EX LIBRIS
Willam Healey Dall
Division of Mollusks
Sectional Library
se AL ar
an
| DESCRIPTION
MOLLUSQUES
Lau
Li * L \
DU PORTUGAL.
de S
+ he
LIBRAIRIE des RCE
GÉNÉRALES. H. BèCcus
53,rue M le Prince
Livres sur les sciences
Vente el achat de
Paibliothèques, € éc
——-3
IMPRIME CHEZ FAUL RENOUARD, ©———
Rue Garancière , 5, ÿ
DESCRIPTION
DES MOLLUSOUES
TERRESTRES ET FLUVIATILES
DU PORTUGAL
PAR
ARTHUR MORELET.
AVEC 14 PLANCHES GRAVÉES ET COLORIÉES.
— cms © O0 0-00 ns
À PARIS,
CHEZ J:-B. BAILLIÈRE,
LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE,
RUE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, 17.
A LONDRES, CHEZ H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET.
1645.
6290 XCC GO LL 000 22 09 008 C0 2000 000000090900 0900 09 & 000900000000000006 0019 5000000072
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES ESPÈCES DÉCRITES OU MENTIONNÉES DANS CET OUVRAGE.
RS —
ANCYLUS dlugiaghis\.. NM. 29) 86987, 86.
—— HRUSNS de in 22280
_—— SIA] 40 2 <VRD SD
— SPAS ne D nt SN DS OR
—— MiLTABEUS . .: . 1024 07.
ANODONTA anale. .… + ++ .20922, 408, 104,
a Cellensis 1. :e 00!
= — CNP. Le eu 22,000
=—— ÉUSUHORE CLR LT, 934108
a mMacnenia nue, . 19/10
——— LADADAAU LL RUN 23, 104.
a DÉRHIARS. 0.08 LR 3, 100, 402.
ARION MO LR 0, NR900 27. 28:
—— IMAMINEUS. … à 99990.
ee OSEUNSARNE © + 29949)
—— CUISSON". (5: CON
—— SUICAUS EE … 72100990
—— GES UN ONE
IL
AURICULA
CAROCOLLA
CLAUSILIA
CRYPTELLA
CYCLAS
GENUS
HELIX
TABLE
ciliata .
gracilis
minima
myosotis .
acutus.
decollatus
folliculus .
lubricus
obscurus .
ventricosus
limbata ..
clausa .
corrugata .
papillaris .
rUgOSA .
Canariensis
calyculata .
fontinalis .
lacustris
rivalis .
elegans
ALPHABÉTIQUE.
ferrugineum .
truncatulum .
Woltzianum
incertumn .
aculeata
albella .
Alonensis
amanda
apicina
aspersa
barbata
barbula
.
bituberculata,
Boissvi
23,
23,
22,
22,
22
14,
92,
22,
29
22;
62.
21.
2h.
2h.
22,
hh.
929
my ©
22,
2259
2%
22%
2/,
89,
2h.
h9,
22;
14,
2h.
2h.
29:
52
58,
PET
58.
2h.
74:
76.
76.
410 TT.
21179.
29-211, :73.
2h} 73.
ia à
75.
2, 73.
2h, 89.
» 8
}.),
9H, G7,
56, 57,159, 60; 61,
TABLE ALPHABÉTIQUE.
candidissima .
candidula .
Carascalensis.
cariosula .
carthusianella
cellaria
cespifum .
cistorum .
coniCa.
conoïdea .
conspurcata .
crystallina.
elegans.
ericetorum
finitima
fruticum .
fulva .
glomerata.
grisea .
Gualteriana .
Hispanica .
hortensis .
inchoata .
intersecta .
lactea .
lanuginosa
lapicida
lenticula .
ligata .
Lusitanica.
maritima .
marmorata
martigena.
neglecta .
nemoralis .
24.
29, 63.
94.
24.
29, 62.
22, 2h, 54.
24, 72.
23, 66.
24.
JU.
29, 24, 63.
99, 55.
21.
7e
24.
70.
99 12.
2h.
14.
10, 24.
2h, 69.
24, 68.
93, 70.
29, 63.
29, 24, 68.
DIR
A4, 29, 57.
22, 2h, 58, 64.
2h.
23, 55.
63, 64, 72.
2h.
2h.
64, 72.
14, 22, 68.
ait
IV Û TABLE ALPHABÉTIQUE.
HELIX DItENS 4 <: dite. 6 co RSS.
——- olivetorum 55.
—— Pisana., 20e 1 Re. 70,
_— DOMNIIT Re. Ven ve MAUR
— poléntina. :.,45: HN».
ee DIEMEASR ue 1e NAIL ON
—— pyramidata :. . .. . 24,461.
—— TOUMUMAS. : . à à: . 102200.
—— FODÉSÉTINN. 1. le...) ON "72,
—— SEA De ee Le: : EN 2O NOUS
—— simplicula. .. . .: 98,56.
—— SDIENdida. ,;- #0... AO
eu — Siriata.. . . :2. |. 2600.
—— sirigellas : 0. Y 24 OUR
—— subrostrata . . . . 2h.
ee — Sylpatica, is." 47.8008.
—— d'eméra) "ec. 72
— turriplam . Sue, "0 282509.
—— vaciäbilis 94 .. +. .. . 22%2h, 64,72.
_—— rermiculatan :.;., : ue
LIMAX APTESS lee « à NME, 9h, 99.
—— angGifocus, .…. ..) + .« 023,98
—— ANnfiQUOR . ;: Lou: 108
—— SAS du à +. MRESRNIO.
—— lombricojdes-; . ...,. 023780,
——— nINIdUS. 54 OR. 8 0:
—— squammatinus . .. 23, 57.
—— sylvaticus …. …:. :f:022,33.
—— Vadiepatus. * .%.5,. 22700
—— VID... DCR UNDER
LYMNEA CMS VE. d'u PCR.
—— autieularia :., 24 MOD NS1, 82
—— Cafaloniga... 7, NO
——— intermieqla 2”. : ._.. : 1009763:
— — lhbiatash 7 re à MECS SR
FABLE ALPHABÉTIQUE.
LYMNEA MMUtA.. » . . vr0n22;r81, 88
—— M'ONatE 1 de Le à à, C'PEUNODEIMRST, 84:
—— peregra . . . à. 1,1 : 119249/81, 62.
—— MARAIS UE | à: + LMD.
—— Mulgarise . . . +... - . 80
MÉLANIA CDALTENE à : .: . : à (029,107,
MELANOPSIS buccinoïdea . . . . 24.
—— Costellata .+,. 4, 1.000 24
—— DuiOUriN 22 4 4 40 N VOIE
NERITINA BBC ne à ce ee OM
—— COMAUER -..<.. . PONUO
—— Danubialis . . . . 92.
— elongatula. . . . . 23, 96.
—— AuMATILS . 50 à +: (090$ OIL.
—— Guadianensis. . . . 23, 95.
_—— Jordan... 0x dr 06:
—— inquinata. . . . . 23,95.
—— serratilinea . . . . 92, 93.
—— violacea . .. *. « 0. . 23, 92,
PALUDINA achatinà. . +: .#w.. 122,190.
_— JON 1 |. Lier. MINOR, 78408
—— ati ./. | “RNA.
ee D DT + NUE:
ue —— impura. . . . . . 22, 2h, 90.
—— suis. 2/0: NS) NON. 08
PARMACELLA Alexandrina . . . . 43, 46.
—— ambigua-. . . . . 2,43.
= calyeulata. .. . : : 90h
——- Mauritius. . . . . 416.
—— Olitieri. 40... ANNE.
—— palliolum . . . . . A5, 6.
—— Valenciennii . . . . 25,40, 4h, A7.
PHYSA SCHL 7. UNE, SA
—— CONtOrtAL . . ….-. 1PN22 80.
PLANORBIS CAF AS 2 0. Lrw22079.
VI
PLANORBIS
TABLE ALPHABÉTIQUE.
complanatus .
contortus .
corneus
devians
hispidus .
leucostoma
marginatus
Spec. incerta.
Anglica
antivertigo
Dufourii .
Farinesii .
fragilis.
granum
muscorum
quadridens
secale .
sexdentata
umbilicata
variabilis .
abbreviata.
amphibia .
longiscata .
oblonga
Pfeiffer:
virescens .
ambigua .
haliotidea .
Maugei
Batavus
Bonellii
Capigliolo .
dactylus .
Gargottæ .
inCUrvus .
29, 80.
99, 80.
92, 78.
22, 80.
22, 80.
29, 80.
29, 80.
80.
29, 75.
99, 7h.
2h.
94.
99, 74.
29, 24, 74.
2160885 74.
24.
22, 2h, 7h.
45.
22; 2h, 74, 75,
24.
23, 54.
22, 26% 51, 52; 82.
93, 51.
5h.
51, 59, 53.
93, 53.
h2.
8, 49.
23, 48.
92, 409, 410.
416.
109.
23, 410.
109.
113.
UNIO
UNIOS
VALVATA
VITRINA
TABLE ALPHABÉTIQUE. vit
littoralis
mucidus .
pictorum .
tristis .
Wolwichit.
de France.
piscinalis .
subglobosa
FIN DE LA TABLE,
29, 94, 443.
93, 10.
22, 24, 108, 410, 112.
93, 107.
93, 105.
108.
99, 90.
99, 50.
@ IMPRIME CHEZ PAUL RENOUA'D, EE
rue Garanciére, 5.
1 +
MEL IEEE
LT lit”
Lai
en. Lun hé: EN TA
NE.
Rue Lu SGutt ñ À ES 7
EAP
AN)
#
ré à
DESCRIPTION
DES MOLLUSQUES
TERRESTRES ET PLUVIATILES
DÜ PORTUGAL.
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
En publiant la description des mollusques terrestres
et fluviatiles que j'ai recueillis dans mon voyage, je re-
grette de ne pouvoir pas élargir mon cadre et présenter
l'ensemble de tous ceux qui appartiennent à la pénin-
sule Hispanique; il m'a fallu quatre mois pour explorer
imparfaitement le Portugal; un pays vaste et accidenté
comme l'Espagne, eùt exigé pres d’une année, et les
faibles résultats que je pouvais attendre ne n'auraient
pas dédommagé du temps perdu dans les âpres monta-
gnes et sur les plateaux arides qui en occupent l’inté-
rieur.
Cependant quoique le Portugal, par sa constitution
géologique, appartienne essentiellement à l'Espagne, on
I
=
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES,
ts
peut l'en détacher, jusqu’à un certain point, dans l’é-
tude de Ïa nature organique , et particulièrement dans
celle des êtres, qui, liés au sol par l'insuffisance ou l'ab-
sence complète de moyens de locomotion, empruntent
leur caractere aux régions qu’ils habitent, ou leur com-
muniquent, comme les végétaux, la physionomie qui leur
est propre. Le Portugal, borné sur plusieurs points par des
chaines escarpées qui atteignent et dépassent la limite des
neiges perpétuelles(r), et dans l'intervalle de ces chaines,
par des fleuves généralement encaissés ; dégagé de l’in-
fluence méditerranéenne et exposé dans toute son étendue
à celle de l'Océan , réunit à l’égard de ces êtres un cer-
tain nombrede conditions favorables à l’individualité. On
en trouve la preuve dans la comparaison de la Flore de
ce pays avec celle de l'Espagne, et surtout dans l'examen
des mollusques terrestres etfluviatiles des deux contrées.
Je distribuerai plus tard dans leur ordre géographique
ceux qui sont répandus sur le sol portugais et j'y join-
drai l’'énumération de tous ceux qui ont été observés :
jusqu’à présent en Espagne. La comparaison de ces
deux tableaux montrera que les espèces particulieres à
l'une des deux régions, ne se retrouvent pas dans
l'autre. .
Lorsque l'utilité matérielle d’une science n’est pas
évidente, chacun a le droit de demander quel est son but.
L'étude des mollusques, en la restreignant surtout au
cadre étroit que je me suis tracé, se trouve précisément
(x) La Serra de Senabria , sur les frontières de Galice , n'a pas moins de 2,600
mètres de hauteur, L'Estrella est aussi fort élevé,
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 3
dans ces conditions. Je ne dirai pas pour justifier l'em-
ploi de mes loisirs, que des hommes éminens en ont
fait l’objet des méditations de toute leur vie; que, liée
étroitement à l’histoire de la nature, elle complète la série
des faits que nous enregistrons sur les êtres organisés ;
que la comparaison de ces faits, lorsqu'ils sont assez
nombreux, nous conduit à la déduction des rapports
généraux, et donne vraiment une àme à l'Histoire natu-
relle; que nous retrouvons, dans le seul examen d’une
coquille, cette variété infinie de formes qui résulte d’une
loi simple et unique; que l'analyse de leur organisa-
tion intime nous révele, dans la série des fonctions cor-
rélatives, des modifications plus variées et plus curieu-
ses que dans toute autre branche du règne animal ; que
l'Histoire du globe trouve dans leurs vestiges fossiles des
lumières que l'Histoire de Phumanité emprunte aux dé-
bris d’un autre âge ; qu'ils nous fournissent de précieu-
ses données sur l’ordre que la nature a suivi dans la pro-
duction des corps vivans; que l'aspect varié de leur
enveloppe et la tendance qu'eile montre à réfléchir les
influences locales en font un puissant auxiliaire dans
l'étude de la géographie naturelle; et cependant ces
considérations, même isolées, sont éminemment pro-
pres à satisfaire un esprit sérieux; mais je dirai simple-
ment que l'étude des relations qui existent entre ces êtres
et le milieu qu'ils habitent, et l'examen de leurs rap-
ports entre eux, rapports généralement exprimés par
le corps protecteur, offrent une série de problèmes
qui ne sont pas dépourvus d’un certain intérêt philoso-
phique.
I
4 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINATRES.
En effet, tandis que des animaux d'un ordre infé-
rieur maintiennent l'intégrité de leur forme et même de
leur couleur , on voit ceux-ci varier comme le semis des
plantes et se confondre entre eux dans leurs différentes
espèces, au point de rendre à-peu-près impossible la
détermination de leurs caracteres distinctifs. Faut-il
croire, comme le professeur Rossmassler cherche à le
démontrer dans un mémoire récent (1), que les mol-
lusques occupent un rang tellement inférieur dans l’é-
chelle des êtres organisés, qu'ils sont privés de l'énergie
vitale nécessaire au maintien de leur espèce, et que
l’action répétée des circonstances extérieures , maîtrisant
chez eux la tendance qu'ont tous les corps vivans à se
maintenir dans leur intégrité , entraine insensiblement
la variabilité de leurs formes? Mais au milieu de cette
oscillation perpétuelle, certaines espèces conservent les
caracteres qui leur sont propres; pour expliquer cette
exception, admettrons-nous avec le même observateur
que la nature, marchant au perfectionnement successif
des formes, a tracé aux espèces, comme aux individus,
uue période d’accroissement, d'état stationnaire et de
décrépitude, et que l’invariabilité ou la variabilité de
l'espèce dans ses divers degrés, correspond à l’un de
ces trois âges ? On reconnait dans ce système, qui, du
reste est assez ingénieux, la tendance de l’école alle-
mande, qui converge toujours vers la loi imaginaire de
l'unité de pan et de composition dans la nature orga-
Ê : . : ne :
nique. Mais Je ne le crois pas conforme aux faits qui
{ 1) Zconographie des moll, terrestres et fluviat, de l'Europe, xnx° lis, p. 3, 4, ele,
CONSIDÉRATIONS PRELIMINAIRES. 5
ont étéobservés jusqu'ici. Il faudrait effectivement, pour
l’adopter , anéantir l’organisation compliquée qui assi-
gne aux mollusques un rang assez élevé dans la classe
des invertébrés pour les reléguer aux derniers degrés de
"échelle animale, degrés où nous voyons des êtres chez
lesquels les facultés vitales sont à peine éveillées, repro-
duire leur espèce, malgré l’infériorité de leur organisa-
tion, avec des caractères parfaitement reconnaissables.
La nature qui n’a créé que des individus, j’en conviens,
ne les a point abandonnés aux influences du milieu
qu’elle leur assignait pour domaine sans leur donner en
même temps, avec l'instinctnécessaireàleur conservation,
la force de résistance propre à maintenir leur individua-
lité. Nous en voyons la preuve dans le soin qu’elle a pris
de leur inspirer une aversion réciproque qui na pour
but que d'empêcher leur altération mutuelle. Jadmets
que l'influence de l’homme, la plus puissante de toutes,
puisse troubler cet ordre dans de certaines limites;
mais elle est nulle pour la majeure partie des animaux
qui vivent à l'abri de sa domination dans les conditions
les plus favorables au maintien des lois qui ont été as-
signées à leur organisme.
La géologie ne prouve pas davantage, comme la
déclaré un savant dont l’opinion sera toujours d'un
grand poids (1), que la nature, dans la création des
corps organisés, ait commencé par une ébauche sus-
ceptible d’un perfectionnement graduel et indéfini ;
que les espèces, en conséquence, ne constituent qu'un
(+) Cuvier; Discours sur les Révolutions du Globe, p. 125.
6 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
état transitoire, une modification maladive d’une forme
sur son déclin. Nous voyons au contraire en interro-
geant les dépôts d’un autre àge, des êtres tout-à-fait à
part, dont les analogues souvent n'existent plus ; d'autres
qui différent très peu des races actuellement existantes, les
uus et lesautres détruits à diverses époques par des circon-
stances inconnues, sans laisser aucune trace de ces modi-
fications successivement perfectionnées qui devraient les
unir entre eux et les enchainer aux espèces contemporai-
nes. Qne devient d’ailleurs ce perfectionnement (selon
l'idée que nous semblons y attacher), lorsque nous
découvrons sur notre continent appauvri ces débris
gigantesques, témoins irrécusables d’une époque de vi-
gueur et de puissance. La modeste réritine de la Seine
(pour puiser un exemple dans mon sujet) ne parait-elle
pas au contraire une ébauche des belles espèces qui vi-
vaientautrefois aux environs de Paris(1)? Je concois, dans
de certaines limites que la nature a fixées elle-même, les
modifications qu’entrainent insensiblement le climat, la
uourriture et l'éducation ; mais je ne saurais admettre
que l’action continue d’une cause originairement insuffi-
sante puisse, dans un moment précis, altérer la com-
position d’une organisation qui s’est maintenue jusque-
là malgré elle dans l’intégrité de ses rapports.
L’embarras que nous éprouvons à introduire parmi
les mollusques une classification satisfaisante, ne résul-
te-t-il pas des difficultés qui environnent l'étude de leur
constitution organique, difficultés que nous croyons
(1) Fntre autres , la Weritina conoidea, Desh.
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. ÿ
éluder en bornant notre examen à leur enveloppe ex-
terne, soumise, par son extrême dépendance, à l’in-
fluence d’une foule de circonstances modificatrices? Re-
marquons, en effet, que les mollusques qui empruntent
seuls, parmi les animaux, leur détermination spécifique
à un corps à-peu-près étranger à leur organisation , sont
en même temps ceux qui présentent ces difficultés au
plus haut degré. IL est certain que nous sommes loin
encore de pouvoir indiquer avec précision les différences
ou les analogies qui les caractérisent. Sans parler des
modifications nombreuses de l'appareil générateur et de
ses dépendances, qui jouent le rôle principal, comme
l'a fait observer M. de Blainville, dans la distinction des
espèces (1), l'organe producteur de ces coquilles variées
dont l'importance est si grande dans nos classifications,
nous est-il bien connu? N’est-il pas évident que les
cryptes muqueux de l’Æelix nernoralis, par exemple,
qui déposent à la surface de la coquille une substance
jaune uniforme, doivent différer, en quelque point de
leur structure, de ceux qui la revêtent d’un épiderme ou
noirâtre ou nuancé de plusieurs couleurs ? La sécrétion
qui produit un test corné ou transparent ne diffère-t-elle
pas , dans sa composition chimique, de celle qui engen-
dre une coquille opaque? Et cependant, à nos yeux,
l'appareil sécréteur se montre, dans ces cas variés, sous
une forme à-peu-près identique. Je me garderai bien
d’en induire que les modifications les plus minimes
dans des organes d’une importance secondaire doivent
(1) Manuel de Malacologie, p. 205.
8 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
entrainer une distinction spécifique ; je veux seulement
rappeler à mes lecteurs que nos données ne sont point
assez complètes encore pour trancher ou abandonner
une question dont la solution réside dans des caractères
tres difficiles à apprécier. Continuons donc à enregis-
trer des observations spéciales, et ne désespérons pas de
voir un Jour ces faisceaux isolés, solidement liés entre
eux par la connaissance dé leurs rapports. On n’en doit
pas moins quelque gré aux naturalistes qui s’appliquent
à les coordonner d'avance; il est juste de distinguer
parmi eux le savant auteur de lIconographie qui pa-
rait dirigé dans ses recherches, non-seulement par
l'attrait d’une question philosophique, mais encore par
le désir de débarrasser la science d’une nomenclature
indigeste et stérile.
Lorsqu'on jette les yeux sur la carte du Portugal et
que l’on considère, sous une latitude favorable au déve-
loppement et à la reproduction des êtres, ce réseau de
montagnes qui varie sans cesse l'élévation du sol et ces
nombreux cours d’eau qui promettent tant de fraiches
vallées, on doit croire que la réunion de humidité et
de la chaleur, ces deux principes de la vie, et l’inégalité
du climat, réservent au naturaliste, surtout dans les de-
grés inférieurs du règne organique, de nombreuses
Jouissances. Malheureusement il n’en est pas ainsi ; et
quoique j'atiribue à la composition minéralogique du
sol l’infériorité relative de cette région, je suis loin
de pouvoir n’expliquer d’une manière satisfaisante la
rareté des mollusques que la nature y a répandus. La
solution de ce problème nous fournirait sans doute de
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 9
précieux indices sur les relations directes qui enchainent
ces animaux à l'écorce du globe.
Le sol du Portugal est généralement sec et dépouillé;
une masse énorme de grès schisteux couvre le granit
d’une extrémité à l’autre; çà et là il se montre à la sur-
face comme aux environs de Porto, à Cintra, dans la
Serra d’Estrella et surtout dans les provinces du nord.A
peine une ou deux chaïnes @alcaires s’élèvent-elles au
milieu de cette triste variété de sables et d’argiles. Une
vaste plaine, la seule qui apparaisse parmi ces montagnes
amoncelées, s’étend sous le nom d’Alemtejo (1), de la
rive gauche du Tage jusqu'aux frontières de VAl-
garve (2). Privée d’eau et brülée du soleil, elle n'offre
au voyageur altéré que des landes sablonneuses, entre-
coupées de collines stériles où se dessine rarement un
maigre bouquet de pins. Le Portugal ici n’est plus l'Asie
de l'Europe (3), mais une variété de l'Afrique. Les ri-
vières elles-mêmes, encaissées dans de profonds ravins,
sont impuissantes pour le fertiliser. J'ai remonté la
Guadiana depuis son embouchure jusqu'au territoire
Espagnol, et je ne connais rien de plus triste, de plus
aride, de plus dépouillé que ses rivages. Sur un sol
aussi ingrat, la végétation est bornée dans ses espèces
et toujours chéiive; ce sont des Céstes très diversifiés,
des Bruyères, des Citises, le Quercus humilis et V Arbou-
sier. On comprend que les animaux qui se nourrissent
(1) Alem-Tejo, littéralement : au-delà du Tage.
(2) AI Gharb, l'Occident ; souvenir de la domination arabe,
(3) Expressions de Linué.
