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Full text of "Description de Paris, et de ses edifices, avec un précis historique et des observations sur le ..."

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DESCRIPTION 

DE PARIS 



ET 



DE S^S ÉDIFICES. 



De rimprimerie de Firmin Didot, Libraire, et 
Graveur de rimprimerie Impériale. 



DESCRIPTION 

DE PARIS 

ET, j 7 ^^C 

DE SES ÉDIFICEST" 

AVEC UH VKÉCU HUTOEIQinE ST DES OBSEETATUmS SUE LE 
CAEAGTEEE DE LEUE AECHITECTUEE , ET 8CE LES PEIECIPAVX 
OBJETS D*AET ET DE CfJEIOilT^ QV'lLS 3XMfMMMXMT ; 

Par J. g. LEGRAND, Ardiitecte des Montimeiits publics; 
Inspecteur des Bâtiments en eonstractîon dans là commune 
de Paris 9 Membre et Secrétaire du Conseil des Traraux 
publics du département de la Seine , de plusieurs Sodétéf 
Savantes et Littéraires ; 

Et par C P. LANDON , Pcintrv , sncien Pensionoatrc d« rAcadémie 
de France à Rome , Membre de plnaieara Sociétés Sarastes et Litté* 
ndres, Auteur des Annales du Musée, etc. etc. 

[Ouvrage enrichi de plut de cent Planehet , gnwéei et mnhréet en ùdUi* 
douce, wec un Plan exact de Parti et de tei mnMUttementt, 



TOME SECOND. 



A PARIS, 



Chez C. P. LAN DON, feuttee , iDZTEUE-PEOPaxiTAxas , 

EVE DE l'uNITSESITÉ, N* IQ, * 



1809. 



77/ 



?• 



mif%^^\^%>^^%^^%d%fw^^^^^v^%(^>^m^^^^*^t/*M^/%^^^m^w%/%m^*/%'^^^i'w^%^^ ^ %/*^^^^f*^%m/^^''^»^*i%^^' 



AVERTISSEMENT. 



v>i'E$T avec un Tif regret que nous nous sommes vus 
forcés de mettre un long intervalle entre la publication du 
premier volume de cet ouvrage et celle du second ; mais 
»ous n'avons pu prévoir ni éviter les causes de ce retard. 
On peut les attribuer en parde à la difficulté de se procurer 
des dessins nouveaux pris sur les monuments , à la lon- 
gueur d'un semblable travail , et sur-tout au desir que nous 
avons eu d'offrir au Public une suite de planches aussi soi- 
gnées qu'on puisse le désirer. Nous espérons donc obtenir 
un peu d'indulgence en faveur du zèle que nous avons mis 
à en diriger l'exécution. On n'avait annoncé , dans le pros- 
pectus de l'ouvrage , que de^ piancbes légèrement ombrées ; 
cdUes-ci sont remarquables par l'exactitude du dessin et le 
fini de la gravure : aussi pouvons-nous assurer qu'on n'a 
rien encore publié dans ce genre d'aussi pur et d'aussi 
figréablement terminé. 

Mais la principale cause du retard de la publication , 
celle qui nous est extrêmement sensible , est la perte de 
M. Legrand (i) , notre collaborateur, que ses vertus et ses 
talents ont fait regretter de tous ceux qui l'ont connu. Pen- 
dant le cours d'une maladie lente et douloureuse , il ne put 
parvenir à terminer cette partie de nos travaux communs 



(i) Nous avons publié nne notice biographique sur cet architecte, 
dans le premier volume dn Salon de 1808, tome supplémentaire de» 
Annales du Musée. 



6 lVCftTI9Sj;MV.KT. 

qu*il 9*ëtait réservée : il a été enlevé aux lettres et aux arts 
dans la vigueur de Tàge. 

Après la mort de Legrand , M. Quatremere de Quincy, 
membre de Flnstitut , savant et littérateur distitagué , voulut 
bien se charger de la continuatiou de Touvrage , et nous 
lui devons la deuxième partie du premier volume , celle 
qui comprend les Palais. Ses articles ^ savamment rédigés , 
ont reçu du Public l'accueil le plus favorable ; mais de nom*- 
breuses et nouvelles occupations Font forcé de se désister 
d*un travail qu'il avait entrepris par amour de Fart , et 
par attachement pour la mémoire de Legrand , avec lequel 
il a vécu dans une longue intimité. 

Enfin nous nous sommes déterminés à confier la con- 
tinuation du texte à M. Goulet , architecte , membre de 
plusieurs sociétés savantes et littéraires , adjoint -maire du 
sixième arrondissement de Paris , auteur de plusieurs écrits 
sur l'architecture , et récemment d'observations sur les nou- 
veaux monuments et les embellissements de cette ville. 

M. Goulet a secondé nos intentions , en donnant un soin 
particulier à ses recherches sur les édifices d'utilité pu- 
blique qui font la matière de la troisième partie de l'ouvrage t 
il les a énoncées avec autant de clarté que de simplicité , et 
les a accompagnées d'observations judicieuses. Nous espé- 
rons que nos lecteurs accueilleront ^on travail avec la 
bienveillance que ses prédécesseurs out obtenue. 



DESCRIPTION DE PARIS. 



■<^i>^<^%^^i»^^^i%^^>^^^^ ^ ^i%^^^^^%*>^i^^^^«»^^^^^>^^>^^^»^^fc^v%^%%^^%^^^%^% 



TROISIEME PARTIE. 



PI«AGES, VOITTAINESy THEATRES ET AUTRES 
ÉDIFICES d'utilité PUBLIQUE. 



o I les temples et les palais contribuent spécialement 
à la beauté d'une ville , ils ne la constituent peut-être 
pas aussi essentiellement que les places publiques. 
Ces grands espaces facilitent la circulation de Tair, 
et rendent celle des habitants phis libre et plus sûre; 
mais il faut que leur disposition soit relative à leur 
destination. Une place formée pour l'érection dun 
monument héroïque , requiert une enceinte de bâti- 
ments décorés avec richesse et régularité , et ne doh 
pas admettre un trop grand nombre d*issues, qui lui 
feraient perdre la beauté de sa forme et de son carac- 
tère. Celle où Ton se propose de renfermer quelque 
objet d utilité publique , telle qu'un marché , une 
halle couverte , ou une fontaine , ne saumt avoir de 
trop nombreuses issues ; elle n'exige pas de bâtiments 
somptueux , mais ils doivent être , autant que pos» 
sible, réguliers dans leur alignement comme dans leur 
élévation. 

Indépendamment des places dont l'usage est déter- 



8 DSSCRIPTION 

miné , il en faudrait encore pour les circonstances 
particulstifes , telles que les fêtes publiques et les cé- 
rémonies d'apparat. ^ 

On compte à Paris environ trente places , sans y 
comprendre les marchés , et chaque jour on s'aper- 
çoit que ce nombre est insuffisant : nous ne parlerons 
ici que des plus importantes , de celles qui , par leur 
caractère et leur étendue , méritent d'être citées au 
nombre des monuments de la capitale. • 

Nous citerons les arcs de triomphe , deux désignés 
improprement sous le nom de portes Saint -Denis et 
Saint-Martin ; le troisième formant Feutrée de la cour 
des Thuileries , du côté du Carrousel. 

Viennent ensuite les grands établissements , tels 
que l'hôtel des Invalides , l'Ecole Militaire , l'hôtel des 
Monnaies , l'Ecole de chirurgie , les hôpitaux Saint- 
Louis et Beaujon , l'Observatoire , le Lycée Bona* 
parte, etc. 

On a borné le choix des fontaines aux trois plus 
considérables : celles des Innocents , de la rue de 
Grenelle , et de FEcole de chirurgie. 

Enfin cette troisième partie de l'ouvrage sera ter« 
minée par la description des principaux théâtres. 




nww If Vicbiirt, coté A* i&ÎAA ^ ToAmi 



DE PARIS. 



PLACE DES VICTOIRES. 



XJE vicomte d'Àubusson^ duc de la Feuillade, pair et 
maréclial de France , comblé des faveurs de Louis XIV,' 
voulut laisser à la postérité un témoignage public de 
aa reconnaissance. Il fit faire d^abord une statue du 
roi, en marbre, pour la placer dans un des endroits 
les plus fréquentés de la ville ; mais peu satisfait de 
ce moyen , qui ne remplissait quHmparfaitement ses 
intentions , il résolut de consacrer à la gloire du mo- 
narque une place publique au centre de la capitale. 
Pour cet effet, il acheta l'hôtel de la Ferté, déter-» 
mina la ville à faire l'acquisition de l'hôtel d'Emery 
et de plusieurs autres maisons , et parvint à former 
une place circulaire de quarante toises de diamètre, 
avec tous les bâtiments qui l'entourent : ils sont dé- 
corés d'une ordonnance de pilastres ioniques, élevés 
sur un soubassement composé d'arcades. Jules- Har-- 
douin Mansard , architecte du Roi , en fournit les . 
dessins. 

Cette place, fut commencée en i685, et^ malgré la 
célérité qu'on y apporta, ne fut achevée qu'en 1691. 
Néanmoins, dès la première année, le duc de 1 la. 
Feuillade avait fait faire par Martin Desjardins, sculp 

a 



lO DSSGRIPTION 

teur habile, né à Bréda, un modèle de la statue du 
roi et des figures allégoriques , et autres accessoires 
qui devaient composer le monument. Il fut jeté en 
bronze , sous la direction du même artiste : on en fit 
rinauguration en 1686 (i). 

Sur un piédestal de marbre blanc veiné , de vingt- 
deux pieds de hauteur , s'élevait la statue pédestre de 
Louis XIV j revêtu des habits qu^il avait poités à la 
cérémonie de son sacre. Derrière lui , la Victoire , 
montée sur un globe, lui plaçait d'une main la cou- 
ronne sur là tête, et tenait de Tautre un faisceau de 
palmes et de branches d'olivier. Ce groupe avait treize 
pieds de hauteur, et était entièrement doré. Sur les 
quatre corps avancés du soubassement étaient quatre 
figures d'esclaves enchaînés, et environnés d'armes et 
autres attributs des nations vaincues. On voyait sur 
chacune des quatre faces du piédestal et du soubas- 
sement un bas-relief représentant quelqu'une des ac- 
tions glorieuses de Louis XIV : le tout était accompa- 
gné d'inscriptions. 

La capitale fut ornée alors , pour la première fois , 
d'un ouvrage en bronze qui eût un volume aussi con- 
sidérable. La statue du Roi et celle de la Victoire 
avaient été fondues, d'un seul jet , et l'on dut mettre 
au rang des plus belles productions en sculpture ce 
groupe où le Monarque était représenté dans l'atti- 
tude la plus majestueuse. Quoique les esclaves mis à 



(i) La statue en marbre fat placée à Torangefie de Versailles , 
où elle subsiste encore. 



DS PAR I S. II 

ses pieds fussent infiniment plus forts que le naturel, 
cependant l!oeil n'en était point blessé , parce quMl y 
avait un rapport exact entre ces figures et tous les 
accessoires qui accompagnaient la statue du héros : 
d'ailleurs le faire en était savant et gracieux , ainsi 
que dans tout le reste de ce magnifique monument. 
Il fut placé dans une enceinte pavée en marbre et en- 
tourée d'une grille de fer. 

Le duc de la Feuillade, pour achever d'embellir 
cette pl^ce , y avait fait ériger quatre trophées com- 
posés chacun de trois colonnes d'ordre dorique en 
marbre, disposées en triangle par leùt plan, et entre 
lesquelles étaient suspendus par. des guirlandes de 
feuilles de chêne et de laurier, des médaillons de 
bronze. Ils représentaient, en bas^relief, diyers évé- 
ments de la vie dû Rôi, avec des inscriptions : toutes 
celles qui se lisaient siir ce monument ont été com- 
posées par François-Séraphin Regnier-Desmarais , se- 
crétaire perpétuel de l'académie française. 
^ Enfin on donna à cette place le nom de Place des 
Victoires, qu'elle porte encore. 

Mais quelques soins que l'homme prenne pour 
éterniser ses travaux , ils ne setont jamais à l'abri des 
ravages du temps , et des événements imprévus qu'il 
amené. Toutes les précautions prises par le duc de la 
Feuillade pour transmettre à la postérité la plus re- 
culée ce témoignage de sa gratitude envers son bien«> 
faiteur et son roi, n'ont pas empêché que le superbe 
monument qu'il lui avait consacré n'ait été détruit 
bien avant l'époque d'un dépérissement naturel. 



12 DXSCRIPTION 

Par arrêt du conseil du 20 avril 1699, il fut or- 
donné que les quatre fanaux ne seraient plus allumés , 
et par un autre du 23 octobre 17 17 ces fanaux furent 
démolis : on ignore ce qui a pu motiver cet ordre; 
quelques personnes en ont attribué la cause à ce dis- 
tique plaisant et très-connu, qu'un gascon a£Ecb$ sur 
le piédestal de la statue : 

La Feuillade , sandis , je crois que tu me bernes , 
De placer le soleil entre quatre lanternes. 

Enfin, en septembre 1792 9 le monument en son en- 
tier disparut, comme tant d autres chefs -d'œuvres de 
l'art que la révolution de France a engloutis (i). 

Cette place étant restée quelque temps sans monu- 
ment , on y éleva , sur l'ancien piédestal de la statue 
de Louis XIV, le modèle d'un obélisque à la gloire 
des armées ; il n'eut pas son exécution , et fut détruit 
en septembre 1 800 , ainsi que le piédestal , sous lequel 
il ne s'est trouvé aucune médaille, aucune pièce de 
monnaie ni inscription qui pût indiquer l'objet du 
monument et l'époque à laquelle il avait été placé. 

(i) Le groupe fut Brîsé et fondu. On ne conserva que les 
quatre figures des esclaves enchaînés , placés sur les quatre 
corps avancés du soubassement, et les quatre bas -reliefs du 
piédestal. Les premières ont été pendant quelque temps expo- 
sées au Louvre , dans la cour du Musée , et depuis transportées 
eux Invalides , où on les voit maintenant. Quant aux quatre 
l>a8-reliefs 9 ils sont conservés au Musée des Monuments fran- 
çais , et adaptés au soubassement d'une colonne triomphale qui 
orne le jardin de cette maison. 



BB PARIS. l3 

' Vers ce temps , les Consuls firent élever le modèle 
d'un autre monument à la gloire des généraux Desaix 
et Kléber, morts le même jour^ à la même heure, 
l'un à la bataille de Marèngo , l'autre assassiné en 
^Egypte après la bataille d'Héliopolis. 

Ce modèle , qui fut construit en charpente et en 
toile , représentait un temple égyptien ; il renfermait 
un cippe portant les bustes des deux généraux et une 
tribune pour un orateur. Il était décoré de quatre 
colonnes formant péristile ouvert sur chacune de ses 
deux grandes faces, et chargé «sur toutes les quatre 
de caractères hiéroglyphiques. Les dessins étaient de 
la composition de M. Chalgrin, architecte du Sénat. 

Le premier consul Bonaparte posa la première 
pierre le 27*^ septembre 1800 , jour où l'on célébrait 
la fête de la République. Sous cette pierre ont été 
déposées trois planches de cuivre , siu* lesquelles sont 
gravés l'arrêté des Consuls, relatif au monument, les 
noms et les portraits des deux généraux , trois mé- 
dailles en bronze, et ifne table de glace siu* laquelle 
sont encore gravés les portraits des généraux et l'ar- 
rêté des Consuls. 

Ce modèle subsista quelque temps et fut aussi dé- 
truit pour faire place à un nouveau piédestal, dont 
la maçonnerie a été construite. Il est destiné à rece- 
voir la statue en bronze du général Desaix, composée 
pai* M. Dejoux. La fonte , exécutée il y a quelques 
mob^ n'ayant pas réussi , doit être recommencée in- 
cessamment. 

La place des Victoires pourrait paraître aujourd'hui 



l4 DESC&IPTION 

peu propre à recevoir un monument ; elle est très- 
petite et très-fréquentée. Depuis le règne de Louis XTV 
la population et le nombre des voitures se sont con- 
sidérablement augmentés, sur- tout dans ce quartier, 
et le passage est devenu dangereux. 

Par erreur, le plan de la place des Victoires a été 
gravé en contre -épreuve, cest-à-dire, en sens con- 
traire : le même inconvénient a eu lieu pour le plan 
de rhôtel de Soubise ; mais il n^apporte aucun chan- 
gement dans la disposition générale du plan. 



/. 




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11! 
ML 




DE PARIS. tO 



PLACE VENDOME. 



' i ., t. 



JLi E nom que ^drte cette place lui vient originaires 
ment de César de Vendôme , pour €pxi Henri^ IV fit 
bâtir dans ce quartier un hôtel qui occupait dix- 
huit arpents de teirain*. 

Le marquis dé Louvois , ministre ^^ surintendant 
des bâtiments: acius. le TCgne de Louiè^ XIV, voulant 
ouvrir une comn%uhication qui devenait nécessaire 
entre là rue Saîn^onoré et la Irue des Petits-Champs , 
conçut le projet de former une place en cet endroit, 
et d'y élever des édifices propres à recevoir de grands 
établissements. 

Ce projet fut adopté par le Roi , qui fit acheter en 
i685 rhôtel de Vendôme, moyennant 660,000 livres, 
et en 1687 .tous le» bâtiments qui le composaient 
furent démolis, h^ ^uvçnt des Capucins , qui gênait 
ce grand plan, fut aussi abattu, et rebâti un peu plus 
loin. C'est le même qui vient d'être encore supprimé 
pour louvertui^ d'û^. nouvelle rue. 

Cette plaée avait soixante-dix-huit toises de lar- 
geur , sur quatre-vingt-six de profondeur ; elle était 
environnée de trois côtés seulement de bâtiments uni- 
formes, qui offraient une galerie couverte, percée par 
des arcades. Le côté gauche, par la rue Sain^Honoré , 



l6 DESCRIPTION 

était réservé pour la bibliothèque royale , qui devait 
avoir quatre-vingts toises de longueur. Le côté opposé 
était destiné aux académies , et celui du fond à un 
hôtel pour les ambassadeurs extraordinaires. Le qua- 
trième côté restait ouvert entièrement sur la rue Saint- 
Honoré , sans aucune construction. La décoration 
extérieure de ces façades était d'une ordonnance de 
pilastres ioniques, élevés sur une longue suite d'ar- 
cades qui en faisaient le soubassement. 

Ce magnifique projet s'exécutait avec rapidité, déjà 
les façades étaient à la hauteur des combles , et un 
grand hôtel pour le bibliothécaire était presque achevé, 
lorsque la mort enleva subitement le ministre Lou- 
vois : cet événement fit suspendre tous les travaux. 
Mais un plus grand obstacle encore , la situation des 
finances, et l'état de malheur où la France était tom- 
bée sur la fin d'un si beau règne , ne permirent pas de 
les continuer : il fallut même y renoncer entièrement. 

Le terrain de cette superbe place, toutes les cons- 
tructions commencées, et tous les matériaux amassés 
pour leur achèvement furent vendus à la ville , à 
condition qu'elle ferait construire à ses frais un hôtel 
pour la seconde compagnie des Mousquetaires , dans 
le faubourg Saint- Antoine , ce qui fut exécuté en lyoï. 

Cet hôtel coûta 800,000. liv. à la ville qui, pour se 
libérer de cette somme, vendit la place Vendôme , et 
rétrocéda tous ses droits à un particulier , moyennant 
620,000 livres, à la charge de démolir tout ce qui 
existait, et de construire les huit façades de la place 
qu'on voit aujourd'hui , et dont les dimensions ont été 
diminuées de vingt-cinq à trente toises. 



DE PARIS. Xy 

Sa forme est un carré parfait dont les quatre angles 
forment pans-coupés : elle est ouverte par une rue seu- 
lement qui traverse de la rue Saint -Honoré à ceUe 
des Petits-Champs. 

Jules -Hardouin Mansard, qui succéda au marquis 
de Louvois dans la place de surintendant des bâti- 
ments * a donné les dessins de la décoration extérieure 
de cette place. Elle porte le caractère des productions 
de Tartiste , et présente le goût du temps. Un grand 
ordre de pilastres corinthiens embrassant deux étages, 
repose sur un soubassement formé d'arcades uni- 
formes, ornées de refends. Ce soubassement fait un 
double avant- corps au milieu de chacune de huit 
faces , pour porter six colonnes engagées , cou- 
ronnées d'un fronton. Toute la sculpture est de 
Poultier. 

Les terrains derrière ces façades ayant été vendus 
partiellement, plusieurs grands hôtels y ont été cons- 
truits par divers architectes. L'un des plus considé- 
rables^ bâti par BuUet, renfermait une belle galerie, 
peinte par Paul Mattei, napolitain. Uii auti*e , bâti 
par le même , contenait une bibliothèque composée 
de vingt- cinq à trente mille volumes ; de tableaux 
rares ; de médailles ; de pierres gravées , antiques et 
modernes ; d'estampes ; de porcelaines et autres objets 
curieux. 

La statue équestre de Louis XIV fut élevée au mi- 
lieu de la place, le i3 août 1699, par le duc de 
Gesvres , gouverneur de Paris , avec une pompe qui 
n'avait point encore eu d'exemple en pareille occa- 

3 



l8 DESCRIPTION. 

sion : un immense concours de peuple s'y rendit , et 
le soir il y eut un feu d'artifice sur la rivière, vis-è-yis 
la grande galerie du Louvre. 

Ce superbe morceau , de vingt pieds de hauteur, 
dont le modèle est de Girardon, qui en dirigea tou$ 
les travaux, fut jeté en bronze le i^'' décembre i6^, 
par J. Baltazar Keller , le plus habile fondeur Vie ce 
temps. On n'avait point jusqu'alors tenté de fondre 
en une seule pièce un ouvrage de cette grandeur; 
l'opération eut un succès complet : soixante-dix mil- 
liers pesant de matière y furent employés. 

Cette statue , détruite pendant les troubles de la 
révolution, est remplacée par un autre monument, 
commencé depuis quelques années et près d'être 
achevé. C'est une colonne exactement copiée, pour la 
forme et les dimensions , sur la colonne Trajane à 
Rome. Elle doit porter une statue de lempereur 
Napoléon , en bronze , de quatorze pieds de propor- 
tion : le fàt sera revêtu dans toute sa hauteur d'un 
bas-relief en bronze , tournant en spirale. Il repré- 
sente de suite, et sans interruption du bas en haut, 
les guerres et les conquêtes de l'empereur, en Alle- 
magne et en Italie. 

La construction de la colonne est dirigée par mes- 
sieurs Lepeyre et Gondouin , achitectes ; la sculpture 
par M. Denon , directeur-général des Musées et de la 
Monnaie des médailles ; les bas-reliefs, composés par 
M. Bergeret , peintre , ont été modelés par divers 
artistes ; la fonte en a été confiée à M. Delaunay ; la 
ciselure à M. Raymond. 



DE PARIS. ig 



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PLACE ROYALE, 



.' . > 



. ,. . AUJOURD'HUI. 

PLACE DES VOSCES. 



^ 



Xja place des Vosges, autrefois la place Royale (i), 
doit son origine à deux accidents qui eurent lieu dans 
•le palais des Toumelles , bâti par Charles Y, sur le 
même terrain. 

En 1 3g3 , Charles VI étant au bal , s'amusait avec plu- 
sieurs seigneurs de sa cour à faire une mascarade : six 
d'entre eux étaient habillés en sauvages , le Roi était 
du nombre. Dans un moment où iU se trouvaient 
assez près les uns des autres, Louis, duc d'Orléans, 
s'étant approché avec un flambeau pour reconnaître 
les masques , le feu prit à leurs habits ; le Roi fut heu- 
reusement sauvé par la duchesse de Berry, qui le 
couvrit de sa robe ; le fils du sieur de Nantouîllet se 



{i) S* M. l'Empereur ayant ordonné il y a quelques années , 
par un décret, que celui des départements de la France qui 
aurait acquitté le premier toutes ses contributions , donnerait 
aon nom à l'une des grandes places de Paris , et celui des Vosges 
ayant rempli cette condition ; le nom dé pkde dés Vosges à été 
donné à la place Royale. 



20 DESCRIPTION 

jeta promptement dans une cuve dWu , mais les quatre 
autres périrent dans les flanunes. 

C'est dans le parc de ce même palais que Henri II 
ayant ordonné des tournois et des carrousels à rocca- 
sion du mariage d'Elisabeth de France, sa fille, avec 
Philippe II, roi d'Espagne, voulut , la visière de son 
casque ouverte , jouter contre le comte de Montgom* 
mery; malheureusement la lance du Comte ise brisa 
contre le plastron du Roi , un éclat lui sauta dans Fœil, 
et le blessa si grièvement qu'il tomba sur la place et 
perdit connaissance : il mourut de sa blessure , onze 
jours après, le lo juillet iSSp. 

La reine Catherine de Médicis , son épouse , ne vou- 
lant plus habiter ce palais , le fît abattre : les terrains 
furent vendus en i565 à différents particuliers, et en 
i6o4 on commença à bâtir cette belle place, qui ne 
fut achevée qu'en 1612. 

Elle ofire un carré parfait de soixante-douze toises 
de face , elle est régulière , et d'une grande simpli- 
cité. Ses quatre faces sont élevées de trois étages, 
construits en pierres et en briques : une galerie, ouverte 
par des arcades uniformes , règne tout au pourtour. 

« La reine Catherine de Médicis, dit Félibien, après 
« la mort funeste de Henri II , ayant envoyé le sieur 
« Strozzi en Italie , elle lui donna charrge de conférer 
« avec Michel-Ange pour dresser quelque monument 
« à la mémoire du feu Roi son mari : et comme Mi* 
« chel-Ange n'était plus en état d'entreprendre de 
« grands travaux , ils traitèrent avec Daniel de Volterre 
n pour faire une statue équestre du Roi. Cependant il 



DB PÂEIS. 21 

a ne fit pasTouTra^, entier , car incontinent après 
« avoir achevé la figure du cheval ^ il mourut Tan 1 566 , 
« âgé de 5y ans. » Plusieurs années après , le cardinal 
de Richelieu fit placer ce cheval avec la figure du Roi 
Louis XIII j exécutée par Briard. Cette seconde partie 
de l'ouvrage était fort inférieure à la première, que 
l'on s'accordait à regarder comme un chef-d'œuvre. 
Aussi disait-on , en faisant allusion à la statue équestre 
de Henri IV ^ élevée sur le terre-plein du Pont-Neuf, 
que pour faire un ouvrage parfait , il eût fallu donner 
à Henri IV le cheval de Louis XIII. 

