Skip to main content

Full text of "Description des mollusques terrestres et fluviatiles du Portugal"

See other formats


EX LIBRIS 


Willam Healey Dall 


Division of Mollusks 
Sectional Library 


se AL ar 


an 


| DESCRIPTION 


 MOLLUSQUES 


Lau 


Li * L \ 


DU PORTUGAL. 


de S 
+ he 


LIBRAIRIE des RCE 
GÉNÉRALES. H. BèCcus 
53,rue M le Prince 
Livres sur les sciences 

Vente el achat de 
Paibliothèques, € éc 


——-3 
IMPRIME CHEZ FAUL RENOUARD, ©——— 
Rue Garancière , 5, ÿ 


DESCRIPTION 


DES MOLLUSOUES 


TERRESTRES ET FLUVIATILES 


DU PORTUGAL 


PAR 


ARTHUR MORELET. 


AVEC 14 PLANCHES GRAVÉES ET COLORIÉES. 


— cms © O0 0-00 ns 


À PARIS, 
CHEZ J:-B. BAILLIÈRE, 


LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE, 
RUE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, 17. 


A LONDRES, CHEZ H. BAILLIÈRE, 219, REGENT-STREET. 


1645. 


6290 XCC GO LL 000 22 09 008 C0 2000 000000090900 0900 09 & 000900000000000006 0019 5000000072 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


DES ESPÈCES DÉCRITES OU MENTIONNÉES DANS CET OUVRAGE. 


RS — 


ANCYLUS dlugiaghis\.. NM. 29) 86987, 86. 
—— HRUSNS de in 22280 
_—— SIA] 40 2 <VRD SD 
— SPAS ne D nt SN DS OR 
—— MiLTABEUS . .: . 1024 07. 
ANODONTA anale. .… + ++ .20922, 408, 104, 
a Cellensis 1. :e 00! 
= — CNP. Le eu 22,000 


=—— ÉUSUHORE CLR LT, 934108 

a mMacnenia nue, . 19/10 

——— LADADAAU LL RUN 23, 104. 

a DÉRHIARS. 0.08 LR 3, 100, 402. 
ARION MO LR 0, NR900 27. 28: 


—— IMAMINEUS. … à 99990. 
ee OSEUNSARNE © + 29949) 
—— CUISSON". (5: CON 
—— SUICAUS EE … 72100990 
—— GES UN ONE 


IL 


AURICULA 


CAROCOLLA 
CLAUSILIA 


CRYPTELLA 
CYCLAS 


GENUS 
HELIX 


TABLE 


ciliata . 
gracilis 
minima 


myosotis . 


acutus. 
decollatus 
folliculus . 
lubricus 


obscurus . 


ventricosus 


limbata .. 


clausa . 


corrugata . 


papillaris . 


rUgOSA . 


Canariensis 


calyculata . 


fontinalis . 


lacustris 
rivalis . 


elegans 


ALPHABÉTIQUE. 


ferrugineum . 


truncatulum . 


Woltzianum 


incertumn . 


aculeata 
albella . 
Alonensis 
amanda 
apicina 
aspersa 
barbata 
barbula 


. 


bituberculata, 


Boissvi 


23, 
23, 
22, 
22, 
22 
14, 
92, 
22, 


29 


22; 
62. 
21. 
2h. 
2h. 
22, 
hh. 
929 


my © 


22, 


2259 


2% 
22% 
2/, 
89, 
2h. 
h9, 
22; 
14, 
2h. 
2h. 
29: 
52 
58, 
PET 
58. 
2h. 


74: 

76. 

76. 

410 TT. 
21179. 
29-211, :73. 
2h} 73. 

ia à 

75. 

2, 73. 


2h, 89. 


» 8 
}.), 


9H, G7, 


56, 57,159, 60; 61, 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


candidissima . 


candidula . 


Carascalensis. 


cariosula . 
carthusianella 
cellaria 
cespifum . 
cistorum . 
coniCa. 
conoïdea . 


conspurcata . 


crystallina. 
elegans. 
ericetorum 
finitima 
fruticum . 
fulva . 
glomerata. 
grisea . 


Gualteriana . 


Hispanica . 
hortensis . 
inchoata . 
intersecta . 
lactea . 

lanuginosa 
lapicida 

lenticula . 
ligata . 

Lusitanica. 
maritima . 
marmorata 
martigena. 
neglecta . 
nemoralis . 


24. 

29, 63. 

94. 

24. 

29, 62. 
22, 2h, 54. 
24, 72. 
23, 66. 
24. 

JU. 

29, 24, 63. 
99, 55. 
21. 

7e 

24. 

70. 

99 12. 
2h. 

14. 

10, 24. 
2h, 69. 
24, 68. 
93, 70. 
29, 63. 
29, 24, 68. 
DIR 

A4, 29, 57. 


22, 2h, 58, 64. 


2h. 

23, 55. 
63, 64, 72. 
2h. 

2h. 

64, 72. 
14, 22, 68. 


ait 


IV Û TABLE ALPHABÉTIQUE. 


HELIX DItENS 4 <: dite. 6 co RSS. 
——- olivetorum 55. 
—— Pisana., 20e 1 Re. 70, 
_— DOMNIIT Re. Ven ve MAUR 
— poléntina. :.,45: HN». 
ee DIEMEASR ue 1e NAIL ON 
—— pyramidata :. . .. . 24,461. 
—— TOUMUMAS. : . à à: . 102200. 
—— FODÉSÉTINN. 1. le...) ON "72, 
—— SEA De ee Le: : EN 2O NOUS 
—— simplicula. .. . .: 98,56. 
—— SDIENdida. ,;- #0... AO 
eu — Siriata.. . . :2. |. 2600. 
—— sirigellas : 0. Y 24 OUR 
——  subrostrata . . . . 2h. 
ee — Sylpatica, is." 47.8008. 
—— d'eméra) "ec. 72 
— turriplam . Sue, "0 282509. 
—— vaciäbilis 94 .. +. .. . 22%2h, 64,72. 
_—— rermiculatan :.;., : ue 
LIMAX APTESS lee « à NME, 9h, 99. 
—— angGifocus, .…. ..) + .« 023,98 
—— ANnfiQUOR . ;: Lou: 108 
—— SAS du à +.  MRESRNIO. 
—— lombricojdes-; . ...,. 023780, 
——— nINIdUS. 54 OR. 8 0: 
—— squammatinus . .. 23, 57. 
—— sylvaticus …. …:. :f:022,33. 
—— Vadiepatus. * .%.5,. 22700 
—— VID... DCR UNDER 
LYMNEA CMS VE. d'u PCR. 
—— autieularia :., 24 MOD NS1, 82 
—— Cafaloniga... 7, NO 
——— intermieqla 2”. : ._..  : 1009763: 


— — lhbiatash 7 re à MECS SR 


FABLE ALPHABÉTIQUE. 


LYMNEA MMUtA.. » . . vr0n22;r81, 88 
—— M'ONatE 1 de Le à à, C'PEUNODEIMRST, 84: 
—— peregra . . . à. 1,1 : 119249/81, 62. 
—— MARAIS UE | à: + LMD. 

—— Mulgarise . . . +... - . 80 


MÉLANIA CDALTENE à : .: . : à (029,107, 

MELANOPSIS buccinoïdea . . . . 24. 
—— Costellata .+,. 4, 1.000 24 
—— DuiOUriN 22 4 4 40 N VOIE 

NERITINA BBC ne à ce ee OM 
—— COMAUER -..<.. . PONUO 
—— Danubialis . . . . 92. 
— elongatula. . . . . 23, 96. 
—— AuMATILS . 50 à +: (090$ OIL. 
—— Guadianensis. . . . 23, 95. 
_—— Jordan... 0x dr 06: 


—— inquinata. . . . . 23,95. 
—— serratilinea . . . . 92, 93. 
—— violacea . .. *. « 0. . 23, 92, 


PALUDINA achatinà. . +: .#w.. 122,190. 

_— JON 1 |. Lier. MINOR, 78408 

—— ati ./. | “RNA. 

ee D DT + NUE: 

ue —— impura. . . . . . 22, 2h, 90. 

—— suis. 2/0: NS) NON. 08 
PARMACELLA Alexandrina . . . . 43, 46. 

—— ambigua-. . . . . 2,43. 

= calyeulata. .. . : : 90h 

——- Mauritius. . . . . 416. 

—— Olitieri. 40... ANNE. 

—— palliolum . . . . . A5, 6. 

—— Valenciennii . . . . 25,40, 4h, A7. 
PHYSA SCHL 7. UNE, SA 

—— CONtOrtAL . . ….-.  1PN22 80. 
PLANORBIS CAF AS 2 0. Lrw22079. 


VI 


PLANORBIS 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


complanatus . 


contortus . 
corneus 
devians 
hispidus . 
leucostoma 
marginatus 


Spec. incerta. 


Anglica 
antivertigo 
Dufourii . 
Farinesii . 
fragilis. 
granum 
muscorum 
quadridens 
secale . 
sexdentata 
umbilicata 
variabilis . 
abbreviata. 
amphibia . 
longiscata . 
oblonga 
Pfeiffer: 
virescens . 
ambigua . 
haliotidea . 
Maugei 
Batavus 
Bonellii 
Capigliolo . 
dactylus . 
Gargottæ . 
inCUrvus . 


29, 80. 
99, 80. 
92, 78. 
22, 80. 
22, 80. 
29, 80. 
29, 80. 
80. 

29, 75. 
99, 7h. 
2h. 

94. 

99, 74. 
29, 24, 74. 


2160885 74. 


24. 

22, 2h, 7h. 
45. 

22; 2h, 74, 75, 
24. 
23, 54. 


22, 26% 51, 52; 82. 


93, 51. 
5h. 

51, 59, 53. 
93, 53. 

h2. 

8, 49. 

23, 48. 

92, 409, 410. 
416. 

109. 

23, 410. 
109. 

113. 


UNIO 


UNIOS 
VALVATA 
VITRINA 


TABLE ALPHABÉTIQUE. vit 


littoralis 
mucidus . 
pictorum . 
tristis . 
Wolwichit. 


de France. 


piscinalis . 
subglobosa 


FIN DE LA TABLE, 


29, 94, 443. 

93, 10. 

22, 24, 108, 410, 112. 
93, 107. 

93, 105. 

108. 

99, 90. 

99, 50. 


@ IMPRIME CHEZ PAUL RENOUA'D, EE 


rue Garanciére, 5. 


1 + 
MEL IEEE 
LT lit” 


Lai 


en. Lun hé: EN TA 


NE. 


Rue Lu SGutt ñ À ES 7 


EAP 


AN) 


# 


ré à 


DESCRIPTION 


DES MOLLUSQUES 


TERRESTRES ET PLUVIATILES 


DÜ PORTUGAL. 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


En publiant la description des mollusques terrestres 
et fluviatiles que j'ai recueillis dans mon voyage, je re- 
grette de ne pouvoir pas élargir mon cadre et présenter 
l'ensemble de tous ceux qui appartiennent à la pénin- 
sule Hispanique; il m'a fallu quatre mois pour explorer 
imparfaitement le Portugal; un pays vaste et accidenté 
comme l'Espagne, eùt exigé pres d’une année, et les 
faibles résultats que je pouvais attendre ne n'auraient 
pas dédommagé du temps perdu dans les âpres monta- 
gnes et sur les plateaux arides qui en occupent l’inté- 
rieur. 

Cependant quoique le Portugal, par sa constitution 
géologique, appartienne essentiellement à l'Espagne, on 


I 


= 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 


ts 


peut l'en détacher, jusqu’à un certain point, dans l’é- 
tude de Ïa nature organique , et particulièrement dans 
celle des êtres, qui, liés au sol par l'insuffisance ou l'ab- 
sence complète de moyens de locomotion, empruntent 
leur caractere aux régions qu’ils habitent, ou leur com- 
muniquent, comme les végétaux, la physionomie qui leur 
est propre. Le Portugal, borné sur plusieurs points par des 
chaines escarpées qui atteignent et dépassent la limite des 
neiges perpétuelles(r), et dans l'intervalle de ces chaines, 
par des fleuves généralement encaissés ; dégagé de l’in- 
fluence méditerranéenne et exposé dans toute son étendue 
à celle de l'Océan , réunit à l’égard de ces êtres un cer- 
tain nombrede conditions favorables à l’individualité. On 
en trouve la preuve dans la comparaison de la Flore de 
ce pays avec celle de l'Espagne, et surtout dans l'examen 
des mollusques terrestres etfluviatiles des deux contrées. 
Je distribuerai plus tard dans leur ordre géographique 
ceux qui sont répandus sur le sol portugais et j'y join- 
drai l’'énumération de tous ceux qui ont été observés : 
jusqu’à présent en Espagne. La comparaison de ces 
deux tableaux montrera que les espèces particulieres à 
l'une des deux régions, ne se retrouvent pas dans 
l'autre. . 
Lorsque l'utilité matérielle d’une science n’est pas 
évidente, chacun a le droit de demander quel est son but. 
L'étude des mollusques, en la restreignant surtout au 
cadre étroit que je me suis tracé, se trouve précisément 


(x) La Serra de Senabria , sur les frontières de Galice , n'a pas moins de 2,600 
mètres de hauteur, L'Estrella est aussi fort élevé, 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 3 


dans ces conditions. Je ne dirai pas pour justifier l'em- 
ploi de mes loisirs, que des hommes éminens en ont 
fait l’objet des méditations de toute leur vie; que, liée 
étroitement à l’histoire de la nature, elle complète la série 
des faits que nous enregistrons sur les êtres organisés ; 
que la comparaison de ces faits, lorsqu'ils sont assez 
nombreux, nous conduit à la déduction des rapports 
généraux, et donne vraiment une àme à l'Histoire natu- 
relle; que nous retrouvons, dans le seul examen d’une 
coquille, cette variété infinie de formes qui résulte d’une 
loi simple et unique; que l'analyse de leur organisa- 
tion intime nous révele, dans la série des fonctions cor- 
rélatives, des modifications plus variées et plus curieu- 
ses que dans toute autre branche du règne animal ; que 
l'Histoire du globe trouve dans leurs vestiges fossiles des 
lumières que l'Histoire de Phumanité emprunte aux dé- 
bris d’un autre âge ; qu'ils nous fournissent de précieu- 
ses données sur l’ordre que la nature a suivi dans la pro- 
 duction des corps vivans; que l'aspect varié de leur 
enveloppe et la tendance qu'eile montre à réfléchir les 
influences locales en font un puissant auxiliaire dans 
l'étude de la géographie naturelle; et cependant ces 
considérations, même isolées, sont éminemment pro- 
pres à satisfaire un esprit sérieux; mais je dirai simple- 
ment que l'étude des relations qui existent entre ces êtres 
et le milieu qu'ils habitent, et l'examen de leurs rap- 
ports entre eux, rapports généralement exprimés par 
le corps protecteur, offrent une série de problèmes 
qui ne sont pas dépourvus d’un certain intérêt philoso- 
phique. 


I 


4 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINATRES. 


En effet, tandis que des animaux d'un ordre infé- 
rieur maintiennent l'intégrité de leur forme et même de 
leur couleur , on voit ceux-ci varier comme le semis des 
plantes et se confondre entre eux dans leurs différentes 
espèces, au point de rendre à-peu-près impossible la 
détermination de leurs caracteres distinctifs. Faut-il 
croire, comme le professeur Rossmassler cherche à le 
démontrer dans un mémoire récent (1), que les mol- 
lusques occupent un rang tellement inférieur dans l’é- 
chelle des êtres organisés, qu'ils sont privés de l'énergie 
vitale nécessaire au maintien de leur espèce, et que 
l’action répétée des circonstances extérieures , maîtrisant 
chez eux la tendance qu'ont tous les corps vivans à se 
maintenir dans leur intégrité , entraine insensiblement 
la variabilité de leurs formes? Mais au milieu de cette 
oscillation perpétuelle, certaines espèces conservent les 
caracteres qui leur sont propres; pour expliquer cette 
exception, admettrons-nous avec le même observateur 
que la nature, marchant au perfectionnement successif 
des formes, a tracé aux espèces, comme aux individus, 
uue période d’accroissement, d'état stationnaire et de 
décrépitude, et que l’invariabilité ou la variabilité de 
l'espèce dans ses divers degrés, correspond à l’un de 
ces trois âges ? On reconnait dans ce système, qui, du 
reste est assez ingénieux, la tendance de l’école alle- 
mande, qui converge toujours vers la loi imaginaire de 
l'unité de pan et de composition dans la nature orga- 


Ê : . : ne : 
nique. Mais Je ne le crois pas conforme aux faits qui 


{ 1) Zconographie des moll, terrestres et fluviat, de l'Europe, xnx° lis, p. 3, 4, ele, 


CONSIDÉRATIONS PRELIMINAIRES. 5 


ont étéobservés jusqu'ici. Il faudrait effectivement, pour 
l’adopter , anéantir l’organisation compliquée qui assi- 
gne aux mollusques un rang assez élevé dans la classe 
des invertébrés pour les reléguer aux derniers degrés de 
"échelle animale, degrés où nous voyons des êtres chez 
lesquels les facultés vitales sont à peine éveillées, repro- 
duire leur espèce, malgré l’infériorité de leur organisa- 
tion, avec des caractères parfaitement reconnaissables. 
La nature qui n’a créé que des individus, j’en conviens, 
ne les a point abandonnés aux influences du milieu 
qu’elle leur assignait pour domaine sans leur donner en 
même temps, avec l'instinctnécessaireàleur conservation, 
la force de résistance propre à maintenir leur individua- 
lité. Nous en voyons la preuve dans le soin qu’elle a pris 
de leur inspirer une aversion réciproque qui na pour 
but que d'empêcher leur altération mutuelle. Jadmets 
que l'influence de l’homme, la plus puissante de toutes, 
puisse troubler cet ordre dans de certaines limites; 
mais elle est nulle pour la majeure partie des animaux 
qui vivent à l'abri de sa domination dans les conditions 
les plus favorables au maintien des lois qui ont été as- 
signées à leur organisme. 

La géologie ne prouve pas davantage, comme la 
déclaré un savant dont l’opinion sera toujours d'un 
grand poids (1), que la nature, dans la création des 
corps organisés, ait commencé par une ébauche sus- 
ceptible d’un perfectionnement graduel et indéfini ; 
que les espèces, en conséquence, ne constituent qu'un 


(+) Cuvier; Discours sur les Révolutions du Globe, p. 125. 


6 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


état transitoire, une modification maladive d’une forme 
sur son déclin. Nous voyons au contraire en interro- 
geant les dépôts d’un autre àge, des êtres tout-à-fait à 
part, dont les analogues souvent n'existent plus ; d'autres 
qui différent très peu des races actuellement existantes, les 
uus et lesautres détruits à diverses époques par des circon- 
stances inconnues, sans laisser aucune trace de ces modi- 
fications successivement perfectionnées qui devraient les 
unir entre eux et les enchainer aux espèces contemporai- 
nes. Qne devient d’ailleurs ce perfectionnement (selon 
l'idée que nous semblons y attacher), lorsque nous 
découvrons sur notre continent appauvri ces débris 
gigantesques, témoins irrécusables d’une époque de vi- 
gueur et de puissance. La modeste réritine de la Seine 
(pour puiser un exemple dans mon sujet) ne parait-elle 
pas au contraire une ébauche des belles espèces qui vi- 
vaientautrefois aux environs de Paris(1)? Je concois, dans 
de certaines limites que la nature a fixées elle-même, les 
modifications qu’entrainent insensiblement le climat, la 
uourriture et l'éducation ; mais je ne saurais admettre 
que l’action continue d’une cause originairement insuffi- 
sante puisse, dans un moment précis, altérer la com- 
position d’une organisation qui s’est maintenue jusque- 
là malgré elle dans l’intégrité de ses rapports. 
L’embarras que nous éprouvons à introduire parmi 
les mollusques une classification satisfaisante, ne résul- 
te-t-il pas des difficultés qui environnent l'étude de leur 
constitution organique, difficultés que nous croyons 


(1) Fntre autres , la Weritina conoidea, Desh. 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. ÿ 


éluder en bornant notre examen à leur enveloppe ex- 
terne, soumise, par son extrême dépendance, à l’in- 
fluence d’une foule de circonstances modificatrices? Re- 
marquons, en effet, que les mollusques qui empruntent 
seuls, parmi les animaux, leur détermination spécifique 
à un corps à-peu-près étranger à leur organisation , sont 
en même temps ceux qui présentent ces difficultés au 
plus haut degré. IL est certain que nous sommes loin 
encore de pouvoir indiquer avec précision les différences 
ou les analogies qui les caractérisent. Sans parler des 
modifications nombreuses de l'appareil générateur et de 
ses dépendances, qui jouent le rôle principal, comme 
l'a fait observer M. de Blainville, dans la distinction des 
espèces (1), l'organe producteur de ces coquilles variées 
dont l'importance est si grande dans nos classifications, 
nous est-il bien connu? N’est-il pas évident que les 
cryptes muqueux de l’Æelix nernoralis, par exemple, 
qui déposent à la surface de la coquille une substance 
jaune uniforme, doivent différer, en quelque point de 
leur structure, de ceux qui la revêtent d’un épiderme ou 
noirâtre ou nuancé de plusieurs couleurs ? La sécrétion 
qui produit un test corné ou transparent ne diffère-t-elle 
pas , dans sa composition chimique, de celle qui engen- 
dre une coquille opaque? Et cependant, à nos yeux, 
l'appareil sécréteur se montre, dans ces cas variés, sous 
une forme à-peu-près identique. Je me garderai bien 
d’en induire que les modifications les plus minimes 
dans des organes d’une importance secondaire doivent 


(1) Manuel de Malacologie, p. 205. 


8 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


entrainer une distinction spécifique ; je veux seulement 
rappeler à mes lecteurs que nos données ne sont point 
assez complètes encore pour trancher ou abandonner 
une question dont la solution réside dans des caractères 
tres difficiles à apprécier. Continuons donc à enregis- 
trer des observations spéciales, et ne désespérons pas de 
voir un Jour ces faisceaux isolés, solidement liés entre 
eux par la connaissance dé leurs rapports. On n’en doit 
pas moins quelque gré aux naturalistes qui s’appliquent 
à les coordonner d'avance; il est juste de distinguer 
parmi eux le savant auteur de lIconographie qui pa- 
rait dirigé dans ses recherches, non-seulement par 
l'attrait d’une question philosophique, mais encore par 
le désir de débarrasser la science d’une nomenclature 
indigeste et stérile. 

Lorsqu'on jette les yeux sur la carte du Portugal et 
que l’on considère, sous une latitude favorable au déve- 
loppement et à la reproduction des êtres, ce réseau de 
montagnes qui varie sans cesse l'élévation du sol et ces 
nombreux cours d’eau qui promettent tant de fraiches 
vallées, on doit croire que la réunion de humidité et 
de la chaleur, ces deux principes de la vie, et l’inégalité 
du climat, réservent au naturaliste, surtout dans les de- 
grés inférieurs du règne organique, de nombreuses 
Jouissances. Malheureusement il n’en est pas ainsi ; et 
quoique j'atiribue à la composition minéralogique du 
sol l’infériorité relative de cette région, je suis loin 
de pouvoir n’expliquer d’une manière satisfaisante la 
rareté des mollusques que la nature y a répandus. La 
solution de ce problème nous fournirait sans doute de 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 9 


précieux indices sur les relations directes qui enchainent 
ces animaux à l'écorce du globe. 

Le sol du Portugal est généralement sec et dépouillé; 
une masse énorme de grès schisteux couvre le granit 
d’une extrémité à l’autre; çà et là il se montre à la sur- 
face comme aux environs de Porto, à Cintra, dans la 
Serra d’Estrella et surtout dans les provinces du nord.A 
peine une ou deux chaïnes @alcaires s’élèvent-elles au 
milieu de cette triste variété de sables et d’argiles. Une 
vaste plaine, la seule qui apparaisse parmi ces montagnes 
amoncelées, s’étend sous le nom d’Alemtejo (1), de la 
rive gauche du Tage jusqu'aux frontières de VAl- 
garve (2). Privée d’eau et brülée du soleil, elle n'offre 
au voyageur altéré que des landes sablonneuses, entre- 
coupées de collines stériles où se dessine rarement un 
maigre bouquet de pins. Le Portugal ici n’est plus l'Asie 
de l'Europe (3), mais une variété de l'Afrique. Les ri- 
vières elles-mêmes, encaissées dans de profonds ravins, 
sont impuissantes pour le fertiliser. J'ai remonté la 
Guadiana depuis son embouchure jusqu'au territoire 
Espagnol, et je ne connais rien de plus triste, de plus 
aride, de plus dépouillé que ses rivages. Sur un sol 
aussi ingrat, la végétation est bornée dans ses espèces 
et toujours chéiive; ce sont des Céstes très diversifiés, 
des Bruyères, des Citises, le Quercus humilis et V Arbou- 
sier. On comprend que les animaux qui se nourrissent 


(1) Alem-Tejo, littéralement : au-delà du Tage. 
(2) AI Gharb, l'Occident ; souvenir de la domination arabe, 


(3) Expressions de Linué. 