10 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES,
de végétaux et qui ont besoin d’humidité et d’abri,
comme les mollusques terrestres, n’y trouvent point
au degré convenable les conditions favorables à leur
existence. Il y a même, en général, peu de vie dans ces
déserts, car les insectes redoutent à leur tour le voisi-
nage de ces plantes visqueuses qui envahissent d’im-
menses espaces que l’homme ne daigne pas leur dis-
puter (1). ”
Au contraire, dans les fraiches oasis qui contrastent de
loin en loin avec le dépouillement général, à Cintra, par
exemple, où l’industrie humaine a créé de magnifiques
ombrages et distribué avec intelligence les eaux qui se
perdaient dans le sol, on voit les mollusques multiplier,
favorisés dans leurs habitudes par la fraicheur des arbres
et l'humidité des vieux murs.
Ces considérations sont évidentes dans leur généra-
lité, mais elles ne suffisent pas pour tout expliquer,
et il nous manque un élément de solution. En effet,
oublions un grand nombre d'espèces qui vivent et se
propagent dans les localités arides, puisque la nature ne
les a point placées en Portugal (2), et descendons dans les
vallées fraiches et accidentées du Minho, qui contrastent
victorieusement avec les plateaux dénudés qui les domi-
nent,les tristes solitudes de l’Alemtejo,les grèsstérilesdela
province de Beira et les collines noires et monotones de
PAlgarve. Ici, le voyageur chemine sous de délicieux
{1) On nomme ces forêts naines Charneca. Ce sont les makis de Ja Corse et de
la Sardaigne ( de macchia, broussailles en italien.) &
(2) Par exemple l'Helix Gualteriana , multipliée dans les rochers calcaires
d’Almeria , les plus désolés, les plus arides quej e connaisse.
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 41
ombrages, au bruit des eaux qui coulent de tous côtés ;
le feuillage varié des orangers, des oliviers, des châtai-
gners et des chènes annonce un climat fortuné : des cô-
teaux boisés , des roches nues et escarpées, des ravins
ombragés, des murailles humides, tapissées d’innom-
brables fougères promettent une récolte abondante,
et cependant l'espoir d'y recueillir des mollusques est
souvent frustré; à peine, après de longues recherches,
en découvre-t-on un petit nombre appartenant tou-
Jours aux mêmes espèces ; les eaux elles-mêmes en sont
privées ; quelle peut en être la cause? Ce n’est plus ici
l'insuffisance de l'abri et de la nourriture, car ces deux
conditions sont également remplies ; il est donc évident
qu'il en existe une autre, fondée sur des rapports que
nous n'avons pas encore observés et qui, ne dépendant
ni du sol ni de la nourriture, d’une manière absolue,
résulte probablement de l'influence de l’un sur la com-
position chimique de l’autre.
Je ne suis pas le premier qui ait signalé une relation
obscure entre les mollusques terrestres et l'écorce du
globe; c’est-à-dire la dépendance qui existe entre leur
multiplicité, la distribution de leurs espèces et la na-
ture du sol. Cette particularité s’expliquait naturelle-
ment par les phénomenes de la végétation qui variant
elle-même selon les mémes circonstances, leur offrait
une nourriture plus ou moins abondante, plus on
moins appropriée à leurs besoins; cependant ces ani-
maux ne bornent pas leur alimentation à un petit
nombre de plantes affectées à certains terrains; en outre,
comment expliquer leur accumulation dans un rayon
12 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES:
aride, quand la contrée voisine, bien plus favorisée, en
est à-peu-près dépourvue, comme je pourrais en citer de
nombreux exemples ? Une végétation variée etabondante
ne remplit donc pas, ainsi que je l'ai déjà fait observer,
toutes les conditions nécessaires ; elle ne les remplit sans
doute que dans des circonstances données, c’est-à-dire
lorsqu'elle s’assimile dansde certaines proportions, quela
nature du sol rend variables, lesélémens nutritifsnécessai-
res à leur composition, et notamment à l'entretien de la sé-
crétion qui produit la coquille. Le travail organique qui
préside de part et d'autre à l’assimilation d’élémens choi-
sis que les végétaux puisent dans le sol pour les trans-
mettre aux mollusques , n’est autre chose que la nutri-
tion, fonction mystérieuse , dont une partie des actes
nous échappe, car ils renferment le secret de la vie;
c'est elle qui élahore les substances minérales destinées
à la formation de la coquille, et nous savons que la pro-
portion et la nature de ces substances varient dans les
mêmes espèces de plantes avec le sol quiles nourrit. Ces
considérations sont fortifiées par un grand nombre d’ob-
servations que j'ai faites sur la distribution géographique
des mollusques terrestres, et sur les variations propor-
tionnelles du carbonate de chaux qui solidifie leur test.
En bornant leur application au Portugal, j'ai constaté
leur rareté dans les provinces schisteuses et granitiques
du nord que j'ai visitées à une époque favorable ; à peine
les montagnes calcaires apparaissent-elles près de Coïm-
bre, qu'on les voit se multiplier, en suivant leur direc-
tion, jusqu'aux environs de Lisbonne. Le midi pré-
sente les mêmes circonstances. Les schistes et les gres
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 43
si frais, si accidentés de Portalègre abritent peu de mol-
lusques; tandis qu'ils reparaissent en grand nombre
avec le calcaire lamelleux d’Elvas et dans les collines
arides, mais également calcaires de Silves et de Loulé en
Algarve. \
En second lieu, les espèces munies d’une enveloppe
opaque et résistante m'ont paru s’accumuler de préfé-
rence dans les terrains calcaires, tandis que les mollus-
ques à test mince et presque membraneux vivent indif-
féremment sur un sol schisteux ou granitique et dans le
5
voisinage des eaux. Ainsi, les Limaces, et les Hélices crys-
tallina , cellaria, barbulæ, nitens, etc., dont la coquille
renferme une proportion plus forte de matière animale
se trouvent d’un bout du Portugal à l’autre, et persis-
tent seules sur toute espèce de sol. On pourrait ajouter
à ces considérations générales plusieurs observations,
particulières quinous montrent des tests, habituellement
opaques, perdre une partie de leur carbonate de chaux
quand l'animal est né sur un sol granitique ou schisteux ;
mais j'avoue que ces exemples, d’après le petit nombre
de renseignemens que nous possédons jusqu'à présent,
n'étant pas absolus, il faudrait expliquer les exceptions,
ce qui nous conduirait à substituer des conjectures sys-
tématiques à l'appréciation des faits.
J'espérais puiser dans le musée de Lisbonne quelques
données utiles sur les productions naturelles du pays
que j'allais parcourir; j’espérais également, en visitant
les bibliothèques de Coïmbre et d’'Evora découvrir parmi
les manuscrits qui y sont ensevelis le nom de quelque
naturaliste ignoré qui yint grossir la liste des auteurs
14 COXSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
nationaux; mes recherches ont été vaines, les travaux
des savans portugais en Malacologie se réduisent à un
catalogue imprimé dans le premier volume des mé-
moires de l’Académie de Lisbonne, sous le titre suivant :
Specimen fauncæ et floræ Lusitanicæ, aut. Domin. Van-
delli, 1797. Voici le passage complet relatif aux mollus-
ques terrestres et fluviatiles :
Limax ater.
Mollusca . . . .
— agreslis,
/ Helix lapicida.
| — albella.
— pomalia,
HESTAREANE Le ? s
— nemoralis,
— grisea.
— decollata.
Je n'ai pas besoin d’ajouter que ce catalogue imparfait
et dépourvu de descriptions ne donne qu'une idée fort
inexacte des productions du pays (r).Quant au Muséum
de la capitale, je ne sais trop dans quels termes en parler;
un Français aurait mauvaise grâce à critiquer la pauvreté
de cet établissement; il faudrait oublier que nous nous
sommes enrichis de ses dépouilles (2). Si quelque chose
peutnous en consoler, c’est la conviction que cesrichesses,
dans l'intérêt des sciences et de l'instruction publique,
sont placées chez nous dans de meilleures conditions. Le
musée de Lisbonne , en effet, est plutôt un musée de
parade qu'une collection scientifique; les noms et les
(x) Je ne sais si l’auteur s’est piqué d’exactitude ; sur six espèces qu'il a choi-
sies, il y en a trois que je n’ai pas rencontrées.
(2) Nous possédons entre autres la fameuse Gryphæa que l’on a crue Jun peu
légèrement , originaire du Tage,
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 45
localités sont généralement négligés et pour me borner
à un exemple, je citerai deux espèces indigènes, la Par-
macella Valencienni et Y Helix barbula qui y figurent
sous les noms de J'estacella haliotidea et d’Helix erice-
_torum , Vune et l’autre étrangères au Portugal. Quant à
l’Université de Coïmbre, pleine de vénération pour le
père de l’histoire naturelle, elle repousse, comme ir-
révérencieuses, toutes les idées nouvelles qui ten-
draient à modifier son système.
Les sciences naturelles sont donc en Portugal dans
un état voisin de l'enfance; la nation, préoccupée d’au-
tres besoins , privée d’émulation par l'isolement, privée
d'encouragement par l'indifférence d’un gouvernement
mal assis, les dédaigne comme un luxe inutile; ce n’est
pas l'intelligence qui lui manque, mais l’esprit d’obser-
vation et le goût des études sérieuses que la sécurité et le
bien-être, fruits d’unelongue paix, développentinvincible-
ment chezies peuples civilisés. Le génie aventureux qui la
conduit à travers des mers inconnues à la découverte
d’une moitié du globe, n’a jamais eu le temps de prendre
une forme spéculative pour observer et méditer sur les
merveilles qui se déroulaient à ses regards. Elle a trouvé
pour conquérir de l’or et pour sauver des âmes une
énergie que l’Europe admire encore, mais qui s’est dis-
sipée en actes extérieurs, sans que l'étude et le travail
aient perpétué par un monument durable le souvenir de
tant d'efforts. La noble émulation de quelques hommes
d'élite qui fonderent, à la fin du dernier siècle, un corps
savant destiné à répandre le goût des sciences et à pro-
pager les lumières, n’a produit qu'un résultat éphémère,
16 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
etles mémoires de l’Académie de Lisbonne n’offrent plus
aujourd'hui que des communications d’un médiocre in-
térêt (1). Et cependant, sans franchir les mers, que de
justes motifs pour exciter l’émulation du naturaliste!
De Lisbonne, les planes brumeuses de l’Alemtejo ap-
paraissent, par-delà l’immense largeur du Tage, comme
la limite d’un pays inconnu. On sait que vers le sud
elles sont bornées par l'Océan et prennent le nom re-
doutable d’Algarve; mais l'espace intermédiaire est ou-
blié; le navigateur fréquente, il est vrai, ces rivages ;
mais aucun lien ne les réunit à la métropole à travers
l'intérieur. Ce fait n’est pas exagéré : croirait-on qu’en
cherchant à obtenir des renseignemens sur cette région
avant de m'y aventurer, il m'a été impossible de dé-
couvrir un seul homme qui l’eüt parcourue ?
Je passe maintenant à quelques explications sommaires
sur les principes qui m'ont dirigé dans ma classification.
Je considère tous les gastéropodes comme divisés en
deux groupes, indépendamment du milieu qu'ils habi-
tent; ceux qui respirent librement lair atmosphérique
au moyen d’une cavité branchiale et ceux qui respirent
dans l’eau par l'intermédiaire de branchies pectinées.
Après les organes de la respiration, ceux qui n'ont paru
mériter la préférence pour servir de base à une coupe
(x) On trouve dans les premiers mémoires de cette compagnie des instruc=
tions détaillées qu'elle adresse à ses correspondans sur les méthodes les plus
propres à recueillir des objets d'histoire naturelle, dans le but de créer un Musée
national, Ces instructions ont été imprimées séparément en 1791 avec cette épi-
graphe : nist utile est quod facimus stulta est gloria ; pensée noble et féconde, si
elle n'eül pas avorté presque à sa naissance,
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 17
secondaire, sont les organes de la génération qui, sépa-
rant ou confondant les sexes sur un même individu,
exercent une influence incontestable sur les mœurs et
les habitudes de la famille. J'ai donc suivi l’exemple de
M. de Blainville, et distingué les Pneumobranches en
Monoïques et Dioïques.
Le genre #ncylus, dont les caractères ont présenté
jusqu’à présent tant d'incertitude, ne peut être classé que
d’une maniere arbitraire, selon l'opinion que l’on adop-
tera relativement au mode de respiration. Les circon-
stances dans lesquelles j'ai souvent observé les mollus-
ques appartenant à ce genre, la grande probabilité qu'ils
réunissent les deux sexes, l'absence de l’opercule dont
tous les Pectinibranches fluviatiles sont pourvus, m’en-
gagent à les considérer comme de vrais Pneumobranches
qui jouissent à un degré plus élevé, de la faculté de con-
server l’air nécessaire à la respiration, en s'appliquant
exactement sur les corps submergés (1). Je les ai donc
Jaissés parmi les Pneumobranches monoïques en les
séparant néanmoins des Lymnéens dont ils diffèrent :
1° par la forme de leur coquille; 2° par une modification
dans l’organe, ou au moins dans la fonction respira-
toire; 3° enfin par l'incertitude que présente encore leur
organisation.
J'ai confondu les genres Achatina et Bulimus, parce
que les animaux, d'apres l'observation de M. Deshayes,
se ressemblent dans toutes les parties essentielles de leur
(1) Dupuy; Essai sur les Moll. du Gers, p. 59. Poyez aussi les observations
de M. Bouchard-Chantereaux , dans les Mémoires de la Soc, d’Asric, de Boulogne,
2
18 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
organisation, et que la troncature de la columelle, très
peu sensible sur les espèces de nos pays, s’efface gra-
duellement, au point de rendre imaginaire la limite
qui en forme la séparation. On connait aujourd’hui des
Hélices qui présentent la même particularité, sans que
l’on ait songé à les distraire de leur famille naturelle
pour en former un genre nouveau. J’en dirai autant des
V'ertigos que je réunis aux Pupas, en attendant que
leurs caractères distinctifs soient établis d’une maniere
évidente.
Enfin , en reconnaissant avec M. de Férussac que l’ab-
sence de pore muqueux terminal et le perfectionne-
ment du rudiment testacé fournissent les élémens d’une
coupe intéressante dans la famille des Limaces, je ne lui
accorde néanmoins qu’une valeur secondaire, parce que
les caractères qui lui servent de base me paraissent sans
importance sur l'organisme. L'un d'eux s’évanouit même
par la découverte d’une véritable Limace (L.anguiformis)
dont la cavité branchiale est tout-à-fait antérieure.
La classification des coquilles, c’est-à-dire l’abstraction
de certaines diversités et la combinaison des ressem-
blances présente plus de difficultés, parce que les appré-
ciations sont plutôt le résultat du tact que celui d’une
règle précise. C’est ici que la nature, dans ses combi-
paisons variées, se joue vraiment de nos efforts pour lui
tracer des règles. Nous voyons les formes les plus éloi-
gnées, celles de lÆelix polygyrata et du Bulimus mariti-
mus par exemple, senchainer et se fondre l’une dans
l'autre par une succession imperceptible de transforma-
tions graduées. La limite entre les Hélices et les Bulimes
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 19
(deux genres qui different par une modification légère
de l'appareil générateur ) est indéterminable par le seul
examen de la coquille. Sans pousser plus loin ces considé-
rations, je ferai remarquer que la comparaison d’un grand
nombre d’Hélices a constaté parmi elles quatre formes gé-
nérales , auxquelles il est possible de les ramener toutes
à-peu-près. On peut les distribuer en coquilles aplaties,
subdéprimées, globuleuses et trochiformes. Cette distinc-
tion, qui est loin d’être rigoureuse, est basée sur le
facies , sur l’ensemble de la coquille. Quant à la carène
et aux particularités de l'ouverture et de l’ombilic, je les
considère comme de simples accidens qui accompagnent
ou non les quatre formes que je viens d’énumérer. On
en tiendra compte, si l’on veut, dans chacun de ces
groupes, mais en leur attribuant seulement une valeur
de second ordre. Les mêmes principes peuvent s’appli-
quer aux autres genres et notamiment aux Cyclostomes
qui offrent toutes les combinaisons possibles, depuis la
forme planorbique jusqu’à celle du Bulime, sans que
l’on ait imaginé d’en composer comme on l’a fait pour
les Hélices, autant de familles distinctes.
La coloration des coquilles tient beaucoup, comme
on lesait, à l’action excitante de la lumière ; l’état de leur
- surface, aux habitudes et au climat; la grandeur rela-
tive, à l'abondance dela nourriture ; et la grandeur abso-
lue, à la réunion des circonstances propres à développer
énergiquement la vie dans tous les degrés de l'échelle
organique. L'Italie nous présente déjà des espèces plus
grosses, plus colorées, plus variées que les nôtres ; l’Es-
pagne, qui jouit aussi de plus de lumiere et de chaleur
2,
20 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
que nous, parait également plus favorisée ; néanmoins
elle se montre inférieure à l’Italie parce qu’elle est moins
humide et moins heureusement constituée ; en général,
la température des îles, égalisée par le voisinage de la
mer, offre un milieu dont l’action favorable n’est jamais
interrompue par les transitions brusques ou prolongées
qui se manifestent sur les grands continens; elles sem-
blent donc éminemment propres au développement de
la puissance vitale, dont elles nous présentent, chez les
mollusques, les manifestations les plus belles et les plus
variées. Madagascar, les Antilles, les Philippines, réunis-
sent sans doute ces conditions à un haut degré.
On peut remarquer en outre parmi les mollusques
comme chez les animaux d’un ordre plus élevé, un rap-
port entre le climat et la tendance de la nature à produire
certaines formes déterminées. Ainsi les Achatines forte-
ment caractérisées, appartiennent presque toutes à l’A-
frique occidentale, dans le voisinage du tropique; la
forme turriculée est dominante dans l'Amérique du Sud.
La Malaisie nous montre un grand nombre d'espèces dont
la spire développée et l’ouverture arrondie, oscillant
entre la forme de l'Hélix et celle du Bulime, rendent, en
l'absence de l'animal, leur véritable place très incertaine
dans une collection.
Si l’on applique ces réflexions au Portugal et qu’on
jette un regard sur l’ensemble de ses mollusques, on
est frappé de leur infériorité relative, qui accuse un
sol maigre et une nature bornée dans ses efforts. Les
Hélices les plus grosses, inférieures à celles de la France
te mpérée, nelui appartiennent pas et y sont arrivées sans
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 21
doute du continent voisin. La rareté des Bulimes, la pré-
dominance des formes planes, la paleur des nuances
caractérisent la froide Europe, tandis qu’un très petit
nombre d’espèces, malgré l’immensité de l’espace, se
rattache aux iles de l'occident. Enfin la fragilité de leur
test, où la substance crétacée est peu abondante, parait
en harmonie avec la constitution minéralogique du sol
où les terrains schisteux et granitiques sont dominans.
Ces relations sont confirmées pas l’examen des mollus-
ques fluviatiles qui, vivant dans des circonstances moins
dépendantes du sol, se montrent plus nombreux et plus
variés.
On remarquera avec surprise que les cours d’eau du
Portugal ne m'ont point offert une seule mélanopside,
quoique cette famille, trop abondamment multipliée
dans les localités qui lui conviennent pour échapper aux
investigations, soit répandue sur tout le littoral de l'Es-
pagne, au-delà de la Guadiana. Les Clausilies, famille
essentiellement orientale, se bornent à une seule es-
pèce (1); enfin je n’ai rencontré aucun individu de la
section des Cyclostomes que les Allemands, classifica-
teurs minutieux, ont distinguée sous lenom de Pomatius,
et qui se plaisent cependant dans les montagnes tem-
pérées.
(1) On en connait trois des iles Madère, mais l'Afrique septentrionale n'en
produit pas une seule,
12
15
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES,
Distribution géographique des mollusques terrestres et fluviatiles
du Portugal.
1. Espèces qui se retrouvent en France et qui appartiennent
généralement au littoral de la Méditerranée.
Arion ater.
— rufus.
— fuscatus.
Limax sylvaticus
— variegatus.
— agrestis.
Vitrina subglobosa.
Succinea amphibia.
Helix aspersa.
— Jactea.
— nemoralis.
— Pisana.
— variabilis.
— intersecta.
‘— carthusianella.
— candidula.
— apicina.
— conspurcata.
— cellaria.
— nitens.
— crystallina.
— pygmœæa.
— rotundata.
— Jlapicida.
— lenticula.
— rupestris.
— fulva.
— aculeata.
Bulimus decollatus.
— acutus.
— ventricosus.
— obscurus.
— lubricus.
— folliculus.
Pupa secale.
— granum.
— umbilicata.
— fragilis.
— muscoruim.
Pupa antvertigo.
— Anglica.
Clausihia rugosa.
Auricula minima.
— myosotis.
Planorbis corneus.
—- carinatus.
— marginatus.
— leucostoma.
— contortus.
— hispidus.
— complanatus.
— devians.
Lymnea ovata.
— auricularia.
— peregra.
— intermedia.
— minuta.
Physa acuta.
— contorta,
Ancylus fluviatilis.
Cyclostoma elegans.
Valvata piscinalis.
Paludina achatina.
— impura.
— similis.
— acuta.
— anatina,
— gibba.
Cyclas rivalis.
— Jacustris.
— Calyculata.
— fontinalis.
Anodonta cygnea.
— anatina.
Unio pictorum.
— Batavus.
— dittoralis.
ee QE CE PORC ETS ER
girl
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
2. Espèces qui se rattachent aux iles occidentales.
Testacella Maugeï.
Helix barbula.
Ancylus striatus.
mt
3. Espèces indigènes.
Arion sulcatus. Auricula ciliata.
— timidus. Lymnea acutalis.
— fuligineus. Ancylus vitraceus.
Limax nitidus, — stricius.
— anguiformis. : — obtusus.
— squammatinus. Neritina violacea.
— viridis. — Guadianensis.
— lombricoïdes. — inquinata.
Parmacella Valenciennii. — elongatula.
Succinea longiscata. Melania Charreyi.
— virescens. Anodonta regularis.
— abbreviata. — macilenta.
Helix inchoata. — Lusitana.
— ponentina. — ranarum.
— cistorum. Unio dactylus.
— Lusitanica. — mucidus.
— simplicula. — Wolwichii.
— turriplana. — tristis.
— serrula.
Auricula gracilis. 38
RÉSUMÉ .
OS EL Ent RU
29 3
DONC RAS er ee EU OS
Total général . . 118 espèces.
[Es
Co
24 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES.
Tableau general des mollusques terrestres et fluviatiles qui ont
élé observés en Espagne jusqu à présent (r).
Limax gagates,Lamk. * Helix conoïdea, Malaga.
* Succinea amphibia, Valence. Bulimus decollatus, Fer., in coil.
* Helix cellaria, Gibraltar. — ventricosus, Fer.
— Boissyi. Terv. — acutus, Fer., in collect.
— finitima, Fer., in collect,, — folliculus, Fer.
Gibraltar (2). Pupa secale, Fer.
— Jlenticula, Fer, — variabilis, id. in collect.
— albella, Fer. * — granum, Carthagène.
* — amanda, (Rossm.), Alicante. * — Farinesii, Alicante.
— Gualteriana, Lin. * — umbilicata, Barcelone.
— Carascalensis, Fer. * — quadridens, Barcelone.
— martigena, Fer. — Dufourn, Fer.
— cespitum, Fer. Clausilia corrugata, Fer.
— splendida, Fer. — papillaris. coll. du Muséum.
— conspurcata, Fer. — clausa, Fer. in collect. Ca-
— variabilis, Rossm. talogne (3).
— strigella, Fer. Lymnea Catalonica. Parr., in catal.,
— subrostrata, Fer. Villæ.
— vermiculata, Lamk. — ovata, Fer., in coll.
— Alonensis. Fer. Physa acuta, id.
— Hispanica, Partsch in Rossm. * Cyclostoma elegans, Barcelone.
— Jactea, Fer. — ferrugineum, Lamk.
— marmorata, Fer. — Woltzianum, Fer.incol.