Les plus considérables maisons de la place Royale 
étaient alors l'hôtel de Richelieu, ceux de Guémené 
et de Rohan , et celui du baron de Breteuil, où l'on 
voyait un beau plafond peint par Le Brun. 

En I j85 5 la place a été resserrée par une grille de 
fer qui forme une double enceinte, et laisse une large 
rue qui en fait le tour. 

Après la destruction de la statue de Louis XIII, 
en 1792 , cette place a servi , pendant quelques années, 
de parc d'artillerie. Maintenant elle est entourée de 
deux rangs d'arbres , on y a posé des bancs et semé 
du gazon : elle oifre aux habitants de ce quartier une 
promenade agréable et bien aérée. 

Germain Brice, auteur d'une ancienne description 
de Paris , a observé avec raison qu'on ne peut voir 
sans quelque peine une des trois arcades du pavillon 
qui fait face à la rue Royale, bouchée par un escalier 
fait après coup. « On a si peu de soin , dit-il , des em- 
« bellissements publics à Paris , qu'on ne fait aucune 



tà'J DESCRIPTION 

ft difficulté de gâter un point de vue ou une place 
« entière pour le faible intérêt d'un particulier , 
a quand il a du crédit auprès de ceux qui doivent 
<c veiller à la conservation des moniunents et des 
« beautés de la ville. » 

Depuis Germain Brice , mort au commencement 
du siècle dernier , le système d'administration pour 
l'embellissement de Paris est bien changé ; cependant 
la remarque de cet écrivain n'a produit aucun effet, 
et l'escalier subsiste encore. 



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DE PARIS. 23 



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PLACE DE LA CONCORDE 



V><BTTE place, considérée sous leTftpport de l'archi- 
tecture monumentale , et cornparéè à celles dont nous 
avons déjà pai*lé, est peut-être medns une place pro- 
prement dite, qu'un Vaiste emplacement , qui sépare 
d'un sens le jardin de^ Hiùileri^s de la promenade 
des Champs-Elysées , et- de l'autre sens le faubourg 
Saint-Honoré du faubourg Saint-Geïtnain. 

Quoique cette place soU circonscrite , et régulière 
par son plan , qui est octogone ^ ce plan n'étant en 
quelque sorte que ti:9cé sUr lé terrain par le renfon- 
cement des fossés qui l'entouréht, la vue qui s'échappe 
par dessus et beaucoup au-delà , la feit paraître vague 
et sans limites. 

Indépendamment ^e ce défaut d'enceinte apparente , 
on peut y remarque^* ,' ainsi iqtiehous l'avons fait en 
parlant de la place des Yictôires , ce trop grand 
nombre d'issues qui nuit toujours à une place des- 
tinée à recevoir un monument. L'affluence de monde 
et de voitures qui la traversent en tous sens dis- 
trait l'attention , et la détourne de l'objet que l'on 
veut exposer aux regards et à l'admiration du public. 
n n'en est 'pas de même lorsque l'enceinte est plus 



24 DESCRIPTION 

circonscrite ; les yeux se portent plus particulièrement 
sur l'objet principal ; c'est une espèce de temple qui 
inspire , si Ton peut s'exprimer ainsi , plus de recueil- 
lement et de vénération. 

Dès Tannée 1748 ? 1^ ville de Paris avait décidé de 
faire élever une statue équestre à Louis XV, et l'em- 
placement actuel avait été choisi comme le plus con- 
venable. La place ne fut commencée qu'en 1763, 
quoique le monument eût été exposé dès 1764* La 
figure et le cheval ont été fondus en bronze par Edme 
Bouchardon. Le piédestal en marbre était soutenu, 
aux quatre angles , par quatre figures de femmes , re- 
présentant les^ Vertus : elles étaient en bronze, et de 
la main de Pigale. 

Cette statue a été détruite en même temps que celles 
de Louis XIII et de Louis XIV, (Nous parlerons des 
médailles et autres témoignages historiques qui ont 
été trouvés dans ses fondations , Fan 1 800 , lorsqu'il a 
été question d'y élever un autre monument). 

La place, telle qu'elle est aujourd'hui, fut entière-' 
ment achevée en 1772. Elle est entourée de fc^ssés 
ayant environ quatorze pieds de profondeur sur une 
largeur de douze toises, solidement murés, ornés de 
refends , et couronnés d'une balustrade en pierre. 
Aux extrémités des fossés sont élevés de petits pavil- 
lons en forme de piédestaux , destinés à recevoir des 
groupes ou des trophées. Ces fossés sont interrom- 
pus au milieu des quatre grandes faces de la place 
et des deux pans coupés , par des terre -pleins, pour 



DE PARIS. aS 

communiquer au jardin des Thuileries, aux Champs- 
Elysées , au quai et au boulerart. 

Sur le côté de la place qui £sdt face à la rivière, 
sont construits deux grands corps de bâtiment , cha- 
cun de quarante-huit toises de face, séparés par une 
rue de quinze toises de largeur , appelée rue Royale , 
et terminés par la rue Saint- Florentin et celle des 
Champs-Elysées. Leurs façades sont richement déco- 
rées, tant sur la place que sur les trois rues, d'une 
ordonnance d'architecture corinthienne de onze entre- 
colonnements formant galerie en avant du mur de 
face^ aux extrémités de laquelle sont deux pavillons 
saillants couronnés de frontons et d'une balustrade : 
cet ordre est élevé sur un soubassement de onze ar- 
cades formant au rez-de-chaussée une galerie qui se 
prolonge derrière les pavillons. Ils sont ornés de 
niches, de médaillons, de consoles et de trophées 
d'armes. Les tympans des frontons sont sculptés en 
bas -relief; le soubassement est enrichi de tables de 
refend. Gabriel , architecte du roi , avait donné les 
dessins de cet édifice. 

Le corps de bâtiment le plus près des Thuileries 
était employé au garde -meuble de la couronne , et 
renfermait une immense quantité d'objets précieux. 
Il est maintenant occupé par le ministre de la marine 
et des colonies. On y a établi un télégraphe. 

Après la destruction de la statue de Louis XY, on 
avait placé sur les ruines du piédestal une figure de 
la liberté ; mais quelques années ensuite , par un 

4 



20 DESCRIPTION 

arrêté des Consuls du 29 ventôse an YIII (ao mars 
1800)^ il fut ordonné qu'une colonne nationale, à la. 
. gloire des armées triomphantes , serait élevée au mi- 
lieu de cette place , et dans chaque département de 
la France, et que la première pierre serait posée le 
même jour partout à-la-fois , le 25 messidor an YIII, 
anniversaire du 1 4 juillet 1789. En conséquence de 
cet arrêté, pour établir la fondation de ce nouveau 
monument , on commença par découvrir celle de Fan- 
oien, dans laquelle on avait déposé sept médailles, 
dont une d'or et six d'argent, à la date de 1754^ plus, 
une planché de cuivre, sur laquelle étaient gravés les 
noms du prévôt*des-marchands et des autres officiers 
du corps de ville ; le tout était renfermé dans une 
boîte de bois de cèdre : ces objets furent enlevés et 
transportés au ministère de l'intérieur. 

Le 25 messidor (i4 juillet), le ministre Lucien 
Bonaparte posa la première pierre du nouveau mo- 
nument , en présence des trois Consuls , des autorités 
administratives , d'une députation de l'Institut de 
France , et d'un grand concours de peuple. Sous cette 
première pierre ont été déposées , dans une boîte de 
bois d'acajou , à double fond , savoir : sur le premier 
fond, huit médailles, dont une d'or, trois d'ai^ent, 
et quatre de bronze , toutes analogues à l'érection du 
monument , et représentant les portraits des trois 
Consuls et du général Desaix ; les victoires remportées 
par Bonaparte et par ce général ; sa mort à Marenga ,. 
et ses dernières paroles. Sur le second fond omt été 



B PARIS. 27 



placées dix autres médailles de brcMue, dont les 
rappellent dés événements à-peo^rès semblables, et 
les autres sont en llionneur de quelques bonunes cé- 
-lebres dans les lettres et dans les arts; plusîeois pièces 
de monnaie ; en6n luie planche de cuirre sur bcpielle 
on a gravé le trait historique , les dates et les noms 
relatifs à la pose de cette première pierre. Ce travail , 
en ce qui concerne Farchitecture , a été dirigé par 
M. Peyre^ architecte des monuments publics. 

On fit élever ensuite, par ordre du ministre de 
rintérieur, le modèle en charpente et en toile peinte 
de la colonne nationale , et de la grandeur projetée 
pour l'exécution. Le projet avait été mis au concours, 
et le prix adjugé à M. Moreau. Le modèle resta quel- 
que temps exposé à Texamen et à la critique du pu- 
blic (i) ; mais, soit que Teffet de cette décoration ait 
paru peu favorable à l'emplacement, soit que le gou- 
vernement ait conçu depuis d'autres projets, ce mo- 
dèle a été détruit, et son exécution vraisemblablement 
abandonnée. 

Les médailles , les monnaies , les planches gravées 
qui ont été déposées dernièrement dans les fondations, 
n'ont pas été enlevées avec le modèle , mais il n'est 
pas douteux que lorsqu'il sera question de substituer 
à la colonne un moniunent plus convenable , on sup- 



(i) L'ensemble et plusieurs détails de ce projet ont été graiTés 
et insérés dans les jinnales du Musée et de V Ecole moderne de$ Beaux- 
jirts, Toyez tome I , pages 89 , 43 » 47 et 5i. 



28 DESGRIPTIOlf 

primera ces faux témoignages de l'existence d'un mo- 
nument qui n'aurait point eu son exécution. 

On a proposé divers moyens d'embellissement pour 
cette place , tels que de grandes constructions d édi- 
fices du côté de la rivière, mais ils n'ont pas été 
adoptés , parce que la place ofire de vastes points de 
vue qu'il est intéressant de conserver. 



• '^ 






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PImi rt ai^mhBa Jo \. WM, ixa. \^U. . 



DE PARIS. 29 



HALLE AUX BLES. 



Jlj' HÔTEL de. Soissons ,. si;r; l'emplacement duquel 
on a construit la Halle aux Blés, avait été successive- 
ment occupé , pendant cinq cents ans, par les seigneurs 
de Nesle, par Saint Louis et la reine Blanche , sa mère, 
par Philippe-le-Bel , Charles V , et Louis XII qui le 
donna à une communauté de fiUes pénitentes. En i552, 
Catherine de Médicis fit transférer cette communauté 
rue Saint -Denis, au couvent de Saint-Magloire, et 
bâtir sur ce terrain un hôtel qu'elle occupa trente-six 
ans : elle l'avait agrandi aux dépens de la rue d'Or- 
léans et de celles des Etuves. Après sa mort il passa 
à ses enfants, qui en jouirent jusqu'en i5g5. En 1601, 
il fut vendu à Catherine de Bourbon , sœur de Henri IV, 
ensuite à Charles de Soissons , à la mort duquel il 
passa au prince de Carignan : depuis cette époque il a 
toujours porté le nom d'hôtel de Soissons. Les héri- 
tiers du prince le firent démolir en 1748, à la réserve 
d'une colonne qui subsiste encore , seul reste précieux 
de cet édifice. Enfin , en ijSS , la ville de Paris fit 
l'acquisition du terrain , et se détermina, en 1762, à 
y faire construire la Halle aux Blés. Cet édifice, com- 
mencé en 1763, fut achevé dans Tespâcede trois ans, 
par les soins de M. de Viarmes , prévôt-des-mar- 



30 DESCRIPTION 

chands (i), d'après les dessins de Le Camus de Hé- 
zieres , architecte. 

Ce monument est remarquable par sa forme circu^ 
laire , parfaitement isolée , le seul de ce genre qui 
existe à Paris , et qui puisse nous donner une idée de 
la masse des théâtres ou des amphithéâtres des anciens, 
avec cette différence cependant que les premiers ne 
comprenaient que la moitié d'un cercle , et que les 
seconds étaient sur un plan elliptique ; mais YeBet i 
l'œil était à-peu-près égal. 

La Halle aux Blés mérite encore d'être examinée 
par rapport à sa construction soignée , à la légèreté 
de ses voûtes en briques , à la forme recherchée et à 
lappareil de ses deux escaUers , enfin par rapport à 
l'effet de son ensemble, tant à Textérieur qu'à Fin- 
térieur. 

La cour circulaire que renferme ce monument) et 

(i) Le ministre Colbert avait conçu on projet d'au autre 
genre sur cet emplacement. On eût yu au sommet d'un rocher 
fort éleré et sortant d*un très-grand bassin , la statue en^brooM 
de Louis XIV, foulant aux pieds la Discorde et THérésie.. QiMf^ 
fleuves, également en l^ronze, et de proportion colossale , de- 
vaient verser une immense quantité d'eau dans le bassin entouré 
d'une balustrade de marbre. Là se seraient rendues les eaux de 
Tacqueduc d*Arcueil , pour être distribuées par des canaux éÊOkê 
différents endroits de la ville. Tout était disposé pour Texécu- 
lion de ce grand dessein , on s'était procuré les marbres 9. It 
plupart d'un volume extraordinaire , lorsque la mort du mi* 
nistre rompit ce projet , dont il n'est resté que le modèle en 
petit , qui long-temps orna le cabinet du célèbre sculpteur 
Girardon. 



DP PARIS. 3x 

qui a ceat vingt pieds quatre pouces de diamètre , ne 
pouvant abriter tous les grains et farines dont il. est 
l'entrepôt , on résolut de la couvrir en 1782 , et les^ 
projets présentés par MM. Legrand et Molinos , archi-, 
tectes, pour y construire une coupole hémisphérique 
en charpente légère , suivant Tingéniai^x système de 
Philibert de Lorme , furent acceptés et aussitôt exé- 
cutés. Cette coupole , d'un diamètre presque égal à 
celui du Panthéon de Rome (1) , mais percée de vingt- 
cinq grands rayons lumineux ou côtes à jour, comme 
ils sont ici figurés dans Félévation , produisait le plus 
grand effet, et paraissait d'une grandeiu* et d'une lé- 
gèreté prodigieuses. L'œil étonné parcourait cette voûte 
immense de cent quatre-vipgt-huit pieds de dévelop- 
pement dans sa montée , trois cent soixante-dix-sept 
pieds de circonférence et cent pieds de hauteur du 
pavé à son sommet ; on ne concevait pas comment 
elle pouvait se soutenir , ainsi découpéje , et sur moins 
d'un pied d'épaisseur en apparence. 

Malheureusement elle fut incendiée en 1802, par 
la négligence d'un plombier qui, en faisant quelques 
soudures à la couverture , laissa son fourneau allumé 
et s'absenta quelques instants : elle fut anéantie et 
consumée en quelques heures , [après avoir subsisté 
vingt -deux ans. 
, Sur le mur de face intérieiu* on voyait trois mé- 

(i) Elle a cent trente-troîf piedf de diamètre « et n'eit éclairé» 
il son sommet que par une seule ourerture circolaire de vingt- 
quatre pieds de diamètre. 



3a DESCRII^TION 

daillons en bas -relief, représentant le portrait de 
Louis XV, celui de Lenoir , lieutenant de police, et 
celui de Philibert Ddiorme , par M. Roland sculpteur 
du roi. Les deux premiers ont été détruits. 

La colonne astronomique que l'on voit à Textérieur, 
est celle que âitherine de Médicis fit bâtir en 1572, 
dans la cour de Fhotel de Soissons , par Bullant , ar- 
chitecte. Les constructeurs de la Halle aux Blés Font 
engagée dans le mur, ce qui lui fait perdre une par- 
tie de son effet. Elle est d'une ordonnance dorique, 
et a quatre-vingt-quinze pieds d'élévation. Elle ren- 
ferme un escalier qui conduit à une sphère armillaîre 
établie au-dessus de son chapiteau , ou plutôt à une 
espèce d'observ^oire, où Catherine de Médicis se re- 
tirait souvent avec ses astronomes. 

A répoque de la construction de la Halle , on a 
pratiqué au bas de cette colonne une fontaine pu- 
blique ; et dans le haut , on a tracé sur le fût un mé- 
ridien d'une exécution fort ingénieuse : il marque 
l'heure précise du soleil à chaque moment de la jour- 
née, et dans chaque saison. Il est de la composition 
du père Pingre , chanoine régulier de Sainte-Gëne- 
vieve, et de l'académie des sciences. 

On s'occupe en ce moment de la reconstructioB 
de la coupole , dans la même forme et en matières 
incombustibles : elle sera rétablie en fer fondu, 
moyen dont on a fait l'application avec succès aux 
nouveaux ponts des Arts et de l'Arsenal. 



^ l 



SE PARIS. 33 



^^•»^<»^/**»*>^^'*^<%^^i^^^^^^i<%^*%^^^l^^»%<W^^^V*^/l»^^^^<^'^»%«^^^i^^VW^Vi^%i<^^^»^ 



, HOTEL IMPÉRIAL DES INVALIDES. 



±J B tous les monuments élevés par Louis XIY-, il 
n'en est peut-être aucun qui soit plus digne que celui- 
ci d'illustrer son règne. Sublime parla dignité, ide son 
objet, remarquable par la graindeur de son plan et la 
beauté de son exécution , cet édifice Atteste»:^ pendant 
plusieurs siècles la: bienfaisance du monarque qui l'a 
fondé , et les talents. des jdeux architectes qui <en ont 
successivement bâti les deux parties distinctes , savoir : 
Libéral Bruant, qui a construit tous les bâtiments 
d'habitation et. la première église; et Jides Hardouin 
Mansard, qui a élevé la seconde église ou. le dôme* 
Les premiers fondements de ce grand édifice furent 
jetés en 1671 , au plus fort de la guerre, et dans des 
conjonctures qui semblaient appeler ailleurs les soins 
et la dépense ; xçpéndant l'intervalle de^ huit années 
suffit pour le porter^à son terme. 

Le vaste emplacement de l'hôtel des Invalides a 
dix-huit mille sept cent quarante-quatre toises de sur^ 
face. Il est divisé sur la longueur, qui' est de cent 
trente toises , et sur ime profondeur de soixante -dix 
toises , en cinq parties principales : celle du milieu 
offire une grande cour de trente-deux toises de lar- 

5 



34 DBSCRIPTION 

geur sur cinquante -deux de profondeur; de chaque 
côté sont deux autres cours , chacune de quinze toises 
sur vingt -deux et demi, toutes entourées de grands 
corps de bâtiment , et au-delà desquelles sont de vastes 
terrains servant de promenoirs. Le surplus de la pro- 
fondeur du local est occupé, au miUeu, par les deux 
ëglbes qui sont isolées ; et de chaque côté , par des 
cours et jardins entourés de bâtiments, au-delà des- 
quels sont encore de vastes terrains clos de murs. 

Le premier corps de bâtiment , du c&té de la ri« 
viere , est précédé d une avant-cour fermée d'une grille 
et entourée de fossés. La grande face de ce bâtiment 
a cent deux toises de longueur , et présente troia avant- 
corps : celui du milieu est décoré de pilastres ioni- 
ques 9 qui reçoivent un grand arc dans lequel était un 
bas-relief représentant la statue équestre de Louis XIY ^ 
accompagné de la Justice et de la Prudence. La statue 
à été détruite ; on a laissé subsbter les deux autret 

figures. 

Cette façade présente trois étages de croisées au» 

dessus du rez-de-chaussée dont les ouvertures sont en 
arcades. 

La cour Impériale est entourée , tant au rez-de* 
chaussée qu^au premier étage , de portiques ouverts 
en arcades , et formant des avant-corps au milieu de 
chacune des quatre faces et dans les angles. L'avant- 
corps du fond , qui conduit à Téglise , est décoré de 
deux ordres de colonnes ioniques et composites Fim 
sur Tautre , et couronné d'un fronton. Toutes les autres 
£aces des bâtiments sur les cours et jardins sont végvb- 



DE PARIS. S5 

lîèrement percées d'un grand nombre de croisées, sans 
autre décoration que lentablement. 

Le portail du dôme , du côté du midi , a trente 
toises de largeur sur seize de hauteur ; il est éle^é sur 
un perron de plusieurs marches , et décoré des ordres 
dorique et corinthien, enrichis Tun et l'autre de tous 
les ornements qui leur sont propres. Un troisième 
ordre de colonnes corinthiennes règne au pourtour 
extérieur du tambour du dôme , et supporte un attique 
qui reçoit la coupole, laquelle est elle-même surmon- 
tée d'une lanterne , au-dessus de laquelle s eleve une 
aiguille, terminée par une croix. 

L'intérieur du grand corps de bâtiment, du côté 
de la rivière , est divisé de la manière suivante : le 
pavillon du milieu offre , au rez-de-chaussée , un ves- 
tibule ; au premier, une bibliothèque servant aussi de 
chambre de conseil ; l'aile gauche est occupée par le 
gouverneur et par l'état-major; la droite par le3 mé- 
decins et les chirurgiens en chef; le surplus sert au 
logement des soldats et des officiers, et aux usages de 
la maison. Les réfectoires sont ornés de peintures à 
fresque , exécutées par Martin , et de six tableaux de 
la main de Parrocel père , représentant des traits de 
l'histoire de Louis XIV. 

La première église , destinée aux personnes de la 
maison , est composée d'une grande nef et de deux 
bas-côtés ; elle a un porche d'entrée, un sanctuaire et 
deux sacristies ou chapelles, par lesquelles on com- 
munique à la seconde église : les deux églises ont un 
autel commun» 



36 DESCRIPTION 

La nef est décorée d'un grand ordre de pilastros 
avec entablement corinthien ; les bas -côtés sont du 
même ordre y mais beaucoup plus petit. 

Cette église est au surplus d'une grande simplicité, 
et en harmonie avec tous les dehors de la maison. La 
nef est ornée d une innombrable quantité de drapeaux 
conquis par les armées françaises sous le commande- 
ment de l'Empereur Napoléon. 

Le dôme a été décrit dans la première partie de 
cet ouvrage qui comprend les églises, il est inutile 
d'en parler ici. 




Flniùm ir l'OticrTShi^e, rM Ju Diidi - 



1 IWI 1 ] 



n nn i n 



tU^.lion.r^clu 




DE PA&I^ 37 



^%f^^%/%f^%f^/^^%/^%/Vtt%fW^»MM^^0%fV^%^^%0^%^W^V/*/t^i%^^t%^^t*^^^n^nM/^^*M/\ l %^l%^f%^t 



l:obseryatoir.e. 



jLj'oBSERviTaiRS de Pari^, monument qui atteste 
' la grandeur de Louis XIV, et son amour jpour le^ 
sciences, a été érigé sur les dessins de Claude Perrault. 
Les fondations furent commencées en 1667 , et l'édi- 
fice fut terminé en moins de trois années. Sa cons- 
truction est faite avec soin et avec ce luxe d'appa-, 
reîl qui se remarque égàlëmeiàt au pérbtile du Louvre , 
bâti par le ihiénsl^ à^îittecte. ^ : ; 

L*échelle de ce bâtiment est grande , et soi^ aspect 
imposant ; la simplicité de son' ordonnance et des 
membres d'atchitectui^ qui en forment les détails, les 
dimensions élevées de ses murs et de ses ouvertures, 
tout annonce un édifice public du premier ordre, 
sur une superficie de terrain néanmoins asse^ resserrée. 

I/a masse principale du plan est un carré auquel on 
a ajouté des tours octc^ones sur deux angles , et un 
avant-corps sur une des faces t ce carré est disposé de 
manière que les deux faces latérales sont exactement 
parallèles et les deux autres perpendiculaires au mé- 
ridien qui en fait Taxe , et qui est tracé sur le plan- 
cher d'une grande salle au centre du bâtiment. Cette 
disposition parut heureuse pour un ^monument des- 
tiné à l'étude de l'astronomie , mais la suite ne con- 



38 DESCRIPTION 

firma pas l'opinion qu'on en avait conçue. En voyant 
élever le bâtiment les astronomes s'aperçurent que les 
dispositions en étaient peu convenables ; ils en firent 
l'observation au ministre Golbert, qui s'y transporta: 
sur son rapport le Roi fit venir de Bologne Dominique 
Cassini , et le chargea de diriger l'exécution de ce mo- 
nument, de la manière la plus favorable aux travaux 
astronomiques ; mais soit que Cassini fût arrivé trop 
tard y soit que Perrault ne voulût rien changer à son 
projet, le bâtiment fiit achevé sur les mêmes dessins» 

Les fondations furent difficiles à établir à cause de 
la profondeur des carrières qui se trouvèrent au-des- 
sous , et qu'il fallut combler de massifs considérables 
pour donner à ce monument toute la solidité qu'on 
a mise en effet à sa construction : elle est toute en 
pierres posées par assises réglées , et qui régnent au 
pourtour de l'édifice : on n^ ^ employé ni fer , ni 
bois ; tous les planchers , tous les escaliers en sont 
voûtés en pierre, avec un soin extrême. Une plate- 
forme couvrait originairement tout cet édifice ,. et per. 
mettait d y circuler ; mais les eaux ayant pénétré la 
terrasse et endommagé les voûtes , la couverture fut 
entièrement refaite en 1787; elle est maintenant divi- 
sée en plusieurs parties de comble et entourée d'un 
mur d'appui : de là on peut contempler à découvert 
la voûte immense du ciel, dans toute l'étendue de 
l'horizon. 

Six pièces, de formes différentes, composent la dis- 
tribution intérieure et ont leurs ouvertures exposées 
aux différents points du ciel. Cependant , il faut le 



\ 



DE PARIS. 39 

dire, aucun édifice n'était moins propre à sa destina- 
tion : il a fallu construire en dehors et attenant à ce 
bâtiment colossal , ainsi qua sur la plate-forme , des 
pe^ts cabinets pour y placer les instruments destinés 
aux travaux habituels des physiciens et des astro- 
nomes. Tout ce faste extérieur de bâtiment ne con- 
tenait pas un petit local commode où Ton pût faire 
tranquillement et sûrement une séné d'observations ; 
ce n'est que depuis quelques années qu'on a rendu 
cet intérieur habitable , et que les étrangers cessent 
de montrer leur étonnement en visitant le plus grand 
observatoire de l'Europe , oii nagueres ils ne trou- 
vaient pas un seul cabinet d'observation et un seul 
instrument en état. La protection accordée par le 
gouvernement aux sciences et aux arts utiles , a fait 
depuis 'cesser cet état de dénueipent; plusieurs salles 
ont été terminées et pourvues des instruments néces- 
saires. On y remarque un grand télescope dont le pied 
mobile facilite toutes les directions : cet instrument 
peut se transporter au dehors : une plate -forme éta- 
blie au devant du bâtiment.du côté du midi , permet 
de l'y faire mouvoir à volonté , et l'utile se trouve 
enfin réuni à la majesté des formes dans ce grand 
établissement. 