10 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 


de végétaux et qui ont besoin d’humidité et d’abri, 
comme les mollusques terrestres, n’y trouvent point 
au degré convenable les conditions favorables à leur 
existence. Il y a même, en général, peu de vie dans ces 
déserts, car les insectes redoutent à leur tour le voisi- 
nage de ces plantes visqueuses qui envahissent d’im- 
menses espaces que l’homme ne daigne pas leur dis- 
puter (1). ” 

Au contraire, dans les fraiches oasis qui contrastent de 
loin en loin avec le dépouillement général, à Cintra, par 
exemple, où l’industrie humaine a créé de magnifiques 
ombrages et distribué avec intelligence les eaux qui se 
perdaient dans le sol, on voit les mollusques multiplier, 
favorisés dans leurs habitudes par la fraicheur des arbres 
et l'humidité des vieux murs. 

Ces considérations sont évidentes dans leur généra- 
lité, mais elles ne suffisent pas pour tout expliquer, 
et il nous manque un élément de solution. En effet, 
oublions un grand nombre d'espèces qui vivent et se 
propagent dans les localités arides, puisque la nature ne 
les a point placées en Portugal (2), et descendons dans les 
vallées fraiches et accidentées du Minho, qui contrastent 
victorieusement avec les plateaux dénudés qui les domi- 
nent,les tristes solitudes de l’Alemtejo,les grèsstérilesdela 
province de Beira et les collines noires et monotones de 
PAlgarve. Ici, le voyageur chemine sous de délicieux 


{1) On nomme ces forêts naines Charneca. Ce sont les makis de Ja Corse et de 
la Sardaigne ( de macchia, broussailles en italien.) & 

(2) Par exemple l'Helix Gualteriana , multipliée dans les rochers calcaires 
d’Almeria , les plus désolés, les plus arides quej e connaisse. 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 41 


ombrages, au bruit des eaux qui coulent de tous côtés ; 
le feuillage varié des orangers, des oliviers, des châtai- 
gners et des chènes annonce un climat fortuné : des cô- 
teaux boisés , des roches nues et escarpées, des ravins 
ombragés, des murailles humides, tapissées d’innom- 
brables fougères promettent une récolte abondante, 
et cependant l'espoir d'y recueillir des mollusques est 
souvent frustré; à peine, après de longues recherches, 
en découvre-t-on un petit nombre appartenant tou- 
Jours aux mêmes espèces ; les eaux elles-mêmes en sont 
privées ; quelle peut en être la cause? Ce n’est plus ici 
l'insuffisance de l'abri et de la nourriture, car ces deux 
conditions sont également remplies ; il est donc évident 
qu'il en existe une autre, fondée sur des rapports que 
nous n'avons pas encore observés et qui, ne dépendant 
ni du sol ni de la nourriture, d’une manière absolue, 
résulte probablement de l'influence de l’un sur la com- 
position chimique de l’autre. 

Je ne suis pas le premier qui ait signalé une relation 
obscure entre les mollusques terrestres et l'écorce du 
globe; c’est-à-dire la dépendance qui existe entre leur 
multiplicité, la distribution de leurs espèces et la na- 
ture du sol. Cette particularité s’expliquait naturelle- 
ment par les phénomenes de la végétation qui variant 
elle-même selon les mémes circonstances, leur offrait 
une nourriture plus ou moins abondante, plus on 
moins appropriée à leurs besoins; cependant ces ani- 
maux ne bornent pas leur alimentation à un petit 
nombre de plantes affectées à certains terrains; en outre, 
comment expliquer leur accumulation dans un rayon 


12 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES: 


aride, quand la contrée voisine, bien plus favorisée, en 
est à-peu-près dépourvue, comme je pourrais en citer de 
nombreux exemples ? Une végétation variée etabondante 
ne remplit donc pas, ainsi que je l'ai déjà fait observer, 
toutes les conditions nécessaires ; elle ne les remplit sans 
doute que dans des circonstances données, c’est-à-dire 
lorsqu'elle s’assimile dansde certaines proportions, quela 
nature du sol rend variables, lesélémens nutritifsnécessai- 
res à leur composition, et notamment à l'entretien de la sé- 
crétion qui produit la coquille. Le travail organique qui 
préside de part et d'autre à l’assimilation d’élémens choi- 
sis que les végétaux puisent dans le sol pour les trans- 
mettre aux mollusques , n’est autre chose que la nutri- 
tion, fonction mystérieuse , dont une partie des actes 
nous échappe, car ils renferment le secret de la vie; 
c'est elle qui élahore les substances minérales destinées 
à la formation de la coquille, et nous savons que la pro- 
portion et la nature de ces substances varient dans les 
mêmes espèces de plantes avec le sol quiles nourrit. Ces 
considérations sont fortifiées par un grand nombre d’ob- 
servations que j'ai faites sur la distribution géographique 
des mollusques terrestres, et sur les variations propor- 
tionnelles du carbonate de chaux qui solidifie leur test. 
En bornant leur application au Portugal, j'ai constaté 
leur rareté dans les provinces schisteuses et granitiques 
du nord que j'ai visitées à une époque favorable ; à peine 
les montagnes calcaires apparaissent-elles près de Coïm- 
bre, qu'on les voit se multiplier, en suivant leur direc- 
tion, jusqu'aux environs de Lisbonne. Le midi pré- 
sente les mêmes circonstances. Les schistes et les gres 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 43 


si frais, si accidentés de Portalègre abritent peu de mol- 
lusques; tandis qu'ils reparaissent en grand nombre 
avec le calcaire lamelleux d’Elvas et dans les collines 
arides, mais également calcaires de Silves et de Loulé en 
Algarve. \ 

En second lieu, les espèces munies d’une enveloppe 
opaque et résistante m'ont paru s’accumuler de préfé- 
rence dans les terrains calcaires, tandis que les mollus- 
ques à test mince et presque membraneux vivent indif- 


féremment sur un sol schisteux ou granitique et dans le 


5 
voisinage des eaux. Ainsi, les Limaces, et les Hélices crys- 
tallina , cellaria, barbulæ, nitens, etc., dont la coquille 
renferme une proportion plus forte de matière animale 
se trouvent d’un bout du Portugal à l’autre, et persis- 
tent seules sur toute espèce de sol. On pourrait ajouter 
à ces considérations générales plusieurs observations, 
particulières quinous montrent des tests, habituellement 
opaques, perdre une partie de leur carbonate de chaux 
quand l'animal est né sur un sol granitique ou schisteux ; 
mais j'avoue que ces exemples, d’après le petit nombre 
de renseignemens que nous possédons jusqu'à présent, 
n'étant pas absolus, il faudrait expliquer les exceptions, 
ce qui nous conduirait à substituer des conjectures sys- 
tématiques à l'appréciation des faits. 

J'espérais puiser dans le musée de Lisbonne quelques 
données utiles sur les productions naturelles du pays 
que j'allais parcourir; j’espérais également, en visitant 
les bibliothèques de Coïmbre et d’'Evora découvrir parmi 
les manuscrits qui y sont ensevelis le nom de quelque 
naturaliste ignoré qui yint grossir la liste des auteurs 


14 COXSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


nationaux; mes recherches ont été vaines, les travaux 
des savans portugais en Malacologie se réduisent à un 
catalogue imprimé dans le premier volume des mé- 
moires de l’Académie de Lisbonne, sous le titre suivant : 
Specimen fauncæ et floræ Lusitanicæ, aut. Domin. Van- 
delli, 1797. Voici le passage complet relatif aux mollus- 
ques terrestres et fluviatiles : 


Limax ater. 
Mollusca . . . . 


—  agreslis, 
/ Helix lapicida. 
| — albella. 


— pomalia, 
HESTAREANE Le ? s 
— nemoralis, 


— grisea. 

— decollata. 
Je n'ai pas besoin d’ajouter que ce catalogue imparfait 
et dépourvu de descriptions ne donne qu'une idée fort 
inexacte des productions du pays (r).Quant au Muséum 
de la capitale, je ne sais trop dans quels termes en parler; 
un Français aurait mauvaise grâce à critiquer la pauvreté 
de cet établissement; il faudrait oublier que nous nous 
sommes enrichis de ses dépouilles (2). Si quelque chose 
peutnous en consoler, c’est la conviction que cesrichesses, 
dans l'intérêt des sciences et de l'instruction publique, 
sont placées chez nous dans de meilleures conditions. Le 
musée de Lisbonne , en effet, est plutôt un musée de 
parade qu'une collection scientifique; les noms et les 


(x) Je ne sais si l’auteur s’est piqué d’exactitude ; sur six espèces qu'il a choi- 
sies, il y en a trois que je n’ai pas rencontrées. 

(2) Nous possédons entre autres la fameuse Gryphæa que l’on a crue Jun peu 
légèrement , originaire du Tage, 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 45 


localités sont généralement négligés et pour me borner 
à un exemple, je citerai deux espèces indigènes, la Par- 
macella Valencienni et Y Helix barbula qui y figurent 
sous les noms de J'estacella haliotidea et d’Helix erice- 
_torum , Vune et l’autre étrangères au Portugal. Quant à 
l’Université de Coïmbre, pleine de vénération pour le 
père de l’histoire naturelle, elle repousse, comme ir- 
révérencieuses, toutes les idées nouvelles qui ten- 
draient à modifier son système. 

Les sciences naturelles sont donc en Portugal dans 
un état voisin de l'enfance; la nation, préoccupée d’au- 
tres besoins , privée d’émulation par l'isolement, privée 
d'encouragement par l'indifférence d’un gouvernement 
mal assis, les dédaigne comme un luxe inutile; ce n’est 
pas l'intelligence qui lui manque, mais l’esprit d’obser- 
vation et le goût des études sérieuses que la sécurité et le 
bien-être, fruits d’unelongue paix, développentinvincible- 
ment chezies peuples civilisés. Le génie aventureux qui la 
conduit à travers des mers inconnues à la découverte 
d’une moitié du globe, n’a jamais eu le temps de prendre 
une forme spéculative pour observer et méditer sur les 
merveilles qui se déroulaient à ses regards. Elle a trouvé 
pour conquérir de l’or et pour sauver des âmes une 
énergie que l’Europe admire encore, mais qui s’est dis- 
sipée en actes extérieurs, sans que l'étude et le travail 
aient perpétué par un monument durable le souvenir de 
tant d'efforts. La noble émulation de quelques hommes 
d'élite qui fonderent, à la fin du dernier siècle, un corps 
savant destiné à répandre le goût des sciences et à pro- 
pager les lumières, n’a produit qu'un résultat éphémère, 


16 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


etles mémoires de l’Académie de Lisbonne n’offrent plus 
aujourd'hui que des communications d’un médiocre in- 
térêt (1). Et cependant, sans franchir les mers, que de 
justes motifs pour exciter l’émulation du naturaliste! 
De Lisbonne, les planes brumeuses de l’Alemtejo ap- 
paraissent, par-delà l’immense largeur du Tage, comme 
la limite d’un pays inconnu. On sait que vers le sud 
elles sont bornées par l'Océan et prennent le nom re- 
doutable d’Algarve; mais l'espace intermédiaire est ou- 
blié; le navigateur fréquente, il est vrai, ces rivages ; 
mais aucun lien ne les réunit à la métropole à travers 
l'intérieur. Ce fait n’est pas exagéré : croirait-on qu’en 
cherchant à obtenir des renseignemens sur cette région 
avant de m'y aventurer, il m'a été impossible de dé- 
couvrir un seul homme qui l’eüt parcourue ? 

Je passe maintenant à quelques explications sommaires 
sur les principes qui m'ont dirigé dans ma classification. 

Je considère tous les gastéropodes comme divisés en 
deux groupes, indépendamment du milieu qu'ils habi- 
tent; ceux qui respirent librement lair atmosphérique 
au moyen d’une cavité branchiale et ceux qui respirent 
dans l’eau par l'intermédiaire de branchies pectinées. 
Après les organes de la respiration, ceux qui n'ont paru 
mériter la préférence pour servir de base à une coupe 


(x) On trouve dans les premiers mémoires de cette compagnie des instruc= 
tions détaillées qu'elle adresse à ses correspondans sur les méthodes les plus 
propres à recueillir des objets d'histoire naturelle, dans le but de créer un Musée 
national, Ces instructions ont été imprimées séparément en 1791 avec cette épi- 
graphe : nist utile est quod facimus stulta est gloria ; pensée noble et féconde, si 


elle n'eül pas avorté presque à sa naissance, 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 17 


secondaire, sont les organes de la génération qui, sépa- 
rant ou confondant les sexes sur un même individu, 
exercent une influence incontestable sur les mœurs et 
les habitudes de la famille. J'ai donc suivi l’exemple de 
M. de Blainville, et distingué les Pneumobranches en 
Monoïques et Dioïques. 

Le genre #ncylus, dont les caractères ont présenté 
jusqu’à présent tant d'incertitude, ne peut être classé que 
d’une maniere arbitraire, selon l'opinion que l’on adop- 
tera relativement au mode de respiration. Les circon- 
stances dans lesquelles j'ai souvent observé les mollus- 
ques appartenant à ce genre, la grande probabilité qu'ils 
réunissent les deux sexes, l'absence de l’opercule dont 
tous les Pectinibranches fluviatiles sont pourvus, m’en- 
gagent à les considérer comme de vrais Pneumobranches 
qui jouissent à un degré plus élevé, de la faculté de con- 
server l’air nécessaire à la respiration, en s'appliquant 
exactement sur les corps submergés (1). Je les ai donc 
Jaissés parmi les Pneumobranches monoïques en les 
séparant néanmoins des Lymnéens dont ils diffèrent : 
1° par la forme de leur coquille; 2° par une modification 
dans l’organe, ou au moins dans la fonction respira- 
toire; 3° enfin par l'incertitude que présente encore leur 
organisation. 

J'ai confondu les genres Achatina et Bulimus, parce 
que les animaux, d'apres l'observation de M. Deshayes, 
se ressemblent dans toutes les parties essentielles de leur 


(1) Dupuy; Essai sur les Moll. du Gers, p. 59. Poyez aussi les observations 
de M. Bouchard-Chantereaux , dans les Mémoires de la Soc, d’Asric, de Boulogne, 


2 


18 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


organisation, et que la troncature de la columelle, très 
peu sensible sur les espèces de nos pays, s’efface gra- 
duellement, au point de rendre imaginaire la limite 
qui en forme la séparation. On connait aujourd’hui des 
Hélices qui présentent la même particularité, sans que 
l’on ait songé à les distraire de leur famille naturelle 
pour en former un genre nouveau. J’en dirai autant des 
V'ertigos que je réunis aux Pupas, en attendant que 
leurs caractères distinctifs soient établis d’une maniere 
évidente. 

Enfin , en reconnaissant avec M. de Férussac que l’ab- 
sence de pore muqueux terminal et le perfectionne- 
ment du rudiment testacé fournissent les élémens d’une 
coupe intéressante dans la famille des Limaces, je ne lui 
accorde néanmoins qu’une valeur secondaire, parce que 
les caractères qui lui servent de base me paraissent sans 
importance sur l'organisme. L'un d'eux s’évanouit même 
par la découverte d’une véritable Limace (L.anguiformis) 
dont la cavité branchiale est tout-à-fait antérieure. 

La classification des coquilles, c’est-à-dire l’abstraction 
de certaines diversités et la combinaison des ressem- 
blances présente plus de difficultés, parce que les appré- 
ciations sont plutôt le résultat du tact que celui d’une 
règle précise. C’est ici que la nature, dans ses combi- 
paisons variées, se joue vraiment de nos efforts pour lui 
tracer des règles. Nous voyons les formes les plus éloi- 
gnées, celles de lÆelix polygyrata et du Bulimus mariti- 
mus par exemple, senchainer et se fondre l’une dans 
l'autre par une succession imperceptible de transforma- 

tions graduées. La limite entre les Hélices et les Bulimes 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 19 


(deux genres qui different par une modification légère 
de l'appareil générateur ) est indéterminable par le seul 
examen de la coquille. Sans pousser plus loin ces considé- 
rations, je ferai remarquer que la comparaison d’un grand 
nombre d’Hélices a constaté parmi elles quatre formes gé- 
nérales , auxquelles il est possible de les ramener toutes 
à-peu-près. On peut les distribuer en coquilles aplaties, 
subdéprimées, globuleuses et trochiformes. Cette distinc- 
tion, qui est loin d’être rigoureuse, est basée sur le 
facies , sur l’ensemble de la coquille. Quant à la carène 
et aux particularités de l'ouverture et de l’ombilic, je les 
considère comme de simples accidens qui accompagnent 
ou non les quatre formes que je viens d’énumérer. On 
en tiendra compte, si l’on veut, dans chacun de ces 
groupes, mais en leur attribuant seulement une valeur 
de second ordre. Les mêmes principes peuvent s’appli- 
quer aux autres genres et notamiment aux Cyclostomes 
qui offrent toutes les combinaisons possibles, depuis la 
forme planorbique jusqu’à celle du Bulime, sans que 
l’on ait imaginé d’en composer comme on l’a fait pour 
les Hélices, autant de familles distinctes. 

La coloration des coquilles tient beaucoup, comme 
on lesait, à l’action excitante de la lumière ; l’état de leur 
- surface, aux habitudes et au climat; la grandeur rela- 
tive, à l'abondance dela nourriture ; et la grandeur abso- 
lue, à la réunion des circonstances propres à développer 
énergiquement la vie dans tous les degrés de l'échelle 
organique. L'Italie nous présente déjà des espèces plus 
grosses, plus colorées, plus variées que les nôtres ; l’Es- 
pagne, qui jouit aussi de plus de lumiere et de chaleur 


2, 


20 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


que nous, parait également plus favorisée ; néanmoins 
elle se montre inférieure à l’Italie parce qu’elle est moins 
humide et moins heureusement constituée ; en général, 
la température des îles, égalisée par le voisinage de la 
mer, offre un milieu dont l’action favorable n’est jamais 
interrompue par les transitions brusques ou prolongées 
qui se manifestent sur les grands continens; elles sem- 
blent donc éminemment propres au développement de 
la puissance vitale, dont elles nous présentent, chez les 
mollusques, les manifestations les plus belles et les plus 
variées. Madagascar, les Antilles, les Philippines, réunis- 
sent sans doute ces conditions à un haut degré. 

On peut remarquer en outre parmi les mollusques 
comme chez les animaux d’un ordre plus élevé, un rap- 
port entre le climat et la tendance de la nature à produire 
certaines formes déterminées. Ainsi les Achatines forte- 
ment caractérisées, appartiennent presque toutes à l’A- 
frique occidentale, dans le voisinage du tropique; la 
forme turriculée est dominante dans l'Amérique du Sud. 
La Malaisie nous montre un grand nombre d'espèces dont 
la spire développée et l’ouverture arrondie, oscillant 
entre la forme de l'Hélix et celle du Bulime, rendent, en 
l'absence de l'animal, leur véritable place très incertaine 
dans une collection. 

Si l’on applique ces réflexions au Portugal et qu’on 
jette un regard sur l’ensemble de ses mollusques, on 
est frappé de leur infériorité relative, qui accuse un 
sol maigre et une nature bornée dans ses efforts. Les 
Hélices les plus grosses, inférieures à celles de la France 
te mpérée, nelui appartiennent pas et y sont arrivées sans 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 21 


doute du continent voisin. La rareté des Bulimes, la pré- 
dominance des formes planes, la paleur des nuances 
caractérisent la froide Europe, tandis qu’un très petit 
nombre d’espèces, malgré l’immensité de l’espace, se 
rattache aux iles de l'occident. Enfin la fragilité de leur 
test, où la substance crétacée est peu abondante, parait 
en harmonie avec la constitution minéralogique du sol 
où les terrains schisteux et granitiques sont dominans. 
Ces relations sont confirmées pas l’examen des mollus- 
ques fluviatiles qui, vivant dans des circonstances moins 
dépendantes du sol, se montrent plus nombreux et plus 
variés. 

On remarquera avec surprise que les cours d’eau du 
Portugal ne m'ont point offert une seule mélanopside, 
quoique cette famille, trop abondamment multipliée 
dans les localités qui lui conviennent pour échapper aux 
investigations, soit répandue sur tout le littoral de l'Es- 
pagne, au-delà de la Guadiana. Les Clausilies, famille 
essentiellement orientale, se bornent à une seule es- 
pèce (1); enfin je n’ai rencontré aucun individu de la 
section des Cyclostomes que les Allemands, classifica- 
teurs minutieux, ont distinguée sous lenom de Pomatius, 
et qui se plaisent cependant dans les montagnes tem- 
pérées. 


(1) On en connait trois des iles Madère, mais l'Afrique septentrionale n'en 
produit pas une seule, 


12 
15 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES, 


Distribution géographique des mollusques terrestres et fluviatiles 


du Portugal. 


1. Espèces qui se retrouvent en France et qui appartiennent 
généralement au littoral de la Méditerranée. 


Arion ater. 

— rufus. 

—  fuscatus. 
Limax sylvaticus 

— variegatus. 

— agrestis. 
Vitrina subglobosa. 
Succinea amphibia. 
Helix aspersa. 

— Jactea. 

— nemoralis. 

—  Pisana. 

—  variabilis. 

—  intersecta. 

‘— carthusianella. 

— candidula. 

— apicina. 

—  conspurcata. 

— cellaria. 

— nitens. 

—  crystallina. 

— pygmœæa. 

— rotundata. 

— Jlapicida. 

— lenticula. 

— rupestris. 

— fulva. 

— aculeata. 
Bulimus decollatus. 
—  acutus. 

—  ventricosus. 
— obscurus. 
—  lubricus. 
—  folliculus. 
Pupa secale. 

— granum. 

— umbilicata. 

— fragilis. 

—  muscoruim. 


Pupa antvertigo. 

— Anglica. 
Clausihia rugosa. 
Auricula minima. 

— myosotis. 
Planorbis corneus. 
—- carinatus. 
— marginatus. 
— leucostoma. 
— contortus. 
—  hispidus. 
— complanatus. 
— devians. 
Lymnea ovata. 
—  auricularia. 
—  peregra. 
—  intermedia. 
—  minuta. 
Physa acuta. 

—  contorta, 
Ancylus fluviatilis. 
Cyclostoma elegans. 
Valvata piscinalis. 
Paludina achatina. 

— impura. 
—  similis. 
—  acuta. 
—  anatina, 
—  gibba. 
Cyclas rivalis. 

— Jacustris. 

— Calyculata. 

—  fontinalis. 
Anodonta cygnea. 

— anatina. 
Unio pictorum. 
— Batavus. 
— dittoralis. 


ee QE CE PORC ETS ER 


girl 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


2. Espèces qui se rattachent aux iles occidentales. 


Testacella Maugeï. 
Helix barbula. 
Ancylus striatus. 


mt 


3. Espèces indigènes. 


Arion sulcatus. Auricula ciliata. 

— timidus. Lymnea acutalis. 

— fuligineus. Ancylus vitraceus. 
Limax nitidus, —  stricius. 

—  anguiformis. : —  obtusus. 

—  squammatinus. Neritina violacea. 

—  viridis. —  Guadianensis. 

—  lombricoïdes. —  inquinata. 
Parmacella Valenciennii. —  elongatula. 
Succinea longiscata. Melania Charreyi. 

—  virescens. Anodonta regularis. 
—  abbreviata. —  macilenta. 

Helix inchoata. —  Lusitana. 

—  ponentina. —  ranarum. 

—  cistorum. Unio dactylus. 

—  Lusitanica. — mucidus. 

— simplicula. — Wolwichii. 

— turriplana. — tristis. 

— serrula. 
Auricula gracilis. 38 

RÉSUMÉ . 
OS EL Ent RU 
29 3 


DONC RAS er ee EU OS 


Total général . . 118 espèces. 


[Es 
Co 


24 CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 


Tableau general des mollusques terrestres et fluviatiles qui ont 
élé observés en Espagne jusqu à présent (r). 