— lanuginosa, Boiss. * Paludina, impura, Vaience.
— Pisana, Fer. in collect. 5 — similis, id.
— glomerata, id, Carthagène. * — acuta, id.
— Cariosula, id. in collect. * Neritina fluviatilis, id.
— candidissima, Fer. — Bœtica, Lamk.
— ligata, Lamk. Melanopsis buccinoïdea, Fer.
— hortensis, Villa in catal. coll. — Dufourii, Fer. (4).
— aspersa, coll. du Muséum. — costellata, Fer.
* — pyramidata, Alicante. * Unio pictorum, Valence.
* — rupestris, Gibraltar. — littoralis, Lea.
* — elegans, Malaga.
— conica, Rossm. 65
(1) Ce catalogue n'ayant pour objet qu’une simple énumération , j'ai négligé la
synonymie, et me suis borné, en choisissant la dénomination le plus généralement
adoptée, à citer les auteurs qui m'ont fourni des renseignemens précis: Les espèces
que j'ai recueillies moi-même et qui n’ont élé mentionnées nulle part à ma con-
naissance sont précédées d’une astérisque.
(2) Indiquée comme venant de Tanger.
(3) Les Hélices Finitima et Glomerata, ainsi que la Clausilia clausa figurent
dans la collection de Férussac, sans ètre mentionnées dans son prodrome.
(4) La Melanopsis Grællsii, Villa in litt. n’est autre chose que cette espèce,
extrèmement variable dans sa forme et dans la dilatation du bourrelet sutural qui
accompagne la spire,
s
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 95
La combinaison de ces- deux catalogues donne 158
espèces pour la Péninsule ; mais le dernier est assuré-
ment bien loin de renfermer la totalité des mollusques
qui habitent une région aussi étendue, aussi accidentée
que l'Espagne; presque toutes les espèces qui y figurent
appartiennent au littoral ; les productions naturelles de
l'intérieur nous sont à-peu-prèes inconnues. Néanmoins,
il suffit pour montrer que la nature organique, dans les
conditions de dépendance que je lui assignais en com-
mençant, n’a pas réuni les mêmes formes dans les deux
pays.
Il me reste à exprimer publiquement ma reconnais-
sance aux personnes qui ont bien voulu s'associer à mon
travail en me prêtant l’appui de leurs lumières et de leur
expérience ; M. Frédéric Wolwich, directeur du jardin
botanique de Lisbonne, a mis généreusement à ma dis-
position les matériaux qu’il avait recueillis dans les envi-
rons de cette capitale et entre autres l’Uz10 remarquable
auquel j'ai donné son nom et que nous n’avons pas re-
trouvé. MM. Terver et de Charrey m'ont prêté leur con-
cours dans la détermination des espèces incertaines ; et
enfin, M. Deshayes a bien voulu surveiller pendant mon
absence, l'exécution des planches qui accompagnent cet
ouvrage, Je les prie d'agréer mes sincères remercimens.
Dijon, 12 mai 1845,
ar (1 hé ar mers + a
A NS LE Ltuhos te 3 Se) ne NE ; ;
: | ma prnlliont: He ÿE ak
6 OR D pe sdb NE :
; peut: ANNE + MR ta a F
é . Li) Se ri A va
ne ” LA Pre aies #£ Las k À me ns
Ex SLT qu HUE Se © &
Ne
#. Lu Qu à oi FR re “M
4 ie : . LUN AATAE ae 2 APE ns ré if At
ÿ ME ï Sa on oi ie Mu sr be
;\ di AA ‘Any j . 76 N } te
tr ne Aie nice po TURAIE
REVOIR hi
| cat si fa
Le Mol: it) * PEN LE 3% co pur Mn Fe
AR NES DES ce PI Pau F
Ces RL AE Fo, La *.
| ñ ï 14 vw ER F Vis HAL) Per ent STE Lu ui ;
ts: La APRES ie mi La Ar MES
à Mb: #0) AIR: La #' CA 4: Pre ‘# F0 ES, à 3
EL) SA ur
DA | | A Dr? EAU DES
LAC l x ,
| » + LT CAP" JP ee
7 : À L 4 :
' 0 Li ls
n E we
| Re
ci NE
} x e { l
\ 2 6 (D
{ d AP AP
t k NUPA
{ Ce
. 4 À
A ME AO les J
"| Li { F7.
090900006000 0000 0900 090000090000 0960 000900000000 090009 0009000000 0009 0) 0009000209
MOLLUSQUES CEPHALES.
Elasse des Gastéropodes.
ORDRE DES PNEUMOBRANCHES.
PREMIER SOUS-ORDRE.— MONOIQUES.
PREMIÈRE FAMILLE.—LES LIMACES.
GENRE ARION. Fer.
1. ARION ATER, Fer. (Zimax. Drap.).
Var. « Drap.
— 7 Drap.
— € nigricans, margine nigro.
Cet Arion offre les caracteres essentiels de la Linace
noirätre de Draparnaud. La cuirasse est granuleuse, le
corps rugueux et arrondi, la cavité branchiale grande
et un peu en avant; le pore muqueux très apparent;
la marge du plan locomoteur ornée de linéoles trans-
versales; la tête et les tentacules toujours noirs.
J'ai trouvé les variétés « ete dans la province de Tras-
os-Montes; ; dans le sud, aux environs de Monchique.
28 MOLLUSQUES CÉPHALES,
2. ARION SULCATUS. Spec. No.
PI'aT-
A. omninè niger, margine radiato, castaneo; clypeo granuloso; corpore
sulcis tæniæformibus exarato. Aperturâ branchiali subanticä.
Les rides larges et profondes qui sillonnent ce mol-
lusque le distinguent au premier aspect et ne permet-
tent pas de le confondre, malgré lanalogie d’un certain
nombre de caractères, avec le Linax ater de Drapar-
naud, La cuirasse est chagrinée et les sillons sont ornés
eux-mêmes d’une vermiculation très fine, dont l’aspect
varie selon la position de l'animal. Dans l'extension, ce
sont des rides grenues, rarement anastomosées, qui
accompagnent les ondulations du corps; lorsqu'il se
contracte, ce sont des sillons profonds brisés à angle
aigu, traversés par des rides perpendiculaires et super-
ficielles. La marge du plan locomoteur est étroite et
rayonnée ; la cavité branchiale située en avant et forte-
ment dilatée; la taille, généralement constante, atteint
15 ou 16 centimètres dans la plus grande extension.
Le manteau de ce mollusque est d’un noir brun,
quelquelois bleuâtre, qui s’éclaircit sur la marge du
plan locomoteur et prend une couleur marron. La cui-
rasse offre dans son épaisseur une poussière calcaire qui
differe par son extrême division des concrétions irré-
gulières de lA{rion ater. Le mucus est blanc-jaunätre.
Quand l’animal s’est contracté à la suite d’un attou-
chement, avant de se dilater de nouveau, on le voit se
balancer long-temps de droite à gauche, par un mouve-
ment d’oscillation fort singulier.
“i
PNEUMOBRANCHES. 99
Habite avec le précédent les provinces du nord et
F
particulièrement celle du Douro. Commun aux envi-
rons de Porto.
3. ARION RUFUS. Fer, (Limax. Drap.).
a rufus, margine coccineo.
B rufus, utrinquè faciä nigrä, margine ferrugineo vel cinereo.
omnino fuscus, margine coccineo,
À ferreo fasciato, margine lutescente.
Je crois que c’est avec raison que j'ai considéré ce
mollusque comme une variété de l’{rion rufus. Quelle
que soit la sûreté de Ja mémoire, il est fort difficile, en
l’absence de tout élément de comparaison, d'apprécier
nettement les différences qui ne sont point basées sur
des caractères précis, mais qui résultent plutôt de la
physionomie et de l’ensemble. La forme plus allongée
de cet Arion, la disposition particulière du tissu cutané,
dont lesrides plus profondes et plus courtesenveloppentle
manteau d’un réseau de papilles anguleuses très saillantes
dans la contraction, les fascies dont la variété la plus
abondante est ornée, quand l’Arion rufus en esttoujours
privé, m'ont engagé long-temps à l’envisager comme
une espèce distincte, Aujourd’hui ces circonstances di-
verses, peu importantes sur l'organisme, me paraissent
rentrer dans la limite des modifications qui appartien-
vent aux influences locales. Les caractères essentiels ,
tels que la situation de lorifice de la respiration, les
concrétions calcaires sous la cuirasse , et d’autres acces-
soires, comme la couleur jaune du mucus, sa consis-
tance gélatineuse et la découverte postérieure de varié-
30 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
tés uniformément colorées, me décident à le réunir à la
Limace rouge de Draparnaud.
Les variétés « et, dépourvues de fascies, habitent les
montagnes fraiches et ombragées de Cintra, f tout le
Portugal, 3 la Serra d’Arrabida, à cinq lienes, au sud-
ouest de Lisbonne.
4. ARION FULIGINEUS. Spec. Nov.
PI. IL, fig. r.
A. fuligineus; margine angusto, radiato, rubeseente, antice flavo; clypeo
gibboso, vermiculato; corpore ruguloso; aperturà branchiali subanticâ,
Le corps est ridé longitudinalement et terminé en
pointe obtuse; la cuirasse, irrégulièrement bossue, très
finement chagrinée ; le plan locomoteur est large, ses
bords étroits; les tentacules courts; la cavité branchiale
un peu en avant; le manteau est d’un brun enfumé, très
foncé sur la tête et sur les tentacules; la portion qui
s'engage habituellement sous la cuirasse demeurant in-
colore, comme il arrive généralement chez les autres
espèces. Le plan locomoteur est jaunâtre, surtout anté-
rieurement : sa marge est finement rayonnée, d’un jaune
vif à la base du cou, rougeàtre jusqu’à l’autre extrémité.
Un petit nombre de concrétions aplaties dans la cui-
rasse.
J'ai trouvé ce moliusque sur la paroi d’un chemin
creux aux environs de Ponte do Lima, dans la province
de Douro.
PNEUMOBRANCHES, 31
5, ARION TIMIDUS, Spec. Nov.
PI. IL fig. 2.
A, fusco-nigricans; margine lutescente, radiato, lineä castaneä bipartito;
clypeo parvo, vermiculato; corpore cylindraceo, postice obtusim conoïdeo,
rusticè sulcato; capite tentaculisque brevibus, sæpiùs semi reductis ;
cavitate branchiali anticä.
a fusco virescens, margine ferreo, capite tentaculisque nigris.
Lorsque ce mollusque est entièrement contracté , on
le prendrait difficilement pour un corps organisé. L’ex-
trémité caudale sarrondit brusquement et il n'offre plus
qu'une masse noirâtre, d'une apparence spongieuse,
que la tension des tissus lui fait perdre lorsqu'il se met
en mouvement. Il développe alors avec lenteur un corps
cylindracé, traversé longitudinalement par des rides
grossières et peu profondes, dont l’anastomose prend
une forme réticulaire sur les bords du plan locomoteur,
et qui décroit insensiblement dans son diamètre, jus-
qu’à l'extrémité inférieure terminée en cône obtus.
La couleur générale est un brun sombre et uniforine
dont la nuance s’éclaircit sur la tête et sur les tentacules.
Celle-là est courte et traversée par des sillons croisés à
angle droit ; le cou, d’un blanc pâle, laisse apercevoir
leconduit des nerfs optiques, comme deux bandes bleuä-
tres qui se perdent sous l’écusson. Le disque ventral,
couleur de fer, est traversé d’un bout à l’autre par une
zône large et livide; sa marge est d’un jaune pâle, très
vif à l'extrémité antérieure et rayonnée de linéoles bru-
nes, inégales dans leur épaisseur. Une ligne de même
couleur la divise dans toute sa longueur,
32 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
Le mucus est blanc. On trouve une poussière fine et
peu abondante sous la cuirasse.
Ce mollusque offre une particularité constante dans
le développement des grands tentacules. Quoiqu'il leur :
donne rarement toute leur extension, l'extrémité oculi-
fere est toujours visible. Un examen superficiel attribue-
rait aisément à une anomalie dans la conformation ce qui
est tout simplement le résultat d’un jeu particulier des
muscles rétracteurs. La rétraction effectivement , au lieu
de s’effectuer du sommet à la base, ne s'exécute alors
que dans la région sub-antérieure des tentacules.
La variété « est colorée d’un brun verdâtre analogue
à la teinte du bronze et qui contraste avec la marge du
plan locomoteur, et ce plan lui-même dont la couleur
est gris de fer. La tête et les tentacules sont d'un ton
plus foncé que le reste du manteau.
J'ai trouvé cet animal aux environs d’Abrantes, sur
les bords du Tage; la variété « habite les chaines sep-
tentrionales de la province de Beira.
6, ARION FUSCATUS, Fer,
02 niger, lateribus cinereis.
Ilim’a paru curieux de retrouver dans la région la
plus oubliée du Portugal un petit mollusque qui vivait
inconnu aux environs de Paris, lorsque f'érussac l'y ob-
serva pour la premiere fois. En comparant sa description
à la mienne, on ne doutera pas, malgré de légères
nuances, qu'elles ne se rapportent l’une et l’autre à une
seule et même espèce.
PNEUMOPRANCHES. 23
L’Arion que j'ai recueilli est précisément dans Îles
proportions du Z'uscatus. Le corps, arrondi supérieure-
ment, est finement parcouru de sillons qui s anastomo-
sent et qui divisent le derme en aréoles irrégulieres dans
le voisinage de la tête. La cuirasse est presque lisse; la
cavité branchiale antérieure ; le plan locomoteur étroit,
rayonné sur sa marge; l’animal est d’un noir luisant à
l'exception des faces latérales et de la marge du plan lo-
comoteur nuancées d'un gris bleuâtretrès fin. Le mucus
est incolore. On remarque deux sillons plus foncés en-
tre les tentacules.
Ces caracteres sont exactement ceux de l’espèce fran-
caise ; les couleurs sont distribuées dans le mème ordre;
seulement l’Arion portugais est noir, tandis que celui
de Férussac est brun foncé, et les lignes brunes qu'il a
décrites et figurées s’évanouissent sous une teinte plus
sombre.
Habite la province de Tras-os-Montes dans le nord-
est du Portugal.
Sous-Genre, = LIMACE,
1. LIMAX SYLVATICUS. Drap,
Je n'ai rencontré cette Limace que dans Îles hautes
montagnes de Cintra, où elie est loin d'atteindre les pro-
portions qui la rendent si remarquable dans l'Europe tem-
pérée. Les individus que j’ai observés n'avaient pas plus
de 7 1/2 centim. de longueur , et correspondaient exac-
tement à la variété y du Znax antiquorurn de Férussac.
3
34 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
2, LIMAX VARIEGATUS. Drap.
On trouve en Portugal plusieurs variétés de cette
jolie espèce, toutes remarquables par leur peu de déve-
loppement et la vivacité de leurs couleurs. La plus com-
mune est d'un jaune vif, tachetée de linéoles verdâtres
avec les tentacules d’un bleu violâtre tres prononcé.
Elle atteint à peine 5 à 6 centimètres dans sa plus grande
extension.
J'ai remarqué que cette Limace perdait sa belle colo-
ration avec son énergie active. Je l'ai vue passer du jaune
brillant au vert pale de l'olivier, après avoir été con-
servée pendant plusieurs jours ou long-temps tour-
mentée. Cette particularité a été observée avant moi
sur un mollusque de la même famille qui appartient à
la France (1).
3. LIMAX AGRESTIS. Lin.
œ niger.
B cinereus.
y rubescens, clypeo immaculato vel maculato.
Les variétés qu'offre le Portugal sont généralement
unicolores, sans taches et sans marbrures. Leur couleur
varie du gris au noir le plus intense en passant par toutes
les nuances intermédiaires. La tête et les tentacules su-
bissent les mêmes dégradations. Le plan locomoteur
passe enfin d'un blanc jaunatre à une teinte sombre en
harmonie avec celle de l’ensemble. Elles présentent en-
core d’autres différences, mais d’une importance pure-
(1) Catal, des Mollusques d'Auvergne, par M, Bouillet, p, #5.
PNEUMOPBRANCHES, 35
ment secondaire. Ainsi, le corps plus effilé que chez
la nôtre, se termine en carène aiguë ; la cuirasse, fine-
ment grenue, ne laisse point apercevoir les rides circu-
laires que l’on distingue sur celle de l'Europe tempérée.
Le mucus blanc laiteux que lÆgrestis sécrète au premier
contact, est incolore.
J'ai remarqué dans les lieux marécageux une variété
couleur de chair dont la cuirasse jaunâtre, parsemée gé-
néralement de taches brunes irrégulières, montre quel-
ques sillons vagues et concentriques. Elle n’a paru ap-
partenir comme la précédente au Limax agrestis, tel que
l'a développé Férussac. Néanmoins, l'absence d’élémens
de comparaison au moment où j’observais, ne me per-
met pas de trancher la question d’une maniere absolue.
Les variétés « et B sont communes en Estramadure,
dans l’Alemtejo et dans l’Algarve; y parmi les jones qui
bordent les ruisseaux ou qui croissent dans les plaines
humides.
4. LIMAX NITIDUS. Spec. nov.
L. aterrimus; clypeo lævi, gibboso; corpore cylindraceo, subrugoso; cavitate
branchiali subposticä.
Cette Limace est caractérisée par la finesse de son
tissu et la saillie du rudiment testacé. Le corps laisse
apercevoir quelques sillons longitudinaux d’une extrème
ténuité; mais la cuirasse ne montre à l’œil nu qu'une
surface lisse qui semble couverte d’un vernis. Elle est
allongée, arrondie, d’un noir luisant ; la portion du cou
qui se dégage de la cuirasse dans l'extension, est seule
Ds
36 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
d'une couleur fauve; le plan locomoteur est roussâtre.
Animal hardi; cavité branchiale un peu en arrière;
rudiment testacé mince, elliptique, légèrement convexe
en dehors, avec des stries concentriques sensibles ; con-
cave par-dessous et empâté d’une substance cristalline.
Ce mollusque, à-peu-près de la taille du Z. gagates
de Draparnaud s’en distingue par la forme du corps qui
n'est point caréné, et qui, par conséquent, dans sa
terminaison, au lieu d’un prisme, offre un cône allongé.
Il en diffère encore par l'absence du sillon caractéris-
tique inscrit dans la cuirasse, et la finesse de son tissu
qui ne laisse voir aucune ride à l'œil nu. Les jeunes
individus sont d’une nuance plus claire.
Habite les environs de Lisbonne et ceux de Béja dans
J'Alemtejo. Les circonstances ne n'ont point permis de
le dessiner.
d. LIMAX ANGUIFORMIS. Spec. nov.
PI, III, fig.
L, fusco-virescens: corpore cylindraceo, utrinquè nigro fasciato, rügis
tenuibus strictim reticulato; clypeo elongato, depresso, lævi, atomis
nigris notato; capite tentaculisque cæruleis, sub clypeo sæpiüs contractis,
cavitate branchiali anticä.
Cette curieuse espece offre dans la situation de l'organe
respiratoire dont la cavité s'ouvre tres en avant, une
dérogation aux caracteres distinctifs que Férussac avait
attribués à son genre Zimnas en le séparant des #rions.
Je me suis expliqué déjà sur la valeur de ces caracte-
res dans les considérations générales qui précèdent ces
descriptions,
PNEUMOBRANCHES: 37
Le mollusque dontilestquestionesteylindracé ; la eui«
rasse, elliptique et déprimée, occupe un tiers de la lon-
gueur totale; le plan locomoteur est étroit et nettement
détaché ; le derme est remarquable par un système de
rides fines, superficielles et réticulaires ; le bouclier est
parfaitement lisse. |
Le manteau d’un fauve obscur, est roussâtre aux ex-
trémités et verdâtre sur les bords du plan locomoteur ; le
dos plus foncé; la cuirasse finement pointiliée. Deux
bandes noires règnent sur les côtés et se détachent sur
une zône plus claire. La tête et les tentacules sont vio-
lâtres ; le disque ventral livide.
La contractilité de ce mollusque parait moins éveillée
que chez les autres Limaces. Son exercice est probable-
ment gêné par l'épaisseur ou la rigidité du tissu cutané ;
on le trouve toujours plus où moins allongé dans l’état
habituel. En revanche, la tête engagée sous la cuirasse
ne se révele que par lextension des tentacules.
Habite la Serra de Monchique en Algarve.
6. LIMAX SQUAMMATINUS. Spec, nov.
PIRE fra
L. parvulus, gracilis, aureo-virescens; lateribus cærulescentibus: tentaculis
nigris; Corpore minutim reticulato, quatrofasciato; lineis lateralibus
parallelis, dorsalibus in unum convergentibus; apertura media.
Si les individus que j'ai observés étaient adultes, cette
Limace est la plus petite que je connaisse. Elle est grêle et
cylindracée ; la tête enfoncée sous la cuirasse s’en dégage
rarement au-delà dela naissance des tentacules : la cavité
38 MOLLUSQUES CÉPHALES.
branchiale est à-peu-près médiane; peut-être un peu plus
en avant qu’en arrière.
Le dos est vert doré; les côtés d’un gris bleu très in-
tense, qui s’affaiblit vers le plan locomoteur. Quatre
lignes noires sillonnent l'animal d’une extrémité à l’au-
tre, et présentent unedisposition assez remarquable ; cel-
les que j'appellerai latérales conservent leur parallélisme;
les dorsales au contraire se réunissent à la naissance du
manteau en une seule fascie qui règne jusqu’au limbe
antérieur ; les tentacules sont noirs.
Indépendamment de ces caracteres de forme et de con-
leur, le derme est traversé par des rides d’une extrême
finesse, qui se croisent à angle aigu et enveloppent le
manteau d’un réseau analogue à celui de l'espèce précé-
dente. La cuirasse offre la mémedisposition. Le rudiment
testacé, d’une forme elliptique, est concave et atténué
à son extrémité antérieure.
Ce petit animal est aussi vif que Limace puisse être; il
rampe avec activité, se dresse sur l'extrémité de sa queue
et se suspend, lorsqu'il rencontre un vide, à un fil
sécrété par l'extrémité du plan locomoteur.
Je l’ai trouvé dans la Serra de Caldeirao, qui sépare
l'Alemtejo de l'Algarve.
7. LIMAX VIRIDIS. Spec. nov.
PI. IL, fig. 3.
L. nigro-viridis, omnind lævis; corpore éylindraceo, obtusim truncato,
obsoletè carinato; clypeo parvulo, angusto; tentaculis nigris; cavitate
branchiali intermediä.
Le corps est arrondi et terminé en pointe obtuse; le dos
PNEUMOBRANCHES, 39
présente une carène émoussée ; la cuirasse d’une forme
elliptique est tres raccourcie; le cou allongé ; le plan loco-
moteur étroit ; le tissu cutané parfaitement lisse; la ca-
vité branchiale intermédiaire. Animal d’un vert foncé qui
passe au noir sur le dos et au bleu sur la tête ; les tenta-
cules sont noirs ; le plan locomoteur livide, ainsi que la
portion du cou qui s'engage sous la cuirasse.
Rudiment testacé moins concave et moins atténué anté-
rieurement que celui de l’espèce précédente.
Habite la Serra de Caldeirao.
8. LIMAX LOMBRICOIDES, Spec, nov.
PI. III, ûg. 4.
L. gracilis, carnicolor, atomis nigris notatus; corpore subcarinato, posticè
acuminato, rugosiusculo; clypeo striis adversis sulcato, anteriùs libero,
valdè contractili.
Cette Limace, par sa forme et par sa couleur, se rap-
proche beaucoup de l_4grestis. Le corps finement strié
offre une carène obtuse et se termine en prisme aigu;
l'animal est effilé et doué d’une grande vivacité; en ram-
pant il allonge singulièrement la tête. La couleur domi-
nante est celle du lombric terrestre; le dos, d’une nuance
un peu plus prononcée, est tacheté, comme la cuirasse,
de points nroirûtres irréguliers; la cavité branchiale est
très en arrière et sensiblement bordée.
