  des  amateurs,  en  leur  donnant  les  noms  des 
principaux  peintres    de    ces  vitraux,  car    eu    admirant 


— 8s(  87    )°~* 

la  variété  des  compositions ,  de  belles  têtes ,  de  la 
richesse  dans  les  détails  des  sujets ,  une  grande  in- 
telligence dans  l'assemblage  des  couleurs ,  on  désire 
en  connoîlre  les  auteurs.  Mais  rien  ne  nous  a  paru 
certain  sur  les  notions  qu'ont  produit  les  recherches 
faites  dans  les  papiers  de  l'église  ,  et  nous  crain- 
drions d'attribuer  beaucoup  trop  à  ceux  qui  sont  dé- 
signés dans  les  archives  sous  le  titre  de  Maïstro  de 
fenestres  de  vetro  ;  de  Magister  a  Vetriatris ,  dont 
le  talent  se  bornait  peut-être  à  découper  sur  les  car- 
tons du  peintre  ,  les  verres,  et  de  les  réunir  d'après  le 
dessin  ,  par  des  plombs. 

La  première   chapelle   est  dédiée  à   S.   Agathe.  Elle 
est  de   marbre  blanc   et  noir    uni,    ornée    par    six   co- 
lonnes   de    celte    couleur,    entre    lesquelles    sont  pla- 
cées deux    figures    de    ronde-bosse.    L'une    représente 
S.    Lucie,    et    fut    sculptée    par    André    Biffi    d'après 
le    modèle    en    terre    de    François    Brambilla  ;     l'autre 
est   S.  Christine   également  modelée    par    Brambilla    et 
exécutée   par  son  élevé  Pierre  Autoiue    Uaveno.  Elles 
manquent  d'élégance ,    pareeque    la    draperie   les  rend 
lourdes,    les    têtes    n'ont    pas  de   noblesse.    Au-dessus 
du  fronton     sont    cinq   autres  stalues  un   peu  plus  pe- 
tites, qu'on  distingue  peu,  paicequ'ellcs  sont  éclairées 
par  derrière  ,  et  que   les  vitres    blanches    de    celte   fe- 
nêtre    font    mal    à    la  vue.   Le   tableau   qui  représente 
S    Agathe,   en  prison,  visitée   par  S.  Pierre,  est,  dit-on, 
de     Frédéric  Zuccaro  ,     auquel   on    le   paya   33o     écus 
d'or.    Il    a    été     restauré    en     i6o3    par    Paul    Camille 
Duchino.    Ce    tableau    n'a    rien    de    bien    remarquable 
(  v.  pi.  XXXIII  ). 


La  chapelle  suivante  ,  la  première  au-dessus  de  la- 
quelle  commencent  les  vitraux   peiuts,     es.t  de  marbre 
blanc  décorée   par  deux  culouues  de  beau  marbre  noir 
veiué    de    blanc  ;    à    côté    du    tableau    s'élèvent    deux 
gaines  en  marbre  blanc,  qui  se  terminent  par  des  anges 
à  mi-corps    d'un    assez    bon    goût.    Ils    supportent    un 
fronton   circulaire   au-dessus  duquel  est  placé  une  statue 
sur  un  dé   très-élévé.  Eutre  les  colonnes  et  les  caria- 
tides en  gaîne  sont  des  statues  ,  dont  celle  représentant 
S.  Jacques  le  mineur,  est  du  même  Pierre  Antoine  Da- 
verio.  On  u'y  retrouve  pas  le  beau  style  que  nous  avons 
admiré  dans  les  Apôtres  du  portail.  Les  deux  cariatides 
suporteut  un  fronton  coupé  ;  et  les  colonnes  sont  seule- 
ment surmontées  par  deux  figures  :  mais  on  ne  voit  que 
ressauts,   et   enfoucemeus  de   la   corniche,   composition 
bizarre  de  ces  tems  ,  où  les   architectes  se   plaisaient  à 
tourmenter  capricieusement  les  formes.  Les  statues  pla- 
cées sur  cette  chapelle,  au  nombre  de  cinq  sont  plus 
élégantes.  Le  tableau  qui  représente   S.  Jean  l'Evangé- 
liste   s'entretenant  avec  deux  anges  ,  a   plus  de   mérite 
que   celui  de  S.  Agathe.  La  composition  en  est  simple , 
les  anges  ont  un  beau  caractère  de   têtes  ,  et  le  ton  de 
couleur  est  d'un  bon  effet.    On    le  croit  de  Melchior 
Gherardini   ou   Gilardini. 

Au-bas  de  cette  chapelle  est  une  pierre  sépulcrale 
sous  laquelle  fut  déposé  le  cœur  du  Cardinal  Ca- 
prara  Archevêque  de  Milan  ,  mort  à  Paris  le  1 1  juillet 
1810.  Ou  y  lit  l'inscription  suivante  écrite  au-dessous 
de  ses  armes  qui  sont  d'un  dessin  fort  médiocre  pour 
un  siècle  et  une  ville  où  fleurissent  les  beaux-arts  ; 
elles  sont  en  marbres  de  couleur  incrustés. 


•     HEIC  •  POSITVM  •  EST 
COR 

IOAN  •  BAPTISTAE  •  CAPRARAE 

DOMO  •  BONONIA 
S  •  R  •  E  •  CARDINALIS 
LEGATIONE  •  VICARIA  •  AEMILIÀE 
LEGATIONIBVS  •  COLONIENSI  •  HELVETIA  •  VINDOBON. 
FRANCOFVRTIANA  ■  PERFVNCTI 
EPISCOPI  •  AESINATIVM 
LEGATI  •  AD  •  IMP  •  NAPOLEONEM  •  AVG 
ARCHIEP  •  MEDIOLANENSIVM 
VIRI  •  IN  •  MAXX  ■  NEGOTIIS  ■  AGEND  •  PRYDENTISSIMI 
DE  •  VTRAQVE  ■  ECCLESIA 
AEDIBYS  ■  SEMINARII  •  AESINATIS  ■  REFECTIS 
ET  •  GROPELLO  •  PAGO  ■  IN  •  AGRO  ■  MEDIOLANENSI 
VTI  •  FREQVENT  •  MVNICIPVM  •  HONESTIVS  •  PATERET 
EXTRVCTIS  •  DOMIBVS  •  RENOVATO 
ET  •  MAGISTRO  ■  PVERIS  ■  INSTITYENDlS  ■  AVCTO 
EGENISQ  •  ETAEGROTIS  •  PERPET  V  A  •  OPE  •  SVBLEVATIS 
OPTIME  MERITI 
VIXIT  •  ANN  •  LXXVII 
SAPIENS  •  COMIS  •  MVNIFICVS 
ACCEPTVS  •  PRINCIPIBVS  •  CARVS  •  OMNIBVS 
DECESSIT 
LVTETIAE  •  PARISIORVM  •  XI  •  K  •  IVL  •  A  ■  MDCCCX 
HAEREDES  •  F  •  C 


•*-«(  f)0  )a—> 

Le  Cardinal  légua  toute  sa  fortune  au  grand  hôpital, 
déjà  immensément  riche  ,  et  un  de  nos  écrivains  nous 
apprend  que  le  Souverain  d'alors  (Buonaparte)  viola, 
ce  sont  ses  expressions,  ce  testament  eu  faisant  passer 
une  partie  de  cette  fortune  à  un  neveu  du  prélat.  Les 
hommes  sages  ne  manquent  pas  d'applaudir  aux  déci- 
sions prises  depuis  quelques  années  par  les  Souverains, 
de  se  reserver  l'approbation  ou  la  réduction  des  legs, 
dits  Pieux,  au  moyen  desquels  on  privait  des  héritiers, 
sans  fortune,  des  substances  que  le  droit  naturel  et  civil 
leur  avait  assuré.  De  pareilles  violations  ne  sont  plus 
qu'au  profit  de  l'humanité ,  de  l'amour  de  ses  proches 
qui  est  aussi  une  vertu  chrétienne.  Ainsi  viola  est  une 
expression  heureusement  impropre  aujourd'hui  dans 
pareil  cas. 

La  troisième  chapelle  est  du  même  genre  que 
la  précédente  en  marbre  blanc  et  de  couleur,  à 
deux  colonnes.  Deux  gaines  soutiennent  aussi  un  fron- 
ton circulaire  entier ,  elles  sont  terminées  par  des 
Séraphins.  Les  colonnes  s'élèvent  au-dessus  du  fron- 
ton ;  deux  parties  d'un  fronton  triangulaire  coupé  finit 
en  volutes,  genre  encore  plus  bizarre  que  le  pré- 
cédent. Le  tableau  où  sont  représentés  la  Vierge, 
Saint  Victor  et  Saint  Roch,  n'est  pas  sans  mérite. 
On  le  dit  de  Jean  Maur  Rovère ,  d'autres  l'appellent 
Rosse  ui ,    et  le    plus    souvent    le    Fiamrnenghino   (i). 


(i)  Combien  ne  doit-on  pas  regretter  que  nombre  de  tableaux  du 
premier  rang  soient  presque  perdus  par  le  peu  de  soins  qu'on  en  a 
pris  Je  ne  puis  me  refuser  à  citer  à  ce  propos  une  anecdote  dont  j'ai 
été  émoin  ,  ce  qui  prouvera  d;i us  quelles  mains  sont  souvent  tombés  des 
chefs-d'oeuvres.  J'admirais  à  Chartres  (ville  près  de  Paris  )  un  superbe 


Ces  chapelles  ODt  clé  dessinées  par  Pellcgriui ,  Bassi 
et  le  Cerano. 

En  poursuivant  le  tour  on  arrive  aussitôt  à  un  des 
plus  beaux  nionuniens  qui  se  voyent  à  Milan.  Le  cé- 
lèbre Michel  Ange  Buonarotti,  selon  ce  que  dit  Va- 
sari,  en  a  donné  le  dessin.  Le  Pape  Pie  IV  fit  élever 
ce  tombeau  en  l'honneur  de  sou  frère  Jean  Jacques 
Médicis,  marquis  de  Mélegnauo,  et  que  les  historiens 
ont  distingué  des  Médicis»  souverains  en  Toscane,  par 
le  surnom  de  Médichino.  Il  était  oncle  de  S.  Charles 
Borromée,  et  commanda  les  troupes  sous  l'empereur 
Charles  Quint  ;  on  vanta  ses  talens  militaires.  Son  frère 
Gabriel,  qui  n'eut  pas  la  même  réputation,  fut  aussi 
placé  dans  le  môme  tombeau,  mais  dont  tous  les  at- 
tributs qui  le  décorent  ne  se  rapportent  qu'à  son  aiuè. 

Le  monument  est  appuie  coutre  le  mur  du  bras  de 
la  croix.  La  partie  antérieure  est  composée  de  quatre 
belles  colonnes  de  marbre  noir  antique,  d'ordre  joni- 
que,  que  le  pape  envoya  de  Rome;  le  reste  est  eu 
marbre  blanc.  Au  milieu  est  placée  la  statue  du  guer- 
rier eu  pied,  de  grandeur  naturelle,  vêtu  à  la  ma- 
nière  antique,  la  tête   nue.  Un    grand    manteau,    Pa- 


tableau  du  Bourdon  dans  l'église  canoniale  de  S.  André.  Le  sacri- 
stain qui  venait  de  le  découvrir,  nous  faisait  remarquer  toutes  les 
figures.  Mon  compagnon,  peintre  de  l'Académie,  déplorait  un 
accident  arrivé  au  cou  d'une  belle  figure  de  femme  sur  le  devant, 
c'était  un  trou  prés  de  la  gorge.  —  Oh  ce  ne  sera  rien  ,  dit 
notre  Cicérone,  mon  intention  est  d'y  coller  une  pelure  d'oignon 
qui  sera  de  la  couleur,  et  il  n'y  paraitra  plus.  Gardez  vous  bieu  , 
Barbare!  lui  cria  mon  artiste,  de  porter  une  main  ignorante  sur 
ce  chef  d'oeuvre  ,  laissei  le  avec  son  trou.  Le  tableau  brille  au- 
jourd'hui dans  le  Musée  fiançais. 

i4 


htdamentum',  descend  par  derrière  jusqu'à  ses  talons 
et  est  jeté  avec  grâce  sur  une  des  deux  jambes.  D'une 
maiu  il  soulève  un  pan  de  ce  manteau  et  de  l'autre 
il  s'appuie  sur  son  casque  place  sur  un  tronc  d'arbre. 
Ou  peut  être  étonné  que  Vasari  ait  écrit  que  de  celle 
main  il  tenait  le  bâton  de  commandement:  cette  erreur 
ne  peut  être  excusable  dans  le  célèbre  historien  des 
artistes  italiens,  qu'en  supposant  qu'il  n'avoit  pas  vu 
le  bronze,  mais  peut  être  un  modèle,  où  celte  pensée 
ait  existé,  et  qu'on  ait  changée  ensuite  en  l'exécutant. 
Celle  figure  est  belle,  noble  dans  sa  pose  ,  et  la  tête, 
qui  est  sans  doute  portrait,  est  bien  terminée.  Entre 
les  colonnes  qui  l'avoisinent  sont  deux  figures  de  fem- 
mes assises  sur  un  piédestal  plus  bas ,  également  en 
bronze  ;  l'une  représente  la  paix,  l'autre  l'héroisme 
militaire,  dans  une  position  exprimant  la  tristesse  ; 
audessus  de  leurs  lêtes  est  une  guirlande  de  fruits  et 
enfin  au  milieu  un  tableau  en  bas-relief,  de  bronze, 
représentant  la  naissance   de  J.  C. 

La  corniche,  soutenue  par  ces  quatre  colonnes,  s'é- 
tend dans  toute  la  largeur  du  monument,  ce  qui  est 
daus  l'ordre ,  mais  nous  ne  faisons  cette  observation 
que  pareeque  nous  allons  voir  sur  le  second  plan  deux 
colonnes  de  marbre  rouge  et  plus  hautes  que  celles 
du  devant,  recouvrant  l'architrave  et  partie  de  la  fri- 
se, et  enclavées,  entre  des  pilastres  de  la  même  pro- 
portion que  les  colonnes  du  premier  plan.  Elles  su- 
portent  chacune  une  statue  isolée  également  en  bronze. 
Celle  à  la  droite  du  spectateur  représente  la  Prudence  , 
celle  à  la  gauche  est  une  Renommée.  Les  deux  co- 
lonnes antérieures  des  angles  portent  de  beaux  candé- 
labres en    bronze.  Audessus    de  cet    ordre    s'élève   un 


amortissement  ayant  quatre  pilastres.  Dans  les  entre- 
colcmnemens  latéraux  sont  placées  les  deux  inscriptions 
suivantes. 

10    .    IACOEO    .    MEDICI    .    MARCH    .    MELEGNANI 

EXIMII    .    AN1MI     .    ET    .    CONS1LII    .    VIRO    .   MVLTIS 

V1CT0BIIS    .    PER    .    TOTAM    .    FERE    .    EVROPAM     .    PARTIS 

APVD    .    OMNES    .    GENTES     .    CLAR1SSIMO     .    CVM    .    AD 

EXITVM    .    VITAE    .    ANN0    .    AETAT1S    •    LX    .    PERVENISSET. 


GABRIEL1    .    MFDICI    .    INGENU    .    ET    .  FOKT1TVDINIS 

EXIMIAE     .    ADOIESCENTI    ■    POST    .     CLADEM    .    RI1ETIS 

ET  .   FRANCISCO    .   II   .   SFORTIAE    .   ILLAT'M   .  NAVALI 

PRAELIO    .  DVM    .    V1NCIT    .    CVM    .    INVICTI    .    ANIMI    .    GLORIA 

INTERFECTO. 

Il  parait  qu'une  troisième  inscription  existait  jadis 
au  milieu ,  qui  maintenant  est  détruite.  An  sommet  du 
monument  sont  placées  les  armes  des  Médicis ,  soute- 
nues par  deux  figures  en  manteau  funèbre.  On  lit  sur 
la   corniche  les  mois  suivans 

PIVS  •  iïll  •  PONT  •  MAX  •  FRA  •  B  •  F1ERI  •  F  . 

et  si  l'on  a  conservé  pour  la  postérité  le  nom  de  l'homme 
de  »ôut  et  opulent,  on  n'a  pas  oublié  de  rendre  ju- 
stice au  mérite,  au  talent,  en  plaçant  au  dessous  de 
cette  inscription,  dans  un  lieu  également  apparent,  le 
nom  du  sculpteur  en  lettres  de  bronze. 

LEO     ARET1N 

E  Q  V  E  S       F. 

(  v.  FI  XXIV.  ) 


~*(  94  )»-* 
Nous  ajouterons  pour  l'honneur  des  Lombards ,  que 

Léon  Leoni,  surnommé   le  Chevalier  Aretin  ,  était  ne  à 

Menagio,  petit  bourg  situé  sur  le  Lac  de  Corne,   qu'il 

était  lié  d'amitié  avec  Michel  Ange,  ce   qui  peut  être 

le   fit  choisir  pour  l'exécution   de   ce  tombeau.    Il  était 

aussi  bon  architecte  que  sculpteur,  et  ou    connait  de 

très  belles   peintures  de   lui  (i), 

A'   côté   du  monument  que   nous  venons  de  décrire, 

il  y  a   un   petit  autel    composé    de   marbres    précieux , 

également   donné    par    le     pape    Pie    IV.    On    y    voit 

trois   petites  statues  en   bronze  représentant  la    Vierge 

avec  l'enfant  Jésus   et  deux    anges.  (2).  Au   coin    il  y 


(1)  Parmi  le  grand  nombre  de  personnages  illustres  et  de  mé- 
rite qui  en  tout  tems  ont  honore  Milan  leur  patrie,  on  compte 
les  Papes  suivans  ,  Alexandre,  en  1061  ,  de  la  famille  Badaggio 
comuneineut  appele'e  Da  Baggio ,  e'teinte  depuis  peu  d'années; 
Urbain  III  en  1 185,  delà  famille  Crivelli  ;  Célestin  IX  en  1241  , 
de  la  famille  Castiglioni  ;  Pie  IV  en  i55o,  de  la  famille  Médi- 
ci  ;  Grégoire  XIV  en  i5go,  de  la  famille  Sfondrati.  Ce  n'est  pas 
ici  le  lieu  où  l'on  doive  citer  ceux  qui  se  sont  distingués  dans 
les  sciences  et  les  lettres,  ils  n'appartiennent  pas  à  notre  sujet, 
lorqu'ils  n'occupent  pas  une  place  dans  celte  église. 

(2)  Il  y  a  peu  de  tems  que  cette  cliapelle  fut  débnrassée  d'une 
grille  de  fer  qui  l'entourait  ,  et  de  quantité  de  cliaises  qu'on  entassait 
dans  son  enceinte:  on  les  a  maintenant  transportées  dans  un  ma- 
gazin  audessous   du   choeur. 

A  ce  propos  nous  ferons  remarquer  un  abus  qui  existe  dans 
toutes  les  églises  de  Milan,  et  même  dans  celles  de  plusieurs  villes 
de  la  Lombardie.  C'est  qu'elles  sont  très-peu  garnies  de  bancs  où 
les  fidèles  puissent  se  placer ,  comme  il  est  d'usage  ailleurs.  Ici 
des  hommes  ou  des  femmes  ont  dans  quelques,  endroits  de  l'église 
un  amas  de  petites  chaises  ordinaires,  qu'ils  apportent  successi- 
vement à  mesure  qu'il  arrive  des  personnes,  sans  s'occuper  s'ils 
dérangent  ou  (mbarassent  celles  qui  sont  déjà  placées;  ils  en  exi- 


a    une    petite    porte    donnant    l'entrée    à    un    escaliei 
lequel  conduit  au  sommet  de  l'édifice  (1). 

La  grande  chapelle  suivante,  et  qui  se  présente 
pompeusement  dans  le  fond  du  bras  de  la  croix  est, 
quoique   dédiée   à   S.    Michel,   appelée  la  chapelle  de 


gent  une  rélribution ,  et  ces  chaises  sont  retirées  avec  la  même 
célérité  aussitôt  que  les  personnes  les  ont  quittées  ,  pour  les  passer 
à  d'autres.  Cela  cause  un  bruit  presque  continuel  ;  car  ces  gens 
qui  vont  et  viennent  à  travers  le  monde  pour  soigner  ce  traffic  , 
interrompent  pendant  l'office  divin  l'attention  des  personnes  qui 
voudraient  faire  leurs  prières  avec  recueillement.  Cet  usage  est  cho- 
quant ,  dans  un  lieu  surtout  ou  l'on  doit  observer  la  tranquililé  et 
la  décence  pendant   la  célébration   des   mystères   sacrés. 

Le  louage  continuel  de  ces  chaises  produit  à  la  vérité  un  béné- 
fice assez  considérable  à  l'église  et  aux  gens  qui  en  sont  chargés, 
mais  ce  n'est  pas  moins  un  abus  et  une  spéculation  mal  placée, 
et  qu'on  devrait  abolir  pour  toujours  dans  les  temples  consacrés 
à  la  méditation  et  à  la  prière. 

Nous  pourrions  y  ajouter  l'usage  de  la  quête  avec  un  petit  sac 
au  bout  d'un  long  bâton  dont  les  secousses  de  la  monnaie  ,  qu'il 
contient ,  ou  celles  d'une  clochette  qui  y  est  attachée ,  sont  égale- 
meut  incommodes,  mais  comme  il  est  moins  importun  que  celui 
que  nous  venons  de  nommer,  et  que  d'ailleurs  cet  usage  est 
presque  généralement  adopté  comme  un  moyen  d'olfrande  aux  be- 
soins des  églises  ou  au  soulagement  des  pauvres,  nous  serons  moins 
scrupuleux  sur  l'inconvénient  qu'il   présente. 

(1)  On  peut  ,  tous  les  jours  de  la  semaine  indistinctement,  et 
à  toutes  les  heures  monter  sur  le  haut  de  l'église  ,  que  nous 
désignerons  par  le  mot  comble,  puisqu'il  n'y  a  ni  charpente  ni 
toiture.  Il  y  a  uu  gardien  attaché  à  ce  service  pour  ouvrir  à 
qui  se  présente  l'escalier  désigné  ici,  il  perçoit  pour  cela  une 
légère  rétribution  qui  à  été  fixée  par  l'administration  et  que  les 
curieux  peuvent  outrepasser  à  leur  gré.  Lorsqu'on  est  parvenu 
en  haut ,  on  peut  se  promener  et  y  rester  tout  le  tems  que  l'on 
veut,  sans  qu'aucun  gardien  puisse  le    limiter. 


S.  JcaD  Bono  ,  Archevêque  de  Milan  (i).  Elle  a  élé 
construite,  de  même  que  l'autre  en  face,  à  la  place 
de  deux  portes,  que  S.  Charles,  scandalisé  que  le 
peuple  s'en  servit  comme  d'un  passage  d'une  rue  à 
l'autre,  fit  houcher,  en  y  plaçant  ces  autels.  Aux  deux 
côlés  de  la  grille  à  hauteur  d'appui  qui  ferme  celte 
chanelle ,  sont  deux  figures  colossales  en  stuc  atribuées 
au  sculpteur  Giudici.  Le  bon  goût  ordonne  de  faire 
transporter  daus  quelque  magazin  ces  statues  qui  sont 
d'un  style  assez  baroque  auquel  correspond  celui  de 
leurs  piédestaux.  Nous  disons  pour  la  défense  de  cet 
estimable  artiste  qui  nous  a  laissé  de  meilleurs  souvenirs, 
même  dans  celte  église  ,  que  ces  figures  lurent  exé- 
cutées pour  une  cérémonie  d'un  jour,  fanes  à  la  hâte, 
comme  toutes  les  décorations  en  de  pareilles  occasions, 
et  l'artiste  ne  se  doutoit  pas  qu'on  les  conserverait , 
encore  moins  qu'on  les  placerait  si  fort  en  évidence 
dans  le  milieu  du  temple,  et  surtout  auprès  de  scul- 
ptures travaillées  avec  une  délicatesse  qui  fait  ressortir 
davantage  la  lourdeur  et  le  grossier  style  de  ces  colos- 
ses. Espérons  que  pour  sa  gloire,  pour  celle  de  l'art 
et  pour  la  beauté  du  temple,  l'administration  actuelle  , 
mieux  dirigée  par  le  goût,  les  enlèvera  de  cette  place, 
qu'ils   ont  trop  long-tems  occupée. 


(i)  Ce  Prélat,  appeKPierre,  qui  vivait  dans  le  \  IIe  siècle,  esî 
surnommù  (  Bono  )  le  bon.  Ce  nom  lui  fut  donne  piobableniei.t 
pour  indiquer  ses  vertus,  puisque  généralement  il  a  éié  ioujouis 
césigné  ainsi.  Quelques  uns  l'ont  voulu  originaire  d'une  famille  De 
Canulli,  mais  comme  dans  ces  lems  on  ne  se  servait  pas  île  uoms 
propres,  celle  erreur  provient  du  lieu  de  sa  naissance,  Camaglia,  an- 
ciennement Camalliuni)  village  à  la  distance  de  ij  milles  de  Gènes, 


<-«(  97  )s- 
L'entrée   de  la  chapelle   est  formée   par  deux   larges 
pilastres   souteuant  l'archivolte  ;  ils  sont   ornés  de  scul- 
ptures  que   nous   ne  pouvous  désigner  sous  le   nom  de 
has-reliefs,  mais   plutôt  sous  celui  de   tableaux  de  mar- 
bre. Ce   genre   particulier    et    admirable    cpiand     il    est 
exécuté   comme  ceux-ci,  s'éloigne  beaucoup  du   genre 
des  anciens  maîtres   de   la  Grèce  et  de    nos  modernes 
qui  s'étudient  à  les  imiter.  H  y  a    dans    ces    tableaux 
des  figures   et  des  groupes  absolument  isolés  du  fond  , 
et  derrière  lesquels   on    apperçoit    d'autres    figures   ou 
groupes  attachés   plus   ou  moins    au  fond.  Le   tout  est 
ordinairement  orné   d'architecture,   et  de   perspectives. 
Ce   serait   une   question   à  traiter  que   celle    du    mérite 
de  ce  genre,  réprouvé  aujourd'hui  par  quelques  savans 
écrivains  sur  les  arts  et  par   des  artistes   éclairés.  Mais 
il  resterait  à  examiner,  d'abord  si  le  jugement   ne  dé- 
pend  pas  de  l'admiration   que  leur    cause    la    vue    des 
bas-reliefs  antiques,   et  si  ce  sentiment  seul  ne  les  porte 
pas  à  rejetter  tout   ce   qui  s'éloigne   de   ces    admirables 
modèles.  Il  semble  qu'alors  qu'un    bas-relief   se    com- 
pose de  plus  d'une   ou   deux   figures,  c'est  un  tableau 
qui  représente  une  scène  ,    or  comme    il    est    généra- 
lement   impossible    que   tous    les    personnages    agissent 
seulement  sur  le  même  plan,  et  sur  une  ligne  horizon- 
tale, il   doit  absolument  y  avoir  une  dégradation  per- 
spective  qui  domine  sur  tous  les  objets   dont  se   com- 
pose le    sujet.  Or  comme  les  anciens   sculpteurs    pra- 
tiquaient fort  peu  la  perspective,  il  en  est  résulté  que 
leurs  bas-reliefs  n'ont  été  composés  que  d'un  très-petit 
nombre   de   figures  sur  le  même   plan ,  et  ils  ont  même 
adopté  un  système  qui  ne  peut  manquer  de  nous  pa- 
raître bizzarre,   malgré  toutes  les  beautés  de  leur  tra- 


vail  ,  celui  de  former  jusqu'à  trois  scènes  différentes 
sur  un  même  bas-relief-  Laissons  donc  la  chose  à  di- 
scuter et  à  décider  par  d'autres  qui  écriront  encore  des 
volumes,  et  lorsque  nous  aurons,  comme  ici,  sous  les 
veux  de  beaux  morceaux  de  sculpture  en  forme  de  ta- 
bleaux, admirons,  et  avouons  que  la  supériorité  du 
talent  fait  tout  le  mérite  d'un  ouvrage,  à  quelque 
genre   qu'on  l'attribue. 

Sur  le  côté  gauche  eu  entrant  sont  trois  tableaux 
qui  représentent  des  sujets  de  la  vie  de  S.  Jean  Bono. 
Le  premier  est  celui  de  sa  naissance  ;  c'est  un  char- 
mant morceau  de  Charles  Simonetta,  qui  le  laissa  ira- 
parfait:  il  fut  terminé  par  Etienne  Sanpietro.  On  ne 
s'apperceverait  pas  que  deux  artistes  ayent  terminé  ce 
morceau.  La  composition  est  riche ,  on  y  compte  vingt 
figures  sans  qu'il  y  ait  confusion  malgré  le  peu  d'e- 
space. Toutes  les  figures  du  devant  sont  entièrement 
détachées  du  fond  et  peuvent  passer  sous  le  nom  de 
ronde  bosse,  les  autres  se  détachent  plus  ou  moins. 
Si  l'on  ne  remarque  pas  dans  celle  sculpture  la  sim- 
plicité noble  de  l'antique  ,  on  ne  peut  pas  non  plus 
lui  reprocher  cette  exagération  qui  a  caractérisé  l'art 
à  une  époque  plus  moderne,  et  ou  devra  rendre  ju- 
stice au  bon  goût  et  à  l'intelligence  des  artistes  dans 
la  disposition  et  dans  la  perspective.  Quant  au  travail 
on  doit  s'attendre,  d'après  ce  que  nous  venons  de  dire, 
à  le  trouver  fini  et  délicat.  Au  dessus  est  une  sorte  de 
médaillon  d'où  sort  une  demi-figure  presqu'en  fièrement 
détachée  du  fond  ;  elle  représente  la  Prudence ,  ou- 
vrage de  François  Zarahalla. 

Dans  le  second  tableau ,  le  S.  Evêque  fait  son  entrée 
à  Mdan.  11  a  été  sculpté   par  César  bussola  d'après  un 


— =(  99  )»-» 
modèle  en  terre  fuit  par  lui  et  par  Dénis  Bussola  ,  son 
père.  On  ne  peut  qu'être  étonné  de  la  délicatesse 
d'exécution  de  ce  tableau ,  et  combien  l'artiste  s'était 
rendu  le  maître  de  son  ciseau,  comme  de  la  matière 
qu'il  travaillait.  BtUfs  si  l'on  est  satisfait  de  le  voir  placé 
à  une  hauteur  qui  le  garantit  des  accidens  auxquels  il 
serait  exposé  plus  bas,  on  peut  regretter  aussi  que 
cette  position  empêche  de  jouir  assez  bien  des  jolis  dé- 
tails  qui   le   composent. 