Limax gagates,Lamk. * Helix conoïdea, Malaga. 
* Succinea amphibia, Valence. Bulimus decollatus, Fer., in coil. 
* Helix cellaria, Gibraltar. —  ventricosus, Fer. 
—  Boissyi. Terv. —  acutus, Fer., in collect. 
—  finitima, Fer., in collect,, —  folliculus, Fer. 
Gibraltar (2). Pupa secale, Fer. 
—  Jlenticula, Fer, —  variabilis, id. in collect. 
—  albella, Fer. * — granum, Carthagène. 
* —  amanda, (Rossm.), Alicante. * — Farinesii, Alicante. 
—  Gualteriana, Lin. * —  umbilicata, Barcelone. 
—  Carascalensis, Fer. * — quadridens, Barcelone. 
—  martigena, Fer. —  Dufourn, Fer. 
—  cespitum, Fer. Clausilia corrugata, Fer. 
—  splendida, Fer. — papillaris. coll. du Muséum. 
—  conspurcata, Fer. —  clausa, Fer. in collect. Ca- 
—  variabilis, Rossm. talogne (3). 
—  strigella, Fer. Lymnea Catalonica. Parr., in catal., 
—  subrostrata, Fer. Villæ. 
—  vermiculata, Lamk. — ovata, Fer., in coll. 
—  Alonensis. Fer. Physa acuta, id. 
—  Hispanica, Partsch in Rossm. * Cyclostoma elegans, Barcelone. 
—  Jactea, Fer. — ferrugineum, Lamk. 
— marmorata, Fer. — Woltzianum, Fer.incol. 
—  lanuginosa, Boiss. * Paludina, impura, Vaience. 
—  Pisana, Fer. in collect. 5 — similis, id. 
—  glomerata, id, Carthagène. * —  acuta, id. 
—  Cariosula, id. in collect. * Neritina fluviatilis, id. 
—  candidissima, Fer. — Bœtica, Lamk. 
—  ligata, Lamk. Melanopsis buccinoïdea, Fer. 
—  hortensis, Villa in catal. coll. — Dufourii, Fer. (4). 
—  aspersa, coll. du Muséum. — costellata, Fer. 
* —  pyramidata, Alicante. * Unio pictorum, Valence. 
* —  rupestris, Gibraltar. —  littoralis, Lea. 
* — elegans, Malaga. 
—  conica, Rossm. 65 


(1) Ce catalogue n'ayant pour objet qu’une simple énumération , j'ai négligé la 
synonymie, et me suis borné, en choisissant la dénomination le plus généralement 
adoptée, à citer les auteurs qui m'ont fourni des renseignemens précis: Les espèces 
que j'ai recueillies moi-même et qui n’ont élé mentionnées nulle part à ma con- 
naissance sont précédées d’une astérisque. 

(2) Indiquée comme venant de Tanger. 

(3) Les Hélices Finitima et Glomerata, ainsi que la Clausilia clausa figurent 
dans la collection de Férussac, sans ètre mentionnées dans son prodrome. 

(4) La Melanopsis Grællsii, Villa in litt. n’est autre chose que cette espèce, 
extrèmement variable dans sa forme et dans la dilatation du bourrelet sutural qui 
accompagne la spire, 


s 


CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES. 95 


La combinaison de ces- deux catalogues donne 158 
espèces pour la Péninsule ; mais le dernier est assuré- 
ment bien loin de renfermer la totalité des mollusques 
qui habitent une région aussi étendue, aussi accidentée 
que l'Espagne; presque toutes les espèces qui y figurent 
appartiennent au littoral ; les productions naturelles de 
l'intérieur nous sont à-peu-prèes inconnues. Néanmoins, 
il suffit pour montrer que la nature organique, dans les 
conditions de dépendance que je lui assignais en com- 
mençant, n’a pas réuni les mêmes formes dans les deux 
pays. 

Il me reste à exprimer publiquement ma reconnais- 
sance aux personnes qui ont bien voulu s'associer à mon 
travail en me prêtant l’appui de leurs lumières et de leur 
expérience ; M. Frédéric Wolwich, directeur du jardin 
botanique de Lisbonne, a mis généreusement à ma dis- 
position les matériaux qu’il avait recueillis dans les envi- 
rons de cette capitale et entre autres l’Uz10 remarquable 
auquel j'ai donné son nom et que nous n’avons pas re- 
trouvé. MM. Terver et de Charrey m'ont prêté leur con- 
cours dans la détermination des espèces incertaines ; et 
enfin, M. Deshayes a bien voulu surveiller pendant mon 
absence, l'exécution des planches qui accompagnent cet 
ouvrage, Je les prie d'agréer mes sincères remercimens. 


Dijon, 12 mai 1845, 


ar (1 hé ar mers + a 
A NS LE Ltuhos te 3 Se) ne NE ; ; 
: | ma prnlliont: He ÿE ak 

6 OR D pe sdb NE : 
; peut: ANNE + MR ta a F 
é . Li) Se ri A va 


ne ” LA Pre aies #£ Las k À me ns 
Ex SLT qu HUE Se © & 


Ne 
#. Lu Qu à oi FR re “M 


4 ie : . LUN AATAE ae 2 APE ns ré if At 
ÿ ME ï Sa on oi ie Mu sr be 


;\ di AA ‘Any j . 76 N } te 
tr ne Aie nice po TURAIE 


REVOIR hi 


| cat si fa 


Le Mol: it) * PEN LE 3% co pur Mn Fe 
AR NES DES ce PI Pau F 
Ces RL AE Fo, La *. 
| ñ ï 14 vw ER F Vis HAL) Per ent STE Lu ui ; 
ts: La APRES ie mi La Ar MES 
à Mb: #0) AIR: La #' CA 4: Pre ‘# F0 ES, à 3 


EL) SA ur 
DA | | A Dr? EAU DES 


LAC l x , 
| » + LT CAP" JP ee 
7 : À L 4 : 
' 0 Li ls 
n E we 
| Re 
ci NE 
} x e { l 
\ 2 6 (D 
{ d AP AP 
t k NUPA 
{ Ce 
. 4 À 
A ME AO les J 
"| Li { F7. 


090900006000 0000 0900 090000090000 0960 000900000000 090009 0009000000 0009 0) 0009000209 


MOLLUSQUES CEPHALES. 
Elasse des Gastéropodes. 
ORDRE DES PNEUMOBRANCHES. 


PREMIER SOUS-ORDRE.— MONOIQUES. 


PREMIÈRE FAMILLE.—LES LIMACES. 


GENRE ARION. Fer. 


1. ARION ATER, Fer. (Zimax. Drap.). 
Var. « Drap. 
— 7 Drap. 
— € nigricans, margine nigro. 


Cet Arion offre les caracteres essentiels de la Linace 
noirätre de Draparnaud. La cuirasse est granuleuse, le 
corps rugueux et arrondi, la cavité branchiale grande 
et un peu en avant; le pore muqueux très apparent; 
la marge du plan locomoteur ornée de linéoles trans- 
versales; la tête et les tentacules toujours noirs. 

J'ai trouvé les variétés « ete dans la province de Tras- 
os-Montes; ; dans le sud, aux environs de Monchique. 


28 MOLLUSQUES CÉPHALES, 
2. ARION SULCATUS. Spec. No. 


PI'aT- 


A. omninè niger, margine radiato, castaneo; clypeo granuloso; corpore 
sulcis tæniæformibus exarato. Aperturâ branchiali subanticä. 


Les rides larges et profondes qui sillonnent ce mol- 
lusque le distinguent au premier aspect et ne permet- 
tent pas de le confondre, malgré lanalogie d’un certain 
nombre de caractères, avec le Linax ater de Drapar- 
naud, La cuirasse est chagrinée et les sillons sont ornés 
eux-mêmes d’une vermiculation très fine, dont l’aspect 
varie selon la position de l'animal. Dans l'extension, ce 
sont des rides grenues, rarement anastomosées, qui 
accompagnent les ondulations du corps; lorsqu'il se 
contracte, ce sont des sillons profonds brisés à angle 
aigu, traversés par des rides perpendiculaires et super- 
ficielles. La marge du plan locomoteur est étroite et 
rayonnée ; la cavité branchiale située en avant et forte- 
ment dilatée; la taille, généralement constante, atteint 
15 ou 16 centimètres dans la plus grande extension. 

Le manteau de ce mollusque est d’un noir brun, 
quelquelois bleuâtre, qui s’éclaircit sur la marge du 
plan locomoteur et prend une couleur marron. La cui- 
rasse offre dans son épaisseur une poussière calcaire qui 
differe par son extrême division des concrétions irré- 
gulières de lA{rion ater. Le mucus est blanc-jaunätre. 

Quand l’animal s’est contracté à la suite d’un attou- 
chement, avant de se dilater de nouveau, on le voit se 
balancer long-temps de droite à gauche, par un mouve- 
ment d’oscillation fort singulier. 


“i 


PNEUMOBRANCHES. 99 


Habite avec le précédent les provinces du nord et 
F 

particulièrement celle du Douro. Commun aux envi- 

rons de Porto. 


3. ARION RUFUS. Fer, (Limax. Drap.). 
a rufus, margine coccineo. 
B rufus, utrinquè faciä nigrä, margine ferrugineo vel cinereo. 
 omnino fuscus, margine coccineo, 


À ferreo fasciato, margine lutescente. 


Je crois que c’est avec raison que j'ai considéré ce 
mollusque comme une variété de l’{rion rufus. Quelle 
que soit la sûreté de Ja mémoire, il est fort difficile, en 
l’absence de tout élément de comparaison, d'apprécier 
nettement les différences qui ne sont point basées sur 
des caractères précis, mais qui résultent plutôt de la 
physionomie et de l’ensemble. La forme plus allongée 
de cet Arion, la disposition particulière du tissu cutané, 
dont lesrides plus profondes et plus courtesenveloppentle 
manteau d’un réseau de papilles anguleuses très saillantes 
dans la contraction, les fascies dont la variété la plus 
abondante est ornée, quand l’Arion rufus en esttoujours 
privé, m'ont engagé long-temps à l’envisager comme 
une espèce distincte, Aujourd’hui ces circonstances di- 
verses, peu importantes sur l'organisme, me paraissent 
rentrer dans la limite des modifications qui appartien- 
vent aux influences locales. Les caractères essentiels , 
tels que la situation de lorifice de la respiration, les 
concrétions calcaires sous la cuirasse , et d’autres acces- 
soires, comme la couleur jaune du mucus, sa consis- 
tance gélatineuse et la découverte postérieure de varié- 


30 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


tés uniformément colorées, me décident à le réunir à la 
Limace rouge de Draparnaud. 

Les variétés « et, dépourvues de fascies, habitent les 
montagnes fraiches et ombragées de Cintra, f tout le 
Portugal, 3 la Serra d’Arrabida, à cinq lienes, au sud- 
ouest de Lisbonne. 


4. ARION FULIGINEUS. Spec. Nov. 


PI. IL, fig. r. 


A. fuligineus; margine angusto, radiato, rubeseente, antice flavo; clypeo 
gibboso, vermiculato; corpore ruguloso; aperturà branchiali subanticâ, 


Le corps est ridé longitudinalement et terminé en 
pointe obtuse; la cuirasse, irrégulièrement bossue, très 
finement chagrinée ; le plan locomoteur est large, ses 
bords étroits; les tentacules courts; la cavité branchiale 
un peu en avant; le manteau est d’un brun enfumé, très 
foncé sur la tête et sur les tentacules; la portion qui 
s'engage habituellement sous la cuirasse demeurant in- 
colore, comme il arrive généralement chez les autres 
espèces. Le plan locomoteur est jaunâtre, surtout anté- 
rieurement : sa marge est finement rayonnée, d’un jaune 
vif à la base du cou, rougeàtre jusqu’à l’autre extrémité. 

Un petit nombre de concrétions aplaties dans la cui- 
rasse. 

J'ai trouvé ce moliusque sur la paroi d’un chemin 


creux aux environs de Ponte do Lima, dans la province 
de Douro. 


PNEUMOBRANCHES, 31 


5, ARION TIMIDUS, Spec. Nov. 


PI. IL fig. 2. 


A, fusco-nigricans; margine lutescente, radiato, lineä castaneä bipartito; 
clypeo parvo, vermiculato; corpore cylindraceo, postice obtusim conoïdeo, 
rusticè sulcato; capite tentaculisque brevibus, sæpiùs semi reductis ; 
cavitate branchiali anticä. 


a fusco virescens, margine ferreo, capite tentaculisque nigris. 


Lorsque ce mollusque est entièrement contracté , on 
le prendrait difficilement pour un corps organisé. L’ex- 
trémité caudale sarrondit brusquement et il n'offre plus 
qu'une masse noirâtre, d'une apparence spongieuse, 
que la tension des tissus lui fait perdre lorsqu'il se met 
en mouvement. Il développe alors avec lenteur un corps 
cylindracé, traversé longitudinalement par des rides 
grossières et peu profondes, dont l’anastomose prend 
une forme réticulaire sur les bords du plan locomoteur, 
et qui décroit insensiblement dans son diamètre, jus- 
qu’à l'extrémité inférieure terminée en cône obtus. 

La couleur générale est un brun sombre et uniforine 
dont la nuance s’éclaircit sur la tête et sur les tentacules. 
Celle-là est courte et traversée par des sillons croisés à 
angle droit ; le cou, d’un blanc pâle, laisse apercevoir 
leconduit des nerfs optiques, comme deux bandes bleuä- 
tres qui se perdent sous l’écusson. Le disque ventral, 
couleur de fer, est traversé d’un bout à l’autre par une 
zône large et livide; sa marge est d’un jaune pâle, très 
vif à l'extrémité antérieure et rayonnée de linéoles bru- 
nes, inégales dans leur épaisseur. Une ligne de même 
couleur la divise dans toute sa longueur, 


32 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


Le mucus est blanc. On trouve une poussière fine et 
peu abondante sous la cuirasse. 

Ce mollusque offre une particularité constante dans 
le développement des grands tentacules. Quoiqu'il leur : 
donne rarement toute leur extension, l'extrémité oculi- 
fere est toujours visible. Un examen superficiel attribue- 
rait aisément à une anomalie dans la conformation ce qui 
est tout simplement le résultat d’un jeu particulier des 
muscles rétracteurs. La rétraction effectivement , au lieu 
de s’effectuer du sommet à la base, ne s'exécute alors 
que dans la région sub-antérieure des tentacules. 

La variété « est colorée d’un brun verdâtre analogue 
à la teinte du bronze et qui contraste avec la marge du 
plan locomoteur, et ce plan lui-même dont la couleur 
est gris de fer. La tête et les tentacules sont d'un ton 
plus foncé que le reste du manteau. 

J'ai trouvé cet animal aux environs d’Abrantes, sur 
les bords du Tage; la variété « habite les chaines sep- 
tentrionales de la province de Beira. 


6, ARION FUSCATUS, Fer, 
02 niger, lateribus cinereis. 


Ilim’a paru curieux de retrouver dans la région la 
plus oubliée du Portugal un petit mollusque qui vivait 
inconnu aux environs de Paris, lorsque f'érussac l'y ob- 
serva pour la premiere fois. En comparant sa description 
à la mienne, on ne doutera pas, malgré de légères 
nuances, qu'elles ne se rapportent l’une et l’autre à une 
seule et même espèce. 


PNEUMOPRANCHES. 23 


L’Arion que j'ai recueilli est précisément dans Îles 
proportions du Z'uscatus. Le corps, arrondi supérieure- 
ment, est finement parcouru de sillons qui s anastomo- 
sent et qui divisent le derme en aréoles irrégulieres dans 
le voisinage de la tête. La cuirasse est presque lisse; la 
cavité branchiale antérieure ; le plan locomoteur étroit, 
rayonné sur sa marge; l’animal est d’un noir luisant à 
l'exception des faces latérales et de la marge du plan lo- 
comoteur nuancées d'un gris bleuâtretrès fin. Le mucus 
est incolore. On remarque deux sillons plus foncés en- 
tre les tentacules. 

Ces caracteres sont exactement ceux de l’espèce fran- 
caise ; les couleurs sont distribuées dans le mème ordre; 
seulement l’Arion portugais est noir, tandis que celui 
de Férussac est brun foncé, et les lignes brunes qu'il a 
décrites et figurées s’évanouissent sous une teinte plus 
sombre. 

Habite la province de Tras-os-Montes dans le nord- 
est du Portugal. 


Sous-Genre, = LIMACE, 


1. LIMAX SYLVATICUS. Drap, 

Je n'ai rencontré cette Limace que dans Îles hautes 
montagnes de Cintra, où elie est loin d'atteindre les pro- 
portions qui la rendent si remarquable dans l'Europe tem- 
pérée. Les individus que j’ai observés n'avaient pas plus 
de 7 1/2 centim. de longueur , et correspondaient exac- 
tement à la variété y du Znax antiquorurn de Férussac. 

3 


34 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


2, LIMAX VARIEGATUS. Drap. 


On trouve en Portugal plusieurs variétés de cette 
jolie espèce, toutes remarquables par leur peu de déve- 
loppement et la vivacité de leurs couleurs. La plus com- 
mune est d'un jaune vif, tachetée de linéoles verdâtres 
avec les tentacules d’un bleu violâtre tres prononcé. 
Elle atteint à peine 5 à 6 centimètres dans sa plus grande 
extension. 

J'ai remarqué que cette Limace perdait sa belle colo- 
ration avec son énergie active. Je l'ai vue passer du jaune 
brillant au vert pale de l'olivier, après avoir été con- 
servée pendant plusieurs jours ou long-temps tour- 
mentée. Cette particularité a été observée avant moi 
sur un mollusque de la même famille qui appartient à 
la France (1). 


3. LIMAX AGRESTIS. Lin. 
œ niger. 
B cinereus. 


y rubescens, clypeo immaculato vel maculato. 


Les variétés qu'offre le Portugal sont généralement 
unicolores, sans taches et sans marbrures. Leur couleur 
varie du gris au noir le plus intense en passant par toutes 
les nuances intermédiaires. La tête et les tentacules su- 
bissent les mêmes dégradations. Le plan locomoteur 
passe enfin d'un blanc jaunatre à une teinte sombre en 
harmonie avec celle de l’ensemble. Elles présentent en- 
core d’autres différences, mais d’une importance pure- 


(1) Catal, des Mollusques d'Auvergne, par M, Bouillet, p, #5. 


PNEUMOPBRANCHES, 35 


ment secondaire. Ainsi, le corps plus effilé que chez 
la nôtre, se termine en carène aiguë ; la cuirasse, fine- 
ment grenue, ne laisse point apercevoir les rides circu- 
laires que l’on distingue sur celle de l'Europe tempérée. 
Le mucus blanc laiteux que lÆgrestis sécrète au premier 
contact, est incolore. 

J'ai remarqué dans les lieux marécageux une variété 
couleur de chair dont la cuirasse jaunâtre, parsemée gé- 
néralement de taches brunes irrégulières, montre quel- 
ques sillons vagues et concentriques. Elle n’a paru ap- 
partenir comme la précédente au Limax agrestis, tel que 
l'a développé Férussac. Néanmoins, l'absence d’élémens 
de comparaison au moment où j’observais, ne me per- 
met pas de trancher la question d’une maniere absolue. 

Les variétés « et B sont communes en Estramadure, 
dans l’Alemtejo et dans l’Algarve; y parmi les jones qui 
bordent les ruisseaux ou qui croissent dans les plaines 
humides. 


4. LIMAX NITIDUS. Spec. nov. 


L. aterrimus; clypeo lævi, gibboso; corpore cylindraceo, subrugoso; cavitate 
branchiali subposticä. 


Cette Limace est caractérisée par la finesse de son 
tissu et la saillie du rudiment testacé. Le corps laisse 
apercevoir quelques sillons longitudinaux d’une extrème 
ténuité; mais la cuirasse ne montre à l’œil nu qu'une 
surface lisse qui semble couverte d’un vernis. Elle est 
allongée, arrondie, d’un noir luisant ; la portion du cou 
qui se dégage de la cuirasse dans l'extension, est seule 


Ds 


36 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


d'une couleur fauve; le plan locomoteur est roussâtre. 

Animal hardi; cavité branchiale un peu en arrière; 
rudiment testacé mince, elliptique, légèrement convexe 
en dehors, avec des stries concentriques sensibles ; con- 
cave par-dessous et empâté d’une substance cristalline. 

Ce mollusque, à-peu-près de la taille du Z. gagates 
de Draparnaud s’en distingue par la forme du corps qui 
n'est point caréné, et qui, par conséquent, dans sa 
terminaison, au lieu d’un prisme, offre un cône allongé. 
Il en diffère encore par l'absence du sillon caractéris- 
tique inscrit dans la cuirasse, et la finesse de son tissu 
qui ne laisse voir aucune ride à l'œil nu. Les jeunes 
individus sont d’une nuance plus claire. 

Habite les environs de Lisbonne et ceux de Béja dans 
J'Alemtejo. Les circonstances ne n'ont point permis de 
le dessiner. 


d. LIMAX ANGUIFORMIS. Spec. nov. 
PI, III, fig. 


L, fusco-virescens: corpore cylindraceo, utrinquè nigro fasciato, rügis 
tenuibus strictim reticulato; clypeo elongato, depresso, lævi, atomis 
nigris notato; capite tentaculisque cæruleis, sub clypeo sæpiüs contractis, 
cavitate branchiali anticä. 


Cette curieuse espece offre dans la situation de l'organe 
respiratoire dont la cavité s'ouvre tres en avant, une 
dérogation aux caracteres distinctifs que Férussac avait 
attribués à son genre Zimnas en le séparant des #rions. 
Je me suis expliqué déjà sur la valeur de ces caracte- 
res dans les considérations générales qui précèdent ces 
descriptions, 


PNEUMOBRANCHES: 37 


Le mollusque dontilestquestionesteylindracé ; la eui« 
rasse, elliptique et déprimée, occupe un tiers de la lon- 
gueur totale; le plan locomoteur est étroit et nettement 
détaché ; le derme est remarquable par un système de 
rides fines, superficielles et réticulaires ; le bouclier est 
parfaitement lisse. | 

Le manteau d’un fauve obscur, est roussâtre aux ex- 
trémités et verdâtre sur les bords du plan locomoteur ; le 
dos plus foncé; la cuirasse finement pointiliée. Deux 
bandes noires règnent sur les côtés et se détachent sur 
une zône plus claire. La tête et les tentacules sont vio- 
lâtres ; le disque ventral livide. 

La contractilité de ce mollusque parait moins éveillée 
que chez les autres Limaces. Son exercice est probable- 
ment gêné par l'épaisseur ou la rigidité du tissu cutané ; 
on le trouve toujours plus où moins allongé dans l’état 
habituel. En revanche, la tête engagée sous la cuirasse 
ne se révele que par lextension des tentacules. 

Habite la Serra de Monchique en Algarve. 


6. LIMAX SQUAMMATINUS. Spec, nov. 
PIRE fra 


L. parvulus, gracilis, aureo-virescens; lateribus cærulescentibus: tentaculis 
nigris; Corpore minutim reticulato, quatrofasciato; lineis lateralibus 
parallelis, dorsalibus in unum convergentibus; apertura media. 


Si les individus que j'ai observés étaient adultes, cette 
Limace est la plus petite que je connaisse. Elle est grêle et 
cylindracée ; la tête enfoncée sous la cuirasse s’en dégage 
rarement au-delà dela naissance des tentacules : la cavité 


38 MOLLUSQUES CÉPHALES. 


branchiale est à-peu-près médiane; peut-être un peu plus 
en avant qu’en arrière. 

Le dos est vert doré; les côtés d’un gris bleu très in- 
tense, qui s’affaiblit vers le plan locomoteur. Quatre 
lignes noires sillonnent l'animal d’une extrémité à l’au- 
tre, et présentent unedisposition assez remarquable ; cel- 
les que j'appellerai latérales conservent leur parallélisme; 
les dorsales au contraire se réunissent à la naissance du 
manteau en une seule fascie qui règne jusqu’au limbe 
antérieur ; les tentacules sont noirs. 

Indépendamment de ces caracteres de forme et de con- 
leur, le derme est traversé par des rides d’une extrême 
finesse, qui se croisent à angle aigu et enveloppent le 
manteau d’un réseau analogue à celui de l'espèce précé- 
dente. La cuirasse offre la mémedisposition. Le rudiment 
testacé, d’une forme elliptique, est concave et atténué 
à son extrémité antérieure. 

Ce petit animal est aussi vif que Limace puisse être; il 
rampe avec activité, se dresse sur l'extrémité de sa queue 
et se suspend, lorsqu'il rencontre un vide, à un fil 
sécrété par l'extrémité du plan locomoteur. 

Je l’ai trouvé dans la Serra de Caldeirao, qui sépare 
l'Alemtejo de l'Algarve. 


7. LIMAX VIRIDIS. Spec. nov. 
PI. IL, fig. 3. 
L. nigro-viridis, omnind lævis; corpore éylindraceo, obtusim truncato, 


obsoletè carinato; clypeo parvulo, angusto; tentaculis nigris; cavitate 
branchiali intermediä. 


Le corps est arrondi et terminé en pointe obtuse; le dos 


PNEUMOBRANCHES, 39 


présente une carène émoussée ; la cuirasse d’une forme 
elliptique est tres raccourcie; le cou allongé ; le plan loco- 
moteur étroit ; le tissu cutané parfaitement lisse; la ca- 
vité branchiale intermédiaire. Animal d’un vert foncé qui 
passe au noir sur le dos et au bleu sur la tête ; les tenta- 
cules sont noirs ; le plan locomoteur livide, ainsi que la 
portion du cou qui s'engage sous la cuirasse. 

Rudiment testacé moins concave et moins atténué anté- 
rieurement que celui de l’espèce précédente. 

Habite la Serra de Caldeirao. 