Ce mollusque, dont l’apparence est assez insignifiante,
offre néanmoins une particularité remarquable dans l’ex-
pansion charnue qui protége les organes importans de la
vie. En observant attentivement la cuirasse, on remarque
10 . MOLLUSQUES CÉFHALÉS.
que les rides dont elle est sillonnée prennent deux direc-
tions différentes selon qu'on examine la partie antérieure
ou celle qui Jui est opposée. Celle-là montre des rides
annulaires qui convergent vers la proéminence dorsale ;
celle-ci, des lignes obliques qui ne sont point parallèles
aux premieres. Cette disposition n’est pas due au hasard ;
elle est le résultat d’un phénomène assez particulier et
qui n’a été observé jusqu’à présent sur aucun mollusque
de cette famille. Le lobe antérieur de la cuirasse est libre
et extrèmement mobile ; lorsque l'animal veut accélérer
sa marche il lui imprime, de droite à gauche, un mouve-
ment d’oscillation très animé. En outre, il est contractile,
et se réduit de moitié au premier attouchement (1).
Commune aux environs de Monchique. Une variété
plus foncée habite les montagnes de Braga.
GENRE PARMACELLE, Cuv.
1. FARMACELZLA VALENCIENNII. Webb et Van Bened.
PIRE
C'est une découverte curieuse dans l'histoire des mol-
lusques terrestres, que celle d’un être qui habite une
coquille au début de son existence, qui y trouve-un abri
complet pendant un certain temps, et qui, dépourvu tout-
à-coup de l'énergie créatrice nécessaire au développe-
ment de cette coquille, estobligé d'en porter pendanttoute
(1) Le lobe antérieur du manteau est libre chez la Parmacelle, mis il n’est
pas contractile,
PNEUMOBRARCIHES, il
sa vielerudiment imparfait; ce berceau, si l’on me permet
une image, qui nerenferme plus qu’une faible portion de
son corps. Pendant cette première période, à la fragilité,
à l’expansion de sa coquillle, on le prendrait pour une
Vitrine; mais cette coquille ne doit plus s’accroitre; le
rudiment testacé particulier aux mollusques nus com-
mence à se montrer et se développe rapidement; bientôt
tout disparaît sous l'invasion du manteau, et cette Vitrine
n’est plus qu’une Limace! mais une Limace qui nous con-
duit par une transition inattendue aux mollusques testa-
cés, et qui nous montre, comme l’a fait observer Férus-
sac, le premier effort de la nature pour rejeter dans le
test les organes importans de la vie(r).
Après la description de MM. Webb et Van Beneden,
il reste peu de chose à ajouter sur la Parmacelle portugaise;
je renvoie donc au Magasin zoologique que ces natura-
listes ont rendu dépositaire de leur travail. Peut-être ne
sera-t-il pas sans intérêt, dans un genre aussi curieux et
aussi peu connu, de comparer les différentes espèces qui
ont été observées jusqu’à ce jour ; cet examen résumera
succinctement les renseignemens épars dans un grand
nombre d'ouvrages, et donnera une idée de l'importance
que cette tribu, long-temps réduite à un membreiïsolé, a
conquise depuis peu d’années.
1° FARMACELLA OLIVIERI. Cuv. (2).
La premiere Parmacelle fut rapportée: par Olivier des
(r} Ferussac, Supplém, à la fam, des Limaces, P. 96.
(2) Ann, du Museum, 1804,1, 4, p. 435.
s
42 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
plaines de l'Euphrate, et décrite par Cuvier dans les /n-
nales du Muséum. La dissection de ce mollusque qui em-
pruntait aux proportions de sa cuirasse une physionomie
particulière, développa les rapports intimes qui l’unis-
saient aux autres Gastéropodes pneumobranches, et mit
en évidence un rudiment testacé d’une forme caractéris-
tique, dont l'illustre savant négligea la description, et
qui devint important plus tard par les conjectures dont
il fut l’objet. En effet, quoique l’organisation de la Par-
macelle fut désormais établie et qu’il fut aisé de la recon-
naître, il n’en était pas ainsi de la coquille isolée, comme
le prouve l'erreur de Férussac, qui l’attribua après quel-
que hésitation à un genre voisin, et en fit une Tes-
tacelle sous le nom spécifique d’Æmbigua (x). A-peu-
pres à la même époque, un naturaliste anglais, saisissait
avec plus de bonheur les relations d’un élément ana-
logue, et le rapportait à sa véritable origine en créant
une nouvelle espèce qu’il nommait Parmacella calycu-
lata (>). Au surplus, ces rudimens testacés ayant été
observés isolément, ne montrent que des rapports d’a-
nalogie; et comme nous savons aujourd’hui qu'ils of-
frent quelquefois une grande similitude chez des espèces
différentes, il nous est impossible d'attribuer à ceux-ci
une détermination positive.
<
(1) Il est probable que la coquille de la Parmacella Olivieri, que Férussac
chercha inutilement dans la collection d'Olivier et dans celle du Muséum , est
précisément celle qu'il trouva chez Lamarck, et dont il fit sa estacella ambi-
gua. L'ambiguité n’existant plus, il conviendrait de restituer à l'espèce Cana-
rienue le nom spécifique que MM. Webb et Berthelot lui avaient imposé dans
l'origine, Voir Férussac; Æist, des Pulm, sans operc. p. 79.
(2) Sowerby ; Genera of shells, n° 13.
PNEUMOBRANCHES.
E
C2
2° PARMACELLA PALLIOLUM. ler, (1).
I n’en est pas ainsi de la Parmacella palliolum dont la
description et les figures ne laissent rien à désirer. La
découverte de ce mollusque à une distance aussi éloi-
gnée du premier, dut faire penser avec raison que cette
tribu remarquable, qui avait échappé jusqu'alors à l’ob-
servation, n’était pas renfermée dans des limites aussi
étroites qu’on l'avait d’abord supposé.
3° PARMACELLA ÂLEXANDRINA. Ehrenb, (2).
Les voyageurs prussiens Hemprich et Ehrenberg obser-
vèrent à leur tour dansles jardins d’Alexandrie,une Parma-
celle qu’ils ont décrite sous le nom d’Ælexandrina.Mal-
heureusement , les Symbolæ physicæ se bornent à un
spécimen qui n’a pas été continué, et l’on y chercherait
vainement la figure qu’ils ont promise de l'animal vivant.
4° PARMACELLA AMBIGUA. Webb. et Berth. (3).
Quelques années plus tard, l'exploration des iles Ca-
naries signala sur un point intermédiaire une quatrième
espèce aussi remarquable par sa forme que par sa cou-
leur. Préoccupés sans doute du rudiment testacé qui leur
apparaissait sous une forme nouvelle, et de la cavité
(1) Férussuc , Prodr,, p. 25, pl. vin A , fig. r à 9, el Supplém. à la fam, des
Limaces, p. 96.
(a) Symbolæ physicæ, decas prima, Berlin, 1628.
(3) Ann. des Sciences naturelles, t. xxvur, p. 307. Magas, zool., 1835, t, vais,
Histoire naturelle des iles Canaries, 1, 11, p. 50.
&-
es
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
triangulaire qui détache le bouclier de larète caudale,
MM. Webb et Berthelot instituérent un genre nouveau
sous le nom de Cryptelle. La Cryptella Canariensis men-
tionnée d’abord dans le tome xxvrn1 des /rnales et plus
longuement décrite dans le Magasin zoologique, prit dans
leur ouvrage sur les iles africaines (par égard pour Fé-
russac sans doute), le nom impropre d'arrbigua. Rien
en effet de moins ambigu si les figures et la description
sont exactes. \
5° PARMACGELLA VALENCGIENNII. Webb, et Van Bened, (1),
Nous arrivons à l’espèce portugaise recueillie pour la
première fois aux environs de Lisbonne, par M. Webb,
qui, frappé cette fois de l’analogie, lui assigna sa véritable
place dans une description publiée en 1836 de concert
avec M. Van Beneden. Ce travail est exact et complet;
mais les figures dessinées sur des animaux conservés
sont détestables. La couleur est bonne, mais la raideur
des formes, le développement anormal des mâchoires, la
contraction du reste et notamment des tentacules, don-
nent une idée tres fausse de l'animal.
6° PARMACELLA. Spec. nov.
Enfin , nous devons aux recherches de la commission
scientifique d'Algérie la découverte d’une dernière Par-
macelle abondamment répandue dans la province d’O-
(1) Magas, 5001, 1836,
PNEUMOPBRANCHIS, 45
ran, et qui sera décrite dans le grand ouvrage quele gou-
vernement français prépare sur cette région (1).
Ainsi, voilà un genre borné pendant long-temps à un
type isolé, qui dans un petit nombre d'années, grâce à
l’ardeur exploratrice de notre époque, s’est accru de
cinq espèces distinctes. Une seule se rattache à l’Europe;
une seule jusqu'à présent » appartient au continent
américain, et vit dans les forèts séculaires du Brésil,
qui réservent au naturaliste aventureux bien d’autres
découvertes; une seule habite l'Asie, dont les ri-
chesses zoologiques sont encore imparfaitement con-
nues; les trois autres sont africaines. Il en existe sans
doute un plus grand nombre que des circonstances favo-
rables nous révéleront plus tard, et qui nous offriront
peut-être d’intéressantes modifications dans le dévelop-
pement de leur rudiment protecteur (2). Apres cette
énumération des différentes Parmacelles connues, nous
allons examiner rapidement, en rapprochant les espèces
voisines, les caractères principaux qui les différencient.
Nous ne savons rien de positif sur le test de l'espèce
qui a constitué originairement le genre; néanmoins,
d’après la fig. 12 de la planche anatomique de Cuvier,
qui en conserve l’empreinte, on doit présumer qu’il offre
beaucoup d’analogie avec ceux que nous avons observés
sur les trois Parmacelles d'Oran, du Portugal et des Ca-
naries. La couleur de ce mollusque nous est également
(x) Les matériaux de cette publication sont prêts depuis trois années; mais
hélas ! la question financière a dominé jusqu'à présent l'intérêt scientifique,
(2) Je doute fort cependant que nous assistions aux prodiges que M. Denys de
Montfort a sisnalés dins son ouvrage, Conchyl, System. Paris, 1810 ,t,1r, p, 98,
46 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
inconnue; nous ne pouvons donc pas le comparer à la
Parmacella Alexandrina qui ne présente, dans la des-
cription d'Ehrenberg, que des caractères à-peu-près
communs à toutes les Parmacelles.
Quant à celle des Canaries, on la reconnait au pre-
mier aspect à sa nuance tranchée et aux accidens qui
en dépendent; au développement remarquable de
l’appendice caudal et à l’absence de rides sur le man-
teau. Le rudiment testacé ressemble beaucoup à tous
ceux que nous connaissons (en exceptant celui de la
P. palliolum). C'est une petite coquille verte et brillante
dont la spire est peu distincte et qui adhère à une lame
blanchätre, elliptique et concave. Le crochet dentiforme
dont on a fait un caractère spécifique me parait un aCc-
cident de l’âge qui n’est point particulier à cette espèce.
La ressemblance est plus intime entre la Parmacelle
d'Oran et celle du Portugal. On est tenté d’abord de les
considérer comme variétés d’une même espèce. Cepen-
dant je les crois distinctes ; la première est plus grosse,
plus brune et d’un ton uniforme ; elle exhale en outre
(circonstance très singulière), une odeur nauséabonde
qui saisit lodorat; celle du Portugal est plus effilée et
d’un jaune rougeâtre. Le bouclier, d’un brun chaud,
est orné de taches brunes irrégulières, dont le système
est assez constant. Souvent il est parsemé vers sa limite
inférieure et dans le voisinage de la cavité branchiale de
granulations d'un jaune paille, qui s'étendent jusque
sur le prisme caudal et donnent à l’animal un certain
éclat, surtout lorsqu'il est humecté.
Une autre différence résulte de l'examen des mû-
PNEUMOPRANCHES. 47
choires; l’osselet de la Parmacelle d'Oran a la forme d’un
croissant très mince; l'autre plus élargi, ressemble en
miniature au sabot d’un cheval. Son bord libre offre
une proéminence médiane qui est à peine sensible sur
celui de l’espece africaine; le bord d'insertion ne diffère
pas moins. Dans celle-ci; il paraît dédoublé pour rece-
voir les fibres musculaires; dans la nôtre, au contraire,
il n’offre qu’une lame simple, épaisse, anguleuse, légère-
ment recourbée en dedans, et qui s'implante dans les
faisceaux charnus.
La Parmacelle Brésilienne montre dans ses caracteres
généraux une grande similitude avec les espèces du vieux
monde ; il résulte du travail anatomique de M. de Blain-
ville, qu’elle ne présente guère dans son organisation
interne que des modifications peu importantes de l'ap-
pareil générateur. Les différences extérieures roulent
sur la forme de l’appendice caudal, les proportions de
la cuirasse et celles du rudiment testacé, dont la portion
spirale plus développée et moins masquée que dans les
autres espèces, la rapproche davantage de la famille des
Vitrines.
J’ajouterai, pour compléter les observations qui ontété
publiées sur la Parmacella V'alencienni, que la coquille
proprement dite, qui fait saillie au point où le tortillon
se sépare du plan locomoteur, est entièrement recou-
verte par la membrane fine et blanchâtre qui tapisse le
crypte intermédiaire. Elle engaine l'extrémité de l’animal
qui se termine comme celle des hélices. Le test qui lui
est adhérent n’est fixé au manteau que par une couche
très fine de tissu cellulaire qui s’en détache pour s’im-
48 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
planter sur le bord antérieur. Le mucusestblanc argenté.
Je l’ai trouvée abondamment répandue dans le Por-
tugal méridional, depuis la latitude de Lisbonne. Dans
les plaines de Béja, par une matinée d’avril, je les comp-
tais par centaines. Au lever du soleil, elles cherchaient
un abri sous la tige des plantes; la présence d’un indi-
vidu en annonçait infailliblement un second ; cependant
je ne l’ai jamais surprise dans laccouplement.
GENRE TESTACELLE. Cuv.
1. TESTACELLA MAUGEI. Fer.
Je n'ai point rencontré en Portugal la T'estacella Ha-
liotidea ; Yespèce que l'on trouve assez communément
sous les pierres, depuis lé parallele de Coïmbre jusqu'aux
rivages de l’Algarve ressemble à celle de Ténériffe, que
la description de Férussac distingue suffisamment de la
nôtre. Sa couleur est un brun verdâtre analogue à celle
du bronze. Le disque ventral est d’un rouge orangé tres
vif; les tentacules sont effilés, sans renflement à leur
sommet; les supérieurs bruns, les inférieurs presque
incolores. On sait que le test, plus développé que celui
de l’Haliotidea, est en même temps plus mince, plus
allongé et plus convexe. L’enroulement de la spire étant
mieux prononcé, le bord columellaire se dessine avec
plus de netteté; il est moins élargi, plus régulier, et,
dans ses rapports avec l’ensemble, il rappelle mieux la
physionomie habituelle d'une coquille,
PNEUMOBRANCHES. 49
M. d'Orbigny, dans sa description des mollusques
des iles Canaries, émet un doute sur la valeur de cette es-
pèce qui paraît être, selon lui, une simple variété de
V Haliotidea. Je ne partage pas cette opinion. Les ani-
maux , J'en conviens, offrent entre eux de grands rap-
ports; mais leurs tests présentent des différences vrai-
ment spécifiques. J’en ai comparé un grand nombre
dans toutes les phases de leur développement, sans qu’il
m’arrivât jamais de les confondre. D’un autre côté, j'ai
examiné avec attention la Testacelle que nourrit l Algérie
dans des circonstances climatologiques analogues à celles
du Portugal, et je l’ai trouvée parfaitement semblable à
V’Haliotidea dans ses caractères zoologiques et dans ceux
du rudiment testacé. Celle-ci appartient donc au bassin
de la Méditerranée, tandis que l'autre espèce semble
vivre sous l'influence du Grand-Océan (1).
Quand l'animal est inquiété, il fait jaillir par dessous
son test qui se soulève, une écume blanche qui s’accu-
mule sur l’extrémité dorsale et la recouvre entièrement.
Je n’ai point vu d'individu qui atteignit plus de 5 centi-
mètres de longueur; mais je possède des coquilles dont
les dimensions correspondent exactement à celles qui ont
été figurées par Férussac, pl. VIT, fig. 10, c’est-à-dire
qu'elles ont 13 millimètres de développement,
Je signale à l’attention des voyageurs futurs un petit
mollusque extrémement curieux que j'ai recueilli à peu
de distance d’Abrantès, de l’autre côté du Tage, sur les
© (x) La Testacelle que le hasard a transportée dans les jardins de Bristol n’est
pas autre chose que l’Haliotidea,
30 MOLLUSQUES CÉPHALÉS,
murs d’un jardin borné par la petite riviere d’Alvega, et
qui constituera peut-être un genre nouveau, lorsque ses
caracteres zoologiques nous seront mieux connus. Sa
forme est celle d’un Arion; le dos est cylindracé et l’ex-
trémité postérieure arrondie; le plan locomoteur est
large , non marginé et nettement tranché. La cuirasse
est petite, la cavité branchiale un peu en avant; un pore
muqueux terminal.
Le phénomène particulier que présente ce mollus-
que, c’est que le plan locomoteur ne’se lie pas antérieu-
rement avec la tête de l'animal, mais offre une solution
de continuité qui forme une espèce de sac où elle s’en-
gage dans la contraction. La couleur est un brun enfumé
avec deux bandes latérales plus ‘claires. Le disque ven-
tral est orangé comme celui de la Testacelle.
Les circonstances ne m’ayant pas permis de pousser
plus loin l’examen au moment même où je venais de le
recueillir, j'ai eu le regret plus tard de le trouver com-
plétement défiguré par la pression d’un corps plus dur.
Néanmoins la section de la cuirasse m'a laissé voir le
rudiment protecteur sous la forme de concrétions cal-
caires irrégulières et abondantes.
DEUXIÈME FAMILLE. — Les LIMACONs.
GENRE VITRINE. Drap.
1. VITRINA SUBGLOBCSA. Mich.
Cette Vitrine, le seule que j'aie rencontré pendant mon
voyage , habite Le nord-est du Portugal sur les hauts
PNEUMOBRANCHES. 54
plateaux qui avoisinent Chavès, Bragance et Torre de
Moncorvo.
L'animal est blanchâtre.
GENRE SUCCINÉE. Drap.
1. SUCCINEA LONGISCATA. Spec. Nov.
HAE fig. le
S. test elongatä, fragili, valdè striatà, fulvo-rubescente. Aperturâ syme-
tricâ, subangustä, oblongâ, supernè ovatd, infernè angulatä; spir4 acu-
minatà; anfractibus juxtà suturam planulatis.
Anfr. 3 4/2. — Longit. 47 mill. — Amplit. 7.
Personne n’ignore combien il est difficile d'apprécier
nettement les caractères distinctifs des Ambrettes, qui
reposent en général sur des modifications plus où moins
sensibles, plus ou moins constantes dans l'obliquité de
l'ouverture, ses proportions et celles de la spire (1). En
proposant ici des espèces qui m'ont paru nouvelles,
sans offrir cependant ces caractères tranchés qui per-
mettent de classer une coquille au premier aspect, je n'ai
rien négligé pour ne pas m’égarer sur la limite des varia-
tions qu’un même type peut subir en changeant de sol et
de climat. J'avoue franchement que je les ai considérées
comme simples variétés de l’Æmphibia, ] usqu'au moment
(x) Aussi avait-on confondu jusqu'ici deux espèces qui habitent générale-
ment les mêmes lieux, la $, amphibia et la S. Pfeifferi, Rossm., que l’ovale régu-
lier de son ouverture, la brièveté de sa spire, et un demi-tour de plus distinguent
suffisamment,
2
te
52 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
où la comparaison ne n’a plus permis de les confondre.
Malheureusement la description et la-gravure suffisent à
peine pour exprimer nettement des rapports que l’ob-
servation elle-même ne révèle pas sans quelques efforts.
La Succinea longiscata se distingue par sa forme aïlon-
gée, la régularité et le rétrécissement de son ouverture
dont le péristome décrit une courbe symétrique et pa-
rallèle à l’axe de la coquille. Ce dernier caractère l’é-
loigne de lÆmplhibia dont le plan péristomal est obli-
que , tandis que son rétrécissement et le développement
de la spire permettent bien moins encore de la con-
fondre avec la Succinea Pfeifferi.
L'examen des détails élargit encore l'intervalle. Les
tours de spire se creusent au bas de la suture et forment
un bourrelet aplati, circonscrit lui-même par un sillon
décurrent tres faible , mais sensible à l’œil nu. Observés
à la loupe, les deux premiers se montrent sous la forme
d’un cône tres allongé. Le sommet est pointu; les stries
d’accroissement larges, fortement prononcées, élèvent
sur la surface des plis irréguliers. Le test est plus épais
que celui de l'4mphibia, luisant, d’un fauve rougeàtre,
peu transparent et très cassant.
Habite sur les bords d’un ruisseau à un quart de lieue
de Faro (Algarve).
2, SUCCINEA AMPHIBIA. Drap.
PI, V, fig. 2.
J'ai hésité long-temps sur la valeur de cette espèce qui,
malgré certaines modifications qui appartiennent sans
doute à l'influence du climat, me parait définitivement
PNEUMOBRANCHES, ‘ 03
identique avec la Succinea amphibia; c'est par ce motif
que j'en ai donné la figure, mes doutes n'étant pas en-
core résolus lorsque je l’ai fait exécuter.
Elle est commune dans la plaine du Tage, aux envi-
rons d'Azambuja, de Villa-Nova, d’Alemquer, sur les
Joncs qui bordent les canaux.
3. SUCCINEA VIRESCENS. Spec, Nov.
PI. V, fig. 3.
S. testà ovato-oblongä, tenuissimä, pellucidâ, flavo-virescente, concinnè
striatà, columellä albicante; aperturâ ovatâ; spirâ brevissimä, ultimo
. anfractu amplissimo.
Anfr. 3. — Longil. 40 mill. — Amplit. 5.
Plus petite que les deux précédentes, dont elle est par-
faitement distincte, elle se rapproche davantage de la
Succinea Pfeifferi, quoiqu'elle soit plus évasée et plus
ventrue. La columelle , régulièrement arquée, dessine
une ligne nette et blanchätre sur le bord gauche de
l'ouverture ; les deux premiers tours de spire sont telle-
ment courts que la coquille est formée presque entière-
ment par le dernier. Vus à la loupe, ils offrent l’appa-
rence d’un mamelon arrondi et à-peu-près symétrique.
La suture est nette; le test est mince, fragile, diaphane,
finement et régulièrement strié, d’un jaune verdâtre qui
la fait distinguer au premier coup-d’œil. L'animal est
d'un brun roussätre ; le pied jaunâtre par dessous, le
tortillon bleu-turquin marbré de noir.
Habite les bords humides du Sadao et de la rivière
Charrama, sur les plantes aquatiques, dans l’Alemtejo.
54 MOLLUSQUES CÉPHALES.
&. SUCCINEA ABBREVIATA. Spec. Nov.
PI. V,; fig. 4.
S. testà parvulâ, globuloïdeä, pellucidä, virescente; aperiurà amplà,
rotundatä; spirâ brevissimâ; ultimo anfractu dilatato.
Long. & mill.— Amplit. 3.