La  demi-figure  de  la  Tempérance ,  qui  sépare  ce 
tableau  du  troisième  et  dernier  de  ce  côté,  est  du  ci- 
seau  de  Jean-Baptiste   Vismara. 

Nous  ne  pouvons  juger  facilement  le  tableau  supé- 
rieur, exécuté  par  Jean-Baptiste  Dominione  ,  et  c'est 
à  tort  que  quelques-uns  l'ont  attribué  à  Albertim  ;  il 
représente  le  voyage  du  Saint  à  Rome  ,  où  il  guérit 
les  malades  qui   viennent  à  sa   rencontre. 

L'arc  est  décoré  par  des  groupes  d'anges  et  de 
saints  en  bas  relief.  On  nomme  pour  leurs  auteurs  Cé- 
sar Bussola,  Joseph  Bosnali,  Etienne  Sanpielro  ,  Ma- 
caire  Carcauo,  Marc  Mauro,  Charles  François  Millone, 
Cbarles  Brunelti  et  François  Zarabalta.  A  voir  tant  de 
noms  d'artistes  qu'on  a  dit  oc  upés  des  travaux  d'un 
espace  si  étroit  et  si  peu  étendu  ,  on  pourrait  douter 
de  l'exactitude  des  historiens  qui  nous  ont  transmis  celle 
notice  ,  à  moins  qu'ils  n'aient  cru  devoir  nommer  les 
élèves  qu'ils  ont  vu  ébaueber  sous  les  jeux  de  leurs 
maures  ces  bas- reliefs.  Nous  verrons  en  sortant  de  la 
chapelle  les  sculptures  du  pilastre  opposé  à  la  droite. 
L'autel  est  d'une  riche  composition.  Quatre  colonnes 
d'ordre  corinthien  eu  granit  gris,  placées  sur  deux  plans, 
soutiennent  une  corniche   interrompue   dans  le   milieu. 

i5 


«-«(    100   ):=-+ 

Les  deux  colonnes  en  avant  sont  surmontées  par  un 
fronton  circulaire  et  par  deux  figures,  le  tout  eu  mar- 
bre blanc.  Les  deux  entrecolonnes  De  portent  que  deux 
statues.  Sur  le  centre  du  fronton  est  placé  un  groupe 
d'anges.  La  niche  qui  forme  le  milieu  de  l'autel  est  cou- 
ronnée par  un  petit  fronton  triangulaire  coupé,  et  au 
centre  duquel  est  une  tête  de  chérubin.  Le  fronton  est 
soutenu  par  deux  consoles,  et  celles-ci  sont  terminées 
par  de  jolies  têtes  d'anges.  La  niche  contient  la  statue 
de  S.  Jean  Bono  en  marbre  blanc.  Cet  Evêque  est  re- 
présenté foulant  aux  pieds  l'hérésie  et  il  a  un  petit 
ange  à  ses  côtés.  Le  style  de  ces  deux  figures  est  ma- 
niéré,  les  draperies  du  Saint  sont  lourdes,  le  mouve- 
ment donné  à  la  chape  qui  le  couvre  est  loin  d'être 
noble  et  naturel.  C'éloit  le  genre  adopté  par  les  scul- 
pteurs du  XIIIe  ,  XIVe  et  XVe  siècle;  ils  croyaient  que 
tout  le  talent  daus  leur  art  consistait  à  se  montrer  ha- 
biles à  couper  le  marbre.  On  trouve  souveut  plus  de 
grâce  et  de  simplicité  daus  le  drapper  des  figures  di- 
tes  gothiques. 

Le  Christ  eu  bronze  placé  sur  le  même  autel  fait 
honneur  à  Jean-Baptiste  Busca  ,  surnommé  le  Ciochino. 
La   figure  du   Sauveur   est  fort  belle  et   des  deux    an- 

o 

ges  qui  l'adorent,  celui  qui  est  à  genoux  a  plus  de 
noblesse   que  l'autre  qui  est  debout. 

Ou  voyait  autrefois  à  cet  autel  un  tableau  repré- 
sentant Jésus  mort.  Il  était  composé  de  plusieurs  figu- 
res qui  ne  furent  pas  entièrement  terminées  pareeque 
Frédéric  Baroccio ,  son  auteur,  mourut  pendant  qu'il 
y  travaillait.  Un  écrivain  milanais  nous  apprend  qu'on 
enleva  ce  tableau  pour  lui  substituer  la  niche  et  la 
statue  de  l'Evêque   Bono,  il  fut  ensuite  placé  dans  la 


<-e(  lOI  )»-»• 
Sacristie  méridionale,  où  on  le  vit  jusqu'en  1766.  Il 
fut  alors  vendu  par  ordre  du  Chapitre,  à  vil  prix  à 
D.  Joseph  Ordogno  De  Rosalis ,  moyennant  35  se- 
qnins  (  4i5  f.  ),  il  passa  ensuite  clans  les  mains  de 
l'ahhc  Magnani  à  Bologne  ;  celui-ci  l'acheta  200  sc- 
quins  ,  ce  qui  était  encore  au  dessous  de  sa  valeur  ; 
il   est  maintenant  dans  le  Musée   de   Bologne  (1). 

Aux  deux  côtés  de  l'autel  sont  placées  sur  de  hauts 
piédestaux  deux  groupes  de  figures  ,  de  grandeur  na- 
turelle en  marbre  hlanc  de  Carrara.  Celui  à  la  droite 
représente  S.  Michel  combattant  le  démon  qui  est  étendu 
à  ses  pieds.  On  attrihue  ce  groupe  à  Jean- Baptiste  Bel- 
laudi.  Cet  ouvrage  pourrait  être  meilleur  sous  bien  des 
rapports  ;  il  manque  surtout  de  goût  dans  la  pose  de 
l'ange  et  dans  la  draperie.  L' autre  groupe  représente 
un  ange  gardien  conduisant  un  enfant.  Loin  d'être  par- 
fait, il  possède  cependant  quelques  détails  mieux  en- 
tendus que  le  précédent.  On  lit  sur  la  base  de  ce  groupe 
une   inscription  qui  porte   le   nom  de  l'artiste. 

ELIAS  .  VINCEN  .  BVTIVS  .  INVEN  .  ET  .  SCVLP  .  AN  .  MDCCX11L 

Ces  sculpteurs  n'avaient  aucune  idée  des  sujets  qu'ils 


(1)  Nous  avons  ici  une  nouvelle  preuve  qu'il  ne  faut  pas  trop 
accorder  de  confiance  à  quelques  savans  voyageurs  qui  rouirent 
en  poste.  M.  Millin  dans  son  voyage  en  Italie,  dont  nous  avons 
déjà  signalé  l'inexactitude,  parle  de  ce  tableau  comme  l'ayant  vu 
à  l'autel.  Peut-on  alors  douter  que  ce  voyageur  académicien  n'ait 
lait  comme  tant  d'autres,  qu'il  ail  piis  ses  notes  dans  des  livres. 
Nous  pouvons  ici  garantir  à  nos  lecteurs  que  l'auteur  de  notre  de- 
scription de  la  Cathédrale  de  Milan  a  tout  examiné  et  vérifié  jusque 
dans  les  moindres  détails. 


»_«j(     102     )î3~V 

devaient  représenter,  car  ou  leur  imagiuation  n'avait 
pu  concevoir  l'essence  des  êtres  célestes  qu'on  est  ob- 
Lligé  de  revêtir  des  formes  humaines  pour  nous  les 
rendre  sensibles,  ou  leurs  éludes  s'étaient  bornées  à 
copier  servilement  des  modèles  imparfaits  qu'ils  imi- 
taient trop  fidèlement,  sans  se  douter  qu'il  est  un 
beau  idéal  qui  convient  absolument  aux  divinilés  , 
même  du  dernier  ordre,  et  dont  ils  eussent  trouvé  tant 
d'exemples  dans  les  ouvrages  des  anciens.  De  pareilles 
fautes  ne  peuvent  se  pardonuer  à  des  artistes  italiens, 
nés ,  élevés  auprès  de  quantité  de  chef-d'oeuvres  an- 
tiques. 

Tout  le  reste  de  cette  chapelle  est  orné  de  beaux 
marbres  de  différentes  couleurs  et  de  panneaux  in- 
crustés ,  formant  de  beaux   enlrelas. 

Le  pilastre  à  la  droite  nous  offre  égalemeut  comme 
l'autre  ,  trois  bas-reliefs  en  tableaux  séparés  par  deux 
demi  figures.  Le  premier  représente  S.  Jean  Bono , 
léffat  de  la  cour  de  Rome ,  recevant  une  audience 
publique  de  Teodolinde,  reine  des  Lombards;  il  a 
été  sculpté  par  Joseph  Rosnati.  Le  sujet  du  second 
est  le  S.  Evêque  chassant  de  Bergame  les  ariens; 
ce   morceau  est  de  Siro  Zanelli. 

Le  troisième  tableau  représente  la  mort  du  Saint , 
et  il  a  été   exécuté   par  Joseph  Bono. 

La  grosseur  et  le  style  un  peu  lourd  des  d con- 
figures tant  de  ce  côté  que  de  l'autre  contrastent,  peut 
être  un  peu  trop,  avec  la  délicatesse  de  ces  petits  su- 
jets, et  beaucoup  de  jolies  têtes,  qu'on  a  pu  remarquer 
dans  ceux-ci,  doivent  faire  paraître  peu  nobles  celles 
des  figures  de  la  Justice  et  de  la  Force  que  nous 
voyons  de  ce   côté   entre  ces    trois    tableaux ,    dont    la 


•*-«(  i  o  3  )s>— ► 
première  est  du  Zarabalia  susmentionné  ,    la   seconde 
d'Isidore  Vismara. 

Deux  prélats  du  même  nom  et  de  la  même  famille 
ont  eu  leur  sépulture  devant  celle  chapelle,  et  on  lit 
sur  le  pavé  les  deux  inscriptions  suivantes ,  gravées  sur 
le  marbre. 


1. 


CARLO  •   FRANCISCO  •  A1ROLDO 

EDESSAE    .    AKCHIEPISCOPO 

AD    .  ITALIAE   .  ET  .  CATIIOLICOS  .  GERMANIAE   .  PRINCIPES 

PONTIFICIO    .    LEGATO    .    AD    .    BELGAS    .    INTEfiNVNCIO 

APVD    .    MAGNVM    .    ETRVRIAE    .    DVCEM 

HINC     .    APVD    .    REMP    .    VENETAM    .    KVNCIO 

HVMANIS  .   OMMBVS  .  IN  .  PATR1A  .  PIE  .  DEFVNCTO 

NONIS   .   APR1LIS   .  ANN  .  SAL  .  MDCLXXX1II 

CVM    -    AETATIS    .    AGERET    .    XLVI     .    MONVMENTVM    .    HOC 

QVOD    .    IPSE    .    1NANI    .    GLORIAE    .    STABE    .    VETVIT 

D      .     CAESAR    .    AIROEDVS    .    FRATER    .    COMES     •     I.EVCI 

ET     .     DOMINVS     .    VILLARVM     .    BELASII 

MEDIOI-ANENS    .    STATVS    .    ET    .    EXEP.CITVVM 

THESAVRARIVS    .    GENERALIS    .    AD     .    PERPETVAM    .     A1IORIS 

MEMORIAM     .    PONI     .   IVSSIT 


<— «(  io4  )»-* 

2.° 

CAROLO  •  FRANCISCO  •  AIROLDO 

VTR1VSQUE    .    SIGNATVRAE    .    PRAESVLI 

ARCKIEPISCOPO    .    SIDENSI    .    IN    .    ROMANA    .    DITIONE 

PLVRIUM     .    VRBIVM    .    REGIMINE 

ALUSQVE   .    APOSTOLICIS   .   MVNERIBVS    .  INTECERRIME   .   FVNCTO 

PARIFATORVM    .    ACERBITATE    .    GRADIBTS 

AD    .    AMPLISSIMA    .    INTERCEPT1S 

DIEM    .    SVPREMVM     .    MEDIOLANI     .    OBEVNTI 

DON    .    MARCELLINVS    .    LEVCI    .    CONES 

CESARII    .    REG    .    AERARII    .    PRAEFECTVS    .    GENERALIS 

ET     .    ALPHONSVS     .    HVJVS     .    METROPOLITANAE 

CANONICVS    .    ORDIRARIVS    .    MOFSTISSIMI    .    FRATES 

AD    .    COMMVNIS    .     PATRVI    .     SEPVLCRV31 

TVMVLATO     .    MONVIWENTVM    .     P     .     P 

DIE    .     OBITVS     .     SEXTO    .     IDVS    .     JVLIIS 

ÀNN    .    SAL    .    MDCCXXVI    .    AETATIS    .    L. 

Les  deux  candélabres  de  brouze  que  l'on  voit  or- 
dinairement aux  jours  de  fête  ,  méritent  l'attention  des 
curieux  par  la  beauté  du  travail  ,  et  par  la  quantité 
de  petites  figures  mêlées  parmi  les  ornemens  décou- 
pés, et  à  jour,  un  peu  confus,  mais  exécutés  avec 
légèreté.  Le  dessin  des  petites  figures  est  d'un  joli  ca- 
ractère, 


Auprès  de  celte  chapelle   est   une    porte    ornée    de 
colonnes  d'ordre  jonique   en    marbre ,    qui    conduit    à 
«ne  galerie   souteraine   servant  de  passage    pour    aller 
au  palais  de  l'Archevêque.  C'est  par  là   que   ce  Prélat 
vient  à  l'église.  Ou   a  pratiqué   celte  galerie  de  manière 
qu'elle  puisse  recevoir  la  lumière   du  dehors   au  moyen 
de  grilles  de  fer  sur   les  côtés.  Une  inscription  placée 
audessus  de  la  porte   extérieure  défend  sou  entrée  aux 
femmes.  Nous   ne   savons  pas  si  cette  prohibition  à  été 
respectée   pendant  longtemps,  mais   elle   est   tombée   en 
désuétude  ,   car  on   y  voit  circuler  tous  les  jours  quan- 
tité de  femmes   de  même   que  les  hommes,  ce  passage 
donnant  lieu  d'épargner  un   détour    assez    considérable 
pour  aller  de   cette   église   à  la    place    Fontaine    et    au 
marché   principal.  On   pourra  voir  ici  une  idée  du  talent 
des  peiutres  qui  ont  fait  les    vitraux.    La    fenêtre    au- 
dessus  de  la  porte   intérieure   à  l'église  étant  bien  con- 
servée,  on  y  voit    une    quantité    de    têtes    d'un    beau 
dessin,   des  parties  d'architecture,    et  même    des    pay- 
sages d'un   très-bon   goût.   Quant  à  la  beauté  des  cou- 
leurs elle   n'a  plus  rien   qui  doive  nous    étonner  ,     ou 
sait  que  les  émaux  transparens  ont   cette    qualité    bril- 
lante, surtout  lorsque  la  lumière   se  diffuse   au  travers. 
Ainsi  le  mérite   de   ces  vitraux  est  plus   dans  le  dessin 
et   l'heureux   assemblage  des   couleurs,  que   dans    leur 
vivacité   et  leur  éclat. 

La  chapelle  suivante  de  cette  partie  de  la  croisée 
est  dédiée  à  la  Vierge,  et  en  même  teins  aux  SS.  Mar- 
tin ,  Georges  et  S.e  Catherine.  L'ordounance  d'archi- 
tecture ressemble  à  celle  des  premières  chapelles  déjà 
décrites,  avec  cette  différence,  qu'à  celle-ci  il  y  a 
deux  très  jolis  bas-reliefs  dans  le  piédestal   des  colon- 


*-«(  106  )»-* 
nés,  mais  ils  ont  clé  malheureusement  fuit  mutilés.  Ou 
voit  à  la  Planclie  XXV  le  bas-relief  qui  sert  de  ta- 
bleau à  l'autel.  Il  est  en  marbre  blanc  et  fut  sculpté 
en  i5io  par  Augustin  Busti,  appelé  par  quelques-uns 
le  Bustino ,  et  par  d'autres  le  Bambaja  ,  il  représente 
la  présentation  de  la  Vierge  au  temple.  Du  même  au- 
teur sont  les  deux  petits  bas-reliefs  cités ,  dont  l'un 
représente  la  naissance  de  la  Vierge  et  l'autre  son 
mariage.  Ou  admirera  sans  doute  la  composition  du 
grand  bas-relief,  hors  le  reproche  qu'on  pourrait  faire 
à  l'artiste  d'avoir  donné  trop  de  longueur  à  ses  figu- 
res en  comparaison  des  têtes  ,  mais  le  caractère  de 
celles-ci  est  d'un  beau  goût,  plus  qu'on  ne  pourrait 
l'attendre  de  ces  tems  ,  de  même  les  draperies  ;  on  y 
trouve  un  style  noble  et  vrai  qui  semble  plutôt  appar- 
tenir aux  siècles  ou  florissait  l'art. 

Le  grand  prêtre  surtout  réunit  ces  deux  beautés. 
11  nous  semble  presque  impossible  cependant  en  exa- 
minant cette  sculpture  ,  que  la  même  imagination  ait 
conçu  la  petite  figure  de  la  Vierge  placée  au  bas  des 
degrés  du  temple.  On  ne  saurait  distinguer  par  les 
formes  ,  par  l'habillement,  par  l'air  de  tête  à  quel  sexe 
appartient  celte  figure,  qui  n'a  aucune  idée  de  gi a- 
ce,  et  on  peut  encore  moins  concevoir  pourquoi  le 
sculpteur  lui  a  tourné  le  visage  dessus  l'épaule  gauebe 
où  elle  ne  regarde  personne,  lorsque  la  pose  naturel- 
le ,  et  qui  était  dans  la  vérité,  devait  lui  fixer  les  re- 
gards sur  le  grand  prêtre  inspiré  ,  qui  va  la  recevoir. 
La  décoration  d'arebiteelure  de  ce  tableau  est  parfai- 
tement bien  entendue  ,  l'effet  de  perspective  plein 
d'intelligence  et  en  général  l'exécution  annonce  un  ci- 
seau délicat  et  assuré.    Le    spectateur    peut    en    jouir 


avec  d'autant  plus  de  plaisir  que  la  lumière  tombe 
bien  sur  ce  morceau  à  toutes  les  heures  du  jour. 
Des  deux  figures  de  ronde  bosse  qui  sont  entre  les 
colonnes,  on  distingue  celle  de  S.e  Catherine,  ouvrage 
de  Cristopbe  Lombardo. 

Cette  cbapelle  a  été  construite  aux  dépens  d'un 
Clianoiue  de  cette  Cathédrale,  Jean-André  Viraercali , 
dont  on  voit  le  portrait  dans  le  petit  monument  en 
marbre  qui  est  à  la  gauche  de  l'autel.  Le  buste  du  do- 
nateur, tenant  un  livre  à  la  main  sur  lequel  sont 
écrites  ces  paroles:  Fortitudo  mea  Deus  et  adjutor , 
est  au  haut  dans  une  petite  niche.  Au  dessous  on 
lit  cette   inscription. 

10  •  ANDREAS  •  VICOMERCATVS 

PROTONOT    .    APOSTOL1CVS 

AC    .    HVIVS    .    SANOTAE    .    ECCLES1AE    .    ORDINARIVS 

SAEPE    .    COG1TANS    .    SE    .    MORITVRVM 

ROC    .     TERRAE    .    SYI    .    CORPORIS    .    POSVIT 

ALTAREQVE    .    HOC     .    DOTAVIT     .     ET    .    ANCONAM    .     F    .     F 

PASSVSQVE    .    VARIOS    .    LAB0I  ES    .    SVB    .    ALEX    .    VI 

ET     .     SEQVENTIDVS     .    SVMMIS     .    PONTIFICIBVS 

VSQVE     .    AD     .    FAVLVM     .    III 

SICVTI    .     SEMPER    .    RECTE     .    VIXIT 

ITA    .    REUGIOSE    .    OB1IT    .    ANNO     .     DOMINI     .    MDXI.VIII 

DIE    .    XU    .    MARTII     .     AETAT1S    .     SVAE 

A»    .    LXXVX1I 

Dans  un  bas-relief  est  représenté  J.  C.  souffrant, 
soutenu  par  deux  anges.  Le  travail  en  est  délicai.  La 
tête  du  Christ  a  de  l'expression.  Enfin  le  monument 
se  termine  eu  bas  par  deux  têtes  qui  sont  les  portraits 

16 


*-c(    (oS  )a-» 

du    père    et    de    l'oncle  du  Chauoiue,  avec    celte    in- 
scription. 

PHILIPPO    .    PATRI    .    ANNOR    .    LXXVIU 

OB11T    .    ANN   .  MCCCCLXXXIV 

ET    .    KICOLAE    .    PATRVO     .    ANNOR    .    LXXIV 

QVI     .    OBIIT     .    ANN     .    MCCCCLXXXXII 

VIRIS   .     FRVGI    .    ET     .    INTEGR1TATE     .    PARIS 

IO    .    ANDREAS     .    VICOMERCATVS    .    POSVlT 

On  attribue  cette  sculpture  à  Busti  ou  Bambaja  (i). 

(  v.  PL  XXVI.  ) 

Entre  ces  deux  autels  est  suspendu  un  tableau  d'Her- 
cule Procacciui,  peint  à  la  gouache,  représentant  le 
martyre  de  S.e  Apolonie.  Cette  peinture  qui  a  con- 
sidérablement souffert  du  tems  ,  a  été  donnée  à  l'é- 
glise par  des  personnes  pieuses  en  162 5  ,  et  fut  con- 
sidérée comme  un  objet  d'une  dévotion  particulière. 
Ou  y  voit  suspendues  des  petites  plaques  en  argent, 
qui  en  Italie  sont  fréquemment  appliqués  à  des  ta- 
bleaux, à  des  statues  de  saints,  ou  à  des  images  sa- 
crées, pour  lesquelles  on  a  conçu  une  vénération  par- 
ticulière. Ou  ne  saurait  approuver  cet  usage  de  percer 
des  tableaux  pour  y  attacher  ces  plaques,  des  colliers, 
ou  des  couronnes  sur    les   têtes    des    figures,    ce    qui 


(1)  Cet  artiste  distingué  fut  nommé  sculpteur  attaché  aux  tra- 
vaux de  la  Cathédrale  en  1 55^ ,  et  il  l'enrichit  de  ses  ouvrages 
jusqu'à  l'époque  de  sa  moit  en   i548. 


*-c(  iog  )»-» 
est  un  préjudice  remarquable  aux  productions  de  l'art, 
quelque  fois  même  à  des  peintures  de  grand  mérite 
qu'on  devrait  conserver  avec  le  plus  grand  soin.  Cela 
surprend  d'aulant  plus  dans  un  pays  qui  a  toujours 
été  le  berceau  des  beaux-arts  et  qui  se  vante  d'en 
donner   des  leçons  au   monde   entier. 

Après  avoir  admiré  l'élégance  du  travail  du  bas-relief 
delà  présentation  au  temple,  l'amateur  ne  pourra  voir 
avec  le  même  plaisir  celui  de  la  chapelle  suivante,  dé- 
diée à  S.e  Agnèse.  Il  le  trouvera  lourd,  d'un  style 
trivial  et  sûrement  il  regrettera,  de  ne  pas,  voir  à  sa 
place  le  tableau  de  Hercule  Procaccini  réprésentant 
également  le  martyre  de  la  sainte,  qui  ornait  la  cha- 
pelle avant  cette  très-médiocre  sculpture  de  Charles 
Baretta,  qui  lui  fut  cependant  payée  i2,5oo  liv.  Ce 
tableau  s'est  perdu.  Les  deux  figures  eutre  les  colon- 
nes sont  S.  Satyre  par  André  Biffi ,  d'après  le  modèle 
de  François  Brambilla,  la  seconde  S.  Ambroise ,  par  le 
célèbre  peintre  Jules  César  Procaccini,  qui  savait  aussi 
habilement  manier  le  ciseau  de  statuaire  que  le  pinceau. 
Devant  celte  chapelle  est  la  sépulture  de  l'Archevêque 
Gaspard  Viscouti ,  successeur  immédiat  de  S.  Charles: 
on  lit  sur  la  pierre  qui  le  couvre  l'inscription  suivante  i 


*-e(    l  I O  )s— » 

GASPARI  •  VICECOMITT 

MEDIOL    .    ARCHIF.PISCOPO 

QVl    .    ADVLTA    .    VIX    .    AETATE 

PVBLICIS    .    PRAECLAIUSQVE    .    MVNERIBVS    .    SVMMA 

CVM      .      LAVDE      .      PEKFVNCTVS      .      IAM      .      MATVRA 

NOVARIEN    .    EPISCOPVS    .    A    .    GREGORIO    .    XIII 

DESIGNATVS    .    MOX    .    IN     .    CAROLI    .    CARD    .    BORROMAEI 

DEMORTVI    .    LOCVM    .    SVFFECTVS    .  ECCLESIAM   .     MEDIOLANENS 

ANN    .    X    .    PIE    .    RECTEQVE    .    ANMINlSTRAVIT 

OBIIT     .    ANNO    .    AETATIS    .    SVAE    .     LVHI 

PRID    .    ID     .    JANVAR    .    MDXCV 

XENODOCHII  .  MAJORIS  .  HVJVS  .  VRB1S 

PRAEFECTI    .    HAEHEDES    .    P    .    P 

On  passe  ensuite  dans  la  nef  qui  fait  le  tour  der- 
rière le  choeur  et  ou  y  trouve  d'abord,  en  suivant  le 
mur  de  la  clôture,  un  marbre  noir  sur  lequel  la  reco- 
naissance  de  l'administration  a  fait  graver  le  souvenir , 
qu'elle  a  voulu  conserver,  à  Jean  Pierre  Carcano ,  bour- 
geois de  Milan,  qui  légua  par  son  testament  une  somme 
de  2  00,000  écus  d'or  à  cette  Cathédrale  pour  la  con- 
struction de  la  façade.  Il  assigna  également  uue  somme 
considérable  pour  l'édifice  du  graud  hôpital  et  fil  de 
plus  une  donation  pour  un  couvent  de  religieuses , 
suivant  l'usage  de  ces  tems.  L'inscription  en  lettres 
dorées   est  la  suivante  : 


«— œ(   III   Jm~* 

EEIGEKDAE    .    TEMPL1    .    HVJVS   .   IRONT! 

ATQVE    .    ORNANDAE 

IO    .    PETRVS    .    CARCANVS    .    MEDIOLANENSIS 

CCXXX    .    AVREORVM    .    M1LLIV 

LEGAV1T 

FABRICAE    .     CVRATORES 

PIO     .    ET    .    MVNIFICO     .     V1RO 

EX    .    TESTAMENTO    .    P    .    P 

La  position  des  objets  que  nous  allons  avoir  à 
nommer  n'est  pas  favorable,  parce  qu'ils  se  trouvent 
opposés  à  une  lumière  déjà  très-faible,  étant  diffuse 
au  travers  des  vitraux  peints;  il  est  donc  fort  difficile 
de  pouvoir  remarquer  les  beautés  de  quelques-uns  de 
ces  monumens  anciens.  C'est  ce  qui  nous  a  détermi- 
nés à  faire  dessiner  ceux  qui  méritent  de  fixer  les  re- 
gards des  amateurs  et  des  curieux ,  nous  nous  conten- 
terons d'indiquer  les  autres  en  passant  devant  eux, 
et  suivant  notre  méthode ,  de  les  juger  avec  impartia- 
lité ,    quelque  soit  l'opinion  générale   à  leur   égard. 

La  Planche  XXV11  représente  la  porte  de  la  Sacris- 
tie des  Chanoines,  communément  appelée  la  sacris- 
tie méridionale.  Le  couronnement  est  bien  absolument 
dans  le  style  appelé  gothique.  De  nés  jolis  détails, 
soit  dans  les  ornemens,  soit  daus  les  petites  figures 
et  dans  les  bas-reliefs,  contrastent  cependant  avec  l'en- 
semble, dont  le  goût,  surtout  par  rapport  à  ces  deux 
aiguilles  pyramidales,  pourrait  être  meilleur.  Ou  attri- 
bue cet   ouvrage  à  Pierre   Grassi  en    i5g5. 

On  conservait  dans  celle  sacristie  un  riche  trésor, 
mais  les  matières  d'or  et  d'argent  qui  le  composaient 
ont  été  converties  en  monnaie  à  une  époque  de  be- 
soins pour  l'état.  Peut  être  aurail-on  à  y  regretter  des 


•«-«(    I  l  2   ja— » 

objets  estimables  sous  !e  rapport  de  l'art.  On  tient  à 
présent  renfermés  dans  de  grandes  armoires  quelques 
morceaux  qui  peuvent  fixer  l'attentiou  des  curieux: 
nous  ne  parlerons  que  de  ceux-ci  ;  les  uns  sont  pré- 
cieux par  leur  antiquité ,  d'autres  par  la  beauté  du  tra- 
vail. Nous  commencerons  par  les  deux  statues  de  gran- 
deur naturelle  en  argent,  représentans  S.  Charles  Borro- 
jnée  et  S.  Ambroise,  revêtus  d'habits  pontificaux,  et 
ornés  de  pierres  précieuses.  La  bordure  de  la  chope 
de  S.  Ambroise  est  décorée  par  de  petits  ovales  isolés, 
dans  lesquels  sont  représentés  quelques  actions  de  sa 
vie.  Son  bâton  pastoral  a  au  sommet  six  petites  niches 
qui  contiennent  chacune  une  jolie  figure,  exécutées  par 
Charles  Grossi,  tandis  que  la  figure  entière  du  saint 
est  un  ouvrage  fait  au  marteau  par  l'orfèvre  Policarpe 
Sparolctti.  Elle  est  estimée  du  poids  de  2000  onces;  on 
lit  l'inscription  suivante  sur  la  base  du  piédestal  : 

DOSO    •    CIVITATIS    .    MEDIOLANl 

ET    .    PU    .    EIVSDEM 

AC     .    CIV1VM    .    LIBERAL1TATE 

ANNO    .    MDLXXXXVIII 

ce  qui  rappelle  la  donation  que  la  ville  de  Milan  fit 
de   cette   statue   à  la  Cathédrale  en    1698. 