8. LIMAX LOMBRICOIDES, Spec, nov. 
PI. III, ûg. 4. 


L. gracilis, carnicolor, atomis nigris notatus; corpore subcarinato, posticè 
acuminato, rugosiusculo; clypeo striis adversis sulcato, anteriùs libero, 
valdè contractili. 


Cette Limace, par sa forme et par sa couleur, se rap- 
proche beaucoup de l_4grestis. Le corps finement strié 
offre une carène obtuse et se termine en prisme aigu; 
l'animal est effilé et doué d’une grande vivacité; en ram- 
pant il allonge singulièrement la tête. La couleur domi- 
nante est celle du lombric terrestre; le dos, d’une nuance 
un peu plus prononcée, est tacheté, comme la cuirasse, 
de points nroirûtres irréguliers; la cavité branchiale est 
très en arrière et sensiblement bordée. 

Ce mollusque, dont l’apparence est assez insignifiante, 
offre néanmoins une particularité remarquable dans l’ex- 
pansion charnue qui protége les organes importans de la 
vie. En observant attentivement la cuirasse, on remarque 


10 . MOLLUSQUES CÉFHALÉS. 


que les rides dont elle est sillonnée prennent deux direc- 
tions différentes selon qu'on examine la partie antérieure 
ou celle qui Jui est opposée. Celle-là montre des rides 
annulaires qui convergent vers la proéminence dorsale ; 
celle-ci, des lignes obliques qui ne sont point parallèles 
aux premieres. Cette disposition n’est pas due au hasard ; 
elle est le résultat d’un phénomène assez particulier et 
qui n’a été observé jusqu’à présent sur aucun mollusque 
de cette famille. Le lobe antérieur de la cuirasse est libre 
et extrèmement mobile ; lorsque l'animal veut accélérer 
sa marche il lui imprime, de droite à gauche, un mouve- 
ment d’oscillation très animé. En outre, il est contractile, 
et se réduit de moitié au premier attouchement (1). 

Commune aux environs de Monchique. Une variété 
plus foncée habite les montagnes de Braga. 


GENRE PARMACELLE, Cuv. 


1. FARMACELZLA VALENCIENNII. Webb et Van Bened. 


PIRE 


C'est une découverte curieuse dans l'histoire des mol- 
lusques terrestres, que celle d’un être qui habite une 
coquille au début de son existence, qui y trouve-un abri 
complet pendant un certain temps, et qui, dépourvu tout- 
à-coup de l'énergie créatrice nécessaire au développe- 
ment de cette coquille, estobligé d'en porter pendanttoute 


(1) Le lobe antérieur du manteau est libre chez la Parmacelle, mis il n’est 


pas contractile, 


PNEUMOBRARCIHES, il 


sa vielerudiment imparfait; ce berceau, si l’on me permet 
une image, qui nerenferme plus qu’une faible portion de 
son corps. Pendant cette première période, à la fragilité, 
à l’expansion de sa coquillle, on le prendrait pour une 
Vitrine; mais cette coquille ne doit plus s’accroitre; le 
rudiment testacé particulier aux mollusques nus com- 
mence à se montrer et se développe rapidement; bientôt 
tout disparaît sous l'invasion du manteau, et cette Vitrine 
n’est plus qu’une Limace! mais une Limace qui nous con- 
duit par une transition inattendue aux mollusques testa- 
cés, et qui nous montre, comme l’a fait observer Férus- 
sac, le premier effort de la nature pour rejeter dans le 
test les organes importans de la vie(r). 

Après la description de MM. Webb et Van Beneden, 
il reste peu de chose à ajouter sur la Parmacelle portugaise; 
je renvoie donc au Magasin zoologique que ces natura- 
listes ont rendu dépositaire de leur travail. Peut-être ne 
sera-t-il pas sans intérêt, dans un genre aussi curieux et 
aussi peu connu, de comparer les différentes espèces qui 
ont été observées jusqu’à ce jour ; cet examen résumera 
succinctement les renseignemens épars dans un grand 
nombre d'ouvrages, et donnera une idée de l'importance 
que cette tribu, long-temps réduite à un membreiïsolé, a 
conquise depuis peu d’années. 


1° FARMACELLA OLIVIERI. Cuv. (2). 
La premiere Parmacelle fut rapportée: par Olivier des 


(r} Ferussac, Supplém, à la fam, des Limaces, P. 96. 


(2) Ann, du Museum, 1804,1, 4, p. 435. 


s 


42 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


plaines de l'Euphrate, et décrite par Cuvier dans les /n- 
nales du Muséum. La dissection de ce mollusque qui em- 
pruntait aux proportions de sa cuirasse une physionomie 
particulière, développa les rapports intimes qui l’unis- 
saient aux autres Gastéropodes pneumobranches, et mit 
en évidence un rudiment testacé d’une forme caractéris- 
tique, dont l'illustre savant négligea la description, et 
qui devint important plus tard par les conjectures dont 
il fut l’objet. En effet, quoique l’organisation de la Par- 
macelle fut désormais établie et qu’il fut aisé de la recon- 
naître, il n’en était pas ainsi de la coquille isolée, comme 
le prouve l'erreur de Férussac, qui l’attribua après quel- 
que hésitation à un genre voisin, et en fit une Tes- 
tacelle sous le nom spécifique d’Æmbigua (x). A-peu- 
pres à la même époque, un naturaliste anglais, saisissait 
avec plus de bonheur les relations d’un élément ana- 
logue, et le rapportait à sa véritable origine en créant 
une nouvelle espèce qu’il nommait Parmacella calycu- 
lata (>). Au surplus, ces rudimens testacés ayant été 
observés isolément, ne montrent que des rapports d’a- 
nalogie; et comme nous savons aujourd’hui qu'ils of- 
frent quelquefois une grande similitude chez des espèces 
différentes, il nous est impossible d'attribuer à ceux-ci 
une détermination positive. 


< 


(1) Il est probable que la coquille de la Parmacella Olivieri, que Férussac 
chercha inutilement dans la collection d'Olivier et dans celle du Muséum , est 
précisément celle qu'il trouva chez Lamarck, et dont il fit sa estacella ambi- 
gua. L'ambiguité n’existant plus, il conviendrait de restituer à l'espèce Cana- 
rienue le nom spécifique que MM. Webb et Berthelot lui avaient imposé dans 
l'origine, Voir Férussac; Æist, des Pulm, sans operc. p. 79. 

(2) Sowerby ; Genera of shells, n° 13. 


PNEUMOBRANCHES. 


E 
C2 


2° PARMACELLA PALLIOLUM. ler, (1). 


I n’en est pas ainsi de la Parmacella palliolum dont la 
description et les figures ne laissent rien à désirer. La 
découverte de ce mollusque à une distance aussi éloi- 
gnée du premier, dut faire penser avec raison que cette 
tribu remarquable, qui avait échappé jusqu'alors à l’ob- 
servation, n’était pas renfermée dans des limites aussi 
étroites qu’on l'avait d’abord supposé. 


3° PARMACELLA ÂLEXANDRINA. Ehrenb, (2). 


Les voyageurs prussiens Hemprich et Ehrenberg obser- 
vèrent à leur tour dansles jardins d’Alexandrie,une Parma- 
celle qu’ils ont décrite sous le nom d’Ælexandrina.Mal- 
heureusement , les Symbolæ physicæ se bornent à un 
spécimen qui n’a pas été continué, et l’on y chercherait 
vainement la figure qu’ils ont promise de l'animal vivant. 


4° PARMACELLA AMBIGUA. Webb. et Berth. (3). 


Quelques années plus tard, l'exploration des iles Ca- 
naries signala sur un point intermédiaire une quatrième 
espèce aussi remarquable par sa forme que par sa cou- 
leur. Préoccupés sans doute du rudiment testacé qui leur 
apparaissait sous une forme nouvelle, et de la cavité 


(1) Férussuc , Prodr,, p. 25, pl. vin A , fig. r à 9, el Supplém. à la fam, des 
Limaces, p. 96. 

(a) Symbolæ physicæ, decas prima, Berlin, 1628. 

(3) Ann. des Sciences naturelles, t. xxvur, p. 307. Magas, zool., 1835, t, vais, 
Histoire naturelle des iles Canaries, 1, 11, p. 50. 


&- 
es 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


triangulaire qui détache le bouclier de larète caudale, 
MM. Webb et Berthelot instituérent un genre nouveau 
sous le nom de Cryptelle. La Cryptella Canariensis men- 
tionnée d’abord dans le tome xxvrn1 des /rnales et plus 
longuement décrite dans le Magasin zoologique, prit dans 
leur ouvrage sur les iles africaines (par égard pour Fé- 
russac sans doute), le nom impropre d'arrbigua. Rien 
en effet de moins ambigu si les figures et la description 
sont exactes. \ 


5° PARMACGELLA VALENCGIENNII. Webb, et Van Bened, (1), 


Nous arrivons à l’espèce portugaise recueillie pour la 
première fois aux environs de Lisbonne, par M. Webb, 
qui, frappé cette fois de l’analogie, lui assigna sa véritable 
place dans une description publiée en 1836 de concert 
avec M. Van Beneden. Ce travail est exact et complet; 
mais les figures dessinées sur des animaux conservés 
sont détestables. La couleur est bonne, mais la raideur 
des formes, le développement anormal des mâchoires, la 
contraction du reste et notamment des tentacules, don- 
nent une idée tres fausse de l'animal. 


6° PARMACELLA. Spec. nov. 
Enfin , nous devons aux recherches de la commission 


scientifique d'Algérie la découverte d’une dernière Par- 
macelle abondamment répandue dans la province d’O- 


(1) Magas, 5001, 1836, 


PNEUMOPBRANCHIS, 45 


ran, et qui sera décrite dans le grand ouvrage quele gou- 
vernement français prépare sur cette région (1). 

Ainsi, voilà un genre borné pendant long-temps à un 
type isolé, qui dans un petit nombre d'années, grâce à 
l’ardeur exploratrice de notre époque, s’est accru de 
cinq espèces distinctes. Une seule se rattache à l’Europe; 
une seule jusqu'à présent » appartient au continent 
américain, et vit dans les forèts séculaires du Brésil, 
qui réservent au naturaliste aventureux bien d’autres 
découvertes; une seule habite l'Asie, dont les ri- 
chesses zoologiques sont encore imparfaitement con- 
nues; les trois autres sont africaines. Il en existe sans 
doute un plus grand nombre que des circonstances favo- 
rables nous révéleront plus tard, et qui nous offriront 
peut-être d’intéressantes modifications dans le dévelop- 
pement de leur rudiment protecteur (2). Apres cette 
énumération des différentes Parmacelles connues, nous 
allons examiner rapidement, en rapprochant les espèces 
voisines, les caractères principaux qui les différencient. 

Nous ne savons rien de positif sur le test de l'espèce 
qui a constitué originairement le genre; néanmoins, 
d’après la fig. 12 de la planche anatomique de Cuvier, 
qui en conserve l’empreinte, on doit présumer qu’il offre 
beaucoup d’analogie avec ceux que nous avons observés 
sur les trois Parmacelles d'Oran, du Portugal et des Ca- 
naries. La couleur de ce mollusque nous est également 


(x) Les matériaux de cette publication sont prêts depuis trois années; mais 
hélas ! la question financière a dominé jusqu'à présent l'intérêt scientifique, 

(2) Je doute fort cependant que nous assistions aux prodiges que M. Denys de 
Montfort a sisnalés dins son ouvrage, Conchyl, System. Paris, 1810 ,t,1r, p, 98, 


46 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


inconnue; nous ne pouvons donc pas le comparer à la 
Parmacella Alexandrina qui ne présente, dans la des- 
cription d'Ehrenberg, que des caractères à-peu-près 
communs à toutes les Parmacelles. 

Quant à celle des Canaries, on la reconnait au pre- 
mier aspect à sa nuance tranchée et aux accidens qui 
en dépendent; au développement remarquable de 
l’appendice caudal et à l’absence de rides sur le man- 
teau. Le rudiment testacé ressemble beaucoup à tous 
ceux que nous connaissons (en exceptant celui de la 
P. palliolum). C'est une petite coquille verte et brillante 
dont la spire est peu distincte et qui adhère à une lame 
blanchätre, elliptique et concave. Le crochet dentiforme 
dont on a fait un caractère spécifique me parait un aCc- 
cident de l’âge qui n’est point particulier à cette espèce. 

La ressemblance est plus intime entre la Parmacelle 
d'Oran et celle du Portugal. On est tenté d’abord de les 
considérer comme variétés d’une même espèce. Cepen- 
dant je les crois distinctes ; la première est plus grosse, 
plus brune et d’un ton uniforme ; elle exhale en outre 
(circonstance très singulière), une odeur nauséabonde 
qui saisit lodorat; celle du Portugal est plus effilée et 
d’un jaune rougeâtre. Le bouclier, d’un brun chaud, 
est orné de taches brunes irrégulières, dont le système 
est assez constant. Souvent il est parsemé vers sa limite 
inférieure et dans le voisinage de la cavité branchiale de 
granulations d'un jaune paille, qui s'étendent jusque 
sur le prisme caudal et donnent à l’animal un certain 
éclat, surtout lorsqu'il est humecté. 

Une autre différence résulte de l'examen des mû- 


PNEUMOPRANCHES. 47 


choires; l’osselet de la Parmacelle d'Oran a la forme d’un 
croissant très mince; l'autre plus élargi, ressemble en 
miniature au sabot d’un cheval. Son bord libre offre 
une proéminence médiane qui est à peine sensible sur 
celui de l’espece africaine; le bord d'insertion ne diffère 
pas moins. Dans celle-ci; il paraît dédoublé pour rece- 
voir les fibres musculaires; dans la nôtre, au contraire, 
il n’offre qu’une lame simple, épaisse, anguleuse, légère- 
ment recourbée en dedans, et qui s'implante dans les 
faisceaux charnus. 

La Parmacelle Brésilienne montre dans ses caracteres 
généraux une grande similitude avec les espèces du vieux 
monde ; il résulte du travail anatomique de M. de Blain- 
ville, qu’elle ne présente guère dans son organisation 
interne que des modifications peu importantes de l'ap- 
pareil générateur. Les différences extérieures roulent 
sur la forme de l’appendice caudal, les proportions de 
la cuirasse et celles du rudiment testacé, dont la portion 
spirale plus développée et moins masquée que dans les 
autres espèces, la rapproche davantage de la famille des 
Vitrines. 

J’ajouterai, pour compléter les observations qui ontété 
publiées sur la Parmacella V'alencienni, que la coquille 
proprement dite, qui fait saillie au point où le tortillon 
se sépare du plan locomoteur, est entièrement recou- 
verte par la membrane fine et blanchâtre qui tapisse le 
crypte intermédiaire. Elle engaine l'extrémité de l’animal 
qui se termine comme celle des hélices. Le test qui lui 
est adhérent n’est fixé au manteau que par une couche 
très fine de tissu cellulaire qui s’en détache pour s’im- 


48 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


planter sur le bord antérieur. Le mucusestblanc argenté. 

Je l’ai trouvée abondamment répandue dans le Por- 
tugal méridional, depuis la latitude de Lisbonne. Dans 
les plaines de Béja, par une matinée d’avril, je les comp- 
tais par centaines. Au lever du soleil, elles cherchaient 
un abri sous la tige des plantes; la présence d’un indi- 
vidu en annonçait infailliblement un second ; cependant 
je ne l’ai jamais surprise dans laccouplement. 


GENRE TESTACELLE. Cuv. 


1. TESTACELLA MAUGEI. Fer. 


Je n'ai point rencontré en Portugal la T'estacella Ha- 
liotidea ; Yespèce que l'on trouve assez communément 
sous les pierres, depuis lé parallele de Coïmbre jusqu'aux 
rivages de l’Algarve ressemble à celle de Ténériffe, que 
la description de Férussac distingue suffisamment de la 
nôtre. Sa couleur est un brun verdâtre analogue à celle 
du bronze. Le disque ventral est d’un rouge orangé tres 
vif; les tentacules sont effilés, sans renflement à leur 
sommet; les supérieurs bruns, les inférieurs presque 
incolores. On sait que le test, plus développé que celui 
de l’Haliotidea, est en même temps plus mince, plus 
allongé et plus convexe. L’enroulement de la spire étant 
mieux prononcé, le bord columellaire se dessine avec 
plus de netteté; il est moins élargi, plus régulier, et, 
dans ses rapports avec l’ensemble, il rappelle mieux la 
physionomie habituelle d'une coquille, 


PNEUMOBRANCHES. 49 


M. d'Orbigny, dans sa description des mollusques 
des iles Canaries, émet un doute sur la valeur de cette es- 
pèce qui paraît être, selon lui, une simple variété de 
V Haliotidea. Je ne partage pas cette opinion. Les ani- 
maux , J'en conviens, offrent entre eux de grands rap- 
ports; mais leurs tests présentent des différences vrai- 
ment spécifiques. J’en ai comparé un grand nombre 
dans toutes les phases de leur développement, sans qu’il 
m’arrivât jamais de les confondre. D’un autre côté, j'ai 
examiné avec attention la Testacelle que nourrit l Algérie 
dans des circonstances climatologiques analogues à celles 
du Portugal, et je l’ai trouvée parfaitement semblable à 
V’Haliotidea dans ses caractères zoologiques et dans ceux 
du rudiment testacé. Celle-ci appartient donc au bassin 
de la Méditerranée, tandis que l'autre espèce semble 
vivre sous l'influence du Grand-Océan (1). 

Quand l'animal est inquiété, il fait jaillir par dessous 
son test qui se soulève, une écume blanche qui s’accu- 
mule sur l’extrémité dorsale et la recouvre entièrement. 
Je n’ai point vu d'individu qui atteignit plus de 5 centi- 
mètres de longueur; mais je possède des coquilles dont 
les dimensions correspondent exactement à celles qui ont 
été figurées par Férussac, pl. VIT, fig. 10, c’est-à-dire 
qu'elles ont 13 millimètres de développement, 


Je signale à l’attention des voyageurs futurs un petit 
mollusque extrémement curieux que j'ai recueilli à peu 
de distance d’Abrantès, de l’autre côté du Tage, sur les 


© (x) La Testacelle que le hasard a transportée dans les jardins de Bristol n’est 
pas autre chose que l’Haliotidea, 


30 MOLLUSQUES CÉPHALÉS, 


murs d’un jardin borné par la petite riviere d’Alvega, et 
qui constituera peut-être un genre nouveau, lorsque ses 
caracteres zoologiques nous seront mieux connus. Sa 
forme est celle d’un Arion; le dos est cylindracé et l’ex- 
trémité postérieure arrondie; le plan locomoteur est 
large , non marginé et nettement tranché. La cuirasse 
est petite, la cavité branchiale un peu en avant; un pore 
muqueux terminal. 

Le phénomène particulier que présente ce mollus- 
que, c’est que le plan locomoteur ne’se lie pas antérieu- 
rement avec la tête de l'animal, mais offre une solution 
de continuité qui forme une espèce de sac où elle s’en- 
gage dans la contraction. La couleur est un brun enfumé 
avec deux bandes latérales plus ‘claires. Le disque ven- 
tral est orangé comme celui de la Testacelle. 

Les circonstances ne m’ayant pas permis de pousser 
plus loin l’examen au moment même où je venais de le 
recueillir, j'ai eu le regret plus tard de le trouver com- 
plétement défiguré par la pression d’un corps plus dur. 
Néanmoins la section de la cuirasse m'a laissé voir le 
rudiment protecteur sous la forme de concrétions cal- 
caires irrégulières et abondantes. 


DEUXIÈME FAMILLE. — Les LIMACONs. 
GENRE VITRINE. Drap. 
1. VITRINA SUBGLOBCSA. Mich. 


Cette Vitrine, le seule que j'aie rencontré pendant mon 
voyage , habite Le nord-est du Portugal sur les hauts 


PNEUMOBRANCHES. 54 


plateaux qui avoisinent Chavès, Bragance et Torre de 
Moncorvo. 
L'animal est blanchâtre. 


GENRE SUCCINÉE. Drap. 


1. SUCCINEA LONGISCATA. Spec. Nov. 
HAE fig. le 


S. test elongatä, fragili, valdè striatà, fulvo-rubescente. Aperturâ syme- 
tricâ, subangustä, oblongâ, supernè ovatd, infernè angulatä; spir4 acu- 
minatà; anfractibus juxtà suturam planulatis. 


Anfr. 3 4/2. — Longit. 47 mill. — Amplit. 7. 


Personne n’ignore combien il est difficile d'apprécier 
nettement les caractères distinctifs des Ambrettes, qui 
reposent en général sur des modifications plus où moins 
sensibles, plus ou moins constantes dans l'obliquité de 
l'ouverture, ses proportions et celles de la spire (1). En 
proposant ici des espèces qui m'ont paru nouvelles, 
sans offrir cependant ces caractères tranchés qui per- 
mettent de classer une coquille au premier aspect, je n'ai 
rien négligé pour ne pas m’égarer sur la limite des varia- 
tions qu’un même type peut subir en changeant de sol et 
de climat. J'avoue franchement que je les ai considérées 
comme simples variétés de l’Æmphibia, ] usqu'au moment 


(x) Aussi avait-on confondu jusqu'ici deux espèces qui habitent générale- 
ment les mêmes lieux, la $, amphibia et la S. Pfeifferi, Rossm., que l’ovale régu- 
lier de son ouverture, la brièveté de sa spire, et un demi-tour de plus distinguent 
suffisamment, 


2 


te 


52 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


où la comparaison ne n’a plus permis de les confondre. 
Malheureusement la description et la-gravure suffisent à 
peine pour exprimer nettement des rapports que l’ob- 
servation elle-même ne révèle pas sans quelques efforts. 

La Succinea longiscata se distingue par sa forme aïlon- 
gée, la régularité et le rétrécissement de son ouverture 
dont le péristome décrit une courbe symétrique et pa- 
rallèle à l’axe de la coquille. Ce dernier caractère l’é- 
loigne de lÆmplhibia dont le plan péristomal est obli- 
que , tandis que son rétrécissement et le développement 
de la spire permettent bien moins encore de la con- 
fondre avec la Succinea Pfeifferi. 

L'examen des détails élargit encore l'intervalle. Les 
tours de spire se creusent au bas de la suture et forment 
un bourrelet aplati, circonscrit lui-même par un sillon 
décurrent tres faible , mais sensible à l’œil nu. Observés 
à la loupe, les deux premiers se montrent sous la forme 
d’un cône tres allongé. Le sommet est pointu; les stries 
d’accroissement larges, fortement prononcées, élèvent 
sur la surface des plis irréguliers. Le test est plus épais 
que celui de l'4mphibia, luisant, d’un fauve rougeàtre, 
peu transparent et très cassant. 

Habite sur les bords d’un ruisseau à un quart de lieue 
de Faro (Algarve). 


2, SUCCINEA AMPHIBIA. Drap. 
PI, V, fig. 2. 


J'ai hésité long-temps sur la valeur de cette espèce qui, 
malgré certaines modifications qui appartiennent sans 
doute à l'influence du climat, me parait définitivement 


PNEUMOBRANCHES, ‘ 03 


identique avec la Succinea amphibia; c'est par ce motif 
que j'en ai donné la figure, mes doutes n'étant pas en- 
core résolus lorsque je l’ai fait exécuter. 

Elle est commune dans la plaine du Tage, aux envi- 
rons d'Azambuja, de Villa-Nova, d’Alemquer, sur les 
Joncs qui bordent les canaux. 


3. SUCCINEA VIRESCENS. Spec, Nov. 
PI. V, fig. 3. 


S. testà ovato-oblongä, tenuissimä, pellucidâ, flavo-virescente, concinnè 
striatà, columellä albicante; aperturâ ovatâ; spirâ brevissimä, ultimo 
. anfractu amplissimo. 


Anfr. 3. — Longil. 40 mill. — Amplit. 5. 


Plus petite que les deux précédentes, dont elle est par- 
faitement distincte, elle se rapproche davantage de la 
Succinea Pfeifferi, quoiqu'elle soit plus évasée et plus 
ventrue. La columelle , régulièrement arquée, dessine 
une ligne nette et blanchätre sur le bord gauche de 
l'ouverture ; les deux premiers tours de spire sont telle- 
ment courts que la coquille est formée presque entière- 
ment par le dernier. Vus à la loupe, ils offrent l’appa- 
rence d’un mamelon arrondi et à-peu-près symétrique. 
La suture est nette; le test est mince, fragile, diaphane, 
finement et régulièrement strié, d’un jaune verdâtre qui 
la fait distinguer au premier coup-d’œil. L'animal est 
d'un brun roussätre ; le pied jaunâtre par dessous, le 
tortillon bleu-turquin marbré de noir. 

Habite les bords humides du Sadao et de la rivière 
Charrama, sur les plantes aquatiques, dans l’Alemtejo. 


54 MOLLUSQUES CÉPHALES. 
&. SUCCINEA ABBREVIATA. Spec. Nov. 


PI. V,; fig. 4. 


S. testà parvulâ, globuloïdeä, pellucidä, virescente; aperiurà amplà, 
rotundatä; spirâ brevissimâ; ultimo anfractu dilatato. 