Malgré ma répugnance à proposer une espèce nou-
velle sur l'examen d’un seul individu, il m'est impossible
de considérer cette Ambrette comme simple variété de
la Succinea oblonga.Ele appartient évidemmentau même
groupe par la profondeur de la suture, le mode d’'enrou-
lement de la spire et le plan de son ouverture; mais elle
diffère de l’oblonga par la courbe arrondie de son pé-
ristome , le renflement et lévasement du dernier tour,
enfin la brièveté singulière des deux premiers, qui lui
donnent l'aspect d’une Paludine globuleuse. Le test est
finement strié, épais relativement à sa petitesse, transpa-
rent et verdatre,
Habite une prairie des environs de Bragance.
GENRE HÉLICE. Lin.
Premier Groupe. — Coquille aplatie.
A. non carénée.
1. HELIX CELLARIA. Mull.
Elle acquiert plus de développement que dans l’Eu-
rope boréale et compte un tour ou un tour et demi de
PNEUMOBRANCHES, D9
plus. L’épiderme, plus coloré, est analogue à celui de
l’'Helix olivetorum.
2. HELIX NITENS, Mich.
Commune à Cintra et dans le Nord ; fortement colorée.
3. HELIX CRYSTALLINA, Mull.
Tout le Portugal; rare; la variété m2ajor habite la
Serra da Arrabida.
4. HELIX PYGMZÆA. Drap.
À Cintra, sous les feuilles humides.
5. HELIX ROTUNDATA. Mull.
Aux environs de Porto.
6. HELIX LUSITANICA. Pfr.
1 IE 3 0 to
H. testà discoïdeà vel convexiusculà, obsoletè carinalà, pellucidà, fragil;
corneo rubescente vel flavescente, striis regularibus notabiliter incisà,
umbilico perspectivo ; peristomate albo labiato, incrassato, reflexo, mar-
gine externo angulato.
Anfract. 6. — Amplit. 43 ad 47 mill.
Coquille discoïde ou légèrement convexe ; subcarénée,
arrondie par dessous , composée de six tours qui crois-
sent insensiblement et percée d’un ombilie profond,
56 . MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
évasé, perspectif, ordinairement échancré par l'insertion
du bord columellaire. La suture est profonde et nette-
ment tracée; l’ouverture assez large et un peu oblique
est bordée d’une fascie jaunâtre qui indique le péristome;
celui-ci épaissi, réfléchi, sinueux, forme un angle obtus
un peu avant l'insertion du bord externe. Le test est
mince, corné, transparent, fragile, remarquable par la
netteté et la régularité des stries dont il est gravé.
Cette Hélice a été décrite par Pfeiffer dans ses Symbolæ
ad historiam Heliceorum , première section, diagn. 26.
Elle habite les environs de Porto, sous les pierres et
dans les murs en ruine; elle vit aussi dans les montagnes
du Gérez; l'animal est d’un gris noirâtre uniforme; le
derme est très rugueux; trois sillons entre les tentacules.
7. HELIX SIMPLICULA. Spec. Nov.
PI AVI Mio.
H. testà parvulà, lenticulari, subprominulà, valdè umbilicatä, tenuissimè
striatà, pallidè corneà; ultimo anfraciu subangulato, subtus convexius-
culo; aperturà depressà, peristomate simplici.
Anfr. 5. — Amplit. 6 mill.
Cette coquille ressemble à une très petite Hélice bar-
bula, dont le péristome n’est pas encore développé ;
elle est moins déprimée; ses tours sont plus pressés, plus
arrondis; sa couleur et ses stries offrent aussi quelque
différence. Elle est subcarénée, convexe à la base et
percée d’un ombilic fort large qui laisse apercevoir les
étages de la spire. La suture est profonde; l'ouverture
PNEUMOBRANCHES, 07
déprimée, simple et un peu oblique. Le test est corné,
pâle, un peu mat et finement strié.
L'animal est d’un gris clair uniforme.
Je l'ai trouvée en traversant les montagnes au sud-
ouest du Portugal, sur les hauts plateaux qui séparent
Mertola de Castro Verde.
B. Coquille carénée.
8. HELIX LAPICIDA, lin.
Je n’a rencontré cette Hélice qu'aux environs de
Porto. Elle n'offre rien de particulier.
9. HELIX BARBULA, Rossm, Zconogr. n° 451 (1).
Le type, c'est-à-dire la forme la plus habituelle de
cette espèce n'offre point une carène tranchante,
comme lPauteur de l’/conographie Va dépeint, mais une
carène émoussée qui disparait entièrement sur un petit
nombre d'individus. Les stries sont pressées, très nettes,
et d’une régularité remarquable; en général la spire est
Le
légèrement convexe; rarement elle s’enroule sur le même
(1) Cette coquille à été nommée par M. Charpentier, mais elle appartient réel-
lement à Rossmassler qui le premier nous l’a fait connaître en la décrivant. Je
ne puis m'empècher de signaler ici l'inconvénient de ces dénominations privées,
qui ne sont accompagnées d’aucune description authentique. Elles semblent
consacrer des faits qui demeurent cependant inconnus au public et augmentent
l'embarras des recherches dans une science qui emprunte déjà une partie de ses
difficultés à la confusion de sa synonymie, Je conçois qu’on n’entame pas une pu=
blization à propos d’une coquille; mais les revues scientifiques, les aunales, les jour
naux Zoologiques , n'offrent-ils pas un accès libéral aux observateurs qui veulent
répandre leurs découvertes ?
58 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
plan ; c’est alors que la carène est réellement tranchante
et la convexité très saillante à la base.
J'ignore sur quel fondement on a imposé à cette Hélice
un nom qui n’est propre qu’à induire en erreur; on la
considérée sans doute comme un diminutif de l’Helix
barbata ; maïs l’analogie pèche par la base, puisqu'elle
est dépourvue du caractère auquel celle-ci emprunte sa
dénomination spécifique. Il valait mieux lui conserver
le nom d'A. bituberculata qu’elle porte dans la collec-
tion de Férussac.
L'animal est gris de fer, plus foncé sur le sommet de la
tête, aux tentacules et au bord du pied. Celui-ci, net-
tement détaché, se termine en carène aiguë. Le derme
est finement chagriné et traversé, sur le dos, par des sil-
lons d’une extrême ténuité. On en remarque un seul,
un peu plus prononcé, entre les tentacules. Les supé-
rieurs, fort allongés, se terminent par un renflement
oculifère; quelquefois elles sont incolores et laissent
apercevoir le nerf optique dans son trajet. Le mufle est
prononcé; l'animal s’allonge singulièrement en portant
sa coquille et la clôt d’un épiphragme blanc, solide,
vnalogue à celui de lÆelix lenticula.
Les montagnes de l’Algarve nourrissent une variété
constante dans ses proportions minimes ; son diamètre
est de 6 à 7 millimètres, tandis qu'elle en atteint or-
dinairement le double.
Ce mollusque multiplie prodigieusement en Portugal ;
on le trouve sur tous les terrains, en plaine et en mon-
tagne, depuis le cap Saint-Vincent jusqu'aux frontières
de Galice. Il vit presque toujours en famille et il n’est pas
PNEUMOBRANCHES, 99
. CE SAS # Q ,
are de rencontrer une trentaine d'individus réunis sous
un même abri. Il habite aussi les Acores, d’où je l'avais
reçu avant d'entreprendre mon voyage.
10. HELIX TURBIPLANA. Spec, Nov.
PI. Vi, fig,.3.
H. testà pallidè corne, depressä, umbilicatä, carinatä, punclis eminen-
tibus scabriusculâ; apice levi, planissimo, tæniato; anfractibus margina-
ts; ultimo subtüs turgido, circumsulcato; aperturâ depressä, angustà,
subtetragonâ; peristomate flexuoso, replicato, calloso, albo labiato, bi-
denticulato; extüs plicis geminis impressis signato.
Anfr. 6, — Amplit. 42 ad 44 mill.
L’Hélice que j'ai nommée turriplana, et qu'au pre-
mier aspect javais envisagée comme une variété singu-
lière de l’Æelix barbula, s’en distingue par des caractères
invariables qu'aucune modification individuelle ou
transitoire ne vient affaiblir, comme je m'en suis con-
vaincu par l'examen d’un très grand nombre d'indi-
vidus. Elle est aplatie et bordée d’une carène saillante,
limitée par un sillon décurrent qui la circonscrit des
deux côtés de la coquille. Les trois premiers tours de
spire sont liés entre eux et généralement planiformes ;
mais la carène se relève dans les suivans et forme une
gouttière spirale qui lui imprime une physionomie tres
remarquable. Le dernier tour est convexe par dessous et
percé d’un ombilic perspectif.
L'ouverture est petite, subquadrangulaire, très obli-
que, rétrécie par deux dents analogues à celles de l'Æe-
lix barbula, et qui correspondent à deux sinus externes,
60 MOLLUSQUES CÉPHALÉS,
profonds et légèrement froncés. Le péristome est blanc,
sinueux, replié en dehors et terminé vers la carène par
un angle aigu qui fléchit légèrement en arrière. Les deux
bords ne se rapprochent pas à leur insertion, mais ils
sont unis par une callosité superficielle, qui, dans les
vieux individus, masque une faible portion de l’ombilic.
Le test est solide, corné, fauve, sans éclat, transparent,
rude au toucher, obscurément strié, chagriné de petites
aspérités longitudinales et angulaires disposées symétri-
quement en échiquier. Moins saillantes par dessous,
elles se prolongent dans l’intérieur sur toute la callosité
du péristome.
J'ai comparé l’animal à celui de l’Æelix barbula; je l'ai
trouvé plus épais, d’une couleur plus foncée; les tenta-
cules m'ont paru plus courts, je ne les ai jamais vus dia-
phanes, mais aucun signe extérieur ne trahit les carac-
tères d'organisation qui déterminent entre les deux tests
une différence de structure aussi remarquable. L’épi-
phragme est le mème.
J'ai dit que les caractères de cette coquille étaient
constans; les seules modifications que j'aie remar-
quées se bornent à l'élévation plus ou moins sensible
de la spire qui, chez un petit nombre, est bombée au
lieu d’être plane et à la saillie plus ou moins forte de
la carène au-dessus du tour inférieur. Il arrive en effet,
mais rarement, que la spire s’enroule dans le même plan
et forme une coquille lenticulaire. D’autres fois, au con-
traire, le bourrelet de la carène est assez relevé pour que
les tours de spire semblent creusés dans la coquille.
Je crois qu'après tous ces détails il est inutile d’insis-
PNEUMOBRANCHES. 61
ter sur les caracteres qui la séparent des espèces voisines.
Je me bornerai à comparer briévement ceux qu'elle
semble emprunter à l’Helix barbula. Dans celle-ci, le
bourrelet terminal qui donne naissance aux deux petites
protubérances dentiformes est nettement défini ; dans
l’'Helix turriplana, il n’existe point de bourrelet, mais
un épaississement graduel du péristome. La dent exté-
rieure, en outre, est triangulaire et non pas linguiforme
et elle s’implante avec l’autre plus avant dans l’inté-
rieur de l'ouverture. Au lieu d’être, en un mot, un ac-
cessoire du péristome, elles deviennent une dépendance
de la coquille. Enfin, dans l’Helix barbula la carène s’é-
mousse à sa terminaison, tandis que dans la nôtre elle
se resserre encore de manière à former un sinus à la jonc-
tion des deux bords.
Cette curieuse espèce habite uniquement l’Algarve ;
elle est abondamment répandue dans les rochers sté-
riles aux environs de Loulé, de Faro et de Tavira. Je ne
l'ai. pas trouvée ailleurs.
11. HELIX LENTICULA. Fer.
Habite le Portugal méridional.
12. HELIX SERRULA. Fer. Spec. Nov,
PI, VII, fig. 2.
H. test lenticulari, carinatâ, umbilicatâ, lamelloso-striatä, pallidè fulvd ;
aperturâ subrotondo angulatä,
Anfract. 5 4/2, — Amplit. 8 mill,
Petite coquille lenticulaire, composée de cinq tours et
demi de spire, variables dans leur élévation et séparés
62 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
par leur tranche d'épaisseur. Elle est ombiliquée, bor-
dée d'une carène saillante et généralement convexe par
dessous. Cette convexité est en raison directe de l’abais-
sement de la spire. L'ouverture, un peu oblique, est
d'une forme arrondie, interrompue par l'angle de la ca-
rene ; la surface , d’une couleur terne et jaunâtre, rare-
ment tachetée de points irréguliers, est sillonnée de
stries élevées, espacées et recourbées sur la carène
où leur saillie forme une crête denticulée. Cette coquille
offre une certaine analogie avec la Carocolla limbata de
Philippi qui habite non-seulement la Sicile, mais encore
les côtes orientales de l'Espagne où je lai rencontrée.
Elle n’en est peut-être qu'une variété, que la saillie de
sa carène et l'aspect particulier de sa surface éloignent
encore davantage de lÆelix striata qui parait être le type
de ces formes diverses. Je lui ai conservé le nom que Fé-
russac se proposait sans doute de lui donner et sous le-
quel elle figure dans sa collection (Tr). Elle habite les col-
lines rocheuses qui s'élèvent au nord de Sétubal sur le
bord de la mer . La variété tachetée laisse toujours voir
une fascie roussâtre qui accompagne le dernier tour de
spire du côté de l’ombilic.
Deuxième Groupe. — Coquille subdéprimée.
13. HELIX CARTHUSIANELLA, Drap.
J'ai trouvé cette Hélice seulement aux environs
Porto où elle offre deux variétés distinctes égalemen
(r) La localité qu'il a indiquée est vraisemblablement erronée, car personne
n'a rencontré cette espèce aux environs d'Alger,
PNEUMOBRANCHES. 63
connues en France. L'une d’un blanc d’opale, Pautre
habituellement plus petite et cornée.
,
14. HELIX CANDIDULA. Fer.
Aux environs de Montémoro, dans la province de
Beira.
15. HELIX APICINA,. Lamk.
Dans tout le midi du Portugal, à l'exception des cen-
tres montagneux où les coquilles méditerranéennes ne
péuetrent pas.
16. HELIX CONSEURCATA, Drap.
Tout le Portugal. J'ai trouvé près de Torre de Mon-
corvo , dans le Tras-os-Montes une variété curieuse par
sa petitesse ; elle a 3 millimètres de diamètre sans dimi-
nution dans le nombre des tours de spire. Le test est
uniformément corné. En Algarve, au contraire, près du
cap Saint-Vincent, elle atteint jusqu'à 9 millimetres.
Une troisième variété des environs de Bragance est re-
marquable par l'élévation de la spire qui ne subit pas la
dépression ordinaire.
17. HELIX INTERSECTA. Poiret, Prodr., p. 80.
Je n’ai pas observé en Portugal la véritable Æelix
maritima de Draparnaud, celle qui habite le Midi de la
France, l'Italie, toutes les plages enfin voisines de la
Méditerranée; mais, d’une extrémité à l'autre, on ren-
64 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
contre une coquille qui parait être lÆelix intersecta,
espèce intermédiaire entre les Hélices 7raritima et
striata, dont elle n’est peut-être qu’une variété.
Sa couleur et sa forme sont tellement changeantes, qu’il
faut en observer un grand nombre pour se convaincre
de leur identité. Tantôt elle est convexe et tantôt dépri-
mée; l’ombilic est profond, libre ou à demi masqué par
la convexité du dernier tour. On trouve près de Lis-
bonne une variété luisante, aplatie, légèrement convexe
à la base, d’une couleur grisätre, ornée de fascies inter-
rompues, parfaitement analogue à celle des environs
d'Agen. En Algarve, surtout près de Faro et de Loulé,
elle se montre plus grosse, plus globuleuse, plus colorée,
plus fortement striée; l’intervalle entre ces deux ex-
trèmes est rempli par des variétés intermédiaires. Dans
les montagnes schisteuses du Nord, elle est petite, sub-
cornée, fragile; enfin, du côté de Pombal, en Estrama-
dure, elle se distingue par un ombilic fort étroit, et des
accidens de couleur qui rappellent les jolies variétés de
l'Helix pyramidata.
L'examen attentif de ces différentes phases nous
prouve que l’ombilic n'offre pas de caractère absolu ;
quand on lit dans Draparnaud la description des Hé-
lices variabilis et neglecta, et qu’on voit, de son propre
aveu, l’évasement plus ou moins prononcé de cette ca-
vité constituer souvent le seul caractère distinctif entre les
deux espèces, on est tenté d’en suspecter l’infaillibilité,
surtout lorsqu'on jette les yeux sur les espèces transitoires
qu'il a fallu créer pour satisfaire à toutes les exigences.
PNEUMOBRANCHES. 65
19. HELIX PONENTINA. Spec. nov,
PI. VI, fig. 4.
H. testâ convexiusculâ, perforatä, subcorneâ, striatà, hispidul4, fusco-oli-
vaceo vel flavescente, ferrugineo obscurè bifasciatä; ultimo anfractu
dilatato, subtüs turgidulo; aperturà rotundatä; labro acuto, subreflexo,
iniùs margine crasso, albo, declivo.
Anfract. 5. — Amplit. 7 ad 40 mill.
Petite coquille intéressante par sa physionomie, qui
se rapproche plutôt des formes Canariennes que de
celles d'Europe; elle est subglobuleuse, quelquefois un
peu déprimée, presque toujours convexe par-dessous.
Les premiers tours de spire croissent insensiblement,
mais le dernier augmente rapidement de diamètre, s'é-
vase à sa terminaison, et forme une ouverture arrondie,
peu échancrée, bordée intérieurement d’un bourrelet
épais d’un blanc de porcelaine, qui empâte quelquefois
le péristome, diminue sensiblement la capacité de l’ou-
verture, et en tapisse l'intérieur à une certaine profon-
deur. Cette callosité, remarquable par sa couleur tran-
chée et par son épaisseur, ne commence à se déposer
que quand l'animal est parfaitement adulte; jusque-là,
Je péristome est simple ou à peine marginé. L’ombilic
est linéaire, à demi caché par le renversement du bord
columellaire, évasé à son orifice.
Le test est dur, corné, luisant, d’une couleur fauve
olivâtre, quelquefois vert, particulièrement à sa base,
orné de deux fascies rousses extrêmement obscures, et
d’une zone terminale d’un jaune pâle qui résulte de la
combinaison du ton qui lui est propre avec la substance
5
66 MOLLUSQUES CHPHALÉS.
vitreuse déposée à l'intérieur. Les stries sont irrégu-
lières, peu profondes, onduleuses, quelquefois subarti-
culées; l’épiderme est revèétu de poils courts, raides,
caducs, légèrement recourbés.
L'animal est fauve ou grisätre; les tentacules toujours
bruns; le manteau souvent marbré ou pointillé d’un
violet tres foncé qui semble appartenir à la coquille,
surtout quand lâge n’a pas obscurci sa transparence.
Le pied est large et obtus.
Cette espèce que j'ai nommée Ponentina parce qu’elle
semble emprunter ses caractères à l’extrème Occident et
se rattacher à certaines formes des îles Canaries, se ren-
contre d’une.extrémité du Portugal à l'autre; néanmoins,
ce n’est qu'à Cintra où je l’ai vue en grande abondance.
Elle se plait dans les lieux secs et pierreux, et on l'aper-
çoit souvent, fixée sur la paroi des murs, malgré lar-
deur du soleil. I’Algarve produit une variété plus
grosse, plus globuleuse, plus transparente, marginée ré-
gulièrement et sans empâtement ; du reste, parfaitement
semblable.
19. HELIX CISTORUM. Spec, nov.
PL VI; f6.9.
HT. testä utrinquè orbiculato-convexä, depressiusculà, umbilicatä, subtiliter
striatä, tenui, suprà fuscescente, subtüs cineraceâ, subcorneâ, flammulis
albidulis undatim variegatà; ultimo anfractu subangulato, zonulâ nigri-
cante interrupià cincto; aperturà ovatâ; labro columellari arcuato.
Arifract, 6. — Amplit. 9 mill.
Coquille subdéprimée, subcarénée, légèrement con-
vexe par-dessous, composée de six tours de spire gravés
PNEUMOBRANCHES. 67
de stries fines et pressées; percée d’un ombilic profond,
mais étroit et peu évasé et d’une ouverture obronde,
moins haute que large, un peu oblique, le bord droit
dépassant celui de l1 columelle qui s’arrondit à son in-
sertion et s'évase légerement sur l’ombilic. Le péristome
est simple, tranchant, à peine marginé; le test est lisse,
mince, subdiaphane, fragile, d’un brun fauve du côté
de la spire, grisätre par-dessous, et orné de marbrures
d’un blanc opaque qui se dessinent en zig-zags sur un
fond corné. Une fascie noire, irrégulièrement interrom-
pue, partage le dernier tour et rampe ensuite le long de
la suture sans l'accompagner jusqu'au sommet.
Le derme de l’animal offre sur le dos et dans le voisi-
nage de la tête une série de papilles allongées, dont la
nuance dorée contraste curieusement avec la couleur
grise du corps et des tentacules. Ceux-ci, très déve-
loppés, sont noirs à leur sommet; le pied est fauve.
Cette Hélice vit dans l’Alemtejo , du côté de Mertola
et de Portalègre; elle semble préférer les sites les plus
sauvages, et elle est presque la seule qui habite Îles
steppes solitaires du Portugal méridional. Néanmoins,
elle ne s’y montre pas en abondance, et il est rare de la
trouver complétement développée.
TRoIsiÈèME GROUPE. — Coquille globuleuse.
20. HELIX ASPERSA, Mull.
Répandue avec ses variétés dans tout le Portugal.
Certains individus atteignent à peine 18 millimétres de
diamètre,
D,
68 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
21. HELIX NEMORALIS, Lino,
Cette espèce descend depuis les hautes montagnes du
Douro et du Tras-os-Montes jusqu'aux plaines maréca-
geuses de l’Alemtejo; elle devient rare en approchant de
l’Algarve et n’y pénètre pas. Les environs de Porto pro-
duisent de jolies variétés, dont les fascies sont interrom-
pues par des stries saillantes du même ton que le fond
de la coquille; celle de lAlemtejo, qui vit dans des
conditions bien différentes, est lisse, cornée et uni-
formément brune, Le test est d’une nuance vineusé
à l’intérieur, et l’on remarque en le brisant que. cette
couleur pénètre son tissu.
Je n'ai vu nulle part la variété Aortensis, encore
moins la sy/vatica.
22. HELIX LACTEA. Mull.
On rencontre l Helix lactea depuis le 40° degré à-peu-
près, jusqu'aux limites méridionales de l’Alsarve, en
suivant le littoral. Elle disparait à mesure qu’on s’en-
fonce dans les terres, et ne se montre plus dans le Nord.
La France en nourrit cependant à une latitude supé-
rieure; mais le climat de Bayonne est plus tempéré que
celui du Douro, du Tras-os-Montes, et d'une partie de
la province de Beira.
On remarque dans les régions où l’Helix lactea multi-
plie, deux variétés que l’on a mal-à-propos séparées :
l'une, dont le péristome est d’un noir profond et nette-
ment tranché; tandis qu’il offre dans la seconde une
nuance plus claire, qui se fond sur la columelle avec le
PNEUMOPBRANCHES, Fr
ton général du test. Ce caractère, füt-il constant, me
parait trop insignifiant pour séparer deux coquilles dont
les formes sont identiques. Je sais qu’une influence par-
ticuliére semble avoir mis, dans le nord de l’Afrique,
un intervalle plus large entre ces variétés, en distri-
buant leurs couleurs respectives selon des lois diffé-
rentes. Mais les indices qui résultent de la couleur
perdent toute leur valeur lorsqu'ils sont isolés; et d’ail-
leurs, ce sont toujours les cinq fascies du type, plus ou
moins nettes, plus ou moins interrompues, sur un fond
analogue. En Portugal et en Espagne, ce caractère fragile
s'évanouit tout-à-fait en nous montrant les nuances in-
termédiaires qui lient par une transition insensible l He-
lix lactea à la variété Hispanica. On voit effectivement
le péristome de cette coquille passer graduellement du
brun roussâtre au noir le plus intense, tantôt en laissant
un filet blanc au bord interne des lèvres, tantôt en les
imprégnant complétement; tandis que la surface opposée
montre indifféremment les accidens de forme et de cou
leur qui sont propres à l’Helix lactea (1).