La  statue  de  S.  Charles  a  été  exécutée  ,  comme  la 
précédente  ,  par  François  Vertova  ;  ce  fut  aussi  un 
présent  fait  par  les  orfèvres  de  la  ville  ,  comme  l'in- 
dique  son  inscription   gravée  sur  le   piédestai 

MVNVS    .    VNIVERSITAT1S 

AVRIFICIVM      .      MEDIOLANl 

DIE    .     IV    .    NOVEMB     .    MDCX    (l) 

(1)  Ou  place  ces  statues  sur  le  inaiue-autel  les  jours    de    gra-u- 
ile=   lèles. 


<— s(  1 1 5  )»-> 

Le  tableau  qui  est  dessus  cette  armoire ,  peint  par 
Jean-Baptiste  Crespi  dit  le  Cerano,  représente  S.  Char- 
les bénissant  les  croix.  Dans  l'armoire  à  gauche  est  un 
livre  d'évangiles  dont  on  se  sert  dans  les  grandes  so- 
lennités; son  couvercle  est  formé  de  lames  d'argent 
dorées  et  émaillées,  mais  les  figures  ciselées  annoncent 
le  dépérissement  de  l'art  dans  le  siècle  où  cet  ouvrage 
fut  fait.  On  prétend  que  ce  fut  un  présent  de  l'Ar- 
chevêque Eribert  qui  date   de  l'année    1018. 

Les  autres  objets   remarquables  sont: 

Deux  grands  dittiques  qui  ont  servi  de  couvercle, 
à  quelque  livre  d'évangile.  Les  figures  sont  d'un  meil- 
leur dessin  qu'on  ne  les  voit  dans  la  plupart  de  ces 
ouvrages. 

Un  seau  en  ivoire  ,  autour  duquel  sout  sculptés  les 
quatre  ÉvaDgélisles ,  et  un  bas-relief  qui  repiésente 
la  Vierge  avec  l'enfant,  environné  de  deux  anges.  La 
légende  est  en  caractères  appelés  gothiques;  le  man- 
che  est  d'argent  doré. 

Un  livre  d'évangile  avec  un  couvercle  orné  de  ci- 
selures en   or,  garni  de   perles   et  de   pierreries. 

Un  calice,  dont  le  pied  est  de  cuivre  doré:  son 
vase  est  d'ivoire  taillé  en  forme  de  certaines  coquilles ,- 
on  voit  autour  neuf  petits  groupes  de  figures,  dont 
les  têtes  sont  fort  jolies. 

Un  autre  calice  en  or,  orné  de  petits  bas-reliefs  de 
figures ,  de  petits  anges ,  d'un  goût  et  d'un  travail 
très-délicat   et  qui  mérite  l'attention   des  curieux. 

Un  paix  en  or  ciselée,  qu'on  attribue  à  Caradosso, 
milanais ,  qui  se  distingua  dans  cet  art  vers  le  XVI 
sièrle.  Le  fond  est  formé  par  une  pierre  appelée 
Phasma    sur    laquelle    est  fixée  une   croix  formée  par 


+—et(    1  1  /j.  )»— * 

douze  diamans.  Deux  petites  colonnes  de  lapislazuli 
soutiennent  un  fronton  triangulaire  ;  l'artiste  a  in- 
crusté dans  les  bases  des  colonnes  deux  jolis  camés.  Dans 
ce  morceau  la  matière  et  les  pierreries  ne  sont  pas 
le  principal  objet,  c'est  le  talent  de  l'artiste  qui  lui 
donue  du  prix.  La  composition ,  le  travail  et  l'expres- 
sion qu'on  remarque  dans  les  plus  petites  têtes  justi- 
fient la  célébrité,  dont  on  dit  que  jouit  pendant  sa  vie 
l'auteur  de  cet  ouvrage.  Le  groupe  principal  repré- 
sente la  déposition  de  Jésus  de  la  croix.  Le  Père  éter- 
nel est  au  dessus,  soutenu  par  trois  chérubins;  d'autres 
anges  dans  des  attitudes  agréablement  variées  enrichis- 
sent cette  composition.  Ce  bijou  a  été  donné  à  la 
Cbatédrale   par  le  Pape   Pie  IV;  on  y  voit   ses  armes. 

Une  autre  paix  en  cristal  de  roche,  sur  lequel  on  a 
gravé  en  creux  la  Vierge  au  pied  de  la  croix.  L'artiste 
ayant  appliqué  derrière  une  feuille  d'or,  l'effet  qu'elle 
produit  fait  croire  que  le  travail  soit  en  relief,  ciselé 
sur  ce   métal  et  que  l'on  ait  recouvert  d'uu   cristal. 

Dans  l'armoire  suivante  sont  lenfermés,  une  grande 
croix  et  des  chandeliers  d'argent,  qu'on  place  sur  le 
maître-autel  les  jours  de  grandes  fêtes;  les  figures  en 
relief  au  bas  de  la  croix  sont  d'un  bon  goût.  Les  chan- 
deliers  ne   sont   pas  aussi  riches  en   ciselure. 

On  y  montre  une  broderie  sur  une  étoffe  d'or,  exé- 
cutée par  Louise  Pellegrini,  brodeuse  renommée  dans 
son  tems.  Le  sujet  est  la  nativité  de  la  Vierge;  c'est 
un   don  de   S.  Charles   Borromée. 

Une  tapisserie  soie  et  or  ,  encadrée  comme  un  ta- 
bleau ,  représentant  l'adoration  des  trois  mages.  On 
prétend  qu'elle  a  été  exécutée  d'après  un  dessin  de 
Raphaël  d'Urbin ,  mais  il  est  plus  probable  que  ce  fut. 
d'après  un  dessin  de  quelqu'un  de  ses  élèves. 


<— <e(    I  1  O  Jb-> 

On  voit  aussi  une  statue  représentant  Jésus  attaché  à 
la  colonne,  qu'un  prétend  sculptée  par  Cristopbe  Solari , 
dit  il  gobbo  (le  bossu),  mais  d'après  le  mérite  des  au- 
tres ouvrages  de  cet  artiste,  on  serait  loin  de  lui  attribuer 
ce  morceau.  Nous  préférons  de  fixer  les  regards  de  l'a- 
mateur en  sortant  de  la  sacristie,  sur  une  niche  en  mar- 
bre ,  ornée  de  rinceaux  eu  style  gotbique ,  à  la  vérité 
d'un  goût  un  peu  grotesque  et  incorrect,  comme  le  sont. 
la  plupart  des  ouvrages  de  ce  genre,  mais  le  bas-relief 
qui  y  est  enfermé  et  qui  doit  avoir  été  exécuté  par  une 
autre  main,  annonce  pour  ce  tems ,  un  talent  qui  mérite 
quelques  éloges.  Le  sujet  est  Jésus  avec  la   Samaritaine. 

En  sortant  de  la  sacristie,  et  prenant  à  la  droite 
pour  achever  le  tour  de  l'église,  ou  trouve  une  effigie 
de  la  Vierge  dite  del  Parto  (des  accouchemens  ).  Ce 
tableau  est  plutôt  un  sujet  de  dévotion  pour  les  fem- 
mes qui  l'invoquent,  et  dont  le  nombre  y  est  quelque 
fois  assez  considérable  ,  plutôt  qu'un  objet  qui  puisse 
arrêter  l'amateur  des   arts. 

Nous  avons  déjà  dit  que  le  maître-autel  de  cette 
église  avait  été  consacré  par  un  Pape:  un  monument 
élevé  à  l'honneur  de  ce  poutife  eu  perpétue  ici  la  mé- 
moire. C'est  la  statue  de  Martin  V,  qui  est  malheureuse- 
ment placée  dans  un  lieu  trop  obscur  pour  qu'on  puisse 
en  apprécier  la  beauté  (  v.  PI.  XXY1II  ).  Elle  fut  or- 
donnée par  le  duc  Philippe  Marie  Visconti  à  Jacques 
de  Tradate,  sculpteur  milanais.  Le  Pontife  est  repré- 
senté en  habits  sacerdotaux  et  donnant  la  bénédiction  ; 
il  est  placé  sur  une  base  ou  console  saillante  hors  du 
mur  ,  et  enrichie  de  quantité  de  petites  figures  d'une 
jolie  exécution.  Nous  rapportons  la  longue  inscription 
qui  est  au  bas  de  la  statue,  mais  dont  on  se  saurait 
approuver  le  style  fastueux  et  trop   exagéré.  i  7 


<-e(   I  lO  )&-+ 

CERNE  .  VIATOR   •  AVE  .  HIC   .   STAT  .  IMAGO  .  SIMILLIMA  .  PAPAE 

QVI  .   BOSVS    .  ECCLESIAM   .   MARTINVS  .    IN   .  ORDINE  .  QVINTVS 

PASTOR   .    AI.1T       TIBI   .   ROMA   .   TVA   .   TIBI  .  GLORIA  .  GENTIS 

QVAM  .PARIT  .  ALTA.DOMVS.  CELEBRAT  A  . COLVMNA . PEU  .  ORBFM 

MVNDVS   .  ERAT  .  LONGO  .  ECCLESîAE  .  VEXATVS  .   IN   .   AHMOS 

SCISMATE  .  CONCILIVM   .  CONSTANTiA   .  FIRviAT  .  ET  .  ECCE 

ODDO   .  COLVMNA  .  POTENS  .  MAGNO   .   DE   .  CARDIN E  .  SVMMVS 

PRAESVL  .   HIC   .    EL1GITVR  .  MERITO    .  VELVT   .  ANTE   .  CREA  I  OR 

SVRGENTEM  .  ECCLESlAM  .  SVPER  .  ALTA  .  CACVMINA  .  PFTRE 
MOX    .    VOLVIT     .    FVNDARE    .     SVAM     .   SIC   .   PESTE    .   CADENTEM 

SCISMATIS    .   AC   .    F1RMA  .   STATVIT   .  STABILIRE   .COLVMNA 

HIC     .    REPETENS    .    PRIME    .    SVA    .    SANCTA    .    PALATIA    .   ROMAE 

HANC  .  PR1VS  .  AMPLIFICAM  .  QVAE  .  ROMA  .  SECVNDA  .  VOCATVR 

VRBEM  .  ADIT  .  HOD  .  ALTARE  .  SACRAT  .  CELEBRAT  .  QVOQ     MISSAM 

PRIMVS  .   ET  .  HIC  .  VENIAS  .  GRANDES  .  MIRASQVE  .  S ALVTIS 

PRO  .  FABRICA  .  ECCLESIAE  .  BONA  .  DAKT1BVS  .  ADDIT   .  HABENDAS 

PRAESERT1M  .  ALMIF1CI  .  CVM  .  FESTA  .  DICATIO  .  TEMPLI 

VENERIT   .  ATQVE  .  DIE  .  PRAESTANTE  .  SEQVENTEQ  .  FESTVM 

ISTA  .  DVCE  .  ANGVIGERO  •  LIGVRVM  .  REGNANTE   .   PHILIPPO 

IMPERIOSO    .    ITALIS    .    PER     .    JVSTAQVE    .    EELLA    .    TREMENDO 

MILLE  .  QVATERCEKTVM  .  OCTAVO  .  DECIMOQVE  .  SVB  .  ANNIS 

ET  .  SEXTO  .  DECIMOQVE  .  DIE  .  TVM  .  OCTOBRIS  .  EVNTIS 

FACTA  .  COLENDA  .  MANENT  .  AD  .  HONOREM  .  VIRGINIS  .  ALMAE 

CARMINIS    .    EST    .    BRIPIVS    .    JOSEPH    .     ORDINARIVS    .    AVCTOR 

DOCTOR    .     CANOMCI    .    JVRIS    .    SACRAEQVE    .  MAGISTER 

THEOLOGIAE  .  AST    .   HIC   .   PRAESTANTIS   .   IMAGINIS    .  AVCTOR 

DE  .  TRADATE   .  FVIT  .  JACOBINVS  .   IN  .  AHTE  .  PROFVNDVS 

NEC     .    PRAXITELE    .  MINOR  .  SED    .   MAJOR  (l)  .    FARIER  .   AVXtM 

T h oma  s    de    Ca p  o na  g o  scvipsit. 


(i)  Pcul-on  paidonner  cela  à  l'auteur? 


*-«(     l  I  7   )»-» 

On  lit  dans  une  autre  inscription ,  placée  au  des- 
sous de  celle-ci,  l'éloge  de  Nicolas  et  François  Picci- 
nino,  père  et  fils,  capitaines  distingués  dans  le  X\e  siè- 
cle, et  qui  furent  réunis  dans  le  même  tombeau.  Cette 
inscription  est  gravée   en   caraclèies   appelés  gothiques. 

QVT  AD  HANC  DEI  GEN1TCIS  ARA  PRO  EFFVNDENDA  PCE  ACCESS1STÎ 
N1COLAVS  -  OB  CORPGR1S  BREV1TATE  COGMCTO  P1Z1N1N  TE  ORAT, 
PHIUPP  MARIA  L1GVR  1PATO  —  Q  ME  TOT]  EXC1T  PFECTV  COST1TVERAT 
VT  VNS1S  LABOR1B  AC  F1DEI  1LLIBAT.E  S1B1  PER  ME  -  PREST1TAE 
GRATIAM  REDDERET  HOC  IN  LOCO  DONEC  SOLEMNI  PYRAMIDE 
CONSTRVCTA  —  IN  ALTVM  PROFERRET  CORP  VS  MEV  HYMAR1  MANDAV1T  . 
PYRAMIDAE  APVD  AREORIS  —  ARA  1BCHOATA  1MPATORE  AD  SVPOS 
ELATO  DEMV  DESTRVCTA  VNA  CVM  FRACJSCO  —  F1L10  EXERC1T 
MEOIOLAN  VN1CO  DVCE  1VXTA  ME  POSITO  OBL1V10NI  TRADITI  SVMVS 
-  MISERERE  NOSTRI  .  MCC.CCXLIUI  .  DIE  XVI  OCT  .  PATER  .  MCCCCSLV11IÎ 
DIE    XVI     .     OCT    FIL1    OBI 

Le  tombeau  en  marbre  noir  qu'on  voit  ensuite  est 
celui  du  Cardinal  Marino  Caracciolo  napoliiain  ,  qui 
fut  nommé  gouverneur  de  Milan  en  i555,  et  qui  y 
mourut  en  1 538.  Le  monument  est  de  bon  goût.  Le 
Cardinal  est  représenté  en  habits  pontificaux  ,  couché 
sur  la  chasse  du  tombeau  ;  celte  figure  ainsi  que  les 
petites  statues  qui  l'entourent  ,  sont  en  marbre  blanc» 
Celles  du  Sauveur,  de  S.  Pierre  et  de  S.  Paul  placées 
dans  des  petites  niches  au  milieu  ,  celles  de  S.  Jé- 
rôme et  de  S,  Ambroise  aux  deux  côtés,  ont  été  seul- 


«— &r  1 1 8  js— » 

ptées  par  Augustin  Busti.  Elles  sont  d'un  bon  style  , 
les  draperies  sont  d'un  goût  qui  s'approche  de  l'anti- 
que pour  la  simplicité  et  la  vérité  des  mouvemens. 
Au  haut  est  représentée  la  Vierge  tenant  l'enfant  Jésus. 
On  lit  sur  la  base  de  l'urne  sépulcrale  l'inscription 
suivante. 

MAR1NO  •  CARACCIOLO 

NEAPOL     .    ILLVSTRI     .    GENERE    .    ORTO 

QVI    •    PLVRIMIS    .    PRO    .    PONTIF    .    CAES 

Q     .    FVNCTVS     .     EST    .    LEGATIONIBVS     .     PRIMAM    .    CAROLO   .  V 

IMP    .    AD    .    AQVASGRANI    .    CORONAM    .    IMPOSVIT 

ANGLOS      .     El     .     CON1VNX1T     .     ET     .      VENETOS     .      AC 

DEMVM    .    A    .    PAVLO    .    III    .    PONT    .    MAX    .     IN 

CARDINALIVM    •    COOPTATV5    .    ORDINEM    .     DVM 

PROVINCIAM      .     MEDIOL     .     AB     .     EODEM    .     CAROLO 

SIEI     .     CREDITAM    .     REGERET    .    IMPORTVNA    .     MORTE 

CVM    .    MAXIM  A    .    REIP    .    CHRISTIANAE    .     JACTVRA  .   SVBLATVS 

EST     .     V     .     CAL     .    FEBR     .    MDXXXVM    .    ANNOS 

NATVS    .    LXIX 

Io  Baptjsta  Fratrî  OPT. 
(  v.  PL  XXIX  ) 

On  Voit  au  dessous  de  la  première  fenêtre  un  marbre 
blanc  qui  annonce  une  production  très-ancienne.  11  of- 
fre un  cercle,  dans  lequel  sont  huit  rayous  qu'on  ap- 
pelé Chrisma  Sancti  Ambrosii.  C'est  une  abréviation 


ou  mono^rame  du  nom  de  J.  C.  formes  des  deux  let- 
tres de  l'alphabet  grec ,  la  première  et  la  dernière 
alpha  ed  oméga,  placées  en  croix.  Elles  siguifient  en 
latin  principiwn  et  finis.  Cet  emblème  se  trouvait 
souvent  placé  dans  l'intérieur  ou  au  dessus  des  portes 
des  plus  anciennes  églises  catholiques,  et  les  huit  rayons 
étaient  regardés  comme  un  symbole  des  huit  béatitu- 
des. Au  dessous  on  lit  l'inscription  suivaute: 

CIRCVLVS    .    HIC    .    SVMM1    .    CONTINET    .    N0M1NA    .    REGIS 

QVEM    .     SINE    .    PRINCIPIO    .    SINE    .    FINE     .    VIDES 

PRINCIPIVM    .     CVM    .    FINE    .    T1BI    .    DENOTAT    .     A    .    ET    .    & 

On  ne  manque  pas  à  Milan  d'inviter  les  étrangers, 
qui  vont  admirer  le  Dôme,  de  voir  derrière  le  choeur 
la  statue  représentant  S.  Barthélémy  écorché,  et  dont 
la  peau  posée  sur  son  corps,  forme  une  espèce  de  dra- 
perie (v.  PI.  XXX).  Elle  se  trouve  près  de  l'endroit 
que  nous  venons  d'indiquer ,  mais  elle  est  désagréa- 
blement éclairée,  se  trouvant  au  bas  d'une  grande 
fenêtre.  L'inscription  qui  est  gravée  sur  le  piédestal 
semble  vouloir  fixer  l'opinion  sur  le  mérite  de  la  sta- 
tue ,   on   y    lit. 

NON    ME    PRAX1TELES 
SED    M  ARC  V  S    FINXIT    AGRATES. 

Cependant  elle  est  bien  éloignée  de  mériter  une 
comparaison  semblable.  Si  une  pareille  inscription  a 
pu   en  imposer  au    vulgaire    et    à    plusieurs    écrivaius 


•hb(    I  20  )s>-»  . 

même  de  nos  tems  ,  le  vrai  connaisseur  s'appercevra 
aisément  de  son  exagération  et  du  ridicule  d'une  pa- 
reille apothéose.  Il  conviendra  simplement  avec  nous  , 
que  cette  statue  à  du  mérite  dans  son  exécution. 
Elle  était  autrefois  placée  sur  l'un  des  côtés  du  tem- 
ple ,  on  la  transporta  ensuite  eu  1664  derrière  le 
choeur  avec  trois  autres  statues  de  Solari ,  de  Bei- 
landi,  et  de  Siciliano ,  pour  qu'on  les  vit  plus  com- 
modément; de  ces  quatre  statues  il  n'est  resté  que 
celle-ci. 

L'ancien  has-relief  en  rnarhre  hlanc  qui  se  pré- 
sente en  poursuivant  le  tour,  contient  l'effigie  de  J.  C. 
à  demi-corps  avec  deux  anges  qui  soutiennent  une 
draperie.  Cette  sculpture ,  qui  est  un  ohjet  de  vénéra- 
tion pour  les  dévots ,  n'offre  aucun  mérite  pour  son 
exécution. 

On  a  placé  sous  la  fenêtre  du  milieu  une  grands 
inscription  accompagnée  latéralment  de  deux  cariati- 
des, l'une  représente  le  Tems,  l'autre  l'Eternité  (1) 
et  dans  le  haut  est  le  huste  de  S.  Charles  Borro- 
rnée  dans  une  niche.  Cette  inscription  rapppelle  la 
consécration  du  temple  par  S.  Charles  coninue  il  suit  : 


(1)  Ou  avait  dessein  d'élever  dans  celle  église  un  monument  à  la 
mémoire  de  l'arlhitecte  Pellegrini,  qui  pendant  dixneuf  ans  avait 
emploie  ses  taïens  et  ses  soins  à  la  construction  dé  ce  temple  Le 
sculpteur  César  Bosso  fut  chargé  de  cet  ouvrage  en  159-,  el  l'an- 
née suivante  André  Bilfi  et  Antoine  Daverio  avaient  sculptés  cha- 
cun un  des  termes.  Cette  entreprise,  contrariée  par  les  rivalités 
et  la  jalousie  fut  abbandonnée,  et  les  deux  cariatides  servueut  a 
cetts  iascriplioat 


<-e(  I 3  I  )»— ► 

SANCTO  •  CAROLO  • BORROMAEO 

CAfiDlNALl    .    ARCHIEP1SCOPO     .    MEDIOLANI 

QVI    .     TOST    .    DEDICATVM    .    A    .    MARTINO    .    V 

ALTARE     .     MAXIMVM    .    TOTVM     .    TEMI>LVM 

SX     .    OCTOBRIS     .    MDLXXVII     .    SOLEMNI     .  RITV    •  CONSECRAVIT 

AC     .     TERTIO     .    QVOQVE     .     MENSIS    .     E1VSDEM     .     DOMINICO 

DIE    .     HVIVS     .    CONSECRATIONS     .    MEMORIAM    .     FIERl 

MANDAVIT    .    AMPLISSIMAEQVE    .    MVNVS     .    INDVLGENTIAE 

TEMPLVM     -    HOC    .    EO    .    DIE     .     RITE    .    V1SENTIBVS 

IMPETRAVIT    .    FABRICAE    .    PRAEFECTI 

ANNO    .    MDCXI    .    P 

Une  liste  considérable  de  reliques  et  de  corps  saints, 
que  renferme  ce  temple,  est  gravée  sur  deux  tables 
aux  côtés  de  l'inscription  précédente   (  v.  PI.  XXXII  ). 

Mais  ici  les  amateurs  des  monumens  gothiques  doi- 
vent s'arrêter  pour  admirer  d'abord  la  grandeur  (  cha- 
cuneé  tant  de  29  mètres  760e-  de  haut,  et  i5  mètres 
470e-  de  large)  ensuite  les  ornemens  et  entrelas,  d'une 
heureuse  et  riche  composition  ,  qui  forment  les  trois 
grandes  fenêtres  du  chevet  de  l'église.  Le  dessin  de 
ces  fenêtres  est  attribué  à  INicolas  Bonaventure ,  archi- 
tecte parisien,  mais  cet  artiste  étant  retourné  en  France 
vers  l'an  i3gi  on  chargea  de  leur  exécution  Marc  de 
Campione  (1).  Les  vitraux,  quoique  restaurés  de  piè- 


(1)  Ce  dernier  nom  est,  suivant  l'usage  de  ces  tems  ,  celui  de 
l'endroit  de  la  naissance  de  l'artiste,  qui  est  un  village  au  bord  du 
lac  de  Lugano.  Nous  ne  saurions  nous  refuser  de  remarquer  ,  que 
les  villages  et  les  hameaux  e'pars  sur  les  montagnes  ou  prés  du 
lac  de  Lugano,  dans  la  Suisse  italienne,  ont  produit  depuis  bien 
des  siècles  une  quantité  d'architectes,  de  sculpteurs  et  d'habiles  mar- 


<-<k(    122    )&-» 

ces  et  de  morceaux  qui  correspondent  peu  aux  ta- 
bleaux, présentent  cependant  des  fragmens  admira- 
Lies  d'un  bon  dessin.  Les  sujets  sont  tirés  de  l'ancien 
et  du  nouveau  testament  (i)  (  v.  PI.  XXXI  ).  Pour 
jouir  de  l'effet  des  roses  qui  terminent  ces  feuèires 
à  la  partie  supérieure  ,  il  faut  les  voir  de  loin  ,  éclai- 
rées par  le  soleil  -y  ce  sont  autant  de  feux  de  cou- 
leurs vives  dont  on  a  peine  à  supporter  l'éclat.  De 
près  on  ne  se  doute  pas  d'une  pareille  Leauté,  parce 
que  l'on   n'apperçoit   que   les  pierres  découpées. 

Six  tableaux  de  marbre  noir  sont  incrustés  dans  le 
mur  au  dessous  des  fenêtres  ;  ils  contiennent  les  noms 
de  personnages  distingués  par  leur  naissance  ,  et  de 
quelques  membres  des  anciennes  familles  des  Ducs  de 
Milan.  Leurs  corps  étaient  enfermés  dans  des  cercueils 
de  bois  recouverts  de  diverses  étoffes  ricbes,  et  on  les 
tenait  suspendus  entre  les  colonnes  par  des  chaînes 
de  fer.  S.  Charles  ,  ayant  d'après  les  décisions  du 
concile  de  Trente,  fait  enlever  tous  les  ossemens  qui 
n'étaient  pas  reconnus  appartenir  à  des  êtres  qui  étaient 
inscrits  dans  les  légendes  de  l'église ,  débarassa  ainsi 
la  Cathédrale  de  cet  amas  de  boites ,  offrant  un  triste 
et  sale  spectale  par  la  vétusté  des  étoffes  qui  devaient 
tomber  en  lambeaux.  Nous  nous  bornerons  à  rapportes; 
les  noms  de   ceux   qui  sont  inscrits   sur    ces   marbre. 

briers ,  qui  se  sont  répandus  non  seulement  en  Italie,  mais  qu'on 
rencontre  encore  dans  toutes  les  parties  de  l'Europe.  Il  y  eut  en 
tous  les  tems  parmi  eux  des  talens  distingués  et  plusieurs  d'un  génie 
extraordinaire,  et  nous  citerons  au  nombre  des  vivans  les  Alber- 
tuli ,  les  Rusca  ,  les  Blanchi ,  les  Marchesi  etc.  qui  honorent  l'art 
le  siècle  présent. 

(1)  Ces  ieucires  avec  les  vitraux  ont  coûié  7170  ecus 


»-e(   12  3  )»-* 

Polydore  Sforza ,  fils  de  François  Sforce  ,  vécut  23 
ans,   mort   le    10   mars    1 47 5. 

Elise  Sforza,  fille  de  François,  veuve  de  Jean- 
Baptiste  Visfonti,  vécut  16  ans,  morte  le  3o  juin  1 4-7  i5 
lors   qu'elle   allait   passer  à   de   secondes  noces. 

Conrad  ,  homme  d'état  distingué  ,  intrépide  militaire, 
vécut   60   ans,  mort  le   23   décembre    i47°- 

Bosio  de  la  famille  des  Sforce,  illustre  guerrier,  vé- 
cut G5   ans,  mort  le    14  mars    1  4t^- 

Léonard,  crée  Protonotaire  par  François  Sforce, 
mort   le    18  sept.    1484. 

Lucie,  femme  de  François  Sforce,  morte  le  21 
janvier    i45o  (1). 

Sur  le  mur  est  un  grand  tableau  couvert  de  petits 
canaux  de  verre  pour  le  conserver  ou  le  défendre 
de  la  poussière.  Ce  tableau  provient  d'une  ancienne 
église  dédiée  a  S.  Ibècle  qui  fut  démolie  pendant  la 
construction  de  la  Cathédrale;  on  n'y  voit  qu'une 
tête  de  J.  C. ,  très-médiocre  et  autour  des  têtes  de 
chérubins   non   meilleurs. 

Nous  arrivons  maintenant  à  un  tombeau  en  marbre 
rouge  soutenu  par  deux  colonnes  à  une  certaine  hau- 
teur,   ce   qui  est   assez  commun  pour  de  pareils  mo- 


(1)  En  outre  des  personnes  indiques  sur  ces  maibres  ,  les  cer- 
cueils dont  nous  avons  parle'  qui  étaient  suspendus  renfermaient 
les  corps  de  Jean  Marie  et  de  Philippe  Marie  Visconti  ,  fils  du 
premier  Duc  Jean  Galéas.  François  Sfurce  I  et  son  épouse  Rl.in- 
che  Mme;  Jean  Galéas  II,  leur  fils  tué  dans  l'église  de  S.  Enenne 
en  1477  pat  des  conspirateurs  pendant  l'office  divin;  Maximilien 
et  François  II  dernier  Duc  de  celte  famille 7  ainsi  que  plusieurs 
gouverneurs  de  Milan. 

18 


<-e)    t  2  f\.    )»-». 

mimens  élevés  dans  les  tems  ou  le  gothique  était  eu 
laveur.  Là  reposeut  les  cendres  de  Othon  et  de  Jean 
Visconti  ,  oucle  et  neveu  ,  tous  deux  Archevêques  et 
seigneurs  de  Milan  ,  morts  dans  cette  ville  ,  le  pre- 
mier en  i  ag5  et  le  second  en  1 354-  Ce  mausolée  qui 
existait  dans  l'ancienne  église  Métropolitaine  d'où  il  fut 
transporté  ici  en  i4-Oi,  n'offre  rien  de  pompeux  ni 
de  remarquable  sous  le  rapport  de  l'art ,  il  est  cepen- 
dant d'un  meilleur  goût  que  ceux  de  ce  genre  en 
pareille  époque.  Ce  qui  le  recomande  ce  sont  les  noms 
de  ces  deux  prélats  illustres  et  puissans  dont  le  pre- 
mier eut  le  surnom  de  Grand.  La  figure  de  cet  Othon 
est  sculptée  eu  habits  pontificaux  sur  le  couvercle  du 
tombeau,  ce  qui  ne  peut  se  remarquer  à  la  vue  a  cause 
de  la  hauteur  où  elle  est  placée  (1).  Aux  deux  extré- 
mités sont  deux  petites  têtes  qu'on  croit  représenter 
Mathieu  et  Hubert  Visconti  ses  antres  neveux,  et  qu'on 
voit  assez  bizareraent  posées.  Aux  quatre  augles  sont 
les  symboles  des  quatre  Evangelistes  (  v.  PI.  XXX11I  ). 
On  dit  que  ce  monument  est  un  acte  de  reconais- 
sance  de  l'ordre  de  Malthe  qu'Othon  institua  sou  hé- 
ritier. Ou  lit  sur  le  tombeau  deux  inscriptions:  celle 
du  côté  célèbre  les  vertus  de  l'Archevêque  Othon ,  et 
sur  celle  en  face  on  parle  des  faits  de  Jean ,  qui  vo- 
lut  être  réuni  à  son  oncle  dans  le  même  tombeau, 
L'inscription  de  face  est  la  suivante: 


(i)  Le  dessinateur  l'a  relevée  pour  en  donner  la  représentation, 
car  elle  est  posée  horizontalement. 