Long. & mill.— Amplit. 3. 


Malgré ma répugnance à proposer une espèce nou- 
velle sur l'examen d’un seul individu, il m'est impossible 
de considérer cette Ambrette comme simple variété de 
la Succinea oblonga.Ele appartient évidemmentau même 
groupe par la profondeur de la suture, le mode d’'enrou- 
lement de la spire et le plan de son ouverture; mais elle 
diffère de l’oblonga par la courbe arrondie de son pé- 
ristome , le renflement et lévasement du dernier tour, 
enfin la brièveté singulière des deux premiers, qui lui 
donnent l'aspect d’une Paludine globuleuse. Le test est 
finement strié, épais relativement à sa petitesse, transpa- 
rent et verdatre, 

Habite une prairie des environs de Bragance. 


GENRE HÉLICE. Lin. 


Premier Groupe. — Coquille aplatie. 
A. non carénée. 


1. HELIX CELLARIA. Mull. 


Elle acquiert plus de développement que dans l’Eu- 
rope boréale et compte un tour ou un tour et demi de 


PNEUMOBRANCHES, D9 


plus. L’épiderme, plus coloré, est analogue à celui de 
l’'Helix olivetorum. 


2. HELIX NITENS, Mich. 


Commune à Cintra et dans le Nord ; fortement colorée. 


3. HELIX CRYSTALLINA, Mull. 


Tout le Portugal; rare; la variété m2ajor habite la 
Serra da Arrabida. 


4. HELIX PYGMZÆA. Drap. 
À Cintra, sous les feuilles humides. 
5. HELIX ROTUNDATA. Mull. 


Aux environs de Porto. 


6. HELIX LUSITANICA. Pfr. 
1 IE 3 0 to 


H. testà discoïdeà vel convexiusculà, obsoletè carinalà, pellucidà, fragil; 
corneo rubescente vel flavescente, striis regularibus notabiliter incisà, 
umbilico perspectivo ; peristomate albo labiato, incrassato, reflexo, mar- 
gine externo angulato. 


Anfract. 6. — Amplit. 43 ad 47 mill. 
Coquille discoïde ou légèrement convexe ; subcarénée, 


arrondie par dessous , composée de six tours qui crois- 
sent insensiblement et percée d’un ombilie profond, 


56 . MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


évasé, perspectif, ordinairement échancré par l'insertion 
du bord columellaire. La suture est profonde et nette- 
ment tracée; l’ouverture assez large et un peu oblique 
est bordée d’une fascie jaunâtre qui indique le péristome; 
celui-ci épaissi, réfléchi, sinueux, forme un angle obtus 
un peu avant l'insertion du bord externe. Le test est 
mince, corné, transparent, fragile, remarquable par la 
netteté et la régularité des stries dont il est gravé. 

Cette Hélice a été décrite par Pfeiffer dans ses Symbolæ 
ad historiam Heliceorum , première section, diagn. 26. 
Elle habite les environs de Porto, sous les pierres et 
dans les murs en ruine; elle vit aussi dans les montagnes 
du Gérez; l'animal est d’un gris noirâtre uniforme; le 
derme est très rugueux; trois sillons entre les tentacules. 


7. HELIX SIMPLICULA. Spec. Nov. 
PI AVI Mio. 


H. testà parvulà, lenticulari, subprominulà, valdè umbilicatä, tenuissimè 
striatà, pallidè corneà; ultimo anfraciu subangulato, subtus convexius- 
culo; aperturà depressà, peristomate simplici. 


Anfr. 5. — Amplit. 6 mill. 


Cette coquille ressemble à une très petite Hélice bar- 
bula, dont le péristome n’est pas encore développé ; 
elle est moins déprimée; ses tours sont plus pressés, plus 
arrondis; sa couleur et ses stries offrent aussi quelque 
différence. Elle est subcarénée, convexe à la base et 
percée d’un ombilic fort large qui laisse apercevoir les 
étages de la spire. La suture est profonde; l'ouverture 


PNEUMOBRANCHES, 07 


déprimée, simple et un peu oblique. Le test est corné, 
pâle, un peu mat et finement strié. 

L'animal est d’un gris clair uniforme. 

Je l'ai trouvée en traversant les montagnes au sud- 
ouest du Portugal, sur les hauts plateaux qui séparent 
Mertola de Castro Verde. 


B. Coquille carénée. 


8. HELIX LAPICIDA, lin. 


Je n’a rencontré cette Hélice qu'aux environs de 
Porto. Elle n'offre rien de particulier. 


9. HELIX BARBULA, Rossm, Zconogr. n° 451 (1). 


Le type, c'est-à-dire la forme la plus habituelle de 
cette espèce n'offre point une carène tranchante, 
comme lPauteur de l’/conographie Va dépeint, mais une 
carène émoussée qui disparait entièrement sur un petit 
nombre d'individus. Les stries sont pressées, très nettes, 
et d’une régularité remarquable; en général la spire est 

Le 
légèrement convexe; rarement elle s’enroule sur le même 


(1) Cette coquille à été nommée par M. Charpentier, mais elle appartient réel- 
lement à Rossmassler qui le premier nous l’a fait connaître en la décrivant. Je 
ne puis m'empècher de signaler ici l'inconvénient de ces dénominations privées, 
qui ne sont accompagnées d’aucune description authentique. Elles semblent 
consacrer des faits qui demeurent cependant inconnus au public et augmentent 
l'embarras des recherches dans une science qui emprunte déjà une partie de ses 
difficultés à la confusion de sa synonymie, Je conçois qu’on n’entame pas une pu= 
blization à propos d’une coquille; mais les revues scientifiques, les aunales, les jour 
naux Zoologiques , n'offrent-ils pas un accès libéral aux observateurs qui veulent 
répandre leurs découvertes ? 


58 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


plan ; c’est alors que la carène est réellement tranchante 
et la convexité très saillante à la base. 

J'ignore sur quel fondement on a imposé à cette Hélice 
un nom qui n’est propre qu’à induire en erreur; on la 
considérée sans doute comme un diminutif de l’Helix 
barbata ; maïs l’analogie pèche par la base, puisqu'elle 
est dépourvue du caractère auquel celle-ci emprunte sa 
dénomination spécifique. Il valait mieux lui conserver 
le nom d'A. bituberculata qu’elle porte dans la collec- 
tion de Férussac. 

L'animal est gris de fer, plus foncé sur le sommet de la 
tête, aux tentacules et au bord du pied. Celui-ci, net- 
tement détaché, se termine en carène aiguë. Le derme 
est finement chagriné et traversé, sur le dos, par des sil- 
lons d’une extrême ténuité. On en remarque un seul, 
un peu plus prononcé, entre les tentacules. Les supé- 
rieurs, fort allongés, se terminent par un renflement 
oculifère; quelquefois elles sont incolores et laissent 
apercevoir le nerf optique dans son trajet. Le mufle est 
prononcé; l'animal s’allonge singulièrement en portant 
sa coquille et la clôt d’un épiphragme blanc, solide, 
vnalogue à celui de lÆelix lenticula. 

Les montagnes de l’Algarve nourrissent une variété 
constante dans ses proportions minimes ; son diamètre 
est de 6 à 7 millimètres, tandis qu'elle en atteint or- 
dinairement le double. 

Ce mollusque multiplie prodigieusement en Portugal ; 
on le trouve sur tous les terrains, en plaine et en mon- 
tagne, depuis le cap Saint-Vincent jusqu'aux frontières 
de Galice. Il vit presque toujours en famille et il n’est pas 


PNEUMOBRANCHES, 99 


. CE SAS # Q , 
are de rencontrer une trentaine d'individus réunis sous 
un même abri. Il habite aussi les Acores, d’où je l'avais 
reçu avant d'entreprendre mon voyage. 


10. HELIX TURBIPLANA. Spec, Nov. 


PI. Vi, fig,.3. 


H. testà pallidè corne, depressä, umbilicatä, carinatä, punclis eminen- 
tibus scabriusculâ; apice levi, planissimo, tæniato; anfractibus margina- 
ts; ultimo subtüs turgido, circumsulcato; aperturâ depressä, angustà, 
subtetragonâ; peristomate flexuoso, replicato, calloso, albo labiato, bi- 
denticulato; extüs plicis geminis impressis signato. 


Anfr. 6, — Amplit. 42 ad 44 mill. 


L’Hélice que j'ai nommée turriplana, et qu'au pre- 
mier aspect javais envisagée comme une variété singu- 
lière de l’Æelix barbula, s’en distingue par des caractères 
invariables qu'aucune modification individuelle ou 
transitoire ne vient affaiblir, comme je m'en suis con- 
vaincu par l'examen d’un très grand nombre d'indi- 
vidus. Elle est aplatie et bordée d’une carène saillante, 
limitée par un sillon décurrent qui la circonscrit des 
deux côtés de la coquille. Les trois premiers tours de 
spire sont liés entre eux et généralement planiformes ; 
mais la carène se relève dans les suivans et forme une 
gouttière spirale qui lui imprime une physionomie tres 
remarquable. Le dernier tour est convexe par dessous et 
percé d’un ombilic perspectif. 

L'ouverture est petite, subquadrangulaire, très obli- 
que, rétrécie par deux dents analogues à celles de l'Æe- 
lix barbula, et qui correspondent à deux sinus externes, 


60 MOLLUSQUES CÉPHALÉS, 


profonds et légèrement froncés. Le péristome est blanc, 
sinueux, replié en dehors et terminé vers la carène par 
un angle aigu qui fléchit légèrement en arrière. Les deux 
bords ne se rapprochent pas à leur insertion, mais ils 
sont unis par une callosité superficielle, qui, dans les 
vieux individus, masque une faible portion de l’ombilic. 

Le test est solide, corné, fauve, sans éclat, transparent, 
rude au toucher, obscurément strié, chagriné de petites 
aspérités longitudinales et angulaires disposées symétri- 
quement en échiquier. Moins saillantes par dessous, 
elles se prolongent dans l’intérieur sur toute la callosité 
du péristome. 

J'ai comparé l’animal à celui de l’Æelix barbula; je l'ai 
trouvé plus épais, d’une couleur plus foncée; les tenta- 
cules m'ont paru plus courts, je ne les ai jamais vus dia- 
phanes, mais aucun signe extérieur ne trahit les carac- 
tères d'organisation qui déterminent entre les deux tests 
une différence de structure aussi remarquable. L’épi- 
phragme est le mème. 

J'ai dit que les caractères de cette coquille étaient 
constans; les seules modifications que j'aie remar- 
quées se bornent à l'élévation plus ou moins sensible 
de la spire qui, chez un petit nombre, est bombée au 
lieu d’être plane et à la saillie plus ou moins forte de 
la carène au-dessus du tour inférieur. Il arrive en effet, 
mais rarement, que la spire s’enroule dans le même plan 
et forme une coquille lenticulaire. D’autres fois, au con- 
traire, le bourrelet de la carène est assez relevé pour que 
les tours de spire semblent creusés dans la coquille. 

Je crois qu'après tous ces détails il est inutile d’insis- 


PNEUMOBRANCHES. 61 


ter sur les caracteres qui la séparent des espèces voisines. 
Je me bornerai à comparer briévement ceux qu'elle 
semble emprunter à l’Helix barbula. Dans celle-ci, le 
bourrelet terminal qui donne naissance aux deux petites 
protubérances dentiformes est nettement défini ; dans 
l’'Helix turriplana, il n’existe point de bourrelet, mais 
un épaississement graduel du péristome. La dent exté- 
rieure, en outre, est triangulaire et non pas linguiforme 
et elle s’implante avec l’autre plus avant dans l’inté- 
rieur de l'ouverture. Au lieu d’être, en un mot, un ac- 
cessoire du péristome, elles deviennent une dépendance 
de la coquille. Enfin, dans l’Helix barbula la carène s’é- 
mousse à sa terminaison, tandis que dans la nôtre elle 
se resserre encore de manière à former un sinus à la jonc- 
tion des deux bords. 

Cette curieuse espèce habite uniquement l’Algarve ; 
elle est abondamment répandue dans les rochers sté- 
riles aux environs de Loulé, de Faro et de Tavira. Je ne 
l'ai. pas trouvée ailleurs. 


11. HELIX LENTICULA. Fer. 


Habite le Portugal méridional. 


12. HELIX SERRULA. Fer. Spec. Nov, 
PI, VII, fig. 2. 


H. test lenticulari, carinatâ, umbilicatâ, lamelloso-striatä, pallidè fulvd ; 
aperturâ subrotondo angulatä, 


Anfract. 5 4/2, — Amplit. 8 mill, 


Petite coquille lenticulaire, composée de cinq tours et 
demi de spire, variables dans leur élévation et séparés 


62 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


par leur tranche d'épaisseur. Elle est ombiliquée, bor- 
dée d'une carène saillante et généralement convexe par 
dessous. Cette convexité est en raison directe de l’abais- 
sement de la spire. L'ouverture, un peu oblique, est 
d'une forme arrondie, interrompue par l'angle de la ca- 
rene ; la surface , d’une couleur terne et jaunâtre, rare- 
ment tachetée de points irréguliers, est sillonnée de 
stries élevées, espacées et recourbées sur la carène 
où leur saillie forme une crête denticulée. Cette coquille 
offre une certaine analogie avec la Carocolla limbata de 
Philippi qui habite non-seulement la Sicile, mais encore 
les côtes orientales de l'Espagne où je lai rencontrée. 
Elle n’en est peut-être qu'une variété, que la saillie de 
sa carène et l'aspect particulier de sa surface éloignent 
encore davantage de lÆelix striata qui parait être le type 
de ces formes diverses. Je lui ai conservé le nom que Fé- 
russac se proposait sans doute de lui donner et sous le- 
quel elle figure dans sa collection (Tr). Elle habite les col- 
lines rocheuses qui s'élèvent au nord de Sétubal sur le 
bord de la mer . La variété tachetée laisse toujours voir 
une fascie roussâtre qui accompagne le dernier tour de 
spire du côté de l’ombilic. 


Deuxième Groupe. — Coquille subdéprimée. 
13. HELIX CARTHUSIANELLA, Drap. 


J'ai trouvé cette Hélice seulement aux environs 
Porto où elle offre deux variétés distinctes égalemen 


(r) La localité qu'il a indiquée est vraisemblablement erronée, car personne 
n'a rencontré cette espèce aux environs d'Alger, 


PNEUMOBRANCHES. 63 


connues en France. L'une d’un blanc d’opale, Pautre 
habituellement plus petite et cornée. 


, 


14. HELIX CANDIDULA. Fer. 


Aux environs de Montémoro, dans la province de 
Beira. 


15. HELIX APICINA,. Lamk. 


Dans tout le midi du Portugal, à l'exception des cen- 
tres montagneux où les coquilles méditerranéennes ne 
péuetrent pas. 


16. HELIX CONSEURCATA, Drap. 


Tout le Portugal. J'ai trouvé près de Torre de Mon- 
corvo , dans le Tras-os-Montes une variété curieuse par 
sa petitesse ; elle a 3 millimètres de diamètre sans dimi- 
nution dans le nombre des tours de spire. Le test est 
uniformément corné. En Algarve, au contraire, près du 
cap Saint-Vincent, elle atteint jusqu'à 9 millimetres. 
Une troisième variété des environs de Bragance est re- 
marquable par l'élévation de la spire qui ne subit pas la 
dépression ordinaire. 


17. HELIX INTERSECTA. Poiret, Prodr., p. 80. 


Je n’ai pas observé en Portugal la véritable Æelix 
maritima de Draparnaud, celle qui habite le Midi de la 
France, l'Italie, toutes les plages enfin voisines de la 
Méditerranée; mais, d’une extrémité à l'autre, on ren- 


64 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


contre une coquille qui parait être lÆelix intersecta, 
espèce intermédiaire entre les Hélices 7raritima et 
striata, dont elle n’est peut-être qu’une variété. 

Sa couleur et sa forme sont tellement changeantes, qu’il 
faut en observer un grand nombre pour se convaincre 
de leur identité. Tantôt elle est convexe et tantôt dépri- 
mée; l’ombilic est profond, libre ou à demi masqué par 
la convexité du dernier tour. On trouve près de Lis- 
bonne une variété luisante, aplatie, légèrement convexe 
à la base, d’une couleur grisätre, ornée de fascies inter- 
rompues, parfaitement analogue à celle des environs 
d'Agen. En Algarve, surtout près de Faro et de Loulé, 
elle se montre plus grosse, plus globuleuse, plus colorée, 
plus fortement striée; l’intervalle entre ces deux ex- 
trèmes est rempli par des variétés intermédiaires. Dans 
les montagnes schisteuses du Nord, elle est petite, sub- 
cornée, fragile; enfin, du côté de Pombal, en Estrama- 
dure, elle se distingue par un ombilic fort étroit, et des 
accidens de couleur qui rappellent les jolies variétés de 
l'Helix pyramidata. 

L'examen attentif de ces différentes phases nous 
prouve que l’ombilic n'offre pas de caractère absolu ; 
quand on lit dans Draparnaud la description des Hé- 
lices variabilis et neglecta, et qu’on voit, de son propre 
aveu, l’évasement plus ou moins prononcé de cette ca- 
vité constituer souvent le seul caractère distinctif entre les 
deux espèces, on est tenté d’en suspecter l’infaillibilité, 
surtout lorsqu'on jette les yeux sur les espèces transitoires 
qu'il a fallu créer pour satisfaire à toutes les exigences. 


PNEUMOBRANCHES. 65 
19. HELIX PONENTINA. Spec. nov, 
PI. VI, fig. 4. 


H. testâ convexiusculâ, perforatä, subcorneâ, striatà, hispidul4, fusco-oli- 
vaceo vel flavescente, ferrugineo obscurè bifasciatä; ultimo anfractu 
dilatato, subtüs turgidulo; aperturà rotundatä; labro acuto, subreflexo, 
iniùs margine crasso, albo, declivo. 


Anfract. 5. — Amplit. 7 ad 40 mill. 


Petite coquille intéressante par sa physionomie, qui 
se rapproche plutôt des formes Canariennes que de 
celles d'Europe; elle est subglobuleuse, quelquefois un 
peu déprimée, presque toujours convexe par-dessous. 
Les premiers tours de spire croissent insensiblement, 
mais le dernier augmente rapidement de diamètre, s'é- 
vase à sa terminaison, et forme une ouverture arrondie, 
peu échancrée, bordée intérieurement d’un bourrelet 
épais d’un blanc de porcelaine, qui empâte quelquefois 
le péristome, diminue sensiblement la capacité de l’ou- 
verture, et en tapisse l'intérieur à une certaine profon- 
deur. Cette callosité, remarquable par sa couleur tran- 
chée et par son épaisseur, ne commence à se déposer 
que quand l'animal est parfaitement adulte; jusque-là, 
Je péristome est simple ou à peine marginé. L’ombilic 
est linéaire, à demi caché par le renversement du bord 
columellaire, évasé à son orifice. 

Le test est dur, corné, luisant, d’une couleur fauve 
olivâtre, quelquefois vert, particulièrement à sa base, 
orné de deux fascies rousses extrêmement obscures, et 
d’une zone terminale d’un jaune pâle qui résulte de la 
combinaison du ton qui lui est propre avec la substance 


5 


66 MOLLUSQUES CHPHALÉS. 


vitreuse déposée à l'intérieur. Les stries sont irrégu- 
lières, peu profondes, onduleuses, quelquefois subarti- 
culées; l’épiderme est revèétu de poils courts, raides, 
caducs, légèrement recourbés. 

L'animal est fauve ou grisätre; les tentacules toujours 
bruns; le manteau souvent marbré ou pointillé d’un 
violet tres foncé qui semble appartenir à la coquille, 
surtout quand lâge n’a pas obscurci sa transparence. 
Le pied est large et obtus. 

Cette espèce que j'ai nommée Ponentina parce qu’elle 
semble emprunter ses caractères à l’extrème Occident et 
se rattacher à certaines formes des îles Canaries, se ren- 
contre d’une.extrémité du Portugal à l'autre; néanmoins, 
ce n’est qu'à Cintra où je l’ai vue en grande abondance. 
Elle se plait dans les lieux secs et pierreux, et on l'aper- 
çoit souvent, fixée sur la paroi des murs, malgré lar- 
deur du soleil. I’Algarve produit une variété plus 
grosse, plus globuleuse, plus transparente, marginée ré- 
gulièrement et sans empâtement ; du reste, parfaitement 
semblable. 


19. HELIX CISTORUM. Spec, nov. 
PL VI; f6.9. 

HT. testä utrinquè orbiculato-convexä, depressiusculà, umbilicatä, subtiliter 
striatä, tenui, suprà fuscescente, subtüs cineraceâ, subcorneâ, flammulis 
albidulis undatim variegatà; ultimo anfractu subangulato, zonulâ nigri- 
cante interrupià cincto; aperturà ovatâ; labro columellari arcuato. 

Arifract, 6. — Amplit. 9 mill. 


Coquille subdéprimée, subcarénée, légèrement con- 
vexe par-dessous, composée de six tours de spire gravés 


PNEUMOBRANCHES. 67 


de stries fines et pressées; percée d’un ombilic profond, 
mais étroit et peu évasé et d’une ouverture obronde, 
moins haute que large, un peu oblique, le bord droit 
dépassant celui de l1 columelle qui s’arrondit à son in- 
sertion et s'évase légerement sur l’ombilic. Le péristome 
est simple, tranchant, à peine marginé; le test est lisse, 
mince, subdiaphane, fragile, d’un brun fauve du côté 
de la spire, grisätre par-dessous, et orné de marbrures 
d’un blanc opaque qui se dessinent en zig-zags sur un 
fond corné. Une fascie noire, irrégulièrement interrom- 
pue, partage le dernier tour et rampe ensuite le long de 
la suture sans l'accompagner jusqu'au sommet. 

Le derme de l’animal offre sur le dos et dans le voisi- 
nage de la tête une série de papilles allongées, dont la 
nuance dorée contraste curieusement avec la couleur 
grise du corps et des tentacules. Ceux-ci, très déve- 
loppés, sont noirs à leur sommet; le pied est fauve. 

Cette Hélice vit dans l’Alemtejo , du côté de Mertola 
et de Portalègre; elle semble préférer les sites les plus 
sauvages, et elle est presque la seule qui habite Îles 
steppes solitaires du Portugal méridional. Néanmoins, 
elle ne s’y montre pas en abondance, et il est rare de la 
trouver complétement développée. 


TRoIsiÈèME GROUPE. — Coquille globuleuse. 


20. HELIX ASPERSA, Mull. 


Répandue avec ses variétés dans tout le Portugal. 
Certains individus atteignent à peine 18 millimétres de 
diamètre, 


D, 


68 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


21. HELIX NEMORALIS, Lino, 


Cette espèce descend depuis les hautes montagnes du 
Douro et du Tras-os-Montes jusqu'aux plaines maréca- 
geuses de l’Alemtejo; elle devient rare en approchant de 
l’Algarve et n’y pénètre pas. Les environs de Porto pro- 
duisent de jolies variétés, dont les fascies sont interrom- 
pues par des stries saillantes du même ton que le fond 
de la coquille; celle de lAlemtejo, qui vit dans des 
conditions bien différentes, est lisse, cornée et uni- 
formément brune, Le test est d’une nuance vineusé 
à l’intérieur, et l’on remarque en le brisant que. cette 
couleur pénètre son tissu. 

Je n'ai vu nulle part la variété Aortensis, encore 
moins la sy/vatica. 


22. HELIX LACTEA. Mull. 


On rencontre l Helix lactea depuis le 40° degré à-peu- 
près, jusqu'aux limites méridionales de l’Alsarve, en 
suivant le littoral. Elle disparait à mesure qu’on s’en- 
fonce dans les terres, et ne se montre plus dans le Nord. 
La France en nourrit cependant à une latitude supé- 
rieure; mais le climat de Bayonne est plus tempéré que 
celui du Douro, du Tras-os-Montes, et d'une partie de 
la province de Beira. 

On remarque dans les régions où l’Helix lactea multi- 
plie, deux variétés que l’on a mal-à-propos séparées : 
l'une, dont le péristome est d’un noir profond et nette- 
ment tranché; tandis qu’il offre dans la seconde une 
nuance plus claire, qui se fond sur la columelle avec le 


PNEUMOPBRANCHES, Fr 


ton général du test. Ce caractère, füt-il constant, me 
parait trop insignifiant pour séparer deux coquilles dont 
les formes sont identiques. Je sais qu’une influence par- 
ticuliére semble avoir mis, dans le nord de l’Afrique, 
un intervalle plus large entre ces variétés, en distri- 
buant leurs couleurs respectives selon des lois diffé- 
rentes. Mais les indices qui résultent de la couleur 
perdent toute leur valeur lorsqu'ils sont isolés; et d’ail- 
leurs, ce sont toujours les cinq fascies du type, plus ou 
moins nettes, plus ou moins interrompues, sur un fond 
analogue. En Portugal et en Espagne, ce caractère fragile 
s'évanouit tout-à-fait en nous montrant les nuances in- 
termédiaires qui lient par une transition insensible l He- 
lix lactea à la variété Hispanica. On voit effectivement 
le péristome de cette coquille passer graduellement du 
brun roussâtre au noir le plus intense, tantôt en laissant 
un filet blanc au bord interne des lèvres, tantôt en les 
imprégnant complétement; tandis que la surface opposée 
montre indifféremment les accidens de forme et de cou 

leur qui sont propres à l’Helix lactea (1). 