Gassini avait fait tracer sur le plancher de l'une 
des tours un planisphère terrestre de vingt-sept pieds 
de diamètre; depuis long -temps on ne l'y voit plus. 
On a pratiqué dans toutes les voûtes, au centre du 
bâtiment, des ouvertures de trois pieds de diamètre, 
qui se correspondent depuis la couverture jusqu'au 



4o DESCRIPTION 

bas du souterrain ; on s'en est peu servi pour les ob« 
servations astronomiques , mais seulement pour me- 
surer lés degrés d accélération de la chute des corps 
et pour la vérification des grands baromètres. 

Les caves basses servent aux expériences sur les 
congélations et les réfrigérations , et pour connaître 
les divers degrés de Thumidité , du sec , du chaud et 
du froid. Un aërometre indique la force des vents 
sur un cadran placé sous la voûte de la salle du nord ; 
cette salle est ornée de peintures représentant les sai- 
sons et les signes du zodiaque , et des portraits des 
plus célèbres astronomes. 

On voit à rObservatoire une machine appelée cu- 
vette de jauge , qui donne la mesure de Teau pluviale 
qui tombe chaque année- 

Une nouvelle communication établie entre le palais 
du Sénat et ce bâtin^ent, à travers le terrain des 
Chartreux , en fait un point de décoration intéressant 
pour ce quartier. La correspondance de ces deux 
monuments appellera l'attention du voyageur, elle 
conduira de lun à Fautre, par des rues larges et de 
vastes promenades , où l'œil se reportera tour-à-tour 
sur les formes du paysage , sur la magnificence d^ 
deux édifices , et sur le dôme du Panthéon , dont 
l'architecture surmonte et domine toute cette partie 
de la ville. 



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ilu d â^Tiboii irliTonr dtScva. 



DB PARIS. 4l 



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PORTE SAINT-DENIS. 



\J N donne impropremen;|: le. nom de port» à . c6 
monument, comme à celui .dont il sera question dans 
l'article suivant , puisqu'ils -ne\ se lient à aucune en- 
ceinte. Ce ne sont plus les portes de la ville^ mais des 
monuments somptueux! de véritables arcs de triom- 
phe , élevés à la gloiïe d'un grand roi , en mémoire 

, de ses conquêtes. Leur isolemeiït ,- leur forme, leur 
caractère , leu^S'; attributs , leurs ^iiisçriptions n'en 
donnent point une autre idée , et si nous le désignons 
ici sous le nom de^ portes, c'est pour nous conformer 
à l'usage, qui a prévalu. / 

Sous Philippe^A.ûguste , la porjte Saint -Denis, pla- 
cée bien en-deça du lieu où elle se trouve aujourd'hui , 
était entre la rue Mauconseil et celle du Petit -Lion : 
sous Charles IX elle fut reculée près la rue Sainte- 
Apolline. 

Une suite non-interrompue de victoires et de pros- 
pérités avait déjà fait élever deux arcs de triomphe à 

. la gloire dé Louis XIV. La rapidité de siçs- conquêtes 
en 1672 , le passagedu Rhin , quarante villes fortifiées 
et trois provinces soumises aux lois. du vainqueur, 
dans l'espace de deux mois, engagèrent la ville de' 
Paris à lui élever un nouveau monument. 

6 



42 BESCHIPTION 

François Blondel , sur les dessins duquel ce monu- 
ment a été élevé , lui a donné soixante -douze pieds 
de largeur , sur ime hauteur précisément ^ale ; puis 
partageant cette largeur en trois parties de vingt- 
quatre pieds chacune , il en a assigné une à l'ouver- 
ture de Tare et les deux autres à ses piédroits. 

Le nud de ces piédroits est décoré de grandes pyra- 
mides de bas -relief qui, posées sur des piédestaux,, 
s'élèvent jusqu'au dessous de l'entablement ; ces pié- 
destaux et ces pyramides sont chargées de trophées 
d'armes de la plus heureuse composition , et d'une 
exécution qui ne le cède pas à celle de la colonne 
Trajane. 

Du côté de la ville on voit assise au pied des pyra- 
mides , d'un côté la figure colossale de la Hollande , 
de l'autre celle du Rhin , et au-dessus de l'atc une 
frise dans laquelle est représenté en bas-relief le pas- 
sage du Rhin à Tholuys. 

Du côté du faubourg , le pied des pyramides ne 
présente pas de figures , elles posent sur des lions 
couchés : le bas-relief placé au-dessus de l'arc repré- 
sente la prise de la ville de Maëstricht. 

Des renoHHnées occupent les tympans triangulaires 
de Tare , tant à la face du fatiboui^ qu'à celle de la 
ville. 

Tous les ornements de sculpture distribués sur cet 
arc sont dus au ciseau d'Anguier l'aîné , auquel ils 
font le plus grand honneur. Ces ouvrages avaient été 
commencés par Girardon ; il avait même déjà achevé 
les rosasses du grand archivolte, lorsqu'appelé à Yer- 



sailles pour d*^utres travaux , il fut obligé de dis* 
continuer. 

L'ensemble de ce monument, soit pour Tharmonie 
de ses proportions , soit pour l'admirable exécution 
de toutes ses parties , ayant toujours été regardé 
comme l'un des plus beaux ouvrages du siècle de 
Louis Xiy , le public et les artistes voyaient avec 
peine son entretien totalement négligé , et sa partie 
supérieure sur-tout réduite à un état de dégradation 
tel , que bientôt il aurait amené une ruine totale ; ils 
faisaient des vœux pour qu'un prompt remède vint 
arrêter les progrès du mal. 

Ce vœu est enfin exaucé : le gouvernement vient 
d'ordonner l'entière et complette restauration de la 
porte Saint-Denis , et cette opération délicate s'exé- 
cute en ce moment sous la condi^ite de M. Cellerier, 
qui y apporte une intelligence et des soins dignes 
d'éloges. 

Non -seulement les membres d'architecture et les 
parties de sculpture et d'ornement qui ont été dégra- 
dées se rétablissent scrupuleusement dans leur état 
primitif 9 mais pour faire disparaître les traces de ces 
réparations , on a soin de teinter les parties neuves , 
de manière à les accorder avec les anciennes ; exemple 
qui devrait être suivi dans toutes les opérations de 
ce genre. Les inscriptions en l'honneur de Louis XIY, 
détruites par le délire révolutionnaire , reparaissent 
aussi teUes que les avait composées François Blondel 
lui-même , littérateur aussi exercé qu'habile architecte 
et savant mathématicien. 



44 DESCRIPTION 

Les petits passages pratiques dans les piédestaux 
ne sont pas heureusement placés ; larchitecte lui- 
même en jugeait ainsi , et s'opposa fortement à cette 
addition, mais U fat obligé de céder à l'autorité. 



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PLm et â^hcm ir II Votte S ^ MarhjQ . 



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PORTE S AINT-MARTIN. 



J_j A porte Saint-Martin fut originairement bâtie sous 
la minorité de Louis XIII; Louis XIV la fit démo- 
lir en 1674 > et reconstruire telle qu'elle est aujour- 
d'hui, sur le même emplacement, par Pierre Bullet, 
élevé de François Blondel , auteur de la porte Saint- 
Denis. 

La masse générale de la porte Saint- Martin pré- 
sente un carré de cinquante-quatre pieds de hauteur , 
sur une largeur égale , y compris Tattique qui règne 
au-dessus de i'entablement , et qui a onze pied$ de 
hauteur ; son épaisseur est de quinze pieds : elle est 
percée de trois arcades , une grande et deux petites i 
celle du milieu a quinze pieds de largeur et trente 
de hauteur ; les deux autres ont chanine huit pieds 
de largeur et le double de hauteur. Les quatre pied- 
droits sont égaux en largeur ; les deux faces et les 
retours sont décorés de bossages rermiculés , excepté 
les deux côtés du grand arc , qui sont occupés par 
des bas-reliefs : le tout est couronné d'un riche enta- 
blement dont la saiUie est supportée par des consoles 
dans la frise ; au-dessus règne un attique dans toute 
la largeur du monument. 
Les deux bas-relie& qui ornent la façade du côté de 



4^ DESCRIPTION 

la ville représentent la prise de Besançon , et la triple 
alliance ; ceux du côté du faubourg , la prise de Lim- 
bourg et la défaite des allemands, sous la figure d*un 
aigle repoussé par le dieu de la guerre : ils ont été 
exécutés par Desjardins, Marsy, Lehongre et Legros. 

Du temps de Louis XIV on était dans lusage de 
vermiculer les pierres , comme on Ta fait sur toute la 
surface de ce monument : aujourd'hui ce genre d'agré- 
ment serait peu goûté : il apporte cependant une sorte 
de richesse, sur-tout lorsqu'il est bien exécuté, comme 
dans celui-ci ; mais on aurait de la peine à justifier 
. le choix d'un semblable ornement. 

Au reste, quoique la porte Saint -Martin soit infé- 
rieure en richesse à la porte Saint-Denis , elle ne lui 
cède ni par Thaf monie des proportions , ni par la 
pureté de l'exécution , dont elle peut servir de modèle. 

On admire avec raison le grand entablement à con- 
soles qui couronne l'arc et le sépare de l'attique ; il 
est imité de Yignole , mais l'application que BuUet en 
a faite à ce monument est heiu*euse y et produit le 
meilleur effet. 

Il serait à désirer que le gouvernement réparateur 
qui vient de pourvoir à la restauration de la porte 
Saint-Denis s'occupât au3si de la conservation de la 
porte Saint - Martin , dont l'attique , totalement dé^ 
gradé , a besoin d'être reconstruit. 



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ARC DE TRIOMPHE 
DES THUILERIES. 



X^ ▲ disposition et Fensemble de ce monument ^ 
destiné à former Fentrée principale de la .coyr des 
Thuileries, sont imités de Tare déSeptiiiierSévère, à 
Rome ; mais , ainsi qu'on Fa remarqué dan^ le pre- 
mier Tôluine de cet puvrage (j) , les architectes en 
ont reproduit les proportions et lès détaik avec une 
pureté plus grande que celle de leur original. 

Ce monument présente une masse de soixante pied^ 
de largeur , sur quarante -cinq de hauteur, et envi- 
ron vingt pieds «t demi d'épaisseur. L arc du milieu 
a quatorze pieds de largeur ; les deux ouvertures laté- 



(i) Voyez tome I, a^ partie, article du Louvre, page a5 : il 
y a d'autant moins à y ajouter , que l'arc des Thuileries n'est 
encore entièrement terminé ni découyert. Je dois à la complai- 
sance des architectes de ce monument , MM. Percier et Fon- 
cier» Tarantage de pouvoir en offrir ici l'esquisse. Ces estimables 
artistes , amis et collaborateurs inséparables , ont bien voulu me 
communiquer leurs dessins : ils ont été fidèlement suivis ; mais, 
depuis, l'exécution des statues posées sur les colonnes et autre» 
sculptures de ronde -bosse , a subi quelques modifications, 

et les deux Victoires qui accompagnent le char ont été ajoutées. 
CA'otê d€ V éditeur. J 



'48 jDSsc&iPTioir 

raies en ont environ huit et demi : une autre le tra« 
verse entièrement dans son épabseur. 

Les deux faces principales sont décorées de quatre 
colonnes d^ordre corinthien , isolées ^ et destinées à 
porter des figures en marbre , représentant des soldats 
de cfifFérentes armes ; on voit du côté de l'entrée, un 
cuirassier, un dragon, un carabinier et un chasseur ^ 
par MM. Taunay , Corbet , Chinard et Foucou ; du 
côté du palais , un grenadier, un canonnier, un cara- 
binier et un sapeur, par MM. Dardel, Bridan^ Mou- 
toni et Dumont. 

Quatre bas -reliefs en pierre ornent les faces de 
Fattique : ceux du côté de l'entrée représentent, Tun, 
à droite , les armes de France , soutenues par l'Abon- 
dance et la Paix; l'autre, à gauche, les armes d'Italie, 
soutenues par la Force et la Sagesse. Les deux bas- 
reliefs du côté du palais représentent les mêmes 
armes , accompagnées des divers attributs des sciences 
et des arts. Ces quatre morceaux sont de MM. For- 
tin , Gérard , Callamar et Dumont. 

Quatre autres bas -reliefs , en marbre , sont placés 
au-dessus des petites arcades : ceux du côté de l'en- 
trée représentent, à droite , la bataille d'Austerlitz , à 
gauche , la capitulation devant Ulmj ce dernier est 
de M. Cartelier ; l'autre, de M. Espercieux. MM. Clo- 
dion et Ramey ont exécuté les deux bas-reliefs de. la 
face opposée : le premier représente l'entrée à Munich , 
le second, l'entrevue des deux Empereurs. 

Les faces latérales sont également ornées de deux 
jlias-reliefs en marbre :. celui du, côté du midi a pour 



sujet la Paix de Presbourg , par M« Lesueur ; . celui 
du côté du nord , l'entrëe à Vienne , par M. Deseine. 
Les quatre renommées sculptées en pierre , de 
chaque côté de la grande arcade , sont de MM. Tau- 
nay et Dupasquier. 

Dans un caisson , au-dessous de la grande voûte , 
est représentée, en bas -relief, Sa Majesté, revêtue de 
ses habits impériaux : l'ouvrage est de M. Lesueur. 
' Les Fleuves et les Nayades qui décorent les côtés du 
monument sont de M. Boichot ; les Trophées ont été 
sculptés par M. Montpellier, et tous les ornements 
par MM. Georgery et Bénier. 

Les huit colonnes sont en marbre rouge de Lan- 
guedoc ; la frise , en griote d'Italie , doit être ornée 
d*une inscription en or. 

Le monument est surmonté d'un quadrige posé 
sur un double socle : les chevaux de bronze qui le 
composent furent exécutés par des artistes grecs , 
pour décorer un arc de triomphe érigé à Rome ; 
long-temps après ils furent enlevés , et portés à Cons- 
tantinople ; conquis depuis par les Vénitiens , ils or- 
naient la façade de Téglise de Saint-Marc , à Venise : 
dûs récemment aux succès des armées française^ en 
Italie, ces objets précieux ont reçu une destination 
nouvelle : le groupe fait beaucoup d'effet au lieu où 
il est pl^cé maintenant , et termine d'une manière 
très-pittoresque un monument remarquable, sur-tout 
par Félégance de ses proportions , par le choix et le 
bon goût denses détails et par la pureté de son exé- 
cution. 



5o OESC&IPTION 

La critique, dont ne peuvent se défendre les talents 
les plus recommandables, et qui s'attache particulière^^ 
ment aux productions d'une grande importance et 
d'un grand intérêt , n'aura pas épargné , sans doute y 
ce nouveau monument ; mais elle n'a pu chercher à 
l'atteindre que sur ces deux points capitaux : son 
exécution , son emplacement. Le premier point a réuni 
les suffrages des artistes et des hommes de goût. 
Quant à sa position sur un axe qui n'est pas commun 
aux deux palais entre lesquels il e;»t situé, il faut ob- 
server , comme nous l'avons fait précédemment , que 
cet arc n'est pas destiné à rester ainsi isolé, et que 
ses, accompagnements n'étant pas terminés , le juge- 
ment que l'on porterait aujourd'hui sur l'effet de sa 
masse serait un jugement précipité. 



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PUn gi^iA ri Anrtton iu\.Ncrrïiiii.^.rl# . 



DE PARIS, 5| 



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LYCÉE BONAPARTE. 



Jl À 11 M I les. nombreuses institutions que FEmpereur 
Napoléon a £ût sortir de leurs ruines , les ljçée& ont 
tenu le premier rang dans Tinstruction publique , 
jusqu'à répoq\ie plus récente du rétablissement des 
universités : les lycées remplacent les anciens collèges ^ 
ils sont au nombre de quatre pour Paris. 

Le lycée Bonaparte , rue Sainte -Croix , chaussée 
d^Antin , est placé dans l'ancien couvent des Capu- 
cins, bâti en i;^8i , par M. Brongniart, architecte. En 
1800 , le gouvernement y fit faire les changements et 
additions nécessaires pour ce nouvel établissement : 
le même architecte en dirigea les travaux. 

L'édifice consiste en une grande - cour entourée 
d'une galerie çojuyerte en terrasse ^ et de divers bâti- 
ments ; celui que l'oni voit à gauche est l'église , au- 
jourd'hui la paroisse de l'arrondissement. La galerie 
est élevée de deux marchesi et décorée* d'entrecolon- 
nements. 

Le bâtiment a sur la rue vingt -sept toises de lar- 
geur , y compris le portail de l'église , et environ sept 
de hauteur. 

Ce monument a le caractère convenable à sa de^h 



Sa DESCRIPTION 

tination actuelle , et se fait remarquer par la beauté 
des proportions et la sagesse de la décoration. La 
façade présente seulement des pavillons en avant- 
corps aux extrémités , et n'offre d'autres ouvertures que 
trois portes : celle du milieu donne entrée à un ves- 
tibule qui conduit à la cour. Les deux pavillons sont 
coui^onnés d'un grand fronton et d'un petit attique ; 
le surplus de la façade est décoré de huit niches des-» 
tinées à recevoir des figures , et de deux grands ren- 
foncements où doivent êti^ placés des bas-reliefs (i) ; 
aù^lessous , sont deux grandes cuvettes qui reçoivent 
l'eau par des mascarons , et forment des fontaines 
publiques. 

Ce joli monument est fait pour ajouter à la répu- 
tation de l'architecte ; il annonce une profonde con- 
naissance de l'art , un génie facile , et ce talent , fruit 
de l'expérience , qui sait se varier et se rendre maître 
des circonstances et des localités. Ses formes sont gra- 
cieuses , ses profils sont purs ; l'église porte le même 
caractère : son intérieur est décoré d une ordonnance 
dorique ; des joints d'appareil sont tracés sur toute la 
surface des murs et des voûtes , et cette simple déco- 
ration est faite avec beaucoup d'intelligence et de 
goût. 

(i) Ceux qui existaient ont été détruits 9 on a cru devoir les 
restaurer sar le dessin de la planche , pour rendre au monu- 
ment tout son effet. 





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DB PARIS. 53 



BARRIERE DU TRONE, 

AUJOURD'HUI 

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BARRIERE SAINT-ANTOINE. 



XJEs barrières de Paris étaient anciennemeht beau- 
coup moins éloignées du centre qu'elles ne le sont 
aujourd'hui. Elles ont été reculées à des époques dif- 
férentes , à mesure que la ville s'est agrandie. Elles 
sont aujourd'hui à dix -huit cents toises de distance 
d une borne milliaire placée comme point central 
près l'église de Notre-Dame. 

Jusqu'en 1787 , les barrières n'étaient autre chose 
que des murailles informes ou de faibles cloisons de 
planches : de simples guérites de bois étaient les bu- 
reaux de recettes, et on ne s'était encore 'occupé que 
du premier but d'utilité , ^ perception • des droits 
d'entrée ; enfin M. de Galonné , alors ^inistre des 
finances , sur la demande des fermiers-généraux , con- 
çut le projet d'enceindre la ville , pbur empêcher 
la fraude , et de faire construire des monuments qui 
pussent concourir à-la-fois au service des bari>ieres et 
à l'embellissement de Paris. Ledoux , architecte de la 
ferme générale , fut chargé de l'exécution de ce vaste 
projet. 



54 DESCRIPTION 

Cet artiste , doué d'i^n génie /écond , ardent et 
même exalté , conçut la plus haute idée de la mission 
dont il -se vit chargé : il s'agissait de bâtir soixante 
monuments pour Fembellissement d'une ville que 
l'on regardait déjà comme la plus belle du monde : 
aucun architecte n'avait encore rencontré une occa- 
sion aussi favorable, de montrer à toute l'Europe 
l'étendue et la variété de ses conceptions ; aussi Le- 
doux donna-t-il un libre essor à son imagination. 
Avec une rapidité sans exemple , il enfanta une mul- 
titude de projets (i) qui eurent presque en même 
temps leur exécution. Il ne fut gêné ni par les moyens 
pécuniaires , ni par la demande d'un devis et de$ 
soumissions au rabais , ni par aucune des circons- 
tances qui dérangent souvent les projets les mieux 
conçus. 

Ledoux construisit d'abord cette grande muraille 
qui renferme la ville dans une enceinte d'environ 
douze mille toises , et il éleva , à la rencontre de toutes 
les routes qui y aboutissent , des édifices de grandeurs 
et de caractères différents ; il construisit encore aux 
angles que forme le mur d'enceinte , des pavillons 
d'observation ; et dans les intervalles , le long du mur 
en dehors , des guérites en pierre et en brique , pour 
y placer des sentinelles ; enfin cette immense clôture 
fut entourée d'un large boulevart , orné de trois allées 

(i) Les barrières de Paris sont au nombre de soixante envi- 
ron : on n'a dû choisir pour insérer dans ce recueil qae 
quelques-unes de celles qui méritent le plus d*étre remarquées* 



DE PARIS. 55 

plantées d'arbres , et formant ce qu'on appelle un che- 
min de ronde. 

Pendant le cours de ces travaux , Ténormité de la 
dépense donna lieu à un grand nombre de réclama- 
tions. Un arrêt du conseil d'état ordonna Fexamen 
des plans, des dépenses faites et de celles qui restaient 
à faire. Une commission composée de quatre archi- 
tectes , pris dans le sein de Facadémie , devait en 
faire son rapport au contrôleur-général des finances ; 
mais cette mesure tardive apporta peu de change- 
ments aux ouvrages commencés. A l'exception de 
deux ou trois barrières , dont les constructions n'ont 
pas été achevées , et dont les pierres taillées sont en- 
core éparses sur 1^ terrain , Ledoux^a terminé ses tra- 
vaux dans l'état où on les voit aujourd'hui. 

Quelques personnes ont pensé qu'à la place de ce 
haut mur d'enceinte qui masque le point de vue , et 
semble s'opposer à la libre circulation de l'air , on 
eût bien fait de pratiquer un fossé , qui n'aurait pas 
eu ce double inconvénient , et aurait peu coûté; 
d'autres ont trouvé ridicule que l'artiste ait donné 
des caractères si différents et même si opposés , à des 
bâtiments qui tous ont la même destination : on pour- 
rait ajouter qu'il a sacrifié la distribution et les com- 
modités de l'iïitérieur à l'effet pittoresque du dehors : 
quoi qu'il en soit de ces observations , on ne peut 
nier qu'il convenait pour l'embellissement d'une ville 
telle qne Paris , et pour l'honneur des arts que le 
Gouvernement y fait fleurir , d'y construire des édi- 



56 DBSCRIPTIOir 

fices d*iin grand caractère ; et pour éviter la monoto- 
nie , il fallait en varier les formes et l'ordonnance. 

On peut dire avec justice que Ledoux , doué d*un 
génie brillant et facile , a montré dans ses diverses 
compositions une prodigieuse fécondité , des idées 
neuves et heureuses , et qu'il ne lui a manqué que de 
savoir réprimer la fougue ou , si Ion veut , les écarts 
de son imagination. 

La barrière dont on donne ici la figure y pi. XIII , 
est située sur un vaste .emplacement : elle présente 
deux corps de bâtiment ayant sept toises sur chacune 
de leurs faces , et cinquante pieds d'élévation. Ces 
deux édifices sont placés de front, et à quarante-cinq 
toises de distance lun de l'autre : dans l'intervalle 
s'élèvent deux colonnes d'ordre dorique , de soixante- 
quinze pieds , sur un soubassement qui leur sert de 
piédestal. 

Cette composition est sage et d'un grand effet : 
ras|>ect en est imposant, et annonce de loin l'entrée 
d'une superbe cité. 



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DE PARIS. Sj 



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BARRIERES SAINT-MARTIN 

ET 

DE FONTAINEBLEAU. 



Xj'boifige auquel on a donné le nom de barrière 
Saint-Martin , annonce par le caractère et par Fim- 
portance de son architecture une autre destination 
que celle d'Uife - simple barrière ; et, Fartiste paraît 
avoir eu l'intention de construire une douane, qui, 
par sa position entre deux routes , celles de Pantin et 
de la Villette , peu^ faire également le service de Fune 
et de l'autre. C'est .sans doute pour remplir ce double 
but , et présenter un aspect agréable à Feutrée comme 
à la sortie de la ville , que Farchitecte a imaginé de 
faire un plan carré* dont les quatre faces présentent 
un péristile de huit pilastres isolés. Le caractère mâle 
et ferme de cette décoration d'ordre toscan, est celui 
qui convient au genre de ce monument, 'et doit an- 
noncer sa solidité. 

L'éiage circulaire placé au-dessus du soubasse-. 
ment (i) se compose dune galerie percée de vingt 

(i) Le soabassement a quinze toises de largeur sur chaque 
(ace : la rotonde a douze toises de diamètre* (Voy. pi. XIV.) 

8 



58 DEfCRIPTION 

arcades , d'où l'on peut facilement observer les opé- 
rations d'emballage et de transport. Des logements 
sont pratiqués dans l'eSpece d'attique au-dessus de 
cette galerie. Quelques morceaux de sculpture devaient 
orner la masse de ce monument ; ils n'ont point été 
exécutés , et l'architecture s'est trouvée réduite à ses 
seuls moyens. Une cour circulaire occupe le milieu 
du bâtiment : peut-être devait-elle être couverte , et 
former un vaste magasin autour duquel on eût dis- 
tribué des salles et les logements nécessaires pour la 
perception des droits. 

Cette architecture , pleine de force et de grâce, n'est 
ni égyptienne , ni grecque, ni romaine, c'est de l'ar- 
chitecture française : elle est neuve , et l'artiste n'en 
a puisé le goût et les foi*mes que dans son imagina* 
tion. Le monument a été achevé, mais il est aban- 
donné et se dégrade : il est a désirer que le gouver- 
nement le fasse réparer. 