Si de tels caractères suffisent pour constituer une es-
pèce, nous en aurons une de plus dans la variété bien
- autrement curieuse que M. Durrieu a recueillie dans la
province d'Oran : variété scrupuleusement blanche,
sans fascie, sans nuance au péristome, constante dans
son anomalie, et appartenant jusqu'ici à l’Helix lactea,
de l’aveu de tous les naturalistes qui l’ont examinée.
{1) J'ai remarqué qu'en approchant de l'Afrique , notamment à Gibraltar, les
fascies spécifiques de VA. Hispanica (qui mériterait mieux le rom d”’.4fricana )
deviennent plus caractérisées.
70 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
Je mentionnerai en terminant la variété d’Alméria,
remarquable par la réflexion de son péristome, qui rap-
pelle celui d’uné Hélice bien connue dont le nom est
emprunté à Madagascar.
23. HELIX PISANA. Mull.
Habite les mêmes localités que l’espèce précédente.
La variété dominante est blanchätre.
24. HELIX INCHOATA, Spec. nov.
PI. VII, fig. 1.
H. testä orbiculato-convex4, tenui, perforatâ, corneo-lutescente vel
avellanace4; sæpiüs pellucidà, interdüm absque nitore; spirâ prominulà;
anfractibus subplanis, striatulis; infimo fasciato, subtüs turgidulo; aper-
turâ subrotondâ; labro simplici, fragili.
Anfr. 7.— Amplit, 47 ad 23 mill.
« avellanacea, subtüs olivacea; ultimo anfractu duabus fasciis fusco-
rubescentibus, luteo extrinsecüs pallidè marginatis, ornato.
B lutescente, fusco-rubescente unifasciatä.
omnino lutea vel albicante.
Cette coquille, par ses proportions, sa forme et parfois
sa couleur rappelle l'Æelix fruticum, dont elle diffère
néanmoins par des caractères constans.
La spire, moins élevée, compte un tour de plus, et croit
par conséquent d’une manière moins rapide. Ses tours
sont plus égalisés, mieux liés entre eux, et leur ligne de
séparation est moins profonde. Légèrement convexe à
a base , son ombilic est fort étroit, purement linéaire
avant la révolution du dernier tour, à moitié masqué
PNEUMOBRANCHES. 71
par l'épanouissement inférieur de la lèvre columellaire
dans l’âge adulte. L'ouverture est plus ovale que celle
de l’Æelix fruticum ; le péristome-est simple, mince, très
fragile, un peu épaissi dans les vieux individus à une
ligne du bord. Ce dernier caractère lui donne l’appa-
rence d’une coquille qui n’a pas encore atteint son
degré de perfection, et il a fallu que j'en examinasse
un grand nombre pour me convaincre qu’il était ab-
solu.
” Le test est subcorné, d’un jaune pâle ou couleur noi-
sette , fascié, un peu diaphane, plus rarement velouté,
surtout quand l'animal est jeune et d’une nuance fon-
cée. Lesstries, d’abord fines etrégulières, se prononcent
ct s’espacent avec le déroulement de la spire; recour-
bées sur la suture, elles s'y montrent plus apparentes et
comme agglutinées. Les fascies sont au nombre de
deux ; la première est rougeatre, la seconde très foncée;
l’une et l’autre sont bordées en dehors d’une zone d’un
jaune pâle. Ces zones s’effacent plus ou moins complé-
tement quand le fond de la coquille offre une nuance
plus claire et il en résulte des variétés imparfaites.
L'animal est d’une couleur roussàtre analogue au
ton de la coquille, un peu plus foncée sur le sommet de
la tête. Les tentacules, d’un brun enfumé, laissent der
riere eux deux sillons obscurs. Le manteau est pointillé
de noir. à
Cette Hélice est commune dans tout ie Portugal. Elle
habite plus volontiers]la région montagneuse, au pied des
genèts et des arbustes épineux qui lui fournissent la
nourriture et un abri.
72 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
La variélé 8 est répandue aux environs de Santarem.
25. HELIX VARIABILIS. Jrap.
Parmi les quatre ou cinqespèces méditerranéennes qui
désespèrent le classificateur consciencieux par l’incon-
stance de leur forme et de leurs couleurs, une seule,
qui parait être l’helix variabilis, habite le Portugal. Les
Hélices cespitum, ericetorum, neglecta, Terverü, man-
quent absolument. Je n’ai pas même rencontré la ma-
ritima bien caractérisée. L’Helix variabilis habite sur-
tout les pelouses voisines de Lisbonne ; on ne la voit
pas dans le Nord; mais après avoir traversé dans leur
largeur les landes de l’Alemtejo, on est surpris d’en
découvrir une colonie isolée aux environs d’Elvas, à
quarante lieues de la mer.
QuarriimEe GROUPE, — Coquille trochiforme.
26. HELIX RUPESTRIS. Drap.
Habite les environs de Lisbonne, Cintra.
27. HELIX FULVA. Mull.
Dans les prairies humides de l’Alemtejo.
28. HELIX ACULEATA. Mull.
Tres commune dans la province de Tras-os-Montes.
Plus au midi, dans la Serra d’Arrabida. Les cils fort
allongés.
PNEUMOBRANCHES. 73
GENRE BULIME. Brug.
1. BULIMUS DECOLLATUS,. Brug.
Habite la région méridionale, dans le voisinage de la
mer. Peu développé.
2. BULIMUS ACUTUS. Brug.
Habite.avec le précédent.
3. BULIMUS VENTRICOSUS. Drap.
Très multiplié dans les jardins publics de Lisbonne.
On trouve dans les prairies humides de l’Alemtejo, à peu
de distance du Tage, une variété cornée remarquable
par le raccourcissement de sa spire et son extrême fra-
gilité.
4. BULIMUS OBSCURUS. Drap.
Aux environs de Bragance. Rare.
5. BULIMUS LUBRICUS. Brug.
Aux environs de Chavès et de Bragance, dans le nord
du Portugal.
E 6. BULIMUS FOLLICULUS (Achatina. Lamk.).
Habite les environs de Lisbonne et le Midi.
74 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
GENRE MAILLOT. Drap.
1. PUPA SECALE. Drap.
Habite les environs de Lisbonne, Cintra , la Serra
d'Arrabida , sur les rochers. Peu répandu. Fortement
strié.
2. PUPA GRANUM. Drap.
Sur les collines au nord de Tavira (Algarve).
3. PUPA UMBILICATA. Drap.
Tout le Portugal. Extrèmement multiplié.
4. PUPA FRAGILIS. Drap.
Habite Cintra et les provinces du Nord.
5. PUFA MUSCORUM. Drap.
Je l'ai trouvé aux deux extrémités du Portugal, dans
l’Algarve et le Tras-os-Montes, où il est beaucoup plus
répandu.
6. PUPA ANTIVERTIGO. Dray:
Dans les prairies humides de l'Alemtejo.
PNEUMOBRANCHES. 75
7. PUPA ANGLICA.
Turbo sexdentatus, Mat. et Rack. Transact. Linn. A. 1807, p. 183.
Vertigo Anglica. Fér. Prodr.
Indépendamment des motifs que j'ai précédemment
exposés et qui m'ont engagé à négliger le genre J’ertigo,
j'en ai de péremptoires pour cette espèce en particulier.
Je me suis effectivement convaincu en l’examinant à la
loupe, que l’animal était muni de quatre tentacules; les
supérieurs oculifères, cylindracés, arrondis au sommet,
mais sans renflement; les inférieurs très petits, mais
parfaitement distincts.
Habite Cintra et les environsde Porto, sous les pierres,
les mousses, avec le Pupa umbilicata. J'ai dù lui con-
server la dénomination imparfaite qui lui a été imposée
par Férussac postérieurement à celle des auteurs anglais
pour éviter un double emploi, car nous avons déjà un
Pupa sexdentata du Brésil.
GENRE CLAUSILIE.
1. CLAUSILIA RUGOSA. Drap.
Elle se montre sur toute la chaine calcaire qui s’étend
de Cintra à Coimbre et dans les environs de Porto. Elle
est extrêmement multipliée et conforme au type de Dra-
parnaud. Les investigations les plus scrupuleuses ne
m'ont procuré que celte unique espèce.
76 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
TROISIÈME FAMILLE.— Les AuRICULACÉS.
GENRE AURICULE. Drap.
1. AURICULA MINIMA. Drap.
Habite l’Alemtejo, à la proximité des marécages.
2. AURICULA GRACILIS. Spec. nov.
PI. VII, fig. 3. ‘
À. testâ minimd, fusiformi, striatä, albescente; aperturä bidentatä; peristo-
mate dilatato, replicato, albolabiato.
Anfract. 6. — Longit. 2 mill.
Petite coquille fusiforme, peu transparente, finement
striée, composée de six tours de spire arrondis et sé-
parés par une suture assez profonde; le dernier, propor-
tionnellement plus large, forme une ouverture subtri-
gone, rétrécie par un plis columellaire et par une petite
protubérance dentiforme qui s'élève au milieu du bord
externe. Le péristome est bordé de blanc, un peu réflé-
chi et coudé comme dans l’Æuricula minima.
Aux environs de Coiïmbre, sur le bois pourri, les de-
(ritus végétaux.
3. AURICULA MYOSOTIS. Drap.
Je l'ai trouvée près de Faro, en Algarve, au bord d’un
ruisseau , à peu de distance de la mer. En général ce
PNEUMOBRRANCHES. 77
mollusque habite plus volontiers le voisinage des eaux
que leur milieu. Néanmoins on le rencontre quelquefois
fixé aux pierres, à une certaine profondeur ; par exem-
ple, dans le ruisseau de Dardenne, à l’ouest de Toulon.
Je l'ai vu sur la côte d’Afrique, baigné par l’eau salée,
dans une anse sablonneuse où il n’existait aucune infil-
tration d’eau douce.
4. AURICULA CILIATA. Spec. nov.
PI. VII, fig. 4.
A. test ovato-conoïdeâ, corneo-fuscescente, apice acuto, tenuissimè striat4 ;
anfractibus angustis, attenuatis, infrà suturam ciliatis, ultimo dilatato;
columellà sæpiüs bidenticulatà.
Anfract. 7 ad 8. — Longit. 8 ad 9 mill.
Cette coquille, lorsqu'elle est entierement développée,
ressemble beaucoup à la précédente. Voici les carac-
tères qui permettent de la reconnaître : elle est plus
petite et généralement plus ventrue; la spire, composée
du même nombre de tours; est beaucoup plus raccour-
cie; les premiers sont étroits, le dernier forme quelque-
fois à lui seul plus des deux tiers de la coquille. La
suture est plus profonde, l’ouverture plus large pro-
portionnellement. La columelle dans sa torsion n’est pas
aplatie comme dans lAuricula myosotis ; les dents pré-
sentent la même disposition, mais au lieu de se déta-
cher en blanc, elles conservent la couleur du test; la
seconde est moins saillante; le troisième manque habi-
tuellement ou ne laisse voir, dans les individus les plus
vieux, qu'un point blanchätre extrèmement mniime. Le
78 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
test est de la même couleur, mais plus lisse et moins
épais. Parmi ces caracteres, le raccourcissement de la
spire et la dilatation du dernier tour suffisent pour re-
connaitre le type de notre espèce; mais j'avoue que
tous les individus sont loin d’être identiques.
Lorsque la coquille est jeune, elle montre une série
décurrente de cils raides et courts, un peu au-dessous
de la suture, particulièrement sur les trois derniers
tours. Ces cils persistent jusqu’à son développement, et
il n’est pas rare d’en trouver des vestiges sur de vieux
individus.
J’ai rencontré ce mollusque assez loin de la mer, aux
environs d’Alcassar do Sal dans l’Alemtejo : il habite les
prairies marécageuses voisines du Sadao ; je l'ai retrouvé
beaucoup moins développé en Algarve, dans les lagunes
saumâtres qui environnent Lagos et près de Villa-Reale,
où il vit avec la Paludina acuta et une petite Mélanie
qui m'a paru nouvelle.
QUATRIÈME FAMILLE.—315s vymnéens.
GENRE PLANOREE. Muli,
1. PLANORBIS CORNEUS. Drap.
Le Planorbe corné, qui, dans l’Europe boréale, ha-
bite une.coquille opaque , remarquable par sa solidité
et son épaisseur, ne montre plus, en avançant vers le
PNEUMOBRANCHES, 19
Sud, qu'un test mince et diaphane, excessivement fra-
gile lorsqu'il n’est pas à-peu-près membraneux.
M. Terver, dans son Catalogue des mollusques de
l'Algérie, a signalé le premier cette variété singulière sans
la déterminer. J'ai profité moi-même d’une occasion pour
l’observer sur les côtes d'Afrique, où son peu de dévelop-
pement, sa transparence et sa couleur, malgré l'analogie
des autres caractères, me laissèrent indécis. Mais, apres
l'avoir étudiée de nouveau dans les eaux du Portugal,
où elle est extrèmement abondante, je n'hésite plus à
la considérer comme une variété méridionale du ?lanor-
bis corneus. |
Effectivement, j'ai remarqué que la solidité et les pro-
portions de cette coquille y étaient singulièrement varia-
bles. Dans les fontaines, dans les eaux qui tarissent,
partout où l'animal ne rencontre pas un milieu favora-
ble à son développement, le test reste fragile, atteint ra-
rement 8 à 10 millimètres, et complète difficilement son
dernier tour. Dans les grands marécages au contraire ,
dans les rivières tranquilles, il durcit, se colore, atteint
jusqu’à 20 millimètres, et ne diffère plus du corneus que
par sa transparence et sa ténuité. J’ajouterai que les
animaux sont identiques et que la sécrétion sanguicolore
produite par le tissu glanduleux du limbe chez le Planor-
bis corneus, se manifeste chez la variété méridionale
dans les mêmes circonstances.
2. PLANORBIS CARINATUS, Mull.
Habite les marécages du Tage et ceux du Mondégo,
près de Coïmbre.
80 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
3. PLANORBIS MARGINATUS. Drap.
Dans un ruisseau de l’Algarve, entre Loulé et Faro.
4. PLANORBIS LEUCOSTOMA. Mill.
Dans les marais d’Azambuja et dans la petite rivière
de Pega, près de Coiïimbre.
5. PLANORBIS CONTORTUS. Mull.
Dans les canaux, aux environs d’Azambuja (Estra-
madure).
6. PLANORBIS HISPIDUS. Drap.
Extrémement multiplié dans toutes les eaux du Por-
tugal.
7. PLANORBIS COMPLANATUS. Lin.
Dans les eaux stagnantes des plaines d’Azambuja et
de Villanova.
8. PLANORBIS DEVIANS. Porro, Malacol, comasca, n° 71,p. 84,
Ce Planorbe, que j'ai trouvé dans les ruisseaux aux
environs de Montémoro, m'a paru, quoiqu'un peu
moins développé, exactement semblable à une espèce
décrite par M. Porro dans sa Malacologia Comasca.
Indépendamment des huit espèces qui précèdent, j'ai
recueilli dans les eaux d’Azambuja un Planorbe très
petit, déprimé et caractérisé surtout par une série d’ai-
guillons qui couronne sa carène. Malheureusement il
PNEUMOPRRANCHES. 81
s’est égaré pendant mon voyage, et il m'est impossible
d'en donner une bonne description en consultant ma
mémoire.
GENRE LIMNÉE. Drap.
1. LIMNEA OVATA. Drap. (Limneus).
Les Limnées offrent dans leur coquille, en passant
d’une espèce à une autre, des nuances intermédiaires qui
rendent extrêmement difficile Pappréciation de leurs
caracteres spécifiques. La nature de leur test est à-peu-
près invariable, sa couleur uniforme, l'ouverture dé-
pourvue d’accidens ; la columelle varie dans sa torsion
et dans sa callosité, chez les individus d’une même es-
pèce; les animaux, plus difficiles à observer que ceux
des Hélices, ne fournissent pas de données plus con-
cluantes; ils présentent en outre une particularité re-
marquable que Linné avait observée chez les végétaux
aquatiques , c’est-à-dire que les mêmes espèces se re-
produisent, dans l'intégrité de leurs formes, sur les
points les plus éloignés du globe ; en sorte que les in-
dices qui résultent de l'habitation perdent toute leur va-
leur (1).
(1) On connait la ressemblance parfaite d’un grand nombre de Limnées de
l'Amérique du Nord avec les nôtres. La Lymnea minute se trouve sur tous les
points du globe; on voit dans la collection du Muséum les espèces Stagnalis,
Auricularia, Peregra, recueillies par linfortuné Jacquemont dans la vallée de
Cachemyr, identiques avec ceiles de l'Europe, La première surtout, par ses pros
6
LA
82 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
En général, les caractères spécifiques se bornent dans
ce genre aux proportions de la spire et à celles du der-
nier tour, dont le diametre variable, détermine une
ouverture plus où moins élargie. Ces considérations qui
ne sont étrangères à aucun conchyliologiste, prouvent
qu’il faut user ici d’une grande circonspection et obser-
ver attentivement avant de créer une espèce.
La Liünnea ovata habite tout le Portugal; elle est
plus commune dans le nord que dans le midi. Les
fontaines de Monchique, en Algarve, nourrissent
une variété globuleuse, dont le test est excessivement
fragile.
2. LIMNEA AURICULARIA, Drap.
Dans la petite rivière qui baigne les murs de Bra-
gance où les Limnées sont très multipliées; j'ai trouvé
dans la Guadiana une variété de cette espece, remar-
quable par la flexion de sa columelle qui forme à lin-
térieur une saillie prononcée avant de se dilater et par
une fente ombilicale profonde, en forme de croissant.
3. LIMNEA PEREGRA. Drap.
Habite le Portugal méridional. Elle a beaucoup d’a-
nalogie avec la Zimnea labiata de Rossmassler qui n’en
portions et sa forme caractéristique, offre un exemple frappant d'identité. Les
Ambrettes, qui vivent presque dans l’eau, offrent la mème particularité, On
trouve des individus de Terre-Neuve, de la Vera-Cruz, d’Archangel, de la
Martinique, de l’Archipel Indien, qui se confondent tous avec la Succinea
amplibia,
PNEUMOPRANCHES. 83
est peut-être qu'une variété. Je l’ai rencontrée aussi
dans les nombreuses fontaines de Cintra, avec le som-
met de la spire tellement rongé, qu’elle ressemblait à
une Néritine. Cette circonstance maladive n’est point
particulière au Portugal et les fossés de l’abbaye de
Citeaux en Bourgogne en offrent également un exemple.
4. LIMNEA INTERMEDIA. Mich,
Habite la région moyenne du Portugal. Aussi recon-
naissable que puisse l'être une espèce dont le caractère
principal est de n’en point avoir.
5. LIMNEA MINUTA. Drap.
Dans toutes les eaux du Portugal.
6. LIMNEA ACUTALIS. Spec. nov.
PE'NIIT fre 1.
L. testâ ovato-acutâ, ventriculosâ, tenui, pellucidä, striatâ, fulvescente:
spirà conico-acuminatàä; ultimo anfractu spiram bis superante; aperturä
ovatd; labro columellari replicato.
Anfract. 4. — Longit, 44. — Amplit. 9.
Cette Limnée a quatre tours convexes, dont le dernier,
trés ventru relativement aux autres, compose à lui seul
les deux tiers de la coquille. Les trois premiers forment
une spire à-peu-près subulée; l’ouverture oblongue,
peu dilatée, permet à l'œil de pénétrer fort avant dans
6.
s4 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
l’intérieur. Le bord externe est régulièrement arrondi;
la columelle forme un filet étroit, tordu, légèrement ré-
fléchi sur la fente ombilicale qu’il masque compléte-
ment. Le test est mince, transparent, strié, fauve, sou-
vent couvert d’un épiderme noiratre. Cette coquille
avec un tour de plus, enroulé selon les mêmes lois, offri-
rait un diminutif de la Zimnea stagnalis.
Je l'ai trouvée dans un ruisseau qui arrose le riant
vallon de Collarès, à une hieue à l’ouest de Cintra. Elle
n’habite pas exclusivement le Portugal, car il en existe
plusieurs individus dans la collection de Férussac, qui.
proviennent certainement d’une autre localité; ils y.
figurent sous la dénomination de Limnea vulgaris, Pleiff.;
mais le dessin et la description de cet auteur, celui de
la Limnea ovata var. 6 Drap. auquel il renvoie, ceux
enfin du professeur Rossmassler, dans l’/conograplie, ne
s'accordent point avec notre espèce, qui est moins ven-
true et dont les premiers tours de spire sont beaucoup
’
4
plus allongés.
GENRE PHYSE, Drap.
1. PHYSA ACUTA. Drap.
Elle offre en Portugal trois variétés de grandeur gé-
néralement constantes dans les localités qu'elles habi-
tent. Celle de l’Alemtejo est conforme au type de Dra-
parnaud ; Lisbonne en produit une qui dépasse rarement
PNEUMOBRANCHIS, 85
la longueur de 8 millimètres, tandis qu'elle en atteint
13 ou 14 dans les ruisseaux de l’Algarve.
9, PHYSA CONTORTA. Mich.
PI, VILL, fig. 2.
Ce n’est qu’en hésitant et après avoir comparé un grand
nombre d'individus que je me suis décidé à reconnaître
dans cette espèce la Physa contorta du midi de la
France, de la Sicile et de l'Algérie. Son ouverture en
effetest beaucoup plus épanouie; les bords en sont réunis
par une callosité épaisse; l’ombilic moins en arriere est
plus large et plus profond; en outre, elle se montre va-
riable dans la dilatation du dernier tour et dans la tor-
sion ou l'allongement de sa columelle. Mais la différence
la plus saillante résulte de la propension du péristome à
se réfléchir en dehors. Quand ce caractere se prononce
fortement, les deux diamètres de l'ouverture sont à-peu-
près égaux et d’ovale elle devient circulaire; les bords
s'épaississent, se replient en arrière et prennent une
forme auriculaire. Je considère néanmoins cette extrême
limite comme une anomalie, malgré la tendance que
montre un grand nombre d'individus à y converger.
Elle habite les environs de Coïmbre, où je regrette
de ne l'avoir pas trouvée vivante, mais abandonnée au
bord d’un réservoir qui avait été réceniment purgé de
ses eaux. j
86 MOLLUSQUES CÉPHALÉS,
CINQUIÈME FAMILLE. — Lxs ancyces.
GENRE ANCYLE, Geoffr.
1. ANCYLUS FLUVIATILIS. Drap.
Habite principalement le nord du Portugal. On trouve
dans les torrens du Gérez une variété cristalline qui ap-
partient à la même espece.
2. ANCYLUS STRIATUS. Quoy et Gaim. (1)
Espèce bien caractérisée par sa couleur, sa solidité,
les accidens du test et la saillie du sommet sensiblement
recourbé. Cest elle que l’on rencontre le plus commu-
nément dans les eaux du Portugal. Elle correspond
exactement à la description de MM. Quoy et Gaimard,
qui l'ont observée à Ténériffe, d’où je l'ai reçue de mon
côté. Cette circonstance m'a permis de les comparer, car
la figure en est détestable dans l'ouvrage d’ailleurs très
recommandable de ces savans.
J'ai remarqué que la jeune coquille était ordinaire-
ment d’un brun violtre, mais qu’elle perdait bientôt
son épiderme et demeurait blanchätre.