Si de tels caractères suffisent pour constituer une es- 
pèce, nous en aurons une de plus dans la variété bien 
- autrement curieuse que M. Durrieu a recueillie dans la 
province d'Oran : variété scrupuleusement blanche, 
sans fascie, sans nuance au péristome, constante dans 
son anomalie, et appartenant jusqu'ici à l’Helix lactea, 
de l’aveu de tous les naturalistes qui l’ont examinée. 


{1) J'ai remarqué qu'en approchant de l'Afrique , notamment à Gibraltar, les 
fascies spécifiques de VA. Hispanica (qui mériterait mieux le rom d”’.4fricana ) 
deviennent plus caractérisées. 


70 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


Je mentionnerai en terminant la variété d’Alméria, 


remarquable par la réflexion de son péristome, qui rap- 
pelle celui d’uné Hélice bien connue dont le nom est 
emprunté à Madagascar. 


23. HELIX PISANA. Mull. 


Habite les mêmes localités que l’espèce précédente. 
La variété dominante est blanchätre. 


24. HELIX INCHOATA, Spec. nov. 
PI. VII, fig. 1. 


H. testä orbiculato-convex4, tenui, perforatâ, corneo-lutescente vel 
avellanace4; sæpiüs pellucidà, interdüm absque nitore; spirâ prominulà; 
anfractibus subplanis, striatulis; infimo fasciato, subtüs turgidulo; aper- 
turâ subrotondâ; labro simplici, fragili. 


Anfr. 7.— Amplit, 47 ad 23 mill. 


« avellanacea, subtüs olivacea; ultimo anfractu duabus fasciis fusco- 
rubescentibus, luteo extrinsecüs pallidè marginatis, ornato. 
B lutescente, fusco-rubescente unifasciatä. 


 omnino lutea vel albicante. 


Cette coquille, par ses proportions, sa forme et parfois 
sa couleur rappelle l'Æelix fruticum, dont elle diffère 
néanmoins par des caractères constans. 

La spire, moins élevée, compte un tour de plus, et croit 
par conséquent d’une manière moins rapide. Ses tours 
sont plus égalisés, mieux liés entre eux, et leur ligne de 
séparation est moins profonde. Légèrement convexe à 

a base , son ombilic est fort étroit, purement linéaire 


avant la révolution du dernier tour, à moitié masqué 


PNEUMOBRANCHES. 71 


par l'épanouissement inférieur de la lèvre columellaire 
dans l’âge adulte. L'ouverture est plus ovale que celle 
de l’Æelix fruticum ; le péristome-est simple, mince, très 
fragile, un peu épaissi dans les vieux individus à une 
ligne du bord. Ce dernier caractère lui donne l’appa- 
rence d’une coquille qui n’a pas encore atteint son 
degré de perfection, et il a fallu que j'en examinasse 
un grand nombre pour me convaincre qu’il était ab- 
solu. 

” Le test est subcorné, d’un jaune pâle ou couleur noi- 
sette , fascié, un peu diaphane, plus rarement velouté, 
surtout quand l'animal est jeune et d’une nuance fon- 
cée. Lesstries, d’abord fines etrégulières, se prononcent 
ct s’espacent avec le déroulement de la spire; recour- 
bées sur la suture, elles s'y montrent plus apparentes et 
comme agglutinées. Les fascies sont au nombre de 
deux ; la première est rougeatre, la seconde très foncée; 
l’une et l’autre sont bordées en dehors d’une zone d’un 
jaune pâle. Ces zones s’effacent plus ou moins complé- 
tement quand le fond de la coquille offre une nuance 
plus claire et il en résulte des variétés imparfaites. 

L'animal est d’une couleur roussàtre analogue au 
ton de la coquille, un peu plus foncée sur le sommet de 
la tête. Les tentacules, d’un brun enfumé, laissent der 
riere eux deux sillons obscurs. Le manteau est pointillé 
de noir. à 

Cette Hélice est commune dans tout ie Portugal. Elle 
habite plus volontiers]la région montagneuse, au pied des 
genèts et des arbustes épineux qui lui fournissent la 
nourriture et un abri. 


72 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 
La variélé 8 est répandue aux environs de Santarem. 


25. HELIX VARIABILIS. Jrap. 


Parmi les quatre ou cinqespèces méditerranéennes qui 
désespèrent le classificateur consciencieux par l’incon- 
stance de leur forme et de leurs couleurs, une seule, 
qui parait être l’helix variabilis, habite le Portugal. Les 
Hélices cespitum, ericetorum, neglecta, Terverü, man- 
quent absolument. Je n’ai pas même rencontré la ma- 
ritima bien caractérisée. L’Helix variabilis habite sur- 
tout les pelouses voisines de Lisbonne ; on ne la voit 
pas dans le Nord; mais après avoir traversé dans leur 
largeur les landes de l’Alemtejo, on est surpris d’en 
découvrir une colonie isolée aux environs d’Elvas, à 
quarante lieues de la mer. 


QuarriimEe GROUPE, — Coquille trochiforme. 
26. HELIX RUPESTRIS. Drap. 

Habite les environs de Lisbonne, Cintra. 

27. HELIX FULVA. Mull. 

Dans les prairies humides de l’Alemtejo. 

28. HELIX ACULEATA. Mull. 


Tres commune dans la province de Tras-os-Montes. 
Plus au midi, dans la Serra d’Arrabida. Les cils fort 
allongés. 


PNEUMOBRANCHES. 73 


GENRE BULIME. Brug. 


1. BULIMUS DECOLLATUS,. Brug. 


Habite la région méridionale, dans le voisinage de la 
mer. Peu développé. 


2. BULIMUS ACUTUS. Brug. 
Habite.avec le précédent. 
3. BULIMUS VENTRICOSUS. Drap. 


Très multiplié dans les jardins publics de Lisbonne. 
On trouve dans les prairies humides de l’Alemtejo, à peu 
de distance du Tage, une variété cornée remarquable 
par le raccourcissement de sa spire et son extrême fra- 
gilité. 

4. BULIMUS OBSCURUS. Drap. 


Aux environs de Bragance. Rare. 


5. BULIMUS LUBRICUS. Brug. 


Aux environs de Chavès et de Bragance, dans le nord 
du Portugal. 


E 6. BULIMUS FOLLICULUS (Achatina. Lamk.). 


Habite les environs de Lisbonne et le Midi. 


74 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


GENRE MAILLOT. Drap. 


1. PUPA SECALE. Drap. 


Habite les environs de Lisbonne, Cintra , la Serra 
d'Arrabida , sur les rochers. Peu répandu. Fortement 
strié. 


2. PUPA GRANUM. Drap. 

Sur les collines au nord de Tavira (Algarve). 
3. PUPA UMBILICATA. Drap. 

Tout le Portugal. Extrèmement multiplié. 
4. PUPA FRAGILIS. Drap. 

Habite Cintra et les provinces du Nord. 


5. PUFA MUSCORUM. Drap. 


Je l'ai trouvé aux deux extrémités du Portugal, dans 
l’Algarve et le Tras-os-Montes, où il est beaucoup plus 
répandu. 


6. PUPA ANTIVERTIGO. Dray: 


Dans les prairies humides de l'Alemtejo. 


PNEUMOBRANCHES. 75 
7. PUPA ANGLICA. 


Turbo sexdentatus, Mat. et Rack. Transact. Linn. A. 1807, p. 183. 
Vertigo Anglica. Fér. Prodr. 


Indépendamment des motifs que j'ai précédemment 
exposés et qui m'ont engagé à négliger le genre J’ertigo, 
j'en ai de péremptoires pour cette espèce en particulier. 
Je me suis effectivement convaincu en l’examinant à la 
loupe, que l’animal était muni de quatre tentacules; les 
supérieurs oculifères, cylindracés, arrondis au sommet, 
mais sans renflement; les inférieurs très petits, mais 
parfaitement distincts. 

Habite Cintra et les environsde Porto, sous les pierres, 
les mousses, avec le Pupa umbilicata. J'ai dù lui con- 
server la dénomination imparfaite qui lui a été imposée 
par Férussac postérieurement à celle des auteurs anglais 
pour éviter un double emploi, car nous avons déjà un 
Pupa sexdentata du Brésil. 


GENRE CLAUSILIE. 


1. CLAUSILIA RUGOSA. Drap. 


Elle se montre sur toute la chaine calcaire qui s’étend 
de Cintra à Coimbre et dans les environs de Porto. Elle 
est extrêmement multipliée et conforme au type de Dra- 
parnaud. Les investigations les plus scrupuleuses ne 
m'ont procuré que celte unique espèce. 


76 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


TROISIÈME FAMILLE.— Les AuRICULACÉS. 


GENRE AURICULE. Drap. 


1. AURICULA MINIMA. Drap. 
Habite l’Alemtejo, à la proximité des marécages. 
2. AURICULA GRACILIS. Spec. nov. 


PI. VII, fig. 3. ‘ 


À. testâ minimd, fusiformi, striatä, albescente; aperturä bidentatä; peristo- 
mate dilatato, replicato, albolabiato. 


Anfract. 6. — Longit. 2 mill. 


Petite coquille fusiforme, peu transparente, finement 
striée, composée de six tours de spire arrondis et sé- 
parés par une suture assez profonde; le dernier, propor- 
tionnellement plus large, forme une ouverture subtri- 
gone, rétrécie par un plis columellaire et par une petite 
protubérance dentiforme qui s'élève au milieu du bord 
externe. Le péristome est bordé de blanc, un peu réflé- 
chi et coudé comme dans l’Æuricula minima. 

Aux environs de Coiïmbre, sur le bois pourri, les de- 
(ritus végétaux. 


3. AURICULA MYOSOTIS. Drap. 


Je l'ai trouvée près de Faro, en Algarve, au bord d’un 
ruisseau , à peu de distance de la mer. En général ce 


PNEUMOBRRANCHES. 77 


mollusque habite plus volontiers le voisinage des eaux 
que leur milieu. Néanmoins on le rencontre quelquefois 
fixé aux pierres, à une certaine profondeur ; par exem- 
ple, dans le ruisseau de Dardenne, à l’ouest de Toulon. 
Je l'ai vu sur la côte d’Afrique, baigné par l’eau salée, 
dans une anse sablonneuse où il n’existait aucune infil- 
tration d’eau douce. 


4. AURICULA CILIATA. Spec. nov. 
PI. VII, fig. 4. 


A. test ovato-conoïdeâ, corneo-fuscescente, apice acuto, tenuissimè striat4 ; 
anfractibus angustis, attenuatis, infrà suturam ciliatis, ultimo dilatato; 
columellà sæpiüs bidenticulatà. 


Anfract. 7 ad 8. — Longit. 8 ad 9 mill. 


Cette coquille, lorsqu'elle est entierement développée, 
ressemble beaucoup à la précédente. Voici les carac- 
tères qui permettent de la reconnaître : elle est plus 
petite et généralement plus ventrue; la spire, composée 
du même nombre de tours; est beaucoup plus raccour- 
cie; les premiers sont étroits, le dernier forme quelque- 
fois à lui seul plus des deux tiers de la coquille. La 
suture est plus profonde, l’ouverture plus large pro- 
portionnellement. La columelle dans sa torsion n’est pas 


aplatie comme dans lAuricula myosotis ; les dents pré- 


sentent la même disposition, mais au lieu de se déta- 
cher en blanc, elles conservent la couleur du test; la 
seconde est moins saillante; le troisième manque habi- 
tuellement ou ne laisse voir, dans les individus les plus 
vieux, qu'un point blanchätre extrèmement mniime. Le 


78 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


test est de la même couleur, mais plus lisse et moins 
épais. Parmi ces caracteres, le raccourcissement de la 
spire et la dilatation du dernier tour suffisent pour re- 
connaitre le type de notre espèce; mais j'avoue que 
tous les individus sont loin d’être identiques. 

Lorsque la coquille est jeune, elle montre une série 
décurrente de cils raides et courts, un peu au-dessous 
de la suture, particulièrement sur les trois derniers 
tours. Ces cils persistent jusqu’à son développement, et 
il n’est pas rare d’en trouver des vestiges sur de vieux 
individus. 

J’ai rencontré ce mollusque assez loin de la mer, aux 
environs d’Alcassar do Sal dans l’Alemtejo : il habite les 
prairies marécageuses voisines du Sadao ; je l'ai retrouvé 
beaucoup moins développé en Algarve, dans les lagunes 
saumâtres qui environnent Lagos et près de Villa-Reale, 
où il vit avec la Paludina acuta et une petite Mélanie 


qui m'a paru nouvelle. 


QUATRIÈME FAMILLE.—315s vymnéens. 
GENRE PLANOREE. Muli, 


1. PLANORBIS CORNEUS. Drap. 


Le Planorbe corné, qui, dans l’Europe boréale, ha- 
bite une.coquille opaque , remarquable par sa solidité 
et son épaisseur, ne montre plus, en avançant vers le 


PNEUMOBRANCHES, 19 


Sud, qu'un test mince et diaphane, excessivement fra- 
gile lorsqu'il n’est pas à-peu-près membraneux. 

M. Terver, dans son Catalogue des mollusques de 
l'Algérie, a signalé le premier cette variété singulière sans 
la déterminer. J'ai profité moi-même d’une occasion pour 
l’observer sur les côtes d'Afrique, où son peu de dévelop- 
pement, sa transparence et sa couleur, malgré l'analogie 
des autres caractères, me laissèrent indécis. Mais, apres 
l'avoir étudiée de nouveau dans les eaux du Portugal, 
où elle est extrèmement abondante, je n'hésite plus à 
la considérer comme une variété méridionale du ?lanor- 
bis corneus. | 

Effectivement, j'ai remarqué que la solidité et les pro- 
portions de cette coquille y étaient singulièrement varia- 
bles. Dans les fontaines, dans les eaux qui tarissent, 
partout où l'animal ne rencontre pas un milieu favora- 
ble à son développement, le test reste fragile, atteint ra- 
rement 8 à 10 millimètres, et complète difficilement son 
dernier tour. Dans les grands marécages au contraire , 
dans les rivières tranquilles, il durcit, se colore, atteint 
jusqu’à 20 millimètres, et ne diffère plus du corneus que 
par sa transparence et sa ténuité. J’ajouterai que les 
animaux sont identiques et que la sécrétion sanguicolore 
produite par le tissu glanduleux du limbe chez le Planor- 
bis corneus, se manifeste chez la variété méridionale 
dans les mêmes circonstances. 


2. PLANORBIS CARINATUS, Mull. 


Habite les marécages du Tage et ceux du Mondégo, 
près de Coïmbre. 


80 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


3. PLANORBIS MARGINATUS. Drap. 
Dans un ruisseau de l’Algarve, entre Loulé et Faro. 
4. PLANORBIS LEUCOSTOMA. Mill. 


Dans les marais d’Azambuja et dans la petite rivière 
de Pega, près de Coiïimbre. 


5. PLANORBIS CONTORTUS. Mull. 


Dans les canaux, aux environs d’Azambuja (Estra- 
madure). 


6. PLANORBIS HISPIDUS. Drap. 


Extrémement multiplié dans toutes les eaux du Por- 
tugal. 


7. PLANORBIS COMPLANATUS. Lin. 


Dans les eaux stagnantes des plaines d’Azambuja et 
de Villanova. 


8. PLANORBIS DEVIANS. Porro, Malacol, comasca, n° 71,p. 84, 


Ce Planorbe, que j'ai trouvé dans les ruisseaux aux 
environs de Montémoro, m'a paru, quoiqu'un peu 
moins développé, exactement semblable à une espèce 
décrite par M. Porro dans sa Malacologia Comasca. 


Indépendamment des huit espèces qui précèdent, j'ai 
recueilli dans les eaux d’Azambuja un Planorbe très 
petit, déprimé et caractérisé surtout par une série d’ai- 
guillons qui couronne sa carène. Malheureusement il 


PNEUMOPRRANCHES. 81 


s’est égaré pendant mon voyage, et il m'est impossible 
d'en donner une bonne description en consultant ma 
mémoire. 


GENRE LIMNÉE. Drap. 


1. LIMNEA OVATA. Drap. (Limneus). 


Les Limnées offrent dans leur coquille, en passant 
d’une espèce à une autre, des nuances intermédiaires qui 
rendent extrêmement difficile Pappréciation de leurs 
caracteres spécifiques. La nature de leur test est à-peu- 
près invariable, sa couleur uniforme, l'ouverture dé- 
pourvue d’accidens ; la columelle varie dans sa torsion 
et dans sa callosité, chez les individus d’une même es- 
pèce; les animaux, plus difficiles à observer que ceux 
des Hélices, ne fournissent pas de données plus con- 
cluantes; ils présentent en outre une particularité re- 
marquable que Linné avait observée chez les végétaux 
aquatiques , c’est-à-dire que les mêmes espèces se re- 
produisent, dans l'intégrité de leurs formes, sur les 
points les plus éloignés du globe ; en sorte que les in- 
dices qui résultent de l'habitation perdent toute leur va- 


leur (1). 


(1) On connait la ressemblance parfaite d’un grand nombre de Limnées de 
l'Amérique du Nord avec les nôtres. La Lymnea minute se trouve sur tous les 
points du globe; on voit dans la collection du Muséum les espèces Stagnalis, 
Auricularia, Peregra, recueillies par linfortuné Jacquemont dans la vallée de 
Cachemyr, identiques avec ceiles de l'Europe, La première surtout, par ses pros 


6 


LA 


82 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


En général, les caractères spécifiques se bornent dans 
ce genre aux proportions de la spire et à celles du der- 
nier tour, dont le diametre variable, détermine une 
ouverture plus où moins élargie. Ces considérations qui 
ne sont étrangères à aucun conchyliologiste, prouvent 
qu’il faut user ici d’une grande circonspection et obser- 
ver attentivement avant de créer une espèce. 

La Liünnea ovata habite tout le Portugal; elle est 
plus commune dans le nord que dans le midi. Les 
fontaines de Monchique, en Algarve, nourrissent 
une variété globuleuse, dont le test est excessivement 
fragile. 


2. LIMNEA AURICULARIA, Drap. 


Dans la petite rivière qui baigne les murs de Bra- 
gance où les Limnées sont très multipliées; j'ai trouvé 
dans la Guadiana une variété de cette espece, remar- 
quable par la flexion de sa columelle qui forme à lin- 
térieur une saillie prononcée avant de se dilater et par 


une fente ombilicale profonde, en forme de croissant. 


3. LIMNEA PEREGRA. Drap. 


Habite le Portugal méridional. Elle a beaucoup d’a- 
nalogie avec la Zimnea labiata de Rossmassler qui n’en 


portions et sa forme caractéristique, offre un exemple frappant d'identité. Les 
Ambrettes, qui vivent presque dans l’eau, offrent la mème particularité, On 
trouve des individus de Terre-Neuve, de la Vera-Cruz, d’Archangel, de la 
Martinique, de l’Archipel Indien, qui se confondent tous avec la Succinea 
amplibia, 


PNEUMOPRANCHES. 83 


est peut-être qu'une variété. Je l’ai rencontrée aussi 
dans les nombreuses fontaines de Cintra, avec le som- 
met de la spire tellement rongé, qu’elle ressemblait à 
une Néritine. Cette circonstance maladive n’est point 
particulière au Portugal et les fossés de l’abbaye de 
Citeaux en Bourgogne en offrent également un exemple. 


4. LIMNEA INTERMEDIA. Mich, 


Habite la région moyenne du Portugal. Aussi recon- 
naissable que puisse l'être une espèce dont le caractère 
principal est de n’en point avoir. 


5. LIMNEA MINUTA. Drap. 


Dans toutes les eaux du Portugal. 


6. LIMNEA ACUTALIS. Spec. nov. 


PE'NIIT fre 1. 


L. testâ ovato-acutâ, ventriculosâ, tenui, pellucidä, striatâ, fulvescente: 
spirà conico-acuminatàä; ultimo anfractu spiram bis superante; aperturä 
ovatd; labro columellari replicato. 


Anfract. 4. — Longit, 44. — Amplit. 9. 


Cette Limnée a quatre tours convexes, dont le dernier, 
trés ventru relativement aux autres, compose à lui seul 
les deux tiers de la coquille. Les trois premiers forment 
une spire à-peu-près subulée; l’ouverture oblongue, 


peu dilatée, permet à l'œil de pénétrer fort avant dans 
6. 


s4 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


l’intérieur. Le bord externe est régulièrement arrondi; 
la columelle forme un filet étroit, tordu, légèrement ré- 
fléchi sur la fente ombilicale qu’il masque compléte- 
ment. Le test est mince, transparent, strié, fauve, sou- 
vent couvert d’un épiderme noiratre. Cette coquille 
avec un tour de plus, enroulé selon les mêmes lois, offri- 
rait un diminutif de la Zimnea stagnalis. 

Je l'ai trouvée dans un ruisseau qui arrose le riant 
vallon de Collarès, à une hieue à l’ouest de Cintra. Elle 
n’habite pas exclusivement le Portugal, car il en existe 
plusieurs individus dans la collection de Férussac, qui. 
proviennent certainement d’une autre localité; ils y. 
figurent sous la dénomination de Limnea vulgaris, Pleiff.; 
mais le dessin et la description de cet auteur, celui de 


la Limnea ovata var. 6 Drap. auquel il renvoie, ceux 


enfin du professeur Rossmassler, dans l’/conograplie, ne 
s'accordent point avec notre espèce, qui est moins ven- 
true et dont les premiers tours de spire sont beaucoup 


’ 
4 


plus allongés. 


GENRE PHYSE, Drap. 


1. PHYSA ACUTA. Drap. 


Elle offre en Portugal trois variétés de grandeur gé- 
néralement constantes dans les localités qu'elles habi- 
tent. Celle de l’Alemtejo est conforme au type de Dra- 
parnaud ; Lisbonne en produit une qui dépasse rarement 


PNEUMOBRANCHIS, 85 


la longueur de 8 millimètres, tandis qu'elle en atteint 
13 ou 14 dans les ruisseaux de l’Algarve. 


9, PHYSA CONTORTA. Mich. 


PI, VILL, fig. 2. 


Ce n’est qu’en hésitant et après avoir comparé un grand 
nombre d'individus que je me suis décidé à reconnaître 
dans cette espèce la Physa contorta du midi de la 
France, de la Sicile et de l'Algérie. Son ouverture en 
effetest beaucoup plus épanouie; les bords en sont réunis 
par une callosité épaisse; l’ombilic moins en arriere est 
plus large et plus profond; en outre, elle se montre va- 
riable dans la dilatation du dernier tour et dans la tor- 
sion ou l'allongement de sa columelle. Mais la différence 
la plus saillante résulte de la propension du péristome à 
se réfléchir en dehors. Quand ce caractere se prononce 
fortement, les deux diamètres de l'ouverture sont à-peu- 
près égaux et d’ovale elle devient circulaire; les bords 
s'épaississent, se replient en arrière et prennent une 
forme auriculaire. Je considère néanmoins cette extrême 
limite comme une anomalie, malgré la tendance que 
montre un grand nombre d'individus à y converger. 

Elle habite les environs de Coïmbre, où je regrette 
de ne l'avoir pas trouvée vivante, mais abandonnée au 
bord d’un réservoir qui avait été réceniment purgé de 
ses eaux. j 


86 MOLLUSQUES CÉPHALÉS, 


CINQUIÈME FAMILLE. — Lxs ancyces. 
GENRE ANCYLE, Geoffr. 


1. ANCYLUS FLUVIATILIS. Drap. 


Habite principalement le nord du Portugal. On trouve 
dans les torrens du Gérez une variété cristalline qui ap- 
partient à la même espece. 


2. ANCYLUS STRIATUS. Quoy et Gaim. (1) 


Espèce bien caractérisée par sa couleur, sa solidité, 
les accidens du test et la saillie du sommet sensiblement 
recourbé. Cest elle que l’on rencontre le plus commu- 
nément dans les eaux du Portugal. Elle correspond 
exactement à la description de MM. Quoy et Gaimard, 
qui l'ont observée à Ténériffe, d’où je l'ai reçue de mon 
côté. Cette circonstance m'a permis de les comparer, car 
la figure en est détestable dans l'ouvrage d’ailleurs très 
recommandable de ces savans. 

J'ai remarqué que la jeune coquille était ordinaire- 
ment d’un brun violtre, mais qu’elle perdait bientôt 
son épiderme et demeurait blanchätre. 


{1} Zool, de l'Astrol,, tin, p. 207, pl, vvur, fig. 35, 58, 


PNEUMOBRANCHES, 87 


3. ANCYLUS VITRACEUS. Sper, uov. 


PI. VII, fig, 3. 