La barrière de Fontainebleau (i) est d'une moindre 
étendue et d'un effet moins imposant que celle que 
nous venons de décrire. Elle consiste en deux corps 
de bâtiments pareils , placés en regard , de chaque côté 
de la route : les cinq arcades de ce pavillon forment 
im porche couvert , pour le corps-de^arde pratiqué 
dans l'intérieur. Cette jolie façade , l'une des nom- 
breuses productions de Ledoux, est à -la -fois simple 
et gracieuse , et porte , comme la plupart des monu- 
ments de sa composition , un caractère d'originalité 
piquante. 

(i) Voyei planche XV. 















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ÉCOLE MILiTAIilÉ, 



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AUJOURD'HUI 



QUARTIER NAPOLÉON. 



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AR un ëdit du mois de janv^ 17S1 j Louis XY 
déclara que , voulant donner de nouTell^ pr^irves de 
son affection aux membres dç là nd^lesse qui,, après 
avoir sacrifié leur fortune pour la.défe;iise de l^ .patrie, 
ne pouvaient donner à leurs enfants, une éducation 
propre à les rendre utiles à leur pays et à lel^*;&mille, 
il fondait une école pour 'rédiMâtion J^t ,dpq reents 
jeunes gentilshommes ,.et que.Foa.çlfoisirait de-.pré- 
férence ceux qui , ayant perdu leur, pqr^ à. Fermée , 
éiaient censés devenir les enfants .df l'état, fiie^ton 
vit s'élever, sous le titre d'Ecole fpffsj^ militaire , un 
hôtel assez spacieux pour recevoir,, non ^jeuleraent 
les cinq cents jeunes élevés y maïs, encpra }m, grand 
nombre d'officiers et de maîtres en.- tous ineures* L'em* 
placement est un vaste terrain da^s^l% plaine de Gre- 
nelle , à proximité de Thôtel.des Invalides. L'édifice 

a été bâti sur les dessins de Gabriel. . 

... ' •• 

On reconnaît à rinspecdon- du pls^n (planche XVI) 
que toute l'étendue des bâtiments , cours et jardins, 



6o DESCRIPTION 

est comprise dans un parallélogramme de deux cent 
Tingt toises de largeur sur cent trente de profondeur, 
précédé et entouré de grandes avenues plantées d^ar- 
bres : Tentrée principale de la maison est du côté de 
la ville, l'entrée opposée est par le Ghamp-de-Mars. 

Deux cours , dont la première a soixante-dix toises 
en carré , et Ta seconde environ quarante -cinq , pré- 
cèdent le principal corps de bâtiment : le reste con- 
siste en cours adjacentes , jardins et constructions 
d'un goût plus simple , pour tous les besoins de ce 
vaste établissement. 

Un^ machine hydraulique , posée sur quatre puits , 
fait mouvoir quatre pompes , et fournit à la maison 
quarante-quatrft muids d*eau par heure. 

On remarque sur les deux faces des bâtiments en 
aile qui s'avancent jusqu'à la première grille , deux 
frontons ornés de peintures en grisaille à fresque, 
par M. Gibelin ; l'effet du bas -relief j est bien imité. 
€es peintures , exposées à l'air , n'ont souffert aucune 
altération. La première , à droite , représente deux 
athlètes , dont l'un arrête un cheval fougueux ; la se- 
conde, à gauche , est une allégorie de l'étude , accom- 
pagnée des attributs des sciences et des arts. Au mi- 
lieu de la seconde cour on voyait autrefois la statue 
pédestre de Louis XY, par Lemoine. 

Le principal corps de bâtiment du côté de la cour 
est décoré d'un ordre de colonnes doriques, surmonté 
d'un ordre ionique ; au milieu s'élève un avant-corps 
d'ordre corinthien , dont les colonnes embrassent les 



BC PARIS. 6t 

deux étages : il est couronné d'un fronton et d'un 
attique. 

La façade du côté du Ghamp-de-Mars (pi. XVIi) 
est décorée d'un seul avant-corps de colonnes coriii« 
thiennes , semblable au précédent. Au centre est un 
vestibule à quatre rangs de colonnes d'ordre toscan , 
ouvert de trois portes sur les deux faces :.on y voyait 
les statues du maréchal de Luxembourg , par Mou- 
chy; de Turenne, par Pajou; du Grand Condé, par 
Lecomte ; et du maréchal de Saxe , par d'Huez. Ces 
quatre Çgures ont été enlevées. 

Au premier étage , la salle du conseil et quelques 
autres salles ont été ornées de tableaux représentant 
les batailles de Fontenoy et de Lawfelt , les sièges de 
Tournay , de Fribourg , de Menin , d'Ypres et de 
Furnes , peints par Lagrenée l'aîné , Beaufort et JDoyen. 
La décoration intérieure de cet édifice a subi des 
changements considérables , commandés par sa nou« 
velle destination ; il forme aujourd'hui la caserne de 
la Garde Impériale. Mais son extérieur y son beau 
plan , ses alentours y ses nombreuses issues , font le 
plus grand honneur à l'architecte. 

En 1 768 , le duc de Ghoiseul , ministre de la guerre, 
ayant ordonné la construction d'un observatoire dans 
cet hôtel , Jérôme Lalande qui en fut chargé , proposa 
d'y établir un grand quart de cercle mural y instru- 
ment qui manquait encore à l'observatoire du fau- ' 
bourg Saint-Jacques. Après de nombreuses oppositions 
de la part des ministres qui se succédèrent , ce célèbre 
astronome obtint lobjet de sa demande , en 1774 ; 



62 DESCRIPTION 

maïs il éprouva encore de nouvelles contrariétés , Tob- 
servatoire qu'il venait de faire élever fut démoli, et 
ce ne fut qu'en 1788 qu'il en obtint la reconstruc- 
tion : enfin , pour prix de tant de zèle , le maréchal 
de Ségur , alors ministre de la guerre , lautorisa à 
faire toute la dépense nécessaire pour porter Tinstru- 
ment à sa perfection. Lalande a fait exhausser deux 
petits étages sur une partie du bâtiment en aile , à 
gauche de la première cour ; il a fait construire et 
fonder un massif pour porter une lunettç, et un mur 
dans la direction du méridien , pour recevoir le quart 
de cercle mural. ije$ deux beaux instruments j et quel* 
qnes autres servant aux observations des savants , y 
sont placés, et confiés à la garde d*uii aatronome. 




Ha Jp l'EnJr ir Chimi'^ vt Umbaa ^c«l« 3elji Cour. 



DE PARIS. 63 



ÉCOLE DE MÉDECINE 

ET ' 

.DE CHIRURGIE. 






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4J.4 ii()l^deçiiiev la chirurgie et là pharroaâeifieif^ 
loi|grf^iQp(|ic{ileJes parties il'ivÉ^ mèoie 8eie»5bvi>toi 
feM^m i»r lear;»iênies homraèsr^^ maiarétiidô en ayait 
conÂdér^letoent. étçndir ie& lisittes::respéctiY^, .cha-» 
cune de ces parties devint une science particulière, Jet 
forma la profession d'un seul. Ainsi , depuis plusieurs 
siècles , la chirurgie était distincte de la médecine ^ 
comme celle-ci Fest de la pharmacie ; mais le nombre 
des chirurgiens- augmentant. cbaquQ }0ux: 9 en çaisou 
des progrès dç Fart , <ckd' seatit la «éce^aité d'un éta- 
blissement qi^i^f&t digpet^c.son €ii>Jfi^^ ^ qui facili|$t 
les moyens 4Vl^ . étendiys Je$ . çonn^isances:: H 'l»r prfT'* 
ticjue. ' . ^ •' % •►/'.♦ 

L'amphithéâtre où se tenaient les cours de chirUr* 
gie , rue des. CordeUers , et où , depuis., w a formé. 
Fécole gi^atuite de dessin , était beaucoup- trbp resserré. 
Lamartiniere , premier chirurgien de Louis XV , ob> 
tint Femplacement du coUëige de Boui^ogné , situé 
dans la même, rue ^ il fut démoU , et Fon construisît 
sur le même terrain Fécole actuelle de chirurgie^ 



64 DESCKIPTlOir 

Louis XV en posa la première pierre en 17 44- Ce mo- 
nument fit la réputation de l'architecte , M. Gondouin ^ 
qui ne s'était encore fait connaître par Fexécution 
d'aucun édifice important. 

Un style d'architecture pur , simple , soigné ,'- et 
bien différent de ce qu'on bâtissait alors , attira tous les 
yeux, réunit tous Ifes suffrages. Les gens de l'art y 
reconnurent la majesté de l'architecture romaine , dé- 
pouillée de ses riches superfluités , et rapprochée de 
la simplicité grecque. 

Ce monument se compose de quatre corps de bâti- 
ment^ formant une cour de onze toises de profondeur, 
sur seize de largeur : la façade sur la rue en a trente- 
t^îs. Un péristile de quatre rangs de colonnes réunit 
les deux aîles. Le bâtiment du fond est un amphi- 
théâtre ; il est éclairé du haut, et peut contenir douze 
cents personnes. 

Dans les deux aîles sont placées les diverses salles 
de démonstration et d'administration. Au premier . 
étage sur la rue est un grand oabinet d'anatomie hu- . 
maine , à la suite duquel se trouvent une pièce où 
l'on a formé une collection de tous les instruments 
de chirurgie , un cabinet de pièces anatomiques , mo- 
delées en cire, et une bibliothèque publique. 

La décoration extérieure consiste , dans toute l'éten- 
due de la façade et au pourtour de la cour , en un^ 
odre ionique qui n'excède pas la hauteur du rez-de-r 
chaussée. Au fond de la cour est un péristile de. si^ 
colonnes corinthiennes d'un plus grand module, cour , 
ronné d'un fronton décoré de sculpture : elle repré* 



DE paris: 65 

sente la Théorie et la Pratique qui se donnent la 
main , et jurent sur Fautel d'Esculape de demeurer 
unies pour le soulagement de Thumanité. Ce bas-relief 
est de Berruer. 

Sur le mur du fond de ce péristile , dans là partie 
la plus éleyée, se voient, en cinq médaillons , les por- 
traits de Jean Pitard , Ambroise Paré , Georges Maré- 
chal , François de la Peyronnie et Jean-Louis Petit, 
chirurgiens célèbres : ces médaillons sont entourés de 
guirlandes de chêne. 

Le mérite de ce péristile , bien supérieur à tous 
ceux de la capitale , consiste principalement dans le 
juste rapport des parties avec l'ensemble. Les colonnes 
posent sur quelques marches élevées au-dessus du sol 
de la cour , et ne sont point anéanties , comme on 
peut le remarquer dans le célèbre péristile du Louvre, 
par un soubassement d'une hauteur excessive. La 
masse de l'entablement et du fronton qui le couronne 
ne présente pas , comme au péristile de Sainte-Gene- 
viève, dont les colonnes sont trop espacées , un poids 
énorme qui fatigue l'œil ; ici , les colonnes étant ser- 
rées , on voit qu'elles supportent sans peine le cou- 
ronnement de cet élégant édifice. 

Le grand bas-relief au-dessus de la porte d'enti'ée 
sur la rue , de la même main que le précédent , re^ 
présente , en style allégorique , le gouvernement ac- 
cordant des grâces et des privilèges à la chirurgie ; 
il est accompagné de la Sagesse et de la Bienfaisance : 
le Génie des arts lui présente le plan de l'Ecole. 

L'architecte a adopté pour l'intérieur du monu- 

9 



66 DESCRIPTION. 

ment un genre de décoration qui remplace avanta- 
geusement la sculpture , la peinture à fresque. On voit 
dans l'escalier la figure d'Hygiée, déesse de la santé, 
peinte par M. Gibelin ; dans une grande salle du rez- 
de-chaussée, par le même artiste, six figures imitant 
le bas-relief; la pharmacie, l'ostéologie, la botanique, 
la myologie , la pathologie , Tangiologie : on y voyait 
autrefois la statue de Louis XV , par Tassaer. 

Un grand morceau de peinture à fresque , par M. 
Gibelin , orne l'amphithéâtre : c'est un sujet allégo- 
rique , exécuté en clair-obscur , ou grisaille : au-dessous 
de ce tableau sont les bustes des deux fondateurs de 
lacadémie de chirurgie , la Peyronnie et Lamarti- 
niere ; ils sont de la main de Lemoine. 

Il y a peu d'édifices aussi heureusement conçus et 
distribués que celui-ci ; et si toutefois on trouve 
quelque chose à désirer dans certains détails de la 
décoration extérieure , la critique se tait devant l'en- 
semble du monument. Placé dans une rue étroite , où 
il était autrefois impossible de jouir du coupd'œil de 
la façade , ce bâtiment est aujourd'hui , par la démoli- 
tion de l'église 4es Cordeliers , sur une place vague qui 
en détruit Teffet. Sans doute l'artiste qui lerigea va 
mettre le sceau à sa réputation , en achevant cette 
place , et en la ceignant d'une décoration architectu- 
rale composée de constructions utiles , et analogues 
au monument principal. On y a déjà élevé une fon- 
taine , sur les dessins de M. Gondouin : nous en 
donnerons la description et la figure dans l'article 
suivant. 




A -J wk».«k.^ -A. 






DE PARIS. 6y 

FONTAINE 

DE 

L'ÉCOLE DE MÉDECINE. 



\ 



±j o R S Q TT E de Somptueux édifices s'élèvent de. toutes 
parte pour la gloire^ et lembellissement de Paris, 
d'autres monuments , plus humbles et non moins 
utiles , se multiplient chaque jour pour fournir aux 
divers besoins de cette ville , et entretenir la salubrité 
de l'air qu'on y respire (i). Cet important objet était 
digne de la sollicitude du souverain. 

La fontaine de l'Ecole de médecine , construite suir 
l'ancien emplacement de l'église des Çordeliers , est 
une de celles qui ont été ordonnées par l'Empereur y 
pour augmenter le nombre des fontaines publiques; 
On en comptait déjà plus de cinquante , alimentées 
par divers moyens, tels que les deux pompes établies 
au pont Notre-Dame y celle de la Samaritaine , là ma- 



(i) Ce double bat serait encore mieax rempli si les diffé- 
rentes localités eussent permis d'établir des fontaines jaillissantes , 
et de les placer de manière à répandre leurs eaux, par une pente 
naturelle , dans un grand nombre de rues où elles eussent en* 
tretenu la fraîcheur et la propreté. 



68 DESCRIPTION 

chine hydraulique de Chaillot et celle du Gros-Caillou , 
enfin les sources de Belleville, du pré Saint- Gervais 
et d'Arcueil. Quinze fontaines nouvelles ont été ajou- 
tées aux anciennes ; la plupart , déjà terminées , se 
distinguent par la variété des compositions et la di- 
versité des caractères et des ornements. 

La fontaine dont nous offrons ici la gravure (pi. XVI) , 
présente trois entre -colonnements d'ordre dorique 
grec, le plus simple, le plus sévère , et peut-être le 
plus majestueux de l'architecture des anciens. Au- 
dessus de l'entablement s'élève un attique , derrière 
lequel est placé le réservoir , et d'où les eaux s'échap- 
pant en forme de pluie , remplissent un bassin demi- 
circulaire. 

Des constructions latérales déjà commencées , et 
propres à former des habitations particulières , semblent 
annoncer qu'une décoration uniforme se continuera 
au pourtour de la place. Privée de ces accompagne- 
ments , la fontaine paraît un peu isolée ; lorsqu'ils 
seront terminés , le monument peut-être ne ressortira 
point assez et fera peu d'effet : au surplus , les inten- 
tions de l'architecte ne nous étant pas connues , il 
nous conviendrait peu de porter sur cet objet un ju- 
gement prématuré 




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B E P A R I s. 69 



FONTAINE DE GRENELLE. 



V^ETTE fontaine a .toujours joui d'une réputation 
quelle mérite sous plus d un rapport. Elle ofire à*la- 
fois un monument utile, et un édifice élégant où 
Farchitecture . et la sculpture semblent se disputer 
l'avantaget de captiver l'œil dutsj^ectàteur. 

La fontaine de Grenelle , construite sur un terrain 
qui faisait autrefois partie d'uti eôuvetit de religieuses , 
fut érigée sur les dessins et sous là conduite d'Edme 
Bouchardon^, sculpteur célèbre, qui lui-même a exé- 
cuté toutes lés. figures, tous- les bas- reliefs, et m^me^ 
quelques-uns des ornements dont ^Ue est décorée. 
Elle fut achevée en 1739: elle ^'éleve sur un plan 
demi - circulaire ^ de quinze toises de* largeur sur six 
de hauteur , «t pcéfenté une* ordonnance -de piliastres , 
de niches, de croisées. feintes, ^avec un entablement 
surmonté d'un acrotere. Lavant- corps qui occupe le 
milieu de la façade se compose de quatre colonnes 
ioniques accouplées deux à deux et couronnées d'un 
fronton. La figure assise siu* un piédestal représente 
la ville de Paris ; un peu au-dessous et de chaque côté, 
un Fleuve et une Nymple appuyés sur leur urne et 
couchés au milieu des roseaux , représentent la Seine 
et la Marne : ces trois figures sont en marbre blanc. 



^O DESCRIPTION 

L eau sort par deux mascarons fixés sur la partie avan- 
cée du soubassement. Les figures qui ornent les niches 
sont les quatre Saisons , désignées par divers attributs , 
et particulièrement par des bas-reliefs placés au-dessous. 
Cet édifice n'offre pas un grand caractère d'archi- 
tecture , mais comparé aux bâtiments d'un goût mes- 
quin et bisarre que Ion construisait en France du 
temps de Bouchardon , il offre une certaine pureté de 
style que l'on ne trouve point dans les productions 
du siècle de Louis XV* Il faut convenir cependant 
que , dépouillé de sa sculpture , ce monument offrirait 
un médiocre intérêt : des portes , des croisées lui 
donnent Faspect d une habitation particulière. Le sou- 
bassement , trop élevé pour l'ordre , le rapetisse et le 
fait paraître grêle ; et la décoration générale n'indique 
pas plus une fontaine que tout autre édifice. Pour le 
rajeunir et le faire valoir, il faudrait y ajouter quelq^ue 
grand effet d eau , et substituer aux flots de marbre 
quelques nappes tombantes, quelques bouillons jaillis- 
sants , qui avertissent le spectateur que ce monument 
n est point une vaine décoration , mais une fontaine 
consacrée à lutilité publique. 




SUnboD JebTimlaiiu 3t 



DE PARI$. 71 



<^/,/V^;^,;^/^j^j-%j% i%yV%> WWVV>'W1 ^^f V% i ^ i' V»'»^ i^'>'^''» >'^'^ >*^^'^^^^" ~^*' ^'^•^^■^^'^■^ ^ 



FONTAINE DES INNOCENTS. 



V^ETTE fontaine, l'un des plus précieux monuments 
de notre architecture, depuis la renaissance des arts 
en France, existait originairement à l'angle de la rue 
Saint-Denis et de la rue aux Fera. Elle fut érigée, ou 
plutôt restaurée et décorée, en 1 55 1, quatrième an- 
née du règne de Henri II, sur les dessins de Pierre 
Lescot, abbé de Clagny , célèbre architecte, et de Jean 
Goujon , excellent sculpteur , que Ton a comparé au 
Corrége, pour la grâce de ses productions. Restaurée 
il 7 a un siècle, en 1708, elle a changé entièrement 
de forme , quant à la tnasse, en 178S, et a été trans^ 
portée sur le nouvel emplaceiùent où on la voit au- 
jourd'hui , comme nous l'indiquerons dans la suite de 
cet article. ■ ' . 

Placé à l'encoignure de deux rues ^ ainsi que nou3 
l'avons &it observer: ce monument n'avait autrefois 
que deux faces ; l'une» sut. la rue aux Fers , composée 
de deux arcades , l'autre/dHine seidé sm* la rue Saint- 
Denis : chacune des arcades , acconipaghée de pilastres 
accouplés , avec piédestal , entablement et attique , était 
couronnée d'un fronton. 

L'élégance corinthienne règne dans cette architec- 
ture, qui encadre et fait ressortir les admirables bas- 



^a DESCRIPTION 

reliefs dont Jean Goujon s*est plu à la décorer : il a 
déployé dans les cinq figures de nayades et dans les 
six autres sujets dont les deux faces étaient ornées , 
tout le charme de ses compositions , son originalité 
piquante et la délicatesse de son ciseau. 

Peu de temps avant la révolution , lorsqu'on eut 
démoli l'église et supprimé le cimetière des Innocents y 
pour y établir un marché , on sentit la nécessité d*y 
ériger une fontaine publique , et l'on regrettait que le 
chef-d'œuvre de Jean Goujon , relégué à l'une des 
extrémités , n'offrit pas une masse applicable à la dé* 
coration de cet emplacement. Il se présentait encore 
d'autres difficultés : une idée heureuse vint les appla- 
nir. M. Six , architecte , et maintenant ingénieur , 
proposa au baron de Breteuil , alors ministre de Paris , 
d'oser changer la forme du plan de cette fontaine, 
et de la reconstruire au centre de la place , sans rien 
changer à sa décoration , en ajoutant une. quatrième 
face semblable aux trois premières dont on avait déjà 
tous les matériaux. 

Cette idée, qui présentait à-la-fois de l'écdnomie et 
la facilité d'isoler avec grâce un monument qui n'avait 
pas été conçu ainsi dans son origine , fut accueiUie. 
et valut une récompense à l'artiste. L'exécution en 
ayant été concertée entre M. Poyet , alors architecte 
de la ville , et MM. Legrand et Molinos , architectes 
des monuments publics , la fontaine fut démontée , 
transportée et reconstruite , sans que la sculpture en 
souf&it la plus légère atteinte. Il fallait ajouter trois 
nouvelles figures et deux autres bas-reliefs à ceux qui 



DE PARIS. yi 

existaient déjà de la main de Jean Goujon : M. Pajou 
fut chargé de cet ouvrage , et sut se conformer au 
style de son modèle ; son travail eut du succès. Les 
lions du soubassement, les vasques et les autres orne-, 
ments furent partagés entre MM. L'huilier , Mézieres 
et Daujon. 

La planche XXII présente le monument dans son 
nouvel ensemble : il est voûté , et la coupole , couverte 
en cuivre , est formée en écailles de poisson. Gomme il 
a été exhaussé et qu'il pose maintenant sur un socle 
et sur des gradins qui l'élevent d'environ dix pieds au- 
dessus du sol , sa hauteur totale est de quarante-deux 
pieds et demi. 

Les gen^ de goût ont jugé cette production l'hon- 
neur de notre Ecole : l'accord que l'on y voit régner 
entre Tarchitecture et la sculpture prouve que les deux 
artistes avaient réuni leurs moyens pour la composi- 
tion et pour l'exécution de ce monument , comparable 
peut-être à tout ce que l'antiquité nous a laissé de 
plus parfait. Ge n'est pas la grandeur qui en fait le 
mérite , puisqu'il est fort peitit , comme plusieurs édi- 
fices des Grecs ; ce n'est pas non plus la richesse de 
la matière, puisqu'il est en pierre et. non en marbre; 
c'est donc seulement la beauté du travail et l'accord 
du tout ensemble : les ornements y sont distribués 
avec intelligence et sobriété , et leur exécution , sans 
être aussi pai^aite que celle des figures , se lie har- 
monieusement avec toutes les parties de l'édifice. 

Le caractère de la sculpture de Jean Goujon es^ 
remarquable par l'élégance des formes, la simplicité 

10 



^4 DESCRIPTION 

du contour , la grâce du mouvement , Tagencement 
des draperies j dont les plis sont très-fins , et sous les- 
<[uels le nu se distingue avec un charme particulier. 
Xe travail a peu de saillie , comme on le remarque 
dans les bas-reliefs grecs et dans quelques camées an- 
• tiques , qu'il semble que Jean Goujon ait pris pour 
modèle de légèreté et d'exécution. 

Les poètes du temps se firent un honneur de célé- 
brer ce chef-d'œuvre. Santeuil , doué d'une imagination 
vive , et sensible à la beauté des ouvrages de l'art, 
célébra ce monument par ces vers , qu'on y grava 
en i6Sg : 

Quos duro cernis simulatos marmore fluctus 
fiujus Nympha loci credidit esse suos. 

Il eut été plus exact , sans doute , de louer la beauté 
des Nymphes que la vérité des eaux , qu'il n'est pas 
au pouvoir de la sculpture d'imiter ; mais les vers 
sont sortis ainsi de la plume du poète , et il a préféré 
l'élégance de la diction à la justesse de la pensée. 




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DB PARIS. ^ 7? 



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HOPITAL SAINT-LOUIS. 



I JES points essentiels pour atteindre le but dans un 
édifice aussi important que celui-ci , consistent dans 
une situation avantageuse , une étendue de terrain 
suffisante , une distribution bien entendue du plan , 
qui permette la réunion dé toutes les choses néces- 
saires au service intérieur y et une disposition telle, 
qu elles puissent toutes , sans confusion , se prêter un 
mutuel secours ; toute décoration serait superflue , il 
suffit qu*à Pextérieur les masses soient grandes , SBtges 
et régulières. * . ' 

C'est sous ces différents rapports que nous présen- 
tons ici le plan de Fhôpital Saint -Louis , comme un 
modèle dans ce genre, et le meUleur. qui existe à 
Paris. 

Les maladies contagieuses qui affligèrent' cette ville 
en 1606, furent la cause ^e son établissement : les ma- 
lades qui en étaient atteints étaient précédemment 
' reçus à FHôtel-Dieu. 

L'hôpital Saint -Louis a été bâti sur les dessins dé 
Claude Châtillon , architecte. La première pierre , sous 
Téglise , fut posée le 1 3 juillet 1607 : quatre ans et 
demi suffirent pour sa construction. Henri IV vouTut 



^6 DESCRIPTION 

quUl fut mis sous l'invocation de Saint-Louis , en mé- 
moire de ce roi , mort d'une maladie contagieuse , 
dans la sixième crpisade, en Afrique. 

Cet hôpital fut d'un grand secours après l'hiver de 
1709 , qui avait occasionné beaucoup de maladies ; et 
comme le nombre des malades était trè&«onsidérable , 
on augmenta les bâtiments , on répara les anciens , et 
on mit ledifice dans Tétat où il est aujourd'hui. 