QVAM  .  FASTVS  .   QVAM  .  POMPA   .  LEVIS  .  QVAM  .  GLORIA  .  MVKDI 

S1T   .   BRK.VIS  .  ET  .  FRAGILIS  .  HVMANA  .  POTENTIA  .  QVAM  .  SlT 

COLIGE  .  AB   .   EXEMPLO  .    QVI   .  TRANSIS  .  PERLEGE  .  D1FER 

IN  .  SPECVLO  .  SPECVLARE  .  MEO  .  LACR;MAEILE  .  CARMEN 

QVI    •    SIM    .   QVI  .    KVERIM  .  DICET   .  QVI  .  MARMORE  .   CLAVDOR 

SANGV1NE  .   CLARVS  .   ERAM   .  VIC1COMES   •  STIRrE   .   ÎOANNFS 

NUMINF.  .  NVLI-VS   .   OPES  .   POSSEDIT   .   LATIVS   .   ORBE 

PRAESVL  .    ERAM    .    PASTORQVE    .    FVI    .    BACVLVMQ    .    TFNEBAT 

DEXTERA    .    PASTOKIS     .     GLADIVMQ    .    SINISTRA    .    GFREBAT 

FELICIS    .    DOMINI    .    MAGNVSQ    .    POTENSQ     .    TYRAMPN 

IPSE    .     FVI     .    V1VENS     .    METVERVNT    .    NOM1NA     .    NOSTRA 

AETHERA    .    TERRA    .    MARE    .    SVBERANT    .    VRBESQ        POTENTES 

lMP:RIO    .    TITVLOQ    .    MEO    .    MICHI    .    MIDIOLANI 
VRBS  .    SVBERAT     .    L  .VDENSE    .    SOLYM    .     PLACENTIA    .    GRATA 

AV  REA    .     PARMA    .     EONA    .    BOKONIA  .  PVLCRA    .  CREMuNA 

BERGAMA   .    MAGNA    .     SATIS    .    LAPIDOSIS    .    MONTIBVS    .     J-  VCTA 

BRIXiA  .   MAGNIPOTENS   .  BOB1ENSIS    .   TFRRA  .  TR1BVSQ 

EXI     IIS    ■    DOT  ATA    .    BONIS   .   TERDoNA  .   VOCATA 

CVMARVM     .    T    LLVS     .    NOVAQ     .    ALEXANDRIA    .    PIKGVIS 

ET    .    VERCELLARUM    .    TERRA    .    ATQ     .    NOVARIA  .   EA   .    ALBA 

AST   .   QVOQVE  .  CVM   .  CASTRIS    .  PEDEMONTIS   .  JVSSA   .   SVEIBAT 

JANVA  .  QVAE   .  A    TIQVO   .  QVONDAM   .  IAM  .  CONDITA  .  TANO 

DICITVR    .    ET    .     VASTI    .    NARRATVR     ■    1ANVA    .    MVNDI 

ET   .   SAVONENSIS   .   VRBS  .  ET    .  LOCA   .    PI.YRIMA   .   QVAE     .    NVNC 

DIFFICILE  .    EST  .   NARRARE   .   MICHI   .  MEA   .   IVSSA    .  SVBlBANT 

TVSCIA   .  TOTA   .    MEVM    .  METVEBAT   .   LANGVIDA  .   NOMEN 

PER    .    ME    .    OBSESSA     .     FV1T    .   TOPVLO  .    FLORENTIA    .    PLFNA 

BELLAQVE    .    SVSTINV1T    .    TELLVS    .    PERVSINA    .    SVPFRBA 

ET  .    PISE    .    ET   .   SENE  .   TIM1DVM   .   REVER    NTER   .   HONOREM 

PRAESTABANT   .  ME  .   ME   .   METVEBAT    .   MARCHIA    .   TOI  A 

ITALIAE   .    TARTES    .    OMNES    .     T1MVERE    .    ÎOANNEM 

NVNC   .  ME   .  PETRA   .   TENET   .   SAXOQVE   .   INCLVDOR   .   IN    .    1STO 

ET   .  LACERVM  .  VERMES  .  LANIANT  .  NVNC  .  VNDIQVE  .  CORPVS 

QVID  .   MICHI   .  DIVITlAE  .  QV1D  .  LATA  .  PALATIA  .  PROSVNT 

CVM  .  MICHI   .   SVFFICIAT  .  P    RVO   .   QVOD  .  MARMORE   .  CLAVDAR 

jjt   ET  .  CLAVSI   .  DIEM  .  MEVM    .  MCCCLIV   .  DIE  .  V  .  OCT    BRIS 

DOM1NVS    .    GABRIVS    .    DE    .    ZAMOREIS    .    DE    .    PARMA    .   LEGVM 

DOCTOR    .    COMPOSV1T    .    HAEC    .    CARMINA 


<— e(    126  )»— > 
celle  du  flanc 

1NCLYTVS   .   ILLE   .   PATER     .    PATRIAE    .  LVX   .  GLORIA  .    PATRVM 

FVLGOR    .    IVSTITIAE    .     FIDEI    .    RASIS    .     ARCHA    .    SOPHIAE 

LARGITOR    .    VENIAE    .     PORTVS    .    PIETATIS    .     EGEN1S 

1NTREP1DVS    .    PASTOR    .    QVEM    .    MOLFS    .    NVLLA    .     LABORVM 

ARDVA    .    DEVICIT     .    POPVLO    .    LATVKA    .     QVIETEM 

ILLE  .  P1VS   .    PRINCEPS  .   ET   .   PRAESVL    .  AMABILIS  .    IN    .     QVFM 

ALTVS    .    VIRTVTVM    .    SPLENDOR    .    CONVENERAT    .    OMMS 

QVO    .    MEDIOLANVM     .    RADIABAT    .    LAMPADE    .     TANTA 

TOTAQVE    .     FVLGEBAT    .    REGIO    .    NVNC     .    PALLET    .    ADEMPTO 

CLARA  .    VICECOM1TVM    .    PROLES    .    VENERAB1LIS    .     OTTO 

OU  .  DOLOR  .  OH  .  VVLNVS  .   C1NIS  .  EST  .  HOC  .  MARMORE  .  FACTVS 

CHRISTE  .  PATER   .  VITA  .  REQVIESCAT   .   SPIRITVS   .  IN    .   TE 

ANNIS     .    VNDENIS    .    TER    .    SENIS    .    TERQVE    .     DIEBVS 

PRAEFVIT    .    ECCLESIAE    .    PASTOR    .     BONVS    .    AMBROSIANAE 

MILLE     .    DVCENTENO    .    QVINTO    -    NOVIESQVE     .     DECENO 

QVARTO    .    HIC    .    AVGVSTI    .    BIS    .    LIQVIT    .    GAVDIA    .     MVNDI 

La  statue  du  Pape  Pie  IV,  oncle  maternel  de  S. 
Charles  Borromée  est  placée  au  dessus  du  monument 
dont  nons  venons  de  parler.  Celte  figure  eu  habits 
pontificaux,  assise,  est  un  excellent  ouvrage  en  mar- 
bre d'Ange  Siciliano,  artiste  renommé  dans  son  lemsj 
elle  repose  sur  une  console  qui  lui  sert  de  base ,  fort 
riche  de  sculpture  d'uu  travail  plein  de  goût  et  fini 
précieusement:  elle  est  de  François  Brambilla.  Vasan 
et  d'autres  écrivains  ont  vanté  les  deux  anges  et  les 
trois  figures  de  fantaisie  qui  forment  cette  console  (  v, 
PI.  XXXIV).  Près  du  monument  surmeutiouné  on  trouve 
un  petit  autel  en  bois  doré  avec  un  tableau  sur  lequel 
est  représenté  l'immage  de    la  Vierge.  Cette    peinture 


n'a  rien  de  remarquable  et  prouve  que  souvent  on  a  pro- 
féré au  bon  goût  dans  les  décorations  des  églises,  des 
objets  désignés  des  dévots  par  une  adoration  particu- 
lière. De  pareils  tableaux  ou  statues  sont  ordinairement 
cbargés,  comme  nous  avons  déjà  remarqué,  de  médailles 
et  de  couronnes  en  argent,  ornés  de  vases  de  fleurs, 
et  entourés  de  nombre  de  cbaudelles  allumées ,  offran- 
des des   fidèles. 

On  arrive  aussitôt  à  la  porte  de  la  sacristie  septen- 
trionale,  aussi  d'un  style  gothique  assez  riche  d'orne- 
mens  en  marbre,  beaucoup  moins  cependant  que  celle 
de  la   sacristie  méridionale   (  v.  PI.  XXXV  ). 

L'intérieur  de  cette  sacristie  n'offre  rien  de  curieux, 
sa  boiserie  est  médiocrement  ornée.  On  voit  une  sta- 
tue de  maibre  représentant  J.  C.  à  la  colonne,  scul- 
ptée par  Antoine  de  Viggiù.  On  peut  regretter  le  de- 
terieurement  des  peintures  de  la  voûte  faites  par  Ca- 
mille Procaccini  en  1611.  Parmi  quelques  tableaux 
attachés  aux  murailles  on  distingue  celui  qui  repré- 
sente S.e  Thècle  au  milieu  des  lions  et  aux  serpeus , 
peint  par  Aurèle  Luini.  Il  décorait  autrefois  un  autel 
dédié  a  cette  sainte,  duquel  nous  aurons  bientôt  oc- 
casion de  parler.  Un  escalier  est  placée  dans  un  coin 
de  celte  sacristie  j  elle  conduit  a  des  chambres  supé- 
rieures à  l'usage  des  gardiens  de  l'église,  et  continue 
ensuite  jusqu'au  sommet  de   l'édifice. 

En  sortant  on  trouve  à  la  droite  de  la  porte  un 
tombeau  assez  grand  mais  d'une  construction  simple. 
C'est  la  sépulture  de  trois  Archevêque  de  la  famille 
Arcimboldi,  Jean  Gui,  Antoine  et  Jean-Ange.  Cette 
famille  s'est  éteinte  en  1727.  Les  bustes  de  ces  pré- 
lats sout  rangés  sur  la  partie   supérieure    qui    soutient 


*-& 


s(    128  )»-> 

le  sarcophage;  ces  têtes  sont  bien  modelées  (  v.  PI. 
XXXVI  ).  Ou  lit  l'inscription  suivante  gravée  dans  la 
base. 

IOANNI    .    ARCIMBOLDO    .    PRESBYTERO    .    CARDINALI 

AVO     .    PATERNO    .     LEGITIMO     .    ET 

GVIDO    .    ANTONIO    .    ARCIMBOLDO    .     PATRVO    MAGNO 

ARCHIEPISCOPIS    .    MEDIOLANI    .     ET     .     SIBI 

IOAN  .  ANGELVS  .  ARCIMBOLDVS  .  AB  .  EPISCOPATV  .  NOVARIENS! 

CVI     .     XXIV    .     ANNOS     .     PRAEFVERAT     . 

AD    .    ARCHIEPISCOPATVM    .    MEDIOLANENSEM 

V     .    F    .    IDEM    .    ANNOS     .    MXX    .    NATVS    MORTEM 

OBIIT     .    VIII    .    1D     .    APRIL     .    MDLV 

La  première  chapelle  en  tournant  daus  le  bras  de 
la  croix  est  dédiée  à  S.e  Thècle.  Un  fronton  brisé  est 
porté  par  deux  anges  qui  paraissent  le  soutenir  avec 
effort.  Ce  n'est  pas  ainsi  qu'on  devait  représenter  des 
esprits  célestes ,  dont  la  puissance  n'est  pas  compa- 
rable aux  forces  humaines.  A  la  place  d'un  tableau 
d'Aurèle  Luini,  que  nous  avous  remarqué  daus  la  sa- 
cristie précédente ,  on  a  placé  un  mauvais  bas-relief 
en  marbre  blanc  de  Charles  Beretta ,  fait  en  1764.  Il 
représente  S.e  Thècle  au  milieu  de  lions.  Les  statues, 
qui  décorent  cette  chapelle  sont  d'un  meilleur  ciseau 
entre  autres  S.e  Palagie  par  Pierre-Antoine  Daverio. 
Lorsqu'on  eut  démoli  l'ancienne  église  de  S.e  Thècle  on 
transporta  à  la  Cathédrale  les  prébendes  qui  y  étaient 
attachées  ,   et  on  lui  consacra   alors  cette   chapelle. 

Au  pilastre  voisin  est  suspendu  un  grand  tableau  re- 
présentant l'annoncialion,  présent  de  François  de  Mé- 
dicis  ,  grand  Duc  de  Toscane  à  S.  Charles  Borromée. 
Nous  ne  pouvons  rien  ajouter  à  la  louange  de  l'auteur. 


-*— «! 


b 


(  i  29  )*"* 

La  chapflle  suivante  est  dédiée  a  Se  Praxède,  dont 
l'ordonnance  d'architecture  est  d'un  meilleur  goût  que 
la  chapelle  précédente.  L'autel  était  autrefois  orné  d'un 
tableau  d'Amhroise  Figini,  on  l'a  remplacé  par  un  bas- 
relief  d'une  heureuse  et  riche  composition ,  ouvrage 
de  Marc-Antoine  Prestinari.  On  y  voit  J.  C.  en  croix, 
a  côté  est  une  belle  figure  de  la  Vierge  drapée  avec 
goût.  L'attitude  de  S.  Jean  pourrait  être  mieux  choi- 
sie. La  Madeleine  au  pied  de  la  croix  manque  de  grâce  , 
les  muscles  de  ses  bras  sont  trop  fortement  pronon- 
cées. Deux  grandes  figures  a  genoux  sur  le  devaut , 
S.e  Praxède  et  S.  Charles  en  chappe  sout  d'un  excel- 
lent style  et  parfaitement  drapés.  On  voit  avec  plaisir 
le  groupe  d'anges  eu  adoration  dans  le  haut.  Les  pe- 
tites figures  au  sommet  de  cette  chapelle  sont  agréa- 
bles. La  figure  placée  entre  les  colonnes  est  le  père 
de  S.e  Praxède,  vêtu  de  la  toge  consulaire  ;  elle  est 
d'André  Biffi  (  v.  PI.  XXXVII). 

Dans  l'angle  est  pratiquée  une  petite  porte  qui  con- 
duit à  l'escalier  lequel  sert  à  monter  sur  le  dessus 
de  l'église.  A  côté  de  cette  porte  est  placé  un  tom- 
beau en  marbre  d'un  dessin  fort  gracieux  dans  le  style 
gotique  avec  de  jolies  petites  figures  de  ronde  bosse 
dans  des  niches.  Ce  monument  fut  exécuté  dans  le 
XV  siècle  d'après  le  dessin  de  Philippe  de  Modène } 
mais  on  ignore  le  nom  du  sculpteur.  Les  administra- 
teurs de  la  Cathédrale  ont  voulu  ainsi  conserver  à  la 
postérité  la  mémoire  du  bienfaiteur  Marc  Carelli,  mort 
en  i5g4  laissant  un  don  de  55,ooo  ducats  pour  la 
construction  de  cet  édifice.  Le  sarcophage  qui  fut 
placé  eu  cet  endroit  en  i6o5  contieut  les  cendres 
de  ce  géuérenx  philautrope ,  dont  la  statue  est  repré- 


semée  étendue  sur  la  chasse  (  v.  PI.  XXXVIII  ).  On 
regrette  de  voir  un  monument  si  remarquable  rapport 
à  l'art  et  au  souvenir  d'un  grand  homme  ,  à  moitié 
caché  par  un  armoire.  Il  est  probable  que  l'admini- 
stration actuelle  s'avvisera  bientôt  de  soigner  ce  joli 
monument  d'une  manière  plus  couvenable.  Au  dessus 
on   lit  l'inscription   suivante   en   lettres   gothiques. 

HAC    .    ADM'RANDA    .    MARCVS    .    REQVIESCIT    .     IN     .     ARCHA 

QVI     .    DE     .    CARRELLIS     .    COGNOMINE     .    DICTVS    .    ERAT 

HIC   .  TIBI  .  DEVOTVS  .  SANCTISSIMA    .    VIRGO    .    MARIA 

PRO    .    FABR1CA    .     ECCLESIAE    .    MAXIMA    .    DONA     .    DEDIT 

MILIA    .    NAM     .    PLVSQVAM    .     TRIGINTA     .     QVINQVE   .   DVCATVM 

CONTVLIT    .    ERGO    .    ANIMAE    .    TV    .    MISERERE    .    SVAE 
QVI .  DOM1NVS  .  MARCVS  .  OBIIT  .  DIE  .XVIII  .  SEPTEMBRIS .  MCCCXCIV 

Un  autre  marbre  incrusté  dans  le  mur,  tout  au- 
piès,  à  été  consacré  à  la  mémoire  du  sculpteur  Fran- 
çois Brambilla,  qui  travailla  pour  cette  église  pendant 
quarante  ans;   on  y  lit  cette  inscription. 

D  O     •     M 

FRANCISCO     .    ERAMBILLAE    .    CELEBERRIMO 

PROTOPLASTAE     .    QVI    .     IINGEND1S     .    HVIVS     .     TEMPLI 

ARCHETYPIS   .   PER  .   ANNOS   .  XL    .    OPERAM    .    DEDIT 

PRAEFECTI   .  FABRICAE   .   OFFIC1I  .  MEMORES   .P.P.  MDXCIX 

Le  fond  de  la  croix,  ou  s'ouvrait  anciennement  une 
porte,  comme  nous  l'avons  remarqué  en  parlant  du 
côté  opposé  ,  est  orné  maintenant  d'une  grande  cha- 
pelle dédiée  à  la  Vierge.   On  lui  a  donné    fort  impro- 


^-e(  I  5  l  )a~» 
prement  la  dénomination  de  la  Madonna  delï albero 
(la  Madone  de  l'aibre)  à  cause  d'un  superbe  candé- 
labre en  bronze  qui  esl  posé  devant  la  cbapelle.  C'est 
ud  cbandelier  a  sept  brandies  qui  à  environs  20  pieds 
de  bauteur,  et  fut  donné  par  Jean-Baptisie  Trivulzi , 
archiprêtre  de  la  Cathédrale.  Ou  y  allume  des  lampes 
les  jours  de  grandes  fêles.  C'est  un  très  beau  morceau 
qu'on  ne  peut  se  lasser  d'admirer  par  la  singulière 
richesse  de  ses  ornemens  découpés  avec  délicatesse, 
entrelacés  avec  goût ,  et  enrichis  des  charmantes  pe- 
tites figures  ,  d'animaux,  de  caprices  mêlés  avec  art 
dans  ses  ornemens  ,  et  enfin  enrichi  de  pierres  pré- 
cieuses. C'est  à  regret  que  nous  ne  pouvons  joindre 
au  nom  du  donateur  celui  de  l'artiste  qui  l'a  modèle 
et  même  celui  de  fondeur  qui  l'a  exécuté  ,  qui  mé- 
riteraient  d'être   connus  de  la  postérité. 

On    lit  sur  la  base  le  deux  inscriptions  suivantes. 


ÎO  .  BABT 
TRIYVLTIVS 
IIV    .    ECCL 

ARCHIPRR. 

D  •  D 


PRAEFECTI 
FAER1CAE 
PERFECER 

ET    .    HIC    .    PO    . 

VIII     .    C     .     APR    . 
M    D    LXII 


La  chapelle  elpvée  de  terre  par  des  dégrés  en  mar- 
bre esl  formée  par  une  balustrade  de  différens  mar- 
bres à  hauteur  d'appui.  Le  dessin  de  la  chapelle  fut 
donné  par  Piolomée  Rinaldi  et  ressemble  beaucoup  a 
celle  de  .S.  Jean  Bono  qui  est  en  face.  Aux  deux  cô- 
tés nous  voyons  encore  deux  figures  colossales  en  plâ- 

19 


<-«(  i32  y&-* 

tre  qui  par   leur  lourdeur    font    paraître   plus    délicates 
les   statues   qui  se  voyent   à   l'autel. 

Sur  les  pilastres  de  l'arc  d'ouverture  se  voyent  six 
bas-relief  du  même  genre  que  ceux  de  la  chapelle  de 
S.  Jean  Bono  que  nous  avons  déjà  décrite,  c'est-à  dire 
de  petits  tableaux  composés  de  quantité  de  figures  ,  et 
où  la  perspective  liueaire  est  plus  ou  moins  bien  ob- 
servée ;  ce  sont  tous  des  sujets  de  la  vie  de  Marie: 
ceux  à  la  gauche   représentent: 

I.  La  nativité    de   la  Vierge. 

II.  La  présentation   au  temple. 

III.  Son   mariage, 
à  la  droite 

I.  L'enfant  Jésus  de  la    crèche. 

II.  Jésus  disputant  avec  les  docteurs. 

III.  Les  noces   de  Cana. 

Les  auteurs  de  ce  bas-reliefs,  furent  les  plus  habi- 
les sculpteurs  du  tems  déjà  désignés  dans  cet  ouvrage, 
Augustin  Busti,  Ange  Siciliano,  André  Farina,  Cn- 
stoph  Solari,  Silvio  Cusini  et  Marc  de  Gra ,  qu'on 
croit  le  même  que  l'Agrate  qui  a  sculpté  la  statue  de 
S.  Barthélémy. 

Les  figures  sont  si  petites  dans  ces  tableaux-reliefs 
qu'on  en  perd  tout  le  mérite  ,  excepté  aux  deux  pre- 
mières à  droite  et  à  gauche  qui  sont  à  la  hauteur  de 
l'oeil.  Ils  ne  diffèrent  guères  de  ceux  de  la  chapelle 
de  S.  Jean  Bono;  on  y  trouve  la  même  délicatesse 
d'exécution  mais  de  la  manière  dans  le  dessin  ,  ce  qm 
tient  au  goût  qui  régnait  alors,  les  artistes  n'ayant 
pas  encore  eu  sous  les  yeux  les  riches  collections  de 
statues  antiques  qu'on  admire  à  Rome,  à  Naples  et  à 
Floreuce. 


■<— «/    i  5  5  )ss — » 

Ces  bas-reliefs  sont  séparés  aussi  par  quatre  bustes 
en  relief,  demi-ronde  bosse,  qui  représentent  des  pro- 
phètes. Ces  têtes  sont  de  César  Btissola.  La  -voûte  de 
la  chapelle  est  ornée  d'une  gloire  d'anges  et  de  saints 
en  relief,  auxquels  ont  travaillé  Dénis  Bussola,  Jean- 
Pierre  Lasagna,  Gaspard  Vismara,  Charles  Albertini , 
Charles-Antoine  Bono  et  Jérôme  Prevosto.  Au  centre 
de  la  base  en  ogive  est  le  Père  étemel  sculpté  par 
André  Biffi,  mais  ayant  été  surpris  par  la  mort  avant 
de   l'avoir   terminé,  Charles   son   fils   l'acheva. 

L'autel  est  décoré  de  plusieurs  statues,  de  têtes 
d'anges  ,  d'autres  à  mi  corps  ,  et  enfin  surmonté  à  la 
cime  par  des  figures  d'une  moindre  proportion  ,  les 
uns  rampantes  sur  le  fronton,  d'autres  placées  sur  des 
dés.  La  figure  de  la  Vierge  n'a  rien  d'admirable  ,  la 
tête  est  trop  petite,  elle  est  surchargée  de  draperie 
d'un  goût  lourd  et  même  bizarre.  Ou  lit  sur  le  pié- 
destal le  nom  du  sculpteur. 

ELIAS    VINCEN    .     EVZZI     .    FECIT     1^68. 

Les  deux  statues  qui  sont  placées  au  sommet  des 
pilastres  sur  le  devant  représentant  la  Vierge  et  l'Ange 
Gabriel  sont  de  Dénis  Bussola.  Devant  cette  chapelle 
sont  placées  sur  le  pavé  six  pierres  tumulaires  sous 
lesquelles  reposent  les  cendres  de  six  cardinanx  ar- 
chevêques de  Milan.  On  voit  aussi  suspendu  à  la  voûte 
des  chapeaux  avec  leurs  houppes.  Au  milieu  de  ces 
pierres  se  trouve  la  tombe  de  Frédéric  Borromée,  nom 
cher  à  la  religion ,  aux  sciences  et  aux  beaux  arts» 
La  simplicité  qui  règne  dans  l'inscription  corre?pond 
a   la  modestie   qui  distingua  ce  vertueux  prélat. 


<— c(  1 5  4  )»— ► 
FEDERTCVS     BORROMAEVS 

CARD    ET    ARCHIEP  •  MEDIOLANI 

SVB  ■  PRAESIDIO     BEAT1SSIV1AE  ■  ViRGINIS 

HIC      QV1ESC1T 

DECESSIT  •  ANNO  •  MDCXXXl  •  XI  •  CAL     OCTOBR1S 

HUMLLITAS 

Les  autres  inscriptions  placées  à  côté  et  au  dessous 
sont  : 

CAROLVS  •  GAIETANVS 

CARDIN  ALIS  •  STAMPA, 

ARCHIEP    .    MEDIOL 

LVCEM    .    MISERICORDIAE 

QV1ESCIT 

YIX1T    .    ANN    .    LXV     .    MENS    .    I    .    DIES    .    XIII 

OBIIT    .    XIII    .    DECEMB 

MDCCLII 

FEDERICVS  •  CARD1NALIS  •  VICECOMES 

ARCHIEP1SCOPVS  •  MEDIOLANI 

OBIIT 

SEPT1MO  •  1DVS  •  IAiN  •  ANNO  •  MDCXCHI 

FEDERICVS  •  CARD1NALIS  •  CACCIA 

ARCHIEP  •  MEDIOL 

PAVPER1BVS  ■  EX  •  ASSE     HAEREDIBVS  •  1NSTITVTIS 

AiNINVM  ■   AGENS  •  LXIV 

OBIIT 

XIX     KALEN  •  FEBRVARH  •  AINNO  •  MDCIC 

OSSA 

CAESAR1S  •  MONTII 

CARD1NALIS  ■  ARCHIEP  •  MEDIOL 

VIXIT  •  ANNIS  •  LV1     REXIT     ECCLES1AM  •  ANNIS  •  XV 

OBIIT  •  ANNO  •  MDCL  •  VXI1  •  KAL  ■  SEPTEMB 


A     •     P     •     O 
PHILIPPVS  •  VICECOMES 

ECCLESIAE  •  MEDIOLANENS1S  •  ARCHIEP1SCOPVS 

RELIG10MS     CAVSSA  •  LVGDVNVM  •    PROFECTVS 

OBDORMIV1T  •  IN    DOMINO     111  •  KAL  •  IAN  •  ANNO  •  MDCCCII  (i) 

AET  •  LXXX1     PONTIF  •  XVIII 

EIVS  •  EXVVIAF.     MEDIOLANVM  ■  TRANSL^AE 

HÈ1C  •  RECOIND1TAE  •  XV  •  KAL  •  ARTII  •  MDCCCII 

La  chapelle  qui  est  après,  environnée  d*un  grille 
en  fer  esl  dédiée  a  S.e  Chatérine  de  Sieune;  son  au- 
tel eu  marbre  blanc,  d'un  style  gothique  élégaût,  est 
décoré  de  quantité  de  petites  figures  presque  toutes 
remarquables  par  un  bon  dessiu  ,  de  jolies  têtes,  de 
draperies  d'un  bon  goût  et  sculptées  avec  une  ex- 
trême délicatesse,  de  même  que  les  ornemeos  qui 
semblent  être  découpés  et  appliqués  après  coup.  C'est 
un  petit  bijou  qu'il  faut  aller  découvrir ,  car  on  ne 
le  deviueroit  pas  dans  cet  angle.  Des  deux  côtés  de 
la  niche  dans  laquelle  est  l'effigie  de  la  sainte  ,  sont 
deux  statues  qui  représentent  S.  Jérôme  et  un  Ar- 
chevêque. On  à  transporté  dans  la  Cathédrale  cet  autel 
qui  avant  existait  dans  l'ancienne  église  de  S.e  Thècle 
(  v.  PI.  XXXIX  ). 

Sur  le  mur  à  gauche  dans  cette  chapelle  est  placé 
un  tombeau  en  marbre  blanc;  il  est  consacré  à  la 
mémoire  de  l'archevêque  de  Milan  Philippe  Archinti, 
prédécesseur  de  S.  Charles  Borromée.  Le  buste  est 
élevé  sur  un   piédestal    au    milieu  ,    ayaut  à  ses  côtés 


(0  lit  Rai.  Jan.    Anno   MDCCCII    correspond    au  5o    Décem- 
bre  1802,  jour  que  mouiùt  à  Lyon  l'Archevêque  Visconti. 


«-»(  1 56  )»-» 
deux  chérubins.  L'ordonnance  de  ce  monument  se 
compose  de  deux  colonnes  de  marbre  veiné  dout  les 
bases  et  les  cbapitaux  sont  de  bronze  ,  le  tout  cou- 
ronné d'un  fronton  triangulaire  (  v.  PI.  XL  );  il  fut 
exécuté  en  i56o  par  Balthazar  Lazate.  On  lit  l'inscri- 
ption suivante  sur  le  piédestal: 

HIC  •  EST  •  TITVLVS  •  MONVMENTI 

PHILIPPI    •    ARCHINTI 

ARCHIEPIS  •  MEDIOLANEN 

VIX  •  an  •  LX1I 

M    •   XI   •   D       XM 

OB     XI  •  CAL     IVL  •  MDLV11I 

Une  autre  inscription  est  gravée  sur  un  marbre 
entre  les  deux  piédestaux  des  colonnes. 