A. testä conoïdeo-compressä, membranaceà, diaphanä, nitidà, flavo-vires- 
cente, intüs violaceâ, decussatim striatä; angulatim costulatä; apice ex- 
centrico, ob‘usiusculo; aperturà subrotondo-ellipticä. 


Long. 8 mill.— Ampiit. 7. 


Coquille de forme conoïde, subdéprimée, très min- 
ce, membraneuse, diaphane, résistante, recouverte 
en dehors d’un épiderme jaune-verdâtre non caduc ; 
violâtre et vitrée en dedans, avec une tache blanche 
opaque correspondant au sommet. Elle est gravée de 
stries rayonnantes croisées elles-mêmes par des stries 
concentriques plus faibles. En outre, sa surface est 
divisée du sommet à la base par une série de petits 
plans triangulaires, en sorte que le périmetre de son 
ouverture, au lieu d’une courbe, représente un poly- 
gone. Le sommet, excentrique , un peu obtus, est ana- 
logue à celui de l/nc. fluviatilis. Néanmoins il est 
plus près du centre et moins saillant; l'ouverture est 
ovale, trés élargie, les deux diamètres étant à-peu-près 


Le manteau de l’animal est tacheté de points bruns 
qui semblent appartenir à la coquille lorsqu'il y est ren- 
fermé. Ce mollusque habite les ruisseaux de lAlemtejo 
supérieur entre Arronches et Portalègre. 


Fa 


88 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 
4. ANCYLUS STRICTUS. Spec. nov. 
PI. VIII, fig. 4. 


À, testà longitudinali, flavo-virescente, decussatim striatà; apice posticè 
acuminato ; aperturâ elliptico-angustA, anticè subdilataté. 


Longit. 8 mill, — Amplit. 4. 


La forme longitudinale de cet Ancyle ne permet 
pas de le confondre avec les autres. Son épiderme est 
jaune-verdätre; le test, déprimé sur les côtés, est 
plus solide, moins luisant, moins diaphane que celui 
de l'espèce précédente; le sommet est postérieur et acu- 
miné ; l'ouverture elliptique, rétrécie, un peu plus large 
antérieurement. 

Je l'ai trouvé dans les affluens du Sadäo, sur la route 
de San-Bendo à Santa-Margarita. 


5. ANCYLUS OBTUSUS. Spec. nov. 
PI. VIIT, fig. 5. 


À. test ovaio-conoïdeë, rugosiuseulà, opac4, fuscà vel nigricanie, intus 
cærulescente; apice obtuso, postico; aperturà ovatà, depressiusculA, 
anticè subdilatatä, 


Long. 8 mill, — Amplit. 5 4/2. 


Cet Ancyle montre une certaine ressemblance avec le 
fluviatilis, dont il se distingue par sa forme plus ovale 
et plus déprimée. L’épiderme est brun ou d’un noir 
bleuâtre; le test solide, opaque, irrégulièrement strié 
dans le sens de l'accroissement; violätre en dedans, 
avec une tache blanche correspondant au sommet ; 


PNEUMOBRANCHES, 89 


celui-ci est arrondi, peu saillant, souvent rongé, tout- 
à-fait en arrière. L'ouverture est ovale, un peu ré- 
trécie, quelquefois irrégulière, plus large antérieu- 
rement. 

Habite la petite rivière de Bragance et celle de La- 
mégo, dans la province de Beira. 


DEUXIÈME SOUS-URDRE. — DIOIQUES. 
FAMILLE DES TURBICINES. 


GENRE CYCLOSTOME, Lamk. 


1. CYCLOSTOMA ELEGANS. Drap. 


Habite la chaine calcaire qui règne depuis Cintra jus- 
qu’à Coïmbre. Je ne l'ai pas rencontré ailleurs. 

Le Cyclosioma truncatulum de Draparnaud se trouve 
en Algarve, dans les lagunes qui avoisinent Lagos. Je 
n’en fais mention ici que parce qu’il a été long-temps 
classé parmi les mollusques terrestres dont il doit être 
retranché, depuis que des observations plus sûres lui 
ont assigné un rang parmi les pectinibranches marins. 


90 MOLLUSQUES CEPHALÉS. 


ORDRE DES PECTINIBRANCHES. 


FAMILLE DES TURBINÉES. 


GENRE VALVÉE, Mull. 


1. VALVATA PISCINALIS. Fer. 


Habite les ruisseaux, aux environs de Coïmbre; elle 
est plus petite, plus colorée et percée d’un ombilic un 
peu plus évasé que la nôtre. 


GENRE PALUDINE. Lamk,. 


1. PALUDINA ACHATINA. Lamk. 


Cette Paludine, trés rare en Portugal, habite pro- 
bablement quelque marécage isolé sur la limite sep- 
tentrionale de l’Alemtejo; je ne l'ai jamais rencontrée, 
quoique j'aie parcouru trois fois la vallée du Tage avec 
un soin minutieux ; mais je l'ai vue à Lisbonne, dans 
une collection particulière des productions du pays. 


2. PALUDINA IMPURA. Lamk. 


Dans toutes les eaux du Portugal, 


PECTINIBRANCHES, 91 


3. PALUDINA SIMILIS. Mich, 


Cette Paludine, extrêmement multipliée dans toutes les 
eaux du Portugal méridional, est particulièrement abon- 
dante dans celles qui arrosent la vallée du Tage. On la 
trouve indifféremment dans les eaux vives et dans les ma- 
récages. Les individus mâles, dont la spire comme on le 
sait est plus allongée, atteigient quelquefois jusqu'à 7 
millimètres de longueur. Dans la fontaine du couvent 
d'Arrabida, elle est recouverte d’un dépôt calcaire qui 
double et triple son volume. Elle présente alors l’appa- 
rence d’un grain de sable, tandis que l'ouverture qui sub- 
siste encore , révèle seule l'existence d’un être organisé. 


4. PALUDINA ACUTA. Desh, 


Dans les ruisseaux saumâtres, aux environs de Villa- 
A 
Réale (Algarve). 


5. PALUDINA ANATINA. Mich. 


Aux environs de Setubal. 


6. PALUDINA GIEBA. Mich, 


On la trouve abondamment dans la Fontaine-des- 
Larmes, près de Coimbre. 


92 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


FAMILLE DES TROCHOIDES. 


GENRE NÉRITINE, Lamk. 


1. NERITINA VIOLACEA. Spec, uov. 
PI. IX, fig. r. 


N. testà globoso-ovatä, violaceà vel fulvescente, lineohis creberrimis fulmi- 
natâ; spirâ prominulä; apice eroso; aperturâ semi lunari, anteriüs atte- 
nuatâ; margine columellari subincrassato. 


Longit. ad 42 mill. 


J'ai confondu dans l’origine cette coquille avec la va- 
riété serratilinea (Ziegl.) de la Neritina Danubialis. En 
donnant aujourd’hui plus de valeur aux nuances que 
j'attribuais alors à l'influence des localités, je ne puis 
dissimuler cependant qu’il existe entre ces deux espèces 
un certain air de famille, qui conduit à les rapprocher et 
même à les réunir, lorsqu'on ne les a pas attentivement 
comparées. L'espèce portugaise est plus grosse et plus 
allongée; son ouverture est plus arrondie, sa spire est 
plus saillante; le bord columellaire au lieu d’être tran- 
chant, se montre légèrement épaissi et forme mème un 


PECTINIRRANCHES, 93 


commencement de callosité qui s'étend sur la base et 
diminue la netteté de son contour. Le fond de la co- 
quille est d’une autre couleur, et les linéoles en zig-zag 
dont elle est sillonnée, plus fines, plus pressées, plus 
anguleuses que celles qui ornent la surface de la W. ser- 
ratilinea, ajoutent une différence de plus à celles que la 
comparaison des formes a déjà signalées. L’opercule 
montre aussi des caractères particuliers, entre autres 
une apophyse plus large et plus courte. 

J'ai trouvé ce mollusque à Coimbre, dans la Fontaine 
des Larmes où il est très abondant et aux environs de 
Cartacho en Estramadure , dans une autre fontaine qui 
porte le nom de Gayo. Il habite également l'Espagne. 


9, NERITINA INQUINATA. Spec. nov. 
PIX De 2 


N, testà globoso-ovatä, lutescente vel fulvescente, lineolis subarticulatis 
transversim tesselatâ; apice subprominulo; aperturA luteâ, semilunari, 
subelongatâä; margine centrali lutescente. 


. “ 
x omnind lutea. 


Longit. #1 ad 12 mill, 


Cette Néritine a quelque ressemblance avec la précé- 
dente; elle est cependant plus large, moins convexe et 
sa spire presque toujours intacte, offre moins de saillie. 
La suture est aussi plus superficielle; le talus que le 
bord columellaire détermine à la base est tranché plus 
obliquement; la callosité est plus épaisse et plus éten- 


94 MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


due; le bord externe, un peu sinueux, s’allonge davan- 
tage et produit une ouverture plus ovale; enfin les stries 
sont beaucoup plus fines et les couleurs différentes. Les 
linéoles dont elle est ornée forment des angles moins ai- 
gus; ce sont de simples zig-zags qui, au lieu de conserver 
leur parallélisme, se rapprochent, s’articulent, et se des- 
sinent en mailles ou en écailles à-peu-près comme dans 
la Veritina fluviatilis. 

Le fond de la coquille, l'ouverture et la base sont 
presque toujours jaunes; les linéoles sont brunes, l’oper- 
cule fauve ou rougetre; on distingue à son angle in- 
terne une tache bleuûtre, circonscrite par une zone plus 
claire. L’apophyse est courte et régulièrement arquée. 
Il arrive quelquefois que les linéoles s’effacent et la co- 
quille demeure entièrement jaune. 

Cette Néritine ainsi que la précédente, montre, dans 
l’épaississement du bord columellaire et un commen- 
cement de callosité à la base, un caractère dont le déve- 
loppement est étranger aux espèces d'Europe et qui 
devient remarquable dans les deux suivantes. Je lai 
recueillie dans la rivière de Thomar, au milieu même de 
la ville; elle m'a offert ailleurs, dans les circonstances 
de son habitation, une particularité fort singulière; on 
sait que les Néritines se plaisent dans les eaux vives et 
limpides ; néanmoins j'ai rencontré celle-ci aux environs 
d’Azambuja dans un marais fétideoù elle vivait en grande 
abondance, fixée aux pieux ou rampant sur la vase. Le 
test , dépouillé de son épiderme, était corné; la base et la 
columelle d’un gris bleuâtre et transparent ; le sommet 
avait conservé son intégrité. 


PECTINIBRANCHES, 95 
3. KERITINA GUADIANENSIS. Spec. nov. 
Pl TRES. 


N. tesitâ conoïdeâ, glabrâ, crassiusculà, olivaceâ vel rufescente; lineolis 
densissimis subangulatis obumbratäâ; aperturâ brevi, attenuatâ; margine 
externo sinuoso; callo columellari crasso, convexo, flavicante; ultimo 
anfraciu subangulato, juxtà peripheriam coarctato; apice eroso. 


& rubro picta, 


Longit. 44 ad 43 mill. 


La forme conoïde de cette coquille et la dépression 
longitudinale du dernier tour la distinguent de toutes 
les Néritines d'Europe. Les premiers tours de spire pré- 
sentent un mamelon conique, dont le sommet est habi- 
tuellement carié; le dernier est allongé, subanguleux à 
sa périphérie, rétréci à sa terminaison et déprimé lon- 
gitudinalement au quart de sa hauteur, à partir de la 
suture. Cette déclivité se traduit par une légère flexion 
sur le bord externe qui se relève ensuite pour se re- 
courber en arrière à son point d'insertion. Ce dernier 
caractère est saillant et remarquable dans les vieilles co- 
quilles. Le bord columellaire est épaissi par une callo- 
sité d’une couleur grise ou d’un jaune assez vif, dont la 
saillie produit une forte convexité à la base. L'ouverture 
est petite; le test parait noirâtre, mais il est réellement 
vert ou jaunâtre ; épais, terne, couvert d’un réseau de 
linéoles foncées, fines, serrées, anguleuses, souvent ar- 
ticulées; cet ornement s’évanouit quelquefois sur un 
fond trop sombre et la coquille parait unicolore. Plus 
rarement les linéoles sont rouges, et la revétent d’un 


96 MOLLUSQUES CÉPHALYS. 


éclat inaccoutumé. L’opercule est blanc sale, bordé 
d'orange. Son limbeinférieur est sinueux et son apophyse 
presque droite. 

Nous devons à M. Deshayes la description d’une Néri- 
tine qui vit dans les eaux douces de Syrie et qui a de 
grands rapports avec celle-ci (1). Elle en diffère néan- 
moins par sa forme plus globuleuse , sa callosité moins 
épaisse et sa couleur. En outre, la dépression submé- 
diane du dernier tour de $pire qui imprime une physio- 
nomie caractéristique à notre Néritine, est beaucoup 
moins sentie dans la Veritina Jordani. 

Je l'ai recueillie dans les eaux troubles de la Guadiana, 
sur les rochers baignés par le fleuve, à peu de distance 
de Mertola. 


4. NERITINA ELONGATULA, Spec. nov. 
PI. IX , fig..4. 


N. testä globoso-elongatà, lævigatà, albidâ vel pallidè flavä, lineolis nigro- 
violaceis vel rubescentibus reticulatâ; spirô prominulâ: aperturâ brevi, 
ovato-attenuatâ ; callo columellari flavo, convexo, crassiusculo ; operculo 
radiatim striato ; limbo superiori purpureo marginato. 


Longit. 8 mil]. 


Le sommet de cette Néritine est arrondi et saillant; 
le dernier tour de spire étroit et allongé; l'ouverture 
petite, ovale, atténuée inférieurement; le borü externe 
fléchit un peu avant son insertion; le bord interne pro- 
duit une callosité convexe d’une couleur gris-perle ou 


(1) Lamarck, Histoire naturelle des animaux sans vertèbres, Deuxième édition, 
Paris, 1838 ,t, vu, pe 592, 


PECTINIBRANCHES. 97 


jauneassez vif. Le testest lisse, poli et très brillant; blanc 
ou jaunètre avec des linéoles noires, violâtres ou d’un 
rouge sombre. Ces linéoles sont plus larges et plus for- 
tement accusées que dans les espèces précédentes. Elles 
ne forment d’angles qu’à leur rencontre, leur disposition 
étant purement réticulaire. 

L’opercule est grisâtre, strié, bordé supérieurement 
d’une zone d’un rouge très vif, marqué d’une tache 
bleuâtre à son angle interne. Son apophyse est très 
forte. 

Habite la source du ruisseau d’Alemquer en Estra- 
madure. 


FAMILLE DES MÉLANIENS. 


GENRE MÉLANIE. Lamk, 


1, MELANIA CHARREYI, Spec. nov, 


PI, VII, fig. 5. 


M. testâ solidâ, perforatâ, fusiformi, ventriculosä, glabrâ, luteo-virescente, 
lineâ albid4 ponè suturam ; apice acuto, violaceo; aperturä parvä, ovato- 
angulatâ ; peristomate subtruncatulo. 


Longit, 44 mill, 


Coquille perforée, fusiforme , aiguë au sommet, un 
peu renflée à la base; composée de huit tours peu con- 


C1 
4 


98 MOLLUSQUES CÉPHATFS. 


vexes, croissant insensiblement et séparés par une su- 
ture assez nette. L'ouverture est entière, ovale, angu- 
leuse et tres petite; le bord columellaire légèrement 
réfléchi ; le péristome obscurément tronqué à sa base. 
Le test est solide, finement strié, mat, d’un jaune ver- 
dâtre ; les premiers tours de spire sont violâtres; une 
zone blanchätre décurrente accompagne la suture. L’o- 
percule est excessivement mince, membraneux, incom- 
plet, légèrement concave en dehors, à élémens con- 
centriques très obscurs. 

Ce mollusque est plutôt marin que fluviatile; il vit 
avecles Auricules et certaines Paludines dans les lagunes 
de Villa Reale que le retrait de la mer laisse à-peu-près 
à sec pendant une grande partie du jour. Il habite aussi 
les flaques saumâtres de la vallée du Tage. 


os 


000990 90990900 2900 2990 2090 20 29 29 9060 209900 90 29 9099009000 2009 2990000099 3000 2900 9920 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 


Dymiaires. 


FAMILLE DES CYCLADÉES. 
GENRE CYCLADE. Brug. 


1. CYCLAS RIVALIS. Drap. 


Habite une grande partie du Portugal. Les sommets 
de la coquille sont très obtus. 


3. CYCLAS LACUSTRIS. Drap. 


Dans le Rio da Gaivota, à une demi-lieue de Lagos 
(Algarve). 


3. CYCLAS CALYCULATA. Drap. 


Les marécages d’Azambuja (Estramadurce). 


> 


4. CYCLAS FONTINALIS. Drap. 


Habite les fontaines de l’Estramadure, 


" 
‘° 


100 MOLLUSQUES ACÉPHALFS, 


FAMILLE DES NAYADES. 


GENRE ANODONTE, Lamk. 


1: ANODONTA CYGNEA. Drap. 


J'ai trouvé cette Anodonte dans de profonds maré- 
cages connus sous le nom d’Alkédon , entre Alvalada et 
Azambuja. Elle se rapproche beaucoup moins de l’es- 
pèce de Draparnaud qui parait être lP4rodonta cel 
lensis, que du type linnéen, que les Allemands ont su 
reconnaître et distinguer. Néanmoins elle est plus atté- 
nuée postérieurement et peut, jusqu'à un certain point, 
servir de transition de l’une à l’autre. Sa hauteur est de 
80 millimètres sur 130 de longueur. 


2, ANODONTA REGULAMRIS. Spec, nov. 


BIENS 


A testä ovato-oblongä, ventricosâ, fragili, vix alatâ; anteriùs breviter 
ovatâ; posterius suhdilatatâ; inferius regular; umbonibus tumidis, decor- 
ticatis; epidermide lamelliformi, nigro-virescente, 


Altit, 66 mill. — Longit. 400 ad 425. 


Cette Anodonte meparait distincte de toutes celles que 
nous connaissons. Elle est régulièrement ovale, peu 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 404 


allongée, renflée, légèrement bäillante, médiocre- 
ment ailée et généralement constante dans sa forme 
et dans sa couleur. Le test est mince, bleuâtre à 
l'intérieur, sillonné en dehors et revêtu d’un épiderme 
d’un vert noirâtre, mince, lamelleux, caduc, gar- 
nissant la surface et croissant en épaisseur à mesure 
qu’il s'éloigne du bord dorsal. Le bord antérieur (1) est 
ovale, quelquefois un peu atténué ; postérieurement elle 
est dilatée, plutôt arrondie que tronquée; le bord in- 
férieur décrit une courbe régulière. La carène trans- 
versale (2) est excessivement obtuse; les crochets sont 
arrondis, protubérans, écorchés, légerement ridés, 
d’une couleur brune cuivrée. La lame cardinale est 
émoussée et peu sinueuse; les impressions musculaires 
tres faibles. 

Les marécages qui avoisinent le lac Tonga, sur la côte 
nord-est de l'Algérie, nourrissent une Anodonte qui se 
rapproche de celle-ci, surtout par la nature de son épi- 
derme; mais elle s’en distingue par sa dépression , sa 
forme moins régulièrement ovale, la saillie de ses cro- 
chets et celle de la carène transversale. L’Ænodonta re- 
gularis habite la Taméga; on la trouve en abondance 
aux environs de Chaves, dans les marais formés par le 
débordement de cette riviere. 


(1) Je dois prévenir ici que j'ai adopté les principes de M. de Blainville qui 
envisage la coquille univalve ou bivalve dans la situation qu’elle occupe sur lani- 
mal, lorsqu'il marche devant le spectateur. 

(2) J'appelle carène transversale celle qui est déterminée postérieuremeul sur 
chacune des valves par l’inflexion plus ou moins brusque qu’elles subissent avant 


de se réunir; elle est distincte de la carène qui circonserit le corselet, 


102 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 


3. ANODONTA MACILENT A. Spec. nov. 
PI ex: 


A. iesià oblongo-depressà, alatà, transversim carinatà, rusticè sulcat4, lævi- 
gaià, mediocriter Crassà, viridi-fuscescente; anterius vix productà, ro- 
tundatä ; posteriüs obtusè truncatâ ; inferiüs sæpius sinuatâ; umbonibus 
compressis; pube carinà circumscriptà. 


Alut, 63 mill. — Longit. 420 ad 440. 


Cette Anodonte que je crois inédite comme la précé- 
dente, s’en distingue facilement par l'épaisseur des 
valves et leur aplatissement. Elle est ovale-oblongue, 
variable dans sa dépression, plus ailée, moins bâillante, 
arrondie et tombante antérieurement ; allongée et tron- 
quée postérieurement ; la carène transversale est mieux 
déterminée que dans lÆnod. regularis ; celle qui limite 
le corselet est aussi plus saillante et en même temps 
plus droite. Le bord supérieur est arqué; le bord abdo- 
minal décrit une sinuosité plus ou moins sensible avant 
de se prolonger postérieurement. Le test est solide, on- 
dulé et d’un blanc bleuâtre à l’intérieur ; grossièrement 
sillonné et d’un brun verdâtre à lextérieur; les crochets 
sont déprimés, écorchés ; la lame cardinale large et apla- 
tie; le ligament très fort; les impressions musculaires 
profondes. 

Je l'ai trouvée en assez grande abondance à une lieue 
de Coimbre, dans de profonds marécages voisins du 
Mondégo et connus sous le nom de Valla da Géria. Les 
grands individus atteignent 143 millimètres de lon- 


gueur. 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 103 


4. ANODONTA ANATINA. Drap. 


Dans le fleuve Sadäo, à peu de distance de sa source. 


5. ANODONTA LUSITANA, Spec, nov. 
Pi. XITI, fig. v4 


A. testà elliptico-elongatà, tumidiusculà, solidä, rugoso-strigatä; anterius 
angustè productâ; posteriüs obtusè truncatâ; margine superiore adscen- 
dente; umbonibus parüm eminentibus; epidermide olivaceo, posterius 
largiter radiato. 


Altit. 45 mill. — Longit. 95. 


Coquille ovale-allongée , étroite aux deux extrémités, 
arrondie et comprimée en avant; dilatée et obscurément 
tronquée en arrière; munie d’une aile assez relevée, 
dont le sommet est émoussé et le périmètre convexe, 
tandis qu’il offre dans lÆnod. anatina une disposition 
inverse; médiocrement épaisse, luisante , inégalement 
sillonnée ; d’un vert olivâtre avec deux ou trois larges 
rayons à l'extérieur ; d’un blanc laiteux en dedans avec 
de fortes impressions musculaires. Les crochets légère- 
ment écorchés, sont peu saillans; le corselet est nette- 
ment circonscrit. 

Cette coquille, à-peu-près de la taille de l'aratina , 
emprunte une physionomie particulière au prolonge- 
ment de son extrémité antérieure, qui semble plus 
étroite que le côté opposé. Elle habite les affluens de la 
Guadiana qui descendent des hautes vallées de l'Algarve 
entre Mertola et Castro-Verde. Il m’a été impossible de 


404 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 


me procurer les noms exacts de ces cours d’eau , qui ne 
figurent sur aucune carte et arrosent des régions sauva- 
ges et à-peu-pres inhabitées. 


6. ANODONTA RANARUM. Spec. nov. 


Pl XII; fr. Re 


À. testà elongatà, depressiuscul4, sulcatà, tenui, anterius parüm product; 
posteriüs rostratä; margine superiore horizontali, vix alato; epidermide 
viridi vel flavescente; posteriüs obscurè radiato. 


Altit. 46 mill. — Longit. 92. 


Cette Anodonte offre dans la combinaison de ses for- 
mes une disposition précisément inverse de l'espèce pré- 
cédente. Allongée comme elle , mais plus déprimée, elle 
s’élargit en avant et s’atténue en arrière. Son /aucies 
est déterminé par lhorizontalité du bord supérieur 
qui, jusqu'à la terminaison du ligament, conserve à- 
peu-près son parallélisme avec le bord opposé. L'épi- 
derme est d’un vert tirant sur le jaune avec quelques 
rayons effacés. 

Il est facile de la confondre avec V4. anatina, 
surtout si l’on borne l'examen à un individu isolé. 
Cependant on la reconnaitra toujours à son corselet dont 
la dilation est réduite à l'expression la plus simple, 
tandis que dans l’anatina il se relève en forme de 
triangle. En outre, l'angle déterminé par la rencontre de 
cette expansion et du bord postérieur est presque nul 
dans notre espèce. 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 105 


Elle habite avec la précédente. Je n’ai recueilli que 
trois individus qui présentent tous les mêmes carac- 


teres. 
GENRE MULETTE. Brug. 