Autour d'une grande cour de cinquante-deux toises 
en carré , servant de promenoir commun aux ma- 
lades , s'élèvent quatre grands corps de bâtiment , con- 
tenant , au rez-de-chaussée , huit salles et huit 
pavillons. Ces huit salles ont vingt-quatre toises de 
longueur sur quatre de largeur et onze pieds d'éléva- 
tion : elles sont partagées en deux nefs par un rang 
de piliers qui soutiennent les voûtes. Les huit pavil- 
lons d'entrée ont chacun cinq toises et demi en carré , 
et sont voûtés de la même hauteur que les salles : 
deux de ces pavillons renferment des escaliers ; deux 
contiennent des chapelles ; deux autres des chauffoirs ; 
les deux derniers servent de vestibules. 

Le premier étage a la même étendue et. la même 
distribution que le rez-de-chaussée ; les greniers au- 
dessus sont absolument vacants ; au-dessus des pavil- 
lons sont des lanternes ouvertes y pour Fépurement de 
l'air. 

En 1788 ce bâtiment contenait mille malades ; il 
en contient aujourd'hui environ huit cents. 

Indépendamment de toutes les précautions particu- 



SS PARIS. 77 

lieres, dont aucune n'a été négligée pour la perfection 
de cet établissement , les dispositions générales sont 
telles que le grand bâtiment qui contient les malades 
est totalement isolé par une cour plantée d arbres , qui 
forme un intervalle de seize toises entre ce bâtiment 
et un premier miu* de clôture. 

C'est sur ce mur que sont appuyés tous les bâti- 
ments qui forment les logements des personnes atta- 
chées au service des malades , les dépôts et les magasins ; 
près de là sont des pompes y des lavoirs , etc. 

Derrière cette première clôture règne tout au pour- 
tour un très-grand espace , employé aux jardins j aux 
cours , pour les cuisines et la boulangerie , et au loge- 
ment des personnes attachées à ces différents services : 
elles ne peuvent jamais pénétrer dans la première 
clôture pour y porter les aliments , et les personnes 
de l'intérieur ne peuvent le franchir pour les recevoir: 
la communication s'en fait par le moyen d^un tour 
placé dans le pavillon , construit à cet effet. 

Ces cours et ces jardins sont entourés d'un second 
mur de clôture , à vingt toises de distance de la voie 
publique. Au de-là , et d'un côté seulement , sont 
deux autres terrains (i) , séparés par une cour qui con- 
duit à leglise ; elle est disposée de manière que les 
personnes du dehors peuvent entrer dans la nef, et 
celles de la maison dans le chœur, sans se commu- 
niquer. 

(i) L*an est un verger > Tautre nn jardin botanique. 



^8 DESCRIPTION 

Ce bel établissement est contenu dans un parallélo- 
gramme de cent quatre -vingt toises de longueur sur 
cent vingt de largeur , qui donnent une superficie 
de vingt^in mille six cents toises. 



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Plan «t âéra^onlc ï%a^^~&<Bii^- 



DE PARIS. 



79 



HOPITAL BEAUJON. 



VJET hôpital, situé au faubourg du Roule, fut fondé 
par M. Beaujon , qui acheta le terrain , et fit construire 
la maison à ses frais, ; il la dota de \inst mille livres 
de rentes sur FEtat : elle fut bâtie en 1784,, sur les' 
dessins de Girardin , architecte. L'exécution, et les dé- 
tails en ont été très -soignés ; elle est distribuée avec 
intelligence , construite avec solidité , et décorée avee 
goût. 

Le bâtiment a seize toises de face sur vingt -quatre 
de profondeur , sans y comprendre le jardin. Il est 
élevé d'un rez-de-chaussée, de deux étages au-dessus, 
et d'un ti-uisieme dans le comble : il contient cent hts 
de malades pour les deux sexes. 

Le rez-de-chaussée est destiné pour les convales- 
cents , les cuisines , les réfectoires , les salles de bains > 
et autres pièces nécessaii'es pour le service des ma*^ 
lades : ces derniers occupent les étages supérieurs. 

On regrette que Thôpital Beaujon n'ait pas un plus 
grand isolement , au moyen duquel on aurait pu lui 
procurer plus d'ouverture et plus d'air , et que les 
étages n'aient pas plus d'élévation ; mais les droits des 
propriétaires voisins s'y sont opposés. 

Les hôpitaux en général doivent être considérés re* 



8o DESCRIPTION 

lativement à l'architecture sous un autre point de vue 
que la plupart des monuments élevés à la gloire des 
souverains , ou pour l'embellissement des villes , ou 
pour les besoins du riche. 

C'est dans la composition d'un grand hôpital que 
l'architecte doit agir de concert avec le médecin expé- 
rimenté , et peut-être lui sacrifier en plus d'une occa- 
sion ses propres idées. Plusieurs médecins ont., en 
différents temps , présenté des projets d'hôpitaux très- 
bien conçus , et auxquels il ne manquait pour l'exé- 
cution qu'un directeur architecte. 

En 1772 , lors de l'incendie de FHôtel-Dieu de 
Paris , M. Petit , médecin , proposa d'en bâtir un dans 
l'île des Cygnes, sui* un plan circulaire : l'administra- 
tion , les logements des médecins et des chirurgiens , 
des prêtres , des sœurs hospitalières , et les approvi- 
sionnements étaient placés à la circonférence ; les salles 
des malades , tendant au centre , étaient séparées par 
des jardins et de vastes cours : une chapelle au-dessus 
de laquelle s'élevait un cône , terminé par une lan- 
terne ouverte , occupait le point central. On pouvait 
tirer un grand parti de cette idée. En 1778 et 1785 , 
plusieurs architectes , entre autres M.» Poyet , propo- 
sèrent de nouveaux édifices pour remplacer dans plu- 
sieurs quartiers l'Hôtel-Dieu, qu'on a presque toujours 
eu l'intention de diviser et d'éloigner du centre de la 
ville. Ce projet , selon toute apparence , va bientôt se 
réaliser. 



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Hmg^uirJ Je mata Itw Un 



DE PARIS. 8l 



HOTEL DES MONNAIES. 



U N Hôtel des Monnaies , dans la capitale du plus 
riche et du plus puissant empire , doit tenir le premier 
rang parmi les monuments publics. Après le palais du 
souverain et ceux des grands corps de 1 état , il doit 
se distinguer par un caractère desages^é et de magi>i- 
ficence qui annonce Fimportakce de sa destination e^ 
la richesse nationale : enfin., qubicpion ne doive pas 
le regarder comme un monument pompeux , tel qu'un 
arc de triomphe ou quelque autre édifice de ce genre, 
il ne peut pas néanmoins être considéré comme un 
simple monument dut^itç. publique .^ . « t 

Destiné à contenir des objets de nature différente, 
tels qu'une école et un cabinet de minéralogie , 
une grande administration , de vastes ateliers , une 
forte manipulation de métaux , une immense réunion 
d*ouvriers , cet hôtel présçiktait à flarchîtecte de nom- 
breuses difficultés , et il ne sen^bJaît^pBs. aisé de dé- 
terminer le genre de construction. 'et de décoration 

propres à un semblable mpnûmeàt. Antoine (i) , dont 

t. * » . . • 

(i) Jacques-Denis Antoine ,.né à Paris, le 6 août 1783, aplrèt 
avoir étudié sous un architecte: médiocre» se^fk recevoir y à 30 
ans 9 expert entrepreneur , et semblait borner là sa carrière^ 

IX 



S3 DESCRIPTION 

cet édifice a confirmé la réputation , a résolu ce pro- 
blème avec une habileté et un succès qui ne laissent 
rien à désirer. 

Il a su profiter avec beaucoup d art des deux faces 
que pouvait offrir ce monument , pour les accorder 
avec la nature des objets qu'il renferme , et combiner 
sa distribution intérieure avec leifet extérieur de sa 
décoration. 

Ayant déterminé, comme il le devait, de placer les 
pièces d'apparat du côté du quai , les ateliers sur la 
rue Guénégaud , c'est sur le quai qu'il a élevé le prin- 
cipal bâtiment , et pratiqué la principale entrée. Il a 

mais la nature l'ayait doné du germe précieux du talent ; le tra- 
vail le développa : ses premiers ouvrages furent couronnés da 
succès. Des hommes d'une grande réputation , Moreau , archiv 
tecte de l'hôtel de ville ; Boullée , de l'Académie d'architecture ; 
Barreau > etc. , avaient présenté des projets pour l'Hôtel des 
Monnaies» cetix d'Antoine l'emportèrent dans ce concours : l'ar- 
tiste , à cette époque « n'avait point encore vu l'Italie. 

On cite , parmi les principaux édifices qu'Antoine a fait 
bâtir , l'hôtel de Berwick , à Madrid ; à Berne, l'hôtel des Mon- 
naies ; à Nancy , l'Eglise des Filles Sainte-Marie ; à Paris , l'hôtel 
de Jaucourt , rue de Yarennes ; l'Hospice près la barrière d'En- 
fer ; la Maison des Feuillants , rue Saint-Honoré ; FEscalier cou- 
vert , la restauration des voûtes , et sur-tout la construction des 
Archives du Palais de Justice ; enfin l'Hôtel des Monnaies de 
Paris , qui suffirait seul à sa gloire. 

Antoine joignit aux talents une probité rare , une sévérité 
de principes qui lui concilia l'estime générale ; une modestie , 
une douceur de mœurs , une urbanité qui lui acquirent de 
fidèles amis. U mourut presque subitement , des suites d'un^ 
apoplexie, au mois d'août 1801 , à l'âge de 68 ans. 



D E P A H I 8. 83 

décoré cette façade d'une ordonnance d'arckitecture 
et de figures aUégoriques , et adopté pour les bâti- 
ments secondaires un style plus sévère et plus ferme, 
qui , pour être privé de la présence des ordi^ , n'en 
a pas moins le genre de beauté et le caractère qui lui 
conviennent. 11 a eu la précaution d'isoler des autres 
bâtiments celui où Ton frappe la monnaie , pour leur 
éviter l'ébranlement et la secousse des balanciers. 

On a reproché à Antoine , et beaucoup de gens lui 
reprochent encore , d'avoir aligné le bâtiment prin^ 
cipahftvec l'un des pavillons des Quatre-Nations , trop 
avancé sur le quai , et dont on annonce toujours la 
prochaine démolition ; mais en considérant avec atten« 
tion la forme et le peu d'étendue du terrain qu'oc- 
cupe l'Hôtel des Monnaies, on reconnaîtra qu'il offre 
une espèce de triangle ti'ès-irrégulier ; que pour don<» 
ner à cet endroit du quai une largeur telle qu'on l'eût 
désirée, il eût fallu rentrer parallèlement ce bâtiment 
d'une grande partie de son épaisseur (car en ne le 
rentrant que du côté des Quatre-Nations , l'angle que 
forme le quai avec la rue Guénégaud devenait encore 
plus aigu j et eût été insupportable dans la distribu- 
tion comme dans l'élévation) ; enfin que l'un et Fautré 
moyens eussent fait perdre une quantité considérable 
d'un terrain précieux sur cette face , et qu'il n'en serait 
pas resté assez pour les besoins du monument. 

L'ancien Hôtel des Monnaies était situé , il y a en* 
viron quarante ans , dans la rue qui porte encore ce 
nom , en face du Pont-Neuf. Comme il menaçait 
ruine, le ministre Laverdi se décida à faire construife 



84 DESCRIPTION 

celui que nous Toyons maintenant, et il choisit pour 

cet effet remplacement de l'ancien hôtel de Conti : 
mais le choix le plus heureux fîit celui d'mn archi* 
tecte habile , dont les rares talents ont tiré un si beau 
parti de distribution dun terrain peu favorable. 
La première pierre fut posée le 3o avril 1771 , par 
labbé Terray, contrôleur- général des finances, sous 
Louis XV. 

Il ne présente , comme nous lavons fait obser- 
ver (i) , que deux faces d un triangle , ayant chacune 
environ soixante toises. Il est divisé en trois gitndes 
cours et plusieurs autres moins considérables , toutes 
entourées de bâtiments. 

Le principal corps de 1 édifice , ayant face sur le 
quai , renferme un superbe vestibule , orné de vingt- 
quatre colonnes doriques ; un bel escalier , que dé- 
corent également seize colonnes ioniques ; un immense 
et précieux cabinet de minéralogie , que M. Sage a 
formé à ses propres frais , et où ce savant professeur 
tient une école ; plusieurs cabinets de machines ; des 
salles pour l'administration , et de vastes logements. 

Au fond de la grande cour , entourée de galeries, 
est la salle des balanciers , au-dessus est celle des ajus- 
teurs y elles ont chacune soixante-deux pieds de lon- 
gueur , sur trente-neuf de largeur ; à côté est une 
chapelle (2). Le surplus des bâtiments est employé à 
des ateliers et autres dépendances. 

(i) Voyez le plan , plancHe XXV. 
4a) Elle sert actueUeinent d'atelier. 



DE PARIS. 85 

La décoration de la façade principale consiste en 
un avant-corps de six colonnes ioniques , élevées sur 
un soubassement de cinq arcades , orné de refends ; 
un grand entablement , orné de consoles et de modil- 
lons , couronne ledifice dans toute sa longueur ; Tavant* 
corps est surmonté d un attique , au devant duquel 
sont six figures' debout et isolées : elles sont de Pigale,. 
Mouchy et Lecomtç , et représentent la Loi., la Pru* 
dence , la Force , le Commerce , l'Abondance et la 
Paix. 

La seconde façade , sur la me Guénégaud , ofïre 
un attique sur un soubassement de même hauteur 
que celui de la première , et orné de bossages. Sur 
lavant-corps du milieu sont quatre figures , représen- 
tant les quatre Eléments : elles sont de Caffieri et 
Dupré. 

L'extrémité du grand bâtiment forme pavillon à 
l'un des bouts de cette façade : on en a construit un 
pareil à l'autre bout , uniquement pour la régularité 
de la décoration. 

La cour principale a cent dix pieds de profondeur 
sur quatre - vingt douze de largeur ; elle est entourée 
d'une' galerie. La salle des balanciers s'annonce par 
un péristile de quatre colonnes doriques ; la voûte 
intérieure est supportée par quatre colonnes toscanes : 
dans le fond est la statue de la Fortune , par Mouchy. 

Le cabinet de minéralogie , qui occupe le pavillon 
du milieu au premier étage , est décoré de vingt co- 
lonnes corinthiennes d'un grand module , qui suppor- 
tent tme tribune régnant au pourtour , dans la hauteur 



86 DESCRIPTION 

du deuxième étage ; il est orné de bas»relie& et d'ara- 
besques. Les corniches , les chambranles des portes et 
dés croisées sont enrichis d'ornements sculptés et do- 
rés , mais distribués avec goût et sans confusion. Un 
lambris circulaire renferme des banquettes pour les 
personnes qui assistent au cours de minéralogie , et 
sert de fond aux armoires établies sur sa face exté« 
rieure , pour contenir la collection des minéraux. 

Cette pièce est très -noble, peut-être pèche -t -elle 
par un excès de richesse : ces dorures , cette variété 
de couleurs dont elle est parée , lui donnent plutôt 
Taspect d une salle de concert ou de bal que d'un lieu 
destiné à 1 étude. Au surplus , ce défaut de conve- 
nance , si toutes fois il existe , doit causer peu de 
regrets : cette salle magnifique est la plus belle que 
l'Europe puisse offrir en ce genre. 



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DB PAEIS. 87 



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THEATRE DE L'OPERA. 



J_j'oPÉRA était depuis long-temps au Palais-Royal, 
lorsqu'au mois de juin 1781 , le théâtre fut totalement 
incendié. On éleva aussitôt une salle provisoire sur le 
boulevart Saint-Martin : M. Lenoir , qui la fit cons- 
truire , y mit tant d activité qu elle fîit composée , 
bâtie et décorée dans l'espace de soixante-quinze jours. 
Pour éprouver sa solidité on y donna une représen- 
tation gratis : la cour assista aux représentations 
suivantes. 

L'opéra quitta ce théâtre en 1793 , pour occuper 
celui dont nous donnons ici les deux plans princi- 
paux (planche XXVII) (i). Il est situé rue de Riche- 
lieu , vis-à-vis la Bibliothèque Impériale , et fut bâti 
sur les dessins de Louis y. architecte. Mais lorsqu^on 
se rappelle que cet édifice était le résultat d'une spé- 
culation particulière, et non un monument national, 
érigé avec la dignité convenable et une étendue pro- 
portionnée à une aussi grande ville , on doit être 
peu surpris de ce qu'il n'offre pas, sous le rapport de 
l'architecture,. un intérêt qui réponde à sa destination. 

(i) Le premier e§t le plan du rez-de-chausiée , le second est 
le plan des premières loges. 



88 DESCRIPTION 

Ce nest donc que comme une salle provisoire, et en 
attendant un monument plus avantageusement placé j 
quUl fautconsidérer cet édifice, qui a déjà subi, dans 
sa forme et dans sa décoration , plusieurs changements 
considérables. 

Elevé sur un emplacement de vingt-neuf toises de 
profondeur sur dix-neuf de largeur , ce bâtiment a une 
façade sur chacune des quatre rues dont il est en- 
touré. La face principale offre un grand portique de 
onze arcades , au-dessus duquel est le foyer ; les trois 
■autres n'offrent rien de remarquable, puisqu'une par- 
tie de ledifice est employé en boutiques et en loca- 
tions. 

Le vestibule , qui a onze toises de longueur sur 
quatre de largeur , est décoré de colonnes doriques 
qui soutiennent le plafond ; la salle a environ soixante 
pieds de diamètre. DeiTlere le parterre est un rang 
de loges grillées ou baignoires ; au-dessus sont trois 
rangs de loges , un quatrième est sur la corniche , 
un cinquième sous le plafond. 

Le théâtre a soixante-douze pieds en carré ; Tavant- 
scene a quarante pieds d ouverture. 

Le foyer a onze croisées de face sur la rue , et est 
divisé sur sa longueur en trois parties : celle du milieu 
a soixante pieds ; les deux autres ont chacune trente 
pieds ; il est décoré de colonnes ioniques : on y arrive 
par deux escaliers très -simples et très -étroits ; les 
mêmes escaliers conduisent aux premières loges ; six 
autres font le service du théâtre , et conduisent aux 
chambres des acteurs , aux foyers , vestiaires , etc. 





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THÉÂTRE FRANÇAIS, 



RUE DE RICHELIEU. 



KjiE théâtre, dans lorigine , s^établit en i548) à 
Fhôtel de Bourgogne , rue Mauoonseil : Molière s^j 
associa on i65o. En 1689 le spectacle fut ouvert rue 
des Fossés -Saint -Germain -des -Prés : transféré aux 
Thuileries , en 1770 , il passa en . 1782 au nouveau 
théâtre du faubourg Saint -Germain , connu depuis 
sous le titre HOdéon. Ce dernier ayant été incendié 
en 1799 , les comédiens Français, après avoir joué 
isolément sur plusieurs théâtres , se réunirent enfin 
dans la salle qu'ils occupent aujourd'hui , et dont nous 
joignons ici (pi. XXVIII) le plan et la façade. 

Cette salle , bâtie sur les dessins de Louis , archi- 
tecte , fut commencée en 1787, et ouverte au public 
le i5 mai 1790 : elle fait partie des bâtiments du 
Palais-Royal. On y avait établi un spectacle dit les 
Variétés , qui s'y est maintenu jusqu'à l'époque où les 
comédiens Français en ont pris possession. 

Ce théâtre a son entrée et sa face principale sur la 
rue de Richelieu , une autre face sur la rue en re- 
tour , et , quant au surplus , il tient immédiatement à 
des maisons particulières : il est entouré , au rez-de- 



go DESCRIPTION 

chaussée , de galeries couvertes , obstruées par des 
boutiques. 

La façade sur la rue de Richelieu ofïre un péris- 
tile d'oi'dre dorique , formé de onze entre-colonne- 
ments ; celle en retour présente dix arcades qui reposent 
sur des piliers carrés : au-dessus, sur les deux faces, 
est une ordonnance de pilastres corinthiens , dont 
l'entablement est coupé par un étage de petites croi- 
sées. Cette énorme masse d'édifices , élevée sur de très- 
faibles supports , offre de plus Mï attique , deux 
étages supérieurs , et des combles immenses. 

Le vestibule intérieur est de forme elliptique , et 
entouré de trois rangs dp colonnes doriques j elles 
sont accouplées au preihier rang , isolées aux deux 
derniers : le plafond est orné de sculptures et d'ara- 
besques. Ce vestibule , où se rendent quatre escaliers , 
est agréable et bien disposé , mais n'a pas assez d'élé- 
vation. Le foyer, qui se compose d'une longue galerie 
sur la rue , et d'une salle à lune des extrémités , n'a 
rien de remarquable. 

L'ancienne décoration de la salle ftit changée il y 
a environ dix ans. M. Moreau, architecte, y a substi- 
tué deux rangs de colonnes l'un sur l'autre , en avant 
des loges, dont elles forment la séparation : leur effet, 
du côté de la salle , est agréable à l'œil ; mais , vu 
l'épaisseur de leur diamètre , elles sont fort incom- 
modes aux spectateurs placés dans les loges. 

L'avant-scene a trente -huit pieds d'ouverture ; le 
théâtre a soixante-neuf pieds de largeur , sur une pro- 
fondeur égale. 





Plan et élrvuùon, ia T^wiibr iiWnvYrc* 



DB PARIS. gi 



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THEATRE DE L'IMPÉRATRICE. 



V>i E théâtre fut construit sur r^emplacement dq Tan- 
cien hôtel de Condé , près la rue de Yaugirard , fau- 
bourg Saint -Germain , ,par deux architectes dun 
très-grand talent, De Wailly et Peyre laînç .: les 
comédons Français , pour le^cjuelsil avait été de;stiné, 
s'y installèrent en 17.82.. . . .' . . 

Cette salle subit plusieurs changements dans Finté- 
rieiu", en ;[ 79 4, et prit le nom SOdéon, Presque en- 
tièrement incendié au mois de mars 1 799 , ce théâtre 
était abandonné ; il vient d'être reconstruit sur ses 
anciennes fondations , et rétabli sous le titre de Théâtre 
de rimpératrice. Deux troupes , Tune d'acteurs Fran- 
çais , l'autre de bouffons Italiens , y jouent alternati- 
vement des pièces dans les deux genres : la première 
représentation a eu lieu Iç i5 juin i8o8* 

Comme la nouvelle copstruction dilfejre peu de l'an- 
cienne , nous la décrirons telle qu'elle vient d'être 
dirigée par M. Chalgrip^, architecte, du Sénat, 

Son extérieur présente ^un seul. corps de bâtiment 
de dix -huit toises et demi de largeur,, vingt -huit de 
profondeur et neuf d'élévation ; il est décoré, du côté 
de l'entrée , d'un grand péristile de huit colonnes 
doriques , dont l'entablement se continue à la même 
hauteur sur les quatre faces : elles offrent ensemble , 



p2 DESCRIPTION 

au rez-de-chaussée , quarante-six arcades ouvertes , et 
un pareil nombi^e de croisées au premier étage : le 
second et le troisième sont éclairés par des ouvertures 
pratiquées dans les métopes de la frise et dans l'attique. 
Sur toutes les faces sont tracés du bas en haut des 
joints d'appareil, sans autre décoration. La face prin- 
cipale est appuyée de deux grandes voûtes dont le 
dessus est en terrasse , et sous lesquelles on descend 
de voiture à couvert. Les galeries qui font le pourtour 
du monument sont ouvertes , et l'on peut s'y prome- 
ner à pied. 

On a pu trouver le style de cet édifice un peu 
sévère pour un théâtre , mais il est sage et régulier. 

Dans l'intérieui' de la salle , régnent au-dessus du 
parterre un rang de loges grillées , une galerie et trois 
rangs de loges ; un quatrième rang au-dessus de la 
corniche occupe les arcades qui supportent le plafond. 

Le plan de la salle est circulaire , et a soixante pieds 
de diamètre du fond des loges , sur une profondeur 
de soixante-douze pieds. La scène a trente-six pieds 
d'ouverture , et est soutenue par quatre colonnes : ce 
plan est habilement tracé , et les loges sont heureuse- 
ment disposées. Le plafond manque de légèreté , et pré- 
sente des irrégularités qui font présumer que cette 
partie de l'édifice n'a pas été suffisamment étudiée. 

Le foyer n'est séparé des deux escaUers qui y con- 
duisent que par des vitrages , et est décoré des 
mêmes colonnes : les dispositions générales en sont 
fort belles ; mais la restauration qu'il a subie der- 
nièrement a été peu favorable aux détails intérieurs. 





PUn et dérslimilB lUàAtc ^i ^lâàeai. 



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THEATRE DES ITALIENS. 



VJ E théâtre , abandonné par les comédiens Italiens ^ 
et vacant depuis leur réunion à ceux du théâtre Fey-^ 
deau, est celui où ils vinrent s'établir en 1783, lors-^ 
quHl quittèrent la rue Maucqnseil. * * , . . 

Cet édifice, bâti en 1782 pai M. Heurtier, archi- 
tecte du Roi , sur l'emplacement de l'hôtel de Choiseul/ 
a Tavantage de présenter dans son ensembleuhe masse 
parfaitement isolée , entre quatre points de communi- 
cation publique : savoir , la place , le boulevart et les 
deux rues latérales. Mais on a lieu de regretter que 
des vues de spéculation aient fait adosser au théâtre 
une maison particulière , dont le terrain , réuni à celui 
de la salle, eût fourni à l'architecte les moyens d'étendre 
sa composition , et d'y pratiquer , du câté des boule- 
varts , un portique et de vastes foyers , ainsi qu'une 
salle de répétition qui eût pu , en certain cas , ajouter 
à sa profondeur , et par conséquent à la pompe du 
spectacle. 

Cette observation, qui ne porte en aucune manière 
sur le talent bien reconnu de l'architecte , prouve seu- 
lement combien des spéculations mal appliquées nui- 
sent à la convenance , à la majesté de nos édifices et 
aux jouissances du public , et combien il serait essen- 



^4 DESCRIPTION 

tiel de rejeter les calculs d^une économie mesquine 
pour les monuments que Ton se propose d'ériger dans 
la capitale. 

Un péristile de six colonnes de Tordre ionique an- 
tique décore la façade de ce théâtre. Les proportions 
en sont mâles , et l'artiste s'est abstenu d'y introduire 
aucun ornement de sculpture. Un acrotere lisse cou- 
ronne le dessus de l'entablement , et les joints hori- 
zontaux de lappareil sont la seule richesse qui décore 
le mur du fond , percé de baies carrées au rez-de- 
chaussée , et ceintrées en arcades au premier étage. 
La place sur laquelle donne cette façade est régulière- 
ment bâtie , et n'est pas très-étendue , ce qui contribue 
à rendre les proportions de cette ordonnance plus 
imposantes. 