CORDE  •  GRAVIS  •  LINGVAQVE  •  POTENS  •  JVRISQ  •  PERITVS 

TRAX1T  •  AB  •  ANTIQVA  •  NOBIL1TATE  •  GENVS 

PONTIFICISQVE  •  VICES  •  ROMANA  •  GESSIT  •  1!N  •  AVLA 

LEGAT1  ■  HLNC  ■  VENETA  •  MVNVS  ■  IN  •  VRBE  •  OB1IT 

ALEX  •  ARCHINTVS  ■  1  ■  C 

FRATRI  •  B  •  M     P 

On  lit  dans  la  même  chapelle  une  autre  inscriptiou 
d'une  belle  simplicité ,  sur  une  pierre  posée  a  terre , 
où  reposent  les  cendres  d'un  autre  Archevêque  de  la 
même  noble   famille. 

JOSEPH 

T1T  •  S  •  PRISCAE  •  PRESB  •  CARD 

LEGATVS • DE • LATERE 

EX   •   ARCH1NTA    •   FAM1LIA 

SECVND'vS  •  MEDIOL  •  ARCH1EPISCOPVS 

Y1TA  •  FVNCTVS  •  V  ■  ID  •  APRIL  ■  MDCCXI1 

AETATIS  •  SVAE  •  AN  •  LXI 

CORPVS     PROPE  •  AVOS 

SPEM  ■  IN  •  PRKCE  •  YESTRA 

DEPOSY1T 


«— «f   '37   )s»— » 

Jean  Mauro  dit  le  Fiamenghiuo  peignit  en  i633 
sur  la  voûte  de  cette  chapelle  des  rosaces  gothiques 
dont  on  voit  encore  quelques  restes.  Dans  l'angle  est 
une  petite  porte  qui  ferme  une  escalier  conduisant  à 
la  partie   supérieure  de   l'église. 

En  continuant  le  tour  dans  la  nef  gauche  latérale 
on  rencontre  d'autres  chapelles  plus  petites  appliquées 
sur  le  mur,  dont  les  autels  en  marbre  blanc  sout  de 
style  moderne.  La  première  est  dédiée  à  S.  Ambroi- 
se.  Le  tableau  peint  par  le  célèbre  Fcderic  Baroccio 
en  1O00  représente  ce  saint  prélat  de  Milan  en  don- 
nant l'absolution  à  Téodose  ,  repenti  du  massacre  de 
Thessalonique  :  ce  précieux  tableau  mériterait  d'être 
mieux  soigné. 

Dans  la  chapelle  suivante  qui  est  dédiée  à  S.  Jo- 
seph ,  existe  un  tableau  de  Frédéric  Zuccaro  qui  re- 
présente le  mariage  de  la  Vierge.  Son  mérite  n'est  pas 
inférieur  au  tableau  précédent.  Parmi  les  statues  de 
cet  autel  celle  d'Isaac  le  patriarche ,  et  du  roi  Eze- 
chias  sont  du  ciseau  de  Pierre-Antoine  Daverio ,  les 
deux  autres  Abraham  et  David  ont  été  sculptées  par 
André   Biffi. 

Le  Cardinal  Archevêque  Joseph  Pozzobonclli,  mort 
en  1785  fut  enterré  davant  cette  chapelle  et  on  y 
avait  placée  une  inscription  ;  mais  ayant  été  enlevée 
en  1796  à  cause  des  événemens  de  cette  époque, 
ou  ne  l'a  pas  replacée  depuis.  Dans  la  troisième  cha- 
pelle est  conservé  dans  une  niche  couverte  de  glaces 
un  crucifix  en  bois  qui  rappelle  aux  milanais  une  épo- 
que désastreuse  de  leur  histoire  ,  et  le  souvenir  plus 
consolant  des  vertus  de  S.  Charles  Borromée  qui  bra- 
vant les  dangers   d'une  peste   violente   qui  moissonnait 


«— «(    1  58  )as— > 

les  habitans  de  cetle  graude  ville  en  1576,  portait 
dans  les  rues,  dans  les  maisous  des  secours  aux  mal- 
heureux et  implora  la  clémence  céleste  eu  portant 
processiooellement  nu  pieds  cette  croix.  Ce  fait  est 
rappelé  par  l'inscription   placée   au   dessus  de  la  niche. 

CRVCEM     HANC     S.     CAROLVS    GRASSANTE    LVE 
PER    VRBEM    C1RCV.MTVLIT    .    MDLX.X.VI 

Deux  autres  Cardinaux  et  Archevêques  de  Milan  , 
Alphonse  Litta  mort  en  1679,  et  Benoit  Erba-Ode- 
scalchi  (1)  mort  en  17/fO,  fuient  enterrés  devant  cette 
chapelle:   on   y  lit  les  inscriptions  suivantes: 

BENEDICTI  AD      NIHILVM 

CARD     HERBAE  HIC  •  REDACTVM      EST 

ODESCALCHI  CORPVS    ALPHONSl 

TIT  •  SS  •  XII  •  APOST  CARDINALIS  •  LITTAE 

OLIM  MEDIOL  ■  ARCH1EP  TITSCRVCISIN  HIERVSALEM 
IN  •  HOC  •  TVMVLO      CINERES     OLIM      ARCHIEP  •  MEDIOL 

IN  •  PRECE  •  PAVPERVM  ORATE      PRO  ■  EO 

SPES  OB1IT 

OBIIT      IDIB  •  DECEMB  V  ■  CALEN      SEPTEMBRE 

ANNO  •  SAL    •  MDCCXL  MDCLXX1X 

VIX1T  •  ANN      LX1  AETAT1S  •  SVAE  •  LXXI 
MENS  ■  IV 

Le  dernier  autel  qui  se  présente  dans  cette  nef 
n'est  qu'un   châssis  en  bois   doré   avec   une    effigie    de 


(1)  Cet   Archevêque  était    enterré    dans    l'Église    de  S.    Jean    in 
Conca ,    maintenant    supprimée;    ses    ossemens  turent    transportés 

dans   ta  Cathédrale  et  déposés  devant  cette  chapelle  eu  1808. 


<-»/  i  5q  )*-> 
la  Vierge  grossièrement  ciselée  en  bois.  Ce   travail  en 
général    ne  mérite  aucune  attention  a  l'exception  d'une 
antiquité   fort  reculée. 

Nous   allons   reprendre    le    milieu    pour    monter    au 
choeur    par  la    grande   nef  en   passant  sous  la  coupole 
qui  forme  le   centre  de  la  croix,  et  dans  laquelle   on   a 
substitué    aux    vitrages    blancs    des    verres    jaunes    qui 
produisent   une  teinte  douce  quoique  brillante   lorsque 
les  rayons  du  soleil    les    pénètrent,   et  cette   teinte  se 
trouve  en  harmonie  avec  le   ton   de  couleur    qu'on    a 
donné   aux  voûtes.  Cette  belle   coupole,   soutcûue     par 
huit  piliers  ou  colonnes,  fut  édifiée  en    1490  par  les  ar- 
chitectes Jean-Anloine  Omodeo,  George  de  Sienne   et 
Jacques  Dolzebono.  Elle   est  de   figure   octogone,    l'in- 
térieur est  orné  de   60  statues.  Les  bustes  en  médailles 
placés   aux   angles  représentent  les  quatre  docteurs  de 
l'Eglise   chrétienne.  Le  maître-autel  était  autrefois  placé 
sous   cette   coupole,   il   fut   disposé   autrement,    par    les 
ordres   de   S.  Charles.  Au  dessous  de    la    coupole    est 
une   grande  ouverture    dans    le    pavé,  entourée   d'une 
balustrade   à   hauteur  d'appui  en  bois  sculpté   et  garnie 
de  quatre   trépieds   en   cuivre  doré.  Elle   correspond   à 
la  chapelle  souterraine  où   est  déposé   le   corps    de    S. 
Charles  Borromée ,  et  on  y  voit  sans  cesse  autour  des 
fidèles   eu   prière.  Cette   ouverture  a  été  pratiquée  pour 
donner   un   passage  à  la   lumière    et    principalement    à 
l'air  nécessaire  dans  ce   caveau. 

Avant  d'entrer  dans  le  choeur  il  faut  nous  arrêter 
devant  les  deux  tribunes  ou  chaires  à  prêcher  ,  qui 
sont  adossées  aux  piliers  de  la  couple.  Elles  sont  en- 
tièrement couvertes  de  lames  de  cuivre  argenté  et 
doré ,  riches  de  bas-reliefs  d'un  très  bon   travail  outre 

20 


*-k(  i  4°  )s>~* 

des  ornemeus  à  caprice,  des  prophètes,  et  des  faits 
de  l'histoire  sacrée ,  exécutés  par  André  Pelizzone. 
Elles  furent  commencées  par  ordre  de  S.  Charles  et 
terminées  par  les  soins  du  Cardinal  Frédéric  Borromée. 
Les  quatre  grandes  cariatides  qui  les  soutiennent  ont 
été  modelés  par  François  Brambilla  et  jettes  en  bronze 
par  Jean  Busca  en  i5gg.  Les  quatre  demi-figures  de 
la  chaire  à  la  droite  sont  S.  Grégoire ,  S.  Jérôme , 
S.  Ambroise  et  S.  Augustin  (  v.  PI.  XLIV  ).  Celles  à 
la  gauche  sont  les  symboles  des  quatre  Evaugehsles. 
Les  noms  des  artistes  sont  conservés  de  la  manière  sui- 
vante; on   lit  sur  la  tribune  à  droite. 

FRANCISCVS    .    EEAMBILLA 

FORMAVIT 

IO    .    BABTISTA    .    BVSCA    .   FVNDIT 

M    .    D    .    L    .    C3 

et  sur  celle  à  la  gauche  : 

IO    .    BAP    .'    BVSCA    .    F. 

Deux  dais  du  même  genre  et  également  fournis 
d'un  travail  très-compliqué,  sont  placés  au  dessus, 
et  l'espace  intermédiaire  qui  couvre  les  colonnes  au- 
quels  ces  tribunes  sont  adossées,  est  également  recou- 
verte de  ces  lames  de  métal  d'un  travail  fort  riche. 
Ces  deux  chaires  ont  coûté  livr.   67,541-    i3  s. 


^-a(  1 4 1  )s*~- 

L  E     CHOEUR. 

La  construction   de   cette  partie  de    l'église    fut    en- 
core ordonnée   par  le   vénérable  prélat  S.  Charles  Bor- 
romée.  11   en   confia  l'exécution   à  l'architecte  Pellegriui 
qui  eu   avait   conçu  le   plan.  11  imagina   de  l'élever  au- 
dessus  du   sol    des  nefs  afin   que  le   peuple   put  facile- 
meut  voir  les  cérémonies  qui  s'y  célèbrent  (i).  En  don- 
nant  ainsi   plus  d'élévation  Pellegrini   trouva  le   moyen 
de   construire   sous  le      choeur  une    chapelle,    ou    ora- 
toire  qui   est   vulgairement  appelé  Scurolo ,  dont  nous 
parlerons   ensuite.  L'invention   cependant  fut    vivement 
combattue    et  l'antagoniste   du  Pellegrini ,  duquel  nous 
avons    remarqué    la    critique    précédeute    a    l'occasion 
du    Baptisière    à    la  page   84  de   cette  description  ,  se 
présenta  de   nouveau   pour  disputer  le  plan  que  l'archi- 
tecte  avait  proposé.  11  s'éleva  doue    entre    l'architecte 
Martin  Bassi  milanais,  et  Pellegrini   un  débat  assez  vif 
dont   nous   avons   puisé   les   détails  aux    archives    de   la 
Bibliothèque   Ambroisienne  (2).  Nous  n'eutreprenderons 


(1)  D'après  des  calculs  iails  par  feu  M.  le  Marquis  Joacliim 
D'iVdda,  qui  à  donné  une  intéressante  description  des  monumens 
de  Milan,  il  parait  que  sa  Clialhédrale  peut  contenir  près  de  9,5oo 
personnes. 

(2)  Nous  ne  pouvons  nous  refuser  d'annoncer  aux  amateurs  des 
arts  que  cette  B.bliothèque,  déjà  fournie  de  nombreux  productions 
piecieuses  et  de  plusieurs  d'une  valeur  incalculable  ,  vient  d'être 
augmentée  tout  récemment  d'une  collection  de  peintures  de  grand 
prix  et  de  plusieurs  objets  rares,  par  la  donation  q'un  habitant  dis- 
tingué de  Milaa  D.  Jean  Pecis  ,  lui  fit  de  son  vivant.  Ces  objets 
furent  placés  dans  une  salle    séparée,   dont    l'entrée    est    permise, 


*-*(    I  4  2   )s-> 

pas  de  les  renouvellcr  devaut  nos  lecteurs  ,  mais  nous 
étant  proposes  dans  celte  description  de  leur  indiquer 
les  beautés  et  les  défauts,  nous  leur  ferous  connaître 
le  jugement  des  deux  principales  lumières  de  ces  lems, 
l'architecte  Palladio  et  Barozzi  Viguola  en  réponse  à 
un  mémoire  qui  leur  fut  adressé  rapport  à  ces  diffé- 
rons accompagné  des  dessins  du  même  Bassi.  =  Oltre 
a  cib  mi  piace  che  il  tutto  sia  a  livello  e  <vi  con- 
siglio  di  non  partirai  da  taie  opinione  ;  percib  che 
allrimenti  facendosi,  ne  nascerebbe  grandissima  in- 
comodità  nel  sedere  e  bruttissima  vista:  non  laudo 
che  il  Coro  si  alhtnghi  sino  aile  colonne  délie  Tri- 
bune ec.  Di  Venezia  il  m  Luglio  del  MULXX , 
Andréa  Palladio  ==. 

Vignola  approuva  entièrement  les  dessins  de  Bassi, 
tout  opposés  a  ceux  de  Pellegrini ,  Vasari  est  de  la 
même   opinion.  ÎNous  voyons  cependant  que  le  projet 


comme  a  tout  le  reste,  aux  nombreux  amateurs  et  curieux  qui  se 
présentent.  On  ne  saurait  trop  apprécier  la  généreuse  resolution  du 
donotaire  qui  n'attendit  pas  sa  mort  pour  céder  à  un  établisse- 
ment si  util  aux  sciences  et  aux  arts,  les  acquisitions  qu'il  fit  pen- 
dant une  suite  d'années  avec  un  géueieuse  et  sage  distinction. 
Il  s'occupait  en  outre  d'eiiricliir  sans  interruption  la  précieuse 
collection  qu'il  avait  déjà  fait  transporter  à  la  Bibliothèque  Ara- 
broisienne,  et  principalement  par  des  ouvrages  des  artistes  di- 
stingués et  vivans  Milanais,  ce  qui  présente  une  pensée  des  plus 
nobles,  lorsque  la  mort  malheureusement  l'enleva  eu  Avril  de  cette 
année  i83o  à  ces  soins  généreux.  La  vue  de  ces  objets  d'art,  of- 
ferts a  l'instruction  du  public  forme  un  epitaphe  bien  plus  glo- 
rieux à  ce  bienfaiteur  de  ce  que  produirait  un  monument  des  plus 
fastueux.  Mons.  le  Baron  Custodi  ,  auteur  de  plusieurs  ouvrages 
très-distingués  ,  à  également  leguè  de  son  vivant  sa  riche  Bi- 
bliothèque à  ce  même  établissement. 


de  Pellegriui  prévalut  contre  celui  de  sou  adversaire 
qui  voulait  placer  le  maitre-aulel  sous  la  coupole,  et 
ce  fut  une  commission  des  nobles  et  d'administrateurs 
qui  décida  la  question   entre  les  deux  architectes. 

En  conséquence  le  choeur  fut  divisé  en  deux  plans 
élevés  au  dessus  l'un  de  l'autre.  On  arrive  au  pre- 
mier entre  les  deux  derniers  piliers  de  la  coupole  par 
cinq  dégrés,  terminés  par  une  balustrade  en  marbre 
à  hauteur  d'appui  ,  au  milieu  de  laquelle  sont  deux 
petites  grilles  en  fer  servant  d'entrée.  C'est  dans  ce  pre- 
mier espace  du  choeur  appelle  le  Coro  senatorio  que 
se  placent  sur  des  bauquettes  et  quelques  stalles,  que 
l'on  recouvre  de  tapis,  les  premiers  dignitaires  du 
royaume  et  de  la  ville  dans  les  grandes  cérémonies. 

Au  dessus  de  celte  entrée  ,  en  élevant  les  regards 
le  curieux  voit  un  architrave  en  bois  sculpté  et  doré 
qui  traversant  toute  la  largeur  de  la  nef  s'appuie  sur 
deux  consoles  attachées  aux  chapiteaux  des  piliers  de 
la  coupole.  Deux  grandes  statues  de  prophètes  eu  bois 
soutiennent  en  forme  de  cariatides  les  mêmes  conso- 
les. Cinq  statues  de  même  matière  sont  posées  sur  cet 
architrave  ,  elles  ont  été  peintes  et  dorées  ;  au  centre 
est  placé  un  grand  crucifix,  des  deux  côtés  la  Vierge 
et  S.  Jean ,  et  deux  anges  a  genoux.  Ces  figures  fu- 
rent exécutées  en  i5gi  par  Santo  Corbetta  ,  par  les 
ordres  de  l'archevêque  Gaspard  Viscouti:  on  lit  ces  pa- 
roles au  milieu  de  l'architrave. 

Attendite  ad  petram  unde 
excisi  estis. 

La  seconde   partie  du  choeur  qu'on  s'appelle  le  san- 
ctuaire on  Presbythère    et    à    laquelle    on    monte    par 


«— «(  1 44  J38- * 
trois  degrés  ,  est  aussi  formé  par  une  balustrade  en 
marbre  j  on  n'y  admet  que  l'archevêque,  le  prince  et 
le  clergé.  Près  du  mur  à  gauche  est  dans  cette  enceinte 
la  chaise  épiscopale  ,  accompagnée  de  banquettes  des 
deux  côtés,  où  s'assaient  les  chanoines  qui  assistent  le 
prélat  dans  les   cérémonies  ou  il  pontifie  solennement. 

Le  choeur  en  entier  a  de  longueur  38, 140  mètres 
et  de  largeur  16,800  ;  il  est  environné  par  dix  gros 
piliers  qui  soutiennent  des  arcs  en  ogive.  Leurs  cha- 
piteaux, semblable  a  ceux  de  la  nef,  avec  des  niches, 
contiennent  des  figures  d'anges,  sculptées  en  grande 
partie  par  Dénis  Bussola,  César  son  fils,  Charles  Pa- 
gano  et   Antoine   Albertino. 

Au  milieu  de  la  première  enceinte  est  suspendu  du 
haut  de  la  voûte  un  candélabre  d'une  construction  sin- 
gulière et  d'un  goût  antique  ,  il  est  tout  eu  bois  re- 
couvert de  lames  de  métal  travaillés  en  relief,  divisé 
en  quatre  rangs,  dans  chacun  desquels  sont  six  pe- 
tites statues  en  bois  doré  représentans  des  Apôtres  et 
des  Saiuts  dans  des  niches,  les  baldaquins  qui  les 
couvrent  sont  de  métal  et  fort  bien  travaillés.  Ce  can- 
délabre sert  à  mettre  le  cierge  que  l'on  bénit  et  al- 
lume   pendant  la   pâque. 

Le  magnifique  autel  placé  dans  le  Sanctuaire  est 
élevé  sur  cinq  gradins.  11  fut  construit  vers  la  fin  du 
XVI  siècle  et  est  formé  par  une  table  de  marbre  carré 
long,  surmonté  par  un  espèce  de  petit  temple  de  forme 
circulaire  ,  d'une  élégance  et  d'une  richesse  conve- 
nable, en  bronze  doré  et  de  la  hauteur  de  10,200 
mètres.  Huit  colonnes  cauelées  à  bases  et  chapiteaux 
coriuthiens  soutiennent  nu  petit  dôme  ,  enrichi  d'ara- 
besques et  de  figures  d'auges  en  bas-relief  posées  dans 


*-«(   l45  )s»-> 

de  gracieuses  attitudes  sur  huit  colonnes  s'élevant  au 
o 

dessus  de  la  corniche  ;  autant  de  petites  statues  d'anges 
portant  des  symboles  de  la  passion  et  au  haut  du  dôme 
on  voit  J.  C.  ressuscitant.  Ces  objets  dessinés  par  Pel- 
legriui  et  modèles  par  le  sculpteur  François  Brambilla, 
furent  fondus  par  André  Pellizono,  excepté  la  corni- 
che sur  laquelle  pose  le  dôme  qui  fut  coulée  par  Jean- 
Baptiste  Busca ,  autre  habile  fondeur,  et  ces  travaux 
furent  commandés  par  le  Cardinal  Frédéric  Borromée 
(v.  PI.  XL1). 

Au  milieu  sont  quatre  chérubins  exécutés  par  le 
même  Pellizono  de  grandeur  naturelle  eu  bronze ,  à 
genoux  sur  un  nuage  dans  lequel  on  voit  épars  de  tê- 
tes d'anges  ;  les  quatres  figures  dans  un  altitude  fort 
gracieuse  soutiennent  le  tabernacle  également  en  bronze 
doré,  de  forme  ronde  comme  une  petite  tour.  Il  est 
environné  par  douze  petites  colonnes  cauelées  au  haut 
desquels  s'élèvent  autant  de  petites  statues  des  Apô- 
tres ,  et  sur  le  sommet  eu  forme  de  dôme  est  la  fi- 
gure du  Sauveur  débout.  Les  intervalles  des  colonnes 
sont  remplies  par  une  jolie  grille  de  cuivre  ,  et  autour 
de  la  base  sont  représentés  en  relief  des  passages  de 
la  vie  de  J.  C.  savoir  la  naissance ,  la  dispute  avec 
les  docteurs,  la  cène,  la  prière  au  jardin  des  oliviers 
et  le  crucifiement.  Il  y  a  un  défaut  qui  quoique  de 
peu  d'importance  pourtant  ne  laisse  pas  de  blesser  le 
conaisseur,  c'est  qu'aucun  espace  ne  sépare  ces  bas- 
reliefs  ce  qui  forme  une  confusiou  historique.  Fa  base 
est  recouverte  par  une  branche  de  vigne  garnie  de 
ses  feuilles  et  de   grappes  d'un   travail  fort   délicat. 

Ce   tabernacle   à  été   donné    a    l'église   par    le    Pape 
Pie  IV,   et  il  fut  exécuté  à  Pvome  par  les  frères  Solari, 


<-«(   1  4.D  )a— > 
nés  à  Casale  dans  le  Milanais.  Le  nom  du  donateur  et 
celui    des  artistes   sont   indiqués    en    lettres    en    relief 
autour  du  tabernacle. 

PIVS  1111  PONTIFEX  OPTIMVS  MAXIMVS. 

et  au  dessous 

AVREL1VS  HIERONIMVS  ET  I.VD.  FRES.  LOMBARDI  SOLARI  F. 

(  v.  PI.  XLII  ). 

A  la  partie  postérieure  de  l'autel  il  y  a  trois  dégrés 
ornés  de  bas-reliefs  compliqués,  représentais  des  évé- 
nemens  de  l'ancien  Testament  ;  ces  degrés  servent  aux 
officians  pour  monter  ,  au  besoin  ,  au  niveau  du  Ta- 
bernacle. 

Des  deux  côtés  sont  sur  l'autel  deux  grands  anges 
aussi  en  bronze  ,  dont  les  modèles  furent  commencés 
par  François  Brambilla  qui  étant  mort  en  i5gg  les 
laissa  imparfaits.  André  Biffi  les  termina  et  il  furent 
coulés  par  Jean- Baptiste  Busca,  auquel  il  furent  payés 
liv.    io,532.    10  s. 

Autour  de  l'enceinte  intérieure  sont  placés  les  stalles 
de  ce  eboeur ,  en  bois  de  noyer  ,  d'un  travail  fort 
riche  et  taillés  avec  goût.  Soixante  treize  tableaux  en 
relief,  qui  ornent  autant  de  hautes  stalles,  repré- 
sentent des  époques  de  l'histoire  de  S.  Augustin  et 
de  S.  Anibroise ,  et  au  dessous  daus  un  pareil  nombre 
de  bas-reliefs,  entourés  d'orneniens  très-compliqués, 
sont  représentés  les  martyrs  de  Saints  et  de  Saintes 
milanais  ,  dont  les  corps  furent  déposés  dans  diverses 
églises   de   la  ville  ,  ce  qui    est    indiqué    par    des    in- 


« (  .47)— 
scripiions  en   lettres  de  métal  ,  incrustés  dans  les  bases. 
Les   sièges    d'appui    à    l'usage    du    clergé    mineur,    au 
nombre   de   trentesix  ,  sout  également  ornés  des  figures 
en   relief,  on  y  a  représenté   des  SS.  Evêques  de  Milan 
en   habits   pontificaux.  Ces    figures     sont     entourées    de 
bordures   d'un  travail  fort    riche    et  accompagnées  aux 
côtés   de   trophées  religieux    très-variés.    Ces    ouvrages 
d'un  mérite  distingué  furent  exécutés  par  les  artistes  lom- 
bards suivans     Virgile    del    Conte,   Paul    de    Gazi ,  et 
Jean-Jacques  et  Richard  frères  Taurini ,  auquels  on   les 
paia    8000    écus.    Pellegrini    donna  les   dessins  pour  la 
partie  qui  se  rapporte  a  l'architecture   de    ces   reliefs, 
et  les    ornemens   fuient  inventés    par    François    Brara- 
billa  ,  Joseph  Meda ,  Ambroise  Figini  ,   Camille    Proc- 
cacini  et  Pascal   Gamba.    C'est    l'usage    dans    les    égli- 
ses  d'Italie   d'étaler    derrière    le  maître-autel   un  grand 
Toile   qui  s'attache   au  baldaquin   qui   est   toujours   sus- 
pendu à  la  voûte  au  dessus  de   l'autel.  L'effet  que  celte 
étoffe  déployée  en  forme   d'eveulail  produit  est  quelque 
fois  agréable    suivant    la  qualité   et  la    couleur    de    la 
draperie,  et    le    genre    de    l'autel    qu'elle    doit    oruer. 
Souvent  il   arrive   le   contraire  ,  comme   on   a   occasion 
d'observer  dans   ce   choeur,   car  la  couleur   étant    d'un 
bleu   foncé    et    l'étoffe    étendue    de    manière  a   empê- 
cher  la    lumière ,    déjà    assez    faible   à    cause    des    vi- 
tres   à    couleurs   par    lesquels    elle    doit    percer,    cela 
produit  dans    cette    partie    du    choeur    une    obscurité 
qu'a    peine    peut    on    appercevoir    les    prêtres  ,    même 
quand   une   certaine   quantité   de  cierges  brille  sur  l'au- 
tel.  On   prétend  que   ce   draps    est   nécessaire   dans   cet 
endroit   pour  défendre   les   officians  de  l'air    trop  vive- 
ment chassée  dans  le   fond  de  l'église.  Aux   deux  côtés 


21 


<-e(  I  48  )a-» 
«lu  choeur  on  remarque  les  deux  beaux  orgues  au 
milieu  du  premier  entrecolonueinent.  Ils  sont  a  deux 
faces,  l'une  regarde  l'intérieur  du  choeur,  l'autre  vers 
la  nef  qui  l'entoure.  Ce  riche  instrument  dont  on  ne 
connaît  pas  l'inventeur  primitif,  mais  qui  fut  apporté 
de  l'orient  en  ^Sn  lorsque  Constantin  Copronyme  en 
fit  présent  a  Pépin,  roi  de  Fiance,  et  dont  il  y  en 
eut  un  dans  l'église  de  Vérone  sous  le  régne  de 
Charlemagne,  que  l'on  prétend  fut  le  premier  emploie 
pour  le  service  divin  ,  cet  instrument  dirons  nous  est 
ici  placé  en  double,  savoir  un  grand  orgue  de  chaque 
côté  du  choeur,  mais  qui  par  leur  construction  ,  par 
leur  grandeur  et  par  les  ornémens  sont  parfaitement 
égaux.  11  sont  enfermés  chacun  dans  une  belle  déco- 
ration de  deux  grandes  colonnes  cannelées  d'ordre  co- 
rinthien en  bois  doré  ,  surmontés  d'une  corniche  fort 
riche  que  supportent  aussi  deux  grands  thermes  a  tête 
de  lion.  Le  devant  est  formé  par  une  tribune  pour 
les  chanteurs  de  musique  ,  couverte  de  sculptures  ara- 
besques,  et  le  tout  est  enrichi  de  figures,  de  conso- 
les, de  frises  dorées  d'un  travail  admirable  (  1).  On  en 
attribue  les  dessins  a  l'architecte  Vincent  Seregni.  L'or- 
gue à  la  droite  fut  construit  en  i552  par  Jean-Jacques 
Antignati  et  Santo  Corbetla  y  ajouta  eu  1 58 1  les  or- 
némens de  sculpture  en  bois.  Celui    de    la    gauche    à 

(1)  La  musique  avec  l'orgue  fût  introduite  dans  celte  Cathédrale 
en  i5g5  et  en  1^01  on  y  ajouta  des  musiciens  pour  le  chaut. 
I^a  chapelle  est  maintenant  composée  d'un  maitre,  d'un  sous  maî- 
tres ,  de  deux  organistes,  de  huit  soprano  et  contralto,  de  qua- 
tre ténors  ,  quattre  basses  et  de  quatre  garçons  de  choeur  ,  qui 
tous  ont  des  gages  fixes.  L'archive  est  fourni  d'une  riche  collection 
de  musique  variée  des  principaux  compositeurs  anciens  et  modernes. 


été  fait  par  Cristoph  Valvasori  et  Paul  del  Curno  eu 
exécuta  les  sculptures  en  i558.  Ou  attribue  les  sta- 
tues à  Jean  et  Jacques ,  frères  Tauriui  et  à  Pierre 
Uberti.  On  à  calculé  que  ces  orgues  ont  coulé  dans 
le  teras  5j,ooo  écus ,  en  y  comprenant  liv.  29,981 
pour  les  ouvrages  de  menuiserie  et  liv.  25,941  pour 
les  dorures. 