{1} Zool, de l'Astrol,, tin, p. 207, pl, vvur, fig. 35, 58,
PNEUMOBRANCHES, 87
3. ANCYLUS VITRACEUS. Sper, uov.
PI. VII, fig, 3.
A. testä conoïdeo-compressä, membranaceà, diaphanä, nitidà, flavo-vires-
cente, intüs violaceâ, decussatim striatä; angulatim costulatä; apice ex-
centrico, ob‘usiusculo; aperturà subrotondo-ellipticä.
Long. 8 mill.— Ampiit. 7.
Coquille de forme conoïde, subdéprimée, très min-
ce, membraneuse, diaphane, résistante, recouverte
en dehors d’un épiderme jaune-verdâtre non caduc ;
violâtre et vitrée en dedans, avec une tache blanche
opaque correspondant au sommet. Elle est gravée de
stries rayonnantes croisées elles-mêmes par des stries
concentriques plus faibles. En outre, sa surface est
divisée du sommet à la base par une série de petits
plans triangulaires, en sorte que le périmetre de son
ouverture, au lieu d’une courbe, représente un poly-
gone. Le sommet, excentrique , un peu obtus, est ana-
logue à celui de l/nc. fluviatilis. Néanmoins il est
plus près du centre et moins saillant; l'ouverture est
ovale, trés élargie, les deux diamètres étant à-peu-près
Le manteau de l’animal est tacheté de points bruns
qui semblent appartenir à la coquille lorsqu'il y est ren-
fermé. Ce mollusque habite les ruisseaux de lAlemtejo
supérieur entre Arronches et Portalègre.
Fa
88 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
4. ANCYLUS STRICTUS. Spec. nov.
PI. VIII, fig. 4.
À, testà longitudinali, flavo-virescente, decussatim striatà; apice posticè
acuminato ; aperturâ elliptico-angustA, anticè subdilataté.
Longit. 8 mill, — Amplit. 4.
La forme longitudinale de cet Ancyle ne permet
pas de le confondre avec les autres. Son épiderme est
jaune-verdätre; le test, déprimé sur les côtés, est
plus solide, moins luisant, moins diaphane que celui
de l'espèce précédente; le sommet est postérieur et acu-
miné ; l'ouverture elliptique, rétrécie, un peu plus large
antérieurement.
Je l'ai trouvé dans les affluens du Sadäo, sur la route
de San-Bendo à Santa-Margarita.
5. ANCYLUS OBTUSUS. Spec. nov.
PI. VIIT, fig. 5.
À. test ovaio-conoïdeë, rugosiuseulà, opac4, fuscà vel nigricanie, intus
cærulescente; apice obtuso, postico; aperturà ovatà, depressiusculA,
anticè subdilatatä,
Long. 8 mill, — Amplit. 5 4/2.
Cet Ancyle montre une certaine ressemblance avec le
fluviatilis, dont il se distingue par sa forme plus ovale
et plus déprimée. L’épiderme est brun ou d’un noir
bleuâtre; le test solide, opaque, irrégulièrement strié
dans le sens de l'accroissement; violätre en dedans,
avec une tache blanche correspondant au sommet ;
PNEUMOBRANCHES, 89
celui-ci est arrondi, peu saillant, souvent rongé, tout-
à-fait en arrière. L'ouverture est ovale, un peu ré-
trécie, quelquefois irrégulière, plus large antérieu-
rement.
Habite la petite rivière de Bragance et celle de La-
mégo, dans la province de Beira.
DEUXIÈME SOUS-URDRE. — DIOIQUES.
FAMILLE DES TURBICINES.
GENRE CYCLOSTOME, Lamk.
1. CYCLOSTOMA ELEGANS. Drap.
Habite la chaine calcaire qui règne depuis Cintra jus-
qu’à Coïmbre. Je ne l'ai pas rencontré ailleurs.
Le Cyclosioma truncatulum de Draparnaud se trouve
en Algarve, dans les lagunes qui avoisinent Lagos. Je
n’en fais mention ici que parce qu’il a été long-temps
classé parmi les mollusques terrestres dont il doit être
retranché, depuis que des observations plus sûres lui
ont assigné un rang parmi les pectinibranches marins.
90 MOLLUSQUES CEPHALÉS.
ORDRE DES PECTINIBRANCHES.
FAMILLE DES TURBINÉES.
GENRE VALVÉE, Mull.
1. VALVATA PISCINALIS. Fer.
Habite les ruisseaux, aux environs de Coïmbre; elle
est plus petite, plus colorée et percée d’un ombilic un
peu plus évasé que la nôtre.
GENRE PALUDINE. Lamk,.
1. PALUDINA ACHATINA. Lamk.
Cette Paludine, trés rare en Portugal, habite pro-
bablement quelque marécage isolé sur la limite sep-
tentrionale de l’Alemtejo; je ne l'ai jamais rencontrée,
quoique j'aie parcouru trois fois la vallée du Tage avec
un soin minutieux ; mais je l'ai vue à Lisbonne, dans
une collection particulière des productions du pays.
2. PALUDINA IMPURA. Lamk.
Dans toutes les eaux du Portugal,
PECTINIBRANCHES, 91
3. PALUDINA SIMILIS. Mich,
Cette Paludine, extrêmement multipliée dans toutes les
eaux du Portugal méridional, est particulièrement abon-
dante dans celles qui arrosent la vallée du Tage. On la
trouve indifféremment dans les eaux vives et dans les ma-
récages. Les individus mâles, dont la spire comme on le
sait est plus allongée, atteigient quelquefois jusqu'à 7
millimètres de longueur. Dans la fontaine du couvent
d'Arrabida, elle est recouverte d’un dépôt calcaire qui
double et triple son volume. Elle présente alors l’appa-
rence d’un grain de sable, tandis que l'ouverture qui sub-
siste encore , révèle seule l'existence d’un être organisé.
4. PALUDINA ACUTA. Desh,
Dans les ruisseaux saumâtres, aux environs de Villa-
A
Réale (Algarve).
5. PALUDINA ANATINA. Mich.
Aux environs de Setubal.
6. PALUDINA GIEBA. Mich,
On la trouve abondamment dans la Fontaine-des-
Larmes, près de Coimbre.
92 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
FAMILLE DES TROCHOIDES.
GENRE NÉRITINE, Lamk.
1. NERITINA VIOLACEA. Spec, uov.
PI. IX, fig. r.
N. testà globoso-ovatä, violaceà vel fulvescente, lineohis creberrimis fulmi-
natâ; spirâ prominulä; apice eroso; aperturâ semi lunari, anteriüs atte-
nuatâ; margine columellari subincrassato.
Longit. ad 42 mill.
J'ai confondu dans l’origine cette coquille avec la va-
riété serratilinea (Ziegl.) de la Neritina Danubialis. En
donnant aujourd’hui plus de valeur aux nuances que
j'attribuais alors à l'influence des localités, je ne puis
dissimuler cependant qu’il existe entre ces deux espèces
un certain air de famille, qui conduit à les rapprocher et
même à les réunir, lorsqu'on ne les a pas attentivement
comparées. L'espèce portugaise est plus grosse et plus
allongée; son ouverture est plus arrondie, sa spire est
plus saillante; le bord columellaire au lieu d’être tran-
chant, se montre légèrement épaissi et forme mème un
PECTINIRRANCHES, 93
commencement de callosité qui s'étend sur la base et
diminue la netteté de son contour. Le fond de la co-
quille est d’une autre couleur, et les linéoles en zig-zag
dont elle est sillonnée, plus fines, plus pressées, plus
anguleuses que celles qui ornent la surface de la W. ser-
ratilinea, ajoutent une différence de plus à celles que la
comparaison des formes a déjà signalées. L’opercule
montre aussi des caractères particuliers, entre autres
une apophyse plus large et plus courte.
J'ai trouvé ce mollusque à Coimbre, dans la Fontaine
des Larmes où il est très abondant et aux environs de
Cartacho en Estramadure , dans une autre fontaine qui
porte le nom de Gayo. Il habite également l'Espagne.
9, NERITINA INQUINATA. Spec. nov.
PIX De 2
N, testà globoso-ovatä, lutescente vel fulvescente, lineolis subarticulatis
transversim tesselatâ; apice subprominulo; aperturA luteâ, semilunari,
subelongatâä; margine centrali lutescente.
. “
x omnind lutea.
Longit. #1 ad 12 mill,
Cette Néritine a quelque ressemblance avec la précé-
dente; elle est cependant plus large, moins convexe et
sa spire presque toujours intacte, offre moins de saillie.
La suture est aussi plus superficielle; le talus que le
bord columellaire détermine à la base est tranché plus
obliquement; la callosité est plus épaisse et plus éten-
94 MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
due; le bord externe, un peu sinueux, s’allonge davan-
tage et produit une ouverture plus ovale; enfin les stries
sont beaucoup plus fines et les couleurs différentes. Les
linéoles dont elle est ornée forment des angles moins ai-
gus; ce sont de simples zig-zags qui, au lieu de conserver
leur parallélisme, se rapprochent, s’articulent, et se des-
sinent en mailles ou en écailles à-peu-près comme dans
la Veritina fluviatilis.
Le fond de la coquille, l'ouverture et la base sont
presque toujours jaunes; les linéoles sont brunes, l’oper-
cule fauve ou rougetre; on distingue à son angle in-
terne une tache bleuûtre, circonscrite par une zone plus
claire. L’apophyse est courte et régulièrement arquée.
Il arrive quelquefois que les linéoles s’effacent et la co-
quille demeure entièrement jaune.
Cette Néritine ainsi que la précédente, montre, dans
l’épaississement du bord columellaire et un commen-
cement de callosité à la base, un caractère dont le déve-
loppement est étranger aux espèces d'Europe et qui
devient remarquable dans les deux suivantes. Je lai
recueillie dans la rivière de Thomar, au milieu même de
la ville; elle m'a offert ailleurs, dans les circonstances
de son habitation, une particularité fort singulière; on
sait que les Néritines se plaisent dans les eaux vives et
limpides ; néanmoins j'ai rencontré celle-ci aux environs
d’Azambuja dans un marais fétideoù elle vivait en grande
abondance, fixée aux pieux ou rampant sur la vase. Le
test , dépouillé de son épiderme, était corné; la base et la
columelle d’un gris bleuâtre et transparent ; le sommet
avait conservé son intégrité.
PECTINIBRANCHES, 95
3. KERITINA GUADIANENSIS. Spec. nov.
Pl TRES.
N. tesitâ conoïdeâ, glabrâ, crassiusculà, olivaceâ vel rufescente; lineolis
densissimis subangulatis obumbratäâ; aperturâ brevi, attenuatâ; margine
externo sinuoso; callo columellari crasso, convexo, flavicante; ultimo
anfraciu subangulato, juxtà peripheriam coarctato; apice eroso.
& rubro picta,
Longit. 44 ad 43 mill.
La forme conoïde de cette coquille et la dépression
longitudinale du dernier tour la distinguent de toutes
les Néritines d'Europe. Les premiers tours de spire pré-
sentent un mamelon conique, dont le sommet est habi-
tuellement carié; le dernier est allongé, subanguleux à
sa périphérie, rétréci à sa terminaison et déprimé lon-
gitudinalement au quart de sa hauteur, à partir de la
suture. Cette déclivité se traduit par une légère flexion
sur le bord externe qui se relève ensuite pour se re-
courber en arrière à son point d'insertion. Ce dernier
caractère est saillant et remarquable dans les vieilles co-
quilles. Le bord columellaire est épaissi par une callo-
sité d’une couleur grise ou d’un jaune assez vif, dont la
saillie produit une forte convexité à la base. L'ouverture
est petite; le test parait noirâtre, mais il est réellement
vert ou jaunâtre ; épais, terne, couvert d’un réseau de
linéoles foncées, fines, serrées, anguleuses, souvent ar-
ticulées; cet ornement s’évanouit quelquefois sur un
fond trop sombre et la coquille parait unicolore. Plus
rarement les linéoles sont rouges, et la revétent d’un
96 MOLLUSQUES CÉPHALYS.
éclat inaccoutumé. L’opercule est blanc sale, bordé
d'orange. Son limbeinférieur est sinueux et son apophyse
presque droite.
Nous devons à M. Deshayes la description d’une Néri-
tine qui vit dans les eaux douces de Syrie et qui a de
grands rapports avec celle-ci (1). Elle en diffère néan-
moins par sa forme plus globuleuse , sa callosité moins
épaisse et sa couleur. En outre, la dépression submé-
diane du dernier tour de $pire qui imprime une physio-
nomie caractéristique à notre Néritine, est beaucoup
moins sentie dans la Veritina Jordani.
Je l'ai recueillie dans les eaux troubles de la Guadiana,
sur les rochers baignés par le fleuve, à peu de distance
de Mertola.
4. NERITINA ELONGATULA, Spec. nov.
PI. IX , fig..4.
N. testä globoso-elongatà, lævigatà, albidâ vel pallidè flavä, lineolis nigro-
violaceis vel rubescentibus reticulatâ; spirô prominulâ: aperturâ brevi,
ovato-attenuatâ ; callo columellari flavo, convexo, crassiusculo ; operculo
radiatim striato ; limbo superiori purpureo marginato.
Longit. 8 mil].
Le sommet de cette Néritine est arrondi et saillant;
le dernier tour de spire étroit et allongé; l'ouverture
petite, ovale, atténuée inférieurement; le borü externe
fléchit un peu avant son insertion; le bord interne pro-
duit une callosité convexe d’une couleur gris-perle ou
(1) Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, Deuxième édition,
Paris, 1838 ,t, vu, pe 592,
PECTINIBRANCHES. 97
jauneassez vif. Le testest lisse, poli et très brillant; blanc
ou jaunètre avec des linéoles noires, violâtres ou d’un
rouge sombre. Ces linéoles sont plus larges et plus for-
tement accusées que dans les espèces précédentes. Elles
ne forment d’angles qu’à leur rencontre, leur disposition
étant purement réticulaire.
L’opercule est grisâtre, strié, bordé supérieurement
d’une zone d’un rouge très vif, marqué d’une tache
bleuâtre à son angle interne. Son apophyse est très
forte.
Habite la source du ruisseau d’Alemquer en Estra-
madure.
FAMILLE DES MÉLANIENS.
GENRE MÉLANIE. Lamk,
1, MELANIA CHARREYI, Spec. nov,
PI, VII, fig. 5.
M. testâ solidâ, perforatâ, fusiformi, ventriculosä, glabrâ, luteo-virescente,
lineâ albid4 ponè suturam ; apice acuto, violaceo; aperturä parvä, ovato-
angulatâ ; peristomate subtruncatulo.
Longit, 44 mill,
Coquille perforée, fusiforme , aiguë au sommet, un
peu renflée à la base; composée de huit tours peu con-
C1
4
98 MOLLUSQUES CÉPHATFS.
vexes, croissant insensiblement et séparés par une su-
ture assez nette. L'ouverture est entière, ovale, angu-
leuse et tres petite; le bord columellaire légèrement
réfléchi ; le péristome obscurément tronqué à sa base.
Le test est solide, finement strié, mat, d’un jaune ver-
dâtre ; les premiers tours de spire sont violâtres; une
zone blanchätre décurrente accompagne la suture. L’o-
percule est excessivement mince, membraneux, incom-
plet, légèrement concave en dehors, à élémens con-
centriques très obscurs.
Ce mollusque est plutôt marin que fluviatile; il vit
avecles Auricules et certaines Paludines dans les lagunes
de Villa Reale que le retrait de la mer laisse à-peu-près
à sec pendant une grande partie du jour. Il habite aussi
les flaques saumâtres de la vallée du Tage.
os
000990 90990900 2900 2990 2090 20 29 29 9060 209900 90 29 9099009000 2009 2990000099 3000 2900 9920
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.
Dymiaires.
FAMILLE DES CYCLADÉES.
GENRE CYCLADE. Brug.
1. CYCLAS RIVALIS. Drap.
Habite une grande partie du Portugal. Les sommets
de la coquille sont très obtus.
3. CYCLAS LACUSTRIS. Drap.
Dans le Rio da Gaivota, à une demi-lieue de Lagos
(Algarve).
3. CYCLAS CALYCULATA. Drap.
Les marécages d’Azambuja (Estramadurce).
>
4. CYCLAS FONTINALIS. Drap.
Habite les fontaines de l’Estramadure,
"
‘°
100 MOLLUSQUES ACÉPHALFS,
FAMILLE DES NAYADES.
GENRE ANODONTE, Lamk.
1: ANODONTA CYGNEA. Drap.
J'ai trouvé cette Anodonte dans de profonds maré-
cages connus sous le nom d’Alkédon , entre Alvalada et
Azambuja. Elle se rapproche beaucoup moins de l’es-
pèce de Draparnaud qui parait être lP4rodonta cel
lensis, que du type linnéen, que les Allemands ont su
reconnaître et distinguer. Néanmoins elle est plus atté-
nuée postérieurement et peut, jusqu'à un certain point,
servir de transition de l’une à l’autre. Sa hauteur est de
80 millimètres sur 130 de longueur.
2, ANODONTA REGULAMRIS. Spec, nov.
BIENS
A testä ovato-oblongä, ventricosâ, fragili, vix alatâ; anteriùs breviter
ovatâ; posterius suhdilatatâ; inferius regular; umbonibus tumidis, decor-
ticatis; epidermide lamelliformi, nigro-virescente,
Altit, 66 mill. — Longit. 400 ad 425.
Cette Anodonte meparait distincte de toutes celles que
nous connaissons. Elle est régulièrement ovale, peu
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 404
allongée, renflée, légèrement bäillante, médiocre-
ment ailée et généralement constante dans sa forme
et dans sa couleur. Le test est mince, bleuâtre à
l'intérieur, sillonné en dehors et revêtu d’un épiderme
d’un vert noirâtre, mince, lamelleux, caduc, gar-
nissant la surface et croissant en épaisseur à mesure
qu’il s'éloigne du bord dorsal. Le bord antérieur (1) est
ovale, quelquefois un peu atténué ; postérieurement elle
est dilatée, plutôt arrondie que tronquée; le bord in-
férieur décrit une courbe régulière. La carène trans-
versale (2) est excessivement obtuse; les crochets sont
arrondis, protubérans, écorchés, légerement ridés,
d’une couleur brune cuivrée. La lame cardinale est
émoussée et peu sinueuse; les impressions musculaires
tres faibles.
Les marécages qui avoisinent le lac Tonga, sur la côte
nord-est de l'Algérie, nourrissent une Anodonte qui se
rapproche de celle-ci, surtout par la nature de son épi-
derme; mais elle s’en distingue par sa dépression , sa
forme moins régulièrement ovale, la saillie de ses cro-
chets et celle de la carène transversale. L’Ænodonta re-
gularis habite la Taméga; on la trouve en abondance
aux environs de Chaves, dans les marais formés par le
débordement de cette riviere.
(1) Je dois prévenir ici que j'ai adopté les principes de M. de Blainville qui
envisage la coquille univalve ou bivalve dans la situation qu’elle occupe sur lani-
mal, lorsqu'il marche devant le spectateur.
(2) J'appelle carène transversale celle qui est déterminée postérieuremeul sur
chacune des valves par l’inflexion plus ou moins brusque qu’elles subissent avant
de se réunir; elle est distincte de la carène qui circonserit le corselet,
102 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS,
3. ANODONTA MACILENT A. Spec. nov.
PI ex:
A. iesià oblongo-depressà, alatà, transversim carinatà, rusticè sulcat4, lævi-
gaià, mediocriter Crassà, viridi-fuscescente; anterius vix productà, ro-
tundatä ; posteriüs obtusè truncatâ ; inferiüs sæpius sinuatâ; umbonibus
compressis; pube carinà circumscriptà.
Alut, 63 mill. — Longit. 420 ad 440.
Cette Anodonte que je crois inédite comme la précé-
dente, s’en distingue facilement par l'épaisseur des
valves et leur aplatissement. Elle est ovale-oblongue,
variable dans sa dépression, plus ailée, moins bâillante,
arrondie et tombante antérieurement ; allongée et tron-
quée postérieurement ; la carène transversale est mieux
déterminée que dans lÆnod. regularis ; celle qui limite
le corselet est aussi plus saillante et en même temps
plus droite. Le bord supérieur est arqué; le bord abdo-
minal décrit une sinuosité plus ou moins sensible avant
de se prolonger postérieurement. Le test est solide, on-
dulé et d’un blanc bleuâtre à l’intérieur ; grossièrement
sillonné et d’un brun verdâtre à lextérieur; les crochets
sont déprimés, écorchés ; la lame cardinale large et apla-
tie; le ligament très fort; les impressions musculaires
profondes.
Je l'ai trouvée en assez grande abondance à une lieue
de Coimbre, dans de profonds marécages voisins du
Mondégo et connus sous le nom de Valla da Géria. Les
grands individus atteignent 143 millimètres de lon-
gueur.
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 103
4. ANODONTA ANATINA. Drap.
Dans le fleuve Sadäo, à peu de distance de sa source.
5. ANODONTA LUSITANA, Spec, nov.
Pi. XITI, fig. v4
A. testà elliptico-elongatà, tumidiusculà, solidä, rugoso-strigatä; anterius
angustè productâ; posteriüs obtusè truncatâ; margine superiore adscen-
dente; umbonibus parüm eminentibus; epidermide olivaceo, posterius
largiter radiato.
Altit. 45 mill. — Longit. 95.
Coquille ovale-allongée , étroite aux deux extrémités,
arrondie et comprimée en avant; dilatée et obscurément
tronquée en arrière; munie d’une aile assez relevée,
dont le sommet est émoussé et le périmètre convexe,
tandis qu’il offre dans lÆnod. anatina une disposition
inverse; médiocrement épaisse, luisante , inégalement
sillonnée ; d’un vert olivâtre avec deux ou trois larges
rayons à l'extérieur ; d’un blanc laiteux en dedans avec
de fortes impressions musculaires. Les crochets légère-
ment écorchés, sont peu saillans; le corselet est nette-
ment circonscrit.
Cette coquille, à-peu-près de la taille de l'aratina ,
emprunte une physionomie particulière au prolonge-
ment de son extrémité antérieure, qui semble plus
étroite que le côté opposé. Elle habite les affluens de la
Guadiana qui descendent des hautes vallées de l'Algarve
entre Mertola et Castro-Verde. Il m’a été impossible de
404 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.
me procurer les noms exacts de ces cours d’eau , qui ne
figurent sur aucune carte et arrosent des régions sauva-
ges et à-peu-pres inhabitées.
6. ANODONTA RANARUM. Spec. nov.
Pl XII; fr. Re
À. testà elongatà, depressiuscul4, sulcatà, tenui, anterius parüm product;
posteriüs rostratä; margine superiore horizontali, vix alato; epidermide
viridi vel flavescente; posteriüs obscurè radiato.
Altit. 46 mill. — Longit. 92.
Cette Anodonte offre dans la combinaison de ses for-
mes une disposition précisément inverse de l'espèce pré-
cédente. Allongée comme elle , mais plus déprimée, elle
s’élargit en avant et s’atténue en arrière. Son /aucies
est déterminé par lhorizontalité du bord supérieur
qui, jusqu'à la terminaison du ligament, conserve à-
peu-près son parallélisme avec le bord opposé. L'épi-
derme est d’un vert tirant sur le jaune avec quelques
rayons effacés.
Il est facile de la confondre avec V4. anatina,
surtout si l’on borne l'examen à un individu isolé.
Cependant on la reconnaitra toujours à son corselet dont
la dilation est réduite à l'expression la plus simple,
tandis que dans l’anatina il se relève en forme de
triangle. En outre, l'angle déterminé par la rencontre de
cette expansion et du bord postérieur est presque nul
dans notre espèce.
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 105
Elle habite avec la précédente. Je n’ai recueilli que
trois individus qui présentent tous les mêmes carac-
teres.
GENRE MULETTE. Brug.