Peu de temps après sa construction , cette salle 
subit à rintérieur des changements considérables , 
sous la direction de De Wailly : il fît un quatrième 
et un cinquième rangs de loges , et trouva moyen de 
pratiquer en face de la scène un amphithéâtre qui 
pouvait contenir un grand nombre de spectateurs. 

En 1 797 on sentit la nécessité de faire de nouvelles 
dispositions ; elles furent confiées à M. Bienaimé , 
architecte. Il donna à la salle une forme sphéroïdale, 
changea la distribution des loges , supprima celles de 
l'avant-scene , pour former des escaliers ; fit dans l'or- 
chestre quelques changements favorables au son des 
instruments , et donna un aspect nouveau à la déco- 
ration générale. Il est à désirer que quelque circons- 
tance heureuse rende cet édifice à sa destination. 



Bmui II J^vhUdh Ju TWirr Fr.Jrni . 








^ttttjf 




TJ.X.rT.T T7 



7Jiui du lu il' Cliiu»» 



ÏVu 1» \-!>^.*^K. 



OB PARIS. 95 

THÉÂTRE FEYDEAU. 



Vj ETTB salle , bâtie par MM. Legrand et Molinos , 
architectes , fut destinée au spectacle de l'opéra BufTa, 
sous le nom de théâtre de Monsieur : la troupe Ita- 
lienne en prit possession le 6 janvier 1791. Après 
avoir changé plusieurs foiâ de propriétaire et de 
nom (i) , cette salle est occupée maintenant par des 
acteurs Francis , et Von »'y joue que l'opéra-comique. 
Ce théâtre est bâti sur un terrain étroit : les mai- 
sons dont il est entouré , pressé de tous côtés , en 
laissent à peine entrevoir la façade , qui se présente 
obliquement, et se compose peut-être de parties trop 
grandes pour son emplacement et pour son point de 
vue; aussi doit -on le considérer à l'extérieur moins 
comme un monument que comme une construction 
érigée avec célérité et au milieu de difficultés insur* 
montables. Les architectes qui Font construit, dans 
l'impossibilité de lui donner à Textérieur le caractère 
qui convient à cette espèce de monument , et l'isole- 
ment sans lequel un théâtre produit toujours un effet 
médiocre , se sont appliqués à en soigner l'intérieur , 
autant que les localités ont pu le permettre. 

(i) C'est aujourd'hui le théâtre impérial de rOpéra-Coinîque, 
appelé plus communément théâtre Feydeau , du nom de la rue 
dans laquelle il est situé. 



q6 oesgriptiou 

Il s'agissait donc de construire , sur un terrain res- 
serré , une salle assez vaste , et de la rendre sonore : 
pour y parvenir on n a négligé aucune des précautions 
nécessaires , telles que la disposition des loges en am- 
phithéâtre , le revêtement du plafond légèrement 
bombé , et assemblé en bois choisi , avec le même soin 
que le fond d'un instrument à cordes ; enfin lor- 
chestre des musiciens , voûté paraboliquement en 
contrebas du plancher , de manière à renvoyer avec 
harmonie dans la salle les plus doux accompagne- 
ments, ou les solo les plus fins et les plus déliés.- 

Les musiciens sont convenus que toutes ces précau- 
tions n'avaient point été vaines , et cette salle a acquis 
la réputation d'être très-favorable à la musique. 

De grands arcs ouverts dans le soubassement, per- 
mettent aux voitures d'entrer à couvert dans le vesti- 
bule. Huit cariatides , dans le style de celles du temple 
de Minerve-Poliade à Athènes , forment la décoration 
du premier étage ; celle de la salle consiste en deux 
rangs de colonnes Tun sur l'autre , en avant des loges. 
Le théâtre a soixante -dix pieds de largeur sur qua- 
rante-huit de profondeur : le diamètre de la salle est 
. d'environ soixante pieds. 








FUd <■! atniwn &«. T\.*kto> i» 



Oa PARIS. 



97 



THÉÂTRE DÈS JEUNES ARTISTES, 



RUE DE BONDY. , 



-. ^' u.» 



\ji E théâtre, situé sur le boulevard Saint-Martin , au 
coin de la rue de Bondy, a été bâti sur les dessins de 
M. Sobre, architecte, mort jeune, auteur de plu- 
sieurs édifices, dont la composition porte Tempreinto 
d'un talent distingué. 

Le petit théâtre dont nous offrons ici (pi. XXXII) 
le plan et la façade , est un des plus agréables que Ton 
ait construit pour les spectacles d'un ordre inférieur. 

La face principale présente une masse dont les di- 
mensions offrent entre elles un rapport agréable de 
proportions. Une grande partie lisse est surmontée 
d'un entablement et dun fronton d'ordre dorique: 
elle encadre et fait ressortir , d'une manière piquante , 
trois arcades que supportent quatre colonnes de pro- 
portion ionique , avec un chapiteau composé. Au- 
dessus des trois arcades , quatre génies ailés , sculptés 
en bas-relief, soutiennent des guirlandes. 

Le péristile donne entrée à un vestibule ; ce dernier 
conduit aux corridors qui environnent la salle au rez- 
de-chaussée et à deux escaliers. Le foyer est placé au- 
dessus du vestibule, et a sous le péristile trois croisées^ 



pS DESCRIJ^TIOIV 

ornées d*un balcon saillant. La salle est longue et 
étroite, décorée simplement, mais avec goût. 

Ce théâti*e , où Ton donnait des divertissements et 
des pantomimes , est un de ceux qui ont été compris 
dans la suppression ordonnée par le gouvernement. 



'/ 



- •' 









_ Tlm et âir^tum in, tV»«l« i» Xii.l*è% ■ 



OB PARIS. 99 

/ 

THÉÂTRE DES VARIÉTÉS, 

BOULEVART MONTMARTRE. 



^ 



* ■ 



Vje petit théâtre , destiné .aux : pièces d'un genre 
burlesque et populaire , a été bâti en 1807 , par 
M. Gellerier (i), afchitecte. Là sidleest jolie et com- 
mode ; l'entrée en est fslcile et^ agréable ; le rez-de- 
chaussée offre un grand' vestibule', orné avec goût. 

Deux rampes d'escfalier conduisent aux premières 
loges et au foyer , qui se trouve au-dessus du vesti- 
bule : ce foyer , élégamment orné de colonnes et de 

(i) M. Cellerîer a succédé à Legrand, arcbitecte , dans la di- 
rection des trayaux qui s'exécutent actuellement à Saint-Denis. 
Chargé depuis environ deux années , par le Ministre de Tinté- 
rieur , de restaurer Téglise de cette ville et d'y rétablir la sépul- 
ture des Rois , Legrand était allé s'installer sur les lieux mêmes 
pour se livrer entièrement à cette entreprise ; mais il cpnsulta 
plutôt son ardeur que ses forcée physiques : usé par une mul- 
titude de travaux de toute espèce , qu'il ne savait pas refuser 9 
il a été enfin victime de son zèle. Une mort prématurée , suite 
d'une maladie de langueur 9 lui a ravi la gloire de fendre à la 
France un de ses plus chers monuments : il est mort à Saint- 
Denis , le 10 novembre 1806. Aussi désintéressé qu'il était mo- 
deste , obligeant , laborieux, Legrand laisse un nom irréprochable, 
et une réputation fondée sur des talents et des vertus. 

fNoCe de VEditeurJ, 






tOO DESCRIPTION 

bustes , est terminé par un péristile ayant vue sur I« 
boulevart. 

La face extérieure est décorée de deux ordres lun 
sur Tautre , et de quatre colonnes chacun (dorique 
au rez-de-chaussée , ionique au premier) , couronnés 
d'un fronton et d'un amortissement , sans autre cons- 
truction accessoire. Cette décoration est simple, l^ere 
et théâtrale. Ce petit monument annonce beaucoup 
■de goût , et n a pu qu'ajouter à la réputation de 
l'artiste. 

L'emplacement de ce théâtre a un inconvénient que 
.l'on a justement reproché à beaucoup d'autres , celui 
d'être immédiatement joint à des maisons particulières : 
le théâti^e des Variétés a cependant un petit couloir 
qui le dégage un peu , et serait de quelque secours 
en cas d'incendie, mais peut-être insuffisant. 

FIN DE LA. TROISIEME PARTIE. 



BOBS 



TABLE 



DE LA TROISIEME PARTIE. 



^i^^^^»^»^^^^^*» % >%<%> 



JU E S Places et Édifices d'utilité publique , Page 7 

Place des Victoires , 9 

Place Vendôme , • i5 

Place Royale , 19 

Place de la Concorde , 23 

Halle aux Blés , 29 

Les Invalides , 33 

L'Observatoire , 37 

Porte Saint-Denis , 4x 

Porte Saint-Martin, • 4^ 

Arc de triomphe des Thuileries , 45 

Lycée Bonaparte , St 

Barrière du Trône , 53 

Barrière Saint-Martin], • • • 57 

Barrière Fontainebleau , ibid. 

École Militaire , aujourd'hui Quartier Napoléon , 59 

École de Médecine et de Chirurgie , 63 

Fontaine de l'École de Médecine , 67 

Fontaine de Grenelle , 69 

Fontaine des Innocents , 71 

Hôpital Saint-Louis , 75 

Hôpital Beaujon ,....» 79 



lOa TABLE. 

Hôtel de» Monnaies , • Page Si 

Théâtre de TOpéra , 87 

Théâtre Français, 89 

Théâtre de l'Impératrice , gi 

Théâtre des Italiens , rue Favart , ^3 

Théâtre de l'Opéra -Comique , rue Feydeau , gS 

Théâtre des Jeunes Artistes , rue de Bondy , gj 

Théâtre des Variétés , boulevart Montmartre, 99 

* 

VIV DE LA TABLE DE LÀ TROISIEHE PARTIS. ' 



DESCRIPTION DE PARIS. 

I 

QUATRIEME PARTIE. 

DES ÉDIFICES PAATICUI-IÇRS. 



Jbi N décrivant les Eglises , les Palais et les Monu- 
ments d'utilité publique, dans les trois première^ 
parties de cet ouvrage , nous avons eu occasion de 
distinguer les époques auxquelles Tarchitecture a 
changé de style dans la construction de ces différept^ 
édifices. Ce changement n'est pas moins sensible d^us 
ceux que nous allons examiner sous la dénomination 
d*Hôtels , ou de Maisons particulières. 

Jusqu'à la fin du règne de Louis XTV ^ le g^nre 
grave et sévère de Tarchitecture , dopt le^ Philibert 
de Lorme , les Bullant , les Ducerceau nous put Ui^M 
des modèles , a été généralement çousçuçv^ p^^ h^ Pe- 
brosse et les Man3ard. 

Sous le règne de Louis XY^ le go^t ^ J'^upphjt^ 
ture a dégénéré , dans la décoration de 1^ plupart des 
édifices particuliers bâtis par les arçhittççtei^ ^ çp 
temps. Mais la distribution intérieure ^ cette jNirtiç ^ 
essentielle des mabohs d'habitation , a fait d^s pi^pr 
grès qui se sont encore accrus sous le règne suivsmt. 



a DESCRIPTION 

D'habiles architectes , tels que MM. Brongniart , 
Ledoux , Bellanger , Cellerier , Heurtier , Lemoine , 
Peyre , Daméme , et autres , la plupart encore exis- 
tants , ont élevé, dans des quartiers nouveaux, un 
nombre considérable de maisons ou hôtels , dont la 
composition présente à -la -fois une décoration d'un 
goût neuf et varié , une distribution agréable et com- 
mode par la forme des pièces et par la facilité des 
communications adroitement ménagées. 

Nous regrettons cependant de ne plus voir entrer 
dans la décoration de ces édifices ces chefs- d'œuyres 
de peinture et de sculpture qui ornaient d'une ma- 
nière plus noble et plus précieuse l'habitation d'un 
homme important par son rang ou par sa fortune : 
ces ornements ne sont remplacés aujourd'hui que par 
des parures frivoles et légères , soumises à l'empire 
de la mode , et aussi peii durables qu'elle. 

Nouls pourrions ajouter à ces observations un re- 
proche beaucoup plus grave sur la construction de 
quelques-uns de ces nouveaux hôtels dont la solidité 
et la durée ont été sacrifiées soit à la jouissance d'un 
boudoir où d'un dégagement, soit à la symmétrie d'une 
décoration plus régulière , pom' lesquelles on n'a pas 
craint d'introduire et de laisser subsister des porte-à- 
&UX et autres vices de construction. / 

Nous avons dit que dans le dernier siècle l'art de 
la distribution s'est considérablement perfectionné ; 
il s'est même tellement étendu , qu'on pourrait dis- 
tinguer aujourd'hui trois sortes de distributions , dont 
chacune est une branche de l'art , et constitue le 



D£ PAR 18. • O 

tsilent particulier de certains architectes (jui en ont 
fait leur étude spéciale. 

. Lespéce de distribution que nous plaçons au pre- 
mier xang^ parce qu'elle est la -plus essentielle , et 
qu'elle s'est perfectionnée la première , est celle qui 
a poi^r objet l-^rrangement, l'ordbe successif deis prin- 
cipa)<es pièces iqui. composent les appartemlents de re« 
pr^t>^|yiQn>^ l#i(dioixrde leur exposition' l&t les lignes 
d';/^Qla4€^ qui>: siemblenJ; les; agracddir et dont elleql 
g*<gtf^p^)s^illf,les*:amloir9'y ks «scaliers de dégage- 
nt t, etc l€|S fhotfi acœiisoireftiqui procurent à ceirà 
qui le^^abiii^iM.^iié ii^ité de jimissances dont l'usagé 
a faÂtraut^^t;deJpl^8Qi^s. . : ' .lî . . 
j Cette ^Qvx^ de distribution est .généralement portée 
d^nsles -piaîsQiQa les plus considérables comme dans 
les plus simples ^ à ua degr^^de supériorité et de re- 
cherche qui semble ne plus permettre d'accroissement. 
La seconde espèce d^^distribudoK dont les archi- 
tectes modernes., se. sont occupés, particulièrement 
dansleisi OEiaisoné d'une. certaine importance, est celto 
des masses dea }>âtiments : eHe a pour objet l'effet 
pittoresque et séduisant 'ideF^nseinble, à l'extérieur 
des édifices;, la: combinaison des effets que doivent 
produire les corps Avancés ^ les formes circulaires in* 
génieusement adaptées aux lignes droites ; les péris- 
tiles^les terrasses, les perrons y. les différentes hau- 
teurs du sol entre les appartements , les cours et les 
jardins; enfin l'art de ménager, sans sortir des salons, 
des points de vue intéressants par la situation de ces. 



I.. 






4 DESCRIPTIO N 

pièces , et par la disposition des croisées , des 
nées et des glaces. ' . ' ; 

. La troisième espèce de distribution dont rd[>}et se 
lie natuxeUeiiieBi; au plan àé cet oinrrage, est wUe 
des jardins* 

En louant la beauté des parcs et des jàrdiiis 
par LenÀtre, e^ dont les pbms^ lorgemem i»M3ë$ ^ 
cff^aserrelit toiqbûrs ce caractère* tioi^te-' et inégîiil^jfiM 
qUon est forcé, d'admirer, nous obsétirerons 'tiSirN 
moins que si les jaixlini de VërMilléê^ et de» î^ltHiéKè^ 
sont ce qu il y a de plus parfait: pdit^ èés ftoHnesiàéiSi 
publiques; ou. pour accoknpagner le pifeis d'un'sMH 
verain, les jardins modernes yi^{i!ioiiqj!iift'iiicdhS'Vààfdi 
et moins r^[iiliérsf sont dessitiës^ d'uitë itianierë ptus 
convenable et plus analogue aux bc^dim et tfux jgoMrÉflf 
d'un particulier^ qoebi que soient "sa ^fiâttUne et séh 
rapg. ':. '.*'•■ ''ii''* ■ ■■ i • '»• '' ' 

Ces jaifdin^^ d'un style pitti>n»9|«^ei''d'!iti gfèÀre 
nouveau ^ semblent offirir dans un mètne è^àÉce^ fifl^ 
d'étendue^ plus de Variâé ^ de fraScbtor ec de êéti*- 
tude que les carrés; d'im:pditerre) borâés dû {llatê^ 
bandes, et séparés par. des allées àtbivts <st itfliftnhB^^ 
et l'in^alité du terrain , loin d'are tus }Qft>stacIé tpk^ii 
£aiut applanir , devient au contraâife, tlâe soiireë âé 
moyens heuneiix pour fkdliter le jm et là coAdUiilè 
des eauX| et tàrier les plans et les pimitis de TùCé 



. I 



< 




lUDrtfkfkde de l'Hâte! i^ Sinise. 



DE PARIS. 



L'HOTEL DE SÔtJÈISE- 



AU BIARAIS. 



I ■ I 



ET aBGÎen b6tel a été, 9Chis' les i'ois Charles. Y et 
Charles Yl , la demeure du coonétable Dlmer de.CU»»» 
son. Qn .rsippel^it: $lH)ts TH^; (les: GHcos où de la 
Miséricorde , parce qu'après une émeute populaire <, 
arrivée en 1392, Charles YI y fit assembler les prin-^ 
cipaux bourgeois de la ville, leur fit grâce ^ et con-* 
vertit la peine capitale que plusieurs d'entre eux 
avaient eiK5ourue^ en uile amende. j^ciiniaire« . . 

Cet hôtel a passé ensuite ^le-lamkîseiti de Lorraine 
aux ducs de Guise , et en a porté le nom jusqu'en 1697. 
Ce fîit Hem*!, premier du nom , duc de Guise^ qui 
fit construirez., par Lemaire, architecte*, le principal 
corps d*h^l. %ui s'étend d^uii la rue du Chaume 
jusqu'au jardin , et dont la façade donnait immédiate** 
ment sur kb rue ou passage qui conduisait de la rue 
du Chaume à la Yieille-rue-du-Temple. La grande 
cour nexistait pas alors. La porte d'entrée était en 
pan-coupé , sur l'angle de la rue du Chaume et de ce 
passage : elle était accompagnée 4e deux tourelles tn 
saillie , que I'oa voit encore , et entre lesquelles était 
la chapelle, ornée de peintures à fresque,. par Nicole, 



6 D ESCniPTION 

peintre Florentin , que François 1*' avait fait venir 
dltalie pour décorer le palais de Fontainebleau. 

En 1697 François de Rohan, prince de Soubise , 
acquit cet Hôtel des héritiers de la duchesse de Guise , 
et le fit considérablement augmenter et embellir ; la 
cour d'honneur y fut ajoutée , avec une nouvelle en- 
trée principale sur la rue de Paradis , et faisant face 
au bâtiment. L'ancienne porte a été retournée dans 
Talignement de la rue du Chaume, en face de la rue 
de Braque et de Tancien passage, lequel est resté ou- 
vert au public, quoique traversant tout Fhâtel, sous 
les fenêtres mêmes du principal bâtiment. Cette espèce 
de servitude que s'était imposée le propriétaire a été 
eonsei^ée long -temps , par respect pour un ancien 
usage auquel le public était accoutumé : la révdution 
len a affranchi. • ^ 

La façade de l'ancien bâtiment a été décorée , au 
rez-de-chaussée, de seize colonnes d'ordre composite, 
accouplées , dont huit forment un avàntrcorps au mi- 
lieu, surmonté dun second ordre de colonnes corin- 
thiennes , couronné dun fronton. Lei^ huit autres 
colonnes du rez-de-chauissée supportent quatre statues 
qui représentent les quatre saisons ; au-dessus du 
fronton sont deux autres statues, la Force et la 
Sagesse. 

La nouvelle cour a trente «-une toises dé lon« 
gueur sur vingt de largeur. L'extrémité qui (ait face 
au bâtiment est de forme eUiptique ; elle est entourée 
d'une galerie de cinquante -six colonnes accouplées 
d'ordre composite et de pareil nombre de pilastres, 



DB PARIS. 7 

€orre5pondant,^ux colonnes. Cette galerie est cou- 
verte en terrasse ; une balustrade règne tout au pour- 
tour ; lensemble en est grand , riche et d'un bel 
effet. La porte d'entrée principale est également dé- 
corée en dehors et en dedans de colonnes accouplées , 
savoir : à l'intérieur composites , corinthiennes à l'ex- 
térieur, et fornàant sur chaque face un avant-corps : 
il était couronné de grands écussons aux armes du 
prince, accompagnés de figures allégoriques repré- 
sentant , du côté de la cour , la Prudence et la Re- 
nommée ; du côté de la rue, Hercule et Pallas. Il y 
avait encore sm* la balustrade plusieurs trophées 
d'armes de distance en distance. 

Ces travaux, commencés en 1706 , ont été dirigés 
par Germain BofFrand, architecte; toutes les sculp- 
tures exécutées par Lorrain, excepté les deux figures 
à l'extérieur ,• sur la porte , par Coustou le jeune , 
et les trophées par Bourdy : ces morceaux de sculp- 
ture ont disparu lors de l'abolition des armoiries en 
France. Les figures des Saisons sont restées sur la 
face du bâtiment. 

Le vestibule et l'escalier sont beaux et vastes , et 
ont été décorés de peintures par Brunetty. Une salle 
d'assemblée renfermait des tableaux peints par Res- 
tout ; plusieurs autres pièces ainsi que la galerie 
étaient également décorées de peintures par Boucher , 
Trémoliere , Yanloo et autres. 

En 171 2 Armand Gaston, cardinal de Rohan ^ 
évéque de Strasbourg , et membre de l'académie fran- 
çaise et de celle des sciences, fit élever, sur une partie 



8 DESCRIPTION 

du terrain de Thàtel de Soubise , un autre hôtçl qu'on 
a nommé le Palais Cardinal : il a s^ principale entrée 
sur la Vieille*iiie-du-Teniple , une autre sur la rue 
des Quatre- Fils et une troisième sur l'ancien passage , 
traversant Tbàtel de Soubise. 

La face de cet hôtel sur la cour d'entrée est très- 
simple ; c^e sur le jardin est décorée d'un avant- 
corps de quatre colonnes doriques au rez-de-chaussée, 
et ioniques au premier étag«, surmonté dun attique, 
et terminé par un fronton. Le jardin est commun aux 
deux hàtds. 

Depuis la révolution, jusqu'en 1808, 4:es édifices - 
ont été abandonnés à la dégradation , et sans aucun 
emploi. On fait maintenant les dispositions con- 
venables pour placer à l'hâtel de Soubise les archives 
nationales , et au palais cardinal l'imprimerie impé-« 
riale : les architectes chargés de ces travaux sont, 
pour les ardûves, M. CdUerier ; pour l'iminrimerie, 
M. Courtepée. 




Au ^ib^.i i, i-H^i Tiuau»»» rt a^<À>«. t> \k.< *« V ~iw ^>,,m.. 







Pim au 1^ Ét-e- rt fli^-b™ .UT-U ■%« fs-t -iïTaiftft. -n^B»». 



1>B PA1LI5. 



L'HOTEL THÉLUSSON^ 



RUE DE PROVENCE. 



LiOftSQu'oN parcourt lé côté septentrional de Paris ^ 
il est impossible de ne pas remarquer cette maison , 
Tune des plus riches et des plus agréables que l'on 
puisse citer. Chacun applaudit aujourd'hui au goût 
de Tarchitecte qui la bâtit, il y a environ trente ans, 
et pourtant on peut se rappeler les clameurs du vul- 
gaire à Fépoque de sa construction. Si jamais un édi- 
fice présenta au dehors l'aspect d'un monument public, 
c'est assurément la façade de cette maison , vue^ au 
travers de lare qui forme un cadre mâle et ferme à 
son élégante architecture. Placée à l'extrémité d'une 
belle rue qu'elle termine par sa décoratioii pittoresque 
et théâtrale , elle embdlit encore le brillant quartier 
de la rue de Provence, et l'architecte qui l'a fait 
construire lui doit une grande partie de sa réputation. 
Cette maison a été bâtie pour Madame Thélusson , 
en 1780, sur les dessins de Le Doux. Un parallélo- 
gramme de 44 toises de longueur , entre la rue de 
Provence et la rue des Victoires, sur 24 toises et demie 
de largeur entre deux murs mitoyens , compose l'en- 
semble de ce grand hôtel , qui se trouve situé au 

2 



XO DBSCaiPTIOlf 

milieu d*un jardin. Son entrée principale est sur la 
rue de Proyence , par une grande arcade de 5 toises 
d^ouveiture, et dont la masse de lo toises de longueur 
sur ^ de ihauteur , est ornée de refends , de bos- 
sages et couronnée d'un entablement dorique. 

Cette belle arcade a un double avantage. Du dehors 
elle laisse voir la décoration intéressante de la façade 
du bâtiment ; de l'intérieur du salon , par dessus le 
jardin, toute la longueur de la rue Cérutty, jusqu'au 
boulevaiit ; de plus elle procure une entrée Ëicile aux 
voiture^ qui passant sui* deux chaussées établies aux 
deux c^té3 de ^a partie bas^e d\i jardin , ensuite skkvs 
le .bât^^e^t , se rendent à couvert au pied d'un -gB^nà 
e^alier, et de là, dans wie grande cour destîx^ .au|L 
remises ^t aux écuries ; cette cour a ui\e sopûe $wr la 
rue 4fi9 Victpiiîes. 

I^e corps de bâtiment qui i^ foiwe qu'une seide 
masse , ai^ niil^u de laquelle çst \uGie grande cour , 
renferme un gra^d nombre de pièces , â^it pour la 
représQpitation , soit pQur le logem^ent, et Uuttes les 
dépeiiidaç^ces qu'exige une maison ^ussi considérable. 
Le p^eoiier étage seul offre , à la suite d'un grand et 
m^giûfique encalier , deux vastes antiçh^unbres , deux 
beaux salons, une sajjie de concert, une bibUolibe^pie | 
une galerie, une grande salle à venger, pbisieurs 
chambres , des çjabioets de tray^il , ime ^oUfi de 
baios^ etc. 