Ses  tuyaux  sont,  lorsqu'on  ne  les  fait  pas  jouer, 
enfermés  sous  des  volets  en  bois  sur  lesquels  d'habiles 
peintres  ont  fait  des  tableaux  qui  méritent  l'attention. 
Les  deux  faces  de  chaque  volet  offrent  un  tableau  ; 
ceux  de  l'orgue  à  droite  représentent  dans  la  partie 
intérieure  la  Nativité  de  J.  C.  et  son  ascension  5  sur 
la  face  extérieure  le  passage  de  la  mer  rouge.  Ils  ont 
été  points  en  1 5g5  par  Jeau-Ambroise  Figini.  Joseph 
Meda  peignit  eu  1709  les  volets  de  l'orgue  à  gauche , 
dans  l'intérieur  la  Nativité  de  la  Vierge  et  son  as- 
somption  ,  sur  la  face  extérieure  David  devant  l'arche. 
Les  volets  qui  enferment  les  deux  orgues  des  cotés  de 
la  nef,  derrière  le  choeur,  furent  tous  peints  par  Ca- 
mille Prucaccini   de  l'année    1 59  c    au    1602. 

Ces  tableaux  représentent ,  à  la  partie  méridionale , 
dans  l'intérieur  la  Resurection  et  la  Trasfiguralion  de 
J.  C. ,  au  dehors  le  triomphe  de  David.  Sur  la  partie 
septentrionale  en  dedans  l'Annonciation  et  la  Visitation 
à  S.  Elisabeth ,  au  dehors  des  autres  événemens  de 
l'histoire  de  David.  Ces  tableaux  en  général  furent 
payés  liv.   3i,525. 

Audessous  des  deux  tribunes  des  orgues  on  eu  a 
pratiqué  deux  autres  plus  petites  qui  servent  en  cer- 
tains jours  de  l'année  aux  musiciens  attachés  à  la  cha- 
pelle lorsqu'ils  doivent  chanter  sans  l'accompagnement 


<— b(    l5o   )s-» 

de  l'orgue  (1).  Ces  tribunes  servent  aussi  à  placer  des 
étrangers  ou  des  personnes  notables  de  la  ville,  à 
l'occasion  de  quelques  solemnilés  extraordinaires.  Un 
observera  sur  la  face  de  l'appuis  de  ces  tribunes  trois 
bas-reliefs  représentans  des  anges  sculptés  en  bois  par 
Jean  Taurini.  Aux  côtés  sont  deux  riches  consoles 
ayant  au  dessous  un  Chérubin  accompagné  d'orne- 
mens  de  bon  goût ,  et  plus  bas  cinq  dosiers  de  sièges 
ornés  d'arabesques,  placés  eutre  deux  petites  portes 
qui   ont   un    bas-relief  bizarre  audessus. 

Le  pavé  du  choeur  est  en  marbre  incrusté  de  diver- 
ses couleurs  comme  celui  de  la  nef,  mais  plus  i  appro- 
ché du   genre   dit  mosaïque 

En  sortant  du  choeur  et  avaut  de  descendre  aux 
chapelles  souterraines  ,  nous  invitons  l'amateur  à  faire 
une  seconde  fois  le  tour  de  la  nef  qui  l'entoure  ,  pour 
examiner  une  suite  de  très-beaux  bas-réhefs  qui  sont 
placés  à  la  clôture  extérieure  qui  environne  le  choeur. 
Nous  commencerons  à  le  guider  du  côté  méridional, 
sur  la  droite,  jusqu'à  l'extrémité  opposée.  11  faut  re- 
marquer d'abord  la  tribune  en  marbre  blanc  de  l'or- 
gue, fort  bien  sculptée,  celle  du  côlé  opposé  lui  cor- 
respond. Audessous  est  une  fenêtre  qui  ouvre  sur  les 
tribunes  intérieurs  appellées  Corretti.  Des    deux  côtés 


(i)  Le  vit  Ambi'oisien  ne  permet  pas  de  faire  entendre  dans  les 
églises  aucune  espèce  d'instrument  excepté  l'orgue  auquel  on  ajoute 
tout  au  plus  quelquefois  un  violoncelle,  ce  qui  diffère  infiniment 
du  romain  qui  fête  les  solemnités  avec  une  musique  d'  orchestre 
complette ,  ce  qui  produisit  en  tous  les  tems  des  compositions  di- 
stingués dans  le  genre  sacré,  et  sortout  en  Italie  ou  leur  éxecu- 
tion est  très  fréquente.  Aussi  le  chant  dit  Ambroisie»  n'a  rien  de 
séduisant  pour  l'oreille. 


B 


«-«(    l5  I    )*)-» 

sont  des  cariatides  en  gaine  gigantesques.  An  niveau 
du  pave  est  une  grande  ouverture  cariée  fermée  par 
des  -rilles  de  fer  ,  qui  conduit  a  des  souterrains  ser- 
vant de  ruagazin ,  et  deux  portes  aux  côtés  donnent 
l'entrée  aux  chaires  et  aux  orgues,  et  conduisent  au 
choeur  au  cas  de  hesoiu  (  v.  PI.  XLV  et  XLVI  ). 

Au   dessus  de  ces  portes  commencent  les  has-rehefs 
en   nombre    de    17     entre    les    colonnes.    Ils    sont    en 
marbre   de  Carrare   et  représentent   les  principaux  faits 
de    la    Vierge    et  de  J.  C.    Tous    ces    morceaux     par- 
leur composition   et  l'élégance    du    dessin     ont    mérité 
d'avoir  une  place  dans  les    gravures    de    notre   ouvra- 
ge, autant  pour  satisfaire  le   lecteur  curieux  des  objets 
qui  font  honueur  à  l'art,    que   pour  la   réputation    des 
artistes   qui  les  ont  exécutés. 
Voici  quels  sont  les  sujets. 
i.°  La  nativité  de   la  Vierge   par  André  Bifii. 
2.0   La  présentation  au  temple,  par  le  même. 
5.°  Le  mariage   de    la  Vierge ,    par    Marc-Antoine 

Prestinari. 
4.°   L'Annonciation  par  Biffi. 
5.°  La  Visitation  par  le  même. 
6.°   Le   songe   de   S.  Joseph,   par  Prestinari. 
n'  La  Nativité    de  J.  C.  ,  par  Jean   Bellandi. 
8."  La  Circoncision,  par  Biffi. 
9.°   La  fuite   en   Egypte  ,   par  le  même. 
io.°   Jésus  parmi  les   docteurs,  par  le   même. 
ii.°  Les  noces  de   Caua  ,  par  Bellandi. 
12.0   Le  Crucifiement,  commencé  par  Gaspard  Vis- 

mara  et  terminé  par  Jean-Pierre  Lasagna. 
i3.°  La   descente  de   croix,  par  Bellandi. 
14.0  L'apparition  de  J.  C.  à  la  Vierge,  par  Lasagna. 


*S  (  I  5  3    )»— > 

j5.°   La  mort  de  la   Vierge,  par  Bifii. 

16."  L'assomption   de  la  Vierge,    par  le   même. 

17.°   L'iucoronation  ,    par    Vismara    (  v.    PI.     LV1I , 

LV1II  et  LIX  ). 
A  quelques  uns  de  ces  Las-reliefs  qui  appartien- 
nent aux  entrecolonnemens  les  plus  ctoits  derrière  le 
choeur,  on  voit  des  symboles  agréablement  sculptés 
par  Martin  Solari ,  par  François  Caloui  et  par  André 
Prevosto.  On  admirera  aussi  avec  quelle  variété  et  grâce 
ont  été,  modelées  et  exécutées  les  52  figures  d'anges  qui 
séparent  les  17  tableaux  et  qui  tous  avec  de  jolies 
attitudes  semblent  supporter  la  corniche  qui  règne  tout 
autour  au  dessus.  Ces  charmantes  figures  ont  été  mo- 
delées par  François  Brambilla  et  sculptées  par  différeras 
artistes.   Ces  ouvrages   furent  payés  liv.   99,128. 

Ou  regrette  que  ces  beaux  morceaux  ne  soyent  pla- 
cés de  manière  que  la  lumière  bien  réfléchie  puisse 
faire  ressortir  les  jolies  contours  et  l'ombre  des  masses. 
Dans  la  base  de  cette  enceinte  du  choeur,  sont 
pratiquées  i5  fenêtres  au  niveau  du  pavé  qui  aboutis- 
sent à  la  chapelle  souterraine  appellée  délia  Confes- 
sione  ou  Sciuolo. 


«-«(    I  5  3  );*-> 

CHAPELLES    SOUS     TERRE. 

On  entre  dans  les  chapelles  sous  terre  par  deux  por- 
tes à  grilles  de  fer  sur  les  côtés  extérieurs  du  choeur , 
presque  en  face  de  celles  des  deux  sacristies  ;  et  eu 
descendant  sur  deux  escaliers  comodes  ,  on  arrive  à  la 
première  des  chapelles  qu'on  appelle  la  Confessione 
et  vulgairement  Scurolo. 

Elle   est  de   forme  ronde ,  construite    d'après  les  des- 
sins de   Pellegrini   et  sous  sa  direction.  La  chapelle  est 
éclairée  au   moyen    de     i5   fenêtres  grillées   et    ouver- 
tes   par    la    uef    de    rondpoint    que    nous  avons    déjà 
indiquées.   La   voûte   est    ornée    des    figures    en    relief 
et    d'ornemens    entrelacés    en    stuc  ;  huit  colonnes  de 
marbre   la    soutiennent  et    au  milieu   est  placé   un   au- 
tel  fort  simple  environné  d'une    balustrade     d'un    des- 
sin bizarre   avec  des  grilles   en    fer.    Il    serait    à    dési- 
rer qu'on  fit  disparaître  ces  capricieux  accessoires,  ce 
qui  donnerait  a  i'autel  un   aspect  bien  plus  majestueux. 
A    l'entour    sont    placées    les  stalles  en  bois  pour  les 
chanoines    qui    vont    à  diverses    époques    célébrer  l'of- 
fice dans  ce  souterrain  (v.  PI.  XLVI1  ).     Au    bas    des 
deux   escaliers  est  une  porte  en   marbre   blanc    sur  la- 
quelle est  placé   dans   uue  niche  le  buste    en    marbre 
de   S.  Charles  Borromée.  On  passe  à  une  autre    porte 
ou  on  lit  sur  la  frise  les  paroles  Pietatis  restitutore. 
En  descendant  neuf    dégrés    avec    une    balustrade    de 
marbre    blanc    d'un    style    moderne  ,    ou     entre     dans 
la  galerie  qui   conduit    à  la    chapelle    sépulchrale    de 
S.    Charles,    rebâtie     presque    entièrement     en      1817 
sur    les     dessins     de    l'architecte    actuel    de  la  Cathé- 


«— s  (  i5/j.  )»-* 
dralc  l'ingénieur  Pierre  Pestagalli  (i).  Elle  esl  dé- 
corée de  marbres  d'uue  belle  qualité  grisâtre  avec  des 
portes  réelles  et  des  autres  feintes.  La  voûte  est  peinte 
en  clair  obscur  et  ornée  de  rosaces  en  stuc.  Ou  voit 
des  deux  côtés  de  l'escalier  daus  le  mur  deux  mé- 
daillons de  marbre  blanc  ;  ce  sont  les  poitrails  de 
deux  Cardinaux  Arcbevêques  de  Milan.  Au  dessous 
sont  deux  tables  de  marbre  noir  portant  des  inscrip- 
tions en  lettres  dorées  ,  qui  rappellent  leur  munificence 
en  l'honneur  de  leur  illustre  prédécesseur  S.  Charles. 
La  première  inscription  au  côté  droit  se  rapporte 
au  Cardinal  Alphonse  Lilta  dont  le  buste  à  été  scul- 
pté par  Vismara. 

CARD.  ALPHONSO  LITTAE. 

T1T    .    S     .    CRVCIS     .    IN    .    HIERVSALEM 

ARCHIEP     .    MEDIOL. 

QVI    .     ARAE    .     SVBTERRANAE     .    D     .    CAROLI 

LEGAVIT    .     QUATVOR    .    MILLIA    .    AVREORVM    .    NVMMVM 

OMNEMQVE    .    SVPELLECTILEM     .    ARGENTEAM 

ATQVE    .    ATTALICAM 

SACELLI       .      DOMEST1CI 

PEP.ENNEM     .    IN    .    SEPVLCRO     .     S    .    CAROLI 

MVNIF1CENTISSIMAE    .    LARGITAT1S    .    MEMORIAM 

FAMA     .    POLLICETVR 

QVINTO     .    CAL    .     SEPTEMBRIS 

ANNO    .     SAL.    MDCLXX1X 


(1)  k  Milan  là  plupart  des  archilectes  ont  le  titre  d'ingénieurs , 
qui  ne  s'accorde  qu'après  des  études  et  des  exaQiens  particuliers 
à  rUuiveraiie  de  Pavie. 


<_£(  i  55  )»-> 
La  seconde,    sous    le    buste    du    Cardiual    Frédéric 
Visconti,   sculpté  par  Etienne   Sanpietro. 

FEDERICO  VICECOMITI.  TIT.  S.  ALEX1I 

CARDINALI    .    ARCHIEPISCOPO    .    MEDIOLANI 

QVOD     .    SACELLO    .    SVBTERRANEO    .    S    .    CAROU 

QVEM    .    CONSANGVINITATE    .    ATTINGEBAT 

CVM    .    VESTIBVS    .    ET    .    CALICE 

QV1BVS     .    AD     .    SACRVM    .    PRIVATVM    .    VTEBATVR 

TESTAMENTO    .    RELIQVERIT. 

AVREOS    .    BIS    .    MILLE 

TOTIDEM    .    LEGATIS    .    ARONENSI    .    COLOSSO 

PROPE    .    NATALE    .    CVBICVLVM    .    EXCITANI10 

ER1GITVR    .    IN    .    TVMVLO    .    MONVMENTVM 

SEPTUVJ.O    .    IDVS    .    IANVARU 

ANNO    .    MDCXCIII. 

A  la  suite  de  cette  galerie  est  un  élégant  vestibule, 
d'ordre  corintbicD.  Les  murs  sont  doublés  en  beaux 
marbres  et  de  la  même  matière  sont  les  colonnes  ayant 
des  chapiteaux  et  des  frises  en  stuc  doré.  Dans  le 
côté  est  la  porte  d'une  petite  sacristie  où  sont  con- 
servés les  oruemeus  sacrés  appartenans  à  celte  cba- 
pelle  (v.  PI.  XLVIII). 

Dans  les  deux  petits  corridors  qui  conduisent  à  la 
chapelle  à  droite  et  à  gauche  on  remarque  deux 
grandes  tables  de  marbre  blanc  incrustées  dans  le  mur. 
L'une  d'elles  avait  couvert  le  tombeau  du  saint  Ar- 
chevêque avant  que  le  Pape  Pie  V  eut  prononcé    sa 

22 


*-s(  i56  )s-> 
canonisation   en    1610  (1).   On    y    lit    cette    incription 
en   caractères  rapportés   de  métal. 

CAROLVS  CARDOxiLIS 

T1TVLI     .    S     .     PRAXEDIS 

ARCHIEP    .    MEDIOLANI 

FREQVENTIORIBVS 

CLERI     .    POPVUQ      .     AC 

DEVOTI    .    FEMI1NEI     .    SEXVS 

PRECIBVS    .    SE    .    COMMENDATVM 

CVP1EKS     .    HOC    .    LOCO     '    SIBI 

MONVMENTVM     .    V1VENS 

ELEGIT 

HUMILITES 

VIXIT     .     ANNOS    .    XLVr 

IWEN    .    I     .    DILM    .     I 

PRAEFVIT    .    ECCLESIAE    .    MED. 

ANN     •    XXIV 

MEN    .    IIX    .    DIES    .    XXIV 

OBIIT    •     III    .    NON     .    NOV. 

ANN    "    MDLXXXIV. 

Sur  l'autre  pierre    appliquée    dans    le    corridor    du 
côté   opposé,  on  rappelle  la  restauration  et  l'embellis- 


(1)  Depuis  la  mort  du  Saint  j'osqu'à  l'époque  indiquée,  sou 
corps  fut  placé  dans  ce  vestibule  comme  il  l'avait  demandé  dans 
son  testament.  Cet  endroit  servait  alors  et  j'usqu'à  l'année  1817  de 
sacristie  à  l'usage  de  la  première  chapelle,  mais  depuis  la  nouvelle 
construction  on  a  destiné  à  cet  usage  un  aucien  sépulcre  de  com- 
mun aux  chanoines  de  cette  Cathédrale. 


«-«(    l5-y    )»-* 

sèment  de    cette    chapelle,    de    son    vestibule    et    de 
l'époque  où  on   exécuta  ces   ouvrages. 

KAROLI  BORROMAEI 

PATRONI    .    CAELEST1S    .    SOSPITATORIS 

SACELLVM 

EX    .    ANGVSTIORE    .    VETERI 

IN     .    NOVAM     .    SPLENDIBIOREM     .     FORMAM 

PRODVCTA    .    ARCA 

MARMORATO    .    PERISTYLIO    .    ET    .    PRONAO 

AVCTVM 

PERISTROMATE    .    AVRO     .    1NTEXTO 

PAEMENTO    .     DE     .    TESSERVLlS     .    STRATO 

SIGMS    .    ANAGLYPHIS    .    ZOOPHORIS 

VETVSTATIS     .    SQVALORE    .    DETERSIS    '    REFECTIS 

LYCHNVCHIS    .    OMNIEVS    .     QVE     .    PARERG1S 

EXORNATVM 

PVLVINARI    .    TENITIVS    IN    .    SVBI.IMIOR    .    SEDEM 

TRANSLATO 

IKGENTI    .    CIVIVM    .    ED    .    ADVENAR    .    FREQVENTIA 

DEDICATVM     .     FVIT 

POSTR.     .    NONAS    .    NOVEMBR.     A.    MDCCCXVII 

FESTO 

SAKCT1SS1MI    .    ET    .    1NVICTI    .     PONTIFICIS 

FAVST1S    .    OMNIBVS     .    REDEVJNTE. 

Mais  ce  qui  fixe  principalement  l'attention  des  per- 
sonnes qui  visitent  ces  lieux  c'est  la  chapelle  sépul- 
crale. Elle  est  de  forme  octogone  un  peu  allongée  et 
ne  recevoit  la  lumière  que  par  cette  ouverture  de  la 
voûte  qu'on  appercevoit  dans  l'église  supérieure ,  com- 
me nous  l'avons  remarqué  précédemment.  Le  reste  de 


la  voûte  est  décorée  par  huit  médailles  d'argent,  par 
des  ornemens ,  des  trophées  et  les  armes  de  la  fa- 
mille du  Saint,  le  tout  du  même  métal.  Les  huit  mé- 
daillons  représentent  : 

i."   La  naissance   du   Saiut. 

i.°   Le  Concile  provincial   qu'il   présida    à  Milan. 

5."  La  distribution  qu'il  fit  aux  pauvres  de  l'argent 
que  produisit  la  vente  qu'il  fit  de  la  princi- 
pauté d'Oria. 

4-°  Les  sacrémens  de  baptême  et  de  l'extrême  onction 
qu'il  administra  aux  pestiférés. 

5.°  L'assassinat  tenté  contre  lui. 

6.°  La  translocation  des  corps  des  saints  par  ses 
ordres. 

r*   Sa  mort. 

8.°  Son   entrée  à  la  cour  céleste  (i). 

Ces  ouvrages  exécutés  dans  le  XVII  siècle  furent 
donnés  eu  grande  partie  par  le  Cardinal  Alphonse 
Litta,  et  le  reste  par  la  famille  Borromée.  Dans  les 
angles  sont  placées  huit  figures  en  cariatides  ,  aussi  en 
argent  ;  elles  sont  toutes  allusives  aux  vertus  du  saint. 
Les  espaces  intermédiaires  et  les  murs  sont  couverts 
par  une    tapisserie    en    soie  ,    brochée    richement    en 


(i)  Lorsque  chaque  anne'e  on  célèbre  la  fêle  de  S.  Charles,  qui  ar- 
rive le  4  de  novembre,  on  expose  pendant  plusieurs  jours  entre  les 
colonnes  de  la  grande  nef  de  l'église  28  tableaux  qui  représentent  les 
laits  principaux  de  la  vie  du  Saint,  outre  28  tableaux  plus  petits 
qui  sont  suspendus  au  dessous  des  premiers  et  représentent  des 
miracles  qu'où  lui  attribue.  Ces  tableaux  ont  e'te'  peints  en  grande 
partie  par  des  artistes  milanais,  savoir  Morazzone,  Duchino,  Lan- 
7.ani ,  Jules  César  Procaccini ,  Jean-Baptiste  Crespi  dit  le  Cerano  etc. 


<-«(  i59  )*=-» 
or  (i).  L'autel  est  également  décoré  de  bas-reliefs  et 
d'oruemens  en  argent.  La  dépouille  de  S.  Charles 
Borromée,  revêtue  de  ses  habits  pontificaux  et  portant 
des  bijoux  précieux,  est  enfermée  dans  uue  très-belle 
chasse  d'argent,  renfermant  des  glaces  de  cristal  de 
roche  qui  laissent  appercevoir  le  corps  du  saint  Ar- 
chevêque. Elle  est  placée  sur  cet  autel  qui  lui  est 
consacré.  Cette  chasse  fut  donnée  par  Philippe  IV  roi 
d'Espagne  ,  dont  on  voit  les  armes  en  or  sur  la  base  ; 
de  fort  jolies  petites  figures  et  des  anges  distribués 
autour ,  et  groupés  sur  le  dessus ,  le  tout  en  argent  , 
forment  un  très-bel  effet  (  v.  PI.  XL1X  et  L  ). 

Si  des  monumens  érigés  au  mérite ,  à  la  vertu , 
inspirent  une  vénération  profonde  à  tout  homme  sen- 
sible,  quelle  tendre  émotion  n'éprouveral-il  pas  à  la 
vue  des  dépouilles  mortelles  de  S.  Charles  Borromée, 
de  ce  prélat  incomparable,  desquels  la  ville  de  Milan 
se  glorifie  à  si  juste  titre. 

De  vastes  édifices,  destinés  à  l'utilité  publique, 
construits  par  ses  ordres  et  par  sa  munificence ,  le 
zèle  infatigable  pour  la  construction  et  l'embelisse- 
ment  de  la  Cathédrale,  et  enfin  nombre  d'institutions 
de  piété  et  de  bienfaisance,  qui  sont  conservés  encore 
de  nos  jours,  attestent  sa  grandeur  d'âme,  son  amour 
pour  les  sciences  et  les  arts ,  et  l'étendue  de  ses  lu- 
mières ,  surtout  dans  un  tems  où  elles  n'étaient  en 
partage  qu'à  quelques  hommes   rares. 

Chaque  événement  de  sa  vie    prouve    que    le    but 


(1)  Cette  belle  tapisserie  à  été  tissue  à  la  fabrique  de  M.  Reina  à 
Milan,  d'après  les  dessins  de  l'habile  peintre  d'ornemens  M.  Vaccani. 


-<—«=:(    lÔO  )»-» 

de  ses  pensées  et  de  ses  soins  fut  uniquement  dirigé 
à  l'instruction  et  au  soulagement  du  peuple  coufié  a 
sa  direction  ;  les  empressemens  paternels  se  montrèrent 
au  plus  haut  degré  parmi  les  horreurs  d'une  peste 
qui  ravagea  la  ville  de  Milan  et  les  pays  à  l'entour 
en  1576.  Infatigable,  bravant  les  dangers  de  la  con- 
tagion, il  parcourait  les  rues,  pénétrait  daus  la  de- 
meure de  l'indigence  et  des  agonisans  en  y  prodiguant 
les  secours  de  la  religion,  et  ceux  que  la  fortune  lui 
permettait  de  partager.  La  chaumière  du  laboureur  par- 
tagea ses  bienfaits ,  dirigés  avec  le  même  empresse- 
ment. Le  coeur  navré  des  malheurs  de  son  peuple , 
il  implorait  du  ciel  par  des  larmes  et  par  ses  prières 
le  terme  d'un  fléau  si  terrible.  La  vente  de  sa  prin- 
cipauté d'Oria,  dout  ii  fit  distribuer  le  produit  aux 
pauvres  ne  suffit  pas  à  sa  bienfaisance  ,  mais  il  se 
dépouilla  des  objets  de  quelque  valeur,  ne  se  reser- 
vant que  le  pur  nécessaire  à  son  existence.  Tant  de 
travaux  et  de  veilles  abrégèrent  ses  jours  et  la  mort 
le  ravit  à  son  peuple  recouaissant  en  i584,  n'ayant 
atteint  que  sa   quarantesixième   aunée  (1). 

Le  pavé  de   la    chapelle    est     eu    marbre    avec    des 
ornemens   en  mosaique  de  diverses  couleurs. 


(1)  Les  liabitans  de  le  petite  ville  d'Arona  sur  le  lac  majeur  se 
réunirent  à  la  famille  Boironiée  pour  ériger  à  la  mémoire  de  S. 
Charles  une  statue  eu  cui\  re  ,  que  l'on  voit  en  naviguant  sur  ce 
lac.  Le  Saint  naquit  en  cet  endioit  en  i558,  et  il  est  représenté 
dans  l'attitude  de  bénir  ces  lieux.  Cest  un  objet  de  curiosité  pour 
les  voyageurs  qui  s'arrêtent  pour  admirer  non  s-ulemeut  sa  forme 
colossale  mais  en  même  lems  ses  belles  proport.ons. 


*-«(  i6i  )«— » 

PARTIE  SUPÉRIEURE  DE  L'ÉGLISE. 

Rien  ne  ressemble   à  la  Cathédrale  de  Milan  ;  beau- 
coups   d'édifices   eu   Europe  offrent  par  la  hardiesse  et 
la   beauté  de  leur  construction  un    sujet    d'admiration  ^ 
quelques   uns  étonnent  par  la  hauteur    de    leurs    cou- 
poles.  Partout  c'est  un   toit    qui    recouvre  une    voûte. 
Ici  c'est  le   cuivre ,  là  c'est  le  plomb ,  ailleurs  les  pier- 
res cuites,  il  n'a   rien   de   riche    dans    tout    cela,    pas 
même    les    formes  ,     et    c'est    si     peu    de     chose    en 
architecture   que  l'on  fait   tout  ce   que  l'on   peut    pour 
le   cacher  aux  yeux   dans   la    construction    des    palais. 
On   ne   trouve   dune  aux  édifices  religieux  en  Italie  que 
d'assez  volumineuses    tours  carrées  fort  élevées  ,    sou- 
vent isolées   de  l'église ,  où  sont    placées    les    cloches. 
Ouest-ce   autre   chose  qu'un    chef-d'oeuvre    de  maçon- 
nerie,    ou    une    singularité    effrayante  ,    souvent    sans 
aucune  beauté   comme  les    tours    inclinées ,    hors    d'a- 
plomb de  Pise   et  de    Bologne;    on    peut  les   regarder 
avec  curiosité,  mais  on   finit  par  s'avouer  que  l'ou  n'a 
vu  qu'un  défaut,  une  manque  de  solidité,  et  s'il  est  vrai, 
comme     l'assurent  quelques    écrivaius ,  que  l'architecte 
qui   construisit  une   de  ces  tours  l'ait  fait  ainsi    à  des- 
sein ,  nous   en   conclurons    que    cet    artiste  s'entendait 
mieux  à   faire   une    folie    qu'une    chose    de    goût.    Eu 
France  et   en   Allemagne  on   admire   de   hauts  clochers 
en   pyramides,  découpés   à    jour    par    uue   composition 
d'arabesques  ,   de  petites  colonnes  et  de  niches  ornées 
de   figures. 

A  Milan  on  trouve  celte    richesse    de    goût ,    cette 
construction  hardie   et  légère  en   même-tems   sur  toute 


,-œ(  162  )»-» 
la  surface  extérieure  de  la  Cathédrale  ,  et  de  plus  la 
richesse  de  la  matière  ,  car  tout  est  corume  le  reste 
de  l'église  de  marhre  blanc.  Comme  ou  a  pu  parcou- 
rir tout  l'intérieur  sans  peine  sous  la  voûte  et  entre 
ses  immenses  colonnes,  on  peut  en  dehors  se  prome- 
ner sur  toute  la  surface  sans  danger.  Aussi  n  est-il 
aucun  étranger  qui  puisse  quitter  Milau  s'il  n'a  pas 
été  sur  ces  plateformes,  et  il  n'est  pas  un  voyageur, 
ayant  parcouru  les  parties  connues  de  notre  globe  qui 
ne  dise ,  qu'il  n'a  rien  vu  de  semblable  ni  d'aussi 
beau  (v.  Pli  LI.  ). 

On  trouve  dans  un  angle  de  la  croisée  transversale, 
à  droite ,  près  du  Mausolée  des  Médici  une  petite 
porte  qui  conduit  à  un  escalier  de  i58  degrés.  On 
arrive  par  là  au  second  rang  des  galeries,  pavées  comme 
les  autres  de  marbre  blanc.  Après  est  un  autre  esca- 
lier qui  conduit  au  troisième  rang,  successivement  on 
monte  un  troisième  escalier  ,  et  on  se  voit  au  bas  de 
la  grande  aiguille.  Là  est  un  autre  escalier  en  vis  dans 
une  aiguille  particulière  et  irès-praticahie  qui  vous 
conduit  à  la  dernière  galerie  située  à  la  plus  grande 
élévation   abordahle  de   la  plus  grande   aiguille   (1). 


(1)  On  compte  dans  l'intérieur  quatre  escaliers  pratiques  dans 
les  gros  piliers  des  angles  aux  bras  transversaux  de  l'édifice  ,  et 
qui  conduisent  sur  le  toit.  Un  de  ces  escaliers  est  hors  de  service 
Il  y  en  a  cinq  autres  plus  petites,  savoir  deux  dans  les  doubles 
piliers  des  angles  de  la  façade,  un  dans  celui  à  la  gauche  de  la 
grande  porte  qui  conduit  au  balcon  de  la  fenêtre  du  milieu  ,  et 
les  deux  derniers  se  trouvent  dans  les  piliers  extérieurs  des  sacris- 
ties. Ces  deux  escaliers  servent  ordinairement  de  communication 
entre  les  sacristies  et  d'entrée  aux  salles  bâties  audessus.  Ils  con- 
duisent aussi  aux  galeries  du  piccmer  oidre. 