1. UNIO WOLWICHII. Spec. nov. 
PI. XII, fig. r. 


U. testâ ovato-compressä, carinatà, subauriculatà, tenuissimè striatà, nigrâ : 
latere antico sinuoso-rotundato; postico producto, incurvo; margine dor- 
sali compresso; umbonibus depressis; dente cardinali in valvulâ dextrâ 
subbifido, lamelliformi, eminente, incurvo; in sinistrâ triangulari; in 
utrâque valdè anteriori. 


Altit. 38 mill. — Longit. 74. 


Cet Unio, par la netteté de ses caractères et sa physio- 
nomie remarquable, est un des plus intéressans que 
nous connaissions en Europe. Il est ovale, déprimé, sub- 
caréné et sensiblement auriculé. Le bord antérieur est 
court et décrit une légère sinuosité avant de s’arrondir; 
le bord postérieur montre une flexion correspondante 
et se recourbe vers la base; les crochets sont allon- 
gés, déprimés et profondément excoriés; le corselet 
dilaté se relève en crête saillante; l'épiderme est noir, 
persistant, peu luisant et tres finement strié; le test 
est médiocrement épais, d’une nuance bleuâtre, lai- 
teuse et sans éclat à l’intérieur ; on y remarque en avant 


106 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 


eten arriere plusieurs plis obsolètes qui rayonnent du 
sommet. La dent cardinale, tout-à-fait antérieure, est 
sur la valve droite, anguleuse, lamelliforme, striée, proé- 
minente, recourbée en dedans et divisée en deux lobes, 
dont je plus antérieur est rudimentaire ; sur la gauche , 
elle est peu saillante , triangulaire et séparée en deux 
par une large excavation; le lobe postérieur n’est qu’une 
dépendance de la lame cardinale dont il continue la 
flexion ; cette lame est courte, arquée, presque terminale 
et nettement dessinée; le ligament est fort étroit; l’im- 
pression musculaire antérieure est profonde ; postérieu- 
rement, sa trace est superficielle. L'insertion des fibres 
dorsales s'effectue immédiatement sous les crochets dans 
un petit nombre de fossettes irrégulières, comme on 
le voit généralement chez les espèces voisines des Ano- 
dontes, par exemple chez l’'Unio Bonellii (1). 

Je dois cette précieuse coquille à la libéralité de 
M. Wolwich, directeur du jardin botanique de Lisbonne, 
naturaliste plein de zèle et de savoir, qui la recueilli 
dans les eaux de la vallée du Tage, entre Villa-Nova 
et Azambuja , sans qu’il nous ait été possible de la re- 
trouver. Un individu que j'ai cru reconnaitre au cabinet 
d'histoire naturelle de Coïmbre, mais dont la surface 
avait été malheureusement polie, me fait soupçonner 
qu’elle vit aussi dans les environs d’Aveiro et peut-être 
dans le canal d’Ovar que j'ai négligé d'explorer. 


(x) L'impression de ce muscle, variable dans sa forme et dans la situation 
qu'il occupe, pourrait fournir d'assez bons caractères qui, je crois, ont été 
négligés jusqu'ici. 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 107 
2, UNIO TRISTIS. Spec, nov. 


PI. XIIT, fig. 2. 


U. testâ ovato-compressä, subearinatä , rari-sulcmà, lævigatà, aterrimä; an- 
terius rotundatâ; posterius productà, sinuoso-attenuatà; margine dorsali 
acuio ; umbonibus valdè depressis ; dente cardinali in valvulä dextrà sim- 
plici, obtusiusculo; in sinistrâ subapiciali, crenulaio, laminâ in utrâque 
simplici. 4 


Alut. 30 mill. — Longit. 62. 


Coquille mince, ovale, oblongue, comprimée, subca- 
rénée; recouverte d’un épiderme très noir, parfaitement 
lisse, traversé par de rares sillons longitudinaux. Le 
bord antérieur est régulièrement arrondi; le côté op- 
posé sinueux , allongé et atténué; le bord dorsal est 
linéaire et formé par le ligament qui se prolonge hori- 
zontalement d’une extrémité à l’autre par-dessus les 
crochets. Ceux-ci se montrent déprimés , anguleux, dé- 
pouillés de leur épiderme ; le corselet est dilaté, relevé 
et un peu moins saillant que dans l’espèce précédente, 
La charnière sur la valve droite, offre une dent simple, 
obtuse et triangulaire; sur la gauche, elle est irrégulière. 
et hérissée de petites aspérités très aiguës; la lame car- 
dinale n’est formée que par l'épaississement du bord 
supérieur sous le ligament ; elle ne se divise pas sur la 
valve gauche en deux lamelles distinctes, mais elle est 
parcourue dans sa longueur par un sillon obsolète. 

J'ai trouvé cette coquille à peu de distance d’Ama- 
rante, au bord de la Taméga. J'ai vainement pro- 
longé mon séjour dans cette ville pour explorer soi- 
gneusement la rivière ; vainement je l'ai remontée plus 


108 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS, 


tard jusqu'aux limites du Portugal dans l'espoir d’être 
plus heureux ; il ne m'a pas été permis de rencontrer un 
second individu de cette espèce remarquable. 


3. UNIO PICTORUM. Drap. 


La faune Européenne s’est accrue dans l’espace de 
quelques années d’une si grande quantité d’unios, qu’elle 
rivalisera bientôt, au moins dans sa nomenclature, avec 
celle de l'Amérique du nord. Depuis l'ouvrage de Dra- 
parnaud, la France s’est enrichie de treize ou quatorze 
espèces jusqu'alors inconnues (1); l'Italie en compte 
une nombreuse série ; mais l'Allemagne est intarissable 
et elle marché incessamment à de nouvelles découvertes. 
Cependant, à l'exception d’un petit nombre d'espèces 
qui se distinguent par des caractères sérieux, le reste, à 
mon avis, doit inspirer au moins des doutes; en effet si 
l'examen d'une coquille isolée résout quelquefois la 
question en faveur de lespèce, la comparaison d’un 
grand nombre d'individus vient affaiblir souvent la 
valeur des caractères qui nous ont paru distinctifs et 
nous la voyons se rattacher par une succession de mo- 
difications graduées à un type depuis long-temps con- 
nu. Cette observation, je l’ai renouvelée sur les bords 
du Tage où l'Unio pictorum est très multiplié. Dilaté, 
comprimé, lancéolé ou raccourci, il varie constamment 
dans ses proportions et dans la forme de sa char- 


(1) Par exemple : Vnio rostratus, Batavus, mancus, elongatus, ovatus, 
nanas tumidus, Desheysü, Requieni, Roissyi, subtetragonus, Moquinianus , 


areuatus , Michaudienus, Bigerrensis. etc. 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 109 


nière. Quelquefois l’extrémité antérieure, courte et 
tombante, laisse les crochets tout-à-fait en avant, ou 
bien elle se relève, s’allonge, et ils occupent alors le 
tiers antérieur du bord dorsal. Des nuances graduées 
unissent ces deux extrêmes par une transition insen- 
sible. Les modifications du côté opposé sont encore 
plus nombreuses; on peut dire qu’elles n’ont point de 
limite et qu’elles rendent impossible l'identité de deux 
individus. La couleur à son tour, passe du brun foncé 
au jaune clair ou verdâtre, avec ou sans radiations. 

Indépendamment des variétés du Tage, je citerai 
parmi les plus remarquables celle du Mondégo voisine 
de l'Unio Capigliolo; une seconde du Val d'Adé- 
mia près de Coïmbre, analogue à l Unio Gargottæ; enfin 
une troisième de la Guadiana, d’un beau vert clair, 
très lancéolée. La nacre de ces coquilles, est souvent 
teinte d’une couleur jaune doré. 


4. UNIO BATAVUS. Lamk. 
: 

Cet Unio est assez nettement caractérisé en Portu- 
gal, pour qu'il soit impossible de le confondre avec les 
variétés de l’espece précédente. Dans la Guadiana et ses 
affluens, il est vert, rayonné de jaune, atténué postérieu- 
rement ; dans le Tage, il est brun, plus développé et 
plus ramassé en même temps; dans le ruisseau d'Otta 
(Estramadure) , il conserve l’intégrité de ses crochets 
marqués de rides saillantes et son extrémité postérieure 
montre une certaine tendance à se recourber vers la base. 
Rarement sa nacre est dorée et lorsqu'elle offre cette 


A1 , MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 


nuance, c’est toujours à un degré très faible.Son habi- 
tation dans le Tage, est distincte de celle de FUrio 
pictorum; on le rencontre rarement sur les plages sa- 
blonneuses où celui-ci rampe par milliers; il préfère 
les bords vaseux du fleuve et s'enfonce horizontalement 
dans leurs parois. | 
La coquille de ce mollusque nous fournit un nouvel 
exemple du peu de valeur des appréciations isolées ; 
comme l’Urio pictorum, elle a sa variété rostrée; va- 
riété que j'ai prise pour une espèce différente et qui 
s’écarte tellement du type dans certains individus, qu’il 
faut en examiner un grand nombre pour saisir la rela- 
tion des deux formes extrèmes. Celle-ci habite un af- 
fluent de la Guadiana, entre Castro-Verde et Mertola. 


5. UNIO DACTYLUS. Spec. nov. 
Pl XCIV, fig.42s 


U. testâ cylindraceä, crassiusculâ, fuscâ, fulvo-lutescente longitudinalite r 
zonatâ; anterius vix productâ, rotundatà; posteriüs ovato-truncalä; um- 
bonibus parùm eminentibus; dente cardinali in vaivulà dexträ simplici, 
crasso, striato: in sinistrâ, subbifido, compresso, rugoso; ligamento valdè 
elongato. ; 


AL 26 mill, — Longit. 60. 


Coquille cylindracée, arrondie et très courte anté- 
rieurement, tronquée et atténuée en arrière; légèrement 
sinueuse à la base; élargie sur le dos; solide, sillonnée, 
surtout vers le bord inférieur; de couleur brun foncé ; 
ornée d’une zone médiane roussâtre; la carène trans- 
versale est presque nulle; celle du corselet plus appa- 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. . an 


rente; les sommets profondément excoriés sont larges, 
peu saillans et séparés par un intervalle de 3 millimètres; 
la dent cardinale sur la valve gauche, longitudinale, 
excavée, tuberculeuse, ne se divise pas en deux lobes 
bien distincts; épaisse et simple sur la droite, elle 
. forme une crête à dentelures émoussées. Le ligament se 
prolonge tres en arrière. L’impression des muscles ad- 
ducteurs est profonde. 

Les caractères de cette coquille sont nets et précis ; 
mais comme je ne possède qu’un seul individu, il m'est 
impossible d’affirmer qu'ils soient constans. Sa forme 
offre une certaine analogie avec la variété rostrée de 
l’'Unio Batavus; mais sa charnière la sépare profondé- 
ment de cette espèce et de toutes celles qui en sont 
voisines. 

Habite un affluent de la Guadiana près de Castro- 
Verde en Algarve. 


6. UNIO MUCIDUS. Spec. nov, 


Pl. XIV, fig. 3. 


U. testä ovato-elongatä, fusco-nigricante vel virescente, anteriüs brevi, 
angustà, rotundatà; posterius productà, ovato-truncatä ; umbonibus parum 
tumidis, valdè decorticatis; pube sulco obsoletè circumseripto. 


Altit, 34 mill. — Longil. 72, 


Cet Unio est ovale, allongé, peu renflé, peu épais; 
court et arrondi antérieurement; tronqué postérieu- 
rement et souvent légérement recourbé vers la base. Les 
crochets peu saillans, sont profondément rongés ; l'épi- 


412 MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 


derme, très caduc, est brun ou vert nuancé de jaune, 
quelquefois avec des rayons larges et obscurs. La char- 
nière, tres variable, offre beaucoup d’analogie avec 
celle de l’'Unio pictorum dont notre ;espece se distingue 
par les caractères suivans que J'ai vérifiés sur plus de 
soixante individus recueillis dans trois localités difté- 
rentes. 

1° La lame cardinale plus mince, plus régulière dans 
sa flexion, est moins rugueuse et très rarement sil- 
lonnée. 

2° Le sinus où s’insère le muscle dorsal est plus pro- 
fond; au lieu de s’enfoncer et de disparaitre sous la 
voûte cardinale, il est tout-à-fait en évidence. 

3° Le corselet est limité par un sillon obscur au lieu 
de l’être par une carène. 

4° Enfin les stries d’accroissement sont plus fines, 
plus serrées, plus lamelleuses, circonstance particulie- 
rement sensible chez les jeunes individus dont le test n’a 
pas encore subi d’altération. 

Ce n’est pas sans hésitation que je propose cette espèce 
qui m'a paru cependant différer de lUrio pictorum et 
de ses variétés. En vieillissant elle se dépouille d’une 
partie de son épiderme; le iest devient extrêmement 
fragile; les crochets, mis à nu jusqu’au milieu du dis- 
que, prennent une teinte métallique qui lui donne 
alors un aspect très particulier. 

Elle vit dans les rivières du nord et notamment dans 
la Taméga, le Cavado et la Lima. 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 113 


6. UNICO LITTORALIS. Drap. 


Pl. XIII, fo..3 , ét PI. XIV, fig, 1. 

Les modifications nombreuses que ce mollusque subit 
en Portugal dans la forme, les proportions et la couleur 
de sa coquille, prouvent qu'il ne faut admettre qu'avec 
une grande réserve toute détermination basée sur un 
caractère isolé. Extrémement multiplié dans les eaux 
de cette région, l'Unio littoralis atteint dans les grands 
fleuves jusqu'à 9 décimètres de longueur; le Tage pro- 
duit une jolie variété subtétragone, subtrigone ou sub- 
arrondie, rayonnée de brun ou de vert sur un fond 
jaune rembruni aux deux extrémités. La nacre est im- 
prégnée de la même couleur (1). Dans le ruisseau 
d'Otta, non loin d’Alemquer, les crochets très rugueux 
conservent leur épiderme et l'extrémité postérieure 
s'allonge et se recourbe vers la base. Dans les marais 
d'Alkédon, où elle habite une vase noire et profonde, 
elle est remarquable par son épaisseur; à Silves au con- 
traire, elle devient mince, fragile et d’une forme ellip- 
tique bien différente de celle qui la distingue habituel 
lement. 


La charniere subit à son tour des modifications corré- 


(r) C’est une de ces variétés que M, Lea a reçue de Gibraltar, et qu'il a décrite 
comme espèce nouvelle en 1832 sous le nom d’Unio incurvus, reconnaissant plus 
tard que cette forme n’était pas spécifique, mais accidentelle, et qu'elle se ratta= 
chait au type de Draparnaud (Voyez Transact, philos. Philadel. A. 1834, p. 97, 
pl. x, f, 29 et 1835, p. 89). Je possède un individu recueilli dans le Tage 
dont la forme est identique avec la figure de M. Lea, La couleur elle-même offre 


une parfaite similitude : Fellowisek brown; rays oblique and green. 


al4 MOLLUSQUES ACÉPHALÉES, 


latives ; en général, la dent cardinale est moins saillante, 
moins relevée et moins crénelée que dans l'Europe bo- 
réale. Très épaisse chez les individus qui naissent dans 
les grands fleuves, comme le Tage et le Douro, elle s’é- 
mousse et s’affaisse chez ceux qui vivent dans les faibles 
cours d’eau de l’Algarve. 


En terminant la description des mollusques que j'ai 
recueillis en Portugal, je crois devoir fixer l'attention 
du naturaliste que les mêmes études dirigeraient vers la 
même contrée, sur les points qui ont échappé à mon 
exploration et qui peuvent lui offrir quelque chance de 
succes. Je signalerai particulièrement la Serra d’Estrella 
avec le rameau qui se prolonge jusqu’à la forteresse 
d’Alméida; les montagnes calcaires de Louzaa ; les ma- 
récages d’Aveiro et le canal d'Ovar; enfin la lisière oc- 
cidentale de l'Alemtéjo, depuis Sétubal jusqu’au cap 
Saint-Vincent. L’intervalle que j'ai parcouru recele 
probablement encore des moliusques ignorés qui ont 
échappé à mes investigations; les efforts du voyageur 
isolé sont effectivement bornés dans lear résultat etil 
ne peut embrasser qu’à l’aide de I: pensée les horizons 
nouveaux qu'il découvre chaque jour. Cest à l’expé- 
rience à diriger sa marche; c’est l'examen du sol, de la 
végétation, des eaux, qui doit lui servir de boussole ; 
mais quelle que soit son activité, il ne trace qu’une 
ligne au milieu de vastes espaces qui lui demeurent in- 
connus. Néanmoins, les considérations générales que 


* 


j'ai développées sur le caractère d’uniformité et sur la 


MOLLUSQUES ACÉIHALFS. 115 


constilution particulière du territoire portugais, font 
présumer que des recherches ultérieures n’ajouteront 
pas beaucoup à la Faune malacologique de cette région; 
je crois avoir réuni dans cet ouvrage la grande majorité 
des mollusques terrestres et fluviatiles qui y sont ré- 
pandus et si l'avenir en signale de nouveaux, leur 
nombre sera trop limité sans doute pour modifier les 
conclusions que le lecteur a tirées de mon travail. 


FIN. 


APPENDICE. 


Aux six espèces de Parmacelle que nous avons énu- 
mérées , il faut en ajouter une septième, dont le hasard 
nous a révélé l'existence, et qui figure sous le nom de 
P. Mauritius dans un catalogue rédigé par M. de Férus- 
sac, et inséré au Zulletin universel des sciences naturelles, 
Ann. 1827, t. x, p. 300. Ce mollusque, recueilli par 
M. Rang à l'Ile-de-France, offrirait de grands rapports 
avec la P. Palliolum du Brésil, dont il se distinguerait 
néanmoins par quelque modification dans la forme du 
corps et-dans celle du rudiment testacé. Nous n'avons 
pas d’autres détails. 

Voilà donc encore une espèce que la géographie rat- 
tache au continent africain, dont les deux points ex- 
trêmes offrent ainsi une relation inattendue. La nature, 
sans doute, n’a point placé la Parmacelle d'Oran et 
celle de l'Ile-de-France comme deux types isolés à 
5o degrés. de distance; d’autres espèces viendront se 
grouper autour d'elles à mesure que les explorations 
scientifiques élargiront notre horizon au-delà des deux 
points qu'elles occupent. Combien de créations ignorées 
se révéleront dans l'avenir, quand l'effort persistant de 
la civilisation moderne aura enfin ouvert aux vœux du 
naturaliste tout un monde inconnu qui sépare l’habita- 
tion de ces deux mollusques! 

Enfin, s’il fauten croire les savansexplorateurs des pos- 
sessions néerlandaises dans l’Inde, plusieurs membres 
de cette tribu vivraient dans les hautes régions de l’ile de 
Java (1). 

Malheureusement nous manquons de renseignemens 
précis, la section qui concerne les mollusques n'ayant pas 
encore été publiée dans le travail de ces natur alistes. 


(x) Voyez l'extrait d’une lettre de M, Va:-Hasselt dans le Pullet'n universel 
des sciences naturelles ; année 192%, tar y PA82: 


Re ee 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


PLANCHE 1%, 


ARION SULCATUS. 


L'animal est représenté dans son état de contraction et 
dans sa plus grande extension. 


\rth Morelet pinx 


PL 


D'RAUL ENE 


172 v 
70 
LE CRT 


F 


bag tr 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS- 


PLANCHE II. 


FIG. 4. — ARION FULIGINEUS. 
F1G. 2. — ARION TIMIDUS. 


L'individu contracté correspond à la variété à des 


provinces septentrionales. 


irth. Morelet pinx 


ur fiat 


PL.IL 


Visto sculp 


ù a à x ; Kg « Me à 
PARC [RARES 
er | 


4 w A au 
} hu LAS Va 3 4,41 à Fa 
À eo À ru 
Are ’ sÀ = 


a, 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


———pq— — 


PLANCHE III. 


FIG. 1. -— LIMAX ANGUIFORMIS. 
FIG. 2. — LIMAX SQUAMMATINUS. 
FIG. 3. — LIMAX VIRIDIS. 

FIG. 4. — LIMAX LOMBRICOIDES. 


On a grossi le bouclier pour montrer la divergence 
des stries. 


ss Ce — 


Arth. Morelet pinx 


PL HIL. 


Visto seulp 


RER IN 


“rit 


bo ons 


& MINANENETT ù 
| Dee Vi ) 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


PLANCHE IV. 


PARMACELLA VALENCIENNIL 


Ce mollusque est représenté dans l’état de développement 
et dans celui de semi-contraction. Le dernier individu 
est entièrement contracté. On a pratiqué une incision dans 
la région postérieure du bouclier pour mettre en évidence 
le rudiment testacé. 


PL. 


Arth Morelet pinx 


Visto soulp 


Lnprimé par Tourfaut 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


ls Q e——— 


PLANCHE V. 


F1G. 1. — SUCCINEA LONGISCATA. 
FIG. 2. — SUCCINEA AMPHIBIA. 
F1G. 3. — SUCCINEA VIRESCENS. 


FIG. 4. — SUCCINEA ABBREVIATA, grossie et de grandeur 


naturelle. 


PL.Y. 


CA 


= 


- 3 : J 
Vaillant pinx, , Yisto seulp 


{primé par Jour/aut 


RUE 
4 } 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


PLANCHE VI. 


F1G. 1. — HELIX LUSITANICA. 
FIG. 2. — HELIX SIMPLICULA. 
FIG. 3. — HELIX TURRIPLANA. 
F1G. 4. — HELIX PONENTINA. 

F1G. 5. — HELIX CISTORUM. 


PLNE 


2 


Vaillant pinx Lebrun sculp 


Imprimé par Tourfaut 


F1G. 
FIG. 
FIG. 


FIG. 


FIG. 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


“2 Q —— 


PLANCHE VIl. 


1. — HELIX INCHOATA. 

2. — HELIX SERRULA. 

3. — AURICULA GRACILIS. 
b. — AURICULA CILIATA. 


On l’a grossie pour faire voir la disposition des cils au- 
dessous de la suture. 


9. — MELANIA CHARREYL 


| 

| 

| 
o 

Î 

| 

| 

F7. | 
re) 


«© 


| 
Le: | 
| 
| 
| 
à 
Vaillant pnx , Lebrun seulp 


{mprème par Tourfeut 


| AN dt 
| LPS x fl a 
x 


À ne, 


FIG. 
FIG. 
FIG. 
FIG. 


FIG. 


3. 


h 


Qt 


MOLLUSQUES CÉPHALÉS. 


PLANCHE VIII. 


. — LIMNEA ACUTALIS. 


. — PHYSA CONTORTA. 


— ANCYLUS VITRACEUS. 
. — ANCYLUS STRICTUS. 
— ANCYLUS OBTUSUS. 


PL. VII. 


DSÉDENT =—- 4] 
| 
l 
| 
| 
| 
n 
| 
| 
: %) 
| 
| 
<a : e 
| 
| 
| 
| 
| 
$ 
| ) cs | 
| nn 
| 
il 
| _ 
Vaillant pinx Lebrun sculp 


DL 


“ 


[2 


1 
sn 1 


Ce } 4 
) Pare dan Ph 


MOLLUSQUES CEPHALÉS. 


PLANCHE IX. 


FIG. 1. — NERITINA VIOLACEA. 


L'opercule est mal placé. 


FIG. 2. — NERITINA INQUINATA. 
FIG. 3. — NERITINA GUADIANENSIS. 
FiG. 4. — NERITINA ELONGATULA. 


La convexité de la base n'a pas été sentie par le gra- 


veur. 


PL. IX 


| 
9) 
| 
> 
®) 
| 
| 
| 
| 
| 
| 
? | 
le 
| 
| 
| 
| 
= 5 en 
Vaillant pinx Lebrun sculp 


MOLLUSQUES ACÉPHALES. 


PLANCHE X. 


ANODONTA REGULARIS. 


nm TE 


MOLLUSQOUES ACÉPHALES. 


mt Q ds - — 


PLANCHE XI, 


ANODONTA MACILENTA. 


0 es—— 


Vaillant pinx 


"2 


NE 


" 


ETS 


r 


MOLLUSQUES ACEPHALES. 


PLANCHE XII. 


F1G. 1. — ANODONTA LUSITANA. 


F1G.. 2. — ANODONTA RANARUM. 


PL. XI. 


Vaillant pinx 


Mu | "08 
m4 NRERET CU DE … 


MOLLUSQOUES ACÉPHALES. 


PLANCHE XIIT. 


FIG. 1 — UNIO WOLWICHII. 
FIG. 2. — UNIO TRISTIS. 


FIG. 3. — UNIO LITTORALIS, variété du Tage. 


PL. AIT. 


Vaillant pinx Visto 


MOLLUSQUES ACÉPHALÉS. 


PLANCHE XIV. 


FIG. 1. — UNIO LITTORALIS, variété du ruisseau d’Otta. 
FiG. 2. — UNIO DACTYLUS. 


FIG. 5. — UNIO MUCIDUS. 


“#8 E— 


PL. IF 


Visto sculp 


Vaillant pinx 


7 


sd 


" 
= is n 


* 


* 


At 


ce 
AT MT 


à 


pal 
\ 


Tu