Qn ne if:ç»^ve p^ ici çeti^ di^tl'ibMftiou ordinaire 
des gravides ifias^ felU qu';Ç# }tfL yoi^ fU«s les litabi- 
tation^ QÙ |^ «cour précède le j^âtime^^ epsuite duquel 



DE PARIS. II 

est le jardin : la profondeiiv du tetrain ne lèi^èt-met- 
tait pas; mais on y voit, comme dati^ toutes lè^ pi*6- 
ductions de Le Dout, des idées ingénieuses, neùve^, 
et un goiit pittoresque et élégatit. Il* a isolé soÀ lU^ti- 
ment pour lui conserver des joiirs' sur toutes lôèikèfes , 
et ne former qu'une seule cour. Il a pOttë Tescaliér, 
les antichambres et led pié^s* peu' im|ifdrtàiïtë2S'Véi''s 
le fond , pour ramener l'appartement princîjpal dû 
côté de l'entrée où se trouve une très -belle vue qu'il 
a su ménager avec beaucoup d art. 

On sort des appartements sur une terrasse ornée 
de statues , d'orangers et de fleurs. Deux rampes d'es- 
calier en pierre descendent au jardin. Une masse de 
rochers présente l'entrée d'une grotte pratiquée au- 
dessous du salon , et supporte les huit colonnes co- 
rinthiennes dont l'avant corps du milieu est décoré. 

Le surplus du terrain autour dii bâtiment est planté 
d arbres et d'arbustes dont les masses sont divisées par 
des sentiers sinueux et en pente douce. Ils conduisent 
des différentes parties du jardin à la porte de sortie 
sur la rue des Victoires. 

Cette heureuse distribution , dans lensemble comme 
dans les détails , s'accorde parfaitement avec la déco- 
ration extérieure qui est aussi agréable que régulière. 

Les pièces principales sont décorées à l'intérieur 
avec beaucoup de richesse et de goût. Les ordonnances 
d'architecture , les plafonds ornés de peintures , les ara- 
besques , les glaces , tout y concourt à en faire une habi- 
tation délicieuse, dont la description exigerait un trop 



S 



12 DESCRIPTION 

long détail pour les bornes de cet ouvrage. Les pla-^ 
fonds du salon de compagnie, de celui de musique, 
de la salle à manger et de la chambre à coucher ont 
été peints par M. Gallet. 

Depuis que Madame Thélusson a quitté cet hôtel , 
il a été occupé par le Prince Murât, lorsqu'il était 
gouverneur de Paris. Il lest aujourd'hui par M. ÏAnt- 
bassadeur de Russie. 



Kl^ifaon t, tlUtrl d.' CimlymU. ntlr U Cullur» S^ Cidww . 




RlniÙDS m &>iiâ i<\> Cn.rl>tU)AAV»^B\,'VA. V.^.n^ 



DEPÀRIlS. *l3 



HOTEL DE CARNAVALET, 

RUE CULTURE-SAINTE-CATHERINE. 



HOTEL LAMBERT, 



ISLE SAINT-LOUIS. 



l_j' HÔTEL de Carnavalet a plus de cent cinquante 
années d^existence , mais Ton n^en parle plus guères , 
parce qu^il a aujourd'hui peu d'importance , et que le 
quartier où il est situé n'est plus recherché. Cet édi- 
fice n'est plus considéré que comme ime maison par- 
ticulière : il a pourtant conservé son nom et une 
partie de son ancienne réputation ; mais il la doit aux 
sculptures dont Jean Goujon l'a décoré, beaucoup plus 
qu'à la beauté de son architecture, quoiqu'il '^it été 
bâti par trois artistes célèbres ; il fut commencé par 
BuUant , continué par Ducerceau , achevé par François 
Mansart. 

L'hôtel de Carnavalet a encore un droit à notre 
souvenir : il a été la demeure' de Madame de Sévigné 
et de la comtesse de Grignan , sa fille. 

Le bâtiment sur la rue est élevé d'un seul étage 
au-dessus 4u rez de chaussée. Il a cinq croisées de 



l4 DESCRIPTION 

lace, et présente deux pavillons en avant corps aux 
extrémités couronnés de frontons. Le rez-de-chaussée, 
orné de refends vermiculés, fait le soubassement d^un 
ordre de pilastres ioniques accouplés, qui décore le 
premier étage. La porte est en plate bande cUms une 
niche cintrée et surmontée d'une corniche en forme 
de fronton. On voit sous le ceintre un écusson en- 
touré d'ornements; sur la clef de l'arc une petite 
figure , et aux deux côtés de la porte un lion et un 
léopard. Au-dessus de la corniche du soubassement, 
sur deux trumeaux du premier étage , sont re- 
présentées deux figures allégoriques , la Force et 
la Vigilance. Ces sculptures représentées en bas-relief 
sont dues au ciseau de Jean Goujon, c'est dire que 
ce sont défi chefs-d'œuvre. 

Au pourtour de la cour , sur les trunietlux dès 
faces du premier étage , on voit encore douze grande- 
figures en bas -relief; celles du fond représentant les 
quatre saisons se font remarquer par la beaoElé àa 
dessin et par la grâce d'exécution qui distingnent 
tous les ouvrages de ce célèbre artiste. Les huit anti*e5 
sont inférieures et ne sont pas reconnues P^^' ^^ 
de la même main. 

Hôtel Lambert. 

L'île Saint- Louis, que nous voyons aujbniTd'hui 
régulièrement bâtie et bordée de quais n]agilifti|ues , 
s'appelait originairement l'Ile « aux •Yaiîhètf : on kîi 
avait (fonné ce nompoinrla distinguer de rfW-Nat^e- 
Dame dont dk fovnuiit uae dëpeiDliaiieec 



DE PARIS. iS 

I 

Henri IV avait eu le projet d'y faire construire des 
maisons , mais ce projet n'eut son exécution que sous 
Louis XIII. Les Sieurs Marie, Leregratier et Poulie* 
tier, dont deux ont donné leurs noms à deux rues de 
ce qufu:tie^r, s'engagèrent , en 16149 à joindre les deux 
lies pso* un pont, et à y bâtir des maisons et des 
quais. Mais leurs travaux n'allant pas assez vhe au 
gré des particuliers qui faisaient les fonds de l'entre- 
prise, ceux-ci .obtinrent d'être subrogés aux droits 
des premiers entrepreneurs, daohever aux mêmes 
conditions les ouisrages commencés , et de mettre fin 
aux constructions dans l'espace de trois ans ; ce qui 
fut exécuté. Ainsi toutes les maisons de File ont été 
bâties à-peu-prèb à la même époque, vers le milieu 
du dix -septième siècle. 

Parmi tous ces édifices qui se ressemblent assez 
généralement , quelques h6tcds méritent d'être cités , 
mais rb6tel Lambert étant celui qui renferma le plus 
d'objets curieux sous le ^rapport des arts, sera le seul 
dont nous donneroos^ ici le dessin ^ la description. 

Il est situé à l'est, de i*ile , à Textrémité de la rue 
qu'on a toujours nommé la rue Saint-Louis , et qui 
porte aujoui*d'hui celui de Blanche-de-Castille. 

L'entrée de l'hôtel s«Lr la rueporte un grand carac- 
tère. La cour, un peu petite, est emourée de bâtiment» 
et décorée d'un ordse dorique. Le bâtiiaent du foii4l 
a de plus un second ordre ionique. , 

Un grand escalier à deux rampes se voit de la cour 
entre les colonnes qui forment le vestibule ; il est 
d'une belle forme et dans le style du temps , mais nos 



ï6 DESCHIPTION 

escaliers modernes ont plus d'agrément et de légëreté. 
Le bâtiment en aile, à droite de la cour, a son autre 
face sur une espèce de jardin , ou plutôt sur une 
terrasse de plein pied au premier étage. $lle donne 
sur le quai d'Anjou , et procure à ce bâtiment et à un 
autre en retour une vue charmante qui s'étend sur la 
Seine et sur les ports qui sont à l'autre rive , sur l'île 
Louviers, l'ancien arsenal, le quai et le pont d'Aus* 
terlitz , et beaucoup plus loin encore. 

Les deux faces de bâtiment sur cette terrasse sont 
décorées d'un grand ordre de pilastres ioniques , cou- 
ronné d'un petit attique sur lequel sont poséis des 
vases de pierre. 

L'hôtel Lambert bâti pai* Louis Leveau, architecte du 
roi , a été décoré à l'intérieur par plusieurs peintres 
célèbres. Dans une des premières salles on voit de 
grands tableaux , enti*e autres un de Jacques Bassan , 
représentant l'enlèvement des Sabines. Le cabinet en* 
suite est orné de paysages peints sur les panneaux 
des lambris par Patel et d'Hermans. Cinq autres ta- 
bleaux représentent l'histoire d'Enée par Romanelli ; 
le sujet du plafond est la naissance de l'Amour , il est 
de la main de Le Sueur. Au deuxième étage, on voit 
une autre galerie très - richement décorée. La porte 
d'entrée est accompagnée de deux colonnes dorées. 
Le plafond, peint par Le Brun, représente les travaux 
d'Hercule , et est enrichi d'un grand nombre d'orne- 
ments. Sur les trumeaux, entre les croisées, sont des 
paysages peints par différents maîtres ; des bas- reliefs y 
des bronzes et des dorures fort bien exécutés. On 



DE PARIS. IJ 

.passe ensuite dans iine sivtre grande pièce dont toutes 
les peintures sont de Le Su^ur ; il a réprésenté, dans 
le plafond, Phaéton priant son.pere^de le laisser con- 
duire son char ; il y avait peint aussi les: neuf Muses. 
Ces tableaux, peints sur. bois, ont été enlevés avec beau- 
coup d adresse et reportés sur toile ; ils sont actuelle- 
ment au musée Napoléon. Tous les tableaux d'un cabi- 
net où le même artiste avait représenté l'histoire de 
l'Amour, ont été également remis sur toile; on les 
voit au musée de Versailles (i). 

D'après ce qu'on vient de lire de la situation et des 
beautés qui rendent cette habitation si agréable , pour- 

(i) Dans la salle des bains V au deuxième étage, Le Sueur a 
représenté , dans les angles du plafond , les divinités de la mer et 
des eaux , accompagnées d'enfants qui jouent avec des branches 
de corail. On y voit quatre bas-reliefs feints de sculpture , savoir : 
le triomphe de Neptune , celui d'Amphitrite , la fable d'Actéon , 
et celle de Calisto ; à l'étage inférieur , dans le cabinet des Muses , 
cinq morceaux dans les lambris ; Tun représente Melpomene 
avec Polymnie et Érato ; l'autre , CUo , Euterpe et Thalie. Cal- 
liope , Therpsicore et Uranie font les sujets des trois autres ta- 
bleaux ; ces trois dentiers sont de forme ovale. 

Dans l'appartement au rez-de-chaussée, appelé le cabinet de 
l'Amour , Le Sueur avait peint au plafond cinq sujets de l'histoire 
de ce dieu : sa naissance; Vénus qui le présente à Jupiter; 
l'Amour qui , pour éviter la colère de sa mère, se réfugie entre 
les bras de Gérés ; l'Amour assis sur un nuage et recevant les 
hommages des Dieux ; le même ordonnant à Mercure d'annon- 
cer son pouvoir à l'univers. Deux autres tableaux: l'un au- 
dessus de la cheminée , représentait l'Amour qui , après avoir 
désarmé Jupiter , descend pour embraser le monde ; l'autre au- 
dessus de la porte , avait pour sujet l'enlèvement de Ganymede. 

3 



l8 DESCRIPTION 

rait-on se persuader qu'elle soit maintenant vacante 
et délaissée dans un état voisin de la dégradation. 
L'hôtel Fénélon et l'hôtel Bretonvilliers , qui sont dans 
le même quartier, jouissent des mêmes avantages , sont 
dans le même état , et cependant aucune habitation 
de la Chaussée -d'Antin ou des boulevarts Italiens 
n^est peut-être comparable à l'un 4e ces trois hôtels. 




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0£ PAR IS. 19 



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HOTJEL D A VAUX, 



RUE SAINT-AVOYE. 



VJ ET ancien hôtd a étë bâti par le Muet, iatcbitecte. 
Ce fut M. de Mesmes , comte Davaux, qui le fit élever. 
Il a été Tendu depuis à M. de Beauvilliers , duc de 
Saint-Aignan. L'hôtel était connu assez indistincte- 
ment sbU3 ces différents noms , mais on vient d'ins- 
crire sur la porte^: H6tdi de Saih^Algnan• M; de'Bér^ 
nage, prévôt des marchands , Ta habité pendant phi- 
sieafs ' années/ Ceit aujourd'hui le cbef^lieu'dé la 
lAftirie éa septième arroiidbisement mumci^. 

La* porte d'entrée' sut là rue est- eh plate^ bandé 
ornée d'un lai^ chambranle ,- d'une cornidhé et 
d'un fréiliton, et renfoncée dans une arcade; lihe niché 
carrée renferme le tout; 

La cotar est un carré long, elle eM décorée sur les 
quatre faces d'un ordre de pilastres corinthiens élevé 
sur un simple socle. II embrasse le rez- de* chaussée 
et le premier étage , et est couronné d'une balustrade. 
La porte d'entrée et la cour sont d'un grand effet; 
l'architecture en est pure et correcte , et ses belles 
proportions lui donnent nri caractère noble et impo- 
sant. 



âO DESCRIPTIOX. 

Le corps-d*e-ldgis du fond , entré la cour et le jar- 
din , est simple en profondeur^ le vestibule est décoré 
d'une ordonnance de pilastres ioniques et de huit 
niches sans figures. 

Le grand eiscaller à gauche est tout en pierre ainsi 
que la rampe qui est en balustres carrés. Il est ter- 
miné par une coupole au bas de laquelle est une es- 
pèce de tribune ou galerie avec balustrade. La face 
sur le jardin présente plusieurs petits avant -corps 
que la distribution et la forme irréguliere du terrain 
ont peut-être nécessités. Toutes les croisées, même 
celles des mansardes, sont ornées de chambranles et 
de frontons. Cette décoration est très-simple et n'a 
pas un aussi beau caractère que celle de la cour ; elle 
tient du goût du temps de Louis XIV. 

II y avait autrefois dans cet hôtel quelques bons 
tableaux dont aucun n'est resté. L'établissement des 
différentes adniinistrations municipales et de police 
qui Toccupent aujourd'hui y a occasionné des change- 
ments . considérables. On a construit sur les faces 
mêmes de la cour et du jai*dii) , . des ateliers et autres 
petits corps de bâtiments , sans respect pour l'ardhi- 
tecture de cet édifice. Les plus belles pièces opt été 
coupées par des planchers et par des cloisons , et l'on 
y fait actuellement plusieurs autres constructions de 
cette espèce. ^ 

Le jardin a de la grandeur^ il est orné de gaa^ns et 
de plantations^ nouvelles f^n genre pittoresque. 




Etéraliaii delà jiiM«mi SlToixS™^**»»' **^^™î"* 



Di: PAUis. m 

■ • 

MAISON 

BOULEVART DU CLOS PAYEN. 



MAISON SAINT-FOIX, 

■ I ■ ■ I 

RUE BASSE DU REMPART, BOULEVART 

DÉS CAPUCINiES. 



J^A première de ces doux maisons ^ située boulevarc 
du Clos Payen , consiste en un pavillon isolé a^ant vue 
sur trois faces. Il est élevé de deux étages au-dessus 
dun soubassement. La face d entrée est par le bout du 
bâtiment. La distribution en est simple et commode. 
Un grand vestibule orné de colonnes conduit à Tes- 
calier à droite , et en face à la salle à manger , au sa- 
lon , à la chambre à coucher, etc. Deux faces seulement 
sont décorées. La porte. d^entrée du vestibule est ac- 
compagnée de deux colonnes doriques. La grande 
face offre deux aynnt-corps aux extrémités; ils sont 
couronnéi^ de frontons. Au inilieu :ést un përistile ou- 
vert de cinq autres .ehtré?colo|^nements: d'ordre do- 
r^ue, formant' une jterraase.au .niveau, du premier 
étage. Quatre statues dans des niches oriient ce péris* 
tile, et deux autres au-dessus décorent la )torraase 
qui est habituellement garnie de fleurs, et d'arbustes. 
Un grand perron à deux rampes descend du péris- 



23 DESCRIPTION 

tile au jajdin et fait le soubassement de lordonnance. 
Cette jolie maison a été bâtie par M. Peyre, en 1762. 

Maison Saint ^Foix. 

Cette maison, bâtie eh 1775, ayant épreuve un 
changement assez considérable en 1798, mérite d^au- 
tant plus d^étre décrite telle qu^clle était dans lorigine 
et telle qu'elle est aujourd'hui , que les plans et élé- 
vations qub en sont gravés dans plusieurs recueils ne 
sont pas semblables ; il e$t intéressant pour les auteurs 
de faire connaître la cause de cette différence. 

En 1775 , M. Brongniart, architecte, la fit cons- 
truire pour M. de Saint-Foix, qui devait l'occuper 
seul. 11 avait eu quelques difficultés à vaincre. D'une 
part, la forme du terrain est très-irréguliere, et pré- 
sente des angles saillants et rentrants assez désagréa- 
bles. D'autre paît, le sol de la rue est de treize à 
quatorze pieds plus bas que le sol du boulevart qui 
est en face, et que celui du jardin de la maison <pii 
est au fond. Cette disposition naturelle du lieu exi- 
geait que l'artiste usât de moyens nouveaux , aussi les 
a-t-il employés avec autant d'habilité que de succès. 

Le principal corps de bâtiment est établi à une cer- 
taine distance de la rue, à lendroit où la plus grande 
largeur du terrain a permis d'avoir sur le côté une 
première grande cour et une seconde ensmte entou- 
rée des écuries, des remises et de toutes les autres dé- 
pendances qui remplissent les angles du plan , et en 
cachent les irrégularités. Ce principal bâtiment a toute 
la largeur de face qui pouvait être aperçue sur le 



BE PARIS. 2$ 

boulevapt ; la décoration est élevée à la hauteur de 
cette promenade publique. La partie basse est em- 
ployée au passage d'entrée sur le côté , et à un vesti- 
bule orné de colonnes , à la suite duquel se trouve un 
grand escalier d une seule rampe. Le surplus employé , 
comme nous l'avons dit précédemment , aux écuries , 
cuisines , etc. , est voûté et couvert par une terrasse 
qui précède les appartements , et forme un grand bal- 
con sur la rue, au niveau du boulevart. Aux deux 
côtés de la terrasse , deux ailes de bâtiment s'avancent 
jusque sur la rue. 

En 1798 y cette maison fut partagée entre deux pro- 
priétaires : Tun possède le principal corps du logis 
faisant face au boulevart, et l'aile droite; Tautre jouit 
de l'aile gauche seulement. 

Les dispositions primitives du plan semblaient fa- 
voriser ce partage. Mais il n'y avait qu'une seule entrée 
sous l'aile gauche, et elle ne pouvait pas servir au 
grand hôtel ; et le principal escalier qui y était renfer- 
mé • n'avait plus d'issue que par l'aile gauche qui en 
était séparée. Des changements étaient nécessaires; 
M. Sobre fut chargé de les faire exécuter. 

Il supprima tout ce qui était voûté et construit au 
rez-de-chaussée, et toute la terrasse entre le bâtiment 
et la nie ; il en fit une cour avec une entrée au milieu 
sur la rue , et l'entoura de portiques couverts d'une 
petite terrasse. Le corps de bâtiment étant triple en 
profondeur, il fit dans la première partie, vers la cour, 
un très-beau vestibule , et dans la seconde un magni- 
fique escalier à deux rampes , lequel se trouve au 



24 DESCRIPTION 

centre de Tédifice et communique facilement à toutes 
les pièces du premier étage , au moyen d'une ^galerie 
qui règne au pourtour. La cage de 1 escalier est riche- 
raent décorée et terminée en coupole. 

Lapparteînent du premier étage se compose d'un 
grand nombre de pièces , parmi lesquelles on distingue 
une vaste antichambre , deux salles à manger , salon 
de musique, salon de compagnie , galerie, chambre à 
coucher , boudoir , cabinet de toilette , bains et autres 
pièces qui constituent un appartement considérable. 
Au-dessus du même rez-de-chaussée et à letage sou- 
terrain se trouvent toutes les autres dépendances pour 
le service de l'intérieur de la maison et pour celui des 
voitures. 

Deux terrasses environnent la cour au premier 
étage d'où Ton descend par un grand perron ; il con- 
duit au jardin qui a peu détendue. La façade sur le 
jardin offre un seul étage et cinq croisées ; elle est ornée 
de refends dans toute son étendue et couronnée d'une 
corniche ionique. Au-dessus des trois croisées du 
milieu règne un grand bas-relief. Celles des extrémités 
sont accompagnées de deux colonnes ioniques surmon- 
tées de figures. 

La façade sur la cour présente également un seul 
étage et sept croisées ornées de bas-reliefs;elle est 
décorée d'un grand ordre de huit colonnes doriques 
engagées. Les deux ailes avancées sur la rue forment 
deux pavillons d'une seule croisée accompagnée de 
deux colonnes ioniques et coiironnée d un fronton. 

Toute cette ordonnance paraît reposer sur le mur 



DE PARIS. ikfi 

de la rue qui lui sert de soubassement. Vue de la 
hauteur du boulevart qui est son véritable point, elle 
produit un effet très-agréable. 

La seconde maison pratiquée dans l'aile gauche, 
moins ornée , moins importante que la première, ren- 
ferme néanmoins deux grands appartements de maitr^. 
et en quelque sorte deux habitations complètes où se 
trouvent réunies toutes les dépendances nécessaires. 



20 DESCRIPTIOir 

PORTIQUES DU TEMPLE. 



XJss Portiques du Tein{)le , qui tirent leur nom de 
Tenclo^ où ils ont été construits, présctnient im corps 
de bâtiment isolé , de 87 toises de longueur , terminé 
aux deux extrémités par deux parties oirculaires ; au 
milieu est une cour, longue de 33 toises sur 6 de 
largeur. 

L'épaisseur du bâtiment est divisée en trois par- 
ties : Fune, à Fextérieur, formée une galerie couverte 
de quarante-quatre arcades soutenues par des colonnes 
toscanes ^ les deux autres composent vingt-huit bou- 
tiques et arrière-boutiques, avec un entresol au-dessus : 
le rezrde-chaussée et les entresols sont compris dans 
la hauteur des arcades ; au-dessus s'élèvent deux étages ; 
un troisième est pratiqué dans Iç comble : tous sont 
distribués en petits logements. 

On voit , par cette description , que Fédifice ne peut . 
être rangé dans la classe des monuments publics , ni 
dans celle des hôtels. La spéculation seule en a conçu 
ridée ; néanmoins il a un caractère de simplicité et 
de sévérité qui n'est pas dénué d'élégance et le fait re- 
marquer avec intérêt. Cet édifice a été bâti en 1781, 
par un ancien notaire de Paris , sur les dessins de 
M. Pérard de Montreuil, architecte. 




Fi„x rt iUrrii™ irl» m^«o. ■Î.*«..T,™ V/O. 



DE PARIS 27 

MAISON BATAVE, 

RUE SAINT-DENIS. 



JLjb terrain sur lequel est éleVé ce bàtîtafiént' appar- 
tenait dans l'origine à une confrérie connue sous le 
nom du Saint-Sëpulchre ; elle y possédait un^ éghse, 
un cloître', et dîVérseï 'diperiâaliACës.'Ayéçdqde àe la 
révolution , cette propriété , réunie au domaine natio- 
nal, fut acquise en 1791 , par une compagnie de négo- 
ciants hollandais , qui firent démolir les anciennes 
constructions et élever , sur le même emplacement , 
plusieurs maisons de commerce contiguës, et sur un 
plan régulier. Cet ensemble de b&timènts , au milieu 
desquels se trouve nûe cour eh forme de parallélo- 
gramme, environnée' de portiques en colonnes sem- 
blables à celui qui décore lé sotibaâement de la 
façade principale , prit le nom de Cour Batave , et lut 
bientôt occupée par des marchands et dés fabricants 
de toute espèce. 

La construction en a été faite pénldant le cours du 
papier-monnaie en France, et dirigée par' MM. Sobre 
et Happe , architectes : les frais en ont été' évalués à 
i,85o,ooo fr. , valeur numéraire. 

Cette cour est ouverte à la circulation du public, 
au moyen d'un passage qui communique à la rue 

4. 



/ 



:)8 DESCRIPTION 

Saint-Martin , par la petite rue de Venise , en traver- 
sant la rue Quincampoix. D'autres communications 
devaient encore avoir lieu et rendre à la rue Aubri- 
le-Bouchel" , si des événements imprévus n'avaient dé- 
rangé les intentions des acquéreurs : une partie du 
projet reste à exécuter. Cette maison , vendue à la 
Banque territoriale , a depuis été cédée à des parti- 
culiers qui en jouissent encore. 

Son emplacement a 28 toises de &ce sur la rue 
Saint*Denis ^ et 68 toises de profondeur. 

La face sur I9 rue est décorée de sept arcades au 
rez-de-chaussée , séparées par de petits entrecolonne^ 
ments d'ordre ionique f un seul balcon embrasse tout 
le premier étage. 

La même ordonnance règne au-devant d'une gale* 
rie couverte au pourtour de la coiur et sous le passage 
d'entrée. Au-dessus s élèvent trois étages couronnés 
d'une cornichç dorique et surmontés d'une mansarde. 

La figure du dieu du Commerce est placée sur le 
sommet de la petite campanille ou se trouve Thorloge. 
Au fond de la seconde cour est un grand bassin dis- 
posé pour une fontaine , a.u milieu duquel est assise 
la figure de l'Abondance , posée sur un piédestal. 
D'autres figures allégoriques, sculptées en bas -relief 
dans les arcades , et divers ornements répandus dans 
la frise du grand entablement, ajoutent à la décoration 
de Fédifice. 

Peut-être ce vaste bâtiment nVt-iJi pas assex d'issues. 
Celui du fond semble trop élevé et trop resserré pour 
que l'air puisse circuler librement. 



DE PAR I s. 29 

A droite de la seconde cour, il y en a une troisième 
entourée de bâtiments formant des habitations parti- 
culières : on y remarque un genre de décoration neuf, 
agréable, et bien approprié à la destination de Fédifice* 

Il serait à désirer sans doute , pour Fembellissement 
des anciens quartiers de Paris , que de riches proprié- 
taires voulussent soumettre ainsi à la régularité d*un 
plan simple et commode leurs spéculations en bâti- 
ments , pour donner , en quelque sorte , Faspect d'un 
édifice public à plusieurs maisons de commerce. Celle 
dont nous donnons ici le plan et la façade , ferait 
d'autant plus d'effet si elle était achevée, que les dé- 
corations un peu soignées sont très -rares dans le 
quartier qu elle occupe. 