Lorsqu'on  est  parvenu  à  ces  hauteurs  on  voit  se 
déployer  sous  ses  yeux  le  vaste  et  magnifique  paysage 
de  la  Lombardie  ,  si  riche  de  plantations  ,  de  prairies, 
de  champs  cultivés  ,  spectacle  imposant  de  la  na- 
ture qu'iuterrompent  des  niasses  non  moins  belles  de 
bourgs,  de  villages  bien  bâties.  Ce  tableau,  ce  pa- 
norama si  varié  par  des  sites  agréables  que  forment 
ici  des  plaines,  là  des  coteaux,  ailleurs  des  collines 
et  que  bordent  à  peu  de  distance  les  montagnes  boi- 
sées ,  et  d'un  autre  côté  à  l'borizon  la  cbaine  des 
Appeuins.  Tous  ces  lieux  sont  remplis  de  cbaleaux 
élégans,  modernes,  contrastant  avec  ceux  du  moyeu 
âge  que  le  lems  et  les  soins  des  familles  ont  conser- 
vés, et  qu'annoncent  l'opulence  des  babitans  qui  vont 
y  jouir  de  la  belle  saison.  C'est  à  juste  litre  que  ce 
pays,  arrosé  par  de  belles  rivières  et  des  lacs  aboudans 
en  poissons ,  est  appelé  le  Jardin  de  V Italie  ,  car  sa 
surface  observée  pour  ainsi  dire  à  vol  d'oiseau  du 
haut  de  notre  église  représente  un  magnifique  jardin 
anglais. 

Eu  rapprochant  son  point  de  vue  du  centre  où  il 
pose,  le  spectateur  voit  se  dessiner  le  plan  de  la 
ville  de  Milan,  environnée  de  beaux  canaux  auxquels 
fournissent  abbondamment ,  toute  l'aunée  ,  leur  eaux 
l'Adda  et  le  Tesiu  ;  on  les  voit  couverts  de  bateaux 
cbargés  des  objets  nécessaires  à  cette  grande  cité,  les 
marbres,  les  grains,  les  bois  qui  se  déchargent  dans 
des  magazinsj  tout  autour  de  la  ville  est  un  canal  inté- 
rieur qui  lui  sert  de  ceinture  et  la  séparent  de  ses  faux- 
bourgs  dont  la  comunication  est  entretenue  par  grand 
nombre  de  ponts.  Ou  jouit  encore  du  coup  d'oeil  de 
voir  les  rues  peuplées  d'une  quantité    d'habitans  ,  les 

25 


*-e(    l6  '(    )»-* 

uns  en  carosse  ou  à  cheval ,  volant  où  les  appelle  le 
plaisir,  les  autres  plcius  d'activité  courant  à  leurs  affaires. 

11  faut  enfin  s'arracher  à  ce  spéciale  animé  pour 
porter  ses  regards  sur  une  des  plus  hardies  productions 
de  l'art,  où  tout  concourt  à  étonner  les  ingénieuses, 
nous  dirons  même  les  audacieuses  conceptions  du  gé- 
nie des  architectes  qui  se  sont  totalement  éloignés 
de  la  route  commune  en  terminant  cette  église ,  à 
laquelle  ils  ont  voulu  donner  la  forme  d'une  grande 
terasse  de   marbre  ,  praticable  dans   tous  les  sens. 

Ce  n'était  pas  assez  encore ,  ils  ont  voulu  conserver 
l'immense  richesse  de  l'intérieur  en  multipliant  sous 
le  ciseau  des  statuaires,  des  sculpteurs  d'ornemens , 
tout  ce  que  l'art  du  dessin  peut  employer  pour  em- 
bellir un  édifice  somptueux  ,  et  ce  qui  est  admirable 
c'est  que  ces  objets,  quoique  placés  à  une  si  grande 
hauteur  n'ont  poiut  été  négligés,  ou  abandonnés  a  de 
médiocres  artistes,  on  y  revoit  au  contraire  avec 
plaisir  le  ciseau  de  nos  habiles  statuaires  dans  cette 
quantité  immense  de  figures  de  diverses  proportions. 
Ce  serait  une  tâche  trop  difficile  que  de  décrire  toutes 
ces  beautés,  il  faut  nous  borner  à  parler  des  plus 
remarquables  ,  en  laissant  le  plaisir  de  les  vanter  à  ceux 
qui  ont   occasion   de   les   admirer. 

La  couverture  de  ce  temple  est  formée  de  94  di- 
visions de  pavé  en  marbre ,  à  plaus  iuclinés  et  distri- 
bués en  trois  ordres  ;  savoir:  18  au  premier  plan, 
5i  au  second  ,  et  39  au  troisième.  Les  uns  sout  sé- 
parés des  autres  au  premier  et  au  second  plan  par 
5a  petits  pans  de  murs,  soutenans  des  doubles  grands 
arcs  boutans,  qui  soutiennent  la  poussée  des  arcs  et 
des  voûtes   à  l'intérieur  ;  ces  arcs   rampans    sont    très- 


élégamment  décorés  ,  de  même  que  les  acqueducs  ou 
«outtières  par  des  ornemens  gothiques  en  forme  de 
créneaux  légers   (  v.  PI.   LU  ). 

Où   monte  d'un  plan   à   un   autre   par  le  moyeu    de 
20  escaliers   fort    commodes,    très-doux  ,    placés    dans 
différentes   espaces.   La  plupart  sont  garnis  de  parapets 
à  jour  ornés  comme  les  arcs  boutans.   Ces   terasses  sont 
environnés  par  des   galeries   également   à   rinceaux  go- 
thiques découpés   et  on  peut  s'y  promener  avec  la  plus 
grande   sécurité  ;  les  arcs  et  les  pans  de  mur    laissent 
des  passages  disposés  avec  symétrie.  Ces   petites  por- 
tes sont  décorées  de    médaillous    sculptés,    de    petites 
figures  posées  sur  des  consoles  ornées  et  couvertes  de 
petits   baldaquins   en   pyramide  ,  goût  général  qui  règne 
dans  tout  l'édifice.  Il  nous  semble  que  les  artistes  mo- 
dernes qui  ont  terminé   cette   partie   où   tout    est    neuf 
eussent  du  prendre   une  licence  bien   plus  pardonnable 
que  celle  que  l'on   a  pris  à  la  façade  ,  en  suivant  de 
loin  la  forme   des  anciens  baldaquins,  en  donnant  aux 
leurs  un  peu  plus    de    légèrté,    plus  élancés.  La    vue 
de  ces  galeries  à  jour  fait  plaisir,  même  en  supposant 
que  l'en   trouve    plus    singulier  que   magnifique    cette 
grande    quantité  d'aiguilles  de  diverses  proportions  qui 
s'élèvent  audessus  des  gros  pilastres   intérieurs  ,    aux- 
quels  s'appuient  les  arcs  boutans  ,  et  qui    vus  de  loin 
semblent  hérisser    celte    espèce    de    toiture.    On    s'en 
appercevera  d'autant  plus  lorsque    tout    sera    terminé. 
Ces  aiguilles  qui  se  verront  aux  trois  plans  des   teras- 
ses,   seront  au  nombre  de    1 06,  savoir:  22  au  premier 
plan  ,   40  au  second  et  44  au  troisième.   On  ne  com- 
prend pas  dans  ce  nombre  les  quatre  grandes    aiguil- 
les avec  un  escalier  a  vis  ;  il  n'y  en  a  encore  qu'une 


~-(  1G6  )*-> 
seule,  et  les  huit  petites  de  construction  ancienne  sur 
le  plan  inférieur  des  chapelles  de  la  Vierge  à  l'arbre 
et  de  S.  Jean  Bono.  Ces  aiguilles ,  toutes  composées 
d'arabesque  entrelacées  à  jour,  sout  la  plupart  ornées  de 
i6  petites  statues  de  trois  différentes  dimensions  dont 
la  dernière  est  à  peu-près  au  naturel.  L'amateur  , 
l'homme  curieux  admirera  ces  figures  qui  font  honneur 
aux  sculpteurs ,  dont  ils  désireront  savoir  les  noms  : 
nous  leurs  citerons  avec  plaisir  les  Muuii,  les  Mar- 
ches! parmi  eux,  qui  forment  aujourd'hui  notre  école 
brillante  (i). 

La  plus  belle  de  ces  aiguilles  tant  par  sa  construc- 
tion que  par  ses  ornemens  ,  est  celle  octogone  ren- 
fermant un  escalier  tournant  à  vis,  iequel  conduit  à 
la  grande  aiguille  qui  surmoute  toutes  les  autres.  Ou 
en   doit  l'invention   à  Jean-Antoine   Omodeo  :    elle    est 


(i)  Pour  donner  une  ide'e  de  la  promptitude  avec  laquelle  fu- 
rent exécutés  les  travaux  modernes  dans  cette  église  ,  il  sulfit  de 
remarquer  qu'en  l'an  1806  il  n'y  avait  sur  le  comble  que  neuf 
aiguilles  en  outre  de  celle  qui  conduit  à  la  plu»  grande  par  l'es- 
calier à  vis  et  celles  qui  sont  derrière  le  choeur  et  sans  y  com- 
pter les  8  petites  que  nous  n'avons  pas  notées  dans  le  nombre 
total   ci  dessus   de   106. 

Depuis  l'anne'e  1806  au  i83o  on  a  e'ieve'  85  aiguilles  de  diver- 
ses dimensions ,  de  sorte  qu'il  ne  manque  du  nombie  total  à  l'a- 
chèvement de  l'e'difice  que  10  aiguilles  et  les  trois  plus  grandes 
contenans  un  escalier  à  vis  autour  de  la  grande  aiguille  et  deux 
autres  à  placer  aux  angles  des  bras. 

Il  reste  à  citer  un  nombre  infini  de  travaux  d'un  autre  genre, 
savoir  une  grande  quantité  d'arcs  boutans ,  de  galeries  ,  d'esca- 
liers,  d'acqueducs,  de  terrasses,  de  bas-reliefs,  de  statues  et 
d'ornemens  qui  furent  exécutés  en  si  peu  de  tems  sur  cette  partie 
supérieure  du  temple,  et  on  peut  à  coup  sut  calculer  que  tout 
cela  réuni  forme  les  quatre  cinquièmes  de  cette  partie  de  l'édifice. 


«-*■■(  167  )-«-•> 
ceinte  d'un  charmant  parapet  par  sou  dessin,  et  décorée 
d'élégantes  figures.  Ou  regrettera  cependant  d'en  voir 
quelques-unes  mutilées  et  gâtées  soit  parle  tems ,  suit 
par  des  imprudences;  de  même  qu'on  désirerait  voir 
remplacées  celles  qui  manquent  totalement  sur  leurs 
consoles   ou  dans  les  uiches  (  v.  PI.  LUI.  ). 

Selon  le  premier  dessin  de  cette  église  on  devrait 
construire  encore  trois  autres  aiguilles  semblables  à 
celle  que  nous  venous  de  décrire  et  qui  seraient 
posées  sur  les  trois  autres  gros  pilastres  des  angles  de 
la  croix  à  l'extrémité  des  uefs,  et  qui  soutiennent  la 
coupole:  mais  en  considérant  les  ouvrages  qui  manquent 
encore  pour  l'achèvement  du  reste  de  l'édifice  et 
à  l'énorme  dépense  que  nécessiterait  la  construction 
de  ces  aiguilles ,  il  est  présumable  qu'elles  ne  pour- 
ront encore  de  long-tems  être  exécutées,  car  celle 
dont  nous  avons  parlé,  coûta  y  compris  l'achat  des 
marbres  600  mille  livres  milanaises,  et  cette  som- 
me ,  vu  la  différence  des  tems  avec  le  prix  des  tra- 
vaux aujourd'hui,  ne  serait  pas  suffisante. 

Lorsqu'on  est  monté  dans  l'escalier  à  vis,  on  entre 
dans  une  petite  tribune  couverte  ,  environnée  de  pa- 
rapets en  ornemens  à  jour.  Sur  un  de  ce  parapets  est 
scellé  un  médaillon  eu  bas-relief  où  se  voit  le  portrait 
d'Omodeo  aussi  en  marbre  ayant  autour  cette  inscription 
rapportée   à  pag.  8. 

10    .    ANTON1VS    .    OMODEO 
VEN    .    FABRICAE    .    MLI    .    ARCHITECTVS    (i) 


(1)  Omodeo    ou    Amadeo  ,    excellent  sulpleur  et    architecte    du 
XIV. e  siècle,  fat  charge'  de  la  directiou  des  travaux  de  la  Cathe- 


«— «i(  168  )s— ♦ 

Les  lettres  PB  sculptés  sur  le  bonnet  du  person- 
nage ,  indiquent  que  ce  fut  Paul  Biffi ,  sculpteur  mi- 
Jauais  du  XV  siècle  qui  exécuta  ce  portrait  ;  on  croit 
qu'il   y   fut   placé   eu    1600. 

Celte  tribune  exrêmement  riche  ,  et  belle  est  sou- 
tenue par  quantité  de  petits  pilastres  enrichis  de 
sculptures  ,  liés  par  des  oruemens  arabesques  à  jour 
et  où  sont  disposés  avec  goût  des  médailles  et  des 
charmantes  petites  figures  dans  des  attitudes  variées. 
On  voit  avec  regret  que  de  si  jolis  ouvrages  aient  été 
ainsi  exposées  et  qu'une  grande  partie  de  ces  figures 
soient  gâtées,  n'ayant  leurs  formes  gracieuses  et  déli- 
cates pu  résister  aux  intempéries  de  l'air  auxquelles 
la  matière  n'a  pu  rien  opposer. 

En  sortant  de  celte  tribune  et  passant  provisoire- 
ment par  le  sommet  d'une  des  grandes  fenêtres  pla- 
cées dans  le  tambour  de  la  coupole  ,  et  au  moyen  d'un 
court  escaliers  en  bois   on   arrive   à  la  graude  aiguille. 

On  apprend  des  registres  de  la  fabrique  que  la 
coupole  fut  élevée  dans  le  XV  siècle.  Elle  avait  formé 


drale  le  i5  avril  i49°-  H  présenta  à  l'Administration  le  dessin  de 
celte  aiguille  et  de  la  gallerie  qui  y  eu  allachée  le  1 5  mai  i49>  . 
pt  on  les  vit  achevés  en  i494-  Ce  lut  encore  lui  qui  modella  les 
jolies  figures  et  les  médailles  dont  elles  sont  décorées  ,  et  en  scul- 
pta plusieurs.  Les  oruemens  à  jour,  sont  de  Tommas  Ànuci  de 
Crémone  ,  très-habile  artiste  de  ces   tems. 

L'Omodeo  ,  duquel  on  voit  aussi  des  ouvrages  précieux  dans  la 
célèbre  Chartreuse  près  de  Pavie,  ainsi  qu'à  Bergame  et  à  Cré- 
mone, mourut  à  Pavie  le  5o  août  i522  après  avoir  employé  ses 
talens  pendant  52  ans  et  4  niois  à  la  construction  de  la  Cathédrale 
de  MilaD,  et  il  légua  à  celte  église  par  son  testament  une  possession 
dans  le  territoire  de  Giovetuaao  près  de  Pavie. 


l'objet  des  soins  les  plus  imporians  de  l'administration  , 
et  les  difficultés  qui  s'etaieut  présentées  en  avait  fait 
différer  la  construction  entière.  Lorsque  les  nefs  furent 
achevées  on  couvrit  le  tambour  de  la  coupole  avec  un 
toit  ordinaire.  Ce  fut  Jean  Galeas  Sforza  qui  parvenu 
à  gouverner  le  Duché  de  Milan  voulut  que  l'on  en- 
treprit la  construction  de  cette  coupole  ,  et  nous  avons 
Vu  en  consultant  ces  livres  qu'il  y  mit  la  plus  grande 
ardeur.  En  effet  non  content  d'avoir  pris  l'avis  de 
plusieurs  artistes  italiens,  il  voulut  aussi  consulter  des 
architectes  étrangers  qui  par  de  grandes  ouvrages  avaient 
acquis  une  juste  réputation  de  mérite.  11  s'était  d'abord 
adressé  à  la  ville  de  Strasbourg,  où  l'on  venait  d'élever 
le  fameux  clocher  de  sa  Cathédrale,  et  il  demanda 
qu'on  lui  envoyât  de  cette  ville  des  architectes  capa- 
bles de  construire  la  coupole  de  celle  de  Milan.  La 
première  lettre  du  Duc  aux  Strasbourgeois  porte  la 
date  du  27  juin  1481  j  la  seconde,  adressée  à  Pierre 
Scotti  gouverneur  de  la  ville,  est  du  19  avril  1482. 
D'après  ces  demandes  on  envoya  à  Milan  l'architecte 
Jean  de  Gralz  qui  arriva  eu  i483  avec  un  de  ses  fils 
et  amena  plusieurs  ouvriers.  Il  parait  que  cet  artiste 
ne  répondit  pas  à  l'attente  du  Duc ,  car  quelques  dou- 
tes s'étant  élevés  sur  la  solidité  de  la  construction  ,  on 
eut  de  nouveau  recours  à  l'architecte  Hammercr  aussi 
de  Strasbourg,  comme  nous  avons  déjà  iudiqué  à 
pag.  12  de  cet  ouvrage,  auquel  on  adressa  une  lettre 
datée  du  17  Juin  i486.  Enfin  dans  un  telle  incertitude 
De  Gratz  fu  renvoyé  dans  sa  patrie ,  indemnisé  par 
une  honnête  gratification ,  mais  on  démolit  tout  ce 
qu'il   avait  fait. 

Eu  l'an    1490  on  s'adressa    encore    aux  architectes 


*— «(  I  lO  )a— > 
italiens,  et  enfin  Louis  Sforza ,  successeur  du  Duc 
Jean  Galéas,  confia  la  construction  à  Jean  Antoine 
Omodeo  ,  dont  nous  venons  de  parler,  et  celui-ci  se 
fit  aider  par  François  di  Giorgio  de  Sienne ,  et  par 
Jean-Jacques  Dolzebono ,  milanais  (i)  ;  ces  artistes 
achevèrent  cet  ouvrage  en  i4q5-  Pour  faire  exécuter 
les  autres  parties  imparfaites  de  l'église  on  adjoignit 
Pierre   délia   Porta. 

Quoique  la  coupole  fut  terminée  il  se  passa  pres- 
que deux  siècles  avant  qu'on  s'occupât  d'élever  l'ai- 
guille principale  qui  devait  oruer  si  magnifiquement  la 
partie  supérieure  ;  ce  fut  seulement  en  1762  que  l'ad- 
ministration invita  l'architecte  François  Croce  à  en 
proposer  le  dessin.  11  préseuta  uu  projet  qui  fut  vi- 
vement combattu  et  donna  lieu  à  des  discussions  aux- 
quelles Croce  répondit  très  en  détail  par  un  mémoire 
où  il  défendit  son  ouvrage.  Néanmoins  l'administration 
voulut  agir  avec  prudence  sur  un  objet  aussi  impor- 
tant ;  elle  décida  que  le  projet  présenté  serait  soumis 
à  l'examen  de  plusieurs  célèbres  mathématiciens  et  ar- 
chitectes avant  qu'elle  se  détermina  à  l'approuver  et 
en   ordonner  l'exécution. 

Les  opinions  qu'on  recueillit ,  plus  ou  moins  favo- 
rable au  projet  de  Croce ,  conclurent  cependant  à 
l'approuver,  ayant  reconnue  la  certitude  de  la  solidité 
dans  la   construction  de  cette  aiguille. 

(1)  Ce  fut  dans  cette  ciicostance  qu'on  consulta  le  Bramante, 
qui  dans  le  même  temps  dirigeait  la  construtiou  de  la  magnifique 
Chartereuse  près  de  Pavie.  Le  ce'lèbre  architecte  approuva  le  projet 
de  l'Oraodeo  ,  et  lui  accorda  des  éloges  pour  l'ingénieuse  légèrté, 
réunie  à  la  solidité  qu'il  proposa  dans  son  dessin,  rapport  à  U 
coupole. 


Alors  Croce  s'étant  aussitôt  mis  à  l'oeuvre ,  il  eut  la 
satisfaction  de  la  voir  achevée  en  1772  telle  qu'on  la 
voit  ,  non  seulement  admirable  par  sa  masse  hardie  et 
imposante  ,   mais    en    mêmé-tems    par    la    richesse    du 


travail 


Le   tambour   de  la  coupole  ,  de  forme  octogone  est 
soutenu  dans  les  angles  par  huit  gros  pilastres,  entre 
lescpjels  sont  placées  autant  de  fenêtres   de  style  gothi- 
que,  ornées  de  rosaces  sculptées,  ayant  autour  des  sta- 
tues  de   diverses    proportions.    Le    plan    supérieur    sur 
lequel   on    peut  aborder,   aussi   de  forme  octogone  ,  est 
entouré  d'une    gallerie    gothique    à    jour.    Aux    quatre 
côtés  l'architecte   a  laissé   des  ouvertures   pour  donner 
accès  aux  quatre  escaliers   à  vis  qui   restent    à    faire  , 
et  qui  devraient  être  plus  hautes  que   celui  qui  existe 
à  présent,    et    lorsque    cela    arrivera,    on    supprimera 
l'iguoble   entrée  qui  existe   maintenant  pour     arriver  à 
ce  point.  Au   centre    s'élève    la    lanterne    éclairée    par 
quatre  longues   fenêtres  et    environnée    par    huit    pila- 
stres   soutenus    par    huit    arcs    gothiques   à    jour,    qui 
buttent    entre    les     petites     aiguilles    naissantes     de    la 
base,  et  tout   cela  servant  à  consolider  l'élévation   de 
la  grande   aiguille.  On    arrive    à    la    première    partie  , 
environnée  aussi  d'une   galerie  ornée  et  surmontée   par 
huit  petites  aiguilles,  eu    montant  par  un    petit    esca- 
lier   en    vis,    placé    sur    un  des  côtés  de  la  lanterne 
de   l'édifice. 

C'est  ici  que  commence  la  partie  supérieure  de  la 
grande  aiguille  ,  formée  par  un  fust  massif  au  centre  , 
autour  durpiel  on  a  pratiqué  un  escalier  tournant,  et 
en  dehors  elle  est  soutenue  par  huit  groupes  de  co- 
lonnes ,  formant  des  piliers  qui  s'élèvent  jusqu'au   der- 

2.4 


nier  balcon   ou   tribune   qu'on  appelle  Belvédère,  orné 
comme  le   reste   d'une  galerie   fort   élégante. 

Sur  ce  plan ,  qui  est  le  dernier  facilement  prati- 
cable, s'élèvent  encore  huit  piliers  isolés  surmoutés  par 
autant  des  statues  d'anges  dans  l'attitude  de  sonner 
de  la  trompette.  C'est  la  base  de  la  pyramide  ornée 
de  sculptures,  d'oruemens,  et  au  sommet  de  laquelle 
est  placée  la  statue  colossale  en  cuivre  doré  de  la 
Vierge  ,  ouvrage  de  Joseph  Bini  ,  orfèvre  milanais, 
(v.  PI.  LXIV)  (1). 

Nous  avons  donné  à  la  page  57  de  cette  descrip- 
tion ,  le  détail  des  projets  et  des  contestations  de  nos 
principaux  artistes  devant  l'accadémie  en  1812,  rela- 
tivement à  la  construction  d'un  clocher  correspondant 
à  la  richesse  de  l'édifice  principal ,  mais  comme  de- 
puis cette  époque  jusqu'à  ce  jour  il  ne  fut  plus  ques- 
tion de  cet  objet,  nous  nous  bornerons  à  observer  à 
nos  lecteurs  que  les  cloches  restent ,  en  attendant  une 
plus  heureuse  détermination,  dans  une  tour  assez  basse, 
Mtié  en  briques ,  qui  est  élevée  sur  la  voûte  de  la 
nef   principale. 

Elles  sont  au  nombre  de  trois  et  quoique  fort  gros- 
ses elles  n'égalent  pas  certainement  quelques-unes  qui 
se   voyent  en  France  et  dans  quelques    églises   en  Al- 


(1)  Le  18  Juillet  1817  la  foudre  qui  toruba  sur  la  grande  ai- 
guille y  occasionna  des  accidens  assez  graves,  qui  furent  prompte- 
nient  reparcs,  mais  deu*  mois  après  le  même  événement  s'elant 
renouvelle,  l'administration  pour  prévenir  le  retour  de  ces  accidens 
et  pieserver  efficacement  cet  édifice  si  exposé  eu  effet,  a  fait  éta- 
blir sur  le  haut  du  comble  des  paratonnèies  artistement  construits 
el  savamment  disposés,  de  manière  à  prévenir  tout  accident  futur. 


e(  i  7  5  )»-* 

lemagne.  Ces  trois  cloches  ont  été  fondues  par  des 
ouvriers  de  Milan  de  la  même  famille ,  à  des  épo- 
ques différentes.  La  première,  du  poids  de  25,ooo 
livres  de  Milan  a  élé  fondue  en  i582  par  J.  B. 
Busca  ,  la  seconde,  qui  pèse  i4oo  le  fut  eu  1577 
par  Denis  Busca  et  la  troisième,  de  8000  livres  fut 
coulée  en  i5i5  par  Jeiôme  Busca.  Autrefois  les  cor- 
des descendaient  au  milieu  de  la  uef ,  mais  Sangiu- 
sto  ,  horloger  et  mécanicien  ,  trouva  le  moyen  ingé- 
nieux de  les  transpoiter  entre  deux  piliers  à  la  droite 
de  la  nef. 

CÔTÉS    ET    PARTIE    POSTERIEURE    EN   DEHORS. 

On  retrouve  dans  l'extérieur  de  cette  église  la  même 
grandeur  dans  l'exécution,  la  même  richesse  dans  le 
marbre  et  dans  les  ornemens  que  dans  la  façade  et 
son  intérieur  j  rien  n'y  a  été  subordonné  à  quelques 
parties  ,  rien  n'y  à  été  négligé  pour  qu'on  put  l'ad- 
mirer sous  quelque  point  de  vue  que  l'on  choisisse 
pour  l'examiner.  Aussi  de  toutes  parts  cette  église 
offie  aux  artistes  des  sujets  de  tableaux  que  nous 
voyons  se  multiplier  chaque  année  aux  expositions  ac- 
cadémiques  (1).  Il  est  agréable  pour  l'amateur  des 
arts  d'y  voir  conservé  le  premier  caractère  original 
du  dessin  depuis  son  commencement  ;  et  qu'on  y  ait 
respecté    celte    unité    qui    fait    le    mérite    de  pareilles 


(1)  Les  vues  intérieurs  et  extérieurs  du   célèbre  Migliara  ,  ornant 
à  présent  divers  cabinets  et  galeries  de  l'Europe. 


constructions ,  abstraction  faite  pourtant  de  ses  por- 
tails,  que  nous  avons  laissé  déjà  fort  loiu  de  notre 
pensée.  (  v.  PI.  V  ). 

Il  régne  dans  cet  ensemble  uue  sagesse  de  concep- 
tion ,  une  pureté  dans  les  formes  qui  s'éloigue  entière- 
ment du  genre  trop  singulier  qui  offrent  les  mo- 
numens  gothiques,  dont  les  restes  en  Angleterre  sur- 
tout attestent  cependant  du  génie  dans  leurs  inven- 
teurs ;  ici  on  apperçoit  que  le  goût  de  la  belle  archi- 
tecture  n'était  pas   trop   éloigné. 

Tout  autour  ou  voit  de  forts  pilastres  saillans  ,  qui 
correspondent  à  ceux  de  l'iutérieur  et  qui  servent  de 
contreforts  aux  voûtes  des  nefs  latérales.  Un  soubas- 
sement grandiose  qui  règne  autour  de  tout  l'édifice 
leur  sert  de  base  ,  et  ces  pilastres  sont  ornés  de  belles 
corniches  sculptées.  Sur  leurs  trois  côtés  sont  placées 
des  statues  posées  sur  des  suports  formés  par  des  fi- 
gures singulières  et  toujours  variées.  Les  fenêtres  der- 
rière le  choeur  ont  de  plus  une  quantité  de  bustes 
différens  qui  sont  placés  entre  les  statues  de  sorte  que 
ces  côtés  sont  chargés  d'ouvrages  de  sculpture.  Autant 
de  fenêtres  plus  petites  sont  distribuées  dans  les  ordres 
supérieurs  aux  deux  flancs  de  l'édifice  ,  celles  des  deux 
premiers  servent  à  éclairer  les  nefs  daus  l'intérieur  , 
mais  celles  du  dernier  rang  ne  sont  que  figurées  et 
placées  au  dessus  de  la  voûte  ne  portent  point  la 
lumière. 

Les  deux  bras  de  la  croix  interrompent  cette  suite 
de  pilastres  et  de  feuêtres  en  se  projectant  plus  au 
dehors.  Nous  avons  dit  qu'autrefois  il  y  avait  des 
portes  qui  ont  été  remplacées  par  les  chapelles  de 
la     Vierge    et    de    S.    Jean    Bono.   Ces  deux    massifs . 


+-«(    I  7  5  )a-> 

ayant  été  ci-devant  des  entrées  latérales,  ont  du  être 
décorés  en  sculpture  plus  richement  que  les  pilastres 
saillans,  tout  en  y  conservant  les  mêmes  mouvemens 
d'architecture  ;  on  y  a  sculpté  de  fort  jolis  ornemens 
en  forme  de  frise. 

Dans  le  derrière  du  rond-point  on  remarque  le 
même  style  des  côtés,  ruais  les  fenêtres  sont  infini- 
ment plus  grandes  ,  plus  larges  et  en  tout  plus  riches 
d'ornemens.  Les  parapets  de  ce  côté  et  les  escaliers 
qui  conduisent  aux  plans  supérieurs  du  comhle  sont 
ornés  de  riches  dentelures,  comme  le  seront  par  la 
suite  les  parapets  ou  galeries  des  ordres  pour  termi- 
ner la  décoration  générale  selon  le  dessin  primitif.  On 
peut  dire  avec  raison  que  le  chevet  de  celte  église, 
tel  qu'on  le  voit,  surpasse  par  son  goût ,  sou  élégance 
et  sa  richesse  gothique  la  façade  avec  son  alliance 
forcée  du  style  d'architecture  romaine  ,  quoi  qu'on  y 
trouve  des  beautés,  sortout  dans  l'exécution  (v.  PI.  IV 
et  LXIII)  (i). 