1. UNIO WOLWICHII. Spec. nov.
PI. XII, fig. r.
U. testâ ovato-compressä, carinatà, subauriculatà, tenuissimè striatà, nigrâ :
latere antico sinuoso-rotundato; postico producto, incurvo; margine dor-
sali compresso; umbonibus depressis; dente cardinali in valvulâ dextrâ
subbifido, lamelliformi, eminente, incurvo; in sinistrâ triangulari; in
utrâque valdè anteriori.
Altit. 38 mill. — Longit. 74.
Cet Unio, par la netteté de ses caractères et sa physio-
nomie remarquable, est un des plus intéressans que
nous connaissions en Europe. Il est ovale, déprimé, sub-
caréné et sensiblement auriculé. Le bord antérieur est
court et décrit une légère sinuosité avant de s’arrondir;
le bord postérieur montre une flexion correspondante
et se recourbe vers la base; les crochets sont allon-
gés, déprimés et profondément excoriés; le corselet
dilaté se relève en crête saillante; l'épiderme est noir,
persistant, peu luisant et tres finement strié; le test
est médiocrement épais, d’une nuance bleuâtre, lai-
teuse et sans éclat à l’intérieur ; on y remarque en avant
106 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.
eten arriere plusieurs plis obsolètes qui rayonnent du
sommet. La dent cardinale, tout-à-fait antérieure, est
sur la valve droite, anguleuse, lamelliforme, striée, proé-
minente, recourbée en dedans et divisée en deux lobes,
dont je plus antérieur est rudimentaire ; sur la gauche ,
elle est peu saillante , triangulaire et séparée en deux
par une large excavation; le lobe postérieur n’est qu’une
dépendance de la lame cardinale dont il continue la
flexion ; cette lame est courte, arquée, presque terminale
et nettement dessinée; le ligament est fort étroit; l’im-
pression musculaire antérieure est profonde ; postérieu-
rement, sa trace est superficielle. L'insertion des fibres
dorsales s'effectue immédiatement sous les crochets dans
un petit nombre de fossettes irrégulières, comme on
le voit généralement chez les espèces voisines des Ano-
dontes, par exemple chez l’'Unio Bonellii (1).
Je dois cette précieuse coquille à la libéralité de
M. Wolwich, directeur du jardin botanique de Lisbonne,
naturaliste plein de zèle et de savoir, qui la recueilli
dans les eaux de la vallée du Tage, entre Villa-Nova
et Azambuja , sans qu’il nous ait été possible de la re-
trouver. Un individu que j'ai cru reconnaitre au cabinet
d'histoire naturelle de Coïmbre, mais dont la surface
avait été malheureusement polie, me fait soupçonner
qu’elle vit aussi dans les environs d’Aveiro et peut-être
dans le canal d’Ovar que j'ai négligé d'explorer.
(x) L'impression de ce muscle, variable dans sa forme et dans la situation
qu'il occupe, pourrait fournir d'assez bons caractères qui, je crois, ont été
négligés jusqu'ici.
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 107
2, UNIO TRISTIS. Spec, nov.
PI. XIIT, fig. 2.
U. testâ ovato-compressä, subearinatä , rari-sulcmà, lævigatà, aterrimä; an-
terius rotundatâ; posterius productà, sinuoso-attenuatà; margine dorsali
acuio ; umbonibus valdè depressis ; dente cardinali in valvulä dextrà sim-
plici, obtusiusculo; in sinistrâ subapiciali, crenulaio, laminâ in utrâque
simplici. 4
Alut. 30 mill. — Longit. 62.
Coquille mince, ovale, oblongue, comprimée, subca-
rénée; recouverte d’un épiderme très noir, parfaitement
lisse, traversé par de rares sillons longitudinaux. Le
bord antérieur est régulièrement arrondi; le côté op-
posé sinueux , allongé et atténué; le bord dorsal est
linéaire et formé par le ligament qui se prolonge hori-
zontalement d’une extrémité à l’autre par-dessus les
crochets. Ceux-ci se montrent déprimés , anguleux, dé-
pouillés de leur épiderme ; le corselet est dilaté, relevé
et un peu moins saillant que dans l’espèce précédente,
La charnière sur la valve droite, offre une dent simple,
obtuse et triangulaire; sur la gauche, elle est irrégulière.
et hérissée de petites aspérités très aiguës; la lame car-
dinale n’est formée que par l'épaississement du bord
supérieur sous le ligament ; elle ne se divise pas sur la
valve gauche en deux lamelles distinctes, mais elle est
parcourue dans sa longueur par un sillon obsolète.
J'ai trouvé cette coquille à peu de distance d’Ama-
rante, au bord de la Taméga. J'ai vainement pro-
longé mon séjour dans cette ville pour explorer soi-
gneusement la rivière ; vainement je l'ai remontée plus
108 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS,
tard jusqu'aux limites du Portugal dans l'espoir d’être
plus heureux ; il ne m'a pas été permis de rencontrer un
second individu de cette espèce remarquable.
3. UNIO PICTORUM. Drap.
La faune Européenne s’est accrue dans l’espace de
quelques années d’une si grande quantité d’unios, qu’elle
rivalisera bientôt, au moins dans sa nomenclature, avec
celle de l'Amérique du nord. Depuis l'ouvrage de Dra-
parnaud, la France s’est enrichie de treize ou quatorze
espèces jusqu'alors inconnues (1); l'Italie en compte
une nombreuse série ; mais l'Allemagne est intarissable
et elle marché incessamment à de nouvelles découvertes.
Cependant, à l'exception d’un petit nombre d'espèces
qui se distinguent par des caractères sérieux, le reste, à
mon avis, doit inspirer au moins des doutes; en effet si
l'examen d'une coquille isolée résout quelquefois la
question en faveur de lespèce, la comparaison d’un
grand nombre d'individus vient affaiblir souvent la
valeur des caractères qui nous ont paru distinctifs et
nous la voyons se rattacher par une succession de mo-
difications graduées à un type depuis long-temps con-
nu. Cette observation, je l’ai renouvelée sur les bords
du Tage où l'Unio pictorum est très multiplié. Dilaté,
comprimé, lancéolé ou raccourci, il varie constamment
dans ses proportions et dans la forme de sa char-
(1) Par exemple : Vnio rostratus, Batavus, mancus, elongatus, ovatus,
nanas tumidus, Desheysü, Requieni, Roissyi, subtetragonus, Moquinianus ,
areuatus , Michaudienus, Bigerrensis. etc.
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 109
nière. Quelquefois l’extrémité antérieure, courte et
tombante, laisse les crochets tout-à-fait en avant, ou
bien elle se relève, s’allonge, et ils occupent alors le
tiers antérieur du bord dorsal. Des nuances graduées
unissent ces deux extrêmes par une transition insen-
sible. Les modifications du côté opposé sont encore
plus nombreuses; on peut dire qu’elles n’ont point de
limite et qu’elles rendent impossible l'identité de deux
individus. La couleur à son tour, passe du brun foncé
au jaune clair ou verdâtre, avec ou sans radiations.
Indépendamment des variétés du Tage, je citerai
parmi les plus remarquables celle du Mondégo voisine
de l'Unio Capigliolo; une seconde du Val d'Adé-
mia près de Coïmbre, analogue à l Unio Gargottæ; enfin
une troisième de la Guadiana, d’un beau vert clair,
très lancéolée. La nacre de ces coquilles, est souvent
teinte d’une couleur jaune doré.
4. UNIO BATAVUS. Lamk.
:
Cet Unio est assez nettement caractérisé en Portu-
gal, pour qu'il soit impossible de le confondre avec les
variétés de l’espece précédente. Dans la Guadiana et ses
affluens, il est vert, rayonné de jaune, atténué postérieu-
rement ; dans le Tage, il est brun, plus développé et
plus ramassé en même temps; dans le ruisseau d'Otta
(Estramadure) , il conserve l’intégrité de ses crochets
marqués de rides saillantes et son extrémité postérieure
montre une certaine tendance à se recourber vers la base.
Rarement sa nacre est dorée et lorsqu'elle offre cette
A1 , MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.
nuance, c’est toujours à un degré très faible.Son habi-
tation dans le Tage, est distincte de celle de FUrio
pictorum; on le rencontre rarement sur les plages sa-
blonneuses où celui-ci rampe par milliers; il préfère
les bords vaseux du fleuve et s'enfonce horizontalement
dans leurs parois. |
La coquille de ce mollusque nous fournit un nouvel
exemple du peu de valeur des appréciations isolées ;
comme l’Urio pictorum, elle a sa variété rostrée; va-
riété que j'ai prise pour une espèce différente et qui
s’écarte tellement du type dans certains individus, qu’il
faut en examiner un grand nombre pour saisir la rela-
tion des deux formes extrèmes. Celle-ci habite un af-
fluent de la Guadiana, entre Castro-Verde et Mertola.
5. UNIO DACTYLUS. Spec. nov.
Pl XCIV, fig.42s
U. testâ cylindraceä, crassiusculâ, fuscâ, fulvo-lutescente longitudinalite r
zonatâ; anterius vix productâ, rotundatà; posteriüs ovato-truncalä; um-
bonibus parùm eminentibus; dente cardinali in vaivulà dexträ simplici,
crasso, striato: in sinistrâ, subbifido, compresso, rugoso; ligamento valdè
elongato. ;
AL 26 mill, — Longit. 60.
Coquille cylindracée, arrondie et très courte anté-
rieurement, tronquée et atténuée en arrière; légèrement
sinueuse à la base; élargie sur le dos; solide, sillonnée,
surtout vers le bord inférieur; de couleur brun foncé ;
ornée d’une zone médiane roussâtre; la carène trans-
versale est presque nulle; celle du corselet plus appa-
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. . an
rente; les sommets profondément excoriés sont larges,
peu saillans et séparés par un intervalle de 3 millimètres;
la dent cardinale sur la valve gauche, longitudinale,
excavée, tuberculeuse, ne se divise pas en deux lobes
bien distincts; épaisse et simple sur la droite, elle
. forme une crête à dentelures émoussées. Le ligament se
prolonge tres en arrière. L’impression des muscles ad-
ducteurs est profonde.
Les caractères de cette coquille sont nets et précis ;
mais comme je ne possède qu’un seul individu, il m'est
impossible d’affirmer qu'ils soient constans. Sa forme
offre une certaine analogie avec la variété rostrée de
l’'Unio Batavus; mais sa charnière la sépare profondé-
ment de cette espèce et de toutes celles qui en sont
voisines.
Habite un affluent de la Guadiana près de Castro-
Verde en Algarve.
6. UNIO MUCIDUS. Spec. nov,
Pl. XIV, fig. 3.
U. testä ovato-elongatä, fusco-nigricante vel virescente, anteriüs brevi,
angustà, rotundatà; posterius productà, ovato-truncatä ; umbonibus parum
tumidis, valdè decorticatis; pube sulco obsoletè circumseripto.
Altit, 34 mill. — Longil. 72,
Cet Unio est ovale, allongé, peu renflé, peu épais;
court et arrondi antérieurement; tronqué postérieu-
rement et souvent légérement recourbé vers la base. Les
crochets peu saillans, sont profondément rongés ; l'épi-
412 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.
derme, très caduc, est brun ou vert nuancé de jaune,
quelquefois avec des rayons larges et obscurs. La char-
nière, tres variable, offre beaucoup d’analogie avec
celle de l’'Unio pictorum dont notre ;espece se distingue
par les caractères suivans que J'ai vérifiés sur plus de
soixante individus recueillis dans trois localités difté-
rentes.
1° La lame cardinale plus mince, plus régulière dans
sa flexion, est moins rugueuse et très rarement sil-
lonnée.
2° Le sinus où s’insère le muscle dorsal est plus pro-
fond; au lieu de s’enfoncer et de disparaitre sous la
voûte cardinale, il est tout-à-fait en évidence.
3° Le corselet est limité par un sillon obscur au lieu
de l’être par une carène.
4° Enfin les stries d’accroissement sont plus fines,
plus serrées, plus lamelleuses, circonstance particulie-
rement sensible chez les jeunes individus dont le test n’a
pas encore subi d’altération.
Ce n’est pas sans hésitation que je propose cette espèce
qui m'a paru cependant différer de lUrio pictorum et
de ses variétés. En vieillissant elle se dépouille d’une
partie de son épiderme; le iest devient extrêmement
fragile; les crochets, mis à nu jusqu’au milieu du dis-
que, prennent une teinte métallique qui lui donne
alors un aspect très particulier.
Elle vit dans les rivières du nord et notamment dans
la Taméga, le Cavado et la Lima.
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 113
6. UNICO LITTORALIS. Drap.
Pl. XIII, fo..3 , ét PI. XIV, fig, 1.
Les modifications nombreuses que ce mollusque subit
en Portugal dans la forme, les proportions et la couleur
de sa coquille, prouvent qu'il ne faut admettre qu'avec
une grande réserve toute détermination basée sur un
caractère isolé. Extrémement multiplié dans les eaux
de cette région, l'Unio littoralis atteint dans les grands
fleuves jusqu'à 9 décimètres de longueur; le Tage pro-
duit une jolie variété subtétragone, subtrigone ou sub-
arrondie, rayonnée de brun ou de vert sur un fond
jaune rembruni aux deux extrémités. La nacre est im-
prégnée de la même couleur (1). Dans le ruisseau
d'Otta, non loin d’Alemquer, les crochets très rugueux
conservent leur épiderme et l'extrémité postérieure
s'allonge et se recourbe vers la base. Dans les marais
d'Alkédon, où elle habite une vase noire et profonde,
elle est remarquable par son épaisseur; à Silves au con-
traire, elle devient mince, fragile et d’une forme ellip-
tique bien différente de celle qui la distingue habituel
lement.
La charniere subit à son tour des modifications corré-
(r) C’est une de ces variétés que M, Lea a reçue de Gibraltar, et qu'il a décrite
comme espèce nouvelle en 1832 sous le nom d’Unio incurvus, reconnaissant plus
tard que cette forme n’était pas spécifique, mais accidentelle, et qu'elle se ratta=
chait au type de Draparnaud (Voyez Transact, philos. Philadel. A. 1834, p. 97,
pl. x, f, 29 et 1835, p. 89). Je possède un individu recueilli dans le Tage
dont la forme est identique avec la figure de M. Lea, La couleur elle-même offre
une parfaite similitude : Fellowisek brown; rays oblique and green.
al4 MOLLUSQUES ACÉPHALÉES,
latives ; en général, la dent cardinale est moins saillante,
moins relevée et moins crénelée que dans l'Europe bo-
réale. Très épaisse chez les individus qui naissent dans
les grands fleuves, comme le Tage et le Douro, elle s’é-
mousse et s’affaisse chez ceux qui vivent dans les faibles
cours d’eau de l’Algarve.
En terminant la description des mollusques que j'ai
recueillis en Portugal, je crois devoir fixer l'attention
du naturaliste que les mêmes études dirigeraient vers la
même contrée, sur les points qui ont échappé à mon
exploration et qui peuvent lui offrir quelque chance de
succes. Je signalerai particulièrement la Serra d’Estrella
avec le rameau qui se prolonge jusqu’à la forteresse
d’Alméida; les montagnes calcaires de Louzaa ; les ma-
récages d’Aveiro et le canal d'Ovar; enfin la lisière oc-
cidentale de l'Alemtéjo, depuis Sétubal jusqu’au cap
Saint-Vincent. L’intervalle que j'ai parcouru recele
probablement encore des moliusques ignorés qui ont
échappé à mes investigations; les efforts du voyageur
isolé sont effectivement bornés dans lear résultat etil
ne peut embrasser qu’à l’aide de I: pensée les horizons
nouveaux qu'il découvre chaque jour. Cest à l’expé-
rience à diriger sa marche; c’est l'examen du sol, de la
végétation, des eaux, qui doit lui servir de boussole ;
mais quelle que soit son activité, il ne trace qu’une
ligne au milieu de vastes espaces qui lui demeurent in-
connus. Néanmoins, les considérations générales que
*
j'ai développées sur le caractère d’uniformité et sur la
MOLLUSQUES ACÉIHALFS. 115
constilution particulière du territoire portugais, font
présumer que des recherches ultérieures n’ajouteront
pas beaucoup à la Faune malacologique de cette région;
je crois avoir réuni dans cet ouvrage la grande majorité
des mollusques terrestres et fluviatiles qui y sont ré-
pandus et si l'avenir en signale de nouveaux, leur
nombre sera trop limité sans doute pour modifier les
conclusions que le lecteur a tirées de mon travail.
FIN.
APPENDICE.
Aux six espèces de Parmacelle que nous avons énu-
mérées , il faut en ajouter une septième, dont le hasard
nous a révélé l'existence, et qui figure sous le nom de
P. Mauritius dans un catalogue rédigé par M. de Férus-
sac, et inséré au Zulletin universel des sciences naturelles,
Ann. 1827, t. x, p. 300. Ce mollusque, recueilli par
M. Rang à l'Ile-de-France, offrirait de grands rapports
avec la P. Palliolum du Brésil, dont il se distinguerait
néanmoins par quelque modification dans la forme du
corps et-dans celle du rudiment testacé. Nous n'avons
pas d’autres détails.
Voilà donc encore une espèce que la géographie rat-
tache au continent africain, dont les deux points ex-
trêmes offrent ainsi une relation inattendue. La nature,
sans doute, n’a point placé la Parmacelle d'Oran et
celle de l'Ile-de-France comme deux types isolés à
5o degrés. de distance; d’autres espèces viendront se
grouper autour d'elles à mesure que les explorations
scientifiques élargiront notre horizon au-delà des deux
points qu'elles occupent. Combien de créations ignorées
se révéleront dans l'avenir, quand l'effort persistant de
la civilisation moderne aura enfin ouvert aux vœux du
naturaliste tout un monde inconnu qui sépare l’habita-
tion de ces deux mollusques!
Enfin, s’il fauten croire les savansexplorateurs des pos-
sessions néerlandaises dans l’Inde, plusieurs membres
de cette tribu vivraient dans les hautes régions de l’ile de
Java (1).
Malheureusement nous manquons de renseignemens
précis, la section qui concerne les mollusques n'ayant pas
encore été publiée dans le travail de ces natur alistes.
(x) Voyez l'extrait d’une lettre de M, Va:-Hasselt dans le Pullet'n universel
des sciences naturelles ; année 192%, tar y PA82:
Re ee
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
PLANCHE 1%,
ARION SULCATUS.
L'animal est représenté dans son état de contraction et
dans sa plus grande extension.
\rth Morelet pinx
PL
D'RAUL ENE
172 v
70
LE CRT
F
bag tr
MOLLUSQUES CÉPHALÉS-
PLANCHE II.
FIG. 4. — ARION FULIGINEUS.
F1G. 2. — ARION TIMIDUS.
L'individu contracté correspond à la variété à des
provinces septentrionales.
irth. Morelet pinx
ur fiat
PL.IL
Visto sculp
ù a à x ; Kg « Me à
PARC [RARES
er |
4 w A au
} hu LAS Va 3 4,41 à Fa
À eo À ru
Are ’ sÀ =
a,
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
———pq— —
PLANCHE III.
FIG. 1. -— LIMAX ANGUIFORMIS.
FIG. 2. — LIMAX SQUAMMATINUS.
FIG. 3. — LIMAX VIRIDIS.
FIG. 4. — LIMAX LOMBRICOIDES.
On a grossi le bouclier pour montrer la divergence
des stries.
ss Ce —
Arth. Morelet pinx
PL HIL.
Visto seulp
RER IN
“rit
bo ons
& MINANENETT ù
| Dee Vi )
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
PLANCHE IV.
PARMACELLA VALENCIENNIL
Ce mollusque est représenté dans l’état de développement
et dans celui de semi-contraction. Le dernier individu
est entièrement contracté. On a pratiqué une incision dans
la région postérieure du bouclier pour mettre en évidence
le rudiment testacé.
PL.
Arth Morelet pinx
Visto soulp
Lnprimé par Tourfaut
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
ls Q e———
PLANCHE V.
F1G. 1. — SUCCINEA LONGISCATA.
FIG. 2. — SUCCINEA AMPHIBIA.
F1G. 3. — SUCCINEA VIRESCENS.
FIG. 4. — SUCCINEA ABBREVIATA, grossie et de grandeur
naturelle.
PL.Y.
CA
=
- 3 : J
Vaillant pinx, , Yisto seulp
{primé par Jour/aut
RUE
4 }
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
PLANCHE VI.
F1G. 1. — HELIX LUSITANICA.
FIG. 2. — HELIX SIMPLICULA.
FIG. 3. — HELIX TURRIPLANA.
F1G. 4. — HELIX PONENTINA.
F1G. 5. — HELIX CISTORUM.
PLNE
2
Vaillant pinx Lebrun sculp
Imprimé par Tourfaut
F1G.
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
“2 Q ——
PLANCHE VIl.
1. — HELIX INCHOATA.
2. — HELIX SERRULA.
3. — AURICULA GRACILIS.
b. — AURICULA CILIATA.
On l’a grossie pour faire voir la disposition des cils au-
dessous de la suture.
9. — MELANIA CHARREYL
|
|
|
o
Î
|
|
F7. |
re)
«©
|
Le: |
|
|
|
à
Vaillant pnx , Lebrun seulp
{mprème par Tourfeut
| AN dt
| LPS x fl a
x
À ne,
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
FIG.
3.
h
Qt
MOLLUSQUES CÉPHALÉS.
PLANCHE VIII.
. — LIMNEA ACUTALIS.
. — PHYSA CONTORTA.
— ANCYLUS VITRACEUS.
. — ANCYLUS STRICTUS.
— ANCYLUS OBTUSUS.
PL. VII.
DSÉDENT =—- 4]
|
l
|
|
|
n
|
|
: %)
|
|
<a : e
|
|
|
|
|
$
| ) cs |
| nn
|
il
| _
Vaillant pinx Lebrun sculp
DL
“
[2
1
sn 1
Ce } 4
) Pare dan Ph
MOLLUSQUES CEPHALÉS.
PLANCHE IX.
FIG. 1. — NERITINA VIOLACEA.
L'opercule est mal placé.
FIG. 2. — NERITINA INQUINATA.
FIG. 3. — NERITINA GUADIANENSIS.
FiG. 4. — NERITINA ELONGATULA.
La convexité de la base n'a pas été sentie par le gra-
veur.
PL. IX
|
9)
|
>
®)
|
|
|
|
|
|
? |
le
|
|
|
|
= 5 en
Vaillant pinx Lebrun sculp
MOLLUSQUES ACÉPHALES.
PLANCHE X.
ANODONTA REGULARIS.
nm TE
MOLLUSQOUES ACÉPHALES.
mt Q ds - —
PLANCHE XI,
ANODONTA MACILENTA.
0 es——
Vaillant pinx
"2
NE
"
ETS
r
MOLLUSQUES ACEPHALES.
PLANCHE XII.
F1G. 1. — ANODONTA LUSITANA.
F1G.. 2. — ANODONTA RANARUM.
PL. XI.
Vaillant pinx
Mu | "08
m4 NRERET CU DE …
MOLLUSQOUES ACÉPHALES.
PLANCHE XIIT.
FIG. 1 — UNIO WOLWICHII.
FIG. 2. — UNIO TRISTIS.
FIG. 3. — UNIO LITTORALIS, variété du Tage.
PL. AIT.
Vaillant pinx Visto
MOLLUSQUES ACÉPHALÉS.
PLANCHE XIV.
FIG. 1. — UNIO LITTORALIS, variété du ruisseau d’Otta.
FiG. 2. — UNIO DACTYLUS.
FIG. 5. — UNIO MUCIDUS.
“#8 E—
PL. IF
Visto sculp
Vaillant pinx
7
sd
"
= is n
*
*
At
ce
AT MT
à
pal
\
Tu