3o DESCRIPTION 

MAISON LE DOUX, 

KUE DES PETITES-écUEIES, FAUBOURG I^OISSOVITIERE. 



MAISON SAINT-GERMAIN, 

RUE SA„INT-LAZA.RE. 



§ . ■ 

JLja première de ces deux maisons (fig. A) fut bâtie 
en 1780. Elle est séparée de la rue par deux terrasses et 
par une suite de degrés en amphithéâtre, qui s élèvent 
jusqu'au premier étage : un péristile de quatre colonnes 
doriques en décore l'entrée. Un second étage sous la 
corniche , un troisième flans le comble et un sou- 
terrain , composent la maison. Elle renferme, outre 
les pièces nécessaires à un appartement complet , les 
dépendances dont elle est susceptible. On reconnaît 
dans sa distribution le ^lent d un artiste dirigé par 
le goût et lexpérience. 

Maison Saint -^ Germain. 

Cette maison, bâtie en 1772 , est encore une des 
jolies productions de Le Doux. Elle offre dans son 
plan général une porte d'entrée , accompagnée de 
deux petits bâtiments pour les remises , les écuries et 
les cuisines : une cour et le principal corps-de-logis 
forment un pavillon isolé, ensuite duquel est le jardin. 

Ce petit édifice a de la grâce , et la décoration en 
est fort agréable. 



AFlwu ri ^li^iDtm JrUmùiou Lp Dshi, Btu Fùixini 





tii^Àm a*- 1> Duutcn â\ c.rr.>ii;m.>v 'sa.» 






/ 





Fltn A rlnihcm ^li mnaim Beumumliiii ^ côtr ju Ju^^ , 



DE PARIS. 3f 



I 

HOTEL BEAUMARCHAIS!. . 



V^ET édifice est situé à l'extrémité du boulevart 
Saint- Antoiine et de 1$, rue Amelot ,- sur un terrain 
qui appartenait orig^inairemént à la.villè. Caron de 
Beaumai^chais TaçqUit pour y faiiu construire un' hôtel. 
M. LeiQoine, architecte , en fournit les dessins' et en 
dirigea TexéculiQn. . . ^ . 

Son emplacemept total forme un parallélogramme 
qui peut être considéré comme divbé en trois par- 
ties principales : Thôtel proprement dit , au miUeu ; 
le jardin à gauche ; à droite, la maison en location. 

L'hôtel occupe toute 1 épaisseur entre le boulerart 
et la rue Amelot , sur lesquels il a deux faces , de 22 
et 26 toises environ : deux entrées opposées conduis 
sent à une cour circulaire , placée au centre des bâti- 
ments, qui sont élevés de deux étages au -dessus du 
rez-de-chaussée. 

La cour a 10 toises de diamètre ; elle est entourée 
d'une galerie couverte , qui se compose de vingt ar- 
cades soutenues par des colonnes doriques : cinq de 
ces arcades ont un double rang de colbriiies , et for- 
ment un péristile à Feutrée du jardin. Sur un piédes- 
tal , au milieu de la cour, est une copie en plomb du 
Gladiateur antique : cette statue était précédemment 
à Thôtel de Soubise. 



I 

32 DESCRIPTION 

L'entrée principale est sur le boulevart; elle of&ç 
un vestibule terminé de chaque côté par une partie 
circulaire ; à droite est le grand escalier. 

Les pièces les plus remarquables $ont la salle à 
manger au rez-de-chaussée > et le salon au premier 
étage. Ces deux pièces sont placées Tune au-dessus de 
l'autre , de même grandeur et de forme circulaire , et 
éclairées Tune et l'autre sur la cour par une grande 
croisée qui fait face au jardin. 

La salle à manger est décorée d'une frise ornée de 
griffons , modelée sur celle du temple antique d'An« 
toniii et Faustine, à Kome. Au devant de la croisée 
s'élève une grande coupe de forme étrusque , d où 
sort un jet d'eau. Des deux côtés sont deux rampes 
d'escalier qui suivent circulairement le mur , se sou* 
tiennent par leur coupe sans autre point d'appui , et 
se réunissent à un balcon. 

Indépendamment de la grande croisée, une lanterne , 
pratiquée au plafond du salon, éclaire cette pièce, 
dont la cheminée , faisant face à la croisée , répète la 
vue du jardin , du boulevart et de la côte de Ménil- 
Montant. 

Le sallon est décoré de six portes en glaces , ornées 
de frises en camaïeux, et dans l'intervalle desquelles 
sont huit tableaux de sites champéti^es et de ruines , 
peints par Robert. 

L antichambre qui précède le sallon est ornée de 
la statue de Voltaire , par Houdon : la figure est 
assise. 

Le jardin , planté à la manière anglaise , est com- 



0£ PARIS. 33 

posé avec beaucoup de goût : on y a ménagé des iné- 
galités de terrain , des sentiers sinueux et couverts , 
des escaliers rustiques , et des masses de rochers et de 
verdure dont l'effet est très-pittoresque. A lextrémité, 
vera la rue Amelot , s*éleve un pavillon dédié à Vol- 
taire : il est décoré à l'intérieur de quatorze colonnes 
ioniques ^ à Textérieur , d'un portique de deux co« 
lonnes doriques , au-dessus duquel on lit cette ins- 
cription : // ôte aux nations le bandeau de V erreur. 
Plus loin est un petit temple dédié à Bacchus : il est 
orné d'un péristile de quatre colonnes ionic^es, et 
décoré au dehors et au dedans de peintures allégo- 
riques. 

Sur la partie supérieure du jardin , setend une 
espèce de lac , dont leau , fournie par la pompe de 
Ghaillot , alimente des fontaines et des bassins dans 
la partie basse du jardin. 

Sous la terrasse à gauche , du côté du boulevart , 
on a pratiqué un passage voûté , destiné aux voitures 
qui vont au jardin : ce passage , qui rend à l'une des 
allées basses , a son entiée par une arcade à l'extré- 
mité du jardin , et avait été décorée de bas-reliefs pro- 
venant des démolitions de la porte Saint - Antoine : 
celui du milieu, placé au-dessus de l'arcade, a été 
enlevé ; leA deux autres , représentant la Seine et la 
Marne , subsistent encore. 

La troisième partie de ce bâtiment , réservée pour 
H location , a 20 toises de face sur l'ancienne place 
de la Bastille , aujourd'hui place du canal de TOurcq. 
liC raz-Je-chaussée se divise en boutiques et logements 

5 



34 OESCRIPTIOI7 

attenants ; les deux éta^s supérieurs sont distribues 
en appurteinents qui ont leur entrée par une cour 
partictfltet'e à\lt là rué Amelot. 

Cette maisèn, bâtie dans une situation avantageuse, 
a beaticeu^ S^S^^ depuis la démolition de la Bastille , 
et par teii projets d embellissements qui s'exécutent 
aujoutdhuî dans ses environs. 

Le jatdin a été dessiné par M. Bellahger, architecte, 
dont le talent se fait toujours remarquer par un goût 
mgénietKi et pittoresque, et par la variété des formes. 





■-y - i — ir- 



D £ P A B I s. 35 




TROIS MAISONS IIÉIJNÏPS, 

■ I 

RU£ SAINT-GEORGES. 



B Bâtiment est élevé sur un tenràin qyi ^ j^u de 



ïest oétëraiiné à en faire trois msusons distinctes,. ^t. 
sépara'; cVtait.Wssi le meOleur pa^ à W^V^^^^]^ 
en augmenter le proi^it. M. B^Uanjger l^.^fitH .en 
1788^;'^ è,i;M^t^ pronri^îre^ illes a vendii^ 4^puis- 

Leur distribution est^yifi)nétriq|ie^qdli; 4.U wiUeif 
a '9 toises de face. Le b&|imen.t est dpi^l^e.^Q p^tçjEpn* 
deur : de chaque côté de i^entrée rài ^f .a\^ fpjli^i^ 
sont cinq pièces exactement sembUbleç., ^t .^e^t^^^^ 
aux mésrôes. usages, et dç j)l^s ju^ .^«^CT} «M foïffï 
de la çôur est une fonUÎne| dp çji^a^ip.ç^^^ i^^x, 

petits bâtiments côùyerts en terrasse et p^y^ éley^ ^ 
pour les remises et les écuries : au dWant deux hos- 
sins , ornés de rocailles , tirent leurs eaux de la fon- 
taine , et les distribuent en divers endroits de la maison. 
Ces deux petits bâtiments , les gradins ornés de fleurs 
qui les accompagnent, et deux jets d^eau, forment un 
ensemble bien dessiné , et présentent un aspect extrê- 
mement agréable : on y reconnaît Fart et le goi\t avec 
lesquels M. Bellanger sait embellir toutes ses compo- 
sitions. 



36 OfiSCKIPTION 

Dans les deux autres maisons, qui ont à-peu-près 
la même profondeur, et 8 toises de face, laLcoiir est 
circulaire et entourée de bâtimeiits. Elles sont Tune 
et Tautre distribuées de la même manière , et élevées , 
comme celle du milieu, de trois étages au-dessus du 
rez-de-chaussée : chacun de ces étages offire un appar- 
tement complet ; les intérieurs sont décorés avec rir 
chesse et élégance. 

Avec une réputation et des talents distingués , tels 
que ceux de IVf. Bellanger , il est sans doute permis 
de se livrer aux élans de son linagination et de hasar- 
der ^quelquefois dés compositions qu'on peut appeler 
de fontaine , mais il .ppurrâît.être dangereux pour de 
ji^unes artistes dé s'a\itoriser de l\sxeinple d'un maître 
habile pour faire de semlilables essais ; ils poun*aient 
le copier et ne pas obtenir les, mêmes succès. La dé- 
coratioh' idé la façade extérieure de ces trois maisons 
hbui à 'Suggère 'cette obçervatipn ; elle offre quelques 
licences qiu i par l'abus. qhi'bn en pourrait faire,. dé- 
généreraient , dans d auti'es mains que celles de M. Bel- 
langer, en originalités bi^^arres, que réprouve un goût 



t ' 



ptir et seyere, 



• ■ \ 



n 



A Côté èe U Cour 




S Cotr on. Jardni- 









I m I 



'i- 



afUtinr ■ 



^ Jlf 






DE PARIS. 3^ 



MAISON LATHUILE, 



RUE POISSONNIERE. 



v>< E joli pavillon , entre cour et jardin , a été bâti 
en 1788, par M. Durand, architecte. Le jardin étant 
d'un étage plus bas que le sol du côté de l'entrée , 
lappartement principal ne se trouve que de quelques 
marches plus élevé que la cour. Il est précédé d un 
vestibule et d'un' escailiet , et composé de toutes les 
pièces nécessaires : l'intérieur est orné dans le goi\t 
moderne et avec une élégante simplicité. 

/L'étage inférieur qui se tvpiive au niveau' du jardin 
offre vin grand vestibule orné de colonnes et dune 
salle de bains; Le surplus , du côté de la cour , est 
employé aux caves et aux bûchers. 

La façade sur le jardin présente trois étages, et est 
décorée , au rez-de-chaussée , d'un portique de quatre 
colonnes rustiques, et, au premier étage, de quatre 
cariatides portant un entablement. Celle sur la cour 
n a que deux étages , et est décorée de quatre colonnes 
doriques de la hauteur du rez-de-chaussée seulement: 
le jardin est agréablement planté à la maniei^ anglaise. 



38 DESCRIPTIO!<7 



^^%^^^%^»%'%^>^%<%»%'%i^'^'^^^i%^^^^<^^%«m%^»% »'%/1^%5 



MAISONS DORLIAN ET CALLET, 

RUE DU MONT-PARITASSE. 



I I * 



l_iA première de ces deux maisons (fig. Â), bâtie 
en 1777 par Tarchitecte dont elle a conservé le nom, 
se compose d*un bâtiment sur la rue pour les remises 
et les écuries (voyez le plan, général), dVne cour 
plantée d arbres , et d']un principal cprp^ -46 -logis 
entre la cour et le jardin. 

Les -deux faces du bàtifnent sont é^\me architecture 
pure et correcte; celh du çà^é de l'ei^tpép. présente 
trois entre-Golonneraents i^^prdi^Q iop^e, au-^les^us 
desquels est un gr^nd b|;93- relief., . 

La deuxieitie m^isipn (fig« B) a.été bâti^ep ^97§, par 
M. Poyet , architecte. £11^ .offre de c^^aque Q5t^ dç 
rentrée deux petits.b^timeQts et deux I^afu^Sr cours; 
une grande cour py^le ^ au fonçl dé la^i^llp ^^ le 
principal çorps-de-logis isp^ , et situé à-^pe^rpriçs au 
milieu du jardin : il^ de ce çil^té trois é^ge^,.4eux 
seulement du côté du jardin^ et Jtrois croJ/^ée^ 4? &ce* 

Les deux façades spjat décorées au ref,*^e^\^^u9^e 
de deux cariatides élevées sur leur piéde^ta} , e% porr 
tant un entablement dorique. Les croisées dp premier 
étage sont ornées de chambranles et de corniches; 
celle du milieu est surmontée d^un fronton : au-des- 
sus règne un grand bas-relief. La distribution de ces 
deux maisons est bien entendue , et Tintérieur décoré 
avec goût. 



A Tlmuat rU-rat^on J.uiii nukisu luf du Hgnl Tmn 




' > rStH,. 



S Pin gniik'il rt clnitioii i'niw mùonfou is, VljkA'^ki 



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L-lL.'f J 



■ 

DS PARIS. 39 



HOTEL DE BRUNOY. 



Oi chaque espèce de bfttifnënt doit isivôir 1111 carac- 
tère dutinctif y ta CûUfiposition de celui-ci n.e sera 
point k Vabri de là crï tiqué , et Totldikrùséi:^ -peut- 
être liL Bellangc?') qiïi Ta fait coKstrtitye ,' ^'âvoir 
moins cànsulté tes eoïîTeiiahces que cédé a la Vivacité 
de son imagtnatiôit. En ëUKbt/ il 'est difficile 'de récon- 
naître /à Faspect de cet élègànf édifice^ une habita- 
tion particulière. 

Un seul étage de sept arcades , au-dessus desquelles 
règne une longue frise et) bas-rèli'ef ; un péristile de 
six colonnes ioniques d'une proportion svelte , élevé 
sur un grand nombre de marches , couronné par un 
amortissement en gradihs^ au sommet duquel est . 
placée la statue de Flore^ et mystérieusement entouré 
de hautes masses d'arbres , de bosquets et de verdure , 
un tel édifice ne resSemble-t-il pas plutôt à un temple 
qu'à la demeure d'un particulier ? 

Mais cette architéctlire présente à -la -fois tant de 
grâce et de simplicité , que Teffet qui en résulte est 
peut-être préférable, en cette circonstance, à celui 
qu'eût produit la combinaison des principes les plus 
sévères. 

Au surplus , l'hôtel de Brunoy est , par sa situa- 
tion , considéré comme une maison de plaisance ; et 



40 DESCRIPTION 

quel que soit le caractère de son architecture , rexécu- 
tion en est pure , et plaît généralement aux gens de 
goût et aux artistes. 

L'hôtel de Brunoy a son entrée sur la rue du fau- 
bourg Saint- Honoré , par un Ions passage latéral; il 
laisse à gauche une cour pour les éairies , et conduit 
à la grande cour : les deux ailes renferment des esca- 
liers et leurs vestibules ; la façade du principal corps- 
de-logis y de ce côté , est simplement ornée de refends. 

La distribution intérieure esV simple , parfaitement 
régulière , et présente six jurandes pièces. Le salon 
est décoré de pilastres cannelés, d ordre ionique; le 
plafond , en voussure , est peint par M. Vincent. 

Deux ailes du bâtiment s'avancent sur le jardin , et 
se composent , à droite , d'un boudoir et d'une biblio- 
thèque ; à gauche , d une salle de bains et d'un cabinet. 
On sort de lappartement sur une large tentasse y d où 
lion descend au jardin. 

Le jardin est étroit , et Ton ne pouvait , sans en 
obstruer la vue, y planter une allée de grands arbres ; 
l'architecte y a très-ingénieusement suppléé par deux- 
allées creusées à quelques pieds de profondeur et 
couvertes d'un berceau qui excède peu la hauteur du 
sol ; elles aboutissent à un salon de verdure à l'autre 
bout du jardin. Par ce moyen , la vue se porte sans 
obstacle de l'intérieur de l'appartement sur les Champs- 
Elysées qui , séparés de cette habitation par un simple 
fossé y semblent ne former qu'une seule promenade, 
«t une seule propriété. 



: BB P4RI$. . ^' . AÎt 4l 

' * . (' *" . ' ' 

MAISON,. QÛÀI DE CHAILLOT. 

r » ■••».■■ 

M A I S O N C OU RM AN, 

*•■'■■ ■ • 

RUE DE SÙRENNE- 



• Chevalier, architecte, avait bâti 'Cette maison 
pour son usage (fig. A), en 1783 ; elle a , depuis, 
changé de propriétaire. Située, sur le chemin de Ver- 
sailles , près la pompe à.feu^ elle a pour clôture troi$ 
grilles , dont l'une , celle du milieu , forme l'entrée 
principale par le jardin, et; les deux autres ferment 
deux longues allées pour le passage des voitures : la 
cour est placée derrière la maison. . 

Le corps de bâtiment forme u^4>avi]lon isolé entre 
la cour , le jardin et les deux passages. Il est élevé de 
deux étages au-dessus du rez-de-chaussée ; la face an^ 
térieure est décorée d'un péristile de <iuatre colonnes 
ioniques , formant un avant-corps , et ayant pour sou- 
bassement un perron , d'où Ion descend au jardin 
par une double rampe. 

Un grand escalier conduit du rez-de-chaussée au 
premier étage , oii l'on trouve une antichambre , une 
salle à manger , un salon , une chambre à coucher 
et divers cabinets. Au centre de ces pièces , est un se- 
cond escalier circulaire , qui monte de fond en comble, 
et est éclairé par une lanterne. 

La maison Gourman (fig, B) a été construite par 

6 



4» l>ESCRIPTIOfr BB PARIS. 

le même architecte , en 178g. Elle a tant de rapport 
avec celle dont nous venons de parler , soit pour la 
décoration extérieure , soit pour la distribution , 
quun nouvel examen est peu nécessaire. 

On sent bien que, quelques soins et quelque variété 
que puissent apporter les architectes dans ces sortes 
de compositions , ils sont toujours circonscrits dans 
un cercle dldées dont il ne leur est pas permis de 
franchir les bornes. 

Ce nest que du choix ^e Tordonnance la plus 
convenable au sujet, de Tharmonie qui naît de Fero* 
ploi des ornements accessoires dont la sculpture vient 
embellir les édifices , que i*ésulte cette diversité de 
décorations qui les distingue , mais que Thonmie de 
goût ou l'artiste expérimenté jugent beaucoup mieux à 
l'inspection que d'après une description sèche , néces- 
sairement monotone et toujours imparfaite. 

C'est poiir cette raison que nous nous sommes 
livrés à cette dernière partie de notre travail avec ré- 
serve , et que nous l'avons traitée le plus sucdncte- 
meti% qu'il nous a été ^possible. 

* 

FIN DE LA QUATRIEME ET DERNIERE PARTIS. 



smmmmÊmÊiÊiBaaamKm^ÊÊaaaaBaaKSsaBaBsmmÊmsMmÊmaÊmméi 



TABLE 

DE LA QUATRIEME PARTIE. 



^^%/%^/^>^'%/%/%^^%/%.'*/%/^ 



Introduction, Page r 

Hôtel de Soubise , B^ 

H6tel Thélusson , rue de Provence , 9 

Hôtel de Carnavalet , i^ 

Hôtel LaiiJ)ert , • ibid. 

Hôtel d^Avaux , 19 

Maison , boulevart du Qos-Payen , ai 

Maison Saint-Foix , rue Basse du Rempart , • • • îbid. 

Portiques du Temple , 26 

Maison Batave , rue Saint-Denis ,...'••.. • 27 

Maison Ledoux , faubourg Poissonnière , • • • • 3o 

AJaison Saint-Germain , rue Saint-Lazare, ibid. 

Hôtel Beaumarchais , 3i 

Trois maisons réunies , rue Saint-Georges , • • • 35 

Maison Latbuile , rue Poissonnière , ••• • Zj 

Maison Dorlian , rue du Mont-Parnasse , • • • 38 

Maison Callet, rue du Mont- Parnasse , ibid. 

Hôtel de Brunoy , 39 

Maison Chevalier , quai de Chaillot , 41 

Maison Courman , rue de Surenne , ibid. 

FIN Dl LA TABLS DE LA QUATRIEME PARTIBr 



h 



' ' ■ " ■■ I M I ■ ■!.■ 



TABLE GÉNÉRALE 

DES MATIERES 



■» 



Conttnues 'dans les quatre parties de la Désertion de 

Pans et de ses Edifices (i). 



* \ 



« ff ' 



PREMIERE PARTIE, 

DES ÉGLISES. 



Av I s de l'Editeur , Page ▼ 

Introduction ,....*. vij 

Abrégé historique sur Paris , ai 

Observations générales sur les églises de Paris, 38 

Ëglise de Notre-Dame , • 4^ 

— de Saint- Germain- des -Prés , 53 

— de Saînt-Germain-FAuxerrois , 69 

— de Sainte- Geneviève ( l'ancienne ) , 65 

— de Saint-Etienne-du-Mont , ibid, 

TLa Sainte- Chapelle , 71 

Eglise de Saint-Gervais et de Saint -Protais , • 73 

— de Saint-Eustache , / • • v 77 

— de l'Assomption , • 81 

— des Jésuites , 83 

— de la Visitation de Sainte-Marie , 89 



(x) On a donné à chaque partie de Tonvrage nne pagination par* 
ticnliere , ponr la commodité des personnes qui Tondraient les fidre 
relier scparémentk 



46 TABIC 

Eglise de l'Abbaye du Val-dc-Grâce , Page 91 

— de la Sorbonne * 9^ 

— des Invalides , 99 

1 — des Qiiatre-Nations , • io5 

— de Sainte-Geneviève (la nouvelle) , 109 

y^ da Saint-Roch , ^. . ... • . 119 

— de SaintSulpice , ia3 

— de Saint-Philippe du Roule, 129 

Chapelle Beaujon , i33 

Portail intérieur de la Charité , ihid, 

— de l'Hôtel-Dieu , 139 

Autres églises dont on ne donne pas la gravure, • • • • 14 r 

DEUXIEME PARTIE. 

DES PALAIS. 

IiTTaoDUCTioir. Des Palais, i 

Palais réunis des Thuileries et du Louvre , 5 

.^ des Thermes , •' • • • 4? 

— de Justice , 55 

— du Luxembourg, aujourd'hui du Sénat, 61 

— Bourbon , aujourd'hui du Corps législatif , • * 69 

— Royal , 73 

Hôtel-de -Ville, 81 

Palais de la Légion d'honneur, ci-devant hôtel de Salm , 89 

— des Sciences et des Arts , 93 

TROISIEME PARTIE. 

DES ÉDIFICES D'UTILITÉ PUBLIQUE. 

IlCTRODUCTIOir, 7 

Place des Victoires , 9 

— Vendôme, - . . • x5 



DES KATIERES. igj 

Place Royale , Page 19 

— - de la Concorde , a3 

Halle aux Blés , '**#*• 29 

Hôtel Impérial des Invalides , • 33 

L'Observatoire , ' 37 

Porte Saint-Denis , ^ 4i 

— Saint -Martin , • 45 

Arc de triomphe des Thuileries , 47 

Lycée Bonaparte , 5i 

Barrière du Trône , 53 

— Saint-Martin , 67 

— de Fontainebleau , Und. 

École Militaire , aujourd'hui Quartier Ncpoléoif , 89 

-— de Médecine et de Chirurgie , 63 

Fontaine de l'École de Médecine , 67 

— de Grenelle , • 69 

— des Innocents , 71 

Hôpital Saint-Louis , • 7$ 

— Beanjon , * 79 

Hôtel des Monnaies , Sx 

Théâtre de l'Opéra, 87 

— Français , rue de Richelieu , S9 

— ^ de l'Impératrice , 91 

— des Italiens , rue Favart , •,••••• 9$ 

— de rOpéra-Comique , rue Feydeau ,...;.. i» « 95 

— des Jeunes Artistes , rue de Bondy , 97 

— des Variétés , boulevart Montmartre , 99 

QUATRIEME PARTIE. 

HOTELS ET MAISONS PARTICULIERES. 

IlITmODtTCTIOir , I 

Hôtel de Soubise , • 5 



1 • • 



4'8 TABLE DES MATIERES. 

Hôtel Thélusson , rue de Provence , • l^age «> 

— de Carnavalet l 'd 

— Lambert , • ibid, 

— D'Avaux , 19 

Maison , bonlevart du Clos - Payen , ai 

— Saint -Foix , rue basse du Rempart , ibid. 

Portiques du Temple , a6 

Maison Batave , rue Saint-Denis , ^7 

— Le Doux , rue Poissonnière , • 3o 

— Saint-Germain , rue Saint-Lazare , ibid. 

Hôtel Beaumarchais , 3i 

Trois Maisons réunies , rue Saint-Georges, 35 

DIaison Lttthuile, rue Poissonnière, ..•..'.. 37 

"J^ ÇKprli^nVn^e d^;'Mdflt -Parnasse) • • 38 

t 

— Callet , rue du Mont-Parnasse , ibid. 

Hôtel de Brunoy , 39 

Maison Chevalier , quai de Chaillot , 4^ 

— Counuan , rue de Surenne , ibid^ 

* 

FIN DE LA TABLE GÉNÉRAL F. 

Nota. On a annoncé dans le titre de Touvrage qu'il con- 
tiendrait plus de 100 planches, et cependant on ne compte 
que 98 numéros ; mais le lecteur est prié d'observer que les 
planches XXXIII , XXXI Y et XXXV , de la second^ partie 
(dans les!{nelles on a cru devoir réunir, pour les mieux 
comparer , les différentes façades des Thuileries et du 
Louvre), sont par celte raison d'une dimension quadruple, 
et , selon l'usage , comptées dans cette proportion , ce qui 
porte le nombre effectif des planches à 107. 

Errata, A la table placée à la fin de la III® partie , page 
10 1 , ligne 10, lisez : page 4 S, au lieu de page 43. 

A la même page , ligne 1 1 , lisez : page 4? 9 ^u lieu de 
page 45. 






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