On  sera  étonné  du  nombre  de  figures  de  ronde 
bosse  qui  ornent  les  côtés  et  les  parties  supérieurs 
de  l'édifice.  Elles    doivent    être    au    complet    environs 


(i)  C'est  dommage  qu'il  faille  aller  découvrir  cette  partie  inté- 
ressante de  l'édifice,  dans  une  petite  place,  appelée  Campo  Sanlo , 
entourée  de  maisons  d'un  aspect  mesquin  et  irrégulier  ,  et  obstruée 
par  nombre  de  blocs  des  marbres,  car  cesl  là  où  se  déposent  les 
matériaux  qu'on  employé  pour  l'église  ,  et  que  la  plupart  des  tail- 
leurs de  marbres  et  sculpteurs  d'ornement  ont  leurs  ateliers.  Il 
serait  à  désirer  qu'on  abbattit  toutes  ces  baraques ,  pour  former 
une  place  régulière,  symétrique,  et  qui  permit  de  développer  l'en- 
semble de  cette  belle  partie  de  l'église. 


5ooo,  et  il  n'en  manque  à  présent  que  les  deux  cin- 
quièmes. A  l'exception  de  beaucoup  d'anciennes  qui 
sont  d'un  médiocre  dessin  ,  la  plus  graude  partie  peut 
honorer  l'école  Lombarde,  et  l'on  y  dislingue  facile- 
ment les  progrés  que  la  sculpture  y  a  fait  depuis  le 
XV  siècle  jusqu'à  nos  jours.  Nous  avons  pensé  qu'en 
faveur  de  ceux  qui  n'ont  pu  les  admirer  sur  les  lieux, 
nous  devions  ajouter  aux  planches  LV  et  LVI  qui 
représentent  les  belles  figures  de  la  façade,  deux  au- 
tres pour  les  statues  des  autres  parties  qui  correspon- 
dent à   ces   premières  par  leur  mérite. 

Pl.LX  ,  n.°  1  et  2.  David  et  Abigail  fille  de  Laban ,  sa 
seconde  femme,  ouvrage  de  Biagio  de  Vairone  ,  bon 
sculpteur  lombard.  Ces  statues  sont  placées  sur  le 
pilastre  saillant  derrière  l'église  entre  la  place  de  Campo 
Santo  et  l'archevêché.  Le  David  est  de  bon  goût , 
mais  on   trouvera  plus    le    style   grec   dans  l'Abigail. 

N.°  3.  S.e  Hélène ,  mère  de  Constantin  embrassant 
la  croix.  Vasari  attribue  celle  statue  à  Cristoph  Solari , 
dit  le  bossu  ,  le  même  qui  fut  choisi  pour  être  l'archi- 
tecte de  la  Cathédrale  en  i5o6,  avec  la  condiliou 
précise  de  ne  pas  abandonner  la  sculpture.  Cetle  statue 
est  placée  près  de  la  grande  fenêtre  en  face  de  l'ar- 
chevêché. 

N.c  4-  S.e  Lucie ,  autre  très-belle  figure  du  même 
Solari,  placée  sur  le  pilastre  en  face  de  l'aile  gauche 
du   Palais   de  la  Cour. 

N.°  5.  On  attribue  aussi  au  Solari  cette  statue  re- 
présentant Judith  tenant  d'une  main  un  sabre  et  de 
l'autre  la  tête  d'Holopherne  ,  d'un  beau  dessin,  excel- 
lement  drapée.  Elle  orne  la  grande  fenêtre  vis-à-vis  à 
la  porte  de  l'archevêché. 


<— «(  i  >y  7  )■*-* 
N.°  6.  Celte  belle  statue  représente  l'empereur  Cons- 
tantin ;    ou    l'attribue   à   André    Fusina ,    lombard.    Elle 
est  sur  le  pilastre   extérieur  de    la   chapelle    dite    des 
Médici. 

PI.  LXÏ,  u.°  7.  C'est  S.  Albanase  martyr,  statue 
placée  sur  le  pilastre  en  face  de  la  porte  de  l'arche- 
vêché. Cet  ouvrage  de  Solari  réunit  la  beauté  des 
formes  délicates  d'un  jeune  homme  ,  avec  une  grande 
intelligence  de  la  miologie  heureusement  développée 
dans  une  altitude  violente  et  douloureuse,  propre  au 
supplice  d'un  martyr:  l'expression  de  la  tête  est  sublime. 
N.°  8.  Offre  une  figure  Herculéenne  qui  soutient 
en  forme  de  Cariatide  uue  goutière  ;  elle  est  placée  au 
premier  pilastre  vers  le  cours  dit  de'Servi,  après  les 
doubles  pilastres  de  la  façade.  On  l'attribue  au  célèbre 
peintre   et  sculpteur  Jules-César  Procaccini. 

N.°  10.  Représente  une  Madeleine  enlevée  par  qua- 
tre petites  anges  ;  Vasari  en  parle  avec  éloge.  Elle 
est  du  ciseau  d'Ange  Siciliano,  et  on  la  voit  au  cin- 
quième pilastre  vers  le  cours  de  Servi- 
rons donnons  sous  les  n."  9  et  11  un  idée  des 
statues  qui  ornent  la  grande  aiguille  octogone  renfer- 
mant l'escalier  à  vis.  Ces  figures  et  autres  qui  ne  lui 
cèdent  pas  eu  beauté  ,  placées  autour  de  cette  même 
aiguille   sont  attribuées  à  Omodeo. 

Le  n.°  12  est  une  autre  belle  statue  de  S.  Pierre, 
ouvrage  de  Jean  Nava.  Avant  de  finir  la  description 
de  notre  temple  magnifique  ,  nous  croyons  faire  plai- 
sir à  nos  lecteurs  en  leur  donnant  un  apperçu  des 
nouveaux  ouvrages  qui  à  l'aide  de  la  munificence  du 
Souverain,  du  zèle  de  l'admiuistration  qui  préside  à 
ces  travaux,  et  par  les  soins  et  les  lalens   de    L'ardu- 


«— e(    1  "j8  )a— > 

tecte  actuel ,  l'ingénieur  Pierre  Pestagalli ,  ont  clé  exé- 
cutés en  peu  de  tems,  et  ceux  qui  se  continuent  avec 
telle  rapidité  que  l'on  peut  espérer  de  voir  ce  temple, 
commencé  depuis  plusieurs  siècles,  se  terminer  en  peu 
d'années  et  paraître  en  toutes  ses  parties  dans  son  état 
parfait  et   qui  fera  la   gloire  des  artistes  italiens. 

Plusieurs  embelissemens  ont  été  exécutés  dans  l'in- 
térieur en  peu  de  tems  et  depuis  que  les  premières 
feuilles  de  cet  ouvrage  ont  parus;  nous  avons  vu 
réaliser  depuis  quelques  changemens  parmi  ceux  que 
nous  avions  indiqués  étant  réclamés  du  bon  goût.  En 
effet  les  mauvaises  figures  eu  stuc  audessus  du  Baptistère 
ont  disparus,  les  niches  vuides  des  chapitaux  des  pi- 
liers ont  été  remplies  par  des  statues  qui  ne  sont  pas 
sans   mérite. 

Les  deux  grandes  fenêtres  et  les  deux  plus  petites 
latérales  de  la  façade  intérieure  qui  n'étaient  pas  ache- 
vées ,  sont  actuellement  revêtus  de  marbres  et  des 
ornemens  analogues,  et  des  sculpteurs  sout  occupés 
de  deux  statues  des  patrons  de  Milan ,  S.  Ambroise 
et  S.  Charles  ;  elles  seront  placées  sur  les  angles  du 
balcon  de  la  tribune  audessus  de  la  grande  porte  au 
milieu. 

A  la  grande  fenêtre  gothique  de  la  façade  on  a 
substitué  aux  verres  blaucs  d'autres  à  différentes  cou- 
leurs ,  et  comme  on  a  très  récemment  reproduit  à 
Milan  l'art  des  peintures  sur  verre  à  l'usage  antique  , 
c'est  de  cette  manière  que  sera  décorée  la  grande  fe- 
fenètre  de  style  romain  audessus  du  balcon,  ainsi  que 
les  deux  fenêtres  latérales  gothiques.  Toutes  les  fenê- 
tres des  nefs  qui  éclairent  la  voûte  repeinte,  ont  été 
également  garnis  de  verres  de   couleur    qui    répandent 


une  teinte  douce  et  cependant  brillante.  On  continue 
de  peindre  ces  voûtes  et  on  est  maintenant  occupé  à 
celle  du  choeur.  Ou  y  observera  le  même  goût  que 
celui  des  nefs,  mais  plus  riche  encore,  pour  distinguer 
le  lieu  des  mystères  du  reste  de  l'église.  On  travaille 
sans  cesse  au  pavé  en  mosaïque;  toute  la  nef  du  mi- 
lieu et  le  travers  en  bas  vers  la  façade  sont  achevées 
et  la   méridienne   à  été  réformée  plus  simplement. 

Des  travaux  non  moins  importans  ont  été  exécutés 
depuis  peu  au  dehors.  Il  y  avait  originairement  des  dé- 
grés à  la  façade  qui  se  portaient  fort  en  avant  ,  et 
qui  eu  retour  à  ses  angles  rétrécissaient  le  chemin, 
particulièrement  du  côté  des  arcades  dites  Coperto  de 
Figini,  ce  qui  exposait  souvent  les  passans  à  des  dan- 
gers par  le  concours  des  voilures  à  ce  tournant.  Du 
côté  de  la  rue  qui  conduit  au  Cours  de  Servi  régnait 
le  long  de  la  Cathédrale  une  élévaliou  de  trois  dégrés 
qui  aboutissaient  en  mourant  près  du  chevet;  elle 
formait  à  la  vérité  un  espèce  de  trotoir  pour  les  gens 
de  pied  ,  mais  elle  rétrécissait  considérablement  la  rue. 
On  à  enlevé  tout  cela  et  formé  à  la  façade  de  beaux 
dégrés  eu  granit  rouge  qui  ne  se  portent  pas  au  de- 
là des  angles  de  l'édifice  ;  ses  pilastres  de  ce  côté  ont 
gagné  de  l'élégance  par  l'agrandissement  que  cela  à 
dunué   à  leur   hase   en   ahaissant  le  terrein. 

Nous  terminerons  notre  description  par  ce  passage 
du  savant  accadémicien ,  le  comte  Simon  Stratico , 
lorsqu'il  parle  ,  daus  un  des  ouvrages ,  de  cette  Ca- 
thédrale. 

Le  style  dit  gothique  moderne  peut  fournir  matière 
à  beaucoup  d'observations ,  car  si  on  se  demandait 
lequel  produirait  un  plus  bel  effet  et  un  ornement 

25 


<— s(  1S0  )s-* 
p/ws  agréable ,  ou  une  statue  isolée  de  tous  côtés , 
posée  sur  une  console  bien  ornée,  et  couverte  d'un 
baldaquin  pyramidal ,  placé  à  une  hauteur  convena- 
ble,  ou  bien  cette  statue  enfoncée  dans  une  niche, 
ou  dans  un  tabernacle  ?  Egalement  quel  est  le  plus 
bel  ornement  d'un  frontispice  qui  porte  trois  figures 
sur  un  acroitère  ou  de  celui  qui  est  terminé  par  trois 
belles  aiguilles  bien  proport ionées ?  La  question,  dit 
il,  ne  serait  pas  décidée  sur  le  champ. 


Fin  de  la  Description. 


<-«/     I  8  1     )s9— » 

TABLEAU 

des  dimensions  de  la  Cathédrale  de  Milan. 

M  êtres. 

Longueur  intérieure  de  la    façade    à   l'ex- 

trémilé  du  chevet ,  derrière  le  choeur     »     148,1592 

Largeur   des  cinq  nefs  réunies.      ...»       57,4 f  x  4 

Largeur  des  deux  bras  latéraux  de  la  croix, 
moins  l'enfoncement  des  chappelles  de 
S.  Jean  Bono  et  de  la  Vierge  dite  de 
XAlbero »      76,6476 

Largeur  de  la  croix ,  y  compris  l'enfonce- 
ment des  chapelles   susdites.     ...»      87,7531 

Largeur  des  trois  nefs  ,  contenant  le  choeur  »       38,4726 

Largeur  des  petites  nefs,  prise  du  centre 

des   colonnes »         9,5686 

Largeur  de   la  grande  nef »       19,1571 

Hauteur  des  nefs   principales,    du  pavé  à 

la  surface   de   la  voûte      .      ,     .      .      .     »       46,8017 

Hauteur  des  nefs  moyennes,  à  la  mesure 

susdite »       30,6392 

Diamètre   des   colonnes »         2,5282 

Grosseur    des     murailles     qui    renferment 

l'édifice »         2,5285 

Hauteur  des  52  colonnes  ,  compris  la  base 

et  le   chapiteau »      24,5924 

Hauteur  du   pavé  à  la  faite  de  la  coupole 

jusqu'à  la  lanterne »      64,4^1 4 

Hauteur   de  la  lanterne »         8,9240 

Hauteur   extérieure  de  la   grande    aiguille 

audessus  de  la  lanterne *      29,1519 


<— s(    I  8  2   )»-»• 

Métrés. 

Hauteur  de   la  statue  en  cuivre  doré  de  la 

Vierge,  posée  sur  la  dite  aiguille  .  »  4,1646 
Hauteur  intérieure,  comprise  la  lanterne  »  7 3, 5^55 
Hauteur   totale,   du  pavé   à  la  sommité  de 

la  statue   de  la  Vierge »    106,6719 

On  verra  par  cette  exposition  des  mesures,  que 
peu  d'édifices  en  Europe  ,  présentent  une  hauteur  aussi 
prodigieuse  et  une  si  vaste  circouféreuce  ,  que  la 
Cathédrale    de   Milan. 

Nous  croyons  de  faire  chose  agréahle  à  nos  lecteurs 
en  rapportant  deux  notes  très-intéressantes  ,  dans  les- 
quels on  fait  la  comparaison  de  la  dimensiou  de  nôtre 
temple  avec  les  Cathédrales  les  plus  renommées  eu 
Europe.  La  première  est  tirée  de  la  Guide  de  Milan 
par  M.  Pirovano,  la  seconde  dans  l'ouvrage  de  feu 
M.  le  Marquis  Joachin  D'Adda,  sur  les  fabriques  et 
les  mouumens   de  Milan. 

«a  Cal6e'3talc  3e  TRutau  n'est  iiife'tieuïc  en  Simeusious 
a  ta  seufe  '^oasinoue  3u  "Vatican  ;  et'fe  e'aafe  en  l'ouaueut 
et  surpasse  en  largeur  la  (?at&e'3rafe  des  Jforeuce  et 
loglise  de  J .  'xau.i  à  douSres  ;  et't'e  est  inoins  Saute  3e 
celtes-ci  Sans  f  uite'rieur  ,  niais  et't'e  a  p>fus  3e  fiauteur  en, 
Se&ors.  (S-  f'e'gar3  3es  ouvrages  3e  scut'pture  et  3u  uonitîre 
3e  statues  eite  est  supe'rieure  à  toutes  fes  e'gfises  3u  iuon3e, 
sans  meute  eu  excepter  «3.  ^Pierre  3e  cvXome.  £Oes  ooiia- 
geurs  instruits  ont  oGserve'  que  t'a  me'sure  3e  fa  fouqueut 
3e  fa  Cat&e'3rate  T)e  IILufau  ,  iu3ique'e  Sans  une.  pierre  , 
qui  se  trouve  Dans  fa  'Joasitique  3e  S.  Miette  à  colonie, 
u  est  pas  conforme  à  fa  uc'tite'  ;  ou  peut  assurer  nue  notre 
leiupfe  a  au  moins  <  2  mètres  3e  pfus  3e  fa  me'sure  qui 
est    marquc'c    3aus    cette    pierre; 


«-*(  i83  )»-> 

^om/iaraùwn    ae>    ta   /Uvrface>   totale*    aeà 
Armciïiaieé   ég/id&i   coiwiued, 

Cadtc  5e  J.e  Softe  à  <£oviMcuittMopt'e ,  réduite  postetieure- 
meut  ew  TRjo»C|ue'e  ,  Miêtïe»  9591.  t  ;  S.  ^aut'  de  fou- 
dre» »,  7  8  0  9  ;  e'gtoe  De  J*.  TTbatia  def  iFiote  à  jto- 
leuce  ,  ut.  7881.  2  .  ;  S.  Miette  à  <j\ome ,  ut.  2  i ,  i  0  3 .  i  ; 
C?at£e'âwife  3c  Iftttau  ,  m.  i  i.  696.  4  ;  e'nfi»e  de  J".  Jo- 
»ep&  à  ^at'enue  ,  m.  *  i  *  0 .  6;  {Paul&eou  à  cftouie,  Mi.  3  4  S  0; 
e'afise  3e  c/.  £Pauf  fioi»  de»  ni  ut»  à  cR-oiue  tu,  98995 
eafise  3c  J".  J"a6iu6  à  oR-otue  ,  m.  1/107;  fy&be  Se 
J"  ^êifijjpe  T&eti  à  T&apfe»  ,  iu.  2421.  4  ;  e^t'tie  De 
nôtre    (Dame    à    £Pcui» ,    m.    6288.    6 


•*-«(  184  )»-* 

NOMS  DES  PRINCIPAUX  ARTISTES 

qui  furent  employés  à  la  construction  ou  à  t embel- 
lissement de  la  Cathédrale  de  Milan,  et  dont  il 
est  fait  mention  dans  cet  ouvrage. 

»  ■  ■  — 

Arquisti   Louis  ,  sculpteur. 

Agraii    Marc  ,    idem. 

Alberti  Félix,  peintre  d'ornemens. 

Albeitiui  Charles  ,   sculpteur. 

Amati  Charles  ,  architecte. 

Aunex   de  Fernach  ,   de  Fribourg  ,  idem. 

Antolini  Jean  ,  architecte. 

Arezzo  Nicolas  ,  idem. 

Aller  Henry  dit  Gamodia,   architecte  allemand. 

Baretla   Charles  ,  sculpteur. 

Baroccio  Frédéric  ,  peintre. 

Bassi  Martin  ,   architecte. 

Bellandi   Jeau-Baptiste ,  sculpteur. 

Benincuore    Amedée,   idem. 

Besnaii  Alexandre  ,   architecte. 

Biffi  André  ,  architecte  et  sculpteur. 

Bifh  Charles  ,  sculpteur. 

Biftî  Paul  ,   idem. 

Bunaveniure  Nicolas,  de  Paris,  architecte. 

Bono  Jean-Jacques  ,   sculpteur. 

Bono   Joseph ,   idem. 

Bramhilla   François,   idem. 

Buonaroti  Michel-Ange,  sculpteur  et  architecte, 

Busca  Jean  Baptiste  ,  dit  le  Ciochino ,  sculpteur. 


Bussola  César,  sculpteur. 

Bussola  Dénis,  idem. 

Bussola  Louis  ,  idem. 

Busti  Augustin ,  dit  le  Bambaja ,   idem. 

Buzzi  Charles ,  architecte. 

Buzzi  Elie-Vineent ,  sculpteur. 

Buzzi  Jean-Baptiste ,  idem. 

Buzzi  Joseph  ,  idem. 

Buzzi  Donelli ,   idem. 

Caloni   François,  idem. 

Campamios  (Jean  de),  architecte  normand. 

Campione  (  Barthélémy  de  )  ,   sculpteur- 

Campione  (Marc  de),  architecte. 

Carabelli   Donat ,  sculpteur. 

Carabelli  François,  idem. 

Caradosso  ,  ciseleur. 

Casareggio  André  ,   sculpteur. 

Castelli  André  ,  idem. 

Castelli  François,   architecte. 

Cosini  Sylve  ,  sculpteur. 

Cova  Jacob  ,  architecte  et  peintre  flamand. 

Crespi  Jean-Baptiste  ,  dit  le   Cerano  ,  peintre. 

Croce  François  ,  architecte. 

Daverio    Pierre-Antoine  ,  sculpteur. 

Délia  Porta  Jérôme ,   architecte. 

De  Maria  Jacques  ,  sculpteur. 

Dolzebono  Jean-Jacques  ,  architecte. 

Domiuione  Jean-Baptiste,  sculpteur- 

Ferrandino  Joseph,   idem. 

Figiui  Jean-Ambroise ,  peintre. 

Fontana  Pierre  ,  sculpteur. 

Friesingen  (  Ulric  de  )  architecte  allemand. 


«-«(  1 86  )i 
Fumagalli  Ignace,   sculpteur. 
Fusina  André  ,  idem. 
Galliuii  Jules  ,  architecte. 
Gherardinl  Mclchiore  ,  sculpteur. 
Giorgi  (  François  di  )  architecte. 
Giudici  Caries  Marie  ,  sculpteur  et  peintre. 
Grassi  Pierre  ,   sculpteur. 
Gratz  (Jeaa   de)  architecte  allemand. 
Guerra  Jean,  sculpteur. 
Lasagni  Pierre  ,   idem. 
Lazati   Balihasar,   idem. 
Léon  Leoni  ,    dit    le    Chevalier    Aretino  ,    sculpteur, 

peintre  et  architecte. 
Lombarde»  Cristoph,  sculpteur. 
Magati  Jean  ,  architecte. 
Mangoni  Fabie  3  idem. 
Marchesi  Charles-Jérôme,   seulpteur. 
Marchesi  Pompée  ,  idem. 
Meda  Joseph,  peintre. 
Merlo  Charles-Joseph,    architecte. 
Mignot  Jean  ,  de   Paris ,  idem. 
Minicati  Charles  ,  sculpteur. 
Modena  (Philippe  de),   architecte. 
Mouti  Caétan   de  Milan  ,   sculpteur. 
Monti  Caétan,   de   Raveune ,  idem. 
Kava  Antoine  ,  idem. 
Nava   Jean  ,  idem. 

Omodeo  Jean-Antoine  ,   architecte  et  sculpteur. 
Orsenigo   (Simon   de  ),  architecte. 
Pacetti  Camille  ,  sculpteur. 
Pasquali  Antoine,    idem. 
Pellegriuo   Pellegrini ,  architecte. 


Pellizono   André  ,  fondeur  en  bronze- 

Pesiagalli   Pierre  ,   ingénieur- architecte 

Pizzi  ADge ,  sculpteur. 

Pollak  Joseph     architecte. 

Pollak  Leopold  ,  idem. 

Possenti  Pierre  ,  sculpteur. 

Preslinari  Marc-Antoine ,  idem. 

Presiinaro  Cristoph,   idem. 

Preslinaro   Jean-Dominique  ,  idem 

Prevosto  Aûdré,   idem. 

Prevosto  Jérôme  ,  idem. 

Procaceini   Camille  ,  peintre. 

Procaccini  Hercule,  idem. 

Procaceini  Jules-César,  peintre  et  sculpteur. 

Quadrio   Jérôme  ,  architecte. 

Raggi  Pierre ,  sculpteur. 

Ribossi  Bardiélemy ,   idem. 

Riccardi  Joseph- Antoine  ,   idem. 

Riehioo  François-Marie  ,   ingénieur-architecte. 

Rinaldi  Ptolomée,  architecte. 

Rosnaii  Joseph,  sculpteur. 

Rovere  Jean-Maur ,   dit  le  Fiamenghiuo  ,  peintre. 

Rusca  Antoine  ,  sculpteur. 

Rusca   Gracieux,  idem- 

Rusca  Jean-Baptiste,   idem. 

Sampieri  Etienne  ,  idem. 

Seregni  Vincent ,  architecte- 

Siciliaoo   Auge,  sculpteur. 

Simoncuta  Charles  ,  sculpteur. 

Soave  Félix  ,  architecte- 

Solari  Bonifort ,    idem. 

Solari  Cristoph,   dit  le  bossu,  sculpteur. 

26 


«-«(  i88  )*-> 
Solari  Jean ,  architecte. 
Solari  Martin  ,  sculpteur. 
Solari  Pierre-Auioiue  ,   architecte. 
Sthorer  Jean-Cristoph  ,  peintre  et  architecte. 
TYadaie   (  Jacques   de  )  ,   sculpteur. 
Vairon e   Biaise  ,  idem. 
Vanvilelli   Louis  ,  architecte. 
Vismara   Gaspard  ,  sculpteur. 
Vismara  Joseph ,   idem. 
Vismara  Isidore ,  idem. 
Vismara  Jean-Bapiisie  ,  idem. 
Zanelli  Sire  ,  idem 
Zanoja  Joseph  ,   architecte. 
Zarabalta  François  ,  sculpteur. 
Zuccaro  Frédéric  ,  peintre. 


*-œ(  iSg  ).»— » 

INDEX    ALPHABÉTIQUE 

des  planches  et  de  leurs  descriptions. 

Quittait    en    tëas-tefiej7    ûe    JeaN    GaLEAS   VlSCONTI,    pte- 

«met    l/Juc    3e     Nloilatt ,    au    rioiilispiccj 
Aiguille  contenant    un    escalier    tournant,    près    de    la 
coupole  ,  Planche  LUI ,    pag.    166. 
»        de  la   façade,  PI.  VI,  p.  54- 
»        principale,  PI.  L1V,  p.    170. 
Arcs  boutans   et  gouttières.   PI.  LU,   p.    i64- 
Autel  de  S.    Agathe,  PI.  XXIII,  p.  87. 

»       de  S.e  Catherine  de  Sienne  ,  PI.  XXXIX  ,  p.   i55, 
»       (le  Maître-autel),   PI.  XLI,   p    144. 
»       de   S.ePraxède,  PI.  XXXV11  ,  p.    129. 
Bas-reliefs  autour  du  choeur,  PI.  LVII,  LVIIÏ,  LIX  , 
p.   i5i. 
»  de  la  présentation  de  la  Vierge  au   temple , 

PI.  XXV,  p.  to6. 
Chaires,  PI.  XL1V  ,  p.    1  3g. 
Chapelle   de  S.  Charles  Borromée,  PI.  XL VIII,  p.  157, 

dite  Scurolo,  PI.  XLVH,  p.    i53. 
Chapiteaux,  PI.  XVII,  XVIII,  XIX,   XX,   p.   79. 
Chasse   de   S.  Charles  Borromée,  PI.  XL1X,   p.    j  5g. 
Coupe  sur  la  largeur,  vers  la  porte  principale,  PI.  Xill  , 

P-   79- 
»       vers  le   maître-autel ,  PI.  XV  ,  p.   79. 
»       sur   la  longueur,  PI.  XIV,   p    79. 
Echaffaudages    pour    la    construction    de     la    façade  , 
PI.  LX1V,  p.  56. 
»  pour  les   parties  supérieures   des   flancs, 

PI.  LXV,  p.  36. 
Elévation  géomelrale   de    la    façade,    PL    III,    LXII, 
p.   2  ,  41. 
»  des  flancs   extérieurs  ,  PI.  V,  p.  2  ,  174. 

»  du  chevet  extérieur,  PI.  VI,  LXlil,  p.  2,  175. 


_«(  igo  )»-♦ 
Fenêtre  (grande)  de  la  façade,  PI.  IX,  p.  67. 

»         au     chevet   intérieur    de    l'église,    PI.   XXXI. 
p.    121. 
Fonds  baptismaux  ,  PI.  XXII  ,    p    83. 
Monument  Arçhinti,  PI.   XL,  p     1  35. 

»  Arcimboldi,  PI    XXX VI ,   p.    12  y. 

»  Caraeciolo  ,   PI.  XXIX,  p.    117. 

»  Carelli,  PI.  XXXV11I ,  p.    129. 

»  Médici,   PL   XXIV  ,   p.  91. 

»  Vimercali ,  PI.  XXVI,   p.    107. 

»  Visconli ,   PI.   XX.X11I,    p.    127. 

«  denière   le  choeur,  PL  XXXII,  p.    120. 

Pavé  en  mosaïque  ,  PL  XXI  ,   p.   82. 
Pilastre   simple  de   la   façade,    PL  VII  ,   p-   60. 

»        double,  PL   XI,   p.    70. 
Plan  de  l'Église,   PL   II,  p.    1  ,   78. 

»     de  la  Chapelle  de   S.  Charles  Borromée ,   PL  L, 

p.    157. 
»     du  Maître-autel,   PL  XLIII ,   p.    1 44- 
»  de   la  partie  supérieure  de  l'église,  PL  LI  ,  p.  i64- 
Porte    principale   de  la   façade,   PI.  VUI,    p.   64. 
»      petite,  de   la  même,  PI.   X,   p.   70. 
»      principale   dans  l'intérieur,  PL   XVI,  p.    8t. 
»      de  la   Sacristie   méridionale  ,   PL   XXVH ,  p.   1  1  1 . 
»      de  la  Sacristie  septentrionale,  PL  X\.XV,  p.  127. 
Soubassement  extérieur  des  Orgues  ,  PL  XL1V  .  p.  i5i. 
Statues  des  Apôtres  sur  la    façade  ,  PL    LV    et  LVI  , 

p.  58  à   74- 
Statues  principales  sur  les  côtés  et  sur  le  comble   de 
l'église,  PL   LX  et  LXÏ ,  p.    176,  177. 
>.        de   S.  Barthélémy,  PL  XXX,  p     1  19. 
»        de  Martin  V,  PL  XXVI11 ,  p.    1  1  5. 
de  Pie  IV,  PL  XXXIV,  p.    122. 
Tabernacle  (le),  PL   XLII,    p.    14$. 
Vue   de   l'église   en  dehors,  PL  1 ,  p.    1,    173. 
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K  Primo  piano 

B  Seconde   piano 

C  Tenu)    pi""» 

D  Piano  supra    la  fupola 

E  Sca/e  cAe  methmo  ai  ifmersi  piam 

E  thi<//ia  ivn  sca/a  a  cniocco/a        J 

G^Aaaedoai  sostcnuti  i/o  Jrchi 

ranipanri 
H  Sommait    tleïïathtaà'a  maoïpore 
■#■**  GugUe 


A  Premier  p/an 
B  Second  p/an 

C  Troisième  plan 

HP/an  au    dessus  du.  D  orne 

E  Escaliers  nui     conduisent  au.r 

diffèrent  plans 
F  Jiaittïïe   avec  rm  escalier  en 
aznacon 

G  Aipteducs  soutenus  d'arcs  rampons 
H  Sommet,/,- /'aïoiti/Zc  prmctpu/e 
!■»►  1r.-/n?uiïïes 


IM.\v'l'\  SUPEM01R1E   l'KI.  DIJOMO 

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STATUE    ME'ABDST  01,1,  ALLA  FACCIATA 


JîrtzmaA    <&*  ej  me. 


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STATUE    FEroriPALI 


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A17ATA  GEQMETKICA  DELLA  PARTE  POSTEIUORE  DEL  D103IO  1)1  M1I.AX) 


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